Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 01 janvier 2008

Sur Sir Oswald Mosley

1b613686a9a3c88efcb06203952aec32.jpg

Sur Sir Oswald Mosley

 

Richard Thurlow, pour le compte de l’éditeur londonien I. B. Tauris, vient de publier une nouvelle histoire du mouvement fasciste britan­nique, centré autour des « Black Shirts » de Sir Oswald Mosley. Ou­tre une histoire générale de ce mouvement, né de la grande crise éco­nomique qui a secoué l’Angleterre à la fin des années 20 et au début des années 30, le livre de Thurlow aborde l’histoire personnelle de Mosley après 1940-45. Interné en 1940 pour raisons de sécurité, Mosley, écrit Thurlow, a utilisé son repos forcé en prison ou en résidence surveillée, pour lire énormément. Thurlow signale ainsi qu’il a appris la langue allemande et s’est intéressé à l’histoire de la Grèce antique. Cet intérêt a notamment renforcé son classicisme, son en­gouement pour les formes dites « classiques » de notre civilisation. La correspondance avec son fils Nicholas témoigne de son intérêt pour l’évolutionnisme non matérialiste, s’enracinant dans la psycho­lo­gie de Jung et la nouvelle physique de Jeans et Eddington. De ces lec­tures éparses, Mosley déduit une théorie de l’homme de « pensée et d’action » (« Thought-Deed Man »), opposé à cette « volonté de con­fort », qui prévalait dans l’ethos puritain du capitalisme britan­nique et de sa classe dominante.

Pendant ces quelques années de ré­clusion forcée, Mosley a cessé d’être un nationaliste britannique pour se muer en Européen. La figure du Faust de Goethe, le wag­né­risme revu par George Bernard Shaw et la philosophie de Nietzsche se sont combinés dans l’esprit de Mosley. Celui-ci estimait que, chez Faust, la quête de beauté et d’achèvement, ne pouvait se réaliser que par un effort constant, sans repos, et que si une sorte de satis­faction béate remplaçait cette quête, l’évolution personnelle de l’hom­me arrêtait sa marche, et qu’alors, l’extinction et la mort survenaient. La fébrilité incessante, propre de l’homme (surtout de l’homme fau­stien), devait être canalisée vers des objectifs positifs, socialement et po­litiquement utiles et féconds. Les travers de l’homme pouvaient dès lors être mobilisés pour atteindre un « Bien », surtout par le truchement de l’art et de l’action. Mosley a donc développé une vision faustienne de l’homme européen, qui s’est superposée à la vision nietz­schéenne du surhomme. Son « Thought-Deed-Man » devait ser­vir d’anthropologie fondamentale à l’Europe unie du futur. Thurlow montre que Mosley s’est efforcé de concevoir une vision positive de l’hom­me, de communiquer une éthique constructive à ses militants, tan­dis qu’une bonne part des rescapés du fascisme britannique bas­cu­lait dans les théories de la conspiration et du complot (géné­ra­lement « judéo-maçonnique »).  

Autre volet intéressant dans l’étude de Thurlow : le débat sur l’in­ter­nement et la libération de Mosley pendant la seconde guerre mon­diale en Grande-Bretagne. Le principe de liberté de conscience, d’o­pi­nion et de parole est sacré en droit britannique. De ce fait, l’inter­ne­ment des fascistes en 1940 a suscité des réactions variées et somme toute assez mitigées. Mosley, citoyen britannique issu de la classe dominante, ne pouvait juridiquement pas être interné pour ses opi­nions, mais uniquement, le cas échéant, pour des actes concrets de sa­botage ou de trahison, mais il n’en avait pas commis… En no­vem­bre 1943, le monde politique britannique connaît une crise sérieuse quand on parle de relâcher Mosley. Les communistes, à l’époque as­sez puissants et forts de l’alliance qui lie Londres à Moscou, tentent de provoquer une crise, excitent les émotions, ce qui menace la pro­duction de guerre. Thurlow rappelle que, généralement, la gauche s’in­surgeait avant la guerre avec véhémence contre toute action gou­ver­nementale visant à restreindre les libertés civiles. En novembre 43, en revanche, dans le cas de Mosley et de ses compagnons, les communistes et le « Council for Civil Liberties » (qu’ils contrôlaient partiellement), militaient pour maintenir l’ex-chef du BUF (British U­nion of Fascists) en détention. Harold Nicholson, membre du « Coun­cil for Civil Liberties », démissionne, car il n’accepte pas la position de la majorité de ce conseil dans l’affaire Mosley : pour Nicholson, il était illogique qu’un tel organisme, visant à défendre les libertés ci­viles des citoyens, appuyât le maintien en détention d’un citoyen sans jugement. Trente-huit autres membres du Council suivirent Nichol­son. Ils estimaient qu’en 1940, on pouvait comprendre l’internement de Mosley et des fascistes, vu les menaces allemandes pesant dir­ec­te­ment sur le territoire britannique, mais qu’en 1943, la fortune de guerre avait changé de camp et les Allemands ne menaçaient plus l’Angleterre d’une invasion. Ensuite, Nicholson et ses amis jugeaient la position des communistes particulièrement hypocrite, dans la me­su­re où ils avaient, eux aussi, milité contre la guerre en même temps que Mosley. Ils étaient donc tout aussi coupables que lui, et cela, jusqu’en juin 1941, où, du jour au lendemain, ils s’étaient mués en su­per-patriotes !  

Chez les socialistes, les attitudes furent variées. Dès 1940, le député travailliste Richard Stokes, d’Ipswich, réclame la libération de Mosley et de ses amis parce que leur détention enfreint le principe de res­pect absolu des libertés civiles. Aux yeux de ces travaillistes, Mosley devait soit être jugé comme traître soit immédiatement libéré. Mais, la base des syndicats, travaillée par les communistes, adresse deux lett­res à Herbert Morrison, président des « trade unions », lui préci­sant que la libération de Mosley porterait un coup au moral des civils, parce que le leader de la BUF avait fini par symboliser le fascisme et le nazisme contre lesquels les ouvriers britanniques avaient été in­ci­tés à combattre par un travail accru, des sacrifices sociaux et des ca­den­ces infernales. Quant au gouvernement conservateur de Chur­chill, son souci était de ne pas apporter d’eau au moulin des neu­tra­listes américains, fortement représentés dans l’opinion d’Outre-Atlan­ti­que. En effet, il pouvait paraître incongru de faire officiellement la guerre à la tyrannie fasciste ou nazie, alors que des citoyens britan­ni­ques croupissaient en prison sans avoir été jugés. L’artifice juridique pour libérer Mosley et bon nombre de ses compagnons a été de rap­pe­ler que l’article DR18b, qui permettait temporairement l’isolement de personnes dangereuses pour la sécurité de l’Etat en temps de guer­re, stipulait que la santé des prisonniers ne pouvait jamais être mi­se en danger. Mosley, atteint d’une phlébite, pouvant avoir des con­séquences graves, devait donc être relaxé. De plus, il avait con­si­dé­rablement maigri, ce qui suscitait l’inquiétude des médecins. Les com­munistes organisèrent des manifestations dans Londres et aill­eurs, mais les grèves dont ils avaient menacé le gouvernement n’eu­rent pas lieu. L’Union Soviétique avait besoin de matériel américain et britannique pour faire face aux troupes allemandes.  

Benoît DUCARME.  

Richard THURLOW, Fascism in Britain. From Oswald Mosley’s Blackshirts to the National Front, I. B. Tauris, London, 1998, 298 pa­ges, ISBN 1-86064-337-X.

vendredi, 28 décembre 2007

Entretien avec Bernd Rabehl

1fb6e2577e8f43b573fe43a1de956ade.jpg

Entretien avec Bernd Rabehl, leader en 1968 de l’Opposition extra-parlementaire ouest-allemande

 

Nous sommes devenus un peuple d’ilotes !

 

Propos recueillis par Dimitrij Grieb

 

Introduction : Né le 30 juillet 1938, le Dr. Bernd Rabehl a reçu une formation de sociologue et de politologue. Il a été professeur à la « Freie Universität Berlin » jusqu’en 2003. Ami de longue date et camarade de combat de Rudi Dutschke, on le considère comme l’un des principaux théoriciens de l’ « Opposition extra-parlementaire », en abrégé « APO », et du fameux SDS (« Sozialistischer Deutscher Studentenbund », « Fédération socialiste des étudiants allemands »), qui furent les deux organisations porteuses de la révolte estudiantine  de 1967-68 en Allemagne. Bernd Rabehl a écrit une biographie de son ami, intitulé « Rudi Dutschke – Revolutionär im geteilten Deutschland » (= « Rudi Dutschke – Un révolutionnaire dans l’Allemagne divisée »). Ce livre nous permet, aujourd’hui, de réexaminer sereinement les positions du penseur révolutionnaire tant contesté par la bienpensance à l’époque.

 

* * *

 

Q. : Professeur Rabehl, beaucoup de jeunes sont totalement désorientés et l’Allemagne connaît désormais le chômage de masse. Ce qui est en train de se passer, soit le basculement de jeunes gens de gauche dans des partis ou des organisations d’inspiration nationale voire nationaliste, ressemble au paysage politique des années 20 du 20ième siècle. Cet état de chose va conduire les partis du régime à mener un dur combat politique pour récupérer cette jeunesse, mais les partis de droite n’ont pas grand-chose à offrir, jusqu’à présent….

 

BR : Nous expérimentons effectivement ce basculement dans les provinces de l’Est, où nous voyons les jeunes des classes défavorisées passer à « droite ». Nous avons ensuite un autre phénomène, celui de la neutralisation de l’intelligentsia dans les universités et les hautes écoles. Ces phénomènes sont liés à la situation fatale qui règne sur le marché du travail ; quant à la neutralisation des élites intellectuelles, elle est due à la concurrence accrue entre les étudiants qui terminent leurs études : comment vont-ils décrocher un boulot ? Jadis l’intelligentsia de gauche dominait dans les universités : cette intelligentsia est aujourd’hui neutralisée ou se comporte de manière parfaitement opportuniste, tandis que les jeunes sans diplôme, issus de classes défavorisées, principalement dans les Länder de l’Est, basculent à « droite », phénomène lié à l’histoire récente, très spécifique à ces régions, où les villes et leurs industries traditionnelles ont été détruites.

 

Q. : La CDU démocrate-chrétienne est passée définitivement à gauche ; elle s’aligne sur le discours apocalyptique et médiatique qui se veut « anti-fasciste ». Jusqu’en 1989, année de la chute du Mur, l’ « anti-fascisme » était l’idéologie passerelle entre les néo-marxistes libertaires, inspirés par l’école de Francfort, et les marxistes durs, de mouture stalinienne. Que pensez-vous de ce glissement ?

 

BR : Cette alliance de facto existe toujours de nos jours. C’est une sorte de « front populaire », ou de « front national » de l’Allemagne démocratique, c’est-à-dire de feue la RDA. Dans ce concert, la CDU est effectivement devenue un petit instrument mineur jouant benoîtement la partition écrite par les partis de gauche. Tous s’accordent sur une conception du monde, sur un programme, mais leur but essentiel est de lutter contre le peuple lui-même, contre le peuple allemand, contre la culture allemande, contre la langue allemande, contre le passé allemand. Ils veulent réduire ce passé allemand à la période qui court de 1933 à 1945.

 

Q. : Vous considérez que le peuple allemand est devenu un peuple d’ilotes. Que devons-nous entendre par là ?

 

BR : Les peuples d’ilotes sont des peuples qui ont perdu l’esprit, qui n’ont plus une intelligentsia propre, qui n’ont plus de culture spécifique. Je veux ici vous rappeler une parole qui nous vient tout à la fois de Hegel et de Friedrich Engels : « Un peuple est toujours un peuple de bâtisseurs de villes, un peuple qui possède des universités, une peinture propre, un art spécifique, une architecture ». Si tout cela va à vau-l’eau, le peuple perd la tête et est détruit jusqu’au tréfonds de sa personnalité. Les valeurs d’autres peuples sont alors injectées dans ce peuple « ilotisé », qui perd ainsi les derniers résidus de son identité.

 

Q. : Les Allemands sont donc devenus un peuple d’ilotes, mais sont-ils dominés par les Etats-Unis ou par les forces dynamisantes qui tiennent là-bas, Outre Atlantique, le haut du pavé ?

 

BR : Oui, c’est cela, c’est exact. C’est là l’application exemplaire des stratégies qui ont été élaborées pour les guerres du futur. On ne veut pas qu’en Europe centrale et orientale émerge une puissance forte qui pourrait concurrencer les Etats-Unis ou choisir un jour de s’aligner aux côtés de la Russie ou de la Chine. A Washington, l’intérêt majeur est de détruire l’Europe, et non pas seulement l’Allemagne, dans sa substance culturelle et nationale. C’est pour cette raison qu’on nous a imposé l’immigration de masse ; celle-ci est téléguidée et introduit en nos murs des populations venues de plusieurs zones de la planète, sinistrées par des guerres. Ce n’est pas un hasard si nos immigrés viennent de Turquie, du Moyen Orient ou d’Afrique du Nord. Dans les régions sinistrées par la guerre, on retire l’eau dans laquelle le poisson peut nager et on transplante celui-ci en Europe, où l’on se demande : « Pourquoi cela, vers quel but nous dirigeons-nous en pratiquant une telle politique ? ». Ces immigrés n’apportent pas une force de production supplémentaire, ni un savoir précieux, mais arrivent chez nous en tant que peuples brisés, c’est-à-dire en peuples réduits au statut d’ilotes, comme nous.

 

Q. : Comme votre célèbre compagnon de combat de jadis, Rudi Dutschke, vos racines sont en Allemagne centrale, l’ex-RDA. Vous avez pu observer comment les Etats-Unis comme l’URSS ont tenté, chacun à leur manière, de faire du peuple allemand un peuple d’ilotes. Peut-on considérer, avec le recul, que les Allemands de l’ex-RDA ont été moins contaminés par les politiques de rééducation que les Allemands de l’Ouest ?

 

BR : En ex-RDA, il y a toujours eu une sorte de résistance naturelle. Les valeurs soviétiques, les valeurs du parti, de la culture soviétique, ou même du peuple russe, n’ont finalement été adoptées que par les castes dominantes, dans les sphères supérieures du parti. Pour leur part, les ouvriers et la petite bourgeoisie n’ont cessé de récriminer, d’imaginer des blagues mordantes car ils voyaient les pauvres troufions des garnisons soviétiques traîner leurs godillots dans leurs villes et savaient que ces pauvres bougres ne pouvaient rien leur apporter, n’avaient rien à leur dire. C’est dans ce non dialogue permanent que résidait la résistance naturelle du peuple et c’est pour cette raison que les Allemands de l’ancienne RDA sont aujourd’hui plus allemands que les ex-Ouest-Allemands.

 

Q. : Lénine considérait que le peuple russe était son premier ennemi. Il avait l’intention, dès lors, de subordonner les Russes à son idéologie, et d’en faire aussi un peuple d’ilotes. Finalement, le marxisme comme le libéralisme sont issus tous deux du même tronc idéologique : tous deux défendent une vison linéaire de l’histoire, croient à une fin de l’histoire et raisonnent dans les termes d’une philosophie matérialiste. Vos travaux et vos conférences abordent régulièrement les dimensions religieuses du marxisme. Mais existe-t-il aussi une dimension religieuse du libéralisme ?

 

BR : En Russie, aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe a récupéré à son compte toute la charge religieuse que recelait, en dépit de son idéologie matérialiste, le marxisme. Le peuple préfère apparemment redevenir chrétien de rite orthodoxe. En Europe occidentale et en Amérique, nous devons plutôt évoquer une ère post-libérale car les principes du libéralisme y sont désormais évoqués pour étayer une méthode de domination des peuples, méthode qui n’entend toutefois pas respecter ces principes.

 

Q. : On vous campe comme l’ancien bras droit de Rudi Dutschke. Y a-t-il un point particulier que vous aimeriez souligner ici, quant à la personnalité de Dutschke, quarante ans après la révolte étudiante et extra-parlementaire ?

 

BR : D’abord je voudrais tout de même rappeler que Rudi Dutschke n’était nullement une personnalité qui appelait à la violence ni cherchait à la commettre. Dutschke était un chrétien protestant au milieu de socialistes ; il se rendait régulièrement au temple, priait souvent et lisait la Bible. Ce sont là des éléments importants de sa personnalité que l’on ne doit ni oublier ni occulter aujourd’hui. Dutschke était un adversaire déclaré de toute violence et a toujours tenté de défendre une position hostile à la violence au sein de la gauche extra-parlementaire, mais n’a jamais pu atteindre son but, car l’ambiance, autour de lui, était à l’action violente. Plus tard, quand le parti des Verts a été fondé par d’anciens activistes de gauche, il a tenté de s’incruster dans le mouvement. Mais il est mort prématurément des suites des blessures qu’il avait subies lors de l’attentat commis contre sa personne. Je peux dire clairement, sans aucune ambiguïté, que Dutschke n’avait rien en commun avec la violence déclenchée ultérieurement par la RAF (Bande à Baader) ou par d’autres groupes militants.

 

Q. : Vous soulignez donc le christianisme de Dutschke, homme de gauche mais aussi nationaliste au meilleur sens du terme, car il s’opposait à toute les formes d’occupation que subissait l’Allemagne…

 

BR : Il a refusé de servir dans la NVA, la « Nationale Volksarmee » de la RDA, parce qu’il ne voulait pas combattre les Allemands de l’Ouest. Il voulait que les Américains quittent notre pays, de même que les Soviétiques. Il voulait transposer les idéaux des mouvements de libération est-européens en RDA et en RFA. Il pensait que la Révolution allait venir de l’Est pour réanimer l’Ouest. La Révolution française avait d’abord migré vers l’Est, vers Moscou et vers Pékin ; ses idéaux allaient ensuite revenir, pensait-il, vers l’Ouest, en faisant crouler les régimes communistes de Hongrie, de Pologne, de RDA et, finalement, d’URSS. Au fond, malheureusement, ses idées sont parties aujourd’hui en fumée : personne n’a tiré réellement les leçons qu’il fallait des positions de Dutschke. Et, de toute façon, la gauche n’était pas prête, à l’époque, à accepter ses idées.

 

(extraits d’un entretien accordé à l’hebdomadaire viennois « zur Zeit », n°47/2007 ; trad. franç. : Robert Steuckers).

mercredi, 26 décembre 2007

Orthodoxes et catholiques: rapprochement historique?

047dafb451aa72ea2aa91e0b60df9f1d.jpg

Henri de GROSSOUVRE :

«Orthodoxes et catholiques à Strasbourg : un rapprochement historique ?»

Les personnalités au coeur des relations entre Strasbourg et la Russie confirment: les Russes misent sur Strasbourg. Nous avons rencontré différents acteurs de ce travail méconnu du grand public, pouvant devenir un enjeu majeur pour l’avenir de l’Europe. Ce choix se décline sous deux formes : un choix politique russe et un choix orthodoxe.

Avec l’adhésion en 1996 de la Russie au Conseil de l’Europe, les Russes et les russophones des pays d’ex-URSS arrivent à Strasbourg. « Les diplomates sont progressivement suivis par des étudiants et des hommes affaires. Strasbourg est aujourd’hui connue en Russie », souligne le consul général M Klimovskiy. La Représentation Permanente russe comprend une dizaine de diplomates. Aux grands bâtiments de la RP de l’Allée de la Robertsau s’est ajouté celui du Consulat Général, doté de salles de réception. Les diplomates hautement qualifiés se succèdent, l’actuel ambassadeur, M. Alexeïev, est ancien vice-ministre. Le consul V. Korotkov a réalisé un travail de fond dans les domaines économiques et culturels. Son successeur, M. Klimovskiy a été de 2002 à 2007 directeur de cabinet du vice-ministre Saltanov. Au Conseil de l’Europe plusieurs russes occupent des postes clés. Seda Pumpyanskya y dirige depuis 2005 l’important service de communication (80 personnes) et M. Vladychemko est directeur de la DGIII (cohésion sociale). M. Mikhail Margelov pourrait même succéder au président actuel de l’Assemblée parlementaire lors des élections de janvier 2008.

Les seize églises orthodoxes sont autocéphales et entretiennent de ce fait des liens plus étroits avec leurs pouvoirs politiques nationaux respectifs. Si le patriarche de Constantinople est le « primus inter pares », le poids politique et les moyens du patriarcat de Moscou sont de loin les plus importants. Il y a à Strasbourg sept paroisses orthodoxes (roumaine, serbe, grecque…) dont deux russes : une francophone, celle du père Escleine, et une russophone, celle du père Philarète. Depuis 2005 l’higoumène Philarète est le représentant officiel du patriarcat de Moscou et de toutes les Russies auprès du Conseil de l’Europe. Les territoires orthodoxes russes en dehors de la Russie sont les pays où il y a de grandes communautés de fidèles russes (Biélorussie, Ukraine…). « Avec le père Philarète, le patriarcat de Moscou envoie un émissaire de haut vol de manière permanente et intervient ainsi diplomatiquement dans les discussions du Conseil » insiste le chanoine Geissler, délégué de l’évêché de Strasbourg aux affaires temporelles. La récente visite à Strasbourg du patriarche Alexis II constitue à cet égard un événement majeur malheureusement modérément couvert par la presse locale. Alexis II s’est d’abord rendu du 1er au 3 octobre à Strasbourg, à l’invitation du président de l’assemblée parlementaire du Conseil. Il s’est rendu ultérieurement à Paris pour rendre visites aux fidèles parisiens et au président Sarkozy. « Les thèmes du Conseil de l’Europe, les droits de l’homme, la morale de notre société ou l’éducation sont également des thèmes importants pour l’église orthodoxe et pour la grande Europe. » (Père Philarète). Le patriarche a également rencontré madame Keller qui a donné son accord de principe pour la construction d’une « vraie » église russe à Strasbourg. « Cette église sera aussi une belle église strasbourgeoise construite par un architecte russe dans la tradition orthodoxe mais adaptée à la culture alsacienne ». Moins d’un mois après la visite du patriarche, le 28 octobre, lors de l’ordination épiscopale à Mazza del Valo (Sicile) de monseigneur Ralo, le père Philarète a été le seul des émissaires étrangers à lire un message de Kyrill de Smolensk, façon de ministre des affaires étrangères du patriarcat. Cette cérémonie était présidée par le secrétaire d’Etat du Vatican, hiérarchiquement numéro deux après le Pape. Le message de l’émissaire russe strasbourgeois insistait sur le rôle de Strasbourg et la contribution de Vito Rallo au rapprochement entre le Saint-siège et le patriarcat. Un diplomate de la représentation permanente russe de Strasbourg avait aussi spécialement fait le déplacement. « Strasbourg est pour le patriarcat russe une plateforme privilégiée de dialogue avec le Vatican. » (Chanoine Geissler). L’évêque de Strasbourg vient d’ailleurs de nommer le père Boeglin adjoint au délégué épiscopal aux relations oecuméniques particulièrement chargé des relations avec les orthodoxes, alors que traditionnellement en Alsace, les relations œcuméniques sont avec les protestants.

Pour Jean-Luc Schaffhauser, président de l’Association strasbourgeoise « Rhin-Volga » et homme d’affaires partageant son temps entre Paris, Strasbourg, Rome et Moscou, le choix russe de privilégier Strasbourg coïncide avec l’évolution internationale : «  la puissance des Etats-Unis arrive à sa fin car elle n’a plus de légitimité morale. Ils vont entraîner le monde dans une faillite, conséquence de leur politique économique. On se dirige ainsi vers la reconstitution de grands pôles géographiques dont l’un est obligatoirement l’Europe continentale face à la Chine et l’Inde. L’identité culturelle et spirituelle commune unit la grande Europe et l’union avec le monde orthodoxe est une question de survie du christianisme. L’unité chrétienne  se fera donc par une nécessité géopolitique, par besoin de survie de l’identité européenne. » Si la situation internationale est favorable, la situation locale ne l’est pas moins. Strasbourg n’est elle pas, face à Bruxelles, et au cœur du franco-allemand le symbole de l’Europe politique ? A moins de trois-quarts d’heures de Strasbourg Baden-Baden, la ville allemande la plus connue de Russie après Berlin accueille une importante communauté russe. Enfin, le 16 novembre dernier, le 1er ministre russe, M. Zubkov, annonçait, lors d’une rencontre franco-russe à Matignon, la création de classes de russe au lycée international de Strasbourg. Cette mesure est importante. Elle intègre les Russes dans une forme de communauté européenne aux côtés des classes britanniques et allemandes.

Les Russes sont des champions d’échecs, ne l’oublions pas et sachons anticiper et saisir les opportunités de rayonnement international qui s’offrent à Strasbourg et aux Alsaciens ! Nous sommes peut être à la veille d’un rapprochement historique entre les deux poumons de l’Europe. La rupture « catholiques-orthodoxes » de 1054 a eu lieu sous le pontificat d’un pape alsacien et impérial : Léon IX. Le jour de sa fête, le 19 avril a été élu Benoit XVI, 1er pape allemand depuis le moyen age. Avec le chanoine Geissler, nous voulons y voir un signe…

Henri de Grossouvre, directeur du Forum Carolus (www.forum-carolus.org ), laboratoires d’idées européen à Strasbourg initié par François Loos.

Article à paraître dans « Vivre l’Alsace – Rot un wiss » de décembre (8000 exemplaires), si possible le mentionner.

samedi, 22 décembre 2007

La pétro-diplomatie de Chavez

f8445cb1ffb8823deb85ecefc354ce49.jpg

Cristiano TINAZZI :

Chavez lance la « pétro-diplomatie »

La nouvelle stratégie du Venezuela : aider les pauvres des Etats-Unis

La nouvelle invention de Hugo Chavez est la « pétro-diplomatie ». Le Président vénézuelien, fort des profits importants que lui rapporte l’industrie pétrolière étatisée, espère aujourd’hui embarrasser le gouvernement de Bush. On peut lire dans les colonnes du « Washington Post », quotidien américain, quelle est en substance cette politique. Le Venezuela est un des principaux fournisseurs de pétrole des Etats-Unis et leur fournit environ 1,5 million de barils par jour. Certains sénateurs américains auraient écrit à neuf compagnies pétrolières pour leur demander de céder une partie des énormes profits qu’on leur prédit pour cet hiver au profit des strates les plus indigentes de la population des Etats-Unis. La seule compagnie à avoir répondu à cette missive des sénateurs a été la « CITGO Petroleum », une compagnie contrôlée par le gouvernement de Caracas. Le président de la CITGO a expliqué aux sénateurs que la compagnie « est en train d’étudier un plan de soutien aux programmes d’assistance américains dans le but d’alléger le fardeau de nos prochains qui ont besoin d’une meilleure qualité de vie ». Ainsi, la CITGO, lit-on dans un article du « Washington Post », pense annoncer des ristournes sur le gasoil de chauffage pour les résidents aux revenus les plus bas du Massachussetts. Ensuite, d’après des fonctionnaires vénézueliens, une offre similaire a été faite aux plus pauvres de New York.

Le Président vénézuelien Hugo Chavez lance donc une stratégie du pétrole économique pour les pauvres des Etats-Unis. Quelques députés démocrates ont applaudi à ce projet : « CITGO se comporte comme une bonne entreprise et fait une bonne et charitable donation à ceux du Bronx ». « J’applaudis à leur comportement » a ajouté le démocrate José Serrano. Les habitants du Bronx pourraient recevoir 8 millions de galons à prix réduit pour leur chauffage domestique. La CITGO a également envoyé des lettres en ce sens aux gouverneurs de Rhode Island, du Maine et d’autres Etats pour proposer des programmes semblables au bénéfice de leurs administrés. Chavez est également en train de former une société pétrolifère sud-américaine, la « Petrocaribe », dans laquelle participeront d’autres Etats du Sud du Nouveau Monde, dans le but d’abaisser le prix du brut, en-dessous des prix moyens du marché.

Cristiano TINAZZI.

(source : Rinascita, Rome, 24 nov. 2005).

00:40 Publié dans Economie, Géopolitique, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 17 décembre 2007

Message révolutionnaire de Nasser

5daab7c84cda5acb4dd91af3daa79727.gif
Viktor STARK:

Le message révolutionnaire de Gamal Abd El Nasser

Le 23 juillet 2002 était le cinquantième anniversaire de la chute de la monarchie morbide et corrompue qui "gouvernait" l'Egypte. Elle fut aussitôt remplacée par un régime de libération nationale, qui a dégager le pays de la tutelle étrangère, qui a œuvré pour que le peuple arabe, partagé entre de nombreux Etats puisse se réunir dans un ensemble grand-arabe, harmonisé par un socialisme de facture nationale.

L'ascension de Nasser

Parmi les révolutionnaires qui débarrassent l'Egypte de sa monarchie corrompue, nous trouvons un officier de 34 ans: Gamal Abd El Nasser. Né dans une famille modeste du Sud de l'Egypte, il adhère aux principes et aux valeurs du nationalisme révolutionnaire dans sa jeunesse. Pendant la seconde guerre mondiale, il sympathise, de même que ses camarades, avec les Allemands. Ces jeunes officiers admirent le "renard du désert", le Feldmarschall Erwin Rommel; ils espèrent que cet Allemand audacieux vaincra l'Empire britannique en Afrique du Nord, car Londres place de facto l'Egypte, pourtant théoriquement indépendante, sous sa tutelle. Pendant la guerre contre Israël en 1948, Nasser se révèle comme l'un des plus courageux officiers de l'armée égyptienne et acquiert le surnom de "Tigre de Falluyah". Il est grièvement blessé.

Après la révolution de 1952, Nasser devient véritablement le chef de son peuple qui lui voue une vénération sans fard. Il représente également le mouvement des peuples non alignés, espoir de tous les peuples colonisés du monde, soumis aux diktats de puissances coloniales étrangères. Nasser meurt en 1970. Bon nombre des principes énoncés à l'époque par Nasser restent parfaitement actuels, surtout aux yeux de ceux qui, à gauche, critiquent à juste titre le "capitalisme sans frein" et la "globalisation néo-libérale".

L'Egypte et l'Allemagne

Les rapports germano-égyptiens reposent en ultime instance sur un événement historique, le même que celui qui a motivé l'action planifiée par les jeunes officiers révolutionnaires autour de Nasser, qui voulaient donner un autre destin à l'Egypte et à tout le monde arabe. Dix ans avant cette révolution, alors que l'armée germano-italienne de Rommel pénétrait en Egypte en 1942, Churchill, conscient du danger et des sympathies pro-allemandes des masses égyptiennes, lance un ultimatum: si l'Egypte ne se range pas immédiatement aux côtés de Londres et ne met pas un terme aux mouvements pro-allemands, l'Angleterre prendra toutes les mesures militaires pour "discipliner" le pays. L'armée égyptienne, mal équipée, ne pouvait absolument pas tenir tête aux Britanniques. Elle dut s'incliner. Pour bien montrer leur puissance militaire, les Anglais font encercler le palais du Roi Farouk par des blindés.

Le chef de l'état-major général égyptien, Aziz Ali al-Misri, qui était germanophile, le Premier Ministre Ali Maher (qui reprit brièvement son poste après la révolution de 1952), de même que bon nombre de leurs amis, ont été immédiatement internés par les Britanniques. Un groupe de jeunes soldats, dont Nasser, ont tenté, sans succès, de libérer Maher par un coup de force. Sadat, qui faisait à l'époque la liaison entre le mouvement arabe de libération et l'Afrika Korps de Rommel, participera également à la révolution nassérienne de 1952. En 1970, il sera son successeur à la tête de l'Etat égyptien. Les Anglais l'internent également en 1942. De la même façon, un an auparavant, Churchill fit décapiter un autre Etat arabe, par des mesures encore plus brutales: l'Irak pro-allemand de Rachid Ali el-Gailani. Dans ses souvenirs, Sadat fustige le comportement brutal des Anglais en Egypte et en Irak pendant la seconde guerre mondiale: il le décrit comme un mépris affiché, scandaleux et inacceptable du droit à l'auto-détermination.

L'Egypte révolutionnaire a toujours fait montre d'un respect profond et d'une admiration pour les soldats de la Wehrmacht; par exemple : le premier président du gouvernement révolutionnaire, Nagib, rédige en allemand un message de salutation en avril 1954 à l'adresse d'une organisation de vétérans de l'arme parachutiste allemande, assorti de sa photo et de sa signature personnelle. Les vétérans ont publié ce document à l'époque. En voici le texte : «Lorsque je salue mes parachutistes égyptiens, je salue en même temps votre commandant en chef, le Colonel-Général Student, ainsi que vous tous, qui avez combattu pour votre patrie au sein des formations parachutistes allemandes, dans l'espoir que les traditions de cette arme demeurent valides pour tous les temps». Le Général Kurt Student, qui est évoqué ici, était celui qui avait conquis la Crète au départ du ciel en 1941; en 1944, il était devenu le Commandant en chef de la Première armée parachutiste de la Wehrmacht; fin avril 1945, il devenait Commandant en chef du Groupe d'Armée "Vistule".

En Egypte, les mausolées et monuments pour les soldats allemands du désert sont nombreux; les dirigeants du pays, surtout Sadat, ont toujours manifesté clairement leur admiration pour les guerriers venus de Germanie. Le monument en l'honneur des soldats, morts en servant dans l'Afrika Korps à El Alamein, ainsi que le monument en l'honneur de Rommel à Tel el Eissa en témoignent. En 1989, on a restauré, non loin d'El Alamein, un monument en forme de pyramide à la gloire du pilote et as allemand que l'on appelait l'"étoile de l'Afrique"; on y lit en langues allemande, arabe et italienne: «C'est ici qu'est mort, invaincu, le Capitaine H. J. Marseille, le 30 septembre 1942».

Les succès intérieurs du nassérisme, l'opposition de l'étranger

Après que Gamal Abd el Nasser ait remplacé le Général Nagib à la tête du gouvernement révolutionnaire, le peuple l'élit Président d'Etat en 1956. Son gouvernement fut autoritaire; il jugula les menées de l'opposition en arguant qu'elle était "dirigée de l'extérieur", ce qui était vrai dans de très nombreux cas. Nasser procéda à des nombreuses réformes importantes en politique intérieure, surtout en ce qui concerne l'enseignement, la formation universitaire et la santé; il procéda également à une réforme agraire au profit des paysans pauvres; il a élargi l'espace habitable du pays en prenant des mesures d'irrigation de grande ampleur. Ces réformes ont fait de lui l'idole des masses. Sur le plan extérieur, Nasser s'est efforcé de parfaire l'unité des Arabes, notamment en forgeant l'Union avec la Syrie et le Yémen, considérée comme la première étape dans le rassemblement de tous les Arabes au sein d'un même état. Le projet a certes connu l'échec, mais suscité beaucoup d'espoirs. Nasser abat également les structures de domination étrangères qui demeuraient présentes dans la vie politique et économique égyptienne, de manière ouverte ou camouflée. Il convient de citer ici la nationalisation du Canal de Suez. Toutes ces mesures ont fait de Nasser un héros populaire dans tous les pays arabes.

Mais très rapidement après la révolution de 1952, des forces étrangères se coalisent contre la nouvelle Egypte. Pendant l'été de 1954, des agents des services secrets israéliens organisent une série d'attentats à la bombe au Caire; en février 1955, un commando israélien attaque Gaza. En 1956, les forces conjuguées d'Israël, de la Grande-Bretagne et de la France attaquent l'Egypte dans la zone du Canal de Suez. En faisant appel à l'ONU, Nasser oblige les agresseurs à se retirer. En 1967, éclate la guerre des Six Jours. Le monde occidental a toujours tenté de faire accroire l'idée qu'Israël lançait ainsi une guerre préventive pour annuler l'effet de surprise d'un plan égyptien et syrien visant à détruire l'Etat hébreu. En 1997, pourtant, le quotidien israélien Yediot Ahronot publie l'aveu de Moshé Dayan, à l'époque Ministre israélien de la défense: 80% des actions militaires syriennes ont été provoquées par Israël.

Face à l'attitude pro-israélienne militante des Etats-Unis, Nasser n'a pas eu d'autre solution que de se rapprocher de l'Union Soviétique. En même temps, il s'efforçait, sur la scène internationale, en tant que chef charismatique des "non alignés", de trouver une alternative viable au système bipolaire, conséquence de la seconde guerre mondiale, où seuls Moscou et Washington menaient le jeu.

Un "Raïs" légendaire

Après la lourde défaite subite par l'Egypte en 1967, Nasser avait décidé de se retirer du pouvoir, mais un vague sans précédent d'enthousiasme populaire, qui voyait en lui "le seul et vrai chef du pays", il accepte de rester en fonction. Ce qu'il fera jusqu'à sa mort en 1970. Arnold Hottinger, journaliste du quotidien helvétique Neue Zürcher Zeitung, écrit: «En dépit de tout, Nasser est resté l'homme auquel les peuples arabes et égyptien ont conservé leur confiance». Ce correspondant au Caire du journal suisse évoque plus en profondeur la personna­lité de Nasser, dans son article célébrant le cinquantième anniversaire de la révolution égyptienne: «Nasser reste toujours, aux yeux de la grande majorité des Egyptiens, et aussi de la plupart des autres Arabes, le plus grand homme d'Etat que le monde arabe a produit depuis la fin de l'époque coloniale». Les jeunes Egyptiens parlent encore et toujours du "Raïs", du "Chef". Et quand on leur demande: «Comment, tu es si jeune, tu n'as pas vécu à son époque!». Ils répondent : «C'est à son époque que j'aurais voulu vivre».

Viktor STARK.

(DNZ/München - n°32, 2 août 2002).

 

 

 

 

00:40 Publié dans Histoire, Hommages, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 13 décembre 2007

H. De Man, maître à penser

65d7afba2773c7d46935918accd83747.gif

Edgar Delvo lors d'un congrès de l'UTMI pendant la seconde guerre mondiale

Henri De Man, mon "maître-à-penser"

par Edgard Delvo/E.d.V.

En mai 1940, l'homme politique socialiste flamand Edgard Delvo, 35 ans, se présente comme volontaire dans un bureau de recrutement de l'armée française, pour s'engager dans la lutte contre les ³barbares allemands². Mais un mois plus tard, il devient membre du Conseil de Direction (Raad van Leiding) du VNV (Vlaams Nationaal Verbond), le parti nationaliste flamand dirigé à l'époque par Staf De Clercq. Delvo est prêt en 1941 à s'engager pour le front russe, mais, en 1942, il est appelé à la tête de l'UTMI/UHGA (Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels; Unie van Hand- en Geestesarbeiders), le syndicat unifié, pendant belge du Front du Travail allemand. En septembre 1944, il fuit la Belgique, se réfugie en Allemagne et participe au Landsleiding (le gouvernement flamand en exil). Condamné à mort par contumace par un Tribunal militaire belge, Delvo vit trente ans en exil en Allemagne, dont vingt sous une fausse identité. A l'âge de 71 ans, revenu en Flandre, il publie un livre de mémoires Sociale Collaboratie (Collaboration sociale), où il retrace les grandes lignes de son socialisme national-populaire (volksnationaal socialisme) et confie aussi ses souvenirs à E.d.V., chroniqueur historique de l'hebdomadaire satirique flamand Œt Pallieterke (Anvers). Nous en publions un court extrait, où Delvo évoque la figure de Henri De Man, théoricien rénovateur du socialisme européen, très contesté au sein de son propre parti.

La plupart des jeunes militants socialistes de la génération de Delvo ne connaissaient même pas le nom de Henri De Man. "Dans les conférences et les cours du mouvement ouvrier belge, on ne le mentionnait pas. Ce n'est que dans un petit cénacle de notre groupe des Jeunesses Ouvrières (AJ; Arbeidersjeugd) que son nom avait bonne réputation et, pour moi personnellement, ses écrits constituaient un message de salut". Voilà ce que nous déclare Delvo qui ajoute que ses amis et lui comprenaient parfaitement qu'il valait mieux ne rien laisser transparaître de leur admiration pour De Man. Il était préférable, disaient-ils, de ne même pas prononcer son nom en dehors des cercles culturels de la jeunesse socialiste. La meilleure et la seule chose qu'ils pouvaient faire, c'était d'étudier ses idées de la manière la plus approfondie et d'en parler le moins possible avec les vieux camarades du parti, et certainement pas "avec les dirigeants".

Première rencontre

Henri De Man vivait encore en Allemagne quand Delvo et ses amis le lisait en cachette. Quelques années avant la prise du pouvoir par Hitler en 1933, Delvo reçoit l'ordre d'accompagner son maître vénéré à Gand et de présenter De Man aux socialistes de la ville. De Bruxelles à Gand, De Man et Delvo occupent à eux seuls un compartiment dans le train. Mais ils n'ont pas fait plus ample connaissance. Henri De Man avait vingt de plus que son admirateur; il n'a pas posé à son jeune camarade les questions conventionnelles que l'on pose pour montrer de un intérêt réel ou feint à son interlocuteur. De Man n'interroge donc pas Delvo sur sa jeunesse, son travail, sa façon de penser, ses dififcultés, ses espoirs... Nulle question de ce type. "Ce n'était apparemment pas son habitude de feindre de l'intérêt quand cet intérêt n'existait pas". Delvo était là comme un passant. "Mais n'allez pas croire que De Man était méprisant ou garder ostentativement ses distances. Au contraire. Il n'y avait rien d'affecté ou de blessant dans son attitude. Si je n'avais pas su que je me trouvais en présence de mon idole intellectuelle, je n'aurais rien remarqué de particulier à sa présence tranquille, à cet homme qui fumait confortablement sa pipe et laissait libre cours au vagabondage de ses idées".

Nationalisme et socialisme

En cours de route, les deux hommes ont échangé quelques mots sans signification, mais au moment où le train s'est approché de la gare de Gand-Saint-Pierre, De Man s'est brusquement animé: son intérêt s'éveillait pour la ville où il avait passé ses années d'étudiant et vécu ses premières expériences dans le mouvement socialiste. Il s'est appuyé sur la fenêtre du compartiment et quand nous sommes entrés dans la gare, il a dit: "Il y a bien longtemps! On va voir si on ne m'a pas déjà oublié". Delvo relate cette soirée gantoise: "Non, on ne l'avait pas oublié et, apparemment, on ne lui avait rien pardonné non plus. Pour ce qui concerne le nombre de militants présents, nous n'avions pas à nous plaindre; on s'attendait à une conférence compliquée qui n'attirait évidemment pas la masse. Un théoricien n'est pas une star du football ou un coureur cycliste victorieux. Nous pouvions aussi être satisfait du niveau intellectuel des assistants; le cercle d'étude socialiste qui avait organisé la conférence avait visé les intellectuels. Les dirigeants du parti, eux, ne s'étaient pas montrés. La vieille querelle durait-elle encore? Ou bien l'absence des dirigeants socialistes était-elle plutôt due à leur indifférence à l'égard de la thématique annoncée, ³nationalisme et socialisme², soit un problème auquel le POB n'a jamais voulu consacrer l'attention voulue?

"Je ne sais pas si Henri De Man a été déçu ou non de l'absence des dirigeants ouvriers de Gand lors de sa conférence; quoi qu'il en soit il ne l'a pas fait remarqué pendant le voyage de retour. A l'arrivée à Bruxelles-Nord, notre séparation a été brève et sans façons, comme notre tout première rencontre: une forte poignée de main".

Amis?

Selon Delvo, De Man était "tout naturel, sans contrainte dans son comportement, nullement vaniteux". Il le décrit comme "une personnalité tranquille, maîtresse d'elle-même, avec laquelle on se sentait à l'aise, bien qu'on aurait donné beaucoup pour savoir ce qui se passait derrière ce front haut et dans les sentiments de ce homme remarquable, qui ne laissait rien entrevoir de ses attirances et de ses répulsions".

Delvo, qui avait vingt-cinq ans quand il a rencontré De Man pour la première fois, n'a pas modifié fondamentalement ses premières impressions du théoricien. On a reproché à De Man "une indifférence blessante à l'endroit de ses semblables"; pour Delvo, ce n'était qu'"une inattention pour son environnement, une évasion totale ou un plongeon profond dans le monde de ses idées".

De Man, écrit Delvo, ne se donnait jamais la peine de susciter des effets dans son entourage. Il se comportait comme le dictait sa propre intériorité: "il restait toujours naturel et simple dans ses relations et dans son style de vie; il ne se pavanait pas, n'en mettait jamais plein la vue à ses proches, il ne faisait pas semblant, ne commettait jamais de fanfaronnades". De Man était un exemple pour l'attitude existentielle qu'il prônait lui-même: plus être que paraître, accorder moins d'importance à l'avoir qu'à l'être.

C'est précisément cet Henri De Man-là qui n'avait pas d'amis au sens profond de ce mot, écrit Delvo. Mais il semblait n'avoir nul besoin d'amis, "bien que beaucoup de personnes appartenant à son cercle de pensée souhaitaient que les sentiments de proximité qu'il suscitait en eux, reçoivent une réponse de sa part".

Assainir la démocratie

En 1933, De Man se fixe à Bruxelles. A partir de cette année-là, Delvo aura avec lui "des contacts extrêmement précieux et féconds". Delvo ajoute que De Man n'avait pas quitté l'Allemagne "sous pression", au moment où Hitler a accédé au pouvoir, "comme on l'a dit trop souvent par erreur". D'après Delvo, De Man aurait pu conserver sa chaire sans problème à Francfort, s'il l'avait voulu. "Combien de professeurs allemands compromis politiquement aux yeux des nouveaux détenteurs du pouvoir, pour leurs activités du temps de la République de Weimar, sont restés en Allemagne en dépit du changement de régime, en adaptant tout simplement leurs matières et leurs cours aux circonstances nouvelles, tout comme, ultérieurement, ils se sont réadaptés une seconde fois après 1944, en empruntant une direction nouvelle, dans le cadre du programme démocratique de ³rééducation² du peuple allemand".

De Man, en revanche, a quitté le Troisième Reich volontairement et librement, parce qu'il "n'était pas prêt à s'adapter à un régime dont il rejetait les fondements". Il a préféré mettre son expérience au service "du mouvement socialiste et de la lutte contre la crise dans son propre pays". Mais Delvo nous rappelle n'est pas simplement rentré en Belgique pour défendre une démocratie menacée et exposée aux coups de la dégénérescence. Non: De Man envisageait une réforme en profondeur de la démocratie belge, son assainissement". De Man croyait à la possibilité de telles réformes. Il voulait protéger la Belgique de "toute expérimentation totalitaire et dictatoriale".

Hendrik De Man, dit Delvo, "n'a jamais cessé de nous dire que toute démocratie sans responsabilité et sans autorité personnelles, sans auto-discipline et sans direction consciente, ne résisterait pas aux manipulations démagogiques et à l'auto-destruction". Il a opté pour une "démocratie puissante, vitale et ³autoritaire²" contre toutes les formes de dictature. Mais, en même temps, De Man concentrait toute son attention aux efforts entrepris par Hitler "pour susciter une solidarité nationale plus cohérente par plus de justice sociale". De Man considérait que "les réalisations sociales du Troisième Reich comme une contribution importante à l'unification spirituelle et psychique, condition préalable à ce sursaut soudain et étonnant du peuple allemand".

Peu après son retour en Belgique, Henri De Man devient vice-président du POB/BWP. Cette nomination avait été préparée lors de conversations avec le ³patron¹, Emile Vandervelde. Dans ces années de crise, tous les espoirs, dans le sérail du POB, reposaient sur Henri De Man. Les socialistes belges du POB ne désiraient plus s'adresser exclusivement et principalement aux ouvriers. En réalisant son fameux ³Plan du Travail², le POB entendait libérer toutes les catégories de la population "de l'emprise des forces économiques et financières monopolistiques".

Delvo, fidèle collaborateur à la revue de De Man, Leiding,  adepte convaincu de son socialisme éthique, défenseur passionné des point de vue de son maître-à-penser, contribua à diffuser largement, par la plume et la parole, les thèses de l'auteur d'Au-delà du marxisme. Pendant des années, Delvo est resté en rapports étroits avec De Man. Malgré cela, il n'ose toujours pas dire aujourd'hui, "qu'il a bien connu De Man".

"Réformateur du monde"

Pour comprendre la nature de leur relation et pour comprendre la personnalité de De Man, citons ces mots que Delvo consigne dans ses mémoires: "Henri De Man a voulu faire beaucoup de choses pour les gens, mais il n'a pas pu le faire avec  les gens". De Man "était profondément convaincu que les gens avaient besoin de lui". Il s'est toujours senti dans la peau d'un "réformateur du monde". Il voulait littéralement compénétrer les gens de ses idées, qu'il avait bien entendu formulées pour leur bien. Il voulait aller de l'avant et diriger, mais, personnellement, il ne ressentait nullement le besoin d'appartenir à l'humanité! "Il n'a jamais été un homme de communauté", au contraire de son élève Delvo, qui ajoute: "il acceptait le soutien et la collaboration de ceux qui étaient prêts à l'aider, et voyait en eux des hommes partageant les mêmes idées et les mêmes sentiments, des compagnons de combat, et non des amis".

Et Spaak?

"Pas même Paul-Henri Spaak", nous dit Delvo, "qui a tout de même, avec De Man, été considéré comme le représentant le plus influent du ³socialisme national² dans notre pays, et qui a été pour lui, un soutien indispensable quand il s'est heurté, inévitablement, au vieux président du parti, Emile Vandervelde, qui possédait encore à cette époque une grande autorité; je le répète, même Paul-Henri Spaak, n'a jamais été son ami. Non, personne n'avait accès à l'intériorité de De Man, n'avait droit à une part de sa vie sentimentale. C'était un homme que l'on appréciait et que l'on respectait, pas un homme à qui on se liait d'amitié".

Spaak et De Man, selon Delvo, "étaient liés dans un combat commun, basé sur une vision commune". Mais De Man avait derrière lui un "long processus de maturation". Spaak, au contraire, était devenu un ³socialiste national² en répudiant brusquement son passé à ³Action Socialiste², où violence et extrémisme s'était souvent conjugués. C'est vrai: le retournement soudain dans la pen-sée politique de Spaak s'est opéré quand il est devenu ministre "de manière inespérée et inattendue"; toutefois, Delvo pense qu'il s'agit bien d'une conversion soudaine, mais sincère, et non d'un ³simple calcul². Delvo croit pouvoir comprendre cette conversion; il sait qu'il n'est pas le seul jeune ³demaniste² qui "à ce moment, sa-vait que Spaak, depuis quelques temps, sous l'influence des concep-tions de De Man, avait soumis son internationalisme prolétarien à une sé-vè-re cri-tique" et était devenu un adepte du ³socialisme na-tional².

De Man et Spaak ont-ils été ³amis²? "Ils ont été liés politiquement", sans aucun doute. "Mais amis?": "Non" répond Delvo. Mais ce n'est certainement pas Spaak qui a été le responsable de cette ³incom-municabilité². Tout simplement, De Man n'accordait aucune valeur à l'amitié. Dans ses rapports humains, il ne visait qu'une chose: faire partager à ses interlocuteurs et à ses camarades les mêmes visions de la société et de la politique. Tous les efforts intellectuels de De Man tendaient à améliorer le sort de l'humanité, mais il perdait presque toujours de vue les "hommes vivants", y compris ceux qui évoluaient dans son environnement immédiat. Delvo a très bien perçu cet aspect de la personnalité de De Man: "Celui qui espérait des avantages personnels, entendait assurer son avenir, faisait bien de se ranger derrière la bannière de Spaak, qui ne décevait jamais ses amis et répondait toujours à leurs attentes". Mais ceux qui suivaient De Man pour ses idées ne récoltait qu'un ³bénéfice intellectuel². Aujourd'hui encore, Delvo pense que c'était là le ³meilleur choix². Et si Delvo a opté pour une autre voie que celle de De Man pendant la seconde guerre mondiale, il reste reconnaissant au théoricien du planisme.

Magnanimité?

Pendant l'été 1940, après la publication de son manifeste  ‹qui fit tant de vagues, parce qu'il réclamait la dissolution du parti socialiste et appelait à coopérer avec l'occupant allemand‹   De Man reçut la visite de nombreux dirigeants socialistes et surtout syndicalistes, à qui il a promis son soutien, bien qu'il était parfaitement convaincu "qu'ils le renieraient plus de trois fois avant que le coq ne chante une seule fois, si la fortune des armes venait à changer de camp".

En recevant ces socialistes et ces syndicalistes, De Man a-t-il agit par magnanimité? Ou parce qu'il se souvenait de leur lutte commune au sein du mouvement socialiste belge? Pas du tout, nous répond Delvo. Si De Man a reçu pendant l'été 1940 ses anciens camarades du parti qui venaient lui demander conseil, "sans dire un seul mot à propos de l'attitude hostile qu'ils lui avaient manifestée quelques temps auparavant, sans prononcer le moindre blâme pour le fait qu'ils avaient déserté et abandonné leurs camarades", cela n'a rien à voir avec la sentimentalité ou la vertu du pardon: De Man a reçu ses anciens camarades parce qu'ils avaient besoin de lui, de ses conseils, et qu'il était de son devoir de les aider, au-delà de tout sentiment de sympathie ou d'antipathie, de vénération ou de mépris. Parce que De Man avait décidé de remplir la mission qu'il s'était assignée à ce moment-là de notre histoire: rassembler la population belge derrière son Roi.

Leo Magits

Delvo n'aime pas qu'on lui pose trop de questions sur l'"homme" Henri De Man, pour la simple et bonne raison, dit-il, qu'il ne peut le faire, qu'il n'en a pas le droit. Mais il souhaite expressément nous dire ceci: lorsque De Man "avait pris une décision, lorsque quelque chose était bon et nécessaire selon son propre jugement, aucune considération ne pouvait plus l'empêcher d'agir selon son idée. Devant ce qu'il considérait être son devoir, tout devait fléchir et il oubliait tout, y compris ses propres enfants".

Lorsque Delvo devint en 1932 secrétaire général de la Centrale d'Education Ouvrière, en prenant la succession de Max Buset, il a fallu nommer un nouveau secrétaire flamand. Parmi les candidats: Leo Magits, émigré en 1918 aux Pays-Bas, où il fut actif dans le Syndicat International. Delvo ne connaissait pas Magits personnellement, mais avait lu sa brochure Vlaams socialisme [= Socialisme flamand]. Lorsque les deux hommes font connaissance à Bruxelles, deux choses sautent aux yeux de Delvo: "l'attachement absolu de Magits à la démocratie" et "sa vision du nationalisme qui se profilait avantageusement, par rapport à la vision de De Man sur cette question", dans le sens où Magits opérait une distinction beaucoup plus nette entre les concepts de ³nation² et d'³Etat², ne réduisait pas le nationalisme à une simple question de langue; de plus, son analyse des valeurs qu'apporte le fait national dans le mouvement ouvrier, permet des déductions bien plus positives et fécondes que l'¦uvre de De Man. Magits avait le mérite de ne pas sous-estimer la valeur de la prise de conscience nationale chez les ouvriers, dans la mission culturelle que doit s'assigner tout véritable mouvement socialiste.

Sous la double impulsion de De Man et de Magits, Delvo va évoluer intellectuellement, et finir par théoriser ce qu'il a appelé le ³volksnationaal socialisme², le socialisme national-populaire.

E. de V.
(extrait de la très longue étude de l'auteur, parue dans 't Pallieterke en 1976; cet épisode a été publié le 21 octobre 1976).
 

[Synergies Européennes, Vouloir, Septembre, 1995]

samedi, 08 décembre 2007

1952: émeutes à Casablanca

bba0450d58bebbdf01c61f76f8cd6266.jpg

Farhat Hached

08 décembre 1952: Depuis deux jours, de violentes émeutes secouent la ville de Casablanca au Maroc. Les manifestants réagissent à l’assassinat du syndicaliste Farhat Hached, exposant d’un national-syndicalisme tunisien et compagnon d’Habib Bourguiba. En janvier 1952, les Français avaient arrêté tous les nationalistes tunisiens qui leur étaient tombé sous la main. Hached avait alors préconisé la résistance politique armée, afin d’obtenir l’indépendance du protectorat.

Le 5 décembre 1952, il tombe dans une embuscade, tendue par une organisation secrète, le « Main Rouge », sorte de recyclage républicain, quatrième république, de la Cagoule de Deloncle. Deux commandos en voiture cernent le véhicule d’Hached et le criblent de balles. L’Istiqlal, mouvement indépendantiste marocain, proteste contre cet assassinat, ce qui entraîne l’arrestation de ses leaders monarchistes, nationalistes et défenseurs de l’islam chérifain. Les nationalistes de l’Istiqlal déclenchent des émeutes pour exiger la libération de leurs leaders. La France n’avait pas respecté les clauses du protectorat, si bien défendues par Lyautey, clauses qui laissaient aux Marocains le soin de déterminer leur propre vie politique, sans immixtion de la puissance protectrice, sans tentative de gommer des legs du passé au nom d’un républicanisme moderne et universaliste.

Comme toujours l’idéologie centraliste a heurté des aspirations légitimes. Une approche conservatrice, telle celle de Lyautey, qui aurait fonctionné à vitesses multiples, aurait évité cet affrontement, également en Algérie. Autre élément de réflexion : si un nationalisme syndicaliste, comme celui de Farhat Hached, avait triomphé au Maroc dans les années 50, ce pays aurait-il été contraint d’exporter sa population surnuméraire vers l’Europe, créant les problèmes insolubles que doivent affronter les pays-hôtes de cette population, comme la Belgique, les Pays-Bas et, dans une moindre mesure, l’Espagne, l’Allemagne et la France ?

00:30 Publié dans Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 04 décembre 2007

Sartre chez Baader en prison

fe879a084820d6fa95d88bf5f099e1ef.jpg

04 décembre 1974: Le philosophe parisien Jean-Paul Sartre, devenu âgé, avec son physique difforme et son faciès grimaçant, répétant ad nauseam ses postures de révolutionnaire verbeux, se rend en Allemagne pour visiter en prison le terroriste de la « Rote Armee Fraktion », Andreas Baader, enfant gâté qui avait cherché quelques décharges d’adrénaline en jouant au terrorisme et en se prenant pour un Robin des Bois du 20ième siècle.

La visite au parloir de la prison a duré une heure. Dans la conférence de presse qui s’ensuivit, Sartre a parlé -ses propos borborygmiques étant traduits consécutivement par l’ineffable Daniel Cohn-Bendit, expérimentateur, à l’époque, en pédo-psychiatrie- des tortures subies par Baader ( ?) et des conditions « intolérables » de sa détention. Le gauchisme et la « révolutionnite » venaient d’atteindre les limites du grotesque.

Personne n’objecte à la nécessité d’une contestation, même musclée, du système mis en place par les Américains en Europe en 1945, où le libéralisme ne connaît plus de limites ni morales ni politiques, mais une campagne d’actes de terreur, d’assassinats et de discours recuits à la sauce « anti-nazie », d’une confondante imbécillité, n’apportait évidemment aucune solution cohérente à ce système. Le quotidien parisien « Libération », qui soutenait Sartre dans cette gesticulation ridicule, estimait, à l’époque, que les critiques et les protestations du gouvernement ouest-allemand n’étaient pas de mise, vu que les responsables de ce gouvernement étaient « souvent d’anciens nazis » ! Cqfd.

Au fond, l’usage abusif, caricatural et idiot du croquemitaine nazi en France, dans tous les partis, est resté tel quel, très semblable à l’usage que Sartre, gâteux, en faisait, pour tenter, vaille que vaille, de redorer son blason pâli et pour se donner une publicité que son œuvre, répétitive, lassante, caricaturale, hermétique, ne pouvait plus lui offrir. Les tristes avatars du sartrisme donnent raison à l’acidité de nos propos : ce sartrisme n’a pas eu de postérité, n’intéresse quasiment plus personne, a terriblement vieilli, a perdu toute pertinence intellectuelle ou littéraire.

00:15 Publié dans Affaires européennes, Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Fête de l'identité: Verslag in het Nederlands

4f245fdba1228854a29d5684cf5ef171.jpg

4de "Fête de l'Identité", Sint-Pieters-Leeuw, 1 december 2007

De "rebelse geest": de loopbanen van Alain Soral en Eddy Hermy

Op het vierde Fête de l’Identité – dit jaar in het teken van de “rebelse geest” – stonden vooral het ideologische parcours van Alain Soral en dat van Eddy Hermy centraal. Beide nationalisten zijn vooral bekend – en berucht – om hun marxistische verleden. Zowel ter linker- als ter rechterzijde reageert men dikwijls nu eens meewarig, dan weer vijandig tegenover hun ideeën. De criticasters zouden zich echter beter de vraag stellen waarom de nieuwe ideeën precies uit die hoek komen, terwijl de oude steeds holler beginnen te klinken sinds het (schijnbare) einde van de Koude Oorlog. De échte Koude Oorlog is een totale oorlog die pas afgelopen zal zijn als de planetaire en totalitaire ideologieën – het liberalisme, het atlantisme en het zionisme – al hun “vijanden” hebben uitgeschakeld (of omgekeerd uiteraard). Hun uitdagers en tegenstanders worden dikwijls “islamo-fascistisch”genoemd. Dat neologisme is een samenstelling waarmee ze hun tegenstanders in de Europese en de Arabische wereld betitelen. Alle verzetshaarden tegen het globalisme en het imperialisme worden over dezelfde kam geschoren. Voor nuance is geen plaats. Om maar te zeggen dat de tijden veranderd en zelfs nog verergerd zijn en dat de rol van de heersende ideologieën en partijen uitgespeeld is, behalve als uitvoerders en medeplichtigen van agenda’s van hogerhand. Maar goed, laat ons de koe meteen bij de horens vatten. De biografieën slaan we over.

Bij aanvang wist men reeds dat Soral en Hermy niet helemaal op dezelfde golflengte zaten, maar uiteindelijk leken die verschillen beter mee te vallen dan verwacht. Laat ons even min of meer de gelijkenissen en verschillen samenvatten. Het zal vlug opvallen dat er meer gelijkenissen dan verschillen zijn. Beiden zijn verdedigers van de nationale soevereiniteit als dam tegen de noodlottige gevolgen van de globalisering. Als een van de belangrijkste gevolgen van die globalisering zien zij het immigratievraagstuk, dat beiden ook nuchter economisch analyseren. Niet deze of gene immigrant is de oorzaak van de problemen, maar wel het immigrationisme: de ideologie die immigratie aanprijst met economische en/of ethische pseudo-argumenten. Die ideologie wordt algemeen gedeeld door gevestigd links én rechts. Het vrije verkeer van personen – naast dat van goederen en kapitalen (niet los te zien!) – is geen vorm van individuele vrijheid, maar een verschoning voor economische uitbuiting. Maximale inzetbaarheid van productiefactoren is het streefdoel. Arbeiders moeten van hot naar her “geflitst” kunnen worden, zoals kapitalen op de financiële markten. Belangrijk echter om te beseffen is echter dat Hermy en Soral vanuit hun nuchtere economische analyse de aanwezigheid van de islam slechts als een gevolg zien van de immigratie. Beiden vinden dat islamhysterie en -obsessie ons afleiden van de (economische) oorzaken en de (politieke) oplossingen. De aanwezigheid van de islam is nadrukkelijk een kwantitatief en geen kwalitatief vraagstuk volgens Soral. Integendeel, de islam is héél lang een bondgenoot van Frankrijk en Europa geweest voegde hij eraan.

Soral maakte ook een heel nauwkeurige sociologische analyse van de westerse decadentie, waarbij hij moeiteloos zowel van Karl Marx, over Alain de Benoist naar René Guénon ging. Hij is vooral berucht geworden als bestrijder van het feminisme en de verschillende soorten communautarisme (zionistisch, islamistisch, gay) dat nu deel uitmaakt van het canon van de “westerse waarden”. De westerse globalisering heeft de culturen van het Oude Europa stelselmatig uitgehold. Ze heeft ons een maatschappij opgeleverd zonder enige transcendente levensopvatting waarin consumeren en produceren tot enige en hoogste waarde verheven zijn, zowel voor autochtonen als voor allochtonen. Het is dan ook logisch dat jongeren uit de immigratie terugplooien op het geloof van hun voorouders in een dergelijke maatschappij. Voor dat feit moet men begrip hebben. De mogelijke vormen en onverdraagzaamheden die er mee gepaard gaan, kunnen worden bekritiseerd. Bovendien zijn hele generaties allochtonen – net zoals autochtonen – in een geest van trotskistische haat tegen Frankrijk “opgevoed”, aldus Soral. Zoals vele bekeerlingen en pilarenbijters is hun geloof niet het authentieke dat ze voor ogen hebben. Soral stelde terecht dat de islam veel dichter bij “la droite des valeurs” (Le Pen) stond, dan bij “la droite de l’argent” (Sarkozy). Hij had ook veel waardering voor de rol het patriarchaat in de islam*. De verbinding die Soral maakte tussen “la droite des valeurs” en “la gauche sociale” was op zich niets nieuws voor wie min of meer zijn klassiekers kende. Hij verwees zelf naar de geest van de Cercles Proudhon uit de 19de eeuw waar Franse nationalisten, socialisten, syndicalisten, enz. samenkwamen om hun ideeën te bespreken. Dat was tevens zijn antwoord op de vraag hoe hij de toekomst van het Front National (FN) zag: opnieuw die geest opwekken.

Bij Hermy was veeleer een economische dan een sociologische analyse aan de orde, in het bijzonder die van de Belgische kaste als het product van een 19de-eeuwse machtsconstellatie en haar actuele geldstromen. Hermy verweet zijn oud-kameraden ter linkerzijde ook terecht de nuttige idioten van de kapitalistische globalisering te zijn. Hij citeerde Rosa Luxemburg, volgens wie de uitbreiding van de economische ruimte belangrijker was dan de nationale onafhankelijkheid of zelfs maar het bestaan van staten. Soral had het dan weer niet echt op zijn oud-kameraden gemunt, maar was des te harder voor de schadelijke rol van de trotskisten in Frankrijk. Hij behoorde vroeger al tot de stalinistische PCF, een hiërarchische en patriottische partij. Hij voegde er ook aan toe dat hij veeleer een “marxist” is geweest dan een “communist”. De PCF was een leger waarin degenen die niet tot het selecte clubje generaals behoorden allen soldaten waren. Het nationale kamp heeft volgens hem meer weg van een Mexicaans leger, waarin er meer generaals dan soldaten zijn. Als het FN meer politieke soldaten zou gehad hebben, dan was Sarkozy nu geen president geweest. PCF-voorzitter George Marchais en Le Pen dongen in de jaren ’80 ook naar de gunst van hetzelfde kiezerskorps (vooral arbeiders). Marchais kwam daarbij soms al aardig in de buurt van Le Pen. Dat eerste kiezerskorps is ook het trouwste gebleken. De antiburgerlijke reflex is zeer sterk bij Soral en doet terugdenken aan grote Franse schrijvers uit het Interbellum. In zijn ogen is er geen verschil tussen “bobo’s” van links en die van rechts. De enige kritiek die Hermy tot Soral richtte, betrof het “republikeinse” karakter van Sorals nationalisme. Bij Hermy lag de nadruk immers vooral op het behoud van de eigenheid voor allochtonen, net zoals voor autochtonen: gescheiden ontwikkeling en geleidelijke remigratie. Hij hield in het kader van zijn remigratieplannen ook een pleidooi voor de noodzakelijke opening naar allochtone opposanten – seculiere en religieuze – en voor de opleiding van nationaal-revolutionaire elites bestemd voor de thuislanden. De uitgedaagde Soral moest bijgevolg de puntjes op de i zetten. Hij beaamde dat hij voor 0-immigratie was, dat hij zoveel mogelijk de eigenheid bij de vreemdelingen wou bewaren en zoveel mogelijk onder hen wou terugsturen, maar dat voor het onvermijdelijke deel dat “tussen twee stoelen” valt assimilatie** de enige uitweg is. Dat is dan ook het doel van zijn vereniging Egalité et Reconciliation.

* Het marxisme/communisme is bij uitstek een materialistische ideologie die vertrekt vanuit matriarchale waarden die terug te voeren zijn tot de idee van “gelijkheid en losbandigheid in de schoot van Moeder Aarde”. De interpretaties die een Friedrich Engels en een Julius Evola.gaven aan Bachofens studie van de mediterrane matriarchale beschavingen staan dan ook lijnrecht tegenover elkaar.

** Het is niet helemaal duidelijk of het de juiste woordkeuze is, maar het komt erop neer.

dimanche, 02 décembre 2007

Andreas MÖLZER

f5fba0ca0728f3d49ab17f825bbb73e6.jpg

02 décembre 1952: Naissance à Leoben d’Andreas Mölzer, homme politique, publiciste et éditeur autrichien, devenu membre du Parlement européen suite aux victoires électorales de la FPÖ de Jörg Haider.

Formé à l’Université Karl-Franz de Graz, il y a étudié le droit, l’histoire et l’ethnologie, tout en étant très actif dans la corporation étudiante « Vandalia ». A partir de 1980, il entame une carrière de journaliste et de publiciste, notamment au sein du mensuel « Aula », qui s’adresse aux membres et aux anciens des corporations étudiantes autrichiennes et allemandes. Quand Jörg Haider lance son projet de réforme du parti libéral autrichien, qui avait gouverné avec les socialistes alors que ses dirigeants étaient d’anciens membres de la NSDAP, il le rejoint et soutient son action en Carinthie, son fief, en dirigeant le journal « Kärntner Nachrichten », moteur du soutien régional à la nouvelle FPÖ. Multipliant les initiatives, infatigable, Andreas Mölzer organise le centre de formation des jeunes de la FPÖ ainsi que l’Académie du Parti. Il a compris l’importance d’un travail métapolitique sur le long terme, pour consolider l’avenir.

Quand Jörg Haider commence à vasouiller, à cesser d’énoncer des propos pertinents, Mölzer est l’un des premiers à rompre avec celui qui avait nettoyé les écuries d’Augias de l’ancienne FPÖ, balayant les caciques nationaux socialistes, qui avaient si mal viré leur cuti et s’étaient vautrés dans la fange de la corruption sociale démocrate. Après cette rupture, il retourne à ses activités journalistiques et éditoriales, en fondant l’hebdomadaire viennois « Zur Zeit » et en rédigeant quelques monographies intéressantes sur l’histoire contemporaine de la Carinthie, notamment sur les crimes commis par les partisans titistes dans la région en 1945. Plébiscité dans son Land en 2004, il emporte un siège de député européen et dirige, avec bien d’autres contestataires, la fronde contre Haider, qui est évincé du parti pour faire place à une équipe nouvelle, centrée autour de Heinz-Christian Strache, de John Gudenus, de Karl Wimleitner et d’Ewald Stadler.

Depuis Bruxelles, il envoie chaque semaine des chroniques de la vie du Parlement européen aux hebdomadaires « Junge Freiheit » et « Zur Zeit ». Homme de conviction, il refuse généralement de plier face aux ukases de la « correction politique », de se battre la coulpe et de demander pardon pour des crimes réels ou imaginaires commis par des hommes d’une génération antérieure à la sienne.

PS: Fin octobre 2007, une rupture s'est malheureusement effectuée entre les rédactions de "Zur Zeit" et de "Junge Freiheit", à propos de la fraction ITS du Parlement européen, laquelle fraction s'est dissoute courant novembre 2007, à la suite d'une querelle entre représentants italiens et roumains.

00:10 Publié dans Affaires européennes, Biographie, Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 01 décembre 2007

Klaus Rainer Röhl

01 décembre 1928: Naissance de l’activiste politique et journaliste allemand Klaus Rainer Röhl à Trockenhütte près de Dantzig. Soldat à seize ans, il doit, dès le lendemain de la défaite du Troisième Reich, quitter sa région natale, annexée à la Pologne. Sa famille s’établit à l’Ouest. Dès la fin de ses études, avec son ami le poète lyrique Peter Rühmkorf, il fonde un cabaret politique, dans la tradition allemande, où la satire du personnel politique et des gouvernants est insolente, pertinente et cruelle. Contrairement aux cabarets du Munich et du Berlin d’avant 1914, l’idéologie que défendent Rühmkorf et Röhl est pacifiste à l’extrême puis communiste, quand le communisme de la RDA tente de saper tout esprit de défense allemand inscrit dans la logique de l’OTAN.

En 1955, Röhl fonde une revue militante, le « Studentenkurier », directement financée par l’Allemagne de l’Est. L’aventure dure jusqu’à la dissolution du KPD communiste en 1956. En septembre 1957, le « Studentenkurier » est débaptisé et prend le nom de « konkret » (avec minuscule). La revue ne s’aligne plus sur l’idéologie communiste stricto sensu, mais acquiert, sur la scène de gauche, une indépendance incontestable, assortie d’un succès peu commun pour ce type de revue intellectuelle et fortement idéologisée : le tirage, dans un premier temps, atteindra jusqu’à 20.000 copies. L’Allemagne de l’Est continue à payer. Parmi les rédactrices de « konkret », les futures « terroristes » de la RAF (« Fraction Armée Rouge »), Ulrike Meinhof et Erika Runge. Röhl épouse Ulrike Meinhof en 1961 [photo 1 (1966)]. Mais, en 1964, les communistes jugent négativement l’indépendance de la revue, qui n’abonde plus dans leur sens, et lui coupent les fonds, obligeant Röhl à la diriger sans subsides, en comptant sur la seule qualité, ce qui a payé très vite : de 20.000 exemplaires, « konkret » passe à 100.000 puis à 176.000 exemplaires, pour devenir l’organe le plus représentatif de l’ « opposition extra-parlementaire », l’APO.

En 1968, le mariage de Röhl avec Ulrike Meinhof connaît l’échec. Chacun des époux tente de prendre le contrôle du journal. Röhl emporte le combat. Ulrike Meinhof entre dans la clandestinité et fonde, avec Baader, la « Fraction Armée Rouge ». Röhl condamne ce type de combat voué à l’échec, hystérique et sans fantaisie. En 1993, Röhl rédige un doctorat sous la houlette de l’historien Ernst Nolte, professeur à l’Université Libre de Berlin. Il défend son professeur, victime d’une vindicte de gauche et d’une campagne de presse hystérique lors de la fameuse « querelle des historiens », animée principalement par le philosophe Jürgen Habermas. Le sujet de sa thèse de doctorat est intéressant : « Nähe zum Gegner. Die Zusammenarbeit von Kommunisten und Nationalsozialisten beim Berliner BVG-Streik von 1932 » (= Proximité avec l’adversaire. La coopération des communistes et des nationaux socialistes lors de la grève des transports à Berlin en 1932). Après avoir brisé quelques lances pour l’honneur de Nolte, Röhl [photo 2] quitte alors le petit monde étriqué de la gauche allemande et rejoint le parti libéral, où il retrouve le juriste et constitutionaliste Alexander von Stahl, l’historien Rainer Zitelmann et le biographe d’Ernst Jünger, Heimo Schwilk, dans un cénacle critique, « Liberale Offensive », qui cherche à donner un tonus national au parti, comme en Autriche.

Ce cénacle ne connaîtra aucun succès et toute l’équipe se retrouvera, après moults autres péripéties, dans la rédaction des revues dites « néo-conservatrices », « Junge Freiheit » (Berlin) et « Preussische Allgemeine Zeitung » (Hambourg). Un exemple d’itinéraire étonnant, digne de l’ère de Weimar, où un homme de l’extrême gauche la plus consciente et la plus offensive passe, en toute connaissance de cause, au nationalisme, bravant les interdits, les tabous et les frousses des conformistes de tous bords et des pontes d’un système, plus totalitaire que les totalitarismes d’antan, qui ne tolère plus aucune originalité ni audace intellectuelles (Robert Steuckers).

samedi, 24 novembre 2007

Expulsions dans les pays arabes?

Les pays arabes envisagent l’expulsion de millions d’étrangers. Motif ? Érosion inacceptable de la culture locale !

Les pays arabes envisagent l’expulsion de millions d’étrangers. Motif ? Érosion inacceptable de la culture locale !

Source : article d’Annie Lessard (Point de bascule).

Les Québécois ne sont pas les seuls à s’interroger sur l’impact social et culturel de l’immigration et sur la capacité d’intégration d’immigrants dont la culture est aux antipodes de la culture locale.

Les pays arabo-musulmans, qui ont une importante population de travailleurs migrants venus principalement d’Asie, se posent les mêmes questions. Mais alors que les Québécois, qui ont entamé un débat démocratique et serein sur la question, se font accuser de fascisme, de xénophobie, de racisme et d’islamophobie — en particulier par les musulmans — les pays du Golfe, eux, envisagent l’expulsion massive de millions d’étrangers ! Au lieu de diaboliser les Québécois, les musulmans d’ici feraient bien d’apprécier un peuple dont la culture rendrait impensable le recours à des mesures aussi draconiennes.

Menace identitaire dans les pays du Golfe

Dans une chronique récente , Tarik Al Maeena de Arab News traite de l’inquiétude des pays arabes face à la menace identitaire que fait peser sur eux la présence d’un trop grand nombre de travailleurs étrangers sur leur territoire. Selon le ministre du travail du Bahreïn, « Dans certaines régions du Golfe, vous ne savez plus si vous êtes dans un pays arabo-musulman ou dans une région asiatique. On ne peut pas parler ici de « diversité ». Aucune nation sur la planète ne peut accepter une érosion de sa culture sur son propre territoire. »

Selon le chroniqueur Al Meena, le ministre du travail du Bahreïn a annoncé que son pays proposerait l’introduction d’un plafond de 6 mois aux permis de travail délivrés aux étrangers travaillant dans les monarchies du Golfe. Cette proposition sera présentée au sommet du Conseil de coopération du Golfe (le « CCG », comprenant le Bahreïn, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Oman, le Qatar et le Koweït) qui se tiendra à Doha en décembre. Le ministre du travail s’est dit confiant qu’elle sera acceptée.

Le Bahreïn soumet cette proposition dans le contexte d’une grande préoccupation face à l’érosion graduelle des mœurs sociales et de la culture locales. Selon le ministre du travail du royaume, « la majorité des travailleurs étrangers proviennent de milieux culturels et sociaux qui ne peuvent pas s’assimiler ou s’adapter aux cultures locales ».

Le Bahreïn estime aussi que les travailleurs migrants s’accaparent les emplois dont la main-d’œuvre locale aurait grandement besoin. Avec plus de 14 millions de travailleurs migrants dans la région, le ministre du travail des Émirats arabes unis, Ali Bin Abdullah Al Ka’aBi, a indiqué que cette question figure en tête de liste de l’ordre du jour du sommet du CCG. Les Émirats, dit-il, partagent les préoccupations du Bahreïn.

Selon Arab News, ce projet pourrait se traduire par l’expulsion de millions de personnes. Malgré que l’économie des riches monarchies du Golfe soit largement tributaire des travailleurs migrants, qu’il s’agisse de travailleurs manuels ou de cadres supérieurs, il y a une préoccupation grandissante face au chômage des citoyens des pays du CCG. Une étude de l’Université Sharjah publiée l’année dernière révèle que 32,6% des hommes et 47,7% des femmes des pays du Golfe sont en recherche d’emploi.

Selon les statistiques de l’AFP, environ 35 millions de personnes résident dans les 6 monarchies du Golfe et 40% d’entre elles sont des étrangers. Le chroniqueur de Arab News commente que « vu l’ampleur du chômage et compte tenu de l’explosion démographique dans la région, les pays du Golfe peuvent être excusés de mettre en place des mesures drastiques visant les migrants ».

Outre l’expulsion des étrangers, d’autres mesures sont envisagées. On réduirait les prestations sociales aux chômeurs qui refuseront les mesures d’aide au retour à l’emploi, de manière à les motiver à travailler plus fort et plus longtemps. On réviserait aussi les programmes d’enseignement en vue de donner aux travailleurs locaux la formation leur permettant d’occuper les emplois laissés vacants par les migrants. Le chroniqueur Al Meena conclut ainsi : « La proposition du Bahreïn, si elle devait être acceptée, enverrait aux 14 millions de migrants qui vivent présentement dans les pays du CCG un message clair qu’il est maintenant temps pour eux d’envisager d’autres options. Pour certains d’entre eux, ce scénario sera douloureux puisqu’ils ont amené leur famille dans un pays du Golfe et qu’ils en ont fait leur foyer d’adoption ».

Par Annie Lessard

Source : Expatriates’ Impact on Gulf’s Labor, Social Situation par Tarik Al Maeena, 27 octobre 2007


 

Article printed from :: Novopress.info Suisse: http://ch.novopress.info

URL to article: http://ch.novopress.info/?p=1676

01:25 Publié dans Géopolitique, Islam, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 15 novembre 2007

La tactique du bouc émissaire

0c44cd573bc5585a5d2ae36a52502377.jpg

La tactique du bouc émissaire

“Lorsque les forces occultes de la subversion mondiale sentent qu’elles risquent d’être en partie démasquées, elles s’arrangent pour que toute l’attention de leurs adversaires porte et se concentre sur certains éléments qui ne peuvent être considérés que comme partiellement ou accessoirement responsables de leurs méfaits.

La réaction toute entière porte alors sur ces éléments, qui deviennent des boucs émissaires, et les forces occultes sont libres de poursuivre leur jeu, car leurs adversaires, croyant avoir désormais déterminé l’ennemi, s’imaginent qu’il n’y a pas à en chercher un autre. Nous avons exhorté à plusieurs reprises certains antisémites extrémistes à faire très attention de ne pas finir par tomber dans un piège de ce genre à force de voir le Juif partout. On pourrait également adresser le même avertissement à ceux qui voient partout la maçonnerie ou le protestantisme, et ainsi de suite, car il s’est produit quelque chose d’analogue dans beaucoup d’autres domaines.

Il convient de se garder d’être unilatéral et de ne jamais oublier le plan d’ensemble des forces occultes que nous devons combattre.”

Julius Evola, « Phénoménologie de la subversion »

01:10 Publié dans Définitions, Politique, Traditions | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 12 novembre 2007

H. Schmidt contre l'adhésion turque

d490b800c53a30a4234432df5521182f.jpg

L’ancien Chancelier Helmut Schmidt contre l’adhésion turque !

Agé de 89 ans, l’ancien Chancelier de la République Fédérale, Helmut Schmidt, est toujours actif dans les cercles de réflexion qui élaborent la politique allemande, à haut niveau. Dans un entretien accordé au « Spiegel » (n°44/2007), il s’oppose clairement à l’adhésion turque, avec des arguments que l’on trouverait plutôt dans le camp « identitaire » en Belgique. Cet homme d’Etat socialiste est aujourd’hui, en dépit de son grand âge, un modèle de sérénité et de bon sens politique.

Voici les propos qu’Helmut Schmidt a tenu au « Spiegel » :

Question du « Spiegel » : Revenons à un autre thème récurrent dans le dossier « l’Allemagne et l’Europe » : auriez-vous édulcorer votre scepticisme quant à l’adhésion turque à l’UE ?

HS : Je n’ai jamais été en faveur de cette adhésion et je ne le suis toujours pas.

Der Spiegel : Et vous ne voyez se dessiner aucune évolution dans ce dossier ?

HS : Je ne peux que mal juger ce qui se déroule dans les coulisses. Lorsque j’occupais des postes officiels, je me suis efforcé, sur le plan international, d’aider la Turquie financièrement, politique que je poursuivrais encore aujourd’hui. J’impliquerais aussi la Turquie dans le marché commun. Mais j’estime que cela n’a aucun sens de vouloir intégrer dans l’Union Européenne un pays musulman qui compte 70 millions d’habitants, et qui en comptera 100 dans le courant de ce siècle ; et j’estime aussi que cela n’a aucun sens d’importer en Europe le conflit qui oppose les Turcs aux Kurdes ni d’ailleurs aucun autre conflit du Moyen Orient. Et cela n’a aucun sens de créer ainsi un précédent qui autoriserait l’adhésion d’Etats comme l’Algérie, le Maroc ou Israël. Tout cela relève d’une folie des grandeurs chez certains qui imaginent qu’il s’agirait là d’un simple élargissement de l’UE.

dimanche, 11 novembre 2007

Antilles néerlandaises aux enchères

133a30892013b369dcce49f154354fca.gif

 

Les Antilles néerlandaises aux enchères…

Tandis que les quartiers d’Amsterdam-West ont été très récemment le théâtre de violence, pendant une semaine entière, avec incendie de voitures et bagarres entre la police et « jeunes » déracinés, une nouvelle rixe au couteau a éclaté entre lycéens à Amsterdam-Zuid. Il ne se passe plus une semaine aux Pays-Bas sans que l’on entende parler de problèmes graves, dus à la société multiculturelle. L’ « honneur » échoit cette fois à l’ « Open Scholengemeenschap De Bijlmer », ou « Communauté scolaire ouverte De Bijlmer ». Les participants à cette rixe multiculturelle sanglante étaient un « Ancien Néerlandais » et deux « Nouveaux Néerlandais », plus exactement un Antillais et un Surinamien. Mais le concept de « Nouveau Néerlandais » ne recouvre que maladroitement la réalité car tant les Antilles néerlandaises que le Surinam sont toujours, ou ont été jusqu’à une date récente, parties constitutives de l’empire colonial des Pays-Bas.

Et vu que la notion d’ « empire colonial » est désormais considérée comme « politiquement incorrecte », il faut parler aujourd’hui de « régions d’outre-mer ».

Au plus offrant…

Mais s’il faut écouter Geert Wilders, l’homme qui rue dans les brancards en Néerlande, le passé colonial des Pays-Bas doit désormais appartenir au passé et définitivement. La semaine dernière, vers le 20 octobre, dans un entretien accordé à l’ « Algemeen Dagblad », il a déclaré sans circonlocutions inutiles qu’il est grand temps que les Pays-Bas se débarrassent rapidement de ce bric-à-brac politique et administratif qu’ils conservent dans les Caraïbes : « Il est temps qu’ils mettent de l’ordre dans le fatras qui règne là-bas. Il n’y a là qu’une grande bande de bandits. Le cabinet doit se montrer très exigeant et poser des conditions très dures quand il envoie son paquet d’argent annuel dans cette région. Un seul et unique fait de fraude ou de corruption supplémentaire et les robinets doivent être immédiatement fermés ». Wilders ne mâche pas ses mots et dit haut et fort ce que bon nombre de Néerlandais n’osent pas encore dire : « J’y suis allé moi-même. Le climat est formidable à Curaçao. Mais ailleurs ce ne sont que ruines et misère. Les Antilles ont été maternées pendant des années. Elles agissent par conséquent comme un enfant gâté. Elles ne vous écouteront pas si vous ne leur administrez pas une bonne raclée. C’est une chance unique pour les Antilles. Nous allons encore une seule fois résoudre là-bas tous les problèmes financiers. Mais alors il faut qu’ils nettoient leurs écuries d’Augias. Encore une seule erreur et nous devons mettre, à mon avis, les Antilles aux enchères sur internet. Le plus offrant pourra les avoir ».

Wilders menace donc de mettre les Antilles néerlandaises aux enchères, ce qui a suscité une petite commotion dans les polders de Hollande. Ses fortes paroles ont suscité des remous dans les îles elles-mêmes, car il les a prononcées au moment où les chefs de fraction du Parlement néerlandais (Deuxième Chambre) visitaient officiellement leurs Antilles.

Officieusement, le voyage aux Antilles est la friandise offerte, par tradition, aux fonctionnaires de l’atelier protégé qu’est le Parlement néerlandais. Geert Wilders n’y est pas allé : il a préféré se rendre à Washington pour discuter avec ses amis de la lutte contre le terrorisme international. « Les petits voyages des présidents de fraction aux Antilles sont devenus un rituel quasi obligatoire. C’est sans doute une belle tradition mais je préfère, moi, travailler sur du substantiel. La lutte contre le terrorisme me paraît plus importante que de me livrer à des sauts de puce entre les îles, de Curaçao à Bonaire et de Saint-Martin à Saba », déclarait Wilders. Après cinquante ans d’autodétermination, l’expérience est un fiasco total. Et c’est un simple constat. Au lieu de discuter pendant des années sur les causes de cet échec, Wilders suggère un acte concret.

L’intégration

On n’a plus le temps de réfléchir aux causes de la faillite des Antilles néerlandaises. En revanche, les conséquences de cette faillite, il faut les affronter immédiatement. L’échec complet de la politique néerlandaise de décolonisation se ressent également dans les grandes villes des Pays-Bas. Pour le « Partij voor de Vrijheid » (le « Parti pour la Liberté »), les choses sont claires : « Les jeunes Antillais qui commettent des délits aux Pays-Bas, doivent être immédiatement renvoyés dans les Antilles ». En formulant cette proposition, Wilders se réfère à un plan de l’ancienne ministre de l’intégration et de la politique des étrangers, Rita Verdonk. Tout juste avant les élections, l’an passé, Madame Verdonk avait proposé un projet de loi prévoyant le renvoi des jeunes Antillais criminels. La mesure avait été annulée dès l’entrée en fonction du nouveau cabinet. Wilders veut réinsuffler vie à ce projet.

Que la mesure devienne réalité ou non, le démantèlement des confettis résiduaires de l’ancien empire colonial néerlandais se poursuit : à la fin de l’année 2008, dans tous les cas de figure, les Antilles néerlandaises disparaîtront en tant qu’entité politique et les îles de Curaçao et de Saint-Martin auront leur autonomie, exactement comme Aruba.

Les autres îles comme Bonaire, Saba et Saint-Eustache resteront directement attachées aux Pays-Bas sur le plan du droit international. Elles ne seront plus qu’une commune néerlandaise un peu particulière. Si Wilders était au pouvoir, l’ensemble de ces confettis d’empire serait mis en vente et donné au plus offrant. C’est dommage, mais inévitable, si les îles refusent de se reprendre et ne veulent pas étouffer les foyers de criminalité.

Sinon, il ne reste plus qu’une solution : construire un haut mur, avec barbelés, autour de l’école De Bijlmer, voire intégrer celle-ci dans le grand complexe pénitentiaire du même nom. Ce serait une méthode très efficace et très économique pour créer une prison pour jeunes délinquants.

« BiM ! »/ « ’t Pallieterke », 31 octobre 2007.

00:55 Publié dans Affaires européennes, Géopolitique, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 08 novembre 2007

R. Steuckers: discours à Vienne

bf74bfbcafc67043278d3e26aa95f21f.jpg

 

Discours de Robert Steuckers à Vienne à l’occasion du 10ième anniversaire de l’hebdomadaire « zur Zeit »

 

Mesdames, Messieurs, chers amis,

 

D’abord, je vous apporte un salut amical des anciens Pays-Bas autrichiens, dont le sujet le plus célèbre fut sans conteste le Feld-maréchal et Prince de Ligne, mort en vos murs et dont j’ai visité le magnifique château de Beloeil cet été. Ceci pour dire que nous avons tout de même, en dépit d’une séparation de plus de deux siècles, de très belles pages d’histoire commune.

 

Ensuite, je voudrais rappeler, en cette occasion unique, qu’il y a déjà plus de vingt ans que les premiers étudiants viennois du groupe, qui allait plus tard participer au lancement de « zur Zeit », sont venus nous voir en Flandre à l’occasion de séminaires européens, visites qui ont forgé, au fil des années, une amitié indéfectible. Dès la fin des années 80, nous voyions arriver, chaque printemps, un minibus autrichien plein d’étudiants, avec leur guitariste attitré, et, quelques jours plus tard, nous revoyions ce véhicule rouge bordeaux partir, chargé de bières d’abbaye et de Kriek du Payottenland !

 

Ces séminaires furent suivis d’universités d’été en Provence, en Ombrie, en Lombardie, dans le Trentin et en Basse-Saxe (de 1993 à 2000), d’un colloque international à Vienne sur le centenaire du philosophe traditionaliste italien Julius Evola en 1998, d’une visite mémorable en Carinthie en 2002 et d’un débat près du Belvédère assorti d’un voyage privé et familial en 2004.

 

En l’an 2000, le ministre belge des affaires étrangères, Louis Michel, encore l’une de ces figures qui nous déshonorent et qui sont l’indice de la dégénérescence politique du royaume, avait, dans un discours profondément imbécile, fustigé le peuple autrichien parce qu’il n’avait pas voté selon ses désirs, et interdit par la même occasion aux Flamands et aux Wallons d’aller skier en Autriche ; peu après ce discours de malotru, foulant aux pieds les règles les plus élémentaires de la courtoisie diplomatique, j’ai reçu, en avril, un coup de téléphone des amis de Vienne, perplexes et meurtris, et, pour leur mettre un peu de baume au cœur, nous avons décidé d’organiser un petit tour de Flandre pour démontrer que la vox populi était bien différente de celle du minable ministre des affaires étrangères. Une quinzaine d’étudiants ont ainsi débarqué à Bruxelles, où ils ont aussi rencontré des amis de Liège, de Mons et de Charleroi, avant de pérégriner vers Gand, Bruges et Anvers, où ils furent chaleureusement reçus, une chaleur humaine qui infirmait clairement les propos haineux de Louis Michel.

 

Plus tard, des lecteurs plus âgés de « zur Zeit » ont fait le voyage en car vers Bruxelles et les autres villes flamandes dans une optique à la fois culturelle et politique, alternant les visites sur les sites touristiques habituels et les visites politiques aux différents parlements que compte la capitale belge. Au-delà des barrières générationnelles, l’amitié n’a donc cessé de se renforcer.

 

Le thème du mot que j’ai adressé, il y a quelques jours, à la rédaction de « zur Zeit » était avant tout celui du droit à la satire. J’entends prononcer un plaidoyer pour la satire et l’impertinence dans tout langage politique offensif, pour la création de caricatures mordantes  -et, à ce propos, je suis heureux de constater que, dans le numéro actuel de « zur Zeit », un vibrant hommage a été rendu au caricaturiste du journal-  et pour un retour à l’esprit d’un grand titre allemand, le « Simplicissimus », avec son logo représentant un bouledogue rouge.

 

Mais j’avais écrit ces quelques lignes sur la nécessité de donner une dimension satirique à la presse d’opposition, en notre époque de censure et de « political correctness », sans savoir que l’éditeur belge de la feuille satirique bruxelloise « Père Ubu », dernier flambeau de résistance dans les kiosques en Belgique francophone, mourrait dans une clinique de notre capitale. Je veux parler de Rodolphe, alias Rudy, Bogaert. Certes, Bogaert ne partageait pas notre vision du monde : sur l’Amérique, sur le Moyen Orient et, dans une certaine mesure, sur le monde islamique, nous n’étions en rien d’accord, puisque nous sommes, nous, pour le découplage total entre l’Europe et l’Amérique, pour le retrait des troupes américaines d’Irak, contre les menaces de guerre en Iran et pour une réhabilitation des régimes laïcs arabes.

 

Il n’empêche que dans notre période de confusion totale, Bogaert apportait chaque semaine une bouffée d’air frais : tous les politicards véreux du royaume étaient fustigés dans les colonnes de « Père Ubu ». Bogaert était le seul à dénoncer leurs turpitudes, à les moquer, à les stigmatiser. Ses cibles étaient surtout socialistes (Arena, Onkelinks, Flahaut, Moureaux, etc.), mais le « bizarre Monsieur Michel » (« der seltsame Monsieur Michel »), comme vous l’appeliez ici à Vienne, n’était jamais épargné et « Père Ubu » dressait à longueur de semaines la liste de ses manquements, gaffes, maladresses et corruptions. Voilà pourquoi, parce qu’il y a recul de la liberté de protester par un coup malencontreux de la « Grande Faucheuse », je me permets d’essuyer quelques larmes pour ce pauvre Bogaert, en votre présence et parce que nous devons, quelque part, reprendre le flambeau.

 

L’impertinence de ton, le mordant des critiques, surtout si elles sont émises par un caricaturiste, par un humoriste, sont des armes métapolitiques qui font toujours cruellement mouche. Dans un monde où règne l’uniformisation générale, la mise au pas des esprits libres, dans un monde qui commence à correspondre aux pires cauchemars de George Orwell et d’Aldous Huxley, la moquerie, le rire, l’esprit de Villon, de Rabelais, de Voltaire ou d’Oscar Panizza sont plus que jamais nécessaires. Notre monde, effectivement, mêle, dans son idéologie dominante, la police de la pensée, l’immixtion de cette police en tout, le refus obstiné de l’histoire passée que l’on retrouve dans le « 1984 » d’Orwell, et les paradis artificiels du sexe et de la drogue, la permissivité totale manipulatrice et privatrice de libertés concrètes et réelles, qui sont esquissés dans « Brave New World » d’Huxley. Le mixte des deux modes de contrôle, le « hard » et le « soft », à dosages divers selon les cultures politiques, forme la trame profonde de la « political correctness » d’aujourd’hui. En bout de course, il ne nous reste plus que les seules opinions fabriquées par les grandes agences de presse, dont les QG se trouvent la plupart du temps outre-Atlantique.

 

Avec chacun des conflits récents, des faux charniers de Timisoara/Temeschburg aux faux massacres du Kosovo, des armes inexistantes de destruction massive de Bagdad aux événements du Myanmar, nous avons vu à l’oeuvre les machines à formater les têtes, à désigner le croquemitaine à abattre ou à pendre, machines qui ne poursuivent évidemment pas l’objectif d’humaniser la politique, mais, plus concrètement, à réaliser des objectifs géopolitiques depuis longtemps inscrits à l’agenda (au Myanmar : empêcher la construction d’oléoducs vers la Chine pour éviter de passer par le Détroit de Malacca, point d’étranglement permettant de barrer, le cas échéant, la route des pétroliers vers une puissance montante des rives pacifiques de l’Extrême Orient).

 

Toutes ces raisons doivent nous amener à retourner, et bien vite, à l’esprit du bouledogue rouge du « Simplicissimus », qui aboiera, haut et clair, le rictus rigolard, les vérités que veulent cacher les machines propagandistes de l’idéologie dominante.

 

Le spécialiste russe de Rabelais, Mikhail Bakhtine, philologue et romaniste hors pair, disait, quand il entendait réhabiliter la vigueur langagière du 16ième siècle français, qu’il fallait ressusciter la « langue du peuple sur la place du marché », langue crue, langue vraie, langue cruelle pour les pouvoirs arbitraires, pour les menteurs en place. Chez lui, cette volonté de retrouver pareil langage constituait, bien entendu, une critique subtile et camouflée du pouvoir soviétique de son temps ; elle était subtile car elle se plaçait du côté du peuple en se posant ainsi comme marxiste, le marxisme officiel réhabilitant le peuple du 16ième siècle car cette époque était jalonnée de jacqueries paysannes contre les pouvoirs qui devenaient petit à petit absolus. Le marxisme soviétique cherchait à s’identifier aux luttes populaires de la fin du moyen âge et du début de l’ère moderne. Aujourd’hui, les établissements traitent de « populistes » tous ceux qui les critiquent, parce qu’ils se font les avocats et les porte paroles de la population grugée et muselée, qui risque, un jour, de se révolter comme les paysans des 15ième et 16ième siècles.

 

Pour les vingt prochaines années de vie de « zur Zeit », suivons le conseil de Bakhtine et écoutons la véritable voix du peuple, au-delà de toutes les platitudes de la « political correctness », qui ne nous permet plus d’être hommes, car le propre de l’homme, comme vient de nous le rappeler tout à l’heure le Dr. Otto Scrinzi, est d’être une créature ouverte au monde, en état de perpétuelle ouverture et de réceptivité, permettant d’apporter toujours des réponses adaptées aux défis mortels du monde physique et politique. Cette plasticité de l’âme humaine est meurtrie aujourd’hui par les tenants de la « correction politique », qui ne cessent de la grever de ballasts pesants et inutiles, car toute expression de cette plasticité pourrait jeter bas leurs pouvoirs. La satire, la langue du peuple sur la place du marché, l’impertinence et l’effronterie de l’humoriste sont les dissolvants nécessaires qui réduiront à néant ces ballasts. Sans le droit à la satire, la réalité politique se rigidifie, moisit et meurt.

 

Notre objectif est d’enrayer cette œuvre mortifère, en Autriche, en Allemagne, dans les Pays-Bas du Nord comme du Sud. En Hollande, le peuple retrouve ses traditions satiristes, celles des actualistes des années 20, celle des Pissuyt, Wichman et Blokzijl, celle des provos de gauche dans les années 60 et 70 ; il les retrouve avec le trio Pim Fortuyn, assassiné, Van Gogh, assassiné, et Wilders, dont nous ne partageons évidemment pas toutes les valeurs ou obsessions, loin s’en faut, mais qui ont le mérite de créer une effervescence salutaire et de secouer hardiment le cocotier. En Italie, un certain Beppe Grillo mobilise les foules avec son « Vaffanculo Day », au grand dam des politiciens de l’établissement, à la notable exception de Berlusconi qui ricane et dit que cela lui rappelle ses premières années de succès au début de la décennie 90 du siècle qui vient de s’écouler. Grillo provoquera-t-il un raz-de-marée comme le firent jadis le mouvement « Forza Italia » de Berlusconi et les propos forts et tonifiants d’Umberto Bossi et de sa « Lega Nord » ? Quoi qu’il en soit, nous voyons qu’aux Pays-Bas comme en Italie, le style satiriste fonctionne et provoque des failles dans le béton du bunker de la « correction politique ».

 

Nous voulons aussi enrayer cette œuvre mortifère au Parlement Européen, au sein de la fraction ITS ou en dehors d’elle. Mais, dans le reste de la société, à la base, cette tâche est notamment dévolue, me semble-t-il, aux corporations étudiantes, aux Burschenschaften.

 

Je vous remercie.

 

Robert Steuckers,

Vienne, 30 octobre 2007.

 

mercredi, 07 novembre 2007

Pour un langage impertinent !

e5af7bace290cc847c1f5ee64dfef878.jpg

 

Un combat pour un langage impertinent et mordant en politique !

 

Message amical de Robert Steuckers à la rédaction du journal hebdomadaire « Zur Zeit » (Vienne), à l’occasion de son dixième anniversaire

 

« Political Correctness » ? Non merci ! Est-ce là encore une platitude de notre monde moderne, qui voudrait subitement ne plus être « moderne », comme nous ? Peut-être. Ou peut-être pas. Car créer un hebdomadaire conservateur (des valeurs et non des structures) qui soit simultanément libre d’esprit, freisinnig, cela signifie vouloir immuniser le citoyen contre l’emprise des « généralités » rigides, qui tiennent le haut du pavé en Europe aujourd’hui. Un tel combat n’est ni d’hier ni d’avant-hier. La galerie des ancêtres, qui nous ont précédé dans cette lutte, est impressionnante.

 

Notre maître à tous, Armin Mohler, avait posé le combat contre toutes les « généralités » dominantes, terriblement simplificatrices, et pour le maintien de l’infinie diversité du monde comme l’ « agonalité » en soi. Aux sources des « généralités » qui sévissent aujourd’hui, nous trouvons une interprétation boiteuse de la philosophie des Lumières, interprétation boiteuse qui est couplée à une apologie du bavardage que l’on veut nous servir sous la forme de la « raison communicationnelle » de Jürgen Habermas. Cette interprétation pauvre et limitée des Lumières, propre au jacobinisme, fait en sorte que a) toute continuité particulière de nature historique est biffée, car, dans cette optique, tout ce qui a été jadis est d’office considéré comme irrémédiablement révolu ; ensuite, b) cette interprétation boiteuse géométrise ou rend abstraite toute pensée politique (cf. Georges Gusdorf), ce qui entraîne que toute communauté politique/historique se voit vidée de ses forces originales par des zélotes frénétiques, si bien, qu’en bout de course, il n’y a plus qu’un et un seul possible qui soit toléré : la répétition ad infinitum du même discours monotone et dévitalisé, ce qui revient à répéter les « vérités » abstraites posées une fois pour toutes par ces zélotes autoritaires.

 

Les peuples doivent dès lors écouter l’appel : « Prolétaires de tous les pays, devenez des perroquets bavards ! ». Chaque mot qui n’est pas la répétition du déjà répété se verra labelliser « scandaleux », contraire à l’esprit perroquet, voire « fasciste » pour reprendre, ironiquement et pour une fois, les tics langagiers de notre misère contemporaine. Orwell nous salue, de là où il se trouve aujourd’hui ! Nous exigeons dès lors le droit de ne plus avoir à répéter les slogans pétrifiés de la « correction politique », nous réclamons le droit d’innover, le droit de pérégriner à nouveau vers les sources vives, vers les fleuves, qui sont certes toujours les mêmes fleuves mais dont les eaux ne sont jamais identiques, ne coulent jamais de la même façon (Héraclite !). Raison pour laquelle, il s’avère impératif de créer un autre langage politique, un langage qui rend à nouveau les concepts fluides, qui corrode et dissout les rigidités de l’établissement par son insolence et son acidité, qui s’exprime par le rire et la moquerie ! Notre arme principale doit être ou redevenir l’ironie ; notre tâche principale est de ramener à la vie la fraîcheur d’esprit de ce bon vieux Diogène !

 

Les revues sont les laboratoires de l’avenir, qui ont pour tâche de saisir le devenir et l’effervescence du monde, et, de ce fait, il n’y a pas d’avenir possible si l’on n’obtient ou ne conquiert pas le droit d’affirmer de nouvelles valeurs ou de raviver des valeurs anciennes et fondamentales, sans avoir à craindre de censure.

 

Voilà pourquoi je souhaite encore de longues années d’agonalité à « zur Zeit » et à ses animateurs, et surtout, en particulier, à ceux d’entre eux que je connais depuis de si longues années et qui sont venus de Vienne, tout jeunes, pour participer aux séminaires de Munkzwalm en Flandre orientale avec des amis accourus de toute l’Europe, ce qui a forgé des liens d’amitié indéfectibles. Je leur souhaite donc de longues années d’agonalité, ce qui mettra indubitablement du sel dans notre soupe quotidienne. Je nous souhaite à tous une longue route pleine de découvertes et d’enrichissements intellectuels, avec des hauts et des bas, et toujours bien loin des fades opinions de nos contemporains repus, opinions que nous allons, bien évidemment, moquer avec polissonnerie, sans trêve et dans la joie ! Glück Auf !

 

Robert Steuckers.

mercredi, 31 octobre 2007

El socialisme ético de Henri De Man

5b9d640fab95dbdd12592eb6679e8d7b.gif

Infokrisis.blogia.com / Ernesto Mila

La revision idealista del marxismo: el socialismo ético de Henri De Man

http://infokrisis.blogia.com/2007/092701-la-revision-idea...

mardi, 30 octobre 2007

Ein Kampf für eine frech-bissige Sprache in der Politik

ecb58e4c9b088f31fd34e9f59c76a423.jpg

BOTSCHAFT ROBERT STEUCKERS ZUR GELEGENHEIT DES JUBILAEUMSFEIER DER WIENER WOCHENZEITSCHRIFT "ZUR ZEIT"

Ein Kampf für eine frech-bissige Sprache in der Politik !

„Political Correctness“? Nein Danke ! Noch eine Schablone der Moderne bzw. Postmoderne, die aber nicht als „modern“ gelten will? Vielleicht. Aber vielleicht auch nicht. Eine wertkonservative und freisinnige Wochenzeitschrift zu gründen heisst selbstverständlich den Bürger gegen die Zugriffe steifer „Verallgemeinheiten“ immunisieren zu wollen. Ein solcher Kampf ist nicht von gestern noch von vorgestern. Die Ahnenreihe der Kämpfer in diesem Ringen ist lang.

Unser aller Lehrmeister Armin Mohler hat der Kampf gegen alle „Verallgemeinheiten“ und für die zu erhaltende Buntheit der weiten Welt als das „Agonale“ schlechthin gestellt. An der Quelle der heutigen „Verallgemeinheiten“ steht eine verballhornte Interpretation der Aufklärung, die an eine Apologie des Schwätzens in der Form der Habermaschen Kommunikationsvernunft gekoppelt ist. Diese verarmte Aufklärungsdeutung jakobinischer Prägung a) schliesst jede partikularen Kontinuität geschichtlicher Art aus, da alles was einmal da war, als mangelhaft weil unvermeidlich veraltet betrachtet wird, und 2) geometrisiert bzw. abstrahiert jedes politische Denken (George Gusdorf), was dazu leitet, dass jedes gewachsene organisch-politische Gemeinwesen seiner ursprünglichen Kräften willkürlich durch besessene Eiferer entledigt wird, sodass nur noch eine einzige Möglichkeit toleriert wird: die endlose Wiederholung des gleichen eintönigen und blutlosen Diskurses, d. h. das Repetieren der schon einmal für immer autoritär gesetzten abstrakten „Wahrheiten“.

Völker hört das Signal: Proletarier aller Länder, werdet endlich schwatzhaftige Papageien! Jedes Wort, das nicht Wiederholung des Wiederholten ist, wird als skandalös  nicht-papageiisch betrachtet, also als „faschistisch“, um das fade Sprachgebrauch unserer zeitgenössischen Misere einmal ironisch zu benutzen. Orwell lässt grüssen! Wir fordern das Recht, nicht mehr starre Schlagworte wiederholen zu dürfen, das Recht zu erneuern, das Recht, wieder zur Quellen zu pilgern, zu Flüssen, die zwar immer die gleichen Flüsse sind, aber wo die Gewässer nie wiederholend-identisch sind (Herakleitos!). Deshalb ist die Schaffung einer anderen Politsprache notwendig, eine Sprache, die die Begriffe wieder flüssig macht, die die Rigiditäten des Etablierten durch ihre Frechheit und Bissigkeit lachend und spottend ätzt und auflöst! Unsere Hauptwaffe sollte wieder die Ironie sein und bleiben; unsere Hauptaufgabe ist die Seele des guten alten Diogenes wieder frisch lebendig zu machen!

Zeitschriften sind Laboratorien der Zukunft, die das Werden und die Gärung der Welt ergreifen, und es gibt aber keine mögliche Zukunft, wenn nicht erneuernd und furchtlos neue Werte oder neu wieder belebte Werte behauptet werden dürfen.

Deshalb wünsche ich „ZZ“ und seinen Mitarbeitern und unter ihnen insbesondere diejenigen, die ich schon so lange Jahre kenne und die noch damals in ihren sehr jungen Jahren im ostflämischen Munkzwalm mit Freunde aus ganz Europa mit mir getagt haben, was eine sehr dauerhafte Freundschaft geschmiedet hat, noch viele lange Jahre „Agonalität“, was unzweifelhaft Salz in unserer täglichen Lebenssuppe streuen wird. Ich wünsche uns alle, einen langen Weg voller Entdeckungen und Bereicherungen, mit Auf und Ab, stets weit von den blassen Gesinnungen unserer satten Zeitgenossen, Gesinnungen, die wir frech, pausenlos und lustig bespotten werden! Glück Auf!

Robert Steuckers, Brüssel.

mardi, 16 octobre 2007

Das Zeitalter der OLigarchen ist vorbei

0998a15926765f3da1f00f572fffb247.jpg

 

"Das Zeitalter der Oligarchen ist vorbei"

 Russland-Experte Wolfgang Seiffert über die Ära Putin, deren Fortsetzung und den Einfluss der Oligarchen

http://www.zurzeit.at/index.php?id=205

Herr Professor Seiffert, in der vergangenen Woche kam es in Rußland zu einem überraschenden Regierungswechsel. Der bis dahin unbekannte Viktor Subkow wurde neuer Regierungschef. Was hat das im Hinblick auf die Parlamentswahl im Dezember und die Präsidentenwahl im März 2008 zu bedeuten?

Wolfgang Seiffert: So überraschend war der Regierungswechsel nicht, denn er wurde erwartet. Überraschend war aber, daß Subkow zum Regierungschef vorgeschlagen wurde und dann auch von der Duma gewählt worden ist. Ich glaube, er steht für die Fortsetzung des Kurses, den Präsident Putin eingeschlagen hat, und an seinem Regierungsprogramm sehe ich, daß er weiter auf wirtschaftliche Stabilität – auch auf die Stabilität des Rubels – setzt, aber auch weitere neue Akzente setzt, indem er z.B. Fehler der Vergangenheit in der Sozialpolitik und bei der Gesundheitsvorsorge korrigieren will. Da Subkow gleichzeitig gesagt hat, daß personelle Veränderungen in der Regierung stattfinden werden, muß man davon ausgehen, daß das auch auf den Gebieten der Wirtschaft, der Gesundheits- und Sozialpolitik der Fall sein wird. Auch ist überraschend, daß er nicht ausgeschlossen hat, im nächsten Jahr bei den Präsidentenwahlen zu kandidieren. Putin hat das einerseits bestätigt und andererseits gesagt, daß es von Subkows Erfolg als Regierungschef abhänge und daß es fünf Kandidaten gebe, die das Amt ausüben können. Allerdings hat Putin keine Namen genannt.

Welche Chancen hätte Subkow bei der Präsidentenwahl?

Seiffert: Ich glaube, er hat gute Chancen. Denn Subkow ist ein alter Freund aus Putins Petersburger Tagen, und die beiden können schon seit 15 Jahren gut miteinander. Außerdem gibt Subkow, der 66 Jahre alt ist, Putin die Aussicht, in vier Jahren wieder zu kandidieren. Schließlich wäre er dann 70 Jahre alt, sodaß es Zeit für einen „natürlichen Wechsel“ wäre.

Es wird derzeit aber auch spekuliert, daß Subkow, sofern er Präsident wird, nach einer gewissen Zeit aus „gesundheitlichen Gründen“ zurücktreten könnte, um Putin Platz zu machen.

Seiffert: Diese Spekulationen haben keinen Rückhalt, denn Subkow macht mit seinen 66 Jahren einen gesunden Eindruck. Ich glaube, wenn er es schafft, Präsident zu werden, daß er das Amt vier Jahre gut ausüben kann.

Wenn Sie ein Resümee über Putins Amtszeit ziehen: Was würden Sie besonders hervorheben?

Seiffert: Erstens hat er die vielen Unsicherheiten und Instabilitäten im Lande beseitigt. Er hat dafür gesorgt, daß die Löhne, Gehälter und Renten regelmäßig gezahlt werden; er hat dafür gesorgt, daß Rußland wieder zu einer wirtschaftlichen Stabilität findet und daß die Auslandsschulden fast vollständig beglichen sind. Auf wirtschaftlichem Gebiet bezweifelt heute auch der schärfste Kritiker nicht, daß Rußland wieder eine wirtschaftliche Großmacht ist – nicht nur auf dem Gebiet der Bodenschätze, sondern auch im Bereich der Industrie, wo Rußland immer mehr mit dem Westen Schritt halten kann.

Und es ist auch auffallend, daß Rußland unter Putin wieder ein neues außenpolitisches Selbstbewußtsein zeigt.

Seiffert: Das ist richtig. Der frühere Premier Primakow, der jetzt Chef der Industrie- und Handelskammer in Moskau ist, hat gesagt: „Unmittelbar nach dem politischen Wechsel von der kommunistischen Herrschaft zu Demokratie und Rechtsstaat haben wir uns im Schlepptau der USA bewegt. Aber das ist jetzt vorbei, jetzt haben wir wieder unsere eigenen nationalen Interessen, die wir in den internationalen Gremien selbstbewußt vertreten.“ Das wird auch von den führenden Personen in Rußland so gesehen, und die Bevölkerung akzeptiert das. Denn es ist die Meinung weit verbreitet, daß Rußland durch die Entwicklung bis Anfang der 90er Jahre sein Gesicht in der Welt verloren hat, weshalb begrüßt wird, daß dies wieder hergestellt wird.

Die USA haben in den 90er Jahren auch versucht, sich Teile der russischen Einflußsphäre einzuverleiben…

Seiffert: Die USA unter Präsident Bush haben einerseits – und das ist auch auf Putin zurückzuführen – mit Rußland zusammengearbeitet, um etwa die Weiterverbreitung von Atomwaffen zu verhindern. Das wird wohl auch nach dem Wechsel von Putin zu einem anderen Präsidenten – gleiches gilt für die USA, wo Bush 2008 ebenfalls abtritt – so bleiben. Andererseits haben die USA versucht, die ehemaligen Staaten der Sowjetunion, die 1990 ausgeschieden sind – die Ukraine und die Staaten im Kaukasus wie Georgien – auf ihre Seite zu ziehen. Dabei haben sie Kräfte unterstützt, von denen sie ausgehen, daß sie Amerika aufgeschlossen gegenübertreten. Es gab beispielsweise die sogenannte orangene Revolution in der Ukraine, aber dieses Pendel ist schon wieder zurückgeschlagen. Denn in der Ukraine verfolgt Premier Janukowitsch eine andere Politik als Präsident Juschtschenko. Die Hoffnung der USA, Rußland einzukreisen, hat Rückschläge erlitten, aber der Versuch ist noch nicht beendet. Dagegen wenden sich viele im Lande, und Putin mit einer stärkeren Ausrichtung auf die Armee. So hat der neue Premier Subkow versprochen, ab 1. Dezember die Gehälter der Armeeangehörigen zu erhöhen, Rußland hat den Abrüstungsvertrag in Europa auf Eis gelegt, und die Flüge um die Grenzen der Russischen Föderation aufgenommen, die mit dem Ende des Kalten Krieges beendet wurden, und Rußland hat eine neue Vakuumbombe getestet. Das ist keine Bedrohung des Westens, sondern eine Reaktion darauf, daß die NATO mit der Aufnahme ehemaliger Sowjetstaaten immer näher an Rußland herangerückt ist.

Im vergangenen Jahr sorgte ein russisches Gesetz, wonach die Tätigkeit von Nichtregierungsorganisationen eingeschränkt wird, im Westen für Aufregung. Wie stark ist denn der Einfluß der von den USA unterstützten Nichtregierungsorganisationen auf die russische Politik?

Seiffert: Dieser Einfluß ist sehr gering. Was das Gesetz betrifft, so richtet es sich vor allem dagegen zu kontrollieren, wenn nicht zu verhindern, daß vom Ausland finanzielle Mittel an diese Nichtregierungsorganisationen fließen. Denn die russische Regierung – ob zu Recht oder zu Unrecht sei dahingestellt – sieht darin Versuche, in ihrem eigenen Land Gruppen zu schaffen, die, beispielsweise wie in der Ukraine oder in Georgien, im Sinne der USA tätig werden. Wegen des geringen Einflusses dieser Gruppen wurde dieses Gesetz nicht beschlossen, sondern weil Putin glaubt, daß er auf alle Fälle die innere Stabilität sicherstellen muß, weil sonst auch die wirtschaftliche Entwicklung in Rußland gefährdet werden könnte, und weil er befürchtet oder weiß, in welchem Umfang ausländische Geldgeber diese Gruppen unterstützen.

Stimmen eigentlich die Vorwürfe, Putin habe einen autoritären Staat geschaffen?

Seiffert: Es ist ganz offensichtlich, daß Putin einerseits bemüht ist, die seit 1993 geltende Verfassung einzuhalten. Das sieht man jetzt wieder beim Regierungswechsel, der von Artikel 111 der russischen Verfassung gedeckt ist. Andererseits versucht Putin im Rahmen der vorgegebenen Bedingungen, eine stabile Entwicklung sicherzustellen, und diesem Schritt diente auch die neue Regierungsbildung. Westliche Medien haben lange Zeit behauptet, daß Putin mit der absoluten Mehrheit in der Duma versuchen werde, die Verfassung zu ändern, damit er ein drittes Mal als Präsident kandidieren kann – aber das hat er von Anfang an abgelehnt und betont, daß er sich an die Verfassung hält.

Sie sprachen vorhin, davon daß Putin Rußland wirtschaftlich stabilisiert hat. Nun werden aber weiterhin wichtige Zweige der Industrie – Rüstung, Stahl, Energie, aber auch die Medien – von den sogenannten Oligarchen kontrolliert…

Seiffert: Hier muß man unterscheiden: Erstens gibt es in Rußland strategisch wichtige Industrien, die weitgehend in staatlicher Hand sind. Wenn Sie beispielsweise den Energiekonzern Gazprom nehmen, dann ist das eine privatrechtlich organisierte Aktiengesellschaft, aber die Mehrheit der Aktion hält der russische Staat. Und dann gibt es Oligarchen, die – wie der bekannte Michail Chodorkowski – in den Jahren der Amtszeit Jelzins entstanden sind und auf nicht ganz einwandfreie Weise zu Milliardenbeträgen gekommen sind. Gegen diese Oligarchen war in Rußland rechtlich vorgegangen worden: Der Oligarch Chodorkowski verbüßt wegen Steuerhinterziehung und Betrug eine mehrjährige Haftstrafe in Sibirien, und der Oligarch Beresowski ging ins Ausland und betreibt von London aus eine Anti-Putin-Politik, obwohl er sich früher dafür eingesetzt hat, daß Putin Präsident wird. Und die übrigen Oligarchen gibt es nach wie vor, aber sie betreiben keine Politik gegen Putin, sondern sind wirtschaftlich tätig und wollen Geld verdienen. Wie weit sie im Ausland investieren, ist dabei eine andere Frage. Interessant ist – und das ist wohl auch Subkow zuzuschreiben, der Leiter der Finanzaufsichtsbehörde war – daß früher mehr Geld ins Ausland floß als nach Rußland kam. Die russische Zentralbank hat in ihrer Kapitalbilanz mitgeteilt, daß im Jahr 2006 der Kapitalüberschuß 151 Milliarden betragen hat. Die Kapitalflucht, die es eine Zeit lang gegeben hat, konnte also gestoppt werden.

Beim Prozeß gegen Chodorkowski wurde kritisiert, daß rechtsstaatliche Kriterien verletzt worden wären. Trifft dieser Vorwurf zu?

Seiffert: Ich halte es für denkbar, daß beim Prozeß gegen Chodorkowski vom juristischen Standpunkt her handwerkliche Fehler unterlaufen sind. Aber in der Hauptsache wird die Bestrafung zutreffend sein, denn sowohl der Betrug als auch die Steuerhinterziehung sind nachgewiesen und wurden in Rußland von den Instanzen überprüft und bestätigt. Jetzt liegt eine Beschwerde beim Europäischen Gerichtshof für Menschenrechte vor, über die aber bis jetzt noch nicht entschieden wurde.

Wenn sich heute, wie Sie sagten, die Oligarchen im wesentlichen ihren Geschäften widmen, dann ist wohl eine Rückkehr in die 90er Jahre, in die Jelzin-Zeit, wo die Oligarchen und nicht der Präsident die Politik des Landes bestimmt haben, ausgeschlossen?

Seiffert: Diese Zeit ist vorbei, und ich sehe auch keine Möglichkeit zur Rückkehr in diese Verhältnisse. Denn dafür gibt es auch in der Bevölkerung keine Unterstützung.

