Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 24 octobre 2025

Identité et avenir de la civilisation occidentale - Un point de vue iranien

55dfa1b91ab64d4a963a6b2289ecb6c6.jpg

Identité et avenir de la civilisation occidentale

Un point de vue iranien

Docteur Hamid Parsania

Hojjat al-Islam wa Muslimin Hamid Parsania

La mondialisation – le sécularisme – et l’oubli du sacré, ainsi que l’absence de celui-ci, constituent les concepts les plus importants pour exprimer l’identité de la nouvelle civilisation et culture occidentale. Dans l’histoire, la sécularisation, c’est-à-dire la mondanisation, fut un processus continu; cependant, une approche spirituelle et sacrée a toujours occupé une place importante et prédominante dans le domaine de la culture publique ainsi que dans les institutions scientifiques et épistémologiques. C’est pourquoi la tendance vers la mondanité s’est souvent dissimulée derrière des interprétations sacrées et spirituelles. Mais la civilisation moderne de l’Occident, en raison de phénomènes historiques liés à la sécularisation, a pu transformer sa forme théorique et philosophique en un concept de sécularisme, en se présentant comme un mythe de la démythification du monde dans le cadre d’une idéologie dominante, et de nouvelles figures épistémologiques sont entrées dans le champ de l’existence humaine.

L’intellect, qui auparavant était considéré comme l’Esprit Saint, la grâce divine générale et étendue qui illuminait et révélait l’univers et l’homme, a d’abord été réduit à l’horizon de la connaissance humaine et de la compréhension conceptuelle, pour enfin devenir une chose purement mentale – subjective – et, par la suite, une phénomène intersubjectif culturel et historique.

L’empirisme et le matérialisme, qui constituent une forme de réalisme mondain, sont devenus les courants épistémologiques dominants dans ce monde. Des philosophes tels que Descartes, Bacon, Hume, Kant, Nietzsche, Foucault, ainsi que des penseurs comme Hegel, Feuerbach et Marx ont façonné cette vision du monde.

Le résultat de ces changements a été la domination d’une rationalité instrumentale. Bien que cette rationalité, appelée science, ait été le fruit de cette évolution, sa norme ultime dans les sciences naturelles et humaines ne consiste qu’en la domination sur la nature ou sur l’homme.

2004fall_max-weber-a-compulsion-for-work-620125536.jpg

Max Weber parle d’un autre type de rationalité, orientée vers le domaine des valeurs, des idéaux, et des vérités sacrées et transcendantes. Il croit que ce type de rationalité, bien qu’ayant existé dans d’autres civilisations, n’a plus de traces dans la société occidentale contemporaine.

La civilisation occidentale, en raison de son approche mondaine et de son identité épistémologique, a créé des institutions scientifiques, économiques et politiques qui ont désormais dépassé leurs frontières, marginalisant ou subordonnant d’autres civilisations. Aujourd’hui, l’Occident n’est plus une culture limitée à une région géographique, mais une culture hégémonique mondiale. Les divisions diverses ainsi que les pluralités politiques et économiques mondiales, comme celles qui ont existé entre le bloc de l’Est et l’Ouest au 20ème siècle ou la division Nord-Sud, sont toutes des divisions qui se produisent dans le cadre de la même culture et civilisation, selon ses contradictions internes. C’est pourquoi les problèmes et les dommages de cette civilisation sont des défis mondiaux. Leur résolution concerne l’humanité entière dans sa situation actuelle.

La caractéristique principale de cette civilisation est que, malgré le fait que ses dimensions civilisationnelles ont atteint une envergure mondiale et dépassent sa propre histoire, elle est en revanche plus vulnérable que jamais dans ses dimensions épistémologiques et spirituelles. Alors que la civilisation occidentale ressent plus que jamais le besoin de sens dans sa vie, elle en est dépourvue parce qu’elle ne possède pas de logique ou de méthode pour l’atteindre. En effet, bien qu’elle bénéficie plus que jamais d’un rationalisme instrumental, elle est incapable de faire la distinction entre des valeurs qui donnent un sens et une finalité à la vie et à l’existence. Selon Max Weber, la seule réponse dans ce domaine est que chacun suit son propre Satan.

7aef4a31431cda7702f92f886047950d.jpg

La civilisation occidentale a construit son identité sur la base de l’existence mondaine et cette vie présente. Concernant la présence du sacré dans l’espace de l’existence et sa relation avec celui-ci, si elle ne nie pas l’existence sacrée, cela témoigne uniquement de son ignorance à son sujet.

Le sacré et l’existence sacrée ne sont pas des choses qui se placent en dehors ou en deçà de la vie mondaine et terrestre. Le sacré, qui concerne l’existence infinie et sans limite, s’il existe, est avant tout une unité mêlée à la vérité de cette existence, ce qui signifie qu’il ne peut y en avoir qu’un seul, et, deuxièmement, il reconnaît les choses multiples et limitées comme des signes, des manifestations et des révélations de lui-même. En d’autres termes, la présence ou l’absence du sacré dans l’interprétation et la signification de l’identité et de la vérité des mondes pluriels influence la compréhension. Par conséquent, l’ignorance et l’ignorance du sacré et du transcendant mènent à une ignorance de la signification et de la vérité de l’être, qui se manifestent dans la vie et l’existence mondaine.

9035369171a7e190ee03c8051ec6cae6.jpg

L’oubli du sacré par la culture occidentale et l’absence du sacré dans le cœur de la compréhension de cette civilisation ne sont rien d’autre que de l’ignorance, de l’aliénation par rapport à la vérité de cette civilisation et à ses éléments constitutifs. La puissance de cette aliénation et de cette ignorance repose sur le manque de cette même rationalité que les penseurs de cette civilisation reconnaissent plus que tout au cours de l’histoire. La solution à ce problème consiste à s’éloigner des obstacles que les penseurs et philosophes de cette culture ont progressivement construits au fil des siècles.

718eG-T6ItL._SL1500_-1406992715.jpg

L’interaction entre le Créateur et l’être humain, ainsi que la relation avec l’héritage spirituel et sacré de l’humanité, peut aider l’homme contemporain et la civilisation d’aujourd’hui à surmonter ces obstacles. Dans une lettre à Gorbatchev, l’imam Khomeini a évoqué une partie de l’héritage cognitif de la culture islamique pour cette interaction. Il a parlé du potentiel de la sagesse d’Avicenne pour briser les limites de la pensée positiviste, ainsi que des innovations de la philosophie de l’illumination de Suhrawardi pour réduire l'impact de la raison humaine et le type de connaissance conceptuelle qui facilitent la subjectivation ou la suppression des dimensions transcendantes et sacrées. Il a appelé les intelligences vives de la société russe à rechercher la relation avec le Créateur et l’héritage mystique du monde islamique, afin de voir la pluralité mondaine et terrestre du monde moderne à la lumière de l’unité de l’existence sacrée divine, comme le prétendent toutes les religions monothéistes.

La biographie de Carl Gustav Jung, le grand chamane

Carl_Gustav_Jung_Hermetisch-2169370807.jpg

La biographie de Carl Gustav Jung, le grand chamane

L'auteure du volume, Paola Giovetti, dirige la revue historique Luce e Ombra, organe de la Fondation Bibliothèque Bozzano-De Boni de Bologne

par Giovanni Sessa

Source: https://www.barbadillo.it/125477-la-biografia-di-carl-gus...

giovetti-350x497.jpgLa biographie de Jung pour les Edizioni Mediterranee

Paola Giovetti est une auteure prolifique, spécialisée dans les thématiques liées à la recherche psychique. Elle dirige la revue historique Luce e Ombra, organe de la Fondation Bibliothèque Bozzano-De Boni de Bologne. Il ne pouvait donc manquer, dans sa vaste bibliographie, un volume dédié à C. G. Jung. Son dernier ouvrage, Carl Gustav Jung, le grand chamane. Une biographie, vient tout juste de paraître auprès des Edizioni Mediterranee. (Pour commander : ordinipv@edizionimediterranne.net, Tél.: ++39 6 323 54 33). Il s’agit d’un travail organique, exhaustif, qui donne au lecteur un accès approfondi, non seulement à la biographie extérieure du psychanalyste suisse, mais révèle aussi les traits saillants de sa vie intérieure et de son parcours “réalisatif”.

Mme Giovetti montre une connaissance peu commune de la bibliographie critique consacrée à Jung, dont l’interprétation est menée avec une pertinence argumentative et une force de persuasion faites d’insistances ininterrompues. Elle s’attarde, ce qui constitue le principal mérite du volume, sur des aspects jusque-là tus, de la personnalité de Jung, exposée dès l’enfance au mystère de la vie. La reconstruction biographique est minutieuse, soutenue par une documentation abondante et une prose captivante qui rend la lecture agréable, comme c’est généralement le cas dans l’historiographie biographique anglo-saxonne.

Pour parler comme Prezzolini, Jung fut vraiment “un fils du 20ème siècle” (1875-1961), dont il vécut les tragédies et les élans intellectuels. Selon moi, pour entrer dans le vif du sujet, il est utile de commencer par le récit d’un rêve d’enfance du grand intellectuel, rapporté par l’auteure. Jung vit, dans cette expérience onirique, une prairie verte où « s’ouvrait une fosse sombre très profonde [...] en laquelle on descendait par un escalier raide [...]; au fond, il trouva un drap vert pareil à celui d'une tente » (p. 27), au-delà duquel, dans une salle, se trouvait un trône doré surmonté d’un tronc de chair et de peau, avec un grand œil dans la partie supérieure. Il s’agissait du « phallus rituel, symbole de vie et de puissance, que l’on trouve à l’origine de nombreuses religions de l’antiquité » (pp. 27-28).

1410419346221_wps_5_Shamans_Siberia_18_must_c-3234172834.jpg

Dès l’enfance, Jung, donc, pressentit sa mission “chamanique” : connaître, par la résolution de l’ombre, le Soi, auquel on accède par l’intégration de la personnalité. Les chamans, rappelle Eliade, ont toujours œuvré, dans leurs voyages périlleux dans les “multiples états de l’être”, au bénéfice de leurs semblables, révélant que, dans la physis, tout est animé, en relation perpétuelle, dans une perspective, pour le dire avec Evola, de transcendance immanente. La même tâche que Jung se fixa face à l’humanité désorientée du 20ème siècle.

Ce n’est pas un hasard si Giovetti évoque la possible filiation familiale du Suisse avec J. W. Goethe, pour lequel Carl manifesta, dès sa jeunesse, une évidente harmonie de vision, notamment pour les œuvres scientifiques du poète (appréciées, entre autres, par Rudolf Steiner).

bleuler-1571495924.pngJung aurait voulu faire une carrière en archéologie, mais des raisons familiales l’incitèrent à étudier la médecine et à se consacrer à la psychiatrie. Poussé par le professeur Bleuler (photo), il consacra sa thèse à la psychologie et à la pathologie des phénomènes occultes. Jung participa activement aux expériences médiumniques de sa cousine, H. Preiswerk. Lui-même vécut d’ailleurs des expériences paranormales dans les maisons où il habitait : il entendit des “explosions” provenant des bibliothèques et vit un couteau se briser mystérieusement en quatre parties. Cet objet fut soigneusement conservé par le savant jusqu’à la fin de ses jours. Le savant suisse était étranger à tout dogmatisme, en particulier vis-à-vis des phénomènes mentionnés, à tout préjugé positiviste, niant la possibilité de l’impossible. Il rencontra Freud, qui le choisit comme élève préféré et comme possible successeur.

Paola Giovetti reconstitue leur relation, relevant que la cause de leur dissension n’était pas uniquement d’ordre théorique. Jung ne supportait pas le pansexualisme dogmatique du père de la psychanalyse, qu’il considérait comme un échappatoire de nature compensatoire à la dimension religieuse rejetée par l’athée Freud. Toutefois, dans la rupture, un rôle important fut joué aussi par leurs “équations personnelles”. Ce fut “l’assassinat du Père” Freud qui mit Jung en confrontation directe avec l’inconscient.

jung_wolff_emma-1359858254.jpgCe moment historique fut très difficile pour le psychologue des archétypes, qui réussit à surmonter la crise grâce à une figure féminine de grande importance pour sa vie, Tony Wolff (ci-contre). Jung, avec cette patiente et élève, eut une liaison passionnée que sa femme Emma parvint à tolérer grâce à l’amour sincère qui la liait à Carl. D’ailleurs, la confrontation avec l’“éternel féminin” selon Goethe joua toujours un rôle déterminant pour Jung, comme en témoigne la relation avec Sabine Spielrein, discutée par Giovetti.

L’animus masculin et l’âme féminine doivent s’intégrer pour parvenir à la coincidentia oppositorum alchimique. L’intérêt de Jung pour l’alchimie, développé suite à la lecture du Mystère de la fleur d’or, est essentiel pour comprendre la psychologie analytique: « La nigredo des alchimistes correspond à la confrontation avec l’Ombre […] L’albedo […] correspond à la rencontre avec l’archétype de l’âme pour le mâle et l'archétype de l’animus pour la femelle […] la rubedo représente la rencontre avec l’archétype du Soi » (p. 125).

Le-Livre-rouge-edition-texte-3328007814.jpgLa lecture du Livre rouge, composé de textes écrits en calligraphie gothique et de dessins, parmi lesquels de nombreux mandalas, clarifie la dimension imaginale, loin d’être centrée sur le logos, de la pensée jungienne, et symbolise le parcours existentiel et spirituel du psychothérapeute. Jung a tout mis en évidence dans la construction de la Tour de Bollingen, à laquelle il a travaillé personnellement, témoignage architectural de son univers de référence. Un cosmos silencieux face à l’approche casuistique, mais qui se révèle par l’approche analogique et synchronicique : « Le concept de synchronicité […] désigne la correspondance significative d’événements sans relation causale entre eux » (p. 157). Jung était homo religiosus: grâce à l’intégration acquise, il put conclure une interview, dans la dernière période de sa vie: «Je n’ai pas besoin de croire, je sais!» (p. 207).

Paola Giovetti, Carl Gustav Jung, Il grande sciamano. Una biografia (= Le grand chamane. Une biographie), Edizioni Mediterraneo, 210 pages, 19,50 euros.

Parution du numéro 488 du Bulletin célinien, consacré à Roger Nimier

roger-nimier2-2928830086.jpg

Parution du numéro 488 du Bulletin célinien, consacré à Roger Nimier

Sommaire :

2025-10-BC_Cover.jpgNimier, un an avant

Hussard un jour… hussard toujours

Prince de la chronique

Entretien avec Marc Dambre et Alain Cresciucci

Esthète et solitaire. Les thébaïdes de Monsieur Nimier

Le Saint-Brieuc de Roger Nimier.

Pol et Roger

Les deux prénoms – Pol et Roger – font irrésistiblement songer au champagne que prisait tant le second. Quand Pol Vandromme m’a proposé, au mitan des années 80, d’éditer un livre sur les relations croisées entre Céline, Roger Nimier et Marcel Aymé, j’ai naturellement trouvé l’idée excellente. Cela a donné cet essai qui restitue admirablement l’amitié et l’estime qui liaient ces écrivains¹. C’est d’ailleurs Aymé qui présenta Nimier à Céline. Tout cela est connu ; ce qui l’est un peu moins, c’est l’amitié entre Pol, le hussard belge, et Roger l’Ariel, tel que le baptisa Céline.
 
Terrible chagrin que celui qui terrassa l’auteur de La Droite buissonnière à l’automne 62. Cette lettre écrite après les obsèques en témoigne : « J’étais aux funérailles de Roger Nimier. Mais j’ai quitté Garches tout de suite pour me rendre à  Saint-Brieuc (avec Philippe Héduy, Antoine Blondin, et Jacques Perret), où avait lieu l’inhumation. (…) La disparition de Roger Nimier me laisse désemparé. Je suis, pour le moment, recru de fatigue et de chagrin. Nous voilà un peu plus seuls encore, et privés du meilleur d’entre nous (du plus fidèle, du plus fervent, du plus ingénieux), – ce qui n’arrange rien. »²
 

31003150569_2-4242245323.jpg

Témoignage poignant qui fait désormais partie de l’histoire littéraire, tout comme la fameuse dédicace  « au maréchal des logis Destouches,  qui  paie aujourd’hui trente ans de génie et de liberté, respectueusement, le cavalier de 2e classe Roger Nimier, février 1949 »³. Cent ans exactement après sa naissance – il est né un 31 octobre –, ce numéro entend rendre hommage à celui qui contribua à la réhabilitation de Céline sur la scène littéraire. Il le fit d’une double façon : par ses articles dans la presse foisonnante de l’époque et par son rôle de conseiller littéraire chez Gallimard.  
 

P1290947-3046993307.jpg

Louis-Ferdinand-Celine-3167291721.jpg

Céline lui en saura gré  comme en témoigne cette autre dédicace : « Vous serez toujours mon premier critique. Bon voyage et à bientôt cher Roger, fidèlement et amicalement. » Elle figure précisément sur son exemplaire de D’un château l’autre dont la réception critique n’eut pas été la même sans son entregent. Mais Nimier ne fut pas que cet intercesseur habile. Romancier, critique, scénariste, journaliste, ses talents multiples ne pouvaient que susciter la jalousie des ratés. Ceux qui furent regroupés sous la bannière des “hussards” n’étaient pas moins talentueux. Ayant confié un jour à Vandromme que, de ce cénacle, ce sont les romans de Jacques Laurent qui avaient ma préférence, je le vis tiquer : c’est qu’il ne lui avait pas pardonné certain propos condescendant à l’égard de Nimier. La fidélité de Pol envers Roger était sourcilleuse4
 

OIP-1350700129.jpg

Et je n’ai garde d’oublier  que c’est grâce à ce dernier que parut la première monographie consacrée à Céline5. Par sa mort tragique, Nimier demeure à jamais une figure de légende. Elle ne devrait pas estomper le merveilleux écrivain qu’il est. Puisse ce numéro susciter l’envie de découvrir une œuvre souvent mentionnée mais peu lue en définitive6.
  1. (1) Pol Vandromme, Marcel, Roger et Ferdinand, Éd. de la Revue célinienne, 1984.
  2. (2) Cf. Christian Dedet, Sacrée jeunesse (Chronique des sixties), Éd. de Paris, 2003, p. 416. Lettre reprise par l’auteur dans Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et l’esprit hussard, P.-G. de Roux, 2012, p. 105.
  3. (3) Dédicace sur un exemplaire des Épées envoyé au Danemark.
  4. (4) Voir Pol Vandromme, Roger Nimier, Éd. Jacques Antoine, 1977. Réédité en 2002 aux éditions Vagabonde.
  5. (5) Due à Marc Hanrez, elle parut en novembre 1961 dans la collection “La Bibliothèque idéale” de Gallimard.
  6. (6) Mon appel à célébrer Nimier a été tellement bien entendu que tous les textes reçus ne peuvent trouver place dans ce numéro ; merci à Patrick Wagner (qui va également commémorer le centenaire de Nimier) de recueillir, en décembre prochain, ces textes dans sa revue Livr’arbitres.

De la bulle de l’intelligence artificielle et de la promesse lointaine d'une superintelligence

ai-bubble-could-be-about-to-burst-as-consumer-interest-fades.jpg

De la bulle de l’intelligence artificielle et de la promesse lointaine d'une superintelligence

Markku Siira

Source:  https://geopolarium.com/2025/10/20/tekoalykupla-ja-supera...

La croissance explosive du secteur de l’intelligence artificielle a suscité des attentes d’innovations révolutionnaires, mais a également créé une bulle risquée qui rappelle la bulle Internet de la fin des années 1990. Des entreprises comme OpenAI ont investi des milliards dans le développement de l’IA, mais les pertes financières sont significatives, et les attentes des investisseurs quant aux retours se sont éloignées vers le futur — pour autant qu'elles se réalisent jamais.

L’incertitude économique a poussé les entreprises à chercher de nouvelles façons d’accroître leur base d’utilisateurs, comme la décision d’OpenAI d’autoriser des applications pour adultes basées sur l’érotisme. Cette tendance soulève des questions éthiques et sociales, notamment lorsque l’IA est développée vers une intelligence artificielle générale (Artificial General Intelligence, AGI), capable d’effectuer toute tâche intellectuelle humaine.

La bulle est visible dans les investissements massifs et dans des attentes déconnectées de la réalité. Les entreprises d’IA ont promis des technologies révolutionnaires, comme des véhicules entièrement autonomes, mais ces promesses ont souvent été déçues. Par exemple, les délais pour la pleine autonomie de Tesla ont été repoussés à plusieurs reprises, ce qui augmente la méfiance. La valorisation des entreprises repose largement sur le potentiel perçu et des images de marque, sans modèles commerciaux durables.

ai-tech-sex-robot-emma.jpg

La ligne d’OpenAI concernant les applications pour adultes montre les tentatives désespérées de commercialisation du secteur. Récemment, le PDG Sam Altman a assuré que l’entreprise ne développait pas de robots sexuels, mais après la conférence DevDay 2025, cette ligne de conduite a changé. De même, le personnage animé à connotations sexuelles de xAI a suscité des critiques, révélant la pression financière qui pousse la technologie vers des zones douteuses.

Ces orientations augmentent le risque d’abus. Des insiders rapportent des problèmes dans la gestion de matériel explicite, comme la violence envers des enfants. OpenAI promet des restrictions d’âge et une reconnaissance de l’âge basée sur le comportement, mais l’échec des mesures de Character.AI — comme le suicide d’un adolescent en Floride à cause d’un bot de jeu de rôle manipulatif — soulève des doutes. Aux États-Unis, une loi a été proposée pour interdire l’utilisation d’applications IA interactives par les mineurs.

Les défis technologiques et environnementaux accentuent la surchauffe du secteur. Le développement de l’IA repose sur d’énormes volumes de données et une puissance de calcul considérable, ce qui augmente la consommation d’énergie et soulève des questions écologiques. La formation de grands modèles linguistiques consomme beaucoup de ressources, mais le progrès reste concentré sur des domaines étroits, comme le traitement du langage, laissant de côté la résolution de problèmes généraux. Cela limite la capacité de la technologie à répondre aux attentes et accroît les risques liés à son développement.

3e5c13177227e93174b7413b35572428-istock-1034901762-data.jpg

L’éclatement potentiel de la bulle de l’IA entraînerait de vastes conséquences. Sur le plan économique, il pourrait entraîner des pertes d’emplois dans le secteur technologique. Politiquement, cela accélérerait la réglementation aux États-Unis et en Europe, peut-être en limitant l’innovation tout en renforçant les normes éthiques. Socialement, la méfiance envers l’IA pourrait ralentir son adoption, mais un effondrement pourrait aussi orienter le secteur vers des applications plus durables.

L’objectif central du secteur est la superintelligence, qui dépasserait les capacités intellectuelles humaines, par exemple dans l’analyse médicale ou la résolution créative de problèmes. Son développement est techniquement et philosophiquement difficile, comportant d’importants risques et enjeux éthiques. La recherche de cette superintelligence alimente la surchauffe du secteur, car les attentes stimulent les investissements.

La rhétorique des dirigeants de l’IA révèle une logique cynique: la société doit accepter les dommages causés par le progrès technologique, comme la perte d’emplois et les crises éthiques. Cela se manifeste dans l’intégration de l’IA dans l’éducation, la santé ou le divertissement.

Même si la bulle économique éclate, l’IA ne disparaîtra pas de notre société. Son développement nécessite une évaluation critique et une régulation anticipée pour qu’elle serve l’intérêt général, et pas seulement les intérêts commerciaux à court terme. Sinon, la dystopie post-humaine créée par les entreprises technologiques pourrait devenir une réalité inévitable.

11:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, intelligence artificielle, ia | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook