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lundi, 08 décembre 2025

Pour une préhistoire de la poudrière ukrainienne

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Pour une préhistoire de la poudrière ukrainienne

Peter Backfisch

Source: https://opposition24.com/politik/pulverfass-ukraine-die-v...

i-putin-gestern-heute-und-morgen-nikiforov-oleg-2706441491.jpgL’éditeur „Wörner-Medien“ publie avec le livre Pulverfass Ukraine - Die Vorgeschichte (= "La poudrière ukrainienne - la préhistoire") un ouvrage précieux sur les événements qui ont suivi l’effondrement de l’Union soviétique. Les auteurs Roland Fritzsche et Oleg Nikiforov, ce dernier ayant déjà abordé cette thématique en 2021 dans le livre „Poutine – hier, aujourd’hui et demain – La Russie en route vers les grandes nations du monde“, publié chez Gerhard Hess Verlag (v. ci-contre), donnent dans ce livre de près de 300 pages une analyse détaillée des raisons de l’«opération militaire spéciale» de la Russie.

Celle-ci est devenue un conflit sans issue, semblant ne pas pouvoir mener à une paix durable. Pour comprendre comment cela a pu arriver, il ne suffit pas de décrire le déroulement de la guerre; un regard sur le passé est indispensable. C’est précisément ce que font les auteurs, avec une grande expertise quant aux contextes historiques.

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Origines historiques

Pour comprendre le présent, Fritzsche et Nikiforov remontent jusqu’aux 10ème et 12ème siècles de l’histoire russe, non pas pour légitimer par des concepts tels «Monde russe» ou «Monde ukrainien» leur existence, approfondir la division actuelle ou opposer les peuples, mais pour souligner qu’en connaissant l’histoire commune de la Russie ancienne, on peut également poser des jalons conduisant à l’unité et à la coexistence. Les auteurs placent en centre de leur analyse les événements des 110 dernières années. Ils se concentrent donc sur les bouleversements après la dissolution de l’URSS; en fin de compte, l’Ukraine n’est devenue un État stable que dans le cadre de l’URSS, ses frontières étant floues et soumises à diverses influences politiques.

Histoire oubliée

Avec les bouleversements historiques de 1990/1991, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est intensément discutée en Occident comme étant une „garantie de sécurité“ nécessaire. C’est pourquoi, en plus des développements bilatéraux entre ces deux États, le rôle de l’OTAN de l’époque doit aussi faire l’objet d’une analyse approfondie. Les auteurs s’y emploient avec compétence, avec une vision objective nécessaire, en essayant, dans leur analyse approfondie et professionnelle, de comprendre les deux parties.

51CI6fDGg8L._SL500_-3838806826.jpgDans les prédictions du politologue américain Zbigniew Brzezinski, „La seule superpuissance mondiale“, publié en 1997, ils perçoivent parfaitement le plan imaginé par l’Occident d’intégrer durablement et pour toujours l’Ukraine dans sa sphère d’influence. „Sans l’Ukraine en tant qu’allié ou partie intégrante de la Russie, Moscou perdrait son statut de grande puissance européenne“, écrit Brzezinski. Il plaidait pour une adhésion rapide de Kiev à l’UE et à l’OTAN. En même temps, il décrit le retour de l’Ukraine sous contrôle russe comme une menace pour l’Occident. Cette vision est rejetée par les auteurs, qui la considèrent comme la cause de l’escalade.

Ils abordent la situation à la veille de la guerre. Le manque d’instruments pour préserver la paix a finalement conduit à la guerre et a des conséquences graves pour la société russe et ukrainienne à ce jour.

Les accords contractuels, traités, y compris les résolutions de l’ONU, sont analysés en détail. Que s’est-il passé en 2014? Comment Yanoukovitch est-il arrivé au pouvoir, pourquoi et comment a-t-il été renversé? Quel rôle ont joué les différentes forces à Kiev? Les événements de Maidan et de la Crimée sont décrits en détail. L’influence occidentale a alimenté la conflit de manière durable. Dans leurs analyses, les auteurs critiquent aussi à plusieurs reprises la politique de la Russie, notamment concernant le déroulement de „l’opération spéciale militaire“, comme „le verdict général est que l’objectif principal de l’opération spéciale n’a pas été atteint et que la guerre s’éternise.“ Aujourd’hui, une situation est survenue qui ne peut probablement pas être résolue par des moyens militaires et qui possède un potentiel pour une guerre mondiale. Malgré cette impasse apparente, les auteurs proposent un scénario: „comment pourrait se présenter une voie vers la paix“, en insistant toutefois sur la nécessité de prendre en compte les propositions de la Russie.

Pour commander le livre:  https://woerner-medien.de/pulverfass-ukraine-die-vorgesch...           

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Qui est Peter Backfisch?

Peter Backfisch, né en 1954, est pédagogue diplômé et a travaillé 40 ans dans une organisation (ONG) du secteur social. Il a notamment été conseiller auprès du conseil d’administration pour la politique internationale. De plus, jusqu’en 2004, il a travaillé en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans les États de la CEI en tant que collaborateur indépendant pour diverses organisations internationales. Depuis 2019, il écrit en tant qu’auteur indépendant, notamment pour Junge Freiheit, Abendland, Wochenblick, Attersee Report et Tumult en ligne.

Trump veut-il vraiment en finir avec la guerre en Ukraine?

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Trump veut-il vraiment en finir avec la guerre en Ukraine?

Pierre-Emile Blairon

« Ils ne parlent de « paix » que parce que les lignes ukrainiennes s'effondrent et qu'ils ont besoin de temps et d'espace pour réajuster leur quête de suprématie mondiale, qui dure depuis des décennies, et plus particulièrement leur encerclement et leur endiguement de la Russie et de la Chine. »

Brian Berletic

Psychologie de Trump : un esprit « mercuriel » influencé par le « biblisme »

Il s'agit avant tout de comprendre la psychologie de l’homme occidental contemporain, perturbé, décadent, inconstant et inconsistant, dont Donald Trump constitue un bel échantillon.

Trump, derrière ses emportements souvent agressifs à l’encontre de la planète entière, ses moqueries, ses pirouettes grotesques et ses lourdes blagues est mu par un unique but, il a sa « ligne bleue des Vosges » (on a la ligne qu’on peut, d’autres chefs d’Etat, notamment européens, préfèrent les lignes de coke), son obsession: c’est la suprématie du dollar, qui est pour lui beaucoup plus qu'un simple bout de papier avec lequel "on peut faire des affaires"! C'est, pour le locataire de la Maison blanche, même plus qu'un symbole: c’est sa raison de vivre.

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C’est aussi l’horizon et le destin de la plupart des Américains depuis leur rupture avec l'Europe lorsque, le 21 décembre 1620, débarquent du Mayflower, à Cap Cod, 102 colons biblistes, tout imprégnés de l'histoire fantasmée d'Israël, qu’ils assimilent à leur seconde patrie, si ce n’est la première, puisque la première n’existe plus.

Ces Puritains fanatiques fondent la colonie de Plymouth, première ville du Massachusetts; rejetés par leur pays d’origine, l’Angleterre; ils vont prendre leur revanche sur l’Europe tout entière en fondant «le Nouveau Monde», qui est leur «Terre promise», calquée sur celle des Juifs (1). Ils vont donc se donner une philosophie issue de cette croyance et créer un «American Way of Life » qui va se résumer dans une formule en trois mots: Bible and Business.

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Un éminent conseiller de la présidence américaine, qui a présenté quotidiennement les rapports de la CIA pendant 27 ans aux différents présidents des Etats-Unis alors en exercice, Ray Mac Govern, reçu dans son émission par le professeur Glenn Diesen (2), définit le caractère de Trump comme de type «mercuriel», «c’est le mot qui décrit Trump», dit-il, «Mercure était le patron des escrocs, des voleurs, des tricheurs (3). […] Trump a un tempérament changeant, délirant, narcissique.»

En clair, Trump présente, comme presque tous les dirigeants occidentaux, des troubles du comportement dont la gravité reste à déterminer, si tant est qu’un président des Etats-Unis soit soumis régulièrement, ou plutôt, règlementairement, à un contrôle médical et à la rédaction d’un bulletin de santé. Et encore faut-il que ce contrôle soit effectué dans des conditions qui ne permettent pas de tricher. Cette remarque est valable pour tous les présidents occidentaux en exercice.

L’agression des Etats-Unis et des otano-ukrainiens n’a toujours visé qu’à affaiblir la Russie, et la Chine par ricochet

Depuis l’offensive des Otano-ukrainiens en 2014 contre les populations russophones du Donbass (15.000 morts dont plus de la moitié étaient des civils), les «Européens» n’ont de cesse de falsifier l’histoire.

Luc Ferry, ministre de l’Education nationale de 2002 à 2004, interrogé sur LCI par une «journaliste» agressive et de mauvaise foi, a rétabli magistralement en quelques minutes les vérités concernant l’Ukraine; l’intervention de Luc Ferry nous permet de résumer la situation et les véritables sources du conflit (4).

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Brian Berletic (photo) est un ancien Marine américain, auteur, expert en relations internationales et animateur de The New Atlas; selon cet analyste, il apparaît évident que l’Occident (les Américains, la CIA, l'Otan, et leurs satellites: l'Union européenne, l'Israël sioniste, le Mossad), ne veut pas la paix en Ukraine, il cherche juste à faire durer cette guerre le plus longtemps possible afin d’affaiblir par attrition, par usure, les forces russes comme ce fut le cas avec les accords de Minsk sabotés par Boris Johnson, par Hollande, par Merkel.

Le but final de l’Occident est de créer des conflits sur l’ensemble de la planète afin de conserver le leadership économique mondial ainsi que la prédominance du dollar. La Russie et la Chine sont les principaux ennemis de l’Occident global, suivis par les Etats réunis au sein des BRICS.

Les exemples où les Etats-Unis ont agressé des nations souveraines en invoquant des motifs qui relèvent du mensonge d’Etat sont nombreux: Irak, Syrie, Libye, Serbie… Plus récemment l’Iran (5).

Trump n’a fait, sur ce point, que suivre la doctrine américaine mise en place depuis des décennies, qui consiste à entretenir partout et tout le temps des conflits afin, d’une part, de faire travailler le complexe militaro-industriel, d’autre part de contrôler en permanence, et de punir éventuellement, les Etats qui tenteraient d’échapper à l’hégémonie américaine.

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Il suffit par exemple, d’évoquer ce qui s'est passé avec le prétendu "cessez-le-feu" de Gaza qui n'a pas été respecté plus de 24 heures par les sionistes; Trump a même osé féliciter Netoyonthou, pardon, Netanyahou d’avoir fait du bon boulot (6) en rasant Gaza et en massacrant des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers (nous le découvrirons plus tard) d'enfants, de femmes, de vieillards en toute impunité… et ça continue.

Trump ne changera pas, il a dans son ADN la poursuite du rêve d'hégémonie américaine sur la planète et n'acceptera jamais de voir les Etats-Unis d’Amérique relégués derrière les BRICS.

Trump suit exactement son modèle biblique: c’est le rêve sioniste (7) étendu à l’échelle de la planète: finalement, le « peuple élu », ce n’est pas l’Israël sioniste, ce sont les Américains du «Nouveau Monde»!

L’article que Brian Berletic a publié en fin de semaine dernière, le 21 ou 22 novembre 2025, est riche en informations; en voici un extrait: «L'objectif premier de Washington est en fin de compte de contenir la Chine, ce qui nécessite de coopter ou d'affaiblir la Russie pour avoir une chance d'y parvenir - c'est pourquoi il n'acceptera jamais une paix et une stabilité réelles pour la Russie - il se contentera d'offrir l'illusion de la paix pour obtenir un cessez-le-feu, gagner le temps nécessaire pour sauver et réinitialiser ses mandataires ukrainiens, et continuer comme il l'a fait à plusieurs reprises dans le passé (voir : Minsk 1 & Minsk 2 pour plus d'informations).

Les jeux dans lesquels les États-Unis et leurs mandataires totalement sous leur coupe, y compris l'Ukraine et l'Union européenne, font semblant d'être en désaccord sur l'accord, ou même le faux théâtre gauche/droite qui se joue au sein de la politique américaine, offrent simplement aux États-Unis de multiples options pour se sortir de tout accord que la Russie serait assez stupide pour accepter».

Que pensent les Ukrainiens de la proposition de plan de paix établi par l’administration Trump ?

C’est le président de la Verkhovna Rada (le parlement unicaméral d’Ukraine), Rouslan Stefanchuk, probablement «influencé» par Zelensky et les chefs d’Etat européens, qui a été chargé d'annoncer les « lignes rouges » ukrainiennes à ne pas franchir dans les négociations basées sur le plan Trump et ses 28 propositions:

- Aucune reconnaissance juridique de «l'occupation russe» des territoires ukrainiens.

- Aucune restriction sur les forces de défense ukrainiennes.

- Aucun veto sur le droit de l'Ukraine à choisir ses futures alliances.

- Rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine, rien sur l'Europe sans l'Europe.

- L'Ukraine n'abandonnera jamais sa langue, sa foi et son identité nationale.

Il est bien évident que la Russie n’acceptera jamais de travailler sur ces revendications, dont certaines sont carrément loufoques, et les autres de purs slogans n’ayant aucun lien avec la réalité ni même avec l’histoire du pays.

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La députée ukrainienne Julia Mendel (photo), également journaliste et actrice, ancienne attachée de presse de Zelensky, a répondu, le 22 novembre 2025, à Stefanchuk et à ce qui apparaît comme un refus préalable de toute négociation; l’intervention de Julia Mendel démolit la propagande frénétique de nos médias conformistes qui prétendent que la Russie «est à bout de souffle», car elle révèle la réalité brute, c’est-à-dire l’ampleur du désastre auquel se trouve confrontée l’Ukraine, mais aussi tous les gouvernements, essentiellement européens, qui ont soutenu l’agression otano-kiévienne contre les populations de Donbass (15.000 morts):

«En quoi cela diffère-t-il de l'ordre donné par l'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson ?

«Nous ne signerons rien avec eux, nous continuons simplement à nous battre»? Cela n'est pas clair?

Chaque accord ultérieur avec l’Ukraine ne fera qu’empirer les choses car nous sommes en train de perdre, nous perdons des hommes, du territoire, et notre économie.

L’U.E. qui, soit dit en passant, a versé à la Russie plus de 311 milliards d’euros d’énergie et de biens depuis février 2022, n’a pas de véritable stratégie, aucun moyen de cesser d’alimenter le budget russe ou de soutenir suffisamment l’Ukraine pour qu’elle gagne, aucun dialogue direct avec Moscou et aucun levier significatif sur le Kremlin ou Washington.

L’argument selon lequel la Russie a «gagné si peu de territoire» paraît presque puéril au regard du coût humain. Nous avons perdu plus d’êtres humains en trois ans que certaines nations européennes n’en ont perdu au total. Mon pays est en train de se vider de son sang.

Nombreux sont ceux qui s’opposent systématiquement à toute proposition de paix, persuadés de défendre l’Ukraine en toute honnêteté. C’est la preuve la plus flagrante qu’ils ignorent tout de la situation réelle sur le terrain et à l'intérieur du pays. La guerre n’est pas un film hollywoodien !

Je n’abandonnerai jamais les valeurs que Dieu et la démocratie placent au fondement même de l’existence humaine; la vie humaine est le bien suprême et ce sont les êtres humains - des êtres vivants- qu’il faut sauver».

N’a-t-on jamais vu, dans l’histoire de la guerre, un pays vainqueur sommé d’accepter les conditions du vaincu ?

Je suis bien obligé de répondre à cette question que je me suis moi-même posée (que les mânes de Clausewitz et Sun-Tzu me pardonnent !): oui. Et par deux fois.

  • Oui, parce que c’est exactement ce qui s’est passé avec les troupes françaises qui avaient eu raison de la subversion islamiste en Algérie et qui ont été contraintes de capituler.

