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mardi, 15 décembre 2009

Et si on écoutait Maurice Allais?

allaisepe.jpgEt si on écoutait Maurice Allais ?

L’hebdomadaire Marianne vient de publier dans son dernier numéro (5 au 11 décembre 2009) un document signé Maurice Allais, prix Nobel d’économie, et intitulé Lettre aux Français. Alors que nous traversons une crise importante, le seul Français Prix Nobel d’économie n’est jamais sollicité pour donner à ses concitoyens ses explications des phénomènes dramatiques que nous vivons. Ce sujet est l’objet de la dernière partie de cette Lettre aux Français qui mérite d’être lue crayon en main.

Sur le silence des médias français à son encontre, Maurice Allais s’interroge. Il constate, comme nous pouvons le faire, que ceux qui n’avaient pas vu venir la crise et qui défendaient le système en place avant le déclenchement de celle-ci, sont toujours là, à nous expliquer les raisons de ce bouleversement économique et financier et les moyens à mettre en œuvre pour en sortir. Ce constat pousse le Prix Nobel à se demander quel lien existe entre les grands médias et les « intérêts qui souhaitent que l’ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu’il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d’un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu’il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale ». D’où les trois questions que pose Maurice Allais :

1°) « quelle est la liberté véritable des grands médias ?» ;

2°) « qui détient le pouvoir de décider qu’un expert est ou non autorisé à exprimer un libre commentaire dans la presse ? » ;

3°) « pourquoi les causes de la crise (…) sont-elles souvent le signe d’une profonde incompréhension de la réalité économique ? ».

Les fondements de la crise, Maurice Allais en voit deux. Cette analyse forme la partie principale de son intervention. La principale cause de la crise économique se trouve selon lui dans l’organisation mondiale du commerce ; la seconde étant le système bancaire. À ce titre, il stigmatise la récente dénonciation du G20 stipulant que le « protectionnisme » est dangereux et à bannir. Pour Allais, le protectionnisme est au contraire vertueux à condition qu’il s’exerce « entre pays de niveaux de vie très différents ». Il est alors « non seulement justifié, mais absolument nécessaire ». Au contraire, le protectionnisme entre pays à salaire comparable « n’est pas souhaitable en général ». Pour Maurice Allais, le chômage actuel « est dû à cette libéralisation totale du commerce » qui considère « les échanges comme un objectif en soi alors qu’ils ne sont que des moyens ». Partant donc du constat que « du chômage résultent des délocalisations elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaire » il préconise« de rétablir une légitime protection » à travers la recréation d’espaces régionaux économiques et sociaux homogènes, soit au sein des pays dits riches ou du côté des pays en voie de développement. Avec de telles régions, ces pays, en effet, pourraient développer « un marché interne suffisamment vaste pour soutenir leur production, mais suffisamment équilibré aussi pour que la concurrence interne ne repose pas uniquement sur le maintien des salaires bas ».

Au début de son article, Maurice Allais se définit à la fois comme socialiste et libéral ; socialiste par souci de « l’équité de la redistribution des richesses » et libéral par souci « de l’efficacité de la production de cette même richesse ». Les mots ne prennent pas en compte toute la réalité du problème, socialisme et libéralisme trouvant des racines communes dans le matérialisme. Mais ils expriment bien une certaine orientation, une certaine ambition, qui consistent à refuser l’étatisme mais à ne pas se désintéresser de la justice sociale et à désirer l’efficacité économique dans la mesure où elle peut servir au plus grand nombre.

Sans forcément partager toutes ses opinions, il est clair que l’on aurait intérêt à lire et à entendre aujourd’hui Maurice Allais. Il est âgé de 98 ans. N’attendons pas qu’il soit trop tard…

Pour aller plus loin, un site consacré à Maurice Allais : ICI [1].

Source : Caelum et Terra [2]


Article printed from :: Novopress.info France: http://fr.novopress.info

URL to article: http://fr.novopress.info/42074/et-si-on-ecoutait-maurice-allais/

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[1] ICI: http://allais.maurice.free.fr/

[2] Caelum et Terra: http://caelumetterra.hautetfort.com/archive/2009/12/09/et-si-on-ecoutait-maurice-allais.html

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jeudi, 29 octobre 2009

Vers la fin de l'hégémonie du dollar?

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Michael WIESBERG:

 

 

Vers la fin de l’hégémonie du dollar?

 

Début octobre 2009, est paru sur les pages internet du journal libéral de gauche britannique “The Independant” un article de Robert Fisk, leur correspondant au Proche Orient. Cet article a suscité de vives discussions. Selon les propos de Fisk, les Etats arabes du Golfe songeraient à remplacer d’ici les neuf prochaines années le dollar américain par un panier de devises et/ou de valeurs incluant le dollar, le yen japonais, le renminbi (ou yuan) chinois, l’euro et l’or. A ce panier s’ajouterait également la monnaie unique, actuellement en projet, du Conseil de Coopération du Golfe (CCASG) qui comprend l’Arabie Saoudite, Abu Dhabi, le Koweit et le Qatar. Pour concrétiser ce projet, ces Etats pétroliers arabes auraient déjà pris langue avec la France, la Chine, le Japon et la Russie. Les représentants de ces Etats se sont empressés de démentir les affirmations de Fisk en arguant qu’elles proviendraient apparemment de “sources intéressées et peu sûres”.

 

Mais la vitesse stupéfiante à laquelle l’article de Fisk s’est diffusé dans le monde entier démontre que la renommée du dollar a considérablement chuté au cours de ces dernières années et que l’incertitude quant à l’avenir du système monétaire international ne cesse de croître. 

 

On considère donc comme parfaitement imaginable que la facturation du prix du pétrole en dollars connaîtra bientôt sa fin et qu’ainsi le dollar cesserait d’être la monnaie-guide dans le monde. Ce pronostic a pour lui quelques arguments percutants: la crise financière a considérablement fragilisé les assises économiques des Etats-Unis; la confiance s’est évanouie ces dernières années dans les perspectives de croissance de l’économie américaine et dans la capacité qu’a la banque d’émission américaine de rétablir la stabilité des prix.

 

Les pays pétroliers cherchent-ils à se débarrasser de leurs réserves de dollars?

 

Or c’était justement cette confiance des acteurs économiques internationaux (comme les banques centrales, les producteurs de pétrole brut ou les banques d’investissement) qui fondait la suprématie monétaires des Etats-Unis depuis que Nixon, en 1971, avait abandonné la convertibilité du dollar en or. De plus, cette confiance résidait également dans le rôle de grands consomamteurs que l’on attribuait aux Américains (et c’est là sans doute qu’il aller chercher les origines de l’actuelle crise du dollar): les marchés américains, en effet, constituaient, jusqu’il y a  peu, 25% de la demande internationale. Et ce sont justement ces marchés-là qui sont frappés aujourd’hui d’un fort recul de la demande. 

 

La portée de ce recul saute aux yeux, si l’on examine comment fonctionnait le “modèle économique” du commerce entre les Etats-Unis et les Etats asiatiques en forte croissance, principalement la Chine: les Etats-Unis achetaient une bonne part des marchandises produites en Asie et les Etats asiatiques, en échange, investissaient leurs bénéfices d’exportateurs dans des emprunts d’Etat américains (ce qui équivaut à des billets de créance). C’est de cette manière que la colossale consommation américaine a été rendue possible (à laquelle même les plus pauvres avaient accès grâce à leurs cartes de crédit), car, par la demande d’obligations américaines, les taux d’intérêts pouvaient être maintenus très bas aux Etats-Unis.

 

Maintenant, le scénario se modifie: la faiblesse persistante du dollar menace de mettre un terme à “ce donner et à ce prendre”, surtout à cause de la perte de valeur des réserves de devises en dollars, que la plupart des banques centrales ont accumulées dans le monde entier. Rien que la Chine possède 24% des “Treasury Securities” américaines et le Japon, 21%. L’Allemagne, pour sa part, n’en possède que 1,8%. En revanche, elle possède beaucoup plus de “chiffons de  papier” émis par des banques privées américaines.

 

On pourrait croire  que les banques centrales ont grand intérêt à ce que le dollar restent à moitié stable. On peut toutefois réfuter cet argument en démontrant que les vicissitudes actuelles du dollar incitent à se débarrasser des réserves que l’on possède de cette devise, avant qu’elle ne chute encore, ce que la conjoncture américaine actuelle permet d’envisager.

 

Le danger de voir les banques centrales se débarrasser de leurs réserves de dollars est réel: le  processus pourrait d’ailleurs commencer dans les pays producteurs de pétrole (qui possèdent 6% des “Treasury Securities” américaines). C’est ce que constatent par ailleurs Jörn Grisse et Christian Kellermann dans une analyse qu’ils ont publiée auprès de la Fondation Friedrich Ebert en Allemagne. L’intérêt des pays producteurs de pétrole à un dollar stable est nettement moindre que dans les pays asiatiques. Ils peuvent aussi compenser la diminution de la demande américaine en allant au devant de la demande croissante d’hydrocarbures que l’on observe  ailleurs dans le monde.

