Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 17 février 2009

Racak, massacre trop parfait?

La CIA toujours à la besogne : Racak, le massacre n’était-il pas trop parfait ?

Après Timisoara, après les bébés koweîtiens, après les armes de destruction massive d’Irak, le “massacre” serbe de Racak n’a jamais eu lieu.
Il fut pourtant le prétexte qui a justifié le bombardement de la Yougoslavie.

La Dr Helena Ranta, responsable de l’équipe d’enquêteurs sur le terrain, révèle comment elle a été obligée de confirmer la version officielle d’une sinistre mise en scène.

Helena Ranta, une spécialiste finlandaise de médecine légale de renommée mondiale, âgée de 62 ans, vient de publier sa biographie à Helsinki, écrite avec l’aide de Kaius Niemi, un des directeurs du journal Helsingin Sanomat. Elle était la responsable de l’équipe d’enquêteurs internationaux chargée sur place du rapport sur les événements qui s’étaient déroulés dans le village de Racak, au Kosovo, où 45 cadavres avaient été découverts en 1999. La sinistre trouvaille avait été immédiatement transformée par les médias occidentaux en un massacre de civils albanais attribué aux Serbes, suscitant l’indignation mondiale, et servant de prétexte justificatif du bombardement de la Yougoslavie. Dans son livre, Helena Ranta fait des révélations spectaculaires sur les pressions qu’elle a subies pour accréditer la fausse version de la culpabilité serbe, faisant ainsi voler en éclats un des plus grands mensonges de la guerre dans les Balkans.

Elle y raconte que William Walker, le chef américain de la mission de l’OSCE (1) au Kosovo pendant l’hiver 1998-1999, a brisé son crayon en bois et lancé les morceaux à sa figure, furieux des conclusions de son rapport, qui n’avaient pas utilisé « un langage suffisamment convaincant » à propos des atrocités serbes. Elle y décrit les pressions de trois fonctionnaires du ministère finlandais des Affaires étrangères qui exigeaient d’elle « des conclusions plus approfondies ». « J’ai conservé leurs e-mails », a-t-elle dit à son éditeur à Helsinki.

Une déclaration imposée

En 1999, elle avait été obligée de déclarer à la presse « oui, il s’agit d’un crime contre l’humanité ». Mais le journaliste finlandais Ari Rusila, expert pour les Balkans, écrit dans un article sur le livre d’Helena Ranta que, pendant son enquête, elle avait voulu que ses résultats ne soient en faveur ni des uns ni des autres et avait essayé de se soustraire aux infleunces politiques, mais que, dès le début, elle travaillait sous une intense pression de sa hiérarchie et des médias. Les autorités voulaient qu’elle prouve que les coups de feu ayant tué les victimes étaient les coups de grâce d’une exécution. L’objectif de Walker était d’aider l’UCK (2) et de mettre en scène un massacre attribué aux Serbes permettant l’intervention militaire des Occidentaux, qui s’est produite au printemps 1999.

Ranta précise que le chef à l’époque de la section politique du ministère, Pertti Torstila, aujourd’hui secrétaire d’Etat [du gouvernement finlandais], lui a demandé de retirer de son rapport un commentaire « modérément critique » de la politique du gouvernement. Torstila a démenti cette affirmation en se prétendant « stupéfait ».

L’intérêt de ces révélations est qu’elles confirment de façon définitive des doutes qui se manifestaient déjà à l’époque. Un article du 1er février 2001 de « FAIR » (Fairness & Accuracy in Reporting – Equité et exactitude dans le reportage) fait état du black-out des médias à leur propos. Il revient sur le déroulement des faits.

Un “horrible massacre”

En janvier 1999, William Walker annonce que les soldats serbes ont massacré 45 Albanais du village de Racak. Il qualifie la tuerie d’« horrible massacre », précisant que les victimes étaient toutes des civils, brutalement exécutés, certains d’entre eux même mutilés après leur mort.

Une fois l’histoire du massacre évoquée dans ses plus bouleversants détails par les grands médias du monde entier (3), la poussée vers la guerre s’est intensifiée et les alliés européens hésitants ont fait un pas décisif en ce qui concernait l’autorisation de frappes aériennes. Selon un article du Washington Post du 18 avril 1999, « Racak a transformé la politique balkanique de l’Occident comme peu d’événements isolés ont pu le faire. »

Des doutes font surface

Des questions troublantes ont pourtant vite vu le jour, mettant le massacre en doute et évoquant la possibilité que l’incident ait été manipulé pour pousser l’OTAN à la guerre, mais elles ont été complètement ignorées par les médias américains de l’époque.

Des articles importants de correspondants chevronnés en Yougoslavie s’interrogeant sur la version de William Walker ont pourtant été publiés par des journaux français comme « Le Figaro » (« Nuages noirs sur un massacre », 20/1/99), et « Le Monde » (« Les morts de Racak ont-ils réellement été massacrés de sang-froid », 21/1/99). Le quotidien allemand « Berliner Zeitung » a rapporté, le 13/3/99, que plusieurs gouvernements, dont l’Allemagne et l’Italie, demandaient à l’OSCE de renvoyer William Walker, à la lumière d’informations reçues de contrôleurs de l’OSCE au Kosovo selon lesquelles les corps de Racak « n’étaient pas – comme le prétend Walker – des victimes d’un massacre serbe de civils » mais ceux de combattants de l’UCK tués au combat.

Un rapport occulté pendant deux ans

Le « Sunday Times » de Londres (12/3/99) a écrit que l’équipe d’observateurs américains de Walker travaillait secrètement avec la CIA pour pousser l’OTAN à la guerre. Selon le journal, « Les diplomates européens collaborant à l’époque avec l’OSCE affirment avoir été trahis par une politique américaine rendant les frappes aériennes inévitables. »

Après le massacre, l’Union européenne a embauché l’équipe de scientifiques finlandais dirigée par Ranta pour enquêter sur les morts. Son rapport a été gardé secret pendant deux ans. Les médias US l’ont ignoré, malgré le fait que le rapport ait conclu qu’il y avait eu en effet des morts à Racak, mais qu’il n’y avait aucune preuve de massacre.

Selon le « Berliner Zeitung » du 16/1/01, les enquêteurs finlandais n’ont pas pu établir que les victimes étaient des civils, s’ils étaient de Racak, ni où ils avaient été tués. De plus, ils n’ont trouvé qu’un seul cadavre montrant des traces d’exécution, et aucune preuve que des corps aient été mutilés. Le journal précise que ces conclusions avaient été finalisées en juin 2000, mais qu’elles ont été occultées par l’ONU et l’UE. Aucun journal américain n’en a parlé.

Un second article de « FAIR », daté du 18 juillet 2001, soulève à nouveau des questions.

De nouvelles informations sur l’incident de Racak ont vu le jour.

Des douilles introuvables

Selon le documentaire de la Canadian Broadcasting Company, « La route de Racak » (The World at Six, 29/5/2000), quand l’envoyé spécial du « Figaro » Renaud Girard est arrivé au village, il a été surpris de voir que William Walker n’avait pas isolé la scène du crime pour permettre l’enquête. Il s’est également étonné de ne trouver pratiquement aucune douille sur le sol. « C’était étrange, a-t-il dit à la CBC. Peut-être quelqu’un les avait ramassées. » De retour à Pristina le même jour, il a parlé à son confrère Christophe Chatelot du « Monde » de l’apparente absence de douilles. Chatelot a demandé à l’un des observateurs de Walker, un capitaine de l’armée américaine, pourquoi on n’en avait pas trouvé. « C’est parce que je les ai prises, a répondu le capitaine, j’en fais collection. » Le capitaine « a déclaré à Chatelot qu’il avait ramassé toutes les douilles en arrivant sur la scène. »

Intrigué, Chatelot est retourné à Racak le lendemain. Quand il a essayé de trouver le capitaine américain, celui-ci était « tout à coup introuvable ». Chatelot affirme que la mission de l’OSCE lui a dit : « Nous ne le connaissons pas. Il n’a jamais été ici. » Quand il a demandé à parler aux quatre contrôleurs qui étaient présents à Racak et dans ses environs le jour de la tuerie, on lui a dit que leurs noms étaient subitement devenus un secret « classé confidentiel » « C’est très curieux », a-t-il dit à la CBC.

Des agents de la CIA

Plus tard, il est apparu que l’équipe d’observateurs américains de Walker était en grande partie composée d’agents secrets appartenant à la CIA.

Dans son discours à la nation du 19 mars 1999, annonçant la décision de l’OTAN de lancer les frappes aériennes sur la Yougoslavie, le président Bill Clinton a dit : « Au moment où nous nous préparons à agir, nous devons nous rappeler des leçons apprises dans les Balkans. Nous devons nous souvenir de ce qui est arrivé dans le village de Racak en janvier – des hommes innocents, des femmes et des enfants ont été arrachés à leurs foyers, amenés dans un ravin, forcés à s’agenouiller dans la boue et mitraillés – pas pour quelque chose qu’ils auraient fait, mais simplement pour ce qu’ils étaient. »

Tout récemment, le « Byzantine Blog » (4) a marqué le neuvième anniversaire de l’affaire de Racak en rappelant que le jour de Noël 1993, 49 civils serbes avaient été massacrés dans le village bosniaque de Kravice par des troupes musulmanes basées à Srebrenica, un épisode qui n’a entraîné qu’une prudente condamnation des responsables internationaux, bien loin de l’impitoyable bombardement de 78 jours qui a suivi la mort à Racak de 45 Albanais armés.

