Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 18 février 2021

Quand le coronavirus ressuscite Foucault

michel-foucault-thierryehrmann.jpg

Quand le coronavirus ressuscite Foucault

Par Javier Barraycoa

(ex : postmodernia.com )

Être confiné chez soi, soumis à la pression du télétravail qui oblige à des autorégulations disciplinaires, ou à la séparation volontaire d'un mètre de ses semblables quand on sort faire ses courses dans des rues à moitié vides, ne peut que nous rappeler la pensée de Michel Foucault. Il fut l’auteur d'innombrables ouvrages consacrés à expliquer le passage des sociétés traditionnelles aux sociétés qui contrôlent, soit aux sociétés disciplinaires. Son oeuvre nous semble d'une actualité effrayante. Autant on voudrait éviter les théories conspirationnistes sur l'apparition de ce nouveau coronavirus, autant un frisson nous parcourt la colonne vertébrale, lorsque nous voyons comment, en quelques jours, au prix d'une pandémie, les "plaques tectoniques" de la géopolitique se déplacent à la vitesse de l'éclair. Mais il vaut peut-être mieux laisser cela pour une autre fois.

foucalt.jpg

Pour l'instant, nous ne reprendrons que quelques brèves réflexions de Foucault et nous verrons que son cadre théorique s'inscrit parfaitement dans la situation que nous vivons. Comme nous l'avons dit, la pensée de notre auteur a marqué une étape importante dans le changement de la vision que nous avons du pouvoir. La modernité du XVIIIe siècle avait développé un système de contrôle typique d'un état absolu, dont le référent était le panopticon : une structure spatiale qui permettait aux surveillants de surveiller sans être vu par les contrôlés. Le mécanisme, conçu par Bentham, pouvait être utilisé pour contrôler une prison ainsi bien qu'une usine. L'œil qui voit tout était une représentation de la déification de l'État.

Cependant, au XIXe siècle, ce pouvoir souverain est devenu obsolète en soi et a dû se développer, et concurrencer les nouvelles formes de contrôle social. Ce fut l'émergence de sociétés disciplinaires, où les dispositions spatiales et le contrôle jouent à nouveau un rôle fondamental. Mais cette fois, ce n'est pas une idéologie de l'État souverain qui légitime le pouvoir, mais des ‘’micro-idéologies’’ (des "savoirs" selon Foucault) qui se superposent les unes aux autres, créant des "espaces" où le corps est discipliné. D'où ses analyses approfondies des hôpitaux, des écoles, des prisons, des asiles, en tant qu'"espaces" où s'applique la connaissance/pouvoir (une connaissance technologique du corps et de l'esprit), qui permet le développement de ce qu'il appelle les "technologies du soi", c'est-à-dire la construction de l'identité du soi par la connaissance scientifique ou les "savoirs" (essentiellement les idéologies) et l'acquisition de processus comportementaux prédéterminés.

cef59428aba40232b38c36a9589e1f7c.jpg

Foucault, dans la dernière phase de son travail intellectuel, a tenté de démontrer que la société disciplinaire qui avait été créée (les comportements actuels de consommation en seraient une expression de plus) ne remplaçait pas ou ne s'opposait pas au pouvoir souverain, mais plutôt le complétait. De ces frictions, une nouvelle modalité de pouvoir/discipline émergerait qui ne s'occuperait plus du contrôle disciplinaire des sujets, mais de celui des populations. Il a appelé ce fait l'apparition de la biopolitique, du biopouvoir. Avec ces termes, il a tenté d'expliquer le souci du pouvoir de contrôler la "population" (un concept qui correspond au sujet du biopouvoir). Pour l'État, il devient aussi important d'exercer imperceptiblement son pouvoir sur les sujets individuels par le développement de disciplines de maîtrise de soi, que de contrôler un sujet - pris dans son ensemble - qui est la population. D'où la préoccupation des États pour la maîtrise des naissances, de l'espérance de vie, de l'accroissement de la population, de son vieillissement, en bref de ses paramètres en tant qu'être vivant.

Le génie de Foucault réside peut-être dans la description de la disjonction entre le pouvoir souverain, les techniques disciplinaires et le biopouvoir. Cette inévitable discordance entre les différentes formes d'exercice du pouvoir, serait résolue de la manière la plus surprenante et la plus actuelle. Le déclencheur de tout cela serait la sécularisation de la modernité. Dans une société où le transcendant est présent, le pouvoir - d'une certaine manière - n'a pas de limites ni de discontinuités. Mourir signifie passer de la soumission à l'État souverain à la juridiction d'un Dieu souverain. Par conséquent, en présence du pouvoir, elle était maintenue (même si elle était dans l'imaginaire particulier) au-delà de la mort. Mais la sécularisation et l'immanentisation de la vie mettent une limite au pouvoir. Il ne peut être exercé qu'en temps historique. Ceci, selon un Foucault, philosophe clairvoyant, obligerait à une resacralisation du pouvoir temporel. Mais il est difficile, voire impossible, de le rendre explicite dans une société moderne ou contemporaine.

photomichelfoucault.pngLe besoin de resacralisation et d'une charnière pour s'adapter aux trois formes de pouvoir que nous avons exposées, se résout avec la "sacralisation" d'une des disciplines développées dans la modernité : la clinique. Foucault voit dans la médicalisation de la société (omniprésence des thérapies, des protocoles médicaux, présomption que nous sommes tous malades et avons besoin d'être soignés), dans la légitimité auto-accordée de l'État à contrôler cette thérapeutique et dans les mécanismes de contrôle de la population, la survie du pouvoir. Dans la modernité, l'État ne se préoccupe pas des personnes, il se préoccupe des statistiques. C'est pourquoi, une fois l'exercice des modalités du pouvoir dans l'au-delà rendu impossible, l'État - affirme Foucault - ne se préoccupe pas de la mort, mais de la mortalité.

Nous ne pouvons pas oublier comment les premières études de notre philosophe sur le biopouvoir ont cherché leurs fondements dans le contrôle des espaces dans les villes face aux épidémies. Les grandes épidémies ont conduit à recréer l'espace des villes (en créant des rues plus larges, en éliminant les quartiers fermés, ...) qui à leur tour ont permis un meilleur contrôle policier et politique. Aujourd'hui, en ces temps d'épidémie globale/locale, même si nous sommes dirigés par un gouvernement plus que maladroit, on ne peut s'empêcher de remarquer comment les observations du penseur français se concrétisent. Nous avons des gouvernements qui ne se soucient pas des morts (parce qu'ils sont condamnés à mourir en isolement), mais des statistiques quotidiennes de mortalité et d'infections. Presque automatiquement, bien que paresseusement, les mécanismes de contrôle spatial ont déjà été mis en route, retournant à la réclusion déguisée en auto-confinement volontaire. Le pouvoir, à travers ses médias, nous aide dans le contrôle de l'autodiscipline dans nos maisons ou dans les protocoles de déplacement. Et tout cela avec la conviction que le pouvoir est le garant de notre salut.

Si Foucault devait être ressuscité, il sourirait probablement et se tairait.

https://grupominerva.com.ar

imaMF.jpg

vendredi, 19 juin 2020

Panoptic Power & the Surveillance State

DL_PresidioModeloCorner.jpg

Panoptic Power & the Surveillance State

A new mode of obtaining power of mind over mind, in quantity hitherto without example.

— Jeremy Bentham (1748-1832)

The panopticon rotunda prison designed by the 18th-century utilitarian English philosopher Jeremy Bentham ostensibly allows a single security guard to observe the prison’s inmates without them being able to tell if they are being watched. This causes them to regulate their own behavior out of simple fear. In a metaphorical sense, this panopticon has already been constructed and is now fully operational.

It is currently most fully manifest in the insidious social conditioning termed “political correctness,” but was originally conceived at a time of rapid industrialization, when Bentham believed the principles set out for his humane prisons could be applied to factories, hospitals, and schools. The idealist naively foresaw the societal adoption and application of the architect Willey Reveley’s designs for a secure holding center as the physical embodiment of his duty-and-interest junction principle. This would, in effect, facilitate public transparency, as the jailers would simultaneously be observable to the wider community and therefore solve the age-old problem of “who guards the guards?”

An interesting idea, but one that totally underestimates the coercive power of human agency and the propensity for elites to want to control the herd’s sensibilities. Conservative historian Shirley Robin Letwin, as long ago as 1965, traced the socialist Fabian movement’s enthusiasm for social planning back to the early utilitarian thinkers and described Bentham’s panopticon notions as “monstrous” and “overlooking the dangers of unrestrained power.” More libertarian types identified in Bentham’s “ardor for reform” the seeds of totalitarianism.

These threats were fully explained in books; by the American Gertrude Himmelfarb’s The Haunted House of Jeremy Bentham (1965), and David John Manning’s The Mind of Jeremy Bentham (1986). Both argued that Bentham’s fear of communal instability led to him advancing theories of social engineering that would inevitably result in negative impacts, particularly in areas such as personal privacy, and would further erode any sympathy or tolerance that might already exist for people who deviated from the societal norms upon which the power of the elites rested.

Michel Foucault touched on this in his work Discipline and Punish (1975), which focused on “corrective technology,” and in his subsequent work The Eye of Power (1980) which emphasizes the fact that Panopticism is “a mechanism that automatizes and disindividualizes power so as to establish permanent surveillance and assure automatic functioning of power.” French psychoanalyst, Jacque-Alain Miller saw, like Foucault, in the panopticon concept a “mechanism of power and a diagram of political technology”; and the sociologist Henri Lefebvre, who like Dutchman Marc Schuilenburg, a lecturer and author of books like Mediapolis (2006) and The Securitization of Society (2015), believes that “spatiality” is in fact a social phenomenon and points to a “different self-consciousness arising among humans who live in an urban area.”

1 JOL9tm6YznNl6ZVAnGXCbQ.jpeg

A rich seam, then, for writers of fiction to mine for their visions of a dystopian future! David Lyon, author of The Electronic Eye (1994) fully grasps this when he concludes:

No single metaphor or model is adequate to the task of summing up what is central to contemporary surveillance, but important clues are available in Orwell’s Nineteen-Eighty-Four and in Bentham’s panopticon.

