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vendredi, 23 mai 2025

Enquêter, condamner, interdire. La démocratie selon l'UE

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Enquêter, condamner, interdire. La démocratie selon l'UE

par Mario Landolfi

Source: https://www.destra.it/home/indagare-condannare-proibire-l...

Vous souvenez-vous de la célèbre phrase de Voltaire (« Je désapprouve ce que vous dites mais je défendrai jusqu'à la mort votre droit de le dire ») répétée jusqu'à l'épuisement pour la plus grande gloire des principes de tolérance, de démocratie et de coexistence civilisée ? Eh bien, il faudra s'habituer à ne plus l'entendre car il est en train de disparaître et sera bientôt complètement obsolète. Oui, les temps sont en train de changer. C'est certain. Même dans ce paradis artificiel de règles parfaites, de principes inébranlables et d'unanimité intouchable que nous appelons l'Union européenne, mais qui n'est que la parodie bureaucratico-techno-financière de l'Europe. Même là, l'irrésistible Voltaire semble destiné à céder la place au Big Brother d'orwellienne mémoire, et alors tant pis pour la démocratie et la souveraineté populaire. Et tout cela se passe - c'est là tout le paradoxe - dans un climat d'inquiétude permanente face à l'habituel « fascisme rampant » et au milieu d'une croisade interdite par les démocraties pour arracher l'Ukraine aux griffes de l'Ours russe. C'est donc, purement, de la foutaise.

La vérité est que les classes dirigeantes européennes commencent à considérer la souveraineté populaire comme un facteur de risque sérieux pour le pouvoir établi. Mais au lieu d'analyser les causes profondes qui poussent des masses toujours plus grandes de citoyens vers les partis anti-système, elles préfèrent désigner ces citoyens comme de dangereux extrémistes. Ils confondent ainsi l'effet et la cause. En pratique, c'est comme si l'on s'en prenait au thermomètre lorsqu'il indique de la fièvre. Il faut donc continuer à fouler les procédures aux pieds, à triturer les lois et à modifier la constitution alors que des réponses politiques sont nécessaires. La gauche l'a fait au Danemark avec des interventions sérieuses et sévères dans la problématique de l'immigration, et ce n'est pas un hasard si cette gauche-là jouit d'une excellente santé politique. Le reste n'est que criailleries qui, de la France à l'Allemagne, en passant par la Roumanie, décrivent mieux qu'un traité de science politique le niveau de crise atteint par des systèmes politiques autrefois réputés, du moins ceux de Paris et de Berlin.

Commençons par la France, patrie de Voltaire et berceau de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Au premier tour des élections législatives de juin dernier, le Rassemblement national de Marine Le Pen a triomphé. Comme prévu, les alarmes "démocratiques" se sont déclenchées, tout le monde s'est ligué contre elle et au second tour, la France Insoumise de gauche menée par Jean-Luc Mélenchon l'a emporté. Que fait alors Macron ? Avec un parlement où pullulent nationalistes, souverainistes et communistes trotskistes, il appelle d'abord Michel Barnier puis François Bayrou, deux illustres cariatides centristes sans voix, à former le nouveau gouvernement. Le message est clair: sans sa place, le consensus électoral en France ne vaut rien.

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Mais ce n'est pas fini. Selon les sondages, en effet, Marine Le Pen reste compétitive, et donc dangereuse, comme candidate à la présidentielle de 2027. Pour stériliser ses ambitions, cette fois, ce sont les juges du tribunal de Paris qui n'ont qu'à déclarer immédiatement exécutoire l'interdiction d'exercer une fonction publique prononcée à l'encontre de la blonde du Rassemblement, ainsi que de boucler sa condamnation à quatre ans de prison pour détournement de fonds, pour mener à bien leur mission. Sauf miracle, la candidate souverainiste est hors course pour l'Elysée.

Moins raffinée est la technique utilisée en Roumanie. Ici, ce sont les juges de la Cour constitutionnelle qui actionnent le levier juridique qui « corrige » la souveraineté populaire, dont le verdict s'avère très malvenu pour l'establishment. Un autre souverainiste, Calin Georgescu, est alors le perdant. En novembre, il sort triomphant du premier tour des élections présidentielles. Mais les juges annulent le vote et excluent le candidat de la compétition. La raison ? L'ingérence présumée et jamais certifiée de la Russie dans la campagne électorale. Un jeu d'enfant. Mais les électeurs roumains ont aussi la tête dure. Et preuve que les Russes n'y sont pour rien, ils ont récompensé au nouveau premier tour (c'est dans l'air du temps) le national-conservateur George Simion, qui s'est placé dans le sillage de l'exclu Georgescu, dont il a également hérité du consensus.

Last but not least, l'Allemagne. Ici, c'est le professionnalisme et le respect maniaque des procédures qui règnent en maître. Voici les faits: l'Office pour la protection de la Constitution (oui, oui, un tel machin existe vraiment!!), dirigé par un service interne non spécifié, a proposé l'interdiction d'Alternative für Deutschland, le deuxième parti aux dernières élections (aujourd'hui premier dans les sondages), en tant qu'« organisation extrémiste et antidémocratique ». Le simple fait qu'un organisme portant un nom aussi orwellien existe et fonctionne en Allemagne - et c'est là que nous en venons aux opinions - fait fortement douter du niveau réel de la démocratie dans ce pays ; le fait que cet organisme soit confié aux soins de « fausses barbes » (peut-être même des 007 formés par d'anciens agents de la Stasi) transforme le doute en suspicion. Enfin, le fait qu'un repaire d'espions puisse décider qui doit gouverner un pays de plus de quatre-vingts millions de citoyens confirme de manière sinistre que le respect de la souveraineté populaire est en train de s'effondrer même là où l'on s'y attend le moins, c'est-à-dire dans la nation la plus avancée et la mieux placée d'Europe. Pourtant, certains prétendent qu'une démocratie se défend même de cette manière, c'est-à-dire en cessant d'en être une. Voilà qui est incroyable.

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Ceux qui, en revanche, cherchent à justifier le cas allemand par son contexte, font certainement davantage mouche. C'est vrai : contrairement à l'Italie, l'autre puissance vaincue pendant la Seconde Guerre mondiale, qui, elle, a opté pour une constitution dynamique, l'Allemagne, pour sa part, a adopté une constitution statique, qui ne distingue pas la méthode de la fin: les deux doivent être démocratiques. Chez nous, en Italie, en revanche, seule la première doit l'être. C'est la raison pour laquelle, en Italie, le PCI pouvait aspirer à l'objectif léniniste de la dictature du prolétariat à condition de le poursuivre par la méthode démocratique, c'est-à-dire par des élections libres, alors que son homologue allemand, la KPD, a été interdit en 1956 et que, trois ans plus tard, lors du congrès de Bad Godesberg, ce même parti social-démocrate a subi une véritable purge idéologique pour se débarrasser de toutes les scories du marxisme. Et encore : contrairement à l'Italie, qui a une constitution ouvertement antifasciste (la 12ème disposition transitoire et finale est très claire en ce sens), la constitution allemande contient, elle, un double blindage (antinazi et anticommuniste). Une particularité imposée par son statut de nation divisée par le « rideau de fer » et, pour cette raison, élevée au rang de symbole même de la « guerre froide ». Cependant, il est également vrai que ce monde n'existe plus. L'Allemagne s'est réunifiée, le siège de sa chancellerie et de son Bundestag se trouve à nouveau à Berlin, la capitale enfin libérée des barbelés et du mur érigés par la tyrannie communiste.

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Mais mieux que tout autre argument, la métamorphose en cours s'explique par l'annulation récente de la contrainte constitutionnelle dite du "Schwarze Null" (du "Zéro noir"), formule qui indiquait qu'il fallait toujours un budget de l'État en parfait équilibre. Plus qu'une contrainte, c'était un véritable tabou. En Allemagne, où le terme Schuld désigne à la fois la dette et la culpabilité, on n'a jamais oublié que c'est l'endettement monstrueux suivi de la dévaluation de la monnaie qui a mis à genoux la République de Weimar, ouvrant la voie à Hitler et au nazisme au tout début des années 1930. Mais ce tabou vient d'être brisé. Et maintenant que le recours à l'endettement n'est plus verboten, interdit, le gouvernement a déjà alloué la somme monstrueuse de 800 milliards d'euros pour financer non pas le célèbre État-providence teuton, mais le plan de réarmement et d'infrastructures stratégiques. C'est peut-être une coïncidence, mais c'est un fait qu'avec la guerre en cours, l'Allemagne est aussi de retour. Le fait que ce soit le parlement expiré et délégitimé, et non le parlement nouvellement élu, qui ait annulé le Schwarze Null, alloué l'argent et décidé du réarmement, est-il un indice ?

Le fond du problème n'est que trop clair: dans l'UE, il y a un divorce entre les vertus prêchées - tolérance, acceptation et inclusion - et les vices pratiqués: exclusion des dirigeants qui dérangent, interdiction des partis non approuvés et rejet de millions d'électeurs non désirés. En d'autres termes, nous nous trouvons dans un court-circuit entre la loi et la souveraineté populaire. Alors : un système démocratique peut-il annuler des élections, exclure des candidats, interdire des partis, faire modifier sa constitution après l'expiration des législatures, et continuer à se qualifier comme tel ? Par ailleurs, les gouvernants qui n'hésitent pas à restreindre le périmètre de la démocratie pour mieux contrôler les effets de l'expression de la volonté et de la souveraineté populaire sont-ils crédibles en tant que défenseurs de la liberté ? Enfin, quelle différence substantielle peut-on saisir entre une autocratie qui envoie les opposants à Poutine en Sibérie et une démocratie qui proscrit l'AfD au seul motif qu'elle prône des idées, des thèses et des solutions qui ne déplaisent pas tant à la Constitution allemande qu'aux thuriféraires woke, animés par l'idéologie du politiquement correct ?

Questions inconfortables, certes, et très probablement destinées à rester sans réponse, si ce n'est celles, évidentes, des tenants du dogme de l'infaillibilité de l'UE. En Italie, ils sont déjà à l'œuvre et, en filigrane, ils sont impatients de célébrer une dérive allemande chez nous aussi, ne serait-ce qu'en prenant pour prétexte le bras tendu de quelques crânes rasés. On les comprend : plutôt que de s'inquiéter du rétrécissement des espaces de liberté en Europe, Schlein et ses camarades trouvent plus rassurant de se blottir dans la flanelle de l'antifascisme maniériste: ça ne coûte pas cher et ça tient chaud à leur base. Dommage, car le tempérament d'aujourd'hui exigerait un tout autre courage.

Oui, le défi de la défense de la souveraineté populaire contre l'usage restrictif des Constitutions, ainsi que le recours aux logiques d'urgence (hier sanitaire, aujourd'hui climatique, demain militaire, le tout avec l'accusation de « négationnisme » en ligne de mire) est bien un défi pour la réaffirmation de la primauté du politique.

Ils ne se rendent pas compte non plus (et peut-être ne le savent-ils pas non plus), Schlein et ses camarades, que c'est surtout Togliatti qui n'a pas voulu de carcans trop rigides dans notre Charte fondamentale. S'il n'en tenait qu'à lui, nous n'aurions même pas de Cour constitutionnelle. Ce qui l'animait, ce n'était pas tant l'amour de la démocratie, ce dont on peut douter, que le souci de son parti, toujours en danger de survie en raison de son rôle de cinquième colonne d'une puissance étrangère et ennemie comme l'était l'Union soviétique. C'est pourquoi il est encore difficile d'interdire les mouvements d'extrême droite en Italie. Nous avons là un bel exemple d'hétérogénéité des fins. En tout cas, mieux vaut notre système que celui de l'Allemagne. Nous aimerions aussi que le dise la gauche qui, sur ce point, comme on vient de l'évoquer, a des mérites spécifiques. Mais elle ne le fait pas parce que, n'ayant plus de véritable peuple de référence, elle sent que on existence est fondamentalement garantie par l'écrasement progressif de pouvoirs théoriquement neutres ou tiers, comme le judiciaire, la bureaucratie, le Quirinal. C'est à dessein que ses dirigeants, tout en qualifiant avec dédain les démocraties des pays comme la Hongrie ou la Slovaquie, où pourtant personne n'annule les élections ni n'interdit les partis, ne trouvent pas un seul mot pour censurer les coups d'éclat de Macron, les décisions des juges roumains ou les rapports des services secrets allemands, qui convergent singulièrement pour tourner en dérision la souveraineté du peuple. En effet, ils continuent d'appeler cela la démocratie. Il doit bien y avoir une raison.

Trump appelle Poutine - est-ce le début d'un tournant dans la guerre en Ukraine ?

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Trump appelle Poutine - est-ce le début d'un tournant dans la guerre en Ukraine ?

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/05/trump-ruft-putin-an-beginnt-j...  

Lundi dernier à 16 heures, heure d'Europe centrale, un entretien téléphonique était prévu entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Deux thèmes cruciaux sont à l'ordre du jour: un éventuel cessez-le-feu en Ukraine et les futures relations commerciales entre les Etats-Unis et la Russie.

Ensuite, Trump veut s'entretenir avec Zelensky afin de sonder la volonté de la partie ukrainienne pour un modèle de compromis. Il conclura par une série de discussions avec les partenaires de l'OTAN afin de convenir d'éventuelles lignes de coordination.

Steve Witkoff, représentant spécial du président américain, s'est montré confiant: « Trump est le seul à avoir le format et l'accès personnel à Poutine pour amorcer un véritable mouvement. Si quelqu'un peut donner des résultats, c'est bien lui ».

Witkoff a rappelé les récentes discussions à Istanbul, qui ont déjà produit des résultats concrets tel un échange de prisonniers. Il s'agit maintenant de passer à l'étape suivante : un cessez-le-feu résilient et la préparation d'un accord de paix global.

Malgré la portée symbolique de cet appel, il ne faut pas se faire d'illusions: il ne faut guère s'attendre à une percée obtenue grâce au téléphone. Si des progrès sont effectivement réalisés, ils devraient l'être lors d'un éventuel sommet entre Trump et Poutine - qui se dessine déjà en coulisses.

Trump dispose actuellement d'une remarquable liberté stratégique. Il pourrait déléguer de fait la guerre en Ukraine à l'Europe, adopter une ligne de confrontation avec de nouvelles sanctions ou encore jouer délibérément le rôle de médiateur - dans le but de garantir sa propre capacité d'action sans faire trop de concessions à Moscou.

Car l'objectif géopolitique central de Trump reste clair : préserver la domination unipolaire des États-Unis. Une confrontation ouverte avec la Russie renforcerait l'axe Moscou-Pékin. Une paix aux conditions russes pourrait à son tour mettre à mal le fragile partenariat avec l'Europe.

Conclusion :

Trump veut mettre fin rapidement à la guerre - mais sans une victoire russe. C'est un exercice d'équilibre risqué entre l'ordre mondial américain et une politique de puissance pragmatique.

16:35 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, ukraine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Sur l'oeuvre de Lawrence Auster

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Sur l'oeuvre de Lawrence Auster

Joakim Andersen

Source: https://motpol.nu/oskorei/2015/10/29/lawrence-auster/        

Lawrence Auster (1949-2013) était l'un des principaux et des plus intéressants critiques américains en matière d'immigration. Sa critique de l'immigration s'inscrivait naturellement dans une vision traditionaliste du monde, qui incluait également la foi chrétienne et la préoccupation pour la civilisation occidentale. Auster a passé beaucoup de temps à décrire les autres critiques de l'immigration comme des nihilistes et/ou des antisémites, mais son analyse de la situation dans laquelle se trouvent les États-Unis et l'Europe est d'une grande valeur.

...votre credo postmoderniste ne conduit pas, comme vous aimez à l'imaginer, à des directions « cool » ou progressistes ; il conduit à la mort de la société, dont le cadavre sera ensuite pris en charge par des extraterrestres.

Auster a clairement indiqué que les politiques d'immigration de masse et l'ethno-masochisme ne sont pas le fruit du hasard ; au contraire, ils découlent logiquement d'autres tendances historiques. Ce qu'Auster décrit comme un vide est d'une importance capitale. L'Occident avait pour noyau spirituel le christianisme, mais le libéralisme et la sécularisation ont fait disparaître ce noyau. Cependant, Auster souligne que « la nature a horreur du vide », de sorte que le vide est comblé par quelque chose d'autre. Il peut s'agir tantôt du nihilisme libéral, tantôt de l'ethno-masochisme, tantôt de l'islam.

...alors que je dis depuis juillet 2005 que la Grande-Bretagne est très loin, ce n'est que depuis quelques semaines que je dis que la Grande-Bretagne est « morte ».

Le raisonnement autour de ce vide est l'un des thèmes centraux d'Auster ; que l'on soit chrétien ou non, il est clair qu'une civilisation a un noyau spirituel et que les vides, s'ils surviennent, sont rapidement comblés par autre chose. Si l'on veut mettre fin à la folie actuelle et à ce que Burnham a appelé le suicide de l'Occident, il faut s'attaquer à la question du noyau spirituel de la civilisation. À court terme, il faut répondre à l'urgence de l'immigration de masse, mais il faut aussi s'attaquer au problème plus profondément.

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Nous devons regarder en nous-mêmes et réaliser que la tiers-mondisation de notre société n'est que le symptôme extérieur d'une maladie de notre propre âme - le rejet de la foi religieuse, des vérités morales et des loyautés culturelles qui ont fait de nous, non pas un simple ensemble d'acteurs économiques, mais une nation.

En même temps, il convient de noter qu'Auster était souvent pessimiste, mais jamais défaitiste. Il pensait que l'Occident en tant que civilisation n'avait pas atteint sa fin naturelle et que la période de folie pouvait être interrompue :

...il n'y a jamais eu de suicide comme celui de l'Occident moderne, qui consiste, d'une part, en la destruction délibérée par une civilisation de sa propre tradition morale et de sa culture historique et, d'autre part, en l'ouverture délibérée de ses portes à des flux massifs d'immigrants de race et de culture radicalement différentes, dont la présence même signifie la perte de l'identité et de l'autonomie de la société historique.

Cela peut sembler sombre, mais Auster continue :

La nature extrême - la pure bizarrerie - de ce que l'Occident est en train de se faire à lui-même suggère fortement que cette auto-dissolution n'est pas nécessaire, que l'Occident n'a pas atteint son terme naturel (s'il existe) mais plutôt qu'il est en proie à une sorte de folie, la folie du libéralisme. Par conséquent, tout ce qui est nécessaire pour que l'Occident renverse son suicide et ait au moins une chance de survivre, c'est qu'il cesse d'être fou et qu'il revienne à la raison. Et cela est possible. La survie et la restauration exigeraient en outre, entre autres choses, l'arrêt et le renversement de l'immigration... L'Occident n'est pas en train d'être détruit par une force plus grande sur laquelle il n'a aucun contrôle. Il est détruit par l'idéologie démente du libéralisme qu'il embrasse avec péché. Si l'Occident se réveillait de cette étreinte et se débarrassait de son libéralisme, il pourrait se sauver.

Auster considère que c'est un péché de ne pas essayer de sauver l'Occident chrétien. En même temps, il y a des raisons d'être optimiste. Auster, comme Spengler et Yockey, part du principe que les civilisations vivent et meurent ; comme les individus, elles peuvent aussi être assassinées ou devenir folles avant d'avoir vécu toute leur durée de vie naturelle. Et comme une personne temporairement folle, notre civilisation peut se rétablir. Mais la première étape consiste à prendre conscience de la nature de la maladie.

Libéralisme et nihilisme

Je parle du libéralisme dans son sens pur et moderne, le sens dans lequel il est le plus autoritaire et le plus actif pour nous aujourd'hui - le libéralisme en tant que non-discrimination, le libéralisme en tant que non-jugement, le libéralisme en tant que croyance que les droits individuels et les libertés individuelles constituent le contenu déterminant de notre société, le principe qui régit tous les autres principes. Tout cela revient à la croyance - pour nous, une croyance sacrée - que nous ne devons pas nous définir comme un groupe, un ensemble collectif, et donc que nous ne devons pas définir un autre groupe comme fondamentalement différent du nôtre.

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Comme nous l'avons mentionné plus haut, Auster se retourne contre le libéralisme. Il s'inspire notamment de Seraphim Rose (photo, ci-dessous - les habitués de notre site Motpol.nu le reconnaîtront comme l'une des sources d'inspiration de Fas).

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Dans le cadre de l'identification à Rose, Auster s'est engagé dans la voie d'une étude du nihilisme, étude où le libéralisme s'appuie successivement sur le réalisme/matérialisme, le vitalisme et, plus tard, sur le nihilisme destructeur. Ce libéralime se caractérise d'abord par le libéralisme stricto sensu, puis par le socialisme et le nazisme, et enfin par le postmodernisme et par des théories telles que celles dites des « groupes différenciés », avec les « cisgenres », les « agresseurs micro » et autres. Il s'agit de théories qui s'inspirent de la vie quotidienne des gens, des familles, des nations et de tout ce qui peut les différencier et les structurer.

Les libéralismes ont conduit à une forme d'égalité des chances. Il s'agit d'un moyen d'encourager l'égalité entre les nations, les compétences entre les groupes, les bonnes normes sociales et les identités collectives, et le véritable libéralisme est toujours plus difficile à mettre en œuvre. Auster écrit :

Soit les libéraux détestent consciemment leur société et souhaitent la voir disparaître, soit ils en annulent mentalement l'existence simplement en ne la voyant pas. Dans ce dernier cas, ils n'ont pas conscience de menacer ou de détruire quoi que ce soit, car la chose qu'ils détruisent n'a pas d'existence pour eux.