Je l’affirme et j’ai la légitimité de l’affirmer parce que j’en ai été témoin et victime: les soldats français qui avaient battu le FLN (les rebelles islamistes) à plate couture en Algérie ont été dépossédés de leur victoire par le général De Gaulle, par leur propre gouvernement, les Français étant obligés de signer les infamants «accords d’Evian» qui, bien sûr, n’ont jamais été respectés par «l’Algérie» dans les rares articles du traité où cette dernière pouvait y voir des effets contraignants.

  • Oui, une deuxième fois, et nous revenons à notre époque précisément, car c’est l’Europe d’après-guerre, celle qui est censée avoir gagné la deuxième guerre mondiale qui se retrouve actuellement dirigée par des psychopathes, ce qu’on appelle «l’Europe de Bruxelles», psychopathes qui sont les héritiers d’anciens dignitaires nationaux-socialistes qui, financés par de grandes entreprises américaines lors de la prise du pouvoir d’Hitler, ont été mis en place à la tête des nouvelles structures européennes par les Américains à la fin de la guerre, lors de la création de l’Otan et du Conseil de l’Europe en 1949, de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier en 1951, des Traités de Rome en 1957 (Communauté économique européenne), du Parlement européen en 1958 (8)… Les Ukrainiens qui ont tué de 14.000 à 15.000 habitants du Donbass en 2014 parce qu’ils étaient russophones (ce qui a déclenché l’intervention russe afin d’arrêter le massacre), sont les héritiers du mouvement banderiste, la Légion ukrainienne, fondée par Stepan Bandera qui collaborait avec l’Allemagne nationale-socialiste, les banderistes actuels combattants dans l’armée ukrainienne contre la Russie, l’Ukraine actuelle étant dirigée… par un juif, Volodymyr Zelensky.

Dans cette configuration peu banale, c’est la Russie qui a gagné la guerre contre les Otano-Ukrainiens et c’est l’Occident qui l’a perdue, l’Occident global tel que je l’ai défini plus haut, constitué de plusieurs entités.

Le chef de file occidental étant l’Amérique du Nord, il est bien évident que les Etats-Unis d’Amérique ne reconnaîtront jamais leur défaite (comme dans toutes les guerres qu’ils ont systématiquement perdues), le scénario le plus probable étant que l’administration Trump se défausse sur l’un ou plusieurs de ses satellites ou alliés.

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Emmanuel Leroy l’écrit justement: «Il ne s’agissait pas d’une guerre entre l’Ukraine et la Russie, mais du préambule de la guerre entre la Russie et l’OTAN, dans laquelle cette dernière a montré ses limites et, au final, sera contrainte de reconnaître sa défaite. Tout l’art de la diplomatie russe sera de faire avaler cette couleuvre à l’Occident sans trop l’humilier, sachant bien évidemment que tant que ce dernier n’aura pas été vaincu, nous en serons quittes pour attendre la prochaine guerre qui enflammera alors toute l’Europe ou ce qui en restera».

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L’analyste Karine Bechet-Golovko (photo), docteur en droit, professeur invité à l’Université d’Etat de Moscou, présidente de l’association franco-russe de juristes Comitas Gentium France-Russie, a, sur la chaîne RT, clairement appuyé là où ça fait mal: «Trump a donné à Zelensky jusqu’au 27 novembre, c’est-à-dire jusqu’à la fête de Thanksgiving, pour accepter son plan de paix. D’un côté, il menace pour la énième fois de peut-être suspendre l’aide militaire à l’Ukraine (qui en réalité n’a jamais été suspendue), d’un autre côté, il affirme ne pas avoir l’intention de lever les sanctions adoptées contre les entreprises russes Lukoil et Rosneft.

De son côté, Vance renforce le discours trumpien visant à faire de la guerre sur le front ukrainien un conflit strictement délimité entre la Russie et l’Ukraine, permettant ainsi de dédouaner les États-Unis, les pays européens, l’Union européenne et évidemment l’OTAN. Il parle bien d’un ʺplan de paix ukraino-russeʺ, qui est censé mettre définitivement fin à la guerre entre ces deux pays – comme si réellement il s’agissait d’une guerre entre deux pays (alors que l’Ukraine, comme État, n’existe plus) et non pas d’une guerre en Ukraine conduite par les élites globalistes.

De son côté, la Russie se dit toujours prête à négocier la paix, sans exclure de continuer à avancer militairement en cas d’échec. Le président russe souligne à ce sujet plusieurs éléments importants.

Tout d’abord, que le régime de Kiev est illégitime, au minimum parce que le mandat de Zelensky a formellement expiré. Ce qui pose la première question: avec qui signer, si jamais il y a quelque chose à signer? D’où la seconde question: quelle serait alors la valeur de la signature de Zelensky? Or, Trump insiste pour que l’accord soit signé strictement entre l’Ukraine et la Russie».

Je ne donnerai qu’un exemple puisé dans la proposition de l’administration Trump d’un plan de paix en 28 points, un point qui me paraît particulièrement aberrant, défiant toute l’histoire des relations internationales en cas de conflit: le groupe belge Euroclear, institution financière, se considérant comme «le notaire du monde financier», détient 183 milliards d’euros appartenant à la Russie; ces fonds sont bloqués momentanément jusqu’à la fin du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Les «Européens» voudraient utiliser ces fonds à la poursuite de la guerre contre la Russie, alors que les Etats-Unis les consacreraient à la reconstruction de l’Ukraine (par des entreprises américaines, bien sûr).

Il va sans dire que ni les Américains ni les Européens ne sont en droit de s’approprier ces biens qui restent la propriété intégrale de la Russie, il s’agirait purement et simplement d’un vol qui serait condamné par toutes les instances internationales, raison pour laquelle Euroclear refuse obstinément de les mettre à disposition des uns et des autres car cette société reste responsable de leur utilisation, respectant les règles internationales établies dans ce cadre.

Que va-t-il se passer ?

Pour conclure, pouvons-nous envisager deux aspects de la situation future?

- La Russie continuera son avancée, vraisemblablement jusqu’à récupérer Odessa, ce n’était pas son intention première qui, à l’origine, consistait en une « opération spéciale » visant à protéger les russophones du Donbass et à stopper la folie meurtrière des Otano-Ukrainiens sur d’innocents civils qui n’avaient pour seul tort de ne savoir parler que le russe; mais, en attendant que ses interlocuteurs veuillent bien formuler des propositions raisonnables sur la fin d’une guerre qu’elle a déjà gagnée, l’armée russe continuera à avancer et à se réapproprier les territoires de l’ancienne «Rus de Kiev», ce qui serait la moindre des compensations après avoir subi une telle agression des globalistes.

- Quant à l’Amérique, son intérêt consistant à maintenir l’état de guerre permanent sur l’ensemble de la planète, on ne voit pas pourquoi elle appuierait toute avancée en faveur de la paix. Elle se contentera vraisemblablement de se désintéresser de cette partie du monde. D’autres guerres l’attendent, comme l’invasion du Venezuela, par exemple.

Notes :

  • (1) Voir mon article du 6 avril 2025 : L’Europe est morte ! Vive l’Europe !
  • (2) Le dilemme de Zelensky : paix bancale ou défaite totale ? https://www.youtube.com/watch?v=EMtpZi4FMrQ
  • (3) Nous ne serons pas étonnés d’apprendre que Mercure, ou Hermès chez les Grecs, est aussi le dieu du commerce et des voyages, que ses attributs sont une bourse (!) qu’il tient à la main, et des sandales ailées.
  • (4) Arrêtez de mentir : Poutine n’est pas l’ennemi, c’est l’Ukraine l'agresseur. Tension sur LCI : https://www.youtube.com/watch?v=QhD_qOhosXI
  • (5) Brian Berletic : Les mensonges de Trump et sa guerre contre l’Iran : https://www.youtube.com/watch?v=fPiaGJaOOhI
  • (6) Oui, tout comme Fabius congratulant les islamistes du Front Al-Nosra :« Laurent Fabius s'est montré en pointe dans le dossier syrien, au côté de la rébellion à qui la France a livré des armes, et il est visé pour plusieurs déclarations publiques. Le chef de la diplomatie avait ainsi estimé, en août 2012, que "Bachar el-Assad ne mériterait pas d'être sur terre" et, en décembre 2012, que "le Front al-Nosra fait du bon boulot", alors même que cette organisation djihadiste syrienne venait d'être classée terroriste par les États-Unis. » (Le Figaro du 10 décembre 2014)
  • (7) Conquérir et détruire tous les pays du Moyen-Orient autour d’Israël pour créer en lieu et place « le Grand Israël ».
  • (8) Voir notre article du 13 août 2025 : Nos dirigeants européens sont-ils des créatures façonnées par les derniers nazis survivants ?

dimanche, 07 décembre 2025

Hommage à Didier Carette

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Hommage à Didier Carette

par Luc-Olivier d'Algange

Grande tristesse d'apprendre la mort de Didier Carette. Avec lui s'en vont encore la liberté, la générosité et l'audace, - autant de rares vertus qui feront que les médias n'en parleront guère. Directeur du théâtre Sorano à Toulouse qu'il revivifia durant une décennie, il en fut éloigné pour des raisons « politiques ».

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Que dire, sinon citer l'une des Feuilles orphiques ou pythagoriciennes qu'il aimait, et citer ses œuvres, dont la diversité et l'amplitude dépassèrent, de très loin et de très haut, tous les engagements partisans. Sa devise, populaire et aristocratique: «faire du théâtre non pour tous, mais pour chacun».

"Ceci est consacré à Mnémosyne,

Quand tu seras sur le point de mourir, tu t'en iras vers les demeures bien construites d'Hadès.

A droite, il y a une source près de laquelle se tient un cyprès blanc.

C'est là que les âmes des morts descendent et qu'elles s'y rafraîchissent.

De cette source surtout ne t'approche pas car tu en trouveras une autre, en face, d'où s'écoule l' eau fraîche qui vient du lac de Mnémosyne.

Au-dessus d'elle se trouvent les gardiens, ils te demanderont du plus profond de leur coeur,""ce que tu fais, et où tu vas, cherchant, dans les ténèbres du sombre Hadès.

Dis : je suis fils de Terre et de Ciel étoilé, mais je suis desséché par la soif et je meurs.

Donnez-moi vite l'eau fraîche qui s'écoule du lac de Mnémosyne.

Alors par le vouloir du roi des enfers, ils te traiteront avec bienveillance et te laisseront boire à la source de Mémoire.

Alors tu chemineras sur la voie sacrée, parmi les autres Mystes, dans la gloire de Dionysos."

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En rappel de ses oeuvres:

Metteur en scène :

2010

Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand mise en scène Didier Carette…

2009

Le Procès - Cabaret K d'après Franz Kafka mise en scène Didier Carette…

2008

La Cerisaie d’Anton Tchekhov mise en scène Didier Carette…

Le Frigo de Copi mise en scène Didier Carette

2007

Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams mise en scène Didier Carette

Banquet mise en scène Didier Carette

2006

Rimbaud l'enragé – Une saison en enfer mise en scène Didier Carette

Le Bourgeois gentilhomme de Molière mise en scène Didier Carette…

2005

Dogs' Opera d'après Bertolt Brecht… mise en scène Didier Carette

Homme pour homme de Bertolt Brecht mise en scène Didier Carette…

2003

Folies Courteline de Georges Courteline mise en scène Didier Carette

Peer Gynt de Henrik Ibsen mise en scène Didier Carette

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2002

Satyricon de Pétrone mise en scène Didier Carette

La Nonna de Roberto Cossa mise en scène Didier Carette

1999

Karamazov d'après Fiodor Dostoïevski mise en scène Didier Carette

Nuit blanche d'après Fiodor Dostoïevski mise en scène Didier Carette

1998

Le Cas Woyzeck d'après Georg Büchner mise en scène Didier Carette

1997

Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov mise en scène Didier Carette

1989

Les Grandes Journées du père Duchesne de Jean-Pierre Faye mise en scène Didier Carette

1987

La Mère la joie... de Marie de Sévigné mise en scène Didier Carette

1986

Le Cabinet noir de Max Jacob mise en scène Didier Carette…

Il n'y a plus d'aventuriers d'après André Malraux mise en scène Didier Carette

1983

Pntgrl-Rabelais de François Rabelais mise en scène Didier Carette

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Comédien :

2010

Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand mise en scène Didier Carette…

2009

Le Procès - Cabaret K d'après Franz Kafka mise en scène Didier Carette…

2008

La Cerisaie d’Anton Tchekhov mise en scène Didier Carette…

1997

Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov mise en scène Didier Carette

1994

Le Voyage à Bâle de Pierre Laville mise en scène Simone Amouyal

1992

La Cerisaie d’Anton Tchekhov mise en scène Jacques Rosner

1986

Le Cabinet noir de Max Jacob mise en scène Didier Carette…

1982

Le Labyrinthe d’Armand Gatti mise en scène Armand Gatti

1980

Le Cocu d'infini de Louis-Ferdinand Céline mise en scène Jean-Claude Bastos…

1968

Le Chien du général de Heinar Kipphardt mise en scène Maurice Sarrazin…

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Auteur :

2005

Dogs' Opera d'après Bertolt Brecht… mise en scène Didier Carette

2003

Armada de Didier Carette

1994

Le Torero de salon d'après Camilo José Cela… mise en scène Henri Bornstein

1992

Armada de Didier Carette mise en scène Simone Amouyal

Traducteur:

2008

La Cerisaie d’Anton Tchekhov mise en scène Didier Carette…

Scénographe:

1997

Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov mise en scène Didier Carette

Collaborateur artistique:

2013

Nana d'après Émile Zola mise en scène Céline Cohen…

1980

Le Cocu d'infini de Louis-Ferdinand Céline mise en scène Jean-Claude Bastos…

Voir aussi: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2018/12/05/d...

 

Zizanie en MAGA

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Zizanie en MAGA

par Georges Feltin-Tracol

La chronique hebdomadaire n°164 du 9 juillet 2025 s’intitulait « MAGA contre lui-même » (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/07/14/maga-contre-lui-meme.html ). Elle évoquait déjà les premières fissures au sein de ce mouvement composite. Plus de cinq mois après, force est de constater que le trumpisme poursuit sa fragmentation au point que certaines fractures deviennent béantes.

Trois facteurs principaux accentuent ces profondes divergences à l’intérieur de cette galaxie: la politique étrangère, en particulier la «relation spéciale» des États-Unis d’Amérique avec l’État d’Israël, le coût de la vie courante et l’affaire Jeffrey Epstein.

Jusqu’à présent, Donald Trump est l’un des rares présidents étatsuniens à n’avoir pas ordonné l’invasion d’un autre État. Pas sûr que perdure cette exception ! Le bombardement des sites nucléaires iraniens en juin 2025 en soutien aux actes terroristes du gouvernement israélien a irrité la faction isolationniste de MAGA qui s’oppose au courant néo-conservateur belliciste renaissant. Le déploiement d’une flotte de guerre en mer des Caraïbes au large du Vénézuéla largement ruiné par les sanctions agressives de Washington, fait craindre un risque élevé d’intervention militaire et un changement extérieur des institutions bolivariennes. Le prétexte de cette possible agression reste futile: Caracas serait à la tête des narco-cartels d’Amérique du Sud.

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Si Donald Trump fait couler des embarcations supposées contenir des paquets de drogue, il devrait se souvenir que, dans les années 1980, afin de financer la lutte contre les guérillas communistes et les gouvernements pro-soviétiques de Cuba et du Nicaragua, la CIA avait obtenu l’autorisation de Ronald Reagan et de son vice-président, l’ancien directeur de Langley, George Bush père, de recourir au trafic de drogue. Les agents de la CIA avaient ainsi conclu un pacte officieux avec le crime colombien. Si Trump veut bombarder des narco-États, qu’il fasse donc tirer des missiles sur Little Rock, la capitale de l’Arkansas !