 

Tous ces facteurs pourraient contribuer à précipiter la fin de l’hégémonie du dollar, ainsi que des “pétro-dollars”, comme on les appelle. Contrairement à ce que pense Fisk, on ne passera sans doute pas à l’artifice d’un “panier de devises” mais à  une autre devise, en l’occurrence, très probablement, l’euro.

 

Dans ce cas, les Etats-Unis perdraient leur droit de seigneuriage (le droit de battre monnaie) et les revenus qui en résultent comme les produits nets engrangés par la banque d’émission qui crée les liquidités et d’autres formes d’argent propres aux banques centrales, que celles-ci  peuvent produire vu la demande élevée de dollars. Par ailleurs, les Etats-Unis ont profité jusqu’ici des importations de capitaux en provenance des Etats exportateurs de pétrole. Vu le manque d’investissements potentiels dans ces pays mêmes, les bénéfices des Etats pétroliers étaient réinvestis pour une bonne part aux Etats-Unis.

 

Toutefois, faut-il le préciser, cette fin éventuelle de l’ère des pétro-dollars ne constituerait qu’une “ultima ratio” pour des Etats comme, par exemple, l’Arabie Saoudite qui est contrainte d’en appeler à la protection militaire des Etats-Unis. C’est là un véritable contrat d’assurance dont on ne se débarrassera que si le dollar subit une véritable et rapide dégringolade. La crainte de voir survenir une telle dégringolade est bien présente: elle s’exprime notamment par un repli vers  l’or, dont le court par once de métal fin, vient de battre un nouveau record (calculé en dollars).

 

La classe moyenne américaine ne sera plus jamais le moteur de la sur-consommation mondiale

 

En arrivera-t-on à cette extrémité du point de vue américain ou non? Cela dépendra essentiellement de la politique budgétaire du Président Obama et de la politique en matière d’intérêts de la Federal Reserve (la banque d’émission américaine). Ce qui apparaît toutefois indubitable, c’est qu’il n’y aura pas de retour possible, pour les Etats-Unis, à la situation dont ils jouissaient avant la crise financière. La classe moyenne américaine est extrêmement endettée, est menacée du chômage ou du moins d’un déclin social assuré: elle ne sera plus le moteur de la sur-consommation mondiale. Ensuite, les fonds de pension américains, nourris de gains privés obtenus par spéculation boursière, ont été entraînés dans les abîmes par la crise financière, alors qu’ils auraient permis aux retraités américains de bénéficier d’une fin de vie dorée; encore un pan de la consommation potentielle qui disparaît.

 

Le déclin de la classe moyenne américaine et l’effondrement des fonds de pension éliminent un incitant important chez les fournisseurs des Etats-Unis que sont la Chine et le Japon: pourquoi garderaient-ils le dollar comme devise de réserve? Ensuite, tous les bons du trésor américain auront un jour une fin, arriveront à échéance. S’ils ne trouvent pas suffisamment d’acquéreurs pour de nouveaux billets de créance américains (car l’offre de produits industriels américains est à présent assez limitée), la Federal Reserve pourra certes racheter ces “Treasury Bonds” et augmenter ainsi la bulle des dollars, mais cela aura des répercussions insoupçonnées en matière d’inflation ou autre. Il faudra donc beaucoup de doigté et d’imagination au Prix Nobel de la Paix Barack Obama s’il entend conserver, pour les Etats-Unis, les avantages que leur a offerts jusqu’ici la suprématie du dollar.

 

Michael WIESBERG.

(article paru dans  “Junge Freiheit”, Berlin, n°43/2009; traduction française: Robert Steuckers).

samedi, 26 septembre 2009

Iran, de dollar en de euro

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Iran, de dollar en de euro

Geplaatst door yvespernet

http://presstv.com/detail.aspx?id=106669&sectionid=351020102

Iran’s President Mahmoud Ahmadinejad has ordered the replacement of the US dollar by the euro in the country’s foreign exchange accounts.
The September 12 edict was issued following a decision by the trustees of the country’s foreign reserves, Mehr News Agency reported.
Earlier, the Islamic Republic of Iran had announced that the euro would replace the greenback in the country’s oil transactions. Iran has called on other OPEC members to ditch the sinking dollar in favor of the more credible euro.
Following the switch, the interest rate for the facilities provided from the Foreign Exchange Reserves will be reduced from12 to 5 percent.
Since being introduced by the European Union, the euro has gained popularity internationally and there are now more euros in circulation than the dollar.
The move will also help decouple Iran from the US banking system.

Iran’s President Mahmoud Ahmadinejad has ordered the replacement of the US dollar by the euro in the country’s foreign exchange accounts. The September 12 edict was issued following a decision by the trustees of the country’s foreign reserves, Mehr News Agency reported. Earlier, the Islamic Republic of Iran had announced that the euro would replace the greenback in the country’s oil transactions. Iran has called on other OPEC members to ditch the sinking dollar in favor of the more credible euro.

Following the switch, the interest rate for the facilities provided from the Foreign Exchange Reserves will be reduced from12 to 5 percent. Since being introduced by the European Union, the euro has gained popularity internationally and there are now more euros in circulation than the dollar. The move will also help decouple Iran from the US banking system.

Als u zich afvraagt waarom de V.S.A het op Iran gemunt hebben, dit is één van de hoofdredenen. Heel de retoriek over het gevaar van raketten heeft te maken met het scheppen van een anti-Iransfeer. Want als je nadenkt over die Iraanse “rakettendreiging” is dat niet meer dan onzin. Iran overleeft voor een zeer groot deel van de olie-export naar het Westen. Zodra er ook maar één Iraanse raket richting Europa vliegt, stort heel hun economie in.

En natuurlijk is Iran nu bezig met het versterken van hun leger. Ze hebben genoeg lessen getrokken uit Irak, dat ironisch genoeg kort voor de Amerikaanse inval bezig was met het overschakelen naar de Euro voor de olie-industrie. Komt daar nog eens bij, als Iran een kernwapen ontwikkelt, dan is het omdat ze lessen hebben getrokken uit Noord-Korea die met rust gelaten worden vanwege die kernwapens.

vendredi, 05 juin 2009

La Chine à l'offensive contre le dollar

La Chine à l'offensive contre le dollar

Alors que la crise économique bat son plein, contrairement à ce que proclament, sans grande conviction, nos augures gouvernementaux, alors que l’économie américaine s’effondre, les relations financières entre les Etats-Unis et la Chine se cantonnent dans l’opacité. Sur ce sujet, les communiquants sont discrets et les profanes n’y voient pas très clair. A vrai dire, la discrétion a toujours été une des premières vertus de l’empire du Milieu et peut-être bien que les communicants n’ont rien d’autre à dire de plus que nous ne sachions déjà.

Les Chinois, grands amateurs de bons du trésor américains, sont les premiers créanciers des Etats-Unis ; le yuan serait fortement sous-évalué, permettant aux Américains d’y trouver un financement de leur dette publique ; la Chine souhaiterait, appuyée par l’Iran, les pays du BRIC et peut-être bien par la Russie, se désolidariser du dollar pour adopter une nouvelle monnaie de réserve internationale qui le remplacerait, dans un système placé sous les auspices du Fonds monétaire international et dégagé des influences politiques de certains pays ; la Chine augmente ses réserves d'or qui ont quasiment doublées durant les cinq dernières années pour atteindre désormais 1054 tonnes – la Chine, rappelons le, est devenue en 2007 le premier pays producteur du métal précieux, dépassant l'Afrique du Sud, leader historique. Tout cela, le profane le sait, mais la confusion demeure. Polémia soumet à la réflexion de ses cybernautes une étude rédigée par l’économiste Antoine Brunet, directeur d'AB Marchés, qui devrait éclairer leur lanterne.

Polémia


La Chine à l'offensive contre le dollar


Certains croyaient qu'il existait un accord implicite entre les Etats-Unis et la Chine : les premiers acceptaient la sous-évaluation massive du yuan, mais obtenaient en échange de la seconde un financement indéfectible de la dette publique américaine, et la reconnaissance du dollar comme seule vraie monnaie de réserve. On l'a même appelé "l'accord Bretton Woods 2". Or depuis juillet 2008, et jusqu'à la récente visite du président brésilien Lula à Pékin, tout indique que cet accord, s'il a jamais existé, n'existe plus. Dès juillet dernier, on vit ses premières fissures. Les dirigeants chinois interrompent, unilatéralement et sans avertissement préalable, le processus de réévaluation très graduel du yuan contre dollar qu'ils avaient accepté sous la pression du Congrès américain (de 8,28 yuans pour 1 dollar en juillet 2005 à 6,85). Quand le cours équilibrant se situe sans doute à 2 yuans pour 1 dollar, on mesure la provocation que cette interruption soudaine signifiait pour les dirigeants américains.