Le modèle libéral s'appuie sur l'abstraction, Auster s'est efforcé de transcender les frontières entre les identités et les institutions. Soit nous avons dans notre expérience de celles-ci une touche de transcendance, alors elles sont réelles, soit nous ne l'avons pas. Si nous ne l'avons pas, ce sont des abstractions. Les hommes font des abstractions, les non-libéraux font des sacrifices pour faire naître la vie et l'art qui sont nécessaires pour faire naître la civilisation :

Le fait est qu'une fois que vous avez abstrait votre pays et votre culture en une idée, vous vous êtes transformé en un vide, de sorte qu'il n'y a plus rien à défendre, ni la volonté et l'énergie pour le faire... Le libéralisme, en s'emparant des esprits, des cœurs et des âmes des peuples occidentaux, les a littéralement dissous en tant que peuples. Ce faisant, il les conduit maintenant à leur destruction politique et civilisationnelle.

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À l'instar de Schmitt, Auster considère le libéralisme comme non-politique :

Puisque l'expérience que les libéraux ont de leur pays, et donc d'eux-mêmes, est celle d'un vide, d'une vacuité dépourvue de toute substance (« nous sommes une société tolérante et laïque »), comment pourraient-ils même imaginer une action réelle pour défendre leur pays contre un ennemi réel, sans parler d'une action réelle pour le défendre ?

Il évoque également comment il est lié au relativisme et au culte du moi. Cela a conduit à la tomate et à l'épée de Damoclès, mais aussi à l'affaiblissement des valeurs morales et à l'affaiblissement du totalitarisme militaire. Le capitalisme social n'est pas une fin en soi, mais un moyen de se faire entendre et de se faire comprendre.

Les Etats-Unis "blancs et occidentaux"

Auster: La vérité non libérale est que dans toute société donnée, un groupe ou une culture doit être dominant et donner le ton et les normes aux autres. Il n'y a donc pas d'autre solution que de décider quel groupe ou quelle culture sera dominant, ou, en continuant à bêler sur les merveilles de l'égalité, de laisser passivement les autres prendre cette décision à notre place. Le libéralisme n'a pas de réponse à ce problème, parce que sa seule réponse à tous les problèmes est d'appeler à plus d'égalité. Je propose donc que la culture traditionnelle anglo-européenne majoritaire de ce pays, débarrassée de sa croyance libérale suicidaire en l'égalité de tous les groupes et de toutes les cultures, soit la culture dominante.

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L'une des dernières photos de Lawrence Auster. Mars 2013.

Auster identifie le vide spirituel en Occident comme le problème fondamental, et relie le christianisme à notre civilisation. Si l'on veut que l'Occident s'améliore, il faut qu'il y ait des conséquences positives. Ce n'est qu'une partie du problème, car Auster considère le pays comme une civilisation fondée sur le respect des droits de l'homme. Lorsque les États-Unis s'apprêtent à devenir un pays géré par une forte majorité, ils s'apprêtent à devenir réellement les États-Unis.

Cela a conduit à ce qu'il soit convaincu de la nécessité d'une politique d'invasion, afin d'inverser la majorité historique des États-Unis et de l'Europe. À l'instar de Yockey, il a déclaré que de nombreux groupes pouvaient s'intégrer dans notre civilisation, mais qu'il n'y avait que des groupes :

Un petit nombre de personnes de race différente peut rejoindre un groupe majoritaire sans changer l'identité du groupe, parce que, étant un petit nombre, elles agissent en tant qu'individus et sont perçues comme telles, même si elles peuvent être considérées comme des exotiques.

Un nombre massif de personnes de race différente modifie fondamentalement l'ensemble de la société. Il s'agit alors non pas d'individus qui rejoignent une culture existante, mais d'un groupe et de sa culture qui remplacent un autre groupe et sa culture.

Cette distinction est très importante. Vous devez la comprendre si vous voulez comprendre le problème de l'immigration... Comme nous le voyons dans certains endroits du pays, en particulier en Californie, lorsqu'un peuple étranger s'installe en masse, il apporte avec lui sa culture, son mode de vie, ses notions de loi et d'ordre, ses notions de bien et de mal, ses loyautés ethniques et nationales. L'ancienne majorité et son mode de vie sont mis de côté, et un nouveau peuple et un nouveau mode de vie les remplacent. Vous pouvez penser que la culture n'a rien à voir avec la race. Mais cela ne change rien au fait qu'un peuple apporte une culture et déplace un autre peuple avec une autre culture.

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Auster était un membre du peuple judéo-américain, mais il s'est converti au christianisme et s'est identifié à la vie dans l’Occident blanc. Il s'est également penché sur la question de la discrimination, et il a expliqué que les méthodes utilisées dans ce domaine ont permis à la société d'obtenir des résultats positifs dans le cadre d'une discrimination fondée sur le sexe. Si l'on considère que les compétences sont génétiques ou culturelles, on peut dire que cela va dans le sens de l'égalité des chances. Auster s'interroge sur ce point, qui relève de la politique :

À mon avis, le plus grand facteur qui pousse les Blancs au suicide national est leur fausse culpabilité quant à l'infériorité des Noirs. Parce que les Blancs croient - comme le libéralisme moderne le leur a appris - que tous les groupes ont des capacités inhérentes égales, ils croient également que l'infériorité réelle des Noirs dans presque tous les domaines d'accomplissement et de comportement doit être causée par quelque chose de mauvais que les Blancs font aux Noirs de manière injuste, ou par quelque chose de bon que les Blancs refusent égoïstement de faire pour les Noirs. Quelle que soit la manière dont elle est exprimée, l'idée est que l'échec des Noirs est dû au racisme blanc - le péché transcendant du monde moderne. Et comme l'infériorité des Noirs persiste et s'aggrave, la conclusion est que le racisme blanc, lui aussi, persiste et s'aggrave encore.

Auster a toujours été critique à l'égard de la vie et de la croissance du monde moderne. Il les compare aux Éloi de H.G. Wells :

Au fur et à mesure que l'Amérique blanche a perdu sa croyance en Dieu, en la vérité objective et en la moralité, en la loi, en la nation et en la race, les Blancs ont acquis un aspect de plus en plus fade, complaisant et pacifique. Cela semble être vrai non seulement aux États-Unis, mais aussi dans l'ensemble de l'Occident blanc. On est particulièrement frappé par cette qualité énervée des Blancs contemporains lorsqu'on les observe pendant leurs loisirs, le dimanche, ou pendant leurs innombrables vacances, ou lorsqu'ils font leurs courses. Dans les poches de la société entièrement blanches ou à prédominance blanche, l'environnement est ordonné, paisible et esthétiquement attrayant, mais il manque quelque chose de vital.

En résumé, Auster est donc une rencontre enrichissante. On n'est pas nécessairement d'accord avec lui sur tout, mais il existe de nombreuses perspectives sur notre civilisation qui recèlent de la valeur. C'est dans cette optique qu'il considère que la civilisation est un problème et qu'il s'agit d'un problème majeur. Il pense que le libéralisme est une partie du problème, mais aussi une partie de la solution. Vous trouverez ici un article très intéressant sur les textes d'Auster :

http://www.amnation.com/vfr/

Lire également:

http://www.jtl.org/auster/Huddled/Huddled.html

https://counter-currents.com/2019/12/lawrence-austers-our...

https://hesperado.blogspot.com/2011/11/lawrence-austers-political-taxonomy.html

https://nicholasstixuncensored.blogspot.com/2017/04/remem...

http://www.amnation.com/vfr/archives/012935.html

https://ideologee.blogspot.com/2013/02/the-best-of-lawrence-auster.html 

https://www.amerika.org/meta/lawrence-auster-1949-2013/

The Path to National Suicide

By Lawrence Auster

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In this ground-breaking essay that helped fuel the national groundswell for genuine immigration reform, Lawrence Auster argues that the recent emergence of bitter divisions over language and culture in schools, in hiring, and other aspects of American life — often expressed in the movement to alter our national heritage in the name of a vaguely defined “multiculturalism”— shows that America’s ability to assimilate a vast diversity of populations from around the world is not infinite.

Auster writes that our current policy of open and ever-widening immigration is leading our country into an unprecedented danger. As increasing racial and ethnic diversity makes the re-affirmation of our common culture more vitally important than ever, we are, under the mounting pressure of that diversity, abandoning the very idea of a common American culture. We are thus imperiling not only our social cohesiveness but the very basis of America’s national existence.

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Bakounine, Le Bon et le crépuscule européen

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Bakounine, Le Bon et le crépuscule européen

Nicolas Bonnal

J’ai écrit de nombreux textes qui tournent autour du même thème, de la même constatation. Les choses, les problèmes ne changent plus depuis deux siècles ou presque. Lisez la conclusion des Mémoires d’Outre-tombe de Chateaubriand et vous êtes déjà dans notre vieux monde. Monde unifié, monde laid, monde anti-artistique, monde décivilisé, monde de contrôle, d’argent et de quantité. Les problèmes que nous vivons semblent sortis d’hier. Or c’est faux, ils sont bien plus anciens, et c’est pourquoi je conseille la lecture des auteurs comme Le Bon, Tocqueville ou bien sûr René Guénon ou Evola.

Je vais parler de notre Italie.

Les problèmes italiens sont vieux et ils datent de son unification ratée par une clique corrompue, celle qui la soumit ensuite à l’Angleterre (libéraux, sénateurs, maçons), à l’Allemagne, à l’Amérique puis à l’Europe.

En 1869 le révolutionnaire Bakounine observe déjà ce maigre bilan :

« Nulle part on ne peut aussi bien étudier qu'en Italie le néant du vieux principe de la révolution exclusivement politique, et la décadence de la bourgeoisie, cette représentante exclusive des idées de 89 et de 93 et de ce qu'on appelle encore aujourd'hui le patriotisme révolutionnaire. Sortie d'une révolution nationale victorieuse, rajeunie, triomphante, ayant d'ailleurs la fortune si rare de posséder un héros et un grand homme, Garibaldi et Mazzini, l'Italie, cette patrie de l'intelligence et de la beauté, devait, paraissait-il, surpasser en peu d'années toutes les autres nations en prospérité et en grandeur. Elle les a surpassées toutes en misère. »

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Et de constater tristement :

« Moins de cinq années d'indépendance avaient suffi pour ruiner ses finances, pour plonger tout le pays dans une situation économique sans issue, pour tuer son industrie, son commerce, et, qui plus est, pour détruire dans la jeunesse bourgeoise cet esprit d'héroïque dévouement qui pendant plus de trente ans avait servi de levier puissant à Mazzini »

Pays mort-né comme notre Europe de la Fin des Temps (il règne une atmosphère évolienne, de Kali-Yuga dans le texte du grand Bakounine) ou notre France républicaine, la bourgeoisie mondialisée scia la branche du Risorgimento :

« Le triomphe de la cause nationale, au lieu de tout raviver, avait écrasé tout. Ce n'était pas seulement la prospérité matérielle, l'esprit même était mort ; et l'on était bien surpris en voyant cette jeunesse d'un pays politiquement renaissant, vieille de je ne sais combien de siècles, et qui, n'ayant rien oublié, n'avait aucun souci d'apprendre quelque chose. »

Le besoin de places qui s’est vu depuis avec leur Europe est déjà là :

« On ne peut guère s'imaginer quelle immense convoitise de positions sociales et de places a été réveillée au sein de la bourgeoisie italienne par le triomphe de la révolution nationale. C'est ainsi qu'est née la fameuse Consorteria, cette ligue bourgeoise qui, s'étant emparée de tous les emplois lucratifs, malmène, déshonore, pille aujourd'hui l'Italie, et qui, après avoir traîné cette patrie italienne par toutes les boues possibles, l'a fait aboutir aux désastres de Custozza, de Lissa et de Mentana. »

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Les mêmes problèmes (dénatalité, déclin culturel, militarisme, étatisme) se posent vers 1890. Le savant français Gustave Le Bon remarque alors dans un grand livre :

« Le principe des nationalités, si cher jadis aux hommes d’État et dont ils faisaient tout le fondement de leur politique, peut être encore cité parmi les idées directrices dont il a fallu subir la dangereuse influence. Sa réalisation a conduit l’Europe aux guerres les plus désastreuses, l’a mise sous les armes et conduira successivement tous les États modernes à la ruine et à l’anarchie. Le seul motif apparent qu’on pouvait invoquer pour défendre ce principe était que les pays les plus grands et les plus peuplés sont les plus forts et les moins menacés. Secrètement, on pensait aussi qu’ils étaient les plus aptes aux conquêtes ».

Comme Léopold Kohr, le très habile docteur Le Bon, idole de Théodore Roosevelt, qui a tout annoncé parce qu’il a tout étudié sans se faire d’illusions théologico-politiques, fait déjà l’éloge du Small is beautiful :

 « Or, il se trouve aujourd’hui que ce sont précisément les pays les plus petits et les moins peuplés : le Portugal, la Grèce, la Suisse, la Belgique, la Suède, les minuscules principautés des Balkans, qui sont les moins menacés. L’idée de l’unité a ruiné l’Italie, jadis si prospère, au point qu’elle est aujourd’hui à la veille d’une révolution et d’une faillite. Le budget annuel des dépenses de tous les États italiens, qui, avant la réalisation de l’unité italienne, s’élevait à 550 millions, atteint 2 milliards aujourd’hui. »

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Et Le Bon souligne aussi la faiblesse des pays latins, corrompus depuis des lustres selon lui par le verbalisme, le socialisme, l’anarchie et le césarisme ! Mais c’est plus compliqué. Car ce siècle de l’unification fut celui du règne de la quantité au sens guénonien, et l’on peut dire d’ailleurs que la belle Allemagne, celle de la musique et de la philosophie, de la poésie et du romantisme, prit fin avec son unité qui déboucha sur l’industrialisme, le socialisme et le bellicisme que l’on sait. Goethe en parle à Eckermann (voyez nos textes) et même l’excellent historien communiste Hobsbawm.

Gustave Le Bon encore, comme s’il avait prévu le nazisme :

« L’Allemagne moderne, malgré de trompeuses apparences de prospérité, en sera sans doute la première victime, à en juger par le succès des diverses sectes qui y pullulent. Le socialisme qui la ruinera sera sans doute revêtu de formules scientifiques rigides, bonnes tout au plus pour une société idéale que l’humanité ne produira jamais, mais ce dernier fils de la raison pure sera plus intolérant et plus redoutable que tous ses aînés. Aucun peuple n’est aussi bien préparé que l’Allemagne à le subir. Aucun n’a plus perdu aujourd’hui l’initiative, l’indépendance et l’habitude de se gouverner. »

Sources:

Nicolas Bonnal – Chroniques sur la Fin de l’Histoire (Kindle)

Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples

Leopold Kohr - The Breakdown of Nations

Bakounine - Lettre aux rédacteurs du Réveil, à Paris, octobre 1869 (inédit)

 

jeudi, 22 mai 2025

Gaza et Ukraine mettent en évidence l’inutilité de l’Italie et de l’Europe

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Gaza et Ukraine mettent en évidence l’inutilité de l’Italie et de l’Europe

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/gaza-e-ucraina-evidenziano-lirr...

L’inutilité de la politique étrangère européenne devient embarrassante. Les toxicos volontaires exigent la reddition de la Russie et l’abandon des territoires conquis. Et Poutine ne répond même pas par un rot, simplement parce qu’il n’est pas Napolitain. Les toxicos, alors, tentent de s’occuper du massacre en cours à Gaza. Ils demandent à Netanyahu de mettre fin au massacre des femmes et des enfants, mais le boucher répond en faisant tirer contre les envoyés de l’Union européenne. Y compris un Italien.

Et comment réagit l’Europe ? Comment réagit l’Italie ? En exprimant une protestation ferme dont personne ne se soucie. Pas une sanction, pas un boycott, aucune punition envers les criminels. Ils sont donc totalement insignifiants. Totalement au service des mêmes de toujours.

Netanyahu continue de massacrer femmes et enfants et Tajani exprime son désaccord. Déjà, mais en pratique ? En pratique, rien. Il ne se permet pas d’irriter Tel-Aviv. Il ne se permet pas d’irriter la sénatrice et la communauté. Pendant ce temps, Giorgia attend des ordres de Washington et Schlein doit déjà s’occuper des toilettes pour genrés fluides et de la citoyenneté à offrir à quiconque.

Et, en Italie, tout le monde accuse tout le monde de l’inutilité italienne dans le monde. La responsabilité de cette situation revient à tous ceux qui ont choisi d’être serviteurs.

Trump prévoit un système de défense antimissile « Golden Dome » pour 173 milliards de dollars

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Trump prévoit un système de défense antimissile « Golden Dome » pour 173 milliards de dollars

Elena Fritz

Source:  https://pi-news.net/2025/05/trump-plant-raketenabwehrsyst...  

Le président américain Donald Trump a présenté mardi un nouveau programme de défense (vidéo) qui vise à protéger les Etats-Unis contre les systèmes de missiles modernes. Le projet porte le nom de « Golden Dome » et doit combiner des composantes terrestres, maritimes et spatiales. Le budget estimé est de 173 milliards de dollars américains. Selon les indications de Trump, le système devrait être opérationnel d'ici la fin de son mandat actuel.

L'ampleur du programme rappelle les projets antérieurs tels que l'Initiative de défense stratégique de Ronald Reagan dans les années 1980. La différence : la nouvelle génération de menaces - dont les armes hypersoniques à vitesse extrêmement élevée et aux trajectoires manœuvrables - nécessite une approche plus globale et technologiquement plus complexe.

Selon Trump, le « Golden Dome » reposera sur trois piliers :

  1. 1. des systèmes d'alerte précoce et des capteurs qui permettront de détecter les menaces dans le monde entier.
  2. 2. des systèmes d'interception sur terre, en mer et dans l'espace, dont de nouvelles générations de missiles et éventuellement des armes à base de laser.
  3. 3. un système de commande et de contrôle en réseau capable de prendre des décisions en temps réel sur les mesures de défense.

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L'accent a été mis sur la capacité du système prévu à intercepter des armes hypersoniques pouvant atteindre une vitesse de Mach 25. Selon les experts, il s'agit là de l'un des plus grands défis. Les armes hypersoniques sont jusqu'à présent considérées comme difficilement localisables et contrôlables.

Selon Trump, le Canada a manifesté son intérêt pour une participation. Washington veut mener des discussions avec Ottawa sur une éventuelle intégration dans la nouvelle architecture de défense. Les détails concernant la mise en œuvre technique, la coopération internationale ou le calendrier sont restés ouverts dans un premier temps.

Évaluation politique

Cette annonce intervient à un moment de tensions croissantes au sein du système international. Les traités de contrôle des armements des dernières décennies sont en grande partie considérés comme érodés ou obsolètes. Parallèlement, plusieurs grandes puissances, dont la Chine et la Russie, investissent dans de nouvelles technologies d'armement - dont des vecteurs hypersoniques.

Avec le « Golden Dome », le gouvernement de Trump mise sur un retour à la dissuasion stratégique par la supériorité technique. Les critiques doutent qu'un tel système puisse un jour fonctionner de manière fiable.

Les experts en matière de défense font toutefois remarquer que l'annonce et les premières fonctions partielles pourraient déjà avoir un impact géopolitique, notamment en tant que signal aux autres grandes puissances de la volonté des Etats-Unis de réorganiser leurs capacités de défense dans un monde de plus en plus confus.

Jusqu'à présent, il n'est pas prévu que les pays européens se placent sous ce parapluie. L'Allemagne ne poursuit pas non plus de programme comparable à l'heure actuelle. Seuls des éléments d'un futur système européen de défense aérienne sont en discussion, par exemple dans le cadre de l'« European Sky Shield Initiative », dont l'étendue, le financement et la disponibilité opérationnelle restent toutefois largement ouverts jusqu'à présent.

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Trump & Poutine: le rapprochement géopolitique - plus qu'une simple conversation téléphonique

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Trump & Poutine: le rapprochement géopolitique - plus qu'une simple conversation téléphonique

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/05/trump-putin-der-geopolitische...  

La conversation de lundi n'était pas un bavardage amical - il s'est agi de tâtonnements prudents entre deux réalistes qui savent que le nouvel ordre mondial ne se forge pas dans des think tanks, mais dans des alliances personnelles.

L'entretien téléphonique de plus de deux heures entre le président russe Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump lundi n'était pas un simple échange de politesse, mais l'expression d'une alliance tactique naissante - une alliance qui en dit plus sur les changements de pouvoir actuels dans l'ordre mondial que de nombreuses rencontres au sommet officielles.

Sur le papier, la position de Trump semble nettement supérieure: les Etats-Unis restent la puissance économique la plus forte, ne sont pas (encore) impliqués dans une guerre conventionnelle sur leur propre continent, et Trump - contrairement à Biden - a une marge de manœuvre pour se repositionner diplomatiquement. Il n'est pas lié contractuellement ou idéologiquement aux dirigeants ukrainiens. Il peut, s'il le souhaite, négocier la paix.

La situation de Poutine semble plus difficile: la marge de manœuvre géopolitique de la Russie est réduite, les sanctions de l'Occident font effet, la guerre en Ukraine exige des ressources. Mais cette considération est trop courte.

Car en réalité, deux hommes s'affrontent ici, unis par une caractéristique commune: ils ont plus d'ennemis au sein de leur propre « Occident civilisé » qu'à l'extérieur. Et c'est précisément cette constellation qui ouvre une fenêtre historique.

Un adversaire parmi des amis

Trump est sans doute le personnage le plus dangereux pour les élites mondialistes de l'Occident. Non pas parce qu'il courtise la Russie, mais parce qu'il remet en question toute la construction architecturale de leur pouvoir. A Davos, il est un corps étranger, à Bruxelles une menace, à Berlin un briseur de tabous. Et son retour à la Maison Blanche a été un choc pour tous ceux qui pensaient que l'ère de l'Etat-nation sur une base populaire précise était révolue.

Poutine, quant à lui, a appris à vivre avec la pression de la politique étrangère. Il connaît l'appareil qui tente de le diaboliser depuis des années. Mais à la différence de Trump, sa structure de pouvoir est stabilisée à l'intérieur. La position de Trump est plus fragile - non pas au niveau international, mais au sein même des systèmes occidentaux. Et cela le rend vulnérable. Mais aussi ouvert à d'autres possibles.

Une alliance par nécessité

Trump a besoin d'alliés qui ne font pas partie de l'establishment atlantiste. Poutine a besoin d'un interlocuteur à Washington qui ne soit pas dirigé par les fondations Soros et les lobbyistes du Pentagone. Les intérêts entre les deux hommes se recoupent. Pas idéologiquement, mais stratégiquement.

La guerre en Ukraine devient ici un catalyseur. Pour Poutine, elle est un moyen de sécuriser la frontière occidentale de la Russie, de déplacer les axes de pouvoir mondiaux. Pour Trump, l'Ukraine est la porte d'entrée pour libérer l'Europe de ses chaînes mondialistes. Sa stratégie : désescalade vers l'extérieur - déstabilisation des centres de pouvoir occidentaux à l'intérieur.

Le schéma géopolitique : qui contre qui ?

Trump a une relation compliquée avec la Chine, un respect prudent pour l'Inde et une compréhension tactique d'Israël et des pays arabes. Poutine, quant à lui, entretient une alliance étroite avec la Perse et la Chine, mais garde également des canaux ouverts avec le monde arabe et l'Inde. Leurs divergences respectives avec Erdogan ou Netanyahu ne sont pas insolubles - elles sont l'expression d'une profondeur stratégique.

Ce qui les unit : l'adversaire commun - le cartel atlantiste qui, sous le couvert de l'« ordre mondial libéral », s'est érigé en force supranationale au-dessus des Etats-nations.

Conclusion : plus qu'une conversation téléphonique

L'entretien de lundi n'était pas un bavardage amical - il s'est agi de tâtonnements prudents entre deux réalistes qui savent que le nouvel ordre mondial ne se forge pas dans des think tanks, mais dans des alliances personnelles. Trump et Poutine ne sont pas des alliés naturels - mais ils partagent une analyse, une nécessité et un objectif : la reconquête d'un pouvoir de création souverain contre un système qui s'est déclaré irremplaçable.

Pour les Européens - et en particulier pour l'Allemagne - cela signifie que si même Washington et Moscou forgent de nouvelles alliances au-delà des lignes idéologiques, il est grand temps de mettre au banc d'essai politique la récupération de la souveraineté des Etats nationaux sur l'UE.

Car le nouvel ordre mondial ne s'écrira pas à Bruxelles.

Les États-Unis pourraient abandonner l'Habeas corpus

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Les États-Unis pourraient abandonner l'Habeas corpus

Leonid Savin

Les États-Unis discutent activement de la déclaration du chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche, Stephen Miller, datant du 9 mai 2025. Lors d'une réunion avec les médias, Miller a fait la déclaration suivante quant à la résolution des problèmes liés à l'immigration.

« La Constitution est claire. Et, bien sûr, c'est cette loi suprême du pays qui dit que l'habeas corpus peut être suspendu lors d'une invasion. C'est pourquoi [...] c'est une option que nous envisageons activement. Écoutez, beaucoup de choses dépendent du fait que les tribunaux prennent la bonne décision. Après tout, le Congrès a adopté un ensemble de lois, connu sous le nom de loi sur l'immigration et la nationalité, qui prive les tribunaux de l'article III, c'est-à-dire la branche judiciaire du gouvernement, de toute compétence sur les affaires d'immigration. Le Congrès a donc adopté ce que l'on appelle une loi de privation de compétence. Plusieurs lois ont été adoptées qui stipulent que les tribunaux de l'article III ne sont même pas autorisés à s'occuper des affaires d'immigration ».

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Miller a laissé entendre que les États-Unis étaient confrontés à une « invasion » de migrants. Le terme a été utilisé délibérément, bien que toute tentative de suspension de l'habeas corpus, comme nous le montrerons plus loin, soulèverait des contestations juridiques mettant en doute le fait que le pays soit réellement confronté à une telle invasion, et encore moins à une invasion qui représente une menace extraordinaire pour la sécurité publique.

Les médias soulignent que les juges fédéraux américains se sont jusqu'à présent montrés sceptiques face aux tentatives passées de l'administration Trump d'utiliser les pouvoirs d'urgence pour faciliter les déportations, ce qui pourrait rendre la suspension de l'habeas corpus encore plus difficile.

Tout a commencé en mars de cette année lorsque Donald Trump a déclaré que les États-Unis étaient confrontés à une « invasion » de membres de gangs vénézuéliens et a invoqué la loi "sur les ennemis étrangers" de 1798, qu'il a essayé d'utiliser comme en temps de guerre pour accélérer les déportations massives.

Les membres présumés du clan Tren de Aragua ont été déportés vers une prison tristement célèbre du Salvador, ce qui a donné lieu à une série de procès. Cependant, un problème d'identification s'est posé, car il a déjà été prouvé que des personnes n'ayant aucun lien avec le gang ont été envoyées au Salvador. En outre, le gouvernement vénézuélien s'est opposé à ces actions.

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Des tribunaux fédéraux de tout le pays, notamment de New York, du Colorado, du Texas et de Pennsylvanie, ont depuis lors bloqué l'utilisation par l'administration de la loi sur les ennemis étrangers (Foreign Enemies Act) pour de nombreuses raisons, notamment parce qu'on se demandait si le pays était réellement confronté à une invasion. Ajoutant que les juges comprenaient des partisans du Parti démocrate, ce qui met en évidence le clivage politique au sein des États-Unis.

Selon CNN, le président Trump a, il y a peu de temps, été personnellement impliqué dans des discussions avec l'administration au sujet d'une éventuelle suspension de l'Habeas corpus récemment. Il l'a apparemment mentionné dans une déclaration aux journalistes le 30 avril.

« Il y a des moyens d'atténuer cela, et il y a des moyens très efficaces », a déclaré Trump. - Il y a un moyen que trois présidents très distingués ont utilisé, mais nous espérons que nous n'aurons pas à emprunter cette voie. »

La loi sur l'habeas corpus (Habeas Corpus Act, littéralement traduit du latin - "il faut avoir un corps") est l'un des corpus du droit anglo-saxon qui s'est répandu dans le monde entier. En bref, cette loi protège un individu contre la détention ou l'arrestation sans décision de justice. La loi a été adoptée le 27 mai 1679, pendant la brève existence du Parlement du roi Charles II d'Angleterre. Une loi similaire existait déjà en 1215. Cette loi du 17ème siècle a considérablement élargi les droits et libertés des sujets de la couronne britannique. La raison de son adoption est la lutte de la gentry contre les nobles, les lords, en particulier contre le frère du roi Jacques, le duc d'York. Les partisans de cette loi voulaient compliquer le règne de Jacques et même le priver de ses droits au trône.

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Plus tard, l'Habeas corpus a été utilisé pour établir et mettre en pratique au niveau international les principes d'une justice équitable et démocratique: présomption d'innocence, procédure régulière lors de l'arrestation, procès rapide et expéditif avec « procédure régulière » et sur le lieu où l'infraction a été commise. L'habeas corpus comprend 21 articles. Aucun homme libre ne peut être emprisonné sans faire valoir l'un des actes d'habeas corpus.

Dans certains pays, cette loi a été suspendue temporairement ou définitivement pour des raisons de guerre ou d'urgence, comme dans le cadre de l'Habeas corpus Suspension Act de 1794 au Royaume-Uni et de l'Habeas corpus Suspension Act (1863) aux États-Unis. Néanmoins, le droit de demander une ordonnance relative à l'intégrité personnelle est depuis longtemps considéré comme une garantie fondamentale de la liberté individuelle.

Selon le National Constitution Centre, les États-Unis ont suspendu l'Habeas corpus à quatre reprises dans le passé: pendant la guerre de Sécession, pendant la Reconstruction en Caroline du Sud, aux Philippines lors du soulèvement de 1905 et à Hawaï en 1941 après le bombardement de Pearl Harbor par le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.

Aujourd'hui, la situation des migrants aux États-Unis a été assimilée à un état d'urgence, puisqu'elle fait déjà l'objet d'un débat. Dans le même temps, l'opposition accuse les trumpistes de déformer les normes juridiques.

Ainsi, Steve Vladeck, professeur au centre juridique de l'université de Georgetown, note que la déclaration de M. Miller est, premièrement, incorrecte et, deuxièmement, extrêmement dangereuse.

Il identifie cinq points principaux. Premièrement, la clause de suspension de la Constitution, qui figure à l'article I, section 9, clause 2, est conçue pour limiter les circonstances dans lesquelles l'habeas corpus peut être annulé (l'article I, section 9, limite le pouvoir du Congrès), ce qui permet un contrôle judiciaire des détentions dans d'autres cas.

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Suggérer inconsidérément que l'habeas corpus peut être suspendu parce que les tribunaux ont statué contre le pouvoir exécutif dans plusieurs affaires d'immigration revient à mettre la disposition relative à la suspension complètement à l'envers.

Deuxièmement, Miller reste évasif sur le texte même de la Constitution (bien qu'il affirme qu'il est « clair »). La clause de suspension ne dit pas que l'habeas corpus peut être suspendu en cas d'invasion ; elle dit que « l'application de l'ordonnance d'habeas corpus ne sera pas suspendue, sauf dans les cas où, en cas d'insurrection ou d'invasion, la sécurité publique peut l'exiger ». La seule urgence ne suffit pas.

Troisièmement, même si les motifs textuels de suspension de l'habeas corpus étaient satisfaits, Miller n'a pas daigné mentionner que le consensus quasi universel est que seul le Congrès peut suspendre l'habeas corpus et que les suspensions unilatérales par le Président sont en soi inconstitutionnelles

Quatrièmement, M. Miller se trompe essentiellement sur la relation entre les tribunaux de l'article III (tribunaux fédéraux ordinaires) et les affaires d'immigration. La loi sur l'immigration et la nationalité (en particulier telle qu'amendée en 1996 et 2005) contient un certain nombre de dispositions « limitant la juridiction ». Mais la plupart de ces dispositions confient simplement le contrôle judiciaire des affaires d'immigration aux tribunaux de l'immigration (qui font partie du pouvoir exécutif) en première instance, avec des appels devant les tribunaux de l'article III.

Cinquièmement, lorsque M. Miller déclare : « Beaucoup de choses dépendent du fait que les tribunaux aient raison ou non », cela ressemble à une menace et à une suggestion selon lesquelles l'administration suspendra l'habeas corpus si elle n'est pas d'accord avec la manière dont les tribunaux statuent sur ces affaires.

En d'autres termes, Vladeck accuse Miller d'essayer d'intimider les juges fédéraux pour qu'ils acceptent tout ce que fait l'administration Trump.

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Certaines affaires impliquant des déportations de migrants ont déjà été largement médiatisées et sont susceptibles de faire jurisprudence pour d'autres litiges et/ou réformes. Mais en plus du facteur politique national, un facteur international est également évident, qui ne concerne pas seulement le pays d'origine des personnes expulsées.

On peut également voir des raisons plus profondes dans la possible suspension de l'habeas corpus par l'administration de Donald Trump - l'inadéquation du droit anglo-saxon en tant que tel, puisque les précédents historiques avec sa suspension indiquent également un décalage évident entre la réalité et la rhétorique politique des droits de l'homme. Après tout, si une personne a des droits, alors quelle que soit son origine, sa couleur, sa religion, etc. elle devrait être traitée équitablement, indépendamment de tout facteur politique. Cela révèle non seulement les doubles standards de l'Occident, mais aussi la nature erronée de certaines normes juridiques largement répandues qui sont entrées dans le droit international.

Il est évident que le monde doit élaborer de nouvelles normes selon les nouveaux critères d'un ordre mondial multipolaire - une sorte de Lex Pluriversalis, mais en tenant compte des nombreuses traditions juridiques et visions du monde des différents peuples dans les différentes régions.

mercredi, 21 mai 2025

Alliance Poutine-Trump contre l'Union européenne - Douguine sur l'objectif principal de l'appel téléphonique des présidents

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Alliance Poutine-Trump contre l'Union européenne

Douguine sur l'objectif principal de l'appel téléphonique des présidents

Alexandre Douguine

Malgré notre récente offensive militaire, qui fut réussie, nous n'avons toujours pas atteint une supériorité évidente sur l'ennemi dans les opérations. Certes, tout l'Occident s'oppose à nous, ce qui explique bien sûr cette situation. Mais il n'en reste pas moins vrai que nous n'avons pas encore atteint ces positions de force qui nous permettraient de dire : ça y est, ça nous convient, c'est la victoire, ceci, c'est notre territoire et cela, c'est une zone tampon.

Et c'est à nos conditions que nous proposerions à l'ennemi de se rendre. Et à certains égards, nous pourrions même faire un compromis, si nous pouvions prendre certaines régions occidentales de l'Ukraine, que nous pourrions ensuite abandonner.

Mais aujourd'hui, à proprement parler, nous n'avons pas de conditions préalables pour engager de bons pourparlers de paix. Jusqu'à présent, ils ne peuvent pas nous mener à quelque chose de substantiel. Il n'y a pas lieu d'espérer que Trump lui-même nous offre ces résultats militaro-stratégiques sur un plateau d'argent. Cela dépasse le domaine du possible. Par conséquent, dans un avenir proche, toutes les conversations entre Poutine et Trump porteront sur autre chose de notre côté.

Trump veut mettre fin à cette guerre. Mais les conditions de cette fin des hostilités doivent être différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui. Et leur gage est notre victoire militaire sur le régime de Kiev et l'établissement d'un contrôle, en plus des quatre régions à libérer dans leur totalité, sur au moins 4 à 5 autres régions de l'ancienne Ukraine. En fait, c'est le seul moyen d'entamer de véritables pourparlers de paix. Mais on en est encore loin, et c'est pourquoi la guerre n'est pas finie pour nous, parce qu'il n'y a pas de vraie victoire, et qu'un cessez-le-feu dans ces conditions équivaut à reconnaître sa défaite. Et ça, ce serait fatal pour notre État.

Bien sûr, beaucoup de gens le comprennent parfaitement. Et en premier lieu Poutine. Cependant, Trump veut mettre fin à la guerre le plus rapidement possible sur des bases plus ou moins « neutres », selon lui. Mais pour nous, même de tels motifs « neutres » sont catégoriquement inacceptables. Même si nous apprécions la bonne volonté de Trump de mettre fin à la guerre. Bien sûr, nous n'avons pas le droit de l'ignorer, et il est très important que le président des États-Unis, contre qui nous avons combattu et combattons toujours en Ukraine, ait dit « ce n'est pas ma guerre », ce qui permet à beaucoup de choses d'avancer.

Oui, il est probablement très difficile de faire dire à Trump que la Russie n'a besoin que de la victoire. Mais notre président est un grand leader historique, alors j'espère qu'il pourra le faire d'une manière qui ne va pas dans le sens d'une confrontation directe avec Trump. Surtout lorsque nous parlons d'un ordre mondial complètement nouveau, ce qui est exactement ce qui peut et doit être discuté. Par conséquent, il est très important de transmettre à Trump l'idée la plus importante: ses ennemis sont nos ennemis, et vice versa. En fait, les forces qui ont déclenché une guerre contre nous en Ukraine sont les mêmes que celles qui ont déclenché une guerre contre Trump et ses partisans aux États-Unis.

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Cela dit, l'UE est aujourd'hui le dernier bastion des mondialistes en Europe. Et dans toutes les élections, qui e déroulent actuellement dans tous les États européens, elle lutte simultanément contre Poutine et Trump (un exemple est celui des récentes élections en Roumanie, où la victoire a été volée au souverainiste George Simion - non pas un candidat pro-russe, mais un candidat pro-Trump - au moyen de falsifications et d'autres manipulations).

Dans le même temps, les mondialistes, de manière extrêmement sournoise, comme ils le font toujours, veulent s'assurer que Trump continue à se battre pour eux en Ukraine contre la Russie. Ainsi, par ses mains, ils peuvent infliger une défaite stratégique à notre pays et pour que Trump lui-même, empêtré dans cette guerre qui ne peut être que fatale pour lui, affaiblisse sa position auprès de ses partisans et finisse par être renversé.

Je pense qu'il est très important que Trump prenne conscience de cet ensemble de faits. Et j'espère que Poutine pourra lui expliquer tout cela de manière claire et argumentée. Que les ennemis de la Russie sont les ennemis de Trump, et que les ennemis de Trump sont les ennemis de la Russie. En fait, ce rejet du mondialisme devrait être la base de nos nouvelles relations. Et peut-être même de notre nouvelle alliance.

mardi, 20 mai 2025

Attitudes grecques et japonaises envers la perception de soi

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Attitudes grecques et japonaises envers la perception de soi

Troy Southgate

Source: https://troysouthgate.substack.com/p/greek-and-japanese-a...

Il existe une énigme conçue par le philosophe-poète Épiménide de Knossos, originaire de l’île de Crète. Entre le 7ème et le 6ème siècle avant notre ère, alors qu’Épiménide développait activement sa pensée, il a commencé à réfléchir à la force de l’affirmation hypothétique selon laquelle « tous les Crètes sont des menteurs ». Il a donc décidé de tester la véracité de cette affirmation sous plusieurs angles, jusqu’au jour où il a réalisé que si un Crétois faisait une telle déclaration et qu’il n’était pas en réalité un menteur, alors il mentirait clairement. D’un autre côté, si ce qu’il disait était vrai, alors il serait lui-même un menteur. Épiménide a découvert une contradiction fascinante, révélant que si un Crétois est un menteur et déclare que « tous les Crètes sont des menteurs », alors sa déclaration doit également être un mensonge.

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Le philosophe japonais du 20ème siècle, Nishitani Keiji (photo), a formulé une observation similaire à propos de ses compatriotes :

« Tout récemment, on a beaucoup dit que les Japonais ne sont bons à rien. Si un Japonais le dit, comment pouvons-nous faire confiance à cette déclaration en elle-même ? La contradiction est évidente. Est-ce simplement une remarque irritée selon laquelle tous les Japonais sauf moi sont incapables ? Ou est-ce un acte d’auto-critique où je me reconnais comme un Japonais sans valeur ? Dans les deux cas, ce sont les Japonais eux-mêmes qui sont dits incapables. Si ceux qui disent cela sont Japonais, ils font partie des incapables. Mais s’ils parlent par colère ou auto-critique, ils ont atteint une conscience de soi qui les éloigne un peu de la condition actuelle des Japonais. »

Nishitani croyait qu’un développement de ce genre représente une approche plus complète et tridimensionnelle, faisant écho au choc des opposés que l’on retrouve dans la dialectique hégélienne, et qu’un mur philosophique similaire à celui découvert par Épiménide peut finalement être surmonté par une série de négations de soi.

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Fait intéressant, jusqu’à ce que des penseurs de l’École de Kyoto, comme Nishida et Nishitani, se familiarisent avec la pensée occidentale, l’Extrême-Orient n’avait pas d’expérience réelle avec cette forme de logique. Comme l’explique Nishitani, lorsque les Japonais considéraient quelque chose comme l’eau il y a un siècle, ils « ne pensaient pas à l’eau dans sa forme réelle », de la même manière qu’un scientifique la décomposerait en deux parties : hydrogène et une partie d’oxygène. À l’image de l’attitude que l’on trouve dans le zen, les Japonais « ne s’éloignent pas d’eux-mêmes pour regarder les choses, mais regardent les choses d’un point à partir duquel ils sont unis avec elles. Inversement, ils ne s’éloignent pas des choses pour se regarder eux-mêmes ; ils se regardent d’un point à partir duquel les choses sont une avec eux. »

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Des penseurs comme Nishida qualifieraient cela de point de vide absolu, mais je trouve ironique que, tandis que la dialectique hégélienne semble résoudre le problème mentionné, celui des stéréotypes indifférenciés — dans ce cas, l’impuissance supposée de tout un peuple par la juxtaposition temporaire du sujet et de l’objet — la formule hégélienne aboutit à un système absolutiste, et les Japonais portaient déjà eux-mêmes les graines de cette condition. La beauté de cette rencontre entre la philosophie de l’Est et de l’Ouest réside dans la compréhension mutuelle qui a permis à un côté de mieux se connaître à travers l’autre. En effet, il est rare que de telles choses soient possibles au 21ème siècle sans compromis dramatique des deux côtés.

Sanctions: l'UE veut empêcher la mise en service de Nord Stream 2

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Sanctions: l'UE veut empêcher la mise en service de Nord Stream 2

Source: https://unzensuriert.at/298399-sanktionen-eu-will-nord-st...

L'UE fait tout pour empêcher la remise en service des pipelines Nord Stream. À cette fin, de nouvelles sanctions contre la Russie doivent être imposées, comme l’a déclaré la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

Attentat sur les pipelines probablement perpétré par des Ukrainiens

Les pipelines de gaz naturel avaient été gravement endommagés en 2022 lors de plusieurs explosions. Un coupable avait rapidement été identifié dans les médias occidentaux – il s’agirait, selon eux, d’une explosion provoquée par la Russie sur ses propres pipelines, pour des raisons inconnues. La théorie largement répandue aujourd’hui affirme que des criminels ukrainiens seraient derrière l’attaque.

Selon des rapports, plusieurs Ukrainiens se seraient rendus à bord d’un bateau loué pour placer des explosifs. Ils auraient agi de manière très peu professionnelle, notamment en laissant tomber accidentellement une charge explosive. Même le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait été mis dans la confidence du plan.