L’appui inconditionnel de la Maison Blanche à Israël agace de plus en plus des ténors de MAGA tels Candace Owens ou Tucker Carlson, voire Charlie Kirk, quelques jours avant son assassinat. Ces figures très écoutées de la mouvance s’élèvent contre les persécutions des Palestiniens - dont les derniers chrétiens ! - par des colons fanatiques et/ou des soldats de Tsahal. Une césure essentielle apparaît par conséquent entre les chrétiens évangéliques sionistes et les nationalistes chrétiens qui découvrent enfin le poids écrasant des réseaux d’influence pro-israéliens dans le « marigot » de Washington. Ce n’est pas tout !

Outre un don de 25 milliards d’euros à l’Argentine du cinglé libertarien Javier Milei, la politique douanière radicale imposée par le 47e président des États-Unis alimente l’inflation. Des trumpistes apprennent que le protectionnisme n’est possible que si le pays dispose d’une auto-suffisance maximale dans tous les domaines. Ouverts au monde entier, les États-Unis dépendent néanmoins des autres continents. Seule une politique d’intervention régalienne dans l’économie lancée une décennie auparavant au moins aurait pu atténuer le choc de la hausse des prix. Par ailleurs, le shutdown (la fermeture partielle des services administratifs fédéraux pour cause de budget non adopté) de 44 jours (30 septembre – 13 novembre 2025) a durement atteint le quotidien des Étatsuniens sans oublier la réforme pernicieuse de l’assurance sanitaire fédérale (Medicare) qui frappe les plus démunis et les classes moyennes.

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Or, pendant cette crise politico-budgétaire, Donald Trump a célébré Halloween à Mar-a-Lago en Floride en organisant une somptueuse fiesta sur le thème de Gatsby le Magnifique en référence au roman de Francis Scott Fitzgerald. Les images et vidéos de cette fastueuse soirée ont agacé maints trumpistes convaincus qui savent que le niveau de vie reste la préoccupation n°1 de leurs compatriotes.

Les élections du 4 novembre 2025 marquent une vraie poussée démocrate (victoires de Zohran Mamdani à la mairie de New-York, d’Abigail Spanberger et de Mikie Sherrill au fonction de gouverneur en Virginie et au New Jersey par exemple). Ces succès confirment leur inquiétude pour le scrutin de mi-mandat en novembre 2026. Trump fait pourtant la sourde oreille et vire de son entourage tout rabat-joie.

La publication ou non du dossier Epstein est le dernier élément qui aiguise les tensions internes de MAGA. Il est curieux que le système médiatique s’y intéresse alors qu’il ne mentionnait cette affaire sordide qu’avec parcimonie sous Joe Biden… Rappelons aussi que ce même système a toujours qualifié de « complotiste » le «Pizzagate».

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Résidant à New-York, Jeffrey Epstein rencontrait tout le gratin de la «Grosse Pomme». Entrepreneur immobilier très couru, Donald Trump ne pouvait que le côtoyer aux réunions mondaines. Il paraît évident que les participants à ces raouts savaient (ou se doutaient) que leur hôte appréciât les très jeunes femmes au nom de la liberté sexuelle post-soixante-huitarde! Trump en a-t-il profité? Pour l’instant, aucune victime ne l’accuse, au contraire d’Elon Musk qui, dans un tweet ravageur, exprima sa rupture politique et personnelle avec Trump.

Quatre représentants républicains sont en pointe dans la dénonciation de ce scandale. Ils se dressent donc contre leur idole: le libertarien Thomas Massie, du Kentucky; Nancy Mace, élue de Caroline du Sud; Lauren Boebert (Colorado) et Marjorie Taylor Greene (Géorgie).

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Plus trumpiste que Trump lui-même, Marjorie Taylor Greene (photo) accumule contre elle tant de griefs que Trump l’accuse maintenant de traîtrise et de folie. Elle fait preuve d’un courage exceptionnel en se heurtant à la majorité MAGA. Elle s’élève contre les frappes sur l’Iran; elle apporte son soutien à la motion du sénateur indépendant – apparenté démocrate - du Vermont, Bernie Sanders, qui dénonce la famine à Gaza; elle parle de « génocide » à propos de la destruction de Gaza; elle exige la publication complète du dossier judiciaire sur Epstein. Enfin, elle prévient à plusieurs reprises depuis des mois que l’inflation et l’illisibilité de la politique économique trumpiste favorisent l’appauvrissement des classes moyennes qui risquent de basculer vers les démocrates. Les fortes vérités de Marjorie Taylor Greene lui valent la qualification d’«hérétique»…

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Lauren Boebert, Nancy Mace et Thomas Massie.

Marjorie Taylor Greene, Lauren Boebert, Nancy Mace et Thomas Massie rejoindront-ils le parti de l’Amérique d’Elon Musk ? Peut-être pas, car ce quatuor incarne l’aile populaire de MAGA. Il semble ne pas adhérer aux «Lumières sombres» qui prévoient des PDG–rois. Or les États ne sont pas des entreprises en plus grand. Cet éclatement en devenir fondera-t-il un nouveau clivage politique intérieur étatsunien dont on trouve un pan similaire chez les démocrates avec Alexandria Ocasio-Cortez, Zohran Mamdani et Bernie Sanders, celui de la «cause du peuple»? Cette cause trouve en tout cas une résonance soudaine avec la brusque popularité médiatique de Nick Fuentes.

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Une scission brutale dans le cœur de MAGA s’opère en effet le 28 octobre 2025. Ce jour-là, Tucker Carlson invite Nick Fuentes (photo) à son émission retransmise sur Internet et vue plus de six millions de fois. Âgé de 27 ans, Nicholas Joseph Fuentes pratique une radicalité nationaliste blanche et chrétienne que Le Monde, phare hexagonal de la désinformation, du 21 novembre 2025 stigmatise sans aucune retenue. Bien qu’invité à Mar-a-Lago par Trump en novembre 2022 aux côtés de Kenye West, Nick Fuentes se disputait souvent avec Charlie Kirk. Le récent succès médiatique de Fuentes préoccupe les conservateurs, éternels guerriers en peau de lapin. On voit ainsi se coaliser contre lui Dave Robin, un ancien comédien progressiste devenu animateur libertarien, l’intellectuel post-libéral converti à l’orthodoxie et exilé à Budapest, Rod Dreher, et l’agitée du bocal MAGA, Laura Loomer, qui explique sur X que le parti républicain «a un problème nazi». Elle se souvient qu’après l’avoir soutenu, elle a rompu quand Fuentes l’a qualifiée d’«espionne israélienne». Ambiance…

Toutes ces dissensions internes facilitent la zizanie actuelle. Elles pourraient aussi bien se révéler destructrices, à moins qu’elles propulsent MAGA à l’hégémonie culturelle.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 177, mise en ligne le 4 décembre 2025 sur Radio Méridien Zéro.

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„L’Allemagne n’est pas un État souverain“: Höcke perçoit une domination structurelle extérieure

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„L’Allemagne n’est pas un État souverain“: Höcke perçoit une domination structurelle extérieure

Source: https://www.freilich-magazin.com/politik/deutschland-ist-...

Lors d'une conférence de presse nationale, l'homme politique de l’AfD de Thüringe, Björn Höcke, a récemment déclaré sans ambiguïté que l’Allemagne n’était pas un État souverain. Les compétences étatiques centrales ont été transférées à des organisations internationales.

Pour le leader de l’AfD de Thüringe, Björn Höcke, c’est clair: l’Allemagne n’est actuellement pas un État souverain donc n'est pas un Etat libre.

Erfurt. Fin novembre, l’AfD de Thüringe a publié un communiqué de presse dans lequel elle critiquait vivement les réflexions de la CDU de Thüringe, qui envisageait de mobiliser les jeunes pour un nouveau service obligatoire. Les démocrates-chrétiens voulaient „forcer les jeunes à un service“, alors qu’ils „poussent ce pays depuis des décennies vers l’abîme“, a critiqué l’AfD.

Le point central de la déclaration était l’accusation selon laquelle l’État perdrait son autorité morale s’il ne remplissait pas ses missions fondamentales. Un État qui „ne protège pas ses frontières et ne fait rien pour atteindre la paix en Europe de l’Est“, n’aurait selon l’AfD aucune légitimité pour „envoyer nos jeunes en service obligatoire – ni dans le cadre d'un service civil dit obligatoire ni dans le cadre d'un service militaire“. De telles mesures ne serviraient, selon l’AfD, qu’aux intérêts d’un „bureaucratisme idéologisé sans épine dorsale“.

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Exigence d’un État souverain

Dans le communiqué de presse, le président de la fraction AfD de Thüringe au Landtag, Björn Höcke, a repris cette argumentation. Avant que „même un seul jeune ne doive à nouveau porter l’uniforme sous la contrainte, cet État doit enfin redevenir un État pour les Allemands – souverain, libre et orienté vers les intérêts allemands.“

Lors de la dernière conférence de presse nationale avant la session plénière de décembre au Landtag de Thüringe, un journaliste s’est référé précisément à ce passage. Il a voulu savoir de Höcke si sa demande, selon laquelle l’Allemagne doit d’abord redevenir souveraine, signifiait que, selon lui, l’Allemagne n’est actuellement pas un État souverain et, par conséquent, n'est pas un Etat libre.

„Oui, nous ne sommes pas un État souverain“

Höcke a d’abord souligné que cela „se lit clairement dans le communiqué de presse“. Ensuite, il a confirmé cette interprétation sans ambiguïté. „Oui, nous ne sommes pas un État souverain“, a-t-il dit, et a ajouté que cela „est également tout à fait compréhensible en droit national“.

Pour justifier cela, il a expliqué que l’Allemagne avait transféré sa souveraineté en matière de défense à l’OTAN, sa souveraineté financière à la BCE, sa souveraineté économique à l’UE, et sa souveraineté sanitaire à l’OMS. Ces organisations, selon Höcke, ne seraient pas légitimées démocratiquement et ne seraient pas contrôlées démocratiquement. „Oui, l’Allemagne n’est pas un État souverain. C’est ainsi.“

Von der Leyen n’a pas à décider pour Euroclear

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Von der Leyen n’a pas à décider pour Euroclear

Wouter Vermeersch

Source: https://www.vlaamsbelang.org/nieuws/von-der-leyen-heeft-n...

Lors de la séance plénière de la Chambre, le député Wouter Vermeersch (VB) a interpelé récemment le Premier ministre Bart De Wever (N-VA) sur les fonds bloqués que l’Europe souhaite utiliser auprès d’Euroclear comme garantie pour des prêts à l’Ukraine. Démarche qui comporte des risques énormes pour les citoyens belges. « Non seulement la Russie indique que cela constitue un ‘acte de guerre’. La BCE refuse également de s’engager dans ce sable mouvant juridique, et cela en dit long », a déclaré Vermeersch, qui n’a malheureusement pas obtenu de la part du Premier ministre la garantie qu’il ne céderait pas à Ursula von der Leyen.

Vermeersch a souligné que la Commission européenne possède un talent qui ferait pâlir de jalousie de nombreux économistes communistes: elle peut vendre une expropriation comme de la solidarité. «Autrefois, les communistes saisissaient des tracteurs et des terres agricoles. L’Europe saisit simplement 190 milliards d’euros. Et les communistes avaient encore l'honnêteté de dire qu’ils allaient confisquer vos biens. La Commission présente cela comme un ‘plan pour l’Ukraine’», a déclaré Vermeersch.

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«Un faux pas et la confiance dans Euroclear, dans le système euro, dans le système financier s’effondre», a poursuivi le député nationaliste flamand. «Des experts mettent également en garde contre le fait que la Belgique pourrait, dans le pire des cas, faire faillite si la Russie prend des mesures et que nous devrions rembourser. Il s’agit d’une somme équivalente à un tiers de toute l’économie du pays. Mais au lieu d’écouter ces préoccupations légitimes, la tutelle européenne de la Commission européenne cherche maintenant un moyen d’éliminer notre pays en contournant les règles d’unanimité. En d’autres termes: la belle-mère européenne de De Wever, Ursula von der Leyen, veut le mettre échec et mat: elle veut simplement désactiver son veto, et donc ôter toute protection au contribuable dans notre pays. »

« L’Europe nous livre au surendettement et provoque à la guerre »

Vermeersch a souligné que l’importance de cette affaire pour le contribuable ne peut pas être sous-estimée. Il a évoqué une d'éventuelles représailles de la Russie, la rupture de la confiance internationale, la remise en question du système financier, et même la faillite du pays si nous devons rembourser. «Bien que le gouvernement De Wever n’ait pas besoin de la Russie pour cela. Ils sont déjà bien engagés à pousser ce pays au bord du précipice».

« Monsieur le Premier ministre, l’Europe devrait veiller à la prospérité et à la paix. Mais aujourd’hui, elle nous livre à un surendettement et provoque à la guerre », a conclu Vermeersch. «Euroclear se trouve à Bruxelles, donc en Flandre. Nous, Flamands, devons décider de ces fonds bloqués, et non Ursula von der Leyen ou la Commission européenne». 

samedi, 06 décembre 2025

L’Europe sous la domination du réseau mondial libéral

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L’Europe sous la domination du réseau mondial libéral

L’UE est une colonie d’un réseau libéral mondial qui n’a rien à voir avec les intérêts souverains européens

Alexander Douguine

L’UE n’est que restes, résidus du réseau mondial Sorosien/Obamiste/Bideniste. Elle s’effondre rapidement en raison de la perte du siège central américain. Les néocons, malgré tous leurs efforts, ne peuvent pas remplacer cette perte.

Dans l’équipe de Trump, les néocons (Lindsey Graham et bien d’autres) ont réussi à bloquer et à saboter la montée du vrai MAGA. Cela ne concerne pas seulement Netanyahu. C’est plus large. Mais… MAGA a réussi à confondre et à décimer les néocons, à les affaiblir, à les disperser.

Trump ne représente plus que la puissance militaire des États-Unis désormais. Mais les États-Unis gardent tout le contrôle sur l’UE. Idéologiquement, l’UE est encore sous double occupation. Et les élites libérales actuelles de l’UE sont les forces d’occupation qui œuvrent pour les intérêts de la secte mondialiste.

"L’UE n’est pas une colonie des États-Unis. Nous avons nos règles que nous définissons démocratiquement. Le chaos provoqué par Trump peut-être une opportunité pour l’UE. Elle doit prendre sa place et accepter d’établir un rapport de force pour s’affirmer comme puissance."

— Aurore Lalucq https://x.com/AuroreLalucq/status/1942526987580391897

Ce sont là des mots d'une incroyable stupidité. L’UE est une colonie d’un réseau libéral mondial qui n’a rien à voir avec les intérêts souverains des Européens. Quand ce réseau était contrôlé par les États-Unis, l’UE était une double colonie — de l’Amérique (militaire) et des mondialistes (idéologique et économique).

L’UE n’est souveraine en rien. C’est le laboratoire cynique pour des expériences post-humanistes. Les Européens sont les otages de leurs élites anti-européennes. Comme les Ukrainiens. Les Européens sont victimes de leurs propres dirigeants imposés par la secte mondialiste. Il n’y a plus de démocratie.

Si l’Europe choisit d’être, d’exister, ses peuples doivent immédiatement renverser les élites dirigeantes — brutalement et radicalement. Macron, Merz et Starmer incarnent la condamnation à mort de l’Europe. Plus ils vivent, plus tu meurs. Efface-les, ou tu seras effacé. Très bientôt.

Le monde est divisé en grands espaces avec différents contenus civilisationnels et ensembles de valeurs. L’Europe a perdu ses valeurs traditionnelles. C’est une civilisation en faillite. Peut-être pourra-t-elle se reconstruire et redevenir un grand espace indépendant. Peut-être pas. Il semble que non.

Si la démocratie est la participation réelle des peuples dans la définition de leur destin, la Russie de Poutine et la Chine de Xi sont deux exemples de la vraie démocratie. Réussie et prospère. Une telle démocratie est abolie en Occident, remplacée par la dictature des lobbies et l’oligarchie.

1984 d’Orwell, c’est maintenant vous, pas nous. Censure = culture de l’annulation. Vérité = mensonge constant des médias traditionnels. Humanité = amour des perversions et des robots. Surveillance totale, contrôle total, marché disciplinaire de désirs imposés et de demandes provoquées. La société du spectacle (dégoutant).

