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samedi, 09 novembre 2024

Le rebus du Moyen-Orient

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Le rebus du Moyen-Orient

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-rebus-medio-oriente/

La situation au Moyen-Orient est de plus en plus confuse. Seule certitude, Israël est à l'offensive sur plusieurs fronts. Et le gouvernement Netanyahou est déterminé à liquider, une fois pour toutes, toute opposition arabe organisée.

Une opération qui n'a cependant rien de facile. En effet, la volonté israélienne se heurte à l'opposition farouche du front chiite. Ce qui est le véritable objectif du gouvernement Netanyahou.

En effet, outre les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, les dirigeants politiques et militaires israéliens frappent durement le Hezbollah au Liban, et vont jusqu'à l'attaquer en Syrie, où les milices libanaises se battent aux côtés d'Assad contre les « insurgés ». Qui sont, pour la plupart, des fondamentalistes sunnites.

Sans parler des raids aériens lourds contre les Houthis au Yémen.

La volonté de frapper durement le front chiite est donc évidente. Isoler l'Iran autant que possible. Ce qui est et reste le véritable objectif ultime de Netanyahou.

Un tableau, il faut le dire, extrêmement confus. Et surtout impossible à déchiffrer avec les lentilles déformantes de la soi-disant culture politique occidentale. Qui prétend raisonner par schémas, avec les bons contre les mauvais, ce qui est typique d'une certaine mentalité américaine. Et qui, pourtant, n'a rien à voir avec la réalité. Notamment avec celle, complexe et enchevêtrée, du Moyen-Orient.

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Les chiites, cela ne fait aucun doute, sont inextricablement liés à Téhéran. Mais cela n'implique pas leur « extrémisme islamiste » ; au contraire, à bien des égards, ils présentent des caractères moins rigides et moins fanatiques. Ceux-ci sont plutôt présents dans l'orbe sunnite dans son ensemble. En particulier en Arabie saoudite, où les Banu Saud sont étroitement liés, depuis leur origine, aux wahabbites. Et donc avec l'une des formes d'islam les plus rigides, voire radicales, de notre époque.

Toutefois, à l'heure actuelle, même les sunnites les plus rigides, et peut-être surtout ceux-ci, ne sont pas en conflit ouvert avec les intérêts occidentaux. Et il est clair que les forces qui ont soutenu, ou même fait partie du califat islamique de récente et peu glorieuse mémoire, sont maintenant soutenues, en Syrie et ailleurs, par ce même Occident, c'est-à-dire d'abord et avant tout les États-Unis, qu'elles ont autrefois combattu, en particulier en Irak.

Il faut, au fond, essayer de comprendre que le tableau du Moyen-Orient est extrêmement mouvant. Et que, bien que liées par d'anciennes obédiences de foi, les différentes composantes de la mosaïque islamique se meuvent, aujourd'hui comme hier, au gré d'intérêts spécifiques et concrets.

En simplifiant à l'extrême, peut-être de manière excessive, nous pouvons dire que les « féroces » chiites et l'Iran n'ont jamais été à l'origine d'attaques dangereuses ou même de formes de djihadisme violent comme celles qui ont lourdement affecté les États-Unis et l'Europe occidentale dans un passé récent.

Ils sont plutôt le fait de groupes et d'organisations - pensez à Al-Qaïda ou à Isis - qui ont vu le jour dans le monde sunnite. Et qui, précisément là, ont continué à bénéficier de la tolérance, voire de la connivence des dirigeants politiques.

Aujourd'hui, cependant, les intérêts occidentaux ont changé de voie et d'objectifs. Après avoir abandonné l'Afghanistan aux talibans, de manière grossière mais efficace et rapide, les Etats-Unis ont décidé, depuis l'ère Obama, de tolérer, voire de soutenir, les sunnites les plus radicaux, en tournant plutôt leur attention, et leurs armes, vers l'Iran. Et donc contre le front chiite. Qui, précisons-le, n'est certes pas composé d'angelots, mais qui n'a jamais représenté, et soutenu, un dangereux extrémisme terroriste.

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Cette opération n'a pas toujours eu des résultats heureux, comme le montrent l'échec des Frères musulmans en Égypte et la montée en puissance d'al-Sissi (photo). Un client difficile à gérer, même pour Washington.

Cependant, la ligne de conduite de l'Occident dirigé par les États-Unis est, et est restée, la même depuis trois présidences. Et elle vise, de manière décisive, à affaiblir autant que possible le bloc chiite. En se servant aussi et surtout d'Israël comme d'un maillet.

Or il est vrai que Netanyahou a fait un bond en avant, prenant de court l'administration Biden. Qui, trop engagée contre la Russie en Ukraine, aurait préféré une escalade plus graduelle au Moyen-Orient.

Mais il est vrai aussi que le leader israélien poursuit la logique de la survie d'Israël, et tente de forcer la main à Washington.

Et dans cette logique, la neutralisation du front chiite et de ses alliés est, militairement et politiquement, une étape nécessaire. Et urgente.

Reste, bien sûr, à savoir si, comme on dit, le diable a fait des pots avec ou sans couvercle.

Autrement dit, si cette stratégie sera payante, et pas seulement à court terme.

Franchement, j'aurais tendance à en douter.

vendredi, 26 avril 2024

Guerre civile islamique

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Guerre civile islamique

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/guerra-civile-islamica/

La confrontation actuelle entre l'Iran et Israël comporte un risque implicite qui n'est guère pris en compte ces jours-ci.

Il s'agit de la ré-explosion, sous de nouvelles formes, de la Fitna, c'est-à-dire de l'ancienne guerre civile entre sunnites et chiites. Tout cela est interne à l'Islam et à son histoire tourmentée.

Passée sous silence par les médias et, pour l'essentiel, inconnue des classes dirigeantes européennes, elle est pourtant un problème bien présent dans les pays du Moyen-Orient. Et aussi considéré avec beaucoup d'attention à Tel Aviv, Washington et Londres. Une attention, il va sans dire, très soutenue.

Le fait qu'en abattant les drones iraniens dirigés vers Israël, la Jordanie ait également collaboré ouvertement avec l'Occident, est... significatif. Une importance qui va bien au-delà de la contribution militaire sans importance du petit royaume hachémite.

Elle représente plutôt l'apogée d'un système d'alliances tissé par Washington dans les pays arabes. Un système complexe et non dépourvu de contradictions, mais qui a essentiellement deux objectifs. Isoler Téhéran. Et blinder Israël.

Dans la direction opposée, en revanche, il y a Pékin. Dont la stratégie vise à rendre le scénario moyen-oriental plus compact, et donc moins instable. C'est la doctrine de Xi Jinping : la pénétration sans conflit. En effet, dans la mesure du possible, tenter d'étouffer les conflits latents.

Une stratégie qui a trouvé son aboutissement dans la médiation entre Téhéran et le Riyad, voulue par le président chinois lui-même. Et qui va à l'inverse des accords d'Abraham. Qui tendent au contraire à souder un axe sunnite, Arabie saoudite en tête, avec Israël. Des accords dont la fonction anti-iranienne est évidente.

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La Chine est une puissance terrestre par excellence. Déterminée à contrôler fermement son espace géographique. Et poursuivant essentiellement une expansion commerciale. Une expansion qui nécessite une situation non conflictuelle. Car le commerce ne peut s'épanouir que dans une situation de paix et de liberté des échanges.

À l'inverse, les États-Unis sont une puissance thalassocratique. Tout comme la Grande-Bretagne, leur proche alliée. Et le contrôle des "mers" exige que la terre soit divisée. Toujours fragmentée.

Ce sont des stratégies antithétiques. Inévitablement destinées, tôt ou tard, à s'affronter.

Comme dans le cas du Moyen-Orient.

Où une reprise de l'ancienne querelle, vieille de plusieurs siècles, est aujourd'hui en vue. Interne à l'islam. La Fitna. C'est-à-dire l'affrontement entre le bloc chiite, dirigé par l'Iran, et le bloc sunnite. Soutenu cependant, dans ce cas, par Washington.

C'est-à-dire par un agent extérieur et étranger au monde islamique.

Et c'est précisément en cela qu'il est possible d'identifier une faille dans la stratégie américaine.

Car Téhéran, conscient du risque de reprise de la Fitna, ne se contente pas de compacter le front chiite. C'est-à-dire l'Irak, la Syrie, le Hezbollah libanais, les Houthis yéménites. Mais elle cherche, en parallèle, à se présenter comme le défenseur des Palestiniens. Et même du Hamas.

C'est important, car cela pourrait créer de nombreux problèmes internes aux régimes sunnites. En soulevant les populations contre les dirigeants, perçus comme des alliés d'Israël. Et donc traîtres à la cause arabe.

D'où l'extrême prudence avec laquelle évolue l'Egyptien al-Sisi. Qui entretient par ailleurs des relations fructueuses avec Israël, et des relations étroites avec Washington.

Sans parler d'Erdogan. Qui est dans l'OTAN, mais qui a passé les années de son gouvernement à tisser des relations économiques et politiques de plus en plus étroites avec Téhéran. Ici aussi, le facteur commercial a joué et continue de jouer un rôle décisif.

La prudence n'a manifestement pas été conseillée à Abdallah de Jordanie. Ce dernier s'est ouvertement rangé du côté occidental. S'exposant ainsi au risque de répercussions considérables. La monarchie hachémite n'est pas aimée des Palestiniens. La Cisjordanie est proche. Et le souvenir de Septembre noir est encore très présent. Et brûlant.

C'est un jeu d'alchimie complexe. Il pourrait conduire à l'isolement de Téhéran, mais aussi déstabiliser les régimes sunnites. Ou encore déclencher une guerre entre chiites et sunnites.

Tout dépendra de la manière dont les différents acteurs, notamment Washington et Pékin, joueront leurs cartes.

mercredi, 09 février 2022

Les Kurdes et le Moyen-Orient

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Les Kurdes et le Moyen-Orient

Source: https://katehon.com/ru/article/kurdy-i-blizhniy-vostok

Une compréhension adéquate des processus politiques au Moyen-Orient nécessite une connaissance détaillée du facteur kurde.

Ethnies et tribus kurdes

Les Kurdes sont un peuple indo-européen qui, à partir d'un certain moment, a commencé à jouer un rôle important dans la région qui englobe l'Anatolie orientale, la zone septentrionale de la Mésopotamie et le nord-ouest de l'Iran, une région précédemment peuplée par les Hourrites, qui se sont ensuite déplacés vers le nord dans le Caucase.

Les Kurdes sont les descendants des Mèdes, tribus iraniennes nomades, qui sont arrivés à la fin du IIe - début du Ier millénaire au nord-ouest de l'Iran moderne, où ils ont fondé un État appelé Mèdie. Au VIIe siècle avant J.-C., ils ont créé un immense empire, qui comprenait de nombreux peuples, territoires et langues. Le noyau des Mèdes est resté dans les mêmes territoires qui sont devenus le pôle initial de leur expansion, où se trouvait également leur capitale Ekbatana (la ville iranienne moderne de Hamadan). Les descendants directs des Mèdes, outre les Kurdes, sont les peuples caucasiens des Talyches et des Tats (qu'il convient de séparer strictement des Juifs des montagnes).

Comme les Kurdes vivaient sur le territoire des anciens Hourrites et Urartéens, qui étaient également des Arméniens et des Kartvéliens assimilés, on peut supposer qu'il y avait une composante hourrite dans leur ethnogenèse. Parallèlement, des populations captives des Guties (Tochars), des Kassirs et des Lullubéens, que certains historiens considèrent comme des Indo-Européens, vivent depuis des temps immémoriaux dans les montagnes du Zagros, au nord-ouest de l'Iran. Ils peuvent également avoir participé à l'ethnogenèse des Mèdes et des Kurdes. Le nom ancien des Kurdes était "kurtii", en grec Κύρτιοι, et des références à eux en tant que peuple habitant les régions de l'Atropatène (Azerbaïdjan) et du nord de la Mésopotamie ont survécu dans les sources anciennes.

Dans les chroniques persanes, le terme "kurt" (kwrt) désigne les tribus iraniennes nomades habitant le nord-ouest de l'Iran, ce qui permet d'inclure les Kurdes dans la typologie des sociétés touraniennes.

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En haut, Mèdes; montagnes du Zagros en Iran.

On peut distinguer plusieurs groupes parmi les Kurdes :

    - Les Kurdes du nord, qui forment la base du peuple kurde actuel - les Kurmanji (kurmancî), dont le nom - kur mancî - est interprété comme "fils du peuple de Midian/Mèdie" ;
    - La partie sud des Kurdes de Kurmanji est désignée par l'ethnonyme iranien Sorani ;
    - Un groupe distinct est constitué par les Kurdes de Zaza, qui se nomment eux-mêmes dımli, dymli, et sont les descendants des peuples du nord de l'Iran qui vivaient autrefois dans la région de Dailam, au sud de la mer Caspienne (ces peuples étaient appelés "kaspiens") ;
    - Le peuple kurde Ghurani, qui a également habité la région de Daylam mais a ensuite migré plus au sud que les Kurdes de Zaza, a la même origine ;
    - Les plus méridionaux sont les Kurdes Kelhuri, ainsi que les tribus Feili et Laki, dont la situation est similaire,
    - Auparavant, les Luriens qui vivaient dans le sud-ouest de l'Iran étaient comptés parmi les Kurdes, et aujourd'hui ils sont communément appelés Iraniens.

Il existe également une hypothèse selon laquelle les Kurdes et les Baloutches seraient apparentés.

Contrairement aux autres peuples iraniens, les Kurdes ont longtemps conservé un mode de vie nomade, ce qui, combiné à leur habitat montagneux, leur a permis de garder intactes de nombreuses caractéristiques archaïques, entretenant ainsi un lien continu avec la culture turque.

Les Kurdes constituent aujourd'hui un peuple important (plus de 40.000.000) qui vit sur le territoire de quatre États - la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran - mais ne dispose pas de son propre statut d'État. C'est aussi un indicateur de la préservation par les Kurdes d'une société traditionnelle, moins touchée par la modernisation que les peuples parmi lesquels les Kurdes vivent. Cependant, les processus de modernisation les atteignent également, ce qui a créé un "problème kurde" au siècle dernier, c'est-à-dire qu'il a soulevé la question de la création d'un État kurde séparé, car dans la Modernité politique, on ne peut pas penser à un peuple en dehors de l'État, c'est-à-dire à une nation politique.

"Midia" et les polities kurdes médiévales

Dans la tradition kurde, il y a l'idée de leur lien avec l'Arche de Noé. Parce que les Kurdes vivaient dans les régions adjacentes au mont Ararat, ils se considèrent comme les descendants directs des habitants du village situé à son pied, que Noé a fondé lorsqu'il est descendu dans la vallée à la fin du Déluge. Cette même légende d'une présence autochtone et originelle dans les zones situées entre la mer Noire et la mer Caspienne, dans la région du mont Ararat, se retrouve chez d'autres peuples caucasiens - notamment les Arméniens, les Géorgiens et les Tchétchènes, qui - chacun selon sa logique ethnocentrique - y trouvent un certain nombre de preuves symboliques. Les Kurdes du XXe siècle justifient cela par leur descendance des Urartéens et des Hourrites, ce qui est pourtant généralement vrai des Arméniens, des Kartveliens et des Vainakhs, dont l'ethnogenèse - bien qu'à des degrés divers - inclut les Hourrites. Cependant, l'identité kurde proprement dite est touranienne (tribus nomades indo-européennes) et plus spécifiquement "midienne".

Si l'on admet un lien génétique direct entre Kurdes et Moussiens [1], on peut les considérer comme porteurs d'une tradition étatique ancienne, antérieure à la Perse et revendiquant la succession à l'empire mondial après la prise conjointe de l'Assyrie avec les Chaldéens de la Nouvelle Babylone. Mais aux époques suivantes, à partir des Achéménides, l'Iran était aux mains des Perses, qui habitaient les territoires du sud de l'Iran, et les terres de Midia, ainsi que l'Arménie et d'autres territoires, n'étaient que des provinces iraniennes.

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À une certaine époque - après la mort d'Alexandre le Grand - les tribus nomades (touraniennes) des Parthes qui ont fondé la dynastie parthe sont également devenues les maîtresses de l'Iran, mais la base culturelle reste toujours les traditions spécifiquement persanes, ce qui devient encore plus prononcé à l'époque sassanide. Néanmoins, il existe une théorie, partagée par de nombreux historiens, selon laquelle les Parthes et les Kurdes sont apparentés, car tous deux habitaient les territoires du nord de l'Iran et appartenaient à des peuples indo-européens nomades. Par la suite, les peuples du nord de l'Iran et de l'Atropatène (Azerbaïdjan) se retrouvent à la périphérie de ce processus, et lors de la vague suivante de création d'un État iranien, venant tout juste du nord sous les Safavides, les Turcs iraniens (chiites-kizilbashi) s'avèrent être la base de l'élite politique. Les Kurdes ne jouent pas un rôle majeur dans ce processus.

Historiquement, les Kurdes, descendants des Mèdes, étaient zoroastriens, et la religion zoroastrienne de l'Iran sassanide était traditionnelle pour eux.

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Dès le premier siècle de notre ère, le christianisme a commencé à être prêché parmi les Kurdes. Eusèbe de Césarée rapporte que Thomas l'Apôtre a prêché parmi les Midians et les Parthes. Comme les Kurdes chrétiens vivaient dans les régions orientales, le nestorianisme s'est ensuite répandu parmi eux, ce qui les a intégrés à l'Église iranienne. Il y avait de nombreux centres influents de la religion nestorienne au Kurdistan, qui ont joué un rôle important à cette époque - le centre d'Erbil au 16ème siècle, Jezir au 17ème siècle, quant à la ville kurde de Kujan est devenue le centre d'un diocèse nestorien au 19ème siècle [2]. Le miaphysisme se répand également (cette fois sous l'influence des Arméniens).  

À partir du VIIe siècle de notre ère, lorsque l'Iran a été envahi par les Arabes, qui ont atteint le Caucase et le sud de la mer Caspienne, c'est-à-dire ont occupé tout le territoire historiquement habité par les Kurdes, ces derniers se sont retrouvés sous l'autorité du califat arabe et, respectivement, sous l'influence islamique [3]. Ainsi, les Kurdes ont d'abord opposé une résistance farouche aux Arabes lors de la conquête de Holwan, Tikrit, Mossoul, Jizra et de l'Arménie du Sud, puis ils ont constamment pris part aux révoltes anti-arabes. Petit à petit, cependant, les Kurdes eux-mêmes ont commencé à se convertir à l'Islam. Parmi eux, l'islam sunnite du mazkhab shafiite est le plus répandu, ce qui les rapproche des musulmans du Daghestan et du Caucase du Nord dans son ensemble. Une petite minorité de Kurdes pratique le chiisme. À l'époque de la propagation du soufisme (IXe siècle), les Kurdes ont volontiers accepté ses enseignements, et le soufisme, dans ses deux principales versions, naqshbandiya et kadyriya, est devenu partie intégrante de l'islam kurde. Cependant, le soufisme ne s'est pas répandu avant le XVIe siècle.

À certaines périodes, les Kurdes ont créé des formations politiques de grande envergure et fondé des dynasties dirigeantes. L'une de ces dynasties kurdes était les Shaddadides, qui ont établi un État indépendant sur le territoire de l'Albanie caucasienne aux XIe et XIIe siècles. Les Saddadides pratiquaient l'islam sunnite et se présentaient comme des adeptes de l'islam, contrairement à la Géorgie et à l'Arménie chrétiennes. En 1072, la dynastie se divise en deux branches : Ganja et Ani. La population des émirats de Ganja et d'Ani était majoritairement arménienne et la culture majoritairement persane.

Les Shaddadides ont régné jusqu'à la fin du XIIe siècle. Plus tard, les Kurdes ont reconnu la domination des Seldjoukides, avec lesquels ils étaient alliés, et ont obtenu le droit de créer une autre entité vassale, l'émirat d'Ani.

Une autre dynastie kurde a été fondée dans la province du Jebel en 959 par le chef kurde de la tribu des Barzikan, Hasanwayhid bin Hasan, qui a été renversé par les Bouyides.

Une autre dynastie, la plus célèbre, fut celle des Mervanides (de 990 à 1096). Cette dynastie kurde a été fondée par Abu Ali bin Mervan bin Dustak.

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Salah ad-Din (1138 - 1193), le plus grand chef militaire du XIIe siècle, qui était d'origine kurde et appartenait à la même tribu Ravadi, que le fondateur de la dynastie des Shaddadides - Mohammed Shaddad ben Kartu devrait être mentionné séparément. 

Salah ad-Din dépose le dernier souverain chiite de l'État fatimide, élimine le califat fatimide, conquiert face aux croisés d'immenses territoires du Moyen-Orient, dont la Terre sainte, et devient le sultan d'Égypte, d'Irak, du Hedjaz, de Syrie, du Kurdistan, du Yémen, de Palestine et de Libye, établissant la dynastie ayyoubide, qui existera jusqu'en 1250. Mais Salah ad-Din, dans ses exploits, ne parle pas au nom des Kurdes en tant que communauté, mais au nom des Seldjoukides, au service desquels il était et sur l'armée desquels il comptait.

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Néanmoins, le fait même de l'existence de dynasties kurdes confirme le modèle classique des débuts turaniens : les nomades indo-européens belliqueux sont souvent devenus les fondateurs de dynasties ou l'élite militaro-politique d'États sédentaires.

La région habitée par les Kurdes jusqu'au XIIIe siècle était appelée "Jebel" par les Arabes. (littéralement, "Hautes Terres"), plus tard, il sera connu sous le nom de "Kurdistan". Au début du XVIe siècle, il existait de petites principautés ou émirats kurdes au Kurdistan : Jazire, Hakari, Imadia, Hasankayf, Ardelan (au Kurdistan iranien), Soran et Baban. En plus de ceux-ci, il y avait des fiefs plus petits. En outre, depuis le début du Moyen Âge (de 1236 à 1832), les Kurdes yézidis possédaient un petit émirat dans le nord de la Mésopotamie, le Sheikhan. L'"État idéal" des Yazidis, en partie politique et administratif, en partie ethno-religieux, comprenait Sheikhan et Sinjar, ainsi que la vallée sacrée de Lalesh, où se trouve le principal sanctuaire yazidi - la tombe de Sheikh Adi, le fondateur de la religion kurde du yazidisme [4].

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Après l'établissement de la dynastie safavide, les Iraniens ont commencé à détruire délibérément l'indépendance des principautés kurdes. Le souvenir de la résistance héroïque des Kurdes est conservé dans les légendes kurdes sur la défense de la forteresse de Dymdim. Après la défaite du Shah par les Ottomans de Selim Ier, la majeure partie du Kurdistan est passée sous l'autorité des Turcs, qui ont également commencé à abolir les principautés kurdes autonomes.

Au cours des conquêtes mongoles, la plupart des régions peuplées de Kurdes sont passées sous la domination des Halaguidés, et après l'écrasement de la résistance kurde, de nombreuses tribus kurdes ont quitté les plaines pour les régions montagneuses, reproduisant en partie le scénario de civilisation des peuples caucasiens, dont les Kurdes étaient très proches à bien des égards. Certains Kurdes se sont également installés dans le Caucase.

Plus tard, les territoires kurdes se sont retrouvés dans la zone frontalière entre la Turquie ottomane et l'Iran [5], ce qui a eu un effet douloureux sur la rupture de l'horizon culturel unique et a donné une dimension tragique au Dasein kurde [6]. Les descendants directs des grands Midi/Mèdes, qui ont dirigé l'empire mondial, ont été privés du pouvoir politique et déchirés entre deux empires en guerre, dont aucun n'a été favorable aux Kurdes jusqu'à la fin du leur. Avec les Iraniens, ils étaient liés par leur ascendance indo-européenne, leurs anciennes racines zoroastriennes et la proximité de leur langue, et avec les Turcs par le sunnisme et un lien commun de "guerrièrisme" nomade, ce qui en faisait des alliés même à l'époque seldjoukide.

Le yazidisme et ses strates

La plupart des Kurdes appartiennent à l'islam sunnite, mais dans tous les cas, les Kurdes ressentent vivement leur différence par rapport aux autres peuples, gardant leur identité inchangée. Cette identité est l'horizon kurde, qui depuis des siècles est étroitement lié aux montagnes et au paysage d'accueil montagneux. Comme les Kalash et les Nuristanis, les Kurdes ont conservé de nombreux traits archaïques des peuples indo-européens du Touran, et ne se sont jamais complètement mélangés avec les Perses sédentaires (majoritairement chiites) ou les Turcs sunnites, malgré des contacts culturels étroits et de longue date avec les uns et les autres.

Cette identité kurde s'exprime le plus clairement dans le phénomène hétérodoxe (d'un point de vue islamique) du yézidisme, un mouvement religieux particulier et unique parmi la branche nord des Kurdes, les Kurmanju. Ce courant est lui-même apparu comme une ramification du soufisme au XIIe siècle, sur la base des enseignements du cheikh soufi Adi ibn Musafir (1072 - 1162), venu au Kurdistan irakien de la région de Balbek au Liban. Le cheikh Adi connaissait des figures majeures du soufisme comme al-Ghazali et Abdul-Qadir al-Gilani, le fondateur de la tariqat qadiriyyah. Les Yazidis eux-mêmes croient que Sheikh Adi, qu'ils révèrent comme l'incarnation de la divinité, n'a fait que réformer et renouveler conformément au mandat divin l'ancienne foi, qu'ils appellent "Sharfadin".

Les enseignements des Yazidis ne sont pratiquement pas étudiés en raison de la nature fermée de ce groupe religieux, qui se tient à l'écart non seulement des autres confessions et peuples, mais aussi de la majorité des Kurdes, et qui est très réticent à communiquer les fondements de sa foi. Une légende veut que les Yazidis possèdent des collections de textes sacrés, que les représentants des castes supérieures - les cheikhs et les pirs - cachent soigneusement aux autres. Seuls deux de ces textes - manifestement fragmentaires et composés d'éléments hétérogènes - ont été connus et traduits dans les langues européennes : le " Livre des Révélations " (Kitab-ol-Jilwa) et le " Livre noir " (Mashaf-Resh). Ils ont été publiés en anglais en 1919 [7], et en russe leur compte rendu est paru en 1929 [8]. Dans l'ensemble, cependant, la religion yazidie est restée pratiquement inconnue jusqu'à aujourd'hui.

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Certains détails de la théologie religieuse yézidie ont donné aux peuples environnants, notamment aux musulmans, l'impression que le culte yézidi vénère Shaitan (le diable chrétien). Cependant, cette tradition est certainement quelque chose de plus complexe, bien qu'elle se distingue nettement de l'Islam - même dans sa forme soufie.

Il existe plusieurs versions de l'origine de la religion yazidie, qui peuvent être considérées non pas comme mutuellement exclusives, mais comme correspondant à différentes couches de cette tradition.

La couche la plus profonde est le zoroastrisme, qui se manifeste dans la doctrine des sept archanges (Amesha Spenta du mazdéisme), dans le culte du feu, dans le culte du soleil, et même le principal symbole des Yezidis - le grand paon, parfois représenté simplement par un oiseau (les Yezidis dans le "Livre noir" s'appellent Angar) - peut être une version de l'image de l'oiseau sacré zoroastrien Simurg. Tous les Kurdes en général (y compris les Yezidis) admettent qu'avant l'adoption de l'Islam ils pratiquaient la religion zoroastrienne, donc ilspréservaient dans les montagnes indo-européennes des fragments de l'ancienne foi, ce qui semble tout à fait naturel. Les vêtements sacrés des Yézidis sont également proches de la tenue zoroastrienne : une chemise blanche (kras) avec un col spécial brodé (toka yezid ou grivan) et une longue ceinture sacrée en laine (banne pshte), appelée "kusti" par les Zoroastriens.

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Le nom Yezid est dérivé du fils du premier calife omeyyade, Muwiya I Yazid. Les Yazidis eux-mêmes soulignent parfois que le réformateur (ou fondateur) de leurs enseignements, Sheikh Adi, était lui-même un descendant de Muawiya par Yazid. Yazid était un adversaire majeur de l'Imam Ali et de sa famille et est considéré comme responsable de la mort de l'Imam Hussein. Pour cette raison, il n'est pas très populaire auprès des musulmans, et les chiites le détestent ouvertement et avec véhémence. En même temps, les traces du Yazid historique ont été presque complètement effacées par les Yazidis, le pathos anti-chiite est absent, et Yazid ou Yazid lui-même est considéré comme une divinité céleste (peut-être la plus haute). En effet, l'étymologie iranienne interprète le mot Yazid ou Yezid comme un mot moyen persan yazad ou yazd (de la base iranienne ancienne *yazatah"), signifiant "divinité", "ange", "être digne de culte". Par conséquent, le nom même de "Yazidis" peut être interprété comme "peuple des anges" ou "peuple du culte", mais aussi comme "peuple de Yazd", c'est-à-dire "peuple de Dieu".

Mais la trace la plus frappante du zoroastrisme est la fermeture complète de la communauté yézidie, fondée sur les castes. Elle est strictement divisée en trois castes - deux sacerdotales (cheikhs et pirs) et une séculière (mrid), bien que la caste séculière, à laquelle appartiennent la plupart des Yezidis, représente par définition les adeptes des maîtres spirituels et soit la plus étroitement liée aux deux plus hautes. Ainsi, chaque mrid (simple yazid) doit avoir un "frère dans l'au-delà", qui ne peut être qu'un membre de la caste des cheikhs et des piers. Le "frère dans l'au-delà" est censé aider le yézid décédé à franchir le pont mince (l'équivalent direct du pont Chinwat zoroastrien) pour entrer au paradis. Les castes sont strictement endogènes, et il est strictement interdit à tous les Yazidis de se marier ou même d'avoir des relations extraconjugales avec des membres d'une autre caste. Cela se justifie par le fait que les Yezidis appartiennent à un type spécial de personnes, radicalement - ontologiquement - différent du reste. La légende yézidie raconte que les premiers êtres humains Adam et Eve, qui ne connaissaient pas le mariage, ont essayé de produire une descendance à partir de leurs propres graines en les plaçant dans deux jarres. Après 9 mois, des bébés mâles et femelles sont apparus dans la cruche d'Adam à partir de sa semence, et dans la cruche d'Eve à partir de sa "semence", des vers puants sont apparus. Les Yezidis croient qu'ils continuent la lignée de ces enfants d'Adam créés sans femelles. Le reste du peuple est issu des enfants ultérieurs d'Adam, déjà conçus par Eve. On retrouve ici le motif zoroastrien classique de la pureté sacrée des enfants de la Lumière, qui ne doivent en aucun cas se mêler aux enfants des Ténèbres. D'où l'endogamie rigide des castes.

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La première des trois règles principales de la religion yazidie est l'interdiction du mélange des castes. La deuxième règle est l'interdiction de changer de religion. La troisième est l'interdiction de la désobéissance aux prêtres et plus encore de la violence à l'encontre des membres du Sheikh et des castes de fétiches.

Tous ces éléments, qui sont essentiels et fondamentaux pour la religion yézidie et son organisation ethno-politique, remontent directement au zoroastrisme classique.

En même temps, il y a un trait curieux dans les mythes et légendes des Yezidis qui a, cette fois, des racines touraniennes. Elle concerne l'interdiction des cultures céréalières. La chute même d'Adam n'est pas décrite comme une conséquence de la consommation d'une pomme, mais comme une conséquence de la consommation de céréales interdites par Dieu. Il s'agit d'une caractéristique classique de la société nomade, qui percevait les céréales - partie intégrante de la culture agricole - comme un domaine interdit, une sorte d'"enfer pour le nomade". Pour un porteur d'une culture purement touranienne, manger du pain est un péché. La même parcelle a été préservée chez le peuple indo-européen Talyche, proche des Kurdes par la langue et la culture, mais contrairement aux Kurdes (principalement du sud - Zaza et Gurani), les Talyches n'ont pas quitté leurs territoires et ne se sont pas déplacés de la mer Caspienne vers la Mésopotamie, l'Anatolie et le Moyen-Orient, restant sur la terre d'Azerbaïdjan. Ainsi, une trace touranienne prononcée s'ajoute au zoroastrisme classique dans le yézidisme kurde.

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On peut en outre distinguer certains éléments de l'iranisme hétérodoxe combinés à des motifs judéo-chrétiens. Les courants judéo-chrétiens sont proches de l'iranisme tant au niveau génétique que conceptuel dans leur structure. Inversement, les sectes judéo-chrétiennes ont eu une grande influence sur le manichéisme. Nous voyons des traces du judéo-christianisme chez les Yezidis dans les rites préservés du baptême et de la communion avec le vin lors d'un repas sacré. En outre, les Yezidis pratiquent la circoncision, qui correspond également au cycle judéo-chrétien. Le fait que le principal sanctuaire yézidi de Lalesh était autrefois un monastère nestorien s'inscrit donc bien dans cette séquence. Ces mêmes courants hétérodoxes irano-chrétiens (comme les Mandéens, les Sabéens, etc.) étaient également caractérisés par des motifs gnostiques, que l'on retrouve en abondance chez les Yézidis. Cette couche a, cette fois, une origine moyen-orientale et se superpose à une identité tourano-iranienne plus ancienne.

170px-Pilgrims_and_festival_at_Lalish_on_the_day_of_the_Ezidi_New_Year_in_2017_20.jpgEnfin, les influences islamiques proprement dites constituent la dernière couche de la religion complexe des Yézidis. On retrouve ici les traditions soufie et chiite. La pratique même de l'adoration du Sheikh en tant que kutb, le poteau, est associée au soufisme. Un rôle majeur dans la métaphysique yazidi est joué par l'image de la perle blanche, dans laquelle l'essence divine s'est incarnée avant même le début de la création. Ce thème est central dans l'ontologie soufie, développant la thèse du hadith selon lequel "Dieu était un trésor caché (la perle) mais voulait être connu". Cette image joue un rôle majeur dans les enseignements du Shi'ite Nusayri. L'islam chiite est également associé à la notion d'importance particulière du premier cercle des disciples du cheikh, qui, dans l'islam chiite, a été transféré à la famille de Mahomet et surtout à la famille de l'imam Ali.

Dans les enseignements des Yazidis, une attention particulière est portée à l'ambiguïté du principal gestalt sacré, l'Ange-Paulin (Malaki-Ta'uz), identifié à l'ange juif Azazil. Dans la Kabbale juive, le même nom (Aza, Azazil) est utilisé pour le démon de la mort. Les textes yézidis soulignent que dans les autres religions, qui ont pour origine Adam et Eve et pas seulement Adam, comme les Yézidis eux-mêmes, l'ange-Paulin est mal compris comme un "ange déchu". C'est l'aspect le plus inquiétant de la religion yézidie, qui a conduit d'autres cultures à les considérer comme des adorateurs du diable. D'une part, l'oiseau primordial peut être rattaché à la tradition indo-européenne, aux oiseaux sacrés des Scythes, au Garuda des Hindous, au Simurg des Perses et à l'aigle de Zeus des Hellènes. Mais nulle part cette image ne souffre de la moindre ambiguïté et est considérée comme un attribut de la plus haute divinité céleste.

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Mais nous rencontrons la diabolisation de l'aigle en dehors du contexte indo-européen chez les peuples adyguéens et abkhazes du Caucase, où l'aigle de fer du dieu maléfique Paco devient la victime du héros "positif" Bataraz, et où il existe une image encore plus expressive de la "Tha des oiseaux de proie", à l'image de laquelle apparaît la tête des anges déchus. La proximité géographique des Caucasiens et des Kurdes, et les liens communs avec le substrat hourrite, suggèrent une autre dimension de la religion kurde yazidie responsable de ses aspects " sombres " ou du moins ambigus.

A cette ambiguïté s'ajoute la subtile dialectique de la métaphysique soufie d'al-Khallaj, qui contient une sorte de justification d'Iblis (le Diable), qui a refusé de se prosterner devant Adam non par orgueil, mais par Amour absolu pour Dieu qui ne permet aucun intermédiaire. Ce thème est en accord avec les motifs gnostiques de la Sophia déchue. Bien que chez les Yezidis ce thème ne soit pas directement souligné, la structure gnostique de leur tradition et certaines allusions antinomiennes - par exemple, l'intrigue du Livre noir des Yezidis, où c'est Malaki-Ta'uz qui encourage Adam à violer l'interdiction divine de manger du grain - permettent une telle interprétation.

Dans l'ensemble, la religion des Yezidis reflète une identité kurde profonde qui remonte au fond des âges. L'analyse de ce que les critiques extérieurs reprochent aux Yazidis et de ce qui constitue des aspects ambigus de leur religion repose en grande partie sur une mauvaise compréhension de sa structure interne, ainsi que sur une mauvaise interprétation des figures et des images individuelles, ce qui est exacerbé par une nature véritablement syncrétiste et fermée des Yazidis, rendant difficile la compréhension de la morphologie intégrale de leurs enseignements.

Les Kurdes chiites

L'identité kurde se manifeste de manière tout à fait différente à l'autre extrémité du spectre religieux - chez les Kurdes chiites. Il convient ici de distinguer deux courants : les Kurdes alévis, les plus nombreux parmi l'ethnie Zaza (mais aussi parmi les Kurdes du nord - les Kurmanji), et les Kurdes partageant la doctrine des Ahli Haq (littéralement, "peuple de la vérité").

Les Alévis sont un ordre chiite-soufi qui est apparu au XIIIe siècle dans le sud-est de l'Anatolie, à proximité de l'école fondée par Hadji Bektash et qui est devenue par la suite la base religieuse de la "nouvelle armée" des sultans ottomans - les janissaires. Les Alévis ont poursuivi la tradition du soufisme iranien extrême (Gulat), centrée sur la vénération d'Ali et des Imams, et de Salman Fars en tant que figure clé particulière de la gnose lumineuse iranocentrique.

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Plus tard, aux quinzième et seizième siècles, les Alévis ont été rejoints par les branches turques des Qizil Bash, qui sont devenues le fondement de la dynastie safavide d'Iran, mais dans les territoires turcs sous contrôle sunnite, ils ont dû s'adapter à des conditions hostiles et dissimuler leur identité. De même, les Kurdes ont vu dans l'alévisme la possibilité de rester dans la société ottomane, où un islam zahirite agressif et plutôt intolérant est devenu la force dominante après Sélim Ier, car l'alévisme était respecté par les dirigeants ottomans - en tant qu'idéologie religieuse originelle des premiers dirigeants ottomans et base spirituelle de la plus importante institution militaro-politique et religieuse de l'Empire ottoman - l'armée des janissaires et l'ordre bektashi.

D'autre part, les Kurdes voyaient dans l'alévisme de nombreux traits proches de la tradition zoroastrienne, ce qui rendait leur participation à ce courant justifiée en termes de préservation de leur identité indo-européenne originelle. Un certain nombre de caractéristiques rituelles rapprochent les Alévis kurdes des Yazidis. Parmi elles, on trouve par exemple le principe de l'endogamie stricte - les Kurdes alévis ont le droit de n'épouser que des membres de la communauté alévie, préservant ainsi la pureté des "enfants de la Lumière" sur laquelle se fondent la tradition mazdéenne et diverses versions ultérieures de l'iranisme.

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Un autre courant du shi'isme radical (gulat) est l'Ahli Haqq, fondé par le sultan Sahak à la fin du quatorzième siècle. Cette tendance s'est répandue parmi les Kurdes du sud et surtout parmi les Kurdes d'Iran. La plupart d'entre eux appartiennent à l'ethnie Goran, mais il y a aussi des groupes importants d'Ahli Haqq dans les peuples kurdes de Kelhuri et de Lur. Un autre nom pour cette doctrine est Yarsan (Yâresân - littéralement, "communauté d'amoureux" ou "communauté d'amis").

La doctrine du mouvement Ahli Haqq est sensiblement la même que celle du yézidisme. Il affirme également l'idée de l'incarnation d'êtres supérieurs (Dieu ou les anges) dans une chaîne de sept messagers choisis. Ce thème est un classique de la prophéologie judéo-chrétienne et du manichéisme. Elle est également assez caractéristique du chiisme - en particulier du chiisme radical, où les membres de la famille de Mahomet et du clan de l'imam Ali sont considérés comme de telles incarnations. Les membres de l'Ahli-Haqq reconnaissent sept de ces incarnations successives, dont la deuxième et la troisième coïncident avec la lignée des séminaristes chiites, Ali et Hasan ("Shah Khoshen"). En général, il est facile d'identifier l'influence ismaélienne dans les enseignements d'Ahli Haqq (par exemple, la mention de Sheikh Nusayr parmi les assistants d'Ali). La première incarnation, cependant, est Havangdagar, par laquelle les membres de l'Ahli Haqq font référence à la divinité suprême elle-même. Chaque incarnation est accompagnée de quatre "anges amis" ou "anges aides" (yārsān-i malak), d'où le nom de toute la communauté Yarsan. La cinquième "aide" est l'ange féminin, une figure classique du zoroastrisme (fravarti). L'Ahli Haqq partage la doctrine soufie traditionnelle des quatre étapes de la connaissance de la vérité - shariah, tarikat, marifat et haqiqat, et des étapes du développement spirituel de l'âme respectivement. Les adeptes de cette école de pensée pratiquent le zikr soufi traditionnel.

Un trait irano-zoroastrien est l'idée de la dualité d'origine de l'humanité, qui rapproche également l'Ahli Haqq des Yazidis. Selon leur doctrine, les membres de la communauté Ahli-hakk ont été créés à l'origine à partir de "l'argile jaune" (zarda-gel), tandis que le reste de l'humanité est issu de la "terre noire" (ḵāk-e sīāh).

L'eschatologie d'Ahli Haqq reproduit généralement le chiisme classique : les élus attendent la venue de l'Homme du Temps, le Mahdi. Mais selon Ahli Haqq, le Mahdi doit apparaître parmi les Kurdes - dans la région kurde de Sultaniyah (province iranienne de Zanjan) ou à Shahrazur, la ville qui, selon les légendes kurdes, a été fondée par le roi Dayok (ou Dayukku), considéré comme le fondateur d'une dynastie de rois midiens. Ce détail souligne le caractère ethnocentrique de l'eschatologie kurde.

En même temps, comme chez les Yezidis, on constate l'influence des groupes judéo-chrétiens - on reconnaît notamment l'immaculée conception du fondateur (ou réformateur) de cette doctrine, le sultan Sahak, dont la tombe dans la ville de Perdivar est un centre de pèlerinage.

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l'un des chefs spirituels de l'Ahli Haqq, Hajj Nematallah, a beaucoup fait pour activer ce groupe, en publiant un certain nombre de textes religieux et poétiques, qui ont joui d'une grande popularité parmi les Kurdes - surtout le Shah-name-i haqiqat (Le livre de la vérité du roi).

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Les Kurdes : identité et État

Bien que leurs origines remontent aux musulmans qui ont fondé le puissant Empire, et bien qu'ils aient parfois été les ancêtres de puissantes dynasties (comme les Ayubides), les Kurdes n'ont pas été en mesure de construire un État propre jusqu'à aujourd'hui.

Ils ont cependant apporté une contribution significative à la culture du Moyen Âge islamique, notamment dans le domaine de la poésie. Le premier poète kurde est considéré comme Piré Sharir, qui a vécu au 10e siècle et a laissé un corpus de courts poèmes aphoristiques, extrêmement populaires parmi les Kurdes. Un autre des premiers poètes kurdes est Ali Hariri (1009-1079). La première grammaire de la langue kurde a été compilée aux Xe et XIe siècles par un contemporain d'Ali Hariri, le poète Termuqi, qui a été le premier à écrire des poèmes en kurmanji. L'une des œuvres de Termuqi porte le même nom que la célèbre pièce de Calderon "La vie, en effet, est un rêve".

Plus tard au XVIe siècle, Mela Jeziri, un éminent poète kurde, a jeté les bases d'un courant soufi dans la poésie kurde, devenant un modèle pour les générations successives de poètes soufis kurdes. Dans toutes les élites intellectuelles kurdes, un accent particulier sur l'identité kurde est évident dès les premiers poètes. Au XVIIe siècle, un autre poète soufi kurde, Faqi Tayran (1590 - 1660), également appelé "Mir Mehmet", a rassemblé de nombreux contes populaires kurdes dans un recueil intitulé "Contes du cheval noir" (Kewlê Hespê Reş). Il est le premier à faire l'éloge de la défense héroïque de la forteresse de Dymdım en 1609-1610.

Les représentants de l'élite kurde commencent peu à peu à se rendre compte de l'anomalie - le fossé entre la grande histoire des Kurdes, le niveau de conscience de leur identité unique, leur militantisme et leur héroïsme d'une part, et la position subordonnée au sein d'autres empires - d'abord le califat arabe, puis la Turquie ottomane et l'Iran séfévide.

143972.JPGAinsi, le plus grand poète kurde, Ahmed Khani (1650-1708) (tableau, ci-contre), auteur du célèbre poème épique des Kurdes, sur l'histoire d'amour tragique "Mam et Zin", est plein de tristesse pour l'État kurde disparu et de nostalgie pour la grandeur passée [9]. Ahmed Khani est considéré comme l'un des premiers idéologues du renouveau kurde et est connu comme un combattant de l'identité kurde, préparant la prochaine étape de l'éveil de la conscience nationale. Un autre grand poète kurde, Hadji Qadir Koy (1816-1894), a poursuivi cette tendance. Dans son œuvre, le désir de libération des Kurdes et d'établissement de leur propre État est encore plus contrasté et sans ambiguïté.

Au XIXe siècle, lorsque l'Empire ottoman a commencé à s'affaiblir et que nombre des peuples qui le composaient (Arabes, Grecs, Slaves, etc.) ont commencé à élaborer des projets d'indépendance, des sentiments similaires sont apparus chez les Kurdes. En 1898, le premier journal en kurde, Kurdistan, est publié au Caire. Plus tard, le journal Kurdish Day (rebaptisé plus tard Kurdish Sun) commence à être imprimé à Istanbul. Un magazine appelé Jin (Vie) est publié en turc, qui proclame ouvertement la volonté de créer un État kurde indépendant.

À la fin du XIXe siècle, les Kurdes soulèvent de plus en plus de soulèvements anti-turcs (par exemple, en 1891 à Dersim).

Les Kurdes ont d'abord soutenu les Jeunes Turcs et l'arrivée au pouvoir de Kemal Ataturk, y voyant l'espoir de mettre fin à l'oppression de l'administration ottomane. Les Alévis ont même reconnu en Ataturk le Mahdi, une figure eschatologique destinée à libérer les peuples de l'oppression et de l'injustice : c'est ainsi que la conscience religieuse a interprété la fin de l'ère de la domination du zahirisme sunnite rigide, qui, depuis l'époque de Selim Ier et de Soliman le Magnifique, avait remplacé une religion entièrement différente - spirituelle et de style iranien - des premiers dirigeants ottomans, inextricablement liée au soufisme ardent du cheikh Haji-Bektaş, de Yunus Emre et de Jalaladdin Rumi et comportant de nombreux thèmes chiites.

Cependant, les Kurdes n'ont pas obtenu ce qu'ils voulaient lors de l'effondrement de l'Empire ottoman. Une partie du Kurdistan est restée dans le nouvel État turc, une autre partie a été incorporée à l'Irak par l'administration d'occupation britannique, la troisième a été cédée à la Syrie et la quatrième est restée en Iran. Ainsi, une immense nation de quarante millions de personnes a été divisée en quatre parties, comprenant deux puissances coloniales, où le nationalisme arabe est devenu l'idéologie dominante (Syrie et Irak), la Turquie, où s'est affirmé le nationalisme turc sous une nouvelle forme - laïque, et l'Iran, où le chiisme dominant et l'identité persane en douze points servaient également de dénominateur commun à l'État, sans accorder aux Kurdes une place particulière, sans toutefois les opprimer autant qu'en Irak, en Syrie et en Turquie.

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Le vingtième siècle n'a donc pas été l'occasion pour les Kurdes d'établir leur propre État, et la question a été reportée à un avenir incertain. En même temps, il n'y avait pas de consensus clair parmi les Kurdes sur le type d'État kurde qu'il devait être et sur quelle base idéologique il devait être fondé. De plus, il n'y avait pas non plus de consensus entre les dirigeants.

Ainsi, dans chacun des pays où vivaient les Kurdes, les forces suivantes ont pris forme.

En Turquie, l'organisation de gauche fondée sur les principes socialistes (communistes) - le Parti des travailleurs du Kurdistan - est devenu l'expression politique de la lutte des Kurdes pour l'autonomie et, à la limite, l'indépendance. Depuis le milieu des années 40, l'Union soviétique apporte un soutien militaire et politique aux Kurdes afin de contrer les intérêts des pays occidentaux au Moyen-Orient. Ainsi, le leader des Kurdes irakiens Mustafa Barzani (1903 - 1979) s'est enfui vers le territoire soviétique après avoir été vaincu par les Irakiens lors de l'affaire de de la République kurde de Mehabad, où il a été accueilli, soutenu, puis à nouveau envoyé en Irak. Pour les Kurdes, l'URSS était donc considérée comme un point d'appui géopolitique, qui prédéterminait dans une large mesure l'orientation idéologique des Kurdes - en particulier des Turcs.

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Chez les Kurdes vivant dans une société traditionnelle, le communisme était difficilement compréhensible et nullement attrayant, de sorte que ce choix a très probablement été déterminé par des considérations pragmatiques. En outre, les Kurdes irakiens se sont heurtés à plusieurs reprises aux Britanniques (le premier soulèvement anti-anglais a été soulevé par Ahmed, le frère de Mustafa Barzani, en 1919), au cours duquel les Britanniques ont mené des opérations punitives contre les Kurdes, détruisant tout sur leur passage, mais les Britanniques étaient des ennemis de l'URSS.

Le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan était Abdullah Öçalan, qui a dirigé le mouvement d'insurrection armée kurde, proclamant en 1984 le début de la lutte armée pour l'établissement d'un Kurdistan indépendant. L'aile militaire du parti est constituée des Forces d'autodéfense du peuple. Öçalan est actuellement emprisonné en Turquie, après avoir été condamné à la prison à vie.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan lui-même est considéré comme une "organisation terroriste" dans de nombreux pays. En fait, le Parti de la paix et de la démocratie, issu du Parti de la société démocratique, interdit en 2009, agit désormais au nom des Kurdes de Turquie. Mais pour toutes ces structures, la tradition des idées socialistes et sociales-démocratiques de gauche parmi les Kurdes turcs est maintenue.

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Les Kurdes irakiens sont réunis au sein du Parti démocratique du Kurdistan, formé par Mustafa Barzani, qui, comme nous l'avons vu, était également tourné vers l'URSS et bénéficiait de son soutien. L'aile militaire du parti est devenue l'armée kurde - les Peshmerga (Pêşmerge littéralement, "ceux qui regardent la mort en face"), qui est apparue à la fin du XIXe siècle pendant la lutte des Kurdes irakiens pour l'indépendance.

Il y a eu une confrontation précoce entre les deux leaders à la tête du Parti démocratique du Kurdistan, reflétant les intérêts de deux unités tribales kurdes - les Barzani [10], basés à Bahdinan, et les Kurdes Sorani, basés à Sulaymaniya.

La tribu Barzani était représentée par Mustafa Barzani, le héros de la lutte pour l'indépendance du Kurdistan, dont la cause, après sa mort, a été dirigée par son fils Masoud Barzani, l'ancien président du Kurdistan irakien pendant la période critique pour l'Irak de 2005 à 2017. Masoud Barzani participait depuis 16 ans à des opérations militaires avec les unités kurdes peshmerga. Après que Massoud Barzani a quitté la présidence, son neveu, le petit-fils de Mustafa Barzani, Nechirvan Idris Barzani, a repris le poste.

L'alliance tribale opposée après 1991 était représentée par la figure flamboyante de Jalal Talabani, qui a été président de l'Irak de 2005 à 2014....

Après la défaite des forces de Saddam Hussein par les forces de la coalition occidentale, Masoud Barzani et Jalal Talabani ont travaillé ensemble pour établir un contrôle militaire et politique sur les territoires du Kurdistan irakien. Toutefois, les contradictions entre les dirigeants se sont traduites par la division effective du Kurdistan irakien en deux parties : la partie orientale (Sulaymaniyah, district de Soran, du nom de la tribu kurde des Sorani), patrie de Talabani, où sa position était la plus forte, et la partie nord-ouest (Bahdania), patrie de Barzani, où ses partisans l'emportaient.

Ce dualisme relatif parmi les Kurdes irakiens a persisté jusqu'à aujourd'hui. Dans certaines situations, les dirigeants des deux entités tribales forment des alliances entre eux. Dans d'autres, la coopération fait place à la rivalité. 

En Syrie, le Parti démocratique kurde de Syrie peut être considéré comme la principale organisation kurde. Actuellement, pendant la guerre civile syrienne, il y a aussi le Conseil national syrien, qui comprend d'autres forces. Les Kurdes syriens n'avaient pas de personnalités aussi brillantes que Barzani, Talabani ou Öçalan, et leurs idées et structures ont donc été fortement influencées par les structures kurdes turques ou irakiennes, où dans les deux cas les tendances gauchistes étaient fortes.

En Iran, les Kurdes vivent dans quatre provinces - Kurdistan, Kermanshah, Azerbaïdjan occidental et Ilam. Les Kurdes iraniens ont historiquement montré moins de volonté d'établir un statut d'État indépendant et n'ont pas organisé de structures politiques autonomes centralisées.

En 2012, deux partis, le Parti démocratique du Kurdistan iranien et Komala (Parti révolutionnaire des travailleurs du Kurdistan), ont fait une offre pour une telle unification.

Notes:


[1] Les peuples voisins appellent les musulmans "Mar". Les Kurdes estiment que ce nom doit être attribué à leurs ancêtres directs et suggèrent que le "Mars" soit identifié aux Kurdes.

[2] Le célèbre temple yazidi de Lalesh, où se trouve la tombe du cheikh Adi ibn Musafir, vénéré par les Kurdes, faisait autrefois partie du monastère nestorien de l'apôtre Thomas. Dans la période pré-chrétienne, le même complexe sacré était un temple du Soleil.

[3] Selon une légende, le premier Kurde à avoir accepté le Silam était un compagnon de Mohammad (sahib), Jaban al-Kurdi, qui retourna au Kurdistan après la mort de Mohammad et y prêcha l'islam.

[4] Spät E., Les Yezidis. Londres : Saqi, 2005.

[5] Pendant une courte période, à la fin du XVIIIe siècle, la dynastie kurde des Zend s'est établie en Iran, avec à sa tête Kerim-khan Zend. Il est révélateur que les Kurdes manquaient tellement de solidarité ethnique que les Qajars, adversaires des Zends, se sont appuyés sur les tribus des Kurdes - Mukri, Ardelan, etc.

[6) Cela rapproche les Kurdes des Arméniens, qui ont subi un sort similaire.

[7] Joseph I.  Devil Worship: The Sacred Books and Traditions of the Yezidiz.Boston : R.G. Badger, 1919.

[8] Semenov A.A. Le culte de Satan chez les Kurdes Yezidiz// Bulletin de l'Université d'État d'Asie centrale, 1927, № 16.

[9] Rudenko M. B. Texte critique, traduction, avant-propos et index du poème d'Ahmad Hani Mam et Zin. M. : ANS SSR, 1962.

[10] La tribu Barzan est une confédération de plusieurs tribus kurdes, unies au XIXe siècle, sous la direction de cheikhs soufis Naqshbandi. Cela a eu lieu pour la première fois sous le Cheikh Abdel-Salam I. Le cheikh Abd-al-Salam II lui succède. Il prend part aux rébellions anti-turques, se cache ensuite en Russie et, après son retour au Kurdistan iranien, est extradé vers les Turcs et exécuté à Mossoul. Abdel-Salam II était le frère d'Ahmed Barzani et de Mustafa Barzani.

mercredi, 25 août 2021

Les tribus arabes du Liban : un conflit sunnite-chiite parrainé par l'Arabie saoudite ?

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Les tribus arabes du Liban : un conflit sunnite-chiite parrainé par l'Arabie saoudite?

Radwan Mortada

Ex: https://katehon.com/ru/article/arabskie-plemena-livana-razzhiganie-konflikta-sunnitov-i-shiitov-sponsiruemogo-saudovskoy

Les tribus arabes du Liban ont été naturalisées libanaises en raison des ambitions électorales de Rafik Hariri. Mais aujourd'hui, elles sont très nombreuses, veulent faire connaître leur présence et sont politiquement organisées dans tous les domaines. Après que l'attaque tribale sectaire de Halda a entraîné la mort de quatre Libanais ce mois-ci, la nation veut savoir quels sont leurs plans, et qui soutient ces tribus ?

Des dizaines de milliers de membres de tribus arabes ont obtenu la citoyenneté libanaise en 1994 grâce aux ambitions électorales du Premier ministre Rafik Hariri. Les Arabes - comme on les appelle affectueusement - représentent aujourd'hui plus d'un demi-million des cinq millions d'habitants du Liban. Le taux de natalité élevé des tribus a tellement modifié l'équilibre démographique des villages de la Bekaa qu'elles sont devenues un facteur décisif dans toute élection. Mais qui sont ces personnes, d'où viennent-elles et quelle est leur importance politique pour décider de l'avenir du Liban ?

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Le 31 juillet, des membres de tribus arabes ont fait parler d'elles en tuant Ali Shibli (photos, ci-dessus), membre du Hezbollah, lors d'une réception de mariage, puis en tirant volontairement sur trois autres personnes lors de ses funérailles à Halda, provoquant presque une confrontation entre sunnites et chiites. Cela s'est produit dans le contexte d'une fuite libanaise d'un plan saoudien-américain secret visant à fomenter des affrontements entre sunnites et chiites afin de faire pression sur le Hezbollah.

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Un an plus tôt, des Arabes de Halde avaient pris d'assaut le bureau de Shibli pour protester contre l'arrestation par les autorités libanaises du religieux extrémiste Omar Ghosn (photo, ci-dessus), un membre de la tribu qui avait ordonné le retrait des affiches de l'Achoura du domicile de Shibli et était fréquemment harcelé par les sectaires.

Dans la mêlée, un garçon de 15 ans, Hasan Ghosn, a été tué. Hasan était le frère d'Ahmad Ghosn, qui a tué Shibli lors de ce mariage fatidique un an plus tard et a ensuite été arrêté par l'armée libanaise pour son crime.

Mais à la suite de la "vengeance" tribale, trois personnes innocentes ont été tuées lors des funérailles de Shibli le jour suivant. Les renseignements fournis par les services de sécurité ont révélé que les victimes avaient des blessures à la tête et au cou, ce qui indique le travail de tireurs d'élite professionnels. Des inquiétudes sont alors apparues quant à la possibilité que des acteurs extérieurs tentent d'attiser les animosités sunnites-chiites dormantes. Le Hezbollah a donné un ultimatum à l'armée libanaise avec une liste de onze hommes à détenir pour leur implication dans l'attaque sanglante d'un cortège funéraire à Halda.

Contexte

Le 4 novembre 2017, lors d'un voyage surprise à Riyad, le Premier ministre libanais Saad Hariri est contraint par ses maîtres saoudiens à démissionner dans une déclaration télévisée enregistrée dans la capitale saoudienne. Les Saoudiens pensaient que les sunnites libanais soutiendraient cette initiative, étant donné l'influence religieuse, historique et financière de Riyad sur cette communauté au Liban. Ils ont fait un mauvais calcul. Les sunnites ont soutenu leur leader Saad Hariri, condamnant publiquement et en privé le traitement humiliant que lui a réservé Riyad.

L'ambassadeur d'Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Bukhari, a commencé à passer une série d'appels téléphoniques pour tirer parti de ce qu'il avait fait ces derniers mois lors de ses voyages dans la Bekaa et dans le nord, où il a rencontré des tribus arabes. Frustré par la réaction de la rue sunnite à la défaite de Hariri, Bukhari a exhorté les tribus à se rendre à nouveau à l'ambassade saoudienne, cette fois pour "soutenir la position de l'Arabie saoudite".

La force des tribus réside à la fois dans leur nombre et dans leur cohésion tribale et religieuse, ce qui en fait une force politique avec laquelle il faut compter.

Néanmoins, jusqu'à récemment, les Saoudiens ont été lents à reconnaître la force représentative sunnite des tribus, du moins en termes de nombre. Riyadh al-Daher, connu sous le nom d'Abou Zaydan, membre clé de la tribu libanaise étroitement associée au "Courant du Futur" de Hariri, l'a bien exprimé :

"Nous avons passé 30 ans à essayer d'atteindre l'Arabie saoudite, qui est un centre spirituel et ancestral pour nous, pour dire à ses responsables qu'il y a des tribus au Liban qui vous ressemblent par leurs vêtements, leurs coutumes et même leur dialecte. Pourtant, notre nom a été mentionné par l'ambassadeur saoudien il y a seulement sept ou huit mois."

En fait, les Libanais ignorent également l'existence de ces tribus dans leur pays. Il y a quelques années, un homme portant des vêtements traditionnels arabes bruns, une coiffe rouge et un agal noir, est arrivé à la première session du Parlement convoquée après les élections. Les gardes parlementaires ont d'abord cru qu'il s'agissait de l'ambassadeur d'un certain émirat du golfe Persique et lui ont demandé de se rendre à l'endroit où étaient assis les émissaires étrangers officiels. Sa réponse les a surpris. "Je suis un membre d'une tribu arabe au parlement, pas un ambassadeur." L'homme en question était le député Muhammad Suleiman (Abu Abdallah), élu au parlement par les tribus arabes lors des élections libanaises.

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Les Bédouins cherchent à exercer une influence politique

De l'errance et de l'élevage nomades, la vocation traditionnelle des tribus, aux sièges au parlement, cette trajectoire en dit long sur l'histoire des tribus arabes qui sont aujourd'hui présentes dans toutes les provinces du Liban. L'histoire commence lorsqu'on leur a accordé la citoyenneté uniquement à des fins électorales, en dépit de leur droit naturel à la citoyenneté. Plus tard, ils se sont opposés au parti qui les a naturalisés et ont exigé l'accès au pouvoir au Liban. Tout cela s'est produit dans le contexte d'une augmentation massive de leur nombre et du contrôle subséquent de la plupart des conseils municipaux et mukhtar dans leurs villages. Ce groupe démographique libanais, qui n'a été intégré dans le tissu politique du Liban que dans les années 1990, disposera désormais d'un nombre important de sièges au parlement en raison de son taux de natalité élevé.

La plupart des Libanais associent les "tribus arabes" aux États arabes du golfe Persique. Cependant, ils ignorent que ces tribus ont des racines historiques au Pays du Cèdre, qui remontent aux conquêtes islamiques et à la domination ottomane, il y a des centaines d'années.

Les tribus sont venues de différents pays arabes au Liban et ont établi leurs villages miniatures avec des tentes et des maisons couvertes de feutre qui sont devenues un marqueur de leur identité sociale. Bien que les tribus se soient installées au Liban, elles ont conservé leurs traditions et coutumes distinctives : l'une d'entre elles est le système judiciaire complet, qui consiste en des comités de conciliation arbitrés par un chef tribal qui assume le statut de juge.

L'autre est le dialecte bédouin qui unit les tribus du nord, du sud, de la Bekaa, des montagnes, de la côte et de la capitale. Ils s'y accrochent afin de maintenir leur identité commune dans un Liban multiculturel - même les membres qui sont nés et ont grandi ici. Mais le décret de naturalisation de Rafik Hariri n'incluait pas tous les membres de la société tribale. Selon les notables arabes, il y a deux raisons à cela : l'ignorance et la négligence générale des Libanais, qui a conduit beaucoup d'entre eux à supposer que les promesses de naturalisation ne seraient pas tenues. En conséquence, un grand nombre de Bédouins se sont retrouvés sans citoyenneté.

La naturalisation des membres des tribus a suscité l'ire de nombreux détracteurs, qui ont accusé Rafik Hariri d'utiliser les tribus pour soutenir le vote sunnite. D'autres critiques sont allés encore plus loin, accusant feu Hariri de chercher à élargir le fossé démographique entre musulmans et chrétiens.

Bien que la naturalisation ait donné à un certain nombre de leurs enfants la motivation de s'assimiler à la société libanaise par le biais du système éducatif, le nombre de personnes instruites dans les communautés bédouines ne dépasse pas 5%. Dans certaines régions, les communautés tribales ont été et continuent d'être privées des nécessités de base de la vie - absence d'infrastructures essentielles, accès à l'enseignement public ou privé, cliniques médicales et soins de santé.

Le manque de ces produits de première nécessité a clairement empêché les tribus de donner la priorité à l'éducation dès le début, d'autant plus que les Arabes étaient une communauté de travailleurs journaliers vivant d'un salaire de subsistance. Néanmoins, l'obtention de la citoyenneté libanaise a permis à nombre de leurs jeunes hommes d'accéder aux échelons de l'enseignement supérieur et à l'arène politique.

Les tribus arabes ont renforcé leur présence dans tout le Liban en nommant leurs membres dans d'innombrables conseils municipaux et conseils de mukhtar. Ils ont également exigé l'établissement sur leurs territoires de municipalités répondant aux critères nécessaires.

Ainsi, par exemple, la municipalité de Shehabiyet al-Fawr a été créée. Selon plusieurs membres éminents de la tribu, "les membres de la tribu s'efforcent encore aujourd'hui d'améliorer leur position dans de nombreux organes gouvernementaux", affirmant qu'"il existe de nombreux Arabes intellectuellement et politiquement compétents qui peuvent occuper n'importe quel poste". Ces personnalités se réfèrent à l'expérience passée, affirmant que "ceux qui ont pris des responsabilités ont réussi, et nous attendons toujours l'occasion d'en faire plus".

C'est le cas au niveau social. Cependant, au niveau politique, des personnalités parlent d'une conspiration contre eux pour les empêcher de s'unir. Ils estiment que les partis politiques libanais craignent que les Arabes puissants ne tentent de concentrer les efforts tribaux et les votes dans un bloc qui pourrait faire basculer les élections en faveur ou en défaveur d'un parti politique. Après tout, les partis eux-mêmes ont constaté l'influence des Arabes lors des élections au Liban, avec un taux de participation atteignant 95 %.

Le cheikh Jassem Askar, leader de la Fédération des tribus arabes du Liban, affirme que malgré la présence des tribus avant la création du Grand Liban, elles ont été marginalisées pendant plus d'un demi-siècle en raison de l'équilibre sectaire du pays. Il affirme également que certaines forces politiques ont tenté de cacher les tribus arabes dans les médias afin de diminuer leur poids et leur potentiel électoral.

Askar, qui se targue d'appartenir à la tribu Al Anzi, la même que celle du prince héritier saoudien Mohammad bin Salman, a déclaré :

"Dix ans après que la Fédération des tribus arabes du Liban a commencé ses efforts pour unifier les tribus, certaines forces politiques ont commencé à créer de nouvelles composantes sous des noms différents afin de provoquer la division selon la fameuse règle du diviser pour mieux régner. L'objectif est de renforcer la marginalisation de plus d'un demi-million de personnes."

Le chef tribal ajoute que "bien que la plupart des tribus croient en l'État, ses institutions, la coexistence et la modération, nous sommes exclus des quotas alors que les nôtres se voient refuser des emplois dans le gouvernement". Askar estime que cette marginalisation est une relique inutile du passé en raison du nombre croissant de membres des tribus et du changement général des sentiments électoraux depuis la naissance du mouvement de protestation au Liban le 17 octobre 2019.

 

mardi, 05 décembre 2017

L'Iran en train de s'imposer au Moyen-Orient au détriment de l'Arabie Saoudite

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L'Iran en train de s'imposer au Moyen-Orient au détriment de l'Arabie Saoudite

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les forces chiite Houthis sont en voie de prendre le contrôle complet du Yémen. Elles en éliminent progressivement les représentants du gouvernement se disant légitime de Sanaa, la capitale. Elles devraient prochainement la conquérir entièrement, ainsi qu'une partie de plus en plus étendue des provinces stratégiques du sud du pays.

Elles viennent d'annoncer la mort de l'ancien président, Ali Abdallah Saleh, tué dans des affrontements à Sanaa. Celui-ci était leur allié, jusqu'au moment où il s'était enfui pour leur échapper et s'était réfugié en Arabie saoudite.Il suffit de regarder une carte du Yémen pour comprendre l'intérêt stratégique du pays au profit de celui qui le contrôle. Il commande très largement le trafic maritime dense qui circule en Mer Rouge à partir ou vers le canal de Suez.

C'est la raison pour laquelle l'Arabie saoudite, avec le soutien des Etats-Unis, s'efforce depuis des mois d'en éliminer les Houthis, tribus chiites du nord du pays, en guerre contre le gouvernement officiel, allié depuis le début des pétro-monarchies sunnites. En fait, elle a surtout bombardé les populations, détruit les cultures vivrières et engendré les morts, les famines et les épidémies qui dévastent actuellement le Yémen

Or l'Iran est en train de s'imposer comme puissance dominante au Moyen-Orient. Son objectif est de remplacer dans ce rôle l'Arabie Saoudite. Il n'est donc pas étonnant qu'elle ait décidé depuis le début de soutenir les rebelles Houthis. Bien qu'elle s'en défende, elle l'a fait en leur fournissant des armes et semble-t-il quelques contingents de combattants. Cette perspective était insupportable pour Ryad. L'Arabie avait donc décidé d'attaquer les positions Houthis avec notamment des moyens aériens considérables et des armes modernes acquis aux Etats-Unis. Mais les Saoudiens sont de piètres miliaires. Ils n'ont jamais réussi à se débarrasser des Houthis.

Ils ne réussiront pas davantage aujourd'hui, autant que l'on puisse le pronostiquer, à les empêcher de s'emparer de la partie utile du Yemen. Les efforts impuissants de l'héritier du trône saoudien Mohammad bin Salman, le montrent amplement. 

L'ennui est que, comme indiqué, ce sera inévitablement l'Iran qui profitera de cette impuissance, au détriment de l'Arabie saoudite. L'Iran vient de déclarer, par la voix de son président Hassan Rohani, que les Yéménites vainqueurs allaient faire regretter leurs actions aux "agresseurs", dans une allusion à l'Arabie saoudite. 

L'axe chiite

Mais si l'Iran est en train de cerner l'Arabie par le sud, elle est depuis bien plus longtemps en bonne voie pour le faire par le nord. Elle est l'élément le plus actif de la coalition politico-militaire dit « axe chiite » qui est en train de se former et qui réunira l'Iran, la Syrie et une partie de l'Irak. L'objectif, comme nous l'avons souvent relaté ici, est non seulement d'affirmer les Chiites en face des Sunnites, mais d'éliminer du Moyen-Orient l'influence et les intérêts américains. Nul n'ignore en effet que depuis plus de 15 ans, ce sont les politiques désastreuses de Washington qui ont provoqué de nombreux conflits et des centaine de millions de morts.

L'Iran est d'autant plus motivée aujourd'hui pour jouer un rôle déterminant au sein de l'axe chiite que le président américain affirme en toutes circonstances que l'Iran est un ennemi organique des Etats-Unis et doit donc être rapidement détruite. Pour ce faire, il semble compter en premier lieu sur l'Arabie saoudite. Un des premiers objectifs de l' « axe chiite » en cours de mise en place sera donc, même s'il s'en défende, de neutraliser une Arabie alliée de Washington.

La Russie, pour sa part, a toujours encouragé l' « axe chiite », notamment à travers Damas et dans une moindre mesure Téhéran. Il est en effet vital pour elle de résister aux efforts américains qui cherchent à l'éliminer de la région, et notamment de ses bases en Syrie.

Mais peut-on craindre qu'elle profite des échecs de Ryad pour prendre des postures beaucoup plus agressives à l'égard de la coalition militaire américano-arabe, et au profit de Téhéran. Cela ne semble pas être dans le caractère de Vladimir Poutine, qui a toujours préféré les négociations. Au Moyen-Orient, certes, il n'acceptera jamais de se voir éliminer au profit de Washington, avec l'appui des Saoudiens. Cependant, il continue à entretenir différents types de dialogues avec ceux-ci. On ne doit sans doute pas, à Moscou, renoncer à la perspective de relations apaisées avec les monarchies sunnites. 

samedi, 11 novembre 2017

Le conflit Iran/Arabie Saoudite va-t-il prendre de l'ampleur?

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Le conflit Iran/Arabie Saoudite va-t-il prendre de l'ampleur?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un article précédent, Changement de cap en Arabie Saoudite? 1)  ? nous nous demandions quel sens prendra le coup de force du prince héritier Mohammed Bin Salman (dit MBS) contreune partie des « élites » du Royaume et même contre une partie de la famille royale, ceci au prétexte de lutte-anti-corruption, Il apparaît aujourd'hui que cette opération vise en profondeur l'Iran, qui est en train de devenir la rivale majeure de l'Arabie Saoudite au Moyen-Orient.

MBS vient d'accuser l'Iran d'un « acte de guerre », au prétexte d'un tir de missile des rebelles houthistes sur Riyad, intercepté et détruit par la défense anti-missiles saoudienne. “The involvement of Iran in supplying missiles to the Houthis is a direct military aggression by the Iranian regime » , vient il de déclarer , “and may be considered an act of war against the Kingdom. Il est possible que les houthistes disposent de missiles en provenance d'Iran, mais ce genre d'armes fait l'objet d'une intense contrebande et tracer l'origine du missile est difficile. Dans un communiqué, l'Iran a « rejeté les accusations de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite « en les qualifiant d'« injustes, irresponsables, destructrices et provocatrices ».

Rappelons que la guerre au Yémen oppose les forces gouvernementales, qui ont été chassées en septembre 2014 de la capitale, Sanaa, aux rebelles houthistes, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme représentant environ 40 % de la population yéménite) très présente dans le nord et soutenus par l'Iran chiite. En mars 2015, le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi avait reçu le soutien d'une coalition militaire de pays musulmans, à majorité sunnite et emmenée par l'Arabie saoudite. Parallèlement les houthistes sont soutenus par l'Iran, le Hezbollah libanais et tous les pays ou groupes d'inspiration chiite.

L'affaire du missile, qui n'est pas la première, est manifestement dramatisée par Riyad qui veut en faire un prétexte pour accuser Téhéran d'un acte de guerre et préparer en représailles d'autres actes de guerre contre ce pays. Jusqu'où une telle guerre pourrait-elle s'étendre?

Donald Trump met de l'huile sur le feu

Or Donald Trump vient de se saisir d cet incident pour donner une nouvelle impulsion à son projet de guerre ouverte contre l'Iran, qui faisait partie de son programme électoral et qu'il n'a jamais abandonné. Il vient lui-même d'accuser l'Iran, sans apporter aucune preuve, d'être derrière le tir de missile et laissé entendre que des représailles pourraient être envisagés. Le chef de la Garde Révolutionnaire iranienne a nié en retour toute implication de l'Iran, tandis le ministre des affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif accusait sur twitter Rihad de mener des guerres d'agressions régionales, déstabilisant la région et poussant à des ripostes militaires.

Il désignait manifestement par ces termes une possible attaque d'ampleur contre l'Iran provenant des Etats-Unis et que pouvait laisser craindre l'intervention de Donald Trump. Certes, celui-ci ne sera peut-être pas suivi par le quatuor de généraux qui exercent le pouvoir de fait à la Maison Blanche, compte tenu des risques de guerre mondiale pouvant en découler. La Russie viendrait très probablement au secours de son allié l'Iran . Cependant aux Etats-Unis même, le lobby pétrolier qui convoite les considérables ressources iraniennes en gaz et pétrole et qui craint la concurrence de plus en plus affirmée de l'Iran, ne fera rien pour affaiblir les tensions. Au contraire.

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C'est dans cette perspective que le coup de force de MBS prend tout son sens. L'arrivée au pouvoir d'un prince héritier qui s'est montré allié sans failles des Etats-Unis prend sa place dans une offensive plus générale dont la première victime a été le Premier ministre libanais Saad Hariri. Celui-ci vient de démissionner et d'annoncer depuis Riyad qu'il risquait de connaître dans son pays le même sort que son père Rafiq Hariri, assassiné par le Hezbollah en 2005, ceci parce que, a-t-il dit, il ne supportait plus « la mainmise destructrice » de l'État iranien sur le Liban. Or il semblerait qu'il ait subi de fortes pressions, assorties de menaces, de la part de la coalition américano-saoudienne pour qu'il entre en confrontation directe avec le Hezbollah allié de l'Iran. Hariri pouvait craindre qu'en conséquence un nouveau conflit d'ampleur ne déchire le Liban.

Comme dans le même temps, Binyamin Netanyahu, qui considère l'Iran comme une menace primordiale pour Israël, soutient la posture agressive de MBS, celui-ci, fort de l'appui américain et israélien, risque lui aussi de s'engager dans des offensives militaires contre l'Iran. Celles-ci n'auraient de sens, vu la faiblesse militaire récurrente des Saoudiens, que si elles étaient directement appuyées par l'Armée américaine. Elles pourraient se traduire par des bombardements de grande ampleur visant les sites stratégiques iraniens. Inutile ici d'en souligner les conséquences catastrophiques.

Comme quoi, comme nous l'évoquions dans notre article précité, le prétendue « lutte contre la corruption » entreprise par MBS s'inserrerait dans une une perspective de bien plus grande ampleur: permettre à Washington de reprendre le terrain perdu au profit de la Russie depuis trois ans, c'est-à-dire depuis les chois désastreux de Hillary Clinton alors au Département d'Etat. Manifestement Trump ne tient aucun compte des échecs de la précédente présidence.

1) http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2749...

lundi, 15 mai 2017

War with Iran Seems Likely as Trump Cosies Up with Saudi Arabia

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War with Iran Seems Likely as Trump Cosies Up with Saudi Arabia
 
 
Many people view Donald Trump as the most dangerous man on the planet, but next week he flies to Saudi Arabia for a three-day visit during which he will meet a man who surely runs him a close second as a source of instability. This is deputy crown prince Mohammed bin Salman, 31 – the de facto ruler of Saudi Arabia since his father King Salman, 81, is incapacitated by old age – who has won a reputation for impulsiveness, aggression and poor judgement in the two-and-half years he has held power. Early on he escalated the Saudi role in Syria, thereby helping to precipitate Russian military intervention, and initiated a war in Yemen that is still going on and has reduced 17 million people to the brink of famine. Combine his failings with those of Trump, a man equally careless or ignorant about the consequence of his actions, and you have an explosive mixture threatening the most volatile region on earth.

Prince Mohammed, who is also defence minister, is not a man who learns from his mistakes or even notices that he has made them. Less than a year after his father became king in January 2015, the BND German intelligence agency issued a warning that Saudi Arabia had adopted “an impulsive policy of intervention” abroad and blamed this on the deputy crown prince whom it portrayed as a naïve political gambler. The degree of alarm within the BND about his impact on the region must have been high for them to release such a document which was swiftly withdrawn at the insistence of the German foreign ministry, but its predictions have been fulfilled disastrously in the following eighteen months.

The deputy crown prince is turning out to be not only a gambler, but one who recklessly raises his stakes when in trouble. Proof of this came in an extraordinary but under-reported interview he gave earlier this month, broadcast on al-Arabiya TV and Saudi TV, in which he threatens military intervention in Iran. “We will not wait until the battle is in Saudi Arabia, but we will work so the battle is there in Iran,” he says. Speaking in highly sectarian terms, he claims that the Iranian Shia leaders are planning to seize Mecca and to establish their rule over all the 1.6 billion Muslims in the world. He believes that “their logic is based on the notion that Imam Mahdi will come and they must prepare the fertile environment for his arrival and they must control the Muslim world.” His diatribe is as anti-Shia as it is anti-Iranian and likely to provoke fears among Shia in Iraq, Lebanon, Pakistan and Saudi Arabia itself, where Shia make up a tenth of the population, that they will be the victims of an anti-Shia crusade.

It is absurd to imagine that the four or five Shia countries have the ambition or the ability to take over the fifty or more that are Sunni, though Sunni fundamentalists accuse tiny Shia minorities in countries like Egypt, Tunisia and Indonesia of plotting to do so. Prince Mohammed appears to give credence to the theory of a grand anti-Sunni conspiracy orchestrated by Iran, saying that, since the Iranian revolution in 1979, Iran has been trying to “control Muslims in the Islamic world and spread the Twelver Jaafari [Shia] sect in the Islamic world so Imam Mahdi comes.”

There is more at play here than Prince Mohammed whipping up religious and nationalist feelings in Saudi Arabia to secure his own power base and fend off his rivals within the royal family. None of his foreign ventures have so far achieved their aims: in Syria in the spring of 2015 Saudi Arabia gave support to the so-called Army of Conquest, consisting primarily of the al-Qaeda affiliate the al-Nusra Front and its then ally Ahrar al-Sham. This won a series of victories against pro-Assad forces in Idlib province but their success led to Russian military intervention later the same year that was a turning point in the war. Saudi influence was marginalised, something that he blames on “former American President Barack Obama [who] wasted many significant opportunities he could have seized to achieve great change in Syria.” In practice, Saudi Arabia was hoping for US military intervention to enforce regime change in Syria along the lines of Iraq in 2003 or Libya in 2011. Obama was privately critical of Saudi actions and the tradition of the Washington foreign policy establishment of giving automatic support to Saudi Arabia and its allies.

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Nevertheless, in Yemen Mr Obama gave backing until the last days of his presidency to the Saudi-led bombing campaign which has been devastating the country since March 2015 but has so far failed to win the war for the Saudis’ local allies. It has brought terrible suffering to the Yemeni population of 27 million, of whom the UN estimates that 17 million are “food insecure” including 3.3 million pregnant and breast-feeding mothers and children, some 462,000 under the age of five, who are “acutely malnourished” or, in other words, starving. Saudi-backed forces are poised to attack the Red Sea port of Hodeida, through which come 80 per cent of Yemen’s imports which make up most of its food supplies. If the port is closed then Yemenis will face the worst man-made famine since Mao Tse-Tung’s Great Leap Forward. Prince Mohammed says the war is all but won, though, mysteriously, in finishing off the other side, “thousands of our troops can fall victims. There will be funerals in all Saudi cities.”

Trump has already ordered greater US support for the Saudi war effort in Yemen, but the deputy crown prince will be primarily bidding for US backing for his confrontation with Iran. Words are already turning into action with reports of the US and Saudi Arabia being at one in planning to stir up an anti-government insurgency among minorities in Iran such as the Baluchis in the south east, something that has been done before but with limited impact.

Saudi leaders were overjoyed by the election of Trump whom they see as sympathetic to them and the Gulf leaders whom he will meet after he arrives in Saudi Arabia on 19 May, before going on to Israel. It is a chilling tribute to the authoritarian instincts of Trump that his first foreign visit as President should be to the last arbitrary monarchies left on earth and to a state where women are not even allowed to drive. On the question of confronting Iran, he is unlikely to be restrained by his Defence Secretary, James Mattis, and his National Security Adviser, HR McMaster, both former generals scarred by America’s war in Iraq, where they see Iran as the main enemy.

The White House is doubtless conscious that the one-time Trump has won universal plaudits in the US was when he fired missiles in Syria and dropped a big bomb in Afghanistan. Trump and Prince Mohammed may be very different in some respects, but both know that fighting foreign foes and waving the flag shores up crumbling support at home.

(Reprinted from The Independent by permission of author or representative)

lundi, 20 juin 2016

Kerbala ou la résistance contre Daech, quelques leçons

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Kerbala ou la résistance contre Daech, quelques leçons

par Maria Poumier

Ex: http://plumenclume.org

Les chiites du monde entier se rendent pendant dix jours au pèlerinage de Kerbala au mois de mai, pour commémorer la naissance de l’imam Hussein, qui allait être massacré ainsi que sa famille, en 680. Cette année, cela fait exactement deux ans, le 5 mai 2014, que Daech s’installait, à la surprise générale, en Irak, prenant le contrôle des gisements pétroliers, la mirifique richesse du pays.

Le chiisme perpétue la lignée familiale du fondateur de l’islam. C’est plus tard qu’apparaît une faction dissidente, celle qui revendique l’autorité de la sunna, la tradition arabe, contre celle des descendants du Prophète. Et le schisme s’installe précisément à Kerbala, lors d’une terrible bataille. En termes chrétiens, on peut parler d’hérésie et de rébellion contre la théocratie héréditaire incarnée par les chiites. Ceux-ci, héritiers du christianisme  oriental et particulièrement libanais, ont bâti une église centralisée à l’image de la papauté. C’est ce qui fait jusqu’à aujourd’hui leur force, même si chaque ayatollah conserve une grande autonomie, comme autant d’évêques locaux, ce qui ne va pas sans heurts.

Cette année, le 10 mai, puis le 11 octobre, anniversaire du martyre de l’imam Hussein (le troisième imam, 626-680), une histoire de cruautés et de perfidie révoltante est intensément revécue chaque année à Kerbala, ainsi que le souvenir d'Abbas, frère d'Hussein, symbole du dévouement et de la fidélité ; tous deux sont les fils de l’imam Ali (deuxième imam, 600-661), dont on vénère le mausolée à Najaf. Le pèlerinage de Kerbala fait écho à celui de Machhad, en Iran, où l’on commémore le martyre d’un autre imam encore, l’imam Reza, également assassiné dans des conditions atroces et déloyales (huitième imam, 765-818).

Les femmes pleurent et sanglotent dans les mosquées, comme si ces massacres étaient strictement contemporains. Les hommes aussi pleurent en public, et des groupes de pèlerins se flagellent dans les rues, comme les pénitents des Semaines saintes d’Andalousie et du Mexique s’infligent des pénitences. Des chants extraordinaires s’élèvent de partout, récits épiques transmis oralement comme nos chansons de geste ; les moments relevant  clairement du miracle improbable  donnent lieu à des fragments énigmatiques et intenses, comme dans le Romancero castillan ; psalmodies élégiaques, pauses sentimentales, psaumes bibliques déchirants adressés au ciel, très proches de la ligne mélodique du Cante jondo, s’enchaînent et se relaient. Cela se passe dans la rue, aux abords du sanctuaire. Les gens marchent en reprenant des refrains, hommes, femmes, couples, enfants, nourrissons, aïeules en chaise roulante. Des groupes de femmes s’assoient sur le trottoir pour écouter les bardes, elles cachent leurs sanglots dans les pans de leur voile. Les enfants sont parfaitement sages, sans se forcer le moins du monde, et ils offrent des bonbons aux passants. Les commerçants sont discrets, sous les arcades, il n’y a pas un touriste occidental pour attirer mendiants, publicité agressive ou profanation quelconque. Une belle cloche sonne un angélus inattendu : c’est l’horloge de style Big Ben qui jouxte la mosquée de l’imam Hussein. Et les lecteurs professionnels du Coran, toujours inspirés, fervents et contagieux, se succèdent dans les mosquées, tandis que résonnent, dans chaque ville, les appels des muezzins à honorer Dieu plutôt que le Veau d’or et autres idoles devant lesquelles s’abaissent si misérablement les impies, parmi lesquels nous  Européens, ne sommes pas les moins obscènes.

Le christianisme a organisé la piété naturelle et le besoin de catharsis partagée autour des images du Crucifié. Les Evangiles racontent que les Juifs et les Romains, en une mauvaise alliance politique de circonstance, furent les bourreaux d’un innocent tellement saint qu’il en est plus que surhumain. La dévotion chrétienne pour le Calvaire, avec tout le rituel de la Semaine Sainte, découlant de la lecture du récit de la Passion selon saint Marc, réitérée à chaque dimanche des Rameaux, est tout à fait comparable à l’émotion organisée autour du souvenir des imams assassinés, et de la reprise de chaque épisode, en détail, de la trahison. Mais le christianisme choisit deux mises à distance : nous ne tenons pas les Italiens d’aujourd’hui ni les juifs d’aujourd’hui pour les assassins de notre Jésus-Christ. Et nous refusons (à l’exception précisément des Nestoriens et des Jacobites, courants dominants du christianisme assyro-syriaque) de ne voir en lui qu’un mortel comme nous : le qualifier de saint ou de prophète parmi d’autres ne nous suffit pas : il est pour nous le fils unique de Dieu, consubstantiel au Père. Ces mises à distances sont deux sages barrières élevées contre des identifications précises qui pourraient porter les chrétiens à l’agression renouvelée et à la haine vengeresse sur des peuples bien réels, dont la permanence et la continuité au long de vingt siècles sont indiscutables. En revanche, nous ne refusons pas de pratiquer l’expressionnisme et de représenter avec le réalisme le plus intense le cadavre torturé du Christ, et chacun de ses bourreaux, avec le risque de nous prendre pour les nouveaux crucifiés par les abus de tel ou tel pouvoir. Mais nous ne considérons pas légitime de sauter sur aucun tortionnaire pour le crucifier à son tour, en bonne symétrie selon la loi du talion, la loi que partagent judaïsme et islam.

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Pour l’islam, la vengeance reste un devoir relevant du sens de l’honneur. Et ce n’est pas sanguinaire dans le sens unique où on l’entend dans le monde occidental, puisque le devoir de vengeance implique celui de mettre en jeu sa propre existence, de donner toute sa vie, de se sacrifier selon la logique du djihad, du dépassement de soi. Comme dans les temps les plus anciens de toutes les sociétés guerrières primitives, dans l’idéal d’un islam vivant, il n’est de mort digne que la mort au combat, dans l’acte de donner la mort à l’adversaire.

Le judaïsme, comme l’islam, refuse la représentation visuelle de ce qui bouleverse, mais comme l’islam, il réactualise constamment la légitime revanche contre les bourreaux : culte de la Shoah, superposition mémorielle de chaque épisode où des juifs se sont sentis persécutés parce que juifs, jusque dans le passé le plus lointain. Le slogan « Identify and indemnify »[1], « cultivons et renforçons l’identité juive afin de mettre en action des attaques et des exigences de réparation sans limite dans le temps ni dans l’espace », relève de la même logique ancestrale, datant sans doute de l’époque où une tribu ne pouvait survivre qu’à condition d’exterminer, sur le territoire revendiqué en propre, toute autre population humaine. C’est la logique du lion en son domaine. L’imam Hussein et son frère l’imam Hassan (deuxième imam, 625-669) sont représentés comme deux lions ensemble. Et les chiites sont les plus fervents tenants de la généalogie comme principe d’autorité indiscutable, chaque fils étant redevable de son présent et de son avenir envers toute la lignée mâle qui l’a amené à voir le jour.

