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vendredi, 24 juin 2016

L’inclassable Christian Dutoit nous a quittés

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Robert Steuckers :

L’inclassable Christian Dutoit nous a quittés

La Flandre orpheline de son esprit le plus transversal

J’ai dû apercevoir Christian Dutoit pour la première fois en 1975, quand il fréquentait un estaminet de Louvain. Il était, je l’apprendrai plus tard, étudiant en histoire à la KUL. J’étais en philologie germanique à l’UCL (les germanistes ayant été les derniers à quitter Leuven…). Dans mes souvenirs, je le revois devant la porte d’un bar très animé. Il avait fondé le groupe socialiste flamand Arbeid (= Travail), avec la ferme intention de coupler le combat identitaire flamand à la question sociale car une horreur hantait alors tous les esprits non conformistes : la répression sanglante des grèves des mineurs limbourgeois entre 1966 et 1970, où les soudards de la gendarmerie belge, complètement bourrés, avaient tiré sur des paroissiens qui sortaient de l’église (et n’étaient donc pas des grévistes violents) et avaient frappé à coups de crosse les convives d’un café du coin, y compris la propriétaire enceinte et déjà mère de six enfants. A l’époque, un comité Zwartberg (du nom de la cité minière) avait vu le jour sous la direction d’un ouvrier mineur, Segers, et dans le cadre de la Volksunie flamande (cf. http://www.npdoc.be/Van-Overstraeten-Toon/Witboek-over-Zw... ). Le parti autonomiste flamand avait été le seul à accueillir ces mineurs désemparés : déjà les socialistes avaient trahi la classe ouvrière, trahi les mineurs, ceux qui affrontaient les pires conditions de travail dans les pays industrialisés. Segers, dans un discours prononcé à Bruxelles vers les années 1975-76, avait déclaré vouloir défendre l’autonomie énergétique du pays : j’étais un obscur petit étudiant au fond de la salle. J’ai retenu sa leçon. L’autonomie énergétique est une valeur à défendre, à tout prix, à tout moment, sans jamais fléchir.

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L’action initiale de l’étudiant Dutoit s’inscrivait donc tout logiquement dans le sillage du scandale déclenché par cette répression inique, où tous les mineurs avaient été tirés dans le dos, et de cette première tentative de coupler nationalisme autonomiste et question sociale. L’idée trottait aussi dans nos têtes, celles de notre tout petit groupe. En 1977, je rencontre à Kraainem Alain Derriks, alors étudiant en journalisme à l’ULB : lui aussi, dont les origines étaient liégeoises et arlonnaises, voulait allier wallingantisme et question sociale, celle-ci étant incontournable dans la réalité wallonne, comme l’avait démontré avec brio Henri Mordant, dans une célèbre émission de la RTB(F). Derriks voulait un wallingantisme parallèle au flamingantisme, où tous deux, en synergie, renouaient et défendaient l’identité profonde de leurs régions respectives, une identité qui ne pouvait en aucun cas se défaire de ses composantes sociales, ainsi que l’avait aussi suggéré un grand sculpteur comme Georges Wasterlain : l’idéal ouvrier catholique du Père Daens d’Alost, le combat malheureux des mineurs du Limbourg, du renardisme wallon, l’idéal de la littérature prolétarienne (Malva, Hubermont) devaient fusionner dans une synthèse sorélienne et effervescente pour sauver le pays d’un encroûtement délétère, avant même que l’on ne parle de néolibéralisme, de thatchérisme ou de reaganomics. En même temps, les mineurs, les Kumpel de la Ruhr levaient aussi le drapeau noir de la révolte contre l’égoïsme social et la fermeture des mines, leur univers cruel mais qu’ils aimaient parce qu’ils souffraient pour le faire vivre. Charleroi, Liège, Genk, Zwartberg et le Kohlenpott de Duisburg et d’Oberhausen connaissaient un misérable destin commun, celui du démantèlement de l’autonomie énergétique européenne sous les coups de la folie eurocratique. Les Lorrains et les Artésiens partageaient à coup sûr le même sort dans l’Hexagone.

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En 1979, se tiennent les premières élections européennes. Les partis politiques présentent leurs programmes sur la Grand’ Place de Bruxelles. Libéraux, socialistes et démocrates-chrétiens étalent leurs dépliants aux phrases insipides. Derriks et moi ne dissimulons pas notre mépris face à ces établis tout en stupidité, verbeux et cravatés. Seul le Sénateur Walter Luyten de la Volksunie présente une foison de documents sur le combat identitaire des peuples sans Etat, du Pays de Galles au Tyrol et de la Frise à la Galice. Ensuite, le stand distribue un programme, livre épais, où se distille une véritable alternative pour le pays : la question sociale y est couplée aux problèmes identitaires et le socialisme éthique de Henri De Man y est ressuscité, comme palliatif salvateur face à un socialisme matérialiste, grossier, électoraliste, en pleine dérive (et nous n’avions encore rien vu…). Ce copieux programme est un livre que j’ai toujours gardé à portée de la main : plus jamais une alternative aussi bien construite n’a été suggérée aux électeurs. Derriks et moi ne rencontrerons que brièvement les militants d’Arbeid (le groupe de Dutoit) lors d’un forum du 1 mai, sans doute en 1980, où ils tenaient un stand, aux côtés du PCB et de l’AMADA-PTB. Dutoit, c’est sûr, voulait créer un pont entre l’ethnisme communautaire de Luyten (proche de celui d’Alexandre Marc et de Yann Fouéré) et l’engagement social d’une gauche rassembleuse, solidaire au plan collectif, sensible aux questions identitaires.

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Pendant que nous rêvions de créer un pendant d’Arbeid pour les provinces romanes, Siegfried Bublies, à Coblence, voulait une synthèse similaire pour l’Allemagne. Le journal de la Volksunie des Sénateurs Walter Luyten et Willy Cuypers se nommait Wij (= Nous). Bublies nommera sa revue Wir Selbst (= Nous-mêmes), traduction du gaëlique irlandais Sinn Fein, clin d’œil au socialisme et syndicalisme celtisant de Connolly, le leader de la gauche irlandaise, fusillé après l’échec du soulèvement des Pâques sanglantes de Dublin en 1916 (sur Wir Selbst : https://de.wikipedia.org/wiki/Wir_selbst ). Je suis attiré par le projet de Bublies grâce à une publicité en troisième ou quatrième de couverture dans un numéro de Junges Forum, la revue de la « Deutsch-Europäische Studien-Gesellschaft » de Hambourg, dont j’étais le modeste correspondant à Bruxelles depuis un voyage d’études dans la ville hanséatique et à Lübeck, la cité de Thomas Mann, en mars 1979. Junges Forum paraissait sous la tendre houlette du regretté Heinz-Dieter Hansen, décédé fin 2015. Fondée en 1964, cette revue et cette association avaient voulu dégager les entreprises identitaires de la griffe de partis, où les querelles de personne s’accumulaient sans discontinuité. Sous l’impulsion de Lothar Penz, elle se voulait l’expression d’un humanisme organique et s’intéressait à l’écologie avec Ullrich Behrenz. Cette Studien-Gesellschaft a été un premier pas hors des carcans politiciens et des ronrons stériles mêlant un nationalisme rancuneux à des droitismes sans profondeur que Péguy, déjà, avait fustigés en démontrant que c’était là des « façons de parler », des « postures » aussi insignifiantes que celles de leurs adversaires. Le groupe de Hambourg avait un incontestable tropisme flamand : un quart des productions présentait des thèmes chers au plat pays de Brel. Cela s’explique par des raisons idiosyncratiques : Hansen, orphelin de guerre, vivant dans des immeubles à moitié détruits, sans plus le moindre confort, rescapé des terribles bombardements au phosphore par les forteresses volantes du Maréchal Harris, n’avait qu’une idée dans sa tête d’écolier : quitter ces ruines sinistres et partir à vélo vers des contrées plus vertes et plus agréables. Ces randonnées en bicyclette l’avaient amené en Flandre où, partout où il arrivait, affamé, famélique, on lui donnait des tartines au beurre et au chocolat du Congo. Mère Flandre avait conquis son cœur d’orphelin. Il ne l’oubliera jamais. 