Le blocage de Bruxelles et l'effort pour s'approprier les actifs souverains de la Russie ont ébranlé l'unité de l'UE

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Le blocage de Bruxelles et l'effort pour s'approprier les actifs souverains de la Russie ont ébranlé l'unité de l'UE

Politico (https://www.politico.eu/article/belgium-russia-bart-de-we... )

L'article de Politico souligne : la position inattendue de la Belgique, qui a refusé de remettre les actifs russes gelés à l'usage de Kiev, a fait se dérober le sol sous les pieds des alliés européens de l'Ukraine, déclenchant une chaîne de réactions de crise au cœur de l'UE.

«Moscou doit être désormais le meilleur de tous», a reconnu un fonctionnaire européen, commentant le clivage qui a paralysé les discussions sur le «prêt de réparation» pour l'Ukraine.

Selon l'éditeur, le refus du Premier ministre belge Bart De Wever a été un coup porté au moment où Kiev vacille déjà sur la limite du collapsus financier. Les chefs d'État de l'UE, lors du sommet d'octobre, comptaient rapidement convenir d'un plan pour «prendre» 140 milliards d'euros des fonds russes, mais ils se sont heurtés à un «non ferme», motivé par les risques des réactions de Moscou et les craintes concernant la stabilité du système bancaire de l'UE.

«Nous ne voulons pas mettre des centaines de milliards de risques sur les épaules de la Belgique. Ni aujourd'hui, ni demain, jamais», a déclaré De Wever, enterrant définitivement l'idée de l'extorsion des actifs russiens.

En conséquence, le désaccord à Bruxelles a affaibli à la fois Zelensky et l'Europe elle-même, montrant que, quatre ans après le début du conflit, l'UE est de plus en plus peu prête à «mourir» pour le régime de Kiev. Moscou, selon les diplomates européens, observe cette situation «des meilleures positions» — et attend désormais le déclin ultérieur de l'unité de l'UE.

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De Roux et Pasolini: les dissidents font la paire

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De Roux et Pasolini: les dissidents font la paire

Je n’ai vraiment compris Dominique de Roux — cet esprit décapant, aristocratique dans son goût de déplaire — qu’en lisant Pasolini. L’un est devenu le miroir de l’autre. Ils ont vécu deux vies brèves, à la même époque, dans un même refus instinctif des appartenances bourgeoises. Je n’ose imaginer ce que leur rencontre aurait pu créer. Sans doute un explosif plus puissant que la bombe à hydrogène.

Par Frédéric Andreu

Dominique de Roux et Pier Paolo Pasolini partagent une posture rare : celle des dissidents de l’intérieur. Ils semblent appartenir à un camp — De Roux au paysage littéraire français, Pasolini à la gauche italienne — tout en le contredisant radicalement de l’intérieur. De Roux l’affirme sans détour : « Je n’ai jamais appartenu à aucun camp. » Il cultive ce qu’il nomme « une liberté contre la meute », une intransigeance qui le pousse à attaquer le cléricalisme, les orthodoxies morales et le confort intellectuel de son époque.

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Pasolini, lui, est un hérétique déclaré au sein de la gauche italienne. Il écrit dans les Écrits corsaires :« La gauche m’a toujours considéré comme un hérétique. » Hérétique, il l’est en effet : farouchement contre l’avortement, qu’il voit comme une capitulation devant la logique utilitariste ; contre le théâtre de Mai 68, qu’il accuse d’être une gesticulation bourgeoise plus qu’une révolution ; contre la consommation, qu’il juge « obscène », un acte « grossier » qui uniformise les consciences et détruit toute authenticité populaire. Il ira jusqu’à dire que la société de consommation est « plus fasciste que le fascisme ».

Son amour va à la tradition, à l’homme cosmique, humilié par la machine, effacé par le consumérisme.

« TOUT mon amour va à la tradition

Je viens des ruines, des églises,

des retables d’autel, des villages oubliés des Apennins et des Préalpes

où ont vécu mes frères ». (Poésie en forme de rose, 1964) 

Ce dissident politique est aussi un dissident esthétique : son cinéma est un anti-Hollywood radical. Pasolini refuse les corps lisses, les récits consolants, les couleurs de studio. Il filme à contre-jour de l’Occident cinématographique : théâtre filmé, visages non-professionnels, dialectes, rites archaïques, ascèse de la lumière. À l’usine à rêves, il oppose une fabrique du réel — une vérité nue, biblique, parfois cruelle, mais jamais trompeuse.

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Chez De Roux comme chez Pasolini, la dissidence s’accompagne d’un burlesque féroce. De Roux n’hésite pas à tourner en dérision certaines figures religieuses — le cardinal Daniélou « la calotte sur le tête », l’abbé Bruckberger notamment — avec une ironie d’une précision chirurgicale. Il critique les masques, les formes.

Pasolini, à son tour, met en scène dans Uccellacci e uccellini un corbeau marxiste, pédant et bavard, caricature hilarante de l’intellectuel de gauche. Il disait de ce personnage : « Le corbeau parle comme un intellectuel, mais il reste un oiseau : il critique tout, mais ne change rien. » (L’image même du politicien macronoïde parvenu aujourd’hui au pouvoir).

Ce burlesque n’est pas un divertissement : c’est une arme critique. Le rire démasque plus sûrement qu’un discours doctrinal.

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Dans la vie, pourtant, une rencontre a eu lieu : celle de Dominique de Roux avec Maurice Ronet, acteur intense, silencieux, qui partageait avec lui une même mélancolie active et une même exigence artistique. Leur dialogue, bien réel, laisse entrevoir ce que De Roux pouvait susciter chez des artistes à la sensibilité aiguë, et ce qu’il était capable de reconnaître chez eux.

Et c’est là que naît une forme de nostalgie imaginaire : il est profondément regrettable que De Roux n’ait jamais rencontré Pasolini. Tout laissait pourtant croire que leurs routes, parallèles, auraient pu un jour se croiser : mêmes années, mêmes combats, même détestation des conformismes. L’un apportant son feu littéraire, l’autre son feu cinématographique. Leur face-à-face aurait sans doute été incandescent — trop incandescent peut-être pour une époque qui ne savait pas accueillir ce genre de fulgurance. En un sens, Gombrowich a été, pour de Roux, une sorte de Pasolini, mais sans la même radicalité.

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Les deux (h)auteurs quittent la scène, en nous laissant orphelins : De Roux est parti trop tôt, sans avoir tourner toutes les pages de la vie ; Pasolini, assassiné de la pire des manière, n’a pu achever son livre le plus incendiaire, Pétrole, resté comme une voix interrompue. (On n’a pas idée en France du vide laissé par cette disparition).

De Roux et Pasolini : deux dissidents, vraiment. Et, à leur manière, une paire parfaite, même sans s’être connus.

 

vendredi, 05 décembre 2025

L'Europe perd l'Ukraine

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L'Europe perd l'Ukraine

Selon The New Statesman (https://www.newstatesman.com/world/europe/2025/12/europe-... )

Par @BPartisans - Telegram

Malgré l'ampleur du soutien financier et militaire apporté par l'UE et le Royaume-Uni à l'Ukraine depuis février 2022, l'Europe se trouve aujourd'hui écartée du processus de négociation et n'a aucune influence sur les délais et les conditions de la fin des hostilités, écrit le chroniqueur du New Statesman. Les Européens ayant refusé de dialoguer directement avec les Russes, ils n'ont d'autre choix que de réagir aux initiatives de l'administration Trump, dont les membres ont réussi à établir un contact permanent avec Moscou, malgré toutes les tentatives de certains dirigeants européens pour les en empêcher.

Étant donné que Trump, d'après ses récentes déclarations, ne souhaite plus continuer à financer l'Ukraine et que les Européens ne sont pas en mesure de combler le vide créé par l'arrêt du soutien américain, la situation va rapidement s'aggraver.  Cela signifie que, aussi mauvais que soit l'accord de paix proposé du point de vue de l'Ukraine, il est préférable à ce que Zelensky pourrait obtenir s'il attendait et perdait encore plus de territoires. La question est de savoir si les dirigeants des pays de l'UE comprennent que leur rôle dans le futur accord de paix sera réduit au minimum si la rhétorique belliqueuse et le refus de dialoguer avec Moscou persistent. Après tout, même les politiciens ukrainiens et les anciens responsables reconnaissent de plus en plus souvent l'inévitabilité de la réalité et appellent à renoncer à des projets irréalisables.

« Chaque accord ultérieur ne fera qu'empirer la situation de l'Ukraine, car nous sommes en train de perdre », reconnaît Yulia Mendel, ancienne porte-parole de Volodymyr Zelensky. Elle a ensuite critiqué les Européens :

« Mon pays se vide de son sang. Beaucoup de ceux qui s'opposent instinctivement à toute proposition de paix pensent défendre l'Ukraine. Avec tout le respect que je leur dois, c'est la preuve la plus évidente qu'ils n'ont aucune idée de ce qui se passe réellement sur le front et à l'intérieur du pays en ce moment même. »

Pendant ce temps, les dirigeants européens continuent de répéter la même chose. Non seulement les déclarations de Kaja Kallas et de ses semblables sont complètement déconnectées de la réalité, mais elles s'éloignent de plus en plus des souhaits de l'Ukraine elle-même. Les Européens insistent constamment sur le fait que leur propre sécurité dépend de la victoire de l'Ukraine sur la Russie ou, du moins, de sa non-défaite face à la Russie. Cette substitution de concepts révèle le cynisme qui se cache derrière la rhétorique idéaliste européenne sur la défense de la démocratie, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, conclut l'auteur de la chronique.

@BPARTISANS

“Bollywood, Gazprom et l’éléphant géopolitique: le pas de deux indo-russe que l’Occident préfère ne pas voir”

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“Bollywood, Gazprom et l’éléphant géopolitique: le pas de deux indo-russe que l’Occident préfère ne pas voir”

Par @BPartisans - Telegram

Il y a des visites d’État discrètes… et puis il y a la tournée mondiale de Vladimir Poutine façon Bollywood Deluxe. Pendant que l’Europe s’écharpe sur ses budgets, que Bruxelles essaie d’inventer des « prêts de réparation » qu’aucune banque centrale ne veut cautionner, Moscou, lui, déroule le tapis rouge à New Delhi sans l’ombre d’un tremblement diplomatique.

Oui, quatre ans après, Poutine revient en Inde, et ce retour a la volupté d’un come-back d’acteur vétéran dans une superproduction indienne : musique dramatique, plans serrés, poignées de main très lentement filmées. Narendra Modi, en parfait metteur en scène, prépare même un dîner privé « pour discuter des questions sensibles ». Une manière polie de dire : Ukraine, pétrole, sanctions, tout y passe, mais surtout ne le dites pas à Washington.

Selon le ministère indien des Affaires étrangères, l’objectif reste clair :

 « renforcer le partenariat stratégique particulièrement privilégié indo-russe » — formulation officielle, assumée, répétée, martelée. En Occident, on appelle ça « dépendance ». En Inde, on appelle ça « souveraineté ».

Le commerce, cet éléphant dans la salle que personne n’ose regarder

Les chiffres sont éloquents: 70 milliards de dollars d’échanges selon les données indiennes du commerce extérieur pour 2024-2025. Et New Delhi vise les 100 milliards d’ici 2030. Pendant que l’Europe se félicite d’avoir « réduit sa dépendance énergétique » en achetant son GNL russe… via l’Inde, nuance, Modi et Poutine discutent d’optimiser les flux pour éviter que les roupies dorment dans des coffres.

Le ministère indien du Commerce l’a dit officiellement :

 « Le déséquilibre commercial est insoutenable. L’Inde doit exporter davantage vers la Russie. »

Traduction : “Vladimir, prends nos médicaments et nos smartphones, sinon nos économistes vont faire un burn-out.”

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Défense : l’épine dans le pied de Washington

Ici, le scénario vire au thriller géopolitique.

L’Inde reste le premier client mondial d’armements russes. Le SIPRI le rappelle: 36% de l’arsenal indien est d’origine russe.

Et malgré les menaces américaines sous CAATSA, aucun gouvernement indien — pas même celui très « ami » de Washington — n’a reculé.

Les discussions portent sur :

  • Les S-400 : trois systèmes livrés, deux en attente.
  • Le Su-57 : sujet tabou pour Washington, sujet très intéressant pour New Delhi.
  • La production sous licence : douce musique aux oreilles du complexe militaro-industriel indien.

Comme l’a rappelé l’ambassadeur indien à Moscou:

 « L’Inde prend ses décisions de défense de manière indépendante. »

Un concept devenu manifestement exotique à Bruxelles.

Ukraine : Modi en “médiateur du Sud global”

New Delhi répète sa ligne officielle :

 « L’Inde appelle à une cessation des hostilités et au dialogue. »

Une position suffisamment vague pour être applaudie par tous et ignorée par chacun.

Mais le timing est savoureux : la visite intervient juste après l’échec du dialogue russo-américain.

Dans le jeu diplomatique actuel, être la seule puissance que Washington, Moscou, Bruxelles et Pékin peuvent encore appeler sans hurler… c’est un luxe que seule l’Inde s’offre.

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RT India : la géopolitique version prime time

Poutine lancera personnellement RT India, parce que rien ne marque un partenariat stratégique comme une chaîne télé de propag… pardon, d’« information alternative ».

Moscou y voit un accès direct à un public d’un milliard d’habitants.

New Delhi y voit un moyen d’équilibrer l’influence occidentale dans son paysage médiatique.

L’Occident y verra un complot. Comme d’habitude.

Conclusion : pendant que l’Occident se raconte des histoires, l’Inde écrit le scénario

Cette visite n’est pas un signe: c’est une gifle géopolitique avec anneaux sertis.

L’Inde affirme son autonomie.

La Russie montre qu’elle a toujours des partenaires majeurs hors Occident.

Et Washington comprend — encore une fois — que menacer New Delhi ne fonctionne pas.

Comme l’a dit le ministre indien des Affaires étrangères S. Jaishankar :

« L’Inde ne se laisse pas dicter ses relations internationales. »

Voilà. Rideau.

Bollywood 1 — Occident 0.

@BPARTISANS

21:44 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, inde, russie, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L’UE bloque le gaz russe: coup dans le pied ou sanctions efficaces ?

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L’UE bloque le gaz russe: coup dans le pied ou sanctions efficaces ?

Source: https://unzensuriert.at/317344-eu-stoppt-gas-aus-russland... 

L’Union européenne s’est aujourd’hui, mercredi 3 décembre 2025, mise d’accord sur une interdiction totale du gaz russe. Ce que certains qualifient de sanction efficace contre Vladimir Poutine, d’autres le voient comme une attaque contre la sécurité énergétique de l’Europe.

Plus de gaz russe à partir du 1er novembre 2027

Selon l’accord, l’importation de gaz russe par pipelines, fondée sur des contrats à long terme, sera complètement arrêtée au plus tard le 1er novembre 2027. Le nouvel accord doit encore être formellement confirmé par le Parlement européen et les États membres au Conseil. L’objectif n’est pas seulement de rendre les États membres de l’UE indépendants à long terme des importations d’énergie en provenance de Russie, mais aussi de rendre l’interdiction totale d’importation pour que la Russie ait plus de difficultés à continuer à financer la guerre d’agression contre l’Ukraine.

Bruxelles intègre une clause de sécurité

Bruxelles ne semble pas totalement convaincu par ses sanctions supplémentaires contre la Russie, car l’accord contient une clause de sécurité: si la sécurité d’approvisionnement d’un ou plusieurs États membres devait être sérieusement menacée, la Commission européenne pourrait permettre aux pays de l’UE concernés de suspendre l’interdiction d’importation de gaz. Reste à voir si Poutine sera d’accord avec cela, mais, ça, c’est une autre question.