Mais pour nous, le Christ est ressuscité, et le crime de ceux qui l’avaient crucifié s’en trouve minoré dans ses retombées, on peut et on doit, dans la fidélité au Christ, proposer la paix, la réconciliation, l’amour, et construire un avenir de coopération loyale avec les éventuels descendants de tel ou tel peuple qui ait pu dans le passé assassiner le Christ, des saints chrétiens ou de simples mortels chrétiens. Pour le pape comme pour nous tous qui nous appuyons sur cette logique de dépassement de l’humain tribal, les USA et autres impérialistes associés dans l’Otan sont les nouveaux hérétiques qui placent leur « sunna », leur tradition prédatrice propre, par-dessus les vrais commandements de Dieu, impliquant respect et protection réciproques.

Par ailleurs, les musulmans et leurs autorités sont des gens pragmatiques, et savent également pratiquer la négociation et l’alliance. Seuls les wahabbites continuent de prôner l’extermination de tout ce qui n’est pas de leur goût, et Daech est la mouvance qui peut, grâce à des financements étrangers, se permettre de prendre au pied de la lettre ces recommandations.

Or pour les chiites, dans chaque contexte précis, le passage à l’univers du pardon et de la construction en commun est particulièrement difficile. Ils ont, en dehors de l’Iran et de l’Irak où ils sont majoritaires, toujours constitué la minorité pourchassée, ce qui explique   d’ailleurs qu’ils soient si sensibles au thème de la justice, et de la révolution pour bâtir l’avenir selon le modèle khomeyniste. Pour s’en tenir au présent, ils héritent de trente années de guerre au nom de l’islam sunnite : 1980-88, Saddam Hussein lançait ses troupes contre l’Iran, et tentait d’y déporter tous les chiites irakiens ; bilan : entre 500 000  et 1.200.000 morts en tout. Les USA avaient vivement encouragé cette guerre, qui servait parfaitement leur dessein de renverser le pouvoir de Khomeiny et de reprendre le contrôle de l’Iran. Mais les sunnites autour de Saddam échouèrent. Alors les Bush et autres néo-conservateurs totalement identifiés aux intérêts israéliens entreprirent deux guerres pour se débarrasser d’un dictateur incapable et arraisonner l’Iran dès qu’ils auraient pris le contrôle de l’Irak. Second échec total : les militaires US ne peuvent circuler sur le sol irakien sans se faire abattre dans des embuscades, pas plus qu’en Afghanistan, et se sont retirés d’Irak en 2011. On nous dit que désormais, conscients de leurs limites et dépendant moins du pétrole irakien que par le passé, les US souhaitent charger les Iraniens d’administrer l’Irak. Ce n’est certainement pas pour renforcer le pouvoir régional iranien, mais pour mieux affaiblir les ingérables Irakiens ; partageant toujours le schéma israélien, la caste à la manœuvre aux US veut casser l’Irak en trois nouveaux Etats, l’Etat kurde chrétien au nord devant être le plus docile, et d’ailleurs celui qui détient une bonne part du  pétrole. Bassorah, l’autre région pétrolifère, a des raisons comme le Kurdistan de se laisser tenter par l’autonomie. C’est dans le cadre de cette stratégie qu’est encouragé Daech, ennemi juré des chiites, qui a annoncé vouloir réduire Kerbala en cendres. Et l’Arabie des Saoud a ses raisons pour répandre le plus féroce wahabbisme : elle veut que la Mecque ait l’exclusivité des offrandes des pèlerins, qu’ils cessent d’arriver là-bas au terme d’un parcours qui comprend les étapes de Jérusalem, Kerbala, Najaf et Médine, Kerbala continuant d’attirer non seulement les chiites, mais aussi les autres musulmans, à la recherche du contact physique avec la sainteté, au-delà des enjeux politiques du passé, tout à fait prêts à la cohabitation pacifique au présent.

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Dans ce contexte, patriotes chiites et sunnites irakiens savent parfaitement que la seule chance pour l’Irak de ne pas assister impuissants au démembrement de leur Etat consiste à présenter un front uni contre Daech. Le wafq sunnite de Bagdad Abdoulatif al Humayin le répète, tout comme le wafq chiite de Bagdad Saïd al Moussawi. Et quand on demande au chef sunnite du camp de déplacés de Mossoul installé à Kerbala s’ils souhaitent l’intervention d’ONG humanitaires occidentales, il est clair et direct : c’est d’intervention militaire contre Daech qu’ils ont besoin, avant tout. Ce camp abrite environ 8000 personnes, manquant d’eau, d’électricité, d’écoles et de soins médicaux…

Lors de la guerre contre l’Iran, nombre de chiites irakiens ont combattu pour l’Irak contre l’Iran, tandis que d’autres, sunnites, refusaient d’attaquer l’Iran ; maintenant, lorsque l’imam sunnite de Bagdad demande 5000 volontaires pour renforcer l’armée irakienne contre Daech, ce sont 20 000 jeunes hommes qui se présentent, de toute confession. L’autorité suprême résidant à Najaf, l’ayatollah al Sistani, est celui qui a lancé les troupes de volontaires au secours de l’armée irakienne pour combattre Daech, dès juin 2014. Il incarne la volonté d’unité des Irakiens, par-dessus tout enjeu de pouvoir selon l’appartenance religieuse. Contre l’intoxication médiatique occidentale, c’est un devoir que de promouvoir cette logique patriotique de défense du territoire national par-dessus les clivages religieux. On ne peut que souhaiter que le gouvernement irakien accepte l’emprise croissante de Moktada al-Sadr, celui qui, à partir du culte familial à ses héros, son père et son oncle tombés au combat, peut mobiliser les tribus de toute confession, car il a su organiser la déroute US, et il est immensément populaire.

Front commun chiites-sunnites : il ne s’agit ni de vœu pieux  inopérant, ni d’un mot d’ordre démagogique pour cacher aux Occidentaux hypercritiques une hargne toujours aussi vivace entre les deux courants religieux : il s’agit de la seule stratégie  gagnante réaliste.

On peut s’étonner de la récurrence d’un réseau d’alliances familiales bien réel : au sein d’une même tribu, il peut y avoir des chiites et des sunnites, et les mariages faisant fi des  rancunes ancestrales sont bien réels. L’extermination du concurrent sur un territoire donné est de nos jours, sur la planète devenue  village global sans issue de secours, une absurdité, car elle conduit toujours à un double anéantissement, et à la préparation du prochain massacre en réparation du précédent. L’alliance par le biais du mariage d’amour à la vie à la mort et négocié par les deux familles, est le passage obligé pour l’abolition des rancunes. Il faut impérativement que se forment et se consolident des liens intimes entre les gens d’origine diverse. Dans une autre dimension, l’aéroport de Najaf a ouvert en 2008, comme une première pousse de la renaissance après les dégâts énormes infligés à la ville par les US : c’est un symbole d’unité dans le développement et d’ouverture.

Les leçons pour nous Européens, sont multiples. La loyauté et la capacité de pardon semblent avoir progressé en Occident, à mesure que les guerres entre Européens, construites sur des différences de religion, ont reculé ; la laïcisation de nos sociétés, paradoxalement, a fait progresser respect et coopération, c’est-à-dire applications pratiques du principe révolutionnaire et universel chrétien : aimez-vous les uns les autres, y compris vos ennemis, n’en restez pas à la loi du talion qui est intrinsèque au choix de l’appartenance tribale par-dessus tout. Si l’on tisse des liens familiaux entre communautés, ce qui équivaut à un métissage consenti par chacun au niveau de la conscience intime et de sa descendance, la vendetta à grande échelle n’est plus une fatalité: en famille, on parvient à peu près à s’entendre, être en froid peut ne pas déboucher sur des massacres brûlants. Si les familles mélangées imposent leur principe amoureux pour la perpétuation de la vie, les méfiances et provocations entre descendants de juifs, musulmans et chrétiens peuvent ne pas être réactivées à chaque génération. Si des projets de rapine se réactivent et se parent de prétextes religieux, comme dans l’ambition de Daech, c’est quand des pouvoirs étrangers s’en mêlent, et attisent le feu à coup de milliards.

Malheureusement, si les guerres de religion intra européennes se sont atténuées, et si les guerres interethniques peuvent parfaitement être évitées, il reste notre spécificité occidentale : nous nous enferrons dans le clivage idéologique droite gauche, qui a pris la place du fanatisme religieux : c’est le mur à abattre chez nous, dans notre conscience, et le poison qu’on nous inocule, de l’étranger, parce qu’il est fonctionnel pour nous affaiblir.

Il faut donc, depuis la France, actualiser et dynamiser la ligne Villepin de 2003 : contre les visées impériales des Saoud, des Israéliens et des néo-conservateurs US, favoriser tous les rapprochements entre sunnites et chiites pour sauvegarder l’unité de l’Irak. Ce n’est pas à nous d’approfondir leurs contentieux, malentendus ou défaillances. Mais c’est à nous de sortir la France des griffes des mêmes Etats prédateurs : US, Israël, Arabie saoudite. Les jeunes volontaires irakiens qui donnent leur vie dans le combat contre Daech sont les héros et les saints de notre temps, et ils se battent pour nous. La moindre des choses est de nous battre pour eux. Notre pape, autorité de référence même pour ceux qui ne se disent pas chrétiens, a raison : d’abord protéger les plus éprouvés, ceux qui, la mort dans l’âme, nous demandent l’hospitalité. Le devoir d’hospitalité ne concerne pas que les musulmans, qui en font un principe inébranlable. Ainsi la rancœur cèdera le pas à la reconnaissance, aux obligations  réciproques. Les gens qui se retrouvent parqués dans des camps de réfugiés sont en majorité des gens qui ont tout perdu par la faute de ceux qui détruisent leurs pays depuis l’étranger, de préférence en dissimulant leur ingérence. C’est Israël, les US et l’Arabie saoudite qu’il nous appartient de combattre, dans la guerre sainte mondiale de notre temps.

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A Bagdad, comme nous manifestions notre étonnement devant le sang-froid des gens de Kerbala, la ville qui attire ces jours-ci, exactement comme tous les ans, les pèlerins par centaines de milliers, voire millions, alors que Daech les menace explicitement, et multiplie les attentats dans la capitale elle-même, et à moins de 100 km de Kerbala, le cheikh sunnite Abdoulatif al Khomeyim nous a dit : « vous les Français êtes abattus parce que Daech commet des crimes chez vous aussi : retrouvez la foi, et vous n’aurez plus peur ». Et un chiite dévoué à la médiation entre les différentes communautés qui peuplent la France ajoute, selon la tradition de toutes les religions : « celui qui ne croit en rien n’est rien, mais chacun, lorsqu’il touche le fond du désespoir, ressent aussi la main tendue de Dieu vers lui ».

En France, après un attentat, les jeunes retournent sur les lieux du massacre pour bouffer, avant d’aller manifester pour la castration générale souriante, couleur « arc en ciel » sous prétexte de liberté et d’égalité. A Kerbala, les jeunes vont revivre à la mosquée le martyre de l’imam Hussein et ils repartent au front avec un courage renouvelé. Les uns sont les alliés aveugles des US et de l’Arabie saoudite, dociles à tout lavage de cerveau utile à la domination mentale sioniste. Les autres gagneront inéluctablement, parce qu'ils ont la santé mentale, et savent se projeter dans l’avenir, les femmes remplissant leurs devoirs de mères, les hommes remplissant leurs devoirs de guerriers. 

Merci à Kerbala pour ces leçons.

Références : Guide de l’Irak, par Gilles Munier, éd. Jean Picollec, Paris, 2000 ; articles de Wikipedia, très riches, sur chiisme, Irak, guerres du XX° siècle en Irak. Site Irak-Actualités, animé par Gilles Munier.

jeudi, 16 juin 2016

Quand les Wahhabites massacraient les habitants de Kerbala (1801)

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Quand les Wahhabites massacraient les habitants de Kerbala (1801)

Par Jean-Baptiste Rousseau

(Extrait de "Description du Pachalik de Bagdad" - Treuffel et Würtz - Paris - 1809)*

Ex: http://www.france-irak-actualite.com

…(…)… Quinze lieues plus bas que Hilla, au-delà de l’Euphrate dans le Désert, on voit les ruines de Coufa, ville célèbre dans les fastes de l’Islamisme.

A l’occident de Hilla, et à six lieues du fleuve, se trouve Imam Hussein, qu’on doit considérer plutôt comme un gros bourg, que comme une ville bien peuplée. Ce bourg peut contenir sept à huit mille habitants, et ses murailles de terre sont entourées de jardines et de champs cultivés, qu’arrose et fertilise un bras de l’Euphrate, un zabet y commande au nom du pacha.

Ceux qui ont lu l’histoire des Arabes savent que Hussein, fils d’Ali, ayant été appelé en 680 par les habitants de Coufa pour s’asseoir sur le siège pontifical, partit de Médine avec sa famille, et eut le malheur de périr en route, victime de la fureur du khalife Yézid, qui le fit assassiner proche de la ville dont les citoyens lui avaient déféré les honneurs du rang suprême.

Il fut enterré dans la plaine de Kerbala où il avait expiré d’une manière si tragique. On lui éleva d’abord un simple mausolée, et quelques années après les partisans d’Ali bâtirent dans le même endroit une ville qui reçut le nom de Hussein.

Ce lieu si révéré par les Schias a essuyé en différents temps des outrages insignes ; et les Wahabis qui le surprirent il y a quelques années, comme le verrons tout à l’heure, y commirent des désordres affreux. En 851, le khalife Mutawakkel, protecteur de la secte des Sunnis, en avait fait démolir la majeure partie ; ses successeurs achevèrent de le détruire, et ce ne fut que sous les derniers pontifes arabes qu’on le vit sortir de ses ruines, lorsque la mémoire de Hussein fut rétablie et remise en vénération. Depuis cette époque, Schah Ismaël fondateur de la dynastie persane des Séfévis (vulgairement appelés Sofis) , ayant introduit dans ses états la secte de Schias, ordonna par un édit solennel, que la ville et le tombeau de l’Imam fussent réparés et embellis. Les autres souverains de la même race qui occupèrent le trône après Ismaël, entretinrent avec un égal zèle la dévotion de leurs sujets envers Hussein.

Ce pieux exemple a été suivi par les derniers monarques qui ont régné en Perse : chacun d’eux à l’envi a voulu manifester par de riches présents son extrême respect pour le petit-fils du prophète, de façon que la chapelle sépulcrale de Hussein est devenue le dépôt de tout ce qu’il y avoit de plus précieux dans le trésor de ces princes. On sait que l’eunuque Aga Mohammed khan employa, il y a environ douze ans, cinq millions de piastres, pour revêtir de briques de cuivre doré, les minarets ainsi que la coupole de la mosquée d’Imam-Hussein.

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Les richesses immenses qui s’étaient accumulées dans le sanctuaire d’Imam Hussein faisaient depuis longtemps l’objet de l’insatiable cupidité des Wahabis : ils en méditaient sans cesse le pillage et comptaient tellement sur le succès de leur projet, que quand ils voulaient parler d’un jour heureux et solennel pour eux, ils désignaient celui qui devait les rendre maîtres d’une place si attrayante par la quantité de trésors qu’elle renfermait.

Le jour tant désiré arriva enfin. Ce fut le 20 avril de l’année 1801, qu’ils surprirent la ville, au moment où la majeure partie des habitants l’avaient quittée pour aller à quelques lieues de là, faire leurs dévotions sur le tombeau du père de leur patron. Ces barbares mirent tout à feu et à sang : et après avoir fait un butin immense, tel que les plus grandes victoires n’en procurent jamais, ils se retirèrent fort tranquillement, sans que le gouvernement de Bagdad qui fut informé à temps de leur désastreuse apparition, osât troubler leur retraite ; ils étaient venus au nombre de quinze mille. Les cruautés qu’ils commirent sont inouïes ; vieillards, femmes, enfants, tout périt sous leur glaive impitoyable ; on les vit même dans la fureur qui les animait, éventrer les femmes enceintes, et mettre en pièces sur les membres sanglants le fruit qu’elles portaient. Des gens dignes de foi qui ont eu le bonheur d’échapper à cette affreuse boucherie, m’ont assuré à Bagdad, avoir vu quelques-uns de ces hommes féroces se repaître du sang de leurs infortunées victimes.

L’on évalua dans le temps à plus de quatre mille, le nombre de personnes qui avaient péri dans cette affreuse catastrophe. Les Wahabis emmenèrent, à leur sortie d’Imam-Hussein qu’ils saccagèrent pendant deux jours et deux nuits, deux cents chameaux chargés de riches dépouilles. Non contents d’avoir assouvi leur rage sur les habitants, ils rasèrent les maisons, et firent de la riche chapelle de l’Imam un cloaque d’immondices, et de sang ; ils endommagèrent aussi les minarets et les coupoles de la mosquée, dont ils avaient pris d’abord les briques pour de l’or massif ; mais ayant reconnu ensuite qu’elles n’étaient que du cuivre doré, ils ne crurent pas devoir perdre leur temps à démolir totalement ces édifices dont les décombres ne leur eussent été d’aucune utilité.

Depuis cette malheureuse époque, le roi de Perse a fait réparer le lieu sacré, et le pacha y entretient aujourd’hui une division de Lavends, pour le mettre à couvert d’une nouvelle invasion. Tous les ans il y vient de la part du monarque persan un khan, dont l’emploi est de protéger les pèlerins de sa nation, qui accourent de tous les points de l’Empire pour recevoir les bénédictions de l’Imam, en échange des dons précieux qu’ils font à la chapelle.

La ville d’Imam-Ali, presque aussi grande et aussi peuplée que celle d’Imam- Hussein, est à six lieues de cette dernière, dans une plaine aride où la nature ne versa jamais ses bienfaits. C’est le lieu de la sépulture du gendre de Mahomet, d’Ali, que les Persans révèrent jusqu’à l’idolâtrie, et en l’honneur duquel ils ont bâti une superbe mosquée dont les minarets et les coupoles sont recouverts comme à Imam-Hussein, de briques de cuivre doré. Les Persans regardent le favori intime du Très Haut, et l’appellent la Force ou le Lion de Dieu. Le territoire d’Imam-Ali est d’une stérilité dont on ne saurait se former une idée, et n’offre que des aspects hideux, et des morceaux de sable que la chaleur du soleil enflamme en été. Autrefois les habitants de ce lieu étaient obligés d’aller jusqu’à l’Euphrate pour se procurer de l’eau ; mais depuis environ une quinzaine d’années, le frère de l’Empereur du Mogol y a fait construire un canal qui a coûté des sommes immenses ; on n’a pas pu cependant le perfectionner à cause des tourbillons de sable que la violence du vent y verse sans cesse, et qui le combleraient totalement, si on n’avait pas le soin de les nettoyer tous les ans. Quant aux vivres, c’est de Hilla et de plusieurs villages des bords du fleuve qu’on les exporte pour approvisionner la place.

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Imam-Ali n’était pas moins renommé qu’Imam-Hussein, pour la grande quantité d’objets précieux que la pieuse libéralité des Schias avait accumulés dans son enceinte ; mais depuis le sac de cette dernière ville, on a transféré toutes les richesses qui se trouvaient accumulées ici, à Imam-Moussa près de Bagdad, afin de les soustraire à l’avidité des Wahabis. Malgré cette précaution, ces brigands n’ont pas manqué de se présenter à diverses reprises devant Imam-Ali avec l’intention d’en faire le pillage ; mais soit que l’Imam les ait fait repoussés constamment par une force invisible, comme le prétendent les Persans, soit que les mesures des Wahabis ayant été mal combinées, ils n’ont jamais pu venir à bout de leur entreprise.

*L’orientaliste Jean- Baptiste Rousseau (1780-1831) fut consul de France à Bassora en 1805. Il y avait pris la suite de son père Jean-François appelé Rousseau de Perse, ancien directeur de la Compagnie des Indes et consul à Bassora et Bagdad.

jeudi, 10 mars 2016

L’Arabie saoudite met-elle le feu aux poudres pour déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient?

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L’Arabie saoudite met-elle le feu aux poudres pour déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient?

par Andreas Becker

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Actuellement, l’Arabie saoudite ne s’équipe pas seulement en matériel de guerre, mais semble être en effet avide de mettre le feu aux poudres. Ces derniers jours, des avions de combat saoudiens ont été transférés sur la base aérienne turque d’Incirlik. Ce transfert a eu lieu dans le cadre de la coalition militaire sous la direction des Etats-Unis contre l’Etat islamique (EI), dénommé aujourd’hui de préférence «Daech» par les politiciens et les médias occidentaux. Il faut considérer l’alliance turco-saoudienne contre la Syrie et l’Iran comme une alliance sunnite contre les chiites. Le Liban se montre cependant récalcitrant à la revendication saoudienne d’entrer dans son alliance militaire, comme le montre la lettre ouverte d’un important chrétien maronite adressée récemment au roi saoudien Salman. Lettre préconisant la paix, écrite à la veille d’une nouvelle guerre?

Depuis une semaine, le royaume du désert, riche en pétrole, est le théâtre de manœuvres militaires les plus étendues de son histoire. Y participent des forces armées provenant de 20 Etats différents: L’Arabie saoudite jouit actuellement des revenus des flux financiers investis, ces dernières décennies, dans des Etats arabes et africains. L’opération «Northern Thunder» («Tonnerre du Nord»), entamée il y a dix jours, est supposée durer une semaine encore. Elle ne fut communiquée que le jour initial même, parallèlement avec la menace de Riad, adressée au président Bachar al-Assad, de «le renverser par la force». C’est précisément ainsi que les guerres commencent.


La raison est que la victoire de l’EI contre Assad se fait attendre. Grâce au soutien aérien russe, le gouvernement syrien fut capable de reconquérir finalement certains territoires. Les Russes réussirent, assez rapidement, dans ce que la coalition anti-EI, dirigée par les Etats-Unis, n’atteignit pas une année durant: bloquer l’avancée de l’EI. Il faut pourtant préciser que le successeur d’Al-Qaïda n’est toujours pas vaincu.


L’Arabie saoudite mène déjà une guerre au Yémen contre les rebelles houthis. Le front anti-chiite est pourtant en train de s’élargir, menaçant d’englober un territoire allant de la Méditerranée au golfe Persique, de la frontière turque à la pakistanaise et l’afghane. En se montrant prête, de manière démonstrative, à intervenir militairement dans le conflit du Proche-Orient, Riad dissimule, selon sa propre logique, le fait qu’elle prend elle-même partie au conflit. L’Arabie saoudite a formé une alliance d’intérêts avec les Etats-Unis amis contre les alaouites au pouvoir en Syrie, dont est originaire la famille présidentielle d’Assad et qu’on considère comme faisant partie des chiites. Les raisons pour cette alliance anti-Assad ne sont pas identiques, mais la devise «L’ennemi de mon ennemi est mon ami» suffit pour se mettre d’accord pour déclencher une insurrection contre le gouvernement Assad.


Dans ce but, des clans syriens sunnites furent courtisés. On leur fournit argent et armes et leur assura un soutien logistique. Au début, Washington déclara qu’une «Armée syrienne libre» se battait contre le dictateur Assad et en faveur de la démocratie. Mais l’Armée syrienne libre se révéla, peu après, être en grande partie, des milices islamiques telles que le Front al-Nosra et l’Etat islamique (EI). Ni Riad, ni Washington n’accepte de le reconnaître. On ne parle pourtant presque plus de l’Armée syrienne libre aujourd’hui, mais surtout des meurtres perpétrés par les islamistes et dont les victimes sont avant tout des chrétiens. Pour le moment, il y a une zone d’ombre quant aux gouvernements et institutions qui soutiennent secrètement l’Etat islamique et ses rejetons.

Le Liban, un contre-modèle

Le Liban est le seul Etat du Proche-Orient à population fortement chrétienne. A l’origine, il fut un territoire de protection autonome pour les chrétiens vivant dans l’Empire ottoman et qui face à la répression se retirèrent dans ces terres maritimes et montagnardes. Durant les troubles sanglants du conflit au Proche-Orient, le pays a perdu sa majorité chrétienne. La cohésion et l’existence même du pays sont dues aux chrétiens et à leur foi, base de leur culture. Le Liban est l’exception remarquable d’un pays au Proche-Orient dont tous les différents groupes font partie du gouvernement.


Suite à ces évènements, les chrétiens auraient de bonnes raisons de se montrer, eux aussi, rancuniers. Ils pourraient donc également recourir aux armes, à l’instar des autres groupements religieux, mais ne le font que s’ils y sont contraints. Leur connaissance de l’histoire est bien là mais ils n’éprouvent aucun besoin de revanche.


La raison pour laquelle les chrétiens ne sont plus majoritaires dans ce pays – qui est en réalité le leur – est la fondation de l’Etat d’Israël et l’expulsion des Palestiniens, des musulmans sunnites et des chrétiens du pays. Ne voyant plus, dans un proche avenir, la possibilité de rentrer dans leur pays, l’OLP tenta de faire du Liban leur nouvel Etat. Une partie des Libanais sunnites les soutinrent.


S’en suivit une guerre civile sanglante. La tentative échoua. Le bilan fut catastrophique en vies humaines et en destructions. 27 ans après la fin de la guerre, le Liban est encore loin de bénéficier du niveau de vie qu’il avait auparavant grâce aux chrétiens. De même les Libanais doivent aux chrétiens que leur pays ne soit pas devenu un second Irak, une seconde Syrie, un second Yémen, une seconde Libye.


Tenter de continuer l’analyse des troubles libanais qui dominent les rapports entre les forces anti- et pro-syriennes, anti- et pro-occidentales, anti- et pro-israéliennes etc. dépasserait le cadre prévu et n’apporterait probablement plus de confusion que d’éclaircissement.

La «vengeance» saoudienne

Pour comprendre la situation actuelle, il importe juste de savoir que la Syrie vint en aide aux chrétiens dans la tentative de conquête palestinienne des années 70. Puis, il faut également tenir compte que le nombre de chiites, ayant considérablement augmenté au cours de ces récentes décennies, ces derniers se voient comme les alliés naturels des alaouites syriens.
Les chrétiens du Liban sont reconnaissants envers la Syrie pour leur aide militaire d’alors. Mais précisons également que la majorité des chrétiens libanais ne voulut pas d’un Liban sous protectorat syrien, raison pour laquelle ils soutinrent les Syriens qui se retirèrent en 2005. Cela ne change rien à la connaissance précise dont disposent les chrétiens libanais à propos des conditions de vie de leurs frères de foi chrétienne en Syrie, desquels ils sont souvent proches par des liens parentaux. En effet, ces conditions sont nettement meilleures sous l’alaouite Assad que sous une domination sunnite. Alors que le Hezbollah chiite lutte activement au côté d’Assad en Syrie, les chrétiens libanais se sentent proches des chrétiens syriens.

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Cela explique en partie la réticence du Liban à participer à l’alliance anti-chiite de l’Arabie saoudite orchestrée par les Etats-Unis. La raison principale en est l’autoprotection face à une autre guerre meurtrière et destructive dans laquelle on ne veut pas être impliqué. Un refus qui coûte cher au petit pays. Riad afficha ces jours-ci le catalogue pénal contre le Liban. Le roi Salman exige que le don, fait en 2013 par son prédécesseur le roi Abdallah, de trois milliards de dollars pour le réarmement de l’armée libanaise soit restitué. Cette somme considérable permit à ce petit pays, grâce aux livraisons d’armement de la France, de développer son armée. L’armée commune représente un facteur de stabilité important pour un Etat où combattaient encore il y a à peine plus de 25 ans de nombreuses milices armées.
Le désaccord de Riad s’exprime aussi dans l’avertissement public demandant aux Saoudiens d’éviter le Liban comme lieu de villégiature pour «des raisons de sécurité». Aujourd’hui, Riad est allé encore plus loin et a incité tous les Saoudiens à quitter le Liban. Cette mesure fut reprise par les alliés saoudiens les plus proches dans la région de Golfe, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Qatar. Les Libanais ne sont pas dupes: cet avertissement est en réalité une exhortation indirecte à réduire les relations économiques avec le Liban. Ce rappel actuel adressé aux citoyens saoudiens correspond au niveau civil en réalité à une mobilisation générale au niveau militaire.


La troisième menace qui ne fut pas exprimée officiellement mais fut très clairement mise en circulation informellement a des conséquences directes et massives: L’Arabie saoudite et les autres Emirats du Golfe pourraient expulser les 400'000 Libanais travaillant dans la région du Golfe. On devine aisément quelles seraient les conséquences de tels agissements pour le Liban, un pays comptant 4,4 millions d’habitants (auxquels s’ajoutent 450'000 réfugiés palestiniens et 1'250'000 réfugiés syriens). Au plus tard depuis l’annonce de cette menace tout Libanais sait que l’Arabie saoudite ne plaisante pas et que ce petit pays au bord de la Méditerranée doit se soumettre. Une quatrième menace complète encore la panoplie des menaces: la rumeur circule que les Etats du Golfe dirigés par des familles sunnites pourraient retirer leur argent des banques libanaises et provoquer ainsi une crise économique et sociale dans le pays.

Le refus libanais

La «vengeance» du roi saoudien Salman apparaît après que le ministre des Affaires étrangères libanais, le chrétien maronite Jebran Bassil du Mouvement patriotique libre, ait refusé par deux fois, lors des récentes rencontres des ministres des Affaires étrangères arabes, d’approuver une résolution anti-iranienne présentée par l’Arabie saoudite et de se soumettre ainsi à l’alliance saoudienne. Le Mouvement patriotique libre forme en politique intérieure le groupe parlementaire minoritaire des chrétiens libanais. Dans le domaine de la politique extérieure, concernant la poudrière du conflit entre sunnites et chiites, menaçant de faire sauter tout le Proche-Orient, la majorité et la minorité chrétienne sont en grande partie d’accord. Un engagement direct du Liban dans une guerre incontrôlable au Proche-Orient serait la fin de la dernière présence chrétienne significative dans la région.