Hansen, qui avait le nez fin en matières idéologiques et politiques, a tout de suite perçu que la volonté de Bublies était inébranlable et qu’il allait, par son zèle, inaugurer une ère nouvelle dans l’histoire des idées non conformistes, humanistes et organiques. Il a immédiatement fait de la publicité pour Wir Selbst. Le projet était alléchant. Quelques semaines plus tard, au pèlerinage de l’Yser, en déambulant dans la rue principale de Dixmude, je tombe sur un stand de Wir Selbst, tenu par Bublies ! J’achète tous les exemplaires disponibles, je m’abonne, je rentre avec Bublies et son ami, je les invite chez moi. Le lien était établi. Nous sommes d’accord : le mouvement identitaire ne peut plus s’embarrasser de ballasts inutiles, anachroniques, inacceptables sur les plans éthique et philosophique.

nelly m.jpgBublies entre en contact avec Dutoit, sans doute, mais cela reste à vérifier, par l’intermédiaire d’un journaliste de Die Welt, Wilfried Dolderer, spécialiste des questions belgo-flamandes et néerlandaises dans la grande presse d’Outre-Rhin. La revue allemande échange des idées avec les productions de Dutoit, Meervoud (= Pluriel) et De Wesp (= La Guêpe). Un jour, Bublies et quelques-uns de ses camarades débarquent à Bruxelles pour assister à un congrès tenu en parallèle avec la Volksunie, dont la cheville ouvrière avait sans nul doute été Christian Dutoit. L’orateur principal était la Sénatrice Nelly Maes qui défendait l’idéologie de Mai 68, qu’elle estimait avoir été trahie dès le milieu des années 70 ; elle déplorait aussi que la société flamande était restée relativement imperméable, surtout goguenarde, au message des barricades de Paris et aux élucubrations de Daniel Cohn-Bendit, notamment dans les domaines que nous appelons aujourd’hui « sociétaux ». Inutile de dire que ce discours, prononcé sur un ton lancinant et monocorde, ne m’a pas convaincu : pour nous, depuis la terminale, il convenait certes d’éviter la chute de l’homme dans l’unidimensionnalité (Marcuse). Mais noyer cette unidimensionnalité dans les bigarrures du sociétal, sous prétexte de rendre l’éros à la civilisation, il y avait, pour moi, un (faux) pas à ne point franchir car, finalement, les bigarrures sont pur décorum et ne changent rien à la déréliction de l’homme dans la société postindustrielle. Elles dorent la pilule. Elles ne sont que placebo. Contrairement à ces rénovateurs de la Volksunie, nous avions lu les solides critiques soviétiques des nouvelles gauches, grâce au choix de livres qu’offrait, à l’époque, la « Librairie du Monde entier », rue du Midi, officine du PCB : quoi qu’on puisse en penser, après la chute de l’URSS, malgré la lourdeur du langage utilisé, les critiques officielles du PCUS constituaient un bon antidote aux sottises des gauches ouest-européennes. Je préfère la Nelly Maes d’aujourd’hui, toujours sur la brèche, qui s’inquiète de l’étouffoir néolibéral dans lequel végètent et pourrissent nos sociétés. Elle doit sûrement savoir maintenant que les bigarrures festivistes (Muray) sont justement la poudre aux yeux, préparée par le système (à tuer les peuples), pour faire accepter le néolibéralisme.  

A la suite de ce colloque, je me suis retrouvé avec Bublies, Dutoit et leurs copains dans un restaurant près de la Grand’ Place, juste derrière le coin du pâté de maisons qui abrite le Cygne Blanc, site de la fondation de la première Internationale de Marx. Bublies, à l’époque incarnation de l’enthousiasme ardent, typique des révolutionnaires allemands, a sorti cette tirade : « Nous fondons aujourd’hui, en ce lieu historique, la Cinquième Internationale des peuples libres et du socialisme à visage humain ».

ernie10.jpgSiegfried Bublies entendait renouer avec l’esprit des conseils de 1918-1919, notamment avec les idées communautaires et organiques, teintées d’un certain nietzschéisme, de Gustav Landauer. Dans la foulée, il redécouvre la figure d’Ernst Niekisch, membre du premier de ces deux gouvernements des conseils qui ont dominé Bavière immédiatement après l’armistice de novembre 1918. Au même moment où Bublies ressort Niekisch de l’oubli (relatif) dans lequel il avait été exilé, Armin Mohler en reparle aussi dans la revue conservatrice Criticon, éditée à Munich par le Baron Caspar von Schrenck-Notzing.  Je résume ce bref essai du gaulliste jüngerien et bâlois dans le bulletin du GRECE-Belgique de Georges Hupin. L’engouement pour Niekisch est lancé, alors qu’il n’avait été abordé que par Louis Dupeux (Strasbourg) et Jean-Pierre Faye au niveau universitaire : deux ouvrages qui comptaient parmi nos références à l’époque. Je reparlerai de Niekisch dans Nouvelle école en 1981. Jean-Pierre Patin, animé par un projet similaire de reconstruire un socialisme humain, occitan (Robert Lafont !) et organique dans son Languedoc natal, embrayera sur la vogue Niekisch dans sa revue artisanale, Le Partisan européen. A Marseille, Thierry Mudry suit le mouvement quelques années plus tard et se révèle un grand admirateur du révolutionnaire allemand. Cette redécouverte d’un penseur communiste oublié, pour qui la nation et l’histoire nationale comptaient, ces francophones wallons, bruxellois, parisiens, corses, languedociens et provençaux la doivent à Dutoit et à Bublies, les premiers à avoir lancé ces pistes nouvelles et audacieuses.

En 1981, je pars travailler à la rédaction de Nouvelle école à Paris, chez l’inénarrable de Benoist, qui ne comprenait strictement rien à cette dynamique et y voyait un « gauchisme » ou un « trotskysme » face à un (micro)établissement néo-droitiste dont il était évidemment le Vojd suprême, le Staline. Un Staline qui, derrière le dos de ses chers copains, cherchait pourtant à se tailler un petit créneau, une petite mangeoire bien fournie, dans la muraille du thatchérisme triomphant (le projet « Alternative libéral » de décembre 1981). Cette orientation nous débectait, inutile de le préciser.

A Paris, je fais la connaissance du juriste corse Ange Sampieru qui entend, contrairement sans doute à Bublies et Dutoit, sauver le politique pur, dans le sens où l’entendaient Carl Schmitt, Julien Freund et René Capitan, père de la constitution de la Vème République. Sur base du politique pur, on pouvait créer un système socialiste ou du moins, comme le voulait plutôt Guillaume Faye, un système économique « semi-autarcique autocentré » (Perroux, Grjebine), capable de lancer de grands travaux d’utilité publique selon les principes du développement préconisé par Friedrich List (et par les Chinois de Sun Ya Tsen à Mao et de Mao aux dirigeants actuels). Pour Sampieru, la société civile et le monde du travail seraient alors structurés selon les idées de participation et d’intéressement, lancées dans les dernières années du pouvoir gaullien en France, et sur les nouvelles formes sociales et économiques que les auteurs de gauche les plus originaux suggéraient, surtout dans le cadre des éditions La Découverte (ex-Maspero). Parmi ces auteurs, il y avait déjà l’équipe de Serge Latouche, théoricien de l’anti-utilitarisme dans les sciences sociales. Il y avait aussi, dans la panoplie choisie par Sampieru, les critiques du fordisme, qui intéressaient Georges Robert, ancien du syndicat de Jeune Europe puis militant socialiste bruxellois (PS et FGTB), rédacteur occasionnel de mes bulletins. Et Sampieru était, comme Bublies et Dutoit, un ethniste européen, aligné sur les théories de l’école de Nice, fondée par Alexandre Marc. Son corsisme, bien étayé par des arguments historiques solides, nous rappelait notamment l’excellence de la Constitution de Paoli, avant l’annexion de la Corse ex-génoise à la France, et la nécessité de communautés enracinées, inscrites dans des traditions organiques pluriséculaires. Son intérêt pour le monde méditerranéen et arabe le portait à étudier les expériences algériennes, libyennes (comme Bublies) et nassériennes. Il est dommage que le corpus, que Sampieru a composé pour mes revues Orientations et Vouloir, après mon départ de la nef des fous parisienne où trônait de Benoist, n’ait pas été traduit et vulgarisé : nous aurions eu à notre disposition un bien meilleur instrumentarium pour contrer la subversion néolibérale. Rien n’est perdu toutefois : les éditions La Découverte existent toujours, Latouche a bien affiné ses idées au fil des décennies, cette gauche, bien que marginalisée entre l’enclume de la gauche dévoyée de l’établissement et le marteau du néolibéralisme dominant, a récemment proposé au public français les thèses de Matthew Crawford, un heideggerien d’Amérique qui prône le retour aux frictions du réel et l’abandon des poses propres à tous les autoritarismes abstraits, très souvent dissimulé derrière une novlangue « boniste » : piste bien plus intéressante que les dérives sociétales que semblait regretter Nelly Maes, que bon nombre de gauches ont empruntées au risque de péricliter et de mourir, que les adeptes du « Foucault réellement jouisseur » avaient surdimensionnées au détriment des intuitions géniales de leur maître quand il évoquait la genèse des Etats modernes.

van_extergem.jpgDutoit, pendant ce temps, sort chez l’éditeur anversois Soethoudt une version tout public de sa thèse de fin d’études sur la figure originale de Jef Van Extergem. Qui était-il ? Un très jeune activiste de gauche pendant la première guerre mondiale qui voit le conflit en cours comme une lutte planétaire de la social-démocratie allemande contre une triple alliance, celle du despotisme russe, du capitalisme anglais et de la raideur républicaine et militariste française. Dans ce cadre, il veut la disparition de la Belgique qui, à ses yeux, a déchu en un appendice médiocre de la République française. Ce « jeune garde socialiste » injurie le roi Albert I (de lange zwibzwab), utilise un langage d’une verdeur inhabituelle, y compris lors de son procès devant le tribunal militaire (ce qui a dû plaire à Dutoit !). Il participe à la fondation du parti communiste belge. Il mourra en détention en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale. Jef Van Extergem cumulait donc quelques casquettes : jeune et insolent, hostile à l’Etat et à la monarchie, socialiste radical qui passe à un communisme flamand non immunisé contre les tentations nationales/ethnistes, victime tragique de la seconde occupation allemande. C’est dans tous ces sillages volontairement rupturalistes sur la petite scène flamande que Dutoit a voulu naviguer toute sa vie. Dans la « Vlaams Huis » qu’il animait à Bruxelles, un portrait de cet inclassable de la gauche flamande ornait le mur à la gauche du bar.