Und welche Rolle spielt die vom Westen so genannte „liberale Opposition“?

Seiffert: Der Einfluß von Gruppen wie dem „Komitee 2008“ unter dem früheren Ministerpräsidenten Kasjanow und dem früheren Schachweltmeister Kasparow ist in Rußland verschwindend gering. Bei Wahlen haben sie keine Chancen, zumal die Leute sagen, Kasjanow sei nicht besser als die anderen, und bei Kasparow wissen sie genau, daß er zwei Staatsangehörigkeiten – die russische und die amerikanische – besitzt. Putin hat es verstanden, auf die entscheidenden Machtpositionen des Landes Einfluß zu nehmen und sie mit Personen seines Vertrauens zu besetzen. Insofern kann man von einem „System Putin“ sprechen.

Das Gespräch führte Bernhard Tomaschitz.

Prof. Dr. Wolfgang Seiffert:
Bis 1978 Professor für Internationales Wirtschafts- und Völkerrecht in Ost-Berlin. Danach Übersiedelung in die Bundesrepublik, wo er bis 1994 am Institut für Osteuropäisches Recht der Universität Kiel arbeitete. Prof. Seiffert ist Autor mehrerer Bücher, darunter „Wladimir W. Putin – Wiedergeburt einer Weltmacht?“ und „Selbstbestimmt – Ein Leben im Spannungsfeld von geteiltem Deutschland und russischer Politik“

jeudi, 11 octobre 2007

A Global Village and the Rights of the Peoples?

782dff5ba0e0f0ea11716c71a98f7b07.jpg

A Global Village and the Rights of the Peoples?

Tomislav Sunic

The great conflicts of the future will no longer pit left against right, or East against West, but the forces of nationalism and regionalism against the credo of universal democracy. The lofty ideal of the global village seems to be stumbling over the renewed rise of East European separa­tism, whose aftershocks may soon spill over into the Western hemisphere. Already the dogma of human rights is coming under fire by the proponents of peoples' rights, and the yearning for historical community is making headway into atomized societies deserted by ideologies.

With the collapse of communist internationalism the clock of history has been turned back, and inevitably the words of the 19th-century conservative Joseph de Maistre come to mind: "I have seen Poles, Russians, Italians, but as to man, I declare never to have seen him." Indeed, this paradigmatic universal man, relieved from economic plight and from the burden of history, this man on whom we pattern the ideology of human rights, is nowhere to be seen. He appears all the more nebulous as in day-to-day life we encounter real peoples with specific cultures. If he resides in Brooklyn, his idea of human rights is likely to be different from somebody who lives in the Balkans; if he is a fundamentalist Moslem his sense of civic duty will be different from somebody who is a Catholic. The rise in nationalist sentiments in Eastern Europe should not be seen as only a backlash against communist economic chaos; rather, it is the will of different peoples to retrieve their national memories long suppressed by communism's shal­low universalism.

All of Europe seems to be undergoing a paradoxical and almost ludicrous twist of history. On the one hand Western Europe is becoming more and more an "americano-centric" anational meta-society, while post-communist Eastern Europe threatens to explode into a myriad of mini-states. Conversely, whereas Western Europe is experi­encing an unparalleled wave of foreign immigration and the inevitable surge of racism that must follow, the racial homogeneity of East Europeans has made them today more "European" than West Europeans-the East's own multi­ethnic turmoil notwithstanding.

In view of the disintegrating state system in Eastern Europe, Woodrow Wilson's crusades for the right of national self-determination and global democracy must seem contradictory. Home rule as envisioned by the archi­tects of the Treaty of Versailles in 1919 may have suited the demands of Poles, Czechs, and those European peoples who benefited from the collapse of the Austro-Hungarian monarchy, but it had little appeal for those who were forced to exchange one foreign ruler for another. For the Germans stranded in, a newly emerged and bloated Poland or Romania in 1919, or for the Slovaks in a hybrid Czechoslo­vak state, the right to home rule meant nothing less than the creation of their own separate nation-states.

Yugoslavia, too, has owed its relative longevity more to Western liberal well-wishers that to the true consensus of its disparate peoples. For the last seventy years the Yugoslav experience has been an exercise in civil wars and constant ethnic strife among four of its major ethnic groups. Natural­ly, in light of the present salvos being exchanged between the Croats and the Serbs, the question that comes to mind is why does the artificial blending of different peoples always lead to instability and ethnic chaos? The answer seems to be rather obvious: that the rights of peoples are incompatible with universalism. Ethnic particularities cannot coexist in a state that places abstract principles of human rights over the real principles of peoples' rights.

It would be impossible to chronicle with precision who is right or wrong in the present ethnic turmoil that besets Yugoslavia. A litany of grievances can be heard today among Croats, Serbs, Slovenes, and ethnic Albanians, of which each group is tirelessly trying to outdo the others with its own impressive victimology. As Yugoslavia demonstrates, in multiethnic countries the notion of justice depends solely on the constantly shifting inter-ethnic balance of power, as well as the perception that each ethnic group may have of its neighbor. Both Serbs and Croats, the two largest ethnic groups in Yugoslavia, are today utterly disappointed with their country; the former, on the grounds that Yugoslavia is not centralized enough to allow the consolidation of the Yugoslav state; the latter, on the grounds that Yugoslavia is already too centralized. The lesson to draw today from the Yugoslav experience is that in multiethnic states democracy can only function when the national question has been resolved.

Moreover, democracy can take root only within the ethnographic frontiers of various peoples, who will define that word in accordance with their genius loci and their own history. Just as it was foolish some time ago to talk about Yugoslav anticommunist dissidence, so it is foolish now to anticipate the emergence of the all-out "Yugoslav" democ­racy. What seems good for a Croatian democrat today may be seen as a direct threat by somebody who styles himself a Serbian democrat tomorrow. Even America, because of its erratic immigration policy and the declining birthrate among whites, may soon find itself in a similar situation of having to redefine the concept of democracy. The legacy of the Founding Fathers, in the years to come, may be interpreted differently given the changing racial fabric of America. Voting preferences are likely to hinge on skin color, which could lead to a Balkanization worse than the one presently threatening Yugoslavia.

Democracy in any multiethnic state, at least as the global democrats would like to see it, is semantic nonsense; the liberal principle of "one man, one vote" is inapplicable in a country of diverse ethnic groups. Consequently, the genu­ine democratization of Yugoslavia, or for that matter the multiethnic Soviet Union, would require the disintegration of the country and the establishment of new nation-states. The German Holy Empire was an example of a rather stable confederal system that lasted for almost one thousand years, although at one point it was divided into three hundred sovereign principalities.

Paradoxical as it may seem, the ideology of global democracy seems to parallel closely the failed communist Utopia, with one exception: it is presently more successful in the pursuit of its goals. What we are witnessing in the West is a liberal transposition of the Christian ideal of one world into a post-industrial society-a civitas dei in an age of cable TV and Michael Jackson. Everything presages, how­ever, that this brand of universalism can be as dangerous for the peoples of Eastern Europe as the now moribund communism. From the point of view of a globe-trotting merchant a centralized and unified Yugoslavia, or Soviet Union, organized into giant free markets, would be the best solution insofar as that would facilitate the free movement of capital, and thus better ease the strain of ethnic animosity. Indeed, the prospects of having to deal with an additional twenty states on the Euro-Asian continent is a nightmare to a businessman more interested in the free flow of capital than in the self-determination of ethnic groups. The political liberal will surely endorse a global village that includes different ethnic parades-so long as they do not turn into military marches. Such a line of thinking, that "economics determines politics," clearly points to the Marxian morphology inherent in liberalism, confirming, once again, that communism is nothing else but its pesky brainchild.

But will the free bazaar in the global village dissolve ethnic passions? Although the masses in franchised Eastern Europe are today mimicking every move of the West, nothing indicates that their honeymoon with the global village will last long. Ethnic intolerance will only worsen once the peoples of Eastern Europe realize that the global village promises a lot but delivers little.

What makes a people? A people has a common heritage and a will to a common destiny. A people exists despite superficial cleavages such as parties, interest groups, and passing trends in ideologies. As Georges Dumézil, Mircea Eliade, and Carl G. Jung have demon­strated, a people shares a "mythe fondateur"-a communal myth that gives birth to original cultural endeavors. The culture of a people, recalls Alain de Benoist, is its identity card and its mental respiration, and "it is the passport for a future that takes the shape of destiny."

When a people becomes oblivious of its founding myth it is doomed to perish. Worse, it may turn into an aggregate of happy robots whose new dictum of universal human rights could be just another cloak for mindless hedonism. Western Europe is already experiencing this kind of ethnic and cultural oblivion. Paris in August resembles Oran or Marrakesh, and wide stretches of Berlin, at noon, have the distinct flavor of Anatolia. To many foreigners France is becoming more a synonym for its famous goat cheese and less a symbol of Corneillian heroism, and if one decides to go to Florence it is for a good bottle of Chianti rather than the mystic transcendence experienced through Botticelli's paintings. Yugoslavia, founded on similar principles of multiculturalism, is a product of the Russian 19th-century pan-Slavism combined with the Wilsonian dream. This experiment has not resulted in perpetual peace. In times of great crises host nations no longer look at aliens as purveyors of exotic folklore, but rather as predators snatching bread from their host's mouth. Peoples are not the same; they never have been and never will be. Ethnic groups can be compared to the inmates of large American prisons, who usually begin to respect each only when their turf is staked out and when their cells are separated by massive stone walls. Thrown into one cell they are likely to devour each other in a perpetual conflict over "territorial imperative."

The best way, therefore, to resolve the Yugoslavian multiethnic crisis is not by appealing to the spirit of "brotherhood and unity" but rather by dismantling the country into a loose confederal state. Blood and soil will forever determine the life of nations. "Scratch the skin of any globalist, goes the proverb in Croatia, and you will find beneath a passionate Croat, Serb, German, or Jew."

With the end of communism, the end of history will not follow, as some would wish us to believe. Had the Euro­peans in the 13th century conjured up the "end of history," the Mongol khananat would have been transferred to the Iberian peninsula. Had the Germans and the Poles preached the liturgy of affirmative action in 1683, Vienna would shine today as the capital of the Turkish sultans. The endless power game among nations and ethnic groups, the constant shifts in demographic trends, teach us that life goes on in all its "creative" hatred-Hitler, Stalin, or Saddam not with­standing.

Today, more than ever before in the history of mankind, it is the specificity of peoples that is threatened by the universalist credo. Whether one travels to Warsaw or Sarajevo, or lands in Bucharest or Berlin, the blaring of rock music and the iconography of junk culture have become the new lingua franca, of the global village. One could spend days in the Budapest Hilton without ever knowing one had left the suspended bridges of the hotel complex of down­town Atlanta. The new universalism, in order to enforce its creed, no longer needs to resort to genocide and depopula­tions, to the frigid climate of Kolyma or Katyn, to which Stalin, in the name of a paradigmatic global proletarian, carted off Volga Germans, Kalmuks, and Chechens. The new universalism need only turn to a tepid universe of Kentucky Fried Chicken, a society in which everybody equals everybody, and where ethnic identities, therefore, mean nothing.

This "cool Stalinism" strips peoples of their souls by creating a Homo economicus-dollaricus. The end results of both brands of universalism are pretty much the same, except that the veiled violence of liberal universalism can now be more dangerous than the blunt violence of communism. It is an irony of history that naked violence often preserves regionalism and ethnic roots; each persecution has its cathartic virtue, and each sacrifice invariably strengthens a peoples' historical memory. Communist violence has triggered a hitherto unseen ethnic pride from the Balkans to the Baltic lands. In an air-conditioned hell of cool universal­ism, by contrast, regionalism and the love of one's country do not need to be openly crushed; instead, they can be turned into a commodity, and thereby rendered superfluous, if not outright funny. If ever the ethnic pride disappears from Eastern Europe it will not be as a result of communist repression, but rather as the outcome of a new infatuation with capitalist gadgetry. The global village knows how to enslave Ulysses' lotus eaters without even making them realize the peril that they face.

In a system in which everything has become a commodity, ethnic identity is viewed as an expendable triviality too-a triviality that may at best arouse some culinary interest or a tourist's curiosity. If necessary, universalism will even do good business from the hammer, sickle, and swastika-as long as they sell well. For a globe-trotting merchant, home is where he hangs his hat, and where he makes a big buck. Montesquieu was, after all, not wrong when he wrote that commerce is the vocation of equal people.

Until recently, the concepts of egalitarianism and global democracy were strictly limited to Western peoples. Today, in a spasm of masochism, and because of the so-called "white guilt," the West has extended these princi­ples to the antipodes of Earth. The bon sauvage has been transformed in our postmodern age into the therapeutic role of white man's superego. Not long ago it was the white man who had to teach the nonwhites the manners of the West. Today the roles are reversed; now it is the non-European, with his pristine innocence, who grafts himself onto the ailing consciousness of the Westerner, pointing out to him the right path to the radiant future.

The very concept of "the West" has been stripped of its original geopolitical and geographical significance, becom­ing instead a metaphor for a meta-system that encompasses Alaska, the Philippines, South Korea, and any nook or cranny where the idea of the mercantile global village thrives.

With the end of its competing ideology the philosophy of the global village has taken hold in many countries, eulogiz­ing those who support it, vilifying those who don't. What the future holds is not difficult to guess. It may well happen that inter-ethnic troubles will eventually subside in Eastern Europe, but this is not likely to happen in the West, where racial turmoil looms large. We may soon see replicas of the Berlin Wall erected in New York and Philadelphia in order to contain the multiethnic violence of the global village. The lesson of artificial Yugoslavia should not be forgotten. Our "promiscuous altruism," as Garrett Hardin writes, may lead us against our will into a war of all against all.

The cult of the global village appears today as a political response to theological and ideological battles that have rocked the West for more than a century. But it remains to be seen how the singular principle of human rights can be implanted in a world that remains eminently plural. "We invoke human rights," continues Hardin, "to justify interfering in another nation's internal affairs. Thereby we risk making enemies of that nation . . . The intentions behind the fiction of "human rights' may be noble, but insisting on such rights poses grave dangers." Global democracy is the last twilight dream of those who are spiritually homeless and physically uprooted. It is a doctrine that eloquently masks the ethnic and racial reality behind the theology of universalism.

Tomislav Sunic is a former professor of European politics at Juniata College in Pennsylvania.

He is the author of Against Democracy and Equality: The European New Right (Peter Lang Publishing, Inc. 1990).

jeudi, 27 septembre 2007

Nouvelle cible: la Birmanie

612f62d91a11f929d5779fc99522ef48.jpg

Guerre froide : nouvelle cible, la Birmanie !

Alors qu’on ne s’occupe plus des affrontements intercommunautaires et du gouvernement maoïsant du Népal pour cause de danger de conflit direct avec la Chine, le fusil de l’Axe du Mal semble cette fois braqué sur la Birmanie. Il y a quelques jours, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Europe (aussi appelée Union européenne) ont fermement demandé à l’O.N.-U. de sanctionner ce pays suite à la répression d’une manifestation religieuse à Rangoun.

Le diplomate nigérian Ibrahim Gambari et (représentant de l’O.N.-U. dans la région) a constitué une délégation pour juger sur place de l’état des lieux. Les dirigeants birmans ont reçu l’ordre de “coopérer pleinement avec cette mission”. Le président « de France », Nikolas Sarközy, a appelé l’ensemble des entreprises françaises à « faire preuve de la plus grande retenue » dans leurs investissements là-bas et de ne pas en réaliser d’autres ; alors que ce marché est l’un des rares où nous ne soyons pas concurrencés par les Américains ! Quelle inconscience ! Il n’est pas inintéressant de constater par ailleurs que les relations franco-birmanes ne sont quasi-nulles ! Chose amusante à noter: les médias qui, il y a peu, ignoraient l’existence de ce pays nous gavent de son actualité. Ne serait-ce pas pour nous préparer à une nouvelle « révolution de couleur » non plus orange, comme en Ukraine, mais safran, de la couleur de la robe des bonzes ? Supposons que l’un d’entre eux s’immole par le feu, comme au Sud-Vietnam en 1963, et la boucle de haine médiatique aura trouvé sa nouvelle cible : la junte nationaliste des généraux birmans !

Cette stratégie rappelle celle employée il y a peu par les Américains pour justifier leurs attaques sur l’Irak et l’Afghanistan. S’il ne semble pas se dessiner d’intervention en Birmanie pour le moment, cette dernière a visiblement un rôle à jouer dans le plan mondial. Gorgée de forêts de teck, de rizières, de vallées herbeuses et de paysages escarpés, ses principales richesses sont naturelles. C’est un État-nation « à la française » caractérisé par une forte diversité culturelle, linguistique et ethnique. Peut-être que son caractère autarcique et rural est un agacement dont « Big Brother » se passerait bien, mais c’est bien mince vous ne trouvez pas ?

La réalité est beaucoup plus simple : Les plus importants gisements de gaz naturel ont été découverts le long de la côte Ouest de la Birmanie. D’importants gisements de gaz naturel ont également été décelés le long de la côte occidentale. Ces découvertes pourraient rapporter à ce pays la somme de trois milliards de dollars par an. Ses partenaires sont pour l’instant l’Inde et la Corée du Sud (dans le cadre du projet Shwe Gas Development) bien que les principaux protecteurs de ces intérêts soient actuellement la Russie et la Chine. Pour finir, elle dispose aussi de réserves de pétroles et de pierres précieuses !

Les moines bouddhistes souhaitent que ses richesses profitent à la population, c’est tout à leur honneur et ils sont dans leur rôle, et se croient soutenus en cela par la Communauté internationale. Mais cette dernière souhaite-elle sincèrement que de tels richesses géostratégiques profites aux travailleurs nationaux Birmans ?

Pour Altermédia France : K.H.

Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info

URL to article: http://fr.altermedia.info/general/guerre-froide-nouvelle-cible-la-birmanie_11551.html

18:15 Publié dans Défense, Géopolitique, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 25 septembre 2007

La France redevient un satellite de Washington

1ec45662ffb8eaab66281dda829fc194.jpg

 

Andrea PERRONE :

La France est redevenue un satellite de Washington

 

Sarközy et Morin annoncent le retour imminent de Paris au sein du commandement militaire de l’OTAN

 

Les temps changent et la France cesse d’être une puissance au profil propre, abandonne sa voie gaullienne et se soumet aux Etats-Unis. Il y a plus de quarante ans, la France avait quitté le commandement militaire de l’OTAN parce que le Général De Gaulle l’avait voulu. Sarközy met un terme à cette politique de l’honneur et entend revenir servilement à l’obéissance inconditionnelle à Washington.

 

Le Ministre de la Défense français, Hervé Morin, l’a annoncé par surprise, en confirmant que le chef de l’Elysée, Nicolas Sarközy est favorable au renforcement du rôle de la France dans l’Alliance Atlantique. Bon nombre d’analystes retiennent en fait que Sarközy veut aujourd’hui combler un vide, où, pendant plus de quarante ans, la France avait été absente des structures de commandement de l’OTAN. Le quotidien « Le Monde », citant des sources officielles, pense que Paris pourrait profiter du sommet de l’OTAN l’an prochain à Bucarest pour annoncer le retour de la France au sein du commandement militaire de l’Alliance Atlantique. « Le Monde » croit pouvoir émettre cette hypothèse en interprétant les paroles de Morin, qui a suggéré que le rôle de la France au sein de l’Alliance Atlantique, rôle qui sanctionnerait à nouveau sa dépendance envers Washington, pourrait être défini et annoncé dans un livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, dont la parution est prévue vers mars 2008. Ensuite, le ministre français pense que les relations renforcées de son pays avec l’OTAN pourraient servir à consolider les projets de défense européenne et à influencer le sens des opérations militaires de l’Alliance Atlantique. Morin semble oublier que le contrôle général de l’OTAN reste et restera aux mains des Etats-Unis seuls qui décideront de faire ce qui leur plait et de faire intervenir leurs troupes partout dans le monde, sans le minimum de respect pour les intérêts et les vues de leurs « alliés », dont le seul rôle qui leur est dévolu est d’obéir sans discuter à leurs diktats. Il y a un mois déjà, le nouveau président français avait souligné que, dans un bref délai, Paris retrouverait pleinement sa place au sein de l’Alliance Atlantique.