These fears surface time and time again in the fictional writings like that of Yevgeny Zamyatin, whose novel We (1920) inspired Orwell; Sauron’s All-Seeing Eye, peering out from the Dark Tower of Barad-Dur in Tolkien’s Lord of the Rings; Gabriel Marcia Marques’s Chronicle of a Death Foretold (1981); and Angela Carter’s Nights at the Circus (1984). Take fiction alongside Gilles Deleuze’s non-fictional essay Postscript on the Societies of Control (1990), where he argues that the “towering enclosures” envisaged by Bentham have been superseded by the rapid advances in technology and behavioral training such as the modern incarnation of political correctness. This means that people are self-censoring, even while accessing “mostly” controlled news narratives — perfectly exemplified by the case of George Floyd and the “mostly peaceful” Black Lives Matter protests, while the counter-protests that followed the vandals tearing down statues in London were described as “unacceptable right-wing thuggery” by the MSM. It’s as Thomas Mathiesen, a Norwegian professor of criminology in Oslo says: “the majority watch the few” and “mass media has thus turned the discipline society into a viewer society.”

This brings to mind the satirical science fiction movie The Truman Show (1998) and thoughts of the Omnicam Ecosphere, which in some ways preempted reality TV shows like Endemol Entertainment’s Big Brother. Derrick Jensen and George Draffan, co-authors of Welcome to the Machine: Science, Surveillance, and the Culture of Control (2004) named Bentham as one of the “earliest pioneers of modern surveillance.” Simone Brown’s Dark Matters: On the Surveillance of Blackness (2015), although giving preeminence to the fact that Bentham was traveling aboard a slaving ship even as he drafted his papers on panopticon, nevertheless makes a valuable point when she proposes that society is ruled by an exceptionalism of power; the constant state of emergency becomes permanent, and certain groups are excluded on the basis of their predicted future behavior through a profiling system adopted by those in authority.

How might we be profiled? By the CCTV on our streets, in our city centers, and following our every step in shopping malls all across the country. The advent of such technology provides an “electronic panopticon,” according to Nicholas Fyfe and Jon Bannister’s academic paper Fear and the City in the journal of Urban Studies (2001). Shoshana Zuboff uses the metaphor of the panopticon in her book In the Age of the Smart Machine to describe how employees are monitored by their employers. Phil Taylor and Peter Bain add their concerns about people being forced into unrewarding service industry call-centers in their book Entrapped by the electronic panopticon?  (2000), and Roger Clarke expresses the notion of social media’s capacity to conduct “dataveillance.” Mark Poster, a professor in Media and Film Studies at the University of Irvine in the US first coined the expression “superpanopticon” in his book The Mode of Information (1990), and sociologist Christian Fuchs points out the massive corporate surveillance conducted by socio-technical platforms like Mark Zuckerberg’s Facebook.

0c834c_7ddb15eedd3f4796b3aa4e094ae034b4~mv2.jpg

These incredibly powerful billionaire entities — including Jeff Bezos’s Amazon, et al — are mostly owned or controlled by people who share the same tribal origin. Their reach transcends national and cultural boundaries, and their company mission statements espouse values that are totally and unapologetically inimical to white well-being. They remind me of Patrick Curry, who says in his book Defending Middle-Earth (2004): “Sauron’s desire is one empire, ruled by one logic in accordance with one will.”

The elite’s clear ambition is to establish what Foucault describes as institutional forms of standardization, a sort of universal hegemonic power; under the economically applied methodology of Panopticism, it will further nourish capitalism’s need for communal subjection, easy access to cheap manpower, and all-pervasive technology. C.S. Lewis foresaw such a thing when he described in his science-fiction novel, That Hideous Strength (1945), a modern-machine centered attitude, or technocracy, seeking to control and possess nature, which in turn destroys our very humanity.

George Orwell reviewed Strength in the Manchester Evening News some two years before publishing the epic Nineteen Eighty-Four, writing: “Plenty of people in our age do entertain the monstrous dreams of power that Mr. Lewis attributes to his characters, and we are within sight of the time when such dreams will be realizable.”

10:24 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, surveillance, panoptique, panopticon | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 01 octobre 2016

Vers un art de l'hypercontrole - Avec Bernard Stiegler

bernard-stiegler.jpg

Vers un art de l'hypercontrole

Avec Bernard Stiegler

Bernard Stiegler développe l’idée que nous sommes entrés dans l’époque de l’hypercontrôle, rendue possible par les technologies numériques, les systèmes de big data, de traces et autres automatismes, omniprésents dans les développements et applications technologiques "hyperindustriels".


Dispositifs qui nous suivent autant qu’ils nous guident dans nos comportements, et qui constituent selon lui un processus de désintégration sociale.


Selon un fil historique et conceptuel, nous serons amenés à comprendre les éléments du contrôle et de la surveillance : tels qu’ils ont été pensés et utilisés depuis William Burroughs, l’écrivain américain chez qui Gilles Deleuze avait trouvé la récurrence du terme de contrôle, et à partir duquel il conceptualisa la formule de "société de contrôle", cela en passant par les écrits de Foucault et sa description des dispositifs de surveillance. Bernard Stiegler décrira les "sociétés de l’hypercontrôle" et l’automatisation généralisée, tout en posant le défi d’un "art de l’hypercontrôle" comme thérapeutique, ou "pharmacologie positive".

samedi, 29 novembre 2014

Neoliberal Violence in the Age of Orwellian Nightmares

orn2.jpg

The Struggle Against Dystopia

Neoliberal Violence in the Age of Orwellian Nightmares

by HENRY A. GIROUX
Ex: http://www.counterpunch.org

The shadow of Orwell’s nightmarish vision of a totalitarian society with its all-embracing reach of surveillance and repression now works its way through American politics like a lethal virus. Orwell’s dystopian apparition of a totalitarian society with its all-embracing reach of surveillance and repression has come to fruition, reshaping the American body politic in the guise of a poorly orchestrated Reality TV show. As Orwell rightly predicted, one of the more significant characteristics of an authoritarian society is its willingness to distort the truth while simultaneously suppressing dissent. But Orwell was only partly right. Today, rather than just agressively instill a sense of fear, dread and isolation, contemporary totalitarian commitment also wins over large number of individuals through appeals to our most debased instincts projected on to hapless others. Our lurid fascination with others’ humiliation and pain is often disguised even to ourselves as entertainment and humor, if perhaps admittedly a little perverse. Under the new authoritarianism fear mixes with the endless production of neoliberal commonsense and a deadening coma-inducing form of celebrity culture. Huxley’s Soma now joins hands with Orwell’s surveillance state.

State terrorism works best when it masks the effects of its power while aggressively producing neoliberal commonsense through diverse cultural apparatuses in order to normalize the values and conditions that legitimate its reign of terror. For instance, Umberto Eco argues that one element of authoritarianism is the rise of an Orwellian version of newspeak, or what he labels as the language of “eternal fascism,” whose purpose is to produce  “an impoverished vocabulary, and an elementary syntax [whose consequence is] to limit the instruments for complex and critical reasoning.”   Dwight Macdonald, writing in the aftermath of World War II and the horrors of the Nazi Holocaust, argues that as more and more people are excluded from the experience of political agency and exhibit “less and less control over the policies” of their governments, ethics is reduced to the status of mere platitudes and politics becomes banal.  What has become clear to many Americans is that the electoral system is bankrupt. As the political process becomes more privatized, outsourced, and overrun with money from corporations and billionaires, a wounded republic is on its death bed, gasping for life.   In addition, as the state becomes more tightly controlled, organized, and rationalized by the financial elite, politics and morality are deprived of any substance and relevance, thus making it difficult for people to either care about the obligations of critical citizenship or to participate in the broader landscape of politics and power. Far easier to wax ironic or cynical.

For Orwell, the state was organized through traditional forms of authoritarian political power. What Orwell could not have imagined was the reconfiguration of the state under a form of corporate sovereignty in which corporations, the financial elite, and the ultra-rich completely controlled the state and its modes of governance. Hyper-capitalism was no longer merely protected by the state, it has become the state. As is well known, the fossil fuel companies, megabanks, and defense industries such as Boeing, General dynamics Northrop Grumman, and Lockheed Martin now control the major seats of political power and the commanding institutions necessary to insure that the deeply anti-democratic state rule in the interests of the few while exploiting and repressing the many. This was recently made clear by a Princeton University scientific study that analyzed policies passed by the U.S. government from 1981 to 2002 and discovered that vast majority of such policies had nothing to do with the needs and voiced interests of the American people. As the authors pointed out, “the preferences of the average American appear to have only a minuscule, near-zero, statistically non-significant impact upon public policy.”[1] Put bluntly, the study made clear that the opinions of the public per se simply do not count. The study concluded that rather than being a democracy the United States had become an oligarchy where power is effectively wielded by “the rich, the well connected and the politically powerful, as well as particularly well placed individuals in institutions like banking and finance or the military.”[2]

As a result of this mode of governance, individual and social agency are in crisis and are disappearing in a society in which 99 percent of the public, especially young people and minorities of class and color are considered disposable. At a time when politics is nation-based and power is global, the rulers of the Orwellian state no longer care about the social contract and make no compromises in their ruthless pursuits of power and profits. The social contract, especially in the United States, is on life support as social provisions are cut, pensions are decimated, and the certainty of a once secure job disappears. The new free-floating global elite are unrestrained by the old rules of politics and not only refuse to make any political concessions, they also no longer believe in long-term social investments and are more than willing to condemn those populations now considered disposable to a savage form of casino capitalism.

