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dimanche, 26 octobre 2014

Jean-Michel Vernochet à propos de l’Ukraine : conférence et interview

 

 

C’est avec grand plaisir que le Cercle des Volontaires a pu rencontrer et interviewer Jean-Michel Vernochet, à l’occasion de la conférence « La Russie face à l’OTAN », organisée ce mois-ci par l’association « France – Russie- Convergence », à Saint Gély du Fesc près de Montpellier.

 

Cet ancien grand reporter au Figaro magazine et membre de l’académie de géopolitique retrace dans son dernier livre « Ukraine, l’engrenage » (sorti chez Sigest) l’émergence du conflit ukrainien, déclenché essentiellement par l’expansionnisme américain via l’OTAN, et sa confrontation de plus en plus ouverte aux puissances émergentes que représente la Russie et la Chine en vue d’instaurer son Nouvel Ordre Mondial.

 

Ukraine l'engrenageAutant dire que nous avons ici a faire à un livre d’une grande qualité, puisqu’il parvient à expliquer la réalité géopolitique actuelle,sans entrer dans des simplifications réductrices, et tout en restant facile d’accès grâce a un style clair et agréable .

 

La dislocation des nations européennes, l’abandon du dollar, la guerre des ressources, la résistance de Poutine, le jeu des alliances, et surtout, la cascade d’événements qui ont eu lieu en Ukraine dès novembre 2013, tous les liens de causalité sont décrits, remis dans leur contexte global et expliqué en détail.

 

Un livre à ne pas rater si vous souhaitez parfaire vos connaissances en géopolitique.

 

Théo Canova

 

 

 

Voici notre interview (05’48) :

 

 

Voici la conférence « La Russie face à l’OTAN », et les questions du public (01h21) :

 

 

Les égarés

L’outil indispensable pour qui veut comprendre les crimes commis par les djihadistes d’Irak et du Levant. Ouvrage qui contient des informations inédites sur les alliances secrètes entre le sionisme, le wahhabisme et l’ultracapitalisme et leurs sources messianiques communes.

 

La Russie restera l’une des régions privilégiées pour le groupe Total

 

La Russie restera l’une des régions privilégiées pour le groupe Total

La Russie restera l’une des régions privilégiées pour le groupe Total

Par Eugène Zagrebnov

Ex: http://french.ruvr.ru

Par La Voix de la Russie | En pleine révision de la stratégie, la société pétrolière française devrait poursuivre sa collaboration avec Moscou, malgré le changement de direction.

Ce serait dommage si Total abandonne ses projets en Russie. Telle est l’opinion d’Olivier Appert, président de l’IFP Nouvelles énergies.

« C’est un enjeu tout à fait majeur, dont peut rêver toute compagnie pétrolière », confie-t-il dans un entretien accordé au quotidien Les Echos. « Je n’imagine pas que le successeur de Christophe de Margerie ne chausse pas ses bottes ».

Une collaboration qui remonte à la fin des années 1990

Cela fait déjà 15 ans que Total a des activités en Russie. Et à partir de 2007, lorsque Christophe de Margerie est devenu PDG, la Russie s'est transformée en une région clé pour le géant pétrolier français. En 2013 la production pétrolière de Total en Russie a augmenté de 16% par rapport à l’année précédente. Et il s'agit de la région la plus dynamique parmi toutes les activités étrangères de la société.

En Russie, Total participe notamment dans un projet d'exploration et de construction d’une usine de production du gaz naturel liquéfié (GNL) en collaboration avec le producteur russe de gaz naturel NOVATEK sur la péninsule du Yamal et la mise en valeur du gisement pétrolier de Khariaguinskoïé (district autonome de Iamal-Nenets) ensemble avec le groupe norvégien Statoil, le groupe russe Zaroubejneft et la Société pétrolière Nenetskaïa. La société détient également 20% dans le projet GNL au Yamal. L’usine de production du GNL avec une capacité de 16,5 millions de tonnes devrait être mise en service vers 2018-2019.

Les sanctions imposées par l’Union européenne contre la Russie ont sensiblement freiné la réalisation du projet au Yamal. Et Total a arrêté pour la même raison l’acquisition des titres de NOVATEK, arrêtant l'achat à 18% au lieu des 20% prévus.

Christophe de Margerie s’opposait fermement aux sanctions européennes, mais le groupe Total était obligé de céder et respecter la loi lorsque les sanctions ont été adoptées. Selon les experts, sous le son successeur, Patrick Pouyanné, cette collaboration avec Moscou va se poursuivre.

La stratégie de Total est orientée sur l’augmentation de la production, et l’une des régions, où la société peut réaliser cette stratégie – c’est la Russie, explique au quotidien économique Vedomosti l’analyste de Sberbank CIB Valeri Nesterov.

Le groupe pétrolier en pleine révision de stratégie

Le décès du PDG de Total dans un accident d’avion survient au moment, où une révision de la stratégie du groupe a été lancée. En se fixant un programme ambitieux d’accroissement de la production de pétrole (jusqu’à 3 millions de barils par jour en 2017), Total fait actuellement face à des retards dans la réalisation des projets et des augmentations de coûts. C’est pourquoi Christophe de Margerie avait annoncé des économies cumulées de 4 milliards d’euros sur les années 2015-2017, et une cession de 10 milliards de dollars d’actifs sur la même période. Et pour garantir la croissance au cours de ces trois années à venir, le groupe devrait se concentrer sur la réalisation des projets qui sont en cours, et notamment ceux qui ont été lancés en Russie, conclut Ahmed ben Salem, analyste du cabinet Oddo&Cie.

Le président du parti Solidarité et Progrès Jacques Cheminade espère qu’en perspective, le groupe pétrolier français pourra étendre cette coopération Est-Ouest.

« Malgré les sanctions occidentales, Total a toujours coopéré avec les autorités russes dans un esprit d’intérêt mutuel », précise-t-il dans une déclaration publiée sur son site. « J’espère que cette coopération s’étendra, dans la perspective d’une détente, d’une entente et d’une coopération avec la Russie, en ne se laissant pas détourner de cette politique par les pressions venues des gouvernements anglais et américain actuels, et de l’oligarchie financière qui les contrôle ».
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2014_10_23/La-Russie-restera-l-une-des-regions-cles-pour-le-groupe-Total-7796/

samedi, 25 octobre 2014

Collaboratie: a never ending story

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Door: Karl Drabbe

Collaboratie: a never ending story

Vlaanderen is al langer in het reine met zijn collaboratieverleden. Franstalig België moet daar nog aan beginnen. Historici zijn het daarover eens. Nu de politici nog.

U moet de oefening eens doen. Het aantal boeken en studies optellen over Vlaamse collaboratie en accommodatie tijdens de Tweede Wereldoorlog en die aan Franstalige kant. U weze gewaarschuwd; u zou verrast kunnen zijn van het gigantische onevenwicht.

In de jaren 1970 – in de slipstream van de Leuvense hoogleraar nieuwste geschiedenis Lode Wils vooral en wat men zijn ‘Leuvense School’ zou noemen – nam het aantal werken over die donkere periode uit de geschiedenis van Vlaanderen in het algemeen, de Vlaamse Beweging in het bijzonder, toe. De televisieprogramma’s van Maurice De Wilde en de boeken die in het verlengde van de reeks werden uitgegeven zorgden voor een extra duw in de rug. Honderden thesisstudenten geschiedenis, en ook politieke en communicatiewetenschappen studeerden af op ‘collaborationistische’ onderwerpen in Vlaanderen.

Het heeft niet alleen geholpen Vlaanderen een volwassen omgang met zijn verleden te geven. Het onverwerkt verleden – zoals Luc Huyse dat noemde in zijn baanbrekende studie over de naoorlogse repressie – raakte beetje bij beetje beter verwerkt. Dat de generatie ‘getroffenen’ stilletjesaan uitdoofde heeft daar ongetwijfeld ook bij geholpen.

En het gaat zelfs verder. Het inzicht dat de werken van Lode Wils, Louis Vos, Bruno De Wever, Harry Van Velthoven, de hele ploeg van de Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging (NEVB) en het redactieteam van het kwartaaltijdschrift Wetenschappelijke tijdingen (op het gebied van de geschiedenis van de Vlaamse en Groot-Nederlandse beweging) zorgden voor het verwerken, zelfs afschudden van een verleden dat als geschiedenis dient te worden behandeld. Niemand in Vlaanderen doet vandaag nog aan politiek met de feiten van toen in het achterhoofd. Dat was met de eerste generaties in de Volksunie wel anders – de partij is in feite begonnen als een amnestiepartij, voorgezeten door Frans Vander Elst, gestuurd vanuit een Gentse gevangenis door oud-VNV-leider Hendrik Jozef Elias, ook een historicus trouwens.

Voortschrijdend inzicht

Dat inzicht heeft er in 2000 voor gezorgd dat Frans Jos Verdoodt, toen nog voorzitter van het met eigen handen opgerichte Archief en Documentatiecentrum voor het Vlaams-Nationalisme – onlangs werd hij er na 30 jaar opgevolgd door Dirk Rochtus – namens de georganiseerde democratische Vlaamse Beweging een ‘historisch pardon’ uitsprak. Dat was op de IJzerbedevaart  van 2000. Kort daarop verscheen ook het essay Voorwaarts maar niet vergeten. Op dat moment bestond de N-VA nog niet. De Volksunie stond op de vooravond van de kladderadatsch.

Nog maar een drietal weken geleden vierde het ADVN – dat mee de professionalisering van de Vlaams-nationale geschiedschrijving in de hand werkte – zijn dertigjarig bestaan in het Antwerpse Atheneum. Een keure van Vlaamse historici nam er plaats en ging in debat met ook de Amsterdamse prof Joep Leerssen en de Franstalige historica Chantal Kesteloot.

Twee democratieën – twee historiografieën

Het ging ook die avond over de verdiensten van Lode Wils en Maurice De Wilde en initiatieven als ADVN, Wetenschappelijke tijdingen (waarvan de ‘geprofessionaliseerde’ versie – 25 jaar – binnenkort gevierd wordt in het Gentse KANTL) en de NEVB. Chantal Kesteloot moest er zelf – letterlijk – toegeven dat ‘wij net als de Franse historici de historische aandacht onderbelichtten in Wallonië’. Het lijkt een kromzin uit een gesprek tussen zes eminente academici. Maar dat is het niet. In het gesprek ging het verder over de verwijdering in de historiografie – zeg maar de wetenschappelijke geschiedschrijving – tussen noord en zuid. Met inderdaad het opvallende verschil in omgang met het collaboratieverleden in beide deelstaten. Kilometers publicaties in het noorden, met focus op het eigen ‘foute verleden’. In het zuiden … amper aandacht. En als Franstalige/Waalse collaboratie aan bod komt, zijn het Britten die het doen (Martin Conway over Rex of Jonathan Trigg over Oostfronters). De focus – de fixatie, zoals Joep Leerssen dat diezelfde avond noemde – voor de Tweede Wereldoorlog is niet enkel Vlaams, ook in Nederland leeft die. Maar in Wallonië, neen. Daar niet. Dus ook op vlak van historisch wetenschappelijk onderzoek: twee culturen, twee leefwerelden.

Meer zelfs: in datzelfde debat bestond ook de consensus dat de wetenschappelijke geschiedschrijving van Waalse Beweging en wallingantisme in het algemeen nog in de kinderschoenen stond. Niet alleen is er nog amper aandacht voor, wat er tot dusver is gepubliceerd is mager. Heel mager. Oud-minister en historicus Hervé Hasquin (MR) is de grote uitzondering op de regel. En in die historiografie is al amper aandacht voor collaboratie – in welke mate ook – of accommodatie tijdens de Tweede Wereldoorlog en al helemaal niet voor de repressie nadien.

Chantal Kesteloot nam tijdens dat debat spreekwoordelijk haar hoed af voor ‘de professionalisering van de geschiedschrijving van de Vlaamse Beweging’ voor dewelke ze vol ‘bewondering’ is. ‘Aan Waalse kant is men nooit zo ver gegaan.’ En inderdaad, de verdienstelijke Encyclopédie du Mouvement wallon is van het gehalte van de eerste Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, toen een initiatief van brave flaminganten die de geschiedenis  van hun cultuur- en emancipatiebeweging wilden ontsluiten. Niet elke stuk daarin was even correct historisch benaderd. Dat verwijt geldt nu ook voor de Encyclopédie, en neen, geen historicus die die stelling niet deelt.

Welk debat?

Met dit alles in het achterhoofd kijk ik nu terug op het ‘debat’ (debacle zou beter klinken) van de voorbije paar dagen. Vlaamse Beweging en Vlaams-nationalisme wordt door een schare Franstalige politici en opiniemakers – daar politiek garen bij spinnend – op één hoop gegooid. Was dat lang geleden zeg! Nochtans dat de partijpolitieke emanatie van dat Vlaams-nationalisme bij monde van zijn voorzitter Bart De Wever – broer van – eerder al duidelijk afstand had genomen van de hoger al ruim aan bod gekomen onverkwikkelijke periode uit ‘onze’ geschiedenis. Waarom daar nu op terugkeren? Politique politicienne, meer niet.

Ik wentel me in het besef dat de Vlaamse publieke opinie al veertig, bijna vijftig jaar bekend is met de feiten zoals ze zicht stelden, en tot dusver bekend zijn. Lode Wils’ eerste baanbrekende én tegelijk ophefmakende, want confronterende werk ter zake was Flamenpolitik en Aktivisme. Dat gaat dan wel over de Eerste Wereldoorlog, maar was even onaangenaam voor (een deel van) de Vlaamse Beweging. Het boek is onlangs serieus herschreven en geactualiseerd, de originele stelling alleen verder onderbouwd. Kort – en zoals het onder studenten in Leuven werd samengevat: het politieke Vlaams-nationalisme (mét koppelteken, dat is niet onbelangrijk, maar stof voor een ander stuk), is geboren nadat de Vlaamse maagd op het altaar van een katholieke kerk werd verkracht door een Duitse soldaat met Pickelhaube.

Fout, fouter …

Ja, de Vlaamse beweging is fout geweest. Een héél groot deel. In de Eerste Wereldoorlog was die in bezet gebied vrijzinnig en vaak zelfs uitgesproken links-socialistisch. In de Tweede Wereldoorlog én katholiek (VNV en zijn satellieten) én vrijzinnig (DeVlag) met de meest extreme uitwassen denkbaar, en niet altijd ‘voor outer en heerd’, maar soms ook uit avontuur, als uitlaatklep, voor de sociale promotie.

Ja, de Vlaamse beweging heeft haar fouten erkend. Ik verwijs opnieuw naar het historisch pardon en het essay Voorwaarts maar niet vergeten.

Ja, Bart De Wever heeft dit eerder al erkend, en een paar dagen terug nog Jan Jambon – ocharme de man, in de jaren 1990 zaten de satellieten van het Vlaams Blok op zijn kop omdat hij zijn kinderen niet naar het VNJ wilde te sturen want ‘te rechts’, en nu dit weer ...

Maar kunnen we deze non-discussie nu eens achter ons laten? De excuses zijn er. De duizenden breed verspreide en makkelijk toegankelijke historische werken over de betreffende periodes zijn algemeen bekend.

Het is nu maar wachten tot er in Francofonië een debat zou beginnen over de eigen, altijd – tot op vandaag – weggemoffelde geschiedenis. Boeken over het eigen collaboratieverleden moeten maar eens door Franstalige Belgen worden geschreven, het moeten niet altijd Britten of Vlamingen zijn. Onder het motto ‘wat we zelf doen, doen we beter’, zou de gemeenschap bezuiden de taalgrens ook eens in het reine kunnen komen met het eigen – vergeten, onverwerkte – verleden. Zwijgen is niet verwerken. Zwijgen is niet de fouten uit het verleden erkennen. Zwijgen is ontwijken 

Nochtans, het baanbrekende werk van Luc Huyse en Steven Dhondt over de repressie toonde het al aan: de repressie was absoluut niét au fond anti-Vlaams. Wie de cijfers nuchter bekijkt, ziet behoorlijk wat dossiers in het Franstalige deel van dit land. De meerderheid van de 242 gefusilleerden waren Franstalig. Dat zijn feiten.

In Vlaanderen hebben we fouten erkend, de bladzijde omgeslagen. Wie dat (vandaag) niet doet, speelt bewust een onkies politiek spel tot eigen profijt. Ik kijk met belangstelling uit naar het debat in het zuiden.

Mag het politieke debat dan nu terug over iets gaan?

@Karl_Drabbe 


Aanvulling dd. 17 oktober - Ik had naast Vos, Wils, Van Velthoven, De Wever natuurlijk ook de namen kunnen/moeten noemen van Nico Wouters, Frank Seberechts, Olivier Boehme, Marnix Beyen, Antoon Vrints, Pieter Jan Verstraete en zovele andere verdienstelijke historici.

¿Un nuevo desorden geopolítico en Rusia?

 

Por Dr. Alberto Hutschenreuter*

Ex: http://www.elespiadigital.com

En Rusia la expresión “desórdenes” alude a situaciones o períodos de disputas de poder y crisis internas que sucedían casi en simultáneo con amenazas provenientes del exterior. Se registran los años finales del siglo XVI y comienzos del siglo XVII como el inicio del “período de los desórdenes” o “tumultos”, cuando, tras la muerte de Iván IV el Terrible, el país cayó en la anarquía, sobrevino una etapa de hambruna, al tiempo que tropas polacas ocuparon Moscú.


La simultaneidad de crisis internas y externas es acaso una de las “regularidades” que distinguen a Rusia de otros actores, e incluso quizá se podría afirmar que dicha situación fue, en parte, la que mantuvo a Rusia en un estado de lateralidad en relación con los procesos que ocurrieron en Europa y que fueron centrales para su “modernización” (más allá de las observaciones o reservas que puedan realizar importantes pensadores rusos contemporáneos, por caso, Nicolás Danilevsky, acerca de ese fenómeno europeo).


Las amenazas provenientes del exterior no solamente implicaron “desórdenes” en Rusia, sino que determinaron una marcada “sensibilidad” en relación con el espacio nacional.
En su obra “El drama ruso”, la experta Hélène Carrère d’Encausse sostiene que en gran parte la historia de Rusia se puede explicar desde la violencia ejercida desde el poder: “los momentos en que no se asesina son paréntesis muy breves en Rusia”. Pero más allá de esta particularidad trágica que sin duda modeló la conciencia de los rusos, acaso la historia de Rusia también puede ser recorrida desde la percepción de inseguridad o tragedia geopolítica que casi ininterrumpidamente experimentó el poder.


A primera vista Rusia se destaca por su vastedad territorial sin igual, condición que hace de este actor un singular Estado-continental. Sin embargo, dicha vastedad geográfica ha implicado una fatalidad geopolítica prácticamente insalvable.


En su reciente y pertinente trabajo “La venganza de la geografía”, el estadounidense  Robert Kaplan nos recuerda que la inseguridad es el sentimiento ruso por excelencia; y esa inseguridad está relacionada con lo que aparenta ser un activo mayor del poder nacional de Rusia: el territorio.


Las concepciones geopolíticas tradicionales consideran que los poderes preeminentes continentales que no cuentan con grandes espacios marítimos u oceánicos como amparo frente a otros poderes desarrollan una fuerte percepción de inseguridad. En este sentido, a diferencia del espacio territorial de Estados Unidos guarecido en la seguridad que siempre le proporcionaron los océanos, el espacio netamente terrestre de Rusia, es decir,  sin mares que lo preserven, siempre implicó para este país una debilidad que afectó su condición de inexpugnable, propia de la profundidad territorial.


El almirante Alfred Mahan fue uno de los geopolíticos que como nadie supo advertir esta situación geopolítica rusa que combinaba al mismo tiempo fortaleza y debilidad: en efecto, Rusia era un poderío terrestre sin igual, pero se encontraba rodeado por poderes marítimos que no solamente podían contener sus pulsos expansionistas, sino adentrase desde sus vulnerables periferias.


Desde esta singularidad geopolítica, de “poder ser atacada desde todos lados” según la observación de un geopolítico británico, Rusia históricamente sólo conservó dos opciones: conquistar o ser conquistada, opciones que, siguiendo al célebre experto estadounidense del poder naval, obligaron a los zares a asumir una permanente posición defensiva que no implicaba una actitud estática frente al invasor, sino el despliegue o adelantamiento preventivo a fin de preservar la supervivencia del Estado.


Esta condición o singularidad geopolítica de Rusia implica una situación de “desorden geopolítico” muy presente a lo largo de la historia del país, y que se extiende hasta la fecha. Sin considerarla es imposible abordar el conflicto actual en Ucrania, como así concluir que una resolución del mismo bajo términos en los que las reservas geopolíticas de Rusia no sean consideradas significará, lisa y llanamente, el fracaso de Putin; o, para decirlo de otro modo, el capítulo final de la victoria de Occidente en la Guerra Fría (algo así como una “victoria II”, tras la “victoria I” de 1991).

 

En efecto, si finalmente Ucrania fuera alcanzada por la cobertura política-militar de la OTAN, que jamás dejó de considerar a Rusia como un posible nuevo reto, Putin será a Rusia lo que fue Gorbachov a la Unión Soviética: el responsable de su fracaso, habiendo sido ungido para evitarlo; aunque, claro, no estaremos ahora en una situación de desplome y desaparición de un país como en 1991, sino ante una situación en la que Rusia vuelva a quedar geopolíticamente indefensa, aislada y con amenazas inmediatas en su frontera Oeste, prácticamente como lo estaba en el 1600.


De predominar este escenario, Rusia habrá sufrido otro revés o “desorden geopolítico de escala”, como sufriera la Rusia zarista ante Japón a principios del siglo XX; como la Rusia del “soviet” en 1917 en Brest Litovsk ante Alemania; como en 1941 cuando Hitler puso en marcha “la ambición geopolítica del siglo”, es decir, un plan para convertir a Rusia en su “espacio vasallo”; o como en los años setenta, cuando la notable expansión soviética global careció de las necesarias bases de sustentación económica, situación que fue decisiva para la continuidad de la URSS como superpotencia; o, finalmente, como en 1991, cuando la desaparición de la Unión Soviética produjo una alteración en el mapa mental de los rusos, no solamente por dejar de existir su país, sino por la extraordinaria contracción de las fronteras en el Este, el Sur y el Oeste, fenómeno que recreó la tradicional sentido de inseguridad geopolítica rusa.


Un escenario semejante difícilmente implique estabilidad para el orden interestatal. No sólo se tratará de un “nuevo desorden geopolítico” en Rusia, sino un desorden a escala regional y global que será muy difícil de reparar.

 

*Académico – Analista Internacional

The Ukraine, Corrupted Journalism, and the Atlanticist Faith

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The Ukraine, Corrupted Journalism, and the Atlanticist Faith
 

The European Union is not (anymore) guided by politicians with a grasp of history, a sober assessment of global reality, or simple common sense connected with the long term interests of what they are guiding. If any more evidence was needed, it has certainly been supplied by the sanctions they have agreed on last week aimed at punishing Russia.

One way to fathom their foolishness is to start with the media, since whatever understanding or concern these politicians may have personally they must be seen to be doing the right thing, which is taken care of by TV and newspapers.

In much of the European Union the general understanding of global reality since the horrible fate of the people on board the Malaysian Airliner comes from mainstream newspapers and TV which have copied the approach of Anglo-American mainstream media, and have presented ‘news’ in which insinuation and vilification substitute for proper reporting. Respected publications, like the Financial Times or the once respected NRC Handelsblad of the Netherlands for which I worked sixteen years as East Asia Correspondent, not only joined in with this corrupted journalism but helped guide it to mad conclusions. The punditry and editorials that have grown out of this have gone further than anything among earlier examples of sustained media hysteria stoked for political purposes that I can remember. The most flagrant example I have come across, an anti-Putin leader in the (July 26) Economist Magazine, had the tone of Shakespeare’s Henry V exhorting his troops before the battle of Agincourt as he invaded France.

One should keep in mind that there are no European-wide newspapers or publications to sustain a European public sphere, in the sense of a means for politically interested Europeans to ponder and debate with each other big international developments. Because those interested in world affairs usually read the international edition of the New York Times or the Financial Times, questions and answers on geopolitical matters are routinely shaped or strongly influenced by what editors in New York and London have determined as being important. Thinking that may deviate significantly as can now be found in Der Spiegel, the Frankfurter Allgemeine Zeitung, Die Zeit and Handelsblatt, does not travel across German borders. Hence we do not see anything like a European opinion evolving on global affairs, even when these have a direct impact on the interests of the European Union itself.

The Dutch population was rudely shaken out of a general complacency with respect to world events that could affect it, through the death of 193 fellow nationals (along with a 105 people of other nationalities) in the downed plane, and its media were hasty in following the American-initiated finger-pointing at Moscow. Explanations that did not in some way involve culpability of the Russian president seemed to be out of bounds. This was at odds right away with statements of a sober Dutch prime minister, who was under considerable pressure to join the fingerpointing but who insisted on waiting for a thorough examination of what precisely had happened.

The TV news programs I saw in the days immediately afterwards had invited, among other anti–Russian expositors, American neocon-linked talking heads to do the disclosing to a puzzled and truly shaken up audience. A Dutch foreign policy specialist explained that the foreign minister or his deputy could not go to the site of the crash (as Malaysian officials did) to recover the remains of Dutch citizens, because that would amount to an implicit recognition of diplomatic status for the “separatists”. When the European Union en bloc recognizes a regime that has come into existence through an American initiated coup d’état, you are diplomatically stuck with it.

The inhabitants and anti-Kiev fighters at the crash site were portrayed, with images from youtube, as uncooperative criminals, which for many viewers amounted to a confirmation of their guilt. This changed when later reports from actual journalists showed shocked and deeply concerned villagers, but the discrepancy was not explained, and earlier assumptions of villainy did not make way for any objective analysis of why these people might be fighting at all. Tendentious twitter and youtube ‘news’ had become the basis for official Dutch indignation with the East Ukrainians, and a general opinion arose that something had to be set straight, which was, again in general opinion, accomplished by a grand nationally televised reception of the human remains (released through Malaysian mediation) in a dignified sober martial ceremony.

Nothing that I have seen or read even intimated that the Ukraine crisis – which led to coup and civil war – was created by neoconservatives and a few R2P (“Responsibility to Protect”) fanatics in the State Department and the White House, apparently given a free hand by President Obama. The Dutch media also appeared unaware that the catastrophe was immediately turned into a political football for White House and State Department purposes. The likelihood that Putin was right when he said that the catastrophe would not have happened if his insistence on a cease-fire had been accepted, was not entertained.

As it was, Kiev broke the cease-fire – on the 10th of June – in its civil war against Russian speaking East Ukrainians who do not wish to be governed by a collection of thugs, progeny of Ukrainian nazis, and oligarchs enamored of the IMF and the European Union. The supposed ‘rebels’ have been responding to the beginnings of ethnic cleansing operations (systematic terror bombing and atrocities – 30 or more Ukrainians burned alive) committed by Kiev forces, of which little or nothing has penetrated into European news reports.

It is unlikely that the American NGOs, which by official admission spent 5 billion dollars in political destabilization efforts prior to the February putsch in Kiev, have suddenly disappeared from the Ukraine, or that America’s military advisors and specialized troops have sat idly by as Kiev’s military and militias mapped their civil war strategy; after all, the new thugs are as a regime on financial life-support provided by Washington, the European Union and IMF. What we know is that Washington is encouraging the ongoing killing in the civil war it helped trigger.

But Washington has constantly had the winning hand in a propaganda war against, entirely contrary to what mainstream media would have us believe, an essentially unwilling opponent. Waves of propaganda come from Washington and are made to fit assumptions of a Putin, driven and assisted by a nationalism heightened by the loss of the Soviet empire, who is trying to expand the Russian Federation up to the borders of that defunct empire. The more adventurous punditry, infected by neocon fever, has Russia threatening to envelop the West. Hence Europeans are made to believe that Putin refuses diplomacy, while he has been urging this all along. Hence prevailing propaganda has had the effect that not Washington’s but Putin’s actions are seen as dangerous and extreme. Anyone with a personal story that places Putin or Russia in a bad light must move right now; Dutch editors seem insatiable at the moment.

There is no doubt that the frequently referred to Moscow propaganda exists. But there are ways for serious journalists to weigh competing propaganda and discern how much veracity or lies and bullshit they contain. Within my field of vision this has only taken place a bit in Germany. For the rest we must piece political reality together relying on the now more than ever indispensable American websites hospitable to whistleblowers and old-fashioned investigative journalism, which especially since the onset of the ‘war on terrorism’ and the Iraq invasion have formed a steady form of samizdat publishing.

In the Netherlands almost anything that comes from the State Department is taken at face value. America’s history, since the demise of the Soviet Union, of truly breathtaking lies: on Panama, Afghanistan, Iraq, Syria, Venezuela, Libya and North Korea; its record of overthrown governments; its black-op and false flag operations; and its stealthily garrisoning of the planet with some thousand military bases, is conveniently left out of consideration. The near hysteria throughout a week following the downed airliner prevented people with some knowledge of relevant history from opening their mouths. Job security in the current world of journalism is quite shaky, and going against the tide would be almost akin to siding with the devil, as it would damage one’s journalistic ‘credibility’.

