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vendredi, 24 mars 2023

Leconte de Lisle et la colère poétique contre le monde moderne

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Leconte de Lisle et la colère poétique contre le monde moderne

par Nicolas Bonnal

« Vous vivez lâchement, sans rêve, sans dessein,/Plus vieux, plus décrépits que la terre inféconde,/Châtrés dès le berceau par le siècle assassin /De toute passion vigoureuse et profonde».

Une étude italienne rédigée en français par Yann Mortelette, talentueux et courageux universitaire, permet de redécouvrir ce poète méprisé mais curieux, païen, helléniste, rebelle, parnassien et enragé contre le monde moderne. Contemporain strict de Baudelaire, de Poe ou de Flaubert, sur lesquels j'ai écrit tant de textes (voyez mes recueils), Leconte de Lisle (1818-1894) en partage la rage.

Je citerai en vrac des vers méconnus ; sur la nature et sa destruction par la société industrielle voici ce qu'il écrit :

« Un air impur étreint le globe dépouillé
Des bois qui l’abritaient de leur manteau sublime;
Les monts sous des pieds vils ont abaissé leur cime;
Le sein mystérieux de la mer est souillé. »

Il voit la fin de la poésie arriver (voyez mes textes sur Pearson et Tolstoï qui comprennent qu'elle meurt à la fin du dix-neuvième, à Paris d'ailleurs) :

« Voici que le moment est proche où [les poètes] devront cesser de produire, sous peine de mort intellectuelle. […] Je suis invinciblement convaincu que telle sera bientôt, sans exception possible, la destinée inévitable de tous ceux qui refuseront d’annihiler leur nature au profit de je ne sais quelle alliance monstrueuse de la poésie et de l’industrie. »

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Lisons un sonnet admirable tiré de ses poèmes barbares :

« Vous vivez lâchement, sans rêve, sans dessein,
Plus vieux, plus décrépits que la terre inféconde,
Châtrés dès le berceau par le siècle assassin
De toute passion vigoureuse et profonde.

Votre cervelle est vide autant que votre sein,
Et vous avez souillé ce misérable monde
D’un sang si corrompu, d’un souffle si malsain,
Que la mort germe seule en cette boue immonde.

Hommes, tueurs de Dieux, les temps ne sont pas loin
Où, sur un grand tas d’or vautrés dans quelque coin,
Ayant rongé le sol nourricier jusqu’aux roches,

Ne sachant faire rien ni des jours ni des nuits,
Noyés dans le néant des suprêmes ennuis,
Vous mourrez bêtement en emplissant vos poches. »

Leconte de Lisle voit la notion de civilisation comme une chose occidentale inventée (cf. Guénon) et une réalité qui n’a pas progressé depuis l’Antiquité :

« En fait d’art original, le monde romain est au niveau des Daces et des Sarmates; le cycle chrétien tout entier est barbare. […] Que reste-t-il donc des siècles écoulés depuis la Grèce? Quelques individualités puissantes, quelques grandes œuvres sans lien et sans unité… »

C’est ce que dit Cochin sur l’art français après la Révolution. Il reste les grandes personnalités du début du dix-neuvième siècle puis peu à peu plus rien.

Comme Vigny cet aristocrate recommande le stoïcisme :

« La vie est ainsi faite, il nous la faut subir.
Le faible souffre et pleure, et l’insensé s’irrite;
Mais le plus sage en rit, sachant qu’il doit mourir. »

Dans une lettre inédite à Charles Bénézit du 12 septembre 1860, il écrit sur le déclin de l’art :

« Mon vieil ami, sois persuadé que je n’abandonne en aucune façon la cause de l’humanité. C’est l’humanité qui s’abandonne elle-même. À son aise! La poésie et l’art n’ont rien à faire dans le bourbier d’inepties et de lâchetés où elle s’enfonce d’heure en heure. Si la masse des soi-disant défenseurs de l’humanité est composée d’infectes brutes qui ont une horreur naturelle de la poésie et de l’art, ce n’est pas, ce me semble, une raison suffisante pour que nous devenions aussi bêtes qu’eux. D’ailleurs, on n’enseigne ni on ne convertit personne. »

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Il ajoute justement :

« On a renoncé fort sagement à la transmutation des métaux, et je crois qu’on ferait mieux de renoncer à la transmutation des âmes. La plus solennelle sottise qu’ait énoncée un homme de génie, est cette affirmation de Leibnitz: «L’éducation est la maîtresse de la vie». Hélas! l’éducation, ou rien, c’est exactement la même chose. […] Il y a des natures d’or et des natures de boue, et rien n’y fait; il y a des peuples qui ne seront jamais qu’une bande de laquais, vils par instinct et insolents par boutades. S’en mêle qui voudra; pour moi j’y ai renoncé, et je t’engage à en faire autant. Amen. »

Il décrit d’ailleurs le déclin de la poésie romantique devenue une bibliothèque rose avant la lettre (cf. Mme Bovary) :

« Le thème personnel et ses variations trop répétées ont épuisé l’attention; […] mais s’il est indispensable d’abandonner au plus vite cette voie étroite et banale, encore ne faut-il s’engager en un chemin plus difficile et dangereux que fortifié par l’étude et l’initiation. Ces épreuves expiatoires une fois subies, la langue poétique une fois assainie, les spéculations de l’esprit, les émotions de l’âme, les passions du cœur, perdront-elles de leur vérité et de leur énergie, quand elles disposeront de formes plus nettes et plus précises. »

Les Bretons ont rarement suscité l’admiration des écrivains. Lui n’est pas en reste – et, sur cette vie de province si française qui en a désespéré des dizaines, il écrit :

« Que le grand diable d’enfer emporte les sales populations de la province! Vous vous figurerez à grand-peine l’état d’abrutissement, d’ignorance et de stupidité naturelle de cette malheureuse Bretagne… »

Et de finir sur ces lignes rendues célèbres par notre bon vieux Lagarde et Michard :

« Que l’humanité est une sale et dégoûtante engeance! Que le peuple est stupide! C’est une éternelle race d’esclaves qui ne peut vivre sans bât et sans joug. »

C’est dans une lettre de 1848, adressée à un certain Ménard !

Le 22 août 1863, il écrit à Georges Lafenestre:

« Nous n’avons rien de commun avec la misérable race à laquelle nous appartenons pour le plus rude châtiment de nos péchés. Cuisiniers, généraux, danseuses, gandins, banquiers, acrobates, princes, avocats, assassins remarquables, huissiers, pianistes, notaires, gendarmes, chambellans, piqueurs, Legouvé père et fils, Scribe, Béranger, Ponsard et l’auteur du Pied qui remue trouvent grâce devant elle, mais non pas la poésie. »

Sa conception élitiste du poète va de pair avec sa crainte du nivellement et de l’uniformisation démocratiques. On est déjà dans la mondialisation et dans la grande liquidation des peuples et des cultures. Dans la préface des Poèmes et poésies, il s’interroge – comme le  Chateaubriand de la Conclusion des mémoires d’outre-tombe :

« Que sera-ce donc si [les races] en arrivent à ne plus former qu’une même famille, comme se l’imagine partiellement la démocratie contemporaine, qu’une seule agglomération parlant une langue identique, ayant des intérêts sociaux et politiques solidaires, et ne se préoccupant que de les sauvegarder? Mais il est peu probable que cette espérance se réalise, malheureusement pour la paix, la liberté et le bien-être des peuples, heureusement pour les luttes morales et les conceptions de l’intelligence ».

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Ecoutons l’universitaire Lavernette (surprenant, vraiment) :

« Son œuvre, qui passe en revue les civilisations les plus différentes, plaide en faveur d’une diversité culturelle que le poète juge menacée par l’égalitarisme moderne. Dans «Le Dernier des Maourys», le vieux chef indigène déclare à ceux qui sont venus coloniser ses terres:

Dans un dernier élan Leconte de Lisle écrit («Le Dernier des Maourys», Revue des deux mondes, 1er août 1889) :

« Puisque les nations de l’univers ancien
Se dispersent ainsi, Blancs, devant votre face;
Puisque votre pied lourd les broie et les efface;
Si les Dieux l’ont voulu, soit! Qu’il n’en reste rien! »

Oui, les blancs ont tout tué. Et comme disent Daniélou et Bruckberger il leur reste à se tuer eux-mêmes. Faisons-leur confiance : ils ne demandent qu’à s’exterminer avec les russes et les chinois et à refiler tous leurs avoirs à une poignée de riches américains.

Texte de YANN MORTELETTE disponible ici :

https://journals.openedition.org/studifrancesi/2945

Autres sources :

https://www.amazon.fr/Chroniques-sur-lHistoire-Nicolas-Bo...

https://www.amazon.fr/Pourquoi-monarchie-disparu-France-p...

https://www.dedefensa.org/article/chateaubriand-et-la-con...

https://numidia-liberum.blogspot.com/2021/02/edgar-poe-et...

https://www.dedefensa.org/article/baudelaire-et-la-sauvag...

https://www.dedefensa.org/article/leon-tolstoi-et-les-joy...

 

 

 

 

Alexandre Douguine - Hégémonie: saisir le code culturel

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Hégémonie: saisir le code culturel

Alexander Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/article/gegemoniya-zahvat-kulturnogo-koda

Un réseau profondément enraciné d'hégémonie et de ses opérateurs opère ouvertement dans notre société.

Les dirigeants de la Russie et de la Chine critiquent explicitement l'hégémonie occidentale. Il convient de rappeler qu'Antonio Gramsci, qui a élaboré la théorie moderne de l'hégémonie, entendait par "hégémonie" non pas tant la dictature politique directe de certains pays sur d'autres que la création d'un réseau contrôlé depuis le centre de l'hégémonie et imprégnant toutes les sociétés, en contournant facilement les frontières et les restrictions. Ce réseau est créé principalement dans le domaine de la culture, de la science, de l'éducation et de l'information, c'est-à-dire que la société civile est prise en charge en premier lieu. L'introduction d'un modèle économique unique (le capitalisme) dans les sociétés contrôlées par les hégémoniques est également un élément essentiel de l'hégémonie, mais l'essentiel est la capture du code culturel et de l'éducation.

Au cours des 30 dernières années, l'hégémonie en ce sens n'a fait que croître en Russie. Et il ne s'agit pas seulement d'une dépendance à l'égard des importations. Le libéralisme a réussi à établir un contrôle presque total sur la mentalité des Russes - par le biais de l'éducation, de la culture, de la science, des réseaux sociaux. Il est révélateur que cette hégémonie se soit renforcée alors même que les politiques de Poutine devenaient de plus en plus souveraines. La domination des libéraux dans la culture a contrebalancé la croissance de la souveraineté dans la politique. Les autorités, pour l'instant, ne s'en sont pas aperçues. Ainsi, toutes les conditions ont été créées pour la propagation et l'enracinement de l'hégémonie.

Un exemple frappant. Depuis 23 ans, le pays est dirigé par un leader ouvertement et constamment réaliste en matière de relations internationales (RI). Cela ne se reflète dans aucun manuel du MGIMO, qui continue d'être dominé par le paradigme libéral du ministère de la Défense. Les tentatives - même les plus prudentes - visant à modifier cet état de fait sont immédiatement réprimées de la manière la plus sévère qui soit.

Un réseau profondément enraciné d'hégémonie et ses opérateurs opèrent ouvertement dans notre société. Ils jouent le long terme, comptant sur la possibilité qu'un jour il y ait un changement de cap politique, et qu'alors une société civile formée par eux, orientée vers les codes et les principes occidentaux, se manifeste également dans la politique.

La Chine est également confrontée à un danger similaire, mais un groupe dévoué (numériquement énorme) de référents du Comité central du PCC travaille sans relâche pour le neutraliser. Dans notre pays, pratiquement personne n'y prête attention. Et c'est une question qui concerne le Conseil de sécurité et les dirigeants politiques en général.

L'hégémonie n'est pas seulement un concept externe, mais aussi un concept interne. Selon Gramsci, c'est ce qui fait sa force. Et la souveraineté politique ne suffit pas à s'y opposer. Ce qu'il faut, c'est un modèle idéologique alternatif clair, c'est-à-dire une contre-hégémonie.

Cornouailles: une identité celtique qui perdure

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Cornouailles: une identité celtique qui perdure

Enric Ravello Barber

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2023/03/cornualles-una-identidad-celta-que.html

En janvier 1549, l'Acte d'uniformité est déclaré. La reine Élisabeth I parachève ainsi le processus de création d'une Église anglaise/anglicane séparée de Rome, qui avait été initié par son père, le célèbre Henri VIII. Cet Acte d'uniformité incluait le nouveau Livre de prières communes pour les membres de la nouvelle Église.  La Cornouailles, qui a toujours été un territoire favorable aux Tudors, dynastie d'origine galloise - et donc très proche des Cornouaillais - s'oppose à l'imposition de ce Livre. Deux raisons à cela : la première est l'attachement des Cornouaillais à la religion catholique ; la seconde - et la principale - est que le livre est écrit en anglais, une langue que - comme ils l'ont fait savoir au souverain - personne ne comprend dans la Cornouailles du 16ème siècle. La langue locale, le cornique aux racines celtiques, était très éloignée de l'anglo-saxon aux racines germaniques.

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Le Pays de Galles et les Cornouailles sont les dernières terres des Celtes britanniques

Au 1er millénaire avant notre ère, les Celtes colonisent toute la côte atlantique du continent, de la péninsule ibérique à la Belgique actuelle, en passant par la Gaule. Des peuples celtes se sont également installés dans les îles britanniques, s'ajoutant à une population antérieure qui aurait été assez semblable à celle qui venait d'arriver, formant ainsi la population britannique. Parmi ces Celtes insulaires, on distingue deux types: les Gaéliques, qui occupaient l'île d'Irlande, et les Brythoniques, qui s'étaient installés sur l'île de Grande-Bretagne.

Les traces d'un passé plus lointain dans la région sont la forte présence de complexes mégalithiques dans toute la Cornouailles, notamment ceux connus sous le nom de The Hurlers.

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En 43 avant J.-C., les aigles des légions romaines arrivent sur l'île de Grande-Bretagne, ne laissant que la partie sud de l'île sous contrôle romain, après avoir été repoussés au nord par les Pictes.  Avant l'arrivée des légions, l'historien romain Diodore décrivait la péninsule de Belerion (l'actuelle Cornouailles) comme une région extrêmement civilisée et sophistiquée, enrichie par ses échanges commerciaux avec d'autres lieux de l'île, mais aussi de l'Europe occidentale et même de la Méditerranée, dont elle est le principal fournisseur d'étain. Les Grecs les connaissaient peut-être sous le nom d'îles Kassiterides, et Diodore lui-même fait référence aux premières activités minières de la région. La domination romaine a duré jusqu'à la fin du 5ème siècle après J.-C., bien que leur pouvoir se soit progressivement affaibli. Dans leur division administrative de l'île, les Romains ont formé la province de Dummoni, qui occuperait les régions actuelles de Cornouailles, Somerset et Devon (une évolution du nom latin).  Pendant toute cette période, le latin n'était que la langue d'une petite élite administrative, la population indigène continuant à parler sa langue celtique brythonique dans ce qui est aujourd'hui le Pays de Galles et l'Angleterre.

Rome quitte la Grande-Bretagne en 410 après J.-C. et un nouveau cycle historique commence. Après le retrait des légions, la Dumnonie reste un petit royaume celto-romain et est le théâtre d'une fragilité et d'une fragmentation politiques généralisées.

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Le changement définitif dans l'histoire de la Grande-Bretagne a lieu dans ces années-là, avec l'arrivée massive de peuples germaniques: Angles, Saxons et Jutes, venus des côtes continentales de l'Atlantique Nord, qui occupent progressivement l'île d'est en ouest. Ce mouvement repousse progressivement les autochtones britanniques vers l'ouest, et les Anglo-Saxons leur donnent les noms de Cornwalas et Westwalas, de l'anglo-saxon Wealas (étrangers), qui deviendront Wales-Welsh et Cornwall-Cornish (au Pays de Galles, le nom du pays est Cymru et celui de la Cornouailles Kerwon ou Curnow).  Les Latins appelleront le royaume de Cornouailles Cerniu, de l'ethnonyme celtique local latinisé en Cornovii, tandis que les Anglo-Saxons utiliseront le terme "west Welsh" pour souligner sa similitude avec le Pays de Galles. Le Pays de Galles et la Cornouaille sont les régions qui sont restées aux mains des populations celtiques - encore aujourd'hui - face à la pression anglo-saxonne.  C'est cette fragmentation qui a conduit à la dérivation de deux langues très similaires à partir du brythonique commun: le gallois et le cornique. Si l'on ajoute que la pression anglo-saxonne a poussé nombre de ces Celtes, aujourd'hui réduits au Pays de Galles et aux Cornouailles, à traverser la mer et à s'installer en Bretagne (d'où le nom), la langue bretonne est l'évolution du gallois et du cornique apportés par ces Celtes devenus bretons. Il existe des preuves d'une certaine implantation dans la région ibérique de la Galice.

Le dernier roi du royaume celtique de Cornouailles/Dumonie fut Huwai, fut celui qui accepta définitivement la domination du roi anglo-saxon Atheslan, après une période de lutte et d'affrontement constants avec les Anglo-Saxons et le royaume de Dumonia, qui luttait aux côtés des royaumes gallois voisins et frères contre l'avancée "anglaise", en comptant sur l'alliance des Vikings danois - qui occupaient le centre de l'île - lors de cet affrontement. En 936, Atheslan, qui avait unifié sous sa couronne tous les royaumes anglo-saxons de l'île et avait été reconnu par Huwai, fixa la frontière entre l'Angleterre et la Cornouailles à la rivière Tamar, lui enlevant l'Exester cornouaillais et une partie du Devon. Cette frontière tracée par Atheslan est exactement la même que celle qui sépare les comtés anglais actuels de la Cornouaille celtique et du Devon anglo-saxon.

Terre de légendes et de saints

Ce sont des années sombres de fragilité des pouvoirs et d'affrontement entre Celtes autochtones et Germains anglo-saxons, une époque de contes et de légendes, dont deux marqueront la mémoire collective européenne jusqu'à aujourd'hui : celle du roi Arthur et celle de Tristan et Iseult.

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La figure du roi Arthur oscille entre mythe et réalité historique. La légende fait sans doute référence à un personnage historique, roi d'un royaume celte (d'autres évoquent un roi d'un royaume celto-romanisé) qui a unifié plusieurs Celto-Britons dans la lutte contre l'avancée anglo-saxonne.  Peut-être la légende ne fait-elle pas référence à un seul roi, mais à plusieurs qui joueront ce rôle à la fin du 5ème siècle et au début du 6ème siècle.  Mais la Cornouailles a certainement des raisons de revendiquer le roi mythique - ou du moins l'un de ses principaux inspirateurs - comme le sien. C'est là que le situe la légende de Tristan et Iseult, à Slaugther Bride, un lieu connu depuis l'Antiquité sous le nom de "tombe d'Arthur", où Richard Carew a décrit en 1602 la dernière bataille entre le roi Arthur et son neveu Mordred.  En Cornouailles, vous trouverez également le château de Tintagel, dont l'horizon archéologique remonte à l'époque celtique. En effet, c'est ici que le Normand Geoffrey et ses hommes ont écrit que dans cette région, les Cornouaillais affirmaient qu'Arthur n'était pas mort et qu'il reviendrait un jour pour régner.

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Pour continuer dans cette zone où l'histoire et le mythe se rencontrent, il faut mentionner le roi de Cornouailles Cynan ou Conan de Mariadoc, et ensuite se tourner vers une légende de référence constante dans l'imaginaire collectif européen, celle de Tristan et Iseult, qui est également liée à la Cornouailles. Tristan, le neveu du roi de Cornouailles Marc, est envoyé en Irlande pour demander la main d'Iseult, la fille de la reine de Marc. La reine accepte, et la princesse et sa servante Brangwayn se mettent en route pour la Cornouaille. La reine a donné à Brangwayn un philtre d'amour spécial, qu'Isolde/Iseult et Mark doivent boire lors de leur nuit de noces, mais par erreur (ou à dessein), c'est Tristan qui boit le liquide magique. Inévitablement, Tristan et Iseult tombent follement amoureux et, à la cour du roi Marc, ils recourent à diverses tromperies pour rester ensemble. Tristan finit par quitter la Cornouailles pour se mettre au service du roi Hywel de Bretagne, où il rencontre et épouse une seconde Iseut (Iseut des Mains Blanches). Cependant, la première Iseult supplie Tristan de revenir, ce qu'il fait, et il est tué par le roi Marc, en colère, qui a découvert la vérité sur leur liaison.

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"Il y a plus de saints en Cornouailles qu'au paradis", dit un vieil adage cornouaillais. Certains affirment même - sans grand fondement - que la Cornouailles était le centre du celto-christianisme au début du Moyen-Âge et que c'est de là qu'a été influencé le christianisme de la Grande-Bretagne, du Pays de Galles, de l'Écosse et, surtout, de l'Irlande, le grand centre culturel chrétien du début de l'ère médiévale.  Cependant, l'histoire atteste que la Cornouailles est devenue chrétienne précisément avec l'arrivée de moines irlandais qui s'étaient installés dans le royaume gallois voisin de Demetia, et que ce sont des moines irlandais et gallois qui ont évangélisé la Cornouaille.  Saint Piran, le saint patron de la Cornouaille, était un moine breton - rappelons qu'il s'agit d'une terre peuplée de Gallois et de Corniques - qui est venu en Cornouailles depuis un monastère gallois.  Le drapeau de Cornouailles (croix blanche sur fond noir) était son emblème.

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Le monastère de St Michael's Mount (en cornique, Karrek Loes y'n Koes, littéralement "rocher gris dans la forêt") est un point de repère obligatoire de la chrétienté médiévale en Cornouailles. Il ressemble beaucoup à son homonyme marquant la frontière entre la Normandie et la Bretagne, dont il dépendait. Le nom cornique fait référence à une époque antérieure où le niveau de l'eau était plus bas et où il s'agissait d'une colline entourée de forêts et rattachée à l'île de Bretagne ; aujourd'hui, elle est séparée par un court espace de mer, que l'on peut parcourir à pied lorsque la marée le permet. À l'époque préchrétienne, il s'agissait d'un important comptoir commercial pour l'étain. Pour le visiter, il faut prendre le train jusqu'à Penzance (Pensans en cornique), à la pointe sud-ouest de la Grande-Bretagne, et emprunter la promenade qui mène directement à la colline. En face se trouve la petite ville de Marazion (Marhasyow en cornique).

icravemages.jpgToujours dans le domaine des signes identitaires, le crave à bec rouge est un symbole de la Cornouaille, appelé en cornique "palores", "chough", et parfois dans la littérature "the spirit of Cornwall" (l'esprit de la Cornouaille).  Pendant un certain temps, les Cornouaillais eux-mêmes ont été appelés chough en référence à cet oiseau typique de leurs côtes.

Du comté au duché de Cornouailles

En 1066, les Normands, des Vikings installés en France depuis le 10ème siècle, arrivent en Angleterre sous le commandement de Guillaume le Conquérant, qui sera victorieux dans sa conquête du trône d'Angleterre. La nouvelle aristocratie normande prend le pas sur l'aristocratie anglo-saxonne. Au Pays de Galles et en Cornouailles, la conquête par ces châtelains normands, la domination sur la population celte locale, donne le pouvoir à une couche superficielle de dirigeants, occupant les châteaux.

La Normandie - répétons-le - est née lorsque le roi franc Charles III a cédé un important territoire dans le nord-ouest de la France au chef viking danois Rollo, qui s'est établi comme duc, en échange de la protection du royaume franc contre les incursions d'autres Vikings, principalement norvégiens. Guillaume, duc de Normandie, est un descendant de Rollo et la Normandie sur laquelle il règne comprend la Bretagne. Guillaume aspire au trône d'Angleterre et lorsqu'il planifie l'invasion, de nombreux nobles bretons, descendants des Cornouaillais et des Gallois qui s'étaient installés dans cette région pour fuir la conquête anglo-saxonne, s'enrôlent dans les troupes de Guillaume dans le but de retrouver les terres dont ils ont été chassés par les Anglo-Saxons. La victoire des Normands à la bataille de Hastings sur les Anglo-Saxons et l'installation du roi normand Guillaume le Conquérant sur le trône d'Angleterre ont donné un nouvel élan aux relations entre la Cornouaille, le Pays de Galles et la Bretagne, et Guillaume le Conquérant a été considéré comme une sorte de roi Arthur retrouvé. À cette époque, la langue cornique connaît une nette avancée territoriale.

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En 1173, la dynastie Plantagenet - fondée par Guillaume le Conquérant - établit le comté de Cornaulles, dont une grande partie des barons et de la noblesse étaient celto-cornouaillais. En 1337, le roi anglais Édouard III a fait du comté un duché - un statut noble qu'il conserve encore aujourd'hui.  Les conquérants normands considéraient la Cornouailles et le Pays de Galles comme distincts de l'Angleterre et, même sous la souveraineté du monarque anglo-normand, comme des territoires autonomes et autogérés, virtuellement indépendants, à l'exception des liens logiques de soumission à la couronne.

Les Tudors

Les Cornouaillais ont ouvertement soutenu l'accession d'Henri VII Tudor au trône d'Angleterre. En effet, la dynastie des Tudor (Tudur en gallois) était d'origine celte et galloise et les Cornouaillais se sont toujours identifiés à elle. L'accession d'Henri au trône a suivi la guerre civile entre deux branches de l'aristocratie anglo-normande: la rose blanche des York et la rose rouge des Lancastre. De nombreux Cornouaillais et Gallois ont vu dans l'accession au trône d'Angleterre de "l'un des leurs" une renaissance du mythe arthurien, l'ancienne Britannia étant à nouveau placée sous la souveraineté d'une maison royale celtique. Ils y voyaient le premier acte du "projet britannique" - la résurrection politique de la Grande-Bretagne celtique qui avait été soumise par les envahisseurs anglo-saxons.

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Henri VII était un adepte convaincu de ce projet celtique britannique. Gallois d'origine, il revendique le droit de dominer toute l'île de Grande-Bretagne, dans un projet politique qui fait référence à la récupération de l'île entière des Celto-Britons (qui comprenaient les anciens Pictes écossais). Avant sa victoire suite à la guerre des Deux-Roses, Henri VII s'exile en Bretagne, où il approfondit sa conscience celtique. À son retour, lors de la bataille contre Richard III d'York, Henri VII brandit le dragon gallois comme bannière et bénéficie d'un soutien massif de la part des Gallois et des Cornouaillais. Henri VII rappelle son fils aîné Arthur et lui accorde le duché de Cornouailles, traite ses sujets gallois et cornouaillais (qu'il considère comme supérieurs aux Anglais anglo-saxons) de manière préférentielle, et envoie son ambassadeur Richard Edgcumbe en Irlande, en Écosse et en Bretagne pour renforcer les alliances et les pactes pan-celtiques.

D'autre part, Henri VII entame ce que l'on appelle la "révolution gouvernementale des Tudor", c'est-à-dire la mise en place progressive d'un système administratif, économique et fiscal dans l'ensemble de son royaume. Ces politiques fiscales centralisatrices se heurtent à l'opposition de nombreuses régions d'Angleterre, dont le duché de Cornouailles, et Henri VII et les Tudors successifs n'hésitent pas à sévir.

Le membre le plus connu de la maison Tudor et l'un des monarques anglais les plus importants de l'histoire a succédé à Henri VII sur le trône: Henri VIII, connu pour avoir rompu avec l'Église catholique de Rome et instauré l'anglicanisme protestant en Angleterre. Henri VIII partage les conceptions celto-britanniques de son père; le jour de son couronnement (1509), les chevaux sont ornés des armoiries de ses possessions, l'Angleterre, (une partie de) la France, la Gascogne, la Guyenne, la Normandie, l'Anjou, l'Irlande, le Pays de Galles et la Cornouailles (ces deux dernières étant considérées comme distinctes de l'Angleterre). Tout changea lorsque Henri VIII prit la mesure la plus importante de ce processus de "révolution gouvernementale des Tudor", à savoir la création de l'Église d'Angleterre et son implantation dans tout le royaume. La Cornouailles étant une région à forte religiosité catholique traditionnelle, la réforme n'a pas été bien accueillie et - comme mentionné supra - après l'Acte d'uniformité, la fille d'Henri VIII, Elizabeth I Tudor, a voulu imposer un livre de prières unifié en langue anglaise, ce qui était étranger à la plupart des habitants de Cornouailles à l'époque. Les rébellions de Cornouailles et du Pays de Galles - où, comme toujours, la situation est similaire - sont écrasées par l'armée royaliste. Les pertes ont été lourdes, mais la Cornouailles a continué à bénéficier d'une forte présence catholique jusqu'au 17ème siècle. Bien que l'anglicanisme se soit imposé au fil du temps, la détérioration des relations commerciales entre la Cornouailles et l'Espagne et le rôle croissant de la Cornouailles en tant que point stratégique de commerce et d'expédition pour l'Angleterre ont été des facteurs déterminants. C'est ainsi qu'a débuté un processus d'anglicisation qui a affecté la Cornouailles sur les plans politique, économique, culturel et, surtout, linguistique.

Les Cornouailles pendant la guerre civile anglaise

Ce conservatisme traditionnel des Cornouailles - religieux et politique - signifie que lorsque le révolutionnaire puritain Oliver Cromwell et le Parlement anglais se sont révoltés et ont déclaré la guerre au monarque Charles Ier - de la dynastie des Stuart, qui a succédé à la dynastie des Tudor sur le trône d'Angleterre - les Cornouaillais se sont clairement rangés du côté du roi. Seule une petite minorité de Cornouaillais s'est rangée du côté du Parlement et a traversé la rivière Tamar - la frontière entre les Cornouailles et le Devon - pour s'installer dans la capitale du Devon, Plymouth, un important bastion puritain. C'est précisément de Plymouth qu'est parti le célèbre Mayflower, chargé de puritains anglais, qui allaient être les pères fondateurs des États-Unis, puissance idéologiquement née de l'arrivée de ces puritains. Il est curieux de constater que Plymouth est l'une des rares villes européennes où Jehovah figure dans la légende de ses armoiries municipales, "Turris Fortissima est nomen Jehovah".

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Ci-dessus, un "Roundhead" puritain de la "New Model Army" de Cromwell; en-dessous, "Cavaliers" de l'armée royaliste.

Le mot "puritain" - qui n'a rien de moral - fait référence à l'idée de maintenir la religion protestante "pure", à la fois dans son essence biblique et dans son opposition absolue au catholicisme. L'armée fondée par Cromwell, la New Model Army, plus connue sous le nom de Roundheads, considérait les Gallois, les Cornouaillais et les Irlandais comme des "païens" et le degré de répression était brutal. Le génocide irlandais aux mains de Cromwell a atteint des proportions effrayantes.

Finalement, les royalistes gagnèrent la guerre et la monarchie fut restaurée en la personne de Charles II Stuart. À cette époque, l'économie des Cornouailles connaît une expansion majeure, combinant la pêche, l'exploitation minière et le transport maritime.

Encore une fois, le projet "britannique"

En 1707, les parlements d'Écosse et d'Angleterre - qui englobent le Pays de Galles et les Cornouailles - signent l'Acte d'Union, qui parachève l'union des deux couronnes sous la dynastie des Stuart, d'origine écossaise. Cette union donne naissance à une nouvelle entité politique qui englobe les deux signataires et qui prend le nom de Grande-Bretagne. D'une certaine manière, elle renoue avec le "projet britannique" des Tudors et d'Henri VIII, mais l'axe idéologique est désormais différent : il repose sur le protestantisme et sur l'expansion maritime et commerciale.

La Cornouailles jouera également un rôle de premier plan dans cette renaissance du "projet britannique", mais cette fois dans le cadre de nouveaux paramètres idéologiques et économiques éloignés de l'actualisation politique du passé celto-britannique.

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Exploitation minière, méthodisme et émigration

Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'importance de la pêche dans l'économie cornouaillaise cède progressivement la place à l'exploitation minière.  L'exploitation minière et la Cornouailles sont devenues presque synonymes - la situation était également très similaire au Pays de Galles.  Le cuivre, utilisé principalement pour fabriquer du fer-blanc et dont la demande a connu une croissance exponentielle dans le monde entier, a joué un rôle particulièrement important dans l'exploitation minière.

L'exploitation minière a eu un impact considérable sur l'imaginaire collectif, l'identité et la vie quotidienne des Cornouaillais. Les Cornouaillais étaient très fiers de leur réputation de mineurs. Associé à l'exploitation minière, le méthodisme - une variante protestante - a connu une grande expansion en Cornouailles, en mettant l'accent sur la solidarité et le soutien mutuel, des valeurs étroitement liées à l'activité et à la culture minières.  Alors que le méthodisme est fort dans la sphère religieuse, le parti libéral gagne en importance dans la sphère politique.

Associés à ce sentiment politico-religieux et à leur expertise de mineurs, les Cornouaillais ont émigré en grand nombre au cours du 19ème siècle vers des territoires tels que l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud riche en diamants et la Californie lors de la ruée vers l'or, où ils ont joué un rôle de premier plan dans l'activité minière. De nombreux mots cornouaillais liés à l'exploitation minière sont passés en anglais : costean, gunnies, vug.

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Une langue qui survit

Nous avons déjà évoqué l'impact négatif de l'incompréhensible livre de prières en langue anglaise en Cornouailles. Le cornique a été fortement soutenu par l'Église catholique pendant tout le Moyen-Âge. Ajoutons que la rébellion des Cornouaillais contre Élisabeth I et sa volonté d'imposer ce livre unifié de prières et de chants en anglais - et non de le traduire en cornouaillais - a eu un impact significatif et négatif sur la langue: non seulement les Cornouaillais ont été obligés d'apprendre et d'utiliser l'anglais - même si, au début, ce n'était qu'à l'église - mais, fait grave et décisif, le cornouaillais est resté une langue hostile à la réforme et au pouvoir de la reine, avec tous les problèmes que cela entraînait pour l'usage normal de la langue. Le déclin du cornique a été vertigineux et, en 1800, il avait pratiquement disparu en tant que langue résiduelle de quelques locuteurs dans l'extrême sud-ouest du pays. Cependant, à la fin du 20ème siècle, l'enthousiasme des Cornouaillais pour récupérer leur langue a eu des effets importants, et des niches ont été récupérées pour cette ancienne langue celtique, qui est maintenant enseignée dans les écoles primaires du pays en tant que matière facultative. C'est le seul moyen de la maintenir en vie. Elle est encore bien en deçà de la "normalité".

La Cornouailles a produit d'illustres écrivains de langue anglaise tels que Silas Hocking, les poètes John Betjeman et William Golding, lauréat du prix Nobel. C'est également en Cornouailles qu'ont été écrits L'auberge de la Jamaïque de Daphne du Maurier, filmé par Alfred Hitchcock, et Le siège de la ferme de Trencher de Gordon Williams, filmé par Sam Packinpah sous le titre Chiens de paille.

Vers un renouveau de la Cornouailles

Le déclin de l'industrie minière depuis le milieu du 20ème siècle, ainsi que le déclin de l'agriculture et de la pêche, ont entraîné un appauvrissement général de la région, qui a été inversé ces dernières décennies par la nouvelle "industrie nationale": le tourisme. Les Cornouailles sont devenues une destination estivale de luxe pour les classes aisées anglaises et une destination de plus en plus populaire dans toute l'Europe. Il ne fait aucun doute que les Cornouailles ont tous les atouts pour devenir une destination incontournable, quels que soient les critères retenus.

Le rétablissement et la renaissance modérée de la langue doivent être considérés dans le contexte d'une renaissance de la langue cornique, qui remonte à 1904, lorsque Henry Jenner a publié A Handbook of the Cornish Language (Manuel de la langue cornique). Ces efforts culturels ont été déployés simultanément dans la capitale, Turo, et dans les régions les plus occidentales du pays.

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Après la Seconde Guerre mondiale, l'identitarisme cornouaillais est passé de la sphère purement culturelle à la sphère politique, avec le rôle du parti Mebyon Kernow (Fils de Cornouailles), qui s'est scindé en 1969 pour devenir le Cornish National Party. À la fin des années 1990, la Cornouailles a obtenu le statut de région au sein de l'UE et, en 2002, le cornique a été officiellement reconnu par le gouvernement britannique. Nous espérons et souhaitons que tous les mouvements visant à préserver la langue et la culture de cette ancienne identité celtique et européenne s'intensifieront au cours des prochaines décennies et que la Cornouailles continuera d'être l'une des identités vivantes qui forment et enrichissent le patrimoine historique et culturel européen.

 

A lire également sur ce site:

Dr. Bernard Tomaschitz, "Les Corniques obtiennent le statut de minorité nationale", http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/07/25/les-corniques-obtiennent-le-statut-de-minorite-nationale.html - 25 juillet 2014.

Richard Lawson, "Destin et identité des Cornouailles", http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2009/02/05/destin-et-identite-des-cornouailles.html - 05 février 2009.