Isolation, privatization, and the cold logic of a mad version of neoliberal rationality have created new social formations and a social order in which it becomes difficult to form communal bonds, deep connections, a sense of intimacy, and long term commitments. In the manner of Huxley’s cautionary forewarning, people now participate willingly in their own oppression. Neoliberalism has created a society of ruling brutes for whom pain and suffering are now viewed as entertainment, warfare a permanent state of existence, and militarism as the most powerful force shaping masculinity. Politics has taken an exit from ethics and thus the issue of [3]social costs is divorced from any form of intervention in the world. This is the ideological script of political zombies who, as Alain Badiou points out, now control a lifeless version of democracy. Atomization, emotional self-management, and the ideology of self-interests are the curse of both neoliberal societies and democracy itself. Terror now takes the form of the atomization of individual agency and the politics of a moral coma.[4] Poverty, joblessness, low wage work, and the threat of state sanctioned violence produce among many Americans the ongoing fear of a life of perpetual misery and an ongoing struggle simply to survive. Collective paralysis now governs American society, reinforced by a fixed hedonism. Risk taking is individualized through a shameless appeal to resilience.[5] Insecurity coupled with a climate of fear and surveillance dampens dissent and promotes a kind of ethical tranquilization fed daily by the mobilization of endless moral panics, whether they reference immigrants allegedly storming American borders or foreign terrorists blowing up shopping centers. Such conditions more often than not produce withdrawal, insecurity, paranoia, and cynicism rather than rebellion among the American populace.

orn3.jpg

Americans now live under a form of casino capitalism that revels in deception, kills the radical imagination, depoliticizes the public, and promulgates what might be called an all-embracing punishing state. Idealism and hope for a better future has been replaced by a repressive disciplining machine and a surveillance state that turns every space into a war zone, criminalizes social problems, and legitimates state violence as the most important practice for addressing important social issues. The carceral state and the surveillance state now work together to trump security over freedom and justice while solidifying the rule of the financial elite and the reigning financial services such as banks, investment houses, and hedge funds, all of which profit from the expanding reach of the punishing state. Americans now live in what Robert Jay Lifton once described as a “death-saturated age”[6] as political authority and power have been transformed into a savage form of corporate governance and rule. The United States has moved from a market economy to a market society in which all vestiges of the public good and social contract are viewed with disdain and aggressively eliminated.

The basic elements of casino capitalism and its death wish for democracy are now well known: government should only exists to protect the ruling elite; self-interest is the only organizing principle of agency, risk is privatize; consumption is the only obligation of citizenship; sovereignty is market-driven; deregulation, privatization, and commodification are legitimate elements of the corporate state; market ideology is the template for governing all of social life, exchange values are the only values that matter, and the yardstick of profit is the only viable measure of the good life and advanced society. With the return of the new Gilded Age, not only are democratic values and social protections at risk, but the civic and formative cultures that make such values and protections central to democratic life are being eviscerated. At the heart of neoliberalism in its diverse forms is the common thread of breeding corporate and political monsters, widespread violence, the decimation of political life, and the withdrawal into private

We are witnessing the emergence of new forms of repression that echo the warnings of Aldous Huxley and reach deeply into the individual and collective psyches of the populace. Extending Huxley’s analysis, I want to argue that under regimes of neoliberalism, material violence is matched by symbolic violence through the proliferation of what I call disimagination machines. Borrowing from Georges Didi-Huberman’s use of the term, “disimagination machine,” I extend its meaning to refer to images, along with institutions, discourses, and other modes of representation that undermine the capacity of individuals to bear witness to a different and critical sense of remembering, agency, ethics, and collective resistance.[7] The “disimagination machine” is both a set of cultural apparatuses extending from schools and mainstream media to an idiotic celebrity culture and advertising apparatus that functions primarily to undermine the ability of individuals to think critically, imagine the unimaginable, and engage in thoughtful and critical dialogue. Put simply, to become critically informed citizens of the world.

Neoliberalism’s disimagination machines, extending from schools to print, audio, and screen cultures, are now used to serve the forces of ethical tranquilization as they produce and legitimate endless degrading and humiliating images of the poor, youthful protesters, and others considered disposable. The public pedagogy and market-driven values of neoliberalism constitute a war zone that suppresses any vestige of critical thought while creating the conditions and policies for expanding the boundaries of terminal exclusion. Viewed as unworthy of civic inclusion, immigrants, youth, protesters and others deemed alien or hostile to the mechanizations of privatization, consumption, and commodification are erased from any viable historical and political context. Such groups now fill the landscape of neoliberalism’s dream world. Vast numbers of the American public are now subject to repressive modes of power that criminalize their behavior and relegates them to those public spaces that accelerate their invisibility while exposing them to the harsh machinery of social death.

orn4.png

The neoliberal politics of disposability with its expanding machineries of civic and social death, terminal exclusion, and zones of abandonment constitute a new historical conjuncture and must be addressed within the emergence of a ruthless form of casino capitalism, which is constituted not only as an economic system but also a pedagogical force rewriting the meaning of common sense, agency, desire, and politics itself. The capitalist dream machine is back with huge profits for the ultra-rich, hedge fund managers, and major players in the financial service industries. In these new landscapes of wealth, exclusion, and fraud, the commanding institutions of a savage and fanatical capitalism promote a winner-take-all ethos and aggressively undermine the welfare state while waging a counter revolution against the principles of social citizenship and democracy.

Politics and power are now on the side of lawlessness as is evident in the state’s endless violations of civil liberties, freedom of speech, and the most constitutional rights, mostly done in the name of national security. Lawlessness wraps itself in repressive government policies such as the Patriot Act, the National Defense Authorization Act, Military Commissions, and a host of other legal illegalities. These would include the “right of the president “to order the assassination of any citizen whom he considers allied with terrorists,”[8] use secret evidence to detain individuals indefinitely, develop a massive surveillance panoptican to monitor every communication used by citizens who have not committed a crime, employ state torture against those considered enemy combatants, and block the courts from prosecuting those officials who commit such heinous crimes.[9] The ruling corporate elites have made terror rational and fear the modus operandi of politics.

Power in its most repressive forms is now deployed not only by the police and other forces of repression such as the 17 American intelligence agencies but also through a predatory and commodified culture that turns violence into entertainment, foreign aggression into a video game, and domestic violence into goose-stepping celebration of masculinity and the mad values of militarism. The mediaeval turn to embracing forms of punishment that inflict pain on the psyches and the bodies of young people, poor minorities, and immigrants, in particular, is part of a larger immersion of society in public spectacles of violence. Under the neo-Darwinian ethos of survival of the fittest, the ultimate form of entertainment becomes the pain and humiliation of others, especially those considered disposable and powerless, who are no longer an object of compassion, but of ridicule and amusement. Pleasure loses its emancipatory possibilities and degenerates into a pathology in which misery is celebrated as a source of fun. High octane violence and human suffering are now considered consumer entertainment products designed to raise the collective pleasure quotient. Brute force and savage killing replayed over and over in the culture now function as part of an anti-immune system that turns the economy of genuine pleasure into a mode of sadism that saps democracy of any political substance and moral vitality, even as the body politic appears engaged in a process of cannibalizing its own youth. It gets worse. The visibility of extreme violence in films such as John Wick (2014) and The Equalizer (2014) offer one of the few spaces amid the vacuity of a consumer culture where Americans can feel anything anymore.

Needless to say, extreme violence is more than a spectacle for upping the pleasure quotient of those disengaged from politics; it is also part of a punishing machine that spends more on putting poor minorities in jail than educating them. As American society becomes more militarized and “civil society organizes itself for the production of violence,”[10] the capillaries of militarization feed on and shape social institutions extending from the schools to local police forces. The police, in particular, have been turned into soldiers who view the neighbourhoods in which they operate as war zones. Outfitted with full riot gear, submachine guns, armoured vehicles, and other lethal weapons imported from the battlefields of Iraq and Iran, their mission is to assume battle-ready behaviour. Is it any wonder that violence rather than painstaking neighbourhood police work and community outreach and engagement becomes the norm for dealing with alleged ‘criminals’, especially at a time when more and more behaviours are being criminalised? Is it any wonder that the impact of the rapid militarization of local police forces on poor black communities is nothing short of terrifying and symptomatic of the violence that takes place in advanced genocidal states? For instance, according to a recent report produced by the Malcolm X Grassroots Movement entitled Operation Ghetto Storm, “police officers, security guards, or self-appointed vigilantes extra judicially killed at least 313 African-Americans in 2012…This means a black person was killed by a security officer every 28 hours.” The report suggests that ‘the real number could be much higher’.[11] Michelle Alexander adds to the racist nature of the punishing state by pointing out that “There are more African American adults under correctional control today — in prison or jail, on probation or parole — than were enslaved in 1850, a decade before the Civil War began.”[12] Meanwhile the real violence used by the state against poor minorities of color, women, immigrants, and low income adults barely gets mentioned, except when it is so spectacularly visible and cruel that it cannot be ignored as in the case of Eric Garner who was choked him to death by a New York City policeman after he was confronted for illegally selling untaxed cigarettes.

The authoritarian state empties politics of all vestiges of democracy given that the decisions that shape all aspects of the commanding institutions of society are now made largely in private, behind closed doors by the anonymous financial elite, corporate CEOs, rich bankers, the unassailable leaders of the military-industrial complex, and other kingpins of the neoliberal state. At the same time, valuable resources and wealth are extracted from the commons in order to maximize the profits of the rich while the public is treated to a range of distractions and diversions that extend from “military shock and awe overseas” to the banalities of a commodified culture industry and celebrity obsessed culture that short-circuits thought and infantilizes everything it touches. In the end, as Chomsky points out this amounts to an attempt by a massive public relations industry and various mainstream cultural apparatuses “to undermine democracy by trying to get uninformed people to make irrational choices.”[13]

Neoliberal authoritarianism has changed the language of politics and everyday life through a poisonous public pedagogy that turns reason on its head and normalizes a culture of fear, war, and exploitation. Even as markets unravel and neoliberalism causes increased misery, “the broader political and social consensus remains in place” suggesting that the economic crisis is not matched by a similar crisis in consciousness, ideas, language, and values.[14] Underlying the rise of the authoritarian state and the forces that hide in the shadows is a hidden politics indebted to promoting crippling forms of historical and social amnesia. The new authoritarianism is strongly indebted to what Orwell once called a “protective stupidity” that corrupts political life and divest language of its critical content.[15]

Yet, even as the claims and promises of a neoliberal utopia have been transformed into a Dickensian nightmare as the United States, and increasingly Canada, succumb to the pathologies of political corruption, the redistribution of wealth upward into the hands of the 1 percent, the rise of the surveillance state, and the use of the criminal justice system as a way of dealing with social problems, Orwell’s dark fantasy of a fascist future continues without massive opposition. Domestic terrorism now functions to punish young people whenever they exercise the right of dissent, protesting peacefully, or just being targeted because they are minorities of class and color and considered a threat and in some cases disposable, as was recently evident in the killing by a white policemen of Michael Brown in Ferguson, Missouri.

