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mardi, 07 janvier 2020

Pour la troisième voie solidariste

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Pour la troisième voie solidariste

par la "Fédération des Québécois de souche"

Le dernier ouvrage de Georges Feltin-Tracol, Pour la troisième voie solidariste, est un ouvrage de fond réunissant divers articles offrant des exemples concrets et réels d’alternatives au faux dilemme du libéralisme versus marxisme. Facile à lire et surtout à comprendre, l’auteur, que nous avions interrogé pour Le Harfang cet été, est un penseur libre qui refuse les étiquettes et cherche réellement une voie tierce nous permettant de se sortir du marasme actuel.

Car il faut le dire, le marxisme a échoué – personne ne le niera – et le libéralisme est également en faillite, comme nous le prouve constamment l’actualité économique. Endettement, délocalisations, crises à répétition, effritement des classes moyennes, voilà le bilan sombre du régime où nous sommes, qui ne risque pas de se réformer tout seul avec l’arrivée de la robotisation et de l’automatisation à grande échelle. En fait, loin de s’humaniser, le libéralisme s’est transformé en néo-libéralisme mondialiste, véritable rouleau compresseur des peuples.

Plus que jamais, non seulement une troisième voie est possible, mais elle est nécessaire à notre survie en tant que peuple, en tant que nation et même en tant qu’individus.

Alors, quelle voie emprunter?

Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique, conscient de l’échec des deux grandes idéologies se revendiqua lui-même d’une troisième voie, « au-delà de la droite et de la gauche ». Emmanuel Macron fit de même et osa même se revendiquer d’un certain solidarisme, un terme qui n’a certes pas le même sens dans sa bouche que dans la nôtre. Face à cette tentative de cooptation d’une troisième voie éventuelle, Feltin-Tracol dresse quelques impondérables, quelques éléments d’une véritable troisième voie.

Au niveau macro-économique, donc de la nation, les principes qui doivent être adoptés sont les suivants :

1 – libre marché dans certains domaines,

2 – contrôle étatique dans les domaines d’intérêt général,

3 – formations de coopératives, de mutuelles et autres entreprises de co-gestion ou de co-propriété.

Au niveau micro-économique, donc de l’entreprise, c’est la gestion organique, inspirée notamment des idées de Hyacinthe Dubreuil, qui doit primer. Les travailleurs doivent participer à l’avancement de l’entreprise et en recevoir les justes bénéfices. C’est donc une voie tierce, qui existe sous différents modèles qui refuse l’exploitation des travailleurs par le patronat, comme sous le modèle capitaliste, ou à l’inverse l’opposition entre les travailleurs et le patronat, comme préconisée par le marxisme. Une troisième voie se doit de favoriser la concorde, la bonne entente.

Les exemples concrets de ce genre de gestion foisonnent. Nombreux sont les modèles tercéristes qui furent mis en place au sein d’entreprises pour améliorer le rendement, mais pour également donner un sens au travail des employés qui deviennent de véritables partenaires ou associés, et pas dans le sens que Wal Mart donne à ce terme. Pensons à la vision des gaullistes de gauche qui mettaient de l’avant un partenariat capital-travail ou à celle du Front national historique prédatant son « renouveau libéral » ou encore à l’ergonisme de Jacob Sher ou bien à celle de la Doctrine sociale de l’Église ou du corporatisme catholique de René de la Tour du Pin… les alternatives sont légion !

La première troisième voie qui apparut, historiquement parlant, fut le socialisme. Ceux s’en revendiquant, après la Révolution, voulurent faire en sorte que les droits politiques se doublent de droits économiques. Ni de droite royaliste, bien que la droite royaliste avait à cœur les avancées sociales comme le démontra Maurras qui parlait de l’Ancien Régime comme un État « hiérarchique, socialiste et communautaire », ni de gauche bourgeoise, cette dernière étant souvent la classe exploitant les travailleurs, des socialistes comme Louis-Auguste Blanqui, Pierre-Joseph Proudhon, puis plus tard Georges Sorel, Raoul Roy et Jean Mabire, esquissèrent le schéma d’une société plus juste et équitable. Ces noms, la gauche n’ose pas s’y référer tant ils ont peu de lien avec le programme qu’ils mettent désormais de l’avant et d’ailleurs, comme l’ont bien démontré Jean-Claude Michéa et Thibault Isabel, ces socialistes n’étaient pas « de gauche ». Pourtant, si le socialisme représente une alternative réelle, Feltin-Tracol ne préconise pas l’emploi de ce terme, galvaudé par la gauche et vidé de son sens. Mieux vaut se chercher une autre étiquette que de se coller à celle revendiquée par un François Hollande et un Bernard-Henri Lévy.

GFT-TV-210x300.jpg« Pour une évidente clarté sémantique, écrit-il, il serait préférable de laisser au Flamby normal, à l’exquise Najat Vallaud-Belkacem et aux morts vivants du siège vendu, rue de Solférino, ce mot de socialiste et d’en trouver un autre plus pertinent. Sachant que travaillisme risquerait de susciter les mêmes confusions lexicales, les termes de solidarisme ou, pourquoi pas, celui de justicialisme, directement venu de l’Argentine péronisme, seraient bien plus appropriés. »

À la recherche d’une troisième voix effective, l’auteur nous replonge d’abord dans la vision tercériste promue par Christian Bouchet, puis dans le solidarisme de Jean-Gilles Malliarkis et Jean-Pierre Stirbois, repris depuis quelques années et remis au goût du jour par Serge Ayoub. En fait, le solidarisme est né au XIXe siècle avec le radical Léon Bourgeois et de là se répandit tant en Belgique, qu’en Allemagne et en Russie où on le représentera avec le trident, symbole toujours employé par les solidaristes. En Russie, il connut ses heures de gloire sous le sigle NTS, qui représentait ces solidaristes opposés activement au régime soviétique. Notons que le terme « solidarisme » n’a aucun, absolument aucun, lien avec Québec solidaire qui allie marxisme économique et culturel dans une ambiance post-soixante-huitarde. Le solidarisme tel qu’envisagé par ses défenseurs et théoriciens n’est pas qu’un système économique et représente une réelle alternative aux démocraties libérales.

Pour l’auteur, comme pour les activistes se réclamant aujourd’hui du solidarisme, cette vision du monde s’ancre dans le réel, dans les peuples avec leurs identités propres et de ce fait refuse toute homogénéisation ou folklorisation tels que promues par le libéralisme et même le marxisme. L’identité des régions, des cultures doit être préservée pour que puisse s’articuler une véritable solidarité des peuples. Ce n’est qu’en étant Breton que l’on peu se faire le compagnon de lutte du Québécois. De même qu’un Irlandais fier de ses origines sera à plus à même de comprendre la réalité d’un Corse.

Notons d’ailleurs un fait qu’on ne peut passer sous silence, soit l’intérêt de Feltin-Tracol pour notre Amérique à nous, celle du lys. Il écrit ainsi que le solidarisme doit « soutenir la lutte méconnue des peuples d’ethnie française en Amérique et en Europe (Québécois, Acadiens, Cajuns, Francos, Métis de l’Ouest canadien, Valdôtiens, Wallons, Jurassiens…).

La francité est plus que jamais ce cercle d’appartenance manquant entre la France et une francophonie un peu trop mondialiste. » De savoir que nous ne sommes pas oubliés de nos cousins français fait chaud au cœur.

L’étude de Feltin-Tracol ne se limite pas au solidarisme et l’auteur nous invite à nous plonger dans l’étude du péronisme, du justicialisme argentin, émulé d’une certaine façon par le général Guillermo Rodriguez Lara en Équateur et par une multitude de mouvements d’Amérique latine. L’exhortation d’un Paul Bouchard et des frères O’Leary à nous intéresser à l’expérience de nos frères latins d’Amérique prend ici tout son sens. L’expérience argentine ne démontre-t-elle pas qu’entre le libéralisme et la gauche marxiste peut exister un courant réellement patriote et social?

Le Libyen Mouhamar Kadhafi instaura lui aussi un régime préconisant une voie tierce, affirmant que « capitalisme et marxisme sont les deux faces d’une même réalité ». Il instaura ainsi une gestion participative du travail, les usines étant cogérées par les patrons et les employés. Plusieurs exemples dans le même genre, notamment celui du Libanais Pierre Gemayel, du parti arabe Baas, cofondé par le chrétien orthodoxe Michel Aflak, nous rappellent que si les systèmes de troisième voie sont moins communs que ceux se revendiquant du libéralisme ou du marxisme, ils ne sont pas, loin s’en faut, une utopie irréalisable.

Il souligne aussi le militantisme de fait réalisé par le Bastion social, qui fut interdit depuis, mais qui inspira de nombreuses autres initiatives, dont ici au Québec avec les œuvres pour les démunis réalisées tant par Storm Alliance que par Atalante. Cet activisme mettant en place des organismes solidaires est loin d’être une opération de communication, le social a toujours fait partie des priorités des identitaires. Les problèmes sociaux sont une urgence à laquelle il faut répondre non par des théories ou des slogans, mais par des actions concrètes. Ces actes forment la base de futurs contre-pouvoirs, d’une contre-société s’élevant en marge du système actuel. L’implication sociale n’est pas un correctif apporté pour lutter contre les abus de la société libérale, mais une partie prenante du projet de société.

Ce livre devrait être lu par tous les chefs de PME, mais aussi par les politiciens qui nous gouvernent et qui trop souvent manquent d’originalité, emboîtant automatiquement le pas à leurs prédécesseurs sans jamais ne remettre en question leurs principes. Les exemples mis de l’avant par Feltin-Tracol ne sont ni irréalisables, ni utopiques, il faut seulement accepter de regarder ailleurs et de penser en dehors du cadre rigide que l’habitude et l’inertie nous ont imposé. Au fond, « les positions tercéristes ne sont finalement que des positions de bon sens, une adhésion au bien commun de la civilisation européenne. La troisième voie est au fond l’autre nom de la concorde organique ».

FQS

• Georges Feltin-Tracol, Pour la troisième voie solidariste. Un autre regard sur la question sociale, Les Bouquins de Synthèse nationale, coll. « Idées », 2018, 170 p., 20 €.

• D’abord mis en ligne sur Fédération des Québécois de souche, le 8 décembre 2019.

samedi, 09 novembre 2019

Souvenirs et réflexion à l’occasion du trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin

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Souvenirs et réflexion à l’occasion du trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin

par Robert Steuckers

Le 9 novembre 1989, j’étais chez moi et je travaillais paisiblement dans mon bureau de traducteur. En fin d’après-midi, je devais me rendre à Bonn pour prononcer une conférence sur la notion de métapolitique pour les jeunes gens et les jeunes filles du mouvement de jeunesse Freibund. La problématique, qu’il s’agissait d’expliciter, était la suivante : une métapolitique, telle que l’avait conçue et formulée le communiste historique Antonio Gramsci, était-elle encore possible à la fin des années 1980, à une époque où les partis communistes ou les autres formations totalitaires n’exerçaient plus aucune attractivité ? Une métapolitique adaptée aux temps présents devait, à mes yeux, se développer selon les stratégies métapolitiques et éditoriales mises au point par l’éditeur Eugen Diederichs en 1896. Diederichs voulait humaniser la religion, le socialisme et la politique en général, les articuler sur un mode plus flexible, tant et si bien que les concepts qui s’étaient figés au fil du temps pouvaient redevenir vivants et fluides. La politique devait alors toujours demeurer « life friendly », moulée sur les ressorts vitaux, et ainsi être véritablement organique, dans la mesure où ses nouvelles sources d’inspiration devaient recourir aux traditions vivantes de tous les peuples, à la mystique rhénane/flamande née en nos régions au cours des décennies d’or de notre moyen-âge, devaient emprunter les voies alternatives d’un socialisme solidariste et communautaire, etc.

Tandis que j’essayais de présenter ces faits d’histoire culturelle et ces arguments spirituels (propres aux aspirations de Diederichs) sur un mode didactique qui seyait à un public très jeune, j’entendis tout d’un coup que le Mur était tombé, que les Vopos avaient ouvert des brèches dans cette effroyable barrière et que, en masse, les Berlinois de l’Est traversaient l’abominable mais défunte ligne de démarcation. Dix minutes plus tard, le téléphone a sonné : c’était l’un des jeunes du Freibund, dans un état de joie et de surexcitation, qui m’appelait pour me dire que le public que l’on avait mobilisé pour ma conférence en fin de journée avait bien naturellement décidé de partir immédiatement à Berlin pour être tout simplement présent en ce moment historique tant attendu par tous les Allemands. Dieu que j’aurais aimé les accompagner, Dieu que je regrettais de ne pas être parti plus tôt dans la journée pour arriver vers midi à Bonn et pouvoir me rendre dans la capitale allemande avec les jeunes du Freibund ! Pire : sans que je ne le susse, mon voisin, beau-fils de Georges Désir, ponte du FDF, qui ne parlait pas un mot d’allemand et qui, très vraisemblablement, ignorait les tenants et aboutissants de l’histoire allemande d’après 1945, avait sauté dans sa voiture avec quelques copains pour foncer vers Berlin, afin d’exprimer sa solidarité avec les Allemands !

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La division de l’Europe venait de prendre fin. Il était enfin possible d’espérer qu’allait devenir réalité cette Europe Totale théorisée par l’ancien ministre belge et chrétien-démocrate des affaires étrangères, Pierre Harmel, critique pertinent mais tranquille, de la Doctrine Hallstein, rabiquement pro-occidentale et, à ce titre, instrument de la division fatidique. Les années 1990 et les deux premières décennies du 21ème siècle n’ont pas réalisé le vœu très profond qui nous animait alors. Au lieu de se développer en toute indépendance, l’Europe s’est étiolée, pour devenir, en bout de course, ce qu’elle est aujourd’hui : un grand espace pourri par la décadence, vidé spirituellement, mentalement délirant et, à coup sûr, dépourvu de toute souveraineté car c’est toujours Washington qui mène la danse.

***

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Berlin n’était pas une ville inconnue pour moi: je m’y étais rendu en 1977 à l’occasion d’un voyage patronné par le DAAD (*). Le Mur était là, à l’époque, dans toute son horreur. Au lieu de passage vers Berlin-Est pour les non-Allemands, le Checkpoint Charlie, une très vilaine gradée de la Volkspolizei communiste, horribles lunettes noires sur le pif et coiffée à la Duguesclin, avait fait passer des miroirs sous notre autocar. Un Vopo avait regardé, soupçonneux, par-dessus mon épaule, au moment où je payais un exemplaire de l’Anti-Dühring de Marx.

 

oesch.jpgSur le Kurfürstendamm, des étudiants iraniens manifestaient contre le Shah. Dans une librairie, je m’étais procuré un exemplaire du fameux livre d’Otto-Ernst Schüddekopf sur le national-bolchevisme de l’époque de la République de Weimar, un témoignage incontournable ; un quart d’heure plus tard, je m’attable à une terrasse pour compulser mes nouveaux bouquins. Je suis assis à une table collective et une dame âgée, souriante, arrive et me dit avec toute la gouaille berlinoise : « Bonjour jeune homme, accepteriez-vous qu’une vieille tarte (« eine alte Klatschtante ») comme moi s’assoie en face de vous ? ». Elle était d’une sombre élégance, coiffée d’un chapeau à la tyrolienne orné d’une superbe plume noire. Nous entamons une conversation et je vois qu’un sourire approbateur se dessine sur son visage jovial quand elle voit le type de littérature historique que je m’étais choisi. Elle a voulu me payer les bouquins. Et elle insistait. Confus, je décline son offre. Elle se lève me salue et laisse 30 marks sur la table. Je veux les lui rendre, elle s’éclipse en me lançant un « Ach, Quatsch ! » chaleureux… A Berlin-Est, je vois circuler de belles automobiles tchèques, à l’esthétique vintage, des Tatra. Sur la Place de la Gendarmerie, en ruine, des arbres avaient poussé sur les marches des deux églises, l’allemande et la huguenote.

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Je revins à Berlin seulement en janvier 1993. Le Mur n’était plus là. Les troupes soviétiques pliaient bagage. A Potsdam, je vécus une scène qui est restée profondément ancrée dans la mémoire. Il neigeait et le froid était glacial. Sans vouloir être grivois, j’étais debout face à une « Pinkelrinne », une pissotière d’ancien modèle, datant sûrement de l’époque wilhelminienne ; à hauteur de mes yeux, il y avait une longue fenêtre par laquelle on pouvait voir le trafic sur la chaussée. Brusquement, venu du fond très nébuleux du paysage, déboula à vitesse réduite un énorme camion militaire soviétique sous une neige drue. Les soldats étaient en tenue d’hiver, avec de beaux et longs manteaux gris et, sur la tête, les fameuses chapkas frappées de l’étoile rouge. Le véhicule était bourré de biens de consommation occidentaux, des machines à laver et des frigidaires. Les officiers avaient « réalisé » leur solde, s’étaient débarrassé d’un papier-monnaie sans valeur. Ils retournaient dans leur mystérieux empire des steppes : c’est ainsi que j’ai pu observer le départ des derniers soldats soviétiques de Postdam.

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Plus tard, je me rendis encore à Berlin  à la Toussaint 2002 et à l’automne 2004 : la Potsdamer Platz avait quasiment trouvé sa configuration actuelle mais n’était pas encore achevée. L’hyper-modernité à l’américaine s’était affirmée sur le terrain le plus sinistre du vieux mur disparu. Les temps avaient certes changé mais ni les Allemands ni les autres Européens ne disposaient encore d’une véritable souveraineté. Mais que découvrirai-je aujourd’hui dans le nouveau Berlin si j’y revenais, dans cette antique capitale prussienne ?

Forest-Flotzenberg, 8 novembre 1989, à la vieille du 30ème anniversaire de la chute du Mur.

mardi, 22 octobre 2019

Hans-Dietrich Sander †

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Hans-Dietrich Sander †

Ex: http://www.neue-ordnung.at

Hans-Dietrich Sander, Brecht-Schüler, Autor so wirkmächtiger Bücher wie „Der Nationale Imperativ“ und „Die Auflösung aller Dinge“ sowie Herausgeber der Zeitschrift Staatsbriefe, ist in der Nacht vom 24. auf dem 25. Jänner 2017 im Alter von 88 Jahren verstorben. Wie kaum ein anderer Publizist hat sich Sander, vor allem in den Staatsbriefen, für eine Wiederbelebung der ghibellinischen Reichsidee eingesetzt, die Deutschland eine zentrale Rolle im europäischen Staatenverbund zuweist. Den Rang, den Sander im intellektuellen Diskurs der Bundesrepublik über lange Zeit hinweg einnahm, hat unter anderem der 2005 verstorbene SPD-Politiker Peter Glotz in folgende bezeichnende Worte gefaßt: „Was verhütet werden muß“, so Glotz 1989, sei, daß Sanders „stilisierte Einsamkeit, diese Kleistsche Radikalität wieder Anhänger findet. Schon ein paar Tausend wären zu viel für die zivile parlamentarische Bundesrepublik“. Zuletzt war Sander unter anderem für die Neue Ordnung tätig, für die er als ständiger Autor scharfe Analysen über das politische System der Bundesrepublik beisteuerte. Sander hat es weder sich noch anderen leichtgemacht; wohl ein Grund, warum Armin Mohler ihn als „unbequemsten Vertreter der Neuen Rechten“ einstufte.


1928 in einem kleinen mecklenburgischen Dorf geboren, durchlebte Sander den Zweiten Weltkrieg, den er vor allem in Form von Luftangriffen kennenlernte, als Marinehelfer. Den Anklagen, die nach Kriegsende gegen die Deutschen erhoben wurden, stand der von Anfang an skeptisch gegenüber. Er verstand sich, wie er einmal schrieb, als „Reichsdeutscher, der in der Stunde Null nur angeritzt wurde“. Nach dem Krieg studierte Sander 1948/49 Theologie an einer kirchlichen Hochschule und von 1949 bis 1952 Theaterwissenschaften, Germanistik und Philosophie an der Freien Universität in Westberlin. Der Einfluß von Bertold Brecht dürften für Sanders kurzes Engagement für den Kommunismus verantwortlich gewesen sein. 1952 übersiedelte er nach Ostberlin. Dort war er bis 1956 als Dramaturg und Theaterkritiker tätig. Schon bald aber brach Sander mit dem kommunistischen System und siedelte 1957 zurück in die BRD, wo er von 1958–1962, gefördert von Hans Zehrer – von 1929–1933 Herausgeber der Monatszeitschrift Die Tat, dem einflußreichsten Organ der Jungkonservativen –, als Journalist und Literaturkritiker bei der Tageszeitung Die Welt tätig war.


sanderLA.jpg1969 promovierte Sander bei Hans-Joachim Schoeps in Erlangen zum Dr. phil. Der Titel seiner Promotionsschrift lautete „Marxistische Ideologie und allgemeine Kunsttheorie“; Sander setzte sich hier insbesondere mit der Kunstkonzeption von Marx und Engels auseinander. Es war wohl insbesondere der Einfluß des Staatsrechtlers Carl Schmitt, mit dem er bis 1981 brieflich in Kontakt stand, der ihn in dieser Zeit mehr und mehr zu rechtskonservativen Auffassungen tendieren ließ. Von 1964–1974 arbeitete er für das Deutschland-Archiv. In dieser Zeit gestaltete er gelegentlich auch Rundfunkfeuilletons für öffentlich-rechtliche Sender. Sanders „Geschichte der Schönen Literatur in der DDR“ (1972) löste eine heftige Kampagne aus, in deren Folge der Verlag das Buch aus dem Vertrieb zog. Sander verlor nun zunehmend an publizistischem Spielraum. Alternativen fand er unter anderem bei Caspar von Schrenck-Notzings Zeitschrift Criticón.


1980 erschien aus Sanders Feder ein Buch, mit dem er seinen Rang als exponierten Intellektuellen der Neuen Rechten nachhaltig unterstrich, nämlich „Der nationale Imperativ – Ideengänge und Werkstücke zur Wiederherstellung Deutschlands“. Zu diesem „Imperativ“ gehörte aus seiner Sicht auch die Rückgewinnung der ostdeutschen wie der deutsch-österreichischen Gebiete, soll es zu einer Wiederherstellung des Deutschen Reiches kommen. 1991 stellte Sander in einem Beitrag für die Staatsbriefe („Das Reich als politische Einheit der Deutschen“) ultimativ fest: „Die Deutschen brauchen das Reich. Europa braucht das Reich. Die Welt braucht das Reich … Reich oder Chaos! Tertium non datur.“


Von 1983–1986 war Sander dann als Chefredakteur der Deutschen Monatshefte tätig und von 1986–88 Mitarbeiter bei Nation und Europa. 1988 publizierte er ein Buch, das immer wieder als sein Hauptwerk charakterisiert wird, nämlich „Die Auflösung aller Dinge – Zur geschichtlichen Lage des Judentums in den Metamorphosen der Moderne“, das als erstes Buch nach 1945 den „Rubikon“ – wie es Jürgen Habermas einmal formulierte – einer kritischen Neusichtung der „deutsch-jüdischen Frage“ „unter dem Gesichtspunkt der politischen Eschatologie“ überschritt. Sander definierte hier unter anderem den Begriff der „Entortung“ als zentrales Kennzeichen der Auflösungsprozesse der Moderne. Von bleibender Bedeutung sind auch die darin enthaltenen „Thesen zum Dritten Reich“.


1990 erfolgte schließlich die Gründung die Zeitschrift Staatsbriefe, die er elf Jahre, bis 2001, herausgab. Die Staatsbriefe, die sich auch als eine Art Pendant zur Tat von Hans Zehrer begriffen, wollten im Dienste einer „Renaissance des nationalen Denkens“ stehen. Als Emblem diente der Grundriß des Castel del Monte, erbaut in der Zeit jenes Stauferkaisers, der für Sander eine Art Leitfigur der ghibellinischen Reichsidee darstellte: Friedrich II. Dieser verkörpere „den deutschen Reichsgedanken“ „in maximaler Reinheit“. Zu den Mitarbeitern der ersten Stunde zählten unter anderem Armin Mohler, Günter Zehm, Hans-Joachim Arndt, Günter Maschke Robert Hepp und Salcia Landmann. Die Hoffnungen, die Sander mit den Staatsbriefen verknüpfte, ließen sich indes nicht einlösen. Die Staatsbriefe blieben letztlich eine randständige Publikation; zudem verließen etliche renommierte Autoren nach und nach die Zeitschrift.


sander3.jpgSander hat nie einen Hehl daraus gemacht, daß er die Bundesrepublik für nicht reformierbar hielt. Beide deutsche Staaten seien unter Kuratel der Besatzer entstanden, was unter anderem für eine Negativauslese im Hinblick auf die Eliten gesorgt habe. Dennoch sei nichts verloren: Die Deutschen bräuchten „sich nur innerlich aufzuraffen“, so Sander im „Nationalen Imperativ“, „um sich der brüchigen alten Zustände der Innen- und Außenpolitik zu entledigen, wieder auf die überlieferten, immer noch wirkenden Tugenden zu setzen und neue Formen und Ziele zu wagen, die in Richtung auf einen neuen Machtstaat, eine neue Großmacht drängen, die den Nachbarn durchaus zuzumuten wäre, weil durch nichts sonst das schutzbedürftige Europa noch gerettet werden kann.“ Diese Sätze können, in einer Zeit, in der Europa durch die Auswirkungen der „Flüchtlingskrise“ schutzbedürftiger denn je ist, durchaus als Vermächtnis Sanders nicht nur an die Deutschen gelesen werden.
MWH

Literaturempfehlungen

Hans-Dietrich Sander: „Der ghibellinische Kuß“, Band 1/10 der Gesamtausgabe, herausgegeben von Heiko Luge, Arnshaugk Verlag, Neustadt an der Orla 2016, 208 S., geb., 22 Euro
Hans-Dietrich Sander: Politik und Polis, Band 2/10 der Gesamtausgabe, herausgegeben von Heiko Luge, Arnshaugk Verlag, Neustadt an der Orla 2016, 271 S., geb., 26 Euro
Sebastian Maaß: „Im Banne der Reichsrenaissance“: Gespräch mit Hans-Dietrich Sander, Regin Verlag, Kiel 2011, 128 S., brosch., 14,95 Euro
Heiko Luge (Hg.): Grenzgänge. Liber amicorum für den nationalen Dissidenten Hans-Dietrich Sander, ARES Verlag, Graz 2008, 352 S., geb. 29,90 Euro

samedi, 12 octobre 2019

Robert Steuckers - L'Europe, une multitude de défis!

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Robert Steuckers - L'Europe, une multitude de défis!
 
 
Conférence en trois parties organisée par Résistance Helvétique en mars 2019.
 

mardi, 28 mai 2019

Georges Feltin-Tracol: À quoi bon l’Union européenne ?

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À quoi bon l’Union européenne ?

par Georges FELTIN-TRACOL

Chers Camarades, Chers Amis,

Dans un mois, le dimanche 26 mai, plus de quatre cents millions d’électeurs sont conviés à élire leurs 705 représentants au Parlement européen pour la neuvième fois depuis 1979. Inscrite dans le traité de 1951 fondant la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), l’élection au suffrage universel direct d’une assemblée parlementaire supranationale ne se réalise qu’après la ferme insistance du président français Valéry Giscard d’Estaing auprès des huit autres gouvernements de la Communauté économique européenne (CEE).

Renouvelé tous les cinq ans, le Parlement européen symbolise bien ce que peut être l’Union dite européenne élaborée au fil d’une longue série de traités, à savoir un OVNI politique. Existe-t-il beaucoup d’assemblées dans le monde qui détiennent deux sièges, l’un à Bruxelles et l’autre à Strasbourg où s’organise une session hebdomadaire mensuelle ? Connaît-on ailleurs une assemblée dont les membres sont élus sur des modalités électorales variables selon les États membres ? Certes, depuis le traité d’Amsterdam de 1997, la proportionnelle est obligatoire, contraignant le Royaume-Uni à abandonner pour la circonstance le scrutin majoritaire uninominal à un tour. Mais bien des distorsions demeurent. Le 26 mai prochain, les Français choisiront une liste nationale comme ce fut le cas entre 1979 et 1999. De 2004 à 2014, l’Hexagone se divisait en circonscriptions plurirégionales sans aucune cohérence, à part pour la plus peuplée d’entre elles, l’Île-de-France. La région Rhône-Alpes était ainsi associée à Provence – Alpes – Côte d’Azur et à la Corse. Quant à l’Auvergne, elle intégrait le Limousin et la région Centre – Val-de-Loire.

S’y ajoutent d’autres critères différents. Pour avoir des élus, une liste française doit franchir le seuil de 5 % des suffrages exprimés. En Allemagne, ce seuil présent aux élections législatives et régionales n’est pas requis, ce qui a permis l’élection entre autres d’Udo Voigt pour le NPD. Quant aux candidatures, elles varient aussi. La parité hommes – femmes obligatoire (et discriminante pour les transsexuels !) ne concerne que la France et la Belgique. La présentation de candidats étrangers citoyens d’un autre État membre de l’Union supposée européenne est possible en France depuis le traité de Maastricht de 1992 à la condition d’y résider depuis au moins six mois. Dès la fin des années 1980, l’Italie autorisait les « étrangers proches » de figurer sur des listes sans obligatoirement y vivre. Ainsi, le professeur français de droit constitutionnel Maurice Duverger fut-il député européen du Parti communiste italien de 1989 à 1994, lui qui milita dans sa jeunesse au Parti populaire français de Jacques Doriot…

Depuis quarante ans, les conservateurs démocrates-chrétiens du PPE (Parti populaire européen) et les socialistes dirigent le Parlement européen avec l’appoint souvent négligeable des centristes et libéraux ainsi que, de temps en temps, du groupe des Verts et des régionalistes progressistes – multiculturalistes. Institution multinationale dont la présidence ne dure que deux ans et demi du fait d’un compromis sur sa rotation entre conservateurs et sociaux-démocrates, les groupes doivent respecter deux conditions draconiennes : un minimum de 27 membres appartenant à au moins sept nationalités. Ces règles expliquent la formation tardive du groupe Europe des libertés et des nations qui compte le Rassemblement national. Lors des précédentes mandatures, les députés frontistes ont toujours eu des difficultés pour former un groupe. En 1984, le groupe des Droites européennes présidé par Jean-Marie Le Pen réunissait les Italiens du MSI, un unioniste d’Ulster ainsi qu’un nationaliste grec. En 1989, le groupe devint technique en raison du profond désaccord entre les Republikaners allemands et le MSI à propos du Tyrol du Sud – Trentin – Haut-Adige. À partir de 1994, les députés frontistes siégeaient parmi les non-inscrits, c’est-à-dire sans aucun capacité d’influer sur les débats. En 2007, le frontiste Bruno Gollnisch préside le groupe Identité – Tradition – Souveraineté avant que ITS n’explose quelques mois plus tard après les déclarations tonitruantes d’Alessandra Mussolini, la petite-fille du Duce, qui accusait les Roumains (elle visait en fait les Roms) d’être à l’origine de la délinquance en Italie n’entraînent le départ des six élus du Parti de la Grande Roumanie. Entre 1999 et 2001, Jean-Marie Le Pen avait conclu avec l’Italienne progressiste cosmopolite Emma Bonino un accord pour former un groupe commun (avec le Vlaams Blok, la Ligue du Nord et un député néo-fasciste), le Groupe technique des indépendants. Or ce groupe fut dissous, victime de l’hostilité des autres groupes parlementaires et d’une décision inique de la Cour de justice de l’Union européenne qui estimait incompatibles les sensibilités représentées par le FN et le Parti radical transnational de Marco Pannella, vieil ami de Jean-Marie Le Pen.

ubu.pngLes méthodes de travail du Parlement dit européen s’approchent de la gouvernance du roi Ubu. Outre le rôle majeur, reconnu et officiel des groupes d’influence et/ou de pression (les lobbies), le Parlement de Bruxelles – Strasbourg exerce une co-décision avec la Commission européenne. Il peut même la renverser comme ce fut le cas en 1999 avec la Commission du trilatéraliste luxembourgeois Jacques Santer. En pratique, les parlementaires votent à la chaîne des directives et n’en débattent qu’une fois le scrutin clos. Cette originalité fonctionnelle confirme l’incongruité permanente que s’assigne ce Parlement fictif qui décerne chaque année un prix Sakharov (et non Alexandre Soljenitsyne !) à un quelconque « dissident » quelque part dans le monde entier. Le parlementaire européen se voit en paragon moral et bienfaisant de la planète entière. Il se détourne en revanche du sort des véritables dissidents de l’Occident, à savoir l’Australien Julian Assange, l’Étatsunien Edward Snowden, l’Allemand Horst Mahler, le Breton Boris Le Lay ou les Français Dieudonné, Alain Soral, Vincent Reynouard et Hervé Ryssen, tous persécutés, harcelés, condamnés, voire emprisonnés, pour « crimes » d’opinion.

Au contraire des Allemands et des Britanniques qui noyautent ou ont colonisé les instances de l’UE, les partis politiques français préfèrent y expédier les vaincus des dernières élections, les maîtresses (ou amants) des dirigeants et tous ceux susceptibles de contester l’autorité du chef. En 1979, Jacques Chirac met en position éligible l’ancien Premier ministre et très anti-européen Michel Debré afin de le dévaloriser. Deux ans plus tard, Debré se présente à la présidentielle contre Chirac et ne recueille que 1,66 %.

Le Parlement européen reflète bien ce qu’est l’Union appelée européenne. Celle-ci naît avec le traité de Maastricht et s’adosse aux Communautés européennes du charbon et de l’acier, disparue en 2002, du Marché commun et de l’énergie atomique. Cette union dite européenne établit une citoyenneté européenne supplémentaire à la citoyenneté étatique. Les résidents italiens, portugais, espagnols en France peuvent voter aux élections municipales et européennes, et siéger dans les conseils municipaux. Mais le droit français leur interdit la fonction de maire qui peut parrainer un candidat aux présidentielles et qui participe à l’élection des sénateurs. Hors de France, ces restrictions n’existent pas. L’ancien Premier ministre socialiste français, Manuel Valls, est candidat à la mairie de Barcelone, sa ville natale.

Les souverainistes et autres stato-nationalistes s’horrifient de la participation possible de ces « citoyens européens étrangers » à certains scrutins. À tort ! Nonobstant une personnalité abjecte, Manuel Valls maire de la principale ville catalane rappellerait une pratique habituelle du Moyen Âge et des Temps modernes. Confrontées à des guerres civiles larvées, les communes italiennes recouraient souvent à des podestats extérieurs afin d’être administrées. Terres impériales par excellence, l’Espagne et la Catalogne renoueraient pour l’occasion avec les gouverneurs – officiers de l’Empereur-Roi Charles venus des Pays Bas, de Rhénanie, de Franche-Comté et d’Italie. « Nicolas Perrenot de Granvelle, issu d’une modeste lignée roturière de forgerons comtois, sera le Chancelier de l’Empereur, écrit Robert Steuckers. […] Le recrutement de nobles flamands ou wallons pour l’armée espagnole cessera en 1823 seulement, quand l’argent des mines d’Amérique ne parviendra plus en abondance dans la métropole après l’indépendance des nations créoles. L’Artésien, natif d’Arras, Charles Bonaventure de Longueval, comte de Bucquoy, commandera des tercios espagnols comme des régiments impériaux dans les guerres terribles des deux premières décennies du XVIIe. Henry et John O’Neill commanderont les troupes recrutées dans la Verte Eirinn (1). »

erasmus.pngLe programme Erasmus facilite la formation des étudiants dans d’autres universités européennes. Il stimule un indéniable esprit européen à l’instar de leurs très lointains prédécesseurs qui traversaient toute la Chrétienté médiévale. Il incite à la formation de familles inter-européennes. En 2002, Cédric Klapisch réalisa L’Auberge espagnole, un film bobo autour du quotidien et de la vie sentimentale à Barcelone d’un Italien, d’une Anglaise, d’un Danois, d’un Allemand, d’un Français et d’une Belge. Derrière sa miéverie, ce film relança l’engouement des jeunes Français pour cet excellent programme universitaire. La citoyenneté européenne et Erasmus constituent deux exemples tangibles qui font avancer l’idée européenne de quelques centimètres. Il reste néanmoins plus d’un millier de kilomètres à parcourir !

Les adversaires de l’UE l’accusent de broyer les États-nations et de les fondre dans un machin supranationale. Or son architecture institutionnelle est un savant, subtil et complexe mélange entre la coopération intergouvernementale et un fédéralisme embryonnaire. En acceptant de nouveaux membres, l’Union a dû entériner des compromis qui en font un ensemble politique flou à la plasticité surprenante. Certains membres de l’UE (le Royaume-Uni, l’Irlande, la Roumanie, la Bulgarie) n’appartiennent pas à l’Espace Schengen tandis que d’autres, hors Union européenne, comme la Confédération helvétique, le Liechtenstein, la Norvège et l’Islande en font partie. Des États signataires de Schengen tels le Danemark, le Suède, la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie n’utilise pas l’euro, à la différence de l’Irlande. On oublie aussi que l’euro a cours de manière officielle en Andorre, à Monaco, dans la République de San Marin et dans la Cité du Vatican. La monnaie européenne est enfin de facto la monnaie officielle du Kossovo et du Monténégro.

Exempté de l’euro et de Schengen, le Royaume-Uni a eu toutes les raisons d’adopter le Brexit, sauf que sa clique politicienne anti-Brexit fait tout pour contourner les 52 % en faveur du Leave. L’incompétence crasse de Theresa May et les gesticulations stériles d’un Parlement incapable de prendre la moindre décision enlisent des négociations au point que les électeurs britanniques participeront certainement aux élections européennes à venir alors que 46 sièges britanniques ont été enlevés et les 27 restants redistribués à d’autres États dont la France afin d’assurer une meilleure représentativité démographique. Si en 1990 – 1991 les indépendantistes baltes avaient agi de la sorte, l’URSS existerait toujours, ce qui aurait été probablement un atout pour la construction politique de l’Europe. « Le mur de Berlin est-il tombé trop tôt ? La question joue de cynisme, prévient Luc Pauwels. Du point de vue humain, le communisme s’est naturellement effondré beaucoup trop tard. Mais d’un point de vue politique, il s’avère de plus en plus avoir joué un rôle malheureusement irremplaçable dans la motivation de nombreux Européens à l’édification d’une Europe politiquement unifiée (2). » En disparaissant entre 1989 et 1991, les communismes soviétique et titiste ont réveillé les nationalismes belliqueux dans les Balkans, en Transnistrie et dans le Caucase, et accru l’emprise étatsunienne sur le Vieux Continent. Leur chute a empêché les Européens de se donner les moyens de puissance propres à peser sur la scène internationale. Les politicards occidentaux se félicitaient alors des « dividendes de la paix »; ils abolissaient la conscription obligatoire et supprimaient maints régiments. La fin de la Guerre froide incita à l’impuissance européenne, au goût mortifère pour « le doux commerce » et la « fin de l’Histoire ». Le président français François Mitterrand avait un instant essayé de reprendre le concept de « Maison commune » du Soviétique Mikhaïl Gorbatchev en esquissant une « Confédération européenne » allant de Galway à Vladivostok, ce projet visionnaire fut aussitôt torpillé par l’occidentaliste tchèque Vaclav Havel. Le projet européen rata un tournant décisif et accepta sa démilitarisation mentale. Il faut reconnaître que « l’ADN de la construction européenne fut d’évacuer les rapports de force dans les relations entre États européens, souligne Nicole Gnesotto. On a mélangé les facteurs de guerre et les économies entre États afin qu’ils ne puissent plus se faire la guerre. L’idée même que l’Europe pourrait retrouver un appétit pour l’usage de la force et pour la volonté de puissance, qui est la raison de deux guerres mondiales au XXe siècle, l’idée d’une Allemagne s’appuyant sur des forces armées, est le dernier tabou de cette époque (3) ».

