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lundi, 16 septembre 2019

De Woodstock à Netflix : les enfants du désir ont peur de mûrir...

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De Woodstock à Netflix : les enfants du désir ont peur de mûrir...

par Georges Jure Vujic

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Georges Vujic, cueilli sur Polémia et consacré à la génération des millennials. Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011) et  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015).

De Woodstock à Netflix : les enfants du désir ont peur de mûrir

On peut légitimement se demander pourquoi commémorer le 50e anniversaire de Woodstock, si ce n’est pour se joindre à cette hystérie commémorative de notre époque, où l’on commémore tout et n’importe quoi. L’instant commémoratif, l’ère de la commémoration évoquée par Pierre Nora, s’intégrant parfaitement aux besoins du marché parfois bling bling de la mémoire, fabriquant et cultivant les événements sursignifiés grâce au mélange de rituel et de festif. En effet, on assiste à une privatisation du mémoriel et du qui aboutit non seulement à un délitement d’un cadre unitaire d’appartenance historique et culturel, mais aussi à une cacophonie commémorative, ou « le surmoi commémoratif, le canon ont disparus ». Pour ce qui est des 50 ans de Woodstock dédiée à l’ère du Verseau, s’agit il ici de se réapproprier une mémoire générationnelle, une identité générationnelle sociale et culturelle voir musicale ? Ou tout simplement de faire du profit sur le marché de l’industrie musicale, dans le registre retro des grandes anthologies pop-rock ?

Cependant, dans ce flou mémoriel, il convient de rappeler que le plus grand concert rock de l’histoire, qui devait se tenir à Woodstock, haut lieu de la contre-culture américaine, s’est au bout du compte tenu dans la petite ville de Bethel, à 100 km de Woodstock même. Ce mega-concert , aux allures de grandes messe hippie qui verra défiler les grands noms du rock américain, réunira des quelques 100 000 spectateurs prévus, plus de 500 000 spectateurs, ce qui causera quelques bouchons.
Avec le spectacle actuel des soirées Rave, des techno et trans party de la new age musique de tribus urbaines contemporaines, qui rassemblent des milliers de fêtards, nous sommes loin du temps des militants « love and peace », des rassemblements hippies colorés, même si des similitudes persistent en matière d’hypnose collective et d’hystérie festive. En dépit d’une dimension mythologique événementielle qui est délibérément entretenue pour des raisons de marketing, une histoire parallèle indésirable et souterraine de ce méga-événement refait toujours surface. En effet la consommation de drogues diverses, dont du LSD, était absolument hors de contrôle.

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A la suite de Woodstock, qui se soldera par 3 morts et qui laissera un goût amer de désorganisation, une autre tentative de bis repetita de mega rock concert se finira tragiquement. Le concert gratuit des Rolling Stones à Altamont en décembre 1969, rassemblera 300 000 personnes à l’Est de San Francisco. Aussi mal organisé que fût Woodstock, le concert termina tragiquement avec la mort Meredith Hunter âgé de 18 ans le poignardé par le service de sécurité musclé des Hells Angels. Plus tard, l’image de marque de des communautés hippies sera ternie par les ravages des drogues dures et l’obscure secte de Charles Manson reconnue coupable de meurtres dans la région de Los Angeles.

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Anatomie de la génération « Netflix and chill »

Après les générations « bayboomers » hippies, des yuppies des années 80, des bobos (bourgeois-bohèmes), émergera la génération millennials (génération X ou Y), laquelle regroupe des individus nés entre 1980 et 1995, et étant considérée par les historiens américains comme une génération caractérisée par “l’esprit rationnel, l’attitude positive, l’esprit d’équipe et le sacrifice“. Bien sûr, le modèle d’explication générationnelle est souvent limité et réductionniste car il est soumis à la théorie du cycle générationnel selon lequel la société serait divisée en plusieurs phases périodiques de 16 à 20 ans, ce qui explique que le dit modèle est le plus souvent appliqué dans les stratégies marketing. Cependant, ce qui est évident, c’est que cette nouvelle génération est devenue la cible commerciale privilégiée commerciale des nouvelles IT technologies, en particulier en ce qui concerne les générations technophiles férues de nouvelles innovations informatiques.

En effet, cette génération constitue la plus grande armée de consommateurs de nouveaux gadgets/smarthphone, accepte volontiers les habitudes conformistes de la consommation ostentatoire de marque, ainsi que les valeurs sociales de nouvelle économie de partage type Uber et Airbnb.


Certains analystes les appellent la génération «Netflix & Chill», parce qu’ils aiment «chiller », se détendre et passer plus de temps libre chez soi à regarder des émissions de divertissement internationales – bingewatcher des séries et films.
Cette génération privilégie les modes de communication virtuelle, via SMS, WhatsApp, Messenger, Twitter, Instagram, Snapchat… lesquels constituent autant de lieu virtuel de socialisation, au détriment des cafés et des clubs où se retrouvaient les générations passées.


yuppiehandbook.jpgSelon la sociologue Elizabeth Nolan Brown, les « jeunes citadins professionnels »,”yuccies(Young Urban Professional), les nouveaux free lancers capitalistes combinent les idéaux de la contre-culture et l’esprit d’entreprise de Sillicon Valley. Certains parlent déjà de l’émergence d’un nouveau “capitalisme indie” combinant micro-artisanat et micro-entreprises, éditions limitées, nouveaux modes de consommation et de production, humanisme et écologie avec le capitalisme de réseaux. Cette nouvelle génération s’intègre parfaitement dans la logique postmoderne et marchande du vintage, de l’ironie et du pastiche, mais aussi du marché et des bénéfices réalisés sur fond de contre-culture et de subversions créatives. Elle s’intègre à merveille dans une nouvelle stratégie de marketing de réseau – à travers divers réseaux sociaux, sites Web, blogs, clubs, comme une expérience de marketing de masse.

Ainsi, la culture « Netflix and chill » est un élément indispensable de ce que Pierre Bourdieu appelle le “capital culturel” de la domination sociale et de la “culture d’entreprise” dans laquelle Thomas Franck s’inscrit dans une nouvelle catégorie de consommatisme branché (culture d’entreprise, contre-culture ).
La génération millennials, même si elle se déclare apolitique, ne peut échapper à l’héritage libéral de gauche de 68, retouché cependant avec une approche pragmatique et branchée du capitalisme de marché. En dépit de leurs efforts pour être des de « vrais créatifs » soucieux de l’environnement, ils sont devenus un produit culturel un GMO, un mutant générationnel, se situant quelque part entre contre-culture post-68 et pragmatisme postmoderne du marché. Loin des goldenboys des années 80 et 90, ils ont inventé un modèle hybride d’entrepreneuriat créatif, promouvant une sorte de capitalisme à capital humain par la promotion d’une micro-économie reposant sur l’individualisation et la personnalisation les désirs. Gilles Lipovetsky, dans Le bonheur paradoxal, évoque en ce sens le jeu de la personnalisation de la consommation et des désirs induits par l’hyperindividualisation de l’offre. Par exemple, des projets de camions d’affaires alternatifs , les bars a céréales Cereal Killer Cafe à Londres des frères Keery ou les vêtements Picture Organic Clothing avec des matériaux recyclés.

Contrairement aux générations des années 60 et 70 qui s’opposaient à la société fondée sur la division capitaliste du travail et la société de consommation , la génération millenium, cultive un certain égoïsme pragmatique à l’égard du monde professionnel et de la valeur propriété, bien illustrés par la règle des 4 I: « individualiste, interconnecté, impatient et inventif ».

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A l’opposé de la génération hippie qui vivait volontairement en marge de la société et cultivait des modes de vie communautaires, les millennials ne sont plus imprégnés d’utopies sociales ni d’idéaux politiques révolutionnaires. En effet, alors que les hippies prônaient le retour à la nature et de vie en communautés en s’inspirant du naturalisme de H.G Thoreau, la nouvelle génération, qui consomme volontiers « good food », sensible à la conservation de l’environnement et de la nature, est une grande consommatrice de l’éco-industrie verte et de l’idéologie du développement durable.
La précarisation sociale et la paupérisation progressive des jeunes en Europe et en Amérique du Nord ont fortement influencé et façonné une génération qui ne cherche pas à changer radicalement le monde mais est plus tentée de trouver de manière pragmatique de nouvelles alternatives et des opportunités professionnelles au sein du système dominant. Jean-Laurent Cassely, qui étudie les phénomènes générationnelles, souligne que les schémas mentaux sont en train de changer et que la rébellion d’aujourd’hui n’a plus d’aspect radical, mais prend une dimension entrepreneuriale. Par exemple, l’ancien slogan 68-huitard situationniste «vivre sans temps mort et jouir sans entraves» n’est pas valable aujourd’hui pour la génération moderne qui poursuit des ambitions professionnelles et entrepreneuriales ».


Il s’agit d’une “sur-adaptation” des jeunes générations qui changent souvent d’emploi et de secteur sous l’effet de la « disruption » à la fois sociale et économique, en cherchent à réconcilier le monde des affaires et de la consommation avec leurs propres valeurs personnelles. Étant donné l’instabilité du monde du travail et de la précarisation, les nouvelles générations ne croient plus en des projets de carrière sûrs et à long terme, et expérimentent davantage la vie sous forme de projets divers, ce qui pose la question de leur héritage culturel et patrimonial et de leur capacité de transmission de leur capital social aux nouvelles générations, étant donné que la société dans son ensemble ne repose plus sur les possibilités de projection et de prévision à long terme.

Bien entendu, aujourd’hui, les critères de réussite sociale diffèrent des générations 60 et des années 80. La priorité est donnée à la réalisation de l’autonomie personnelle, à une profession locale et soucieuse de l’environnement, avec un mépris de l’ère postindustrielle des hiérarchies classiques du monde du travail.


Les générations Woodstock et celles de 68 ont plutôt cherché à changer le monde par l’utopie et la révolution sociale, tandis que les nouvelles générations cherchent à explorer et d’établir de nouveaux équilibres sociaux, tout en gardant une posture pragmatique et politiquement correcte. La question qui se pose pour l’avenir est celle de savoir si la génération actuelle sera capable de relever les nombreux défis sociaux, politiques, identitaires et environnementaux du monde actuel. D’autre part, dans un monde où s’accroit le fossé entre l’oligarchie mondialiste et le peuple de plus en plus pauvre, il faudra beaucoup plus qu’un selfie ou qu’un twitt subversif pour renverser ou inverser l’apathie générationnelle en tant que mode de reproduction passif de l’ordre dominant capitaliste néolibéral.

Marché du désir et capitalisme addictif

Le projet contre-culturel plaidé par des théoriciens contestataires, tels Theodore Rosack et Herbert Marcuse, cher aux générations hippies et celles de la Nouvelle gauche de 68, se soldera par une échec, dans la mesure où le discours contestataire d’émancipation et d’autonomie totale sera très vite récupérée par le système dominant, et deviendra paradoxalement une matrice incontournable de l’industrie culturelle abondamment critiquée par Theodor W. Adorno et Max Horkheimer. Cependant, il convient de constater que ce projet contre-culturel de la nouvelle société émancipatrice est en réalité le produit d’un long processus de déconstruction ontologique et philosophique résultant des Lumières, de la modernité et de la postmodernité contemporaine, qui constituent en fait les principaux leviers de la révolution anthropologique et culturelle du XVIIIe siècle à nos jours…
Le résultat final d’un tel processus de déconstruction sera l’avènement du règne du « Grand moi » auto-institué et narcissique de la postmodernité, évoqué par Christopher Lasch dans » la culture du narcissisme « avec de la domination de l’individualisme , de l’hypersubjectivisation et l’atomisation sociale.

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Le sociologue Michel Maffesoli évoquera l’émergence de générations d’enfants « éternels » figure de puer eternus – en tant que figure emblématique de la postmodernité qui a remplacé « l’homme mûr », un producteur sérieux et rationnel. Un sorte de « homo novus » postmoderne qui ne veut va mûrir, adepte de la nouvelle idéologie du “jeunisme” qui impose de rester jeune pour toujours, de s’habiller jeune, de penser jeune, de ne pas se référer au passé mais profiter du moment présent. Le culte hippie quelque peu « grunge » de la figure rousseauiste du « bon sauvage » rebelle, a aujourd’hui muté vers le culte jeuniste hipster du “jeune homme branché et hypermobile sur trottinette éléctrique de la nouvelle génération Netflix and Chill.»
Cependant, il ne faut pas oublier que la nouvelle génération millenials, née dans les années 80 a hérité du lourd fardeau de l’incohérence et de l’infantilisme de ceux qui ont appelé à l’émancipation par rapport à toute forme d’autorité et de tradition. La majorité des émules de la génération hippie et celle de 68, se sont parfaitement intégrés au système capitaliste néolibéral, et sont devenues les chiens de gardes de la pensée unique, et ceux qui hier militaient pour la victoire de l’internationalisme prolétarien prônent aujourd’hui les vertus de la mondialisation néolibérale et l’abolition des frontières.


En effet, selon Charles Shaar Murray, « Le chemin qui mène des hippies aux yuppies n’est pas aussi tortueux que beaucoup aiment le croire. Une bonne partie de la vieille rhétorique hippie pourrait parfaitement être reprise par la droite pseudo-libertaire, ce qui s’est d’ailleurs produit. Rejet de l’État, liberté pour chacun de faire ce qu’il veut, cela se traduit très facilement par un yuppisme ‘laisser-faire’. Voilà ce que cette époque nous a légué. » De toute évidence, de nombreux hippies sont devenus des parfaits yuppies dans les années 1980 et chefs d’entreprise, rédacteurs en chef de grands journaux, comme par exemple le grand dirigeant Jerry Rubin ancien hippie, qui est devenu activiste Reaganien et républicain néolibéral convaincu.


clouscardCAPSED.jpgEn France, Michel Clouscard a été le principal penseur de cette dynamique de transformation du “capitalisme de la séduction“, voyant dans le mouvement hippie une simple crise interne de la dynamique du capitalisme américain, qui s’est approprié et a recentré les slogans de gauche libérale (individualisme, hédonisme, nomadisme, cosmopolitisme) en les mettant au service de la logique du “marché du désir”, du nouveau capitalisme “libéral-libertaire”.

Ce “marché du désir ” repose sur un modèle de consommation libidinal et ludique, accompagné d’un discours émancipateur. Ce qu’il faut rappeler, c’est qu’après la seconde guerre mondiale, la nouvelle dynamique du capitalisme à la quête de nouveaux marchés, avec le plan de Marshall dans l’Europe de l’après-guerre entendait créer un “modèle permissif pour le consommateur” tout en restant “répressif pour le producteur”. Puis, sous les auspices de l’industrie de musique pop-rock, un nouveau “marché du désir” émerge, avec la contre-culture hippie, sur fond de psychédélisme, de révolte pacifique sociale et de désobéissance civile. Promouvoir l’hédonisme sans limites et l’expérimentation individuelle, la prétendue libération sexuelle et la consommation massive de stupéfiants devait, à l’aide d’un discours d’émancipation, constituer les nouveaux leviers de l’aliénation comsumériste sociale.

Un tel processus de dépendance se poursuit aujourd’hui à travers le modèle du “capitalisme addictif ” analysé par Patrick Pharo, qui étudie le phénomène de l’idolâtrie de la technologie, des écrans, la dépendance vis à vis de Facebook, mais aussi la recherche démesurée de l’optimisation et du profit, qui s’inscrivent dans “un processus de dépendance basé sur des désirs et des habitudes générés artificiellement et enracinés dans le mécanisme du désir “. Un processus similaire d’appropriation des désirs est présent dans le rapport salarial contemporain, perçu comme un rapport d’enrôlement du conatus (concept Spinozien qui renvoie à l’idée d’une puissance d’agir qui s’incarne par des désirs, des affects) du travailleur au service de celui du patron, thèse avancée par Frédéric Lordon, dans Capitalisme, désir et servitude – Marx et Spinoza.

Le panoptique de l’exposition permanente

On se souvient de Foucault pour lequel la normalité dans les sociétés modernes étaient le principal instrument de répression, alors qu’avec la nouvelle génération, le désir sans limite exalté et sanctifié par le marché, est devenu le principal outil de dressage d’une génération qui ne peut se permettre de ne pas avoir de désir, conformes à l’offre du marche ludique et de l’hyperfestif ou pire se soumettre un impératif de devoir. A l’opposé du Panoptique de Bentham, qui correspondait à une technologie politique de type disciplinaire, la nouvelle génération est a la fois la victime et le ressort actif de la nouvelle société d’exposition evoque par Bernard E. Harcourt. « Elle est le sujet privilégié la partie prenante de l’ère digitale, ou il n’est plus guère besoin de discipliner les individus. Ces derniers exposent volontairement leurs identités sans avoir à intégrer la visibilité d’un pouvoir qui les surveillerait. Ni la surveillance, ni le spectacle donc, mais l’exhibition, l’exposition consciente et volontaire de chacun par le truchement d’interfaces digitales sur Internet et les réseaux sociaux. Nous aurions maintenant affaire à une sorte de « voyeur oligarchique qui profiterait de notre exhibitionnisme ».

Dans le cas du Big Brother, il s’agissait dans le roman de Orwell d’une dystopie totalitaire où les désirs, la sexualité, les sentiments altruistes et les libertés étaient neutralisés. Dans notre ère digitale au contraire, les individus sont poussés à devenir des « machines numériques désirantes » (Sloterdijk parle d’ « êtres anthropotechniques ») en montrant et en partageant leurs préférences personnelles (songeons au « likes » de Facebook, à l’inflation de commentaires et photos postés en ligne). Il ne s’agit donc plus de réprimer les désirs et les passions, mais bien au contraire de les débrider et de les afficher librement et avec notre consentement. C’est un parfait « huis clos » de l’exposition en temps réel, un panoptique de l’exhibition permanente.

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Avec les générations 60 et 68, le système dominant s’efforçait d’infiltrer, de récupérer et de neutraliser les structures de la contre-culture juvénile, en orientant les aspirations radicales vers une tendance à l’hédonisme dissolvant et un nihilisme autodestructeur. Aujourd’hui, face à la crise générationnelle qui est à la fois une crise de transmission et de solidarité générationnelle, avec la nouvelle génération millenials qui est devenue un maillon complaisant de l’autorégulation du système, se pose la question de l’existence et de la pertinence même d’un désir subversif générationnel et de la capacité réactive de résistance anti-systémique, qui semblent disparus ou consommés par le jeu de la déconstruction des grands récits de la modernité.

En guise de conclusion, malheureusement, les deux générations, celles de Woodstock et celle des millennials, sont finalement le produit d’une conception anthropocentrique du monde et d’un solipsisme social réducteur qui fait du “bonheur et du plaisir personnel” le but ultime de l’existence, ce qui convient parfaitement au marché capitaliste du désir. Cette filiation eudémoniste pose la question de l’existence d’un désir et d’un pouvoir subversif générationnel collectif qui transcenderaient cet individualisme eudémoniste, pour s’efforcer cette fois ci non plus de déconstruire mains de reconstruire un monde livré depuis des décennies à la dévastation ontologique, spirituelle, culturelle, sociale et environnementale. Il faudra relire Albert Camus. « Chaque génération, sans aucun doute, pense qu’elle est condamnée à changer le monde. La mienne sait qu’elle ne le fera plus. Mais sa tâche peut être plus grande. Il s’agit d’empêcher le monde de s’effondrer ».

Jure Georges Vujic (Polémia, 09 septembre 2019)

18:05 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, hédonisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 15 mai 2015

Narcistisch hedonisme

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Door: Sid Lukkassen

Ex: http://www.doorbraak.be

Narcistisch hedonisme

Sid Lukkassen mijmert bij de teloorgang van de beschaving en de opgang van een postindividualistisch hipsterdom. Een parabel.

The Great Gatsby was een kritiek op de ontaarding van de American dream: Amerika zou van land of opportunity tot land van opportunisme zijn vervallen. Hoewel het hoofdpersonage door verleidelijk en dynamisch sensualisme werd meegezogen bleven de traditionele waarden van eerlijke arbeid aan hem knagen – de waarden waarop Amerika volgens schrijver Fitzgerald was gebouwd. Hoe is dit verval wat betreft de 'Europese droom'?

‘Na de geslachtsgemeenschap is ieder dier triest’, zo zei een Europees ambtenaar tijdens een gesprek in de Mickey Mouse bar. Het bruisend centrum van het Europees Parlement; daar waar assistenten, ambtenaren en lobbyisten elkaar treffen om de politiek te bedrijven die men niet terugleest op papier. Na lezing van mijn boek Avondland en Identiteit (Aspekt 2015) verzochten lezers om meer onthullingen over de kleurrijke figuur 'Fabian'. Niet ontoevallig is The Great Gatsby zijn lievelingsboek – in zijn nabijheid ervaart men wat Fitzgerald moet hebben gevoeld: enerzijds opgezweept door Fabian's extatische fixatie op status, glamour en genot. Anderzijds maakt het nuchtere boerenverstand dat mijn tuindersfamilie meegaf dat ik, hoewel ik me bij hem in het brandpunt van narcistisch hedonisme bevind, daar toch een reflexieve afstand tot bewaar. De ontwortelde kosmopoliet versus de geaarde Duivenaar.

‘Zie je die dame daarginds?’ zo vroeg de eurocraat terwijl hij een groep verse stagiaires bekeek, ‘Waarom kleedt ze zich in zulke felle kleuren? Waarom is haar rokje zo kort?’ Nog voordat ik kon reageren beantwoordde hij zijn vraag: ‘Laat haar niet klagen dat ze door mannen wordt lastiggevallen of door hen als lustobject wordt gezien – neen. Haar enige reden is precies de mannelijke aandacht. Ze geniet als op haar wordt gejaagd. Door mannen met connecties en op maat gesneden pakken; door mannen zoals ik.’

Terwijl de ambtenaar sprak zag ik ‘de laatste mens’. Het eindproduct van het postmodernisme. Een jaar of wat geleden bracht dagblad De pers reclame van het telefoniebedrijf Ben: ‘Ik wil nergens aan vastzitten. Niet aan de plek waar ik vandaan kom. Aan werk, hobby’s of een vriendje. Ik kan gaan waar ik wil. En bepaal zelf waar ik in geloof. Ik zit niet vast aan Nederland. En hou helemaal niet van hokjes. Ik ben vrij om mijn eigen weg te kiezen. Ik zit niet vast aan wie ik wil zijn. Wie ik ben, bepaal ik helemaal zelf. En ook of dat morgen anders is. Ik heb geen verplichtingen. Ik Ben verlost.’ Fabian was het kind van deze reclames, van deze tijdsgeest. Het bezield verband maakt plaats voor een ultieme privatisering. Ik doel op een kosmopolitische opheffing van verbinding en beloften, die alleen nog als last, beperking en hindernis worden ervaren.

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Dit betreft niet alleen Fabian maar ook de dames waarop hij ‘jaagt’. Aan de buitenkant zien ze er uit als vrouwen maar dat zijn ze niet – het zijn ‘girls’: mensen die hun adolescentie niet kunnen verlaten. Ze zijn zo verliefd op hun eigen ironie, met een zelfbewustzijn dat zo extreem is, dat dit bij voorbaat uitsluit dat ze oprecht gepassioneerd of opgewonden kunnen raken. Het is voor hen onvoorstelbaar dat zich een nieuwe kracht zou kunnen aandienen die alles wat voor hen bekend is verbetert of op de helling zet – verveling hangt over hen en onverschilligheid drukt hen teneer. De HBO tv-serie Girls uit 2012 demonstreerde dit met een seksscène. Daarin ligt de 24-jarige Hannah in bed met Adam. Hij klimt bovenop haar en begint te masturberen, waarbij hij een fantasiemonoloog afsteekt over hoe zij een elfjarig aan-heroïne-verslaafd meisje is dat hij aantrof op straat. Plotseling worden Hannahs ogen groter – haar verveling lijkt plots doorbroken en ze speelt het spel mee; hier dient zich een kans aan om iets unieks te beleven, om ervaring op te doen. ‘Seks is voor hen niet iets waaraan ze zich overgeven’, stelde Fabian, ‘Het is een verlengstuk van hun ‘zelfontdekking’ – dit maakt een escapade met een internationale functionaris interessant. Daar speel ik op in.

Als het een historische plicht is de Europese decadentie als ooggetuige vast te leggen, dan begaf ik me nu in het hart. Terwijl de zon boven Brussel een helwit vlak tekende ontvouwde de ambtenaar theorieën over mannen die jagen en hun genen verspreiden. ‘Voor de ware jager gaat het om de vluchtende prooi – zet hem een gebakken konijn voor en zijn levenslust vloeit direct weg.’ Pascal zou zoiets hebben gezegd – althans volgens de ambtenaar. ‘In elke collega zie ik slechts de volgende galeislaaf die het schip voort roeit: een radertje dat aandrijft dat Max Weber als 'de professionalisering van het bestuur' omschreef.’ Hoewel ik zijn vergelijking van het 'schip des staats' met een slavengalei wat wrang vond voelde ik me gevleid door zijn complimenten over mijn ‘originele en eigenzinnige denkwijze’, die hij terstond opvolgde met een uitvoerig verhaal over zichzelf.

Dat verhaal kwam er op neer dat hij ook zichzelf als jager zag. ‘Voor mij gaat het allemaal om getallen’, zo deelde hij mee, ‘Hoe meer vrouwen, hoe beter. En als ik dan met zo'n vrouw seks heb gehad verlies ik direct mijn belangstelling voor haar. De jacht is voltooid, mijn genen zijn verspreid, en het liefst heb ik dan de rest van de dag voor mijzelf. Ik wil dan dvd's kijken en boeken lezen – wat moet ik nog met die adolescente die in haar string door mijn keuken rommelt? Ik zie dat half-aandoenlijke, half-hautaine schepsel op mijn bed zitten en voel me dan zo hol en leeg van binnen. Het liefst druk ik zo'n aanmatigend frivool ding dan tien euro in handen. “Hier is geld voor een taxi. Rot toch op.”’

Dit verhaal regen wij naadloos ineen met een bespiegeling over hipsterdom. Omdat deze subcultuur meer dan enig eerdere is voorbehouden tot seksueel aantrekkelijke mensen. In de jaren '90 konden lieden met pokdalige gezichten zich nog prima vertonen in afgeragde shirts van de grunge, gothic of punk. De onverzorgdheid van hipsters is daarentegen een zorgvuldig gecultiveerde nonchalance. Deze subculturen ontstonden als categorieën van het ‘links-zijn’, het antikapitalisme. Tégen de instituties en dus tegen de burgerlijkheid, tégen het volwassen worden. Het zich afzetten tegen de volwassen wereld, die collaboreerde met het apartheidsregime, dictators als Franco en Salazar, de oorlog in Vietnam. De cultuur van het ‘eeuwig jong zijn’ betekende tegelijkertijd ‘eeuwig adolescent zijn’ en dus ‘eeuwig aantrekkelijk’. Inclusief de studentikoze losbandige en vluchtige seksrelaties. En daaruit ontstond het narcisme van het seksuele keurmerk. Wat begon als gelijkheidsstreven werd via de verheerlijking van het jeugdige ongebonden seksleven tot narcistische lichaamscultuur en uiteindelijk tot erotische aristocratie. Weliswaar zijn enige denkstappen nodig om tot die conclusie te komen, maar veel zijn het er niet.

De Russische schrijver Dostojevski beschreef de duivel als een landelijke gentleman. Als een galante en innemende aristocraat die subtiel zijn vingers op je schouder legt en je voor zich wint met een energieke oogopslag. Aan zijn lichaamstaal voel je dat hij grote plannen koestert en dat je van die plannen deel wil zijn – vandaag is de duivel een eurocraat. De ambtenaar rondde zijn verhaal af met een anekdote over een collega met al evenveel empathie. Tijdens een champagneborrel liet deze weten dat hij op het punt stond zijn nu al zeven jaar durende relatie te beëindigen per sms. ‘Altijd probeerde ik Kant te volgen – behandel een ander niet als middel maar als doel. Alleen kreeg Kant nooit een stagiaire toegewezen, en al helemaal geen twintigjarige Oekraïense spetter met het lichaam van een ballerina en de onverzadigbaarheid van een hoer. Nu denk ik: waarom zou ik de samenleving ook maar enige zeggenschap gunnen over mijn genot?’ Everything breaks in Brussels, zo zei hij, en met die boodschap drukte de ambtenaar op 'send'. Mijn eerste gedachte ging hierbij niet uit naar Kant maar naar Hobbes: de ene mens is als een wolf voor de ander.

Alles breekt in Brussel; men treft er de afgrond van ieder bezield verband. Perceptie en imago zijn alles – de inhoud verdwijnt naar de achtergrond. Vergelijkbaar is American Psycho en de scène rondom het Dorsia restaurant – alles om te kunnen zeggen ‘ik ben daar geweest’ (of het eten er goed is wordt van secundair belang). Dit zijn mensen die zich, vanuit hun ironische zelfbewustzijn, niet toestaan om een ander te missen. Een vriendin vertelde hoe een collega – die qua werk achterbleef maar desalniettemin ‘erg goed viel in het oog’ – op een dag in huilen uitbarstte. De kantoormedewerkers negeerden het voorval en bleven stug doortypen achter hun computers. Zij was de enige die de dame troostte. Maanden later, toen de collega inmiddels voor een andere firma werkte, trof ze haar opnieuw. Deze keek nu langs haar heen alsof ze vreemden waren. ‘Precies omdat dit opportunisme hier normaal is ben ik minder in vriendschappen gaan investeren’ zo zei ze, ‘Ik begin me eenzaam te voelen.’ Het verdampen van ‘sociaal kapitaal’ was al thema in Bowling Alone, in 2000 geschreven door de Amerikaan Robert Putnam. Het is inmiddels ook een Europees fenomeen.

Tekenend is een relaas over het uitgaansleven in Amsterdam. ‘Vroeger was uitgaan iets voor excentriekelingen, voor mensen die de burgerlijkheid afwezen. Als je boven de vijfentwintig kwam en nog uitging, dan was je een soort bohemien. Nu stromen hordes dertigers uitgaansgelegenheden binnen waarvan de wanden ‘hufterproof’ zijn. Ze krijgen een armbandje met kredietchip waarvan ze kunnen zuipen; ze worden een centrale ruimte ingeleid totdat ze dronken zijn en weer naar buiten worden geduwd.’ Dit is te massaal, dit is geen rebellie meer – dit is Brave New World.

Wat ik wantrouw aan hipsters is dat ze egalitair denken (iedereen op zijn eigen merites beoordelen, hoe middelmatig ook), maar zich wél hullen in een nietzscheaans levensbeeld van het zoeken naar het authentieke, het uitdrukken van een hogere – buitengewone – gevoelsorde. Maar kan iedereen wel zo’n drive vinden, zo’n persoonlijkheid? Ik bedoel dat de aandrang je ergens mee bezig te houden zó sterk is, dat deze niet terug is te brengen tot rationeel verklaarbare oorzaken – het is dan bijna een soort lotsbestemming. Of zoals Luther zei: ‘Hier sta ik, ik kan niet anders!’ Dit lijkt mij voor slechts een enkeling weggelegd – het is zowat genetisch bepaald.

‘Reis ver, drink wijn, denk na, lach hard, duik diep, kom terug,’ aldus de blogpoëzie van Spinvis. Ik heb vrienden, dertigers, die inmiddels financieel zijn vrijgesteld. Ze gingen Nietzsche lezen om ‘zichzelf te ontdekken’ en verklaren nu, na drie jaar uitwaaien op het Franse platteland en in de Australische outback, met selfies genomen tegen de zonsondergang op Griekse stranden en Franse wijnkastelen, ‘hun anker nog steeds niet te hebben gevonden’.

Mijn antwoord hierop is demografisch. Niet lang geleden was de samenleving nog overwegend landelijk. Per dorp had een ieder drie of vier mogelijke huwelijkskandidaten en twee of drie mogelijke beroepen, afgebakend per religie en sociale klasse. De vraag naar ‘je ware zelf’ kwam nooit op omdat alles volgens een voorspelbare ordening verliep. Mensen waren zeer geaard, doordrongen van hun plichten en plek binnen het grotere geheel. Zo waren mijn grootouders tuinders omdat ze niet anders konden of wisten. Vandaag zijn al die ankers ontbonden … ‘Ik wil nergens aan vastzitten, want ik Ben verlost’… waardoor die existentiële vraag, die vroeger voor excellente individuen was weggelegd, nu ook bij ‘de massa’ bovenkomt. Mensen hebben steeds minder tradities of wortels om met die vraag om te gaan, en te weinig intellectuele belangstelling om zelf een antwoord te vinden. Daarom onderdrukken ze de vraag met consumentisme, bijvoorbeeld in de roes van dancefeesten en xtc-parties. Ons is aangepraat dat we een authenticiteit moeten invullen; in de praktijk doen we dat met statusobjecten en ‘exclusieve, blikverruimende ervaringen’ die aan de lopende band worden geproduceerd. Het Darsia-model.

De Europese ambtenaar Fabian nam al deze overdenkingen aandachtig in zich op. Toen we afscheid namen was er even iets anders in zijn blik. Zijn onwankelbare zelfvertrouwen kreeg plots iets dromerigs toen hij mij de hand schudde: ‘Mijn opa had altijd mooie verhalen over de Tweede Wereldoorlog. Hoe ze door de bossen renden en samen optrokken met het leger. Wat ga ik mijn kleinkinderen vertellen? In mijn Facebook-geschiedenis lezen ze dat ik naar tienduizend cocktailfeestjes ben geweest … Waar blijft de passie, de spanning, het avontuur? Ik twijfel wel eens aan dit bestaan … het gezapige, het consumptieve, het alomvattende beheersingsstreven … Misschien dat neoliberale democratieën zichzelf ooit zullen opheffen om weer ruimte te maken voor het grootse en meeslepende.’

Avondland en Identiteit van Sid Lukkassen

Avondland en Identiteit van Sid Lukkassen

 

sid_lukassen.jpgHet boek Avondland en Identiteit van Sid Lukkassen is een kritische analyse van een Europa dat worstelt met zichzelf. Het is een portret van een continent dat eeuwenlang de wereld domineerde, maar zijn identiteit kwijtraakte en nu zijn hegemonie van verschillende kanten bedreigd ziet. Geen vrolijke kost, wel een aantal ongemakkelijke waarheden.

Lukkassen (27) studeerde geschiedenis en filosofie. Hij is raadslid voor de VVD in Duiven en heeft werkervaring in de Tweede Kamer en het Europees Parlement. In de afgelopen jaren waren zijn columns op onder andere ThePostOnline en De Dagelijkse Standaard te lezen. Op dit moment werkt hij aan zijn proefschrift.

Atomisering

Met Avondland en Identiteit schaart Lukkassen zich achter de lichting kritische denkers die hun pijlen richten op het culturele vacuüm dat de vrijgevochten ’68-generatie achterliet. Denk hierbij aan Michel Houellebecq en Eric Zemmour in Frankrijk en in ons land Thierry Baudet. Ook Lukkassen ziet een westerse samenleving die zijn oude identiteit heeft afgeworpen, maar verweesd is achtergebleven.