Le site en profite pour rappeler quelques détails supplémentaires que nos grands médias ont passé sous silence.

Une brigade sur place de l’UCK

Dès son arrivée sur place, Walker a accusé la police serbe du massacre, alors que c’était une police yougoslave multiethnique qui menait les actions antiterroristes au Kosovo. Ses opérations ont été suivies par les contrôleurs de l’OSCE, deux équipes de télévision étrangères et un grand nombre d’envoyés spéciaux de différents pays : aucun d’entre n’a assisté à un massacre avant que Walker n’en ait vu un. Au début de janvier 1999, le poste de commandement d’une brigade de l’UCK de 126 hommes avait été installé à Racak. Parmi eux se trouvait la famille Mujota, connue pour avoir assassiné six policiers serbes. Les villages environnants de Petrovo, Luzak et Rance étaient sous le contrôle de l’UCK.

Une opération contrôlée par l’OSCE

La police yougoslave a informé la mission de l’OSCE de son intention de lancer un raid anti-terroriste sur le village de Racak. L’action a débuté à 8 heures. Selon Renaud Girard, la police n’avait rien à cacher, puisqu’à 8h30 elle a invité une équipe de TV (deux reporters d’Associated Press) à filmer l’opération. Des membres de l’OSCE étaient présents et des contrôleurs ont observé le village pendant toute la journée à partir d’une vallée voisine.

A 15h, un rapport de la police a été rendu public par le « International Press Center » de Pristina, qui précisait qu’au cours des combats à Racak, 15 terroristes de l’UCK avaient été tués, et qu’une quantité significative d’armes avait été confisquée. A 15h30, les forces de police, accompagnée par l’équipe de TV d’« Associated Press », ont quitté le village, emportant une pièce lourde d’artillerie de calibre 12,7 mm, deux engins d’artillerie portables, deux fusils de snipers et 30 kalashnikovs fabriqués en Chine. A 16h30, un reporter français a traversé le village en voiture, et y a vu trois véhicules oranges de l’OSCE. Les contrôleurs internationaux parlaient tranquillement avec trois adultes albanais en civil. Ils cherchaient des civils éventuellement blessés. En retournant au village à 18h, le reporter les a vus emmener deux femmes et deux vieillards légèrement atteints.

126 terroristes et 4 instructeurs

Au centre du village, dans une maison où avait été installée la base de l’UCK, la police a trouvé un ordinateur contenant des informations sur la brigade de l’UCK et la liste de ses 126 membres, dont faisaient partie quatre personnes avec des noms anglo-saxons, qui ont été considérées comme des instructeurs étrangers.

Quand les policiers yougoslaves ont investi le village, et commencé à sécuriser les routes et les tranchées, ils ont été attaqués par les Albanais à partir du Lake Mountain (Jezerska planina) et des villages avoisinants. Pris sous le feu d’une forte offensive et placés en contre-bas, ils ont dû se replier. C’est alors qu’a eu lieu la grande mise en scène destinée à impressionner le monde entier.

Des cadavres déplacés et rhabillés

Les membres de l’UCK revenus dans Racak ont récupéré dans les ravins et vallons les corps des Albanais tués pendant le combat et les ont rassemblés dans un champ où auparavant il n’y en avait aucun. L’équipe de TV d’AP qui était entrée plus tôt dans le village avec la police a certifié que le champ où on avait empilé les cadavres des victimes soi-disant exécutées était à ce moment vide. Les Albanais ont rhabillé en civils une quarantaine de morts, et ont emmené les autres cadavres en uniforme à Budakovo, où ils les ont probablement enterrés.

Le lendemain matin tôt, Walker est arrivé au champ pour indiquer comment les corps devaient être disposés pour faire croire à un massacre. La mise en place achevée, il a fait venir les équipes de TV et les journalistes. La description détaillée de l’épisode figure dans le livre du reporter Milorad Drecun intitulé « La seconde bataille du Kosovo », au chapitre « Le mensonge de Racak ».

Les frappes “humanitaires”

L’agence « Tanjug » rappelle, à l’occasion de cet anniversaire, que la secrétaire d’Etat US de l’époque, Madeleine Albright, avait dit à CBS que « des dizaines de personnes avaient été égorgées à Racak » et que la seule solution était « des frappes aériennes humanitaires sur la Yougoslavie ».

Dossier préparé par Louis MAGNIN.
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2009...
B. I. n° 138, décembre 2008.
www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=12232

Correspondance Polémia
12/02/09

Notes de la rédaction

(1) L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est un organisme paneuropéen de sécurité dont les 56 Etats participants couvrent une région géographique qui s’étend de Vancouver à Vladivostok.

Reconnue en tant qu’accord régional au sens du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, l’OSCE est un instrument de premier recours pour l’alerte précoce, la prévention des conflits, la gestion des crises et le relèvement post-conflit dans son espace. Son approche unique en matière de sécurité est à la fois globale et coopérative. Elle est globale dans le sens où elle traite des trois dimensions de la sécurité: politico-militaire, économico-environnementale et humaine. (NDLR)

(2) Armée de libération du Kosovo,

(3) Echapper aux emballements médiatiques
http://www.polemia.com/article.php?id=1766

(4) http://infobalkans.blogspot.com/2009/01/les-10-ans-de-laf...

Louis MAGNIN

Source : Polémia

 


 

Article printed from :: Novopress Québec: http://qc.novopress.info

URL to article: http://qc.novopress.info/?p=4779

Obama Menace Dress-Up Doll

00:30 Publié dans Affiches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : obama, etats-unis, humour, satire, caricature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les sortilèges du capitalisme et le réenchantement du monde

capitalism_280x280.jpg

 

Les sortilèges du capitalisme et le réenchantement du monde

Trouvé sur: http://www.polemia.com/ 

Dans le monde moderne, « tout fonctionne et le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement, et la technique arrache toujours davantage l’homme à la terre (*). » écrit Heidegger (« Essais et conférences, la question de la technique »). Le principe de l’arraisonnement du monde s’autoalimente en dispositifs toujours plus techniques.

Kant avait déjà noté que la raison arraisonne. Dans le monde moderne la pensée se trouve coupée en deux, la pensée méditante, de plus en plus réduite, et la pensée instrumentale, de plus en plus envahissante. En d’autres termes, les arts mécaniques supplantent les arts libéraux. Au rationalisme qui calcule, met en coupe réglée le monde, il serait tentant d’opposer l’irrationalisme. Mais ce n’est pas ce dernier qui remédie aux maux du premier. Le problème est moins celui de la prédominance des arts mécaniques sur les arts libéraux que de leur disjonction. Le turbocapitalisme et sa logique financière relèvent plus de la magie que de la raison. C’est du coté du monde arraisonné par la technique marchandisante que se situent les sortilèges, et cela dans un processus qui a été bien été mis en lumière par Philippe Pignarre et Isabelle Stengers dans « La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement » (La Découverte, 2005).

C’est pourquoi le dépassement du capitalisme ne peut se faire que dans et par le même mouvement que celui de dépassement de l’imaginaire de la marchandise, comme l’ont montré  Ludovic Duhem et Eric Verdure (« Faillite du capitalisme et réenchantement du monde, L’Harmattan », 2006). En conséquence tant de l’épuisement des ressources naturelles que, plus encore, de l’impératif de ménager les ressources humaines, Il va peut-être s’agir (« peut-être » car l’histoire est ouverte) de revenir au sens ancien du mot économie, à savoir économiser, comme le montre Bernard Perret (« Le capitalisme est-il durable ? », Carnets nord, 2008).

C’est encore Heidegger qui écrivait dans « Introduction à la métaphysique » (1935) : « Cette Europe qui, dans un incurable aveuglement, se trouve toujours sur le point de se poignarder elle-même, est prise aujourd'hui dans un étau entre la Russie d'une part et l'Amérique de l'autre. La Russie et l'Amérique sont toutes deux, au point de vue métaphysique, la même chose; la même frénésie sinistre de la technique déchaînée, et de l'organisation sans racines de l'homme normalisé.[ souligné par nous] » La disparition de la Russie soviétique comme régime économique et social rend cette réalité du déchainement sans âme de la technique asservie au profit plus nue encore. Il va falloir trouver la voie d’une réconciliation entre la raison et les techniques, hors de la toute puissance de l’argent, du court-termisme, du bougisme et de l’impératif de rentabilité immédiate. Il nous faut retrouver les deux qualités qu’Aristote (« Ethique à Nicomaque ») attribuait aux non-esclaves, les facultés de délibérer et de choisir (« to bouleutikon », la « boulè » est l’unité de base de la démocratie athénienne, c’est l’assemblée qui délibère, assemblée instituée par Solon et Clisthène), et la faculté de prévoir, l’horizon de ce que l’on souhaite (« proairesis ») – les deux étant liées, comme on le comprendra aisément, l’avenir étant fait de prévisions sur des conditions qui nous échappent en partie et d’actes qui modifient l’avenir et ses conditions mêmes.