Au même moment, l'organisme qui gère les réserves de change de l'Etat chinois décide de sortir des obligations Agencies (Freddie Mac et Fannie Mae) pour se concentrer sur les seules obligations du Trésor américain. Ils accentuent ainsi la crise des Agencies, et contraignent monsieur Paulson à les nationaliser le 7 septembre pour un coût de 200 milliards de dollars. Un stress qui conduira les dirigeants américains à lâcher Lehman Brothers huit jours plus tard. La Chine ne jouant plus le jeu, la panique s'était emparée de l'administration américaine.

L'arrivée d'Obama à la présidence des Etats-Unis ne ramènera pas la Chine à plus de coopération. En janvier 2009, sans doute pour décourager la nouvelle administration d'exiger une réévaluation du yuan, la Chine interrompt ses achats d'obligations du Trésor à plus de deux ans ; elle ne les reprendra qu'en mars, et pour un montant limité, après que Tim Geithner, nouveau secrétaire au Trésor, a dissuadé publiquement ses partenaires du G7 de réclamer l'inscription du yuan à l'agenda du G20 suivant ;

En clair, la Chine entend bien continuer à capitaliser sur son commerce extérieur l'avantage que lui donne la sous-évaluation massive du yuan. Pour autant, elle n'entend plus financer le déficit public américain, ni soutenir le dollar comme monnaie de réserve. En mars, le numéro deux chinois, Wen Jiabao, et le gouverneur de la banque centrale, M. Zhou, dénigraient la capacité du dollar à se maintenir comme monnaie de réserve et pointaient la nécessité de son remplacement à terme par une monnaie non nationale : un nouveau DTS.

Au même moment, la Russie annonçait vouloir remplacer le dollar par une monnaie non nationale avec l'aval des autres pays du BRIC (Brésil, Inde et Chine) ainsi que de la Corée du Sud et de l'Afrique du Sud. D'ailleurs, la Chine et le Brésil, qui ont des réserves de change considérables, ont refusé de s'inscrire comme les pays du G7 dans les accords d'emprunt en dollar du FMI, accords qui visent à protéger de la crise mondiale les pays émergents en difficulté (Mexique, Turquie, Pologne, etc.). S'ils ont consenti le 23 mars à financer le FMI, c'est à la condition expresse que, pour la première fois de son histoire, il se finance par émission d'obligations, et ce libellées en DTS et non en dollar.

Dans le même esprit, la Chine révélait, le 27 avril, que ses réserves d'or s'élevaient, non pas à 400 tonnes d'or comme affirmé depuis 2003, mais en réalité à 1.000 tonnes. Tout est bon pour déconsidérer le dollar et convaincre les pays tiers (les pays du Golfe en particulier) de le répudier comme monnaie de réserve et comme monnaie de règlement. Enfin, dernier coup porté au billet vert, le 18 mai, le Brésil et la Chine, à l'occasion d'un voyage du président Lula à Pékin, annoncaient qu'ils n'utiliseraient plus le dollar comme moyen de règlement dans leurs échanges bilatéraux.

Dans ces grandes manœuvres visant à mettre en cause le privilège du dollar tout en conservant pour elle une monnaie sous-évaluée, la Chine joue donc un rôle central. Une évolution hautement géopolitique. Comme l'a rappelé Adam Poser, du Peterson Institute, « le gouvernement américain a toutes les raisons de croire que le dollar doit rester la devise de référence du commerce international. C'est une question géopolitique autant que monétaire. Il offre la meilleure sécurité possible aux Etats-Unis dans l'économie mondiale ».

Les Chinois comme les Russes semblent ne pas avoir oublié que c'est en finançant la guerre des étoiles par le dollar, monnaie de réserve, que les Etats-Unis de Reagan avaient défait l'URSS de Brejnev.

Antoine Brunet,
Economiste, directeur d'AB Marchés.
22/05/09

Correspondance polémia
26/05/09

samedi, 07 mars 2009

Année 2008 : l'effondrement du modèle individualiste

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Année 2008 : l’effondrement du modèle individualiste [1]

Par Olivier Carer

La faillite de Lehman Brother le 15 septembre 2008 et l’écroulement du frauduleux château de cartes Madoff auront signifié pour l’ordre marchand ce que l’effondrement des Tours jumelles du World Trade center représenta pour l’Empire états-uniens.

Le krak mou qui aspira en quelques mois l’adiposité des fortunes les plus installées, de même que la déconfiture des usuriers ou la ruine de leurs malheureux clients ont scellé la fin du mythe de l’argent facile fondé sur une pyramide spéculative, sur des montages financiers incompréhensibles ou même souvent sur des manipulations mirobolantes. L’immoralité des spéculateurs névrotiques, la perversité de systèmes de rémunérations des traders ou des banquiers, la complaisance d’agences de notation consanguines ont accompagné la généralisation d’agissements collectifs illégaux pour lequel le médiatique Kerviel servit un temps de bouc émissaire utile.

Mais cette analyse technique de la crise de l’automne 2008, somme toute assez classique, ne laisse apparaître que l’écume de la vague. Car sous les soubresauts boursiers, un mouvement tellurique de grande ampleur ébranle tout un système de valeurs. C’est une véritable déflagration à laquelle nous assistons. Elle vient saper les fondements d’un ordre marchand que le vaticinateur Jacques Attali décrivait avec une provocante délectation dans sa « Brève histoire de l’avenir ».

La bataille de l’homme invisible avec lui même

Avec un à-propos salvateur, une intelligence invisible est venue menotter « la main invisible du marché » et faire sortir de ses rails la globalisation marchande et la financiarisation de l’économie qui se voulaient inéluctables. Ce déraillement de la locomotive mondialiste a surtout renvoyé à la figure d’une élite mondiale anthropocentrée qui a cru pouvoir revendiquer le meurtre de Dieu, les règles de l’ordre naturel.

La revanche du réel

L’économie qui relève moins d’une science prédictive que d’une méthode d’analyse de phénomènes passés, feint depuis peu d’opportunes indignations !

Comment réclamer 12% de rendement garanti lorsque la richesse effectivement produite ne dépasse pas 3%? Comment les banques ont-elles pu s’écarter des règles prudentielles en acceptant d’investir dans un système de titrisations risquées enrobé dans une opacité entretenue ? Pourquoi aucun organisme de contrôle privé ou étatique n’est intervenu comme régulateur d’un petit monde financier devenu fou ? Comment professer qu’un prêt puisse être accordé au delà des capacités propres de remboursement de l’emprunteur? Comment les états ont-ils pu croire que l’overdose de crédits allait pouvoir masquer indéfiniment l’érosion du pouvoir d’achat des ménages ? Comment imaginer un seul instant que la planète pouvait supporter la généralisation du modèle de consommation américaine pour les milliards d’humains à venir?

Le retour sur terre est effroyable. L’univers « champagne» où les financiers naviguaient dans un océan de liquidités et de bulles, s’est brutalement asséché. Les bulles boursières, du crédit, de l’immobilier, et récemment celle des matières premières ont explosé faisant de nombreuses victimes. On ne peut dépenser que la richesse que l’on a réellement créée. On ne peut engager nos économies que sur des risques que l’esprit humain est capable de mesurer. On ne peut rembourser qu’avec des revenus effectifs et non supposés car personne n’est riche de crédits garrotteurs. Enfin, la terre ne peut satisfaire la promesse mondialiste de l’accès à un salut de l’homme ici-bas par la consommation planétarisée. Dans un monde purement matérialiste où le seul moteur collectif est la consommation, lorsque le mirage des écrans plats et des gadgets informatiques qui servait de but ultime de la vie s’évapore, il ne reste rien que le désarroi. En 1951, l’économiste François Perroux proclamait déjà avec justesse: « les biens les plus précieux et les plus nobles dans la vie des hommes, l’honneur, la joie, l’affection, le respect d’autrui, ne doivent venir sur aucun marché ».

La revanche du grégaire

La conception d’un monde « nomade », du règne de la jouissance éphémère et immédiate qu’avec Bernard Attali, les mondialistes appelaient de ses vœux sombre dans le grand tourbillon bancaire et financier. Nous vivons le discrédit d’un paradigme cosmopolite qui annonçait l’avènement de l’homme nouveau « libéré » de ses attaches territoriales, historiques ou identitaires et devait voir la naissance d’un être de consommation, ne vivant que pour lui, n’agissant que pour satisfaire son égocentrisme, ne connaissant de loyauté qu’envers ses propres intérêts.
En cette fin d’année, cette utopie dangereuse rejoint le communisme au cimetière des idéologies cannibales.

Ce cataclysme bienfaisant qui balaye « le nouvel ordre mondial » devenu subitement ancien, déverrouille les portes d’un monde qui situe l’homme dans sa communauté et dans la chaine des générations. L’hétéronomie a désormais vocation à effacer progressivement la tyrannie de l’autonomie qui reconnaissait à l’homme un droit absolu de s’affranchir de tout mode de pensée héritée, de toute référence à une norme collective. Dans une économie qui ne doit être une fin en soi, ce mouvement rappelle à nous les valeurs des peuples sédentaires, celles des hommes qui construisent les murets de la montagne sur plusieurs générations pour eux-mêmes mais aussi pour leurs descendants. Refusant l’éphémère, le superficiel et l’individualisme prédateur, ils œuvrent dans la durée, dans le souci du futur et le respect de la nature.