The emergence of the warrior cop and the surveillance state go hand in hand and are indicative not only of state-sanctioned racism but also of the rise of the authoritarian state and the dismantling of civil liberties. Brutality mixed with attacks on freedom of dissent and peaceful protest prompts memories of past savage regimes such as the dictatorships in Latin America in the 1970s and 1980s. The events in Ferguson speak to a history of violence in United States that Americans have chosen to forget at their own risk. Historical amnesia takes a toll. For instance, amid the growing intensity of state terrorism, violence becomes the DNA of a society that not only has a history of forgetting, but also refuses to deal with larger structural issues such as massive inequality in wealth and power, a government that now unapologetically serves the rich and powerful corporate interests, the growing militarization of everyday life, while elevating the power of money to an organising principle of governance.[16] What all of this suggests is a dismantling of what Hannah Arendt called “the prime importance of the political.”[17]

Underlying the carnage caused by neoliberal capitalism is a free market ideology in which individuals are cut off from the common good along with any sense of compassion for the other.[18] Economic Darwinism individualizes the social by shredding social bonds that are not commodified and in doing so depoliticizes, atomizes, and infantilizes the broader public. All problems are now defined as a problem of faulty character and a lack of individual resilience and responsibility. At the same time, freedom is reduced to consumerism and a modern day version of narcissism becomes the only guiding principle for living one’s life. Only under such circumstances can a book titled Selfish written by the vacuous Kim Kardashian and filled with 2000 selfies be published and celebrated in the mainstream media, mirroring a deeply disturbing principle of the larger society. What is crucial to recognize is that the central issues of power and politics can lead to cynicism and despair if casino capitalism is not addressed as a system of social relations that diminishes—through its cultural politics, modes of commodification, and market pedagogies—the capacities and possibilities of individuals and groups to move beyond the vicissitudes of necessity and survival in order to fully participate in exercising some control over the myriad forces that shape their daily lives.

What exists in the United States today and increasingly in Canada is fundamentally a new mode of politics, one wedded to a notion of power removed from accountability of any kind, and this poses a dangerous and calamitous threat to democracy itself, because such power is difficult to understand, analyze, and counter. The collapse of the public into the private, the depoliticization of the citizenry in the face of an egregious celebrity culture, and the disabling of education as a critical public sphere makes it easier for neoliberal capital with its hatred of democracy and celebration of the market to render its ideologies, values, and practices as a matter of common sense, removed from critical inquiry and dissent.

orn1.jpgWith privatization comes a kind of collective amnesia about the potential democratic role of government, the importance of the social contract, and the importance of public values. For instance, war, intelligence operations, prisons, schools, transportation systems, and a range of other operations once considered public have been outsourced or simply handed over to private contractors who are removed from any sense of civic and political accountability. The social contract and the institutions that give it meaning have been transformed into entitlements administered and colonized by largely the corporate interests and the financial elite. Policy is no longer being written by politicians accountable to the American public. Instead, policies concerning the defense budget, deregulation, health care, public transportation, job training programs, and a host of other crucial areas are now largely written by lobbyists who represent mega corporations. How else to explain the weak deregulation policies following the economic crisis of 2007 or the lack of a public option in Obama’s health care policies? Or, for that matter, the more serious retreat from any viable notion of the political imagination that “requires long-term organizing—e.g., single-payer health care, universally free public higher education and public transportation, federal guarantees of housing and income security.”[19] The liberal center has moved to the right on these issues while the left has become largely absent and ineffective. Yet the fight for developing a radical democracy must continue on a domestic and global scale.

Democracy is not compatible with capitalism but is congruent with a version of democratic socialism in which the wealth, resources, and benefits of a social order are shared in an equitable and just manner. Democracy as a promise means that society can never be just enough and that the self-reflection and struggles that enable all members of the community to participate in the decisions and institutions that shape their lives must be continually debated, safeguarded, and preserved at all costs. The rebuilding of a radical democracy must be accompanied with placing a high priority on renewing the social contract, embracing the demands of the commons, encouraging social investments, and the regeneration of the social contract. These are only a few of the issues that should be a central goal for the development of a broad-based radical social movement. I want to emphasize that I am not suggesting that developing a new understanding of politics as a call to reclaim a radical democracy be understood as simply a pragmatic adjustment of the institutions of liberal democracy or a return to the social democracy of the New Deal and Great Society.

On the contrary, any rethinking of the political can only be comprehended as part of a radical break from liberalism and formalistic politics if there is to be any move towards a genuine democracy in which matters of equality, power, and justice are central to what can be called a radical democratic politics. Such a task necessitates a politics and pedagogy that not only expands critical awareness and promotes critical modes of inquiry but also sustains public spheres, builds new modes of solidarity and connections and promotes strategies and organizations that create not simply ruptures such as massive demonstrations but real changes that are systemic and long standing. If such a politics is to make any difference, it must be worldly; that is, it must incorporate a critical public pedagogy and an understanding of cultural politics that not only contemplates social problems but also addresses the conditions for new forms of democratic political exchange and enables new forms of agency, power, and collective struggle. The collapse of the United States into neoliberal authoritarianism signals not simply a crisis of politics and democracy, but a crisis of ideas, values, and agency itself. Hence, calling for a revival of the educative nature of politics and the radical imagination is more than a simply call to find ways to change consciousness; it is first and foremost an attempt to understand that education is at the center of a struggle over what kinds of agency will be created in the interest of legitimating the present and producing a particular kind of future. This is an imminently educative, moral, and political task and it is only through such recognition that initial steps can be taken to challenge the powerful ideological and affective spaces through which neoliberalism produces the desires, identities, and values that bind people to its forms of predatory governance.

The moral, political, and economic violence of neoliberalism must be made visible, its institutional structures dismantled, and the elite interests it serves exposed. The fog of historical, social and political amnesia must be eliminated through the development of educational programs, pedagogical practices, ideological interventions, and public narratives that provide the critical and analytical tools to enable the public to analyze both underlying ideologies and institutions of neoliberal capitalism as well as the intellectual and economic resources needed to provide meaningful alternatives to the corporate authoritarianism that passes itself off as an updated mode of democracy. What is important here is that the struggle against neoliberalism focus on those forms of domination that pose a threat to those public spheres essential to developing the critical formative cultures that nourish modes of thinking, analysis, and social formations necessary for a radical democracy.

In addition, the left has to do more than chart out the mechanisms through which neoliberal authoritarianism sustains itself. And for too many on the left this means simply understanding the economic forces that drive neoliberal global capitalism. While this structural logic is important, it does not go far enough. As Stuart Hall has insisted “There’s no politics without identification. People have to invest something of themselves, something that they recognize is meaningful to them, or speaks to their condition and without that moment of recognition” any effort to change the way people inhabit social relations of domination will fail.[20] Pierre Bourdieu takes this logic further in arguing that left has often failed to recognize “that the most important forms of domination are not only economic but also intellectual and pedagogical, and lie on the side of belief and persuasion”[21] He insists, rightly, that it is crucial for the left and other progressives to recognize that intellectuals bear an enormous responsibility for challenging this form of domination by developing tactics “that lie on the side of the symbolic and pedagogical dimensions of struggle.”[22]

If neoliberal authoritarianism is to be challenged and overcome, it is crucial that intellectuals, unions, workers, young people, and various social movements unite to reclaim democracy as a central element in fashioning a radical imagination that foregrounds the necessity for drastically altering the material and symbolic forces that hide behind a counterfeit claim to participatory democracy. This means imagining a radical democracy that can provide a living wage, decent health care, public works, and massive investments in education, child care, housing for the poor, along with a range of other crucial social provisions that can make a difference between living and dying for those who have been cast into the ranks of the disposable.

Surveillance_PRISM.jpg

There are new signs indicating that the search for a new understanding of politics and the refashioning of a radical imagination are emerging, especially in Greece, Germany, Spain, and Denmark, where expressions of new political formations can be found in political groups such as Podemos, Die Linke, Syriza, and the Red-Green Alliance. While these political formations have differences, what they share is a rejection of stale reformism that has marked liberal politics for the last 40 years. These new political formations are offering alternatives to a new kind of social order in which capitalism does not equal democracy. But more importantly, they are not tied merely to unions and older political factions and are uniting with social movements under a broad and comprehensive vision of politics and change that goes beyond identity politics and organizes for the long haul. Moreover, as Juan Pablo Ferrero points out, these parties not only take seriously the need for economic change but also the need for new cultural formations and modes of change.[23] The struggle against neoliberal common sense is as important as the struggle against those institutions and material modes of capital that are the foundation of traditional politics of resistance. Language, communication, and pedagogy are crucial to these movements as part of their attempt to construct a new kind of informed and critical political agent, one freed from the orbits of neoliberal privatization and the all-embracing reach of a commodified and militarized society.

What Podemos, Syriza, and other new political movements on the left make clear is that the fight against neoliberalism and the related anti-democratic tendencies that inform it must not settle for simply reforming the existing parameters of the social order. Neoliberalism has created an economic, cultural, and social system and social order that is not only as broken as it is dangerous, but also pathological in the violence and misery it produces. Any viable struggle must acknowledge that if the current modes of domination are to change, a newly developed emphasis must be placed on creating the formative culture that inspires and energizes young people, educators, artists, and others to organize and struggle for the promise of a substantive democracy.