 

Actuellement, la France est le cinquième pays dans l’ordre de ceux qui financent l’Alliance contrôlée par Washington. Bien sûr, les déclarations enthousiastes commentant les décisions imminentes de Sarközy n’ont pas manquées, et, parmi elles, celles du porte paroles de l’OTAN, James Appathurai, qui, à Bruxelles, devant un parterre de journalistes, vient de déclarer que « la France est un pays qui contribue beaucoup financièrement, et se trouve même parmi les pays qui contribuent le plus, à l’Alliance, et qui soutient également nos opérations militaires ». Appathurai a ensuite dit que le moment était venu pour la France de décider si elle voulait réintégrer à plein titre la structure militaire de l’Alliance Atlantique.

 

Nous assistons à un changement de fond de la politique étrangère française, mais ce changement était prévisible, vu les positions du nouvel occupant de l’Elysée, qui sont clairement néo-libérales et philo-atlantistes.

 

De très nombreuses années sont passées depuis cette journée du 7 mars 1966, quand le Général Charles De Gaulle avait annoncé la sortie de son pays hors de la structure de commandement militaire de l’OTAN au président américain de l’époque, Lyndon B. Johnson, tout en maintenant sa présence au sein des structures civiles de l’Alliance Atlantique. Après cette décision historique, lucide et courageuse de De Gaulle, l’OTAN déménagea son quartier général installé à Versailles et à Fontainebleau en avril 1967. La crise avait commencé lorsque Washington avait manifesté sa volonté de contrôler plus étroitement l’Europe que dans l’immédiat après-guerre. La France avait maintenu de fait une indépendance relative par rapport aux autres pays européens, plus petits ou vaincus en 1945. Cette position avait permis à la France d’obtenir un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU et, partant, son droit de veto, comme les grandes puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale.

 

De Gaulle avait voulu de détacher de l’emprise américaine et avait manifesté l’intention de forger un « axe carolingien » avec l’Allemagne de Konrad Adenauer, axe qui aurait dû, à terme, s’élargir à Moscou et favoriser de facto un « Axe Paris-Berlin-Moscou », ce dont Washington ne voulait à aucun prix. A ce projet, envisagé sur le très long terme, la politique gaullienne entendait ajouter la création d’une structure militaire européenne indépendante, réelle alternative à l’OTAN. Cependant, ce qui effrayait davantage Washington, était un troisième volet dans les projets gaulliens : détacher la France du coût fixe que constituaient les pétro-dollars, sur lesquels Washington jouait pour juguler les crises inflationnistes, modus operandi qui mettait en danger les réserves d’or de Paris. De Gaulle décida donc de restituer les dollars aux Etats-Unis, ce qui lui avait permis de conserver intactes ses réserves d’or. Avec leurs pétro-dollars, les Etats-Unis avaient envisagé d’imposer une stratégie globale d’asservissement à leurs intérêts : De Gaulle l’avait refusée, en sachant que Paris allait être satellisé, réduit à un instrument de la politique américaine du dollar.

 

En annonçant le retour de la France dans le bercail atlantiste, Sarközy a trahi cette politique gaullienne indépendantiste, amorcé un changement calamiteux, où son pays retourne servilement sous la dépendance de Washington, perdant en même temps, et d’un seul coup, toutes les cartes qui lui garantissaient son autonomie politique.

 

Andrea PERRONE.

(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », vendredi 14 septembre 2007).

 

lundi, 24 septembre 2007

Sarközy se soumet à Washington

47720a054c99ffa45200d58c502a264c.png

Andrea PERRONE :

Sarközy se soumet à Washington

 

Le président français met en œuvre son programme d’asservissement à l’hyper-puissance d’Outre-Atlantique

Sarközy et son entourage sont en train de soumettre complètement la France à la politique américaine. Depuis l’annonce, vendredi 14 septembre 2007, du retour imminent de Paris au sein du commandement général de l’OTAN, le nouveau président français Nicolas Sarközy a ouvert encore de nouvelles perspectives sur le très prochain asservissement total de la France aux Etats-Unis.

 

Le chef de l’Elysée s’est rendu vendredi 14 septembre en Hongrie pour rabibocher les rapports entre la France et les Magyars, après le gel des relations entre les deux pays sous l’ère Chirac. Les relations entre Paris et Budapest s’étaient considérablement rafraîchies après les commentaires méprisants qu’avait formulés Chirac lorsque la Hongrie avait appuyé le contenu d’une lettre de soutien à l’intervention américaine en Irak. Chirac avait déclaré que la Hongrie « avait perdu une bonne occasion de se taire ». Pour effacer ce souvenir cuisant, Sarközy a dit, dans un discours prononcé à la fin de ses entretiens avec son homologue hongrois Laszlo Solyom, qu’il « était venu à Budapest pour porter le message que l’Europe a besoin de la Hongrie et que la France serait désormais plus présente en Europe centrale et orientale ».

 

Le chef de l’Elysée a ensuite ajouté que « dans l’esprit de la France, il n’y a pas de petits pays et de grands pays, des pays qui ont droit à la parole et d’autres qui n’ont que le droit de se taire ». Cette allusion dépréciative et directe aux paroles fortes de Chirac montre bien que la nouvelle politique internationale inaugurée par le président Sarközy entend bien mettre un terme aux principes les plus sains du gaullisme, à les détruire définitivement, pour s’incliner servilement devant les diktats du gendarme américain de la planète. Mais cette soumission verbale n’est que la partie émergée de l’iceberg.

 

Paris a désormais l’intention de supprimer l’obligation que la France s’était donnée d’organiser à chaque fois un référendum populaire quand l’UE proposait l’adhésion d’un pays. Disposition constitutionnelle qui visait bien entendu à faire barrage à l’adhésion turque. Paris flanche, Paris recule, Paris s’amollit. Cet amollissement se perçoit clairement dans les propos tenus par Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, dans les colonnes du quotidien « Le Figaro », vendredi 14 septembre 2007. L’existence de ce référendum français pour toute future adhésion à l’UE, était perçue, à Ankara comme à Euro-Bruxelles, comme une menace permanente contre l’adhésion turque. Jouyet a suggéré, dans son entretien accordé au « Figaro », de supprimer le fameux article 88, alinéa 5, de la Constitution française qui fixait les modalités de l’obligation de consulter le peuple par référendum lors de chaque proposition d’élargissement de l’UE.

 

Cet article 88 devait s’appliquer à toutes les adhésions futures, après celle de la Croatie, prévue pour 2010. Il avait été adopté en 2005 par les députés réunis en congrès à Versailles avec l’appui clair et net de Jacques Chirac, alors président de la république. Jouyet remet tout en question en demandant, « Faut-il supprimer ou maintenir cette disposition ? », lors d’une intervention à la tribune d’un « think tank » parisien présidé par l’ancien premier ministre Edouard Balladur. Précisant qu’il s’exprimait à titre personnel, le responsable français des affaires de l’UE a feint d’avoir subitement oublié que « revenir sur une décision qui figure dans le texte même de notre Constitution constituerait un gros risque, surtout en prévision de la ratification du nouveau Traité », que les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept devront accepter de manière informelle lors du sommet de l’UE à Bruxelles en décembre prochain. Dans un climat de méfiance à l’égard des institutions eurocratiques de Bruxelles, surtout en France, le référendum de l’article 88, alinéa 5, était perçu comme l’ultime barrage contre les élargissements sans fin de l’Union, à commencer par un élargissement à la Turquie.

 

Jouyet explique notamment, qu’avec ce référendum, la France « risquerait de bloquer, au moment opportun, un processus d’adhésion, même si toutes les conditions sont respectées » par un pays ou un autre. Dans tous les cas de figure, poursuit Jouyet, « l’idée ne serait pas de supprimer le référendum mais de permettre au chef de l’Etat de choisir entre celui-ci et la voie parlementaire ».

 

La proposition est examinée actuellement par l’Elysée, qui a tenu à rappeler que Sarközy, lors de sa campagne pour les présidentielles, avait déjà émis l’hypothèse de la suppression éventuelle de l’article 88, sanctionnant l’obligation d’organiser un référendum pour tout élargissement de l’UE.

 

Andrea PERRONE.

(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », 15/16 septembre 2007).

 

 

dimanche, 23 septembre 2007

République théocratique française

République Théocratique Française.

République Théocratique Française.

Bien qu’il se définisse ainsi, l’Idéal Républicain français de l’an 2000 n’est absolument pas la république laïque. Son modèle n’est plus du tout celui de “la séparation de l’Église et de l’État”. Désormais la République Française, peut-être pour mieux ressembler à ses amis du Tiers-Monde, est devenue une théocratie.

Désormais, il incombe à l’État, et seulement à l’État, de se prononcer sur ce qui est Bien et ce qui est Mal, c’est à dire de définir le champ de la moralité et de la foi. Il existe ainsi une véritable religion républicaine, avec son culte, ses prêtres, son tribunal, ses saints et ses martyrs, etc. Naturellement, c’est une religion d’amour, et elle est universelle. Issue d’une dissidence rationaliste du christianisme, elle lui ressemble autant qu’elle s’y oppose, comme deux images inversées de part et d’autre du miroir. Mais elles sont sœurs ennemies, et la religion républicaine s’ingénie chaque jour davantage à ressembler à son modèle pour masquer ses funestes desseins sous une couverture d’impeccable probité.

La République Française possède son texte révélé, son Décalogue fondateur : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Le fait que cette Déclaration soit à la fois française ET universelle positionne d’emblée la France comme une sorte de Peuple Élu dont le rayonnement sur les nations doit être un devoir sacré. Autrefois la France était “fille aînée de l’Église”, désormais son aura divine porte le nom de “Pays des Droits de l’Homme”. Avant le Décalogue, c’était la corruption et l’obscurité. Avant les Droits de l’Homme, il n’y avait que le néant. Depuis 1789, le monde reçoit enfin la lumière [ou plutôt les Lumières] de la bonne nouvelle. Assise sur cette légitimité absolument sacrée et inviolable, la Religion Républicaine [RR] organise le service du culte.

La RR possède son catéchisme. A l’instar des curés d’antan qui enseignaient une morale moisie, les écoles de la RR veillent aujourd’hui à bien enseigner aux enfants la connaissance du Bien et du Mal. Dans le camp du Bien, on place les vertus théologales : Tolérance, Vigilance, Citoyenneté, Progrès, Solidarité, Diversité. Dans le camp du Mal, on place les vices funestes : Racisme, Intolérance, Inégalités, Discrimination. Évidemment, il convient de faire triompher le Bien et de dénoncer le Mal. Comme il s’agit d’une théocratie, le Tribunal de la RR ne sert pas seulement au jugement des affaires civiles. Il sert aussi au jugement des affaires morales, puisqu’il tranche ce qui est licite de ce qui est illicite, tous objets confondus. C’est la raison pour laquelle on punit sévèrement les Intolérants et les Racistes qui refusent d’embaucher des Noirs dans les salons de coiffure, ou qui refusent d’embaucher des musulmans dans une fabrique de saucisson ou de rillettes. Il ne convient pas de juger d’un crime de fait, comme une agression, un meurtre, ou vol, mais d’un crime moral, c’est à dire une pensée habitée par le Mal. Le Tribunal de la RR est aussi une Inquisition : il est tout à fait en droit de demander des comptes à n’importe qui sur la conduite de leur moralité. Quiconque n’a pas clamé en place publique son antiracisme est soupçonné de déviance morale. Quiconque ne s’est pas flagellé en public pendant les processions électorales de la Passion Antifasciste est soupçonné de servir le camp du Mal. Quiconque ne s’est pas indigné du sort des clandestins risque de se voir convoqué en haut lieu, par exemple par la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité [HALDE], l’administration suprême de l’Inquisition.

Comme il n’est pas de théocratie honorable sans contrôle actif de la vie privée, les tribunaux de la RR font tout pour veiller à la bonne moralité de leurs ouailles, y compris des plus jeunes. L’émancipation sexuelle est bien entendu un impératif, la couleur de peau de ses partenaires sexuels en est un autre. Les tribunaux gardent un œil sur les trombinoscopes multiculturels des chaînes de TV. Les individus ne sont libres que dans la mesure où ils satisfont aux commandements de Vigilance et de Diversité. Le code civil et la morale ne font qu’un.

Vous noterez au passage l’importance que revêt le fait d’être français ou non. Avoir des papiers français est l’assurance d’une dignité, l’assurance d’avoir gagné sa place au paradis. Je vous rappelle que la France est une terre sacrée car elle est la terre d’élection des Droits de l’Homme : refuser d’accorder des papiers français, c’est comme refuser de se pencher sur ses petits frères pécheurs pour leur accorder le pardon, c’est leur refuser la grâce, c’est comme leur refuser la pleine communion avec l’Église de la RR. Devenir français est d’ailleurs un si grand sacrement qu’il fait l’objet d’une cérémonie du Baptême Républicain, destinée à faire entrer l’impie dans la communauté des croyants. Celui-ci choisit alors publiquement de refuser la souillure pour épouser le Bien. La fusion du fait civil et du fait religieux est de plus en plus complète, si bien qu’on ne sait plus lequel des deux à engendré l’autre.

La RR possède ses dogmes. En premier lieu, le dogme de l’Immaculée Conception est désormais acquis pour les théologien de la RR orthodoxe. Il ne s’agit pas de la Vierge Marie, puisque la RR est un détournement du christianisme, mais du Socialisme. Il faut bien comprendre que le socialisme est un des véhicules du progressisme, donc une force divine. Les tribunaux de la RR sont d’une sévérité implacable pour condamner les forces de l’anti-progressisme, donc du Mal [Pinochet, Franco, l’Ancien Régime,…] mais sont d’une clémence miséricordieuse et magnanime à l’égard des forces progressistes passées ou présentes parce qu’elles sont dans le camp du Bien. Les régimes de Fidel Castro, des Khmers rouges ou de Staline n’ont jamais fait l’objet d’une condamnation par les tribunaux de la RR, par exemple, parce qu’ils s’affichent sous la bannière immaculée de la Vigilance, de la Citoyenneté, du Progrès, et de la lutte contre l’Inégalité.
Il existe tout de même une exception, puisque le Parti National-Socialiste a profondément trahi la cause du Bien, au point de s’identifier au Mal Absolu.

D’ailleurs, un autre dogme important de la RR est celui de la Shoah. Quiconque ose remettre en cause le moindre détail de la Shoah s’est ouvertement dévoilé comme un suppôt du Mal. Le dogme est absolument intouchable, le dossier est définitivement clos, l’affaire est bouclée pour de bon. Et, évidemment, les tribunaux de la RR mettent tout en œuvre pour répondre à la vertu de Vigilance et envoyer en prison ceux qui affirment effrontément qu’il serait bon de pouvoir poursuivre l’étude de la Shoah librement. La chasse aux hérétiques est ouverte.

Le dogme de l’Autre est également un pilier de la RR. L’Autre, parce qu’il est le petit, le faible, le discriminé, le minoritaire, est la voie du salut. En se penchant sur sa condition, on travaille certainement pour le Bien puisqu’il participe à l’œuvre de rédemption qui nous appelle à la sainteté. L’Autre est appelé à devenir bon, autant qu’à nous faire devenir bon en l’amour de notre prochain. Toutefois, si les tribunaux de la RR sont bienveillants avec cet Autre là, ils encouragent volontiers un certain mépris quand l’Autre est un riche ou un puissant [exemple typique : les américains]. Car les riches et les puissants n’ont pas accès au Royaume des Cieux, ils ne sont ni solidaires, ni citoyens, et ils discriminent. Ils se vautrent dans la corruption, donc.

Et puis le dogme de l’Autre fonctionne avec un autre dogme à la filiation chrétienne-bigote évidente, celui de la haine de soi. Un bon fidèle de la RR sait que dans son corps et dans son âme, il porte la charge du péché originel [encore un autre dogme, incarné par la Colonisation, l’Occupation, etc…], que celui-ci peut ressurgir à tout moment et provoquer la Faute, et qu’il doit toute sa vie expier ce terrible fléau. Les infidèles, ceux qui choisissent le Mal, ne ressentent pas ce besoin d’expiation et de confession ; alors que les fidèles, eux, pour chaque attention qu’il accordent à autrui, rachètent un peu de leur âme.

Divers groupes de fervents croyants désirent volontairement faire œuvre pour l’Église du Bien. Ils doivent demander auprès des tribunaux officiels une bénédiction pour leur communauté, accompagnée d’une subvention pour en assurer la survie. En général, on les appelle collectifs ou associations.
Vers l’an 1000, la France s’est couverte d’un blanc manteau d’églises. Vers l’an 2000, la France s’est couverte d’un blanc manteau d’associations et de collectifs, défendant avec fougue les causes antifascistes, antiracistes, antimachistes, antidiscriminations, etc. Ils forment la troupe des soldats de la RR, manifestant régulièrement leur foi en public, leur dégoût pour le Mal et leur amour du Bien. Ils pratiquent un culte festif destiné à invoquer la Gentillesse et la Tolérance pour effrayer le Mal et le faire fuir.
Ils lâchent des ballons pour libérer des otages, ils chantent pour lutter contre le sida, ils défilent contre le racisme, ils chassent les démons sur leur passage. Les Solidays, la Fête de l’Huma, les Enfoirés, les festivals antifascistes en tous genre,… tous ces rites reposent sur la pratique du catéchisme traditionnel de la RR : Tolérance, Vigilance, Citoyenneté, Progrès. Ces militants sont en réalité des ligues de vertu pudibondes et paranoïaques, mais franchement plus proche de la police de la pensée orwellienne ou des tribunaux islamiques iraniens que de l’ordre chevaleresque chrétien.

Notons que la confusion est parfois possible entre une manifestation de type “grand-messe antiraciste” et une manifestation de type “pélerinage festivo-vigilant”. Car la RR est aussi une religion de pélerinages. Parfois ce sont des pélerinages aux Mystères Joyeux [festivals métis, festivals d’Avignon ou d’Aurillac, etc], parfois ce sont des pélerinages aux Mystères Douloureux [Auchwitz, monument aux Justes de France, etc.].

Les prêtres de la bonne moralité sont nombreux, on les lit dans Libération, on les voit chez Ardisson, on les entend chez Ali Baddou. Ils gouvernent les applaudissements et font tomber les fatwas.

Jacques Chirac fut l’homme qui instaura solidement la théocratie française, et, à ce titre, il entrera dans l’Histoire. Il fut le premier président à endosser la double casquette de chef de l’État et de chef de l’Église. Il suffit d’écouter ses discours pour s’en convaincre : ils n’étaient remplis que de la Parole du Bien. Au lieu de nous parler de politique, de stratégies économiques ou d’engagements divers pour la patrie, il nous parlait le langage moralitaire de la Diversité, du Vivre-ensemble, de la Tolérance, de la gentillesse et de la bonté qui devait animer nos pensées les plus intimes. Il nous disait combien le Mal était dangereux, et nous prouva qu’il était funeste de se commettre avec les suppôts de l’Intolérance. Maintenant qu’il a cédé la place à un autre homme, le relais de l’autorité des tribunaux de la RR est pris par les milices du régime elles-mêmes [HALDE, CRAN, MRAP, RESF, ACLEFEU, collectifs et associations en tous genres] et M. Sarkozy ne semble pas s’en préoccuper. La HALDE et ses satellites de la Vigilance pourrait bien un jour convoquer les hommes politiques non encore soumis à la loi de la RR pour leur faire entendre raison et asseoir encore davantage son emprise sur la vie publique du pays.

Comme toutes les religions, la RR possède ses pharisiens. Ils crient leur vertu à qui veut bien l’entendre, ils aiment s’entendre dire combien leurs paroles sont pleines des vertus théologales de la RR, ils s’offusquent médiatiquement de tous les blasphèmes pratiqués contre les vertus du Bien, ils prennent faits et cause pour les petits et clament leur haine de ces égoïstes qui n’obtiendront jamais le Royaume des Cieux. Ils s’appellent Jack Lang et habitent place des Vosges, ils s’appellent Julien Dray et collectionnent les montres de luxe, ils s’appellent François Hollande et mènent la grande vie en clamant leur haine des riches, ils s’appellent les bobos qui roulent en vélos solidaires et partent en vacances dans les pays si pittoresques du Tiers-Monde.

Enfin, tout comme le christianisme produit des bondieuseries, la RR produit ses Droidelhommeries. Niais et ravis, la RR fabrique par centaines des “Murs de la Paix” à Paris, des tracts appelant à la mobilisation citoyenne et à l’union de prière contre les forces du Mal, des émissions de TV à faire pleurer Margot pour nous sensibiliser au malheur de n’avoir pas reçu le baptême français, des disques entiers de sirop pro-métissage et de crème diversitaire dégoulinante de vertu citoyenne.

Source : fromageplus.hautetfort.com


 

Article printed from :: Novopress.info Alsace / Elsass: http://alsace.novopress.info

URL to article: http://alsace.novopress.info/?p=643

01:50 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook