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mardi, 04 octobre 2011

Evgueni Zamiatine

Evgueni Zamiatine

par

Ex: http://www.centrostudilaruna.it/

 

On ne doit pas oublier Zamiatine, si étrange et parfois déplaisant soit le personnage, car il est peu d’écrivains «soviétiques» aussi étonnants, totalement inclassable au temps du tsar, de la révolution et de l’exil, solitaire entre les solitaires.

Evgueni Ivanovitch Zamiatine est né le 20 janvier 1884 à Lebedian, dans la province de Tambov. Son père est un pope de l’Eglise de l’Intercession de la Vierge et sa mère une pianiste, elle-même fille de prêtre. Après ses études au lycée de Voronej, il prépare l’Institut polytechnique de Saint-Petersbourg. Mais ses idées avancées lors de la révolution de 1905 lui valent séjours en prison, assignations à résidence et même deux ans de déportation dans une bourgade du golfe de Finlande.

Malgré tous ces aléas révolutionnaires, il devient, à 24 ans, ingénieur des constructions navales, songe à une carrière littéraire et épouse une étudiante en médecine. Il a déjà écrit une évocation de sa vie carcérale: Seul, ainsi qu’un récit prometteur, Province, d’un ton elliptique très personnel.

Bénéficiant d’une amnistie il regagne Saint-Petersbourg, où il publie dans un journal, en mars 1914, une longue nouvelle, Au diable vauvert, qui vient d’être traduite en français. Le sujet fait scandale tant il dénonce les turpitudes d’une poignée d’officiers russes en garnison dans un poste perdu d’Extrême-Orient, sur les bords de l’océan Pacifique. Jugé antimilitariste et même pornographique, le livre est interdit par la censure et son auteur, âgé maintenant d’une trentaine d’années, est à nouveau déporté, cette fois à Kemi, en Carélie, dans le Grand Nord.

Au diable vauvert. Le titre indique que l’action se déroule loin, très loin, dans quelque garnison perdue. Un jeune officier, Andreï Ivanytch, originaire de Tambov, comme Zamiatine, a l’impression d’arriver au bout du monde. Il fait peu à peu connaissance de ses camarades, après une visite à son général, cuisinier à ses heures. Tous sont d’assez tristes personnages: paillards, ivrognes, tricheurs, brutaux, voleurs même, puisque telle la seule loi de cet univers corrompu, rongé jusqu’à l’os par tous les vices.

La femme du capitaine Netchessa accouche de son neuvième enfant et la grande question qui se pose est de savoir
qui en est le père, puisqu’il s’agit à chaque fois d’un officier différent. Cette interrogation lancinante n’empêchera pas un baptême fort arrosé. Bagarres, duels, suicides semblent les seules distractions de ces soldats perdus, pour qui la visite d’une escadre de marins français deviendra le seul dérivatif: nous sommes à la belle époque de l’alliance franco-russe. Quelques figures de femmes, comme la belle Maroussia, l’épouse de l’ignoble capitaine Schmidt, n’apportent même pas une note de joie dans cet univers désespéré.

On comprend la hargne de la censure tsariste, d’autant que n’importe qui serait désarçonné par le style d’un Zamiatine qui, sous prétexte de réalisme, bouscule allégrement la langue russe et la simple logique. Comme doit l’avouer le traducteur Jean-Baptiste Godon dans sa préface à l’édition française: «On rencontre de nombreux archaïsmes, des régionalismes, des proverbes, des néologismes… et les formules intempestives du langage parlé succèdent aux longues phrases ciselées: l’ordre des mots est bouleversé, les phrases sont tronquées, les pensées et dialogues, inachevés, interrompus par des points de suspension, des tirets. Zamiatine n’écrit pas, il narre…» On plaint le traducteur. Et encore bien davantage le lecteur.