At the same time, particular injustices must be understood through the specificity of the conditions in which they develop and take hold and also in relation to the whole of the social order. This means developing modes of analyses capable of connecting isolated and individualized issues to more generalized notions of freedom, and developing theoretical frameworks in which it becomes possible to translate private troubles into broader more systemic conditions. At the very least, a new political imaginary suggests developing modes of analyses that connects the dots. This is a particularly important goal given that the fragmentation of the left has been partly responsible for its inability to develop a wide political and ideological umbrella to address a range of problems extending from extreme poverty, the assault on the environment, the emergence of the permanent warfare state, the abolition of voting rights, the assault on public servants, women’s rights, and social provisions, and a range of other issues that erode the possibilities for a radical democracy. Neoliberalism stands for the death of democracy and the commodification and repression of any movement that is going to successfully challenge it.

blackwell-flickr-surveillance-top-2mb2.jpeg

One of the most serious challenges facing progressives is the task of developing a discourse of both critique and possibility. This means insisting that democracy begins to fail and political life becomes impoverished in the absence of those vital public spheres such as higher education in which civic values, public scholarship, and social engagement allow for a more imaginative grasp of a future that takes seriously the demands of justice, equity, and civic courage. Such a challenge demands not only confronting symptoms as a way of decreasing the misery and human suffering that people experience on a daily basis, but most importantly addressing the root causes that produce the despotism and culture of cruelty that marks the current period. The time has come to develop a political language in which civic values, social responsibility, and the institutions that support them become central to invigorating and fortifying a new era of civic imagination, and a renewed sense of social agency. A revitalized politics for imagining a radical democracy must promote an impassioned international social movement with a vision, organization, and set of strategies to challenge the neoliberal nightmare engulfing the planet. The dystopian worlds of Orwell and Huxley are sutured in fear, atomization, and a paralyzing anxiety. Unfortunately, these dystopian visions are no longer works of fiction. The task ahead is to relegate them to the realm of dystopian fiction so they can remind us that a radical democracy is not simply a political project, but a way of life that has to be struggled over endlessly.

Henry A. Giroux currently holds the McMaster University Chair for Scholarship in the Public Interest in the English and Cultural Studies Department and a Distinguished Visiting Professorship at Ryerson University. His most recent books are America’s Education Deficit and the War on Youth (Monthly Review Press, 2013) and Neoliberalism’s War on Higher Education (Haymarket Press, 2014). His web site is www.henryagiroux.com.

Notes. 

[1] Martin Gilens and Benjamin I. Page, “Testing Theories of American Politics: Elites, Interest Groups, and Average Citizens,” Perspectives on Politics, Volume 12 / Issue 03 (September 2014), p 581.

[2]Tom McKay, “Princeton Concludes What Kind of Government America Really Has, and It’s Not a Democracy,” Popular Resistance (April 16, 2014). Online:

http://www.policymic.com/articles/87719/princeton-concludes-what-kind-of-government-america-really-has-and-it-s-not-a-democracy

[3] Alain Badiou, The Rebirth of History, trans. Gregory Elliott (London, UK: Verso, 2012), p. 6.

[4] Leo Lowenthal, “Atomization of Man,” False Prophets: Studies in Authoritarianism, (New Brunswick, NJ: Transaction Books, 1987), pp. 191-182

[5] Brad Evans and Julien Reid, Resilient Life: The Art of living Dangerously (London: Polity, 2014).

[6] Robert Jay Lifton, Death in Life: Survivors of Hiroshima (Chapel Hill: University of North Carolina Press, 1987), p. 479. See Lynn Worsham’s brilliant use of Lifton’s work in her “Thinking with Cats (More to Follow),” JAC 30:3-4 (2010), pp. 405-433.

[7] Georges Didi-Huberman, Images in Spite of All: Four Photographs from Auschwitz, trans. Shane B. Lillis (Chicago: University of Chicago Press, 2008), pp. 1-2.

[8] Jonathan Turley, “10 reasons the U.S. is no longer the land of the free,” The Washington Post, (January 13, 2012). Online:

http://articles.washingtonpost.com/2012-01-13/opinions/35440628_1_individual-rights-indefinite-detention-citizens

[9] For a clear expose of the emerging surveillance state, see Glenn Greenwald, No Place to Hide (New York: Signal, 2014); Julia Angwin, Dragnet Nation: A Quest for Privacy, Security, and Freedom in a World of Relentless Surveillance (New York: Times Books, 2014); Heidi Boghosian, Spying on Democracy: Government Surveillance, Corporate Power, and Public Resistance, (City Lights Books, 2013).

[10] Catherine Lutz, “Making War at Home in the United States: Militarization and the Current Crisis,” American Anthropologist, (104:3, 2002), pp. (723)

[11] Adam Hudson, “1 Black Man Is Killed Every 28 Hours by Police or Vigilantes: America Is Perpetually at War with Its Own People,” AlterNet (March 28, 2013). Online: http://www.alternet.org/news-amp-politics/1-black-man-killed-every-28-hours-police-or-vigilantes-america-perpetually-war-its; see also the report titled Operation Ghetto Storm. Online: http://mxgm.org/wp-content/uploads/2013/04/Operation-Ghetto-Storm.pdf

[12]Michelle Alexander, “Michelle Alexander, The Age of Obama as a Racial Nightmare,” Tom Dispatch (March 25, 2012). Online: http://www.tomdispatch.com/post/175520/best_of_tomdispatch%3A_michelle_alexander,_the_age_of_obama_as_a_racial_nightmare/

[13] Noam Chomsky, “The Kind of Anarchism I believe in, and What’s Wrong with Litertarians,” AlterNet (March 28, 2013). Online: http://www.alternet.org/civil-liberties/noam-chomsky-kind-anarchism-i-believe-and-whats-wrong-libertarians

[14] Stuart Hall, Doreen Massey, and Michael Rustin, “After neoliberalism: analysing the present,” Soundings (Spring 2013). Online”

http://www.lwbooks.co.uk/journals/soundings/pdfs/s53hallmasseyrustin.pdf

[15] Orville Schell, “Follies of Orthodoxy,” What Orwell Didn’t Know: Propaganda and the New Face of American Politics, (New York, NY: Perseus Books Group, 2007), xviii

[16] See, especially, Radley Balko, Rise of the Warrior Cop: The Militarization of America’s Police Forces (New York: Public Affairs, 2013), Michelle Alexander, The New Jim Crow (New York: The New Press, 2010), and (and Jill Nelson, ed. Police Brutality (New York: Norton, 2000).

[17] Hannah Arendt, Hannah Arendt: The Last Interview and Other Conversations, (Brooklyn, NY. : Melville House Publishing, 2013), pp. 33-34.

[18] Paul Buchheit, “The Carnage of Capitalism,” AlterNet (August 17, 2014). Online:

http://www.commondreams.org/views/2014/08/18/carnage-capitalism

[19] Adolph Reed Jr., “Nothing Left: The Long, Slow Surrender of American Liberals,” Harper’s Magazine (March 2014), p. 29.

[20] Stuart Hall and Les Back, “In Conversation: At Home and Not at Home”, Cultural Studies, Vol. 23, No. 4, (July 2009), pp. 680-681

[21] Pierre Bourdieu and Gunter Grass, “The ‘Progressive’ Restoration: A Franco-German Dialogue,” New Left Review 14 (March-April, 2002), P. 2.

[22] Pierre Bourdieu, Acts of Resistance (New York: Free Press, 1998), p. 11.

[23] Juan Pablo Ferrero, “Are you ready for a new kind of left-wing politics?” The Conversation (October 29, 2014). Online: http://theconversation.com/are-you-ready-for-a-new-kind-of-left-wing-politics-33511

 

jeudi, 02 octobre 2014

A propos du dernier livre de Georges Feltin-Tracol

souscontromle.jpg

A propos du dernier livre de Georges Feltin-Tracol, "En liberté surveillée"

Bastien Valorgues

Europe maxima cliquez ici

 

Le 10 septembre 2014, le tribunal de Paris condamnait à des amendes avec sursis les vigiles de Notre-Dame et relaxait les Femen qui avaient détérioré les nouvelles cloches de la cathédrale. Le jour même à Saint-Étienne, le tribunal de police acquittait un curé poursuivi pour l’hébergement de « sans-papiers ». Quelques jours plus tard, tandis qu’Alain Soral se voyait condamné à 7 000 euros (soit 2 000 euros d’amende, 2 000 euros de dommage et intérêts et 3 000 euros de frais de justice) pour diffamation envers le F.N. Louis Aliot, le militant panafricaniste radical Kémi Séba était arrêté le 14 septembre et écroué pour purger – en régime d’isolement ! – une peine de deux mois de prison. Le 16 septembre dernier, en Bretagne, le procureur de la République obtint de lourdes peines – dont un an et demi de prison ferme – à l’encontre de quatre Bonnets rouges accusés de la destruction de radars automatiques et de portiques d’éco-taxe. Le 20 septembre, enfin, après l’incendie justifié du centre des impôts et des bureaux de la M.S.A. (Mutuelle sociale agricole) à Morlaix, le gouvernement de Manuel Valls somma l’appareil judiciaire de retrouver leurs auteurs écrasés par les charges, les normes, les oukases de la grande distribution parasitaire et le contre-coup des sanctions occidentales anti-russes. Dans le même temps, le Parlement discute d’un projet de loi anti-terroriste, soixante-dix ans après le triomphe en France des « terroristes »…

 

Tous ces exemples auraient pu figurer dans le nouvel essai de Georges Feltin-Tracol, En liberté surveillée. Comme l’indique le sous-titre, il s’agit d’un virulent « Réquisitoire contre un système liberticide ». L’ouvrage était attendu. Sa lecture ne déçoit pas. Sollicité par l’éditeur Roland Hélie au moment de l’affaire Dieudonné en janvier, le livre devait à l’origine s’appeler La Quenelle interdite. Mais en mobilisant une multitude de faits prélevés dans la presse officielle depuis plusieurs années, le rédacteur en chef du site Europe Maxima a très rapidement élargi son enquête et nous livre un diagnostic complet, édifiant et terrifiant d’une tendance lourde du monde moderne.