L’UE se dirige tête baissée vers une spirale descendante

L’accord, dévoilé cette nuit, suscite de vives critiques de la part de la députée européenne Petra Steger (FPÖ). Dans une déclaration, elle a dit:

"Alors que presque toute l’Europe dépend encore du gaz russe et que notre industrie souffre des coûts énergétiques qui explosent, les bellicistes bruxellois détruisent maintenant jusqu'au dernier vestige de sécurité d’approvisionnement. L’UE se dirige ainsi, tête baissée, vers une spirale descendante de désindustrialisation, de chômage en hausse rapide et d’une perte irréversible de notre compétitivité internationale."

Une ère avec perte rapide de prospérité

Au lieu d’investir dans une alimentation énergétique bon marché et fiable, l’UE se tourne vers un gaz liquéfié nettement plus coûteux, qui est également associé à d’énormes charges logistiques et écologiques. Et même cette source d’énergie risque de disparaître en raison de la réglementation de plus en plus extrême et de la bureaucratie excessive à Bruxelles — comme le menacent sans ambiguïté depuis des semaines les États du Golfe. Cela signerait la catastrophe énergétique totale et l’entrée dans une ère européenne de perte rapide de prospérité, a averti Mme Steger.

Aveux britanniques: Boris Johnson a empêché la paix en Ukraine en 2022

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Aveux britanniques: Boris Johnson a empêché la paix en Ukraine en 2022

Londres/Moscou. Depuis un certain temps, les médias et les politiciens occidentaux tentent de passer sous silence le rôle joué par l'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson dans le torpillage d'un accord de paix précoce dans la guerre en Ukraine. Comme on le sait, Moscou et Kiev ont entamé des négociations à Istanbul quelques semaines seulement après le début de la guerre en février 2022, qui ont abouti en avril à un accord prêt à être signé. Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, l'a présenté au public il y a quelque temps. À l'époque, Boris Johnson a effectué une visite éclair à Kiev et a fait savoir au public que l'Ukraine continuerait à se battre. La question de la paix était ainsi écartée. La responsabilité de Johnson à cet égard est désormais généralement occultée dans les récits occidentaux.

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Un aveu tout récent, venu de Londres, n'en est que plus important. L'historien militaire Alexander Hill reproche désormais également à Johnson d'avoir joué un rôle clé dans l'échec des pourparlers de paix. Dans un article publié dans le magazine BAR, Hill déclare: « Boris Johnson est largement considéré, à juste titre, comme l'homme qui a joué un rôle déterminant dans l'échec d'un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine au printemps 2022».

Cette affirmation correspond au point de vue russe, que l'article de Hill examine. L'historien laisse entendre qu'il y souscrit pour l'essentiel.

Hill poursuit son analyse des raisons de la perte d'image de la Grande-Bretagne dans la perception russe. La position de Londres sous Johnson est jugée hypocrite au vu des précédentes interventions de l'OTAN en Yougoslavie et en Libye. De plus, le gouvernement britannique agirait à l'encontre de ses intérêts à long terme, notamment en matière d'accès aux marchés russes et d'approvisionnement énergétique. Le pragmatisme britannique traditionnel aurait cédé la place à une obstination dictée par de l'idéologie.

Hill cite comme autre raison de cette perte de prestige les erreurs commises dans la formation des soldats ukrainiens. Il cite textuellement: «L'échec manifeste des Britanniques et des autres Européens à former les troupes ukrainiennes afin de les préparer aux conditions qu'elles rencontrent sur le champ de bataille en Ukraine – ce que la partie ukrainienne a également exprimé à plusieurs reprises – a sans aucun doute contribué à la perte du respect, qui, auparavant, se manifestait ouvertement à l'égard de l'armée britannique» (mü).

Source: Zu erst, décembre 2025.

La menace confiscatoire

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La menace confiscatoire

par Georges Feltin-Tracol

Le 23 octobre 2025 se tenait à Bruxelles un nouveau conseil regroupant les chefs d’État et de gouvernement des États-membres de l’Union prétendue européenne. Le principal débat portait sur le sort des actifs de la Banque centrale russe gelés depuis le début de la guerre avec l’Ukraine.

On estime que la Russie aurait placé en Occident avant-guerre environ trois cents milliards d’euros. Ce montant comprendrait les avoirs souverains, soit les réserves de la Banque centrale, et les fonds privés qui appartiennent aux personnalités russes soumises aux sanctions occidentales.

Les experts pensent encore que ces sommes bloquées se répartissent très inégalement entre le Luxembourg, la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, le Japon, l’Australie et la Belgique. Le royaume belge concentrerait la plus grande majorité des actifs souverains russes en raison de la présence à Bruxelles, son siège légal, d’Euroclear, un établissement central de dépôt des titres. Société de droit privé, Euroclear est une entreprise financière qui travaille en toute confiance avec les banques centrales, les banques et les fonds d’investissement de la planète. Ils déposent de manière dématérialisée des obligations, des produits financiers, des actions et des investissements. Son dépôt global pèserait 42.500 milliards d’euros en titres ! Euroclear détiendrait 193 milliards d’euros d’actifs russes bloqués.

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Le siège d'Euroclear à Bruxelles.

Une partie du Conseil dit européen aimerait s’emparer de ces fonds. L’argent ainsi confisqué servirait de gage au prêt de réparation à l’Ukraine. Or le Premier ministre fédéral belge, le national-centriste flamand Bart De Wever, s’y oppose résolument. Il craint à juste titre que cette première historique de s’approprier les actifs d’un autre État n’entraîne de fâcheuses répercussions politiques, financières, économiques, sociales, diplomatiques et juridiques. Le dirigeant belge exige donc de ses partenaires un mécanisme solide de garantie capable de rembourser Euroclear si jamais Moscou parvenait à rapatrier en Russie ses placements. Les discussions se poursuivent. La direction d’Euroclear entend par ailleurs contester devant les tribunaux toute confiscation des avoirs russes. Elle sait qu’une telle mesure anéantirait la confiance des déposants.

Les négociations portent aussi sur un prêt de réparation gagé sur le fonds souverain de la Norvège. Bien que non-membre de l’Union pseudo-européenne, Oslo participe à l’OTAN, à l’Espace économique européen et à la zone Schengen. Grâce aux hydrocarbures en mer du Nord, le royaume scandinave disposerait grâce à ce fonds plus de 1700 milliards d’euros ! Les eurocrates ont déjà prévu d’utiliser les intérêts de ces avoirs russes (soit plus de cinq milliards d’euros) pour aider l’Ukraine.

Les réticences du chef du gouvernement belge sont légitimes. La saisie illégale des avoirs d’État russe et leur utilisation à l’effort de guerre seraient considérées comme des actes délibérés de belligérance avec des conséquences imprévisibles. Cet acte de piraterie internationale constituerait enfin un terrible et néfaste précédent pour la population française.

La France croule sous la dette et les déficits. Au lieu de trancher, de tailler et de sabrer dans les dépenses inutiles et problématiques (subventions faramineuses aux partis politiques, aux syndicats, aux associations déviantes, etc.), les politiciens ne cachent plus leur envie de détourner ce gigantesque magot que représente l’épargne des Français. Pour le premier semestre 2025, le taux d’épargne des particuliers atteignait près de 19%, d’où un patrimoine financier des ménages estimé à 6430 milliards d’euros !

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Le 2 avril 2024, l’inénarrable députée Verte de Paris, Sandrine Rousseau, suggérait de combattre la dette publique en contraignant les épargnants français à renflouer ce tonneau des Danaïdes. Elle n’est pas la seule à lorgner sur les économies d’une vie de labeur. L’apparentée Verte, Sophie Taillé-Polian, députée du Val-de-Marne et adhérente à Génération.s, le groupuscule de Benoît Hamon, développe une autre obsession. Outre son fantasme psychotique de fermer CNews et d’écraser le groupe médiatique Bolloré, elle envisage, début novembre, de piller l’épargne afin de financer la nationalisation de l’économie hexagonale et la réindustrialisation. « Récupérer l’épargne des Français pour qu’elle soit réinvestie dans le productif et non dans le financier, se justifie-t-elle, c’est remettre en selle notre modèle social. » Faire les poches des Français au nom du sinistre pacte républicain tout en refusant la fermeture des frontières et en acceptant tous les migrants du monde est fort audacieux.

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Corrélons ces deux infâmes propositions avec d’autres qui expriment une agression discrète contre la propriété. Les services fiscaux exigent chaque année de remplir une déclaration d’occupation et de loyer. Cette déclaration est à mettre en relation avec le projet de faire payer aux propriétaires une location qu’ils devraient s’ils n’étaient pas précisément propriétaires! Ubu travaille au fisc! Posséder des biens immobiliers constitue un marqueur, plus ou moins fort, d’enracinement. Dans une tribune parue dans Le Monde du 19 octobre 2025, sommet de la désinformation et de la dénonciation facile, Aurore Lalucq (photo) défend le projet funeste d’euro numérique qui, selon elle, contournerait les banques. Bien sûr, on y croit! Députée française apparentée socialiste au Parlement dit européen, Aurore Lalucq co-préside Place publique (Rigole publique serait plus juste !), un autre groupuscule, celui de Raphaël « CIA » Glucksmann. Sa prise de position en faveur d’une monnaie numérique liberticide n’est donc pas étonnante.  

Les kleptocrates occidentaux se méfient des propriétaires et de toute réalisation tangible de participation dans les entreprises. Leurs lointains aïeux ont aboli les corporations qui reconnaissaient la propriété du métier et favorisé le salariat. Confisquer l’épargne privé constituerait une nouvelle étape vers l’instauration d’un hilotisme 2.0 et d’un véritable communisme de marché. Dans cette perspective anxiogène, comment réagirait alors l’opinion publique ? Assisterait-on à l’émergence de « super-Gilets jaunes » ? Comment répondraient les unités de sécurité potentiellement spoliées ? Continueraient-elles à obéir docilement à l’hyper-classe cosmopolite ou bien se rallieraient-elles aux mécontents, quitte à renverser dans la foulée le régime ? Tout demeure incertain. Espérons seulement que ni l’écureuil, ni la fourmi ne se laisseront plumer.    

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 176, mise en ligne le 1er décembre 2025 sur Radio Méridien Zéro.

mardi, 02 décembre 2025

Selon le professeur Garett Jones, la migration de masse modifie fondamentalement les économies et affaiblit les nations innovantes

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Selon le professeur Garett Jones, la migration de masse modifie fondamentalement les économies et affaiblit les nations innovantes

Peter W. Logghe

Source: Knooppunt Delta - Nieuwsbrief n°204 - Novembre 2025

J'ai soudainement repensé au professeur Garett Jones en lisant dans Het Laatste Nieuws du 29 octobre 2025 que 6 chômeurs sur 10 en Belgique ont un antécédent migratoire. « Nous sommes les pires de la classe en Europe », titrait le journal. « Si l’on se concentre sur les migrants d'en dehors de l’UE, alors la Belgique est presque toujours la dernière de la classe européenne. Si l’on rassemble tous les migrants hors UE qui sont au chômage, plus de la moitié d’entre eux le sont depuis plus d’un an », expliquait le professeur Stijn Baert.

Ces chiffres confirment-ils les affirmations du professeur Jones ? Qui est Garett Jones ?

Garett Jones est né en 1970 et est économiste à l’Université George Mason (Virginie, États-Unis). Il a acquis une renommée internationale avec son livre Hive Mind: How Your Nation's IQ Matters So Much More Than Your Own.

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Ses recherches portent sur la macroéconomie, la politique monétaire, le QI en relation avec la productivité, les cycles économiques à court terme et le développement économique. Il a développé la théorie de la «transplantation culturelle»: selon lui, les peuples migrateurs apportent dans le pays d’accueil les valeurs économiques et institutionnelles de leur pays d’origine — phénomène auquel aucune gouvernance jusqu’à présent n’a prêté attention. Une société qui accueille des flux migratoires massifs (comme l’Europe de l’Ouest) finira par ressembler de plus en plus aux pays d’origine de ces migrants.

Il part d’une idée simple: la richesse économique ne se limite pas au capital ou à la technologie, elle repose avant tout sur des habitudes collectives: épargne, confiance, discipline institutionnelle, intégrité.

Il a étudié la diaspora de nombreux peuples aux États-Unis et a constaté que les enfants et petits-enfants des migrants ont les mêmes réflexes économiques que leurs ancêtres: les Italo-Américains ressemblent aux Italiens, tout comme les Mexicano-Américains ressemblent aux Mexicains. «Les migrants ne s’adaptent pas aux normes économiques du pays d’accueil, mais ils y importent leurs valeurs économiques», explique-t-il.

En d’autres termes: les valeurs économiques et politiques des populations migrantes s’enracinent dans le pays d’accueil et transforment ainsi progressivement la société qui les a accueillis. Par exemple, la diaspora chinoise aux États-Unis a apporté une éthique du travail et des valeurs communautaires stables. Singapour et la Malaisie connaissent également cette influence chinoise.

Jones poursuit en affirmant que les pays innovants, comme les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud ou l’Allemagne, représentent un capital civilisationnel fragile. Leur avance technologique et scientifique repose sur des institutions solides et sur une culture qui promeut les efforts et la confiance. Mais, dit le professeur Jones, une migration de masse en provenance de pays où ces valeurs sont très faibles comporte le risque que les pays de destination perdent leurs fondements axiologiques favorisant l’innovation et la stabilité.

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C’est une question de survie pour toute civilisation technologique, affirme-t-il: «Si les pays innovants changent de l’intérieur, l’ensemble de l’économie mondiale sera affaibli».

Pour l’économiste, qui plaide fortement en faveur d’une sélection des migrants issus de certains pays, le drame pour l’Europe de l’Ouest réside dans le fait qu’elle a massivement importé des migrants provenant de collectivités où la corruption, la dépendance à l’État et la faiblesse de la confiance sociale sont endémiques. Les gouvernements européens n’ont jamais pris en compte les conséquences à long terme d’une telle politique migratoire.

Le professeur Garett Jones pose une question anthropologique fondamentale: une société peut-elle rester la même si elle change de peuple? L’Europe de l’Ouest constate à son tour les effets d’une mutation culturelle lente mais profonde. Selon Jones, les cultures ne disparaissent pas. Elles se succèdent, se concurrencent, et finissent par redéfinir la société.

La question est de savoir si les gouvernements en Europe de l’Ouest sont encore capables de lire, de comprendre les signes des temps, et de prendre, dans l’intérêt de leur propre population, les mesures nécessaires?

Livres:

Hive Mind: How Your Nation’s IQ Matters So Much More Than your Own (2015)

The Culture Transplan: How Migrants Make the Economics They Move to a Lot Like the Ones They Left (2022)

20:15 Publié dans Actualité, Livre, Livre, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sociologie, actualité, migrations | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Merz ne peut pas arrêter la politique migratoire de Merkel en Allemagne

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Merz ne peut pas arrêter la politique migratoire de Merkel en Allemagne

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Après le tournant migratoire de la chancelière Merkel (CDU) en 2015, environ un million de migrants syriens se sont dirigés vers l’Allemagne. Dix ans plus tard, Friedrich Merz (CDU) est devenu chancelier, notamment avec la promesse de resserrer drastiquement la politique migratoire. Six mois après son élection, les paradoxes se multiplient. Sa coalition montre peu d’ambition en matière d’immigration, et les tensions internes au sein de la CDU sapent sa crédibilité.

Malgré la chute du régime d’Assad en 2024 et l’arrivée du nouveau président Ahmed al-Charaa, les réfugiés syriens ne retournent pas dans leur pays natal. Le chancelier Merz a donc proposé de réfléchir à d'éventuelles expulsions, car « la guerre civile en Syrie est terminée, il n’y a donc plus de raison de demander l’asile en Allemagne ». Merz mise donc sur une collaboration pragmatique avec le nouveau régime syrien pour relancer les rapatriements. « Ils sont essentiels pour la reconstruction du pays », a-t-il déclaré.

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Pour son ministre des Affaires étrangères, un retour dans un pays dévasté n’est pas une option.

Lors d’une conférence de presse récente à Husum, dans le Schleswig-Holstein, Friedrich Merz a déclaré : « Sans ces hommes (c'est-à-dire les réfugiés syriens qui retourneraient en Syrie), une reconstruction du pays est impossible. » Mais son propre ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul (photo - également membre de la CDU), lui a formellement répondu lors de sa visite à Damas. Il a décrit le chaos: «Ici, très peu de personnes peuvent vraiment vivre de manière acceptable». Le ministre a plaidé pour des expulsions très limitées «dans quelques cas exceptionnels», notamment pour les criminels.

Pendant ce temps, l’héritage migratoire de Mutti Merkel pèse des milliards d’euros. Pour 2023, le coût financier de la politique migratoire allemande est estimé à 6,4 % des dépenses publiques, soit une somme de 29,7 milliards d’euros. Il est clair que le mécontentement de nombreux Allemands est très bien capté par le parti d’opposition AfD. Alice Weidel, présidente de l’AfD, a durement dénoncé l’hypocrisie de la CDU: « Voilà ce que nous dit la CDU: 40 millions d’euros prévus pour la ‘reconstruction’ de la Syrie, mais les Syriens ‘ne peuvent pas revenir’, selon le ministre Wadephul. Le contribuable allemand est doublement touché. »

Au Bundestag, le ministre Wadephul a de nouveau déclaré que la destruction de la Syrie était pire que celle de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Les parlementaires étaient sans voix. Selon le magazine allemand Der Spiegel, cela indique que le ministre ne peut plus compter sur ses collègues de la CDU au parlement. Certains disent — pour l’instant anonymement — que le ministre ferait mieux de démissionner.

lundi, 01 décembre 2025

Le Sapin de Noël, très ancien symbole de mort et de renaissance

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Le Sapin de Noël, très ancien symbole de mort et de renaissance

Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100063508030909

De l’Antiquité jusqu’au christianisme médiéval, en passant par la mythologie germanique et les rites du solstice, l’arbre dressé au cœur de l’hiver est demeuré un symbole de l’espérance et de la victoire sur les forces des ténèbres et de la mort.

Aujourd’hui devenu le sapin de Noël, il fut longtemps bien plus qu’un simple décor : il représentait une véritable colonne cosmique, un axe du monde permettant de traverser la période la plus sombre de l’année.

Pour comprendre sa symbolique profonde, il faut remonter à l’arbre le plus vénéré des anciens Germains : l’if, cet arbre sombre et ambigu, associé à la fois à la mort et à la vie, à la magie et à la renaissance, aux mystères du destin, et à la survie au cœur du froid.

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L’if, arbre magique par excellence, symbolise à la fois la mort et l'immortalité.

Toute sa matière est extrêmement toxique, seule la pulpe rouge de ses fruits est douce et comestible ; ses graines tuent, mais son tronc peut vivre plusieurs milliers d’années ; il ne perd jamais son feuillage, même en plein hiver.

Cette ambivalence absolue, où mort et vie se touchent, où la destruction contient la promesse d’un renouveau, en faisait pour les anciens Germains un symbole idéal du solstice d’hiver, moment où le monde semble basculer dans l’obscurité avant de renaître.

C'est Yggdrasil, l’Arbre cosmique, axe des Mondes, souvent traduit par “frêne” mais que les indices philologiques, mythologiques et symboliques désignent plutôt comme un if.

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Yggdrasil relie les trois plans de l’univers : les hauteurs célestes, le monde des hommes, et les profondeurs où résident les morts et les puissances du destin.

Suspendu neuf nuits à cet arbre, Odin accède aux runes par une mort initiatique qui le transforme.

Le seiðr, cette magie visionnaire, extatique, sombre, liée à la divination, à la nécromancie, aux passages entre les mondes, trouve dans l’if son arbre tutélaire.

La rune Eihwaz, qui signifie précisément "if”, est celle du passage, de la connaissance interdite, de la vie logée au cœur de la mort. La structure même du cosmos germanique repose donc sur un arbre qui est à la fois funéraire et immortel, verticalité pure et seuil vers l’invisible.

Ce rôle de pivot cosmique se retrouve dans les rites hivernaux des Douze Nuits, ces "Rauhnächte" ou "Weihnachten" où le temps semblait se suspendre.

Dès le solstice d'hiver (aujourd'hui du 24 décembre au 6 janvier), les anciens Germains vivaient une “non-année”, un intervalle où les frontières entre les mondes s’effaçaient et où la maison devenait vulnérable aux forces errantes des ténèbres.

Les femmes cessaient de filer, laissant cette tâche à la déesse Frigg, la fileuse du destin.

Pour traverser cette période de mort, on introduisait dans l’habitation un arbre toujours vert : une image d’Yggdrasil, destiné à maintenir l’ordre cosmique dans le foyer.

Cet arbre, un sapin (substitut plus maniable de l’if sacré), entrait le premier soir et ressortait après la douzième nuit.

Pendant cette période liminale, il représentait pour la maison un point d’ancrage au monde vivant, une colonne verticale empêchant l’obscurité de triompher.

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On décorait cet arbre de fruits : des pommes et des noix.

Ces décorations, aujourd’hui anodines, condensent pourtant toute la profondeur du mythe.

Les pommes renvoient à la déesse Idunn, gardienne des fruits d’immortalité.

Lorsque la déesse est enlevée par le géant Thjazi, les dieux vieillissent : le monde se fige, l’hiver gagne.

Les géants sont liés à la glace, à l'hiver.

Et quand Loki la retrouve, elle est transformée en noix - métamorphose essentielle, car la noix représente la vie repliée dans la mort, l'utérus, la germination enfermée dans sa coque dure, la promesse du renouveau contenue dans une coque dure.

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Suspendre des pommes et des noix à l’arbre hivernal n’était donc pas un geste décoratif, mais un rite de survie symbolique : les pommes affirmaient la vitalité manifeste, les noix en représentaient le principe caché.

Ensemble, elles formaient les deux faces de l’immortalité : la lumière et la graine, la vie éclatante et la vie enfouie, l’espérance visible et l’espérance secrète.

Lorsque le christianisme se superposa à ces anciennes coutumes, la convergence symbolique fut immédiate.

Dès l'époque médiévale, dans les pays germaniques, on associait Noël et Adam et Ève en dressant un Arbre du Paradis orné de pommes rouges : l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, celui au centre du jardin d'Eden, celui par lequel l’homme chute mais aussi celui qui annonce la possibilité de la rédemption par le Christ.

Ce symbole chrétien, loin de s’opposer au rite germanique, lui correspond parfaitement : il est lui aussi un arbre central, un axe du monde, un arbre d’épreuve et de transformation, un arbre où la mort conduit à la vie.

La tradition médiévale voyait dans ce même arbre la préfiguration de la Croix du Christ, nouvel Adam, dont le bois relie le monde des hommes à Dieu et dont la verticalité restaure l’axe rompu du destin humain.

Pour les germains christianisés, la Croix devient alors l’Yggdrasil chrétien, l’arbre de mort qui porte la vie, le bois dressé qui relie ciel et terre, le pivot par lequel la nuit du monde débouche sur la lumière de la résurrection.

C’est ainsi que le sapin domestique, introduit au cœur des Douze Nuits, a pu devenir sans heurt le symbole chrétien de Noël.

Arbre vert dans la nuit de l’hiver, arbre du Paradis réinterprété, arbre de la Croix et de la résurrection, il conserve sous sa parure moderne les strates successives de toutes ces traditions.

Sous les guirlandes et les lumières électriques se superposent encore aujourd’hui l’ombre de l’if antique, la magie du seiðr, le souffle d’Odin suspendu à l’arbre cosmique, les fruits d’Idunn, la chute d’Adam et Ève, et la Croix du Christ, nouvel axe du monde chrétien.

Le sapin de Noël résume ainsi toute une histoire spirituelle : celle d’un arbre dressé dans la nuit pour que l’homme, traversant le solstice, puisse accéder à la lumière renaissante.

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La transmission des mythes par les textes mythologiques irlandais

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La transmission des mythes par les textes mythologiques irlandais

Source: Celtes , Gaulois fierté autochtone | Facebook

L’Irlande, terre de légendes et de mystères, a préservé à travers les siècles un patrimoine mythologique d’une richesse inégalée. Les textes mythologiques irlandais, rédigés principalement entre le VIIe et le XIIe siècle, jouent un rôle central dans la transmission des récits fondateurs, des croyances et des valeurs de la culture celtique. Ces écrits, souvent compilés par des moines chrétiens, sont le fruit d’une tradition orale bien plus ancienne, remontant à l’âge du bronze et à l’époque pré-christienne. Ils offrent une fenêtre unique sur l’imaginaire, la spiritualité et la vision du monde des anciens Irlandais.

1. Les Sources des Mythes Irlandais : de l’Oral à l’Écrit

Avant d’être consignés par écrit, les mythes irlandais se transmettaient oralement, de génération en génération, par le biais des filid (poètes) et des seanchaí (conteurs). Ces gardiens de la mémoire collective avaient pour mission de perpétuer les récits héroïques, les généalogies des dieux et des rois, ainsi que les explications des phénomènes naturels. Avec l’arrivée du christianisme en Irlande au Ve siècle, les moines, soucieux de préserver la culture locale tout en l’adaptant à leur nouvelle foi, ont commencé à transcrire ces récits. Les manuscrits les plus célèbres, comme le Lebor Gabála Érenn (Le Livre des Conquêtes de l’Irlande), le Táin Bó Cúailnge (La Rafle des Vaches de Cooley) ou encore les Dindsenchas (Lore des Lieux), sont ainsi nés de cette rencontre entre deux mondes.

Ces textes, bien que réécrits sous une influence chrétienne, conservent des traces évidentes des croyances païennes. Par exemple, les Tuatha Dé Danann, souvent présentés comme une race mythique ou des dieux, sont parfois dépeints comme des êtres surnaturels ou des ancêtres glorifiés, afin de les intégrer dans une vision chrétienne de l’histoire. Cette superposition de couches culturelles rend les textes irlandais particulièrement fascinants : ils mêlent mythes pré-christiens, symboles païens et réinterprétations chrétiennes.

2. Les Cycles Mythologiques : une Structure Narrative Unique

Les mythes irlandais sont traditionnellement organisés en quatre grands cycles 

- Le Cycle Mythologique : Il raconte l’histoire des dieux et des créatures surnaturelles, comme les Tuatha Dé Danann, les Fomoriens et les Fir Bolg. Ces récits expliquent la création du monde, les batailles cosmiques et l’origine des paysages irlandais.

- Le Cycle d’Ulster : Centré autour du héros Cú Chulainn, ce cycle met en scène des exploits guerriers, des tragédies et des quêtes épiques. Le Táin Bó Cúailnge, joyau de ce cycle, illustre la lutte entre l’Ulster et le Connacht, tout en explorant des thèmes universels comme l’honneur, la loyauté et la fatalité.

- Le Cycle de Fenian : Il suit les aventures de Finn Mac Cumhaill et de ses guerriers, les Fianna, dans un monde où magie et réalité s’entremêlent.

- Le Cycle des Rois : Ce cycle relate les exploits des souverains historiques ou semi-légendaires, comme Conchobar ou Cormac Mac Art, et aborde des questions de pouvoir, de justice et de destin.

Chaque cycle reflète des valeurs et des préoccupations spécifiques, tout en partageant des motifs récurrents : les voyages dans l’Autre Monde (le Tir na nÓg), les objets magiques (comme la Lance de Lug ou la Pierre de Fal), et les figures de druides et de guerriers.

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3. La Transmission des Mythes : entre Symbolisme et Enseignement

Les textes mythologiques irlandais ne se contentent pas de divertir : ils enseignent. Ils transmettent des leçons sur la nature humaine, la relation entre les hommes et les dieux, et l’équilibre entre ordre et chaos. Par exemple, le mythe de la Deuxième Bataille de Mag Tuired symbolise la victoire de la lumière (les Tuatha Dé Danann) sur les forces obscures (les Fomoriens), une allégorie de la lutte entre civilisation et barbarie. De même, les récits mettant en scène des héros comme Cú Chulainn ou Finn Mac Cumhaill soulignent l’importance du courage, de la sagesse et du respect des traditions.

Les lieux mythiques, comme la colline de Tara ou le lac de Derryclare, sont souvent associés à des événements surnaturels, renforçant le lien entre le paysage et la mémoire collective. Les Dindsenchas, en particulier, expliquent l’origine des noms de lieux à travers des légendes, créant une géographie sacrée où chaque rocher ou rivière a une histoire.

4. L’Influence Chrétienne et la Réinterprétation des Mythes

Avec la christianisation, certains dieux païens ont été transformés en saints ou en figures bibliques. La déesse Brigid, par exemple, est devenue Sainte Brigitte, tandis que des fêtes païennes comme Samhain (l’ancêtre d’Halloween) ont été intégrées au calendrier chrétien. Cette assimilation a permis aux mythes de survivre, tout en les adaptant aux nouvelles croyances. Les moines irlandais, en copiant ces textes, ont ainsi sauvé de l’oubli une partie de la tradition orale, même si certains éléments ont été édulcorés ou réinterprétés.

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5. La Postérité des Mythes Irlandais

Aujourd’hui, les textes mythologiques irlandais continuent d’inspirer la littérature, la musique et les arts. Des auteurs comme W.B. Yeats ou J.R.R. Tolkien se sont nourris de ces récits pour créer leurs propres univers. Les festivals celtiques, les reconstitutions historiques et même le tourisme culturel en Irlande s’appuient sur ces légendes pour célébrer l’identité irlandise.

En conclusion, la transmission des mythes irlandais par les textes médiévales est un témoignage remarquable de la résilience d’une culture. Grâce à l’écrit, des récits qui auraient pu disparaître ont traversé les siècles, offrant aux générations futures un héritage à la fois poétique, philosophique et spirituel. Ces textes rappellent que les mythes ne sont pas de simples histoires : ils sont le reflet de l’âme d’un peuple, un pont entre le passé et le présent.

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L'Allemagne d'après-guerre et la formation des Revolutionäre Obleute

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L'Allemagne d'après-guerre et la formation des Revolutionäre Obleute

Troy Southgate

Source: https://troysouthgate.substack.com/p/postwar-germany-and-...

L'histoire de la gauche allemande à la fin de la Première Guerre mondiale, ainsi que pendant la période qui a immédiatement suivi le conflit, est un sujet fascinant que j'ai longuement abordé dans mes biographies d'Otto Strasser (2010) et d'Ernst Röhm (2016). Cependant, dans la nouvelle édition traduite de l'ouvrage d'Albert Schmelzer sur Rudolf Steiner et le mouvement tripartite, le rôle des communistes dans la création des conseils ouvriers allemands est considérablement minimisé. Si Schmelzer a la chance, en tant qu'Allemand de souche, d'avoir accès à certaines sources historiques précieuses sur la période en question, certaines de ses conclusions sont toutefois quelque peu douteuses.

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S'il note à juste titre que le Parti social-démocrate (SPD), par exemple, a adopté une attitude résolument nationaliste et a commencé à soutenir l'effort de guerre du pays, il minimise considérablement l'influence que la Russie soviétique a eue sur les conseils eux-mêmes. Ce n'est pas pour rien que les Freikorps – qui, au départ, étaient utilisés par le gouvernement réactionnaire comme unités mercenaires afin de renforcer sa propre position – avaient réussi à rallier tant de personnes à leur cause anticommuniste, mais Schmelzer soutient que les conseils eux-mêmes étaient composés en grande majorité de membres du SPD et que les communistes pro-soviétiques n'y jouaient qu'un rôle mineur, voire insignifiant.

Cela mis à part, il propose un résumé intéressant des cinq visions du monde qui étaient en vogue à l'époque:

(1) la monarchie restauratrice,

(2) la démocratie pluraliste dans une économie capitaliste,

(3) le gouvernement parlementaire avec des conseils démocratiques et la socialisation économique,

(4) la dictature communiste pure et dure, et

(5) ce qu'il décrit comme un système de conseils politiques et économiques « purs ».

Il ne fait guère de doute que la droite militariste, du moins avant l'avènement de l'hitlérisme, privilégiait la première option, tandis que la deuxième était préférée par ceux qui, comme le Parti populaire allemand (DVP), étaient libéraux-conservateurs. La troisième catégorie désigne le SPD de centre-gauche, qui comptait plus d'un million de membres en 1918, tandis que la quatrième fait clairement allusion au Parti communiste (KPD) de Rosa Luxemburg.

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Peu après que les sociaux-démocrates indépendants (USPD) se soient séparés de la SPD en raison de son nouveau bellicisme, l'USPD s'est lui-même scindé en deux lorsqu'il a donné naissance à la KPD susmentionnée. La cinquième catégorie de Schmelzer, si je ne vous ai pas trop submergé avec cette litanie kaléidoscopique de labels idéologiques, était apparemment occupée par les segments de gauche de l'USPD et ce sont eux qui, selon lui, luttaient pour une forme plus autonome de décentralisation politique, sociale et économique.

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Les membres de l'USPD qui adhéraient à cette vision plus radicale se faisaient appeler les « délégués révolutionnaires » (Revolutionäre Obleute) et menèrent des grèves très efficaces afin d'essayer d'empêcher le pays de sombrer dans une guerre totale destructrice. Ironiquement, bien que ces éléments particuliers n'aient pas suivi Luxemburg au sein de la KPD, ils étaient considérablement plus radicaux dans le sens où ils s'opposaient fondamentalement au contrôle de l'économie par l'État et à la participation à l'assemblée nationale bourgeoise. Leur principale erreur, cependant, comme le souligne Schmelzer dans son livre, est que, alors que la faction Revolutionäre Obleute luttait pour l'autodétermination, elle a commis l'erreur de chercher à appliquer ces principes dans un climat marqué par un chaos total et un autoritarisme croissant.

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La meilleure stratégie, du moins pour les nationaux-anarchistes qui soutiennent bon nombre d'objectifs similaires, aurait été d'appliquer ces principes autarciques à la périphérie et non au cœur d'une société de plus en plus technologique. En fin de compte, ce sont Karl Kautsky, Hugo Haase et Rudolf Hilferding – tous issus de l'aile droite de l'USPD – qui ont finalement décidé que le parti devait prêter allégeance au système démocratique et abandonner complètement l'idée de conseils « purs ». Bien que de nombreux partisans des Revolutionäre Obleute aient ensuite rejoint l'Union libre des travailleurs (FAUD), une occasion unique avait été gâchée.

vendredi, 28 novembre 2025

En route vers une union militaire ? - Des milliards pour l’armement et plus encore : l’UE lance un programme pour le lobby de la défense

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En route vers une union militaire ?

Des milliards pour l’armement et plus encore: l’UE lance un programme pour le lobby de la défense

Source: https://derstatus.at/globalismus/milliarden-fur-waffen-co...

Notre bel argent de bons contribuables sera consacré à leur armement: Bruxelles lance l'«European Defence Industry Program» (EDIP). Son objectif: que les pays de l’UE développent, achètent et produisent conjointement des armes, des munitions et d’autres équipements militaires. À cet effet, l’UE prévoit de dépenser pas moins de 1,5 milliard d’euros dans les deux prochaines années. À cela s’ajoutent de nouvelles aides financières à Kiev.

Le programme d’armement EDIP joue sur tous les tableaux

Une grande euphorie accompagne la progression du projet, du côté des représentants des familles politiques du système à Bruxelles. Le principal négociateur pour le budget, et ministre danois des Finances d'obédience social-démocrate, Nicolai Wammen, se réjouit de l’augmentation des dépenses militaires de l’UE qui passent à 2,8 milliards d’euros — soit un doublement depuis 2023 — et parle d’un budget «fort et résilient» dans ce domaine. François-Xavier Bellamy, négociateur de l’UE pour l’industrie, la recherche et l’énergie, est également très enthousiaste: «Nous veillons à ce que les pays européens investissent dans des armes qui leur garantissent une autonomie totale d’action.»

Il évoque des « décennies de dépendances dangereuses » qui auraient menacé la «souveraineté de nos démocraties». Le programme EDIP renforce la «base industrielle» et garantit que les armées des pays de l’UE «disposent des moyens pour remplir leur mission». La participation de l’industrie de défense ukrainienne, également, est particulièrement saluée dans la famille politique, comme l’explique Michael Gahler, député de la CDU allemande et négociateur du PPE au comité de la défense de l’UE. Cependant, il regrette que le 1,5 milliard d’euros débloqué par Bruxelles soit encore «bien trop faible» à son goût…

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Économie de guerre de l’UE: l’Autriche neutre, elle aussi, finance le projet

La FPÖ pressent déjà le pire en lien avec ces annonces. La députée européenne de la FPÖ, Petra Steger (photo), a déclaré: «L’Union européenne fait un pas colossal vers une union militaire, et le gouvernement autrichien est en première ligne. Ce qui est présenté ici sous le nom de European Defence Industry Programme n’est rien d’autre que le début d’une économie de guerre à l’échelle de l’UE.» À l’avenir, les États membres pourront se faire subventionner jusqu’à 100 % des coûts de leurs projets de défense par l’UE.

Cela n’est pas bon non plus pour la neutralité autrichienne: «Ainsi, nous, en tant que contributeurs nets autrichiens, finançons directement la militarisation d’autres pays. Encore plus de redistribution, encore plus de folie des armements — plus vite, plus grand, plus cher que jamais. C’est la rupture définitive avec un projet qui a commencé comme une union pour la paix.» Que l’Ukraine reçoive en plus 5,9 milliards d’euros de Bruxelles énerve la députée: «L’UE injecte des milliards dans la production militaire ukrainienne — nouvelles usines, licences de production, achats conjoints — et cela dans un pays qui est dans l’actualité depuis des mois à cause de colossaux scandales de corruption.»

Diplomatie plutôt qu’une «folie militariste délirante»

Il ne s’agit «pas seulement de préparer l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, mais aussi de préparer l’adhésion de l’UE à la guerre en Ukraine !» Selon Mme Steger, cela montre une fois de plus: « L’UE n’a aucun intérêt à la paix. Alors que le monde parle de solutions pacifiques possibles, Bruxelles prépare un conflit sur le long terme.» La responsabilité revient maintenant au gouvernement allemand: «Ceux qui participent à cette démarche foulent délibérément aux pieds la neutralité permanente. L’Autriche est progressivement entraînée dans une union militaire. [...] L’Europe a besoin de diplomatie, de paix et de bon sens, pas d’une folie militariste ! »

Dimanche déjà, le secrétaire général de la FPÖ, Michael Schnedlitz, a critiqué la prestation de la ministre des Affaires étrangères, membre du parti libéral NEOS, Beate Meinl-Reisinger, lors de la conférence de presse à la radio autrichienne ORF. Elle y a encore plaidé pour la création d’une armée européenne. Selon la vision de la FPÖ, c’est non: « Si la ministre des Affaires étrangères veut vraiment donner un signal pour la paix en Ukraine, alors elle doit proposer l’Autriche comme lieu pour des négociations sérieuses de paix. La neutralité autrichienne n’est pas un instrument pour ses fantasmes d’armée européenne — elle doit enfin s’engager pour la paix et la diplomatie.» Ses fantasmes ne correspondent pas à l’attitude qu'attendent les citoyens et sont « stupides et dangereux».

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Les États-Unis veulent contrôler le gazoduc Nord Stream pour leurs propres besoins

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Les États-Unis veulent contrôler le gazoduc Nord Stream pour leurs propres besoins

Source: https://mpr21.info/estados-unidos-quiere-controlar-el-gas...

En novembre de l’année dernière, nous avons annoncé que le spéculateur américain Stephen P. Lynch souhaitait acheter le gazoduc Nord Stream, si celui-ci était mis aux enchères lors du procès qui allait être lancé en Suisse contre l’opérateur en faillite.

En mai, le tribunal suisse a approuvé la vente. Une entreprise, Pyrit Energy AG, souhaite l’acquérir, selon l’annonce de son directeur, Ralph Niemeyer, qui a affirmé que son offre était la meilleure solution et qu’il avait négocié la transaction avec le directeur de Gazprom, Alexei Miller.

Bien que le gazoduc ne soit pas encore en service, l’intérêt pour celui-ci croît de jour en jour. Pyrit espère obtenir l’approbation des 27 pour transporter le gaz russe, malgré le fait qu’en octobre, le Conseil de l’Union européenne ait adopté un plan pour bloquer les importations de combustibles russes. L’accord s’exécute via Dubaï, le centre mondial de compensation pour les hydrocarbures.

Ce n’est pas un hasard si la police allemande a soudainement émis des mandat d’arrêt contre trois saboteurs du service secret ukrainien et quatre plongeurs militaires pour le sabotage du gazoduc.

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L’ambiance a changé, et même en Pologne, des déclarations très surprenantes se font entendre. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Jacek Czaputowicz, a déclaré que l’amélioration des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Russie pourrait conduire à la reconstruction de Nord Stream. « Les Européens achèteront ce gaz. Je pense que nous aussi. Parce que cela sera tout simplement légalisé par les États-Unis, notre principal allié », a déclaré Chaputowicz à la radio RMF24.

Peut-être que tout est déjà en marche. Cet été, Lynch, qui est un collaborateur proche de Trump, a payé la dette des exploitants de Nord Stream envers leurs créanciers. Lynch tente également d’acheter le gazoduc, mais attention; le plan est très différent: il ne s’agit pas de transporter du gaz russe vers l’Europe. Certains pensent que ce que les États-Unis veulent, c’est empêcher la Chine d’accéder au gazoduc.

Bien sûr, les opérations de Lynch sont liées à un accord de paix en Ukraine. Mais le gazoduc reste intéressant dans toutes les circonstances… aussi pour les États-Unis, qui ne disposent pas de suffisamment de carburant pour faire fonctionner leurs centres de données en intelligence artificielle.

Bien que les États-Unis soient le principal producteur mondial de gaz, avec un billion de mètres cubes, la consommation intérieure et celle du Mexique absorbent ensemble 900 milliards de mètres cubes. En d’autres termes, les investissements colossaux prévus pour l’intelligence artificielle aux États-Unis dépendent aussi… du gaz russe.

Pour que les « génies » de Bruxelles comprennent: le paquet de sanctions numéro 19 est une folie ; les tentatives de bloquer les exportations de gaz russe sont vouées à l’échec. La seule question est de savoir si le pipeline arrivera en Allemagne ou si une autre opportunité sera manquée à son tour.

Nous restons en alerte : l’entreprise qui exploitait le gazoduc Nord Stream était à moitié russe et à moitié allemande ; maintenant, nous verrons si l’entreprise qui l’achètera sera à moitié russe et à moitié américaine, c’est-à-dire si l’Europe restera à nouveau mise à l’écart.

Mishima et l’esprit chevaleresque - La passion de Mishima pour l’Espagne

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Mishima et l’esprit chevaleresque

La passion de Mishima pour l’Espagne

Source: https://revistahesperia.substack.com/p/mishima-y-el-espir...

Le code d’honneur caldéronien

Mishima était un lecteur vorace. Il semble qu’il ait été familiarisé dès son plus jeune âge avec les auteurs de notre Siècle d’Or espagnol. En particulier, le théâtre baroque et ses thèmes de l’honneur et de la gloire l’attiraient beaucoup. Et ici, Calderón de la Barca était, pour lui, notre étoile la plus brillante.

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Mishima découvrit que le peuple espagnol et le peuple japonais partageaient un même concept de l’honneur. L’honneur calderonien était similaire à celui du Bushido, le code des samouraïs, car tous deux se placent au-dessus des volontés des rois et des seigneurs. « Au roi, il faut donner la terre et la vie, mais pas l’honneur, car l’honneur, c’est le patrimoine de l’âme, et l’âme n’appartient qu’à Dieu. »

Dans un contexte historique, un hidalgo était un chevalier de la petite noblesse. Mais avec le temps, il en est venu à signifier noble et généreux. Dans la tradition espagnole, l’esprit hidalgo trace un arc allant des chevaliers médiévaux jusqu’à la Légion de Millán-Astray. Notre passé est rempli de chapitres héroïques, des exploits des Tercios aux derniers combattants des Filipinas. Ce sens de la vie était également très présent dans nos arts et nos lettres jusqu’au début de la décadence.

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Luis Díez del Corral

Ce professeur fut procureur sous le régime franquiste, juriste, politologue et disciple d’Ortega y Gasset. Dans les années soixante, il fit une tournée au Japon pour parler de l’Espagne des Austriacos (des Habsbourgs). Lors de ses conférences, il expliquait le sens de l’honneur caldéronien et de l’esprit chevaleresque. Mishima voyait dans cette attitude face à la vie une fraternité avec la tradition japonaise.

Une anecdote espagnole qui fit le plaisir de l’auteur nippon fut le geste du marquis de Benavente après avoir été contraint par l’empereur Charles Quint de recevoir dans son palais de Tolède le Connétable de Bourbon. Le marquis respecta la volonté impériale, qu’il considérait comme une humiliation, puis incendia son palais car il n’était pas disposé à vivre là où un traître l’avait fait. Mishima affirmerait que cette action était l’équivalent le plus précis du code d’honneur samouraï : 

« L’un des nôtres aurait obéi sans rechigner, comme Benavente, à l’ordre de son « daimyō » ou du « shogun », puis aurait commis un seppuku. Comme en Espagne cette tradition n’existe pas, l’acte de Benavente est un symbole parfait. C’est la même chose, d’une autre manière. »

Après une des conférences, Mishima s’approcha pour discuter avec Díez del Corral. La présence de la célébrité japonaise attira dans la salle un essaim de journalistes et une masse énorme d’amateurs. Les deux échangèrent d’abord leurs impressions sur leurs goûts communs, puis se séparèrent de la foule pour continuer leur conversation en privé durant plusieurs heures. Ce fut le début d’une belle amitié qui dura dans le temps et conduisit les intellectuels à se rendre visite mutuellement dans leurs pays respectifs. Lors de ses voyages en Espagne, Mishima en profita pour vivre de près deux traits de notre identité qui l’impressionnaient le plus : la tauromachie et le flamenco.

Dans une interview, lorsqu’on lui demanda qui il sauverait si une bombe atomique devait dévaster l’Europe, Mishima répondit que ce serait le philosophe allemand Martin Heidegger et l’historien espagnol Díez del Corral.

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La Légion et le Bushido

Une autre chose qu’aimait Mishima dans l’âme espagnole était la Légion. Il n’était pas surprenant, puisque Millán-Astray avait étudié le Bushido, et a même écrit la préface de sa traduction en espagnol. Le fameux militaire espagnol, boiteux, manchot et aveugle s’inspira du code samouraï pour fonder sa milice. Il l’a lui-même déclaré : « Et aussi, je me suis appuyé sur le Bushido pour soutenir le credo de la Légion, avec son esprit légionnaire de combat et de mort, de discipline et de camaraderie, d’amitié, de souffrance et de dureté, de répondre au feu. Le légionnaire espagnol est aussi samouraï et pratique l’essence du Bushido: Honneur, Courage, Loyauté, Générosité et Esprit de Sacrifice. Le légionnaire espagnol aime le danger et méprise la richesse».

Dans ces légionnaires, qui criaient « Vive la mort » et dont l’hymne s’appelait El novio de la muerte, Mishima voyait une attitude épique très similaire à celle qu’il défendait. Évidemment, les slogans légionnaires ne répondaient pas à une impulsion d’autodestruction, mais étaient des consignes pour donner du courage à ceux qui étaient prêts à tout sacrifier pour défendre des causes supérieures à leur propre vie.

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Une problématique de culture

Mishima comprenait que le code d’honneur caldéronien partageait une ressemblance avec l’honneur japonais « plus que n’importe quel autre schéma de dignité personnelle des pays occidentaux ». Le 24 septembre 1969, il publia dans le journal The Times de Londres un article intitulé A problem of culture. Il y parle de « l’esprit espagnol du samouraï » et énumère ses préférences et ses fétiches. Juan Antonio Vallejo-Nágera considère dans Mishima ou le plaisir de mourir que cet article est très important pour comprendre l’idéologie politique de l’écrivain.

