mardi, 22 octobre 2013
Vers un chasseur russo-brésilien?
Résilience de la NSA ...
Vers un chasseur russo-brésilien?
Ex: http://www.dedefensa.org
Ce qui paraît à la fois logique et inévitable depuis le début des sidérantes aventures de la NSA au Brésil, révélées par Greenwald & Cie, se concrétise. Les premiers jalons sont posés pour une éventuelle coopération entre le Brésil et la Russie pour un avion de combat, disons russo-brésilien, qui pourrait être considéré à partir de l’hypothèse d’un développement du modèle russe de cinquième génération (le Soukhoi T-50, programme russe avec déjà une coopération indienne), ou d’une extrapolation de ce programme. La chose (l’exploration d’une coopération) a été dévoilée après une rencontre entre le ministre russe de la défense et le ministre brésilien de la défense. Le ministre russe a fait une visite fructueuse en Amérique du Sud, continent d’ores et déjà antiaméricaniste où la Russie voudrait renforcer ses ventes stratégiques d’armement. De façon plus concrète pour un autre domaine, la rencontre au Brésil devrait déboucher sur la finalisation, début 2014, d’un contrat entre le Brésil et la Russie pour un ensemble de missiles sol-air pour une valeur annoncée de un $milliard, avec transfert de technologies.
Pour ce qui concerne l’avion de combat, une dépêche AFP du 16 octobre 2013 dit ceci, en y ajoutant un cas hors-domaine où un geste des Russes pourrait faire avancer le dossier : «Brazil said Wednesday it hopes to develop state-of-the-art combat aircraft with Russia, and purchase surface-to-air missile batteries from Moscow. [...] “We are very interested in discussing projects relating to fifth generation (combat) aircraft with new partners,” Defense Minister Celso Amorim told reporters after talks here with his Russian counterpart Sergei Shoigu. “The issue was mentioned as a basis for discussion, but it is for the medium term.” [...]
» [Shoigu] stop in Brazil also coincides with Rousseff pressing for the release of a Brazilian biologist detained in Russia along with 29 other Greenpeace activists after protesting Arctic oil drilling. Ana Paula Maciel was one of 30 activists from 18 countries arrested by Russia in late September and charged with piracy after authorities said they had found “narcotic substances” on the Dutch-flagged Arctic Sunrise, used in their protest.»
La même dépêche mentionne évidemment le contrat actuellement en cours, pour 36 avions de combat pour le Brésil, dits de “quatrième génération”. (Ce concept de “générations” est douteux dans sa signification opérationnelle. Son développement argumentaire constitue plus une manœuvre de relations publiques des USA d’il y a quelques années, pour verrouiller le JSF dans la présentation de son exceptionnalité supposée. L’exceptionnalité du JSF est d’ores et déjà admise, dans le domaine de la catastrophe technologique proche de l’impasse bien entendu, mais le mythe de la “génération” comme facteur rupturiel de progrès survit, de la quatrième des chasseurs actuels à la cinquième des chasseurs nouveaux “du futur”. L’argument de RP s’insère du fait de la catastrophe-JSF dans l’image d’un mythe de plus en plus érodé et de plus en plus contestable, cela dans un contexte de mise en cause générale de la fiabilité fondamentale de l’avancement technologique à ce stade, voire d'une impasse pure et simple du technologisme.)
Le contrat 36 avions/4ème génération a connu bien des vicissitudes. Le Rafale était en 2009 un énorme favori, quasiment choisi selon une cohérence française stratégique prometteuse où même la Russie était incluse (voir le 4 septembre 2009) ; il devint bientôt un favori perdu et sans doute sans plus aucune chance à cause de l’effondrement du sens stratégique indépendant de la France (voir le 24 mai 2011). Le F-18 lui a succédé comme favori, selon la logique habituelle des pressions US sur une nouvelle présidente (Rousseff), soucieuse d’améliorer ses relations avec les USA. Tout cela été pulvérisé par la crise Snowden/NSA, touchant d’abord directement le F-18 (voir le 13 août 2013), puis, d’une façon radicale, les relations du Brésil avec les USA (voir le 25 septembre 2013).
... Ainsi tiendra-t-on les assurances du ministre brésilien de la défense sur la poursuite de ce contrat plutôt comme un vœu pieux de l’establishments militaire brésilien que comme une prévision assurée. D’ailleurs, la partie américaniste, comme indiqué également ci-dessous, ne prend plus de gants pour signifier sa position désespérée.
«Amorim said he hoped the fourth-generation aircraft bidding process would be “finalized soon.” But Boeing's bid to win the contract appears to have been damaged by reports of extensive US spying on Brazil. The allegations, based on documents leaked by fugitive US intelligence analyst Edward Snowden, led President Dilma Rousseff to cancel a state visit to Washington, putting Boeing's bid on hold, Boeing Brazil chief Donna Hrinak said last week. “The postponement of the visit means that any progress about the issue (aircraft contract) was also postponed,” Hrinak, a former US ambassador to Brazil, said during a seminar on the Brazilian economy.»
En effet, la perspective de ce contrat 36 avions de combat/quatrième génération nous paraît extrêmement réduite. Elle est aujourd’hui réduite de facto au seul Gripen si l’on tient compte de l’effondrement successif probable des offres Rafale et F-18. Un tel achat d’un avion suédois tenu par des contraintes US draconiennes interdisant tout transfert de technologies sur près de 50% de l’avion (moteurs et électronique sont US) n’a plus guère de sens politique ni industriel dans le contexte actuel, alors que le Brésil est dans une position socio-économique tendue, avec une agitation de rue qui rend impopulaire toute dépense publique qui n’est pas vitale. Bien entendu, le climat politique général (la Suède est dans le bloc BAO et sous obédience US affirmée) est un facteur très important allant contre ce choix. Bref, c’est tout le marché des 36 avions de combat/quatrième génération, entièrement appuyé sur des offres du bloc BAO alors qu’il était au départ diversifié par la perception d’une stratégie française indépendante, qui est menacé d'effondrement par la politique du bloc BAO.
La démarche russe a ainsi tout son sens et sa logique, et la probabilité est que le contexte politique va pousser au développement de l’examen du projet envisagé, sinon à son accélération, le moyen terme pouvant notablement se raccourcir. Le vrai problème est d’ordre de la politique industrielle. Le programme russe de cinquième génération, le T-50, est largement orienté vers une coopération avec l’Inde, avec les transferts de technologie qui vont avec, et déjà largement avancé. Le Brésil pourrait-il s’y insérer ? Pourrait-on envisager une version spéciale de coopération pour le Brésil, ou une coopération à deux passant à trois ? La politique dit “oui”, d’autant qu’il s’agit de trois pays-BRICS et que la Russie veut donner une dimension stratégique au BRICS. Les domaines industriel et technologique, avec une bureaucratisation touchant parfois à la paralysie (surtout dans le cas de l’Inde) suggèrent bien plus de réserves alors qu’un tel domaine de la coopération à ce niveau nécessite une très grande souplesse. Plus encore, les problèmes fondamentaux de blocage technologique des projets avancés, illustré magnifiquement par le JSF, jettent une ombre universelle sur tous les projets de cet ordre. Quoi qu’il en soit, il reste que la question est non seulement posée mais ouverte.
Elle est aussi ouverte que la question précédente semble se fermer. La question qui concernait la pénétration stratégique du Brésil par un pays occidental au travers du contrat de quatrième génération actuellement en discussion, semble effectivement avoir obtenu une réponse catastrophique. L’orientation politique des pays concernés ayant évolué vers le standard bloc BAO, on a pu mesurer la profondeur de la catastrophe de la politique française avec Sarkozy à partir de 2009/2010, avec Hollande suivant fidèlement ces traces. Il n’y a guère de commentaire à faire devant l’évidence du constat, sinon à observer une fois de plus que l’“intelligence française” est capable d’accoucher en période de basses eaux son double inverti absolument radical, dans le chef de l’aveuglement et de la fermeture de l’esprit. Quant à la partie américaniste, l’aventure en cours de la désintégration de la NSA, avec ses effets collatéraux colossaux dont celui du Brésil est le fleuron, ne fait que confirmer dans le sens du bouquet de la chose la constance d’un aveuglement qui doit tout, lui, à la sottise profonde d’une politique US de brute force malgré les atours du soft power dont elle prétend se parer (voir le 9 octobre 2013).
Cette affaire des chasseurs brésiliens est exemplaire, quatrième et cinquième générations confondues, ou même sixième pour les experts rêveurs qui pensent, les braves gens pleins d’espoir, à la situation d’ici 10-15 ans... Elle est exemplaire de l’effondrement de la politique de la civilisation occidentale prise comme un bloc (bloc BAO), et dans un temps incroyablement court. Elle est exemplaire aussi de l’affirmation diversifiée et très puissante, et aussi rapide, des pays qu’on a peine à qualifier encore d’“émergents”, notamment les BRICS, et la Russie et la Brésil dans ce cas, dans ce cadre spécifique des renversements politiques. Elle est exemplaire enfin, – cela ne peut être dissimulé car c’est finalement le principal, – de la rapide détérioration de tous les attributs de la “contre-civilisation”, que ce soit les conditions stratégiques, le technologisme, les conditions courantes de la “gouvernance”, etc., et cela aux dépens des principaux producteurs de la chose (le bloc BAO) mais aussi des autres (y compris les BRICS), l’ensemble du monde étant simplement confronté à la réalité terrible d’un effondrement civilisationnel sans aucun précédent historique dans son ampleur et sa rapidité.
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Clément Rosset: Faits divers...
Faits divers...
Les Presses universitaires de France viennent de publier Faits divers, un recueil de textes de Clément Rosset. Philosophe du réel tragique et joyeux, Clément Rosset est notamment l'auteur de La philosophie tragique (PUF, 1960), Logique du pire (PUF, 1971), L'Anti-nature (PUF, 1973) , Le réel et son double (Gallimard, 1976), La Force majeure (Éditions de Minuit, 1983) ou de Principes de sagesse et de folie (Éditions de Minuit, 1991).
" Gilles Deleuze, les vampires, Emil Cioran, Samuel Beckett, le dandysme, Friedrich Nietzsche, Raymond Roussel, Casanova, Arthur Schopenhauer, Jean-Luc Godard, Goscinny & Uderzo, Jean-Paul Sartre, Hugo von Hofmannsthal. Le réel, le double, l’illusion, le tragique, la joie, la musique, la philosophie, la politique, le péché, l’enseignement. Faits divers sont les miscellanées de Clément Rosset : le répertoire désordonné et jubilatoire de ses passions et de ses dégoûts, de ses intérêts et de ses bâillements, de ses tocades et de ses coups de sang – ainsi que de la prodigieuse liberté de ton et de pensée avec laquelle il les exprime et les pense. Un des philosophes, un des écrivains les plus singuliers de notre temps revisite les coulisses de son œuvre. Et vous êtes invités. "
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Propedeútica a un mundo multipolar o la Tercera Guerra Mundial
Por Dr. Sebastián Ballesteros Walsh* - El Espía Digital
Ex: http://paginatransversal.wordpress.com
Archive: novembre 2012
Las calles del Imperio
Washington DC, como Roma, Londres, o París o San Petersburgo, es majestuosa ciudad imperial, desde la idea urbanística, el diseño arquitectónico de sus edificios públicos, sus Museos y Ministerios y Bancos, pulcros parques y jardines y los miles de cerezos que florecen en abril, con un toque de millonaria policromía japonesa, contrastada con los verdes de la frondosa vegetación perenne.
Es una hermosa ciudad, si prefiere Georgetown o vivir en los barrios de la periferia, lo suficientemente lejos de la Casa Blanca, el Capitolio y el corazón urbano del Distrito de Columbia, una zona delincuencial verdaderamente peligrosa, que lo pueden despojar de sus bienes en un santiamén y por la corrupción que se ha enseñoreado del Congreso, dominado por los lobbies de Nueva York, la verdadera capital del Imperio, que han despojado de sus libertades y de sus bienes a la mayoría de los norteamericanos, y consentido guerras injustificables.
Envuelta en la cautivamente e hipnótica parafernalia presidencialista de la marcha Heil to the Chieff, paradójicamente una de las metrópolis con mas alta mortalidad presidencial por atentados, solo comparable con la Roma decadente, de pretores, degenerados y lunáticos. Los mitos aglutinantes del Imperio y de su Pax Americana, imagen del faro luminoso que guía a la humanidad por la segura ruta de la democracia, manteniendo en alto la flama de la libertad en la Isla de Ellis, el libre comercio, los derechos humanos y todas las libertades de la Constitución, que fue modelo de las Constituciones liberales de las Naciones Latinoamericanas, traerían progreso, abundancia y prosperidad, pero las copias no han funcionado, al menos no para todos.
El trabajo sí es para todos pero, al final la tajada de león es sólo para banqueros, plutócratas, usureros y sus legiones de eficientes abogados y contadores, directores de medios masivos obsecuentes, y la renovada clase de ciertos generales y almirantes, incompetentes y corruptos, trepadores en las estructuras de poder—- ascendieron lejos de la línea de fuego, centrados en sus carreras políticas más que en el destino de la nación, que no decir de sus propias armas—, puestos a su servicio desde de su retiro temprano con jugosas pensiones, para ascender al Directorio de Corporaciones, las puertas del verdadero poder que domina al Imperio, previas voluntarias concesiones de conciencia hasta quedar como lujosos instrumentos del verdadero poder sin alma, con bonos, acciones y cuentas de cheques.
Distantes e ignorados, los combatientes de la línea de fuego, generales brillantes, oficiales comprometidos y soldados valientes, que sudan, sangran y sufren en lejanas guerras incomprensibles, caprichosas, donde domina el espíritu aniquilador de Hiroshima, Dresde, Nagasaki y Hamburgo. Las legiones están cansadas, desmoralizadas y asqueadas de haber cambiando de branding, de bravos y patriotas, a criminales, sicarios y asesinos seriales.
Si Ud no se ha percatado, la Estatua de la Libertad, símbolo del nuevo mundo, tiene la cabeza hueca como lo es el resto del monumento donado por la Francia de la Revolución y la guillotina. Bajo su antorcha millones han llegado para compartir un sueño, el sueño americano que toca a su fin. Hoy los inmigrantes pasan a ser los villanos inasimilables de Samuel Huntington, el placebo de enemigo necesario para justificar un clima paranoico de guerra interna, la sociedad de la vigilancia electrónica, el dominio del protector Hermano Mayor, el sueño cumplido del suicida Arthur Koestler en 1984. No hay guerra sin enemigo agresor, por eso es necesario inventarlo, fabricarlo, aderezarlos con todos los ingredientes truculentos de la maldad y la sevicia amenazante, e inminente, para entregar con cuentagotas rebanadas de libertad a cambios de una mítica seguridad evasiva siempre amenazada.
Y claro serán los hispanos, morenos y mestizos, el blanco preferido de la propaganda de guerra del Ministerio de la Verdad, encarnada en CNN y en Fox, para demonizar al inmigrante inasimilable porque habla español, ama su familia y su terruño y ora a la Virgen de Guadalupe, casus belli declarado Huntington dixit. Los mexicanos, Osama Bin Laden y Al Qaeda, son los fantasmas que agita la propaganda de guerra para devorar libertades y aumentar presupuestos de guerra y de seguridad, clima mental de paranoia, violencia, distractores eficaces del problema real que enfrenta el Imperio.
El Almirante Mullen, Jefe del Comando Conjunto de las FFAA de USA, declaró sin ambages que el peor enemigo de la seguridad nacional de su país, no era Al Qaeda, sino la burbuja especulativa inmobiliaria gestada por la usura de la Calle del Muro, el otro muro. Pues 40 millones de hipotecas tóxicas, tienen en vilo o en la calle a otras tantas familias, 20 millones de desempleados, 50 millones de adictos que no pueden vivir una semana sin drogas, el déficit fiscal trillonario, el dólar sobrevaluado en un 20%, el riesgo de la recesión, y un país en una larga guerra by proxy, que puede sufragar hipotecando el futuro de generaciones nonatas de nietos y bisnietos. Estos son en conjunto indicadores precisos de que el Imperio unipolar más poderoso en la historia de la humanidad, esta tocado en la línea baja de flotación. Pero un pueblo guerrero, con la maquinaria militar mas avanzada y los recursos tecnológicos impensables, el control de los siete mares, del espacio y las 1000 bases en todo el mundo, guerras en 30 países, 120 mil contratistas privados en Afganistán y otros tantos en Irak, no se bajará del ring sin pelear.
Por eso en mis cavilaciones, me pregunto qué dilemas pasan por la mente de los políticos que mandan a los militares, para engarzarlos en otra guerra mas, en donde tienen mas que perder que ganar, sólo para servir a la minoría fanática que dirige a Israel, poniendo en riesgo la seguridad del pueblo judío todo, en el umbral de un Holocausto nuclear.
¿Cómo dejar Afganistán e Irak retornando las legiones de combatientes sin haber ganado nada? ¿Cómo dejar ahora al África del Norte y Central, en el caos provocado por la guerra de intervención contra el Coronel Gadafi y contra Libia que recuerda al Congreso de Bruselas de fines del siglo XIX en que los imperios se repartieron las colonias como lo harían después en Versalles? ¿Cómo seguir adelante con la destrucción de Siria paso previo a una desastrosa intervención militar contra Irán?. ¿Cómo soslayar que el nuevo Versalles del Medio Oriente diseñado por los tanques de cerebros del occidente plutócrata, no sea el mapa para reproducir después y pronto en América Latina, empezando con México, convertido en proconsulado, víctima de una violencia importada desde el Norte, ocupando con mil excusas humanitarias y ambientales, los espacios vacíos de la región, los Petenes, la Amazonia y la Patagonia? ¿Cómo no elevar el grado de alerta con probables movimientos secesionistas en el Sureste Mexicano, en el Soconusco sobre el Pacífico, en Guayas en Ecuador, en los llanos venezolanos, en Santa Cruz de la Sierra y en el Paraguay?. ¿Qué reacción esperar de Brasil cuando el Comando de la Cuarta Flota reactivada desde después del fin de la Segunda Guerra Mundial declara que navegarán por aguas turbias, clara definición de la Amazonia, al mismo tiempo que la UE y la OTAN solicitan su internacionalización pues Brasil no podría administrar ese pulmón de la humanidad? Tanta generosidad del Imperio es realmente embargante.