What strikes an older generation of serious journalists as questionable about the mainstream media’s credibility is editorial indifference to potential clues that would undermine or destroy the official story line; a story line that has already permeated popular culture as is evident in throwaway remarks embellishing book and film reviews along with much else. In the Netherlands the official story is already carved in stone, which is to be expected when it is repeated ten-thousand times. It cannot be discounted, of course, but it is based on not a shred of evidence.

The presence of two Ukrainian fighter planes near the Malaysian airliner on Russian radar would be a potential clue I would be very interested in if I were investigating either as journalist or member of the investigation team that the Netherlands officially leads. This appeared to be corroborated by a BBC Report with eyewitness accounts from the ground by villagers who clearly saw another plane, a fighter, close to the airliner, near the time of its crash, and heard explosions coming from the sky. This report has recently drawn attention because it was removed from the BBC’s archive. I would want to talk with Michael Bociurkiw, one of the first inspectors from the Organization for Security and Cooperation in Europe (OSCE) to reach the crash site who spent more than a week examining the wreckage and has described on CBC World News two or three “really pock-marked” pieces of fuselage. “It almost looks like machine gun fire; very, very strong machine gun fire that has left these unique marks that we haven’t seen anywhere else.”

I would certainly also want to have a look at the allegedly confiscated radar and voice records of the Kiev Air Control Tower to understand why the Malaysian pilot veered off course and rapidly descended shortly before his plane crashed, and find out whether foreign air controllers in Kiev were indeed sent packing immediately after the crash. Like the “Veteran Intelligence Professionals for Sanity”, I would certainly urge the American authorities with access to satellite images to show the evidence they claim to have of BUK missile batteries in ‘rebel’ hands as well as of Russian involvement, and ask them why they have not done so already. Until now Washington has acted like a driver who refuses a breathalyzer test. Since intelligence officials have leaked to some American newspapers their lesser certainty about the American certainties as brought to the world by the Secretary of State, my curiosity would be unrelenting.

To place European media loyalty to Washington in the Ukraine case as well as the slavish conduct of European politicians in perspective, we must know about and understand Atlanticism. It is a European faith. It has not given rise to an official doctrine, of course, but it functions like one. It is well summed up by the Dutch slogan at the time of the Iraq invasion: “zonder Amerika gaat het niet” (without the United States [things] [it] won’t work). Needless to say, the Cold War gave birth to Atlanticism. Ironically, it gained strength as the threat from the Soviet Union became less persuasive for increasing numbers among European political elites. That probably was a matter of generational change: the farther away from World War II, the less European governments remembered what it means to have an independent foreign policy on global-sized issues. Current heads of government of the European Union are unfamiliar with practical strategic deliberations. Routine thought on international relations and global politics is deeply entrenched in Cold War epistemology.

This inevitably also informs ‘responsible’ editorial policies. Atlanticism is now a terrible affliction for Europe: it fosters historical amnesia, willful blindness and dangerously misconceived political anger. But it thrives on a mixture of lingering unquestioned Cold War era certainties about protection, Cold War loyalties embedded in popular culture, sheer European ignorance, and an understandable reluctance to concede that one has even for a little bit been brainwashed. Washington can do outrageous things while leaving Atlanticism intact because of everyone’s forgetfulness, which the media do little or nothing to cure. I know Dutch people who have become disgusted with the villification of Putin, but the idea that in the context of Ukraine the fingerpointing should be toward Washington is well-nigh unacceptable. Hence, Dutch publications, along with many others in Europe, cannot bring themselves to place the Ukraine crisis in proper perspective by acknowledging that Washington started it all, and that Washington rather than Putin has the key to its solution. It would impel a renunciation of Atlanticism.

Atlanticism derives much of its strength through NATO, its institutional embodiment. The reason for NATO’s existence, which disappeard with the demise of the Soviet Union, has been largely forgotten. Formed in 1949, it was based on the idea that transatlantic cooperation for security and defense had become necessary after World War II in the face of a communism, orchestrated by Moscow, intent on taking over the entire planet. Much less talked about was European internal distrust, as the Europeans set off on their first moves towards economic integration. NATO constituted a kind of American guarantee that no power in Europe would ever try to dominate the others.

NATO has for some time now been a liability for the European Union, as it prevents development of concerted European foreign and defense policies, and has forced the member states to become instruments serving American militarism. It is also a moral liability because the governments participating in the ‘coalition of the willing’ have had to sell the lie to their citizens that European soldiers dying in Iraq and Afghanistan have been a necessary sacrifice to keep Europe safe from terrorists. Governments that have supplied troops to areas occupied by the United States have generally done this with considerable reluctance, earning the reproach from a succession of American officials that Europeans do too little for the collective purpose of defending democracy and freedom.

As is the mark of an ideology, Atlanticism is ahistorical. As horse medicine against the torment of fundamental political ambiguity it supplies its own history: one that may be rewritten by American mainstream media as they assist in spreading the word from Washington.

There could hardly be a better demonstration of this than the Dutch experience at the moment. In conversations these past three weeks I have encountered genuine surprise when reminding friends that the Cold War ended through diplomacy with a deal made on Malta between Gorbachev and the elder Bush in December 1989, in which James Baker got Gorbachev to accept the reunification of Germany and withdrawal of Warsaw Pact troops with a promise that NATO would not be extended even one inch to the East. Gorbachev pledged not to use force in Eastern Europe where the Russians had some 350,000 troops in East Germany alone, in return for Bush’s promise that Washington would not take advantage of a Soviet withdrawal from Eastern Europe. Bill Clinton reneged on those American promises when, for purely electoral reasons, he boasted about an enlargement of NATO and in 1999 made the Czech Republic and Hungary full members. Ten years later another nine countries became members, at which point the number of NATO countries was double the number during the Cold War. The famous American specialist on Russia, Ambassador George Kennan, originator of Cold War containment policy, called Clinton’s move “the most fateful error of American policy in the entire post-cold-war era.”

Historical ignorance abetted by Atlanticism is poignantly on display in the contention that the ultimate proof in the case against Vladimir Putin is his invasion of Crimea. Again, political reality here was created by America’s mainstream media. There was no invasion, as the Russian sailors and soldiers were already there since it is home to the ‘warm water’ Black Sea base for the Russian navy. Crimea has been a part of Russia for as long as the United States has existed. In 1954 Khrushchev, who himself came from the Ukraine, gave it to the Ukrainian Socialist Republic, which came down to moving a region to a different province, since Russia and Ukraine still belonged to the same country. The Russian speaking Crimean population was happy enough, as it voted in a referendum first for independence from the Kiev regime that resulted from the coup d’état, and subsequently for reunification with Russia.

Those who maintain that Putin had no right to do such a thing are unaware of another strand of history in which the United States has been moving (Star Wars) missile defense systems ever closer to Russian borders, supposedly to intercept hostile missiles from Iran, which do not exist. Sanctimonious talk about territorial integrity and sovereignty makes no sense under these circumstances, and coming from a Washington that has done away with the concept of sovereignty in its own foreign policy it is downright ludicrous.

A detestable Atlanticist move was the exclusion of Putin from the meetings and other events connected with the commemoration of the Normandy landings, for the first time in 17 years. The G8 became the G7 as a result. Amnesia and ignorance have made the Dutch blind to a history that directly concerned them, since the Soviet Union took the heart out of the Nazi war machine (that occupied the Netherlands) at a cost of incomparable and unimaginable numbers of military dead; without that there would not have been a Normandy invasion.

Not so long ago, the complete military disasters of Iraq and Afghanistan appeared to be moving NATO to a point where its inevitable demise could not to be too far off. But the Ukraine crisis and Putin’s decisiveness in preventing the Crimea with its Russian Navy base from possibly falling into the hands of the American-owned alliance, has been a godsend to this earlier faltering institution.

NATO leadership has already been moving troops to strengthen their presence in the Baltic states, sending missiles and attack aircraft to Poland and Lithuania, and since the downing of the Malaysian airliner it has been preparing further military moves that may turn into dangerous provocations of Russia. It has become clear that the Polish foreign minister together with the Baltic countries, none of which partook in NATO when its reason for being could still be defended, have become a strong driving force behind it. A mood of mobilization has spread in the past week. The ventriloquist dummies Anders Fogh Rasmussen and Jaap de Hoop Scheffer can be relied upon to take to TV screens inveighing against NATO member-state backsliding. Rasmussen, the current Secretary General, declared on August 7 in Kiev that NATO’s “support for the sovereignty and territorial integrity of Ukraine is unwavering” and that he is looking to strengthen partnership with the country at the Alliance’s summit in Wales in September. That partnership is already strong, so he said, “and in response to Russia’s aggression, NATO is working even more closely with Ukraine to reform its armed forces and defense institutions.”

In the meantime, in the American Congress 23 Senate Republicans have sponsored legislation, the “Russian Aggression Prevention Act”, which is meant to allow Washington to make the Ukraine a non-NATO ally and could set the stage for a direct military conflict with Russia. We will probably have to wait until after America’s midterm elections to see what will become of it, but it already helps provide a political excuse for those in Washington who want to take next steps in the Ukraine.

In September last year Putin helped Obama by making it possible for him to stop a bombing campaign against Syria pushed by the neocons, and had also helped in defusing the nuclear dispute with Iran, another neocon project. This led to a neocon commitment to break the Putin-Obama link. It is hardly a secret that the neoconservatives desire the overthrow of Putin and eventual dismemberment of the Russian Federation. Less known in Europe is the existence of numerous NGOs at work in Russia, which will help them with this. Vladimir Putin could strike now or soon, to preempt NATO and the American Congress, by taking Eastern Ukraine, something he probably should have done right after the Crimean referendum. That would, of course, be proof of his evil intentions in European editorial eyes.

In the light of all this, one of the most fateful questions to ask in current global affairs is: what has to happen for Europeans to wake up to the fact that Washington is playing with fire and has ceased being the protector they counted on, and is instead now endangering their security? Will the moment come when it becomes clear that the Ukraine crisis is, most of all, about placing Star Wars missile batteries along an extensive stretch of Russian border, which gives Washington – in the insane lingo of nuclear strategists – ‘first strike’ capacity?

It is beginning to sink in among older Europeans that the United States has enemies who are not Europe’s enemies because it needs them for domestic political reasons; to keep an economically hugely important war industry going and to test by shorthand the political bona fides of contenders for public office. But while using rogue states and terrorists as targets for ‘just wars’ has never been convincing, Putin’s Russia as demonized by a militaristic NATO could help prolong the transatlantic status quo. The truth behind the fate of the Malaysian airliner, I thought from the moment that I heard about it, would be politically determined. Its black boxes are in London. In NATO hands?

Other hindrances to an awakening remain huge; financialization and neoliberal policies have produced an intimate transatlantic entwining of plutocratic interests. Together with the Atlanticist faith these have helped stymie the political development of the European Union, and with that Europe’s ability to proceed with independent political decisions. Since Tony Blair, Great Britain has been in Washington’s pocket, and since Nicolas Sarkozy one can say more or less the same of France.

That leaves Germany. Angela Merkel was clearly unhappy with the sanctions, but in the end went along because she wants to remain on the good side of the American president, and the United States as the conqueror in World War II does still have leverage through a variety of agreements. Germany’s foreign minister, Frank-Walter Steinmeier, quoted in newspapers and appearing on TV, repudiated the sanctions and points at Iraq and Libya as examples of the results brought by escalation and ultimatums, yet he too swings round and in the end goes along with them.

Der Spiegel is one of the German publications that offer hope. One of its columnists, Jakob Augstein, attacks the “sleepwalkers” who have agreed to sanctions, and censures his colleagues’ finger-pointing at Moscow. Gabor Steingart, who publishes Handelsblatt, inveighs against the “American tendency to verbal and then to military escalation, the isolation, demonization, and attacking of enemies” and concludes that also German journalism “has switched from level-headed to agitated in a matter of weeks. The spectrum of opinions has been narrowed to the field of vision of a sniper scope.” There must be more journalists in other parts of Europe who say things like this, but their voices do not carry through the din of vilification.

History is being made, once again. What may well determine Europe’s fate is that also outside the defenders of the Atlanticist faith, decent Europeans cannot bring themselves to believe in the dysfunction and utter irresponsibility of the American state.

 

Karel van Wolferen is a Dutch journalist and retired professor at the University of Amsterdam. Since 1969, he has published over twenty books on public policy issues, which have been translated into eleven languages and sold over a million copies worldwide. As a foreign correspondent for NRC Handelsblad , one of Holland’s leading newspapers, he received the highest Dutch award for journalism, and over the years his articles have appeared in The New York Times , The Washington Post , The New Republic , The National Interest , Le Monde , and numerous other newspapers and magazines.

UPDATE 2: Scott Horton has a podcast interview of Karel van Wolferen regarding his article at: http://scotthorton.org/interviews/2014/08/15/081514-karel-van-wolferen/

L’Ungheria guarda ad Oriente (e al South Stream)

 

L’Ungheria guarda ad Oriente (e al South Stream)

Sia il Presidente che la sua principale opposizione sono d’accordo su quella keleti fordulat (svolta ad Oriente), grazie alla quale gli ungheresi potrebbero ricostruire un sistema agricolo e industriale invidiabile nel panorama est-europeo. L’Ungheria si appresta a dare ascolto alla parola d’ordine di Pál Teleki, geografo e primo ministro magiaro dal 1920 al 1921 e dal 1939 al 1941: Keletre, magyar! A oriente, Ungherese!
 
 
Ex: http://www.lintellettualedissidente.it
 

A pochi giorni dalle elezioni ungheresi, che hanno visto una netta riconferma della fiducia dell’elettorato in Fidesz (al governo nella maggioranza delle contee), si assiste all’eterno ritorno delle polemiche sull’amato presidente Viktor Orban. Già lo scorso 26 settembre aveva fatto discutere la notizia dell’interruzione del transito di gas dal Paese magiaro verso l’Ucraina, dopo l’accordo del governo ungherese con la compagnia russa Gazprom. Motivo ufficiale era stato l’aumento della domanda interna, che non avrebbe permesso alla compagnia ungherese Fgsz l’esportazione di risorse energetiche verso il vicino pari a 6,1 miliardi di metri cubi all’anno, non pochi in tempo di visite del Generale Inverno. Gli ucraini della Neftogaz avevano replicato con disappunto che “una decisione del genere va contro i principi base di un mercato unico europeo dell’energia”. Ma con Orban non si scherza: ha dimostrato spesso di anteporre le necessità dello Stato a quelle dell’Unione europea e del suo abietto mercato, riformando la Banca Centrale Ungherese (tuttora statale), rifiutandosi di entrare nell’Eurozona e combattendo a suon di leggi «contro i burocrati che vogliono comandare in casa d’altri».

Gli accordi con Gazprom e l’aumentata tensione con gli Stati Uniti – dopo che lamministrazione Obama ha negato il visto per gli States a sei funzionari magiari, sospettati di corruzione – sono coevi all’agognata distensione dei rapporti con la Federazione Russa. Nei mesi scorso Viktor Orban non aveva fatto attendere il suo disappunto verso quella «zappata sui piedi» delle sanzioni europee contro Mosca. La Commissione economia del Parlamento, guidata dal parlamentare Antal Rogan, parlamentare di Fidesz, ha presentato un emendamento a una legge energetica nazionale che – come riportato il 22 ottobre dall’agenzia TMNews, riprendendo il giornale economico online Portfolio.hu – permetterebbe la costruzione del gasdotto South Stream, nonostante il blocco imposto dall’Ue.

Lo «Stato-Fidesz», come titolava dopo le ultime elezioni il Népszabadság, il giornale della sinistra ungherese, prosegue nella direzione indicata da Viktor Orban e condivisa da Jobbik, il partito di destra radicale che attualmente tiene lo scettro dell’opposizione. Gábor Vona, leader di Jobbik, ha mostrato da una parte interesse verso l’euràzsianizmust (eurasiatismo) e la Russia di Putin, dall’altra la consapevolezza che la «fascia turanica», estesa dall’Ungheria alla Cina, sia oggi uno scacchiere geopolitico di importanza mondiale, attraverso il quale l’Ungheria potrebbe giocare mosse intelligenti per smarcarsi dall’Unione europea e dagli odiati burocrati[1]. In breve, sia il Presidente che la sua principale opposizione sono d’accordo su quella keleti fordulat (svolta ad Oriente), grazie alla quale gli ungheresi potrebbero ricostruire un sistema agricolo e industriale invidiabile nel panorama est-europeo. L’Ungheria si appresta a dare ascolto alla parola d’ordine di Pál Teleki, geografo e primo ministro magiaro dal 1920 al 1921 e dal 1939 al 1941: Keletre, magyar! A oriente, Ungherese!

[1] Claudio Mutti, “A oriente, Ungherese!”, “Eurasia”, 3/2012, pp.201-204.

 

jeudi, 23 octobre 2014

L’Europe plutôt que l’Etat islamique ?

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LA FORET PLUTÔT QUE LE DÉSERT
 
L’Europe plutôt que l’Etat islamique ?

Laurent Mercoire
Ex: http://metamag.fr

Ernest Renan, opposait le désert à la forêt, l’envie d’absolu résultant des cultures monothéistes à la nature plus ouverte des cultures polythéistes. Or, ce sont deux religions éprises d’absolu qui s’affrontent cet automne 2014 en Orient, où les droits de l’homme défendus par l’Occident prétendent s’opposer à un intégrisme prôné par l’Etat islamique [EI]. Oui, deux religions, car la curieuse alliance construite par les Etats-Unis [USA] avec certains Etats arabes n’est que de circonstance. Si les USA ont des intérêts dans une région où ils ont introduit un certain désordre depuis la Seconde guerre mondiale, l’Europe en a peut-être moins. Les USA n’ont guère de population musulmane, n’appartiennent pas au même hémisphère que l’Europe (Western Hemisphere est le terme désignant le continent américain), et ils se tournent vers le Pacifique. L’impact de leur action en Orient se fera d’abord sentir en Europe, raison pour laquelle l’Union européenne [UE], ainsi que son Haut-Représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, devraient avoir une attitude autre qu’un simple suivisme basé sur l’émotion et la vassalité.


Guerre préventive ou intervention  punitive ?

La guerre menée par les USA (Operation Inherent Resolve) a été déclenchée pour deux raisons : préserver une unité irakienne en état de réanimation avancée (objectif politique) et protéger des minorités menacées par le nouvel EI (Responsability to Protect ou R2P). Quelques décapitations ont émotionnellement renforcé la caution morale d’une intervention dirigée contre des ennemis qualifiés de Barbares. Notons au passage la différence de perception existant aux USA, si on compare l’exécution de citoyens américains, mais appartenant à un pays devenu l’ennemi de l’EI après les premiers bombardements en Irak, aux centaines de victimes civiles, provoquées par Israël lors de la destruction d’objectifs dans la bande de Gaza. Utiliser la modernité de l’arme aérienne, sans risque pour l’attaquant, contre un ennemi qui en est dépourvu, renforce l’archaïsme de ce dernier, ne lui laissant que l’arme du terrorisme basée sur le sacrifice, aspect particulièrement étudié dans un ouvrage récent à lire absolument.


Le premier motif, défendre l’unité de l’Etat irakien est du ressort des USA, qui portent la responsabilité exclusive de son organisation actuelle et du désordre qui y règne. Même si l’Etat islamique ne peut prendre Bagdad, croire en la survie de l’Etat irakien dans sa forme actuelle est faire preuve de beaucoup d’optimisme. En 2003, certains Etats de l’Union européenne n’étaient guère favorables à l’intervention américaine ; aujourd’hui, des unités militaires missionnés par des pays de l’UE sont associées aux combats. Le second motif, défendre les membres persécutés des religions minoritaires est sans doute un devoir, mais sa nature est mal définie : intervient-on au profit de civils menacés, ou de pratiquants d’une religion chère à l’Europe ? Dans le second cas, l’image même du Croisé occidental légitime la guerre menée par l’EI, et encourage le recrutement de combattants fondamentalistes. Si l’UE a désigné l’EI comme un ennemi, elle peut en retour être légitimement perçue comme tel par les Musulmans, dont beaucoup appuient la création d’un Etat islamique sur le fond, même si la majorité n’en partage pas certains excès quant à la forme.

L’Europe réclame aujourd’hui l’universalité des droits de l’homme, tels qu’ils ont été définis par elle-même, et veut les diffuser si nécessaire par la force, exactement comme elle a autrefois diffusé le christianisme. Mais au final, quel est le droit, quelle est la légitimité dont dispose l’Europe pour définir ce qui est bien, ou ce qui est mal ? La réponse à cette question détermine la nature de la guerre menée, par la force contre le droit, ou par le droit contre le mal, alternative très éloignée des conceptions de Clausewitz ou de Bismarck ; pas de Realpolitik ici…


Un double-jeu de la plupart des acteurs régionaux

La Turquie (77 millions d’habitants) préférerait restaurer un califat à Istanbul plutôt qu’à Mossoul. Son président Erdoğan est doté du même profil, et de la même compétence, que le président russe Poutine, cimentant son peuple autour d’une vision politico-religieuse. Non seulement Ankara est en conflit avec son importante minorité kurde, mais toutes les confessions ne sont pas officiellement reconnues en Turquie, particulièrement celle pratiquée par les Alevis. En clair, la Turquie préfèrerait à sa frontière Sud un Etat islamiste mais sunnite, et en aucun cas un régime affilié au chiisme comme l’est celui des Alaouites de Syrie, ou pire, un Etat kurde contrôlé par le Parti syrien de l’union démocratique [PYD]. Au total, la Turquie se satisfait de voir le PYD décimé par l’EI, et n’interviendra en Syrie que pour créer une zone servant de base à des opposants combattant le régime alaouite. Jeu de dupes vraiment, car l’Occident qui semblait hésiter après avoir dénoncé la répression féroce d’Assad, devra peut-être céder aux pressions des ennemis du régime, s’il veut maintenir son alliance contre l’EI.


Les Etats sunnites du Golfe persique (30 millions d’habitants dans la seule Arabie saoudite) veulent assurer leur sécurité intérieure, contre les Frères musulmans qui n’y sont guère aimés, et extérieure, contre l’Iran chiite, honni tout comme le Hezbollah ; ils financent avec l’argent du pétrole les mouvements islamistes. Certes, depuis que l’EI revendique une expansion territoriale sur la péninsule arabique, leurs gouvernants hésitent, car il existe une différence entre wahhabisme et salafisme. Pour simplifier le premier autorise plusieurs Etats conformes à la charia, comme la royauté saoudienne, alors que le second ne se reconnait que dans un califat, donc un seul Etat islamique. Vouloir former dans ces pays intégristes des forces militaires de l’armée syrienne libre [ASL] conformes aux canons de l’Europe est un non-sens.

L’Iran (77 millions d’habitants) se veut une puissance régionale dotée d’alliés dans le Croissant fertile (Hezbollah au Liban, Alaouites en Syrie, Chiites en Irak). Le maintien de cet arc chiite est pour l’Iran l’enjeu majeur des combats en Irak, en Syrie et au Liban, c’est là que se décidera l’affrontement avec les Etats sunnites. Une sécurité garantie par l’arme nucléaire lui est refusée; or, dans la décennie 1980, l’Iran a résisté seul contre l’Irak appuyé par l’Occident et les autres pays sunnites. L’emploi de missiles balistiques contre les villes iraniennes, et l’utilisation d’armes chimiques sur le terrain ont alors marqué l’actuel Guide suprême Khamenei.

Israël (8 millions d’habitants) ne souhaite que des acteurs faibles autour de lui, voire une certaine anarchie, à défaut d’Etats l’ayant reconnu par traité, à l’exemple de l’Egypte (1979) et de la Jordanie (1994). Ses inquiétudes face à l’Irak, autrefois comparé à la Prusse du Moyen-Orient, ont disparu. La situation en Syrie est davantage incertaine, car le régime affaibli d’Assad est sans doute préférable à un Etat islamiste unifié. Tel-Aviv veut rester la seule puissance régionale disposant du feu nucléaire, afin que le pouvoir égalisateur de l’atome compense son différentiel territorial et démographique. On peut comprendre les Israéliens, si on se souvient que l’implantation franque en Terre sainte a duré moins de deux siècles (1099-1291), alors qu’Israël n’a guère plus de soixante années d’âge. Au final, Israël fait réaliser le travail par son allié américain, et sourit sous cape en voyant l’UE qui finance d’un côté la reconstruction de Gaza, tout en jetant quelques bombes en Irak…


Reconsidérer les intérêts vitaux de l’Union européenne


Est-il vraiment de l’intérêt de l’UE de combattre l’EI, malgré le battage fait autour d’une menace qualifiée de djihadiste au sein de ses populations allogènes ? L’Union européenne ne se veut pas d’ennemis ; certes, mais cela ne suffit pas à n’avoir que des amis.


Aujourd’hui les citoyens européens, s’ils ne sont menacés ni par Israël, ni par le peuple palestinien, subissent cependant les conséquences de leur mésentente. L’Iran et la Syrie ont pu froisser la France voici quelques années, mais l’UE n’a que peu à craindre d’eux. Par contre, deux Etats ont une position plus ambigüe. Le premier est la Turquie, seul état proclamé islamiste de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord [OTAN]. Cet Etat ne pourra à la fois rester dans l’OTAN (qui est en lutte contre le terrorisme islamique), avoir une attitude pour le moins mitigée envers Israël (soutenu par la seule puissance militaire réelle de l’OTAN), et préférer l’EI aux Kurdes ou au régime alaouite syrien. Le second est la Russie, le plus grand pays du monde (mais peuplé de seulement 146 millions d’habitants), qui devrait être le complément naturel de l’Union européenne (premier PIB mondial avec un demi-milliard de citoyens) face à des menaces qui leur sont communes. Malheureusement, ne comprenant pas plus l’UE que l’UE ne la comprend, la Russie est perçue comme une menace - malgré le différentiel de puissance cité ci-dessus - sa récente attitude en Ukraine offrant une nouvelle légitimité à l’OTAN. Enfin, les Etats sunnites du Golfe Persique, notamment l’Arabie saoudite et le Qatar ne sont pas des alliés, et encore moins des amis. Ils exportent leur doctrine religieuse fondamentaliste et achètent des acquis européens. Cet équivalent de soft power est une réelle menace pour les intérêts de l’UE, où une importante communauté musulmane souffre parfois d’une triple incertitude économique, sociale et religieuse. Quel Etat musulman doté d’une minorité chrétienne tolèrerait que l’UE exerce une action idéologique au sein de celle-ci ? A l’inverse, l’UE n’a rien osé entreprendre à l’encontre de ces régimes qui ne partagent pas ses valeurs, particulièrement envers les femmes ;comment défendre leur émancipation tout en autorisant une forme de religion qui les brime ? L’UE est assez optimiste pour accepter ce soft power tout en criant au loup devant la présence de djihadistes dans ses banlieues. Pour paraphraser Lénine, l’argent du pétrole est la corde avec laquelle les Européens se pendent.

Gouverner, c’est prévoir toujours, et parfois seulement faire pleuvoir des bombes. A l’extérieur, l’Union européenne doit considérer l’Orient comme une poudrière à éviter. Il faut cesser de participer à des guerres idéologiques opposant laïcité généreuse et islamisme étroit, pour revenir, quitte à renverser quelques alliances, à la politique consistant à soutenir des Etats ou des acteurs compatibles avec les intérêts européens.L’Europe peut laisser l’Etat islamique s’installer là où il le pourra, mais doit soutenir diplomatiquement tous les éléments chiites ou apparentés du Croissant fertile, sans oublier le fait que les langues kurdes et iraniennes appartiennent à la famille indo-européenne. Le chiisme, par sa nature même et par l’existence d’un clergé hiérarchisé, offre des possibilités d’évolution théologique, et donc un espace de négociation politique. A l’inverse, la rigidité des Etats prônant le wahhabisme ou le salafisme, ainsi que la mise à l’écart des femmes,font qu’aucune puissance moderne ne sera capable de s’y développer ; quand l’Irak était fort, c’était sous un régime plutôt laïc. Par contre, pour sécuriser son espace intérieur, l’UE doit fidéliser ses populations allogènes en supprimant tout communautarisme incompatible avec ses valeurs, mais en échange d’une intégration sociale offrant dignité et fierté.
Pour conclure, le discours évoquant une protection de l’Europe grâce à une guerre en Orient est au mieux un non-sens, au pire un mensonge. Il suffit de regarder le bilan de plus de dix ans de guerre contre le terrorisme islamiste sous commandement américain.

Que l’UE laisse régner la guerre en Orient, un magnifique abcès de fixation pour quelques décennies où disparaîtront les apprentis terroristes. Et si Etat islamique il doit y avoir, il deviendra comme tous les Etats : soit un interlocuteur du concert des nations (on en a connu des pires), soit un ennemi vulnérable car alors identifié par un territoire. Certes, la région est riche en pétrole, mais puisque l’Europe l’achète à des monarchies arabes qui ne partagent pas ses valeurs, elle devrait pouvoir le faire avec tout Etat désireux de le vendre, fusse-t-il islamique.