L’auteur nippon loue les Espagnols devant le public britannique et souligne leur conscience collective de la mort, l’idéal du « bon mourir » hérité des Tercios sous la proclamation du « ¡Viva la Muerte ! » et la défense de la tauromachie comme un exemple de résistance face à l’uniformisation occidentale. Il affirme aussi que seul un Espagnol aurait pu dire qu’il était « meilleur honneur sans navires que navires sans honneur » — une attitude qui aurait semblé insensée pour le reste des nations.

Mishima ajoutait dans cet article qu’il se considérait comme « un Don Quichotte ; bon, un Don Quichotte mineur contemporain ». Et c’est ainsi qu’il unissait à jamais l’esprit du samouraï à celui du hidalgo, terminant ainsi sa recherche.

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L’heure des hidalgos

Don Quichotte de la Mancha est un archétype du véritable hidalgo. C’est un homme qui vit humblement et qui, influencé par la lecture des livres de chevalerie, décide de sortir du confort de sa vie et de mettre ses armes au service des nécessiteux. L’ingénieux hidalgo disait que « la chose dont le monde avait le plus besoin était de chevaliers errants et que l’on ressuscitât la chevalerie errante ».

François Bouqsuet appliquait une réflexion similaire aux temps modernes :  « Je crois profondément que, s’il y a lutte — et il y en a — ce n’est pas une lutte de classes dont il s’agit, mais la lutte millénaire des poètes, des chevaliers, contre la classe prédominante des êtres grossiers et vulgaires (…) une lutte entre ceux qui soutiennent les colonnes du temple et ceux qui les profanent et les détruisent. »

Dans une époque marquée par la vulgarité et le narcissisme, l’esprit hidalgo nous offre un code différent. Un style qui allie l’exigence de soi à la défense d’idées nobles. On peut trouver dans l’esprit hidalgo une référence pour avancer (même avec beaucoup d’efforts et d’erreurs) debout dans un monde en ruine.

La “progéniture monstrueuse”: brève histoire de l’intérêt

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La “progéniture monstrueuse”: brève histoire de l’intérêt

Par Andrea Falco Profili

Source: https://www.grece-it.com/2025/10/30/la-progenie-mostruosa...

Aristote la qualifia de “commerce le plus haï”, une activité contre nature où l’argent, par essence stérile, se reproduisait de façon monstrueuse par lui-même. Pendant des millénaires, l’acte de prêter avec intérêt a été un tabou moral, repoussant et inacceptable. Dans le folklore médiéval, les démons remplissaient la bouche du prêteur décédé de pièces brûlantes, une punition jugée appropriée pour un abomination telle que l’usure. Le monde antique, en effet, connaissait bien la puissance socialement destructrice de la dette : il avait conçu à cet effet un mécanisme de suppression, l’institution du Jubilé. Une année sacrée, qui servait de réinitialisation légale où les terres revenaient à leurs anciens propriétaires et, surtout, où la libération de l’esclavage de la dette était proclamée. C’était la tentative ultime de freiner une pratique odieuse.

Ces échos d’une ancienne répugnance morale ont été, depuis, enfouis par l’histoire. La longue marche du crédit a transformé le péché capital en une pratique financière respectable. Mais, en se dotant de méthode, il faut retracer comment il a été possible d’en arriver là.

Comme nous l’avons dit, dans le monde antique, l’intérêt était perçu comme un acte repoussant et inacceptable, on parlait de faire “enfanter” l’argent, un acte que Aristote, dans le premier livre de La Politique, condamne immédiatement, déclarant la stérilité de l’argent. L’usurier, en faisant “accoucher” des pièces de monnaie à partir d’autres pièces, crée une progéniture artificielle, un tokos (qui signifie aussi “rejeton” en grec), qui est une monstruosité. La pratique du prêt était considérée odieuse car elle constituait le principal instrument de soumission. Dans le monde grec-romain et au Proche-Orient, un paysan dont la récolte tournait mal était contraint de grever sa terre, puis ses outils, puis ses enfants, et enfin lui-même. C’était la réalité du crédit: l’esclavage pour dettes. Des populations entières étaient dépossédées et asservies non par une armée envahissante, mais par un registre comptable. Le créancier voyait sa richesse croître non par le travail, mais par la désolation d’autrui. C’était un système qui dévorait la société de l’intérieur, concentrant la terre et le pouvoir entre les mains d’une oligarchie, tandis que la masse de la population sombrait dans une servitude permanente.

La dette accumulée, laissée à elle-même, devient une entropie sociale et se concentre jusqu’à détruire le tissu même de la communauté, créant une fracture irrémédiable entre créanciers et débiteurs. Cette répulsion ne se limita pas au paganisme philosophique ou à la culture catholique. Elle fut universelle, si bien que l’Église chrétienne primitive, suivant les Évangiles (“Prêtez sans espérer rien en retour”), fut implacable. Les pères de l’Église, à partir de Saint Thomas d’Aquin, furent unanimes dans leur condamnation de l’usure comme péché mortel, défini comme un vol sans demi-mesure. Faire payer pour l’usage de l’argent, disait Thomas, c’était faire payer pour le temps. Les conciles ecclésiastiques interdisaient aux usuriers de recevoir les sacrements et même la sépulture en terre consacrée. L’Islam, dans le Coran, est peut-être encore plus clair, en comparant l’usurier à celui qui est “touché par Satan” car il déclare littéralement la guerre à Dieu et à son prophète en poursuivant cette pratique.

Pendant plus de deux mille ans, les trois grandes traditions intellectuelles et morales d’Europe et du Proche-Orient – la philosophie grecque, la loi chrétienne et la loi islamique – s’accordaient sur la malignité absolue de l’usure, avec une voix unanime.

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La question est alors la suivante:  comment a-t-il été possible d’arriver à la situation actuelle, comment un paria moral a-t-il pu s’intégrer dans l’administration courante en dissimulant son passé de pratique répugnante. Il s’agit en effet d’un chef-d’œuvre de sophistique, d’un lent lavage de cerveau collectif qui a duré des siècles, a commencé par de petits détails et des jeux terminologiques. Les théologiens et juristes  du bas moyen-âge commencèrent à creuser des fissures dans le mur, en postulant les droits du prêteur d’argent. Si le créancier subissait un dommage, ou perdait une opportunité de gain, il devenait opportun et justifiable qu’il reçoive une compensation, un “intérêt”. Le terme même d'“intérêt” fut choisi délibérément pour s’éloigner du mot “usure”, lequel était chargé de haine. Par la suite, furent créés les Monts de Piété, officiellement nés pour lutter contre l’usure, qui étaient des institutions franciscaines prêtant de l’argent aux pauvres en demandant en échange seulement un petit intérêt, juste suffisant à couvrir les coûts opérationnels. Cela semblait charitable, mais le tabou avait été brisé et, pour la première fois, une institution chrétienne légitimait l’intérêt. La digue avait cédé.

Le coup de grâce arriva avec la Réforme protestante. En plus de Luther, c’est Jean Calvin qui fournit la justification théologique que le capitalisme naissant attendait. Calvin distingua entre le prêt au pauvre (qui constituait encore un péché) et le prêt à l’entrepreneur, arguant que l’intérêt était le gain légitime de celui qui permettait à un autre homme de tirer du profit en lançant une activité. À partir de ce moment, les coordonnées de l’argent dans la société changèrent irrémédiablement : on ne parle plus d’argent stérile mais de capital, et l’usurier, parasite, changea de nom pour devenir l'“investisseur”, devenant un partenaire dans le progrès.

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Depuis ce moment, la marche du crédit fut inarrêtable. Les Lumières ont sécularisé le sujet (Bentham, Adam Smith), liquidant les anciennes interdictions désormais considérées comme relevant de superstitions médiévales qui entravaient le libre marché. Les banques, autrefois activités marginales et honteuses, sont devenues les temples de la nouvelle économie. Aujourd’hui, le système que les Européens d’autrefois voyaient comme un cancer social est désormais le système circulatoire en place. La re-signification a permis de remplacer la peur de la dette par celle de ne pas en avoir assez (on parle maintenant de “mauvais crédit”). Les gouvernements ne cherchent pas à effacer les dettes, mais s’endettent pour payer les intérêts sur les dettes précédentes. Même l’institution du Jubilé ne survit que dans son sens spirituel dans un catholicisme en déclin, tandis que sa valeur économique et sociale est oubliée et ridiculisée comme une impossibilité économique. En revanche, il existe son opposé : le sauvetage (bailout), où les dettes faillies des puissants ne sont pas effacées, mais transférées sur le dos du public. L’apothéose de cette transformation est survenue avec la crise financière de 2008. Quand le château de cartes construit sur les prêts hypothécaires s’effondra, on a pu s'attendre à un retour à la santé. Au contraire, ce fut la victoire définitive de la logique de la dette. Les sauvetages bancaires dans le monde atteignirent des chiffres astronomiques. Ce ne furent pas les dettes des désespérés qui furent effacées, mais celles des requins financiers qui furent socialisées. Les spéculateurs qui avaient parié et perdu furent sauvés par l’argent public, tandis que des millions de familles perdirent leurs maisons. On choisit de récompenser ceux qui avaient créé la catastrophe, ceux qui en subirent les conséquences découvrirent vite le sens du mot “austérité”.

Le cercle est bouclé, la “progéniture monstrueuse” d’Aristote s’est tellement multipliée qu’elle a dévoré ses propres parents. Et le monde, sans même s’en rendre compte, est devenu son enfant adoptif.

Andrea Falco Profili

jeudi, 27 novembre 2025

Georg Mayer (FPÖ): «L'UE conduit l'Europe vers une dépendance dangereuse – ce sont nos entreprises locales qui en font les frais»

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Georg Mayer (FPÖ): «L'UE conduit l'Europe vers une dépendance dangereuse – ce sont nos entreprises locales qui en font les frais»

Par Georg Mayer

Source: https://www.fpoe.eu/mayer-eu-steuert-europa-in-eine-gefae... 

« Avec sa politique industrielle idéologisée, la Commission européenne a conduit l'Europe vers une dépendance extrêmement dangereuse vis-à-vis de la Chine – et tente désormais de masquer les problèmes qu'elle a elle-même causés en maniant à tour de bras des vocables-slogans tels que le « dérisquage ». En réalité, nous assistons à une désindustrialisation provoquée par Bruxelles, explique Georg Mayer, député européen de la FPÖ autrichienne, à l'occasion du débat en session plénière sur les restrictions chinoises à l'exportation.

Mayer souligne que l'UE a imposé pendant des années des exigences climatiques excessives, a posé une interdiction totalement inappropriée des moteurs à combustion et imposé une bureaucratie toujours plus lourde, qui ont considérablement affaibli la base industrielle de l'Europe. "Alors que d'autres régions du monde renforcent leur industrie, l'UE chasse systématiquement notre production hors d'Europe. Et maintenant, on s'étonne que la Chine tire parti de sa position? Cette évolution était prévisible", déclare M. Mayer.

La ligne de conduite de la Commission, qui pourrait conduire l'Europe à une confrontation avec la Chine, est particulièrement dangereuse: «Une escalade du conflit serait suicidaire sur le plan économique. La Chine est l'un des principaux partenaires commerciaux de l'Europe. Ceux qui brandissent des gestes menaçants mettent en danger notre prospérité. » Ce sont surtout les entreprises locales qui en font les frais: « Ce ne sont pas les élites bruxelloises qui paient la facture, mais nos entreprises locales, celles qui garantissent chaque jour des emplois et créent de la valeur ajoutée.

Mayer exige un changement radical de mentalité

« Il faut mettre fin à cette mauvaise orientation idéologique. L'Europe n'a pas besoin de petits jeux géopolitiques, mais, enfin, d'une politique qui renforce notre industrie, assure la sécurité d'approvisionnement et rétablisse la compétitivité. »

Le FPÖ continuera à « s'opposer aux dérives autodestructrices de Bruxelles » et à réclamer une politique industrielle raisonnable qui remette l'Europe sur les rails sur le plan économique.

Georg Mayer

- Membre de la commission des pétitions (PETI);

- Membre suppléant de la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie (ITRE).

Friedrich Nietzsche, Gilles Deleuze et l'éternel retour

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Friedrich Nietzsche, Gilles Deleuze et l'éternel retour

Troy Southgate

Source: https://troysouthgate.substack.com/p/friedrich-nietzsche-...

Dans son ouvrage complexe publié en 1962, Nietzsche et la philosophie, le postmoderniste français Gilles Deleuze (1925-1995) cherche tellement à faire correspondre les idées de Nietzsche à sa propre vision matérialiste du monde que certains aspects de l'œuvre du penseur allemand sont complètement relégués au second plan. Lorsque Deleuze aborde la notion d'éternel retour, par exemple, à laquelle Nietzsche fait allusion dans Le Gai Savoir (1882) et Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1891), il affirme que ce concept contient « les parties les plus obscures de la philosophie de Nietzsche et constitue un élément presque ésotérique de sa doctrine » (p. 69).

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Ailleurs, Deleuze suggère que La généalogie de la morale (1887) de Nietzsche est une tentative flagrante de réécrire la Critique de la raison pure (1781) d'Emmanuel Kant, même si Nietzsche s'abstient de discuter des questions relatives à l'épistémologie dans cet ouvrage particulier et ne mentionne à aucun moment Kant lui-même.

Deleuze, comme Emma Goldman (1869-1940) avant lui, admirait beaucoup l'attitude intransigeante de Nietzsche et tentait de rehausser ses propres références révolutionnaires en créant une forme de nietzschéisme de gauche.

On peut débattre de la question de savoir s'il y parvint réellement, mais pour revenir à sa discussion sur l'éternel retour, je suis d'accord avec Deleuze pour dire que certaines remarques de Nietzsche sur la nature des tendances réactives s'expliquent par la relation entre la volonté de néant et l'éternel retour lui-même.

La volonté de néant, rappelons-le, est le nom que Nietzsche donne à la philosophie pessimiste d'Arthur Schopenhauer (1788-1860), selon laquelle la vie se détourne d'elle-même parce qu'elle ne trouve aucune valeur réelle dans le monde. Elle est similaire, à bien des égards, au bouddhisme. Cette tendance est bien sûr présentée comme la voie du nihiliste, décrite à titre posthume par Nietzsche dans La Volonté de puissance (1901) comme « un homme qui juge le monde tel qu'il est comme il ne devrait pas être, et le monde tel qu'il devrait être comme s'il n'existe pas ».

La volonté de néant est donc d'une importance vitale dans le schéma philosophique des choses car, comme le note Deleuze, en entrant en contact avec l'éternel retour, « elle rompt son alliance avec les forces réactives » et donc « l'éternel retour peut compléter le nihilisme car il fait de la négation une négation des forces réactives elles-mêmes » (p. 70).

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En d'autres termes, bien que le nihilisme soit généralement perçu comme l'apanage des faibles, il devient ici l'instrument de leur propre autodestruction.

Avant cette association ironique entre la volonté de néant et l'éternel retour, la première était toujours présentée comme quelque chose qui s'alliait aux forces réactives et qui, par conséquent, cherchait inévitablement à nier ou à étouffer la force active. Nietzsche, en 1901, avait déjà observé que « la loi de conservation de l'énergie exige l'éternel retour ». La volonté de néant, en revanche, n'est qu'une forme incomplète de nihilisme et, comme le note Deleuze: « La négation active ou la destruction active est l'état des esprits forts qui détruisent le réactif en eux-mêmes, le soumettant à l'épreuve de l'éternel retour et se soumettant eux-mêmes à cette épreuve, même si cela implique de vouloir leur propre déclin » (Ibid.).

La négation est donc radicalement transformée en un état d'affirmation dans ce qui peut finalement être interprété comme une métamorphose dionysiaque.

18:11 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, gilles deleuze, friedrich nietzsche | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook