Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 18 avril 2020

Littératures et nationalités de combat

100dr.jpg

Littératures et nationalités de combat

Par Pieter Jan Verstraete

Jelle Krol, Frison de cœur et de tripes, collaborateur au « Tresoor », a passé récemment une thèse de doctorat, qui est remarquable, et sur laquelle je souhaite attirer l’attention de mes lecteurs. Le « Tresoor » à Leeuwarden, capitale de la Frise néerlandaise, est, dans une certaine mesure, l’équivalent de la Maison des Lettres AMVC en Flandre.

L’objectif premier de la thèse de Krol est de situer les littératures produites par les minorités ethno-linguistiques dans la période qui a immédiatement suivi la première guerre mondiale et qui ont été exprimées par des écrivains qui se posaient comme les dirigeants politiques de minorités linguistiques auxquels ils s’identifiaient. Il aborde des auteurs tels Douwe Kalma (1896-1953), Frison, Saunders Lewis (1893-1985), Gallois, Hugh MacDiarmid (1892-1978), Ecossais, et Roparz Hemon (1900-1978), Breton.

Avant-Garde

Pendant la première guerre mondiale, le Président américain Woodrow Wilson avait annoncé que des nations sans langue jusqu’alors officielle allaient recevoir l’autonomie. Après la guerre, la carte de l’Europe avait pris un tout autre aspect. Si on la compare à celle d’avant 1914, on constate que le nombre d’Etats souverains avait augmenté d’environ un tiers. Des langues qui, auparavant, n’avaient aucun statut, sont devenues en 1918, des langues d’Etat, comme notamment le Polonais et le Slovaque. L’Islande avait obtenu un plus grand degré d’indépendance et l’Irlande (moins l’Irlande du Nord) était devenue une république indépendante.

Conséquence du débat public sur l’auto-détermination des minorités ethno-nationales, les sentiments propres au nationalisme culturel se sont intensifiés pendant l’entre-deux-guerres. Ces sentiments se sont exprimés tant et si bien que de jeunes écrivains d’avant-garde, partout en Europe, surent capter l’attention des lecteurs et des auteurs de langues majoritaires pour les littératures des langues minoritaires et, par suite, de créer de la sorte un espace plus indépendant pour leur propre littérature. Ces écrivains d’avant-garde se percevaient comme les leaders d’une nouvelle vague, au seuil de temps nouveaux. En tant que disciple de la spécialiste française ès-littératures comparées, Pascale Casanova, Jelle Krol pose ces littératures des langues minoritaires comme des « littératures de combat ».

Avec acribie, Krol explore la vie et l’œuvre des quatre auteurs ethno-nationalistes mentionnés ci-dessus, sans perdre de vue le contexte politique, socio-économique et religieux de leurs régions respectives. Les auteurs sélectionnés par Krol sont des contemporains, tous nés dans la dernière décennie du 19ème siècle. Il les décrit comme des littérateurs de premier plan, qui ont vigoureusement stimulé l’usage de leurs langues (le frison, le gallois, le breton et l’écossais), en démontrant qu’elles pouvaient exprimer des valeurs intellectuelles et culturelles de haut niveau. On les comparera à nos flamingants d’avant la première guerre mondiale qui ont su prouver à leurs détracteurs que la langue néerlandaise était aussi une langue scientifique (notamment dans le cadre de la lutte pour faire ouvrir une université de langue néerlandaise).

L’idée de la Grande Frise

KALMA.jpgDouwe Kalma opposait l’idée d’une Grande Frise à celle d’une Grande Néerlande, en exprimant de la sorte les liens, qu’il ressentait comme réels et charnels, entre les Frisons des Pays-Bas et ceux de Frise septentrionale et de Frise orientale qui vivaient sous les administrations allemande et danoise. Simultanément, il plaidait pour une Grande Frise qui aurait eu pour fonction de faire pont entre la Scandinavie et l’Angleterre, afin de lier des peuples qui, selon lui, étaient très proches depuis longtemps et qui présentaient certaines affinités mentales. Pour pouvoir donner forme à cette fonction de pont, la Frise, selon Kalma, devait réclamer une plus grande autonomie ; il fallait, pour cela, que ses compatriotes soient culturellement structurés.