 

 

En liberté surveillée se compose de huit chapitres ainsi que d’une part entièrement dédiée aux notes et aux références. Si les sept premiers forment une sorte de généalogie du processus liberticide, le dernier examine les possibilités tangibles d’édification d’une alternative à la société carcérale voulue par le libéralisme mondialiste. Par ailleurs, l’intérêt de l’ouvrage montre que la puissante opposition à la loi Taubira sur le « mariage pour tous » et la féroce répression gouvernementale qui en découla, ne doit pas faire oublier que la lente éclipse des libertés françaises ne commence pas avec François Hollande. Leur sape systématique remonte aux présidences catastrophiques de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy et de François Mitterrand sous laquelle fut adoptée l’abjecte loi Gayssot de 1990.

 

Georges Feltin-Tracol présente l’insigne mérite de mettre en perspective une longue et progressive dissolution qui correspond au transfert de l’action étatique de l’espace public en cours de privatisation vers le domaine privé personnel. « Si le sociétalisme et ses déclinaisons circonstancielles, le sécuritarisme et le gendérisme, constituent l’armature stratégique de l’oligarchie planétarienne, avance-t-il, la tactique bâtie sur le monde corrompu des médiats s’organise autour d’une conception singulière de la liberté d’opinion. Les bien-pensants aiment le début d’idées à la condition qu’ils agréent les idées présentées. Ils prêchent la tolérance, le vivre-ensemble, la liberté de parole, mais en même temps dénient toute expression à ceux qui exprimeraient avec vigueur, méthode et intelligence leurs divergences. La récente proposition de loi pénalisant les clients de prostituées le prouve amplement. » D’autres nombreux exemples d’intrusion étatique dans l’ordre de l’intime prouvent que « l’État incline trop à épier la vie privée de ses citoyens ».

 

L’auteur rappelle fort à propos que Jacques Chirac a inscrit dans la Constitution de la Ve République l’interdiction du rétablissement de la peine de mort et que le déplorable Nicolas Sarkozy n’hésita pas, ici, à pourchasser militants syndicaux, défenseurs d’une agriculture écologique et non-productiviste et victimes de l’insécurité comme René Galinier en appliquant des textes juridiques destinées à l’origine à combattre les terroristes ou la petite criminalité. Toutes les rombières retraitées de l’U.M.P. et les pauvres gars qui acclament le soi-disant retour de leur calamiteux champion à talons rehaussés devraient s’en souvenir. Or, naufrage de l’âge, ces futurs euthanasiés font preuve pour la circonstance d’Alzheimer politique.

 

Après avoir passé en revue les échecs récents de l’engagement politicien, du putsch envisagé ou des trois applications du gramscisme  (l’entrisme dans des partis de droite, le contrôle d’une rédaction de presse et l’usage technonumérique), le dernier chapitre dénonce d’abord les tentatives de récupération de la contestation populaire par les inévitables auxiliaires d’une « droite » servile. L’auteur récuse toute éventuelle et fallacieuse « union des droites » et rejette avec force une hypothétique union nationale, avant de tracer de stimulantes voies révolutionnaires favorables à une contre-société construite hors du cadre républicain français. Influencé par le concept d’hétérotopie cher à Michel Foucault, Georges Feltin-Tracol prolonge les travaux de Michel Drac sur la B.A.D. (base autonome durable) dans une version 2.0. « La B.A.D., relève-t-il, représente la genèse d’une autre politie, concurrente de l’État-nation fragmenté et de l’État pénal-carcéral programmé, l’embryon conceptuel d’une autochtonotopie, d’un lieu adapté par et pour les autochtones albo-européens. » Mais deux autres chapitres se révèlent particulièrement percutants. L’un décrit les différentes formes de l’« État profond » tant en France qu’aux États-Unis. L’autre dépeint un nouvel Occident qui, du fait de sa transformation en allié du Marché et du libéralisme, prend un contenu liquide, fluide, mouvant. L’auteur accole par conséquent au concept éculé d’Occident le terme de « Mer » afin de désigner cette mutation encouragée par les oligarchies transnationales : l’Occident-Mer.

 

Georges Feltin-Tracol revient en outre sur les sentences d’une justice gangrenée par des stipendiés du Nouveau Désordre mondial qui traquent Dieudonné, Alain Soral, Vincent Reynouard, René Galinier, Nicolas Bernard-Buss, etc., ainsi que tout opposant véritable au multiculturalisme, au libéralisme et au mondialisme. La partialité des jugements rendus fait qu’il n’a dorénavant aucune confiance dans la justice de son pays, ce qui témoigne d’un indéniable bon sens. Il attaque d’autres cibles que sont le gendérisme, terme qu’il préfère à « théorie du genre », le sociétalisme et le sécuritarisme. Le P.S. obéit depuis 1983 aux injonctions de la Finance internationale si bien qu’il a perdu son adjectif « socialiste » pour devenir « sociétaliste ». Ainsi a-t-il renié les ouvriers, les employés et les salariés pour désormais défendre les seules minorités allogènes et sexuelles. Ce choix sociétaliste converge vers un certain sécuritarisme, un autoritarisme ridicule au service du Capital anonyme. L’auteur n’accorde aucune confiance à la grotesque « droite » institutionnelle pour qui l’impératif de consommer exige la restriction concrète des libertés.

 

Lecteur des penseurs suisses Éric Werner et Bernard Wicht, il observe que les autorités cleptocratiques cherchent surtout à terroriser les honnête gens en laissant volontairement proliférer une petite délinquance qui pourrit la vie quotidienne. Mieux, « en pratiquant et en gagnant pour l’instant une effroyable guerre des classes à l’échelle planétaire, la ploutocratie réalise une véritable guerre des idées afin de promouvoir l’idéologie de l’indistinction. L’oligarchie et ses médias distillent subtilement auprès des populations hébétées une censure pernicieuse et une propagande insidieuse. Ils justifient ce discours réifiant et utilitariste par la célébration obligatoire du Progrès, de la  “ gouvernance ”, de l’égalitarisme et du dogme quasi-intangible des droits de l’homme. En réalité, insiste Georges Feltin-Tracol en citant Yvan Blot, la doxa droit-de-l’hommiste représente un magnifique  “ prétexte pour une intervention toujours plus grande de l’État et pour une restriction des libertés ”. »

 

Ces restrictions avérées de liberté passent aussi par la manipulation du droit et l’hypertrophie des groupes de pression, en particulier des vigilantes associations féministes qui poursuivent tout propos ou réflexion soi-disant sexiste. Elles s’en prennent à l’écrivain Robert Sabatier, au rappeur blanc Orelsan ou à une réclame radiophonique vantant les charmes physiques du département du Jura, mais se taisent à propos de la publicité pour la marque de café Senséo qui exprime une « violence subliminale envers l’homme […] flagrante ».

 

Georges Feltin-Tracol dénonce le rôle délétère et aliénant de l’argent. Dans l’Occident ultra-moderne, le fric est devenu un « super-flic » avec l’extension du paiement électronique et la généralisation de l’endettement des ménages. En s’appuyant sur de récents exemples argentin et chypriote, « la détention obligatoire d’un compte en banque susceptible d’accueillir une épargne abondante facilite la spoliation à venir par les banques et les États de cette même épargne. Le F.M.I. a proposé de saisir 10 % de l’épargne privée afin de sauver les États endettés. Le 11 décembre 2013, Bruxelles a accepté le principe d’une ponction (en fait, un vol légalisé) de 10 % sur tous les avoirs bancaires supérieurs à 100 000 euros dans le cas où la banque aurait 8 % de pertes ». Il est clair que « cette perte de liberté par l’endettement se mesure surtout aux États-Unis. Dans cette offensive contre les peuples, le crédit devient en effet une arme redoutable » parce que « l’hyper-classe veut disposer d’un moyen, à la fois coercitif, efficace et quasi-invisible et/ou indolore, de maîtrise des populations sans qu’elles s’en aperçoivent ».

 

En liberté surveillée est finalement un constat lucide d’un monde effrayant contre lequel s’élèvent de plus en plus des résistants déterminés. On y trouve bien sûr le courageux « artiviste » Dieudonné, mais Georges Feltin-Tracol se réfère à d’autres humoristes entrés en politique tels que l’Italien Beppe Grillo ou, guère connu en France, l’Islandais Jon Gnarr, maire de Reykjavik de 2010 à 2014. Les médias du Système liberticide clament sans cesse qu’on vivrait dans le meilleur des mondes libres. Mensonge éhonté puisque cet essai prouve que nous sommes pour l’heure dans le pire des  Systèmes possibles !

 

 

Georges Feltin-Tracol, En liberté surveillée. Réquisitoire contre un système liberticide, Les Bouquins de Synthèse nationale, 284 p., 23 € (+ 3 € de port), à commander à Synthèse nationale, 116, rue de Charenton, 75012 Paris, chèque à l’ordre de Synthèse nationale.

GFT Flyer 3.jpg

Pour le commander en ligne cliquez ici

Bulletin de commande cliquez là

Plus d'informations cliquez ici

lundi, 14 octobre 2013

GPS in smartphones voorloper van geïmplanteerde chip

GPS in smartphones voorloper van geïmplanteerde chip


Het is nog maar kort geleden dat de meeste mensen niets moesten weten van het idee om hun huisdier te 'chippen', zodat het overal en altijd kan worden teruggevonden. Anno 2013 wordt dat niet alleen steeds normaler gevonden, maar zijn we ook begonnen met het chippen van vee, wilde dieren, en zelfs bijen en vissen. Zo wordt de samenleving stap voor stap voorbereid om -mogelijk veel eerder dan de meesten van ons nu voor mogelijk houden- te accepteren dat ook mensen zo'n geïmplanteerde microchip zullen moeten krijgen.

In Europa zou het chippen van vissen al tot de arrestatie van stropers hebben geleid. Dit betekent dat de technologie inmiddels al zover is, dat de minuscule chips op grote afstand kunnen worden gelokaliseerd, gescand en gevolgd, mogelijk ook door satellieten. De door sommigen belachelijk gemaakte, maar door andere gevreesde totale controlemaatschappij, de 'Nieuwe Wereld Orde', is daarom geen sciencefiction meer, maar kan op ieder gewenst moment worden ingevoerd.

