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jeudi, 12 janvier 2017

La notion de politique de Carl Schmitt

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La notion de politique de Carl Schmitt

par Karl Peyrade

Ex: http://www.lerougetlenoir.org 

Ex: Publié en 1932, La notion de politique est un des ouvrages les plus connus du juriste catholique allemand Carl Schmitt. A l’origine de ce livre, on trouve une conférence de l’auteur, s’inscrivant dans unCYCLE sur les problèmes de la démocratie, à la Grande École Allemande pour la Politique située à Berlin. La conférence a donné ce texte qui a fait l’objet de nombreux débats au sein de l’intelligentsia allemande. Avant la parution de La notion de politique, les intellectuels allemands assimilaient souvent l’État à la politique. C’est face à ce postulat que Schmitt a entendu réagir.

Selon l’auteur, le concept d’État présuppose le concept de politique. L’État se définit, selon l’acception moderne, comme étant le statut politique d’un peuple organisé légalement sur un territoire donné. Pendant longtemps, les juristes n’ont évoqué que les problématiques liées à la théorie générale de l’État sans se soucier du politique. D’après Max Weber, qui fut le professeur de Carl Schmitt, le pouvoir est un élément caractéristique de la politique. L’Allemagne du XIXe siècle a d’abord placé, l’État au-dessus de la société. Ensuite, la conception libérale a primé en introduisant une dialectique État/société à savoir une opposition entre l’État et la société. Enfin, le début du XXesiècle a accouché de l’État total au sens hégélien c’est-à-dire d’un État compétent dans tous lesDOMAINES. Bien entendu, à l’heure actuelle et depuis la deuxième guerre mondiale, la vision libérale de l’État a repris du galon dans le monde occidental.

L’auteur note que dans de nombreuxDOMAINES, il existe un certain dualisme simplificateur : l’opposition beau/laid en esthétique, l’opposition rentable/non rentable en économie, l’opposition bien/mal en morale etc. En politique, c’est le dualisme ami/ennemi ou union/désunion ou association/dissociation qui est le plus pertinent. L’ennemi est l’étranger générant un conflit non réglable par une norme générale ou un tiers impartial. L’État, en tant que communauté d’intérêt et d’action, va décider si l’ennemi, c’est-à-dire son antithèse, menace son existence.

Le Christ et l’Église catholique à sa suite recommandent d’aimer ses ennemis et de prier pour eux et leur salut. Schmitt rappelle à ce sujet la distinction latine entre inimicus (ennemi personnel) auquel l’Évangile fait référence [1] et hostis (ennemi politique). Pour illustrer son propos, il donne l’exemple suivant :

« Dans la lutte millénaire entre le christianisme et I ’Islam, il ne serait venu à l’idée d’aucun chrétien qu’il fallait, par amour pour les Sarrasins ou pour les Turcs, livrer l’Europe à l’Islam au lieu de la défendre. L’ennemi au sens politique du terme n’implique pas une haine personnelle, et c’est dans la sphère de la vie privée seulement que cela a un sens d’aimer son ennemi, c’est-à-dire son adversaire. »

61S60PfzfrL.jpgCette citation brille par son actualité. Face à l’invasion migratoire et à la place de plus en plusIMPORTANTE que prend la religion mahométane en France, l’Église catholique dans la continuité du Concile Vatican II propose aux chrétiens d’accueillir l’autre sans distinguer l’étranger en tant qu’individu de l’étranger en tant que masse politique. Pourtant, si un chrétien doit aider l’étranger en tant qu’individu lorsque ce dernier lui réclame de l’aide, d’un point de vue politique, l’Église et la sphère étatique doivent se prononcer contre cet afflux considérable d’étrangers qui présente une menace pour le bien commun et l’unité du pays (insécurité culturelle, baisse des salaires, danger pour la foi catholique, violences interethniques etc.). Carl Schmitt le confirme d’un point de vue conceptuel : lorsque l’antagonisme extérieur consistant à distinguer les nationaux des étrangers disparaît, l’État peut perdre son unité politique et l’antagonisme risque alors de se situer à l’intérieur de l’État à travers une guerre civile.

La guerre n’est qu’unINSTRUMENT de la politique. Selon le mot de Clausewitz, « La guerre n’est rien d’autre que la continuation des relations politiques avec l’appoint d’autres moyens [2]. » Même le concept de neutralité découle de l’opposition ami/ennemi car il nécessite l’existence d’un conflit entre amis et ennemis pour qu’une position neutre soit prise. Si la guerre disparaît, l’ennemi et le neutre disparaissent corollairement et, par conséquent, aussi la politique. En effet, un monde sans conflictualité, un monde pacifié est un monde sans distinction ami et ennemi et, par là même, un monde sans politique. La guerre moderne a ceci de spécifique qu’elle ajoute à cette dialectique ami/ennemi un élément moral. Dès lors, l’ennemi n’est plus simplement une catégorie politique, il devient aussi une catégorie morale. En conséquence, l’ennemi étant le mal incarné, il convient de le détruire intégralement par tous les moyens (bombardement des populations civiles, armes atomiques, criminalisation de l’ennemi et fin du statut d’ennemi et de ses droits). Mais la guerre ne peut jamais être religieuse, économique ou morale. Ces motifs peuvent devenir politiques quand ils entraînent la mise en place de la configuration amis et ennemis. La guerre n’est alors que l’actualisation ultime de cette conflictualité.

Qui définit cette opposition entre amis et ennemis ? Celui qui est souverain à savoir celui qui est capable de trancher une situation exceptionnelle, celui qui peut déclencher l’état d’urgence. Cette personne peut être le monarque ou l’État lorsqu’il représente l’unité politique du peuple. Dans le monde moderne, cette décision appartient à l’État. Elle suppose un peuple politiquement uni, prêt à se battre pour son existence et son indépendance en choisissant son propre chef ce qui relève de son indépendance et de sa liberté. Lorsqu’un peuple accepte qu’un tiers ou un étranger lui dicte qui est son ennemi, il cesse d’exister politiquement.

La tâche première de l’État est de pacifier l’intérieur car sinon pas de norme possible. Une communauté n’est politique que si elle est en capacité et en volonté de désigner son ennemi. Cette capacité fonde l’unité politique du groupe en-dessous duquel les entités extérieures sont placées par ce dernier. On retrouve la même idée chez les grecs avec la notion de barbares. Dans la conception libérale de l’économie, chaque agent est libre. Il peut donc décider tout seul des causes pour lesquelles il souhaite agir. Aucune entité collective ne peut rien lui imposer. Dans le monde économique, il est facile d’écarter le gêneur sans user de la violence. On peut le racheter ou le laisser mourir. Il en est de même dans le monde culturel : c’est la norme qui entraîne la mort sociale. Mais en ce qui concerne la politique, des hommes peuvent être obligés de tuer d’autres hommes pour des raisons d’existence.

Le monde est une pluralité politique. En effet, une unité politique définit un ennemi qui constitue alors lui aussi une unité politique. Il n’existe pas d’État universel. Le jour où il n’y aurait plus d’ennemis sur terre, il n’y aurait plus non plus de politique et d’État. Sans État, il ne reste plus que l’économie et la technique. L’auteur précise :

« Le concept d’humanité est un instrument idéologique particulièrement utile aux expansions impérialistes, il est un véhicule spécifique de l’impérialisme économique. On peut appliquer à ce cas, avec la modification qui s’impose, un mot de Proudhon : " Qui dit humanité veut tromper ". »

Un ennemi de cette humanité n’est donc plus humain. Il devient alors possible de l’exterminer totalement. La notion d’humanité est apparue au XIXe siècle pour contrer l’ordre ancien et lui substituer des concepts individualistes, comme le droit naturel, applicables à tout le genre humain. La Société des Nations de 1919 n’est ni universelle, ni internationale. L’adjectif international, se définissant comme la négation des barrières étatiques, est à distinguer de l’adjectif interétatique qui suppose des relations entre États sans nier leur délimitation. La Troisième Internationale a une connotation internationale. La Société des Nations serait plutôt une alliance de nations contre d’autres.