Si Mitt Romney declara que el enemigo es Rusia, esto es el retorno a la Guerra Fría, es perfectamente congruente con el pensamiento estratégico neocons. Después de la caída del Muro de Berlín, el cambio de la doctrina de Guerra norteamericana que declara la legalidad del ataque estratégico preventivo—al demonio con la jurisprudencia del Tribunal Militar de Núremberg y con los ejecutados por crímenes de guerra — tira por la borda todos los avances de desarme nuclear, y provoca el rearme de Rusia.
El Imperio contrataca: la instalación de sistemas misilísticos en el Centro de Europa, sólo significa la capacidad instalada para abatir la segunda ola de misiles desde Rusia, si ésta es atacada por la OTAN, no por Irán. La base militar en Darwin Australia, retrotrae la historia a la Segunda Guerra Mundial, en un clima de asedio y contención contra la Republica Popular China, a la que el Asesor de NSA ha declarado el enemigo a aislar en el Lejano Oriente.
El Imperio tiene las tasas mas altas de generales y almirantes por soldados que cualquier fuerza armada de la tierra, y el Departamento de Defensa se ha convertido en un burocracia infernal con 2 millones de empleados en todo el mundo, y en el mayor terrateniente global, superando las aspiraciones de Donald Trump o Ted Turner o (el mexicano de origen libanés) Carlos Slim (el hombre más rico del mundo según revistas especializadas).
Washington DC con todo su glamour atractivo para incautos, es una vanidosa galería de espejos, de pasadizos traseros del poder, por donde caminan presurosos hombres y mujeres talentosos, dispuestos a prestar servicio a los lobbies, dejando en su idílica caja fuerte hogareña, los restos de conciencia, valores y principios éticos WASP a buen recaudo.
Washington es el escaparate del poder imperial, es la rama ejecutiva, legislativa y judicial, de una democracia de partidos, que ha dejado de ser democrática hace muchas décadas atrás, casi un siglo, cuando los plutócratas tomaron el control del timón de la nación en vías de convertirse en Imperio. Las poderosas maquinarias burocráticas de ambos partidos son tan corruptas, como lo son el Congreso y Senado resultantes, dominados por las aportaciones para sus campañas políticas de los lobbies todopoderosos que se ufanan de tener a congresistas y senadores en su bolsillo. Estas minorías partidistas representan los intereses, creencias y ambiciones del 1% que domina al Imperio, pero no representan en absoluto la voluntad del electorado norteamericano tan arrogante como dócil, tan pendular como ingenuo, al hacerse cómplice activo con un sistema basado en mentiras, verdades a medias, rampante corrupción y perpetuo auto engaño, de seguir las reglas del juego del sistema, incrédulamente creyente de que es el mejor del orbe.
Los candidatos políticamente incorrectos, que los hay en el espectro político norteamericano, que arrastran muchos más de los que desearía la Homeland Security, la nueva onerosa y obesa burocracia represiva del Big Brother, desaparecen por arte de magia de las mass media, víctimas de la ley del silencio y la censura impuesta por las corporaciones que pagan anuncios y los lobbies que actúan como desbastadores ejércitos privados.
Los presidentes llegan al poder mintiendo y mienten deliberadamente. Nixon ganó con los votos conservadores, pero fue uno de los presidentes más liberales de su época. Barak Obama recibió el Premio Nobel de la Paz, -como Henry A. Kissinger, el hombre de los Rockefeller, quien al menos cumplió en entregar el sudeste asiático a la esfera comunista-, pero BO lo recibió en estado de gracia, como premio anticipado, antes de haber pacificado nada. La devaluación de los Premios Nobel, desde que se lo negaran al original Jorge Luis Borges, ha puesto en la vitrina de los cambalaches y las vanidades un premio ignominioso. Una vez en el poder, el presidente demócrata resulto más belicoso, intervencionista y desestabilizador que el joven Bush, fiel al apotegma wilsoniano de la guerra perpetua para la paz perpetua. Las doctrinas, políticas y estrategias de los neoconservadores de Brooklyn, aquellos impetuosos jóvenes judíos trotskistas del 68, transformados en “tanque de cerebros” de las administraciones republicanas, primero volcaron en nuevos odres los viejos vinos de la revolución cultural mundial permanente, continuaron con BO su marcha en todos los frentes de guerra, aceleraron las intervenciones abiertas y encubiertas y azuzaron los conflictos por venir en las zonas geopolíticas de tensión, montados en la administración demócrata.
La dinámica democrática
Miente, gana votos y después en el poder haz exactamente lo contrario a lo que has prometido, al cabo dispones de legiones de cerebros capaces de justificar cualquier tropelía, asesinato, tortura, invasión, bloque o destrucción de una nación colocada en la lista negra del Imperio. Al cabo es un empleado de lujo, pero fiel y obediente CEO del verdadero poder plutócrata, que dirige los destinos del Imperio hacia nuevos espacios, nuevas guerras, nuevos órdenes mundiales, fraguados por el complejo industrial-militar-financiero-usurero, que profetizara infructuosamente el Presidente Dwight Eisenhower.
Los resultados de las elecciones presidenciales norteamericanas, descritas cáusticamente por el místico ruso Alexander Solzhenitsin como una pasajera locura carnavalesca, son realmente irrelevantes, pues la competencia electoral y los debates kabuki entre Romney-Obama sólo son una exhibición publica de sus debilidades y flaquezas, del poder de los lobbies poderosos que dirigen la política exterior norteamericana: quién era más fervoroso sionista—aunque no fuera judío—y quién era más agresivamente belicoso en propagar el nuevo evangelio del globalismo capitalista salvaje que ha de dar nacimiento al Nuevo Orden Mundial, anunciado por el viejo Bush hace mas de dos décadas, propulsado por la Revolución Mundial Cultural.
Sentado en una banca frente al Monumento a Lincoln al final del Mall en el corazón de la capital exotérica del Imperio, las cavilaciones se refrescan con el fluir del rio que toda capital imperial tiene por natura.
Las cavilaciones giran en torno al reordenamiento del mapa político del Medio Oriente, iniciada con la invasión y conquista de Irak, balcanizada sobre líneas étnicas y religiosas, remodelación del divide et impera, al wilsoniano modo versallesco de 1918. Esa remodelación ad hoc a los intereses plutocráticos del Imperio, USA-OTAN, que arrastra una larga costosa y desgastante guerra en Irak y Afganistán, sólo augura más guerra, sufrimiento y muerte.
El primer ensayo fue la intervención en los Balcanes, que culmina exitosamente con el reconocimiento unilateral de Kosovo, el nido de mafiosos, terroristas, tratantes de blancas, fundamentalistas musulmanes y traficantes de drogas, que como modelo a seguir, nos deja pasmados por las contradicciones y la hipocresía del discurso legitimador que justifica la peor atrocidad como los ataques terroristas en Siria perpetrados por mercenarios financiados por Qatar y Arabia Saudita, unos a los salafistas, los otros a la Hermandad Musulmana. Hipocresía similar a la violación de Libia y del África por los aliados de USA, la Francia de Sarkozy, la Gran Bretaña de Cameron y la omnipresente Hillary Clinton.
El primer Versalles fue Iberoamericano
Aconteció a principios del siglo XIX cuando el Barón de Humboldt, después de largo periplo por las Colonias Borbónicas de América Española, comparte información privilegiada con sus amigos Jefferson, Madison, sobre las debilidades y fortalezas de la América Hispana. En su juicio geopolítico y racial, no era bueno para las Colonias Inglesas recién independizadas, tener un poder al sur de sus fronteras que compitiera con fuerza e intereses contrapuestos. Deciden que lo mas sabio seria que la América Hispana se dividiera en tres bloques, mientras contenía al Imperio del Brasil anglófilo costero y periférico.
Entre banquetes, cenas, degustaciones privadas de finos vinos y oporto, se diseñó la política de divide et impera para América Latina, antes que iniciaran los procesos de independencia de la España invadida por Napoleón Bonaparte, al desaparecer la autoridad de los Reyes Borbones, calamidad de una casa reinante decadente. El ministro especial norteamericano en América del Sur primero y en México después, Joel Poinsett, sembraría de logias masónicas yorkinas anticatólicas y antiespañolas, jacobinas virulentas, que darían origen a las sangrientas guerras civiles que desgarraron la región por más de un siglo. Y el resto, lo hicieron los caudillismos hasta quedar pulverizadas en veintitantas republicas, exangües y desangradas, económicamente en quiebra por tanta guerra civil, inspirada desde fuera, mientras el Imperio de Brasil, después Republica, permaneció unido y es hoy un obstáculo geopolítico para el Imperio.
América para los americanos
Enunciada en 1820, era en realidad América para los norteamericanos. La construcción veterotestamentaria del Destino Manifiesto, inspirada en las más semitizadas corrientes puritanas escocesas en las Colonias Inglesas del Este, es el antecedente teológico de las guerras de conquista inspiradas por los neocons hebreos de Brooklyn, los cristianos evangelistas sionistas, y los católicos sionistas como el Vicepresidente Biden, el lobby poderoso AIPAC y los fundamentalistas sionistas en el poder en Israel.
Es equívoco confundir el Dios lo Quiere de las Cruzadas, con el Destino Manifiesto, esto es una expresión teológica de iluminación a un pueblo elegido para que llegara a su tierra prometida, a su paraíso terrenal, al paraíso de los trabajadores de Lenin y Marx, el paraíso capitalista de las bancas neoyorquinas, londinenses, parisinas y frankfurtianas, teología que inspira a los neocons y a los fanáticos sionistas que sueñan con el Gran Israel del Nilo al Éufrates, meta sobre la que avanzan paso a paso sin descanso.
Las Cruzadas terminaron sangrando a la nobleza de la espada, drenando las finanzas de los reinos cristianos, y engordando las bolsas de los prestamistas, usureros de los guetos, de los navieros y financieros venecianos en su propio provecho. Hoy se cocina una nueva Cruzada neocons contra el Islam en general pero en especial contra la Republica Islámica de Irán, impulsada por conversos al catolicismo vaticano como el británico Tony Blair y el norteamericano Greenwich, con la bendición del Vaticano y la colaboración de la fatídica Compañía de Jesús, la decadente orden de Los Legionarios de Cristo, y los nuevos fariseos del Opus Dei. No debe extrañar que enarbolen el estandarte de la Virgen de Guadalupe, quien en el imaginario popular, sufre ahora una metamorfosis esquizoide manipulada con una interpretación indigenista que ha de complacer al Comandante Marcos y a sus mentores habaneros y defeños ensotanados.
Esta guerra teológica de expansión geopolítica asume la convergencia de las tres religiones monoteístas en una empresa jerarquizada donde Israel tiene la preminencia sobre el Catolicismo Vaticano, que ha transitado de los hermanos separados, a los hermanos mayores, hasta la paternidad judía sobre el Catolicismo, en boca de Juan Pablo II y Benedicto XVI. El Vaticano es una internacional más en el juego geopolítico del Nuevo Orden Mundial, auxiliar y sierva del Sionismo, al transformar al Gólgota en Auschwitz, a las persecuciones de los primeros cristianos en el fantasma del Holocausto, y al consagrar a Europa, no a San Esteban o Santa Juana de Arco, sino a una santa al vapor, Edith Stein, muerta de tifus en un campo de concentración, una intelectual activista de la resistencia militante.
La expansión hacia el Oeste y hacia el Sur produjo la inevitable guerra contra México, que inicia en Tejas y termina con la ocupación de Chapultepec en 1847. Los amigos y discípulos de Poinsett , Lorenzo de Zavala, Gómez Farías, Justo Sierra Méndez, y otros hicieron su tarea para que triunfaran sus ideas de libertad y progreso, aunque México resultara el amargo perdedor, las libertades se evaporaran y el retraso, los odios y el saqueo fueron herencia maldita de las guerras de intervención e invasiones extranjeras.
El segundo Versalles condujo a la Segunda Guerra Mundial y a un nuevo Versalles, en Yalta, donde los aliados configuraron el reparto de Europa, de las colonias de África y Asia, y de las zonas de influencia de las potencias vencedoras.
No hay duda que después de dos guerras europeas, Estados Unidos, intervino para desnivelar la balanza siempre a su favor, desplazando a los poderes europeos occidentales, para emerger como el nuevo Imperio, la potencia unipolar que brilla con la caída del Muro de Berlín y la implosión de la antigua URSS, dando fin a la guerra fría, al menos en apariencia.
El aire frío y una pertinaz llovizna me hace buscar refugio junto a Abraham Lincoln, quien murió asesinado en situaciones más que sospechosas por ser un obstáculo para los intereses de las Bancas inglesas que habían apoyado al esclavista Sur.
Hay mucho que caminar bajo la lluvia y el frente de tormenta se acumula frente a mis ojos, muy lejos de aquí, en las zonas de fricción donde el Imperio Unipolar se resiste a la realidad de un mundo multipolar, a un equilibrio de fuerzas, tan cebado de haberse convertido en la primer potencia sin rival capaz de derrotarlo.
Me vienen a la mente los textos del bardo ingles Guillermo El que agita la Lanza, en su Enrique V , las guerras feudales que duraron más de 100 años y en una batalla inolvidable, a 160 kilómetros de Calais, pasando el Rio Somme, un lejano 25 de octubre de 1415, en Agincourt , cuyo desenlace arroja una lección que muchos prefieren ignorar: el pequeño, hambriento y cansado ejército ingles derroto a la poderosa, mejor armada y mejor blindada caballería pesada francesa, que sucumbió en el campo de batalla víctima del peso de sus armaduras. De ahí el famoso fervorín de Enrique V y la banda de hermanos que conformaron los victoriosos combatientes en que los arcos largos vencieron a las armaduras pesadas de la caballería francesa.
Enrique V arenga a sus tropas antes de la batalla: Ojala fuésemos menos, así la Gloria de la Victoria será mayor y desde este día seremos recordados hasta el fin de los tiempos…
“We few,
we happy few,
we band of brothers…. Saint Crispin Day!!.
Mientras recuerdo el texto de William Shakespeare y la celebración dando gracias Dios por la victoria, enderezo mis pasos hacia uno de los Museos del Mall en busca de alguna sorpresa agradable, como una exposición de Rodin.
Mientras camino por los senderos voy tarareando la pegajosa melodía de la pelicula:
NON NOBIS DOMINE,
DOMINE NON NOBIS DOMINE
SED NOMINI,
SED NOMINI,
TUO DA GLORIAM.
El poeta nicaragüense Rubén Darío en su Oda a Roosevelt, durante la guerra contra la España borbónica, denunció tardíamente lo que ya México había experimentado en carne propia, tuvo una lúcida inspiración pues en cada línea, adquieren hoy una dimensión paradójicamente de claroscuro:
¡Es con voz de la Biblia, o verso de Walt Whitman,
que habría que llegar hasta ti, Cazador!
Primitivo y moderno, sencillo y complicado,
con un algo de Washington y cuatro de Nemrod.
Eres los Estados Unidos,
eres el futuro invasor
de la América ingenua que tiene sangre indígena,
que aún reza a Jesucristo y aún habla en español.
Eres soberbio y fuerte ejemplar de tu raza;
eres culto, eres hábil; te opones a Tolstoi.
Y domando caballos, o asesinando tigres,
eres un Alejandro-Nabucodonosor.
(Eres un profesor de energía,
como dicen los locos de hoy.)
Crees que la vida es incendio,
que el progreso es erupción;
en donde pones la bala
el porvenir pones.
No.
Los Estados Unidos son potentes y grandes.
Cuando ellos se estremecen hay un hondo temblor
que pasa por las vértebras enormes de los Andes.
Si clamáis, se oye como el rugir del león.
Ya Hugo a Grant le dijo: «Las estrellas son vuestras».
(Apenas brilla, alzándose, el argentino sol
y la estrella chilena se levanta…) Sois ricos.
Juntáis al culto de Hércules el culto de Mammón;
y alumbrando el camino de la fácil conquista,
la Libertad levanta su antorcha en Nueva York.
Mas la América nuestra, que tenía poetas
desde los viejos tiempos de Netzahualcóyotl,
que ha guardado las huellas de los pies del gran Baco,
que el alfabeto pánico en un tiempo aprendió;
que consultó los astros, que conoció la Atlántida,
cuyo nombre nos llega resonando en Platón,
que desde los remotos momentos de su vida
vive de luz, de fuego, de perfume, de amor,
la América del gran Moctezuma, del Inca,
la América fragante de Cristóbal Colón,
la América católica, la América española,
la América en que dijo el noble Guatemoc:
«Yo no estoy en un lecho de rosas»; esa América
que tiembla de huracanes y que vive de Amor,
hombres de ojos sajones y alma bárbara, vive.
Y sueña. Y ama, y vibra; y es la hija del Sol.
Tened cuidado. ¡Vive la América española!
Hay mil cachorros sueltos del León Español.
Se necesitaría, Roosevelt, ser Dios mismo,
el Riflero terrible y el fuerte Cazador,
para poder tenernos en vuestras férreas garras.
Y, pues contáis con todo, falta una cosa: ¡Dios!
* Experto en Geoestrategia y en Prospectiva de escenarios. Académico en varias Universidades Latinoamericanas, analista político. Forma parte del equipo para la sección latinoamericana de “El Espía Digital”.
Extraído de: El Espía Digital.
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lundi, 21 octobre 2013
La croissance est morte dans les années 70...
La croissance est morte dans les années 70...
Entretien avec Serge Latouche
Propos recueillis par Kevin Victoire
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
Nous reproduisons ci-dessous un long entretien avec Serge Latouche, cueilli sur Ragemag. Economiste, sociologue et fondateur du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales), Serge Latouche est le principal théoricien français de la décroissance et dirige la revue Entropia. Il a publié de nombreux essais, dont, notamment, L'occidentalisation du monde (La découverte, 1989 ), La mégamachine (La découverte, 1995), Le Pari de la décroissance (Fayard, 2006) et Sortir de la société de consommation (Les liens qui libèrent, 2010).
Serge Latouche : « La croissance est morte dans les années 1970. »
Les statistiques de croissance du PIB au 2e trimestre viennent d’être publiées [NDLR : l’interview a été réalisée le 20 septembre] et il semblerait que la zone euro retrouve le chemin de la croissance : qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est totalement bidon ! D’une part, savoir si la croissance est de +0,5% ou -0,5% n’a pas de sens : n’importe quelle personne qui a fait des statistiques et de l’économie sait que pour que cela soit significatif, il faut des chiffres plus grands. Ensuite, de quelle croissance s’agit-il ? Nous avons affaire à cette croissance que nous connaissons depuis les années 1970, à savoir une croissance tirée par la spéculation boursière et immobilière. Dans le même temps, le chômage continue de croître et la qualité de vie continue de se dégrader dangereusement. Il faut bien comprendre que la croissance est morte dans les années 1970 environ. Depuis, elle est comparable aux étoiles mortes qui sont à des années-lumière de nous et dont nous percevons encore la lumière. La croissance que notre société a connue durant les Trente Glorieuses a disparu et ne reviendra pas !
La récession était-elle l’occasion idéale pour jeter les bases d’une transition économique ?
Oui et non : le paradoxe de la récession est qu’elle offre les possibilités de remettre en question un système grippé, mais en même temps, le refus de l’oligarchie dominante de se remettre en cause – ou de se suicider – la pousse à maintenir la fiction d’une société de croissance sans croissance. Par conséquent, elle rend encore plus illisible le projet de la décroissance. Depuis le début de la crise, il y a un tel délire obsessionnel autour de la croissance que les projets alternatifs ne sont pas audibles auprès des politiques. Il faut donc chercher de manière plus souterraine.
La décroissance est souvent amalgamée à la récession. Pourtant, vous affirmez que celle-ci n’est qu’une décroissance dans une société de croissance et qu’une vraie décroissance doit se faire au sein d’une société qui s’est départie de l’imaginaire de la croissance. Pouvez-vous détailler ?
Le projet alternatif de la décroissance ne devait pas être confondu avec le phénomène concret de ce que les économistes appellent « croissance négative », formulation étrange de leur jargon pour désigner une situation critique dans laquelle nous assistons à un recul de l’indice fétiche des sociétés de croissance, à savoir le PIB. Il s’agit, en d’autres termes, d’une récession ou d’une dépression, voire du déclin ou de l’effondrement d’une économie moderne. Le projet d’une société de décroissance est radicalement différent du phénomène d’une croissance négative. La décroissance, comme symbole, renvoie à une sortie de la société de consommation. A l’extrême limite, nous pourrions opposer la décroissance « choisie » à la décroissance « subie ». La première est comparable à une cure d’austérité entreprise volontairement pour améliorer son bien-être, lorsque l’hyperconsommation en vient à nous menacer d’obésité. La seconde est la diète forcée pouvant mener à la mort par famine.
Nous savons, en effet, que le simple ralentissement de la croissance plonge nos sociétés dans le désarroi, en raison du chômage, de l’accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres, des atteintes au pouvoir d’achat des plus démunis et de l’abandon des programmes sociaux, sanitaires, éducatifs, culturels et environnementaux qui assurent un minimum de qualité de vie. Nous pouvons imaginer quelle catastrophe serait un taux de croissance négatif ! Mais cette régression sociale et civilisationnelle est précisément ce que nous commençons déjà à connaître.
Depuis la récession de 2009, l’écart entre la croissance du PIB et celle de la production industrielle s’est accentué dans les pays développés : sommes-nous entrés dans une nouvelle phase de la société technicienne ?
Oui et non là encore. Oui, dans la mesure où depuis de nombreuses années, on parle de « nouvelle économie », « d’économie immatérielle », « d’économie de nouvelles technologies » ou encore « d’économie numérique ». On nous a aussi parlé de « société de services ». Nous voyons bien que ce phénomène n’est pas nouveau et qu’il y avait déjà dans les sociétés industrielles un phénomène de désindustrialisation. Pourtant, ce n’était pas un changement dans le sens où l’industrialisation existe toujours. Mais elle est partie en Inde, en Chine ou dans les « BRICS ». Il y a eu une délocalisation du secteur secondaire, ce qui nous amène à réimporter, à un chômage très important et à cette croissance spéculative. Nos économies se sont spécialisées dans les services haut de gamme : les services financiers, les marques, les brevets, etc. La production est délocalisée tout en conservant la marque, ce qui est plus rentable. Mais nous assistons aussi à un développement par en bas des services dégradés ou à la personne et à une nouvelle forme de domesticité qui se développe avec cette désindustrialisation.
Est-ce que vous confirmeriez les prévisions de Jacques Ellul qui voyait la naissance d’une dichotomie entre d’un côté les « nations-capitalistes » du Nord et de l’autre les « nations-prolétaires » du Sud ?
Cela n’est pas nouveau, ni totalement exact ! Les nations occidentales se prolétarisent aussi. Avec la mondialisation, nous assistons surtout à une tiers-mondisation des pays du Nord et un embourgeoisement des pays du Sud. Il y a par exemple aujourd’hui 100 à 200 millions de Chinois qui appartiennent à la classe moyenne mondiale, voire riche.
Le 20 août dernier, nous avons épuisé les ressources de la Terre pour 2013 et nous vivons donc à « crédit » vis-à-vis de celle-ci jusqu’à la fin de l’année. Il faudrait donc réduire d’environ un tiers notre consommation en ressources naturelles si nous voulons préserver notre planète. N’a-t-on pas atteint le point de non-retour ? La décroissance se fera-t-elle aux dépens des pays en voie de développement ?
Déjà soyons clairs, la décroissance est avant tout un slogan qui s’oppose à la société d’abondance. Ensuite, il ne s’agit surtout pas de régler les problèmes des pays du Nord aux dépens de ceux du Tiers-Monde. Il faudra résoudre simultanément les problèmes et du Nord et ceux du Sud. Évidemment, ce que vous évoquez, et que l’on appelle l’over shoot day, n’est qu’une moyenne globale. La réduction de l’empreinte écologique pour un pays comme la France n’est pas de l’ordre de 30%, mais de 75%. Une fois explicité comme cela, les gens se disent que ça va être dramatique. Justement, ce n’est pas nécessaire : nos modes de vie sont basés sur un gaspillage fantastique de la consommation et encore plus de la production, donc des ressources naturelles. Il ne faudra donc pas forcément consommer moins, mais consommer mieux. Tout d’abord, la logique consumériste pousse à accélérer l’obsolescence des produits. Il ne s’agit donc pas forcément de consommer moins mais de produire moins en consommant mieux.
Au lieu de consommer une seule machine à laver dans notre vie, nous en consommons 10 ou 15, de même pour les réfrigérateurs et je ne parle même pas des ordinateurs ! Il faut donc un mode de production où les individus ne consomment qu’une seule voiture, une seule machine à laver, etc. Cela réduirait déjà énormément l’empreinte écologique. Nous savons aussi que la grande distribution entraîne un grand gaspillage alimentaire. Environ 40% de la nourriture va à la poubelle, soit à cause des dates de péremptions dans les magasins, soit chez les particuliers qui ont emmagasiné de la nourriture qui finit par périmer. L’idée n’est pas de décroître aux dépens des pays pauvres, qui eux doivent au contraire augmenter leur consommation et leur production, mais de changer cette logique de gaspillage forcenée et de fausse abondance.
Nicholas Georgescu-Roegen, affirmait : « Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une baisse du nombre de vies à venir. » La décroissance doit-elle être accompagnée d’un contrôle démographique pour être soutenable ?
Il est toujours délicat d’aborder la question démographique. Les prises de position sur le sujet sont toujours passionnelles car touchant à la fois aux croyances religieuses, au problème du droit à la vie, à l’optimisme de la modernité avec son culte de la science et du progrès, elles peuvent déraper très vite vers l’eugénisme, voire le racisme au nom d’un darwinisme rationalisé. La menace démographique, vraie ou imaginaire, peut donc être facilement instrumentalisée pour mettre en place des formes d’écototalitarisme. Il importe donc de cerner les différentes dimensions du problème et de peser les arguments en présence, avant de se prononcer sur la taille d’une humanité « soutenable ».
