Bulletin célinien, n°412
Sommaire :
Pierre Laval vu par Céline
Un guide du Paris “réac et facho”
Sillonner les transports céliniens à la recherche du style
Voyage à nouveau sur les planches
Céline au bout de la nuit africaine
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
21:37 Publié dans Littérature, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, livre, louis-ferdinand céline, céline | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien, n°412
Sommaire :
Pierre Laval vu par Céline
Un guide du Paris “réac et facho”
Sillonner les transports céliniens à la recherche du style
Voyage à nouveau sur les planches
Céline au bout de la nuit africaine
par Marc Laudelout
Contre Céline tout est désormais permis. Dans un fort volume d’un millier de pages, on peut, sans susciter guère de contestations, le faire passer pour un vil délateur et un actif agent de l’Allemagne alors même qu’on n’apporte aucune preuve tangible. Tout ou presque n’y est que suppositions gratuites, insinuations malveillantes, déductions fallacieuses et hypothèses bancales. Le piège est redoutable car réfuter ces calomnies vous fait ipso facto passer pour un personnage suspect. Céline, il est vrai, n’est pas un écrivain facile à défendre tant il s’est mis lui-même dans un mauvais cas. Il ne s’agit d’ailleurs pas de le défendre (son procès se tint il y a plus d’un demi-siècle) mais d’établir les faits, uniquement les faits. On aurait envie de répondre à ses détracteurs que ce n’est pas la peine d’en rajouter même si l’envie démange certains de le mettre indéfiniment en accusation. Ils n’ont de cesse de faire encore et toujours son procès. L’année du cinquantenaire de sa mort, la chaîne franco-allemande Arte, puis la Télévision suisse romande, ont précisément diffusé un documentaire refaisant Le Procès de Céline, où intervenait déjà le tandem Taguieff-Duraffour. Aujourd’hui, la revue L’Histoire publie un dossier sur le même sujet ¹ et, au début de ce mois, le tribunal de la FFDE (Fédération Française de Débat et d’Éloquence) organise au Palais de Justice de Paris un nouveau “procès Céline” !C’est dire si le livre de David Alliot et Éric Mazet vient à point nommé pour remettre les pendules à l’heure. Le lecteur y verra que ni le docteur Joseph Hogarth (Bezons) ni le docteur Herminée Howyan (Clichy) ne furent victimes des propos de leur confrère Destouches. Et, comme l’a admis l’Association des Amis de Robert Desnos, Céline n’est strictement pour rien dans le sort tragique du poète. Les auteurs démontent aussi l’assertion venimeuse selon laquelle Helmut Knochen aurait désigné Céline comme agent du SD. C’est de la même farine que la mention de son nom sur une note d’Otto Abetz le pressentant pour diriger le Commissariat général aux questions juives. Le premier biographe de Céline évoquait déjà un « document sans aucune valeur de preuve » (Gibault III, p. 257). Tout le problème réside là, en effet : n’ayant ni l’un ni l’autre de formation historique, Taguieff et Duraffour ne procèdent à aucune critique interne et externe des documents qu’ils exhument. À partir de là, c’est la porte ouverte à toutes les allégations, surtout si elles vont dans leur sens.Le plus grotesque dans la démarche de Taguieff est sans doute ailleurs : dénier à Céline toute réelle valeur littéraire. « Son pavé est conçu comme une entreprise de démolition de l’écrivain. L’intention est bien d’écarter de Céline tout lecteur, tout directeur de thèse, tout acteur, comme autrefois les catholiques jetaient l’opprobre sur Voltaire, les républicains sur Chateaubriand, les féministes sur Sade et les sacristains sur Baudelaire. »
Gageons que la grande presse ne parlera guère de cet opuscule incisif et pugnace. Ce serait mettre en question les articles convenus qui rendirent compte du bouquin de Taguieff. Les céliniens, eux, savent ce qu’il leur reste à faire : lire et faire connaître autour d’eux cet ouvrage qui y répond de si magistrale façon.
• David ALLIOT & Éric MAZET, Avez-vous lu Céline ?, Pierre-Guillaume de Roux, 2018, 128 p. Diffusé par le BC (20 €, port inclus).
14:38 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, louis-ferdinand céline, littérature, lettres, lettres françaises, littérature française, revue, marc laudelout | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien n°411
octobre 2018
Sommaire :
- Céline en Italie:
Rencontre avec Valeria Ferretti
- Une « dénonciation oubliée »
- Actualité célinienne
- « Céline & Céline » de Michel Ruffin.
par Marc Laudelout
Jean-Luc Barré, qui dirige depuis une dizaine d’années la collection « Bouquins » chez Robert Laffont, accomplit une partie de la mission que n’assure plus Antoine Gallimard pour la « Bibliothèque de la Pléiade ». Celle-ci se targue d’être « un héritage augmenté des chefs-d’œuvre de notre temps ». Pour des raisons de toute évidence idéologiques, la maison Gallimard refuse une part de cet héritage. Ni Barrès, ni Bainville, ni Maurras n’y ont droit de cité. Tous trois réédités, en revanche, dans la collection « Bouquins ». On peut naturellement penser ce que l’on veut du maître de Martigues mais nier qu’il ait exercé, pendant près d’un demi-siècle, un magistère intellectuel sur ses contemporains serait grotesque. Dans un fort volume de plus d’un millier de pages, les éditions Robert Laffont rééditent donc ses grands textes, de L’Avenir de l’intelligence à Kiel et Tanger sans oublier ceux sur l’esthétique ainsi que sa poésie dont de superbes textes érotiques inédits.
Il est sans doute inutile de rappeler ici à quel point les tropismes céliniens diffèrent des tropismes maurrassiens. Attiré par la Méditerranée et l’Antiquité gréco-latine, Maurras eut une inclination pour le fascisme italien tout en vitupérant contre l’Allemagne dont il fut, tout au long de sa vie, un farouche adversaire. Alors même que Céline considérait cette germanophobie contre nature et porteuse de nouveaux périls. Dans un article paru en 1942, « La France de M. Maurras », son ami Lucien Combelle stigmatisait, lui aussi, cette germanophobie. Ce qui lui attira un commentaire acerbe de Céline lui reprochant de passer à côté de ce qui était pour lui l’essentiel : l’antiracisme de Maurras déjà tancé quatre ans auparavant dans L’École des cadavres. À la suite d’Urbain Gohier, Céline soupçonnait même des origines sémites au leader de l’Action Française.
À ce propos, signalons que l’unique livre consacré à Combelle vient d’être réédité dans cette même collection « Bouquins » avec d’autres livres de Pierre Assouline sur la période de l’Occupation : ses romans (La cliente, Lutetia, Sigmaringen), sa biographie de Jean Jardin et son essai sur l’épuration des intellectuels. C’est dire si cette période fascine depuis toujours Assouline qui s’en explique dans une préface inédite, « Apologie de la zone grise ». Il y évoque avec nuance sa relation à cette histoire complexe. Laquelle n’était pas faite que de héros et de salauds. Comment d’ailleurs qualifier un jeune Français d’une vingtaine d’années acceptant de risquer sa vie sur le front de l’Est pour des idées qu’il croit justes ? Le juif sépharade qu’est Assouline fut l’ami de Combelle qui, non seulement crut au fascisme, mais en fut un ardent militant jusqu’en juillet 1944. Cette amitié l’honore, cela va sans dire, mais ce qui le distingue encore davantage de la plupart de ses confrères, c’est le refus de tout manichéisme. Et le goût de comprendre avant de juger.
La correspondance de Céline à Combelle a été éditée par Éric Mazet dans L’Année Céline 1995 (Du Lérot, 1996, pp. 68-156). Signalons aussi l’émission télévisée de Bernard Pivot sur « Les intellectuels et la Collaboration » (Apostrophes, 1er décembre 1978) à laquelle Combelle participa [https://www.youtube.com/watch?v=IcgWGFwt7nQ] et la série d’entretiens que Pierre Assouline eut avec lui (À voix nue, France Culture, 25-29 juillet 1988) [https://www.youtube.com/watch?v=D6rWO3pEPdc].
00:37 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, louis-ferdinand céline, revue, marc laudelout, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Par Yann P. Caspar
Ex: https://visegradpost.com
« Voici la terrible histoire de Philippe Ignace Semmelweis ». C’est ainsi que le Docteur Destouches amorce la préface de 1936 à la première édition commerciale de sa Thèse de Médecine, soutenue douze ans plus tôt à Paris, et ayant pour sujet la vie et l’oeuvre du plus célèbre médecin hongrois. Alors qu’on omet aisément de rappeler qu’avant de s’illustrer par une production littéraire hors du commun, Céline est avant tout un médecin sincèrement convaincu de sa vocation, cette thèse peut se lire comme l’étincelle qui allumera la flamme du style célinien et une lumineuse évocation du destin maudit des deux hommes.
D’une patte narguant continuellement les standards de la rédaction scientifique, Céline raconte le toujours plus insoutenable agacement de ce jeune obstétricien hongrois découvreur de l’asepsie face à la crasse et jalouse ignorance de ses confrères viennois. Peignant un monde médical majoritairement composé d’esprits invariablement tièdes, étroits et mesquins, Céline fait de Semmelweis l’archétype du génie s’acharnant passionnément à vouloir imposer ce qu’il pense être juste et vrai, sans bien sûr s’encombrer inutilement du moindre tact mondain. Quiconque sait le parcours de Céline pourra ainsi voir dans ce texte de 1924 une étonnante et splendide prophétie auto-réalisatrice rédigée par le futur prostré de Meudon, où vivant chichement ses dernières années de pestiféré avec sa femme Lucette, coupé du monde et clochardesque devant ses rares visiteurs, il écrira coup sur coup trois chefs d’oeuvre absolus : D’un château l’autre, Nord et Rigodon.
Quel est donc le génie d’un Semmelweis ? Exerçant dans une clinique où la fièvre puerpérale ravage les femmes en couche, surtout lorsque celles-ci sont tripotées par des étudiants ayant plus tôt effectué des dissections, Semmelweis comprend que cette mortalité massive est directement liée à la propagation de miasmes cadavériques dans les organes génitaux féminins. Déjà persuadé que la cause de ces décès se trouve au sein de la clinique même, son déclic survient le jour où son ami Kolletschka, souffrant d’une blessure au scalpel contractée lors d’une dissection, meurt des suites de symptômes similaires à ceux de la fièvre puerpérale.
Commentant cette révélation, Céline se plaît à souligner qu’elle intervient au retour du jeune Hongrois d’un voyage de plusieurs mois à Venise. Profondément ému par la beauté de cette ville, Semmelweis aurait tout naturellement flairé l’évidence : la pourriture cadavérique est à l’origine de la fièvre puerpérale. Ébloui par le génie de Philippe, Louis préfigure alors le sien : « La Musique, la Beauté sont en nous et nulle part ailleurs dans le monde insensible qui nous entoure. Les grandes œuvres sont celles qui réveillent notre génie, les grands hommes sont ceux qui lui donnent une forme »1.
Les accoucheurs se lavent les mains et la mortalité se met à dégringoler. Aux quatre coins de l’Europe, les médecins, tout réputés qu’ils soient, se mobilisent contre ce ridicule et vaniteux Hongrois, et entendent bien mettre un terme à cette folie hygiéniste. Semmelweis est mis à l’index, on l’humilie et l’invite prestement à rejoindre Budapest. Il arrive dans une capitale hongroise en pleine effervescence, peu de temps après le déclenchement des événements de 1848. Ce trentenaire banni de médecine s’éprend de politique avant de plonger dans une sérieuse dépression suite à la défaite des révolutionnaires. Bien que Céline n’ait jamais montré de tropisme centre-européen — et a fortiori une passion pour la Hongrie —, il met brillamment le doigt sur un caractère national hongrois : la propension magyare à savourer trop rapidement une victoire avant de se laisser happer par un état de mélancolie aggravé ; en somme, la Hongrie : une nation dont l’histoire n’est qu’une succession de sauteries sans lendemain.
L’histoire de Philippe Ignace Semmelweis, c’est celle de Louis-Ferdinand Céline. C’est celle de deux tarés se sentant dès leur adolescence investis d’une mission contre la bassesse et la lourdeur de notre monde. Reniés, exclus, ils crient, vocifèrent ; ils délirent. Ils savent que le talent est monnaie courante, alors que le génie est rare. Le talent procède de la matière grise, il est froid. Ils montrent qu’il n’y a guère que la chaleur des émotions et des tripes pour transformer le talent en génie. Imposer son génie à la société est possible en maîtrisant les codes des relations humaines — qualité que possédait assurément Louis Pasteur pour théoriser et faire reconnaître ce que le furieux Semmelweis avait senti avant lui.
1 Louis-Ferdinand Céline, Semmelweis, Collection L’Imaginaire, Gallimard, 1999, Paris, p. 67
12:53 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philipp ignaz semmelweis, céline, louis-ferdinand céline, livre, médecine, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien, n°410, septembre 2018
Sommaire :
Céline et Joyce
Un débat sur la réédition des pamphlets
Clément Rosset et Céline
Maurice Lemaître et l’ “Association israélite pour la réconciliation des Français”
Un grand livre sur Roger Nimier
En arrière-plan de ce colloque : la polémique suscitée par le projet de réédition des pamphlets par les éditions Gallimard. Une table ronde réunissant diverses personnalités fut organisée en ouverture du colloque. Nous en rendons compte dans ce numéro. À l’exception notable de Philippe Roussin, directeur de recherches au CNRS, il faut noter que tous les spécialistes de Céline sont favorables à cette réédition. Hormis François Gibault, qui s’est fait durant un demi-siècle le porte-parole de l’ayant droit ³, observons que cela a toujours été le cas. Il y a plus de trente ans déjà, nous avons publié ici leurs appréciations 4. Dont celle de Henri Godard qui, contrairement à ce qui fut sous-entendu lors de cette table ronde, s’exprima dès le début de manière claire : « Plus l’audience des textes disponibles en librairie s’accroît, plus il devient anormal que les mêmes lecteurs n’aient accès qu’en bibliothèque ou au prix du commerce spécialisé, aux écrits qu’ils trouvent cités, interprétés et jugés dans des travaux critiques. »
18:59 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, revue, marc laudelout | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien n°408 (juin 2018)
Sommaire :
En marge des “Lettres familières”
Céline, le négatif et le trait d’union
Enquête sur le procès Céline [1950]
Lettres d’Alphonse Juilland à Éric Mazet (2)
Antoine Gallimard et Pierre Assouline parlent.
Angie David
En revanche, une part de son œuvre est assurément maudite au point qu’un projet de réédition a suscité de vives réactions que la plus haute autorité de l’État a estimé légitimes. La plupart des célinistes, eux, ressassent la même antienne : certes ces écrits sont intolérables mais certains passages peuvent en être sauvés. Et de citer invariablement la description de Leningrad dans Bagatelles et l’épilogue des Beaux draps. C’est perdre de vue que Céline ne perd nullement son talent dans l’invective même lorsqu’il est outrancier. Si l’on se reporte au dossier de presse de Bagatelles, on voit, au-delà des clivages idéologiques, à quel point les critiques littéraires pouvaient alors le reconnaître. « La frénésie, l’éloquence, les trouvailles de mots, le lyrisme enfin sont très souvent étonnants », relevait Marcel Arland dans La Nouvelle Revue Française. Charles Plisnier, peu suspect de complaisance envers l’antisémitisme, évoquait « un chef-d’œuvre de la plus haute classe » ². Dans une récente émission télévisée, un célinien en lut plusieurs extraits qu’il jugeait littérairement réussis, notamment l’un daubant la Russie soviétique. Passage coupé au montage. Seule la description de Leningrad a précisément été retenue.Autre réflexion: si Céline est reconnu comme un écrivain important, il n’en demeure pas moins qu’il est tenu à l’écart par l’école et l’université. Hormis Voyage au bout de la nuit et, dans une moindre mesure Mort à crédit, ses romans sont absents des programmes scolaires. Quant à l’université, on doit bien constater qu’elle organise très peu de séminaires sur son œuvre et que, parmi les universitaires habilités à diriger des recherches, rares sont ceux qui acceptent de diriger un travail sur Céline. Conséquence : le nombre de thèses à lui consacrées est en nette baisse par rapport au siècle précédent. On se croirait revenu aux années où Frédéric Vitoux puis Henri Godard rencontrèrent tous deux des difficultés à trouver un directeur de thèse. Et cela ne risque pas de s’arranger dans les années à venir.
• Angie DAVID (éd.), Réprouvés, bannis, infréquentables, Éditions Léo Scheer, 2018, 275 p. (20 €).
00:31 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, angie david, littérature, lettres, lettres françaises, littérature française, revue | | del.icio.us | | Digg | Facebook
14:02 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, censure, francis bergeron | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien n°407
Sommaire :
Entretien avec Henri Godard
Éditeur de Céline
L’intercesseur
Quarante années de recherches céliniennes.
La dette que les céliniens ont contractée envers Henri Godard est considérable. On songe évidemment en premier lieu à cette magistrale édition critique de l’œuvre romanesque dans la Pléiade. Que ce soit sur la génétique des textes, l’établissement des variantes, les liens entre création et expérience vécue, l’étude narrative et stylistique, il a accompli un travail à la fois rigoureux et éclairant. De sa thèse de doctorat sur la poétique de Céline soutenue il y a plus de trente ans à sa biographie qui vient d’être rééditée en collection de poche ¹, il aura sans nul doute été l’exégète le plus pénétrant de Céline. Et il a constamment mis l’accent sur l’unité d’une œuvre qui « contrairement à l’impression générale, demeure assez mal connue dans son ensemble comme dans sa distribution ² ».
« Nous avons en commun de travailler à donner à Céline, en dépit des handicaps, toute la place qui est la sienne », m’a-t-il écrit un jour. C’était aussi reconnaître implicitement tout ce qui nous sépare. L’un des mérites d’Henri Godard aura été de surmonter ce qui aurait pu l’empêcher de vouer une grande partie de sa carrière à l’œuvre d’un homme dont il est si éloigné. Dans son dernier livre sur Céline, il ne dissimule pas les tourments que cela a pu susciter sur le plan personnel : « Autour de moi, dans mon entourage proche, même si on a depuis longtemps cessé de me le dire, pour certains – mes amis juifs naturellement en particulier –, ce choix n’en continue pas moins à faire problème. Ils auraient préféré que je m’attache à un autre auteur. Entre eux et moi, par intermittence, à l’occasion d’une nouvelle publication par exemple, je sens passer une onde à peine perceptible de gêne. » Et les choses vont parfois plus loin comme lorsque l’un de ses pairs l’accuse de complaisance envers l’écrivain ³.
Henri Godard n’écrira plus sur Céline. Il considère qu’il a dit sur le sujet tout ce qu’il avait à dire. Il n’était que temps de lui rendre hommage et de lui exprimer notre gratitude. En publiant la transcription d’un des plus intéressants entretiens qu’il ait donnés à la presse radiophonique. Plus loin, deux céliniens de la nouvelle génération saluent avec reconnaissance leur aîné tandis que Jean-Paul Louis, avec lequel il fonda la revue L’Année Céline, explique pertinemment en quoi son travail d’éditeur dans la Pléiade est digne de tous les éloges.
Ce passionné de littérature n’a jamais méconnu le pamphlétaire intraitable que fut Céline. En revanche il s’est toujours insurgé lorsque certains voulaient le repeindre en « un second Drumont », c’est-à-dire « un individu qui n’[aurait] jamais pensé qu’à propager son credo raciste, utilisant à l’occasion pour cela la voie indirecte ou camouflée du roman 4. » C’est tout l’honneur d’Henri Godard d’avoir défendu l’écrivain malgré les préventions, les embûches et les dénigreurs de tout acabit.
05:24 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, revue, lettres, lettres françaises, littérature française, céline, henri godard | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien n°406 (avril 2018)
Sommaire :
Élizabeth, une vie célinienne
Rencontre avec Jean Monnier
Le bras de fer entre Gallimard et le Crif continue
La nouvelle épuration littéraire
Lettres d’Alphonse Juilland à Éric Mazet (I).
09:20 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue, céline, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises | | del.icio.us | | Digg | Facebook
00:15 Publié dans Cinéma, Film, Histoire, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anne brassié, cheyenne-marie caron, film, cinéma, cinéma français, marc laudelout, céline, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, aviation, martine gay, russie, seconde guerre mondiale, urss, armée rouge | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien n°405
Sommaire :
- Lucette, entre toutes les femmes
– Céline et le Comité de Prévoyance et d’Action sociale
– Misère de la condition humaine chez Céline
– Galtier-Boissière
– Céline à Leningrad
Faut-il que la gloire posthume de Céline insupporte certains ! Dans un roman aussi pesant que touffu, Maxime Benoît-Jeannin raconte les liens professionnels et privés qui unirent, sous l’Occupation, deux personnalités aussi affirmées que Dominique Rolin et Jeanne Loviton à Robert Denoël. Céline, son auteur fétiche, apparaît à plusieurs reprises. Paranoïaque, veule et bien entendu partisan de l’extermination de la race élue ¹, c’est ainsi que ce romancier le dépeint sans nuance. En revanche, il a pour Sartre les yeux de Chimène, se gardant bien de rappeler que celui-ci se compromit avec un autre totalitarisme ². Et de dénoncer dans l’épilogue « un Sartre bashing frénétique qui touche tous les milieux » ainsi que « cette haine pathologique pour le philosophe français le plus important depuis Descartes [sic] ». Pour en arriver à déplorer que « du coup, la commémoration du centenaire de sa naissance se fit a minima. » La phrase qui suit est édifiante à souhait : « Parallèlement, la gloire de Céline monte encore en puissance, son lectorat ne cesse de grandir. » …Voilà qui est assurément insupportable.
Quant à ce roman, gageons qu’il découragera plus d’un lecteur s’intéressant à cette période. Tant de personnages défilent qu’on ne parvient à s’attacher à aucun d’entre eux. On a en outre l’impression que l’auteur a voulu y fourguer toute sa documentation. Elle est d’autant plus vaste qu’il l’a largement puisée sur un site internet en libre accès: celui qu’Henri Thyssens consacre depuis 2005 à Robert Denoël. Mais on est loin de l’élégance d’un Pierre Assouline qui, à la fin de son roman Sigmaringen, tint à citer ses sources. Le travail de Thyssens est ici sommairement mentionné au détour d’une page alors que, sans les recherches qu’il a accumulées pendant vingt ans, ce roman n’existerait tout simplement pas. Quant au chercheur il est qualifié d’« admirateur de Louis-Ferdinand Céline », ce qui, dans l’esprit de l’auteur, doit être un tantinet suspect.
Dans la presse Benoît-Jeannin se défend d’être manichéen mais le lecteur constate qu’il n’a que profond mépris pour tous les écrivains qui se sont engagés dans la voie de la Collaboration. C’est dire si l’on s’écarte du jugement d’un Malraux qui considérait Drieu comme « l’un des êtres les plus nobles qu’[il ait] rencontrés ». Ici, tous ceux qui étaient dans le mauvais camp sont jugés à l’aune de la même toise. C’est tellement plus simple ainsi.
Reste l’énigme du meurtre de Robert Denoël. L’auteur y voit la conséquence d’une altercation qui aurait mal tourné entre un résistant revenu des camps et Denoël qui lui aurait demandé son appui pour le procès dont il était menacé. Hypothèse qui paraît un peu alambiquée. Une seule chose est sûre : on n’a pas fini de gloser sur cette affaire vieille de plus d’un demi-siècle.
• Maxime BENOÎT-JEANNIN, Brouillards de guerre (roman), Éditions Samsa, 2017, 500 p. (26 €)
17:23 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : louis-ferdinand céline, céline, robert denoël, lettres, lettres françaises, littérature, littérature française, revue, france | | del.icio.us | | Digg | Facebook
18:25 Publié dans Cinéma, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, louis-ferdinand céline, lettres, lettres françaises, littérature, littérature française, cinéma, 7ème art | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien n°404 (février 2018)
Sommaire :
Une réédition censurée
Ce qu’en pense la traductrice israélienne de Céline
Ce qu’en pense Marc-Édouard Nabe
Polémique pour une autre fois
Rééditer les pamphlets ? C’est déjà fait !
Céline sur les planches.
Tout se serait donc passé autrement si le projet n’avait pas été ébruité. Il aurait fallu simplement veiller à ce qu’il n’y ait aucune fuite. Un fort volume serait sorti dans les “Cahiers de la Nrf” ou dans une autre collection et les opposants eussent été mis devant le fait accompli. Au lieu de cela les groupes de pression ont largement eu le temps de s’organiser, de se concerter et finalement d’empêcher que ce projet éditorial aboutisse. Cette affaire a permis, par ailleurs, d’observer de multiples divisions. Ainsi, au sein du CRIF, plusieurs militants étaient partisans d’une réédition encadrée par un collectif d’historiens alors que le président de cette organisation, après avoir hésité, s’est finalement rallié à la position de Klarsfeld.
Les historiens eux-mêmes n’étaient pas d’accord entre eux : Taguieff fit circuler un appel favorable à une réédition contrôlée par eux (appel signé notamment par Laurent Joly, Grégoire Kaufmann, Annette Becker et Odile Roynette) alors qu’un autre collectif d’historiens (Alya Aglan, Tal Bruttman, Éric Fournier, André Loez) se déclarait, lui, partisan de l’interdiction. Du côté politique, même chose: si le Premier Ministre était pour, plusieurs députés (Alexis Corbière mais aussi plusieurs élus de la majorité) étaient hostiles. Même division dans le milieu littéraire : les uns (Moix, Sansal, Jourde, Millet et Maulin) estimaient cette édition utile, alors que les autres (Modiano, Angot, Ernaux et même Vitoux) y étaient opposés. Une fois encore, Céline a suscité post-mortem un joli barouf, ce qui est somme toute très célinien.
Un esprit libre comme Philippe Bilger a su poser le problème en termes pertinents : « Derrière ces joutes aussi bien intellectuelles que politiques, prônant l’emprise d’un passé tragique sur le présent ou un présent libre mais non oublieux, il y a toujours la même hantise, la même crainte, presque le même mépris. À quel titre prétend-on se mêler de ce qui regarde le citoyen, le lecteur, de son choix et de son intelligence ? (…) N’aurait-il pas été concevable, convenable de rééditer ces textes et de laisser tous ceux qui admirent Céline pour partie ou pour le tout, qui le détestent pour le tout ou pour partie ou qui sont tout simplement curieux de l’ensemble se forger leur opinion, élaborer leur conviction et prendre un parti ? Faut-il donc toujours les prévenir, les alerter, les dissuader, leur enjoindre, les priver AVANT au lieu de les laisser lire, vivre ? » ¹. On peut raisonnablement penser que les lecteurs du Bulletin partagent cette opinion.
00:29 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, pamphlets céliniens, revue, littérature, littérature française, années 30, lettres, lettres françaises | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Sur l'annonce de la réédition des pamphlets de Céline
par Richard Millet
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque la polémique autour de l'annonce par les éditions Gallimard de la publications des pamphlets de Céline dans la bibliothèque de La Pléiade...
Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet a publié cet automne aux éditions Léo Scheer un roman intitulé La nouvelle Dolorès. Il devrait prochainement publier son journal, de l'année 1971 à l'année 1994.
Polémique pour une autre fois
Après plusieurs semaines d’une polémique qui a agité quelques arrondissements de Paris, M. Gallimard vient de « suspendre » la republication des pamphlets de Céline. L’argument « scientifique » de l’éditeur et la caution de Pierre Assouline ne l’ont pas emporté sur le concert d’opinions diverses, néanmoins attendues, car déjà énoncées maintes fois, et qui donnent l’impression d’un ballet sans paroles ni musique ni rien, puisque la non-republication des pamphlets par l’éditeur « historique » de Céline ne règle rien.
On peut imaginer que la « polémique » incitera ceux qui n’ont pas encore lu ces textes à acheter, via Amazon, l’édition québécoise, ou à les lire en PDF – les plus curieux se procurant d’illicites reprints. Sur la question des pamphlets, j’ai, pour ma part, toujours été de l’avis de Sollers : il faut les republier ; ils font partie de l’œuvre, tout comme les écrits politiques de Bernanos, Gide, Drieu, Montherlant, Camus, Sartre...
Pour le reste, cette « polémique » ne constitue pas, comme on l’a dit, une « affaire » Céline : celle-ci a eu lieu en 1945 ; ou bien Céline est une affaire à lui tout seul. Craindre que la réédition, dans l’austère collection des Cahiers de la NRF, à côté des articles d’avant-guerre de Blanchot et du Journal inutile de Morand, de textes qu’on trouve aisément relève donc d’un accès de vertu : je ne sache pas que la republication, il y a trois ans, des Décombres de Rebatet ait nourri l’antisémitisme en France. L’antisémitisme « culturel » est mort en 1945. Celui qui a récemment vu le jour est le fait d’une population musulmane radicalisée et/ou délinquante, qui agit au nom du cliché du « juif riche » ou encore du « sioniste » qui opprime, même à distance, le peuple palestinien, et qu’il faut donc punir. Ceux qui ont tué Ilan Halimi, plus tard Sarah Halimi, et qui ont incendié une épicerie cacher, à Créteil, la semaine dernière, n’avaient pas lu Bagatelles pour un massacre. Savent-ils même lire ? Cet antisémitisme-là est là un des non-dits majeurs du gauchisme officiel, dont l’alliance objective avec l’islam sunnite suscite un « bloquage » majeur de la vie politique, en France et en Europe.
Redouter, plus largement, que les pamphlets de Céline ne corrompent la jeunesse, c’est supposer à cette dernière une capacité à lire qu’elle n’a plus. Car Céline n’est pas un écrivain facile, et nullement à la portée de ceux qui, voyous islamistes de banlieue ou petits-bourgeois connectés, ont bénéficié l’enseignement de l’ignorance qui est, selon Michéa, le propre de l’Education nationale. Un état de fait pieusement réfuté, à l’occasion du cinquantenaire de Mai 68, par un magazine officiel qui voit, dans les 50 années qui se sont écoulées, un remarquable progrès de l’enseignement public : ne sommes-nous pas arrivé à 79% de bacheliers, c’est-à-dire un progrès de 20% ? En vérité il faut, en cette matière comme en toutes les autres, inverser le discours : il ne reste plus que 20%, environ, d’élèves à peu près capables de lire et d’écrire correctement le français, et de se représenter l’histoire de France autrement que par le filtre relativiste et mondialiste du néo-historicisme.
Pendant que les intellectuels bataillaient, je songeais à la façon dont Daniel Barenboim avait, il y a une dizaine d’années, suscité une vive polémique en dirigeant pour la première fois du Wagner en Israël. La question de l’œuvre, de la possibilité d’une œuvre, jusque dans ses excès, ses errements, ses apories, est donc légitimement posée de façon passionnée ou prudente ; mais c’est peut-être la dernière fois qu’elle se posera, en une ère qui voit disparaître peu à peu la possibilité psychologique de connaître Wagner et de lire Céline. La jeunesse contemporaine n’a plus rien à faire de Wagner, de Céline, d’Aragon, de Ravel, de Giono, de Boulez, ou de Soljenitsyne : elle ne sait rien, et ne veut qu’être connectée à elle-même, c’est-à-dire au néant.
Le problème n’est donc pas d’empêcher les jeunes gens de lire les pamphlets de Céline (et je n’userai pas de l’argument spécieux, entendu dans quelques bouches qui avancent que, comme pour Harry Potter, mieux vaudrait que les jeunes lussent ces pamphlets que rien du tout) ; le problème est, brame la presse officielle, de « désintoxiquer les ados du téléphone portable ». Question en effet primordiale, et à la désintoxication du « portable », ajoutons celle du cannabis, du gauchisme culturel, du consumérisme, de la télévision, de la mondialisation. Est-ce possible ? Par quel exorcisme ? Et pour quelles valeurs autres que les fariboles « républicaines » et onusiennes ? Oui, comment retrouver le réel ?
Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 13 janvier 2018)
01:36 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pamphlets céliniens, céline, louis-ferdinand céline, richard millet, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, antisémitisme, censure, france | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Propos recueillis par Benjamin Fayet
Ex: http://www.philitt.fr
David Alliot est spécialiste de Louis-Ferdinand Céline. Il est l’auteur D’un Céline l’autre (2011), publié dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont, et vient de publier chez Tallandier une biographie de Lucette Destouches intitulée Madame Céline. Il répond à nos questions sur la polémique suscitée par la volonté des éditions Gallimard de rééditer les pamphlets de l’auteur du Voyage au bout de la nuit.
PHILITT : Céline s’est toujours opposé à la republication des pamphlets. Être célinien, est-ce par conséquent s’opposer au projet de Gallimard ?
David Alliot : Céline s’était opposé à la réédition des pamphlets à son retour du Danemark. Il considérait que ces textes étaient des écrits de circonstance, et il ne voulait plus en entendre parler. À sa mort, sa veuve a poursuivi en ce sens en s’opposant à toute réédition, jusqu’à une date récente. Comme célinien, je suis favorable à leur réédition, mais en ce domaine c’est l’ayant-droit (donc Lucette) qui est décisionnaire. Sinon, il faudra attendre le 1er janvier 2032, lorsqu’ils tomberont dans le domaine public.
La republication des Décombres de Rebatet n’a pas suscité un scandale de cette envergure. Comment expliquer cette différence de traitement, sachant que Rebatet était un collaborationniste revendiqué, contrairement à Céline ?
Il faut être réaliste, Rebatet n’a pas la même envergure littéraire que Céline. Céline est considéré, à juste titre, comme un écrivain majeur du XXe siècle, et certains de ses romans sont étudiés en classe, notamment le Voyage au bout de la nuit. Rebatet a été plus loin que Céline dans la collaboration, certes, mais on ne joue pas dans la même division en terme de notoriété, ni dans la place qu’ils occupent dans la littérature.
L’antisémitisme de Céline est tellement délirant et extensif qu’il n’était pas pris au sérieux par les antisémites officiels, pourtant ses pamphlets sont considérés comme la quintessence de l’antisémitisme. Est-ce dû à son talent d’écrivain ?
Oui, hélas. Dans les années 1930, le pamphlet antisémite est l’apanage de docteurs ratés, d’aigris, de mauvais… avec l’arrivée de Céline dans ce « genre » particulier, il y apporte son souffle, son style et une forme de génie littéraire. C’est ça le vrai « scandale Céline ». Mettre son talent littéraire dans une cause qui ne le méritait pas.
Pensez-vous, comme certains l’avancent, que le génie littéraire de Céline est absent des pamphlets ?
Le talent littéraire de Céline est présent dans les pamphlets, mais diffère de celui des romans. Là, on est dans l’outrance et l’exagération permanente. Ceci dit, il y a de très beaux passages littéraires dans les pamphlets… Entre deux torrents de haine antisémite, on y trouve une magnifique description de Leningrad… que vient elle faire là ? Mystère !
Certains avancent que Lucette Destouches, la veuve de Céline aujourd’hui âgée de 105 ans, et dont vous venez d’écrire une biographie, a décidé cette sortie pour des raisons strictement financières. Quelles sont les raisons de sa décision selon vous ?
04:25 Publié dans Entretiens, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, david alliot, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, céline, louis-ferdinand céline, pamphlets céliniens, antisémitisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulltetin célinien n°403
Sommaire :
Une réédition sous surveillance
Klarsfeld réclame l’interdiction des pamphlets
Un poème d’Auguste Destouches
Le docteur Clément Camus (2e partie)
Théâtre : La Ballade du soldat Bardamu.
Cette édition collective fera-t-elle problème ? Déjà le Conseil représentatif des institutions juives de France s’est dit hostile à cette initiative, considérant que cette réédition n’est rien d’autre qu’une « réhabilitation des idées nauséabondes de l’auteur de Voyage au bout de la nuit. » Francis Kalifat, président du CRIF, ajoute que son organisation restera vigilante quant à la mise en perspective historique ajoutée à cette réédition, tout autant qu’à la qualité de l’appareil critique. Quant aux célinistes, on sait qu’ils sont quasi tous favorables à cette réédition. En 1984, le BC avait notamment cité l’avis de Philippe Alméras, premier président de la Société d’Études céliniennes : « D’une part on a bien tort de donner à tout un secteur du corpus célinien l’attrait de l’interdit, d’autre part si cette pensée est aussi “bête”, “aberrante”, “incohérente” qu’on le dit, pourquoi ne pas l’étaler et la laisser se détruire toute seule ? ». Quant à Henri Godard, il estimait que « plus l’audience des textes disponibles en librairie s’accroît, plus il devient anormal que les mêmes lecteurs n’aient accès qu’en bibliothèque ou au prix du commerce spécialisé, aux écrits qu’ils trouvent cités, interprétés et jugés dans des travaux critiques » ¹. Dans un livre plus récent, il observait que l’amateur de Céline, découvrant aujourd’hui ces écrits polémiques, a inévitablement deux types de réactions : « Tantôt : je n’imaginais pas qu’il puisse y avoir de telles horreurs. Tantôt : je n’imaginais pas qu’il y avait de si beaux passages, ou si drôles ². » Tout est dit.
Le Bulletin célinien a été fondé en 1981 par Marc Laudelout (n°0). D’abord trimestriel (1982, n° 1 à 4), il devient mensuel à partir de l’année suivante. Plus de 400 numéros ont paru depuis. Il s’agit du seul périodique mensuel consacré à un écrivain.
Écrire à Marc Laudelout
139 rue Saint-Lambert
B.P. 77
1200 Bruxelles
Belgique
bulletinlfc@gmail.com
16:59 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, littérature française, louis-ferdinand céline, céline, france, lettres, lettres françaises, pamphlets de céline, marc laudelout | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Sommaire :
- Entretien avec Guy Mazeline (1968)
– Automne 1932 : Céline et le Goncourt
– Dessinateurs de Céline
– Le retour de Lucien Rebatet
Jean Rouaud, titulaire d’une chronique hebdomadaire dans L’Humanité, a encore frappé ¹. « Tout ce qui est excessif est insignifiant » (Talleyrand). Dans le genre, Rouaud excelle, jugez en : « Concernant le nazi de Meudon [sic], il faut être sot ou de mauvaise foi, l’un n’empêchant pas l’autre, pour prétendre qu’une cloison étanche empêcherait la contamination des romans par les pamphlets. Comme si la forme était une enveloppe vierge, et non le gabarit d’une morale. On pourrait ainsi en toute impunité crier au génie pour les romans et à l’abomination pour les pamphlets ? De la littérature sous préservatif ? On a vu comment ce refoulé, soixante-dix ans après Auschwitz, avait refait surface. On a assisté à cette renaissance impensable, à la banalisation progressive des thèses du FN relayées par ses compagnons de déroute : Soral, Dieudonné, Buisson, Zemmour, Ménard, Wauquiez, la Droite forte, Sens commun, Causeur et les idiots inutiles. » Amalgame mirobolant qui met la sioniste Élisabeth Lévy, directrice de Causeur, dans le même camp (du Mal) que l’auteur de Bagatelles. Nul doute qu’elle appréciera ! Tout cela est tellement bouffon que je m’abstiendrai de commenter plus avant.
Cela étant, c’est sans doute l’occasion de souligner qu’en effet Céline constitue un bloc et qu’il est vain de vouloir dissocier les écrits dits « polémiques » du reste de l’œuvre. D’autant qu’à sa manière Voyage au bout de la nuit est aussi une satire. Et que dire de Féerie pour une autre fois qui est également une diatribe contre l’épuration et tous ceux qui, dans le petit monde littéraire, tenaient alors le haut du pavé ? Dont Claudel épinglé à la fois pour l’opportunisme de ses odes à Pétain, puis à de Gaulle, et pour son appartenance au conseil d’administration d’une société qui fabriquait pendant la guerre des moteurs d’avion pour l’Allemagne. Les romans de Céline ne sont donc pas “contaminés” par les pamphlets mais, étant l’œuvre du même auteur, reflètent peu ou prou ce qu’il pense. Devinette. De quel livre est extraite cette profession de foi contre le métissage : « Moi qui suis extrêmement raciste, je me méfie, et l’avenir me donnera raison, des extravagances, des croisements… » Bagatelles ? L’École ? Eh non, c’est dans D’un château l’autre. J’observe que, si Rouaud est sévère pour l’idéologue, jamais il ne se prononce sur l’artiste. C’est que, pour lui, l’un et l’autre se confondent. Un écrivain qui pense mal doit nécessairement être rejeté dans les ténèbres extérieures. Le raisonnement est d’un simplisme confondant : si un auteur a pu exprimer des idées “nauséabondes”, le style qu’il a utilisé est forcément délétère. Comme je l’ai déjà écrit ici, il eût été préférable, pour sa mémoire, que Céline – je ne cite que cet exemple – s’abstînt sous l’Occupation d’adresser des lettres-articles à des officines de délation, tel Au Pilori dont les rédacteurs suscitaient même le mépris d’un Cousteau ². Céline n’avait d’ailleurs aucune illusion sur l’intégrité de ces folliculaires mais considérait leurs journaux comme des “colonnes Morris” où il “coll[ait] une lettre”. Ce n’en est pas moins désolant. Mais cela relève du domaine moral et non du jugement esthétique que l’on doit porter sur une œuvre qui est, quoiqu’en disent ses contempteurs, essentiellement littéraire et non politique.
18:42 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, lettres, lettres françaises, littérature, littérature française, revue | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bulletin célinien, n°401, novembre 2017
Sommaire : Les souvenirs d’Hermann Bickler – Le docteur Clément Camus (1ère partie) – Un célinien au parcours étonnant – D’un château l’autre
Tous ces faits, et bien d’autres, sont rappelés dans une passionnante biographie de Berl qui est loin d’être complaisante.
• Olivier PHILIPPONNAT et Patrick LIENHARDT, Emmanuel Berl. Cavalier seul (préface de Jean d’Ormesson), La Librairie Vuibert, 2017, 497 p. (27 €)
00:05 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : emmanuel berl, louis-ferdinand céline, céline, bulletin célinien, lettres, lettres françaises, littérature, littérature française, france | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le n°400 du Bulletin célinien
Sommaire : L’art de l’annonce chez Denoël – Bouquet pour le 400e – Un flâneur épicurien et lettré.
Tel quel, le Bulletin se veut un lien régulier avec ceux que l’on appelle les « céliniens ». Qui ne sont pas tous « célinistes », ce terme désignant en principe ceux qui travaillent sur le sujet qu’ils soient universitaires distingués ou amateurs éclairés. Que cela soit pour moi l’occasion de rendre hommage à la petite cohorte de pionniers : Nicole Debrie, Jean Guenot, Marc Hanrez, Dominique de Roux (†) et Pol Vandromme (†). Lesquels ont précédé la deuxième vague composée de Philippe Alméras, Jean-Pierre Dauphin (†), François Gibault, Henri Godard (fondateurs en 1976 de la Société d’Études céliniennes), Alphonse Juilland (†), Frédéric Vitoux, Henri Thyssens, Éric Mazet et quelques autres. Depuis lors, la vision que le public a de Céline s’est dégradée avec la parution d’ouvrages ayant pour but d’en faire un propagandiste stipendié. Si son importance littéraire n’est généralement pas remise en question, le portrait diffamant que l’on fait de l’écrivain n’est pas sans conséquence. Dans la bibliographie célinienne – devenue mythique à force de voir sa parution reportée – qu’Arina Istratova et moi finalisons, nous observons la baisse de travaux universitaires à lui consacrés. C’est qu’il devient périlleux de prendre Céline comme sujet de thèse (ou d’en assurer la direction) tant il apparaît aux yeux de certains comme éminemment sulfureux. Jean-Paul Louis, éditeur de la revue L’Année Céline, fustige à juste titre ceux qui veulent « mettre au pas le créateur coupable de déviances et d’expressions trop libres ». Le rêve inavoué étant de « l’exclure de l’histoire littéraire » ¹. Pour cela, certains détracteurs n’hésitent pas à minorer sa valeur. Et posent cette question insidieuse : « Pourquoi l’œuvre de Céline, contrairement à celles de Chateaubriand, de Balzac, de Flaubert ou de Proust, n’a-t-elle pas attiré de grands spécialistes universitaires, pourquoi a-t-elle été négligée par les critiques de haut vol ? ² » Poser la question c’est y répondre. Dans le sérail universitaire, se vouer à Céline suscite ipso facto la suspicion même si l’on affiche un brevet de civisme républicain. Henri Godard, pour ne citer que lui, en sait quelque chose ³.
N’en déplaise à ses contempteurs, l’œuvre de Céline est considérable. Assurée d’une postérité inaltérable – même si elle pourrait dans l’avenir être moins lue qu’aujourd’hui –, elle défie les siècles à l’égal de celle d’un Rabelais.
19:19 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : revue, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, france, céline, marc laudelout | | del.icio.us | | Digg | Facebook
18:35 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, france | | del.icio.us | | Digg | Facebook
12:32 Publié dans Littérature, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, littérature, livre, littérature française, lettres, lettres françaises, céline | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Pierre Lalanne
Ex: http://celinelfombre.blogspot.com
Ah! Céline, bien sûr! Mais, Céline! Il pue un peu, non? Il sent le soufre pour ne pas dire autrement. Il dérange. Damné… Qui a dit : s’il y avait une seule personne en enfer, ce serait lui? Céline, un spectre qui se tient dans un coin du miroir et, chaque matin, nous rappelle notre petitesse et notre extrême fragilité; nous rappelle, avec un grand rire, que tout est vanité.
Un mort qui ne veut pas mourir, c’est embêtant, surtout un écrivain qui se plait à nous montrer si finement notre altruisme, avec un talent si mal utilisé, perdu à tout jamais. Alors, depuis, on s’échine à l’enfouir profondément au fond de tombeau, cercueil de plomb au couvercle scellé et vissé de mensonges. Jusqu’à présent, les résultats sont douteux, beaucoup d’énergie et de temps perdu, il en ressort plus aérien, même la terre n'est pas assez lourde pour le retenir, pas suffisamment acide pour le réduire en poussière.
Céline n’en est pas à un paradoxe près, marqué du signe de la bête hideuse, son spectre s’obstine et conserve pourtant la fluidité de son style. Il s’infiltre partout et gêne par la seule évocation de son souvenir. Présence indésirable, influence néfaste à éloigner à tout prix du commun, surtout des jeunes, qui pourraient bien tomber sur ses livres, sans aucune mise en garde. D’ailleurs, c’est bien ce qui arriva en ce jour d’automne 1932, personne ne s’attendait à cela et pas un pour prévenir du danger, des conséquences. Les dégâts qu’il provoqua alors, nous en ressentons encore aujourd’hui les secousses.
Hélas, il est, depuis, incontournable d’où la nécessité de l’aborder avec une quantité impressionnante de mises en gade, que le danger croît avec l’usage. Tellement, qu’ils réussissent à nous convaincre que nous allons manipuler un produit excessivement dangereux et hautement toxique et cela risque d’amplifier notre jugement, affiner notre esprit critique et anéantir nos valeurs séculaires en moins de temps qu’il en faut pour lire trois lignes. Faut bien avouer qu’ils n’ont pas entièrement tort et, l’effet, est assez instantané.
Il n’y a qu’à constater les faussetés et les avertissements aux étudiants, lorsqu’un texte de Céline est à l’étude dans un cours de littérature (voir les Années Céline qui en font annuellement la nomenclature)… Nazi! Collabo! Haineux! Défaitiste! Pacifiste! Tout y passe. Cela montre bien que dès le départ, il est impératif de fixer l’image de Céline à l’intérieur d’un concept idéologique parfaitement au point qui bloquera toutes nouvelles perspectives originales d’interprétation du phénomène célinien, unique en soi. Céline est bel et bien un phénomène qui va bien au-delà de ce à quoi l'on voudrait le réduire.
Le mouvement réductionniste est général et bien implanté, même ceux, qui osent avouer leur admiration, les spécialistes, sont conscients d’avancer en terrain miné, de marcher sur des œufs lorsqu’ils prennent la parole. Ils sont conscients que chaque mot sera interprété, analysé et un jugement moral confirmé : tampon des officiels, approbation des censeurs, mais gaffe, on vous tient à l’œil. Il est fascinant de remarquer que la majorité de ses défenseurs, de ses admirateurs sont tenus par cette autocensure absolument rodée et admise, celle d’analyser, en s’excusant, et y mettant les bémols habituels, une autocritique justifiant les valeurs à la mode. Cet état d’esprit, qu’on le veuille ou non, pose des limites à la nature de l’œuvre, à son interprétation et à sa compréhension.
Le chercheur, l’admirateur, qu’importe son état, craint par-dessus tout d’être taxé des mêmes péchés que l’écrivain et aussitôt mis demeure de se rétracter au risque de tout perdre, jugement, réputation, emploi, notoriété et sans parler qu’on finira par s’interroger sur sa santé mentale. Les bonnes vieilles méthodes soviétiques ne sont pas perdues pour tout le monde… d’une pathologie l’autre.
Cinquante ans après la mort de Céline, il demeure malsain d’admettre, naïvement, une passion exagérée envers un personnage si encombrant. Malheureusement, cette attitude, compréhensible en soi devant la puissance de «l’opinion», ne peut que conforter ses détracteurs. Au nom de leurs certitudes qui s’insèrent parfaitement dans l’idéologie dominante et du type d’humanisme bêlant qu’ils défendent, les inquisiteurs des temps modernes seront encore plus nombreux à hurler au crime de lèse-majesté.
Entendons-nous bien, chacun de ces prêtres de la rectitude est tout à fait conscient que cette idéologie n’est en fait qu’un leurre posé sur une réalité sociale et économique bien pire que celle qu’ils affirment vouloir défendre.
Le plus grand danger qui guette Céline, ne vient pas de ses écrits en tant quel tel, ils ne sont qu’un prétexte à des haines bien plus pernicieuses, mais de leur appropriation par des experts qui, tout en démontrant son génie littéraire, portent des jugements moraux sur une partie de ses œuvres et qui, fondamentalement, n’ont rien à voir avec la nature de leurs recherches.
En fait, le plus grand danger qui guette Céline, c’est de l’arracher à ses lecteurs et d’en limiter la lecture afin qu’il ne devienne qu’un simple objet d’études entre gens sérieux et non plus, tout d’abord, un écrivain du «peuple», qui sait comment l’atteindre, avec des éclats de rire à répétition et un plaisir sans cesse renouvelé. Céline n’a jamais écrit pour les intellectuels, il est probablement le seul écrivain «reconnu» qui n’appartient pas à une élite littéraire ou une école.
Céline est seul et appartient à ceux qui sont seuls et ne se reconnaissent pas dans un monde entièrement déshumaniser et qui subit lourdement le poids de l’injustice et du mensonge. À ceux-là, qui voient en Céline une bouffée d’air pur, sont accusés bêtement d’êtres de vils réactionnaires, uniquement parce que pas dupes du tout sur la nature et la longueur des couleuvres à avaler.
C’est ainsi, l’on voudrait bien, d’une manière ou d’une autre, régler définitivement le «cas Céline»; c’est-à-dire, de le classer, au mieux en tant qu’écrivain de la nostalgie et au pire comme le pire des antisémites, le figer définitivement dans des articles de dictionnaires et d’encyclopédies afin de bien insister sur la l’ambigüité et la dangerosité du personnage.
En effet, pour les générations qui se succèdent, il est important d’établir hors de toute contestation que le XXe siècle fut celui de la folie meurtrière où la hiérarchisation des massacres est plus importante que ces véritables causes; que Céline a bien marqué la littérature de son temps, mais, reste isolé parce que son temps marque un arrêt brusque dans l’avancé de la civilisation humaine. Céline représente le symbole de ce siècle de barbarie, comme si tout le mal contenu en l’homme passait nécessairement par sa plume.
Pourtant, un problème demeure pour ceux qui cherchent à l’enfermer dans une idéologie, c’est que Céline se situe bien au-dessus de toutes les idéologies de son siècle et bien peu se risquent à approfondir cette question pourtant fondamentale. On s’acharne à vouloir le définir avec des préjugés propres à nos propres valeurs et prénotions élaborées en fonctions d’évènements qui répondent essentiellement aux conditions politiques de l’après-guerre; fallait bien éduquer l’opinion et dénicher des boucs émissaires responsables de tout ce gâchis.
Un personnage tel que Céline ne s’explique pas seulement en fonction de la «banalité» des évènements politiques de son temps. Céline surplombe son époque et la transcendent et c’est ce qui est impossible à admettre, car, il s’agit de remettre en question l’ensemble des schèmes de références à son égard et une certaine relecture «objective» de l’histoire en relativisant l’ensemble des évènements et, surtout, ne pas les isoler de leur contexte.
Toujours, lorsque l’on évoque Céline, le premier concept à retenir devrait être l’importance absolue de l’imaginaire sur la réalité; la réalité étant seulement un support à cet imaginaire qu’il amplifie jusqu’à la faire exploser; ce qui peut donner des résultats, avouons-le, assez fascinants.
Pour Céline, la réalité est vulgaire et l’imaginaire raffiné, ce n’est pas autre chose qu’il tente d’expliquer dans ses «Entretiens avec le professeur Y» ou par les différentes entrevues qu’il accorde dans ses dernières années de vie. Dans «bagatelles pour un massacre», ce n’est pas pour rien qu’il oppose farouchement l’imaginaire et la beauté des ballets, à la vulgarité du matérialisme de la société dans lequel il vit, symboliquement représenté par le «l’esprit juif».
Fondamentalement, Céline n’est pas plus violent envers les juifs que les communistes ne le sont avec les bourgeois… Souvenons-nous : «l’humanité ne connaîtra le bonheur que lorsque le dernier curé aura été pendu avec les tripes du dernier capitaliste» Violence pour violence… appel au meurtre pour appel au meurtre tout cela, dans le fond, se vaut, mais inutile de revenir là-dessus, le jugement est définitif et pour des lustres.
Pour Céline, c’est la lutte de l’imaginaire contre la réalité des choses qui compte, le reste demeure conjoncturel et c’est pour cela qu’il échappe à toute tentative de banalisation et l’acharnement des uns et des autres à vouloir comprendre. La seule évocation de son nom, n’a pas fini de déchainer les passions, les affrontent qui s’emportent d’un extrême à l’autre, haine ou engouement ou raison contre l’instinct.
«La vraie haine, elle vient du fond, elle vient de la jeunesse, perdue au boulot sans défense. Alors celle-là qu’on en crève. Y en aura encore si profond qu’il en restera tout de même partout. Il en jutera assez sur la terre pour qu’elle empoisonne, qu’il pousse plus dessus que des vacheries, entre des morts, entre des hommes.» «Mort à Crédit» dans «Céline en verve» de Pierre Horay 1972. p.101
Alors, un si mauvais exemple, notre Ferdinand Bardamu, ballotté dune tempête à l’autre jusqu’à épuisement, jusqu’à la mort? Peut-être bien, peut-être pas. C’est selon! Après tout, les bons exemples courent les rues, nous n’avons qu’à nous édifier à voir s’épuiser nos élites dans un sens et dans un autre pour s’en convaincre.
Pierre Lalanne
00:19 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, littérature, lettres, lettres françaises, littérature française | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://rebellion-sre.fr
Comme son nom l’indique, Le Bulletin célinien (fondé en 1981) est entièrement consacré à l’oeuvre de Louis-Ferdinand Céline. Chaque mois, il rend compte de tout ce qui constitue l’actualité célinienne. Cette revue indispensable est dirigée, avec la plus grande rigueur, par Marc Laudelout. Entretien publié dans Rébellion 29 – Mars/Avril 2008
Comment devient on célinien ? Qu’est ce qui vous touche le plus, personnellement, dans les écrits de l’auteur de Mort à crédit ?
Tout a commencé par la découverte du Voyage au bout de la nuit dans la bibliothèque paternelle alors que j’avais une quinzaine d’années. Ce fut un grand choc. La lecture des autres romans suivit, dont précisément Mort à crédit qui constitue, selon moi, son chef-d’oeuvre absolu. Ce qui me touche le plus, c’est l’harmonie entre l’univers célinien et le style à la fois si original et si prenant. J’apprécie beaucoup aussi ce mélange de comique et de tragique qui est, comme l’avait noté Céline lui-même à propos de Shakespeare (auquel il n’avait garde de se comparer !), la marque des grands écrivains. J’admire chez lui ses dons multiples qui en font à la fois un grand écrivain expressionniste et un polémiste étincelant qui, même lorsqu’il se fourvoie, ne perd pas son talent. J’ajoute que Céline n’est pas que le vociférateur qu’on dépeint souvent : c’est aussi un chantre lyrique de la danse, de certains paysages maritimes, de la beauté féminine,… Ajoutez à cela un grand talent d’épistolier (que La Pléiade célèbrera cette année), et vous aurez une vision presque complète de sa valeur en tant qu’écrivain.
Comment expliquer le regain d intérêt pour l’oeuvre de Céline depuis quelques années ? En rentrant dans les «classiques» de la littérature a-t-elle perdu de son aspect subversif ?
Je pense que, par son langage et sa façon de voir l’humanité, Céline est en phase avec son époque. Le fait qu’il soit devenu un classique n’a en rien entamé l’aspect subversif de son oeuvre, d’autant qu’une partie de celle-ci demeure sous le boisseau. Or, ses écrits de combat constituent aussi de grands moments de littérature, comme je l’ai indiqué. L’oeuvre célinienne est avant tout subversive dans la mesure où sa vision de l’homme est décapante et débarrassée des idéologies sclérosées. Ce qui est subversif chez lui, c’est une grande lucidité alliée à une sorte de mysticisme athée. C’est ce mélange qui est détonant.
Le pessimisme célinien ne laisse que peu de place à l’espoir. Dans cette vision extrêmement noire de la vie, n’y a t il donc rien au bout de la nuit ?
Céline a, en effet, une vision assez noire de l’humanité mais il y a des éclaircies dans son oeuvre personnalisées par des figures inoubliables, tel le sergent Alcide, dans Voyage au bout de la nuit, qui rachètent toutes les autres. Paradoxalement, c’est dans Les Beaux draps, publié en 1941, que Céline est le moins pessimiste puisqu’il y propose un véritable programme de régénération nationale qui passe notamment par une réforme radicale de l’enseignement ainsi que par l’organisation de la société française sur des bases communautaires.
Quel rôle joue l’humour si particulier qui émane tant de l’oeuvre que du personnage lui-même ? Serait-ce une catharsis de la misère humaine, une échappatoire ou bien l’ironie du désespoir ?
Un peu tout cela à la fois… C’est surtout, chez Céline, une arme redoutable. Lorsqu’il est en exil au Danemark, il menace ses épurateurs d’un pamphlet vengeur, sachant très bien combien sa vis comica est puissante et dévastatrice. À l’instar de Proust, Céline est un très grand auteur comique, ce qui n’exclut ni profondeur ni gravité.
Dans l’écriture de Céline on trouve un mélange de colère et de fureur. Quelle place tient la révolte dans ses écrits et dans sa vie ?
Céline est, en effet, un homme en colère, fustigeant la société matérialiste de son temps et ses contemporains qu’il trouve lourds, préoccupés par des frivolités et subissant des influences délétères. Cette colère est aussi liée à l’histoire : ancien combattant de la guerre 14-18, blessé dans sa chair suite à son attitude héroïque, il refuse avec force un nouveau conflit franco-allemand qu’il estime fratricide. Ce pacifisme extrême l’amènera, comme on sait, à préconiser une alliance avec l’Allemagne nationale-socialiste.
Beaucoup de ses amis relevaient la grande différence entre l’homme qu il était vraiment –fidèle en amitié, médecin généreux et ami des bêtes – et le personnage de clochard misanthrope qu’il jouait dans les dernières années de sa vie. N’est ce pas là le plus paradoxal dans sa personnalité?
Céline, né sous le signe des Gémeaux, était un être très ambivalent, tour à tour avare et généreux, sensible et dur, compatissant et misanthrope, altruiste et indifférent,… C’est, en effet, une personnalité très paradoxale. Cela étant, il faut distinguer le Céline des années 20-40 et l’altruiste profondément déçu revenant d’exil. Nul doute que quelque chose s’est brisé en lui durant les dix-huit mois de réclusion qu’il fit au Danemark. Ces épreuves n’ont fait qu’accentuer sa misanthropie foncière. S’il ne s’est jamais renié, il regrettait, à la fin de sa vie, de s’être occupé de politique, estimant, disait-il, que ces problèmes le dépassaient de beaucoup.
A quel niveau placer «l’engagement politique» de Céline ? Est il pour vous, comme Marc Crapez le décrit dans son livre La Gauche réactionnaire, le dernier représentant de l’esprit sans-culotte hébertiste ?
Il faut se méfier des étiquettes. On trouve, en effet, chez Céline des accents hébertistes mais on peut aussi le rattacher à d’autres courants proches de l’anarchisme de droite qui suppose un regard sans complaisance sur le peuple tel qu’il est et non tel qu’on l’exalte. Lui-même se disait communiste mais « communiste d’âme » et bien entendu antidémocrate, résolument hostile à la dictature de la majorité. « Les cons sont la majorité, disait-il, c’est donc bien forcé qu’ils gagnent ! ».
La filiation littéraire de Céline est glorieuse – François Villon, Rabelais, Jules Vallès, Proust – comment a-t-il intégré ses influences dans son travail ?
Céline a créé son propre langage en parfaite adéquation avec son univers baroque mais il est évident qu’il ne part pas de nulle part. Les influences qu’il a subies sont multiples. Il avait une grande admiration pour les classiques, dont Chateaubriand et La Fontaine mais aussi les écrivains que vous citez, y compris Proust, si éloigné de lui, auquel il reconnaissait un incontestable don de créateur. À la fin de sa vie, il disait son estime pour trois écrivains contemporains : Henri Barbusse, Charles-Ferdinand Ramuz et Paul Morand (première manière) dans la mesure où eux aussi étaient parvenus à introduire l’émotion du langage parlé dans leur écriture.
On a dit aussi que Céline avait lu et apprécié Nietzsche. Pourtant, Lui-même ne l’a jamais évoqué directement dans son oeuvre ?
Céline était très discret sur ses lectures. On sait que, durant sa période londonienne, il fut un grand lecteur de Nietzsche qu’il citera plus tard (parfois sous forme allusive) et dans son oeuvre et dans sa correspondance. À cet égard, je vous recommande la lecture du livre de Anne Henry, Céline écrivain (L’Harmattan, 1994) qui montre avec talent la proximité de la pensée de Céline avec celle de Nietzsche mais aussi de Schopenhauer.
Vous dirigez Le Bulletin célinien, pouvez nous vous présenter ses activités ?
Le Bulletin célinien, qui en est à sa 27ème année, a essentiellement pour vocation de rendre compte de l’actualité célinienne (publications, colloques, adaptations théâtrales, échos de presse, etc.) mais publie aussi des études, des témoignages et divers documents relatifs à l’homme et à l’oeuvre. Je me considère, sans fausse modestie, comme un publiciste célinien, pas davantage. Le seul titre de gloire de la revue que j’anime est d’être l’unique mensuel consacré à un écrivain. En marge de l’édition de ce périodique, j’édite aussi des disques consacrés à Céline (Robert Le Vigan, Arletty, Albert Paraz, etc.) et des livres. J’ai notamment publié des ouvrages d’Alain de Benoist, Pol Vandromme, André Parinaud et Henri Poulain traitant de l’écrivain. En septembre prochain sortira le 300ème numéro du Bulletin…
Le prix de l’abonnement est de 56 € (France et Belgique). Pour les pays extra-européens l’abonnement est de 76 €. L’abonnement comprend les onze numéros de l’année en cours.
Le Bulletin Célinien
c/o Marc Laudelout,
139 rue Saint-Lambert,
BP 77
B-1200 Bruxelles (Belgique)
00:05 Publié dans Entretiens, Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, céline, marc laudelout, revue, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Last night I ushered at the local Shakespeare Theater. I had to look the part. So I bought shoe polish at the dollar store, lathered my loafers three (3) times, and glossed my footing. Meanwhile, I discovered the secret of Chinese shoe shine exporters: mix dog shit and lard, slip it in a tin, seal it with a Royal English label.
Dollar stores in Philadelphia must carry all brands of shudras. It’s a footnote in federal non-discrimination posters. Freedom Dollar Store more or less complied. A tall Jamaican worked and preened as a bouncer, a short Mayan-Mexican worked and worked as a stock boy, and a stout Paki in a hijab worked as the owner-overseer from a raised deck with a battery of cash-registers. Finally, a Dominican with rosy lipstick ran the main register and did the dirty-work of taking money. Ha. Ha. I mean she did the dirty-work of interfacing with every fugitive, sickling, church-lady, doped-up mumbler and cheap urban gigolo who counted pennies on the counter.
The Dominican was very nice. Authentically nice. She wasn’t some missionary White Liberal signaling her love of poor darkies for all to see. I think, speaking of trade secrets, that the Dominican girl’s strategic advantage was that she didn’t give a shit. 1) She didn’t give a shit about the backsliding American Blacks need to show, via the stink eye, a smug hatred of Whites. 2) She didn’t give a shit about the USA’s enterprising spirit and/or Judeo-Christian blather which means, for the wage earner, the freedom to work faster and faster to go deeper and deeper in debt while buying costlier and costlier crap. Because the island girl was a champion at handling the leery niggers, stumbling mongrel junkies, and freelance critics who walked in the door, the Paki overseer gave her space. She let the Dominican work at her own fresh and breezy rhythms which are most alien to Filthadelphia.
Life is rich at bottom. A White racist can learn valuable lessons from non-Whites who’ve adjusted to the truth and lies of devolving America. The brown Dominican girl will be just as free and lovely when Western Liberal Plutocracy goes down the toilet. Why? Because her womanly discipline is to be free and lovely right now, regardless of empty promises blabbed by wooly race hustlers, porked-pink politicians and blah, blah, blah. She’s a sparkling gem. Her counterpart is the Black bus driver who’s well seated. Almost like a post-volcanic island. Almost like the Rock of the Ages. But surely the well-seated Black bus driver is like Our Lord’s humble proxy, a salty apostle at the helm of the rolling boat while currents of assholes and elbows flow on the street. And trickled on and off the bus, ebbing and flowing like h-o-p-e.
If you’re a thinking bub with a mind to study a non-White who’s reconciled, within his own cultural referents, the metaphysical truth that we’re all equal in Almighty God’s eyes with the material truth that humanity is a mixed bag? Look to the African-American bus driver. My present point is that the increasingly angry Whiteman can learn from post-disappointment Blacks. Perhaps meta-mature Blacks. On a personal level, even as nailed Christians they don’t give a shit about you. They don’t care whether you’re racist or non-racist or grey in your skin. They solely care about being true to their own inner-standards of Soldier of God comportment. The very best Black bus drivers are bible driven. As Baptists, they are what Evola would call late and faded echoes of the Heroic Navigator. Very late. Very faded. Very barely tuned to the stellar pulse of Aryan lore.
Maybe it’s more like the best Black bus drivers have taken the Hippocratic Oath: First do no wrong. Which reminds me of the trade-secret of Philadelphia’s 5 Star Hospitals. At the pinnacle of tech and brainpower, you get a variation of the same muffled bullshit that passes for harmony on the street. The working truth is that it’s the bosomy White nurses, the modestly high-IQ and pathologically caring goy women, who interface with the human wreckage. They wipe hurt butts, clean pus from fetid wounds, and handle blood and urine samples. If they’re to be trusted with intellectual labor, then they translate aching and garbled complaints into medical terms for the international elite doctors who enter the treatment room like NWO super-stars. The Indians, Asians, Israelis, and shellacked Iranians who ultimately make the call: emergency surgery or modulated therapy or pasty white placebo. A Caucasian Male MD, hired into the hospital on 30-year probation as a congenital but dormant racist, would say that I’m exaggerating the truth. Ha. Ha. A fey diagnosis. I’m exploding the truth.
As for prophetic telling? As for the future of poor White pawns when we’re a minority in America? It’s foretold in Philly if you can read the bumps on the heads of backsliding and dazed Catholics. It’s a trade-secret of serene immigrants to hire a Christianized naif to handle the irate Blacks who enter the door. Preferable, a poor White girl from the depleted Irish Catholic neighborhoods who’s a single mom and reconciled to low-grade abuse. When you see a NE Asian-owned cleaners, with a monkish Asian doing the tailoring and banking, and a rag-faced goy answering complaints about chemical stains and lost pants, you’ve found foreign newbies who’ve aced the New America. They’ve solved the mean streets. It’s up to the native-born White, the face of punch-drunk sympathy, to deliver the law to homeless dregs, “I told you yesterday that you can’t use the toilet. It’s still for employees only. I’m sorry. Sorry. Sorry.”
That’s today’s Philadelphia in the public and semi-public commons where Whites are irrelevant. Reduced to fear and piety or jailhouse bravado. It’s better if you have can afford valet parking. In any case, last night I went back to 1600 and saw a Shakespeare play. I’ve ushered at the theater about 25 times, and that’s my most venal trade-secret as a cheap-ass writer who’s often too lazy to read. It’s said that Shakespeare was a closet-Catholic. Judging by the bewitching hoo-doo in Macbeth, he was also a closet Pagan. It’s a weakness in Christian lore that Mary Magdalene isn’t too appealing as sin’s female agent. But Lady Macbeth has dark feminine wiles that are almost equal to Cleopatra, who Shakespeare renders most lustily. For a while, in the black heart of the play, Shakespeare doesn’t give a shit about the need to present the noble, regal and queenly female ideal. He flies the devil’s kite. He creates stormy fun. But in the end, proper moral order is restored with the thrust of an avenging sword. The good guys win, and social harmony returns to The Realm.
Shakespeare has given me a considerable trade-secret: be irresistibly nasty and politically obscene in my script until the very last moment. Then, like a magician pulling a rabbit out of a hat, produce a warm ’n fuzzy ending. In shoe-shine terms, produce a nicely polished finish and don’t worry about the thin gloss. In 101 textbook terms, produce a plot resolution wherein public order and Divine Order are restored as One. Be wholesome as an afterthought. Take it to the bank.
Thanks Bill. You’re the greatest! But I’m a follower in hard times. I’ve got my own trade-secret to sculptify as a writer. I’ve got my own deep personal resolution to chisel into a plot resolution upon the public stage. Too bad that my ends are as time-specific to the Leaden Age of Western Liberal Plutocracy as Shakespeare’s ends were time-specific the Golden Age of Elizabethan Theater. I’m living at the bottom, maybe beneath the bottom, of a World Historical Cycle if not the Kali Yuga. The point? Regardless of my powers as a cheat, I just can’t pretend to think that the Public Order, the Moral Order, the Natural Order and the Divine Order can be reconciled as One in Philly. Neither can a redeeming spin be synched to the roundly vacant USA and the flickering Globalist Hairball. So much for climactic catharsis with a familial denouement. Shakespeare’s advantage was that he had a knowing race of Englishmen to honor as a loyal and loving prick. He lived at the golden dawn of the British Empire wherein even a vicious pirate like Sir Francis Drake could sincerely drop to his knees and praise The Island Throne. The crowning Spirit of England with its guarded line of aristo-buccaneers. Maybe Sir Richard Burton, as epic writers go, was the last of the breed. Dr. Albert Schweitzer called him “a moral idiot.” But Burton was a heroic navigator of Olympian stature nevertheless. In body and spirit, he was a jealous pedigree with a blinding light.
Life is funny at bottom. It’s amusing to belong to the nadir of Western Man. I’m perfectly cozy here and now. I merge effortlessly, as a natural, with Filthadelphia and its soiled joys and catastrophes. The problem? The trade-secret that’s caught in my throat? The truth that inflames my neck? As a writer and voice, I segregate! I segregate my own frail creative germ from the filthy pedestrian soul-bath regardless of lost profit. I just don’t give a shit about the poor and wailing demos that I know too well. To make matters worse, I don’t give a shit about my financial betters who control the purse-strings, the puppet-strings and the heart-strings of public theater. Neither do I favor their actors in reserve, primed like bombs for the 6 o’clock news: anti-White revolutionaries, volatile immigrants and nihilistic rioters with red-hair, freckles, and dog breath. All that cheap shoe-shine, all that cheap moral or editorial gloss, all that crap lathered over power politics. Really, racial politics.
From the bottom of the Kali Yuga, the grease-pit of the Aryan roller-coaster, my job is to error on the side the Higher Orders. To come clean, as a privileged species of dirty White voyeur who has glimpsed the summit. Revealed in it’s clear majesty by Shakespeare at the top of the ride. Concealed in its gloom by degenerate carriers at bottom. Céline, a man amongst lethal cry-babies and cussed goyim, took it upon himself to grasp the low light. I know some, not all, of his trade secrets. First Céline recognized the luminous germ in the rhapsodic tripe of belly-aching Celt rustics in Paris. Then he recognized the lyrical germ in himself. That was a fateful day. A heroic prick, Céline made his noted lingo, his ripped ditties of genius, untranslatable even into languages like German and Italian that have a kinship with French. It was Céline’s take on low-down fun. It was also Céline’s take on the sport of kings.
A backstreet metaphysician, Céline took the Left Hand Path to the Olympian Heights of Immortal Fame. To cover his tracks in plain sight, he sputtered an asinine ferment of giddy yet scorched-earth prose. There’s do-or-die conviction in his funny steps. The man put himself to the test! And whatever Céline’s ultimate trade-secret, it can’t be severed from his core muse to leave French literature, maybe Western literature, in a vacuum after his death. He refused to be followed.
This explains, at bottom, his anti-Semitic rants. Céline’s paranoia in the face of shysters who’d make a global prole, a pan-humanist, an embalmed ambassador for Colored Revolutions in Africa and Slavonia out of his corpus. Céline: a self-immolating genius. Too hot to touch and leaving friends and foes majestically incensed. Maybe he over-reacted. But maybe he didn’t.
00:06 Publié dans Littérature, Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lettres, littérature, réflexions personnelles, shakespeare, céline | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Notes on Céline’s Castle to Castle (D’un Chateau L’autre)
Today is the birthday of novelist Louis-Ferdinand Destouches (May 27, 1894–July 1, 1961), a French physician who wrote autobiographical fiction and political propaganda under the pen name Louis-Ferdinand Céline.
Like Ernest Hemingway (who died the day after Céline), Céline is arguably more intriguing for his wayward, adventurous life than for his books. Both were stylistic innovators, but that has a downside: yesteryear’s innovation tends to become today’s annoyance. Affected or eccentric prose tends to thwart rather than aid a reader’s comprehension. Hemingway of course had his minimalist, mannered sentence construction (which he imagined to be the prose equivalent of Matisse or Picasso’s painting technique). Céline’s usual idiom was something a little more daunting—a staccato, stream-of-consciousness rant. Page after page of word-pictures and asides, each separated by a three-dot ellipsis, rather like an old-time Browadway columnist…
Frankly, just between you and me, I’m ending up even worse than I started . . . yes, my beginnings weren’t so hot . . . I was born, I repeat, in Courbevoie, Seine . . . I’m repeating it for the thousandth time . . . after a great many round trips I’m ending very badly . . . old age, you’ll say . . . yes, old age, that’s a fact . . . at sixty-three and then some, it’s hard to break in again . . . to build up a new practice . . . no matter where . . . I forgot to tell you . . . I’m a doctor . . . [1]
That’s the beginning of D’un Chateau L’autre, or Castle to Castle (1957), Celine’s ever-so-slightly fictionalized account of his adventures during and after the last months of the Second World War. It’s a good example of Celine’s delivery throughout the book, with endless repetitions and self-contradictions. Addressing himself to his legion of fans, he here apologizes for telling them what they already know—that he was born in Courbevoie—then goes on and informs them, as though for the first time, that he’s a physician!
The heart of the “novel” is famously set in Sigmaringen, the ancient Hohenzollern castle-town on the Danube, just north of Lake Constance. This is where about 1400 French collaborators and Vichy officials found refuge from mid-1944 till May 1945. Celine’s account of Sigmaringen is by far the most grotesque, blackly satirical section of his book—full of overflowing toilets, starving babies, hysterical crowds, ceaseless air-raids; and with appearances by Petain, Laval, and Fernand de Brinon (Celine’s fellow collabo writer, Vichy Secretary of State, and now head of the government-in-exile).
But nothing in Celine is ever straightforward; his style always gets in the way. In order to get to this historically informative part of the narrative we must first peel away, artichoke-like, about 100 leaves of dream-like recollections as the author’s mind wanders back from the present (1950s) to his six-year postwar imprisonment in Copenhagen, where he appears to have split his time between months in a hospital ward, suffering from cancer and pellagra, and episodes of solitary confinement. The Danish (for apparently they were) officials drag him out at intervals, trying to browbeat into making the preposterous admission that he had supplied the Germans with the secret plans of the Maginot Line.
A few flashbacks of Sigmaringen appear briefly as we dig through the memory-artichoke: how the Vichy officials came to consult him toward the end in early 1945, asking the good doctor what’s the best way to commit suicide. Céline smugly notes that Laval was too proud to ask for advice, as he was already prepared for the endgame. But it turned out that Laval’s cyanide capsule was old and spoiled by moisture by the time he attempted to use it, so Laval didn’t get to cheat the firing squad in late 1945 (p. 32).
One day in 1950s Paris, the narrator encounters an old collabo actor friend, “Le Vigan,” returned to France in disguise, with wife and pet cockatoo, outfitted in outlandish costume and posing as the pilot of an ancient bateau-mouche in the Seine. Le Vigan had been at Sigmaringen with Céline. Overjoyed to see each other, they reminisce about old times.
This is Céline’s “madeleine” moment. His thoughts finally spiral backwards to his months at the Castle.
Maybe I shouldn’t talk Siegmaringen [sic] up…but what a picturesque spot…you’d think you were in an operetta…a perfect setting…you’re waiting for the sopranos…the lyric tenors…for echoes you’ve got the whole forest…ten, twenty mountains of trees! Black Forest, descending pine trees…waterfalls…your stage is the city, so pretty-pretty, pink and green, semi-pistachio, assorted pastry, cabarets, hotels, shops, all lopsided for the effect…all in the “Baroque boche” and “White Horse Inn” style…you can already hear the orchestra…the most amazing is the Castle…stucco and papier-mache…like a wedding cake on top of the town…
Yet not was all pretty-pretty and operetta-like:
In our time, I’ve got to admit, the place was gloomy…tourists, sure…but a special kind…too much scabies, too little bread, and too much R.A.F. overhead…and [Gen.] LeClerc’s army right near…coming closer…the Senegalese with their chop-chops…for our heads… (p. 126)
Céline has access to the Castle ex officiobecause he is a physician, but he spends much of his time tending to the women and children of the collabos and the French miliciens, roughly interned in a nearby camp where they are slowly being starved to death on a diet of “raw carrot soup.”1,142 is the number Celine gives for collaborators living in the Castle and in nearby hostelries. (Historians give the number as about 1,400.) The collabos spend much of their time wondering what their fate would be when the war is over. They think about Napoleon’s friends and partisans when the Emperor was finally exiled to St. Helena. Adolfins, Céline humorously imagines, is what the leftist press in France will call the Vichyites and collabos.
The attitude of the local Germans, he says, is not at all friendly:
…the real hatred of the Germans, I might say in passing, was directed against the “collaborators”…not so much against the Jews, who were so powerful in London and New York…or against the Fifis [Free French], who were supposed to be “the Vrance of tomorrow”…pure and sure…but against the “collabos,” the dregs of the universe, who were there at their mercy, really weak and helpless, and their kids who were even weaker…let me tell you: the Nuremberg trials need doing over! (p.131)
One day there is a rumor that there will be a distribution of free bread—maybe bread and sausage—over by the Castle drawbridge. A thousand people gather, looking filthy and lousy, to the wonderment of the German guards nearby, who have heard no such rumor. The crowd waits in anticipation for a half-hour, an hour . . . and finally there is activity at the Castle gate. But it is only Pétain and entourage, going out for the daily stroll!
Céline has only contempt for Le Maréchal and his luxe life, marvels at the crowd’s docility when they see Pétain hasn’t emerged to give them bread.
…he didn’t leave a crumb for anybody!…housed like a king!… [. . .] a whole floor to himself…heated!…with four meals a day…sixteen [food] cards plus presents from the Fuehrer, coffee, cologne, silk shirts…a regiment of cops at his beck and call…a staff general…four cars…
You would have expected that crowd of roughnecks to do something…to jump him…to disembowel him…not at all…just a few sighs…they step aside…they watch him start on his outing… [. . .] men and women…little girls’ curtseys…the Marshall’s walk…but not bread, no sausage. (p. 148)
There is an air raid. For some reason the Castle has never been attacked, but there is a rumored explanation for this too: it is being reserved for Gen. Leclerc when he finally comes through…
…he was already in Strasbourg, with his Fifis and his coons…you could tell by the people coming our way…refugees with their eyes popping out…the things they’d seen…the wholesale decapitations with the chop-chop…Leclerc’s Senegalese…rivers of blood. The gutters full of it. (p. 152)
Pétain and entourage return abruptly as the RAF raid crescendoes, taking shelter under a railway bridge arch. No more is heard about the bread ration.
Celine and his wife go back to their room in the town down the hill, No. 11 Hotel Löwen, where the stench is horrendous because of the single public toilet constantly overflowing in the upstairs lobby:
…so you can imagine our lobby…the cursing and farting of the people who couldn’t hold it in…and the smell…the bowl, overflowed!…what can you expect? It was always plugged…people went in three…four at a time…men, women, children…every which way…they had to be dragged out by the feet…by raw force…hogging the crapper… (p.162)
Much of this is undoubtedly hyperbole, disgust turned into black humor to make it palatable (so to speak). Rivers of urine and excrement flowing down the hotel stairway, Céline claims!
It was a special point with him. He was not only a physician horrified by medical filth (his first book was a dissertation on hospital sepsis), so we can allow him literary license in this quasi-novel. But then his fancy takes him a little bit too far, and we fully realize he’s giving us crazy-talk to express the craziness of the time and place…
Opening the door to his shabby room at the Hotel Löwen, Céline finds that his bed is now occupied by an insane man being straddled by an equally insane fellow dressed as a surgeon:
…well anyway a man in a white smock getting ready to operate on him… forcibly!…three, four scalpels in hand…head-mirror, compressor, forceps!…no possible doubt!
“Doctor! Doctor! save me!”
“From what? From what?”
“It’s you I came to see, Doctor! The Senegalese! The Senegalese!”
“What about them?”
“They’ve cut everyone’s head off.”
“But he’s not a Senegalese.”
“He’s starting with the ear!…it’s you I wanted to see, Doctor!”
“But he’s not a Senegalese, is he?”
“No…no…he’s a lunatic!”
(pp. 164-65)
Just another day in Céline’s Sigmaringen.
Note
1. All quotations are taken from the Ralph Manheim translation of Castle to Castle, first published in 1968 by Dell Publishing Co.
Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com
00:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, littérature, lettres, lettres françaises, littérature française, sigmaringen, deuxième guerre mondiale, seconde guerre mondiale | | del.icio.us | | Digg | Facebook