Ce mouvement plein d’espoir pour l’avenir, vient donner à Barrès et à Péguy une nouvelle modernité.


Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info

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mercredi, 14 janvier 2009

Terre & Peuple n°38: Capitalisme, non merci! - Pour une troisième voie identitaire!

Terre et Peuple Magazine

n°38

Hiver 2008

 

 

Sommaire - TP Mag n°38

TERRE ET PEUPLE MAGAZINE - Terre et Peuple Magazine n°38 - Hiver 2008
Samedi, 18 Octobre 2008 01:59

Éditorial de Pierre Vial :

Pour une Troisième Voie identitaire

En Bref
- Nouvelles d'ici et d'ailleurs

Identité
- La ligue des Peuples d'Europe

Origines
- Nos racines généalogiques

Nos traditions
- Les fourneaux d'Epona

Indo Européens
- Les Faussaires de l'Histoire

XIII° table Ronde de Terre et Peuple
- Le combat Culturel, pour quoi faire ?

Culture
Patrimoine
- Prora, une mémoire Allemande
- Le mur Slave de Jaromarsburg

- Notes de lectures

DOSSIER - Capitalisme ? Non Merci !  Pour une Troisième Voie

Editorial - TP Mag n°38

TERRE ET PEUPLE MAGAZINE - Terre et Peuple Magazine n°38 - Hiver 2008
Samedi, 18 Octobre 2008 00:00
Pour une Troisième Voie identitaire

Face à la crise qui ébranle si fortement le système capitaliste (jusqu’où ? L’avenir le dira…) il est indispensable d’apporter une réponse alternative. Une réponse qui ne peut être que révolutionnaire. On ne se refait pas…Frileux s’abstenir.

Comme le rappelle l’entretien que nous publions dans notre dossier « Capitalisme ? Non merci ! », le concept de Troisième Voie a été très formateur pour toute une génération de militants (et militantes !) dans les années 1980. Il est nécessaire de le revivifier aujourd’hui car il est au cœur de notre combat idéologique – et plus que jamais nécessaire au vu de la situation présente.

Certains esprits chagrins vont critiquer ce choix. D’abord parce que critiquer les autres, tous les autres, est leur passe-temps favori, d’autant plus qu’en retour ils ne proposent rien, incapables qu’ils sont d’avoir une pensée positive. Ensuite, au mauvais prétexte qu’une Troisième Voie n’est plus de saison puisque la Troisième Voie des années 1980 se définissait tout à la fois contre l’impérialisme américain et contre l’impérialisme soviétique. Or celui-ci a disparu… Certes. Mais c’est confondre, volontairement ou involontairement, système soviétique et marxisme. Or celui-ci est toujours vivant, bien vivant, trop vivant puisqu’il imbibe, sans le dire (c’est le b-a ba de la subversion), tous les pouvoirs en place. Bien sûr, se dire marxiste n’est plus autant à la mode que dans le passé. Mais le marxisme n’en exerce pas moins, sous une forme souvent banalisée, son contrôle sur le pouvoir culturel, lequel (merci Gramsci !) conditionne la conscience de nos contemporains – si bien que, fin du fin, beaucoup d’acteurs de la vie publique font du marxisme sans le savoir, en dignes successeurs de Monsieur Jourdain.

Sur le plan politique, une ligne Troisième Voie permet de dénoncer droite et gauche comme les deux faces de la même (fausse) monnaie (exemple criant : le mondialisme libéral et l’altermondialisme gauchiste ont en commun d’affirmer la nécessité d’un mondialisme). Une Troisième Voie est une nécessité absolue pour sortir du jeu de tricheurs, utilisant des fausses cartes, qu’est le Système en place.

Les turpitudes des socialistes ont l’avantage d’étaler sur la place publique une vérité accablante pour les cœurs sincères qui croient encore au socialisme : le Parti qui parle en leur nom accepte le système capitaliste sous prétexte qu’on pourrait le réformer, l’aménager, le rendre supportable. Cela s’appelle la sociale-démocratie. C’est à dire le frère jumeau du capitalisme libéral. Comme en a fait l’aveu publiquement Delanoë, qui est d’après Le Nouvel Observateur (22 mai 2008) « le candidat préféré des électeurs de gauche pour la prochaine présidentielle ». Et qui annonce tranquillement : « La gauche que je défends est par essence libérale (…) Je suis donc libéral et socialiste ». Si les mots ont encore un sens, cela apparaît comme le mariage de la carpe et du lapin. Mais ce mariage n’a pas empêché Martine Aubry, qui veut nous la jouer « plus pure et plus dure socialiste que moi, tu meurs », d’accepter dans son escarcelle les voix de Delanoë pour venir à bout, bien difficilement d’ailleurs, de Ségolène Royal, en battant le rappel de tous les dinosaures du PS.

La déclaration de Delanoë, présentée dans les media comme une grande nouveauté et une belle audace, n’est en fait nouvelle et audacieuse en rien. Elle correspond en effet parfaitement à un jeu de dupes qui remonte au XIXe siècle, lorsque les radicaux-socialistes de la IIIe République firent en sorte de neutraliser, en acceptant le jeu constitutionnel et électoral, les ardeurs révolutionnaires des vrais socialistes français, héritiers de Proudhon et de Blanqui, marqués par le beau rêve de la Commune de Paris. Ces hommes et ces femmes (honneur à Louise Michel !) que les bourgeois versaillais traitaient dédaigneusement de « Communards », incarnaient une tradition politique qui, comme l’a rappelé Alain de Benoist dans son bel édito du n° 126 d’Eléments (automne 2007), « impliquait à la fois le refus de l’exploitation du travail, de l’égoïsme prédateur et du nihilisme jouisseur, en même temps qu’un certain conservatisme moral, le sens de l’honneur et de la parole donné, le goût de la loyauté, de l’entraide et de la solidarité ». Une telle conception, forgée dans les luttes contre la bourgeoisie louis-philipparde et héritière du compagnonnage,  transcendait le clivage artificiel gauche-droite, conçu pour couper les peuples en deux – pour le plus grand profit des usuriers cosmopolites. Un tel idéal a survécu au fil du temps avec l’aventure boulangiste, avec Maurice Barrès candidat aux élections de 1898 à Nancy sous l’étiquette « nationaliste-socialiste », avec le Cercle Proudhon fondé en 1911 sous l’influence de Sorel et du premier Maurras (« une des premières tentatives d’union des forces révolutionnaires de droite et de gauche en vue d’un syndicalisme à la fois socialiste et nationaliste », Dictionnaire de la politique française, 1967), avec ces « non-conformistes des années 30 » (Mounier, Maulnier, Rougemont et tant d’autres) bien étudiés par Jean-Louis Loubet del Bayle, avec les néo-socialistes de Déat, Marquet, Montagnon et Renaudel, avec le PPF de Doriot. Au-delà de leur diversité, ces hommes, ces mouvements étaient en quête d’une Troisième Voie, comme l’étaient, entre 1919 et 1945, Jose-Antonio, Ramiro Ledesma Ramos et Onesimo Redondo en Espagne, Degrelle et Henri de Man en Belgique, le premier fascisme (et le retour aux sources avec la République Sociale) en Italie, les courants nationaux-révolutionnaires et volkisch, à l’intérieur et à l’extérieur de la NSDAP, en Allemagne, et tant d’autres courants comparables dans la plupart des pays européens.

Après 1945 – et pour ne parler que de la France – François Perroux, le « gaullisme de gauche », le groupe « Patrie et Progrès », les courants Algérie Française au sein de la SFIO et du Parti Radical (Jean-André Faucher et ses amis), Maurice Bardèche et son Défense de l’Occident, Jeune Nation puis Europe-Action et, bien sûr, Troisième Voie, ont représenté peu ou prou, chacun à leur façon et dans des registres évidemment très différents, la volonté d’une ligne anticapitaliste et antimarxiste.

Aujourd’hui, face au marxisme rampant (travesti en droitsdelhommisme larmoyant) et au libéralisme sûr de lui et dominateur, s’impose la nécessité d’une Troisième Voie clairement affirmée. Elle doit reposer sur la nécessaire primauté d’un pouvoir politique exerçant sa légitime souveraineté sur l’outil économique, pour imposer la justice sociale. Elle doit reposer aussi sur la notion d’identité : dans la mesure où marxisme et libéralisme s’accordent sur le primat de l’économique et la nécessité d’un mondialisme tueur de peuples, niveleur et destructeur des appartenances organiques, ethniques, c’est l’affirmation des patries charnelles enracinées et du droit du sang qui fonde la légitimité d’une référence « Troisième Voie ».

