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mardi, 31 mai 2022

De la géopolitique à un monde thématique avec des dirigeants post-modernes

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De la géopolitique à un monde thématique avec des dirigeants post-modernes

Alberto Hutschenreuter

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/de-la-geopolitica-un-mundo-tematico-y-con-lideres-posmodernos

Napoléon avait coutume de dire que la géographie gouvernait les nations. Il est fort possible que si le terme "géopolitique", né un siècle plus tard, avait existé à l'époque, le Corse l'aurait préféré à celui de géographie.

Parce que c'est la géopolitique, c'est-à-dire les considérations politiques appliquées aux territoires à des fins liées à l'intérêt national et au pouvoir, qui détermine (dans une large mesure) les décisions prises par les gouvernements, ou plus précisément, par les évaluations des hommes d'État, qui ne sont pas seulement des gouvernants, mais des personnes qui pensent à partir de ce que Karl Deutsch appelait "la cuisine du pouvoir".

Au XXIe siècle, les hommes d'État se font rares. Les derniers sont morts ou ne sont plus en fonction, par exemple Jacques Chirac et Angela Merkel. Bien sûr, il y a des hommes de talent, mais ce n'est peut-être pas la stature stratégique qui fait défaut, mais la configuration dé-géopolitisée et multi-thématique que prend le monde qui freine l'émergence de leaders d'envergure.

Nous avons été privés de véritables hommes d'État pendant longtemps. Ceux du XXe siècle, c'est-à-dire les protagonistes des grands événements mondiaux, Churchill, de Gaulle, Mao, Tito, etc., ont progressivement disparu dans les années 1960 et 1970; et comme l'a dit le professeur Carlos Fernández Pardo, le XXe siècle s'est terminé avec eux. Ensuite, il y a eu des leaders et des penseurs importants à la fin de l'ère bipolaire et de l'ère post-communiste, Reagan, Schmidt, Gorbatchev, Kohl, Mitterrand, etc.

Le 20e siècle a été hautement géopolitique, dans la mesure où les événements majeurs ont été précédés d'événements au cours desquels la politique, les intérêts et les territoires ont interagi, c'est-à-dire qu'il y avait à l'oeuvre des "vannes géopolitiques". La guerre froide a impliqué des logiques idéologiques opposées qui se sont mêlées à la géopolitique. Tout cela exigeait un leadership doté de connaissances politico-territoriales. En Amérique latine même, les dirigeants ayant cette préparation ont prédominé, par exemple Perón en Argentine.

Mais au 21e siècle, il semble que la pluralité des questions ait généré le besoin de leaderships croissants ayant des vues (et des pratiques) liées au parrainage et à l'affirmation d'un nouveau modèle pour les questions mondiales à strates multiples; en d'autres termes, pratiquement rien de ce que nous avons connu et qui a eu un impact sur les humains n'a plus de place ou de sens. Même si ce n'est pas le cas pour tous, on peut observer de tels "nouveaux leaders" dans un certain nombre de pays de l'UE.

Dans cette approche "adamiste", ceux qui soutiennent, par exemple, que l'anarchie internationale, c'est-à-dire l'absence de gouvernement ou d'entité exécutive interétatique, reste un fait des relations internationales, faisant des États les arbitres de ces relations, sont qualifiés de "philo-anarchistes", quelque chose comme les porteurs d'une obsession qui non seulement ne correspond pas à la réalité, mais constitue un obstacle à de nouveaux progrès.

De même, ceux qui considèrent que la géopolitique, l'intérêt national et le pouvoir sont des questions qui restent plus valables que jamais sont qualifiés de "dépassés" qui, comme les autres, restent "attachés", pour reprendre les termes de Richard Falk, à "la permanence du système d'États comme forme optimale de gouvernance mondiale réalisable", et ignorent les préoccupations normatives et les avantages de la coopération. De même, les "anciennes approches" ont tendance à latéraliser les nouvelles questions, comme l'écologie.

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En d'autres termes, l'idée de ce que l'on appelle le "mondialisme" repose sur une force pratiquement imparable venant d'en bas qui "relâche" les forces qui ont toujours marqué les relations internationales d'en haut. Il y a quelques années, le spécialiste Stephen Gill (photo) a simplifié cela d'une manière plutôt intéressante et curieuse lorsqu'il a parlé du "prince postmoderne" pour désigner les questions qui venaient au centre de ces relations : les mouvements sociaux, la technologie, les droits des personnes, l'environnement, la connectivité, la solidarité, etc.

Tolstoï et Gramsci y faisaient déjà référence bien avant, mais les nouveaux sujets ont renouvelé cette tendance qui nous dit qu'un monde nouveau, uni et plein d'espoir est en train de naître.

Dans une large mesure, le manque de grands leaders internationaux est associé au globalisme (qui n'est pas la même chose que la mondialisation), un phénomène anti-géopolitique qui nous dit que : dans un monde de nouveaux enjeux, désirs et logiques sociales, il n'y aura guère de place pour les enjeux dépassés et délétères, les positions conservatrices et l'individualisme. Quoi qu'il en soit, les "nouveaux dirigeants" devront s'identifier au mondialisme, car les dirigeants qui s'identifient aux "anciennes questions", c'est-à-dire la géopolitique, la patrie, l'intérêt national, les valeurs nationales, les capacités, la famille, etc. sont soit rétrogrades, autocratiques, souverainistes et bellicistes et mettent le monde en danger.

De cette façon, le monde, une fois de plus, est configuré (et divisé) en approches et pratiques opposées et conflictuelles. Face à cette configuration, il est et sera important, une fois de plus, de ne pas croire qu'il existe des processus neutres ou détachés de ce qui, proto-historiquement, a été une réalité catégorique : le pouvoir et ses multiples formes d'exercice.

* Publié à l'origine sur : abordajes.blogspot.com

jeudi, 14 octobre 2021

Limites et apories des hypothèses postmodernes - Une lecture de Michel Maffesoli

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Pierre Le Vigan:

Limites et apories des hypothèses postmodernes

Une lecture de Michel Maffesoli

Si Michel Maffesoli, philosophe et sociologue, n’est pas le seul penseur de la postmodernité, il est certainement le plus connu et le plus emblématique de ceux qui ont promu cette notion. Est-ce une théorie ou une hypothèse ? Sans doute les deux. C’est une théorie au sens grec : c’est-à-dire une vision, une façon de voir. C’est aussi une hypothèse au sens où il conviendra d’examiner si elle rend compte du réel. Discutons-en. L’origine de cette discussion se trouve dans des articles publiés sur le site numérique Bvoltaire (Pierre Le Vigan, « Le mythe de la postmodernité heureuse face à la réalité », 20 octobre 2020 ; Michel Maffesoli, « La postmodernité tragique », 22 octobre 2020, qui est en bonne part une réponse à mon papier). J’avais développé l’idée que les communautés qu’affectionne Maffesoli, mais surtout dont il relève l’existence et le rôle croissant, c’était des communautés sans le commun (trop éphémères et passionnelles pour être durables), voire qu’elle étaient une communion sans le commun. La postmodernité qu’il décrivait me paraissait « heureuse », et plus heureuse que le réel ne l’était. En d’autres termes, je suggérais qu’il y avait une grande part de rêve, plus que de réel, dans le monde décrit par Michel Maffesoli. Ce à quoi le professeur Maffesoli me répondait qu’il ne prétendait pas la postmodernité heureuse, mais la disait tragique. Les termes du débat étaient ainsi renouvelés. Il est utile de le reprendre, sans prétendre l’épuiser.

Il sera donc question ci-après :

- de voir en quoi consiste l’hypothèse postmoderne de Michel Maffesoli,

- de la validité de cette hypothèse (ou théorie) postmoderne,

- de voir que l’hypothèse postmoderne est fondée sur l’analyse des limites de la modernité, et le constat de l’écart grandissant entre les paradigmes modernes et la réalité sociale observable,

- de nous interroger, en reprenant la méthode même de Maffesoli, sur les possibles limites de ses hypothèses postmodernes.

Nous essaierons de penser ces questions au « plein midi » de la réflexion. Maffesoli montre l’épuisement des paradigmes de la modernité. Qu’en est-il de son constat ? Pouvons-nous le suivre entièrement ? Nous nous interrogerons ensuite sur les insuffisances éventuelles des nouveaux paradigmes qu’il voit se mettre en place, ceux de la postmodernité. Est-ce tout à fait vrai ? Et surtout, les insuffisances de la postmodernité ne vont-elles pas apparaitre comme graves, quoi que fort différentes de celles de la modernité ?

2018-01-maffesoli-postmodernite-7-5a57536e4af11.jpgL’hypothèse postmoderne est que ce qui fait société est désormais le présentéisme, et le groupe, ou encore les tribus. C’est la reliance plus que l’appartenance, l’identification plus que l’identité, l’esthétique plutôt que la morale. L’éthique qui découle désormais de l’esthétique.  Mais encore, le postmoderne, c’est l’émotion plus que la raison, ou, si on préfère, la raison sensible plus que la raison calculante. C’est l’empathie plus que le contrat écrit. C’est « ce qui est » plutôt que le « devoir-être » kantien. C’est le refus de la croyance au progrès : « Le point nodal de l’idéologie progressiste, dit Maffesoli, c’est l’ambition, voire la prétention, de tout résoudre, de tout améliorer afin d’aboutir à une société parfaite et à un homme potentiellement immortel. » (L’ère des soulèvements). Il s’agit de se libérer de cette  prétention. D’autant que le progressisme est indissociable de l’utilitarisme (d’où les liens avec l’américanisation du monde) et qu’il ne tient aucun compte du besoin de symboles, de signes, d’emblèmes, qui font sens plus que le quantifiable. Une société a besoin d’intercesseurs, de totems, de saints, d’échelles qui vont du profane au sacré. Et non d’une coupure franche entre ces deux sphères. Postmodernité : « synergie de l’archaïsme et du développement technologique », dit encore Maffesoli (L’instant éternel, 2000).  Cette nouvelle épistémé, comme disait Michel Foucault, ne laisse rien debout de la modernité : « Dégénérescence de quoi, sinon du mythe progressiste ? Corrélativement à l’idéologie du service public, ce progressisme s’emploie à justifier la domination sur la nature, à négliger les lois primordiales de celle-ci, et à construire un monde selon les seuls principes d’un rationalisme dont l’aspect morbide apparaît de plus en plus évident », écrit Maffesoli (L’ère des soulèvements). A partir de là, Maffesoli pône une écosophie, une philosophhie de l’écologie, comme l’avait initié  Félix Guattari (Les Trois écologies, 1989 et Qu’est-ce que l’écosophie ? 1985-92, 2013). J’ai évoqué cette naissance d’une écologie philosophique dans Inventaire de la modernité avant liquidation (2007, préface d’Alain de Benoist).

Maffesoli revendique de partir du présent, et de cesser d’en dénigrer la richesse au profit d’un « devoir-être » quelconque. Il faut partir de l’instant présent, de l’événement. C’est le kairos, le moment où il se passe quelque chose, où le pécheur, par exemple, a une prise. C’est pourquoi l’événement relève du simple, et de la fin des métaphysiques. L’ « œuvre d’art totale » qu’est le quotidien présent n’est pas la conjonction du beau, du bon, du vrai. Maffesoli n’est pas platonicien. Ce sentir commun, qui est la conquête et le partage du présent, est baroque plus que classique. Baroque au sens que lui donne Maffesoli : la métaphore de l’extase, de l’esthétique, de la recherche du beau, de la forme (cf. La transfiguration du politique, Livre de poche, p. 170-171). C’est-à-dire que ce baroque  comporte peu de lignes droites. Il est rarement binaire. Il est contradictoriel, comme dit Stéphane Lupasco. On pourrait dire qu’il est dialectique, mais Maffesoli récuserait sans doute un terme qui sent trop son Hegel, et une philosophie de l’histoire qu’il n’est pas sienne.  

frontImagesLink.jpgContradictoriel, ce ne veut pas dire seulement la juxtaposition des contraires, cela veut dire leur coincidence. C’est la coincidentia oppositorum de Nicolas de Cuse (De la docte ignorance). C’est pourquoi la raison efficace est forcément une raison sensible. Autrement, elle tourne à vide. Il ne s’agit pas détruire la raison (La destruction de la raison de Georg Lukacs, 1954), il s’agit de la remettre sur un sol. « Rien de grand ne s’est fait sans passion », disait Hegel (La raison dans l’histoire). Saint-Exupéry disait pour sa part : « On ne voit bien qu’avec le cœur. » L’idée est la même. S’appuyant sur cette hypothèse de la place du passionnel, du sensible, du ressenti, Michel Maffesoli va plus loin : il en fait la source de la morale telle qu’elle se réinvente. Le bien devient l’agréable, selon l’hédonisme de George Edward Moore. Une éthique se forge ainsi au-delà des identités. L’éthique est compatible avec le passage des frontières : nationales (je suis d’ici et aussi d’ailleurs), sexuelles (la bisexualité, les expériences « de l’autre côté de sa sexualité habituelle »), professionnelles (l’architecte en train de devenir boulanger, le banquier devenu gestionnaire de parc naturel, …). Ainsi, les identités sont moins importantes – et c’est notamment en cela que consiste le tournant postmoderne – que les identifications. Or, celles-ci sont éventuellement successives et multiples. Et surtout, elles sont un bricolage mental personnel. De ces expériences multiples nait ce que Michel Foucault appelait, peu de temps avant sa mort annoncée, une « esthétique de l’existence », fondé sur un usage raisonné des plaisirs, mais raisonné par la raison sensible. De cette esthétique nait une éthique. « Une morale sans obligation ni sanction », dit Maffesoli.

L’éthique devient non plus un code, mais un style. Hermès (la métamorphose) alterne avec Hestia (le foyer). Le masculin aventureux alterne avec le féminin rassurant (mais il y a de l’homme dans la femme, et de la femme dans l’homme). L’éthique issue de l’esthétique n’a plus grand chose à voir avec celle qui est définie par un Dieu unique, ou par le Progrès, ou par la Loi, par l’Etat, ou par telle idéologie dite encore « grand récit », comme disait Jean-François Lyotard. Ce n’est plus un grand récit, mais c’est une vision du monde  qui détermine la morale, ainsi que des « affinités électives » (Goethe), comme on le voit très bien dans les films de Jean-Pierre Melville, où les hommes se choisissent et choisissent leur destin. Le « but » de l’histoire globale a été mis entre parenthèses, comme l’epochè (suspension phénoménologique) de Husserl.  Reste le présent, son incomplétude, reste le pas de côté par rapport aux impératifs de la « production ». Reste le sens de la destinée, du hasard de celle-ci, de l’ananké (destin, fatalité). Le destin, le fatum qui s’exprime par exemple dans le fado, ou dans la saudade, ou dans le tragique du tango (je renvoie à mon Front du cachalot où j’y consacre quelques notes), c’est le sens du divin social, d’un divin immanent.

Immanent renvoie à déjà-présent. Le présentéisme a deux faces : l’une peut être de se complaire dans le non événement du présent, dans l’inauthentique, l’autre peut être de voir, dans la banalité même, l’événement, l’événement et avènement de l’être, et le tragique même dans la mesure où le présent est ce qui ne peut pas durer. Le présentéisme est alors un immanentisme, peut être un bouddhisme, en tout cas un orientalisme, un asiatisme de la pensée qui contredit l’Occident comme philosophie de l’histoire, comme l’homme réduit à l’Histoire de son Progrès. Il se produit dans la postmodernité une « orientalisation » du monde qui consiste à se laisser « être soi-même », ici et maintenant (hic et nunc). Le terrorisme du progrès étouffe le corps social. Si la modernité a pu dire avec Hegel que « tout ce qui est réel est rationnel », alors il est incontestable qu’une postmodernité a raison de dire qu’il y a du réel irrationnel. L’immatérialité de l’émotion esthétique n’empêche pas qu’elle est tout à fait réelle et qu’elle a des effets sociaux et même politiques. Le présentéisme peut donc rimer avec un  sédentarisme sans histoire, mais aussi avec le nomadisme et les semelles de vent, avec l’apprentissage par le voyage. Le rite est au carrefour de ces deux conceptions, car il scande le temps du présent et le fait sortir de lui-même sans nier ce temps dans sa banalité. C’est ce qu’exprime le mot de Nietzsche : « Ici on pourrait vivre, puisque l’on y vit ». Le rite « donne ses lettres de noblesse à la lenteur »,  dit Maffesoli, rejoignant Pierre Sansot. Alors que la raison est universelle, le rite est local et tribal.

000130973.jpgL’habitus, notion que l’on trouve chez Thomas d’Aquin (et dont Pierre Bourdieu a fait un grand usage), et qui est l’hexis d’Aristote, c’est cela : l’éducation à la communication verbale et non verbale, l’acclimatation à un « ensemble de dispositions durables pour l’action et le  langage », disait à peu de choses près Pierre Bourdieu. C’est une « connaissance  du sang », dit David Herbert Lawrence (comme on pourrait le dire des gens qui se comprennent sans avoir besoin de se parler), qui complète la connaissance rationnelle, et bien souvent la précède. L’école sociologique du quotidien consiste à être attentif à cela, au plaisir et à la sagesse de l’apparence, et cette école est autant celle de Nietzsche que l’école de Chicago avec Erving Goffman, Isaac Joseph, Roger Bastide et ce qu’on a appelé la microsociologie, celle qui concerne « l’aventure de la grisaille » (Roger Caillois). Cette école étudie une grisaille qui peut être sublimée. « Etre ici est splendide » (7e Elégie de Duino, R-M Rilke). La vie s’approuve jusque dans les petites choses. La sociologie dans laquelle s’inscrit Maffesoli rehausse l’intérêt de l’étude du quotidien, le theatrum mundi, étude éclairée par les références que fait Georg Simmel au pont et à la porte : la porte protège l’intériorité, le pont ouvre sur l’extérieur. Cette sociologie du quotidien est une sociologie de l’instant présent, du moment vécu, dans laquelle les grands récits et les arrières-mondes perdent de leur importance, voire même cessent d’exister. Il s’agit de réhabiliter l’instant. Les émotions artistiques ne sont plus surplombantes, elles ne concernent plus l’individu, mais une socialité partagée. L’aura, dit Maffesoli, « enveloppe désormais le quotidien ». C’est une ambiance (Stimmung), dégagée par un lieu ou par un événement qui nous enveloppe, et nous fait plus humain parce que nous sommes plus avec les  autres.

*

La modernité a commencé par être un messianisme avec telos (but), puis un mouvement autogyre, un « messianisme sans telos » (Walter Benjamin), puis le messianisme lui-même s’est envolé et voici la postmodernité : le temps de l’éloge de la « vie immédiate », dont parle Paul Eluard. La « vie immédiate », c’est la vie pleinement déjà-là, sans arrière-monde (Clément Rosset a été le philosophe de cette vie immédiate). C’est le concret du quotidien au lieu de l’abstraction de l’histoire. Le particulier plus que l’universel.  Avec cette sociologie du quotidien et du présent (d’où le terme de présentéisme), c’est toute la philosophie de l’identité, des substances immuables qui en prend un coup. C’est la métaphysique de la subjectivité (Descartes) qui s’effondre, et dont le fondement était de faire du « Je » l’élement central de la représentation de toute chose. C’est l’adieu à une métaphysique du sujet qui est aussi une philosophie de la conscience de soi comme moi séparé des autres. Cette conception scindée de la chose pensante et de la chose pensée est de moins en moins audible. « L’identité n’est jamais, du point de vue sociologique, qu’un état de choses simplement relatif et flottant », dit Max Weber (Essais sur la théorie de la science). Theodor Adorno, qui n’était pas ennemi de la raison, constatait pourtant : « C’est déjà une insolence de dire ’’Je’’ ».

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L’individu à l’identité figée fait place à la personne (persona), qui peut avancer masquée, le masque étant une façon de préserver son « quant à soi » par rapport aux injonctions. « Tout ce qui est profond aime le masque… tout esprit profond a besoin d’un masque. Je dirai plus encore : autour de tout esprit profond croit et s’épanouit sans cesse un masque », dit Nietzsche. Entendons-nous : quand on parle de masque social, il ne s’agit aucunement de faire l’apologie du masque physique imposé dans le cadre de la dictature sanitaire covidienne, mais du droit de chacun de ne pas se dévoiler devant n’importe qui, a fortiori devant les autorités administratives et politiques. La conception classique de l’identité renvoie à l’individualisme, tandis que la conception postmoderne met l’accent sur les identifications, ou encore les « figures » (Gestalt), qui peuvent être multiples, contradictoires et successives. C’est une conception holiste de la personne. On peut figurer cela par des rapports aux figures du masculin et du féminin. Civilisation et technique sont du côté du masculin, culture et relation sont du coté du féminin, et du côté de l’origine (ce qui est logique). Le dramatique est du côté de l’histoire, le tragique du côté du présent et du quotidien. Le dramatique de l’histoire et de la technique, qui prétend avoir une solution à tout,  s’oppose au tragique du quotidien, qui prend note du contradictoriel sans solution. Apollon se veut clair, rationnel, éolien, ouranien (ouranos : divinité du ciel), céleste, aérien, et est du côté du masculin, Dionysos est souterrain, chtonien, (chton renvoie à la terre), et du côté du féminin.  Apollon, c’est le politique, Dionysos, c’est l’ambiance, le climat mental, l’atmosphère.

Masculin/Féminin. Animus/Anima.  « Animus » est le logos, la part masculine des humains. « Anima » est le souffle, la part féminine des humains. Il s’agit de deux polarités mais bien plus encore de complémentarités. Ce sont, commes les dioscures, des dieux jumeaux. Voilà qui represente le mouvement même, biface, de l’identité. Quand l’un est mort, l’autre est vivant. Apollon, c’est l’arc, c’est le tir, et c’est le chant qui unifie la communauté, et Dionysos, c’est le bouc, ce sont les humeurs de dépenses, d’orgie, mais c’est aussi le baton autour duquel le lierre s’enroule et trouve son unité. Avec la postmodernité, le nomadisme médiéval revient, et fait suite à la fixité de la modernité et à la lourdeur de ses grands complexes industriels et de ses grands ensembles. Le nomadisme, c’est « l’échappée belle », l’échappée hors des sentiers battus. C’est ce qu’André Gide appelait « la force de l’arrachement ». C’est l’ouverture à l’étrangeté. « Laissons l’inattendu surprendre l’attendu », disait René Char. C’est une autre façon d’exister. Nietzsche avait bien perçu la force qu’il faut pour affrontrer l’errance. « Imprimer au devenir le caractère de l’être, c’est une preuve suprême de puissance » (La volonté de puissance).

9791025201435.jpgLe pouvoir de plus en plus éloigné et abstrait ne fait plus rêver. La vie est ailleurs. Le peuple – et pas seulement les errants – fait sécession. Enfin, face à la modernité comme panopticon, visibilité de nos vies par les institutions, des stratégies d’évitement se mettent en place. L’esprit des chemineaux, éteint depuis quelque 150 ans (voir Bertrand Tavernier, Le juge et l’assassin, 1976), revient, sous une formé évidemment différente. Il s’agit, par la flanerie, d’éviter l’assujetissement au monde de la production. D’autant que cheminer, c’est toujours être en quête de quelque chose, ou fuir quelque chose, ce qui n’est pas très différent, comme on le voit dans le chef d’œuvre de Wim Wenders, Paris, Texas (1984). C’est une forme de rebellion passive, au moment où plus grand monde ne croit que les révolutions soient possibles et même souhaitables.  L’errance spatiale va avec les rencontres rapides, avec la « dérive des sentiments » (Yves Simon) et, là aussi, le cinéma nous en donne une belle illustration avec Easy rider de Dennis Hopper (1969), avec Taxi Driver de Martin Scorsese (1976), qui montre l’épuisement de la modernité qui enferme chacun dans sa solitude. Ces errances construisent un monde bien plus qu’elles ne fuient le monde. Elles peuvent être un enracinement dynamique, comme l’a étudié Elisée Reclus qui, ce n’est pas un hasard, était socialiste libertaire, tout comme son frêre Onésime Reclus.

Enracinement dynamique : ce qui peut se dire très simplenent comme « Deviens ce que tu es » (Pindare). Cette errance peut aussi être épisodique et renvoie à la part d’ombre de chacun, comme les échappées de Pier Paolo Pasolini. Comme l’a bien vu Heidegger, c’est la solitude, c’est l’errance qui nous jette « dans la vaste proximité de l’essence de toutes choses » (« La chose », conférences de Brême, 1949). Le moderne ne s’y trompe pas. « Le sédentaire, rappelle Maffesoli citant Theodor Adorno, envie l’existence des nomades ». Avec le postmoderne, c’est le retour de l’homo viator, de l’itinérant, des « pérégrinations » d’Augustin, de l’homme  pèlerin de lui-même. Il faut savoir être en exil. Le voyage, et l’itinérance, c’est l’exil (ce qu’avait bien compris Dominique de Roux). Ce sont des moments nécessaires. Se détacher de soi et des autres pour mieux retrouver et les autres et soi. Qui dit errance dit débordement, et il faut parfois déborder de soi. Au risque, surtout si le nomade est dans le désert, de tomber dans le prophétisme, qui prospère dans les déserts physiques, mais aussi dans les déserts intérieurs. L’itinérant est une forme de rebelle, et « le rebelle a la liberté du loup », dit Ernst Jünger. Voici venu le temps d’une forme de rebelle, ou d’une forme de fou, ou le loup fou, comme les personnages de Howard Phillips Lovecraft, dont on dit qu’il aurait été inspiré par John Milton. L’homme, alors, devient à lui-même son propre loup. C’est le mythe du loup-garou.

L’itinérant, c’est « l’homme sans côteries » de Cioran. Mais l’errance n’est pas simple. S’égarer est un travail. « Il y a une culture du chemin », dit Augustin Berque. Il faut savoir « marcher à l’étoile » comme dit Heidegger. « Mettre au monde une étoile dansante... », dit Nietzsche. Il faut avoir le sens de l’illimité (Anaximandre), mais aussi, dans une microsociologie des territoires, le sens de l’ordonnancement (Anaximène). Il faut savoir que partout menace le Khaos, qui est la béance sans borne, au contraire de la béance rassurante de la féminité. Béance qui n’est autre que la vie même. Il faut avoir le sens du retrait car seul le retrait permet l’éclosion de l’être. Il faut sentir l’Ether, le halo qui entoure les relations dans un groupe.  

***

Complexe, approfondie, la vision de la société qui est celle de Maffesoli se laisse néanmoins résumer. Nous en avons vu les points saillants : défiance croissante envers les idéologies du progrès, scepticisme vis-à-vis de la politique, souci de ne pas réduire sa vie à la dimension historique (une préoccupation qu’avait déjà Albert Camus) ou à la dimension productive, retour à des attaches communautaires (certes complètement recomposées par rapport à la période précédente, mais à l’encontre des thèses sur l’individualisme et « l’ère du vide » de Gilles Lipovetsky). Les inflexions repérées par Maffesoli constituent un décrochage par rapport à la modernité. Ce  décrochage concernerait l’immense majorité de notre peuple. Nous entrerions ainsi en masse dans la postmodernité. En tout cas dans une forme de celle-ci. Il ne resterait que les élites à croire encore au progrès, à la science, au grand récit (moderne) comme quoi « demain sera toujours mieux qu’aujourd’hui ». Ceci alimente bien sûr la thèse de l’auteur comme quoi il y a une coupure croissante entre le peuple et les élites. Deux mondes s’ignorent et se tournent le dos.

I22730.jpgMais l’abandon des idéaux de la modernité est-il si total dans le peuple lui-même ? Le soutien non négligeable de toute une partie de la population à une politique vaccinale délirante s’agissant d’une maladie covidienne à très faible taux de létalité laisse perplexe. D’autre part, je ne suis sans doute pas le seul à avoir entendu nombre de gens (hors des élites) dire que « nous ne sommes plus au Moyen Age », à propos de telle ou telle évolution sociétale contestable, et être par ailleurs complétement aveugle à la tyrannie croissante de notre pouvoir politique, à son caractère de plus en plus policier, arbitraire et antidémocratique. Or, que sont ces propos aveugles à la tyrannie, et s’enthousiasmant niaisement parce que « nous ne sommes plus au Moyen Age », si ce n’est des formes renouvelées de l’increvable croyance au Progrès ? Je ne demande qu’à croire que la religion du progrès est morte, et à fêter sa disparition, mais est-ce si sûr ? De même, s’il est incontestable que les grands récits politiques sont en voie d’épuisement, ne faut-il pas nuancer ? A droite, un grand récit simpliste de l’identité – nous avons toujours été Européens et seule l’Europe a nourri l’Europe – prend le pas sur les théories plus profondes et plus subtiles (comme celles d’Alain de Benoist, Nous et les autres, Krisis, 2007). A gauche, les théories transgenres et les délires de l’intersectionnalité (quel recul par rapport à Marx, mais aussi par rapport à Michel Foucault !) ne sont-elles pas un nouveau grand récit, une « identité de l’anti-identité », le grand récit d’un « homme sans qualités » (Robert Musil) et d’un « homme sans gravité » (Charles Melman), sans déterminations, refusant tous les héritages, toutes les transmissions, dans un monde de la table rase ?

Reprenons l’hypothèse de Michel Maffesoli : fin de la modernité, sauf chez les élites. Est-ce si sûr ? La modernité calculatrice, scientiste est-elle morte ? La facilité avec laquelle nombre de nos concitoyens ont fait confiance à un soi disant « conseil scientifique »,  qui ne représente aucunement la diversité des points de vue sérieux quant au Covid, peut nous laisser perplexe. Sommes-nous vraiment sortis du scientisme, et du scientisme officiel, qui n’est autre que l’obscurantisme scientiste ? Ne sommes nous pas en pleine pensée magique du progressisme en pensant qu’il faut éradiquer une maladie par un vaccin plutôt que soigner, prévenir, guérir ? (tout comme Himmler voulait exterminer tous les moustiques du IIIe Reich. Voir Frédéric Rouvillois, Crime et utopie, 2014). C’est toujours le fantasme (moderne) de solution « définitive » plutôt que d’améliorations patientes. Pour le coup, Maffesoli y insiste, il faut s’accorder au présent. Bien. Mais faut-il pour autant s’accommoder de tout. Viser à transformer l’existant, mais sans promettre « lendemains qui chantent » et « homme nouveau » : je crois que cela est nécessaire. Surtout, un autre aspect doit être abordé. Et c’est peut-être le plus important. Qu’en est-il des contreparties de la postmodernité ? Retour des liens communautaires que Maffesoli appelle joliment tribalisme, primauté du sensible sur le calcul, présentéisme plutôt que culte du progrès. Oui. Mais n’y a-t-il pas des choses perdues à mesure que montent ces totems de la postmodernité ? Cette question peut être envisagée sous deux angles. Un angle considère que cela n’entraine pas forcément un accroissement des désordres, c’est-à-dire notamment des violences du fort au faible. C’est le point de vue anarchiste au sens de Proudhon et d’Elisée Reclus, à savoir qu’il serait possible d’aller vers un ordre sans Etat, ou du moins un ordre avec moins d’Etat (l’anarchie sans le désordre). Un autre point de vue est moins optimiste. Il part d’un postulat (ou d’une intuition puisque les sciences humaines ne sont pas des sciences). Cette intuition, c’est que la vie est un jeu à somme nulle. En d’autres termes, ce qui serait investi comme énergie sociale – la puissance populaire dont parle justement Maffesoli – amènerait à des désinvestissements massifs  dans d’autres domaines. Le tribalisme ne serait-il pas un individualisme au carré, étendu à la tribu, un égoïsme de groupe, un narcissisme de groupe ? La tribu peut être un élargissement, mais comment ne pas voir qu’elle peut être aussi un rétrecissement : « Les gens ne trouvent plus leur âme personnelle et adoptent la première âme de groupe qui se présente à eux et qui leur déplait le moins », dit Robert Musil.

9782262029944_1_75.jpgLe présentéisme pose également bien des questions.   Il est bon que l’homme ne soit jamais réduit à ce qu’il est comme acteur historique. Mais l’homme est aussi un animal politique et donc historique. Ce qui est public, et ce qui est politique ne doit pas se résumer à ce qui est étatique, mais l’Etat doit être le point de concentration des conflits qui se soldent inévitablement par une décision. Celle-ci doit appartenir au peuple, et celui-ci est forcément le dépassement des tribus.  « L’économie, c’est fini », dit souvent Maffesoli. « Nous allons vers le retour du spirituel » (Cnews. Face à l’info, 9 mars 2020). Depuis longtemps, Maffesoli  explique que la crise est sociétale plus qu’économique. Il faut comprendre cela comme une divergence entre le sociétal et l’économique. Oui. Mais cela n’implique pas un allègement de la domination de l’économie sur nos vies, mais une tentative du pouvoir, au contraire, d’adapter l’homme à l’économie. C’est en ce sens que l’économisme devient totalitaire. La question de la production et de la répartition des richesses reste centrale dans toutes les sociétés. Elle détermine qui domine dans telle nation et qui domine dans le monde. En fait, quand on dit que nos sociétés sont dominées par l’économie, cela veut dire qu’elles sont dominées par le culte de la croissance et la religion du libre échange mondial. L’économie pourrait être au service d’objectifs d’indépendance économique, et d’autarcie, de solidarité nationale, et cela aurait une toute autre signification.  Si sortir de l’économisme, c’est sortir du règne du quantitatif, c’est une bonne chose, mais si c’est sortir de la lucidité quant à l’importance de l’économie pour  l’indépendance et la liberté d’une nation et d’un peuple, c’est une catastrophe. Maitriser l’économie pour ne pas être le jouet de fonds de pension, de multinationales ou de puissances étrangères, c’est un impératif. Il est bon de se donner comme objectif de ne pas « perdre sa vie à la gagner », mais l’Etat doit aussi avoir une visée collective, qui est la force et la souveraineté économique de notre nation. Sortir de l’économisme, c’est ne laisser le pouvoir ni aux « experts », ni aux hommes d’argent, c’est reprendre le pouvoir sur l’économie. Le temps libre doit devenir un temps non seulement libéré de la production,  mais aussi de la consommation. Le temps libéré ne doit pas être principalement le temps des loisirs marchands, mais celui qui permet de vivre « la présence désintéressée à l’être dans la vibration de l’instant », dit André Gorz dans une belle formule (cité par Catherine Marin, Reporterre, 15 juin 2021). Faire sécession de l’économie, par exemple se contenter d’un revenu universel pour tous, n’est-ce pas laisser le pouvoir aux puissances du Capital ?

Un autre point mérite des éclaircissements. Maffesoli développe la pensée d’une République française comme mosaïque. Bien entendu, comment ne pas reconnaitre la diversité des pays de France, de ses métiers, de ses provinces ? Toutefois, l’éloge du parcellaire ne laisse t-il pas subsister de petites niches de particularités, certes sympathiques, mais anecdotiques et résiduelles ? Ne faut-il pas qu’une politique des nations d’Europe s’oppose au rouleau compresseur de la mondialisation libérale capitaliste pour sauver vraiment les diversités en Europe ? Voulons-nous être une Chine avec un peu plus de variété de fromages ou autre chose que la Chine ? Un pays, c’est de la diversité (et nous n’en manquons pas avec l’immigration de masse, mais avec la France elle-même, du Béarn à la Picardie, de la Bretagne à la Franche-Comté) mais un pays, c’est aussi et surtout du commun. Du commun dans le passé, du commun dans l’avenir projeté ensemble. Ce commun, on peine à le trouver chez Michel Maffesoli. Pourtant, le commun ne suppose pas l’homogénéisation de tout, il suppose que, au-delà du divers, il y ait quelque chose en partage. Or, en dehors d’une sous culture mondialisée plus ou moins américaine et en tout cas anglophone, ce commun n’a pas grand-chose de français. On notera, en réponse aux allergiques aux « hussards noirs de la République » (qui ont disparu depuis plus de 50 ans et dont je ne garde pas de mauvais souvenirs) que ce qui a tué la diversité de la France, c’est beaucoup moins l’enseignement soi-disant uniforme des instituteurs et professeurs de notre jeunesse, c’est beaucoup moins la République jacobine (qui ne l’est plus du tout depuis les lois de décentralisation de 1982-83) que la modernité, ses pavillons tous identiques, ses hypermarchés, ses « entrées de ville » avec les grandes surfaces de cuisines, de pneus, de meubles. Sans oublier ses « grands ensembles » de logements des années 1950-1973.

9782246483915-T.jpgEn d’autres termes, l’homogénéisation moderne a débouché sur une « archipellisation » (Jérôme Fourquet) postmoderne de la société française. Trop d’uniformité a amené plus de communautés repliées sur elles-mêmes (l’islam importé devenant trop souvent une religion sans culture car hors sol), plus d’américanisation – le seul « commun » qui se soit développé – et moins de nation. Déconstruite par le bas (baronnies locales et immigration), la France a été en même temps déconstruite par le haut, puisque l’Union européenne a favorisé les régions plutôt que les nations, plus facilement instrumentalisables par la technocratie.  Le commun a disparu. Et le commun ce ne sont pas seulement les services publics (qui sont un élement du commun), c’est le sentiment d’être un peuple. La technocratie a creusé un abime entre la vie de l’Etat et la vie des gens. La technocratie ne sait que produire une « rationalisation de l’existence » (Max Weber), qui va au rebours de la vie et l’appauvrit. La technocratie ne connait que ce que Walter Benjamin appelait « le temps homogène et vide des institutions ». L’administration des choses remplace tout rapport vivant entre le politique et le peuple. C’est en ce sens que la révolte des Gilets jaunes, une jacquerie comme nous n’en avions pas connu depuis longtemps, anesthésié que nous étions par le confort moderne, une révolte aussi de la fierté des classes populaires a été à la fois une révolte de classe et une révolte identitaire (non pas au sens où il n’y aurait pas eu d’immigrés de couleur dans les Gilets jaunes, mais au sens où il n’y a eu que des immigrès intégrés, partie prenante du monde du travail, au côté des travailleurs français). Avec l’aspiration à l’intervention directe dans la politique, avec la revendication du référendum d’initiative populaire, la révolte des Gilets jaunes a réconcilié Marx et Rousseau. Marx parce qu’elle relève d’une analyse de classe : la solution aux problèmes des Gilets jaunes est bel et bien la destruction du système capitaliste de propriété privée des grands moyens de production et d’échange. Rousseau parce qu’elle montre un besoin d’être citoyen, un besoin de démocratie directe, un refus du cosmopolitisme qui n’est qu’un autre nom du déracinement, qui est la marotte des élites, mais est un instrument de liquidation du peuple de France.

Il y a eu, avec les Gilets jaunes, une aspiration au retour du politique, c’est-à-dire à ce qui est centripète.  Maffesoli sous-estime ou nie cet aspect : « Le mouvement des Gilets jaunes est un soulèvement populaire, sans projet politique, sans revendications bien définies, traduisant  essentiellement un besoin d’être ensemble et de le manifester dans l’espace public. » (Bvoltaire, 26 mai 2021). Etre-ensemble, oui, mais pas seulement. C’est ne voir du politique que dans ce qui relève de programmes bien définis. A ce compte là, la prise de la Bastille, les Journées du 20 juin 1792, et la prise des Tuileries le 10 août suivant (dont je ne méconnais pas une seconde les atrocités mais ce n’est pas le problème) n’étaient pas politiques. C’est une vision trop restrictive.  Il y avait avec les Gilets jaunes une volonté de remettre de la centralité dans les décisions politiques. Ce à quoi aspire le peuple, c’est à renouveler l’alliance du peuple et de l’Etat contre la classe dominante, les seigneurs au début du Moyen Age, puis la bourgeoisie faisant suite à une noblesse domestiquée à Versailles. Or, qui veut empêcher le peuple de redevenir peuple, de redevenir un acteur politique ? Ce sont les élites. Ce sont elles qui veulent balkaniser la société française, s’accomodant déjà très bien dans certains quartiers de la fusion entre gangsterisme, ethnicisme et blanchiment d’argent sale.

*

De quoi souffre la France ? Du manque de commun. De trop de repli sur soi du peuple (secessio plebis). De l’insuffisance de diversité entre Français (les mêmes maisons standardisées du nord au sud, de l’est à l‘ouest, les mêmes hypermarchés immondes partout), et d’un excès de diversité (pas assez de points communs) entre Français de souche et étrangers. La faute n’en est pas à ces étrangers, mais aux élites françaises (administratives, politiques et patronales) qui les ont poussé à venir. Nous avons perdu comme élément d’unité la religion, qui était au Moyen Age le catholicisme. Nous avons perdu le roi. Nous avons perdu ensuite la sacralité de la Présidence de la République, cette fonction étant accaparée par des individus de plus en plus médiocres, de petits hommes gris  étrangers à l’amour de la France et de son peuple. Nos dirigeants ? Une simple section française de l’internationale oligarchique. Même avec une religion commune et un roi, la France du Moyen Age n’était pas tout à fait une nation. Elle l’est devenue. Cela aurait pu ne pas être. Pourquoi ? Parce que l’excès de la diversité, ce peut être la guerre civile, et c’est ce qui se passa en France au Moyen Age avec la Guerre de Cent Ans.   

L-ere-des-soulevements.jpgJustement, que faut-il pour contrecarrer une diversité ethno-culturelle dispersante ? Nous avons ici un accord, qui n’est pas mince, avec Michel Maffesoli. La laïcité ne peut être une réponse. « Il faut ritualiser le sacré », dit Maffesoli. Mais il faut observer que le sacré d’une partie des immigrès, le sacré musulman, est déjà ritualisé. Cela n’a rien de déplorable, le problème étant simplement une question de nombre (nous n’avons cessé de le dire depuis des décennies et voici que le dit aussi Patrick Buisson dans La fin d’un monde, 2021). « La démographie, c’est le destin », disait Auguste Comte.  Pour faire du commun, en France et pour la France, il faut ritualiser un autre sacré que celui d’une communauté. Il faut inventer ou revivifier un imaginaire commun. Un imaginaire trans-tribal. Je dirais volontiers : l’imaginaire continental, eurasiatique, d’un monde au-delà des matérialismes dominants. Ce n’est pas, en tout cas, avec la laïcité que l’on transcendera le sacré des religions non européennes pour produire du commun, du sacré commun, dans les esprits et dans les cœurs. S’il faut garder la laïcité, qui n’est que la conséquence du catholicisme, il faut abandonner le laïcisme et générer un autre sacré, une religiosité (c’est à dire une religion sans interdits mais avec une éthique) qui soit le patrimoine commun du peuple de France. Quelque chose comme ce qui fut « la grande clarté du Moyen Age » (Gustave Cohen). « Toute éducation nécessite un rythme et une vision cosmique », dit Georg Simmel.  Toute politique s’inscrit dans une cosmologie. Et toute politique a ses mythes, sans quoi elle n’a pas de grandeur. Mythe, grandeur et passion vont ensemble. « L'exception pense le général avec l'énergie de la passion », dit Carl Schmitt. Il n’y a pas de politique sans une éducation qui intègre cela. C’est pourquoi il faut déconstruire les déconstructeurs. La paideia, c’est la formation. Cela va bien au-delà de l’ingurgitation de connaissances et moins encore des « savoirs-faire », les fameuses « compétences » qui remplacent les diplômes, le « niveau général » et la « culture générale ». Il ne faut pas sous-estimer les aspirations à des exemples plus propres et plus nobles que ceux proposés par la téléréalité ou par nos dirigeants.

Michel Maffesoli aime à développer l’idée du « contradictoriel », c’est-à-dire de contraires qui ne se dépassent pas en synthèse (il en était de même avec Proudhon : thèse, antithèse, pas de synthèse). Cela se veut une harmonie conflictuelle. Sauf que ce n’est pas une harmonie. C’est peut-être là que se situe le cœur du débat. Toutes les contradictions ne peuvent rester ouvertes. Il ne faut pas tuer (comment le faire, du reste ?) l’hétérogénéité du social, mais il faut restaurer du commun. Il faut dépasser le présentéisme, qui empêche toute révolution. La dissidence (à côté du politique), la rebellion (en marge), cela nourrit les narcissismes à peu de frais. Ce n’est même pas de l’opposition contrôlée, c’est la toile de fond du déploiement de la toute puissance du Capital. C’est au politique, et donc en dernière instance au peuple, de trancher les contradictions, c’est-à-dire de ne pas en rester à des juxtapositions de tribus – même si leur vivacité témoigne de l’heureuse résilience du social – pour faire apparaitre de nouvelles synthèses. Au-delà de cela même, osons le dire : il faut revenir au théologico-politique. C’est-à-dire accepter que notre conception du politique soit irriguée par notre conception du divin. Encore faut-il en avoir une. En d’autres termes, au rebours de tous les individualismes, il faut accepter que notre idée, notre vision du beau et du bien informe notre conception du politique. Faut-il préciser que cela est incompatible avec toute conception libérale du politique ? Une vision du bien et du beau,  c’est une religiosité. Ou c’est un mythe : la différence est ici de peu d’importance. Un mythe n’a pas à etre vrai, il suffit qu’il soit vraiment un mythe. « Le mythe seul permet la cohéson sociale », avait dit justement Georges Sorel. De son côté, Maffesoli dit dans La transfiguration du politique (1992, Le Livre de poche, p. 32) : il n’y a pas de politique sans religion. Le terme religion (religare/relegere) renvoie à la fois à « relier » et à « relire ». La religion implique la « reliance », insiste Emile Durkheim, dont on sait qu’il appartient pourtant à une tradition rationaliste et positiviste. C’est évidemment la notion essentielle, relier plutôt que relire, car il n’y a pas que des « religions du Livre ». Et cette reliance est beaucoup plus importante que la morale, souligne Maffesoli. Il est temps de d’abord relier – par des mythes, des légendes, des paysages et des musiques – , notre peuple à lui-même, notre moi à notre nous, et d’oublier de relire de vieux grimoires. Laissons-les aux « peuples du Livre ». Occupons-nous plutôt d’être un Peuple du Vivre.

PLV

Réflexions pour une droite postmoderne

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Réflexions pour une droite postmoderne

Nils Wegner

Ex: https://sezession.de/62978/ueberlegungen-zu-einer-postmodernen-rechten


La façon la plus simple de mentir aux gens est de modifier leur perception personnelle de la réalité objective - jusqu'ici, c'était moralement répréhensible (bien qu'indéniable sur le fond). On comprend donc la vive indignation suscitée par la publication, en février, du manuel de "cadrage" élaboré par la linguiste Elisabeth Wehling pour le compte de la chaîne allemande ARD.

Vraiment ? Après tout, le travail de Wehling sur ce sujet n'est nullement une doctrine secrète, mais une branche de la communication politique qui a fait l'objet de nombreuses recherches. Et si nous remplaçons le petit mot "mentir" par "persuader" dans la phrase d'introduction ci-dessus, qu'est-ce que la réflexion sur "la façon dont une nation se persuade elle-même de penser" (Wehling) sinon un simple aspect du marketing politique - ou, plus précisément, le gramscisme même qui est censé être la caractéristique essentielle de "la" nouvelle droite ?

Indépendamment des implications de cette question quant à savoir si nous en voulons aux "puissants" pour ce que nous voudrions faire nous-mêmes parce qu'ils sont "puissants", l'ensemble de l'affaire jette une lumière révélatrice sur l'état de la démocratie telle que conçue par l'élite ouest-allemande actuelle: là où rien d'autre que la croissance économique, l'adhésion à la Loi fondamentale et la "responsabilité historique" ne lie entre les strates de la "population" entre elles, il est malgré tout nécessaire de contrôler encore plus étroitement les intérêts particuliers qui se multiplient.

Du point de vue de la droite, nous sommes face à l'envers d'une "droite mosaïque" telle que l'a définie Benedikt Kaiser (cf. Sezession 77): dès 2013, les auteurs d'un "Manifeste accélérationiste" (Akzelerationistisches Manifest) accusaient la gauche actuelle de s'être repliée sur la simple protection des intérêts particuliers et sur la politique symbolique locale. Un changement fondamental, en revanche, exige non seulement des stratégies fantastiques pour atteindre l'hégémonie intellectuelle, mais surtout une contre-narration de la logique d'exploitation imposée par le néolibéralisme.

s-l500.jpgCes considérations s'appuient sur des éléments véritablement postmodernes et, après avoir longtemps laissé en jachère ce champ de réflexion de la droite, riche mais parfois dérangeant, il est grand temps de réfléchir à son ordonnancement. Les lecteurs ayant une vision du monde conservatrice préconçue et qui reculent devant un tel sujet, moitié par dégoût, moitié par agacement, devraient prendre la précaution de se référer à Armin Mohler, qui a rendu compte du travail du chroniqueur postmoderniste Wolfgang Welsch dans Criticón dès la fin des années 1980 et a exhorté la droite à s'engager dans la "philosophie à la mode" de l'époque ; finalement sans succès (ndt: affirmation inexacte;voir l'annexe ci-dessous).

Il reste l'avertissement de Mohler: la recherche de nouveaux rivages est une exigence de la pensée. Enfin, Stephen Bannon, qui était encore assis aux pieds de Donald Trump à l'époque, a fait sensation au niveau international au début de l'année 2017 lorsqu'il a fait miroiter la perspective d'une grande "déconstruction" - qui ne signifiait finalement que le mantra libertaire du démantèlement de l'État administratif. Certes, la plupart des penseurs et théoriciens postmodernes sont plus ou moins résolument de gauche au sens étroit du terme.

Où encore : aujourd'hui, comme il y a 50 ans, les conservateurs ne se sentent guère obligés de remettre en question et de critiquer les structures de pouvoir et les institutions. Cela est toujours resté une occupation authentiquement de gauche, même si cela ne ferait pas mauvaise figure face à une caste de fonctionnaires rigoureusement hostiles à la droite. Alors maintenant : quelles sont les caractéristiques de notre état d'esprit, de cette condition postmoderne ?

1. l'effondrement du "métanarratif", c'est-à-dire des grands récits inclusifs qui orientent la communauté dans toutes ses subdivisions (administration, éducation, science, économie...) vers un objectif unique. Il ne suffit pas de les assimiler à de simples "idéologies" ; ce sont plutôt les métarécits qui ont fourni l'ossature historiographique des idéologies primaires modernes que sont le libéralisme, le socialisme et le fascisme.

À proprement parler, les Lumières ont elles-mêmes représenté le déclin du métarécit chrétien ; ainsi, les postmodernes n'ont pas simplement inventé le postmodernisme, ils l'ont plutôt trouvé, diagnostiqué et y ont répondu, c'est pourquoi ils peuvent déclarer que Nietzsche et Heidegger en sont les maîtres d'œuvre.

Lyotard-image.jpgLyotard a écrit dans l'ouvrage de référence La condition postmoderne : "En simplifiant à l'extrême, on peut dire que le "postmodernisme" signifie que l'on ne croit plus aux méta-récits." Celles-ci correspondaient à ce que l'on appelle aujourd'hui le "totalitarisme", et qui - aussi oppositionnel qu'il puisse prétendre être - est prêt à porter ce stigmate très spécifique ?

2. au moins en Occident, transition économique de la société industrielle à la société de services, selon le théoricien, ou du monopole à la multinationale ou au capitalisme de consommation / "capitalisme tardif", et donc constitution d'un nouveau rapport des personnes au travail et aux biens de consommation, ce dernier incluant les médias.

Cela a de graves conséquences sur l'ensemble du style de vie individuel, comme en témoigne le niveau de vie consumériste relativement élevé d'aujourd'hui, même pour les travailleurs à la chaîne les plus simples, alors que les marqueurs classiques d'une prospérité stable sont complètement relégués au second plan, notamment l'accession à la propriété.

3. les nouveaux médias et les nouvelles technologies de communication, et donc un nouveau rapport des personnes aux événements du monde entier, aux questions de représentation et même à la vérité en tant que telle. Et surtout, en accompagnement : une prolifération sans précédent de signes et d'images, qui est aussi capable d'influencer directement l'infrastructure neuro-topographique de notre pensée.

S'il a déjà été démontré que l'avènement de la télévision en noir et blanc a conduit les gens à rêver en monochrome, les capacités d'attention radicalement réduites de nos contemporains d'aujourd'hui n'auront certainement pas été les dernières conséquences de l'ubiquité du multi- et du cross-média. Au contraire, le présent virtuel ininterrompu, construit principalement sur des images, entraîne non seulement des changements cognitifs fondamentaux, mais aussi des changements émotionnels et comportementaux.

Au sein de cette triade, une critique des médias aussi rigoureuse que possible est d'une importance capitale pour une droite contemporaine qui s'arme pour un avenir toujours plus rapide. La raison en est évidente : alors que dans la première moitié des années 90, les médias concernés ont pratiqué un silence presque total face à une droite apparemment puissante en forme de parti (les Républicains) et à une "Nouvelle Droite" sauvagement submergée, et ont ainsi pu rendre les dissidents largement invisibles pour le public, dans le nouveau millénaire, cet effacement a fait place à une sorte de badinage arrogant et amusé.

Le modèle en était la manière joviale et ironiquement désinvolte dont les médias américains de gauche ont traité l'étrange confluence de la droite chrétienne et des néoconservateurs technocratiques et impérialistes. Le fait qu'au cours des années 2010, un parti étonnamment tenace et un mouvement citoyen temporairement sensationnel soient sortis du bleu proverbial et aient pu, par endroits, briser l'establishment politique, jusque-là complètement figé à la satisfaction établie, a créé une tension : d'un côté, il était inévitable de continuer à servir le besoin public artificiellement créé d'histoires effrayantes sur les " nazis gentils et intelligents d'à côté ".

D'autre part, il existe un mécanisme selon lequel tout ce qui est rapporté est inévitablement valorisé et le statu quo, qui a été négocié dans une large mesure par et avec ces mêmes médias, ne doit pas réellement être ébranlé : psychopathia medialis. Dans ce contexte, rêver d'un reportage impartial et/ou objectif n'est pas seulement un jeu d'enfant - après tout, l'éthique des médias et la vie privée sont en fait des inventions de la fin du 19e siècle, c'est-à-dire des "constructions sociales" par excellence.

De même, il est totalement absurde de parler de "guerre de l'information" dans ce contexte, car cela signifierait que tous les participants devraient s'affronter avec des faits et des arguments factuels dans une compétition ouverte - mais rien ne correspond moins à la vérité dans la sphère médiatique. Les reportages sont réalisés sur ces sujets et de manière à servir l'agenda et l'équilibre éditorial, tout comme les autorités n'autorisent que les événements politiques qui n'affectent pas les intérêts des personnes actuellement au pouvoir.

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Reconnaître cela serait particulièrement utile à ceux qui se réfèrent si résolument à "1989": Après tout, la "Wende" (le "tournant") qui a réellement existé était fondée sur une pression économique considérable et de graves bouleversements géopolitiques. Les médias considérés comme présentables sont inévitablement des vecteurs de pouvoir, et le pouvoir est toujours un jeu à somme nulle. Vu sous cet angle, il n'y a que deux choses qui existent réellement dans ce monde : Vérité et pouvoir.

Et les deux sont souvent en contradiction l'un avec l'autre. En fait, ils peuvent être disposés le long d'une polarité gauche-droite conçue de manière peu orthodoxe, selon laquelle la poursuite du pouvoir - par laquelle nous voulons comprendre la capacité d'agir directement et indirectement - est de facto la marque de la gauche "sur-socialisée", tandis que la poursuite et l'appel à la vérité tendent à être situés à droite.

Cela semble excellent au premier abord et constitue une position morale très confortable - mais il faut encore être capable d'interagir avec les deux polarités. Vous ne pouvez pas entrer dans un jeu avec des cartes marquées et spéculer sur la possibilité de changer les règles en cours de partie - dans les circonstances données, vous ne pouvez que jouer selon les règles de votre adversaire ou pas du tout.

C'est là le véritable nœud du problème pour la dissidence, qu'elle soit de "nouvelle droite" ou autre, car ce qui est en jeu ici n'est pas un "grand récit" quelconque, mais le cadre réel sous-jacent : la conséquence de la prise de conscience que toute tentative d'influence sur le "discours", tout actionnisme et toute "provocation" dans les conditions actuelles, entièrement déterminées par le marché, de la communication publique ne peut conduire qu'à une "simulation" et à un théâtre de marionnettes, celui des méta-médias, et c'est soit la résignation, soit le cynisme.

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L'apparition désespérée, comme un ours dansant, d'un individualisme dépourvu de liens et de racines comme seul contre-modèle apparemment concevable à un "collectivisme" gaucho-libéral oppressif, tel qu'épousé notamment par le canadien Jordan B. Peterson et d'autres charlatans philosophiques populaires et cultivés depuis quelques années, ne peut guère être la bonne réponse. Et la droite ne peut s'attirer aucune sympathie avec la tentative - généralement pathétique - de s'arroger la protection de groupes de victimes potentielles, en ce moment surtout les Juifs et les déviants sexuels vis-à-vis de l'"Islam".

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L'exemple le plus récent, qui est probablement difficile à contredire : la "Straight Pride Parade" organisée à Boston, dans le Massachusetts, le 31 août, pour célébrer l'hétérosexualité - sous les auspices du troll professionnel homosexuel en faillite Milo Yiannopoulos (photo). Derrière ces mauvaises imitations se cache l'hypothèse de base, fatale, de pouvoir surpasser en termes de libéralisme la "gauche intolérante", peinte comme un démon collectiviste, notamment par l'alt-light libérale-conservatrice.

Mais ce n'est rien d'autre que des oiseaux d'une même espèce qui se donnent des coups de bec et qui ont appris à aimer leur cage - sous les applaudissements des médias. Dans ce contexte, il y a suffisamment de raisons de faire preuve de cynisme, si l'on veut le comprendre de manière classique comme une "protestation existentialiste" (Klaus Heinrich) contre le non-sens qui se profile à l'horizon.

En tout cas, c'est ici que les tentatives sérieuses d'aborder de manière productive la condition postmoderne se séparent de simples bouffonneries telles qu'un relativisme délimité (que les vrais théoriciens comme le déconstructiviste suprême Jacques Derrida ont toujours rejeté) et, surtout, une ironie omniprésente qui, au milieu des années 1990, était déjà dépassée et avait dégénéré en un véhicule de l'industrie publicitaire, lui-même marchandisé, ce dont témoignent les premiers appels à son dépassement discursif par la post-ironie et la néo-sincérité.

Le fait qu'il soit devenu tel, comme en témoignent des observateurs intéressants mais superficiels, montre qu'il y a danger constant de perdre ses repères parmi les innombrables méta-niveaux et excroissances rhizomatiques de ce vaste sujet.

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Il n'est que logique que Jack Donovan, dans le dernier volet de sa trilogie sur la virilité, l'hommage à Nietzsche intitulé A More Complete Beast, dont la traduction allemande est en cours d'achèvement, s'interroge sur le degré de loyauté que mérite un régime qui se préoccupe avant tout d'infantiliser, de materner et d'exploiter ses citoyens-particules. Un premier pas dans la bonne direction pourrait être un découplage radical de la logique du marketing, loin de la poursuite des "likes", des chiffres de diffusion et des bibelots vendus, avec un renoncement complet à toute coopération avec les médias clichés, exploitant la dissidence.

Elle doit conduire - en raison du lien indissolublement étroit entre l'industrie de la culture et le système libéral dans le "capitalisme de consommation" actuel, comme l'ont averti des théoriciens des médias comme Stiegler et surtout Baudrillard - à un rapport totalement nouveau à la réalité politico-sociale. Il sera ainsi possible d'aborder les questions de la faisabilité et de l'opportunité de la résonance de masse.

Dans tous les cas, une telle réflexion libère les gens et leur donne l'élan nécessaire pour claquer les portes derrière eux et en ouvrir de nouvelles. Mais pas pour foncer tête baissée dans le mur, car cela nous ramènerait à l'accélérationnisme. C'est pour une autre fois. Pour conclure avec Deleuze : "Il n'y a aucune raison de craindre ou d'espérer, mais seulement de chercher de nouvelles armes".

Annexe:

Cette affirmation est totalement inexacte; dès 1989, j'ai personnellement tenu, lors de nombreuses conférences et interventions, en comité restreint, à Bruxelles, Paris, Genève, Liège ou lors des universités d'été de Synergies Européennes en Provence, en Italie ou en Allemagne, lors de séminaires de la DESG à Hambourg, à Sababurg ou à Lippoldsberg, à explorer le livre de Welsch sur les défis postmodernes, à une époque, où, comme Mohler, on pouvait encore espérer un infléchissement des filons postmodernes en direction d'un dépassement définitif des insuffisances et des mutilations mentales de la modernité des Lumières. Voici une liste non exhaustive des articles, lisibles désormais sur la grande toiles et issus des revues Orientations, Vouloir et Nouvelles de Synergies Européennes ou confiés par leurs auteurs à nos bons soins pour nos différents sites depuis 2007:

Texte sur la notion postmoderne d'ironie ou sur l'ironie postmoderne; conférence tenue à Metz au Cercle Hermès et à Genève en 1997: http://robertsteuckers.blogspot.com/2013/09/lironie-contre-la-political-correctness.html ;

Introduction à la notion de postmodernité selon Peter Koslowski (Université d'été/Provence et Ecole des Cadres de Wallonie/Liège): http://robertsteuckers.blogspot.com/2013/11/les-lecons-de-peter-koslowski-face-la.html ;

Article précédant la parution du livre de Welsch et de la recension de Mohler dans Criticon: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2008/07/21/defis-postmodernes-entre-faust-et-narcisse.html ;

Préparation à un séminaire du Cercle Héraclite (GRECE-Paris) - Parue dans Le Lien, bulletin intérieur réservé aux membres du GRECE: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2009/02/19/comment-utiliser-a-bon-escient-l-expression-postmodernite.html ;

Texte ancien, traduit par Rogelio Pete à Bruxelles pour la revue Vouloir. Ce texte émane de José Javier Esparza, la figure de proue des nouvelles droites espagnoles, auteur à grand succès dans la péninsule ibérique et, à ce titre, boycotté par les sectaires de la "nouvelle droite parisienne" et par ses obséquieux imitateurs étrangers; la traduction de ce texte espagnol, issu de feue la revue Punto y Coma, prouve que la question de la postmodernité était étudiée à Madrid et à Bruxelles avant l'appel de Mohler: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2010/09/14/j-j-esparza-de-la-postmodernite.html ;

Grand texte de la conférence au séminaire du Cercle Héraclite de Paris (juin 1989), suite aux injonctions de Mohler, appelant les forces prospectives d'une nouvelle droite potentielle à potasser cet ouvrage fondamental de Welsch: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2011/03/03/la-genese-de-la-postmodernite.html ;

Le Prof. Claudio Risé, en Italie, a eu une interprétation similaire de la postmodernité et est intervenu à plusieurs reprises aux universités d'été de Synergies Européennes. Ses interventions étaient traduites en français, par Mme L. Dante à Bruxelles, pour Nouvelles de Synergies Européennes; curieux que tout cela ait échappé aux analystes de la dite "nouvelle droite" (appellation que nous récusons tant elle est grevée d'ambigüités) qui commettent ainsi le même péché d'omission que leurs soi-disant adversaires "antifascistes" : 1)  http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2009/05/18/claduio-rise-la-postmodernite-est-une-revolution-conservatri.html ; 2) http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2008/08/04/la-guerre-postmoderne-entretien-avec-claudio-rise.html ;

Excellent texte de Pierre Le Vigan, plume insigne de la dite "nouvelle droite" (canal historique mais aussi canal synergétiste). Pierre Le Vigan, qui sait, lui, de quoi il parle a produit une flopée de textes pointus sur cette problématique que l'on trouvera sur le site d'euro-synergies. Nous n'en donnons que quelques échantillons, ici: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2009/02/23/la-modernite-s-epuise-l-histoire-continue.html ; la lecture de l'ensemble des textes de Pierre Le Vigan sur le site, dont question, montre aussi l'évolution du ressenti néo-droitiste face aux phénomènes postmodernes. Pierre Le Vigan est l'auteur de très nombreux ouvrages sur la question, qui n'ont évidemment pas été recensés ni a fortiori traduits par les sectataires du canal historique de la dite "nouvelle droite", sectataires qui sont plus soucieux de participer au boycott de cet auteur, au nom de jalousies ineptes, que de se plonger dans une oeuvre qui demande réflexion.

Texte de votre serviteur sur l'approche néo-baroque de la postmodernité, selon le philosophe néerlandais Willem Van Reijen; intervention lors d'une université d'été de Synergies Européennes:  http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2007/01/30/critique-neo-baroque-de-la-modernite.html.

Enfin, un dossier récapitulatif sur "archiveseroe.eu", site encyclopédique sur la dite "ND" (on n'a pas vu, chef...): http://www.archiveseroe.eu/postmodernite-a48469534

Cette liste, comme je l'ai déjà dit, est loin d'être exhaustive. Il aurait suffit de consulter des sites ouverts à tous, gratuits, participant d'une logique du don. Certains préfèrent participer au boycott orchestré par un infect individu narcissique, dont la haine a eu pour cible principal son ex-collaborateur Guillaume Faye, pionnier, au départ de Baudrillard et de Lipovetski, d'une approche similaire de la postmodernité à celle de Mohler. Faye fut un producteur prolixe de textes fondateurs de la dite "nouvelle droite" mais, encore une fois, une certaine cécité (sur ordre?) a frappé les exégètes du mouvement dans lequel Mohler avait placé ses espoirs.

 

mercredi, 06 mai 2020

Quelles seront les conséquences de l’énorme escroquerie culturelle perpétrée par nos écoles et par les médias ?

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Quelles seront les conséquences de l’énorme escroquerie culturelle perpétrée par nos écoles et par les médias ?

par Kenneth Anderson

L’énorme escroquerie culturelle que constituent le « marxisme culturel », le féminisme radical, l’homosexualité militante, le relativisme postmoderne, etc., a été véhiculée dans tout l’Occident essentiellement par les écoles et les médias, même si, au cours de ces trente dernières années, la science évolutionnaire qu’est la sociobiologie, ainsi que le simple bon sens, ont parfaitement perçu que ces idées sur la nature humaine relevaient bel et bien de l’escroquerie pure et simple.

Lorsqu’Edward O. Wilson, professeur à Harvard, a dit : « Les gènes tiennent la culture en laisse. Cette laisse est très longue mais, inévitablement, les valeurs seront limitées dans les effets qu’elles produiront sur le pool génétique humain. Le cerveau est un produit de l’évolution. Le comportement humain est une technique fonctionnant en circuit et par laquelle le matériel génétique humain a été et sera maintenu intact ».

L’origine biologique du comportement social a fait évoluer une nature humaine qui s’est affirmée tout au long de l’histoire humaine jusqu’à nos jours ; elle implique une génétique centrée sur les spécificités raciales, définie par le genre, graduée selon les âges, hétérosexuelle sur le plan matrimonial, hiérarchique, ethnocentrique voire xénophobe, parmi tous autres réflexes d’ordre conservateur, induisant notamment la sélection groupale comme unité première d’un processus de sélection efficace, suivi d’un processus de sélection individuel.

L’escroquerie colossale perpétrée par nos écoles et par les médias fait que ces instances ignorent délibérément la science sociobiologique. Certains des exposants de cette escroquerie sont conscients de son inanité mais n’ont pas le courage de s’y opposer dans les cadres éducatifs et médiatiques. D’autres perçoivent leur seule ascension individuelle ou la seule ascension de leur groupe et tolèrent le développement permanent de l’escroquerie.

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Mais comme Wilson l’a dit, inévitablement, les valeurs (ou les contre-valeurs) trouveront leurs limites selon les effets que l’escroquerie aura sur le pool génétique humain. L’escroquerie culturelle sous le joug de laquelle nous vivons aujourd’hui sera immanquablement rejetée pour faire place aux valeurs promues par la véritable nature humaine. La question est la suivante : serons-nous erronément précipités vers ces valeurs positives par des fascistes de gauche ou de droite ou serons-nous ramenés, sur un mode tranquillement conservateur, vers la santé culturelle grâce à un processus d’adaptation de nos institutions, comme la séparation constitutionnelle des pouvoirs et grâce à des Etats de type assainis, des Etats ethniques, reposant sur des fondements ethnopluralistes, protégeant nos populations de tout impérialisme prédateur, de tous les suprématistes délirants, de tous les ploutocrates gloutons, grâce à l’adoption d’un fédéralisme défensif ?

Kenneth Anderson.

(ex : https://civilizingthebeast.blogspot.com ).

lundi, 02 décembre 2019

Post-modernisme sociétal : enfer et damnation

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Post-modernisme sociétal : enfer et damnation

par Léon Camus

Ex: http://www.geopolintel.fr

C’est toujours la même chose, l’on cherche sempiternellement des explications pour justifier – comprendre dit-on – l’évidence, l’explicable en soi, chaque fois qu’un allumé (ou illuminé) surine allégrement des passants. Le 4 octobre 2019 ce sont des collègues de travail, mais d’autres fois ce sont des passants innocents… dans des transports en commun, ou des jeunes femmes attendant devant la gare St Charles à Marseille, des soldats en faction, un prêtre âgé officiant dans son église, bref n’importe qui, n’importe quand. Et toujours la même histoire et le même éteignoir. Le même sordide déni de réalité de la part de l’autorité publique. Affaire classée sans suite, direction l’hôpital psychiatrique d’où l’assassin ressortira au bout de six mois blanc comme neige, déclaré rétabli et ayant coupé aux Assises (certes une économie pour le budget de la Justice, que le citoyen lambada paiera néanmoins par un impôt de sang).

Les Romains jugeaient des actes bruts et non des intentions. Il est aussi vrai que nos lois, imprégnées de christianisme, distinguent avec plus de mansuétude l’acte fortuit, accidentel ou passionnel (perpétré sur le coup de la colère), par rapport au forfait mûri et prémédité. La question des circonstances atténuantes fut dès lors introduite à bon escient. Cela fut bel et bon mais une brèche était ouverte par laquelle s’engouffra à l’époque contemporaine, de façon catastrophique, toutes les dérives imaginables. Plus encore après l’avènement de ces lèpres de l’esprit que furent le marxisme, le freudisme puis le freudo-marxisme qui introduisirent après la lutte des classes, la guerre des races et des sexes jusqu’au pandémonium actuel avec pour conséquence peu visible - en accompagnement - la destruction de toute logique du réel qui s’est traduite notamment par la dislocation du droit.

Déchéance intellectuelle des pseudos élites

La déchéance intellectuelle de nos classes dirigeantes est affligeante au-delà de toute expression. Elle serait au fond plutôt comique si elle n’était à ce point tragique. On en veut pour exemple les propos du garde des Sceaux, l’échevelée Mme Nicole Belloubet, statuant que « ce n’est pas l’accouchement qui fait la filiation… [celle-ci étant] fondée sur un acte de volonté et un projet parental…[et] déconnectée de la vraisemblance biologique, pour les couples de femmes ». Cet éminent ministre devrait au demeurant nous dire ce que qu’elle entend par « vraisemblance idéologique  ». Il faut se reporter au débat sur la “procréation médicalement assistée” (et le duo d’anthologie Buzin-Belloubet [1]) pour bien prendre la mesure des lourdes pathologies mentales (sous forme de délires objectifs ou d’extravagants dénis de réalité) des débattants quant aux droits à l’insémination artificielle des transgenres.

Dans Byzance assiégée par Mehmet II en 1453, l’on débattait encore, dit-on du sexe des anges. Aujourd’hui, alors que nos usines chimiques brûlent à l’instar et à la suite de la cathédrale Notre-Dame de Paris, il n’est rien de plus urgent que de faire passer des lois bouleversant l’ordre social, créant des ruptures anthropologiques dont nous n’avons pas fini d’absorber (si tant faire se peut) les traumatisme et retombées de tous ordres. Au nom d’un soi-disant bonheur, ces gens s’acharnent à faire notre malheur car… si l’on touche un bout de la charpente, c’est à terme, tout l’édifice qui s’écroule1. C’est également la voie choisie par le piteux démagogue « Insoumis », Jean-Luc Mélenchon, crachant dans le sens du vent et voyant dans la PMA - “dans un discours vibrant relatif à la portée philosophique du texte” !? [2] - « une révolution du principe de la filiation qui proclame que le patriarcat est fini…Autrement dit : que propriété des hommes sur le corps des femmes ou sur celui de leurs enfants, qui a prévalu pendant des millénaires est terminé ». Bravo. Insistant lourdement sur le caractère « social et culturel de la filiation et non pas sur son caractère biologique »… « Oui c’est la fin du patriarcat. Des femmes mettront au monde des enfants sans l’autorisation des hommes. Pour ma part, je me suis toujours opposé à ce qu’on proclame d’une façon ou d’une autre une vérité biologique… Il n’y a pas de vérité biologique, il n’y a qu’une vérité sociale et culturelle ». Or si c’est M. Mélenchon qui le dit, c’est que cela doit être vrai, n’est-ce pas  [3] ?

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Avec et après la drogue (feu Jacques Chirac en fut un formidable exemple [4]), l’addiction sexuelle et la pornographie, le satanisme bcbg – très silencieusement présent hélas depuis des lustres - est aujourd’hui ouvertement revendiquée par Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations depuis mai 2017 (elle-même auteur de romans obscènes, prélude au début de sa rapide ascension politique avant d’être fondatrice du blog “Maman travaille” !). Ceci dans le magazine phare de la mode féminine « Elle », numéro sorti également ce 4 octobre. Or çà, si le satanisme s’invite subrepticement (mais de moins en moins discrètement ) à la remorque de l’écolâtrie en tant que religion dominante parmi les méchants apôtres du mondialisme, il sera/serait intéressant d’examiner le rôle que le dit satanisme peut y jouer comme rite d’admission, sa profession scellant, dans la transgression partagée, l’appartenance aux différents degrés d’initiation et aux grades correspondant de l’hyperclasse rectrice du destin de l’humanité.

Le terrorisme une fatalité  !

Au gouvernement, l’on s’est très hâtivement essayé à minimiser, à relativiser l’aimable tuerie préfectorale entre collègues. Une fois de plus les bards de service – Castaner entre autres - ont dû se déjuger en urgence parce qu’il a été rapidement impossible d’affirmer que le fonctionnaire de police, né à Fort de France, boucher d’occasion au couteau de céramique, était un déséquilibré… en dépit des dires de son épouse qui, recourant au plan de sortie convenu, s’était appliqué à le faire passer derechef pour schizophrène : « il m’a réveillée la nuit précédente parce qu’il entendait des voix » [5] !

La méchante combine et les gros mensonges gouvernementaux n’ont cependant pas tenu longtemps au vu des messages textuels échangés entre époux, complices dans la préméditation et l’action. D’ailleurs de qui se moque-t-on : habilité secret défense, l’homme était converti depuis une dizaine d’années (2008) et non depuis dix-huit mois comme l’ont seriné les médias et tout ce temps, collègues et services de sécurité internes n’y ont vu que du feu ! Ils seraient aujourd’hui très précisément 38 fonctionnaires ou assimilés présentant des risques sérieux de radicalisation, enkystés dans des services sensibles. N’est-ce pas 38 de trop ? Ne faudrait-il pas revoir alors, en priorité, la politique autoritairement volontariste de recrutement visant à créer une mixité obligée, raciale, ethnique, confessionnelle, notamment dans les administrations publiques avec passage facilité dans les filières d’accès aux grandes écoles et aux grands corps de l’État pour les individus issus de la diversité ? Cela au nom d’une prétendue discrimination positive, ce qu’annonçait le 17 décembre 2008 avec une certaine brutalité, le sieur Sarkozy dans son discours fondateur de Palaiseau « Égalité des chances et diversité » [6]. Au demeurant, la discrimination, qu’elle soit positive ou non, reste une discrimination en transgression absolu des principes constituants de la République, non ?

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On voit ce que cela donne dans nos services de police, dans l’armée (n’a-t-on pas parlé de mutinerie sur le porte-avions Charles de Gaulle ?). L’inculture étant à présent ce qu’elle est, et les cadres compétents de l’armée et de la haute administration ayant été envoyés prématurément au rencart (ou épurés comme en 2004 à l’occasion de l’Affaire dite “Pétrole contre nourriture” engagée à l’initiative du Trésor américain, laquelle permit d’éliminer la vieille garde du Quai d’Orsay et de laminer ce qui demeurait encore de la politique arabe de la France). D’abord certes en raison du renouvellement des générations, mais aussi par la modification des critères de sélection et de recrutement (diversité et correction politique obligent, à Sciences Po et à l’ENA), jusqu’à obtention de l’effet souhaité à savoir l’arasement de la mémoire institutionnelle et historique. État de fait qui a permis au président Macron de parler impunément de supposés crimes contre l’humanité perpétrés par la France en Algérie et ce sans que quiconque ait songé à rappeler que nombre d’officiers et de sous-officiers de l’Armée de libération nationale algérienne (ALN) avaient été formés par la France, avaient servi en Indochine où ils purent acquérir une science des armes qu’ils retournèrent ensuite contre la Métropole et les départements français d’Algérie. On ferait bien de s’en souvenir parce que nous sommes en train de reproduire la même criminelle erreur. Ce dont se fichent bien les adeptes dogmatiques ou laxistes (et leurs comparses, commensaux et acolytes), partisans du métissage à tout crin, de l’effacement des frontières et du grand remplacement à tous les échelons au sein des Services de l’État.

Demeure un point très noir : le dossier de la tuerie a été juridiquement ouvert sous la qualification « d’assassinats et tentatives d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Est-ce à dire que le tueur aurait pu ne pas agir de son seul chef ? Michaël Harpon était-il une taupe islamiste pouvant avoir transmis à des réseaux takfiristes certains fichiers ou bases de données de la DRPP ? Les Services étrangers et Interpol doivent être ravis… Voilà où conduit l’amour immodéré de la société plurielle et du brassage interculturel… mais aussi d’une haine à peine masquée pour la franchouillardise. Au total, les services de l’État sont désormais à l’image de la nation, c’est-à-dire en passe d’être dévorés par les conséquences mortifères d’idéologies férocement anti-nationales. Et conséquemment, infiltrés, noyautés par des activistes ennemis, lesquels, à l’arrivée, pas n’ont besoin d’être une multitude pour être d’une extrême nocivité.

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Bref, l’administration française (au même titre que ses homologues européennes), otage de la dogmatique officielle, est de cette façon peu à peu gangrenée par une politique devant se lire et s’analyser dans le contexte général d’une sournoise éviction des populations autochtones. Ce qu’il est convenu d’appeler le Grand remplacement, ceci au grand dam des Commissaires politiques et idéologiques qui sévissent sur tous les plateaux des grandes chaînes d’information (Cnews/BFM/LCI/FrandInfo/France24/EuroNews/etc.). Substitution de population que ceux-ci qualifient avec un mépris non dissimulé de « mythe » ou de « phantasme », nous expliquant benoîtement et doctement que le terrorisme n’est en fin de compte qu’une fatalité inhérente à la modernité et que nous devrions finalement faire avec.

Ces ténors de la doxa surinformés, si éclairés, n’ont de toute évidence pas dû prendre le métro depuis au moins une trentaine d’années, à qui il ne viendrait jamais à l’idée (tous n’étant pas absolument pervers que le monde a changé sous leurs pieds. Des gens qui devraient normalement être placés dans la catégorie des minus habens (voire des oligophrènes) parce qu’incapables de saisir que les frontières devraient être fermées de toute urgence à l’immigration légale (à commencer par le regroupement familial) et a fortiori illégales, frontières qui d’ailleurs n’eussent jamais dues être ouvertes… Quand s’achèvera le quinquennat en cours, ce sont quelque cinq millions de migrants qui seront entrés et se seront installés, en grand partie à la charge d’un pays pourtant en voie de désindustrialisation et de paupérisation rapide !

L’Éducation nationale, Lampedusa bis

La rentrée s’est bien passée ! Nos enseignants préparent la “France” de demain avant de se suicider [7] à l’instar de nos 51 policiers morts depuis janvier dernier et de nos paysans, un tous les deux ou trois jours. Cent femmes ont été tuées par leur conjoint ces neufs derniers mois. Toutefois, dans ce dernier cas, personne ne songe (ou ne réclame) que soit rendu public l’appartenance culturelle, confessionnelle, l’origine ethnique des meurtriers. Si par extraordinaire c’était le cas nous risquerions d’avoir de belles surprises. Mais cela n’arrivera pas, la divulgation de ce genre d’information tombe sous le coup de la loi (on voit bien ici que l’antiracisme est une forme aiguë d’antifrancisme). Ces jours-ci des vidéos circulaient donnant à voir de choquantes agressions dans des écoles de la République contre des maîtres. Ces actes se multiplient aujourd’hui à la vitesse grand V. On assassine (vendredi 4 octobre dans le Val d’Oise un adolescent est poignardé) et l’on rackette aux abords des établissements scolaires. … « Combien - d’enseignants - nous dit Claude Bourrinet [8] - ont-ils vu leur idéal brisé par la démagogie de pédagogues irresponsables, par une administration tatillonne et aveugle, par l’indifférence du système aux épreuves qu’ils subissent pour tenter de délivrer leur savoir à des populations de plus en plus déséquilibrées, déstabilisées par une sous-culture mortifère, hostiles à la culture, à l’effort intellectuel, au livre, au savoir scientifique, historique ? La peste de l’inculture agressive frappe tout le monde, y compris les enfants de souche. C’est une pandémie barbare, que les idéologues ne veulent pas voir, quand ils ne la cautionnent pas par des préceptes égalitaristes, laxistes et bienveillants, ineptes  ». 

Le 30 septembre, dans le Val d’Oise à Sarcelles, au lycée de la Tourelle, un jeune majeur âgé de 19 ans s’est attaqué avec une rare violence à son prof de gym après avoir refusé de retirer sa casquette, signe identitaire s’il en est. Il est complaisamment filmé par ses petits copains. La chose serait anecdotique si elle n’était parfaitement emblématique de l’état décomposition avancée de l’institution éducative… relais, s’il en est, de la pire politique anti-française. La comparution immédiate du voyou – quand même ! - nous a appris, que le dénommé Dio est arrivé clandestinement en France en 2013 ; qu’il a été condamné à huit mois de prison, dont quatre avec sursis et qu’il n’a, évidemment, jamais été expulsé. En un mot il s’agit d’une super chance pour la France… Autrement dit un parasite destiné à vivre ad vitam æternam au crochet de la vache à lait hexagonale. Pour mémoire, nos établissements publics, avec la complicité du ministère de l’Éducation nationale (et d’une nuée d’associations subventionnées), accueillent des milliers de sans papiers et qu’il est assez souvent recommandé aux enseignants de falsifier des résultats scolaires ou autres documents administratifs afin que « le jeune » ne rencontre pas de difficultés… avec pour contrepartie les graves problèmes de discipline et de sécurité que l’on déplore de nos jours. L’Éducation nationale, havre d’accueil pour les migrants est ainsi devenue une quasi zone de non-droit… avec la complicité de certains enseignants eux-mêmes… avant qu’éventuellement ils n’en deviennent eux-même les pitoyables victimes.

La Maison brûle

En temps de crise, la multiplication à l’infini des événements dramatiques ou tragiques, grave dans l’opinion l’idée que le pouvoir s’est engagé dans une mortelle impasse et qu’il s’avère incapable de gérer avec le minimum d’efficacité et de résultats, les effets négatifs (collatéraux) de ses errements. Un sentiment qui s’est manifesté très nettement avec l’affaire Lubrizol où la seule question qui mériterait une réponse aussi rapide que nette : pourquoi un tel sinistre s’est-il déclaré à proximité d’installations protégées par des dispositifs de sécurité optimaux ? Question qui continue à se poser en outre à propos de l’incendie de Notre-Dame et l’hallucinante vitesse de propagation du feu dans la charpente.

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Un arbre ne devant jamais cacher la totalité de la forêt, rappelons – nous y reviendrons – que le terrible sinistre rouannais, fait suite à une impressionnante série d’incendies, tout aussi gravissimes, ayant détruits des sites industriels de nature similaire… tels l’incendie du 3 juillet dernier sur le site classé « Seveso seuil haut » dans les Yvelines, au sein du périmètre de l’usine « Seine Aval » du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) implantée dans la plaine d’Achères. “Une installation stratégique, soit la plus grande station d’épuration des eaux usées d’Europe - s’étendant sur 600 ha, elle traite 60 % des eaux usées de 9 millions de Franciens [9] - anéantie en totalité par le feu et ce, à seulement trente kilomètres de la capitale. Il faudra entre trois et cinq ans pour la reconstruire, au prix, dans l’intervalle, d’une pollution gravissime de la Seine. » Qui en parle ? Ce site n’a en fait cessé d’enregistrer des sinistres de plus en plus graves depuis plusieurs années. Sa gestion est entachée par des dévoiements sans précédent en matière de marchés publics avec en arrière plan un théâtre de concussion et corruption ! Un désastre absolu, qui ne suscite qu’une fort inquiétante indifférence [10]. Cela reste bien entendu à inscrire au bilan de Mme Hidalgo, maire de Paris, intuitu personnæ, membre du conseil d’administration de la dite entreprise d’intérêt vital pour la capitale et sa région.

Léon Camus - 6 octobre 2019

Notes

[1Cf. facebook.com/ridiculeTV/ - Voir https://www.facebook.com/ridiculeTV...

[2lesinrocks.com26sep19

[3On en jugera à travers cette sotie déjà immédiatement envisageable, la réalité dépassant désormais l’imagination… « En terre d’Absurdie anoméenne (négation/abolition des lois issues de l’ordre naturel) après le vote sur la PMA, antichambre de la gestation pour autrui, quoique l’On clame à tout-va qu’il s’agirait en ce cas d’espèce d’un tabou, une limite intransgressible. La PMA serait une aubaine pour Charlotte (adoptée par un couple d’hommes mariés via cet autre formidable progrès égalitariste que fut le mariage pour tous) à l’heure de sa maturité sexuelle, cette heureuse enfant se trouvant titulaire d’un père adoptif Jean et d’une mère adoptive Pierre. Or grâce à l’œuvre immense du bon docteur Freud et de son émule Wilhelm Reich, elle se trouve, par la grâce de ces géants, dépourvue de toute inhibition, trouble ou culpabilité (soit la cohorte de névroses véhiculées par l’éducation chrétienne), quant à l’attirance ressentie pour l’un et pour l’autre des parents, légalement et respectivement père et mère quoique pourvus d’organes reproducteurs identiques. Il arriva ce qui devait arriver : Charlotte mit au jour un garçon de son père Jean (sans que l’on puisse évidemment parler d’inceste), puis une fille conçue avec sa mère adoptive, Pierre. Devinette, objet des débats policés Buzin/Belloubet : quel doit être le statut exact de la mère de Charlotte vis-à-vis de l’enfant conçu avec son mari, père d’icelle ? Au demeurant, la loi permettra aux enfants de Charlotte, s’il s’agit d’une fille et d’un garçon, de se marier ensemble ». Elle est pas belle la vie ?

[4Voir le témoignage accablant de Gérard Fauré « Dealer du tout Paris » octobre 2018.

[5Michaël Harpon, le bien nommé, 45 ans, employé depuis 20 ans au service informatique de la Direction du renseignement de la préfecture de police « a pété un plomb et a tué quatre collègues à l’arme blanche ». Converti à l’islam depuis 18 mois (en vérité depuis 2008), aux dires d’un psychiatre expert « en général, lorsqu’on a des gestes brusques d’une telle violence, ils ont extrêmement rares surviennent sous couvert de formes très particulières de schizophrénie ». Et comme il est devenu impossible de gommer la dimension confessionnelle de ce passage à l’acte, on la met à « en parts égales avec la psychopathologie de la personne ». Nul ne parle évidemment de fanatisme religieux, une notion trop concrète et pas assez scientifique.

[6Seule la version audio est fidèle, la transcription écrite officielle ayant éliminé les passages où le président parle de conduire cette politique par la contrainte. Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=1XI...

[7Christine Renon, directrice de l’école maternelle Méhul de la ville de Pantin, dans l’académie de Créteil, parvenu au bout de l’épuisement moral a été retrouvé morte le 24 septembre 2019. Le même jour, Frédéric Boulé, professeur au lycée international de Valbonne dans les Alpes-Maritimes, en finissait également avec la géhenne qu’est devenue l’Éducation nationale tombées aux mains de soi-disant pédagogues confits en idéologie mortifère.

[8bdvoltaire.fr5oct10

[9Les Franciens, habitants de la Francie, sont ce que l’on nomme aujourd’hui assez sottement les Franciliens.

[10cf.MarcLaimé/mondediplo.net27sep19

 

jeudi, 17 octobre 2019

Postmodernism and Collective Apathy

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Postmodernism and Collective Apathy

Ex: https://www.geopolitica.ru
 
The grand narratives and ideologies are constantly shaping and reshaping the socio-political structural patterns of the societies and the world at the national as well as the global level. Verily, the ideologies like anarchism, absolutism, liberalism, utilitarianism, capitalism, existentialism and socialism have maneuvered the political dynamics of societies, states and the world in multiple ways.  For instance, the western powers or colonizers espouse and popularize the western ethnocentrism and survival of the fittest dogmas for creating a way of justification of colonialism by invading the Asian and African world in the past. The journey of the construction of knowledge has not finished yet as the experts have been making efforts to understand and analyze the socio-political affairs of the world with the more simple and distinct theories and narratives. As a result, the new theories and ideologies are emerging, making their place in the literature, guiding or misguiding the followers and influencing the societies and the world politics.
 
Similarly a trendy narrative, focusing on deconstructionism, namely postmodernism has also started to impinge on international politics of modern age in a distinctive style. Postmodernism emerged in 1960s in France and turned quickly into pushy narrative. In order to get a basic understanding of the postmodernism, a clear and vivid distinction is required, among three kinds of discourses; pre-modernism, modernism and postmodernism. However, this sort of division of discourses encounters another issue that identifying a point and separating the postmodernism from modernism itself is dubious and debatable. Indubitably, this deserves the critical intellectual labor because it has also been argued that postmodernism is another extended angle of modernism. It is not a walk in the park to define the postmodernism under the principles outlined by the post-modernist thinkers because they do not believe in specific terms, precincts and definite truths. So, post-modernism can be described by focusing on the dominant principles and features but cannot be defined in a true and pure sense for the reason that requires the greater patience and ingenuity. Generally, the postmodernism is perceived and treated as an anti-traditional values, anti- religions, anti-democracy, anti-capitalism, anti-enlightenment or in-short anti-existing patterns and established grand narratives regarding economy, society, culture and politics. It declares the end of meta-narratives and grimly attacks on the absolute truth, objectivism, reason, morality and human nature. Howbeit, the increasing impact of postmodernism on the contemporary world politics is of grave concern that is affecting the political values and pushing the global politics towards cynicism.  
 
One of the core principles of postmodernism is that truth is relative in any way that means all the existing political or theological truths prevailing in the world are subjective, relative and contextual.
 
Postmodern deconstructionism presents an answer to the political or religious ideologies and faiths that “there is no fundamental truth” which is clearly making the way for cynicism at individuals, societal and state level. This principle is further extended to a level where it is believed that any political narrative or ideology of an individual, party or state cannot be considered as superior to others, rather all the narratives are equally valid and legitimate in their own way. Let it explain in more simple way; for example, the political ideology of A cannot be termed as better and superior to the ideology of B because both A and B are equally valid. 
 
Likewise the concept of exploitation in capitalism becomes justified because all the ideologies and narratives are valid and legitimate. Although, Foucault has been categorized as a leftist activist because he used to believe in the Marxist ideology however, his specific philosophical argument can really be interpreted in favor of realism.  Let us again apply the same principle on the ideology of terrorism and we find, the very rule determines the ideology of terrorism (A) cannot be termed as inferior to other doctrines (B).
 
This argument endeavors to make the truth inert and dormant and such stance of postmodernism about truth is awful and inexcusable because this packs down the fundamental idea of right and wrong.  Consequently, everything becomes fair in the social and political affairs and here postmodernism voluntarily or inadvertently invites the “realism” that implicitly aligns itself with this particular characteristic of postmodernism, negating the values and constructing the national interest. Realism is the most overriding and leading perspective followed by the states which explicitly advocates for achieving the perceived and constructed national interest, maximizing the security and grabbing the power by using multiple fair and unfair means. The realism on this point appears as more realistic and hard-nosed as it finds a justified discourse and exploits the opponents with ardor for seeking the power and interests. 
 
Moreover, it assumes that “there is no telos to life” and it lacks the purpose or any sense and eventually the postmodernism aligns itself with the ideology of nihilism which strictly believes on the rejection of the belief system, values and meanings of life. The nihilism influences the behaviors of the individuals, political leadership, societies and states in a pessimistic way. Needless to say, the powerful states support, promote, exploit the relevant assumptions of postmodernism and they challenge other political narratives going against their interests. The rise in the political apathy or the rise of populism, rebuffing the popular and established values in the Western world might be the product of postmodernism. Under the prevailing literature and narrative of postmodernism, the emergence of the valueless leadership can be observed at the regional and global stage.
 
The powerful narrative based on identity politics and nationalism has triggered a weird series of events from North to South. The outcome of the policies and actions of such notorious leadership has been definitely adding the uncertainty and chaos to the political situation.
 
Besides, while deconstructing the contemporary and classic narratives, the postmodernists constructed their own narrative which has been tactfully and cleverly interpreted by the realism in its own traditional style. This fate of postmodernism reminds us the famous German philosopher Nietzsche who once speculated “Beware that, when fighting monsters, you yourself do not become a monster.” The political experts and intellectuals propagating for the postmodernism have condemned and disapproved the status-quo particularly the existing socio-political patterns and structure but they could not offer any valuable alternative as solution to the existing problems of the world. Conversely, the situation has become worse because the world has already been observing the collapse of liberal order and values. On a final note, the rise of a realist order appears as a main threat to the peace, values and the prosperity of the globe. The imperceptible connection of postmodernism with realism has propelled the world to meet and face the new wave of confusion, anarchy and apathy.
 

mercredi, 03 janvier 2018

L’entropisation de l’entropie postmoderne

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L’entropisation de l’entropie postmoderne

Ex: http://www.dedefensa.org

30 décembre 2017 – D’une façon générale, la situation est devenue telle qu’il ne s’agit plus de la commenter, de rechercher les perspectives, d’annoncer telle victoire ou telle défaite, ou telle évolution ; qu’il ne s’agit même plus de tenter de la comprendre puis de l’expliquer, de la décrire après l’avoir embrassée ; qu’il ne s’agit de plus rien dont la raison, même débarrassée quand elle le peut des rets de l'inversion, puisse à elle seule faire son affaire. D’une façon générale, la situation est devenue telle qu’il s’agit tout simplement de parvenir à la percevoir, simplement comme il s’agit de respirer pour continuer à vivre.

La catastrophe du monde en est effectivement à ce stade d’ignorance, de confusion, de désordre, d’irritation et d’hystérie de l’esprit, à partir d’une psychologie qui est tout cela à mesure. Les analyses géopolitiques et les théories complotistes sont comme autant de vieilles lunes usées, ossifiées, complètement à la dérive à force d’avoir été ressorties mille fois sans avoir fait progresser d’un centimètre la compréhension et l’explication de la situation du monde, au contraire brouillant tout espoir de seulement s’ouvrir intellectuellement à une simple perception sortant de leurs sentiers battus et rebattus. Il faut utiliser d’autres voies, d’autres logiques, en espérant l’éclairage de l’intuition qui est la seule compagne acceptable pour traverser les Derniers Temps.

Là-dessus et assez logiquement, nous passons à un article de James Howard Kunstler, qui est de ces chroniqueurs indépendants comme il y en a aux USA, dégagés des dogmatismes et de l’idéologisation, et qui est évidemment puisque l’on se réfère à ses qualités du parti de la collapsologie, – selon le terme de la spécialité proposée par Andrei Orlov, poursuivant l’observation de l’effondrement des USA/du Système. On a déjà cité Kunstler à diverses occasions sur ce site, le 23 juillet 2017 pour le dernier cas ; il écrit cette fois un article d’abord commandé par The American Conservative et publié le 21 décembre 2017, sous le titre “Beyond Cynicism: America Fumbles Towards Kafka’s Castle” ; et nous adapterions cela en français, de cette façon : « Au-delà du cynisme : l’errance de l’Amérique dans le château de Kafka ». Kunstler n’attaque personne en particulier, ne soulève pas un problème spécifique, ne s’exerce pas à l’habituel style d’ironie cynique auquel notre époque incite irrésistiblement nombre d’observateurs indépendants ; nous sommes “au-delà du cynisme”, n’est-ce pas ? Nous sommes en pleine collapsologie et voici les paragraphes de début...

« Un peuple peut-il se remettre d'une excursion dans l'irréalité ? Le séjour des Etats-Unis dans un univers alternatif de l'esprit s'est fortement accéléré après que Wall Street a presque fait exploser le système financier mondial en 2008. Cette débâcle n'était qu'une manifestation d'une série de menaces accumulées à l'ordre postmoderne, incluant les fardeaux de l'empire, l'explosion démographique, la globalisation de la fracture sociale, les inquiétudes au sujet de l'énergie, les technologies perturbatrices, les ravages écologiques et le spectre du changement climatique.

» Un sentiment de crise, que j'appelle la longue urgence, persiste. C'est systémique et existentiel. Cela remet en question notre capacité à mener une vie “normale” beaucoup plus loin dans ce siècle, et l’angoisse qui accompagne cet état de fait est quelque chose de difficilement supportable pour le public. Il s'est manifesté d'abord dans la finance parce que c’est la plus abstraite et la plus fragile de toutes les grandes activités dont nous dépendons pour la vie quotidienne, et donc la plus facilement altérée et mise en situation critique par un groupe d'opportunistes irresponsables à Wall Street. En effet, beaucoup de ménages ont été définitivement détruits après la soi-disant Grande Crise Financière de 2008, malgré les enthousiastes et bruyantes affirmations officielles de “reprise” et l’injection de sommes énormes fabriquées pour la circonstance dans le marchés de capitaux depuis lors.

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» Avec l'élection de 2016, les symptômes de la longue urgence ont envahi le système politique. Une désinformation extraordinaire règne sans partage. Il n'y a pas de consensus cohérent sur ce qui se passe et aucune proposition cohérente pour faire quoi que ce soit à ce sujet. Les deux partis sont embourbés dans la paralysie et le dysfonctionnement et la confiance du public à leur égard est à des niveaux abyssaux. Donald Trump est perçu comme une sorte de président pirate, un fripon élu par hasard, un “perturbateur” du statu quo au mieux et, au pire, un dangereux incompétent jouant avec le feu nucléaire. Un état de guerre existe entre la Maison Blanche, la bureaucratie permanente à D.C. et les médias traditionnels. Le leadership authentique est aux abonnés absents, totalement introuvable. Les institutions chancellent. Le FBI et la CIA se comportent comme des ennemis du peuple.

» Des idées inconséquentes et baroques s'épanouissent dans ce milieu de crise sans fin qui les nourrit abondamment. Elles dominent exclusivement la spéculation intellectuelle. Ressemblant à une espèce de vœu pieux renvoyant à une sorte de culte primitif, cette spéculation a saisi la classe technocratique qui attend des remèdes relevant de la magie, pour promettre la poursuite et l’extension du Bonheur Motorisé, du consumérisme et de la vie florissante de banlieue qui constituent l'armature de la vie “normale” aux USA. L’on parle de flottes de véhicules électriques sans conducteur, de services de drones pour la livraison à domicile et de modes de production d'énergie encore peu développés pour remplacer les combustibles fossiles de plus en plus incertains et destructeurs, tout en ignorant les contraintes évidentes de ressources et de capital, et même les lois de la physique fondamentale, – principalement l’entropie, la deuxième loi de la thermodynamique. Leur assise mentale fondamentale est leur croyance en la croissance industrielle infinie sur une planète finie, une idée si puissamment idiote qu’elle met en danger leur statut de technocrate. »

La suite concerne les diverses situations qui justifient une telle description pour l’entame du texte. Kunstler n’a aucune peine à nous convaincre de la justesse de son argument : « Une désinformation extraordinaire règne sans partage » certes, mais aussi le désordre, l’errance, l’hystérie jusqu’à la folie, une sorte de marche hallucinée vers des buts et des objectifs qui sont comme des ombres molles et des mirages s’éloignant de vous à mesure que vous vous en rapprochez, sans avoir pu d’ailleurs comprendre de quoi le mirage était le simulacre...

Comme on le lit, Kunstler n’évite certes pas de longuement commenter les évènements depuis l’arrivée de Trump, celle-ci qui marque selon lui une nouvelle étape et sans doute une étape décisive de la sorte d’“irréalité” qu’il identifie. (Pour cela, nous avons l’emploi nous-mêmes de diverses expressions, de “virtualisme” à “simulacre” en passant par narrative et par déterminisme-narrativiste.) Il nomme cela “la longue urgence”, ce qui correspond à nos divers phénomène crisique (structure crisique, chaîne crisique, “tourbillon crisique“) impliquant la permanence du paroxysme et l’impossibilité de terminer une crise malgré l’apparent illogisme de la chose puisqu’une crise est un paroxysme qui, par définition, ne dure qu’un instant avant de s’éteindre au bénéfice de l’un ou de l’autre, ou au bénéfice de personne ou bien au bénéfice (!) de la destruction du monde, de l’entropie, de la fameuse Deuxième Loi de la Thermodynamique que cite également Kunstler.

Notre auteur analyse la situation actuelle (USS America perdue dans Le Château de Kafka) essentiellement selon le partage en deux étapes fondamentales dans l’époque, la crise financière partie des USA de 2008 et la crise politique US de 2016 (ou devrait-on dire plutôt “commencée en 2008 [2007]) et “... commencée en 2016 [2015]”). Il justifie la chronologie par la fragilité inhérente au secteur financier mais il écarte désormais, à la différence de ce qui est fait d’habitude, la primauté sinon l’exclusivité de la crise financière (ou la Grande Crise Générale réduite à la crise financière). Il prend en compte ce que nous pourrions nommer en citant Houellebecq l’extension du domaine de la crise, c’est-à-dire ce que nous-même, nous estimons être la désincarnation de la crise et sa transmutation en un évènement cosmique, indéfini et absolu, dont l’enjeu pour l’acteur crisique-diabolique est sans aucun doute l’entropisation du monde.

D’autre part, et en cela avec une certaine contradiction ou bien encore un certain flou, et peut-être bien une sollicitation des étiquettes, Kunstler maintient la dichotomie droite-gauche en attribuant successivement la “réalisation de l’irréalité” successivement à la droite puis à la gauche. La question qui se pose et à laquelle il n’est pas répondu précisément est de savoir si la “réalisation de l’irréalité” à droite, effectuée en 2001-2002, subsiste malgré la “réalisation de l’irréalité” par la gauche.

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Pour l’instant, contentons-nous de marquer ces deux “réalisations de l’irréalité”...

• La première est archi-connue : c’est cette affirmation fameuse par le gouvernement GW Bush, (mais aussi par les neocons, mais aussi par une quasi-unanimité des élites-Système où “la gauche” [les démocrates] a sa place), – en la personne de Karl Rove, chef de la communication du président GW Bush, parlant à l’auteur Ron Suskind à l’été 2002, « Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »

• La seconde est ainsi synthétisée par Kunstler, à propos des différentes facettes du progressisme-sociétal tel qu’il s’est développé à une vitesse extraordinaire depuis 2014-2015 et essentiellement à l’occasion de la campagne puis de l’élection de Donald Trump :

« L’idée nouvelle et fausse que quelque chose étiqueté “discours de haine” – étiqueté par qui ? –équivaut à la violence qu’il décrit flottait autour des établissements d’enseignement des cycles supérieurs en un nuage toxique d'hystérie intellectuelle concocté dans le laboratoire de la philosophie dite “post-structuraliste”, où gisaient des parties des corps de Michel Foucault, Jacques Derrida, Judith Butler et Gilles Deleuze, qui seraient surmonté d’un cerveau fait d’un tiers de Thomas Hobbes, d'un tiers de Saul Alinsky et d'un tiers de Tupac Shakur, le tout donnant un parfait Frankenstein accouchant d’une monstrueuse pensée. Tout se résume à la proposition que la volonté de puissance annule tous les autres pulsions et valeurs humaines, en particulier la recherche de la vérité. Dans ce schéma, toutes les relations humaines sont réduites à une dramatis personae comprenant en général les opprimés et leurs oppresseurs, les premiers étant généralement “gens de couleur” et femmes, tous soumis à l’oppression exercée par les Blancs, en majorité hommes. Les tactiques de cette politique déployée par les “opprimés” et les “marginalisés” autoproclamés sont basés sur le credo que la fin justifie les moyens (au standard Alinsky). »

Ce passage est d’une extrême importance pour nous, dans la mesure essentiellement où Kunstler mentionne quelques noms de “déconstructivistes” dont la pensée pèse sur notre époque, – non pour l’aider à reconstruire quelque chose sur ce qui aurait été détruit mais pour la pousser, pour l’entraîner, pour l’emprisonner dans une irrésistible pulsion de destruction, quel que soit l’objet à détruire. (“Destruction” plutôt que “mort” parce que ces déconstructivistes pensent finalement que la destruction n’est pas la mort, – et c’est en cela que cette pensée est singulièrement diabolique.) Dans ce cas, selon cette démarche intégrationniste, nous répondons à cette “question [...] de savoir si la ‘réalisation de l’irréalité’ à droite, effectuée en 2001-2002, subsiste malgré la ‘réalisation de l’irréalité’ par la gauche.” Pour nous, au contraire, le “malgré” est superflu ; comme on le verra, c’est en toute logique que les deux “irréalités” se complètent et s’intègrent l’une dans l’autre.

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De l’hégémonisme-chaotique au progressisme-sociétal

En fait, on décrit deux phases : la phase de l’hégémonisme-chaotique et la phase du progressisme-sociétal, qui sont deux étapes successives du déconstructivisme... L’hégémonisme-chaotique est une version hallucinée et complètement invertie d’“un pont trop loin” selon la terminologie militaire (*) ; il “conquiert” brutalement ce qui est déjà conquis en y installant le chaos, par conséquent il détruit la victoire installée et construite en développant ce qu’il croit être l’assurance de la victoire finale ... Il détruit une hégémonie déjà existante, essentiellement sur la région stratégique centrale du Moyen-Orient, en la surchargeant, en l’inondant de sang et de ruines, en pulvérisant le simulacre de légitimité que les USA (le Système) avaient édifié durant la Guerre froide.

(Pour comprendre cela, il faut bien entendu admettre l’évidence que les USA dominaient l’ensemble du Moyen-Orient depuis le milieu des années 1970, sauf l’Iran à partir de 1979. L’URSS en avait été chassée et commençait à la fin des années 1970 sa plongée dans ce qui révélerait être l’effondrement de 1979-1991. L’hégémonisme-chaotique à partir de septembre 2001, avec l’avant-goût de la première Guerre du Golfe [1990-1991], a pulvérisé ce rangement extrêmement avantageux pour les USA/le Système.)

Le progressisme-sociétal qu’on sait en germe depuis les années 1960 et les diverses révoltes “sociétale” avant l’heure, suivies de l’instauration du système de pensée pavlovienne du “politiquement correct” fermement installé dans les années 1980, arrive avec une brutalité inouïe à la maturité de la déconstruction intérieure des USA dans le chef de leur société et de leur culture, et s’emboîte parfaitement sur l’hégémonisme-chaotique qu’il n’a jamais vraiment combattu. La “gauche” ne s’est opposée aux aventures afghane et irakienne que dans la mesure où celles-ci ont tourné mal et ont pu être exploitées politiquement, et nullement sur leur principe comme le montrent les votes staliniens et quasiment unanimes du Congrès en 2001-2002, et l’absence d’un véritable “parti antiguerre” comme au temps du Vietnam. Bien au contraire, le démocrate soi-disant “de gauche” Obama a poursuivi sinon accentué ces aventures extérieures en faisant du Bush-turbo avec une politiqueSystème multipliée dans sa brutalité. BHO est bien l’homme de la transition décisive, du déconstructivisme réalisé, celui qui poursuit l’hégémonisme-conquérant et institue le progressisme-sociétal comme complément.

Le progressisme-sociétal est donc la face intérieure qui complète l’hégémonisme-chaotique pour achever la mise en place du dispositif déconstructiviste. Les deux dynamiques s’ajoutent l’une à l’autre pour former une dynamique commune de déconstruction par effondrement (domaine de la collapsologie) ... Le progressisme-sociétal triomphe d’autant plus aisément aux USA qu’il est évidemment favorisé par la gravité de la spécificité du problème racial qui l’exacerbe en renforçant ses diverses tendances, – lesquelles sont à terme antagonistes entre elles après avoir détruit toutes les structures traditionnelles. C’est là aussi pour une belle part l’œuvre d’Obama. Volens nolens, le premier président noir des USA que les belles âmes voyaient comme un achèvement de l’intégration multiculturelle et multiraciale a suscité une fermentation décisive de la situation raciale. Kunstler observe justement que cette situation, devenue explosive, est pire que lors de la crise des années 1960 et s’inscrit ainsi complètement dans la mouvance déconstructionniste dans sa composante progressiste-sociétale.

Kunstler : « La sous-classe noire est plus grande, plus dysfonctionnelle et plus aliénée qu’elle ne l’était dans les années 1960. Ma théorie [...] est que la législation sur les droits civils de 1964 et 1965, qui éliminait les barrières légales à la pleine participation à la vie nationale, suscita chez les citoyens noirs une anxiété considérable dans la nouvelle situation créée, pour diverses raisons. C’est précisément pour cette cause déjà qu’un mouvement de séparatisme noir était apparu comme une alternative à l'époque, menée initialement par des personnages aussi charismatiques que Malcolm X et Stokely Carmichael. [...] Le legs du mouvement “Black Power” [...] a été exacerbé par la croisade pour le multiculturalisme et la diversité qui [...] détruit le concept de culture commune nationale. »)

L’hégémonisme-chaotique a fonctionné littéralement comme un ferment de paralysie et d’impuissance des divers points de support de l’hégémonie US active du temps de la Guerre froide, jusqu’à l’invertir complètement et en faire un événement qui transmue en boulet la puissance des USA et l’entraîne vers les abysses. Le progressisme-sociétal, quant à lui, introduit une dynamique irrésistible qui ne peut conduire qu’à l’effondrement par parcellisation, par dissolution, par désintégration, de la société US telle qu’elle a existé du temps de la toute-puissance, de l’American Century ... Ceux qui luttent contre le progressisme-sociétal, les paléoconservateurs et les traditionnalistes de l’américanisme, ne peuvent le faire qu’en proposant leur propre version déconstructiviste, c’est-à-dire en s’opposant et donc en se séparant d’une partie de la population.

(Le paradoxe déjà très-souvent vu ici, – mais la répétition, comme celle du concept de l’effondrement, ne fait que renforcer la puissance du concept, – c’est bien que le déconstructivisme s’attaque au Système comme si le Système était son ennemi à détruire absolument, avec une rage et une haine féroces, alors qu’il [le déconstructivisme] est directement l’enfant du Système. Comme le scorpion, le Système retourne contre lui son venin dans une courbe élégante et même gracieuse de surpuissance-autodestruction.)

Tout cela va très, très vite, à cause de la puissance de la communication qui active une véritable compression du temps et une accélération de l’Histoire selon la forme désormais bien définie pour nous de “tourbillon crisique” enchaînant et intégrant toutes les crises qui naissent et se rajoutent au tourbillon, exactement comme se creuse un typhon qui se renforce d’une énergie extérieure en se creusant, en accélérant, en se chargeant d’une extrême puissance. Désormais, parmi les avis de personnes dignes d’attention du fait de leur attitude antiSystème, l’“optimisme” se mesure à l’espoir qu’on manifeste que l’effondrement ne fasse pas trop de dégâts. Ron Paul dit au Washington Examiner le 26 décembre 2017 : « Nous sommes tout proche de quelque chose qui ressemble à ce qui est arrivé en 1989 lorsque le système soviétique s’est effondré. J’espère seulement que notre système se désintégrera avec aussi peu de dégâts que le système soviétique. » Kunstler, lui, pense que le réveil des diverses “irréalités” sera d’une extrême brutalité : « Ce sera le moment où personne n’aura plus d’argent, ou beaucoup d’argent qui n’aura plus aucune valeur. De toutes les façons, la faillite fonctionnelle de la nation sera complète et rien ne fonctionnera plus, y compris la possibilité de trouver de quoi se nourrir... »

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Qu’importe, la psychologie considérée ici comme un phénomène d’ordre collectif est prête, ou plutôt, plus encore, elle est demanderesse de l’effondrement du Système, de cela qui n’est rien de moins que la manœuvre invertie décisive de l’entropisation postmoderne se réduisant elle-même à l’entropisation (le coup du scorpion). Notre psychologie collective souhaite cet effondrement, elle le désire, elle le veut, pour que cesse cette intolérable attente dans un cadre de communication totamment mensonger, cette tension insupportable sous le poids du simulacre, consciente chez certains, inconsciente et latente chez d’autres qui sont le plus grand nombre. L’article de Kunstler, comme la déclaration de Ron Paul qui est venue à notre connaissance sans recherche particulière, constituent de ces signes manifestant la partie émergée de l’iceberg figurant l’attente de ces psychologies que nous décrivons ici.

Nous sommes dans une époque terrible, une époque de Fin des Temps. Il s’agit de cette époque terrible, encore bien plus terrible que celle que Vautrin décrivait au jeune Rastignac : « Il n’y a pas de principes, il n’y a que des évènements ; il n’y a pas de lois, il n’y a que des circonstances : l’homme supérieur épouse les évènements et les circonstances pour les conduire... » ... Une époque “encore bien plus terrible” où il nous faut “épouser” des évènements qui nous dominent, pour notre compte pour mieux les éclairer bien plus que pour “les conduire”, pour qu’enfin l’on puisse distinguer vers où se trouve la sortie de la grotte, et quand apparaîtra cette sortie.

Note

(*) D'après le titre du livre de Cornelius Ryan décrivant l'opération Market Garden lancée par Montgomery en septembre 1944 sur la Hollande et qui s'est terminée par un désastre qui décima une division aéroportée britannique pour l'objectif le plus éloigné, le pont d'Arnheim sur le Rhin.

dimanche, 08 octobre 2017

Western Civilization: Circumventing Postmodernism and the Frankfurt School

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Roundtable, NYU, 9/26/2017: Western Civilization: Circumventing Postmodernism and the Frankfurt School

(Mr. C. Doolittle, Dr. T. Sunic, Dr. K. MacDonald, Dr. C. Duchesne) 

vendredi, 25 août 2017

How French “Intellectuals” Ruined the West: Postmodernism and Its Impact, Explained

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How French “Intellectuals” Ruined the West: Postmodernism and Its Impact, Explained

Postmodernism presents a threat not only to liberal democracy but to modernity itself. That may sound like a bold or even hyperbolic claim, but the reality is that the cluster of ideas and values at the root of postmodernism have broken the bounds of academia and gained great cultural power in western society. The irrational and identitarian “symptoms” of postmodernism are easily recognizable and much criticized, but the ethos underlying them is not well understood. This is partly because postmodernists rarely explain themselves clearly and partly because of the inherent contradictions and inconsistencies of a way of thought which denies a stable reality or reliable knowledge to exist. However, there are consistent ideas at the root of postmodernism and understanding them is essential if we intend to counter them. They underlie the problems we see today in Social Justice Activism, undermine the credibility of the Left and threaten to return us to an irrational and tribal “pre-modern” culture.

Postmodernism, most simply, is an artistic and philosophical movement which began in France in the 1960s and produced bewildering art and even more bewildering  “theory.” It drew on avant-garde and surrealist art and earlier philosophical ideas, particularly those of Nietzsche and Heidegger, for its anti-realism and rejection of the concept of the unified and coherent individual. It reacted against the liberal humanism of the modernist artistic and intellectual movements, which its proponents saw as naïvely universalizing a western, middle-class and male experience.

It rejected philosophy which valued ethics, reason and clarity with the same accusation. Structuralism, a movement which (often over-confidently) attempted to analyze human culture and psychology according to consistent structures of relationships, came under attack. Marxism, with its understanding of society through class and economic structures was regarded as equally rigid and simplistic. Above all, postmodernists attacked science and its goal of attaining objective knowledge about a reality which exists independently of human perceptions which they saw as merely another form of constructed ideology dominated by bourgeois, western assumptions. Decidedly left-wing, postmodernism had both a nihilistic and a revolutionary ethos which resonated with a post-war, post-empire zeitgeist in the West. As postmodernism continued to develop and diversify, its initially stronger nihilistic deconstructive phase became secondary (but still fundamental) to its revolutionary “identity politics” phase.

It has been a matter of contention whether postmodernism is a reaction against modernity. The modern era is the period of history which saw Renaissance Humanism, the Enlightenment, the Scientific Revolution and the development of liberal values and human rights; the period when Western societies gradually came to value reason and science over faith and superstition as routes to knowledge, and developed a concept of the person as an individual member of the human race deserving of rights and freedoms rather than as part of various collectives subject to rigid hierarchical roles in society.

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The Encyclopaedia Britannica says postmodernism “is largely a reaction against the philosophical assumptions and values of the modern period of Western (specifically European) history” whilst the Stanford Encyclopaedia of Philosophy denies this and says “Rather, its differences lie within modernity itself, and postmodernism is a continuation of modern thinking in another mode.” I’d suggest the difference lies in whether we see modernity in terms of what was produced or what was destroyed. If we see the essence of modernity as the development of science and reason as well as humanism and universal liberalism, postmodernists are opposed to it. If we see modernity as the tearing down of structures of power including feudalism, the Church, patriarchy, and Empire, postmodernists are attempting to continue it, but their targets are now science, reason, humanism and liberalism. Consequently, the roots of postmodernism are inherently political and revolutionary, albeit in a destructive or, as they would term it, deconstructive way.

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The term “postmodern” was coined by Jean-François Lyotard in his 1979 book, The Postmodern Condition. He defined the postmodern condition as “an incredulity towards metanarratives.” A metanarrative is a wide-ranging and cohesive explanation for large phenomena. Religions and other totalizing ideologies are metanarratives in their attempts to explain the meaning of life or all of society’s ills. Lyotard advocated replacing these with “mininarratives” to get at smaller and more personal “truths.” He addressed Christianity and Marxism in this way but also science.

In his view, “there is a strict interlinkage between the kind of language called science and the kind called ethics and politics” (p8). By tying science and the knowledge it produces to government and power he rejects its claim to objectivity. Lyotard describes this incredulous postmodern condition as a general one, and argues that from the end of the 19th century, “an internal erosion of the legitimacy principle of knowledge” began to cause a change in the status of knowledge (p39). By the 1960s, the resulting “doubt” and “demoralization” of scientists had made “an impact on the central problem of legitimization” (p8). No number of scientists telling him they are not demoralized nor any more doubtful than befits the practitioners of a method whose results are always provisional and whose hypotheses are never “proven” could sway him from this.

We see in Lyotard an explicit epistemic relativity (belief in personal or culturally specific truths or facts) and the advocacy of privileging  “lived experience” over empirical evidence. We see too the promotion of a version of pluralism which privileges the views of minority groups over the general consensus of scientists or liberal democratic ethics which are presented as authoritarian and dogmatic. This is consistent in postmodern thought.

Michel Foucault’s work is also centered on language and relativism although he applied this to history and culture. He called this approach “archeology” because he saw himself as “uncovering” aspects of historical culture through recorded discourses (speech which promotes or assumes a particular view). For Foucault, discourses control what can be “known” and in different periods and places, different systems of institutional power control discourses. Therefore, knowledge is a direct product of power. “In any given culture and at any given moment, there is always only one ‘episteme’ that defines the conditions of possibility of all knowledge, whether expressed in theory or silently invested in a practice.”[1]

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Furthermore, people themselves were culturally constructed. “The individual, with his identity and characteristics, is the product of a relation of power exercised over bodies, multiplicities, movements, desires, forces.”[2]  He leaves almost no room for individual agency or autonomy. As Christopher Butler says, Foucault “relies on beliefs about the inherent evil of the individual’s class position, or professional position, seen as ‘discourse’, regardless of the morality of his or her individual conduct.”[3] He presents medieval feudalism and modern liberal democracy as equally oppressive, and advocates criticizing and attacking institutions to unmask the “political violence that has always exercised itself obscurely through them.” [4]

We see in Foucault the most extreme expression of cultural relativity read through structures of power in which shared humanity and individuality are almost entirely absent. Instead, people are constructed by their position in relation to dominant cultural ideas either as oppressors or oppressed. Judith Butler drew on Foucault for her foundational role in queer theory focusing on the culturally constructed nature of gender, as did Edward Said in his similar role in post-colonialism and “Orientalism” and Kimberlé Crenshaw in her development of “intersectionality” and advocacy of identity politics. We see too the equation of language with violence and coercion and the equation of reason and universal liberalism with oppression.

It was Jacques Derrida who introduced the concept of “deconstruction,” and he too argued for cultural constructivism and cultural and personal relativity. He focused even more explicitly on language. Derrida’s best-known pronouncement “There is no outside-text” relates to his rejection of the idea that words refer to anything straightforwardly. Rather, “there are only contexts without any center of absolute anchoring.” [5]

Therefore the author of a text is not the authority on its meaning. The reader or listener makes their own equally valid meaning and every text “engenders infinitely new contexts in an absolutely nonsaturable fashion.” Derrida coined the term différance which he derived from the verb “differer” which means both “to defer” and “to differ.” This was to indicate that not only is meaning never final but it is constructed by differences, specifically by oppositions. The word “young” only makes sense in its relationship with the word “old” and he argued, following Saussure, that meaning is constructed by the conflict of these elemental oppositions which, to him, always form a positive and negative. “Man” is positive and ‘woman’ negative. “Occident” is positive and “Orient” negative. He insisted that “We are not dealing with the peaceful co-existence of a vis-a-vis, but rather with a violent hierarchy. One of the two terms governs the other (axiologically, logically, etc.), or has the upper hand. To deconstruct the opposition, first of all, is to overturn the hierarchy at a given moment.”[6] Deconstruction, therefore, involves inverting these perceived hierarchies, making “woman” and “Orient” positive and “man” and “Occident” negative. This is to be done ironically to reveal the culturally constructed and arbitrary nature of these perceived oppositions in unequal conflict.

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We see in Derrida further relativity, both cultural and epistemic, and further justification for identity politics. There is an explicit denial that differences can be other than oppositional and therefore a rejection of Enlightenment liberalism’s values of overcoming differences and focusing on universal human rights and individual freedom and empowerment. We see here the basis of “ironic misandry” and the mantra “reverse racism isn’t real” and the idea that identity dictates what can be understood. We see too a rejection of the need for clarity in speech and argument and to understand the other’s point of view and avoid minterpretation. The intention of the speaker is irrelevant. What matters is the impact of speech. This, along with Foucauldian ideas, underlies the current belief in the deeply damaging nature of “microaggressions” and misuse of terminology related to gender, race or sexuality.

Lyotard, Foucault, and Derrida are just three of the “founding fathers” of postmodernism but their ideas share common themes with other influential “theorists” and were taken up by later postmodernists who applied them to an increasingly diverse range of disciplines within the social sciences and humanities. We’ve seen that this includes an intense sensitivity to language on the level of the word and a feeling that what the speaker means is less important than how it is received, no matter how radical the interpretation. Shared humanity and individuality are essentially illusions and people are propagators or victims of discourses depending on their social position; a position which is dependent on identity far more than their individual engagement with society. Morality is culturally relative, as is reality itself. Empirical evidence is suspect and so are any culturally dominant ideas including science, reason, and universal liberalism. These are Enlightenment values which are naïve, totalizing and oppressive, and there is a moral necessity to smash them. Far more important is the lived experience, narratives and beliefs of “marginalized” groups all of which are equally “true” but must now be privileged over Enlightenment values to reverse an oppressive, unjust and entirely arbitrary social construction of reality, morality and knowledge.

The desire to “smash” the status quo, challenge widely held values and institutions and champion the marginalized is absolutely liberal in ethos. Opposing it is resolutely conservative. This is the historical reality, but we are at a unique point in history where the status quo is fairly consistently liberal, with a liberalism that upholds the values of freedom, equal rights and opportunities for everyone regardless of gender, race and sexuality. The result is confusion in which life-long liberals wishing to conserve this kind of liberal status quo find themselves considered conservative and those wishing to avoid conservatism at all costs find themselves defending irrationalism and illiberalism. Whilst the first postmodernists mostly challenged discourse with discourse, the activists motivated by their ideas are becoming more authoritarian and following those ideas to their logical conclusion. Freedom of speech is under threat because speech is now dangerous. So dangerous that people considering themselves liberal can now justify responding to it with violence. The need to argue a case persuasively using reasoned argument is now often replaced with references to identity and pure rage.

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Despite all the evidence that racism, sexism, homophobia, transphobia and xenophobia are at an all-time low in Western societies, Leftist academics and SocJus activists display a fatalistic pessimism, enabled by postmodern interpretative “reading” practices which valorize confirmation bias. The authoritarian power of the postmodern academics and activists seems to be invisible to them whilst being apparent to everyone else. As Andrew Sullivan says of intersectionality:

“It posits a classic orthodoxy through which all of human experience is explained — and through which all speech must be filtered. … Like the Puritanism once familiar in New England, intersectionality controls language and the very terms of discourse.” [7]

Postmodernism has become a Lyotardian metanarrative, a Foucauldian system of discursive power, and a Derridean oppressive hierarchy.

The logical problem of self-referentiality has been pointed out to postmodernists by philosophers fairly constantly but it is one they have yet to address convincingly. As Christopher Butler points out, “the plausibility of Lyotard’s claim for the decline of metanarratives in the late 20th century ultimately depends upon an appeal to the cultural condition of an intellectual minority.” In other words, Lyotard’s claim comes directly from the discourses surrounding him in his bourgeois academic bubble and is, in fact, a metanarrative towards which he is not remotely incredulous. Equally, Foucault’s argument that knowledge is historically contingent must itself be historically contingent, and one wonders why Derrida bothered to explain the infinite malleability of texts at such length if I could read his entire body of work and claim it to be a story about bunny rabbits with the same degree of authority.

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This is, of course, not the only criticism commonly made of postmodernism. The most glaring problem of epistemic cultural relativity has been addressed by philosophers and scientists. The philosopher, David Detmer, in Challenging Postmodernism, says

“Consider this example, provided by Erazim Kohak, ‘When I try, unsuccessfully, to squeeze a tennis ball into a wine bottle, I need not try several wine bottles and several tennis balls before, using Mill’s canons of induction, I arrive inductively at the hypothesis that tennis balls do not fit into wine bottles’… We are now in a position to turn the tables on [postmodernist claims of cultural relativity] and ask, ‘If I judge that tennis balls do not fit into wine bottles, can you show precisely how it is that my gender, historical and spatial location, class, ethnicity, etc., undermine the objectivity of this judgement?” [8]

However, he has not found postmodernists committed to explaining their reasoning and describes a bewildering conversation with postmodern philosopher, Laurie Calhoun,

“When I had occasion to ask her whether or not it was a fact that giraffes are taller than ants, she replied that it was not a fact, but rather an article of religious faith in our culture.”

Physicists Alan Sokal and Jean Bricmont address the same problem from the perspective of science in Fashionable Nonsense: Postmodern Intellectuals’ Abuse of Science:

“Who could now seriously deny the ‘grand narrative’ of evolution, except someone in the grip of a far less plausible master narrative such as Creationism? And who would wish to deny the truth of basic physics? The answer was, ‘some postmodernists.’”

and

“There is something very odd indeed in the belief that in looking, say, for causal laws or a unified theory, or in asking whether atoms really do obey the laws of quantum mechanics, the activities of scientists are somehow inherently ‘bourgeois’ or ‘Eurocentric’ or ‘masculinist’, or even ‘militarist.'”

How much of a threat is postmodernism to science? There are certainly some external attacks. In the recent protests against a talk given by Charles Murray at Middlebury, the protesters chanted, as one,

“Science has always been used to legitimize racism, sexism, classism, transphobia, ableism, and homophobia, all veiled as rational and fact, and supported by the government and state. In this world today, there is little that is true ‘fact.'”[9]

When the organizers of the March for Science tweeted:

“colonization, racism, immigration, native rights, sexism, ableism, queer-, trans-, intersex-phobia, & econ justice are scientific issues,”[10] many scientists immediately criticized this politicization of science and derailment of the focus on preservation of science to intersectional ideology. In South Africa, the #ScienceMustFall and #DecolonizeScience progressive student movement announced that science was only one way of knowing that people had been taught to accept. They suggested witchcraft as one alternative. [11]

Despite this, science as a methodology is not going anywhere. It cannot be “adapted” to include epistemic relativity and “alternative ways of knowing.” It can, however, lose public confidence and thereby, state funding, and this is a threat not to be underestimated. Also, at a time in which world rulers doubt climate change, parents believe false claims that vaccines cause autism and people turn to homeopaths and naturopaths for solutions to serious medical conditions, it is dangerous to the degree of an existential threat to further damage people’s confidence in the empirical sciences.

The social sciences and humanities, however, are in danger of changing out of all recognition. Some disciplines within the social sciences already have. Cultural anthropology, sociology, cultural studies and gender studies, for example, have succumbed almost entirely not only to moral relativity but epistemic relativity. English (literature) too, in my experience, is teaching a thoroughly postmodern orthodoxy. Philosophy, as we have seen, is divided. So is history.

Empirical historians are often criticized by the postmodernists among us for claiming to know what really happened in the past. Christopher Butler recalls Diane Purkiss’ accusation that Keith Thomas was enabling a myth that grounded men’s historical identity in “the powerlessness and speechlessness of women” when he provided evidence that accused witches were usually powerless beggar women. Presumably, he should have claimed, against the evidence, that they were wealthy women or better still, men. As Butler says,

“It seems as though Thomas’s empirical claims here have simply run foul of Purkiss’s rival organizing principle for historical narrative – that it should be used to support contemporary notions of female empowerment” (p36)

I encountered the same problem when trying to write about race and gender at the turn of the seventeenth century. I’d argued that Shakespeare’s audience’s would not have found Desdemona’s attraction to Black Othello, who was Christian and a soldier for Venice, so difficult to understand because prejudice against skin color did not become prevalent until a little later in the seventeenth century when the Atlantic Slave Trade gained steam, and that religious and national differences were far more profound before that. I was told this was problematic by an eminent professor and asked how Black communities in contemporary America would feel about my claim. If today’s African Americans felt badly about it, it was implied, it either could not have been true in the seventeenth century or it is morally wrong to mention it. As Christopher Butler says,

“Postmodernist thought sees the culture as containing a number of perpetually competing stories, whose effectiveness depends not so much on an appeal to an independent standard of judgement, as upon their appeal to the communities in which they circulate.”

I fear for the future of the humanities.

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The dangers of postmodernism are not limited to pockets of society which center around academia and Social Justice, however. Relativist ideas, sensitivity to language and focus on identity over humanity or individuality have gained dominance in wider society. It is much easier to say what you feel than rigorously examine the evidence. The freedom to “interpret” reality according to one’s own values feeds into the very human tendency towards confirmation bias and motivated reasoning.

It has become commonplace to note that the far-Right is now using identity politics and epistemic relativism in a very similar way to the postmodern-Left. Of course, elements of the far-Right have always been divisive on the grounds of race, gender and sexuality and prone to irrational and anti-science views but postmodernism has produced a culture more widely receptive to this. Kenan Malik describes this shift,

“When I suggested earlier that the idea of ‘alternative facts’ draws upon ‘a set of concepts that in recent decades have been used by radicals’, I was not suggesting that Kellyanne Conway, or Steve Bannon, still less Donald Trump, have been reading up on Foucault or Baudrillard… It is rather that sections of academia and of the left have in recent decades helped create a culture in which relativized views of facts and knowledge seem untroubling, and hence made it easier for the reactionary right not just to re-appropriate but also to promote reactionary ideas.”[12]

This “set of concepts” threaten to take us back to a time before the Enlightenment, when “reason” was regarded as not only inferior to faith but as a sin. James K. A. Smith, Reformed theologian and professor of philosophy, has been quick to see the advantages for Christianity and regards postmodernism as “a fresh wind of the Spirit sent to revitalize the dry bones of the church” (p18). In Who’s Afraid of Postmodernism?: Taking Derrida, Lyotard, and Foucault to Church, he says,

“A thoughtful engagement with postmodernism will encourage us to look backward. We will see that much that goes under the banner of postmodern philosophy has one eye on ancient and medieval sources and constitutes a significant recovery of premodern ways of knowing, being, and doing.” (p25)

and

“Postmodernism can be a catalyst for the church to reclaim its faith not as a system of truth dictated by a neutral reason but rather as a story that requires ‘eyes to see and ears to hear.” (p125)

We on the Left should be very afraid of what “our side” has produced. Of course, not every problem in society today is the fault of postmodern thinking, and it is not helpful to suggest that it is. The rise of populism and nationalism in the US and across Europe are also due to a strong existing far-Right and the fear of Islamism produced by the refugee crisis. Taking a rigidly “anti-SJW” stance and blaming everything on this element of the Left is itself rife with motivated reasoning and confirmation bias. The Left is not responsible for the far-Right or the religious-Right or secular nationalism, but it is responsible for not engaging with reasonable concerns reasonably and thereby making itself harder for reasonable people to support. It is responsible for its own fragmentation, purity demands and divisiveness which make even the far-Right appear comparatively coherent and cohesive.

In order to regain credibility, the Left needs to recover a strong, coherent and reasonable liberalism. To do this, we need to out-discourse the postmodern-Left. We need to meet their oppositions, divisions and hierarchies with universal principles of freedom, equality and justice. There must be a consistency of liberal principles in opposition to all attempts to evaluate or limit people by race, gender or sexuality. We must address concerns about immigration, globalism and authoritarian identity politics currently empowering the far- Right rather than calling people who express them “racist,” “sexist” or “homophobic” and accusing them of wanting to commit verbal violence. We can do this whilst continuing to oppose authoritarian factions of the Right who genuinely are racist, sexist and homophobic, but can now hide behind a façade of reasonable opposition to the postmodern-Left.

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Our current crisis is not one of Left versus Right but of consistency, reason, humility and universal liberalism versus inconsistency, irrationalism, zealous certainty and tribal authoritarianism. The future of freedom, equality and justice looks equally bleak whether the postmodern Left or the post-truth Right wins this current war. Those of us who value liberal democracy and the fruits of the Enlightenment and Scientific Revolution and modernity itself must provide a better option.

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Helen Pluckrose is a researcher in the humanities who focuses on late medieval/early modern religious writing for and about women. She is critical of postmodernism and cultural constructivism which she sees as currently dominating the humanities. You can connect with her on Twitter @HPluckrose

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Notes

[1] The Order of Things: An Archaeology of the Human Sciences (2011) Routledge. p183

[2] ‘About the Beginning of the Hermeneutics of the Self: Two Lectures at Dartmouth.’ Political Theory, 21, 198-227

[3] Postmodernism: A Very Short Introduction. (2002) Oxford University Press. p49

[4] The Chomsky – Foucault Debate: On Human Nature (2006) The New Press. P41

[5] http://hydra.humanities.uci.edu/derrida/sec.html

[6] Positions. (1981) University of Chicago Press p41

[7] http://hotair.com/archives/2017/03/10/is-intersectionality-a-religion/

[8] Challenging Postmodernism: Philosophy and the Politics of Truth (2003) Prometheus Press. p 26.

[9] In Sullivan http://hotair.com/archives/2017/03/10/is-intersectionality-a-religion/

[10]  http://dailycaller.com/2017/01/30/anti-trump-march-for-sc...

[11] http://blogs.spectator.co.uk/2016/10/science-must-fall-ti...

[12] https://kenanmalik.wordpress.com/2017/02/05/not-post-trut...

Helen Pluckrose

Helen Pluckrose is a researcher in the humanities who focuses on late medieval/early modern religious writing for and about women. She is critical of postmodernism and cultural constructivism which she sees as currently dominating the humanities.

dimanche, 26 mars 2017

Die Entstehung des Postmodernismus: Waffe der CIA im Kampf gegen US-kritische Intellektuelle

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Die Entstehung des Postmodernismus: Waffe der CIA im Kampf gegen US-kritische Intellektuelle

 
 
Ein mittlerweile öffentlich zugänglicher Bericht der CIA aus dem Jahr 1985 belegt das große Interesse der CIA an so genannten poststrukturalistischen Denkern wie Michel Foucault, Jacque Lacan und Rolandes Barthes. Das Missionsziel: die Spaltung der Linken.

Wir schreiben das Jahr 1971. Am 7. Januar startet zum letzten Mal ein Flugzeug mit dem Entlaubungsmittel Agent Orange an Bord, um seine todbringende Fracht über Vietnam zu versprühen. Im Juni desselben Jahres beginnt die New York Times damit, geheime Pentagon-Papiere über den Vietnam-Krieg zu veröffentlichen. US-Präsident Richard Nixon versucht über die Justiz, weitere Veröffentlichungen zu verhindern - scheitert aber später vor dem Obersten Gerichtshof der USA.

Im selben Jahr wird es zu einem bemerkenswerten Zusammentreffen kommen. Der französische Philosoph, Psychologe und Soziologe Michel Foucault trifft in einem niederländischen Fernsehstudio auf den US-amerikanischen Linguisten Noam Chomsky. Das Thema der Diskussion lautet "The Human Nature: Justice versus Power" ("Die Menschliche Natur - Gerechtigkeit gegen Macht"). Es entwickelt sich eine tiefgreifende Diskussion darüber, ob der Mensch überhaupt so etwas wie die vielzitierte menschliche Natur hat, und darüber, inwieweit der Mensch ein Produkt gesellschaftlicher Bedingungen ist. Doch vor allem geht es um ein Thema: Wer wird den intellektuellen und politischen Diskurs der Zukunft dominieren?

Am Ende der Diskussion wird Chomsky ernüchtert feststellen, noch nie einen solchen Amoralisten getroffen zu haben wie Foucault. Die 1960er, 1970er und auch noch die 1980er Jahre markieren nicht nur die Spaltung der Welt in NATO und Warschauer Block, zwischen Kapitalismus und Kommunismus. Auch in der westlichen Intelligenzija kommt es zu einem folgenschweren Bruch. Dieser sollte sich Jahrzehnte später in einer Aufspaltung des linken Spektrums in eine so genannte kulturelle Linke und eine soziale Linke manifestieren.

Vereinfacht zusammengefasst lassen sich die beiden Richtungen so beschreiben: Unter der kulturellen Linken versteht man allgemeinhin soziale Bewegungen, die sich verstärkt für feministische, LGBT, kulturelle und antirassistische Themen engagieren. Zwar ist auch die kulturelle Linke klassischen sozialen Themen gegenüber, wie zum Beispiel der Arbeiterbewegung, in der Regel nicht feindselig eingestellt. Ihre Betonung liegt jedoch verstärkt auf die Herstellung von Gerechtigkeit durch Anerkennung von Differenzen.

Die soziale Linke hingegen definiert sich nach wie vor über die Eigentumsfrage. Klassische linke Themen wie Arbeiterbewegung, Gewerkschaften und Umverteilung von Reichtum stehen im Zentrum der Debatten. Das Augenmerk liegt vor allem auf der materiellen Ordnung und weniger auf der symbolischen. Diese Unterscheidung präsentiert sich in der Theorie und auch in der Praxis zwar selten so eindeutig, spiegelt aber dennoch die Tendenzen der letzten Jahrzehnte wieder. Die Politikwissenschaftlerin Nancy Fraser hat die Trennung unter anderem in ihrem Buch aus dem Jahre 2001 beschrieben. Dieses trägt den Titel: Die halbierte Gesellschaft. Schlüsselbegriffe des postindustriellen Sozialstaats.

Als Chomsky und Foucault sich 1971 in den Niederlanden darüber stritten, was Foucault einmal das "linke und linkische Gerede von Menschen" nannte, haben vermutlich auch einige Männer und Frauen im Publikum gesessen, die eine andere Agenda verfolgten. Ihnen ging es weniger darum, welcher intellektuelle Diskurs in der Zukunft den Menschen konstituieren würde. Sie hatten eher pragmatische und machtpolitische Ziele: Ihnen ging es um die Schwächung aller Intellektuellen, die sich kritisch zu der US-amerikanischen Politik äußerten.

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Dazu brauchte es einen Paradigmenwechsel - von Jean-Paul Sartre zu Michel Foucault. Während Sartre, genauso wie übrigens seine Frau Simone de Beauvoir, auch heute noch als quasi Fleisch gewordenes Klischee des engagierten, sich einmischenden Intellektuellen gilt, ließ sich Foucault nie wirklich zuordnen. Foucault ist vermutlich das größte politische Missverständnis der jüngeren Geschichte. Er war kein Rechter, er war kein Linker - er war noch nicht einmal ein Liberaler. Doch er war der richtige Mann zur richtigen Zeit. Eine Studie der CIA, die seit kurzer Zeit öffentlich zugänglich ist, zeigt auch, warum.

In mühevoller Kleinarbeit wird auf über 20 Seiten minutiös dargelegt, warum die Förderung dieses neuen Typus von französischem Intellektuellem im Interesse der USA lag. Zu Beginn der Studie wird erläutert, wie es überhaupt zu der wichtigen politischen Rolle des Intellektuellen in der französischen Gesellschaft gekommen ist. Angefangen hatte dies mit der so genannten Dreyfus-Affäre. Der französische Artillerie-Hauptmann Alfred Dreyfus wurde 1894 durch ein Kriegsgericht wegen angeblichen Landesverrats verurteilt. Man warf ihm vor, Militärgeheimnisse weitergereicht zu haben. Ausgerechnet an den Erzfeind: das Deutsche Kaiserreich.

Doch es stellte sich heraus, dass Dreyfus unschuldig war. Der Skandal zog weite Kreise. Dreyfus war Jude. Deshalb versuchten antisemitische, katholische und monarchistische Gruppen, die Bevölkerung aufzuwiegeln und die Verurteilung des wahren Schuldigen, Major Ferdinand Walsin-Esterházy, zu verhindern. Auch der berühmte französische Schriftsteller Émile Zola mischte sich ein. Sein Artikel "J´accuse!" ("Ich klage an!") trug maßgeblich dazu bei, Dreyfus zu rehabilitieren, und gilt als Geburtsstunde des sich einmischenden Intellektuellen.

All dies wird im Dossier der CIA aufgeführt. Doch es ging den Verfassern der Studie nicht um die Vergangenheit, sondern um die Zukunft. Die Aufmerksamkeit sollte weg von den USA und hin zur UdSSR gelenkt werden. Was man heute als Cyberwar und Asymmetrische Kriegsführung bezeichnen würde, nannte man früher den globalen Kulturkrieg. Und die CIA wusste, welche Hebel sie bedienen musste.
 

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Organisationen wie zum Beispiel der Congress für Cultural Freedom (CCF), der Kongress für kulturelle Freiheit, eine von 1950 bis 1969 in Paris ansässige Kulturorganisation, die von der CIA finanziert wurde, spielte dabei eine bedeutsame Rolle. Über sie nahm man aktiv Einfluss auf sogenannte linksliberale Intellektuelle, um diese für den Kampf gegen den Totalitarismus zu gewinnen. Bekämpft wurden US-Kritiker wie zum Beispiel Thomas Mann, Jean-Paul Sartre und Pablo Neruda.

Der Kongress für kulturelle Freiheit hatte Büros in über 35 Ländern der Welt. Darunter natürlich auch in West-Berlin. Er publizierte mehrere Zeitungen und Zeitschriften, war an Buchverlagen beteiligt, organisierte hochwertige nationale wie auch internationale Konferenzen und Ausstellungen. Darüber hinaus beteiligte er sich an der Finanzierung von Kunstpreisen und Stipendien.

Im Fall der Studie über die französischen Intellektuellen ging es konkret darum, über die Manipulation bestimmter prominenter Köpfe die Meinungs- und Deutungshoheit in politischen Fragen zu gewinnen. Die Linke in Frankreich genoss durch ihr starkes Engagement in der Resistance während der deutschen Besatzung einen untadeligen Ruf. Damit stand sie im Gegensatz zu vielen Konservativen und Rechten, die sich zum Teil im Vichy-Regime kompromittierten.

Nirgends war aber auch der Anti-US-Amerikanismus in Frankreich stärker ausgeprägt als bei den Linken. Diese Hegemonie galt es zu brechen. Und dazu musste der Blick weg von dem Vietnam-Krieg (1955 bis 1975), weg von den Interventionen in Guatemala (1954), Dominikanische Republik (1965), Chile (1973) sowie El Salvador und Nicaragua in den 1980er Jahren. Stattdessen sollte der Blick auf die totalitäre UdSSR gerichtet werden.

Die Zeit war dafür auch günstig. Die Erfahrungen des Zweiten Weltkriegs und der gescheiterten faschistischen Utopien saßen tief. Auf der Gegenseite gab es aber auch die Erfahrungen in der Sowjetunion mit Stalin und dem Gulag. Sie galten als Belastung für westliche Linke. Vor diesem Hintergrund wendeten sich mehr und mehr so genannte "progressive Intellektuelle" von den "großen Narrativen" ab.

Ein Mann wie Jean-Paul Sartre war da ein Hindernis. Sartre war zwar kein Stalinist, hielt sich mit Kritik jedoch auch zurück. Er schrieb später selbstkritisch dazu, dass die politischen Ereignisse ihn dazu verführt hätten, das Klassenkampf-Schema "wie ein Gitternetz zu verwenden, was mehr der Bequemlichkeit als der Wahrheit diente".

Es brauchte neue Köpfe. Also förderte man anti-marxistische Intellektuelle wie zum Beispiel Bernard-Henri Lévy, André Glucksman oder Jean-François Revel, die sich in mehreren Publikationen angriffslustig gegen die "letzten Retter des Kommunismus" wandten. Zudem waren die neuen Köpfe umso glaubhafter, da sie selber eine linke Vergangenheit vorzuweisen hatten.

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Doch die CIA war noch raffinierter. Nicht nur Intellektuelle, die sich offen gegen den Marxismus aussprachen, waren wertvoll. Vor allem solche, die vorgaben, so genannte reformierte Marxisten zu sein, waren Goldes wert, wie die Studie erläutert:
Noch effektiver im Untergraben des Marxismus waren solche Intellektuelle, die als "wahre Marxisten" starteten, um dann die ganze marxistische Tradition abzulehnen und zu überdenken.
In der Studie wird Michel Foucault als einer jener Intellektuellen zitiert, die einen Anteil daran hatten, "den Marxismus in den Sozialwissenschaften entscheidend zu demolieren". Er wird als der "einflussreichste und tiefste Denker Frankreichs" beschrieben. Man hob dabei seine Kritik an der rationalen Aufklärung des 18. Jahrhunderts und des revolutionären Zeitalters hervor, die zu "blutigen Konsequenzen" geführt habe.

Es würde zu weit führen, hier die Philosophie von Foucault erklären zu wollen. Grob formuliert prägt er vor allem den Diskurs darüber, wie Wissen entsteht und Geltung erlangt. Und wie Macht ausgeübt wird und dabei Subjekte konstituiert und diszipliniert werden. Foucault wurde für seine Gedanken aus ganz verschiedenen Richtungen des akademischen und politischen Spektrums kritisiert: als Anarchist, Linksradikaler, Marxist, Kryptomarxist, Nihilist, Antiwissenschaftler und Irrationalist, Antimarxist, Neoliberaler, gaullistischer Technokrat oder Rechter.

Rechte warfen ihm vor, er stelle jede Macht in Frage und sei eine Gefahr für die geistige Gesundheit der Studenten. Linke hingegen, unter anderem Jean-Paul Sartre, hielten ihm hingegen vor, letztes Bollwerk der Bourgeoisie zu sein oder in der Nähe von Hitlers "Mein Kampf" zu stehen.

Die Maskerade gehörte bei Foucault zum Spiel dazu. Er war ein Vorreiter dessen, was man heute gemeinhin und diffus als die Postmoderne betitelt. Eine neue Unübersichtlichkeit, in der es Wahrheit und Entscheidungen nicht geben kann. Und in der bestehende Machtverhältnisse dekonstruiert, aber nicht mehr revolutionär verändert werden können.

Eine weitere Strategie der CIA bestand darin, das Ansehen der Sozialwissenschaften selbst zu unterminieren. Statt Soziologie oder Philosophie zu studieren, sollten die Studenten lieber Wirtschafts- und Ingenieurskurse belegen. Alles, was von der Herausbildung eines so genannten kritischen Bewusstseins, vor allem für soziale Belange, wegführte, war willkommen.

Ein guter Lesetipp, um dieses Thema weiter zu vertiefen, ist das Buch Wer die Zeche zahlt... Der CIA und die Kultur im Kalten Krieg von Frances Stonor Saunders. Es belegt neben den vielfältigen Aktivitäten der CIA im Kalten Krieg vor allem eines: die große Angst der CIA vor der Kraft der Gedanken und Worte.

Kommentar: Viele der hier angesprochenen Punkte werden auch in Lobaczewskis Buch Politische Ponerologie behandelt. Darunter fällt die Korrumpierung von Disziplinen (v.a. Geistes-, Sozial- und Neurowissenschaften), die psychopathischen Individuen an der Macht gefährlich werden könnten sowie die Neutralisierung von (potentiell) kritischen Intellektuellen. Denn das unkorrumpierte Wissen in Verbindung mit Mut und Umsicht kann dazu ermächtigen, den Finger auf die Wunde zu legen und jene Machthaber zu entmachten. Die CIA ist als psychopathisches Machtkonglomerat und wesentlicher Bestandteil unserer Pathokratie natürlich ein Gegner wahrhaft kritischen Intellektualismus, der die Existenz der CIA bedrohen könnte.

© SOTT
Politische Ponerologie: Eine Wissenschaft über das Wesen des Bösen und ihre Anwendung für politische Zwecke

jeudi, 08 septembre 2016

La culture postmoderne

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Pierre Le Vigan

La culture postmoderne

La culture a changé. D’où bien des malentendus. Y a-t-il baisse ou non du niveau culturel, éducatif, scolaire ? Le sens de ces mots a changé de sens. Sommes-nous plus égaux qu’avant face à l’accès à la culture ? Le « culturel » n’a-t-il pas remplacé la culture ? La réponse à ces questions dépend de l’idée qu’il y aurait ou non une culture postmoderne, différente de la culture « traditionnelle », qui incluait pourtant la culture moderne. Pour y voir plus clair, une petite enquête s’impose autour de la notion de postmodernité.

Par culture postmoderne, on définit une pratique culturelle désinvestie des idéologies et des grands récits : communisme, socialisme, christianisme, etc.  La culture postmoderne n’est plus « en surplomb ».

Tout a changé. La modernité, c’était le chemin vers le progrès. Demain sera mieux qu’hier. Les postmodernes (qui sont moins de grands intellectuels que des concepteurs, des « créatifs ») disent simplement : demain sera un autre présent et seul le présent compte. Les modernes croyaient à la hiérarchie des savoirs : apprendre plus amenait à mieux comprendre le monde et à aller vers le bien, vers les Lumières, cette  philosophie à la fois allemande, française et anglaise qui avait amené au XVIIIe siècle à remettre en cause les régimes de droit divin et à mettre « la Raison » au pouvoir – et au pouvoir aussi la bourgeoisie qui portait cette valeur.

Les postmodernes n’ont, au contraire, pas de message à délivrer, ils ne croient pas que plus de sciences permettra de mieux comprendre le monde et de l’améliorer. Comprendre ne sert, pour eux, qu’à utiliser les nouvelles techniques. Ils ne croient pas au grand changement de société puisque tout est changements au pluriel, puisque tout « bouge »… et que tous zappent. Les postmodernes ont leur sport : la « glisse » plutôt que la boxe. Ils ont leur style : la latéralité plus que l’affrontement.

Culture de l’hédonisme

Chaque évolution culturelle a une histoire. Comment en est-on arrivé là ? A partir des années 60, le modèle sociétal et familial a cessé d’être autoritaire et vertical, du haut vers le bas, pour devenir horizontal. Pour le dire autrement, le père devient un « papa-grand copain », un « copain (presque) comme les autres ». Une culture de l’hédonisme  a pris le pas sur une culture du devoir.

Jean-François Lyotard est un des premiers à avoir analysé ce phénomène. Les postmodernes ne croient plus aux idéologies. Mais ils croient à d’autres choses, à des « valeurs ». Ce sont la tolérance, la liberté d’être soi, le droit à la différence. Dans presque tous les domaines, c’est la mode qui définit la postmodernité. Seul le présent a de la valeur. « La postmodernité est l’état social démocratique recyclé par la logique de la mode.  Pas la logique du vêtement mais un processus se déployant autour de trois pôles : la logique de l’éphémère et du renouvellement constant, la logique de la séduction, enfin la logique des différenciations marginales », écrit Gilles Lipovetsky.

De là s’instaure une dialectique. Le totalitarisme du présent, ou encore la dictature du présent, partout uniformise le monde (on pleure tous en même temps Michael Jackson), mais, en parallèle, la société se divise en de multiples strates ou « tribus » musicales, vestimentaires, sexuelles, etc. Il se déroule un processus de fragmentation identitaire : chacun veut affirmer son « soi ». C’est pourquoi la seule idéologie de la postmodernité ne peut être que la tolérance ou encore les droits de l’homme.

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Il arrive toutefois que la postmodernité se combine à l’ancienne modernité. Par exemple dans l’entreprise. Le culte moderne de la performance s’allie à des valeurs postmodernes : l’épanouissement, le « fun », l’écoute de l’autre. La plupart des entreprises créent des cellules « anti-stress » même si, bien entendu, dans une société du spectacle, il a fallu quelques suicides pour en arriver là. Mais c’est un signe de la postmodernité que cette prise en compte des souffrances psychiques, ignorées dans la logique purement moderne basée sur le « il ne faut pas s’écouter », « il faut tenir le coup », voire « ceux qui craquent ne sont pas de vrais hommes », etc. Deux logiques, deux mondes. Mais pourtant, l’objectif reste celui de la modernité : l’efficacité économique, la performance, l’adaptabilité compétitive.

Chacun pour soi ou le tribalisme postmoderne

Fragmentation identitaire, fin des idéaux fédérateurs, apologie de la recherche de soi, narcissisme, hédonisme, tout concorde pour décrire un nouvel âge de l’individualisme, fondé, non plus seulement sur la compétition dans le domaine du travail, mais sur l’expression de soi. Les moyens modernes, internet, télévision câblée offrant un choix de programmes presque illimité, téléphone portable y contribuent. Chacun peut être soi et être le plus singulier possible. De moins en moins de choses sont partagées par tous : il est loin le temps où chacun, le lundi matin, parlait du « film du dimanche soir ».

*

Le commerce produit la société la plus conforme aux besoins de l’expansion du commerce.  L’objectif est-il d’être soi, tout seul ? Assistons-nous au triomphe de la solitude ? Pas vraiment. C’est pourquoi a été développée la thèse d’un « temps des tribus » et d’une sortie de l’individualisme.

creux.gifAvec l’objectif affiché de « cesser de haïr le présent », le sociologue Michel Maffesoli fait à beaucoup d’égards l’apologie de ce présent. La diffusion d’un film amateur de téléphone portable sur Internet ? C’est de l’information au même titre qu’un article du journal Le Monde. C’est même la marque de la démocratisation de l’information puisque celle-ci devient en quelque sorte immanente à la société. « La culture, ce n’est pas uniquement les œuvres de la culture et pas simplement les musées, la musique de concert, etc., mais c’est la musique de tous les jours, c’est ce que j’ai appelé dans un de mes livres (Au creux des apparences, 1990) – “l’esthétisation de la vie quotidienne”. Et je crois que le mot “esthétique” est quand même l’élément essentiel de cet Actuel, de ce Quotidien »[1]. Ainsi parle Mafffesoli.

Ces nouvelles pratiques conviviales conduiraient à dire que le temps de l’individualisme est dépassé. De nouveaux regroupements communautaires auraient succédé au temps de l’individu. Telle serait la marque de la postmodernité, succédant à la modernité « progressiste, autoritaire, performative ». C’est la thèse que défend inlassablement Michel Maffesoli,  depuis Le temps des tribus, le déclin de l'individualisme dans les sociétés de masse (Méridiens Klincksieck, 1988). Mais l’objectif n’est ni de haïr le présent ni d’en faire l’apologie. Il est de le comprendre, et de nous comprendre dans ce présent.

Bien entendu, l’intérêt pour le quotidien, les choses proches (la proxémie) est la chair même de la sociologie. On peut pourtant s’y intéresser sans considérer que les réflexions sur la perte de ce qui fait une société et un peuple ne sont que des lamentations. Or, le « vivre-ensemble » complet, c’est-à-dire celui qui fait un peuple, n’est pas seulement la proxémie, c’est aussi la transmission, et le sens des hiérarchies, par exemple dans le domaine artistique. Poussons la logique du vivre ensemble jusqu’au bout. Cette logique c’est que nous ne pouvons pas vivre avec n’importe qui, et que le vrai vivre ensemble est exigeant, ce sont les exigences qui font un peuple qui veut rester un peuple. Ce sont les exigences d’un peuple qui n’admet pas ce qui le détruit.

*

La thèse du passage de l’individualisme moderne au tribalisme postmoderne est sujette à caution. Dés lors que l’adhésion aux « tribus » est temporaire, réversible et peut être plurielle (on adhère à plusieurs tribus à la fois), elle n’est pas plus porteuse de sens et d’appartenance que les autres logiques de consommation, par définition éphémères. Selon Gilles Lipovetsky, prenant le contrepied de Michel Maffesoli, nous restons dans l’individualisme, « ce qui n’a jamais signifié la fin de toute forme d’appartenance collective mais le principe d’autonomie y compris dans les appartenances de groupe. »[2]

Il y a la culture et le « culturel »

Décrire le présent sans réfléchir au sens des mutations n’avance pas à grand-chose. Ainsi, la suppression des hiérarchies dans le domaine artistique n’est pas neutre. A partir du moment où exposer un perroquet vivant est considéré comme une œuvre d’art au même titre qu’un Corot, comment faire prendre au sérieux l’éducation artistique, et d’ailleurs l’éducation tout court ?

Evidemment, hiérarchie ne veut pas dire exclusion : on peut aimer Alain Souchon sans pour autant perdre de vue que ce n’est peut-être pas aussi important dans l’histoire de la musique que Bizet, Rameau  ou Miles Davis. Une autre conséquence du choix de la non-hiérarchie entre les différentes pratiques culturelles est la fin de la valeur de la transmission. Si jouer avec une playstation ou faire des tags est aussi culturel que dessiner dans un atelier d’artistes, apprendre l’histoire de la musique, ou jouer du violon, ou apprendre la sculpture, à quoi bon respecter ceux qui ont appris, ceux qui se sont donnés du mal  pour produire une œuvre aboutie ? C’est la dévalorisation de l’effort et du travail.

C’est le règne de « l’ingratitude » dont parle Alain Finkielkraut, c'est-à-dire que l’on ne doit rien à ceux qui nous ont précédé dans l’apprentissage des savoirs. Il n’y a plus de maître. Tout vaut tout. L’apprenti vaut le vieux compagnon.

Y a-t-il par contre des aspects positifs de la postmodernité ? Très certainement. Il est fort bon que chacun puisse se laisser aller à voir une exposition sans connaitre l’histoire de l’art. Cela peut venir ensuite. Il est fort bon que chacun puisse se lancer dans la photo sans avoir une culture technique dans ce domaine dés le départ. Cela peut venir après. Disons plus précisément : cela doit venir après. Et c’est là toute la différence entre l’éducation populaire et le zapping culturel.

PLV

http://la-barque-d-or.centerblog.net/

labarquedor@gmail.com

Pour aller plus loin:

Jean-François Lyotard, Le postmoderne expliqué aux enfants, Galilée et Le Livre de poche, 1988. Voir aussi du même auteur La condition postmoderne, Minuit, 1979).

Gilles Lipovetsky, L'Ere du vide. Essais sur l'individualisme contemporain, Gallimard, 1983 et Livre de poche, 1989.

Michel Maffesoli, Le temps des tribus. Le déclin de l’individualisme dans les sociétés postmodernes, Klincksieck, 1988 et Livre de poche, 1991 ; La part du diable. Précis de subversion postmoderne, Flammarion, 1982 ; Le temps revient. Formes élémentaires de la postmodernité, Desclée de Brouwer, 2010. Aussi stimulant que discutable.

Philippe Muray, Festivus Festivus, conversations avec Elisabeth Lévy, Fayard, 2005, L’Empire du bien, Belles Lettres, 1991. « Je n'ai pas cherché à donner un tableau de notre société. J'ai fait l'analyse de l'éloge qui en est fait. »

Notes:

[1] entretien au site Internet « Sens Public », le 19 février 2006.

[2] Entretien en postface à Nicolas Riou, Pub fiction, Editions d’organisation, 1999.

mercredi, 27 mars 2013

Postmodernism, Hedonism, & Death

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Postmodernism, Hedonism, & Death

By Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

“Postmodernism” is one of those academically fashionable weasel words like “paradigm” that have now seeped into middlebrow and even lowbrow discourse. Those of us who have fundamental and principled critiques of modernity quickly learned that postmodernism is not nearly postmodern enough. Indeed, in most ways, it is just an intensification of the worst features of modernity.

I wish to argue two philosophical theses: (1) there is an inner identity between postmodern culture and hedonism, and (2) hedonism, taken to an extreme, can lead to its self-overcoming by arranging an encounter with death—an encounter which, if survived, can expand one’s awareness of one’s self and the world to embrace non-hedonistic motives and actions.

For my purposes, postmodernity is an attitude toward culture characterized by (1) eclecticism or bricolage, meaning the mixing of different cultures and traditions, i.e., multiculturalism, and (2) irony, detachment, and playfulness toward culture, which is what allows us to mix and manipulate cultures in the first place. The opposite of multiculturalism is cultural integrity and exclusivity. The opposite of irony is earnestness. The opposite of detachment is identification. The opposite of playfulness is seriousness.

The core of a genuine culture is a worldview, an interpretation of existence and our place in it, as well as of our nature and the best form of life for us. These are serious matters. Because of the fundamental seriousness of a living culture, each one is characterized by a unity of style, the other side of which is an exclusion of foreign cultural forms. After all, if one takes one’s own worldview seriously, one cannot take incompatible worldviews with equal seriousness. (Yes, cultures do borrow from one another, but a serious culture only borrows what it can assimilate to its own worldview and use for its greater glory.)

The core of a living culture is not primarily a set of ideas, but of ideals. Ideals are ideas that make normative claims upon us. They don’t just tell us what is, but what ought to be. Like Rilke’s “Archaic Torso of Apollo,” ideals demand that we change our lives. The core of a living culture is a pantheon of ideals that is experienced as numinous and enthralling. An individual formed by a living culture has a fundamental sense of identification with and participation in his culture. He cannot separate himself from it, and since it is the source of his ideas of his nature, the good life, the cosmos, and his place in it, his attitude toward culture is fundamentally earnest and serious, even pious. In a very deep sense, he does not own his culture, he is owned by it.

In terms of their relationship to culture, human beings fall into two basic categories: healthy and unhealthy. Healthy human beings experience the ideals that define a culture as a challenge, as a tonic. The gap between the ideal and the real is bridged by a longing of the soul for perfection. This longing is a tension, like the tension of the bowstring or the lyre, that makes human greatness possible. Culture forms human beings not merely by evoking idealistic longings, but also by suppressing, shaping, stylizing, and sublimating our natural desires. Culture has an element of mortification. But healthy organisms embrace this ascetic dimension as a pathway to ennoblement through self-transcendence.

Unhealthy organisms experience culture in a radically different way. Ideals are not experienced as a challenge to quicken and mobilize the life force. Instead, they are experienced as a threat, an insult, an external imposition, a gnawing thorn in the flesh. The unhealthy organism wishes to free itself from the tension created by ideals—which it experiences as nothing more than unreasonable expectations (unreasonable by the standards of an immanentized reason, a mere hedonistic calculus). The unhealthy organism does not wish to suppress and sublimate his natural desires. He wishes to validate them as good enough and then express them. He wants to give them free reign, not pull back on the bit.

Unfortunately, the decadent have Will to Power too. Thus they have been able to free themselves and their desires from the tyranny of normative culture and institute a decadent counter-culture in its place. This is the true meaning of “postmodernism.” Postmodernism replaces participation with detachment, earnestness with irony, seriousness with playfulness, enthrallment with emancipation. Such attitudes demythologize and profane the pantheon of numinous ideals that is the beating heart of a living culture.

Culture henceforth becomes merely a wax museum: a realm of dead, decontextualized artifacts and ideas. When a culture is eviscerated of its defining worldview, all integrity, all unity of style is lost. Cultural integrity gives way to multiculturalism, which is merely a pretentious way of describing a shopping mall where artifacts are bought and sold, mixed and matched to satisfy emancipated consumer desires: a wax museum jumping to the pulse of commerce.

Yet, even when desire becomes emancipated and sovereign, it has a tendency to dialectically overcome itself, for the reckless pursuit of pleasure often leads to brushes with death, which can cause a fundamental re-evaluation of one’s life and priorities. As William Blake said, “The fool who persists in his folly will become wise.”

pm1023971.jpgFurthermore, as much as hedonists wish to become mere happy animals, they remain botched human beings. The human soul still contains longings for something more than mere satiation of natural desires. These longings, moreover, are closely intertwined with these desires. For instance, merely natural desires are few and easily satisfied. But the human imagination can multiply desires to infinity. Most of these artificial desires, moreover, are for objects that satisfy a need for honor, recognition, status, not mere natural creature comforts. Hedonism is not an animal existence, but merely a perverted and profaned human existence.

Thus there will always be a “surplus” of humanity over and above what can be satisfied by natural desires. This surplus demands satisfaction too, causing a deep dissatisfaction and restlessness in every hedonist. This restlessness can also lead, ultimately, to a transformative encounter with death.

If animal life is all about contentment, plenitude, fullness—the fulfillment of our natural desires—then a distinctly human mode of existence emerges when hominids mortify the flesh in the name of something higher.

Hegel believed that the perforation of the flesh was the first expression of human spirit in animal existence. This throws an interesting light on the popularity of body piercing and tattooing in the context of postmodern culture, which is the subject of my next piece.

For Hegel, however, the truly anthropogenetic encounter with death is not the “little death” of self-mortification, but rather an intentionally undertaken battle to the death over honor, which is the subject of a future article as well.

Note

This is the first of several pieces which I am transposing and adapting from various film reviews [2] into stand-alone articles in order to encourage broader dissemination and discussion.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/03/postmodernism-hedonism-and-death/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/03/Bosch_Hieronymus_-_The_Garden_of_Earthly_Delights_right_panel_-_Detail-_Rabbit.jpg

[2] various film reviews: http://www.counter-currents.com/2011/06/pulp-fiction-part-1/

mercredi, 12 janvier 2011

Postmodern Challenges: Between Faust & Narcissus

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Robert STEUCKERS (1987):

Postmodern Challenges:
Between Faust & Narcissus, Part 1

In Oswald Spengler’s terms, our European culture is the product of a “pseudomorphosis,” i.e., of the grafting of an alien mentality upon our indigenous, original, and innate mentality. Spengler calls the innate mentality “the Faustian.”

The Confrontation of the Innate and the Acquired

The alien mentality is the theocentric, “magical” outlook born in the Near East. For the magical mind, the ego bows respectfully before the divine substance like a slave before his master. Within the framework of this religiosity, the individual lets himself be guided by the divine force that he absorbs through baptism or initiation.

There is nothing comparable for the old-European Faustian spirit, says Spengler. Homo europeanus, in spite of the magic/Christian varnish covering our thinking, has a voluntarist and anthropocentric religiosity. For us, the good is not to allow oneself to be guided passively by God, but rather to affirm and carry out our own will. “To be able to choose,” this is the ultimate basis of the indigenous European religiosity. In medieval Christianity, this voluntarist religiosity shows through, piercing the crust of the imported “magism” of the Middle East.

Around the year 1000, this dynamic voluntarism appears gradually in art and literary epics, coupled with a sense of infinite space within which the Faustian self would, and can, expand. Thus to the concept of a closed space, in which the self finds itself locked, is opposed the concept of an infinite space, into which an adventurous self sallies forth.

 

From the “Closed” World to the Infinite Universe

According to the American philosopher Benjamin Nelson,[1] the old Hellenic sense of physis (nature), with all the dynamism this implies, triumphed at the end of the 13th century, thanks to Averroism, which transmitted the empirical wisdom of the Greeks (and of Aristotle in particular) to the West. Gradually, Europe passed from the “closed world” to the infinite universe. Empiricism and nominalism supplanted a Scholasticism that had been entirely discursive, self-referential, and self-enclosed. The Renaissance, following Copernicus and Bruno (the tragic martyr of Campo dei Fiori), renounced geocentrism, making it safe to proclaim that the universe is infinite, an essentially Faustian intuition according to Spengler’s criteria.

In the second volume of his History of Western Thought, Jean-François Revel, who formerly officiated at Point and unfortunately illustrated the Americanocentric occidentalist ideology, writes quite pertinently: It is easy to understand that the eternity and infinity of the universe announced by Bruno could have had, on the cultivated men of the time, the traumatizing effect of passing from life in the womb into the vast and cruel draft of an icy and unbounded vortex.”[2]

The “magic” fear, the anguish caused by the collapse of the comforting certitude of geocentrism, caused the cruel death of Bruno, that would become, all told, a terrifying apotheosis . . . Nothing could ever refute heliocentrism, or the theory of the infinitude of sidereal spaces. Pascal would say, in resignation, with the accent of regret: “The eternal silence of these infinite spaces frightens me.”

 

From Theocratic Logos to Fixed Reason

To replace magical thought’s “theocratic logos,” the growing and triumphant bourgeois thought would elaborate a thought centered on reason, an abstract reason before which it is necessary to bow, like the Near Easterner bows before his god. The “bourgeois” student of this “petty little reason,” virtuous and calculating, anxious to suppress the impulses of his soul or his spirit, thus finds a comfortable finitude, a closed off and secured space. The rationalism of this virtuous human type is not the adventurous, audacious, ascetic, and creative rationalism described by Max Weber[3] which educates the inner man precisely to face the infinitude affirmed by Giordano Bruno.[4]

 

From the end of the Renaissance, Two Modernities are Juxtaposed

The petty rationalism denounced by Sombart[5] dominates the cities by rigidifying political thought, by restricting constructive activist impulses. The genuinely Faustian and conquering rationalism described by Max Weber would propel European humanity outside its initial territorial limits, giving the main impulse to all sciences of the concrete.

From the end of the Renaissance, we thus discover, on the one hand, a rigid and moralistic modernity, without vitality, and, on the other hand, an adventurous, conquering, creative modernity, just as we are today on the threshold of a soft post-modernity or of a vibrant post-modernity, self-assured and potentially innovative. By recognizing the ambiguity of the terms “rationalism,” “rationality,” “modernity,” and “post-modernity,” we enter one level of the domain of political ideologies, even militant Weltanschauungen.

The rationalization glutted with moral arrogance described by Sombart in his famous portrait of the “bourgeois” generates the soft and sentimental messianisms, the great tranquillizing narratives of contemporary ideologies. The conquering rationalization described by Max Weber causes the great scientific discoveries and the methodical spirit, the ingenious refinement of the conduct of life and increasing mastery of the external world.

This conquering rationalization also has its dark side: It disenchants the world, drains it, excessively schematizes it. While specializing in one or another domain of technology, science, or the spirit, while being totally invested there, the “Faustians” of Europe and North America often lead to a leveling of values, a relativism that tends to mediocrity because it makes us lose the feeling of the sublime, of the telluric mystique, and increasingly isolates individuals. In our century, the rationality lauded by Weber, if positive at the beginning, collapsed into quantitativist and mechanized Americanism that instinctively led by way of compensation, to the spiritual supplement of religious charlatanism combining the most delirious proselytism and sniveling religiosity.

Such is the fate of “Faustianism” when severed from its mythic foundations, of its memory of the most ancient, of its deepest and most fertile soil. This caesura is unquestionably the result of pseudomorphosis, the “magian” graft on the Faustian/European trunk, a graft that failed. “Magianism” could not immobilize the perpetual Faustian drive; it has—and this is more dangerous—cut it off from its myths and memory, condemned it to sterility and dessication, as noted by Valéry, Rilke, Duhamel, Céline, Drieu, Morand, Maurois, Heidegger, or Abellio.

 

Conquering Rationality, Moralizing Rationality, the Dialectic of Enlightenment, the “Grand Narratives” of Lyotard

Conquering rationality, if it is torn away from its founding myths, from its ethno-identitarian ground, its Indo-European matrix, falls—even after assaults that are impetuous, inert, emptied of substance—into the snares of calculating petty rationalism and into the callow ideology of the “Grand Narratives” of rationalism and the end of ideology. For Jean-François Lyotard, “modernity” in Europe is essentially the “Grand Narrative” of the Enlightenment, in which the heroes of knowledge work peacefully and morally toward an ethico-political happy ending: universal peace, where no antagonism will remain.[6] The “modernity” of Lyotard corresponds to the famous “Dialectic of the Enlightenment” of Horkheimer and Adorno, leaders of famous “Frankfurt School.”[7] In their optic, the work of the man of science or the action of the politician, must be submitted to a rational reason, an ethical corpus, a fixed and immutable moral authority, to a catechism that slows down their drive, that limits their Faustian ardor. For Lyotard, the end of modernity, thus the advent of “post-modernity,” is incredulity—progressive, cunning, fatalistic, ironic, mocking—with regard to this metanarrative.

Incredulity also means a possible return of the Dionysian, the irrational, the carnal, the turbid, and disconcerting areas of the human soul revealed by Bataille or Caillois, as envisaged and hoped by professor Maffesoli,[8] of the University of Strasbourg, and the German Bergfleth,[9] a young nonconformist philosopher; that is to say, it is equally possible that we will see a return of the Faustian spirit, a spirit comparable with that which bequeathed us the blazing Gothic, of a conquering rationality which has reconnected with its old European dynamic mythology, as Guillaume Faye explains in Europe and Modernity.[10]

Notes

1. Benjamin Nelson, Der Ursprung der Moderne, Vergleichende Studien zum Zivilisationsprozess [The Origin of Modernity: Comparative Studies of the Civilization Process] (Frankfurt am Main: Suhrkamp, 1986).

2. Jean-François Revel, Histoire de la pensée occidentale [History of Western Thought], vol. 2, La philosophie pendant la science (XVe, XVIe et XVIIe siècles) [Philosophy and Science (Fifteenth-, Sixteenth-, and Seventeenth-Centuries)] (Paris: Stock, 1970). Cf. also the masterwork of Alexandre Koyré, From the Closed World to the Infinite Universe (Baltimore: Johns Hopkins University Press, 1957).

3. Cf. Julien Freund, Max Weber (Paris: P.U.F., 1969).

4. Paul-Henri Michel, La cosmologie de Giordano Bruno [The Cosmology of Giordano Bruno] (Paris: Hermann, 1962).

5. Cf. essentially: Werner Sombart, Le Bourgeois. Contribution à l’histoire morale et intellectuelle de l’homme économique moderne [The Bourgeois: Contribution to the Moral and Intellectual History of Modern Economic Man] (Paris: Payot, 1966).

6. Jean-François Lyotard, The Postmodern Condition: A Report on Knowledge, trans. Geoff Bennington and Brian Massumi. (Minneapolis: University of Minnesota Press, 1984).

7. Max Horkheimer and Theodor Adomo, The Dialectic of Enlightenment, trans. Edmund Jephcott (Stanford: Stanford University Press, 2002). Cf. also Pierre Zima, L’École de Francfort. Dialectique de la particularité [The Frankfurt School: Dialectic of Particularity] (Paris: Éditions Universitaires, 1974). Michel Crozon, “Interroger Horkheimer” [“Interrogating Horkheimer”] and Arno Victor Nielsen, “Adorno, le travail artistique de la raison” [“Adorno: The Artistic Work of Reason”], Esprit, May 1978.

8. Cf. chiefly Michel Maffesoli, L’ombre de Dionysos: Contribution à une sociologie de l’orgie [The Shadow of Dionysus: Contribution to a Sociology of the Orgy] (Méridiens, 1982). Pierre Brader, “Michel Maffesoli: saluons le grand retour de Dionysos” [Michel Maffesoli: Let us Greet the Great return of Dionysos], Magazine-Hebdo no. 54 (September 21, 1984).

9. Cf. Gerd Bergfleth et al., Zur Kritik der Palavernden Aufklärung [Toward a Critique of Palavering Reason] (Munich: Matthes & Seitz, 1984). In this remarkable little anthology, Bergfleth published four texts deadly to the “moderno-Frankfurtist” routine: (1) “Zehn Thesen zur Vernunftkritik” [“Ten Theses on the Critique of Reason”]; (2) “Der geschundene Marsyas” [“The Abuse of Marsyas”]; (3) “Über linke Ironie” [“On Leftist Irony”]; (4) “Die zynische Aufklärung” [“The Cynical Enlightnement”]. Cf. also R. Steuckers, “G. Bergfleth: enfant terrible de la scène philosophique allemande” [“G. Bergfleth: enfant terrible of the German philosophical scene”], Vouloir no. 27 (March 1986). In the same issue, see also M. Kamp, “Bergfleth: critique de la raison palabrante” [“Bergfleth: Critique of Palavering Reason”] and “Une apologie de la révolte contre les programmes insipides de la révolution conformiste” [“An Apology for the Revolt against the Insipid Programs of the Conformist Revolution”]. See also M. Froissard, “Révolte, irrationnel, cosmicité et . . . pseudo-antisémitisme,” [“Revolt, irrationality, cosmicity and . . . pseudo-anti-semitism”], Vouloir nos. 40–42 (July–August 1987).

10. Guillaume Faye, Europe et Modernité [Europe and Modernity] (Méry/Liège: Eurograf, 1985).

Postmodern Challenges:
Between Faust & Narcissus, Part 2

Once the Enlightenment metanarrative was established—“encysted”—in the Western mind, the great secular ideologies progressively appeared: liberalism, with its idolatry of the “invisible hand,”[1] and Marxism, with its strong determinism and metaphysics of history, contested at the dawn of the 20th century by Georges Sorel, the most sublime figure of European militant socialism.[2] Following Giorgio Locchi[3]—who occasionally calls the metanarrative “ideology” or “science”—we think that this complex “metanarrative/ideology/science” no longer rules by consensus but by constraint, inasmuch as there is muted resistance (especially in art and music[4]) or a general disuse of the metanarrative as one of the tools of legitimation.

The liberal-Enlightenment metanarrative persists by dint of force and propaganda. But in the sphere of thought, poetry, music, art, or letters, this metanarrative says and inspires nothing. It has not moved a great mind for 100 or 150 years. Already at the end of the 19th century, literary modernism expressed a diversity of languages, a heterogeneity of elements, a kind of disordered chaos that the “physiologist” Nietzsche analyzed[5] and that Hugo von Hoffmannstahl called die Welt der Bezuge (the world of relations).

These omnipresent interrelations and overdeterminations show us that the world is not explained by a simple, neat and tidy story, nor does it submit itself to the rule of a disincarnated moral authority. Better: they show us that our cities, our people, cannot express all their vital potentialities within the framework of an ideology given and instituted once and for all for everyone, nor can we indefinitely preserve the resulting institutions (the doctrinal body derived from the “metanarrative of the Enlightenment”).

The anachronistic presence of the metanarrative constitutes a brake on the development of our continent in all fields: science (data-processing and biotechnology[6]), economics (the support of liberal dogmas within the EEC), military (the fetishism of a bipolar world and servility toward the United States, paradoxically an economic enemy), cultural (media bludgeoning in favor of a cosmopolitanism that eliminates Faustian specificity and aims at the advent of a large convivial global village, run on the principles of the “cold society” in the manner of the Bororos dear to Lévi-Strauss[7]).

 

The Rejection of Neo-Ruralism, Neo-Pastoralism . . .

The confused disorder of literary modernism at the end of the 19th century had a positive aspect: its role was to be the magma that, gradually, becomes the creator of a new Faustian assault.[8] It is Weimar—specifically, the Weimar-arena of the creative and fertile confrontation of expressionism,[9] neo-Marxism, and the “conservative revolution”[10]—that bequeathed us, with Ernst Jünger, an idea of “post-metanarrative” modernity (or post-modernity, if one calls “modernity” the Dialectic of the Enlightenment, subsequently theorized by the Frankfurt School). Modernism, with the confusion it inaugurates, due to the progressive abandonment the pseudo-science of the Enlightenment, corresponds somewhat to the nihilism observed by Nietzsche. Nihilism must be surmounted, exceeded, but not by a sentimental return, however denied, to a completed past. Nihilism is not surpassed by theatrical Wagnerism, Nietzsche fulminated, just as today the foundering of the Marxist “Grand Narrative” is not surpassed by a pseudo-rustic neoprimitivism.[11]

In Jünger—the Jünger of In Storms of Steel, The Worker, and Eumeswil—one finds no reference to the mysticism of the soil: only a sober admiration for the perennialness of the peasant, indifferent to historical upheavals. Jünger tells us of the need for balance: if there is a total refusal of the rural, of the soil, of the stabilizing dimension of Heimat, constructivist Faustian futurism will no longer have a base, a point of departure, a fallback option. On the other hand, if the accent is placed too much on the initial base, the launching point, on the ecological niche that gives rise to the Faustian people, then they are wrapped in a cocoon and deprived of universal influence, rendered blind to the call of the world, prevented from springing towards reality in all its plenitude, the “exotic” included. The timid return to the homeland robs Faustianism of its force of diffusion and relegates its “human vessels” to the level of the “eternal ahistoric peasants” described by Spengler and Eliade.[12] Balance consists in drawing in (from the depths of the original soil) and diffusing out (towards the outside world).

In spite of all nostalgia for the “organic,” rural, or pastoral—in spite of the serene, idyllic, aesthetic beauty that recommend Horace or Virgil—Technology and Work are from now on the essences of our post-nihilist world. Nothing escapes any longer from technology, technicality, mechanics, or the machine: neither the peasant who plows with his tractor nor the priest who plugs in a microphone to give more impact to his homily.

 

The era of “Technology”

Technology mobilizes totally (Total Mobilmachung) and thrusts the individual into an unsettling infinitude where we are nothing more than interchangeable cogs. The machine gun, notes the warrior Jünger, mows down the brave and the cowardly with perfect equality, as in the total material war inaugurated in 1917 in the tank battles of the French front. The Faustian “Ego” loses its intraversion and drowns in a ceaseless vortex of activity. This Ego, having fashioned the stone lacework and spires of the flamboyant Gothic, has fallen into American quantitativism or, confused and hesitant, has embraced the 20th century’s flood of information, its avalanche of concrete facts. It was our nihilism, our frozen indecision due to an exacerbated subjectivism, that mired us in the messy mud of facts.

By crossing the “line,” as Heidegger and Jünger say,[13] the Faustian monad (about which Leibniz[14] spoke) cancels its subjectivism and finds pure power, pure dynamism, in the universe of Technology. With the Jüngerian approach, the circle is closed again: as the closed universe of “magism” was replaced by the inauthentic little world of the bourgeois—sedentary, timid, embalmed in his utilitarian sphere—so the dynamic “Faustian” universe is replaced with a Technological arena, stripped this time of all subjectivism.

Jüngerian Technology sweeps away the false modernity of the Enlightenment metanarrative, the hesitation of late 19th century literary modernism, and the trompe-l’oeil of Wagnerism and neo-pastoralism. But this Jüngerian modernity, perpetually misunderstood since the publication of Der Arbeiter [The Worker] in 1932, remains a dead letter.

Notes

1. On the theological foundation of the doctrine of the “invisible hand” see Hans Albert, “Modell-Platonismus. Der neoklassische Stil des ökonomischen Denkens in kritischer Beleuchtung” [“Model Platonism: The Neoclassical Style of Economic Thought in Critical Elucidation”], in Ernst Topitsch, ed., Logik der Sozialwissenschaften [Logic of Social Science] (Köln/Berlin: Kiepenheuer & Witsch, 1971).

2. There is abundant French literature on Georges Sorel. Nevertheless, it is deplorable that a biography and analysis as valuable as Michael Freund’s has not been translated: Michael Freund, Georges Sorel, Der revolutionäre Konservatismus [Georges Sorel: Revolutionary Conservatism] (Frankfurt a.M.: Vittorio Klostermann, 1972).

3. Cf. G. Locchi, “Histoire et société: critique de Lévi-Strauss” [“History and Society: Critique of Lévi-Strauss”], Nouvelle Ecole, no. 17 (March 1972) and “L’histoire” [“History”], Nouvelle Ecole, nos. 2728 (January 1976).

4. Cf. G. Locchi, “L’idée de la musique’ et le temps de l’histoire” [“The ‘Idea of Music’ and the Times of History”], Nouvelle Ecole, no. 30 (November 1978) and Vincent Samson, “Musique, métaphysique et destin” [“Music, Metaphysics, and Destiny”], Orientations, no. 9 (September 1987).

5. Cf. Helmut Pfotenhauer, Die Kunst als Physiologie: Nietzsches äesthetische Theorie und literarische Produktion [Art as Physiology: Nietzsche’s Aesthetic Theory and Literary Production] (Stuttgart: J. B. Metzler, 1985). Cf. on Pfotenhauer’s book: Robert Steuckers, “Regards nouveaux sur Nietzsche” [“New Views of Nietzsche”], Orientations, no. 9.

6. Biotechnology and the most recent biocybernetic innovations, when applied to the operation of human society, fundamentally call into question the mechanistic theoretical foundations of the “Grand Narrative” of the Enlightenment. Less rigid, more flexible laws, because adapted to the deep drives of human psychology and physiology, would restore a dynamism to our societies and put them in tune with technological innovations. The Grand Narrative—which is always around, in spite of its anachronism—blocks the evolution of our societies; Habermas’ thought, which categorically refuses to fall in step with the epistemological discoveries of Konrad Lorenz, for example, illustrates perfectly the genuinely reactionary rigidity of the neo-Enlightenment in its Frankfurtist and current neo-liberal derivations. To understand the shift that is taking place regardless of the liberal-Frankfurtist reaction, see the work of the German bio-cybernetician Frederic Vester: (1) Unsere Welt—ein vernetztes System, dtv, no. l0,118, 2nd ed. (München, 1983) and (2) Neuland des Denkens. Vom technokratischen zum kybernetischen Zeitalter (Stuttgart: DVA, 1980). The restoration of holist (ganzheitlich) social thought by modern biology is discussed, most notably, in Gilbert Probst, Selbst-Organisation, Ordnungsprozesse in sozialen Systemen aus ganzheitlicher Sicht (Berlin: Paul Parey, 1987).

7. G. Locchi, “L’idée de la musique’ et le temps de l’histoire.”

8. To tackle the question of the literary modernism in the 19th century, see: M. Bradbury, J. McFarlane, eds., Modernism 1890–1930 (Harmondsworth: Penguin, 1976).

9. Cf. Paul Raabe, ed., Expressionismus. Der Kampf um eine literarische Bewegung (Zürich: Arche, 1987)—A useful anthology of the principal expressionist manifestos.

10. Armin Mohler, La Révolution Conservatrice en Allemagne, 1918–1932 (Puiseaux: Pardès, 1993). See mainly text A3 entitled “Leitbilder” (“Guiding Ideas”).

11. Cf. Gérard Raulet, “Mantism and the Post-Modern Conditions” and Claude Karnoouh, “The Lost Paradise of Regionalism: The Crisis of Post-Modernity in France,” Telos, no. 67 (March 1986).

12. Cf. Oswald Spengler, The Decline of the West, 2 vols., trans. Charles Francis Atkinson (New York: Knopf, 1926) for the definition of the “ahistorical peasant” see vol. 2. Cf. Mircea Eliade, The Sacred and the Profane: The Nature of Religion, trans. Willard R. Trask (San Diego: Harcourt, 1959). For the place of this vision of the “peasant” in the contemporary controversy regarding neo-paganism, see: Richard Faber, “Einleitung: ‘Pagan’ und Neo-Paganismus. Versuch einer Begriffsklärung,” in Richard Faber and Renate Schlesier, Die Restauration der Götter: Antike Religion und Neo-Paganismus [The Restoration of the Gods: Ancient Religion and Neo-Paganism] (Würzburg: Königshausen & Neumann, 1986), 10–25. This text was reviewed in French by Robert Steuckers, “Le paganisme vu de Berlin” [“Paganism as Seen in Berlin”], Vouloir no. 28–29, April 1986, pp. 5–7.

13. On the question of the “line” in Jünger and Heidegger, cf. W. Kaempfer, Ernst Jünger, Sammlung Metzler, Band 20l (Stuttgart, Metzler, 1981), pp. 119–29. Cf also J. Evola, “Devant le ‘mur du temps’” [“Before the ‘Wall of Time’”] in Explorations: Hommes et problems [Explorations: Men and Problems], trans. Philippe Baillet (Puiseaux: Pardès, 1989), pp. 183–94. Let us take this opportunity to recall that, contrary to the generally accepted idea, Heidegger does not reject technology in a reactionary manner, nor does he regard it as dangerous in itself. The danger is due to the failure to think of the mystery of its essence, preventing man from returning to a more originary unconcealment and from hearing the call of a more primordial truth. If the age of technology seems to be the final form of the Oblivion of Being, where the anxiety suitable to thought appears as an absence of anxiety in the securing and the objectification of being, it is also from this extreme danger that the possibility of another beginning is thinkable once the metaphysics of subjectivity is completed.

14. To assess the importance of Leibniz in the development of German organic thought, cf. F. M. Barnard, Herder’s Social and Political Thought: From Enlightenment to Nationalism (Oxford: Clarendon Press, 1965), 10–12.

Postmodern Challenges:
Between Faust & Narcissus, Part 3

In 1945, the tone of ideological debate was set by the victorious ideologies. We could choose American liberalism (the ideology of Mr. Babbitt) or Marxism, an allegedly de-bourgeoisfied version of the metanarrative. The Grand Narrative took charge, hunted down any “irrationalist” philosophy or movement,[1] set up a thought police, and finally, by brandishing the bogeyman of rampant barbarism, inaugurated an utterly vacuous era.

Sartre and his fashionable Parisian existentialism must be analyzed in the light of this restoration. Sartre, faithful to his “atheism,” his refusal to privilege one value, did not believe in the foundations of liberalism or Marxism. Ultimately, he did not set up the metanarrative (in its most recent version, the vulgar Marxism of the Communist parties[2]) as a truth but as an “inescapable”categorical imperative for which one must militate if one does not want to be a “bastard,” i.e., one of these contemptible beings who venerate “petrified orders.”[3] It is the whole paradox of Sartreanism: on the one hand, it exhorts us not to adore “petrified orders,” which is properly Faustian, and, on another side, it orders us to “magically” adore a “petrified order” of vulgar Marxism, already unhorsed by Sombart or De Man. Thus in the Fifties, the golden age of Sartreanism, the consensus is indeed a moral constraint, an obligation dictated by increasingly mediatized thought. But a consensus achieved by constraint, by an obligation to believe without discussion, is not an eternal consensus. Hence the contemporary oblivion of Sartreanism, with its excesses and its exaggerations.

The Revolutionary Anti-Humanism of May 1968

With May ’68, the phenomenon of a generation, “humanism,” the current label of the metanarrative, was battered and broken by French interpretations of Nietzsche, Marx, and Heidegger.[4] In the wake of the student revolt, academics and popularizers alike proclaimed humanism a “petite-bourgeois” illusion. Against the West, the geopolitical vessel of the Enlightenment metanarrative, the rebels of ’68 played at mounting the barricades, taking sides, sometimes with a naive romanticism, in all the fights of the 1970s: Spartan Vietnam against American imperialism, Latin-American guerillas (“Ché”), the Basque separatists, the patriotic Irish, or the Palestinians.

Their Faustian feistiness, unable to be expressed though autochthonous models, was transposed toward the exotic: Asia, Arabia, Africa, or India. May ’68, in itself, by its resolute anchorage in Grand Politics, by its guerilla ethos, by its fighting option, in spite of everything took on a far more important dimension than the strained blockage of Sartreanism or the great regression of contemporary neo-liberalism.  On the right, Jean Cau, in writing his beautiful book on Che Guevara[5]  understood this issue perfectly, whereas the right, which is as fixated on its dogmas and memories as the left, had not wanted to see.

With the generation of ’68—combative and politicized, conscious of the planet’s great economic geopolitical issues—the last historical fires burned in the French public spirit before the great rise of post-history and post-politics represented by the narcissism of contemporary neoliberalism.

The Translation of the Writings of the “Frankfurt School” announces the Advent of Neo-Liberal Narcissism

The first phase of the neo-liberal attack against the political anti-humanism of May ’68 was the rediscovery of the writings of the Frankfurt School: born in Germany before the advent of National Socialism, matured during the California exile of Adorno, Horkheimer, and Marcuse, and set up as an object of veneration in post-war West Germany. In Dialektik der Aufklärung, a small and concise book that is fundamental to understanding the dynamics of our time, Horkheimer and Adorno claim that there are two “reasons” in Western thought that, in the wake of Spengler and Sombart, we are tempted to name “Faustian reason” and “magical reason.” The former, for the two old exiles in California, is the negative pole of the “reason complex” in Western civilization: this reason is purely “instrumental”; it is used to increase the personal power of those who use it. It is scientific reason, the reason that tames the forces of the universe and puts them in the service of a leader or a people, a party or state. Thus, according to Herbert Marcuse, it is Promethean, not Narcissistic/Orphic.[6] For Horkheimer, Adorno, and Marcuse, this is the kind of rationality that Max Weber theorized.

On the other hand, “magical reason,” according to our Spenglerian genealogical terminology, is, broadly speaking, the reason of Lyotard’s metanarrative. It is a moral authority that dictates ethical conduct, allergic to any expression of power, and thus to any manifestation of the essence of politics.[7] In France, the rediscovery of the Horkheimer-Adorno theory of reason near the end of the 1970s inaugurated the era of depoliticization, which, by substituting generalized disconnection for concrete and tangible history, led to the “era of the vacuum” described so well by Grenoble Professor Gilles Lipovetsky.[8] Following the militant effervescence of May ’68 came a generation whose mental attitudes are characterized quite justly by Lipovetsky as apathy, indifference (also to the metanarrative in its crude form), desertion (of the political parties, especially of the Communist Party), desyndicalisation, narcissism, etc. For Lipovetsky, this generalized resignation and abdication constitutes a golden opportunity. It is the guarantee, he says, that violence will recede, and thus no “totalitarianism,” red, black, or brown, will be able to seize power. This psychological easy-goingness, together with a narcissistic indifference to others, constitutes the true “post-modern” age.

 

There are Various Possible Definitions of “Post-Modernity”

On the other hand, if we perceive—contrary to Lipovetsky’s usage—“modernity” or “modernism” as expressions of the metanarrative, thus as brakes on Faustian energy, post-modernity will necessarily be a return to the political, a rejection of para-magical creationism and anti-political suspicion that emerged after May 68, in the wake of speculations on “instrumental reason” and “objective reason” described by Horkheimer and Adorno.

The complexity of the “post-modern” situation makes it impossible to give one and only one definition of “post-modernity.” There is not one post-modernity that can lay claim to exclusivity. On the threshold of the 21st century, various post-modernities lie fallow, side by side, diverse potential post-modern social models, each based on fundamentally antagonistic values fundamentally antagonistic, primed to clash. These post-modernities differ—in their language or their “look”—from the ideologies that preceded them; they are nevertheless united with the eternal, immemorial, values that lie beneath them. As politics enters the historical sphere through binary confrontations, clashes of opposing clans and the exclusion of minorities, dare to evoke the possible dichotomy of the future: a neo-liberal, Western, American and American-like post-modernity versus a shining Faustian and Nietzschean post-modernity.

 

The “Moral Generation” & the “Era of the Vacuum”

This neo-liberal post-modernity was proclaimed triumphantly, with Messianic delirium, by Laurent Joffrin in his assessment of the student revolt of December 1986 (Un coup de jeune [A Coup of Youth], Arlea, 1987). For Joffrin, who predicted[9] the death of the hard left, of militant proletarianism, December ’86 is the harbinger of a “moral generation,” combining in one mentality soft leftism, lazy-minded collectivism, and neo-liberal, narcissistic, and post-political selfishness: the social model of this hedonistic society centered on commercial praxis, that Lipovetsky described as the era of the vacuum. A political vacuum, an intellectual vacuum, and a post-historical desert: these are the characteristics of the blocked space, the closed horizon characteristic of contemporary neo-liberalism. This post-modernity constitutes a troubling impediment to the greater Europe that must emerge so that we have a viable future and arrest the slow decay announced by massive unemployment and declining demographics spreading devastation under the wan light of consumerist illusions, the big lies of advertisers, and the neon signs praising the merits of a Japanese photocopier or an American airline.

On the other hand, the post-modernity that rejects the old anti-political metanarrative of the Enlightenment, with its metamorphoses and metastases; that affirms the insolence of a Nietzsche or the metallic ideal of a Jünger; that crosses the “line,” as Heidegger exhorts, leaving behind the sterile dandyism of nihilistic times; the post-modernity that rallies the adventurous to a daring political program concretely implying the rejection of the existing power blocs, the construction of an autarkic Eurocentric economy, while fighting savagely and without concessions against all old-fashioned religions and ideologies, by developing the main axis of a diplomacy independent of Washington; the post-modernity that will carry out this voluntary program and negate the negations of post-history—this post-modernity will have our full adherence.

In this brief essay, I wanted to prove that there is a continuity in the confrontation of the “Faustian” and “magian” mentalities, and that this antagonistic continuity is reflected in the current debate on post-modernities. The American-centered West is the realm of “magianisms,” with its cosmopolitanism and authoritarian sects.[10] Europe, the heiress of a Faustianism much abused by “magian” thought, will reassert herself with a post-modernity that will recapitulate the inexpressible themes, recurring but always new, of the Faustianness intrinsic to the European soul.

Notes

1. The classic among classics in the condemnation of “irrationalism” is the summa of György Lukács, The Destruction of Reason, 2 vols. (1954). This book aims to be a kind of Discourse on Method for the dialectic of Enlightenment-Counter-Enlightenment, rationalism-irrationalism. Through a technique of amalgamation that bears a passing resemblance to a Stalinist pamphlet, broad sectors of  German and European culture, from Schelling to neo-Thomism, are blamed for having prepared and supported the Nazi phenomenon. It is a paranoiac vision of culture.

2. To understand the fundamental irrationality of Sartre’s Communism, one should read Thomas Molnar, Sartre, philosophie de la contestation (Paris: La Table Ronde, 1969). In English: Sartre: Ideologue of Our Time (New York : Funk & Wagnalls, 1968).

3. Cf. R.-M. Alberes, Jean-Paul Sartre (Paris: Éditions Universitaires, 1964), 54–71.

4. In France, the polemic aiming at a final rejection of the anti-humanism of ’68 and its Nietzschean, Marxist, and Heideggerian philosophical foundations is found in Luc Ferry and Alain Renaut, French Philosophy of the Sixties: An Essay on Anti-Humanism, trans. Mary H. S. Cattani (Amherst: University of Massachusetts Press, 1990) and its appendix ’68–’86. Itinéraires de l’individu [’68-’86: Routes of the Individual] (Paris: Gallimard, 1987). Contrary to the theses defended in first of these two works, Guy Hocquenghem in Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary Club [Open Letter to those Went from Mao Jackets to the Rotary Club] (Paris: Albin Michel, 1986) deplored the assimilation of the hyper-politicism of the generation of 1968 into the contemporary neo-liberal wave. From a definitely polemical point of view and with the aim of restoring debate, such as it is, in the field of philosophical abstraction, one should read Eddy Borms, Humanisme—kritiek in het hedendaagse Franse denken [Humanism: Critique in Contemporary French Thought (Nijmegen: SUN, 1986).

5. Jean Cau, the former secretary of Jean-Paul Sartre, now classified as a polemist of the “right,” who delights in challenging the manias and obsessions of intellectual conformists, did not hesitate to pay homage to Che Guevara and to devote a book to him. The “radicals” of the bourgeois accused him of “body snatching”! Cau’s rigid right-wing admirers did not appreciate his message either. For them, the Nicaraguan Sandinistas, who nevertheless admired Abel Bonnard and the American “fascist” Lawrence Dennis, are emanations of the Evil One.

6. Cf. A. Vergez, Marcuse (Paris: P.U.F., 1970).

7. Julien Freund, Qu’est-ce que la politique? [What is Politics?] (Paris: Seuil, 1967). Cf Guillaume Faye, “La problématique moderne de la raison ou la querelle de la rationalité” [“The Modern Problem of Reason or the Quarrel of Rationality”] Nouvelle Ecole no. 41, November 1984.

8. G. Lipovetsky, L’ère du vide: Essais sur l’individualisme contemporain [The Era of the Vacuum: Essays on contemporary individualism] (Paris: Gallimard, 1983). Shortly after this essay was written, Gilles Lipovetsky published a second book that reinforced its viewpoint: L’Empire de l’éphémère: La mode et son destin dans les sociétés modernes [Empire of the Ephemeral: Fashion and its Destiny in Modern Societies] (Paris: Gallimard, 1987). Almost simultaneously François-Bernard Huyghe and Pierre Barbès protested against this “narcissistic” option in La soft-idéologie [The Soft Ideology] (Paris: Laffont, 1987). Needless to say, my views are close to those of the last two writers.

9. Cf. Laurent Joffrin, La gauche en voie de disparition: Comment changer sans trahir? [The Left in the Process of Disappearance: How to Change without Betrayal?] (Paris: Seuil, 1984).

10. Cf. Furio Colombo, Il dio d’America: Religione, ribellione e nuova destra [The God of America: Religion, Rebellion, and the New Right] (Milano: Arnoldo Mondadori, 1983).

mardi, 11 janvier 2011

Gender-Wahn: Mutter und Vater werden "Elter 1" und "Elter 2"

Gender-Wahn: Mutter und Vater werden »Elter 1« und »Elter 2«

Udo Ulfkotte

 

RTEmagicC_ES-2_jpg.jpgAuf den Formularen amerikanischer Behörden sollen nach einer Entscheidung der Obama-Regierung die Begriffe »mother« (Mutter) und »father« (Vater) durch »parent one« (Elter 1) und »parent two« (Elter 2) ersetzt werden. US-Außenministerin Hilary Clinton will mit diesem Schritt die angebliche Benachteiligung von Schwulen und Lesben in Formularen des State Department beenden. Zeitungen geben derweil Ratschläge, wie man Kinderzimmer geschlechtsneutral einrichtet. Ganz anders in China: Da schickt man kleine Mädchen nun auf Jungentoiletten und umgekehrt, damit sie sich an bestimmte Unterschiede gewöhnen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/deutschland/udo-...

dimanche, 19 septembre 2010

J. J. Esparza: de la postmodernité

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1986

 

De la post-modernité

 

José Javier ESPARZA

 

La post-modernité est à la mode depuis une bonne décennie. Le terme "post-moderne" a été forgé par le philosophe français Jean-François LYOTARD qui entendait exprimer un sentiment hyper-critique, généré par le désenchantement que suscitaient notre époque (in: La condition postmoderne, Editions de Minuit, Paris, 1979). Depuis lors, les interprétations du phénomène post-moderne se sont succédé pour être appliquées sans trop d'ordre ni de rigueur. On en est même venu à l'identifier à une mode musicale, ce qui, finalement, revient à ne percevoir que la partie d'un tout. La musique hyper-sophistiquée par la technique, les "comics" américains ou la bande dessinée européenne, la mode, le foisonnement des manifestations artistiques de coloration dionysia- que ne sont ni plus ni moins que des facettes de la post-modernité. Mais les facettes les plus visibles donc, a fortiori, les plus appréciées par la culture mass-médiatique. Avant toute chose, il convient de comprendre ce qui a précédé ces phénomènes pour éviter de nous fourvoyer dans une analyse trop fragmentaire de la post-modernité.

 

Présentisme et désenchantement

 

Quels sont les facteurs sociologiques qui définissent la post-modernité? Pour Fernando CASTELLO, journaliste à El Pais, il s'agit de la vogue post-industrielle, portée par l'actuelle révolution scientifique et technique qui implique l'abandon des fonctions intellectuelles à la machine et se manifeste dans l'univers social par une espèce de nihilisme inhibitoire, par un individualisme hédoniste et par le désenchante- ment (1). D'autres, tel Dionisio CAÑAS, nous décrivent l'ambiance émotionnelle de l'attitude post-moderne comme un déchantement par rapport au passé marqué par l'idéologie du "progrès". Cette idéologie a donné naissance à la modernité et aujourd'hui, sa disparition engendre une désillusion face à un présent sans relief ainsi qu'une forte sensation de crainte face au futur immédiat. L'ensemble produit une vision apocalyptique et conservatrice, négatrice de la réalité, vision qui, selon CAÑAS, coïncide avec une esthétique "réhumanisante", anti-moderne et, parfois, engagée. Une telle esthétique avait déjà été annoncée par Gimenez CABALLERO, dans son ouvrage Arte y Estado, publié en 1935 (2). Pour ces deux auteurs, il s'agit, en définitive, d'un retour au conservatisme.

 

Entendons, bien sûr, que ce conservatisme ne saurait se réduire à un mental "droitier". Guillau- me FAYE (3) parle, par exemple, d'un néo-conservatisme des gauches, régressif mais tou- jours égalitaire, qui survient lorsque le progressisme se rétracte en un présent sans perspective, une fois coupées la mémoire et la dimension vivantes du passé. La post-modernité, l'attitude post-moderne, restent "progressistes" (du moins en paroles) et égalitaire, mais le progrès qu'elles évoquent est mis à l'écart lorsqu'il affronte, dans la réalité concrète, un futur incertain et critique. Le discours progressiste est, à l'épreuve des faits, freiné et immobilisé par la menace d'une crise mondiale. Mais s'il veut conserver sa valeur et sa légitimité, il doit continuer sa marche en avant tout en maintenant son utopie de normalisation du monde. Le résultat est que l'utopie progressiste commence à perdre sa crédibilité, faisant place à une forme élégante et sophistiquée de présentisme en laquelle le lyrisme technique de la modernité devient un snobisme technologique.

 

Le manque de perspectives que nous offre le futur crée un vide fatal, une sensation de désenchantement vis-à-vis du présent. Dans la modernité, le présent avait toujours été la préfiguration du futur, sa mise en perspective, qu'il s'agissait de la lutte des classes pour une société communiste ou de la normalisation légale pour aboutir au règne sans partage de la société marchande. Lorsque l'idéologie sociale, la modernité, n'a plus la possibilité de préfigurer quoi que ce soit, la post-modernité émerge. Mais pourquoi la modernité n'est-elle plus à même d'offrir un futur? Pourquoi est-on arrivé au point final de la modernité?

 

La mort du finalisme

 

L'idée de fin se trouve dans l'embryon même des idéologies de la modernité. Toutes partent d'un point de départ négatif (exploitation d'une classe prolétaire par une classe plus élevée, impossibilité de mener à bien les échanges naturels entre les individus, etc.) pour arriver à un point final positif (la société sans classes, le libre-échange, etc.). Dès lors, le finalisme est partie intégrante de la modernité en tant qu'idéologie.

 

Il est évident que la modernité n'est pas seulement une idéologie. La modernité est un phénomène ambigu parce qu'elle contient tant une idéologie homogénéisante et inorganique qu'un vitalisme transformateur de la nature organique. Ainsi, aux yeux d'Oswald SPENGLER, la modernité présente d'un côté la vitalité faustienne et aventurière qui est en grande partie à la base de la force d'impulsion du devenir historique européen, mais d'un autre côté, elle présente des tendances meurtrières qui prétendent normaliser (moderniser) la planète entière, en promouvant une vision inorganique. Une telle normalisation signifie pour SPENGLER la fin de l'âge des "hautes cultures" (Hochkulturen), la fin de l'ère des spiri- tualités et de la force vitale des peuples. Il existe donc un divorce entre la modernité comme vitalisme, comme aventure, comme "forme". La première est la vision progressiste de l'histoire, la seconde est la vision tragique du monde et de la vie. La première est celle qui a prédominé.

 

Le souci d'homogénéiser et de normaliser le monde, pour qu'il accède enfin à la fin paradisiaque promise, trouve son cheval de bataille dans l'idéologie du progrès, véhiculant une vision du temps linéaire qui relie le monde réel négatif au monde idéal positif. Cette particularité rappelle ce que NIETZSCHE nommait l'inversion socratique: la césure du monde en deux mondes, germe de toutes les utopies. Le progrès idéologique se perçoit comme matrice de la modernité. Mais ce progrès signifie aussi la certitude de l'existence d'un point final, puisqu'on ressent l'infinitude du progrès comme une hypocrisie et que, dans ce cas, il faudra un jour cesser de croire en lui. NIETZSCHE n'a-t-il pas écrit dans l'Antéchrist: "L'humanité ne représente pas une évolution vers quelques chose de meilleur ou de plus fort, ou de plus haut, comme on le croit aujourd'hui; le progrès est purement une idée moderne; c'est-à-dire une idée fausse". Par sa propre nature, la notion de progrès implique la fin de l'histoire. C'est ce que pressentait sans doute Milán KUNDERA, lorsqu'il écrivait: "Jusqu'à présent, le progrès a été conçu comme la promesse d'un mieux incontestable. Aujourd'hui cependant, nous savons qu'il annonce également une fin" (4). Cette certitude qu'une fin surviendra est cela précisément qui produit le désenchantement. Tous les finalismes sont à présent morts parce qu'ils ne sont légitimes que dans la mesure où ils atteignent un but hic et nunc.

 

Régression et fin de l'histoire

 

Mais quid dans le cas où l'on affirmerait aucun finalisme? Dans le cas où l'on ne prétendrait pas arriver à une fin de l'histoire, à la fin des antagonismes et des luttes entre volontés oppo- sées? Cette conclusion, consciemment ou inconsciemment, des milliers d'intellectuels l'ont déjà tirée. En se posant une question très simple: où se trouve ce fameux paradis annoncé par les progressistes? La réponse est lapidaire: nulle part. Déduction: la seule possibilité qui reste pour sauver l'utopie, c'est de cultiver une idéologie de la régression. On passe de ce fait à un culte du "régrès" qui remplace la culte du "progrès" devenu désuet et sans objet.

 

Ce n'est pas un hasard si la gauche de notre époque vire au "vert" et à un certain passéisme idyllique. Pour la gauche actuelle, l'Arcadie pastoraliste s'est substituée à l'Utopie constructiviste. Cette mutation est dans la logique des choses. Le progrès avait été conçu selon une double optique: idéologique et technologique. Le progrès technologique, véhiculé par cet esprit faustien et aventurier (SPENGLER), qui donna toute son impulsion au développement de l'Europe, a, plutôt que de normaliser et de pacifier, créé plus de tensions et d'antagonismes. Prométhée, dit-on, est passé à droite... La gauche a réagi, consciente que le progrès technique était par définition sans fin et limitait ipso facto son "monde idéal"; elle délaissa la technique, abandonna son promé- théisme (sauf, bien sûr en URSS où le technicisme marxiste se couple au mythe de Gengis Khan). La gauche a opéré un tour de passe passe conceptuel: elle n'a plus placé la fin de l'histoire, l'homogénéisation de la planète, dans un avenir hypothétique. Sur le plan des idées et de la praxis, elle a replacé cette fin dans l'actualité. Attitude clairement observable chez les idéologues de l'Ecole de Francfort et leurs disciples.

 

Cette mutation s'est effectuée de manière relativement simple. Il s'agit, dans la perspective actuelle de la gauche, de vivre et de penser comme si la révolution et le paradis sans classes, idéaux impossibles à atteindre, existaient de manière intemporelle et pouvaient être potentialisés par l'éducation, le combat culturel et la création de mœurs sociales nouvelles. On constate que la gauche intellectuelle effectue cette mutation conceptuelle au moment où sociaux-démocrates et sociaux-libéraux affirment de fait la fin de l'histoire parce qu'ils estiment, sans doute avec raison, que leur société-marché a abouti. On croit et l'on estime qu'est arrivé le moment d'arrêter le mouvement qui a mis fin jadis à l'Ancien Régime et implanté l'ordre social-bourgeois.

 

Mais que faire si ce mouvement ne s'arrête pas partout, en tous les points de la planète? Si le principe de révolution agite encore certains peuples sur la Terre? En Occident, on a décrété que l'histoire était terminée et que les peuples devaient mettre leurs volontés au frigo. Et en ce bel Occident, c'est chose faite. Elles croupissent au frigidaire les volontés. Ailleurs dans le monde, la volonté révolutionnaire n'est pas extirpée. Le monde effervescent du politique, la Vie, les relations entre les peuples et les hommes n'obéissent pas partout à la règle de la fin des antagonismes. Croire à cette fiction, c'est se rendre aveugle aux motivations qui font bouger le monde. C'est déguiser la réalité effeverscente de l'histoire et du politique avec les frusques de l'idéologie normalisatrice et finaliste.

 

Là nous percevons clairement la contradiction fondamentale de la société post-moderne.

 

Un doux nihilisme

 

Dans de telles conditions, nos sociétés ne peuvent que vivre en complet dysfonctionnement. D'un côté, nous avons un monde idéal, suggéré par les idéologies dominantes, conforme à ses présupposés moraux qu'il convient de mettre en pratique dans sa vie quotidienne pour ne pas se retrouver "marginal" (humanitarisme, égalitarisme, bien-être). D'un autre côté, nous voyons un monde réel qui, en aucun cas, n'obéit à l'idéologie morale moderne et qui nous menace constamment d'une crise finale, d'une apocalypse terrible.

 

La technique qui nous permet de survivre dans cette contradiction est simple: c'est la politique de l'autruche. Le divorce entre les deux réalités crée une formidable schizophrénie sociale. Selon les termes de BAUDRILLARD: Perte du rôle social, déperdition du politique... De toutes parts, on assiste à une perte du secret, de la distance et à l'envahissement du domaine de l'illusion... Person- ne n'est actuellement capable de s'assumer en tant que sujet de pouvoir, de savoir, d'histoire (5). Le spectateur a supplanté l'acteur. Quand les hommes, les citoyens avaient un rôle, le jeu social détenait un sens. N'étant plus que des spectateurs impuissants, tout sens s'évanouit. Et derrière le spectacle, en coulisses, se déploie un monde qui n'a rien à voir avec celui qui nous est offert, suggéré, vanté. Le système cherche à ce que nous vivions comme si la fin de l'histoire, du politique, du social était déjà survenue. Autrement dit, le système simule la disparition du sens que nous évoquions.

 

Il ne reste plus aux hommes qu'à s'adonner au nihilisme "soft" d'un monde sans valeurs. Mais le sens des valeurs a-t-il réellement disparu? Non. Il se cache. Il est imperceptible dans les sociétés de consommation de masse d'Europe mais reste vivace là où se manifeste une volonté collective d'affirmation. Du point de vue de l'idéologie occidentale dominante, les signes d'un tel sens restent cachés comme un visage derrière un masque. Pourtant, ce visage est celui d'un être bien vivant. C'est ce qui explique pourquoi l'homo occidentalis ne mesure les phénomènes nationalistes du Tiers-Monde que sous l'angle de folies individuelles alors qu'en réalité, il s'agit de volontés nationales d'échapper à la dépradation américaine ou soviétique. Dans nos sociétés, au contraire, il n'y a déjà plus de volonté collective mais il règne un individualisme englouti dans l'indifférence généralisée de la massification. C'est un univers où chacun vit et pense comme tous sans pour autant sortir de son petit monde individuel. C'est là une autre forme de nihilisme et l'on ne détecte rien qui puisse affirmer une quelconque volonté.

 

Cet individualisme a déteint sur toute la société post-moderne. Il a suscité tous les phénomènes qui caractérisent ce post-modernisme, y compris ce nihilisme hédoniste, né de la disparition du sens. Gilles LIPOVETSKI confirme cet individualisme intrinsèque de la société post-moderne en énumérant les traits qui la caractérisent: recherche de la "qualité de la vie", passion pour la personnalité, sensibilité "écolo", désaffection pour les grands systèmes qui exigent la motivation, culte de la participation et de l'expression, mode rétro,... (6).

 

Arrêtons nous un moment à ce culte de la participation et de l'expression qui sont symptômes supplémentaires de la schizophrénie sociale et, par là, facteurs de nihilisme. Il existe dans nos sociétés une impulsion de type moral qui appelle constamment à la participation dans la vie publique et à l'expression de la volition individuelle par le biais de la communication. Ainsi, l'on prétend que nos sociétés sont des sociétés de communication, thème que l'on retrouve chez des auteurs aussi éloignés l'un de l'autre que HABERMAS, MARSHALL McLUHAN ou Alvin TOFFLER. Mais où participer, où s'exprimer quand les institutions qui avaient traditionnelle- ment la fonction de canaliser ces pulsions et ces nécessités ont cessé de posséder un sens, ont succombé aux impulsions commerciales de la communication de masse? Comme l'a vu justement BAUDRILLARD (7), le système appelle sans cesse à la participation, il veut sortir la masse de sa léthargie, mais la masse ne réagit pas: elle est trop bien occupée à assurer son bien-être individuel. La participation et l'expression jouent aujourd'hui le même rôle de norme sociale que l'idée que le souverain était l'incarnation d'un pouvoir divin. Actuellement, les normes morales  -déjà non politiques-  du système social-démocratique ne sont qu'un simple vernis, comme le fut, à la fin du XVIIème siècle, l'idée du souverain comme principe incarnateur. Cela signifierait-il que nous sommes à la fin d'un cycle? En termes clairs: le silence des masses, l'impossibilité des dogmes fondamentaux du système démocratique signifie- raient-ils le terme, la mort de l'idée démocratique de participation du peuple, laissant cette participation à une simple fiction juridique, comme le pense Jürgen HABERMAS (8)?

 

Ainsi, l'impossibilité de réaliser ce qui paraît le plus important dans toute société démocratique qui se respecte pourrait donner naissance à un nouveau facteur de nihilisme qui s'ajouterait à ceux déjà énumérés. D'autre part, à la vision apocalyptique inhérente à tout finalisme, se joignent actuellement divers paramètres de crise: économiques, écologiques, géostratégiques... Tous pourraient, à un moment donné, converger. En réalité, la crise est l'état habituel du monde depuis que l'homme existe sur cette planète. Le sens que l'on donnait à la vie était celui qui réduisait l'acuité des crises; il y avait alors quelque chose à leur opposer. Aujourd'hui, en revanche, la crise se profile avec netteté et le consensus a disparu. L'appareil macroéconomique transnational qui régit actuellement l'Occident est occupé à régulariser un système de crise. Mais cette crise ne peut être régularisée indéfiniment. Après la crise viendra inéluctablement la guerre... ou une autre situation conflictuelle qui ne prendra pas nécessairement le visage de la confrontation militaire directe; Songeons aux guerres économiques et culturelles qui affaiblissent déjà l'Europe, avec parfois la frappe chirurgicale et précise d'un terrorisme manipulé...

 

Parier pour l'interrègne

 

Le nihilisme de notre actuelle quotidienneté n'a rien à voir avec le nihilisme classique, exprimé par le terrorisme urbain et le chaos social. Le nihilisme actuel est un nihilisme doux, "soft", accepté comme tel par le système en tant que rouage de son mécanisme complexe. Un nihilisme qui peut se présenter comme inhibiteur, c'est-à-dire comme une acception des normes politiques et morales du système couplée à un refus d'avaliser son fonctionnement et les hiérarchies qu'il implique. Mais un nihilisme qui peut aussi se présenter comme nihilisme "exhibé", comme c'est le cas pour les "nouveaux barbares". Finalement, aucun des deux modèles n'est réellement nocif pour le système. Ce flou est précisément ce qui fait de la post-modernité une époque potentiellement décisive, dans la mesure où on peut franchement la définir comme un interrègne. Interrègne obscur, chargé d'ivresse dionysiaque sourde, comme nous l'a décelé Guillaume FAYE (9). Interrègne qui est prémisse de quelque chose d'encore incertain. Quelque chose qui pourrait rendre à notre monde son enthousiasme, son sens de l'aventure, la nécessité du risque et la volonté de prendre à nouveau des décisions. Tel est le pari de tout interrègne.

 

Giorgio LOCCHI écrit que les représentants les plus autorisés de la Révolution Conservatrice allemande du temps de Weimar, de JüNGER à HEIDEGGER, ont appelé "interrègne" cette période d'attente durant laquelle le destin bascule entre deux possibilités: 1) achever le triomphe de la conception du monde égalitaire avec sa "fin de l'histoire" ou 2) promouvoir une régénération de l'histoire (10). La post-modernité actuelle est un interrègne. Pour cela elle peut être le creuset d'une nouvelle révolution culturelle comme celles qu'a connues l'Europe tout au long de son histoire. En dernière instance, la balance penchera de l'un ou de l'autre côté...

 

Dès lors, nous pouvons affirmer qu'il existe quatre attitudes fondamentales en jeu actuellement. L'une de ces attitudes est proprement post-moderne, elle est hédoniste, éclectique, dionysiaque, indécise. Cette atittude-là est celle du pari pour les mutations superficielles mais contestatrices. Une deuxième attitude est également conforme au système; elle intériorise les présupposés "progressistes" et prône l'aveuglement face à l'histoire en marche, face au devenir du réel; elle fuit tout espèce de pari. Une troisième attitude pourrait être celle de nouveaux barbares, citadins ou ruraux. Elle consiste à sortir du système, à en sortir psychiquement pour les premiers, physiquement pour les secondes. Il s'agit de tuer les parieurs en "cassant le jeu". Enfin, la quatrième attitude est l'attitude faustienne et aventurière: miser et gagner. Mais pour quel enjeu? La régénération de l'histoire européenne. La décision de miser constitue alors un moment-clef.  Telle pourrait être l'attitude d'une Nouvelle Révolution, inspirée de la révolution conservatrice allemande des années 20. Tous les révolutionnaires conservateurs, écrit Louis DUPEUX (12), se définissent comme résolument modernes... Loin de la peur et des tourments qu'engendre le pessimisme conservateur traditionnel, la Révolution Conservatrice dégage une modernité contre le modernisme ou le progressisme, une contre-modernité. Il s'agit, en clair de se décider pour le côté organique de la modernité et d'abandonner les chimères inorganiques. Accepter et assumer la modernité comme forme vitale, comme impulsion et non comme sens orienté vers un finalisme inéluctable (et finalement misérabiliste) qu'on n'atteindra en fin de compte jamais. Rappellons-nous l'expression de JüNGER: fondre passé et futur en un présent vivant, ardent.

 

Il faut que dès maintenant, ceux qui ont décidé de parier pour cette nouvelle révolution spirituelle prennent conscience que le destin de notre culture et de notre continent se trouve entre leurs mains. Il serait toutefois assez ingénu de rejeter simplement les manifestations sociales et esthétiques de la post-modernité au nom d'un "conservatisme" qui, au bout du compte, ne pourrait conduire à rien. Il s'agit de savoir ce que peut donner comme résultat "l'orgiasme" en lequel se plonge la post-modernité. FAYE a écrit que dans les orgies romaines, seul l'amphitryon reste sobre: parce que le "climax", l'apogée du dionysisme n'est autre que le signal du prochain retour d'Apollon. Dans la perspective de cette nouvelle révolution culturelle, notre nouvelle révolution culturelle, la post-modernité ne peut être que la certitude, esthétique et mobilisatrice, que Dionysos sait ce qu'il fait même si ses serviteurs ignorent ses desseins.

 

Javier ESPARZA.

(traduction française de Rogelio PETE).

 

Cet article de Javier ESPARZA, traduit par Rogelio PETE est extrait de la revue PUNTO Y COMA (N°2, décembre 85 - février 1986). Adresse: Revista PUNTO Y COMA, Apartado de Correos 50.404, Madrid, España. Tel.: 410.29.76. Abonnement pour six numéros pour tout pays européen: 2600 pesetas. Tarif étudiant: 2200 pesetas.

 

Notes

 

(1) Castello, F., Tiempos Posmodernos, El Pais, 30/1/1985.

(2)  Cañas, D., La posmodernidad cumple 50 años en España, El Pais, 28/4/1985.

(3) Faye, G., La modernité, ambigüités d'une notion capitale, in: Etudes et Recherches n°1 (2ème série), printemps 1983.

(4) Kundera, M., cité par Régis Debray in Le pouvoir intellectuel en France, Ramsay, Paris, 1979.

(5) Baudrillard, Jean, Les stratégies fatales, Grasset, 1983.

(6) Lipovetsky, G., L'ère du vide, Gallimard, 1983.

(7) Baudrillard, J., Cultura y Simulacro, Kairos, 1984.

(8) Habermas, J., Historia y crítica de la opinión pública, Gili, Col. Mass Media, 1982.

(9) Faye, G., La nouvelle société de consommation, Le Labyrinthe, 1984.

(10) Locchi G., Wagner, Nietzsche e il mito sovrumanista, Akropolis, 1982.

(11) L'auteur du présent article ne trouve pas, dans la "révolution conservatrice" actuelle des Etats-Unis, d'éléments valables pour une régénération historico-culturelle de l'Europe. Il estime que ces éléments sont davantage à rechercher dans le sillage de la "Nouvelle Droite" française et des mouvements qu'elle a influencé ou dont elle a reçu l'influence en Europe.

(12) Dupeux L., Révolution Conservatrice et modernité, in Revue d'Allemagne, Tome XIV, Numéro 1, Janvier-Mars 1982.

 

mercredi, 24 février 2010

Postmortem Report: Cultural Examinations from Postmodernity

Dr. Sunic' Newest Book !

Paperback: 224 pages
Publisher: Iron Sky Publishing; 1ST edition (February 11, 2010)
ISBN-10: 0956183522
ISBN-13: 978-0956183521
 
 
 
Postmortem Report: Cultural Examinations from Postmodernity (collected Essays)
 
 
 
 

Postmortem Report: Cultural Examinations from Postmodernity

(collected Essays) (Paperback)

Tomislav Sunic (Author), MacDonald Kevin (Foreword)

Editorial Reviews

Product Description

Tomislav Sunic is one of the leading scholars and exponents of the European New Right. A prolific writer and accomplished linguist in Croatian, English, French, and German, his thought synthesizes the ideas of Oswald Spengler, Carl Schmitt, Vilfredo Pareto, and Alain de Benoist, among others, exhibiting an elitist, neo-pagan, traditionalist sensibility. A number of themes have emerged in his cultural criticism: religion, cultural pessimism, race and the Third Reich, liberalism and democracy, and multiculturalism and communism. This book collects Dr. Sunic’s best essays of the past decade, treating topics that relate to these themes. From the vantage point of a European observer who has experienced the pathology of liberalism and communism on both sides of the Iron Curtain, Dr. Sunic offers incisive insights into Western and post-communist societies and culture. Always erudite and at times humorous, this highly readable postmortem report on the death of the West offers a refreshing, alternative perspective to what is usually found in the cadaverous Freudo-Marxian scholasticism that rots in the dank catacombs of postmodern academia.

 

vendredi, 04 septembre 2009

Vers l'infantilisation et l'américanisation de la société française

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Vers l'infantilisation et l'américanisation de la société française.

Ex: http://www.polemia.com/

Labourage et pâturage ne sont plus depuis longtemps les deux mamelles de la France. Elles sont aujourd’hui devenues Psychologie et Judiciaire. A chaque semaine sa nouvelle loi ou son nouveau règlement en réponse à chaque dernier fait divers. A chaque nouvel incident, sa horde de psychologues s’abattant tel un vol de criquets pèlerins sur les « victimes » aux frais de l’Etat et des collectivités locales. Autour de nous, ce n’est que procès, plainte, récrimination et victimisation. Tout devient judiciaire, on ne sait plus se parler et répondre par le bon sens ou le courage aux petits inconvénients de la vie. La plainte est l’avenir de l’homme aurait dit Aragon en rimant sur notre triste époque. Et ce qui n’est pas judiciarisé est psychiatrisé dans le mauvais sens du terme.

Il n’est pas un jour où l’on lise dans la presse ou sur Internet, où l’on voit à la télévision ou que l’on entende à la radio que la désormais célèbre « cellule psychologique d’urgence » a sévi. Passager du car qui s’est renversé, familles et voisins du petit loubard heurté par un voiture de police, enfants, parents et personnel de la crèche où l’enseignante s’est pendue, de la piscine où le gérant a pris un coup de couteau, tous y on droit sans discrimination.

Jadis, ceux qui supportaient mal les vicissitudes de l’existence, les mauvais coups et les traumatismes soit faisaient avec tant bien que mal, soit s’engageaient dans la voie volontaire et payante de la psychanalyse ou de la psychothérapie.

Maintenant, il n’est même plus nécessaire de demander, le psychologue et sa cellule de crise arrivent quasiment avant les flics et les pompiers sur les lieux du drame. Etre pris en charge psychologiquement devrait être une démarche individuelle et réfléchie. Or que voyons nous le plus souvent, des individus à qui certes il est arrivé quelque chose de fâcheux, mais le plus souvent de simples témoins qui s’en remettraient d’eux même la plupart du temps. Ils vont subir les poncifs et les lieux communs de soit disant professionnels du malheur pour les aider à supporter le choc. Et puis, comme les pouvoirs publics du plus haut de l’Etat au maire de la plus petite commune ne veulent pas passer pour des irresponsables et se montrer compatissants et ne pas être impliqués, on envoie l’équipe de psychologues qui le plus souvent ne fera qu’un séance collective tout près de la carcasse du bus, de la chapelle ardente ou de la cage d’escalier du HLM qui a pris feu. Résultat nul au niveau du soutien, car seul une écoute prolongée et structurée peut être efficace pour des personnes psychologiquement fragiles. Et puis, quand un autocar rempli de Slovènes se rendant Portugal s’écrase dans un fossé à trois heures du matin du côté de Sauveterre en Guyenne, on peut se demander où le maire va trouver à cette heure une équipe de soutien psychologique maîtrisant la langue des occupants du véhicule accidenté.

De plus, ce soutien est gratuit, même s’il coûte à l’Etat. Les « victimes » ne faisant pas de démarche volontaire et ne déboursant pas le moindre euro, l’impact psychologique est différent de celui créé par la relation avec un thérapeute que l’on a choisi et que l’on rémunère, quelque soit sa formation. Il y a fort à craindre que l’assistance tous azimuts, dispensée larga manu, peut avoir plus d’effets secondaires que prévu. D’abord la fixation de la scène traumatisante à force d’en avoir parlé. L’oubli est aussi utile à la reconstruction se soi après un traumatisme. Ensuite peut se greffer l’idée que « si l’on s’intéresse à moi, c’est qu’il y a eu faute ». Cela débouche rapidement sur la revendication et dans certains cas sur une pathologie revendicative appelée sinistrose, avec des effets encore pire que quelques possibles mauvais rêves post traumatiques.

A croire que les pouvoirs publics veulent venir en aide à la profession des psychologues qui pourtant est loin d’être sinistrée. Déjà les entreprises y ont recours tant au niveau du recrutement que de la gestion des ressources humaines. Mais là au moins, c’est le patronat qui paie, pas le contribuable. Et puis, le service rendu aux victimes, aux témoins de drames n’en est peut être pas véritablement un. Il y a aussi des risques de fixation du traumatisme subit indirectement quand on vient vous expliquez que vous venez d’en subir un et que vous risquez d’en souffrir toute votre vie si vous ne vous exprimez pas en vidant votre sac devant un professionnel.

Le recours au tout psychologique a pour corollaire l’inflation du tout judiciaire. En effet, lorsque l’on vous a fait comprendre que vous êtes quelqu’un digne d’intérêt parce que votre voisin a été tué à coups de hache, ou que votre car ne se serait pas retrouvé dans le fossé si la compagnie de transport avait suivi toutes les procédures de sécurité, que le maire du patelin aurait dû faire établir des ronds-points à grand frais dans sa commune et qu’à cause de ces irresponsables vous allez souffrir psychologiquement pendant des années parce que votre voisin de siège s’est cassé la clavicule dans l’accident, alors il vous vient rapidement le désir revendicatif et l’espoir de toucher quelque chose au titre du préjudice moral.

Souvent, après avoir été requinqué par le psychologue, le témoin, le rescapé, bref celui ou celle qui n’a pas souffert grand-chose est mûr pour devenir plaignant. Un plaignant qui va au tribunal stimulé par une démarche bipolaire. D’abord, le désir vindicatif et punitif le motive, mais le versant mercantile de la plainte n’est pas à négliger, même s’il se drape dans les oripeaux de la juste revendication.

La société française entière a été gangrenée par un recours au légal, au pénal pour un oui ou pour un non. La victime expiatoire a été remplacée par le coupable expiatoire qui permet à la fois de toucher des indemnités sonnantes et trébuchantes, mais aussi de considérer la justice comme l’émonctoire de la peur. Il y a aussi de nos jours, du Millénarisme dans le recours au juridique ainsi que du sacré. Le citoyen a une peur irraisonnée de Fin du Monde, d’Apocalypse et de Jugement dernier. L’environnement, de potentiellement dangereux, devient ressenti comme obligatoirement hostile. Manger un fruit, un bonbon, une salade ou un kebab, c’est s’exposer aux pesticides, aux cancérigènes et aux germes et de ce fait rechercher un bouc émissaire à dénoncer avant même le premier incident. Aller dans un parking toute seule, c’est prendre le risque d’un viol. Envoyer ses enfants en car scolaire, c’est la très forte probabilité de l’accident « qui aurait pu être évité » ou alors de tomber sur un chauffeur pédophile. Les exemples se ressemblent tous dans leur essence. La peur règne en maître, elle est érigée en dogme et débitée ad libitum durant les journaux télévisés. Le citoyen pense qu’il peut, qu’il doit se protéger de l’adversité en portant plainte, espérant ainsi une juste compensation. Cette forme d’exorcisme place l’action judiciaire au niveau du sacré, si ce n’est du magique et du sacrifice propriatoire. Le recours au psychologue le renforce dans cette dérive.

Les inconvénients de la vie ordinaire n’ont cependant pas tous le tragique d’un drame atridien. Les prud’hommes, le civil et le pénal sont utiles, mais pas à tout bout de champ. Il existe des licenciements abusifs évidents, certains inconscients peuvent laisser déambuler une meute de bergers allemands sans surveillance devant une école maternelle. Le viol, l’attaque à main armée et le meurtre, fût il petit et entre amis doivent avoir une réponse pénale avec sanction et réparation matérielle, c’est évident.

Mais en plus de la démarche individuelle, il se développe une stratégie collective de la plainte. Les associations de consommateurs et de victimes se comportent de plus en plus en associations de malfaisants, si ce n’est de malfaiteurs. Ces groupes se portent partie civile, le plus souvent non pour faire éclater la vérité et faire châtier le coupable, mais pour faire condamner un responsable avant tout solvable. Il est remarquable de constater que les « lampistes » ne paient quasiment jamais, même quand ils sont véritablement impliqués dans une affaire pouvant déboucher sur des dommages et intérêts. Les associations savent que les subalternes ne sont pas solvables et sont souvent défendus bec et ongles par les syndicats. Il est nettement plus rentable de se retourner contre l’Etat, une compagnie aérienne, une grosse entreprise, un médecin, un maire ou un architecte si on espère une forte indemnisation. Ce comportement participe à l’inflation judiciaire et à la pénalisation, mais aussi à l’inflation tout court, car les coupables potentiels sont obligés de se couvrir en s’assurant et en créant des provisions pour frais de justice.

Par contre, le « Respect pour Farid ! » scandé aux alentours d’une cité après le décès d’un délinquant est beaucoup plus significatif d’un désir revendicatif incantatoire, d’une recherche de reconnaissance, voire d’une forme de victimisation. A l’inverse, il ne s’agit pas de l’influence de la télévision sur le citoyen, mais de l’imprégnation des médias et de la classe politique par un cri venu du peuple. Le mot respect étant ensuite récupéré avec démagogie à des fins électorales par les politiciens de tous bords.

De nos jours, le milieu judiciaire lui permet d’exprimer sa citoyenneté. Le Français rejoint le thème aphorique, « Je plaide donc je suis ! ». Plaider reviendrait à une démarche identitaire individuelle.

L’accent mis sur le lien ressenti par le plaideur entre la sanction et le dédommagement. Le « quelqu’un doit payer » est devenu le leitmotiv du plaignant. On a gloussé sur le fameux « responsable mais pas coupable ». Personnellement, je ne vois pas le mal dans cette réplique, peut-être du bon sens. En terme trivial, on pourrait dire : « Si je ne peux obtenir les cinq mois ferme minimum requis contre le coupable, je veux au moins un gros paquet de fric ! Les deux ensembles, ça ne serait pas plus mal ! » Cette dérive explique en parti pourquoi de nombreux maires de petites communes hésitent à se représenter, craignant de se retrouver au pilori et leur compte en banque vidé à la suite de la chute d’un arbre sur une poussette par jour de grand vent.

L’ « américanisation » des comportements de la société française est de plus en plus visible dans le domaine médical. Les plaintes sont de plus en plus fréquentes et le médecin n’est plus le notable respecté de jadis mais une volaille à plumer. Les vrais canailles médicales, cependant passent encore entre les gouttes car bien organisées. Mais les malchanceux, responsables de fautes professionnelles, condamnables mais compréhensibles sont de plus en plus attaqués. On n’a cependant pas atteint en France le niveau américain avec ses avocats véreux attendant les patients à la sortie de la clinique avec un formulaire pré rempli. La première conséquence de cette dérive procédurière se retrouve dans les tarifs des assurances des professionnels de santé et de ce fait dans le déficit de la sécurité sociale.

La solution passerait donc par une éducation juridique du citoyen. Beaucoup de français n’ont qu’une idée très vague de la différence entre une infraction, un délit et un crime. Peu savent ce qui relève du civil, du pénal ou des assises. Cet enseignement devrait être acquis à l’école, mais on lui préfère les activités d’éveil. On est mal parti quand on regarde la télévision ou bien quand on lit la presse populaire qui a érigé le fait divers en fait historique. La pire catégorie de ces nouveaux Fouquier-Tinville veut pénaliser tout ce qui est potentiellement agressif même au niveau subjectif. Tirer un colvert hors saison, stationner sur une place de handicapé, ne pas indiquer un colorant sur un emballage, ne sont que des infractions bénignes ne méritant qu’une simple amende quelquefois amnistiable. Mais, ces adulateurs dévoyés du droit voudraient les voir pénalisées et sanctionnées, regrettant le temps des galères et du bagne pour le vol d’un pain.

La France s’américanise au niveau de ses comportements : recours au religieux, au psychologique, au pénal, au règlement en permanence. De nombreuses plaintes qui finalement entravent l’application de la justice, la recherche de coupables et de responsables à tout prix paralyse les institutions. Les Français s’orientent vers cette dérive américaine qui les rend de plus en plus processifs et intolérants et de moins en moins résistants à l’adversité.

Peut-être en arriverons nous un jour à un pays de geignards et de procéduriers, totalement incapables de réagir aux moindres vicissitudes et inconvénients de la vie quotidienne

Georges Yang
12/08/2009

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/vers-l-infantilisation-et-l-60107

« Citoyen français. Entre Nairobi et Paris, mais me tenant au courant de l’actualité ! Médecin vivant dans le monde arabe et en Afrique centrale et de l’est depuis 1976
Intéressé autant par mon métier que par les diversités culturelles quoique hostile au métissage culturel synonyme de Mc Donald en Afrique, de pizzeria à Athènes et d’appauvrissement de la langue en banlieue »
 

Correspondance Polémia
19/08/2009

 

Georges Yang

mercredi, 12 novembre 2008

Mutaçao dos dispositivos

Mutação dos dispositivos

ex: http://testemunhodoestetico.blogspot.com/


«Existem duas categorias [no ser]: os seres vivos (ou substâncias) e os dispositivos. Entre estas, e como terceiro elemento, os sujeitos. Chamo sujeito àquilo que resulta da relação e, por assim dizer, do corpo-a-corpo entre os vivos e os dispositivos. Naturalmente, como na antiga metafísica, as substâncias e os sujeitos parecem confundir-se, mas não completamente. Por exemplo, um único indivíduo, uma única substância, podem ser a sede de vários processos de subjectivação: o utilizador de telemóveis, o internauta, o autor de narrativas, o apaixonado pelo tango, o militante antiglobalização, etc. Ao desenvolvimento infinito dos dispositivos do nosso tempo corresponde um desenvolvimento igualmente infinito de processos de subjectivação».

Giorgio AGAMBEN, Che cos'è un dispositivo?, pp. 32-33
(obra traduzida pelo autor deste blogue)

Parece claro que, a par da linguagem, a casa será talvez o mais antigo dispositivo. Tal como nos deixámos prender quase inadvertidamente naquela, também a casa (simultaneamente enquanto função arquitectónica e enquanto metáfora) se foi impondo como dispositivo omnipresente. A sua capacidade para manipular e distribuir relações de força encontra-se aparentemente diluída na cidade pós-moderna, no seu aparente ecletismo, na sua festividade. Mas é precisamente aí que a casa se revela um dispositivo cada vez mais vorazmente apetecido pelas dinâmicas de subjectivação evocadas por Agamben.

O aparelhamento que uma casa hoje fornece - dispositivo ele próprio ramificado em inúmeros outros dispositivos - não parece reflectir algumas das significações sólidas que lhe estavam historicamente associadas, quer sejam jurídicas, militares ou simbólico-genealógicas. A casa reflecte a docilidade política dos sujeitos, a sua amnésia cultural e a sua dispersão psíquica. A casa actual é uma casa económica (coisa que sempre foi) num sentido hipertrofiado. Serve uma economia polimorfa que atravessa o corpo, os objectos, o tempo vivido e as escalas imaginárias dos seres vivos.

A casa é, cada vez mais, o lugar do trabalho na medida em que, precisamente, deixou de ser um dispositivo de negociações entre economia doméstica (da «casa») e economia urbana. Ao deixar de sê-lo, a casa torna-se (à semelhança da linguagem) dispositivo de dispositivos, aparelhamento multiforme que tanto se orienta para o interior orgânico dos habitantes como o exterior inorgânico. Em consequência, a casa torna-se (mais) um dispositivo mutante, em si mesmo ilegível para as lógicas urbanísticas que não sejam apenas as que servem as redes de fluidez dos transportes físicos e das trocas imateriais.

Relembrando o tema que abriu este blogue: toda a casa comemorativa é hoje entendida como uma máquina demasiado sólida, sobretudo se pensarmos que ela evoca constantemente, a categoria do histórico. Contudo, esta é amplamente recuperável para a economia contemporânea se nela fizermos irromper o princípio que rege um outro dispositivo como o telemóvel: o tempo passa aqui a ser um processo de espacialização incessante. Tópica voraz, impossibilidade de profanar a fundação no tempo porque o tempo histórico já não é aquilo que se manipula aí.

vendredi, 01 août 2008

Défis postmodernes: entre Faust et Narcisse

Robert STEUCKERS:

Défis postmodernes : entre Faust et Narcisse

 

Notre culture européenne est le produit d'une pseudomorphose, disait Spengler. D'une pseudomorphose, c-à-d. d'un télescopage entre un mental autochtone, initial, inné, et un mental greffé, chronologiquement postérieur, acquis. L'inné, pour Spengler, c'est le mental "faustien".

 

L'affrontement de l'inné et de l'acquis

L'acquis, c'est le mental "magique", théocentrique, né au Proche-Orient. Pour la pensée magique, le moi s'incline respectueusement devant la substance divine, comme l'esclave se courbe devant son maître. Dans le cadre de cette religiosité, l'individu se laisse guider par la force divine, incluse en lui par le baptême ou l'initiation. Rien de tel pour l'esprit faustien vieil-européen, selon Spengler. L'homo europeanus, lui, malgré le vernis magique/chrétien qui recouvre sa pensée, déploie une religiosité volontariste et anthropocentrique. Le bien pour lui, ce n'est pas de se laisser guider passivement par Dieu, c'est bien plutôt affirmer et réaliser sa volonté. "Pouvoir vouloir", tel est le fondement ultime de la religiosité autochtone européenne. Dans le christianisme médiéval, cette religiosité volontariste transparaît, perce la croûte du "magisme" importé du Proche-Orient.

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Dès l'an mille, dans l'art et les épopées littéraires, ce volontarisme dynamique apparaît progressivement, couplé à un sens de l'espace infini, vers lequel peut et veut se déployer le moi faustien. À la notion d'un espace clos, où le moi se trouve enfermé, s'oppose donc une notion d'espace infini, vers lequel se projette un moi aventureux.

Du monde "clos" à l'univers infini

Pour le philosophe américain Benjamin Nelson (1), le sens vieil-hellénique de la physis, avec tout le dynamisme qu'il implique, triomphe dès la fin du XIIIe siècle, grâce à l’averroïsme, détenteur de la sagesse empirique des Grecs (et d'Aristote en particulier). Progressivement, l'Europe passera du "monde clos" à l'univers infini. L'empirisme et le nominalisme prennent le relais d'une scolastique strictement discursive, répétitive et enfermante. La renaissance, avec Copernic et Bruno (le martyr tragique du Campo dei Fiori), renonce au géocentrisme sécurisant pour proclamer que l'univers est infini, intuition essentiellement faustienne selon les critères énoncés par Spengler.

Dans le 2nd volume de son Histoire de la Pensée Occidentale, J-F. Revel (2), qui officiait naguère au Point et y illustrait malheureusement l'idéologie occidentaliste américanocentrée, écrit avec beaucoup de pertinence : "On conçoit sans peine que l'éternité et l'infinité de l'univers énoncées par Bruno aient pu faire aux hommes cultivés d'alors l'effet traumatisant d'un passage de la vie intra-utérine au vaste et cruel courant d'air d'un tourbillon glacial et sans limite".

La peur "magique", l'angoisse suscitée par l'effondrement d'une certitude dorlotante, celle du géocentrisme, provoquera la mort cruelle de Bruno, mais sera, en somme, une épouvantable apothéose... Rien ne réfutera plus l’héliocentrisme, ni la théorie de l'infinitude des espaces sidéraux. Pascal dira, résigné, avec l'accent du regret : "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie".

Du logos théocratique à la raison figée

Pour remplacer le "logos théocratique" de la pensée magique, la pensée bourgeoise naissante et triomphante va élaborer une pensée centrée sur la raison, une raison abstraite devant laquelle il faudra s'incliner comme le Proche-Oriental s'inclinait devant son dieu. L'adepte "bourgeois" de cette "petite raison étriquée", vertueux et calculateur, soucieux de juguler les élans de son âme ou de son esprit, retrouve ainsi un: finitude confortable, un espace clos et sécurisant. Le rationalisme de ce type humain vertueux n'est pas le rationalisme aventureux, audacieux, ascétique et créateur décrit par Max Weber (3) qui éduque l'intériorité à affronter précisément cette infinitude affirmée par Giordano Bruno (4).

Dès la fin de la Renaissance, 2 modernités se juxtaposent

Le rationalisme étriqué dénoncé par Sombart (5) va régenter les cités en rigidifiant les pensées politiques, en corsetant les pulsions activistes constructives. Le rationalisme proprement faustien et conquérant, décrit par Max Weber, va propulser l'humanité européenne hors de ses limites territoriales initiales, va donner l'impulsion majeure à toutes les sciences du concret.

Dès la fin de la Renaissance, nous découvrons donc, d'une part, une modernité rigide et moraliste, sans élan, et, d'autre part, une modernité aventureuse, conquérante, créatrice, tout comme nous aujourd'hui, au seuil d'une post-modernité molle ou d'une post-modernité fulgurante, impavide et potentiellement innovante. En posant ce constat de l’ambiguïté des termes "rationalisme", "rationalité", "modernité" et "post-modernité", nous entrons de plain-pied dans le domaine des idéologies politiques voire des Weltanschauungen militantes.

La rationalisation pleine de morgue vertueuse, celle décrite par Sombart dans son célèbre portrait du "bourgeois", engendre les messianismes mous et mièvres, les grands récits tranquillisants des idéologies contemporaines La rationalisation conquérante décrite par Max Weber, elle, suscite les grandes découvertes scientifiques et l'esprit méthodique, raffinement ingénieux de la conduite de la vie et maîtrise croissante du monde extérieur.

Cette option conquérante possède également son revers : elle désenchante le monde, l’assèche, le schématise à outrance. En se spécialisant dans l'un ou l'autre domaine de la technique, de la science ou de l'esprit, en s'y investissant totalement, les "faustiens" d'Europe et d'Amérique du Nord aboutissent souvent à un nivellement des valeurs, à un relativisme qui tend à la médiocrité parce qu'il nous fait perdre le sens du sublime, de la mystique tellurique et qu'il isole de plus en plus les individus. En notre siècle, la rationalité mise en exergue par Weber, si positive au départ, a culbuté dans l'américanisme quantitativiste et machiniste qui, instinctivement, cherchera, en compensation, un supplément d'âme dans le charlatanisme religieux alliant le prosélytisme le plus délirant et les bondieuseries les plus larmoyantes.

Tel est le sort du "faustisme" quand il est coupé de ses mythes fondateurs, de sa mémoire la plus ancienne, de son humus le plus profond et le plus fécond. Cette césure, c'est indéniablement le résultat de la pseudomorphose, de la greffe "magique" sur le corps faustien/européen, greffe qui a échoué. Le "magisme" n'a pu immobiliser le perpétuel élan faustien ; il l'a - et c'est plus dangereux - amputé de ses mythes et de sa mémoire, le condamnant à la stérilité par assèchement, comme l'ont constaté Valéry, Rilke, Duhamel, Céline, Drieu, Morand, Maurois, Heidegger ou encore Abellio.

Rationalité conquérante, rationalité moralisante, dialectique des Lumières, "grands récits" de Lyotard

La rationalité conquérante, si elle est arrachée à ses mythes fondateurs, à son humus ethno-identitaire, à son indo-européanité matricielle, retombe, même après les assauts les plus impétueux, inerte, vidée de sa substance, dans les rets du petit rationalisme calculateur et dans l'idéologie terne des "Grands Récits". Pour Jean-François Lyotard (6), la "modernité", en Europe, c'est essentiellement le "Grand Récit" des Lumières, dans lequel le héros du savoir travaille paisiblement et moralement à une bonne fin éthico-politique : la paix universelle, où plus aucun antagonisme ne subsistera. La "modernité" de Lyotard correspond à la fameuse "Dialectique de l'Aufklärung" ou "Dialectique des Lumières" de Horkheimer et Adorno (7), figures de proue de la célèbre "École de Francfort". Dans leur optique, le travail de l'homme de science ou l'action de l'homme politique, doivent se soumettre à une raison raisonnable, à un corpus éthique, à une instance morale fixe et immuable, à un catéchisme qui freine leurs élans, qui limite leur fougue faustienne. Pour Lyotard, la fin de la modernité, donc l’avènement de la "post-modernité", c'est l'incrédulité progressive, sournoise, fataliste, ironique, persiflante à l'égard de ce métarécit. Incrédulité qui signifie soit un possible retour du Dionysiaque, de l'irrationnel, du charnel, des zones troubles et troublantes de l'âme humaine révélées par Bataille ou Caillois, comme l'envisagent et l’espèrent le professeur Maffesoli (8), de l'Université de Strasbourg, et l'Allemand Bergfleth (9), jeune philosophe non-conformiste ; soit un retour tout aussi possible du Faustien, d’un esprit comparable à celui qui nous a légué le gothique flamboyant, d’une rationalité conquérante qui aurait récupéré sa mythologie dynamique vieille-européenne, comme nous l’explique G. Faye dans Europe et Modernité (10).

Le métarécit s'enkyste...

Avec l'installation, l'enkystement, dans nos mentalités du "métarécit" des Lumières, apparaissent progressivement les grandes idéologies laïques occidentales, le libéralisme idolâtrant la "main invisible" (11) ou le marxisme avec son déterminisme pesant et sa métaphysique de l’histoire, contestés dès l'aube de ce siècle par les figures les plus sublimes du socialisme militant européen, dont Georges Sorel (12). Avec Giorgio Locchi (13), qui appelle le "métarécit" tantôt "idéologue" tantôt "science", nous pensons que ce complexe "métarécit/idéologie/science" ne suscite plus de consensus que par contrainte, puisqu'il y a des résistances sourdes (not. en art, en musique par ex. [14]) ou une désuétude générale du dispositif métanarratif de légitimation dans son ensemble.

Le métarécit libéral-lliuministe résiste encore et toujours aujourd'hui par la contrainte ou par le matraquage médiatique. Mais dans la sphère de la pensée immédiate, des poésies, de la musique, de l'art ou des lettres, ce métarécit ne dit plus rien, ne suscite plus rien, ne mobilise plus aucun grand esprit depuis 100 ou 150 ans. Déjà le modernisme littéraire de la fin du XIXe s. exprime une diversité de langages, une hétérogénéité d’éléments, une sorte de chaos désordonné qu'analyse le "physiologue" Nietzsche (15) et que Hugo von Hoffmannstahl appelle die Welt der Bezuge (le monde des relations). Ces interrelations omniprésentes et surdéterminantes nous signalent que le monde ne s'explique pas par un simple récit tout propret ni ne se laisse régenter par une instance morale désincarnée. Mieux : elles nous signalent que nos Cités, nos peuples, ne peuvent exprimer toutes leurs potentialités vitales dans le cadre d'une idéologie déterminée et instituée une fois pour toutes pour toute ni conserver indéfiniment les institutions issues (les corpus doctrinaux dérives du "métarécit des Lumières". La présence anachronique du métarécit constitue un frein au développement de notre continent dans tous les domaines : scientifique (informatique et biotechnologie [16]), économique (maintien des dogmes libéraux au sein de la CEE), militaire (fétichisme d’un monde bipolaire et servilité à l'égard des USA, paradoxalement ennemis économiques), culturel (matraquage médiatique en faveur d'un cosmopolitisme qui élimine la spécificité faustienne et vise à l’avènement d'un grand village convivial à l'échelle du globe, régenté par les principes des "sociétés froides" à la manière des Bororos chers à Lévi-Strauss [17]).

Refuser le néo-ruralisme, le néo-pastoralisme…

Le désordre confus du modernisme littéraire de la fin du XIXe s. a eu son aspect positif, son rôle : celui de constituer ce magma qui, petit à petit, deviendra producteur d'un nouvel assaut faustien (18). C'est Weimar, le Weimar-arène où se déroulait l'affrontement créateur et fécond de l'expressionnisme (19), du néo-marxisme et de la "révolution conservatrice" (20), qui nous léguera, avec Ernst Jünger, une idée de la modernité post-métanarrative (ou post-modernité, si l'on appelle "modernité" la Dialectique des Lumières, théorisée postérieurement par l'École de Francfort). Le modernisme, avec la confusion qu'il inaugure, due à l'abandon progressif de la pseudo-scientificité des Lumières, correspond quelque peu au nihilisme constaté par Nietzsche. Nihilisme qui doit être surmonté, dépassé, mais non par un retour sentimental, voire niais, au passé révolu. Le nihilisme ne se dépasse pas par le wagnérisme théâtral, fulminait Nietzsche, comme aujourd'hui, l'effondrement du "grand récit" marxiste ne se dépasse pas par un néo-primitivisme pseudo-rustique (21).

Chez Jünger, le Jünger des Orages d'Acier, du Travailleur et d'Eumeswil, on ne trouve nulle référence au mysticisme du terroir : rien qu'une admiration sobre pour la pérennité paysanne, indifférente aux bouleversements historiques. Jünger nous signale la nécessité d'un équilibre : s'il y a refus total du rural, du terroir, de la dimension stabilisante de la Heimat, le futurisme constructiviste faustien n'aura plus de socle, de base de départ, de zone de repli. En revanche, si l'accent est trop placé sur le socle initial, le socle-tremplin, sur la niche écologique originaire du peuple faustien, celui-ci, en s’encroûtant dans sphère-cocon, se prive d'un rayonnement universel, se rend aveugle à l'appel du monde, refuse de s’élancer vers le réel dans toute sa plénitude, "exotique" compris. Le repli frileux sur le territoire premier confisque au faustisme sa force de diffusion et relègue son "peuple porteur" au niveau de celui du "paysan éternel anhistorique" décrit par Spengler et par Eliade (22). L'équilibre consiste à puiser (dans le fond du terroir premier) et à diffuser (vers le monde extérieur).

En dépit de toutes les nostalgies "organiques", ruralistes ou pastoralistes, en dépit de leur beauté esthétique, sereine, idyllique, qui nous rappelle Horace ou Virgile, la Technique et le Travail sont désormais les essences de notre monde post-nihiliste. Rien n'échappe plus à la technique, à la technicité, à la mécanique ou à la machine : ni le paysan qui ouvre avec son tracteur ni le prêtre qui branche un micro pour donner plus d'impact à son homélie.

L’ère de la "Technique"

La Technique mobilise totalement (Totale Mobilmachung) et projette les individus dans une infinitude inquiétante, où ils ne sont plus que petits rouages interchangeables (les mitrailleuses, constate le guerrier Ernst Jünger, fauchent les vaillants et les peureux dans la plus pure égalité). Comme dans la guerre totale de matériel, annoncée dès les batailles de char de 1917, sur le front de France. Le "Moi" faustien perd son intraversion pour se noyer dans un tourbillon d’agir incessant. Ce moi, après avoir façonné les flèches en dentelles de pierre du gothique flamboyant, a soit basculé dans le quantitativisme américain soit hésité, désorienté, pris dans le magma informatif, dans l’avalanche de faits concrets du XXe s. Ce fut son nihilisme, son blocage, son indécision due à un subjectivisme exacerbé, un patinage dans la boue désordonnée des faits. En franchissant la "ligne", disent Heidegger et Jünger (23), la monade faustienne (celle dont nous parlait Leibniz [24]) annule son subjectivisme et retrouve la puissance pure, le dynamisme pur, dans l’univers de la Technique. Avec l’approche jüngérienne, la boucle se referme : à l’univers clos du "magisme" se substitue le petit monde inauthentique du bourgeois, sécuritaire, frileux, confit dans sa sphère d’utilitarisme et à l’univers dynamique du "faustisme" se substitue un stade Technique, dépouillé cette fois de tout subjectivisme.

La Technique jüngérienne balaye la modernité factice du métarécit des Lumières, l’hésitation des littératures modernistes de la fin du XIXe siècle et le trompe-l’œil du wagnérisme et du néo-pastoralisme. Mais cette modernité jüngérienne, toujours incomprise depuis la parution de Der Arbeiter en 1932, est demeurée lettre morte.

De Babbit au paradoxe sartrien

En 1945, le débat idéologique est remis au diapason des idéologies victorieuses : le libéralisme à l’américaine (l'idéologie de M. Babitt [25]) ou le marxisme sous la forme d’un métarécit soi-disant désembourgeoisé. Les grands récits reviennent à la charge, traquent toute philosophie ou démarche "irrationaliste" (26), instaurent une police des pensées et provoquent, finalement, en agitant l’épouvantail d’une barbarie rampante, une ère du vide. Sartre, avec sa vogue existentialiste parisienne, doit être analysé à la lumière de cette restauration. Sartre, fidèle à son "athéisme", à son refus de privilégier une valeur, ne croit pas aux fondements du libéralisme ou du marxisme, il n’institue pas, au fond, le métarécit (dans sa variante la plus récente : le marxisme vulgaire des partis communistes [27]) comme une vérité mais comme un impératif catégorique "indépassable" pour lequel il convient de militer, si l’on ne veut pas être un "salaud", c-à-d. un de ces êtres abjects qui vénèrent des "ordres pétrifiés" (28). C'est là tout le paradoxe du sartrisme : d'un côte, il nous exhorte à ne pas adorer d' "ordres pétrifiés", ce qui est proprement faustien, et, d'un autre côté, il nous ordonne d'adorer "magiquement" un "ordre pétrifié", celui du marxisme vulgaire, déjà démonté par Sombart ou De Man. Le consensus, dans les années 50, âge d'or du sartrisme, est donc bel et bien une contrainte morale, une obligation dictée par une pensée de plus en plus médiatisée. Mais un consensus par contrainte, par obligation de croire sans discuter, n'est pas un consensus éternel : d’où l l'oubli contemporain du message sartrien, avec ses outrances et ses exagérations.

L'anti-humanisme révolutionnaire de mai 68

Avec Mai 68, phénomène de génération, l'humanisme, label du métarécit, est battu en brèche par les interprétations françaises de Nietzsche, Marx et Heidegger (29). L'humanisme est une illusion "petite-bourgeoise", proclament universitaires et vulgarisateurs agissant dans le sillage de la révolte étudiante. Contre l'Occident, réceptacle géopolitique du métarécit des Lumières, le 68tard joue à monter sur les barricades, prend parti, parfois avec un romantisme naïf, pour toutes les luttes des années 70 : celle du Vietnam spartiate en lutte contre l'impérialisme américain, celle des combattants latino-américain ("Che"), du Basque, de l'Irlandais patriote ou encore du Palestinien.

Le faustisme combatif, ne pouvant plus s'exprimer à travers des modèles autochtones se transpose dans l'exotisme : il s'asiatise, s'arabise, s'africanise ou s'indianise. Mai 68, en soi, par son ancrage résolu dans la grande politique, par son éthos du guérillero, par son option combattante, revêt malgré tout une dimension autrement plus importante que le blocage crispé du sartrisme ou que la grande régression néo-libérale actuelle. À droite, Jean Cau, en écrivant son beau livre sur Che Guevara (30) a parfaitement saisi cette problématique, que la droite, tout aussi crispée sur ses dogmes et ses souvenirs que la gauche, n'avait pas voulu apercevoir.

Avec ce soixante-huitardisme-là, combattant et politisé, conscient des grands enjeux économiques et géopolitiques de la planète, ont brûlé, dans l'esprit public français, les derniers feux de l'histoire, avant la grande assomption dans la posthistoire et le postpolitique que représente le narcissisme néo-libéral contemporain.

La traduction des écrits de l’ "École de Francfort" annonce l’avènement du narcissisme néo-libéral

La 1ère phase de l'assaut néo-libéral contre l'anti-humanisme politique de Mai 68, ce fut la redécouverte des écrits de l’École de Francfort, née en en Allemagne avant l’avènement du national-socialisme, arrivée à maturité pendant l'exil californien d'Adorno, d'Horkheimer et de Marcuse et érigée en objet de vénération dans l’après-guerre ouest-allemand (31). Dans un petit ouvrage, concis et fondamental pour comprendre la dynamique de notre de notre temps, Dialektik der Aufklärung, Horkheimer et Adorno nous signalent l'existence, dans la pensée occidentale, de 2 "raisons", que, dans le sillage de Spengler et de Sombart, nous serions tenté de nommer "raison faustienne" et "raison magique". La 1ère est, pour les 2 anciens exilés en Californie, le pôle négatif du "complexe raison" dans la civilisation occidentale : cette raison-là est purement "instrumentale", elle sert à accroître la puissance personnelle de celui qui s'en sert. Elle est la raison scientifique, la raison qui dompte les forces de l’univers et les met au service d’un chef ou d’un peuple, d’un parti ou d’un État. Elle est prométhéenne et non point narcissique / orphique, disait, dans cette optique, Herbert Marcuse (32). Pour Horkheimer, Adorno et Marcuse, c’est ce type des rationalité qu'avait théorisé Max Weber...

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La "raison magique", selon notre terminologie généalogique spenglérienne, en revanche, c’est, pour en brosser vite l’aspect général, celle du métarécit découvert par Lyotard. Elle est une instance morale qui dicte une conduite éthique, allergique à toute expression de puissance. Donc, à toute manifestation de l’essence du politique (33). En France, la redécouverte de cette théorie horkheimerienne et adornorienne de la raison, vers la fin des années 70, a inauguré l’ère de dépolitisation, ce qui, par déconnexion généralisée à l'endroit de l'histoire concrète et tangible, aboutira à l’ "ère du vide" si bien décrite par le professeur grenoblois Gilles Lipovetsky (34). À la suite de l'effervescence militante de mai 68, G. Lipovetsky perçoit, avec beaucoup de pertinence, les nouvelles attitudes mentales du post-68tardisme : apathie, indifférence (également au métarécit dans sa forme brute), désertion (des partis politiques, surtout des PC), désyndicalisation, narcissisme, etc. Pour Lipovetsky, cette démission et cette résignation généralisées constituent une aubaine. C'est la garantie, explique-t-il, que la violence reculera, donc qu'aucun "total "totalitarisme", rouge, noir ou brun, ne prendra le pouvoir. Cette convivialité psy, doublée d'une indifférence narcissique aux autres, constitue le propre de l'âge "post-moderne".

Il y a plusieurs définitions possibles de la "post-modenité"

En revanche, si nous percevons - convention de vocabulaire inverse à celle de Lipovetsky - la "modernité" ou le "modernisme" comme expressions du métarécit, donc comme freins à l'élan faustien, la post-modernité sera nécessairement un retour au politique, un rejet du fixisme para-magique et du soupçon anti-politique, surgis après mai 68, dans le sillage des spéculations sur la "raison instrumentale" et la "raison objective" décrites par Horkheimer et Adorno.

La complexité de la problématique "post-moderne" ne permet pas de donner une et une seule définition de la "post-modernité". Il n’existe pas UNE post-modernité, qui, toute seule, pourrait revendiquer l'exclusivité. Au seuil du XXIe siècle, se juxtaposent, en jachère, DIVERSES post-modernités, divers modèles sociaux post-modernes potentiels, chacun basé sur des valeurs foncièrement antagonistes, prêtes à s’affronter. Les post-modernités diffèrent, dans leur langage ou dans leur "look", des idéologies qui les ont précédées ; elles renouent néanmoins avec les valeurs éternelles, immémoriales, qui leur sont sous-jacentes. Comme le politique entre dans la sphère historique par des affrontements binaires, opposant des clans adverses avec exclusion des tiers minoritaires, osons évoquer la possible dichotomie de l’avenir : une post-modernité néo-libérale, occidentale et américaine et américanomorphe contre une post-modernité fulgurante, faustienne et nietzschéenne.

"Génération morale" et "ère du vide"

La post-modernité néo-libérale, c'est celle qu’annonce, triomphant et follement messianique, un Laurent Joffrin dans son bilan de la révolte étudiante de décembre 1986 (cf. Un coup de jeune, Arlea, 1987). Pour Joffrin, qui avait pronostiqué il y a 2 ou 3 ans (35) la mort de la gauche hard, du prolétarisme militant, décembre 86 est le signe avant-coureur d'une "génération morale", alliant, dans ses cerveaux, le gauchisme mou, un peu collectiviste par paresse intellectuelle, et l’égoïsme néo-libéral, narcissique et postpolitique. Le modèle social de cette société hédoniste, axée sur la praxis marchande, que Lipovetsky a décrit dans L'ére du vide. Vide politique, vide intellectuel, et désert posthistorique : telles sont les caractéristiques de l'espace bloqué, de l'horizon bouché, bouche, propre au néo-libéralisme contemporain. Cette post-modernité-là constitue, pour le grand espace européen, qui doit advenir pour que nous ayons un avenir viable, un blocage inquiétant, où le lent pourrissement annoncé par le chômage de masse et la démographie déclinante exerceront leurs ravages, sous les lumignons blafards des illusions consuméristes, du gigantesque fictionnisme publicitaire, sous les néons des enseignes vantant les mérites d'un photographe d’un photocopieur japonais ou d'une compagnie aérienne américaine.

En revanche, la post-modernité qui refusera le vieux métarécit anti-politique des Lumières, avec ses avatars et ses métastases, renouera avec l'insolence nietzschéenne ou l'idéal métallique d’un Jünger, qui franchira la "ligne" comme nous l'exhorte Heidegger qui sortira du dandysme stériles des périodes de nihilisme, la post-modernité qui recourrera à l'aventureux, en déployant concrètement un programme politique audacieux impliquant le rejet des blocs, la construction d’une économie auto-centrée en Europe, en luttant farouchement et sans concessions contre toutes les vieilleries religieuses et idéologiques, en développant les grands axes d'une diplomatie indépendante de l’avis de Washington, la post-modernité, qui réalisera ce programme volontaire et négateur des négations de la posthistoire, celle-ci aura notre pleine adhésion.

Par cette allocution, j'ai voulu prouver qu'il y avait une continuité dans l’affrontement entre "faustisme" et que cette continuité antagonistique se répercute dans le débat actuel sur les post-modernités. L'Occident américano-centré centre est le havre des "magismes", avec son cosmopolitisme et ses sectes moonistes ou autres qui exigent l'obéissance aveugle (36). L’Europe, héritière d’un faustisme maintes fois tarabusté par la pensée "magique", se réaffirmera par une post-modernité qui récapitulera les thèmes indicibles, récurrents mais toujours neufs, de la fausticité intrinsèque de la psyché européenne.

NOTES :

  1. Benjamin Nelson, Der Ursprung der Moderne, Vergleichende Studien zum Zivilisationsprozess, Suhrkamp, Frankfurt am Main, 1986.
  2. Jean-François Revel, Histoire de la pensée occidentale, tomeII, La philosophie pendant la science (XVe, XVIe et XVIIe siècles), Stock, 1970. Cf. également le maître-ouvrage d'Alexandre Koyré : Du monde clos à l'univers infini, Gal., 1973.
  3. Cf. Julien Freund, Max Weber, PUF, 1969.
  4. Paul-Henri Michel, La cosmologie de Giordano Bruno, Hermann, 1962.
  5. Cf. essentiellement : Werner Sombart, Le Bourgeois. Contribution à l'histoire morale et intellectuelle de l'homme économique moderne, Payot, Paris, 1966.
  6. Jean-François Lyotard, La condition postmoderne. Rapport sur le savoir, Minuit, 1979.
  7. Max Horkheimer, Theodor Adomo, Diaektik der Aufklârung. Philosophische Fragmente, Fischer, Frankfurt a.M., 1969-1980. Cf. également : Pierre Zima, L'école de Francfort. Dialectique de la particularité, éd. Universitaires, 1974. Michel Crozon, Interroger Horkheimer et Arno Victor Nielsen, Adorno, le travail artistique de la raison in : Esprit, Mai 1978.
  8. Cf. principalement : Michel Maffesoli, L'ombre de Dionysos. Contribution à une sociologie de l'orgie, Méridiens, 1982, repris en Livre de Poche/biblio-essais. Pierre Brader, Michel Maffesoli : saluons le grand retour de Dionysos in Magazine-Hebdo n°54 (21 sept. 1984).
  9. Cf. Gerd Bergfleth et al., Zur Kritik der Palavernden Aujklärung, Matthes & Seitz, München, 1984. Bergfleth publie dans cette remarquable petite anthologie 4 textes assassins pour le ronron "moderno-francfortiste" : 1) Zehn Thesen zur Vernunftkritik ; 2) Der geschundene Marsyas ; 3) Über linke Ironie ; 4) Die zynische Aufklärung. Cf. également R. Steuckers, G. Bergfleth : enfant terrible de la scène philosophique allemande in Vouloir n°27, mars 1986. Dans ce même numéro, lire aussi : M. Kamp, Bergfleth : critique de la raison palabrante et Une apologie de la révolte contre les programmes insipides de la révolution conformiste. Voir encore : M. Froissard, Révolte, irrationnel, cosmicité et... pseudo-antisémitisme in Vouloir n°40-42, juil-août 1987.
  10. Guillaume Faye, Europe et Modernité, Eurograf, Méry/Liège, 1985.
  11. Sur le fondement théologique de la doctrine de la "main invisible" : cf. Hans Albert, Modell-Platonismus. Der neoklassische Stil des ökonomischen Denkens in kritischer Beleuchtung in Ernst Topitsch (Hrsg.), Logik der Sozialwissenschaften, Kiepenheuer & Witsch, Köln/Berlin, 1971.
  12. La bibliographie française sur Georges Sorel est abondante. Néanmoins, on déplorera qu'une biographie et une analyse aussi précieuse que celle de Michael Freund n'ait jamais été traduite : Michael Freund, G. Sorel, Der revolutionäre Konservatismus, Vittorio Klostermann, Frankfurt a.M., 1972.
  13. Cf. G. Locchi, Histoire et société : critique de Lévi-Strauss in Nouvelle Ecole n°17, mars 1972. G. Locchi, L'histoire in Nouvelle Ecole n°27-28, janv. 1976.
  14. Cf. G. Locchi, L' "idée de la musique" et le temps de l'histoire in Nouvelle École n°30, nov. 1978, Vincent Samson, Musique, métaphysique et destin in Orientations n°9, sept. 1987.
  15. Cf. Helmut Pfotenhauer, Die Kunst als Physiologie. Nietzsches äesthetische Theorie und literarische Produktion, J.B. Metzler, Stuttgart, 1985. Cf. à propos du livre de Pfotenhauer : Robert Steuckers, Regards nouveaux sur Nietzsche in Orientations n°9.
  16. Les bio-technologies et les innovations les plus récentes de la bio-cybernétique, appliquées au fonctionnement des sociétés humaines, remettent fondamentalement en question les assises théoriques mécanicistes du "Grand Récit" des Lumières. Des législations moins rigides, souples parce qu'adaptées aux ressorts profonds de la psychologie et de la physiologie humaines, redonneraient un dynamisme à nos sociétés et les mettraient au diapason des innovations technologiques. Le Grand Récit, toujours présent malgré son anachronisme, bloque l'évolution de nos sociétés ; la pensée de Habermas, qui refuse catégoriquement d'inclure dans sa démarche les découvertes épistémologiques d'un Konrad Lorenz par ex., illustre parfaitement la rigidité proprement réactionnaire du néo-Aufklärung francfortiste et de la dérivation néo-libérale actuelle. Pour se rendre compte du glissement qui s’opère malgré la réaction libérale-francfortiste, on lira les travaux du bio-cybernéticien allemand Frédéric Vester : 1) Unsere Welt - ein vernetztes System, dtv, n°l0118, München, 1983 (2e éd.) ; 2) Neuland des Denkens. Vom technokratischen zum kybernetischen Zeitalter, DVA, Stuttgart, 1980. La rénovation de la pensée sociale holiste (ganzheitlich) par la biologie moderne, nous la trouvons not. chez Gilbert Probst, Selbst-Organisation, Ordnungsprozesse in sozialen Systemen aus ganzheitlicher Sicht, Paul Parey, Berlin, 1987.
  17. G. Locchi, art. cit., voir note (13).
  18. Pour aborder la question du modernisme littéraire au XIXe s., se référer à : M. Bradbury, J. McFarlane (ed.), Modernism 1890-1930, Penguin, 1976.
  19. Cf. Paul Raabe, Expressionismus. Der Kampf um eine literarische Bewegung. Utile anthologie des principaux manifestes expressionnistes.
  20. Armin Mohler, La Révolution Conservatrice en Allemagne 1918-1932, Pardès. Se référer principalement au texte A3 intitulé Leitbilder (idées directrices).
  21. Cf. Gérard Raulet, Mantism and the Post-Modern Conditions et Claude Karnoouh, The Lost Paradise of Regionalism : The Crisis of Post-Modernity in France in Telos n°67, mars 1986.
  22. Cf. Oswald Spengler, Le déclin de l'Occident. Esquisse d'une morphologie de l'histoire universelle, Gal., 1948 ; pour la définition du "paysan anhistorique", voir t. 2, p. 90. Cf. M. Eliade, Le sacré et le profane, Gal., 1965 ; voir surtout le chap. III, La sacralité de la nature et la religion cosmique, p. 98 sq. Pour l'agencement de cette vision du "paysan" dans la querelle contemporaine du néo-paganisme, voir : Richard Faber, Einleitung : "Pagan" und Neo-Paganismus. Versuch einer Begriffsklärung in : Richard Faber & Renate Schlesier, Die Restauration der Gôtter. Antike Religion und Neo-Paganismus, Königshausen & Neumann, Würzburg, 1986, pp. 10 à 25. Ce texte a été recensé en français par Robert Steuckers, Le paganisme vu de Berlin in Vouloir n°28/29, avr. 1986, pp. 5-7.
  23. Sur la question de la "ligne" chez Jünger et Heidegger, cf. W. Kaempfer, Ernst Jünger, Metzler, Sammlung Metzler, Band 20l, Stuttgart, 1981, p. 119 à 129. Cf. aussi J. Evola, Devant le "mur du temps" in Explorations. Hommes et problèmes, p. 183-194, Pardès. Profitons aussi de cette note pour rappeler que, contrairement à une idée reçue, Heidegger ne rejette pas la technique de manière réactionnaire, ne la considérant même pas comme dangereuse en elle-même. Le danger tient au mystère de son essence non pensée, empêchant l’homme de revenir à un dévoilement plus originel et d’entendre l’appel d’une vérité plus initiale. Si l’âge de la technique apparaît comme la figure achevée de l’Oubli de l’être, où la détresse propre à la pensée se manifeste comme absence de détresse dans la sécurisation et l’objectivation de l’étant, il est aussi cet extrême péril à partir duquel est pensable le relèvement comme possibilité d’un autre commencement une fois la métaphysique de la subjectivité achevée.
  24. Pour juger de l’importance de Leibniz dans le développement de la pensée organique allemande, cf. F.M. Barnard, Herder's Social and Political Thought. From Enlightenment to Nationalism, Clarendon Press, Oxford 1965, p. 10-12.
  25. Sinclair Lewis, Babbit, Livre de Poche/biblio, 1984.
  26. Le classique des classiques dans la condamnation de l’ "irrationalisme", c’est la somme de Georg Lukàcs, La Destruction de la Raison, éd. de l’Arche (2 vol.), 1958. Ce livre se veut une sorte de discours de la méthode de la dialectique Aufklärung-Gegenaufklärung, rationalisme-irrationalisme. La technique de l’amalgame, propre à ce qui apparaît avec le recul bel et bien comme un pamphlet stalinien, cherche à compromettre de larges secteurs de la culture allemande et européenne, de Schelling au néo-thomisme, accusés d‘avoir préparé et favorisé le phénomène nazi. Il s’agit là d’une vision paranoïaque de la culture.
  27. Pour saisir l’irrationalité foncière de l’adhésion de Sartre au communisme, on lira Thomas Molnar, Sartre, philosophie de la contestation, La Table Ronde, 1969.
  28. Cf. R.-M. Alberes, Jean-Paul Sartre, éd. Universitaires, 1964, p. 54 à 71.
  29. En France, la polémique visant un rejet définitif de l’anti-humanisme 68tard et de ses assises philosophiques nietzschéennes, marxiennes et heideggeriennes, se retrouve dans L. Ferry & A. Renaut, La pensée 68. Essai sur l'anti-humanisme contemporain (Gal., 1985), et son pendant 68-86. Itinéraires de l’individu (Gal., 1987). Contrairement aux thèses défendues dans le 1er de ces 2 ouvrages, l’essayiste Guy Hocquenghem dans Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary Club (Albin Michel, 1986) déplorait l'assimilation de l’hyperpolitisme 68tard dans la vague néo-libérale contemporaine. Dans une optique nettement moins polémique et dans le souci de restituer le débat tel qu'il est sur le plan de l'abstraction philosophique, on lira : Eddy Borms, Humanisme -kritiek in het hedendaagse Franse denken, SUN, Nijmegen, 1986.
  30. Jean Cau, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, polémiste classé à "droite", polisson qui prend régulièrement à partie les manies et giries des conformistes bien-pensants, n'avait pas hésite à rendre hommage à Che Guevara et à lui consacrer un livre. Les "rigides" de la gauche bourgeoise avaient alors parlé d'un "détournement de cadavre" ! Les admirateurs rigido-droitistes de Cau, eux, n'ont pas davantage retenu la leçon : le Nicaragua sandiniste, qu'admiraient pourtant Abel Bonnard et le "fasciste" américain Lawrence Dennis, reste pour ces messieurs-dames une émanation du Malin.
  31. Cf. dans ce n° l'article de Hans-Christof Kraus, Habermas sur la défensive.
  32. Cf. A. Vergez, Marcuse, PUF, 1970.
  33. Julien Freund, Qu'est-ce que la politique ?, Seuil, 1967. Cf G. Faye, La problématique moderne de la raison ou la querelle de la rationalité in Nouvelle Ecole n°41, nov. 1984.
  34. G. Lipovetsky, L’ère du vide. Essais sur l'individualisme contemporain, Gal., 1983. Peu après le colloque de Bruxelles, au cours duquel le texte ci-dessus a servi d'allocution, G. Lipovetsky publiait un 2nd ouvrage qui renforçait son option : L'Empire de l’éphémère. La mode et son destin dans les sociétés modernes(Gal, 1987). Contre cette option "narcissique", protestaient presque simultanément François-Bernard Huyghe et Pierre Barbés dans La soft-idéologie, Laffont, 1987. Inutile de préciser que mes propos rejoignent, en gros, ceux de ces 2 derniers essayistes.
  35. Cf. Laurent Joffrin, La gauche en voie de disparition. Comment changer sans trahir ?, Seuil, 1984.
  36. Cf. Furio Colombo, Il dio d’America. Religione, ribellione e nuova destra, Arnoldo Mondadori ed., Milano, 1983.