Le libéralisme se fonde sur une vision anthropologique optimiste de l’homme : l’homme est bon et sa raison produit la société qui est à opposer à l’État. Pour Schmitt, les vrais penseurs politiques comme Taine, Machiavel, Fichte, Hegel, De Maistre ou Donoso Cortes adoptent une position inverse. Les hommes sont par nature mauvais, l’État les transcende. Hegel définissait le bourgeois comme « cet homme qui refuse de quitter sa sphère privée non-politique, protégé du risque, et qui, établi dans la propriété et dans la justice qui régit la propriété privée, se comporte en individu face au tout, qui trouve une compensation à sa nullité politique dans les fruits de la paix et du négoce, qui la trouve surtout dans la sécurité totale de cette jouissance, qui prétend par conséquent demeuré dispensé de courage et exempt du danger de mort violente ». Dans un monde où les hommes sont bons, il n’est plus besoin de prêtres pour guérir du péché, ni de politiciens pour combattre l’ennemi. La société libérale s’en remet au Droit comme norme supérieure ce qui est illusoire car le Droit n’est que le produit de ceux qui l’établissent et l’appliquent.

L’essence du libéralisme est antipolitique. Il existe une critique libérale de la politique mais pas de vision libérale de la politique. Le libéralisme suppose un abaissement du rôle de l’État le limitant à concilier les libertés individuelles. Il substitue à l’État et à la politique la morale et l’économie, l’esprit et les affaires, la culture et la richesse. Cette idéologie commence et s’arrête à l’individu. Rien ne peut contraindre un individu à se battre pour le groupe ou pour l’État. Dans l’optique libérale, l’État n’a pour unique but que de permettre l’accomplissement de la liberté humaine mais certainement pas de la contraindre. La lutte politique devient une concurrence économique (les affaires) et une joute verbale (l’esprit). La fixité de la paix et de la guerre est remplacée par l’éternel concurrence des capitaux et des égos. L’État devient la Société vue comme le reflet de l’Humanité. La société correspond à une unité technique et économique d’un système uniforme de production et de communication.

Les libéraux se sont indéniablement trompés. Le monde n’est pas rationalisable, réductible à une formule mathématique et le commerce n’a pas permis la paix. La science et la technique n’ont pas remplacé la violence et le rapport de forces. Hegel avait placé l’État au-dessus de la société. C’est désormais la société qui domine l’État. L’économique et la technique ont pris l’ascendant sur toutes les autres sphères mais rien ne pourra jamais définitivement annihiler le politique.

Carl Schmitt conclut son ouvrage sur le constat suivant :

« Nous sommes à même de percer aujourd’hui le brouillard des noms et des mots qui alimentent la machinerie psychotechnique servant à suggestionner les masses. Nous connaissons jusqu’à la loi secrète de ce vocabulaire et nous savons qu’aujourd’hui c’est toujours au nom de la paix qu’est menée la guerre la plus effroyable, que l’oppression la plus terrible s’exerce au nom de la liberté et l’inhumanité la plus atroce au nom de l’humanité […] Nous reconnaissons le pluralisme de la vie de l’esprit et nous savons que le secteur dominant de notre existence spirituelle ne peut pas être unDOMAINE neutre […] Celui qui ne se connaît d’autre ennemi que la mort […] est plus proche de la mort que de la vie […] Car la vie n’affronte pas la mort, ni l’esprit le néant de l’esprit. L’esprit lutte contre l’esprit et la vie contre la vie, et c’est de la vertu d’un savoir intègre que naît l’ordre des choses humaines. »

A travers cet ouvrage court, exigeant et précis, Carl Schmitt, dans son style habituel, très éloigné de la prose juridique, donne des clés de lecture intéressantes du monde moderne. Sa vision de la politique est utile pour comprendre à quel point notre monde est dépolitisé. De nos jours, les cartes sont brouillées par les dirigeants politiques. L’indistinction généralisée règne. On ne distingue plus l’ami de l’ennemi, le citoyen du migrant, l’homme de la femme, l’homme de l’animal, le catholique du musulman ou du juif ou encore le bien du mal. Face ce délitement de l’État et de la société, lire Carl Schmitt permet de mieux comprendre les dessous conceptuels de l’effondrement du monde contemporain.

Karl Peyrade.
 

[1Math. 5, 44

[2De la guerre (1955)

Die Konvention von Tauroggen - Gehorsamsverweigerung aus Liebe zum Vaterland

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Die Konvention von Tauroggen - Gehorsamsverweigerung aus Liebe zum Vaterland

 

Hunderttausende bluten für Napoleons Russlandfeldzug

Preußens Niederlage bei Jena und Auerstedt markierte das vorläufige Ende der Souveränität des Staates, welcher in kurz darauf vollständig von Frankreich besiegt wurde und unter die Herrschaft von Napoleon kam. Nach dem Frieden von Tilsit wurde das Königreich in seiner Ausdehnung kurzerhand halbiert und die Grande Armée marschierte siegreich durch Berlin, während das Königshaus von Preußen den Rückzug in die beschnittenen Gebiete im Osten antreten musste. Die Demütigungen, wie beispielsweise der Diebstahl der Quadriga vom Brandenburger Tor, enden nicht mit symbolischen Akten. Anders als die Rheinstaaten im Rheinbund, welche auf Napoleons Seite standen und dessen Monarchen von ihm profitierten, leistete Preußen lange Widerstand. Sowohl rhetorischen als auch militärischen. Für diese Impertinenz sollte es büßen, so wollte es Bonaparte.  Für die nationalen Kräfte in den deutschen Landen war die Unterjochung durch Frankreich nicht hinnehmbar. Heinrich Friedrich Karl von und zum Stein, Carl von Clausewitz, Gerhard von Scharnhorst und andere preußische Reformer, die man den aufklärerischen und nationalen Kräften zuordnen könnte, waren wenig angetan von der Unterordnung unter die französische Kaiserkrone. Es folgte die innere Erneuerung Preußens, sowohl die kulturelle als auch die technologische und zivilgesellschaftliche. Nicht alle Ideen der französischen Revolution wurden östlich des Rheins abgelehnt oder für schlecht befunden. Der springende Punkt war der Frondienst, den man als Deutscher plötzlich zu leisten hatte. Gegenüber einem Staat und Kaiser, den man weder kannte noch liebte. Napoleons Streitkräfte schlugen nach Preußen auch die Österreicher und alsbald wandte er seinen Blick auf das gigantische Russland, welches immer noch als die letzte kontinentale Großmacht gegen Napoleon stand. Wenn Russland besiegt worden wäre, gäbe es keine Macht mehr in Europa die dem französischen Kaiser Paroli hätte bieten können. Das französische Imperium würde dann vom Atlantik bis zum Ural reichen. Oder noch weiter.

Im Jahr 1812 überquerten die Streitkräfte Napoleons die Memel. Zu diesem Zeitpunkt bestehen die Truppen des Kaisers nicht mehr nur aus Franzosen, sondern zur Hälfte aus Polen, Deutschen, Italiener, Balkanvölkern und anderen Hilfstruppen, welche er aus allen eroberten Gebieten zusammengerufen hatte. Die genauen Zahlen sind heute Gegenstand der Debatte. Aber etwa ein Drittel der fast 700.000 Soldaten waren deutschsprachige Landeskinder aus Preußen, Württemberg, Bayern, Sachsen, Österreich, Baden und anderen deutschen Landen, wo die Ablehnung gegenüber Napoleon nicht zuletzt wegen der zehrenden Kampagne im Osten immer größer wurde. Man muss das im historischen Kontext betrachten. Preußen und die meisten anderen europäischen Staaten hatten bereits mehrere Jahre Krieg hinter sich und eine ganze Generation von Männern und auch Frauen war im Rahmen dieser Kriege verletzt, getötet oder anders geschädigt worden. Große Teile der mitteleuropäischen Staaten waren von Schlachten verwüstet und vom Durchmarsch der französischen Armee ausgeplündert worden. Napoleons Truppen bedienten sich auf ihrem Weg durch Europa stets im Umland und erpressten, kauften oder plünderten, um sich zu versorgen. Das war eine gängige Praxis zu dieser Zeit und auch in späteren Kriegen. Viele Familien in den deutschen Staaten hatten mehrere Söhne bereits in den Krieg (egal welchen) gegeben und nicht wenige bliebe auf dem Schlachtfeld. Es ist umso leichter die Ressentiments zu verstehen, wenn das Hinterland das französische Heer weiterhin wirtschaftlich unterstützen muss. Vor allem da es gegen Russland ging, den man eigentlich zu den deutschen Verbündeten zählte. Der preußische König schrieb hierzu am Vorabend des Russlandfeldzuges einen Brief an den Zaren mit dem Inhalt : „Beklagen Sie mich, aber verdammen Sie mich nicht. Vielleicht kommt bald die Zeit, wo wir in engem Bunde vereint handeln werden.