Inspirés par la lutte pour l’indépendance irlandaise, Saunders Lewis et Hugh MacDiarmid insistaient sur la nécessité de promouvoir des changements politiques et des réformes culturelles, notamment au niveau de l’enseignement. En 1925, Lewis participe à la fondation du « Plaid Genedlaethol Cymru » (le Parti National du Pays de Galles) ; en 1928, MacDiarmid devint l’un des fondateurs du « National Party of Scotland ».

260px-Saunders-lewis-y-drych-1916_(cropped_2).jpg

Saunders Lewis.

imgID88675203.jpg.gallery.jpg

Hugh MacDiarmid.

Roparz Hemon, au contraire, pensait qu’une Bretagne plus autonome ne pourrait être concrétisée que si les Bretons se donnaient la peine de parler la langue bretonne, au-delà des cercles familiaux et religieux. Il croyait surtout que si la Bretagne devenait davantage bretonne sur les plans de la langue et de la culture, elle finirait par acquérir tout naturellement une plus large indépendance.

Roparz-Hemon.jpg

Roparz Hemon.

En langue anglaise

Chacun de ces quatre auteurs, dans sa propre sphère linguistique, s’est avéré comme critique radical, qui exigeait une plus ample reconnaissance de sa langue. En même temps, ils incitaient leurs collègues écrivains à créer une littérature de haut niveau dans leurs langues minoritaires. Leur attitude combattive pourrait s’expliquer par leurs sentiments meurtris qui les auraient conduits à une ferme détermination : celle de se consacrer entièrement à leur mission. Chez ces quatre hommes, la minimisation ou, parfois, le mépris à l’endroit de la langue de leurs parents et de leurs ancêtres, ont constitué, consciemment ou inconsciemment, l’élément moteur de leur engagement.

Ils se posaient comme des dirigeants appelés à parfaire une mission. Indépendamment les uns des autres, ces quatre écrivains ont formulé plus ou moins le même objectif : ils voulaient que l’on déplace le foyer nodal de la civilisation des centres du pouvoir vers les périphéries. Ils avaient tous quatre conscience que le chemin vers ce noble but serait parsemé d’embûches et de défis. Leurs langues étaient toutefois davantage associées à la tradition et à la simplicité plutôt qu’à l’innovation et à la modernité.

Finalement, ces quatre écrivains étaient tous convaincus que leur langue et leur culture pouvaient jouer un rôle significatif dans l’après-guerre de 1918, non seulement dans leurs environnement réduit mais aussi  à un niveau plus vaste, sur le plan international. Ils ont réussi à donner plus de respectabilité à leur littérature. Ces quatre militants linguistes plaidaient aussi pour une large autonomie culturelle, pour le maintien de leur identité et pour une autonomie de leurs régions.

J’ai esquissé ici les lignes de force de la thèse du Dr. Jelle Krol. Cette thèse recèle toutefois un grand désavantage : elle est écrite en anglais (avec seulement un résumé en néerlandais à la fin). C’est devenu la règle dans les universités aux Pays-Bas.

Hélas, cette tendance à l’anglicisation devient aussi de plus en plus fréquente dans les universités flamandes. Je ne sais pas si cette thèse paraîtra un jour en néerlandais, en frison, en gallois, en écossais ou en breton. Quoi qu’il en soit, elle constitue un solide dossier, fourmillant de points de vue originaux, qui devraient intéresser nos lecteurs.

Pieter Jan Verstraete.

(ex : ‘t Pallieterke, 20 septembre 2018).