L’UE doit abandonner aux seuls USA la gestion de la crise qu’ils ont créée en Orient depuis plus d’un demi-siècle, en se rappelant d’abord qu’ils n’ont guère soutenu le Royaume-Uni et la France lors de leur intervention à Suez en 1956, ensuite que leur soutien à Israël interdit de résoudre la question palestinienne, laquelle est la source d’une profonde hostilité au sein du monde arabe. Si les USA profitent de la situation en Ukraine pour renforcer leur suzeraineté sur l’Europe, l’Europe doit rétorquer en laissant les USA s’arranger de l’Orient. Que l’UE regarde de loin les USA se confronter à la Chine dans le Pacifique, ce qui tranquillisera davantage la Russie, exactement comme elle l’avait été en décembre 1941 quand le Japon avait choisi les Indes néerlandaises plutôt que la Sibérie.

Au final, dans cette logique, l’UE devrait développer ses liens avec la Russie, là où sont ses intérêts vitaux pour le siècle à venir, ainsi qu’en Arctique (son exploitation posera moins de problèmes que l’Orient, puisque les ours blancs, s’ils survivent, ne deviendront sans doute pas des Islamistes). Cette Europe, allant bien au-delà de l’Oural, disposant d’une masse critique en ressources et en territoire, passerait du statut de nain politique à celui de géant mondial. Le ministre russe des affaires étrangères a d’ailleurs proposé le 14 octobre dernier « la construction d’un espace économique et humanitaire commun de Lisbonne à Vladivostok, sur la base d’une sécurité égale et indivisible ». L’idéal serait même de construire une alliance, un nouvel OTAN plus équilibré sur ses deux piliers européen et nord-américain, regroupant autour de l’Arctique les Etats partageant la même histoire et la même culture, face aux deux puissances émergentes que sont la Chine et l’Inde. Ceci fait, il sera toujours temps de se soucier de quelques arpents désertiques au Sud…


Les termes désignant les entités politiques ne sont pas neutres. Puisque le terme Daech a été choisi en France pour éviter de reconnaître l’Etat islamique, que le terme Europe remplace celui d’Occident afin de faire la preuve d’une nouvelle orientation, cette fois vers le Nord !

mercredi, 22 octobre 2014

Rusland en Servië, 'brothers in arms'

 

Door: Dirk Rochtus

Rusland en Servië, 'brothers in arms'

Maandag is het precies 70 jaar geleden dat Belgrado, de hoofdstad van Servië, bevrijd werd door het Rode Leger. De Russische president Vladimir Poetin verscheen er al vier dagen op voorhand om die verjaardag te vieren.

Servië en Rusland zijn als twee handen op één buik. Dat was honderd jaar geleden zo, bij het uitbreken van de Eerste Wereldoorlog, en dat is nog altijd zo vandaag de dag, te midden van een crisis die de relaties tussen Rusland en de Europese Unie (EU) vertroebelt. Servië mag dan wel sinds januari toetredingsonderhandelingen voeren met de EU, maar de liefde voor de grote Slavische broeder is er niet minder om.

Jubel

Op doorreis naar de EU-Aziëtop in Milaan liet Poetin zich op donderdag 16 oktober in Belgrado bejubelen door een uitbundige massa. 'Vladimir, red de Serviërs!' viel er zelfs te lezen op borden die inwoners van de stad met zich meedroegen. De Serviërs voelen zich miskend in hun overlevingsstrijd als natie – getuige de oorlog in Joegoslavië in de jaren 90 van vorige eeuw en de uitroeping van de provincie Kosovo tot onafhankelijke republiek door de Albanese meerderheid in 2008. De steun van Moskou zowel moreel als economisch is dan ook erg welkom voor de Serviërs. Voor hun hoge bezoeker uit Rusland organiseerden ze wat graag een grootse militaire parade zoals ze sinds het einde van het communistische bewind niet meer had plaatsgevonden.

Sleutelpartner

In een interview met het Servische tijdschrift Politika zei Poetin letterlijk: 'Servië was en blijft een van de sleutelpartners van Rusland in Zuidoost-Europa'. Een voorbeeld van die goede samenwerking is het project South Stream, de aanleg van een pijpleiding waarmee Russisch gas vanaf 2017 via de Zwarte Zee, Bulgarije, Servië en Hongarije naar Oostenrijk als poort tot de EU zou moeten vloeien. Dat is ook een van de redenen waarom Wenen fervent de toetreding van Servië tot de EU verdedigt (naast het feit dat er 250 000 Serviërs in Oostenrijk wonen). Oekraïne is in het hele gasverhaal de gebeten hond. South Stream zou Oekraïne links laten liggen waardoor dit land heel wat inkomsten moet derven. Mocht Oekraïne bovendien gas aftappen van het bestaande pijpleidingensysteem, dreigde Poetin met een vermindering van de gaslevering aan de EU.

Armoede

Servië heeft het economisch erg moeilijk. De regering moet er onpopulaire maatregelen doordrukken om het staatsbankroet af te wenden. Hogere gasprijzen zouden heel wat gewone Serviërs in armoede dompelen. Servië is dan ook alleen al om economische redenen aangewezen op goede banden met Rusland. Er zijn maar twee kandidaat-lidstaten van de EU, Servië en Macedonië, die niet meedoen met de sancties tegen Rusland (omwille van de Oekraïne-crisis). Zo voert Servië bijvoorbeeld Duitse goederen zonder etikettering uit naar Rusland waarmee het een vrijhandelsakkoord heeft. De Duitse minister van Landbouw Christian Schmidt riep de Servische premier Aleksandar Vučić daarom op om de sancties van de EU tegen Rusland ernstig te nemen. De vraag is of dit van Servië kan worden verwacht, van een land dat zich vaak onbegrepen heeft gevoeld en nog voelt door Europa, van de grote Slavische broeder daarentegen met loftuitingen en met interessante akkoorden, zeven in totaal, over ondermeer energie, infrastructuur en wapenindustrie, overstelpt wordt.

mardi, 21 octobre 2014

Trois initiatives cruciales pour la Suisse en novembre

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Trois initiatives cruciales pour la Suisse en novembre

Entretien avec Dominique Baettig

Ex: http://www.egaliteetreconciliation.fr

Le 30 novembre prochain, les électeurs suisses pourront se prononcer sur trois initiatives aux enjeux cruciaux. La première souhaite restreindre l’immigration de telle manière que la population vivant en Suisse n’augmente pas au-delà de 0,2 % par an [1], la deuxième propose d’abolir les forfaits fiscaux offerts aux étrangers [2] et la dernière permettrait à la Suisse de sauvegarder ses réserves d’or [3]. Le politicien suisse Dominique Baettig, qui ne suit pas la ligne officielle de son parti (UDC) sur Ecopop, nous livre son avis sur ces questions qui touchent à des thèmes aussi importants que l’immigration, la fiscalité et la souveraineté nationale.

Propos recueillis pour E&R par Alimuddin Usmani.

Alimuddin Usmani : Le 30 novembre prochain le peuple suisse se prononcera sur l’initiative Ecopop, qui souhaite ramener le solde migratoire annuel en Suisse à 0,2 % de la population permanente. Que pensez-vous de cette initiative ?

Dominique Baettig : L’initiative Ecopop est très importante pour l’avenir de notre pays. Elle transcende les clivages gauche/droite et cristallise les inquiétudes de la population autochtone qui voit se dessiner l’avenir radieux migratoire concocté par la droite économique et la gauche moraliste. Un cauchemar de 12 millions d’habitants, une surdensité urbaine, du béton partout, l’explosion des prix de l’immobilier, l’installation d’entreprises étrangères ou multinationales qui amènent avec elles cadres et employés. Le modèle suisse est privé progressivement de sa substance par substitution de population, accroissement de sa dépendance avec l’Union européenne, disparation de sa culture démocratique de proximité. La sous-enchère culturelle, économique (on ne forme plus assez en Suisse, on va chercher des employés ailleurs, meilleur marché) s’accélère et la population s’effraie aussi de voir ses décisions politiques (loi Weber, initiative sur l’immigration de masse, expulsion des criminels étrangers, acceptées par le peuple) systématiquement contournées ou disqualifiées par les milieux de l’économie et la gauche moraliste, soi-disant antiraciste. L’initiative Ecopop pose les vraies questions de l’avenir de ce pays et envisage une croissance différente, écologique, soucieuse de la qualité de vie, de souveraineté nationale et locale, de maîtrise des flux migratoires. Elle fixe des limites claires au solde migratoire (0,2 % du solde migratoire) et apparaît plus crédible que l’initiative de l’UDC qui laisse une marge de manœuvre trop floue (les besoins de l’économie).

L’initiative souhaite également allouer 10 % de l’aide au développement à la promotion de la planification familiale volontaire. Cette forme d’ingérence est-elle selon vous nécessaire ?

L’aide au développement, qui devrait d’ailleurs être plafonnée et plus incitative pour la responsabilité individuelle, peut très bien être une forme de promotion de la planification familiale volontaire. C’est une évidence, du bon sens qui diminuera aussi la paupérisation.

Concernant la problématique de l’immigration, le cas de l’Érythrée est éloquent. Ce petit pays de 6 millions d’habitants est considéré comme une fabrique de réfugiés. Une grande partie des réfugiés érythréens choisit la Suisse comme destination finale. L’année dernière près de 6 000 Érythréens ont demandé l’asile en Suisse, soit 1 habitant de l’Érythrée sur 1 000. Si l’on appliquait la même proportion à la Chine et à l’Inde, on aurait affaire à pas moins de 2,6 millions de Chinois et d’Indiens qui demanderaient l’asile en Suisse chaque année. Que vous inspire ce cas précis ?

Le droit d’asile, le statut de réfugié a subi une dérive dramatique. Il s’agit d’une forme détournée du droit à l’immigration, immigration qui s’impose, sans consulter la population locale et avec la bénédiction de certains milieux économiques qui y trouvent une main-d’œuvre bon marché et une arme de stratégie du chaos pour démonter les acquis sociaux et le droit de propriété. Au droit d’asile il faudra dorénavant opposer le droit de vivre dans sa culture, le droit à la propriété privée et collective nationale, le droit de bien vivre dans sa souveraineté nationale et l’autosuffisance économique la plus large possible, le droit à la démocratie de proximité. Les Érythréens ont bénéficié d’un statut particulier puisqu’ils ont pu invoquer pour obtenir le droit d’asile, qu’ils refusaient de faire leur long service militaire ou qu’ils étaient déserteurs. Cette exception doit cesser, surtout que cette communauté ne s’intègre guère (l’asile sera, au terme de la longue procédure, refusé) et que le séjour permet des rentrées financières qui repartent au pays via des canaux contrôlés par l’État érythréen. La gauche moralisatrice est responsable de cette exception scandaleuse puisqu’un déserteur (et ils disent qu’ils le sont presque tous !) pourrait, selon elle, être maltraité s’il n’est pas accueilli en Suisse.

Les Suisses vont également avoir la possibilité d’adopter l’initiative « Halte aux privilèges fiscaux des millionnaires (abolition des forfaits fiscaux) ». Les étrangers fortunés peuvent effectivement bénéficier d’une fiscalité avantageuse. Pensez-vous que cela serait une erreur de l’accepter ?

L’abolition des forfaits fiscaux est cohérente par rapport aux autres thèmes visant à contrôler les flux migratoires et la croissance démesurée. Même si l’on ne sait pas vraiment si les autorités en tirent bénéfice ou pas, l’idée de favoriser les riches étrangers alors qu’on refuserait les pauvres n’est pas éthiquement défendable.

Enfin le pays votera sur l’initiative « Sauvez l’or de la Suisse » qui possède 3 exigences : 
- stopper les ventes d’or ;
- rapatrier en Suisse tout l’or de la Banque nationale stocké à l’étranger ;
- la Banque nationale suisse doit détenir au moins 20 % de ses actifs sous forme d’or.
Que recommandez-vous ?

L’initiative « Sauvez l’or de la suisse » est aussi très importante et déclenche déjà, comme Ecopop, les cris d’orfraie de la classe politique. Les milieux financiers internationaux cherchent à disqualifier le rôle des monnaies argent/or depuis des années pour les remplacer par des valeurs papiers, reconnaissances de dettes. Les ventes d’or doivent être stoppées pour conserver assez de réserves garantissant souveraineté et prospérité (alors que le papier ne vaut presque plus rien). 20 % des réserves de la Banque nationale doivent être composées d’or, ce qui n’est pas trop contraignant. Et les réserves doivent être rapatriées pour être sous contrôle national souverain. Grâce à l’initiative, nous savons que 70 % des 1 040 tonnes d’or suisse sont conservées sur le territoire, ce qui est une très bonne nouvelle. L’Allemagne et l’Autriche ont engagé des procédures similaires de rapatriement de leur or.

La classe politique fait du chantage en faisant croire que cette initiative empêchera la distribution des bénéfices aux cantons. Est-ce bien le rôle de la BNS que de redistribuer le produit de la vente, à bas prix, des bijoux de famille appartenant à la prospérité de l’économie suisse et au succès de son modèle qui suscite des envies et de la jalousie ?

dimanche, 19 octobre 2014

50 preguntas y respuestas sobre el Tratado de Libre Comercio entre EEUU y Europa

por Alberto Garzón Espinosa y Desiderio Cansino Pozo

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

El debate público sobre el Tratado de Libre Comercio (TLC) que se está negociando entre la Unión Europea y Estados Unidos es casi inexistente. Y eso a pesar, o quizás debido a, su importancia.  Se trata de una serie de 50 preguntas y respuestas que de forma pedagógica intentan desvelar la importancia de un Tratado negociado de espaldas a la ciudadanía y que apoyan los principales grupos de poder económico y político. Esperamos que sea útil.

1. ¿Qué es un tratado de libre comercio?

Un tratado de libre comercio es un acuerdo que se firma entre dos o más países y que tiene como objetivo ampliar el mercado de bienes y servicios entre los países firmantes. Para ello se busca la reducción o eliminación de las barreras arancelarias y no arancelarias que existen en un determinado momento entre espacios económicos. Es decir, busca la reducción o eliminación de los impuestos a la importación y de la regulación relativa a la comercialización internacional de bienes y servicios. Cuando el acuerdo se firma entre dos países es conocido como acuerdo bilateral mientras que cuando se firma entre más de dos países se denomina acuerdo multilateral. En el mundo hay más de 3.000 acuerdos internacionales de inversión, la mayoría de ellos bilaterales.

2. ¿Cuándo se ha empezado a negociar el tratado entre EEUU y la UE?

El 28 de noviembre de 2011 durante encuentro entre líderes europeos y estadounidenses se creó el Grupo de Trabajo de Alto Nivel sobre Empleo y Crecimiento (HLWG, por sus siglas en inglés). Este grupo tenía como objetivo estudiar las políticas necesarias para incrementar el comercio y la inversión entre EEUU y la UE, haciendo recomendaciones a los diferentes gobiernos. En junio de 2013 la Unión Europea y los Estados Unidos anunciaron el inicio de negociaciones para llegar efectivamente a un Acuerdo Transatlántico de Comercio e Inversión (TTIP, por sus siglas en inglés), también conocido simplemente como Tratado de Libre Comercio (TLC). Las conversaciones comenzaron finalmente durante el mes de julio de 2013, y se prevé que se pueda aprobar finalmente durante 2014.

3. ¿Por qué no me he enterado antes?

Aunque la Comisión Europea ha insistido en que la negociación es transparente, lo cierto es que el proceso de negociación es prácticamente secreto. No se conocen detalles concretos de las negociaciones y sólo algunos documentos filtrados desde las propias instancias europeas han permitido ir desgranando los pilares del futuro acuerdo. El negociador principal de la parte europea reconoció en una carta pública que todos los documentos relacionados con las negociaciones estarían cerrados al público durante al menos treinta años. Concretamente aseguró que esta negociación sería una excepción a la Regla 1049/2001 que establece que todos los documentos de las instituciones europeas han de ser públicos[1]. Asimismo, el comisario De Gucht aseguró en el Parlamento Europeo que la negociación del TLC debía tener grado de confidencialidad y negó la función de negociación al Parlamento[2]. Lo que supone un ataque más a la ya escasa democracia en el seno de la Unión Europea.

4. ¿Entonces qué principio guía la redacción del documento?

Son los intereses económicos de las multinacionales los que están dictando las negociaciones. De hecho, la Comisión Europea se embarcó en más de 100 encuentros cerrados con lobistas y multinacionales para negociar los contenidos del tratado. La Comisión Europea tuvo que reconocer esos encuentros a posteriori, y más del 90% de los participantes resultaron ser grandes empresas[3].

5. ¿Quién apoya este TLC en España?

Dado que no hay debate público, es muy difícil conocer la opinión de la ciudadanía o de las organizaciones civiles. Sin embargo, la mayoría de los partidos del Congreso de los Diputados sí se han posicionado ya. El acuerdo firmado en junio de 2013 entre el Partido Popular y el Partido Socialista en el Congreso recogía una petición expresa al Gobierno para «apoyar un rápido comienzo de las negociaciones de un acuerdo de libre comercio entre los Estados Unidos de América y la Unión Europea ambicioso y naturalmente beneficioso»[4].

6. Al menos podremos votar los ciudadanos…

No, dado que la aprobación final del TLC corresponde al Parlamento Europeo. Sólo en caso de que las autoridades nacionales quisieran consultar a sus ciudadanos podríamos participar de forma directa en la decisión. Sin embargo, el 6 de mayo de 2014 el Congreso de los Diputados rechazó la convocatoria de un referéndum sobre el TLC, como proponía Izquierda Unida, con los votos en contra de PP, PSOE, CIU, PNV y UPyD.

7. ¿Son muy altas las barreras arancelarias entre EEUU y la UE?

No. La propia Comisión Europea ha reconocido que «las relaciones económicas entre los Estados Unidos y la Unión Europea pueden ser consideradas entre las más abiertas del mundo»[5]. Asimismo, la Organización Mundial del Comercio ha estimado que las tarifas promedio rondan el 3,5% en Estados Unidos y el 5,2% en la Unión Europea. Estamos hablando de niveles extraordinariamente reducidos.

8. ¿Entonces qué se busca con el TLC?

La Comisión Europea considera que «las medidas regulatorias constituyen el mayor obstáculo para incrementar el comercio y la inversión entre Estados Unidos y la Unión Europea»[6]. Así, el propósito no es la reducción de los ya bajos niveles arancelarios sino la modificación de la regulación existente en las relaciones comerciales entre ambos espacios económicos, favoreciendo únicamente a las grandes empresas transnacionales que son las únicas interesadas.

9. ¿De qué tipo de regulación estamos hablando?

Se trata de la regulación relacionada con el control sanitario de determinados productos, con los estándares medioambientales, con los convenios laborales, con la propiedad intelectual e incluso con la privatización de servicios públicos. Se argumenta que estas normas suponen costes adicionales para las empresas, todo lo cual sería una pérdida de potencial económico para las distintas economías.

10. ¿Y cómo afectaría un TLC al crecimiento económico y el empleo?

Según informes económicos favorables al acuerdo, el TLC crearía en EEUU y UE hasta dos millones de nuevos puestos de trabajo y estimularía el crecimiento económico incluso un 1% anual. Sin embargo, el propio informe de la Comisión Europea apunta a un posible crecimiento económico del 0,1% anual en uno de las mejores escenarios posibles. Por otro lado, la Comisión Europea también señala entre los beneficios de este Tratado la bajada de precios.

11. Menos es nada. ¿Son creíbles esas predicciones?

En absoluto, dado que se han extraído de modelos econométricos que dependen de unas hipótesis poco realistas. Siempre es posible torturar los modelos estadísticos y los propios indicadores para que nos digan lo que queremos. Es mucho más riguroso basarse en la experiencia pasada de tratados similares que en esbozar milagros sobre el papel.

12. ¿Hay experiencias pasadas que sean equiparables?

Sí, por ejemplo el conocido como Acuerdo de Libre Comercio de Norte América (NAFTA, por sus siglas en inglés). Cuando se firmó por Canadá, Estados Unidos y México en 1993 se anunció que crearía un total de 20 millones de empleos. Pasado el tiempo la propia Cámara de Comercio de EEUU ha reconocido que tal promesa no se materializó[7]. De hecho, las estimaciones independientes más razonables apuntan a que finalmente hubo una pérdida neta de empleos cercana al millón de personas debido a las deslocalizaciones[8].

13. ¿Es posible que el TLC destruya puestos de trabajo?

Por supuesto, y de hecho incluso la Comisión Europea asume que va a ocurrir. Lo que sucede es que la Comisión considera que será un efecto parcial circunscrito a algunos sectores económicos y zonas geográficas y que será compensado por efectos positivos en otros sectores económicos y regiones. También algunos pensadores liberales sostienen que los efectos perjudiciales sobre el empleo serán compensados por el desplazamiento productivo hacia líneas de actividad más eficientes[9].

14. Entonces… ¿aumentar la oferta de bienes y servicios va a crear empleo en España?

No. Nuestro problema no es la oferta sino la demanda. Si nuestros ingresos y rentas disponibles son menores, lógicamente compramos menos. Es decir, cada vez somos más pobres y no se incrementan las ventas. Por lo tanto, lo que se va a producir es un trasvase de ventas desde las empresas locales hacia las grandes empresas que son las pueden mantener estructuras de costes y precios reducidos a lo largo del tiempo hasta que hayan logrado eliminar a la competencia local.

15. ¿Quiere decir eso que se destruirán empresas y sectores?

Efectivamente. Cuando se amplían los mercados la competencia se incrementa y las empresas nacionales se ven obligadas a competir con las extranjeras. Y en esa pugna acaban victoriosas las empresas más competitivas. Todas las que no puedan competir y ofrecer precios más bajos tendrán que desaparecer junto con todos sus puestos de trabajo. De hecho, la Comisión Europea ha reconocido que la ventaja competitiva de algunas industrias estadounidenses generarán un notable impacto negativo en sus homólogas en la Unión Europea, pero asume que los gobiernos tendrán fondos suficientes para mitigar los costes que ello genere[10].

16. ¿Cómo se verá afectada la agricultura europea?

El modelo agrario europeo es muy diferente al estadounidense, tanto en su organización como sobre todo en su tamaño. En EEUU hay 2 millones de granjas, mientras que en la Unión Europea hay 13 millones. En promedio una granja estadounidense es 13 veces más grande que una europea, lo que permite a las empresas estadounidenses competir en mejores condiciones. Por eso los agricultores europeos están tan preocupados: la amenaza de una concentración de poder y riqueza en el sector es muy alta.

17. ¿Mayor concentración?

Sí, el efecto final de un proceso como el descrito es siempre un aumento de la concentración y centralización de las empresas. Dicho de otra forma: el pez grande se come al pez chico. El TLC implicará un duro golpe a la mayoría social del tejido empresarial europeo, que está constituido en su 99% por pequeñas y medianas empresas. Hasta ahora, los desarrollos normativos en los distintos países de la Unión Europea buscaban equilibrar las condiciones en el juego de la economía de mercado defendiendo a las pequeñas empresas para que tuvieran la oportunidad de competir en igualdad de condiciones con las grandes. Con el TLC este equilibrio se rompe para inclinarse la balanza a favor de las grandes corporaciones.

18. ¿Y ello conducirá a una UE más homogénea?

No, lo que es más probable es que se produzca una ampliación de la brecha centro-periferia que ya existe en la Unión Europea. La estructura productiva de los países de la periferia (Portugal, Grecia, España…) está mucho menos desarrollada y es mucho menos competitiva, de modo que una mayor competencia proveniente de las empresas estadounidenses será un golpe mortal a las frágiles industrias de la periferia europea. Además, no sólo se conducirá hacia una UE menos homogénea, sino que la brecha entre economías ricas y pobres, entre el norte y el sur, a escala mundial no haría más que aumentar. Dicho de otro modo, el norte se alía con el norte.

19. ¿Supone eso el fin de las posibilidades de reindustrialización?

Sí, porque se establece una camisa de fuerza que limita enormemente la capacidad de desarrollar una industria propia y competitiva para los gobiernos de las economías menos desarrolladas. Al fin y al cabo, los países que primero se industrializaron lo hicieron a través de medidas totalmente contrarias a las apuntadas por los tratados de libre comercio.

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20. ¿Es eso cierto? ¿Es posible el desarrollo sin libre comercio?

Por supuesto. Como afirma el trabajo del reputado economista Ha-Joon Chang, «los consejos dados a los países en desarrollo durante las dos últimas décadas no sólo han sido básicamente erróneos sino que también ignoran la experiencia histórica de los propios países industrializados cuando se esforzaban por alcanzar el desarrollo»[11]. Concretamente, los países que primero se desarrollaron lo lograron a través de políticas de protección a la industria naciente y subsidios a la exportación, hoy prácticas consideradas muy negativas por los organismos internacionales.

21. ¿Significa eso estar en contra del comercio?

En absoluto. El comercio es muy positivo para las relaciones económicas y sociales, pero debe enmarcarse en un conjunto de reglas que impidan la concentración de poder y riqueza o la vulneración de los derechos humanos. El propio Adam Smith, a menudo símbolo del capitalismo industrial, fue partidario de establecer topes al libre comercio al percibir que un mercado desenfrenado y carente de la acción del Estado podía atacar la esencia humana.

22. ¿Entonces por qué se nos recomienda medidas erróneas?

El economista alemán Friedrich List lo resumió con una metáfora. Según él, «un ardid muy común e inteligente que practica quien ha alcanzado la cumbre de la grandeza es retirar la escalera por la que ha trepado para impedir a otros trepar tras él»[12]. Ello quiere decir que los países más desarrollados, que tienen industrias de alto valor añadido muy competitivas recomiendan al resto la apertura de fronteras comerciales porque saben que la victoria de sus empresas está asegurada. El propio List ya apoyó la idea según la cual «en presencia de países más desarrollados, los países [económicamente] atrasados no pueden desarrollar nuevas industrias sin contar con la intervención estatal, especialmente con protección arancelaria». Dicho de otra forma, en ese terreno de juego será imposible para España encontrar otro modelo productivo sostenible y equilibrado.

23. ¿Y qué pasará durante la lucha competitiva entre las empresas?

Cuando varios países abren sus fronteras para crear un mercado común de bienes y servicios se da un fenómeno de competencia hacia la baja o carrera hacia el fondo en el que se desploman los estándares laborales, los medioambientales e incluso los democráticos. Eso es lo que supondrá la aprobación del TLC. Aunque la retórica oficial de la Comisión Europea habla de «armonización de la regulación», se trata en realidad de un proceso en el que la igualación viene dada a la baja. Así, se habla de un proceso de mínimo denominador común en el que el resultado de la armonización será la igualación al nivel de la regulación más laxa.

24. Entonces, ¿pueden verse afectados los derechos laborales?

Sí. EEUU se ha negado a ratificar convenios de la Organización Internacional del Trabajo (OIT), incluyendo aquellos que se refieren a la libertad de asociación y a las prácticas sindicales. Su legislación -irónicamente llamada derecho al trabajo- es en realidad una legislación contra la negociación colectiva y el sindicalismo, y ha modelado en EEUU un sistema de competencia a la baja en materia laboral entre los Estados. Todos pugnan por atraer inversiones internacionales y nacionales por la vía de reducir aún más las condiciones laborales. Una igualación de la regulación hacia el sistema estadounidense es compatible con la cruzada que la Comisión Europea ha iniciado contra los salarios y el peso salarial en la renta. El TLC podría servir de catalizador del acercamiento de las normas laborales europeas a los estándares estadounidenses. Una generalización de la carrera hacia el fondo.

25. ¿Y a qué tipo de trabajo conducen estas normas?

En un escenario de incremento de la competencia, y en el que opera una tendencia de carrera hacia el fondo, el trabajo se va precarizando cada vez más y se disipan las posibilidades de un trabajo indefinido o estable. Las empresas siempre estarán dispuestas a deslocalizarse hacia las regiones donde se den menos salarios y costes laborales –entre los cuales cabe incluir los derechos laborales-, de tal forma que la amenaza es permanente. Esa amenaza, junto con la del desempleo, presiona a la baja todos los estándares. Incluido el del salario, cuestión que ya teorizaron los economistas clásicos (Marx, Ricardo, Smith) al hablar de una tendencia hacia el salario de subsistencia, esto es, hacia un nivel verdaderamente ínfimo.

26. ¿Significa eso que habrá nuevas reformas laborales?

Efectivamente. Una vez aprobado el TLC todos los Gobiernos tendrán que adaptar sus normativas nacionales a los nuevos acuerdos internacionales, lo cual implicará una nueva ola de reformas laborales, financieras, fiscales, etc. que sirva a esa armonización regulatoria propuesta en el tratado.

27. ¿Van a pagar las empresas menos impuestos?

Las grandes empresas ya tienen mecanismos para eludir el mayor pago de impuestos posibles. Los aranceles se repercuten al consumidor final de los bienes o servicios. La eliminación de los mismos suponen una merma en los ingresos públicos de los Estados, que podrían destinarse para compensar el impacto ecológico de la actividad económica o los costes sociales de las deslocalizaciones empresariales.

28. ¿El tratado también regulará el sector sanitario?

Toda la regulación está sujeta a ser modificada por el tratado, pero los negociadores de Estados Unidos han señalado particularmente a la regulación sobre sanidad y productos fitosanitarios como principales objetivos a armonizar[13]. Y es que la regulación de la Unión Europea en esta materia está mucho más desarrollada y es más rígida que la de Estados Unidos, razón por la cual una armonización a la baja será especialmente lesiva para los ciudadanos europeos.

29. ¿Eso quiere decir que estará en riesgo mi salud?

Muy probablemente. La Unión Europea utiliza actualmente un principio de precaución que impide que determinados productos puedan comercializarse a pesar de que no haya suficiente investigación científica que revele su peligrosidad. El sistema funciona porque son las empresas las que tienen que demostrar que sus productos no representan un problema para la salud del consumidor. Y ese proceso es largo, lo que los empresarios estadounidenses consideran que es un coste que hay que evitar.

30. ¿Y si finalmente se produce esa armonización?

Pues entre otras cosas los supermercados europeos se inundarán de productos que son habituales en Estados Unidos y que sin embargo a día de hoy están prohibidos en la Unión Europea por motivos sanitarios o ecológicos. Por ejemplo, el 70% de toda la comida vendida en Estados Unidos contiene ingredientes modificados genéticamente, algo impensable actualmente en la Unión Europea.

31. ¿Y por qué a día de hoy están prohibidos tantos productos?

En las décadas de los ochenta y noventa la Unión Europea introdujo restricciones a la importación de muchos productos estadounidenses por motivos de salud. Por ejemplo, las granjas estadounidenses suelen incrementar su productividad a través de la implantación a los animales de hormonas que les hacen engordar y crecer más rápido. Dichas hormonas, aplicadas sobre las reses o los pollos, están bajo sospecha tras vincularse con la proliferación del cáncer en humanos. Por eso la Unión Europea ha bloqueado sistemáticamente tantas importaciones, a pesar de las duras críticas de la industria estadounidense.

32. ¿También el medio ambiente se verá afectado?

Sí, y no sólo porque la regulación medioambiental será modificada sino también porque el incremento del volumen de intercambio de bienes y servicios afectará al medio ambiente. La propia Comisión Europea prevé un incremento de hasta 11 millones de toneladas métricas de dióxido de carbono emitidas a la atmósfera, lo que obviamente contraviene todos los protocolos internacionales de medio ambiente. Si finalmente se incrementa el comercio, se incrementarán también los recursos materiales, hídricos y energéticos necesarios para su producción, así como residuos, emisiones y desechos. Eso sí, en un alarde de hipocresía y economicismo, la Comisión Europea espera que «las ganancias asociadas con el incremento del comercio sean en principio suficientemente grandes como para pagar los costes necesarios para la disminución de la polución»[14]. Pero cabe advertir que la lógica monetarista y de mercado son ineficaces para dar solución a los problemas ecosistémicos, ya que éstos se rigen bajo otros principios.

33. Y la armonización de la regulación medioambiental, ¿cómo afectará?

De la misma forma que ocurría en el aspecto sanitario, con una armonización a la baja y la ruptura del principio regulatorio de precaución que actualmente usa la Unión Europea. Por ejemplo, hoy en día la Unión Europea bloquea más de 1.200 sustancias que se utilizarían en cosméticos, mientras que Estados Unidos sólo bloquea poco más de diez. Además, la armonización de la regulación sobre prácticas que dañan al medio ambiente podría abrir la puerta al fracking en Europa.

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34. ¿Qué es el fracking?

Esta práctica permite extraer gas o petróleo del subsuelo pero dejándolo prácticamente inutilizable y plagado de sustancias tóxicas, alergénicas y cancerígenas. Además, es un proceso vinculado a la generación de terremotos de diferente magnitud. De ahí que esta práctica esté siendo frenada legislativamente en la Unión Europea, algo criticado duramente por las grandes empresas y por sus partidarios. Y es que las grandes empresas estadounidenses de exportación de gas y petróleo están buscando formas de superar la normativa europea respecto a la fracturación hidráulica (fracking) para poder incrementar sus beneficios. El primer ministro del Reino Unido, sin ir más lejos, denunció que la legislación europea permitía que «nuestros competidores vayan por delante de nosotros en la explotación de estos recursos»[15].

35. ¿Qué ocurrirá con la propiedad intelectual?

El Tratado incluirá disposiciones para promover los llamados derechos digitales, es decir, supuestamente para proteger a las empresas de la piratería digital. Pero en realidad esto puede suponer la restricción del acceso al conocimiento y la puesta de obstáculos a la innovación.

36. Eso me suena… ¿no se debatió ya en el Parlamento Europeo?

Efectivamente, el TLC busca recuperar el espíritu del Acuerdo Comercial Antifalsificación (ACTA, por sus siglas en inglés). Aquel acuerdo fue debatido y felizmente rechazado en el Parlamento Europeo en el año 2012, pero las grandes empresas y sus lobbies no se han rendido y buscan ahora incluir los aspectos fundamentales dentro del TLC.

37. ¿Y cómo afectará a los ciudadanos esa inclusión?

Hay que recordar que en Estados Unidos las grandes empresas pueden acceder sin límites a toda la información privada de sus clientes. Así, empresas como Facebook, Google o Microsoft tienen capacidad de utilizar esa información como deseen. Sin embargo, en la Unión Europea hay límites que protegen ese espacio personal. ACTA y ahora el TLC buscan romper esa regulación europea para armonizarla con la falta de límites de Estados Unidos. Y ello incluye la posibilidad de que los proveedores de internet puedan dar toda la información -incluido el historial de navegación- a los gobiernos y grandes empresas. En definitiva, con la excusa de querer proteger los derechos de propiedad intelectual de las grandes empresas se vulneran claramente los derechos individuales de los ciudadanos.

38. ¿Y eso afecta a las medicinas?

Exacto, pues el TLC busca reforzar los derechos de propiedad intelectual. Y ello incluye el fortalecimiento de las patentes de las empresas farmacéuticas. Esta política supone un mayor coste para los presupuestos públicos en sanidad, retraso en la incorporación de genéricos y mayor coste de los medicamentos para los hogares. Hay que recordar que cuando un medicamento con patente compite con un medicamento genérico se produce una disminución del precio de los medicamentos en cuestión, todo lo cual beneficia no sólo a los hogares sino también a la administración pública.

39. ¿Y a los servicios públicos?

El Tratado alcanza a todos los sectores de la economía, incluido el sector público. Muchos de los sectores públicos en Europa son fundamentalmente privados en Estados Unidos, y existe la amenaza real de que las grandes empresas estadounidenses vean Europa como un gran mercado para su expansión. Al coincidir esto con las políticas de austeridad promovidas por la Comisión Europea, hay un riesgo más que evidente de que el deterioro de la calidad de los servicios públicos sea la excusa de una futura ola de privatizaciones en numerosos sectores públicos. Ello apunta a una reducción del Estado y su capacidad de intervenir en la economía.

40. Eso interpela a la democracia…

Sí. La democracia en su definición procedimental implica una serie de reglas que permiten a los ciudadanos elegir a los representantes que tomarán las decisiones políticas. Pero entre los requisitos previos se encuentra asimismo la igualdad ante la ley de todos los ciudadanos, que es en quienes reside la soberanía nacional. Sin embargo, este tratado de libre comercio atenta directamente contra este requisito al conceder una mayor protección legal a las grandes empresas que a los propios ciudadanos o a los Estados.

41. ¿Quiere decir que las grandes empresas se sitúan por encima de los Estados?

Desgraciadamente así es, dado que el TLC incluirá una cláusula de protección de los inversores extranjeros (conocida como Investor-State dispute settlement, ISDS) que permitirá a las multinacionales demandar a los Estados cuyos gobiernos aprueben leyes que afecten a sus beneficios económicos presentes o futuros.

42. ¿Entonces el TLC estará por encima de la Constitución de cada país?

Sí, será como una supraconstitución. Y los tribunales internacionales de arbitraje, que no están constituidos por jueces independientes, tendrán un nivel judicial más alto que los tribunales nacionales. Así, un Estado puede ser condenado por un tribunal internacional por haber vulnerado los posibles beneficios de una multinacional. Pero además las grandes empresas pueden obviar los tribunales locales y directamente demandar a los Estados a través de tribunales internacionales, algo que ningún ciudadano puede hacer.

43. ¡Eso ni en la ciencia ficción!

Ojalá sólo fuera parte de una novela distópica. Pero la realidad es que estas cláusulas y los tribunales internacionales de arbitraje ya existen en el mundo desde hace mucho tiempo, pues han llegado de la mano de muchos otros tratados de libre comercio. Lo que sucede es que esta vez llegan a la Unión Europea de una forma mucho más clara.

44. ¿Y ya hay empresas que hayan demandado a los Estados?

Sí, por ejemplo la multinacional estadounidense Phillip-Morris ha demandado a Uruguay por 2.000 millones de dólares por haber puesto alertas sanitarias en las cajetillas de tabaco. Otra multinacional como Vattenfall ha demandado a Alemania por 3.700 millones de dólares por haber apagado sus centrales nucleares. Otra como Lone Pina ha demandado a Canadá por 250 millones de dólares canadienses por la moratoria de fracking que aprobó el Gobierno de Quebec.

45. ¿Se han dado sentencias condenatorias contra los Estados?

Hay muchos ejemplos. Ecuador fue sentenciado a pagar 2.300 millones de dólares a la petrolera Occidental Petroleum por abandonar la construcción de un pozo de petróleo en el Amazonas. E incluso Libia tuvo que pagar 900 millones de dólares de ”beneficios perdidos” por un proyecto turístico en el que sólo se habían invertido 5 millones de dólares.

46. ¿Cuál es la base de esas denuncias que ganaron las multinacionales?

Fundamentalmente argumentan que las decisiones de los gobiernos les han quitado la expectativa de beneficios futuros. Es decir, se trata de un concepto que se extiende hasta las supuestas ganancias perdidas a causa de determinadas políticas.

47. Eso quiere decir que los gobiernos están en indefensión…

Claro, porque el comportamiento de los Gobiernos cambia en la medida que existe una amenaza permanente de demandas multimillonarias por parte de las multinacionales. Por ejemplo, el ministro de Salud de Nueva Zelanda anunció el retraso de la aprobación de un pack sanitario hasta que se conociese la sentencia de Phillip Morris contra Australia.

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48. Si un gobierno cambia y quiere aplicar otra política, ¿qué ocurre?

Pues que es carne de cañón para todas las multinacionales que crean que ese cambio afecta a sus beneficios presentes y futuros. El caso paradigmático es Argentina, que tras la crisis de 2001 cambió radicalemente de política económica para intentar proteger a sus ciudadanos y desde entonces ha recibido más de 40 denuncias por parte de multinacionales…

49. Bueno, los Estados siempre pueden ganar en un juicio

Difícilmente en muchos casos. Hay que pensar que las multinacionales cuentan además con gabinetes de abogados especializados en la materia que generalmente están mucho más preparados que los abogados de los propios Estados. Pocos Estados se pueden permitir pagar la alta remuneración que reciben los abogados de las grandes multinacionales, y mucho menos mantener un equipo entero especializado en el tema.

50. ¿Podríamos decir que es un negocio económico en crecimiento?

Sí, a finales de 2013 había un mínimo de 268 demandas pendientes contra 98 países (UNCTAD). En los noventa sólo había una docena. Se trata de un nuevo negocio en sí mismo, lo que ha hecho que muchas empresas de abogados se hayan especializado y estén dispuestas a litigar por cualquier evento que crean puede servir para sacarle dinero a los Estados, desviándose como consecuencia grandes cantidades de recursos y fondos públicos hacia las grandes empresas, en lugar de dedicarse a los servicios públicos fundamentales que garanticen la vida digna de las personas.

[1] Carta de I. García Bercero a L. Daniel Mullany con fecha 5 de julio de 2013 y titulada “arrangements on TTIP negotiating documents”. http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2013/july/tradoc_151621.pdf

[2] Intervención durante el debate en el Parlamento Europeo de 22 de mayo de 2013: “EU trade and investment agreement negotiations with the US”.

[3] http://corporateeurope.org/trade/2013/09/european-commission-preparing-eu-us-trade-talks-119-meetings-industry-lobbyists

[4] http://www.pp.es/sites/default/files/documentos/8030-20130613142939.pdf

[5] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[6] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[7] U.S. Chamber of Commerce (2012): “NAFTA Triumphant. Assesing two decades of gains in Trade, Growth and Jobs”. Disponible en https://www.uschamber.com/sites/default/files/legacy/reports/1112_INTL_NAFTA_20Years.pdf

[8] Economic Policy Institute (2003): “NAFTA-related job losses have piled up since 1993”. Disponible en http://www.epi.org/publication/webfeatures_snapshots_archive_12102003/

[9] Schwartz, P. (2013): “El deseado acuerdo transatlántico sobre comercio e inversión: un buen proyecto difícil de llevar”, en Revista de Economía ICE, nº 875, noviembre-diciembre 2013.

[10] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[11] Chang, H-J. (2002): Retirar la escalera. La estrategia del desarrollo en perspectiva histórica. Catarata, Madrid.

[12] Ibidem.

[13] Executive Office of the President. The United States trade representative (2013). Carta a John Boehner, portavoz.

[14] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[15] ElMundo.es (16/04/2014): “Cameron acusa a la Unión Europea de frenar el fracking”. Disponible en http://www.elmundo.es/ciencia/2013/12/17/52b0419761fd3d1e328b4575.html

Fuente: ATTAC

Extraído de: Círculo Viriato

samedi, 18 octobre 2014

Emmanuel Todd: les libéraux occidentaux doivent applaudir les Russes

Emmanuel Todd: les libéraux occidentaux doivent applaudir les Russes

Auteur : Ria Novosti
 

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L'historien et sociologue français Emmanuel Todd il n'a jamais été prisonnier des idéologies, bien qu'il les ait minutieusement étudiées du point de vue scientifique. Auteur de nombreux livres et monographies, il a accepté de répondre aux questions de Rossiïskaïa gazeta.

Le monde occidental est parti en guerre contre la Russie, l'accusant de tous les péchés capitaux et de mauvaises intentions. Qu'en pensez-vous?

Emmanuel Todd: Avant les événements ukrainiens déjà, j'avais attiré l'attention sur cette tendance antirusse, manifestement planifiée, dans les médias occidentaux. Les premières attaques régulières contre Moscou ont porté sur le "rejet" des minorités sexuelles. Ensuite, de nombreux articles ont avancé que la politique de Poutine était "impossible à comprendre" et qu'il était "imprévisible". Pour être franc, cela m'a beaucoup amusé. Car à mon avis, la ligne politique du gouvernement russe est au contraire très rationnelle et réfléchie. Les Russes sont fiers d'être Russes et s'ils disposent des moyens nécessaires, ils font tout pour éviter la cabale. Ainsi, le soutien affiché à la population russophone dans le sud-est de l'Ukraine s'inscrit parfaitement dans cette logique.

En ce qui concerne les préoccupations des Baltes ou des Polonais, persuadés que demain Moscou compte les engloutir, elles sont complètement infondées. Cela n'a absolument aucun sens. La Russie a déjà suffisamment de soucis pour aménager son vaste territoire.

Cela fait longtemps que vous vous intéressez à la Russie - essentiellement comme anthropologue et sociologue. En 1976 déjà, à l'âge de 25 ans, vous avez écrit un livre intitulé La Chute finale où vous évoquiez les causes susceptibles de désintégrer l'URSS. Ce livre, qui a fait beaucoup de bruit, n'a pas été pris au sérieux à l'époque. Quelle est votre vision de la Russie contemporaine?

Emmanuel Todd: Si vous vous penchez sur l'histoire de la Russie, vous comprenez que son rôle dans les affaires mondiales - et en particulier européennes - a toujours été positif. La Russie a subi une humiliation dans les années 1990, juste après l'effondrement de l'URSS. L'attitude de l'Ouest fut alors insupportable et injuste mais en dépit de cela, la transition a pu se faire dans une certaine dignité. Aujourd'hui, ce pays a retrouvé sa place dans les affaires mondiales et a atteint un équilibre interne. Il a atteint une stabilité démographique et enregistre même une croissance de sa population plus élevée que dans le reste de l'Europe. L'espérance de vie augmente. A terme, le taux de mortalité infantile sera inférieur à celui des États-Unis selon les statistiques. Le fait que la Russie attire un flux d'immigrés en provenance des pays voisins montre qu'elle revêt pour eux un intérêt économique.

À mon avis, la Russie joue un rôle particulier dans les affaires internationales, dont elle a hérité de la Guerre froide, qui est d'assurer l'équilibre mondial. Grâce à son arsenal nucléaire, la Russie est aujourd'hui le seul pays capable de contenir les Américains. Sans elle, le monde aurait connu un sort catastrophique. Tous les libéraux occidentaux devraient l'applaudir: contrairement aux démocraties européennes, elle a accordé l'asile à Edward Snowden. Quel symbole explicite: la Russie, bastion des libertés dont les pays européens se veulent les porte-drapeaux.

En 2002 sortait votre livre Après l'Empire, où vous évoquez les causes de l'affaiblissement, lent mais sûr, des USA. Qu'en est-il aujourd'hui?

Emmanuel Todd: En effet, j'ai écrit à l'époque que l'agressivité de l'Amérique n'était absolument pas une manifestation de sa puissance. Au contraire, elle cachait la faiblesse et la perte de son statut dans le monde. Ce qui s'est passé depuis a confirmé mes conclusions de l'époque. Et cela reste exact aujourd'hui également. Ne croyez pas que j'ai été motivé par un anti-américanisme quelconque. Pas du tout. Néanmoins, je constate que l'"empire" américain est en phase de déclin. Et cela peut être vu particulièrement dans la manière dont les États-Unis, à chaque fois qu'ils perdent l'un de leurs alliés, prétendent que rien de significatif ne s'est produit. Prenez l'exemple de l'évolution des relations de Washington avec l'Arabie saoudite. Les échecs permanents des Etats-Unis au Moyen-Orient sont flagrants pour tout le monde, notamment à travers les derniers conflits en Irak et en Syrie. Et Riyad, qui était autrefois leur plus proche allié dans la région, est en fait sorti du contrôle américain, même si bien sûr personne ne l'admet. Même chose pour la Corée du Sud, qui s'éloigne des États-Unis pour coopérer de plus en plus activement avec la Chine. Le seul véritable allié loyal des Américains en Asie reste le Japon. Mais à cause de sa confrontation avec Pékin, ce pays ne sait plus où se mettre.

Et l'Europe?

Emmanuel Todd: Le processus est similaire en Europe. La principale évolution que le Vieux continent ait connue ces dernières années est la montée en puissance de l'Allemagne. Avant, je pensais que l'Europe allait continuer à se développer, tirée par la locomotive d'intégration Berlin-Paris. Mais les choses se sont passées autrement. Tout d'abord, l'Union européenne ne s'est pas transformée en union des nations "libres et égales", comme le rêvaient ses fondateurs. Elle a pris la forme d'une structure hiérarchique sous l'égide de l'Allemagne, qui a largement dépassé sur le plan économique tous les autres pays de l'UE. Par nature, les Allemands ne peuvent pas percevoir le monde autrement qu'à travers un prisme hiérarchique. Cette ascension de Berlin s'est accélérée notamment après la crise financière de 2008. Aujourd'hui, l'Europe est contrôlée par l'Allemagne. Les premiers signes d'une perte de contrôle sur Berlin par les Américains sont apparus au début de la guerre en Irak quand Paris, Moscou et Berlin, qui marchaient jusque-là dans le sillage des USA, s'y sont opposés. Ce fut une étape fondamentale.

Depuis, dans un domaine aussi crucial que l'économie internationale, l'Allemagne mène sa propre ligne pour défendre ses intérêts nationaux. Elle ne cède pas à la pression des Américains, qui croient que tout le monde devrait jouer selon leurs règles et insistent pour que les Allemands renoncent, par exemple, à leur politique d'austérité budgétaire. Cette ligne est imposée sous la pression de Berlin à l'ensemble de l'Union européenne, et les Etats-Unis ne peuvent rien y faire. Dans ce domaine, les Allemands n'accordent pas d'importance à l'avis des Américains. Nous pouvons aussi rappeler les récents scandales impliquant les écoutes téléphoniques, quand les Allemands – un cas sans précédent – ont expulsé le chef de la CIA à Berlin. Mais l'économie reste le plus important. Les Américains n'adoptent pas, dans ces circonstances, une attitude menaçante. Pas parce qu'ils ne veulent pas, mais parce qu'ils ne peuvent pas. En l'admettant tacitement, ils reconnaissent en quelque sorte que leur pouvoir touche à sa fin. Cela ne saute probablement pas aux yeux, mais c'est la réalité.

Néanmoins, certains pensent que les USA restent une puissance dirigeant les affaires mondiales, notamment européennes.

Emmanuel Todd: Il y a l'ancien monde et le nouveau monde. L'ancien monde, c'est la vision héritée de l'époque de la Guerre froide. Elle reste bien ancrée dans la conscience des faucons américains, dans les pays baltes et en Pologne. Il est clair que l'expansion de l'OTAN vers l'Est après la chute du mur de Berlin est un exemple typique de l'inertie de la pensée dans l'esprit de la Guerre froide, peu importe les termes employés. Dans l'ancien monde, l'Allemagne jouait plutôt un rôle de modérateur, d'élément rationnel préconisant une solution pacifique aux problèmes et favorable au partenariat économique. Mais un nouveau monde est apparu et il n'est plus contrôlé par les Américains.

Après le mur de Berlin, le mur des sanctions

L'Europe a aujourd'hui sa propre dynamique. Elle n'a pas d'armée, mais elle est dirigée par l'Allemagne. Et tout se complique, car cette dernière est forte, mais elle est instable dans ses concepts géopolitiques. A travers l'histoire, le pendule géopolitique allemand a oscillé entre une approche raisonnable et des élans mégalomanes qui ont conduit, rappelons-le, à la Première Guerre mondiale. C'est la "dualité" de l'Allemagne. Par exemple, Bismarck cherchait la paix universelle et l'harmonie avec la Russie, alors que Guillaume II, dans l'esprit "l'Allemagne est au-dessus de tous", s'est brouillé avec tout le monde, à commencer par la Russie. Je crains que nous retrouvions aujourd'hui cette dualité. D'une part, l'ancien chancelier Schröder a prôné l'expansion des relations avec Moscou et il a maintenant beaucoup de partisans. D'autre part, on constate une position étonnamment ferme de Merkel dans les affaires ukrainiennes. L'agressivité du monde occidental envers la Russie ne s'explique donc pas uniquement par la pression des Etats-Unis.

En effet, tout le monde s'attendait à une médiation active de Berlin dans la crise ukrainienne, mais ce n'a pas été le cas.

Emmanuel Todd: Il me semble que l'Allemagne s'engage de plus en plus dans une politique de force et d'expansion voilée. La réalité de l'Allemagne après la réunification est qu'elle a miné les structures étatiques fragiles en Europe. Rappelez-vous la défunte Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, et aujourd'hui il semble que ce soit le tour de l'Ukraine. Pour la plupart des Européens, l'Ukraine n'a aucun intérêt particulier. Pas pour les Allemands. Depuis l'époque de la réunification, l'Allemagne a mis la main sur la quasi-totalité de l'ancien espace de domination soviétique et l'utilise à ses propres fins économiques et industrielles. En c'est, je pense, l'un des secrets de la réussite de l'économie allemande. Face à un grave problème démographique et un taux de fécondité faible, elle a besoin d'une main-d'œuvre qualifiée et bon marché. Donc, si vous restez dans cette logique, obtenir par exemple les deux tiers des travailleurs ukrainiens est une opération très bénéfique pour Berlin.

D'ailleurs, le 23 août, Angela Merkel a été la seule des chefs d'Etats de l'UE à se rendre en visite à Kiev à l'occasion de la célébration de l'indépendance de l'Ukraine.

Emmanuel Todd: D'après moi, c'était un événement marquant. Et je pense que Moscou l'a également remarqué.

Pourquoi, d'après vous, les États-Unis montrent-ils un tel zèle dans les affaires ukrainiennes?

Emmanuel Todd: Parce que leur stratégie vise à affaiblir la Russie. En l'occurrence par la crise ukrainienne. Mais n'oublions pas qui l'a provoquée. Après tout, le point de départ était la proposition de l'UE de conclure un accord d'association avec Kiev. Puis l'Union européenne a soutenu le Maïdan conduisant au coup d'Etat, qui s'est déroulé avec le consentement silencieux des capitales européennes. Quand les événements en Crimée se sont produits, les Américains ne pouvaient pas rester à l'écart, au risque de "perdre la face". Les "faucons", partisans des idées de la Guerre froide, sont alors passés au premier plan pour définir la politique américaine vis-à-vis de la Russie. Je ne pense pas que les Américains souhaitent l'exacerbation de ces conflits, mais nous devons suivre de près jusqu'où pourrait aller leur désir de "sauver la face".


- Source : Ria Novosti

Russian Foreign Minister Lavrov’s Speech at the UN

“Pardon Us For Our Country’s Existence in the Middle of Your Military Bases” – Russian Foreign Minister Lavrov’s Speech at the UN

sergei-lavrov-russie-syrie-300x224.jpgIn a courageous and brilliant speech to the United Nations General Assembly on September 27, 2014, Russian Foreign Minister Sergei Lavrov pierced the veil of obfuscation that characterizes too many speeches at the United Nations, and delivered a scathing denunciation of Western imperialism, imperialism that can only be accurately described as global theft.  Lavrov, on behalf of the Russian Federation implicitly warned that US/NATO is risking global war in embarking on its campaign to seize and dominate huge territories, while inexorably and ruthlessly determined to conquer and subjugate Russia, having learned nothing from the historic reality that Napolean’s effort to dominate Russia led to the collapse of Napoleonic France, and Hitler’s attempt to subjugate Russia led to the obliteration of his Third Reich. 

Perhaps this third attempt to conquer and subjugate Russia may lead not only to war encompassing huge territories of the globe, but, dialectically, may be the catalyst leading to the ultimate decline of capitalism, an economic system which thrives almost entirely on imperialism, and is undergoing a possibly terminal crisis, as described by the French economist, Thomas Piketty in his best-selling work “Capital in the 21 Century.”  In desperation, dysfunctional Western capitalism is lashing out recklessly and irrationally, unwilling and unable to preclude the disastrous consequences of its myopic policies.  And one possible consequence of current US/NATO policies is thermonuclear war.

Lavrov stated:  “The U.S.-led Western alliance that portrays itself as a champion of democracy, rule of law and human rights within individual countries, acts from directly opposite positions in the international arena, rejecting the democratic principle of sovereign equality of states enshrined in the UN Charter and trying to decide for everyone what is good or evil.”

“Washington has openly declared its right to unilateral use of force anywhere to uphold its own interests.  Military interference has become a norm – even despite the dismal outcome of all power operations that the U.S. has carried out over the recent years.”

“The sustainability of the international system has been severely shaken by NATO bombardment of Yugoslavia, intervention in Iraq, attack against Libya and the failure of operation in Afghanistan.  Only due to intensive diplomatic efforts the aggression against Syria was prevented in 2013.  There is an involuntary impression that the goal of various ‘color revolutions’ and other projects to change unsuitable regimes is to provoke chaos and instability.”

“Today Ukraine has fallen victim to such an arrogant policy.  The situation there has revealed the remaining deep-rooted systemic flaws of the existing architecture in the Euro-Atlantic area.  The West has embarked upon the course towards ‘vertical structuring of humanity’ tailored to its own hardly inoffensive standards.  After they declared victory in the Cold War and the ‘end of history,’ the U.S. and EU have opted for expanding the geopolitical area under their control without taking into account the balance of legitimate interests of all peoples of Europe […] NATO enlargement to the East continued in spite of the promises to the contrary given earlier.  The instant switch of NATO to hostile rhetoric and to the drawdown of its cooperation with Russia even to the detriment of the West’s own interests, and additional build up of military infrastructure at the Russian borders – made obvious the inability of the alliance to change the genetic code it embedded during the Cold War era.”

“The U.S. and EU supported the coup d’etat in Ukraine and reverted to outright justification of any acts by the self-proclaimed Kiev authorities that opted for suppression by force of the part of the Ukranian people that had rejected the attempts to impose the anti-constitutional way of life to the  entire country and wanted to defend its rights to the native language, culture and history.  It is precisely the aggressive assault on these rights that compelled the population of Crimea to take the destiny in its own hands and make a choice in favor of self-determination.  This was an absolutely free choice no matter what was invented by those who are responsible in the first place for the internal conflict in Ukraine.”

“The attempts to distort the truth and to hide the facts behind blanket accusations have been undertaken at all stages of the Ukranian crisis.  Nothing has been done to track down and prosecute those responsible for February bloody events at Maidan and massive loss of human lives in Odessa, Mariupol and other regions of Ukraine.  The scale of appalling humanitarian disaster provoked by the acts of the Ukrainian army in the South-Eastern Ukraine has been deliberately understated.  Recently, new horrible facts have been brought to light when mass graves were discovered in the suburbs of Donetsk.  Despite UNSG Resolution 2166 a thorough and independent investigation of the circumstances of the loss of Malaysian airliner over the territory of Ukraine has been protracted.  The culprits of all these crimes must be identified and brought to justice.  Otherwise the national reconciliation in Ukraine can hardly be expected.”

In total contempt for truth and international law, Kiev’s escalation of the Ukranian crisis is being relentlessly prepared, in an ultimate act of deceit, as Ukranian President Poroshenko assumes military regalia, threatening Russia’s survival, and, indeed the survival of his own bankrupt country, and is now speaking of all-out war with Russia.

Last month Washington pledged and delivered 53 million dollars of US taxpayer’s money to provide military aid to the Kiev regime, which is using the ceasefire arranged by Russian President Putin and the OSCE as an opportunity to acquire more sophisticated and deadly weapons and prepare for another barbarous onslaught against civilians in east and southeastern Ukraine, where the massacre of almost 4,000 citizens of East Ukraine and the desperate plight of more than one million refugees  followed the “secret” visit to Kiev, (under a false name) of CIA Director John Brennan last April.

But perhaps the most brazen announcement of US/NATO intent to inflict further carnage upon the citizens of East Ukraine , whose rejection of the Nazi infested and Western controlled regime in Kiev has resulted in Kiev’s campaign of extermination of its dissident Ukrainian citizens, is the return to Kiev this month of the US Assistant Secretary of State for European and Eurasian affairs, Victoria Nuland.  Ms. Nuland was made world famous (or world infamous) by her February declaration “Fuck the EU” while, on behalf of her neocon sponsors in Washington, she engineered the destabilization and overthrow of Ukraine’s democratically elected President Viktor Yanukovich, plunging Ukraine into the civil war that holds the potential of engulfing the world in a conflagration which will be known as World War III.

In her October 7, 2014 speech to the Taras Shevchenko National University of Kiev, Ms. Nuland boasted:  “Ukraine this year has received $290 million in U.S. financial support plus a billion dollar loan guarantee.  And now you have what so many of you stood on the Maidan for, you have an association agreement with Europe and a Deep and Comprehensive Free Trade Agreement.”  That “Association Agreement” holds Ukraine virtual hostage to NATO and the IMF, whose imposition of “austerity measures” will further degrade the living standards of the already impoverished Ukranians.  Ms. Nuland brings a Trojan Horse into Ukraine, unctuously flattering gullible Ukranian students, who will ultimately provide cannon fodder for the war which US/NATO is inciting.

Further on in his September 27 address to the UN General Assembly, Russian Foreign Minister Lavrov states:

“Let me recall a history of not so far ago.  As a condition for establishing diplomatic relations with the Soviet Union in 1933 the U.S. government demanded of Moscow the guarantees of non-interference into domestic affairs of the U.S. and obligations not to take any actions with a view to changing political or social order in America.  At that time Washington feared a revolutionary virus and the above guarantees were put on record on the basis of reciprocity.  Perhaps, it makes sense to return to this topic and reproduce that demand of the U.S. government on a universal scale.  Shouldn’t the General Assembly adopt a declaration on the inadmissibility of interference into domestic affairs of sovereign states and non-recognition of coup d’etat as a method of the change of power?  The time has come to totally exclude from the international interaction the attempts of illegitimate pressure of some states on others.  The meaningless and counterproductive nature of unilateral sanctions is obvious if we took an example of the U.S. blockade of Cuba.”

“The policy of ultimatums and philosophy of supremacy and domination do not meet the requirements of the 21 century and run counter to the objective process of development of a polycentric and democratic world order.”

Reprinted with permission from GlobalResearch.ca.

mardi, 14 octobre 2014

Recension de « France, les années décisives » de Laurent Ozon

Recension de « France, les années décisives » de Laurent Ozon

Lu avec grand intérêt le livre d’entretien1 que vient de publier Laurent Ozon. Le titre : « France, les années décisives ». Court (100 pages), et incisif.


J’ai relevé en particulier les points forts suivants :

- A la différence de trop d’analystes contemporains, Ozon a parfaitement conscience du fait que le paradigme dans lequel nous sommes amenés à situer les faits aujourd’hui peut évoluer très soudainement dans un avenir relativement proche. Cette question du paradigme est au point de départ de son approche, ce qui rend son propos intéressant non seulement par son contenu, mais aussi par la méthode qu’il illustre.
- Exposé précis permettant au lecteur de bonne foi de bien comprendre que les acteurs ne sont pas nécessairement régis par leur essence, mais aussi, en partie au moins, par leur place dans un système. D’où, par exemple, une vision pondérée de la question particulière posée par l’emprise des réseaux pro-Israël et les modalités de fonctionnement des oligarchies au sens large.
- Surtout, l’ouvrage est tourné vers la recherche des solutions. C’est appréciable, à un moment où l’essentiel de la littérature dissidente française est hélas encore centré sur la simple critique du système en place.

Dans ce domaine, je relève que la proposition tactique d’Ozon, le localisme, est assez proche de celle que j’avais formulée il y a quelques années dans « De la souveraineté ». Il y a toutefois une nuance : là où j’identifiais la création d’une contre-société distincte comme un préalable à la constitution des structures souhaitables, Ozon préfère évoquer un « nous » qui s’organiserait autour de ces structures, sans jamais dire clairement si ce « nous » renvoie au peuple d’une manière générale, ou à une fraction de celui-ci. Sa proposition tactique est donc plus ouverte que la mienne, en ce sens qu’elle peut être insérée dans plusieurs stratégies politiques. A posteriori, ce pragmatisme me paraît constructif.

Proximité également dans l’évaluation des scénarios d’effondrement du système global existant. Ozon ne croit pas à l’écroulement à court terme pour des raisons énergétiques, et s’attend à une dégradation lente sur le modèle de la crise terminale du Bas-Empire romain. Toutefois, je serais peut-être, à titre personnel, moins catégorique que lui quand il s’agit d’évacuer l’hypothèse de Piero San Giorgio. Certes, le scénario d’une crise des combustibles liquides entraînant l’écroulement de la structure globale à l’horizon 2020 n’est pas le plus probable. Mais il faut sans doute garder en tête sa possibilité, eu égard à la grande vulnérabilité du schéma d’ensemble.

Proximité enfin sur les questions géopolitiques. Nécessité pour la France de trouver des alliances, logiquement dans une Europe reliée à la Russie, si elle entend sortir de l’emprise exercée par les USA et leurs relais. La France seule n’est pas un remède aux maux de la seule France, là-dessus nous sommes bien d’accord. Seul bémol : je pense que l’évolution récente de l’Allemagne donne, sur ce point précis, raison à Pierre Hillard, qui juge les milieux atlantistes pour l’instant prépondérants Outre-Rhin. En ce sens, la confrontation entre les deux pensées, celle de Pierre Hillard et celle de Laurent Ozon, est intéressante : elle définit une dialectique.

Quant à la critique sans concessions que Laurent Ozon fait des positions récentes d’Aymeric Chauprade, elle me paraît tout à fait justifiée. J’ai relevé en particulier l’argument relatif aux dynamiques démographiques en cours d’une part en Afrique du Nord, d’autre part en Afrique subsaharienne. Il est évident que la « préférence chrétienne » en matière d’immigration est une idée dangereuse au moment où le réservoir de flux migratoires de loin le plus important est situé au sud du Sahara, dans une Afrique occidentale et centrale où l’islam n’est pas majoritaire.

Je n’ai relevé que deux points dans l’exposé qui mériteraient sans doute de plus grands développements : la question de l’euro et la remigration.

Sur l’euro, la position de Laurent Ozon tend vers la formule « monnaie commune mais pas unique », l’idée étant qu’en supprimant l’euro comme monnaie unique, on redonne de la souplesse à la politique monétaire à l’échelle nationale, voire locale, tandis qu’en conservant l’euro comme monnaie commune, on préserve un instrument de définition d’un grand espace géopolitique européen. Cette position est intéressante, mais elle occulte pour l’instant une question connexe décisive : quid de la dette ? L’inconvénient de conserver l’euro comme monnaie commune est qu’en le faisant perdurer, on risque de s’interdire de libeller les dettes en monnaies nationales.

Sur la remigration, je retrouve un peu chez Laurent Ozon le reflet inversé du discours monolithique des partisans de l’assimilation des populations allogènes. Dans les deux cas, ces populations sont appréhendées comme des blocs supposés homogènes dans leur substance, ce qui se discute, et même dans leur dynamique, ce qui est manifestement faux. Je crois, quant à moi, qu’il faut admettre qu’une partie de ces populations a vocation à être assimilée dans l’ensemble français, tandis qu’une autre partie devra retourner dans l’aire civilisationnelle d’où elle est venue. Ici, l’acceptation préalable d’une assimilation partielle constituerait sans doute un atout pour l’argumentaire en faveur de la remigration. En particulier, elle ouvrirait une piste de travail qui, si elle a été balisée aussi tôt que possible, en amont des évènements qui risquent de se produire, sera beaucoup plus facile à suivre le moment venu.

Au final, « France, les années décisives » est un livre très utile. Sa lecture fera avancer le lecteur dans sa réflexion, qu’il soit d’accord avec l’auteur, ou pas.

Michel Drac
05 octobre 2014


Quatrième de couverture :

« De toutes parts, les convergences catastrophiques se rapprochent de notre pays. La colonisation de peuplement explose, la violence physique et sociale s’aggrave, la pauvreté augmente, nos valeurs de civilisation les plus fondamentales sont attaquées, les ressources diminuent, la nature est surexploitée, bref, nous le sentons tous, notre société s’effondre lentement.

La planche à billets tourne pour maintenir encore quelques temps un système économique et social à bout de souffle financé par la dette. Cette société engendrera bientôt des souffrances à grande échelle et de forte intensité, en particulier à cause de l’échec inévitable du multiculturalisme et de l’invraisemblable politique migratoire, qui bouleverse les populations de la France et de toute l’Europe occidentale.

Nos compatriotes commencent à se tourner les uns vers les autres pour se protéger, se lier, se regrouper, se préparer. La vision d’un monde uni dans la paix, l’intelligence et le progrès matériel, par le jeu de la libre-concurrence, se dissipe. À sa place, reviennent s’imposer, lentement, inexorablement, les vieilles lois du vivant depuis que le monde est monde : Territoires, Ressources, Reproduction. Nous y voilà, à nouveau, finalement.

Cet ouvrage est l’occasion de revenir sur cette période curieuse, la nôtre, faite d’accélérations vertigineuses et de régressions foudroyantes. Dans cette simultanéité, il y a la démonstration évidente que nous vivons déjà, sans vraiment le mesurer, au milieu des ruines et dans le chantier des mondes à naître. C’est le moment d’y voir clair, car la France entre dans ses années décisives. »

1« France, les années décisives », Editions BIOS, ISBN 979-10-94233-00-9, 15 euros.
Vous pouvez le commander ici ou.


Voici des extraits du discours prononcé par Laurent Ozon lors du rassemblement fondateur du Mouvement pour la Remigration le 21 septembre 2014 à Paris.

"Derrière les islamobsessionnels, islamophiles ou islamophobes, il y a des intérêts puissants, qui ne sont pas les nôtres et qui veulent nous réduire au silence. Finissons-en avec l'islamocentrisme qui divise, car l'immigration est le vrai problème." -Laurent Ozon

Retrouvez également l'émission que Méridien Zéro a consacré à la réunion de fondation du Mouvement pour la Remigration. Elle se compose d'extraits de l'intervention de Laurent Ozon ainsi que d'interviews rapides de participants au meeting, connus et moins connus : François Sainz, gérant des éditions Le Retour aux sources, Messieurs K. et PGL, Vincent Vauclin de la Dissidence française, Jean Bon du Cercle Non Conforme ou encore Christophe et Fred, militants du MAS. Cliquez sur l'image ci-dessous pour écouter.

 

lundi, 13 octobre 2014

La Belgique a un nouveau premier ministre...

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La Belgique a un nouveau premier ministre...

Route de l'arctique, route de la soie et euroBRICS

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Route de l'arctique, route de la soie et euroBRICS

par Jean Paul Baquiast
 
Dans un excellent article que vient de publier Agoravox , Romaric Thomas, un jeune politologue qu'à notre grande honte nous ne connaissions pas assez, « L'arctique, une question de sécurité nationale pour la Russie », expose les nombreuses raisons pour lesquelles la Russie s'intéresse à l'arctique. Ceci est connu, mais mérite d'être clairement résumé, comme le fait cet auteur.

La Russie ne s'intéresse pas seulement à l'arctique et au pôle dans la perspective de développer les ressources considérables et très diverses que le réchauffement climatique offrira à ses territoires du Nord comme aux eaux territoriales adjacentes. Elle s'y intéresse aussi au regard des futures liaisons régulières (bientôt sans brise-glaces en été) que la « Route maritimes du Nord » lui permettra d'assurer avec l'Asie et notamment la Chine.

Enfin, en matière de défense, comme le pôle nord et les 5 pays par entourant la zone, Russie, Etats-Unis (par l'Alaska) le Canada la Norvège et le Danemark se sont vu reconnaître par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, une souveraineté sur les 200 milles marins prolongeant leurs côtes, la Russie a tout intérêt, non seulement à défendre sa propre zone économique exclusive, mais à démontrer que celle-ci, au vu d'études récentes sur la prolongation vers le pôle du plateau continental russe, serait beaucoup plus étendue que jusqu'ici admis.

Or, les Etats-Unis et le Canada voient ceci d'un très mauvais oeil. Ils feront tout leur possible, y compris par des moyens militaires, pour empêcher la Russie d'étendre ainsi son influence. C'est ainsi que l'Amérique développe de plus en plus de moyens militaires, navals, balistiques et anti-balistiques, pour menacer la Russie dans les régions polaires et sub-polaires. Celle-ci ne peut pas ne pas s'en inquiéter, et préparer des contre-mesures.

Nous avions pour notre part rappelé que dans la perspective d'une éventuelle alliance stratégique entre l'Europe et la Russie (non à exclure à terme, malgré les apparences), les pays européens, France et Allemagne notamment, auraient le plus grand intérêt à s'entendre avec la Russie pour la mise en valeur des ressources de l'océan arctique – sans exclure des moyens conjoints pour protéger des milieux naturels très fragiles. Il semble que le gouvernement russe actuel verrait avec faveur cette perspective. Les Etats-Unis s'y opposeraient par tous les moyens. Or ils disposent encore de nombreux arguments frappants pour ce faire.

La Chine

Dans un non moins bon texte dont le saker.fr vient de publier la traduction, l'essayiste Pepe Escobar vient parallèlement de rappeler en quoi pourrait consister le projet de route de la soie proposé par la Chine. Il s'agirait de deux ensembles de liaisons maritimes, terrestres, électroniques (voir notre article référencé ci-dessous) reliant la Chine avec l'Europe, en mettant en relation sur cette route les différents pays géographiquement traversés ou voisins.

Il est évident que ces pays verront initialement avec méfiance un tel projet, qui mettrait leurs économies déjà fragiles en concurrence directe avec le milliard de producteurs chinois ne se satisfaisant plus d'étendre leur influence aux économies européennes et africaines qu'ils ont déjà pénétrées. Mais la Chine, et pourquoi pas ne pas retenir cette vue optimiste, fait valoir que les avantages seraient dans les deux sens, les pays terminaux et les pays traversés pouvant eux aussi profiter des échanges réciproques facilités par ces deux routes de la soie.

Pépé Escobar va plus loin. Comme l'indique le titre de son article, il voit s'esquisser pour les années (ou décennies à venir) un véritable nouvel axe de puissance, associant non seulement la Chine et la Russie, mais l'Allemagne. Celle-ci, une des premières nations industrielles et un peu à l'étroit dans le cadre européen, pourrait vraiment s'affirmer comme une authentique puissance politique mondiale, à l'instar de la Russie, la Chine mais aussi les Etats-Unis. Les cendres de Bismark et de Adolf Hitler, où qu'elles soient, devraient ainsi en tressaillir d'aise. Pepe Escobar ne l'écrit pas clairement mais il le laisse entendre. Pour lui, les autres nations européennes, dont la France, n'auraient pas leur mot à dire et rien à faire dans cette perspective, vu leur insignifiance économique et leur soumission transatlantique à Washington.

EuroBRICS

Nous pensons que les deux articles présentés ici oublient un point essentiel, au moins aux yeux de ceux qui comme nous ici défendent le concept d'EuroBRICS. Il s'agit de la coopération stratégique pouvant s'établir, dans le cadre d'une telle alliance, entre les pays européens, dotés de nombreuses ressources notamment scientifiques et technologiques, et ceux du BRICS, sans exclure évidemment l'Inde.

D'ores et déjà, ces pays européens, dont évidemment la France, devraient s'efforcer de ne pas se faire exclure des grands projets du BRICS et de l'OCS, désormais décidés. Il s'agira non seulement de mettre en place un nouveau Fonds monétaire, une nouvelle banque mondiale, une monnaie harmonisée voire commune entre ces pays, mais de lancer de grands programmes de développement et de lutte contre les destructions de l'environnement. De tels programmes, en cas de succès, intéresseront, rappelons le, approximativement les 3/5 de la population mondiale. L'avenir de l'Europe, comme nous l'avons souvent rappelé, reposera sur sa volonté de participer à un tel ensemble, même si cette démarche impose de résoudre un grand nombre de difficultés politiques et économiques.

Dans l'immédiat, la plus grande des difficultés sera pour l'Europe d'échapper à l'emprise que les Etats-unis ont sur elle depuis la dernière guerre mondiale, et qu'ils cherchent à rendre définitive par les traités de libre-échange transatlantique et transpacifique. Mais on peut espérer que les difficultés s'accumulant pour une Union européenne trop soumise à Washington, des intérêts européens plus réalistes, et pas seulement allemands, réussiront dans un avenir pas trop lointain à se faire entendre.

Références

L'arctique, une question de « sécurité nationale » pour la Russie, de Romaric Thomas, 07/10/2014
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-arctique-une-question-de-157729

La future Route de la soie envisagée par la Chine,  de Jean Paul Baquiast 10/05/2014 http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1329&r_id=

Alliance Pékin-Moscou-Berlin. Extirper Washington de l'Eurasie? de Pepe Escobar, 09/10/2014
http://www.vineyardsaker.fr/2014/10/09/loeil-itinerant-alliance-beijing-moscou-berlin-chine-russie-peuvent-extirper-washington-leurasie/

BRICS + SCO: un défi à la domination américaine? de Jean Paul Baquiast 11/08/2014
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1448&r_id=

Wikipedia. Revendications territoriales en Arctique http://fr.wikipedia.org/wiki/Revendications_territoriales_en_Arctique

Le conflit Euro-Russe vu comme le résultat d’un chevauchement entre deux unions économiques

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Le conflit Euro-Russe vu comme le résultat d’un chevauchement entre deux unions économiques : leçons à tirer pour un monde multipolaire naissant

Ex: http://www.leap2020.net

Le projet Euro-BRICS croit fermement au fait que l’émergence d’un monde multipolaire est une tendance forte qu’il faut accueillir et encadrer plutôt que craindre et endiguer. En effet, LEAP base son travail sur une méthode de prospective originale – l’Anticipation Politique[1]- qui se donne pour mission de contribuer à détecter les tendances irrésistibles, d’identifier les chemins porteurs d’avenir parmi ces tendances et de définir les stratégies d’adaptation permettant aux entités de trouver leur voie vers ces avenirs positifs. L’un de nos prédicats est que tenter de contenir les tendances lourdes aboutir à la violence, qu’elle soit économique sociale ou militaire.

LEAP, et que le projet Euro-Brics, considère la crise Ukrainienne comme un événement briseur de tendance lourde, perturbant l’émergence pacifique et organisée d’un monde multipolaire, et entraînant brusquement l’Europe et la planète vers une polarisation conflictuelle entre Ouest et Est, entre anciens leaders mondiaux et puissances émergentes, et à terme entre Etats-Unis et Chine.

C’est pour cette raison que le LEAP et le projet Euro-BRICS tentent de comprendre les dynamiques à l’?uvre derrière cette crise. Ainsi, une première discussion en ligne a eu lieu en Mai, réunissant les universitaires du réseau Euro-BRICS et donnant lieu à deux résultats :

  • la publication d’une déclaration conjointe visant à promouvoir les idées 1/ d’un partage de responsabilités de la crise entre l’Europe et la Russie, 2/ comme condition préalable à la reprise de négociations constructives entre  Européens et  Russes, et entre pro-Européens et pro-russes en Ukraine, 3/ en utilisant le cadre Euro-BRICS comme facilitateur diplomatique (cf  les trois propositions stratégiques de notre déclaration conjointe)
  • la compréhension du conflit Euro-Russe sur l’Ukraine comme résultat d’un chevauchement entre deux unions économiques, et la nécessité d’analyser plus en détail cette caractéristique de la crise Ukrainienne.

La crise Ukrainienne est née d’une gestion catastrophique des négociations d’accords de  libre-échange entre l’Ukraine et la Russie d’une part, et entre l’Ukraine et l’Europe d’autre part. La double-offre simultanée s’est transformée en une prise de décision impossible pour l’Ukraine, et cela pour deux raisons :

  • Le marché proposé par l’Europe était exclusif : si l’Ukraine signait avec l’Europe, elle n’était plus autorisée à signer avec la Russie[2]
  • En novembre 2013, l’Europe rejetait la proposition de l’Ukraine de procéder à des négociations trilatérales (Ukraine, Europe, Russie) dans le but de rendre les deux offres compatibles et bénéfiques à toutes les parties en jeu[3].

Ce comportement de la part de l’Europe met en exergue un trait caractéristique de cette crise : il s’agit d’un conflit territorial entre deux voisins. D’un côté, l’Union Européenne, une zone de libre-échange engagée dans un processus critiquable d’extension sans fin[4]. De l’autre côté, le projet Union Economique Eurasiatique de la Russie, entrant subitement en compétition avec le précédent.

D’autant plus que l’offre russe est devenue un vrai compétiteur comme en témoignent les pays candidats qui ont finalement préféré le deal Russe au deal Européen. En effet, au cours des mois précédant l’éruption de la crise Ukrainienne, d’autres pays auxquels avaient été proposés les deux marchés, ont choisi l’option russe, au plus grand désarroi de l’Europe : l’Arménie en particulier[5], mais aussi la Biélorussie en plein milieu de la crise Ukrainienne[6].

Le fait est que l’Union  Economique Eurasiatique de la Russie est construite sur la base, non seulement de l’ex-URSS, mais aussi de la Communauté des Etats Indépendants librement co-créée après l’effondrement de l’Union Soviétique. La tentative de l’Europe de détourner l’Ukraine, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie et la Moldavie de cette évolution constitue inévitablement une source de conflit dans lesquels les droits de trois parties au moins sont remis en question :

  • Le droit des Européens à l’auto-détermination en ce qui concerne les limites de leur union est ignoré (il a été régulièrement demandé par une grande partie des acteurs civils et politiques  que tout nouvel élargissement soit soumis à un référendum)
  • Le droit des Ukrainiens à rester unis et indépendants dans le cadre de partenariats équilibrés et synergiques entre ses deux voisins (étant donnée la double nature de l’Ukraine, l’accord exclusif vers lequel l’Europe poussait l’Ukraine ne pouvait aboutir qu’à la division ou à la guerre civile)
  • Le droit des Russes à créer les conditions de leur sécurité et de leur prospérité par l’intégration à-l’européenne de leur voisinage géographique, historique et culturel.

Il ne s’agit bien sûr pas d’être naïf. Il est légitime que le développement d’une union économique centrée sur la Russe suscite quelques inquiétudes du côté de ses voisins frontaliers – que ce soit l’Europe ou la Chine d’ailleurs. Mais le droit de la Russie à s’organiser suivant ces logiques doit être affirmé pour permettre à cette évolution d’être encadrée par des négociations constructives afin d’obtenir une configuration mutuellement bénéfique et porteuse de paix.

Le monde multipolaire est constitué de telles régions  et le défi consiste à admettre le droit de ces régions à exister et à construire les outils de leur pérennité, mais aussi la nécessaire invention du cadre global susceptible de garantir la coexistence pacifique de ces régions. De grandes questions se posent : Comment définir les limites de chaque région ? Ces limites devraient-elles prendre en compte les zones « tampons » (comme l’Ukraine aurait dû le rester), dans quels cas et pourquoi ? Comment organiser les relations pacifiques trans-régionales ? Les accords de libre-échange ne devraient-ils pas être réservés aux relations économiques intra-régionales ? A quoi peuvent servir les organisations de l’ancien système international  (par exemple l’OMC qui a réellement besoin de reconsidérer les principes du système économique mondial du 21ème siècle[7] ) ?…

La crise Ukrainienne, si elle n’est pas correctement résolue, est de bien mauvais augure pour l’avenir des interactions entre unions régionales. Qu’en sera-t-il du chevauchement potentiel entre Mercosur et ALENA ? ALENA et Union Européenne ? etc… Le monde se dirige-t-il aveuglement vers une situation de type pré-1ère guerre mondiale ? Ou l’Europe et la Russie, accompagnées des acteurs principaux du monde multipolaire émergent – les BRICS, peuvent-elles tirer parti  de leur expérience historique douloureuse et commune afin d’éviter un nouveau scénario tragique ?

Il est dommage que la fondatrice de la méthode d’intégration régionale, l’Europe, n’ait pas  été capable d’anticiper, ou au moins de gérer de façon rationnelle, cette inévitable confrontation. Aujourd’hui, il appartient à l’Europe et aux BRICS de réfléchir ensemble aux principes et aux outils pouvant engendrer un monde multipolaire harmonieusement articulé, respectant le droit de chaque région à son union économique (et politique). Les BRICS, de leur côté, peuvent évidemment travailler sur ces  thèmes, mais tant qu’au moins la moitié du monde occidental (Europe) sera en désaccord avec les nouveaux principes et règles qu’ils mettront en place, les tensions augmenteront entre les anciennes et les nouvelles puissances mondiales.

Voilà  quelques unes des questions dont nous souhaitons débattre au cours de notre prochaine réunion Euro-BRICS en ligne.

 
Notes

[1]
                  Le concept d’Anticipation Politique a été inventé par Franck Biancheri, notre très regretté directeur des études, élaboré gdans le cadre d’un partenariat avec la Sorbonne en 2009, formalisé par Marie-Hélène Caillol dans son Manuel d’Anticipation Politique, pour être désormais enseigné par la  FEFAP

[2]
                 « De nombreux décideurs estiment que l’UE doit redoubler d’efforts pour coopérer avec la Russie dans la région au lieu de proposer aux pays du Partenariat oriental des accords commerciaux mutuellement exclusifs qui créent un sentiment de rivalité entre Bruxelles et Moscou ». Source : Council on Foreign Relations, 14/03/2014

[3]
                  « Le 21 novembre 2013,… un décret du gouvernement ukrainien a suspendu les préparations à la signature de l’accord d’association; à la place, il proposait de créer un comité commercial tripartite entre l’Ukraine, l’UE et le Russie qui résoudrait les questions commerciales entre les différentes parties. Le Premier Ministre Mykola Azarov a publié ce décret pour “garantir la sécurité nationale de l’Ukraine” et en tenant compte des possible ramifications commerciales avec la Russie (et d’autres pays de la CEI) si l’accord était signé au Sommet de Vilnius des 28-29 novembre… L’UE a rejeté les négociations trilatérales et a demandé à Yanoukovitch de s’engager à signer l’Accord d’Association, ce qu’il a alors refusé ». Source : Ukraine-European Union Association Agreement, Wikipedia

[4]
                   L’élargissement aux pays d’Europe orientale dans la foulée de la chute du Mur de Berlin était légitime mais a été mené trop vite et trop loin. Il a nuit à la fois au processus d’intégration politique de l’UE (révélé par l’extrème faiblesse de l’Europe dans la gestion des conséquences de la crise actuelle) et à la bonne intégration des pays d’Europe orientale (révélé par les taux de participation affligeants de ces pays aux dernières élections euopéennes). Suite à l’extension accélérée aux pays de l’ex-URSS dans les années 90, la perspective d’un élargissement déraisonnable (vers l’Ukraine et la Turquie en particulier) a contribué au rejet par les français et les néerlandais du Traité constitutionnel en 2005. Le message a été entendu à l’époque et tout processus d’élargissement stoppé… Mais seulement pour quelques temps : en effet, les accords de libre-écxhange négociés avec l’Ukraine et autres, par une Europe qui se résume finalement elle-même à une zone de libre-échange, correspondent en fait à de l’élargissement caché.

[5]
                  Source : EUObserver, 04/09/2013

[6]
                  Source : Wall Street Journal, 29/05/2014… dans lequel le traitement de l’information est particulièrement révélateur.

[7]
                   Surtout depuis que l’Inde a mis son veto à l’Accord sur la facilitation des échanges mondiaux, ce qui a mis fin au processus de globalisation tel que nous le connaissions. Source : The Guardian, 22/08/2014

 

 

BRICS 2009-2014 : Cinq ans d’occasions perdues pour l’Europe…

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BRICS 2009-2014 : Cinq ans d’occasions perdues pour l’Europe…

Ex: http://www.leap2020.net

Lorsque les BRIC ont lancé leur club en 2009[1], leur objectif était simple : constituer un groupe suffisamment puissant pour initier une dynamique de réforme des institutions de la gouvernance mondiale dans le sens de leur adaptation aux nouvelles réalités du monde multipolaire dont ils étaient les principaux représentants : faire concorder poids de vote et participation financière au FMI[2] et à la Banque Mondiale, intégrer les contraintes des nouvelles puissances dans la « philosophie » de l’OMC[3], associer le dollar à un panier de monnaies des économies significatives de la planète en vue de la création d’une nouvelle monnaie internationale d’échange plus solide et représentative[4]

Ces pistes de réflexion ne remettaient pas fondamentalement en question le système « américain » précédent. Elles actaient de sa préexistence et proposaient de le compléter pour le rendre viable par rapport aux caractéristiques du monde du XXI° siècle. Le projet des BRICS aurait dû être compris comme une cure de jouvence du système antérieur[5].

Cinq ans plus tard, les BRICS  sont dans un constat d’échec sur leurs propositions collaboratives : en dépit de son président brésilien l’OMC n’a pas réussi à « civiliser » le processus de globalisation largement en cause dans les déséquilibres socio-économiques mondiaux[6] (la décision de l’Inde de ne pas ratifier l’accord de Bali, emblématique de la vision classique OMC du libre-échangisme globalisé, menace d’ailleurs gravement l’institution dans son ensemble) ; la paralysie politique empêche le Congrès américain de voter la remise en question du poids de vote US au FMI [7]; une réforme du système monétaire internationale dépendant des Etats-Unis s’avère impossible[8]

Mais ce n’est pas tout. Les Etats-Unis se sont éloignés des institutions internationales qu’elles n’étaient plus en mesure de contrôler aussi bien qu’avant et ont mis en place un système « international » vu comme l’extension de leur fonctionnement national à la planète entière, notamment : négociation de zones de libre-échange à leurs conditions en lieu et place de leur contribution à un effort de globalisation qui avait cessé d’être à leur seul profit, application de leurs logiques de sanctions au monde entier et pénalisation selon le droit US de tous contrevenants (ex : l’amende de la BNP pour n’en citer qu’un), etc…

Dans le même mouvement, les relations entre les Etats-Unis et les BRICS ont tourné vinaigre : Europe et Etats-Unis poursuivent dans la violence leur grignotage territorial sur la sphère d’influence russe avec les conséquences que l’on sait et notamment la constitution d’un axe russo-chinois puissamment structurant pour les BRICS, Obama met en place une politique de « containment » de la Chine en guise de « pivot »asiatique[9], l’Inde décide de s’éloigner diplomatiquement des Etats-Unis[10], etc…

Dans un tel contexte de recul des puissances du passé devant l’avenir, les BRICS n’ont pas d’autre choix que de créer ex-nihilo leur propre système dont les institutions bancaires et monétaires lancées la semaine dernière à Fortaleza (BR) constituent les premières expressions concrètes[11].

Libre aux occidentaux de voir ces entreprises comme des attaques ciblées contre eux. La réalité est désormais la suivante : les occidentaux avaient la possibilité d’accueillir les BRICS dans leur club qu’ils avaient ainsi l’occasion d’adapter aux nouvelles réalités économico-géopolitiques ; ils restaient ainsi des acteurs influents du monde de demain. Désormais un autre système se met en place, celui des BRICS, le seul des deux à être promis à un avenir au XXI° siècle (structures légères, fonctionnement moderne en réseau, caractérisé par la multipolarité, l’équité[12] et le respect de la diversité, etc…).

Mais les occidentaux ne sont pas au nombre des fondateurs.

Le choix qu’il leur reste est donc le suivant : la confrontation croissante qui entraine le monde vers une bi-polarisation, comme on le voit clairement actuellement (bloc occidental contre reste du monde); ou bien l’intégration à ce nouveau système, mais aux conditions des BRICS bien sûr désormais.

L’occident a déjà perdu la belle occasion qui lui a été donnée en 2009 de participer constructivement à l’organisation du monde du XXI° siècle. Il y aura d’autres occasions mais le rôle imparti aux puissances du passé ira en diminuant, c’est une certitude.

C’est pourquoi nous répétons une fois de plus[13] que, à défaut de sauver un Occident suicidaire, l’Europe aurait vraiment un intérêt vital à se lancer dans un rapprochement stratégique profond avec les BRICS. Les Ministères des Affaires étrangères doivent se doter de départements BRICS, les chefs d’état européens de conseillers BRICS, les centres de recherche européens ouvrir des sections Euro-BRICS, etc…

Et surtout, surtout, les états européens doivent programmer un sommet Euro-BRICS en marge du prochain sommet BRICS qui se tiendra en juillet 2015 en Russie. Un sommet UNASUR-BRICS[14] s’est tenu en marge du dernier sommet BRICS en Amérique du Sud. Ne soyons pas les dindons de la farce : tout[15] impose qu’un sommet Euro-BRICS se tienne en marge du prochain sommet BRICS  en Russie (ou en Finlande) ! Et un tel sommet ne dépend que de nous.

Il reste encore au moins six mois pour agir… C’est beaucoup sur le plan logistique mais est-ce suffisant pour une décision politique ?

 
Notes

[1] Premier Sommet des BRIC, 16 juin 20009 à Iekaterinbourg (Russie). Source : Wikipedia

[2] Source : The Economist, 06/06/2011

[3] Par exemple : The BRICS Post, 04/12/2013

[4] Source : ZeroHedge, 13/10/2013

[6] La globalisation « sauvage » a en effet permis l’apparition de giga-acteurs économiques hors de tout contrôle, le découplage entre salariés et consommateurs,… Si la globalisation est une tendance de fond, sa sauvagerie peut et doit faire l’objet d’un travail politique concerté au niveau mondial.

[7] Source : East Asia Forum, 29/01/2014

[8] En 2009, la Chine en particulier avait exprimé son souhait de participer à la création d’une nouvelle monnaie de réserve. Quatre ans plus tard, dans l’un de nos séminaires Euro-BRICS à Moscou, un représentant de la PBOC nous expliquait que si cette piste était toujours la plus souhaitable pour la Chine, l’impossibilité d’en maîtriser le déroulement les obligeait à suivre un plan B ne dépendant que d’eux, à savoir la signature des accords swap en Yuan en vue de l’internationalisation de leur monnaie comme point d’appui pour un nouveau système monétaire. Il nous expliquait également que l’Euro aurait pu jouer ce rôle s’il avait été libéré de la zone dollar dont, loin d’être une alternative, il constitue de facto le dernier pilier…

[9] Source : Global Times, 25/11/2013

[10] Source : The Telegraph, 10/01/2014

[11] Source : Deutsche Welle, 16/07/2014

[12] Droit de vote à parité en dépit des différents montants de contribution à la Nouvelle Banque de développement, pour ne citer qu’un exemple.

[13] Je fais ici référence notamment à la Lettre Ouverte que nous avons publiée en 2009 dans les pages de la version internationale du Financial Times appelant, quelques semaines avant les Chinois, à repenser le système monétaire international… Ainsi qu’à nos différents appels en faveur de la tenue d’un Sommet Euro-BRICS à l’horizon 2015.

[14] Source : Buenos Aires Herald, 16/07/2014

[15] Crise ukrainienne, reconstruction des relations de voisinage, réflexion sur l’interaction entre unions économiques régionales, reprise de contact avec les vraies dynamiques économiques mondiales, impératif de transition,…

 

dimanche, 12 octobre 2014

ISIS - De steun van de Europese Unie

Herman Van Rompuy met Recep Tayyip Erdogan - 2

 

Europees president Herman Van Rompuy (CD&V) en de Turkse president Recep Tayyip Erdogan, twee van de financiers van ISIS en Jabhat al Nusra. Het toont hun totale minachting voor de mens.

 

ISIS - De steun van de Europese Unie

WILLY VAN DAMME’S WEBLOG

Ex: http://mediawerkgroepsyrie.wordpress.com

Wie tegenwoordig onze kranten openslaat leest tonnen verhalen over de terecht als erg bloedig en zeer gruwelijk voorgestelde terreur van de Islamistische Staat van Irak en al Sham (ISIS), alias ISIL, Al Qaeda in Irak en IS.

 

Gans de westerse wereld is in rep en roer en de VRT stuurde haar twee ‘experts’ Rudi Vranckx en Jens Franssen zelfs naar Syrië en Irak om er verslag te doen van de ‘dappere’ strijd van de Koerden en het Iraakse leger tegen dat ‘monster’, de tot leven gekomen nachtmerrie voor de EU en de VS.

 

Op dit ogenblik vliegen onze gevechtsvliegtuigen zelfs boven Irak en die van de VS ook over Syrië om er ISIS aan te vallen. Daarbij hebben onze westerse regeringen en media het ook over de grote inkomsten die ISIS haalt uit de verkoop van olie uit het door haar veroverde gebied.

 

Men schat bij westerse regeringen dat die opbrengst dagelijks tussen de 2 tot 5 miljoen dollar zou bedragen. Op jaarbasis dus ergens tussen de 730 en de 1.825 miljoen dollar (578 tot 1.445 miljoen euro).

 

Voldoende om veel messen te kopen nodig voor hun dagelijks onthoofdingen. En dus begon het westen met het bombarderen van de raffinaderijen en andere olie-installaties die onder controle van ISIS vallen.

 

Opmerkelijk is dat men in de media, o.a. rebellenvriend Jorn De Cock in De Standaard, als steeds blijft stellen dat die olie o.a. door de regering in Damascus wordt aangekocht. Wat vooreerst nergens bewezen is en ook wordt ontkend door zowel ISIS als de regering in Damascus. Maar voor wat laster gaat men in onze media natuurlijk nooit achteruit, zeker als het over een vijand van de VS gaat.

 

Dat men daarbij vergeet Turkije als de grote koper van die olie aan te duiden wekt natuurlijk geen verrassing. Maar evenzeer vergeet men in de media de toch wel heel merkwaardige rol van de Europese Unie in deze zaak.

 

Toen de officieel met Al Qaeda verbonden Jabhat al Nusra en deels samen met andere Syrische salafistengroepen op 5 maart 2013 de provinciale hoofdstad Rakka veroverden – vermoedelijk door het omkopen van een aantal lokale militaire bevelhebbers – kreeg al Nusra ook een groot deel van de oliebronnen in die provincie in handen.

 

En zie wat deed de Europese Unie. Reeds de volgende maand, op 23 april,  besloot de Europese Ministerraad voor Buitenlandse Zaken van de 28 lidstaten het voorheen voor Syrië ingestelde handelsembargo specifiek alleen voor olieproducten op te heffen.

 

Deze ministerraad voor buitenlandse zaken is een erg omslachtig orgaan, eerst moet men alle 28 ministers bereid vinden om over dit onderwerp samen te komen en moet er ook een consensus zijn onder die 28 leden.

 

Ligt één lidstaat in die ministerraad dwars dan is het noppes, komt er geen besluit. En ook de Europese Commissie met Catherine Ashton, verantwoordelijke in de EU voor Buitenlandse Zaken, en Herman van Rompuy, Europees president, hebben hier een grote vinger in de pap.

 

***

 

 

 

 
 
Het van 17 mei 2013 daterende interview met Russia Today over die Europese beslissing om financiële steun aan ISIS en al Qaeda mogelijk te maken. Het toont ten volle de waanzin, het totaal gebrek aan respect voor de mensenrechten en de domheid van onze Europese politici.

 

***

 

Op 23 april 2013 besloot de EU dus officieel dat men al Nusra en daardoor ook al Qaeda mocht financieren. Men sprak in dat raadsbesluit uiteraard niet over al Qaeda en Jabhat al Nusra maar dat was wel de enige te trekken conclusie.

 

Een andere is onmogelijk. Ook de relatieve snelheid waarmee men optrad valt op. Assad en dus Syrië wurgde men financieel en economisch, al Qaeda in Syrië daarentegen kreeg eventueel zelfs geld. En volgens de EU-ambassadeur in Irak zou er inderdaad olie van ISIS in de EU geraken.

 

Nu vormden Jabhat al Nusra en ISIS sinds de komst van ISIS naar Syrië in de late herfst van 2012 tot in februari 2014 een geheel, een onder leiding van al Qaeda werkend front. De terreur in Rakka toen al Nusra het overnam was in essentie niet anders dan wat men er nu meemaakt. Het enige verschil is dat de kranten het nu beschrijven. Voorheen was er de omerta.

 

De EU heeft met andere woorden op 23 april 2013 besloten om ISIS financieel te steunen. De naam ISIS zal in Rakka trouwens al begin mei 2013 in de gespecialiseerde media verschijnen, dus een goeie week na het Europees besluit. Een besluit dat nooit werd ingetrokken en voor zover geweten daarom ook nog steeds rechtsgeldig lijkt.

 

Het is dus niet Assad, zoals De Standaard durfde te schrijven, maar de EU die als haantje de voorste zo snel mogelijk ISIS en al Qaeda financieel wou steunen. Het hoeft natuurlijk niet te verwonderen dat voor zover geweten niemand in het Europees Parlement, de Europese lidstaten en de media hier toen of nadien enige opmerking over maakte. Netjes onder tafel vegen, dat was en is het beleid.

 

Drie jaar lang hebben onze pennenlikkers allerlei salafistische strijders in Syrië volop gesteund. Hun gruwel werd tot eind vorig jaar grotendeels door de vingers gekeken waarbij men opriep om ook zoveel mogelijk militaire steun vanuit het westen aan deze frisse te geven. Nu worden deze journalisten door diezelfde ‘vrijheidsstrijders’ gebruikt als afpersingsmiddel voor westerse regeringen en hun geliefden. Betalen die niet dan rolt hun hoofd. Stank voor dank heet dat. Hier journalist James Foley vlak voor zijn onthoofding. Wie weet leverden de Britten ooit wel de hierbij gebruikte messen.

 

Willy Van Damme.

 

Met dank aan de uitstekende satirische Dendermondse internetkrant De Klaptand die in een hilarisch stuk mijn interviews met Russia Today te voorschijn haalde met daarbij ook mijn interview op Tv-zender Russia Today over die befaamde Europese beslissing om ISIS te steunen. Het trok opnieuw mijn aandacht op dit belangrijke aspect van de zaak.

 

Op de VRT moet je met dat soort zaken niet afkomen. Russia Today is volgens onze massamedia nu eenmaal een propagandazender, de VRT met coryfeeën als Rudy Vranckx niet. Wie eens kennis wil maken met de Klaptand en hun ‘beruchte’ correspondent Willy Van Damned, geniet, lach en zie: http://www.deklaptand.be/video-alliantie-de-klaptand-en-russia-today-een-feit/

 

Bron: Willy Van Damme’s Weblog.

samedi, 11 octobre 2014

Le traité de libre-échange transatlantique TTIP s’enlise

Le traité de libre-échange transatlantique TTIP s’enlise

Ex: http://fortune.fdesouche.com

A partir de lundi 29 septembre, des centaines d’experts de la Commission européenne et de l’administration américaine devraient s’enfermer pour une semaine entière dans des bureaux près de Washington, afin de plancher sur le traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe, le désormais fameux TTIP. Pour ce septième « round » d’une négociation qui a démarré à l’été 2013 et qui est de plus en plus contestée et sérieusement menacée d’enlisement.

Quels sont les enjeux ?

Le TTIP a l’ambition d’annuler les barrières douanières à l’exportation entre les Etats-Unis et l’Union européenne, mais aussi de faire sauter tous les freins non tarifaires pour les services et l’industrie, c’est-à-dire de faire s’entendre les deux parties sur un alignement de leurs réglementations dans l’alimentation, l’environnement, l’agriculture, etc. Bruxelles assure que l’économie européenne pourrait en tirer près d’un demi-point de croissance de son produit intérieur brut (PIB) en plus par an.

Mais la société civile européenne, notamment très mobilisée en Allemagne, s’inquiète d’un risque de nivellement par le bas des normes environnementales, sociales, etc., du Vieux Continent.

Aux Etats-Unis, ce traité commercial suscite aussi beaucoup de réserves : certains s’inquiètent par exemple d’une baisse des réglementations actuellement en cours à Wall Street, ou d’une trop grande ouverture des marchés publics américains.

Que faut-il attendre de la semaine qui s’ouvre ?

« Il ne va quasiment rien se passer pendant cette semaine de discussions aux Etats-Unis, assure toutefois une source bruxelloise. Les spécialistes vont se contenter – mais c’est un travail énorme ! – de comparer les procédures, pour tel et tel secteur de l’industrie et des services. On n’ira pas au-delà, les discussions sont gelées. »

Côté américain, le traité n’est plus vraiment à l’agenda d’un gouvernement concentré sur l’enjeu des élections de mi-mandat, en novembre.

En Europe, la Commission, qui a reçu un mandat des Etats membres pour négocier, est sur le point d’être renouvelée, avec l’arrivée, prévue début novembre, d’une équipe emmenée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.

Le commissaire chargé du dossier « TTIP », le Belge Karel de Gucht, s’apprête à céder son fauteuil (d’ici à novembre), à la Suédoise Cécilia Malmström. « Pas question, tant que cette dernière n’est pas en poste, de prendre des décisions engageantes pour les mois qui viennent », décrypte une source européenne.

Mme Malmström a pour l’instant fait preuve de beaucoup de prudence sur le dossier. Elle doit être auditionnée par le Parlement européen, lundi 29 septembre.

Quels sont les points de blocage ?

Mme Malmström, si elle est confirmée à son poste à l’issue de cet examen devant les eurodéputés, et si elle souhaite relancer la « machine » à négocier côté européen, devra rassurer, à court terme, les Etats membres et les eurodéputés sur au moins deux points.

Il y a d’abord l’abcès de crispation autour du mandat de négociation du TTIP, aujourd’hui secret. En clair : quels biens et services sont vraiment concernés par l’accord ? Les « anti-TTIP » du Vieux Continent réclament depuis des mois qu’il soit publié. La Commission européenne a fini par demander aux Etats membres d’accepter – c’est en effet à eux de prendre la décision. Et ce d’autant plus qu’un tas de versions du mandat ont déjà fuité sur Internet.

« Mais certains, comme les Britanniques, sont très réticents. Ils ont peur de créer un précédent, pour d’autres négociations. Et les Américains ne veulent pas en entendre parler », précise une source européenne.

Le Français Matthias Fekl, tout nouveau secrétaire d’Etat au commerce extérieur français, s’est récemment prononcé pour, comme les Italiens quelques semaines plus tôt. « J’espère qu’on aura un accord entre les 28 Etats membres en octobre », avance une source bruxelloise.

Le dispositif des tribunaux d’arbitrage, réclamé par les Américains dans le traité, est aussi l’autre très gros point bloquant en Europe. Il s’agit d’instances indépendantes vers lesquelles les entreprises pourraient se retourner si elles estiment qu’un pays menace leurs investissements. Pour leurs détracteurs, ces tribunaux d’arbitrage donnent le pouvoir aux multinationales au détriment des Etats.

Pour tenter de calmer les esprits, la Commission a lancé une consultation publique au printemps à laquelle auraient répondu plus de 150 000 personnes, un record. Mais elle n’a toujours pas fait de compte rendu. Les eurodéputés l’espèrent pour le mois de novembre.

Le Monde

LA RUSSIA PONTE TRA EUROPA E ASIA

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“RUSSIAN EURASIATISM”

LA RUSSIA PONTE TRA EUROPA E ASIA

Luca Siniscalco

Ex: http://news.russia.it

Una analisi del nostro collaboratore Luca Siniscalco del complesso fenomeno culturale dell'Eurasiatismo, una delle correnti che ha attraversato la storia recente della Russia superando le barriere crono-ideologiche poste dal 1917 e dal 1989 

Per comprendere la Russia contemporanea è necessario affrontare le componenti principali del dibattito culturale, politico e ideologico che attraversa il Paese, senza trascurare le correnti minoritarie sotto un profilo esclusivamente elettorale. E questo non soltanto in virtù di una consapevolezza critica del dato  delle urne, ma soprattutto considerando le potenzialità di influenza effettiva che alcuni circoli intellettuali possono esercitare sugli organismi governativi

 Lo mostra efficacemente un saggio di Marlène Laruelle, Russian Eurasianism: an ideology of empire, pubblicato per i tipi della Woodrow Wilson Center Press, “emanazione” editoriale del Woodrow Wilson International Center for Scholars, prestigioso centro di ricerca statunitense. Il testo, scritto fra il 2005 e il 2006, non è pubblicato in lingua italiana, tuttavia Laruelle viene citata nel volume di recente pubblicazione Eurasia. Vladimir Putin e la Grande Politica (Controcorrente, Napoli 2014) come una delle principali studiose dell'Eurasiatismo.

Il valore del saggio conferma l'indicazione di De Benoist: si tratta indubbiamente di uno degli studi più approfonditi sull'argomento. Laruelle ricostruisce con precisione scientifica un percorso ideologico lungo, stratificato e proteiforme, avvalendosi di una lettura puntuale delle fonti originali e insieme delineando un'ermeneutica del fenomeno, che viene inserito in uno studio di storia delle idee. Russian Eurasianism diviene quindi un utile strumento di demistificazione intellettuale, in quanto chiarisce il nucleo ideologico, il contesto culturale e le diverse – talvolta persino antitetiche – evoluzioni di un concetto, quello di Eurasia, spesso abusato o mal compreso dalla pubblicistica estera. L'autrice cerca di offrire un punto di vista critico ma il più possibile oggettivo, rilevando nell'Eurasiatismo contraddizioni e pericoli teorici, senza tuttavia esprimere preferenze politiche o giudizi morali. Il parere critico di Laruelle traspare inevitabilmente tra le righe del testo, il cui merito maggiore è tuttavia a nostro avviso riposto nella presentazione di una preziosissima e ingente quantità di dati perlopiù obliati al lettore non russo, nonché di un'ottima sintesi del pensiero e delle opere dei principali teorici eurasiatisti.

Il saggio prende le mosse da una descrizione delle radici del pensiero eurasiatista, di cui una versione ante litteram è parzialmente rappresentata dalla corrente slavofila, per passare a considerare l'Eurasiatismo degli anni '20/'30 del secolo scorso. Peculiarità teorica essenziale del movimento è la visione della Russia come centro di un vasto spazio politico e culturale, un ponte fra l'Europa e l'Asia proiettato come comunità di destino verso l'Est, la cui stimata superiorità è fondata su un terzomondismo avant la lettre. La speculazione eurasiatista, sorta in un contesto di esilio durante il periodo bolscevico e di fede nella natura di “grande potenza” (derzhava) della Russia, risulta in palese contrasto rispetto alla profonda influenza della speculazione occidentale –  nelle espressioni del Neoplatonismo, del Romanticismo tedesco, della Naturphilosophie, della filosofia della storia hegeliana, della Rivoluzione Conservatrice, della filosofia politica moderna, insieme pragmatica e utopista – esercitata sul loro stesso pensiero. Tale aporia risulta paradossalmente l'elemento più interessante del primo Eurasiatismo, la cui indubbia levatura culturale pone questo movimento nel novero delle avanguardie intellettuali dell'epoca. Savitsky, Trubetzkoy, Jakobson e Vernadsky sono solo alcuni dei principali esponenti di un movimento vitale, attivo con numerose pubblicazioni, indirizzato verso la creazione di un'ideologia totale, capace di abbracciare geografia, economia, etnografia, linguistica, filosofia, storia, religione e studi orientali. Ambiguità verso il regime comunista dell'Urrs, “culturalismo” quale unione mistica fra territorio e cultura, attenzione per il mondo slavo e turanico, culto del nomadismo e dell'Impero Mongolo di Gengis Khan, adesione al cristianesimo ortodosso, tensione fra idealismo e realismo: queste le principali caratteristiche di un movimento articolato e plurale, pertanto destinato a sfaldarsi di fronte alla radicalizzazione dello scontro politico degli anni '30.

Il saggio prosegue presentando la figura e il pensiero di Lev Gumilëv, studioso di etnologia celeberrimo nella Russia contemporanea, prossimo all'Eurasiatismo più per l'interesse nutrito verso la storiografia delle steppe che per una integrale adesione ideologica al movimento. I testi principali di Gumilëv, pubblicati negli anni '70 ed ispirati a un radicale determinismo etnico, in sintonia con il meccanicismo sovietico, costituiscono la cerniera – peraltro dubbia e controversa – fra il primo Eurasiatismo e la sua rinascita negli anni '90, in seguito al crollo dell'Urss.

Marlène Laruelle dedica quindi due capitoli del proprio saggio ai principali teorici contemporanei del Neoeurasiatismo: Aleksandr Panarin – ingiustamente sconosciuto in Europa, e a cui ci ripromettiamo di dare spazio in un successivo articolo – e Aleksandr Dugin, che, successivamente alla morte di Panarin, è diventato il leader senza rivali del movimento. Laruelle ricostruisce attentamente la speculazione dei due teorici, non limitandosi soltanto al pensiero strettamente geopolitico, bensì approfondendo la loro Weltanschauung con riferimenti puntuali alla totalità delle loro pubblicazioni. Un grande merito, questo, se si considera che in Italia Dugin è notissimo per i suoi interventi in ambito geopolitico, ma è pressoché sconosciuto quale studioso di filosofia ed esoterismo, campi nei quali ha svolto riflessioni di grande interesse, soprattutto, a nostro avviso, per quanto concerne il tentativo di superare la modernità conciliando tradizionalismo e postmodernismo.

Chiudono il volume due sezioni dedicate all'Eurasiatismo non russo, specialmente in relazione alla tradizione islamica e alle esperienze politiche governative – in Kazakhistan – e movimentistiche – in Turchia. Il rapporto contrastato fra Islam, Ortodossia e governo diventa centrale nel dispiegarsi dell'Eurasiatismo contemporaneo.

Dalla genealogia del concetto si passa quindi all'attualità di un'idea capace di influenzare radicalmente la cultura di massa e l'immaginario russi, al di là dell'effettiva adesione all'Eurasiatismo quale movimento: un segno concreto che l'unipolarismo, prim'ancora che politicamente, ha fallito culturalmente. Le civiltà rinascono, la ricerca spirituale si staglia innanzi all'annuncio della morte di Dio e il “culturalismo” emerge fra i rami secchi dell'internazionalismo marxista e del mondialismo capitalista: in Russia si prospetta così un nazionalismo nuovo, pluralista, comunitarista e organicista, “illuminato” per dirla con Dugin. L'ideologia eurasiatista non coincide con le politiche di governo, più moderate su multi punti e molto attive nel contesto europeo, ma costituisce un'utopia – talora molto profonda, talora più ingenua – adeguata a offrire un orizzonte “altro”, aperto a contaminazioni teoriche e spirituali che arricchiscono l'edificazione dell'autocoscienza russa.

 

Luca Siniscalco

vendredi, 10 octobre 2014

Strasbourg en rouge et blanc pour l’« Alsatian Pride »

Strasbourg en rouge et blanc pour l’« Alsatian Pride »

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Le 10 octobre 2014
 
Strasbourg sera ce samedi en rouge et blanc, les couleurs d’une Alsace qui entend descendre dans la rue pour affirmer sa volonté de ne pas être absorbée par la Lorraine et la Champagne-Ardenne.
 
 

Strasbourg sera ce samedi en rouge et blanc, les couleurs d’une Alsace qui entend descendre dans la rue pour affirmer sa volonté de ne pas être absorbée par la Lorraine et la Champagne-Ardenne. La manifestation alsacienne aura-t-elle le même succès que celle de Nantes pour la réunification de la Bretagne ? Le président du conseil régional d’Alsace y croit en tout cas, n’hésitant pas à proposer un tarif – TER exceptionnel à 5 € – pour permettre à tous les Alsaciens qui le souhaitent de se joindre à ce mouvement de protestation.

L’opposition socialiste – l’Alsace est de droite depuis toujours – crie bien évidemment au loup et dénonce « l’utilisation indue de fonds publics pour financer une manifestation partisane ». C’est oublier un peu vite qu’une vente flash de 12.000 billets Lyon-Paris à 5 euros a eu lieu l’année dernière par la SNCF, cinq jours avant la manifestation pro-mariage pour tous. Et cette offre était bel et bien disponible 5 jours avant la manif des partisans du « mariage » homosexuel et valable uniquement, comme par hasard, jusqu’au 27 janvier 2013, date de la manifestation des partisans du projet de loi. Sur le Net, la SNCF encourageait ses « amis lyonnais » à profiter de cette « opportunité incroyable » en envisageant une « petite séance shopping dans le Marais », le « quartier gay-friendly de la capitale »,  comme l’avait relevé alors fort opportunément Valeurs actuelles.

Malgré son maire gay-friendly, l’offre alsacienne n’est pas aussi alléchante, mais la manifestation de samedi sera le point d’orgue d’une campagne de sensibilisation de l’Alsatian Pride, la « fierté alsacienne » que mène depuis quelques mois un tout jeune parti régionaliste Unser Land (Notre pays) qui a remis au goût du jour les couleurs alsaciennes Rot un Wiss (rouge et blanc). De nombreux jeunes – et c’est encourageant – ont rejoint les rangs d’Unser Land et n’hésitent pas, à l’image des activistes de Greenpeace, à se lancer dans des démonstrations spectaculaires, drapeau Rot un Wiss en tête. Ces jeunes militants ne sont pas effarouchés par la notion d’autonomisme et n’hésitent pas à l’expliquer aux badauds qui les encouragent dans leurs actions d’éclat. « N’ayez pas peur, même soyez fiers de votre histoire. Nous devons à ceux qui nous ont précédés, qui se sont battus pour préserver notre droit local, notre culture, notre langue, d’être ce que nous sommes ».

Unser Land milite enfin pour que le drapeau alsacien retrouve droit de cité. « Un vrai drapeau, reconnu, comme celui des Corses, des Bretons ou des Basques. Qui a sa place sur le fronton de nos mairies, entre le drapeau national et le drapeau européen […] Mir welle bliewe, wàs mir sin ! Nous ne voulons pas disparaître dans un mariage forcé contre-nature. Nous voulons rester ce que nous sommes et nous le faisons savoir. »

Contre toute forme de dissolution ou « d’incorporation forcée » de l’Alsace dans des ensembles interrégionaux artificiels : ils seront nombreux à le faire savoir samedi à Strasbourg, où l’on pourra se rendre compte, comme disait la grand-mère de l’un de mes amis, que mine de rien « les Alsaciens sont tous français, dommage que les Français ne soient pas tous alsaciens, on ne serait pas dans la m… »

jeudi, 09 octobre 2014

La dédollarisation. L'euro va-t-il entrer dans le jeu?

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La dédollarisation. L'euro va-t-il entrer dans le jeu?

par Jean-Paul Baquiast
 
Nous avons plusieurs fois souligné que les projets de dédollarisation envisagés au sein des pays du Brics ne prendrait tout leur sens que si les pays de l'eurogroupe, c'est-à-dire les pays utilisateurs de l'euro, s'y joignaient. Ainsi pourrait s'édifier la première phase d'un euroBrics dont la constitution, au sens strict, changerait la face du monde. La domination du dollar, sous-tendant celle des Etats-Unis, pourrait commencer à perdre de son influence.


Or selon un article de Blomberg, groupe financier américain spécialisé dans les services aux professionnels des marchés financiers et dans l'information économique et financière, l'euro devrait rejoindre prochainement le groupe des monnaies directement échangeables en yuan ( monnaie chinoise) à Shanghai, après les dollars américain, australien et new-zélandais, la livre et le yen. Le yuan est la 7e monnaie en importance utilisée pour les échanges financiers internationaux. L'arrivée de l'euro marquera un grand pas dans l'internationalisation du yuan, en diminuant sensiblement les coûts de transaction. L'euro et le yuan devraient en bénéficier conjointement, ainsi que leurs échanges avec le reste du monde.

En quoi, dira-t-on, s'agira-t-il, d'un nouveau pas dans la dédollarisation? Simplement parce que les opérateurs ayant recours à l'euro-yuan dans leurs échanges, par exemple pour les ventes d'Airbus en Chine, n'utiliseront plus le dollar. Echapperaient-ils ainsi aux fluctuations de cette monnaie, découlant en partie des stratégies politiques ou économiques de Washington? Certes, dans la mesure où le yuan a une parité quasi-fixe avec le dollar, on ne voit pas en quoi le fait de libeller les transactions commerciales en yuan changera quoi que ce soit sur l' exposition des opérateurs aux fluctuations du dollar. Mais l'effet médiatique consistant à remplacer le dollar par le yuan ou l'euro sera considérable. Quoiqu'il en soit, nous n'avons pas ce jour à notre niveau confirmation par une autorité européenne de l'exactitude des propos de Blomberg. Il serait douteux cependant qu'il s'agisse d'un simple bruit destiné à provoquer des mouvements spéculatifs sur les cours. Affaire à suivre donc.

Selon Blomberg, les relations commerciales entre la Chine et les pays européens ont cru de 12% l'année dernière, jusqu'à atteindre $404 milliards pour les 8 premiers mois de 2014, chiffre à comparer aux $354 millions pour les échanges américano-européens dans la même période. Les sociétés françaises et allemandes tiennent la tête des opérateurs utilisant le yuan.

Les accords euro-yuan ne marqueront pas une dédollarisation complète des échanges entre l'Europe, la Chine et plus largement l'Asie, mais il s'agira d'un début prometteur. On comprend dans cette perspective pourquoi les Etats-Unis font de telles pressions sur l'Europe pour lui faire accepter un Traité de libre-échange transatlantique. Dans le cadre de ce traité, les entreprises européennes pourraient s'engager – librement, of course – à n'utiliser que le dollar, comme le fit à ses dépends la BNP.

* Voir Blomberg news, daté du 29 septembre Yuan to Start Direct Trading With Euro as China Pushes Usage
http://www.bloomberg.com/news/2014-09-29/yuan-euro-direct-trading-begins-tomorrow-as-china-promotes-usage.html

* Voir aussi une confirmation par l'agence russe RIA. Elle y voit un renforcement du poids de la Chine en Europe.
http://fr.ria.ru/discussion/20141002/202592940.html

 

mercredi, 08 octobre 2014

Robert Steuckers:De quelques questions géopolitiques inhabituelles

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Robert Steuckers:

De quelques questions géopolitiques inhabituelles

 

Entretien accordé à J. P. Zúquete, dans le cadre d’un mémoire universitaire

 

Acceptez-vous l’étiquette de “nouvelle droite”?

 

Personne dans la “nouvelle droite” ou en marge de celle-ci n’a jamais accepté l’étiquette, inventée par les journalistes dénonciateurs du Nouvel Observateur de Paris en 1979. Seul peut-être Jean-Claude Valla, aujourd’hui décédé, a-t-il profité de ce label pour ancrer son équipe dans le paysage journalistique français, à une époque où elle investissait le Figaro Magazine. Dans le cadre de ce nouvel hebdomadaire à succès, dirigé par Louis Pauwels, cette étiquette pouvait séduire. Aujourd’hui, il convient de dire tranquillement qu’elle n’est plus de mise, qu’elle est une sorte de vocable-reliquat, de joujou idéologique pour faire mousser les dinosaures d’une gauche hystérique et groupusculaire, généralement utilisée par les services pour perpétrer des “coups tordus”. L’évolution ultérieure de quasi tous les animateurs du “Groupe de Recherche et d’Etudes pour la Civilisation Européenne” (ou GRECE) et, même, du “Club de l’Horloge” (qui en était distinct à partir de la fin des années 70), a amené leurs réflexions bien au-delà de l’ensemble circonscrit des droites françaises, sans pour autant nier certaines bases théoriques qui sont soit conservatrices au sens le plus général du terme, soit nationalistes-révolutionnaires, au sens proudhonien du terme ou au sens du non-conformisme des années 30. Alain de Benoist, qui aime qu’on écrive de lui qu’il est une “figure de proue” de ce mouvement dont il récuse pourtant l’étiquette, ne peut plus, aujourd’hui, être considéré comme appartenant au champ des droites françaises, vu qu’il s’est très nettement démarqué de l’actuelle idéologie dominante, le néo-libéralisme, flanqué de son cortège d’idéologèmes boiteux et de nuisances idéologiques que l’on appelle le “politiquement correct”.

 

Les animateurs de la “nouvelle droite” (selon l’étiquette forgée par le Nouvel Observateur) n’ont donc pas adopté les schèmes du néo-libéralisme, toutes variantes confondues, et n’ont jamais embrayé sur la vague néo-atlantiste que l’on observe en France depuis l’arrivée de Mitterrand au pouvoir en 1981, vague qui s’est renforcée et a submergé les ultimes redoutes du gaullisme de tierce voie. En critiquant le néo-libéralisme, comme nouvelle idéologie nuisible et posée par ses thuriféraires comme universaliste, et en refusant la logique atlantiste, ces animateurs dits “néo-droitistes” ont forcément emprunté des formes critiques auparavant ancrées à gauche de l’échiquier idéologique français et abandonné l’anti-gaullisme des vieilles droites françaises pour opter en faveur d’une sorte de néo-gaullisme, hostile aux politiques suggérées par l’hegemon américain depuis Carter et Reagan. La critique du néo-libéralisme (toutefois assez insuffisante au sein de l’actuelle “post-nouvelle-droite” quant au nombre de textes fondateurs) et le rejet de l’atlantisme des post-gaullistes et des socialistes font que les avatars actuels de la “nouvelle droite” —fustigée par les journalistes du Nouvel Observateur en 1979— sont l’expression d’une fusion originale d’éléments auparavant (et apparemment) hétérogènes. Par rapport à ce qu’elle a pu être éventuellement dans sa préhistoire (années 60 et première moitié des années 70) ou à ce qu’elle était quand une partie de ses animateurs investissait avec Jean-Claude Valla le Figaro Magazine de Louis Pauwels, le mouvement pluriel (à têtes multiples) que l’on appelle toujours par convention et par paresse intellectuelle la “nouvelle droite” constitue aujourd’hui une synthèse nouvelle, qui opère des convergences, mais toujours partiellement, avec des mouvements issus de milieux complètement différents, ancrés ailleurs avant 1979 ou nés de circonstances nouvelles, propre aux années 90 du 20ème siècle ou aux quinze premières années du 21ème.

 

Reste aussi à signaler que les rangs de la génération fondatrice se sont éclaircis, par la force des choses, et que les réflexes politiques et les sentiments de ces anciens ne sont plus nécessairement partagés par des générations nouvelles (moins nombreuses toutefois) qui, sociologiquement parlant, ont eu d’autres jeux, d’autres distractions, vécu au sein d’un système scolaire différent (et surtout déliquescent), se sont plongées dans l’univers de l’informatique puis du multimédia, n’ont plus que de vagues souvenirs des réalités si pesantes, si déterminantes, d’avant 1989 (guerre d’Algérie, décolonisation, Rideau de Fer, bloc soviétique, etc.).

 

J’appartiens évidemment à une fournée tardive qui s’est forgé dès la prime adolescence une vision du monde alternative, disons, à partir de l’année 1970, où j’avais quatorze ans. La période de maturation première et confuse s’est déroulée jusqu’en 1974, année où j’achève mes secondaires et où je rentre à l’université. Dès 1974, ma vision philosophique et politique se précise grâce à des amis comme Bernard Garcet, Frédéric Beerens, Alain Derriks, etc. Ces citoyens belges ne sont évidemment pas marqués par les événements d’Algérie, comme leurs contemporains français, et ne raisonnent jamais selon les clivages habituels du monde politique français, en dépit de la très forte influence de la presse et des médias français sur la partie francophone de la Belgique (j’étais le seul qui lisait en néerlandais et en allemand, vu que j’étudiais les langues). Garcet s’intéressait surtout à l’école italienne (Mosca, Pareto), Beerens aux sciences de la vie (Konrad Lorenz, Robert Ardrey), Derriks, journaliste de formation, aux idéologies politiques, à l’actualité la plus brûlante. C’est dans nos échanges hebdomadaires, ou au cours de voyages, où nous commentions nos lectures et l’actualité, que mes options personnelles se sont consolidées entre 1974 et 1980, années où, justement, la géopolitique revient à l’avant-plan, surtout parce que depuis le coup de Kissinger, qui parvient en 1972 à s’allier à la Chine maoïste, on s’aperçoit, d’abord timidement, que les critères géopolitiques pèsent plus lourd que les positions idéologiques. Derriks et moi potasserons —suite à un article de la revue évolienne et “traditionaliste-révolutionnaire” Totalité, animée par Georges Gondinet, Philippe Baillet et Daniel Cologne— le travail du général italien Guido Giannettini (Dientre la Granda Muraglie) qui fut quasiment le premier à préconiser un renversement d’alliance pour l’Europe: si les Etats-Unis, sous l’impulsion de Kissinger et de Nixon, s’alliaient à la Chine pour faire pression sur l’Union Soviétique et pour se maintenir par la même occasion en Europe occidentale, il fallait, sans adopter nécessairement le système économique communiste, s’allier à Moscou pour fédérer les peuples de souche européenne dans la partie septentrionale de l’Eurasie. Jean Parvulesco et Jean Thiriart emboîteront le pas. Par ailleurs, Alexander Yanov, un dissident libéral soviétique exilé en Californie, hostile au néo-slavisme officiel en plein développement dans l’URSS d’alors, démontrait que la néoslavophilie du régime et de la dissidence enracinée s’opposait à un occidentalisme russe présent dans la dissidence (Sakarov) et dans le PCUS au pouvoir. Notre position face à cette première définition par le libéral-occidentaliste Yanov de la “Russian New Right” (1): soutenir la néo-slavophilie dans le régime et dans la dissidence, chez Valentin Raspoutine, primé en URSS, et chez Soljénitsyne, exilé dans le Vermont. Position implicitement partagée par de Benoist (qui recense l’ouvrage de Yanov dans les colonnes du Figaro Magazine) et par l’observateur du monde slave dans la presse non conformiste allemande de l’époque, Wolfgang Strauss, ancien déporté du Goulag de Vorkhuta, qui n’a cessé de plaider pour une alliance de tous les slavophiles.

 

Les travaux géopolitiques de Jean Thiriart ont-ils influencé vos thèses sur l’Europe?

 

robert steuckers, entretien, géopolitique, politique internationale, nouvelle droite, synergies européennes, jean thiriart, ayméric chauprade, front national, eurasisme, eurasie, brics, Jean Thiriart n’a pas, à proprement parlé, rédigé de travaux spécifiquement géopolitiques. Dans les années 60, à l’apogée de son engagement politique sur la petite scène belge (assurément trop étroite pour lui!), il a cependant montré qu’il avait du flair en la matière. Dans l’espace de plus en plus réduit de ceux qui déploraient la défaite européenne (et non pas seulement allemande) de 1945, Thiriart, qui avait horreur des nostalgies qu’il considérait comme des anachronismes incapacitants, voulait réconcilier les volontés, de gauche comme de droite, rejetées dans les marges de nos mondes politiques au moment où se déployait la société de consommation, celle “du frigidaire et du Coca-Cola de Tokyo à San Francisco”. On peut évidemment affirmer que Thiriart opte pour cette position —celle de réconcilier les volontés apparemment hétérogènes sur le plan idéologique— afin d’adopter un discours de “libération continentale”, de dégager l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est de la bipolarité instaurée à Yalta en 1945, parce qu’il est lucide et rationnel et sent bien que cette césure au beau milieu du continent entraîne, sur le long terme, la déchéance de notre espace civilisationnel. De fait, Thiriart vouait aux gémonies les irrationalismes politiques, ce qu’il appelait les “romantismes incapacitants”, les délires du “zoo politique” et du “racisme des sexuellement impuissants” relevant, selon lui, psychanalyste amateur à ses heures, de la psycho-pathologie et non de la “politique politique”, selon l’expression de Julien Freund, autre pourfendeur des “impolitismes”. Thiriart ne mâchait jamais ses mots, il avait la parole dure, il nous engueulait copieusement et c’est surtout pour cela que je me souviens de lui avec grande tendresse, notamment en circulant dans le quartier que nous habitions tous deux et où je le vois encore promener son chien noir ou embarquer dans son mobile-home, monté sur 4X4 Toyota. Cependant —et nous ne le devinions que vaguement— Thiriart était tributaire d’un contexte idéologique d’avant-guerre, aujourd’hui exploré pour la première fois scientifiquement, et de manière exhaustive.

 

robert steuckers, entretien, géopolitique, politique internationale, nouvelle droite, synergies européennes, jean thiriart, ayméric chauprade, front national, eurasisme, eurasie, brics, En effet, il existait un “européisme” belge avant 1940, qui avait pris son envol au lendemain de la première guerre mondiale. Docteur en histoire à l’Université catholique de Louvain, Geneviève Duchenne a systématiquement cartographié ces “esquisses d’une Europe nouvelle” (2), où les adversaires de toute réédition de la Grande Guerre évoquaient les possibilités de transcender les inimitiés létales qui avait fait déchoir l’Europe face, notamment, aux Etats-Unis montants ou face, déjà, à une URSS qui se targuait de forger un modèle de société indépassable, annonçant au forceps “la fin heureuse de l’histoire”. Parmi ces mouvements européistes, ou paneuropéens (Coudenhove-Kalergi), il y eut le “Bloc d’Action européenne”, qui a émergé dans les milieux d’une gauche très non conformiste, sympathique et anarchisante, “Le Rouge et le Noir”, où officiait Pierre Fontaine qui, après 1945, évoluera vers une “droite” représentée par l’hebdomadaire Europe magazine (première mouture); ensuite, ce “Bloc d’Action”, qui a oeuvré de 1931 à 1933, fut suivi d’un “Front européen” (1932-1933), animé par des diamantaires juifs d’Anvers et par des Flamands francophones, plutôt catholiques, actifs dans la biscuiterie, se réclamant de l’idéologie briandiste, fustigée par les nationalistes d’Action française. De 1932 à 1940, se crée l’”Union Jeune Europe” (UJE), dont l’inspiration initiale sera “helvétisante” —on veut une Europe démocratique selon le modèle suisse—, comme l’attestent ses premiers bulletins Agir puis Jeune Europe. L’UJE plaide pour un recentrage continental européen, jugé plus efficace que la fédération universelle qu’entendait incarner la SdN. Le mouvement cherchera, sous la bannière du briandisme, à parfaire une réconciliation belgo-allemande, à purger les discours politiques de toutes les scories de germanophobie, en vigueur depuis le viol de la neutralité belge en août 1914. Il finira germanophile au nom d’un pacifisme intereuropéen. Il est difficile de dire, aujourd’hui, quels sont les ingrédients de ces discours briandistes et paneuropéens, plus ou moins germanophiles, qui ont influencé le jeune Thiriart entre, disons, 1937 et 1940. Il est toutefois évident que les strates pensantes de la société belge d’avant-guerre, à gauche comme à droite de l’échiquier politique, optent pour une carte européiste, qui pourra éventuellement déboucher sur une forme ou une autre de collaboration pendant la seconde guerre mondiale. Après 1945, les factions non collaboratrices reprendront les aspects les plus “démocratiques” de ce briando-européisme et l’appliqueront au processus de construction européenne, comme le démontre l’historienne flamande Els Witte (VUB) (3), qui constate aussi, par ailleurs, que les historiens qui ont plaidé pour ces formes “démocratiques” (néo-briandistes, sociales-démocrates et maritainistes/démocrates-chrétiennes), entendaient se débarrasser de “tout finalisme belgiciste”, c’est-à-dire de tout finalisme “petit-nationaliste”, comme le dira Thiriart, en fustigeant les éléments nationalistes et “belgicistes” de droite, présents dans son propre mouvement “Jeune Europe” au début des années 60.

 

Je ne pense pas que l’on puisse encore penser l’originalité marginale du mouvement “Jeune Europe” de Thiriart sans prendre en compte le contexte fort vaste de l’européisme belge de l’entre-deux-guerres, cartographié par Geneviève Duchenne. En résumé, pour Thiriart, avatar tardif et résilient de cet européisme d’avant 1940, il faut faire l’Europe en réconciliant les Européens, en créant les conditions pour qu’ils ne se fassent plus la guerre, et mettre un terme à toutes les formes non impériales de petit nationalisme diviseur. Vers 1968-69, Thiriart constate, avec grande amertume, que ce projet européiste, qu’il a cultivé, en lisant Pareto, Freund, Machiavel, Hobbes, etc., ne peut pas se concrétiser au départ d’une petite structure militante, en marge du monde politique officiel, parce que de telles structures n’attirent que des marginaux, des délirants ou des frustrés (“Je ne veux plus voir tous ces tocards...”, me dira-t-il à bord de son voilier, un jour très froid de printemps, au large de Nieuport). Il abandonne la politique et ne reviendra sur scène qu’à la fin de l’année 1981, où, comme Giannettini et Parvulesco, il opte pour un projet “euro-soviétique”, affirmant par la même occasion que l’Europe ne peut se libérer du joug américain —de plus en plus pesant au fur et à mesure que l’URSS déclinait— qu’en regroupant ses forces contestatrices du statu quo autour d’une structure comparable au PCUS et à un avatar réactualisé du “Komintern”. Thiriart, bien qu’assez libéral sur le plan économico-social, opte pour une logique néo-totalitaire, pour un communisme rénové et mâtiné de nietzschéisme. Quand s’effondre l’Union Soviétique et que la Russie tombe dans la déchéance eltsinienne, il fait connaissance avec Alexandre Douguine, lui rend visite à Moscou et espère que les forces patriotiques et néo-communistes russes vont renverser Eltsine, transformer la nouvelle Russie en un “Piémont” capable d’unir l’Europe et l’Eurasie sous l’égide d’une idéologie néo-communiste nietzschéanisée (Thiriart lisait le seul exégète soviétique de Nietzsche, un certain Odouev). Deux mois après être revenu de sa tournée moscovite, dont il était très heureux, Thiriart meurt d’un malaise cardiaque dans son chalet ardennais, en novembre 1992.

 

J’ai été tributaire de l’européisme de Thiriart parce que j’avais découvert un exemplaire de son ouvrage 400 millions d’Européens chez un bouquiniste, plusieurs années avant de le rencontrer personnellement dans son magasin d’optique, avenue Louise à Bruxelles. Nous avons échangé de nombreuses impressions, par lettres et de vive voix, entre 1981 et sa mort, en novembre 1992.

 

Croyez-vous possible un front commun eurasiatique contre le “nouvel ordre mondial” américain?

 

Ce front commun existe déjà, dans le chef du Groupe dit de Shanghaï et dans le BRICS, qui s’étend à l’Amérique latine, avec le Brésil et, partiellement, l’Argentine, et à l’Afrique avec la République sud-africaine. Ce groupe vise la “dé-dollarisation”, qui ne prendra pas effet tout de suite mais érodera lentement la domination de la monnaie américaine dans le domaine des échanges commerciaux internationaux. Ensuite, le centre de la masse continentale eurasiatique sera unifié par le réseau des gazoducs et oléoducs qui amèneront les hydrocarbures vers l’Ouest, c’est-à-dire la Russie (et éventuellement l’Europe si elle s’abstient de maintenir les sanctions exigées par les Etats-Unis), et vers l’Est, c’est-à-dire la Chine et l’Inde. Ce réseau est dans l’espace-noyau eurasien, celui qui était à l’abri des canons des “dreadnoughts” britanniques, et qui ne peut être conquis au départ du “rimland” littoral, seulement bouleversé par des guerres de basse intensité, menée par des fondamentalistes fous. Par ailleurs, la Chine a déjà, fin des années 90, exigé que l’interprétation des “droits de l’homme” par le Président américain Carter et ses successeurs soit contre-balancée par des éléments éthiques issus d’autres civilisations que l’occidentale, notamment des éléments bouddhistes, taoïstes et confucéens, et que ces “droits de l’homme” ne puissent jamais plus servir de prétexte pour s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays ou y générer du désordre. Le front uni eurasiatique, s’il veut exister un jour comme facteur incontournable sur l’échiquier planétaire, doit donc agir sur trois fronts: celui de la dé-dollarisation, celui de l’aménagement du réseau des oléoducs et gazoducs sur la masse continentale eurasiatique, celui du principe sino-confucéen de la non-immixtion, assorti d’une diversification éthique et philosophique de l’interprétation des “droits de l’homme”.

 

Quelles sont les différences pour vous entre Eurosibérie et Eurasie?

 

Le terme d’Eurosibérie a été forgé dans les milieux “post-néo-droitistes” par Guillaume Faye, sans doute la figure historique de la dite “nouvelle droite” qui était la plus proche, par la pensée, de Jean Thiriart: même intérêt pour les questions géopolitiques, même aversion pour les fanatismes religieux, même engouement pour la pensée politique pure (Hobbes, Machiavel, Pareto, Freund, Schmitt, etc.). Historiquement, le concept d’Eurosibérie nous vient de Youri Semionov (Juri Semjonow), un Russe blanc de l’entre-deux-guerres, qui deviendra professeur de géographie à Stockholm en Suède. Dans son Sibirien – Schatzkammer des Ostens, dont la dernière version allemande date de 1975, Semionov démontre que l’Europe a perdu, avec la guerre de 1914 et la révolution bolchevique qui s’ensuivit, ses principales réserves de minerais et de matières premières, dont elle bénéficiait entre la Sainte-Alliance de 1815 et la première guerre mondiale. Semionov pariait, comme Faye et Thiriart, pour une rentabilisation de la Sibérie par le truchement d’un nouveau Transsibérien, le BAM, réactualisation des projets de Witte dans la première décennie du 20ème siècle. Le concept d’Eurosibérie est avant tout un projet économique et technique, comme le souligne Semionov. Thiriart a dû glaner des éléments de la démonstration de Semionov via des travaux analogues d’Anton Zischka, un auteur allemand qu’il appréciait grandement et qui était beaucoup plus lu en traduction française ou néerlandaise en Belgique qu’en France.

 

Le concept d’Eurasie vient tout droit de la littérature russe: avant 1914, la Russie se voulait européenne et craignait, par la voix de bon nombre de ses écrivains, l’“enchinoisement” des âmes, soit l’endormissement des énergies vitales propres à la civilisation grecque et européenne au bénéfice d’une massification prêtée, par les idées de l’époque, à la civilisation chinoise, alors en plein déclin. Avec la révolution bolchevique, certains intellectuels soviétisés adoptent des positions eurasistes, en se réclamant des Scythes, peuple cavalier et nomade, des steppes d’Ukraine au Kazakhstan et au plateau iranien, puis d’une idéologie russo-touranienne, rêvant d’une fusion nouvelle des peuples turco-mongols et slaves, capable de balayer un Occident vermoulu. L’eurasisme actuel s’inspire de cette vision fusionniste et quelque peu apocalyptique. Il existe aussi un eurasisme impérial, qui prend forme concrètement dès les conquêtes par les armées d’un Tsar moderne, Alexandre II, qui s’empare, au grand dam des Britanniques de tous les sultanats centre-asiatiques jusqu’aux frontières de la Perse et de l’Afghanistan, menaçant potentiellement les Indes sous souveraineté anglaise. Ici l’eurasisme est l’expression d’un hégémonisme russe sur l’Europe (ou sur la partie d’Europe dévolue à la Russie) et sur l’Asie centrale, coeur du continent, avec projection possible vers le sous-continent indien.

 

Dans un débat amical, qui a eu lieu en Flandre, Pavel Toulaev et Guillaume Faye ont confronté leurs idées quant à l’Eurosibérie et l’Eurorussie. Toulaev estimait, à juste titre —et Faye l’a reconnu— que la Sibérie n’était pas un sujet de l’histoire, ne l’avait jamais été. Le sujet de l’histoire dans l’espace eurasien et eurosibérien a été la Russie, d’Ivan le Terrible à Poutine. C’est la raison pour laquelle on parle davantage d’Eurorussie dans nos régions que d’eurasisme.

 

Finalement, croyez-vous que le Front National français devient russophile?

 

robert steuckers, entretien, géopolitique, politique internationale, nouvelle droite, synergies européennes, jean thiriart, ayméric chauprade, front national, eurasisme, eurasie, brics, Ma réponse ne sera pas très utile, d’abord parce que je ne suis pas français même si j’utilise le plus souvent la langue française. Je n’ai guère d’affinités, comme la plupart de mes compatriotes, avec la pensée politique française, très éloignée de nos modes d’action et de nos préoccupations idéologiques et politiques. Sur l’Europe et sur la Russie, les Français ont toujours eu dans l’histoire des visions totalement différentes des nôtres. On nous enseignait que le modèle indépassable pour l’Europe était la vision lotharingienne de Charles dit le Téméraire (nous devions dire: “Charles ou Karle le Hardi”, le terme “téméraire” étant jugé injurieux et de fabrication française), la Grande Alliance forgée par l’Empereur Maximilien I entre l’héritage des Bourguignons et des Habsbourgs et celui de la Castille-Aragon par le mariage de son fils Philippe et de la princesse Jeanne, l’Empire universel de Charles-Quint, toutes formes politiques respectables que d’affreux personnages, disaient nos instituteurs, comme Louis XI (“l’Universelle Aragne”) ou le félon François I avaient délibérément saboté en s’alliant aux Ottomans. Je vous passe les descriptions très négatives que l’on nous donnait de Louis XIV, des sans-culottes et des jacobins ou encore de Napoléon III. Ce dernier a notamment participé à la première guerre, fomentée par les Britanniques, contre la Russie tsariste, la Guerre de Crimée, une fois de plus avec le concours des Ottomans, tandis que la Belgique, à l’époque, était plutôt pro-russe, à l’instar de Bismarck. Le communisme a connu des succès retentissants en France, en s’alliant avec le vieux fonds criminel jacobin, tandis qu’en Belgique le communisme a toujours été très marginal, n’a pas connu des figures avides de sang comme en URSS ou en France.