GPS in smartphone voorloper

Biochips kunnen vanaf iedere plek ter wereld persoonlijke gegevens versturen en opdrachten ontvangen. Iedere moderne smartphone bezit een GPS chip waarmee uw gangen en stappen voortdurend kunnen worden gevolgd, óók als u uw toestel uitschakelt. Iedere keer als u een foto uploadt, wordt daar automatisch de exacte tijd en precieze locatie aan verbonden, zodat u geheel 'vrijwillig' laat weten waar u op een zekere dag was en wat u op dat moment deed.

Hoewel weinigen het zo zullen ervaren, is de GPS-chip in uw smartphone feitelijk de voorloper van een chip die in uw lichaam kan worden geïmplanteerd. Immers, de meeste mensen nemen hun smartphone overal mee naar toe, en laten hierdoor -bewust of onbewust- weten waar ze zijn en wat ze doen. Voor velen zal de stap naar een door een toekomstige wereldregering verplichte geïmplanteerde chip dan ook niet groot zijn.

'Technologie voor chippen mensen eenvoudig'

Hoewel alle producenten van chips voor dieren ontkennen dat ze overwegen deze technologie ook bij mensen te gaan gebruiken, schreef Tim Willard, hoofdredacteur van het blad Futurists van de World Future Society, dat de beschikbare technologie voor een menselijke microchip 'behoorlijk ongecompliceerd en nauwelijks ingewikkeld is, en voor tal van menselijke toepassingen gebruikt kan worden... Het is denkbaar dat mensen al bij geboorte een nummer krijgen toegewezen, dat je hele leven bij je blijft.'

De meest logische plek voor zo'n implanteerbare chip is volgens hem 'de bovenkant van de rechter- of linkerhand... zodat het eenvoudig in winkels te scannen is... Het kan gebruikt worden als een universele ID-kaart die alle betaalpasjes, paspoorten en dergelijke vervangt. Bij de kassa in de supermarkt haal je simpel je hand over een scanner, en het bedrag wordt automatisch van je rekening afgeboekt.'

De chip kan ook worden gebruikt voor medische doeleinden, bijvoorbeeld voor de opslag van het elektronische patiëntendossier. Als je een ongeluk krijgt, hoeven de hulpverleners enkel je hand te scannen om al je medische gegevens op te vragen. Dat zou met name een groot voordeel zijn als het slachtoffer bewusteloos is.

Met één chip toegang tot... alles

Een volgende logische stap is de chip te gebruiken voor toegang tot je huis, je auto, je computer, et cetera. Inbraak, diefstal, misbruik en fraude zal hierdoor een stuk lastiger, zo niet onmogelijk zijn. Het is dan niet moeilijk voor te stellen dat veel mensen juist vanwege deze 'veiligheids'redenen graag zo'n microchip zullen accepteren. Of zo'n chip het leven inderdaad veiliger maakt, is echter de vraag. Criminelen en hackers zijn er tot nu toe in geslaagd om zelfs de best beveiligde systemen te kraken.

De nieuwste lichting biochips zijn gedeeltelijk gemaakt van levende proteïnen. Willard schreef dat zo'n chip in de hersenen kan worden geïmplanteerd, waardoor 'je een ongelimiteerde hoeveelheid informatie in het brein kan uploaden, zonder dat je ooit een boek hoeft open te doen.' Gehandicapten kunnen nu al een hersenchip krijgen, waarmee ze weer gevoel krijgen in hun beschadigde lichaamsdelen of ledematen, en deze zelfs kunnen besturen. Ook doof- en blindheid zouden op deze wijze kunnen worden aangepakt.

Alles kwijt door fout in centraal systeem

De risico's dat al onze persoonlijke informatie die in grote databases wordt opgeslagen door de overheid of door andere partijen wordt misbruikt, is levensgroot. Bovendien is niet één systeem 100% foutloos. Wat gebeurt er bijvoorbeeld als uw chip door een computerfout niet meer werkt, en hierdoor uw bankrekening is verdwenen, en u ook geen toegang meer krijgt tot uw eigen huis, auto of computer? Hoe kunt u dit oplossen, wetende dat de verantwoordelijken bij de overheid met wetten beschermd zijn tegen iedere vorm van aansprakelijkheid?

Willard schreef dat zo'n zeer gecentraliseerd systeem het beste werkt als iedereen met behulp van een geïmplanteerde chip en één algemeen identificatienummer toegang krijgt tot werkelijk alles. 'Mensen hebben de neiging idealistisch te zijn over hun onafhankelijkheid en privacy, maar de realiteit is dat de meeste informatie over uw onderwijs, kredietgeschiedenis, of wat dan ook, eenvoudig beschikbaar is voor iedereen die ernaar vraagt,' vervolgde hij.

NWO-systeem bestaat en wacht op laatste stap

Robert Mittmann van het Institute for the Future, een nonprofit onderzoeksinstelling in Californië, vergelijkt de microchip met de verplichte tatoeages die gevangenen kregen in de concentratiekampen van de Nazi's. Volgens hem zijn er betere methoden dan het 'schenden van de integriteit van iemands huid... Mensen zouden er sommige burgerrechten voor moeten opgeven.'

De vraag is dus niet langer óf het Nieuwe Wereld Orde systeem al bestaat, maar wanneer de laatste stap -het eerst vrijwillig, en daarna verplicht implanteren van mensen- wordt genomen. Veel christenen vrezen dat zo'n verplichte chip het in de Bijbel voorzegde 'Teken van het Beest', de 'Antichrist' (666) is.

Mensen straks in de rij voor de chip?

Of deze uitleg aangaande de komst van het laatste, satanische wereldrijk inderdaad de juiste is, moet nog blijken. Eén ding is echter zeker: de technologie om een op geïmplanteerde microchips gebaseerd wereldwijd controlesysteem in te voeren, is volledig beschikbaar. Het enige wat nog ontbreekt is het 'juiste' moment, wat mogelijk doelbewust zal worden gecreëerd door een geplande wereldwijde financiële en economische instorting.

Als mensen door die instorting -mogelijk getriggerd door een nieuwe, enorme 'false flag' aanslag en/of een grote oorlog- alles kwijt dreigen te raken wat ze hebben, zullen ze ongetwijfeld in de rij staan voor een chip, waarmee ze hun geld, bezittingen en hun oude leventjes weer terug kunnen krijgen, zelfs als dit betekent dat ze hun privacy moeten opgeven en willoze slaven worden van een totalitaire wereldregering.

Weigeren chip vrijwel onmogelijke opgave

De Bijbel waarschuwt niet alleen dat iedereen die het 'teken van het Beest' (666) accepteert, voor eeuwig verloren gaat, maar ook dat de misleiding in de eindtijd zó sterk zal zijn, dat zelfs de uitverkorenen zouden kunnen worden verleid. Als bedacht wordt dat we in de toekomst zonder microchip mogelijk niets meer zullen kunnen doen -niet kunnen kopen, verkopen, wonen, salaris/uitkering krijgen, nergens geen toegang meer kunnen krijgen- dan lijkt het weigeren van zo'n chip voor de meeste mensen inderdaad een onmogelijke opgave te worden.*

* Nogmaals: ALS deze uitleg van deze Bijbelse profetieën inderdaad de juiste blijkt. In eerdere delen en artikelen zijn diverse alternatieve verklaringen besproken.

Xander

Zie ook:

07-10: Beast Tech (3): Totale controlemaatschappij veel dichterbij dan gedacht
02-10: Beast Tech (2): Leger VS noemt tegenstanders Nieuwe Wereld Orde terroristen
30-09: 'Beast Tech': Geheim project voor totale 'Teken van het Beest' controle in 2017
23-09: Israël mogelijk eerste land waar cash geld wordt uitgebannen
21-09: Fujitsu presenteert identificatie en betalen met je hand
12-09: De Apple iPhone 5S, de droom van iedere Big Brother overheid
03-08: CNN: Met smart-tv's kunnen burgers worden bespioneerd
22-02: Bilderbergers willen wereldwijde ID-kaart, mogelijk op basis van handscan
23-01: EU wil net als VS totaal controlesysteem burgers invoeren (/ Terugblik: BEAST supercomputer in Brussel al 3 jaar actief?)

01-02: Bill Gates streeft naar wereldwijd uitbannen van cash geld

2012:
16-10: '...; Versnelde invoering één-wereldmunt in 2013'
10-10: CNN voorspelt invoering geïmplanteerde microchip die gedrag controleert
27-03: Al tienduizenden scholieren Brazilië dragen verplichte chip

2011:
29-10: Amerikaanse TV zenders berichten over nieuwe implanteerbare 'killer' chip
16-08: Wat de Bijbel zegt over de islam in de eindtijd (deel 8)  (... Het teken van het Beest: Allah?)
11-08: Boek 'Breaking News: Het Kenteken of het Merkteken'

jeudi, 10 octobre 2013

L'Affaire Snowden et le « Réseau Echelon »

timthumb.php.jpeg

LE PANOPTICON ELECTRONIQUE
L'Affaire Snowden et le « Réseau Echelon »


Rémy VALAT
Ex: http://metamag.fr
 
L’affaire Snowden, du nom d’un ancien agent de la CIA et de la NSA qui a dévoilé des informations ultra secrètes sur les procédés de captation des métadonnées d’appels téléphoniques, les systèmes d’écoute et de surveillance sur Internet (notamment les programmes PRISM  et XKeyscore ), relance la question de la surveillance électronique et de la menace que celle-ci fait peser sur les libertés individuelles. Au rang des pays cibles figure la France (le réseau informatique ministère des Affaires étrangères et les représentations françaises aux Etats-Unis auraient été visité).
Le danger d’intrusion dans la vie privée (voire de l’inconscient ) des utilisateurs est bien réel. La théorie du panoptique des frères Samuel et Jérémy Bentham ne vise plus seulement les détenus des prisons : il est devenu l’affaire de tous les citoyens et internautes... Pour comprendre l’information d’aujourd’hui, une plongée dans le passé s’impose. C’est l’objet de la première partie de cet article, qui en comportera trois et sera progressivement mis en ligne sur ce site.

