vendredi, 23 octobre 2015
Héroïne: la poudre afghane à la trace
Héroïne: la poudre afghane à la trace
L’héroïne, spécialité du pays, emprunte diverses routes d’exportation. Vers les Balkans, vers la Russie... Mais la grande nouveauté tient à la place prise par l’Afrique, devenue une plaque tournante du trafic.
Les narcotrafiquants détestent les frontières mais sont experts en géographie. Ainsi, les filières qui orchestrent le commerce de l’héroïne afghane ont l’art de diversifier les voies et les moyens d’exportation. Actuellement, elles empruntent trois routes principales, révélatrices de l’ampleur planétaire de ce business.
La route de l’Ouest
C’est la plus ancienne, celle qui épouse en partie le tracé de la mythique route de la Soie en direction de l’Occident. En chemin, l’héroïne passe d’abord par l’Iran. Ce pays est un lieu de consommation important (1,3 million de toxicomanes, selon les autorités locales) où les petites mains du trafic risquent gros : parmi elles, 2000 Afghans y seraient actuellement emprisonnés. L’héroïne non consommée sur le territoire iranien peut ensuite être acheminée vers l’Egypte ou les pays d’Afrique du Nord. Mais l’essentiel des cargaisons pénètre en Europe via la Turquie puis les Balkans (Grèce et Bulgarie).
Si les trafiquants turcs ont longtemps orchestré cette phase européenne du "business", ils ont cédé du terrain, ces dix dernières années, aux mafias albanophones (Kosovo et Albanie). D’après le commissaire français Matthieu Pittaco, de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), ces organisations jouent un rôle déterminant dans la diffusion des chargements destinés à l’Europe du Nord (Allemagne, Belgique, Pays-Bas). Leurs réseaux s’appuient notamment sur la présence d’une importante diaspora albanophone dans ces pays. L’enjeu commercial est alléchant pour les trafiquants : l’Europe compterait actuellement 1,3 million de consommateurs.
La route du Nord
Cette route-là, plus récente que la première, permet d’acheminer la drogue afghane à travers l’Asie centrale (Ouzbékistan, Kirghizistan, Kazakhstan...). Sa principale destination : la Russie, où l’héroïne est un fléau national. Plus de 2 millions de personnes en sont dépendantes, 30 000 en meurent chaque année. Parmi elles, beaucoup d’anciens soldats revenus d’Afghanistan dans les années 1980. Les mesures prises par Vladimir Poutine lui-même n’ont pas permis de briser les filières. Les dernières informations en provenance d’Afghanistan n’incitent pas à l’optimisme : les talibans font le siège de la ville de Kunduz (300 000 habitants), zone clef du trafic et verrou d’accès au Tadjikistan [On peut dès lors se poser des questions sur la "bavure" américaine qui a touché la présence de MSF dans cette ville, NDLR].
La route du Sud
La moitié de la production afghane transiterait par le Pakistan voisin. Une partie est consommée sur place – à moins de 1 euro le shoot –, le reste poursuit son chemin par des circuits complexes en direction de l’est (Inde, Extrême-Orient) ou de l’Afrique. Depuis quelques années, d’importantes saisies effectuées dans l’océan Indien, à proximité des côtes orientales du continent africain, ont démontré l’émergence de cette "route du sud". Ainsi, en mai et juin derniers, les forces navales de la coalition internationale Task Force 150 ont récupéré 1,5 tonne d’héroïne à bord de sept bateaux au large de la Tanzanie. Valeur estimée à la revente en Europe : 400 millions d’euros.
Les anglophones surnomment cette voie d’exportation "the smack track" en argot américain, "la piste de l’héro". En fait, il s’agit d’un ensemble de routes aériennes et maritimes reliant le Pakistan et l’Iran, d’un côté, aux pays du Golfe et à l’Afrique de l’Est, de l’autre. Seule une partie de la drogue est destinée à la consommation régionale, estimée à quelque 2,6 tonnes d’héroïne pure. "Les zones de transit finissent toujours par devenir des lieux de consommation, explique Olivier Maguet, de Médecins du monde. Les narcos ont besoin d’intermédiaires locaux, qui peuvent être rémunérés en nature. Ces derniers cherchent alors à attirer de nouveaux consommateurs et à créer un marché sur place."
La voie aérienne, la plus courte et la plus rapide, n'est pas la plus sûre: les aéroports disposent de moyens de détection plus systématiques et plus performants que les ports. Ainsi, les saisies se sont multipliées ces derniers temps dans le "hub" aéroportuaire des Emirats arabes unis (EAU), où transitent d'importants volumes de fret aérien, ainsi qu'au Qatar ou au Kenya.
Mais la très grande majorité des cargaisons d'héroïne parvient en Afrique par voie maritime. Principaux points de départ: le port de Karachi, au Pakistan, et la côte sud de l'Iran, dans la région du Makran. La "came" traverse l'océan Indien cachée dans des conteneurs à bord de cargos ou sur des boutres, des caboteurs traditionnels à coque en bois. Ces bateaux, appelés dhows en arabe, sillonnent la mer Rouge et l'océan Indien. La plus grosse saisie effectuée sur un boutre date d'avril 2014: en plein océan, une frégate de la coalition navale internationale arraisonne un bateau faisant route entre le Pakistan et la Tanzanie.
A bord, 1032 kilos d'héroïne, dont la pureté avoisine les 60%. Une prise dont la valeur s'élèverait à plusieurs centaines de millions d'euros sur le marché européen. Au total, en 2014, près de 4 tonnes de cette drogue ont été interceptées par les navires de surveillance, soit le double de l'année précédente. Mais quelles quantités échappent aux contrôles? Plusieurs dizaines de tonnes, assurément.
Une fois débarquées sur le continent africain, les cargaisons sont stockées dans des entrepôts, fragmentées et reconditionnées en plus petites unités, souvent de 10 à 20 kilos. Puis la marchandise reprend sa route par rebonds successifs. Pour une part par voie aérienne, vers d'autres pays africains ou l'Europe. "Les vols d'est en ouest d'Ethiopian Airlines, d'Emirates Airline et d'Etihad Airways [EAU], par exemple, sont très surveillés", relève un bon connaisseur des filières.
La drogue circule aussi par la route. Soit vers l'Afrique centrale, via l'Ouganda. Soit vers le sud, à travers le Malawi et le Mozambique. Etape suivante: l'Afrique du Sud, où le port industriel de Durban fait office de carrefour. Une partie des stupéfiants poursuit alors son voyage en bateau, en contournant le cap de Bonne-Espérance; l'autre emprunte les vols internationaux à destination de l'Europe.
"L'Afrique tout entière est devenue une cible prioritaire pour les trafiquants d'héroïne, tant pour le transit que pour la consommation locale", souligne Pierre Lapaque, représentant pour l'Afrique centrale et de l'Ouest de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). "Le marché européen est saturé, poursuit cet ancien commissaire de police français, aujourd'hui en poste à Dakar, au Sénégal. Le continent africain, lui, va voir sa population, déjà très jeune [40% des habitants ont moins de 15 ans], doubler d'ici à 2050. Une véritable classe moyenne, de plusieurs centaines de millions de personnes, est en train d'émerger. Avec leur approche commerciale du crime, les narcos veulent mettre la main sur ce secteur très alléchant."
L'Afrique intéresse désormais les trafiquants d'héroïne, tant pour le transit que pour la consommation locale. Ici, un "fumoir", au Kenya.