Une modification de la législation américaine serait envisagée

Selon le droit américain, les sanctions ne peuvent actuellement être appliquées qu’au sujet de la construction des pipelines. Le Atlantic Council, un think tank américain, recommande donc d’adapter la « Protecting European Energy Security Act » (PEESA) et de l’étendre également à Nord Stream 1. Selon les Américains, ces deux pipelines représentent une menace pour l’Europe, et l’UE doit intervenir. Nord Stream 1 ne peut pour l’instant pas être mis hors service, car il relève d’une ancienne directive.

Nouvelles sanctions américaines en préparation

Le second pipeline pourrait toutefois être bloqué par le test de sécurité d’approvisionnement prévu par la directive sur le gaz pour les propriétaires non-UE – puisque Nord Stream 2, tout comme Nord Stream 1, appartient à la société russe Gazprom, aucun autre investisseur non-UE ne pourrait alors acquérir de parts dans le projet. Le sénateur américain Lindsey Graham souhaite présenter de nouvelles sanctions contre la Russie au Sénat à Washington.

L’UE attend des sanctions de la part des États-Unis

Seul l’Allemagne pourrait encore avoir intérêt à continuer ses échanges gaziers avec la Russie, mais l’on attend de la part du gouvernement américain l’adoption de nouvelles sanctions. La décision du nouveau gouvernement du chancelier Friedrich Merz (CDU), qui ne s’est pas encore exprimé sur ce sujet, suscite également des inquiétudes au sein de l’UE. À Bruxelles, on semble toutefois déterminé à agir contre les intérêts allemands et en faveur des intérêts américains.

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Alessandro Colombo: «Avec de telles élites, l’Occident s’effondrera»

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Alessandro Colombo: «Avec de telles élites, l’Occident s’effondrera»

L’interview au professeur de Relations internationales de la Statale : Irak 2002, effondrement 2008, horreurs en Palestine… De la Guerre froide aux crimes contre l’humanité

Propos recueillis par Claudio Mauri

Source: https://www.barbadillo.it/121062-alessandro-colombo-con-q...

Alessandro Colombo enseigne les Relations internationales à l’Université de Milan. Observateur de la crise de l’ordre mondial libéral, dans Le suicide de la paix (Cortina, 2025), il décrit l’effondrement de l’ordre international dirigé par l’Occident.

Professeur, sommes-nous arrivés à un point critique ?

« Contrairement à ce qui est constamment suggéré, l’ordre libéral n’est pas en crise à cause de l’agression russe en Ukraine, encore moins sous les coups de la nouvelle administration Trump. La désintégration de l’ordre commence au milieu de la première décennie du 21ème siècle, lorsque les États-Unis et l’Europe n’ont pas encore de concurrents significatifs ».

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Pourquoi ?

«En raison de deux échecs: l’invasion de l’Irak en 2003, la crise économique et financière de 2008. Tous deux se sont pleinement développés de l’intérieur».

Les Occidentaux ne les perçoivent-ils pas comme tels ?

« Ces erreurs reflètent des défaillances, contradictions et amnésies profondément enracinées, dès le début, dans le triomphalisme de la culture politique qui a émergé à la fin du 20ème siècle. Ce sont toujours les mêmes élites politiques et intellectuelles qui gèrent les conséquences de la crise de l’ordre libéral, et qui ne se sont pas détournées de leurs prémisses, même face à des leçons très dures venues de la réalité. »

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Avec le 11 septembre 2001 et la « guerre au terrorisme », le droit de la guerre traditionnel est bouleversé.

« Nous le voyons dans la brutalité sans limites de la guerre en Palestine : l’accoutumance croissante à accepter des ‘dommages collatéraux’ dans la chasse (encore plus si elle réussit) aux terroristes réels ou présumés ; l’interprétation de plus en plus extensive de la notion de ‘double usage’, permettant de frapper tout type d’infrastructure civile accusée ou simplement soupçonnée d’un usage militaire ; la déformation même de la notion de proportionnalité, au point de transformer un principe conçu pour protéger les civils en un outil pour justifier la violence».

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Les catégories telles que « États parias » ou « terroristes » effacent la réciprocité entre États. Est-ce le point de non-retour ?

« C’est, dès le début, l’un des éléments de fragilité majeurs du Nouvel Ordre Mondial libéral. Ce dernier, d’un côté, s’est proclamé comme un ordre – le premier – véritablement cosmopolite ou ‘humanitaire’. Mais, de l’autre, il a dès le départ inclus un principe de discrimination très rigide, en faveur des démocraties libérales et de leurs alliés, sans prendre en compte – ou en tenant compte le moins possible – les préférences ou préoccupations des autres. Ces derniers, à la moindre occasion, l’ont remis en question».

La croissance chinoise: l’Occident sait-il la gérer?

« La croissance chinoise constitue un défi indéniable à l’hégémonie des États-Unis et de leurs alliés. Mais ce qui rend sa gestion plus difficile, c’est le fait que notre culture politique (pas seulement internationaliste) semble ne plus être capable de concevoir la compétition et le conflit. Dans les relations internationales, il y a toujours des challengers: ce qui est anormal, dans l’immédiat après-guerre froide, c’est la suprématie américaine».

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Les guerres hybrides, sans frontières ni règles, sont-elles la fin du modèle westphalien?

« Fondé sur la double centralité de l’Europe et de l’État, le modèle westphalien est en crise, probablement irréversible, depuis presque un siècle. La crise des règles de la guerre en est l’une des principales manifestations. Il faut garder à l’esprit que l’hybridation entre guerre et paix était déjà l’une des tendances les plus destructrices du 20ème siècle, du phénomène de la ‘guerre totale’ à celui de la ‘guerre froide’. »

Le vocabulaire des élites se militarise dangereusement…

« C’est dangereux sur le plan de la compréhension historique, car cela suggère des représentations grossièrement dualistes de la réalité politique intérieure et internationale, comme l'opposition entre démocraties et autocraties. Et c’est aussi dangereux pour la nature du débat public, car cela encourage la chasse habituelle aux ‘ennemis intérieurs’ et alimente, ainsi, des phénomènes déprimants de censure et d’autocensure».

Hugo Fischer sur Marx

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Hugo Fischer sur Marx

par Joakim Andersen

Source: https://motpol.nu/oskorei/2025/04/30/hugo-fischer-om-marx/

Le 1er mai, jour de célébration et de lutte pour la classe ouvrière, nous discutons depuis des décennies de divers penseurs socialistes, de Jacques Camatte aux socialistes du conseil. Dans ce contexte, il est difficile d'éviter Karl Marx ; nous avons écrit sur ses tendances, qui sont aujourd'hui idéologiquement suspectes, et sur son analyse du fuidhir irlandais. Costanzo Preve a noté dans Marx e Nietzsche qu'« il n'est pas du tout connu que Marx n'a pratiquement rien à voir avec ce qui est considéré comme une pensée de gauche », une lecture de Marx à partir de la droite peut être fructueuse (au moins, des figures comme Burnham, Wittfogel et Horkheimer le suggèrent). Cependant, beaucoup de ces lectures sont plus ou moins superficielles ; à côté de Das Kapital von Karl Marx d'Oberlercher, une exception notable est Karl Marx und sein Verhältnis zu Staat und Wirtschaft d'Hugo Fischer, datant de 1932.

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Fischer (1897-1975) appartenait au cercle des révolutionnaires conservateurs tels que Ernst Jünger, Carl Schmitt, Hans Freyer et Ernst Niekisch. Il a contribué à la pensée soldatique-nationaliste de Jünger et à l'élaboration de concepts tels celui de Der Arbeiter, il a correspondu avec Schmitt et a écrit des articles pour la revue Widerstand du national-bolchevik Niekisch. Fischer analyse les conditions d'une synthèse pour l'unité européenne et pour la diversité des nationalités, pour la réalisation de l'idée de Reich, il écrit sur la « substanzielle Gemeinschaftlichkeit » et la « Metaphysizierung der Politik » (sur la "communauté substantielle" et sur la "métaphysisation de la politique"). Quand il était un peu plus jeune, Fischer voyait, un peu naïvement, Staline comme un protecteur des peuples soviétiques contre l'homogénéisation américaine; plus âgé, Fischer a étudié le sanskrit et appris à connaître l'Inde. Il est intéressant de noter qu'il avait une bonne connaissance non seulement de Nietzsche et de Hegel, mais aussi de Marx. C'est pourquoi son ouvrage Karl Marx und sein Verhältnis zu Staat und Wirtschaft (= Karl Marx et sa relation avec l'État et l'économie) est particulièrement intéressant. Il déclare d'emblée que « à la droite de Marx se trouve l'économie, à la gauche de Marx l'État... Marx lui-même n'est ni à droite ni à gauche ».

j41dj5emfHlYexQ5YXc8curkmf8.jpgLa perspective de Fischer est politique, c'est une lecture révolutionnaire conservatrice avec l'idée du Reich impérial comme toile de fond. Mais c'est une perspective qui enrichit Marx, en nous rappelant ses aspects tirés de la pensée allemande. En bref, Marx devrait être lu aux côtés de Tönnies, Hegel et Spengler plutôt que de Judith Butler et de divers déconstructionnistes bien ou mal intentionnés. Fischer nous rappelle également les limites de Marx, en particulier son caractère de penseur du 19ème siècle.

Trois coordonnées déterminent les penseurs du 19ème siècle : l'économie est la dimension de la largeur, la technologie celle de la profondeur et la politique celle de la hauteur. Mais au « siècle de la médiocrité », l'économie était considérée comme la dimension décisive, même pour les aspects non économiques.

Fischer a identifié une contradiction chez Marx. Il était à bien des égards un économiste et un positiviste, mais il annulait également ces qualités. Les « grands » positivistes se caractérisent par le fait que, dans les moments décisifs, ils doivent être infidèles au positivisme », écrit M. Fischer. Mais lorsqu'il s'agit de savoir comment l'économisme déforme la religion, l'art, la nature et la métaphysique, Nietzsche est supérieur à Marx. Dans l'ensemble, les commentaires de Marx dans ces domaines ne sont ni particulièrement originaux ni productifs, selon Fischer, et je suis enclin à être d'accord avec lui sur ce point. Marx, par exemple, n'a pas la vision d'une religion saine, « il reste à côté de la critique » par rapport à Nietzsche. Les arguments de Fischer sur le positivisme et la philosophie sont parfois très lisibles, notant par exemple que « le personnage du philosophe Karl Marx est celui du sociologue ».

Il est intéressant de noter que, selon Fischer, Marx a identifié la décadence comme le phénomène central du 19ème siècle, alors que le cadre de pensée du 19ème siècle rendait son analyse de la décadence difficile. Marx « a regardé le visage de la Méduse », mais son erreur fondamentale a été de considérer « la décadence comme une forme de capitalisme plutôt que le capitalisme comme une forme de décadence ». Tant que la culture féodale et médiévale était forte, il y avait des limites claires à l'économie, comme le montre une citation de Beniost selon laquelle ce dernier déclare être heureux de vivre dans une société avec un marché, mais pas dans une société de marché. Mais après le déclin de l'ancienne culture, en particulier à cause de la Réforme, l'économie a pu franchir ces limites qui lui avaient été imposées. « La cause en est le déclin d'une véritable culture », écrit Fischer (ce qui n'est pas tout à fait conforme au modèle marxien de l'histoire, mais plutôt à celui d'Evola).

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Cela nous donne un indice sur la manière dont Marx doit être lu par la droite : tout comme le capitalisme est compris comme l'expression d'une tendance plus large à la décomposition, nous pouvons lire l'oeuvre de Marx comme une analyse partielle, souvent ingénieuse, de certains aspects de la décomposition. Selon Fischer, « la catégorie Kapital est une spécification de la catégorie übergreifenden kulturphilosophisch-metaphysischen und soziologischen Dekadenz » (= la catégorie surplombante qu'est la décadence sociologique, culturelle-philosophique et métaphysique). D'autres Allemands comme Hegel, Nietzsche, Schmitt et Tönnies ont analysé d'autres aspects de la décadence. Une telle lecture est utilement complétée par Fischer car il propose une anthropologie politique qui manque à Marx, il répond à la question d'Evola « sous quel signe » nous luttons contre la décadence.

Un concept comme l'aliénation devient diffus sans une anthropologie et une métaphysique claires, sinon la question devient facilement la suivante: « aliéné de quoi ? ».

La lecture de Marx par Fischer illustre la valeur de la perspective politique, l'Europe féodale étant la « Heimat » à laquelle nous comparons le présent. En s'appuyant sur Marx, Fischer a identifié deux sous-processus dialectiques dans lesquels la relation entre la politique et l'économie est déformée. D'une part, la « Wirtsschaftsförmigkeit des Staates » (= "la formité économique de l'Etat"), d'autre part la « Staatsförmigkeit der Wirtschaft » (= "la formité étatique/politique de l'économie"). Cela signifie que les intérêts et les conflits économiques envahissent ou s'infiltrent dans l'État et que l'économie prend des dimensions politiques. Il n'est plus possible de déterminer « où finit l'économie et où commence l'État ». La description par Fischer de la manière dont les intérêts économiques réduisent et banalisent des choses telles que la nation, la famille, la paternité, l'amitié, l'amour et la terre est une lecture enrichissante et une clarification des thèmes de Marx. L'« économicisation » de l'État est liée à la domination de la bourgeoisie. Entre autres choses, la politique sera considérée comme une distraction par rapport à l'économie, et le parlement occupera le devant de la scène avec ses intrigues et ses querelles de partis. Tout cela a pour but de neutraliser la politique au sens propre du terme », ajoute Schmitt.

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Fischer compare la société bourgeoise à la société féodale et constate que seule cette dernière était politique. Cela s'explique par le fait qu'il y avait des domaines au lieu de classes, que l'économie et les intérêts privés avaient des limites claires et qu'il existait une volonté et une autorité politiques. « Au Moyen-Âge, le peuple et l'État s'identifient », écrit Fischer, qui résume cette évolution par les mots suivants : “l'autorité de l'ensemble politique est remplacée par l'autorité des intérêts individuels”. Comme on le voit, Fischer, Schmitt, Niekisch et d'autres avaient accès à un appareil conceptuel concernant le politique qui complétait celui de Marx. Le reproche fait à la société bourgeoise n'est pas des moindres : elle est apolitique. « L'économie devient étatique, l'économie étatique, ce sont les deux faces d'un même processus : l'économicisation de la vie politico-sociale dans la phase finale de sa décomposition ».

Fischer a succinctement décrit des phénomènes modernes tels que le pouvoir du travail mort sur le travail vivant, l'objectivation et l'inversion des mots (voir avec le terme « valeur »). On retrouve le Der Arbeiter de Jünger dans les descriptions du progrès technologique et de la façon dont le « travailleur combiné » annule le bourgeois. Comparez par ailleurs le travaux de Debord et de Vaneigem avec la prise de conscience de Fischer que « le milieu dans lequel règne la mort est la monotonie ». La domination des morts est la domination des marchandises et de l'argent, l'une des idées les plus utiles de Marx, tant pour la droite que pour la gauche. Fischer décrit en détail « l'économicisation de la vie politique et sociale au stade final de sa décadence », la manière dont les acteurs économiques exploitent l'État, la manière dont l'État est lié aux conflits de classe, le dualisme entre l'intérêt privé et le droit, etc. Il considère ces processus comme des expressions de la décadence, comme des déviations de la relation correcte entre la politique et l'économie. Pendant la phase de décadence, l'économie envahit non seulement la politique, mais aussi l'art, la métaphysique, la famille, etc. Nous trouvons également ici une analyse intéressante de la relation entre la décadence et la bureaucratie. « La forme première de la totalité illusoire est la bureaucratie » selon Fischer, “la bureaucratie possède l'Etat, l'essence spirituelle de la société, c'est sa propriété privée” selon Marx. L'État moderne sert les intérêts économiques, son objectif est l'« anti-étatisme ».

Dans l'ensemble, il s'agit d'une lecture fascinante pour le lecteur avisé. Fischer aborde la relation entre Max Weber et le concept dialectique du capital de Karl Marx, il décrit le déclin progressif de l'ordre féodal et résume le « conservatisme » par les mots:  « la phase finale du processus de décomposition doit être stabilisée ». Il est parfois susceptible de surprendre, par exemple dans la manière dont les deux fondateurs du marxisme considéraient l'État moderne. Fischer cite Engels sur « la maladie du crétinisme parlementaire » et Marx sur l'État moderne, en l'occurrence français, comme « un terrible parasite... vivant sur le dos de la société française ». Voici un complexe d'idées dans lequel le politique, les États et l'Empire s'opposent au totalitarisme bureaucratique et à une révolution managériale que Marx et Fischer n'auraient pu qu'imaginer. Karl Marx und sein Verhältnis zu Staat und Wirtschaft est une lecture de Marx initiée par la droite, une critique sociale précieuse à bien des égards, et parfois aussi surprenante qu'enrichissante pour la droite comme pour la gauche.

Pour en savoir plus:

Karl Marx und sein Verhältnis zu Staat und Wirtschaft

Hugo Fischer: Ernst Jünger’s Mentor – Tiana Berger – Junge Freiheit n°20 – 2000

En françaishttps://vouloir.eklablog.com/hugo-fischer-a48482356 (avec en plus : "Souvenir de Hugo Fischer", par Ernst Niekisch

Ex oriente ordo: Eine deutsche Philosophie zum Anbruch des planetarischen Zeitalters (anno 1933)

 

lundi, 19 mai 2025

Traoré. Une voix d’Afrique

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Traoré. Une voix d’Afrique

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/traore-una-voce-dallafrica/

Ibrahim Traoré est jeune. Et il est le leader du Burkina Faso. Le chef de la junte révolutionnaire qui cherche à changer, et à changer radicalement, le petit pays africain. En reprenant les idées qui avaient été celles de Sankara, le président assassiné en 1987, il y a déjà longtemps. 

Jeune, Traoré a 37 ans, il est le plus jeune chef d’État africain. Un passé intense, avec la formation islamiste, le marxisme juvénile… mais surtout, les idées qui étaient propres à Thomas Sankara (photo, ci-dessous). Le leader du Burkina Faso qui a été éliminé précisément parce qu’il poursuivait une vision différente du rôle international de l’Afrique. Un sujet qui agit sur la scène internationale, et non plus un mosaïque de colonies, plus ou moins déguisées, exploitées par les Européens et d’autres. 

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Et Traoré prend des risques, il en a conscience. Comme Sankara. Pourtant, il continue sur la voie qu’il a choisie. De nombreux tentatives, de la part de l’extérieur, pour le renverser, ont déjà été faites. Et sa sécurité, sa vie, ont été plusieurs fois mises en danger. 

Il a chassé les Français, les anciens « maîtres ». Et il a trouvé le soutien militaire de la Russie, avec les milices « privées » de Wagner. 

Et celui de la Corée du Nord. Mais aussi celui de la Turquie d’Erdogan. 

Ce ne sont pas là des alliances dictées par une idéologie ou un choix de camp comme cela pouvait l’être autrefois. Lui, il poursuit l’indépendance de son pays et, plus généralement, de l’Afrique. 

C’est pourquoi il s’est mis à la tête d’une nouvelle et inédite coalition d’États. Au-delà de son Burkina Faso, il y a le Mali et le Niger. La dite "Alliance du Sahel", qui veut être une première esquisse d’une coalition beaucoup plus vaste, capable de faire de cette zone de l’Afrique une puissance autonome, un sujet agissant sur la scène internationale. 

Et Traoré a écrit… au Pape. Au nouveau Pontife romain, Léon XIV, l’Américain Prevost. Une longue lettre, qui doit toutefois être lue avec une extrême attention. 

Une lettre dans laquelle il demande au Pape romain s’il souhaite encore, comme son prédécesseur, servir les puissances occidentales. Ou s’il choisira de se ranger du côté des exclus, de ceux qui ont été contraints de subir, en marge de l’histoire. 

Une lettre qui devient un outil pour revendiquer le nouveau rôle de son Afrique. Et qui se fait manifeste, au-delà des confessions religieuses et des idéologies politiques, de ce qui vibre dans ce qui, pendant trop longtemps, a été considéré comme le Tiers Monde. Exploité et dévalorisé, derrière la façade hypocrite de la charité. 

Une lettre absolument à lire. Parce qu’elle ouvre des brèches sur le futur qui se profile. En Afrique, bien sûr. Et dans le monde entier.

Brasillach et les souvenirs de la vie transfigurée

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Brasillach et les souvenirs de la vie transfigurée

par Frédéric Andreu

La magie de l'œuvre de Brasillach tient sans doute au fait qu'elle vient éclairer en nous le matin profond de notre mémoire. Tout se passe comme si les personnages des romans de Brasillach restent assez flou, assez peu précis pour que nous puissions les faire nôtres. Les intégrer à notre étymologie intime.

L'œuvre de Brasillach agit par "attouchements", non par argumentations ; elle ne prouve rien, mais fait éprouver. C'est pourquoi le ressort intime de Brasillach est la nostalgie, notamment de l'enfance.

L'existence d'un "monde auroral" relève aussi de cette beauté à partir de laquelle le sentiment du beau nous apparaît. Martin Heidegger dit que si une chose est belle, elle l'est encore plus à sa naissance. Sans doute que cette proposition philosophique nous aide un peu à mieux apercevoir, sans trop être ébloui par lui, ce mystère auroral qui rode, telle une aura, autour de l'œuvre de Robert Brasillach.

Mais il est encore une autre manière de situer les choses. Un autre octave.

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Nous connaissons tous la nostalgie qui nait en nous devant un beau coucher de soleil. Je pense que celle-ci ne pourrait pas naître en nous sans l'existence d'"un soleil qui ne se couche jamais", un astre qui éclaire un monde radicalement différent du nôtre et qui se tient en marge du nôtre tel que l'infra-rouge et l'ultraviolet se tiennent en marge du spectre des couleurs.

L'aurore et le crépuscule, expressions de la dialectique du monde, seraient le reflet brisé d'un autre soleil littéraire, unitaire et merveilleux, qui, lui, ne se couche jamais.

Ce soleil éclairerait un univers où le drame de la vie et de la mort, du soi et des autres, du laid et du beau n'auraient pas lieu. En d'autres termes, une réalité non-dialectique.

Pour être d'essence métaphysique, ce monde n'est pour autant pas posé sur un nuage. Il n'a rien à voir avec une de ses promesses de libération sous "bonne conduite" telle qu'on en trouve dans le catéchisme des religions cléricales. Ce salut là est en l'Homme. Inscrit dans le secret du coeur, dans l'"Immédiatement" (pour reprendre le titre d'un ouvrage de Dominique de Roux) de la vie intime. C'est à dire sans médiation (mécanique, cléricale ou encore conceptuelle). Il est fait pour les vivants, pas pour les morts. Pour les émerveillés et pas forcement pour les ascètes et les fous de Dieu. "Le surnaturel n'est rien d'autre que le naturel dévoilé" nous rappelle Émilie Dickinson. Tel est exactement le sens de mon propos.

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Dans les conceptions anciennes du monde dont les mythologies sont les vestiges, l'univers était perçue comme épiphanie d'un monde parfait. Le monde était perçu comme un "reflet" d'un autre monde. Il semble que le Dieu unique "cause première" des philosophes nous maintienne à distance de ce dévoilement suprême. Qu'il a ouvert dans notre culture comme une sorte de "fausse fenêtre" qui nous empêche de voir le monde comme le projet même de sa propre transfiguration en nous enfermant dans un théâtre neuronal. D'éminents penseurs considèrent même que la théologie chrétienne contiendrait le germe de ce processus de désenchantement du monde.

Je ne sais que penser de cette affirmation peut être un peu péremptoire. Comme peut être péremptoire aussi l'idée que cette fausse fenêtre sert en définitive les intérêts de pouvoirs oligarchiques.

Tout cela relève de l'excès. Qu'une religion contienne un dispositif est certes une chose démontrée depuis Agamben, mais affirmer que la série des religions, doctrines et universalismes philosophiques d'essence biblique serviraient in fini un dispositif oligarchique tient sans doute du complotisme.

Mais il y a plus que cela. Le monde transfigurique dont le légendaire brasillachien contiendrait une sorte de "reliquat", nous est devenu étranger car nous ne le pensons plus par rapport à une société de type organique. L'organique peut encore avoir l'intuition du trans-organique, source de nos religions natives et du matin profond de notre âme européenne.

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La société de type mécanique qui est la nôtre, de plus en plus réduite à une société d' "individus" atomisés où l'individualisme est la règle, est incapable de penser autre chose que l'individu et l'économie. Elle ne peut donc comprendre qu'elle fut d'abord transorganique avant de devenir organique, puis enfin mécanique. Elle n'a aucune intuition de sa chute. Il n'y en que dans les lisières dorées de notre compréhension ordinaire que l'on peut comprendre que le souvenir d'un beau moment de notre enfance est un reflet d'une nostalgie d'un niveau plus fondamentale de l'être, la nostalgie d'un monde non déchu, ce "royaume qui n'est pas de ce monde" annoncé par Jésus-Christ à Ponce Pilate.

La société de type mécanique, globalisée, métissée de force, entame aujourd'hui sa phase de décomposition cadavérique. Elle est trop absente à elle-même, trop individuo-centrée pour parvenir à produire autre chose que des expériences du grand laboratoire économique.

Pays où ces sciences exactes sont reines, la France m'apparaît en outre celui où le système de gouvernement est le plus mécanique du monde. La république centralisatrice est pour moi celui qui est parvenu le plus à éradiquer les nappes phréatiques de la vie réelle. Ce système importé des Etats-Unis a érigé une fausse fenêtre, les droits de l'homme abstrait, en dogme. Deux cents ans après son arraisonnement du continent européen par sa face ouest (la France) le laïcisme, le droitdelhommisme révèlent aujourd'hui ce pourquoi il a été fondé : promouvoir ouvertement le mélange des races, le melting-pot au profit d'un petite caste de nantis, qui elle, ne se métisse pas.

La société mécanique et conflictuelle qu'elle est en voie de créer rend la société sourde et aveugle au monde trans-organique. Elle a été crée pour cela. Pour nous transformer en anesthésistes-anesthésiés. En consommateurs-producteurs incapables de nostalgie. Ce n'est pas un hasard si les "contes merveilleux" tel que Cendrillon ou Blanche Neige et les Sept Nains sont des récits aujourd'hui réservés à la prime enfance.

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Lorsque les frères Grimm parcouraient les campagnes de la Thuringe entre 1800 et 1815, ces contes étaient encore, dans certaines vallées transmis à toute la communauté et non aux enfants. Ils étaient transmis comme des contes initiatiques et non de vulgaires superstitions. A noter qu'en 1945, les forces d'occupation alliées interdirent la publication des contes de Grimm invoquant la violence qu'ils contiendraient. Il est sûr que les forces qui écrasèrent des millions de citoyens sans défense sous des tapis de bombes, avaient eut le culot de désigner quelques légendes comme responsables de violence.

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Dans le roman Comme le temps passe, Brasillach n'est pas loin de ce "matin profond" de notre conscience quand il intuitionne qu'"il y eut un temps les animaux parlaient aux hommes". Il évoque ce merveilleux des contes où les grenouilles parlent aux princesses.

De tels passages, étrangers à toute emprise théorique, ne sont pas rares chez Brasillach. Dans les Sept Couleurs (autre roman de Brasillach), la rencontre entre le réel et le suréel éclate au grand jour. Au début du récit, Catherine et son compagnon visitent un cimetière situé dans un ville parisienne, Charonne. Lorsqu'ils rencontrent de manière totalement inopinée, leur "double légendaire"... Ceux ci les surprend en train de lire l'épitaphe d'une tombe. Il n'est peut être pas un hasard si cette tombe est celle du secrétaire de Robespierre.

Les deux protagonistes essayent de déchiffrer les inscriptions de cette tombe lorsqu'un petit garçon les accoste.

Lecteurs ! comment mieux faire résonner ensemble l'histoire et le légendaire ? Sinon en organisant la rencontre de la froideur de l'historique la plus guillotinante qui soit (une tombe, en lien avec Robespierre) avec le "petit garçon de la légende".

Évidement, tant que nous croyons que le monde des fées et des princesses est issu de l'imaginaire comme si l'imagination était la folle du logis, nous n'avons aucune chance de comprendre l'importance crucial de l'œuvre de Brasillach.

C'est à peine si l'auteur de cette oeuvre peut à la rigueur servir de bannière de ralliement afin se s'opposer symboliquement à des groupuscules qui s'en servent, eux, généralement sans l'avoir lu, à un épouvantail idéologique. Il vaut mieux faire parti des premiers que des seconds, mais il faut mieux encore garder à l'esprit que ce bas-monde des oppositions contradictoires n'existent que par rapport à leur "transfiguration".

Le monde merveilleux des légendes que Brasillach fait miroiter dans nos yeux de lecteurs n'est pas qu'un simple carré de sable pour enfant. Il pourrait bien contenir les balises vivantes conduisant à un autre monde. Cette promesse que l'univers physique n'existe qu'en vue de sa transfiguration. Cette révolution là est la moins sanglante du monde.

Frédéric Andreu.

L'UE se nourrit de la peur. D'abord Co vid, maintenant la Russie

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L'UE se nourrit de la peur. D'abord Co vid, maintenant la Russie

par Thomas Fazi

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/30485-thom...

« Tout cela suggère que les élites occidentales ont tiré une leçon importante de la pandémie : la peur est efficace. Si une population est suffisamment angoissée - que ce soit par la maladie, la guerre, les catastrophes naturelles ou un cocktail "polycrises" englobant tout ce qui précède - elle peut être amenée à accepter presque n'importe quoi. »

Ces dernières semaines, un léger sentiment de panique s'est emparé de l'Union européenne, les citoyens étant invités à se préparer à la catastrophe imminente. Remplissez vos placards ! Préparez des plans d'urgence ! Non, il ne s'agit pas du début d'un médiocre roman dystopique : il s'agit de la nouvelle « Stratégie de l'Union pour la préparation » de l'UE. Cette initiative grandiose est apparemment conçue pour protéger les Européens des inondations, des incendies, des pandémies et, bien sûr, d'une invasion russe de grande ampleur.

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La stratégie s'inspire de la Pologne, où les constructeurs sont désormais légalement tenus d'inclure des abris antiaériens dans les nouveaux immeubles, et de l'Allemagne, qui fait revivre les programmes de défense civile de l'époque de la guerre froide grâce à une application de géolocalisation des bunkers. De son côté, la Norvège conseille à ses citoyens de faire des réserves de comprimés d'iode en cas d'attaque nucléaire.

L'Union européenne souhaite que ses citoyens soient autosuffisants pendant au moins 72 heures et recommande aux familles de faire des réserves de nourriture, d'eau, de médicaments et, pourquoi pas, de cartes à jouer et de banques d'alimentation en énergie. Car, bien sûr, si une guerre nucléaire devait éclater, une bonne partie de poker et un téléphone entièrement chargé suffiraient.

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Pourtant, aussi ridicules que ces préparatifs puissent paraître, ils devraient tous nous concerner. La stratégie de l'Union de préparation n'est que la dernière couche d'une architecture de contrôle en construction depuis des décennies. Elle s'appuie fermement sur la récente relance de la politique de défense de l'UE, « ReArm Europe », rebaptisée de manière moins inquiétante « Readiness 2030 ».

L'idée de base qui sous-tend cette initiative est simple et répétée à l'infini : la Russie est susceptible de lancer une attaque de grande envergure contre l'Europe dans les années à venir, en particulier si Poutine n'est pas stoppé en Ukraine. La résolution du Parlement européen en faveur du programme ReArm Europe prévient que « si l'UE devait retirer son soutien et que l'Ukraine était contrainte de se rendre, la Russie se retournerait contre d'autres pays, y compris peut-être des États membres de l'UE ». Comme l'a récemment déclaré M. Macron, la Russie est un pays « impérialiste » qui « ne connaît pas de frontières [...] il représente une menace existentielle pour nous, non seulement pour l'Ukraine, non seulement pour ses voisins, mais pour l'ensemble de l'Europe».

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Mais l'idée que les Russes se massent aux frontières, avec en ligne de mire Paris ou Berlin, relève du fantasme. En effet, lorsqu'on nous dit de nous préparer à la guerre en emportant un bloc d'alimentation en énergie et une mallette étanche pour nos documents d'identité, il est difficile de ne pas se souvenir des absurdités de la guerre froide comme « Duck and Cover », la « stratégie de préparation » de l'époque, conçue pour protéger les individus des effets d'une explosion nucléaire en leur ordonnant de s'accroupir sur le sol et de se couvrir la tête. Cette campagne vendait également l'illusion de la sécurité face à l'anéantissement. Sous le vernis clownesque de cette campagne se cache un objectif calculé : la tentative de l'UE de consolider davantage son pouvoir au niveau supranational en élevant le rôle de la Commission en matière de sécurité et de réponse aux crises, des domaines traditionnellement sous contrôle national.

Le plan de préparation de l'UE est basé sur les recommandations d'un rapport de l'ancien président finlandais Sauli Niinistö, qui appelle à la création d'une « plaque tournante » centrale pour les opérations de crise au sein de la Commission européenne, au renforcement de la coopération civile/militaire, notamment par l'organisation d'exercices réguliers à l'échelle de l'UE réunissant les forces armées, la protection civile, la police, la sécurité, les travailleurs de la santé et les pompiers, ainsi qu'à l'élaboration de protocoles d'urgence communs à l'UE et à l'OTAN.

Conjugué aux plans de réarmement de l'UE, il suggère une militarisation globale et sociétale, qui deviendra le paradigme dominant en Europe dans les années à venir: toutes les sphères de la vie - politique, économique, sociale, culturelle et scientifique - seront subordonnées à l'objectif supposé de la sécurité nationale, ou plutôt supranationale. Sous couvert de protection des citoyens, cette démarche conduira en pratique à davantage de censure, de surveillance et d'érosion des libertés civiles, le tout justifié par l'omniprésence du spectre de l'ingérence russe.

Les gouvernements occidentaux ont depuis longtemps recours à la peur comme moyen de contrôle. Le fait que l'annonce de l'UE coïncide avec le cinquième anniversaire des confinements covidesques, qui ont inauguré l'expérience la plus radicale jamais tentée en matière d'élaboration de politiques fondées sur la peur, est d'ailleurs une coïncidence significative.

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La réponse à la pandémie s'est appuyée sur un récit totalisant qui a exagéré la menace du virus pour justifier des politiques sans précédent dans l'histoire. Comme l'a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, il était du devoir moral de chacun de « s'unir contre un ennemi commun » et de « déclarer la guerre au virus ». Dans cette lutte pour le bien commun - la santé publique - pratiquement toute action était justifiée.

Du point de vue de la « politique de crise », l'utilisation généralisée de la métaphore de la guerre pour encadrer la pandémie de Covid n'était pas accidentelle: la guerre est, après tout, la situation d'urgence par excellence. Partout dans le monde, nous avons assisté à un tournant autoritaire, les gouvernements utilisant « l'urgence de santé publique » pour balayer les procédures démocratiques et les contraintes constitutionnelles, militariser les sociétés, réprimer les libertés civiles et mettre en œuvre des mesures de contrôle social sans précédent.

Pendant la pandémie, nous avons assisté - et la population l'a largement acceptée - à l'imposition de mesures qui auraient été impensables jusque-là: la fermeture d'économies entières, la mise en quarantaine massive (et la vaccination forcée) de millions de personnes en bonne santé, et la normalisation des passeports numériques Cov id en tant qu'exigence réglementée pour participer à la vie sociale.

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Tout cela a préparé le terrain pour la réaction collective des sociétés occidentales à l'invasion russe de l'Ukraine - une guerre enfin réelle, après des années de tentatives de guerre métaphorique. En termes de communication, nous avons immédiatement assisté à l'émergence d'un récit tout aussi totalisant : il était du devoir moral des sociétés occidentales de soutenir la lutte des Ukrainiens pour la liberté et la démocratie contre la Russie et son président maléfique.

Cependant, alors qu'il devient de plus en plus clair que l'Ukraine est en train de perdre la guerre, et que le monde est aux prises avec la tentative de Trump de négocier la paix, les élites européennes sont en train de recalibrer leur récit : ce n'est pas seulement la survie de l'Ukraine qui est en jeu, mais celle de l'Europe dans son ensemble. La menace n'est plus là-bas, mais chez nous : non seulement la Russie se prépare à attaquer l'Europe, mais, nous dit-on, elle mène déjà un large éventail d'attaques hybrides contre l'Europe, allant des cyberattaques aux campagnes de désinformation en passant par l'ingérence électorale.

Tout cela suggère que les élites occidentales ont tiré une leçon importante de la pandémie : la peur est efficace. Si une population est suffisamment angoissée - qu'il s'agisse d'une maladie, d'une guerre, d'une catastrophe naturelle ou d'un cocktail de polycrises comprenant tous ces éléments - elle peut être amenée à accepter presque n'importe quoi.

La stratégie de l'UE en matière de préparation aux situations d'urgence pourrait donc être lue dans ce contexte plus large. Il ne s'agit pas tant de bouteilles d'eau et de blocs d'alimentation énergétique. Il s'agit d'une continuation du paradigme de l'ère Co vid : une méthode de gouvernance qui mélange la manipulation psychologique, la militarisation de la vie civile et la normalisation de l'état d'urgence. En fait, l'UE parle explicitement de la nécessité d'adopter la même approche de « gouvernance » et de « société » que celle initiée lors de la pandémie pour les crises futures.

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Cette fois-ci, cependant, la tentative de fomenter une nouvelle psychose de masse semble avoir échoué. A en juger par la réaction des médias sociaux à une vidéo embarrassante de Hadja Lahbib, commissaire européenne chargée de l'égalité, de la préparation et de la gestion des crises, la propagande alarmiste de l'Union européenne semble faire l'objet d'un scepticisme généralisé. Mais si c'est une bonne nouvelle, le problème est qu'avec le fiasco de la propagande, le pouvoir a de plus en plus recours à des tactiques répressives pour faire taire ses rivaux politiques, comme le montre l'interdiction d'élection imposée à Mme Le Pen. Cette stratégie de renforcement de l'autoritarisme n'est toutefois pas viable à long terme: la peur et la répression ne peuvent remplacer un consentement effectif, et de nouvelles formes de résistance ne manqueront pas d'émerger dans le vide laissé par ce dernier.

Thomas Fazi est chroniqueur et traducteur pour UnHerd . Son dernier livre est « The Covid Consensus », coécrit avec Toby Green.

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La nouvelle ère de l'économie mondiale

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La nouvelle ère de l'économie mondiale

par Giuseppe Masala

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/30452-gius...  

Selon le Fonds monétaire, l'innovation technologique fait entrer l'économie mondiale dans une nouvelle ère. Et les mesures protectionnistes...

Un billet de blog du Fonds monétaire international, rédigé par Pierre-Olivier Gourinchas, directeur du bureau de recherche du FMI, a suscité l'émoi des économistes, dans lequel il parle ouvertement du début d'une nouvelle ère pour l'économie mondiale. Gourinchas s'appuie sur l'imposition de droits de douane décidée par l'administration Trump et annoncée le 2 avril pour étayer sa thèse de l'énorme bouleversement de l'économie mondiale qui s'annonce.

Il est certain que le point de vue de l'économiste de premier plan est correct et accompagné d'une quantité considérable de données qui lui confèrent une validité incontestable. L'économie mondiale risque d'entrer dans une phase d'incertitude qui provoquera presque certainement une forte baisse de la croissance, ce qui pourrait nuire aux parties les plus fragiles de la société, à la fois en termes de hausse du chômage et de hausse des prix des biens et des services.

Le point le plus intéressant de cette analyse est cependant lié à une thèse intéressante exprimée par Gourinchas que je cite textuellement : « la part de l'emploi manufacturier dans les économies avancées a connu un déclin séculaire dans les pays enregistrant des excédents commerciaux, comme l'Allemagne, ou des déficits, comme les États-Unis. La force la plus profonde derrière ce déclin est le progrès technologique et l'automatisation, et non la mondialisation ».

En d'autres termes, selon l'économiste du FMI, il serait erroné de croire qu'il suffit d'imposer des droits de douane pour résoudre le grave problème de la pénurie d'emplois : ce problème existe aussi bien dans les pays à fort déficit commercial (et donc importateurs nets de l'étranger) que dans les pays à fort excédent commercial (et donc exportateurs nets vers l'étranger).

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US Bureau of Economic Analysis : valeur ajoutée réelle et emploi en Allemagne et aux États-Unis depuis les années 1970.

Personnellement, je ne peux pas dire s'il suffit de regarder les courbes du taux d'emploi et de la valeur ajoutée réelle dans les pays à déficit commercial et de les comparer à celles des pays à excédent commercial (comme Gourinchas l'a fait avec celles des États-Unis et de l'Allemagne) pour soutenir la thèse selon laquelle ce ne sont pas les déséquilibres commerciaux qui déterminent le taux d'emploi d'une nation ; mais je soutiens certainement la thèse selon laquelle l'explosion de l'innovation technique dans les domaines de l'informatique, de l'automatisation et de l'intelligence artificielle ne ramènera probablement pas la prospérité et l'emploi dans les pays à déficit commercial, même si les droits de douane parviennent miraculeusement à « guérir » les déséquilibres entre les pays.

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Je pense que cette thèse peut être considérée comme partageable même si elle n'est qu'une hypothèse « empirique » : en effet, les niveaux d'automatisation atteints, notamment en Chine populaire, sont impressionnants et risquent - en perspective - de détruire des millions d'emplois. Il suffit de penser, par exemple, à l'usine de Xiaomi pour la production de smartphones (elle en produira un par seconde) sans employer un seul travailleur, à tel point que dans les immenses espaces de travail de l'usine, les lumières seront éteintes alors qu'aucun être humain n'y opère ! Il en va de même lorsqu'on observe les images des rues de Wuhan où circulent des taxis autonomes, ou les autoroutes russes où circulent des camions de marchandises autonomes. Des innovations, certes stupéfiantes, qui témoignent de l'énorme progrès de la technologie créée par l'homme, mais qui ont un inconvénient évident: elles rendent le travail humain superflu par rapport à la production de biens et de services.

La vérité choquante (que l'économiste en chef du Fonds monétaire international, M. Gourinchas, a laissé entendre) est que le capital est en train de supplanter de plus en plus le travail. En d'autres termes, le capital dévore le travail en le rendant de plus en plus marginal. Or, tout cela entraîne des effets secondaires non négligeables.

Par exemple, si les gens ne trouvent pas de travail satisfaisant pour satisfaire leur consommation, il faut comprendre pour qui ces usines entièrement automatisées produiront. Il est clair qu'il faudra - si cette voie de développement est poursuivie - trouver une nouvelle façon de distribuer les « revenus » produits. Un défi d'une ampleur considérable qui remettra en cause les principes fondamentaux de la civilisation humaine.

Une question plus concrète et plus immédiate sera celle du rééquilibrage macroéconomique entre les nations à déficit commercial et les nations à excédent commercial.

