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dimanche, 22 juin 2014

Les USA « nettoient » le marché de l’UE pour y vendre leur gaz de schiste

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Les USA « nettoient » le marché de l’UE pour y vendre leur gaz de schiste

Ex: http://www.blogapares.com

Vu sur Ria Novosti

Les Etats-Unis cherchent à affaiblir l’Europe et à « nettoyer » le marché européen pour y vendre du gaz de schiste américain, a déclaré mardi à Moscou le conseiller du président russe Sergueï Glaziev.

 

« Les Américains ont pour but d’affaiblir l’Union européenne, de provoquer la faillite de toute une série de banques européennes pour obtenir l’annulation de leurs dettes envers la Russie et l’Europe. Ils souhaitent affaiblir l’Europe et nettoyer le marché du gaz pour y vendre du gaz de schiste américain », a indiqué M.Glaziev lors d’une conférence de presse à RIA Novosti.

Selon le conseiller, les sanctions économiques que les Etats-Unis cherchent à faire adopter contre la Russie, serviront à affaiblir l’Europe ce qui permettra aux Etats-Unis d’imposer des conditions économiques désavantageuses à l’UE.

Fin mars dernier, le président américain Barack Obama a déclaré à Bruxelles que les Etats-Unis pourraient fournir plus de gaz à l’Europe qu’il ne lui en faut pour remplacer le gaz russe. En juin, les importations de gaz de schiste américain en Europe ont été évoquées lors du sommet du G7. Washington commencera à fournir du gaz de schiste à l’Europe à la fin de 2015, mais cela implique des investissements de plusieurs milliards de dollars.

« Les Etats-Unis incitent le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk et le président Piotr Porochenko à cesser d’importer du gaz russe, à rompre le contrat, à arrêter le transit de gaz russe vers l’Europe. L’Ukraine pose des exigences irréalisables et refuse de payer sa dette gazière. Elle provoque la rupture des fournitures de gaz russe vers l’Europe », a ajouté M.Glaziev.

Le président Obama a appelé M.Porochenko à diversifier les importations ukrainiennes de produits énergétiques pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Kiev recherche des sources de gaz alternatives, mais M.Iatseniouk a déjà reconnu que l’Ukraine ne pouvait pas encore renoncer au gaz russe. A l’heure actuelle, Kiev mène des négociations avec Moscou sur la réduction du prix du gaz.

 
Source: Ria Novosti
 
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samedi, 21 juin 2014

La tragique méprise de la russophobie

La Russie : un ennemi?

La tragique méprise de la russophobie

economist-russophobia.jpgDans son interview à TF1 et à Europe 1, (4 juin) interrogé par deux  journalistes agressifs, Vladimir Poutine, président élu de la Fédération de Russie, a calmement rappelé trois évidences : 1) le budget militaire des USA (Pentagone) est supérieur à la somme de tous les budgets militaires du monde ; 2) les USA, depuis la fin de la  Seconde guerre mondiale,  sont le pays qui a mené le plus de guerres  extérieures, en général dans l’illégalité internationale et sans mandat de l’ONU ; 3) la France a abandonné sa politique gaulliste d’indépendance et de souveraineté  vis-à-vis des USA.

Rappelons maintenant quelques faits : 1) La Russie a retiré ses troupes positionnées à la frontière ukrainienne, démentant les accusations ridicules selon lesquelles une invasion de l’est de l’Ukraine était projetée. 2) La Crimée a-t-elle « annexée » par la Russie, selon le vocabulaire officiel ? La Russie a récupéré la Crimée mais ne l’a pas annexée, à la suite d’un référendum démocratique.  3) À Odessa, 40 pro-russes sont morts dans l’incendie de la Maison des Syndicats provoqué par des nationalistes ukrainiens Imaginons que les pro-russes aient fait pareil dans l’est de l’Ukraine… 4) M. Poutine a admis l’élection du président ukrainien et a accepté de le rencontrer. 5) Cela fait maintenant  plus de dix ans que la CIA travaille en Ukraine (et dans d’autres pays de l’est de l’Europe) pour fomenter une  révolte anti-russe. Est-ce que le FSB, héritier du KGB selon les journalistes, mène des opérations de déstabilisation contre les USA au Canada, au Mexique ou en Amérique latine ?

L’accusation – formulée par exemple par David Cameron – selon laquelle la Russie enverrait des combattants camouflés et des armes aux sécessionnistes russophones de l’est de l’Ukraine ne repose sur aucun fait tangible. Les brillants services de renseignement britanniques, le M6, auraient-ils des preuves ?  Et la CIA ? Des preuves aussi sérieuses que celles concernant les ”armes de destruction massive” de Saddam Hussein ? 

Le provocateur, habile et dissimulé, dans toute cette affaire ukrainienne, n’est pas du tout M. Obama mais l’administration néo-conservatrice en place depuis Bush junior, celle qui a déjà déstabilisé tout le Proche Orient et qui entend maintenant semer le trouble en Europe orientale. Il s’agit, par un réflexe géopolitique classique, d’empêcher la Russie de redevenir une puissance globale et surtout de construire un partenariat avec l’Europe, cette dernière hypothèse étant un cauchemar pour Washington. L’arme économique – exclure la Russie du G8 et établir des sanctions – est aussi un moyen d’affaiblir l’Europe, de même que les pressions exercées sur la France pour faire annuler le contrat  de vente des BPC de la classe Mistral à la marine russe. Le Canada, poussé par Washington, est même allé jusqu’à proposer au gouvernement français de racheter les navires, dont il n’a pourtant nul besoin ! 

 Des arguments fallacieux sont utilisés pour faire peur aux Européens, Polonais et Baltes en tête, par exemple un ”chantage” russe sur les livraisons de gaz. C’est oublier que si la Russie risque de ne plus livrer l’Ukraine, c’est parce que cette dernière, dont l’économie est très mal gérée, n’a pas honoré son contrat et doit de gros arriérés à son fournisseur. En visite à Varsovie, Obama a comparé la résistance de Solidarnosc au communisme à la « résistance ukrainienne à l’agression russe ».  Il a déclaré : « la Pologne ne sera jamais seule ». Le but est de faire croire aux Polonais qu’il existerait un danger d’une agression russe. Pourquoi pas une agression des extra-terrestres ? La Pologne bénéficie  d’une ligne de crédits militaires alloués par Washington d’un milliard de dollars, et l’Otan se renforce dans les pays baltes. N’oublions pas que, contrairement à ce qui avait été promis et juré à Gorbatchev en échange de la réunification de l’Allemagne, l’Otan a été étendu à tous les pays d’Europe orientale.

L’Américain Nicholas Burn, grand diplomate et professeur à Harvard, ancien ambassadeur auprès de l’Otan, a déclaré, à l’occasion de l’anniversaire du débarquement  allié en Normandie, le 6 juin, qu’il fallait revitaliser le lien transatlantique contre la Russie (Forum sur les valeurs transatlantiques, organisé par la Chambre de Commerce américaine en France).  Il expliquait : « Notre liberté est indivisible. Aujourd’hui, tandis que l’on voit se recréer des lignes de fracture sur le continent à cause de Vladimir Poutine, nous devons resserrer les rangs autour de nos valeurs, pas pour nous battre mais pour montrer notre force. C’est ce que nous avons fait le jour J » Autrement dit, la Russie de Poutine est une menace, mise subrepticement en parallèle avec l’Allemagne nazie. Bien sur, au nom des « valeurs démocratiques ». Il s’agit d’un appel à un retour à la guerre froide. La crise ukrainienne n’est qu’un prétexte pour certains milieux de Washington : empêcher à tout prix un lien stratégique euro-russe, isoler la Russie, empêcher son retour possible comme grande puissance.       

Une entreprise de propagande globale nous fait croire que nous avons de nouveau  à craindre une ”menace russe”.  C’est un excellent détournement d’attention. Qui espionne, même les dirigeants européens, jusqu’à Angela Merkel ? La NSA ou le FSB ? Le drame, dans cette crise ukrainienne, c’est que l’Europe se trompe complètement d’ennemis. Comme si les divisions blindées russes (ex-soviétiques) allaient déferler sur l’Ukraine, la Pologne, les pays baltes, et pourquoi pas ? l’Allemagne et la France ?  La peur de la Russie est  fabriquée par la propagande pour occulter la véritable invasion, visible chaque jour dans nos rues.  Le peuple le sait, les élites le taisent.

Le danger le plus fondamental pour l’Europe – soyons sérieux– , qui est aveuglant et que les élites font semblant de ne pas voir, ce n’est pas la ”menace russe” . Le danger mortel, à l’œuvre chaque jour, c’est le déversement de la colonisation de peuplement en provenance du Sud, complètement incontrôlée et massive, et l’islamisation.

 La russophobie est devenue un argument central de l’idéologie dominante. Pourtant, c’est un suicide pour l’Europe que de considérer son principal allié comme un ennemi. L’idée que la Russie nous menace est très divulguée dans la propagande. Mais il est peu probable que le peuple français croie à cette fable. L’intérêt d’une Europe libre et indépendante est la coopération globale, stratégique, économique, scientifique, énergétique etc. avec la Russie, qui n’est pas une menace mais notre principal partenaire naturel, avant les USA ou n’importe qui d’autre. Les dirigeants américains savent parfaitement – et c’est ce qui les inquiète –  que la ligne stratégique russe est celle de la Grande Europe « de Lisbonne à Vladivostok » selon l’expression de Poutine. Une telle alliance serait beaucoup plus souhaitable et naturelle pour la Russie qu’un partenariat avec la Chine, auquel elle est contrainte par la soumission des Européens à Washington. Alliée avec la Russie, l’Europe ne serait pas soumise, mais partenaire égal. Alliée principalement avec les Etats-Unis, l’Europe est soumise, par sa faute, liée à un partenaire transatlantique qui ne la respecte pas, qui joue un double jeu (voir l’incroyable amende de 12 milliards de dollars contre BNP Paribas ; voir le renoncement de l’Europe à sa souveraineté numérique face aux opérateurs géants américains ; voir le projet de libre-échange transatlantique, véritable traité inégal ; voir la préférence nationale américaine pour toutes les commandes publiques ; voir la compétence mondiale auto-attribuée des tribunaux américains ).

La priorité de l’administration américaine est de rallier une Europe sans volonté à une opposition à la Russie. Les USA jouent leur jeu dans  la partie d’échec mondiale. On ne peut pas leur reproche leur militarisme camouflé par le pacifisme, ni leur impérialisme visant à soumettre l’Europe comme protectorat et à neutraliser la Russie. Cela fait partie de leur position géostratégique depuis la Seconde guerre mondiale et, de leur point de vue, ils ont raison, ils ne peuvent pas jouer une autre carte. D’autant plus que la Chine est entrée dans la partie, comme challenger…  

Pour résumer, la russophobie, organisée par l’oligarchie, sert à masquer les deux véritables dangers qui menacent l’Europe : 1) l’invasion migratoire massive, accompagnée de l’islamisation ; 2) la soumission à la puissance américaine.

Le grand match du mondial va commencer en Ukraine

RUSSIE - OTAN
 
Le grand match du mondial va commencer en Ukraine

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Premier point : des tanks russes pénètrent en Ukraine. Des tanks venus de la Fédération de Russie auraient pénétré sur le territoire ukrainien par les postes-frontières tombés aux mains de rebelles pro-russes dans l’est de l’Ukraine, selon la BBC. Les forces armées ukrainiennes leur auraient alors ouvert le feu. Rappelons qu'en Ukraine, les séparatistes ont proclamé deux «  Républiques indépendantes », à Donetsk et à Lougansk, après des référendums tenus le 11 mai. Les forces ukrainiennes ont lancé de leur côté, il y a deux mois, une offensive, qualifiée par Kiev d’ « opération antiterroriste », pour mater l’insurrection pro-russe qui agite l’Est de l’Ukraine. Une question se pose : après les J.O et la révolte de Maîdan fomentée par l'Occident qui avait profité de la fenêtre de tir de Sotchi, Poutine ne profiterait-il pas de l'effet « coupe du monde », de sa fenêtre de tir à lui ?


Jolie revanche des Russes dans ce cas ! De plus, les USA qui sont derrière Porochenko, président Ukrainien depuis le 7 juin 2014, sont en ce moment préoccupés par la percée de l’EIIL en Irak. Poutine le sait aussi : Mondial de football puis crises (Syrie, Irak, Nigeria ), il y a une incapacité reconnue pour l'hyperpuissance de gérer plusieurs crises simultanément. On raconte d'ailleurs, dans les milieux diplomatiques une anecdote. Ce sont des fonctionnaires du Département d’Etat qui font visiter les lieux de leur Ministère aux membres de l'Association des Historiens de la Politique étrangère américaine. En pleine visite, les membres de l'association s'étonnent de ne voir que deux « salles de crise ». A la question de savoir de ce qui adviendrait si trois crises se pointaient en même temps, la réponse du guide fut tout à fait éloquente mi-blague, mi-sérieuse  : « On requalifierait l’une d’elles de non-crise » ! L'Ukraine sera-t-elle la non-crise ? La partition n'est-elle pas déjà dessinée d'ailleurs dans un accord secret entre Obama et Poutine comme le sous-entendait il y a peu Michel Charasse?

Deuxième point : la Russie amorce sa reconversion financière. Les Russes n’agissent pas seulement sur le plan militaire. Ils réagissent aux sanctions économiques imposées par l'Otan en attaquant le pétrodollar. Cela pourrait être le coup fatal comme un pénalty rédhibitoire d'autant qu'il semble avoir été discuté avec les Chinois. La Chine et la Russie - et sans doute aussi l'Inde - semblent s'être mis d'accord sur une stratégie à long terme de dé-dollarisation. Le plus gros producteur de gaz naturel de la planète, Gazprom, vient, en effet, de signer des accords commerciaux avec quelques uns de ses plus gros clients en faisant passer les paiements pour leurs commandes de gaz en euros et non en dollars. Il l'avait fait déjà récemment avec la Chine. En fait, depuis la Libye et la Syrie, les Etats-Unis ont perdu une grande partie de leur crédibilité internationale. Russes et Chinois envisagent de tourner le dos monétairement aux Etats-Unis. C'est une révolution. L'hyperpuissance ne s'en remettra pas ni d'ailleurs le paysage financier mondial d'où cette impression à la fois inquiétante et étrange depuis quelques mois que le système provoquera de lui-même sa propre implosion, comme le dernier coup de queue du crocodile avant de mourir. Neuf clients sur dix de Gazprom sont ainsi passés du dollar à l’Euro dans leurs contrats d'approvisionnement et d'autres grandes entreprises russes utilisent le yuan chinois comme monnaie d'échange. C'est le résultat concret des sanctions occidentales décidées par le Congrès américain contre le bon sens économique. Aux Etats-Unis, à trois mois des élections de mi-mandat américaines, les Républicains n'ont pas cessé de faire monter les enchères contre Obama. La décision irréaliste de geler des fonds et des avoirs russes en représailles d'une «  invasion russe » en Ukraine va à l'encontre des intérêts américains. Ainsi, de multiples comptes russes de grosses entreprises ont été ouverts ces dernières semaines dans les banques d'Asie. C'est ce qu'a affirmé Pavel Teploukine, patron de la Deutsche Bank en Russie, dans un article du dimanche 8 juin du Financial Times. Dans le même temps, le quotidien nous apprenait que les Russes ont retiré leur argent des banques américaines à une vitesse jamais égalée et ce depuis mars, sans même attendre la spirale des sanctions occidentales. Les dépôts russes dans les banques US ont chuté d’un coup de 21,6 milliards de dollars à juste 8 milliards. Ils ont retiré 61% de leurs dépôts en juste un mois ! 

Le système économique américain peut-il sans dommages résister à cette contre attaque légitime des Russes ? La valeur du dollar est élevée artificiellement car le monde commerce en dollar. Cela permet aux Etats-Unis de maintenir des coûts d’emprunt artificiellement bas mais si ce n'était plus le cas, le dollar ne vaudrait plus rien. Le pire, c'est que la cécité de l'Europe est telle qu'elle amorce une sorte de dollarisation par le traité transatlantique. En fait, depuis septembre 2008, nous vivons dans une bulle financière de fausse stabilité monétaire et d'argent garanti. Or les comptes toxiques des banques sont réels. Toutes les bases financières de l'économie n'ont cessé de se détériorer et de se dégrader.

vendredi, 20 juin 2014

La Regina dei Balcani

La línea de división es entre tradicionalistas y liberales, no entre naciones o culturas

martongy.jpgEn esta entrevista, el diputado y experto en relaciones internacionales del partido nacionalista húngaro, Márton Gyöngyösi, no sólo nos habla de la campaña electoral que organizan, lanza fuertes declaraciones contra partidos como el Frente Nacional, el FPO de Austria o el PVV de Wilders por las ‘peculiaridades’ de sus plataformas políticas y define cual es la diferencia de movimientos como Jobbik y los partidos antes mencionados.

¿Cuál es su estrategia de campaña para las elecciones al Parlamento Europeo?

Como usted probablemente sabe, tenemos tres elecciones este año: elecciones nacionales parlamentarias, elecciones al Parlamento Europeo y después elecciones locales. Por supuesto, nuestra relación con la Unión Europea es un tema muy importante, incluso a nivel nacional, pero actualmente no es nuestro principal objetivo. Después de las elecciones nacionales, realizaremos en mes y medio la campaña para las elecciones al Parlamento Europeo. En el 2009, cuando participamos primera vez, llegamos a un resultado muy bueno de 15 % y sacamos tres diputados. Esperamos llegar al menos a dicho porcentaje. Nuestro programa para Parlamento Europeo ya está en camino. Por desgracia, de alguna manera estamos condenados al ostracismo en los medios de comunicación y nuestros mensajes no se difunden. Así que realizamos una campaña muy directa, con mucho más énfasis en el Internet y en los foros públicos.

¿Qué tipo de asuntos son los que esperas plantear en relación con la Unión Europea, tanto en las elecciones nacionales como las elecciones al Parlamento Europeo?

Al igual que en muchos otros países hay una gran cantidad de euroescepticismo barriendo a través de Hungría. En estos tiempos de crisis económica y financiera, mucho de la culpa se ha puesto a la Unión Europea y creo que con razón dada la forma en que esta crisis se ha gestionado y la forma en que la UE se está transformando. Creo que hay mucha resistencia a la continua centralización que la UE ha estado experimentado desde el Tratado de Lisboa, incluso desde el Tratado de Maastricht si quieres.

Creo que la mayoría del pueblo húngaro rechaza esto y creo que estas elecciones van a tratar mayormente sobre el futuro de la UE. Estoy esperando un resultado muy euroescéptico en este país – y en general también. Esto no es sólo Jobbik. Creo que el euroescepticismo está más allá de Jobbik y los partidarios de Jobbik. Ya el señor Orbán está haciendo alusión a un enfoque muy euroescéptico. Él por supuesto está a favor de la UE y ha hecho mucho por la adhesión de Hungría, pero por el momento retóricamente es crítico de la UE. Obviamente son tácticas políticas. Creo que los partidarios incondicionales de Fidesz están hartos de la UE y creo que Jobbik puede esperar votos de ellos. Creo que esa fue una de las razones por las que Fidesz no quería poner las elecciones nacionales y las elecciones al Parlamento Europeo en la misma fecha, a pesar de que hubiera sido lógico. Habría habido una gran participación en las elecciones al Parlamento Europeo, y mucha gente habría realizado un voto de protesta del lado de Jobbik. Pero ellos no quieren un alto rechazo de la UE. Eso habría sido un mensaje terrible hacia Bruselas. Un mensaje positivo desde mi punto de vista.

¿Cuáles cree que son los principales peligros de la creciente integración a la UE?

Sólo veo peligros. En 1991 obtuvimos la candidatura. Si queremos emitir un juicio sobre la UE tenemos que mirar no sólo a nuestros miembros, sino que todo el proceso de adhesión. Se le da a la nación que negocia su adhesión a la UE con Bruselas directrices y es forzada a moverse dentro de ciertos límites. Esto ha tenido un impacto muy negativo en el proceso de transición de Hungría. Se nos dijo liberalizar y privatizar la economía, lo que significó que en unos diez años Hungría vendió la totalidad de su riqueza nacional. Se nos dijo que el capital privado, la inversión privada y la iniciativa empresarial extranjera nos llevarían muy pronto al paraíso. Pero lo que se puede ver es que los países de Europa Occidental necesitan a Hungría más que Hungría necesita de la UE. Ganaron un mercado de diez millones en este país, y cientos de millones si nos fijamos en toda la región. Económicamente, es un paso muy importante para la UE. Geoestratégicamente también. Ellos abrieron las fronteras del euroatlantismo hacia el este por cientos de kilómetros. Esto también se ve en Ucrania. Pero no sólo hay que culpar a la UE y los asquerosos capitalistas de Occidente. Tenemos una élite política en este país – el Sr. Orbán, políticos socialistas como Gyula Horn – que fueron seleccionados para este tipo de política de transición. Ninguno de ellos cuestionó la integración europea o este tipo de transición económica. Sobre de ellos se les puede hacer mucha crítica por la gestión de la transición de un modo por el cual este país ha sufrido más en 25 años que en las dos guerras mundiales. Básicamente hemos perdido toda nuestra riqueza y patrimonio nacional. Básicamente no tenemos nada en manos húngaras en estos momentos. Todo está en las manos de los empresarios e inversionistas extranjeros que compraron fábricas y en algunos casos las destruían.

¿Cuáles son algunos ejemplos de esto?

Nuestra industria alimenticia fue completamente destruida. Solíamos ser capaces de autosuficiencia en la producción agrícola. Sólo para dar un ejemplo, solíamos tener 12 fábricas de azúcar. Eramos completamente autosuficientes y exportabamos el 75% de nuestra producción azucarera. Hoy importamos casi todo el azúcar, porque la producción ha dejado de existir. Sólo hay una fábrica de azúcar en Hungría y es de propiedad de Austria. La UE dice que no se puede producir porque hay cuotas y la cuota es aproximadamente la mitad del nivel de autosuficiencia… ¿Qué pasó con las fábricas? Fueron compradas por empresas extranjeras – empresas francesas y alemanas – y destruidas. Ahora compramos azúcar a partir de las empresas que los han comprado. Así compraron un mercado.

¿Crees que Hungría debe tratar de renegociar los tratados de la UE?

