vendredi, 03 avril 2020
Eric Werner: La liberté, malgré les urgences !...
La liberté, malgré les urgences !...
par Eric Werner
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli sur le site d'Antipresse et consacré au recul progressif de la liberté en Europe, et en particulier en France.
Penseur important et trop peu connu, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015), De l'extermination (Xénia, 2013), ou Un air de guerre (Xénia, 2017), et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Légitimité de l'autodéfense (Xénia, 2019).
La liberté, malgré les urgences !
Les sociétés européennes se trouvent aujourd’hui confrontées à de tels défis qu’il peut apparaître étrange, pour ne pas dire inactuel, de s’interroger sur ce que devient aujourd’hui la liberté en Europe. Ce n’est à coup sûr pas une priorité. Et pourtant c’est ce qu’on va essayer ici de faire malgré le couvre-feu matériel et mental imposé par la lutte contre le Coronavirus.
Il est beaucoup aujourd’hui question de «dérive autoritaire» en Europe. C’est évidemment un euphémisme. La vraie question, en fait, qui se pose (au-delà même de celle consistant à se demander si nous sommes encore en démocratie) est celle de l’État de droit. Que subsiste-t-il aujourd’hui encore dans nos pays de l’État de droit?
Je dis «nos pays», car la question ne se pose pas seulement dans certains d’entre eux à l’exclusion d’autres hypothétiquement mieux favorisés, mais peu ou prou partout. Un pays comme la France est évidemment en première ligne. Il serait fastidieux de dresser la liste de toutes les atteintes à l’État de droit survenues en France au cours de la période récente, en lien ou non avec l’épisode des Gilets jaunes. Ces atteintes sont graves et n’ont pas leur équivalent ailleurs. Mais il ne faut pas se faire d’illusions. On est certainement légitimé à insister sur la singularité française. Mais, d’une part, cette singularité n’est que relative, et d’autre part la France ne fait que précéder les autres pays dans une évolution d’ensemble n’épargnant, en fait, aucun pays. Elle a simplement une longueur d’avance.
Le problème doit donc être abordé à l’échelle du continent dans son ensemble. On admettra sans peine par exemple que les violences policières constatées ces derniers mois en France n’ont pas leur équivalent en Suisse. Mais divers scandales survenus récemment à Genève, ville frontalière, montrent que la Suisse n’est pas a priori à l’abri de tels débordements (1). D’autres exemples pourraient être cités, notamment un, il y a deux ans, dans le canton de Berne. L’affaire avait débouché dans une interpellation au Grand Conseil bernois. Les violences policières sont encore en Suisse l’exception. Mais il ne faut pas dire qu’elles n’existent pas.
Par ailleurs, les violences policières n’épuisent pas le problème. Ainsi, toujours en Suisse, le Parlement s’apprête à adopter un projet de loi sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, projet de loi entérinant le principe selon lequel de telles mesures pourraient être prises en dehors de tout contrôle judiciaire. Il ne faut pas idéaliser la justice, ni bien sûr non plus surestimer son aptitude à protéger les libertés fondamentales (la violence judiciaire n’est pas un vain mot, elle n’a souvent rien à envier à la violence policière proprement dite), mais le contrôle judiciaire n’en est pas moins préférable à pas de contrôle du tout. Un tel contrôle ne garantit assurément pas en lui-même la survie des libertés fondamentales, mais peut en revanche, dans une certaine mesure au moins, la favoriser. Alors qu’avec sa suppression une telle survie devient hautement improbable, pour ne pas dire désespérée.
Le modèle français
La Suisse se borne ici à suivre l’exemple français, puisqu’en 2017 déjà le Parlement français avait décidé de transférer dans le droit ordinaire certaines dispositions de l’état d’urgence, au nombre desquelles, justement, l’abolition du contrôle judiciaire sur les actes des autorités en lien avec la lutte contre le «terrorisme». On met ici le mot «terrorisme» entre guillemets, car les autorités françaises ont tendance à user et abuser de cette notion en en donnant une interprétation très extensive. On est très vite aujourd’hui en France traité de «terroriste».
On pourrait aussi parler des atteintes croissantes à la liberté de parole et de critique, qui font qu’il devient de plus en plus risqué aujourd’hui d’aborder certains sujets jugés sensibles. Il n’y a pas encore à l’heure actuelle en Suisse de loi Avia, mais il est évident qu’un jour ou l’autre il y en aura une, car on voit mal la Suisse ne pas s’aligner sur ce qui se fait ailleurs en ce domaine. Ce ne sera au reste pas très compliqué. Il suffira de compléter l’article 261 bis du Code pénal, par simple adjonction d’un ou deux alinéas, comme cela vient de se faire pour la pénalisation de l’homophobie. Il faut en tenir compte quand on dit que la liberté d’expression est aujourd’hui mieux garantie en Suisse qu’en France. C’est certainement vrai en soi, mais encore une fois, c’est le mouvement d’ensemble qui compte.
Et ainsi de suite. En France toujours, un décret du 20 février dernier légalise le fichage généralisé des individus, au travers d’une nouvelle application numérique dénommée GendNotes. Les gendarmes sont encouragés désormais à collecter des données à caractère personnel (y compris celles relatives aux opinions philosophiques et politiques). Ils l’ont naturellement toujours fait dans le passé, mais c’est maintenant légalisé. On peut bien, si l’on y tient, parler ici de «dérive autoritaire», mais chacun admettra qu’il s’agit de tout autre chose. On assiste en fait à la mise en place d’un régime de type orwellien inaugurant une nouvelle espèce de totalitarisme. La généralisation à tous les coins de rue de la reconnaissance faciale s’inscrit également dans ce contexte.
Insistons au passage sur le fait qu’avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), les choses se font en quelque sorte toutes seules. C’est une opportunité qui s’offre à l’État, et celui-ci, tout naturellement, en profite.
L’humain rapetissé
On est dès lors amené à se poser cette question: comment se fait-il que personne ne réagisse? En fait, ne se révolte? Car, effectivement, les gens ne révoltent pas. On pourrait dire que la non-révolte est chose normale: plus normale, en tout cas, que la révolte. On ne se révolte qu’exceptionnellement. Les gens ne se rendent pas non plus toujours compte à quels risques ils s’exposent en ne se révoltant pas. Ou quand ils s’en rendent compte, il est déjà trop tard. Ils cèdent également volontiers à la peur. Etc. Tout cela étant admis, on n’en reste pas moins surpris de la passivité et de l’absence de réaction des citoyens. Ils donnent l’impression d’être comme tétanisés. Il y a certes eu l’épisode des Gilets jaunes. Mais leurs revendications étaient d’ordre surtout économique.
C’est un sujet complexe, on ne va bien sûr pas ici en faire le tour, juste développer une ou deux remarques. On s’inspirera ici du dernier livre d’Emmanuel Todd, Les Luttes de classes en France au XXIe siècle (2), qui aborde le problème sous l’angle anthropologique. Prenant le contre-pied d’une thématique aujourd’hui ressassée, celle de «l’homme augmenté», Todd dit que l’homme contemporain est au contraire extrêmement «diminué». L’individu n’est pas devenu aujourd’hui «plus grand», comme on le prétend parfois, mais au contraire «plus petit». Todd se réfère à certains travaux récents sur la dépression et la fatigue mentale des individus à notre époque. Il insiste également sur le fait que les dernières décennies ont été marquées par un double effondrement religieux et moral, double effondrement qui n’est évidemment pas resté sans effet sur la psyché individuelle. L’ancienne religion s’est effondrée, et avec elle l’ensemble des croyances et points de repère qui contribuaient jusqu’à une date encore récente à «encadrer» l’individu et par là même à le renforcer, à lui donner confiance en lui-même: on pense en particulier au cadre national. L’individu est aujourd’hui très largement abandonné à lui-même. Et donc, tout naturellement, tend à «s’affaisser», à se rapetisser.
C’est un début de réponse. La fatigue, en elle-même, n’est pas nécessairement incompatible avec la révolte, il y a des gens fatigués qui pourtant se révoltent. Mais ce n’est pas le cas le plus fréquent. Ce que la fatigue nourrit plutôt, c’est le renoncement, la passivité. Mais on pourrait dire autre chose encore. Qu’ils soient ou non fatigués, les gens, en règle générale, se révoltent quand ils ont faim. Encore une fois, il faut citer les Gilets jaunes. Or être privé de liberté, ce n’est pas exactement mourir de faim. La liberté n’est pas un bien matériel, mais immatériel. On croise ici Dostoïevski et sa légende du Grand Inquisiteur. Le Christ dit au Grand inquisiteur: l’homme ne vit pas seulement de pain. Soit, mais la plupart de nos contemporains sont aujourd’hui sincèrement convaincus du contraire: l’homme ne vit que de pain. Pourquoi dès lors le fait d’être privé de liberté les conduiraient-il à se révolter?
On retrouve ici l’effondrement religieux. Avec raison, Emmanuel Todd, met la fatigue en lien avec l’effondrement religieux. L’effondrement religieux conduit à la fatigue, qui elle-même conduit à la non-révolte. Sauf que ce passage par la fatigue n’est que facultatif. La non-révolte se laisse aussi penser comme un produit direct de l’effondrement religieux.
Eric Werner (Antipresse n°226, 29 mars 2020)
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1) Voir Slobodan Despot: « L’affaire Simon Brandt, un “signal faible” — mais assourdissant! », Antipresse 219 | 09/02/2020.
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2) Seuil, 2020. Cf. en particulier le chapitre V (pp. 127-153).
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Le coronavirus ravive le fantasme de la surveillance générale et du contrôle total
Le coronavirus ravive le fantasme de la surveillance générale et du contrôle total
Les effets politico-sociaux du coronavirus dépassent largement ses conséquences sanitaires. La communication autour de cette crise, qui n’est ni la première ni la dernière, place les populations dans une ambiance mortifère, renforce la massification de la personnalité, diluée dans la catégorie des malades potentiels ou des malades confirmés. Puisque l’homme a disparu derrière le malade, qui est devenu la forme d’existence sociale, que la forme d’existence individuelle est bannie car considérée et montrée comme dangereuse, les pouvoirs nationaux ont les mains libres pour tenter de réaliser l’éternel fantasme de la surveillance générale et s’engager sur la voie du contrôle total. Le rêve totalitaire réalisé sur la demande provoquée d’une population conditionnée. Quelques voix s’élèvent pour dénoncer les dangers d’un remède pire que le mal et qui lui survivra indubitablement. Snowden est de ceux-là.
La technologie de la gestion de la crise du coronavirus est aussi globale que le mal, produit de cette globalisation du monde. L’un des effets est la remise au goût du jour du fantasme, ancien et récurrent, de la surveillance générale. Ce spasme des sociétés, dans lesquelles les hommes, l’espace d’un instant, ont détourné le regard, pour finalement baisser les yeux.
Toute société repose sur l’équilibre fragile et instable d’un compromis entre la liberté et la sécurité, ce qui détermine la place de l’homme et le rôle de l’État. Une liberté absolue ne conduisant qu’au chaos et donc au pouvoir du plus fort, la présence de l’État est fondamentale, justement pour garantir les libertés réelles. Mais tout rapport de pouvoir, le pouvoir populaire vs. celui de l’État, implique pour éviter d’une part le chaos (pouvoir populaire total) et d’autre part la dictature (pouvoir total de l’État), que chacune des deux parties remplisse ses fonctions, ne les abdique pas. Or, la situation aujourd’hui est particulièrement déstabilisée. D’une part, les États ont abdiqué leur pouvoir au profit de structures globales et se sont transformées en organes d’exécution protégeant des intérêts qui les dépassent et divergent de ceux de leur propre population. D’autre part, terrifiées, les populations ont abdiqué leur pouvoir à l’État, pour les sauver d’un danger devenu mystique – État, qui a lui-même abdiqué. Les structures du monde globaliste se trouvent ainsi en situation de monopole du pouvoir., sans véritables contre-pouvoirs puisque les oppositions politiques sont inexistantes et les médias dociles.
Le coronavirus est l’occasion rêvée. Et les pays, les uns après les autres, se lancent dans une course à la surveillance et au contrôle total, donnant corps à Big Brother. Le virus est porté par l’homme. Donc l’homme est dangereux. Finalement, le danger vient bien plus de l’homme que du virus. Il faut le surveiller et le contrôler.
En Russie, le maire de Moscou espère pouvoir tracer toute la population de la ville d’ici la fin de la semaine, grâce à l’obligation de sortir avec un QR code, sur le mode chinois. En Allemagne, les opérateurs de téléphonie partagent des millions de données avec les instances publiques, afin de suivre le déplacement des masses. Mais, pour l’instant, ces informations ne sont pas nominatives. L’Espagne se prépare à utiliser les données de géolocalisation des citoyens. Car n’oublions pas que tout citoyen est un malade potentiel, c’est le seul paradigme aujourd’hui d’existence sociale. Mais il faut aussi prévenir et savoir avant l’individu concerné s’il est en voie d’être malade ou pas, une application est donc en préparation pour que ces informations soient immédiatement transmises. Car, évidemment, en dehors du coronavirus, toutes les autres maladies ont été vaincues.
L’UE a validé ces pratiques :
Un traçage ouvertement accepté par le Comité européen de la protection des données (CEPD). Dans un communiqué du 19 mars, il indique que « le RGPD permet aux autorités sanitaires compétentes de traiter des données personnelles dans le contexte d’une épidémie ». Il est donc possible de traiter les informations anonymisées liées à la location des téléphones, par exemple.
La France planche aussi sur la réalisation technique du traçage de ses citoyens, conjugué avec les données personnelles sur la santé :
Dans le cas de la France, il n’est pas seulement question d’analyser des données de flux. L’Élysée réfléchit à l’opportunité « d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le virus du Covid-19 » grâce au numérique. « Mais si on doit savoir qui a été en contact avec des gens porteurs du virus, cela implique forcément que l’on utilise, en plus des données de géolocalisation, des données de santé ».
Les questions éthiques ont été rapidement écartées : la fin justifie les moyens. L’État de droit est mort. Les décisions liberticides sont formellement légitimées post-factum par des lois de complaisance, qui ne sont pas discutées au fond, mais uniquement sur la forme. Les mesures d’exception sont entrées dans la législation de droit commun, car le pouvoir se refuse de manière assez surprenante à déclarer les circonstances exceptionnelles. Si la situation est grave au point de devoir mettre les pays en quarantaine, de mettre les populations en résidence surveillée, l’économie en berne, il est impératif de déclarer ces régimes d’exception, qui permettent justement de prendre, temporairement, c’est-à-dire le temps que dure le danger exceptionnel, des mesures hors du commun. Et cela avec un système institutionnel de contrôle et de garanties. Mais nos dirigeants ont préféré une autre voie, celle de la normalisation d’une situation anormale, mettant par là même l’état de droit en danger. Et quand, comme en Hongrie, le Président pousse la logique à son terme, demande au Parlement de prolonger la loi sur l’état d’urgence, toute la bonne société globale s’indigne. Ce qui montre bien la dimension politique de cette crise.
Cela souligne bien que les mesures extraordinaires de surveillance et de contrôle total ne sont pas envisagées comme des mesures temporaires. Elles doivent permettre de créer les bases d’une nouvelle réalité sociale, d’une nouvelle réalité politique. Quand les citoyens seront autorisés, sous certaines conditions, à sortir de chez eux.
Ce danger a été partiuclièrement bien pointé par Edward Snowden. Pas moins de 11 pays ont déjà mis en place des mesures de surveillance globale, scanner thermique, reconnaissance faciale, etc. Il craint qu’y prenant goût, les pouvoirs ne trouvent pas la force de revenir à la normale à la fin de la crise. Crainte justifiée. Toute la question est celle de l’équilibre entre les mesures prises et les risques réels.
« Ils savent déjà ce que vous regardez sur Internet. Ils savent déjà où se situe votre téléphone. Maintenant, ils connaissent aussi votre rythme cardiaque et votre pouls. Qu’est-ce qui arrive si on ajoute l’intelligence artificielle dans le lot ? »
L’autre question est celle de la durée de ces mesures :
« Lorsque nous voyons les mesures d’urgence adoptées, en particulier aujourd’hui, elles ont tendance à être figées dans le temps. (…) L’urgence a tendance à s’étendre. Ensuite, les autorités se sentent à l’aise avec un nouveau pouvoir. Elles commencent à aimer ça (…). Les services de sécurité trouveront bientôt de nouvelles utilisations à cette technologie. Et lorsque la crise sera passée, les gouvernements pourront imposer de nouvelles lois qui rendront permanentes les règles d’urgence ».
Abdiquer ses libertés à un pouvoir sans contrôle et hors cadre juridique ne permettra pas de régler plus rapidement ni plus efficacement la crise sanitaire. Laisser les hommes enfermés à domicile ne les rendra ni immortels, ni invulnérables. Incorporer dans le droit commun des mesures d’exception ne permettra pas une meilleure gestion politique des crises. Cela pourrait même devenir une norme : à chaque apparition d’un virus, et ils apparaissent chaque année, ces mesures vont se répéter ? Puisqu’ils apparaissent à rythme régulier, cela vaut-il même la peine de revenir à la normale ?
En revanche, cela permet d’imposer par la force une nouvelle société, post-moderne, post-humaine, post-démocratique, qu’il fut impossible de totalement implanter par l’incitation.
PS : « La voix du télécran qui criaillait dans son oreille l’empêcha de suivre plus loin le fil de sa pensée. Il porta une cigarette à sa bouche. La moitié du tabac lui tomba tout de suite sur la langue. C’était une poussière amère qu’il eut du mal à recracher. Le visage de Big Brother se glissa dans son esprit, effaçant celui d’O’Brien. Comme il l’avait fait quelques jours plus tôt, il tira une pièce de monnaie de sa poche et la regarda. Dans le visage lourd, calme, protecteur, les yeux regardaient Winston. Mais quelle sorte de sourire se cachait sous la moustache noire ? Comme le battement lourd d’un glas, les mots de la devise lui revinrent :
« LA GUERRE C’EST LA PAIX
LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE
L’IGNORANCE CEST LA FORCE »
George Orwell, 1984
Lire aussi:
- Selon Edward Snowden, le Covid-19 pourrait conduire à une surveillance étatique étendue et durable
- Géolocalisation, traçabilité et drones face au Covid-19 : Jacques Toubon donne l'alerte
En savoir plus sur RT France : https://francais.rt.com/france/73457-geolocalisation-trac...
En savoir plus sur RT France : https://francais.rt.com/international/73418-selon-edward-...
00:40 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coronavirus, pandémie, épidémie, covid-19, surveillance, surveillance totale, contrôle total, totalitarisme, état policier, liberté d'expression | |
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Manoeuvres stratégiques derrière la crise du Coronavirus
Manoeuvres stratégiques derrière la crise du Coronavirus
Tandis que la crise du Coronavirus paralyse des sociétés entières, de puissantes forces sont à l’oeuvre pour tirer l’avantage maximal de la situation. Le 27 mars l’OTAN sous commandement USA s’est élargie de 29 à 30 membres, en englobant la Macédoine du Nord. Le jour suivant -alors que se poursuivait l’exercice USA “Défenseur de l’Europe 2020”, avec moins de soldats mais plus de bombardiers nucléaires- a commencé en Écosse l’exercice aéronaval OTAN Joint Warrior avec des forces US, britanniques, allemandes et autres, qui durera jusqu’au 10 avril y compris avec des opérations terrestres.
En attendant, les pays européens de l’OTAN sont avertis par Washington que, malgré les pertes économiques provoquées par le Coronavirus, ils doivent continuer à augmenter leurs budgets militaires pour “conserver la capacité de se défendre”, évidemment de l’”agression russe”.
À la Conférence de Munich, le 15 février, le secrétaire d’état Mike Pompeo a annoncé que les États-Unis ont sollicité les alliés à débourser 400 milliards de dollars de plus pour augmenter la dépense militaire de l’OTAN, qui dépasse déjà amplement les 1.000 milliards annuels. L’Italie doit ainsi augmenter sa propre défense militaire, qui se monte déjà à plus de 26 milliards d’euros annuels, c’est-à-dire plus que le Parlement n’a autorisé à débourser ponctuellement pour l’urgence Coronavirus (25 milliards).
L’OTAN gagne ainsi du terrain dans une Europe largement paralysée par le virus, où les USA, aujourd’hui plus que jamais, peuvent faire ce qu’ils veulent. À la Conférence de Munich Mike Pompeo a violemment attaqué non seulement la Russie mais aussi la Chine, en l’accusant d’utiliser Huawei et d’autres compagnies comme “cheval de Troie de l’intelligence”, c’est-à-dire comme outils d’espionnage. Ce faisant les États-Unis accroissent leur pression sur les pays européens pour qu’ils rompent aussi les accords économiques avec Russie et Chine et renforcent les sanctions contre la Russie.
Que devrait faire l’Italie, si elle avait un gouvernement qui veuille défendre nos réels intérêts nationaux ?
Elle devrait avant tout refuser d’augmenter notre dépense militaire, artificiellement gonflée avec la fake news de l’”agression russe”, et la soumettre à une révision radicale pour réduire le gaspillage d’argent public dans des systèmes d’arme comme le chasseur USA F-35. Elle devrait immédiatement supprimer les sanctions contre la Russie, en développant au maximum l’échange avec elle. Elle devrait adhérer à la requête -présentée le 26 mars à l’ONU par la Chine, la Russie, l’Iran, la Syrie, le Venezuela, le Nicaragua, Cuba et la Corée du Nord- que les Nations Unies fassent pression sur Washington pour abolir toutes les sanctions, particulièrement nocives au moment où les pays qui les subissent sont touchés par le Coronavirus. De l’abolition des sanctions contre l’Iran dériveraient aussi des avantages économiques pour l’Italie, dont les échanges avec ce pays ont été pratiquement bloqués par les sanctions USA. Ces mesures et d’autres donneraient de l’oxygène surtout aux petites et moyennes entreprises étouffées par la fermeture forcée, rendraient disponibles des fonds à destiner pour l’urgence, en faveur surtout des couches les moins défavorisées, sans pour cela s’endetter.
Le plus grand risque est celui de sortir de la crise en ayant au cou le noeud coulant d’une dette extérieure qui pourrait réduire l’Italie aux conditions de la Grèce. Plus puissantes que les forces militaires, et qui ont aussi en main les leviers décisionnels du complexe militaro-industriel, sont les forces de la grande finance internationale, qui sont en train d’utiliser le Coronavirus pour une offensive à l’échelle mondiale avec les armes les plus sophistiquées de la spéculation. Ce sont elles qui peuvent porter à la ruine des millions de petits épargnants, et qui peuvent utiliser la dette pour s’approprier des secteurs économiques entiers.
Dans cette situation décisif est l’exercice de la souveraineté nationale, pas celle de la réthorique politique mais celle, réelle, qui, garantit notre Constitution, appartient au peuple.
Traduction par Marie-Ange Patrizio
- Source : Il Manifesto (Italie)
00:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : otan, états-unis, politique internationale, géopolitique, europe, affaires européennes, coronavirus, covid-19, pandémie, épidémie, atlantisme, alliance atlantique | |
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UE: «Tout va s'effondrer maintenant»
00:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : europe, allemagne, waldemar herdt, affaires européennes, union européenne, politique internationale | |
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