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Si la raison du déséquilibre n'est pas le déficit commercial en soi, comme voudrait le suggérer l'économiste en chef du Fonds monétaire international, mais la course à l'innovation technologique entre pays concurrents, où le perdant sera inévitablement condamné au sous-développement et à la pauvreté, les droits de douane ne résoudront que très peu la crise financière « latente » qui frappe les États-Unis. Le vrai problème est la supériorité technologique de la Chine sur le reste du monde, qui, selon de nombreux observateurs, est déjà un fait et qui rend la fabrication dans l'Empire du Milieu moins chère que dans n'importe quel autre pays, quelles que soient les politiques commerciales adoptées par ses concurrents.

Il s'agit d'un problème de concurrence technologique qui, s'il n'est pas résolu immédiatement, pourrait pousser les pays perdants à chercher des solutions bien plus traumatisantes qu'une guerre commerciale. Une issue que seuls les auteurs de romans dystopiques avaient esquissée. Aujourd'hui, c'est aussi le Fonds monétaire international qui y fait allusion.

13:06 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie mondiale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 18 mai 2025

Même la Colombie rejoint la Route de la Soie. Et l’Europe est de plus en plus isolée

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Même la Colombie rejoint la Route de la Soie. Et l’Europe est de plus en plus isolée

Enrico Toselli

Source:  https://electomagazine.it/anche-la-colombia-nella-via-del...

Même la Colombie fait désormais partie du programme planétaire de la nouvelle Route de la Soie chinoise. Un programme qui comprenait également l’Italie, en la plaçant au centre des initiatives en Europe et en Méditerranée. Mais ensuite sont arrivées les reproches de Biden et la souveraineté italienne a disparu comme neige au soleil, au grand plaisir de Tajani, avec Lady Garbatella (= Giorgia Meloni), heureuse d’échanger les intérêts nationaux contre le blanc-seing reçu de l’ancien maître de Washington.

Le problème, en amont, est cependant bien plus complexe. Peut-on être vraiment souverain si, économiquement, on dépend de chaque frisson des marchés internationaux ? Non, évidemment. La folie autodestructrice des toxiques de Bruxelles, avec les sanctions contre le gaz et le pétrole à bas coût en provenance de Russie, a indéniablement favorisé et enrichi leurs maîtres, mais elles ont pénalisé la compétitivité des entreprises européennes et italiennes en particulier. Et Rome ? Muette et obéissante.

Il en va de même pour le pari sur les voitures électriques. Des droits de douane sur celles venues de Chine, pour obliger les Européens à acheter des voitures de Stellantis, Volkswagen, Renault. Comme si, par miracle, les Européens, de plus en plus pauvres et précaires, pouvaient se permettre une dépense insensée pour des véhicules qui doivent avancer au pas pour satisfaire les maniaques de la sécurité.

Donc, boycottons la Chine. Et aussi le Brésil, la Russie, et les autres pays du groupe BRICS qui déplaisent aux maîtres de Washington. Renonçons à la Route de la Soie pour nous faire imposer des droits de douane par l’ami Donald. Renonçons aux jeunes Italiens les plus qualifiés, qui partent travailler à l’étranger, parce qu’il faut faire plaisir aux preneurs de fonds nationaux qui veulent pouvoir imposer des salaires de misère. Renonçons à la défense contre l’invasion des clandestins pour satisfaire les magistrats immigrationnistes.

Et puis, quelqu’un s’étonne devant l’abstention croissante…

L'État profond devient viral

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L'État profond devient viral

Jeffrey Tucker

Source: https://dissident.one/de-deep-state-gaat-viraal  

Le livre de Debbie Lerman intitulé « The Deep State Goes Viral : Pandemic Planning and the Covid Coup » examine le rôle de l'État profond dans la planification des pandémies et la mise en œuvre des confinements.

Selon l'avant-propos de Jeffrey Tucker, le livre examine les origines et les implications du « Plan d'action en cas de crise pandémique - Adapté (PanCAP-A) », qui a été publié le 13 mars 2020, quelques jours avant que le président Trump n'annonce les lockdowns. Toutefois, le plan de confinement a été élaboré par l'administration Bush en 2005, écrit Rhoda Wilson.

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Les confinements imposés en 2020 à cause du covi d ont été planifiées pour la grippe en 2005

Ce qui suit est la préface de Jeffrey Tucker au nouveau livre de Debbie Lerman, The Deep State Goes Viral : Pandemic Planning and the Co vid Coup (= L'État profond devient viral : la planification de la pandémie et le coup d'État contre le cov id).

* * *

C'est environ un mois après le début des confinements, en avril 2020, que mon téléphone a sonné avec un numéro inhabituel. J'ai décroché et l'appelant s'est identifié comme étant Rajeev Venkayya (photo), un nom que je connaissais grâce à mes articles sur la peur de la pandémie de 2005. Il est aujourd'hui directeur d'une société de vaccins, a été assistant spécial du président pour la biodéfense et a prétendu être l'inventeur de la planification des pandémies.

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Venkayya est l'un des principaux auteurs du document intitulé « A National Strategy for Pandemic Influenza », publié par l'administration de George W. Bush en 2005. Il s'agit du premier document à présenter une version émergente des mesures de confinement conçues pour être mises en œuvre à l'échelle mondiale. « Une pandémie de grippe aurait des conséquences mondiales », avait déclaré Bush, “aucun pays ne peut donc se permettre d'ignorer cette menace, et chaque pays a la responsabilité de détecter et d'arrêter sa propagation”.

Ce document a toujours été étrange, car il contredisait constamment l'orthodoxie en matière de santé publique datant de plusieurs décennies, voire d'un siècle. Il proposait deux voies alternatives en cas d'apparition d'un nouveau virus : la voie normale que tout le monde apprend à l'école de médecine (thérapies pour les malades, prudence en cas d'agitation sociale, calme et raison, quarantaine uniquement dans les cas extrêmes) et une voie de biosécurité qui exigeait des mesures totalitaires.

Ces deux voies ont coexisté pendant 15 ans, avant les confinements.

Je parlais maintenant à l'homme qui s'attribue le mérite d'avoir tracé l'approche de la biosécurité, qui allait à l'encontre de toute la sagesse et de toute l'expérience en matière de santé publique. Son plan était enfin mis en œuvre. Peu de voix se sont élevées pour exprimer leur désaccord, en partie par peur, mais aussi à cause de la censure, qui était déjà très stricte. Il m'a dit d'arrêter de protester contre les confinements parce qu'ils avaient tout sous contrôle.

J'ai posé une question fondamentale. Supposons que nous rampions tous sous le canapé, que nous évitions les rencontres physiques avec notre famille et nos amis, que nous fassions la grève de toutes les réunions, que nous fermions les entreprises et les écoles. Qu'advient-il alors du virus lui-même ? Saute-t-il dans un trou dans le sol ou se rend-il sur Mars par crainte d'une nouvelle conférence de presse d'Andrew Cuomo ou d'Anthony Fauci ?

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Après quelques commentaires absurdes sur le R-zéro, j'ai remarqué qu'il s'irritait, et finalement, avec un peu d'hésitation, il m'a dévoilé le plan. Il y aurait un vaccin. J'ai hésité et j'ai dit qu'aucun vaccin ne stérilise contre une infection respiratoire à mutation rapide avec un réservoir zoonotique. Même si un tel vaccin apparaissait, il faudrait dix ans de tests et d'essais avant qu'il puisse être diffusé en toute sécurité auprès de la population. Allons-nous rester enfermés pendant toute une décennie ?

« Les choses s'accélèrent », a-t-il déclaré. « Observez. Vous serez surpris. »

Je me souviens l'avoir considéré comme un excentrique, un écrivain blasé qui n'avait rien de mieux à faire que d'appeler les mauvais écrivains et de les harceler.

Je m'étais complètement trompé, tout simplement parce que je n'étais pas préparé à la profondeur et à l'ampleur de l'opération qui était en cours. Tout ce qui se passait me paraissait manifestement destructeur et fondamentalement vicié, mais il s'agissait d'une sorte de faille intellectuelle: une incompréhension des principes de base de la virologie.

impanages.jpgÀ peu près au même moment, le New York Times a publié un nouveau document intitulé « PanCAP-A : Pandemic Crisis Action Plan - Adapted » (Plan d'action en cas de crise pandémique - Adapté). Il s'agit du plan de Venkayya, mais intensifié, tel qu'il a été publié le 13 mars 2020, trois jours avant la conférence de presse du président Trump annonçant les confinements. Je l'ai lu et reposté, mais je n'avais aucune idée de ce qu'il signifiait. J'espérais que quelqu'un pourrait l'expliquer, l'interpréter et en démêler les implications, afin de découvrir le qui, le quoi et le pourquoi de cette attaque fondamentale contre la civilisation elle-même.

Cette personne y est parvenue. Il s'agit de Debbie Lerman, l'intrépide auteur de ce merveilleux livre qui présente si bien les meilleures idées sur toutes les questions qui m'avaient échappé. Elle a démonté le document et y a découvert une vérité fondamentale. L'autorité réglementaire pour répondre à la pandémie ne relevait pas des autorités de santé publique, mais du Conseil national de sécurité.

C'était clair comme de l'eau de roche dans le document ; je l'avais manqué pour une raison ou une autre. Il ne s'agissait pas de santé publique. Il s'agissait de sécurité nationale. L'antidote qui était en cours de développement avec le vaccin labellisé était en fait une contre-mesure militaire. En d'autres termes, c'était le plan de Venkayya multiplié par dix, et l'idée même était de contourner toutes les traditions et les préoccupations de santé publique pour les remplacer par des mesures de sécurité nationale.

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Cette prise de conscience modifie fondamentalement la structure de l'histoire des cinq dernières années. Il ne s'agit pas de l'histoire d'un monde qui a mystérieusement oublié l'immunité naturelle et qui a commis une erreur intellectuelle en pensant que les gouvernements pouvaient arrêter et redémarrer les économies, en poursuivant un agent pathogène jusqu'à son point d'origine. Ce à quoi nous avons assisté, dans un sens très réel, c'est à une sorte de coup d'État, un coup d'État perpétré par l'État profond, non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international.

Ce sont des pensées terrifiantes et presque personne n'est prêt à en parler, c'est pourquoi le livre de Lerman est si crucial. En termes de débat public sur ce qui nous est arrivé, nous n'en sommes qu'au début. Il existe aujourd'hui une volonté d'admettre que les confinements ont généralement fait plus de mal que de bien. Même les médias traditionnels s'aventurent à autoriser de telles réflexions. Mais le rôle de l'industrie pharmaceutique dans la conduite de la politique, et le rôle de l'État de sécurité nationale dans le soutien de ce projet industriel massif, restent tabous.

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Dans le journalisme et le plaidoyer du 21ème siècle visant à influencer l'opinion publique, la préoccupation primordiale de tous les rédacteurs et institutions est la survie professionnelle. Cela signifie qu'il faut s'adapter à un ethos ou à un paradigme approuvé, quels que soient les faits. C'est pourquoi la thèse de Lerman n'est pas débattue ; elle est à peine discutée dans le monde civilisé. Cela dit, mon travail à l'Institut Brownstone m'a permis d'être en contact étroit avec de nombreux penseurs de haut niveau. Je peux dire ceci : ce que Lerman a écrit dans ce livre n'est pas contesté, mais admis en privé.

Étrange, n'est-ce pas ? Nous avons vu pendant les années covidées comment les aspirations professionnelles encourageaient le silence, même face à des violations flagrantes des droits de l'homme, telles que les fermetures obligatoires d'écoles qui privaient les enfants d'éducation, suivies par des bouchons obligatoires et des injections forcées pour l'ensemble de la population. Le quasi-silence était assourdissant, même si toute personne dotée d'un cerveau et d'une conscience savait que tout cela était inacceptable. Même l'excuse « Nous ne savions pas » ne fonctionnait plus, car nous savions.

Cette même dynamique de contrôle social et culturel bat son plein maintenant que nous sommes passés de cette phase à une autre. C'est précisément la raison pour laquelle les conclusions de Lerman n'ont pas encore atteint la société civilisée, et encore moins les grands médias. Y parviendrons-nous un jour ? Peut-être. Ce livre peut y contribuer ; au moins, il est désormais accessible à tous ceux qui ont le courage de regarder les choses en face. Vous y trouverez la présentation la mieux documentée et la plus cohérente des réponses aux questions clés (quoi, comment, pourquoi) que nous nous posons tous depuis que cet enfer nous est arrivé.

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Une pétition puérile

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Une pétition puérile

par Georges Feltin-Tracol

La stupidité humaine atteint son effet maximal quand elle ose aborder le domaine politique. Chaque jour en fournit une preuve supplémentaire, ce qui accentue la déliquescence avancée de ce monde post-moderniste.

Acronyme anglo-saxon du Fonds des Nations unies pour l'enfance, l’UNICEF réalise très souvent des actions humanitaires et parapolitiques. Son antenne française vient de lancer une initiative politicienne grotesque.

Le 24 avril dernier, en partenariat avec Réseau national des juniors associations (RNJA), Démocratie ouverte, Les Jeunes Européens, Action Éducation et quatorze autres associations (reçoivent-elles toutes des subventions?), UNICEF – France publie une pétition réclamant le droit de vote dès 16 ans. La présidente de la branche hexagonale de cet organisme mondialiste s’appelle Adeline Hazan (photo). Mairesse socialiste de Reims entre 2008 et 2014, puis Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (2014 - 2020), cette ancienne magistrate tente d’intervenir de manière indirecte dans la vie politique française.

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Le 17 avril, dans une tribune libre parue dans Ouest-France, Adeline Hazan demande que la majorité électorale soit à 16 ans pour les élections municipales de 2026. Son texte reçoit aussitôt le soutien d’une trentaine de maires de gauche. Un scandale effrayant et quasi-discriminatoire séparerait-il les jeunes majeurs dès leurs 18 ans de leurs camarades adolescents plus jeunes ?

Personne ne rappelle pourtant que le permis de conduire se passe en France à partir de 17 ans depuis l’an dernier. Il ne mentionne pas non plus qu’aux élections professionnelles (dont les prud’hommes), les salariés à partir de 16 ans, fin de la scolarité obligatoire, peuvent voter. Remarquons que la justification de la pétition coïncide avec celle des tenants du droit de vote des étrangers aux élections, locales ou non.

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Cette pétition fumeuse signale que le vote à 16 ans se pratique déjà dans cinq Länder allemands, dans le canton suisse de Glaris, en Argentine, en Autriche, à Malte, au Brésil, à Cuba, sur les Îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey, sur l’île de Man, en Équateur, en Norvège, en Estonie, en Slovénie, au Nicaragua, en Belgique (uniquement pour les élections européennes de 2024) et en Écosse (seulement pour les élections régionales). Outre ces exemples étrangers, les auteurs de la pétition invoquent la  Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France en 1990, qui garantit pour chaque enfant le droit d’être entendu. En juillet 2022, un autre machin mondialiste, le Conseil de l’Europe, déclarait que « les élections sont la principale “ courroie de transmission “ de la participation politique des citoyens et le niveau territorial est le terrain idéal pour expérimenter la réduction de l’âge de vote à 16 ans ». La pétition stipule clairement qu’« abaisser l’âge de vote à 16 ans, c’est avancer vers une démocratie plus équitable, inclusive et représentative ». Il est étrange que cette assemblée supranationale ne se soit jamais indignée de l’absence de toute représentativité à l’Assemblée nationale française entre 1988 et 2012 de l’Opposition nationale, populaire et sociale.

Il n’est pas anodin que cette pétition s’accompagne d’une lettre ouverte adressée au premier ministre à la date du 22 avril. La missive aimerait « renforcer l’apprentissage de la démocratie par la pratique en généralisant les visites d’institutions républicaines, les rencontres avec les élus, les simulations parlementaires dans le parcours scolaire des élèves et en privilégiant des pédagogies actives ». Tiens ! Tiens ! Tiens ! Les délires pédagogogistes reviennent au galop ! Il s’agit tout bonnement de favoriser dans les établissements scolaires une ambiance de foire et/ou de plateau de télévision survitaminé… Le Régime globaliste se constitue une armée électorale de réserve dont les premiers éléments penchent dès à présent vers un gauchisme avéré.

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Or les neurosciences et autres recherches sur l’état psychologique de l’adolescent indiquent au contraire une immaturité évidente à cet âge. Un ami, enseignant dans le public, a suivi récemment un stage sur le climat scolaire en classe. La formatrice a longuement insisté sur l’approche cognitive et psychologique de l’adolescence. Avec la puberté, le cerveau évolue et passe du système de perceptions élémentaires à un système, plus réactif, de pensée et d’inhibition. Les émotions amplifiées et multipliées par l’impact funeste des réseaux sociaux perturbent la concentration des adolescents âgés de 13 à 17 ans. Leur cerveau se montre très sensible à la dopamine. Ce neurotransmetteur permet la communication au sein du système nerveux. Il stimule autant la recherche de sensations fortes et de plaisirs que l’envie de récompense et de reconnaissance. Il en découle un comportement versatile et difficile.

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L’ami professeur a retenu de cette formation chronophage qu’il importe d’exercer en classe une bienveillance permanente, y compris et surtout envers les plus agités. En effet, si ces élèves dérangent le cours ou ne souhaitent pas travailler, ni étudier, ce n’est pas de leur faute; ils sont victimes de la dopamine. Salope de dopamine ! La mode du port d’arme blanche dans le cartable au collège ou au lycée doit donc être une conséquence inattendue de la molécule biochimique.

Par ailleurs, les adolescents restent très malléables parce que leur cerveau arrive à absorber de très nombreuses informations, ce qui favorise un apprentissage rapide et aisé. En milieu polyglotte, le jeune manifeste très vite et assez tôt une réelle polyglossie. Cette facilité s’accompagne toutefois d’une immense candeur qui les rend plus qu’influençables.

Il paraît paradoxal de demander aux enseignants d’être bienveillants, terme politiquement correct pour désigner le laxisme, envers des jeunes déstructurés qui auraient en politique la faculté de discerner les grands enjeux socio-politiques aussi bien que leurs aînés. La maturation du cerveau s’achève vers 25 ans. Or l’ordonnance royale de 1579 du roi de France Henri III imposait la majorité civile à 25 ans, sauf variantes coutumières locales.

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On pense toujours qu’avant l’ère des « démocraties de masse », l’Europe croupissait sous une pesanteur monarchique absolutiste. Les leçons du juriste François Olivier-Martin (1879 – 1952) et Olivier Christin, dans son remarquable Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel (Le Seuil, 2014) s’intéressent à la grande vitalité électorale des communautés ecclésiastiques, corporatives, rurales ou citadines. On votait beaucoup avant 1789 ! Plus tard, si la première constitution française de 1791 fixe le droit de vote pour le citoyen actif à 25 ans, la constitution révolutionnaire de 1793 (jamais appliquée) l’abaisse à 21 ans. Sous la Restauration (1814 – 1830), en plus du suffrage censitaire, le droit de vote s’obtient à 30 ans. La Monarchie de Juillet (1830 – 1848) le ramène à 25 ans. La IIe République (1848 – 1852) le fixe à 21 ans avant que Valéry Giscard d’Estaing l’abaisse en juillet 1974 à 18 ans.

Il est finalement heureux que les jeunes générations s’abstiennent en nombre aux élections, car leur immaturité civique provoquerait des dégâts considérables. L’activisme de l’UNICEF – France autour de ce sujet subalterne relève de la plus grande sottise. Au lieu d’abaisser encore l’âge électoral (pourquoi 16 ans et non pas 15 ans, âge de la majorité sexuelle en France ?), il serait plus pertinent d’accorder à tous les parents le devoir de voter pour leurs enfants dès leur naissance. Dans une famille de quatre membres, la mère et le père voteraient respectivement pour leur fils de 14 ans et sa sœur de 8 ans. L’actuel vice-président des États-Unis, J. D. Vance, encourage la mise en place de ce vote familial. Lors d’un discours prononcé en 2021, il déclarait : « Donnons le droit de vote à tous les enfants de ce pays, mais donnons le contrôle de ce vote aux parents de ces enfants. Lorsque vous vous rendez aux urnes dans ce pays en tant que parent, vous devriez avoir plus de pouvoir – vous devriez avoir plus de capacité à faire entendre votre voix dans notre république démocratique – que les personnes qui n’ont pas d’enfants. Regardons les conséquences et la réalité en face : si vous n’investissez pas autant dans l’avenir de ce pays, vous ne devriez peut-être pas avoir la même voix ». Interrogé sur ce point le 11 août 2024 sur ABC News, il parla d’une « expérience de pensée » et expliqua que « les démocrates ont dit qu'il fallait donner le droit de vote aux enfants. Et j'ai dit que si nous devions donner ce droit aux enfants, nous devrions simplement permettre aux parents de voter. N'est-ce pas ? Je fais plus confiance à un parent pour prendre une décision de ce genre qu'à un adolescent de 14 ans, par exemple ».

N’en déplaise aux égalitaristes à bout de souffle, il est grand temps d’abolir l’égalité entre les suffrages. Non, une personne n’égale pas une voix ! Un parent porte les intérêts moraux et matériels de sa progéniture. Il doit être plus correctement associé aux affaires publiques. Cette réforme révolutionnaire anti-individualiste et néo-holistique nécessiterait cependant que la structure familiale retrouve une stabilité désormais bien mise à mal par des décennies de progressisme gynocratique mortifère.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 156, mise en ligne le 13 mai 2025 sur Radio Méridien Zéro.

L'hypocrisie américaine quant au terrorisme atteint de nouveaux sommets alors que Trump marque un changement bienvenu dans la politique étrangère des États-Unis

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L'hypocrisie américaine quant au terrorisme atteint de nouveaux sommets alors que Trump marque un changement bienvenu dans la politique étrangère des États-Unis

Larry Johnson

Source: https://dissident.one/amerikaanse-hypocrisie-op-het-gebie...  

La maladie d'Alzheimer semble être la norme de la politique étrangère américaine, en particulier en matière de terrorisme, dans les relations de Washington avec les pays du Moyen-Orient et de l'Asie de l'Ouest, écrit Larry Johnson.

Trump a passé une journée très réussie en Arabie saoudite, où il a dialogué avec enthousiasme avec le prince héritier Mohammed bin Salaman, alias MBS. Encore un exemple du pouvoir que recèle la somme d'un billion de dollars pour effacer la mémoire d'un crime odieux: MBS s'est aujourd'hui engagé à investir cette somme aux États-Unis... et il a en outre signé l'achat de tonnes d'armes américaines. Ni le président ni aucun membre de son entourage n'ont manifesté de gêne à l'égard d'un homme qui aurait ordonné l'assassinat de Jamal Khashoggi, journaliste au Washington Post, il y a quelques années.

Bien que MBS nie avoir ordonné le meurtre de Jamal Khashoggi, plusieurs enquêtes fiables - notamment celles de la communauté du renseignement américain et des Nations unies - concluent qu'il a probablement autorisé ou approuvé l'opération. Le meurtre a été largement considéré comme faisant partie d'une campagne plus large visant à réduire au silence les dissidents à l'intérieur et à l'extérieur de l'Arabie saoudite. En février 2021, le bureau du directeur du renseignement national (ODNI) a publié un rapport dont la conclusion est la suivante:

"Nous pensons que le prince héritier d'Arabie saoudite Muhammad bin Salman a autorisé une opération à Istanbul, en Turquie, pour arrêter ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi".

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MBS a donc les coudées franches et est toujours considéré comme une compagnie acceptable pour les dirigeants politiques et économiques mondiaux. Mais ce n'est pas là l'insolence la plus flagrante... Donald Trump est allé plus loin en annonçant qu'il envisageait de lever toutes les sanctions contre le nouveau régime syrien - dirigé par un authentique terroriste islamiste - et qu'il prévoyait de rencontrer Ahmed al-Sharaa, anciennement connu sous le nom d'Abou Mohammad al-Jawlani. Jawlani était une figure éminente de l'opposition syrienne et dirigeait le groupe rebelle Hay'at Tahrir al-Sham (HTS), que le département d'État américain a classé parmi les 10 organisations terroristes internationales les plus actives depuis 2017.

Au cours du mois dernier, Jawlani et ses bandes ont massacré des alaouites et des chrétiens en Syrie. Jawlani prétend être un « homme nouveau ». Je pense qu'il est le Saint Paul du monde salafiste islamique. Hamas, prenez note... si vous vous faites couper les cheveux, tailler la barbe et portez un beau costume Brooks Brothers, avec une cravate rouge, Donald Trump pourrait trouver que vous valez la peine d'une visite et d'une discussion. Ce fut un moment absurde et pervers dans le discours de Trump devant des officiels saoudiens et des chefs d'entreprise internationaux... le pire étant que la foule a applaudi comme des phoques dressés qui implorent un anchois savoureux.

Par ailleurs, Trump a soulevé des points importants. Par exemple, il a déclaré que la politique étrangère des États-Unis devrait se concentrer sur la coopération économique plutôt que sur l'intervention dan de pays tiers et la construction de nations alternatives, prenant ainsi implicitement ses distances avec les administrations précédentes. Il a souligné l'importance de la transformation régionale et a exhorté les pays à faire passer le développement économique avant les conflits. S'agit-il simplement d'un cliché ou Trump est-il sérieux quant à sa rupture avec les néoconservateurs? Quoi qu'il en soit, cette partie de son discours a été chaleureusement accueillie.

Trump a également donné une lueur d'espoir concernant l'Iran en réitérant la volonté des États-Unis de négocier avec l'Iran au sujet de son programme nucléaire. Il a suggéré un possible assouplissement des sanctions économiques en échange d'un frein au développement nucléaire, tout en soulignant que cette possibilité ne resterait pas indéfiniment ouverte. Les sionistes s'arrachent les cheveux. Ils ne sont pas contents à Tel Aviv.

La tentative de Trump de relancer les négociations entre l'Arabie saoudite et Israël a échoué. Après que le président Trump a appelé l'Arabie saoudite à rejoindre les accords d'Abraham - une série d'accords visant à normaliser les relations entre Israël et plusieurs pays arabes - le public est resté silencieux... sans applaudir.

Je continue d'espérer, peut-être en vain, que les dirigeants arabes qui rencontreront Trump cette semaine défendront la cause du peuple palestinien et exhorteront Trump à mettre fin à son soutien au génocide. Si cela se produit, je pardonnerai à Trump d'avoir traité avec des terroristes.

samedi, 17 mai 2025

Scandale de corruption à l’OTAN : Enquête sur les employés de la NSPA – Rutte sous pression

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Scandale de corruption à l’OTAN : Enquête sur les employés de la NSPA – Rutte sous pression

Source: https://dissident.one/corruptieschandaal-navo-onderzoek-n...

Un scandale de corruption sans précédent frappe l’OTAN : des employés de l’organisation d’approvisionnement NSPA seraient responsables de la vente d’informations confidentielles à des entreprises d’armement et auraient blanchi de l’argent. Des arrestations en Belgique et aux Pays-Bas, ainsi que des enquêtes internationales, en révèlent l’ampleur. Le chef de l’OTAN, Mark Rutte, souhaite coopérer pleinement à une enquête approfondie, mais son silence sur certains détails alimente les spéculations sur son rôle et sur un risque de perdre la face imminemment, rapporte Report24.

L’enquête, coordonnée par Eurojust, vise des employés de la NSPA au Luxembourg, responsables de transactions d’armes d’une valeur de plusieurs milliards d’euros. Il s’agit de contrats pour des drones, des munitions d’artillerie (1,1 milliard d’euros) et des missiles Patriot (4,9 milliards d’euros). À Bredene (Belgique), deux suspects ont été arrêtés, ainsi que trois autres aux Pays-Bas, dont un ancien employé du ministère de la Défense local. Des preuves de blanchiment d’argent via des sociétés écrans aggravent le scandale.

Dimension internationale et silence de l’OTAN

Les accusations sont graves : corruption, collaboration entre organisations criminelles et blanchiment d’argent. La Belgique, le Luxembourg, l’Espagne, les Pays-Bas, les États-Unis et l’Italie collaborent pour démanteler le réseau. Mais l’OTAN elle-même reste vague. Une porte-parole a simplement souligné que l'Alliance coopérerait avec les autorités, sans fournir d’informations concrètes sur l’ampleur des dommages ou sur les entreprises impliquées. Cette réserve alimente la méfiance, surtout parce que les arrestations sont le fruit d’une enquête interne menée par la NSPA.

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Mark Rutte : impliqué ou simplement fragilisé ?

L’attention se porte sur le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, en poste depuis octobre 2024. Sa déclaration selon laquelle l’alliance « ne tolérera aucune violation de l’État de droit » semble ferme, mais il n’a pas donné de détails. Les critiques parlent de « Brusselsgate » et des spéculations circulent sur une éventuelle implication de Rutte, mais sans preuve. Ancien Premier ministre des Pays-Bas, Rutte doit désormais prouver qu’il possède des compétences en gestion de crise. Si rien n’est dit de plus sur les accusations, cela pourrait nuire à sa réputation.

Une défaite pour l’intégrité de l’OTAN

Ce scandale survient à un moment déjà tendu pour l’OTAN. La demande de Rutte en faveur d’un renforcement des dépenses de défense (plus de 2% du PIB) pourrait être affaiblie par cette perte de confiance. L’alliance, qui se présente comme un bastion des valeurs occidentales, doit relever le défi de préserver sa crédibilité. Sans explication claire, il existe un risque qu’elle soit perçue comme vulnérable à la corruption – un cadeau pour ses détracteurs, comme la Russie. L’enquête est en cours, mais l’issue reste incertaine. Si des entreprises d’armement ou des acteurs de haut niveau sont découverts comme étant impliqués, le scandale pourrait s’aggraver davantage.

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Cour européenne des droits de l’homme hors de contrôle : le Danemark et l’Italie demandent un changement radical de cap

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Cour européenne des droits de l’homme hors de contrôle : le Danemark et l’Italie demandent un changement radical de cap

Strasbourg. L'avancée offensive des droites au sein de l’UE s’accélère : le Danemark et l’Italie ont maintenant formé une alliance remarquable pour limiter le pouvoir de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Les deux gouvernements critiquent vivement le fait que la cour aurait, dans l’interprétation de la Convention européenne des droits de l’homme – notamment en matière de migration – perdu toute raison politique depuis longtemps. Ils rassemblent désormais des soutiens pour une lettre commune, qui devrait rappeler à la CEDH l’intention originelle de la Convention.

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La social-démocrate danoise Mette Frederiksen et la Première ministre italienne de droite Giorgia Meloni partagent la conviction que les juges strasbourgeois sapent à répétition la souveraineté nationale des États membres par leurs décisions. Elles accusent la cour d’étendre la Convention « au-delà de son intention initiale », paralysant ainsi la capacité d’action des gouvernements démocratiquement élus. Particulièrement absurde: alors que l’UE se montre souvent impuissante sur les questions migratoires, ses tribunaux rendent des jugements qui aggravent encore la situation – par exemple à travers le « droit de l’homme à la protection du climat » (avril 2024) récemment affirmé par la CEDH, ou encore l’obligation qu’elle impose d’accorder un statut d’asile de manière systématique aux Palestiniens et aux femmes afghanes.

Mais la CEDH n’est que la partie émergée de l’iceberg. Une autre instance européenne, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), a jugé en 2023 que même les migrants en situation irrégulière ne peuvent pas être renvoyés lorsqu'ils franchissent des frontières à l'intérieur même de l'Europe – un laissez-passer pour une migration incontrôlée. Et récemment, un faussaire syrien s’est vu attribuer une indemnité de 8000 euros, car l’Allemagne l’avait expulsé vers la Grèce.

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L’expert en migration Daniel Thym (Université de Constance - photo) réclame depuis longtemps une révision de la jurisprudence « généreuse » – si nécessaire, par une modification des traités. Le FPÖ demande cela depuis des années. Il reste à voir si d’autres pays comme les Pays-Bas suivront l’initiative danoise et italienne (mü).

A. Douguine: Un long chemin vers la fin de la guerre...

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Un long chemin vers la fin de la guerre...

Alexandre Douguine

Tatiana Ladiaeva : Le film que nous attendions tous est sorti. Je pensais qu'il sortirait plus tard, mais il est déjà disponible - c'est un documentaire sur Vladimir Poutine. Je n'ai pas encore eu le temps de le regarder dans son intégralité, mais mes collègues en ont déjà souligné les citations clés. Une phrase est particulièrement mémorable: "Les Russes, contrairement à la société occidentale, pensent davantage à l'éternel. Vous savez, c'est vrai, et nous ne nous rendons pas toujours compte de cette différence". Alexander Gelievich, pourriez-vous ajouter quelque chose à propos du film ?

Alexandre Douguine : Oui, ce film est d'une grande importance. Dans ce film, le président, peut-être pour la première fois, a partagé ses réflexions sincères très ouvertement - ce qui reste généralement en dehors de ses discours publics. En règle générale, ses discours et allocutions sont toujours des réactions à des défis et tâches spécifiques : que faire face à tel ou tel problème, comment résoudre telle ou telle question, qui a raison et qui est à blâmer. Il s'occupe du pays dans les moindres détails, et les généralisations philosophiques sont rarement abordées. C'est pourquoi ce film est si précieux. Poutine y parle de ce qui lui tient à cœur : ce que sont les Russes, ce qu'est la Russie, ce qu'est notre société. Il souligne que les Russes se distinguent des Occidentaux par leur désir d'éternité. C'est une réflexion très profonde.

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Je travaille actuellement à un livre en deux volumes sur le temps et l'éternité. La tradition chrétienne, toutes les religions du monde, la philosophie antique, tout cela repose sur l'éternité. Le temps naît de l'éternité. Sans l'éternité, le temps perd son sens, tout s'effondre, car l'éternité est le cadre qui ordonne le monde: la vie, la mort, les relations humaines, la politique, la culture. Dès que nous perdons le contact avec l'éternité, nous nous désintégrons, nous plongeons dans le chaos et l'entropie, et il ne nous reste plus rien. Poutine a saisi la principale différence entre la société traditionnelle à laquelle la Russie est attachée et le monde occidental. Avec la modernité, l'Occident a déclaré : il n'y a pas d'éternité, il n'y a que du temps. Mais le temps, détaché de l'éternité, a commencé à se désintégrer. Au début, c'était un paramètre rigide du déterminisme matérialiste, l'image newtonienne du monde, puis il s'est transformé en évolution. Cependant, ayant perdu sa dépendance à l'égard de l'éternel, il a inévitablement glissé vers le chaos.

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Aujourd'hui, cette différence est peut-être la plus importante : les Russes se tiennent du côté de l'éternité. Nous n'y réfléchissons peut-être pas toujours consciemment, mais malgré des siècles de pressions matérialistes qui ont tenté d'effacer notre identité traditionnelle, nous avons conservé ce sentiment. Nous avons conservé la conviction que le spirituel est supérieur au matériel et que l'éternel est plus important que le temporel. Poutine a mis le doigt dessus. C'est la clé philosophique pour comprendre notre identité.

Il a également dit des mots importants sur l'identité : sa perte est mortelle. Si l'on ne s'appuie pas sur les valeurs traditionnelles, il n'y aura pas de pays, pas de société, pas de culture, pas de continuité entre les générations. Ceci est inextricablement lié à la notion d'éternité. Ces aspects philosophiques sont plus que jamais d'actualité. Poutine nous a rappelé qui nous sommes et quel type de guerre nous menons contre l'Occident. Il ne s'agit pas d'un simple conflit d'intérêts local, comme on essaie parfois de le présenter, mais d'un choc entre deux civilisations : une civilisation traditionnelle, tournée vers l'esprit et l'éternité, et une civilisation anti-traditionnelle, qui a rompu le contact avec ses racines.

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Nous sommes aujourd'hui les derniers gardiens de la culture, de la philosophie et de l'héritage classiques occidentaux authentiques. Il se trouve que nous avons en quelque sorte échangé nos places avec l'Occident. Nous sommes issus de la même tradition byzantine et grecque, nous sommes chrétiens, ce qui nous place sur un pied d'égalité avec l'Occident. Mais l'Occident a abandonné ses origines, ce qui n'est pas notre cas. C'est pourquoi ceux qui, en Occident, comprennent notre bon droit doivent nous rejoindre. La Russie est l'arche de l'éternité, l'arche des valeurs traditionnelles. Poutine nous a rappelé, ainsi qu'au monde entier, ce que signifie être Russe.

Tatiana Ladiaeva : Il me semble que nous pouvons ajouter une autre idée, qui n'a peut-être pas été exprimée directement dans le film, mais que l'on retrouve souvent dans les discours du président russe Vladimir Poutine et d'autres hauts fonctionnaires. Il ne s'agit pas seulement de l'éternité et des origines, mais aussi du souci de la génération future.

Pourquoi est-ce important ? Nous nous demandons souvent pourquoi nous menons une opération militaire spéciale aujourd'hui. Oui, bien sûr, c'est pour protéger la population du Donbass et pour accomplir nos devoirs - personne ne le nie. Mais il y a une signification plus profonde : nous voulons éviter une situation où nous signerions un document avec Zelensky maintenant sans le regarder. Pourquoi ? Parce que nous ne voulons pas condamner nos descendants à faire face aux mêmes problèmes des années plus tard, de sorte que l'histoire se répète comme un disque rayé.

Comment pourrait-il en être autrement ? Il me semble qu'en Occident, on pense souvent différemment : les décisions y sont prises immédiatement, sous la pression du moment présent. Les conséquences pour l'avenir ? Elles ne semblent pas toujours être une priorité. Mais notre approche est différente : nous regardons vers l'avenir, nous pensons à ce que nous laisserons à nos enfants et petits-enfants. C'est là, à mon sens, un autre point important qu'il convient de souligner ici.

Alexandre Douguine : En général, vous avez raison. Mais le fait est que nous ne pouvons pas signer de cessez-le-feu, quelles que soient les conditions - ni face à nos descendants, ni face à la génération actuelle. Tout répit que nous accordons à l'ennemi - ce régime agressif, terroriste et naziste en Ukraine - sera utilisé par lui pour se regrouper, se réarmer, panser ses plaies et attaquer à nouveau. Et cela ne se produira pas dans le futur, mais dès qu'ils se sentiront suffisamment forts. Nous en avons déjà fait l'expérience à maintes reprises.

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Certains moments du film concernant notre président m'ont alarmé. Le président reste ouvert et amical envers l'Occident, disant : « Nous avons cru l'Occident, nous lui avons fait confiance, nous voulions la paix, nous ne nous sommes pas préparés à la guerre. » Mais en combattant l'Occident, nous ne semblons pas réaliser pleinement à quel point la civilisation à laquelle nous avons affaire est monstrueuse. Nous la critiquons, mais quelque part nous continuons à lui faire confiance, nous sommes prêts à faire des compromis, à remplir nos obligations. Envers qui ? Envers le diable, qui ne respecte aucune loi. C'est cette faiblesse qui m'inquiète. De quelle trêve, de quels accords pouvons-nous parler sans victoire ?

Trump est différent. Il est lui-même en opposition au système mondialiste qui a déclenché la guerre contre nous. Mais c'est un Occidental, et ses paroles ne sont pas plus fiables que celles des autres dirigeants occidentaux, même si son paradigme conservateur est proche du nôtre. Il reste un homme de l'Ouest, et nous avons été grillés tant de fois dans nos relations avec cet Ouest.

Le président a parlé des différences entre nous et l'Occident, mais nous devons en prendre conscience plus profondément : nous ne serons d'accord avec personne en Occident tant que nous n'aurons pas gagné, que nous ne nous serons pas renforcés et que nous n'aurons pas commencé à défendre nos intérêts sur la base d'une souveraineté totale. Nous avons affaire à des tricheurs - c'est écrit sur leur front. Ils mentent, ils ne suivent pas les règles, ils ont leur propre programme caché. Souvenez-vous de Brzezinski : je l'ai interrogé sur ses promesses non tenues concernant l'OTAN et il m'a répondu : « Nous les avons trompés, nous les avons abandonnés. » C'est évident. Et Trump, le dis en toute sympathie, c'est écrit sur son front qu'il n'honorera pas les accords.

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Tatiana Ladiaeva : Il ne le fera pas, n'est-ce pas ?

Alexandre Douguine : Bien sûr que non. L'Ukraine est notre maillon faible, et c'est de la pure naïveté que de s'attendre à une trêve prochaine dans des conditions acceptables pour nous. Nous devrions plutôt nous préparer à une escalade. C'est pourquoi le titre de notre programme ne devrait pas être modifié : l'escalade peut survenir rapidement et prendre une tournure brutale. C'est à cela que nous devons nous préparer.

Malgré sa proximité, Trump ne parle pas notre langue - nos positions sont trop éloignées. Même avec de bonnes intentions, il proposera quelque chose qui ne nous conviendra pas. Quant à Zelensky ou à l'Europe, c'est leur affaire, cela ne nous concerne pas. Nous devons suivre notre propre logique, basée sur les principes de civilisation dont le Président a parlé de manière si vivante dans le film. Il a pris le pays au bord du gouffre - le séparatisme faisait rage non seulement dans le Caucase, mais partout. En héros, en sauveur, il a sorti la Russie de l'abîme. Et aujourd'hui, 25 ans plus tard, nous sommes à nouveau au bord du gouffre. C'est apparemment le destin de la Russie : rester à jamais sous attaque, défendre sa liberté, sa langue et sa culture.

Nous avons vaincu Napoléon, écrasé Hitler - les clowns d'aujourd'hui n'en sont même pas proches. Mais si les négociations échouent et que Trump, l'Europe et les nazillons ukrainiens les rejoignent, ce sera un sérieux défi. Nous devons nous préparer à une telle éventualité. Plus nous défendrons fermement notre vérité, nos terres, notre éternité, plus nous aurons de chances d'éviter un affrontement. La force est le seul langage que la force comprend.

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Trump est en résonance avec nous à certains égards, mais on ne peut pas faire confiance à l'Occident, y compris à lui. Le président l'a répété à maintes reprises : on nous a menti encore et encore. La limite de la confiance est épuisée. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et sur nos alliés - les Nord-Coréens, qui ont fait leurs preuves dans la région de Koursk, ou la Chine et l'Iran. Tous ceux qui sont prêts à nous accompagner doivent être impliqués. En Ukraine, nous avons contre nous des mercenaires du monde entier ; c'est une guerre d'idées. Nous ne pouvons pas hésiter : les tâches de l'opération militaire spéciale définies par le président doivent être accomplies jusqu'au bout.

Tatiana Ladiaeva : Prenons un exemple frappant d'escalade. Nous parlons des menaces de Zelensky de frapper Moscou pendant le défilé du Jour de la Victoire. Nous en avons entendu parler la semaine dernière, mais ce qui me frappe, c'est le silence des dirigeants occidentaux face à des déclarations aussi retentissantes. Voyez-vous, lorsqu'ils menacent Moscou ou, disons, Poutine, c'est une chose - on pourrait dire qu'ils ne sont pas directement concernés. Mais lorsque vous êtes invité à un événement et que quelqu'un dit : « Je vais frapper cet événement », il s'agit déjà d'une menace pour vous personnellement. Et tout le monde se tait. C'est, vous savez, surprenant en soi.