Si l’insuffisance des ressources naturelles et les limites de la capacité de régénération de la biosphère nous condamnent à remettre en question notre mode de vie, la solution paresseuse consisterait, en effet, à réduire le nombre des ayants droit afin de rétablir une situation soutenable. Cette solution convient assez bien aux grands de ce monde puisqu’elle ne porte pas atteinte aux rapports sociaux et aux logiques de fonctionnement du système. Pour résoudre le problème écologique, il suffirait d’ajuster la taille de l’humanité aux potentialités de la planète en faisant une règle de trois. Telle n’est évidemment pas la position des objecteurs de croissance, ce qui n’empêche qu’ils soient taxés de malthusianisme parfois par ceux-là mêmes qui condamnent les deux tiers de l’humanité à l’extermination.
Il est clair que si une croissance infinie est incompatible avec un monde fini, cela concerne aussi la croissance de la population. La planète, qui n’a que 55 milliards d’hectares, ne peut pas supporter un nombre d’habitants illimité. C’est la raison pour laquelle presque tous les auteurs de référence de la décroissance, ceux qui ont mis en évidence les limites de la croissance (Jacques Ellul, Nicholas Georgescu-Roegen, Ivan Illich, René Dumont, entre autres) ont tiré le signal d’alarme de la surpopulation. Et pourtant, ce ne sont pas, pour la plupart, des défenseurs du système… Même pour Castoriadis, « la relation entre l’explosion démographique et les problèmes de l’environnement est manifeste ».
Cela étant, ce que la décroissance remet en cause, c’est avant tout la logique de la croissance pour la croissance de la production matérielle. Même si la population était considérablement réduite, la croissance infinie des besoins entraînerait une empreinte écologique excessive. L’Italie en est un bon exemple. La population diminue, mais l’empreinte écologique, la production, la consommation, la destruction de la nature, des paysages, le mitage du territoire par la construction, la cimentification continuent de croître. On a pu calculer que si tout le monde vivait comme les Burkinabés, la planète pourrait supporter 23 milliards d’individus, tandis que si tout le monde vivait comme les Australiens, d’ores et déjà le monde serait surpeuplé et il faudrait éliminer les neuf dixièmes de la population. Il ne pourrait pas faire vivre plus de 500 millions de personnes. Qu’il y ait 10 millions d’habitants sur Terre ou 10 milliards, note Murray Bookchin, la dynamique du « marche ou crève » de l’économie de marché capitaliste ne manquerait pas de dévorer toute la biosphère. Pour l’instant, ce ne sont pas tant les hommes qui sont trop nombreux que les automobiles… Une fois retrouvé le sens des limites et de la mesure, la démographie est un problème qu’il convient d’affronter avec sérénité.
Si une croissance infinie est incompatible avec un monde fini, cela concerne aussi la croissance démographique. La population ne peut, elle non plus, croître indéfiniment. La réduction brutale du nombre des consommateurs ne changerait pas la nature du système, mais une société de décroissance ne peut pas évacuer la question du régime démographique soutenable.
Que faire pour changer de régime ? Combattre l’individualisme ?
Les gens accusent souvent les partisans de la décroissance d’être des passéistes. Pourtant, nous ne souhaitons pas un retour en arrière. Mais, comme le préconisaient Ivan Illich ou même Castoriadis, il s’agit d’inventer un futur où nous retenons certains aspects du passé qui ont été détruits par la modernité. Sur ce sujet, un grand sociologue français, Alain Touraine, vient de sortir un livre intitulé La Fin des sociétés. C’est vrai qu’avec la mondialisation, on assiste à la fin des sociétés.
À ce sujet, un ancien Premier ministre anglais, Margareth Thatcher, a dit : « Il n’existe pas de société, il n’existe que des individus ». C’est énorme de dire cela ! Donc, dans le projet de la décroissance, il ne s’agit pas de retrouver une ancienne société disparue, mais d’inventer une nouvelle société de solidarité. C’est-à-dire qu’il faut réinventer du lien social, parfois par la force des choses comme avec la fin du pétrole, sur la base d’une économie de proximité, avec une relocalisation de la totalité de la vie. Ce n’est pas un repli sur soi, mais une nouvelle redécouverte de la culture, de la vie, de la politique et de l’économie.
Justement, relocaliser les activités humaines serait une nécessité écologique. Mais la réindustrialisation potentielle qui en découlerait ne serait-elle pas une entrave à la décroissance ?
Non, parce qu’il ne s’agit pas de la réindustrialisation prônée par notre système. Madame Lagarde, quand elle était ministre de l’Économie, avait inventé le néologisme « rilance » : de la rigueur et de la relance. Pour nous, c’est exactement le contraire : nous ne voulons ni rigueur, ni relance, ni austérité. Évidemment qu’il faut sortir de la récession et récréer des emplois, non pas pour retrouver une croissance illimitée, mais pour satisfaire les besoins de la population. En fait, la réindustrialisation dans une optique de décroissance est plus artisanale qu’industrielle. Il faut se débarrasser des grosses entreprises au profit d’une économie composée de petites unités à dimensions humaines. Ces dernières peuvent être techniquement très avancées mais ne doivent en aucun cas être les monstres transnationaux que nous connaissons actuellement. Elles doivent être plus industrieuses qu’industrielles, plus entreprenantes qu’entrepreneuses et plus coopératives que capitalistes. C’est tout un projet à inventer.
L’État moderne se comporte toujours comme un soutien au productivisme, soit en favorisant l’offre pour les libéraux, soit en favorisant la demande pour les keynésiens. La décroissance a-t-elle besoin d’une disparition de l’État ?
Cela dépend de ce que nous mettons derrière le mot « État ». Même si l’objectif n’est pas de maintenir cet État-nation, bien sûr qu’une société de décroissance devra inventer ses propres institutions. Elles devront être plus proches du citoyen avec une coordination au niveau transnational. Celle-ci est vitale, car beaucoup de phénomènes environnementaux sont globaux : il est alors impossible d’imaginer un repli total. Il faudra donc inventer de nouvelles formes qui diffèrent de l’appareil bureaucratique moderne.
La décroissance implique aussi un changement de mode de vie. Comment faire pour lutter contre la société marchande sans se marginaliser ?
Effectivement, il faut les deux. Il y a d’ailleurs dans les objecteurs de croissance des gens très investis dans des coopératives alternatives comme des écovillages. De plus, il faut tenir les deux bouts de la chaîne : une société ne change pas du jour au lendemain. Il faut donc penser la transition sans attendre un changement global simultané. Les meilleurs exemples sont les villes en transition où l’on essaie de réorganiser l’endroit où l’on vit afin de faire face aux défis de demain comme la fin du pétrole. Ce qui m’intéresse surtout dans les villes en transition, c’est leur mot d’ordre : « résilience », qui consiste à résister aux agressions de notre société. Mais cela n’implique pas de revenir à l’âge de pierre, comme les Amish. Au contraire, cela implique une qualité de vie maximale sans détruire la planète.
Changer de régime économique est-il possible pour un pays seul ? Une initiative isolée ?
Ça rappelle le vieux débat qui a opposé Staline à Trotsky pour savoir si le socialisme pouvait se faire dans un seul pays. Mais en réalité, la réponse n’est pas « oui » ou « non ». La question ne peut pas être posée de façon manichéenne, simplement parce que nous ne pouvons pas changer le monde du jour au lendemain et il faut bien commencer ! Donc, le commencement se fait petit à petit, au niveau local, en visant le global. La parole d’ordre des écologistes fut pendant longtemps : « Penser globalement, agir localement ». Ce n’est pas qu’il ne faille pas agir globalement, mais c’est plus compliqué. Donc le point de départ est local pour une visée plus large. De toute manière, le projet ne se réalisera ni totalement ni globalement. La société de décroissance est un horizon de sens, mais pas un projet clé en main réalisable de façon technocratique.
La décroissance, selon vous, commencerait-elle par une démondialisation pour tendre vers une forme d’altermondialisme ?
Je n’aime pas le terme « altermondialisme ». Il s’agit évidemment d’une démondialisation, qui n’est pas une suppression des rapports entre les pays. Mais qu’est-ce que la mondialisation que nous vivons ? Ce n’est pas la mondialisation des marchés mais la marchandisation du Monde. Ce processus a commencé au moins en 1492 quand les Amérindiens ont découvert Christophe Colomb (rires). Démondialiser veut surtout dire retrouver l’inscription territoriale de la vie face au déménagement plantaire que nous connaissons. Car la mondialisation est surtout un jeu de massacres ! C’est-à-dire que nous détruisons ce qui fonctionnait traditionnellement bien dans les différents pays pour les asservir aux marchés. Par exemple, l’agriculture était fleurissante en Chine mais le capitalisme occidental a déraciné la majorité des paysans qui sont devenus des min gong : des ouvriers qui s’entassent en périphérie des grandes villes, comme Pékin ou Shanghai. Mais, dans le même temps, ces ouvriers chinois détruisent nos emplois et notre industrie. Nous nous détruisons mutuellement. Il faut au contraire que nous nous reconstruisons les uns les autres. La solution est une relocalisation concertée par un dialogue interculturel et non pas par l’imposition de l’universalisme occidental.
Les nouvelles technologies, et plus globalement la technique et la science, peuvent-elles être employées contre l’oligarchie ou sont-elles intrinsèquement néfastes ?
Ça c’est une très grande question, très difficile. Jacques Ellul avait énormément réfléchi dessus et n’avait jamais dit qu’elles étaient intrinsèquement mauvaises. Il pensait même que, dans certaines situations, elles pouvaient être utiles à la société d’avenir. Celle qui est, selon lui, intrinsèquement mauvaise, c’est la structure sociale dans laquelle la technique et la science sont produites et utilisées. Alors bien évidemment, il faut les détourner et c’est ce que certains font. Il y a une sorte de guérilla. Sur internet, par exemple, nous le voyons. Dans ma jeunesse, nous parlions de retourner les armes contre l’ennemi. Dans une société de décroissance, qui n’est plus une société dominée par la marchandisation et le capital, ces techniques fonctionneraient autrement. Il y a aussi plein de choses intéressantes créées par le génie humain qui ne sont pas utilisées, car elles ne correspondent pas à logique du système. Nous aurons besoin de ces derniers dans une société différente. Nous devons, en réalité, surtout concevoir un nouvel esprit. Notre système est dominé – d’un point de vue technico-scientifique – par un esprit prométhéen de maîtrise de la nature, que nous ne maîtrisons pourtant pas. Il faudra donc se réinsérer dans une vision plus harmonieuse des rapports entre l’Homme et la nature.
Jacques Ellul estimait que le travail était aliénant. Est-ce à dire que la décroissance doit passer par l’abolition du salariat ?
Il n’y a pas d’urgence à l’abolir. Dans l’immédiat, il faut surtout créer les postes de salariés nécessaires. Il faut surtout réduire l’emprise de la nécessité en développant notamment la gratuité. Je pense que l’idée d’un revenu universel, ou au moins d’un revenu minimal assurant la survie, n’est pas une mauvaise chose car il réduirait l’espace de la nécessité. Dans une société de décroissance, il faudra des échanges d’activités et d’œuvres qui auront remplacé le travail. Mais ce n’est évidemment plus l’échange marchand obsédé par le profit. Il faut réintroduire l’esprit du don – qui n’a pas totalement disparu – dans les rapports de clientèle et dans les marchandages. En Afrique, par exemple, il existe encore une sorte de métissage entre la logique marchande et celle du don. Ce qu’il faut surtout abolir, c’est le travail salarié en tant qu’abstraction inhumaine.
Pensez-vous que la monnaie s’oppose à la logique du don et qu’en conséquence, une société de décroissance doit abolir le système monétaire ?
Sûrement pas ! Par contre, il doit y avoir l’abolition de certaines fonctions de la monnaie. Il faut par exemple en finir avec la monnaie qui engendre de la monnaie, car l’accumulation monétaire est très perverse. Mais la monnaie comme instrument de mesure et d’échange est une nécessité dans une société complexe. Je dirais même que c’est un acquis de la civilisation.
Des personnalités de gauche comme de droite se revendiquent aujourd’hui de la décroissance. Qu’en pensez-vous ?
Que la décroissance soit un projet politique de gauche constitue, pour la plupart des objecteurs de croissance, une évidence, même s’il en existe aussi une version de droite. Allons plus loin : il s’agit du seul projet politique capable de redonner sens à la gauche. Pourtant, ce message-là se heurte à une résistance très forte et récurrente. La décroissance constitue un projet politique de gauche parce qu’elle se fonde sur une critique radicale du libéralisme, renoue avec l’inspiration originelle du socialisme en dénonçant l’industrialisation et remet en cause le capitalisme conformément à la plus stricte orthodoxie marxiste.
Tout d’abord, la décroissance est bien évidemment une critique radicale du libéralisme, celui-ci entendu comme l’ensemble des valeurs qui sous-tendent la société de consommation. On le voit dans le projet politique de l’utopie concrète de la décroissance en huit R (Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler). Deux d’entre eux, réévaluer et redistribuer, actualisent tout particulièrement cette critique. Réévaluer, cela signifie, en effet, revoir les valeurs auxquelles nous croyons, sur lesquelles nous organisons notre vie, et changer celles qui conduisent au désastre. L’altruisme devrait prendre le pas sur l’égoïsme, la coopération sur la compétition effrénée, l’importance de la vie sociale sur la consommation illimitée, le local sur le global, l’autonomie sur l’hétéronomie, le raisonnable sur le rationnel, le relationnel sur le matériel, etc. Surtout, il s’agit de remettre en cause le prométhéisme de la modernité tel qu’exprimé par Descartes (l’homme « comme maître et possesseur de la nature ») ou Bacon (asservir la nature). Il s’agit tout simplement d’un changement de paradigme. Redistribuer s’entend de la répartition des richesses et de l’accès au patrimoine naturel entre le Nord et le Sud comme à l’intérieur de chaque société. Le partage des richesses est la solution normale du problème social. C’est parce que le partage est la valeur éthique cardinale de la gauche que le mode de production capitaliste, fondé sur l’inégalité d’accès aux moyens de production et engendrant toujours plus d’inégalités de richesses, doit être aboli.
Dans un deuxième temps, la décroissance renoue avec l’inspiration première du socialisme, poursuivie chez des penseurs indépendants comme Elisée Reclus ou Paul Lafargue. La décroissance retrouve à travers ses inspirateurs, Jacques Ellul et Ivan Illich, les fortes critiques des précurseurs du socialisme contre l’industrialisation. Une relecture de ces penseurs comme William Morris, voire une réévaluation du luddisme, permettent de redonner sens à l’écologie politique telle qu’elle a été développée chez André Gorz ou Bernard Charbonneau. L’éloge de la qualité des produits, le refus de la laideur, une vision poétique et esthétique de la vie sont probablement une nécessité pour redonner sens au projet communiste.
Pour finir, la décroissance constitue une critique radicale de la société de consommation et du développement, la décroissance est une critique ipso facto du capitalisme. Paradoxalement, on pourrait même présenter la décroissance comme un projet radicalement marxiste, projet que le marxisme (et peut-être Marx lui-même) aurait trahi. La croissance n’est, en effet, que le nom « vulgaire » de ce que Marx a analysé comme accumulation illimitée de capital, source de toutes les impasses et injustices du capitalisme. Pour sortir de la crise qui est inextricablement écologique et sociale, il faut sortir de cette logique d’accumulation sans fin du capital et de la subordination de l’essentiel des décisions à la logique du profit. C’est la raison pour laquelle la gauche, sous peine de se renier, devrait se rallier sans réserve aux thèses de la décroissance.
Tout le monde se souvient de l’échec de la commission Stiglitz-Sen mise en place par l’ex-Président Sarkozy dans le but de trouver un indicateur de « bien-être » autre que le simple PIB. Le problème ne viendrait-il pas de l’obsession des mesures quantitatives ?
Il est certain que nous devons nous débarrasser de l’obsession des mesures quantitatives. Notre objectif n’est pas de mesurer le bonheur puisque cet objectif n’est par définition pas mesurable. Mais je ne crois pas que nous puissions parler d’échec de la commission Stiglitz-Sen, puisqu’elle a quand même proposé des indicateurs alternatifs pertinents. D’un autre côté, et malgré toutes les critiques qui peuvent lui être adressées, le PIB est tout à fait fonctionnel dans la logique de la société mondialisée de croissance. Il existe bien sûr d’autres indicateurs intéressants comme l’Happy Planet Index (HPI) mis au point par la fondation anglaise New Economics Foundation, mais ce dernier n’est pas fonctionnel dans notre système. Il est cependant intéressant comme indicateur critique du PIB. Pourquoi ? Parce que les États-Unis est en termes de PIB au 1er rang mondial, en termes de PIB par tête au 4ème rang et en termes de bonheur au 150ème rang ! La France se situe dans les mêmes ordres de grandeur. Tout cela signifie que si nous mesurons le bonheur par l’espérance de vie, l’empreinte écologique et le sentiment subjectif du bonheur — qui sont les trois critères du HPI —, les pays qui arrivent en tête sont le Vanuatu, le Honduras, le Venezuela et d’autres pays de ce type [ndlr : le trio de tête de 2012 est composé, dans l’ordre, du Costa Rica, du Vietnam et de la Colombie] . Malheureusement, il n’est pas fonctionnel dans notre système. Un autre indice de ce type qui pourrait être retenu, c’est l’empreinte écologique qui est elle-même synthétique. Le problème n’est pas de trouver l’indicateur miracle mais bel et bien de changer la société. Ces indices ne sont que des thermomètres et ce n’est pas en cassant le thermomètre que la température du malade change.
La rupture avec la croissance n’est-elle pas aussi une rupture avec l’économie comme science au profit d’autres disciplines comme la philosophie ou la sociologie ?
Oui, il s’agit bien d’une rupture avec l’économie. Mais celle-ci ne s’effectue pas seulement avec l’économie en tant que science mais aussi avec l’économie en tant que pratique. Il faut réenchâsser l’économique dans le social, au niveau théorique mais surtout au niveau pratique. Au niveau théorique d’abord parce que la « science économique » est une fausse science, et que la manière de vivre des Hommes appartient à l’éthique au sens aristotélicien du terme et donc à la philosophie ou à la sociologie. Sinon, pour paraphraser Lévi-Strauss, il n’existe qu’une seule science humaine : l’anthropologie. Au niveau pratique ensuite, en réintroduisant l’économique dans les pratiques de la vie et pas ne pas la laisser dans l’obsession du quantitatif avec la valorisation de l’argent, du profit ou du PIB.
Serge Latouche, propos recueillis par Kévin Victoire (Ragemag, 15 octobre 2013)
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Kopp online 319
Nr. 319 vom 17.10.2013 | ||
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Chalmers Johnson
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La geopolítica rusa del siglo 21
por Alfredo Jalife-Rahme
Ex: http://paginatransversal.wordpress.com
La Jornada, Bajo la Lupa – Entre los prominentes invitados al seminario internacional del Centro de Estudios de la Transición/Centro de Estudios Geoestratégicos de la UAM-X estuvo Sivkov Konstantin Valentinovich, primer vicepresidente de la Academia de Problemas Geopolíticos y doctor en ciencias militares
.
Konstantin es segundo de a bordo de Leonid Ivashov, anterior jefe del departamento de asuntos generales en el Ministerio de Defensa de la URSS. Cobra mayor relieve su postura a raíz del triunfo diplomático de Rusia en Siria (ver Bajo la Lupa, 22/9/13).
Ivashov es muy conocido en los multimedia internacionales y sus puntos de vista suelen ser polémicos (v.gr. el terrorismo internacional no existe
: su despliegue beneficia a la oligarquía global
) y considera que mientras el imperio de Estados Unidos se encuentra al borde del colapso
, corresponde a los BRICS la misión de reconfigurar el mundo
(Réseau Voltaire, 15/6/11).
De la ponencia de Konstantin, La geopolítica de la URSS y Rusia, me enfocaré en la parte de Rusia.
A su juicio, la lucha geopolítica global basada en la ideología fue cambiada a la confrontación de civilizaciones
: la civilización occidental (euro-estadunidense) confronta las civilizaciones ortodoxa, islámica, confuciana (china). Resalta la similitud con la tesis huntingtoniana del choque de civilizaciones que lleva a la inevitabilidad del conflicto de la civilización occidental con el resto
(del planeta).
Identifica cuatro de los más importantes factores al desarrollo de la geopolítica mundial
:
1. Formación intensiva de un único sistema mundial de poder
dominado por EEUU.
2. Intenso crecimiento poblacional y presión al ecosistema por consumismo occidental.
3. Desequilibrio global industrial y de materias primas: el mayor potencial industrial se concentra en EEUU/Europa/Japón, mientras los recursos de materias primas se concentran en Rusia y en los países del tercer mundo, y
4. El carácter independiente
de las trasnacionales como sujeto geopolítico
La activación de los cuatro actores genera una crisis global por la contradicción entre el consumismo y la escasez de materias primas. Define a Rusia como una entidad geopolítica cuya base es Eurasia.
Su inmenso potencial intelectual, su posición del centro euroasiático
y su potencial militar significativo pone en duda la durabilidad del modelo unidireccional sin remover (sic) a Rusia como sujeto de la geopolítica” a la que habría que demoler como a su antecesora URSS.
Arguye que la etapa más lúgubre de la historia de Rusia en la década de los 90 del siglo 20 (nota: la era entreguista Yeltsin)
encontró a la élite política rusa bajo el control total (¡supersic!) de EEUU
.
Ocurre el desmantelamiento científico de Rusia y la privatización de sus joyas geoestratégicas, llegando hasta el asesinato de sus principales científicos
, mientras las principales empresas de petróleo/gas e infraestructura de transporte acabaron en manos de compradores (sic) domésticos y trasnacionales
.
Así la geopolítica de Rusia operó bajo el control directo de los servicios de espionaje de EEUU
: capitulación total. ¡Uf!
Peor aún: el liderazgo ruso fomentó la de-sintegración interna. Pero no contaron con la resistencia oculta de los bajos niveles de la jerarquía y las protestas de la población que hicieron fracasar el esquema desintegrativo que permitió la llegada al poder de Putin, con su equipo proveniente de las fuerzas armadas y los servicios de seguridad, como nuevo estadio de la geopolítica rusa.
Considera que el fracaso de las campañas de Irak y Afganistán, la liberación de Sudamérica de la hegemonía de EEUU, en particular Venezuela, y el fracaso de la operación (¡supersic!) Primavera Árabe, debilitaron la influencia de EEUU en Rusia
cuando Occidente exhibió sus pies de barro.
Rusia se libera así de su subordinación a los dictados de EEUU en la esfera de la geopolítica global
y comienza un regreso suave a los principios de la geopolítica soviética, pero con diferentes bases conceptuales e ideológicas
.
Juzga que los instrumentos más importantes de la influencia geopolítica rusa fueron creados con el único plan de una red de oleo/gasoductos
.
A partir de la derrota de EEUU en Irak, Rusia operó un acercamiento con China cuando estableció sus tres proyectos geopolíticos exitosos: el Grupo de Shanghai, los BRICS y la Unión Euroasiática. El Grupo de Shanghai genera el espacio euroasiático de Bielorrusia a China mediante una unión económica.
Los BRICS han cortado en términos económicos
el asa Anaconda (nota: del nombre de la ominosa serpiente constrictora más grande del mundo)
rompiendo una profunda brecha en el sistema de zonas, la influencia de EEUU que cubre a Rusia
.
En una entrevista a Pravda.ru (15/9/11), Konstantin explica el significado del cerco a Rusia por EEUU y su despliegue misilístico en la periferia inmediata
rusa, parte del proyecto Anaconda
: Rusia es todavía percibida por EEUU
como el principal adversario estratégico
y su tarea consiste en neutralizar las armas nucleares de Rusia y empujarlo fuera de las principales áreas de los océanos mundiales, aun del mar Negro
.
La Unión Euroasiática (Rusia, Bielorrusia y Kazajstán) cubre 85 por ciento del territorio de la ex URSS y es el precursor de mayor integración en el espacio postsoviético.
Rusia se pronuncia por la multipolaridad, en cooperación particular con Europa continental que desea sacudirse la hegemonía de EEUU.
Juzga que los cambios tectónicos en la geopolítica global asociados a la transferencia del centro económico de gravedad a la región Asia/Pacífico
, sumado de la crisis financiera occidental, implican la inevitabilidad de una seria reorganización del panorama geopolítico, acoplado con la amenaza de conflictos militares de gran escala (sic)
.
Aduce que el triunfo presidencial de Putin significó una fuerte derrota para las fuerzas occidentales
internas en Rusia, lo cual disminuyó considerablemente su impacto en la geopolítica rusa
, ya que el control occidental del país es un factor crítico para la restauración y conservación de la dominación del mundo por Occidente
.
Los vectores prioritarios de la geopolítica rusa: 1. Al oeste: desarrollo de relaciones igualitarias con Europa y normalización de relaciones con EEUU, para prevenir el desliz a una nueva guerra fría. 2. Al sur: la zona del Cáucaso, medioriente y noráfrica, donde Rusia aspira a normalizar la situación militar y política y frenar los conflictos militares, sobre todo en Siria (¡supersic!) 3. En Sudamérica (nota: no Norteamérica ni Centroamérica: desarrollo de relaciones económicas), y 4. En Asia: el más importante hoy (¡supersic!) para Rusia donde se compromete a un mayor reforzamiento de buenas relaciones con sus grandes vecinos China e India, Vietnam, las dos (sic) Coreas, y la normalización de relaciones con Japón.
Llama la atención que Konstantin no haya citado la invasión de Georgia a Osetia del Sur y la vigorosa respuesta rusa que, a mi juicio, cambió dramáticamente al mundo (El mundo cambió en el Cáucaso
; Bajo la Lupa, 20/8/08).
Ahora al unísono de Rusia, la misma serpiente constrictora Anaconda ha reaparecido en el océano Pacífico, donde tiene en la mira a la apetecible China, muy difícil de digerir.
Fuente: alfredojalife.com
Twitter: @AlfredoJalife
Facebook: AlfredoJalife
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Dr Tom Sunic on the repression of free speech
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