Les origines du réseau Echelon

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont acquis une avance considérable en matière de cryptographie et de décryptage, grâce au traitement automatisé de ces informations. Le contexte international (la Guerre Froide) et les innovations technologiques dans le domaine des télécommunications et de l’électronique ont favorisé l’émergence sous l’égide des Etats-Unis d’un vaste dispositif d’écoutes illégales des communications hertziennes et filaires, aussi bien écrites que vocales. Ces interceptions de communications visent des « renseignements fermés », c’est-à-dire des informations confidentielles ou secrètes qui n’ont pas à être connues du public pour des raisons de sécurité, commerciales ou de protection de la vie privée. 

Le système Echelon n’est pas un objet technique en soi, puisqu’il rassemble un ensemble hétérogène de moyens matériels, technologiques et humains : sa singularité vient de la transmission et du traitement en réseau des informations capturées. Ces importants moyens étatiques soulèvent de légitimes questions sur les risques d’atteinte à la vie privée sous-couvert de mesures préventives prises dans le cadre de la lutte contre le crime organisé ou le terrorisme. 

En 1988, un journaliste d’investigation écossais, Duncan Campbell, a dévoilé à l’opinion publique l’existence de ce réseau, et surtout sa mutation en un outil de surveillance potentiellement totalitaire. En effet, alors que les stations d’écoutes de l’immédiat après guerre étaient destinées à la surveillance des communications militaires et diplomatiques du bloc soviétique, la nouvelle donne géostratégique internationale, a élargi le spectre de ces interceptions aux acteurs économiques et privés à l’échelle internationale. Cette évolution s’explique par les nouveaux visages de la guerre : celle-ci est devenue multiforme, économique et mondialisée, en un mot « hors limite  ». 

Désormais, les contours entre l’espionnage militaire, policier et économique se confondent. Cette dérive pose la question du respect des libertés individuelles face à ces moyens d’investigation clandestins pour des motifs sécuritaires ? Dérive qu’accroît encore la multiplication des acteurs du contrôle réagissant aux moyens officiellement déployés par les Etats-Unis et leurs alliés. Pour ancrer et illustrer notre article, nous nous appuierons essentiellement sur les cas anglo-saxons et français. Nous précisons que les sources exploitées, souvent d’origine militante, pourraient être sujette à caution (difficulté d’accès à des informations secrètes par nature ou manque d’objectivité), mais la plupart d’entre-elles paraissent se recouper. Ce texte, loin d’être exhaustif, vise à dégager les grandes lignes sous-jacentes au débat actuel généré par l’affaire Snowden.


De la « guerre froide » à la « guerre hors limite » : la métamorphose d’un réseau de surveillance automatisé de la fin de la Seconde Guerre mondiale à la « guerre mondialisée »

Au début de la Guerre Froide, les Etats-Unis instaurent un système d’alliance militaro-économique pour contrer l’extension du pacte de Varsovie en portant assistance aux pays européens dévastés par la guerre (plan Marshall, 1947) et en associant l’Europe et les pays anglo-saxons dans une alliance militaire défensive contre les agressions soviétiques (OTAN, 1949). 

Dans ce contexte, un pacte secret, appelé UKUSA (United Kingdom-United States of America), est signé entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour intercepter les communications politiques et militaires du bloc adverse. Cet accord proroge une première entente scellée au cours de la Seconde Guerre mondiale pour contrer le renseignement nazi (accords BR-USA, signés en 1943). Cette communauté du renseignement s’est ensuite élargie au Canada (accord bilatéral américano-canadien, CANUSA Agreement) et à deux Etats du Commonwealth, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, dans la perspective de contrôler par cette couverture géographique la quasi-totalité des informations échangées à l’échelle mondiale . Des accords supplémentaires ont été signés avec la Norvège, le Danemark, l’Allemagne et la Turquie : mais, ces nouveaux signataires sont considérés comme des « participants tiers » . Le niveau d’intégration des services, hérité de la Seconde Guerre mondiale,  est élevé : les contractants mettent en commun les moyens matériels et humains  de leurs service du renseignement . Les informations sont interceptées, collectées et préalablement décryptées et analysées, avant leur mutualisation sous la forme d’un rapport de synthèse par tout ou partie des services spécialisés des pays signataires. 

Toutefois, ce partenariat n’est pas égalitaire. L’architecture du réseau a été entièrement conçue par l’agence de renseignement américaine,  National Security Agency (NSA) , qui dispose de l’intégralité de ses codes et de ses combinaisons, situation qui place en état de sujétion les autres pays associés. Dans la pratique, la NSA centralise tous les messages captés par le réseau, garde discrétionnairement la main sur la redistribution des informations aux Etats associés et s’en sert également comme moyen de pression sur ces derniers. Ce monopole s’explique par les ambitions politiques internationales de Washington et par la supériorité quantitative et qualitative des moyens d’interception américains. C’est cette alliance qui distingue fondamentalement le Réseau Echelon, de ceux développés individuellement par des pays tiers. 


Les accords UK-USA s’expliquent également par l’avancée technologique des pays signataires en matière de décryptage et d’électronique au sortir de la Seconde Guerre mondiale : les alliés ayant remporté la victoire sur le chiffrement mécanisé, sur la machine Enigma d’Arthur Scherbius et le chiffre de Lorentz (procédé de cryptographie adopté pour les transmissions d’Adolf Hitler) . Les processus mis en œuvre sont nommés, selon la terminologie des services spécialisés nord-américains, le SIGINT (Signals Interceptions) . Le développement des technologies de la télécommunication dans les années 1960  a contraint les services de renseignement à amplifier leurs possibilités d’observations et d’écoutes clandestines (satellites, paraboles, radômes), de décryptage et de traitement automatisé de l’information (informatique). Le développement des communications extra-atmosphériques, à partir de 1967 , explique l’extension du nombre des satellites espions  et des stations officielles ou clandestines  d’écoutes au sol. Les procédés d’interception reposent sur la vulnérabilité des matériels, des logiciels et des supports de communication, le vaste rayonnement des ondes satellites, voire l’intrusion d’un « cheval de Troie » ou d’une « porte dérobée » dans les matériels ou les logiciels. Spécifiquement, les informations transmises par les ondes radios sont interceptées par les services spéciaux britanniques  et nord-américains depuis 1945, notamment à partir de stations, portant le nom de code « Echelon », basées en Ecosse, en Angleterre, en Italie, à Chypre, etc. , voire pour les ondes ultra-courtes, par des satellites-espions. Pour ce qui concerne, les communications filaires sous-marines reliant les anciens pays soviétiques, l’Europe ou l’Afrique de l’Ouest , celles-ci peuvent être captées, depuis 1971, dans les eaux internationales. Des sous-marins, ou plus récemment, des bathyscaphes dans le cas français, apposent des manchons (appelés pods) sur ces câbles ou leurs relais de transmission. 
 
Au milieu des années 1980, la NSA décide de relier par un réseau les ordinateurs des différentes bases d’interception (réseau Global Wide Area Network ), les liens ont été renforcés en 1994 par la mise en relation de tous les services de renseignement américains (réseau intranet Intelink). Ainsi, les informations collectées par les différents récepteurs (du satellite à la base d’interception) sont ensuite centralisées par des stations nord-américaines sises aux Etats-Unis ou à l’étranger,  en Grande-Bretagne (Menwith Hill ), en Australie (Pine Grap), au Canada (Letrin), en Allemagne (Bad Abling) et au Japon (Misawa), avant d’être triées. Face à l’abondance des messages recueillis (plus de trois millions dans le monde en l’an 2000), les informations sont filtrées en fonction de l’expéditeur et du destinataire, mais aussi et surtout à l’aide de mots-clés  (traduits en langue anglaise si nécessaire) préalablement répertoriés dans des dictionnaires (ou « listes de surveillance  »). Les stations réceptrices procèdent à des mises à jour des combinaisons des mots-clés indexés dans leurs dictionnaires et répartissent les messages sur ces critères aux agences nationales concernées. C’est ce procédé, fondé sur des « dictionnaires informatisés » et la mise en réseau des moyens de communications de chacune de ces bases que l’on appelle le « système Echelon ». Ces procédés passifs, sont complétés depuis une dizaine d’années, par l’emploi de virus servant à obtenir les clés saisies sur les claviers (Magic Lantern) ou par le filtrage des mails en provenance des fournisseurs d’accès Internet (logiciel DCS 1000, dit Carnivore ). 


En dépit d’une couverture mondiale des systèmes d’interception d’Echelon, le réseau est-il entravé par l’abondance des flux d’informations visé? Selon Duncan Campbell, le dispositif Echelon serait en mesure de le faire, et ceci depuis les débuts de l’installation du système. Néanmoins, les faits laissent à penser, et les événements du 11 septembre 2001 en sont la tragique illustration, que ces moyens ont peut-être trouvé leurs limites. D’une part, des renseignements confidentiels peuvent échapper aux canaux contrôlés par le dispositif (déplacement d’un individu, courrier postal, etc.). D’autre part, et selon toute vraisemblance, le point faible d’Echelon serait le traitement et l’analyse de l’information. En dépit d’un choix sélectif des cibles, l’abondance d’informations traitées réduisent les performances du dispositif, surtout depuis que l’existence du réseau a été portée à la connaissance des services de renseignements étrangers, des grandes entreprises et des citoyens. Ces derniers prennent désormais leurs dispositions en protégeant leurs messages en les cryptant. La cryptographie, la stéganographie et le codage rendent inutiles l’exploitation du renseignement, car le temps consacré au décryptage périme l’information. 

À l’heure actuelle, les Etats, les grands industriels producteurs de logiciels informatiques, les acteurs économiques et les citoyens sont placés au centre d’une bataille livrée autour de la résistance des clés de chiffrement des messages électroniques. Une situation qui expliquerait le « double langage » des pouvoirs publics sur ces questions…