Exactamente. Esa es nuestra propuesta. Queremos un referéndum sobre el ingreso en la UE y queremos renegociar, a partir de nuestro tratado de adhesión.

¿Si se renegocia con éxito será todavía necesario el referéndum?

Depende del resultado. Pero es casi seguro que sí. Yo no creo que sea posible renegociar los tratados de tal manera que nos pareciera bueno y beneficioso para la nación húngara. Se necesitaría una remodelación completa del acuerdo. Teniendo en cuenta la forma de la UE y Hungría en este momento, yo no creo que sea factible o posible.

¿Así que usted piensa en términos prácticos necesario un retiro?

Sí, a través de un referéndum. Nosotros apoyaremos un retiro. Esa es la misma posición que tuvimos en el 2004. Hemos estado haciendo campaña por un modelo de Europa de las Naciones, donde la soberanía nacional es mucho más fuerte y donde la centralización es menos. En 2004 también tuvimos un enfoque muy crítico e trabajamos por la no integración. Lo que hemos visto desde entonces nos ha hecho fortalecido aún más en nuestra creencia.

¿Pero no ha visto efectos positivos de la pertenencia a la UE? ¿No ha habido inversiones extranjeras o relaciones comerciales que hayan beneficiado a la economía húngara?

Es el balance donde necesitamos mirar. Tenemos más de 1000 años de relaciones con Europa. Eso no es una cuestión de adhesión a la UE. Usted no necesita ser parte de la UE para tener buenas relaciones bilaterales. La UE podría haber mejorado las relaciones. Hubo un tiempo en que la UE pueda haber sido una organización basada en la confianza mutua y el beneficio mutuo, allá en los años 1960 o 1970. Pero hoy no es así. Hoy en día funciona más como un imperio que tiene un interés centralista, el interés de los más grandes y más viejos estados-nación en la UE. Ellos están buscando sus propios intereses industriales y subordinan los intereses de todas las demás naciones a eso. Creo que eso es lo que construye gran parte de la frustración dentro de la UE. Y, por supuesto, se han cometido errores. Creo que el euro fue un completo desastre y un completo error. Eso es un análisis económico, no un juicio político. Creo que fue completamente prematuro tener una moneda única en un entorno económico tan divergente. Cometieron un error y la solución que buscaron era aún más desastrosa. Deberían haber ido en una dirección completamente diferente. Ahora están tratando de imponer aún más de esta toma centralista de decisiones.

¿Te refieres a las medidas de la unión bancaria?

Exactamente. La disciplina fiscal y la supervisión de Bruselas. Si un Estado nacional soberano quiere elaborar su presupuesto ese es una cuestión de soberanía. Después de haber aprendido de los errores de Grecia, Bruselas quiere el derecho de anular la política presupuestaria nacional. Eso es una completa tontería. ¿Dónde nos va llevará eso? ¿Aquellos burócratas de Bruselas que no tienen idea de la situación real de la economía en Hungría y lo que el pueblo húngaro necesita o desea van a anular el presupuesto de un gobierno? La política monetaria está centralizada. Ahora la política fiscal va a ser centralizada en Bruselas también. La soberanía nacional ha sufrido mucho en el último par de años. No es de extrañar que en cada país exista algún tipo de oposición con esta dirección.

El político holandés Geert Wilders y Marine Le Pen en Francia han llamado a una alianza pan-europea de partidos euroescépticos. Según informes de prensa, han declarado que Jobbik será excluido por ser demasiado extremista. ¿Cuál es su reacción a esto?

En Europa occidental, los partidos de este tipo tienen un programa que no podemos identificarnos completamente. Su opinión sobre la UE coincide con la nuestra. Creo que tienen la misma idea sobre Bruselas que nosotros. Pero hay una gran diferencia entre ellos y nosotros. Un terreno común entre Wilders, Vlaams Belang de Bélgica, el FPÖ en Austria y Le Pen en Francia – los movimientos radicales de Europa occidental, si quiero generalizar- es la inmigración. Ellos son antiinmigración, y ya que la mayoría de los inmigrantes provienen de países musulmanes tienen una muy fuerte islamofobia y una muy fuerte retórica anti-islámica. En Jobbik, por el contrario, Gábor Vona siempre ha propuesto un diálogo pacífico entre religiones. Él ha estado llamando al Islam una civilización tradicionalista y señalando que todos los tradicionalistas en el mundo – ya sean cristianos, musulmanes, budistas o hindúes – deben unir sus fuerzas y levantarse en contra del liberalismo, que es básicamente un enemigo del tradicionalismo. A través de la propagación del multiculturalismo y el nihilismo absoluto y la ausencia de valores, básicamente está debilitando el tradicionalismo.

En este sentido Jobbik es un partido tradicionalista. Nuestro enemigo principal no es la gente que tiene una cultura o una religión diferentes. El enemigo común de los tradicionalistas, independientemente de su procedencia, es el liberalismo, que quiere barrer con todos los tipos de tradición y cultura. Está propagando un ambiente muy colorido, multiétnico y multicultural. Creo que la línea de división es entre tradicionalistas y liberales, no entre naciones o culturas. Esta es uno de nuestros mayores argumentos con Le Pen y Wilders.

¿Usted no los ve como en el mismo campo tradicionalista que el de ustedes?

No. Yo creo que son totalmente liberales. Absolutamente liberales. Ellos no ven el punto. Lo que temen es que los valores liberales de Europa y de la civilización occidental desde la Ilustración estén en peligro por la inmigración masiva. Así que ellos están protegiendo fundamentalmente los valores liberales de Europa. En este sentido no podemos encontrar la misma plataforma con estos partidos porque vemos el problema completamente diferente. Creo que son parte del problema. Son rebeldes políticos. Como una idea política, es estupendo encontrar un enemigo, dispararle y conseguir seguidores que les apoyen, pero creo que están en el punto equivocado. Es una muy mala señal que los instintos de Europa ya no estén trabajando.

¿Así que piensa que ellos se han negado a trabajar con ustedes y les llamaron extremistas debido a su crítica de los valores liberales?

Esa es la raíz del problema. Pero podemos ir más lejos. Para esta campaña anti-islámica han obtenido el apoyo sionista de Israel. Todos y cada uno de ellos. Puesto que el Islam e Israel, o el sionismo, son enemigos, básicamente han formado un solo frente. Usted puede ver que Strache del FPÖ ha hecho una serie de declaraciones pro-israelíes y recibió el apoyo sionista. Vlaams Belang incluso es financiada por determinadas comunidades sionistas. Wilders también. Ellos ven a la inmigración y el Islam como el mayor peligro, así que fueron con uno de los mayores enemigos del Islam, el sionismo. Es un enfoque completamente lógico. En Hungría tenemos un problema completamente diferente. Si se fija en nuestras declaraciones y lo que representan, hemos estado criticando la política israelí. Hemos criticado el sionismo como un fenómeno global y la forma en que funciona actualmente en el mundo.

¿Ve un riesgo de que esta posición se transforme en discriminación si usted señala a los judíos como agentes potenciales de Israel? Usted hizo una declaración hace unos años de que debe haber una investigación de los miembros del gobierno que cuentan con ciudadanía israelí- húngara.

La doble nacionalidad es un riesgo. Es un riesgo para la seguridad nacional. Quiero estar seguro de que el parlamentario húngaro, algún miembro del gobierno o un funcionario público sea 100% leal y 100% comprometido con mi nación cuando estén haciendo leyes o los lleven a cabo. Todo el mundo piensa lo mismo. En Israel los ciudadanos dobles están excluidos de la Knesset. Si Israel hace eso, entonces ¿por qué se ofenden si exijo lo mismo para Hungría? En Estados Unidos, se tiene que ser totalmente transparente. Cada miembro del Congreso tiene que mostrar a que raza, origen étnico y religión pertenece y qué ciudadanía que tienen. Todo lo que quiero es el mismo tipo de transparencia en Hungría.

¿Haría la misma demanda con otras nacionalidades?

Por supuesto. Si alguien tiene la doble ciudadanía de Zimbabwe-húngara también sería una curiosidad.

¿Lo vería como un riesgo potencial para la seguridad nacional?

Podría ser. Si alguien tiene la ciudadanía significa que juraron a un país en particular. Si juramentas a dos países ¿entonces cuál es la garantía de que pueda excluir su lealtad o su identidad cuando esté haciendo legislación o ejecutando las leyes de otra nación? Hay un conflicto de intereses. Creemos que la doble nacionalidad israelí-húngara es un riesgo aún mayor que con la doble ciudadanía Zimbabwe-húngara, porque hemos oído hablar de las intenciones maliciosas de Sr. Shimon Perez, cuando habló sobre la colonización de Hungría por medios financieros y económicos.

Me gustaría volver a la cuestión de la alianza. ¿Hay otros partidos que tienen una mentalidad similar a la suya y con quien usted puede ser capaz de formar una alianza en el Parlamento Europeo?

La cuestión de la búsqueda de la alianza viene después de la elección. Por supuesto que puedes hacer alianzas si se tiene un programa con puntos en común. Parece que Wilders, Le Pen y Strache tienen este programa común. No lo tenemos con ellos. Pero conseguimos algo hace unos dos años. Nuestro diputado Béla Kovács formó un partido europeo llamado Alianza de Movimientos Nacionales Europeos. Desde el Tratado de Lisboa, es posible que diputados individuales formen un partido internacional –basado en la afiliación individual, en lugar de entre partidos. Esto es todo un logro. Esto demuestra que tenemos algún tipo de poder de negociación. Somos el partido más fuerte en el movimiento radical, por lo que obtenemos una gran cantidad de atención en este campo.

Pero, ¿hay oportunidades concretas de cooperación en la próxima legislatura?

Incluso obtener una fracción es muy difícil porque se necesita muchos países y muchos miembros. Pero yo creo que no es tema de importancia. Es una organización tan inútil, para ser totalmente honesto con usted. Yo no creo que tenga un gran significado si se está en una fracción o sólo ser un miembro no inscrito. No vamos a renunciar a parte de nuestro programa o comprometer nuestros principios sólo para ganar más dinero o para hablar dos veces sobre uno de estos absurdos temas que el Parlamento Europeo está discutiendo, como la curva del pepino.

Pero, para responder a su pregunta, creo que va a ser una elección muy interesante, sobre todo por el creciente euroescepticismo en la UE. La mayoría de los analistas esperan un gran incremento en la influencia de los partidos euroescépticos en el Parlamento. Creo que esto va a ampliar las oportunidades para algún tipo de alianza. En Polonia hay un nuevo partido llamado Ruch Narodowy (Movimiento Nacional). Tenemos una cooperación muy estrecha con ellos. Firmamos comunicados de prensa comunes y ellos vienen a nuestros días y manifestaciones nacionales. También estamos buscando la cooperación en Croacia, donde los distintos partidos están formando un bloque para las elecciones al Parlamento Europeo. Tenemos contactos y relaciones con ellos. Estamos construyendo continuamente estas alianzas. Es esta parte de Europa – Europa Central y Oriental – donde tal construcción de alianzas es razonable y apropiada. En cuanto a los radicales franceses o británicos, tenemos una perspectiva muy diferente y con diferentes problemas.

Dos nombres que rondan entre los medios de comunicación como socios potenciales, que son el Partido Nacional Británico (BNP) y Amanecer Dorado en Grecia.

De acuerdo con los medios de comunicación, somos financiados por Al-Qaeda o por Rusia e Irán. Hay un montón de tonterías en los medios. Con Amanecer Dorado nunca hemos algún contacto. Cuando Gábor Vona fue a Londres dijeron que iba allí para reunirse con Amanecer Dorado. Esto es una locura. En época de elecciones Gábor Vona quiere conocer al electorado. Hay decenas de miles de húngaros que viven en Londres. Fue a reunirse con ellos y hablar de nuestro programa. ¿Por qué él viajará a Londres para reunirse con Amanecer Dorado? Él viajaría a Atenas entonces. Eso son los medios de comunicación para usted. No tenemos esa cooperación. Por otra parte, el líder del BNP, Nick Griffin, se unió a la Alianza de Movimientos Nacionales Europeos con nuestros eurodiputados. Él ya no es un miembro, pero formó parte de este partido.

¿Ve usted una buena posibilidad de una mayor cooperación con el BNP?

Nuestro juicio sobre la UE está convergiendo. Pero una vez más, creo que su posición anti- islámico es algo muy difícil de igualar con nuestra visión del mundo. Estamos buscando una alianza de tradicionalismo en todo el mundo contra el liberalismo. Creo que Europa está sufriendo por el liberalismo. Eso es lo que deberíamos deshacernos en primer lugar ante todo y luego encontrar nuestras propias raíces, nuestros propios valores y nuestras propias tradiciones y construir sobre eso. En lugar de odio y la búsqueda de un enemigo común. Eso no va a llevar a ninguna parte. No nos deshacernos de una de las principales causas de nuestra crisis: el liberalismo, que básicamente ha provocado falta de valores y un destacamento completo de nuestras tradiciones culturales y religiosas.

(Traducido del inglés por Manuel Ortiz)

Fuente: Disidencia

Que devrait faire l'Europe face à un “Djihadistan” au Moyen-Orient?

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Que devrait faire l'Europe face à un “Djihadistan” au Moyen-Orient?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.dedefensa.org

Appelons “Djihadistan” un nouvel Etat qui s'installerait, à cheval sur la Syrie (dans le nord-est du pays) et sur l'Irak (dans l'Ouest et le Nord). Il résulterait des succès que rencontre actuellement le groupe djihadiste dirigé par l'Irakien Abou Bakr Al-Baghdadi, nommé l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). L'ambition de ces combattants est de mettre en place un véritable nouvel Etat dans ces régions, contrôlant les populations, les ressources (pétrolières) et les territoires. Il s'agirait d'un Etat appliquant une charia rigoureuse capable de lui donner une puissance offensive idéologique bien au delà de ses frontières. Or l'Europe ne peut rester indifférente : l'EIIL séduit des centaines, peut-être des milliers, de jeunes musulmans européens, venus se battre dans ses rangs, essentiellement en Syrie.

Que pourrions nous conseiller, si nous étions en charge d'une encore improbable diplomatie européenne ?

• Prier instamment les Américains de ne pas intervenir militairement. C'est pourtant semble-t-il ce qu'ils se préparent à faire, en se limitant d'ailleurs à des frappes aériennes, envois d'armes et autres mesures aux retombées plus catastrophiques les unes que les autres. Il faut rappeler aux Américains que si la situation est ce qu'elle est aujourd'hui, c'est dans la continuité des politiques belliqueuses inaugurées par Bush. La chute de Saddam Hussein, qu'ils avaient provoquée, principalement pour s'emparer de ses ressources en pétrole, a contribué à soulever le couvercle d'une marmite qui depuis ne s'est jamais refermée. Qu'ils se limitent dorénavant à défendre leurs intérêts directs, par exemple les voies de communication à travers les détroits.

• Consulter les principaux Etats directement menacés par le futur Djihadistan, afin de définir avec eux des politiques de prévention, à moduler au cas par cas, et que l'Europe pourrait appuyer. Ces Etats, concernés à des titres différents sont la Russie, l'Iran, la Turquie, l'Egypte et, un peu plus loin, les pays du Maghreb, notamment l'Algérie. Il conviendra par contre de déployer la plus grande prudence à l'égard des pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar. Ceux-ci jouent simultanément plusieurs jeu, dont ils se servent pour abuser le monde entier: le jeu de leurs intérêts pétroliers et de leurs investissements économiques dans le monde, le jeu de l'Amérique, le jeu des multiples djihadistes qu'ils financent partout. Des contacts devront évidemment aussi être pris avec le Pakistan, sans oublier cependant que celui-ci pourrait prochainement se radicaliser sous l'effet des groupes djihadistes qui l'attaqueront de plus en plus et pourraient y prendre le pouvoir un jour.

• Cesser de tenter, à la suite des Américains, de renverser Bashar al Assad. La politique de la Russie, récemment rappelée par Vladimir Poutine, est la bonne: sans approuver ses excès considérer qu'il est seul à pouvoir empêcher une extension de l'EIIL à toute la Syrie

• Pratiquer une politique de non-intervention active à l'égard des différentes composantes du Djihadistan. Celles-ci sont trop diverses pour s'entendre longtemps. On verra ressurgir les oppositions entre tribus, entre sunnites, chiites et Kurdes, entre émirs et combattants d'origines différentes voulant exploiter à leur seul profit les conquêtes pétrolières faites. Il y a tout lieu de penser qu'en quelques mois, la belle union espérée par l'EIIL se sera désagrégée, et que des modus vivendi redeviendront possibles avec les voisins et avec les Européens eux-mêmes. Il suffirait sans doute d'attendre un peu. Malheureusement l'attente n'est pas une vertu que pratiquent les excités et néo-cons occidentaux de tous bords.

• Renforcer sur le territoire européen les politiques et de contrôle et de défense à l'égard des djihadistes, extérieurs ou provenant de l'Europe elle-même, qui tenteraient de la déstabiliser. Sur ce plan, que nous n'aborderons pas ici, les Européens auront fort à faire. Ils ne pourront compter que sur eux-mêmes à cette fin.

A partir de cela, un point très difficile restera à résoudre: comment l'Europe devrait-elle se comporter pour tenter de limiter les aventures de toutes sortes auxquelles pousse actuellement Israël, fort de l'appui américain - tout en assurant le cas échéant à l'Etat juif la nécessaire protection qu'il serait en droit d'attendre de l'Europe en cas d'embrasement de la région ?

Il semble que, pour Vladimir Poutine, se pose une question de même nature. Ce serait une raison de plus pour que les Européens se concertent avec les Russes afin de définir des politiques communes au Moyen Orient.

Jean-Paul Baquiast

mercredi, 18 juin 2014

S.A.R. Don Sixto Enrique de Borbón: La voluntad rusa de independencia nos ayudará a reencontrar la nuestra

 

Sixto+Enrique+de+Borbon.jpgS.A.R. Don Sixto Enrique de Borbón, heredero legítimo del trono español, es hombre de convicciones profundas. Firme defensor de la tradición católica, es por completo ajeno a la imagen que esta época desarraigada quiere dar de la nobleza en general y de los príncipes en particular. Ligado a las principales dinastías de Europa, viajero infatigable, enrolado primero en la legión española y luego en el ejército portugués en Angola, S.A.R. Don Sixto Enrique conoce de cerca la política, es un conferenciante de reconocido prestigio y un consejero escuchado que se ha encargado muchas misiones de mediación en numerosos países.

Señor ¿qué os une a Rusia? ¿Por qué os interesa?

¡Miguel Strogoff! Desde que de pequeño leí Miguel Strogoff, amo a Rusia – y eso que Julio Verne nunca estuvo en Rusia. A partir de esa lectura, he intentado hacer más profunda mi simpatía. Hoy tengo muchas razones para amar a ese gran país: por su extensión, su espacio inmenso (con Siberia, por supuesto); por la cualidad intrínseca de una población, que tras 70 años de comunismo ha vuelto a su espiritualidad de otro tiempo; por las reservas minerales, que son riquezas importantes todavía no verdaderamente utilizadas, pero que le garantizan una independencia verdadera; por sus tradiciones nacionales: la iglesia, el recuerdo de la familia imperial. En su población subsiste un instinto natural de resistencia que nosotros hemos perdido.

Es interesante observar cómo las reflexiones, los comentarios, los análisis de la prensa y de los medios occidentales, que eran muy amistosos con el régimen soviético, han dejado de serlo por completo, ahora que la libertad ha vuelto a Rusia; y se han vuelto, por el contrario, humorísticos, sarcásticos, calumniosos… Incluso se nos vuelve a hacer la broma de mal gusto de la supuesta guerra fría, que fue de una invención no menos artificial que la primavera árabe de hoy en día: en realidad, el capitalismo occidental se beneficiaba de la presencia del régimen soviético, que le evitaba tener que competir con una Rusia reencontrada y reconstituida.

Es una vieja historia que se remonta a antes de la Primera Guerra mundial: hacía 1900, Inglaterra observó que había dos países que desarrollaban una dinámica industrial muy importante: la Alemania de Guillermo II y la Rusia de Nicolás II con su notable primer ministro, Stolypine. Si dejaba que esta dinámica industrial siguiera adelante en estos países, sus nuevas industrias exportarían sus productos por todas partes del mundo, haciendo la competencia al comercio inglés, y se verían empujados a desarrollar una marina comercial competente, que también competiría con la marina comercial británica. Inglaterra no quería en modo alguno esta competencia, y por ello deseó la guerra y hasta la provocó en cierto sentido – incluso si el elemento desencadenante de este conflicto, urdido mucho antes, fue, como es sabido, el asesinato del archiduque austriaco Francisco-Fernando. La estrategia inglesa consistió en crear una tensión cada vez más fuerte entre Alemania y Rusia para empujarles a la guerra. Conocida es la monstruosa matanza que resultó de ello, un genocidio dictado por intereses menos estratégicos que económicos. En Rusia, la revolución, resultado de la guerra, tomó el poder en 1917, con el apoyo de las finanzas y de los grandes bancos occidentales, y se impuso el régimen soviético que produjo los horrores de todos conocidos. Rusia también ha sido martirizada en beneficio de una estrategia internacional, financiera y totalmente inhumana.

Casi un cuarto de siglo después del fin de la unión soviética ¿qué cambios se han producido?

Yo no esperaba que el régimen soviético hiciera implosión tan pronto como lo hizo, fue una buena sorpresa. Pero después de 70 años de aplastamiento psicológico sufrido por tres generaciones, Rusia ha encontrado milagrosamente un renacimiento espiritual impresionante. En el ejército, ningún regimiento emprende la marcha hacia el Caúcaso sin que le acompañe un capellán. En todas partes las iglesias se reconstruyen y en su interior se juntan todas las generaciones sin distinción. Amo esa iglesia ortodoxa, magnífica, con los coros más bellos que quepa encontrar y ¡ese fervor! El país reencuentra sus virtudes iniciales y su poder internacional, no solamente político y estratégico, sino también económico y comercial.

Esta Rusia, que conocí en la época soviética, hoy la he vuelto a encontrar, pero liberada, y la miro con una simpatía tanto más grande cuanto su voluntad de mantener su independencia nos ayudará a nosotros mismos a reencontrar nuestra propia independencia amenazada por la penetración anglosajona. Por eso, cuando voy a Rusia intento hacer ver a los rusos que no respondemos a la idea que la estrategia de nuestros gobiernos podría dar de nosotros.