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Le pacifisme de l’Allemagne n’empêche pas la CDU et le SPD d’exiger maintenant que la France cède à l’évanescente Union européenne son statut de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Après plus de 70 ans de rééducation psychologique continue, la caste politicienne allemande largement inféodée à ses maîtres étatsuniens cherche à mieux enfermer la France dans le corset atlantiste. Le traité de Lisbonne reconnaît d’ailleurs ce scandaleux alignement, d’où la réintégration française dans l’OTAN en 2009. Berlin veut que Paris renonce à sa relative autonomie diplomatique sans que l’Allemagne ne fasse de son côté le moindre effort économique, financier ou monétaire. Pis, la Cour constitutionnelle fédérale allemande a toujours réaffirmé la pleine souveraineté de l’Allemagne au sein de l’Union dite européenne même si cette souveraineté reste largement fictive du fait du bon vouloir des Anglo-Saxons. La cour de Karlsruhe s’exprime sur le processus européen en 1974, en 1986, en 1993 et en 2009. Sa jurisprudence, toujours constante, définit l’UE comme un groupe d’États dont la pérennité ne repose que sur la seule volonté de ses membres qui peuvent en sortir à n’importe quel moment. Mieux, au sujet de l’Union économique et monétaire, « si [elle] devait se révéler incapable de maintenir de façon permanente la stabilité existant au moment du passage à la troisième phase, prévient l’ordo-gaulliste Marie-France Garaud, elle ne serait plus conforme à ce qui a été convenu (4) ». En juin 2009, l’arrêt de Karlsruhe considère que « le Parlement européen n’a pas la même légitimité que les parlements nationaux et la représentation parlementaire allemande ne peut être privée de ses prérogatives dans les domaines essentiels de la souveraineté étatique (5) ».

Ces restrictions juridiques n’empêchent pas la classe dirigeante allemande de chercher à « convaincre les voisins et partenaires de l’Allemagne que le sauvetage de l’UE ne passe plus par l’union monétaire, mais par l’union militaire. Arrêtons de faire marcher la planche à billets à la même vitesse, selon les directives de la Banque centrale européenne, et essayons plutôt de propulser des missiles à la même cadence. Voici la recette préconisée pour remettre l’UE sur les rails : reprendre le flambeau d’une Communauté européenne de défense (CED) (6) ». Les politiciens allemands poussent à cette nouvelle solution. Elle écarterait la France de tout rôle effectif dans le concert international des puissances, calmerait ses retraités uniquement préoccupés par leurs pensions et éviterait de mécontenter Washington.

esprit.gifPrésident populiste (ou contre-populiste) élu en mai 2017 sur une forte vague « dégagiste », Emmanuel Macron défend souvent et avec une sincérité certaine le concept de « souveraineté européenne ». Son emploi à la banque Rothschild et ses fonctions successives de secrétaire général-adjoint à la présidence de la République et de ministre de l’Économie font oublier qu’il collabora à Esprit. Cette revue proche de la deuxième gauche chrétienne fut fondée en 1932 par le philosophe personnaliste Emmanuel Mounier, figure de l’aile « gauche » des non-conformistes des années 1930. Débattant régulièrement avec les fédéralistes intégraux de L’Ordre nouveau comme Denis de Rougemont, Mounier participa un temps à l’école des cadres de la Révolution nationale d’Uriage. Or, dès 1946, bien des inscrits aux cours d’Uriage, après un passage dans les maquis de la Résistance, s’installèrent dans les cabinets ministériels et contribuèrent autour de l’anglomane Jean Monnet au lancement des premiers traités européens. La Révolution nationale célébrait la « communauté française ». Les anciens promus d’Uriage célébreraient, eux, les « Communautés européennes » (7). Les définitions sémantiques s’adaptent et changent en suivant l’échelle géographique…

Emmanuel Macron a déjà défendu la constitution d’une armée européenne éventuellement distincte de l’OTAN, ce qui expliquerait en partie ses nombreux déboires… Reprise par une Angela Merkel en fin de mandat sans néanmoins la concrétiser, cette surprenante suggestion contredit en réalité l’histoire et les finalités de la pseudo-Union européenne. Par des discours prononcés à Athènes, puis à La Sorbonne, Emmanuel Macron a cru séduire les Allemands et les pousser à une meilleure intégration européenne. L’ancienne communiste retournée par les officines de l’« État profond » yankee Angela Merkel repoussa les avances du Français. On peut dire aujourd’hui que le couple franco-allemand n’existe plus. Emmanuel Macron vient peut-être de comprendre le jeu cupide de Berlin. De là les concessions qu’il a accordées aux « Gilets jaunes » en décembre dernier et la possible et faiblarde taxation des GAFAM par la seule France pour le plus grand désespoir de Berlin. L’Allemagne craint en effet la riposte des États-Unis qui augmenteraient les taxes douanières et pénaliseraient toute l’industrie outre-Rhin. Avec une Italie solidement populiste par la coalition bancale LegaMouvement Cinq Étoiles, une France réfractaire à l’idée de voir ses lourdes dépenses militaires comptabilisées dans les critères budgétaires de Maastricht, et une Espagne politiquement instable, il faut de plus en plus envisager un Deutschxit. Il est possible qu’avec le départ de la chancellerie d’Angela Merkel, son successeur, seul ou en concertation avec l’Autriche, la Slovaquie, les États baltes, la Finlande, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Flandre belge, quitte la Zone euro et adopte un « euro-Mark ». Ce départ provoquerait soit la formation de deux zones monétaires européennes (euro du Nord et euro du Sud), soit le retour aux monnaies nationales et/ou complémentaires régionales. Ce serait la fin du projet européen et, très certainement, la transformation du continent européen en champ de bataille, virtuelle ou réelle, entre les États-Unis, la Chine, la Turquie et la Russie.

Dans un essai récent (8), Coralie Delaume considère que le « moteur franco-allemand » est donc un mirage. Par-delà la complicité personnelle entre Charles De Gaulle et Konrad Adenauer, Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, François Mitterrand et Helmut Kohl, l’amitié germano-française est sabotée dès 1963 quand le Bundestag à la demande du ministre de l’Économie et futur chancelier, Ludwig Erhard, ratifie le traité de l’Élysée en y introduisant un préambule ouvertement atlantiste. Ce tropisme largement partagé en Europe occidentale, et désormais en Europe centrale et orientale, fait qu’« entre l’Europe puissance et l’Europe marchande posthistorique, il y a une incompatibilité radicale, souligne Coralie Delaume. […] L’Europe actuelle n’a pas été conçue comme une Europe politique, mais comme une Europe du marché et du droit où la marche des choses est soustraite à la force des passions politiques pour être placée sous le règne de la règle (9) ». L’Union pseudo-européenne confirme la dépolitisation du monde occidental envisagée par Carl Schmitt. « Il n’existe […] pas de puissance essentielle sans tradition de sa vision de la grandeur – car ne devient grand que celui qui voit grand; mais la faculté de voir le grand s’enseigne et se transmet au fil d’éducations risquées, avance Peter Sloterdijk. Sa pratique crée dans tous les Empires un athlétisme psychique et logique plus ou moins ésotérique, qui s’associe à la géographie et à la stratégie politiques (10). »

Le retour au politique de l’Europe n’est pas d’actualité malgré la montée des périls. Même en cas de conflit armé, les Européens ne sortiront pas de leur torpeur psychique et comportementale. Le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jans Stoltenberg, peut par conséquent déclarer que « l’unité de l’Europe est importante mais ne peut se substituer, être une alternative à l’unité transatlantique. La défense de l’Europe dépend de l’OTAN, d’autant que plus de 90 % des personnes vivant dans l’Union européenne vivent aussi dans un pays membre de l’OTAN (11) ». Plus que jamais, la défense européenne reste « un serpent de mer. La France en a toujours fait une priorité, mais les obstacles sont nombreux, déclare encore Nicole Gnesotto. L’Europe politique n’existe pas. L’Est et l’Ouest du continent n’ont pas la même perception des menaces. Les premiers redoutent le réveil de l’impérialisme russe et comptent encore sur les États-Unis et sur l’OTAN pour assurer leur sécurité, tandis que les seconds craignent la menace qui vient du Sud. Les attaques de Trump, qui veut se désengager de l’Europe, et le retour de la guerre ont provoqué un sursaut sur le Vieux Continent. Mais on est encore loin du compte, surtout si l’on compare les augmentations des budgets européens aux investissements massifs de la Chine et de la Russie (12) ». Il y a pourtant une urgence vitale à réagir ! Le chroniqueur très politiquement correct Christian Makarian cite Sigmar Gabriel, l’ancien vice-chancelier social-démocrate allemand : « Dans un monde où règnent les carnivores géopolitiques, nous, les Européens, sommes les derniers des végétariens (13). » Faut-il ensuite s’étonner de la mode végane et de la propagande en faveur de l’herbe qui submergent l’Europe ? « Le mot clé de cette fin de siècle, remarque Peter Sloterdijk, ce n’est pas “ décision ”, mais “ vécu ”. Les Européens n’ont plus désormais l’idée de se choisir eux-mêmes dépourvus de fondement, comme ils le firent jadis, au cours des années grises qui suivirent la guerre (14). » Que penser de certaines affirmations qui vont sciemment à l’encontre de l’essence même de l’Europe. « Les migrants, écrit une certaine Marielle Macé, professeur de littérature et écrivain, sont les nouveaux Européens, ceux pour qui l’Europe existe, ceux par qui pourra se maintenir l’idée d’Europe (15). » Les migrants voient surtout dans l’Europe une formidable corne d’abondance. Pas de doute, la moquette que Marielle Macé a probablement fumée était ce jour-là d’excellente qualité tant son plaidoyer pro-immigration allogène se montre fumeux…

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« Après l’échec de la Communauté européenne de défense, la construction européenne s’est rabattue sur l’économie, abandonnant sa défense à l’allié américain écrit Pascal Gauchon. Peut-elle aujourd’hui reprendre le chemin abandonné en 1954 ? (16) » Louis Gautier l’espère. Par exemple, « des initiatives récentes, telles la création d’un Fonds européen de défense (FEDef), la coopération permanente structurée (CSP), l’initiative européenne d’intervention (IFI) ou encore le lancement du programme aérien futur (Système de combat aérien futur / SCAF) ou de char futur (Main Ground Combat System / MGCS) en coopération avec les Allemands engagent une dynamique très positive de convergence et d’intégration européenne, en particulier dans le domaine capacitaire et industriel (17) ». L’abêtissement générationnel de nos compatriotes n’invite pourtant pas à l’optimisme. Le sursaut de l’Europe boréenne par le conflit armé relève dorénavant du vœu pieux.

Chef d’état-major des armées françaises démissionnaire en juillet 2017 et aujourd’hui employé d’une entreprise yankee, Boston Consulting Group, le général Pierre de Villiers est le frère de l’ancien homme politique libéral-conservateur Philippe de Villiers. Ce dernier vient de commettre un ouvrage (18) qui dénonce les origines atlantistes de la construction européenne (l’historien Pierre Hillard écrivait avec plus de sérieux la même chose il y a plus de dix ans…). Son frère, vrai général de salon, prévenait que « pour la défense européenne, il faut partir avec un noyau de pays qui travaillent ensemble, et non en imposant un engagement militaire supranational à vingt-huit pays. On ne meurt pas pour une entité supranationale. Quand un militaire se trouve face à l’ennemi, il sait qu’il peut y laisser sa peau. Pourquoi et pour qui fait-il cela ? On meurt pour la France, pour ses valeurs, pour son chef. […] Il faut que le ciment soit celui du sentiment d’appartenance à une communauté. Or le sentiment européen, et on peut le regretter, n’est pas suffisamment fort (19) ». Oui, hélas, le sentiment d’appartenance à la communauté européenne demeure plus que ténu auprès des peuples qui la constituent néanmoins. Les peuples européens ignorent leur longue histoire. Certes, « l’Europe ne vient pas de nulle part, note Laurent Wauquiez, le président des Républicains et président du conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes : elle est le fruit de trois traditions, gréco-latine, judéo-chrétienne et des Lumières (20) ». Quelle vision courte, étriquée et incomplète de la part d’un premier à l’Agrégation d’histoire… Manquant d’imagination, Laurent Wauquiez plagie Paul Valéry. Il ignore les trois moments décisifs de notre européanité :

– la Préhistoire marquée par l’art rupestre à Lascaux et dans la grotte Chauvet,

– le fait indo-européen (ou boréen) qui donne une parenté anthropologique commune et une autochtonie indubitable,

– la période médiévale gothique qui exprime dans sa perfection intrinsèque l’esprit ancestral cher à Dominique Venner. Comment ne pas penser à l’incendie de Notre-Dame de Paris survenue le 15 avril dernier ? « Tous les Européens ont ressenti que les flammes portaient atteinte à une réalité symbolique dont l’Europe ne peut pas se passer, déclare Peter Sloterdijk : notre “ stratigraphie morale ”, qui s’incarne dans les grands bâtiments; je pourrais dire aussi la volonté européenne d’avoir une Histoire. Et de la conserver. Notre-Dame, c’est une preuve que l’Europe existe. Notre-Dame, c’est Notre-Europe. J’ai beau être allemand, et philosophe, comme vous le dites, j’ai dormi avec Quasimodo sous la charpente de Notre-Dame ! Grâce à Victor Hugo. Et ensuite Gina Lollobrigida est venue compléter le tableau dans le rôle d’Esmeralda au cinéma (21). »

grande-rosace-de-notre-dame-de-paris.jpgLes objections qu’avance Pierre de Villiers n’en sont pas moins justifiées. Peut-on mourir pour l’euro, les fonctionnaires de la Commission de Bruxelles et L’hymne à la Joie ? La réponse immédiate est bien sûr négative. Mais faudrait-il, le cas échéant, se sacrifier pour Emmanuel Macron, François Hollande ou Nicolas Sarközy, voire pour les fameuses valeurs républicaines françaises, soit le mariage pour tous, la lutte contre toutes les discriminations possibles et imaginables, l’égalitarisme total, le féminisme outrancier et le Diktat de « Big Other » ? Non bien sûr ! Notre loyauté va à notre vision du monde, pas aux drapeaux qui étouffent nos identités organiques.

Le Figaro du 16 janvier 2019 publie les résultats édifiants d’une enquête d’opinion. À la question suivante « Parmi les unités géographiques suivantes, à laquelle avez-vous le sentiment d’appartenir avant tout ? », seuls 3 % ne se prononcent pas. Auraient-ils été perplexes devant la brutalité et le simplisme de la question typique du caractère profondément centralisateur des Français ? Une question pareille serait difficilement concevable en Suisse où s’agencent les patriotismes communal, cantonal et fédéral même si la vie urbaine moderne les corrode plus ou moins lentement… Pour ce Baromètre de la confiance Cevipof – OpinionWay, 39 % montrent sans grande surprise leur attachement à la France (les auteurs ont pris soin de ne pas mentionner la « République » avec le risque d’occulter ce funeste régime politique aux fondements universalistes et cosmopolites). 23 % se réclament de la ville, de la localité, du canton (au sens français, à savoir une circonscription rurale). 18 % préfèrent la région (Corses, Occitans, Normands), la province (Berry, Béarn) et le département (Vendée). Plus surprenant, 11 % s’attachent au monde, ce qui signifie que les mondialistes représentent déjà un dixième de la population française. Observons toutefois que cette enquête n’intègre pas l’appartenance religieuse, ce qui aurait donné des résultats très révélateurs. Et l’Europe, me direz-vous ? Elle ne rassemble que… 6 % ! Loin, très loin derrière le sentiment cosmopolite. Cette désaffection résulte de l’incurie des politiciens qui tels les médecins de Molière accusent sans cesse Bruxelles de tous les maux possibles et imaginables. En dépit des milliards d’euros déversés sur tout le continent, l’UE pâtit toujours d’une image négative. L’Union dite européenne ne fait pas rêver les peuples. Naine géopolitique, elle devient progressivement un hospice pour vieillards séniles en paupérisation plus ou moins avancée.

En euro-fédéraliste convaincu, le journaliste Jean Quatremer estime que les États nationaux sont les principaux fauteurs des travers qui rongent l’UE. Son « problème [..] est qu’elle n’est que l’émanation des États membres (22) ». « Ce sont les États qui bloquent et peuvent ainsi faire porter le chapeau à la Commission… (23) » Dans ces conditions, le correspondant permanent du quotidien français libéral – libertaire Libération auprès des institutions européennes pense que « l’Union […] n’est que la marionnette des États et aucun d’entre eux n’est prêt à accepter qu’elle lui échappe (24) ». Il le démontre au risque de contrarier les souverainistes. L’apport législatif de la Commission « n’est pas de 80 %, mais seulement de 20 % en moyenne sur une période de vingt ans, une proportion qui a même tendance à diminuer en dépit des compétences nouvelles (25) ». « La proportion de normes européennes dans les lois nationales est comprise, poursuit-il encore, entre 30 et 40 % dans les secteurs agricole, bancaire, financier et environnemental, et entre 20 et 30 % dans l’énergie, les transports, la santé ou encore le commerce extérieur (26). » Jean Quatremer constate enfin « la propension des États à communautariser les échecs nationaux et à nationaliser les succès européens (27) ».

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Il faut recouper ce point de vue, rappelons-le, pro-Union européenne, avec le témoignage du ministre grec des Finances pendant cinq mois, l’universitaire Yanis Varoufakis (28). Ce dernier le présente dans Conversation entre adultes, un ouvrage remarquable. Ce membre du gouvernement soi-disant de gauche radicale s’aperçoit assez vite que les fonctionnaires européens lui mentent ouvertement, le méprisent et ne lui communiquent aucun document officiel. Il regrette que la rédaction du communiqué final des réunions européennes soit plus importante que les décisions prises à la va-vite et qui se calent toujours sur les recommandations de la bureaucratie continentale. Il est presque impossible de discuter dans de pareils cénacles ! En effet, il revient au président de l’Eurogroupe d’introduire le sujet. Il donne ensuite la parole aux représentants respectifs de la Commission européenne, du FMI et de la Banque centrale européenne. Il laisse enfin s’exprimer dans un délai très bref les ministres. Yanis Varoufakis en déduit qu’« un spectateur impartial et sensé en conclurait que l’Eurogroupe n’est là que pour permettre aux ministres de valider et légitimer les décisions prises en amont par les trois institutions (29) ». Il révèle la nature de l’Eurogroupe. « Les traités européens ne lui confèrent aucun statut légal, mais c’est le corps constitué qui prend les décisions les plus importantes pour l’Europe. La majorité des Européens, y compris les politiques, ne savent pas exactement ce que c’est, ni comment il fonctionne (30). » Varoufakis se rend compte que « le Groupe de travail Eurogroupe (EWG) [est] sur le papier […] l’instance au sein de laquelle se préparent les réunions de l’Eurogroupe; en réalité, ce groupe est une sorte de sombre creuset dans lequel la troïka concocte ses plans et ses politiques (31) ». Agent direct d’Angela Merkel, Thomas Wieser « était président du Groupe de travail Eurogroupe, cet organe dont le rôle est de préparer les réunions de l’Eurogroupe, là où les ministres des Finances de chaque pays prennent les décisions clés. En théorie, donc, Wieser était le délégué de Jeroen Dijsselbloem, ministre des Finances néerlandais et président de l’Eurogroupe. Ce que je ne savais pas et que je mesurerais plus tard, c’est que c’était l’homme le plus puissant de Bruxelles, beaucoup plus puissant que Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, ou que Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques et financières (le ministre des Finances de la Commission), voire, en certaines occasions, plus puissant que Dijsselbloem lui-même (32) ». En lisant Varoufakis, on saisit mieux les dessous du « Selmayrgate ». Bras droit de Jean-Claude Juncker, l’Allemand Martin Selmayr accède au secrétariat général de la Commission européenne en mars 2018. Quelques heures auparavant, il avait été nommé secrétaire général-adjoint… « Le collège des 28 commissaires a totalement démissionné, terrorisé par ce Raspoutine au petit pied, dénonce Jean Quatremer. C’est Selmayr qui gère tout, de la communication aux propositions législatives, une situation sans précédent de mémoire d’eurocrate. C’est ainsi à lui seul que l’on doit le très décevant “ cadre financier pluriannuel ” 2021-2027 qui gèle le budget communautaire à son niveau actuel ou encore le projet de démantèlement partiel de la Politique agricole commune (33). » Malgré de fortes pressions venant des parlementaires européens, Martin Selmayr n’a jamais démissionné. Pourquoi ?

Il faut connaître les formidables luttes d’influences pour comprendre le refus de la Commission européenne de créer un champion européen du rail entre l’entreprise allemande Siemens et l’entreprise française Alstom déjà bien dépouillée par des charognards financiers étatsuniens avec le consentement de François Hollande, ce qui lui aurait valu en d’autres temps un procès pour haute-trahison. La préférence européenne (ou communautaire) pratiquée jusqu’au traité de Maastricht de 1992 préservait l’économie de la CEE dans une perspective protectionniste listienne en référence au Germano-Américain Friedrich List. Dans ce cadre d’économie semi-fermée à des intervenants extérieurs furent conçus les projets Airbus et Ariane qui ne relèvent que de la volonté conjointe de grandes entreprises aéronautiques nationales et de leurs gouvernements respectifs, hors d’atteinte de toute bureaucratie dite européenne…

Il importe donc de « vaincre le concept libéral de la CEE, passer résolument de la voie politique à l’union européenne, au sens de l’Empire européen. L’Europe doit réussir sa propre décolonisation (34) ». Les conséquences qui en découleront, seraient « au bout du compte : un enrichissement mutuel, tant sur le plan économique que sur le plan culturel. Et une véritable intégration européenne, au-delà des antagonismes du passé (35) ». Dès lors, le continent se dirigerait vers une éventuelle organisation confédérale, renaissance de la patrie continentale de chacune de nos nations. « Renaissance » est d’ailleurs le titre de la liste pour les élections européennes du parti présidentiel français, un parti dont le fonctionnement s’apparente en partie à celui du Mouvement Cinq Étoiles.

Souverainistes, nationistes régionalistes et stato-nationalistes se trompent quand ils veulent la sortie de leur patrie de l’Europe. L’Europe est un continent alors qu’ils parlent d’un ensemble politico-économique composé d’États-nations. Or l’État-nation est lui aussi pourri comme d’ailleurs les régions. Il n’y a pour l’heure aucun recours possible parce que « la crise est dans l’homme (36) (Thierry Maulnier) ». Rien n’arrivera de vrai si ne s’opère pas en soi-même une véritable révolution spirituelle intégrale qui pourrait déboucher sur l’émergence d’une élite militante paneuropéenne qui n’existe pas et qui n’existera pas avant très longtemps. L’échec de Jeune Europe de Jean Thiriart dans la seconde moitié de la décennie 1960 le prouve aisément.

imjt_010.jpgSeule la civilisation européenne peut réunir de grands orchestres polyphoniques. Au début du XIIIe siècle apparaît l’« école musicale de Notre-Dame » à Paris avec Léonin et Pérotin le Grand. C’est la naissance de la polyphonie, de l’association simultanée de plusieurs voix indépendantes. La polyphonie est la seule capable de s’approcher du divin par ses compositions musicales. Par conséquent, si l’Europe ne relève pas le fantastique défi que lui impose l’histoire, nos compatriotes vivant sur un continent devenu un protectorat de forces extérieures et un haut lieu touristique muséal se demanderont en de rares moments de lucidité et avec regret : « Mais quelle Europe fallait-il construire ? S’agissait-il d’une palingénésie de l’Empire romain germanique recouvrant ses “ droits ” sur la France et les autres anciens royaumes ? S’agissait-il d’un nouveau mouvement des peuples pour dépasser leurs nationalités et s’intégrer à une communauté souveraine ou, plus vulgairement, d’une coalition entre de grandes firmes bancaires, industrielles ou commerciales ? (37) » Clio a souri aux Européens qui, frileux et craintifs, ont détourné leur regard.

En revanche, ceux qui se savent « bons Européens de l’avenir » rient aux vagues impétueuses de l’histoire. Polyphonique en elle-même, l’Europe se fera tôt ou tard par la synthèse de son passé sans répéter les mêmes erreurs. « L’Europe a failli être française avec Napoléon, et elle a failli devenir allemande avec Hitler. Dans l’un et l’autre cas, elle n’eut été qu’une Europe asservie. L’Europe que nous voulons ne doit être ni française, ni allemande, mais européenne, c’est-à-dire permettre l’épanouissement de tous ses peuples, et de toutes ses cultures. Plus variée qu’aucun autre continent, elle doit être capable de faire son unité sans rien sacrifier de cette diversité qui constitue son plus étonnant privilège (38). » « La fonction quintessencielle de la constitution de l’Europe tient dans un mécanisme de transfert de l’Empire, pense encore Peter Sloterdijk. L’Europe se met en marche et reste en mouvement dans la mesure où elle parvient à revendiquer l’Empire qui existait avant elle, et à le transformer. L’Europe est ainsi un théâtre pour les métamorphoses de l’Empire; l’idée directrice de son imagination politique est une sorte de métempsycose de l’Empire romain à travers les peuples européens déterminants et susceptibles de faire l’histoire (39). » Parmi les « peuples d’Empire » (Allemands, Espagnols, Anglais, Italiens, Russes, etc.), il désigne deux États dont la vocation serait de susciter l’Europe impériale. La France et la Suisse sont en elles-mêmes des « Europes réduites ». « La Suisse est le point de l’Europe, écrit Pierre Drieu la Rochelle, le point de tous les croisements physiques et métaphysiques, le point crucial – ce n’est pas en vain que son emblème est une croix; c’est donc un point sacré (40). » En effet, « la Suisse exprime le nœud indestructible dont est faite l’Europe : le nœud germano-latin, poursuit Drieu la Rochelle. Le Saint-Empire romain germanique figurait aussi ce nœud inévitable. Et la Suisse est une survivance du Saint-Empire. Impossible d’imaginer la Suisse sans le Saint-Empire. La Suisse s’est créée non à la marge, mais dans le milieu du Saint-Empire. Les Waldstätter, les trois cantons primitifs, étaient des terres impériales sur la route du Simplon, laquelle, de bonne heure au Moyen Âge, ajouta un nouveau lien entre les terres romaines et les terres germaines de l’Empire à tous ceux qui existaient déjà, corporels et spirituels, physiques et métaphysiques. La Suisse n’a pas été une survivance de l’Empire au sens funèbre du mot : ce fut un surgeon. La Suisse exprima la ressource organique de l’Europe. […] On ne peut pas faire une Europe d’où serait exclu ce que représentent la réalité et le mythe suisses, ce que représentent la réalité et le mythe de l’Empire (41) ».

Attendons donc le taureau, ce Kairos, qui emportera la civilisation albo-européenne vers son destin de katechon, rempart et bastion pour une terre médiane de communautés holistes conscientes de l’histoire tragique et capables d’affronter les gigantesques périls d’un univers interconnecté, effrayante combinaison du Meilleur des Mondes, de 1984, de Brazil et de la série télévisée Black Mirror.

Je vous remercie.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Robert Steuckers, « L’idée impériale en Europe », dans Jean Mabire. Magazine des Amis de Jean Mabire, n° 50, Équinoxe de Printemps 2019, pp. 10 – 11.

2 : Luc Pauwels, L’Europe impérieuse. Du long chemin de la CEE libérale à l’Empire européen, GRECE, coll. « Point de vue », n° 6, sans date, p. 5.

3 : Nicole Gnesotto, « En Europe, le besoin d’autorité l’emporte sur celui de liberté (entretien avec Isabelle Lasserre) », dans Le Figaro des 8 et 9 décembre 2018.

4 : Marie-France Garaud, Impostures politiques, Plon, coll. « Tribune libre », 2010, p. 58.

5 : Idem, p. 59.

6 : Ben Cramer, « L’Allemagne prête à flirter avec la bombe française », dans Charlie Hebdo du 28 décembre 2016.

7 : cf. Antonin Cohen, De Vichy à la Communauté européenne, PUF, 2012.

8 : Coralie Delaume, Le couple franco-allemand n’existe pas. Comment l’Europe est devenue allemande et pourquoi ça ne durera pas, Michalon, 2018.

9 : Coralie Delaume, « La “ souveraineté européenne ” est une antinomie (entretien avec Lucas Bretonnier) », dans Marianne, du 16 au 22 novembre 2018.

10 : Peter Sloterdijk, Si l’Europe s’éveille. Réflexions sur le programme d’une puissance mondale à la fin de l’ère de son absence politique, Éditions Mille et une nuits, 2003, pp. 77 – 78.

11 : dans Le Monde, du 22 février 2019.

12 : Nicole Gnesotto, art. cit.

13 : dans L’Express du 27 février 2019.

14 : Peter Sloterdijk, op. cit., p. 31.

15 : dans L’Obs du 18 avril 2019.

16 : Pascal Gauchon, dans Conflits, n° 21, avril – juin 2019, p. 64.

17 : Louis Gautier, « La défense européenne maintenant ou jamais », dans Conflits, op. cit., p. 65.

18 : Philippe de Villiers, J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu, Fayard, 2019.

19 : dans Le Point du 9 novembre 2017.

20 : dans Le Monde du 12 mars 2019.

21 : Peter Sloterdijk, « C’est un signal (entretien avec Christophe Ono-Dit-Biot) », dans Le Point, du 18 avril 2019.

22 : Jean Quatremer, Les salauds de l’Europe. Guide à l’usage des eurosceptiques, Calmann-Lévy, 2017, p. 191.

23 : Idem, pp. 223 – 224.

24 : Id., p. 299.

25 : Id., pp. 211 – 212.

26 : Id., pp. 219 – 220.

27 : Id., p. 225.

28 : Le dossier du n° 177 d’Éléments (avril – mai 2019) sur le populisme le range parmi les « populistes socialistes » ou « populistes de gauche ».

29 : Yanis Varoufakis, Conversation entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe, Éditions Les liens qui libèrent, 2017, p. 238.

30 : Idem, p. 237.

31: Id., p. 127.

32 : Id., pp. 143 – 144.

33 : Jean Quatremer, « Union européenne : nouvelle mascarade à la “ Commission Selmayr ” », mis en ligne sur Libération, le 11 juin 2018.

34 : Luc Pauwels, op. cit., p. 46.

35 : Robert Steuckers, « Vers l’unité européenne par la révolution régionale ? », dans Europa. Valeurs et racines profondes de l’Europe, tome I, Éditions Bios, 2017, p. 208.

36 : cf. Thierry Maulnier, La crise est dans l’homme, Redier, 1932.

37 : Pierre Fougeyrollas, La Nation. Essor et déclin des sociétés modernes, Fayard, 1987, p. 199.

38 : Paul Sérant, Des Choses à dire, La Table Ronde, 1973, p. 228.

39 : Peter Sloterdijk, op. cit., p. 52.

40 : Pierre Drieu la Rochelle, « Notes sur la Suisse (mars 1943) », dans Le Français d’Europe, Ars Magna, coll. « Les Ultras », 2017, p. 262.

41: Idem, pp. 256 – 257.

• Conférence prononcée à Genève (Suisse), le 27 avril 2019, à l’invitation du Cercle Proudhon et du Kalvingrad Patriote, puis revue et corrigée.

mercredi, 01 mai 2019

Pierre Krebs: poème à Guillaume Faye

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Pierre Krebs: poème à Guillaume Faye

À Guillaume

pour la fraternité dans le combat commun, ici bas, et celle à venir dans le temps de l'Ailleurs, selon ce qu'en auront décidé les dieux de l'Olympe et ceux du Walhalla.

30 avril 2019

Il en est de certains hommes

que le destin a promus

au-dessus de tous les autres

comme de l’air du temps

en état de tempête

dans lequel ils auront vécu,

sentinelles élues des dieux 

pour veiller à la survie

de l’esprit et du sang des ancêtres

menacés de disparaître

 

Ils ont roulé

dans les airs déchaînés

de la tempête

et se sont métamorphosés

dans le nouveau souffle de vie

du Vent cosmique

purificateur

 

Ils se sont fondus

dans la froidure des eaux 

de la tempête

et se sont transformés

dans les cristaux de glace de hagal

de la Mémoire cosmique

préservatrice

 

Ils ont foudroyé

le chaudron de la Terre

aux pieds d’Yggdrasil

dans le feu des éclairs

de la tempête

et se sont dissous

dans la volonté de puissance

de la Foudre cosmique

régénératrice

 

Ils ont ébranlé

la voûte du ciel

à la cime d’Yggdrasil

dans les grondements de tonnerre

de la tempête

et se sont transmués 

dans le chant de la terre

du retour à l’Ordre cosmique

clarificateur

 

Les airs et les eaux,

le feu et le tonnerre

ont alors ciselé à leur mémoire

dans les tables de l’Histoire

le bréviaire de leur enseignement

que ni la vieillesse des âges

et ni les aléas du monde

jamais plus ne pourront effacer

dans la conscience réveillée

des peuples de leur sang

 

Car le souffle de leur sapience

traversera immuablement les Murs du Temps

pour transmettre aux autres sentinelles

de génération en génération

dans le cycle ininterrompu

des aurores qui succèdent aux couchants

la sagesse transcendante

des évangiles vitalistes

et surhumanistes du dieu Ethnos

qui enseignent depuis l’origine

des âges et des espèces

à tous les peuples de la terre

le dévoilement de l’esprit et

le réenchantement du monde

à travers les lois incontournables

de la seule éternité

dont nous connaissons le nom :

l’hérédité selon la race.

 

 

 

Un certain Guillaume Faye

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Un certain Guillaume Faye

Stoïque jusqu’au bout, tu as eu pour dernière élégance d’impressionner tes personnels soignants, intrigués par ton agonie sereine, sinon joyeuse. Tu as défié la faucheuse, finissant in extremis ce dernier ouvrage que je n’aimerai probablement pas mais qui te tenait tant à cœur. Car tu es un homme de cœur. Tu es d’ailleurs tout le contraire de ce que l’on a dit de toi, et même tes diabolisateurs n’ont jamais pu te haïr, toi, vent qui tournait dans les moindres recoins du terrain, épousant la diversité du monde pour mieux la préserver, toi, vif-argent fusionnant esprit et matière, toi, feu follet alliant sacré et canulars, toi, fulgurance insensible aux honneurs d’un monde de nains qui se veulent des titans.

Et si tu sentais parfois le soufre, c’était celui de l’alchimie, ce soufre rouge qui sort des habitudes, et qui pro-voque sans cesse de nouvelles coagulations, d’éternels retours.

Tu pouvais fréquenter le meilleur comme le pire, et pourtant rester qui tu étais : un « anthropophile », tout simplement. Oui, tu l’avais dit un jour : le sort de l’humanité dépendra du peigne du cosmos, comme des rayons obliques du grand soleil apollinien, car l’espèce humaine était en voie rapide de déshumanisation, prisonnière de la machine à tuer les peuples de ce libéralisme dont tu te méfiais. Et pendant que les nostalgiques, les « derniers hommes », les bien-pensants, ou les réactionnaires s’épuisaient dans la stérilité des intégrismes gauche-droite, tu créais de nouvelles grilles d’analyse, de nouveaux clivages, de nouvelles racines, qui fructifièrent en une nouvelle synthèse du passé mythologique et du futur technétronique : ce futur antérieur que tu désignais sous le nom d’Archéofuturisme.

Pas étonnant que tu aies brulé la chandelle par les deux bouts. Et tu n’as jamais pu terminer ton « Entrevue avec le diable ». Dommage…

Mais tu as disséqué le premier la « convergence des catastrophes », et révélé également le premier, avant la fin de la guerre froide, l’idée « eurosibérienne », entrevue comme un antidote à ces convergences comme à la déshumanisation du monde. Cela seul rachète tout ce que tu as dit ou écrit d’inutile ou d’insupportable. Car tu t’es fourvoyé, en particulier en compagnie de réductionnistes lunatiques d’outre atlantique, ou encore avec les marchands de croisades, ces piégeurs qui veulent mettre l’Europe à feu et à sang afin de réaliser des objectifs géopolitiques opaques, très loin des vœux d’Aristote, et qui visent ultimement la fin de l’Eurasie.  Or ton « Eurosibérie » fait maintenant des adeptes, à un moment où l’on se demande si les États-Unis qui ont su hypnotiser l’Europe dès 1917, n’auront pas finalement implosé dans une génération, à l’instar de feu l’URSS, née elle-même en 1917, et pour les mêmes raisons.

En fait tu étais simplement un homme, fort et faible à la fois, humain, trop humain, charismatique, formé par des jésuites fascinés par l’ère gréco-latine, en perpétuelle recherche depuis tes premières lectures de Nietzsche. Homme aux pieds ancrés dans la terre, la pensée hissée aux étoiles, oscillant entre romantisme, nihilisme, mythologisme. Tu disais qu’on ne peut avoir d’amis « qu’avec ceux avec qui on fait des choses ». Tu en as beaucoup, Guillaume, en ce mois martial. Mieux encore, tu as donné la vie, ta plus belle œuvre…

Alors salue bien tout le monde, et tâche quand même de ne pas trop semer le bordel aux champs  Élysées! Fais-leur plutôt des imitations. Adichatz, provocateur.

 

mardi, 30 avril 2019

Colloque de « Synthèse Nationale » - Intervention de Robert Steuckers

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Nieppe, 28 avril 2019 – Colloque de « Synthèse Nationale »

Intervention de Robert Steuckers

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers amis et camarades,

Aujourd’hui, nous avons les élections législatives espagnoles ; dans moins d’un mois, les élections européennes. Très récemment, nous avons eu les législatives finlandaises qui ont fait du parti des Finlandais la deuxième formation du pays, qui talonne les sociaux-démocrates, généralement vainqueurs dans le grand Nord et cette fois avec un écart de seulement 0,2% des voix (17,5% contre 17,7%). En septembre, les sondages donnent l’AfD victorieuse en Saxe où s’effondrent le parti de Merkel et les sociaux-démocrates. Le vent semble tourner en Europe et les chances de Vox en Espagne sont réelles aujourd’hui, où l’on vote pour des législatives anticipées. Nous verrons ce soir ce que ce scrutin donnera et s’il y aura, ou non, dans les prochaines semaines, un gouvernement PP/Vox/Ciudadanos. Mais ces diverses élections, à quoi pourraient-elles bien servir ? Quels projets nouveaux et nécessaires devraient-elles promouvoir pour autant que les élections apportent réellement du nouveau ? La nécessité, urgente aujourd’hui, est l’émancipation de l’Europe qui doit échapper, coûte que coûte si elle veut simplement survivre, à l’étau qui l’enserre, à l’étau qui est formé par la politique du Deep State américain et par les initiatives, en théorie privée, des multiples associations et ONG patronnées par George Soros. Les élections italiennes, qui ont porté au pouvoir et le populisme de droite de la Lega de Salvini et le populisme de gauche du « Mouvement Cinq Etoiles » de diMaio, semble être de bon augure et les meilleures nouvelles, en ces temps moroses où les gilets jaunes peinent à obtenir gain de cause, viennent assurément d’Italie.

