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lundi, 26 novembre 2018

Un livre fait le point sur la vision du monde de George Soros

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Un livre fait le point sur la vision du monde de George Soros

par Patrice-Hans Perrier
Ex: http://www.zejournal.mobi
Le journaliste Pierre-Antoine Plaquevent signe un ouvrage qui nous aide à comprendre les motivations du célèbre financier.

Le multimilliardaire George Soros et son Open Society attirent l’attention d’un nombre grandissant d’observateurs provenant de toutes les tendances politiques. On reproche à ce spéculateur d’utiliser sa fortune considérable, que certains évaluent à plus de 30 milliards de dollars US, afin de financer une pléthore d’organisations non gouvernementales (ONG) qui font la promotion de l’immigration de masse ou de l’abolition des frontières.

Une société-écran tentaculaire

Gérant le Soros Fund Management, basé à New York, ce financier d’origine hongroise a fondé l’Open Society Institute qui a été transformé, en 2010, en ces fameuses Open Society Foundations (OSF) dont il préside aux destinées. Wikipedia souligne que « l’OSF inscrit à l’origine son activité dans la lutte contre les discriminations, les droits des minorités et le droit à l’éducation ».

Un monde sans frontières

George Soros est un disciple de Karl Popper, un philosophe américain qui a lancé le concept d’« Open society », en prônant l’établissement d’un monde sans frontières où l’humanité pourrait s’épanouir, enfin délivrée du poids des conventions, de la morale ou de la permanence des cultures. Les idées de Karl Popper et ce qu’il est convenu d’appeler le « marxisme culturel » ont permis à George Soros de broder un véritable plan de subversion à l’échelle planétaire afin de pouvoir dissoudre tout ce qui pouvait constituer les contours d’une nation : frontières, culture et langue dominantes, mœurs, traditions, etc.

Financer la subversion

George Soros et son réseau des Open Society Foundations (OSF) ont déjà été pris la main dans le sac à financer plus de 50 organisations qui avaient appelé à manifester contre Donald Trump lors de la Women’s March du 21 janvier 2017. D’ailleurs, l’organisme Wikileaks a révélé, à la même époque, que l’organisation MoveOn.org, un des principaux moteurs de contestation contre l’administration Trump, avait aussi bénéficié d’importantes contributions provenant de l’OSF.

Un milliardaire indésirable

Outre l’Amérique du Nord, George Soros et ses fondations ont investi des sommes colossales afin de fomenter des révolutions de couleur aux quatre coins du monde. Cette façon de procéder, par l’entremise de sociétés-écrans, a fait en sorte qu’il finisse par être banni de son propre pays, la Hongrie.

De fil en aiguille, une masse de citoyens, prenant conscience du rôle joué par ce spéculateur mondialiste, a mis en branle une pétition afin qu’il soit banni des États-Unis. Les pétitionnaires, selon ce que rapportait RT France, dans son édition du 16 février 2017, dénonçaient, entre autres, le fait qu’il possède des machines à voter dans seize États américains.

La fortune ne sourit plus à M. Soros

Il semblerait que la « Roue de la Fortune » se mette à tourner en sens contraire pour M. Soros, selon ce que rapportait notre confrère Éric Pilon dans un article antérieur. En effet, George Soros croit qu’il est en train de perdre son pari, celui de créer un monde libéral, dépourvu de frontières. De fait, les peuples et certains de leurs leaders politiques se réveillent en n’acceptant plus les dictats du mondialisme et du multiculturalisme.

Un livre qui met en perspective le phénomène Soros

« SOROS et la société ouverte : Métapolitique du globalisme » est un ouvrage essentiel qui passe en revue les principaux éléments qui ont été exposés ci-haut et qui propose une analyse nous aidant à comprendre les principales motivations de ce curieux « philanthrope ». Des motivations qui vont bien au-delà de l’appât du gain.

En effet, comme nous l’explique son auteur, Pierre-Antoine Plaquevent, dans le cadre d’un entretien mené par Culture Populaire (www.cultpop.fr), les financiers de la trempe de George Soros agissent comme une sorte d’organisation transnationale. Cette institution hybride pourrait, à coup de milliards, finir par privatiser le monde de la politique tel que nous le connaissons. Pierre-Antoine Plaquevent estime que « ces gens-là ont les moyens de mener une « métapolitique du globalisme » qui chevauche les prérogatives des États, pour réaliser, par étapes, l’avènement d’un monde sans frontières ».

Voici la ou les sources de cet article : Entrevue avec l''auteur, WikipediaAmazonRTRT FRANCE, Influence WatchARTELe Temps et Le Québécois

Photo d'illustration: Niccolò Caranti, WikimediaCC BY-SA 3.0

SOROS et la société ouverte : Métapolitique du globalisme
Auteur : Pierre-Antoine Plaquevent

Éditeur: Éditions Le Retour au

- Source : Le Peuple (Canada)

Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

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Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur Huyghe.fr et consacré aux manifestations des "Gilets jaunes" du 24 novembre. Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

La bataille de la dignité

La journée du 24 novembre, acte II de l’histoire des gilets jaunes, a été largement polluée par l’effet de loupe sur les violences (d’une gravité tout à fait relatives, que l’on parle dégâts ou nombre d’interpellations) sur les Champs-Elysées. Casseurs d’ultra-droite dans la journée, d’extrême-gauche le soir ? C’est possible, encore que le fait d’avoir laissé la situation pourrir dès 10 H du matin avec toutes sortes d’accès non filtrés aux Champs, avec du mobilier urbain disponible, ait pu donner des tentations à quelques uns. Et de belles images pour les télés du monde entier.

La théorie de Castaner - complot, radicalisation, ultra-droite séditieuse, factieuse, rappelant le 6 février 34, s’en prenant aux institutions, commanditée par Marine le Pen, peut-être aidée de Jean-Luc Mélenchon, ajoutent quelques seconds couteaux - est pour le moins réductrice. Et ressemble furieusement à une stratégie du leurre. Elle pourrait d’ailleurs tourner à la prophétie auto-réalisatrice : à criminaliser moralement le gilets jaunes, et à jouer l’affrontement des réformateurs avec les forces obscures, on finit par donner des tentations électorales à des gens apolitiques qui se diront que stigmatisés pour stigmatisés.... C’est si bon quand c’est un péché. Et il est bien connu que le choix de notre ennemi révèle quelle est notre propre question.

Mais la question n’est pas là. Le gouvernement et une bonne partie des commentateurs se plaignent du caractère horizontal, déstructuré, presque liquide du mouvement : comment négocier avec des gens qui n’ont pas de chefs, pas de revendications précises et qui prétendent s’auto-représenter ? Quelle confusion !

Il nous semble au contraire que la parole des manifestants, dès qu’on leur passe un micro, soit d’une clarté remarquable.

- Nous sommes le peuple, disent-ils. Il y a un sentiment de légitimité de gens qui expérimentent souvent pour la première fois l’expression directe dans la rue et qui, notamment, ne comprennent pas qu’on leur dise où ils ont le droit ou pas de manifester.

- Nous sommes la classe moyenne qui n’en peut plus, les perdants, les déplorables, les culturellement dévalorisés, nous sommes exactement tels que nous décrivent des Guilluy, des Michéa, des Piketty, des gens que nous n’avons pas forcément lus, mais dont les élites auraient du écouter les avertissements. Nous voulons que vous réalisiez notre sentiment de chute et d’angoisse.

- Nous voulons de la considération: être reçus, avoir des réponses, ne pas être traités par le mépris. Notez avec quelle fréquence revient ce mot de « mépris ». A cet égard, le tweet de Macron : «  Honte à ceux qui ont violenté d'autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d'intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République », mélange d’emphase et de cours de morale aux vilains gamins habillés en jaune est un chef d’œuvre d’incompréhension de ce que ressentent les gens. Quand ils disent rendre l’argent (notamment celui de l’ISF), les manifestants ajoutent souvent aussi qu’ils veulent qu’on leur rende leur honneur de travailleurs. Soit dit en passant, il circule en ce moment des vidéos anonymes de policiers et gendarmes qui disent leur honte d’être obligés de taper sur le peuple. Cela ressemble à un gros signal faible.

- Cessez d’évacuer la question sociale d’égalité au profit des promesses d’efficacité économique et de modernité sociétale. C’est bête mais nous pensons fins de mois, riches et pauvres et moyens de vivre demain. C’est bête, mais les conditions matérielles de vie restent le premier facteur de mobilisation. Vous l’aviez oublié là-haut ?

Colère (le sentiment), plus auto-organisation (les médiations), plus refus des représentations dominantes (allant jusqu’à l’agressivité contre les médias « complices »), inquiétudes sur le contrat social (consentement à l’impôt remis en cause) et même une certaine fraternité qui naît. Depuis quand n’avions nous pas vu une pareille conjonction ?

Et, puisque nous avons cité Guilluy, dont les analyses trouvent ici une incroyable illustration, nous ne résistons pas à une tentation sur ce qu’il appelle le soft-power de la France périphérique.

L’expression soft-power n’est pas la plus parlante pour désigner une capacité de résistance et de refus de la culpabilisation, et nous aurions, pour notre part, plutôt parlé de résistance idéologique et culturelle. Mais Guilluy a raison quand il décrit « cette autonomie contrainte d’un monde d’en bas désormais hermétique aux discours et injonctions d’en haut permet aux classes populaires de réaffirmer ce qu’elles sont collectivement. Contre toute attente, elles exercent aujourd'hui un soft-power invisible qui contribue à l’effondrement de l’hégémonie culturelle des classes dominantes et supérieures »
Or, pour suivre cette hypothèse, ceux d’en bas, semblent, en effet de plus en plus imperméables au discours venu d’en haut. Qu’il s’agisse du discours « de vérité » (vous n’allez pas croire ces fake news, si on regarde bien les chiffres, on voit au contraire que tout va de mieux en mieux. Ou du discours de la peur morale (attention au fascisme, pensez à la planète, ne soyez pas factieux.

Résister à l’impératif hégémonique, c’est une chose. Énoncer des objectifs politiques, c’est mieux.
 
François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 25 novembre 2018)

Bienvenue en Lacrymalocratie, le régime où les victimes sont reines

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Bienvenue en Lacrymalocratie, le régime où les victimes sont reines

Par

FIGAROVOX/TRIBUNE - Fatiha Boudjahlat déplore le règne de la victimisation, à une époque où les identités sont toujours plus fictives et déclaratives. N'importe qui, selon l'enseignante, peut être n'importe quoi, surtout si cela le range parmi les catégories opprimées.


Fatiha Boudjahlat est cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Viv(r)e la République. Elle est aussi l'auteur de l'essai Féminisme, tolérance, culture: Le grand détournement (éd. du Cerf, novembre 2017).


Les commémorations du centenaire de 1918 ont célébré beaucoup de choses, mais pas le fait qu'il s'agissait d'une victoire militaire de la France. Les programmes scolaires n'abordent pas non plus cette vérité, insistant sur le ressenti du Poilu, son «expérience combattante», ses sentiments. Victorieux, il n'est pourtant considéré et célébré que comme victime, un «malgré-lui» avant l'heure. De la guerre, de l'état-major, etc... C'est qu'il ne fait pas bon être vainqueur. Désormais, le seul statut reconnu et valorisé est celui de victime.

Les services de ressources humaines des médias et des universités ne sont plus intéressés par les Curriculum Vitae, recensant un parcours, une trajectoire, une formation, des actions, mais par les Curriculum Traumae, ou Victimae, corrélant la légitimité et la visibilité d'un militant à la somme de ses traumatismes ou des oppressions qu'il a subies.. L'expert n'est plus expert que de lui-même, de ses souffrances et de celles de ceux qui lui ressemblent. L'expert est témoignage. Ce qui compte est l'endroit d'où l'on parle. Ou plutôt d'où l'on prétend parler, tant les nouveaux militants gauchistes réactionnaires, indigénistes, néoféministes racialistes, sont eux-mêmes dans une construction identitaire individuelle et collective que nous serions bien avisés de déconstruire, suivant en cela leur exemple.

Les idées et les engagements sont désormais présentés comme le prolongement naturel de son identité. L'utérus et la teinte de l'épiderme déterminent les convictions et légitiment la prise de parole, dans cette «chromatocratie», pour reprendre le terme de François-Xavier Fauvelle. Puisque les idées sont l'extension de l'identité, en débattre et les contester revient à opprimer celui qui les formule. Le débat n'est plus possible, en tout cas il ne porte plus sur les idées, mais sur la personne qui les exprime.

C'est le règne de l'anti-politique: la ressemblance détermine et préempte le rassemblement, l'intérêt général n'existe plus ou est réduit à la somme d'intérêts communautaires. On renonce à une lecture de classe sociale. Ainsi Pierre Rosanvallon explique que «les individus sont dorénavant plus déterminés par leur histoire que par leur condition», condition socio-économique s'entend. Il ne faut donc plus s'attacher à la transformer, ce qui était l'honneur de la gauche... autrefois. Les modalités et les conditions de la mobilisation politique en sortent bouleversées. Vous êtes un trauma, ou vous n'êtes rien.

Chaque individu est ainsi invité à construire une identité à la carte. La carte victimaire.

Prenons simplement ce Hollandais qui intente une action en justice pour que l'état-civil modifie sa date de naissance et le rajeunisse de 20 ans... parce qu'il pense et ressent qu'il a 20 ans de moins et que son âge vécu, déconnecté de son âge administratif et biologique, le pénalise socialement et professionnellement, jusque sur Tinder. Façon d'accuser les femmes qui ne le choisissent pas de faire de la discrimination par l'âge. Il plaira à son patron et au régime de retraite puisqu'après tout, il faudra effacer 20 ans de cotisations sociales, non? Justifiant la démarche, il explique être victime, rajoutant «nous sommes tous victimes de quelque chose.» Je suis ce que je décide d'être, et la position la plus prestigieuse et pourvoyeuse de droits est celle de victime. Invisibilisant et reléguant à l'arrière-plan les vraies victimes.

Je suis ce que je décide d'être, et la position la plus prestigieuse et pourvoyeuse de droits est celle de victime.

Prenons encore cet homme français marié, qui se perçoit et vit désormais comme femme. Sans changer biologiquement de sexe. Qui a un enfant avec son épouse et demande à être reconnu comme sa mère... Il faut reconnaître que la problématique du genre et du transgenre relance une ingénierie sociologique, sémantique et même juridique puisque la Cour d'appel de Montpellier a innové en créant le statut de parent biologique.

Remarquons que les exigences de certains transgenres reviennent à prolonger la subordination et l'effacement des femmes. Refusant l'opération de changement de sexe, dans un attachement assez contradictoire au pénis qui n'est plus un pénis masculin mais un pénis féminin en fait, des demandes sont relayées sur les réseaux sociaux et dans les universités pour ne plus parler de vagin mais de «trou de devant»: faute de quoi les transgenres qui se sentent femmes, tout en faisant le choix de conserver un pénis, se jugent discriminés ou exclus. Jusqu'à l'annulation récente, dans une université du Michigan, de la représentation des Monologues du vagin, pièce féministe s'il en est, pourtant pas assez inclusive envers les transgenres. Les serviettes hygiéniques deviennent discriminatoires, puisque ces femmes ne sont pas menstruées. Qu'est ce qui fait d'eux des femmes, alors? Leur ressenti. Et étrangement, l'adoption de comportements dits féminins, somme de stéréotypes transmis par la société patriarcale. Nous arrivons en bout de course de l'incohérence, une course folle.