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A Vladimir Putin se le señala hoy con el dedo como al lobo feroz de Europa. Procedente en su origen del KGB, y más tarde consejero de Boris Eltsine, ha dirigido la Seguridad Pública antes de presidir el gobierno de Rusia y luego la Federación Rusa. Ha devuelto a su país el rango de gran potencia ¿Ha restaurado Rusia?

Al menos la está restaurando. En cuanto a su recorrido vital, el KGB era el equivalente de la ENA en Francia; la élite del país tenía que pasar por él. Putin pasó, pues, por el KGB, y después recibió el apoyo del alcalde de San Petersburgo, Sotchak, que lo descubrió, con mucha penetración y psicología, y le ayudó mucho en su promoción primero en San Petersburgo y después en Rusia. Es el único que, en razón de su carácter, y de la importancia de su país puede poner en jaque, gracias a la firmeza de su postura, la comunicación y la complicidad americana y europea, mezcla de liberalismo y de socialismo.

Mi único temor se centra en el perfil de su primer ministro, cuando veo el papel menos positivo que juega. En la época de la guerra de Libia, Medrvedev, que por entonces era Presidente, se mostró abierto a las sugerencias de los diferentes grupos internacionales, como la comisión trilateral, Paneuropa, el Bilderberger, etc.

¿No se debe esto a un reparto de papeles con Putin?

Oficialmente, sí.

¿Qué incita a los europeos desear la picota para Putin?

La Unión Europea es un engendro completamente artificial; ha hecho creer a cada una de las naciones adheridas a ella, que, por su virtud, los europeos serían más competitivos en comparación a los Estados Unidos. Lo que se ha producido ha sido exactamente lo contrario. Al introducir a Inglaterra hemos instalado el caballo de Troya americano en Europa. Es evidente que el mundo anglosajón, Inglaterra o Estados Unidos, no puede aceptar de ninguna manera que el mundo tal como lo concibe no obedezca a sus normas, a sus reglas. Y Rusia es el único país que actualmente puede permitirse esta excepción, esta reacción -quizá con Hungría, cuyo primer ministro me resulta muy simpático.

Tras la vuelta de Crimea al seno de Rusia, el discurso occidental da a entender que Vladímir Putin no va a pararse ahí. ¿Creéis que tenemos que vérnoslas con una Rusia “imperialista”?¿Qué otra política podría hacerse por relación a ese país, fuera de la que actualmente se lleva a cabo?

¡Simplemente, reconocer a Rusia sus fronteras históricas! Hay que redefinir geográficamente Ucrania, que carece de unidad: su parte oeste, desde el Dniéper, ha estado bajo el control austriaco durante mucho tiempo y se llamaba la Galicia. Su población era uniata, convertida al catolicismo, y siempre han existido tensiones entre los uniatas y los ortodoxos tradicionales. Por el contrario, la Ucrania oriental siempre ha sido rusa. Es incluso la matriz de Rusia: el gran príncipe Vladimir partió de Kiev para fundar Moscovia. Entre Rusia y esta Ucrania oriental hay una unión completa bajo todo punto de vista. Crimea, incorporada por Catalina II y Potemkin en el siglo XVIII, sigue siendo el principal pulmón de Rusia en el mar negro.

Cuando a Kruschtchev, que era ucraniano, se le ocurrió dar una autonomía a Ucrania, pretendía obtener dos representantes de la Unión Soviética en la ONU: Rusia y Ucrania. Era un pretexto evidentemente artificial, pero que interesaba a los soviéticos en aquella época. Ahora eso se ha vuelto contra Rusia. Las protestas de los países, que aparentan revestirse de virtud ultrajada porque Rusia recupera sus posiciones históricas y naturales, son inaceptables y en particular la de los Estados Unidos que, en otro tiempo, ¡invadieron Nuevo Méjico, Arizona y California, y atacaron a España en 1890 para hacerse con Cuba y Filipinas!

También se puede evocar el problema en Moldavia y Transnistria, territorio cuya población actual está casi únicamente compuesta de rusos que fueron deportados allí por Stalin, según creo, y que quieren ser reconocidos como rusos. No hay que olvidar, en todo caso, que en la capital ucraniana de Kiev se encuentra el “vaticano ortodoxo”: un soberbio conjunto de catedrales e iglesias donde se recoge verdaderamente toda la historia de la ortodoxia rusa.

Entrevista realizada por Eric Letty

Monde & vie. 9 de abril de 2014

Fuente: Carlismo

mardi, 17 juin 2014

Richard Roudier à Cannes

Cannes, jeudi 19 juin,

réunion de Richard Roudier

(Réseau identités)

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lundi, 16 juin 2014

Des incohérences dangereuses sur le Moyen-Orient

LA DIPLOMATIE FRANÇAISE
 
Des incohérences dangereuses sur le Moyen-Orient

Laurent Mercoire
Ex: http://metamag.fr
Les Français musulmans engagés dans les milices rebelles de Syrie sont source d’une grande inquiétude pour le ministère de l’Intérieur. Les assassinats récents de Bruxelles, s’ils s’avèrent avoir été commis par le suspect arrêté à Marseille, complètent ceux de Toulouse, commis aussi par l’un de ces volontaires français désireux de rejoindre à l’étranger l’une des formes du Djihad. Au-delà de l’horreur qui frappe des innocents de religion juive, les auteurs de ces crimes y voient probablement un acte politique dirigé contre la politique d’Israël ; ne pouvant frapper cet Etat, ils s’attaquent à ses proches. Or, force est de constater une incohérence entre d’une part, le soutien donné par le gouvernement français aux rebelles syriens, et d’autre part son attitude hostile aux Français désireux de s’engager dans leurs combats. De plus, la politique traditionnelle de la Ve République, équilibrée envers le monde arabe, semble abandonnée au profit d’un néo-conservatisme à l’américaine, et se plie à la recherche d’avantages économiques dans le Golfe persique.

Un arsenal juridique validé par la menace du terrorisme

 
Les terroristes sont parfois, aux yeux de ceux qui les défendent, des résistants. Le mot «  terroriste » a été employé par l’Allemagne pendant la Seconde guerre mondiale, par l’Occident envers bien des acteurs du monde musulman, depuis le Front de libération nationale de la guerre d’Algérie jusqu’à Al-Qaida, sans oublier l’Organisation de libération de la Palestine. Plus récemment le gouvernement ukrainien l’a utilisé contre ses opposants russophones ; en retour, les dirigeants de Kiev ont été étiquetés comme fascistes, comme tous ceux avant eux dont il convenait de déconsidérer le discours par la diabolisation. Or, un groupe de rebelles syrien, fût-il « djihadiste », est-il obligatoirement un groupe terroriste, même s’il est facile d’évoluer du fondamentalisme au radicalisme ? Donner plus de poids à l’ennemi ( inimicus ) qu’à l’adversaire ( hostis ) laisse peu d’espace à la diplomatie, sauf à aller « buter les terroristes […] » selon le concept attribué à Vladimir Poutine…

L’arsenal juridique reste encore mesuré en France, malgré l’existence du délit « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Une proposition de loi vise d’ailleurs à le renforcer, notamment en punissant, la propagation et l'apologie d'idéologies extrémistes, la consultation des sites qualifiés de dangereux au sein du Googlistan et le fait de se rendre à l'étranger, en participant notamment à des camps d'entrainement. Premier point, on supprime ainsi toute possibilité d’engagement, sans savoir comment distinguer guerres justes et injustes. Ce qui a été admis par la France en Libye ou en Syrie -appuyer des rebelles - l’a moins été en Afghanistan ou au Mali, où sont soutenus les gouvernements en place, lesquels sont certainement des modèles d’efficacité, d’honnêteté et de tolérance. Second point, on s’éloigne de la présomption d’innocence au nom de la prévention, en condamnant des individus susceptibles de nuisance, bien que n’étant pas encore passés à l’acte, ce qui ne déclenche pourtant aucune polémique parmi les bien-pensants. Or il s’agit bien ici de réprimer la liberté de pensée… Qu’il soit opportun de le faire face à des menaces avérées est compréhensible. Que l’on tienne dans le même temps un discours de défense des libertés, politiques, religieuses, ou sociétales est une incohérence supplémentaire…

Une politique occidentale peu lisible au sein du monde musulman

D’aucuns prétendent que la politique extérieure de la France serait l’un des rares succès du président en place depuis mai 2012. D’autres y voient plutôt la liberté accordée à ses conseillers et aux experts, dans un domaine dont il n’est guère familier. Ceci conduit à s’interroger sur la position stratégique défendue par ces derniers ; il semble bien qu’un lobby hostile à l’Iran soit à l’œuvre, issu d’une coalition d’intérêts disparates balayant un large champ depuis la défense des Droits de l’homme jusqu’à la lutte anti-nucléaire, sans oublier la protection d’Israël. L’influence de ce lobby explique pour partie les positions diplomatiques françaises, souvent analogues à celles des néo-conservateurs américains. On rejoint ainsi une autre incohérence, spécifique de la politique étrangère des Etats-Unis. S’il n’existe pas de lobby juif influençant le Congrès U.S., un lobby pro-israélien y est fortement présent. Ce lobby comprend aussi des conservateurs, des faucons ( « Hawks » ) et des évangélistes, alors qu’à l’inverse certains Américains de religion juive ne cautionnent pas la politique israélienne envers les territoires occupés et sont mêmes favorables à la création d’un état palestinien. Le Congrès américain soutient donc davantage le premier ministre israélien que le président Barack Obama ; ceux qui en douteraient ont intérêt à voir l’accueil et les multiples ovations dont a bénéficié Benjamin Netanyahou le 24 mai 2011. Ce fait explique la difficulté à analyser la politique américaine, alors qu’on devrait faire un distinguo entre les désirs respectifs du Congrès et ceux du président. Tout se passe comme s’il existait un antagonisme entre une Realpolitik ( du côté de l’administration présidentielle ) et une vision idéologique ( pour ce qui concerne le Congrès ). Aujourd’hui le crédit des Etats-Unis au Proche-Orient, comme celui de la France, est pour le moins entamé, notamment en raison de la disparition des espoirs qui avaient été soulevés par le discours du Caire, de l’absence de solution apportée à la question palestinienne, du retard au soutien du printemps arabe égyptien, et enfin de la validation du coup d’état du maréchal Abdel Fatah al-Sissi. L’élection de ce dernier avec près de 97% des voix ( moins de la moitié des électeurs inscrits ayant voté ) n’a fait l’objet d’aucune contestation, contrairement à celle du président Bachar el-Assad ( 89% des voix, 73% de participation selon les sources syriennes ).  Le résultat est que les facteurs à l’origine des attaques du 11 septembre 2001 sont non seulement encore présents, mais se sont peut-être aggravés…L’incohérence ici n’est pas seulement française.

Une diplomatie incohérente fait le lit du terrorisme

En toute logique, la cohérence d’une diplomatie implique d’arbitrer l’alternative opposant les couples sécurité-stabilité et justice-liberté. Regarder l’évolution des régimes « arabes »  (un terme plus en référence à une langue partagée qu’à une réelle entité monolithique ), non pas depuis l’apparition du printemps éponyme, rapidement suivi d’hivers, mais depuis l’invasion de l’Irak en 2003 amène à une conclusion paradoxale. 

L’Occident a tout fait pour que disparaissent des gouvernements autoritaires, pas toujours laïques mais certainement occidentalisés, parfois tolérants pour leurs minorités, qui exerçaient une certaine justice dans le cadre d’un ordre certain, au profit de mouvements sources d’anarchie et de dangers. Sans le prévoir, l’Occident a libéré des forces nouvelles en fragilisant les structures étatiques traditionnelles, héritières quelque part du système juridique du Califat ottoman. Ces gouvernements avaient au moins l’avantage d’être des interlocuteurs souverains inscrits dans une règle du jeu partagée. Avec qui dialoguer en Libye ou en Somalie, et demain peut-être en Syrie ? Le réveil des nationalités, voire des tribus - il suffit d’évoquer les exemples kurdes et libyens – démontre les conséquences, bénéfiques ou délétères, de l’affaiblissement des Etats. 

A l’inverse, l’Occident n’a rien osé entreprendre à l’encontre d’un régime monarchique lié au wahhabisme, l’intolérance de ce dernier étant la source de bien des maux : il suffit de penser à la nationalité des terroristes du 9/11, au financement des mosquées et des écoles coraniques en Occident, etc. Il ne faut pas oublier 1) que le Califat ottoman avait sévèrement réprimé le wahhabisme en son temps, 2) que la régime saoudien s’oppose au mouvement des Frères musulmans. Il y a fort à parier que le maréchal Sissi ira plus loin que le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, car on oublie un peu trop vite qu’il est aussi un musulman traditionnaliste, qu’il avait été choisi par le président Mohamed Morsi, et chose plus inquiétante, qu’il bénéficie clairement du soutien d’éléments salafistes. Il existe au sein du Moyen-Orient des affrontements selon des lignes de fractures multiples. L’affrontement entre chiisme et sunnisme ( ou plus précisément avec le wahhabisme ), oppose l’Iran à l’Arabie saoudite, des Indo-Européens à des Sémites. Les fondamentalistes, extrémistes ou non, tournés vers l’Orient, divergent des Musulmans modérés plus orientés vers l’Occident. Les positions incohérentes de la diplomatie occidentale entament donc sa crédibilité, et surtout son efficacité. Aucun Etat n’a pu se baser sur la seule morale sans recourir à la force, et la difficulté est accrue quand sa morale et ses valeurs ne sont pas partagées par d’autres.

Il n’est d’alliances que de circonstances

L’Occident a encouragé Saddam Hussein contre l’Iran, puis l’a exécuté ( littéralement ). Il a convaincu Mouammar Kadhafi d’abandonner son programme d’armes de destruction massive pour ensuite favoriser son exécution ( toujours littéralement ). On comprend bien que le président Assad ait quelques réticences à suivre le même chemin que ses deux anciens collègues. En Syrie, la position des Alaouites leur imposait, avant l’éclosion du printemps arabe, d’être tolérants envers d’autres minorités ( Chrétiens, Druzes, Kurdes ). A bien regarder les choses, il en serait peut-être de même en Iran, bien plus proche de l’Occident que ne l’est le wahhabisme de la péninsule arabique. Le chiisme, du fait même de sa dissidence, dispose d’une génétique de tolérance ; il suffit de comparer la condition des Iraniennes, bien que très imparfaite, avec celle des Saoudiennes. Et si la France décidait de s’appuyer sur cet Etat iranien chiite trois fois millénaire, mettant alors en cohérence sa réticence à l’engagement djihadiste de ses citoyens musulmans ? L’administration américaine ne serait-elle pas en train de négocier un tel virage ? Car qu’attendons-nous des gouvernants que nous voulons fréquenter ? De l’ordre, une fiabilité, une capacité à appliquer des décisions, une tolérance pour les minorités, bref tout ce qui caractérisait les Etats européens dans le système westphalien avant qu’il soit mis à bas par les excès des nationalismes. Vouloir en attendre générosité et démocratie n’est qu’une cerise sur le gâteau. Qui échangerait le second pour la première ?
 

Imperium statt Nationalstaat

Imperium statt Nationalstaat

Interview mit David Engels

von Johannes Schüller

Ex: http://www.blauenarzisse.de

David Engels, Deutschbelgier und Brüsseler Professor für Römische Geschichte, hat 2013 in Frankreich einen vieldiskutierten Bestseller zur Zukunft Europas veröffentlicht. Ein Gespräch über historische Parallelen.

 

Blaue​Narzisse​.de: Ihre These vom Niedergang des Westens und seinen Analogien zum Niedergang Roms erinnert stark an Oswald Spenglers Untergang des Abendlandes. Doch der große Kollaps blieb aus. Warum sollte er ausgerechnet jetzt, in einer doch recht stabilen Phase des Friedens, eintreten?

David Engels: Spengler zählt tatsächlich, neben Friedrich Nietzsche, Thomas Mann und C. G. Jung, zu den Denkern, denen ich am meisten verdanke. Seine Geschichtsmorphologie halte ich jedoch auch in vielen Punkten für korrekturbedürftig und ausbaufähig. Wenn wir vom Niedergang oder gar Untergang reden, sollten wir uns allerdings daran erinnern, dass Spengler einmal ausdrücklich erklärt hat: „Es gibt Menschen, welche den Untergang der Antike mit dem Untergang eines Ozeandampfers verwechseln. Der Begriff einer Katastrophe ist in dem Worte nicht enthalten. Sagt man statt Untergang ‚Vollendung’ (…), so ist die ‚pessimistische’ Seite einstweilen ausgeschaltet, ohne dass der eigentliche Sinn des Begriffs verändert worden wäre.”

Es geht also nicht um einen spektakulären „Kollaps”, der sich auf Jahr und Tag berechnen ließe. Stattdessen bleibt die Annahme entscheidend, dass auch Europa, wie jede andere Kultur, den morphologischen Vorgaben einer etwa tausendjährigen Kulturentwicklung unterliegt. An deren Ende stehen unweigerlich Verflachung, Entgeistigung, Niedergang und Rückfall in frühzeitlichen Atavismus.

Übrigens: Von „Frieden“ würde ich nicht wirklich sprechen wollen. Bedenken Sie, dass es gerade einmal 20 Jahren her ist, dass der Kalte Krieg beendet wurde, der uns nur im Rückblick fälschlicherweise als langer „Frieden“ erscheint. Und wenn ich an die schrecklichen Kriege zwischen den jugoslawischen Teilstaaten und an den momentan sich in der Ukraine abzeichnenden Bürgerkrieg denke, kann unser Kontinent kaum als wirklich befriedet gelten. Freilich führen die wichtigsten Staaten, die heute die EU ausmachen, seit 1945 keine Kriege mehr gegeneinander. Dass sie dies jedoch fast jeden Tag erneut als einzige Legitimation ihrer Existenz feiern, und das bis zum Abwinken, halte ich für geradezu grotesk. Auch die USA haben den nordamerikanischen Kontinent seit 1865 „befriedet” ohne hierin ihre historische Aufgabe als erschöpft zu betrachten.

Wie könnte sich der Untergang der EU real gestalten?

Zum Glück sind wir ja noch nicht so weit, dass schon vom „Untergang” die Rede sein muss. Es handelt sich vielmehr, in Analogie zu den Ereignissen des 1. Jahrhunderts v. Chr., um den „Übergang” einer demokratisch verbrämten, scheinhumanistisch unterfütterten und ultraliberalen Oligarchie in eine imperiale Staatsform. Erstere erweist sich als immer unbeweglicher, instabiler und unbeliebter; letztere dagegen stellt einen vielversprechenden Kompromiss zwischen den scheinbar unvereinbaren Extremen technokratischen Managements und plebiszitärer Radikaldemokratie dar.

Und wenn wir ehrlich sind, hat dieser Prozess ja schon lange begonnen, bedenkt man, wie überall in der EU die demokratische Maske fällt: Volksabstimmungen werden entweder ignoriert oder wiederholt, wenn das Resultat politisch unerwünscht ist, denken Sie nur an die Skandale um die europäische Verfassung, defizitäre Staaten werden, wie Griechenland, unter Provinzialverwaltung gestellt, und die EU-​Verträge sehen noch nicht einmal ein klares demokratisches Prozedere für die Ernennung des Präsidenten der Kommission vor.

Was noch fehlt, um die Analogie zu Rom perfekt zu machen, ist lediglich die konservative Wertewende und die Rückkehr eines in der Geschichte gründenden europäischen Sendungsbewusstseins. Und schon werden wir erneut in einem quasi augusteischen Staatswesen leben. Ob sich diese Wende, die sich ja schon überall im Bedeutungsanstieg traditionalistischer Parteien abzeichnet, nun freilich von innen heraus vollziehen wird, oder es erst einer jahrzehntelangen schweren Krise bedarf, ist offen. Um unseren Kontinent steht es jedenfalls äußert schlecht, denken wir etwa an Deindustrialisierung, Arbeitslosigkeit, Überalterung, Bevölkerungsschwund, Masseneinwanderung, Kapitalflucht, explodierenden Sozialbudgets und die chronische Unfähigkeit unseres politischen Systems, über eine einzige Legislaturperiode hinaus wirklich langfristig und umfassend angelegte Reformplänen zu realisieren. Deshalb tippe ich eher auf eine jahrzehntelange, schwere Krise – leider.

Spengler prognostiziert, ja fordert im Untergang des Abendlandes die Herrschaft neuer Caesaren, der Diktatoren auf Zeit. Diese Hoffnung ist in Rom und in der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts fatal gescheitert. Wer könnte uns jetzt noch demokratisch retten?

Diktatur, Caesarismus und Kaiserreich sind für Spengler untrennbar verbunden. Und in Rom ist der Caesarismus ja nicht gerade gescheitert. Er etablierte sich vielmehr nach den verschiedensten kurzlebigen Versuchen der Konstruktion autoritärer Herrschaft durch die Gracchen, Marius, Sulla, Pompeius und Caesar dauerhaft seit der Machtergreifung des Augustus. Letzter errichtete dann eine neue Regierungsform, welche im Westen 500 Jahre, im Osten 1.500 Jahre Bestand haben sollte. Keine schlechte Erfolgsbilanz, wie ich finde.

Heute ist es kaum eine Generation her, dass die letzten autoritären Regime in Europa verdrängt wurden. Ich denke dabei nicht nur an den Ostblock, sondern auch an Griechenland oder Spanien. Die Forderung nach dem „starken Mann“, der uns aus der Krise führt, bleibt trotzdem aktueller denn je. Einer Umfrage der Le Monde Diplomatique zufolge erklärten sich 2013 32,3 Prozent der Deutschen, 38,2 der Italiener, 41,8 der Engländer, 43,2 der Franzosen, 56,6 der Ungarn, 60,8 der Polen und 62,4 der Portugiesen mit der Aussage einverstanden: „Was mein Land am meisten braucht, ist ein starker Mann an der Spitze, der sich weder um das Parlament noch um die Wahlen schert”. Wer will also heute überhaupt noch „demokratisch” gerettet werden? Die Demokratie – oder das, was wir heute unter ihr verstehen, und dem ein Athener des 5. Jahrhunderts v. Chr. nur mit Kopfschütteln begegnet wäre – ist weitgehend gescheitert. Sie lässt das Abendland von Tag zu Tag tiefer in die Krise sinken.

Blaue Narzisse​.de: Prof. Engels, ist unsere moderne Demokratie einfach nur ein historisches Missverständnis im Vergleich zur Antike?

David Engels: Nun, im Gegensatz zu dem, was heute überall verbreitet wird, lassen sich Ideale und Staatsformen nicht einfach per Dekret exportieren. Alles hängt auch von der dazugehörigen Mentalität ab. Von daher ist es ohnehin fast unmöglich, einen Begriff wie „Demokratie” in Antike und Abendland zu vergleichen. Insgesamt allerdings lässt sich beobachten, dass unsere Demokratie eine starke Tendenz aufweist, das klassische athenische, schon im 4. Jahrhundert v. Chr. gescheiterte Prinzip regelmäßiger Volksabstimmungen wie auch einer maximalen Einbindung jeden Bürgers in die Staatsverwaltung hinter sich zu lassen. Stattdessen werden vielmehr immer zahlreichere Kontroll– und Mittlerinstanzen zwischengeschaltet.

Das mochte bei außenpolitischer Flaute und wirtschaftlichem Wachstum, wie in der zweiten Hälfte des 20. Jahrhunderts, noch weitgehend folgenlos bleiben, offenbart sich aber heute angesichts der zahlreichen Krisen als fatale Schwäche. Denn die tatsächliche Macht muss sich angesichts der entstehenden Lähmung der Entscheidungsfindung notwendigerweise in andere Bereiche verlagern, um die Gesellschaft handlungsfähig zu halten.

Sie machen auch den Mangel an Ungleichheit und Autoritäten für den Untergang verantwortlich. Wie lässt sich eine Wiedergeburt dieser Werte mit einer demokratischen Gesellschaft verbinden?

Alles hängt davon ab, wie wir „Demokratie” definieren. Heute versucht die Gleichmacherei der „political correctness” jede gesellschaftliche Ausnahme in schon fast pathologischem, vorauseilendem Gehorsam zur gleichberechtigten Regel neben die mehrheitliche Norm zu stellen. Daher wird auch der Volkswille, wenn er sich denn einmal äußert und mit der herrschenden Ideologie nicht vereinbar ist, umgedeutet, korrigiert, zensiert oder glatt ignoriert. Gleichzeitig befindet sich die tatsächliche politische Macht in demokratisch unzugänglichen Zirkel einiger mächtiger Wirtschaftsmanager, Druckgruppen und internationaler Institutionen, welche von der Machtlosigkeit der Demokratie profitieren und das System daher um jeden Preis konservieren wollen. Betrachtet man diese Gegenwart, dann dürfte es tatsächlich schwer werden, eine solche Staatsform mit der Wiedergeburt traditioneller Werte zu verbinden.

Wenn wir uns aber daran erinnern, dass Demokratie im ursprünglichen Sinne einfach nur eine Staatsform bezeichnet, in der der Volkswille in jedem Augenblick so ungeteilt und ungefiltert wie möglich in politisches Handeln umgesetzt wird, sehe ich keinerlei Unvereinbarkeit. Denn die Zahl jener, die sich zu den historischen Werten unserer abendländischen Kultur bekennen bzw. in ungebrochener Kontinuität mit ihnen leben, macht ja immer noch die Mehrzahl der Bevölkerung aus. Unter diesem Blickwinkel wäre also die Rückkehr zu einer wahrhaft demokratischen Gesellschaft in Europa sogar untrennbar verbunden mit einer vergrößerten Loyalität und Solidarität unserer historischen Identität gegenüber. Und eine solche Kombination war ja gerade das ideologische Aushängeschild der „res publica restituta”, der „wiederhergestellten Republik” des Augustus.

Sie schreiben, ähnlich wie Spengler, Optimismus sei Feigheit. Bleiben uns jetzt nur der Untergang und der resignierte Rückzug ins Private?

Was als „Optimismus” und „Pessimismus” gilt, hängt weitgehend von unserer eigenen Perspektive auf die Geschichte ab. Ich gestehe, dass ich als überzeugter Abendländer wie auch als Historiker das Heraufkommen einer geschichtsverbundeneren Regierungsform und Weltanschauung mit einer gewissen Sympathie begrüße. Als Historiker ist man ja in irgendeiner Weise, offen oder verdeckt, immer Traditionalist.

Eine augusteische Wende für die EU würde aber, trotz aller republikanischen Ummantelung und Popularität der neuen Regierung, doch wesentlich nur die in den letzten Jahrzehnten vollzogene Vereinfachung und Konzentration von Macht in den Händen einiger Weniger definitiv verankern. Der Rückzug ins Private hat sich schon seit nunmehr zwei Generationen weit verbreitet, wie fast mathematisch an der Wahlbeteiligung überall in Europa abzulesen ist. Daran ändert auch die Aufsicht einer plebiszitär akklamierten obersten Instanz nichts. Diese Tatsache kann ich nur bedauern, ohne allerdings die geringste Hoffnung zu haben, dass dieser Prozess umkehrbar wäre.

Auch haben wir ja gar nicht die Wahl, denn ein Rückfall Europas in die Nationalstaaterei 28 kleiner Länder ist keine sinnvolle Alternative. Gegen machtpolitische Giganten wie die USA oder China hätte Europa nicht die geringsten Chancen, auch Deutschland mit seiner schwindenden Bevölkerung und seiner wirtschaftlichen Abhängigkeit von seinen Nachbarn stellt hier keine Ausnahme dar. Wir würden nur Brüssel gegen Washington oder Peking eintauschen, während sich gleichzeitig unsere Nationalstaaten gegenseitig zerfleischen, obwohl sie alle unter denselben Problemen leiden. Die imperiale Lösung ist deshalb vielleicht sogar das geringere Übel für den Kontinent. Das klingt möglicherweise hart. Aber wir sollten uns früh mit diesen Aussichten vertraut machen. Umso eher können wir unsere Zukunft so gut wie möglich gestalten.

Prof. Engels, vielen Dank für das Gespräch!

Anm. der Red: Die französische Originalausgabe (Le Déclin. La crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine. Analogies historiques, Paris 2013) erschien dieses Jahr in einer vom Autor erstellten, wesentlich erweiterten deutschen Fassung im Berliner Europaverlag unter dem Titel Auf dem Weg ins Imperium. Die Krise der Europäischen Union und der Untergang der Römischen Republik. Historische Parallelen. Hier gibt es mehr Informationen dazu. Und hier geht es zum ersten Teil des Interviews.

Why Is the U.S. Afraid of South Stream?

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Why Is the U.S. Afraid of South Stream?

Pyotr ISKENDEROV

Ex: http://www.strategic-culture.org

 
The West is continuing to twist the arms of Russia's partners in building the South Stream gas pipeline. Hot on the heels of the Bulgarian government, Serbia has announced that work will be suspended. Both countries cited the position of the European Commission. But EU energy commissioner Gunther Oettinger refuses to discuss the construction of South Stream in the format of a consultation with Russia, the project's main participant…

While Bulgarian Prime Minister Plamen Oresharski explained the suspension of work on the South Stream project with a request from the European Commission and the need for «additional consultations with Brussels», Serbian Deputy Prime Minister and Energy Minister Zorana Mihajlovic attempted to blame her country’s historical rival in the Balkan region - Sofia. However, she did not refrain from political speculations either. «Until the negotiations between Bulgaria and Brussels and between the EU and Russia are finished, we are going to stand idle. Or until Russia changes its position. In any case, the result of both scenarios is that work in our country is being delayed». 

But the Serbian minister did not mention that «Russia's position» with regard to the South Stream project was set down back in early 2008 as part of Russian-Serbian intergovernmental agreements on energy cooperation. The obligations of the parties with regard to South Stream were the main topic of those documents, which were later ratified by the parliament of Serbia and confirmed by all subsequent national governments. Besides the intergovernmental agreement on energy cooperation, an agreement for Gazprom Neft to purchase a controlling interest in Serbia's oil monopoly Naftna Industrija Srbije (NIS) for 400 million euros and 500 million euros in investment commitments was under discussion. It is not surprising that Serbian Prime Minister Aleksandar Vucic had to correct his cabinet member; he stated that the Serbian government has not made any decisions to suspend the implementation of the South Stream project. 

As for the Russian-Bulgarian agreement on Bulgaria's participation in the South Stream project and the creation of a joint enterprise to this end, that agreement was ratified by the Bulgarian parliament in July 2008. And in May 2009 in Moscow, gas companies from Russia, Italy, Bulgaria, Serbia and Greece signed a summation document on the construction of the South Stream pipeline. In August 2009 this document was supplemented with a protocol signed by Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdogan on the transit of the South Stream pipeline through Turkish territorial waters. Not long after that, the French company Electricite de France joined the number of project participants. 

Such is the true canvas of events which testifies to the groundlessness of references to some kind of incompatibility between the South Stream project and the national interests of Bulgaria and Serbia or international legal practices which supposedly has now come to light. And even the European Commission was well aware of the provisions of the 2008 agreements. We must look elsewhere for the reasons for the unexpected anti-Russian speeches sounding from Sofia and echoing in Belgrade. 

The fact that Prime Minister Plamen Oresharski made his statement on South Stream after a meeting with three high-ranking representatives of the U.S., headed by Senator John McCain, did not escape the attention of the Bulgarian public. McCain did not even bother to conceal the demands the American emissaries made of Sofia and other partners of Russia: «We understand that there are some issues concerning the South Stream pipeline project...obviously we want as little Russian involvement as possible». 

According to available information, Washington has decided to strike a new blow to South Stream, in whose construction German and French companies are also participating, after receiving alarming news from Baku. A source in the Azerbaijani company SOCAR indicated that the French company Total and the German company E.ON might sell their shares in the project for building the Trans-Adriatic Pipeline (TAP): «The German concern E.ON has already announced its intentions to sell its stake in the TAP project. France's Total also announced intentions to sell its participation in the project». Considering that TAP was intended to replace the failed Nabucco project, which the European Union and the U.S. actively lobbied for, Washington and Brussels' panic is understandable.

There is one more thing which is making the Americans nervous. This is connected with a change in the situation on the world energy market. The recently published report of the International Energy Agency, World Energy Investment Outlook 2014, predicts a slump in the «shale revolution» in the U.S., and, most importantly, an increase in the dependence of the United States on gas imports at a time when Saudi Arabia and Iran's export capabilities have decreased. 

In this situation, Washington decided that it was urgently necessary to take control of the main routes for transporting energy resources connecting Russia and Europe. And Washington sees blackmailing Russia, for which Brussels, Sofia and Belgrade were tools, as a completely suitable means of serving its own interests.

Laurent Fabius perd la bataille politique en Syrie

Laurent Fabius perd la bataille politique en Syrie après son échec militaire et diplomatique

Auteur : Kamel MOULFI 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Dans les médias français, comme France 24, farouchement hostiles au président syrien Bachar Al-Assad, les journalistes et spécialistes qui ont cru que le «régime de Damas» pouvait tomber ne peuvent cacher leur dépit. Un envoyé spécial de cette chaîne a carrément traité les Occidentaux d'hypocrites, ciblant plus particulièrement le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, suite à sa déclaration sur les élections en Syrie.

L’hypocrisie occidentale est également dénoncée par l’«opposition» créée à Paris par le président français et son ministre des Affaires étrangères. Ces «opposants» constatent que la «communauté internationale» est coincée et n’a pas envie que le «dictateur» parte, à cause du risque fatal que les «djihadistes» prennent sa place et s’installent au pouvoir à Damas.

C’est là que réside l’hypocrisie : un discours anti-Bachar Al-Assad, exprimé par une déclaration de Laurent Fabius qui décrit l’élection présidentielle syrienne comme une «mascarade», alors que dans les faits, les Occidentaux n’ont pas pu empêcher le gouvernement syrien d’organiser des élections qui étaient impensables pour l’«opposition». Tout ce beau monde, à partir de plateaux de télévision, notamment sur France 24, est obligé de reconnaître que l’opposition extérieure ne représente rien en Syrie et que, sans le soutien des dirigeants occidentaux, c’est une coquille vide.

Les «opposants» et leurs sponsors occidentaux en viennent enfin à admettre que l’alternative ne peut venir que de l’intérieur du pays et, sur ce terrain, la bataille politique est gagnée par le pouvoir en place, alors que la lutte antiterroriste marque des points.

Les dirigeants des pays occidentaux, principalement les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, et ceux de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite, qui en sont les instruments dans la région, ont subi une cuisante défaite politique en Syrie où le «régime», comme ils l’appellent, a réussi à organiser l’élection présidentielle malgré la guerre imposée par des groupes armés, les uns se prétendant «opposition», les autres se revendiquant carrément du terrorisme islamiste, mais tous soutenus par cette coalition de pays occidentaux et de pays de la région.

Pour la première fois dans l'histoire de la Syrie, en vertu de la nouvelle loi électorale, plusieurs candidatures étaient autorisées à se présenter à l’élection présidentielle. Hier, trois candidats étaient en lice : le chef d'Etat sortant Bachar Al-Assad, le professeur de l'université de Damas Hassan Al-Nouri et le député du parlement national Maher Al-Hajjar, issus tous deux de l’opposition intérieure. Le vote n’a pas été organisé dans les zones fortement soumises au terrorisme et qui ont été désertées par les populations, ce qui n’aura pas d’impact significatif sur le taux de participation, a expliqué le président de la Cour Suprême syrienne.

En organisant et en réussissant ce défi, le régime syrien vient de gagner une bataille politique après les batailles militaires sur le terrain et diplomatique aux Nations-Unis où Russes et Chinois ont réduit à néant les efforts français et britanniques de provoquer une intervention militaire étrangère dans ce pays.

La défaite des plans diaboliques occidentaux et, par voie de conséquence, du terrorisme en Syrie, n’est qu’une question de temps.

- Source : Kamel MOULFI

dimanche, 15 juin 2014

Pourquoi le peuple fait secession?...

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Pourquoi le peuple fait secession?...

Entretien avec Michel Maffesoli

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

 

bienpensants.gifVous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec le sociologue Michel Maffesoli, cueilli sur le site du Figaro et consacré aux résultats des élections européennes...

 

Michel Maffesoli vient de publier, avec Hélène Strohl, un essai intitulé Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014).

Abstention, vote FN : pourquoi le peuple fait sécession

Vous parlez dans votre livre Les nouveaux bien-pensants de «la secessio plebis, cette séparation politique d'un peuple ne se reconnaissant plus dans l'erratique discours d'une élite on ne peut plus déphasée.». A-t-on assisté dimanche 25 mai à l'éclatante manifestation de cette secessio plebis, tant par le score du Fn que par celui de l'abstention? Est-ce inquiétant?

Le résultat des élections de dimanche dernier traduit, d'une manière paroxystique, le décalage grandissant existant entre les élites et le peuple que celles-ci sont censées représenter. Élites? Intelligentsia? tous ceux qui ont le pouvoir de dire et celui de faire: politiques, journalistes, divers experts et autres hauts fonctionnaires.

Ce n'est pas la première fois, pour reprendre une expression classique de la pensée politique qu'une telle secessio plebis se manifeste.

C'est à partir d' une telle mise en perspective que l'on peut comprendre, à la fois, le vote du Front national, mais plus encore celui de l'abstention. (26,8 millions d'abstentions, 4,7 millions de votes FN). On a pu, à cet égard, remarquer que celle-ci était particulièrement forte chez les jeunes générations (73% d'abstentions pour les 18-35 ans). Tout cela, bien entendu ne manque pas d'être inquiétant. En tout cas nous force à penser, en profondeur, la nouvelle époque qui s'amorce. Puis-je, à cet égard, rappeler que ce mot tout à fait anodin: «époque», signifie en grec parenthèse . Et n'oublions pas qu'une parenthèse s'ouvre et une parenthèse se ferme. La parenthèse moderne est en train de se fermer et l'incapacité des élites à voir celle qui s'ouvre conduit aux conséquences que l'on vient d'énoncer. D'où la méfiance qu'elle suscitent, en particulier chez les jeunes générations qui, blogs, forums de discussion et autres sites communautaires aidant, ne s'en laissent plus conter!

Quels sont les ressorts profonds de cette rupture entre les élites et le peuple que vous décrivez? Est-ce un phénomène typiquement français?

Les racines d'une telle rupture, dans le sens fort du terme d'un tel désaccord, se trouvent, certainement, dans le fait que cette intelligentsia reste figée sur les certitudes théoriques qui lui paraissent comme autant d'assurances, mais qui en fait l'empêchent, tout simplement, d'accompagner les mutations dont il est vain de nier l'importance. On peut pourtant, quand on regarde sur la longue durée les histoires humaines, observer que le déclin d'un vivre-ensemble s'accompagne toujours de l'émergence d'une autre forme de socialité. Ce processus, je l'appelle saturation .C'est-à-dire qu'une nouvelle construction va s'élaborer à partir des éléments tombés en décadence.

Par exemple, à l'individualisme qui avait prévalu, succède un idéal communautaire qu'il est abusif et surtout dangereux de nommer communautarisme. En effet, dans tous les domaines, le «Nous» prévaut sur le «Je». C'est en comprenant un tel glissement que l'on peut saisir les nouvelles formes de solidarité, de générosité qui sont en train de s'élaborer sous nos yeux. De même, le rationalisme (c'est-à-dire une systématisation de la raison dans la vie sociale) est en train de laisser la place à une conception plus ouverte de la rationalité: pour user d'un oxymore, je dirais que ce qui est en jeu est le désir d'une raison sensible où l'imaginaire occupe une place de choix. Cela s'observe dans l'émergence des passions, des émotions collectives. C'est ainsi que les affects ne sont plus cantonnés derrière le mur de la vie privée, mais tendent à se capillariser dans l'ensemble du corps social. Et il est très réducteur de réduire, comme le font la plupart des politiques, les valeurs populaires au pouvoir d'achat et à la recherche de la sécurité économique. Enfin, le simple progressisme, la recherche de la société parfaite dans le futur, la tension vers les «lendemains qui chantent», tout cela est en train de laisser la place à une accentuation sur le présent, un vivre ici et maintenant et ce à partir des racines, à partir des traditions. Tout cela peut se résumer au travers du terme de progressivité qui insiste sur ce qu'on peut appeler l'enracinement dynamique. Le lieu fait lien!

La dilution des valeurs qui firent la modernité (individualisme, rationalisme, progressisme) serait la cause du rejet de l'Europe de Bruxelles?

Oui, l'accentuation d'une Europe purement institutionnelle au détriment d'un sentiment européen et d'une expression de la culture et de la tradition européennes vivantes ont certainement détourné nombre d'électeurs du vote.

Les élites ne comprennent pas un tel glissement. Elles méconnaissent l'importance de la communauté (le «Temps des tribus» est bien arrivé!), de l'émotionnel, d'un présent partagé . Elles sont, ainsi, éloignées de la vie de tous les jours, ce qui ne manque pas d'entraîner la rupture avec les conséquences que l'on voit. C'est en se contentant de répéter, mécaniquement, des mots incantatoires que, d'une manière inexorable, l'on se coupe de ce que Auguste Comte nommait le «pays réel». Quand ceux qui sont censés le faire ne savent plus dire ce qu'est la conscience collective il n'est plus étonnant que celle-ci n'ait plus confiance!

Vous avez dénoncé dans votre livre «les nouveaux bien-pensants», un entre-soi politico-médiatique en rupture totale avec la réalité. Qu'est-ce que cette bien-pensance que vous dénoncez? N'est-ce pas un mot galvaudé?

Certes la «Bienpensance» est un mot qui, utilisé sans distinction, peut devenir une formule vide de sens. Pour ma part, c'est en me souvenant des vigoureuses analyses de Georges Bernanos qui, dans ses écrits de combat, s'élevait contre les facilités de pensée et les divers conformismes du moment, que je reprends, à mon tour, ce terme. Et ce en rappelant que le conformisme logique, les «éléments de langage» et autre «langue de bois» favorisent un «entre-soi» . Une véritable endogamie engendrant une rupture totale entre le peuple et ceux qui sont censés le représenter.

Vilfredo Pareto, avec justesse et acuité, soulignait d'ailleurs que quand une époque s'achève, on voit s'amorcer une «circulation des élites». C'est quelque chose de cet ordre qu'il faut avoir à l'esprit, alors que les générations vieillissantes, et surtout figées sur leurs certitudes, s'accrochent à leur pouvoir, politique, économique, intellectuel, social. La pensée «établie» fonctionne à partir d'une conception moraliste du monde, c'est-à-dire, pour reprendre une expression de Max Weber, envisageant le monde comme «il devrait être» et non pas «comme il est». Ce faisant, ce dernier reprenait l'ironique remarque de Nietzsche parlant de la «moraline» suintant d'un corps moribond . C'est cette sécrétion nauséabonde qui fait fuir ceux qui ont envie de respirer un air pur. Peut-être est-ce en ayant cela à l'esprit que l'on peut comprendre le dégoût qui se manifeste vis-à-vis des diverses élites contemporaines.

Une conception morale de la politique qui propose de «changer l'homme..

On peut penser que les derniers débats dits sociétaux, c'est-à-dire ceux proposant une dénaturation de la structure anthropologique qu'est l'altérité sexuelle, la manie du niveau dans le rapport entre les sexes, obsession de l'asepsie sociale dans le domaine de santé et de prévention , tout cela tient moins du détournement: ne pas parler du chômage, que de cette volonté paranoïaque de plier la société à un modèle unique, considéré comme le meilleur.

En ce sens l'Europe, considérée par de nombreux Français comme responsables des multiples règlements régissant notre vie quotidienne, ( règlements souvent impulsés par nos bureaucrates nationaux) a payé ce refus d'une intrusion étatique dans l'intimité.

La montée du Front National traduit-elle un sentiment d'exaspération, de saturation par rapport à la politique politicienne des partis établis, ou bien une véritable adhésion aux thèses de Marine Le Pen? En d'autres termes: assiste-t-on à une «droitisation de la société» ou à un simple désir de changement?

Je ne suis pas certain que les exacerbations s'exprimant dans les diverses élections que l'on vient de vivre traduisent une adhésion aux thèses du Front national. Il est également trop facile, et cela s'inscrit bien dans la bienpensance, c'est-à-dire dans la routine philosophique, de croire que l'on assiste en France ou dans d'autres pays européens à «une droitisation de la société». De la même manière il est peut-être trop rapide de voir là un simple désir de changement. En fait, tout simplement, comme la représentation philosophique ( c'est-à-dire les systèmes de pensée hérités du 18ème et du 19ème siècles) ne parait plus pertinente, les peuples n'ont plus envie de se reconnaître dans une représentation politique restant figée sur un mode de pensée quelque peu obsolète. Il est fréquent de dénoncer, ou à tout le moins de moquer le bon sens populaire. Or celui-ci d'une manière plus ou moins souterraine est au cœur même du vivre-ensemble. On retrouve chez des auteurs aussi différents que Descartes ou Joseph de Maistre des analyses insistant sur la nécessité de s'accorder «à la droite raison et au bon sens réunis».

Pour ma part je considère que c'est cette conjonction qui s'exprime dans les diverses «humeurs» sociales dont on n'a pas fini de mesurer les effets. En bref, on ne supporte plus l'aspect péremptoire, intolérant de ce que Tacite nommait , «tristis arrogantia», l'arrogance triste de ces moralistes ayant, pour tous les problèmes, une réponse universelle . Solution, de surcroît, inefficace! Tout est bon pour leur rappeler leur impuissance.

Pour le dire en d'autres termes, la verticalité du pouvoir (politique, médiatique, universitaire, administratif) ne fait plus recette et il va falloir s'ajuster à une horizontalité de plus en plus importante dans nos sociétés. C'est cela la mutation de fond, et la rabattre sur une soit-disant adhésion aux thèses de Marine Le Pen est une pensée à courte vue. Élargissons le débat, sachons ,véritablement, penser de ce qui est en jeu . En son temps, Jean Baudrillard avait attiré l'attention sur le «ventre mou du social» ou sur les «majorités silencieuses». Voilà que ce silence devient assourdissant! Le lepénisme n'est qu'un pré-texte parmi d'autres ; il faut savoir repérer et lire le vrai «texte».

N'y a-t-il pas un danger à dire que le peuple a toujours raison, parce qu'il est peuple? Quand le FN se réclame systématiquement du «peuple», ne risque-t-il pas de basculer dans la démagogie pure?

Le FN sait être sensible au fait que c'est le peuple et ses valeurs qui sont au fondement même de tout vivre ensemble.

Les classiques de la pensée politique rappellent qu'il n'existe de Nation qu'à partir d'une «affectio societatis». Ce désir d'être et de vivre ensemble. C'est cela le peuple. Il est frappant d'observer que ces mots, en soi si riche de peuple ou de populaire, sont, la plupart du temps, interprétés par les élites en termes de populisme . Avec , bien sûr, la connotation péjorative que ne manque pas d'avoir un tel mot . C'est quand justement, l'élite ne sait plus dire ce qui est vécu que l'on peut voir le succès des diverses formes de démagogie. Je ne sais pas si le Front national dit que le peuple a toujours raison, mais ce qui est certain, c'est qu'il ne sert à rien de le diaboliser lorsque il rappelle que l'on ne peut penser et agir qu'en référence aux racines populaires.

Pour ma part, je considère que c'est si , et uniquement si, on sait s'accorder à de telles assises, que l'on pourra penser, avec justesse, le nouveau vivre-ensemble postmoderne en gestation. En rappelant que , lorsqu'on observe sur la longue durée les histoires humaines le pouvoir n'est légitime que lorsqu'il reste enraciné dans la puissance populaire . C'est cette constatation de bon sens que l'intelligentsia française tend à oublier ou qu'elle ne sait pas dire . Souvenons, ici, d'Albert Camus: «mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde». Aussi convient-il de trouver les mots pertinents qui, dés lors, deviendront paroles fondatrices.

Michel Maffesoli (FigaroVox, 30 mai 2014)

vendredi, 13 juin 2014

UNE NATION SANS RELIGION UNE RELIGION SANS NATION ?

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UNE NATION SANS RELIGION UNE RELIGION SANS NATION ?
 
L’Europe peut disparaître
 
Laurent Mercoire
Ex: http://metamag.fr

La visite récente du pape François en Terre sainte (ou, selon le regard posé, en Israël, voire en Palestine) a mis en évidence une distorsion géographique : les lieux saints de la chrétienté sont dans un territoire qui ne lui appartient pas. Etonnant, si l’on considère les règles entourant le Saint-Sépulcre ? Non, car il s’agit ici de l’appartenance territoriale au sens d’un état souverain, et parfois même national. Or, si le Vatican est souverain, c’est d’abord sur quelques arpents de la ville de Rome. Le pape catholique ne décide guère de ce qui se fait à Jérusalem.


André Malraux prédisait comme essentielle la tâche de réintégrer les dieux lors du 21e siècle. Les premières années de ce dernier semblent aller dans ce sens, puisque la chute des TwinTowers en 2001 a été le début d’une décennie de guerre, prétendant réduire la menace exercée sur l’Occident par l’extrémisme islamiste. De plus, bien des états aujourd’hui, et pas des moindres, s’appuient sur une religion identitaire. Il en est ainsi de l’Inde, qui vient de porter à sa tête un parti hindouiste, ou de la Turquie qui tend à s’éloigner de la laïcité à un point tel que le centenaire de celle-ci ne puisse probablement pas être célébré dans la prochaine décennie. Le Japon ou la Chine tentent de retrouver certaines de leurs traditions ancestrales, qu’il s’agisse du shintoïsme, ou du confucianisme. Enfin, le renouveau de la Russie, voulu par son président, recourt à la puissance du sentiment orthodoxe. Au-delà de sa recherche identitaire dans la religion, ces pays présentent aussi une caractéristique trop souvent négligée : un peuple ( ou une part importante de leur peuple ) porteur lui aussi d’identité, conscient de son altérité, qu’il s’agisse des Hindous, des Turkmènes ou des Slaves russophones. De plus, chacun de ces états, faisant la somme de ses identités religieuses et ethniques, se reconnait comme une nation pratiquant une langue commune ( ce qui ne veut pas dire unique ). 


Pour en revenir à la Terre sainte, commune aux trois religions du Livre, le peuple hébreu a pris le contrôle des restes du Temple depuis un demi-siècle et entend bien que la nation d’Israël soit reconnue comme un état juif. L’Islam sunnite, qui contrôle, grâce à la monarchie wahhabite, deux de ses lieux saints les plus importants à Médine et à La Mecque, a cependant quelques difficultés à résoudre. Une souveraineté territoriale palestinienne permettrait le contrôle de son troisième lieu saint à Jérusalem ; à l’inverse, l’Iran chiite, réuni autour d’un peuple en grande part d’origine indo-européenne, est un rival, depuis le Golfe persique jusqu’au Liban. Malgré leurs différences, tous les Musulmans connaissent la différence qui existe en terre d’Islam et terre de guerre ( Dar al-Islamet Dar, al-Harb ). Qu’en est-il des Européens de religion chrétienne non orthodoxe, qui ont pourtant contrôlé la Terre sainte voici presque mille ans, certes pour quelques décennies seulement ?


Il ne semble exister aujourd’hui au sein de l’Union européenne qu’un seul état apparenté ( de très loin ) à une théocratie, le Royaume-Uni, dont le souverain est aussi le chef de l’église anglicane. Notons cependant que l’actuelle nation britannique, au-delà de ses qualité de tolérance bien connues, est soumise à la fois à un repli identitaire l’éloignant du continent, et à des tendances d’éclatement dont témoignent les dévolutions galloise et écossaise. Quant à l’Europe, elle a refusé maintes fois de s’assumer comme chrétienne, alors même que sa puissance jusqu’au 18e siècle a résulté de l’alliance des pouvoirs séculier et ecclésiastique. Ensuite, l’appel à la liberté de conscience des Lumières, la survenue des révolutions américaine et française, la défense des Droits de l’homme, récemment consacrée par l’Union européenne, ont signé le retour aux valeurs d’un christianisme primitif, auquel certains ont attribué un rôle important dans la chute de la Rome impériale. L’inconvénient de cette nouvelle « religion » est qu’elle n’apporte aucune synergie d’identité aux peuples et à leurs territoires ; elle nie l’idée même de souveraineté du peuple, en la dénigrant grâce au terme « populisme ». Les récentes élections ont d’ailleurs démontré que les Européens ne se reconnaissent pas encore en tant que tels. L’Union n’a pas non plus clairement défini son territoire, ne serait-ce que d’influence. Au Sud, l’admission de la Turquie a montré que les querelles byzantines subsistaient au-delà d’Istanbul, à l’Est la Russie vire de bord vers la Chine, et à l’Ouest le futur traité transatlantique fait disparaitre toute possibilité de créer un espace économique semi-autarcique. En bref, l’Union européenne ne s’identifie pas à un peuple, n’a pas su se doter d’une langue commune en un demi-siècle, contrôle mal son territoire, et défend une idéologie tout aussi généreuse que périlleuse.


Face aux géants identitaires qui s’annoncent, une conclusion pessimiste s’impose. L’Europe peut disparaître, et ses nations aussi, faute d’avoir voulu s’affirmer selon un modèle analogue à celui mis en œuvre par la troisième Rome chère à Vladimir Poutine. Une religion prosélyte, libre de toute attache territoriale, est certes attractive, notamment pour une espérance dans un autre monde ( cette espérance ancienne dans l’au-delà n’a plus la même valeur dans le monde d’ici au sein duquel les aspirations matérielles sont une priorité ). Une religion des Droits de l’homme est tout aussi séduisante, mais elle est dangereuse pour ses pratiquants quand, pour paraphraser Théodore Roosevelt ( à ne pas confondre avec son homonyme ), elle ne s’accompagne pas d’un gros bâton ( « big stick » ). Si ce 21e siècle doit être vraiment religieux, l’Europe devrait peut-être changer son logiciel, et rechercher un nouveau Jean Parisot de La Valette, certes hospitalier, mais aussi guerrier. Elle pourrait aussi recourir à des mythes plus anciens, assurée ainsi de trouver sur son territoire d’autres lieux sacrés comme source d’inspiration, d’union et de survie.

 

Russia’s Gazprom signs Agreement to Abandon the Dollar

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Grand Geopolitical Project: Russia’s Gazprom signs Agreement to Abandon the Dollar

Global Research, June 07, 2014

It’s only the tip of the iceberg. A grand geopolitical project is beginning to materialize…”

 On June 6 2014, the official Russian news agency Itar Tass announced what many were expecting since at least the beginning of the Ukrainian crisis: Russian main energy company, Gazprom Neft has finally “signed agreements with its consumers” to switch from Dollars to Euros (as transition to the ruble) “for payments under contracts”.

The announcement that the agreement has been actually signed and not just discussed was made by Gazprom’s Chief Executive Officer, Alexander Dyukov.

Despite the pressures from Wall Street and its military, propaganda and political apparatus, 9 out of 10 consumers of Gazprom’s oil and gas agreed to pay in Euros. Of course, the big watershed was the Gazprom unprecedented 30-years $400Bl natural gas supply to China signed in Shanghai last May 21 in the presence of President Putin and President Xi Jinping in the middle of the Anglo-american sponsored violent destabilization of Ukraine. In fact it is improper to talk a dollar denominated $400Bl, because this “biggest deal” will not be using dollars but the Renminbi (or Yuan) and the Russian Ruble. It links China and Russia economically and strategically for three decades, de facto (and maybe later also de jure) creating an unshakable symbiotic alliance that necessarily will involve the military aspect.

The Russia-China agreement is a clear defeat of the obsessive geopolitical attempts by Wall Street to keep the two country in a situation of competition or, ideally, war-like confrontation. It changes the structure of alliances. It strikes at the historical foundations of British colonial geopolitics (Divide and Rule). Under escalating pressures and threats to their national security, Russia and China overcame brilliantly historical, ideological, cultural differences which had previously been been by the colonial powers (and their financial heirs in Wall Street and the London’s city) for their “Divide & Conquer” strategy.

Furthermore, to the horror of London and Washington, China and Russia concluded an agreement with India (the BRICS!) breaking the other holy tenet of British colonial geopolitics: The secret to controlling Asia, and thus Eurasia has always been to instigate a perennial rivalry between India, China, and Russia. This was the formula for the 19th century “Great Game”. This was why Obama was selected to succeed George W Bush. The then vice Presidential candidate Joseph Biden announced it very openly on Aug 27 2008 at the Democratic Convention in Denver, explaining why the Obama-Biden duo had been chosen to take over the White House. The greatest mistake of the Bush administration and the Republicans, he said, was not their atrocious unchained warmongering, but their failure

“to face the biggest forces shaping this century. The emergence of Russia, China and India’s great powers”. Zbigniew Brzezinski’s protégé Barack Obama was to defeat this “threat”. Obviously they failed! But this explains the dogged, irrational, King Canute-style self-destructive arrogance that has taken over the present Administration.

The significance of these developments should be emphasized in relation to both the real economy and  the underlying financial structures. These developments in Eurasia are likely to have weaken on “the chains that have tied the European Union to Wall Street and the City of London”.  The end of the dollar payment system (Aka Petro-dollar) does not concern the currency of the United States or the United States as such. In fact overcoming this system could mean  the restoration of a rational and prosperous economy in the United States itself. What is known as “dollar system” has been just an instrument of feudal financial centers to loot the economy of the world. These centers are ready to do anything to save their right to loot. It is well known that whoever tried, until now, to create an alternative to the dollar system, met a ferocious reaction.

It is fitting to remember in this moment of great hope, the words of one of the very few great living strategists, Gen. Leonid Ivashov. On June 15 2011, reflecting on the savage destruction of Libya, the general who is an unofficial spokesman of the Russian armed forces and has been Russia’s representative in NATO, wrote

BRICS and the Mission of Reconfiguring the World.”

Whoever challenges the dollar hegemony, explained Ivashov, becomes a target. 

He gave precise examples: Iraq, Libya, Iran:

the countries which defied dollar dominance invariably came under heavy pressure and in a number of cases – under devastating attacks.” But the “the financial empires built by Rothschilds and Rockefellers are powerless against the five largest civilizations represented by the BRICS.”

Thus, Ivashov advocated a coordinated strategy by countries representing half of the world population to win their independence using their own currency.

“The shift to national currencies in the financial transactions between the BRICS countries should guarantee an unprecedented level of their independence…”

Since the collapse of the USSR, the countries which defied dollar dominance invariably came under heavy pressure and in a number of cases – under devastating attacks. Saddam Hussein –who banned dollar circulation in all spheres of Iraq’s economy including oil trade– was displaced and executed and his country was left in ruins. M. Gaddafi started switching Libya’s oil and gas business to gold-backed Arab currencies and air raids against the country followed almost immediately… Tehran had to put its plan to stay dollar-free on hold to avoid falling victim to aggression.

Still, even enjoying unlimited US support, the financial empires built by the Rothschilds and Rockefellers are powerless against the five largest civilizations represented by countries accounting for nearly half of the world’s population. BRICS is clearly immune to forceful pressure, its member countries do not appear vulnerable to color revolutions, and the strategy of provoking and exporting financial crises may easily backfire.

In contrast to the US and the EU, BRICS countries altogether own natural resources sufficient not only to keep their economies afloat in the settings of contracting availability of hydrocarbon fuels, food, potable water, and electric power but also to sustain vigorous economic growth. The shift to national currencies in the financial transactions between the BRICS countries should guarantee an unprecedented level of their independence from the US and from the West in general, but even that is only the tip of the iceberg. A grand geopolitical project is beginning to materialize

Now it’s the moment for Europe to decide the big step. The Ukrainian crisis is in reality a Battle for Europe.

The elites of Continental Europe — The Germany of Alfred Herrausen, the France of Charles De Gaulle, the Italy of Enrico Mattei and Aldo Moro, the Europe that tried to road of sovereignty and independence … have been until now terrorized and threatened exactly in the terms explained by Gen Ivashov. Now the Battle for Europe is raging. We will look in a coming article at the great European forces, the silent partners, still traumatized and scared, who are looking with trepidation and painful memories of the past defeats at the firm stand of Russia.

Coups bas géopolitiques...

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COUPS BAS GEOPOLITIQUES...

Alain Cagnat

http://synthesenationale.hautetfort.com

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La Commission européenne a donné l'ordre à la Bulgarie de suspendre les travaux de construction du gazoduc South Stream sur son territoire, en la menaçant d'une procédure d'infraction qui ne pourrait que déboucher sur de lourdes sanctions financières. Qu'est-il reproché à la Bulgarie ? Tout simplement de contourner l'embargo décrété contre la Russie à propos de l'affaire ukrainienne.

Il s'agit en fait d'une nouvelle page du « Grand Jeu » des hydrocarbures. Souvenons-nous. Les bombardements de la Serbie par les avions de l'OTAN (Etats-Unis et Union européenne, dont la France), qui firent 2 000 victimes civiles, avaient pour but d'arracher la province du Kosovo à la Serbie. Peu de temps après, le nouvel Etat, aux mains des mafias albanaises, était reconnu par une minorité de pays (plusieurs pays de l'UE s'y refusent d'ailleurs, l'Espagne, la Grèce, Chypre...). Peu regardants sur la moralité de ses dirigeants, les Américains y installèrent deux énormes bases militaires, Bondsteel et Monteith. Leur finalité était de sécuriser les pipelines qui devaient transporter les hydrocarbures depuis la mer Caspienne et l'Asie centrale.

Les sécuriser contre qui ? Contre la Russie, évidemment. Les réalisations de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, puis du gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzerum, permettaient d'acheminer les hydrocarbures depuis l'Azerbaïdjan jusqu'en Turquie (puis vers l'Europe et Israël) à travers la Géorgie, en évitant la Russie. L'Europe avait même un projet pharaonique de prolongement de ces tubes vers l'Europe, Nabucco.

Pour Moscou, il fallait absolument réagir et se parer de l'incertitude de ses voisins : la Pologne et les Pays baltes russophobes, la Biélorussie peu fiable de l'autocrate Loukachenko, l'Ukraine et la Géorgie qui lorgnaient vers l'Union européenne et surtout vers l'OTAN.

Au nord, le problème fut résolu par la construction du gazoduc Nord Stream qui relie directement la Russie à l'Allemagne, en passant sous la mer Baltique, évitant ainsi les Pays baltes, la Pologne et la Biélorussie. Il est à noter que cette entreprise fut réalisée en partenariat avec l'Allemagne et que le leadership en fut confié à Gerhard Schröder, l'ancien chancelier allemand. A croire que Berlin se méfie tout autant de ses partenaires baltes et polonais...

Au sud, Gazprom entreprit un chantier similaire en partenariat avec l'italien ENI: passer sous la mer Noire en évitant soigneusement la Géorgie et l'Ukraine pour déboucher en Bulgarie et servir ainsi l'ensemble de l'Europe du Sud.

Tout semblait sourire à Poutine. En premier lieu, la Géorgie avait pris une fessée en 2008, mettant à mal la stratégie américaine : à quoi bon protéger les pipelines depuis le Kosovo si ceux-ci sont sous la menace des chars russes en Géorgie même ? Quant au projet Nabucco, il fut purement et simplement abandonné faute de gaz à y transporter (les pays d'Asie centrale préférant les tubes russes).

La Bulgarie a tout intérêt à ce que le projet South Stream soit opérationnel : elle touchera d'énormes dividendes du transit gazier sur son territoire. La Commission européenne, en bonne exécutrice des intérêts américains, n'en a que faire. Le peuple bulgare peut crever ! Ce qui intéresse Bruxelles c'est d'envenimer la « guerre froide » avec la Russie de Poutine. Que les Ukrainiens, les Moldaves et autres Géorgiens qui rêvent d'appartenir à l'Union européenne et à l'OTAN réfléchissent bien. Ils n'ont rien à y gagner et y perdront leur liberté.

jeudi, 12 juin 2014

Une « américaine » à la Commission?

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Une « américaine » à la Commission?

Ex: http://www.europesolidaire.eu

C'est qui se produira si Angela Merkel et David Cameron se mettent d'accord pour proposer Christine Lagarde en remplacement de Juan Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne. Barroso était déjà très largement téléguidé par Wall Street, servant de courroie de transmission entre les intérêts américains et les institutions européennes. Ce sera pire encore avec Christine Lagarde.

Celle-ci, avant d'avoir entrepris un parcours ministériel en France en 2005, avait fait toute sa carrière comme avocate d'affaire au sein du cabinet américain Baker & McKenzie, dont elle était devenue présidente du Comité exécutif mondial en 1999. Il est clair que ses brillantes et indiscutables qualités personnelles n'avaient pas joué un grand rôle dans les faveurs dont elle avait bénéficié auprès de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Il s'agissait bien plus de montrer à New York et Washington que la France était désormais rentrée dans le rang de l'atlantisme le plus docile. Les mêmes raisons sont intervenues en faveur de sa nomination à la tête du FMI en 2001, après l'éviction du désastreux Strauss Kahn.

Ce sont une fois de plus ces mêmes arguments qui jouent dans la faveur qu'elle rencontre auprès de David Cameron et de la City de Londres. Quant à celle d'Angela Merkel, les raisons en sont plus complexes. Christine Lagarde lui évitera de se heurter à Jean-Claude Junker dont elle craint les intentions interventionnistes, si celui-ci était nommé à la Commission. Elle lui évitera aussi d'avoir à se prononcer en faveur du socialiste Martin Schulz, comme elle aurait du normalement le faire en tant que membre de la Grande Coalition.

Le dindon de cette farce, si nous pouvons le dire sans friser l'offense au chef de l'Etat, est le pauvre François Hollande. Il peut remiser son intention de proposer pour Bruxelles l'ineffable Moscovici (dont les grandes qualités n'avaient échappé à personne). Il ne peut pas s'opposer à Christine Lagarde puisque française, et que les Français doivent se soutenir entre eux. Il devra donc constater que la nouvelle présidente de la Commission, si présidente il y a, réunira les forces les plus conservatrices, tant de l'Union européenne que du capitalisme financier international, pour s'assurer de la docilité de la France...et du reste de l'Europe tentée par la gauche, Italie et Grèce notamment. Une grande réussite diplomatique....

Mais peut-être est-ce le prétexte qu'il souhaite pour pouvoir justifier aux yeux de ses électeurs les raisons de son renoncement à toute réforme un tant soit peu nationale (nous dirions « d'inspiration gaullienne) et bien entendu socialiste.

Jean Paul Baquiast

Imposición de las leyes estadounidenses al espacio europeo

Imposición de las leyes estadounidenses al espacio europeo

TNA3342091311_15.jpgHaciendo gala de la más increíble hipocresía, los gobiernos europeos dicen haber concedido a la Comisión Europea un mandato para negociar con Washington la llamada Asociación Transatlántica dentro del mayor respeto del derecho europeo. En realidad, como ya sucedió anteriormente con el Acuerdo Swift, que pone en manos de las autoridades de Estados Unidos los datos recogidos en Europa sobre los clientes de las compañías aéreas y las transacciones financieras internacionales, se ha orientado a la Comisión Europea implementar la suspensión de las leyes europeas en todo lo tocante a las relaciones con Estados Unidos. Bajo esa perspectiva, la negociación se limita en realidad a determinar los sectores donde los Estados europeos ya no podrán proteger a los ciudadanos de Europa.

Bélgica y Estados Unidos acaban de concluir un acuerdo que permite la aplicación en Bélgica de una ley estadounidense contra el fraude fiscal, la Foreign Account Tax Compliance Act (FACTA). Ese acuerdo se firmó el 23 de abril de 2014. Varios países, como el Reino Unido, Francia, Alemania y Japón ya firmaron con Estados Unidos un acuerdo que permite la aplicación de esa ley estadounidense en sus propios territorios.

Por lo tanto, a partir del 1º de enero de 2015, los establecimientos financieros de esos países estarán obligados a declarar a las autoridades de Estados Unidos todas las operaciones de las cuentas de sus clientes estadounidenses. Si el monto sobrepasa los 50 000 dólares o si cierto número de operaciones tiene que ver con el territorio de Estados Unidos, el banco [europeo] estará obligado a presentar [a las autoridades estadounidenses] un informe detallado sobre las entradas y salidas de fondos. Si un banco [europeo] no se pliega a ese procedimiento, todas sus actividades en Estados Unidos serán sometidas a una penalización arancelaria del 30%. La sanción puede incluir además la cancelación de la licencia estadounidense del banco [europeo en cuestión, lo cual le impediría operar en Estados Unidos].

Esos acuerdos, firmados con la administración Obama por los países miembros de la Unión Europea, violan las leyes nacionales sobre la protección de los datos personales, así como la Directiva 95/46/CE del Parlamento Europeo y del Consejo,

emitida el 24 de octubre de 1995, «relativa a la protección de las personas físicas frente al procesamiento de los datos de índole personal y a la libre circulación de dichos datos», directiva integrada al derecho nacional de todos los Estados miembros de la Unión Europea. La aplicación de la FACTA en territorio europeo viola tanto el derecho nacional de cada uno de los países de Europa como el derecho de la Unión Europea. Pero estas legislaciones no se suprimen sino que se suspenden. No conviene tenerlas en cuenta en el marco de las relaciones con Estados Unidos.

Ese mismo procedimiento se aplicó en acuerdos anteriores que legalizan la captura de datos de ciudadanos europeos por parte de las autoridades de Estados Unidos. A partir de los atentados del 11 de septiembre de 2001, la firma estadounidense SWIFT radicada según el derecho belga entregó clandestinamente al Departamento del Tesoro de Estados Unidos varias decenas de millones de datos confidenciales sobre las operaciones financieras de sus clientes. A pesar de tratarse de una violación flagrante del europeo y del derecho nacional belga, esa captura de datos nunca fue objeto de ninguna denuncia. Por el contrario, la Unión Europea y Estados Unidos han firmado varios acuerdos destinados a darle [a posteriori] un carácter legal [1].

Por tener su sede en la localidad de La Hulpe (Bélgica), la firma SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) tenía que someterse al derecho belga y a las leyes de la Unión Europea. También dependía del derecho estadounidense por hallarse su segundo servidor en territorio de Estados Unidos, lo cual permite a la administración estadounidense apoderarse directamente de los datos [que transitan por ese servidor]. Así que la firma SWIFT optó por violar las leyes europeas sometiéndose a los dictados del gobierno de Estados Unidos.

Desde finales de 2009, los datos SWIFT intereuropeos ya no pasan por [el servidor que se halla en] Estados Unidos sino por un segundo servidor situado en Europa. Eso implica que Estados Unidos ya no tiene acceso directo a esos datos. Pero se le entregan cuando los solicita, por «paquetes» y en condiciones en que las autoridades estadounidenses son las únicas que controlan el proceso de «tratamiento» de las informaciones [que les son entregadas]. Además, en cuanto se firmaron los acuerdos, la parte estadounidense planteó nuevas exigencias. La administración estadounidense declaró en 2009 que «las transacciones entre los bancos europeos y estadounidenses deberían ser capturadas sin que exista una necesidad comprobada» (sic).

Al mismo tiempo, la Unión Europea nunca se opuso a la entrega de los datos PNR (Passenger Name Record) por parte de las compañías aéreas que operan en territorio europeo. Esos datos [entregados a Estados Unidos] incluyen los nombres, apellidos, direcciones, números de teléfono, fecha de nacimiento, nacionalidades, números de pasaporte, sexo [de cada uno de los pasajeros], así como las direcciones que tendrán durante su estancia en Estados Unidos, los itinerarios de sus desplazamientos, sus contactos en tierra y sus datos médicos. También se incluyen [en los datos PNR] la información bancaria [del viajero], como los modos de pago, los números de sus tarjetas de crédito y hasta sus comportamientos en materia de alimentación, que permiten revelar sus prácticas religiosas. La iniciativa unilateral de Estados Unidos de apoderarse de esos datos fue aceptada automáticamente por la parte europea, que tuvo que suspender la aplicación de sus propias legislaciones al respecto para acatar las exigencias de la parte estadounidense [2].

En ambos casos, tanto en el de los pasajeros de las compañías aéreas como en el caso SWIFT, la técnica es exactamente la misma. En realidad, no se trata de acuerdos jurídicos entre dos partes, entre dos potencias formalmente soberanas. De hecho, sólo una de las partes, la administración estadounidense, actúa directamente sobre los ciudadanos europeos. En ambos textos el poder ejecutivo de Estados Unidos reafirma su derecho a disponer de los datos personales y ejerce así directamente su soberanía sobre los ciudadanos de la Unión Europea.

La supremacía de las leyes de Estados Unidos en territorio europeo es también uno de los elementos en juego en las negociaciones tendientes a instaurar un gran mercado transatlántico, la Asociación Transatlántica para el Comercio y la Inversión (Transatlantic Trade and Investment Partnership o TTIP, conocida en español con las siglas ATCI.).

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Reunión anual del Consejo de Administración del CIADI en Tokio, el 12 de octubre de 2012).

Gracias a la ATCI, las empresas estadounidenses tendrán la posibilidad, en nombre de la libertad de competencia, de emprender acciones legales contra un Estado que les niegue permisos de explotación de gas de esquistos o que les imponga normas en materia de productos alimenticios o de estándares sociales. Ese sistema de solución de divergencias o discrepancias permitiría a los estadounidenses echar abajo gran parte de las regulaciones europeas mediante la aparición de precedentes jurídicos ante esta justicia privada estadounidense. El principio mismo de introducción de ese tipo de mecanismo ya fue aceptado por los europeos en el mandato de negociación que los ministros europeos del Comercio concedieron a la Comisión en junio de 2013. La instancia a la que se recurriría preferentemente para ese tipo de arbitraje sería el Centro Internacional de Arreglo de Diferencias Relativas a Inversiones (CIADI o ICSID por International Centre for Settlement of Investment Disputes), órgano dependiente del Banco Mundial, con sede en Washington, y cuyos jueces, abogados de negocios y profesores de derecho se nombran en función de cada caso: un árbitro designado por la empresa demandante, uno designado por el Estado de Washington y el tercero designado por el secretario general del CIADI [3].

Si este procedimiento, ya parcialmente aceptado, llega aplicarse en el marco del futuro gran mercado transatlántico, el derecho europeo cederá nuevamente su lugar, y lo hará esta vez ante una jurisdicción privada situada en territorio de Estados Unidos y en la que la parte estadounidense gozará de un papel preponderante.

[1] «Las transacciones financieras internacionales bajo control estadounidense», por Jean-Claude Paye, Red Voltaire, 28 de mayo de 2008.

[2] «Espacio aéreo bajo control imperial», por Jean-Claude Paye, Red Voltaire, 18 de octubre de 2007.

[3] Convenio sobre el arreglo de diferencias relativas a inversiones entre Estados y nacionales de otros Estados, International Centre for Settlement of Investissement Disputes (ICSID), Sección 2 (Constitución del Tribunal), Artículo 37.

mercredi, 11 juin 2014

Prague ne veut pas de l’OTAN

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Douche froide pour Obama, Prague ne veut pas de l’OTAN

Auteur : La Voix de la Russie 
Ex: http://www.zejournal.mobi

La République tchèque n’a pas besoin des troupes de l’OTAN sur son territoire et n’appelle pas à renforcer la présence militaire de l’Alliance atlantique en Europe, a déclaré le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka en réponse aux déclarations faites par Barack Obama en Pologne. Douche froide pour le président américain.

Selon certains médias tchèques, la ville de Prague aurait été « la meilleure ville hôte régionale du sommet ». Quoi qu’il en soit cela ne change rien en substance. La République Tchèque est opposée aux intentions des Etats-Unis alors que le Pologne y est favorable. Rappelons qu’avant Sobotka c’est le ministre tchèque de la Défense Martin Stropnický qui défendait la même position en se prononçant contre la présence des troupes de l’OTAN sur le sol tchèque. Qu’en pensent les habitants du pays ? Voici l’opinion de Josef Hála, responsable du village Jince en Bohême centrale.

«Les déclarations de nos dirigeants ont provoqué une vive critique de la part de l’opposition. Mais un sondage récent montre que plus de 60% d’habitants approuvent les actions du premier ministre Sobotka. Et j’en fais partie. Je n’ai pas changé d’avis. Lorsque les Etats-Unis ont essayé de déployer chez nous un radar de leur système anti-missile, je m’y suis opposé avec les responsables des autres villages. Je suis même allé en Allemagne, en Pologne et en Italie pour expliquer ma position. Mais je crois comprendre pourquoi le renforcement de l’OTAN en Europe est de nouveau sur l’ordre du jour. C’est lié avec l’Ukraine et la Russie».

La République Tchèque résiste au renforcement de la présence de l’OTAN en Europe, et elle ne veut pas non plus financer ce projet de défense en prévoyant seulement 1% de son PIB pour les dépenses militaires, alors que les alliés en exigent le double. Ce n’est pas le cas de la Pologne, qui fait figure d’une «bonne élève» en ce qui concerne le budget militaire et soutient les projets «expansionnistes» de l’Alliance à 100%. Pourquoi ces pays limitrophes ne sont-ils pas unanimes sur cette question?

«Il n’y a rien d’extraordinaire à cela», estime Dmitri Danilov de l’Institut de l’Europe de l’Académie des sciences de Russie. «La République Tchèque ne se considère pas comme un Etat frontalier en matière de la dissuasion et elle ne veut pas servir de territoire en amont de la ligne de front de l’OTAN. Elle est consciente de l’importance des relations avec la Russie. Par ailleurs l’opinion des habitants est prise en compte par les hommes politiques tchèques. Quant à la Pologne et les pays baltes, ils ont dès le départ exigé à renforcer la défense collective en argumentant que c’est pour cela qu’ils ont adhéré à l’Alliance. Je suis convaincu que les préoccupations des Tchèques sont partagées par de nombreux Européens mais ils n’ont pas tous le courage de s’opposer aussi ouvertement aux plans de Washington».

La situation géopolitique pourrait forcer l’OTAN à déployer des troupes terrestres supplémentaires dans les Etats membres situés en Europe Orientale, renforcer la surveillance aérienne, et notamment les systèmes de détection lointaine, et prêter une attention particulière à la coopération avec l’Ukraine dans la région de la mer Noire. Les exercices américano-ukrainiens See Breeze confirment cette volonté. Ils devront être organisés dès cette année.

La guerre économique

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La guerre économique

Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Que la justice américaine sanctionne lourdement des banques européennes pour leur rôle dans l'évasion et la fraude fiscale qui pénalisent les contribuables, nous ne pourrions qu'applaudir - qu'il s'agisse de banques suisses ou éventuellement de banques françaises. Nous aimerions même que la justice française en fit autant.

Mais que la justice américaine inflige une amende record à BNP-Paris-Bas au principal motif que celle-ci s'était abstenue de respecter les embargos imposés par Obama à toutes les entreprises non-américaines ayant opéré en Iran il y a quelques années, ne peut qu'indigner. Le fait que notre gouvernement ne proteste pas ne peut qu'indigner encore davantage.

Faudrait-il que le monde entier se plie aux aller-et-retours de la diplomatie américaine, l'Iran ennemie un jour redevenant éminemment fréquentable le jour d'après? Faudrait-il aussi ne pas remarquer que de nombreuses entreprises américaines, sous d'innombrables faux-nez, ont continué à trafiquer avec l'Iran pendant toute la période du ban. Ne faudrait-il pas voir enfin que pénaliser des banques européennes, y compris suisses, ayant acquis de fortes positions sur le marché américain ne peut que servir les intérêts de leurs concurrentes de la banque américaine.

Si la BNP avait autre chose que des c. molles à la place du porte-feuille, elle déciderait dès maintenant de se reconvertir en direction des marchés russes et chinois. Certes, ceux-ci n'ont pas l'activité de Wall Street, mais leurs perspectives sont prometteuses. Surtout si une nouvelle monnaie, un mix du rouble et du yuan, est implantée en Eurasie. Les acteurs économiques qui aideront à sa naissance y seront bien placés par la suite.

Mais, ne sommes nous pas légers en évoquant cette orientation? C'est oublier que la Russie de Poutine, et bientôt la Chine, ont déjà remplacé l'Iran dans la liste des pays que Washington voudrait frapper d'ostracisme. Décidément, en période de guerre économique avec l'Amérique, aucune entreprise européenne n'ait assurée de ses arrières si elle ne va pas requérir en permanence des blancs-seings auprès du State Department.

Il n'y a pas que les banques françaises qui n'auront qu'à bien se tenir, sauf à se faire exclure du marché américain, mais toutes les entreprises.  Il en est ainsi déjà des chantiers de l'Atlantique, à propos de la vente des VPC Mistral à la Russie. Voir http://rt.com/news/162412-france-warships-sale-russia/

mardi, 10 juin 2014

Ice Station Obama

Ice Station Obama

by Wayne Madsen

Wayne MADSEN

Ex: http://www.strategic-culture.org

 

Although President Obama's «pivot to Asia» is receiving media attention, his little-known push to establish American hegemony over the rapidly melting Arctic polar zone has gone largely unnoticed. Using three NATO allies, all of them monarchies, Obama is trying to establish a U.S.-led condominium of the United States, Canada, Norway, and Denmark over the Arctic, conspicuously leaving Russia out of the equation. Obama’s military and intelligence push into the Arctic could be taken from the pages of the 1960s Cold War thriller by Alistair MacLean, «Ice Station Zebra», With the depletion of the Arctic ice pack opening up formerly non-navigable Arctic maritime zones to shipping, Obama and his Wall Street handlers are eyeing the Arctic as America’s new region for natural resource exploitation. And, as always, the Pentagon and the U.S. intelligence Community are ready to act as the centurions for the investment bankers and hedge fund tycoons.

U.S. Defense Secretary Chuck Hagel’s Arctic Strategy was unveiled in Halifax in November 2013. Hagel said the Pentagon’s «Arctic Strategy» is centered upon the U.S. bolstering its military capabilities in the Arctic region with the opening of new sea lanes for natural resource «exploration», 

The first step of the Obama «polar pivot» has been to militarize it under the NATO umbrella. The Svalbard Treaty of 1920, ratified by 40 nations, agreed to demilitarize the Norwegian-owned Arctic archipelago of Svalbard and to permit commercial activities on the islands by the signatories. Only Norway and Russia (and the former Soviet Union) exercised the right to commercially exploit the resources of the islands, mainly by mining coal. Russia has largely withdrawn its commercial interests from the islands with only some 370 Russians and Ukrainians remaining in Svalbard, many of them living at the mining community in Barentsburg, the Russian research station at Ny-Ålesund, and the small mining outpost at Sveagruva.

A dependency of Norway, Svalbard has seen its Norwegian population grow with many of the Norwegians living in the capital of Longyearbyen. As signatories of the Svalbard Treaty, Americans, Canadians, and Britons are free to travel and reside on Svalbard without restrictions imposed by Norwegian authorities. Americans first started to arrive in Svalbard as part of the team that oversees the operation of the Svalbard Global Seed Vault, a project of Global Crop Diversity Trust, which stores most of the world's crop and botanical varieties in an underground vault.

Russia believes that NATO has violated the Svalbard Treaty by covertly operating military functions at the Svalbard Satellite Station at Ny-Ålesund, which is connected to Harstad and Andoya, Norway by the Svalbard Undersea Cable System. Andoya was the site of a Norwegian Sound Surveillance System (SOSUS) array, art of the U.S. Integrated Undersea Surveillance System (IUSS) that acoustically tracked Soviet and Russian submarines. There is a belief that the Norwegians have continued to employ acoustic intelligence devices against the Russians and that Svalbard is part of the Norwegian monitoring activities, in violation of the Svalbard Treaty. The U.S. also maintains a Globus II HAVE STARE radar station in Vardo in the Norwegian Arctic, which is used to collect electronic intelligence for the U.S. National Security Agency from Russian military targets across the Norwegian border. The mushroom-like radome that conceals the HAVE STARE radar is a tell-tale sign of a U.S. military-intelligence presence. Radomes have appeared in increasing numbers from the National Security base at Menwith Hill, England to northern Norway, Svalbard, Greenland, Iceland, the Faeroes, northern Canada, and even remote and uninhabited Jan Mayen Island in the Norwegian Sea. 

Complementing America's operations in Svalbard and Norway is the increasing use by NATO of Sweden's Arctic Lapland for military purposes. Most NATO activities in Sweden involve NEAT, which stands for NATO Exercises and Advanced Testing.

The U.S. is also expanding its military presence at the Thule airbase in Greenland as part of the U.S. Air Force 21st Space Wing's missile defense network. Thule provides missile launch sensor data to the North American Air Defense Command (NORAD) and the Air Force Space Command. A number of Greenland «home rule» governments have wanted the United States to withdraw its military forces from Greenland but Washington and Denmark, which remains the sovereign authority over Greenland through the contrivance of calling Greenland a self-governing country within the «Kingdom of Denmark,» have rejected Greenlandic calls for the demilitarization of Greenland. The «kingdom» contrivance has also been used to keep the independence-minded Faeroe Islands in the Norwegian Sea firmly under Denmark's, and by default, NATO's, control. The Faeroes and Greenland are part of Denmark's Joint Arctic Command, which in turn reports to NATO.

Although Greenland's Prime Minister Aleqa Hammond of the social democratic Siumut Party favors independence, she, like other past leaders, face determined opposition from Washington and Copenhagen, where NATO lobbyists exercise final say. Hammond stated «We will stand up as a people and demand what is rightfully ours.» According to a document found in the CIA archives, The U.S. has always believed it has ultimate authority over Greenland. And Denmark has not always been such an obedient slave to the dictates of Washington. A formerly TOP SECRET CIA document, dated January 31, 1947, states that the U.S. Minister to Denmark, Josiah P. Marvel, Jr., raised the issue of Greenland with the Danish Foreign Minister, Gustav Rasmussen. The U.S., at the time, was interested in wresting control of Greenland from Denmark to use it as a military base against the Soviet Union. When Marvel insisted on discussing the future of Greenland with Rasmussen, the Danish Foreign Minister replied, «While we owe much to America, I do not feel we owe them the whole island of Greenland.»

What a difference a generation makes. Former Danish Prime Minister and outgoing NATO Secretary General Anders Fogh Rasmussen, nicknamed the «Fogh of War» by his many critics, handed Greenland to the United States on a Georg Jensen silver platter and warned the Faeroes not to even think about independence. Whatever the Americans paid for Rasmussen’s knee-jerk loyalty, it was worth it to Washington.

U.S. dominance over the Arctic is spelled out in the Pentagon's National Strategy for the Arctic Region, a policy that was developed under the stewardship of Daniel Y. Chiu, the deputy assistant secretary of defense for strategy. Chiu sees the rapid climate change that is affecting the Arctic facilitating a greater U.S. naval and other military presence in the region.

Last February, U.S. forces participated in the first airborne operation north of the Arctic Circle. The exercise, codenamed SPARTAN PEGASUS, saw paratroopers from the Army's 25th Infantry Division parachute into Deadhorse on Alaska's North Slope.

In 2012, the commander of the U.S. Northern Command (NORTHCOM) and NORAD signed the Tri-Command Framework for Arctic Cooperation with the Commander of Canadian Joint Operations Command. The agreement «enhances military cooperation to support safety, security and defense operations in the region.» NORTHCOM has assumed sole responsibility for military operations in the Arctic region, placing Greenland, Svalbard, Jan Mayen Island, and the North Pole within NORTHCOM's jurisdictional domain. And NORTHCOM has not been shy about ordering U.S. fighter planes to engage Russian military aircraft in dangerous «cat-and-mouse» games over the Bering Sea between Siberia and Alaska.

NORTHCOM has increased its presence in Canada's first Inuit-ruled territory, Nunavut. In March, NORTHCOM conducted Exercise ARCTIC WARRIOR/GUERRIER NORDIQUE in Iqaluit, Nunavut. The Stephen Harper government in Ottawa has increasingly stymied the rights of Native Canadians over the natural resources on their lands. The presence of NORTHCOM military units in the Nunavut capital of Iqaluit last March was a message by Ottawa and Washington to the local leaders that their self-government has «limits,» just like those imposed by Washington and Copenhagen on their Inuit cousins in Greenland. The same restrictions by the neo-colonialists of Ottawa and Washington will be imposed on the emerging Deline Gotine nation, the first native Canadian self-governing entity in Canada's Northwest Territories. In addition, the people of Deline Gotine will have no authority to ban natural gas fracking in their territory.

NATO has urged Denmark and Canada to resolve a dispute over ownership of Hans Island, a 1.3 kilometer barren uninhabited island between Greenland and Canada's Ellesmere Island. The island will be ruled as a shared condominium between Canada and Denmark. Left out of the agreement are Greenland and Nunavut, the two Inuit governments that actually would have had no problems resolving sovereignty issues between the same native people. However, in the Arctic, the decisions are made in Washington, while the NATO puppets of Ottawa, Copenhagen, and Oslo obediently wag their tails.

 

26 juin : NON AU TRAITE TRANSATLANTIQUE !

Jeudi 26 juin : NON AU TRAITE TRANSATLANTIQUE !

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Euroskepticism and Its Discontents

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Euroskepticism and Its Discontents

The European elections saw gains by the far right, far left, libertarians, and radical populists. The common thread was opposition to the budding continental empire of the EU and its dominance by the neoliberal plutocracy. The Europeans need the message of anarcho-pluralism and pan-secessionism as much as Americans do. This looks like a job for the national-anarchists.

By Justin Raimondo

Antiwar.Com

The conventional wisdom is nearly always wrong, and rarely so wrong as when it comes to the EU elections, the results of which are being trumpeted as the triumph of the “far right.” The more alarmist among these uniformly pro-EU commentators are even claiming neo-fascism in Europe is on the march. Well, they’re at least half right: something is on the march. They just don’t know what it is.

The “far right” meme is based on the results in France, where the National Front of Marine le Pen has for the first time won a plurality of seats in the European Parliament, and this news is usually coupled with panic-stricken reports of UKIP’s sweep across the Channel. Yet the two parties have nearly nothing in common except for opposition to the euro and the European project. The French Front is statist, protectionist, and carries red banners in the streets on May Day. UKIP is a quasi-free market split from the Tories, pro-free market and vaguely Little Englander. They aren’t opposed to immigration per se: they just want immigrants with assets, as opposed to the poorer variety.

The only thing these two movements have in common is opposition to the rule of Brussels, but that is quite enough for the Eurocrats and their journalistic camarilla to cast them in the role of volatile “extremists,” dangerous “populists” out to tear apart the “social fabric” of Europe. One prominent Eurocrat, the former Prime Minister of Luxembourg, foresees a replay of 1914: “I am chilled by the realization of how similar the crisis of 2013 is to that of 100 years ago,” intones Jean-Claude Juncker.

While there aren’t many Archdukes left to assassinate, whatever the similarities to 1914, the so-called right-wing populists have little to do with it. Indeed, it is the EU, in seeking to assert itself as an international power, that has ratcheted up the war danger by challenging Russia in Ukraine, allying with Washington to push NATO to the very gates of Moscow. In opposing the EU’s very existence, these parties – whatever their other characteristics – are taking on the forces that make war more likely.

And while a good number of these emerging parties may be fairly characterized as “right-wing populist,” this generalization doesn’t hold at all when one looks at the details. Yes, the National Democratic Party of Germany, a group with clear neo-Nazi sympathies, has entered the European Parliament for the first time: yet that has little to do with the minor uptick in their vote total and much more to do with German election law, recently revised to lower the threshold for being granted seats (from five percent to one percent). On the other hand, the Alternative for Germany (AfD), a party opposed to the euro albeit not necessarily to the political concept of the EU, garnered six percent: AfD is a split from the now politically irrelevant Free Democrats, whose leading lights are economists and academics rather than skinheads. It is a party that came out of nowhere and has now displaced the Free Democrats as Germany’s rising third force – yet the NPD gets all the publicity.

The reason is because the NPD’s negligible gains fit the preordained theme of the news coverage, the meme adopted by the media elite and handed down from on high.

The idea that “right-wing populism” or even neo-fascism is on the march due to the results of the European elections is never so nonsensical as when it is applied to Italy, where Beppe Grillo’s “Five Star” movement came in with 21 percent of the vote, an astounding total given the party’s brief history and scant resources. The Five Starists are a unique combination of Euro-skepticism, populism (they favor direct democracy via the Internet), and outright cynicism, Italian-style. And while the 40 percent garnered by the pro-EU Democratic party is being hailed by the media and the Eurocrats (or do I repeat myself?) as a great victory, that the Five Stars managed to even approximate their last vote total without much institutional backing was in itself a major accomplishment. My point, however, is that Italy has real fascist parties, none of which registered above a few percent in the recent election.

Another example of this nonsensical “immigrant-bashing-neo-fasicsts-are-on-the-rise” line being handed out by Brussels is Greece, where, it’s true, the openly fascist semi-criminal “Golden Dawn” party polled nearly 10 percent. Yet these same alarmists downplay the victory – by four percentage points – of Syriza, a far-left outfit, over the ruling center-right coalition: the usual excuse given is that the margin isn’t considered big enough for an “upset.” Syriza is described in news accounts as an “anti-austerity” party, a bit of a euphemism that downplays its origins as a coalition of Communists, Trotskyists, and other far-left grouplets.

In Poland, the controversial Janusz Korwin-Mikke and his “New Right” party combine a quasi-libertarian domestic program with outright opposition to the EU and a mean streak of misogynistic notions about women and sexuality that have won the party notoriety: they won 7 percent of the vote, thus ensuring them seats. They are the Polish version of UKIP: the same goes for the Danish Peoples Party, which won 27 percent and doubled its seats. The neo-fascist British National Party lost all its seats this time around.

However, a kernel of truth abides in the conventional wisdom: there is indeed a rising fascist presence in European politics, and it is not confined to France’s National Front, which is not openly fascist in any case. There is a geographical factor involved in this trend: the most successful fascist parties are those in southeastern Europe, including not only Golden Dawn but Hungary’s Jobbik party – which is openly anti-Semitic and looks to the pro-Nazi collaborationists of World War II for inspiration. The Austrian Freedom Party, founded by Jorge Haidar, gained 27 percent, doubling its representation in the European Parliament. Under Haidar’s leadership, the party was more like UKIP than BNP, but in recent years has veered more toward the Geert Wilders model – whose own Dutch anti-Muslim movement, by the way, fared pretty badly.

That none of these mostly West European parties, including Le Pen’s National Front, has the slightest chance of actually coming to power doesn’t stop the “progressive” left from sounding the alarm – just hearing it galvanizes their followers and confirms them in the knowledge that anyone to their right is a racist homophobic misogynist with a secret yen for World War II memorabilia. Their big blind spot, however, is apparent when their gaze turns eastward, and particularly where it concerns the EU’s latest conquest – Ukraine.

I had to laugh when I saw the tweets from the usual suspects hailing the presidential election results in Ukraine as proof fascism has no presence in that country. The presidential contest hardly measured the Ukrainian fascists’ actual strength: the real test will come later, with parliamentary elections and the progress of the EU’s “austerity” program. In the meantime, the Svoboda (Freedom) party has seven supporters in the “interim” government, which will probably be unchanged until and unless parliamentary elections are held.

Originally the “Social National” party (i.e. national socialist, wink wink!), Svoboda holds 35 seats in the Rada (parliament), the result of their 10 percent vote total last time around. After playing such a key role in the Maidan protests, their vote total is bound to go up, and indeed the victory of the so-called Chocolate King, the oligarch Petro Poroshenko, in the presidential election will pave the way for their future success. A pretty sleazy character in his own right, the filthy-rich Poroshenko will preside over EU-dictated terms of austerity that promise to be fertile ground for precisely the sort of Weimar-like “populism” the Eurocrats are warning against.

Thus the Euro-elites dig their own graves – which one wouldn’t mind at all if they didn’t insist on taking so many innocents with them.

The reaction against the EU project on both the right and the left is easily explained: people don’t trust big institutions, particularly of the governmental variety. The bigger they are, the more people resent and resist them.

The EU is often portrayed by its boosters as the prerequisite for Europe fully entering modernity, leaving behind the old detritus of national borders and cultural particularities and moving to embrace a Brave New World. Yet the Eurocrats uphold an old-fashioned conception of modernity, one born before the computer age empowered individuals and fostered the merits of decentralized decision-making. Just look at the decision by some idiotic Spanish judge to censor the Google search engine: these people just don’t get it, do they?

All this baloney about how failure to recognize the supremacy of Brussels risks a replay of the Great War represents a severe case of projection. The foreign policy of the EU has been consistently aggressive and expansionist. This is underscored not only by Brussels’ recent Ukrainian foray but also by its ambitions of absorbing Georgia. And don’t forget the on-again off-again ascension of Turkey to full EU status, long a project on the Eurocrats’ agenda: the idea is to pair NATO membership with EU membership in a discount package deal. It is of course entirely laughable that Turkey is European in any respect: but power politics trumps culture and even language, at least among the Euro-elites. As the EU charges eastward, it won’t be long before they’ll be claiming the “president” of Kazakhstan a long lost European brother.

NOTES IN THE MARGIN

You can check out my Twitter feed by going here. But please note that my tweets are sometimes deliberately provocative, often made in jest, and largely consist of me thinking out loud.

I’ve written a couple of books, which you might want to peruse. Here is the link for buying the second edition of my 1993 book, Reclaiming the American Right: The Lost Legacy of the Conservative Movement, with an Introduction by Prof. George W. Carey, a Foreword by Patrick J. Buchanan, and critical essays by Scott Richert and David Gordon (ISI Books, 2008).

You can buy An Enemy of the State: The Life of Murray N. Rothbard(Prometheus Books, 2000), my biography of the great libertarian thinker, here.

lundi, 09 juin 2014

Crisis verergert: 123 miljoen mensen in EU onder armoedegrens

Crisis verergert: 123 miljoen mensen in EU onder armoedegrens

‘Einde Europese welvaart en beschaving binnen 10 jaar in zicht’


In Griekenland worden sommige kinderen gewoon op straat gedumpt omdat hun ouders te arm zijn om voor hen te zorgen. (3)

De kloof tussen wat de politiek beweert –de crisis is voorbij, het gaat weer goed met de economie- en wat de gewone man ervaart wordt groter en groter. Volgens de Internationale Arbeidsorganisatie (ILO) zijn inmiddels 123 miljoen mensen in de EU onder de armoedegrens gezakt. De komende tien jaar gaan daar nog een 15 tot 25 miljoen armen bijkomen als Europa doorgaat met het afbreken van de sociale zekerheid.

Het bezuinigingsbeleid dat wordt gevoerd om de schuldencrisis te beteugelen en de banken te redden heeft miljoenen langdurig werkloos gemaakt en miljoenen anderen opgezadeld met minimumlonen. In bijvoorbeeld Griekenland zijn de salarissen sinds 2008 met 35% gedaald, en steeg de werkeloosheid met 28%. In de hele EU hebben bijna 26 miljoen mensen geen baan (meer), waaronder 5,3 miljoen jongeren (2).

Armoede door afbraak sociale zekerheid

Tegelijkertijd verhoogt de politiek de belastingen en worden de bestaande sociale voorzieningen stap voor stap afgebroken. Het gevolg: hand over hand toenemende armoede.

Sinds het uitbreken van de crisis in 2008 zijn er alleen al 800.000 arme kinderen bijgekomen. De bijna 123 miljoen die nu onder de armoedegrens leven –7 miljoen meer dan in 2008- vormen ongeveer een kwart van de bevolking in de EU.

Burgers kind van de rekening

‘De verworvenheden van het Europese sociale model, dat na de Tweede Wereldoorlog de armoede dramatisch verminderde en de welvaart bevorderde, werd door de kortetermijnhervormingen ondermijnd,’ schrijft de ILO. Het financiële beleid in het in diepe schulden gestoken Europa is vooral gericht op het zo laag mogelijk houden van de begrotingstekorten, waardoor de burgers –vooral de sociaal behoeftigen- het kind van de rekening zijn.

Het ILO wijst dit bezuinigingsbeleid af, omdat het daarmee niet is gelukt om de economische groei weer op gang te brengen, en er ook geen nieuwe arbeidsplaatsen werden gecreëerd. Daarom beveelt de organisatie juist de versterking van de sociale zekerheid aan. ‘Dat vermindert niet alleen de armoede, maar zwengelt ook de economische groei aan, omdat het de gezondheid van de zwakken verbetert, tot meer productiviteit aanzet, en uiteindelijk de binnenlandse vraag versterkt.’

Europese beschaving richting afgrond

Door de enorme schulden hebben de landen echter geen enkele speelruimte meer. Dankzij rente en rente-op-rente worden de welvaart en solidariteit, zaken die Europa tot bloei hebben gebracht, stapsgewijs vernietigd. De beschaving op ons continent stevent zo steeds sneller op de rand van de afgrond af.

Auteur Michael Maier legt in zijn boek ‘De Plundering van de Wereld’ uit dat juist dit het doel is van de financiële elite. Een bevolking die grotendeels verarmd is en afhankelijk is gemaakt, is eenvoudig te manipuleren en te controleren, en zal geen verzet kunnen bieden tegen de verregaande globaliseringsplannen, die onder andere tot de oprichting van een federale Verenigde Staten van Europa moeten leiden.

Xander

(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(2) EU Observer
(3) Daily Mail

samedi, 07 juin 2014

Taguieff et l'antifascisme...

Taguieff et l'antifascisme...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Pierre-André Taguieff, cueilli sur le site du Figaro et consacré au Front national et à l'antifascisme... Pierre-André Taguieff vien de publier Du diable en politique - Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire.

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FigaroVox: Votre livre décrit la mécanique diabolisatrice à l'œuvre dans le paysage politique français depuis trente ans, qui renvoie systématiquement le Front national aux «heures les plus sombres» et à la «bête immonde». Pouvez-vous nous décrire ce processus de diabolisation?

Pierre-André TAGUIEFF: La diabolisation implique de réduire un individu ou un groupe à une manifestation du Mal ou à une incarnation du diable, et d'en tirer les conséquences pratiques, à savoir l'élimination de l'entité diabolisée. Dans les systèmes totalitaires, la diabolisation des opposants se traduit par leur extermination physique. Dans les démocraties pluralistes, les adversaires diabolisés sont en principe exclus du jeu démocratique, mis à l'écart du système politique. La diabolisation constitue ainsi une méthode d'illégitimation d'un adversaire, d'un concurrent, d'un contradicteur, qui sont ainsi transformés en ennemis redoutables et haïssables. En outre, diaboliser l'autre (l'opposant ou le différent), c'est se classer soi-même dans la catégorie des représentants ou des combattants du Bien. C'est donc se donner une légitimité, voire une respectabilité à bon compte.

Lorsqu'elle prend pour cible le Front national, la diabolisation consiste à retourner contre ce parti ses propres méthodes de combat idéologique. Comme la plupart des mouvements nationalistes, le FN diabolise ses ennemis en les désignant, d'une part, en tant que responsables du désordre à l'intérieur de la nation, un désordre facteur d'affaiblissement ou de déclin, et, d'autre part, en tant qu'incarnant une menace pour la survie de la nation. Disons, pour préciser, que le désordre intérieur est attribué à une immigration jugée non intégrable, et que la mondialisation et la construction européenne sont dénoncées comme des menaces pesant sur l'indépendance et l'identité nationales. Mais si les nationalistes diabolisent les ennemis du peuple, à l'intérieur, ou ceux de la nation, à l'extérieur, ils sont eux-mêmes fortement diabolisés en retour, étant accusés notamment d'être partisans de la fermeture sur soi de la nation, de se montrer xénophobes ou racistes, et surtout d'être des fauteurs de guerre, en alimentant les peurs et les haines entre groupes, ou en diffusant la vision d'un conflit «naturel» entre les nations définies comme rivales. En France, l'antinationalisme est devenu idéologiquement hégémonique à la faveur de la construction européenne. Les nations étant perçues comme des obstacles à cette dernière, le sentiment national lui-même a été réduit par les élites dirigeantes et discutantes à une survivance nuisible d'un passé heureusement révolu, à un archaïsme détestable. Le problème, c'est que le sentiment de l'appartenance nationale, qui revient à celui de posséder une identité nationale, n'a nullement disparu de l'opinion, et, plus profondément, des mentalités ou des croyances culturelles. À partir de 1983-1984, le mouvement lepéniste a incarné tout ce rejetaient et méprisaient les élites antinationalistes ainsi que les héritiers de gauche du vieil antifascisme. D'où la dénonciation du FN comme «fasciste», stigmatisation qui l'a isolé dans le système des alliances politiques. Mais, en même temps, le FN a pu s'efforcer, non sans succès, de monopoliser le sentiment national dans tous ses aspects. Ainsi, à la diabolisation par le FN a répondu celle du FN, faisant surgir un cercle polémique vicieux qui ne cesse de compliquer l'interaction entre le FN et ses ennemis, et d'engendrer des effets pervers.

La «reductio ad Hitlerum» avait déjà été dénoncé par Leo Strauss en son temps. Qu'apporte votre livre de nouveau?

En 1953, au début de son grand livre intitulé Droit naturel et histoire, Leo Strauss, agacé par les clichés d'une rhétorique antifasciste fonctionnant à vide et devenue l'instrument privilégié du terrorisme intellectuel, avait pointé le problème en donnant une dénomination suggestive à ce qui lui paraissait être un raisonnement fallacieux: «reductio ad Hitlerum». Dans un contexte où l'antifascisme consensuel était devenu une forme de conformisme idéologique justifiant tous les amalgames polémiques, le philosophe juif émigré aux Etats-Unis faisait cette mise en garde d'ordre méthodologique: «Il n'est malheureusement pas inutile d'ajouter qu'au cours de notre examen nous devrons éviter l'erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la reductio ad absurdum la reductio ad Hitlerum. Qu'Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter.» L'accent est mis sur la valeur de vérité d'un énoncé quelconque. Disons, pour simplifier la question à des fins pédagogiques, que la reductio ad Hitlerum consiste pour Strauss à juger fausse toute assertion, comme «La Grande-Bretagne est une île», que le Führer croyait vraie. Inférence illustrant à quel point l'endoctrinement idéologique peut rendre stupides ceux qu'il aveugle. Il s'agissait d'ailleurs pour Strauss d'une remarque marginale dans un livre de philosophie politique consacré notamment à la discussion des thèses de Max Weber, ce qui explique qu'il n'ait pas développé l'analyse du type d'amalgame polémique qu'il avait brièvement caractérisé, à savoir la diabolisation de type antifasciste. Car aujourd'hui, lorsqu'on dénonce à juste titre la reductio ad Hitlerum, on vise un sophisme beaucoup plus pernicieux, qu'on peut illustrer par ce syllogisme défectueux: «Hitler aimait les chiens (ou Wagner) ; X aime aussi les chiens (ou Wagner) ; donc X est un disciple d'Hitler». Je soulignerai au passage le fait que diaboliser un individu ou un mouvement politique quelconque en l'assimilant à Hitler ou au nazisme, c'est banaliser le nazisme.

C'est à Léon Poliakov qu'on doit l'analyse pionnière de la diabolisation, mode de fabrication d'ennemis absolus. Mais, dans ses travaux des années 1970 et 1980 sur la «causalité diabolique», l'historien de l'antisémitisme avait surtout étudié la diabolisation des Juifs, des jésuites et des francs-maçons, à travers les «théories du complot» qui les prenaient pour cibles. Dans l'après-1945, ce sont principalement les nationalistes, eux-mêmes grands diabolisateurs de leurs adversaires, qui ont été diabolisés par leurs ennemis, qui les percevaient comme des héritiers des fascistes ou des nazis.

L'assimilation abusive d'un quelconque adversaire à Hitler, pris comme incarnation du diable, en vue de le disqualifier, reste une opération rhétorique banale, qu'on peut observer aujourd'hui dans les affrontements politiques, voire dans les débats intellectuels en Europe et ailleurs. Le discours antifasciste continue de fonctionner en l'absence de fascismes réels, ce qui pousse les diabolisateurs à inventer sans cesse de nouveaux fascismes imaginaires. Cette bataille contre des néo-fascismes fictifs relève de ce que j'ai appelé le néo-antifascisme, dont l'antilepénisme ordinaire est, en France, la principale figure. Dans mes analyses des amalgames polémiques en politique, je distingue quatre principes de réduction de l'adversaire qu'il s'agit de transformer en ennemi répulsif, méprisable ou haïssable, à exclure ou à neutraliser: le diabolique (ou le démoniaque), le bestial, le criminel et le pathologique. D'où autant de manières de dénoncer les figures du Mal politique: diabolisation, bestialisation, criminalisation et pathologisation. Dans le discours antilepéniste «classique», on retrouve, diversement combinées, ces quatre stratégies de délégitimation. Mais ce discours, adapté à la personnalité de Jean-Marie Le Pen dont il caricature certains traits de caractère ou de comportement, s'est avéré moins crédible face à celle de Marine Le Pen. C'est ce qui explique en partie la relative et récente normalisation du FN. Celle-ci illustre la perte d'efficacité symbolique de la rhétorique néo-antifasciste en France, en même temps qu'elle nous rappelle l'importance de la personnalité des leaders politiques imaginée à travers leur visibilité médiatique.

L' «antilepénisme ordinaire» a-t-il fonctionné contre le Front national comme l'espéraient ses initiateurs?

Fondé sur la diabolisation et l'appel au front républicain, conformément à la tradition antifasciste, l'antilepénisme standard, s'il a pu contenir provisoirement le FN en l'empêchant de conclure des alliances avec les partis de droite, a engendré nombre d'effets pervers dont témoigne son actuel dynamisme. C'est par la diabolisation de Jean-Marie Le Pen que ce dernier est devenu célèbre et que le FN est sorti de la marginalité. Ce maître de la provocation qu'est Le Pen a su prendre la posture du diabolisé, la mettre en scène comme une injustice ou une forme de persécution, attirer ainsi la compassion ou la sympathie, et finir par retourner l'attaque en composante de son charisme. Les antilepénistes n'avaient pas prévu que leur cible principale pourrait se présenter glorieusement comme une victime injustement accusée et comme un héros, un «résistant», voire comme un héritier de la «Résistance», face aux nouveaux ennemis supposés de la France. En outre, l'antilepénisme diabolisateur a eu pour effet d'installer le FN au centre de la vie politique française, de fixer l'attention inquiète de tous les acteurs politiques sur son évolution à travers les élections et les sondages. Depuis la fin des années 1980, la France politique a semblé vivre à l'heure du FN.

Répéter un slogan aussi dérisoire que «F comme fasciste, N comme nazi», totalement décalé par rapport à la réalité du mouvement lepéniste, c'était courir à l'échec: un tel excès dans l'accusation a rendu celle-ci insignifiante. Et ce, d'autant plus que l'image de Marine Le Pen s'est montrée imperméable à ces attaques hyperboliques. Le FN a fini par retourner à son profit la stigmatisation: la victime présumée du «Système» s'est posée en alternative globale à ce dernier, et ce, d'une façon crédible pour une importante partie de l'opinion. Bref, la propagande antilepéniste, qui se proposait de faire disparaître le FN de l'espace politique français ou de le marginaliser fortement, aura globalement joué le rôle d'un puissant facteur de la montée du FN. Paradoxe comique pour les uns, tragique pour les autres.

 

Votre livre n'arrive-t-il pas trop tard, après que la stratégie de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen après 2002 a porté ses fruits? (34% des Français déclarent adhérer aux valeurs du Front national). L'antifascisme que vous décrivez n'est-il pas une attitude médiatique résiduelle?

Je ne le crois pas. D'une part, la normalisation du FN est loin d'être achevée: la figure de Marine Le Pen reste fortement rejetée, dès lors qu'elle ne symbolise plus seulement une opposition radicale au pouvoir socialiste. D'autre part, faute d'imagination, la gauche et l'extrême gauche sont vouées à répéter pieusement, d'une façon commémorative, les rites de conjuration du Mal politique. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, un discours de propagande ne disparaît pas pour la seule raison qu'il est devenu inefficace. Car il peut faire tradition, comme c'est le cas pour le discours antifasciste, dont les versions successives constituent autant de recyclages. La tradition, c'est ce qui se répète, en rassemblant et rassurant une communauté de croyants ou de militants. En outre, la relative normalisation du FN n'est pas le simple effet de la décision prise par Marine Le Pen, reprenant sur ce point le projet défini par Bruno Mégret dans les années 1990, de «dédiaboliser» le FN. On ne se «dédiabolise» pas à volonté: de multiples facteurs sont en jeu dans l'affaire, qui ne dépendent pas seulement des désirs de tel ou tel leader, aussi bon stratège idéologique soit-il. Le retrait progressif de Jean-Marie Le Pen est simplement dû à l'âge avancé du personnage provocateur. Il a provoqué un appel d'air pour le parti qu'il plombait. Le renouvellement et le rajeunissement des cadres, des adhérents et des sympathisants du FN, à l'image de Marine, ont joué un rôle majeur. Quant au contexte des années 2000, de la prise de conscience de la menace islamiste à la perte de confiance dans les élites nationales européistes, en passant par l'expérience inquiétante de la crise financière de 2008, qui a favorisé le retour de l'anticapitalisme et la diffusion des idées protectionnistes, il a globalement profité au nouveau FN. Dos au mur, les ennemis du FN continuent de lancer leurs anathèmes et de proférer leurs injures ou leurs imprécations rituelles (le FN «fasciste», «d'extrême droite», «raciste», etc.), rêvant toujours de faire interdire le parti qu'ils prétendent, depuis trente ans, éliminer de l'espace politique. Ils ne veulent pas discuter, critiquer, argumenter, ils rêvent de brûler les nouveaux hérétiques. À la force du préjugé s'ajoute celle de l'habitude, qui, chez les âmes mortes, est l'unique principe d'action. Une âme morte, disait Péguy, est une «âme extrêmement habituée».

N'y a t-il pas derrière ce discours angélique de l'antilepénisme primaire une stratégie plus cynique consistant faire monter le FN pour diviser la droite et affaiblir la droite traditionnelle?

C'est en effet l'une des hypothèses que je retiens. Contrairement aux apparences, le néo-antifascisme ne se réduit pas à une posture morale inefficace censée être honorable, il constitue une stratégie politique. L'un des objectifs du néo-antifascisme instrumentalisé par la gauche, c'est de restructurer l'espace politique autour d'un affrontement entre le PS et le FN, ce qui suppose un FN fort et une UMP affaiblie. Il s'agit donc de favoriser par divers moyens le dynamisme du FN tout en provoquant l'explosion de l'UMP, minée par ses divisions idéologiques et la rivalité de ses dirigeants. L'objectif est de faire disparaître la droite libérale comme force politique concurrente du PS. Il avait été formulé à la fin des années 1980 par les antiracistes mitterrandiens: faire qu'il n'y ait «rien entre le FN et nous». Ce qui supposait un double processus: le ralliement d'une grande partie de la droite (une fois en miettes) à l'extrême droite, et la redéfinition de l'extrême droite forte comme représentant la (nouvelle) droite. C'est la raison pour laquelle les stratèges machiavéliens du PS, formés à l'école mitterrandienne, ne s'émeuvent guère de la «montée du FN», ni de l'échec de la diabolisation qu'ils ont privilégiée en tant que stratégie anti-FN, et qui a contribué à ladite «montée». Ils savent que le seul moyen de gagner l'élection présidentielle de 2017, malgré l'impopularité de la gauche au pouvoir, c'est de faire précisément «monter» le FN pour provoquer l'élimination au premier tour du principal candidat de droite libérale, avant de l'emporter face à une Marine Le Pen jugée incapable de rassembler suffisamment, et rejouant ainsi malgré elle, mutatis mutandis, le rôle de son père en avril 2002. Le «front républicain», en tant que front du refus coalisant toutes les forces rejetant absolument le FN, ne peut vraiment fonctionner qu'au deuxième tour d'une élection présidentielle.

Les machiavéliens de gauche, lucides et cyniques, qui misent sur le renforcement du FN, savent qu'il suffit pour cela de le combattre d'une façon magique en suivant la stratégie diabolisatrice qui l'a rendu attractif. À cet égard, on notera que le PS et le FN ont des objectifs convergents, à commencer par l'éclatement de l'UMP, suivi par le ralliement d'une partie des cadres et des adhérents à gauche ou au centre, et d'une autre partie au FN. Le nouveau bipartisme opposerait une droite nationale à une gauche européiste.

«Totalement dédiabolisé, le FN perdrait une grande partie de son attractivité», écrivez-vous. Pourquoi le «diable» attire-t-il tant en politique?

Dans le charisme politique, il y a nécessairement une dimension démoniaque, perçue autant par les admirateurs du chef charismatique que par ses ennemis. Les grands démagogues et les pires dictateurs sont dotés d'un fort charisme. Ils sont porteurs d'une promesse de rupture salvatrice et de changement bénéfique. Ils sont perçus dans l'ambivalence: on attend d'eux de grandes choses, car ils promettent que l'impossible est désormais possible, et la déception qu'ils finissent par provoquer est d'autant plus profonde. L'admiration amoureuse se retourne souvent en haine et en ressentiment. Or, le propre du FN comme entreprise politique familiale, c'est qu'il existe en raison du charisme de ses dirigeants, Le Pen père ou Le Pen fille. Ils ne sont pas jugés sur leur action politique ou leur gestion des affaires publiques, mais sur leur discours de combat, leurs intentions affichées, leurs promesses alléchantes et tranchantes. Qui ne reconnaît les multiples menaces pesant sur la société française? Qui n'est pas d'accord avec le projet de «sauver la France»? Mais, pour séduire, il faut présenter un visage qui se distingue fortement de la masse grégaire des acteurs politiques formatés. La mal-pensance affichée des leaders du FN fait partie de leur prestige ou de leur capital symbolique, elle les distingue des autres leaders politiques. Sans écart socialement visible et régulièrement affirmé par rapport à la norme idéologique et politique, sans sa dimension «luciférienne», le FN ne pourrait exercer la moindre séduction. Il lui faut faire peur à certains pour attirer les autres. Donc alimenter en permanence une réputation de non-conformisme. Il y a là une stratégie d'auto-stigmatisation ou d'auto-diabolisation plus ou moins contrôlée (d'où ce qu'il est convenu d'appeler les «dérapages», inévitables). Les démagogues à l'eau de rose, ou couleur rose bonbon, sont dénués d'attrait. Ils ne produisent ni amour, ni haine. Après leur petite heure de célébrité médiatique, ils disparaissent rapidement dans le trou noir de leur affligeante normalité.

Vous dénoncez dans votre livre la dissymétrie entre une «extrême droite» diabolisée et une extrême gauche pardonnée de ses excès. D'où vient ce «deux poids deux mesures»?

C'est là un héritage de l'antifascisme soviétique, dont les idéologues et propagandistes, depuis les années 1950, n'ont cessé de marginaliser ou de calomnier en France la position antitotalitaire ou anti-extrémiste pour camoufler la criminalité du communisme, et permettre à la gauche de se «ressourcer» régulièrement en revenant à Marx ou à tel ou tel théoricien révolutionnaire et anticapitaliste (Lénine, Trotski, Gramsci, etc.). Il importe à une partie de la gauche de laisser ouverte la voie d'un retour éventuel à l'idée communiste, donc de ne pas diaboliser le communisme, en dépit de ses crimes, comme elle diabolise le fascisme, et plus particulièrement le nazisme. Cette gauche nostalgique suppose que l'idée ou l'utopie communiste est bonne en elle-même, et que seules ses réalisations historiques ont échoué. Alors qu'elle postule que le nazisme est en lui-même un mal, qu'il incarne même le Mal absolu. Ce traitement asymétrique est caractéristique de l'antifascisme dans toutes ses variantes, et nous rappelle que, comme l'avait bien vu George Orwell, la gauche est antifasciste mais non antitotalitaire. J'ajouterai qu'elle voit le «fascisme» là où il n'est pas (Raymond Aron et le général de Gaulle ont été traités de «fascistes»), et que, simultanément, elle ne voit pas le fascisme où il est, par exemple dans le chavisme tant admiré par Jean-Luc Mélenchon. Une admiration partagée par le polémiste Alain Soral qui se définit lui-même, pas seulement par provocation, comme «national-socialiste».

«Nous vivons dans un univers de spectres, où aux fascismes imaginaires font écho des antifascismes imaginaires d'aujourd'hui», écrivez-vous. Pourquoi l'antifascisme idéologique a-t-il survécu à la mort du fascisme politique alors que l'anticommunisme a, lui, disparu suite à l'effondrement du bloc soviétique?

L'antifascisme imaginaire, ou si l'on préfère l'imaginaire antifasciste, dont la diabolisation du fait national est aujourd'hui la principale illustration, c'est ce qui reste du communisme dans les esprits. L'antinationalisme est progressivement devenu la principale reformulation du vieil antifascisme. Mais les antinationalistes en sont venus à diaboliser la nation comme telle. C'est ce que j'ai appelé naguère, au début des années 1990, l'«antinationisme», qui s'est transformé en idéologie dominante dans les milieux européistes. La projection sur la nation de tous les traits répulsifs du «fascisme» en est le principe moteur. Dans la rhétorique de combat centrée sur la dénonciation des «eurosceptiques» ou des «europhobes», c'est bien le sentiment national qui est incriminé, au point d'être criminalisé. De la même manière, la reformulation antiraciste de l'antifascisme, qui se traduit principalement par la célébration de l'immigration comme méthode de salut, est centrée sur la diabolisation de la nation comme identité collective et souveraineté. Comme l'existence même des frontières nationales, la distinction simple entre nationaux et étrangers est considérée par les «antinationistes» comme un scandale. Pour ces nouveaux utopistes, il faut que disparaissent les États-nations pour que l'humanité s'unifie à travers la multiplication des processus migratoires sans contrôles ni limites. Leur rêve est d'instaurer une démocratie cosmopolite, dans un espace post-national qu'ils s'efforcent de construire en délégitimant le sentiment national tout en érigeant l'immigration de masse en fatalité et en phénomène intrinsèquement bon ou bénéfique.

Il faut relever ce grand paradoxe: alors que jamais, depuis 1945, le nationalisme ne s'est mieux porté en Europe, la diabolisation du nationalisme et du sentiment national est devenue la posture idéologique dominante dans le monde des élites. Si un fait observable prouve la coupure entre les peuples et les élites, entre les «localisés» d'en bas et les «mondialisés» d'en haut, entre les «enracinés» et les «nomades», c'est bien celui-là. La diabolisation néo-antifasciste de la nation est contre-productive à l'heure où l'Union européenne ne fait plus rêver la majorité des Français, qui doutent majoritairement des vertus de l'euro.

Un autre paradoxe saute aux yeux, et fait sourire. Chassé par la porte au nom de la morale, le nationalisme revient par la fenêtre au nom du réalisme politique. Dans leurs attaques contre le FN, les antinationalistes déclarés prétendent monopoliser l'attachement patriotique et incarner les «valeurs de la France». Ils retournent ainsi la chimère de «l'anti-France» contre les nationalistes français qui l'avaient beaucoup utilisée. Le sentiment national supposé honteux quand il est attribué au FN se transforme soudainement en une légitime fierté d'être français, claironnée par les dénonciateurs occasionnels de «l'anti-France» nouvelle à visage lepéniste. On ne compte plus les leaders politiques et les intellectuels s'indignant publiquement de l'existence d'une «extrême droite» qui, selon eux, véhicule des idées qui «ne sont pas les valeurs de la France». Et qui ne craignent pas de dénoncer avec vigueur le «Front anti-national». Bref, on rejoue l'opposition mythique entre les deux France, la bonne (ici l'anti-lepéniste) et la mauvaise (ici la «lepénisée»). À travers ce retour du réprimé national après transvaluation intéressée, le nationalisme se venge. Non sans ironie objective.

Vous dites que le FN n'est plus d'extrême droite. Doit-on se débarrasser définitivement de la catégorie «extrême droite» dans l'analyse politique?

Je suis plus nuancé. Et aussi trop peu naïf pour croire qu'on puisse se passer, selon notre bon plaisir d'intellectuels critiques, des idées reçues, des habitudes de pensée et des stéréotypes sans lesquels la communication politique serait impossible. Je montre d'abord que l'expression «extrême droite» fonctionne comme une étiquette polémique, destinée à disqualifier un adversaire, et qu'elle enveloppe une notion confuse. Elle n'est pas le produit de la conceptualisation rigoureuse d'un phénomène politique bien identifié, mais une expression douteuse reçue en héritage et reprise sans examen critique. À l'analyse, on se rend vite compte qu'elle fonctionne comme un quasi-synonyme de «fascisme», avec la suggestion trompeuse que le fascisme serait intrinsèquement de droite ou essentiellement situé à droite, ou, selon le cliché actuellement en vogue, «à droite de la droite». La pensée paresseuse consiste à qualifier de «fascistes» ceux qu'on perçoit comme des ennemis: les nationalistes pour les antinationalistes, les islamistes pour les anti-islamistes, etc. Le mot est mis à toutes les sauces, et il n'éclaire en rien les phénomènes qu'on veut avant tout stigmatiser. C'est là faire l'économie d'un travail intellectuel difficile sur les catégorisations historiques et politiques, impliquant de se passer des outils ordinaires du discours polémique. Car il n'est pas question de jeter aux orties le mot «fascisme», en raison de ses mauvais usages. Il s'agit de le définir de la façon la plus rigoureuse, en sachant qu'on ne peut satisfaire tous les spécialistes, ni bien sûr les «antifascistes» (qui, eux, croient tout savoir sur la question). Disons, pour aller vite, et en privilégiant les critères doctrinaux, qu'il s'agit d'un nationalisme d'orientation révolutionnaire, anti-libéral, autoritaire et étatiste (ou dirigiste), prônant un socialisme dans les limites de la nation, à tendance totalitaire, et susceptible de prendre des formes historiques diverses. Le situer «à droite» ne permet pas de mieux identifier ou expliquer le phénomène fasciste, bien au contraire. Ce dernier apparaît plutôt comme un produit pathologique dérivé de la gauche révolutionnaire, lorsqu'elle épouse les passions nationalistes. C'est en tout cas ce que suggère la trajectoire intellectuelle et politique de Mussolini. Ce qui est sûr, c'est que, dans l'expression «extrême droite», le qualificatif «extrême» est dénué d'une signification claire et invariable. Il s'agit d'une image interprétable de diverses manières. Cela suffit à rendre son emploi douteux, source d'équivoques. L'appartenance supposée de «l'extrême droite» à la droite est à la fois une idée reçue et une idée fausse.

Comment qualifier désormais le parti de Marine Le Pen?

Il s'agit toujours d'un parti nationaliste, à la fois souverainiste et identitaire, donc anti-européiste, «antimondialiste» et anti-immigration, dont le leader se caractérise par son style populiste, jumelant l'appel au peuple, le culte du peuple et le rejet des élites en place. En 1984, j'ai proposé de le catégoriser comme «national-populiste», et je pense que cette catégorisation est toujours la moins mauvaise. Mais il faut tenir compte de la grande transformation du programme de ce parti, dont le contenu idéologique a été modifié par intégration de thèmes ou d'orientations empruntés à la gauche républicaine (la laïcité par exemple) ou à l'extrême gauche anticapitaliste (la dénonciation du «néo-libéralisme»). Dans ces conditions, il faut reposer les questions simples, certes avec une feinte naïveté: pourquoi continuer à situer le FN «à droite»? En quoi peut-il être dit extrémiste? Qu'est-ce que l'extrémisme? Et qu'est-ce que «l'extrême droite»? Dans Du diable en politique, je m'efforce de répondre à ces questions que les leaders politiques et les commentateurs de la vie politique se gardent de poser. Ils savent obscurément qu'ils ne peuvent y répondre clairement et d'une seule voix.

Vous parlez d'un «parti de la peur». Mais à vous lire, jouer sur les peurs n'est pas le monopole du Front National...

La politique de la peur est la norme implicite régissant les affrontements politiques. Les peurs les plus contradictoires dominent le paysage politique, tandis qu'un sentiment polymorphe d'insécurité colore le champ de l'imaginaire social. C'est ainsi qu'à la peur d'une immigration de masse répond celle d'une xénophobie de masse. Mais c'est la peur de perdre quelque chose qui donne le ton. De l'identité nationale aux acquis sociaux. Par peur de sortir du jeu, les acteurs politiques font un usage démagogique des peurs plutôt que des rêves. Les uns jouent sur la peur de l'effondrement de l'euro, les autres sur la peur d'une sortie de l'euro, d'autres encore sur la peur des effets négatifs de l'euro. Comme la peur du «terrorisme» ou de la «finance», la peur de «l'extrême droite» ou de «l'extrémisme» est une passion alimentée, entretenue ou réveillée par ceux qui ont intérêt à l'exploiter. C'est ainsi que les Français apeurés sont traités par les nouveaux démagogues comme une masse de petits vieux jouisseurs, sans convictions ni projets, vulnérables, sans courage, tiraillés par des peurs contradictoires, oscillant entre une crédulité infantile et un scepticisme incapacitant. Le mépris du citoyen est l'effet immédiat de la corruption de la démocratie par des élites dirigeantes élues grâce à leurs talents démagogiques avant de gouverner en orchestrant un mélange de craintes et d'espoirs.

La diabolisation ne semble pas toucher uniquement le FN, mais quiconque «dérape» sur le chemin du politiquement correct. L'information continue semble accélérer la mécanique diabolisatrice et nous offrir chaque semaine un nouveau diable médiatique: un jour Zemmour, l'autre Finkielkraut, ou encore récemment le député Thierry Mariani… Selon vous, ce phénomène va-t-il s'amplifier?

Des années 1990 aux années 2010, le discours néo-antifasciste est passé de la dénonciation de la «lepénisation des esprits» à celle de la «droitisation» des élites intellectuelles et politiques, accusation vague permettant de discréditer n'importe quel adversaire ou rival. Le terrorisme intellectuel reste cependant l'apanage de la gauche et de l'extrême gauche, qui peuvent compter sur l'appui des «modérés» du centre et de la droite opportuniste. Plus l'espace des débats est dominé par le culte du consensus minimal sur le bon fonctionnement des institutions démocratiques et les bienfaits de l'Union européenne, et plus s'exacerbe le besoin de créer des distinctions, des oppositions, des alternatives. L'uniformisation idéologique est le bruit de fond sur lequel se détache la petite musique des mouvements souverainistes et identitaires, qui restent minoritaires. Mais les réactions des défenseurs de la Voie unique sont vives. La moindre réserve sur les positions politiquement correctes concernant l'Europe, l'immigration ou les minorités est perçue comme une opinion abjecte, voire un délit, qui suscite une indignation hyperbolique et, de plus ou plus souvent, des poursuites devant les tribunaux. Dans une France sous l'emprise des minorités sectaires et tyranniques qui imposent leurs valeurs et leurs normes, l'espace public s'empoisonne lentement. Les débats s'enlisent dans les échanges de clichés et de platitudes. L'auto-censure est de rigueur dans une société de surveillance réciproque. Les esprits libres se gardent de participer aux débats publics, abandonnant le terrain médiatique à de grotesques personnages incultes ou à demi cultivés, histrions littéraires, amuseurs engagés ou commissaires politiques qui n'existent que par l'insulte, l'indignation feinte, l'imprécation ou la provocation. J'oubliais les donneurs de leçons de tous âges. Quand des esprits libres prennent le risque de descendre dans l'arène, ils sont immanquablement voués à être dénoncés, calomniés, diffamés. La menace de diabolisation produit une intimidation telle qu'elle garantit la promotion de la médiocrité. Seuls des «experts» sans couleur ni odeur prolifèrent dans le paysage. C'est ainsi que s'accélère le déclin de la France intellectuelle.

À vous lire, on a parfois l'impression que vous voyez la vie politique comme un spectacle où des comédiens plus ou moins doués font carrière à coup de mensonges et de promesses intenables. Les leaders politiques ne sont-ils que des démagogues sans scrupules?

Si les démagogues sont nombreux, les médiocres sont encore plus nombreux, qu'ils soient démagogues ou non. Dans les démocraties modernes, les démagogues prennent souvent le visage de faux prophètes, annonçant de grands «changements» porteurs de promesses alléchantes. Comment peut-on ne pas se soucier de plaire lorsqu'on s'engage dans une compétition électorale? Il y a là une contrainte fonctionnelle: l'obligation de séduire pousse à trop promettre, à beaucoup mentir et à calomnier ses adversaires. Aujourd'hui, se nourrissant du désarroi et de l'anxiété suscités par la crise multidimensionnelle, de dérisoires prophètes de bonheur ou de malheur prolifèrent, dans tous les domaines, mais surtout en politique. La sagesse pratique consiste à se garder de les prendre au sérieux. Les plus dangereux sont les prophètes de bonheur, ces camelots qui, au nom du dieu «Progrès», vantent et vendent un quelconque avenir meilleur, alors que le piteux état du présent porte l'empreinte de leur impuissance ou de leur incompétence. Face aux marchands de mondes meilleurs («Demain, tout ira bien»), c'est avec l'ironie requise qu'il faut suivre l'injonction de l'évangéliste Matthieu (7.15-16), d'une éternelle actualité: «Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons?» Il faut donc juger les dirigeants sur les résultats de leur action politique, et non pas sur leur charme personnel, leurs intentions bonnes ou leurs projets séduisants.

Pierre-André Taguieff (FigaroVox, 23 mai 2014)