Dans quel contexte, plus précisément, ces espoirs de changement rapide se déploient-ils ? Le principal de ces contextes a été, sans aucun doute, la 63ème Conférence sur la Sécurité de Munich, tenue en février dernier dans la capitale bavaroise.  Lors de cette conférence, où, généralement, les participants ânonnent benoîtement les mots d’ordre de l’OTAN, les dissonances entre les deux rives de l’Atlantique se sont fait bruyamment entendre sur des points essentiels comme le gazoduc Nord Stream 2 et les relations euro-iraniennes. Auparavant, l’alignement inconditionnel des instances européennes sur les positions de l’OTAN (donc des Etats-Unis) faisait dire au ministre russe Sergueï Lavrov que l’UE ne détenait pas le monopole de la décision dans le modelage de ses propres affaires régionales et avait raté toutes les occasions de construire réellement la « maison commune européenne ». Pour le journaliste italien Lorenzo Lamperti, qui écrit pour Affari italiani (www.affaritaliani.it ), l’Europe semble avoir pris la voie de l’émancipation en n’acceptant pas la politique violemment anti-iranienne de Washington et en créant, pour la contourner et la vider de tout contenu articulable, l’instance baptisée « Instex », véhicule financier destiné à commercer avec Téhéran selon les bonnes vieilles règles du troc, sans passer par une monnaie d’échange donc sans passer par le dollar. La volonté américaine de faire jouer le « droit » et la « justice » pour punir tous ceux qui contourneraient les embargos qu’ils imposent, surtout dans la question iranienne, a attiré les critiques de Lavrov, véritable vedette à Munich, contrairement aux émissaires de Trump (Pompeo, Pence et Bolton, trois « faucons », nouvelles moutures du néo-conservatisme belliciste). Federica Mogherini a clairement affirmé que l’Europe n’entendait pas se faire dicter une conduite dans l’affaire iranienne ni s’aligner, ipso facto, sur les politiques bellicistes, dictées par les Etats-Unis, d’Israël et surtout de l’Arabie Saoudite, à laquelle les Américains s’apprêteraient à vendre des technologies nucléaires pour que l’épicentre du wahhabisme se dote de l’arme atomique pour affronter l’Iran (à la place d’Israël, qui conserverait son arsenal intact et échapperait à d’éventuelles représailles perses ?). C’est, on le voit, dans le cadre de l’UE, le retour, encore bien timide, de la géographie, donc de la géopolitique et de la géo-économie. A Munich, l’Administration Trump avait exigé que les Européens reprennent les quelque 800 prisonniers de l’Etat islamique faits en Syrie par l’US Army et qu’en cas de refus, ceux-ci seraient libérés : les Allemands ont sèchement répondu que c’était impossible.

RS-Nieppe.jpgDans le dossier très complexe et très épineux de la 5G développée par la firme chinoise Huawei, les Européens, surtout les Allemands, se montrent très réticents à annuler les projets qui sont déjà en phase de réalisation. Pour les Etats-Unis, ne pas se laisser distancer par les Chinois dans la technologie de la 5G est un impératif de sécurité nationale, d’où les multiples interdits qui frappent la firme Huawei et la mesure qui a permis l’arrestation d’une des cadres de la firme au Canada récemment. La raison majeure de cette panique à Washington vient du fait que la 5G chinoise ne possède pas la « porte d’entrée » (le « backdoor ») permettant à la NSA de s’y introduire, comme dans les appareils Samsung. Les appareils chinois et même certains modèles d’Apple permettent en revanche aux services chinois d’y accéder : l’Europe, qui n’a jamais misé sur ces technologies, se trouve dès lors coincée entre les Etats-Unis et la Chine et soumise à leurs réseaux d’espionnage, sans possibilité de répondre à ce défi et d’en contrer les inconvénients.

Les menaces de Trump, d’imposer des droits de douane aux automobiles européennes, ne sont pas passées à Munich en février et l’UE s’apprête à prendre des contre-mesures. Trump, en adoptant une intransigeance qu’il n’avait pas promis, bien au contraire, pour se faire élire, a sabordé l’unanimité qui faisait la force, jusqu’ici, de l’alliance transatlantique, contraire aux intérêts européens. L’Allemagne lorgne désormais vers la Chine et vers le Japon : les ministres des affaires étrangères allemand et chinois insistent sur le droit national des Etats européens et asiatiques à pratiquer le multilatéralisme en commerce international. Quant à l’Italie, elle s’est branchée sur les « routes de la Soie » et a accepté que le port adriatique de Trieste, aujourd’hui encore souvenir des splendeurs de la monarchie austro-hongroises, redevienne un port de la plus haute importance en Méditerranée certes mais branché aussi et surtout sur l’Europe centrale bavaroise, autrichienne et hongroise comme avant son annexion à l’Italie. Trieste est relié à Stettin sur la Baltique par un chemin de fer rapide, lien indispensable dans l’isthme du centre de l’Europe, ce qui apportera encore davantage de cohérence géopolitique à l’ensemble européen. A terme, Gènes s’y branchera aussi, entraînant la Suisse qui est son hinterland naturel ainsi que la Provence, le Languedoc et la Catalogne. La société danoise Maersk, spécialisée dans le transport par conteneurs vers la Chine est d’ores et déjà présente sur la côte ligure, prête à lancer une synergie balto-méditerranéenne, avec les ports d’Anvers, Rotterdam et Hambourg, le trio portuaire nord-européen au passé hanséatique.

Pour l’observateur irlandais Finian Cunningham, les tentatives de Macron, absent à Munich, de bidouiller un montage institutionnel au sein de l’UE, pour freiner l’utilisation du gazoduc Nord Stream 2, constitue un piètre expédient atlantiste que l’Allemagne, les pays du Benelux, la Grèce et Chypre n’ont pas accepté, faute de devoir payer l’énergie trop chère, tant pour les industries que pour les ménages. Cette tentative maladroite et déraisonnable de torpiller l’approvisionnement énergétique de l’Europe du Nord comme du Sud met en exergue les contradictions de la politique européenne de Macron : d’une part, il se veut le champion du « couple franco-allemand » mais, d’autre part, empêche son partenaire soi-disant privilégié de s’approvisionner en énergie comme il l’entend, rendant automatiquement caduques toutes les belles déclamations du nouveau traité d’Aix-la-Chapelle qu’il a signé naguère avec Merkel sous les huées de gilets jaunes allemands, français et wallons. Ensuite, Macron a promis d’être le champion des « causes vertes » et de pratiquer des politiques écologiques, où le gaz, moins polluant, devrait toujours être préféré au nucléaire, au pétrole et au charbon. Une contradiction de plus et non des moindres. Enfin, alors qu’il devrait se montrer soucieux de tarir le mécontentement des gilets jaunes qui déstabilisent la France, il agit pour que l’énergie soit plus chère, car éventuellement dérivée du gaz de schiste américain, quand le peuple français se rebelle justement contre la hausse du prix de l’essence. Plus sévère encore à l’endroit de la politique anti-gazière de Macron est la géopolitologue française Caroline Galacteros : « Nous agissons comme si (…) nous n’avions nul besoin de nous mettre en ordre de bataille (entre Européens) pour projeter notre puissance de frappe commerciale collective vers le reste de la planète, afin de ne pas nous faire dévorer tout crus par Pékin et Washington. Bref on a tout faux… mais on fonce dans le mur avec l’assurance d’un taureau au front court se précipitant sur une muleta rouge pour finir lardé de banderilles meurtrières ». Fin de citation. L’UE, ajoute-t-elle, « paralysée par ses propres réglementations anachroniques, …, consent à son effacement de la carte des grands ensembles ». Pour Caroline Galacteros, Macron a agi par peur des pressions américaines, pour saisir une chance de plaire au « maître ».

Cette attitude ouvre bien entendu le dossier, crucial et inquiétant, du « parti américain » au sein des institutions eurocratiques qui, le 12 mars dernier, a encore voté une résolution antirusse présentée par une parlementaire lettone, Sandra Kalniete, dénonçant les présidentielles russes comme « non-démocratiques » : elle a obtenu 402 voix pour, 163 voix contre et 89 abstentions. Dans la plupart des cas, le parlement européen répète, à la lettre près, les accusations formulées par des ONG américaines. De même, quand l’Italie a formulé, pour la première fois, le désir de participer aux synergies de la « route de la soie », la Commission de Juncker lui a fait savoir que la Chine « est un rival qui promeut des modèles alternatifs de gouvernance » ( !), alors que, justement, tous ont besoin de gouvernance nouvelle ou rénovée, tant le « malgoverno » s’est généralisé en Europe depuis près d’un demi-siècle ! Manlio Dinucci, observateur des fluctuations géopolitiques dans le monde, dénonce dès lors « l’influence qu’exerce le ‘parti américain’, puissant camp transversal qui oriente les politiques de l’UE le long des lignes stratégiques USA/OTAN », avec le risque, s’empresse-t-il d’ajouter, « d’accepter très bientôt les missiles balistiques avec base à terre, soit de nouveaux euromissiles qui feront, une fois encore, de l’Europe la base et, en même temps, la cible d’une guerre nucléaire ». Nous revoilà revenu à l’année 1982 quand les Etats-Unis, en pleine guerre froide, voulaient déployer leurs missiles Pershing en Allemagne pour préparer l’Armageddon annoncé par Reagan, premier président américain à avoir réintroduit le discours biblique et apocalyptique dans l’exposition des buts de la politique internationale de Washington et à avoir abandonné le « réalisme » cher à Kissinger.

C’est ce « parti américain » que les formations politiques nouvelles, populistes de droite ou de gauche, devront empêcher de nuire dans l’avenir pour que les générations qui nous suivront puissent simplement survivre dans un monde de plus en plus multipolaire et de moins en moins européen. On parle d’une internationale des populistes en gestation, sans nécessairement s’entendre sur une définition précise de ce qui est populiste et ne l’est pas. On sait depuis le début du 20ème siècle que les partis se sclérosent, « s’oligarchisent », « se bonzifient », pour reprendre la terminologie polémique d’un observateur que l’on n’a cessé de citer depuis : Roberto Michels. La sclérose a indubitablement frappé les trois principales formations qui structurent le fonctionnement du parlement européen : les chrétiens-démocrates du PPE, les sociaux-démocrates et les libéraux. Ces trois ensembles ont répété à satiété la politique voulue et imposée par Washington, conduisant l’Europe dans l’impasse où elle se trouve aujourd’hui. Toute formation réellement politique se doit de dégager notre continent de cette cangue et de permettre son désenclavement géopolitique. C’est donc en politique étrangère, comme on l’a vu à Munich en février dernier, que ce dégagement et ce désenclavement devront s’opérer en premier lieu.

Les chrétiens-démocrates de Merkel, et leurs partenaires socialistes et libéraux, ont toujours joué la carte atlantiste or cette option est désormais grosse de dangers réels pour notre avenir, ceux qui nous précipiteront à coup sûr, s’ils ne sont pas conjurés dans les plus brefs délais, dans une irrémédiable récession. L’idéologie que véhiculent ces forces politiques du passé est une idéologie du sur place, de la répétition ad nauseam du même et encore du même dans un monde qui change à une vitesse désormais vertigineuse (celle de la 5G !). Cette idéologie de l’indécision et du débat stérile, théorisée par Jürgen Habermas, pratiquée par Verhofstadt et vulgarisée par Cohn-Bendit doit être balayée de nos horizons. Mais tous les populistes qui ont émergé dans les contextes nationaux des pays d’Europe, d’Ibérie aux rives de la Baltique, ont-ils conscience de ce double enjeu ? Ont-ils tous la volonté de sortir de la cangue de l’atlantisme ? Ont-ils tous viré leur cuti néolibérale ? Car, ne l’oublions pas, la science politique qualifie de « populiste » tout mouvement qui n’est pas strictement chrétien-démocrate, socialiste ou libéral, à la rigueur écologiste, et qui sera, dès lors, disqualifié par les médias dominants qui lui colleront l’étiquette de « populiste ». Or Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce voire Mélanchon en France sont aussi étiquetés « populistes », tout en bénéficiant d’une certaine mansuétude de la part des médiacrates et des intellocrates parce qu’ils sont des « populistes de gauche », non hostiles à la vague migratoire donc peu susceptibles de gagner des voix en suffisance et de défier effectivement  les trois pôles politiques majeurs en place dans les institutions eurocratiques.  Seule Sarah Wagenknecht avait des chances dans une fraction des gauches allemandes de parfaire une politique populiste de gauche efficace mais elle a démissionné et a quitté la scène politique. Macron, en se dégageant du parti socialiste de Hollande et en n’empruntant pas la voie du sarkozisme, est considéré, lui aussi, comme un « populiste », un « populiste néolibéral », un peu comme Bolsanaro au Brésil mais en moins vigoureux, en moins machiste.

L’Internationale populiste, crainte par les Merkel et les Macron de tous poils et acabits, verra le jour, c’est certain, car il est très probable que onze ou douze nationalités participeront à un groupe politique unique au parlement européen à la fin du mois de mai 2019. Mais cette nouvelle Internationale des nationaux sera-t-elle homogène sur le plan de la politique internationale et sur le plan d’une géopolitique européenne enfin ressuscitée ? Là est la question, l’épineuse, la lancinante question qu’il faut se poser aujourd’hui, à la vieille du grand scrutin. Agira-t-elle dans le sens des paroles fermes de Federica Mogherini à Munich en février, lors de la 63ème Conférence sur la Sécurité en Europe ? L’Internationale populiste, si elle est appelée à s’ancrer, à partir de mai 2019, dans le quotidien du parlement européen et à constituer un bloc antisystème au sein du système, doit être intransigeante sur la politique énergétique européenne, qui doit demeurer totalement indépendante de toute ingérence extra-européenne, doit être inflexible sur la politique iranienne de l’UE, sur la politique russe de l’UE, sur les relations que l’Europe souhaitera entretenir avec la Chine.

Tel est le programme, la ligne directrice incontournable qu’il s’agira de suivre. C’est ce désenclavement politique, géopolitique et idéologique auquel il faudra œuvrer sinon ce qui nous attend au tournant, et très vite, c’est la mort, lente ou rapide, dans la récession économique, dans l’implosion sociale et la submersion démographique.

Je vous remercie.

Bibliographie :

Articles anonymes :

lundi, 29 avril 2019

Que retenir de l’œuvre de Guillaume Faye?

L’essayiste Guillaume Faye est décédé le 6 mars dernier, la semaine même où son dernier essai en date, La Guerre civile raciale était officiellement lancé. Auteur prolifique, Faye s’était d’abord fait connaître dans les années soixante-dix-quatre-vingts pour son engagement au GRECE, fer de lance de la Nouvelle droite incarnée par Alain de Benoist.

gf-colooriginal.jpgAprès une quinzaine d’années de recul, Faye refit surface à la fin des années quatre-vingt-dix, alors que le mouvement identitaire, ou du moins ses idées, prenait une nouvelle orientation, se définissant de moins en moins comme « national-révolutionnaire » et davantage comme « identitaire ». La transition d’Unité radicale (UR) en Bloc identitaire, bien que causée par la dissolution d’UR illustre à merveille ce changement qui fut loin d’être superficiel.

Un des acteurs clefs de cette métamorphose fut sans conteste Guillaume Faye qui avec des essais et articles chocs remit de l’avant l’ethnicité au centre du combat. Refusant toute œillère, toute limite au débat, il prit le taureau par les cornes et appela un « chat » un « chat », alors que tant d’auteurs tournaient autour du pot pour éviter la diabolisation et l’ostracisme. Oui, le système était corrompu, américanisé, atomisé, mais le danger numéro un était la submersion migratoire, qui « s’accomplit autant par les maternités que par les frontières ouvertes ».

Avant que Renaud Camus n’invente le terme Grand remplacement, Faye avait déjà bien théorisé le phénomène. Avant que Merkel, Sarkozy et Blair n’admettent l’échec du multiculturalisme, Faye l’avait bel et bien énoncé.

Les troubles ethniques, la délinquance et l’émergence d’un Islam radical étaient en fait les prémices d’affrontements ethniques à venir. Bien avant les émeutes de 2005, il envisageait la recrudescence de ces actes, conséquences d’une assimilation impossible, car « une République, un Empire, un Royaume ne peuvent fédérer des peuples que si ces derniers sont ethniquement apparentés ».

gf-coloGB.jpgAux discours et à la vision métapolitique véhiculée par ses compatriotes, Faye opposait la dure réalité. Les conflits ethniques et la submersion migratoire n’auraient rien à voir avec les débats académiques opposant les tenants de la Révolution conservatrice contre les adeptes d’un socialisme européen. Cet intellectualisme minant le camp national était pour lui une tare. Les grands mots ne changeraient rien quand la situation dégénérerait.

Tout partait d’abord et avant tout du fait ethnique, de la survie des peuples européens qui est menacée sur leurs territoires ancestraux, leurs derniers retranchements. Le reste n’était que discussion stérile sur le sexe des anges.

Maintenant que l’on sait que dans les prochaines décennies les peuples européens seront minoritaires dans leurs propres pays, les prédictions de Faye ne tiennent plus des prophéties hypothétiques, mais bien d’une simple constatation.

Pourtant, il nous lançait un appel dans La colonisation de l’Europe, nous enjoignant de ne pas baisser les bras et de choisir l’action, la préparation des jours à venir : « Mais ne soyons pas excessivement pessimistes : la mémoire, l’identité et la volonté d’un peuple peuvent retrouver parfois des rejaillissements inattendus si une minorité rebelle maintient la flamme et procède, les temps venus, à un nouvel embrasement. »

Voilà ce qui à mon sens doit être retenu de l’œuvre de Faye, une œuvre brûlante par sa passion et par l’urgence qu’elle transmet.

L’Archéofuturisme de Guillaume Faye, éditions de L’Æncre, collection « Politiquement incorrect », dirigée par Philippe Randa, 266 pages, 31 euros. Pour commander ce live, cliquez ici.

L’Archéofuturisme de Guillaume Faye (Éd. L'Æncre).

L’Archéofuturisme de Guillaume Faye (Éd. L’Æncre).

samedi, 27 avril 2019

Guillaume Faye, un éveilleur : sa vie, son œuvre

Une conférence de Pierre-Emile Blairon

Ex: https://liguedumidi.com

Bonsoir, mes amis,

Merci de votre présence, merci à Richard Roudier de m’avoir invité pour évoquer le souvenir de l’un de nos plus chers amis disparus dans la nuit du 6 au 7 mars 2019 : Guillaume Faye ; c’est le 13 mars, dans un petit cimetière du Poitou, un jour pluvieux et triste, parmi des gens que je n’avais pas revu depuis des années, que je me suis posé la question :

Qu’est-ce qu’un ami ?

c’est quelqu’un à qui on ne demande rien, qui ne demande rien, dont on n’a pas besoin, qui n’a pas besoin de vous, que vous pouvez voir tous les jours ou tous les trois ans, mais qui est toujours là en permanence et dont on sait qu’il a une vie parallèle à la vôtre, qu’il a les mêmes réactions que vous sur tel sujet alors qu’il est à l’autre bout de la planète, c’est votre double, pas besoin de regarder sa photo, il suffit de se regarder dans une glace. Vous me direz, à quoi ça sert alors, un ami  ? ça sert à savoir que vous n’êtes pas seul au monde même quand ce que vous aimez le plus au monde, c’est votre solitude ; mais, dans notre milieu, un ami, c’est encore plus que ça ; parce que nous ne participons pas du monde tel qu’il est, parce que nous le rejetons et qu’il nous le rend bien ; parce que nous sommes une toute petite minorité de gens lucides et conscients ; l’amitié, dans le monde que nous vivons, c’est une fraternité d’êtres différenciés, comme disait Evola, les hommes qui restent debout parmi les ruines et, parce qu’ils sont lucides et conscients, souffrent plus que les autres de voir leur pays, l’une des cultures qui a apporté le plus au monde rabaissée au rang d’une république bananière, de voir un patrimoine européen vieux de plusieurs milliers d’années abandonné par ceux qui sont en charge de le préserver, voir le sol de leurs ancêtres souillé par des hordes de populations non-européennes qui ne respectent pas la terre qui les accueille.

Les Occidentalistes

Je suis de la génération de Richard ; pour situer, j’avais 20 ans en 68 ; nous avons commencé à militer à la fin des années 60 ; pour la plupart d’entre nous, nous n’avions pas des idées bien formées ; nos références dataient de l’après-guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie, nous étions nationalistes ou régionalistes, par atavisme et par intuition, mais nous n’avions pas de solide formation politique ou doctrinale, encore moins spirituelle, nous étions alors ce qu’on appelle des activistes, des militants de terrain. Nous avions surtout des modèles, des héros de l’histoire récente comme le capitaine Sergent, capitaine de la Légion, l’un des responsables de l’OAS, qui avait fondé le MJR, Mouvement Jeune Révolution où j’ai milité, après Occident et avant Ordre nouveau.

Nous étions alors des « occidentalistes », comme le nom même du premier mouvement militant auquel j’ai appartenu l’exprime, Occident, c’est-à-dire : la nation + l’Europe + l’Amérique, voire, pour certains, + Israël.

C’est lorsque j’ai appris, notamment grâce à Guillaume, à séparer l’Europe de l’Occident que je suis devenu un Européen régionaliste. Nous étions anti-marxistes, anti-gaullistes, anti-immigration, en fait plutôt anti tout que pro quelque chose, nous étions bien jeunes, bien ignorants et bien rebelles, mais nous avions déjà repéré quelques dysfonctionnements de l’époque et je me souviens de l’un des slogans d’Ordre nouveau : 3 millions d’immigrés = 3 millions de chômeurs, ce même slogan qu’on pourrait reprendre, en le multipliant par 5 : 15 millions d’immigrés=15 millions de chômeurs, ça doit d’ailleurs correspondre aux véritables chiffres qu’on nous cache.

Ceux qui militaient à l’époque dans ces groupes « natios » étaient au moins aussi contestataires de la société bourgeoise que leurs ennemis gauchistes de l’époque, les petit-bourgeois, fils de grands bourgeois, qui ont lancé la rébellion de mai 1968 ; la plupart des leaders de mai 68 sont maintenant aux postes-clés de cette société capitaliste et uniformiste qu’ils dénonçaient. Il faut dire que, de notre côté, très peu ont conservé les convictions de leur jeunesse ; la grande majorité de ceux qui militaient avec nous est rentrée dans le rang et s’est fondue dans la masse ; seule, une petite élite a continué le combat militant, les éveilleurs sont issus de cette petite élite.

C’est à cette même époque, vers 1968, qu’est apparu un groupe qui s’est appelé d’abord Europe Action, fondé par Dominique Venner, groupe issu, lui aussi, en partie de l’aventure algérienne, quand je dis « aventure », c’est au sens noble, je devrais dire plutôt épopée ; c’est avec eux et grâce à eux que, pour la plupart d’entre nous, nous avons alors reçu nos premières et solides formations politiques et métapolitiques ; et, à mon avis, ce qui est le plus important, c’est grâce à ce groupe que nous avons été confrontés à notre véritable identité, notre passé préchrétien de Gaulois, nous avons rencontré nos racines ; la base était alors construite, il ne restait plus qu’à construire la maison. Ce qui sera fait essentiellement par celui dont aujourd’hui nous célébrons la mémoire, Guillaume Faye.

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L’émergence d’un diable de sa boîte

C’est des rangs de ce groupe Europe-Action, lui-même en partie issu de la FEN, Fédération des étudiants nationalistes, qui s’est bientôt appelé GRECE, Groupe de Recherches et d’Etudes pour la Civilisation Européenne, puis « pour la Culture Européenne », qu’a émergé, je dirais plutôt surgi, tel un diable de sa boîte, un jeune homme fringant, bien mis, découvert par Venner, et qui a renversé les tables, toutes les tables, même celles de la Loi, avec sa fougue et son talent ; il se trouve que j’avais fait mes études à Aix, et que j’y suis resté pour y vivre, et le lieu de rencontre estivale du groupe était une grande maison, la Domus, près d’Aix-en-Provence. C’est là que j’ai rencontré pour la première fois celui qui allait devenir le brillant porte-parole de ce qu’on appellera plus tard la « Nouvelle droite » et son inventif théoricien. Je me souviens que, déjà, à l’époque, il n’était pas seulement un intellectuel ; il avait aussi le don du théâtre et de la farce et il nous enchantait avec des saynètes qu’il improvisait pour nous faire rire.

Mais plus de 40 ans après, l’Histoire émet son verdict : Guillaume Faye était bien plus que ça.

Guillaume Faye, un éveilleur

Guillaume Faye était un éveilleur. Les éveilleurs sont des hommes qui viennent de cet autre monde parallèle au nôtre, un monde immanent, immuable, permanent, pour accomplir une mission. Ces hommes-là n’ont pas d’autre préoccupation que de transmettre leur savoir et leur énergie ; leur vie entière est consacrée à cette transmission. Les éveilleurs apparaissent à des périodes critiques de l’Histoire, lorsque tout est chamboulé, que toutes les valeurs sont inversées, que la situation semble désespérée ; ils font passer leur mission avant leur propre personne, leur intérêt personnel, leur confort ; leur règle d’or est celle-ci : fais ce que tu dois, sans préjuger de la réussite. La famille des La Rochefoucault en avait fait sa devise : « Fais ce que dois, advienne que pourra ».

J’ai eu la chance de connaître les principaux éveilleurs français contemporains, certains qui furent mes amis et qui le sont toujours, je pourrais citer, outre Guillaume, Marc Augier, que j’ai rencontré quelques temps avant sa mort à Lyon, Jean Mabire, Robert Dun, de son nom véritable Maurice Martin, Pierre Vial que je rencontre régulièrement, tout comme Paul-Georges Sansonetti ; et vous avez la chance dans votre région d’avoir toute une famille d’éveilleurs, ce qui n’est pas banal, les Roudier ! Au moins deux générations de Roudier, de guerriers qui se battent comme des lions pour notre cause.

Guillaume Faye possédait toutes les caractéristiques de l’éveilleur, comme tous ceux que je viens de citer.Un éveilleur est d’abord un transmetteur, il peut être un exemple, un modèle, voire un maître, mais ce n’est pas un gourou.

Ce n’est pas un intellectuel non plus, tel qu’on l’entend de nos jours, un éveilleur n’est pas là pour perdre son temps à des discussions sans fin sur le sexe des anges ; un éveilleur est un réaliste, même s’il peut apparaître comme mystique. Il a une mission qu’il connaît et qu’il doit accomplir, il est sur cette terre dans cet unique but. Tout le reste n’est que contingence accessoire. Quand il parle ou quand il écrit, il n’emploie pas des mots que personne ne comprend, comme ces pseudo-intellectuels qui ont besoin de pratiquer un quelconque jargon pour faire croire qu’ils sont intelligents, ou pour bien faire comprendre au petit peuple qu’ils font partie d’un cénacle fermé, c’est ridicule et pathétique ; l’éveilleur n’a pas besoin de ces artifices. Il ne cherche pas à se distinguer par la recherche de la nouveauté à tout prix, de toutes façons, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

gfsysteme.jpgCe n’est pas un philosophe, autoproclamé ou pas, même s’il est amoureux de la sagesse, comme l’indique le mot lui-même, mais ce mot a subi tellement d’avatars qu’il ne veut plus dire ce qu’il exprime.

Un éveilleur n’est pas un « rebelle » : les rebelles sont toujours des pseudo-rebelles, pas plus rebelles que leurs mèches qu’ils rejettent en arrière avec affectation, rebelles de salons… de coiffure, velléitaires qui se donnent des frissons à bon compte mais qui tiennent avant tout à leur confort matériel et à leur image de marque. Un éveilleur n’est pas un rebelle, c’est un révolutionnaire.

Un éveilleur est un homme simple, modeste, il n’a pas besoin de se mettre en avant ; seuls, les personnes qui se sentent en situation d’infériorité ont besoin de se hausser du col. Il est complètement dépourvu de vanité, il ne souffre pas de narcissisme ni d’ego surdimensionné, car cet état est une véritable maladie, une pathologie bien définie par la science médicale dont sont atteints la quasi-totalité des individus appartenant aux classes dirigeantes. Quand je parle de classes dirigeantes, je ne pense pas seulement aux politiques, mais aussi aux médias, aux syndicats, aux magistrats, aux banksters, aux ONG, aux publicitaires, aux associations, aux multinationales, aux saltimbanques, etc.

Un éveilleur peut s’exprimer de différentes façons, selon son caractère ou les dons que les divinités ont mis à sa disposition pour transmettre le message qu’elles lui ont confié. Guillaume était, entre autres, un éveilleur provocateur.

Guillaume le provocateur

Guillaume Faye a été traité de provocateur, notamment par Martial Bild, lors de sa dernière intervention télévisée, dans un entretien accordé à TV Libertés. Ce à quoi Guillaume a répondu : « mais je suis là pour provoquer ; provocation, c’est un mot qui vient du latin provocare : inciter les autres à vous répondre, à réfléchir. » En quelque sorte, l’éveilleur Faye voulait vérifier sur-le-champ le résultat de son travail, un éveilleur, comme son nom l’indique consiste à réveiller les hommes endormis, à balancer un grand seau d’eau sur la tête de celui qui dort. C’est aussi celui qui empêche un homme perdu dans un désert de glace en haute montagne, par exemple, de s’endormir, celui qui s’endort dans un tel contexte est un homme mort. Et nous sommes dans ce contexte. A l’heure actuelle.

Je me souviens d’avoir été expulsé d’un restaurant en compagnie de Guillaume parce qu’il émettait haut et fort des considérations qui n’étaient pas du tout politiquement correctes et les gens de la table à côté, après avoir essayé de le faire taire, ce qui l’a mis encore plus en forme, ont demandé au tenancier du bistrot de nous faire sortir sous peine d’appeler la police, forts de leur bon droit, du sentiment qu’ils avaient d’être dans la bien-pensance universelle. Ce qui s’est passé, parce que le bistrotier ne voulait pas de scandale, parce qu’il nous a demandé gentiment de déguerpir, ce que nous avons accepté, tout aussi gentiment. A ma connaissance, Guillaume ne s’est jamais fait casser la figure, ce qui aurait pu lui arriver plusieurs fois mais je me suis aperçu – parce que, à son exemple, je continue encore à pratiquer ce type de provocation avec d’autres amis – je me suis aperçu que les gens sont trop timorés pour oser répliquer, ils se demandent qui sont ces vieux fous avec ces drôles d’idées, et puis parce qu’ils n’ont pas d’arguments. La propagande antiraciste a fait des ravages sur les Français. Ils sont atones, muets, décérébrés, ahuris.

C’est l’un de mes désaccords avec Guillaume : la thèse d’un sursaut révolutionnaire global des Français qu’il soutient dans son dernier livre, La Guerre civile raciale ; je crois, moi, que les Français sont trop anesthésiés pour se révolter ; la révolte des Gilets jaunes n’aborde jamais, ou très peu, le problème crucial de l’immigration parce que c’est un sujet tabou. Il y a eu juste quelques manifestations contre le Pacte de Marrakech pendant une courte période. Je crois plutôt que le réveil, si réveil il y a, se fera grâce à une minorité d’hommes différenciés, lucides et combatifs, qui combattront sans états d’âme. Mais, bien sûr, je peux me tromper et il peut avoir eu raison. L’avenir très proche nous le dira, nous n’allons pas attendre bien longtemps pour le vérifier. Sans sursaut révolutionnaire, nous allons disparaître physiquement, sauf à nous enfuir vers un pays de l’Est.

Un talent aux multiples facettes

Le génie de Guillaume Faye s’est exprimé de différentes façons et à diverses époques. Mais la structure de sa pensée est homogène ; quoiqu’on en ait pensé, il ne s’est jamais contredit.

On pourra remarquer, à travers les choix stratégiques qu’il a faits tout au long de sa vie et qu’il a martelés dans son œuvre, une évolution qui s’est faite du haut vers le bas, du concept idéologique vers la réalité du terrain. Guillaume Faye était un militant de terrain : toute son œuvre ne vise, finalement, qu’à suggérer les solutions d’urgence et à définir les modalités nécessaires à leur application réaliste et efficace. Guillaume se réclamait d’Aristote, ce philosophe pour lequel tout devait être démontré.

Guillaume s’est investi dans de nombreuses activités très différentes où il a excellé dans chacune d’entre elles.

C’était d’abord un orateur brillant et passionné, son discours souvent improvisé était marqué par des fulgurance géniales qu’il découvrait en même temps que le public et dont il s’émerveillait lui-même ; la plupart des conférenciers ont besoin de suivre une trame, comme moi qui suis incapable de parler sans notes, à moins d’oublier la moitié de ce que je m’étais promis de dire ; un bout de papier suffisait à Guillaume, et encore faut-il rappeler que je ne l’ai pas vu démarrer une conférence sans une bonne dose de son carburant préféré, bière ou vin.

Skyman-Faye-min.jpgPendant une période qui a quand même duré dix ans, de 1987 à 1997, Il a été un animateur de radio reconnu sous le nom de Skyman, et aussi de télévision sur France 2 où il imaginait des canulars dans l’émission Télématin. Il a aussi, pendant cette même période, collaboré à des revues de bandes dessinées comme L’Echo des savanes, en compagnie d’auteurs plus ou moins déjantés généralement situés à l’extrême-gauche.

Il reprendra ses activités militantes de conférencier, de journaliste et d’auteur en 1997, quand il réintégrera le GRECE, après en avoir été séparé pendant dix ans. En ce qui concerne son activité littéraire, outre ses très nombreux articles dans diverses revues de la mouvance, il a écrit 28 livres en trois périodes, la première de 1981 à 1987, la deuxième hors circuit métapolitique de 1987 à 1997 et la troisième de 1998 à sa mort ; il sera une nouvelle fois exclu du GRECE en 2000. A cause de la parution de son livre La Colonisation de l’Europe qui aurait été jugé trop politiquement incorrect pour la direction du GRECE.

Il y a une logique chrono-logique dans le déroulement de sa production littéraire : la première période correspond à l’élaboration d’un corpus doctrinal avec son premier livre : Le Système à tuer les peuples paru en 1981 et avec un livret très intéressant qui s’appelle L’Occident comme déclin paru en 1984.

La deuxième période présente pour nous moins d’intérêt, sauf pour les passionnés de BD.

La troisième période va voir arriver un char d’assaut avec L’Archéofuturisme et les premiers pamphlets contre l’islam, comme La Colonisation de l’Europe, paru en 2000, pamphlets qui vont devenir, dans son dernier livre, La Guerre civile raciale, un réquisitoire contre l’invasion de l’Europe par les masses musulmanes du Maghreb et de l’Afrique noire sub-saharienne.

L_Archeofuturisme.gifLa pensée de Guillaume suivait très exactement l’évolution de la situation et il réagissait comme un général sur un champ de bataille, un général qui maîtrise l’ensemble des paramètres minute après minute et qui prend des décisions que la plupart de ses subordonnés ne comprennent pas. Ses lecteurs et ses amis ont souvent été désarçonnés par ce qu’ils croyaient être des revirements ; il n’en était rien ; Guillaume Faye se portait à l’assaut exactement là où les défenses faiblissaient et là où elles avaient besoin de renfort. Petit à petit, il a pointé très exactement – comme une « frappe chirurgicale » – le danger le plus important, écartant tous les autres et préconisant des alliances momentanées, avec Israël d’abord, ce qui n’a pas plu à tout le monde ; le danger auquel on devait prêter toute notre attention et tous nos efforts étant le Grand remplacement des populations européennes par des populations africaines manipulées et rassemblées par la religion musulmane. Dans son dernier livre paru post mortem, Guillaume ne fait plus la distinction entre islam et islamisme, il emploie donc le terme générique de « musulman ». J’ai acheté ce dernier livre à Daniel Conversano, son dernier éditeur, qui l’a tiré du coffre de sa voiture, dans l’enceinte même du cimetière où a été inhumé Guillaume. C’était encore une façon de lui rendre hommage.

Les grands thèmes de l’œuvre de Guillaume Faye

On peut dégager de l’œuvre de Guillaume Faye quelques grands thèmes qu’il a portés en lui tout au long de sa vie et qu’il a répété dans presque chacun de ses livres et de ses interventions ; c’est une constante qu’on trouvera chez tous les artistes et tous les auteurs qui ont un message à transmettre ; ils vont le marteler pour que ça rentre bien dans la tête, dans les yeux, dans les oreilles. Nous avons fait nôtres la plupart de ces thèmes qui constituent l’essentiel de nos combats et de nos conversations.

La lutte contre l’uniformisation et le mondialisme :

Dans les années 70, c’était surtout les Etats-Unis qui nous imposaient leurs diktats marchands et leur société du tout-à-jeter ; le règne de la quantité s’est étendu à l’ensemble de la planète.

Le clivage gauche-droite qui subsistait encore à la fin du siècle dernier n’est plus de mise ; nous avons pris conscience que la lutte se situait entre deux pôles extrêmes : les mondialistes contre les identitaires, l’uniformisation du monde contre la préservation des terroirs, la nature contre l’artificiel, le localisme contre la zonification des espaces.

gfndne.jpgL’Europe

Pour Guillaume Faye, l’Europe ne représente pas seulement la puissance qui a façonné le monde par sa créativité et son génie technique. Elle est aussi, dans la diversité de ses peuples, le dernier drapeau du monde blanc. La première chose à faire et qui fut faite essentiellement par Guillaume était de bien distinguer le monde occidental, qui allait devenir celui de Big Brother qui nous prépare un gouvernement mondial, du monde de la Tradition plurimillénaire, celui des racines sans lesquelles rien ne peut croître. L’Europe, non pas celle de Bruxelles, qui n’est qu’un relais de ce mondialisme, mais la véritable Europe du sang et du sol, celle du monde blanc qui se dresse contre le monde gris des mondialistes, des marchands et des esclaves.

L’ethnomasochisme

Ce terme a été inventé par Guillaume et il est passé dans le langage, je ne dirai pas courant, mais averti, le langage de ceux qui tiennent à bien définir les comportements ; les Européens ont été soumis à une propagande intensive qui a consisté à leur enlever tout sentiment de fierté de leur propre histoire, de leur culture, de leur patrimoine, de la beauté de leurs peuples, de la beauté de leurs créations, de la beauté de leurs femmes, de la beauté de leurs paysages, de la beauté tout court. Ils se sont laissés prendre à ce piège morbide qui ne vise qu’à les faire disparaître, étape par étape, les privant de toutes leurs raisons de vivre et les acculant au suicide comme c’est le cas pour nos paysans.

La convergence des catastrophes

Guillaume Faye, à la suite du mathématicien français René Thom, établit la menace d’une convergence des catastrophes, catastrophe démographique, catastrophe épidémique, catastrophe naturelle, guerres, famines, catastrophes écologiques, suicide des peuples, etc.

gfccat.jpgLa convergence des catastrophes a des racines plus anciennes si l’on se reporte à un temps plus long, dans l’histoire sacrée des dieux plutôt que dans l’histoire récente des hommes, l’histoire profane. Toutes les anciennes traditions qui fonctionnent selon le système cyclique ont évoqué ce type de catastrophes ultimes dans le passé ; il suffit de lire Eliade, Daniélou, Evola ou Guénon pour s’en convaincre. La convergence des catastrophes, pour nos anciens, se manifeste par une conjonction de cycles astrologiques, les petits s’emboîtant dans les grands et qui, à un moment, se rejoignent tous pour arriver à leur fin pour ensuite repartir de plus belle, tout comme les aiguilles d’une montre se rejoignent sur le 6 (le 666) pour remonter ensuite toutes ensemble à des vitesses différentes. Guillaume m’avait d’ailleurs fait la surprise – je ne sais pas si c’est pour me faire plaisir – de citer un de mes articles sur le sujet dans sa Convergence des catastrophes, qu’il avait signée Corvus, mais je doute qu’il ait été vraiment convaincu par les références appuyées aux anciennes traditions de ce texte. Il s’agissait d’un article de la revue Roquefavour que j’éditais à l’époque, article datant de 2004, que j’ai repris ensuite dans mon livre La Roue et le sablier.

L’archéofuturisme

Pour Guillaume Faye, L’Archéofuturisme, selon ce qu’il en dit en dernière de couverture de ce livre paru en 1998, est « un livre où il est exposé que nos racines ont de l’avenir si nous savons les métamorphoser et les projeter dans le futur. » On retrouve là une image intellectuellement élaborée d’un processus naturel : tout simplement le destin d’un arbre qui a besoin de ses racines pour croître et embellir avec ses feuilles et ses fleurs, ou une référence à la première invention humaine : le concept de la roue, un monde en mouvement qui tourne autour d’un moyeu immobile, gardien des valeurs éternelles. Politiquement, on peut rapprocher le concept d’archéofuturisme de celui de conservateur-révolutionnaire, qui paraît antinomique mais qui est la condition même de la vie humaine.

A signaler que Julius Evola s’était investi en tant que peintre futuriste dans ce mouvement éponyme créé par le peintre italien Marinetti.

tech.jpgLa technoscience

Guillaume prônait les vertus de la technoscience. Il est vrai que l’Europe a donné au monde la technique, sorte de prothèse artificielle visant à remplacer les attributs que les hommes ne possèdent pas (ou ne possèdent plus) naturellement. Cette frénésie technologique a envahi toutes nos sphères de vie, du plus petit électroménager jusqu’aux fusées Ariane dans des conditions qui n’ont pas toujours été guidées par le sens de la mesure qu’affectionnait Guillaume en tant que disciple de Socrate, et cette dernière affirmation est vraie, même si elle peut faire sourire à son propos. Guillaume avait élaboré une sorte de philosophie pré-transhumaniste romantique exaltant ce génie technique européen mais, ce faisant, il gommait le danger véritable du schéma transhumaniste visant à transformer l’Homme en une sorte de robot obéissant à quelques savants fous financés par quelques milliardaires tout aussi dérangés qui dirigent la planète. Tout comme il s’était fait le chantre des valeurs surhumanistes et prométhéistes qui nous ont conduits à la froide technocratie de nos élites et au gigantisme sans âme de nos villes.

L’islam

Guillaume avait donc bien désigné l’Islam, tout au long de son œuvre, comme l’ennemi prioritaire, dont il faut se débarrasser de toute urgence ; l’islam qui n’est pas seulement une religion, mais tout un système totalitaire qui règle chaque geste des croyants et qui est investi d’une mission prosélyte et de soumission de la terre entière à ses vues, ce qui définit l’islam comme une secte dangereuse.

Sa vie

Il me reste à évoquer la vie de Guillaume qui n’a pas été un long fleuve tranquille.

J’ai écrit dans un article après sa mort : « C’était un météore, brûlant sa vie de mille feux. Un météore est un corps céleste qui ne touche jamais terre et qui disparaît en se consumant. »

Issu de la grande bourgeoisie, il en rejettera très vite les « idéaux conformistes et matérialistes » comme il le disait lui-même. Dès lors, sa vie sera continuellement en butte aux jalousies et injonctions de rentrer dans le rang ; « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux », chantait Georges Brassens. Il faut dire que Guillaume Faye n’a rien épargné aux bourgeois et aux censeurs, lesquels n’ont pas manqué de le lui rendre.

Il était diplômé de Sciences-Po et s’était engagé très vite dans la métapolitique puisqu’il n’avait que 21 ans lorsque Dominique Venner l’a appelé au sein du GRECE en 1970 ; ce qui fait qu’il n’a jamais eu la possibilité d’envisager une vie rangée dépourvue de soucis matériels que sa vive intelligence et sa culture auraient tôt fait de porter à de hautes fonctions. Mais l’a-t-il voulue, cette vie paisible ?

La seule fois où il aurait pu composer avec le Système, c’est lorsque sa brouille d’avec le GRECE en 1986 conduisit à la séparation et qu’il vécut sa parenthèse showbizz ; il n’a jamais voulu passer sous les fourches caudines de ce monde qu’il exécrait et, lorsqu’il l’a fait à cette occasion, il l’a fait de manière parodique, pour s’en moquer et se moquer de tous ceux qui participaient à sa pérennité.

D’après le long article que Robert Steuckers vient de faire paraître sur Guillaume, ceux qui l’ont appelé à s’investir corps et âme au sein du GRECE l’auraient gratifié d’un SMIC qui ne lui aurait jamais permis de s’autoriser quelque fantaisie que ce soit et je rajoute que ce n’est pas la vente de ses livres qui lui permettait de vivre décemment.

Un statut qu’il acceptait néanmoins car il lui permettait de développer en partie ses idées et d’accomplir sa mission.

Très vite, en effet, notre mouvance s’est aperçue du génie de Guillaume, de cette capacité de réinventer le monde à chaque instant, de s’adapter à ses aléas et de s’insérer harmonieusement à son mouvement perpétuel, ce qui constitue l’un des grands caractères de la culture celte dont Jean Markale avait si bien perçu les contours. Guillaume Faye était né à Angoulême, en pays charentais, pays des celtes Santons et Pétrocores, le 7 novembre 1949.

Guillaume-Faye-pour-le-cercle-georges-sorel-proche-dER-18-mai-2012-Paris-min.jpgSelon Pierre Vial et Robert Steuckers, les deux ruptures successives d’avec le GRECE l’ont traumatisé -.il n’a jamais abordé le sujet avec moi, par pudeur ? – son caractère impulsif peut l’avoir amené à blesser certaines personnes dans la fougue de ses réactions, mais il en prenait conscience et il le regrettait rapidement. Il est devenu alors un garçon fragile et vulnérable qu’on aurait dû protéger et non pas accabler.

Pierre Vial écrivait à son sujet : « Quand le divorce avec certains hiérarques de la Nouvelle Droite est devenu inévitable, il a été touché au plus profond de son être et nous avons été peu nombreux à nous en rendre compte. Il y avait en lui des blessures qui ne se sont jamais refermées. Les dérives dans lesquelles il s’est noyé, ensuite, ont largement là leur explication, j’en suis persuadé. »

Et Steuckers rajoutait : « Vial, en quelques phrases parfaitement ciselées, a bien mis le doigt sur le tréfonds de la problématique psychologique qui fut celle de la personne Faye, sur cette tristesse indicible et immense, inguérissable, qui l’avait transformé lentement et fait, du garçon généreux, joyeux et curieux qu’il était, un homme qui a basculé dans la farce pendant dix ans mais a voulu en sortir, un homme vieilli avant l’âge, miné par un mal sournois. »

C’est encore Robert Steuckers qui me donnera le mot de la fin lorsqu’il faisait remarquer que Guillaume était enterré dans le cimetière du vieux village sur la commune duquel s’est installé le site du Futuroscope. Archéo et futurisme. Tout un symbole !

Guillaume restera pour ses amis le bienveillant et jovial compagnon dont ils auront essayé de préserver, tant bien que mal, la fragile mais flamboyante destinée.

Pierre-Emile Blairon

Pierre-Émile-Blairon.jpgPierre-Émile Blairon réside près d’Aix-en-Provence.
Il partage ses activités littéraires entre deux passions :
– La Provence – il anime la revue Grande Provence, il a écrit deux biographies sur deux grands provençaux : Jean Giono et Nostradamus et Le Guide secret d’Aix-en-Provence.
– Les spiritualités traditionnelles – Il anime la revue Hyperborée qui se consacre à l’histoire spirituelle du monde et à son devenir. La Roue et le sablier résume la vue-du-monde de l’auteur et des collaborateurs de la revue.

vendredi, 05 avril 2019

N'oublions jamais GUILLAUME FAYE !

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N'oublions jamais GUILLAUME FAYE !

Salut les amis ! Je sais que vous m'attendiez mais je reviens pour une mauvaise nouvelle. Guillaume Faye, intellectuel identitaire est décédé. C'était l'un de mes mentors et aussi un ami. Je ne vous demande pas de liker cette vidéo, ni de commenter, ni de la partager. Mon but n'est pas de surfer sur la mort de Guillaume mais, au contraire, c'est ma manière de lui rendre hommage. Tu resteras à jamais dans mon coeur mon ami Guillaume. C'est en te lisant que nous nous rappellerons à quel point tu avais de l'avance sur ton temps, à quel point tu as été une Cassandre pour les générations à venir. Repose en paix Guillaume Faye !
 
L'hommage de VV en fin de vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=BTPMn...
 
Pour se procurer les livres de Guillaume Faye : https://www.amazon.fr/Livres-Guillaum...
 
Pour se procurer son dernier livre "Guerre Civile Raciale" : https://guillaume-faye.fr/
 

dimanche, 31 mars 2019

Guillaume Faye (1949-2019)

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Guillaume Faye (1949-2019)

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Frappé par une longue et cruelle maladie, Guillaume Faye est mort dans la nuit du 6 au 7 mars 2019. Il venait juste d’achever Guerre civile raciale, son testament politique. Cet incontestable agitateur des idées de la fin des années 1970 jusqu’à sa disparition interrompit toute action métapolitique entre 1987 et 1998. Il travailla alors au magazine satirique L’Écho des Savanes et réalisa en tant que Skyman « le vengeur masqué » des canulars téléphoniques à la radio.

Avec son retour métapolitique tonitruant en 1998, Guillaume Faye prend des positions contraires à son engagement antérieur. L’idée européenne demeure cependant un axe fort de sa réflexion. Dans Mon programme (Éditions du Lore, 2012), il constate que « l’UE détruit l’Europe et chacune de ses nations. Il faut refonder l’idée européenne (p. 37) ». Déjà, en 1985, il jugeait que « l’Europe, au fond, n’a jamais vraiment existé. Ce n’est pour l’instant qu’un mythe que bien des puissances dans le monde ont intérêt à ne jamais voir se réaliser. La France, qui a tenté à plusieurs reprises dans son histoire de porter ailleurs ce mythe impérial parce que, depuis fort longtemps, elle le porte en elle-même mais ne peut pas le réaliser pour elle, trouve là, peut-être, pour la première fois depuis bien longtemps, le sens profond de sa mission (« La France en Europe », dans Actes du XIXe colloque national du GRECE, Le Labyrinthe, 1985, p. 70) ». Il avait très tôt compris la nécessaire concordance entre la France et l’Europe. « “ Je suis Français parce qu’Européen ”. […] L’identité culturelle européenne doit conditionner l’identité française et l’englober (Idem, p. 63). » Il avançait même qu’« il appartient à la France d’être le point de départ, l’initiatrice d’une nouvelle forme d’unité européenne. […] Veilleur de l’Europe, notre pays doit aussi et par conséquent en être l’éveilleur. […] La fonction de la France est d’être le détonateur de l’Europe (Id., pp. 57 – 58) ».

Auteur d’un Nouveau discours à la nation européenne (Albatros, 1985) préfacé par Michel Jobert, Guillaume Faye pense toutefois que « l’Europe […] n’est qu’en décadence (« Dans les replis du déclin : la métamorphose », dans Actes du XVIIIe colloque national du GRECE, Le Labyrinthe, 1985, p. 70) », car elle « ne souffre que du “ mal d’Occident ”. Qu’elle se dégage, en une faustienne auto-transformation, de cette civilisation et de cette tradition qu’elle a elle-même fondées, et qu’elle suive la voie – tragique et infidèle – de son destin, et elle connaîtra, comme toujours, une renaissance, un “ miracle ”. Je crois profondément que l’Europe est immortelle si les Européens se remettent à croire que leur tradition est inscrite dans l’avenir. Nous traversons en ce moment une de ces nuits que nous avons souvent connues dans notre tumultueuse histoire et dont nous sommes toujours sortis au prix d’une extraordinaire mutation de nous-mêmes (Id., p. 72) ».

Il relève par ailleurs que « géopolitiquement située au centre des terres émergées, dotées de la plus grande densité de savoir-faire et de capital technologique, elle constitue un objet de convoitise permanent (« Faire éclater le Système », dans Actes du XVIIe colloque national du GRECE, Le Labyrinthe, 1984, pp. 26 – 27) », d’où ses appels incessants à fonder une Europe vraiment politique. Dans Mon programme, il propose une union confédérale des gouvernements d’Europe favorable à « la création progressive d’une Communauté européenne de Défense (CED) destinée à se substituer à terme à l’OTAN et comprenant deux volets : un état-major central de coordination des forces armées de l’Union, l’Organisation du pacte européen de défense (OPED) et, en plus des armées nationales, l’Euroforce, une force armée européenne commune intégrée (p. 49) ». Puisque « le bouclier nucléaire américain est un leurre (Mon programme, p. 186) », « tout agresseur extérieur contre un pays membre de l’UE est suceptible de subir une riposte nucléaire française (Id.) », ce qui reviendrait à sanctuariser l’Europe par la France… Sachant que le diable porte pierre, Emmanuel Macron aurait tout intérêt à découvrir l’œuvre de Guillaume Faye.

Celui-ci affine encore sa vision de l’Europe dans L’Archéo-futurisme (L’Æncre, 1998) et dans Pourquoi nous combattons. Manifeste de la Résistance européenne (L’Æncre, 2001). Si pour lui, « l’Europe est notre véritable patrie, culturelle, historique, ethnique, civilisationnelle, qui surplombe et englobe les patries nationales ou les patries charnelles. Il s’agit de faire enfin de l’Europe un sujet de l’histoire (Pourquoi…, p.121) », il la dissocie de l’Occident moderne au nom d’un paradigme géopolitique continental révolutionnaire, l’Eurosibérie, soit « l’espace destinal des peuples européens enfin regroupés, de l’Atlantique au Pacifique, scellant l’alliance historique de l’Europe péninsulaire, de l’Europe centrale et de la Russie (Id., p. 123) ». Cette vision ne se confond pas avec l’eurasisme.

Il prévenait enfin dès 1981 que « le grand conflit des temps à venir n’opposera plus le capitalisme au socialisme, mais l’ensemble des forces nationales, culturelles, ethniques, à la machine cosmopolite du Système occidental, qui substitue aux territoires ses “ zones ”, aux souverainetés ses régulations économiques, aux cultures son dressage de masse (« Les systèmes contre les peuples », dans Actes du XVe colloque national du GRECE, Le Labyrinthe, 1982, p. 45) ». La Grande Nation européenne aurait dû dès lors se trouver en première ligne, car « la raison d’être d’un peuple, c’est de laisser sa marque dans l’histoire, dans l’espace continental et dans l’espace du temps, qui est aussi celui de l’esprit. Nous voulons laisser une trace (Id., p. 54) ». Malgré l’incroyable silence des médiats officiels toujours prompts à saluer la mémoire du premier histrion venu, il ne fait guère de doute que Guillaume Faye laissera lui aussi une trace qui conduira vers l’aurore tant attendue du Grand Midi boréen.

Georges Feltin-Tracol.

• Chronique n° 24, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 26 mars 2019 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

vendredi, 29 mars 2019

Au revoir, Guillaume Faye, après 44 ans de combat commun !

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Robert Steuckers :

Au revoir, Guillaume Faye, après 44 ans de combat commun !

J’ai appris le décès de Guillaume Faye, peu avant midi, à la Gare de Lyon, au moment de partir en mission à Genève, où se tenait une réunion patronnée par Maître Pascal Junod et un colloque de « Résistance Helvétique », sous la direction de David Rouiller et où j’allais rejoindre Pierre Krebs et Tomislav Sunic. Je n’ai pu m’empêcher de penser à un détail qui m’est revenu soudainement à l’esprit : j’ai appris sa mort à l’endroit même où il fut photographié pour le Figaro Magazine en compagnie de Roger Lemoine, alors Président du G.R.E.C.E. : l’hebdomadaire de Louis Pauwels le présentait comme celui qui allait faire un Tour de France pour vendre la « nouvelle droite », alors en plein envol.

az-sc.jpgPersonnellement, j’ai vu Guillaume Faye pour la première fois à Lille, en 1975, alors qu’il prononçait une conférence sur la dangereuse dépendance énergétique de l’Europe. Ses arguments étaient factuels, concrets, et me rappelaient un auteur célèbre que j’avais déjà intensément pratiqué au sortir de l’adolescence : Anton Zischka (1904-1997). J’avais lu plusieurs de ses ouvrages, trouvés chez des bouquinistes ou lus dans la bibliothèque du patron de mon père, le Comte Guillaume de Hemricourt de Grunne (1888-1978). Pour un mémoire de fin d’études secondaires (en 1974), j’avais compulsé un ouvrage de cet auteur prolixe sur l’Europe centrale et orientale. Zischka parlait avec précision des faits de monde, sans fioritures idéologiques, et je viens de lire, quarante-cinq ans plus tard, qu’Ernst Jünger avait un jour vanté son style, avait écrit qu’il savait saisir l’essentiel et le communiquer à ses lecteurs, qu’il était un grand « synopticien » (ein grosser Synoptiker). Tel était aussi le Guillaume Faye des années 1970, qui avait un autre point commun avec Zischka : celui-ci pensait que les sciences et les techniques pratiques étaient capables de résoudre les problèmes politiques, géopolitiques et agro-alimentaires des peuples, à condition que l’on jette les « nuisances idéologiques » aux orties. Guillaume Faye en était persuadé même si, personnellement, dans la vie quotidienne, il ne savait pas utiliser des objets électriques, mécaniques ou techniques un tant soit peu sophistiqués. Je ne suis pas beaucoup plus fortiche que lui en ces domaines.

element-carré.jpgQuelques mois plus tard, je revois Faye dans une salle de l’hôtel Ramada, Chaussée de Charleroi à Saint-Gilles, en compagnie de Georges Hupin, Alain Derriks, Frédéric Beerens, Piet Tommissen, etc. Légèrement éméché, Guillaume brosse un résumé succinct de l’impérialisme américain et présente le nouvel axe de combat du G.R.E.C.E ., celui de l’anti-occidentalisme, annoncé dans le copieux numéro de Nouvelle école sur l’Amérique, dû essentiellement aux vues de Giorgio Locchi, qu’il considérait comme son maître. Allait suivre dans la foulée le numéro d’Eléments, titré « Non à la civilisation occidentale » et dont la couverture était rehaussée par la reproduction d’une belle et étonnante peinture d’Olivier Carré, représentant une statue de la Liberté en phase de décrépitude. L’anti-occidentalisme de notre vision du monde était lancé. Mes camarades et moi trouvions enfin des alliés pour ce combat que nous entendions bien entamer mais sans encore avoir mis de l’ordre dans nos intuitions. Faye arrachait ainsi la future « nouvelle droite » à toutes les ambigüités plus ou moins occidentalistes qui semblaient encore coller à son discours au début des années 1970. Ce ton déplaisait à une bande de snobinards libéraux qui venaient nous piler les agasses dans les réunions bruxelloises du premier G.R.E.C.E. belge et la légère ébriété de Faye, quand il avait parlé dans les salons du Ramada, les avait scandalisés, comme des rombières, laïcardes cette fois, qui entendent des propos graveleux. Fallait voir leurs bobines !

Pour nous, il était évident que la « nouvelle droite », qui ne portait pas encore ce nom, c’était cela : un môle de résistance à l’occidentalisme, à l’atlantisme, aux politiques de démission et de soumission que ces forces négatives induisaient partout en Europe et en Belgique en particulier. Nous exprimions ce rejet parce que nous n’avions pas digéré, à l’époque, l’affaire du « marché du siècle », où les pays du Bénélux et de la Scandinavie avaient opté pour le F16 américain au détriment des appareils Bloch-Dassault et Saab. Ce môle de résistance était repérable chez Jean Thiriart, qui avait abandonné le terrain politique et dont les bureaux étaient à un jet de pierre de la salle du Ramada, où Faye avait tonné son discours ; il était repérable aussi dans les écrits et les discours de Locchi et de Faye. Thiriart et son disciple Garcet nous avaient déjà avertis de la pusillanimité du gourou du G.R.E.C.E., dont les idées politiques avaient la « consistance d’un plat de macaronis cuits ». Les années suivantes nous confirmeront qu’ils avaient eu bien raison de s’en méfier… Toutefois, cette pusillanimité n’existait manifestement pas chez Faye et chez Locchi et c’est eux que nous entendions suivre et soutenir.

Giorgio_Locchi.jpgNous suivions donc essentiellement Faye, parce qu’il était clair dans ses discours et ses écrits, et nous apprîmes assez vite qu’il était devenu l’animateur principal du pôle « Etudes et Recherches » du G.R.E.C.E., pôle qui, en théorie, devait être le moteur principal de l’association dont les buts étaient officiellement de nature « métapolitique ». Nous entendons un premier discours de Faye (« Contre l’économisme ») au colloque du G.R.E.C.E. de 1978, le dernier où Giorgio Locchi a pris la parole. Faye me convie à participer au « Secrétariat Etudes et Recherches » (S.E.R.) début 1979, avant même que je ne sois devenu membre de l’association. Je me rends à Paris en juin 1979 pour assister à ma première réunion de ce  Secrétariat, où j’apprends, à ma grande déception, que Giorgio Locchi avait quitté le G.R.E.C.E., ne souhaitant plus collaborer avec lui, au motif (exact) que la stratégie d’entrisme dans les clubs feutrés et huppés des droites régimistes était prématurée donc vouée à l’échec. Son fils était venu l’annoncer et ses déclarations, ce jour-là, ont éveillé en moi une certaine méfiance, diffuse, à l’égard de l’association car, de fait, elle couvait en son sein des éléments hostiles au penseur italien, des éléments prêts à toutes les compromissions avec un régime détestable, des éléments qui ne pouvaient qu’être nuisibles ; l’avenir le confirmera. C’est ce jour-là que je fis la connaissance de Stefano Vaj, venu tout exprès de Milan.

En décembre 1979, le G.R.E.C.E. organise son colloque annuel avec pour titre « Contre tous les totalitarismes ». Quand vient le tour de Faye de prendre la parole, un ramassis de nervis fait irruption dans le Palais des Congrès de la Porte Maillot et ravage la salle des stands, blessant sérieusement Jean-Louis Pesteil, un collègue traducteur et germaniste, que je ne connaissais pas encore personnellement, ainsi que Grégory Pons, qui gardait un sourire moqueur tout en étant ensanglanté de la tête aux pieds et quelques autres participants. En entendant le bruit de la bagarre, Faye met le son de son micro au maximum et hurle son texte, pour que l’on ne perde rien de sa fougueuse rhétorique, tandis qu’une bonne part des auditeurs descendent des gradins pour courir sus aux énergumènes en fureur qui venaient troubler le colloque. Je descends aussi et je trouve une salle totalement détruite avec, au milieu, Alain de Benoist, cigarette mentholée à la bouche, hochant de la tête et marmonnant « c’est fou ! c’est fou !», sans se soucier des projectiles qui volaient en tous sens. Un ami anonyme arrache les pieds métalliques de quelques chaises et les distribue aux arrivants pour qu’ils s’en servent dans la bataille qui s’engage. J’en reçois un et je cours vers la mêlée, avec mon costume du dimanche, mais sans y parvenir : les assaillants sont repoussés grâce à Patrice de Plunkett qui a actionné la lance à incendie et arrosé de maîtres-jets les perturbateurs qui prirent la fuite en désordre, poursuivi par les plus pugnaces de nos amis, dont un camarade arménien, Jacques Karakachian, surnommé le « sanglier du Caucase », Gérald le Pied-Noir et Jean-Pierre Van Geyt, récemment décédé et longtemps correspondant de Nouvelle école en Belgique romane, ainsi que Michel R., de Namur, et un jeune ouvrier flamand, travaillant, me déclara-t-il, dans une « usine de boîte aux lettres métalliques ».

Le 6 juin 1980, Faye débarque chez Georges Hupin à Uccle, flanqué de Philippe Millau, pour participer d’abord à une brève présentation de mon travail de fin d’études sur la géopolitique selon Jordis von Lohausen puis, dans la foulée, pour prononcer une nouvelle conférence de teneur anti-occidentaliste dans la grande salle de la « Tour du Midi », à côté de la gare. Sa conférence sera chahutée de manière puérile et ostentatoire par celui qui deviendra l’obséquieux vicaire d’Alain de Benoist en Flandre mais qui changera évidemment d’avis quand son gourou lui en intimera l’ordre : d’occidentaliste américanophile caricatural, favorable à l’OTAN, il deviendra, en surface, un européiste anti-américain, critique de l’OTAN ; si le pontife lui avait demandé d’être tout à la fois pro-chinois, panafricaniste ou adventiste du septième ciel, il le serait devenu aussi... Faye et Millau me demandent, ce jour-là, de participer, en juillet, à l’école des cadres du G.R.E.C.E., qui reçut pour nom « Promotion Themistoklès Savas », en souvenir d’un ami grec qui venait de se tuer en moto dans les montagnes de l’Epire. Un ancien doyen de l’Université du Pirée, qui sera un grand ami et un grand soutien de Faye, était présent, Jason Hadjidinas, qui lui restera fidèle jusqu’à sa mort en 1986, en ayant toujours espéré le dégager de la précarité et de la dangereuse dépendance pécuniaire qui le liait au gourou capricieux qui lui imposait de vivre avec le SMIC. La disparition de Jason fut une épreuve cruelle pour Faye, qui explique peut-être sa décision de quitter le G.R.E.C.E. fin 1986 puis de s’engager dans le showbiz via Radio Skyrock. L’école des cadres de 1980 fut décisive pour moi. Je m’y étais rendu depuis Paris avec Faye, dans la voiture de Pierre Bérard : nous avions pris Guillaume en charge à son domicile, petit appartement charmant, où venait de naître sa fille. Nous visitâmes en chemin Vaison-la-Romaine et l’Abbaye de Sénanque, où je ne retournai qu’en 2017. Je découvre avec eux la Provence, je vois mes premiers champs de lavande, j’entends pour la première fois la musique des cigales, je vois passer sur nos tables de longs lézards gris. Je deviens membre du G.R.E.C.E. en septembre 1980 et Pierre Vial me remet ma carte à Bruxelles. Je lui promets de rester fidèle à notre combat métapolitique jusqu’à la mort : je suis dès lors très heureux de le servir encore aujourd’hui, même si j’ai quitté l’association en décembre 1981.

En 1981, Faye et moi sommes collègues dans les locaux de la rue Charles-Lecocq à Paris à partir du 15 mars. Nous le resterons jusqu’au 15 décembre. Avec Michel Dejus, il fut pratiquement mon seul interlocuteur au cours de cette période de neuf mois : je l’ai connu comme quelqu’un d’affable, d’une gentillesse naturelle en dépit de rodomontades nietzschéo-surhumanistes qui faisaient évidemment partie de notre folklore. J’y découvre aussi un Guillaume tintinophile et lecteur de Franquin, manie que nous partagions avec Grégory Pons et Pascal Junod. Pour Faye, le personnage du gros Demesmaeker dans les albums de Gaston Lagaffe est l’incarnation du monde vénal et psychorigide, vaniteux, stupide et pharisaïque qu’une véritable anthropologie néo-droitiste se devait de moquer et de combattre (notamment par le biais de canulars téléphoniques, polissonneries dans lesquelles Faye excellait). Le surhumanisme, terme forgé par Locchi, devait faire advenir une (sur)humanité où il n’y aurait plus de Demesmaeker ou bien où ceux-ci seraient houspillés dans les marges de la société. J’ajoute bien entendu une évidence à ce petit panorama bédéphile : les machines volantes de Zorglub, dans les aventures de Spirou et Fantasio, titillaient déjà la fibre archéofuturiste de Faye qui, dans un recoin de son imagination, devait déjà concevoir les fameux « squalines » de sa bande dessinée Avant-guerre.

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Deux missions nous ont été données à l’époque : fabriquer un numéro de Nouvelle école sur Pareto et un autre sur Heidegger. Les deux thèmes avaient bien entendu été suggérés par Faye qui tenait absolument à ce que la revue restât sérieuse et fût lue dans les universités sans susciter de sarcasmes. La hantise de Faye était de voir imprimés dans la revue quelques délires en provenance d’un paganisme de pacotille, des « paganouilleries » ou des « nazisteries » comme aimait en commettre le directeur de la publication, avec une étourderie qui nous laissait pantois. Faye avait horreur des ritournelles et des tics langagiers répétés ad infinitum, surtout quand ils n’avaient aucune pertinence dans la vie réelle. Pour Faye, un paganisme articulable devait renouer avec l’antiquité grecque et sa philosophie bien charpentée, indépassable dans son questionnement, avec la fougue dynamique d’Héraclite, avec l’élitisme de Platon, avec la logique et la rigueur d’Aristote, exprimée dans Les politiques.

ne-pareto.jpgGrâce à l’intervention bienveillante du Professeur Piet Tommissen et au concours de Bernard Marchand, nous pûmes sortir en juin un numéro potable, dans lequel Faye produisit d’ailleurs un maître-article sur un ouvrage hélas oublié aujourd’hui et que la génération des anciens devrait retrouver dans les rayons de ses bibliothèques : L’intelligence du politique, en deux volumes, de Jules Monnerot, plus spécifiquement le tome deuxième de cette œuvre magistrale, consacré, pour l’essentiel, à la « doxanalyse », c’est-à-dire l’analyse des opinions qui animent toute sphère politique. Monnerot, ancien du surréalisme français et proche des poètes de la négritude vu ses origines martiniquaises, me déclarera plus tard que ce fut la meilleure analyse de son œuvre, largement ignorée par l’université française au nom, déjà, d’une forme ante litteram de « political correctness ». Faye aimait, à l’époque, parler d’aléa : le monde est soumis aux aléas, répétait-il ; les philosophies consolatrices et les nuisances idéologiques (Raymond Ruyer) n’y changeront jamais rien car elles ne figeront jamais le monde. Suite à ma lecture d’un texte issu d’un colloque de la Siemens Stiftung de Munich, que présidait en ces temps-là Armin Mohler, je parlais d’Ernstfall. Chez Monnerot, nous découvrions la notion d’hétérotélie, terme désignant une situation survenue en dépit des objectifs fixés par la volonté politique initiale (trop rationnelle) du décideur. La volonté politique peut donc générer des états de choses contraires à tout projet initial, à tout programme bien charpenté, taillé selon une logique parfaite. Dans nos conversations de l’époque, nous mêlions quantité de réflexions sur les notions d’aléa, de tragique, de logique du pire (Clément Rosset), d’Ernstfall et d’hétérotélie.

Dans Nouvelle école, n°36, Faye écrit : « L’intérêt de la doxanalyse parétienne (que Monnerot décryptait) n’est donc pas uniquement la critique des idéologies qui se croient logiques et négligent leurs propres résidus (ce que fait le macronisme aujourd’hui de manière emblématique), …. Il est de reconnaître l’invalidité fondamentale de toute interprétation rationaliste du monde. Derrière les résidus et les actions non logiques, il y a ce que Jules Monnerot appelle ‘les pulsions de l’humain’ ». Faye démontre, citations de Monnerot à l’appui, que « si les pulsions de l’humain étaient totalement réprimées par le social (ou le politiquement correct, dirait-on aujourd’hui), il y aurait déjà eu faillite de l’espèce, disparition du type d’homo sapiens que nous sommes ». Il faut donc un équilibre entre les résidus et les diverses expressions de la logique, ce qui implique que les résidus, considérés comme irrationnels par les « corrections politiques », doivent impérativement être maintenus et non éradiqués, faute de quoi toute société bascule dans une spirale mortifère. L’évolution ultérieure de Faye  -et même ses dérapages que certains jugent « involutifs » aujourd’hui, de manière si lourde et si pesante-  s’inscrit dans une perspective qui veut privilégier les résidus non logiques contre tous les figements, ceux-ci étant tous « dignes du gros Demesmaeker », pour illustrer cette angoisse fayenne par une caricature qui lui aurait plu. Cependant, ajoutait-il, dans son article de Nouvelle école (n°36), bon nombre de résidus, en Europe, proviennent du « poison chrétien », tel que l’imaginait Nietzsche. Il faut donc remplacer ces résidus par des résidus plus archaïques, puisés dans la culture classique ou dans les paganités européennes, thème essentiel d’un article ultérieur sur Heidegger, paru dans le numéro 39 de la revue, à l’automne 1982 et intitulé « Heidegger et la question du dépassement du christianisme ».

ne-heidegger.jpgAprès la parution du numéro consacré à Pareto, en juin 1981, nous nous attelons tous deux à la confection d’un numéro sur Heidegger. Faye rédigera pour cette livraison de Nouvelle école un long article sur le reclus de Todtnauberg où il révèle une phase qu’il pensait futuriste, mais non détachée d’une adhésion à des archétypes, chez le philosophe de la Forêt Noire. Faye croit déceler, dans la pensée heideggerienne que l’on campe généralement comme anti-techniciste, une piste « arraisonnante » qui permet de réintroduire positivement la technique dans le cadre de la pensée mais, cette fois, sous le signe d’autres tables des valeurs. Bruno V., un ami de Beerens, philosophe de formation et helléniste méticuleux, traducteur occasionnel de textes importants de Fichte pour l’université, avait accepté de relire le texte de Faye avant publication : il n’était pas d’accord avec cette interprétation mais il ne voulait pas changer un iota du texte car celui-ci, avait-il conclu, détenait sa cohérence et son originalité qu’il n’entendait pas, lui, Bruno V., confisquer. La lecture fayenne de Heidegger en 1981 anticipe bien entendu toutes ses réflexions ultérieures sur l’archéofuturisme.

L’année 1981 nous permit aussi de faire deux séjours à Strasbourg, où la section locale du G.R.E.C.E. était animée par Pierre Bérard, immigré angevin en terre alémanique et francique-mosellane, ignorant tout de la langue de Goethe. Lors d’un colloque organisé au départ de cette section alsacienne, Faye est à la tribune avec Julien Freund et les débats sont troublés par Freddy Raphaël, auteur de nombreux livres sur la communauté juive de Strasbourg et d’un ouvrage remarqué aux P.U.F., intitulé Judaïsme et capitalisme. Dès le début du débat, Freddy Raphaël lance tout de go que « cette histoire de ‘nouvelle droite’ est un ‘jeu avec le caca’ », espérant in petto déclencher une foire aux empoignes. Julien Freund, bien ancré dans les réalités alsaciennes et dans son cher bourg de Villé, où il y avait une communauté israélite, le ramène à la raison et les deux vieux complices sortent bras dessus-bras dessous de la salle de conférence, pour aller vider quelques bons cruchons. Cette journée fut pour moi l’occasion de rencontrer de jeunes camarades alsaciens, germanophones, et captivés par l’œuvre de Carl Schmitt. Plus tard dans l’année, à l’automne, Faye, Millau et moi-même reprenons la route de l’Alsace pour rencontrer Julien Freund dans une superbe auberge alsacienne et, après le repas pantagruélique, pour filmer, chez le professeur, un entretien entre, d’une part, l’auteur de Qu’est-ce que le politique ?, et, d’autre part, Bérard et Faye. Pour des raisons techniques, le film de cet entretien n’a malheureusement jamais pu être exploité.

Henri-Lefebvre-1971-1.jpgL’année 1981 fut aussi deux fois l’occasion, pour moi, d’accompagner Faye à la Closerie des Lilas pour y rencontrer Henri Lefebvre, en rupture de ban avec le parti communiste français dont il avait pourtant été l’un des principaux idéologues. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer la profonde influence que ce philosophe marxiste-léniniste avait eue sur Faye (http://robertsteuckers.blogspot.com/2011/11/influence-de-... ), ce qui devrait interdire à de terribles simplificateurs de décréter que notre ami ne fut jamais rien d’autre qu’un « beauf d’extrême-droite », insulte qu’il a recueillie chez les « antifas » aussi bien que chez ceux qui s’étaient dits ses amis mais qui torpilleront toutes ses initiatives jusqu’à le mener à sa perte. Lors des repas à la Closerie, Lefebvre évoquait les bagarres monumentales qui opposaient en ces lieux des bandes rivales au temps du surréalisme parisien. Ce « lefebvrisme » de Faye permet à Stefano Vaj de dire, dans son hommage récent, que notre ami, comme bon nombre de marxistes non dogmatiques, pensait exclusivement pour favoriser une action révolutionnaire dynamisante et jamais pour perpétuer un figement quelconque, qu’il qualifiait volontiers de « muséographique ». Pour lui, de Benoist, par exemple, commettait le péché de « muséographie », et le commettait plus que de raison, rendant ainsi sa pensée fragmentaire et désordonnée, ensemble de bribes éparses, fait de collages et de placages où toute cohérence pragmatique s’évanouit dans un smog difficilement pénétrable et, par voie de conséquence, impossible à utiliser dans une véritable stratégie métapolitique, gramscienne ou autre.

Après un colloque, tenu durant l’année 1981, Faye réunit chez lui les correspondants du G.R.E.C.E. dans divers pays européens dont Marco Tarchi, Stefano Vaj, pour l’Italie, le vicaire du pontife en Campine, qui avait chahuté sa conférence en juin 1980 à Bruxelles, Michael Walker, qui venait de fonder sa revue, The Scorpion, et Pierre Krebs qui avait tout récemment créé le Thule-Seminar. Ce fut le début d’une longue coopération, sauf avec Tarchi et le petit vicaire campinois qui obéiront comme des toutous à tous les ordres de sabotage énoncés par le pontife, dont le premier à faire les frais fut Stefano Vaj. Faye était heureux d’avoir permis, ce jour-là, de conférer une dimension européenne à l’entreprise « néo-droitiste ». Je partageais sa joie.

Le SER (« Secrétariat Etudes & Recherches ») était donc l’apanage de Faye au G.R.E.C.E. Dans le bulletin intérieur de l’association (BI), divisé en rubriques composées de feuilles volantes, une partie était dévolue au SER.  Faye y publiait la majeure partie de ses articles, refusés dans les grandes publications de la mouvance, par jalousie, par méchanceté gratuite, par un désir obscur et cruel de nuire comme celui qui anime le vilain sorcier animiste qui fiche des aiguilles dans des figures de cire représentant ceux qu’il veut perdre : les articles de Faye, en effet, ne pouvaient paraître dans les revues Nouvelle école (où ils auraient eu toute leur place), éléments ou même Etudes et Recherches, publication plus modeste. Un ukase occulte avait prononcé cette fatwa. Voici la liste des articles, non publiés, de notre Guillaume, qui n’ont quasi pas pris une ride :

  • - Qu’entendons-nous par « société marchande » ?, septembre-octobre 1978.
  • - Géopolitique et puissance des nations, mars-avril 1979.
  • - Analyse du Janus d’Arthur Koestler, mars-avril 1979.
  • - Le commencement grec, juillet 1979.
  • - Politique, métapolitique, parapolitique : réflexion post-gramscienne, octobre 1979.
  • - Notre position sur l’Europe, février 1980.
  • - L’économique et le politique, février 1980.
  • - La puissance : une idée neuve en Europe, février 1980.
  • - Réel et rationnel : peut-on concevoir un retour de la rationalité ?, juin-juillet 1980.
  • - Pour une interprétation subversive du marxisme, juin-juillet 1980.
  • - Pour une sociologie de l’égalitarisme, juin-juillet 1980.
  • - Les contradictions culturelles du capitalisme, juin-juillet 1980.
  • - Qu’est-ce que la Realpolitik ?, juin-juillet 1980.
  • - Les néo-conservateurs américains, exemple des contradictions internes de l’idéologie égalitaire, printemps 1981.
  • - Réflexion critique sur les positions artistiques de l’école de Francfort, janvier-février 1981.
  • - Redécouvrir Bergson, automne 1981.
  • - La société du non-travail (I), décembre 1981.
  • - La société du non-travail (II), printemps 1982.

Dans la livraison du BI du printemps 1981, nous cosignons « Eléments pour une théorie du politique ». On le voit : pour Guillaume Faye, qui fut défini comme un simple « électron libre » sur la page 142 d’un pensum auto-glorificateur intitulé Mémoire vive (que Philippe Baillet moque plaisamment en évoquant une « mémoire trouée »), ce n’est pas mal… et cela révèle la nature foncièrement mensongère de cette définition fielleuse. La pertinence de ces articles et leur validité persistante, près de quarante ans plus tard, font de Faye le théoricien le plus clair de la mouvance à laquelle il a appartenu, à laquelle il a donné du lustre. Dans son bureau trainaient également les restes d’un manuscrit rejeté, celui d’un livre sur les doctrines économiques, inspirées de List, de l’école historique allemande, de Wagemann, de Delaisi, de Perroux, de Passet et de Jouvenel (sur le « bloc continental » de Napoléon). Je n’ai pu en sauver qu’un seul maigre chapitre, publié ultérieurement dans Orientations n°5 (1984) : le manuscrit était incomplet car, dépité, Guillaume en prenait des pages pour nettoyer sa pipe…   Ce bref chapitre, sauvé in extremis du curage de pipe, s’intitulait « Contestation du libre-échangisme » et entrait évidemment en contradiction avec les projets occultes et pseudo-machiavéliques du pontife de kermesse, qui, tout à ses intrigues rocambolesques, entendait bien être coopté par tous les thatchériens de la planète (j’y reviens !!).  Dans ce même numéro, je publie une étude magistrale et copieuse de notre ami, « Critique du système occidental », qui pourrait toujours motiver des lecteurs jeunes, aujourd’hui, afin qu’ils ne tombent pas dans le piège du discours dominant, exaltant les « valeurs éternelles de l’Occident ou de la République ». 

VANLIER.jpgPendant ma formation de traducteur à l’Institut Marie Haps, j’avais eu pour professeur d’esthétique et de littérature contemporaine le célèbre Henri Van Lier (1921-2009) qui nous avait composé un dossier de 77 fiches de termes nouveaux, généralement scientifiques, annonçant un nouvel âge de l’humanité. Pour Van Lier, qui préparait son maître-ouvrage, Anthropogénie, qui paraîtra dans sa version définitive, et très copieuse, en 2002, « Homo » est d’abord technicien avant d’être un « parlant », sa « culture » est d’abord celle des outils avant d’être celle de la parole. L’action immédiate sur le monde matériel précède donc les discours, toujours tenus à une certaine distance des choses, toujours « médiats ». Le parallèle avec Arnold Gehlen est évident ici : lors d’un examen de Van Lier, j’ai parlé de Gehlen, qu’il ne connaissait pas encore, plutôt que de la matière qu’il avait fallu étudier. Van Lier en était très content. Gehlen était à l’ordre du jour du « Secrétariat Etudes & Recherches », depuis la fin des années 1970, où le fils de Giorgio Locchi, Pierluigi Locchi, avait consacré son travail de fin d’études à ce sociologue et anthropologue allemand, toujours, hélas, trop peu lu : personnellement, j’avais commis une première petite conférence sur son œuvre en 1978 dans le cercle patronné par Georges Hupin ; plus tard, Yvan Blot se démènera pour faire éditer un ouvrage de Gehlen aux P.U.F. Revenons à Van Lier : pour lui, comme pour Moeller van den Bruck avant 1914, l’architecture typée d’une civilisation est toujours son point de départ, l’indice majeur de l’amorce d’une nouvelle aventure humaine collective ; quant au « nouvel âge » qui s’annonce, ce sera celui où les machines ne puiseront plus leurs forces dans l’homme ou dans la nature, ne seront plus devant l’homme à sa simple disposition mais entreront en synergie avec lui et avec la nature. Thèmes comparables au « Travailleur » de Jünger.

Anthropog--nie-150x212.jpgPour Van Lier, qui savait bien forger son propre vocabulaire, c’est l’« âge 3 », l’âge des réseaux. L’idée de composer un dossier de mots-clefs, similaire à celui de Van Lier, est immédiatement venue à Faye : ce fut là l’origine du Petit lexique du partisan européen qui, remanié et amplifié, donnera en 2001 l’ouvrage Pourquoi nous combattons, rapidement traduit en anglais. C’est, tous en conviennent, un véritable bréviaire, récapitulant la vision du monde et du politique que Faye a toujours voulu promouvoir. Je pense toutefois qu’il faudrait rajouter un volume à ce premier dossier, avec de nouveaux termes précurseurs, déjà présents dans les sciences de pointe, surtout dans les sciences biologiques et médicales : un travail à réaliser. Et d’urgence !

Les dernières semaines du printemps de 1981 ont vu la parution du premier livre de Faye, Le système à tuer les peuples, que le sinistre sachem des lieux avait tenté de saboter jusqu’à la toute dernière limite, de façon à ce que le livre ne puisse pas paraître pour le colloque annuel ni concurrencer son propre ouvrage sur le paganisme, très très largement inspiré du maître-ouvrage de la philosophe et islamologue allemande Sigrid Hunke, Europas wahre Religion, qui avait été traduit par un prisonnier qui devait bosser en tôle pour léguer quelque chose à ses enfants, alors aux études. Le tapuscrit de Faye était bloqué sous prétexte qu’il manquait de références bibliographiques. Faye, triste et inquiet, est venu m’en demander dans mon bureau. Finalement, l’imprimeur a tout de même reçu le texte à temps, grâce à Millau, je pense. Je fus le premier à recenser le livre pour le bulletin du G.R.E.C.E.-Belgique de Georges Hupin, en même temps qu’une recension pour le livre du pontife, inspiré par Sigrid Hunke, dont j’avais lu les livres deux ou trois ans auparavant, pendant mes études. Stefano Vaj fit de même quelques jours plus tard dans un organe italien.

luberoncretes.jpg

En juillet, nous animons l’université d’été du G.R.E.C.E. à Roquefavour, où nous avons accueilli un fidèle ami américain de Faye, l’avocat Sam Dickson, qui fera la randonnée habituelle sur les crêtes du Lubéron en chaussures de ville..., massacrant ses fines semelles et entamant le cuir du reste, le faisant ainsi ressembler aux prisonniers anglais qui, dans un célèbre film-culte, entrent dans le camp de prisonniers du Pont de la rivière Kwaï, en sifflotant un air jadis célèbre Outre-Manche. Stefano Vaj, de Milan, est, lui aussi, des nôtres. L’ambiance est du tonnerre. Le soir, après les travaux, Faye y récite ses versions truculentes et polissonnes des fables de La Fontaine et chante à tue-tête sa chanson favorite : « Le vieux vin gaulois ».

Nos travaux, heureusement, nous avons pu les parfaire en 1981 dans des bureaux où ne s’activait que le petit personnel, dépassé par les enjeux idéologiques. En effet, le sinistre pontife des lieux disparaissait à intervalles réguliers sans laisser ni explications ni consignes. En juillet, après une réunion du secrétariat de rédaction, il s’évanouit pendant sept semaines, sous prétexte d’un reportage en Extrême-Orient pour Le spectacle du monde, avec retour par la Californie, où la soeur d’une copine, qui l’accompagnait pour lui servir ses rillettes, poursuivait, paraît-il, des études d’on ne sait trop quoi du côté de Las Vegas. Il lui fallait aller serrer la pince de la donzelle et, du même coup, réitérer, en moins de temps, la prouesse de Phileas Fogg, célèbre héros de Jules Verne. Fin septembre, le bonhomme m’annonce qu’il se rend à la Foire de Francfort, comme chaque année. Cette foire dure cinq jours : il revient au bout de trois semaines ! Puis disparaît fin novembre, persuadé que des nervis veulent l’assassiner : il se serait caché dans un hôtel minable, claquemuré dans une chambrette et armé d’un pistolet à grenailles ; il revient quinze jours plus tard dans un état épouvantable, dégageant un fumet atroce, n’ayant vu ni savon ni cirage ni dentifrice pendant son exil volontaire dans ce galetas à moitié délabré. Et, trois minutes après son retour tout en odeurs, il a le toupet de nous engueuler, Faye et moi, en hurlant : « C’est Zig et Puce, ici ! C’est les Marx Brothers !». Faye était tarabusté. Ce jour-là, ma religion a été faite : j’ai décidé de foutre le camp.  Comment travailler dans la cohérence, en respectant un ordre du jour, si le boss qui doit donner son aval pour tout, pour le moindre détail, est perpétuellement en goguette ou en dépression (des dépressions qui étaient surtout des mises en scène d’un très mauvais goût) ? Comment peut-on, en effet, servir un personnage pareil sans encore oser se regarder dans la glace ? La découverte de certaines manies, très peu hygiéniques, de notre sachem de ducasse conforte ma décision de partir définitivement. Une quinzaine de jours plus tard, je demandai à Millau de me payer mes gages et de bien vouloir accepter mon tablier.

Dans un tel contexte, contrairement à ce que l’on pourrait croire aujourd’hui après les aventures radiophoniques de Faye à Skyrock, après ses multiples facéties et ses bonnes blagues subversives commises sur la place de Paris et ailleurs, la sériosité idéologique se situait de son côté et de son côté seul. D’abord, pendant toute l’année 1981, il avait fait barrage contre tous les délires potentiels du pape de sotie qui entendait, seul, faire la pluie et le beau temps dans les locaux de l’état-major, rue Charles-Lecocq, en espérant bien recevoir de chacun un blanc-seing pour toutes ses lubies incongrues et ses « paganouilleries à la sauce nazistika ». Un jour, ce pape à tiare de plastique me déclare, avec un sérieux de croque-mort presbytérien, vouloir faire suivre le numéro sur Pareto par un numéro sur l’Atlantide, thème en vogue dans un réseau vaguement sectaire, partouzeur et mondain de l’époque, la « Nouvelle Acropole », où il comptait quelques drôles d’amis ! Quand j’en fais part à Faye, celui-ci porte évidemment son index au front. Et s’en désole : on le sent profondément meurtri car il sait, qu’avec de telles lubies infécondes, la mouvance risque d’être assimilée à une secte de farfelus et de perdre les bons contacts qu’elle entretient avec des universitaires de haut vol ; surtout, Faye n’a pas envie de se faire engueuler par Julien Freund. Un jour plus tard, j’entends des cris en provenance du bureau de Faye puis une porte qui claque violemment. Intrigué, je vais voir ce qui se passe. Je découvre mon Guillaume interloqué et un peu tremblant : juste au-dessus de sa tête, un coupe-papier était fiché dans le mur. Le gourou était venu insister lourdement, avec la fureur geignarde d’un gamin gâté, afin de faire accepter son idée saugrenue de publier un numéro sur l’Atlantide. Faye avait rétorqué tout de go : « Et pourquoi pas sur le continent Mu ? ». Furieux de cette réplique, l’autre s’était emparé d’un coupe-papier et l’avait envoyé tout net dans le mur, derrière Faye.

coupe-papier-graf-von-faber-castell-cuir-cognac.jpgLe soir, je me sers d’une machine à écrire, plus sophistiquée que celle qui m’avait été confiée, dans le grand bureau de la secrétaire, retournée dans ses pénates pour y cuire sa tambouille vespérale. Le gourou-pape rapplique et me reparle de son projet abracadabrant : je résiste avec le même entêtement que Faye, tout en suggérant un numéro qui serait titré « Archéologie de la Mer du Nord » (car le pontife pense que l’Atlantide se situait autour d’Héligoland). Dans un nouvel accès de fureur, digne de ceux de Louis de Funès, il s’empare d’un autre coupe-papier et l’envoie, avec une remarquable dextérité, dans un petit réveil au boîtier de liège qui se trouvait devant moi. Calme comme un Coldstream Guard dans sa guérite à Buckingham, je réitère mon refus et il s’en va en ronchonnant, vexé que personne n’accepte ses caprices. Je me suis dit : si ce gars-là doit un jour partir en exil, il fera comme le Général Alcazar dans Les sept boules de cristal : il deviendra lanceur de poignards dans des music-halls de quat’sous. Cette comparaison avait bien fait rire Faye. La morale de cette historiette burlesque, c’est qu’il ne fallait surtout pas faire figurer le mot « Atlantide » sur la couverture de la revue, si l’on voulait encore être pris au sérieux. Faye avait raison. En août, toutefois, pendant que le pontifex minimus errait entre le riz sauté de Singapour, les hamburgers de Hollywood et les rillettes des deux donzelles, je me rends au Danemark et au Slesvig-Holstein pour rassembler de la documentation archéologique, notamment à l’Institut nord-frison de Bredstedt et chez l’archéologue Jürgen Spanuth, et pour rencontrer dans une « haute école populaire », à Tinglev, le scandinaviste François-Xavier Dillmann, correspondant de Nouvelle école en Allemagne, et le sociologue Henning Eichberg. J’ai donc tenté, à la demande de Faye, de « scientifiser » les lubies du grand panjandrum, qui fera paraître un numéro sur le sujet quelques années plus tard : il était titré «Archéologie ».  Ouf !

Mais il y avait pire, en cet automne 1981 : derrière le dos de tous, profitant de sa position au Figaro Magazine, le manitou de Prisunic envisageait de monter à la tribune d’un colloque qu’il organisait lui-même, grâce à des prête-noms et à une association ad hoc, basée dans l’appartement de sa pauvre mère qui venait de décéder en juin. Ce colloque était annoncé sous le titre d’« Alternative libérale » et devait inviter tout le gotha du néolibéralisme thatchérien et reaganien à Paris, un aréopage essentiellement anglo-saxon au milieu duquel on allait vendre notre sachem de guimauve comme un petit prodige dont la pensée allait sauver la pauvre France des griffes du méchant mitterrandisme socialo-étatiste qui s’était abattu sur elle suite aux élections de mai 1981. Pour Faye qui était partisan d’une économie guidée, interventionniste sur le plan des infrastructures, hétérodoxe dans le sens où elle tenait compte des facteurs non économiques (contrairement aux orthodoxies marxiennes, libérales et keynésiennes), cette tentative d’alignement sur le reaganisme apparaissait comme une idée complètement loufoque ou, pire, comme une trahison pure et simple de notre message européiste fondamental. Cet entrisme irréfléchi donnait rétrospectivement raison à Locchi qui avait tiré sa révérence deux ans plus tôt. Faye était à l’époque un lecteur attentif de l’économiste André Grjebine, auteur, en 1980, de La nouvelle économie internationale, parue aux P.U.F. Grjebine plaidait pour une semi-autarcie auto-suffisante du continent européen. A l’évidence, je partageais ce point de vue, de même qu’Ange Sampieru, alors militant du G.R.E.C.E. à Paris, et toute l’équipe de mes amis restée à Bruxelles et à Liège. Le grand ponte polygraphe avait préparé son coup en écrivant des articles dithyrambiques dans le FigMag  sur Raymond Aron (invité au colloque) et sur Karl Popper (dont les principaux disciples, hostiles à toute « société fermée », devaient monter à la tribune et débiter leurs sornettes néolibérales autour de son auguste personne). Hélas pour lui, la parousie n’allait pas advenir tout de suite : les services étatiques et diasporiques s’aperçoivent très vite de la manigance, cousue de fil blanc, de notre petit machiavel de pantomime. Et la machine à évincer les intrus se met en route : Aron refuse de parler si notre doxographe atlantidien du 6° arrondissement est présent au colloque. D’autres menacent de démissionner. Le voilà houspillé hors de son propre théâtre. Sa dépression hydrophobe de novembre 1981 s’explique par cette retentissante déconfiture. Notons qu’il faut être indécrottablement irréaliste, avec le pedigree de notre gus, pour avoir cru, un seul instant, qu’un tel montage allait aboutir ! A moins que le rapprochement tout récent avec Finkielkraut et Minc et, en mars 2019, la prise de parole à la tribune d’un fanfaron néo-bruxellois, qui ne cesse de faire de la retape pour notre bonne ville auprès des candidats exilés fiscaux français, ne soit l’aboutissement souhaité d’un libéralisme foncier, quasi génétique, qui, pour d’obscures raisons, s’était camouflé derrière des discours autres, y compris anti-libéraux ? Le bonhomme a continuellement entretenu les ambigüités, cumulé les contradictions, éjecté les tenants d’une véritable hétérodoxie économique : il est légitime de se poser des questions, celles que, de toutes les façons, les analystes de cette mouvance, étiquetée « nouvelle droite », poseront dans la postérité. Mais sans doute concluront-ils à la totale incohérence du doxographe, dont la boîte crânienne abrite un véritable capharnaüm et dont la stratégie se borne à monter des coups pour se constituer  des « casse-croûte ». Les jugements de Faye, en ce domaine, auront alors été prémonitoires.

ag-ne-inter.jpgL’effondrement du montage, l’éviction du grand wizard marri, provoque d’abord chez lui une dépression terrible puis une rage vengeresse et écumante, décuplée par le fait qu’il est désormais kické hors de la rédaction du FigMag, hormis une misérable petite colonne sur les vidéos que Louis Pauwels, bon prince, lui accorde avec une belle magnanimité. Cette rage lui dicte une nouvelle orientation nationale-révolutionnaire qu’il exprime aussitôt dans les pages d’Eléments et qui emporte notre adhésion. Le bougre avait sauvé sa boutique : on oubliait ses errements infructueux de l’automne 1981 et on estimait que tout rentrait dans l’ordre, puisqu’il semblait professer désormais un européisme radicalement anti-occidentaliste. Je quitte Paris en décembre 1981 et, au cours de l’année 1982, je participe à une assemblée générale du G.R.E.C.E. à Lyon et prononce une conférence à la tribune du « Cercle Héraclite », sur le national-neutralisme allemand, hostile à l’installation de missiles américains sur le territoire de la R.F.A.  Position qui permet de lancer des passerelles avec d’autres mouvances politiques, dans bon nombre de pays européens. Le bulletin intérieur consacre quelques pages à cette thématique, entièrement nouvelle dans la mouvance à l’époque. En octobre 1982, je commence les dix mois de mon service militaire à Saive, près de Liège, puis à Marche-en-Famenne, à Bürvenich et Vogelsang dans l’Eifel. Pendant ma période d’instruction, Faye annonce qu’il tiendra un séminaire, organisé par une nouvelle structure, dans des locaux sis rue Blanche, dans le 9ème arrondissement. Ce séminaire, suivi d’un second quelques mois plus tard en 1983, a constitué à mes yeux, le sommet de l’œuvre métapolitique de Faye.

lupasco3M.jpgAu cours de ces deux séminaires, il a rassemblé autour de sa personne seule, des sommités comme Stéphane Lupasco, Bassarab Nicolescu, Manuel de Diéguez, Jules Monnerot et des sympathisants de ses idées comme les professeurs Martinez, Wagner et Asso. Les conférences se succèdent dans la joie et la bonne humeur, sans cette raideur psychologique que le pontife générait systématiquement autour de lui, en communiquant son stress intérieur et ses angoisses au public. Il n’est malheureusement resté aucune trace écrite de ces séminaires, Faye n’ayant jamais pu disposer des moyens de faire imprimer les textes des allocutions sous forme de volume : les mannes financières devaient couler vers une certaine escarcelle uniquement et surtout ne pas être consacrées à des entreprises métapolitiques valables et fécondes. C’est au cours de ces séminaires que j’ai pu m’entretenir avec Jules Monnerot, très satisfait de l’article de Faye sur sa conception de la doxanalyse, et bénéficier de la sympathie de Manuel de Diéguez qui avait apprécié mes articles dans Nouvelle école. En 1983, paraît Magazine Hebdo, où Faye, sous le pseudonyme de Gérald Fouchet, est chargé de recueillir les grands entretiens de l’hebdomadaire. Là encore, il a brillé de mille feux. Je conserve religieusement la collection de ces entretiens qui paraîtront, plus tard, après la faillite du magazine, en un volume, mais… sous la signature d’un tiers, qui a probablement encaissé les droits d’auteur… Faye avait pourtant montré un savoir-faire très professionnel dans la confection de ces nombreux entretiens.

De 1983 à 1986, Faye n’arrête pas de publier des brochures. On ne lui permet d’ailleurs pas d’éditer davantage. On veut le limiter au maximum et faire de lui l’homme d’un seul et unique livre, déjà oublié ou épuisé : Le Système à tuer les peuples, paru en 1981. Paraissent successivement des brochures, brèves mais très denses, telles : Contre l’économisme (1983), dont j’ai dû publier une deuxième édition de fortune parce qu’on lui avait refusé un second tirage ; Sexe et idéologie (1983), petit opuscule modeste qui servira néanmoins de base à son gros ouvrage de 2011, Sexe et dévoiement, paru aux éditions du Lore puis rapidement traduit en anglais (c’est actuellement le volume le plus vendu dans la série des traductions proposées par l’éditeur Arktos) ; La nouvelle société de consommation (1984) ; L’Occident comme déclin (1984), excellent texte dont le manuscrit fut refusé catégoriquement mais financé par l’ami Patrice Sage puis, pour la seconde édition, par mes amis liégeois d’Eurograf, qui signèrent, eux, un contrat en bonne et due forme avec Faye ; la riposte des sicaires du pontife ne se fit pas attendre, un avocaillon minable est venu me menacer au téléphone ; il fut éconduit puis ridiculisé par un avocat languedocien quelques jours plus tard, lors du colloque du G.R.E.C.E., qui s’était tenu dans le Pavillon Baltard. Faye se trouvait en 1985 devant un terrible dilemme : impossible de trouver pour chaque volume qu’il écrivait un généreux donateur comme Patrice Sage, qui n’avait évidemment pas une bourse inépuisable. Je fis appel aux amis d’Eurograf, dont le regretté Jean-Marie Simar, qui publia successivement, outre la seconde édition de L’Occident comme déclin, la plaquette Europe et modernité et la première version du Petit lexique du partisan européen, qui eut un succès retentissant, grâce à plusieurs éditions piratées, publiées jusqu’au seuil des années 2000. Dans Orientations, je publierai l’essai magistral intitulé « Critique du système occidental » (n°5, août-septembre 1984) puis deux études solides, « Les néo-conservateurs américains, exemple des contradictions internes de l’idéologie égalitaire » et « A la découverte de Thorstein Veblen » (Orientations, n°6, septembre-octobre 1985), toutes deux tirées d’anciens cahiers du SER dans le BI, la publication ultra-confidentielle qui servait de purgatoire à Faye, dont la majeure partie des textes étaient rejetés. Faye tenait toutefois éléments à bout de bras et gardait tout de même une barre certaine sur la revue, dont il choisissait les thématiques.

L’Occident comme déclin reste, à mes yeux, l’un des meilleurs textes de Faye. Qu’on en juge par les titres des chapitres : « Cosmopolis : l’Occident comme non-lieu » ; « Fin de l’idéologie ou idéologie de la fin ? » ; « Christopolis : l’Occident comme athéisme chrétien » ; « Antipolis ou la fin du politique » ; etc. Europe et modernité annonce très nettement les idées archéofuturistes de Faye, avec des chapitres tels : « L’hypothèse de l’inconscient pré-néolithique » ; « L’hypothèse de l’inconscient païen » : « L’échec de la nouvelle conscience et de la première modernité » ; etc.

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En 1984, Faye (avec Tillenon) organise un séminaire du SER, pendant une semaine, en Provence, sans la présence du pontife, qui rendait toujours l’atmosphère malsaine, par ses récriminations perpétuelles et sa geignardise que Philippe Baillet, caustique, appellera bien plus tard, dans deux articles critiques bien sentis, les rouspétances du « Dr. Peutt Peutt ». En ce juillet caniculaire de 1984, je suis de la partie avec un ami bruxellois, MC, qui venait tout juste, une semaine auparavant, de décrocher son diplôme de docteur en médecine. Il était devenu le plus jeune médecin de la place de Bruxelles. Et, bien sûr, je participe à la randonnée sur les crêtes du Lubéron, au départ de Cucuron, où je fis une formidable photo de Faye, avec une guitare en bandoulière.

Autre grand événement de l’époque : la participation à un séminaire sur les relations euro-arabes dans les locaux de l’Université de Mons en Hainaut, sous la houlette du Professeur Safar, qui y enseignait la langue arabe. Je m’y rends, au titre d’interprète avec les orateurs Faye, Bérard et Hadjidinas. J’y fus chargé, notamment, de traduire une intervention de Karl Höffkes, alors lié à la revue Wir Selbst de Siegfried Bublies qui fut, lui aussi, présent, très intéressé qu’il était à l’époque par les idées sociales et panafricanistes de Kadhafi. Faye y noua des relations hautes en couleurs avec… le représentant du Vatican à ce colloque de trois jours, le Père Michel Lelong, qui avait été chargé par Rome en 1975 de chapeauter le dialogue islamo-chrétien dans le cadre des diverses initiatives de dialogues interreligieux que patronnait le Saint-Siège. Hadjidinas était déjà malade et, le lendemain de ce colloque, prit un café avec moi sur la Grand Place de Bruxelles où, très paternellement, il me fit part de ses inquiétudes quant à l’avenir de Guillaume. J’ai été très touché par la sollicitude de ce vieux professeur grec qui, à la vieille de sa mort, avait deviné les dangers et la précarité qui guettaient Faye. Aujourd’hui, j’y pense rétrospectivement avec un chagrin certain. Que de bons amis avons-nous perdus ?

La situation de Faye devenait en effet de plus en plus précaire : Jean-Claude Cariou, secrétaire-général du G.R.E.C.E., avait été évincé de manière particulièrement ignoble en 1985 parce qu’il avait demandé, entre autres bonnes choses, que Faye reçoive un salaire décent et non plus son SMIC, parfois payé avec un lance-pierre. On rejetait tous ses manuscrits théoriques, hormis ceux, de brève ampleur, convenant aux dossiers d’éléments. Il n’y eut qu’une exception : Les nouveaux enjeux idéologiques, parus dans une nouvelle collection du « Labyrinthe » qui, finalement, ne compta que deux livres, celui de Faye et le Terre et Mer de Carl Schmitt. L’éviction de Cariou avait provoqué le départ immédiat du président du G.R.E.C.E., l’indianiste Jean Varenne, qui publiait Panorama des idées actuelles, un bulletin bibliographique auquel Faye a donné ses meilleures recensions : le départ de ce président prestigieux enlève encore une tribune à Faye. Cariou avait été remplacé par Gilbert Sincyr qui ne tiendra pas longtemps, lui aussi écoeuré du comportement de certains sicaires du pontife qui tissait sournoisement ses méchantes intrigues.

YBT.jpgA la fin de l’année 1986, Faye décide de jeter l’éponge, de quitter la « nef du fou », où, de toutes les façons, il ne pouvait plus rien faire. Il a tout de même la courtoisie de prononcer le discours qu’il avait promis de tenir au colloque de décembre 1986, où je fus moi-même appelé à la rescousse : le ton de l’allocution de Faye, donnée dans l’après-midi, trahissait néanmoins son aigreur et son mécontentement, pleinement justifiés. En 1987, il rédige un texte bref, annonçant son départ du G.R.E.C.E., et exhortant ses sympathisants à œuvrer en tous sens pour faire passer le message fondamental de l’association métapolitique, texte qu’il distribue en Suisse au rassemblement de la Lugnasad, le 1 août, jour de la fête de la Confédération helvétique. Plus tard, je traduirai ce texte en allemand pour DESG-Inform. Faye participe alors aux activités de Ker Vreizh, la maison bretonne du quartier Montparnasse à Paris, animée par Yann-Ber Tillenon et Goulven Pennaod. L’amitié entre Faye et Tillenon, née vers 1982, s’est nouée définitivement à cette époque : elle sera indestructible, preuve d’une fidélité exemplaire, jusqu’à la mort en mars 2019 de Faye. Ce groupe breton édite alors la revue Diaspad, au sein d’un « Cercle Maksen Wledig », nom celtique de l’Empereur romain Maxence. Faye confiera à cette publication des textes, sûrement d’une haute pertinence, mais dont je ne dispose malheureusement plus. Une analyse de ces articles mériterait certainement d’être faite pour lui rendre un hommage vraiment complet et pour expliciter chaque étape de son itinéraire personnel et intellectuel. Cette joyeuse bande bretonnante se réunissait à l’époque à la crêperie « Ti Jos » dans le quartier de Montparnasse. La même année, Faye publie, avec l’aide de deux amis, Burgalat et Falavigna, un journal très original, J’ai tout compris, qui ne parut malheureusement que quatre fois, avec un numéro particulièrement bien ficelé, alliant humour, cynisme, catastrophisme bien calculé, sur le SIDA, grand thème à l’époque. Krebs traduira en allemand les articles les plus pertinents de ce numéro consacré au fléau HIV, le virus qui semait la mort.

Les nouveaux enjeux idéologiques annonçaient, dès 1985 donc, les ouvrages plus polémiques de Faye, parus chez l’AEncre au début de la décennie 2000, avec, pour chapitres, « Société multiraciale, société multiraciste » ; « L’ethnocide des Européens » ; « La ‘tradition’ à la lueur de l’âme faustienne » et « L’identité européenne à l’ombre de la technique moderne ».

fbh-sid.jpgEn 1987, sous le pseudonyme de Pierre Barbès, Faye co-rédige un ouvrage très important, eu égard à l’ampleur que prend de nos jours le « politiquement correct », avec François-Bernard Huyghe : La soft-idéologie, livre paru chez Robert Laffont. Cet ouvrage m’a aussitôt paru fondamental et, avec Jean van der Taelen et Guibert de Villenfagne de Sorinnes, nous décidons d’inviter Faye et nous lui louons une salle du prestigieux hôtel Métropole, en plein centre de Bruxelles. Rogelio Pete, qui avait invité Alain de Benoist en mars 1981 dans le cadre d’un colloque sur la défense européenne, se charge, cette fois, de la logistique, car il avait, lui aussi, apprécié le contenu de la Soft-idéologie. La veille de la conférence, je reçois un coup de téléphone d’un militant du G.R.E.C.E., agissant en service commandé, pour m’engueuler copieusement d’avoir lancé cette initiative et pour agonir Faye des plus basses injures. J’ai eu beau jeu de lui dire que je n’étais pas l’organisateur du colloque et qu’il devait adresser ses réclamations à Pete, ce qu’il ne fit évidemment pas, parce qu’il n’avait pas le numéro de téléphone de notre ami hispaniste. Cette gesticulation, mêlant haine viscérale et stupidité abyssale, n’eut aucun effet. La conférence s’est bien déroulée.

Faye quittera cependant l’orbite de Diaspad pour entamer sa carrière d’une dizaine d’années à Skyrock, où il sera Skyman, et dans toutes sortes de médias comiques, multipliant sketches, canulars et blagues de potache dont je n’avais plus que des échos indirects. Je me rappelle vaguement d’un canular de Skyman-le-vengeur, appelant une dame un peu bêbête, qui tombait des nues, pour lui dire que son mari n’avait pas payé les honoraires d’un célèbre immunologue lyonnais, le Dr. Belmont. En pleine psychose du SIDA, bien entendu… Un jour, le béjaune que le bazboug tabagiste avait bombardé « secrétaire-général » du G.R.E.C.E. m’appelle et, avec une voix de bigote à qui un polisson aurait narré une histoire salace que la dite rombière n’ose pas répéter, me dit que « Faye a commis des facéties » dans l’Echo des savannes. Intrigué, je quitte mon bureau pour me rendre à la maison de la presse du quartier et me procurer le numéro, plein de photos révélatrices des « facéties » : Faye y avait fait une traversée de Paris, déguisé en handicapé moteur et mongolien, avec repas mouvementé à l’Hippopotamus, et une promenade germanopratine en aveugle, heurtant tout sur son passage avec sa canne blanche, renversant un présentoir de cartes postales et une pile de boîtes de conserve dans un Franprix. Plus tard, je le revois dans Paris Match, accompagné d’une sémillante secrétaire nommée Mary Patch ( !) : il est devenu le Prof. Kervous, ami personnel de Bill Clinton, fraîchement élu Président des Etats-Unis. Kervous est envoyé en mission secrète en Europe car Clinton a décidé en catimini d’avoir un secrétaire d’Etat aux affaires européennes qui doit être obligatoirement un Européen et le premier à obtenir cette charge sera un Français. Kervous sonde alors toute une série de politicards hexagonaux qui se bousculent pour avoir le poste, médisent de leurs collègues. Mary Patch enregistre le tout, qui fera un formidable papier dans Paris Match. Il y eut ensuite Faye, artiste-peintre lithuanien, présenté comme l’ami personnel du nouveau président de la Lituanie désoviétisée. En vingt-quatre heures, Faye et ses complices avaient peint une vingtaine de toiles, représentant de glorieux phallus en érection, qu’ils exposeront le lendemain dans une galerie pour les vendre au prix fort. Et ça a marché ! Ils rembourseront le lendemain en expliquant que c’était un canular mais le message politique, bien perceptible, était aussi clair que de l’eau de roche : l’art dit contemporain est une formidable supercherie. Faye et ses copains facétieux venaient de le prouver !

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En 1995, mes amis italiens des « Edizioni Barbarossa », qui publient une collection « Sinergie europee » me demandent, avec l’appui insistant de Stefano Vaj, de rédiger une préface à une nouvelle édition italienne du Système à tuer les peuples. J’en profite pour expliciter en profondeur la teneur philosophique des démarches de Faye (cf. http://robertsteuckers.blogspot.com/2012/01/lapport-de-gu... ) et pour dénoncer les mécanismes qui ont conduit à son éviction du mouvement auquel il avait, sans compter, sans hésiter, consacrer toute sa jeunesse, en ne terminant pas ses études pour se mettre au service d’un pontife qui ne cessera de lui mettre des bâtons dans les roues.

Puis, tout à coup, fin 1997, un entretien de Faye paraît dans une nouvelle revue qui fera son chemin, Réfléchir et Agir, animée à l’époque par Eric Rossi. Cet entretien avait été obtenu par « DW », militant de la mouvance qui, le malheureux, avait été entraîné dans une escroquerie, scandaleuse autant que ridicule, montée par un faux architecte et un mécanicien-dentiste, soi-disant deux «amis de la communauté », dont l’un fut, un moment, l’animateur principal de l’URPIF (« Unité Régionale de Paris-Ile-de-France ») et l’autre, un féal thuriféraire du pontife (et l’est resté), et est aussi, à l’occasion, le chansonnier de la bande mais, hélas, affligé d’une voix de crécelle enrayée, lui valant le surnom d’« Assurancetourix ». DW, qui avait été manipulé par ces deux intéressants personnages, avait écopé d’un séjour de six mois dans un célèbre hôtel de Fleury-Mérogis. Inutile de dire que le gars ruminait une certaine amertume. Il est venu me trouver à Bruxelles, m’a fait ensuite, au fil des mois, rencontrer Rossi à Paris, dont la thèse universitaire sur la mouvance nationale-révolutionnaire est certainement ce qui, jusqu’ici, se fit de meilleur, de même qu’un sympathique philosophe irakien, baathiste mais spécialiste de Marx. Puis, un jour, DW, excellent garçon, me téléphone pour me dire que Faye revient à la « métapolitique », après son entretien accordé à R&A, et que je suis le premier qu’il veut revoir !

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La façade de l'actuel "Schieve Lavabo", site de feu le "Cent histoires". C'est là que Faye et DW passèrent la première après-midi avec mes amis et moi-même au printemps 1998 !

Et voilà qu’un beau jour du printemps de l’année 1998, Faye, piloté par DW, débarque à Bruxelles, dans mon quartier. Il y avait onze ans que nous ne nous étions plus vus, depuis la conférence sur la soft-idéologie au Métropole et depuis le rassemblement de la Lugnasad, organisé par Pascal Junod, le 1 août 1987, en pays vaudois. Mais nous nous sommes tout de suite parlé comme s’il n’y avait pas eu de parenthèse, comme si la dernière réunion du SER avait eu lieu une semaine auparavant. Nous nous replions pour déjeuner au café le « Cent histoires », tenu par le fameux Hubert, natif de Bütgenbach, commune des cantons germanophones de la Belgique. Par un heureux hasard, Faye était arrivé à Bruxelles quand quelques amis allemands y séjournaient aussi, de même que Tomislav Sunic. Tous lui posaient des questions, revenaient sur des souvenirs du passé, d’autres, ignorant tout de la mouvance, étaient ravis de faire un brin de causette avec Skyman ou avec le fauteur d’une autre plaisanterie cocasse ou grivoise ou avec le collègue de la célèbre Tabatha Cash (photo), sulfureuse animatrice de Skyrock, toutes choses dont je n’avais jamais entendu parler.

TC-gf.jpgLe vin a coulé à flot. La facture s’allongeait et Hubert de Bütgenbach avait les yeux qui scintillaient comme ceux de Picsou quand il voit des dollars. Au beau milieu de nos libations, nous avons décidé que Faye participerait à l’Université d’été de « Synergies européennes » qui devait se tenir dans le Trentin en juillet. Il devait y présenter son nouvel ouvrage, paru à l’AEncre : L’archéofuturisme.  Le livre commençait par une critique très courtoise des dérives de la ND (canal historique et… hystérique), lignes qui attestent du caractère affable de Faye, prompt à la réconciliation et au pardon pour ceux qui l’avaient pourtant si profondément meurtri. Pour formuler cette critique courtoise, Faye avait policé un petit essai corrosif, qu’il m’avait envoyé quelques semaines plus tôt par l’intermédiaire de DW, et qu’il avait intitulé « La ND ou la planète des clowns » (tiens, au fond, ce texte traîne encore dans mes tiroirs…). Il formulait ensuite son idée-force d’« archéofuturisme » comme « réponse à la catastrophe de la modernité » et comme « alternative au traditionalisme ». Suite à cette double introduction sur les avatars de la ND et sur la définition de l’archéofuturisme, Faye nous offrait, dans son nouveau bouquin, une masse d’articles divers, dont quelques pages pertinentes sur la pensée de Carl Schmitt. Ensuite, deux essais : « Pour une économie mondiale à deux vitesses » et « La question ethnique et la question européenne envisagées d’un point de vue archéofuturiste ». L’ouvrage se terminait par une fiction : « Une journée de Dimitri Leonidovitch Oblomov – Chroniques des temps archéofuturistes ». Bref la machine était relancée.

gf-Archeofuturisme.gifEn effet, Charles Champetier, alors factotum principal du lugubre pontife, se dépêche de prendre un entretien avec Faye pour éléments. Puis vint l’université d’été. Nous nous rendons tous deux en train de nuit à Milan, accompagnés de Fleur, qui travaillait à l’époque pour les éditions de l’AEncre. Stefano Vaj, fidèle à l’esprit premier du SER, nous y accueille chaleureusement dans son club très huppé de notables sapés comme des milords (et nous étions en tenue de campagne…). Puis ce fut la route vers le Trentin, où, arrivés le soir, nous prenons nos quartiers. Le lendemain matin, les séminaires commencent avec, au programme, une conférence de Laurent Schang sur l’œuvre de Bertrand de Jouvenel. Il la prononce en français devant un groupe franco-allemand, dont faisait partie l’écologiste Baldur Springmann, pionnier de l’agriculture biologique, âgé de 87 ans qui avait conduit sa propre voiture depuis Hambourg pour venir nous rejoindre. Je traduis les propos de Schang. Faye, en retard, descend de sa chambre, s’installe à la table, écoute pendant cinq minutes ce jeu de discours et de traductions un peu fastidieux puis lance : « J’ai eu Jouvenel comme prof à la fin des années 60 ; voici ce qu’il disait…. ». S’ensuivit un cours magistral, et non préparé, sur l’œuvre de Bertrand de Jouvenel. Ce diable d’homme de Faye avait retenu la substantifique moelle des théories jouvenelliennes sur le pouvoir, trente-et-un ans après les avoir entendues à la Sorbonne ! Tour de force !

fayecoleur.gifEn 2000, suite à une plainte des habituels « vigilants » contre son ouvrage La colonisation de l’Europe, le pontife, crevant de trouille et dans l’espoir de se dédouaner (de quoi ?), monte une cabale contre Faye, revenu, un peu moins de deux ans auparavant, dans le bercail de la ND. Il le fait exclure de toutes les instances qu’il patronne et interdit à ses ouailles de le fréquenter et de le publier. Faye subit là une deuxième blessure inguérissable qui inscrira, très profondément, en son for intérieur, un désespoir sans rémission, expliquant plusieurs de ses dérives comportementales dont, personnellement, je m’empresse de le dire, je n’ai jamais eu à me plaindre. Pire : Alexandre Del Valle, alors copain comme cochon avec Faye et victime, lui aussi, de la vindicte obsessionnelle et hargneuse des sbires du pontife, avait tout juste repéré un entretien entre la rédaction du journal italien Lo Stato et les deux compères du saint des saints de la ND (canal historico-hystérique) : je veux dire le triste sire de Benoist et le pauvre manant de service Champetier. Dans leurs réponses, les deux zigomars chargent Faye, le traitant d’excité et de « raciste », apportant ainsi, de manière très perfide, de l’eau au moulin de ses adversaires face à la 17ème Chambre de Paris. Del Valle et Faye me téléphonent illico à Bruxelles, tous les deux dans un état de fureur déchaînée, pour me conter les vilénies imprimées dans Lo Stato. Je fouille mes archives et trouve, effectivement, une photocopie de cet entretien que m’avaient fait parvenir tout récemment mes correspondants italiens mais que je n’avais encore eu le temps de lire. Je traduis aussitôt les réponses des deux malandrins et les commente de manière assez acerbe ; espiègle et primesautier, je les balance sur le net pour  faire une petit buzz hebdomadaire, c’est toujours amusant... Champetier, piqué à vif, répond aussitôt et envoie sa réponse à tout le fichier de la ND mais sans camoufler les deux mille adresses de ses destinataires ! Je les consulte et quelle ne fut pas ma stupeur en constatant qu’au fichier des sympathisants s’ajoutaient toutes les adresses des journalistes du Monde, du Nouvel Observateur, de quelques associations de vigilants. Bref, de la délation pur jus, de la méchanceté gratuite, une volonté délibérée de nuire. Pour défendre Faye, je disposais d’un coup, et de manière inespérée, de toutes les adresses, nouvelles et anciennes, de la ND. S’ensuivit une polémique, accentuée par une équipe qui s’était baptisée « Cercle Gibelin » et qui voulait remettre le temple au milieu de l’urbs, en fédérant les forces vives et désormais dispersées du « dextrisme » néo-droitiste, en le débarrassant enfin de ses traitres, de ses pusillanimes et de ses aggiornamentistes. Immédiatement après la polémique, Charles Champetier, qui avait participé à la curée contre Faye et qui avait consacré quatorze années de sa jeune existence au service du pontife, de ses 18 ans à ses 32 ans, était jeté hors de l’association comme un malpropre, parce qu’il fallait donner son salaire à un vieux cacique de la bande qui avait fait tant de bêtises priapiques à son boulot qu’on l’avait congédié et qu’il se trouvait sans ressources sur le pavé de Paris. On ne reverra jamais plus le p’tit père Champetier. Après quelques années très douloureuses, où il aurait ressassé avec amertume son éviction et affronté les déboires familiaux qui s’ensuivirent pour son épouse et leurs quatre pauvres marmots, le malheureux Charles serait retombé sur ses pattes et s’occuperait aujourd’hui d’écologie pratique dans de vertes et riantes campagnes, au fin fond de la France périphérique, loin des gaz de Paris et des cigarettes de son ex-mentor, quintessence emblématique de l’ingratitude.

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Gropello di Gavirate

Après sa seconde éviction et après la délation qu’il avait subie, Faye, sans doute profondément blessé et outré de cette veule trahison, a toutefois continué sur sa lancée avec l’appui inconditionnel de son éditeur : le combat devait continuer, avec les moyens du bord, au-delà des chagrins profonds que l’on pouvait ressentir. Il participe aux universités d’été de « Synergies européennes » en 2000 à Gropello di Gavirate, près de Varese en Lombardie, et en 2001 à Vlotho-im-Wesergebirge en Basse Saxe. Dans cette région idyllique du cœur germanique de notre Europe, surtout en ce bel été de 2001, Faye, une fois de plus, nous a étonnés. Un jeune ami, Thierry de Damprichard, prononçait une conférence sur la Beat Generation américaine. Dans le débat qui s’ensuivit, entre 21 heures et 22 heures parce que la chaleur de l’après-midi avait été trop intense, Faye, enthousiaste, refait un cours sur ces auteurs américains, très prisés à l’époque de sa jeunesse et, subitement, tombe tout raide en pâmoison. Les amis allemands appellent aussitôt l’ambulance et le médecin urgentiste. Un hôpital sur roues s’arrête devant la porte mais Faye, ranimé par un ami suisse, secouriste dans l’armée helvétique, refuse de se faire soigner, habitude que déplore d’ailleurs Yann-Ber Tillenon dans le bel hommage qu’il lui a rendu après son décès, dans une poignante vidéo parue sur « youtube ». Puis, il se rafraîchit, retourne devant ses jeunes auditeurs, reprend le fil de ses idées et achève son cours de littérature américaine !

plpe3510.jpgEn décembre 2001, nous nous retrouvons à Saint-Germain à Paris pour une conférence sur l’euro, qui allait être introduit en France et en Belgique une semaine plus tard. En 2001, Faye réécrit et complète son Petit Lexique du partisan européen, édité en 1985 par Eurograf dans la banlieue de Liège grâce à l’entregent de Jean-Marie Simar qui n’avait pas hésité une seule seconde à lui venir en aide. Sans cette initiative, ce lexique aurait terminé dans une poubelle des bureaux de la rue Charles-Lecocq. Faye, en 2001, le remanie complètement, l’étoffe, l’amplifie et, dès le tout premier sous-titre de cette version parue à l’AEncre, il annonce la couleur : « Faire bloc avec des idées claires contre l’ennemi commun ». Ce « manifeste de la résistance européenne » connaîtra un succès mérité, surtout dans ses versions allemande et anglaise.

En 2002 paraît à l’AEncre Avant-Guerre – Chronique d’un cataclysme annoncé. Un pavé de 382 pages avec, pour fleurons, les chapitres sur les « rebelles d’opérette », sur « l’intellectualisme comme anesthésiant », sur « la classe politique comme sarabande des clowns », sur le déclin du christianisme et de son anthropologie faussée, sur le retour nécessaire à une « philosophie vitaliste » pour lutter contre la « pensée dégénérée ». En 2004, nouvel ouvrage à l’AEncre, Le coup d’état mondial – Essai sur le nouvel impérialisme américain.  Ce livre est une analyse fine des ressorts de l’impérialisme américain mais propose, en son onzième et dernier chapitre, un projet d’alliance euro-russo-américain, que Faye nomme « Septentrion ». Notre auteur s’en prend également à ce qu’il appelle l’AAOH ou « l’anti-américanisme obsessionnel et hystérique ». Il plaide pour une critique réaliste et contre toutes les formes d’imprécation que véhiculaient et répandaient les discours anti-impérialistes et anti-américains des gauches marginales et du pontife acariâtre qui l’avait chassé deux fois de l’association, celle qu’il considérait, avec tristesse et amertume, comme sa « maison », celle où, plein d’espoir, il était venu frapper sur le coup de ses vingt ans.

Dans mes propres publications de l’époque, peu de choses sont finalement parues, sauf :

  • -L’annonce du retour de Faye dans le numéro 3 de Réfléchir & Agir, avec brève recension de ses propos recueillis par Maxime Lion (in : Nouvelles de Synergies Européennes, n°30/31, octobre-décembre 1997, p. 35).
  • - Un entretien accordé par Faye au quotidien Il giornale d’Italia, dans le cadre de l’Université d’été 1998 de « Synergies européennes ». Propos recueillis par Michele Fasolo, le 24 juillet 1998 (in : Nouvelles de Synergies Européennes, n°35-36, juillet-septembre 1998, pp. 34-35).
  • - Un dossier « Guillaume Faye » dans le n°46 de Nouvelles de Synergies Européennes (juin-juillet 2000, pp. 9 à 16). Il s’agissait de prendre la défense de Faye après son expulsion des réseaux de la ND, canal historique, et de rendre compte de l’impact, en Italie, de ses ouvrages les plus récents. Textes : « Faut-il lyncher Guillaume Faye ? » par le regretté Pierre Maugué ; « Du dextrisme » par Patrick Canavan, texte reprenant les thèses du « Cercle Gibelin », qui entendait remettre les pendules à l’heure dans l’ensemble de la mouvance néo-droitiste ; « Questions à la ‘nouvelle droite’ – La ND française à la croisée des chemins », toujours par Pierre Maugué ; « Déracinement ou archéofuturisme ? » par le Prof. Augusto Zuliani (recension parue dans le quotidien milanais La Padania, 24 février 2000) ; « Guillaume Faye ou des racines archaïques du futur » par Angelo Mellone, paru dans la prestigieuse revue Area en mars 2000 ; « Archéofuturisme : cette civilisation ne passera pas la nuit… » par Claudia Gualdana, article préalablement paru dans le grand quotidien Il Sole-24 Ore, le 30 janvier 2000).
  • - Un entretien avec Guillaume Faye dans Au fil de l’épée, n°30, février 2002. Propos recueillis par Victor Marck et tirés du net. Faye y évoque son nouveau livre Avant-guerre.
  • - Un article en défense de Guillaume Faye, insulté dans la revue éléments par un certain Jean-Charles Personne, surnommé le « Bidasse Nemo ». Lothaire Demambourg avait trempé sa plume dans le vitriol pour fustiger, à la mode de Léon Bloy, ceux, toujours de la même clique, qui traînaient encore une fois Faye dans la boue (in : Au fil de l’épée, recueil n°46, juin 2003). La polémique n’était pas piquée des vers ! 

corvus-convcat.jpgDe 2000 à 2007, Faye est venu plusieurs fois en Belgique pour présenter ses thèses et ses livres. En 2004, nous sommes tous deux à Gand. Il participera à plusieurs colloques au Château Coloma, à Sint-Pieters-Leeuw, à l’initiative de Georges Hupin, qui, avec son épouse, l’accueillera toujours avec une bienveillance toute paternelle dans leur belle demeure du quartier « Art Nouveau » d’Anvers. En 2006 à Bruxelles dans la salle du Ravensteinhof, nous présentons à deux La convergence des catastrophes, excellent livre qu’il avait écrit en 2004 sous le pseudonyme de Guillaume Corvus (ma contribution à cette conférence commune : http://robertsteuckers.blogspot.com/2013/12/guillaume-fay... ). En 2007, nous participons à un colloque à Termonde, organisé par Chris Roman de l’association « EuroRus », visant à concrétiser un dépassement de l’occidentalisme en Europe qui aurait pour corollaire une réconciliation définitive avec la Russie. Chris Roman invitera encore Faye à débattre avec le penseur russe Pavel Toulaev (Tulaev), notamment sur la notion d’« Eurosibérie » que notre ami russe trouvait inadéquate, la Sibérie n’ayant jamais été un sujet de l’histoire parce que, dans cette immense région du monde, seule la Russie le fut, du moins après la disparition du grand ensemble gengiskhanide. Le débat s’est effectué dans la courtoisie dans la belle bibliothèque de Roman.

En 2007, Guillaume Faye rencontre Jules Dufresne, homme très jeune, qui vient alors de fonder les Editions du Lore. Un premier livre sort dès cette année-là, qui suscitera une terrible et résiliente polémique : La nouvelle question juive (2007). C’est évidemment le sujet qui fâche : les positions prises par Faye n’ont satisfait personne, inutile de le dissimuler. Personnellement, je pense qu’il n’aurait pas dû aborder le sujet car la catégorie dans laquelle on l’avait placé, surtout après le procès qui lui fut intenté après la parution de La colonisation de l’Europe, ne permettait pas d’aborder la question juive de manière sereine même si Faye avait pour intention louable de mettre un terme à des préoccupations monomaniaques souvent stériles, exprimées dans les différents cénacles où elles se manifestaient (nationaux pro-palestiniens, nationaux philo-sionistes, pro-palestiniens en faveur et en défaveur de l’immigration, antisionistes défavorables à l’immigration, etc.). Malgré les 396 pages qu’il a noircies en essayant de traiter de toutes les facettes de la question, il n’a pas su créer un nouveau consensus face à cette problématique pour le moins épineuse. Il a récolté l’étiquette de « sioniste » et le surnom de « shabbat-goy », qu’on lui faisait partager avec Del Valle. L’ouvrage demeure toutefois symptomatique d’un état d’esprit qui régnait effectivement dans les milieux non-conformistes dans la première décennie du 21ème siècle. Sa lecture est dès lors incontournable. A titre documentaire.

gf-wofuer.jpgPierre Krebs,  -que nous avions rencontré pour la première fois en 1981 dans l’appartement de la jeune femme qui hébergeait Faye, dans sa chambre de bonne, et avait accessoirement servi des rillettes au sinistre pontife entre Hong Kong et Las Vegas-,  avait publié une version allemande de Pourquoi nous combattons (Wofür wir kämpfen) en 2006. Il l’avait préfacée avec Andreas Molau qui invite aussitôt Faye à Bayreuth, fin avril, pour un prestigieux colloque allemand et européen où Enrique Ravello et moi-même prenons également la parole. Des émissaires du pontife essaient en dernière minute de torpiller cette édition que le colloque avait annoncée : Faye remarque leur manège dans la salle et m’en parle, visiblement ému car cette tentative retourne une fois de plus le couteau dans la plaie secrète de notre homme mais qui, même invisible, reste si vive... Je fonce tout de suite vers les deux gogols, braves types dans le fond mais légèrement handicapés de la dure-mère, et je leur dis : « Fantastique ! Un livre de Guillaume Faye va enfin paraître en allemand ! Il faut s’en réjouir ! Un homme aussi génial ! Et dire que des envieux ont toujours dénigré cet orateur hors pair !». Ils n’ont pas osé me contredire. Ce fut donc un coup dans l’eau pour les habituels nuisibles. Un de plus. Caramba ! Encore raté ! Krebs et Molau n’ont pas cédé. C’est ce que j’aime dans ce milieu : Beharrungsmenschen !

Il faudra attendre 2011 pour que les éditions du Lore, toujours dirigées par Jules Dufresne, publient Sexe et dévoiement, une somme de 371 pages récapitulant toutes les idées de Faye sur la sexualité et l’histoire de la sexualité, de l’antiquité à la christianisation et de l’époque moderne à l’ère postmoderne. Il s’agit d’une somme inégalée dans la mouvance. L’ouvrage est l’amplification et l’approfondissement de sa brochure rédigée en 1983, Sexe et idéologie. En 2012, les éditions du Lore sortent deux nouveaux ouvrages de Faye, Mon programme et Archéofuturisme V2.0. Mon programme est, comme son nom l’indique, un programme politique à appliquer immédiatement si, tout d’un coup, il y avait vacance de pouvoir et si nous étions les seuls à pouvoir la combler. Le texte peut encore et toujours inspirer mais n’oublions pas que la réalité politique est désormais de plus en plus volatile et que ce type de programme est rapidement obsolète. Archéofuturisme V2.0 est une série de « nouvelles cataclysmiques », qui ont le grand mérite de l’originalité, dévoilant simultanément une facette de romancier que Faye n’a finalement que peu exploitée. Début 2013, le Lore publie une brochure, dans le style de celles qui étaient jadis produites par le G.R.E.C.E. : elle est intitulée La nouvelle lutte des classes. Faye y annonce le collapsus social, dû, entre autres choses, à la multiplication exponentielle des castes parasitaires inutilement importées qui ne contribuent pas à la richesse de la nation. Cette brochure s’inscrit donc dans la logique inaugurée dans La colonisation de l’Europe. La coopération de Faye avec les éditions du Lore s’arrêta là.

Il coopéra par la suite avec les éditions Tatamis dirigées par Jean Robin, où il sortit un Comprendre l’islam, dont je ne possède pas (encore) d’exemplaire. Enfin, chez un cinquième éditeur, Daniel Conversano, Faye sortira son ultime bouquin, intitulé La guerre civile raciale, que j’attends avec impatience.

Mais la grande avancée de Faye au cours de la deuxième décennie du 21ème siècle se produisit dans les pays anglo-saxons. Grâce aux éditions Arktos, patronnées par Daniel Fridberg, Suédois, et par John Morgan, Américain, Faye connaîtra des tirages bien plus importants qu’en France et une diffusion mondiale grâce à d’excellentes traductions dûment annotées. En voici la liste :

  • - Archeofuturism (2010).
  • - Why we fight (2011).
  • - Convergence of catastrophes (2012).
  • - Sex and deviance (2014).
  • - The colonisation of Europe (2016).
  • - Archeofuturism 2.0 (2016).
  • - Understanding Islam (2016).
  • - A Global Coup (2017).

gf-battle.jpgDans la vaste mouvance américaine, aucun sabotage de ses livres n’a eu lieu. Les sites de Greg Johnson et de Jared Taylor, suivi par beaucoup d’autres, en font une publicité ininterrompue. Le matraquage sur les réseaux sociaux est incessant. Le spécialiste de la « nouvelle droite »  française aux Etats-Unis, le formidable Michael O’Meara, lui consacre un petit livre, Guillaume Faye and the Battle of Europe (Arktos, 2013), qui a le mérite d’expliciter l’œuvre de Faye en consolidant chaque argument d’un bon appareil de notes. Dans le seul exemplaire américain de son œuvre que je possède, une copie de Why we Fight, que Faye m’a remis à Paris le 4 juin 2011, je découvre une préface de O’Meara où Faye est décrit comme le prophète du « Quatrième Age », suivie d’une traduction en anglais de la préface allemande de Krebs. Les noms de tous ceux qui ont permis cette édition anglaise de Pourquoi nous combattons figurent en page 4 du volume : le traducteur O’Meara, l’éditeur John Morgan et le co-éditeur australien, excellent connaisseur de la langue française, Matthew Peters, le réalisateur de la couverture Andreas Nilsson et l’incontournable Daniel Fridberg. On peut supposer que cette excellente équipe n’a pas été importunée par les habituels cloportes expédiés depuis la sombre officine parisienne du gourou… Très récemment, quelques jours avant le départ définitif de Faye, le gourou a vomi sa colère et son dépit (hu...hu…hu… !) dans les colonnes du quotidien italien La Reppublica : les représentants de l’Alt-Right, proclamait-il, ne sont que de « petits extrémistes ridicules », qui lui ont pourtant financé de belles éditions de ses propres pensums et quelques voyages d’agrément dans les Amériques…  Toujours l’ingratitude foncière de l’indéboulonnable Dr. Peutt Peutt…

Mais les dédouanements du pontife Peutt Peutt n’ont aucune incidence, ne servent strictement à rien : en date du 28 mars 2019, vingt-deux jours après la mort de Faye, paraît une longue « étude » d’un certain Dan Glazebrook sur le site de « Democracy and Class Struggle » (= Démocratie et lutte des classes » - titre : « The Browning of the Left : How Fascists Colonised Anti-Imperialism » - https://democracyandclasstruggle.blogspot.com/2019/03/ ). C’est un long pensum de cerveau mou, genre antifa, sur le grand manitou que nous avons côtoyé tous deux pendant si longtemps. Jugeons-en : le manitou est l’homme qui, sur cette planète, « brunit la gauche »  et qui « s’approprie les concepts de la gauche pour les mettre au service d’un fascisme plus politiquement correct » ; « sa carrière politique a commencé en applaudissant directement les impérialistes jingoïstes dans des livres tels ‘Le courage est leur patrie’ et ‘Rhodésie : terre des lions fidèles’ » ; « il a surfé sur les concepts de la nouvelle gauche de façon à mettre au goût du jour une forme explicitement fasciste de politique identitaire » ; « sa nouvelle droite a immédiatement adopté la phraséologie captatrice de la nouvelle gauche sur le ‘respect de la diversité’ et le ‘droit à la différence’ pour se faire l’avocate d’une politique prônant la séparation des ethnies, qui seront alors racialement purifiées » ; « il recyclait les théories d’un apartheid global, propre des racistes du 19ème siècle, qu’il cherchait explicitement à réhabiliter » ; « de cette manière, …, il cherchait à implanter l’injonction de Hitler de créer un peuple prêt au fascisme » ; « il jette effectivement les fondations d’une politique identitaire blanche au cœur du fascisme moderne ». Tout cela, je suis d’accord, c’est le blabla abscons que l’on entend depuis de longues décennies, et qui est l’indice d’une sévère pétrification mentale, mais, voilà, ces accusations ne seront plus, dans un avenir proche, adressées à Faye, l’homme qui ne mâchait pas ses mots, mais bien à celui qui l’a toujours systématiquement enfoncé dans l’espoir de se dédouaner, de passer chez les badernes du système pour le gentil intello modéré face au méchant Faye, pitbull qui voulait mordre les pauvres salafistes et Savonarole postmoderne qui ne cessait de calomnier les braves wahhabites… (le tout avec l’aide très hypothétique de Tsahal), face aussi à l’alt-right américaine, composée de « petits extrémistes ridicules » qui se servent de son auguste personne pour se faire valoir (comme si ces gens avaient besoin, pour se hausser le col, d’un vieillard parisien radoteur, interlocuteur récent d’autres radoteurs séniles de l’autre bord dans les colonnes du Figaro ou du Causeur…). Faye a d’ailleurs eu les mots qu’il fallait pour les « repentis », et, a contrario, ce Dan Glazebrook les confirme. Ecoutons Faye : « Ceux qui, jadis, ont commis des erreurs de parcours, des péchés de jeunesse, des écarts abominables, et qui veulent se faire pardonner en montrant patte blanche. Hélas, ils ne parviennent pas à détacher de leur queue les casseroles tintinnabulantes, quelque effort, grouillerie, reptation, léchage, renvoi d’ascenseur qu’ils fassent » (Avant-guerre, p. 207). Cqfd. 

En octobre 2018, plusieurs amis me téléphonent pour me dire que l’état de santé de Guillaume Faye est alarmant. Il est hospitalisé. On connaît la suite. Mais sa réplique aux médecins et aux amis qui ne lui cachaient pas la vérité est vraiment formidable et on aimerait tous avoir la même froide sérénité aux moments ultimes : « J’ai 69 ans, je mourrai au même âge que Platon, également d’un cancer… ». La Parque a coupé le dernier fil que le liait à la vie le 6 mars 2019, peu avant minuit. Son cercueil a été placé dans le caveau familial, dans le cimetière d’un village près de Poitiers (Faye se disait « Poitevin »). Yann-Ber Tillenon lui a placé sur la poitrine l’aigle de Maksen Wledig. Le camarade Bruno a glissé une carte de la « Grande Europe » (Sibérie comprise), avec un texte poignant. Philippe Gibelin a présidé à la cérémonie. Daniel Conversano était présent. D’autres amis de la région s’étaient déplacés. Des bouquets de fleurs entouraient sa pauvre dépouille, bouquets d’une grande beauté parce que d’une grande simplicité. Je suis heureux que Faye ait retrouvé sa terre, sa famille, son enfant au bout de son interminable errance dans une certaine solitude, au bout de sa désinstallation permanente qui fut toujours marquée du sceau du tragique, en dépit de sa joie apparente, de la joie affichée qui cachait sa grande douleur.

C’est Pierre Vial qui a trouvé les mots les plus justes pour évoquer le destin de Faye. Vial a mis le doigt sur la vérité nue, cruelle qui était là, au fond de sa personne et qu’il dissimulait (mais tristement) derrière un panache truculent. Ainsi, Vial écrit qu’au G.R.E.C.E. « ses talents ont fait merveille. Peut-être trop au goût de certains egos surdimensionnés à qui il faisait (sans le vouloir) de l’ombre ». Personnellement, je peux témoigner de la pertinence de cette phrase… Et, Vial ajoute : « Quand le divorce avec certains hiérarques de la Nouvelle Droite est devenu inévitable, il a été touché au plus profond de son être et nous avons été peu nombreux à nous en rendre compte ». Enfin : « Il y avait en lui des blessures qui ne se sont jamais refermées ». Ces blessures ont été constamment ravivées par les mêmes ignobles personnages car, il faut le dire, en extrapolant très légèrement les propos de Vial, que Guillaume a été un homme que l’on a délibérément voulu tuer à petit feu, un homme qui fut littéralement kapotgekoeioneerd ou kaputtkujoniert comme on dit en néerlandais et en allemand (c’est-à-dire, « couillonné jusqu’à en crever »). Une volonté qui n’émanait pas de l’ennemi mais de son propre camp ! En l’humiliant et en l’insultant à longueur de journée dans les années 1980, alors que son travail était exemplaire ; en colportant les pires ragots sur sa personne dans les années 1990 et 2000. Or, les comportements qu’on lui prêtait, personne, ici, dans les anciens Pays-Bas autrichiens ou aux Etats-Unis, ne les a remarqués ni a fortiori subis, sauf peut-être, en Bretagne, son troisième éditeur, Jules Dufresne (mais sans doute est-ce à cause de l’hydromel qu’il offre si généreusement à ses hôtes et à ses auteurs…). Ni Georges Hupin ni Guibert de Villenfagne ni Chris Roman ni Jared Taylor ni moi-même, qui l’avons régulièrement hébergé, n’avons eu à nous plaindre de lui. Pas davantage que ceux qui nous offraient le gîte lors des universités d’été en Italie ou en Allemagne. Honte donc à tous ceux qui l’ont meurtri sans raison, jadis, avec une cruauté abjecte et inquiétante (pour leur santé mentale), l’ont continuellement vilipendé, honte surtout à « ceux qui l’ont connu » et l’insultaient encore, quelques jours avant qu’il n’ait été porté en terre, méritant le titre de « clique » qu’un ancien de nos camarades, et non des moindres, leur a collé sur le dos dans un courrier qui m’était personnellement adressé, honte aussi aux petits roquets sans cervelle qui servent obséquieusement les vieillards haineux de la « clique » et répandent allègrement leurs phrases fielleuses sur la grande toile.

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Si Vial, en quelques phrases parfaitement ciselées, a bien mis le doigt sur le tréfonds de la problématique psychologique qui fut celle de la personne Faye, sur cette tristesse indicible et immense, inguérissable, qui l’avait transformé lentement et fait, du garçon généreux, joyeux et curieux qu’il était, un homme qui a basculé dans la farce pendant dix ans mais a voulu en sortir, un homme vieilli avant l’âge, miné par un mal sournois, Yann-Ber Tillenon dans une première vidéo rend très justement hommage à l’homme qui présentait des facettes multiples. Tillenon voit en Faye un penseur, un polémiste, un scénariste de canulars, un auteur de bande dessinée, un acteur capable de jouer n’importe quel rôle. Propos que Faye lui-même avait corroborés dans une émission récente de « TV Libertés » en disant qu’il avait toujours recherché cette multi-dimensionnalité que présentaient également les philosophes grecs de l’antiquité, ses modèles. En effet, la pensée de Faye est une réponse à l’unidimensionnalité du monde bourgeois, le sien au départ, qu’il avait rejeté de toutes les fibres de son corps, pour se vouer entièrement à la cause, au détriment de sa vie de famille, de toute carrière professionnelle cohérente. Sa réponse à l’unidimensionnalité (celle de Demesmaeker) n’était évidemment pas la même que celle proposée par Herbert Marcuse… encore que… Faye voulait un retour aux Grecs, à Aristote (ce qui le rapprochait d’Ivan Blot, disparu en octobre 2018), à Héraclite et rejetait ce qu’il appelait, avec Raymond Ruyer (1902-1987), les « nuisances idéologiques », toutes issues d’une modernité dévoyée.

Faye avait fait connaissance avec le G.R.E.C.E. au moment où celui-ci disposait d’un cercle à Sciences-Po à Paris, le « Cercle Pareto », et où les cadres du mouvement, suite aux leçons données par le sociologue allemand Henning Eichberg à la « Domus », dans la région d’Aix, avaient planché sur l’empirisme logique de l’école anglaise et sur le Tractatus logico-philosophique de Ludwig Wittgenstein. Domaine qui avait intéressé aussi Raymond Ruyer, alors professeur à Nancy et membre du comité de patronage de Nouvelle école. Pour l’école empiriste/logique anglaise, Ruyer, les disciples de Wittgenstein et leur interprète national-révolutionnaire allemand Eichberg, les discours scientifique et politique se devait d’être limpides, logiques, dépourvus d’ambigüités et d’affects incapacitants. Faye, après la lecture de Heidegger et de sa Lettre sur l’humanisme, concevait bien qu’une telle logique pure, et scolastique, ne pouvait s’adapter à la sphère effervescente du politique, toujours grevée d’irrationalité, parfois destructrice, parfois constructive. Cependant, il y avait, chez lui, la volonté de rejeter sans appel les ambigüités, les affects incapacitants et les ritournelles stérilisantes, tous figements qu’il convenait de briser, au marteau, à la mode de Nietzsche (comme, par exemple, quand il s’était mis dans la peau d’un « peintre lithuanien » à la mode…). Faye se disait « réalitaire et acceptant » contrairement à l’engouement pour la critique pure et déconstructiviste sur laquelle pariaient alors les gauches intellectuelles, dans le sillage de l’école de Francfort, du déconstructivisme français (la « French School ») et d’autres modes intellectualistes. L’imitation de ces travers par les sycophantes de notre propre mouvance était à rejeter avec la même vigueur. Pour échapper à cet irréalisme, à ces « nuisances idéologiques » et à ces affects incapacitants, il fallait renouer avec l’esprit hellénique de l’antiquité dans lequel, adolescent, dans son collège d’Angoulême, il avait baigné et même adorer se baigner. Une nouvelle paedia grecque et une immersion dans le mos majorum des Romains sont les antidotes aux dérives de la modernité tardive.

Par voie de conséquence, il ne fallait pas, dans notre mouvance, tenir compte des nuisances idéologiques pour pouvoir être admis dans des débats stériles (où « l’on discute du sexe des escargots ») orchestrés par les médias du système (à tuer les peuples) (cf. Avant-guerre, p. 206). Il ne fallait tenir compte que des faits, être en quelque sorte « factualiste » et non des idées fumeuses avec lesquelles le « paysage intellectuel français » faisait allègrement joujou pendant que la société toute entière partait en quenouille (« Contre le byzantinisme, retour au réel ! », ibid.). L’erreur majeure du pontife était donc de vouloir occuper des tribunes là où, en fait, on ne disait rien de concret, rien de « bouleversant ». Quant au paganisme fayen, il était classique, hellénique et romain car, ainsi, il permettait de renouer avec les humanités classiques, sans tomber dans les dérives du New Age, des mauvais lecteurs de Tolkien, des hippies recyclés dans une sorte de folcisme soft, etc. Benedikt Kaiser, représentant de la toute dernière génération de la « Neue Rechte » allemande, dans son texte sur Faye en date du 7 mars 2019 (sur https://sezession.de/60561 ), jour où nous avons tous appris le décès de notre ami, parle de sa volonté d’ancrage dans le réel, de sa Wille zur realpolitischen Erdung. Belle parole qui ne l’empêchera pas d’aller glander dans le club des lèche-derche du pontife dans l’espoir fou de recevoir une petite tape amicale sur la joue droite… Il a déjà donné tous les gages pour cela.

Faye, pour moi, était aussi, grâce à la formation qu’il avait reçue dans un collège de jésuites, un praticien des « arts de la mémoire ». Parfois, une magnifique conférence de deux heures était préparée sur un petit bout de papier froissé, un sous-bock, avec quelques mots-clefs et un « chemin » fait de quelques lignes et de quelques flèches. Son intervention sur Jouvenel dans le Trentin en juillet 1998 prouvait qu’il gardait certains de ces « chemins » dans un coin de son cerveau et pouvait les restituer tout de go. C’est un art que l’on a largement oublié en Europe aujourd’hui.

J’ai donc perdu celui avec qui j’ai marché pendant 44 ans, même si au cours de ces vingt dernières années, nous n’étions plus collègues : l’essentiel continuait à nous unir intellectuellement. J’aurais encore mille et une choses à dire et à écrire ici sur Faye. Mais, voilà, je pense avoir communiqué quelques pistes importantes pour ceux qui écriront l’histoire de la mouvance, à laquelle il a donné ses meilleures impulsions mais qui l’a chassé et renié, pour ceux qui veulent en comprendre les ressorts tout en épousant ses thèses essentielles, au-delà de la méchanceté de certains hiérarques qui, eux, méritent d’être oubliés, en tout cas, d’être exclus des tables où nous dînons. Nul besoin de commensaux pareils. Cependant, ce qu’il faut garder en tête, c’est que les idées demeurent, étaient là avant nous, seront là après nous, tandis que les hommes passent, les meilleurs comme les pires, car, très souvent, ils faillissent.

En tout cas, jamais je ne pourrai exprimer ma reconnaissance à Faye pour tout ce qu'il m'a apporté. Merci, Guillaume, repose en paix en terre poitevine, avec tes parents, à proximité du Futuroscope... La terre et les fusées... 

Robert Steuckers.

Forest-Flotzenberg, mars 2019.

mardi, 26 mars 2019

Yann-Ber Tillenon et Alice Tertrais nous parlent de Guillaume FAYE

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Yann-Ber Tillenon et Alice Tertrais nous parlent de Guillaume FAYE

Entrez une dernière fois dans l'univers de cet auteur génial en lisant son dernier essai, Guerre Civile Raciale : https://guillaume-faye.fr/
 
Le site internet de l'invité est ici : http://www.tillenon.com/
 
La chaîne youtube de nos deux amis, à présent : https://www.youtube.com/channel/UCG6u...
 
Les interventions de Guillaume Faye dont je parle dans cette vidéo :
 
- Pour le colloque d'American Renaissance : https://www.youtube.com/watch?v=ydWli...
 
- Interview faite par un camarade russe : https://www.youtube.com/watch?v=4zzLP...
 
En espérant que ce petit hommage à trois vous a plu.
Que l'artiste et l'homme repose en paix !
 

mardi, 19 mars 2019

Hommage à Guillaume Faye - sa bibliographie commentée

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Hommage à Guillaume Faye - sa bibliographie commentée

par Thomas Ferrier
 
Hommage à Guillaume Faye, penseur de l'Europe authentique, mort le 6 mars 2019.
 

lundi, 18 mars 2019

Guillaume Faye, Chevalier FAOUET : Evocation avec Yann-Bêr Tillenon

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Guillaume Faye, Chevalier FAOUET :

Evocation avec Yann-Bêr Tillenon

Guillaume Faye, un génie métamorphique qui nous quitte à 69 ans, dans cette année moins "érotique" que "thanatique"... Apollon et Dionysos ont tenu Guillaume entre leurs deux Feux sacrés, ainsi fut-il habité en cette vie par l'Ivresse et la Lumière, par la tension tragique de la création... Et c'est sous la protection d'Arès que se désincarne le guerrier Faye en ce mois de Mars... pour se ressourcer au Champ d'Honneur des Héros de la Grande Europe... Awen !
 

dimanche, 17 mars 2019

La scomparsa di Guillaume Faye Un romantico della politica

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La scomparsa di Guillaume Faye
Un romantico della politica

Carlo Gambescia

Ex: https://carlogambesciametapoliticspuntozero.blogspot.com

Il sette marzo è morto Guillaume Faye (nella foto). Avrebbe compiuto settant’anni il prossimo novembre. Era da tempo malato. Tra gli anni Settanta e Ottanta del secolo scorso rappresentò l’ anima volontarista, romantica, della Nouvelle Droite: se si ci si passa la metafora sacrilega, Faye incarnò l’attivismo dei primi ordini mendicanti, mentre Alain de Benoist, ne era l’anima benedettina, dedita esclusivamente allo studio e al lavoro culturale.


Infatti, inevitabilmente, a un certo punto le due anime si separarono. Senza, crediamo, perdere la stima reciproca, come del resto testimonia una lunga intervista, vingt ans après (per dirla con Dumas padre) a “Éléments”, dove Faye confessò, tra le tante cose interessanti, amichevoli e simpatiche raccontate, di essersi dedicato, a tempo perso, anche alla frequentazione dei set dei film pornografici. Agli amanti del genere, il compito di recuperarne i preziosi fotogrammi.


Quella che può sembrare una battuta, evidenzia invece bene, ciò che può essere definito il lato dannunziano di Faye, romantico, politicamente romantico, tutto genio e sregolatezza.
Genio, perché in opere come Le système à tuer les peuples (1981) e La Nsc: Nouvelle société de https://consumation (1984) tradusse, non senza un brillantissimo tocco personale, ad uso e consumo dell’estrema destra, in larghissima parte sociologicamente illetterata, il complicato e raffinato lessico sociale della Scuola di Francoforte e della microfisica strutturalista del potere di Foucault, che lui, Faye, con robusta formazione da scienziato sociale, conosceva a memoria.

Sregolatezza, perché, da romantico politico, Faye non comprese mai i tempi lunghi della politica, che invece un suo caro amico italiano, trasferitosi in Francia, Giorgio Locchi, ben conosceva, mettendolo in guardia. Di qui, quel suo romantico gravitare, rimproveratogli, crediamo, anche dal Benedettino Parigino (via Tours), negli ambiti delle sregolatezze della politica politicante. Un voto francescano di rinuncia cognitiva, quello di Faye, frutto di un volontarismo, forse caratteriale, e di una incomprensibile incomprensione, nonostante la sua formazione sociologica, delle durezze selettive della politica: un mondo in cui, di regola, gli amici diventano nemici e gli amici nemici, secondo il rapsodico, ma ferreo, gioco degli interessi, dei poteri e dei carismi rivali, veri o falsi che siano.


Il che spiega, per contro, perché Alain de Benoist, da buon benedettino delle idee, e profondo conoscitore delle regolarità metapolitiche, abbia, sempre preferito, e giustamente, l' ora et labora. E perciò di tenersi alla larga dall'influsso venefico dell'occasionalismo, come adesione, occasionale, alle cause politiche più diverse, pur di poter cambiare la realtà.


Per inciso, sarebbe interessante, se esistesse, studiare la corrispondenza tra i due maggiori intellettuali della Nuova destra franco-italiana dopo Alain de Benoist: Locchi e Faye. Ma sarebbe interessante indagare - altro inciso nell' inciso - anche i rapporti intellettuali, tra Faye e Robert Steuckers, altro nomade d'ingegno della Nouvelle Droite, ramo dinastico franco-belga. Ovviamente, anche la non breve sinergia Faye-De Benoist è tutta da ricostruire. E capire ( e gustare) nelle sue sfumature.


Sregolatezza intellettuale, dicevamo, che si evince, sul piano cognitivo, anche da un libro come Archéofuturisme (1998), dove l' approccio strutturalista di Faye, insomma da sociologo, fa a pugni con la sua sensibilità da individualista romantico della politica. Infatti, il lavoro, a un certo punto slitta, per assumere, tecnicamente parlando, la forma del romanzo utopico in chiave sovrumanista. Poesia contro prosa sociologica. versi contro concetti, materiali tellurici, forse, da dissidenti della ragione.


Il mix di futurismo e tradizionalismo, che innerva il pensiero di Faye, a un tempo sociologico e post-sociologico, non è altro che la perfetta incarnazione, quasi da manuale, di quel romanticismo politico, come insegnava Carl Schmitt, che conduce inevitabilmente all' occasionalismo. Infatti, Faye, autore di un trentina libri, spazia dal terzomondismo, al protezionismo economico, dall’eurasismo, seppure riveduto e corretto, fino allo spezzare una lancia in favore di Israele e del Giudaismo in chiave anti-islamica. Tutto e il contrario di tutto.


Provocando così inevitabili soprassalti culturali nei suoi lettori, prevalentemente di estrema destra. I quali però, imbevuti dello stesso romanticismo politico, ma di regola, di gran lunga culturalmente inferiori, tendono tuttora a scorgere in Faye, senza avvedersi dei problemi di scala cognitiva ed euristica, una specie di reincarnazione del filosofo Nietzsche. Che però, detto per inciso, non aveva mai studiato sociologia. E che quindi non era a conoscenza come Faye, degli inesorabili rotismi della macchina sociale. Un aspetto, quello dei determinismi sociali, che resta tra i più interessanti dell'opera di Faye, seppure nascosto, se non addirittura sepolto, sotto l'abbondante cenere dell'occasionalismo politico.

Del resto, in Francia, il suo La nouvelle question juive (2007), venne attaccato da un'estrema destra antisemita, "diversamente" occasionalista. Mentre in Italia attende ancora di essere tradotto. Il che, tra l’altro, la dice lunga sull’antisemitismo, oggi mascherato da antisionismo, dell’editoria neofascista. Sotto questo aspetto le frizioni, talvolta cortocircuiti, tra gli stilemi del radicalismo di destra, refrattario alla sociologia, e le intuizioni sociologiche di Faye, come dicevamo, di derivazione strutturalista, andrebbero ricostruite e studiate.


Con Faye, scompare un romantico della politica. Evidentemente, stanco di vagare d’un château l’autre, aggredito dal male, ha preferito chiudere gli occhi, appuntiti e mobilissimi. In cerca di riposo.

Carlo Gambescia

 

samedi, 16 mars 2019

Colloque de RESISTANCE HELVETIQUE Discours de Robert Steuckers

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Genève, 9 mars 2019 – Colloque de RESISTANCE HELVETIQUE

Discours de Robert Steuckers

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers amis et camarades,

L’Europe, le réveil ou la mort, tel est l’intitulé du colloque d’aujourd’hui. L’Europe est, politiquement parlant, en dormition. Et en dormition profonde, alors que de multiples dangers et menaces se développent et s’amplifient, dangers et menaces qui sont autant de défis.

Il y a le danger démographique, avec une chute vertigineuse des natalités et un remplacement de population à une échelle inouïe. Sur ce sujet, je ne vous apprends rien. Ce danger démographique est assorti d’un basculement dans la multiculturalité qui fait de toutes les sociétés ouest-européennes des sociétés composites donc fragiles et déstabilisées en permanence, ruinant le principe antique, et toujours valable, de la politique selon Aristote : une Cité est d’autant plus harmonieuse et efficace qu’elle est homogène, qu’elle est gérée comme une famille biologique, comme un vaste réseau ethnique, tissé par d’innombrables liens de cousinage. Voilà pour l’idéal aristotélicien. Dans la pratique, en revanche, nous assistons à l’installation de réseaux mafieux diasporiques, favorisés par les regroupements familiaux et par la dissémination subséquente de communautés bien soudées dans quelques grands pôles urbains répartis dans plusieurs pays européens : le monde politique belge est tombé des nues, au cours de ces dernières semaines, en découvrant les ramifications complexes d’un clan araméen-chaldéen de double nationalité, turque au départ, belge à l’arrivée. Ces ramifications partaient du trafic de cocaïne à la constitution d’agences immobilières et de l’implantation de réseaux de bistrots à la vente de passeports, à la location d’automobiles de luxe et à la corruption concussionnaire au sein de la politique politicienne, le tout avec la bénédiction du prêtre de la communauté qui, dans son presbytère, faisait dans le recel de marchandises illicites ou de papiers compromettants.

Ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres et, paradoxe de plus sur la place de Bruxelles, c’est la maison d’édition du parti néo-communiste qui dresse, dans un ouvrage copieux, le bilan historique complet des communautés qui se sont installées dans la capitale belge et européenne ; l’auteur clôture chaque chapitre en décrivant les types de criminalité qu’elles pratiquent chacune. Ce ne sont donc pas les populistes qui le disent mais ceux qui se proclament « antifa ». Nous sommes bel et bien face à l’imposture du vivre-ensemble car tout vivre-ensemble conduit inexorablement à juxtaposer, en une même agglomération urbaine de bonnes dimensions, des réseaux diasporiques d’économies parallèles, des formes nouvelles de criminalité, des trafics illicites et non pas à rassembler, toutes ethnies confondues, les amoureux de Victor Hugo dans les villes françaises ou de Goethe dans les villes allemandes.

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Il y a ensuite le danger du « figement politique », tant sur le plan théorique que sur le plan pratique. Sur le plan théorique, on nous prie, depuis plusieurs décennies, de vénérer un « patriotisme constitutionnel » qui fait fi de toutes les appartenances concrètes dont relevaient, dans les sociétés encore normales, les ressortissants d’un peuple, quel qu’il soit. Tout doit être gommé, effacé des mémoires, chez les autochtones comme chez les allochtones : les traditions, la culture, l’inné ethnique, l’acquis historique, les institutions nées des combats politiques pour ne laisser que des normes abstraites, posées comme immuables, et que l’on ne pourra enfreindre sans risquer les foudres des nouvelles inquisitions. En Allemagne, le politologue Hans Herbert von Arnim vient d’établir un bilan précis de la partitocratie allemande, soit le système qui a éloigné la sphère politicienne (car on ne peut plus parler de sphère politique !) des citoyens, créant une bulle parasitaire qui échappe à toutes les responsabilités réelles, combat tout challengeur potentiel, ruinant ainsi la mobilité démocratique inscrite dans les principes mêmes de toute bonne gouvernance, selon leur propre vulgate, s’entend. Le remède proposé par von Arnim est celui du référendum, que vous connaissez en Suisse pour le pratiquer à intervalles réguliers, et que réclament les Gilets Jaunes en France aujourd’hui. Nous voyons là se dessiner une convergence entre contestataires des désordres établis.

Le référendum a pour vertu politique principale de briser les routines que perpétuent les majorités ou les grandes coalitions qui, généralement, ne résolvent rien et laissent pourrir les problèmes. Le référendum permet de sauter au-delà des clivages gauche/droite ou majorité/opposition, au-delà des projets de lois concoctés par les tenants de diverses idéologies politiciennes, projets généralement loufoques et indécis que la « vox populi » peut alors jeter aux orties en toute légalité. Le résultat d’un référendum équivaut à une décision, à trancher sans tergiversations aucunes. Et, ainsi, à faire avancer la Cité dans un sens bien précis, dépourvu de toute ambigüité.

La partitocratie sans référendum conduit à l’absence de décisions claires en tous domaines. Les régimes qui s’y complaisent ne sont pas politiques mais impolitiques. Leur présence persistante dans la durée indique que la souveraineté n’est pas entre leurs mains mais entre celles d’un hegemon extérieur qui cherche, par ses propres décisions, à leur confisquer tout pouvoir réel sur la marche du monde ou à les plonger durablement dans le marasme.

Jurgen_Habermas.jpgLe danger du « patriotisme constitutionnel », théorisé par le grand gourou du système en Allemagne, Jürgen Habermas, est celui d’un état d’esprit qui vénère la norme, et rien que la norme, et évacue la force, et même et surtout la simple force des choses, écrit le politologue français d’origine libanaise Zaki Laïdi. En évacuant toute force et toute simple force des choses, le patriotisme constitutionnel, cher à Habermas et défendu avec jactance par Daniel Cohn-Bendit et Guy Verhofstadt, est un pur déni du réel, qui place l’Europe dans un état de faiblesse très inquiétant, tout en interdisant les remèdes, d’avance condamnés comme étant les expressions morbides du populisme, nouveau croquemitaine des intellocrates et des médiacrates, au service de la superclasse.

Il y a ensuite le danger américain, danger principal, qui est très divers dans ses manifestations mais dont je ne retiendrai que deux aspects particulièrement pernicieux aujourd’hui : 1) l’espionnage par satellites, patronné par la NSA, dénoncé naguère par Edward Snowden, et 2) l’usage offensif du droit pour torpiller l’élan de firmes étrangères, principalement européennes, à coups d’amendes pharamineuses et de sanctions vexatoires.

A la fin des années 1990, les révélations d’un journaliste écossais, Duncan Campbell, sur le système d’écoute ECHELON ont suscité quelques remous bien vite oubliés, alors que le rapport rédigé par les autorités de l’UE précisait bien que plusieurs entreprises de haute technologie en Europe, principalement en France et en Allemagne, avaient littéralement été pompées et que tout le fruit de leur R&D avait été exploité aux Etats-Unis puis largement commercialisé à un coût très bas puisqu’il n’y avait pas eu d’investissement. En 2013, les révélations du hacker Snowden, tout comme les fuites de Wikileaks diffusées par Assange, ont fait le buzz pendant quelques semaines avant que la pause estivale ne vienne recouvrir d’un pudique silence les rares voix qui s’étaient insurgées contre ces pratiques indignes d’un allié. D’un allié ? Non ! Les Etats-Unis n’ont plus d’alliés depuis la doctrine Clinton, élaborée pendant l’un des mandats de ce président démocrate. Face aux Etats-Unis, selon cette doctrine, il n’y a plus que des « alien audiences » pour lesquelles on ne doit pas entretenir trop de scrupules. Dont acte. L’UE et sa clique dirigeante n’ont pas bougé, n’ont pas élaboré une politique de défense des entreprises européennes. J’espère que l’histoire retiendra cette inactivité préjudiciable comme une haute trahison.

alilaidi-droit.jpgAprès le pompage des données sensibles de nos entreprises les plus performantes, qui se poursuit allègrement, sans rencontrer ni critiques ni résistances, une nouvelle arme a été sortie de la panoplie américaine : le droit. Depuis une dizaine d’années, depuis la crise de 2008, de grandes entreprises européennes subissent les foudres des procureurs du département de la Justice américaine et l’assaut des agences de régulations financières. Elles sont accusées de violer les embargos imposés à Cuba, à la Corée du Nord et surtout à l’Iran. Les amendes qu’on leur inflige montent à des millions voire des milliards de dollars. Tour à tour, Siemens, la banque ABN Amro, Technip, la BNP, Alstom, la Société Générale, etc. ont été dans le collimateur ; ces multinationales européennes figurent au top dix des plus lourdes sanctions imposées par Washington, en attendant d’être rejointes demain par Airbus ou de passer sous pavillon américain, écrit Ali Laïdi, chercheur auprès de l’IRIS et spécialiste des guerres économiques. Cette attaque systématique et continue contre nos entreprises est le résultat de la doctrine Clinton, car, depuis qu’elle a été énoncée, les Etats-Unis n’ont plus d’alliés mais se trouvent face à des « cibles étrangères » qu’il convient de viser et de frapper quand elles risquent de dépasser en ampleur leurs équivalentes américaines ou de développer des technologies supérieures à celles créées par leurs concurrentes d’Outre-Atlantique. Les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles à New York ont servi de prétexte, sous Bush II, pour planétariser des lois qui ne s’adressaient, jusqu’alors, qu’aux entreprises et aux citoyens américains. Les terroristes wahhabites ont bon dos : l’action terroriste spectaculaire qu’on leur attribue a permis de lancer une attaque systématique contre le véritable ennemi européen, dont il faut, par la coercition juridique, vassaliser les meilleures entreprises, surtout en Allemagne et en France.

La véritable guerre est là. L’ennemi numéro un de Washington, c’est l’Europe. Une Europe qui est tétanisée. En effet, au sein de l’UE, aucune majorité ne se dessine pour contrecarrer la législation extraterritoriale américaine. Les listes noires, établies à Washington, menacent les entreprises et leurs dirigeants de geler leurs avoirs aux Etats-Unis et de leur interdire toutes activités commerciales. L’Europe ne peut toutefois se passer du client iranien, le désordre établi dans ce pays depuis la fin des années 1970, par les agissements d’officines étrangères, ayant eu pour objectif stratégique de briser tous les tandems économico-industriels que le Shah d’Iran avait promu comme la coopération nucléaire avec la France et l’Allemagne, les importations d’acier wallon en Iran, etc. La création délibérée de l’Iran khomeyniste a servi à diaboliser le pays jusqu’à nos jours : l’objectif réel n’est donc pas de lutter contre un fondamentalisme islamique et chiite, que l’on a créé et soutenu dans un premier temps, mais de ruiner toute coopération irano-européenne ; d’ailleurs, comment ne pas s’apercevoir de la supercherie de cet anti-islamisme déployé contre Téhéran quand, par ailleurs, les mêmes services ont utilisé les fondamentalistes wahhabites pour lancer leurs guerres de basse intensité en Afghanistan, en Tchétchénie, au Daghestan, en Syrie et au Yémen ?

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Les fausses élites eurocratiques savent parfaitement que la politique anti-iranienne de Washington est en réalité une politique anti-européenne. Face à la virulence de l’offensive juridique, en cours depuis une bonne dizaine d’années, l’eurocratie vient timidement de contre-attaquer. En effet, le 25 septembre 2018, Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne, annonce, en pleine assemblée générale des Nations Unies, que l’Europe a trouvé une parade pour maintenir ses relations économiques avec l’Iran (Ali Laïdi, p. 309), en pratiquant une politique de transactions par troc ! Cette solution évite d’utiliser des devises donc le dollar, permettant ainsi d’échapper aux sanctions américaines. L’Iran échange son pétrole ou son gaz contre des produits finis, selon un modèle préconisé par la « diplomatie Goering » dans les années 1930, quand l’Allemagne achetait de la viande, des céréales et des légumes frais aux pays d’Europe centrale et orientale, en les troquant contre des machines ou des locomotives. Devant ce fait quasiment accompli, Mike Pompeo a promis de se venger. Et il le fera, à coup sûr, au risque de ruiner encore la réputation des Etats-Unis car, désormais, le rôle mondial du dollar est bel et bien sapé : tous s’en éloignent. Ali Laïdi rappelle quelques paroles étonnantes de Jean-Claude Juncker, tirées de son « Discours sur l’état de l’Union » de 2018 : « Il est aberrant que l’Europe règle 80% de sa facture d’importation d’énergie en dollars américains alors que 2% seulement de nos importations d’énergie nous proviennent des Etats-Unis. Il est aberrant que les compagnies européennes achètent des avions européens en dollars et non pas en euros ». Ces timides changements d’attitude et ces paroles qui sonnent enfin vrai ne sont que l’amorce d’un combat qui est loin d’être terminé. Un combat que Juncker et les siens ne mèneront évidemment pas et que nous devons, nous, préparer dès maintenant.

Examinons toutefois les contextes dans lesquels ce combat va se dérouler : celui de la dette abyssale des Etats-Unis et celui de l’abandon progressif du dollar par des puissances comme la Russie ou la Chine. Pour y voir clair, rien de tel que les analyses de la dissidence américaine, plus lucide et clairvoyante que les dissidences européennes, dont la nôtre, dans les domaines de la politique et de l’économie internationales. Barbara Boland, sur l’excellent site « The American Conservative », constate que le Congrès américain admet que la différence négative entre la dette et le PIB américain est aujourd’hui de 22.000 milliards de dollars. En 2000, cela faisait une différence de 33% ; en 2019, ils en sont à 78% ; en 2029, ce sera vraisemblablement 93%. Le déficit du budget fédéral américain est de 900 milliards de dollars/an aujourd’hui ; à partir de 2022, il sera de 1000 milliards de dollars par an. Ce qui est alarmant, comme partout dans la sphère occidentale, à laquelle nous ne nous identifions pas, c’est qu’aucun débat sérieux sur les dettes et leurs effets pernicieux n’anime plus les hémicycles parlementaires, y compris aux Etats-Unis où l’on discute du « Medicare » pour tous (soit !), du Mur de Trump et de sa justification morale ou, cerise sur le gâteau, du « Green New Deal » d’Alexandra Ocasio-Cortez ! Or, le déficit américain est essentiellement dû à l’hypertrophie impérialiste, aux immixtions incessantes commises dans des pays étrangers, hors de l’espace continental américain, où les budgets suivants ont été alloués l’an passé : 5,3 milliards pour Israël, l’Ukraine et la Jordanie ; 3,4 milliards pour les réfugiés fuyant les zones de combat (une augmentation de 74 millions par rapport à 2017) ; 4,4 milliards pour les catastrophes au niveau international ; 8,83 milliards pour les « Global Health Programs » ; 9 milliards pour la « Security Assistance ».

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Barbara Boland note que ce ne sont pas les démocrates qui sont responsables de l’explosion de cette dette pharamineuse. Sous Bush, la dette avait atteint 10.000 milliards de dollars ; avec Obama, elle culminait à 20.000 milliards. La spirale avait été amorcée par des Républicains, notamment par Reagan.

Cette dette énorme est le talon d’Achille des Etats-Unis qui ne font rien pour la juguler sous Trump. Chris Hedges, autre dissident américain, estime, quant à lui, que l’accroissement de la dette sous Trump fait perdre toute confiance en l’Amérique et induit les autres grandes puissances à abandonner le dollar, ce qui aura pour corollaire de démanteler graduellement et tacitement les alliances, tout comme les harcèlements judiciaires américains ont fait fléchir, en septembre dernier,  Juncker et Mogherini, auparavant féaux sujets de l’hegemon, incapables d’imaginer un monde où celui-ci aurait été autre qu’hégémonique. La dette a des effets désastreux sur la politique intérieure américaine, ajoute Chris Hedges, car elle entraîne une inflation difficilement maîtrisable qui ne permet plus de financer les forces armées, dont le budget est colossal, comme on le faisait auparavant. Chris Hedges annonce ainsi la fin d’une impérialité de triple facture, athénienne, romaine et britannique, athénienne parce qu’elle tablait sur des alliés fiables et fidélisés, romaine parce qu’elle dispersait ses légions à bon escient aux endroits les plus stratégiques, britannique parce qu’elle visait un « système omni-englobant » reposant sur la culture, le commerce et les alliances.

Pour Hedges, la fracture est née en 2003 quand Bush a refusé d’écouter ses « alliés » européens. Elle sera confortée plus tard quand les Etats-Unis rejetteront justement les accords avec l’Iran, en menaçant leurs « alliés » de rétorsions s’ils persistaient à respecter ces accords ou à passer outre les injonctions américaines. La Turquie, depuis lors, a partiellement abandonné le dollar, l’Europe refuse de céder sur le gaz russe amené par le gazoduc Nord Stream 2, la Russie a échangé un stock de 100 milliards de dollars pour des yuan chinois, des yens japonais et des euro, l’Allemagne a demandé le retrait de son or de la « Federal Reserve » (300 tonnes), suivi par les Pays-Bas (100 tonnes). La dette, la défiance générale par rapport au dollar, sonne le glas du bellicisme néo-conservateur, incarné aujourd’hui par une nouvelle génération de faucons comme Mike Pompeo, John Bolton et Elliott Abrams.

Hedges base son analyse sur les travaux d’un historien anglais, Ronald Robinson, qui a étudié les mécanismes qui ont entraîné la disparition progressive de l’impérialité britannique. Celle-ci s’est effilochée quand elle n’a plus trouvé de collaborateurs indigènes et que ceux-ci, notamment sous l’impulsion de Gandhi, se sont mis à poursuivre des programmes autonomes. Pour ce qui concerne l’actuelle impérialité américaine, la perte de confiance due à la dette entraîne la perte de confiance dans les bons du trésor américain, même auprès du gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney qui a déclaré : « Nous avons désormais des devises de réserve autres que le dollar ». Cette perte de confiance s’observe très nettement depuis 2004 déjà, où les banques se sont appliquées à conserver moins de dollars dans leurs réserves. La tendance s’est accentuée jusqu’en 2015 où moins de paiements en dollars ont été effectués dans les transactions commerciales internationales. D’où la cote des Etats-Unis sur le total du commerce mondial n’est plus que de 10%, alors qu’elle dépassait les 50% dans l’immédiat après-guerre et au moment de la Guerre de Corée.

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Si rien ne change, le période de 2020 à 2030 sera catastrophique pour l’hegemon : l’augmentation des prix aux Etats-Unis ruinera encore davantage la pauvre classe moyenne, ou ce qu’il en reste, car les salaires stagneront. Pour Hedges, le dollar cessera définitivement d’être une monnaie de réserve mondiale vers 2030, obligeant le Pentagone à retirer ses troupes de partout ; le tourisme américain ne sera plus possible ni finançable pour les particuliers ; le recul de la puissance sur terre entraînera un recul dans l’espace et dans le « cyberspace », ce dont je doute et j’y reviens, provoquant sur le territoire américain lui-même des conflits internes que Hedges ne définit pas mais que les tenants de la fameuse « alt-right » qualifieront de « raciaux », ce qui est l’hypothèse effectivement la plus plausible.

Pourquoi ai-je émis un doute quant au recul des Etats-Unis dans le domaine du « cyberspace » ? Pour énoncer cette objection, je prends appui sur un document rédigé par Jean-Claude Empereur, vice-président de la « Convention pour l’Indépendance de l’Europe », un document qui a été préalablement publié dans la « Revue Politique et Parlementaire », dans son numéro d’avril-septembre 2018. Pour Empereur, nous sommes aujourd’hui, à l’échelle planétaire, face au « piège de Thucydide ». L’historien grec antique Thucydide, auteur de « La guerre du Péloponnèse », avait émis un axiome de la pensée politique qui disait que les grandes guerres se déclenchaient quand une puissance dominante était défiée par une puissance émergente et que la puissance dominante ne sortait pas nécessairement victorieuse du conflit ou en sortait en perdant des plumes.

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Aujourd’hui, le « piège de Thucydide » s’observe dans la confrontation Chine/Etats-Unis, où la Chine est une puissance tellurique et les Etats-Unis, facteur nouveau dans l’histoire, une puissance numérique. La Chine est qualifiable de puissance tellurique parce qu’elle vise à organiser territorialement le continent en créant de nouvelles voies terrestres ou des voies maritimes littorales en Eurasie, qui rappellent les antiques « routes de la soie ». Elle veut dont multiplier les infrastructures physiques sur une vaste masse continentale. Tandis que les Etats-Unis, par leur savoir-faire de pointe, veulent parfaire une puissance basée sur le virtuel, sur le « Big Data ». Le défi chinois, face à l’hégémonie réelle et actuelle des Etats-Unis, se matérialise surtout dans la tentative de se tailler un créneau dans la sphère du numérique en tablant sur la 5G. Car tel est bien le défi majeur. Je laisse aux spécialistes le soin d’expliquer en quoi consiste matériellement ce bond en avant du numérique. Je me contenterai d’en évoquer les retombées politiques. L’affaire Huawei, qui secoue aujourd’hui les relations sino-américaines, est la première manche dans cette cyber-guerre que mènent les deux protagonistes. La 5G, pour les Chinois, doit permettre de créer la ville du futur, testée en Chine à Xiongan qui recevra ses premiers habitants en 2020. La gestion numérique de cette ville, de cette smart city, devra servir de modèle aux acheteurs potentiels du système ailleurs dans le monde ; Xiongan est située à quelque 100 km de Beijing et est reliée à la capitale par un train à lévitation magnétique se déplaçant à 200 km/h. Les Chinois avaient déjà mis beaucoup de choses remarquables en œuvre pour la gestion des villes du futur et des aéroports tentaculaires des prochaines décennies. Xiongan doit être le couronnement de ces recherches, ponctuées désormais par la maîtrise de la 5G. L’exportation de ce modèle de ville, à des coûts concurrentiels, pourrait rapporter à la Chine autant que la maîtrise du numérique a rapporté aux Etats-Unis. Godfree Roberts écrit à ce propos : « Les Etats-Unis considèrent Huawei comme étant ‘dangereuse pour la sécurité’ parce que Huawei protège la confidentialité des communications des usagers », installant ainsi un barrage assez efficace contre toute intrusion des réseaux d’espionnage. La NSA a pourtant réussi à pénétrer les serveurs de la société Huawei et ne doit guère craindre ce bouclier vanté par les Chinois pour séduire les acheteurs de leurs produits, déjà très nombreux en Europe. On le voit, la guerre est ouverte et ce que craint Trump, par-dessus tout, c’est que les Etats-Unis accusent prochainement un retard de dix ans sur la Chine, sur la 5G et les technologies associées. Pire : ils se rendent compte que les Allemands, moteurs de l’Europe, ne peuvent renoncer à Huawei sans risquer le suicide économique. Un tandem sino-européen pointe à l’horizon, dont la Russie ne serait pas exclue. Une dynamique eurasienne se dessine, cauchemar des thalassocraties anglaise hier et américaine aujourd’hui.

piege-americain_0_400_642.jpgLe sort des cadres chinois de Huawei, poursuivis par la « justice » américaine, laisse préfigurer le pire aux Européens qui transgresseraient les interdits formulés par le Deep State américain. Le récit que vient de nous livrer Frédéric Pierucci dans son livre intitulé « Le piège américain » est affolant : ce cadre d’Alstom a été emprisonné pendant de longs mois aux Etats-Unis pour faire chanter les dirigeants de l’entreprise française qui ont fini par la céder à un consortium américain, avec toute la complaisance de Macron.

L’Europe, elle, est marginalisée par rapport à cet enjeu planétaire car elle n’a parié ni sur les infrastructures terrestres ni sur des voies maritimes littorales ni sur le numérique. Elle s’est voulue une « puissance de la norme » sans la force, obsédée par l’institutionnel et le normatif, qui, pour tout lecteur de Carl Schmitt, sont du vent, de la logorrhée, des vœux pieux, du « wishful thinking ». Le normativisme est une idéologie qui privilégie exclusivement les formes figées n’autorisant pas l’affrontement aux événements neufs, comme la révolution numérique en cours ou, sur le plan des relations internationales, le passage de la bipolarité de Yalta à l’unipolarité américano-centrée des années 1990, et de celle-ci à la multipolarité des BRICS. Il est proprement impossible de développer une stratégie, dans quelque domaine que ce soit, quand on adopte le normativisme car celui-ci fige tout une fois pour toutes et considère que toute action ou toute décision qui sortirait du cadre de la norme serait ipso facto une dangereuse transgression, assimilable au mal absolu et historique qui aurait secoué l’Europe il y a quatre-vingt ou septante ans. L’Europe de la norme sans force (Zaki Laïdi) donc du politiquement correct s’interdit toute audace innovante au risque de plonger toute sa population dans une régression calamiteuse. Inutile de vous préciser qu’il est minuit moins cinq !

La puissance numérique américaine repose donc sur une maîtrise ancienne des technologies informatiques et numériques, sachant que, selon la loi de Moore, la puissance des ordinateurs double tous les dix-huit à vingt-quatre mois. Les Etats-Unis ont donc bénéficié du développement exponentiel de leurs acquis en ce domaine, permettant de vastes avancées dans l’automation ou, par exemple, dans la nanotechnologie sans oublier les drones qui donnent de considérables avantages aux armées sur le terrain. Le déploiement des atouts numériques en sciences et en médecine est évidemment un acquis indispensable à tous les peuples du monde mais c’est aussi, dans le domaine de l’information et des médias, la possibilité de démultiplier l’impact du « soft power » américain, dont on connait déjà la redoutable efficacité. Le numérique, ainsi, permet des manipulations médiatiques à l’échelle planétaire comme l’atteste, par exemple, la mobilisation tous azimuts pour le climat qui jette aujourd’hui nos enfants dans les rues chaque jeudi pour des happenings saugrenus qui permettent surtout de détourner l’attention des problèmes réels. Jean-Claude Empereur écrit : « La puissance algorithmique d’un Etat devient ainsi un élément majeur de son influence géopolitique », puissance algorithmique que les Etats-Unis utilisent pour obtenir leur « full spectrum dominance ». Le colbertisme américain fait que l’armée, la défense, soutient toutes les initiatives de la Silicon Valley et des autres géants américains du numérique. Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Youtube, etc.) réinvestissent leurs profits colossaux HORS du numérique : dans les projets spatiaux, le transport, le nucléaire, si bien qu’au soft power, décrit jadis par Joseph Nye, s’ajoute désormais un « digital power », aux potentialités quasi infinies. C’est là qu’il ne faut pas partager à 100% le pronostic de Hedges qui voit un recul des Etats-Unis dans le cyberspace.

Le dôme numérique américain surplombe donc le monde aujourd’hui, aplatissant la Terre, effaçant, au besoin par la force, toutes les différences inscrites dans le sol de la Terre au bénéfice de tout ce qui est « hors sol », dans le « cloud » comme la thalassocratie de Roosevelt avait arasé les résistances des adversaires des Etats-Unis. Cet arasement, vendu hier comme une « libération », est vendu aujourd’hui comme l’avènement sans heurts « d’un vivre-ensemble mondialisé, ignorant les rapports de force et les conflits territoriaux », soit une « géopolitique numérique du tendre » (« soft/smooth numerical geopolitics »). L’Amérique, qui avait exprimé son messianisme conquérant par un langage agressif du temps de Teddy Roosevelt, par un langage presbytérien et hypocrite avec Wilson, vient d’inventer le « messianisme bienveillant », et numérisé, un messianisme thérapeutique, mais cette bienveillance, vous en conviendrez, n’est qu’un masque. Que les cerveaux hardis de notre Europe en dormition ont pour mission d’arracher.

cloudnum.jpgFace à cette puissance numérique du tout-virtuel, du Big Data, du « hors sol » et du « cloud », la Chine –et je le dis avec amertume parce que j’aurais voulu que ce fut notre Europe qui le fasse-  formule le projet intéressant des « routes de la soie », propose ainsi une organisation continentale, celle des géomètres romains, aurait dit Carl Schmitt, renoue avec la pensée du développement chez Friedrich List, entend vertébrer le monde plutôt que le fluidifier et le sublimer dans le « cloud ». Elle parie pour le temps long. Face à cette tâche qu’elle aurait dû suggérer et entreprendre elle-même, l’Europe, dit Empereur, « a souscrit béatement au grand récit de la mondialisation heureuse et de la fin de l’histoire », annoncée au début des années 1990 par Francis Fukuyama. En souscrivant à ces fables sans consistance, elle a évité ainsi la pensée du long terme, que Chinois, sur le plan tellurique, et Américains, sur le plan numérique, ont pourtant toujours eu en tête. Le présentisme obtus des Européens est une erreur fatale. Ce « présent idéal », mais figé, correspondait peut-être à des temps désormais révolus, ceux de la coexistence pacifique qui édulcorait la guerre froide, ceux des Trente Glorieuses qui se sont muées en Trente Piteuses, ou encore ceux de la perestroïka de Gorbatchev. Or le monde est redevenu « normal », c’est-à-dire multipolaire et conflictuel, précise Empereur. Voilà pourquoi un projet de refondation est impératif pour l’UE, aujourd’hui, alors que les peuples renâclent : les Européens, en effet, ont le sentiment diffus que leurs institutions bruxelloises ne sont qu’un fatras technocratique oppressant qui s’auto-justifie par une idéologie vertuiste, tissée de repentance et de culpabilité. Les Européens, ajoute Empereur, « ne disposent ni de la puissance numérique actuellement dominée par les Américains et sans doute demain par les Chinois et sont coupés de toute profondeur stratégique non seulement par leur situation géographique de petit cap de l’Asie mais aussi par l’interdiction absolue qui leur est faite, par leurs alliés anglo-saxons, de s’entendre avec la Russie dans une perspective eurasiatique. (…). Cette stratégie d’interdiction géopolitique est totalement contraire aux intérêts européens ». Pire : ces dernières semaines, à l’occasion de la soixante-troisième conférence sur la sécurité à Munich, Mike Pence, porte-paroles du gouvernement américain, a tenté de forcer Merkel à refuser et à saborder le projet de gazoduc Nord Stream 2 et a déconseillé aux Européens de commercer avec l’Iran. Macron prendra le relais en répétant les admonestations de Pence, ruinant ainsi le binôme franco-allemand, reposant sur une volonté d’émancipation européenne. Sans le gaz russe, l’Europe germanique et bénéluxienne ne peut tout simplement pas survivre ; sans l’apport du commerce iranien, l’Europe est condamnée à la stagnation et à ne disposer que de fonds réduits pour ses « recherches et développements », alors que ceux-ci sont urgentissimes pour rattraper ses retards dans le numérique et dans d’autres domaines de pointe.

Pour échapper à l’étau que Pence, à Munich, a menacé de faire fonctionner, Empereur nous demande d’appuyer un projet de Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin qui est une extension du projet suggéré en 2003 par Henri de Grossouvre, c’est-dire non plus un Axe Paris-Berlin-Moscou mais un Axe Paris-Berlin-Moscou-Beijing qu’ils définissent tous deux comme « conforme aux exigences de la géographie ». Et Empereur conclut par ces paroles que je vous demande de méditer quand vous sortirez de cette salle : « Puisse la réflexion sur les grands espaces l’emporter sur celles de la gouvernance par les chiffres et les obsessions comptables d’une technocratie sans vision ».

Cette parole, qui conclut un article purement factuel sur l’affrontement sino-américain, a une portée philosophique profonde que j’ai retrouvée dans un long entretien que le philosophe Marcel Gauchet a accordé récemment au site français « Les Crises ». Pour Marcel Gauchet,   -qui, dans cet entretien, esquisse un bilan succinct, très didactique, visant l’essentiel-   la souveraineté, qui turlupine tant quelques nationalistes français qui imaginent échapper aux désastres qui s’annoncent en quittant l’UE, la souveraineté donc, dit Gauchet, est en baisse à tous les niveaux en Europe, tant à celui des Etats nationaux qu’à celui de l’UE. L’Europe, et chacun des Etats qui la compose, est anesthésiée : elle est devenue, pour Gauchet, une entité a-politique et a-stratégique. Le politique, au sens noble du terme, est évacué. La stratégie est absente. Or sans « politique politique », disait Julien Freund, il n’y a pas de souveraineté : rien que de la politicaille qui laisse tout aller, les héritages comme les traditions, tel un chien crevé au fil de l’eau.

RH-MG.jpgLes dépenses militaires américaines, surtout après l’aventure vietnamienne et après le projet de « guerre des étoiles » cher à Reagan, ont servi à lancer une industrie numérique qui assure la domination américaine sur la planète entière. Les Européens n’ont jamais eu le réflexe de coordonner leurs actions pour être à l’avant-garde des innovations scientifiques et technologiques.

Face à ce désastre, dont les effets se sont accumulés au fil des décennies, la riposte « néo-nationaliste », dit Gauchet, est seulement « affective ». En effet, on oppose à des faits évidents des affects incapacitants qui dédoublent le danger, dans la mesure où ils n’entament en rien la force de l’adversaire et où leurs actions risquent d’avoir un effet retardateur, justement celui qu’escompte faire advenir l’ennemi pour freiner nos élans. On ne répond pas à l’ennemi par des déclamations émotionnelles ou des affects sans pertinence. De même, on ne réplique pas, dit Gauchet, par des arguments relevant de la religion car le religieux, lui, est bel et bien mobilisé par et pour la majorité morale aux Etats-Unis, par les télé-évangélistes ou par les chrétiens sionistes. Pour Gauchet, nous sommes face à une eschatologie politique, face à une théologie politique américaine qui permet une forte mobilisation des électorats, puissance dont nous ne disposons plus en Europe. Mais, j’ajouterai à l’argument pertinent de Gauchet un élément qu’il ne cite pas : face à ce pandémonium théologico-messianique américain, l’Europe ne se pose pas non plus comme le katechon qui va arrêter le déclin, freiner la déliquescence et rétablir l’ordre traditionnel. Elle ne se donne aucun rôle valorisant sur l’échiquier global. On peut poser la question : Poutine, orthodoxe russe, est-il ce katechon ? Je laisse la question ouverte car c’est là un autre débat, celui de la théologie politique, thème extrêmement complexe.

Gauchet constate aussi la « déstabilisation identitaire » qui frappe principalement les pays d’Europe occidentale, Allemagne comprise. Les pays d’Europe centrale et orientale, notamment la Pologne et la Hongrie, en sont nettement moins affectés : les mésaventures très récentes d’Orban avec la direction du PPE l’attestent à l’évidence. Cette « déstabilisation identitaire », au cours de ces trois ou quatre dernières années, provient essentiellement du flot d’arrivants venus de tous les horizons possibles et imaginables, flot qui induit un processus de submersion démographique alarmant auquel l’UE n’apporte aucune réponse car elle est un ensemble, dit Gauchet, qui n’a aucun contrôle ni sur sa frontière sud ni sur son front intérieur, les émeutes qui ont ravagé Grenoble, tout près d’ici, tout près de Genève, au cours de la semaine écoulée en sont un exemple patent.

Cette « déstabilisation identitaire » et ces turbulences inquiétantes sur le front intérieur sont le fruit d’une absence totale de conscience politique, que constate également Gauchet. Il nous dit : « L’UE ne sait pratiquer qu’une POLITIQUE de la REGLE, alors que ce qui lui est demandé est une POLITIQUE de l’EVENEMENT ». Toute politique de l’événement postule de déployer méticuleusement une stratégie car une stratégie, explique Gauchet, « permet d’anticiper les événements et de parer à toute éventualité ». On retrouve là, en un langage plus serein et plus subtil, les visions de Carl Schmitt et de Clausewitz. Pour Schmitt, le fétichisme de la règle, ou de la norme, est un poison ankylosant qui ruine les Cités comme le venin du cobra coagule le sang de ses proies. Pour Clausewitz, la stratégie consiste à ne jamais rater une étape dans le développement des techniques civiles et militaires qui procurent la puissance économique ou guerrière.

Ce fétichisme de la règle, qui doit, selon les tenants du normativisme, s’imposer envers et contre le réel, qui est par définition fluctuant, entraîne aussi la haine de soi, l’oikophobie disent les identitaires néerlandais, qui se traduit par une critique acerbe et injustifiée des acquis de l’histoire européenne, répétée ad nauseam par les intellocrates mercenaires des médias et des officines téléguidées par la NSA. L’idéal des normativistes étant défini une fois pour toutes, tout recours à un passé différent ou tout projet de refondation, populiste ou autre, sont tabou, doivent être effacés des mémoires et des volontés, afin que l’on n’ait plus qu’une humanité de zombis amnésiques et apathiques. Gauchet critique le « refus des intellectuels de tout eurocentrisme » et ajoute : « les legs de notre histoire sont tout-à-fait avouables ». Il y a donc urgente nécessité à « nouer un rapport critique intelligent avec le passé ».

Gauchet dénonce là le dernier danger que je voulais évoquer avec vous aujourd’hui : le danger de l’amnésie, de l’amnésie volontaire dans laquelle les normativistes nous plongent parce qu’ils estiment avoir raison au-dessus du réel et parce qu’ils ne veulent pas que des exemples du passé ressurgissent dans les mémoires, ou s’y lovent, parce qu’ils seraient des reproches actifs et virulents face à leurs manigances. Ma position personnelle est de ne pas arrêter la marche de notre histoire, de ne pas étouffer le réel historique qui est notre socle irremplaçable et doit nous servir de table d’orientation en permanence (la « logique tacitiste ») ; en ce sens je suis peut-être plus continuitaire qu’identitaire. Mais c’est là une coquetterie de vocabulaire.

Il me reste à remercier les jeunes organisateurs de ce colloque genevois, qui, au nom de la mobilisation totale, ont mobilisé les sexagénaires en ce jour pour leur demander des recettes pour affronter ce que ce cher Guillaume Faye, qui vient, hélas, de nous quitter définitivement, appelait la « convergence des catastrophes ». L’impéritie des normativistes impolitiques a imposé aux Européens la négligence de leur passé mais a aussi anesthésié leurs volontés d’aller de l’avant, de chercher des alternatives à l’impasse où ils ont été enfermés. Les tâches ardues qui attendent la nouvelle génération de combattants politiques, en Suisse et, plus encore, ailleurs en Europe, seront immenses car il s’agira de restaurer une souveraineté contre les agissements de forces colossales, avec, à côté d’eux, un matériel humain, certes de notre souche, mais profondément abîmé, zombifié par la permissivité et le festivisme qui ont régné en Europe depuis un demi-siècle, où l’on a brisé sans pitié tous les instruments traditionnels de la transmission.

Malgré cela, je souhaite à tous de conserver un vibrant courage et je vous dis : « A bientôt ! ».

Robert Steuckers.

Sources:

- Hans Herbert von ARNIM, Die Hebel der Macht und wer sie bedient - Parteienherrschaft statt Volkssouveränität, Heyne, München, 2017.

- Barbara BOLAND, "Ignoring America's Abyss of Debt", https://www.theamaricanconservative.com , 15 février 2019.

- Jean-Claude EMPEREUR, "Washington, Pékin: hégémonie numérique contre hégémonie tellurique", http://euro-synergies.hautetfort.com , 9 février 2019.

- Uriel GADESSAUD & Pierre RAMOND, "Nous avons rencontré Marcel Gauchet", https://www.les-crises.fr , 11 février 2019.

- Jean-Louis GERGORIN & Léo ISAAC-DOGNIN, Cyber - la guerre permanente, Cerf, Paris, 2018.

- Chris HEDGES, "Goodbye al dollaro", https://www.ariannaeditrice.it , 11 février 2019.

- Ali LAÏDI, Le droit, nouvelle arme de guerre économique - Comment les Etats-Unis déstabilisent les entreprises européennes, Actes Sud, Paris, 2019.

- Zaki LAÏDI, La norme sans la force - l'énigme de la puissance européenne, Sciences Po, Paris, 2005.

- Godfree ROBERTS, "Huawei, la 5G et la quatrième révolution industrielle", http://lesakerfrancophone.fr , 29 janvier 2019.

- Leslie VARENNE, "Le piège américain", http://www.zejournal.mobi , 15 février 2019.

Articles anonymes:

"US-Vizepräsident aus der Münchner SiKo: Washington läuft weiter Sturm gegen 'Nord Stream 2'", http://zuerst.de , 18 février 2019.

 

jeudi, 14 mars 2019

EN LA MUERTE DE GUILLAUME FAYE

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EN LA MUERTE DE GUILLAUME FAYE

Ernesto MILA

Ex: https://info-krisis.blogspot.com

Hace cuatro días, el 7 de marzo de 2019, falleció en Angulema Guillaume Faye. Uno de los pocos libros que salvé de la liquidación de mi biblioteca convencional fue el primero que leí de él durante mi exilio francés, Le système à tuer les peuples. Desde entonces he seguido su carrera como ensayista. Al volver a España lo perdí de vista y durante años no volví a saber de él. En un viaje a París -debió ser a finales de los 90- compré la nueva revista que publicaba, J’ai tout compris. Ayudé en la traducción de El Arqueofuturismo que incluía algunas notas sobre su polémica con Alain de Benoist, su exclusión del GRECE (por dos ocasiones, en 1986 y en 2000), y, desde entonces, fui traduciendo algunos libros y artículos que escribió entre 2000 y la fecha de su muerte.

No tengo ningún inconveniente en afirmar que su obra constituyó una inspiración para mí. Sus puntos de vista y la forma en la que los exponía, generalmente provocadores e impactantes, animaron múltiples debates. Fue uno de los que primero denunciaron la “islamización de Europa” y denunció el rostro de la modernidad. La fórmula “arqueofuturista”, síntesis de tradición y revolución, sigue siendo para algunos de nosotros la mejor expresión del pensamiento alternativo, el mejor paradigma contra la corrección política y el resumen del programa contra el Nuevo Orden Mundial.

Nunca dejó de creer en la idea europea y en el potencial europeo para superar la peor crisis de su historia: la actual.

Su técnica consistía en lanzar andanadas provocadoras que suscitaran debates. Era de los contrarios a cualquier catecismo. Uno de los motivos que me impulsaron a experimentar el mayor respeto y admiración por él fue la crítica que él mismo realizó al “gramscismo cultural” defendido por él mismo y por la “nouvelle droite” en los años 70.

Todos los que lo conocimos, directamente o a través de su obra, sabemos que se trataba de un personaje excesivo, tanto en su vida personal como en sus escritos. A diferencia de otros responsables de la antigua “nouvelle droite”, Faye nunca intentó entrar en los medios de la “respetabilidad intelectual” y optó siempre por el papel, menos rentable, pero más grato desde el punto de vista personal, del eterno “enfant terrible”.

En los medios de extrema-derecha, su libro sobre la cuestión judía resultó muy criticado y se habló de que se había convertido al nacional-sionismo. Es discutible porque la obra de un autor no puede medirse por algunas páginas de uno de sus ensayos, sino por la totalidad de su obra. Como máximo puede reconocerse que Faye compartía la idea de que había que cerrar las puertas al mundo islámico en Europa y que uno de los aliados objetivos para esta cuestión era el Estado de Israel. No era el único en proponer esta idea dentro de Francia, incluso en los medios de extrema-derecha la misma idea había estado presente en los años 50.

Se acusa a Faye de haber sido excesivamente catastrofista en sus previsiones y de haber anunciado una “guerra étnica” que todavía no ha estallado. De hecho, él no la anunció a plazo fijo, pero sí estableció que algunos fenómenos que se están produciendo en la actualidad, suponen los primeros chispazos de esa guerra étnica. Creo, sinceramente, que, en este terreno, Faye acertó plenamente: los nuevos grupos étnicos llegados a Europa siguen sin reconocerse en la cultura europea y mantienen entre ellos el espíritu de tribu aferrados a valores religiosos no europeos y a su propia identidad racial. Si hay momentos en los que están tranquilos es porque el sistema ha comprado la paz étnica mediante un régimen de subsidios. Si nos limitamos a constatar la realidad, cuidadosamente ocultada por medios y tertulianos, veremos que una parte muy importante de los problemas y molestias que sufre la sociedad europea (incluida la violencia doméstica, las agresiones sexuales y violaciones, la delincuencia, el deterioro de la seguridad ciudadana) están vinculados, en mayor o menor medida, al fenómeno de la inmigración masiva y descontrolada.

Libros como La colonización de Europa o El nuevo discurso a la nación europea, o el mismo Arqueofuturismo con el que regresó a la arena de la polémica, seguirán siendo libros de texto para todos los que muestren una objetividad y una ausencia de prejuicios ideológicos en su intento de ver la realidad tal cual es y no mediante la utilización de prismas y lentes deformantes.

El esfuerzo de Faye, su carácter dionisíaco y carente de prejuicios, lo situaban en las antípodas de los intelectuales pequeño-burgueses que solamente aspiran a que su obra sea reconocida en los foros bienpensantes y de alta difusión.

Faye, como Evola, como el propio Benoist, incluso como Thiriart, Duguin y tantos otros, exigen del lector cierta formación cultural y cierta capacidad para discernir, discriminar y decidir. No son obras que puedan aceptarse o rechazarse en su totalidad, cada una de ellas tiene matices, aciertos y déficits y así hay que tomarlos. Faye ni tendrá ni exigirá, ni siquiera le gustaría que existieran “fayeanos”: lo que sí exige del lector es algo tan simple como que piense por sí mismo. Si en este blog figura en el encabezamiento un paradigma personal, reconozco que parte de él, se debe a escritores como Guillaume Faye, grande entre los últimos intelectuales europeos.

 

Vier maal Vierling: Guillaume Faye

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Vier maal Vierling:

Guillaume Faye 

Vraaggesprek van Alfred Vierling met Guillaume Faye uit 2003.
 
Uit het beoogde vierluik Vier maal Vierling.
 

GUILLAUME FAYE: HERO OF EUROSIBERIA

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GUILLAUME FAYE: HERO OF EUROSIBERIA

Ex: https://affirmativeright.blogspot.com 
 
"I know the skies bursting into lightning, and the whirlwind
And the surf and the currents: I know the evening,
The dawn rising like a flock of doves,
And I sometimes saw what men only thought they saw!"

                                    — Arthur Rimbaud, The Drunken Boat
Guillaume Faye entered the gates of Valhalla on March 7, 2019. He leaves behind an impressive body of work. His main vision concerns the creation of a White superpower, which he dubbed Eurosiberia, stretching from Lisbon to Vladivostok. Another term for the same geopolitical construct is Euro-Russia, the merger of Western Europe and the Russian Far East — to herald the beginning of a new European Golden Age, with our continent becoming truly independent of the pernicious influence of the other global players today. 

The theoretical underpinning for this super state is the Faustian philosophy of Archeofuturism, which posits that the old and traditional has to enter a fruitful marriage with the new and cutting edge. Spaceships named after Odin and Hercules will pierce the sky in the search for suitable exoplanets to explore and colonize. Megacities will coexist with quaint villages in a lush landscape. Villagers will marvel at the steel spires from afar while toiling in their fields. The technocratic elite in the cities, meanwhile, will find new ways to make the home of the White race more environmentally sustainable without losing sight of the main goal: The Second Stealing of the Fire.

For Faye, the enemy is very clear: the “masses of aliens who immigrate and settle here with us.” This enemy is symbolized by Islam, which Faye accuses of a colonization that leads to the destruction of native European peoples. America, however, is merely an opponent. According to Faye, it cannot be considered an enemy because it only represents geopolitical interests. America is only strong because Europe is weak.

For Faye it is not class war but the racial struggle for supremacy that drives history. The Nietzschean will to power is an integral feature of the European people. Its current absence is the main cause for the imminent fall of Western civilization.

Faye was opposed to cultural relativism or hippie ideas like “anti-imperialism.” He had no interest in fighting for any people except his own, namely Europeans, because “each people is only responsible for its own identity, and history is a graveyard of peoples and cultures.” The concept of ethnocentrism postulates that the race or ethnic group one belongs to is the cornerstone of all considerations.

Guillaume Faye was neither an angel nor a saint. He was a heavy drinker and smoker, an active participant in porn movies and a womanizer. He was a French poet in the vain of Arthur Rimbaud and Paul Verlaine. He was literally possessed by the exuberant and frenzied spirit of the French symbolists, always uncovering new truths, formulating fundamental axioms and making predictions, which all true Europeans hope will one day come to pass. Burning the candle at both ends like the Absinthe-guzzlers of yore, Faye’s near hallucinatory visions have the same elegance and beauty as Charles Baudelaire’s apocalyptic prophecies, but while the latter’s are uniformly pessimistic about the failure of modernity, the former’s are unequivocally filled with the optimistic joy of a future overcoming. Faye embraces the Age of Rapid Progress and believes creating chimeras in laboratories would be a swell thing to behold.

The White race is the master of Eurasia. Eurosiberians are the inhabitants of Europe and Russia. Only eight million Whites live in Siberia. It is their obligation to multiply and colonize this vast space. Siberia is the new Wild West. Islam is an enemy of Europe. The North is the enemy of the South. A new battlefront has been drawn. In the trenches in the North, the White race, grim-faced and merciless, sits ready with guns cocked and cannons loaded. The West will decolonize itself with the help of fresh blood from the East. West and East will merge and become Eurosiberia. The Eurosiberian identity will give birth to the counterrevolution which will pit itself against the world revolution of the colored peoples.

In his book The New Jewish Question (published in France in July 2007), Guillaume Faye denounces Holocaust “revisionism” (or denial). Prominent Holocaust “revisionist” Robert Faurrison denounced Faye for that transgression against rightist dogma. Personally, I have come to the conclusion that Holocaust “revisionism” is utterly inconsequential and counterproductive to the cause of racial liberation. Naturally, Holocaust “revisionism” is mostly the home of raging anti-Semites (who try to downplay the anti-White policies of the Nazis). Faye was a progressive European nationalist and hence on our side. Most Holocaust “revisionists” are not on our side. Also, it is not “the Jews” who criminalized Holocaust “revisionism” but gentile officials of gentile countries.

Faye was opposed to demonizing and scapegoating Jews, as so many people on the Right are delusionally wont to do. Faye took the position of Friedrich Nietzsche when he stated that “to run down the Jews serves no purpose, it’s politically stupid and unproductive.” Faye also correctly identified anti-Zionism as merely another form of anti-Semitism. He said that “anti-Judaism [a term he prefers to anti-Semitism] is a political position that is obsolete, unhelpful, out of date, even when camouflaged as anti-Zionism.” Faye castigated European nationalists who view Israel as an enemy:
“How could I be anti-Zionist? ... Unlike Islamism, Communism, Leftism, human rights, and masochistic, post-conciliar Christianity, Zionism neither opposes nor restrains in any significant way the ideals I defend, that is, the preservation of [Europe’s racial] identity. How would the disappearance of Israel serve my cause? For a European identitarian to think that the Hebrew state is an enemy is geopolitically stupid.”
RTS = Racialist Tourette's Syndrome: A condition that describes people who can't shut up about "the Jews." Such people are usually not interested in winning.

Guillaume Faye is reviled among the mentally ill RTS crowd. They cannot comprehend that a man of his stature could simply “ignore” what they falsely view as the number one cause of the West’s decline. While Faye was not afraid of criticizing individual Jews and Jewish groups, he made it very clear that “the Jews” as a monolithic group do not exist, as evidenced by the fact that many Jews are also on “our side.”

Guillaume Faye most certainly supported Israel. He made this quite clear in many private conversations I had with him in Moscow. Faye has absolutely nothing in common with the “Jewish conspiracy” theorists, who, unfortunately, still infest the Right. Luckily, though, more and more people are realizing that this way of thinking is anachronistic, counterproductive and definitely not based in reality. Since Faye is possibly the most important thinker of the Right, it seems fair to say that the Right is not a monolithic anti-Zionist beast. Some rightists’ anti-Semitism leads them to embrace Islam as their new identity. Their obsession with “the Jews” leads them directly into the camp of Europe’s deadliest enemies.

Guillaume Faye is a Hero of Eurosiberia precisely because he had a wider vision and an insight that was not limited to insane fringe conspiracy theorizing but rather to levelheaded and fact-based analyses of the current status quo. Faye’s heroic status stems directly from his ability to prophesy and inspire without resorting to lies and falsehoods. Faye, who foresaw a “convergence of catastrophes” (a natural disaster combined with a massive military conflict, for example, could bring about the desired paradigm shift) and preached a return to eternal values while embracing the coming Technological Singularity, was and will always remain the black-pilled prophet of European optimism - a true Promethean soul!

Faye's ideas about racial and cultural struggles as the key to Western self-discovery finally culminated in a book that was published exactly one day after his passing: Guerre Civile Raciale (Racial Civil War). The esteemed American pro-White advocate Jared Taylor wrote the preface. In this book, Faye bemoans the sheep-like passivity of his people in the face of replacement and subjugation, but he also expresses his fervent wish that one day, weary of being deprived of their culture and way of life, they will rise up and, animated by their survival instinct and sense of self-defense, start organizing a counteroffensive which will hopefully lead to a FINAL VICTORY.
 

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The author with Guillaume Faye in Moscow, July 2007

È morto Guillaume Faye. Il filosofo che ammise la stanchezza degli eroi

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È morto Guillaume Faye. Il filosofo che ammise la stanchezza degli eroi

In questo tempo di nevrosi applicata al nulla anche gli eroi diventano stanchi. Si isolano. Vivono nella nicchia di una saggezza che con quantifica il sapere, ma sa essere saggezza e  silenzio. Da questo silenzio il pensiero è una fortezza. Forse Bastiani. Il deserto accoglie non i Tartari ma i sapienti. Gli uomini che hanno ancora una “razza” da difendere contro il globalismo macchiato dai leopardi e coccodrilli e mai dai gattopardi. La morte si avvicina e avvicina la necrologia della mediocrità che occupa ormai la scena. Nella vita come nella cultura e in quel far ed essere politica. È morto Guillaume Faye.

Era nato a Angoulême il 7  novembre del 1949. Lo scrittore che seppe raccontare la colonizzazione dell’Europa e adottò il sistema di un futurismo del pensiero che sapeva e sa guardare anche oltre le arti.  Un futurismo dell’incipit, ovvero di una archeologia in cui il pensiero è primordiale e il saper fare distinzione è un sistema ancestrale. Inventò movimenti e cercò nella volontarietà dell’Occidente ad essere primato oltre le frustrazioni della stessa colonizzazione. Di filosofia parlò e i suoi maestri nascono nella mai abusata reticenza della potenza scavata nella volontà.

Nietzsche letto e studiato come il filosofo che non accolse mai la lacerazione del modernismo e trasferì il suo tragico vivere in un Heidegger che  non volle mai sciogliere l’enigma greco antico di essere e tempo. Forse anche per questo rimase nel tempo dell’essere come un faustiano principe che insegnò a leggere la contemporaneità con gli svelamenti del passato. Non mi è mai piaciuta l’idea di considerarlo come il fautore di una nuova destra. Non c’entra nulla. Cercò nel principio del tradizionalismo la forza per combattere il “mito” giudaico e occidentale attraverso alcune coordinate di fondo che trovano nella solitudine la universalità del pensiero non in trasparenza, ma vissuto e sacrificato oltre la Croce. Nella roccia che è metafisica proprio di quell’Essere e Tempo che domanda all’uomo di conoscere prioritariamente la libertà e non la contaminazione, la persona e non il gruppo, il personale come proprio immaginario e non l’immaginario come modello globale. Il globalismo ha ucciso l’archeologia del sapere.

Guillaume Faye ebbe il coraggio di scrivere spiegando il suo pensiero “radicale” e non relativo o relativista che: “Le intuizioni di Nietzsche, di Evola, di Heidegger, di Carl Schmitt, di Guy Debord o di Alain Lefebvre — tutte relative al rovesciamento dei valori — si dimostrano infine realizzabili, come la nietzscheana filosofia a colpi di martello. Il nostro ‘stato di civiltà’ e maturo per questo. Lo stesso non era nel recente passato, quando la coppia moderna XIX-XX secolo incubava la sua infezione virale senza ancora subirla. D’altra parte, conviene rigettare subito il pretesto secondo il quale un pensiero radicale sarebbe ‘perseguitato’ dal sistema. Il sistema è stupido. Le sue censure sono permeabili e maldestre. Esso è capace di colpire soltanto le provocazioni folkloristiche e le goffaggini ideologiche”.

Non si iscrisse ad una menzione filosofica ideologica perché forte delle lezioni della memoria scardinò l’omologazione ad un “sistema” perché era fortemente consapevole che il Sistema mira ad uccidere i Popoli, ad annientarli, a globalizzarli attraverso la pratica del globale occidentale “meticciato” con un islamismo di mercato insieme ad una nuova società voluta dal barbarismo cattolico.

Infatti cercò di trafiggere l’utopia con questi incisi: “Le società europee in crisi di oggi sono pronte a essere trapassate da pensieri radicali determinati, muniti da un progetto di valori rivoluzionari e portatori di una contestazione completa ma pragmatica e non utopica dell’attuale civiltà mondiale”. Certo, tra Nietzsche ed Heidigger insiste Carl Schmitt con un “romanticismo” della politica che lo condusse sino a Robert Brasillach e a Vintila Horia. Tra i suoi saggi sono da ricordare: “Gli eroi sono stanchi, in “L’uomo libero” numero 14 del 01/04/1983, “La Nuova Società dei Consumi in “L’uomo libero” numero 20 del 01/01/1985, Per l’indipendenza economica in “L’uomo libero” numero 13 del 01/01/1993, La colonizzazione dell’Europa: la soluzione di Prometeo e del Dottor Faust in “L’uomo libero” numero 58 del 01/11/2004, Il Sistema per uccidere i popoli, SEB, Milano 1997,, Archeofuturismo, SEB, Milano 2000, Per farla finita con il nichilismo. Heidegger e la questione della tecnica, SEB, Milano 2007. Una meta politica, la sua, che penetrò la filosofia come universo della filosofia che non può accettare il moderno se non grazie una “archeologia del sapere”  alla Michel Foucault. Non smise mai di sottolineare che “l’uomo europeo a un tempo come il deinatatos («il più audace»), il futurista, è l’essere di lunga memoria. Globalmente il futuro richiede il ritorno dei valori ancestrali, e questo per tutta la Terra”.

Giornalista Pubblicista – Direttore tecnico di agenzia di viaggi e turismo – Writer – Ghostwriter

Direttrice del Blog LitterArtour

Guillaume Faye e quell’incontro in un lontano pomeriggio d’estate a Parigi

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Guillaume Faye e quell’incontro in un lontano pomeriggio d’estate a Parigi

da Manlio Triggiani
Ex: http://www.barbadillo.it 
 
 

Guillaume Faye, uno dei maggiori intellettuali del panorama culturale francese, morto nella notte fra il 6 e il 7 marzo scorsi, aveva lottato a lungo contro un male aggressivo, con coraggio, senza trascurare la scrittura e gli interventi nel dibattito culturale. Diplomato all’Institut d’études politiques di Parigi, aveva conseguito un dottorato in Scienze politiche e fu uno dei maggiori teorici del Groupement de recherches et etudes pour la Civilisation européenne (Grece), e dell’ambiente più tardi noto come Nuova Destra francese, nel periodo compreso fra il 1970 al 1986. In seguito si allontanò per divergenze ideologiche dal laboratorio politico di de Benoist. Era nato ad Angouleme nel 1949 (nella regione Nuova Aquitania) e proveniva da una famiglia dell’alta borghesia parigina. Pubblichiamo il ricordo di un nostro collaboratore.

Quando si aprì la porta della sede del Grece, in un arrondissement popolare di Parigi, mi trovai davanti Guillaume Faye, in camicia e cravatta. “Monsieur Guillaume Faye?” dissi, avendolo riconosciuto. Mi presentai, spiegai che venivo dall’Italia, che ero interessato al laboratorio di idee della Nuova Destra francese e alla loro produzione culturale. Mi fece accomodare ed entrai in un grande ufficio, con un paio di scrivanie al centro, un grosso computer e due signore che stavano lavorando su degli elenchi. Faye fu molto gentile, parlammo un po’ e poi mi condusse in un’altra grande stanza dove c’erano, su tavoli ed espositori, riviste, libri, dépliant, poster.  Parlammo un po’ della situazione culturale e politica in Francia e in Italia. Mi chiese di seguirlo e andammo in una delle stanze meno grandi dell’appartamento, lo studio di Alain de Benoist. Mi presentò il “capo” riconosciuto della Nuova Destra. Lo studio era stretto e lungo, con la scrivania di spalle a una grande finestra e di fronte all’ingresso della stanza. De Benoist era seduto alla scrivania, stava leggendo un quotidiano tedesco. Sul tavolo da lavoro, una pila di libri e giornali francesi, italiani, britannici. Sulla sinistra entrando mi colpì, in una sobria cornice scura appoggiata su un mobile basso, addossato alla parete, una foto in bianco e nero di Alain de Benoist in compagnia di Ernst Jünger e una dedica in tedesco dell’autore delle Tempeste d’acciaio. Faye mi presentò de Benoist e dopo alcuni convenevoli con de Benoist, Faye mi disse che doveva assentarsi per un impegno. Prima di andar via mi dette appuntamento per il giorno successivo, per l’ora di pranzo. Così avremmo avuto modo di parlare.

Il giorno dopo andammo in una brasserie lì vicino, insieme con un suo amico, un certo Michel, probabilmente dell’amministrazione (non si trattava né di Michel Marmin né di Michel Mourlet). Ci sedemmo a un tavolo e Faye cominciò a parlare in maniera fluente in un ottimo italiano, con poche inflessioni. In seguito avrei saputo che la sua amicizia con Giorgio Locchi lo aveva spinto a imparare la lingua di Dante.

Rimanemmo al tavolo per una parte del pomeriggio, dopo la fine del pranzo, e discutemmo quasi sempre della Nuova Destra e di scrittori e di libri. Faye aveva un modo di esprimersi che colpiva, aveva grandi capacità oratorie e discorsive: parlava della strategia della Nuova Destra, del gramscismo di destra, della conquista delle coscienze attraverso il cinema, l’arte, la letteratura, il pensiero politico e citava di volta in volta Nietzsche, Benn, Drieu, Evola, Machiavelli, Hobbes, facendo seguire ragionamenti interessanti, con riferimenti alla filosofia e all’economia. Era accattivante quella forza discorsiva, resa più incisiva da esempi, riferimenti, spiegazioni con paragoni mutuati dalla realtà contemporanea. A esempio, parlava della necessità che l’Europa lottasse contro gli Usa (anni dopo cambiò parere) e mi anticipò che il Grece stava studiando al proprio interno il tema della convergenza teorica fra Europa e Terzo mondo, con riferimenti espliciti al mondo arabo (l’anno successivo, il 1986, uscì il libro di de Benoist, Europe-Tiers monde, meme combat e io pensai a quell’anticipazione di Faye). Alle mie perplessità rispose che si trattava di una alleanza momentanea, “come nei tornei internazionali di calcio – disse – quando si affrontano le varie squadre in ogni girone e qualcuno, di volta in volta, viene eliminato”.

Feci alcune domande sulla sua opera che avevo letto l’anno precedente, Il sistema per uccidere i popoli (Edizioni L’Uomo libero), attacco preciso e ben argomentato contro la globalizzazione, e mi parlò di una nuova edizione che avrebbe preparato arricchendola di ulteriori analisi prevedendo che allora il multiculturalismo era solo all’inizio nell’opera di distruzione svolta contro l’Europa. Mi indicò le riviste italiane che riportavano in traduzione i suoi scritti. Le conoscevo. Parlammo di amici italiani comuni e, quando tornammo nella sede del Grece, mi consigliò due numeri di Nouvelle Ecole, un libro di geopolitica di Jordis von Lohausen, uno di Louis Rougier. Estroso, un diluvio di parole, citazioni, molto colto, mostrava sempre grande energia e partecipazione in quello che diceva, come se ci mettesse un supplemento d’anima nelle cose che asseriva, con uno spirito militante determinato, frutto di un pensiero faustiano, evidentemente nietzscheano, con un sottofondo neopagano, rafforzato da continui richiami alla mitologia greca e romana che amava citare. Amava la tecnoscienza europea che considerava importante se sposata con una visione volontaristica e di destra. Insomma, radici più futuro. Non esitava a utilizzare espressioni polemiche e provocatorie. Era ottimista, nonostante tutto, sul futuro dell’Europa, si considerava un “nazionalista europeo”, in questo forse richiamandosi agli scritti di Drieu che tanto apprezzava.

Ci salutammo e in quell’ormai tardo pomeriggio d’estate uscii dalla brasserie, con il mio pacco di riviste e di libri sotto il braccio. Faye in quell’incontro mi era sembrato differente dal resto degli autori del Grece, certi suoi riferimenti teorici non erano sempre in linea con la Nuova Destra. Almeno quella presentata in Italia dalla Nuova Destra di Marco Tarchi che pure spesso presentava traduzioni dei maggiori teorici della Nd francese. L’anno dopo, infatti, Faye abbandonò il Grece a seguito di polemiche e divergenze su temi di fondo. Una personalità forte, una volontà faustiana, un uomo libero.

Che riposi in pace.

 
 

mercredi, 13 mars 2019

Guillaume Faye : un météore de la pensée vient de s’éteindre

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Guillaume Faye : un météore de la pensée vient de s’éteindre

par Pierre-Emile Blairon

Ex: http://www.bvoltaire.fr

Le 7 mars mourait un penseur français inconnu du grand public : Guillaume Faye. Il n’avait pas 70 ans. Il sera enterré le 13 mars en région poitevine. Nul doute qu’on le classera (les Français ont absolument besoin de mettre une étiquette sur tout et tout le monde) dans les années à venir dans la catégorie des auteurs maudits, de génie mais maudits.

C’était un météore, brûlant sa vie de mille feux. Un météore est un corps céleste qui ne touche jamais terre et qui disparaît en se consumant.

Issu de la grande bourgeoisie, il en rejettera très vite les « idéaux conformistes et matérialistes », comme il le disait lui-même. Dès lors, sa vie sera continuellement en butte aux jalousies et injonctions de rentrer dans le rang ; « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux », chantait Georges Brassens. Il faut dire que Guillaume Faye n’a rien épargné aux bourgeois et aux censeurs ; il avait le sens inné de la provocation ; il l’avait revendiqué lors de sa dernière apparition télévisée : « Vous me reprochez mes provocations, mais je suis là pour provoquer » ; Guillaume Faye était un messager des forces divines dont la mission consistait à réveiller les esprits européens ramollis par des années de repentance imposée ; il avait créé un terme pour définir cette démission : « l’ethnomasochisme ».

Il était un orateur brillant et passionné, dont le discours souvent improvisé était marqué par des fulgurances géniales qu’il découvrait en même temps que le public et dont il s’émerveillait lui-même. Cette capacité de réinventer le monde à chaque instant, de s’adapter à ses aléas et de s’insérer harmonieusement à son mouvement perpétuel constitue l’un des grands caractères de la culture celte dont Jean Markale avait si bien perçu les contours. Guillaume Faye était né à Angoulême, en pays charentais, pays des Santons et des Pétrocores.

Il n’en allait pas autrement avec la rédaction de ses livres ; sa pensée suivait très exactement l’évolution de la situation et il réagissait comme un général sur un champ de bataille qui maîtrise l’ensemble des paramètres minute après minute et qui prend des décisions que la plupart de ses subordonnés ne comprennent pas. Ses lecteurs ont souvent été désarçonnés par ce qu’ils croyaient être des revirements ; il n’en était rien ; Guillaume Faye se portait à l’assaut exactement là où les défenses faiblissaient et avaient besoin de renfort.

Guillaume Faye s’est constamment battu pour une renaissance européenne, pour la culture, le génie et le patrimoine européens patiemment forgés tout au long des millénaires ; son combat n’était pas lié aux contingences nationales mais à la pérennité de l’Europe dont les peuples constituaient les diverses facettes d’un substrat commun. Il avait repris, pour mener à bien cette mission, la maxime de La Rochefoucauld : « Fais ce que dois, advienne que pourra ».

Comme tous les hommes hors du commun, Guillaume était un homme simple, complètement dépourvu de vanité, il ne se prenait jamais au sérieux – son sens de l’humour et ses blagues étaient devenus légendaires -, mais il affirmait avec force et persuasion ses convictions qu’on pouvait ne pas complètement partager.

Guillaume Faye ne se définissait pas comme un intellectuel ou un philosophe, il était le porteur, le messager, modeste mais talentueux, d’une cause qu’il avait à cœur de défendre ; il n’était pas plus un « rebelle », qualificatif souvent revendiqué – sans grand danger – par des bien-pensants velléitaires. On le définirait plutôt comme un conservateur-révolutionnaire dont – autre terme qu’il a inventé – le concept « d’archéofuturisme » pouvait représenter la singularité.

Il restera pour ses amis le généreux et jovial compagnon dont ils auront essayé de préserver, tant bien que mal, la fragile mais flamboyante destinée.

mardi, 12 mars 2019

Hommage à Guillaume Faye par Thierry Durolle

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Hommage à Guillaume Faye

par Thierry Durolle

Guillaume Faye vient de rejoindre la grise escadre des oies sauvages. Son départ pour d’autre aventures ne fut pas un choc, du moins pour beaucoup d’entre nous, qui l’avions vu dépérir physiquement vidéos après vidéos. Ainsi je ne fus pas surpris quand mon camarade et ami Robert Steuckers me révéla l’ampleur réel des dégâts. Comme bien trop souvent dans ces cas-là, ce n’était plus qu’une question de temps.

Je refuse néanmoins de garder l’image d’un homme affaibli. Au contraire, et bien que n’ayant jamais eu la chance de le rencontrer, l’impression qu’il me donnait, en vidéo ou sur papier, était celle d’une énergie, d’un volcan bouillonnant, d’un type animé par un feu sacré -celui-là même que nos peuples en dormition ont laissé s’éteindre dans leurs foyers. Même mort, Guillaume Faye me donne toujours cette impression. Elle réchauffe les cœurs dans les moments de doute.

A l’instar d’un Dominique Venner, certes dans un style bien différent, Guillaume Faye suscitait l’admiration. Il n’était pas juste un intellectuel de plus au sein de la Droite radicale, encore moins un compilateur ou un recenseur. Faye était un créateur (notamment de concepts), incarnation de l’esprit faustien, doué d’une curiosité et d’un talent qui ont de toute évidence fait des jaloux. Personne d’autre que Guillaume Faye aurait pu écrire L’archéofuturisme, son livre le plus important à côté du Système à tuer les peuples et La colonisation de l’Europe.

Inutile de s’appesantir sur un parcours qui fit couler beaucoup d’encre et baver de nombreuses limaces. Ces dernières oublient trop souvent – voire volontairement – que le quatrième âge n’épargne rien ni personne. Du point de vu des idées, ses prises de position quant au sionisme n’étaient pas les miennes. Et il est vrai que son avant-dernier livre le faisait passer à mes yeux pour un idiot utile d’une cause qui, non seulement n’est pas la nôtre, mais qui s’y oppose farouchement. Quant à son libéralisme, un brin crédule, il était la porte ouverte au pire de la société marchande.

gf-globalcoup.jpgCes points de désaccord ne suffisaient pas à rendre le personnage infréquentable et persona non grata. Ce qui me liait avant tout à Guillaume Faye, c’était son combat pour sauver notre civilisation, c’est-à-dire avant tout la race blanche. On aura beau nommer nos enfants et nos petits-enfants Sigurd ou Leonidas, et leur transmettre tout notre patrimoine d’Européens, comment pourrons-nous nous reconnaître en eux si nous avons affaire à des métèques et des mulâtres ? Je voue à Guillaume Faye un immense respect pour être resté fidèle à cette cause primordiale, à savoir défendre notre droit à demeurer ce que nous sommes.

Une page vient de se tourner avec la disparition de Guillaume Faye. Celui-ci, j’en suis convaincu, appartient dorénavant non pas à notre histoire, mais à l’Histoire. Le flambeau qu’il a emprunté aux Dieux (par défi?) est maintenant entre nos mains. Lourde responsabilité. Je me tourne vers mes enfants, la torche à la main. Leur transmettre ce feu sacré qui animait Guillaume Faye, les éclairer sur ces sentiers qui mènent parfois à la perdition et surtout, leur donner envie de tout brûler, comme Surtr, pour purifier ce monde vermoulu afin qu’un nouvel Âge d’Or fasse son apparition, voilà ma façon d’honorer la mémoire de cet homme.

Guillaume Faye marche avec nous !