Nous sommes en 1981. Bien qu’actif à Paris, dans la nef du fou (Fluctuat nec mergitur…) qui oscillait entre ses tentations néolibérales et ses petits copinages personnels, je gardais le contact avec le groupe de Bublies et entretenait d’excellentes relations de camaraderie avec Sampieru. En août 1981, Bublies, quelques camarades des NRKA et NRKB (deux bureaux ou commissions de coordination « national-révolutionnaire ») et une équipe de la Volksunie, autour d’un certain Segers, doivent participer à un cours d’une semaine sur l’ethnopluralisme dans une Folkehojeskole (une « haute école populaire ») au Danemark. Y participaient des Frisons de l’Académie de Leeuwarden, de l’institut nord-frison du Slesvig-Holstein, des Danois de la minorité danoise de la RFA, des Allemands de la minorité allemande du Danemark, un représentant des Slovènes de Carinthie, des Samis du nord de la Norvège, un député esquimau du Groenland, une délégation de la Volksunie flamande et les animateurs des cercles et de la revue de Bublies. Le Prof. Dillmann, le scandinaviste français, et moi-même représentions ce qu’il était convenu d’appeler la « nouvelle droite » depuis l’article alarmiste et délirant du Nouvel Observateur en 1979.

La délégation de Segers –Dutoit n’était pas présent, hélas-  avait amené une nouvelle mouture du livre-programme du Sénateur Luyten. La première version était rédigée sur un ton classique : la gauche qu’elle entendait promouvoir reposait, en gros et pour faire simple, sur une base portée par trois solides colonnes, soit le daensisme social-catholique, l’idéal communautaire et solidariste des ethnismes/autonomismes et le socialisme éthique d’Henri De Man. Toutes choses que l’engouement actuel pour les non-conformismes des années 30 (porté notamment par le Prof. Olivier Dard en France) permettrait de réactualiser. La seconde version avait édulcoré le message et remplacé ces trois piliers, bien inscrits dans l’histoire nationale flamande (et même belge), par des éléments que je qualifierai aujourd’hui de « sociétaux », un fatras insipide de considérations festivistes, marcusiennes voire para-foucaldiennes, autant d’expressions de sexualités mal vécues et de tourments pubertaires gauchement libidineux. Toutes concouraient bien sûr à affaiblir le politique, souci de Sampieru, Faye, Thiriart et bien d’autres. C’est là sans doute que nos chemins allaient se séparer, sans rancune ni querelle. Derriks et l’équipe bruxelloise voyaient certes le salut dans les ingrédients que Dutoit voulait raviver mais réclamaient en plus une restauration du politique, à la veille de l’offensive thatchéro-reaganienne, pour garantir à tous nos peuples une future constitution ethniste et socialiste. Les cours étaient animés par la très forte personnalité du sociologue allemand Henning Eichberg (par ailleurs correspondant de Nouvelle école en Allemagne), théoricien de l’ethnopluralisme qui optera plus tard pour la gauche antifasciste danoise (https://en.wikipedia.org/wiki/Henning_Eichberg ). Quand je quitte Tinglev et embarque sur le tortillard danois qui doit me conduire à Flensburg, Bublies me salue depuis le quai, le poing tendu et me lance un vibrant : « Es lebe die Revolution ! ». 

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Nous sommes donc en 1981, l’année où s’amorce la crise des missiles. Le tollé est immense en Allemagne, car en cas de conflit nucléaire entre les deux blocs, le pays serait réduit en cendres, totalement vitrifié. Naissent coup sur coup des filons idéologiques et politiques qui demeurent encore aujourd’hui bien vivants en Allemagne : une volonté neutraliste, c’est-à-dire de voir l’Allemagne devenir un pays neutre comme la Suisse et l’Autriche, de la voir sortir de l’OTAN tout comme, selon une bonne logique de réciprocité,  la RDA soviétisée serait sortie du Pacte de Varsovie. Parallèlement, le fils de Willy Brandt, Peter Brandt, publie une anthologie sur les gauches allemandes et la question nationale, inaugurant de la sorte un nouveau nationalisme de gauche. D’autres renouent avec la tradition russophile prussienne, notamment suite à certains ouvrages de Sebastian Haffner, antinazi réfugié en Angleterre dans les années 30. Wir Selbst, la revue de Bublies, se fait l’écho de tous ces bouleversements idéologiques et adhère au mouvement national-pacifiste, dont elle devient le principal organe. En 1982, le troisième numéro d’Orientations est consacré au national-neutralisme allemand. Dutoit et Arbeid participent, tout comme nous, à la grande manifestation de Bruxelles contre le déploiement des missiles Pershing. Ils défilent dans le sillage de la délégation de la Volksunie. Quelques nationalistes plus classiques défilent aussi, ce qui montre que le projet initial de Dutoit faisait subrepticement son chemin, en dehors de son terrain de prédilection favori, celui des gauches flamandes. Ces nationalistes classiques réclamaient aussi le retrait des SS20 soviétiques, ce qui n’apparaissait pas chez les autres manifestants, focalisés sur les missiles américains.

loeser_BO1,204,203,200_.jpgLe neutralisme européen sera notre cheval de bataille principal jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989. Personnellement, c’est ma rencontre avec le Général Jochen Löser, lors de la Foire du Livre de Francfort en 1984, qui sera la plus significative dans ce vaste combat neutraliste (http://www.archiveseroe.eu/loser-a48740570 ). Löser venait de publier un ouvrage intitulé Neutralität für Mitteleuropa où il suggérait la création d’un espace neutre comprenant la Suède, les Etats du Benelux, le Danemark, les deux Allemagnes, la Suisse, l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne et la Yougoslavie. Ce projet m’apparaissait le plus cohérent, plus riche en potentialités en tous cas que la simple répétition des discours tenus par les gauches officielles. Sampieru réussit à me faire inscrire à un colloque franco-allemand sur la défense autocentrée et citoyenne (modèles suisse et yougoslave) dans les locaux des éditions La Découverte.

De la perestroïka de Gorbatchev au milieu des années 90, avec, en plus, le retrait de Derriks (qui se suicidera en 1987), je perds Dutoit de vue mais reste en contact avec Bublies, dont la revue devient prestigieuse, tout en étant de plus en plus marquée par les idées (et les bonnes et moins bonnes marottes) d’Henning Eichberg, qui s’était mué en un anti-étatiste largement inspiré par les thèses de Michel Foucault, infléchies non pas au bénéfice de l’individu, de ses humeurs ou impulsions sexuelles particulières mais vers le peuple en tant qu’instance génératrice d’identités inaliénables et intransmissibles et qui, comme le voulait par ailleurs Claude Levy-Strauss, devaient être toujours maintenues comme telles, en état de toujours régénérer du neuf. Wir Selbst se doublera d’une maison d’édition qui existe toujours.

old-welsh-whisky.jpgJ’apprends, fin des années 90, que Dutoit a ouvert une Vlaams Huis dans la rue de Soignies (Zinnikstraat) en plein cœur de Bruxelles, à un jet de pierre de l’actuelle bouquinerie « Pêle-Mêle ». Nous décidons, Berens et moi, flanqués de quelques étudiants flamands, d’aller lui serrer la pince. En me voyant, sans me reconnaître tout de suite, il est interloqué : apparemment, ses relations avec la ND n’avaient pas été bonnes, vu la lourdeur intellectuelle navrante du vicaire campinois intronisé par le fou de la nef parisienne (Fluctuat nec mergitur…) mais, au bout de quelques instants, parce que j’avais évoqué Bublies, il se dégèle et nous tend un verre du meilleur whisky gallois dont il conservait la bouteille, rare, sous le bar qu’il tenait. Inutile de préciser que nous sommes sortis à quatre pattes. L’ambiance était joyeuse et brueghelienne. En dépit de son tropisme de gauche et de son antihispanisme basquophile, Dutoit, en tenant ses multiples bars, a prouvé, pour l’éternité, que notre Flandre natale reste une terre baroque et picaresque, héritage du 17ème siècle espagnol qui rejetait le puritanisme anglo-hollandais, le jansénisme français et l’étiquette artificielle de la Cour de Louis XIV, privilégiant un vocabulaire vert, un langage populaire où sexe, fessards et braquemarts ont toute leur place et où l’aristocratie, à Madrid ou à Bruxelles, imite ce langage tissé de truculence, crée la littérature picaresque et se gausse des étiquettes artificielles.

roossens.jpgPlusieurs années se sont écoulées avant que je ne revienne à la nouvelle Vlaams Huis de la rue de la Presse. Même ambiance. Rehaussée de surcroît par la présence de l’ex-Sénateur Roeland Van Walleghem, devenu chroniqueur gastronomique de Meervoud. Une convergence qui m’étonne toujours mais elle s’est opéré dans la joie, dans cet esprit picaresque qui est le fin des fins de la tolérance bien conçue. Outre Dutoit, la figure principale qui animait ces lieux aux beaux lambris, à la lumière tamisée, à la décoration luxuriante, était le marxiste national (appelons-le ainsi…) Antoon Roosens (photo), l’un des mentors de Dutoit (avec Mark Grammens) (cf. https://nl.wikipedia.org/wiki/Antoon_Roosens , http://www.doorbraak.be/nl/nieuws/antoon-roosens-overleed... & http://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/001/295/965/RUG01-00129... ). Antoon Roosens était animé par les idées de l’autonomisme flamand dans les années 50 puis, rapidement, avant Dutoit, il préconisera une alliance « travailliste » avec des éléments de gauche au sein de la Volksunie, dans un groupe qui recevra le nom de « Vlaamse Demokraten ». L’entrisme s’avèrera un échec et la participation aux élections un désastre (0,2%). Roosens est un disciple du trotskyste francophone belge Ernest Mandel (influencé par la théorie des cycles de Kondratiev et théoricien d’une méthode critique et historique-généalogique de l’histoire du capital, https://de.wikipedia.org/wiki/Ernest_Mandel ), de Jaap Kruithof (philosophe anticonsumériste et humaniste, https://nl.wikipedia.org/wiki/Jaap_Kruithof ), et de Gramsci, qui lui permettra de lier son combat identitaire flamand à ses visions marxistes et travaillistes : la culture populaire, objet de la métapolitique gramscienne, présente de fait des constantes incontournables (cf. Jean-François Kahn), elle ne peut donc dériver de constructions intellectuelles abstraites et s’enracine derechef dans un humus préexistant à toute démarche politicienne dans un Etat récent comme la Belgique. Le militant « progressiste » ne peut les ignorer et doit les inclure dans ses réflexions, faute de basculer dans l’abstraction et le jargon sans substance. Le pari gramscien de Roosens sur la culture populaire (flamande) permet, en théorie, de déployer une métapolitique identitaire de gauche, vu la nature artificielle et bourgeoise qu’il prête à l’Etat belge. Roosens a donc théorisé, malheureusement sans succès jusqu’à son décès prématuré en 2003, une solution parfaitement valable pour les deux composantes communautaires de la Belgique. Roosens théorise d’ailleurs l’idée d’un « Plan Marshall » pour la Wallonie, évoqué par Mordant (cf. supra) et vaille que vaille mis en pratique sans grand succès par le PS dégénéré, alors sous la houlette d’Elio di Rupo.  

dael003_0.pngToujours accompagné de sa pétulante épouse, Roosens était une voix affable dans cet espace de convivialité créé par Dutoit et son compagnon, le romaniste (français et espagnol) Bernard Daelemans (photo), qui deviendra plus tard son partenaire légal suite à l’un des premiers mariages homosexuels du royaume. J’avais rencontré Daelemans lors d’un colloque sur l’identité de Bruxelles, tenu au Parlement Flamand à Bruxelles, organisé par Karim van Overmeire, aujourd’hui élu d’Alost pour la NVA. Daelemans, Maître Keuleneer et moi-même, non encartés, avions décidé de passer outre les consignes officielles d’organiser un « cordon sanitaire » autour du parti où militait alors van Overmeire. Il est inconcevable, pour des personnes qui refusent absolument de raisonner en termes d’étiquettes, d’accepter la pratique antidémocratique de dresser des « cordons sanitaires », imposée par un Etat dont les représentants sont des gens généralement incultes, comploteurs, bornés, agressifs, grossiers, bouffons et qu’on ne souhaiterait jamais fréquenter.  Daelemans y a défendu sa politique d’intégration, position radicalement contraire à celle, à l’époque, de van Overmeire, sans se faire huer ou injurier. Convivialité et courtoisie étaient de mise. Grandezza. Personnellement, j’avais opté pour une approche inhabituelle :  rappeler l’œuvre architecturale de Charles Buls et les projets de Victor Horta, comme éléments universellement vénérés d’identité bruxelloise ( http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2007/06/04/r... ). Daelemans m’avait dit que c’était là un excellent angle d’attaque pour contrer la bruxellisation, c’est-à-dire le saccage d’un patrimoine urbain au nom de considérations utilitaristes et matérialistes. L’œuvre de Horta pouvant être considérée comme d’inspiration socialiste noble, on peut mesurer le chiasme qui s’est installé entre le socialisme d’avant 1914, qui voulait élever la classe ouvrière, et le socialisme crapuleux et dévoyé par la triste engeance des ignares vulgaires que nous subissons aujourd’hui.

La Vlaams Huis a donc été un espace de convivialité et de convergences. Sans doute le seul à Bruxelles. Avec pour fond sonore les cris d’un espiègle perroquet, qui intriguait particulièrement mon chien. Reste à évoquer le dossier basque, indissolublement lié à la personnalité de Dutoit. Dans sa défense tous azimuts des peuples sans Etat en Europe et ailleurs, Dutoit avait été séduit par le combat basque. Il en était venu à considérer l’Euzkadi comme sa seconde patrie. Notre tropisme était plutôt irlandais et breton, corse pour Sampieru, racines obligent. Pour nous, l’hispanité allait au-delà de l’appartenance ethnique : c’était une attitude traditionnelle dans la mesure où elle combinait l’humanisme d’Erasme et de Juste Lipse au picaresque rabelaisien (non « dressé » par les machineries dénoncées par Foucault !), à la luxuriance baroque avec les chairs des femmes de Rubens et à la résistance à Louis XIV, au puritanisme d’Angleterre et du Nouveau Monde. C’était une attitude baroque (au sens où l’a défini un Yvan Blot) partagée par les Espagnols d’Europe et d’Amérique, les Francs-Comtois, les ressortissants de nos régions et sans doute aussi les Bavarois et les Croates.

Plongé dans l’univers des gauches bruxelloises, où la composante espagnole était assez forte, Dutoit était forcément anti-franquiste. Pour les communistes espagnols (asturiens) de Bruxelles et plus particulièrement de Saint-Gilles, la question basque était, avant la mort du Caudillo, le seul levier possible pour renverser le régime honni, les gauches espagnoles classiques ayant été marginalisées et démonétisées. Mon camarade de classe, Eric Volant, Saint-Gillois devenu communiste après ses humanités dans notre école, s’était embarqué dans cette affaire « basquo-bolcheviste » vers le milieu des années 70. Volontaire pour une opération spéciale (dont on ne saura jamais rien), Volant est tué en franchissant un gué dans les Pyrénées. On avait manifestement utilisé ce garçon généreux et en plain désarroi (a-t-il songé au suicide ?). Nous n’avions pas ces préoccupations tout en étant conscient que le justicialisme phalangiste, non critiquable, s’était édulcoré, figé au fil des décennies.

Manuel Hedilla Larrey 3.jpgDerriks, surtout, revalorisait la figure de Manuel Hedilla Larrey, le phalangiste de gauche qui ne voulait pas d’inféodation à un mouvement franquiste unique, qui fut pour cela condamné à mort par Franco mais sauvé par l’ambassadeur allemand von Faupel. Cependant, le père d’Ana, mon épouse, était l’un de ces Asturiens tournés communistes par révolte contre son milieu familial. Lui aussi avait connu, avant son décès en 1985, un tropisme basque qui n’était pas pur calcul car ses voyages à vélo au Pays Basque, et ses nuits sous tente en pleine nature, l’avaient profondément marqués et l’avaient « basquisé », lui qui se définissait comme un Celte de Galice et des Asturies. Ce sont sans doute les mêmes paysages qui ont séduit Christian Dutoit, si bien que, miné par la terrible maladie qui l’affectait, il est allé mourir là-bas à Zumarraga, car il voulait une dernière fois en voir les beautés.

Adieu Christian, qui se méfiait de moi, mais qui fut finalement un frère en combat même si les signes portés n’étaient pas les mêmes, dans le monde des idéologies aussi bigarré que le carnaval peint par Ensor. Adieu donc, camarade, que je n’ai plus vu depuis deux ans car la Faucheuse aussi a failli m’emporter et que je dois me ménager et renoncer à ton bon whisky gallois, surtout quand il est ingurgité à des heures trop tardives. Cependant, je te promets de lutter pour que soient encore possibles autant de bonnes et saines convergences que celles que tu as patronnées durant ta trop courte vie. Mes condoléances à Bernard qui continuera, j’en suis sûr, à maintenir les bonnes traditions de la Vlaams Huis de Bruxelles. Nous lui souhaitons bon courage. Nous sommes sûrs qu’il y parviendra. En ton souvenir. En ta présence qui hantera toujours avec bienveillance les murs de la Vlaams Huis.

Robert Steuckers

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Zumarraga

Brexit of niet?

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Brexit of niet?

Brief aan  De Standaard <hoofdredactie@standaard.be>

Geachte redactie,

Wat is het grote gebrek van Europa, meer in het bijzonder van de EU? Het gebrek is dat het louter en alleen gaat over materiële, zakelijke dingen: handel, geld, uit-en invoer, sociale wetgeving, subsidies, quota van dit en quota van dat en zo kunnen we nog een tijd doorgaan. Welnu, materiële dingen zaaien noodgedwongen verdeeldheid. Kijk maar naar hoeveel ellende zaken zoals erfenissen binnen families bijvoorbeeld kunnen veroorzaken. Het enige bindmiddel dat blijvend is, is van geestelijke aard. Ik bedoel, het gevoel dat wij - Europa - in de wereld SAMEN iets te doen hebben, dat wij iets betekenen waarmede wij de andere continenten kunnen verrijken. Noem het met een ietwat groots woord: een gemeenschappelijke boodschap, een roeping. Zolang wij dit niet begrijpen zal de EU nooit iets worden dat goed werkt.
 
Bovendien is de EU zoals ze nu bestaat slecht georganiseerd. Het waren twee grote naties, ik hoef ze niet te noemen, die de eerste viool speelden en nog spelen. Niet zo zeer in het begin, want toen moest Duitsland nog recht krabbelen uit de miserie waarin W.O. 2 het land had achtergelaten. Maar naarmate het materiële herstel vorderde, eiste het zijn rol weer op. En wij kleinen? Wij staan er bij en kijken ernaar. Geheel ten onrechte want  wij, de Benelux (ruim 28 miljoen inwoners, met een historische binding) die naar buiten toe meer met één stem zou moeten spreken - zijn de vierde grootmacht van ons continent. Maar neen, wij staren ons liever blind op transfers van Noord naar Zuid en denken dat bij een splitsing van het land dat probleem automatisch opgelost is.
 
