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mercredi, 29 mai 2024

Une lettre ouverte du Prof. Mattias Desmet à ses concitoyens

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Une lettre ouverte du Prof. Mattias Desmet à ses concitoyens

Chers amis,
chers critiques de la première heure,
c'est bientôt la période des élections - un bon moment pour annoncer que je rejoindrai mon collègue professeur Tijl De Bie pour une conversation publique sur la science, la technologie et le déracinement. Le sujet est d'actualité et l'organisateur de la soirée controversé : Feniks. Comme vous le savez, Feniks est enterré sous des qualificatifs peu attrayants tels que « fasciste » et « extrême droite » et associé au groupe activiste "Schild en Vrienden".        

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Le Prof. Tijl De Bie

J'ai essuyé des réactions furieuses ces derniers mois parce que j'avais osé mentionner l'ancien député VB Dries Van Langenhove dans un post Facebook sans le diaboliser immédiatement dans la même phrase. J'avais même osé suggérer qu'il devrait être jugé avec la même objectivité que n'importe quel autre être humain. La semaine qui a suivi ces réponses furieuses, j'ai contacté Feniks pour lui dire que je souhaitais accepter une invitation à venir donner une conférence chez eux.          

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Chaque fois que je parle de « l'extrême droite » à des personnes qui se qualifient de « gauchistes », je les entends toujours adopter la même position : nous ne parlons jamais de cela, vous ne pouvez pas être tolérant envers les intolérants. Cela me rappelle les Belangers flamands, de l'autre bord, qui disent qu'ils ne peuvent pas être tolérants à l'égard d'une religion intolérante comme l'islam. Je dirais : ouvrez tous les yeux, l'intolérance envers l'intolérance est tout simplement de l'intolérance (dixit Rowan Atkinson).          

Suis-je en train de proclamer ici que nous devrions être tolérants à l'égard de tout et à tout moment ? Certainement pas. Cette idée est l'une des distorsions véhiculée par notre culture (politique). Nous ne devrions pas être tolérants à l'égard de toutes sortes de manifestations de haine, en nous-mêmes et chez les autres, à gauche et à droite de l'échiquier politique.          

L'idée est la suivante : nous ne devons pas laisser l'intolérance de l'intolérance aller jusqu'à déshumaniser l'Autre, posé comme "intolérant". Cela vaut pour l'attitude de l'islam à l'égard des autres religions, pour l'attitude de la droite à l'égard de l'islam, pour l'attitude de la gauche à l'égard de l'extrême droite. Ceux qui condamnent trop fermement la haine de l'autre oublient généralement leur propre haine. Il faut parfois attendre six heures du matin et une longue série de pintes ingurgitées pour s'en rendre compte.              

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Nous devons toujours laisser un petit espace ouvert dans lequel nous continuons à considérer l'autre haineux comme un être humain. Refuser de partager des mots avec un être humain, c'est ne pas reconnaître cet être humain comme tel. Et nous fermons également le canal par lequel une désintoxication de la société peut se produire. Les conversations ouvertes et humanisantes évacuent les affects toxiques telle la haine. Le fait que même certains psychologues ne comprennent plus cela montre à quel point notre culture s'est enfoncée dans un épais brouillard.            

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Les Indiens nous donnent une bonne leçon à cet égard. Lisez « The Dawn of Everything » de Graeber et Wengrow - les Indiens ont réussi à organiser une société dans laquelle presque aucun pouvoir n'était utilisé. Comment ont-ils fait ? En consacrant des heures et des heures chaque semaine à des conversations publiques humanisantes. Même les crimes graves, comme les meurtres, étaient abordés de cette manière : des heures et des heures, des semaines et des semaines étaient consacrées à parler à toutes les parties impliquées. En fin de compte, il n'était généralement même pas nécessaire de punir pour guérir la société de ses traumatismes et restaurer les liens humains.           

En lisant cela dans le livre de Graeber, tout ce que j'ai pensé, c'est ceci : pauvre, pauvre société éclairée, politiquement correcte. Extrémistes, fascistes, anti-vaxxers, extrémistes anti-gouvernement, théoriciens de la conspiration, ... la liste des stigmates et des personnes à qui vous ne pouvez plus parler devient interminable dans notre culture « progressiste » et « inclusive ».           

Quoi qu'il en soit, je pourrais continuer ainsi pendant un certain temps, mais je ne vais pas le faire maintenant. Je vais conclure ce billet - que je pourrais rendre beaucoup, beaucoup plus long - par l'appel suivant, adressé à tous mes amis musulmans sur cette page : venez à la conférence organisée par Feniks. Si l'un d'entre vous n'est pas le bienvenu - ce à quoi je ne m'attends pas - cela signifie pour moi que je ne suis pas le bienvenu non plus. Je suis sérieux : venez à cet événement. Nous allons montrer qu'il est possible de parler et que les préjugés mutuels peuvent être mis de côté, au moins temporairement.           

L'émergence d'une prise de conscience que nous sommes tous des êtres humains, que nous sommes tous sensibles à la haine et au mal, et que nous ne devrions jamais nous élever au-dessus d'un autre être humain au point de ne plus vouloir lui parler, est plus importante que le parti politique qui gagnera les élections la semaine prochaine. C'est dans cet esprit que je participe à la conversation de Feniks et que je vous invite tous à y assister.
Mattias

vendredi, 11 mars 2022

Deoorlog in Oekraïne en de geopolitieke rol van Europa

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vendredi, 02 avril 2021

Cent cinquante ans après la Commune

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Cent cinquante ans après la Commune

Réflexions sur le populisme français d'hier et d'aujourd'hui.
 

lundi, 25 février 2019

Quand Fabrice Luchini rencontre Michel Onfray

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Quand Fabrice Luchini rencontre Michel Onfray

jeudi, 22 novembre 2018

Kulturbruch '68?

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Kulturbruch '68?

Diskussion mit Bettina Röhl, Cora Stephan, Jörg Friedrich und Gerd Held

 
Am 30. Mai 2018 diskutierten Bettina Röhl, Cora Stephan, Jörg Friedrich und Gerd Held vor 120 Zuhörern in der Bibliothek des Konservatismus die Frage "Kulturbruch '68?". In der Vorstellungsrunde erläuterten die Podiumsteilnehmer zunächst ihr persönliches Verhältnis zu '68 und stellten ihre Thesen zu den Ereignissen auf. Einigkeit herrschte in den Grundlagen, in den Fragen zu Wirkung, Motivation und Ursache entspann sich eine spannende Diskussion mit vielen Facetten über die Kulturrevolution von 1968. Regelmäßig versendet die Bibliothek des Konservatismus (BdK) Newsletter mit Einladungen zu Veranstaltungen, Hinweisen auf Publikationen usw. Wenn auch Sie über unsere Arbeit auf dem laufenden gehalten werden wollen, registrieren Sie sich bitte hier für unseren Newsletter: https://www.bdk-berlin.org/newsletter/
 

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jeudi, 06 septembre 2018

Cultuurmarxisme - Essaybundel van Paul Cliteur e.a.

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Cultuurmarxisme

Essaybundel van Paul Cliteur e.a.

door Johan Sanctorum

Ex: https://doorbraak.be

Het is duidelijk dat er een nieuwe intellectuele wind waait in de lage landen, met een reeks denkers/auteurs die het zinkende eiland van de politieke correctheid verlaten hebben. Een aantal van hen ontmoeten we in de nieuwe essaybundel ‘Cultuurmarxisme’, samengesteld door filosoof-jurist Paul Cliteur.

CM-PC.jpgHet probleem van zo’n essaybundel, waarin we naast Cliteur namen terugvinden als Sid Lukkassen, Maarten Boudry, Derk Jan Eppink, en Wim van Rooy, is uiteraard de consistentie en de overlappingen. Soms krijg je wel eens een déjà-lu, ofwel tegenspraken waarvan je denkt: hadden ze dat niet beter eens uitgeklaard. Toch is het een interessante caleidoscoop van meningen en invalshoeken geworden, die ingaat op het fenomeen van de politieke correctheid, met de term cultuurmarxisme als sleutel. Ons artikel van woensdag j.l., ‘Het grote gelijk van links’, was daar een goede aanloop toe: een lectuur van een Knack-column getekend Bert Bultinck, die alle ‘witte’ Vlamingen per definitie als racisten beschouwt, uitgezonderd zichzelf allicht. Wat hem meteen de status geeft van moreel rechter, therapeut, zelfs orakel.

Betutteling van minderheden

Waarover gaat cultuurmarxisme? Over de manier hoe links via de media en de culturele instellingen haar eigen gelijk steeds weer te voorschijn goochelt. Journalisten, schrijvers, artiesten, culturo’s… allen behoren ze tot een nomenklatura die zichzelf in stand houdt als elite die onderdrukt, censureert, terwijl ze beweert voor vrijheid, democratie en emancipatie te gaan.

Niet langer was de klassenstrijd het ordewoord, wel de fameuze Lange Mars door de Instellingen.

Historisch is de term onverbrekelijk verbonden met de theorieën van de Italiaanse communist Antonio Gramsci (1891-1937), die vaststelde hoe links de greep op de arbeiders – die massaal naar de partij van Mussolini overliepen- verloor, en zich genoodzaakt zag het geweer van schouder te veranderen. Sid Lukkassen beschrijft die ommekeer op pittige en goed gedocumenteerde wijze. De nagestreefde culturele hegemonie van het Marxisme 2.0 stelde zich tot doel het volk van zijn vals bewustzijn (sic) te bevrijden door de media en de cultuurwereld te monopoliseren en van daaruit de revolutionaire waarheid te propageren. Niet langer was de klassenstrijd het ordewoord, wel de fameuze Lange Mars door de Instellingen. Een verschuiving van economie naar cultuur dus, via een soort Trojaansepaarden-tactiek.

Daardoor verloor het originele socialisme zijn band met het volk, en tendeerde de linkse doctrine naar een universele slachtoffercultuur: alle mogelijke minderheidsgroepen of benadeelden (vrouwen, allochtonen, holebi’s…) worden het fetisj van een intellectuele minderheid die haar getalmatige minoriteit wil omzetten in morele superioriteit. Of zoals Maarten Boudry het uitdrukt: ‘… de doorgeschoten verheerlijking van ‘diversiteit’ en de betutteling van minderheden, die ontaardt in een soort ‘Olympisch Kampioenschap van Slachtofferschap’. Zo ontstond een ‘surrogaat-proletariaat’ terwijl de werkende klasse massaal naar (centrum-)rechts overliep en de pococratische dogma’s weghoonde, wat de linkse elite nog meer in de rol van eenzame wereldverbeteraar duwde. Het is een vicieuze cirkel, een zelfversterkend mechanisme.

Advertentie

Hoewel wij het cordon hebben, manifesteert politieke correctheid zich in Nederland als sociaal fenomeen misschien nog extremer dan in Vlaanderen. Denk maar aan de jaarlijks terugkerende Zwartepietendiscussie en de spandoeken van groenlinks die de Syriëgangers verwelkomen. Udo Kelderman gaat daarbij specifiek in op die Nederlandse Zwartepietenkwestie en het dwangmatig refereren aan de slavernij: alle kleurlingen die in Nederland rondlopen zijn zogenaamde ex-slaven, wat de autochtoon in de rol van ex-slavendrijver duwt en dus schuldig aan misdaden tegen de menselijkheid. Door die paranoïde stigmatisering, ook gesignaleerd door Sebastien Valkenberg en Puck van der Land, manoeuvreert links zich in de rol van geweten-van-de-natie, waarbij tal van samenlevingsproblemen rond bijvoorbeeld migratie gewoon worden weggeblazen. Wie er toch aandacht aan besteedt, hoort bij fout-rechts en verliest alle intellectuele credibiliteit. Zo heb je natuurlijk altijd gelijk.

Totalitaire tendensen

De uitbouw van een sterke bureaucratie met repressieve tentakels die de burger bij de les moeten houden.

Een consequentie van het cultuurmarxisme, dat zweert bij de bovenbouw en de instellingen, is tevens de uitbouw van een sterke bureaucratie met repressieve tentakels die de burger bij de les moeten houden. Denk maar aan parastatale vzw’s als UNIA. Het fenomeen profileert zich ook via de groene betuttelingsmanie en de stigmatisering van de burger als vervuiler, waar Jan Herman Brinks een bijdrage aan besteedt. Maar ook in het onvoorstelbare waterhoofd dat EU heet, de supranationale schoonmoeder die steeds meer bevoegdheden naar zich toetrekt: het uitverkoren domein van Derk Jan Eppink die stevig van leer trekt tegen de EU als neo-cultuurmarxistisch project. Het verklaart de rabiate eurofilie van oude ‘68ers als Paul Goossens en revolteleider Daniel Cohn-Bendit, deze laatste ook niet toevallig bekeerd tot het groene gedachtegoed. Wat Paul Cliteur doet besluiten dat het cultuurmarxisme fundamenteel een ondemocratische beweging is.

Dat vermoeden van een omfloerste dictatuur wordt gestaafd door de soms discrete, soms manifeste affiniteit van linkse westerse intellectuelen met totalitaire systemen en regimes, met Mao-China uiteraard als model waar de ’68ers zich op verkeken, en het bezoek van J.P. Sartre aan de Sovjet-Unie van de jaren vijftig als archetype. Een affiniteit die Eric C. Hendriks in de verf zet.

De bijdrage van Wim van Rooy mag in dat opzicht ook niet onvermeld blijven, daar waar hij postmoderne theoretici als Derrida en andere ‘68ers of nakomelingen analyseert als uitvoerders van een nihilistisch weg-met-ons-project, een identitaire deconstructie die finaal uitloopt op de masochistische omarming van een anti-democratische geweldcultuur als de islam. Hetzelfde geldt voor de bizarre alliantie tussen feminisme en islamofilie, een fenomeen dat Jesper Jansen belicht.

‘Complotdenken’

De gemeenschappelijke noemer van alle bijdragen is enig cultuurpessimisme waar ik me niet altijd kan in vinden. Met name lijkt me de banvloek over de postmoderne denkers niet helemaal terecht, want hun behoefte aan deconstructie, met Nietzsche als verre stamvader, treft elke vorm van totalitair denken en zeker ook religieuze ideologieën als de islam. Het westerse denken is fundamenteel kritisch en de ironie is nooit ver weg, iets wat we van de antieke Griekse filosofie hebben overgehouden en moeten blijven koesteren. Dat is nu net het kenmerk van het cultuurmarxisme: het mankeert elk gevoel voor humor, evenals de grote monotheïstische systemen trouwens.

Men zou het ook kunnen zien als iets viraals, een kwaadaardig proces dat zich geautomatiseerd heeft en uitwoekert

Het spreekt vanzelf dat links heel de gedachtegang van dit boek zal wegzetten als een ridicule complottheorie. Misschien geeft de ondertitel ‘Er waart een spook door het Westen’ daar ook wel enige aanleiding toe. Is het echt zo dat er ergens in een bunker door topintellectuelen wordt beraadslaagd over de controle van de culturele instellingen, de media en het mainstreamdiscours? Natuurlijk niet, zegt Paul Cliteur, het is veel erger dan dat, want dan konden we het ding makkelijk oprollen. Het gaat daarentegen om een duurzaam paradigma dat zich via netwerking, sociale druk en soms regelrechte chantage of dreiging met broodroof reproduceert. Een fenomeen waar Puck van der Land, Sebastien Valkenberg en Emerson Vermaat bij stilstaan. Men zou het ook kunnen zien als iets viraals, een kwaadaardig proces dat zich geautomatiseerd heeft en uitwoekert, voorbij de generatie van de ‘68ers die vandaag overigens hun pensioensleeftijd hebben bereikt zonder dat we hun erfenis zomaar kunnen dumpen. Perry Pierik heeft het over kneedbaarheid en besmettelijkheid: ‘Het woord cultuurmarxisme is zo beladen, omdat het een proces aangeeft van ideeën en krachten, dat als semtex plakt aan het gereedschap van de progressieve wereld, waarmee de Gutmensch zijn morele gelijk veilig probeert te stellen.’

De remedies?

De rechtstaat dient een breed gedragen wettelijk kader te creëren waarin hij zichzelf beschermt tegen aanvallen van buitenuit

Dat maakt het ook zo hachelijk om er tegenin te gaan, en het discours over cultuurmarxisme voorbij de klaagzang te tillen. Zijn er tegenstrategieën mogelijk, methodes, attitudes, werkmodellen die de cultuurhegemonie van links kunnen doorbreken? Slechts enkele auteurs durven het aan om een alternatief te formuleren. Samensteller Paul Cliteur pleit voor een weerbare democratie: dat is een democratie die zich niet passief-pluralistisch laat vullen met alle mogelijke politieke tendensen of religiën, maar die georiënteerd verloopt, met een duidelijk kompas, gericht op het voortbestaan en de bloei van die democratie. Niet elke levensbeschouwing komt in aanmerking om door de rechtstaat zomaar aanvaard te worden, ze mag zich niet suïcidaal gedragen. Deze toetssteen geldt in de eerste plaats voor de drie grote totalitaire ideologieën van vorige en deze eeuw, namelijk fascisme, communisme, islamisme. De rechtstaat dient een breed gedragen wettelijk kader te creëren waarin hij zichzelf beschermt tegen aanvallen van buitenuit, denk aan de islam die de godsdienstvrijheid inroept om uiteindelijk de sharia te kunnen instellen. Anderzijds zou dit weer kunnen leiden naar een weldenkende consensusdemocratie met cordons etc. – Het debat hierover is zeker nog niet ten einde.

Sid-portret-boekenbeurs-300x300.pngSid Lukkassen komt tot een andere conclusie: de culturele hegemonie van links moeten we laten voor wat ze is. We moeten compleet nieuwe, eigen media, netwerken en instellingen oprichten die niet ‘besmet’ zijn door het virus en voor echte vrijheid gaan: ‘De enige weg voorwaarts is dus het scheppen van een eigen thuishaven, een eigen Nieuwe Zuil met bijbehorende instituties en cultuurdragende organen. Die alternatieve media zijn volop aan het doorschieten, Doorbraak is er een van.

Eric C. Hendriks pleit in het afsluitende essay ten slotte voor een zekere mate van chaos (‘rommeligheid’) en échte diversiteit, niet de geënsceneerde diversiteit van links, maar gebaseerd op individuele mondigheid en autonomisme, bloemen die bloeien vanuit het ‘burgerlijke midden’. Dat is een mooi einde. Zo’n boek, zelfs over het cultuurmarxisme, mag niet eindigen als een klaagzang van een stel querulanten. Er is hoop, er schuilt kracht in de basis, het volk is moe maar niet uitgeteld, niet alle jonge intellectuelen doen in hun broek, er ontluikt een tegendemocratie.

‘Cultuurmarxisme’ is een plaats in uw boekenkast zeker waard, misschien naast ‘De Langste Mars’, want goed gezelschap versterkt elkaar. Op negen november e.k. gaan de auteurs van beide,- Paul Cliteur,  Sid Lukkassen en ondergetekende,- een panelgesprek aan op de Antwerpse boekenbeurs. Nu al noteren.

vendredi, 13 juillet 2018

Mai 68: Débat entre Jean-Michel Vernochet et Robert Steuckers

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Mai 68: Débat entre Jean-Michel Vernochet et Robert Steuckers

Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet n°14 – 11 juillet 2018

Émission diffusée en exclusivité sur ERFM le 11 juillet 2018.

Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet est l’une des nombreuses émissions d’ERFM, la radio en ligne et en continu d’Égalité & Réconciliation.

À l’occasion du cinquantenaire de Mai 68, l’équipe d’E&R Nord-Pas-de-Calais a reçu Jean-Michel Vernochet et Robert Steuckers pour un enregistrement public de leur discussion/débat autour du sujet : « De quoi Mai 68 est-il le nom ? »

Écouter l’émission :

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dimanche, 29 octobre 2017

Immigration travail & religion - Interview de Guillaume Faye et Claude Berger

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Immigration travail & religion

Interview de Guillaume Faye et Claude Berger

Guillaume Faye et Claude Berger, se retrouvent sur l'activité salariée qui coupe l'homme de ses racines, sur les racines de l'antisémitisme dans le socialisme, dans le christianisme et dans l'Islam. Un moment rare pour des analyses exceptionnelles.
 

dimanche, 08 octobre 2017

Western Civilization: Circumventing Postmodernism and the Frankfurt School

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Roundtable, NYU, 9/26/2017: Western Civilization: Circumventing Postmodernism and the Frankfurt School

(Mr. C. Doolittle, Dr. T. Sunic, Dr. K. MacDonald, Dr. C. Duchesne) 

samedi, 13 mai 2017

De tentakels van het cultuurmarxisme

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De tentakels van het cultuurmarxisme

Sid Lukkassen met Wim van Rooy

De tentakels van het cultuurmarxisme woekeren overal!

Help Café Weltschmerz en onze toekomst met een donatie: NL23 TRIO 0390 4379 13

De lange mars door de instituties is zó succesvol geweest, dat cultuurmarxisme inmiddels diep is ingebakken in de cultuur. Wat betreft het gedachtegoed dat in '68 werd gebrouwen, denken mensen vandaag dat dit het gewone denken is. Zij herkennen het gedachtegoed niet als zijnde het product van specifieke politieke keuzes. Maar ze leven er wel in, en kunnen hun waarnemingen steeds minder rijmen met wat hen vanuit de instituties wordt voorgehouden. De gevolgen? Gaslighting, cognitieve dissonantie en dubbeldenk.

"De mainstream media zijn in het bezit van het cultuurmarxisme", aldus Van Rooy. Hij bereidt zich voor op de nu komende wereldorde, door les te volgen in Krav Maga.

 

lundi, 11 juillet 2016

Sid Lukkassen interviewt Yernaz Ramautarsing; "Alles aan links is hypocriet!"

Sid Lukkassen interviewt Yernaz Ramautarsing; "Alles aan links is hypocriet!"

Yernaz Ramautarsing verklaart: “Ik was bereid om te vechten voor radicale idealen en ik was atheïst. Toen las ik de werken van Ayn Rand.” Inmiddels stelt hij dat er “niets aan links is dat niet hypocriet is: Karl Marx heeft nog geen dag in zijn leven gewerkt.” Yernaz is een
Nederlander met Surinaamse wortels en het is zijn doel om een verdediging van het kapitalisme te geven als moreel systeem.

Sid Lukkassen haalt Avondland en Identiteit (Aspekt 2015) erbij en geeft tegenvoorbeelden. Zijn cultuur, geschiedenis en bevolkingsopbouw niet minstens zo belangrijk voor de voorspoed van een beschaving als kapitalisme? Ze filosoferen over geld en principes, over de kracht van idealen, over hiphop als laatste verdedigingslinie van het kapitalisme.

Uiteindelijk komt hun gesprek op de black lives matter beweging en hun activisten die nu een leerstoel eisen op de universiteit over diversiteit en dekolonisatie. Yernaz antwoordt dat juist het progressieve overheidsbeleid enorme schade toebracht aan de black nuclear family.

“Donald Trump zal als een sloopkogel door de linkse kerk gaan.”

Ondersteun ook Café Weltschmerz! NL23 TRIO 0390 4379 13
(Disclaimer: Wij betalen over uw gift in Nederland belasting)

mardi, 28 avril 2015

Vrije meningsuiting in een ‘multiconflictuaire' samenleving

Door: Pieter Bauwens

Vrije meningsuiting in een ‘multiconflictuaire' samenleving

Debatclub over vrije meningsuiting en religie

Een debat over de vrijheid van meningsuiting en religie, dan is een discussie over de ware islam niet veraf in deze tijden. 

Vrijheid van meningsuiting en religie. Die moeilijke combinatie was het onderwerp op de jongste debatclub (22 april 2015) in Edegem. Het panel bestond uit Boudewijn Bouckaert, Fernand Keuleneer en Wim Van Rooy.

Het recht om te beledigen

Fernand Keuleneer opende de debatten met de stelling ‘met religie spot je niet’. ‘In onze samenleving, cultuur of beschaving is ook het recht op meningsuiting niet absoluut. Niet alleen laster en eerroof zijn een misdrijf, ook belediging is dat.’ Volgens Keuleneer bestaat er niet zoiets als het recht om te beledigen. Meester Keuleneer haalde ook het Europees Hof voor de Rechten van de mens aan: ‘daar is –terecht- kritiek op, maar het hof behoort tot ons rechtssysteem. Dat hof heeft een uitspraak gedaan waarin het stelt dat je het recht hebt om niet beledigd te worden in je geloof.’

Volgens Boudewijn Bouckaert is het recht op vrije meningsuiting ook het recht om te beledigen. Het probleem is dat ‘beledigen’ juridisch moeilijk te definiëren is. Als beledigen niet mag en we omschrijven dat begrip wat te breed, ondergraaf je elke vrije meningsuiting, er kan zich altijd iemand beledigd voelen. Niet toevallig is in verschillende Europese landen het verbod op blasfemie (beledigen van de godsdienst) afgeschaft. De reden is dat ook daar de vraag rees wat de grens is tussen godsdienstkritiek en belediging. Bouckaert plaatste dat in een historische context: ‘Een moderne samenleving is gebaseerd op seculiere waarden en dus is kritiek op de godsdienst een zaak tussen burgers. Het probleem is dat die moderne samenleving onder druk staat van de islam. We moeten dat verdedigen, maar niet door blasfemiewetten opnieuw in te voeren.‘

En zo was het 'i-woord' gevallen. Net op tijd om Wim Van Rooy, toch vooral gekend om zijn islamkritiek, aan het woord te laten. Volgens Van Rooy heeft de islam ervoor gezorgd dat er nu opnieuw over vrije meningsuiting gediscussieerd moet worden. Voor hem betekent vrije meningsuiting dat je alles en iedereen mag beledigen. Een concept als ‘islamofobie’ is doelbewust uitgevonden om kritiek op de islam in de kiem te smoren.

Migratie of islam theologie.

Voor Fernand Keuleneer is het grote probleem de massale migratie en niet een islamtheologie: ‘Als je massale migratie toelaat, ga je naar een multiconflictuaire samenleving. Het getal is het probleem, niet de godsdienst.’ Keuleneer wijst er ook op dat onze anti-islamhouding de moslims samendrijft tot een blok. Boudewijn Bouckaert gaat mee in dat laatste, maar beaamt dat er veel migranten zijn, maar dat slechts een beperkte groep zorgt voor problemen, vooral moslims. Hij richt zijn blik over de oceaan. ‘De VS zijn er beter in geslaagd om inwijkelingen (ook moslims) te veramerikaniseren. Hier lukt dat niet, omdat ze de boodschap krijgen dat ze hun eigen cultuur mogen houden.’

Volgens Wim Van Rooy drijven wij de moslims niet tot een blok, ze zijn één blok. ‘In de VN hebben de moslimlanden zich verenigd. 56 landen stemmen er in één blok, inclusief landen als Iran en Syrië.’ Voor hem is het duidelijk dat de moslims misbruik maken van de vrije meningsuiting en dat moet bestreden worden. En hij trekt de parallel met de jaren ’30 waarin de nazi’s misbruik gemaakt hebben van de democratische samenleving om de macht te grijpen. We weten dat zoiets kan gebeuren, dus moeten we ingrijpen, vindt Van Rooy.

Fernand Keuleneer ziet een dubbelzinnigheid in onze samenleving. ‘Men eist een grotere vrijheid van meningsuiting, naar de vorm, maar beperkt dat tegelijk inhoudelijk. We moeten voorzichtig zijn over bevolkingsgroepen en genocides en je mag over bepaalde dingen niet meer spreken. Die beperkingen hebben niets met de islam te maken.’ Volgens Keuleneer voeren we die blasfemiewetten beter opnieuw in, mensen hebben het recht om niet beledigd te worden in hun godsdienstige overtuiging.

Zotte taal

Boudewijn Bouckaert ziet toch een probleem. ‘Waar ligt de grens tussen spot en blasfemie?’ De grens aan vrije meningsuiting moet zijn, dat je geen schade toebrengt aan anderen. Als een fundamentalist vindt dat alle vrouwen met een kort rokje hoeren zijn, dan heeft hij het recht om dat te zeggen. Je mag lelijke dingen zeggen, wie dat doet wordt dan normaal gezien tegengesproken.’ ‘We moeten fundamentalisten hun achterlijke zever laten horen en er tegen reageren.’ Al is er bij dat reageren volgens Bouckaert een nieuw probleem: ‘Door de antidiscriminatiewetten kunnen we die beledigingen niet meer sociaal sanctioneren door hen werk of een huis of iets anders te weigeren.’

Wim Van Rooy is sceptisch. ‘Er wordt niet gereageerd op de islamitische zotte taal. In de media is er een pensée unique, pro-islam'. Hij wil liever duidelijk ingrijpen: ‘We mogen niet tolerant zijn voor de niet-toleranten. Een systeem dat tolerantie verwerpt mogen we niet toelaten. Er moet dus een uitzondering gemaakt worden op de vrije mening voor de islam, omdat die zelf intolerant is.‘

Die uitspraak verscherpte het debat. Bouckaert vond dat je enkel daden mag bestraffen en dat je meningen moet toelaten. ‘We moeten consequent zijn in de vrije meningsuiting, ook voor de islam.’ Voor Fernand Keuleneer moet het debat over godsdienst inhoudelijk onbeperkt zijn, ‘maar iedereen moet de fatsoensnormen respecteren, niet beledigen en we mogen van de vrije meningsuiting geen wapen maken tegen religie. Je mag niet zeggen: “elke moslim is een potentiële terrorist”’.

En zo werd het debat over vrije meningsuiting toch een debat over de islam en de ‘het ware gelaat’ van die islam, of ‘de echte islam’ over de buitenlandse geldstromen naar moskees en de (on)mogelijkheid van een hervorming van de islam. Waarop het debat verschoof naar buitenlands beleid, Iran, Libië en Syrië. Het debat werd beëindigd met een quote van Boudewijn Bouckaert: ‘Er is nu een meningenbeleid en dat is de eerste stap naar een totalitair regime.’

De emoties laaiden nog hoog op tijdens de vragenronde uit het publiek, inclusief een revolutionair sfeertje. Maar het debat was inhoudelijk en zinvol. Het laatste woord is er niet gezegd, zoals dat hoort in een debatclub. Iedereen ging naar huis met veel stof tot nadenken.

samedi, 25 avril 2015

Mesa redonda y debate sobre el concepto HISPANIDAD

Mesa redonda y debate sobre distintos puntos de vista del concepto HISPANIDAD en la actualidad, en el Hogar Social Madrid Ramiro Ledesma el 11 de abril de 2015.

mercredi, 26 novembre 2014

Konservative und Libertäre - Brüder im Geiste oder politische Gegner?

Konservative und Libertäre - Brüder im Geiste oder politische Gegner?

Der Historiker Dr. Karlheinz Weißmann, Chefredakteur André Lichtschlag (eigentümlich frei) und Dr. Stefan Blankertz diskutierten auf der Bibliothekstagung 2013 über das Verhältnis von Konservativen und Libertären.

Moderation: Dr. Wolfgang Fenske

Zu den Veranstaltungen der Bibliothek des Konservatismus: http://www.fkbf.de/veranstaltungen.html

Informationen zur Bibliothek des Konservatismus: http://www.fkbf.de/projekte-der-fkbf/...

Informationen zur Förderstiftung Konservative Bildung und Forschung: http://www.fkbf.de/

jeudi, 14 mars 2013

Onderwijsdebat - Gent

Affiche onderwijsdebat

‘De perversie van de samenleving begint bij het verdraaien van woorden.’

mardi, 14 septembre 2010

Sarrazin en het gen

Sarrazin en het gen

Thilo-Sarrazin-2.jpgErgens in de slotjaren van vorige eeuw dacht de voorzitter van een Vlaams-conservatieve vormingsorganisatie, de Delta-Stichting, er luidop aan om Horst Mahler uit te nodigen als spreker op een volgend Delta-congres. Mahler, ooit advocaat van de extreemlinkse Rote Armee Fraktion, was geëvolueerd tot criticus van extreemlinks in zijn nieuwe gedaante, de multikulti staatsideologie. Kortom, net het soort ongebonden vrijdenker wiens observaties de Vlaming nodig eens moest vernemen. Echter, tegen dat het tijd werd om sprekers voor dat congres uit te nodigen, was Mahler alweer van de kandidatenlijst afgevoerd. Het bleek immers dat hij in rechtse richting was blijven doorevolueren en inmiddels een ongezouten neonazisme omhelsd had. Het thema waarop hij nu hamerde, was niet meer de vrijheid of een aanverwante waarde die door het multiculsysteem bedreigd wordt, maar wel das Reich. Als Duitsers daarover beginnen, gaan niet-Duitsers enig wantrouwen koesteren.

Om dezelfde reden was ik niet enthousiast toen ik de titel hoorde van het boek waarmee SPD-politicus en Bundesbank-bestuurder Thilo Sarrazin het nieuws haalde: Deutschland schafft sich ab. Waarom inzoomen op Duitsland wanneer de daarin behandelde migratie-, integratie- en demografische problematiek juist typisch Europees is? Landen die in WO2 tot het winnende, het verliezende of het neutrale kamp behoorden, worden er gelijkelijk mee geconfronteerd. Wanneer onze media dan nog berichtten dat hij tegelijk Joden en moslimmigranten affronteerde, leek het alsof we hier met een nostalgicus naar damals te maken hadden.

Vergelijkt men de beeldvorming naar het grote publiek echter met een nauwkeuriger feitenweergave, dan komt een gevoelig andere toedracht van de Sarrazin-rel naar voren. De multiculpropaganda probeert bij gebrek aan argumenten haar critici met het nazisme te vereenzelvigen, en daartoe is Jodenhaat een toch wel essentieel criterium. Dat wordt echter moeilijk bij uitgesproken jodenvrienden als wijlen Pim Fortuyn of Geert Wilders, en eigenlijk ook bij Sarrazin, maar men blijft proberen. In dit geval moet een flou artistique in de nieuwsformulering ervoor zorgen dat de lezer de indruk krijgt als zou Sarrazin Joden en immigranten over één kam scheren. Het tegendeel is waar.

Sarrazin behandelt uitvoerig de nefaste rol van de islam in de haperende integratie van immigranten, en daarover kan geen zinnig mens hem nog tegenspreken. Maar hij verwekt opschudding met zijn behandeling van de genetische dimensie van de bevolkingsevolutie. Als leek terzake drukt hij zich schromelijk onnauwkeurig uit door te zeggen dat ondermeer de Joden en de Basken zich door “een gen” onderscheiden. Maar hij baseert zich op populair-wetenschappelijke artikels uit gerespecteerde bron en sluit wel degelijk aan bij de huidige stand van de wetenschap wanneer hij de (zeer complexe, niet uniforme doch statistisch onmiskenbare) genetische component van bevolkingsgroepen erkent. Zo verwijst hij naar de recente ontdekking dat de diverse takken van het Joodse volk, spijts hoopvolle speculaties in tegengestelde zin vanuit pro-Palestijnse hoek, genetisch wel degelijk nauwer verwant zijn met elkaar dan met hun respectieve buurvolkeren.

Tegelijk zou uit grootschalige vergelijking van IQ-testresultaten blijken dat sommige etnische groepen gemiddeld significant intelligenter zijn dan andere. Asjkenazische Joden zouden bovenaan de intelligentieladder staan, gevolgd door Oost-Aziaten en niet-Joodse Europeanen. Toevallig spelen Joden vandaag een prominente rol in deze theorievorming, ondermeer Michael Levin (Why Race Matters, 1997) en Michael H. Hart, die in zijn boek Understanding Human History (2007) de totstandkoming en effecten van collectieve intelligentieverschillen schetst. Bijvoorbeeld, de politiek bevoorrechte uitleg voor de technologische achterstand van Afrika luidt dat deze uit omgevingsfactoren voortkomt, maar Hart wijst erop dat de Maya’s in dezelfde klimaatgordel leefden als de Afrikanen doch wél het schrift, hoogbouw, sterrenkunde en andere beschavingselementen ontwikkeld hebben. Hart verklaart dit door de millennia die de voorouders van de Maya’s in Noordoost-Azië doorgebracht hebben, waar het barre klimaat op vernuft (organisatie, vooruitzien) selecteert.

Bovenop dit overlevingsvoordeel hebben sommige volkeren aan hun goochemste leden nog een extra voortplantingsvoordeel gegeven. Het Chinese examensysteem verleende de schranderste deelnemers het alleenrecht op de ambtelijke loopbaan, met daaraan verbonden een hoog en vast inkomen, dus meerdere vrouwen en bescherming tegen hoge kindersterfte. Rijke Joden, die hun kleinkinderen diezelfde materiële zekerheid konden waarborgen, huwelijkten hun dochters uit aan jongemannen die in de economisch overigens nutteloze Talmoedstudie door geleerdheid en spitsvondigheid uitmuntten. Door dat soort selectie kan de gemiddelde intelligentie van een groep langzaam evolueren.

Sarrazin leidt daaruit af dat “Duitsland dommer wordt” door de invoer van mensen met erfelijk een gemiddeld lagere intelligentie. De Turken zouden gemiddeld al wat minder intelligent zijn, en bij Arabieren en Pakistani’s wordt het verschil met het Duitse gemiddelde echt aanzienlijk. Zelfs de bekering uit de scholingvijandige islam zou hun leerachterstand niet helemaal wegwerken.

Dat standpunt wetenschappelijk beoordelen ligt buiten mijn competentie. Politiek is het te karakteriseren als subversief, en als extra gevoelig wanneer een Duitser het formuleert. Voorspelbaar genoeg is Sarrazin bij zijn partij en bank buitengezet. Gelijk krijgen zou hij uiteraard nooit, maar zijn critici blijven zitten met de last om te bewijzen dat hij geen gelijk heeft.

 

jeudi, 06 mai 2010

Débat sur G. Faye sur le forum "nouvelle culture"

guillaume_faye_1.jpg
Débat sur Guillaume Faye sur le forum http://nouvelleculture.frenchboard.com/
J’ai reçu, la semaine dernière, « La nouvelle question juive » de l’asocial Guillaume Faye. Le livre m’a été envoyé par son éditeur. Je suis surpris, amusé de voir qu’il m’est dédicacé car je ne sais pas pourquoi. Je n’ai pas souvent rencontré Guillaume cette année. Il ne m’a jamais parlé du contenu de ce bouquin. Je suis aussi étonné de voir qu’il peut être le sujet d’une polémique. Je suis même surtout amusé de le voir pris au sérieux par des gens qui l’expérimentent pourtant depuis longtemps.

En effet, je connais bien le pamphlétaire en question. C’est un vieux copain, depuis une trentaine d’années. C’est un
artiste contestataire authentique, un écrivain rebelle de talent. J’ai rencontré beaucoup d’insoumis comme lui dans mon milieu de peintres et plasticiens bohèmes qui vivent dans la misère, au jour le jour. Il vit concrètement la désobéissance, dans le dénuement complet, hors système. Il n’est pas retraité ni appointé pour faire du cinéma contestataire et du loisir dissident en toute sécurité comme beaucoup de « militants » stériles, improductifs. Il fait de la philosophie pratique, l’acrobate sans filets !...

C’est justement pour cela qu'il est un polémiste de génie avec une imagination débordante. Ce « réceptacle à idées » s’amuse... Il produit sans arrêt des images, des concepts. Capable de tous les billets d’humeur, il peut prouver leur contraire en l’espace d’une soirée bien arrosée. Sa seule cohérence, c’est de briser tous les tabous! Faye est un résistant tolérant, marginal, un électron libre, concrètement, sans doctrine d’aucune secte.

Il cherche peut-être maladroitement à prendre de l’altitude par rapport aux conflits infructueux intra-européens actuels. Mais attendre de lui une quelconque rigueur scientifique, historique est parfaitement cocasse. C’est un écrivain, un comédien burlesque. Il exerçait d’ailleurs son talent de comique autrefois sur la radio « Skyrock » pour y faire des canulars téléphoniques !.... Il y a du « Coluche », du « Charlie hebdo » en lui ! Il est excellent conférencier, brillant débatteur, mais certainement pas historiographe !

Sa vocation est surtout littéraire, artistique, tendance « politique ». Il n’a absolument aucune aptitude à la rigueur scientifique comme l’exige le travail des archéologues, des historiens révisionnistes et de leurs contradicteurs. Ce joueur n’y comprend rien. Il ne faut s’attendre qu’à du farfelu de sa part sur ce terrain-là, c’est évident.


Cordialement,

Yann-Ber TILLENON.
 


Sujet: Re: Sur Guillaume Faye   Lun 17 Sep - 17:45

@ Yann-Ber Tillenon
Ton sens de l'amitié et ta fidélité en elle t'honorent mais peut-être t'aveuglent-elles.
Qu'il ait une "imagination débordante" est certainement positif mais pourquoi la met-il depuis quelques années au service d'un dénigrement systématique de la ND et de AdB en particulier ?
Ton "billet" est d'ailleurs assez ambigu. Tu nous parles d'un
artiste, d'un "électron libre". Si ce n'était que cela, il n'y aurait rien à dire (Mais où est son oeuvre ?). Le problème est qu'il continue à vouloir jouer le rôle d'un idéologue ; un idéologue dont tu conviens toi-même qu'il est tout sauf rigoureux (parce qu'inapte). Alors quid ?
 




Sujet: Re: Sur Guillaume Faye   Lun 17 Sep - 19:57

Je ne suis pas systématiquement « fidèle » en amitié. J’essaie seulement d’analyser et de comprendre objectivement. Cela pour faire avancer la cause afin que les mêmes erreurs ne se répètent pas indéfiniment. Je crois qu’il faut surtout avoir des « collègues » de travail plutôt que des « amis ». Si ces derniers sont parmi les premiers c’est encore mieux bien sûr !...

Le sujet de mon poste était le dernier bouquin de GF. Mais je suis tout à fait d’accord concernant la ND et AdB. J’ai souvent reproché un manque d'impartialité à Guillaume. J’avais même organisé deux « dîner de réconciliation », il y a quelques années à Montparnasse !...Je pense qu’il reproche, globalement, à cette mouvance d’avoir fait trop de concessions « métapolitiques » en cherchant à se faire reconnaître dans le système occidental de ses adversaires, plutôt que d’essayer de construire les bases d’un nouveau système. En bref, d’être plus « réformiste » que « révolutionnaire »… C’est la différence que je fais aussi à Kêrvreizh entre « Bretagne » et « Breizh », entre « Mouvement breton » et « Emsav », entre ce qui est exprimé en langue française et ce qui l’est en néo-breton moderne.

Pour AdB il y a le « délit » qu’il soit justement le « Maître » dans cette démarche réformiste, métapolitique, de « syndicat », en plus du fait de rancoeurs tout à fait personnelles. Ce qui est insupportable, c’est sûr. Le problème qui se pose vraiment est, il me semble le suivant, il est universel : Quand un « mouvement » n’a pas de doctrine personnelle cohérente, il se complait dans la contradiction, l'équivoque avec ses ennemis. Ses participants ne regardent pas dans le même sens, vers leur idéal clairement dessiné.

Ils ne sont pas vraiment en rupture avec leurs opposants. Ils n’ont pas de perspective vraiment différente. Un même point de fuite qui pourrait les transcender par l’esprit n’existe pas. Le Mouvement devient alors un « parti ». Il fait partie de ce qui existe déjà au lieu de faire exister, dans la pratique immédiate, ce qui n’existe pas encore. Il est alors récupéré, neutralisé justement dans l’ »idéologie » dominante.

Les combattants ne sont plus que des petites contradictions internes observées par leurs adversaires qui se renforcent en les étudiant. Nos « héros » finissent par se regarder entre eux, entre « personnalités » matérielles. Ils remarquent leurs différences superficielles, futiles. Ils se rabaissent, s’entredéchirent, s’animalisent au lieu de se « surhumaniser » dans leur idéal spirituel commun, leur « étoile polaire» qu’ils ont perdu de vue. Ceci parce qu’ils cherchent la dialectique entre eux et non plus avec leurs adversaires pour avancer, naviguer.

GF, comme nous tous, n’a pas La Vérité absolue. Il n’a, lui aussi, qu’une part de cette vérité. La vérité est pour moi, dans le rapport « théorie/pratique » en général. L’idéologie neutralise, récupère habituellement la théorie née de la pratique. GF, le « maudit », est un théoricien . Lui, il pratique. Il a une « praxis ». Sa vie marginale de damné le prouve. C’est pour cela qu’il a quelque chose à dire. Mais il est encore trop partiellement idéologue. Il est donc, évidemment non rigoureux et relativement inapte, tu le dis, comme tous les idéologues.

L’œuvre de GF ? Ben il me semble que c’est toute sa bibliographie, non ? Il doit bien y avoir 1000 ou 2000 pages intéressantes sur 3 ou 4000 non ?

Bonne nuit camarade!


Dernière édition par le Jeu 27 Sep - 8:25, édité 1 fois
 



Sujet: Re: Sur Guillaume Faye   Mar 18 Sep - 11:49

J'ajoute ici à ce qu’hier j'ai posté ailleurs au sujet de Guillaume FAYE. Je complète en disant que son grand intérêt, au-delà de ce qu’il publie, de juste ou de faux, c’est son mode de vie réel. Il est fondé sur l’expérience tangible. Ce n’est pas un « militant », c’est un « combattant ».

Guillaume n’est pas un « intellectuel », un philosophe de l’abstrait en salon. C’est un « spirituel », un philosophe du concret en action. Il va et vient, sans arrêt, de la théorie à la pratique. Il tire des bords dialectiques en direction de son idéal. Il est en guerre, véritablement, et il lui arrive, effectivement, de picoler comme un vieux Grognard de Napoléon !...

Ses mots sont des
cartouches, ses bouquins des bombes. Souvent, il monte en conférence comme un poilu de 14/18 à l’assaut, avec un coup de gnole !!!... Ce qu’il publie n’est que le fruit de l’analyse de son expérience vécue, de ses relations sur le front avec des milieux, des gens multiples et variés. Cela va des anciens situationnistes jusqu’aux « situ a-sionistes » en passant par les gauchistes, les droitistes et autres cruciverbistes!...

C’est pour cela que je m’entends bien avec lui. J’ai toujours eu la même démarche, même si je manie mieux le pinceau et le pot de peinture que la plume et la bouteille !...
 



Sujet: Re: Sur Guillaume Faye   Dim 23 Sep - 21:29

En tout cas, cet ouvrage évoqué ici est plutôt bon, je trouve. Nonobstant quelques attaques gratuites qu'il aurait pu éviter, notamment sur un prétendu financement iranien fantasmé...
 




Sujet: Re: Sur Guillaume Faye   Lun 1 Oct - 12:16

Thunder a écrit:
En tout cas, cet ouvrage évoqué ici est plutôt bon, je trouve. Nonobstant quelques attaques gratuites qu'il aurait pu éviter, notamment sur un prétendu financement iranien fantasmé...


Que resterait il de Faye si l'on retranchait le "fantasmé"...
 


Sujet: Re: Sur Guillaume Faye   Ven 2 Nov - 0:31

Faye quand il parle de la question migratoire ne fantasme pas, mais a au contraire parfaitement raison. Il suffit de regarder la courbe démographique des pays européens et celle des pays africains, par exemple. On pourrait même dire qu'il n'est pas bien original. Chauprade dit les choses de manière claire et sans ambiguité, mais de bien plus habile façon. Gourevitch est plus prudent mais n'en pense pas moins. Faye est un pamphlétaire...
 
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Sujet: Re: Sur Guillaume Faye   Ven 2 Nov - 9:04

Thunder a écrit:
Faye quand il parle de la question migratoire ne fantasme pas, mais a au contraire parfaitement raison. Il suffit de regarder la courbe démographique des pays européens et celle des pays africains, par exemple. On pourrait même dire qu'il n'est pas bien original. Chauprade dit les choses de manière claire et sans ambiguité, mais de bien plus habile façon. Gourevitch est plus prudent mais n'en pense pas moins. Faye est un pamphlétaire...


Il oubli l'émigration occidentale qu'on nomme pudiquement expatriation
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Yann-Ber TILLENON
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MessageSujet: À PROPOS DE LA POLÉMIQUE SUR GUILLAUME FAYE   Jeu 8 Nov - 1:15

Note d'Ivan: J'ai cru bon de réunir les deux fils, leur auteur commun m'en excusera.

Il me semble, finalement, que le réel problème posé par Guillaume Faye, est bien au-delà des états d’âme subjectifs et des interprétations concernant quelques diffamations, trahisons, calomnies, fantaisies, canulars, délires humoristiques etc… Une analyse constructive s’impose.

Le problème est très intéressant pour comprendre ce que nous devons faire. Il est, je pense, très objectif. Face à l’impérialisme islamo arabe en Europe qui le révolte, Guillaume Faye, depuis quelque temps, s’est orienté vers une tentation pour l’impérialisme cosmopolite américain anti arabe.

C’est une grave erreur qui se répète souvent dans l’histoire. Elle surgit quand des combattants très actifs, comme lui, sont déçus par leur propre peuple passif et inconscient qui ne les suit pas. Effectivement, le peuple préfère
aujourdhui rester un grand tube digestif de la société de consommation.

Le peuple se vautre dans la soumission et la collaboration. Les « résistants » conscients rejoignent alors, comme cela arrive souvent, un impérialisme qui pourrait les aider à se débarrasser de leurs envahisseurs.

Cette erreur fut, par exemple, celle d’une fraction du mouvement nationaliste breton et d’autres mouvements de libération pendant la seconde guerre mondiale. Les Bretons cherchèrent à profiter de la victoire passagère du pouvoir impérialiste allemand pour se libérer du pouvoir impérialiste français puisque le peuple breton ne les suivait pas. On connaît la suite…

Seules les petites nations européennes, nommées péjorativement « régions » ou « provinces » par les États nations constituent l’Europe authentique. C’est cette Europe que nous devons projeter dans une future postmodernité. Les « Régions » forment le grand peuple européen, contre les États nations impérialistes qui ont toujours cherché à les soumettre, les neutraliser. Ils les ont même poussées à s’exterminer entre elles dans des guerres qu’ils ont organisées pour cela, comme en 14/18.

La libération européenne se fera grâce à un mouvement dialectique de l’histoire en opposition aux deux grands envahisseurs de l’Europe et de ses États nations collaborateurs. Ces deux impérialismes se complètent. Le premier, « arabo musulman » a besoin du soutien du cosmopolitisme américain, de son idéologie du métissage, pour justifier sa conquête. Le deuxième a besoin de l’invasion des premiers pour faire perdre toute conscience d’enracinement national aux peuples d’Europe et ainsi pouvoir les dominer et les gouverner.

Seules les petites nations, les peuples de culture, constituent la seule vraie Europe réelle à mettre en forme politique. À plus forte raison, l’addition de leurs mouvements de libération constitue le mouvement de libération de l’Europe, c’est-à-dire le « mouvement européiste » de la grande fédération.

Ce mouvement ne peut pas se permettre de demander, sans se discréditer, une aide au camp des oppresseurs. C’est malhonnête et stupide. C’est un dérivatif, un mensonge dialectique. C’est un pis-aller opportuniste de combattants désemparés quand ils sont perdus, en totale contradiction avec eux-mêmes. Déboussolés, ils avouent leur impuissance comme les naufragés sur un radeau font appel au paquebot qui a fait couler leur bateau...

Le fondement même de tout mouvement de libération d’un peuple, aujourd’hui comme hier, c’est une réaction contre l’aliénation, quand ce peuple devient « autre » que lui-même. Chez nous, cela fait suite à l'occupation, à la colonisation des peuples d’Europe par des populations et des systèmes politico-religieux qui leur sont étrangers.

Ceci est la suite logique des systèmes politiques internes de l’Europe physique. C’est le résultat des nationalismes des Etats nations. Ils ont organisé la fragmentation, le génocide des peuples européens depuis le 19e siècle pour les neutraliser. Ils ont ainsi rendu possible l’actuelle invasion par la chute démographique en Europe divisée.

Le mouvement européiste de libération est donc forcément constitué des mouvements de libération des petites nations aliénées. Il doit créer un nouvel ordre international. Ce nouvel ordre ne peut naître que sur les ruines des impérialismes qui détruisent les petits peuples d’Europe et du monde. Ils détruisent même aujourd’hui l’équilibre naturel de la planète, comme l’impérialisme marchand du mondialisme cosmopolite américain.

Les combattants du mouvement européiste de libération sont des artistes historiens, des créateurs. Ils ont pour mission de faire exister ce qui n’existe pas encore. Ils ne peuvent donc que refuser toute espèce de compromission avec quelque impérialisme que ce soit, avec ce qui existe déja. Demander secours à une puissance impérialiste particulière, ou flirter avec elle, contre un autre impérialisme équivaut à renforcer l’impérialisme en général. C’est donc combattre le fondement même du mouvement de libération européiste.

Guillaume Faye a eu, maladroitement, la bonne idée de poser un problème philosophique fondamental. La solution, c’est de structurer, coordonner tous les mouvements de libération en Europe. Ainsi ils pourront créer un vrai mouvement puissant de libération.

Il pourra alors devenir, historiquement, le germe d’un État fédéral européen de Brest à Vladivostok. Une nouvelle civilisation peut naître de cette nouvelle grande communauté humaine. Elle peut prendre une nouvelle forme historique, être un nouvel archétype dans l’histoire pour sauver l’humanité aujourd’hui alarmée par sa possible disparition.

Elle peut devenir exemplaire pour cette humanité menacée, en cette fin de modernité, en appliquant une philosophie pratique quotidienne, un nouveau savoir-vivre. Elle pourra acquérir son indépendance politique économique et culturelle. Ses adeptes n’auront plus besoin de recourir à une puissance étrangère ennemie car ils auront eux-mêmes la puissance d’un nouvel ordre chez eux.


Yann-Ber TILLENON.
07 11 07
 



Sujet: Re: Sur Guillaume Faye   Jeu 8 Nov - 9:16

Par le bas avec un bon "régionalisme", par le haut avec un grand-européanisme ? C'est cela même que dénoncent avec haine les souverainistes, qui pour l'instant capitalisent un vote relativement important, et sont même premiers en Suisse ou en Norvège.

Nous avons besoin, Y-B, d'une révolution juridique européenne qui n'est possible que par le haut. Bien sûr, certes, les identités régionales/provinciales d'Europe ont leur importance, et bien sûr les militants alsaciens, bretons, corniques, écossais, sorabes... jouent leur rôle dans l'émergence de la grande nation. Bien sûr, "régionalistes" et européanistes sincères doivent travailler main dans la main. Mais il ne faut pas se limiter à l'action par le bas.

Par ailleurs, et je crois que c'est le point le plus important, cela ne peut marcher que si ceux qui font la promotion de ce schéma sont totalement détachés de ce que l'on appelle à tort ou à raison "l'extrême-droite". Or ce n'est pas le cas de certains mouvements.

En accord sur le principe d'un mouvement européen de libération, c'est à dire d'un mouvement révolutionnaire.

mercredi, 21 avril 2010

Dîner-Débat: Geen oorlog! Stop USA-Imperialisme!

dinerdebatnl.jpg

 

Diner-debat : Geen oorlog! Stop USA-imperialisme!

[ENGLISH UNDERNEATH]

We stellen vast dat de VS de laatste jaren meer en meer interventies plegen : gemiddeld om de 16 maanden. Het Amerikaans militair-industrieel complex, de Angel-Saksische economie en de internationale bankiers willen wereldwijd zoveel mogelijk grondstoffen in hun handen krijgen. Daarom overwegen ze als volgend land Iran aan te pakken. Bush vertelde ooit openlijk dat indien er oorlog met Iran komt, deze wel een nucleair zou kunnen zijn. Gezien de militaire en maatschappelijke moeilijkheden de VS-troepen vandaag ondervinden in Irak en Afghanistan is het niet moeilijk te voorspellen dat de VS-troepen wel eens heel veel lijkzakken naar het Iraanse front zouden moeten meenemen. De nucleaire optie is voor de VS de zo goed als enige om een vlotte overwinning te behalen. Daarom zijn de VS en Israël zo furieus dat Iran met zijn kernenergie – ooit geleverd door hetzelfde Westen ! – wel eens iets anders zou kunnen doen dan 220 volt opwekken. Israël wil namelijk de enige nucleaire mogendheid in het Midden-Oosten zijn.

Het N-SA stelt duidelijk dat wij Vlamingen recht hebben op een vreedzaam en gelukkig leven in eigen land met behoud van onze waarden en tradities. Het N-SA stelt duidelijk dat alle volkeren ter wereld ditzelfde recht  hebbben. Ook het Iraanse volk heeft recht op een vredig bestaan. Het Palestijnse volk toont ons dagelijks wat het is om onder een dictatoriale bezetter te leven. Het Amerikaanse en het Israëische leger mogen ongehinderd door enig verbod of resolutie vrij mensen vermoorden. Dat zich tussen de slachtoffers ook vrouwen en kinderen bevinden, deert hun niet.

Het N-SA stelt dat onze troepen niet mogen meedoen aan het vermoorden van mensen die in wezen vreedzaam in eigen land willen leven. Wij dulden niet dat iemand zich met onze cultuur en andere binnenlandse aangelegenheden bemoeit en vinden het aldus logisch dat het internationale grootkapitaal zich niet hoeft te bemoeien met de binnenlandse aangelegenheden van andere volkeren waar ter wereld. Onze troepen zouden in principe werk genoeg hebben met het bewaren van de orde in onze Vlaamse steden. Onze troepen moeten niet in Afghanistan of (in geval van oorlog) in Iran ingezet worden, maar in eigen land.

Weg met de NAVO, weg met de EU, weg met het VS-imperialisme, weg met het zionisme !

Geen oorlog ! Vrede nu !

Kris Roman

N-SA coördinator Buitenlandse Contacten

N-SA coördinator geopolitieke denktank "Euro-Rus"

 

Sprekers : 

Dr. Tomislav Sunic (Voormalig Diplomaat Kroatië)

Eddy Hermy (N-SA)

Kris Roman (N-SA)

Rien Vandenberghe (KVHV)

Peter Verheyen (NSV)

Erik Langerock (Kasper)

Datum : 24 april 2010

Deuren : open om 19u00

Prijs : 20€

Maaltijd : soep - warm en koud Breughelbuffet  naar believen - koffie/thee

Nette kledij vereist.

Op voorhand inschrijven door 20€ te storten op rekeningnummer 738-0146444-93 van het N-SA met vermelding "diner-debat" en aantal personen.

Gelieve om organisatorische redenen bij betaling een mailtje te sturen naar : dinerdebat@n-sa.be Dit emailadres is beveiligd tegen spambots, u heeft javascript nodig om het te kunnen bekijken

Inschrijvingen aanvaard tot een kleine week voor aanvang. Plaatsen zeer beperkt!

Wie vegetarisch wenst te eten : gelieve op voorhand te melden: dinerdebat@n-sa.be Dit emailadres is beveiligd tegen spambots, u heeft javascript nodig om het te kunnen bekijken

Info : 

0032 (0) 479/585781




dinerdebaten.jpg[ENGLISH]

The United States have been a warring nation since its modern founding. It is a known given, the US-economy can't survive without perpetual war. It is a known fact, foreign support troops are frequently pulled along. This isn't new. At one time, Romans and Huns set the example.

We observe an increasing amount of US-interventions over the past years: 16 months on average. The American military-industrial complex, the Anglo-Saxon economy and international finance are out to acquire a maximum amount of resources. Iran, you're next on the list. Bush once openly declared, if a war with Iran would ever take place, it would be a nuclear war. Considering the military and societal difficulties the US-troops experience today in Afghanistan and Iraq, it doesn't take much thinking what amount of body bags would be necessary for an Iranian front. The nuclear option is the only way the USA can attain a smooth victory in such a conflict. No wonder the USA and Israel are furious about the possibility Iran would do something else with its nuclear power than produce 220 volts AC. Nuclear power once given to them by the West, by the way. Israel is hell bound to staying the only nuclear force in the Middle East.

The N-SA is clear about the right for the Flemish to lead peaceful and happy lives in their own region, safeguarding their values and traditions. The N-SA is also clear this right is not an  exclusive, but applicable to all people of the world. The Iranians too have the right to a peaceful existence. The Palestinians are living proof of how it can be like to live under dictatorial occupation. The American and Israeli army have a license to kill, unrestricted by any sort of international treaty. Whether women and children fall victim to collateral damage is of no importance.

The N-SA states our troops should not engage in the killing of people who seek to live peaceful lives in their own region. We do not tolerate interference in our cultural and other domestic affairs and we find it goes without saying domestic affairs of any nation should not be hindered by the interests of international finance. There is enough we can put our troops to use for in our own nation. There is no reason to deploy our troops in Afghanistan or (should the day ever come) Iran. It is time to end the dictate.

No more NATO, no more EU, no more US-imperialism, no more Zionism.

No to war! Peace now!


Kris Roman
Coordinator N-SA Foreign Relations
Coordinator N-SA Geopolitical Thinktank "Euro-Rus"
 

Guest orators:

Dr. Tomislav Sunic (Former Croatian Diplomat)

Eddy Hermy (N-SA)

Kris Roman (N-SA)

Rien Vandenberghe (KVHV)

Peter Verheyen (NSV)

Erik Langerock (Kasper)

 

Date: April 24th 2010

Doors: open at 19h00

Price: € 20

Dinner: soup (entrance) - Brueghelesque buffet of traditional warm and cold dishes - coffee/tea

Casual dress code

Register in advance by deposit of € 20 on the following account:

IBAN: BE98 7380 1464 4493

BIC: KREDBEBB

Please send a registration confirmation to
dinerdebate@n-sa.be Dit emailadres is beveiligd tegen spambots, u heeft javascript nodig om het te kunnen bekijken

Registrations accepted until a small week in advance. Places very limited!

Vegetarians and people with specific allergies, please state so in advance at:
dinerdebat@n-sa.be Dit emailadres is beveiligd tegen spambots, u heeft javascript nodig om het te kunnen bekijken

Info :

0032 (0) 479/585781


 

dimanche, 21 juin 2009

Perspectives géopolitiques eurasiennes

EURASIA.jpg

Archives de" SYNERGIES EUROPEENNES - 1992

 

Perspectives géopolitiques eurasiennes

 

 

Table ronde tenue dans les locaux de la revue moscovite Dyenn, organe de l'opposition

 

Avec la participation de Sergeï Babourine, Alain de Benoist, Alexandre Douguine, Lieutenant-Général Nikolaï Klokotov, Chamil Soultanov, Robert Steuckers

 

Les participants:

 

Chamil SOULTANOV: journaliste musulman, observateur politique à la rédaction de la re­vue Dyenn, spécialiste des questions géo-éco­no­miques et géopolitiques.

 

Sergeï BABOURINE: leader de l'opposition au sein du Parlement de la république de Russie et chef du groupe des députés "Rossiia" (= Russie); député, juriste. Il a eu plus de voix lors de l'élection au poste de président du haut conseil de la Russie au printemps de 1991; il battait ainsi son rival Chazboulatov, numéro 1 dans l'équipe d'Eltsine. Mais vu la fai­ble participation des électeurs à cette élec­tion, elle a été annulée. Babourine a fondé le parti patriotique "Renaissance", qu'il dirige de main de maître.

 

Alexandre DOUGUINE, Président de l'Asso­cia­tion historique-religieuse Arktogaïa, édi­teur, écrivain.

 

Nikolaï KLOKOTOV, Lieutenant-Général de l'Armée Soviétique; Directeur de la chaire de stratégie à la haute école de l'état-major de l'Armée Soviétique.

 

A. DOUGUINE: Commençons par prendre en considération la doctrine géopolitique eura­sien­ne. Aujourd'hui, les facteurs géopolitiques re­pren­nent toute leur importance, au moment, pré­cisément, où s'effondrent, avec une rapidité dé­concertante, les univers idéologiques qui avaient été conventionnels jusqu'ici. Nous ne pouvons plus envisager le monde dans l'optique dichoto­mique habituelle, opposant un camp socia­liste à un camp capitaliste. Sommes-nous ca­pable de don­ner une réponse satisfaisante quand on nous pose la question de savoir si la Russie d'aujour­d'hui vit sous un régime capitaliste ou un régime socialiste? Devant l'impossibilité de répondre à cette question, parce qu'il n'y a pas encore de ré­ponse, nous devons immanquable­ment nous ré­férer à un système doctrinal stable, pour pouvoir nous orienter dans le monde poli­tique, devenu très compliqué, parfois paradoxal. Je pense que l'approche géopolitique est pour l'instant la seule acceptable, parce qu'elle insiste sur les réalités politiques et historiques les plus durables et re­fuse d'accorder trop d'importance aux circon­stan­ces passagères et éphémères de la politique politicienne.

 

Je voudrais, ici, attirer votre attention sur un pro­jet géopolitique défendu par plusieurs auteurs en Europe actuellement. Tous appartiennent à des milieux intellectuels non conformistes. Généra­le­ment, on les désigne sommairement par l'éti­quet­te «Nouvelle Droite». Leur projet re­prend des thèses énoncées dans les années 20 par des géo­politiciens allemands, souvent russo­philes. Par­mi eux, les nationaux-bolchéviques regroupés au­tour de Niekisch et plusieurs repré­sentants de l'école de Karl Haushofer. Le noyau de ce projet, c'est l'application pratique de la cé­lèbre doctrine géopolitique du géographe britan­nique Sir Hal­ford John Mackinder, mais en en inversant le sens.

 

Mackinder jetait un regard bien circonstancié sur la situation géopolitique mondiale; en effet, son optique est celle des puissances thalassocra­tiques, surtout l'Angleterre; son objectif est de dé­fendre leurs intérêts. Pour Mackinder, le plus grand danger qui guettait les Etats maritimes, démocratiques et marchands (capitalistes) était l'éventualité d'une alliance entre tous les Etats tellurocratiques ou continentaux, autour du pays détenteur de la grande masse continentale, le Heartland. Le rôle-clef dans cette alliance, pour­rait être joué soit par la Russie soit par l'Al­le­magne soit par une quelconque alliance entre pays européens et/ou asiatiques.

 

Les nationaux-bolchéviques allemands et Haus­hofer ont tenu compte des thèses de Mackinder mais ont refus la politique d'endiguement qu'il préconisait. Ils voulaient, au contraire, que les puissances continentales s'unissent et se dé­ve­lop­pent en autarcie; base de cette union grande-continentale: l'alliance germano-russe, sur les plans géopolitique et stratégiques. Haushofer a donné le nom de Kontinentalblock  à ce projet, qui impliquait l'anti-américanisme ou, plus gé­néralement, l'opposition à toute forme d'impé­ria­lisme thalas­socratique. La Nouvelle Droite eu­ropéenne  —ra­dicalement anti-américaine et anti-bourgeoise—  a repris à son compte les mê­mes thèses, en les modernisant et en les appli­quant à la situation géopolitique actuelle. Le pré­curseur de cette ten­dance a été sans conteste Jean Thiriart, le leader d'un mouvement pour l'unité européenne, actif dans les années 60 en Belgique et en Italie et portant le nom de «Jeune Europe». Jean Thiriart n'a pas participé au lancement de la Nouvelle Droite: au moment où celle-ci voyait le jour, il s'était déjà retiré de la politique active et n'écrivait plus rien (années 1966-69). Ce n'est que vers 1983-84 qu'il a rédigé et distribué à comp­te d'auteur ses thèses sur l'unification eu­ra­sienne et formulé son projet «euro-soviétique».

 

Plus tard, l'anti-américanisme est systématisé par Alain de Benoist, chef de file de la Nouvelle Droite en Europe. L'intérêt pour les doctrines géopolitiques eurasiennes se retrouve dès 1981 chez Robert Steuckers, l'éditeur des revues Vou­loir  et Orientations.  En Allemagne, les cou­rants néo-nationalistes ne sont plus du tout rus­sophobes  —à quelques exceptions près—  et l'an­ti-américanisme est une constante solide­ment ancrée dans ces milieux. Un général de l'armée autrichienne, Jordis von Lohausen, ré­dige en 1979 un traîté de géopolitique, reprenant les thè­ses des écoles d'avant-guerre en les mo­derni­sant. Sa conception est très européo-centrée mais ses critiques contre l'Amérique sont acerbes.

 

Le noyau essentiel de cette démarche pro-conti­nen­tale et anti-thalassocratique, c'est la recon­naissance, réaliste et froide, nécessaire, qu'il y a opposition entre les puissances maritimes  —ras­semblées aujourd'hui dans le projet planétaire et thalassocratique des Etats-Unis, c'est-à-dire le «Nouvel Ordre Mondial»—  et les puissances eu­rasiatiques continentales de la Chine à l'Espa­gne. Cette opposition doit être reconnue comme telle, divulguée, présentée au public sans aucune équivoque de type moralisant, sans hypo­crisie.

 

Aujourd'hui, nous devons constater que le lobby atlantiste et pro-américain est très fort dans les pays eurasiatiques. Cette présence est patente dans les pays du Tiers-Monde (leurs dirigeants travaillent souvent ouvertement pour la CIA) et en Europe. Mais les événements récents que nous avons subis dans notre pays, montrent que ce lob­by est également ici, chez nous, en Russie. Il est donc temps d'y réfléchir pour que nous puis­sions amorcer une lutte consciente et cohérente contre ces forces, téléguidées depuis Washington. Or­ga­niser la résistance continen­tale eurasiatique est un impératif très actuel pour nous qui devons agir au nom de nos intérêts géo­politiques, au nom de notre tradition et de nos va­leurs étatiques et spirituelles, menacées par les Américains et leurs agents politiques et cultu­rels.

 

Ne pensez-vous pas, Messieurs, que la doctrine eurasienne devient aujourd'hui de plus en plus actuelle et nécessaire?

 

S. BABOURINE: Cette vision de l'actualité géo­politique me paraît extrêmement intéressante, mais un peu trop générale. Je voudrais attirer votre attention sur des problèmes plus concrets, quoique liés au thème central que nous soumet­tons à discussion. Nous, les Russes, avons as­sisté au cours de ces dernières années à la des­truction systématique de toutes les structures qui assuraient la sécurité de l'Etat. On en arrive même à détruire des structures plus directement vitales, dans les domaines économique et straté­gique.

 

Ce processus involutif a commencé dès l'annon­ce de la «démocratisation». Cette «démocratisa­tion» —qui est d'ailleurs quelque chose de tout à fait différent de la démocratie—  je pourrais la dé­finir comme le régime du «libéralisme nihi­liste». La doctrine du libéra­lisme rejette toutes les considérations d'ordre proprement géopoli­tique, de la même façon qu'elle refuse d'accepter les valeurs de l'Etat, de l'ordre politique, etc. Dans notre société, le libé­ralisme a nié les in­térêts géopolitiques natio­naux, les intérêts de l'instance qu'est l'Etat. Dans une telle situation, les idées positives, qui exigent une certaine élé­vation de l'esprit, parce qu'elles veulent penser un ordre concret pour le continent ou pour l'Eu­rasie, ne trouvent aucune réponse, dans une so­cié­té «démocratisante» qui s'enfonce dans les voies de l'anarchie et de l'hyper-individualisme délétère.

 

La crise alimentaire se fait sentir d'une ma­nière très forte. Par conséquent, toutes les tenta­tives de réveiller la conscience géopolitique du peuple russe seront bloquées par le nihilisme qui ne cesse de croître. Pourtant, travailler à réveil­ler cette conscience est nécessaire: le nihilisme ambiant ne doit pas nous empêcher de la faire.

 

Ch. SOULTANOV: A propos du libéralisme, je pense plutôt qu'il y a des nations intelligentes et des nations moins intelligentes. Les premières peuvent assimiler le poison imposé de l'extérieur et le transformer, sinon en remède, du moins en quelque chose d'inoffensif. Le modèle démocra­tique et libéral, qui est intrinsèquement anti-or­ganique, anti-traditionnel et anarchique, a été imposé au Japon et à l'Allemagne occidentale a­près la deuxième guerre mondiale. Mais ces deux pays ont réussi à introduire dans ce système libéral-démocratique des éléments issus de l'or­dre traditionnel, impliquant une hiérarchie des valeurs. Au Japon surtout, on peut retrouver der­riè­re la façade capitaliste et les discours libé­raux, les restes de l'esprit des samouraïs, l'éthi­que japonaise traditionnelle, la conscience aigüe des intérêts nationaux, le collectivisme créatif. A l'extérieur, le Japon correspond aux critères de la démocratie voulue par les Américains, mais l'esprit qui l'anime est radi­calement autre.

 

Je me demande pourquoi, nous Soviétiques, nous nous conduisons aujourd'hui comme une nation stupide, en acceptant sans aucune distance cri­tique les propositions libérales de l'Occident? De plus, nous n'avons même pas été vaincus par une puissance étrangère, comme c'était le cas pour le Japon et l'Allemagne. Pourquoi n'avons-nous pas imité l'expérience de la Chine, qui a pu réali­ser des réformes économiques très importantes sans crises brutales et catastrophes sociales? Vers 1985, nous étions une superpuissance relati­vement stable qui aurait eu seulement beoin de quelques modernisations superficielles et de quel­ques innovations technologiques. Pourquoi les changements ont-ils pris aujourd'hui une al­lure tellement dramatique?

 

S. BABOURINE: Je me souviens des paroles d'un homme politique russe, appartenant au camp des patriotes, Milyoukov. En observant les agitations du parlement bourgeois russe des an­nées 1916-1917, il se demandait: «Qu'est-ce que c'est? De la stupidité ou de la trahison?». Si cette question était posée aujourd'hui, la seconde pos­sibilité évoquée par Milyoukov répondrait à votre question, Monsieur Soultanov.

 

N. KLOKOTOV: A mon avis, le recours aux pers­pectives géopolitiques est un impératif caté­gorique aujourd'hui. Nous sommes le plus grand pays eurasien et nos intérêts sont inextricable­ment liés à l'espace eurasiatique et cela, sur tous les plans, économique, stratégique, politique, etc. On ne doit pas oublier que le continent eurasia­tique est beaucoup plus riche par ses ressources que le continent américain. Cela nous donne un certain avantage stratégique.

 

Ch. SOULTANOV: Mackinder affirmait que les puissances maritimes, surtout l'Angleterre, ne doivent jamais tolérer qu'un Etat continental s'or­ganise économiquement et politiquement, qu'il deviennent fort et puissant. Telle était la position traditionnelle de la Grande-Bretagne face à ses voisins européens. Par conséquent, dans cette même logique, l'éclatement de l'Etat soviétique répond aux nécessités stratégiques de la Grande Ile qu'est le Nouveau Monde, héritier de la politique thalassocratique anglaise, et ad­versaire de cette Plus Grande Ile qu'est l'Eu­rasie.

 

N. KLOKOTOV: Cette continuité géopolitique est désormais, pour ainsi dire, inscrite dans les gènes des peuples anglo-saxons. Face au Vieux Continent, les Etats-Unis ont hérité cette tactique de l'Angleterre. En tenant compte du développe­ment des armes modernes, l'Ile Amérique est de­venue pour l'Eurasie, ce qu'était jadis l'Angle­terre pour l'Europe. Pour ma part, je suis con­vain­cu que la conscience géopolitique des peuples est une faculté qui, peu à peu, devient hé­réditaire. Les Américains ont une mentalité d'insulaires. Ce qui m'amène à la certitude que les Améri­cains agissent toujours, en politique internatio­na­le, pour favoriser géopolitiquement leur Ile-Amérique et pour contrecarrer les sy­nergies à l'œuvre en Eurasie, le continent rival.

 

Par ailleurs, il m'a toujours paru évident que les expansionnismes allemands et japonais ne pou­vaient avoir disparu purement et simplement avec leur défaite de 1945. Nous, Russes, sommes contraints de regarder le retour du Japon et de l'Allemagne sur l'avant-scène de la politique internationale avec une certaine inquiétude. Vont-ils jouer le jeu de l'Ile Amérique ou parier pour l'unité eurasiatique? J'ai toujours refusé de croire que les Allemands étaient devenus de braves pacifistes innocents. Je ne crois pas qu'ils puissent un jour abandonner complètement leur prétention à vouloir unifier à leur profit et pour leur compte la masse continentale eurasienne ni à réaliser leur projet de Lebensraum à nos dé­pens. L'idée même d'une Allemagne pacifiste m'apparaît contre-nature. Raison pour laquelle les Russes doivent être constamment en état d'a­lerte sur le plan géopolitique.

 

A. DOUGUINE: Monsieur Klokotov, permettez-moi une question indiscrète. Y a-t-il dans l'Ar­mée Soviétique, actuellement, un lobby eura­sia­ti­que qui s'opposerait à la tendance nettement pro-atlantiste et pro-américaine de nos diri­geants «démocratiques» d'aujourd'hui, tels Gorbatchev, Yakovlev et Eltsine?

 

N. KLOKOTOV: Il n'y a pas qu'un lobby ou un groupe de stratéges. Trouver dans l'armée des atlantistes est extrêmement difficile, peut-être même impossible. Malgré les efforts des com­missaires politiques dans l'armée, qui voulaient nous convaincre que notre histoire militaire a commencé en 1917, nous, les officiers sovié­ti­ques, avions bien conscience du passé glorieux des armes russes; toutes les victoires russes de l'histoire étaient nos victoires. Et comme la stra­tégie militaire russe était essentiellement et na­tu­rellement eurasiatique, continentale et, en ce sens, universelle et supra-ethnique, ces mêmes traditions se perpétuaient dans l'armée soviéti­que. L'idée de la solidarité entre tous les peuples de l'Eurasie était le fondement doctri­nale de no­tre armée. Dans l'armée actuelle, au­cune que­rel­le n'oppose les nationalités, même si cette ar­mée est composée de représentants des ethnies les plus diverses. La conscience des inté­rêts grands-continentaux unit notre armée, comme devrait être soudé organiquement le ter­ritoire eurasien lui-même.

 

A. de BENOIST: Il faut rappeler la genèse de l'O­TAN. Cette alliance a été créée après la se­conde guerre mondiale pour organiser la défense des pays occidentaux contre la menace commu­niste venue de l'Est. Les peuples d'Europe occi­dentale ont également vécu tout ce temps sous la tutelle de l'OTAN, supposant naïvement que les Améri­cains les défendraient contre l'Union Sovié­ti­que. Quoi qu'il en soit, il est parfaitement évi­dent que, dans la situation actuelle, l'existence de l'OTAN a perdu pleinement sa si­gnification: le communisme en Union Soviétique n'existe plus et le Pacte de Varsovie, qui était le pendant de l'OTAN, s'est écroulé.

 

A. DOUGUINE: Objectivement, l'OTAN est dé­sormais une force globale garantissant stratégi­quement la domination planétaire de la civilisa­tion atlantique. Aujourd'hui, il est évident que seules les alliances stratégiques globales sont en mesure d'assurer le fonctionnement du système complexe qu'est la géo-économie mondiale. L'O­TAN se trouve être aujourd'hui la forme d'uni­fi­cation de la politique planétaire  —ou plus exacte­ment: de l'économie globalisée—  sous le signe de l'atlantisme et sous le commandement des puis­sances insulaires anglo-saxonnes, à sa­voir les Etats-Unis et leur «base maritime et aé­rienne en lisière de l'Europe», l'Angleterre.

 

A. de BENOIST: Cette «unification atlantique du monde» et, pour commencer, cette «unification atlantique de l'hémisphère nord» est l'objectif final de l'OTAN. Mais une telle «unification at­lantique» ignore totalement l'incompatibilité géopolitique globale entre les conceptions du mon­de —politique et géoéconomique— «conti­nen­tale» (eurasiatique) et «insulaire» (atlan­ti­que). Au fond, comment les théoriciens de l'O­TAN expliquent-ils le fait que leur al­liance existe? Auparavant, ils justifiaient l'OTAN par l'existence d'une menace sovié­tique. Actuelle­ment, ils parlent comme suit: après la faillite du communisme, il est tout-à-fait logique d'ad­mettre que l'ordre démocratique et libéral se propagera d'Ouest en Est et qu'un nombre tou­jours plus grand de pays de l'hémisphère nord seront intégrés dans un sys­tème socio-démo­cra­tique unique de type occiden­tal. L'OTAN, à l'heu­re actuelle, veut se donner un rôle de mé­diateur au niveau du processus d'intégration des régimes libéraux de l'hémisphère nord; veut participer au processus de soudure économique et industrielle des éco­nomies des différents Etats. Il ne faut d'ailleurs pas oublier que l'industrie militaire est partout un secteur industriel impor­tant.

 

A. DOUGUINE: Monsieur Steuckers, votre vi­sion du monde et de la politique est agonale et conflictuelle, éloignée de tout irénisme. Com­ment conciliez-vous l'idéal de pax eurasia­tica avec votre constat de la permanence du con­flit dans les relations inter-humaines et inter-éta­tiques?

 

R. STEUCKERS: Les conflits sur notre «hémis­phère eurasiatique» sont inévitables mais ils doi­vent être transformés en conflits lo­caux et ré­gulés, ce qui est impossible en dehors d'un bloc militaire stratégique unique en Eurasie. Nous devons combattre la conception de la «guerre ab­solue», avec son idéologie mani­chéenne où les adversaires se considèrent mu­tuellement com­me les représentants du «mal ab­solu». Nous a­vons vu l'exemple le plus détestable de cette ap­pro­che manichéenne quand les Américains, lors de la guerre du Koweit, ont été pris d'un délire de fanatisme puritain. Nous de­vons plutôt nous pen­cher sur le concept de «guerre de forme», c'est-à-dire sur les types de conflits  —vu la nature hu­maine les conflits sont malheu­reusement iné­vitables—  qui se déroulent entre de petites ar­mées composées de volontaires et de militaires professionnels, sans engagement de la popula­tion civile et sans destruction des éco­nomies na­tionales. Je le répète, nous ne sommes pas des utopistes et nous reconnaissons, bien sûr, que des conflits déterminés enflammeront tou­jours l'u­ne ou l'autre portion de l'espace eurasia­tique. Mais il sera nécessaire de les réguler en pensant au mode de belligérence que fut et pourra rede­venir la «guerre de forme»: les parties belli­gé­rantes doivent voir dans leur ennemi d'au­jour­d'hui un allié potentiel de demain.

 

N. KLOKOTOV: Considérez-vous, Monsieur Steuckers, que le refus de l'armement nucléaire de la part de la Russie mènera à une plus grande sécurité en Europe ou, au contraire, l'armement nucléaire russe a-t-il été et demeurera-t-il un facteur effectif de dissuasion des conflits locaux?

 

R. STEUCKERS: En Europe, le désarmement u­ni­latéral de la Russie et notamment son renon­cement unilatéral à l'armement nucléaire n'est avantageux pour personne. Nous avons toujours aspiré à ce que les troupes soviétiques abandon­nent les pays d'Europe centrale mais nous n'a­vons jamais voulu l'affaiblissement de la Rus­sie elle-même, qui, forte, a toujours jouer un rôle stabilisateur, tant au temps de la Pentarchie que pendant l'équilibre européen arbitré par Bis­marck. L'arme nucléaire en quantité limitée est effectivement nécessaire à l'Europe pour conte­nir les Etats-Unis ou d'autres puissances extra-continentales et pour prévenir des conflits locaux intra-européens ou intra-eurasiatiques.

En même temps, un puissant armement nu­clé­aire est extrêmement accablant d'un point de vue économique au point que les dépenses pour l'ar­me­ment ont déjà conduit l'économie améri­caine au seuil de la faillite; les Russes ne doi­vent pas se faire d'illusions à ce sujet. Les seuls modèles capitalistes efficaces aujourd'hui sont les modè­les japonais et allemand. La course aux arme­ments a détruit non seulement l'économie so­viéti­que mais également l'économie améri­cai­ne. Les dépenses pour un super-armement sont tout simplement insensées. Il est certes né­ces­saire d'avoir une arme nucléaire limitée per­mettant d'asséner sélectivement un coup puis­sant, fort et irrésistible destiné à prévenir l'ex­ten­sion des conflits, à arrêter la guerre to­tale. Mais pourquoi faut-il créer un potentiel suf­fisant pour détruire dix fois la planète entière? 

 

A. DOUGUINE: Pour l'armée tout est donc clair, comme vient de nous le dire le Lieutenant-Gé­néral Klokotov. Sur le même sujet, j'aimerais maintenant interroger Monsieur Babourine et lui demander quelles sont les orientations géopo­litiques de nos parlementaires, de nos députés.

 

S. BABOURINE: A la différence de Monsieur Soultanov, je ne crois pas qu'il y ait des nations intelligentes et des nations moins intelligentes. Je pense plutôt qu'il y a des peuples heureux et des peuples malheureux. Les peuples heureux ont des gouvernants sages. Aujourd'hui, notre peuple est extrêmement malheureux. La plupart des députés sont absolument incompétents en matières poli­tiques et géopolitiques. Ils agissent par la force de leurs émotions, de leurs sentiments éphémères, en suivant les suggestions séduisantes de la pe­tite clique des hypnotiseurs et des démagogues. Ces derniers sont bien conscients de leurs inté­rêts, mais évitent toujours de parler des questions géopolitiques, évitent même de prononcer ce mot parce qu'ils ont peur des définitions claires et sans équivoques que donne précisément la géopo­litique; on s'apercevrait tout de suite, si ces défi­nitions étaient largement répandues dans la classe politique et dans l'opinion publique, qu'ils agissent contre les intérêts nationaux de notre Etat et de notre peuple. Deux exemples: celui des Iles Kouriles et celui des frontières russo-ukrai­niennes. On veut rendre les Iles Kouriles au Ja­pon pour obtenir un soutien financier (dérisoire d'ailleurs) de Tokyo; mais sur le plan économi­que, politique, géopolitique, stratégique et surtout moral, ce serait une perte gigantesque, une tra­gédie nationale, un choc pour notre cons­cience, une humiliation profonde. Pire, cela risque d'a­morcer un processus destructeur de ré­vision gé­nérale de toutes les frontières du globe. Si nous acceptons comme légitime cette pratique de révi­ser les frontières nationales, nous créons impli­ci­tement un terrible précédent; des guerres en chaîne risquent de s'ensuivre.

 

Une autre tragédie risque de se produire, à la fois géopolitique et religieuse: la destruction de la synthèse unique entre les trois grandes cultures religieuses (chrétienté, islam, bouddhisme) qui s'est réalisée dans les terres de Russie. Enfin, troisième menace, tout aussi terrible: le risque de brisure irrémédiable de l'unité des trois peuples slaves orientaux (Grands-Russiens, Petits-Rus­siens ou Ukrainiens et Blancs-Russiens). Si cet­te rupture est consommée lors du prochain ré­fé­rendum sur l'indépendance de l'Ukraine, ce se­ra une catastrophe gigantesque. Nous sommes en­racinés dans toutes les parties de la Russie; nous avons tous des parents dans toutes les répu­bliques, parmi tous les peuples qui vivent sur nos terres.

 

Dans tous ces événements, j'aperçois clairement la trace du travail qu'accomplissent les forces qui veulent à tout prix détruire l'unité eurasia­tique, affaiblir l'organisme géopolitique conti­nental, dresser des obstacles à toute réssurection possible de la Russie en tant que grand empire eurasien. Mais cette politique de sabotage systé­matique n'est pas seulement venue de l'exté­rieur. Ce sont nos politiciens qui détruisent sys­té­matiquement le pays de l'intérieur. C'est en pen­sant anticipativement les conséquences ter­ribles de cette involution politique, en envisa­geant la catastrophe grande-continentale qui ris­que de survenir, qu'il faut juger les orienta­tions géopolitiques de nos dirigeants et de nos par­lementaires. Leurs positions, mêmes ina­vouées, deviennent bien claires quand on cons­tate leurs actes concrets.

 

Ch. SOULTANOV: Je voudrais rappeler les ar­guments qu'évoquent souvent les opposants à l'i­dée eurasienne. Je m'adresse surtout à Ale­xan­dre Douguine. On ne peut pas nier que l'Eurasie d'aujourd'hui est loin, très loin, d'être le conti­nent harmonique et pacifié. Elle est dé­chirée par les conflits intérieurs: guerre récente entre l'I­rak et l'Iran, guerre inter-ethnique en Yougosla­vie, guerre en Afghanistan, menées sé­paratistes en Inde (les Sikhs), conflits entre na­tionalités de l'ex-URSS, etc. Pire: bon nombre de puissances en Eurasie possèdent l'arme nu­cléaire, ce qui augmente les chances de voir se déclencher une apocalypse, scellant définitive­ment le suicide de tous nos peuples. Ne doit-on pas rechercher plutôt qu'une opposition entre deux continents, une har­monie planétaire, se ba­sant sur des valeurs uni­versellement humaines, non pas contre l'Amé­rique, mais avec l'Amérique?

 

A. DOUGUINE: Premièrement, je refuse à croi­re aux «valeurs universellement hu­maines», parce que c'est, à mon avis, une abs­traction, une utopie, absolument vide de sens; ces «valeurs» font partie de l'héritage de la Révolution fran­çaise et de la pensée rationaliste de l'ère des Lu­mières: elles sont aussi optimistes qu'elles sont infantiles.

 

Ch. SOULTANOV: Mais toutes les religions sont d'accord pour affirmer l'unité de l'homme.

 

A. DOUGUINE: Oui, dans un autre sens, dans le sens spirituel, au niveau de l'archétype intempo­rel, et non pas dans la réalité historique contin­gente. De plus, les différentes religions expri­ment des conceptions différentes de l'«universa­lisme anthropologique». L'universalisme chré­tien  —dont il existe d'ailleurs beaucoup de va­riétés—  est une chose, l'universalisme isla­mi­que en est une autre, etc. On peut admettre la possibilité d'une alliance, par exemple, entre les Chrétiens et les Musulmans pour la défense des intérêts géopoli­tiques de l'Eurasie, mais les dif­fé­rences entre leurs valeurs religieuses respec­tives n'en dimi­nueront pas pour autant. D'ail­leurs le monde d'aujourd'hui n'est pas guidé par les facteurs spirituels et religieux, donc je trouve votre objec­tion est dépourvue de consistence.

 

Par ailleurs, le célèbre politologue allemand Carl Schmitt, popularisé en Europe par les efforts des nouvelles droites, est devenu aujourd'hui l'auteur le plus indispensable pour donner un re­gain de sérieux aux facultés de sciences poli­tiques et sociales en Europe occidentale. Carl Schmitt, dans toute son œuvre, insiste sur la dis­tinction ami/ennemi, ou, plus précisément, entre «les nôtres» et les «non nôtres» (en russe: nachi  et nenachi).  Cette distinction est à l'origine de toute communauté humaine, depuis les tribus pri­mitives jusqu'aux empires les plus complexes et les Etats les plus grands. Nier la distinction a­mi/ennemi, nôtres/non-nôtres, serait faire vio­len­ce à la nature humaine, sombrer dans l'arti­ficialité monstrueuse et contre-naturelle. Je pen­se que les défenseurs des «valeurs univer­selle­ment humaines» ne croient pas eux-mêmes en l'abstraction qu'ils proposent et suggèrent; ils l'utilisent pour masquer leurs buts géopolitiques et politiques véritables. Eux aussi opèrent la dis­tinction entre «nôtres» et «non-nôtres». Leurs «nôtres» restent souvent dans l'ombre et sont ra­dicalement les ennemis de nos «nôtres». Le seul «universalisme» que nous devons reconnaître comme réel, réaliste et concret est l'univer­sa­lis­me eurasien, qualitatif et différen­cié, poly-ethni­que et organique.

 

Je voudrais aussi insister sur la nécessité, au­jourd'hui, à l'heure critique où nous vivons, d'é­largir les limites dans lesquelles nous avions coutume d'enfermer notre conception des «nô­tres». Ces limites ne seront plus celles de l'ex-URSS, mais celles, naturelles et géogra­phiques, du grand continent eurasiatique. Toutes les for­mes de (petit)-nationalisme ou de chauvi­nisme sont des alliées objectives des forces hos­tiles à la synergie constructive eurasiatique. Dans le mon­de actuel, la liberté d'un peuple, quel qu'il soit, dépend directement de l'autarcie géo­poli­tique et géo-économique du continent sur le­quel ce peuple vit. Les Russes, les Allemands, les Ja­ponais, les Français, les Serbes et les Croates, les Caucasiens, les Indiens, les Irakiens et les Ira­niens, les Espagnols, les Vietnamiens et les Chi­nois, en tant que nations, ne seront plus ja­mais libres, indépendants et forts si un Empire eura­sia­tique ne se constitue pas. Les peuples de l'ex-URSS et tous les autres peuples d'Europe, sans instance grande-continentale eurasienne, reste­ront à jamais les «petits frères» de l'Oncle Sam. Dans ce vaste processus de libération anti-amé­ri­cain et donc anti-impérialiste, trois Etats sont historiquement destinés à jouer un rôle uni­fi­ca­teur important, à devenir conjointement le Heart­land  eurasiatique: la Chine, la Russie et l'Allemagne. Pour réaliser cette fantastique sy­nergie, nous avons besoin de la participation de tous les peuples et de tous les pays eurasiens. Ils sont tous des «nôtres».

 

Nous devons clairement apercevoir l'unique fron­tière qui sépare les «nôtres» des «non-nô­tres». C'est la frontière entre l'Eurasie (non seu­lement géographique, mais aussi spirituelle, cul­turelle, idéologique, traditionnelle) et l'Occident «atlantiste» et extra-européen, l'Occident améri­cain. Je suis partisan d'une union et d'une uni­versalité plus larges mais, pour être concrète, définie et réelle, cette univer­salité doit s'arrêter, trouver des limites tan­gibles, sur la façade mari­time occidentale de la masse continentale eura­sienne. Au-delà des «colonnes d'Hercule», de Gi­braltar ou du Cap Saint-Vincent, commence u­ne autre planète, un autre monde, aliéné et hos­tile. Certes, nous pou­vons faire une exception pour les Amérindiens, ces enracinés qui conser­vent malgré tout leur propre identité, leur propre tradition. Ils sont des «nôtres», contrairement aux yankees, avec leur messianisme qui veut promouvoir les «valeurs universellement hu­mai­nes», en même temps que leurs «Mac'Do'» et leurs banques.

 

S. BABOURINE: Je ne partage pas le radica­lisme de vos propos. Il y a des valeurs universel­lement humaines, comme le droit de vivre, par exemple, ou quelques vérités religieuses, etc. En revanche, je suis radicalement contre l'emploi de la rhétorique humaniste et de la démagogie quand elles servent à masquer la destruction de l'Etat et la désintégration des systèmes de sécu­rité. C'est de la manipulation et du lavage de cerveaux.

 

Ch. SOULTANOV: Vous avez mentionné la sé­curité de l'Etat. Comment la pensée militaire so­viétique voit-elle le rôle de l'Etat soviétique en tant que puissance nucléaire à ces trois niveaux que sont la planète, le continent et l'Etat russe?

 

N. KLOKOTOV: Nous avons construit notre doc­trine militaire en prenant ces trois niveaux en considération. Détenir l'arme nucléaire et peser très lourd sur le plan des armements con­ven­tionnels, tels étaient les deux atouts décisifs qu'a­vançait l'armée soviétique pour garantir l'é­­quilibre planétaire entre les deux blocs. Grâce à l'URSS, les Atlantistes américains et leurs in­térêts commerciaux étaient confrontés à des li­mites sur le continent eurasiatique. De facto, le Pac­te de Varsovie était un pacte eurasien ina­che­vé. Nous étions les garants de l'ordre: grâce à no­tre force dissuasive, aucun conflit grave ne pouvait survenir en Eurasie. De ce fait, l'armée soviétique avait une fonction équilibrante tant au niveau global qu'au niveau continental. Elle as­surait la parité. La doctrine dominante de notre stratégie militaire était qualifiable d'«eura­sis­te». On peut donc dire que la sécurité planétaire (globale), la sécurité continentale et la sécurité de l'Etat soviétique étaient étroitement liées entre elles; elles étaient au fond une seule et même cho­se.

 

Dans le vaste contexte eurasien, le rôle de l'ar­mée soviétique était le suivant: grâce à sa simple existence, les autres peuples d'Europe et d'Asie n'avaient pas besoin d'entretenir d'armée, si­non des unités limitées numérique­ment pour as­surer l'ordre intérieur dans de pe­tites entités po­litiques. De telles armées n'auraient eu qu'une fonction symbolique en cas de conflit global. En revanche, quand la donne a changé en URSS, on s'est aperçu que l'armée so­viétique n'était pas préparée du tout à faire face à des conflits locaux ou à intervenir dans des luttes intestines. Toute notre stratégie avait été élabo­rée pour garantir la paix à grande échelle et non pas à vaincre dans de petits combats (en situation de Kleinkrieg).  L'objectif principal de notre armée à toujours été d'assurer la paix planétaire.

 

Même aujourd'hui, après la dissolution du Pacte de Varsovie, notre armée continue à servir cet ob­jectif, tout simplement parce qu'elle possède l'arme nucléaire et que se structuration straté­gique est demeurée telle. Il n'est pas sérieux de parler de la «souveraineté» des républiques ou même des libertés des pays d'Europe orientale si ces républiques et ces pays ne possèdent pas de forces militaires suffisantes pour défendre cette liberté et cette indépendance. Paradoxalement, ces républiques et ces pays ne peuvent être «in­dépendants» que s'ils dépendent de l'armée so­viétique! Autrement, le voisin le plus fort les avalera à la première occasion. Toute «souve­rai­neté» sans armée forte, capable de ga­rantir ef­ficacement l'indépendance, est pure chimère, même au niveau juridique. Même au cas où les républiques de l'ex-URSS se partage­raient une fraction plus ou moins importante de l'arsenal nucléaire soviétique, cette fraction demeurera tou­jours insuffisante pour les rendre réellement li­bres. Arithmétiquement, la République de Rus­sie sera toujours plus forte sur le plan militaire. C'est pourquoi toute cette rhéto­rique indépendan­tiste, déversée sur les ondes ou dans les colonnes des journaux, sans aucune considération profon­de de la situation straté­gique, géopolitique et mi­li­taire, me paraît être de la pure démagogie, in­consistante et vide de sens. La souveraineté et l'indépendance ne seront ga­ranties aux répu­bliques que si elles participent à une alliance stra­tégique et géopolitique avec la Russie ou avec un Etat soviétique rénové mais qui n'aura pas aliéné les instruments de sa sou­veraineté. D'ail­leurs, quel que soit le nom, URSS, CEI ou autre, la donne géopolitique et géostratégique restera la même.

 

Ch. SOULTANOV: D'accord, mais vous ne pou­vez pas nier que le bloc OTAN demeure toujours puissant et continue à développer ses capacités militaires et stratégiques; quant au bloc alterna­tif, il se réduit aujourd'hui à la seule Russie, qui se dégrade de plus en plus et se trouve entre les mains de politiciens de tendance atlantiste. Nous devons donc nous attendre à la fragmenta­tion définitive de l'ancienne URSS et même à ce que les républiques, Russie comprise, vendent leurs armes nucléaires à des pays relativement belliqueux, le Pakistan par exemple. Aujour­d'hui, l'armée soviétique est presque en­tière­ment détruite. Dès lors, les propos de Monsieur Klokotov ne sont-ils pas un peu ana­chroniques?

 

A. DOUGUINE: Pour ma part, je voudrais insis­ter sur le caractère artificiel de la destruction du système soviétique. J'ai toujours été un ennemi du socialisme marxiste et du système soviétique mais, malgré cela, je veux rester honnête et avouer qu'avant la perestroïka, la situation en URSS n'était guère critique des points de vue économique, politique, technologique, etc. Nous, les dissidents, étions une minorité infime; nos idées anti-soviétiques n'avaient pas la moindre incidence sur le peuple. En 1985, des pays beau­coup moins stables que l'URSS survivaient sans trop de problèmes depuis des décennies et pour­suivent leur bonhomme de chemin. Mais Gor­ba­tchev a commencé par déstabiliser l'Etat, en provoquant des conflit, en ébranlant les struc­tu­res administratives, en bouleversant les habitu­des idéologiques, en dénonçant les vérités incar­nées dans l'homo sovieticus. En prétendant en finir avec la «sclérose» de l'armée (qu'est ce que cela signifie, dans le fond?), on fait sauter toute sa structure. Volontairement, on a troqué une i­déologie totalitaire contre une autre, qui n'est pas moins totalitaire, je veux dire qu'on a troqué l'u­topisme marxiste/communiste contre l'utopisme démocratique/capitaliste, sans faire preuve de la moindre correction à l'égard du peuple et sans aller à l'encontre de ses demandes d'ordre spi­rituel ou existentiel. Quel que soit le but de Gor­batchev et d'Eltsine, il demeure évident que leurs orientations géopolitiques sont non seu­lement pro-occidentales mais, pire, extrême-oc­ci­den­ta­les, c'est-à-dire atlantistes, agressive­ment pro-a­méricaines et anti-eurasistes, anti-euro­péen­nes dans le sens où le destin de la Russie et celui de l'Europe sont intimement liés. Je perçois bien la contradiction entre, d'une part, la doctrine stra­tégique développée par l'état-ma­jor sovié­ti­que  —laquelle est eurasiste plutôt que marxiste ou communiste, comme vient de nous l'expliquer le Lieutenant-Général Nikolaï Klokotov—  et, d'au­tre part, la doctrine géopoli­tique pro-atlan­tiste des chefs de l'Etat post-sovié­tique actuel. J'en déduis que les idées défendues par Nikolaï Klokotov ne sont pas anachroniques mais consti­tuent plutôt une conception opposée à celles des auteurs et des praticiens de la peres­troïka. Géopo­litiquement parlant, les transfor­mations à l'œu­vre aujourd'hui sont globalement négative pour l'ensemble eurasiatique. Mes con­victions per­son­nelles me portent à croire que les chefs de l'URSS actuelle, partie en quenouille, sont les agents inconscients, non pas tant des services secrets étrangers (ça reste à prouver; nous n'a­vons aucune preuve tangible), mais, métaphy­si­quement, je crois qu'ils sont les agents de l'autre continent, car ils font le jeu, naïve­ment, des in­térêts atlantistes et anti-eurasiens.

 

J'aimerais aussi répondre à Sergueï Babourine, puisqu'il m'a interpellé à propos du «droit de vi­vre». Je crois, moi, qu'il y a des valeurs qui transcendent le simple droit de vivre. Les va­leurs qui se profilent derrière la pensée géopoli­tique, les valeurs supérieures de l'Etat, les va­leurs véhiculées dans la chair du peuple, par la Tradition, par l'héritage historique de la nation sont plus hautes que notre misérable vie indivi­duelle, éphémère et inéluctablement vouée à la mort. La Russie a été un grand empire continen­tal parce que des millions de Russes sont morts, ont donné, avec des millions de ressortissants d'autres peuples de l'empire, leur «droit de vi­vre» pour que s'instaure sur la planète cet Em­pire/Etat gigantesque et grandiose, qui res­tera, dans les mémoires, couvert de gloire éter­nelle, grâce à ses victoires, ses guerres, l'exemple des génies qu'il a produits, grâce à la culture qu'il a fait éclore, grâce à sa tradition et sa spiritualité. Cet Empire/Etat avait une grande mission eura­siatique à accomplir, dont les di­mensions histo­ri­ques et religieuses ne doivent pas nous échap­per. Pour ces valeurs, les meil­leurs fils de la Pa­trie mourraient et tuaient. Voilà la grande vé­rité, nue et crue, que nous dé­voile l'histoire. Nous, les Russes, sommes tout naturellement, par le fait de notre naissance, de notre culture, de nos racines, les soldats de cet Empire, les soldats de l'Eurasie. Et nous devons, au lieu de ratio­ciner sur ces abstractions mé­diocres que sont le «droit de vivre», les «droits de l'homme», les «valeurs universellement hu­maines», mourir et tuer pour les intérêts, de la Russie, du Grand Con­tinent eurasiatique, de la Planète. Nous de­vons n'être qu'une armée où seuls comptent la discipline et le devoir.

 

S. BABOURINE: D'accord. Pour notre peuple, la période de la perestroïka est la période d'expan­sion d'une nouvelle idéologie qui lui est consub­stan­tiellement étrangère. A présent, notre peuple est groggy, sa conscience est obscurcie, troublée. Il ne comprend pas ce que les nouveaux chefs de l'Etat comptent faire de lui. Il n'a pas été préparé. Il est knock-outé. En gros, je pense comme Dou­guine, mais je mettrais l'accent sur d'autres cho­ses. Ou plutôt, je simplifierais la problématique en disant que l'essentiel, au­jourd'hui, est de dé­fendre la Patrie. A tout prix. Car tel est notre de­voir. La Russie est en danger. Et c'est en défen­dant la Russie sur les plans spi­rituel, idéolo­gi­que et physique que nous abouti­rons, tout naturel­lement, à la défense du Grand Continent, à la conscience de sa dynamique géo­politique, à la di­mension axiologique eura­sienne proprement dite.

 

Ch. SOULTANOV: Ne pensez-vous pas, Mon­sieur Douguine, que le projet eurasiatique est une utopie nouvelle, alors que la réalité éco­nomique et les intérêts de la vie quotidienne nous dirigent vers d'autres perspectives, plus con­crètes et net­tement moins héroïques. L'Occident et surtout les Etats-Unis vont profiter de la crise écono­mique en Russie pour acheter tout simple­ment le pays, ses politiciens et ses dirigeants, comme c'est le cas partout dans le tiers-monde. Le peuple sera satisfait d'exécuter les ordres des gouver­neurs de la Banque mondiale, à condition de re­cevoir à manger. Le pathos eurasiatique est cer­tes très séduisant pour l'élite et les patriotes con­vaincus mais le peuple, lui, ne s'en souciera guè­re; il préfèrera sans doute la satiété et la colo­ni­sation à l'indépendance et au combat.

 

S. BABOURINE: Dans la rue, on dirait que c'est déjà le cas.

 

A. DOUGUINE: Sans doute que, dans un premier temps, le choix du peuple se portera vers l'atlan­tis­me. Mais, à long terme, je doute que la greffe soit possible. L'atlantisme, en soi, est une idéolo­gie qui est diamétralement opposée à notre idéo­logie intrinsèque, à notre nature russe, à notre idéologie russe, à nos traditions, à notre histoire. Les auteurs eurasistes du début de ce siècle, com­me Troubetskoï, Vernadsky, etc., ont démontré que la révolution bolchévique a été une réponse spontanée et aveugle à l'expansion du capitalis­me et de son idéologie implicite, indivi­dualiste et égoïste. Le communisme n'avait qu'un seul côté attirant: son engagement anti-bourgeois et anti-individualiste. Les Russes, à cette époque, vi­vaient toujours dans la dimension du collec­ti­visme spirituel, dans l'esprit de l'obchtchina,  c'est-à-dire la communauté (Gemeinschaft) qua­litative et organique tradi­tionnelle. Quand notre peuple prendra cons­cience de l'essence anti-rus­se du modèle améri­cain, il réagira. D'une ma­nière brutale.

 

Par ailleurs, je refuse de croire à la supériorité absolue de l'économie capitaliste; notre écono­mie a commencé à se désintégrer quand on y a in­troduit des éléments capitalistes. Dans le tiers-monde, beaucoup de pays capitalistes connais­sent la misère. De plus, le bien-être offert par le capitalisme est également très exagéré. Cette re­lativisation du fait capitaliste me permet de ne pas considérer a priori les réflexions d'ordre géopolitique, les perspectives eurasistes, comme des utopies. En outre, je ne crois pas que le pou­voir et le lobby atlantistes dureront longtemps dans notre pays. Les réflexes communautaires des Russes sont trop profondément ancrés dans l'âme du peuple pour qu'on puisse les en éradi­quer. L'âme russe est pourtant plastique: elle peut assimiler toutes les idéologies, sauf celle qui veut expressément son assèchement et sa dispari­tion. Qui plus est, les «démocrates» ne pourront jamais nourir convenablement le peuple. Ils sont malhabiles à l'extrême et n'ont aucun sens de la responsabilité. Les révoltes de la faim éclate­ront. La haine à l'égard des politiciens prendra des proportions inouïes. Le pouvoir «démo­crati­que» va tomber et les gouverneurs de la Banque mondiale seront renvoyés dans leurs pays. Par conséquent, les intérêts eurasiens se­ront les seuls à l'avant-plan à court ou moyen terme. Raison pour laquelle nous ne pouvons né­gliger les projets géopolitiques eurasiens, les re­jeter comme quelque chose de trop «intellectualiste» ou d'«utopique». Je déplore au contraire l'absen­ce d'intellectualité chez les nôtres. La stupidité de nos «démocrates» me ré­jouit. Mais je crains que la révolte populaire, anti-démocratique et an­ti-atlantiste, ne soit ré­cupérée, une fois de plus, par quelques aventu­riers idéologiques ou par des sectes politiques étrangères aux intérêts russes et eurasiatiques, comme en 1917. Je ne crois pas qu'on puisse acheter notre peuple; on peut le sé­duire mais pour cela, il faut faire preuve d'au­torité, encourager l'esprit communautaire qui gît au fond de son âme et connaître les détours de la psyché russe. Les atlantistes sont incapables de faire ce tra­vail. Donc, en dépit de leurs efforts, la réponse sera eurasiatique.

 

N. KLOKOTOV: A propos de la satiété, je me sou­viens d'une conversation que j'ai eue à Rome a­vec un général de la Bundeswehr qui me de­man­dait: «Qu'allez-vous faire avec l'aide hu­mani­taire de l'Occident?». J'ai répondu qu'il n'y a pas meilleur moyen de tuer les capacités à pro­duire les biens que de donner ceux-ci en ca­deau. La fameuse aide occidentale nous perver­tit; elle fait de nous des parasites. Cette aide est perverse: elle est une forme de lutte idéologique qui, sous le couvert souriant de la générosité, em­pêche toute renaissance possible de notre peuple, rend inutile les efforts de notre peuple dans la re­construction pour lui-même d'un appareil indus­triel et de services.

 

Ch. SOULTANOV: Réalisable ou non, le projet eurasien reste très intéressant et digne d'une étu­de approfondie. Par conséquent, je pense qu'il faut l'étudier sous tous ses aspects dans les mi­lieux intellectuels, culturels, politiques et mili­taires. Il est temps, pour nous, d'appeler les cho­ses par leur nom, sans équivoques et sans il­lu­sions.

 

A. DOUGUINE: Monsieur de Benoist, vous qui vi­vez à Paris, au sein de la culture occidentale, comment réagissez-vous quand on vous parle de «continent eurasien», thème qui n'a pas beau­coup été abordé en France?

 

A. de BENOIST: Je considère le projet eurasia­tique, l'alliance eurasienne à l'échelon culturel, économique et peut-être militaro-stratégique com­me nécessaire et souhaitable au plus haut point. Il est possible que la création définitive du bloc eurasien soit le stade final d'un long proces­sus. Le continent eurasiatique est un conglomé­rat géant de formations politiques, nationales et étatiques diverses. Nous ne pourrons pas en une seule fois parvenir à l'intégration géopolitique définitive. La majorité des ethnies et des peuples eurasiatiques ont des racines culturelles, histo­riques et traditionnelles communes bien plus pro­fondes que les frictions et les conflits de l'his­toire de ces derniers siècles qui, en compa­raison du cycle de vie d'une ethnie, occupent un espace-temps assez insignifiant.

 

A. DOUGUINE: Habituellement, deux principes en apparence antagonistes s'opposent au projet du «mondialisme atlantique»: le principe du régio­nalisme, de la conservation de l'ethnie, du «na­tio­nalisme local» et le principe de l'union eura­sienne globale, la théorie de l'«autarcie des grands espaces»...

 

A. de BENOIST: Je considère qu'il s'agit là de deux niveaux différents d'un seul et même pro­cessus; l'un inférieur, l'autre supérieur. A l'heu­re actuelle, nous ne devons pas insister uni­quement sur l'unification eurasienne puisque nous n'avons pas encore les moyens suf­fisants pour réaliser un tel projet. Nous devons commen­cer par le bas, en opposant au mondia­lisme les valeurs ethniques, régionales et natio­nales, les traditions, les principes organiques, commu­nau­taires et qualitatifs de l'organisation sociale. Mais cette opposition doit nous permettre de pré­parer le fondement intellectuel et culturel de la future unification; doit contribuer à l'instau­ra­tion de la compréhension réciproque entre les for­ces eurasiennes orientées dans le sens conti­nen­tal. Nous devons travailler au ni­veau des ré­gions tout en pensant au continent.

 

Il y a des aspects positifs dans l'unification al­lemande, en ce qu'elle constitue l'amorce du dia­logue eurasiatique. L'alliance étroite entre la Russie et l'Allemagne est gage de paix pour le continent eurasien. Toute la question est de sa­voir si l'URSS d'hier pourra passer sans heurts à la création d'un nouveau bloc continental eura­siatique. Il me semble, hélas, que c'est impos­si­ble. Apparemment, nous devrons passer par une période transitoire de chaos: d'abord la dé­sin­té­gration du bloc des pays de l'ex-Pacte de Var­so­vie; ensuite le chaos et la guerre civile dans les pays d'Europe orientale; enfin, la désin­tégration de l'URSS et même, peut-être, de la Russie. Tous ces processus  —et particulièrement la désin­té­gra­tion de la Russie—  sont des phéno­mènes pu­re­ment négatifs mais qui, malheureu­sement, sont presque inévitables.

 

R. STEUCKERS: Toutes les guerres eurasiennes de ces derniers siècles n'ont amené que des ré­sultats négatifs; pensons à la guerre russo-sué­doise au temps de Charles XII, à Napoléon, à Hitler, etc. Chaque guerre eurasiatique, gagnée ou perdue, a mené uniquement à l'exarcerbation des problèmes géopolitiques, sociaux, nationaux et économiques et nullement à leur résolution. Chaque guerre menée entre les pays de l'Est et de l'Ouest, chaque conflit se développant le long de cet axe est contre nature et enfreint les liens géo­politiques et géo-économiques organiques tou­jours plus solides et profonds le long des latitudes et se relâchant au contraire le long des longi­tudes du globe terrestre. Selon une loi détermi­née, non encore comprise dans son entièreté, les pays du Nord se sont toujours distingués, dans l'histoire médiévale et contemporaine, par un niveau plus élevé de développement économique ou par un sens plus aigu du politique, face à leurs adversaires en décadence; raison pour laquelle  tous les conflits qui les opposent tendent inévita­blement vers une crise planétaire globale. Le Nord, plus riche, peut et doit livrer sa production excédentaire au Sud plus pauvre. C'est notam­ment du Nord vers le Sud que doit passer l'ex­pansion culturelle positive, qui ne signifie nul­lement un impérialisme exploiteur. Presque tou­jours  dans l'histoire, lorsque l'influence cultu­relle et économique s'est propagée du Nord au Sud (du Japon en Chine; de la Russie à l'Asie Cen­trale au XIXième siècle, etc.), nous avons ob­tenu un résultat harmonieux et naturel. Les ex­pansions le long de l'axe Est-Ouest, au contraire, ont mené systématiquement à la destruction de tout équilibre et à la catastrophe.

 

Il faut d'ailleurs souligner que l'expansion de la Russie à travers le continent asiatique a été une expansion pleinement harmonieuse et naturelle; en effet, à partir du XVIIième siècle, les Russes, descendants directs des peuples indo-européens jadis répartis dans l'actuelle Ukraine et dans la partie occidentale de la steppe centre-asiatique, ont suivi la même voie que leurs ancêtres scythes et iraniens qui ont créé l'empire perse et la civi­lisation védique en Inde dans la plus haute anti­quité. C'est de ce point de vue d'ailleurs, que la Russie peut, aujourd'hui, se considérer comme la puissance politique qui est l'héritière directe de ces conquérants indo-européens. En Europe occi­dentale, l'Empire romain a commencé son ex­pansion méditerranéenne contre Carthage, diri­geant ses énergies vers le Sud, vers l'Afrique du Nord, grenier à blé. Ce mouvement était orga­nique et harmonieux; quand Rome s'est retour­née contre son réservoir de population celtique et germanique, contre la Gaule et la Germanie, son déclin a commencé.

 

A partir de ses lois géopolitiques et historiques, nous pouvons comprendre à quel point est dange­reuse l'intrusion militaire, culturelle et écono­mique de l'Amérique en Europe et en Asie: cette intrusion contredit en effet la logique naturelle Nord-Sud et représente une ingérence catastro­phique, génératrice de crises, le long de l'axe Est-Ouest. L'ingérence américaine, nouveauté du XXième siècle, est source de déséquilibre cons­tant sur le continent eurasien; cette expan­sion va de paire avec des conflits entre Etats eu­rasiatiques littoraux et insulaires, d'une part, et Etats centre-continentaux (Allemagne/Grande-Bretagne; Russie/Angleterre en Asie centrale et en Afghanistan; Chine/Japon; etc.). L'Amé­ri­que, imitant l'exemple de l'Angleterre, vise tou­jours à provoquer des conflits sur les franges lit­to­rales du grand continent. En Extrême-Orient, c'est la politique d'attiser les conflits entre la Chine et le Japon, la Corée du Nord et la Corée du Sud, le Vietnam du Nord et le Vietnam du Sud. En Europe, c'est l'opposition entre Etats occiden­taux littoraux ou insulaires (France et Grande-Bretagne) et Etats centraux ou orientaux "conti­nen­taux" (Allemagne, Autriche-Hongrie, Rus­sie). La stratégie de l'américanisme consiste à conquérir (particulièrement sur les plans cultu­rel et éco­nomique) les Etats littoraux, tant sur la façade atlantique que sur la façade pacifique. Cette poli­tique enfreint directement la logique na­turelle du développement le long d'axes nord-sud et fait obstacle au renforcement des liens con­tinentaux eurasiens. Notons, par ailleurs, que dans le cadre de leur propre hémisphère oc­cidental insu­laire, les Etats-Unis utilisent ad­mi­rablement la logique Nord-Sud, en unifiant selon leurs propres critères géo-économiques le Ca­nada, les Etats-Unis (puissance dominante dans le jeu) et le Mexique. C'est la logique pana­méricaine.

 

A. DOUGUINE: Comment vous apparaît, Mon­sieur Steuckers, l'alliance stratégique et mili­tai­re des puissances eurasiatiques?

 

R. STEUCKERS: Elle est nécessaire. Nous de­vons mettre à l'avant-plan, aujourd'hui, la con­ception qui s'est développée au XVIIIième siècle sous le nom de Jus publicum europaeum  en l'ap­pliquant à l'ensemble du continent eurasien. Quoi­qu'il soit encore trop tôt pour parler de la réa­lisation d'un tel bloc continental stratégique uni­fié, nous sommes néanmoins tout simplement ob­ligés de présenter et de développer cette notion. Nous devons sans cesse insister sur le fait que tout conflit intra-continental, représentera une défaite notoire pour toutes les parties belligé­ran­tes aux niveaux économique, politique et so­cial, sans même parler des pertes humaines et mo­ra­les. Chaque guerre entre puissances eura­siennes porte en germe une défaite complète pour toutes les parties engagées. Dans un certain sens, nous sommes condamnés à l'alliance con­tinentale, de même que nous sommes condam­nés, sur le plan géopolitique, à voir dans les Etats-Unis l'en­nemi commun, menaçant à tous points de vue l'harmonie du continent eurasia­tique et contrecarrant l'orientation naturelle de ses ex­pansions culturelles et économiques. Car tant que l'américanisme, qui ouvre des conflic­tua­li­tés Est-Ouest, exercera sa pression sur l'Europe, nous vivrons toujours dans l'attente d'un nou­veau conflit intra-continental, d'une nouvelle guer­re eurasiatique qui, le cas échéant, pourra se terminer par une catastrophe globale qui préci­pitera la planète dans le déclin et la mi­sère. 

 

De la part de la revue Dyenn,  je remercie tous les participants et j'espère que nous nous rencontre­rons plus souvent dans l'avenir car notre jour­nal consacrera bientôt, régulièrement, plusieurs pages à l'idée eurasiste.

 

(nous remercions Alexandre Douguine et Sepp Staelmans de nous avoir communiqué une ver­sion française du texte russe de cette table ronde, publiée dans Dyenn,  n°2/1992).     

 

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samedi, 09 mai 2009

Une philippique contre les assassins de l'histoire

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SYNERGIES EUROPÉENNES - ORIENTATIONS (Bruxelles) - Juillet 1988

Une philippique contre les "assassins de l'histoire"

Un rapport de Luc Nannens

 

Le débat ouest-allemand récent, baptisé "querelle des historiens", a fait la une de tous les quotidiens et hebdomadaires de RFA. Il y a d'un côté, ceux qui veulent accentuer encore la culpabilité allemande, ressasser sans cesse les my-thèmes culpabilisateurs, les ériger au rang de vérités historiques intangibles. Leur méthode: l'anathème et l'injure. Cet exercice n'a pas plu à quelques historiens célèbres dans le monde entier, porte-paroles de leurs confrères: Ernst Nolte, Andreas Hillgruber et Michael Stürmer. Peu suspects de sympathies à l'endroit du nazisme, ils ont for-mé le camp adverse des nouveaux inquisiteurs, ceux qui s'auto-proclament "anti-fascistes". Ils n'ont pas accep-té la nou-velle mise au pas, le galvaudage éhonté de leur discipline déjà si malmenée par l'idéologie ambiante, cel-le de la grande lessive des mémoires. Rolf Kosiek nous a dressé un bilan clair de cette affaire qui annonce une pro--chai-ne grande révolte des mémoires contre les escrocs idéologiques, les nouveaux prêtres hurleurs qui veulent do-mes-ti-quer, asservir et détruire l'indépendance d'esprit et la sérénité européennes, la vieille et pondérée éthique de Thucydide. Son bilan porte le titre de

 

Rolf Kosiek, "Historikerstreit und Geschichtsrevision", Grabert-Verlag, Tübingen, 1987.

 

La querelle des historiens, écrit Rolf Kosiek, est révélatrice de l'absence de liberté que subissaient les historiens dans les décennies écoulées mais, point positif, elle indique aussi que les choses sont en train de bouger et que les scien-ces historiques vont enfin pouvoir entrer dans une époque "normalisée" et se dégager des carcans officiels. Les historiens agressés, jadis, entraient automatiquement dans un purgatoire et sombraient dans un oubli catastro-phique, résultat de la cons-piration du silence. Désormais, ils se rebiffent et font face. Apparaissent dès lors les pre--mières fissures dans l'édifice érigé artificiellement pour les besoins a posteriori de la cause alliée, même si des mas-ses d'archives sont encore inaccessibles et si des rumeurs courent qui disent que les documents entreposés à Lon-dres sont délibérément falsifiés, de façon à ne pas porter ombrage au Royaume-Uni quand ils seront enfin à la disposition des historiens.

L'Allemagne de l'Ouest a connu cinq cas de mise au pas d'historiens actifs dans l'enseignement: l'affaire du Prof. Dr. Peter R. Hofstätter en 1963, l'affaire Stielau (qui contestait l'authenticité du Journal d'Anne Frank)  en 1959, l'af-faire Walendy en 1965, l'affaire Diwald en 1978 (deux pages jugées litigieuses dans un livre de 764 pages, ven-du à des centaines de milliers d'exemplaires!), l'affaire Stäglich où l'accusé s'est vu non seulement condamné mais dépouillé de son titre de docteur en droit en vertu d'une loi imposée sous Hitler en 1939! Si toutes ces af-fai-res concernaient des mises en doute directes de la façon dont l'idéologie dominante présente les rapports tragiques en-tre Allemands et Juifs pendant la parenthèse hitlérienne, la querelle actuelle ne se base pas du tout sur des argu-ments relatifs à cette douloureuse question. D'où Kosiek distingue deux types de révisionnisme historique: le ré-vi-sionnisme proprement dit, vivace dans la sphère anglo-saxonne et porté par des célébrités comme B.H. Liddell-Hart, P.H. Nicoll, C.C. Transill, H.E. Barnes, qui, tous, nient la culpabilité exclusive de l'Allemagne dans le dé-clenchement de la seconde guerre mondiale. Nier l'exclusivité de la culpabilité, ce n'est pas nier toute culpabilité mais cette nuance, qu'acceptera tout esprit doté de bon sens, est déjà sacrilège pour les néo-inquisiteurs. Ensuite, un révisionnisme plus marginal, et surtout plus spécialisé, qui n'aborde que les questions propres aux rapports ger-mano-juifs.

Une volonté populaire diffuse de retour à l'histoire et de réappropriation d'identité

Une sourde hostilité couvait depuis une bonne décennie contre l'arrogance inquisitoriale: en 1976, le Président de la RFA, Walter Scheel, avait déclaré en public, devant un congrès d'historiens, que l'Allemagne de l'Ouest ne pou-vait nullement devenir un pays purgé de toute histoire. En 1977, les historiens hessois protestèrent vivement con--tre le projet du Ministère de leur Land  visant à supprimer purement et simplement la matière histoire dans les Gym-nasium.  L'exposition consacrée aux Staufer à Stuttgart en 1977 permet à plusieurs hommes politiques en vue de réitérer leur volonté de sauver l'histoire des griffes de ceux qui veulent systématiquement l'éradiquer. A par-tir de 1980, on assiste à une véritable offensive de retour à l'histoire et à une volonté très nette de se reconstituer une identité qui avait été provisoirement occultée; l'exposition sur la Prusse à Berlin en 1981 a montré que les mi-lieux de gauche, eux aussi, souhaitaient renouer avec l'histoire de leur pays (cf. Alain de Benoist, Gérard Nances & Robert Steuckers, "Idée prussienne, destin allemand", in Nouvelle Ecole,  n°37, 1982).

Les historiens, bénéficiant de cet engouement populaire pour l'identité nationale, vont s'enhardir et amorcer un processus d'émancipation. Helmut Rumpf, juriste et politologue de notoriété internationale, disciple de Carl Schmitt, rappelle, dans un article de la prestigieuse revue Der Staat  (Berlin) un ouvrage capital de 1961, assassi-né par la conspiration du silence: Der erzwungene Krieg  (= la guerre forcée) de l'Américain David L. Hoggan. Ce li-vre, épais de 936 pa-ges, démontrait la culpabilité britannique, notamment celle de Lord Halifax, sur base de do-cu--ments polonais, ja-mais étudiés à l'Ouest (sur Hoggan, cf. Orientations  n°6). La légende de l'incendie du Reichs-tag par les nazis fut, dans la foulée, réfutée par l'historien Fritz Tobias, membre de la SPD; Tobias avait en-tamé son enquête dès 1959 mais les inquisiteurs avaient jugé que sa thèse était "inopportune sur le plan de la pé-dagogie populaire" (!?). Il fal-lut attendre 1986 pour qu'elle soit admise, sans pour autant être diffusée. L'his-to-rien suisse-alémanique Wolf-gang Hänel put démontrer que les affirmations de Hermann Rauschning, consignées dans le fameux Hitler m'a dit,  sont absolument fausses pour la simple raison que l'auteur n'a jamais rencontré Hit-ler plus de quatre fois et, en ces occasions, n'était pas seul. Le Prof. Alfred Schickel, directeur de l'Institut d'His-toire Contemporaine d'In-gol-stadt, put prouver que les officiers polonais prisonniers en Allemagne organi-saient des "universités de camp". Ce fait, incompatible avec l'image qu'on s'est fait des relations germano-polo-nai-ses, fut d'abord nié par les historiens officiels, jusqu'au jour où plusieurs of-fi-ciers polonais sont venus person-nel-le-ment témoigner, preuves à l'appui!

Nolte contre Habermas: la "querelle des historiens" commence!

C'est avec un tel arrière-plan qu'a commencé la "querelle des historiens" proprement dite, en 1986. Ernst Nolte, cé-lèbre sur le plan international pour ses études sur l'origine des fascismes, a déclenché la polémique en écrivant, en substance, dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ),  le 6 juin 1986, que l'"asiatisme" national-socia-lis-te, exprimé par la terreur policière, les camps et les massacres, n'est pas unique ni originelle mais a été précédée par l'"asiatisme" bolchévique. L'approche de Nolte était dans la droite ligne de ses options libérales: il ne niait pas les massacres et les crimes nationaux-socialistes mais refusait, par souci éthique, de justifier les massacres subis par ses compatriotes par les massacres qu'ils auraient commis ou non. Cette volonté de relativiser les faits, de les restituer à leur juste mesure et de les dépouiller de tous adstrats passionnels, constitue une démarche scien-tifique et objective, telle que tout historien sérieux se doit de poser. Les professionnels du culpabilisme ont ré-agi im-médiatement, d'abord par des lettres de lecteurs à la FAZ,  reprochant à Nolte de minimiser, par compa-raison avec la terreur stalinienne, les actes du régime nazi. Wolfgang Schuller, professeur d'histoire à Constance, fut le pre-mier à prendre parti pour Nolte, en écrivant: "Si l'on n'est plus autorisé qu'à écrire des choses négatives (à l'en-droit de l'histoire allemande de ce siècle, ndlr), si plus aucun lien causal, plus aucune causalité ne peut plus être évoqués, alors nous avons une sorte d'historiographie courtisane inversée".

Jürgen Habermas, qui n'en rate pas une, saisira l'occasion pour se donner de la publicité, en mitonnant un article far-ci de vitupérations et de fulminations hautes en couleur, en traînant Nolte dans la boue, avec trois autres de ses col-lè-gues, Andreas Hillgruber, Klaus Hildebrand et Michael Stürmer. Pariant sur l'ignorance des masses, sachant que les médias conformistes lui donneront une publicité imméritée, Habermas recourt sans vergogne à l'injure, au tron--quage des citations et au langage propagandiste, sans pour autant éviter les contradictions: ainsi, il reproche à Stürmer de fabriquer une "philosophie otanesque" (Natophilosophie),  assortie de "tamtam géopoliticien", propre à une "idéologie du milieu" (Ideologie der Mitte)  qui met en danger les liens de l'Allemagne avec l'Ouest, matri-ce des sacro-saintes "Lumières"! La réponse moqueuse des agressés n'a pas tardé: se posant comme leur avocat, Gün-ter Zehm se gausse du philosophe-sociologue libéral-gauchiste en faisant appel à ses propres théories; en ef-fet, Habermas, voulant ancrer sa démarche dans l'héritage rationaliste, hégélien et marxiste, a toujours opté pour les faits objectifs contre les travestissements métaphysiques, les engouements romantiques, les mythes mobilisa-teurs de type sorélo-fasciste ou völkisch-hitlérien; dans la querelle des historiens, toutes ses belles intentions, il les jette par-dessus bord, comme des ordures de cuisine par-dessus le bastingage d'un paquebot transatlantique: con-tre les faits mis en exergue par les historiens, le grand prêtre de la sociologie francfortiste évoque, trémolos feints dans la voix, la "malédic-tion éternelle" qui pèse sur le peuple allemand (et qu'il s'agit de ne pas égratigner) et la "faute incomparable" que les générations post-hitlériennes, faites de bons gros touristes roses et gourmands, doi-vent continuer à traîner com-me un boulet de forçat.

L'hystérie habermassienne contre la science historique

Ces gamineries hystériques n'ont pourtant été que le hors-d'œuvre, les zakouskis du maître-queue Habermas. Rudolf Augstein, rédac'chef du Spiegel,  prend le relais avec le gros sel: Hillgruber, selon le brave homme, nierait Ausch-witz et serait "un nazi constitutionnel". Janßen et Sontheimer, autres para-habermassiens, écrivent, sans ri-re et avec quelques circonlocutions, que les résultats de toute enquête historique doivent correspondre à des critères de "pé-dagogie populaire" et renforcer la "conscience Aufklärung". Tout autre résultat est malvenu et doit donc être tu, occulté, dénoncé. Le nazisme est unique, sin-gulier et au-dessus de toute comparaison, avancent Kocka, Bra-cher et Winkler, impavides devant le ridicule, puisque toute science his-to-rique est par définition comparative, comme le sait tout étudiant de première année. Winkler, qui avait bâti jadis quelques belles théories sur la parti-cu-la-rité allemande par rapport à l'Ouest, estime brusquement que le nazisme ne peut être comparé avec l'URSS stali-nien-ne ou le Cambodge de Pol Pot, terres asiatiques, mais exclusivement avec l'Ouest et ses normes puisque l'Al-lemagne est un morceau d'Occident. Après ces raisonnements spécieux: coucou! Qui réapparaît donc comme un dia-blo-tin d'une boîte? Habermas! L'hom-me prend des poses de Iavhé biblique et en imite le courroux: la faute des Al-lemands se transmettra de gé-né-rations en gé-né-ra-tions ad infinitum  (cf. Die Zeit,  7-XI-'86). On ne voit plus où est l'histoire. On voit au con-trai-re comment se modernisent les anathèmes théologiques.

Ces excès ont eu pour résultat de mobiliser une phalange d'historiens agacés parmi lesquels Joachim Fest, qui, en défendant Nolte, s'insurge contre les simplismes ânonnés à propos du national-socialisme par les adeptes des Lu-mières qui, derrière un discours rationaliste-utopique sur la liberté, asseyent sans scrupules leur propre mandari-nat. Thomas Nipperdey attaque directement la méthode de Habermas: le passé y est dénoncé, puis, au nom du principe tout-puissant de l'émancipation, politisé et moralisé, mieux, hyper-moralisé; de cette manière seulement, la voie est libre pour le monopole futur des utopies, des "constructions" artificielles, détachées de toute continui-té historique. Un passé moralisé détruit ipso facto l'histoire réelle, pour installer des schémas désincarnés dans lesquels les peuples ne retrouvent pas leurs aspirations. C'est pourquoi il faut historiciser le national-socialisme, afin de ne pas renoncer au réel et de ne pas confisquer aux Allemands le droit de construire une démocratie con-forme aux rythmes de leur histoire. Pour le bien de la science, on ne peut interdire aux chercheurs de s'interroger et de solliciter témoignages et documents. Nolte renchérit: il faut éviter que ne s'installe une situation où le passé national-socialiste est érigé en un mythe négatif, indicateur du mal absolu, qui empêche toute révision pertinente et s'avère ennemi de la science.

Hildebrand rejette les arguments passionnels de Habermas en démontrant que les thèses que ce dernier incrimine ne sont nullement neuves mais ont déjà été débattues en Allemagne et à l'étranger depuis longtemps. L'assassinat des Juifs, écrit-il dans Die Welt  (22-XI-'86), est sans doute "singulier" dans une perspective universelle mais de-meu-re néanmoins inscrit dans une chaîne d'événements tout aussi tragiques de notre siècle; cet événement "géno-cidaire" a eu des précédants et des imitations: le génocide des Arméniens, la liquidation de millions de paysans pro-priétaires russes, les koulaks, l'élimination et les déportations de peuples entiers sous le joug de Staline, les ex-terminations du "communisme paléolithique" cambodgien. Procéder à une comparaison entre ces horreurs his-to-riques est légitime pour l'historien, dont la tâche est d'en dégager les constantes et d'en comprendre les moti-vations, aussi répréhensibles soient-elles sur le plan moral. Spécialiste des crimes perpétrés contre les Alle-mands au cours des expulsions de 1945-46, l'historien américain Alfred de Zayas, en prenant position dans Die Welt  (13-XII-'86), explique que le processus de "démythologisation" du nazisme est en cours aux Etats-Unis et en Angle-ter-re depuis longtemps et exhorte les Allemands à s'intéresser à ces travaux en dépit des hurlements du mandarinat établi; selon de Zayas, la thèse de l'"unicité" de la faute nazie est inepte et les Allemands ne doivent pas se laisser hypnotiser ou paralyser par Auschwitz, car, pendant la seconde guerre mondiale, il n'y a pas eu de "monopole de la souffrance".

Les cinq questions-clefs du débat

Au-delà de la polémique, Kosiek dégage les principaux points de discorde entre les historiens: 1) La démarche de révision est-elle ou non la norme de la scientificité historique?; 2) Le IIIème Reich revêt-il un caractère d'unicité?; 3) L'époque du IIIème Reich doit-elle être historicisée, c'est-à-dire doit-elle être soumise aux mêmes critères d'investigation historiques que n'importe quelle autre segment de l'histoire?; 4) Le problème du calcul du nombre de victimes doit-il être abordé?; 5) Convient-il ou ne convient-il pas d'étendre la notion de "faute collective" aux gé-né-rations post-hitlériennes et, si oui, jusqu'à quelle génération? Au-delà de ces cinq questions d'ordre éthique et philosophique, qui ne sont pas du ressort direct de l'historien mais concernent immédiatement sa liberté de travail, l'histoire contemporaine, si elle veut quitter certaines impasses, doit aborder des terrains laissés jusqu'ici en jachè-re, terrains inexplorés à cause de la terreur intellectuelle exercée par le mandarinat. Seules des réponses allant dans un sens résolument non-habermassien aux cinq questions ci-dessus, permettront aux historiens d'aborder des do-mai-nes inexplorés (ou explorés seulement dans une marginalité éditoriale non médiatisée), comme, par exemple, les extermina-tions staliniennes et leurs incidences sur l'histoire de l'Europe orientale, la question de savoir si la guer-re déclenchée par Hitler contre l'URSS a été préventive ou non, les problèmes de l'expulsion des Allemands de Silésie, de Poméranie, de Prusse orientale et du Territoire des Sudètes. Une demande générale se fait jour qui com-prend l'é-tude historique et scientifique de ces événements, un débat public, franc et ouvert, sur ces questions. Y répondre clairement, sans a priori idéologique, avec sérénité, signifierait que l'histoire n'est pas une science mor-te. Ne pas y répondre, persister dans l'occultation de pans entiers de l'histoire européenne, signifierait au con-trai-re que l'his-toire est morte, et avec elle la liberté, et que se sont réalisées les pires appréhensions d'Orwell con-cernant la ma-ni-pu-lation du passé dans des buts de ma-ni--pulation politique. Un habermassien sincère, soucieux de transparence, de dialogue et de publicité, hostile aux mé-canismes mis en scène par l'imagination romanesque d'Or-well dans 1984,  devra nécessairement prendre la parti des Nolte, Hildebrand, Stürmer, etc., malgré les déra-pa-ges, divagations et éruc-ta-tions récentes de son maître-à-penser.

Dix conclusions

Quelles conclusions tirer de tout cela? Pour Kosiek, il convient de dégager dix leçons de cet événement:

1) Pour la première fois, toute une brochette d'historiens établis réclame une révision des schémas historiques et un abandon franc des simplismes en vogue.

2) Le scandale déclenché par Habermas a montré l'inanité intellectuelle des dits schémas et induit bon nombre d'historiens à relire les livres oubliés de certains "révisionnistes" anglo-saxons, dont Hoggan. Une modification ad hoc des manuels scolaires devrait suivre...

3) Le scandale doit nécessairement déboucher sur une liberté de recherche et il doit être accordé aux historiens le plein droit au débat pour toutes questions. Les peines prévues par le code pénal pour ceux qui enfreindraient le prêt-à-penser doivent être abrogées, au nom de la liberté de recherche.

4) Le processus d'historicisation du national-socialisme est enclenché, volens nolens. La chape de moralisme stérilisant s'effrite pour faire place à une histoire objective.

5) Le délicat problème du calcul arithmétique des victimes fait une entrée discrète sur la scène universitaire.

6) Des domaines délaissés de l'histoire (cf. supra) vont enfin être abordés et des angles d'approche négligés, comme la géopolitique, sont en passe d'être réhabilités.

7) Grâce à la querelle des historiens, les camps se sont formés et les clivages clarifiés. Le refus des méthodes anti-scien-ti-fiques s'est étoffé.

8) Le débat s'est déroulé dans les grands journaux, ce qui a permis à de larges strates de la population de prendre acte des enjeux.

9) Les historiens attaqués sauvagement par les inquisiteurs n'ont rien à voir avec la mouvance dite "néo-nazie" et n'appartiennent même pas à un secteur ou l'autre du clan nationaliste ou conservateur. Preuve que les inquisiteurs ne respectent aucune nuance et n'hésitent pas à utiliser la stratégie inféconde de l'amalgame.

10) Ces historiens modérés, auxquels aucune insulte et bassesse n'ont été épargnées, devront désormais faire montre de solidarité à l'égard de collègues moins en vue et en proie aux attaques des nervis inquisitoriaux habituels; ils ne pourront plus honnêtement se satisfaire de la politique de l'autruche.

Luc NANNENS.

Littérature complémentaire:

Hans-Christof KRAUS, "Wissenschaft gegen Vergangenheitsbewältigung. Eine Bilanz des Historikerstreits", in Criticón,  nr. 99, Januar-Februar 1987.

Criticón,  numéro 104, consacré à la "querelle des historiens". Textes de H.-Chr. KRAUS, Dietrich AIGNER, Alfred de ZAYAS et Armin MOHLER (où le célèbre explorateur de la "Konservative Revolution" démontre que Nolte, avant les incidents de l'automne 1986, avait "cimenté" quelques simplismes et fétiches historiques).

Pour toute commande, écrire à: Criticón-Verlag, Knöbelstraße 36/0, D-8000 München 22. Tel.: (089)29.98.85.

 

 

jeudi, 30 avril 2009

Tegendraadse bedenkingen betreffende de invulling van de mensenrechten

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TEGENDRAADSE BEDENKINGEN BETREFFENDE DE INVULLING VAN DE MENSENRECHTEN

door prof. Matthias Storme - http://bitterlemon.eu

 

In het kader van een lezingenreeks aan de Universiteit van Antwerpen tijdens het voorbije jaar rond 60 jaar Universele Verklaring van de Rechten van de Mens (1948) werd ik gevraagd een soort repliek te geven op een lezing van prof. Eva Brems over de grondslag en de universaliteit van de mensenrechten. Beide teksten worden samen met de andere lezingen binnenkort in een boek gepubliceerd. Ik geef hieronder alvast de uitgeschreven versie van mijn "repliek". De tekst van prof. Brems is nog niet gepubliceerd, maar de meeste ideeën van prof. Brems hierover vinden we terug in haar eerdere publicaties, zoals bijvoorbeeld "Inclusieve universaliteit. Een theoretisch en methodologisch kader om inzake mensenrechten universaliteit te verzoenen met diversiteit" [1].

1. Mij is gevraagd om in deze cyclus enkele kritische bedenkingen te formuleren na de uiteenzetting van prof. Brems over de "Grondslagen" van de Universele Verklaring van de Rechten van de Mens. Mensenrechten. Aangezien onze filosofische uitgangspunten nogal verschillend zijn, is dit meteen ook een goede test om na te gaan in hoeverre er over deze vraag inderdaad een "overlapping consensus" is. Dat er een overlapping consensus is, zal allicht niemand ontkennen, de vraag is evenwel hoe groot die overlapping consensus dan wel is.

Deze vraag wordt door collega Brems evenwel in zekere zin uit de weg gegaan door te stellen dat een van de belangrijkste vragen betreffende de mensenrechten, namelijk de universaliteit ervan, geen empirisch gegeven is, maar een normatief element dat geen empirische fundering behoeft. De grondslag van de mensenrechten ligt dan evenwel niet meer in een voldoende consensus, maar in een akte van geloof. Collega Brems spreekt van een "keuze" voor de universaliteit. Maar is er dan wel een overlappende consensus over die keuze? Of is die niet meer relevant. Of anders gezegd, wie heeft het recht om die keuze te maken, en wie is aan die keuze gebonden ("normatief") zonder ze zelf te maken ? Of bedoelt collega Brems in dezelfde lijn ook te zeggen dat ook de overlapping consensus geen empirisch, maar een normatief gegeven is? Anders gezegd: maakt het eigenlijk wel iets uit in welke mate er daadwerkelijk een overlappende consensus is, of is enkel de overlappende consensus relevant van diegene die toch al dezelfde keuze maken en dus ongeveer hetzelfde denken ?

2. Ik ben het ermee eens dat de universaliteit van de mensenrechten een keuze is en dat we die keuze tot op zekere hoogte moeten maken (normatief). Maar de vraag blijft: tot waar. Uit het feit dat overal ter wereld een beroep wordt gedaan op de mensenrechten volgt volgens collega Brems dat iedereen het erover eens is dat men dezelfde rechten wil voor alle mensen. Ik betwijfel dat ten zeerste. Daaruit kan men hoogstens afleiden dat er een voldoende consensus is over eenzelfde minimum aan rechten voor alle mensen, en dat is iets heel anders dan een consensus over dezelfde rechten tout court voor alle mensen.

Tegenover de overlapping consensus en de keuze zou ik dan ook een ander begrip willen plaatsen, dat minstens zo relevant is: mensenrechten zijn een "essentially contested concept" [2], zoals bv. ook "democratie", "vrijheid" en "gelijkheid". Een "essentially contested concept" is hier een concept waar iedereen achter staat maar over de concrete invulling waarvan men wel zeer verschillende opvattingen heeft. Dit sluit niet uit dat er een overlapping consensus kan zijn, maar moet ons waarschuwen voor de retorische truc die erin bestaan iedereen die zich beroept op het concept mensenrechten ook te verplichten om een bepaalde inhoud die aan dat begrip wordt gegeven te aanvaarden.

3. Voor de inhoud die men daarbij aan de mensenrechten geeft buiten die, m.i. vrij beperkte, overlapping consensus, is de "fundering" van de mensenrechten natuurlijk wel van belang. Naargelang de fundering zal men bepaalde beweerde mensenrechten ook effectief als mensenrechten erkennen of niet, en, belangrijker nog, zal men een op een andere manier voorrang geven aan het ene mensenrecht boven het andere. Het maakt voor de daadwerkelijke betekenis van de mensenrechten een heel verschil of men de mensenrechten beschouwt als rechten die slechts binnen de grenzen van de sharia kunnen gelden, dan wel als rechten die juist zo nodig regels uit de sharia terzijde stellen…

Met andere woorden: het is niet zo dat er geen grondslag is voor de mensenrechten, dat het alles zou neerkomen op een akte van geloof en dat die akte in wezen steeds dezelfde inhoud zou hebben; het is integendeel zo dat er zeer verschillende grondslagen zijn, al kunnen die tot op zekere hoogte ook gecombineerd worden.

4. Het klopt dat de Universele Verklaring van 1948 geen uitgesproken keuze maakt tussen verschillende opvattingen; maar de tekst gaat wel degelijk uit van een opvatting over de menselijke natuur. Dit blijkt mijns inziens zeer duidelijk uit art. 1 van de U.V.R.M., dat stelt dat "[Alle mensen] zijn begiftigd met verstand en geweten, en behoren zich jegens elkander in een geest van broederschap te gedragen". Dit komt sterk overeen met beeld dat het christendom heeft van de menselijke natuur, van de mens als enerzijds een wezen begiftigd (wat ook een gever veronderstelt, God dus) met rede en anderzijds als kind van God ook een broeder of zuster van de andere kinderen van God. De menselijke natuur in de christelijke traditie heeft natuurlijk niet op de eerste plaats betrekking op hoe de mens is, maar welke bestemming hij heeft door die gift van de rede. Ik kan me voorstellen dat velen vandaag dit mensbeeld in art. 1 van de U.V.R.M. niet meer willen lezen, maar dat wil natuurlijk niet zeggen dat het er niet staat.

5. Wat nu de verschillende grondslagen voor de mensenrechten betreft, lijkt het me noodzakelijk de tegenstelling te zien tussen enerzijds een mythisch-hypothetische grondslag en anderzijds een historisch-empirische grondslag. Er is geen absolute tegenstelling in die zin dat er natuurlijk mengvormen en tussenposities bestaan, maar voor een bezinning over de mensenrechten is het onderscheid wel van groot belang.

De tweede opvatting zoekt de fundering voor de mensenrechten in de historische ervaring: door trial and error hebben mensen in concrete samenlevingen geleerd wat het belang is van een reeks fundamentele rechten en vrijheden en wat de gevolgen kunnen zijn van de miskenning ervan. De meest essentiële historische ervaringen hierin zijn de strijd tegen elke vorm van totalitarisme, de strijd tegen tirannie en allerlei vormen van machtsmisbruik. De fundamentele rechten en vrijheden zijn bevochten en vormen in hun historiciteit en beperktheid reële historische grondslagen van onze moderne democratisch-liberale samenlevingen.

Daartegenover staat een opvatting die de grondslag van de mensenrechten aan de geschiedenis wil onttrekken, dan wel in een mythische beginperiode van die geschiedenis wil plaatsen. Dit is de lijn van bv. het contrat social van Rousseau en de sluier van Rawls. Er wordt gezocht naar een nulpunt waarin er (nog) geen posities zijn, naar eerste beginselen van waaruit door middel van de "natuurlijke rede" regels kunnen worden afgeleid. Het is in die zin dat de Amerikaanse Declaration of Independence spreekt van "truths we hold to be self-evident" en de Preambule van de Franse Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen van "des principes simples et incontestables". De tegenovergestelde opvatting gaat daarentegen uit van de artificial reason van de geschoolde jurist, onder meer verwoord door sir Edward Coke: “causes which concern life, or inheritance, or goods, or fortunes of (subjects) are not to be decided by natural reason, but by the artificial reason and judgment of law, which law is an act which requires long study and experience before a man can attain to the knowledge of it” [3]. Het is in die lijn dat Coke een van de grondleggers was van de doctrine van judicial review die geleid heeft tot de grondwettigheidstoetsing in meer bepaald de Verenigde Staten.

6. In de lijn van de opvatting die mensenrechten ziet als door trial and error bevochten historische verworvenheden, wordt sterk de nadruk gelegd op de politieke gemeenschap waarin mensenrechten eerst bescherming vinden. Dat wil niet zeggen dat die rechten eerst ontstaan door de erkenning ervan in formele verklaringen of rechtsregels. Maar het betekent evenmin dat mensenrechten zouden bestaan buiten elke politieke gemeenschap om. Beiden gaan hand in hand: de mensenrechten hebben een politieke gemeenschap nodig om gerealiseerd te worden, maar omgekeerd is het slechts door de waarborging van dergelijke rechten dat een staat gelegitimeerd wordt tot rechtsstaat, dat een overheid legitimiteit verkrijgt. De eerste zijde hiervan werd onder meer door Hannah Arendt sterk gethematiseerd, vanuit de ervaringen met het totalitarisme van de 20e eeuw en de Tweede Wereldoorlog. Zij legt er sterk de nadruk op dat mensenrechten maar gelden juist wanneer mensen niet zomaar "mens" alleen zijn, maar wel degelijk leden van een concrete politieke gemeenschap veeleer dan een illusoire mensheidsgemeenschap. De mens die enkel maar mens is, tot niets anders behoort dan tot de menselijke soort, is eigenlijk geen mens meer [4]. Bij Arendt vinden we niet het vandaag modieuze pleidooi voor "inclusie", wel een pleidooi voor pluralisme en strijd tegen elke vorm van totalitarisme, gepaard met een strijd tegen het moderne nihilisme:

"Modern man has come to resent everything, even his own existence - to resent the very fact that he is not the creator of the universe and himself. In this fundamental resentment, he refuses to see rhyme or reason in the given world. (....) The alternative for this resentment, which is the psychological basis of contemporary nihilism, would be a fundamental gratitude for the few elementary things that are invariably given us, such as life itself, the existence of man and the world. (...) insight into the tremendous bliss that man was created with the power of recreation, that not a single man but Men inhabit the earth" [5].

7. De nadruk op de concrete politieke gemeenschap is geen ontkenning van de universaliteit van mensenrechten, maar wel een waarschuwing tegen verabsolutering van de concrete invulling van die mensenrechten. Het onderscheid vinden we treffende in de metafoor die de titel is van een boek van Michael Walzer: "Thick and thin. Moral argument at home and abroad" [6]. Natuurlijk zijn de mensenrechten universeel, maar het universele eraan is slechts een dun laagje; het krijgt maar "dikte", maar vlees en bloed in de niet-universele, historisch en culturele bepaalde invullingen die eraan gegeven worden in concrete samenlevingen. "Societies are necessarily particular because they have members and memories, members with memories not only of their own but also of their common life. Humanity by contrast, has members but no memory, and so it has no history and no culture, no customary practices, no familiar life-ways, no festivals, no shared understanding of social goods" [7].

8. Collega Brems gaat ook uit van een opvatting die inhoudt dat in de concretsiering mensenrechten dienen te verschillen, maar wel in een radicaal andere zin. Zij gaat niet uit van de politieke of culturele gemeenschap als context waarin mensenrechten door trial and error worden geconcretiseerd, maar van een categorisering van mensen volgens een klassiek marxistisch schema in leden van dominante groepen en leden van niet-dominante groepen. Het resultaat van zo'n redenering is dat onder het mom van "equal rights" juist allerlei "special rights" worden geschapen: het gaat dan niet meer om mensenrechten, maar om vrouwenrechten, kinderrechten, homorechten, rechten van allochtonen, enz.

De concretisering waar ik daartegenover voor pleit in de lijn van Arendt verwerpt precies die abstracte categorieën waarin mensen in "aparte" vakjes en op basis van een "universele" natuurlijke rede "aparte" rechten worden toegekend, maar gaat uit van de onherleidbare veelvuldigheid van de mens. Maar vooral wordt daarbij de fundamentele vraag niet uit de weg gegaan wie dan wel bevoegd is om de concrete inhoud van de mensenrechten dwingend te bepalen: "Qui écrit les lois non écrites des dieux?", zoals Claudio Magris het formuleerde [8]. Die vraag ontbreekt in de uiteenzetting van prof. Brems.

9. Op die vraag bestaat er al evenmin een universeel geldig antwoord. Nationale tradities en constituties vertonen belangrijke verschillen op dit punt, zonder dat men kan zeggen dat het ene model democratisch zou zijn en het andere niet. In het Verenigd Koninkrijk geldt de supremacy of Parliament en heeft het democratisch verkozen parlement het laatste woord om zelfs bij gewone meerderheid welke regel dan ook te wijzigen. In Duitsland, de Verenigde Staten en een reeks andere landen is er een suprematie van de grondwet die slechts met bijzondere meerderheden kan worden gewijzigd, en waaraan wetten kunnen worden getoetst door de rechter (of dit nu een supreme court is dan wel een apart Grondwettelijk Hof). In Zwitserland komt het laatste woord toe aan de bevolking in het kader van een volksstemming of referendum. In alle gevallen zijn er bepaalde vormen van checks and balances, van verdeling van de macht over verschillende organen, ook wanneer een daarvan op een bepaald ogenblik het laatste woord heeft. En dat laatste woord komt in een democratie uiteindelijk rechtstreeks of onrechtstreeks toe aan het volk zelf. In een democratische rechtstaat is het daarbij natuurlijk ook belangrijk dat minderheden niet zomaar worden overgeleverd aan een dictatuur van de meerderheid. Maar het is even belangrijk dat de meerderheid van de bevolking niet word overgeleverd aan een dictatuur van experten waarvan de democratische legitimiteit meestal uiterst gering is. Wanneer grondrechten worden geconsacreerd in een formele grondwet die niet bij gewone meerderheid kan worden gewijzigd, dan is dit om te vermijden dat een loutere de meerderheid van de dag die grondrechten zou kunnen wijzigen. Maar men moet goed beseffen dat een commissie van experten of zelfs een college van rechters in dat geval nog over veel minder legitimiteit beschikken om onder het mom van interpretatie die grondrechten te wijzigen dan een gewone meerderheid in een verkozen parlement of in een volksstemming.

10. Het tegendeel wordt soms verdedigd met het argument dat rechters of experten de grondrechten niet inperken, maar alleen maar uitbreiden. Dit is evenwel een drogredenering die verbergt dat het toekennen van nieuwe rechten in de meeste gevallen een inperking van andere rechten of vrijheden betekent. Een inflatie aan rechten betekent omzeggens steeds een ontwaarding van de al bestaande rechten. En vaak betekent het ook een verdringing van andere soorten waarden, die niet in het concept van subjectief recht te vatten zijn. Er zijn ook andere fundamentele normen die een gelijke rang verdienen als grondrechten en daarom in een Grondwet op gelijke voet worden opgenomen. Een mensenrechtenverklaring daarentegen ontsnapt aan de verplichting om regels uit te vaardigen om het geheel ook te doen functioneren.

De toegenomen hoeveelheid aan mensenrechten heeft ook een ander fundamenteel probleem verscherpt: dat van de conflicten tussen grondrechten en opnieuw de vraag wie uiteindelijk in de beslechting daarvan het laatste woord heeft. Nu kan men wel een zekere hiërarchie tussen grondrechten opstellen, en zijn sommige rechten en vrijheden zeker fundamenteler dan andere. Maar een perfecte hiërarchie is onmogelijk: het is bij bijna alle grondrechten zo dat zij in sommige gevallen de voorrang moeten krijgen en in andere niet. Die afweging kan evenwel niet op het niveau van de principes zelf gebeuren. Zij vereist een concretisering die al evenmin in de principes zelf besloten ligt.

11. Laat ons weerstaan aan de gedachte dat er in de geschiedenis maar één "juiste" richting is waarin moreel correcte mensen kunnen marcheren, de kitsch van de "grote Mars" zoals Milan Kundera die beschreef in zijn L'insoutenable légèreté de l'être (De ondraaglijke lichtheid van het bestaan, in de Engelse vertaling The Unbearable Lightness of Being, Part VI: “The Grand March”): "The Grand March is the splendid march on the road to brotherhood, equality, justice, happiness; it goes on and on, obstacles notwithstanding, for obstacles there must be if the march is to be the Grand March."

Michael Walzer voegde eraan toe: “There is nothing to gain from the merger, for the chief value of all this marching lies in the particular experience of the marchers. There is no reason to think that they are all heading in the same direction. The claim that they must be heading in the same direction, that there is only one direction in which good-hearted (or ideologically correct) men and women can possibly march is an example – so writes the Czech novelist Milan Kundera of leftist kitsch" [9].

Meer nog, de grondleggers van het constitutionalisme gingen van de tegenovergestelde opvatting uit: het is wel de opdracht van rechters om bestaande, doorheen de geschiedenis ontwikkelde, fundamentele rechten te beschermen tegen aantasting ervan door beslissingen van politieke organen en juist niet om bestaande rechten terzijde te stellen op basis van nieuw uitgevonden fundamentele rechten. De constitutionele bevoegdheid van de rechter bestaat er immers om de politieke macht te begrenzen binnen de perken van de grondwettelijke rechten en vrijheden, en niet om die aloude rechten en vrijheden aan te passen aan de waan van de dag.

Noten

[1] In R&R (Nederlands Tijdschrift voor Rechtsfilosofie en Rechtstheorie) 2003 nr. 2: klik hier

[2] De uitdrukking werd bij mijn weten voor het eerst gebruikt door W. B. Gallie, "Essentially Contested Concepts", Proceedings of the Aristotelian Society 1956, p.167 v.

[3] Uit Coke’s antwoord aan koning James I in de dialoog “Prohibitions del Roy”, opgenomen in Coke, Twelfth Reports (12 Co.Rep. 65), geciteerd door J.G.A. Pocock, "Burke and the Ancient Constitution - a problem in the history of ideas", The Historical Journal 1960, p. 132.

[4] Zie de bespreking van H. Arendt's visie op dit punt door A. Finkielkraut, L'ingratitude, Parijs,Gallimard, 1999, p. 120 v.

[5] H. Arendt, The burden of our time, London, Secker & Warburg,1951, p. 438.

(6) Chicago, University of Notre Dame Press, 1994.

[7] M. Walzer, Thick and thin.Moral argument at home and abroad, Notre Dame, University of Notre Dame Press, 1994, p. 8.

[8] Claudio Magris, "Qui écrit les loix non écrites des dieuxé (1996), opgenomen in Utopie et désenchantement, Gallimard Parijs 2001, p. 327.

[9] M. Walzer, Thick and thin.Moral argument at home and abroad, Notre Dame, University of Notre Dame Press, 1994, p. 8-9.