Non seulement dans les cercles musulmans, mais aussi parmi les chrétiens libanais, circule la rumeur qu’Israël ne verrait aucun inconvénient à voir les territoires environnants détruits. Il en serait de même avec les forces occidentales pouvant à la suite d’une guerre faire main-basse sans aucune gêne sur les richesses naturelles du Proche-Orient. Une appréciation qui ne remonte guère le moral dans le pays. Un éminent chrétien du Liban ne veut pas spéculer sur de tels arrière-plans derrière les arrière-plans. Pour lui, les faits qui se trouvent sur la table sont suffisamment graves pour l’inciter à passer à l’action.


Face à cette crise grandissante où l’on peut sentir l’odeur de la poudre jusqu’à Beyrouth, le chrétien maronite Fady Noun, rédacteur en chef suppléant de «L’Orient-Le Jour», le quotidien libanais le plus renommé, a rédigé une Lettre ouverte adressée au roi Salman d’Arabie saoudite. Il y exige le respect mutuel et précise les raisons pour lesquelles le Liban ne peut pas accepter cette alliance, car sinon l’unique modèle permettant de trouver une solution au conflit serait détruit. Noun présente donc au roi saoudien le Liban comme modèle en l’invitant à choisir la paix plutôt que la guerre.    •

Source: www.katholisches.info/2016/02/24/zuendet-saudi-arabien-di...

(Traduction Horizons et débats)

«Il faut bien voir que l’on est là devant un phénomène de civilisation qui interpelle tout le monde, y compris l’Occident. L’Occident athée de la mort de Dieu, de la conquête coloniale, des invasions impériales, de l’inégalité des échanges, du racisme déclaré ou poli et du relativisme éthique. Un relativisme décrit par le philosophe américain Eric Voegelin, qui a réfléchi sur les millénarismes, comme ‹une divinisation de la société par elle-même›.
Comme elle nous manque, en ces jours troublants, cette réflexion vigoureuse sur les rapports civilisationnels qui nous permettrait de jouer notre rôle de médiateurs culturels, de ‹brokers› de la paix et de la vérité. Comme il nous manque aujourd’hui de penser le XXe siècle dont nous héritons. Comme elle nous manque, cette réflexion en profondeur sur l’islam pour comprendre ce qui a rendu possible cette aberration culturelle et politique que l’on nomme ‹Etat islamique›.»

Source: Lettre ouverte de Fady Noun adressée au roi saoudien Salman (extrait)

vendredi, 26 février 2016

« A Bagdad, il y a un régime de pompiers pyromanes… »

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« A Bagdad, il y a un régime de pompiers pyromanes… »

Entretien avec Gilles Munier, par Cherif Abdedaïm (La Nouvelle République – Algérie – 25/2/16)

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

28_photo_31195_61969.jpgRécemment, le ministre Jaafari a estimé que le soutien international et régional n’est pas à la hauteur des défis auxquels fait face l’Irak. D’une part, quels seraient ces défis dont par le ministre irakien ; et d’autre part, quelles seraient les attentes du gouvernement irakien en matière de soutien international ?

Gilles Munier : En Irak, quand un dirigeant prend position, il faut commencer par se demander qui il est. Ibrahim al-Jaafari, actuel ministre des Affaires étrangères - de son vrai nom al-Eshaiker, une famille originaire d’Arabie - représentait le parti Al-Dawa à Londres du temps de Saddam Hussein. Il a été choisi par les Américains et les Britanniques – donc aussi par la CIA et le MI6 - pour présider le Conseil de gouvernement mis en place dès la chute de Bagdad en 2003. La coalition l’a ensuite nommé vice-président du Gouvernement intérimaire, puis Premier ministre. Un homme de confiance donc, jusqu’à ce que George W. Bush qui ne supportait pas ses timides récriminations le remplace en 2007 par Nouri al-Maliki, jugé – à tort - plus arrangeant. Afin de se rester dans la course au pouvoir, Jaafari a alors créé un parti concurrençant Al-Dawa. Pour lui, le principal défi de l’Irak est – cela va de soi - le maintien de son intégrité territoriale. Mais, y croit-il vraiment ? Est-ce bien son but ? Il est bien placé pour savoir ce que son ami Joe Biden attend de lui. Le vice-président des Etats-Unis, ordonnateur de sa carrière, est un des artisans du projet de démembrement de l’Irak.

Autre défi – cela va aussi de soi - la stabilité du pays. Mais Jaafari est aussi bien placé pour savoir que le confessionnalisme a totalement déstabilisé l’Irak… puisqu’il y contribue depuis 2003 !

L’Irak, par la faute de Jaafari et consort, est à feu et à sang. Ce sont des pompiers-pyromanes. Le mur de sécurité qu’ils construisent autour de Bagdad symbolise leur échec, d’où leurs « attentes »: un accroissement du soutien étranger - occidental, russe et iranien – à leur régime toujours plus d’armes, la formation de miliciens chiites camouflés en militaires ; le bombardement des zones sous contrôle de l’Etat islamique.

L’éclatement de l’Irak a été le plus grand bouleversement stratégique au Moyen-Orient, dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il a déstructuré la politique régionale et internationale au Moyen-Orient. D’un Etat que les Américains considéraient comme Etat-voyou, nous nous trouvons maintenant avec un Etat défaillant. Ce que souhaitent nombre de puissances régionales et notamment la Turquie et même une partie des leaders politiques américains, le dépeçage de l’Irak et sa division en trois entités chiites, sunnites et Kurdes. D’après-vous, y -aurait-il une possibilité pour les Irakiens de déjouer ce plan ?

Je crains que la situation soit irrattrapable. Le régime de Bagdad n’a rien fait pour déjouer le plan de partition du pays. Il en fait partie. Les Américains - et les Britanniques qui ont une grande expérience en matière de manipulation des ethnies et des communautés religieuses - savaient ce qu’ils faisaient en portant au pouvoir des individus connus pour leur sectarisme. Nouri al-Maliki a fait le lit de l’Etat islamique en refusant de partager le pouvoir avec les sunnites de la région d’Al-Anbar, en les réprimant sauvagement et en ordonnant la retraite de l’armée gouvernementale stationnée à Mossoul. Son successeur Haïdar al –Abadi, qui vient de Manchester, n’arrive pas à ses faire obéir dans son propre camp. En janvier dernier, il a dû envoyer des troupes et des chars à Bassora pour rétablir un semblant d’ordre. Il parle de reconquérir Mossoul d’ici l’été. On verra. Mais cela signifie détruire la ville – comme cela a été le cas pour Tikrit et Ramadi – et peupler les camps du Kurdistan et de Turquie de centaines de milliers de nouveaux réfugiés.

Pendant ce temps, Massoud Barzani annonce d’ici la présidentielle américaine un referendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien, un projet soutenu officiellement par Israël. S’y opposer déclencherait une nouvelle guerre arabo-kurde…

Pour déjouer les manœuvres visant à partitionner l’Irak, il faudra d’abord que les chiites parlent d’une seule voix, celle d’un homme à poigne. Je ne vois que Hadi al-Amiri, chef de la Brigade Badr, qui puisse remplir ce rôle.

Entre ceux qui instrumentalisaient un chaos contrôlé et ceux qui prêchaient les vertus d’un chaos constructif, on se trouve actuellement devant un chaos chronique en Irak dont les répercussions dangereuses dépassaient les frontières de ce qui était un Etat fort. Si jamais le plan de partition préconisé par certains réussissait, quelles seraient ses répercussions sur le plan régional, et notamment la Syrie ?

Sans les interventions militaires russe et iranienne, Damas serait tombée. Il n’est pas dit que Bachar al-Assad arrive à reconquérir le nord de son pays. Mais s’il y parvient : qui reconstruira les villes, villages et infrastructures détruits ? Avec quels moyens ? Quelle sera l’attitude des millions de réfugiés à l’égard du régime ? Trop de questions demeurent en suspens. Rien n’est joué car la Turquie – et donc l’Otan – ne laisseront pas l’influence russe se développer aux portes de l’Europe.

Qui sait si le projet de reconfiguration du Proche et Moyen-Orient ne comprend pas aussi la « dé-saoudisation » de l’Arabie, la partition de la Turquie et de l’Iran ? L’ayatollah Khamenei a raison de dire que les Gardiens de la Révolution combattent en Irak et en Syrie pour ne pas avoir à le faire un jour en Iran.

En l’absence d’acteurs politiques transcommunautaires éliminés ou affaiblis par la politique américaine, le champ est resté entièrement libre aux partis et aux mouvements communautaires de tous genres. Pensez-vous que ces forces politiques arriveraient un jour à un consensus qui pourrait « replâtrer » l’Irak ? Dans ce cas précis, quelles sont les options pour l’Irak pour sortir de cette logique de l’unilatéralisme américain ?

Un consensus permettant de « replâtrer » l’Irak ? Un jour, peut-être, dans deux ou trois générations. Il n’y a rien espérer des hommes politiques irakiens actuels.

Pour sortir de la logique de l’unilatéralisme américain, les peuples de la région n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers Moscou. L’Europe est un nain politique et la Chine prudente. Mais, attention danger ! Si la confrontation USA-Russie dérape en Syrie ou en Irak, il faut s’attendre au pire, y compris une guerre mondiale. Ce n’est pas moi qui le dit, mais Dimitri Medvedev, Premier ministre russe, il y a quelques jours…

La guerre froide à laquelle nous assistons entre Ryad et Téhéran ne risque-t-elle pas de se répercuter sur la scène irakienne avec notamment un regain de violence entre chiite et sunnites ?

Elle se répercute sur la scène irakienne depuis 2003. Des centaines de milliers d’Irakiens sont morts ou ont été déplacés parce qu’ils étaient sunnites ou chiites. La violence sectaire a débordée en Syrie, au Liban, au Yémen, et même au Pakistan et au Nigéria. A qui la faute ? Aux Etats-Unis qui ont envahi l’Irak.

Les Saoudiens obsédés par le « croissant chiite » et la « menace chiite safavide » jettent de l’huile sur le feu en permanence, tandis que l’Iran temporise. Le Proche et le Moyen-Orient semblent entraînés - contre le gré de ses peuples - dans une guerre sunnite/chiite. Si elle éclate – comme cela a été le cas de la guerre Iran-Irak - personne n’en sortira vraiment vainqueur.

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Quelle nouvelle configuration pour l’Irak pourrait-on envisager dans la période de l’après- Daech ?

En juin 2014, le parti Baas clandestin envisageait de déclarer à Mossoul la formation d’un « Gouvernement provisoire de la République irakienne » auquel auraient participé des représentants des organisations de la résistance anti-américaine, des tribus et des minorités religieuses et ethnies du pays. Daech l’en a empêché. Depuis, l’Etat islamique s’est structuré et fonctionne comme un véritable Etat.

L’après- Daech n’est donc pas pour demain. Certes, les armées locales et étrangères stationnées dans la région et leurs aviations ont les moyens de raser la province d’Al Anbar, d’éliminer Abou Bakr Al-Baghdadi, mais pas celui de « reconquérir les cœurs et les esprits », faute de projet alternatif viable. C’est pourtant ce qui risque de se passer. Mais, l’occupation de la région de Ninive - comme elle l’était par l’armée gouvernementale avant la prise de Mossoul par Daech - déboucherait sur un Daech II, avec la réactivation de toutes les organisations islamiques lui ayant prêté allégeance. Au Proche-Orient et dans le monde par voie de conséquence, le terrorisme a malheureusement encore de « beaux jours » devant lui. Pauvre Irak…

http://www.france-irak-actualite.com/2016/02/a-bagdad-il-...

samedi, 05 décembre 2015

Entrevista a Claudio Mutti: “la guerra civil islámica”

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Entrevista a Claudio Mutti: “la guerra civil islámica”.

por Adriano Scianca

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

¿Un choque de civilización entre Occidente y el Islam? Qué va, el conflicto actualmente en curso es (sobre todo) interior al mismo mundo musulmán. De ello está convencido Claudio Mutti, director de la revista Eurasia, que dedica en su último número un dossier a “La guerra civil islámica”. Y en este choque las facciones aparentemente más aguerridas (salafistas y wahhabitas), son justo las que tienen vínculos históricos con las fuerzas de occidente.

Adriano Scianca – El último editorial de Eurasia, la revista de geopolítica que usted dirige, se titula “La guerra civil islámica”. ¿Quiénes son los actores de este conflicto dentro de la religión musulmana y qué es lo que está en juego?

Claudio Mutti – La expresión “guerra civil islámica” utilizada en el editorial del trigésimo noveno número de Eurasia debe entenderse en un sentido amplio, ya que el actualmente en curso no es propiamente un conflicto en el que se enfrentan los ciudadanos de un mismo Estado, incluso si no faltan casos de guerra civil real; tratándose en cambio de un conflicto que opone a Estados, instituciones, corrientes, grupos pertenecientes al mundo musulmán, sería más exacto hablar de “guerra intraislamica”. El enfrentamiento en cuestión debe remontarse a la tentativa puesta en práctica por fuerzas históricamente cómplices del Occidente británico y estadounidense, para instaurar su hegemonía en el mundo musulmán. Gracias además a los petrodólares de los que pueden disponer, estas fuerzas, que sobre el plano ideológico se expresan (sobre todo, pero no solamente) en las desviaciones wahhabita y salafista, ejercen su influencia sobre una parte considerable de la comunidad de creyentes. Esta tentativa hegemónica, además de encontrar las renuencias del Islam tradicional, ha suscitado durante mucho tiempo la fuerte oposición del nasserismo (hasta Gaddafi) y de las corrientes revolucionarias. Hoy su principal obstáculo está representado por el Islam chiíta. De ahí el feroz sectarismo anti-chií que anima a los corrientes heterodoxas y que, por desgracia, también se ha extendido a áreas del Islam que se suponía exentas de ello.

AS – La intervención rusa en Siria parece haber cambiado el rumbo del conflicto. ¿Cree que es posible, para Assad, volver a la situación pre-bélica o ya una porción de su poder y de su soberanía puede darse en todo caso por perdida para siempre?

CM – El gobierno sirio, que todos daban ya por desahuciado, logró sobrevivir a una agresión y a una guerra civil durante más de cuatro años. La alianza euroasiática de Siria, Irán, Hezbollah y Rusia ha prevalecido sobre la coalición occidental y sobre el sedicente “Estado islámico” que la primera ha diseñado, financiado, armado y entrenado. Se trata de la primera derrota geopolítica infligida a los Estados Unidos y sus satélites desde el fin de la Guerra Fría. En este contexto, no creo que Assad deba temer una pérdida del propio poder, tanto es así que el presidente sirio se ha declarado dispuesto a afrontar nuevas elecciones presidenciales. Hace unos días, el 23 de octubre, después de reunirse con John Kerry y los ministros de exteriores turco y saudí, el ministro de Asuntos Exteriores ruso, Sergei Lavrov, ha desmentido del modo más categórico que durante las negociaciones sobre la crisis siria los participantes hayan abordado la cuestión de la dimisión del presidente Assad. Algo antes, Dmitrij Trenin, director del Carnegie Center de Moscú, dijo que para Putin “Assad no es una vaca sagrada” y que su único interés es “salvar el estado sirio, evitando que se fragmente como ha sucedido en Libia o en Yemen”. Sin embargo, una cosa es cierta: Rusia tiene considerables intereses geoestratégicos en Siria, un país que durante más de cuarenta años es su aliado y que alberga en Tartus la única base mediterránea de la Armada rusa. No sólo eso, sino que los rusos han construido una base aérea en Al-Ladhiqiyah (Laodicea), que es un bastión de Assad. No creo, por tanto, que Rusia quiera crear en Damasco las condiciones de un vacío de poder que daría a los aliados de los EEUU la forma de soplar de nuevo sobre el fuego del terrorismo.

AS – En estos días la situación se está caldeando demasiado en los territorios palestinos. ¿Por qué precisamente ahora se vuelve al borde de una “tercera Intifada”? ¿Es un fenómeno que puede ser enmarcado de alguna manera en la convulsión general de la zona?

CM – La “tercera Intifada”, la denominada “Intifada de los cuchillos”, es una gran oportunidad para el eje ruso-iraní, cuya línea estratégica puede abrir perspectivas de victoria para la causa palestina. Acabando con la monstruosidad representada por el sedicente “Estado islámico” y garantizando la seguridad de la República Árabe de Siria, el eje ruso-iraní conseguirá en efecto el resultado de modificar radicalmente la situación en el Oriente Medio. Como consecuencia de ello, el papel de Estados Unidos en la región resultará fuertemente redimensionado, y por lo tanto también la hegemonía de la entidad sionista será puesta en tela de juicio. Si la alianza ruso-iraní quiere llevar hasta el final las medidas adoptadas hasta el momento, tendrá que sostener de manera decisiva la lucha del pueblo palestino; pero los líderes palestinos deberán a su vez romper los vínculos con aquellos gobiernos de la región que sustentan la presencia estadounidense y son cómplices del régimen de ocupación sionista.

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AS ¿Cuál es la relación de las corrientes wahhabita y salafista con la religión islámica? ¿No representan una exacerbación o una perversión? ¿Y cuáles son, en cambio, sus vínculos con el Occidente anglo-americano?

CM – Los movimientos wahhabitas y salafistas, aunque nacidos en lugares y circunstancias históricas diferentes, declaran ambos luchar por un objetivo esencialmente idéntico: reconducir el Islam a aquello que era, al menos en la imaginación de sus seguidores, en el momento de las primeras generaciones de musulmanes. Estas corrientes rechazan tanto el magisterio espiritual ejercido por los maestros de las hermandades sufíes, como las normas de la Ley sagrada (Sharia) elaborada por las escuelas jurídicas tradicionales (sunitas y chiítas). Su interpretación del Corán y de la Sunna Profética (únicas fuentes de la doctrina que ellos reconocen) se caracteriza por un obtuso literalismo anti-espiritual que no rehúye incluso el antropomorfismo.

Desde su creación, estos movimientos heterodoxos y sectarios han actuado en connivencia con Gran Bretaña, convirtiéndose en instrumentos de sus planes de dominio en el mundo musulmán. El fundador del movimiento salafista, Al-Afghani, iniciado en la masonería en una logia del rito escocés de El Cairo, hizo entrar en la organización masónica a los intelectuales de su círculo, entre ellos a Muhammad ‘Abduh, quien en 1899 se convirtió en Mufti de Egipto con el plácet de los ingleses. Lord Cromer, uno de los principales artífices del imperialismo británico, definió a los seguidores de Muhammad ‘Abduh como “los aliados naturales del reformador occidental”.

En cuanto a los wahhabitas, Ibn Saud fue patrocinado por Gran Bretaña, que en 1915 fue el único estado en el mundo en establecer relaciones oficiales con el Sultanato wahhabita del Nejd y en 1927 reconoció el nuevo reino wahhabita del Nejd y del Hiyaz. Consejero de Ibn Saud fue Harry Philby, el organizador de la revuelta árabe anti-otomana, el mismo que apoyó ante Churchill, el barón Rothschild y Weizmann el proyecto de una monarquía saudita encargada de controlar por cuenta de Inglaterra la ruta a la India. Al patrocinio británico lo sustituyó luego el estadounidense; si ya en 1933 la monarquía saudí había otorgado en concesión a la Standard Oil el monopolio de la explotación petrolífera, y en 1934 había concedido a otra compañía estadounidense el monopolio de la extracción de oro, el 01 de marzo de 1945 el rey wahhabita selló la nueva alianza con los EEUU reuniéndose con Roosevelt a bordo del Quincy.

AS – Los dos recientes premios Nobel de la Paz y de Literatura tiene notables implicaciones geopolíticas. ¿Puede darnos su comentario?

CM – Debe tenerse presente que el premio Nobel no es en absoluto una institución neutral y libre de condicionamientos políticos. El Premio Nobel de la Paz, en particular, ha sido concedido más veces a personalidades de la política, de la cultura e incluso de la religión que han servido a los intereses de los Estados Unidos de América o del régimen sionista, quizás a través de la subversión, la mentira propagandística, la acción terrorista y la agresión militar contra otros países. Me limito a mencionar algunos nombres, sobre los que no es necesario hacer ningún comentario: Woodrow Wilson, Henry Kissinger, Menachem Begin, Lech Walesa, Elie Wiesel, el XIV Dalai Lama Tenzin Gyatso, Gorbachov, Aung San Suu Kyi, Shimon Peres, Yitzhak Rabin, Barack Obama. Este año el Premio Nobel de la Paz ha sido concedido al llamado Cuarteto para el diálogo nacional tunecino, en reconocimiento a su “contribución decisiva para la construcción de una democracia plural en Túnez a raíz de la Revolución del Jazmín en 2011”. En resumen, ha sido premiada la llamada “Primavera árabe”, es decir, el vasto movimiento de desestabilización que la “estrategia del caos” ha favorecido en las costas meridional y oriental del Mediterráneo. Análogo significado reviste también la decisión de conceder el Nobel de Literatura a una periodista sobre la que recae la acusación infamante de ser un agente de la CIA.

26 de octubre 2015

(Traducción de Página transversal).

Fuentes: Eurasia Rivista di studi geopolitici e Il Primato Nationale.

mercredi, 02 décembre 2015

La guerra civil islámica

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La guerra civil islámica

por Claudio Mutti

Editorial de la revista Eurasia. Rivista di studi geopoliticiXXXIX (3 – 2015).

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

“Omnia divina humanaque iura permiscentur” (César, De bello civili, I, 6).

La guerra civil propiamente es un conflicto armado de amplias proporciones, en el que las partes beligerantes se componen principalmente de ciudadanos de un mismo Estado; objetivo de cada una de las dos facciones en lucha es la destrucción total del adversario, física e ideológica. Sin embargo, tal definición se puede aplicar ampliamente: Ernst Nolte, por ejemplo, llama “guerra civil europea” al conflicto de las dos ideocracias que, en el período comprendido entre la Revolución de Octubre y la derrota del Tercer Reich, trataron de aniquilarse recíprocamente. Guerra civil, pero combatida a escala global, fue también según Nolte la Guerra Fría, un “choque político-ideológico entre dos universalismos militantes, cada uno de los cuales estaba en posesión de al menos un gran estado, un choque en el que lo que estaba en juego era la futura organización de un mundo unitario” [1].

En cierta medida, es posible extender la definición de “guerra civil” al conflicto político y militar que, en el mundo musulmán de hoy, contrapone Estados, instituciones, movimientos, grupos y facciones pertenecientes a la misma comunidad (umma). Un conflicto de tal naturaleza se indica por el léxico islámico a través del término árabe fitna, al cual recurre el Corán, en donde se afirma “la sedición es más violenta que la matanza” (al-fitnatu ashaddu min al-qatl [2].

La primera fitna en la historia del Islam es la que rompió la comunidad musulmana durante el califato del Imam Alí. Concluida la revuelta de los notables de la Meca con su derrota en la Batalla del Camello, la fitna explotó una vez más con la rebelión del gobernador de Siria, Muawiya ibn Abi Sufyan, que, después de haber enfrentado en Siffín al ejército califal y después de apoderarse de Egipto, Yemen y otros territorios, dio comienzo en el 661 a la dinastía omeya. Una segunda fitna opuso al califa omeya Yazid Ibn Muawiya y al nieto del profeta Mahoma, al-Husayn ibn Alí, que el 10 de octubre de 680 conoció el martirio en la batalla de Karbala. La tercera fitna fue el choque dentro de la familia Omeya, que allanó el camino a la victoria abasí. La cuarta fue la lucha fratricida entre el califa abasí al-Amin y su hermano al-Ma’mun.

Irak-Chiites-et-sunnites.jpgLa primera y la segunda fitna, lejos de resolverse en un mero hecho político, están en el origen de la división de la umma islámica en las variantes sunita y chiíta: dos variantes correspondientes a dos perspectivas de la misma doctrina y por lo tanto definibles como “dimensiones del Islam inherentes a ella no para destruir su unidad, sino para hacer participar a una mayor parte de la humanidad y de  individuos de diferente espiritualidad” [3]. Ahora, mientras la mayoría de los árabes, de los turcos, de los pakistaníes es sunita, como sunita es igualmente Indonesia, que es el más populoso de los países musulmanes, el núcleo más compacto y numéricamente consistente del Islam chiíta es representado por el pueblo iraní. Esta estrecha relación de Irán con la Chía se utiliza ahora en un marco estratégico inspirado en la teoría del “choque de civilizaciones”: los regímenes del mundo musulmán aliados de los Estados Unidos y de Israel recurren instrumentalmente al dualismo “Sunna-Chía” con el fin de excitar el espíritu sectario y dirigir las pasiones de las masas contra la República Islámica de Irán, pintada como enemiga irreductible de los suníes y presentada como el núcleo estatal de la hegemonía regional “neosafávida” (fue bajo la dinastía safávida cuando en la Persia del siglo XVI la Chía se convirtió en la religión del estado).

El alimento ideológico del sectarismo anti-chií consiste principalmente, aunque no exclusivamente, en las corrientes wahabitas y salafistas, que desde su aparición han sido objeto de reprobación y condena por parte de la ortodoxia suní. Acerca de la relación histórica de solidaridad que une tales manifestaciones de heterodoxia al imperialismo británico y estadounidense, ya lo hemos visto en otro lugar [4]. Aquí será oportuno observar que el producto más reciente y virulento de estas corrientes, es decir, el autodenominado “Estado Islámico” (Daesh, Isis, Isil, etc.), abiertamente apoyado por Arabia Saudita, Qatar y Turquía, es el instrumento de una estrategia norteamericana destinada a asegurar al régimen sionista la hegemonía en el Medio Oriente y por lo tanto a impedir la formación de un bloque regional que, desde Irán, se extienda hasta el Mediterráneo.

También es necesario señalar la significativa similitud entre el caricaturesco y paródico “Califato” de al-Baghdadi y la petromonarquía saudita. Los feroces y bestiales actos de sadismo perpetrados por los secuaces del así llamado “Estado Islámico”, la destrucción sacrílega de lugares de culto tradicionales y la vandálica destrucción de los sitios de la memoria histórica en Siria e Irak, de hecho, representan otras tantas réplicas de análogos actos de barbarie cometidos por los wahabitas en la Península Arábiga [5]. El así llamado “Estado islámico”, como se ha demostrado ampliamente en las páginas de esta revista [6], no es sino una forma radical y paroxística de aquella particular heterodoxia que tiene su propio epónimo en Muhammad ibn ‘Abd al-Wahhab. Por otra parte, tanto la entidad saudita como su réplica denominada “Estado Islámico” deben ambas su nacimiento y su desarrollo a los intereses angloamericanos y a las decisiones operativas de la geopolítica atlántica.

La “guerra civil” islámica, la fitna que estalla en el mundo musulmán de hoy, tiene por lo tanto en su origen la acción combinada de una ideología sectaria y de una estrategia que sus propios diseñadores han llamado “la estrategia del caos.”

* Claudio Mutti es director de “Eurasia”.

Notas

[1] Ernst Nolte, Deutschland und der Kalte Krieg (2ª ed.), Klett-Cotta, Stuttgart 1985, p. 16.
[2] Corán, II, 191.
[3] Seyyed Hossein Nasr,  Ideali e realtà dell’Islam, Rusconi, Milán.
[4] Claudio Mutti, L’islamismo contro l’Islam?, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici”, a. IX, n. 4, octubre-diciembre 2012, pp. 5-11.
[5] Carmela Crescenti, Lo scempio di Mecca, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici”, a. XI, no. 4, octubre-diciembre 2014, pp. 61 a 70.
[6] Jean-Michel Vernochet, Le radici ideologiche dello “Stato Islamico”, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici”, a. XI, no. 4, octubre-diciembre 2014, pp. 81 a 85.

(Traducción de Página transversal)

Fuente: Eurasia. Rivista di studi geopolitici

mardi, 12 mai 2015

The Media Misses the Point on ‘Proxy War’

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What's Really Going On

The Media Misses the Point on ‘Proxy War’

by GARETH PORTER
Ex: http://www.counterpunch.org

The term “proxy war” has experienced a new popularity in stories on the Middle East. Various news sources began using the term to describe the conflict in Yemen immediately, as if on cue, after Saudi Arabia launched its bombing campaign against Houthi targets in Yemen on 25 March.  “The Yemen Conflict Devolves into Proxy War,” The Wall Street Journal headlined the following day.  “Who’s fighting whom in Yemen’s proxy war?” a blogger for Reuters asked on 27 March.

And on the same day the Journal pronounced Yemen a proxy war, NBC News declared that the entire Middle East was now engulfed in a proxy war between Iran and Saudi Arabia.

It is certainly time to discuss the problem of proxy war in the Middle East, because a series of such wars are the heart of the destabilisation and chaos engulfing the region. The problem with the recent stories featuring the term is that it is being used in a way that obscures some basic realities that some news media are apparently not comfortable acknowledging.

The real problem of proxy war must begin with the fact that the United States and its NATO allies opened the floodgates for regional proxy wars by the two major wars for regime change in Iraq and Libya. Those two profoundly destabilising wars provided obvious opportunities and motives for Sunni states across the Middle East to pursue their own sectarian and political power objectives through proxy war.

Is Yemen really a proxy war?

Prominent 20th century political scientist Karl Deutsch defined “proxy war” as “an international conflict between two foreign powers, fought out on the soil of a third country, disguised as a conflict over an internal issue of the country and using some of that country’s manpower, resources and territory as a means of achieving preponderantly foreign goals and foreign strategies”.

Deutsch’s definition makes it clear that proxy war involves the use of another country’s fighters rather than the direct use of force by the foreign power or powers. So it obvious that the Saudi bombing in Yemen, which has killed mostly civilians and used cluster bombs that have been outlawed by much of the world, is no proxy war but a straightforward external military aggression.

The fact that the news media began labelling Yemen a proxy war in response to the Saudi bombing strongly suggests that the term was a way of softening the harsh reality of Saudi aggression.

The assumption underlying that application of “proxy war” is, of course, that Iran had already turned Yemen into such a war by its support for the Houthis. But it ignores the crucial question of whether the Houthis had been carrying out “preponderantly foreign goals and foreign strategies”. Although Iran has certainly had ties with the Houthis, the Saudi propaganda line that the Houthis have long been Iranian proxies is not supported by the evidence.

Far from proving the Iranian proxy argument, the Houthi takeover of Sanaa last year has actually provided definitive evidence to the contrary. US intelligence sources recently told the Huffington Post that before the Houthis entered the capital, the Iranians had advised against such a move, but that the Houthis ignored that advice. Gabriele vom Bruck, a leading academic specialist on Yemen at the School of Oriental and African Studies, said in an e-mail to this writer that senior Yemeni officials with links to intelligence had told her the same thing weeks before the story was leaked.

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The Houthis rejected the Iranian caution, vom Bruck believes, because former President Ali Abdullah Saleh and his son Ahmed Ali Saleh (the former commander of the Republican Guard) had indicated to them that troops that were still loyal to them would not resist the Houthi units advancing on the capital unless the Houthis attacked them.

So the Houthis clearly don’t intend to serve an Iranian strategy for Yemen. “Certainly the Houthis do not want to replace the Saudis with the Iranians,” says vom Bruck, even though they still employ slogans borrowed from Iran.

Regional proxy war?

The NBC story on a “regional proxy war” completely misses the seriousness of the problem. It turns its proxy war concept into an abstract and virtually antiseptic problem of limiting Iranian influence in the region through the US bombing Iraq. It ignores the fact that the regional actors behind the wars in Syria, Iraq and Libya are pulling the region into a new era of unbridled sectarian violence and instability.

The crimes committed by the Syrian regime in the war are unconscionable, but the policies of external countries pursuing a proxy war to overthrow the existing regime have created a far more ominous threat to the entire region. Washington Post columnist David Ignatius hasdetailed the process by which Turkey, Saudi Arabia and Qatar competed with one another to create proxy forces with which to overthrow the Assad regime.

Such an unbridled competition in the creation of armies for regime change was by its very essence a reckless and cynical use of power that carried the obvious risk of even worse chaos and violence of the war in Syria. But they have made the costs of proxy war far greater by targeting the most aggressive armed groups they could find as their clients, and their weapons soon “made their way to the terrorist groups,” wrote Ignatius, to which the Turks and Qataris “turned a blind eye”.

Once it became clear that Sunni states were creating a proxy war in Syria that could tip the balance against the Syrian regime, Iran and Hezbollah intervened in support of the regime.

But what the conventional view of the Syrian proxy war leaves out is the linkage between Syria in Iran’s deterrence strategy. Iran is militarily weak in relation with Israel and US military power in the Middle East, and has been the target of US and Israeli military threats going back to the 1990s.

Iran’s deterrent to such attacks has depended on the threat of retaliatory rocket attacks against Israel by Hezbollah from Southern Lebanon – destroying the ability of Hezbollah to retaliate for an attack was the single biggest reason for Israel’s 2006 war against Hezbollah.

The Assad regime was part of the Iranian deterrent as well.  Not only did Syria have a force ofseveral hundred missiles that Israel would have to take into account but also, Syrian territory is the shortest route for Iranian resupply of Hezbollah.

The Saudi fixation with bringing down the Iraqi Shi’a regime appears to reflect the sentiment that Prince Bandar bin Sultan expressed to Richard Dearlove, then head MI6, before 9/11. “The time is not far off in the Middle East, Richard,” said Bandar, “when it will be literally ‘God help the Shia’. More than a billion Sunnis have simply had enough of them.”

The Saudis have never been reconciled to the establishment of a Shiite regime in Iraq since the United States occupied the country and set up a Shia-dominated regime. They began facilitating the dispatch of Sunni extremists to Iraq to overthrow the Shiite regime early in the US war. After the US withdrawal from Iraq, the funding from the Saudis and other Gulf Sheikdoms for Sunni fighters in Iraq and arms moved toward the best organised forces, which ultimately meant ISIS.

The NATO war for regime change Libya, like the US occupation of Iraq, opened a path for the regional proxy war that followed. That war took the form of competitive intervention by regional actors leading to worsening violence. This time Qatar and the UAE were competing for power through their support for Libyan expatriates in their own countries.

The Qataris steered their support to the Libyan Islamic Fighting Group, which the US State Department had identified as a terrorist organisation as early as 2004. The Sisi regime in Egypt joined the proxy war as the chief sponsor of counter-terrorism.  The UAE aligned with that position, while Qatar remained in opposition. The regional proxy war has led to a longer-term structure of conflict.

The media stories have offered only anodyne references to the problem of proxy war. What is needed in media coverage is a focus on the nasty realities of proxy war and their origins.

Gareth Porter is an independent investigative journalist and historian writing on US national security policy.  His latest book, “Manufactured Crisis: The Untold Story of the Iran Nuclear Scare,” was published in February 2014.

This article originally appeared in Middle East Eye.

vendredi, 08 mai 2015

«L’Arabie saoudite a déjà perdu la partie» au Yémen

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«L’Arabie saoudite a déjà perdu la partie» au Yémen

Majed Nehmé, directeur du magazine « Afrique-Asie » et auteur de nombreux ouvrages autour des questions géopolitiques, fait le bilan après 3 semaines du début de « Tempête de la fermeté ».

Ex: http://www.lorientlejour.com

Trois semaines après le début de la campagne aérienne de la coalition constituée sous l'égide de l'Arabie saoudite, l'épreuve de force se poursuit au Yémen. Les raids aériens n'ont jusque-là pas permis une inversion du rapport de force sur le terrain. Après le refus, vendredi, du Pakistan d'envoyer des troupes et du matériel militaire en renfort à son allié saoudien, Riyad a confirmé, hier, la formation d'une commission avec l'Égypte pour tenir de « grandes » manœuvres militaires conjointes dans le royaume saoudien. Il semblerait ainsi que les bénéfices politiques de l'Arabie saoudite restent subordonnés aux gains militaires. En ce sens, la résolution adoptée mardi soir au Conseil de sécurité imposant en embargo sur les armes contre les rebelles houthis viserait à favoriser un changement dans la configuration du rapport de force sur le terrain. Néanmoins, le scepticisme demeure quant aux résultats escomptés. Majed Nehmé, directeur du magazine Afrique/Asie et auteur de nombreux ouvrages autour des questions géopolitiques, livre son analyse de la situation.


Revenant sur les épisodes des derniers jours, M. Nehmé estime que le refus du Pakistan « va amener Riyad à comprendre que tout n'est pas monnayable ». En effet, l'exigence saoudienne de la mise à disposition de troupes composées de militaires exclusivement sunnites aurait constitué une menace pour l'unité de l'armée pakistanaise et entraîné des conséquences graves sur le plan interne dans un pays où la situation intercommunautaire est extrêmement tendue. Selon lui, la position du Pakistan, allié historique de l'Arabie mais qui bénéficie aujourd'hui d'une plus grande marge de manœuvre, « va pousser les sages du royaume à faire entendre leur voix et à revoir la stratégie des ultras », portée par le tout nouveau ministre de la Défense Mohammad ben Salman et l'indéboulonable ministre des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal. Il estime qu'« un changement dramatique au sein de la famille régnante n'est pas à exclure ». Selon lui, donc, le refus pakistanais semble fragiliser la position saoudienne en entamant la cohérence de la coalition.

Manœuvres conjointes sans effet sur le terrain


L'organisation de manœuvres conjointes s'apparente davantage, selon Majed Nehmé, à une démonstration de force sans conséquences sur le terrain. Elle ne vise pas à créer une offensive mais peut avoir un effet dissuasif en cas d'attaque sur le territoire saoudien, scénario qui semble néanmoins exclu. « Cette gesticulation est en fait destinée à améliorer les conditions d'une solution politique qui permettrait aux Saoudiens de sauver la face ». Selon lui, même la résolution adoptée par le Conseil de sécurité prévoyant un embargo sur l'équipement militaire livré aux rebelles ne bouleverserait pas la donne dans la mesure où les houthis disposent de stocks d'armements suffisamment importants pour tenir un conflit long de plusieurs mois.


Par ailleurs, la campagne aérienne menée contre un mouvement de guérilla disposant d'une base populaire a des effets limités et toute évolution dans le rapport de force sur le terrain impliquerait une campagne terrestre. Or M. Nehmé rappelle que « l'armée égyptienne n'en a ni les moyens ni la volonté. Elle a d'autres problèmes à gérer notamment dans le Sinaï où elle peine à venir à bout des groupes jihadistes. Une offensive serait suicidaire. Et à part quelques incursions terrestres, je ne vois pas comment une armée saoudienne, suréquipée certes, mais inexpérimentée, pourrait faire face à une guérilla qui a déjà infligé de lourdes pertes à cette armée en 2009 ». Cette année-là, les rebelles houthis avaient mené une incursion en Arabie.

Solution négociée


Le réalisme politique pourrait-il prendre la forme de la proposition turque de se poser en médiateur et du plan iranien de sortie de crise. Pour Majed Nehmé, la recherche d'un compromis permettrait de rééquilibrer le rapport de force et préserver l'influence saoudienne, mais elle n'en resterait pas moins une défaite pour Riyad. « L'Arabie saoudite a déjà perdu la partie. La dernière résolution du Conseil de sécurité lui permet de s'engager dans des négociations avec les houthis et l'armée de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Il y aura forcément un partage de pouvoir entre les différentes factions antagonistes, mais la part du lion reviendra au camp antisaoudien. Les Américains poussent dans ce sens car une poursuite du conflit va renforcer el-Qaëda, estime-t-il. Ce compromis devrait se traduire par une négociation globale avec l'Iran qui va freiner le soutien saoudien aux forces hostiles au régime syrien. »

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mercredi, 22 avril 2015

US and France Support Saudi Arabia against the Shia in Yemen: Al-Qaeda, ISIS and Syria

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US and France Support Saudi Arabia against the Shia in Yemen: Al-Qaeda, ISIS and Syria

Nawal Soueif, Noriko Watanabe and Lee Jay Walker

Ex: Modern Tokyo Times 

The governments of America and France have decided to support Saudi Arabia in its bombing of innocent civilians in Yemen. At the same time, regional Sunni Muslim dominated nations have also joined in the indiscriminate killing of Yemeni nationals based on the anti-Shia menace of Saudi Arabia. After all, events in Syria highlight the hatred of Saudi Arabia, Turkey and Qatar towards multi-religious Syria. Similarly, events in Bahrain, whereby the Shia suffer systematic persecution, was met by more support and interference by outside nations in maintaining this reality.

Before focusing on Yemen, it is clear that Saudi Arabia is the most draconian nation state in the world whereby women are whipped if not fully covered up from head to toe. At the same time, not one Buddhist temple or Christian church (or any non-Muslim place of worship) is tolerated. Likewise, the same feudal monarchs control society in Saudi Arabia and export Salafi and Takfiri militancy far and wide. Therefore, irrespective of what is unfolding in Yemen, it is clear that Saudi Arabia doesn’t have any moral authority therefore America and France should be ashamed of their behavior.

In America, thousands of people perished on September 11 because of mainly Saudi terrorists but of course political elites in Washington glossed over this reality. Similarly, thousands of American soldiers have been killed in Afghanistan and Iraq based on Gulf petrodollars and the covert sectarian and terrorist ratlines of certain Gulf powers. Indeed, France is also facing a growing Salafi and Takfiri threat whereby citizens are killed by radical Sunni Takfiri Islamists, that follow the hate spewed mindsets being exported within the Gulf. Given this reality, then what threats are Shia Houthi Muslims exporting in Yemen?

Alistair Baskey, White House spokesperson, stressed: “The United States is providing our partners with necessary and timely intelligence to defend Saudi Arabia and respond to other efforts to support the legitimate government of Yemen.”

In other words, America is protecting anti-Christian, anti-democratic and anti-female rights Saudi Arabia, whereby the government isn’t elected to any major degree. At the same time, it is abundantly clear that Takfiri and Salafi fanatics are beheading and slaughtering Muslims, Christians and other faiths alike in several nations. Yet how and where did these Takfiri and Salafi groups obtain their indoctrination, military hardware and geopolitical objectives?

Obviously, without the involvement of Gulf petrodollars and the intrigues of feudal Gulf monarchs, Turkey, and Pakistan (Afghanistan and Kashmir), then this one long and growing jihadist conveyor belt could not exist to any major degree. America and the United Kingdom clearly have been involved in the sinister intrigues of international jihadi networks for decades. This notably applies to intrigues against the government of Afghanistan in the 1980s and early 1990s; in Bosnia whereby thousands of international jihadists entered this nation based on the geopolitical whims of Washington, Ankara and London; and more recently NATO forces and Gulf feudal monarchs involved themselves in overthrowing Gaddafi in Libya based on utilizing various Takfiri and Salafi jihadist terrorist groups. Similarly, in Syria it is clear that al-Qaeda affiliates and ISIS (Islamic State – IS) have gained greatly by the intrigues of NATO Turkey and enormous funding obtained throughout the Gulf region.

The above reality sums up the real menace and hypocrisy behind the words of Antony Blinken, Deputy Secretary of State of America. He reported in Riyadh that: “Saudi Arabia is sending a strong message to the Houthis and their allies that they cannot overrun Yemen by force.”

He continued: “As part of that effort, we have expedited weapons deliveries, we have increased our intelligence sharing, and we have established a joint coordination planning cell in the Saudi operation center.”

France also made it abundantly clear that they support the most draconian nation state in the world by supporting undemocratic Saudi Arabia in its anti-Shia bombing of Yemen. Laurent Fabius, Foreign Minister of France, stated France was “naturally on the side of its regional partners for the restoration of stability in Yemen.”

He continued by stating: “Concerning Yemen, we are here to demonstrate our support, especially political, to the Saudi authorities.”

Of course, France, just like Saudi Arabia, was behind (both France and Saudi Arabia – and other nations – are still behind the destabilization of Syria) mass instability in Libya and Syria. This was based on supporting various sectarian forces (Syria) and numerous different militias. Once Gaddafi was overthrown in Libya, then the same Gulf and NATO powers abandoned this nation to various al-Qaeda affiliates, countless different militias and now ISIS is also entering the vacuum.

This makes a mockery of America, France and Saudi Arabia caring about “stability.” After all, the religious mosaic of Muslims, Christians and the Druze in Syria, is only surviving because of the Syrian government remaining steadfast against Takfiri terrorist barbarity being funded against this nation. Therefore, central forces in Syria are doing everything in order not to end-up like Afghanistan, Iraq and Libya.

France 24 reports: “The Saudi-led coalition said on Saturday that it had conducted 1,200 air strikes since March 26 and neutralized the air and missile capabilities of the rebels and their allies.”

Of major importance, France 24 says: “Meanwhile, al Qaeda-linked militants have taken advantage of the security vacuum to seize control of swathes of the country’s southeast.”

In other words, Gaza and the cleansing of Alawites (Syria) Christians (Iraq and Syria), Yazidis (Iraq) and the Shabaks (Iraq) – alongside horrific massacres of Shia Muslims by ISIS in Iraq, doesn’t concern Riyadh and other feudal Gulf powers to any degree. After all, it is Gulf petrodollars and the intrigues of NATO Turkey (Turkey is anti-Syria) that is responsible for the carnage in Iraq and Syria respectively. Therefore, the Saudi led bombing attacks against the Shia Houthis in Yemen – just like the weakening of the armed forces of Syria – is assisting al-Qaeda affiliates and ISIS.

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Despite this, America and France are selling their democratic and secular souls in order to appease anti-Christian and despotic Saudi Arabia. This reality means that the deaths of vast numbers of Shia Houthi Muslims and Yemeni nationals doesn’t concern the elites of America, France, Saudi Arabia and other Sunni Muslim dominated nations that are supporting Riyadh. Equally important, the above nations are all involved in weakening the two most powerful military forces that are fighting against al-Qaeda (Syria and Yemen) and ISIS (Syria). Given this reality, the same forces of instability are once more involving themselves against the people of Yemen but what did the Shia Houthis do to deserve this?

http://www.france24.com/en/20150412-france-fabius-support-saudi-campaign-yemen-houthis/

http://www.english.alahednews.com.lb/essaydetails.php?eid=29105&cid=524#.VSwaVWb6nLU

mtt

 

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jeudi, 02 avril 2015

Yemen: l'Arabie Saoudite aux abois

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YEMEN : L’ARABIE SAOUDITE AUX ABOIS
 
Poussée Chiite aux portes des lieux saints

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr

La guerre déclenchée par l’Arabie saoudite, les monarchies du golfe et les pays arabes sunnites au Yémen, est une tentative risquée de Riyad de sauver sa position dans le monde arabe et son régime.


La monarchie qui se présente comme gardienne intouchable des lieux saints de la Mecque et de Médine est en fait prise entre deux feux, le califat en Irak et Syrie qui revendique la direction du monde musulman Sunnite et la poussée Chiite au Yémen dans la péninsule arabique elle-même avec le soutien de l’Iran. Le roi saoudien Salmane a affirmé que l'opération aérienne " Tempête décisive " impliquant neuf pays arabes se poursuivrait jusqu'au " rétablissement de la sécurité " au Yémen, plongé dans un chaos total. Avec l'aide de l'ex-président Ali Abdallah Saleh qui dispose de puissants relais dans l'armée, les Houthis avaient déferlé de leur fief dans le nord. Il se sont emparés de vastes territoires depuis septembre 2014 dans le centre et l'ouest du Yémen, dont la capitale Sanaa, avant de progresser ces derniers jours vers Aden.


Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, présent à ses côtés au sommet des chefs d'Etat arabes en Egypte, a espéré la poursuite de la campagne arabe jusqu'à la "reddition" des Houthis. Les deux dirigeants sont ensuite partis pour Ryad et M. Hadi ne rentrera pas "pour l'instant" à Aden où il s'était réfugié en février, selon son chef de la diplomatie Ryad Yassine.


La campagne aérienne commandée par le royaume sunnite saoudien pour empêcher les Houthis d'instaurer un régime pro-iranien au Yémen, pays avec lequel il partage une longue frontière, reçoit le soutien en logistique et en renseignement des Etats-Unis.


Moscou s'est inquiété que le conflit au Yémen ne perturbe les négociations sur le programme nucléaire iranien, en plein sprint final pour arracher, d'ici mardi, un compromis historique entre Téhéran et les grandes puissances, dont les Etats-Unis. C’est peut être également l’objectif de cette campane militaire  saoudienne. Des responsables diplomatiques du Golfe ont affirmé que la campagne militaire pourrait durer jusqu'à six mois, ajoutant s'attendre à des représailles iraniennes sous forme d'actes de déstabilisation.


Le sommet annuel des chefs d'Etat de la Ligue arabe, focalisé sur la création d'une force militaire conjointe, s'est ouvert samedi, l'opération de la coalition menée par l'Arabie saoudite au Yémen faisant figure de test pour cette initiative. Depuis plusieurs semaines, c'est le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui réclamait avec le plus d'insistance cette force arabe pour lutter contre les groupes "terroristes", en particulier l'organisation Etat islamique (EI), qui multiplie les atrocités en Irak et en Syrie et gagne du terrain en Libye et en Egypte dans le Sinaï.


Mais plus que le groupe extrémiste sunnite, c'est la crainte de voir le grand rival iranien chiite étendre son influence dans la région qui pourrait obliger les pays arabes à surmonter leurs dissensions et entériner à Charm el-Cheikh la création d'une force militaire conjointe. Un projet mal vu en Israël mais bien vu chez les palestiniens et les égyptiens qui interviennent au Yemen en pensant bien sûr à la Libye.


Les guerres de stabilisation des états arabes contre les djihadistes ne font sans doute que commencer…. Mais il est déjà bien tard.

mardi, 31 mars 2015

Israel’s Future Vision of the Middle East

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Israel’s Future Vision of the Middle East

Wayne MADSEN 

Ex: http://www.strategic-culture.org

 
Beginning in 1982 with the «Yinon Plan», a proposed Israeli future for a Middle East based on a series of failed Arab states divided into warring smaller fiefdoms, and maturing in the 1990s with Binyamin Netanyahu’s commissioned policy paper called «A Clean Break,» which foresaw scrapping the entire peace process with the Palestinians, Netanyahu enters his fourth term as prime minister in command of an Israel that has scrapped a Palestinian state and which has provided assistance to the Salafist/Saudi axis in support of the Islamic State, Al Qaeda, and other radical jihadist groups. Today, as a result of Israeli right-wing/Saudi/Gulf Wahhabist collusion, Iraq, Syria, Libya, and Yemen are failed states and the Middle East is becoming increasingly «balkanized».

In December 2014, a Shin Bet intelligence report revealed that during the first few months of 2015 the disintegration of Iraq, Syria, Yemen, and Libya into warring factions would accelerate. That prediction has materialized. The Israeli report also saw Egypt, Saudi Arabia, and Turkey becoming more autocratic states. That, also, has come about, especially in Saudi Arabia where the new king, Salman, has started to reverse some of the minor reforms instituted by his late predecessor, Abdullah.

remapped300_khavare_miane_new.jpgThe Israelis predicted that Syrian president Bashar al-Assad would rule over what the Israelis called "Little Syria," withy effective control of only 20 to 30 percent of the country. The Israelis saw the remainder of Syria in the hands of jihadist groups like the Islamic State and Jabhat al-Nusra, with smaller cantons in the hands of Syrian Kurds and non-jihadist Sunni tribes, all of which would be fighting each other, as well as against the Assad government. The report supported Israel enhancing its position in the Golan Heights. In fact, Israel has done much more than that. The Jewish state has actively supported logistically and with weapons and intelligence Syrian and foreign jihadists, including Jabhat al-Nusra and the Islamic State forces that have militarily engaged Assad’s forces and Lebanese Hezbollah near the Golan Heights, which remains in Israeli hands without any threat to Israel’s interests in the region from the Islamic State.

The Islamic State/Jabhat al-Nusra unholy alliance with Israel comes as a bitter pill for the Palestinians of the West Bank and Gaza who have never been able to count on the support of the duplicitous Saudis and Gulf Arabs when it comes to the overall strategic and sectarian interests of the Saudis and Persian Gulf sheikhdoms. Riyadh, Doha, and Abu Dhabi place greater value on their unsigned pact with Israel against Shi’a Iran, Alawite Syria, and Hezbollah-controlled southern Lebanon than in any commitment to the Palestinian cause of self-determination. This abandonment of the Palestinians by the Wahhabist Muslims was always a foregone conclusion since the pampered Saudis and their Gulf friends have historically harbored a deep-seated jealousy of the better-educated and more resourceful people of Palestine.

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The Shin Bet report also saw Libya being divided into three states – Cyrenaica in the east, Tripolitania in the west, and Fezzan in the Saharan south. Cyrenaica is dominated by local jihadists who have pledged their loyalty to the Islamic State and showed their commitment to the Islamic State’s self-declared caliph, Abu Bakr al-Baghdadi, by beheading 21 Egyptian Coptic oil workers who were taken prisoner.

Yemen and Iraq are the scenes of bloody civil wars between proxy forces loyal to the Saudis and the Iranians. In Iraq, the Islamic State swept into control of large portions of the north and west of the country, committing genocide against Kurds, Yazidis, Shi’as, resistant Sunnis, Christian Assyrians and Chaldeans, and Turkmen while destroying their religious and historical shrines. The United States has, under Central Intelligence Agency pro-Saudi director John O. Brennan, never displayed a more inconsistent policy in the Middle East. Washington’s role is duplicitous in Iraq and Syria, where it, like Israel, supports groups allied with the Islamic State with weapons while, very much in opposition to Israeli and Saudi goals, militarily supports Iranian counter-offensives near Tikrit and Syrian operations against the jihadists in eastern Syria.

It is also noteworthy that the Islamic State, which is now active near Jordan’s Ma’an region and in the Sinai Peninsula, where the Ansar Bait al-Maqdis group, a group allied with the Islamic State, has targeted Egyptian security personnel, has not made any moves against Israel, which has a significant presence in both Jordan and Sinai.

Israel is more interested in supporting any group, including Sunni jihadists who have beheaded Americans, Britons, Japanese, and others, against Shi’a Iran, Syria, Lebanese Hezbollah, and the Houthis in Yemen. Hamas in Gaza, like the Fatah government of the Palestininian Authority in Ramallah in the West Bank, feels betrayed by the Saudis, Qataris, and other Wahhabist nations. For that reason, Iran began providing covert military aid to Hamas in the West Bank. It is clear that the Islamic State would take the beheading swords to both Hamas and Fatah Palestinians if they were ever to take over in Gaza or Palestinian sectors of the West Bank. Covertly, the Israelis relish in such a prospect.

The Saudis claim nine other nations, including Egypt, Morocco, Pakistan, the Gulf states, and Sudan, have joined its military campaign in Yemen against the Shi’a Houthis. The Saudis have called their assault in Yemen Operation DECISIVE STORM, which sounds much like America’s Operation DESERT STORM against Saddam Hussein in 1991. The Houthis, backed by Iran and Lebanese Hezbollah, succeeded in driving out the pro-Saudi and pro-U.S. Yemeni government from Sana’a, Taiz, and Aden. Behind Saudi Arabia’s DECISIVE STORM is the hidden hand of Israel, which has made no secret of its military and intelligence alliance with the Saudis against Iranian influence in the Middle East. One country that has rejected any role in Saudi aggression in the region is Oman, which has served as a diplomatic bridge between the West and Iran and between Sunnis and Shi’as. Oman also has an interest in countering Saudi jihadist expansion in the former independent nation of South Yemen, which has always adhered to a secular profile against Saudi-financed radicalization in the Hadhramaut, the South Yemeni region that borders Oman.

 

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Houthi leaders said their interest in driving into South Yemen was to root out Islamic State and Al Qaeda elements and that they had no desire to remain in control. Indeed, there is some indication that the Houthis agreed to allow South Yemen to have its independence restored. But that was not in the interest of the Saudis, who worked behind the scenes with Zionists in the U.S. State Department to create a six-region federation of Yemen, one that saw the rights of the Houthis diminished. It was this Feierstein Plan, named after Gerald Feierstein, the former Jewish-American ambassador to Yemen, which triggered the Houthi rebellion in the first place. Feierstein wanted to diminish the role of the Houthis and the Southern Yemeni independence Hirak movement in his plan for a federal Yemen because he saw both groups as proxies for Iran. Yemen’s disintegration is a direct result of the actions of a dupe for Israel who also happened to control the U.S. embassy in Sana’a. The Omanis know this is the case and so do the Iranians. In fact, Houthi leaders have correctly ascertained that the Islamic State and Al Qaeda were formed as the result of a conspiracy hatched by Israel, Saudi Arabia, and Brennan’s CIA. 

Brennan recently told Fox News that the Islamic State was on the run in Syria and Iraq. Not only is Brennan’s contention patently false – and Brennan knows it is because he tacitly supports Saudi, Israeli, and Qatari assistance to Sunni jihadists in both countries – but the Islamic State has expanded its operations into Tunisia from Libya, as witnessed by the recent attack on tourists in Tunis, and Nigeria, as shown by the fealty sworn to the Islamic State by the Boko Haram jihadists. Boko Haram’s operations have also spread into Niger, Chad, and Cameroon. Brennan has every reason to soft peddle the Saudi/Israeli/Gulf Arab alliance that supports the most radical elements of Sunni Wahhabist Islam. Brennan’s support for the Yinon Plan, Clean Break, and Saudi Arabia’s DECISIVE STORM stems from his taking his marching orders from Jerusalem, Riyadh, and Doha.

samedi, 28 mars 2015

EEUU lanza a sus títeres en Medio Oriente contra Yemen

 


Ex: http://www.elespiadigital.com

Arabia Saudita movilizará 100 aviones de caza y 150.000 soldados para participar en la ofensiva militar contra los rebeldes hutíes en Yemen, informa Al Arabiya. O lo que es lo mismo: todo el ejército de tierra saudita será involucrado en la operación.

Unos 100 aviones caza de Arabia Saudita participarán en la acción militar en Yemen, informa la cadena de televisión Al Arabiya. En la noche del miércoles Arabia Saudita bombardeó a las posiciones de los rebeldes hutíes en Yemen para apoyar al gobierno legítimo. Riad encabeza una coalición integrada por una decena de países que llevarán a cabo la ofensiva militar en Yemen hasta que las milicias que de facto controlan el país den marcha atrás.

Al margen de los bombardeos la coalición ha anunciado la posibilidad de llevar a cabo una operación terrestre. Según Al Arabiya, Arabia Saudita desplegará 150.000 soldados para la campaña contra los hutíes. La cifra equivale aproximadamente al número total de militares que componen el ejército terrestre saudita.

Cazas israelíes participan en intervención militar en Yemen

Aviones de guerra del régimen de Israel se han unido a la ofensiva de Arabia Saudí contra el territorio yemení, han informado este jueves fuentes de inteligencia occidentales, citadas por la agencia de noticias "Alahednews".

Arabia Saudí con la luz verde de EE.UU ha iniciado la madrugada de este jueves una invasión contra el movimiento popular yemení Ansarolá en Yemen.

A través de un comunicado, el Ministerio de Asuntos Exteriores de Turquía ha saludado la ofensiva del CCG al territorio yemení considerándola una medida militar que solo tiene como objetivo las posiciones de Ansarolá. “Ansarolá y todos sus patrocinadores extranjeros tienen que abandonar toda medida que perjudique la seguridad y la paz en Yemen”, reza el comunicado.

El embajador de Arabia Saudí en Washington, capital de EE.UU., Adel al-Yubeir (foto inferior) confirmó la madrugada del jueves que su país, junto a sus aliados del Golfo Pérsico, lanzó ataques aéreos contra el movimiento yemení Ansarolá que habían estrechado el cerco a la ciudad de Adén, donde actualmente se encuentra la residencia presidencial.

En declaraciones con la prensa, Al-Yubeir alegó que el objetivo de la coalición es "proteger y defender el Gobierno legítimo" de Yemen. “La situación es muy peligrosa y debemos hacer todo lo posible para proteger al pueblo yemení y a su legítimo Gobierno", aseguró. Confirmó también que Ansarolá tiene bajo su control la fuerza aérea de Yemen y su armamento.

Finalmente, dijo que Arabia Saudí había consultado con Estados Unidos el ataque, pero que Washington no participa directamente en la operación militar.

Brusca subida del precio del petróleo por los bombardeos de Arabia Saudita en Yemen

El precio de petróleo experimenta una de sus mayores subidas diarias en el último año tras la información de los bombardeos que realiza Arabia Saudita contra las posiciones de los rebeldes hutíes en Yemen.

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Según la agencia Bloomberg, a las 9:20 GMT del 26 de marzo de 2015, los contratos del petróleo WTI para entrega en mayo, se venden a 51,59 dólares por barril, lo que significa un aumento de 2,38 dólares, o 4,84%. Por su parte, el costo del crudo Brent alcanzó los 58,86 dólares por barril, subiendo de este modo un 4,21% (2,38 dólares).

Al mismo tiempo, se registra una depreciación del dólar y el euro frente al rublo ruso por la subida del precio de petróleo. De este modo, la cotización del dólar se ha reducido este jueves a 56,45 rublos por dólar, informa Vesti Finance. Al mismo tiempo, el euro se vende a 61,9 rublos lo que significa la caída de 1,15 rublos. De este modo, ambas divisas alcanzan sus mínimos de este año en relación a la moneda rusa.

Egipto envía cuatro buques militares a las costas de Yemen

Egipto ha enviado cuatro buques militares de su Armada rumbo a las costas de Yemen. Cuatros buques militares pertenecientes a la Marina de Egipto han entrado en el canal de Suez y se dirigen rumbo al Golfo de Adén, que limita con Yemen, informa Reuters, citando a oficiales egipcios. Las naves fueron mandadas por el país árabe con el fin de "controlar la seguridad del Golfo de Adén".

Irán exhorta a Arabia Saudita detener ataques en Yemen

La nación persa rechaza la ofensiva militar iniciada el miércoles por fuerzas de Arabia Saudita y advierte sobre una nueva escalda de violencia en la nación árabe. El Ministerio de Asuntos Exteriores de Irán condenó este jueves la ofensiva militar que ejerce una coalición liderada por Arabia Saudita en Yemen, y advirtió que la invasión solo conlleva al desarrollo del terrorismo en el país.

En un comunicado, la Cancillería recordó que Yemen está luchando contra el terrorismo y una crisis interna, por lo que instó a Riad (capital saudí) a detener los ataques, pues la invasión complicará la situación. “Recurrir a opciones militares contra Yemen que está luchando contra el terrorismo y sufriendo una crisis interna, solo complicará la situación y hará perder las oportunidades para encontrar una salida pacífica a las discrepancias internas en este país”, declaró el portavoz de la cancillería persa, Marzie Afjam.

Afjam consideró que los ataques contra Yemen para detener a los grupos chií de los hutíes “es un paso muy peligroso que contradice las obligaciones internacionales de respetar la soberanía nacional de los Estados no tendrá ningún logro, solo esparcir la inseguridad en toda la región”. Irán instó a la coalición que dirige Arabia Saudita a detener los ataques aéreos y todo tipo de intervención castrense contra la nación yemení, al tiempo que exhortó a los políticos y grupos yemeníes a implementar acuerdos nacionales ya alcanzados para poder salir de la crisis.

Moscú censura la intervención militar extranjera en Yemen

Rusia exige el cese de los bombardeos de terceros países sobre Yemen que arrancaron la pasada madrugada y según los últimos datos se han cobrado ya 65 vidas.

La Cancillería rusa, en un comunicado emitido este jueves, expresa su apoyo a la "soberanía, unidad e integridad territorial" de Yemen y llama a todas las partes del conflicto, incluidos los aliados externos, a "cesar de inmediato las hostilidades y desistir de conseguir sus objetivos con las armas en la mano".

Según el documento, la situación en Yemen puede ser solucionada solo a través de un amplio diálogo nacional y "Rusia se ofrece a contribuir mediante contactos con las partes enfrentadas, también en la ONU".

En la operación militar en curso participan varios países del Golfo Pérsico y está liderada por Arabia Saudí, en respuesta a una solicitud del presidente yemení Abd Rabbuh Mansur Hadi para ayuda a defender el gobierno legítimo de los ataques hutíes. El canal de televisión Al-Arabiya informó que Arabia Saudí planea involucrar en la operación unos 100 aviones y varios miles de soldados.

Por su parte, Emiratos Árabes ha enviado a la región unos 30 aviones que participarán en la campaña. Kuwait, Catar, Jordania y Baréin también expresaron su disposición a intervenir con sus fuerzas aéreas, según Al-Arabiya.

"Intervención inadmisible"

El vicepresidente del comité de asuntos internacionales de la Duma de Estado (cámara baja del Parlamento ruso), Leoníd Kaláshnikov, califica de "inadmisible" para las instituciones internacionales la intervención de Arabia Saudí.

"Cualquier injerencia, incluso si es un país vecino, se regula por leyes internacionales, y en esta situación no veo que las leyes se respeten," constató.

Por su parte, Alexandr Kuznetsov, vicepresidente del Instituto ruso de Pronósticos y Arreglo de conflictos políticos, pronostica que la operación militar sólo servirá para desestabilizar aún más Yemen.

"No traerá (la intervención) los resultados deseados, es decir, que el presidente Hadi recupere el control como quieren ahora los sauditas, sino que provocará una escalada del conflicto y nuevas víctimas civiles", valora el experto en palabras a RIA Novosti.

Kuznetsov advierte además que la acción militar de Arabia Saudí "podría provocar una guerra civil a gran escala en Yemen, quizás entre el norte y el sur o entre los chiíes y los suníes", recordando que los milicianos yemeníes ya tienen experiencia de hacer frente a Arabia Saudí.

"El Ejército saudí mostró su ineficacia entre 2009 y 2010 durante los combates contra los hutíes que luchaban con éxito contra las tropas saudíes en la frontera", recuerda Kuznetsov.

La intervención requiere el permiso de la ONU

El presidente de la Asociación Rusia de Derecho Internacional, Anatoli Kapustin, expresa sus dudas acerca de la legalidad de la operación militar en Yemen, pues no basta con la solicitud de las autoridades del país sino que se necesita el permiso del Consejo de Seguridad de la ONU.

El jurista explica que el capítulo 8 (artículos 52 y 53) de la Carta de la ONU exige con precisión que las organizaciones regionales actúen bajo dirección del Consejo de Seguridad.

"Ellas (las organizaciones regionales) no pueden tomar decisiones independientes; pueden utilizar métodos pacíficos para solucionar los conflictos, pero el uso de la fuerza solo es permitido con el mandato correspondiente del Consejo de Seguridad", señala Kapustin.

El experto indicó que se trata de "una exigencia imperativa, respecto a la cual no pueden haber desviaciones".

No obstante, señaló que desde el punto de vista de los estatutos de la ONU existen varias situaciones que permiten el uso de las fuerzas armadas.

"Por solicitud del Gobierno esto es bastante legal, si el Gobierno legítimo controla al menos parte del territorio, incluso si no controla el territorio y se encuentra en el exilio esto es posible; la base jurídica es el artículo 51 de los estatutos de la ONU, consistentes en el derecho a la defensa propia… pero la cosa cambia si hay una lucha interina, una guerra civil", concluye.

Los intereses saudíes

En opinión de Elena Supónina, asesora del director del Instituto ruso de Estudios Estratégicos, la operación militar saudí en Yemen "busca proteger sus exportaciones y prevenir el refuerzo de Irán en la región".

Según la experta, Arabia Saudí tenía varios escenarios, uno de los cuales fue intentar entablar negociaciones entre los bandos del conflicto, a pesar de que se frustraron los acuerdos anteriores con los rebeldes. Pero Riad, afirma, cambió su estrategia cuando los hutíes extendieron su control hacia el estrecho de Mandeb, importante arteria para las exportaciones de los países del Golfo Pérsico hacia Europa y EEUU.

"Los buques cisterna pasan muy cerca de la costa y los hutíes podrían interrumpir su tránsito; en general, el refuerzo de los hutíes significaría el refuerzo de Irán, lo que Arabia Saudí y otras monarquías árabes no soportan más", dijo Supónina.

A raíz de todo esto, opina la experta, Arabia Saudí ha iniciado la operación militar con urgencia, "sin esperar a la cumbre de la Liga Árabe" y para coger a los hutíes "por sorpresa".

Asimismo, Supónina advierte que la operación militar en Yemen puede provocar nuevos atentados en el país. "Los hutíes y algunos partidarios del presidente Hadi se mostraban en contra de la intervención militar saudí, al igual que seguramente los extremistas de Al Qaeda, por lo que es de esperar nuevos atentados en Yemen en un futuro próximo", concluye Supónina.

Rusia mantiene abierta su embajada

Pese al inicio de la operación militar y a las primeras muertes de civiles, la Embajada rusa no se plantea por el momento evacuar a su cuerpo diplomático y a los nacionales que viven en el país, según declara a RIA Novosti el adjunto de prensa de la Embajada, Timofei Bókov.

"Todavía no se analiza una posible evacuación, primero porque los ataques solo afectan a objetivos militares, lejos de la Embajada, y segundo, porque hasta ahora solo hay solicitudes aisladas de ciudadanos rusos residentes en el país", dijo Bókov, que califica de "bastante tranquila" la situación en la capital, Saná.

Bókov informó que, según las estimaciones de la Embajada, en Yemen residen actualmente unos 2.000 ciudadanos rusos, pero "hay que comprender que estos datos no son exactos, ya que no todos los ciudadanos están inscritos en la embajada, ya que la inscripción es voluntaria".

Varios países anunciaron recientemente el cierre de sus delegaciones diplomáticas en Yemen por motivos de seguridad, entre ellos EEUU, Francia, Alemania y Japón.

Hezbolá: Agresión saudí a Yemen busca garantizar intereses de EEUU

El Movimiento de Resistencia Islámica de El Líbano (Hezbolá) ha condenado fuertemente los ataques aéreos de Arabia Saudí y sus aliados contra Yemen, medida que según argumenta, busca favorecer los intereses de Estados Unidos y el régimen de Israel en la región.

La operación militar está destinada a garantizar los intereses de EE.UU y ofrece un gran servicio a los enemigos sionistas, provocando más extremismo y hostilidad hacia el pueblo palestino y otros pueblos de la región”.

“Hezbolá condena fuertemente la agresión saudí-estadounidense contra el pueblo hermano de Yemen, el Ejército nacional, así como instalaciones cruciales”, reza el movimiento en un comunicado emitido este jueves.

Para Hezbolá, este último “aventurismo insensato carece de cualquier justificación legal y religioso” y tendrá graves consecuencias para toda la región.

A este respecto, insta a Riad y sus aliados a detener inmediata e incondicionalmente la agresión injusta, que apunta a un pueblo que sólo busca la independencia y se niega a aceptar que los países vecinos les impongan sus decisiones.

“La operación militar está destinada a garantizar los intereses de EE.UU y ofrece un gran servicio a los enemigos sionistas, provocando más extremismo y hostilidad hacia el pueblo palestino y otros pueblos de la región”, agrega el documento.

Además, llama a los yemeníes a mantenerse unidos y a dirimir la situación a través de una solución política, para proteger su país y garantizar la unidad y la integridad territorial ante las intervenciones extranjeras.

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Por último, envía su pesar y solidaridad por el martirio de decenas de civiles y asegura estar al lado del pueblo yemení hasta que logren sus objetivos de paz.

La intervención militar árabe-estadounidense, iniciada en las primeras horas de este jueves, ha sido condenada por varios países, entre ellos Irán, China, Rusia, Siria, Irak y Argelia, que se muestran preocupados por las consecuencias que tendría una guerra contra Yemen.

Tras los bombardeos, que ha dejado hasta el momento unos 25 muertos, en su mayoría niños y mujeres, los funcionarios de Ansarolá han advertido de una guerra global si Riad no detiene sus ataques.

Irak y Siria condenan ataques contra Yemen

El ministro de Asuntos Exteriores de Irak, Ibrahim al-Yafari, ha advertido este jueves que la intervención militar en Yemen solo complicará la crisis que reina en este país.

Al-Yafari, que ha viajado a Egipto para una reunión entre los cancilleres de la liga árabe en Sharm al-Sheij ha insistido en la necesidad de encontrar una solución política para la actual situación de Yemen.

También en un comunicado lanzado en la misma jornada, Siria ha tachado el ataque lanzado por Arabia Saudí contra Yemen dentro de la denominada operación “Tormenta Firme” de una "obvia violación de la soberanía" de Yemen.

En otro comunicado, el partido Al-Vafa al-Islami de Baréin ha convocado a los bareiníes para participar el viernes en una manifestación masiva en apoyo al pueblo yemení y con el fin de condenar el ataque del régimen saudí contra Ansarolá.

Una coalición contra el movimiento popular yemení Ansarolá, encabezada por Arabia Saudí y con la luz verde de EE.UU., ha iniciado la madrugada de este jueves una invasión contra Yemen.

"En Yemen está teniendo lugar otra revolución de color"

Yemen se encuentra al borde de una nueva revolución de color después de que una coalición de países árabes encabezada por Arabia Saudita comenzase a bombardear el país con el fin de respaldar las autoridades legítimas, afirma el arabista Efim Rezvan.

"Se trata de una nueva revolución de color", comenta el arabista Efim Rezvan en una entrevista para la radio Kommersant FM y añade que los inicios de la aparición de los rebeldes hutíes hay que buscarlos en las multitudinarias protestas de la 'primavera árabe' en el año 2012.

Entonces, el presidente del país, Ali Abdullah Saleh, se vio obligado a dimitir después de resultar herido en un tiroteo contra el palacio presidencial en Saná y por las manifestaciones en contra de su poder. "Y luego, como siempre en estos casos, ocurre una fuerte desestabilización de la situación en el país", explica el experto. "Yemen es uno de los países más pobres del mundo y el traspaso del poder de una familia a otra durante la revolución del 2012 no fue capaz de resolver ninguno de los problemas".

Los rebeldes chiíes hutíes iniciaron una insurrección que se reforzaba conforme colapsaban todas las estructuras del Estado, dice Rezvan. Cumplidos tres años de la revolución de 2012, los rebeldes se convirtieron en una fuerza poderosa que logró apoderarse del palacio presidencial en enero de 2015 y obligar al Gobierno del presidente Abd Rabbuh Mansur al Hadi a dimitir. El mandatario huyó a la ciudad de Adén, empezó a organizar la resistencia y solicitó el envío de tropas extranjeras cuando los rebeldes se apoderaron de gran parte del país.

En relación a la respuesta de Arabia Saudita, que empezó junto con los aliados a bombardear el país, el experto considera que el país teme "la influencia chií" ya que la frontera entre los dos países está poco protegida y los rebeldes pueden acceder a los yacimientos petroleros sauditas.

"Vemos otra vez una violación del derecho internacional. No hay ninguna resolución del Consejo de Seguridad de la ONU. Vemos el derecho del más fuerte cuando los países del golfo Pérsico, con el apoyo de Egipto, Jordania y EE.UU., invaden un país soberano donde tiene lugar una guerra civil", concluye el experto, añadiendo que "conociendo la historia de Yemen se puede, por desgracia, esperar que el conflicto vaya a durar años".

La operación militar, en la que ya participan Arabia Saudita, Kuwait, Baréin, Emiratos Árabes Unidos, Catar, Pakistán y Egipto, hasta el momento se ha llevado la vida de más de 60 personas. Mientras se agrava el conflicto, más países, como Jordania, se suman a la operación militar contra los rebeldes.

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Análisis: ¿El mundo al borde de una nueva guerra? Quién lucha contra quién en Yemen

En el centro del grave conflicto que está viviendo Yemen está la oposición entre los partidarios del presidente Abd Rabdo Mansur Hadi y los rebeldes zaidíes chiítas conocidos como los hutíes.

Actores del conflicto

A lo largo de los últimos meses, la República de Yemen se ha visto sumergida en conflictos entre varios grupos diferentes, que empujan al país "al borde de una guerra civil", según el consejero especial de la ONU. Los actores principales de esta crisis son los hutíes y los partidarios del presidente Abd Rabdo Mansur Hadi.

Abd Rabbuh Mansur Hadi desempeña el cargo de presidente de ese país desde el 27 de febrero de 2012. Fue vicepresidente de Yemen desde 1994 hasta 2012. Hadi sucedió a Alí Abdullah Saleh, quien fue el presidente de Yemen desde 1990 hasta 2012, cuando abdicó tras meses de protestas.

¿Quiénes son los hutíes?

Los hutíes son un grupo insurgente zaidí chiíta que opera en el noroeste de Yemen. El nombre del movimiento proviene del apellido de la familia de al-Houthi.

Los zaidíes son una rama del chiísmo en el islám, que tiene sus orígenes en el siglo VIII. Dentro de las ramas del chiísmo es la más próxima al sunismo. Los zaidíes componen un tercio de la población y gobernaron en Yemen del Norte bajo un sistema conocido como imamato durante casi 1.000 años hasta 1962.

Orígenes del movimiento rebelde chií de los hutíes

La insurgencia hutí comenzó en 2004 liderada por Hussein Badr al-Din al-Houthi, en un esfuerzo por obtener una mayor autonomía para la gobernación de Sa'dah y proteger las tradiciones culturales y religiosas de los zaidíes de lo que se percibía como una usurpación por los islamistas sunitas, informa BBC.

Líderes del movimiento hutí

Abdul-Malik al-Houthi es el líder actual de los hutíes, junto con sus hermanos Yahia Badreddin al-Houthi y Abdul-Karim Badreddin Al-Houthi. Encabezó el movimiento tras la muerte de su otro hermano, Hussein Badreddin al-Houthi, en 2004.

Hussein Badreddin al-Houthi fue un líder religioso zaidí y exmiembro del Parlamento de Yemen entre 1993 y 1997. Se considera el fundador el movimiento insurgente de los hutíes. Tras meses de combates, el 10 de septiembre de 2004 los ministerios del Interior y de Defensa de Yemen anunciaron su muerte.

Territorio y seguidores

La mayor parte de la actividad hutí se ha centrado en la gobernación de Sa'dah, uno de los estados de Yemen, situado al norte del país, en la frontera con Arabia Saudita. Según estimaciones, el número de sus seguidores puede superar 100.000 personas.

Mientras que algunas partes de las fuerzas de seguridad yemeníes apoyan al presidente Hadi, otras se muestran partidarias de su predecesor Alí Abdullah Saleh y los hutíes. En el sur del país, sunita en su mayoría, al presidente lo apoya la milicia conocida bajo el nombre de Comité de Resistencia Popular y miembros de tribus locales.

Al mismo tiempo, Al Qaeda en la Península Arábiga, también conocida bajo el nombre de Asnar al-Sharia, se opone tanto a los hutíes como al presidente Hadi. El conflicto se complicó aún más cuando a finales de 2014 surgió un grupo yemení afiliado al Estado Islámico, que se ha responsabilizado de una serie de atentados suicidas realizados en Saná en marzo de 2015.

Recientes acontecimientos clave

- En febrero de 2010, el Gobierno y los rebeldes hutíes acordaron un cese el fuego.

- En 2011, los hutíes se unieron a las protestas contra el presidente Saleh y se aprovecharon de un vacío de poder para expandir su control territorial en Sa'dah  y la provincia vecina de Amran.

- Posteriormente, participaron en la Conferencia para el Diálogo Nacional, celebrada desde marzo de 2013 hasta enero de 2014. El presidente Hadi anunció un plan para febrero de 2014, de convertir a Yemen en una federación de seis regiones, algo que los hutíes rechazaron.

- En enero de 2015, los hutíes se apoderan del palacio presidencial en Saná haciéndose formalmente con el poder. El grupo promete disolver el parlamento y anuncia planes de una nueva Asamblea provisional y un Consejo presidencial de cinco miembros que gobernaría hasta dos años. No obstante, las tribus suníes y los líderes del sur se opusieron a estas declaraciones, dejando al país en peligro de una intensificación del conflicto.

- A finales de febrero de 2015, el presidente Hadi se escapa de la capital Saná a la segunda ciudad más importante Adén, ciudad que declaró la capital de facto.

- A finales de marzo de 2015, los hutíes establecen el control sobre la tercera ciudad más grande de Yemen, Taiz. Poco después, toman bajo su control la ciudad de Adén. El presidente huye de la ciudad.

- El presidente Hadi solicita la intervención de los países árabes para detener el avance de los hutíes. En respuesta, una coalición liderada por Arabia Saudita lanza ataques aéreos contra las posiciones de los hutíes.

Contexto internacional

Además de Arabia Saudita, a nivel internacional el Gobierno de Yemen recibe apoyo de los Emiratos Árabes Unidos, Baréin, Qatar, Kuwait, EE.UU., Egipto, Jordania, Sudán, Pakistán, Marruecos y Turquía. A su vez, Irán ha instado a poner un fin inmediato a los ataques contra los hutíes en Yemen.

Contexto interno

Los conflictos que ha sufrido Yemen en los últimos años se deben en gran parte a los problemas subyacentes del acceso desigual al poder y a los recursos. El desarrollo del país, que es el más pobre Oriente Medio, se ha visto dificultado por una gobernanza débil, así como por problemas de corrupción, agotamiento de recursos e infraestructura insuficiente.

Desempleo, altos precios de los alimentos y servicios sociales limitados tienen como resultado el hecho de que más de 10 millones de yemeníes, según estimaciones, padecen inseguridad alimentaria.

mercredi, 25 mars 2015

Yémen: nouveau front de la guerre mondiale entre Chiites et Sunnites

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YEMEN: NOUVEAU FRONT DE LA GUERRE MONDIALE CHIITES – SUNNITES
 
Ils ne respectent même pas les mosquées

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr

La vraie fausse guerre menée par la soi-disante coalition contre le califat d'Irak et de Syrie n' empêche pas les terroristes de Daech d’ouvrir de nouveaux fronts, contre les occidentaux et les pays musulmans réputés renégats en Tunisie, contre les chiites au Yémen.  Un nouveau front de Daech contre l'avancée dans le monde arabe des chiites soutenus par l’Iran.


Depuis l’insurrection populaire de 2011, dans le sillage du Printemps arabe, qui a poussé au départ le président Ali Abdallah Saleh, le pouvoir central a été marginalisé par les Houthis et AQPA. Les Houthis, soupçonnés d’avoir le soutien de l’Iran, avaient déferlé en septembre 2014 sur Sanaa, puis étendu leur influence vers l’ouest et le centre du pays. Ils ont achevé de s’emparer de la capitale avec la prise le 20 janvier du palais présidentiel et le siège imposé aux résidences du président Hadi et d’autres responsables yéménites. Le 6 février, ils ont annoncé la dissolution du parlement et la mise en place d’un Conseil présidentiel, mais leurs tentatives d’étendre leur contrôle sur le pays bute sur la résistance d’AQPA et de tribus sunnites.


Le groupe Etat islamique a revendiqué un triple attentat suicide au Yémen contre des mosquées fréquentées par des chiites, qui a fait au moins 142 morts vendredi, l’une des attaques les plus sanglantes qu’ait connues le pays. Il s’agit de la première attaque revendiquée par l’EI au Yémen. Plus de 351 personnes ont été blessées dans ces attentats, a indiqué un responsable du Ministère de la santé.


Le pays s’enfonce davantage dans le chaos alimenté notamment par les Houthis chiites ayant pris la capitale Sanaa en janvier et les djihadistes sunnites d’AQPA, ennemis jurés mais tous deux hostiles au pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Dans le contexte yéménite, cette scission illustre le morcellement du pays, livré à l'arbitraire des clans et des groupes armés, et la sectarisation croissante des affrontements entre chiites et sunnites.


La branche de l'EI dans ce pays est née d'une scission d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), la plus puissante franchise d'Al-Qaida. Elle ne s'était signalée jusqu'ici que par des attaques mineures de postes de contrôle de forces de sécurité ou de miliciens houthistes dans la région de Dhamar, à 100 km de la capitale. Des groupes issus d'AQPA avaient annoncé leur allégeance à l'EI entre novembre et février, dans un contexte de montée en puissance des milices houthistes dans le pays.


Ces deux groupes s'opposent notamment par leur vision du monde chiite : l'EI le considère comme l'ennemi prioritaire, quand AQPA privilégie les attaques contre le monde occidental et les régimes autoritaires arabes qu'il soutient. AQPA a théorisé un mode d'action terroriste en cellules opérationnelles relativement autonomes. Par ailleurs, l'EI a déjà revendiqué, par le même canal, l'attaque du Musée Bardo, à Tunis, mardi, sa première attaque de grande ampleur en Tunisie. Depuis plusieurs mois, l'organisation terroriste multiplie les appels aux groupes djihadistes à travers le monde pour qu'ils rejoignent sa « franchise ».


Il faut frapper au cœur le califat pour ruiner son attractivité mortifère et les Iraniens semblent les seuls capables de le faire, n'en déplaise à Israël qui malgré sa politique sécuritaire évite soigneusement le principal péril de la région, une erreur qui risque de lui être fatale. L’état sioniste a tout intérêt à participer à l'éradication de Daech avant que les palestiniens, à leur tour, ne rejoignent les sectaires terroristes musulmans.

mercredi, 11 mars 2015

Nieuwe Saudische koning probeert moslimcoalitie tegen Iran te vormen

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Nieuwe Saudische koning probeert moslimcoalitie tegen Iran te vormen

Al 10.000 door Iran gecommandeerde troepen op 10 kilometer van grens Israël

Arabische media kiezen kant van Netanyahu tegen Obama

Breuk tussen Israël en VS brengt aanval op Iran dichterbij dan ooit

De sterk in opkomst zijnde Shia-islamitische halve maan zal zich tegen haar natuurlijke ‘berijder’ keren: Saudi Arabië, met in de ster op de kaart het centrum van de islam: Mekka.

De Saudische koning Salman, opvolger van de in januari overleden koning Abdullah, heeft de afgelopen 10 dagen gesprekken gevoerd met de leiders van alle vijf Arabische oliestaten, Jordanië, Egypte en Turkije, over de vorming van een Soenitische moslimcoalitie tegen het Shi’itische Iran. De Saudi’s hebben Iraanse bondgenoten de macht zien overnemen in Irak en Jemen, en weten dat zij zelf het uiteindelijke hoofddoel van de mullahs in Teheran zijn.

Grootste struikelblok voor de gewenste coalitie is de Moslim Broederschap, die gesteund wordt door Turkije en Qatar, maar in Egypte, Jordanië en Saudi Arabië juist als een terreurorganisatie wordt bestempeld. Koning Salman is dermate bevreesd voor een nucleair bewapend Iran, dat hij inmiddels bereid lijkt om ten aanzien van de Broederschap concessies te doen.

Saudi Arabië zal worden vernietigd

In zo’n 2500 jaar oude Bijbelse profetieën wordt voorzegd dat de Perzen (Elam = Iran) uiteindelijke (Saudi) Arabië zullen aanvallen (Jesaja 21). Jordanië (Edom en Moab) zal hoogstwaarschijnlijk ten prooi vallen aan Turkije (Daniël 11:41), dat eveneens Egypte zal aanvallen. Saudi Arabië komt dan alleen te staan en zal totaal worden vernietigd (Jeremia 49:21).

Het land waarin de islam is ontstaan voelt de bui al enige tijd hangen en probeert nu bijna wanhopig ‘het beest’ waar ze eeuwen op gereden heeft, gunstig te stemmen. Turkije zal echter nooit de alliantie met de Moslim Broederschap opgeven, net zoals Egypte nooit de Broederschap zal steunen.

Het beest dat de hoer haat

Enkele jaren geleden schreven we dat Turkije een geheim samenwerkingspact gesloten heeft met Iran. Beide landen hebben historische vendetta’s met de Saudi’s, die de Ottomaanse Turken verrieden met Lawrence van Arabië. Ook de vijandschap tussen het Wahabitische huis van Saud en de Iraanse Shi’iten bestaat al eeuwen.

Bizar: ISIS is oorspronkelijk een ‘uitvinding’ van de Wahabieten en niet de Shi’iten, maar streeft desondanks toch naar het einde van het Saudische koninkrijk. Hetzelfde geldt voor de Moslim Broederschap, Hezbollah en andere islamitische terreurgroepen. Dit is exact zoals de Bijbel het voorzegd heeft: de volken en landen van ‘het beest’ zullen ‘de hoer van Babylon’ haten, zich omkeren en haar verscheuren / met vuur verbranden.

Arabische media kiezen kant van Netanyahu tegen Obama

De Arabieren vallen zelf Israël echter (nog) niet aan omdat de Joodse staat een onverklaarde bondgenoot is tegen Iran. Onlangs zouden de Saudi’s zelfs hun luchtruim hebben opengesteld voor de Israëlische luchtmacht, nadat bekend werd dat de Amerikaanse president Obama vorig jaar dreigde Israëlische vliegtuigen boven Irak neer te schieten toen de regering Netanyahu op het punt stond Iran aan te vallen.

Diverse toonaangevende Arabische media kozen afgelopen week openlijk de kant van de Israëlische premier, nadat hij in diens toespraak voor het Amerikaanse Congres de toenadering van Obama tot Iran impliciet fel bekritiseerd had. Netanyahu’s woorden onderstreepten dat er de facto een breuk tussen Amerika en Israël is ontstaan, die zolang Obama president is niet meer zal worden geheeld. Dit brengt een Israëlische aanval op Iran dichterbij dan ooit tevoren (4).

Het is al jaren bekend dat Obama Netanyahu haat, en andersom is er eveneens sprake van groot wantrouwen en minachting. Net als in Jeruzalem ziet men ook in bijna alle Arabische Golfstaten, maar vooral in Saudi Arabië, Obama liever vandaag dan morgen verdwijnen.

In Iran wordt nog steeds ‘dood aan Amerika’ geschreeuwd

Wrang genoeg voor Washington geldt dat ook voor Iran. ‘Allahu Akbar! Khamenei is de leider. Dood aan de vijanden van de leider. Dood aan Amerika. Dood aan Engeland. Dood aan de hypocrieten. Dood aan Israël!’ schreeuwden Iraanse officieren begin februari toen Khamenei vol trots verklaarde dat Iran uranium tot 20% verrijkt had, terwijl hij Obama uitdrukkelijk had beloofd dit niet te doen.

Deze oorlogskreet wordt al sinds 1979 dagelijks gebezigd in Iran. In dat jaar liet de Amerikaanse president Jimmy Carter toe dat de hervormingsgezinde Shah van Iran werd afgezet door de extremistische Ayatollah Khomeini. Het onmiddellijke gevolg was een bloederige oorlog met Irak, waarbij meer dan één miljoen doden vielen.

Al 10.000 Iraanse troepen bij grens Israël

Zodra het door Turkije en Iran geleide rijk van ‘het beest’ Israël aanvalt, zullen Sheba en Dedan, de Saudi’s en de Golfstaten, enkel toekijken (Ezechiël 38:13). Dat we snel deze laatste fase van de eindtijd naderen blijkt uit het feit dat er op dit moment in Syrië al zo’n 10.000 door Iran gecommandeerde troepen – ‘vrijwilligers’ uit Iran, Irak en Afghanistan- op slechts 10 kilometer van de Israëlische grens staan. Dat zouden er in de toekomst 100.000 of zelfs meer kunnen worden (2)(3).

Het Vaticaan ‘de hoer’ en vervolger van christenen?

Terwijl de Bijbelse eindtijdprofetieën overduidelijk voor onze eigen ogen in vervulling gaan zijn veel Westerse christenen hier nog steeds blind voor, omdat hen geleerd is dat ‘de hoer’ het Vaticaan is, en de ‘valse profeet’ een toekomstige paus is die de grote wereldreligies met elkaar zal verenigen, daar het evangelie voor zal opofferen en katholieken en andere christenen (!) zal laten onthoofden omdat ze dit zullen weigeren.

Als ‘de hoer’ het Vaticaan is, dan zou dat echter betekenen dat de katholieke/ christelijke landen waar zij op ‘zit’ haar zullen aanvallen en verbranden. Denken mensen nog steeds serieus dat andere landen in Europa Rome zullen aanvallen, terwijl moslim terreurgroepen zoals ISIS regelmatig openlijk dreigen om in de nabije toekomst Italië binnen te vallen en het Vaticaan te vernietigen? Terwijl christenen in Irak, Egypte, Syrië, Nigeria en andere moslimlanden nu al worden vermoord en onthoofd vanwege hun geloof en omdat weigeren zich te bekeren tot de islam (= het beest te aanbidden)?

Moderne ‘Torens van Babel’ in Mekka

In eerdere artikelenstudies (zie hyperlinks onderaan) voerden we uitgebreid Bijbels bewijs aan –en geen giswerk theorieën- dat ‘de hoer van Babylon’, ‘dronken van het bloed der heiligen en van het bloed der getuigen van Jezus’ zich precies daar bevindt waar Johannes haar zag: in ‘de woestijn’ (Openbaring 17:3). Alleen al hierom kan het nooit om Rome, New York of Brussel gaan. De 7 gigantische torens bij het Ka’aba complex in Mekka –het grootste ter wereld- worden plaatselijk zelfs letterlijk ‘De berg Babel’ genoemd.

Eindtijd: Niet Europa of Amerika, maar Israël centraal

Niet Europa, niet Amerika en ook niet Rusland staan centraal in de Bijbelse eindtijdprofetieën van zowel het Oude als het Nieuwe Testament –al spelen zij natuurlijk wel een rol-, maar het Midden Oosten, Israël en de omringende moslimwereld. Pas als de coalitie van het (moslim)beest Israël aanvalt –bedenk dat de islam zichzelf omschrijft als ‘het beest uit de afgrond’!- met de bedoeling de Joodse staat weg te vagen en de laatste resten van het christendom in het Midden Oosten uit te roeien, zal de Messias, Jezus Christus, in eigen persoon neerdalen, tussenbeide komen en alle vijanden vernietigend verslaan.

Xander

(1) Reuters via Shoebat
(2) American Thinker
(3) The Christian Monitor
(4) KOPP

vendredi, 20 février 2015

Setting the Stage for Another Proxy War in Yemen

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A Dangerous Game

Setting the Stage for Another Proxy War in Yemen

by MICHAEL HORTON
Ex: http://www.counterpunch.org

On 26 September 1962, four tanks rumbled through a moonless night and surrounded Imam Badr’s palace in the Yemeni capital of Sana’a. Hearing the tanks Badr and his father-in-law descended from the highest room of the palace moments before it was shelled.

The coup that would plunge north Yemen into almost eight years of bloody civil war was underway. Imam Badr ordered his remaining guards to bring him Bren guns. Then Badr and his father-in-law stepped out onto a balcony and opened fire on the mutinous soldiers that surrounded the palace while gasoline soaked sandbags were ignited and hurled onto the tanks below. The soldiers momentarily fled and Badr lived on to fight from northwest Yemen’s rugged mountains until his eventual exile in the UK in 1970. Imam Badr’s exile marked the end of the Zaidi Imamate that had ruled parts of Yemen for a thousand years.

The leader of the coup was the chief of Badr’s corps of bodyguards, Colonel Abdullah al-Sallal who was supported by Egyptian president Gamal Abdel Nasser. Within months, several thousand Egyptian soldiers were on the ground in north Yemen to support Sallal’s republicans in their fight against Badr’s royalists. The royalists were bankrolled by Saudi Arabia and covertly supported at various times by Jordan, Israel, Iran, France, and the UK, all of whom had a strategic interest in weakening Nasser and the Egyptian Army. Nasser would eventually commit more than fifty-thousand soldiers supported by MiGs and heavy weaponry to Yemen. Despite the number of soldiers, extensive air-support, and even the Egyptians’ use of chemical weapons, the war in Yemen became what Nasser would later describe as, ‘my Vietnam.’

With the recent Houthi takeover of much of northern Yemen, there are echoes of the 1960s. There seems little likelihood of Yemen not becoming a battleground for a protracted proxy war between two regional powers: Saudi Arabia and Iran which, in contrast to the 1960s, are now on opposite sides. The Saudis are vehemently opposed to the Houthis because they are Shi’a, adherents to the Zaidi sect of Shi’a Islam. The Saudis are fearful that the Houthis’ ‘revolution’ could spread across their southern border and embolden their own restive Shi’a minority. In April 2000, the Saudis put down a Shi’a led rebellion in the province of Najran, which borders areas that are now controlled by the Houthis.

On the other side of the emerging proxy war is Iran whose material support for the Houthis is limited. The claims made about Iran supplying arms and training to the Houthis are dubious. The Houthis are in no need of weapons—they have more than they can manage—and the core Houthi fighters are battle-hardened and require no training. However, if isolated, the Houthis may increase their level of engagement with Iran.

What the Houthis do need and what Iran has likely been providing, at least in token amounts, is money. The Yemeni economy is moribund. The Central Bank of Yemen is dependent on loans and grants from Saudi Arabia and other Gulf States. The resignation of Yemeni President Hadi and his government and the Houthis’ unilateral and extralegal dissolution of the Yemeni Parliament have meant that money from the Gulf States has dried up. It is an open question as to where the money for the salaries for tens of thousands of Yemeni bureaucrats and soldiers will come from. The lack of funds to pay government salaries poses a serious and potentially fatal challenge for the Houthi leadership.

Saudi Arabia will take full advantage of the Houthis’ limited financial resources by providing blank checks to those tribal leaders and displaced military figures who oppose the Houthis and agree to fight them. Most worrying is the fact that some of this money could make its way to groups like al-Qaeda in the Arabian Peninsula (AQAP), who, as militant Salafis, are the sworn enemies of the Shi’a led Houthis. AQAP is a far more amorphous organization than is commonly supposed. The Houthi takeover of Sana’a and the resignation of the government will mean that the lines between tribesmen and tribal militias opposed to the Houthis and the militants allied with AQAP will become even less distinct. Militant Salafi organizations like AQAP will be key beneficiaries of a proxy war in Yemen.

The calls by some in the Yemeni government for members of the Gulf Cooperation Council (GCC) to intervene in Yemen in order to force the Houthis to withdraw is a first step toward igniting a new proxy war in Yemen. The calls will likely go unheeded, at least in terms of an overt ground-based intervention. The members of the GCC, most particularly Saudi Arabia, do not have the capabilities or constitution for a military intervention in Yemen. Yemen is most definitely not Bahrain. However, some members of the GCC will undoubtedly fund a host of covert measures in Yemen, all of which will add fuel to the fire that threatens to wash over Yemen.

The Houthis are a distinctly Yemeni movement that is deeply rooted in the Yemeni socio-cultural context. All outside parties, including those in the US government, like Senators John McCain and Diane Feinstein, who recently called for more ‘boots on the ground’ in Yemen, would do well to remember the words—some of his last words—of Field Marshal Amer, the architect of Egypt’s disastrous campaign in north Yemen: ‘we did not bother to study the local, Arab and international implications or the political and military questions involved. After years of experience we realized that it was a war between tribes and that we entered it without knowing the nature of their land, their traditions and their ideas.’ The Egyptians became involved in Yemen thinking that they were supporting a proxy, the republicans, in what would be a short sharp war against the Saudi backed royalists, but it ended up costing them more than twenty-thousand dead soldiers. Meddling in Yemen without taking into account the country’s history, traditions, and intricate patchwork of loyalties is a dangerous game for all involved.

Michael Horton is a writer and Middle East analyst.

lundi, 09 février 2015

Yémen : le grand imbroglio…

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Yémen : le grand imbroglio…
 
Il y a des événements qui, à eux seuls, ne veulent pas dire grand-chose. Mais qui, mis bout à bout et replacés dans un contexte plus global, nous disent aussi quelque chose.
 
Journaliste, écrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

Il y a des événements qui, à eux seuls, ne veulent pas dire grand-chose. Mais qui, mis bout à bout et replacés dans un contexte plus global, nous disent aussi quelque chose.

Ainsi, Hareth al-Nadhari, l’un des chefs d’AQPA (Al-Qaïda dans la péninsule Arabique), vient-il d’être réduit en chaleur et lumière par un drone américain, en même temps que trois de ses coreligionnaires. Hareth al-Nadhari, c’est lui qui a le premier réagi contre la tuerie de Charlie Hebdo, avant qu’un de ses affidés n’assure que la France était devenue « ennemi numéro un », devant les USA…

Plus sérieusement, et au-delà du très folklorique lyrisme oriental – quoique parfois mortifère –, cette nouvelle problématique dépasse de loin les gribouillis et élucubrations de quelques gauchistes hirsutes, n’ayant de la géopolitique qu’une vision devant plus au professeur Choron qu’à Jacques Bainville. Ainsi qu’à nombre de zigomars pour lesquels « tout cela n’est que bougnoules et compagnie… »

Dans une précédente chronique, signée de la plume de votre servant, étaient mises en exergue les clauses discrètes du « deal » récemment passé au sultanat d’Oman entre Iran et USA.

Résumons, dans l’ordre : réintégration de Téhéran dans le jeu international, fin de l’embargo sur l’Iran, résolution définitive du conflit israélo-palestinien et lutte conjointe contre Daech, quitte à un peu tordre le bras à l’Arabie saoudite.

Codicille glissé en coulisses par de très attentifs officiels de l’ambassade iranienne à Paris : « Tout cela est vrai. Mais il s’agit là de l’option “optimiste”. Les Saoudiens n’ont pas leur mot à dire, c’est vrai. Que l’Iran veuille pacifier ses relations avec l’Occident l’est aussi. Mais à Téhéran, d’autres se demandent aussi s’il ne serait pas plus judicieux de les resserrer plus que jamais avec cet allié historique qu’est la Russie, tout en les nouant au plus près avec la Chine. Car c’est aussi un triangle Moscou-Téhéran-Pékin qui pourrait se mettre en place, seul axe capable de faire pièce à l’hégémonie d’un Occident finissant. »

Et puis, Washington et Tel Aviv.

Là, dans ces deux capitales, ce n’est pas non plus l’enthousiasme.

« Dans la première, les lobbies sionistes, juifs comme chrétiens, ne veulent pas entendre parler d’une telle issue », confie notre interlocuteur.

Dans la seconde, toujours la même volonté d’aller droit dans le mur : « Certains faucons israéliens estiment que la surenchère guerrière demeure leur dernière issue. Pour eux, gagner la guerre est aisé ; mais en faire de même de la paix est une tout autre histoire. La preuve par Gaza, qu’ils n’arrivent pas à abattre, malgré des tombereaux de bombes », conclut ce dernier.

Mais revenons-en à notre drone américain, ayant envoyé Hareth al-Nadhari plus tôt que prévu au paradis yéménite. Soit la confirmation de la confusion régnant en cette partie de la région où se livre une guerre avant tout interne aux musulmans – sunnites contre chiites, mais également entre diverses factions sunnites.

On a longtemps dit, non sans raison, qu’Arabie saoudite et Émirats finançaient ces mouvements. Mais entre financement plus ou moins libre et racket plus ou moins consenti, la frontière est parfois mince… Et il ne faut jamais oublier que l’Arabie saoudite qui vient de fêter l’avènement de son « jeune » roi n’a jamais été aussi proche de la ligne de mire de ces musulmans de combat, puisque saoudienne dynastie tenue, à juste titre, pour puritaine et débauchée, gardienne des Lieux saints tout en étant vendue à la puissante Amérique.

Tout cela est, bien entendu, fort complexe, et il est à craindre que ce ne soit pas « l’esprit de janvier » qui puisse venir le résoudre.

mercredi, 15 octobre 2014

L'Iran et la guerre très complexe contre l’organisation EI

Iran – Défilé de Gardiens de la Révolution

L'Iran et la guerre très complexe contre l’organisation EI

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Les ennemis de mes ennemis ne sont pas nécessairement mes amis. C’est la raison pour laquelle la guerre contre le groupe Etat islamique s’annonce très complexe.

A cela plusieurs facteurs, notamment le fait que les pays de la coalition sont en même temps en conflit avec les Etats qui vont profiter de l’affaiblissement, voire de la disparition, du groupe djihadiste de l’EI qu’ils combattent.

Après de longues hésitations dont les causes restent toujours inexpliquées et à propos desquelles il vaut mieux, faute d’indices fiables, ne pas trop spéculer, les Occidentaux ont décidé non seulement d’endiguer immédiatement l’avancée du groupe Etat islamique (EI), mais aussi de l’éradiquer à terme.

Ce groupe djihadiste dont les crimes atroces contre les populations civiles ont révolté le monde entier, a pris le contrôle d’un immense territoire entre la Syrie et l’Irak. Il s’est sans doute épanoui sur les ruines de ces deux pays. Il contrôlait, jusqu’à ces derniers jours, des raffineries en Irak et en Syrie et réussissait à vendre du pétrole en contrebande, en tirant des bénéfices allant de 1 à 3 millions de dollars par jour, selon les experts.

Pour combattre ce mouvement djihadiste, une mobilisation internationale impliquant les Etats-Unis, plusieurs grands pays européens et asiatiques et certains Etats de la région dont l’Iran se sont mis en marche.


Mais l’Iran n’a pas été officiellement invité à rejoindre la coalition internationale bien qu’il ait été tenu au courant du début des opérations aériennes en Irak. Il a pour sa part prévenu qu’il n’hésiterait pas à combattre le mouvement EI sur le territoire irakien si celui-ci s’approchait d’aventure de ses frontières étant donné que les combattants de ce groupe contrôlent actuellement de larges secteurs de Diyala, une province frontalière avec l’Iran.

Bachar el-Assad est toujours indésirable

L’exclusion de toute participation de Damas à la coalition par les États-Unis et les pays européens comme la France et la Grande-Bretagne n’est pas difficile à comprendre. La guerre contre l’organisation EI ne doit surtout pas contribuer au maintien au pouvoir du président Bachar el-Assad contre lequel les Occidentaux soutiennent des factions rebelles syriennes considérées comme modérées.

Le premier objectif de la coalition est de tarir la source principale de financement du groupe Etat islamique. C’est pourquoi les frappes aériennes ont obstinément visé les raffineries contrôlées par l’EI. Ainsi, de nombreuses raffineries dans l’est de la Syrie ont été frappées le 24 septembre par les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Les raffineries modulaires sont des installations préfabriquées qui fournissent du carburant pour les opérations de l’EI et des fonds pour financer la poursuite de leurs attaques en Irak et en Syrie (Le Monde 26 sept).

La Russie, quant à elle, considère ces raids de la coalition illégaux puisque non effectués en coordination avec Damas, son allié dans la région. L’Iran, autre allié de Damas, a aussi dénoncé par la voix de son président, Hassan Rohani, « les ingérences inappropriées en Syrie » qui relèvent selon lui d’une « approche stratégique erronée » des Occidentaux au Moyen-Orient.

Qui vient grossir les rangs des djihadistes en Irak et en Syrie ?

La menace djihadiste ayant dominé les débats à la récente Assemblée générale de l’ONU à New York, le Conseil de sécurité réuni le mercredi 24 septembre a adopté à l’unanimité une résolution qui impose aux Etats, sous peine de sanction, d’empêcher leurs citoyens de s’enrôler dans des groupes extrémistes. Selon les renseignements américains, plus de 15.000 combattants étrangers venus de plus de 80 pays auraient rejoint ces dernières années les djihadistes en Irak et en Syrie.

Outre les pays européens comme les Pays-Bas et la Belgique qui ont annoncé une grande participation à la coalition, l’Australie et le Japon soutiennent d’une façon ou d’une autre ces opérations militaires.

Le revirement spectaculaire du pouvoir islamo-conservateur turc qui, outre à son inaction face aux extrémistes voulant rejoindre les rangs du groupe EI à travers les frontières turques, avait refusé jusqu’à ces derniers jours d’intégrer la coalition, est aussi un fait d’importance qui change la donne. Dès son retour de l’Assemblée générale de l’ONU, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé sa participation prochaine à des opérations militaires.

Il est même allé plus loin en jugeant les frappes aériennes insuffisantes. Dans un entretien accordé fin septembre au quotidien Hürriyet, il a déclaré que son pays pourrait envoyer des militaires en Syrie afin de mettre en place une zone de sécurité pour secourir les réfugiés fuyant les djihadistes de l’EI. D’après lui, des forces terrestres sont complémentaires. Les opérations aériennes sont logistiques, s’il n’y a pas de troupes terrestres, il n’y aura pas de règlement permanent (Hürriyet, 27 Eylül 2014 Cumartasi).

En Irak, les forces armées irakiennes continuent leur combat contre les djihadistes sur plusieurs fronts, surtout dans la province occidentale d’Al-Anbar. Ceux-ci assiégeaient sur le territoire syrien la ville d’Aïn al-Arab (Kobane en kurde) située à la frontière turque qu’ils tentaient de prendre après avoir conquis plus de 60 villages dans cette région du Nord syrien. Cette offensive a poussé plus de 160.000 civils kurdes à fuir en Turquie.

Près de 24 heures après les premières frappes lancées par la coalition, des avions venus de Turquie ont mené dans cette région plusieurs raids contre des positions et des routes d’approvisionnement du groupe EI. Selon une ONG, ces frappes étaient beaucoup plus puissantes que celles menées par le régime Bachar el-Assad dans cette zone.

A qui profitent ces opérations ?

Des dommages collatéraux des frappes pour les civils irakiens et syriens vont sûrement permettre aux Russes et aux Iraniens de hausser le ton contre la manière dont la coalition mène ses opérations. Il est pourtant difficile d’admettre qu’un accord tacite entre les Russes et la coalition sur la question du maintien au pouvoir de Bachar el-Assad n’ait pas été conclu.

Mais ce qui est intéressant est que la mise à l’écart de l’Iran a déjà irrité les responsables iraniens. Dans une interview exclusive avec Al-Alam, le général adjoint des Forces armées iraniennes, Massoud Jazayeri, a qualifié la coalition d’ « alliance de terroristes » et a affirmé que « nous assistons aujourd’hui à l’une des plus hypocrites et fausses alliances de l’histoire contemporaine de l’Asie de l’Ouest ».

Il a décrit l’alliance comme « une farce historique » mettant en garde contre le fait que « les Etats-Unis sous prétexte de la lutte contre le terrorisme tentent de former une coalition avec les perdants dans la région afin de justifier sa présence dans cette région ». Et il a poursuivi : « Nous avons des informations selon lesquelles les Américains et les sionistes ont affirmé qu’à travers cette coalition l’objectif est de frapper la Résistance [terme employé par le pouvoir iranien pour désigner le régime de Téhéran et ses alliés dans la région, ndlr] ».

Ces propos attestent l’amertume ressentie par la République islamique après sa mise à l’écart humiliante de la coalition.

Le général adjoint des Forces armées iraniennes ne veut évidemment pas évoquer la lourde responsabilité du gouvernement Nouri al-Maleki en Irak dans la naissance et le développement du groupe djihadiste EI. C’est avant tout en raison de la politique d’exclusion des sunnites de l’appareil d’Etat et des instances de décision par ce gouvernement chiite soutenu par l’Iran que ce groupe a pu s’épanouir sur le sol irakien.

Pourtant, les propos rancuniers de ce général iranien comportent une parcelle de vérité. Où doit-on la chercher ? Peut-être dans ce principe qu’aucun pays ne risque la vie de ses soldats pour rien !

La complexité de cette guerre est telle qu’il est aujourd’hui difficile de discerner avec précision les visées à long terme de la coalition. Endiguer l’avancée des djihadistes dont les crimes abominables contre les populations civiles ont heurté la conscience du monde est d’ores et déjà un objectif grandiose que l’on ne peut pas s’empêcher de saluer.

La Turquie a bien compris qu’une attitude complaisante envers ces djihadistes détruirait à long terme l’équilibre de la région et mettrait en danger sa propre sécurité.

Quant aux Kurdes, bien qu’ils aient subi, comme d’autres communautés, des pertes, ils ont pourtant réussi à tisser et à renforcer des liens avec la communauté internationale. Ils n’ont certes pas abandonné l’idée de l’indépendance du Kurdistan irakien en vue de créer avec leurs frères dans d’autres pays moyen-orientaux une entité politique indépendante, mais ils ont compris que le moment n’est pas propice pour ce genre d’aventure.

Pour ce qui est de l’Iran, tant que les pourparlers sur son programme nucléaire n’ont pas abouti, la voie pour son entrée dans le concert des nations restera nébuleuse pour ne pas dire fermée.

Après tout, dans l’état actuel des choses, quel que soit notre angle d’approche, il faut bien admettre que cette guerre arrange plutôt l’Iran et ses alliés dans la région et en premier lieu le pouvoir de Bachar el-Assad qui se débarrasse ainsi d’un ennemi redoutable.

RFI

vendredi, 22 août 2014

Comment la géopolitique du pétrole explique la crise en Irak

Comment la géopolitique du pétrole explique la crise en Irak

Les sunnites veulent se réapproprier des richesses qui leur échappent au bénéfice des chiites. Mais les djihadistes de l’EIIL comme les Kurdes et le pouvoir de Bagdad ont intérêt à maintenir les installations pétrolières en état de fonctionner. Au moins aussi longtemps que chaque camp espère l’emporter…

Par Gilles Bridier

Ex: http://fortune.fdesouche.com

En Irak, les conflits religieux rallumés par l’insurrection des djihadistes sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont de forts relents de pétrole. Dans un pays qui puise les neuf dixièmes de sa richesse nationale dans ses réserves d’or noir, le nerf de la guerre –l’argent– passe forcément par le contrôle des puits et des pipelines.

L’Irak est redevenu une grande puissance pétrolière. Avec  des réserves évaluées à plus de 144 milliards de barils contre 265 milliards pour l’Arabie saoudite et 157 milliards pour l’Iran, il est, selon les dernières statistiques de l’Opep, l’un des pays les plus richement dotés du Moyen-Orient. Et la production, qui fut longtemps désorganisée à cause du conflit avec l’Iran, de la première guerre du Golfe au Koweit, des sanctions de l’Onu puis de l’invasion américaine, retrouve ses records d’antan.

Après avoir frôlé les 3 millions de barils/jour en moyenne l’an dernier, elle a même atteint 3,6 millions de barils/jour en février 2014, un niveau jamais atteint depuis la fin des années 70. De sorte que les exportations d’or noir, de l’ordre de 2,4 millions de barils/jour, plaçaient le pays en troisième position parmi les grands pays producteurs de pétrole derrière l’Arabie saoudite et la Russie. Mais c’était avant l’offensive djihadiste.

Et la trajectoire ascendante ne devait pas s’arrêter là, Bagdad prévoyant de pousser la production à 4 millions de barils/jour à la fin de cette année et à 5 millions un an plus tard (et même 8 millions d’ici à 2035 selon l’Agence internationale de l’énergie), le pays assurant à lui seul plus de la moitié de la progression de la production des pays de l’Opep.

 

Le sud, région stratégique aux mains des chiites

Dans un pays déstabilisé par des décennies de guerre et d’occupation, de telles richesses peuvent se transformer en un baril de poudre lorsque, pour des motifs ethniques ou religieux, une part de la population se les accapare. C’est le cas en Irak, où le pouvoir chiite a monté contre lui la population sunnite, surtout installée dans le centre du pays, et la population kurde du nord.

Car les chiites, dans le sud, occupent la région la plus stratégique pour l’industrie pétrolière. C’est là, autour de Bassorah, que sont localisées les plus grosses réserves d’or noir, et que la production est la plus importante avec 90% de l’extraction. C’est là également que se trouve le plus important terminal pétrolier du pays, par où passent 80% des exportations irakiennes. Et, conséquence logique, c’est là que le réseau de pipelines est le plus dense.

En installant à Bagdad un pouvoir chiite après le régime sunnite de l’ex-président déchu Saddam Hussein, les Etats-Unis ont en quelque sorte permis aux anciennes victimes de prendre leur revanche en profitant de la manne pétrolière.

Mais l’Etat irakien est aujourd’hui d’autant plus fragilisé que même le camp chiite est divisé, comme en témoigne la mise à l’écart du Premier ministre Nouri-al-Maliki qui, bien que contesté, briguait un troisième mandat. Ce qui ajoute aux incertitudes sur l’avenir du pays.

Au nord, la clé de l’indépendance kurde

Dans le nord, le Kurdistan est moins richement doté. Mais même si cette région autonome ne produit pour l’instant que 10% du total extrait du sous-sol irakien, les gisements autour de Kirkouk et, dans une moindre mesure, de Mossoul, intéressent les Kurdes, regroupés dans leur province autour de leur capitale Erbil. Cette richesse serait un atout pour un état indépendant tel que les Kurdes d’Irak en rêvent.

C’est pourquoi, face à l’offensive des djihadistes, les peshmergas se sont portés aux avant-postes des combats pour contenir la percée d’EIIL, et empêcher toute annexion de l’outil pétrolier. Ce qui leur conférerait une certaine légitimité pour revendiquer cet outil à leur tour.

D’ailleurs, le Kurdistan a déjà exporté directement du pétrole en s’affranchissant de la tutelle de Bagdad, en passant par le port turc de Ceyhan en Méditerranée. Il a profité par là de l’incapacité de l’Etat irakien à réagir, affaibli qu’il est à la fois par la percée des islamistes et les luttes intestines.

Des sunnites en mal de revanche

On comprend mieux ainsi, avec en toile de fond la carte pétrolière de l’Irak, les motifs de la poussée des djihadistes sunnites et la rapidité de leur progression. Tenus écartés de la manne pétrolière et de toute maîtrise d’outils stratégiques tels que les oléoducs et les terminaux, les populations sunnites du centre du pays n’avaient guère de raison de vouloir s’opposer à la progression de ces islamistes qui ont joué sur leur sentiment de frustration.

En entamant leur offensive sur le nord, où ils ont notamment conquis la ville de Mossoul, les islamistes de l’EIIL ont cherché dans un premier temps à prendre les Kurdes de vitesse avant qu’ils aient le temps de se réarmer, pour les empêcher de mettre la main sur des richesses pétrolières –ce qui constituerait le premier pas vers l’indépendance de leur région. Il s’agissait, pour l’EIIL, d’une première étape avant de déployer son offensive vers Bagdad et le sud du pays.

Les djihadistes ont notamment procédé à des actes de sabotage du pipeline historique qui, au nord, relie l’Irak à la Turquie. Mais les islamistes ont montré aussi qu’ils ne cherchaient pas à détruire systématiquement les installations pétrolières.

Quant aux Kurdes, ils ont ouvert une nouvelle voie à travers leur territoire avec l’autorisation obtenue de la Turquie pour exporter le pétrole, allant même jusqu’à affréter des pétroliers en Méditerranée. Ainsi, ils démontrent pouvoir riposter à la percée d’EIIL. Ils défient aussi les autorités chiites de Bagdad, qui considèrent que le pouvoir a seul la haute main pour organiser l’exportation de pétrole, mais en fait n’a plus les moyens de faire respecter cette règle.

Jusqu’à présent, pas d’impact sur le prix du baril

L’attention portée par toutes les parties sur la scène irakienne à tout ce qui touche l’industrie pétrolière et l’intérêt des uns et des autres à conserver des installations en état de fonctionner explique que, malgré les combats, le cours du baril ne cesse de baisser.

D’autres facteurs interviennent également pour que le marché reste bien approvisionné, selon le constat de l’AIE. Les capacités de l’Arabie saoudite pour compenser tout éventuel recul de production d’un acteur majeur, l’arrivée des pétroles de schiste d’Amérique du nord et des prévisions de baisse de la demande mondiale justifient l’actuelle sérénité du marché.

Les récentes décisions des Etats-Unis et de la France d’envoyer des armes aux combattants peshmergas pour les aider à combattre les djihadistes démontrent que les puissances occidentales ne veulent pas laisser s’installer un pouvoir islamiste radical en Irak, d’autant plus dangereux qu’il disposerait de la manne pétrolière pour se renforcer et porter le djihad au-delà des frontières. Par ailleurs, Téhéran a déjà laissé entendre que l’Iran chiite réagirait si le retour d’un pouvoir sunnite à Bagdad devait se préciser.

Dans ces conditions, rien ne dit que, s’ils se trouvaient acculés, les djihadistes en rébellion ne décideraient pas alors de s’attaquer aux installations pétrolières, aussi bien au niveau de la production que des exportations.

Mais les marchés ne semblent pas craindre à ce jour ce genre d’anticipation, une chute des approvisionnements irakiens ne mettant pas en péril la possibilité d’assurer l’équilibre offre-demande par d’autres moyens.

slate.fr