Jelle Krol, « Combative Minority Literature Writers in the Aftermath of the Great War », Groningen, Rijksuniversiteit Groningen, 2018. 408 pages, ISBN-978-94-60016-51-6.

cms_visual_1199530.jpg_1562685249000_453x640.jpg

mercredi, 13 juillet 2016

Bevor die Friesen Christen wurden

Bevor die Friesen Christen wurden

Wer denkt schon bei Sylt an eine „Insel der Toten", wer bei Helgoland an einen Göttersitz oder beim Anblick nordfriesischer Inselkirchen an „Heilige Linien" Michael Engler spürt die oft rätselhaften Kulte vorchristlicher Zeit auf und lädt zu einer Entdeckungsreise durch die Inselwelt zwischen Helgoland und Sylt ein von den steinzeitlichen Monumenten eines längst verschollenen Glaubens bis zu mittelalterlichen Sakralbauten über uralten Tempelorten. Da wird von großräumig in Landschaften angelegten Kalendarien berichtet, von geheimnisvollen Ringwällen und von jahrtausendealten exakten Berechnungen für astronomische Beobachtungen oder von ganzen Dörfern für die Götter. Das heute noch praktizierte -- und als touristische Attraktion genutzte -- Biekebrennen macht deutlich, dass manch ein „heidnischer" Brauch die Jahrhunderte überlebt hat, auch wenn der ursprüngliche Sinn längst verloren ging. Ein spezielles Licht- und Aufnahmeverfahren hebt die Kultstätten aus ihrem natürlichen Umfeld hervor und verwandelt auf den ersten Blick kaum wahrnehmbare Spuren in wieder vorstellbare Räume. Legenden und Chroniken -- mit nordfriesischen Landschaftsbildern in Szenen gesetzt -- versetzen den Zuschauer in jene Zeit, bevor die Friesen Christen wurden.

00:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, frise, frisons, peuples germaniques, pays-bas, archéologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 24 janvier 2011

Kinship, gift-exchange, honour and feud in Medieval Frisia and Iceland

Ancient Icelandic Manuscript depicting Odin
Kinship, gift-exchange, honour and feud in Medieval Frisia and Iceland

Ex.: http://www.gangleri.nl/

In this article I want to say a thing or two about a few interrelated ‘processes’ in the Medieval Germanic society. How groups form and how they are maintained and how ‘mechanisms’ such as honour and feudwork. These at first sight varied subjects will prove to be interwoven.
For this article I have used a few books that you will find listed at the bottom. All authors more or less treat parts of the whole, but from different perspectives and speaking about different societies. It seems as if all of these kinds of works owe a great deal to Willam Miller’s Bloodtaking and Peacemaking which is one of the books that I used. Miller is mostly concerned with Medieval Iceland. Another author I consulted is Jos Bazelmans who dived deeply into the Beowulf story and therefor Anglo-Saxon culture. Another Dutch author, Arnoud-Jan Bijsterveld wrote a book about gift-giving mostly concerning people and the Church in the late-medieval Netherlands, a period in which little empires started to arise and this lord-civilian bond is also very present in Bijsterveld’s book. Further I used two articles and last but not least, the inspiration to start this little investigation came from Han Nijdam’s excellent Lichaam, Eer en Recht which is about Medieval Frisian society, with many references to Medieval Iceland.

The individual

Nowdays we speak of an individualistic society, people are atoms in a society and hardly connected to anybody. This was different in times past. In fact, it is not entirely true nowadays either. When you think of who a person is, you think how that person relates to other people to ‘define’ that person. Han Nijdam says: “a person [is] dividable because it is defined in terms of the relationships that he and other members of the society maintains” (Nijdam 50). He continues with a simple example refering to a short film in Sesame Street in which a boy is the newspaper boy for one person, the grandchild of the next and the little brother of the third. The boy is ‘defined’ by the people he relates to. Or the other way around, who he is, depends on the person who describes him.