Zamiatine n’est pas seulement un écrivain, c’est un ingénieur qui a beaucoup voyagé, de Constantinople à Salonique et de Beyrouth à Port-Saïd. Pendant la guerre, il sera envoyé en Angleterre pour y construire des navires brise-glaces. Il revient en Russie en 1917, juste pour la Révolution, dont il est un partisan résolu avant d’en être assez vite saturé et déçu.

Il se réfugie dans des récits brefs et des pièces de théâtre comme La Puce, qui sera par la suite interdite. Son roman Nous autres, impubliable en Russie communiste, est publié (sans son autorisation, dira-t-il) en Angleterre et en Allemagne en 1923. Situé dans des siècles futurs, c’est l’histoire d’une «Révolution qui a mal tourné», alors qu’elle devait apporter «le bonheur mathématique et exact, en forçant les gens à être heureux».

Dirigés par un grand Bienfaiteur qui a sur eux droit de vie et de mort et les a définitivement privés de toute inquiétude héritée des religions absurdes d’autrefois, hommes et femmes ne sont plus que des «Numéros», étroitement surveillés par le Bureau des Gardiens. Tout est organisé pour leur bonheur par l’Etat unique, qui a planifié leur travail, leur repos et même leurs amours, grâce à des carnets à souches de couleur rose destinés à organiser leurs «Heures personnelles». Un mur de verre sépare cette cité soit-disant idéale du monde extérieur et il y a bien longtemps qu’a été oublié tout ce qui constituait l’âme des époques d’autrefois, avant la guerre de Deux Cents Ans, entre la ville et la campagne, entre les sédentaires et les nomades où ces derniers furent vaincus.

L’ingénieur D.5O3, dont la confession est écrite à la première personne, est chargé de construire un vaisseau intersidéral qui porte le nom d’Intégral. Il fait la connaissance d’une femme, I.330 qui va le subjuguer en lui faisant entrevoir une autre vérité que celle du monde dans lequel vivent les sujets soumis à la loi des «Tables», ces codes rythmant leur vie: «Tous les matins, avec une exactitude de machines, à la même heure et à la même minute, nous, des millions, nous nous levons comme un seul numéro. Nous commençons notre travail et le finissons avec le même ensemble».

Le seul idéal: «Rien n’arrivera plus». Le seul péché, c’est d’être original, car c’est détruire le fondement de la société nouvelle: l’égalité, condition de l’éternité du néant.

Il arrive un drame: on découvre que D.5O3 est malade: « Ca va mal, lui dit le médecin. Il s’est formé une âme en vous». La conscience personnelle est une maladie et une maladie si grave qu’elle ne peut être éradiquée que par une opération chirurgicale. En attendant cette intervention, l’ingénieur rencontre I.33O à la Maison Antique, sorte de fragment du vieux monde oublié, «le monde déraisonnable et informe des arbres, des oiseaux, des animaux…». Lors de la fête du Jour de l’Unanimité, il n’en courbera pas moins la tête sous le joug du «Numéro des Numéros», ce Bienfaiteur qui lui ordonnera l’opération décisive, celle qui le débarrassera des quelques gouttes de «sang solaire et sylvestre» qui lui venaient des temps anciens. Il va redevenir comme tous les autres.

Une telle contre-utopie ne pouvait qu’attirer la fureur des autorités soviétiques. En 1931, Zamiatine écrit à Staline pour lui demander l’autorisation d’émigrer, sans perdre sa nationalité pour autant. Il part pour Prague puis pour Paris, où il meurt dans la misère et l’oubli le 10 mars 1937, ayant conscience de faire partie de la grande confrérie des hérétiques: «Seuls les hérétiques découvrent des horizons nouveaux dans la science, dans l’art, dans la vie sociale; seuls les hérétiques, rejetant le présent au nom de l’avenir, sont l’éternel ferment de la vie et assurent l’infini mouvement en avant de la vie».