Kortzichtigheid, dorpspolitiek in het kwadraat (met excuses aan mijn overleden oom die jarenlang burgemeester was van een klein dorpje in het Hageland en dit tot eenieders tevredenheid). Daarom dat ik mij telkens erger als bij een of ander opduikend probleem, ik via de media moet vernemen dat Mw. Merkel en Mr Hollande bij elkaar zijn gekomen om zich daarover te beraden. En wij dan? Heeft onze stem geen recht om gehoord te worden? Ik ga akkoord dat het met 28 (of worden het er 27, morgen zullen wij het weten?) rond de tafel moeilijke besprekingen worden. Misschien is het wenselijk dat vooraf enkele landen het voortouw nemen en met voorstellen komen, laten wij dit aanvaarden. Maar waarom moeten het er perse 28 zijn? Als wij nu eens begonnen met DEELfederaties te vormen? De Benelux is daar een mooi voorbeeld van. En er zijn ook nog de Baltische staten, de Visegradlanden, de Nordic Council, enz… die telkens zo’n deelfederatie zouden kunnen vormen om, na beraadslaging, met één, politiek gestaafd  standpunt naar voren te komen. Een vergadering met, laten wij veronderstellen, 10 landen zou dan al heel wat vlugger en gemakkelijker verlopen. Dit zou de aanloop kunnen zijn (dat kan men overigens al lezen in het Verdrag van Rome, 1950, waarin de pioniersrol van de Benelux duidelijk vermeld staat), van een langzame maar zekere evolutie naar een echte Europese federatie. Waren wij niet het sterkst toen wij, helaas, in de al te beperkte periodes van de historie verenigd waren en de kern van Europa vormden? Vergeten wij het niet: het gaat niet om een materieel Europa, het gaat in de grond om het al of niet overleven van onze beschaving. En laten wij dit gezeur over “onze identiteit” maar voor wat het is, ik heb er de laatste weken meer dan voldoende over gehoord. Wie zegde het weer: onze identiteit bestaat er in dat wij er geen hebben…?

Met vriendelijke groeten.

Vik Eggermont,
Hoofdredacteur van “De Brief uit de Rijn-, Maas-, Schelde-delta"
Hoogpadlaan 72
2180 Ekeren

Overlijden van Christian Dutoit

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In memoriam Christian Dutoit - ‘t Pallieterke, 23.6.2016 

 

Overlijden van Christian Dutoit 

 

"Het is een hard leven, maar ook een schoon en een fascinerend” 

 

INLEIDING 

Net zestig was hij geworden in mei, maar dat hij nooit de 61 zou halen wist hij donders goed. Daarvoor had de kanker zich iets te comfortabel genesteld. Met het overlijden van Christian Dutoit verdwijnt een spraakmakend personage. Binnen de Vlaamse Beweging stond hij vooral bekend als de non-conformistische drijfkracht achter het 'linkse' en 'Vlaams-Nationale' Meervoud. Maar voor zij die hem persoonlijk kenden was hij vooral een warme persoonlijkheid die zich niet zomaar in een hokje liet plaatsen. 

 

mv-33.jpgWe kenden mekaar al enkele jaren, zij het dat de contacten hoffelijk maar redelijk oppervlakkig bleven. Tot die dag. 

Toen ondergetekende ergens in het vorig millennium hoofdredacteur werd van wat – bij ons weten – nog steeds 'het oudste en jongste studentenblad der Nederlanden' is, Ons Leven dus, kwam daar verandering in. "Collega-hoofdredacteur", klonk het gespeeld plechtstatig aan de telefoon, nog net geen GSM. "Sta me toe u voor de lunch uit te nodigen". En zo geschiedde. Na die uitstap naar een Brusselse brasserie en een half dozijn kroegen, intensifieerden de contacten. Net zoals het respect groeide; in beide richting durven we aannemen.  

 

Soms bestaat het toeval. Een klein jaar geleden troffen we mekaar op een Brussels terras. Ondergetekende onderweg tussen een vergadering en het thuisfront; Christian op weg van Gasthuisberg naar huis, zijn vertrouwde Vlaams Huis dus. Hij had duidelijk iets door te spoelen, gelukkig in gezelschap. De diagnose was net gevallen. Tongkanker. Met een levensverwachting van 2 tot 8 maanden, klonk het loeihard. Het amicale gezelschap veegde het nieuws wat onwennig onder de mat. Christian, dat is toch de man die al zo vele medische twisters overleefd had? Klierproblemen, hartproblemen, een hersenbloeding die dan nog gepaard ging met een vlucht uit het ziekenhuis, het lijstje bevat stof voor een rits medische doctoraten. Dit is gewoon een nieuwe etappe in wat een heuse saga geworden was, hoopte men. Hij voelde het anders aan. "Eentje teveel", merkte hij met de cynische knipoog op vlak voor we gehaast het gezelschap dienden te verlaten. En hij nipte aan zijn Cava. Duidelijker kon het niet zijn. Dit wordt een kwestie van timing. En levenskwaliteit. Meer zit er niet in. 

 

mv-48.jpgMaandenlang krijg je dan dat beeld van een beheersing en dapper omgaan met de situatie, ook al strookt de perceptie steeds minder met de werkelijkheid. "Hij ziet af", zeggen zij die het kunnen weten, een bevriende verpleegster met bakken ervaring op kop. Maar hij volhardt ook. Als gevolg van heel het medisch getimmer in de mondholte neemt de spraak af, maar goed, zo klinkt het sussend, retoriek was nooit zijn handelsmerk. Schrijnender was het gewichtsverlies, een voltreffer op de Bourgondiër die hij altijd was. Laat er enkele dagen tussen en het verlies aan kilo's sprong letterlijk in het oog. Zelfs voor de sterkste 'believers' werd het duidelijk dat dit een doodlopende straat was. Het optimisme zat hem in de tijd, al de rest is utopisme. En die tijd kortte op exponentiële wijze bleek de voorbije weken. Dat hij dagelijks toch nog enkele uren in de gelagzaal van het Vlaams Huis, zijn habitat, kon vertoeven, hield hem overeind. Er werden plannen gemaakt. Naar Baskenland gaan en eind juni naar Sint-Maarten. Het eerste lukte, en zo overleed hij het voorbije week-end in wat hij zijn tweede vaderland noemde. 

 

grammens.jpgElke nabeschouwing van een mensenleven is per definitie holistisch, wat in dit gegeven geval geen makkelijke klus is. Christian Dutoit laat op deze aardkloot niet enkel vrienden achter. Er zijn ook zij die zich vreselijk aan hem konden ergeren, veelal omdat ze niet op zijn golflengte van sarcasme zaten. Als hoofdredacteur van Meervoud, met het gevreesde foto-archief voorop, spaarde hij Koning noch knecht. Ni Dieu, ni maître was zijn motto, wat niet altijd verenigbaar is met de lange Vlaamse tenen.  

 

Met het heengaan van Christian Dutoit verdwijnt ook een generatie journalistiek in Vlaanderen. Niet alleen viel zijn levenslijn samen met een periode waarin dit land en samenleving interessante en soms erg vergaande evoluties onderging. Hij had ook het geluk, al dan niet geforceerd, om boeiende mensen te ontmoeten. Mark Grammens (foto) was zijn grote mentor, het is iets wat de betrokkene niet zal ontkennen. Een scherpe pen, gedrevenheid, maar ook een relativerend cynisme (op dat vlak overtrof de leerling de meester), het waren de ingrediënten van zijn recept. Goede vriend, hou je voldoende ruimte vrij aan de toog aldaar?  

 

Michaël Vandamme

Al Andalus, future conquête de Daech?

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Bob Woodward:

Ex: http://www.decryptnewsonline.com

Les aéroports portugais sont sous haute surveillance. Après des menaces du groupe djihadiste Etat islamique, le Portugal renforce ses mesures de sécurité.


Le pays a renforcé les mesures de sécurité notamment dans les aéroports après la publication d'un message non authentifié du groupe djihadiste Etat islamique proférant à nouveau des menaces contre Lisbonne.


Le Portugal dans le viseur de Daech? Le pays a renforcé les mesures de sécurité notamment dans les aéroports après la publication d'un message non authentifié du groupe djihadiste Etat islamique proférant à nouveau des menaces contre Lisbonne. C'est ce qu'ont indiqué jeudi soir les services de sécurité portugais.
"Les mesures de sécurité nécessaires ont été prises, y compris dans les aéroports", après les informations faisant état de ce message, a déclaré Helena Fazenda, secrétaire générale du Service de sécurité interne du Portugal, citée par l'agence de presse Lusa.


Ce message, attribué aux djihadistes et diffusé mardi sur les réseaux sociaux, qui mentionne le Portugal comme une cible potentielle, n'a pas été authentifié officiellement mais est pris au sérieux par les autorités portugaises, selon le journal local Expresso. Le niveau d'alerte terroriste au Portugal a été toutefois maintenu à un niveau modéré, 3 sur une échelle de 5.


Et les autorités n'avaient pas renoncé à organiser mardi à Leiria (centre) le match amical entre les sélections de football portugaise et belge, déplacé au Portugal après les attentats qui ont fait 32 morts et 340 blessés à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles.