L’historien des techniques Alain Gras relève la multiplicité des voies techniques possibles et le caractère très contestable de la notion de progrès au sens linéaire du terme. Il explique : « Ma position première est donc anti-évolutionniste y compris sur le plan de la science et de la technique ». C’est peut-être par là qu’il faut commencer.

Pierre Le Vigan
Février 2009
Correspondance Polémia
07/02/09(*) la terre ne s’entend pas au simple sens de l’éloignement du mode de vie rural bien sûr. Il s’agit de quitter le « sol » sur lequel se déploie le propre de l’homme. En ce sens ce n’est pas forcément le cosmonaute qui s’arrache plus à la terre que l’usager de clubs de vacances au bout du monde par exemple.

Pierre Le Vigan

Ode aos soldados do Império

Ex: http://ofogodavontade.wordpress.com/

À memória do soldado desconhecido, caído em combate por todas as Goas do Império, pela pena de Amândio César…

NECROLOGIA PARA UM SOLDADO DA ÍNDIA

Os jornais publicaram nomes,
Muitos nomes,
Não se sabe ao certo quantas linhas de nomes:
O TEU NÃO ESTAVA LÁ!

Eram nomes, muitos nomes,
Não se sabe ao certo quantas linhas de nomes!
Eram milhares de nomes de vivos:
O TEU NÃO ESTAVA LÁ!

Nas linhas, muitas linhas de nomes,
Vinham altas patentes e soldados rasos,
Hierarquicamente e por ordem alfabética:
O TEU NOME NÃO ESTAVA LÁ!

Não! O teu nome não podia estar ali:
Tu morreste em Goa, à vista de Goa,
Que morria quando tu morreste.
Por isso ficaste abandonado e só,
Junto de Goa moribunda.

Tão abandonado e tão só
Como a pistola metralhadora,
Agora inútil,
Agora inútil porque tu morreste
E Goa morreu contigo!

Há-de florir, vermelha,
Uma flor nascida do teu sangue.
As folhas serão verdes
Como a última imagem dos teus olhos baços.

É o último reduto,
Será a última bandeira hasteada em Goa,
Na terra ocupada pelo invasor,
Depois que alguém ergueu ao céu azul
A branca bandeira do medo e da ignomínia!

Não vens na lista de nomes,
Em nenhuma das linhas dos nomes:
O TEU NOME NÃO PODIA ESTAR ALI!

Mas, quando uma jovem manducar
Colher a flor vermelha que sobrou do teu martírio,
Aspirar o perfume solene dessa flor cortada
E perder seus olhos pretos no verde das folhas tenras,
ENTÃO SIM, TU ESTARÁS ALI!

Ali ressuscitado,
Ali vigilante como a sentinela,
Até que tornem os fantasmas dos soldados de Albuquerque
Para castigarem o orgulho sacrílego do invasor.

Tu, anónimo soldado,
Morto na terra escaldante de Goa,
És a imagem do Governador
Que à vista dela morreu.
Tu, sim, és da estirpe de Albuquerque,
Nunca vassalo…

Amândio César, “Não posso dizer adeus às Armas”, A.G.U. 1970, pp64-67

Leibnis, Herder, la tradition romantique

Leibniz.jpg

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1985 

Notions philosophiques de base.


La leçon de Leibniz; les monades:


Prédécesseur de Leibniz, Christian Thomasius (1655-1728), fondateur de l'Université de Halle, développe un sys­tème éthique/philosophique, selon lequel nos croyances doivent être sanctionnées à partir de notre seule intério­rité et non à partir d'une autorité extérieure. L'individu, dans ce système fondé par Thomasius, doit être capable (et donc s'efforcer) de suivre sa propre lumière, sa propre "raison". De cette vision de la nature et de l'agir humains, dé­coule automatiquement un relativisme, donc une acception des différences qui constituent la trame du monde, une acception inconditionnelle du pluriel, de la diversité. Pour Thomasius, son système et ses retombées, comme tout autre espèce de savoir, doit déboucher sur des applications pratiques in vita civilis . Cette figure de l'histoire des idées philosophiques, dont la personne constitue le lien entre la Renaissance et les Lumières, nous lègue ici des principes clairs, une éthique de l'action: la diversité est telle et l'on ne saurait la contourner. De ce fait, nos juge­ments doivent se laisser diriger par une approche relativiste, non mutilante et non réductionniste du monde et des hommes. Ce relativisme doit déboucher ensuite sur un agir respectueux de ces différences qui font le monde. Indubitablement, notre volonté de donner un autre visage à l'Europe, s'inspire de cette démarche vieille de presque trois siècles. Dans notre optique, les Lumières ne constituent nullement un programme rigide, un catéchisme stéré­lisateur, une religion sèche de la Raison (comme avaient voulu l'instaurer les Jacobins français) mais bien plutôt l'attention au monde, le respect des créations spontanées de l'esprit et de l'histoire, la sagesse du jardinier qui har­monise, dans ses parterres, les fleurs les plus diverses... Mais cette attention doit être couplée à une vigilance, une milice spirituelle qui veille à ce que les mutilateurs de toutes obédiences, les réductionnistes de tous acabits ne viennent troubler cette splendide harmonie du monde.


Avec Leibniz, les intuitions de Thomasius, les prolégomènes que ce fondateur de l'Université de Halle a posés, s'affineront. L'orientation rationaliste de sa pensée ne l'a nullement empêché de jeter les bases de la grande syn­thèse organiciste que furent le Sturm und Drang et le Romantisme. Le rationalsime cartésien et spinozien descen­dent, chez Leibniz, au niveau des monades. Celles-ci sont chacune différente: il n'y en a pas deux d'identiques. Et chacune de ces monades acquiert continuellement un "état" nouveau. Leibniz découvre ainsi un devenir constant, un développement incessant de forces et d'énergies intérieures, une continuité ininterrompue. L'état présent d'une monade est le résultat d'un état antérieur et, par suite, tout état présent est gros de son avenir. L'univers de Leibniz, contrairement à celui de Descartes, n'est plus une somme de parties, mais un tout qui déploie ses divers aspects . Le concert international, pour nous, est également une globalité politique qui déploie, sous l'impulsion d'agirs hu­mains, des perspectives, des possibles divers. Cette variété infinie constitue une richesse et notre humanisme veillera à ce que cette richesse ne s'épuise pas. C'est là que s'inscrit la liberté: dans la capacité de déployer collecti­vement un possible original, d'inscrire dans l'histoire une geste unique à côté d'autres gestes uniques. In vita civi­lis , pour reprendre l'expression latine de Thomasius, cette vision implique l'organisation fédéraliste des grands ensembles civilisationnels (chaque monade peut ainsi assumer son devenir sans contraintes extérieures) et le dia­logue fraternel entre les diverses civilisations du globe. Dialogue d'attention et non de prosélytisme mutilant...


Herder: des monades aux peuples


Herder va dépasser Leibniz. De l'œuvre de ce dernier, Herder avait retenu l'énergie interne des monades, génératrice de devenirs spécifiques. Mais, pour Leibniz, chaque monade, activée de l'intérieur, n'avait aucune "fenêtre" exté­rieure, aucune ouverture sur le monde. Leibniz dépassait certes l'atomisme qui voyait des particules sans énergie in­térieure, mais ne concevait pas encore des monades en interaction les unes avec les autres. Cet isolement des mo­nades disparaît chez Herder. Dans sa vision philosophique, chaque unité (un individu ou un peuple) entre en interac­tion avec d'autres unités. Toute individualité singulière ou collective, loin d'être renfermée sur elle-même, dérive la conscience intérieure qu'elle possède d'elle-même de l'extérieur, c'est-à-dire du contact d'avec le monde qui l'entoure. Si ce monde était absent, cette conscience ne pourrait jamais s'éveiller. Herder nous propose ainsi une image du monde où les diverses parties constituantes sont toutes activement liées les unes aux autres au sein d'un réseau dynamique de réciprocité. Cela signifie qu'aucune individualité ne peut, dans l'univers, ni exister indépen­demment du contexte de ses inter-relations ni être comprise comme en dehors de celles-ci. En restant au niveau de développement conceptuel de Leibniz, on risquait de concevoir le concert international comme un ensemble de na­tions repliées sur elles-mêmes et jalouses de leurs petites particularités. On risquait l'albanisation ou, pire, l'incompréhension réciproque. On risquait d'asseoir une image du monde justifiant les nationalismes ou les particu­larismes d'exclusion, les réflexes identitaires de rejet. Et, donc, les bellicismes stériles... Avec Herder, ce risque s'évanouit, dans le sens où la diversité est production hétérogène et incessante d'un fond de monde, rationnelle­ment indéfinissable. Les éléments divers ont pour tâche de mettre en exergue le maximum de possibles, de "colorier" sans relâche le monde, d'échapper sans cesse à la grisaille de l'uniformité. Le respect des identités pos­tule la solidarité et la réciprocité. En termes politiques actualisés, nous dirions que la défense des identités régio­nales, nationales, culturelles, civilisationnelles, etc. exige comme indispensable corollaire la solidarité inter-ré­gionale, internationale, inter-culturelle, inter-civilisationnelle, etc.

L'objectif d'une Europe alternative serait donc de valoriser les peuples avec les productions littéraires, culturelles et politiques qu'ils forgent et de lutter contre l'arasement des spécificités qu'entament automatiquement les sys­tèmes niveleurs, en tout temps et en tout lieu, quelle que soient d'ailleurs leurs orgines et leurs référentiels philo­sophiques ou idéologiques.

La tradition romantique


Le système philosophique de Herder constitue indubitablement une réaction à l'encontre d'un certain despotisme éclairé, qui ne se donnait plus pour objet, comme dans le chef d'un Frédéric II, de défendre un pays en tant que havre de liberté religieuse par tous les moyens militaires modernes, mais un despotisme éclairé, transformé par l'érosion du temps en fonctionnarisme uniformisant, en praxis de mise au pas des libertés locales. Ce despotisme, perçu sous l'angle d'une praxis générale et définitive et non plus comme praxis postulée par l'Ernstfall permanent que vit une société contestataire (la Prusse de Frédéric était le havre des Huguenots et des Protestants de Salzbourg, de bon nombre de "non conformists" britanniques et d'Israëlites, de piétistes) menacée par ses voisines conservatrices, renforce l'autocratie au lieu de l'assouplir et la justifie, en dernière instance, au nom du progrès ou de la raison, se donnant, dans la foulée, l'aura d'un "humanisme". La vision organique de Herder génère, elle, un humanisme radica­lement autre. Le peuple, la population, le paysannat, chez Herder, n'est pas le "cheptel" taillable et corvéable à merci d'une machine étatique, d'un appareil de pouvoir, qui justifie son fonctionnement par référence à la raison mécaniste. L'humanisme herdérien ne nie pas la vie intérieure, le devenir créatif, de cette population, de ce peuple. La substance populaire n'est pas déterminée, dans cette optique, par des ukases venus d'en-haut, promulgués par le pouvoir de l'autocrate ou d'une oligarchie détachée du gros de la population, mais se justifie d'en-bas, c'est-à-dire au départ des phénomènes de créativité littéraire ou scientifique, économique ou religieux que suscite la collectivité, le peuple. En un mot: c'est le Travail global du peuple qui justifie, doit ou devrait justifier, son existence politique ainsi que le mode de fonctionnement qui régirait cette même existence politique.


La tradition romantique procède donc d'un recentrement ontologique, écrit le grand spécialiste français du roman­tisme allemand, Georges Gusdorf. Ce recentrement, Thomasius l'avait déjà tenté, en réfutant toute détermination venue de l'extérieur. Le message démocratique et identitaire du romantisme postule ipso facto un système de repré­sentation impliquant, comme en Suisse, le référendum, la participation directe des citoyens à la défense de la Cité, l'autonomie locale (cantonale, en l'occurrence) et la neutralité armée. Ces pratiques politiques et administratives éliminent les despotismes autocratiques, oligarchiques et partitocratiques, tout en tarissant à la source les vélléités impérialistes, les visées hégémoniques et les chimères conquérantes. En outre, le recentrement ontologique ro­mantique, in vita civilis et à l'âge de l'économisme, signifie une protection du travail local, national (au sens de confédéral) contre les manipulations et les fluctuations des marchés extérieurs. La tradition romantique nous lègue un réflexe d'auto-défense serein et harmonieux qu'oublient, nient et boycottent les idéologies missionnaires et prosélytes qui régentent le monde d'aujourd'hui et colonisent les médias, dans l'espoir d'uniformiser le monde sous prétexte de l'humaniser selon les critères de l'humanisme mécanique. La soif d'alternative passe inmanquablement par un nouveau choix d'humanisme qui, à l'absence de sens observable à notre époque de désenchantement post-moderne (c'est-à-dire postérieur aux séductions actives de l'humanisme mécaniste), reconférera au monde une sura­bondance de sens. Au niveau des individus comme au niveau des individualités collectives que sont les peuples, l'existence n'a de sens que si elle permet le déploiement d'une spécificité ou, mieux, une participation active, con­crète et tangible à la geste humaine totale.

Robert Steuckers.



 

lundi, 16 février 2009

Chauprade porte plainte

CID : Chauprade porte plainte contre Morin pour "discrimination" devant la Cour de Justice de la République

"Aymeric Chauprade, qui a été congédié le 5 février du Collège interarmées de Défense à la suite de la parution d'un texte mettant en doute ce qu'il appelle la "version officielle" des attentats du 11 septembre, estime que le ministre de la Défense Hervé Morin "a commis un acte de discrimination au sens des dispositions des articles 225-1 et 225-2 du Code Pénal qui punit de trois ans de prison le fait de sanctionner autrui pour ses idées". Son avocat, Maître Antoine Beauquier va saisir la Cour de Justice de la République pour obtenir des sanctions à l’encontre du ministre de la Défense.

Se définissant lui-même comme appartenant à la "droite conservatrice", très hostile au courant "néo-conservateur", Aymeric Chauprade affirme que "ses opinions politiques et ses convictions religieuses déplaisaient à Hervé Morin. Croyant plaire à l’entourage du Président de la République, monsieur Morin, qui n’a pas caché que sa décision avait été prise en considération de ce que monsieur Chauprade, de religion catholique, était critique à l’égard de la politique américaine devra répondre de son comportement devant la juridiction compétente" peut-on lire dans un communiqué qu'il publie ce matin. Il ajoute qu'Hervé Morin "a manqué à ses devoirs de ministre, au mépris des principes élémentaires qui gouvernent notre droit public, notamment le droit au débat contradictoire".

Par ailleurs, Chauprade devrait attaquer Le Point en diffamation. La décision du ministre a été prise à la suite de la lecture d'un article de Jean Guisnel sur le site Défense ouverte du Point.fr. Cette affaire devrait également avoir un volet devant le tribunal administratif.

Source

A écouter :
>>> Aymeric Chauprade sur Radio-Courtoisie

La guerre oubliée de l'Amérique contre les banques centrales

La guerre oubliée de l’Amérique contre les banques centrales

Par Mike Hewitt, traduit par Régis Mex pour Mecanopolis / http://www.mecanopolis.org


« Laissez moi décider et contrôler la régulation de la masse monétaire d’une nation, et je me fiche de ce qui fait les lois. »

Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la dynastie de banquiers du même nom

spirit

Beaucoup de personnalités notables américaines telles que Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, et Andrew Jackson se sont élevés contre le système des banques centrales utilisé à travers l’Europe et l’ont combattu.

Un billet issu d’une banque centrale, connu sous le nom de Billet de la Réserve Fédérale, est monnaie courante. Ces billets sont donnés au gouvernement en échange d’intérêts que ce même gouvernement devra rembourser sur la somme empruntée. La première chose qu’il advient généralement est que, pour rembourser ces mêmes intérêts, l’emprunteur demande davantage de créances, ce qui crée un cercle vicieux qui se termine finalement par la destruction totale de la valeur monétaire et la banqueroute de la nation. L’histoire se répète à de nombreuses reprises.

Ceci amène la question de savoir pourquoi un système si pervers existerait ? La raison est que pendant la procédure d’arrangement, qui peut durer des siècles, les banquiers centraux qui créent la monnaie amassent d’impressionnantes fortunes sur la large somme des intérêts collectés. Ce principe est, en essence, un transfert des biens de la majorité à une élite de quelques-uns. Les chefs de gouvernements préfèrent un tel système parce qu’il ne nécessite pas de budgets pour être équilibré. Il est bien plus politiquement pratique d’emprunter, pour ensuite taxer directement les citoyens.

Les effets d’une dévalorisation de la monnaie courante et de l’accumulation de la dette ne sont pas flagrantes, et d’après les mots attribués à Vladimir Lénine par John Maynard Keynes :

“Par un processus contenu d’inflation, les gouvernements peuvent confisquer, secrètement et de manière inobservée, une importante part des biens de leurs citoyens… Il n’y a pas de plus subtil, de plus sûrs moyens de détourner les bases existantes d’une société que la débauche de la stabilité monétaire. Le processus engage toutes les forces cachées des lois économiques du côté de la destruction, et le fait d’une manière que pas un homme sur un million n’est capable de diagnostiquer.” (John Maynard Keynes)

A travers l’histoire des États-Unis, il y a eu une bataille entre les banques centrales et leurs intérêts sur l’emprunt et ceux qui s’y sont opposés. Les États-Unis sont nés du résultat direct de ce combat. Lire la suite de La guerre oubliée de l’Amérique  contre les banques centrales

Par Mike Hewitt, Financial Sense University, traduit de l’anglais par Régis Mex pour Mecanopolis

 

Protectionnisme ou "Déglobalisation"?

zoll.jpg

 

Protectionnisme ou « Déglobalisation » ?

Trouvé sur: http://www.polemia.com 

Que deviennent donc les grandes résolutions prises par le G20 réuni à Washington, le 15 novembre dernier, où les dirigeants des vingt principales puissances mondiales s’étaient engagés à s’abstenir « d’élever de nouvelles barrières aux investissements et au commerce des biens et des services » ? Ayant repris tous en chœur le mot d’ordre du moment, « Le protectionnisme : voilà l’ennemi » (1), où en sont-ils aujourd’hui ?

Au sein de l’Union européenne, la solidarité et la concertation résistent mal à l’ampleur des difficultés économiques que l’on ne mesurait pas dans les premières semaines de la crise et on s’achemine doucement mais sûrement vers le « chacun pour soi : « Chaque Etat est tenté d’agir en fonction de ses spécificités nationales », relève le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.

Sur le plan mondial, on constate le même repli sur soi.

Les Etats-Unis – A tout seigneur tout honneur – envisagent, par exemple, de réexaminer une disposition d'un vaste plan de relance économique protégeant les sidérurgistes nationaux contre les importations d'acier étranger. L'article, perdu dans un projet de près de 650 pages, interdit l'achat de fer ou d'acier étranger pour les projets d'infrastructures que financerait le plan. Par ailleurs, la nouvelle administration Obama s’interroge sur l’opportunité d’une nationalisation des banques.

En Chine, on a déjà assisté, durant les deux dernières années, à plusieurs conflits entre partenaires étrangers et chinois, comme ce fut le cas entre Danone et Wahaha. Récemment, c’est Alstom Transport qui a perdu le marché de la ligne à grande vitesse Pékin-Shanghaï au bénéfice exclusif de fournisseurs chinois. Il en est de même pour les télécommunications ou Coca-Cola ; ce dernier voit suspendre sa négociation engagée avec Huiyan Juice pour le rachat de la firme chinoise. Question : « La Chine va-t-elle favoriser ses champions nationaux en période de crise ? »

Alors, à l’épreuve de la crise, le libre-échange et la globalisation seraient-ils sur la sellette ? De Davos, où régnait un désarroi général, nous vient peut-être une réponse transmise par Frédéric Lemaître, rédacteur en chef du « Monde » (03/02/09) : « La mondialisation est devenue un handicap pour la reprise, et donc la croissance. » Est-ce un hasard si la presse anglo-saxonne parle déjà de « déglobalisation » ? Qu’en est-il ?
Polémia

 Le dilemme de la « déglobalisation »

Le terme est utilisé par Sean O’Grady dans « The Independent » de ce 31 janvier 2009 : « Deglobalisation: What is it ? And why Britain should be scared » (De quoi s’agit-il ? Et pourquoi la Grande-Bretagne devrait-elle avoir peur ?). Le terme désigne évidemment le mouvement inverse de la globalisation, actuellement en cours pour des raisons de protection, de prudence, de protection devant la violence de la crise. Cette situation peut être caractérisée également par la montée du protectionnisme. Mais l’emploi du mot, forgé pour l’occasion, de  « déglobalisation » implique de considérer ce renouveau de protectionnisme comme une mesure qui n’est pas seulement d’occasion, ni de simple réflexe, mais qui suggère un mouvement de mise en cause de la structure et de la philosophie de l’économie du monde, la crise elle-même suggérant cette attitude. Les Britanniques sont particulièrement concernés, et également préoccupés tant leur économie est fondamentalement orientée dans le sens de cette philosophie ainsi mise en péril, au niveau de sa structure même, dans tous les domaines de la vie  nationale.

« La Cité de Londres est un exemple flagrant de main-d’œuvre étrangère et de capitaux circulant librement et, jusqu’à récemment, elle était capable de générer une immense richesse. Mais d’autres services financiers et d’affaires, depuis l’assurance jusqu’à l’expertise, dépendent aussi de ces flux internationaux circulant librement.

« La quasi-totalité de notre fourniture en électricité et de nos services des eaux appartient à des entités allemandes, françaises ou à d’autres d’essence étrangère, un grand nombre de nos banques de la High Street sont entre les mains du groupe espagnol Santander et nos principaux constructeurs automobiles sont japonais, allemands, indiens et américains – et ils exportent 80 pour cent de leur production. Même la poste appartiendra pour moitié aux Hollandais. Il y a aussi Heathrow, un centre de transit international. Le tourisme et les industries créatrices, qui sont le secret de notre prospérité, sont les uns et les autres des affaires mondiales. Regardez aussi les maçons polonais et lituaniens, les arracheurs de pommes de terre, les chauffeurs de taxi nigériens et les infirmières sud-africaines, tous ont fourni un net profit à l’économie britannique. Leur contribution à la baisse du coût de la vie et au maintien de la Sécurité sociale est à peine remarquée et encore moins louée. Sans parler de l’apparition du poulet tikka masala devenu notre plat national. »

Si l’on en revient au protectionnisme, qui est le signe le plus apparent, le plus spectaculaire de la « déglobalisation », il faut savoir qu’il a d’ores et déjà une dimension politique et qu’il interfère d’ores et déjà sur les relations entre l’Europe et les USA de Barack Obama. A cause de cela, on commence déjà à s’interroger sur la réalité de cette énième « lune de miel » entre l’Europe et les USA (…), annoncée bruyamment avec le nouveau président, une grosse semaine après que ce président eut pris ses fonctions. La crise brouille toutes les cartes, et à son rythme, qui est étourdissant.

Les Britanniques, les plus proches des USA, les « cousins » anglo-saxons, sont à nouveau sur le front, cette fois dans l’attaque contre les USA, sur le point précis de la réintroduction d’une forme de « Buy American Act » dans la loi sur le plan de relance (ou stimulus plan) en train d’être discuté à Washington. Le « Business Secretary » (nous laissons le titre dans sa langue originale tant la  traduction en « ministre des Affaires » rend un son étrange) du gouvernement Brown, Lord Peter Mandelson, lance de Davos une critique violente contre Washington et les USA, rapportée par le « Times » de ce même 31 janvier.

« Se livrant à une attaque cinglante contre le plan, Lord Mandelson a déclaré que les projets nationaux consistant dans certains pays à inciter les consommateurs à acheter des produits fabriqués chez eux risquaient sérieusement de déclencher des affrontements dus au commerce protectionniste. “Je comprends pourquoi les gens désirent faire leur propre choix. C’est pourquoi, si on commence ces campagnes “Achetez américain”, ou “Achetez ceci”, ou “Achetez cela”, on court le risque que cela se traduise en de réels obstacles au commerce, ce qui est la dernière chose dont nous avons besoin en économie mondiale”, a-t-il ajouté. » (…)

« Lord Mandelson a condamné ce qu’il a qualifié de démarches protectionnistes naissantes engagées par certains gouvernements au sein de l’Union européenne des 27 nations. “Nous avons créé le marché unique pour soutenir une croissance économique et non pas pour commencer à s’en prendre les uns aux autres.” Toutefois, à Davos, lors d’un important déjeuner des chefs d’entreprise britanniques, il a souligné que la tendance était évidente, non pas seulement en Europe mais dans le monde entier : “Le commerce mondial s’engage cette année vers la régression pour la première fois depuis 1982. Je pense qu’il y a un risque réel que les gouvernements et les affaires voient dans le protectionnisme le remède nécessaire dans ces conditions-là mais pour ce qui concerne la guérison c’est aussi un poison”, a-t-il ajouté. “C’est la leçon que nous devons tirer des années 1930 – des erreurs que nous ne  devons pas réitérer au XXIe siècle”. »

« Lord Mandelson conforte l’avertissement déjà formulé par Gordon Brown au sujet de ce qu’il a appelé le “mercantilisme financier” – une nouvelle tendance des banques à retirer des marchés étrangers des milliards pour les injecter dans leurs bases nationales. »

Il est vrai qu’à Bruxelles, dans les différents milieux européens, la question de la renaissance du protectionnisme est désormais centrale. « A la Commission européenne, nous dit une source européenne, la perception de la crise continue à être étrangement cloisonnée, tant est grande la lourdeur de cette bureaucratie et développée son irresponsabilité politique. Mais la question du protectionnisme est celle par laquelle la grandeur de la crise est en train de pénétrer les esprits. Il y a une crainte immense, presque de la panique, de constater tous les signes de résurgence du protectionnisme, d’abord, bien sûr, aux USA… »

Cette préoccupation a un écho officiel, tel que le rapporte le « EUObserver » le 30 janvier, et cette préoccupation concerne effectivement l’attitude US, le « plan de stimulation » :

« L’Union européenne attend avec beaucoup d’attention de voir si une clause « Achetez américain », relative à l’acier, figurera dans la version finale du Plan de relance américain qui va être signée par Barack Obama, redoutant qu’elle n’affecte les exportations européennes. La clause, obligeant les entrepreneurs à utiliser uniquement de l’acier produit aux Etats-Unis pour leurs programmes de développement financés par le plan de relance de 825 milliards de dollars (630 milliards d’euros) proposé, est incluse dans une version qui a été approuvée par la Chambre des représentants le mercredi 28 janvier. Le Sénat débat du projet de loi en ce moment.

« Lors d’un point de presse de jeudi, le porte-parole, Peter Powel, a déclaré que le commissaire au commerce, Catherine Ashton, suivait de près l’évolution de la situation. “Nous sommes en train d’examiner la situation. … Avant d’avoir un texte définitif … il serait prématuré de prendre position”, a-t-il déclaré. “Mais la seule chose dont nous pouvons être absolument certains, c’est que si un projet de loi est voté qui interdirait la vente ou l’achat de marchandises européennes sur le territoire américain, nous ne resterons pas là à ne rien faire et nous n’en tiendrons aucun compte”, a-t-il pousuivi. »

« Selon la proposition actuelle, l’acier étranger ne pourra être utilisé pour les projets d’infrastructure financés par le plan de relance que dans le cas où le chef du département fédéral décide que l’emploi du seul acier américain augmenterait les coûts de plus de 25%. »

Enfin, et pour compléter notre choix de références, le site « WSWS.org » publiait hier une analyse générale de la situation du domaine, selon  l’appréciation d’une montée générale du « nationalisme économique ». Comme toujours sur ce site, l’analyse bien informée, exposée d’une façon  didactique, comporte également, au niveau du jugement général, les engagements idéologiques qui, dans de telles situations, se rapprochent de l’enfermement du jugement. Il s’agit de condamner aussi bien cette sorte de « nationalisme », évidemment interprété comme une action des classes dominantes nationales, que la structure de libre-échange mise en cause, qui renvoie à la globalisation hyper-capitalistique. Contentons-nous du passage sur l’évolution de la situation US qui est, en l’occurrence, le point central de la question.

La nouvelle administration Obama a encouragé la marée montante du protectionnisme avec les commentaires, la semaine dernière, du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, qui accusait la Chine de jouer avec ses devises pour développer ses exportations. Traiter Pékin de « manipulateur de monnaie » permettrait à la Maison Blanche de faire appel contre la Chine à une large gamme de taxes douanières dissuasives et autres pénalités économiques selon la législation commerciale américaine. »

Les démocrates de la Chambre des représentants sont allés plu loin en incluant mercredi une clause « Achetez américain » dans le plan d’ensemble de relance d’Obama et de ses 825 milliards de dollars approuvé mercredi. La clause, qui exige que les projets d’infrastructure financés par le paquet  n’utilisent que du fer et de l’acier fabriqués aux Etats-Unis, a provoqué des protestations de la part des sidérurgistes européens. Le sénateur démocrate Byron Dorgan propose une plus large mesure visant à exclure le plus grand nombre de produits manufacturés fabriqués à l’étranger au moment où le plan parviendra au sénat (2). »

« De telles mesures menacent de provoquer une escalade de représailles et une guerre du commerce à grande échelle. Dans la revue américaine “Foreign Policy”, un commentateur mettait en garde contre le fait que le “langage explicitement protectionniste” exprimé dans le plan serait “certainement ressenti  comme un mauvais signe par le reste du monde”. Le monde peut traiter avec une Inde ou une Indonésie protectionnistes. Les échanges commerciaux rencontreront  beaucoup plus de problèmes si les Etats-Unis se mettent à renoncer à leur rôle traditionnel de leadership.” »

Les deux mots pour le dire

Il y a un faux affrontement intéressant de mots par ailleurs presque synonymes. S’agit-il de « protectionnisme » ou s’agit-il de « déglobalisation »? C’est une question qui mérite qu’on s’y arrête pour ce qu’elle recouvre – c’est même, en l’occurrence, la seule question qui vaille qu’on s’y arrête.

En général, le procès du protectionnisme est vite fait, d’autant qu’on retrouve dans le rôle du procureur aussi bien les hyper-libéraux à-la-Mandelson que les internationalistes trotskystes. Tout juste se demanderait-on si les jugements ne sont pas de circonstance ; le Royaume-Uni (où se recrutent ces chevaliers du libre-échangisme) ne se priva jamais d’être protectionniste, y compris avec un « grand marché » étendu au Commonwealth, lorsqu’il avait quelque chose à « protéger » ; aujourd’hui, on connaît sa situation… Par conséquent, on réservera une certaine méfiance vis-à-vis des sorties antiprotectionnistes de Mandelson et de Brown – dont, par ailleurs, l’intégrisme capitaliste n’est pas en cause, et pour le plus convaincant des propos (pour rappel, Brown, et non Blair, est désigné parmi les 25 coupables de la crise actuelle par le « Guardian »).

On notera également qu’on ferait bien de relire quelques classiques, pour rappeler, comme l’avait déterminé l’historien Lucien Romier en 1925 (« Qui sera le maître, Europe ou Amérique? »), que le protectionnisme n’est pas un concept qui s’expédie par quelques vitupérations. Romier distinguait le protectionnisme autarcique, établi par une nation pour développer d’une façon jugée en général déloyale sa puissance et prospérer sans interférences, ses caractéristiques la faisant se suffire à elle-même. L’exemple historique est celui des USA durant le « Gilded Age » (1865 jusqu’à la fin du XIXe siècle), époque paradoxalement du capitalisme le plus sauvage de l’histoire  économique, des grandes fortunes, d’un développement industriel tonitruant faisant accéder les USA au rang de grande puissance au début du XXe siècle. L’autre protectionnisme est le « protectionnisme défensif », établi pour protéger l’économie et la nation affaiblies pour telle ou telle cause (crise, défaite militaire, etc.), parce que l’urgence ne laisse souvent guère de choix. C’est le cas aujourd’hui, et c’est un cas bien plus difficile à trancher qu’il n’y paraît, dans les circonstances actuelles. Le problème est en effet que le protectionnisme est vigoureusement condamné au nom de la survivance – ne parlons pas de « renaissance » – d’un système dont il est avéré par ailleurs qu’il a provoqué la crise où nous nous trouvons, par conséquent cause indirecte mais avérée de cette poussée protectionniste…

C’est à ce point où nous passons à la problématique des « deux mots ». S’agit-il aujourd’hui de « protectionnisme » ou de « déglobalisation » ? « Les deux, mon colonel », répond l’expert, finaud. Ce n’est pas faux, on l’a vu, et c’est un dilemme, qui se reflète d’ailleurs dans l’embarras de certains critiques du protectionnisme qui admettent par ailleurs « comprendre » le mouvement de déglobalisation. C’est le cas lorsque Pascal Lamy, qui dirige l’OMC, dit à Davos : « Il est naturel qu’il y ait dans une telle crise une grande demande de protection. Mais cela ne signifie pas qu’il devrait y avoir du protectionnisme » (« It is natural in such a crisis that there is a big call for protection. But that does not mean there should be protectionism »). Traduisons, mais traduisons vraiment, en fonction de la tournure un peu alambiquée, c’est-à-dire gênée aux entournures, des deux phrases : « Un peu de protection c’est naturel, le protectionnisme ce n’est pas bien. ». On se demande qui fera la différence entre « protection » et « protectionnisme », à part le « isme » qui  permet aux éditoriaux du « Financial Times » de paraître vertueux.

Il est vrai que la globalisation est ce mouvement déstructurant, prédateur des identités et des souverainetés, qui a très largement contribué à massacrer les particularismes économiques, les équilibres des nations et des régions, l’équilibre universel de l’environnement ; qui a très largement contribué à massacrer les cultures (dans les deux sens, après tout), les sociétés, etc. ; et ainsi de suite. De ce point de vue, qui est fondamental pour définir la crise, la déglobalisation, dans tous les cas, un peu ou pas mal de déglobalisation, se justifie sinon s’impose, notamment pour lutter contre la crise. Mais la globalisation ne « marche » qu’appuyée sur le libre-échange avec le moins de restriction possible, et pas de restriction si possible, et, par conséquent, le protectionnisme est son grand ennemi ; dito, le  protectionnisme, c’est par conséquent aussi la déglobalisation, – et le tout, si l’on accepte aussi que le protectionnisme est effectivement une menace d’aggravation de la crise, forme un dilemme entre deux appréciations et deux politiques éventuelles, entre lesquelles il est bien difficile de trancher puisqu'il se pourrait bien qu'elles soient semblables.

Au reste, personne ne tranchera. Les directions politiques sont aujourd’hui trop faibles, trop pressées par des menaces terribles, dont celle de troubles politiques devant la catastrophe sociale, pour pouvoir réagir comme il convient aux consignes du système. Le protectionnisme, dans cette atmosphère générale de déglobalisation, est quelque chose dont on voit mal comment il pourra ne pas se  développer, d’une façon ou l’autre, notamment sous le nom de déglobalisation. Les USA mènent la charge, eux qui sont spécialisés dans le domaine de la tromperie à cet égard, grands donneurs de leçons et dénonciateurs du protectionnisme, et mainteneur du protectionnisme chez eux par des moyens variés ; mais, cette fois, bien peu préoccupés du qu’en-dira-t-on, ne dissimulant pas leurs intentions, parce que la maison brûle. Dira-t-on (les puristes de la logique) qu’ils se tirent une balle dans le pied, eux qui ont lancé la globalisation, faux-nez pour l’américanisation ? Qui a dit que la cohérence intellectuelle était la caractéristique du monde civilisé dans les heures que nous  traversons, alors que ce ne fut même pas le cas lorsque tout allait bien ?

Encore une fois, la grande force des choses parlera pour nos élites, empêtrées dans leurs belles idées ornées de fortes pensées conformistes, leurs vanités diverses et leur inclination à prendre leurs intérêts pour le bien public. Nous dépendons d’une mécanique historique qui, elle, ne dépend pas de nous. Il est possible que cette mécanique, qui en a plus qu’assez de nos balourdises, ait choisi la déglobalisation, quitte à passer pour protectionniste.

Le dilemme de la « déglobalisation »

Faits et commentaires
31/01/09
www.dedefensa.org

Correspondance Polémia
05/02/09
(Trad. des citations de presse par RS pour Polémia)

Notes de la rédaction :

(1)   Voir http://www.polemia.com/article.php?id=1817

(2)   Selon une dépêche de l’AFP du 05/02/09 : « Le Sénat américain a assoupli une clause controversée “Buy American” (Achetez américain) du plan de relance économique, un plan dont l'adoption est par ailleurs retardée par l'opposition républicaine alors qu'il est attendu impatiemment par le reste du monde.

Les sénateurs ont voté à main levée pour changer la formulation du texte et stipuler que le plan de relance devra être conforme aux lois et traités commerciaux existants, c'est-à-dire les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). »

Correspondance Polémia

00:30 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : globalisation, protectionnisme, économie, crise, mondialisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Over barbarisme en beschaving

Over barbarisme en beschaving

http://www.n-sa.be/

Over barbarisme en beschavingDe Roemeense schrijver Cioran schreef in zijn Syllogismes de l’amertume dat Hitler gepoogd heeft de beschaving te redden door de barbarij. Een barbaarse poging, maar niettemin de laatste poging in het Westen volgens Cioran. Dat is allicht de reden waarom westerse beschaving en westerse waarden nu het ordewoord zijn van barbaren, die zich ervan bedienen voor politiek en ander gewin. Voor hen geldt: zij verkrachten de beschaving om de barbarij te redden. Nationalisten die zich dit beschavingsdenken eigengemaakt hebben, slaan de bal volledig mis. In de volgende tekst leggen we uit waarom.

Nationaliteit

Het beschavingsdenken herinnert niet meer aan grote namen als Evola, Huizinga, Leontiev of Spengler. De light-versie die nu in Europa opgeld maakt, is zelfs niet eens meer afkomstig uit Europa. Ze dient juist om Europa uit het geheugen van de Europese mensheid te wissen. Sinds de Tweede Wereldoorlog is er een zogenaamde Atlantische of Westerse waardegemeenschap tot stand gekomen. Het Amerikaanse leiderschap is evident, zoals een bekende collaborateur uit de Belgische politieke klasse het zou verwoorden. Dat Amerikaanse leiderschap heeft echter steeds nood aan een vijandbeeld om de heerschappij over “zijn” Westen te bewaren. Door dit vijandbeeld over te nemen trappen vele nationalisten in de val. Ze gaan lijnrecht in tegen wat de kern zou moeten zijn van hun politieke denken en handelen: het begrip nationaliteit. Dat wil zeggen: het behoren tot een (staats)volk. Zo had elke nationalist toch moeten beseffen tijdens de Koude Oorlog dat een “internationaal communisme” een mythe was? De nationaliteit maakte een Russische communist als vanzelf verschillend van een Chinese communist. Albanese, Joegoslavische en Roemeense communisten hebben zich met succes ontworsteld aan het pan-Russische nationalisme dat schuilging achter de officiële ideologie van de USSR. Cambodjaanse en Vietnamese communisten – buurvolkeren! – hebben zelfs de wapens tegen elkaar opgenomen. Het vijandbeeld van een internationaal communisme – het “rode gevaar” – diende vooral het Amerikaanse leiderschap. Want zoals socioloog James Burnham het stelde: “Wie kan na het beluisteren van een Amerikaans radioprogramma een rilling onderdrukken als hij bedenkt dat de enige manier om aan het communisme te ontsnappen is door Amerikaans te worden?”

Traditie

Hetzelfde geldt vandaag ook met betrekking tot de universalistische aspiraties van de meeste wereldreligies. Opnieuw bewijst het onvervalste nationalisme hier de gedegenheid van zijn analyse. We willen religie niet herleiden tot nationaliteit, want dat zou getuigen van een reductionisme en simplisme dat we precies onze tegenstanders verwijten. Dus kunnen we stellen dat de nationaliteit maakt dat een Marokkaanse moslim altijd zal verschillen van een Turkse moslim, dat een Afrikaanse katholiek altijd zal verschillen van een Europese katholiek, enz. Naast nationaliteit kunnen we een tweede element aan onze analyse toevoegen: traditie. Dat wil zeggen: de voorouderlijke overlevering. We moeten daarbij een onderscheid maken tussen moderne en traditionele religies. Traditionele religies erkennen – zoals de naam het aangeeft – naast de (geopenbaarde) heilige boeken ook de traditie als bron van het geloof. Moderne religies verwerpen die traditie, omdat ze die “heidens” vinden. Het protestantse christendom is in die zin dus net zo “modern” als de wahabitische islam. Ook deze moderne belijdenissen moeten echter weer contextueel – in plaats van tekstueel – worden benaderd. Wie deze twee uitgangspunten – nationaliteit en traditie – verloochent, kan niet als nationalist over beschaving of religie of gewoon de wereld spreken.

Strategie

“Beschaving” is de nieuwe sirenenzang van de Amerikaanse strategen. Het is een containerbegrip geworden waarmee de meest uiteenlopende politieke strekkingen kunnen worden gemobiliseerd voor Amerikaanse oorlogen. Voor elke politieke kapel zijn wel redenen te bedenken: oorlog voor de vrede, oorlog voor de vrijheid, oorlog voor de mensenrechten, oorlog voor de democratie, enz. Sinds het einde van de Koude Oorlog hebben de Amerikaanse strategen een nieuwe grondslag gezocht om orde uit de chaos te scheppen. Voor de Amerikaanse strategen moet het Westen de tanende wereldmacht van de VS compenseren. Het Amerikaanse imperium heeft steeds een vijandbeeld nodig. De psychologische oorlogsvoering komt daarbij altijd op hetzelfde neer: de VS zijn de enige verdediging tegen een wereldwijd gevaar. De meest diverse tegenstanders of afvalligen van het imperium worden gebrandmerkt als een “nieuwe Hitler”. Door tegenstanders tot het absolute kwaad te herleiden is ook bij voorbaat elk diplomatiek vergelijk met hen uitgesloten. Ze moeten dus vernietigd worden en liefst zo grondig mogelijk. Denk aan de houding van Israël ten opzichte van Hamas. Deze kruisvaarderretoriek beperkt zich zeker niet tot rechtse pantoffelhelden. Na het wegebben van het oppervlakkige antiamerikanisme onder Bush zullen de linkse haviken ongetwijfeld terugkeren. Vergezocht? Met Obama is ene Brzezinski terug van weggeweest en die laatste heeft Poetin al als “nieuwe Hitler” gebrandmerkt. Het valt dus te verwachten dat het idealisme van de neocons zal moeten wedijveren met het realisme van Brzezinski. Wie zal een “Democratische” oorlog tegen een “Nieuwe Hitler” stoppen? Toch niet de antifascisten? Het doel en het gevolg van al deze kruisvaarderretoriek is dat Europa zal vervreemden van Azië en van alle bondgenoten die het nodig kan hebben om zich van het imperium te bevrijden. Als het de VS zelf goed uitkomt, nemen ze echter een loopje met hun zelfbedachte vijandbeeld van het “groene gevaar”. Denk aan hun steun aan het Kosovaarse en Tsjetsjeense separatisme als pasmunt voor hun eigen steun aan Israël en als pro-Amerikaans bolwerk op strategische punten. Niets nieuws onder de zon. Het farizeïsme van de Amerikaanse strategen heeft hen nooit belet zaken te doen met hun ergste vijanden. Tijdens de Tweede Wereldoorlog noch tijdens de Koude Oorlog en nu evenmin. Want Napoleon wist het al: “Voor Engeland is alles handel. Dus waarom ook niet de vrijheid?”  

Besluit: bevrijdingsnationalisme

De vijandbeelden die de Amerikaanse strategen ons voorhouden, bestendigen onze onderworpenheid aan het Westen en dus aan het Amerikaanse imperium. De vijanden van het Westen zijn niet noodzakelijk onze vijanden, want het Westen is een ideologisch en strategisch concept van vreemde heren. Vereenzelviging met het Westen is vergelijkbaar met het Stockholm-syndroom, waarbij de gegijzelde zich vereenzelvigt met de gijzelaar. Het druist in tegen ons bevrijdingsnationalisme. Het Westen staat niet voor een beschaving, maar voor een groepshegemonie van volksvreemde, volksvijandige liberaalkapitalistische regimes. Het Westen – niet zijn vijanden – is uit op de wereldheerschappij. Verwestersing is globalisering en veramerikanisering. Die wereldheerschappij is al werkelijkheid, zoals de omvang van de financiële crisis nogmaals bewijst. De hele naoorlogse internationale financiële architectuur is immers zo uitgedacht dat de lusten ervan steevast voor de VS zijn en de lasten voor de rest van de wereld. Revolutionaire bevrijdingsnationalisten hebben altijd gestreefd naar internationale bondgenootschappen tegen het Westen. Westersgezinde burgerlijke nationalisten verraden het revolutionaire potentieel dat onze ordewoorden, nationaliteit en traditie, overal ter wereld bieden. Voor de barbaren die in het kosmopolitische, liberaalkapitalistische Westen de beschaving voor het eigen volk ontwaren en die van deze tekst allicht toch alleen maar het begin en het einde gelezen hebben, herhalen wij de beroemde woorden van Clémenceau: “Amerika is het enige land dat op miraculeuze wijze de stap van barbarij naar decadentie heeft gezet, zonder het gebruikelijke intermezzo van beschaving”.


Dakar

00:29 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : civilisation, culture, cioran, réflexions personnelles | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Spengler e la Russia

Spengler e la Russia

ex: http://augustomovimento.blogspot.com



Tra le pagine più interessanti di Spengler (sopra in foto), vi sono proprio quelle dedicate alla Russia, in virtù della sue previsioni, inaspettatamente (all’epoca) confermate dai fatti attuali.

Egli ne parla diffusamente in Prussianesimo e socialismo (cap. 23), ne Il tramonto dell’Occidente (II.iii.2 e 16) e nel saggio Il doppio volto della Russia e i problemi della Germania a Est (in Forme della Politica Mondiale, Ar, 1994). Su Spengler in Russia è pesata l’opinione negativa di Lenin che l’ha cancellato dalla riflessione filosofica sovietica, ma già allora vi furono i primi attenti interpreti: dal sociologo Georges Gurvitch al mistico Nikolai Berdiaev, per non parlare delle opere dei filosofi ottocenteschi Nikolai Danilevsky e Konstantin Leontiev che ne anticipavano il modello ciclico di storia. Negli ultimi vent’anni la riflessione su Spengler è ripresa, anche grazie all’interesse riscosso presso i movimenti eurasiatico e nazionalbolscevico.

La Russia è considerata come una civiltà ancora in gestazione («La natura dei russi è la promessa di una Kultur a venire, mentre le ombre della sera si fanno sempre più lunghe sull’Occidente»), radicalmente diversa dall’Occidente, ed erede piuttosto, attraverso Bisanzio della civiltà araba, ‘magica’, per il suo innato misticismo che unisce a un certo senso dell’infinito, analogo a quello faustiano eppure più tellurico: un’anima da “uomo delle pianure” insomma, un’anima che un occidentale non può capire. Sempre per analogia, Spengler fa il paragone tra il rapporto fra Zivilisation classica e Kultur araba, e il rapporto tra Zivilisation occidentale e Kultur russa. In entrambi i casi, si verifica una “pseudomorfosi”: la Zivilisation decadente impone le proprie forme avanzate e senescenti alla giovane Kultur in fieri, soffocandone in parte lo sviluppo e imprimendole un aspetto non suo. Era stato il caso dell’Impero Romano d’Oriente apparentemente erede di Roma e della Grecia classica, ma in realtà strettamente affine ad arabi, ebrei, siriani, armeni, nestoriani, ecc.

Così è anche il caso della Russia odierna (intendendo con questa formula l’intero Impero Zarista, estendendosi fino ai Balcani e alla Turchia, con Bisanzio come nuova Gerusalemme), che ha subìto due tentativi di occidentalizzazione, dapprima con Pietro il Grande (petrinismo) e poi con Lenin (bolscevismo). Questi tentativi però toccano solo la superficie dell’anima russa, e, anzi, aumentano l’odio dei Russi nei confronti dell’Occidente, un odio simile a quello degli zeloti per Roma. Il suo destino sarebbe quello di collidere con l’Occidente, come era già successo con le guerre tra la Russia e la Francia (Guerre Napoleoniche), l’Austria-Ungheria (Prima Guerra Mondiale), e avverrà contro la Germania (Seconda Guerra Mondiale).

Lo stesso bolscevismo avrebbe il ruolo di spazzare via il petrinismo e poi consumarsi da solo per lasciare spazio alla genuina anima russa. «Premuto dagli istinti della Russia sotterranea contro l’Occidente, il bolscevismo, che aveva assunto inizialmente i tratti del petrinismo, verrà a sua volta cancellato come ultimo prodotto di questo stesso petrinismo, per completare la liberazione interna dall’ “Europa”». Si annuncia così la nascita della Kultur russa, contraddistinta da un terzo cristianesimo (dopo il cristianesimo magico delle origini e il cattolicesimo-protestantesimo faustiano), da un dominio spirituale delle campagne sulla città e da un grande afflato religioso; di tutto questo, categorie occidentali come il panslavismo sono solo la punta di un iceberg.

Questo fu scritto 80 anni prima del crollo dell’Unione Sovietica (e del bolscevismo). Adesso le previsioni di Spengler si sono avverate: la Russia riemerge dal caos della caduta dell’URSS, con una sua nuova forza e un più forte carattere nazionale, autenticamente slavo, riscoprendo la fede ortodossa, riaffermandosi come potenza e muovendo i primi passi verso un impero eurasiatico, guarda a caso proprio nei Balcani (verso la Serbia e il Kosovo) e nel Caucaso (verso l’Abcasia e l’Ossezia), scontrandosi con la potenza occidentale egemone (gli Stati Uniti). Per questo motivo, non siano frettolosi gli esegeti di Spengler nel riconoscere Putin (in foto) come uno dei Cesari dell’Occidente al tramonto: potrebbe essere un Barbarossa o un Giustiniano della nuova Russia che avanza.

Le théâtre futuriste

teatro.jpg

 

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

 

Le théâtre futuriste


Es gibt keinen Hund. Das futuristische Theater. 61 theatralische Synthesen von F.T. Marinetti und Cangiullo, Soggetti, Settimelli, Carli, Boccioni, Buzzi, Balla, Depero, Dessy, Rognoni, Vasari, Nanetti, Janelli, Folgore, Corra, Ginna, Chiti, Calderone, Govoni, Aschieri, Pratella, Fillia und 4 Manifeste, aus dem Italienischen übersetzt und herausgegeben von Brigitte LANDES, München, edition text + kritik, 1989, 223 S., DM 42, ISBN 3-88377-304-2.


Tenant compte du regain d'intérêt pour les futurismes, pour leur revendication d'une «fusion de l'art et de la vie», c'est-à-dire pour l'inclusion dans la sphère artis­tique de la technique, de la vitesse, des bruits de mo­teur, de la dynamique, une romaniste allemande, Bri­gitte Landes, a cru bon d'explorer le lieu par excel­lence des provocations futuristes, le théâtre. Ce théâtre de scènes courtes, de variété, qui finissait toujours en bagarres, avec l'arrivée de la police pour vider les lieux. La couleur, Marinetti l'avait déjà annoncée dès son manifeste du 11 janvier 1911: il faut mépriser le public des premières, ces bourgeois coincés qui arri­vent comme un troupeau pour exhiber leurs femelles coiffées de nouveaux chapeaux. Pour échapper à la banalité, les acteurs doivent être animés du désir de se faire siffler: injures, sifflets, tomates indiquent claire­ment que la pièce n'est pas du rabâchage (B. Landes, pp. 7 à 9). En 1913, Marinetti, dans un nouveau mani­feste, fait l'apologie du théâtre de Variété (cf. B. Landes, pp. 153 à 161) parce que la Variété est sans traditions ni dogmes, purement actuelle. Elle est anti-académique, primitive et naïve. Elle détruit la fausseté festive, le pseudo-sacré, le sérieux ampoulé et le su­blime de carton-pâte. Une nouvelle phase du théâtre futuriste commence en janvier 1915, par un nouveau manifeste co-signé par Marinetti, Corra et Settimelli: c'est le théâtre futuriste et synthétique. Ce manifeste commence par un constat: le théâtre est le mode d'expression culturelle le plus prisé des Italiens. Pour neuf Italiens qui vont au théâtre, un seul lit des bou­quins: il faut donc que le futurisme s'infiltre dans la société par le biais du théâtre. Ce théâtre subversif doit être synthétique, soit excessivement court. D'une du­rée de quelques minutes à peine. Ce que ne compren­nent pas les innovateurs de l'art dramatique de l'époque tels Ibsen, Maeterlinck, Andreïev, Claudel, Shaw. Ce théâtre, ensuite, doit être a-technique, c'est-à-dire rejeter les techniques traditionnelles qui ont conduit l'art dramatique dans la fange du pédantisme et de l'abêtissement. Ce théâtre doit être dynamique et simultané, naître de l'improvisation, de l'intuition qui jaillit comme l'éclair, de l'actualité riche en décou­vertes. Ce théâtre doit être autonome, a-logique et ir­réel, ne rien avoir de commun avec la photographie. En conclusion, ce manifeste de janvier 1915, demande qu'un lien s'établisse enfin entre les acteurs et les spectateurs, inaugurant ainsi les modes d'expression théâtrale contemporains.


En 1921, nouveau manifeste du théâtre futuriste de Rodolfo De Angelis avec la collaboration de Marinetti, Cangiullo, Corra, Carli, Settimelli, Prampolini, De­pero, Tato, Casavola, Mix, Bragaglia, Scrivo, Bella­nova. C'est le théâtre futuriste de la surprise, pré­voyant la farce provocatrice dans la salle: vente d'une même place à plusieurs personnes pour provoquer al­garades, injures, gifles et bagarres; badigeonnage de sièges avec de la glu pour ajouter à la pièce proprement dite le spectacle de la fureur d'un bourgeois; les mauvaises places coûtent cher, les bonnes places sont bradées pour presque rien. La provocation et l'in­ter­pellation des spectacteurs y atteignent leur comble.


Brigitte Landes complète ces quatre manifestes d'une anthologie de pièces futuristes.


Robert Steuckers.