Lukkassen is niet mild voor het huidige Europa. Er is niets overkoepelends meer dat ons bindt, geen gemeenschappelijke waarden die het individu overstijgen. De samenleving is geatomiseerd: zij bestaat uit losse individuen die in ‘vrijheid’ ieder hun ‘eigen waarheid’ hebben. Doelloos leven zij langs elkaar heen, niet meer gericht op een gemeenschappelijk ideaal, maar vooral op onmiddellijke bevrediging van de eigen begeertes.

Generatie ’68

Debet aan de huidige situatie is volgens Lukkassen het ‘cultuurmarxistische denken’, dat wil zeggen het Marxistische idee van gelijkheid, maar dan toegepast op de cultuur in plaats van de economie. De ‘generatie ’68’ bracht het cultuurmarxisme in de praktijk. De ‘bevrijding van het individu’ en het gelijkheidsdenken werden de norm, wat zich uitte in bijvoorbeeld de opkomst van feminisme en postmodern denken. Feiten werden ondergeschikt aan intenties. Niet langer telde het resultaat, maar de ‘goede bedoeling’. Waarheden maakten plaats voor relativering. Iedereen had voortaan zijn ‘eigen waarheid’. De versnippering was een feit.

Feminisering

Als erfenis van de christelijke traditie bleef de identificatie met onderbedeelden. Deze worden sinds ’68 vertegenwoordigd door de vrouw en de immigrant: (zelfverklaard) slachtoffers van discriminatie. Schuldgevoel knaagt aan de moderne Europeaan. Hij leeft niet meer in een bakermat van cultuur en wetenschap, maar in een continent van misdaden: vroeger de slavernij en de Holocaust, tegenwoordig (institutioneel) racisme en seksisme. Trots heeft plaatsgemaakt voor ‘weg met ons’.

Lukkassen merkt een verandering op in waarden. Masculiniteit werd symbool voor het verleden van ‘onderdrukking’ en ‘paternalisme’. Typisch ‘mannelijke’ waarden als daadkracht en trots raakten ondergeschikt aan ‘vrouwelijke’ waarden als empathie, medelijden en zelfreflectie. Europa feminiseerde. De daadkrachtige mannelijke identiteit van Europa verdween. Ervoor in de plaats kwam een cultuur van polderen, pappen en nathouden om vooral niemand tekort te doen. Een cultuur die niet opgewassen is tegen daadkrachtige Russische legers en gepassioneerde eensgezinde jihadisten.

Seksuele marktwaarde

Lukkassen constateert dat individuele vrijheid niet tot de gehoopte gelijkheid heeft geleid. De moderne westerling mist richtlijnen en voelt geen verbinding meer met de samenleving. De vrijheid maakt hem, zonder waarden als zelfbeheersing en wilskracht, tot speelbal van zijn instincten en begeertes. De wereld verwordt tot een Darwinistische competitie. Zo leidt seksuele vrijheid volgens Lukkassen vooral tot elitarisme.

Seks wordt een voorrecht voor mooie, succesvolle mensen die ‘goed in de markt liggen’, iets wat Michel Houellebecq al in 1994 in zijn klassieker De wereld als markt en strijd aanstipte. Lukkassen voorziet een doorslaggevende rol voor ‘seksuele marktwaarde’ in het Westen. Fysieke aantrekkelijkheid wordt het criterium voor succes. In een culturele anarchie heerst de mooie alfaman: een bijna dierlijke situatie, die ironisch genoeg onder de noemers ‘bevrijding’ en ‘vooruitgang’ tot stand is gebracht.

Bedreigingen

Lukkassen wijst ons op traditionelere culturen, die wel eensgezindheid en gedeelde waarden kennen: China, Rusland en de islam. Lang verkeerden zij in hun eigen hoekje van de wereld, nu dreigen zij ons op economisch, militair en ideologisch gebied te overklassen. Terwijl het Westen zich verliest in eindeloos gefemininiseerd overleggen waarin ieders mening even zwaar telt, profileren onze nieuwe tegenstanders zich vooral in meedogenloze ‘masculiene’ daadkracht.

Ongemakkelijke waarheden

Lukkassen schrijft gepassioneerd, op een bloemige, soms bijna poëtische wijze. Daardoor neemt hij de lezer mee. Hij onderbouwt zijn beweringen met wetenschappelijke onderzoeksresultaten en verwijst vaak naar filosofen, waarbij hij zich duidelijk laat inspireren door de Oudheid.

Soms slaat Lukkassen wat door in zijn uiteenzettingen en gaat Weltschmerz overheersen. Zijn omschrijving in het slothoofdstuk van een samenleving die in een ‘doodsdrift’ verkeert, komt wat overdreven over. Desalniettemin zal het beeld dat het boek neerzet van Europa akelig veel herkenning oproepen.

Het boek leest vlot weg, ook voor leken die weinig van politiek en filosofie weten. Valkuil van Lukkassen is het vervallen in herhalingen. Een ‘nu weten we het wel’-gevoel bekruipt de lezer tegen het einde; met 50-100 pagina’s minder was de boodschap ook duidelijk geweest.

Weerzin en enthousiasme

Avondland en Identiteit is een boek dat weerzin en enthousiasme zal oproepen. Socialisten en feministen zullen not amused zijn door de felle kritiek van Lukkassen op hun wereldbeeld. Verwijten van seksisme en elitarisme zijn te verwachten. Anderzijds is het boek een verademing voor wie twijfelt aan het geforceerde gelijkheidsdenken, dat keer op keer botst met de alledaagse werkelijkheid.

Of de lezer Lukkassens standpunten nu deelt of niet: het boek zal hem niet onberoerd laten. Avondland en Identiteit toont ongemakkelijke waarheden en doet een appèl op ons: Europa is in verval en heeft een nieuwe identiteit nodig; een waarin trots, daadkracht en intellect weer leidend zijn. Alleen zo kunnen we ons weren tegen de bedreigingen waartegenover we nu staan.

Sid Lukkassen – Avondland en Identiteit, Uitgeverij Aspekt, 2015; 302 pagina’s; €19,95, ISBN: 9789461536709 302

mercredi, 27 mars 2013

Postmodernism, Hedonism, & Death

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Postmodernism, Hedonism, & Death

By Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

“Postmodernism” is one of those academically fashionable weasel words like “paradigm” that have now seeped into middlebrow and even lowbrow discourse. Those of us who have fundamental and principled critiques of modernity quickly learned that postmodernism is not nearly postmodern enough. Indeed, in most ways, it is just an intensification of the worst features of modernity.

I wish to argue two philosophical theses: (1) there is an inner identity between postmodern culture and hedonism, and (2) hedonism, taken to an extreme, can lead to its self-overcoming by arranging an encounter with death—an encounter which, if survived, can expand one’s awareness of one’s self and the world to embrace non-hedonistic motives and actions.

For my purposes, postmodernity is an attitude toward culture characterized by (1) eclecticism or bricolage, meaning the mixing of different cultures and traditions, i.e., multiculturalism, and (2) irony, detachment, and playfulness toward culture, which is what allows us to mix and manipulate cultures in the first place. The opposite of multiculturalism is cultural integrity and exclusivity. The opposite of irony is earnestness. The opposite of detachment is identification. The opposite of playfulness is seriousness.

The core of a genuine culture is a worldview, an interpretation of existence and our place in it, as well as of our nature and the best form of life for us. These are serious matters. Because of the fundamental seriousness of a living culture, each one is characterized by a unity of style, the other side of which is an exclusion of foreign cultural forms. After all, if one takes one’s own worldview seriously, one cannot take incompatible worldviews with equal seriousness. (Yes, cultures do borrow from one another, but a serious culture only borrows what it can assimilate to its own worldview and use for its greater glory.)

The core of a living culture is not primarily a set of ideas, but of ideals. Ideals are ideas that make normative claims upon us. They don’t just tell us what is, but what ought to be. Like Rilke’s “Archaic Torso of Apollo,” ideals demand that we change our lives. The core of a living culture is a pantheon of ideals that is experienced as numinous and enthralling. An individual formed by a living culture has a fundamental sense of identification with and participation in his culture. He cannot separate himself from it, and since it is the source of his ideas of his nature, the good life, the cosmos, and his place in it, his attitude toward culture is fundamentally earnest and serious, even pious. In a very deep sense, he does not own his culture, he is owned by it.

In terms of their relationship to culture, human beings fall into two basic categories: healthy and unhealthy. Healthy human beings experience the ideals that define a culture as a challenge, as a tonic. The gap between the ideal and the real is bridged by a longing of the soul for perfection. This longing is a tension, like the tension of the bowstring or the lyre, that makes human greatness possible. Culture forms human beings not merely by evoking idealistic longings, but also by suppressing, shaping, stylizing, and sublimating our natural desires. Culture has an element of mortification. But healthy organisms embrace this ascetic dimension as a pathway to ennoblement through self-transcendence.

Unhealthy organisms experience culture in a radically different way. Ideals are not experienced as a challenge to quicken and mobilize the life force. Instead, they are experienced as a threat, an insult, an external imposition, a gnawing thorn in the flesh. The unhealthy organism wishes to free itself from the tension created by ideals—which it experiences as nothing more than unreasonable expectations (unreasonable by the standards of an immanentized reason, a mere hedonistic calculus). The unhealthy organism does not wish to suppress and sublimate his natural desires. He wishes to validate them as good enough and then express them. He wants to give them free reign, not pull back on the bit.

Unfortunately, the decadent have Will to Power too. Thus they have been able to free themselves and their desires from the tyranny of normative culture and institute a decadent counter-culture in its place. This is the true meaning of “postmodernism.” Postmodernism replaces participation with detachment, earnestness with irony, seriousness with playfulness, enthrallment with emancipation. Such attitudes demythologize and profane the pantheon of numinous ideals that is the beating heart of a living culture.

Culture henceforth becomes merely a wax museum: a realm of dead, decontextualized artifacts and ideas. When a culture is eviscerated of its defining worldview, all integrity, all unity of style is lost. Cultural integrity gives way to multiculturalism, which is merely a pretentious way of describing a shopping mall where artifacts are bought and sold, mixed and matched to satisfy emancipated consumer desires: a wax museum jumping to the pulse of commerce.

Yet, even when desire becomes emancipated and sovereign, it has a tendency to dialectically overcome itself, for the reckless pursuit of pleasure often leads to brushes with death, which can cause a fundamental re-evaluation of one’s life and priorities. As William Blake said, “The fool who persists in his folly will become wise.”

pm1023971.jpgFurthermore, as much as hedonists wish to become mere happy animals, they remain botched human beings. The human soul still contains longings for something more than mere satiation of natural desires. These longings, moreover, are closely intertwined with these desires. For instance, merely natural desires are few and easily satisfied. But the human imagination can multiply desires to infinity. Most of these artificial desires, moreover, are for objects that satisfy a need for honor, recognition, status, not mere natural creature comforts. Hedonism is not an animal existence, but merely a perverted and profaned human existence.

Thus there will always be a “surplus” of humanity over and above what can be satisfied by natural desires. This surplus demands satisfaction too, causing a deep dissatisfaction and restlessness in every hedonist. This restlessness can also lead, ultimately, to a transformative encounter with death.

If animal life is all about contentment, plenitude, fullness—the fulfillment of our natural desires—then a distinctly human mode of existence emerges when hominids mortify the flesh in the name of something higher.

Hegel believed that the perforation of the flesh was the first expression of human spirit in animal existence. This throws an interesting light on the popularity of body piercing and tattooing in the context of postmodern culture, which is the subject of my next piece.

For Hegel, however, the truly anthropogenetic encounter with death is not the “little death” of self-mortification, but rather an intentionally undertaken battle to the death over honor, which is the subject of a future article as well.

Note

This is the first of several pieces which I am transposing and adapting from various film reviews [2] into stand-alone articles in order to encourage broader dissemination and discussion.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/03/postmodernism-hedonism-and-death/

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[2] various film reviews: http://www.counter-currents.com/2011/06/pulp-fiction-part-1/