Ce scénario touche de plein fouet l'ouest du continent. En quelques années, les saisies d'héroïne et d'autres opiacés y ont largement augmenté. Avec un épicentre: le Nigeria, dont les gangs contrôlent la réception et le "reroutage" des produits dans la région. Au-de là de Lagos, tous les grands ports du golfe de Guinée sont concernés, de Cotonou (Bénin) à Lomé (Togo) et Abidjan (Côte d'Ivoire). Faute de moyens de contrôle suffisants, et sur fond de corruption endémique, des colis de 20 à 100 kilos d'héroïne dissimulés dans un conteneur de 20 tonnes se faufilent sans peine entre les mailles du filet.
Une fois à terre, l'essentiel de la drogue prend la direction du nord, pour être acheminée vers les rives de la Méditerranée, puis l'Europe. Comme la cocaïne ou les méthamphétamines, l'héroïne emprunte alors les traditionnelles routes caravanières à travers l'immensité sahélo-saharienne. Certains tronçons - via Tombouctou et Gao, dans le nord du Mali, Agadez, au Niger, Sebha dans le sud-ouest de la Libye - sont contrôlés par des mouvements armés, notamment des groupes "hybrides", où narcos et djihadistes s'associent, voire se confondent.
"Les trafiquants vendent à prix cassés pour appâter les clients"
Mais la grande révolution, en Afrique de l'Ouest, est l'apparition, en moins de cinq ans, d'une consommation locale d'héroïne. Historiquement, cette drogue n'y trouvait pas de clientèle, l'injection restait un "tabou" culturel. Les verrous ont sauté, à cause d'une surabondance de l'offre et des prix faibles. "Les trafiquants vendent à prix cassés pour appâter les clients, poursuit Pierre Lapaque, de l'ONUDC.
Puis, quand il y a assez d'usagers accros, ils augmentent les tarifs." Dans l'agglomération de Dakar (2 millions d'habitants), le nombre de consommateurs était quasi insignifiant au début de cette décennie. Aujourd'hui, environ 2000 utilisateurs de seringues s'injectant des médicaments détournés ou de l'héroïne sont recensés dans la capitale sénégalaise.
La Côte d'Ivoire, elle aussi, est touchée. En 2014, une mission de Médecins du monde à Abidjan a dénombré de 5000 à 6000 personnes fréquentant des "fumoirs", ces endroits où sont consommés - surtout par inhalation et sous forme de pipes fumées - crack, cocaïne et héroïne. Ces lieux ouverts, sous un pont ou au coeur d'un bidonville, sont tenus par un chef, le "Baba", et ses adjoints. Sur place, une dose d'héro à fumer coûte 1000 francs CFA (1,50 euro). Le phénomène gagne toutes les villes du pays et ignore les frontières. A Bamako (Mali), où l'héroïne est désormais présente, ces mêmes 1000 francs CFA suffisent aux besoins quotidiens d'un "addict".
- Source : Philippe Broussard et Boris Thiolay
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jeudi, 18 juillet 2013
La CIA et l’empire de la drogue
La CIA et l’empire de la drogue
par Laurent Glauzy
Ex: Ex: http://actionsocialeetpopulaire.hautetfort.com
Si les acteurs du trafic de l’opium semblent avoir changé, la CIA n’en a pas moins accru son emprise… et, depuis la fin de la guerre froide, sa connivence avec l’intégrisme musulman pour lequel le contrôle de l’opium est vital. Le territoire afghan a vu depuis sa libération une augmentation de 59 % de sa production d’opium sur une superficie de 165 000 hectares. En termes de production annuelle, cela représente 6 100 tonnes, soit 92 % de la production mondiale. L’ONU rapporte que dans la province de Helmand, la culture de l’opium a augmenté de 162 % sur une superficie de 70 000 hectares. Ces statistiques sont d’autant plus alarmantes que ce sont seulement 6 des 34 provinces afghanes qui en sont productrices. Les Nations-Unies ont bien entendu proposé une aide au développement économique pour les régions non encore touchées par cette culture. Ce à quoi le président afghan Hamid Karsai a répondu de manière très explicite et franche que l’on devait d’abord réviser les succès du « camp anti-drogue »…
Les Skulls and Bones et les services secrets
L’implication des Etats-Unis dans la production et la consommation de la drogue n’est pas récente. Pour en comprendre les raisons, il faut remonter plus de 150 ans en arrière, car elle fait partie intégrante de l’histoire des Etats-Unis et de celle des sectes supra-maçonniques. Des noms très célèbres apparaissent sur le devant de cette scène très macabre. Ce sont pour la plupart des membres de la société initiatique des Skull and Bones (Les Crânes et les Os) de l’Université de Yale qui se partagent le monopole de la commercialisation de l’opium. L’instigatrice de cet ordre est la famille Russell, érigée en trust. Les Russell en constituent encore l’identité légale.
De quoi s’agit-il ?
En 1823, Samuel Russel fonde la compagnie de navigation Russell & Company qui lui permet de se ravitailler en Turquie en opium et d’en faire la contrebande avec la Chine. En 1830, avec la famille Perkins, il crée un cartel de l’opium à Boston pour sa distribution avec l’Etat voisin du Connecticut. A Canton, leur associé s’appelle Warren Delano jr, le grand-père de Franklin Delano Roosevelt. En 1832, le cousin de Samuel Russell, William Hintington, fonde le premier cercle américain des Skull and Bones qui rassemble des financiers et des politiques du plus haut rang comme Mord Whitney, Taft, Jay, Bundy, Harriman, Bush, Weherhauser, Pinchot, Rockefeller, Goodyear, Sloane, Simpson, Phelps, Pillsbury, Perkins, Kellogg, Vanderbilt, Bush, Lovett. D’autres familles influentes comme les Coolidge, Sturgi, Forbes, Tibie rejoindront cette nébuleuse fermée. Ces noms démontrent qu’au fil des générations la démocratie reste l’affaire de cercles pseudo-élitistes. Le pouvoir ne se partage pas ! A noter aussi que tous ces membres du Skull and Bones ont toujours entretenu des liens très étroits avec les services secrets américains… L’ancien président des Etats-Unis George Bush sr., ancien étudiant à Yale, a par exemple été directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) en 1975-76. Ajoutons que pour cet établissement, tout a commencé quand quatre diplomates y ont formé le Culper Ring, qui est le nom d’une des premières missions des services secrets américains montée par George Washington dans le but de recueillir des informations sur les Britanniques pendant la Guerre d’Indépendance.
En 1903, la Divinity School de Yale monte plusieurs écoles et hôpitaux sur tout le territoire chinois. Le très jeune Mao Tse Toung collaborera plus tard à ce projet. La diplomatie actuelle de ces deux pays en est-elle une des conséquences ? Quoi qu’il en soit, le commerce de l’opium se développe. Son sous-produit, l’héroïne, est un nom commercial de l’entreprise pharmaceutique Bayer qu’elle lance en 1898. L’héroïne reste légalement disponible jusqu’à ce que la Société des Nations l’interdise. Paradoxalement, après sa prohibition, sa consommation augmente de manière exponentielle : on crée un besoin et une population dépendante ; des textes définissent ensuite les contours d’une nouvelle législation, fixent de nouvelles interdictions, afin d’accroître la rentabilité d’un produit ou le cas échéant d’une drogue.
L’implication des hauts commandements militaires
Imitant leurs homologues américains, les services secrets français développent en Indochine la culture de l’opium. Maurice Belleux, l’ancien chef du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), confirme le fait lors d’un entretien avec le Pr Alfred Mc Coy : « Les renseignements militaires français ont financé toutes les opérations clandestines grâce au contrôle du commerce de la drogue en Indochine. » Ce commerce sert à soutenir la guerre coloniale française de 1946 à 1954. Belleux en révèle le fonctionnement. Nos paras sont contraints de prendre l’opium brut et de le transporter à Saïgon à bord d’avions militaires, où la mafia sino-vietnamienne le réceptionne pour sa distribution. Nous constatons une fois encore que la République n’a aucune honte à souiller la nation. De leur côté, les organisations criminelles corses, sous couvert du gouvernement français, réceptionnent la drogue à Marseille pour la transformer en héroïne avant sa distribution aux Etats-Unis. C’est la French Connection. Les profits sont placés sur des comptes de la Banque centrale. M. Belleux explique que la CIA a récupéré ce marché pour en continuer l’exploitation en s’appuyant au Vietnam sur l’aide des tribus montagnardes.
Cet élément doit être conjugué à l’évidente supériorité de l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam. Une seule année aurait suffi pour que les Etats-Unis remportassent ce conflit. Mais cette logique n’est pas celle des Affaires étrangères et des cercles d’influence mondialistes.
En 1996, le colonel Philip Corso, ancien chef de l’Intelligence Service ayant servi dans les troupes commandos d’Extrême-Orient et en Corée, déclare devant le National Security Council que cette « politique de la défaite » entrait dans les plans de la guerre froide. C’est après 1956 que le colonel Corso, assigné au Comité de coordination des opérations du conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, découvre cette politique de la « non-victoire » opérée au profit de la guerre froide et de l’expansion du communisme.
En revanche, la lutte pour le monopole de l’opium s’intensifie. Dans ce trafic, nous trouvons des militaires appartenant au haut commandement de l’armée vietnamienne, comme le général Dang Van Quang, conseiller militaire du président Nguyen Van Thieu pour la sécurité… Quang organise un réseau de stupéfiants par l’intermédiaire des Forces spéciales vietnamiennes opérant au Laos, un autre fief de la CIA.
Le général Vang Pao, chef de tribu des Meo, reçoit l’opium à l’état brut cultivé dans toute la partie nord du Laos et le fait acheminer à Thien Tung à bord d’hélicoptères appartenant à une compagnie de la CIA, Air America. Thien Tung est un énorme complexe construit par les Etats-Unis. Il est appelé le « Paradis des espions ». C’est ici que l’opium du général Pao est raffiné pour devenir de l’héroïne blanche.
La CIA intervient à ce stade de la fabrication pour sa distribution. Et Vang Pao dispose à cet effet d’une ligne aérienne personnelle. Dans le milieu, elle est nommée « Air Opium ».
De l’héroïne dans le cercueil des GI’s !
Les points essentiels du trafic sont établis à proximité des bases aériennes américaines comme celle de Tan Son Nhut. Une partie de la drogue est d’ailleurs destinée à la consommation des militaires américains. Chapeauté par les réseaux de Quang, la plus grande part de la production est expédiée à Marseille d’où elle part à Cuba, via la Floride. Là-bas, le gang des Santos Trafficante contrôle le marché. Ce détour est essentiel ; il faut récupérer les paquets d’héroïne dissimulés à l’intérieur des corps des soldats américains morts que l’on rapatrie. De plus, leur sort indiffère les représentants politiques. Le secrétaire d’Etat Henri Kissinger déclarera aux journalistes Woodward et Berristein du Washington Post que « les militaires sont stupides, ils sont des animaux bornés dont on se sert comme des pions pour les intérêts de la politique extérieure ». Les bénéfices seront investis en Australie, à la Nugan Hand Bank.
Le cas du Cambodge est semblable à celui de ses voisins. Après son invasion par les Etats-Unis en mai 1970, un autre réseau voit le jour. Des régions entières sont destinées à la culture de l’opium. La contrebande est contrôlée par la marine vietnamienne. Elle dispose de bases à Phnom Penh et le long du Mékong. Une semaine avant le début des hostilités, une flotte de cent quarante navires de guerre de la Marine vietnamienne et américaine commandée par le capitaine Nyugen Thaanh Chau pénètre au Cambodge. Après le retrait des troupes américaines, le général Quang, considéré dans son pays comme un grand trafiquant d’opium, séjourne quelque temps sur la base militaire de Fort Chaffee dans l’Arkansas, et s’installe à Montréal. Concernant la Birmanie, elle produit en 1961 quelques mille tonnes d’opium, que contrôle Khun Sa, un autre valet de la CIA. Le gouvernement américain est son unique acquéreur.
L’éradication de la concurrence
Devons-nous croire aux principes d’une politique anti-drogue? En 1991, le Pr Alfred Mc Coy dénonce à la radio un rapport institutionnel volontairement trop proche entre le Drug Enforcement Administration (DEA) et la CIA. Avant la création de ce premier organisme, dans les années 1930, est fondé le Federal Bureau of Narcotics (FBN) qui a pour fonction gouvernementale et secrète la vente des narcotiques. Le FBN emploie des agents dans le cadre d’opérations clandestines. Ils seront transférés après 1945 dans le nouvel Office of Strategic Services (OSS), précurseur de la CIA. Ces imbrications rendent impuissant le DEA contre les magouilles de la CIA. Car la drogue qui entre aux Etats-Unis est sous le monopole de la CIA qui en détient tous les circuits de distribution depuis le sud-est asiatique et la Turquie. Quand, en 1973, le président Richard Nixon lance « la guerre à la drogue », il provoque la fermeture du réseau de la contrebande turque qui passait par Marseille. Le résultat en est une augmentation directe de la demande d’héroïne provenant du Triangle d’Or et particulièrement de Birmanie.
Aujourd’hui, nous avons suffisamment de recul pour nous interroger lucidement et remettre en doute le rôle officiel de la CIA et la politique des Etats-Unis dans le monde. Nous observons que le commerce de l’opium et des autres drogues, par des cartels dont les populations blanches et européennes sont la cible, s’opère depuis toujours entre la CIA et des partenaires présentés au grand public comme des « ennemis à abattre » : le communisme et l’islam.
Cet état de fait est d’autant plus grave qu’il intervient après les événements du 11 septembre 2001, le conflit du Kossovo dont l’emblème national sous Tito était un pavot, et l’invasion de l’Irak par l’armée américaine. La CIA et la drogue apparaîtraient donc comme les piliers cachés mais bien réels d’une stratégie mondialiste ayant pour but l’asservissement des peuples.
Enfin, les arguments étudiés prouvent d’une part que le pouvoir n’est pas l’affaire du peuple et d’autre part, que notre actualité et notre avenir ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat de plans mis en œuvre secrètement par des groupes d’influence extrêmement dangereux.
Laurent Glauzy
Extrait de l’Atlas de Géopolitique révisée (Tome I)
Laurent Glauzy est aussi l’auteur de :
Illuminati. « De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme ».
Karl Lueger, le maire rebelle de la Vienne impériale
Atlas de géopolitique révisée, tome II
Chine, l’empire de la barbarie
Extra-terrestres, les messagers du New-Age
Le mystère de la race des géants
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lundi, 09 avril 2012
Geopolitica della droga
Andrea VIRGA:
Geopolitica della droga
Le nuove Guerre dell’Oppio
In generale, le analisi economiche e geopolitiche classiche sottovalutano spesso il ruolo del narcotraffico nell’economia globalizzata, dimenticando che si tratta di una delle attività commerciali più redditizie, e che coinvolge non solamente la criminalità organizzata, ma influenza pesantemente l’economia d’intere regioni, e soprattutto riguarda come attori gli stessi Stati, attraverso i servizi segreti, e numerose grandi aziende che servono a riciclare gli ingenti guadagni di questi traffici. Nel corso degli ultimi due secoli, gli stupefacenti sono stati importanti al punto che vere e proprie guerre sono state combattute per il loro controllo, di cui le più famose furono le cosiddette Guerre dell’Oppio contro tra potenze coloniali e Cina. Tuttavia, queste non furono le sole: anzi, gli ultimi decenni del nostro tempo hanno visto crescere i conflitti per il controllo degli oppioidi. È bene quindi fare un po’ di storia e ripercorrerne lo svolgimento.Questa droga, ricavata dal papavero da oppio, già nota fin dall’antichità a fini rituali e medicinali, si era diffusa nel corso dell’età moderna, come sostanza ricreativa, a partire dall’India, dalla Persia e dall’Impero Ottomano, fino in Europa e soprattutto in Cina, dove già nel XVII secolo era ampiamente diffuso presso tutte le classi sociali. La proibizione dell’oppio nel 1729 – poi rafforzata nel 1799 – aveva dato vita a un lucroso contrabbando. Nel frattempo, dopo la Guerra dei Sette Anni, la British East India Company aveva assunto il controllo degli Stati indiani e il monopolio della produzione d’oppio nel Bengala, che introdusse su ampia scala a costo di causare una terribile inflazione dei costi agricoli, che portò alla morte per fame di 10 milioni di persone nella Carestia del Bengala (1770). L’oppio era usato dagli Inglesi come merce di scambio per l’acquisto dei prodotti cinesi, per via del suo basso costo di produzione e della sua elevata richiesta sul mercato cinese. I protagonisti di questo traffico furono la British East India Company e la famiglia Sassoon, ebrei sefarditi di Baghdad, che fondarono un impero commerciale in India. A partire dal XIX secolo s’erano poi aggiunti i Francesi con l’oppio dell’Indocina, gli Olandesi dall’Indonesia, i Portoghesi dall’India occidentale, e gli Statunitensi con l’oppio turco. L’imperatore Daoguang, sotto il cui regno, si era arrivati a 2 milioni di Cinesi oppiomani e all’importazione di 180 t annue, cercò di reagire distruggendo un importante carico a Canton nel 1838.
La reazione occidentale non si fece attendere: la Prima Guerra dell’Oppio (1840–1842) costò alla Cina Hong Kong, 21.000.000 $ in riparazioni e circa 20.000 morti. Nondimeno, allla fine degli anni ’50, nel mezzo della sanguinosissima Rivolta Taiping (20 milioni di morti), la dinastia Qing rifiutò di soggiacere alle richieste di Francia, Stati Uniti e Regno Unito di legalizzare il traffico d’oppio, aprire il mercato alle merci occidentali ed esentarle dai dazi interni. Tra il 1856 e il 1860 infuriò la Seconda Guerra dell’Oppio, che si concluse con la vittoria delle potenze occidentali (le suddette tre più la Russia) e l’accettazione delle loro imposizioni economiche e territoriali: legazioni diplomatiche straniere a Pechino, diritto di accesso al Paese per gli stranieri, estensione dell’accesso dei mercanti stranieri a dieci altri porti e al Fiume Azzurro, la riva sinistra dell’Amur alla Russia (dove fu fondata Vladivostok). Il risultato fu che l’importazione aumentò fino a raggiungere le 6700 t nel 1879, mentre iniziava una massiccia produzione interna. Nel 1906, la Cina produceva 35.000 t di oppio (l’85% della produzione mondiale) e ne consumava 39.000 t; si stima, infatti, che fino a un terzo della popolazione facesse uso di oppio (siamo nell’ordine di grandezza delle decine di milioni). Questa piaga sociale conobbe una flessione, a inizio ‘900, con la cessazione del commercio britannico, dietro le pressioni di missionari e associazioni proibizioniste, e gli sforzi del nuovo governo repubblicano, per poi riprendere durante la guerra civile (1916–1949) come mezzo di finanziamento per i vari signori della guerra.
Nel frattempo, da un derivato medicinale dell’oppio – la morfina – era stata ricavata la diacetilmorfina, sintetizzata nel 1874 da un chimico inglese (C. R. Alder Wright) e commercializzata, col nome di eroina (dal tedesco heroisch – “eroica”), dalla casa farmaceutica tedesca Bayer nel 1895 come farmaco da banco contro la tosse, alternativo alla morfina, in quanto non avrebbe dovuto generare dipendenza. In realtà, l’eroina si rivelò molto più potente (circa 2 volte la morfina e 20 volte l’oppio) e più additiva, andando a sostituire l’oppio come droga di consumo. In Cina, negli anni ’20, le Triadi costruirono raffinerie (soprattutto a Tientsin e Shanghai) e cominciarono a esportare eroina verso gli Stati Uniti, attraverso le comunità sinoamericane. Solo con la Seconda Guerra Mondiale, questo flusso s’interruppe temporaneamente, mentre anche i Giapponesi, che fino ad allora avevano represso il consumo d’oppio a Taiwan, cercarono di avvalersi di questa risorsa economica per finanziare il loro sforzo bellico. Con la fine della guerra civile e la vittoria del Partito Comunista, Mao Tse Tung, con l’internamento degli oppiomani in campi di rieducazione, stroncò il consumo di oppio (ancora oggi appena 1 cinese su mille è tossicodipendente).
Contemporaneamente, negli anni ‘30, era stata sviluppata un’altra centrale di produzione d’eroina, a partire dall’oppio dell’Indocina (allora colonia francese) e della Turchia (attraverso la Siria e il Libano francesi) raffinato a Marsiglia e in Provenza, sotto il controllo della mafia corsa e dei clan marsigliesi – la cosiddetta French Connection (in realtà, erano tutti d’origine italiana), che riforniva prevalentemente gli Stati Uniti d’America, già allora i maggiori consumatori di droga. Durante la guerra, la mafia corsa aveva collaborato con i servizi americani e francesi per preparare lo sbarco in Provenza (Operation Dragoon) e tenere fuori dall’area i maquis (partigiani) comunisti. Nello stesso modo aveva agito la mafia siciliana e siculoamericana per favorire lo sbarco alleato nel luglio 1943 e garantire l’ordine nell’isola, specie a fronte delle rivendicazioni sociali, anche con vere e proprie stragi come quella di Portella delle Ginestre (1 maggio 1948). Così, nel dopoguerra, Cosa Nostra, affiancata dalla mafia ebraicoamericana di Meyer Lanski, cooperò quindi con gli italofrancesi nel traffico di eroina verso gli Stati Uniti e l’Europa. La French Connection ebbe termine solo all’inizio degli anni ’70, dopo un giro di vite da parte turca e francese. Oggi, Francia e Turchia, insieme ad India, Australia, Spagna e Stati Uniti, dominano il mercato dell’oppio legalizzato (cioè destinato all’industria farmaceutica), e di cui l’Organizzazione Mondiale per la Sanità lamenta una drammatica sottoproduzione rispetto a quelle che sarebbero le reali necessità mediche.
Intanto, anche l’oppio dell’Indocina era passato sotto il controllo americano, dal momento in cui la Francia aveva perso queste colonie (1954). La CIA, subentrata ai servizi francesi (SDECE), si era già servita del traffico di eroina a partire dalla regione montagnosa del Triangolo d’Oro (dove era ormai concentrata la maggior parte della produzione d’oppio mondiale) – tra Cina, Birmania, Thailandia, Laos e Vietnam – per finanziare i nazionalisti di Chiang Kai Shek durante la guerra civile cinese, e poi una serie di guerriglie anticomuniste in Birmania, Laos e Vietnam. Gli intermediari del traffico con gli Stati Uniti rimanevano soprattutto le Triadi cinesi di Hong Kong e del Sud-Est Asiatico. Anche per conservare il controllo sull’area, fu necessario intervenire: prima, finanziando i Francesi, poi con il supporto al Vietnam del Sud, e infine direttamente con il bombardamento (anche con armi chimiche) del Vietnam del Nord, del Laos e della Cambogia (favorendo così indirettamente l’ascesa al potere di Pol Pot), e la guerra aperta (1965 – 1975). È stimato che tra il 1940 e il 1980, nella sola Indocina orientale (Cambogia, Laos, Vietnam) siano morte di guerra e di repressione almeno 6-7 milioni di persone. Con la guerra, il traffico di eroina aumentò, attraverso la compagnia aerea Air America (gestita dalla CIA) e addirittura contrabbandando droga nelle bare dei soldati americani morti (“Cadaver Connection”). Dei combattenti americani in Vietnam, inoltre, dal 10 al 20% era ormai divenuto eroinomane. Oggi, l’oppio coltivato nella Birmania occidentale (secondo Paese produttore al mondo), controllato dai guerriglieri dell’Esercito dello Stato Unito di Wa (finanziato dalla Cina), è raffinato in Thailandia e rivenduto in tutto il Pacifico a partire da Bangkok.
I tardi anni ’70, con lo smantellamento della French Connection, le lotte di potere all’interno di Cosa Nostra e la vittoria dei comunisti in Vietnam e Laos, avevano visto l’ascesa della produzione nella cosiddetta Mezzaluna d’Oro (Iran, Pakistan, Afghanistan), e in particolare in quest’ultimo Stato. Quando l’URSS invase l’Afghanistan, si trovò impantanata in una durissima guerriglia da parte dei mujaheddin dei vari signori della guerra locali (sostenuti dalla CIA), i quali (dopo il ritiro sovietico nel 1989) continuarono a combattersi tra loro, finché nel 1996 i Taliban (studenti coranici d’etnia Pashtun) presero il potere. Questa situazione di guerra civile aveva naturalmente fatto sì che le varie fazioni si finanziassero con il traffico di oppio, sia verso la Russia – attraverso l’Asia Centrale –, sia verso l’Europa, attraverso l’Iran, la Turchia e i Balcani. Sono, infatti, gli anni ’80 a vedere la grande diffusione dell’eroina sui mercati europei. Allo stesso tempo, agli ingenti guadagni, si sommavano i danni sociali causati dall’eroina in Unione Sovietica e in Iran, potenze nemiche degli Stati Uniti. Nel 1999, l’Afghanistan produceva ormai 4500 t d’oppio (circa il 70% della produzione mondiale), specialmente nelle pianeggianti regioni meridionali di Helmand e Kandahar, da sempre roccaforte dei Taliban. D’altra parte, l’Alleanza del Nord, maggiore forza d’opposizione al regime, dai suoi santuari di Herat e di Faizabad, controllava le principali vie di contrabbando verso Iran, Russia e Cina.
Tuttavia, nel luglio del 2000, il comandante dei Taliban, il mullah Mohammed Omar, emise una fatwa contro la coltivazione dell’oppio, ordinandone la distruzione, al punto che l’anno successivo la produzione era calata del 91%. Nel giro di pochi mesi, “casualmente” vi fu l’Attentato dell’11 settembre al World Trade Center, attribuito ad Al Qaeda, e l’Afghanistan fu accusato di ospitarne i vertici – primo fra tutti l’imprendibile sceicco Osama Bin Laden (già miliardario saudita socio d’affari della famiglia presidenziale americana Bush e comandante dei mujaheddin antisovietici addestrati dalla CIA). Meno di un mese più tardi (7 ottobre 2001), i piani d’invasione dell’Afghanistan (già realizzati a inizio 2001) furono portati avanti, con l’offensiva delle forze dell’Alleanza del Nord massicciamente supportata e accompagnata dall’invasione degli Stati Uniti, e di contingenti di altri 45 Paesi (tra cui Francia, Germania, Regno Unito, Italia). Il 9 novembre, le forze dell’Alleanza del Nord conquistarono Mazar-e-Sharif, il 12 novembre Kabul cadde, seguita il 26 novembre da Kunduz e il 7 dicembre da Kandahar, finché il 17 dicembre si concluse la battaglia di Tora Bora, ultima roccaforte di Al Qaeda. Ciononostante, né Bin Laden né Omar furono mai catturati, e la guerriglia dei Taliban persiste fino a oggi (si stima finora la morte di 50-70.000 afghani, oltre a 2500 occidentali).
L’unico risultato dell’intervento NATO in Afghanistan – visto il fatto che il nuovo governo, oltre ad essere controllato dalle forze d’occupazione, ha scarso controllo su buona parte delle aree popolate dai Pashtun (cioè gli Afghani veri e propri), e che addirittura il potere dei Taliban si estesa nelle aree tribali Pashtun nel Pakistan occidentale, contribuendo a destabilizzare ancor più questo Paese – è stato quello di riportare l’Afghanistan in testa alla classifica dei Paesi produttori d’oppio. 40.000 soldati occidentali montano la guardia ai campi di papavero, disputandone il controllo ai Taliban (non è un caso che le offensive annunciate dai media occidentali coincidano con la stagione del raccolto). La coltivazione di papaveri da oppio riprese e si espanse in altre aree del Paese, arrivando a un picco di 193.000 ha nel 2007, di contro agli 88.000 ha del 1999. Il raccolto dell’anno 2002 diede 3400 t d’oppio, che salirono a 3500 t nel 2003, 4200 t nel 2004, 4100 t nel 2005, 5600 t nel 2006, fino a un picco di 8000 t nel 2007 (93% della produzione mondiale) per scendere a 7600 t nel 2008 e 6900 t nel 2009 (e si prevede un’ulteriore calo per quest’anno, dovuto anche a una cattiva annata). Si tratta di cifre ben superiori al fabbisogno annuo d’oppioidi, stimato intorno alle 5.000 t, il che significa che parte di questa produzione viene immagazzinata.
L’oppio risulta, infatti, ampiamente conveniente per i contadini afghani, i quali ricavano da ogni ettaro un profitto 17 volte superiore rispetto al grano (circa 4600 $ per ettaro: dieci volte il PIL medio procapite). Come risultato, circa il 4% del terreno coltivabile e 3,3 milioni di afghani (su 28 milioni di abitanti), sono coinvolti in questa produzione. Se un quarto dei profitti va ai coltivatori, il resto va a finanziare politici corrotti, signori della guerra, i Taliban insorti e i trafficanti di droga. Questo denaro (4 miliardi $ – il 53% del PIL afghano – nel 2007) è riciclato principalmente tramite il sistema islamico di trasferimento di denaro, l’hawala. Dubai è uno dei maggiori centri, il che ha contribuito alla sua ricchezza, nonostante l’assenza di petrolio sul suo territorio. Queste cifre poi lievitano man mano che la merce passa di mano: dai 2,50 $ per un grammo di eroina in Afghanistan si arriva a prezzi all’ingrosso di 8 $ in Turchia, 12 $ in Albania, 22 $ in Germania, 33 $ in Russia – cifre che, al dettaglio, con il “taglio” della droga con altre sostanze, possono anche decuplicare (a parità di prezzo, un grammo di “eroina” spacciata, può contenere appena il 10% di sostanza pura). Il consumo d’oppio in Afghanistan riguarda 400.000 persone, soprattutto rifugiati rientrati da Iran e Pakistan.
L’oppio afghano è venduto non solo sui mercati europei, russi e mediorientali, ma anche quello statunitense (il più grande al mondo), cui basta solo in parte la produzione di eroina impiantata dai cartelli latinoamericani in Colombia e nella regione messicana di Sinaloa. Pare infatti che l’85% dell’eroina afghana sia trasportata fuori dal Paese attraverso i cargo militari statunitensi, addirittura servendosi delle bare dei soldati morti. Le destinazioni sono le basi militari negli Stati Uniti, così come in Pakistan, Tajikistan o direttamente in Kosovo. Ci sono poi le vie di traffico terrestri. La “rotta settentrionale” (detta “Via della Seta”) porta l’eroina afghana attraverso gli Stati ex-sovietici dell’Asia centrale fino in Russia e nell’Europa Orientale, lasciando una scia di morte e tossicodipendenza (solo in Russia, circa 3 milioni di eroinomani, e 30.000 morti ogni anno). La “rotta meridionale”, passa attraverso il Pakistan e l’Iran, con l’aiuto delle bande di guerriglieri Baluchi, che combattono il regime iraniano (sostenuti dalla CIA), finanziandosi con il contrabbando di droga. L’Iran è il Paese con il più alto tasso di consumatori di oppiacei (2,8% della popolazione: oltre 2 milioni di persone), e dopo la Rivoluzione Islamica ha sempre cercato di schiacciare il narcotraffico, a partire da Khomeini (con Ahmadinejad c’è stata una ripresa della politica di tolleranza zero, dopo la tattica più distensiva di Khatami). In questa vera e propria guerra, condotta su 1800 km di confine desertico e montuoso, muoiono ogni anno molti poliziotti.
Proseguendo su questa rotta, s’incontrano altre organizzazioni militari, sostenute dagli Stati Uniti, come fattori di destabilizzazione dell’area e come attori del narcotraffico: i Ceceni controllano il traffico attraverso il Caucaso, e la mafia cecena – che ha il controllo dell’eroina – è una delle più potenti in Russia; i guerriglieri curdi, tra Iran, Turchia e Iraq; e soprattutto i guerriglieri albanesi tra Albania, Macedonia e Serbia. Qui, è stato realizzato, dopo l’intervento contro la Serbia nel 1999 – con la susseguente occupazione militare e la pulizia etnica della popolazione serba, fino ad arrivare all’indipendenza il 17 febbraio 2008 –, un vero e proprio narcostato: il Kosovo, riconosciuto da una minoranza di Paesi allineati con Washington, e governato direttamente dai cartelli della droga kosovari, che approfittano delle loro ramificazioni in Germania (erano stati proprio i servizi tedeschi ad addestrare i guerriglieri albanesi), dove spacciano eroina e riciclano il denaro in attività come la prostituzione (qui legale). Da qui, i collegamenti con l’Italia sono tenuti dalla ‘ndrangheta che ha importanti ramificazioni in Germania. Nell’Unione Europea, si contano circa 1,5 milioni di eroinomani e 7000 morti l’anno.
In conclusione, si è visto come sostanze apparentemente non solo non necessarie (se si esclude l’uso medicinale), ma dannose come l’oppio e l’eroina (eppure si stimano tra 15 e 21 milioni di consumatori in tutto il mondo) siano state al centro di grandi traffici economici ed importanti eventi politici e bellici, durante tutta l’epoca contemporanea, con un giro d’affari che, nel caso dell’eroina, arriva a 150 miliardi $ annui. Le organizzazioni criminali coinvolte in questo traffico sono, allo stesso tempo, legate a soggetti politici come Stati e organizzazioni militari, i quali si servono dei proventi della droga per finanziare azioni di guerra. Dominano il quadro gli Stati Uniti, prima potenza al mondo, le cui guerre più famose degli ultimi decenni (Vietnam, Kosovo, Afghanistan) sono state volte proprio a controllare il narcotraffico: sono queste le nuove Guerre dell’Oppio, fatte sulle spalle delle popolazioni coinvolte. Occorre dunque capire e tenere a mente come il traffico di droga sia perfettamente integrato nel sistema economico e politico del capitalismo globale, non meno di altre merci come il petrolio o l’uranio.
Rum e Cocaina
Dopo aver esaminato la storia politica dell’oppio e dell’eroina, passiamo ora ad occuparci di altre sostanze stupefacenti il cui traffico è una voce importante del commercio internazionale. In primo luogo, la cocaina, una sostanza raffinata dalle foglie di coca. Queste erano coltivate e utilizzate a scopo medicinale dalle popolazioni indigene delle Ande centrosettentrionali, dove ancora oggi sono consumate abitualmente (per masticazione o infusione), in quanto i loro effetti sono blandamente stimolanti. Viceversa, la cocaina (di per sé un alcaloide) costituisce il principio attivo della coca, ed è (se pura) 100 volte più potente. Fu isolata per la prima volta dal chimico tedesco Friedrich Gaedke nel 1855, e presto si diffuse come medicinale e come ricostituente. A parte, la sua regione d’origine, coltivazioni di coca furono piantate anche in Nigeria, Taiwan e Giava. Alla fine del XIX secolo, erano già evidenti i suoi effetti collaterali, primo fra tutti il suo carattere additivo. Gradualmente, fu proibita in molti Paesi (nel 1914 negli USA), e il suo consumo decrebbe di molto, poiché la domanda dei consumatori fu soddisfatta dalle anfetamine, sostanze all’epoca legali e i cui effetti erano similari. Soltanto dopo la proibizione di quest’ultime droghe negli anni ‘60, la cocaina tornò ad essere una merce interessante, specialmente per il mercato americano, che in quel periodo vedeva decrescere il proprio controllo sui campi d’oppio dell’Indocina.Il focus della narcopolitica statunitense si spostò quindi nell’America Latina, ovvero sugli Stati produttori di coca (Colombia, Ecuador, Peru, Bolivia) e sulle rotte di transito verso nord. Nel 1971, in un discorso, il Presidente Nixon parlò per la prima volta di “Guerra alle Droghe”. In pratica l’opposizione al narcotraffico fu un pretesto per un pesante intervento poliziesco interno agli Stati Uniti: il numero di americani incarcerati crebbe da 400.000 ai 2.400.000 odierni, di cui un milione solo per reati legati alla droga. Inoltre, a partire dagli anni ’80, i narcotrafficanti misero sul mercato anche il crack, cioè cocaina (in cristalli e non in polvere) da fumare, che poteva essere smerciata più facilmente e (abbassando la percentuale di sostanza attiva) a prezzo più basso, coinvolgendo anche le fasce sociali meno ricche. Anche tra i poveri, la droga divenne una piaga sociale diffusa, contribuendo alla loro emarginazione. Vale la pena di notare, per esempio, che gli afroamericani (costituenti appena il 12% della popolazione e il 13% dei tossicodipendenti), siano il 35% degli arrestati, il 55% dei condannati e il 74% degli incarcerati per droga; e in generale, oltre che per motivi razziali, c’è anche una forte discriminazione sociale, a scapito degli strati più poveri della popolazione. Per esempio, J. H. Hatfield, biografo di George W. Bush, afferma che l’allora ventiseienne Presidente, sarebbe stato arrestato nel 1972 per possesso di cocaina, ma che l’intervento del padre avrebbe fatto cancellare ogni registrazione del crimine. Ma non c’è qui il tempo di dissertare sul ruolo della droga come strumento di controllo sociale.
Al contempo, le operazioni antidroga internazionali consentono agli Stati Uniti d’America di aumentare la propria ingerenza nelle loro neocolonie latinoamericane. Un caso particolarmente esemplare è quello riguardante le relazioni con Panama e Nicaragua. Gli Stati Uniti sostenevano la guerriglia dei Contras nel Nicaragua, dove la dittatura filoamericana di Anastasio Somoza (figlio omonimo del precedente dittatore) era stata rovesciata dalla rivoluzione sandinista (1979). Per finanziarla, non solo vendevano armi alla Repubblica Islamica dell’Iran, a quel tempo impegnato a difendersi dall’invasione irachena (ordinata da Saddam Hussein e sostenuta da tutte le potenze occidentali), ma si servivano anche dei guadagni del narcotraffico. Il partner d’affari privilegiato era Manuel Noriega, generale panamense, collaboratore della CIA e narcotrafficante fin dagli anni ’50 (tanto che nel 1971 la CIA ne impedì l’arresto da parte dell’Antidroga) che infine divenne dittatore di Panama a partire dal 1983. Costui era un intermediario di spicco del Cartello di Medellín, per quanto riguardava il traffico di cocaina dalla Colombia agli Stati Uniti, e si serviva della Banca centrale panamense per riciclarne i proventi. La narcocleptocrazia di Noriega divenne gradualmente insostenibile di fronte all’opinione pubblica sia interna che estera, al punto che nel 1989, dopo aver truccato le elezioni, fu deposto da un’invasione militare americana (non si dimentichi che gli Stati Uniti mantenevano controllo della zona del Canale di Panama).
Tuttavia, i Paesi chiave nel traffico di cocaina sono ben altri. Innanzitutto la Colombia, Paese dove dal 1964 a oggi (con il prodromo di dieci anni di violenza e 200.000 morti tra il 1948 e il 1958) è in corso una terribile guerra civile nelle aree rurali del Paese, condotta tra il governo, le guerriglie socialiste (FARC, M-19, ELN), forze paramilitari di estrema destra (AUC) e i cartelli della droga. La Colombia è sempre stata il maggiore produttore di cocaina. L’illegalità della guerra civile ha consentito (come in Afghanistan) di mantenere una produzione su vasta scala. Alla potenza dei grandi cartelli che dominavano la scena negli anni ’80 e ’90 (Cartello di Medellín, Cartello di Cali, Cartello di Norte del Valle, e Cartello della Costa Nord), sono andati sostituendosi ora cartelli minori, ed è aumentato il controllo sulla droga da parte dei gruppi paramilitari e guerriglieri veri e propri. Infatti, negli ultimi anni, il calo dell’influenza statunitense nell’America Latina, dovuto all’ascesa del Brasile e all’avanzata di movimenti e partiti socialisti, ha fatto sì che gli Stati Uniti rafforzassero il governo colombiano sul piano militare e politico, per cui anche il tasso di violenza relativo alla droga si è dimezzato nel corso degli ultimi 10 anni.
Gli altri due grandi Paesi produttori sono il Perù e la Bolivia, che spesso in passato rifornivano le raffinerie colombiane di coca grezza. In entrambi i casi, c’è stato un calo alla fine degli anni ’90, dovuto alla pressione statunitense. La politica antidroga statunitense consiste, infatti, nel versare cospicue somme di denaro ai governi, ma queste donazioni hanno l’effetto di legare a sé questi Stati, e di favorire il controllo della produzione e del traffico di stupefacenti, a scapito della popolazione indigena, tradizionalmente occupata nella coltivazione di coca (1/8 della popolazione in Bolivia). Mentre il Perù è diventato nel 2010 il primo produttore, in Bolivia la situazione è più complessa. Dopo il “golpe della cocaina”, effettuato da Luis García Meza Tejada, c’è stata via via un’adesione sempre più stretta alla politica americana, culminata nel 1997 con l’offensiva antidroga del presidente Hugo Banzer. La reazione ha fatto sì che i cocaleros (coltivatori di coca), insieme agli altri movimenti sociali, riuscissero ad eleggere presidente il loro leader, Juan Evo Morales Ayma, il primo indio a governare un Paese latinoamericano. La politica di Morales ha invece cercato di favorire (e promuovere) la coltivazione di coca da parte della popolazione indigena, e al tempo stesso di eliminare la produzione di cocaina e il narcotraffico.
Oltre ai Paesi produttori, ci sono vari Paesi coinvolti nel traffico della cocaina. Dalla Colombia sono sempre partite la maggior parte delle rotte della droga verso Stati Uniti ed Europa, che rappresentano rispettivamente il 50% e il 25% del consumo globale. Un’eccezione è costituita dal Cile, attraverso i cui porti, la cocaina boliviana è smerciata verso il Pacifico e l’Europa. Altre rotte verso l’Europa sono attraverso il Venezuela e il Suriname. Quest’ultimo Stato è un’ex-colonia olandese che ha ottenuto l’indipendenza ma conserva privilegi doganali nel grande porto di Rotterdam, che diviene così uno dei maggiori punti d’accesso al mercato della droga europea. Un altro ingresso è la Spagna, con la mediazione di porti dell’Africa Occidentale come Dakar e Tangeri. La ‘ndrangheta calabrese, con le sue basi presso la comunità italo belga, e il suo centro di smistamento e riciclaggio nell’hinterland milanese, rappresenta il maggiore distributore in Europa, anche per via dei suoi rapporti privilegiati con i cartelli latinoamericani, presso cui è l’interlocutore europeo più accreditato. I mediatori iniziali di questo rapporto furono i Cuntrera-Caruana, storico clan di Cosa Nostra assurto a livelli internazionali, dalla loro base operativa in Venezuela. L’ascesa al potere di Chavez in quest’ultimo Paese ha cambiato le carte in tavola. A fronte della lotta antidroga, condotta come in Bolivia indipendentemente da “aiuti” americani dalla nuova Oficina Nacional Antidrogas, è però favorito sottobanco il traffico della cocaina controllata dalle FARC e da altri gruppi guerriglieri, in modo da finanziare la loro lotta contro il regime neoliberista e filoamericano di Uribe in Colombia.
Il traffico verso gli Stati Uniti d’America si muove invece su due rotte: la prima, coinvolgente circa il 10-15% del traffico, è condotta per via navale dalla Colombia e dal Venezuela verso la Florida. Gli intermediari sono, a valle, Puerto Rico, che è territorio americano, per cui da lì si può accedere più facilmente al territorio statunitense propriamente detto; a monte, la Repubblica Dominicana e, soprattutto, Haiti. La povertà estrema di questo Paese non ha impedito che, a partire dal 1985, divenisse centro di attività da parte della CIA e dei militari locali. Il Service d’Intelligence National fu fondato proprio per ricevere addestramento americano nella lotta alla droga, ma essere in realtà impiegato per lo scopo opposto, oltre che a diffondere morte e terrore presso gli oppositori politici. Il SIN e la CIA hanno architettato entrambi i golpe contro il Presidente regolarmente eletto, Jean-Bertrand Aristide, nel 1991 e nel 2004. Non è quindi casuale che, dopo il recente e distruttivo terremoto, sia stata massicciamente incrementata la presenza militare statunitense nell’isola. La seconda via di traffico, che coinvolge ben l’85-90% della cocaina destinata agli USA, passa invece per il Centroamerica, ed è stata storicamente legata al finanziamento dei Contras nicaraguegni, attraverso la criminalità degli Stati adiacenti: Panama, Honduras (dove il nuovo governo golpista ha fatto recentemente assassinare giornalisti attivi nella denuncia del narcotraffico), ed El Salvador, le cui gang malavitose d’adolescenti (la MS-19 e la MS-13) sono tra le più feroci al mondo, e hanno il potere di opporsi in armi allo Stato centrale.
L’altro Stato di massima importanza nel narcotraffico americano è il Messico, il cui governo è sempre stato legato a filo doppio agli Stati Uniti, e i cui cartelli hanno un immenso potere, dal momento che gestiscono un enorme flusso di traffici criminali (immigrazione clandestina, droga, prostituzione, armi, contrabbando) sulla frontiera tra i due Paesi. La cocaina entra in Messico dal Guatemala e da El Salvador, dove il Cartello Los Zetas si è assicurato la collaborazione, rispettivamente, dei Kaibiles (forze speciali guatemalteche) e della Mara Salvatrucha-13 (gang salvadoregna). Con il declino dei grandi cartelli colombiani, il controllo sul narcotraffico da Messico a Stati Uniti è passato ai cartelli locali, i quali combattono non solo contro il governo, ma anche tra loro. Dal dicembre del 2006, la cosiddetta Guerra della Droga Messicana ha causato 27.240 morti (quasi la metà dei caduti americani in Vietnam). Attualmente, le fazioni principali sono due: da una parte, i cartelli di Juárez, Tijuana, Los Zetas e Beltrán-Leyva, dall’altra, i cartelli di Sinaloa, del Golfo, La Famiglia Michoacana e Los Negros. La posta in palio è il controllo dei traffici su questa rotta.
In conclusione, abbiamo visto come l’altro grande polo del narcotraffico internazionale sia quello latinoamericano, incentrato sulla cocaina, e come faccia capo comunque agli Stati Uniti. È importante osservare, soprattutto, che le politiche antidroga promosse da parte americana negli altri Paesi, non siano altro che veri e propri “cavalli di Troia” atti ad infiltrare la polizia e i servizi locali con uomini e denaro, e da qui controllare sia il narcotraffico, sia la stessa politica interna del Paese. Non è un caso, certo, che Bolivia e Venezuela abbiano deciso di contrastare queste politiche e attuare una propria via di lotta alla narcocriminalità. Si tratta dell’ennesimo caso in cui un problema di politica interna si rivela intrinsecamente legato alla politica estera di uno Stato.
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jeudi, 14 avril 2011
A quand une croisade contre le trafic de drogues?
A quand une croisade contre le trafic de drogues?
par Alexandre Latsa
Jeudi 31 mars 2011, les forces de l'ordre ont interpellé dans les environs de Krasnoïarsk (Sibérie) un individu qui transportait un sac contenant 10 kg d'héroïne, pour un montant de plus de 300 millions de roubles (7,5 millions d'euros). Deux jours auparavant, le 29 mars, ce sont près de 82 kg d'héroïne cachés dans une cargaison de pommes qui ont été saisis à Novossibirsk en Sibérie occidentale.
Le 23 mars, près de Voronej, ce sont près de 10 kg d'héroïne qui ont été saisis sur un citoyen du Tadjikistan. Ces chiffres ne sont que l’illustration d’une semaine ordinaire de la lutte contre le trafic de drogues en Russie. L’explosion du trafic et de la consommation de drogue depuis les années 90 a été tellement forte qu’aujourd’hui le pays comprendrait près de 2,5 millions de toxicomanes.
Près de 75 tonnes de drogue pénètrent chaque année en Russie, dont près de 35 tonnes d’Afghanistan qui est le premier producteur au monde avec plus de 80% de la production mondiale. Près de 60% de cette production transiterait par l’Asie occidentale et 20 % par l’Asie centrale pour rejoindre ensuite essentiellement l’Europe et la Russie. Rien que dans la province du Badakhchan, au nord de l'Afghanistan, plus de 500 laboratoires fabriqueraient des stupéfiants destinés au marché russe. En 2010 environ 711 tonnes de stupéfiants en équivalent opium ont été consommées dans les pays européens, contre 549 tonnes en Russie. La Russie consommerait à elle seule 20% de l’héroïne produite dans le monde et plus d’un tiers de l'héroïne afghane serait acheminée en Russie via l'Asie centrale, notamment par le Kazakhstan, comme on peut le voir sur cette carte. En Russie, ou la situation démographique est en redressement fragile depuis une décennie, l’état doit faire encore face à une surmortalité importante car bien sur, la grande majorité des toxicomanes sont des jeunes (18 et 39 ans), et ils sont fréquemment touchés par le Sida, ce qui réduit d’autant leurs chances de réinsertion, mais également de survie. Bien conscient du péril, la plupart des Russes (57%) considèrent toujours l'alcoolisme et la toxicomanie comme les problèmes principaux du pays, selon des sondages du Centre d'étude de l'opinion publique russe (VTsIOM).
L’explosion de la production de l’héroïne date des années 70, les filières ont été un temps contrôlées par les mafias françaises (la fameuse french-connexion, qui acheminait la drogue d’Afghanistan vers l’Amérique par la France), puis ce sont les réseaux Asiatiques, Albanais et Turcs qui reprirent la juteuse affaire. En 2000, après la prise du pouvoir par les Talibans en Afghanistan, le Mollah Omar déclara que la culture du pavot était anti-islamique et devait donc cesser. Malheureusement, après l’intervention de l’Otan et les Talibans une fois chassés du pouvoir (en 2002), la culture du pavot repartit à la hausse. Dès 2006 l’Afghanistan était redevenu le premier producteur mondial, le pavot somnifère étant cultivé par environ 3,5 millions de paysans.
Pour cette raison, consciente du total échec de la coalition occidentale à lutter contre ce fléau, la Russie à dès l’année dernière participé à des opérations communes avec l’Otan pour tenter de lutter contre ce problème dans le cadre du conseil Russie-Otan.
Pour la seule année 2010, 1.277 opérations anti-drogue ont été menées en Afghanistan, permettant la saisie de près de 52 tonnes d'opium, de 7 tonnes d'héroïne, de 65 tonnes de haschisch, de 3,4 tonnes de morphine et de 180 tonnes de précurseurs chimiques. 64 laboratoires de fabrication de stupéfiants ont été détruits, tandis que 1.186 personnes suspectées de trafic de drogue, dont dix étrangers, ont été arrêtées. En Russie, plus 120.000 personnes ont été traduites en justice pour des délits liés à la drogue pour la seule année 2010. Le trafic de drogue afghane est en outre l’une des méthodes de financement du terrorisme dans le Caucase du nord. Pour cette raison, lors du forum international antidrogue de juin dernier à Moscou, le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov à appelé à ce que la drogue afghane soit qualifiée par le Conseil de sécurité de l'ONU comme une menace à la sécurité et à la paix.
D'après les experts, ces dix dernières années, les stupéfiants afghans ont causé la mort de plus d'un million de personnes dans le monde. Selon le ministre Russe de l’intérieur Rachid Nourgaliev, la drogue ces dernières années tue en moyenne 30.000 russes chaque année, et ce sont près de 70.000 décès chaque année qui sont lés à la consommation de stupéfiants soit près de 200 chaque jour. Il est difficile de se rendre compte de l’importance de ces chiffres, mais on peut faire une comparaison en disant qu’il s’agit chaque jour de l’équivalent en nombre de victimes de 6 attentats comme celui de Domodedovo de janvier dernier. Début mars 2011, le directeur de l'Institut de recherches politiques, Sergueï Markov a rappelé la volonté de la Russie de totalement détruire l’agriculture de la drogue en Afghanistan. Pour autant, jusqu’à ce jour, on doit constater que seuls les Talibans, quand ils étaient au pouvoir, ont su réellement freiner la production de pavot dans le pays.
D’après l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé), le trafic de stupéfiant est le troisième commerce en importance dans le monde derrière le pétrole et l’alimentation, mais avant le commerce des armes et des médicaments. C’est un réseau mafieux international qui continue à se développer, et l’importance des sommes en jeu favorise la corruption à tous les niveaux. Peu à peu, les états prennent conscience que la cocaïne d’Amérique latine, l’héroïne d’Afghanistan et le cannabis du Maroc et de l’Asie centrale constituent une menace globale. Il y a les conséquences sur la santé publique, sur la démographie, sur la criminalité dans chaque pays, et aussi le risque de voir des mouvements terroristes se financer en faisant du trafic de drogue.
Cette prise de conscience incite les états à de nouvelles collaborations internationales dans l’intérêt commun. Dans le cadre du conseil de l’Europe dont la Russie est membre depuis 1999, pendant les réunions du conseil Russie-OTAN, aussi bien que devant l’assemblée générale de l’ONU, la lutte contre le trafic de stupéfiants est devenu un sujet majeur. Une guerre totale serait peut être la seule croisade juste.
00:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, politique internationale, drogues, toxicomanies, narco-trafics | | del.icio.us | | Digg | Facebook