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vendredi, 07 février 2014

Y' en a que ça emmerde...

jeudi, 06 février 2014

Bulletin célinien n°360

Le Bulletin célinien n°360

février 2014

Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°360.

Au sommaire : 

- Marc Laudelout : Céline, Émile Brami et l’édition
- François Marchetti : Le géant, le professeur et l’enfant
- Ole Seyffart Sørensen : Première rencontre
- Gauthier Ambrus : La force poétique des latrines (dans Voyage au bout de la nuit)
- François Lecomte : Céline et le Droit
- M. L. : Quand Jacques Chardonne enjoignait Paul Morand de répondre à Céline
- Éric Mazet : Céline et Gance. Quelques notes pour une biographie imaginaire

 

Le Bulletin célinien, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77 BE 1200 Bruxelles.
Courriel : celinebc@skynet.be. Abonnement annuel (11 numéros) : 55 €. 

mercredi, 05 février 2014

Céline, l'anarchico conservatore

mardi, 21 janvier 2014

Bulletin Célinien, janvier 2014

Le Bulletin célinien n°359

janvier 2014

Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°359.

Au sommaire : 

- Marc Laudelout : Proust et Céline
- Éric Mazet : Un entretien retrouvé (1956)
- Christian Senn : Théâtre. « Voyages au bout de la nuit »
- David Alliot : Éloge des chasseurs de feu (La vente Villepin)
- M. L. : Lucien Rebatet a enfin sa société d’études
- Henri Thyssens : Un roman sur l’assassinat de Denoël
- Éric Mazet : Entre Céline et Mahé au « Balajo » avec Jo France et Jo Privat
- M. L. : Photos d’écrivains (Louis Monier) 

Le Bulletin célinien, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77 BE 1200 Bruxelles.
Courriel : celinebc@skynet.be. Abonnement annuel (11 numéros) : 55 €.

lundi, 20 janvier 2014

Henri Mondor et Céline

 

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Henri Mondor et Céline

 

par Marc Laudelout

 

   C’est au printemps 2011, lors du colloque « Céline à l’épreuve », que Cécile Leblanc, agrégée de lettres classiques, nous  présenta la  correspondance  Céline – Henri Mondor. Mise sous scellés à la bibliothèque Jacques Doucet pour la période légale de 50 ans après la mort du destinataire, elle fait enfin l’objet d’une édition soignée dans la collection « Blanche » de Gallimard ¹.

 

Multiacadémicien (Académie française, Académie de médecine et Académie des sciences) et grand officier de la Légion d’honneur, on imagine mal aujourd’hui le prestige dont jouissait le professeur Henri Mondor après la guerre. Raison pour laquelle Gaston Gallimard tenait beaucoup à ce qu’il rédigeât la préface à l’édition de Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit dans la Pléiade. Ce fut chose faite, non sans quelques hésitations, et ce à la grande satisfaction de Céline. Lequel mourut malheureusement un an avant que le volume sorte des presses de l’imprimerie Darantière à Dijon, en avril 1962. Mondor, lui, trépassa précisément ce mois-là. C’est dès 1950 que Céline lui écrivit, l’académicien ayant accepté d’intervenir en sa faveur auprès de la Cour de justice.  Eut-il  quelque  sympathie idéologique pour  l’exilé ? Cécile Leblanc évoque ses « entrées dans les milieux de droite ou d’extrême droite » mais sans en dire davantage.  Connivence avec  l’Action Française ?  Lorsque  l’hebdomadaire  Aspects de la France consacre un article à Normance, Céline écrit à Mondor : « Grâce à vous sans doute j’ai eu cet article de l’AF. » Quoiqu’il en soit, l’académicien ne ménagea pas sa peine pour soutenir l’écrivain, allant même jusqu’à présider un éphémère « Comité d’amateurs des écrits de Céline » imaginé par Dubuffet au début des années cinquante. Fidèle à sa légende, Céline accable son correspondant de plaintes, d’éloges, de remerciements éperdus et... d’indications biographiques fallacieuses. Celles-ci seront répercutées telles quelles dans la fameuse préface, Mondor y reproduisant de larges extraits de cette correspondance. Celle-ci vaut surtout, vous l’aurez deviné, pour sa qualité d’écriture. Les formules jaillissent sous la plume, telle celle-ci à propos de Gaston Gallimard : « Depuis qu’il m’a refusé le Voyage il ne peut s’empêcher de me refuser tout ! le pli est pris ! ». Ou celle-là : « Actuellement partout le national Sartrisme remplace avec quelle fougue le national Socialisme pendu ! »  Drôle et lyrique. Ainsi, quand Mondor le compare à Hugo : « Crèvent les autres ! tous ! de jalousie, d’ulcères d’envie, de tout fétides néos [abréviation médicale pour « néoplasme », indique judicieusement l’éditrice] de rage ! L’Olympe à nous ! Mille reconnaissances pour ce plus qu’humain message, annonciateur des faveurs du Parnasse et de la confusion, écrabouillerie, compoterie de tous mes haineux ! »

Et, lorsqu’en janvier 1960 Henri Mondor lui adresse la préface tant attendue, l’érudition le dispute à l’ironie : « Si j’osais, je la ferais encadrer et la porterais en “attestation” sur la poitrine, selon la coutume des vétérans d’autrefois et aveugles du Pont des Arts ». Celui qui se désignait comme « minable pustuleux poëtasseux » aura contracté une dette incontestable envers le « grand savant, couvert de gloire ». Un demi-siècle plus tard, c’est Céline, glorieux et réprouvé, qui triomphe.

 

Marc LAUDELOUT

 

• Louis-Ferdinand CÉLINE, Lettres à Henri Mondor, Gallimard, 2013, 170 pages, 3 illustrations.

 

1. L’édition originale, réservée aux membres du  Cercle de la Pléiade, est parue au printemps dernier. Tirage à 2000 exemplaires hors commerce sur Rives vergé. Relevons une petite erreur, page 59 : ce n’est pas un chapitre de Guignol’s band mais de Casse-pipe que Jean Paulhan publia en 1948 dans les Cahiers de la Pléiade.

 

→ Voir aussi Marc Laudelout, « Hommage à Henri Mondor », Le Bulletin célinien, n° 138, mars 1994, pp. 6-9.

 

dimanche, 19 janvier 2014

Proust et Céline

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Proust et Céline

 

par Marc Laudelout

 

   Opposer Proust à Céline aura été une constante de la critique depuis près d’un siècle. Dès 1932, Léon Daudet écrivait ceci : « Proust, avec toute sa puissance, que j’ai célébrée un des premiers, c’est aussi un recueil de toutes les observations et médisances salonnières dans une société en décomposition. Il est le Balzac du papotage. De là une certaine fatigue dont M. Céline  va  libérer sa génération ¹. » Céline lui-même s’est voulu en quelque sorte l’antithèse de celui qu’il considéra parfois comme un rival. Mais les auteurs d’un récent Dictionnaire amoureux de Proust ² ont tort de croire qu’il n’a jamais varié dans ses appréciations. Il fut un temps où Céline se devait de s’opposer à lui pour édifier une œuvre aussi émotive que celle de son illustre aîné mais assurément moins bavarde, ou à tout le moins ne se perdant pas dans les dédales d’une infinie introspection. À la fin de sa vie, Céline admettra que « Proust est le dernier, le grand écrivain de notre génération ³ », ce qui n’est tout de même pas rien. L’un des co-auteurs de ce dictionnaire note que les ressemblances entre les deux œuvres sont plus grandes qu’on ne le croit généralement. Et d’affirmer, par exemple, que la compassion de Bardamu à l’égard du sergent Alcide s’applique exactement à celle éprouvée par le baron de Charlus envers les soldats de la Grande Guerre. Et que le fameux aphorisme célinien, « La grande défaite, en tout, c’est d’oublier », est une phrase que Proust aurait pu signer, voulant dire par là que tous deux détestent l’oubli – ce qui n’est pas faux mais n’a rien d’original.

 

   Voilà un rapprochement qui aurait le don d’exaspérer l’inénarrable Charles Dantzig, proustolâtre éperdu et anticélinien primaire. Anxieux, il imagine, dans un avenir proche, l’équivalent (anti)proustien du Contre Céline qui nous fut infligé il y a une quinzaine d’années : « J’ai été frappé au moment d’une querelle littéraire contre le réalisme, que j’ai eue il y a quelques mois, de voir qu’on s’en servait pour défendre Céline au détriment de Proust. Dans les temps haineux qui se sont réveillés, je ne serais pas surpris si, dans cinq ans, paraissait un pamphlet contre Proust, la mollesse et la décadence. Et on regrettera alors ce qui, rétrospectivement, sera devenue une époque. L’époque “Proust friendly”  4». Allusion, on l’aura compris, à l’expression « gay friendly » chère à l’auteur ; « les temps haineux » évoquant les manifestations contre « le mariage pour tous ». Cela étant, c’est méconnaître l’œuvre célinienne que de la réduire au « réalisme » ; hier au « populisme ». Déjà dans un de ses bouquins, ne faisait-il pas sien le commentaire navrant d’un Malraux vieillissant qui comparait la verve de Céline à celle d’un chauffeur de taxi ?  Ailleurs il qualifie  Céline et Beethoven  de  « génies  des adolescents incultes 5» [sic]. Lorsque la bêtise culmine à ce point, on demeure sans voix.

 

Marc LAUDELOUT

 

1. Léon Daudet, « L.-F. Céline : “Voyage au bout de la nuit” », Candide, 22 décembre 1932.

 

2. Jean-Paul et Raphaël Enthoven, Dictionnaire amoureux de Proust, Plon / Grasset, 2013. Voir les propos du second [sur Proust et Céline] recueillis par Philippe Delaroche, « L’autre questionnaire de Proust », Lire, n° 419, octobre 2013, p. 8. Sur les deux auteurs, voir le portrait qu’en dresse Emmanuel Ratier dans Faits & Documents, n° 368, 15 décembre-15 janvier 2013 (B.P. 254-09, 75424 Paris Cedex 09).

 

3. Jean Guenot (éd.), Céline à Meudon (Transcription des entretiens avec Jacques d’Arribehaude et Jean Guenot), Éd. Guenot, 1995.

 

4. Charles Dantzig, Émission « Secret professionnel » (Du côté de chez Swann), France Culture, 6 octobre 2013. Cette émission peut actuellement être écoutée sur le site internet de France Culture.

 

5. Idem, Encyclopédie capricieuse du tout et du rien, Grasset, 2009.

samedi, 14 décembre 2013

Bulletin célinien n°358 / Déc. 2013

Le Bulletin célinien n°358 - décembre 2013

Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°358.

Au sommaire : 

- Marc Laudelout : Céline et Henri Mondor
- M. L. : Nadeau, Céline et Hindus dans « Combat »
- Éric Mazet : Céline’s Jazz Band
- M. L. : Le bel idéal de Jean Guenot
- M. L. : Gabriel Chevallier à redécouvrir
- Pierre de Bonneville : Match Cendrars – Céline
- Actualité célinienne

Le Bulletin célinien, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77 BE 1200 Bruxelles.
Courriel : celinebc@skynet.be. Abonnement annuel (11 numéros) : 55 €.
Numéro-specimen : 6 €.

Louis-Ferdinand CÉLINE : «Entretien avec Marc HANREZ» (1959)

Louis-Ferdinand CÉLINE : «Entretien avec Marc HANREZ» (1959)

 
Entretien de CÉLINE avec Marc HANREZ enregistré à Meudon en 1959 : « Ces propos ont été enregistrés au domicile de Céline en mars 1959 (d'où le chant du perroquet et la sonnerie du téléphone, avec les intonations, les interruptions, etc...). Sauf au tout début, et encore ! je n'avais pas préparé notre entretien. Il s'est donc improvisé autour des questions qui me venaient à l'esprit. Mais Céline, à sa table de travail, bloqué par les fils de l'appareil et du micro, a très vite et très volontiers joué le jeu. Si cela se termine en queue de poisson, c'est parce que, ayant remarqué sa fatigue, j'avais préféré nous en tenir là. Il faut prendre cet entretien pour ce qu'il est, et ne pas y chercher des intentions journalistiques. »

Marc HANREZ

Merci à Marc Hanrez et à http://www.lepetitcelinien.com

jeudi, 28 novembre 2013

Bulletin célinien n°357

Le Bulletin célinien n°357 - novembre 2013

Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°357. Au sommaire : 



- Marc Laudelout : Bloc-notes
- Éric Mazet : Nicole Debrie
- Jacques Aboucaya : Céline sur un fil d’or
- Jean-Gilles Malliarakis : Nicole et « son » Dr Destouches
- Pierre de Place : « Quand la mort est en colère »
- Henri Godard : Céline, Chautard et l’argot
- André Rousseaux : L’argot est à la mode en littérature [1932]
- Marc Laudelout : Proust et les maudits


Le Bulletin célinien, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77 BE 1200 Bruxelles.
Courriel : celinebc@skynet.be. Abonnement (11 numéros) : 55 € 

mardi, 26 novembre 2013

Spécial Céline

Le trimestriel Spécial Céline fait paraître son 11è numéro. Un nouveau format et une nouvelle maquette, des plus agréable, viennent agrémenter la lecture d’un sommaire plus « épuré » qu’à l’accoutumé. On regrettera toutefois pour ce numéro l’absence de toute actualité célinienne…

Sommaire :

Étude
« Céline au bachot » par Éric Mazet
Correspondance
« Les Lettres à la NRF, 1931-1961 : le médecin épistolier et son éditeur » par Julie Delbouille
Rencontre
« Céline et le Goncourt : Chronologie des faits et des idées » par Éric Mazet
Étude
« De Destouches à Céline, Montmartre 1929-1944 » par Jean Maurice Bizière
Fiction
« Fallait-il fusiller Céline » (1ère partie) par Jacques Milliez



Un numéro disponible en kiosque ou sur www.lafontpresse.fr, 80 pages, 19,50 €.

jeudi, 14 novembre 2013

Nicole Debrie

debrie.jpgMarc Laudelout:

Nicole Debrie

Nicole Debrie signe en 1961 la première monographie sur Céline, battant sur le fil Marc Hanrez dont le livre paraît un peu plus tard. Comme lui, elle rencontre le reclus de Meudon qui l’accueille très cordialement. Mais, pétrifiée d’admiration, elle n’est guère loquace et se borne à répondre à ses questions. Elle lui fait part tout de même de son projet éditorial qui reçoit l’assentiment de l’écrivain.

Mes relations avec Nicole ne furent pas toujours empreintes de la plus grande sérénité. Mais quel célinien trouve grâce à ses yeux ?   On a  parfois l’impression en l’écoutant qu’elle seule détient la vérité. Au risque parfois de ne pas être d’accord avec elle-même. En 1987, je publie ici sa critique du livre de Bardèche, précédée d’un chapeau rédactionnel. Par retour de courrier, je reçois une lettre furibarde. Elle réfute avec force la teneur dudit chapeau, précisant qu’elle est tout à fait « opposée à la présentation d’un “Céline mystique” ». En guise de réponse, il m’est facile de reproduire une phrase de son livre : « À travers son œuvre que l’on a trop souvent accusée de naturalisme, Céline apparaît comme un mystique. »  Pas de quoi lui en vouloir. D’autant que, grâce à elle, le Bulletin eut les honneurs d’Apostrophes : trop heureux de pimenter son émission, Bernard Pivot lut un passage de la critique acerbe de Nicole face à Maurice Bardèche. Lequel réagit, il faut le dire, avec une rare élégance.

Mieux que je ne pourrais le faire, Éric Mazet dit dans ce numéro l’intérêt des trois livres qu’elle a consacrés à son écrivain de prédilection. Marcel Aymé, excusez du peu, ne s’y était pas trompé : « Nicole Debrie a écrit sur l’œuvre de Céline une étude solide, intelligente qui, sans s’arrêter à chaque pas au détour de la pensée de l’écrivain, met très bien en lumière ce qu’elle a d’essentiel et qu’il n’est pas si aisé de découvrir dans un lyrisme étourdissant où elle se dissimule sous la magie des mots.


La dernière fois que j’ai vu Georges et Nicole, c’était à Paris, en novembre 2011, au colloque de la Fondation Singer-Polignac organisé à l’occasion du centenaire.  Auparavant, elle m’avait fait l’amitié de venir aux « Journées de rencontres céliniennes » que Michel Mouls et moi organisâmes à Puget-sur-Argens. Elle y prononça une communication sur « Céline et l’individuation », thème abordé dans son livre sur les résonances psychanalytiques dans l’œuvre célinienne tiré de sa thèse de doctorat soutenue en 1988 ¹. Excessive tout autant qu’hyper émotive, Nicole Debrie est tout naturellement poète et polémiste. Ces deux facettes se rejoignent parfois dans un même livre. Ainsi, dans Cantilènes et grelots (1996) ², elle fustige avec une verve vengeresse « les universitaires qui désossent Céline » et les « poux, parasites et morpions » qui « s’agitent dans la superbe crinière d’un fauve qui n’en peut mais. » ² Sa conclusion : « Voici le temps des grotesques enturbannés, clochettes et colifichets… Rognures d’hommes qui agitent leur marotte : un Céline défiguré ! »

Comme on le voit, elle n’y va pas de main morte. Intempérance à la mesure de sa ferveur. Au moins faut-il lui reconnaître une vision inspirée de Céline, très éloignée des caricatures que lui-même contribua à donner de lui. Dès 1960, Nicole Debrie lui confia son intention d’analyser l’aspect poétique de son œuvre. Initiative guère répandue à l’époque. Depuis elle n’a cessé de mettre en valeur un écrivain trop fréquemment réduit à son antisémitisme ou à ses trouvailles langagières.

 

Marc LAUDELOUT

 

1. Nicole Debrie est titulaire d’une licence de philosophie, de psychologie, de psychanalyse et d’ethnologie.

2. Anecdote : le 14 mars 1996, Ernst Jünger lui accusa aimablement réception de ce recueil. Il avait alors 101 ans.

 

 

Le numéro de novembre du Bulletin célinien est consacré à Nicole Debrie.

Le Bulletin célinien, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77, 1200 Bruxelles. Abonnement : 55 euros.

mardi, 08 octobre 2013

L.-F. Céline à Clichy

L.-F. Céline à Clichy

735458.pngpar Marc Laudelout

Le nom d’Aimée Paymal vous est parfaitement inconnu ? Si ce n’est pas le cas, vous pouvez vous targuer d’être un célinien pointu. Née en 1905, cette employée au dispensaire de Clichy dactylographia, nous dit-on, le manuscrit de Voyage au bout de la nuit. Figure destinée à sombrer dans l’oubli comme tant d’autres personnages secondaires ayant croisé la destinée de Louis Destouches.

Un jeune bibliothécaire vient de lui consacrer un (premier) roman, appliqué et sans relief, où l’on éprouve forcément quelque difficulté à discerner ce qui relève de la biographie ou du roman. Le hic c’est que pour traiter un pareil sujet, il est indispensable de bien connaître aussi la biographie de Céline. Sur la seule page 135 s’étalent deux erreurs. Ce n’est pas dans un café, en compagnie de deux collègues du dispensaire (!), que l’auteur du Voyage attendit le résultat du Goncourt : ce sont sa mère et sa fille qui étaient à ses côtés en cette matinée du 7 décembre 32. Plus ennuyeux : ce n’est pas le tapuscrit (corrigé de sa main) que Céline vendit à Étienne Bignou mais bien le manuscrit lui-même — celui qui atteignit un chiffre record (1,67 million d’euros, sans les frais) lors de la fameuse vente publique à Drouot. Un bon connaisseur de la biographie célinienne n’eût pas commis une telle erreur.

Tant qu’à évoquer Clichy (c’est le titre du roman), il eût été plus intéressant de mettre en scène une figure autrement complexe : le directeur du dispensaire, Grégoire Ichok. Ce n’est sans doute pas demain la veille qu’on disposera d’une biographie de ce médecin lituanien d’origine juive né en 1892 à Marijampolė. On sait que les relations entre Ichok et son subordonné Destouches furent exécrables. Rien d’étonnant à cela, d’autant que c’est la municipalité communiste qui nomma ce laudateur de la médecine soviétique ¹ à la tête du dispensaire flambant neuf. C’est dire si après la parution de Mea culpa, la situation devint intenable. Membre actif de la Ligue contre l’antisémitisme, Ichok était un ami personnel du député socialiste Salomon Grumbach, vice-président de la Commission des affaires étrangères. Lequel soutint sa demande de naturalisation. Naturalisé français en mars 1928, il est nommé directeur du dispensaire de Clichy six mois plus tard. Passionné de médecine sociale, Ichok est l’auteur de nombreuses études sur la question ². Le 10 janvier 1940, il se suicide en croquant une capsule de cyanure. L’homme était profondément dépressif. Dépression apparemment accentuée par le contexte international ³. Une destinée assurément plus captivante que celle de la modeste Aimée Paymal !

Marc LAUDELOUT

Vincent Jolit, Clichy, Éditions de la Martinière, 2013, 144 pages (14,90 €)

 

1. Cf. (entre autres) Alexandre Roubakine et Georges [sic] Ichok, « L’accroissement naturel de la population en URSS », La Revue d’Hygiène et de Médecine préventive, n° 10, décembre 1937.

2. Ainsi, en février 1933, une journaliste se rend au dispensaire pour y rencontrer l’auteur de La Protection de l’enfance dans une commune de banlieue (Éd. G. Doin, 1933). Cf. Hélène Bory, « Dans un dispensaire avec L.-F. Céline et le Dr Ichok », Paris-Midi, 22 février 1933.

3. « Il est vraisemblable que les événements qui ont marqué la fin de l’année 1939 n’ont pas été sans amener sa disparition prématurée ainsi que le donnait à entendre M. Barrier, ancien président de l’Académie de Médecine, au cours de l’incinération au colombarium du Père-Lachaise, le 17 janvier 1940 » in Dr R[ené] Hazemann, « Nécrologie. Grégoire Ichok », Journal de la société statistique de Paris, tome 81 (1940), pp. 105-106. L’auteur de cette nécrologie était chef du cabinet technique de la Santé publique et de l’Éducation physique sous le Front populaire. Notons à ce propos que Grégoire Ichok était le conseiller de Jean Zay, ministre de la Santé publique dudit Front populaire.

 

© Extrait du Bulletin célinien, octobre 2013.

Abonnement : 55 €.

Le Bulletin célinien, c/o M. Laudelout, Bureau Saint-Lambert, B.P. 77, 1200 Bruxelles.

 

mercredi, 11 septembre 2013

Dominique Venner, lecteur de Céline

 

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Dominique Venner, lecteur de Céline

par Marc LAUDELOUT


Dans son livre-testament ¹, Dominique Venner évoque Céline et plus particulièrement Les Beaux draps, « ce curieux livre qui délivrait un message furibard à l’encontre de la prédication chrétienne, ultime recours du régime de Vichy qu’il méprisait ». Et de citer la fameuse sortie de Céline visant « la religion de “Pierre et Paul” [qui] fit admirablement son œuvre, décatit en mendigots, en sous-hommes dès le berceau, les peuples soumis, les hordes enivrées de littérature christianique, lancées éperdues imbéciles, à la conquête du Saint Suaire, des hosties magiques, délaissant à jamais leurs Dieux, leurs religions exaltantes, leurs Dieux de sang, leurs Dieux de race. (…) Ainsi, la triste vérité, l’aryen n’a jamais su aimer, aduler que le dieu des autres, jamais eu de religion propre, de religion blanche. Ce qu’il adore, son cœur, sa foi, lui furent fournis de toutes pièces par ses pires ennemis. »


Venner observe avec pertinence que, dans un langage différent, Nietzsche n’avait pas dit autre chose. Cet été, Anne Brassié, dans un quotidien fervemment catholique, a adressé une lettre post-mortem  à Venner ². N’ayant jamais lu Les Beaux draps, la biographe de Brasillach précise qu’elle ne connaissait pas ce texte et s’insurge contre cette attaque frontale de la religion chrétienne, d’autant  que le païen Venner  la faisait  sienne  mutatis mutandis.


Encore faut-il préciser ce qui, pour Céline, constituait le crime des crimes : « La religion catholique fut à travers toute notre histoire, la grande proxénète, la grande métisseuse des races nobles, la grande procureuse aux pourris (avec tous les saints sacrements), l’enragée contaminatrice ».


Céline, défenseur résolu du génie de la race et de son intégrité, reprochait à l’Église de favoriser le métissage par sa doctrine égalitaire. Après avoir vu un de ses textes censuré par la presse doriotiste, il tint à faire connaître la phrase caviardée :  « L’Église, notre grande métisseuse, la maquerelle criminelle en chef, l’antiraciste par excellence. » L’antienne n’était pas nouvelle. Quatre ans plus tôt, dans L’École des cadavres, il vouait aux gémonies les « religions molles ».  Et précisait déjà  : « Vive la Religion qui nous fera nous reconnaître, nous retrouver entre Aryens, nous entendre au lieu de nous massacrer, mutuellement, rituellement, indéfiniment. »


Anne Brassié admet que « la violence de Céline est née de sa terrible clairvoyance, l’Europe s’engageant dans une seconde guerre civile après le premier suicide de la guerre de 14-18 ». Cela étant, elle rétorque : « Sont-ce vraiment les chrétiens qui ont préparé ces guerres ? Qui furent envoyés au front pour mourir, dès 1914, en première ligne ? Les paysans bretons, catholiques, les officiers français catholiques et le premier d’entre eux, Péguy. » Mais pour Céline, la religion chrétienne est une religion juive facilitant les grands massacres en anesthésiant les peuples ainsi aliénés ³. Si Céline est antinationaliste c’est parce qu’il considère que les nations sont manipulées et génératrices de guerre. Pour lui seule la race est capable d’éradiquer la nation, d’où cette vision du « racisme » perçu comme antidote au nationalisme. Cette conviction peut aujourd’hui être ignorée et dissociée de son esthétique. Il n’en demeure pas moins qu’elle fut sienne.


 

Marc LAUDELOUT

 

 

1. Dominique Venner, Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis, Éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2013.

2. Anne Brassié, « Un samouraï d’Occident », Présent, n° 7899, 20 juillet 2013, p. 5a-e.

3. Nietzsche considère que le christianisme représente le judaïsme « à la puissance deux » (La Volonté de puissance, 1887) dans la mesure où l’esprit judaïque s’y est universalisé.

 

© Extrait du Bulletin célinien, septembre 2013.

Abonnement 1 an : 55 euros.

Le Bulletin célinien, Bureau Saint-Lambert, B.P. 77, 1200 Bruxelles.

Voyage au bout de la nuit

Les Sélénites revisiteront l’oeuvre majeure de Céline, Voyage au bout de la nuit, au Théâtre 2.21 de Lausanne du 24 septembre au 6 octobre 2013 dans une adaptation intitulée « Voyages au bout de la nuit (Hommes et ombres) ». Mise en scène Pascal Francfort, musique Marc Etienne Besson.

Théâtre 2.21
Rue de l’Industrie 10
1005 Lausanne

« Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination ». Chef-d’œuvre de la littérature du XXème siècle, Voyage au bout de la nuit continue à fasciner. Les thématiques bouleversantes qui tissent ce roman ne se sont jamais démodées. Guerre, colonisation, progrès, nouveau monde, amour, folie, survie, tout est là, sans concessions. Le regard acerbe que Céline porte sur son époque nous raconte encore et encore, et bien des fois terriblement, notre histoire. En s’inspirant de l’œuvre de Céline, les Sélénites vous convient à remettre le Voyage en route en ouvrant les portes de l’imaginaire. Une invitation à goûter à l’essence des sensations, à l’ivresse des perceptions, en fermant les yeux pour mieux voir. Une expérience sonore et visuelle, entre mémoire, rêve et réalité.

lundi, 02 septembre 2013

VILLON & CÉLINE de Pierre de BONNEVILLE

Vient de paraître : VILLON & CÉLINE de Pierre de BONNEVILLE

 
Les éditions Dualpha viennent de publier Villon & Céline de Pierre de Bonneville. Initialement paru aux éditions Improbable, ensuite publié en plusieurs partie par Le Bulletin célinien puis repris sur notre site (ici), ce texte fait un parallèle très intéressant entre les deux illustres écrivains, leurs vies, leurs époques, leurs styles...


Pierre de BONNEVILLE, Villon & Céline, Dualpha, 2013.
98 pages, 15 €
Commande sur www.francephi.com.


Quatrième de couverture 
Villon et Céline : près de cinq siècles les séparent, mais ils ont beaucoup de points communs. Parmi ceux-ci, l’auteur a relevé l’identité, la personnalité, le milieu, le génie, l’invention, le parcours, le destin, la musique, le comique et le tragique. Dans un parallèle rigoureux, il nous trace ces ressemblances, qui sont l’occasion de replonger dans les citations, les textes de ces deux écrivains d’exception.
« Les études comparatistes ne sont plus guère à la mode. Le fait que notre auteur renoue avec cette tradition se justifie tant il est vrai que le parallèle entre l’œuvre et l’itinéraire respectifs de Villon et Céline apparaît ici comme une évidence. Se basant notamment sur la somme du grand médiéviste Pierre Champion, il passe en revue tout ce qui les réunit. Leur destin d’écrivain maudit bien sûr, mais surtout ce lyrisme basé sur l’émotion et les ressources du langage populaire » (Marc Laudelout).

dimanche, 21 juillet 2013

Hommage à Jean Guenot

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Hommage à Jean Guenot

Marc Laudelout

 

Il est notre vétéran du célinisme. Né en 1928 (quelques années avant Alméras, Gibault, Hanrez et Godard), Jean Guenot est l’un des derniers célinistes à avoir rencontré le grand fauve. Il n’avait alors qu’une trentaine d’années et, comme le releva Jean-Pierre Dauphin, il fut l’un de ceux qui, au cours de ces entretiens, renouvelèrent le ton de Céline. Lequel n’avait été approché jusqu’alors que par des journalistes aux questions convenues.


Une quinzaine d’années plus tard, il édita lui-même son Louis-Ferdinand Céline damné par l’écriture  qui lui vaudra d’être invité par Chancel, Mourousi et Polac.  L’année du centenaire de la naissance de l’écrivain, il récidiva avec Céline, écrivain arrivé, ouvrage allègre et iconoclaste. Professeur en Sorbonne,  Jean Guenot a oublié d’être ennuyeux. Ses cours sur la création de textes en témoignent ¹.


Au cours de sa longue traversée, Guenot s’est révélé journaliste, essayiste, romancier, auteur de fictions radiophoniques, animateur et unique rédacteur d’une revue d’information technique pour écrivains pratiquants qui en est à sa 27ème année de parution. Infatigable promeneur dans les contre-allées de la littérature, tel que l’a récemment défini un hebdomadaire à fort tirage ².


Linguiste reconnu ³, c’est son attention au langage et à l’oralité qui fit de son premier livre sur Céline une approche originale à une époque où l’écrivain ne suscitait guère d’étude approfondie. Lorsqu’à l’aube des années soixante, Jean Guenot s’y intéresse, Céline est loin d’être considéré comme un classique. Trente ans plus tard, les choses ont bien changé. L’année du centenaire, Guenot établit ce constat : « Louis-Ferdinand Céline est un écrivain aussi incontesté parmi ceux qui ne lisent pas que parmi ceux qui lisent ; parmi les snobs que parmi les collectionneurs ; parmi les chercheurs de plus-values les plus ardents que parmi les demandeurs les plus aigus de leçons en écriture». Nul doute que lui, Guenot, se situe parmi ceux-ci. C’est qu’il est lui-même écrivain. Et c’est en écrivain qu’il campe cette figure révérée.


Un souvenir personnel. Si je ne l’ai rencontré qu’à deux ou trois reprises, comment ne pas évoquer cet après-midi du printemps 1999. Il était l’un des participants de la « Journée Céline » 4. Comme pour mes autres invités, je commençai par lui poser une question. Ce fut la seule car il se livra à une époustouflante improvisation pertinente et spirituelle à la fois. Des applaudissements nourris et prolongés saluèrent son intervention. C’est dire s’il compte parmi les bons souvenirs des réunions céliniennes que j’organisai alors à l’Institut de Gestion, quai de Grenelle.


On l’a longtemps confondu avec Jean Guéhenno. Sans doute la raison pour laquelle il abandonna l’accent aigu de son patronyme. Aujourd’hui  l’académicien  – qui d’ailleurs ne se prénommait pas Jean mais Marcel ! –  n’est plus guère lu.  Jean  Guenot, lui, l’est toujours par les céliniens. Et s’ils sont amateurs d’écrits intimes, ils n’ignorent pas davantage l’écrivain de talent qu’il est 5.


Marc LAUDELOUT

 

1. Ce cours en vingt leçons, diffusé sur Radio Sorbonne, est disponible sous la forme de dix cassettes-audio diffusées par l’auteur. Prix : 80 €. Voir le site http://monsite.wanadoo.fr/editions.guenot.

2. Le Canard enchaîné, 5 juin 2013.

3. Clefs pour les langues vivantes, Éditions Seghers, coll. « Clefs », 1964.

4. Difficile de ne pas avoir la nostalgie de cette époque : outre Jean Guenot, mes invités étaient, ce 3 avril 1999, Éliane Bonabel, André Parinaud, Pierre Monnier, Paul Chambrillon, Anne Henry et Henri Thyssens, excusez du peu !

5. Le troisième tome de son autobiographie vient de paraître : Mornes saisons évoque ses souvenirs de l’occupation et fait suite à Sans intention et Ruine de Rome. Il y aura cinq tomes au total. Prix : 40 € chaque volume.

vendredi, 12 juillet 2013

« CÉLINE, un exemple de radicale insoumission »

« CÉLINE, un exemple de radicale insoumission »

par Dominique VENNER (2013)

Ex: http://www.lepetitcelinien.com

 
Les éditions P.-G. de Roux viennent de publier Un samouraï d'Occident, Le Bréviaire des insoumis, « livre-testament » de Dominique Venner, mort de manière spectaculaire le 21 mai dernier. Cet « historien méditatif » se penche dans cet ouvrage sur la longue tradition des Européens, son histoire, son avenir. Quelques lignes sont consacrées à Céline...
 
Certains exemples inattendus de retour à des représentation antiques affranchies du christianisme ont des précédents célèbres et bien répertoriés. En Allemagne, Goethe, Nietzsche ou Heidegger ; en Espagne, Ortega y Gasset ; en Italie, Croce, Pareto, Marinetti et Julius Evola. En France, dans la période contemporaine, on songe aux positions explicites d'Hyppolyte Taine, Anatole France, Ernest Renan, Fustel de Coulanges, Maurice Barrès, Thierry Maulnier, Jacques Laurent, Lucien Rebatet, Emile Cioran. Mais on peut s'attarder un instant sur les exemples de Montherlant, Maurras, Céline et, dans une moindre mesure, du maréchal Lyautey qui tous ont laissé des témoignages écrits auxquels on peut se référer.
 
[...]
 
La virulente polémique de Céline

Considéré comme le plus grand écrivain français du XXè siècle, rénovateur de la langue et du style, habité par une sorte de délire prophétique, Louis-Ferdinand Destouches, Céline en littérature, constitue un autre exemple de radicale insoumission. Gravement blessé au cours des premiers combats de 1914, il fut décoré et réformé. Ayant entrepris des études de médecine, il soutint sa thèse en 1924 sur la vie et l'oeuvre du Dr Semmelweis. Entré au service d'hygiène de la S.D.N., il fut envoyé en mission aux U.S.A., en Europe et en Afrique jusqu'en 1927. Cinq ans plus tard, il publiait Voyage au bout de la nuit, salué aussitôt comme une oeuvre littéraire capitale. Tout comme Léon Daudet dans L'Action française, l'intelligentsia de gauche réserva un accueil chaleureux à un auteur qui semblait lui appartenir, mais l'écrivain-médecin était rétif à tout embrigadement. La publication de Mea culpa (1936), après un voyage en U.R.S.S., montra qu'il n'avait pas été dupe du paradis soviétique. Ce livre consomma son divorce avec une gauche que dominaient les communistes.

Sentant venir une nouvelle guerre, Céline en attribua la responsabilité à une conspiration juive. Coup sur coup, il publia deux pamphlets qui le firent soudain apparaître comme un antisémite enragé : Bagatelles pour un massacre (1937) et L'École des cadavres (1938). Vitupérant la guerre et les charniers à venir, il dénonçait à sa façon « la coalition du capitalisme anglo-saxon, du stanilisme et du lobby juif » dont l'objectif (selon lui) était d'envoyer au massacre la jeunesse française en une guerre franco-allemande où elle-même n'interviendrait pas avant l'épuisement des combattants sacrifiés.

Dans un genre assez différent, Céline publia en 1941 un nouveau pamphlet, Les Beaux draps, sans doute la seule de ses oeuvres qu'illumine un léger halo d'espérance. A côté d'une célèbre tirade sur le « communisme Labiche », il livrait une méditation poétique sur l'esprit de la France, écrite dans le style des ballades et des virelais du XVè siècle, non sans quelques coups de patte fort injustes donnés à Montaigne.

Ce curieux livre, où l'antisémitisme, quoique présent, est assez estompé, délivrait cette fois un message furibard à l'encontre de la prédication chrétienne, ultime recours du régime de Vichy qu'il méprisait : « Propagée aux races viriles, aux races aryennes détestées, la religion de "Pierre et Paul" fit admirablement son oeuvre, elle décatit en mandigots, en sous-hommes dès le berceau, les peuples soumis, les hordes enivrées de littérature christique, lancées éperdues imbéciles, à la conquête du Saint Suaire, des hosties magiques, délaissant à jamais leurs Dieux de sang, leurs Dieux de race... Ainsi la triste vérité, l'aryen n'a jamais su aimer, aduler que le dieu des autres, jamais eu de religion propre, de religion blanche... Ce qu'il adore, son coeur, sa foi, lui furent fournis de toutes pièces par ses pires ennemis... » Dans un langage différent, Nietzsche n'avait pas dit autre chose.

L'ouvrage fut interdit par les services de Vichy en zone Sud et suscita les plus vives réserves de la Propaganda Abteilung...

 

Dominique VENNER, Un samouraï d'Occident, Le Bréviaire des insoumis, P.-G. de Roux, 2013.
Commande possible sur Amazon.fr.

samedi, 15 juin 2013

Le Bulletin célinien n°353

Le Bulletin célinien n°353 - Juin 2013

 
 
Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°353. Au sommaire : 

Marc Laudelout : Bloc-notes.
Pierre Assouline : Un roman peut-il servir de sources aux historiens ? Le cas Céline.
Jean-Pierre Dauphin : L’œuvre exige des soins scrupuleux [1967]
M. L. : Le Livre de Poche a 60 ans.
Éric Mazet : Gen Paul et Céline. La Bataille du Styx.
Frédéric Saenen : Céline « mi-Diogène mi-Roi Lear ».
Pierre Lalanne : Un colloque sur les pamphlets.
M. L. : Les lectures de Christopher Gérard et de Philippe d’Hugues. 


Le Bulletin célinien, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77, 1200 Bruxelles.
Courriel : celinebc@skynet.be.

Abonnement 1 an, 11 numéros : 55 €

Consulter le sommaire des anciens numéros ici.


Bloc-notes

Il est temps de passer aux aveux : cela fait une quarantaine d’années que Céline me fascine. Au point de lui consacrer depuis quasi autant de temps le bulletin que vous avez entre les mains ¹.
 
J’apprends que la revue Études céliniennes a été créée parce que ses animateurs refusent précisément de « céder à la fascination que peuvent susciter Céline et son œuvre ». Et de revendiquer « une approche ouvertement critique, au sens étymologique et philosophique du terme ² ». Oserais-je l’écrire ? Le rôle que s’était assigné la Société des études céliniennes en 1976 me paraît davantage empreint de sérénité : « Réunir, en dehors de toutes passions politiques ou partisanes, tous ceux, lecteurs, chercheurs ou collectionneurs, qui s’intéressent à l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline, et favoriser par tous moyens la connaissance de celle-ci. ».
 
Les temps ont changé. Nous sommes à l’heure de la moraline. Il s’agit de faire preuve de la plus grande vigilance à l’égard de cet écrivain mort il y a plus d’un demi-siècle. Dans le précédent BC, j’évoquais cette célinienne se demandant, anxieuse, si le plaisir éprouvé à lire Céline n’est pas compromettant. Lors d’un récent colloque, des universitaires se sont gravement interrogé sur l’opportunité qu’il y avait de rééditer les pamphlets ³. Le fait qu’il s’agisse d’une édition critique due à un céliniste irréprochable n’a manifestement pas suffi à dissiper l’inquiétude de certains. Et tout indique que beaucoup ne partagent pas le point de vue de son meilleur biographe : « Céline, mieux que tout autre, savait qu’il n’avait pas voulu l’holocauste et qu’il n’en avait pas même été l’involontaire instrument 4. »
 
Quant à la revue Études céliniennes, il n’y aurait rien à en dire si elle n’était l’organe de la Société des études céliniennes. Quand son directeur émet des propos déplaisants à l’égard d’autres spécialistes de l’écrivain, parle-t-il en son nom propre ou engage-t-il la SEC ? Lorsqu’il daube sur un éditeur célinien « friand de notes de linge », on sait qui est visé 5. Ce persiflage n’a pas été avalisé par le comité de rédaction de la revue. Vétille. Mais quand l’édition critique de la correspondance à Albert Paraz y fait l’objet d’une recension délibérément suspicieuse 6, il en va différemment. L’organe de la S.E.C. est-il dans son rôle lorsqu’il laisse libre cours à ces petits jeux personnels ? C’est la question que peuvent se poser à bon droit les (autres) adhérents de cette société d’études 7.
 
 
Marc LAUDELOUT

 
1. Faut-il pour autant me qualifier d’« inconditionnel de Céline » ? Formule assurément périlleuse utilisée par Christine Sautermeister dans sa communication sur la réception critique de LFC au colloque « Céline à l’épreuve » (j’y étais) organisé en mai 2011 par l’Université de la Sorbonne nouvelle.
 
2. Isabelle Blondiaux, « Pourquoi lire Céline ? » in Céline et l’Allemagne (Actes du Dix-neuvième colloque internationalLouis-Ferdinand Céline), Société d’études céliniennes, 2013, p. 60.
 
3. « Les pamphlets de Céline : enjeux d’une réédition etbilan de la recherche », Congrès de l’Association francophone pour le savoir, Université Laval (Québec), 7-8 mai 2013. Voir l’article de Pierre Lalanne pp. 19-22.
 
4. François Gibault, préface à Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen, Gallimard, 1998. À comparer avec l’affirmation selon laquelle les pamphlets « préparèrent les esprits au processus d’extermination [sic] » (André Derval, L’Accueil critique de “Bagatelles pour un massacre, Éd. Écriture, 2010, p. 28).
 
5. Études céliniennes, n° 7, printemps 2012, p. 106. L’année précédente, la critique avait déjà été émise dans les mêmes termes : André Derval, « Bibliographie [L’Année Céline] », Le Magazine littéraire, n°505, février 2011, p. 83d.
 
6. Études céliniennes, n° 6, hiver 2010-2011, pp. 112-114.
 
7. Voir aussi David Alliot, « Foudres et flèches... » & Éric Mazet, « Haro sur Céline » in Spécial Céline,n° 9 (« La chasse à l’homme ! »), mai-juin-juillet 2013, pp. 9-42.

jeudi, 25 avril 2013

Offensive anti-Céline

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Offensive anti-Céline

par Marc Laudelout


Assiste-t-on à une offensive anti-Céline dans le petit milieu littéraire parisien ? Une récente émission pourrait le laisser croire ¹. Les invités : Hélène Cixous, Donatien Grau, Jean-Yves Tadié et Charles Dantzig. Péremptoire et pédant, celui-ci traita, une fois encore, avec condescendance l’œuvre de Céline : « Si on dit que c’est un écrivain comme Henri Béraud, un écrivain pamphlétaire qui a un talent énergique, d’injures, d’invectives, très bien. Mais l’espèce de disproportion où on nous met Céline et Proust [sur le même plan], je trouve que littérairement c’est une erreur ». Rien de nouveau, ce n’est pas la première fois que le sieur Patrick Lefebvre (c’est son véritable patronyme) dénigre Céline : « C’est l’exemple type d’une fausse valeur. Dans son ensemble, son œuvre est mauvaise. » ; « Voyage au bout de la nuit n’est pas un chef-d’œuvre mais  une apologie de la lâcheté.  Céline  a un  talent  très  limité ². ». Et je pourrais citer encore bien d’autres appréciations du même tonneau. On aurait pu s’attendre à ce qu’au moins l’un des autres invités se récriât. Que du contraire ! Tadié, le grand spécialiste proustien, renchérit : « Je partage cet avis mais nous ne sommes pas nombreux (…). Pour moi, c’est quelqu’un qui n’a cessé de  bavarder et c’est de la littérature que je n’aime pas ³. ». La dame Cixous approuve avec force et le quatrième invité, Donatien Grau, ne pipe mot. L’animateur, J.-P. Elkabbach, lui, semble boire du petit lait. Dantzig d’ajouter une couche en affirmant que Céline a tout piqué chez Laforgue  sous prétexte que, lui aussi, utilisait les trois points 4 ! Il y a quelques années, cet érudit graphomane rangeait les livres de Céline  dans la  littérature réaliste ou populiste. À présent, il le réduit à un pamphlétaire genre Béraud. Jusqu’où ira-t-il ?  La prochaine étape  consistera  peut-être à le comparer à Jehan Rictus ou à Drumont.


Depuis quelques années, ce Lefebvre-Dantzig s’est fait une petite réputation dans le monde des lettres. Sur son site, on peut lire que son recueil de poèmes, Les Nageurs, « ode au corps et à la sensualité masculine », est devenu « un livre gay “culte” » 5. C’est également lui qui est à l’initiative d’une pétition pour le mariage gay co-signée par tout ce que l’élite germanopratine compte de « branché », de Pierre Bergé à Patrice Chéreau en passant par Virginie Despentes et Valérie Lang 6. Vous me direz que je m’éloigne de la littérature. Pas tellement car, au cours de la même émission, Lefebvre-Dantzig, qui est aussi romancier, fit cet aveu : « Jean Genet est le premier à avoir annexé au roman les travestis. Moi, je voudrais écrire un roman où il y ait une drag-queen. ». On a les ambitions littéraires qu’on peut 7.


Marc LAUDELOUT

 

1. Émission « Bibliothèque Médicis » animée par Jean-Pierre Elkabbach, Public Sénat, 1er février 2013.

2. Le Figaro, 10 janvier 2009 & France-Info, 18 janvier 2013. Sans parler des inepties sur Céline dont est truffé son dernier livre, À propos des chefs-d’œuvre (Grasset, 2013, pp. 178-179).

3. Tadié veut bien admettre, en revanche, que « Le [sic] Voyage au bout de la nuit est un beau livre ».

4. Dans son Testament de Céline (Éd. de Fallois, 2009), le regretté Paul Yonnet (qui n’aimait de Céline que Voyage au bout de la nuit) voyait, lui, en Eugène Scribe un devancier de Céline en raison de l’utilisation des trois points.

5. Dans son dernier roman, le narrateur se souvient avoir été traité de « pédé » et avoir reçu ce mot comme une gifle. Mais il l’a accepté, a endossé le mot “gay” qui “exaspère les homosexuels honteux” ».

6. « Mariage gay : non à la collusion de la haine », Le Monde, 17 novembre 2012.

7. Au moins faut-il lui reconnaître une certaine constance : la presse nous apprend que lors de la dernière délibération du Prix Décembre (dont il préside actuellement le jury), Christine Angot et Mathieu Riboulet avaient obtenu tous les deux six voix. Comme l’y autorise le règlement, Dantzig fit alors prévaloir sa double voix pour décerner le prix au roman de Riboulet qui se passe dans les saunas et back-rooms d’outre-Rhin. On est décidément loin de la célébration de la danseuse chère à Céline…

mercredi, 17 avril 2013

A. Lombardi: Viaggio al termine dell'Apocalisse

mardi, 09 avril 2013

Taller Literario: Céline

dimanche, 07 avril 2013

Reise in die Tiefe einer Existenz

muray_celine_Matthes_&_Seitz_Berlin_2012.jpgCéline

 
Céline
[Céline, 1981]
264 Seiten, geb. mit Schutzumschlag

Aus dem Französischen und mit einem Nachwort von Nicola Denis
Buch ISBN: 978-3-88221-559-5
Preis: 29,90 € / 38,90 CHF

eBook (epub) ISBN: 978-3-88221-019-4
Preis: 22.99 € / 25.99 CHF

Reise in die Tiefe einer Existenz

Philippe Muray, in Deutschland noch völlig unbekannt, in Frankreich in den letzten Jahren zu einem Kultautor von Jahrhundertformat avanciert, hat in diesem brillanten literarischen Langessay einen so umstrittenen wie gewichtigen Beitrag zu Leben und Werk des infernalischen Louis-Ferdinand Céline geschrieben. Es ist für deutsche Leser die erste umfassende Auseinandersetzung mit dem Phänomen Céline, der wie kein anderer Widerstände provoziert und Fragen nach dem Bösen in der Literatur, den Grenzen der Kunst und ihrer Moralität aufwirft. Diesen unlösbaren Fragen geht Muray in seinem eleganten, klugen und pointierten Essay auf den Grund und erweist sich selbst als einzigartiger Autor.

Pressestimmen

»Muray weigert sich, Céline in zwei Hälften zu zerlegen und den großen Romanautor, der seiner Zeit eine neue Sprache von den Lippen las, vom widerlichen Pamphletisten abzutrennen. ›Es gibt keine zwei Célines, da es nur einen gibt.‹ (...) In diesem Schriftsteller kohabitieren der archaische Übeltäter und der progressive Befreier, so dass für Muray die eigentliche Frage ist, wie das ein Leben lang durchzuhalten war. Muray vertieft sich aber nicht nur in Célines Werk, sondern analysiert spiegelbildlich auch das Vergessen der Nachkriegsgesellschaft, die den Autor zunächst ins dänische Exil schickte und dann in der Rezeption selektiv wegsteckte.«
Joseph Hanimann, Süddeutsche Zeitung, 27. November 2012

»Murays Buch, anarchistisch und progressiv, türmt sich wie eine Festung inmitten der Literatur des 20. Jahrhunderts auf. Einmal mehr wird der Schriftsteller Céline zum Gefangenen. So grandios wie Nicola Denis muss man diese Szene erst einmal übersetzen können.«
Jürgen Nielsen-Sikora, Glanz & Elend, 05. November 2012

samedi, 30 mars 2013

Céline: Viaggio al termine dell'Apocalisse

mercredi, 27 mars 2013

Y'en a que ça emmerde...?

mercredi, 20 mars 2013

Bulletin célinien n°350

Le Bulletin célinien n°350

mars 2013

Vient de paraître : Le Bulletin célinien, n° 350.

Au sommaire :

Marc Laudelout : Bloc-notes
Christine Sautermeister : Céline mémorialiste
Bernard Morlino : Jean Luchaire, l'enfant perdu des années sombres
Cédric Meletta : Jean Luchaire à Sigmaringen
Jean-Paul et François Senac : Le choix de Sigmaringen
Eugène Saccomano nous écrit

Abonnement : 55 euros à :

Le Bulletin célinien, Bureau St Lambert, B P 77, BE 1200 Bruxelles.
Courriel : celinebc@skynet.be.

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