» LIRE AUSSI - Géraldine Smith: «Aux États-Unis, chacun vit dans sa cave identitaire»

Mais finalement ce sont toujours les femmes qui trinquent, elles qui se sont battues pour leur visibilité, y compris celle de leurs corps. La moitié du genre humain doit encore s'effacer pour ménager le ressenti d'une minorité à l'intérieur d'une minorité. Alors que les néo-féministes inconséquentes soutiennent le droit des femmes à allaiter en public, combien de temps encore avant que des transgenres non opérés combattent cette pratique oppressive leur rappelant qu'ils ne peuvent pas, «elleux», donner le sein? Ces nouvelles guerres identitaires et victimaires se feront, comme les anciennes, sur le corps des femmes.

Puisque l'objectivité et la réalité sont des constructions sociales, c'est le seul régime déclaratif qui prévaut.

La construction de soi serait donc entièrement subjective, mais jusqu'où? Difficile de l'analyser sans la mettre en rapport avec des motivations qui ne sont plus issues de la «lutte pour la reconnaissance» mutuelle, introduite par Hegel, et renouvelée par Axel Honneth, mais un benchmarking des avantages potentiellement accessibles, dont une reconnaissance sociale, associative et médiatique, et qui passe par l'exigence de réparations et d'adaptations. Un eugénisme à l'envers. Comme cette militante des droits civiques, blanche, ayant fait croire qu'elle était noire, jusqu'à ce que ses parents, excédés, la dénoncent... Mais si elle se sentait noire, après tout? Un article ésotérique paru sur Slate évoquait cette «transracialité». On peut se sentir femme en étant un homme. On peut se sentir noire en étant blanche. Mais ce ressenti et cette volonté de reconnaissance ne sont-ils pas liés à la mode actuelle qui incrimine les blancs dominateurs? Qui pourra juger de la réalité de ce ressenti? Il n'y a qu'à considérer ce prisonnier anglais, incarcéré dans une prison pour femmes, puisqu'il se sentait femme, sans vouloir être opéré, et de nouveau déplacé après plusieurs agressions sexuelles sur les détenues... Puisque l'objectivité et la réalité sont des constructions sociales, c'est le seul régime déclaratif qui prévaut.

Le dommage subi est devenu une identité, qui ouvre droit à une visibilité et une réparation. Dommage dont on refuse qu'il se résorbe, parce que l'on perdrait ces dédommagements, et qui conduit désormais à une concurrence entre victimes. Et alors que l'on nage en pleine ingénierie sociologique, il faut sans cesse réintroduire de l'anthropologique, comme gage de vérité biologique. Alors est convoquée l'épigénétique pour prouver la transmission sur plusieurs générations des traumas des ancêtres. Comme pour la traite atlantique. Pas arabo-musulmane, étrangement. Elle n'a pas créé de trauma génétiques, elle. L'agenda politique n'est jamais loin. Comme le déplorait la féministe algérienne Wassyla Tamzali, «l'identité de victime est devenue une identité de combat». C'est la défaite absolue du politique. Cela nuira aux femmes. Mais ce business fait vivre tant de ces drôles de militants se délectant de faire de l'humanitaire...

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Georges Feltin-Tracol et la question sociale : la troisième voie solidariste

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Georges Feltin-Tracol et la question sociale : la troisième voie solidariste

par Pierre LE VIGAN

« Notre particularité, c’est la logique de la troisième voie, celle qui réussit la synthèse entre le national et le social », expliquait début 2011 Emmanuel Leroy, alors un des principaux conseillers de Marine Le Pen. La troisième voie, c’est le tercérisme, et c’est ce que l’on a appelé le solidarisme. Il y a là un continent des idées à redécouvrir. C’est ce à quoi contribue un ouvrage récent. Sous un titre militant, Georges Feltin–Tracol ne se contente pas de rendre compte d‘expériences politiques comme celles du Bastion social. Il explore les idées et propositions d’une troisième voie telles qu’elles ont pu être avancées à droite, mais aussi dans des milieux intellectuels inclassables, c’est-à-dire transversaux.

Saluons son travail d’excavation de thèmes et de propositions oubliées bien à tort, comme si les réelles questions de l’identité et de l’écologie avaient fait disparaître la question sociale, et comme si les trois n’étaient pas liées.

D’où parle Georges Feltin–Tracol ? D’une « droite » révolutionnaire, aussi bien éloignée du libéralisme-libertaire (dénoncé très tôt par Michel Clouscard) que du libéralisme-conservateur, qui paraît à Georges Feltin–Tracol une imposture car on ne peut accepter l’accumulation sans limite, ni territoriale ni anthropologique, du capital sans rendre liquide les peuples eux-mêmes par les migrations. Ce que voit très bien Georges Feltin–Tracol, c’est aussi que la logique du système économique est de pousser à la consommation et de rendre impossible toute patrimonialisation. C’est pour cela que le système liquide les classes moyennes. Contre ce processus, il espère en une troisième voie. Et nous donne un aperçu de son contenu.

pierre-leroux.jpgGeorges Feltin–Tracol rappelle d’abord les origines du socialisme avec Pierre Leroux, qui critiquait à la fois les restaurationnistes de la monarchie (une illusion), et le libéralisme exploiteur (une réalité). Un socialisme non marxiste qui préfigure une troisième voie. Puis, Georges Feltin–Tracol souligne ce qu’a pu être le socialisme pour Jean Mabire : une éthique de l’austérité et de la camaraderie, « au fond des mines et en haut des djebels ». Ce fut le contraire de l’esprit bourgeois. Ce fut un idéal de justice et de fraternité afin de dépasser les nationalismes pour entrer dans un socialisme européen. Avec un objectif : « conjoindre tradition et révolution ». Critiquant ce que le communisme peut voir de bourgeois, Jean Mabire lui préférait le « communisme des conseils », libertaire (mais certes pas libéral-libertaire). Pour les mêmes raisons que le tenait éloigné du communisme productiviste et embourgeoisé, Mabire ne s’assimilait aucunement au fascisme, non seulement parce qu’il était mort en 1945, mais parce qu’il n’avait été ni socialiste, ni européen. Il se tenait par contre proche de la nébuleuse qualifiée de « gauche réactionnaire » par Marc Crapez. Une gauche antilibérale et holiste. Georges Feltin–Tracol évoque aussi le curieux « socialisme » modernisateur, technocratique, anti-bourgeois et anti-rentier de Patrie et progrès (1958-60). Dans son chapitre « Positions tercéristes », Georges Feltin–Tracol évoque les mouvements de type troisième voie de l’Amérique latine, du monde arabe, du Moyen-Orient, d’Afrique.

La troisième voie dans le monde a toujours été à la fois une voie économique et sociale nouvelle, mais aussi un projet de non alignement par rapport aux grandes puissances. Dominique de Roux et Jean Parvulesco l’ont bien vu. « On ne peut pas dissocier la troisième voie sociale et économique du tercérisme géopolitique », note GFT.

Une autre voie économique tercériste est celle de Jacques Duboin et de son journal La grande relève. C’est l’abondancisme et le distributisme, avec une monnaie fondante. Il s’agit de transférer la propriété des moyens de production à des structures locales collectives (familles, corporations, etc.). G-K. Chesterton et Hilaire Belloc défendent, comme J. Duboin, un distributisme lié au projet de Crédit social de C.-H. Douglas. Avec le créditisme, la monnaie est créée en fonction de la richesse réelle produite. Hyacinthe Dubreuil, de son côté, défend des idées proches des distributistes et insiste sur l’auto-organisation nécessaire des travailleurs dans de petites unités.

GFT s’attache aussi à la généalogie des solidarismes. Il étudie le cas de la France avec Léon Bourgeois, puis s’intéresse à la Russie avec le NTS, dont l’emblème fut le trident ukrainien (à noter que l’usage du trident « ukrainien » par des Russes signifie pour eux la force des liens entre la Russie et l’Ukraine. C’est aussi, en forme de fourche, un symbole de la colère et de la force du peuple). Le solidarisme russe du NTS de Sergei Levitsky et d’autres intellectuels militants se réclame d’une doctrine à la fois personnaliste et communautaire. Le solidarisme est aussi présent en Allemagne avec un groupe de solidaristes anti-hitlériens, en Belgique flamande avec les nationaux-solidaristes du Verdinaso et Joris van Severen.

En France, cinquante ans après Léon Bourgeois, se revendiquent solidaristes des déçus du nationalisme traditionnel souhaitant repenser la question sociale. C’est le Mouvement Jeune Révolution dans les années 60, puis le Groupe Action Jeunesse, teinté de nationalisme révolutionnaire, puis le Mouvement nationaliste-révolutionnaire de Jean-Gilles Malliarakis, avant le mouvement Troisième Voie, et d’autres petits groupes. Ce sont les nouveaux tercéristes. Qu’il s’agisse du solidarisme de « Troisième Voie » des années 80 ou de « 3e Voie » des années 2010, il s’agit d’un solidarisme nationaliste-révolutionnaire. Le projet est de bâtir une République du peuple tout entier. Le solidarisme de « 3e Voie », vers 2010, « défendait l’idée d’une démocratie directe vivante axée sur le référendum d’initiative populaire. On notera que ce sont des propositions profondément démocratiques – mais il est vrai que les solidaristes se veulent « au-delà de la droite et de la gauche », et libres par rapport aux divisions droite/gauche de plus en plus artificielles et trompeuses. Loin de toute doctrine xénophobe ou suprématiste, le « solidarisme est défini comme l’universalisme des nations en lutte pour leur survie (Serge Ayoub, Doctrine du solidarisme) ». On est loin de la caricature du « nationalisme fauteur de guerre », caricature maniée par Macron à la suite de Mitterrand et de bien d’autres. « Nous sommes des révolutionnaires, mais des révolutionnaires conservateurs », précise encore Serge Ayoub.

loimut.jpgLe gaullisme n’est pas si éloigné de cette conception de l’économie et du social. Pour les gaullistes de conviction, la solution à la question sociale est la participation des ouvriers à la propriété de l’entreprise. C’est le pancapitalisme (ou capitalisme populaire, au sens de « répandu dans le peuple ») de Marcel Loichot. Pour de Gaulle, la participation doit corriger l’arbitraire du capitalisme en associant les salariés à la gestion des entreprises, tandis que le Plan doit corriger les insuffisances et les erreurs du marché du point de vue de l’intérêt de la nation. Participation et planification – ou planisme comme on disait dans les années trente – caractérisent ainsi la pensée du gaulliste Louis Vallon. D’autres personnalités importantes du gaullisme de gauche sont René Capitant, Jacques Debû-Bridel, Léo Hamon, Michel Cazenave (1), Philippe Dechartre, Dominique Gallet… L’objectif du gaullisme, et pas seulement du gaullisme de gauche, mais du gaullisme de projet par opposition au simple gaullisme de gestion, est, non pas de supprimer les conflits d’intérêts mais de supprimer les conflits de classes sociales. La participation n’est pas seulement une participation aux bénéfices, elle est une participation au capital de façon à ce que les ouvriers, employés, techniciens, cadres deviennent copropriétaires de l’entreprise. Le capitalisme populaire, diffusé dans le peuple, ou pancapitalisme, succèderait alors au capitalisme oligarchique. Il pourrait aussi être un remède efficace à la financiarisation de l’économie.

Jacob Sher, juif lituanien issu d’une famille communiste, développe une doctrine dite l’ergonisme (ergon : travail, œuvre, tâche). Il ne s’agit pas d’être entre capitalisme et socialisme mais hors d’eux et contre eux, comme le troisième angle d’un triangle. Jacob Sher propose la propriété des moyens de production par les travailleurs, mais non pas au niveau de la nation, ce qui passe concrètement par l’État et renvoie au modèle soviétique – qu’il a vu de près et rejette – mais au niveau de la collectivité des travailleurs dans les entreprises. L’autogestion se fonde, dans ce projet, sur l’autopropriété de l’entreprise par les travailleurs – c’est le point commun avec Marcel Loichot – et est donc une autogestion très différente de celle de la Yougoslavie de Tito, qui implique une propriété collective, nationale, des grands moyens de production (même si, à partir de 1965, la Yougoslavie de Tito a donné de plus en plus de place au marché et à l’autonomie des entreprises). L’idée de Jacob Sher se rapproche plutôt des coopératives de production. Ce projet de Jacob Sher apparaît aussi proche de celui du Manifeste de Vérone de la République tardivement édifiée par Mussolini, la RSI (République sociale italienne) (2). Jacob Sher propose ainsi une socialisation plus qu’une nationalisation des moyens de production.

Reste que tous ces projets se trouvent confrontés à une difficulté nouvelle. Dans les années 60, l’obstacle au dépassement non communiste du capitalisme était d’abord politique. Comment briser la domination de l’argent-roi qui pèse sur le politique. Comment libérer le politique des grands trusts ? (Ni trusts ni soviets était encore le titre d’un livre brillant de Jean-Gilles Malliarakis en 1985). La situation est très différente. Tous les projets « tercéristes », ou « solidaristes », ou gaullistes de gauche reposent sur la pérennité des collectifs de travail. Or, cette pérennité est mise en péril par la précarisation, l’uberisation (ou « amazonification »), l’éclatement des collectifs de travail (les contrats de projet à la place des contrats de travail). Il faut donc repenser les projets tercéristes. Face à l’isolement des travailleurs, salariés ou auto-entrepreneurs, il faut remettre des projets en commun, des enjeux en commun, des capitaux en commun, des arbitrages en commun, il faut réinventer des corps de métier et des solidarités trans-entreprises, « corporatives » et locales. Il faut changer à la fois les mentalités et les structures. La troisième voie est aussi une démondialisation et un recours aux liens qui libèrent. Vaste programme.

Pierre Le Vigan

Notes

1 : Philosophe, spécialiste de C.-G. Jung, il organisa le fameux Colloque de Cordoue en 1979.

2 : Voir le point 11 du Manifeste de Vérone – « Dans chaque entreprise – privée ou d’État – les représentants des techniciens et des ouvriers coopéreront intimement, à travers une connaissance directe de la gestion, à la répartition égale des intérêts entre le fond de réserve, les dividendes des actions et la participation aux bénéfices par les travailleurs. Dans certaines entreprises, on pourra étendre les prérogatives des commissions de fabrique. Dans d’autres, les Conseils d’administration seront remplacés par des Conseils de gestion composés de techniciens et d’ouvriers et d’un représentant de l’État. Dans d’autres encore une forme de coopérative syndicale s’imposera. »

• Georges Feltin-Tracol, Pour la troisième voie solidariste. Un autre regard sur la question sociale, Éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, coll. « Idées », 172 p., 20 €.

• D’abord mis en ligne sur Polémia, le 22 octobre 2018.