Il faut le dire à ceux qui croient sincèrement au socialisme : le seul socialisme authentique est celui qui affirme la primauté des droits de la communauté sur les droits de l’individu et qui rappelle à celui-ci la nécessité des devoirs envers sa communauté. C’est en cela qu’il n’est pas compatible avec le libéralisme, lequel est indissociable de l’individualisme, source d’un égoïsme narcissique. Or les seules communautés légitimes sont les communautés organiques, populaires, qui reposent sur l’identité ethnique.

C’est pourquoi la Troisième Voie que nous voulons est celle d’un socialisme fidèle à ses origines, un socialisme identitaire, solidariste et fédéraliste, qui mettra en application la nécessaire justice sociale en éradiquant l’exploitation capitaliste mondialiste, sûre d’elle et dominatrice, cause véritable de l’invasion de notre terre par des populations victimes du Système et qui devront, pour retrouver une vie équilibrée et satisfaisante, retourner sur leurs terres d’origine. Ce qui permettra, alors, de passer avec elles des accords bilatéraux destinés à permettre à tous les peuples d’affirmer avec force, face au mondialisme niveleur, dans un monde multipolaire, leur droit à l’identité ethnique.



Pierre VIAL
 

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mardi, 21 octobre 2008

La religion séculière de la Banque mondiale

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La religion séculière de la Banque mondiale

 

Recension: Susan GEORGE/Fabrizio SABELLI, Crédits sans frontières, La Découverte, coll. Essais, 1994, 278 p., 156 FF.

 

La Banque Mondiale ressemble à une organisation léniniste. Elle a une doctrine, une hiérarchie, des outils d'auto-justifica­tion. C'est une formation politique centralisée, opaque et autoritaire, avec des lignes successives. La Banque joue le rôle d'instrument principal de renforcement de l'emprise des USA (ou du G7) sur le monde.

 

L'appellation Banque Mondiale désigne la somme: BIRD (née à Bretton-Woods) + IDA (Association Internationale de Développement, créée en 1960 pour accorder aux pays pauvres des prêts à conditions libérales). Les prêts de la BIRD sont négociés individuellement, et la Banque n'annule ni ne rééchelonne les dettes. L'IDA touche des fonds au titre de l'aide pu­blique des pays donateurs. Outre la BIRD et l'IDA, la Banque regroupe deux autres membres: La SFI (depuis 1956) qui prête aux entreprises privées et aide notamment les transnationales à s'implanter dans les PVD; L'AMGI: Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (depuis 1988) qui fournit les services d'assurance et garantit les investis­seurs contre les risques non commerciaux. L'une des fonctions peu connues de la Banque consiste à présider deux bonnes douzaines de consortiums d'aide ce qui lui permet d'exercer son pouvoir important sur d'autres donateurs de fonds publics.

Elle propose quatre types de prêts :

1 - Prêts projets (à l'industrie pétrolière russe pour faciliter l'implantation d'entreprises transnationales dans le secteur).

2 - Prêts d'ajustement sectoriel (au Mexique pour privatiser le secteur énergétique).

3 - Prêts à des institutions (pour les orienter vers le commerce extérieur).

4 - Prêts d'ajustement structurel (pour lutter contre l'endettement, transformer les ressources en production exportable, favoriser l'implantation de transnationales). Depuis 1987 ces quatre types de prêts sont coordonnés pour chaque pays.

 

Les propriétaires de la Banque sont les pays, au nombre de 176 en 1993. Ils ont un poids différent: USA, 17,2% des droits, Japon, 6,6%; GB, France, Allemagne, 5%. Chaque pays est forcément membre du FMI. Les fonds prêtés par la Banque viennent surtout des obligations qu'elle vend sur les marchés mondiaux. Les obligations sont garanties par les pays. La Banque ne prête pas plus qu'elle ne possède de capitaux et réalise d'importants bénéfices. Elle passe aussi des contrats avec des entreprises essentiellement américaines. En 1993, elle disposait de 8000 collaborateurs et 673 consultants.

 

L'article I des statuts de la Banque stipule cinq objectifs, dont deux concernent les relations avec les capitaux privés: pro­mouvoir les investissements privés à l'étranger; conduire des opérations en tenant compte des répercussions des investis­sements internationaux sur le commerce dans les Etats membres. En 1973, McNamara lança le concept de “pauvreté ab­solue” et donna comme objectif le développement qui consiste à prendre en charge la pauvreté. La Banque définissait le lieu, le contenu, l'organisation et les priorités des projets. Le pays lui demandait de bien vouloir en étudier le financement. Dans l'esprit de McNamara, un dollar décaissé était automatiquement un dollar qui faisait du bien car il pensait que le pro­blème du sous-développement était un problème de mauvaise gestion. Mais, lorsqu'il affirmait le besoin de “protéger ces pays en développement qui ont réellement besoin de notre aide et nous la demandent”, il souhaitait protéger des groupes de dirigeants qui gouvernaient contre de larges fractions de leurs populations. McNamara se croyait capable de gérer voire d'intimider les dirigeants politiques du tiers monde. Lorsqu'il partit, la crise de la dette était sur le point d'éclater.

 

LE SALUT STRUCTUREL

 

Barber Conable prit la présidence de la Banque le 1 juillet 1986. L'équipe Reagan considérait qu'elle était une institution dé­pensière et politiquement lâche. Les USA voulaient promouvoir énergiquement leurs politiques de privatisation et de libre-échange. Avec Conable s'installa l'obsession de promouvoir dans le monde entier l'ajustement structurel. Les programmes d'ajustement ont pour objectif de supprimer les barrières financières et commerciales; de diminuer les dépenses publiques; de promouvoir les exportations; de garantir le paiement du service de la dette. La notion d'ajustement structurel devint rapi­dement un puissant moyen de transformation de sociétés entières: carottes et bâtons pour promouvoir les exportations. Cela a aggravé la pauvreté mais aussi a épuisé les forces potentielles d'opposition. La misère engendre le désespoir..., non la révolte. Les émeutes ne sont pas une organisation politique permanente dotée d'objectifs clairs et de moyens sociaux et matériels destinés à atteindre ceux-ci.

 

Les doctrines de la Banque ont un statut comparable à celui de la loi naturelle d'inspiration divine. L'expert en développe­ment intercède entre les mondes développé et sous-développé: il aide les sous-développés à accomplir le difficile parcours qui mène au salut. La Banque entend réorganiser des pays entiers, en utilisant de préférence deux sortes d'outils: les prêts à l'ajustement structurel et les prêts sectoriels. Aussi, la Banque a renforcé ses axes par pays. Le travail du responsable-pays est de s'assurer que tous ses projets iront dans le sens de l'intégration de l'économie nationale au sys­tème financier et commercial international. Le décideur-clé devra donner sa bénédiction au gouvernement d'un pays pour toutes ses entreprises économiques et financières. Parallèlement, L. Summers qui fut économiste en chef de fin 1990 à avril 1993 suggéra que la banque devrait encourager le transfert des industries sales vers les PMA. L. Summers était un véritable prédicateur démarchant les pays en développement pour leur caser l'économie de marché...

 

La banque a mis dix ans pour imposer l'ajustement structurel au monde. Elle s'est réorganisée en 1987 pour mieux servir cette doctrine.

 

L'ORGANISATIoN DE CETTE CHOSE

 

La Banque, cette Chose, choisit les meilleurs talents du monde. La voie royale pour une embauche est le YPP (Young Professionals Program). Hyperformés en économie et en finance, les YP constituent une espèce de club dans le travail et dans la vie. Ils sont sélectionnés par un sévère programme d'acceptation, puis doivent “contribuer de manière significative aux programmes de travail de deux départements dans lesquels ils passent six mois”. On leur attribue un ou plusieurs mentors qui s'assurent que leur charge de travail est suffisamment lourde pour “étouffer dans l'œuf toute velléité de ré­flexion personnelle”.

 

La Banque combine le conseil, le soutien à l'ajustement, la coordination de l'aide entre autres prêteurs et l'investissement privé. Sa domination hégémonique doit être d'abord intellectuelle pour justifier les politiques d'ajustement structurel. L'argent achète le leadership intellectuel. Les chercheurs employés se comptent par centaines. A part la puissance éco­nomique et médiatique, la Banque tire sa force (et sa faiblesse) de son homogénéité. Comme les scolastiques du Moyen-Age, bien que les intellectuels de la Banque aient élaboré un étonnant corpus de commentaires théologiques en économie, la recherche sortant du champ doctrinal autorisé n'est nullement encouragée. La Banque un complexe "intellectualo-financier" atteint du syndrome d'orthodoxie déguisée en pluralisme.

 

L'organisation interne de la Banque est un système en cascade. Les vice-présidents choisissent leurs subalternes, qui choisissent leurs sous-fifres, et ce jusqu'au personnel dit “de soutien”. Ce système fait penser à l'organisation d'une secte monothéiste ou à une hiérarchie d'arrangements bienfaiteur-client comme dans toute mafia. Les critères de choix du per­sonnel ne sont pas connus. Les conditions offertes par la Banque ressemblent à celles des nombreux instituts de recherche soviétiques au temps de Lénine: les priorités sont explicites; la hiérarchie est forte et pousse à la révérence; les pro­grammes de recherche sont liés aux préoccupations de politique étrangère des USA; les chercheurs recrutés sortent des institutions dans lesquelles prédomine la doctrine en vogue aux USA.

 

Le principal avocat de la Banque est le Comité BrettonWoods, dont le siège se trouve à Washington, et est composé de 400 dignitaires de l'establishment américain. Ce Comité a parrainé un colloque en 1989 sur la dette du tiers monde, à partir du­quel fut lancé le plan Brady. Le Comité s'occupe aussi de constituer un réseau d'entreprises pour appuyer les banques de développement, car les firmes US bénéficient largement des contrats de la Banque. Ce comité a aussi parrainé une série de réunions et de colloques consacrés à promouvoir la privatisation en Europe de l'Est et dans l'ex-URSS. En 1993, la Banque a financé une société de conseil en politique et en image d'entreprise qui lui a suggéré de se présenter comme le partenaire de tout client potentiel. Depuis 1994, un conseiller en image y travaille à plein temps (un monsieur Herb Schmerz).

 

Le Conseil des gouverneurs (formé du ministre des finances ou d'un gouverneur de la Banque Centrale de chaque pays membre) administre formellement la Banque. Il se réunit deux fois par an: au printemps et à l'automne, pour la grande as­semblée générale conjointe du FMI et de la Banque. Le Conseil compte 176 pays (ce qui ne facilite pas la prise de déci­sion). Le pouvoir des gouverneurs est délégué à 24 administrateurs qui composent le conseil d'administration. Ils sont ré­munérés par la Banque. Le président est désigné en fait par les USA. L'administrateur américain informe ses col­lègues du choix de son gouvernement. En contrepartie, le FMI est dirigé par un Européen. Malgré 24 nationalités, les admi­nistrateurs ont beaucoup en commun. La moitié des membres du Conseil a reçu tout ou partie de son éducation universi­taire aux USA. Ils sont aussi presque tous économistes ou spécialistes de la finance. Ils sont, à quelques rares exceptions près, fonctionnaires de carrière. Dix d'entre eux ont enseigné à l'université. La moitié dispose aussi d'une expérience anté­rieure au sein des institutions de Bretton-Woods.

 

La tâche du conseil est compliquée par les problèmes d'information. Celle-ci est nettoyée pendant son ascension à travers la Banque: le personnel défend l'opinion qu'il faut avoir avec les gouverneurs la stratégie du Champignon: les nourrir de merde... et les laisser dans l'obscurité. En outre, un rédacteur professionnel a pour fonction de remplacer tous les mots et expressions négatifs par des euphémismes appropriés... Cette imbrication et cette interaction des similarités d'âge, de mé­tiers, de discipline universitaire, cette forte américanisation des formations et la connaissance préalable des institutions de Bretton-Woods garantissent une forte adhésion au modèle de développement classique de la banque.

 

LA GOVERNANCE ET LA HAInE DE l'ENVIRONNEMENT

 

La Banque entre dans la stratégie de “dynamitage” des . économies menée par les USA. La Banque est en fait une en­treprise de restructuration de l'économie mondiale (donc du monde).

 

Le développement avait cherché à intégrer les échelons supérieurs des populations du tiers-monde (de 10 à 40 % selon les pays), aux classes occidentalisées et consommatrices, ainsi qu'à l'économie de marché globale. Ce développement a été brillamment réussi. Partout, les “élites” ont fait payer à leurs compatriotes le coût de l'ajustement. Elles ont bénéficié de l'ajustement structurel en plaçant leur argent à l'étranger (s'enrichissant à chaque dévaluation de la monnaie nationale); le démantèlement du contrôle des importations a encouragé l'entrée des biens de luxe, et une pléthore de domestiques, gardes du corps compris, et d'ouvriers bon marchés a fait son apparition. Les services publics s'effritent. Mais peu importe, les riches peuvent se payer des services privés...

 

Le terme Governance désigne aujourd'hui à la Banque une bonne direction gouvernementale des affaires d'un pays. N'ayant plus de rôle à jouer comme acteur pro-occidental de la guerre froide, elle peut miser sur la plus récente menace qui pèse sur la sécurité du monde: les nouvelles classes dangereuses. Les pauvres sont à la fois la raison d'être de la Banque et son problème permanent.

 

A partir de la Présidence de Lewis Preston en 1991 (mort en 1995) le volume des prêts de la Banque devint fonction de l'importance des efforts du pays pour réduire la pauvreté. Ce processus et cette exigence ont été appelés “governance”. La governance est la manière d'exercer le pouvoir en matière de gestion des ressources économiques et sociales d'un pays, et en vue de son développement. Une bonne governance, pour la Banque mondiale, est synonyme de bonne gestion du développement. La liste détaillée de la bonne governance emprunte ses valeurs de base à la religion séculière des droits de l'homme. Autrement dit, c'est le programme politico-théologique acceptable par les Maîtres de l'Occident. Il affiche cinq articles de foi:

1 - Les dirigeants politiques répondent de leurs actions devant le peuple. La légitimité est établie périodiquement par un pro­cessus de choix: élections, référendums.

2 - La sécurité des citoyens est assurée et le respect de la loi est garanti, de sorte que des contrats peuvent être appliqués en toute justice entre opérateurs privés et entre opérateurs privés et Etat. En outre la loi protège les citoyens contre toute action arbitraire ou capricieuse des autorités publiques.

3 - Les organismes publics répondent aux besoins de la population et le développement est poursuivi équitablement au bé­néfice de tous les citoyens.

4 - L'information est facilement accessible pour permettre le contrôle de l'action de l'Etat, l'application des lois, le fonction­nement des marchés et stimuler la créativité et l'innovation de chacun.

5 - La liberté d'association et d'expression est garantie.

 

La Banque, comme toute théocratie monothéiste, ne met en pratique aucun des principes qu'elle prétend imposer à ses clients. Elle ne rend compte qu'au conseil d'administration dont les membres sont nommés (et non élus). Elle a toujours évité tout processus de légitimation depuis sa création. Dès 1941, Roosevelt avait fait comprendre à Churchill qu'après la guerre, la liberté des échanges serait la norme. Du point de vue des USA, le monde de l'après-guerre devait avoir trois ca­ractéristiques: libre-échange, liberté d'investir des capitaux à l'étranger, libre-accès aux matières premières. Le secrétaire au trésor et homme de confiance de Roosevelt, Morgenthau, avait pour objectif de transférer le centre financier du monde de Londres et de Wall Street au trésor public des USA. Morgenthau était le président de la conférence de Bretton-Woods. C'est Keynes qui a inventé, avec la Banque, la mise en commun inter-étatique de l'assurance du crédit.

 

Depuis la fin de la guerre froide, la Banque est passée à l'ingérence politique. Elle s'autorise à déterminer la nature et le volume de l'assistance que peut espérer un gouvernement comme récompense ou sanction de sa politique intérieure. Il est clair que l'effet et l'intention de l'ajustement ont été d'affaiblir l'Etat et de garantir la reprise en main de nombre de ses fonctions traditionnelles par des forces extérieures agissant au nom du marché mondial. La stratégie est au­jourd'hui de substituer un pouvoir supranational à l'autorité nationale sous la bannière de la governance. On rappellera, pour mémoire, que la réunion BIRD/FMI de Bangkok en 1991 a prêté une attention particulière aux dépenses militaires. Le ni­veau des dépenses militaires est un aspect de la governance: il doit être réduit partout. Les Etats ont donc perdu la préroga­tive ultime de se défendre. La Banque se substitue à leur pouvoir.

 

Dans le domaine de l'environnement, où les populations souhaitent donner leurs opinions à propos des projets de la Banque, le Credo de l'institution est: “promouvoir le développement est la meilleure façon de protéger l'environnement”. La priorité est au développement et à la croissance qui amèneront des richesses qui, à leur tour, permettront à un pays de se soucier de son environnement. Elle renforce ses équipes de spécialistes de l'environnement et finance simultanément des projets dangereux pour les équilibres écologiques.

 

Au total, la nouvelle préoccupation de governance est liée à trois objectifs principaux:

a) Poursuivre et affiner la ligne de défense consistant à accuser les victimes. Les gouvernements et non la Banque sont responsables des problèmes soulevés par l'ajustement.

b) La governance est fondée sur la campagne publicitaire des droits de l'homme dont l'objet est de fabriquer des croyants et du consentement.

c) Préparer la place de la Banque dans un monde où la souveraineté nationale n'a plus d'importance. Le pouvoir est censé rester entre les mains du G7, de l'OMC (ministère international du commerce), et du FMI (le ministère international des fi­nances). La Banque chapeautra le reste.

 

Comme d'autres institutions religieuses, la Banque utilise des mots solennels et des formules magiques pour transformer la réalité. La croissance, déclarée durable, n'est plus dangereuse pour l'environnement. Ses rapports sur le développement dans le monde sont légers, avec des graphiques extrêmement trompeurs. Mais, en sa qualité de principal employeur de consultants dans le domaine du développement, la Banque exerce un effet pervers sur la rigueur intellectuelle. La recherche de mandats amène les intellectuels à soutenir ses thèses.

 

LES PRINCIPES D'UNE PENSéE éCONOMIQUE HéRéTIQUE

 

La Banque Mondiale a pour intention globale d'encourager la mise en place d'un marché mondial unique, essentiellement sur la base de l'actuelle division mondiale du travail. L'un de ses critères est le DRC (Domestic Resource Cost). Il indique les secteurs dans lesquels un pays peut s'engager, ceux où il est actif mais qu'il ferait mieux d'abandonner, ceux auxquels il ne devrait même pas songer. Le DRC est la mesure du coût en ressources intérieures que représente le gain ou l'économie d'une unité de change (un dollar), réalisé à travers la production locale d'un bien. C'est donc le marché mondial qui devient la référence unique et déterminante de la manière dont l'économie d'un pays est censée se restructurer. L'étalon de mesure et l'échelle des valeurs sont extérieurs au pays. Le coût d'utilisation d'une ressource intérieure n'a aucun lien avec des objectifs sociaux spécifiques au pays. L'obsession en faveur des prix du marché mondial est une obsession en fa­veur d'un éternel présent. C'est contraire à toute l'histoire du développement.

 

La Banque semble ignorer que les besoins et les choix du capital transnational ont évolué: ses modèles sont périmés. Elle s'appuie sur le modèle de l'avantage comparatif, selon lequel une main d'œuvre peu coûteuse et des avantages sociaux ré­duits attirent l'investissement. Or, les investissements, les échanges et les règlements globaux se fondent aujourd'hui sur l'innovation beaucoup plus que sur les coûts. La stratégie que la Banque impose à ses clients, les trois D (Déflation, Dévaluation, Déréglementation) échoue parce que la théorie est obsolète.

 

Dans le monde soumis à la governance, une pensée économique au service de la population repose sur quatre points:

a) Cesser de comptabiliser la consommation de capital naturel comme un revenu. Le revenu est ce que l'on peut consom­mer chaque année en restant apte à consommer l'équivalent les années suivantes.

b) Taxer le débit, ce dont nous voulons le moins: pollution, déchets, raréfactions.

c) Maximiser la productivité du capital naturel à court terme et investir dans l'augmentation de sa production à long terme.

d) S'éloigner de l'idéologie de l'intégration économique globale par le libre-échange et la croissance fondée sur l'exportation, et se rapprocher d'une orientation plus nationale cherchant en priorité à développer la production nationale en direction du marché intérieur, pour ne recourir au commerce international que lorsque son efficacité est clairement supé­rieure.

 

La politique d'ajustement menée par la Banque affaiblit les pays, en sorte qu'ils ne représentent plus une menace politique sérieuse pour les mafias transnationales et les USA. La Banque, comme le G7 et l'OCDE, affaiblit volontairement des adversaires potentiels. C'est du néo-impérialisme. Alternativement, le projet de la Banque peut aussi s'analyser comme une utopie religieuse. Elle ne peut autoriser des gouvernements à assurer le succès économique de leurs pays sur la base de politiques qu'elle juge erronées (hérétiques). Comme une Eglise, elle ne représente pas les fidèles. Elle ne fournit au­cune justification à son action. Les dirigeants sont l'équivalent d'un consistoire. Le pouvoir décisionnel n'est pas là pour servir les pauvres, mais pour prendre des décisions politiques en fonction d'objectifs stratégiques et institutionnels.

 

CONCLUSION

 

La Banque est une entreprise politique et culturelle dont le côté visible est financier et économique. Elle exerce des fonctions qui sont à la fois économiques et symboliques:

1 - Instrument d'intégration par le biais du marché, elle a une vocation universelle (tous les pays doivent commercer autant qu'ils le peuvent).

2 - Fonction de guide (Direction). La Banque est beaucoup plus interventionniste que les gouvernements dirigistes dont elle cherche à transformer les politiques.

3 - Prédication en faveur d'un programme de vérité. Pourquoi avons-nous besoin d'elle? Une humanité fragile et imparfaite a besoin de contraintes, de garde-fous, d'instruction permanente et d'une doctrine. Chacun doit être guidé sur le chemin du salut. Avec le FMI, la Banque est la gardienne de lois qui, comme les dix commandements, sont immuables. Une fois révé­lées, elles doivent être suivies. Les dissidents sont bannis de la communauté internationale...

 

Frédéric VALENTIN.

 

mercredi, 15 octobre 2008

Neo-Liberale Nachtmerrie

Neo-Liberale Nachtmerrie: Antwoord van de Wakkere Markt-Nationalist

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dimanche, 12 octobre 2008

Désordre. Quel désordre?

Désordre. Quel désordre ?

Le billet de Patrick Parment

Le Journal du chaos

Bon, il paraîtrait que le système se casse la gueule. Mais de vous à moi, ça  change quoi à vos finances présentement ? Pour l’instant, pas grand chose. De toute manière, vous n’avez pas grand chose non plus, juste un peu de blé à la Caisse d’épargne, quelques sicavs ? Là, en revanche, vous avez dû perdre un peu de pognon. Et encore, faut voir. Mais tout ce tintouin qu’ils sont en train de faire, j’avoue qu’on n’y comprend pas grand chose et, d’ailleurs, on s’en moque.

Mais les politiques ont la trouille, ça pourrait foutre en l’air leur business, leurs combines, leurs privilèges, voire tout le pognon qu’ils ont mis de côté et qui risque de fondre comme neige au soleil. Déjà qu’on vient de piquer l’appartement de ce zombie de Poncelet. Il est furax, ce con de franc-mac. Vous saviez qu’il était propriétaire de deux appartements à Paris ? Le Canard l’a pas loupé. Et il vient crier au règlement de compte. Il se fout de la gueule de qui, ce mec ?

Tiens, en passant, profitons-en pour faire campagne : supprimons le Sénat. Ce truc ne sert à rien, il nous coûte très cher et ça suffit amplement de nourrir une équipe de députés tous aussi trisomiques 21 les uns que les autres et qui pondent des lois à la con qu’ils ne comprennent pas en général. 

Bon, revenons aux choses sérieuses. Cette crise – je vais quand même pas chialer sur les banques et encore moins sur ces enfoirés de banquiers français – si elle pouvait, je ne dis pas moraliser (faut pas rêver) le capitalisme, c’est-à-dire réduire le nombre des escrocs, mais le recentrer sur les réalités, ce serait une bonne chose. Et c’est quoi la réalité ? La réalité, c’est l’entreprise, l’industrie, petite ou grande, les PMI-PME et tous ces artisans qui contribuent à la richesse de ce pays. Il faut investir dans la recherche et surtout rétablir la sélection à l’école, ce qui va rehausser illico son niveau et surtout permettre à des mômes d’être mieux orientés et de ne pas perdre leur temps avec des études dont la plupart ne veulent pas. Car en matière de sélection, ceux qui font très forts, ce sont les Chinois et les Indiens. Ils ont tout compris.

En Europe, on a encore de la matière grise et une très haute technicité dans de nombreux métiers. Cette richesse-là, il ne faut pas la perdre. Ensuite, il est aussi des domaines où l’on est leader, comme le nucléaire. Aussi n’est-ce pas le moment de brader nos technologies en poursuivant une pure logique marchande au détriment des réalités géopolitiques sur le long terme. On est en train d’installer des chaînes de montage d’Airbus en Chine ? Est-ce bien nécessaire ? Question. Et puis, ce n’est peut-être pas de discuter avec les Chinois notre priorité, mais plutôt les Russes, non ? Bref, cette crise du capitalisme est salutaire, mais encore faut-il en profiter pour emprunter les bonnes voies,  sinon le XXIème siècle risque fort d’être austère pour une Europe qui existera de moins en moins. Notre destin, que nous le voulions ou non, est continental. Ce qui veut dire qu’il faut porter nos regards vers l’Est.

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vendredi, 03 octobre 2008

L'Amérique et le désordre mondial

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http://www.polemia.com
EDITO du 13 Septembre 2008   
L’Amérique et le désordre mondial

Les grands médias parisiens somment les Français de s’intéresser à l’élection présidentielle américaine.
Les intellectuels progressistes et les partisans du métissage n’ont d’yeux que pour Barack Obama. Quant aux milieux plus traditionalistes, ils peuvent se consoler avec l’entrée en scène, auprès de John McCain, de la très conservatrice Sarah Palin.
Reste que les Français ne participeront pas à l’élection du futur président des Etats-Unis. De toute façon la marge de manœuvre du nouvel élu, quel qu’il soit, sera particulièrement faible : la politique américaine restera largement déterminée par les intérêts de l’hyper classe mondiale et des grands lobbies. Or ce sont eux qui imposent aux Etats Unis une diplomatie et une politique qui contribuent au désordre mondial.
Explications :

Diplomatie : de l’équilibre des forces à l’unilatéralisme
Les périodes de paix ou, en tout cas, de conflits limités correspondent à l’application de règles simples : l’acceptation de l’équilibre des puissances, le respect des frontières des Etats et la non-ingérence des autres dans leurs affaires intérieures.
Ces règles sont sans doute imparfaites et moralement discutables mais elles ont assuré de longues périodes de paix : au XIXe siècle, dans la suite du Congrès de Vienne (qui n’avait pas cherché à « punir » la France révolutionnaire) ; dans la deuxième partie du XXe siècle où « l’équilibre de la terreur » entre grandes puissances nucléaires évita toute conflagration générale.
L’effondrement de l’Union soviétique puis de la Yougoslavie a conduit l’Occident, sous la direction unilatérale des Etats-Unis, à oublier les règles d’équilibre et de stabilité de l’ordre international :
– en multipliant des bases américaines aux frontières mêmes de la Russie ; – en projetant d’intégrer à l’OTAN des pays clairement dans l’orbite de la géopolitique russe, tels que la Géorgie ou l’Ukraine ;
– en annulant unilatéralement le traité ABM interdisant les défenses antimissiles et en relançant la course aux armements ;
– en construisant un bouclier antimissiles en Pologne visant notamment à permettre éventuellement la destruction de la Russie sans riposte possible de sa part ;
– enfin, en reconnaissant unilatéralement l’indépendance du Kosovo et le démembrement de la Serbie, contrairement aux résolutions de l’ONU.
Cette politique a conduit au raidissement russe et explique, à défaut de la justifier, la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ; indépendances de confettis d’Etat, au demeurant, ni moins (ni plus) légitimes que celle du Kosovo.
Reste que la remise en cause des frontières reconnues en Europe mais aussi dans le reste du monde est une bombe à fragmentation qui peut déboucher sur la balkanisation de la planète ; balkanisation qui peut être recherchée par les tenants de l’affaiblissement des Etats au profit d’un empire mondial.

Politique économique : l’irresponsabilité financière américaine
Critiquer la Banque centrale européenne (BCE) est le pont aux ânes des hommes politiques français. Or cette institution financière a reçu pour mission dans le Traité de Maastricht (voté par les Français sur recommandations du RPR, de l’UDF et du PS), d’assurer la stabilité de l’euro et de lutter contre l’inflation. En limitant l’émission de monnaie, la BCE remplit son rôle et adopte une gestion de bon père de famille : la politique de la BCE n’a d’ailleurs créé aucun problème au monde.
Comme le note l’économiste libéral Florin Aftalion, dans « Les 4 vérités » (http://www.les4verites.com/archives/auteurs-Aftalion-Florin-85.html) : « La FED a, à 2%, un taux de base bien trop bas. Le crédit n'étant pas cher, les Américains empruntent beaucoup trop. (…) La BCE, de son côté, ne modifie pas non plus son taux de base, mais il serait plus sérieux, à 4,25%. »
Cette politique irresponsable de la Banque fédérale américaine a créé de la masse monétaire sans contrepartie réelle ; c’est elle qui est à l’origine de la crise immobilière et de l’inflation des matières premières (malgré le calme relatif revenu sur le marché du pétrole).
Cette politique a permis à la fois l’enrichissement de l’hyper classe mondiale et l’accès à la propriété de leur logement de nombreux membres insolvables des minorités ethniques.
Cette politique se solde aujourd’hui par des pertes dans le monde entier, un appauvrissement des classes moyennes et l’appel aux fonds des contribuables – pas seulement américains et anglais – pour recapitaliser des établissements financiers menacés de faillite.
Là aussi c’est l’hybris américaine – financière cette fois – qui est à l’origine de la crise mondiale.

Le leurre du changement

Reprenant un thème électoral éculé (mais toujours efficace), Barack Obama et John McCain promettent le changement. C’est évidemment un leurre car les forces sociologiques et politiques américaines qui ont intérêt au statu quo restent extrêmement puissantes :
– c’est le cas, notamment en politique étrangère, du lobby militaro-industriel, du lobby pétrolier et du lobby israélien qui a placé Joe Biden comme candidat vice-président d’Obama et Joe Lieberman comme candidat secrétaire d’Etat de McCain ;
– c’est le cas du lobby « antiraciste » et « antidiscrimination » qui pèsera de tout son poids pour maintenir les avantages de l’Etat providence et du crédit bon marché au profit des minorités ethniques, notamment noires et hispaniques ;
– plus généralement, c’est l’ensemble des Américains qui sont dépendants du reste du monde pour leur consommation (qui excède leur production) et leur accès aux matières premières énergétiques dont ils restent les plus demandeurs de la planète.
La politique américaine inflationniste de crédit bon marché a donc de beaux jours devant elle ; tout comme la diplomatie impériale des Etats-Unis ou leur politique militaire interventionniste.
Polémia
11/09/08

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jeudi, 02 octobre 2008

Europäer sollen US-Wirtschaft retten

Europäer sollen US-Wirtschaft retten

Ex: http://www.deutsche-stimme.de

Das Ende der Investmentbanken in den USA ist eingeläutet: Die beiden verbliebenen Investmentbanken Goldman Sachs und Morgan Stanley wollen nun „normale“ Banken werden. Die amerikanische Notenbank hat in der Nacht zum Montag dem Begehren der beiden letzten der bis vor kurzen fünf großen Investmentbanken stattgegeben, zu Bank-Holdings zu werden. Das erleichtert es ihnen, durch die staatliche Federal Deposit Insurance Corporation versicherte Kundeneinlagen entgegenzunehmen. Bisher finanzierten sie sich hauptsächlich durch kurzfristige Mittelaufnahmen auf den Finanzmärkten, eine Geldquelle, die in den letzten Tagen zunehmend zu versiegen drohte. Die Vorteile dieser Statusänderung haben allerdings ihren Preis. Die beiden Finanzinstitute werden strengeren Eigenkapitalvorschriften unterliegen und außerdem einer erheblich strikteren regulatorischen Aufsicht unterstehen. Die Diskussion, wie Investmentbanken künftig zu beaufsichtigen sein werden, ist mit dieser Statusänderung praktisch über Nacht weitgehend gegenstandslos geworden.
Der Liberalkapitalismus und sein immer wieder gepriesenes Wirtschaftssystem pfeifen aus dem letzten Loch. Der amerikanische Staat greift nun mit Verstaatlichung von Banken und einem „Rettungsplan“ in Milliardenhöhe in den Markt ein. Mit dem weitreichendsten Eingriff in das Finanzsystem seit der großen Depression der 30iger Jahre versucht die US-amerikanische Regierung, den Zusammenbruch des Finanzmarktes zu stoppen.

Das Rettungspaket für die Wall Street wird täglich größer. Der Finanzminister der USA, Paulson, der zuvor als Chef der Investmentbank Goldman Sachs kräftig beim Spekulationsroulett mitgespielt hat, möchte nun gerne auch Europäer und Asiaten an den Kosten zur Rettung der US-Wirtschaft beteiligen. Erst hat die USA die Finanzkrise in die Welt exportiert, nun sollen europäische Steuerzahler den Schaden abfedern. Diese Forderungen sind eigentlich als schamlos zurückzuweisen.
Viele europäische Banken haben nämlich schon die fragwürdigen Kreditersatzpapiere gekauft und müssen nun den erheblichen Wertverlust tragen. Da sich aus Deutschland vor allem öffentlich-rechtliche Banken am Monopoly der Weltwirtschaft beteiligt haben, sind deutsche Steuerzahler nun ohnehin schon an den Kosten der Finanzkrise beteiligt. Das ist traurig genug und als Beitrag zur Finanzierung der Krise wirklich ausreichend.

Das amerikanische Schatzamt will nun aber „Rettungsanleihen“ im Wert von 700 Milliarden Dollar ausgeben. Diese Anleihen werden dann wohl wieder zu großen Teilen von Ausländern aufgekauft werden, die so schon seit Jahren den Lebensstil der Amerikaner auf Pump finanzieren. Deutschland wäre aber in Zeiten wie heute gut beraten, das Geld zusammenzuhalten und nicht wieder dem windigen „Großen Bruder“ in den Rachen zu schmeißen.

Die Weltwirtschaft ist nämlich durch die Krise in eine Rezession gestürzt, die die nächsten Jahre auch auf Deutschland durchschlagen wird. Die Steuerzahlungen der Unternehmen dürften auch in Deutschland in den Keller gehen, die Arbeitslosenzahlen hingegen wieder ansteigen. Angesichts dieser Aussichten ist es unverantwortlich, sich auf Kosten des deutschen Steuerzahlers als Retter der Wall Street aufzuspielen.