Alexandre Douguine : En fait, pour comprendre la situation, il faut savoir à qui nous avons affaire. Ce n'est pas Zelensky lui-même qui a prévu de perturber le défilé du Jour de la Victoire ou d'organiser des provocations le 9 mai, lors de nos jours sacrés. Non, l'initiative ne vient pas de lui. Ce sont les mondialistes qui sont derrière tout cela, et en premier lieu les Britanniques, qui sont en train de mettre en place l'infrastructure nécessaire pour frapper notre territoire avec leurs missiles à longue portée. Cela est impossible sans l'aval des États-Unis, et cela montre que l'escalade prend de l'ampleur et ne s'arrête pas un instant.

Même l'accord de Trump sur les métaux de terres rares et les ressources énergétiques, malgré son désir déclaré de mettre fin au conflit, fait de lui un participant à cette guerre. Il ne peut s'empêcher de réaliser ce qui se passe - il acquiesce donc tacitement.

Je l'invite à prendre ces menaces au sérieux, même si cela relève bien sûr de la responsabilité des services de renseignement. Alors que l'on parle d'un cessez-le-feu et de tentatives de stabilisation des relations avec les États-Unis - ce qui serait en soi une bonne chose - l'escalade se poursuit sans relâche. Le silence de l'Occident face aux intentions de Zelensky, qu'il s'agisse de bluff ou de menace réelle, en dit long. Il s'agit d'un comportement terroriste de la part de la junte nazie de Kiev, un pouvoir illégitime qui agit avec l'approbation de ses manipulateurs occidentaux. Et il n'est plus certain que leur cercle se limite à l'Europe : il peut rester dans l'entourage de Trump des forces prêtes à poursuivre la guerre contre nous. La nouvelle équipe - Vance, Hegseth, Gabbard, Musk - cherche à première vue à mettre fin au conflit, mais nous ne voyons pas la véritable cuisine du Pentagone et des agences de renseignement. Des processus complexes y mijotent, l'État profond y vit - ce même « État profond » que Trump a promis d'écraser. Cependant, ce mot a disparu de ses discours, ainsi que des discours de ses partisans. Alors qu'auparavant, au cours des premiers mois, ils dénonçaient l'État profond à tout bout de champ, ce thème s'est maintenant évaporé. Et l'« État profond » s'est révélé beaucoup plus résistant et puissant qu'il n'y paraissait, et il est en guerre contre nous.

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Il y a de nombreux facteurs inquiétants, et je les prendrais avec le plus grand sérieux. La victoire est loin, il faut le dire franchement. S'attendre à une trêve ou à un accord dans un avenir proche est naïf et peu sérieux. Nous avons beaucoup de terres à libérer, un ennemi redoutable à combattre et un long chemin à parcourir. Si Trump passe finalement de l'autre côté, il deviendra comparable à Napoléon ou à Hitler. Je comprends la fatigue humaine, l'aspiration à la paix, les questions comme "quand cela finira-t-il ?". Mais politiquement, nous devons admettre que nous devons nous préparer au pire et réaliser que le dénouement n'arrivera pas de sitôt.

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Tatiana Ladiaeva : Parlons des élections en Roumanie. Le chef de l'Alliance pour l'unification des Roumains, George Simion, et le maire de Bucarest, Nicusor Dan, ont atteint le second tour. Simion est en tête du premier tour - il a obtenu plus de 40 % des voix, tandis que Dan en a obtenu plus de 20 %. Qui est donc ce Simion ?

Voici ce que j'ai appris : il promet de ramener le candidat suspendu George Georgescu sur la scène politique, éventuellement en tant que premier ministre. Il est favorable à l'union de la Moldavie avec la Roumanie, contre le soutien à l'Ukraine, et qualifie son parti de "trumpiste", épousant l'idéologie « Make America Great Again ». Quel genre de personnalité représente-t-il ? Il n'est guère pro-russe, mais que devons-nous attendre de son éventuelle victoire ?

Alexandre Douguine Non, il est juste pro-russe, c'est-à-dire qu'il n'est pas pro-russe, mais simultanément pro-russe tout de même. C'est exactement ce dont nous parlons ici.

Tatiana Ladiaeva : En tant que pro-américain, je vous demande pardon, oui ? Selon certains critères.

Alexandre Douguine : Il ne s'agit pas seulement d'une position pro-américaine, mais d'une position trumpiste - et c'est loin d'être la même chose. L'Occident d'aujourd'hui est divisé en deux camps. Le premier est celui des partisans des valeurs occidentales traditionnelles, incarnées par l'idée de MAGA, « Make America Great Again », portée par Trump et ses partisans. Mais cette scission a également touché l'Europe, où deux courants ont aussi clairement émergé : l'un est en faveur d'un retour aux valeurs traditionnelles européennes, une sorte de « Make Europe Great Again », et il n'est pas nécessairement lié au trumpisme. Beaucoup d'Européens, surtout dans les pays ayant un code culturel différent, comme la Roumanie orthodoxe, n'acceptent pas le protestantisme américain ou les traditions anglo-saxonnes. Simion et son associé George Georgescu, qui a été illégalement écarté de l'élection par les mondialistes, sont des traditionalistes orthodoxes, pas des protestants. Ils utilisent le trumpisme comme un outil anti-mondialisation, mais leur programme est distinct et souverain. On peut dire la même chose de l'AfD en Allemagne, du RN en France, ou même de Meloni en Italie - leurs valeurs traditionnelles sont nettement différentes des valeurs nord-américaines, même si, aux États-Unis, les catholiques supplantent désormais de plus en plus les protestants dans le leadership.

En Europe, deux pôles s'opposent : les traditionalistes, qui défendent les racines européennes, et les mondialistes - les réseaux de Soros, l'Union européenne, les anti-Trump et les anti-traditionalistes. Ces derniers sont les principaux commanditaires de Zelensky et de la guerre contre nous, car nous sommes pour eux un symbole des valeurs traditionnelles, qu'ils méprisent partout: en Russie, en Roumanie, en Amérique. L'Europe est maintenant de plus en plus clairement divisée : les euro-traditionalistes sont pragmatiquement orientés vers Trump, et si nous étions plus forts et plus convaincants dans nos victoires, ils se tourneraient vers nous - c'était le cas avant l'Opération militaire spéciale.

Simion est un traditionaliste et sa victoire au premier tour de l'élection présidentielle roumaine est un coup dur pour les euro-mondialistes. Pour lui, Zelensky est une marionnette des mondialistes, comme ISIS l'est pour les services de renseignement occidentaux - un outil, pas une figure indépendante. Simion est contre Zelensky, contre le mondialisme, et serait probablement ouvert à un dialogue constructif avec la Russie. S'il remporte le second tour - et avec un décompte équitable, il devrait l'emporter - cela créerait un précédent.

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La Roumanie, ainsi que la Hongrie et la Slovaquie, pays traditionalistes, pourraient devenir un troisième État à la frontière avec l'Ukraine, dirigé par des opposants à l'establishment libéral. Cela affaiblirait sérieusement la position de l'Ukraine et des mondialistes. En Pologne aussi, le mouvement traditionaliste gagne en force - nous sommes à l'aube d'une révolution conservatrice en Europe.

Les mondialistes résistent : l'AfD a été déclarée extrémiste, Marine Le Pen a fait l'objet d'accusations absurdes visant à la mettre hors jeu. Mais à travers cette dictature globalitaire, les traditionalistes font une percée. Simion pourrait être tué, écarté de l'élection, emprisonné - en Europe, le pouvoir des mondialistes est encore grand. Trump soutient les euro-traditionalistes, mais son influence sur l'Europe n'est pas encore absolue. Les institutions mondialistes aux États-Unis, bien qu'affaiblies, s'accrochent au contrôle et autorisent toute attaque contre les traditionalistes.

C'est important pour nous : la Roumanie est un pays profondément orthodoxe. La victoire de Simion et de Georgescu est un signal que les forces anti-mondialisation gagnent non seulement en Amérique mais aussi en Europe. C'est une chance pour nous, mais il s'agit toujours de l'Occident, des valeurs traditionnelles roumaines. Pour construire des relations avec eux, nous devons être forts - demander ou promettre ne suffit pas à obtenir quoi que ce soit. Simion n'est pas notre homme, mais il est l'ennemi de nos ennemis, de ceux que nous combattons en Ukraine. Comme Orban ou Fico, il méprise Zelensky. Sa victoire renforcera notre position, même s'il n'est pas pro-russe, mais patriote roumain. C'est un pas de plus vers le démantèlement du pouvoir libéral-mondialiste en Europe, ce qui est vital pour nous. Une Roumanie neutre est déjà un gain énorme pour notre sécurité et notre stratégie en Eurasie occidentale.

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Tatiana Ladiaeva : Mais si la Moldavie et la Roumanie s'unissent, est-ce bon pour nous ?

Alexandre Douguine : Attendons. L'essentiel est maintenant de s'accrocher à la situation, car les mondialistes sont la pire chose qui soit. Maïa Sandu est du camp opposé, celui de Soros, elle est l'ennemie de Simion.

Tatiana Ladiaeva : À ce sujet, je dirai simplement que les médias européens discutent déjà activement des résultats du premier tour de l'élection présidentielle en Roumanie. Les titres sont à peu près les suivants : la victoire d'un politicien d'extrême droite pourrait créer des problèmes pour l'OTAN et l'Union européenne, menaçant de déstabiliser davantage les alliances occidentales. La rhétorique occidentale, comme d'habitude, ne parvient pas à saisir la menace qui se profile à l'horizon. Mais n'entrons pas encore dans le vif du sujet - attendons de voir comment les choses se déroulent et commentons-les.

Parlons maintenant de Trump. Je vous rappelle qu'il y a quelques semaines, il a laissé entendre qu'un troisième mandat serait le bienvenu, avant de préciser : « J'ai été mal compris ». Néanmoins, la question de son éventuel retour revient régulièrement sur le tapis et les journalistes s'interrogent sur le sujet. Trump lui-même ne parle pas directement de ce désir, et il dit maintenant qu'il n'y a pas de désir particulier de le faire. Ceux qui vendent des casquettes Trump 2028 le font à leurs risques et périls, car elles ne reflètent pas ses intentions. Et puis, il est question d'un successeur. Beaucoup, y compris des hommes politiques, parient sur Vance comme futur président des États-Unis. Mais il y a aussi des théories du complot : on dit que Vance deviendra président pour laisser la place à Trump et qu'il dirigera à nouveau le pays. Qu'en pensez-vous ? Où est la vérité dans tout ce discours ?

Alexander Dugin : Il y a un point fondamental ici : les trumpistes ne peuvent pas perdre les élections de 2028. Si les démocrates reviennent au pouvoir, cela signifiera leur fin. Il y a une guerre civile idéologique qui se déroule aujourd'hui en Amérique. Il ne s'agit pas seulement d'une rivalité entre deux partis aux nuances différentes, comme par le passé, mais d'une lutte entre deux visions du monde. D'un côté, il y a les trumpistes, partisans des valeurs traditionnelles, et de l'autre, les Démocrates, leurs opposants.

Le conflit idéologique aux États-Unis bat son plein. Souvenez-vous des élections de 2020 : on ne sait toujours pas qui a gagné, car de nombreuses fraudes ont été découvertes. Une fois au pouvoir, les trumpistes se comportent comme s'ils allaient y rester longtemps. Ils introduisent des réformes idéologiques, ferment des ministères et des organisations de mondialistes qui servaient l'État profond. Il s'agit d'une révolution conservatrice, qui ne peut se limiter à quatre ans. Si les trumpistes cèdent le pouvoir aux démocrates, un châtiment les attend. Cette fois, ils seront détruits pour qu'il ne reste plus aucune trace du trumpisme. L'élection de 2028 est donc, pour eux, une question de vie ou de mort.

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Les trumpistes sont confrontés à un choix : gagner ou mourir. Ils doivent s'accrocher au pouvoir en 2028 - que ce soit avec Trump pour un troisième mandat, que ce soit avec Vance, que ce soit par l'annexion du Canada ou du Groenland pour déclarer un nouvel État et recommencer le compte à rebours. Trump doit prolonger indéfiniment le cours actuel et, pendant ce temps, détruire les démocrates et les mondialistes comme s'il menait une guerre pour qu'ils ne puissent jamais revenir au pouvoir.

Il s'agit d'une révolution et Trump commence à perdre son élan à mon avis. Les réformes sont fastidieuses, il fait des compromis, mais il est en fait confronté à une résistance mondiale - aux États-Unis et au-delà. À l'heure actuelle, le monde entier est contre Trump. Ses seuls alliés seraient la Russie, la Chine et l'Inde, mais après l'accord scellé avec Zelensky, il est devenu notre ennemi. Trump est notre ennemi, ce qui nous prive de la possibilité de coopérer.

Il a déclaré une guerre commerciale à la Chine ; l'Inde est toujours un allié, mais un conflit se prépare au Cachemire.

La position de Trump est précaire : il a défié le mal mais n'a pas construit de coalition avec ceux qui pourraient le soutenir. Ses décisions sont irréfléchies et à court terme, et il doit maintenir le trumpisme au pouvoir au-delà de 2028 - que ce soit avec lui-même ou avec Vance. Les élections de mi-mandat s'annoncent difficiles. Les réformes de Trump ont déjà affecté le confort des Américains ordinaires. C'est une période difficile pour Trump, une sorte de marque sombre. Il devrait penser à 2028, mais annexer le Canada ou le Groenland n'est pas une tâche aussi facile qu'il y paraît. Pas plus qu'une opération militaire au Mexique contre les cartels de la drogue - il faudrait convaincre le président mexicain et la communauté internationale.

Trump a un problème. La prolongation du trumpisme au-delà de 2028 est une question de survie et doit être abordée dès maintenant. Mais à mon avis, il manque de profondeur stratégique. Si Trump agissait de manière stratégique, il se retirerait de la guerre avec la Russie, normaliserait les relations avec la Chine, éviterait les conflits au Moyen-Orient, dissolverait l'OTAN - comme il l'avait promis. Mais ses partisans se demandent : où en sommes-nous avec tout cela ? Où est la paix, où est la dénonciation des mondialistes, où est la liste d'Epstein ? Aujourd'hui, même eux sont sceptiques. Trump doit se ressaisir et s'engager dans une politique constructive - il a déjà commis de nombreuses erreurs.

Israël et le syndrome obsessionnel amalécite

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Israël et le syndrome obsessionnel amalécite

par Francesco Petrone

Source : Francesco Petrone & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/israele-e-la-sind... 

Les mythiques Amalécites sont mentionnés dans les écritures et la Torah, écrits qui ne seraient autres que les cinq premiers livres de la Bible hébraïque, celle qui regroupe les textes concernant Moïse. Les Amalécites seraient les descendants d'Amalek, tout comme les Camites, les descendants de Cam, ou les Cananéens, les descendants de Canaan, et ne sont qu'un des innombrables peuples mentionnés dans les textes sacrés qui constituent également l'Ancien Testament. Nous savons que ce peuple, comme beaucoup de peuples du désert, était nomade et parcourait les terres correspondant au sud de la Palestine, près du Sinaï et non loin de Gaza. Les textes racontent que les disciples de Moïse, en fuyant l'Égypte, se sont heurtés à certaines tribus sur leur chemin, des peuples que certains ont identifiés plus tard comme étant précisément ceux qui n'auraient été autres que les descendants du mythique Amalek. L'événement se serait déroulé il y a environ 3300 ans. Nous savons que les textes bibliques comportent des passages avec des descriptions très crues, peut-être parce qu'ils reflètent la mentalité de peuples semi-nomades qui vivaient il y a plusieurs milliers d'années au Moyen-Orient. En fait, lorsqu'il s'agit de la réaction de Moïse à ces confrontations, nous entendons des paroles qui nous laissent perplexes. Nous repérons le comportement d'un Moïse courroucé, tel qu'il est décrit dans les Écritures: « Il eut recours à l'extermination des femmes et des enfants et pensait ne pas agir à cet égard de manière barbare et inhumaine: d'abord parce que les Amalécites étaient des ennemis qui l'avaient menacé et, ensuite, parce qu'il avait reçu de Dieu un ordre qu'il était dangereux d'ignorer ». Il est écrit que Moïse aurait même dit à Israël: «Souvenez-vous de ce qu'Amalek vous a fait lorsque vous êtes sortis d'Égypte». L'ordre de Dieu aurait été, selon ce que certains prêtres auraient écrit, que le nom d'Amalek soit « effacé de l'existence », c'est-à-dire que l'ordre aurait été l'extermination totale.

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Quel est le rapport entre ces textes et l'actualité ? Ils ne devraient pas avoir grand-chose à voir, notamment parce que selon les archéologues israéliens, qui ont effectué des recherches approfondies au cours des dernières décennies sur ordre de leur propre gouvernement, recherches concernant le royaume mythique dont parlent les textes, il n'y a aucune trace d'établissements importants autres que des bivouacs de bergers. Il semble, en fait, que les Ecritures aient beaucoup édulcoré les faits en décrivant des réalités, que l'on peut même qualifier d'imaginaires, tout comme les narratifs sur les grands royaumes mythiques d'Israël. Et pourtant, malheureusement, parmi les sionistes modernes, il y en a qui, malgré la laïcité de l'idéologie des figures fondatrices, comme, par exemple, celles qui étaient extrêmement laïques tels Max Nordau et Herzl qui, en 1897, a fondé le sionisme au congrès de Bâle et en a été nommé président. Malgré cela, de nombreux Israéliens et pro-sionistes continuent aujourd'hui à prendre les écritures anciennes au pied de la lettre, comme les Grecs prenaient encore au pied de la lettre les motifs de la colère d'Achille décrits par Homère dans l'Iliade. Ainsi, le poème grec était également considéré comme un texte sacré et véridique dans l'Antiquité.

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Nous en sommes arrivés au point où une personne qui a fait partie de l'école des "nouveaux philosophes" français, Bernard-Henry Levy, interviewé par le journaliste Maurizio Molinari, en sa qualité de directeur de La Repubblica, en parlant de son nouveau livre et d'un chapitre de celui-ci, consacré justement à Amalek, affirme, de manière sérieuse et sans faire trop de bruit, que "le danger aujourd'hui est la réapparition d'Amalek". Levy explique dans l'interview que l'ennemi le plus dangereux et le plus radical du peuple juif est de retour. Il poursuit en disant qu'Amalek ne veut pas seulement (notez le présent) la défaite des Juifs ou le partage de la terre, mais qu'il veut effacer les Israélites de la surface de la terre. Le titre du livre, publié en France par Grasset et en Italie par « La Nave di Teseo », est emblématique : « Solitude d'Israël ». Le philosophe poursuit en disant que « entre le fleuve et la mer, il y a huit millions de Juifs qui sont aujourd'hui à éliminer, à chasser ». Il conclut en disant : « Qu'est-ce que c'est, sinon le retour d'Amalek ? Il conclut ensuite en disant qu'Israël et l'Ukraine mènent la même guerre. Il s'agit d'une guerre presque métaphysique, et le fait de la perdre serait une défaite pour l'Occident. Mais s'il s'agit là d'idées très personnelles d'un personnage aussi emblématique que le philosophe français, nous les retrouvons aussi au sein du gouvernement israélien.

En effet, Netanyahou est lui aussi convaincu de mener une guerre totale et définitive contre le peuple mythique d'Amalek identifié aux Palestiniens. En fait, Netanyahou désigne les Palestiniens comme le peuple d'Amalek, comme étant les descendants de cet Amalek et revendique le « droit divin » de le combattre et de l'exterminer. Netanyahou utilise une rhétorique habile lorsqu'il compare les Palestiniens aux Amalécites.

Pour comprendre l'atmosphère irrationnelle qui règne en Israël, qui semble avoir replongé dans le mental d'une époque archaïque, prêtons attention aux propos tenus à la Knesset, le parlement de l'État d'Israël, par le ministre des finances Bezalel Smotrich, du parti sioniste religieux. Il a déclaré de son siège : « Un État palestinien ne peut pas exister parce que le peuple palestinien n'existe pas ». C'est plus grave qu'il n'y paraît car la comparaison faite par Netanyahou entre les Palestiniens et le peuple d'Amalek est déjà un programme de génocide puisque les Amalécites sont ce peuple que Saül, en tant que roi d'Israël, a reçu l'ordre d'exterminer par le prophète Samuel.

israel-hayom2.jpgMais que dit la presse israélienne ? Prenons l'exemple d'un journal gouvernemental, où l'on trouve ces lignes: "Ces gens méritent de mourir, ils méritent une mort douloureuse, une mort tourmentée, et au lieu de cela, ils s'amusent sur la plage". Telle est la prose de Schlesinger, correspondant de Hayom, un journal israélien à grand tirage. L'article se termine par une invocation: « Nous avons besoin de beaucoup plus de vengeance, d'une rivière de sang en provenance des habitants de Gaza ». Il ne s'agit pas d'un ressentiment pour le 7 octobre, mais d'un ressentiment plus grand, beaucoup plus ancien, presque atavique.

Sigmund Freud, qui était juif, a étudié le phénomène de l'antisémitisme, un sentiment généralisé d'aversion à l'égard des juifs, et a supposé qu'il pouvait trouver son origine dans le sentiment de supériorité de la religion juive. « Le sentiment d'élection a pu susciter chez les non-Juifs un sentiment de menace ou même d'envie qui a conduit à des formes d'antisémitisme et de discrimination ».  Une grande tragédie se déroule en plein jour, pratiquement au cœur du monde occidental qui s'enorgueillit de sa tradition des Lumières et de son rationalisme, supposé conduire à la démocratie, au désenchantement et à des idées positives. Au lieu de cela, nous voyons ce même Occident apparemment hypnotisé par des idées dont Freud et Einstein se moquaient déjà en leur temps.