 

Je ne peux pas me représenter ce que ressentirait un adepte du nouveau FN de Marine Le Pen face à la Russie actuelle. Je pense que l’électorat français de base —du FN ou de tout autre parti— ne sait guère ce que représente la Russie sur le plan géopolitique. Il est donc inutile pour un parti, quel qu’il soit, de faire de la géopolitique, pro-russe ou anti-russe, pro-américaine ou anti-américaine, pro-arabe ou anti-arabe, pro-israélienne ou anti-israélienne, etc. Ce n’est pas sa tâche et, s’il en fait sa tâche, il finira par commettre des bêtises, comme le constatait d’ailleurs une figure tragique de la première moitié du 20ème siècle, l’officier, diplomate et explorateur allemand von Niedermeyer, face aux interventions insuffisantes et ineptes des partis politiques de la République de Weimar en matières de politique étrangère. Les interventions des sociaux-démocrates pour contrer les politiques de coopération avec la jeune URSS étaient l’objet des colères de von Niedermeyer. Le personnel politique de base est généralement trop inculte pour aborder raisonnablement ces questions.

 

Ceci dit, le FN, qu’on le veuille ou non, que l’on l’accepte ou que l’on ne l’accepte pas, remplit deux vides dans la politique française: il a recueilli énormément de voix communistes, celles d’un populisme de gauche, russophile parce qu’anciennement soviétophile, et, par voie de conséquence, des sentiments favorables à la Russie, dont son arithmétique électorale prospective doit dorénavant tenir compte; ensuite, deuxième vide, dû aux politiques successives de l’atlantiste Sarközy et du social-démocrate filandreux Hollande; tous deux ont effacé de l’horizon politique français les dernières traces du gaullisme non-aligné et, en vertu de ce non-alignement, hostile à toute prépondérance de l’hegemon américain. Le FN recueille donc, actuellement (provisoirement? définitivement?), en son sein, les résidus de russophilie communiste et les résidus du gaullisme assassiné une bonne fois pour toutes par Sarközy.

 

Les orientations apparemment pro-russes du nouveau FN de Marine Le Pen sont également un résultat de la fameuse affaire Chauprade. Le professeur Ayméric Chauprade, qui enseignait il y a quelques brèves années à l’école de guerre de Paris, développait une vision nationale-française et para-gaullienne dans des ouvrages de référence absolument incontournables pour tous ceux qui s’intéressent à la géopolitique comme science et comme pratique. Pour Chauprade, la France avait sur la scène internationale et en vertu de son droit de veto à l’ONU une mission anti-impériale à parfaire, en se distanciant autant que possible des projets imposés par Washington. Bref, Chauprade était une sorte de maurassien moderne, gaullien en sus. Position intéressante sauf qu’elle était justifiée par une revalorisation scandaleuse de la figure de François I, ennemi de Charles-Quint, position absolument inacceptable pour vous, Espagnol, et pour moi, Impérial. Son précis de géopolitique est toutefois indispensable pour son interprétation originale et gaullienne des stratégies anglo-saxonnes dérivées de la géopolitique de Sir Halford John Mackinder et de ses disciples. Encore plus intéressant a été le livre de Chauprade sur le choc des civilisations, où ne transparaissait heureusement plus cette apologie indécente du stato-nationalisme avant la lettre de François I (le “petit-nationalisme” fustigé par Thiriart!). Inutile de vous dire que ces deux ouvrages trônent en bonne place dans ma bibliothèque, à côté de ceux d’autres géopolitologues français: ceux de l’homme de gauche Yves Lacoste et ceux du directeur des collections “Major” des “Presses Universitaires de France”, Pascal Gauchon, qui vient de fonder la revue “Conflits” ainsi que ceux du très regretté Hervé Couteau-Bégarie, prématurément décédé. Sarközy a commis l’indicible infâmie de casser la carrière de Chauprade à l’école de guerre, sous prétexte que ce géopolitologue hors pair ne développait pas des thèses atlantistes, pareilles sans doute à celles, fumeuses et hystériques, de l’insupportable sycophante Bernard-Henry Lévy, dont les délires ont conduit à l’anéantissement de la Libye et à l’horrible guerre civile et fratricide qui n’est pas encore terminée là-bas.

 

robert steuckers, entretien, géopolitique, politique internationale, nouvelle droite, synergies européennes, jean thiriart, ayméric chauprade, front national, eurasisme, eurasie, brics, A mon très grand étonnement, Chauprade, n’a pas fait front commun avec Gauchon, par exemple, en prenant la plume pour fustiger l’abandon de toutes les positions gaulliennes par les affaires étrangères françaises, en organisant des colloques avec des sceptiques de gauche comme Jacques Julliard ou Jacques Sapir. Au lieu de tout cela, au lieu de toutes ces bonnes actions potentielles, il a adhéré au FN, ce qui n’est pas une bonne idée pour défendre sur le long terme ses positions sans risquer les entraves politiciennes que peut subir, tout d’un coup et le cas échéant, tout intellectuel pointu et pertinent qui s’embarque dans une aventure politique. Car la politique, en toute période triviale de l’histoire comme la nôtre, est un espace irrationnel, flou, imprécis, soumis à toutes les variations possibles et imaginables. Celles-ci, d’ailleurs, ne se sont pas fait attendre: hostile à la géopolitique de l’hegemon américain dans ses excellents ouvrages de référence, Chauprade, par compromis politicien, aligne ses positions de militant FN néophyte sur la nouvelle politique d’Obama face à l’EIIL, alors que ce sont les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar qui sont responsables de l’émergence de ce djihadisme virulent et du chaos indescriptible qu’il a provoqué en Syrie, au détriment du régime baathiste et en Irak au détriment de la majorité chiite et de la minorité kurde (dans une moindre mesure). Une position vraiment non alignée, gaullienne, aurait été de dire: “nous refusons de participer au nettoyage du Levant et de l’Irak, réclamé par Obama —les Américains et leurs alliés pétro-monarchistes y ont créé le chaos et les Européens doivent maintenant payer pour réparer les dégâts!— car notre seule politique est de vouloir le retour au statu quo ante dans la région, car ce statu quo ante évitait la présence belligène d’éléments fondamentalistes incontrôlables et créait la paix civile par l’imposition d’un système militaro-politique moderne et syncrétique, seul apte à gérer les diversités et divergences effervescentes de cette zone-clef de la géostratégie internationale; de plus, le prix à payer pour ce travail de nettoyage est trop élevé pour une Europe encore fragilisée par la crise de l’automne 2008: cet argent doit servir exclusivement à nos infrastructures hospitalières, à nos écoles, à nos départements de recherche et développement, au sauvetage de notre sécurité sociale”. Chauprade vient d’ailleurs d’être mis sur la sellette dans les colonnes du mensuel Le Causeur (octobre 2014), où on l’appelle à justifier ses positions actuelles, parfois contradictoires par rapport à ses écrits scientifiques antérieurs.

 

Seules les visites de Chauprade à Moscou, où il plaide en faveur de la politique familiale du Président Poutine, permettent de conclure à une néo-russophilie non communiste au sein du FN, puisque, désormais, le géopolitologue, chassé de sa chaire par Sarközy, en fait partie. Ce soutien à la politique familiale n’est pas exclusivement géopolitique: la France profonde —avec le mouvement “Manif’ pour tous”, téléguidé entre autres par “Civitas”— entend défendre la famille contre les politiques socialistes et sociétalistes (comme on se plait à le souligner maintenant par le biais de ce néologisme) du gouvernement de François Hollande au point que même l’électorat catholique de la France profonde préfère la politique familiale du président russe, en dépit d’une indécrottable russophobie occidentale, qui marquait aussi la France non communiste, et que dénonce avec brio l’éditeur Slobodan Despot, installé sur les rives du Lac Léman.

 

(Forest-Flotzenberg, octobre 2014).

 

Notes:

(1)   Alexander Yanov, Alexander YANOV, “The Russian New Right – Right-Wing Ideologies in the Contemporary USSR”, Institute of International Studies, University of California, Berkley, 1978.

(2)   Geneviève DUCHENNE, Esquisses d’une Europe nouvelle – L’européisme dans la Belgique de l’entre-deux-guerres (1919-1939), P.I.E. Peter Lang, Bruxelles, 2008.

(3)   Els WITTE, Voor vrede, democratie, wereldburgerschap en Europa – Belgische historici en de naoorlogse politiek-ideologische projecten (1944-1956), Uitgeverij Pelckmans, Antwerpen, 2009.

 

L'Europe pharisienne contre les droits des citoyens

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L'Europe pharisienne contre les droits des citoyens

par Yvan Blot

Ex: http://www.zentropaville.tumblr.com

L’oligarchie politique et administrative qui contrôle les institutions européennes à l’heure actuelle, au sens large, (Union européenne mais aussi Conseil de l’Europe et ses prolongements) est animée d’une idéologie typiquement pharisienne.


oligarchie-246x300.jpgLe mot pharisien vient du terme hébreu « péroushim » qui signifie « séparés ». Les pharisiens sont séparés ou veulent se séparer de ceux qui leur semblent « impurs ». En politique actuellement, sont considérés comme « impurs » les « populistes », les « nationalistes » les « identitaires » mais d’une façon générale tous ceux qui sont suspectés défendre leurs intérêts nationaux en menaçant les « droits de l’homme ».

Quand les « droits de l’homme » se retournent contre les libertés

Dans ce sens, les « droits de l’homme » ne sont plus les « libertés fondamentales », ce qu’ils étaient à l’origine et qui se traduisaient politiquement dans des droits concrets accordés aux citoyens. Dans une optique égalitaire considérant les hommes comme des matières premières interchangeables, les « droits de l’homme » deviennent une arme politique et juridique pour empêcher les nations de sauvegarder leur identité propre et les libertés qui y sont liés. Les droits de l’homme dans cet esprit finissent par se retourner contre les libertés.

Les pharisiens politiques sont toujours prêts à jouer les procureurs. Le Conseil de l’Europe notamment s’est donné le ridicule de créer il y a quelques années une commission d’enquête contre le Liechtenstein soupçonné de menacer les « droits de l’homme » parce qu’une réforme constitutionnelle approuvée par référendum populaire renforçait les pouvoirs du Prince (tout en créant une possibilité de le renverser par référendum d’initiative populaire, ce qui est interdit aux citoyens dans les pays « républicains ».

Autre exemple, l’affaire « Lautsi » par laquelle la Cour européenne des droits de l’homme interdit à l’Italie la présence de crucifix dans les classes des écoles publiques. Vingt états européens se sont insurgés contre cette décision de novembre 2009. Le gouvernement lituanien a mis en parallèle cet arrêt avec la persécution religieuse qu’elle a subie sous le régime soviétique où les symboles religieux étaient strictement interdit dans la sphère publique. Il est révélateur que la plupart des anciens pays de l’Est qui ont subi la dictature communiste font partie de la liste des pays qui soutiennent l’Italie aujourd’hui contre le plan de sécularisation forcée des écoles qui inspire la Cour européenne dite des droits de l’homme.Mgr Hilarion du patriarcat orthodoxe de Moscou déclare de façon pertinente : le sécularisme qui prospère aujourd’hui en Europe est lui aussi une pseudo-religion qui a ses dogmes, ses normes, son culte et sa symbolique. A l’instar du communisme russe du XXème siècle, il prétend au monopole et ne supporte aucune concurrence » (1)

La dérive égalitariste et discriminatoire

Evidemment les pharisiens européens donnent des leçons sans regarder leurs propres turpitudes, à savoir le fameux « déficit démocratique » des institutions européennes, Union européenne, conseil de l’Europe et Cour européenne des droits de l’homme confondus.

Tous ces organismes sont de types caricaturalement oligarchiques et violent dans leur manière de se structurer et de fonctionner la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen française de 1789.

Cette déclaration qui fait des droits de l’homme des libertés fondamentales dans son article deux n’a rien à voir avec la dérive égalitariste anti- discriminatoire actuelle qui a pour but de faire des citoyens des sujets passifs interchangeables, matière première du système techno économique dirigé par des managers, lesquels n’ont rien à voir avec les propriétaires de la théorie économique libérale autrichienne.

Son article 16 déclare sans la moindre ambigüité : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. » C’est exactement le cas de l’Union européenne actuelle où le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont totalement confondus.

La confusion des pouvoirs dans l’Union européenne

Ainsi, c’est la Commission, organe exécutif qui a le monopole, nous disons bien, le monopole de l’initiative des lois. Non seulement l’initiative des lois ne revient pas au parlement européen ou aux parlements nationaux, totalement démunis, mais encore les citoyens en sont totalement exclus à la différence de ce qui se passe en Suisse, démocratie modèle qui devient la tête de Turc des oligarques de Bruxelles.

De plus, le Conseil des ministres et le parlement européen peuvent édicter des lois en codécision : le terme même viole de plein fouet l’article 16 de la déclaration de 1789. Pour les rédacteurs de cette déclaration, l’Union européenne n’aurait pas de constitution assurant la liberté des citoyens faute de séparation des pouvoirs.

Les juges de la Cour européenne des droits de l’homme sont nommés sur des listes de trois noms présentés par chaque exécutif de chaque Etat puis élu par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe : procédure oligarchique de confusion des pouvoirs qui viole aussi l’article 16 de la déclaration de 1789. Cette oligarchie judiciaire est irresponsable devant le peuple faute de procédure de « rappel » telle qu’elle existe aux Etats-Unis pour les juges de cours suprêmes de beaucoup d’Etats fédérés (2)

Liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression : des droits bafoués

Huit autres articles de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (qui fait partie de nos textes constitutionnels) sont bafoués d’une manière ou d’une autre par les institutions européennes telles qu’elles sont, c’est-à-dire fort peu démocratique.

L’article 2 dispose : « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ». On notera que les notions d’égalité, d’égalitarisme et de lutte contre les discriminations n’ont pas leur place ici et que ces notions doivent être subordonnées aux droits de l’homme listés de façon limitative à l’article 2. Par exemple, l’égalitarisme ne saurait passer avant la liberté ou le droit de propriété ne saurait être vidé de sa substance au nom de la « lutte contre la discrimination ». L’égalitarisme contenu dans l’interprétation récente des droits de l’homme est en fait la matrice d’un nouveau totalitarisme qui se retourne contre les libertés fondamentales.

La souveraineté de la Nation et des citoyens : d’autres droits bafoués

L’article 3 dispose : « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation ». Ce principe est bafoué ouvertement par l’idéologie anti nationale qui domine dans les institutions européennes.

L’article 5 dispose : « la loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société ». En quoi des crucifix dans les écoles italiennes sont ils « nuisibles à la société » ? En quoi le renforcement du pouvoir du prince du Liechtenstein sous le contrôle de la démocratie directe est-il nuisible à la société ? En quoi l’interdiction des minarets en Suisse serait-elle « nuisible à la société » ? On voit ici à quel point le Conseil de l’Europe et sa Cour satellite cherchent à acquérir des pouvoirs qui vont bien au-delà des pouvoirs tolérés par la déclaration de 1789.

L’article 6 est bafoué, non seulement par les institutions européennes par la plupart des institutions des Etats membres du Conseil de l’Europe, à l’exception de la Suisse, du Liechtenstein, de l’Italie et de l’Allemagne au niveau de ses Etats fédérés, les Länder.
Il dispose en effet : « la loi est l’expression de la volonté générale. TOUS les citoyens ont droit de concourir PERSONNELLEMENT ou par leurs représentants, à sa formation ». Cet article affirme que la démocratie directe et la démocratie parlementaire doivent se compléter. Or la plupart des Etats européens n’ont toujours pas la démocratie directe qui permet aux citoyens d’être à l’initiative des lois (par pétition) et de pouvoir décider de celles-ci (par référendum). Le Traité de Lisbonne ne tolère que la pétition pour les citoyens de l’Union européenne. Résultat : il est fréquent que des lois sont adoptées pour faire plaisir à des lobbies divers sans égard pour la « volonté générale ». La population n’a alors plus confiance dans les institutions existantes : l’absence de démocratie véritable menace la démocratie elle-même. En France, environ 40% des citoyens ont confiance dans le parlement alors qu’il est élu par le peuple (mais celui-ci ne peut choisir que des candidats choisis par les états majors des partis politiques : là encore oligarchie et non démocratie !) A titre de comparaison le système de santé ou l’armée ont en France un taux de confiance de 90% (mais 38% pour les medias contrôlés par les oligarques et 18% de confiance seulement pour les partis politiques) (3)

L’article 10 de la déclaration de 1789 dispose : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». En quoi les crucifix dans les écoles italiennes troublent-ils l’ordre public ? Cet article est violé par les institutions européennes lorsqu’elles cherchent à effacer du paysage européen les manifestations du christianisme.

La libre communication des pensées malmenée

L’article 11 dispose : « la libre communication des pensées et des opinions est un droit des plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi ». Cet article est surtout violé par le droit interne de beaucoup de pays européens mais cela ne semble pas gêner le Conseil de l’Europe et son satellite judiciaire. Le prix Nobel d’économie Milton Friedman, juif américain libertarien s’insurgeait à juste titre contre la loi Gayssot française (inspirée par un communiste) qui sous prétexte d’antiracisme limite la liberté d’expression et créée des catégories de citoyens privilégiés alors que la loi doit être la même pour tous. Plus récemment le tribunal constitutionnel fédéral allemand a annulé un jugement de la Cour d’Appel de Munich qui interdisait pour cinq ans une publication « d’extrême droite » : le tribunal suprême jugeait que le qualificatif d’extrême droite appartient à la polémique politique courante (comme extrême gauche d’ailleurs) et n’est pas un critère juridique d’interdiction de publication dans un Etat de droit défendant la liberté d’expression. Cela montre qu’il y a débat sur ce point désormais dans certains Etats d’Europe.

C’est un mécanisme oligarchique qui décide de l’impôt

L’article 14 de la déclaration de 1789 est totalement bafoué : « TOUS les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette et la durée. Seuls les Etats à démocratie directe comme la Suisse, le Liechtenstein ou les 27 états fédérés américains (sur 50) respectent cet article. En général l’impôt est décidé par un mécanisme totalement oligarchique : même le pouvoir des « représentants (députés) est purement formel : c’est l’administration d’Etat qui décide des impôts comme dans l’ancienne Union soviétique.

Enfin l’article 15 n’est guère appliqué en réalité : « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ». On a en général organisé l’irresponsabilité à tous les niveaux, administratifs et parlementaires, ce qui explique la gabegie, les déficits, l’endettement monstrueux de la plupart des Etats européens (sauf la Suisse bien entendu, décidément fort gênante).

On a déjà parlé de l’article 16 qui exige la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judicaires.

Cette revue montre que l’Europe ne porte pas tous les péchés. Les Etats membres aussi ne respectent guère les véritables droits de l’homme et du citoyen de la déclaration de 1789. Après tout, ces états oligarchiques ont créé une Europe à leur image, ce qui est bien logique mais en aggravant les défauts au détriment des droits des citoyens.

Retrouver les libertés par la démocratie directe

Pour sortir de cette dérive menaçante pour nos libertés que les connaisseurs de l’ancienne dictature communiste comme le président tchèque Vaclav Klaus savent mieux identifier que les Occidentaux inexpérimentés donc inconscients, il faut de toute urgence réformer les constitutions des pays européens pour y introduire la démocratie directe. Il faut revoir les traités fondant l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’homme pour démocratiser ces institutions. Cela n’aura servi à rien de faire tomber le rideau de fer si par une dérive lente, hypocrite mais inexorable, les libertés des européens et de leurs nations sont grignotées par un pouvoir irresponsable. Une nouvelle forme de dictature menacerait ainsi l’Europe au moment même où elle a pu se libérer de l’oppression rustique du communisme. Nos Etats, à la différence des anciens pays de l’Est, respectent encore certaines libertés traditionnelles mais leur processus de décision, de moins en moins démocratiques et de plus en plus favorables à des pouvoirs irresponsables rendent à bon droit inquiets pour notre avenir. Nous risquons de devenir, non pas de libres citoyens, mais des matières premières interchangeables à la merci des managers du public comme du privé.

Yvan Blot

Notes :

  1. Voir l’article de Grégor Puppinck sur l’affaire Lautsi dans La Nouvelle Revue Universelle n°22 de 2010
  2. Le rappel (recall) est une procédure de démocratie directe américaine qui permet à une pétition de citoyens de déclencher un référendum pour démettre un juge d’une Cour Suprême. Ce procédé a pour but d’éviter la confiscation du pouvoir souverain par une oligarchie judiciaire irresponsable.
  3. Voir les travaux notamment de Pierre Bréchon et Jean-François Tchernia in La France à travers ses valeurs 2010

Sortir l’Europe de l’impolitique

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Sortir l’Europe de l’impolitique

par Georges FELTIN-TRACOL

Impolitique est un adjectif de la langue soutenue qui se rapporte à un manque d’habilité dans une situation où des intérêts sont en jeu. Dans un nouvel essai, L’effacement du politique, Pierre Le Vigan ne l’utilise pas et, pourtant, l’actuelle politogenèse (pseudo-)européenne ou « construction euro-atlantiste » à vocation mondialiste et d’ambition oligarchique correspond parfaitement à cette définition. Pis, elle la dépasse en excluant le politique de son champ d’horizon. L’auteur constate en effet que « notre continent est sans existence politique, sans volonté, sans défense. Un embryon de gouvernement européen existe, mais en fait, ce sont des équipes de technocrates. Le pouvoir européen n’a pas de légitimité démocratique. Il n’a pas non plus acquis une légitimité par son efficacité. Il a beaucoup réglementé mais n’a guère construit (pp. 21 – 22) ». A contrario, «  tout vrai projet politique repose sur la vision d’une singularité de civilisation. C’est pourquoi il est absurde de dire que seule la politique extérieure compte. Extérieure à quoi ? De quel intérieur est-elle l’envers ? C’est toujours la question à se poser. Politique intérieure et politique extérieure sont toujours profondément liées (p. 121) ». Mieux encore, « il n’y a pas de politique sans identités collectives (p. 27) ».

La phobie du politique qu’il discerne dans les discours et les actes officiels de la bureaucratie euro-atlantiste provient en droite ligne du refus d’affirmer l’identité propre de l’Europe. « L’Europe actuelle se veut d’abord universaliste. Sa seule identité serait d’être le réceptacle des identités des autres. On y célèbre tout ce qui n’est pas nôtre (p. 22). » Il faut reconnaître, à sa décharge, que « l’Europe a eu comme destin l’Occident, qui a fini par nier l’Europe elle-même. C’est-à-dire que l’Europe a eu comme destin la démesure, l’hubris. […]L’occidentalisation du monde est devenue la déseuropéanisation de l’Europe. L’Europe n’a pas vocation à offrir un modèle au monde (p. 159) ».

Mais comment définir alors l’identité européenne ? « La géographie donne des indications (Bornéo, non, ce n’est décidément pas l’Europe) mais pas de réponses indiscutables à la question des frontières. C’est le politique qui doit trancher (p. 61). » Il examine ensuite d’autres critères comme le fait ethnique. Sur ce point, Pierre Le Vigan dénie l’ancestralité indo-européenne et rejette la thèse du foyer boréen originel circumpolaire qu’il trouve absurde. Il passe ensuite l’Europe au crible de la religion, puis des valeurs sans, finalement, les estimer déterminantes. Aucune définition ne lui convient parfaitement. En fait, l’auteur récuse toute idée essentialiste de l’Europe. Si une délimitation floue demeure concernant les frontières orientales de l’Europe, l’identité fondamentale européenne repose sur un riche patrimoine spirituel commun et une anthropologie évidente d’ordre bio-culturel partagée entre des peuples issus du même terreau auxquels se rattachèrent d’autres peuples européanisés (Finnois, Estoniens, Lapons, Hongrois, Gagaouzes, etc.). Si son présent est certes marqué par l’impuissance et l’affliction mémorielle, son avenir peut être riche en espoir ou… en désespérance.

Cette désespérance semble prendre le pas sur toutes les tentatives, vénielles et partielles, de renaissance continentale. Du fait de la sécularisation, « le pouvoir politique va s’obliger à ne croire en rien d’ultime. Il va se restreindre à une croyance évidente et minimale : que les hommes veulent la liberté et le bonheur. L’État va donc devenir l’État garant des droits de l’homme (p. 43) ». Désormais, « le processus démocratique consiste en une production sans fin de nouveaux droits de l’homme (p. 90) » si bien que « c’est l’homme qui déclare ses propres droits (p. 87) ». Cette lourde tendance fait que « notre société n’est plus régulée que par le Droit et par le Marché (p. 156) » d’autant que « la pensée libérale est du côté du commerce, et des puissances maritimes. Elle privilégie la morale et l’économie par rapport au politique et à l’État (p. 80) ». La conséquence la plus visible est, à part l’hypertrophie du secteur médiatique au point qu’il phagocyte le minable petit personnel politicien, l’exagération du «  pouvoir judiciaire [qui] est une façon de ne pas faire de la politique ou plutôt de la laisser faire par les juges, car il ne suffit pas de nier le politique pour le dissoudre (p. 136) ». Parallèlement, la neutralisation du politique bouleverse la fonction même de l’État. « L’État est fort pour assurer un certain nombre de missions. S’il ne le fait pas, il perd sa légitimité (p. 132). » À croire qu’on arrive au terme d’un cycle     historique !

« Au Moyen Âge, les Européens avaient le choix entre trois formes politiques : la Cité, l’Empire, l’Église. La Cité était trop petite, l’Empire trop grand, l’Église trop universelle. Ils ont choisi une forme nouvelle : la nation (p. 136). » Aujourd’hui, le concept de nation apparaît comme une coquille vide, voire comme le serviteur zélé du mondialisme. L’exemple le plus flagrant de ce détournement n’est pas les États-Unis d’Amérique, cette aire peuplé par des strates successives d’immigration, mais la France pervertie par les sottes idées d’une république mortifère. « Les intellectuels de la pensée dominante pensent, non seulement que tout le monde peut devenir français, mais que tout le monde doit souhaiter le devenir, devenir citoyen du “ pays des droits de l’homme ” donc de la seule patrie qui n’est pas une patrie. Ils ont pour le coup raison puisque, être français au sens actuel du terme, cela veut dire : être membre de “ la patrie de la sortie de toutes les patries ”. C’est le comble de l’hypermodernité (ou archimodernité), et par là même c’est le comble de l’humanité. Pourquoi ? Parce que c’est là le stade suprême du dessaisissement de soi, de la rupture avec tous les attachements. C’est la victoire du présentisme intégral (pp. 99 – 100). »

Pierre Le Vigan concède volontiers que « l’Europe actuelle apparaît […] une prison des peuples, une négation de la souveraineté populaire (p. 160) ». En revanche, il assure que « l’Europe actuelle n’est pas fédérale, c’est là l’équivoque qu’il convient de dissiper. Elle est faussement fédérale (p. 162) ». Par cette mise au point, il exprime son attachement à la vocation d’une d’Europe à la fois unie et diverses, d’une Europe politique, véritable garante des procédures démocratiques authentiques. C’est pour l’heure une gageure, « mais qu’entendent les élites par démocratie ? Moins le gouvernement du peuple par lui-même (les élites globalisées ne comprennent tout simplement pas ce que veut dire la notion de “ peuple ”) que le respect de procédures, et des droits individuels : la démocratie, c’est les droits de l’homme. La démocratie selon les élites devient donc un processus de déliaison par rapport au politique : c’est plus de droits de l’homme et moins de droits des citoyens (pp. 58 – 59) » à un moment crucial où « nous vivons une stasis : à la fois une guerre civile interne, moléculaire, et une dissolution de l’intérieur (p. 23) ».

Au terme de son raisonnement de philosophie politique, il considère que la réponse idoine aux défis du XXIe siècle s’appelle l’Empire. Il ne s’agit pas pour lui de relever les vieux slogans totalitaires du XXe. À la suite du philosophe Philippe Lacoue-Labarthe qui appréhendait le national-socialisme hitlérien comme un humanisme, Pierre Le Vigan, Pierre Le Vigan pense que « le nazisme était essentiellement un vitalisme (p. 124) » et qu’il « était, à sa façon, un progressisme (p. 125) ».

Pourquoi donc l’Empire ? Peut-être parce qu’il « est porteur d’un sacré et d’un universel (p. 51) ». Universel et non universaliste, cela a son importance. Le retour du politique passerait-il nécessairement par un compromis post-moderne entre le holisme d’antan et l’individualisme présent ? Pierre Le Vigan le suppose, lui qui voit en Jean-Jacques Rousseau, le seul penseur apte à dépasser cet antagonisme (cette aporie ?) : « Être libre peut pourtant vouloir dire être libre de s’engager, voire libre d’aliéner sa liberté apparente pour une liberté intérieure plus profonde. Mais la modernité refuse cette forme de liberté. La modernité voit l’engagé convaincu comme un aliéné. Il ne faut que des engagements de circonstances et surtout, des engagements qui n’engagent à rien (p. 94). »

Nul doute que L’effacement du politique de Pierre Le Vigan est un essai qui fera date, au-delà des querelles désuètes et déplacées entre un européisme aveugle et un souverainisme réductionniste.

Georges Feltin-Tracol

• Pierre Le Vigan, L’effacement du politique. La philosophie politique et la genèse de l’impuissance de l’Europe, préface d’Éric Maulin, La Barque d’or (12, rue Léon-Blum, 94600 Choisy-le-Roi), 2014, 163 p., 15 € + 4 € de port.


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