Auch im preußischen Offizierskorps war die Stimmung eher gedrückt. Als gute und treue Soldaten fühlten sich Offiziere wie Ludwig York von Wartenburg ihrem Eid und Herren verpflichtet. Dieser war der preußische König, von dem jedoch alle wussten, dass dieser nicht Befehle im Interesse der Deutschen oder Preußens gab, sondern reiner Befehlsempfänger Napoleons war. Der Verlust deutscher und preußischer Souveränität war den Männern im Felde also durchaus bewusst. Preußen war dem französischen Kaiser verpflichtet – gegen seinen Willen und gegen den Willen des Volkes, welches sich in den preußischen, aber auch in den westlich der Elbe liegenden anderen deutschen Ländereien immer wieder gegen französische Besatzungstruppen erhob. Die Zeit von 1807-1812 war durchweg geprägt von sporadisch aufflammenden kleinen Konflikten innerhalb des gigantischen, von Napoleon eroberten Europas. Die teils sehr blutigen Auseinandersetzungen waren kein Geheimnis und nie war die Herrschaft über Europa für Napoleon eine besonders solide Angelegenheit. Dieser Zustand verschlimmerte sich nur, als seine Truppen nach der Erreichung des von den Russen in Brand gesteckten Moskaus den Rückzug antreten mussten. Für den russischen Winter war man nicht vorbereitet. Der Zar nutzte diese Chance um die napoleonische Armee immer wieder in kleine und größere Gefechte zu verwickeln und zu schwächen. Für die Männer im Dienst des französischen Kaisers waren die Monate der Rückzugsgefechte und Eiseskälte demoralisierend, wie wir es uns kaum noch vorstellen können. Während Hunderttausende für Napoleon starben, wurde auch den an ihren Diensteid gebundenen preußischen bzw. deutschen Offizieren etwas klar. Wenn nicht gehandelt wird und keine Befreiung von der Führung Napoleons vollzogen wird, könnte dies das Ende für die eigenen Soldaten und auch für die deutschen Lande bedeuten. Die desaströse Situation, in welcher sich die Grande Armée befand, war nicht mehr zu leugnen und um zu verhindern, dass man mit Napoleons Größenwahn untergehe, fassten einige mutige Männer einen skandalösen Entschluss.

Skandalös und doch treu – Die Entscheidung von York und ihre Implikationen

Der deutschstämmige Generalmajor Hans Karl von Diebitsch diente Zar Alexander und der russischen Armee. Unerwähnt möchte ich nicht lassen, dass ein nicht unerheblicher Teil der russischen Soldaten ebenfalls zumindest teilweise deutscher Sprache und Abstammung waren, sodass nicht ignoriert werden kann, wie nah sich deutsches Preußen und Russland über die Jahrhunderte hinweg standen. Von Diebitsch war der General, welcher am 30. Dezember in Poscherun (heute Litauen), den preußischen York empfing. Im Vorfeld und im Hintergrund hatten bereits jene Verschwörergruppen, zu denen auch Clausewitz, Seydlitz und andere gehörten, an einem ungeheuerlichen Akt des Verrates gearbeitet. Zumindest empfand es Napoleon als einen solchen Verrat, als York den Waffenstillstand zwischen preußischen Korps und russischer Armee unterzeichnete. Es ist insofern ungeheuerlich, dass ein hoher Offizier, also ein Staatsdiener, es wagt die Außenpolitik seines Staates zu bestimmen. York war sich der Konsequenzen und der illegalen Natur seines Handelns voll bewusst, rechtfertigte sich jedoch auf für uns nicht uninteressante Art und Weise. Im Vordergrund stand zunächst die Rettung der eigenen Soldaten. Denn gegenüber diesen hatte York als Kommandeur eine Fürsorgepflicht, die missachten würde, wenn er sie weiterhin durch den russischen Winter auf französischer Seite trieb, während russische Truppen die seinen von hinten beschossen. Das Leben der eigenen Soldaten zu retten hatte also Gewicht bei seiner Entscheidungsfindung. Danach kommt die Verantwortung vor dem Staat und dem König. York argumentiert so, dass er im erweiterten Sinne des Königs gehandelt habe, der das Bündnis mit Napoleon zutiefst ablehne, aber jetzt aufgrund der Lage nicht anders handeln könne. Da sich die Lage aber an der Front zum Nachteil für Napoleon entwickelt habe, sei nun der Moment gekommen, das Bündnis aufzukündigen und Preußens Unabhängigkeit wiederherzustellen. Er sagte :

„Die Armee will den Krieg gegen Frankreich. Das Volk will ihn, der König will ihn, aber der König hat keinen freien Willen. Die Armee muss ihm diesen Willen freimachen.“

Für ihn ist klar, dass wenn Preußen Napoleon weiterhin folgt, seine Auslöschung als politische und unabhängige Einheit bald darauf eintreten könnte. Dass Napoleon verlieren würde, war also absehbar und ebenso, dass die Sieger über Napoleon darüber bestimmen würden, was mit den Besiegten geschah. Hier erkenne ich einen Dienstethos, der sowohl edel, als auch treu ist.  York erkennt, dass jeder weitere Kampf gegen Russland sinnlos ist und nur mit dem Tod enden kann. Die Freiheit und das Überleben Preußens und damit auch ein Stück deutsche Souveränität sind ihm wichtig. Seine Loyalität gegenüber Napoleon basiert auf einem Kontrakt, den sein König unter Zwang unterzeichnen musste und welcher nicht im Sinne des deutschen Volkes ist. York beruft sich bei seinem Verrat also darauf, dass er eben kein Verräter ist. Zumindest verrät er nicht seinen eigentlichen Dienstherren, das Volk. Ähnlich wie Friedrich der Große, der sich als Erster Diener des Volkes sah. So ist auch York als Staatsdiener nur dem obersten Diener und seinem Träger, dem Volk, verpflichtet. Die Verpflichtung gegenüber Napoleon, einem Fremdherrscher, ist für ihn damit nichtig. Eine Loyalität sticht also die andere aus. Obwohl Napoleon theoretisch sein oberster Befehlshaber gewesen wäre, erkennt er dessen Autorität nicht an, da sie nicht mit dem Willen des eigenen Volkes im Einklang steht.

Der preußische König ist zunächst überrascht, sogar ein wenig erbost über die Anmaßung Yorks. Aber dieses Wagnis ist es, welches in Preußen und dann in ganz Europa die Mühlen einer neuen Erhebung anwirft. Beim Bekanntwerden dieses ungeheuerlichen und unerwarteten Bündnisses zwischen preußischen und russischen Soldaten bricht in Norddeutschland und in Ostpreußen eine nationale Widerstandsbewegung hervor, die nur auf diesen Moment gewartet hat. Zar Alexander kann dieses historische Momentum nutzen um Napoleons Truppen aus Russland heraus zu drängen und mit dem preußischen König den alten Bündnisvertrag mit neuem Leben zu erfüllen. Ein Jahr später stehen dann deutsche und russische Soldaten Seite an Seite in der schicksalhaften Konfrontation bei Leipzig.

19:07 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, allemagne, prusse, 1813 | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le grand retour du protectionnisme

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Le grand retour du protectionnisme

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

"Un vent glacial souffle sur le libre-échange", s'inquiète la RTS. Bigre! Le commerce mondial s'est-il effondré? Les marchandises pourrissent-elles au soleil face à des douaniers intraitables? Les commandes par Internet ne passent plus? Les gens sont-ils cloisonnés dans des frontières nationales devenues hermétiques à toute circulation de personnes?

Nous n'en sommes pas là. Un rapide souvenir de la douane de Bardonnex - guère plus qu'un dos d'âne à l'heure actuelle - permet de dissiper le cauchemar. Mais le libre-échange affronte bel et bien des vents contraires, comme s'en émeut ensuite Charles Wyplosz dans une longue interview consécutive au sujet.

L'accélération du monde

Mais le débat est piégé. Même le terme de libre-échange est galvaudé. Initialement, il représentait la libre circulation des marchandises, c'est-à-dire le commerce transfrontalier. Sur cette base historique légitime et paisible du commerce entre sociétés humaines, les apôtres de la disparition des états-nations l'ont étendu à celle des capitaux, des services, des personnes. À une échelle quasiment atomique, tout est devenu équivalent à tout et réciproquement. La rentabilité horaire de l'ouvrier qualifié, qu'il s'éreinte en Inde ou au Brésil. Le prix livré de la tonne d'acier, coulée en France ou en Chine. Le rendement d'un placement dans une compagnie américaine ou japonaise.

Certains se savent hors-course et en conçoivent de l'amertume. D'autres se réjouissent d'être les vainqueurs d'aujourd'hui tout en s'inquiétant de le rester demain. La migration des affaires est source d'incertitude. Entre deux crises financières la turbine économique tourne en surrégime, créant autant de vagues de protestation dans son sillage. Les médias s'attardent avec complaisance sur les groupuscules de casseurs communistes en maraude dans les centres-villes, mais les perdants de la mondialisation sont ailleurs, et bien réels. Les paysans au mode de vie ancestral, les salariés sans qualification, les entrepreneurs prisonniers de législations absurdes ou de la corruption des autorités, les working poors écrasés par l'effet des taxes sur le coût de la vie. Ils ne font pas la une des journaux. Les rares fois où ils sont évoqués, c'est pour donner la parole aux politiciens responsables de leur malheur.

Au capitalisme apatride et fier de l'être s'oppose un courant conservateur rejetant la réduction de l'homme à un agent économique. L'homme n'est pas aussi volage que le capital qui l'emploie ni les produits qu'il conçoit. Il s'inscrit dans une culture, une famille, un héritage, des valeurs. Il ne les sacrifie que rarement au nom de sa prospérité matérielle.

Les libéraux désarmés

Cet aspect du débat sème le trouble au sein des libéraux. Ils ratent le sujet en ne se concentrant trop souvent que sur sa seule dimension économique. Or, chacun n'a pas les ressources, la volonté ou même l'ouverture d'esprit pour se conformer à la nouvelle donne - et encore moins celles de changer son propre pays ou de le quitter. Comme le dit un sage, "Si vous vous affairez à calmer les plaintes d'un affamé en lui expliquant le recul de la faim dans le monde, vous réussirez juste à le rendre furieux."

Les théoriciens libéraux du passé ont apporté des solutions économiques à un monde dans lequel ces problèmes ne se posaient pas. Les délocalisations brutales, les revendications communautaristes, l'assaut migratoire sur les systèmes sociaux n'existaient pas à l'époque de Frédéric Bastiat. Ils sont absents de ses raisonnements élégants mais bien présents de nos jours.

Les libéraux se retrouvent privés d'arguments, ne sachant souvent articuler que des réponses économiques à des problèmes sociaux. Les postulats de base de l'humain libéral doué de raison sont battus en brèche par l'obscurantisme, le prosélytisme, le communautarisme. Face à ces comportements, les libéraux se contentent souvent de prôner la tolérance la plus absolue en fermant les yeux sur l'usage qui en est fait pour détruire la société hôte. Comment s'étonner que le libéralisme perde en influence?

Le protectionnisme, ce vieux compagnon de route

L'inanité économique du protectionnisme a été maintes fois démontrée, il faut le répéter. L'explication est fort simple: les taxes ne sont jamais payées par les producteurs mais in fine par les consommateurs locaux. Les prix surfaits dont ils s'acquittent les prive d'argent pour d'autres activités, d'autres consommations. Les habitants "protégés" par le protectionnisme s'appauvrissent.

En revanche, et c'est aussi avéré, le protectionnisme permet la survie d'entreprises locales qui ne seraient pas économiquement rentables sinon, et avec elles les emplois et les impôts que payent leurs salariés au lieu de les faire pointer au chômage.

Le score entre libre-échange et protectionnisme n'est donc pas si net qu'il y paraît. De nombreux pays comme la Suisse ou le Japon ont d'ailleurs atteint de hauts niveaux de prospérité tout en étant très protectionnistes sur de nombreuses catégories de marchandises, comme les produits alimentaires.

Bien qu'on annonce aujourd'hui son retour, le protectionnisme n'est jamais vraiment parti de nos contrées ; sous les assauts de l'OMC, il s'est déguisé en "normes de qualité" et autres certifications nécessaires à l'importation, l'objectif étant toujours de barrer la route aux produits fabriqués à l'étranger. Dans les mœurs, il est resté fortement ancré sous le prétexte de "consommer local" et "de saison", peu importe la compétitivité des denrées étrangères sur les étals. Même des gouvernements modernes se sont lancés sans vergogne dans le "patriotisme économique".

Les autres aspects du libre-échange moderne ne sont pas en reste: les populations sont violemment hostiles à la concurrence transfrontalière des services. Diverses affaires d'imposition impliquant de grandes entreprises ont éclairé sous un jour négatif l'optimisation fiscale, pour légale soit-elle. Enfin, la crise migratoire européenne a détruit pour de bon toute illusion d'une prospérité basée sur une immigration incontrôlée, au point que plus personne de sérieux n'ose la plaider. Il y a effectivement un mouvement de balancier.

Retour sous les projecteurs

Aujourd'hui, l'élection d'un candidat ouvertement protectionniste comme Donald Trump à la tête d'un pays comme les États-Unis libère aussi la parole sur cet aspect: le bon vieux protectionnisme ressort du bois. Est-ce une mauvaise chose? "Oui", crieront en chœur tous les libéraux. Mais la réponse ne jaillit-elle pas un peu trop vite?

Posons le problème. On le sait, à niveau de prélèvement égal, certains impôts sont plus destructeurs que d'autres, plus nuisibles à l'activité économique en quelque sorte. Qu'en est-il du protectionnisme? Après tout, en quoi un milliard soutiré aux consommateurs à travers des taxes douanières serait pire, ou meilleur, qu'un milliard soutiré aux consommateurs à travers la TVA? L'impôt sur le revenu? Les droits de succession?

Si on élimine le sophisme de base qui a tant servi le protectionnisme en acceptant de l'appeler pour ce qu'il est - un impôt - en quoi ce prélèvement serait-il plus grave que n'importe laquelle des myriades de taxes directes et indirectes que les consommateurs sont appelés à payer dès qu'ils achètent quelque chose? Voilà un thème de recherche passionnant, et bien peu défriché.

Aux États-Unis, Donald Trump promet de baisser les impôts des personnes physiques et morales mais aussi sans doute d'instaurer des taxes d'importation. La combinaison de ces deux changements pourrait durablement changer la physionomie de l'économie américaine sans modifier fondamentalement le niveau des recettes de l'État. L'expérience revêt donc un intérêt colossal pour le monde entier. Son slogan de campagne Make America Great Again dépendra largement de la réussite ou de l'échec de cette réforme fiscale.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 10 janvier 2017