* * *

(National-Hebdo n. 1126 – 16-22 fevrier 2006).

samedi, 16 juillet 2011

George Orwell's Nineteen Eighty-Four

George Orwell’s Nineteen Eighty-Four

By Jonathan Bowden

Ex: http://www.counter-currents.com/ 

george-orwell.jpgGeorge Orwell’s Nineteen Eighty-Four [2] is probably the most important political novel of the twentieth century, but the Trotskyite influence on it is under-appreciated. The entire thesis about the Party’s totalitarianism is a subtle mixture of libertarian and Marxist contra Marxism ideas. One of the points which is rarely made is how the party machine doubles for fascism in Orwell’s mind – a classic Trotskyist ploy whereby Stalinism is considered to be the recrudescence of the class enemy. This is of a piece with the view that the Soviet Union was a deformed workers’ state or happened to be Bonapartist or Thermidorean in aspect.

Not only is Goldstein the dreaded object of hatred — witness the Two-Minute hate — but this Trotsky stand-in also wrote the evil book, The Theory and Practice of Oligarchical Collectivism, which the party defines its existence against. The inner logic or dialectic, however, means that the Inner Party actually wrote the book so that it would control the mainsprings of its own criticism.

One of the strongest features of Nineteen Eighty-Four is its use of what the novelist Anthony Burgess called “sense data.” These are all the unmentionable things — usually realities in the physical world — which make a novel physically pungent or real to the reader. This is the very texture of life under “real, existing socialism”: scraping oneself in the morning with a bar of old soap, the absence of razor blades, human hair blocking a sink full of dirty water; the unsanitary details of conformism, socialist commerce, and queuing which made the novel feel so morally conservative to its first readers. This and the depiction of the working class (or Proles), who are everywhere treated as socially degraded  beasts of burden. Some of the most fruity illustrations come from Winston Smith’s home flat in Victory mansions — the smell of cabbage, the horrid nature of the Parsons’ children, the threadbare and decrepit nature of everything, the continuous droning of the telescreen.

Most of these “sense data” are based on Britain in 1948. It is the reality of Wyndham Lewis’ Rotting Hill — a country of ration cards, depleted resources, spivdom, dilapidated buildings after war-time bombing, rancid food, restrictions, blunt razor blades, and almost continuous talk about Victory over the Axis powers. Britain’s post-war decline dates from this period when the national debt exceeded outcome by seven times — and this was before the joys of Third World immigration which were only just beginning. The fact that Nineteen Eighty-Four is just the conditions in Britain in 1948 — at the level of the senses — is a fact not widely commented on.

The uncanny parallels between Newspeak and political correctness are widely mentioned but not really analyzed — save possibly in Anthony Burgess’ skit 1985, a satire which majors quite strongly on proletarian or workers’ English — whereby every conceivable mistake, solecism, mispronunciation, or scatology is marked up; correct usage is everywhere frowned upon.

Another aspect of the novel which receives scant attention is its sexological implications. In most coverage of Nineteen Eighty-Four the party organization known as the Anti-Sex league is given scant attention. Yet Orwell had considerable theoretical overlaps with both Fromm and Wilhelm Reich — never mind Herbert Marcuse. Orwell’s thesis is that totalitarianism fosters a sexless hysteria in order to cement its power. The inescapable corollary is that more liberal systems promote pornography and promiscuity in order to enervate their populations.

Orwell certainly pin-pointed the arrant puritanism of Stalinist censorship — something which became even more blatant after the Second World War. One also has to factor in the fact that Orwell was living and writing in an era where importing James Joyce’s Ulysses and Henry Miller’s Tropic of Cancer were criminal offenses. Nonetheless, Orwell’s anti-puritanism and libertarianism, sexually speaking, is very rarely commented on. Perhaps this leads to the nakedly sexual rebellion of Winston’s and Julia’s affair against the Party. A series of actions for which the mock-Eucharist, the imbibing of bread and wine in O’Brien’s inner party office, will not give them absolution!

It might also prove instructive to examine the sequences of torment which Winston Smith has to undergo in the novel’s last third. This phase of the book is quite clearly Hell in a Dantesque triad (the introductory section in Victory Mansions and at the Ministry is Purgatory, and Heaven is the brief physical affair with Julia). In actual fact, well over a third of the novel is expended in Hell, primarily located in the fluorescent-lit cells of the Ministry of Love.

This is the period where O’Brien comes into his own as the party inquisitor or tormentor, an authorial voice in The Book, and a man who quite clearly believes in the system known as Ingsoc, English Socialism. He is a fanatic or true believer who readily concedes to the Party’s inner nihilism and restlessness: “you want an image of the future, Winston, imagine a boot stamping down on a human face forever.”

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Moreover, the extended torture scene proceeds over a third of the novel’s expanse and was quite clearly too much for many readers — in north Wales, one viewer of the BBC drama in the mid-fifties dropped dead during the rat scene. I suppose one could call it the ultimate review! Questions were even asked in parliament about what a state broadcaster was spending its money on.

Nonetheless, O’Brien is quite clearly configured as a party priest who is there to enforce obedience to the secular theology of Ingsoc. (Incidentally, Richard Burton is superb as O’Brien in the cinematic version of the novel made in the year itself, 1984 [5].)

The point of the society is to leave the Proles to their own devices and concentrate entirely on the theoretical orthodoxy of both the inner and outer party members. In this respect, it resembles very much a continuation of the underground and Bohemia when in power. You get a whiff of this at the novel’s finale, with Winston ensconced in the Chestnut Tree cafe waiting for the bullet and convinced of his love for Big Brother.

This is the inscrutable face of the Stalin lookalike which stares meaningfully from a hundred thousand posters in every available public place. Might he be smiling under the mustache?


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2011/07/1984_movie_poster.jpg

[2] Nineteen Eighty-Four: http://www.amazon.com/gp/product/0452284236/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&tag=countercurren-20&linkCode=as2&camp=217145&creative=399369&creativeASIN=0452284236

[3] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2011/07/goldstein.jpg

[4] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2011/07/bigbrother.jpg

[5] 1984: http://www.amazon.com/gp/product/B00007KQA3/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&tag=countercurren-20&linkCode=as2&camp=217145&creative=399369&creativeASIN=B00007KQA3

mardi, 26 avril 2011

Algo sobre la distopia

 

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Algo sobre la distopía

 

Alberto Buela (*)

 

El concepto de distopía se puede definir como antónimo de utopía, como lo opuesto al de utopía, pero ésta sería una versión negativa y limitada del mismo. Sería algo así como una utopía negativa o como definir el disenso por oposición al consenso.

Lo que sucede es que desde la ciencia filológica y etimológica se le viene otorgando ab ovo una carga negativa al prefijo “dis”. Pero esto no es cierto, es un error extendido del que muy pocos filólogos se han dado cuenta. En nuestro medio la gran Ofelia Kovacci, nuestra antigua profesora de filología, lo ha remarcado,  y nosotros mismos, cuando hablamos acerca de la teoría del disenso. Y allí afirmamos: “El prefijo dis, que proviene del adverbio griego diV y que en latín se tradujo por bis=(otra vez), significa oposición, enfrentamiento, contrario, otra cosa. Así tenemos por ejemplo los vocablos disputar que originalmente significa pensar distinto, o displacer que equivale a desagrado, o disyuntivo a estar separado.

Disenso significa, antes que nada, otro sentido, divergencia, contrario parecer, desacuerdo”.[1]

Así el prefijo “dis” significa antes que nada “otra significación o una significación distinta a la habitual”, más allá de la carga negativa a que nos tienen acostumbrados los intérpretes políticamente correctos que trabajan de policías del pensamiento único. Por eso el significado profundo de “dis” no hay que buscarlo en términos como “des-honesto”, donde el prefijo “dis” tiene una carga peyorativa, sino en términos como “dis-putar”, que muestran que se puede pensar de otra manera.

Los pocos que han escrito sobre la distopía [2] sostienen que “es un tipo de narración que enfatiza la desesperanza y la interpretación negativa de lo social”. Sin embargo los distopistas que más se han destacado tanto en la literatura: Eugenio Zamaitin, Philip K. Dick, Anthony Burgess, Bradbury, Huxley, Orwell, Kurt Vonnegut, como en el cine: Metrópolis (de F. Lang), La Vida del Futuro (de W. Menzies), Blade Runner (de R. Scott), Brazil (de T. Gilliam), Gattaca (A. Niccol), Matrix (de los hermanos Wachowski), La carretera (John Hillcoat) lo que realizan, en el fondo, es una crítica a nuestra sociedad y a su relato mayestático: la utopía de la ciudad ideal, como la zanahoria inalcanzable delante de la liebre que nos plantea la mentalidad progresista.  

La distopía, en nuestra opinión, viene a pintar las consecuencias directas de la realidad inminente que vivimos o mejor padecemos todos los días. La distopía no tiene por objetivo negar la utopía sino que le viene a pinchar el globo a la mismísima realidad que nos apabulla con sus contradicciones diarias. Así por ejemplo, en Argentina nos vinieron a prometer la construcción de un tren bala de alta velocidad y el pueblo viaja todos los días hacinado como ganado en trenes destruidos, a 40km por hora. Vemos como el relato utópico nos llena la cabeza de humo con el tren bala y  el distópico nos sumerge en la dura realidad, en esa realidad inminente que se nos viene encima a diario.

Es un error garrafal entender la distopía como “la creación de una sociedad catastrófica y sombría”,  o peor aún, como “una sociedad de pesadilla en donde prima la desesperanza”. Esto es lo que nos quieren hacer creer, pero la finalidad última del pensamiento distópico es, como se puede ver claramente en los ensayos de Kurt Vonnegut, mostrar las contradicciones flagrantes de la sociedad opulenta, de consumo, bajo el reinado del dios monoteísta del libre mercado.

Es en definitiva, una crítica a las ambiciones infinitas, sin límites, desatadas por el hombre moderno. Una crítica demoledora a la subjetividad como principio de valoración del hombre, el mundo y sus problemas.

El discurso distopista viene a caracterizar como lo hace Charles Champetier al homo consumans para recuperarlo como uomo libero.

El prototipo del hombre distopista es el rebelde, el que se rebela contra el statu quo reinante, que se ve envuelto en la aventura de la insurrección que parece condenada de antemano al fracaso. Pues como afirma Jünger: “Los rebeldes de reclutarán de entre los que están decididos a luchar por la libertad, incluso en una situación sin esperanzas”. [3]

Pero no importa, su lema es: nos pueden haber vencido pero no convencido.

 

(*) alberto.buela@gmail.com



[1] Buela, Alberto: Teoría del disenso, Bs.As., Ed. Teoría, 2005, p. 8.

[2]Castro Orellana, Rodrigo:Ciudades Ideales, Ciudades sin Futuro.

El Porvenir de la Utopía,Murcia, Daimon, Suplemento 3, 2010, 135-144

[3] Jünger, Ernst: Tratado del rebelde, Bs.As., Sur, 1963, p.95

dimanche, 28 septembre 2008

Sur "Gobalia" de Jean-Christophe Rufin

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Ecole des cadres - Synergies Européennes - septembre 2008

Sur "Golbalia" de Jean-Christophe Rufin

http://users.skynet.be/pierre.bachy/rufin-globalia.html...

A lire à la suite de nos travaux sur George Orwell et Aldous Huxley

vendredi, 22 août 2008

Brèves réflexions sur l'oeuvre de H. G. Wells

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Werner OLLES:

 

Brèves réflexions sur l’oeuvre de H. G. Wells

 

Incontestablement,  Herbert George Wells est l’un des plus intéressants écrivains du 20ème siècle, à facettes multiples. Son oeuvre complète comprend près de cent volumes et va de la théorie (en biologie, en histoire contemporaine, en philosophie et en politique) à ces romans et récits devenus si célèbres dans le monde entier. Toutes ces créations littéraires sont des exemples de perfection en matière de littérature fantastique et utopique: de véritables classiques de la narration contemporaine. Wells est entré dans l’histoire intellectuelle de notre monde comme le père fondateur de la littérature de science-fiction et comme l’un des plus géniaux écrivains de ce genre.

 

H. G. Wells est né le 21 septembre 1866 dans la petite ville de Bromley dans le Comté de Kent en Angleterre. Son père était jardinier; plus tard, ses économies lui permirent d’ouvrir un petit commerce d’étoffes mais sa carrière de commerçant ne fut guère brillante. Le foyer parental était petit bourgeois, bigot, ce qui limitait les perspectives du jeune Wells. De cette époque de jeunesse date également son antipathie profonde à l’encontre du catholicisme qu’il abhorrait véritablement, l’accusant d’être une pensée pré-bourgeoise. La haine intense qu’il cultivait pour le culte “romain”, accusé d’être contre-révolutionnaire et médiéval, hostile à la modernité, l’amena même à plaider, pendant la seconde guerre mondiale, pour une destruction complète de Rome par les bombardiers alliés. Cette violente position anti-catholique le mettait pourtant en porte-à-faux par rapport à de nombreux intellectuels et écrivains anglais de son époque mais ne le dérangeait pas outre mesure: beaucoup d’écrivains anglicans en effet, comme Graham Greene, Evelyn Waugh, G. K. Chersterton ou Julien Green se convertirent au catholicisme.

 

Déjà dans ses premiers ouvrages, comme “La machine à remonter le temps”, un récit fantastique où un inventeur s’envole vers le futur, il se percevait lui-même en héros. De manière parfaitement prosaïque, il décrit un petit paradis où débarque son “voyageur à travers le temps”; y vivent les “Eloïs”, des créatures affables qui vivent en dehors de tous soucis. Mais bien vite, l’inventeur et voyageur remarque que cette société, en apparence si paisible, est pourtant soumise à la terreur le plus brutale. Les “Eloïs”, en effet, sont rançonnés et exploités par les Morloks, des monstres souterrains qui les massacrent sans pitié.

 

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Dans “L’Ile du Dr. Moreau”, le héros est un scientifique expulsé d’Angleterre qui mène des  expériences dans une île du Pacifique Sud, afin de transformer des animaux en demi-êtres à la suite d’opérations chirurgicales précises. Moreau, vivisectionniste démoniaque, est simultanément un Prométhée et un dieu punisseur. Les parallèles avec le récit de la Genèse sont flagrants: l’homme est toujours menacé de glisser à nouveau vers l’état de la bête et, à l’instar des créatures fabriquées par Moreau, les hommes, eux aussi, sont condamnés à la souffrance.

 

Wells s’était engagé dans la “Fabian Society”, une association de socialistes britanniques mais ce ne fut que pour une courte durée. Ses rêves sociaux-révolutionnaires se sont assez rapidement évanouis et il se tourne alors vers la métaphysique. Dans “La guerre des mondes”, il décrit comment des extra-terrestres réduisent l’Angleterre en cendres. Dans les années 30, Orson Welles fit de ce récit un reportage radiophonique qui semblait si vrai que des dizaines de milliers  d’Américains prirent la fuite, en panique devant cette invasion imminente de Martiens. Dans “Les géants arrivent”, il pose la question: les hommes, comme jadis les dinosaures, sont-ils condamnés à disparaître?

 

A la fin de sa vie, l’évolution de la politique et le développement des technologies firent de lui un pessimiste (voir son essai: “L’esprit est-il au bout de ses possibilités?”). H. G. Wells meurt le 13 août 1946 à l’âge de 79 ans à Londres.

 

Werner OLLES.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°33/2006; trad. franç.: Robert Steuckers).