“If we could abstract a person’s movements and graph them into a network, we would find that the greatest predictor of the identity of the various households in which he or she gained entry, either as visitor or lodger, would be the presence of kin within that household.” William Miller writes (Miller 139), meaning that the visitor would define the persons in the houses he visits by looking at the other people present. Since it still works that way, one can hardly speak of an individual.

So if an individual is defined by his or her surroundings, what are these surroundings? “Family”, “kin”, “sib” , “tribe” perhaps? Just as with an individual, these terms are not so easy to describe, because they too are dependent on the situation. “The oldest Germanic societies that can be reconstructed using historical sources possessed, according to the most widely held opinion, a relatively stable order that was based on the natural principle of blood-relationship. Relationships of descent, whether fictional or not, gave each person a place within the tribal collective.” (Bazelmans 13) On a smaller scale Miller does not only speak of “regional variation[s] in householding practices” (Miller 113), but he continues with saying “that the precise sense of household might change depending on the context in which it is invoked. A household unit as identified for recruitment to the feud is not the same as the household unit used to determine whether someone qualifies for service on a jury or is required to attach himself to a chieftain for the purposes of Thing attendence.” (Miller 114). “Ego-focused kin groupings of shifting composition [...] were quite important in Iceland in a multitude of social and legal settings, even if these groupings were variously constituted depending on a number of personal, social, and other contextual factors and did not include all eligible members. Kinship mattered, even if not all people related to a person felt obliged to assist him or her.” (Miller 140) Or in the words of Jos Bazelmans: “The tribe consisted of a large number of relatively autonomous elements. These were not descent groups in the sense of lineages or clans, but name-bearing groups of disparate size which recruited their members on the basis of kinship and residence in the same geographical area. Each person was not only a member of such corporate, regional groups, but also of an open network of persons related on the father’s or the mother’s side along with dependents (the kindred). Such networks played an important rold especially in the resolution of feuds.” (Bazelmans 3)

“The extend of the kindred, that is, how genealogically distant two people can be and still count each other kin, is formally set in some provisions in the laws at fourth cousins.” (Miller 145) (addition: a fourth cousin is a person of my own generation with whom I share great-great-great-grandparents, in our reckoning that is an 8th grade kinship! Some texts speak of seventh cousins!!)

“Kinship mattered”. But what is a person’s kin? The people he is related to by blood of course, but both in the old and in the current view of things, blood-relations go in two directions, the father’s and the mother’s side. “Bilateralism, the tracing of relationship through links of both sexes, meant that not all a person’s relatives were related to each other. [...] An important feature of bilateral kinship reckoning is that your kin will not entirely coincide with your cousin’s kin; or, from another perspective, you are by virtue of kinship eligible for membership in several different kin groups with different overlap. [...] The kin group, in other words, was not a closed corporation of determinate membership; it did not constitude itself automatically. It always fell to someone to recruit his of her kin for the particular enterprise at hand.” (Miller 155)

You have family on both your father’s and your mother’s side, but the uncles, aunts, nephews and nieces of either side are probably not related to eachother, their kin is different from yours. Therefor the situation exists in which an uncle of both your father’s and mother’s side are called upon, but when one of these uncles invites (or whatever) his kin, he will most likely not ask your other uncle. With that in mind you can only conclude that kinship differs in different situations.

A similar situation goes for “households”, a group of people living in the same house or on the same piece of land under guard of a “householder”. A household is something quite different from kin, since aunts and nieces do not often live in your house and the servants that do, are usually not related by blood. A household surely is a unit of society to take a look at, especially because often it is said that in governmentless society such as in Medieval times there first were separate households:
“Inevitably the attempt was made to add early Iceland to the number of regions that socialized people in nuclear families within simple households. As we shall see, what the sources tell us about the shape of Icelandic householding must compel a different conclusion. The sources, both sagas and laws, are not without their own special problems in this particular topic. For one thing, the laws take an explicit interest in households and even define what constitudes a household unit. But the “juridical” household does not seem to correspond with what archeological evidence there is, nor with saga descriptions of how the main economic unit, the farm, was populated and managed. Outside passages in the laws directly dealing with the legal household, information on householding must be culled from passing comments in the laws and sagas and inferred from contexts devoted explicitly to other matters. The fact that most of our information is acquired incidentally is in its way quite reassuring. Even the most committed member of the Icelandic school of saga scholarschip would have a hard time giving any reason as to why a thirteenth-century saga writer would want to situate his characters in households that had no basis in reality.” (Miller 112/3)

“While the laws formally imposed kinship out to fourth cousins, kinship in the practical or world depended on more than just biological or affinal connections. Just who would be counted kin was clearly subject to much situational variation and was quite context-specific. A second, even a third cousin with whom one shared common interests and with whom one consequently acted or consulted would be counted kin, while a first cousin with whom one was less involved might cease, for practical purposes, to be counted kin at all. Nor might the people with whom one claimed kinship for the purpose of invitations to feasts and weddings be the same people one counted as kin when it came time to assist in a lawsuit or help pay compensation for their wrongdoings.” (Miller 156) Miller calls this “recruitable kin” (Miller 156) and of course the situation is not different nowadays. I suppose the “common interest” could also be with a non-kin version but a friend.

Earlier we saw Jos Bazelmans speaking of “fictional relationships of descent”. This can refer to the famous, but in the used books little described subject of blood-brothership. “Blood-brothership was a formalized relation undertaken between two or more men in which each vowed to avenge the death of the other, just as if he were his own brother.” (Miller 173) And thus a new member of the kin was a fact.

What might sound strange in our logic is that “[i]n various places in the law a sister’s husband is considered an especially close relation. “He is disqualified for interest from sitting on juries and from judging his affine’s cases just as if he were a blood relative.” (Miller 162) This does not count for a wife’s brother!

“People looked to kin and affines for aid in law and life. They avenged each other’s wrongs; they invited each other to weddings and funerals; they gave each other gifts. They stood surety for each other hired on their poorer cousins as servants.” (Miller 178) This had the result that “[o]ne of the chief activities kin undertook with eachother was mutual consultation. Since the target of a vengeance killing might not be the wrongdoer himself, but one of his kin, there was every reason why kin would want to have some say in actions for which others might hold them to account. [...] Uncounseled deeds were considered reckless deeds.” (Miller 164)

The consulting of kin is very different from how things go today. When I do something to somebody, that somebody in most cases will not know my family and if (s)he does,

mardi, 10 mars 2009

Robert I de Flandre

Figure de Flandre : Robert Ier de Flandre

Image Hosted by ImageShack.usRobert Ier de Flandre dit le Frison (vers 1035 - † 13 octobre 1093, château de Wijnendale), fils cadet du comte Baudouin V et d’Adèle de France. Frère cadet du de Baudouin VI de Flandre, il dépossède le fils de ce dernier et devient comte de Flandre de 1071 à 1093.

Dans sa jeunesse, il participe en péninsule Ibérique à la Reconquista, et tente de s’y s’établir mais il est chassé par les Sarrasins. Une seconde tentative aboutit à un naufrage, et Robert abandonne le projet. Le dessein d’une expédition vers la Grèce avorte tout autant.

Il intervient en Frise à l’appel des barons hollandais qui se sont révoltés contre la comtesse Gertrude de Saxe, fille du duc Bernard II et récente veuve du comte de Frise occidentale, Florent Ier de Hollande (1017 † 1061). En 1063, réussissant à vaincre les rebelles, Gertrude accepte de l’épouser et lui confie la tutelle de son fils Thierry V de Hollande sur le comté de Frise occidentale. De là vient son surnom de « Frison ».

De son père, il reçoit en héritage le comté d’Alost, le pays des Quatre-Métiers (communes de Assenede, Boekhoute, Axel, Hulst) et les cinq îles de Zélande, terres d’empire.

Il prête serment de ne pas nuire à son frère aîné, Baudouin VI. Ce dernier, avant qu’il ne trouve la mort prématurément en 1070, le désigne comme tuteur de son fils aîné Arnoul III. C’est sans compter sur l’ambition de Richilde de Hainaut, mère d’Arnoul III et déjà tutrice du Hainaut pour son fils cadet Baudouin. Elle se saisit de la tutelle d’Arnoul III et des fiefs de Robert, cependant que le comté de Hollande est envahi par Godefroy le Bossu et l’évêque Guillaume d’Utrecht, lequel a obtenu de l’empereur Frédéric Ier l’investiture du comté. Les troupes lorraines s’emparent alors de l’héritage hollandais des beaux-fils de Robert et le défont à Leyde. Robert se réfugie avec son épouse Gertrude et ses enfants auprès de son beau-frère, le duc Ordulf de Saxe. C’est là que Robert reçoit l’appel à l’aide des Flamands révoltés contre Richilde. Ordulf de Saxe lui fournit des troupes et Robert rentre en Flandre.

Gand, puis Ypres et les villes flamandes le reconnaissent. Robert défait Richilde et réussit à prendre Lille. Richilde appelle à son secours le roi de France Philippe Ier, qui accourt en plein hiver, et prend position au pied du Mont Cassel où Robert s’est retranché non loin de là à Bavinchove. Le 22 février 1071, Robert et les piquiers flamands mettent en déroute les Français. Au cours de cette bataille, Richilde est faite prisonnière et son fils Arnoul III trouve la mort. En poursuivant les fuyards, Robert est capturé par le comte Eustache II de Boulogne. Enfermé à Saint-Omer, il est délivré par les propres habitants de la cité qui, sans en avertir le roi de France, l’échange contre Richilde. Par représailles, Saint-Omer est alors ravagée et pillée par Philippe Ier, qui s’enfuit cependant, craignant l’arrivée du duc de Saxe. Richilde, qui a entre-temps reconnu la suzeraineté de l’évêque de Liège sur le Hainaut, est définitivement vaincue après l’invasion du Hainaut par Robert lors de la bataille de Brocqueroie[2], près de Mons). Robert est définitivement reconnu par tous comme comte de Flandre, défenseur des libertés flamandes. Quant à Godefroy le Bossu, il meurt assassiné par des envoyés du comte de Flandre le 20 février 1076 sans héritier. Le beau-fils de Robert, est alors rétabli en Hollande.

En 1077 Robert le Frison associe à la charge comtale son fils aîné Robert, qui gouverne seul le comté lorsque son père effectue en 1085 un pèlerinage[3] vers la Terre sainte. L’absence de Robert le Frison dure près de six ans, au cours desquels il se rend à Jérusalem et au Mont Sinaï, et aide Alexis Comnène dans sa lutte contre les Bulgares et les Sarrasins. Ce type d’expédition préfigure les Croisades, qui vont être lancées quelques années seulement après le retour de Robert. Le comte ramène d’ailleurs une lettre d’appel au secours d’Alexis Comnène, se reconnaissant même vassal des princes latins, lettre qui eut un écho très large.

Il tente en 1091 la restauration de l’usage qui interdisait aux ecclésiastiques morts en Flandre de tester en faveur d’une autre personne que le comte. Il est obligé d’y renoncer face à la menace de son excommunication par Urbain II au synode de Reims : il restitue au clergé flamand les biens qu’il avait saisis et demande son pardon à Renaud (Renauld) du Bellay, l’archevêque de Reims. Il obtient néanmoins en 1093 la nomination d’un évêque à Arras, distinct de celui de Cambrai.

Il meurt en octobre de la même année et est inhumé en l’église Saint-Pierre de Cassel.

Pour en savoir plus : Histoire des Comtes de Flandre


 

Article printed from :: Novopress.info Flandre: http://flandre.novopress.info

URL to article: http://flandre.novopress.info/?p=3958