Fin janvier, un djihadiste luxembourgeois d'origine portugaise de 27 ans nommé Steve Duarte avait déjà menacé le Portugal ainsi que l'Espagne, dans une vidéo diffusée par l'Etat islamique, selon les autorités portugaises citées par Expresso. Il compte parmi la dizaine de djihadistes d'origine portugaise dans les rangs de l'EI.


Dans cette vidéo, un homme encagoulé assure que l'EI veut rétablir Al-Andalus, nom des territoires de la péninsule ibérique sous domination musulmane entre les 8e et 15e siècles. Il cite les villes de Tolède et Cordoue.


cid0001291.jpgLe Portugal a renforcé ses mesures de sécurité (notamment dans les aéroports) après la diffusion d’un message non authentifié du groupe Etat Islamique qui profère des menaces contre Lisbonne. « Les mesures de sécurité nécessaires ont été prises, y compris dans les aéroports, après les informations faisant état de ce message » a déclaré Helena Fazenda, secrétaire générale du Service de sécurité interne du Portugal, citée par l’agence de presse Lusa.


Le message, diffusé mardi 29 mars sur les réseaux sociaux n’a pas officiellement été authentifié, mais il est pris très au sérieux par le gouvernement portugais, a révélé le journal Expresso.


Le niveau d’alerte terroriste a malgré tout été maintenu au niveau modéré 3, sur une échelle de 5 et le match amical entre les sélections de football portugaise et belge n’a pas été annulé.


Dans ce message, un homme encagoulé assure que Daech veut rétablir Al-Andalus. Il s’agit du nom des territoires de la péninsule ibérique qui étaient sous la domination musulmane au Moyen-Age, entre le VIIème et XVIème siècle.


Toujours selon Expresso, fin janvier, un djihadiste luxembourgeois d’origine portugaise de 27 ans avait déjà menacé le Portugal (et l’Espagne) dans une vidéo. La propagande est l’une des principales armes de Daech. L’organisation terroriste exhibe ses otages, les filme et diffuse les images sur les réseaux sociaux. Selon une enquête menée par le quotidien britannique «The Sunday Times», c’est un groupe de Portugais qui réaliserait les vidéos…

L’une des dernières mises en scène macabres est celle de l’immolation par le feu du pilote jordanien Maaz al-Kassasbe diffusée le 3 février 2015. La vidéo d'une vingtaine de minutes, avec effets spéciaux, pourrait être l’œuvre de cinq djihadistes portugais. Sachant, selon The Sunday Times, que ce sont eux qui sont derrière les films de décapitation.

«En s’adressant à ses adversaires, l’organisation les discrédite et crée une terreur qui précède son action militaire. La fuite tragique de Mossoul des soldats de l’armée irakienne fut provoquée par une panique inspirée entre autres par ces vidéos», expliquent Thomas Flichy de la Neuville et Olivier Hanne sur le site spécialisé La chaire cyber Défense.

A la tête de ce groupe portugais, Nero Sareiva , 28 ans. Ce père de quatre enfants converti à l’islam habitait l’est de Londres où il s’est radicalisé avant de rejoindre la Syrie en 2012. Comme ses compagnons, il était surveillé par les services de renseignements britanniques qui assurent qu’il a un rôle majeur dans l’enregistrement des films de décapitation, précise le journal britannique.


Message to America the Islamic state is making a new movie. Thank u for the actors.
— Nero Saraiva (@NeroSaraiva) 10 Juillet 2014

En juillet 2014, il avait adressé un message aux Américains sur son compte Twitter annonçant la préparation d'un «film» et en remerciant les «acteurs». Un peu plus d'un mois plus tard, la vidéo de la décapitation de l'otage américain James Foley, intitulée «Message à l'Amérique » est mise en ligne. C'est la première du genre et elle sera suivie par les vidéos d'autres otages occidentaux avec toujours la même mise en scène.

«Que ce soit sous la forme du péplum, du western, du thriller ou de la science-fiction, Daech, comme al-Qaïda avant lui, manie à la perfection les codes de l’impérialisme culturel», explique Claire Talon, journaliste arabisante, dans Mediapart (lien payant).

The Sunday Times affirme que les cinq membres du groupe portugais ont tous basculé dans l'extrémisme à Londres avant de se retrouver en Syrie. Ils seraient liés au bourreau des otages occidentaux, un Britannique identifié comme étant «Jihadi John» déjà identifié par les renseignements du Royaume-Uni.

Le mystère des apostats adjares

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Bob Woodward

Ex: http://www.decryptnewsonline.com

En 1991, 75 % des Adjares, en Géorgie, étaient musulmans. Aujourd’hui, ils sont devenus à 75 % orthodoxes. Comment expliquer ces conversions, apparemment uniques au monde ?


À quelle heure débute l’office à l’église Saint-Nicolas de Batoumi le dimanche matin ? La question embarrasse l’employée de l’hôtel President Plaza, l’un des plus grands établissements de la ville, à un coup d’accélérateur du siège de la République autonome d’Adjarie et du consulat d’Iran. Il est vrai que dans cette province de Géorgie, baignée par la mer Noire, la population ne maîtrise guère l’anglais. Tous les documents, comme les plaques dans les rues, sont en géorgien ou en russe. L’employée finit par suggérer de rejoindre l’Eglise Saint-Nicolas vers 9 heures. En fait, l’office fonctionne étrangement comme un self-service. Les fidèles, hommes, femmes (la tête systématiquement couverte) et enfants entrent et sortent à leur guise, après avoir longuement embrassés les icônes et s’être signés à de multiples reprises.


Ce curieux va et vient dure presque toute la matinée. Le prêtre ne pourra guère nous renseigner, il ne parle que russe et géorgien. Une étudiante, tout sourire, diplômée dans la langue de Shakespeare, arrive à notre secours. Nous lui posons la question : « Comment se fait-il que la majorité des habitants de la République autonome d’Adjarie, au sein de la Géorgie, aient, en deux décennie, abandonné l’islam pour l’orthodoxie ? ». La jeune fille s’excuse, elle n’est pas au courant, et préfère s’esquiver rapidement…

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Pourtant les faits sont là, l’Adjarie, conquise par les Ottomans au XVIIe siècle, devient très majoritairement musulmane. En 1878, cette province de 3 000 km2 tombe dans le giron de l’Empire russe. En 1991, après la chute du communisme et l’indépendance de la Géorgie, l’Adjarie fait sécession. Jusqu’en 2004, cette République “indépendante“ est gouvernée par un dictateur de confession musulmane, Aslan Abachidzé, aujourd’hui en fuite. Depuis, l’Adjarie (400 000 habitants) est revenue dans le giron de la Géorgie. Selon les documents officiels, en 1991, 75 % des Adjariens étaient musulmans. Ils sont aujourd’hui à 75 % orthodoxes. Comment expliquer ces conversions massives ? Dans une longue interview parue en décembre 2012, Dimitri, le métropolite de Batoumi (la capitale de l’Adjarie), par ailleurs neveu d’Elie II, le patriarche de Géorgie, raconte qu’il a été nommé prêtre de la paroisse de Saint-Nicolas de Batoumi en 1986. À cette époque, il n’y avait qu’une seule église orthodoxe à Batoumi.


Dimitri assure que « cette métamorphose de toute une région, cette conversion de l’islam à l’orthodoxie, ou plutôt ce retour aux sources, à la foi des ancêtres », s’est déroulé sous ses yeux. Ainsi, le 13 mai 1991, « 5 000 musulmans et athées devinrent orthodoxes. La même année fut ouverte l’école ecclésiastique à Khulo et le lycée ecclésiastique Saint-André, la première école secondaire religieuse en URSS ». Le métropolite de Batoumi affirme que les Adjariens, convertis de force à l’islam par les Ottomans, étaient, en fait, restés chrétiens de coeur. Selon ses déclarations, ils continuaient à porter secrètement une croix, ils peignaient des œufs de Pâques, ils conservaient des icônes dans leurs habitations. Dimitri ajoute que beaucoup de prêtres viennent de familles musulmanes. Le recteur du séminaire serait le petit-fils d’un mollah, formé à Istanbul. Comment expliquer des conversions interroge le site Provoslavie i mir (L’orthodoxie et le monde) : « C’est la volonté divine. C’est un miracle de Dieu, inexplicable du seul fait de la prédiction », répond Dimitri.


La grande mosquée de Batoumi est à quelques rues de l’Eglise Saint-Nicolas, à proximité du port. Première constatation : elle est effectivement beaucoup moins fréquentée que le lieu de culte orthodoxe. Malgré tout, certaines publications locales dénoncent un « retour à l’islam soutenu par la Turquie ». Mais durant notre séjour en Adjarie, nous n’avons pas constaté cette « présence islamique turque assez conséquente », due à « l’arrivée massive de missionnaires », notamment des prédicateurs disciples du Turc Süleyman Hilmi Tunahan. Le poste frontière de Sarpi, avec la Turquie, n’est qu’à une vingtaine de kilomètres de Batoumi. Si la capitale de l’Adjarie est devenue très majoritairement chrétienne, en revanche, les petits villages dans les montagnes adjares n’ont pas encore renié le Prophète. La bourgade de Khulo, à plus de deux heures de route de la mer Noire, compte une mosquée et une madrasa. Certaines personnes âgées continueraient de parler turc nous a-t-on dit, sans que nous puissions le vérifier. Pour le visiteur venu de l’extérieur, les deux religions paraissent cohabiter sans heurts. Les Adjares vous indiquent sans réticence les chemins de l’église ou de la mosquée la plus proche. Personne n’évoque d’éventuelles persécutions vis-à-vis des religions minoritaires. Toutefois, ces conversions massives restent un sujet tabou. D’autant que les autres musulmans de Géorgie (autour de 10 % de la population) ne paraissent pas adopter aussi rapidement l’orthodoxie. Notamment les Kistines, une ethnie tchétchène, près de la frontière avec la Tchétchénie et le Daghestan, et les chiites de Géorgie orientale, voisine de l’Azerbaïdjan.


adj.jpg« Il faut comprendre que l’Eglise orthodoxe est un pilier fondamental de notre identité nationale. Dans le passé, nous avons été envahis par tous nos grands voisins, les Perses, les Ottomans, les Russes. S’il n’y avait pas eu le ciment de la religion, il n’y aurait même plus de peuple géorgien », souligne Alina Okkropiridze, ancienne journaliste et traductrice. Après soixante-dix ans d’athéisme d’Etat, au temps de l’URSS, Zviad Gamsakhourdia, le premier président géorgien, a voulu créer un Etat « national et orthodoxe ». Son successeur, Edouard Chevarnadze, ancien ministre des Affaires étrangères de l’URSS, a eu soin « d’annoncer sa conversion à l’orthodoxie, de se faire baptiser et de choisir pour directeur de conscience le patriarche Elie II, à la tête de l’Eglise géorgienne depuis 1977 », rappelle le site suisse Religioscope.


En clair, depuis deux décennies, le pouvoir, les médias, les partis nationalistes ne cessent de répéter qu’un vrai Géorgien doit être avant tout orthodoxe. Cela suffit-il pour expliquer, comme l’affirme le métropolite Dimitri, « le retour à la foi des ancêtres » des Adjares ? Fin août, dans le district d’Adiguéni, au sud-ouest de la Géorgie, les autorités ont démonté un minaret sous prétexte que les droits de douane n’avaient pas été acquittés pour les matériaux de construction. Des musulmans qui s’opposaient à la destruction de l’édifice ont été arrêtés. « Une façon peu “orthodoxe“ d’agir qui n’a pour finalité que l’exil du peuple musulman », dénonce un site local dans un article intitulé « Géorgie : le minaret de la discorde ».


Vingt années, c’est le temps qu’il a fallu à la République autonome d’Adjarie pour passer de l’Islam au christianisme. Un Islam implanté depuis trois siècles! A la fin des années 1980, la population était très majoritairement musulmane. Dans tout le pays, il n’y avait qu’une seule église en activité dans sa capitale de Batoumi. Aujourd’hui, 75% des Adjars sont chrétiens. Il s’agit en fait d’un retour aux sources vers la foi ancestrale. La République d’Adjarie est rattachée à la Géorgie, malgré ses velléités d’indépendance à la chute de l’URSS.

Dans toutes les compétitions sportives, actuellement, les Géorgiens se font remarquer par leurs marques de dévotions chrétiennes, et pourtant…


En 301 après Jésus-Christ, la Géorgie, évangélisée par Saint-André, a fait du christianisme sa religion officielle, juste après sa voisine l’Arménie. Dés 484, l’Église apostolique géorgienne est autocéphale et le restera. Mais l’Empire ottoman finit par conquérir l’Adjarie à la fin du xvie siècle. Sous sa domination musclée les Adjars sont devenus des Géorgiens musulmans. Après la guerre entre la Russie et la Turquie (1877-1878) l’Adjarie, rattachée d’abord à l’Empire russe jusqu’à la première guerre mondiale, est de nouveau réclamée et envahie par la Turquie. Elle finit pourtant en 1921, par être rattachée à l’URSS, réintégrant la Géorgie, mais dans un statut d’autonomie religieuse, selon la condition expresse imposée par la Turquie à l’URSS. C’est ainsi que l’Adjarie devient la seule république Soviétique fondée sur l’appartenance religieuse, sous le nom de République socialiste soviétique autonome d’Adjarie, rattachée à la République socialiste soviétique de Géorgie.


Mais profitant de ce statut particulier, à partir de 1982, des milliers de musulmans adjars se font baptiser. A Pâques, des centaines de baptêmes étaient célébrées. Le 13 mai 1991, 5000 musulmans et athées se convertissent d’un bloc à la religion orthodoxe! 1991 c’est aussi la chute de l’Empire soviétique et l’indépendance de la Géorgie. Or l’Adjarie aspire à l’indépendance vis-à-vis de la Géorgie en s’appuyant sur la Russie qui a, d’ailleurs, une base militaire russe sur son sol. Mais à cette époque la Russie tournée vers l’Occident est faible et finira par délaisser la région secouée par une révolution de couleur à la Soros. C’est dans ce contexte qu’aujourd’hui l’Adjarie est très majoritairement retournée au baptême de ses ancêtres d’avant le XVIè siècle et sa conquête musulmane féroce; 75% de sa population est à présent chrétienne orthodoxe.


En 1982, fut ouvert le monastère de Skhalt’a et des milliers d’habitants de la région qui étaient jusque là musulmans, ont été baptisés. La même année l’école ecclésiastique de Khulo et le lycée ecclésiastique Saint-André ouvrent, c’est la première école secondaire religieuse d’une Union soviétique au bord de la décomposition. En 1989 a été ouverte à Batoumi la cathédrale de la Nativité de la Mère de Dieu.
Il semble, selon l’archevêque Dimitri, principal acteur de ces baptêmes de masse, que les conversions forcées à l’islam chez les Adjars très attachés à leurs traditions religieuses, n’aient pas réussi à éradiquer totalement leur foi chrétienne, ce qui expliquerait probablement les conversions de masse.


Selon lui « de forts courants patriotiques traversèrent toute la Géorgie. Les Adjars ont compris qu’on les avait obligés à se convertir à l’islam par la force. Notre objectif principal était de convertir l’intelligentsia. (…) Lorsque nous l’avons convertie, elle nous a aidés dans la prédication. » « Les Adjars ont compris qu’ils étaient géorgiens, c’est-à-dire chrétiens, et se sont convertis. Ils ont toujours gardé les traditions. Lorsqu’ils faisaient cuire le mchadi (le pain traditionnel géorgien), ils traçaient dessus une croix. De même, lorsqu’ils préparaient leur beurre. Au XIXème siècle certains portaient une croix secrètement, peignaient des œufs à Pâques. On conservait encore des icônes dans les maisons. Alors que je voyageais en Haute Adjarie, je me rappelle avoir rencontré une famille qui me montra une croix cachée. Toujours est-il que la population locale avait une attitude prévenante envers le christianisme. »

Faustian Europe – Action as Method

"One of the foundational pillars of Western civilization is its unique ability to modify itself and evolve, in essence to transform, via the espousal of a metaphysic of action as fluidic movement. European man, and the postmodern world to which he has given life in the crucible of Western civilization, arose in large part as a result of the active dynamism that radiates throughout the entirety of his being. The dynamism of “Faustian” Europe is based upon the principal of action, of explicit force, and of the striving for the realization of will made manifest for the purpose of transformation, of both our individual selves and the world in its totality."

Action, in the guise of movement, compelled by the impulse to perpetually overcome, forms the constituent basis of the underlying metaphysical superstructure of Europe. Action, in more exacting terms, is any act of will that elicits transformation, and the mutability of Europe is the key to its “Faustian” nature. One of the foundational pillars of Western civilization is its unique ability to modify itself and evolve, in essence to transform, via the espousal of a metaphysic of action as fluidic movement. European man, and the postmodern world to which he has given life in the crucible of Western civilization, arose in large part as a result of the active dynamism that radiates throughout the entirety of his being. The dynamism of “Faustian” Europe is based upon the principal of action, of explicit force, and of the striving for the realization of will made manifest for the purpose of transformation, of both our individual selves and the world in its totality.

Faust_1926_Poster-397x599.jpegJulius Evola, when speaking of action as expressed through the heroic, quite eloquently surmised both the nature of action and its ultimate telos of transfiguration as “being a sort of ritual evocation involving conquest of the intangible.”1 Thus it is the principal of action guided towards a perpetual striving for the intangible which, via the transfiguration of thought into form, is an externalized projection of the European soul onto the existential world. Action, made manifest and biological through the transgressive ontogenesis of European man, has endowed Western civilization with the capacity to act upon the world-historical stage in a manner that is directed, or willed, towards the orchestration of a unique historical agency that is unequivocally “Faustian” in character.

The German intellectual Hans F. K. Günther defined the concept of race as being as “a [distinct] human group marking itself off from any other group through its own peculiar combination of bodily and mental characteristics,” and it was through the transformative power of action, mediated through the dynamism of a consciously willed historical agency made existentially manifest, that European man distinguished himself in stark contrast to other, less historically active, peoples.2 As such, action and the European ability to utilize action in the service of a Nietzschean will to transform, or “Will to Power,” has endowed European man with the singular power to direct the course of his biological, spiritual, and by extension his world-historical destiny. Modernity, and later postmodernity, is firstly a consequence of the intrinsic dynamism that underpins the European soul, and secondly the metaphysical culmination of the historical and sociocultural affirmation of the hegemonic role played by Europe and its people in the actualizing of the contemporary world. The brilliant French academic Pierre Manent describes modernity as a project, a movement whose aims are limitless and without end.3 A project presupposes action, and vis-à-vis the transformative effects of an action, the self-willed European man masters his destiny by the orientation of its direction. Manent, however, erroneously espouses that modernity is a gift bestowed by the West to the entirety of the world, whereas I would counter that it is rather modernity, as an action, as movement, and as a project indigenous to Europe and its global emulation by non-European peoples, whose collective inactivity has rendered them as mere historical actors, rather than agents, and which has veered the postmodern world towards the nebulous dogmatism of egalitarianism.

Egalitarianism, like all ideologies, is devoid of the contextual adaptability necessary for transformation, and it is thus intellectually inert. Nature is inherently inegalitarian, perpetually engaged in a process of active discernment between equality and inequality, between the equal and the unequal, whereas egalitarianism, by the nature of its lack of discernment and action, is passive, static, and antithetical to Nature. Aristotle’s statement that “…Justice is equality, but only for equals; and justice is inequality, but only for those who are unequal,” echoes the notion that the dialectical tension existing between equality and inequality is a matter of discernment animated by a constant reflective process, or action, directed towards the real, rather than the synthetic.4 The egalitarianism of the contemporary Western world is synthetic in the sense that it is based upon abstraction and the tragically convoluted conviction that opportunity and result are synonymous, rather than two requisite constituents of an active process of discernment. Inegalitarianism, by virtue of its intrinsic processes or actions of discernment, is an active movement geared towards the real rather than the ideal, evidenced by the fact that it’s not an abstract construct of the human mind, but rather a mirror image of the natural world. By logical extension, inegalitarianism, by the attributes of the active properties of its being, coupled with its relation to the natural world, makes it the natural paramour to the “Faustian” civilization of Europe.

Inegalitarianism, as an active process of discernment, is a movement of action, which in turn implies preference, or direction, and direction, or the ability to orient one’s self, or a civilization as a collective whole, is one of the defining characteristics of the dynamism of the West. As alluded to above, the historical agency of the West and of the unrivaled ability of its peoples to consciously will, or orient, the course of its civilization towards the actualization of a collectively ordained objective is the hallmark that has engineered Western hegemony. In sociology, the concept of “agency” is defined as an “entities’” (individual, collective, or otherwise) interaction with their unique social structure and the bidirectional reciprocity that ensures from this interactive relationship. The global and postmodern world is a project of European invention, a projection of our collective psyche made physical and metaphysical, and as such it cannot be mimicked by peoples who don’t possess the requisite biological or spiritual material necessary for its perpetuation. The failed attempt to reconceptualize postmodernity in universalist terms has catalyzed the ascendance of the egalitarian precepts that currently dominate Western civilization, and by virtue of its contraposition to the natural world and its connate passivity, has aided in the facilitation of a European world in decline. Evoking the wisdom espoused by Guillaume Faye in Archeofuturism, the co-option of our unique European cultural heritage, specifically the postmodernist project, is not only foolhardy, but unsustainable.5 In neo-Malthusian parlance, our civilization of scale and the resources necessary for its perpetuation, both of the material and immaterial variety, isn’t feasible at a globalized level. More relevantly, the legacy of Europe is a product of the zeal and active dynamism that animates the Western soul, and because it is a consequence of our unique history, it is the sole proprietorship of our people and cannot be replicated. Emulation implies stagnation, and this term is antithetical to the dynamism that propels Europe forward.

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The impulse of vitality, the penchant for action, and the historical agency of the peoples of Europe has its origins in the ancient past, specifically in Homeric Greece. In Homer’s Iliad, Diomedes, the youngest, bravest, and the truest of the Achaeans brazenly states to his comrades who are about to give flight, “Don’t talk to me of retreat,” and it is within this simple turn of phrase that Homer captures the essence of the frenetic vitality of Europe.6 In the grand scheme of things, our ancestors never retreated, never relented, and never truly surrendered, because like the shark, we are constantly in motion, seeking to overcome ourselves and those forces inimical to our great becoming. The metaphysical basis underlying the action-oriented, heroic culture of Homeric Greece was founded upon the dualism inherent to life and death, of immortally and mortality, of activity and passivity, and thus upon the idea of the heroic, of the actionable in its truest and most pure form, and as such its praxis cannot be half-hearted. Moreover, one by definition cannot be only “a little” brave, and thus ancient Greece was a heroic culture of extremes and polarities, forged by a Weltanschauung that was founded upon the delicate balance, and in turn the dialectical synthesis, between life and death, or better as the perilous straddling of this synthesis. The purism of the thought and action of our heroic ancestors is best exemplified by the words of Julius Evola, who suggests that individuals should be oriented towards “acting without desire.”7 Action free from desire implies an organic synthesis of thought and action, whose “purity” is derived from the unity of the two seemingly discordant poles. Thus the works of Homer, which in reality were an enumeration of a much older oral tradition, was simultaneously both a reflection of early Greek culture and the literary medium for its glorification and perpetuation, a template, or as Dominique Venner phrased it, a “bible” of sorts, which would form the metaphysical impetus behind the later conquests of Alexander the Great, and by extension ancient Rome.

Although it was our Indo-European ancestors who first transcended the temporal plane, and sought prestige and status, the intangible rather than the material, it was within the culture milieu of the Greeks that this notion of the heroic life, of life atop the tip of the spear, was formally promulgated. The Greek concept of the heroic was inextricably intertwined with their notion of corporality, specifically with regard to their gods. The Theogony of the eight-century poet, Hesiod, whose works formed the basis of Hellenic religion, delineated in quite explicit terms the disjunction that existed between man and the divine, mainly that man is mortal, while the gods are not. From this notion, or realization, the Greeks codified a culture of the heroic, founded upon the principle that forceful, purpose-driven action, exuded not for riches or material gain, but rather for the immateriality of prestige, could be attained by besting their peers vis-à-vis the medium of combat, of competition based upon the pursuit of arête (Greek: excellence), in short by the personal transcendence that arises from a collective worldview which revolved around a dialectical centrifuge of life and death and the heroic. Heroism in this particular instance is not only the acknowledgment of death as an inevitability of the human condition, but also serves as a springboard from which only an elite few, those who faced death with an acute disdain for their mortality by the trials of combat, can transcend its finality by the attainment of the intangible and the immortality that emanates forth from glorious combat, from the ascesis of the struggle. As I articulated previously, the European penchant for the surpassing of space, the immaterial, and for infinity itself is a continuation of the love of arête, a passion for that which eclipses the ontic nature of the existential and surges towards the atemporal, the beyond.

faust___marguerite_by_the_savage_nymph-d4kvbor.jpgIt was in the works of Hesiod that the perspective of subjectivity, specifically the notion of the individual persona, entered into the Western literary tradition, and it was from this Hellenic literary tradition that the action of uniting the concepts of the individual and collective first entered into the transcendent soul of Europe.8 Hesiod’s elevation of subjectivity, combined with the visceral works of Homer, formulated the ideal that action, particularly within the context of the heroic, can only emerge through the cynosure of the individual deed. The genius of the Greeks, and their most munificent bestowal to Western civilization, was their remarkable ability to transmute individual action, and the social interactions generated from this individualized action, into collective action. It’s no coincidence that the eighth-century BC emergence of the polis (Greek: city-state) happened concurrently with the writing of the works both of Homer and Hesiod, and that the process of synoecism (Greek: joining together), of the demolishing of individual communities and their subsequent amalgamation into a larger, collective syncretization, formed the basis of both the polis and the “Faustian” soul of Europe. Walter Friedrich Otto, in his poetic masterpiece The Homeric Gods, speaks of the divine union of heaven and earth, representing the union of thought and action given form, when he references the works of the Greek tragedian Aeschylus and writes “of the amorous glow of ‘holy heaven’ and the nuptial yearning of Earth, who is impregnated by the rain from above” which is the metaphorical synthesis of the oneiric ethereality of the heavens and the collectivity of thought, synthesized with the externality of the Earth and manifested as individual action.9

Thus, the genesis of the intrepid European spirit, of the “Faustian” nature of Western civilization derives from its desire to transform willed thought into action, of the Nietzschean sublimation of kraft (German: force) into macht (German: power), of action made incarnate. In Goethe’s Faust, most critics focus upon the eponymous protagonists’ pursuit of the unobtainable and immortality, however it is from the individual striving of Doctor Faust to achieve immortality that the term “Faustian” is best understood in its relation to the spirit of Europe. The individual actions of Doctor Faust, which strove towards a goal that was always just beyond the horizon and towards the intangible, expressed in literary terms the collective nature of Western, or “Faustian,” civilization and its yearning for action and the distant. It’s not the abortive dream of the attainment of immortality that so defines Doctor Faust, or metaphorically our “Faustian” civilization, but rather the action itself directed towards the attainment of immortality that defines who we are as a people. Thus, in more symbolic terms, the individualized actions of Doctor Faust are reflections of the collective nature of the European soul to overcome and transcend by transformation via action as a means for becoming. The action of overcoming the delimitations associated with the seemingly disparate notions of the “individual” and the “collective” ushered in the foundational basis of the “Faustian” spirit of Western civilization. Nietzsche wrote, “I say unto you: one must still have chaos in oneself to be able to give birth to a dancing star,” and the “radical aristocrats” of Greece, whose raison d’etre was the attainment of excellence, harnessed the chaos from within by means of a perpetual action of self-overcoming, which in turn fostered a Western culture of competition and the agon, ultimately birthing a European spirit that was “Faustian” in its desire for the unobtainable and tirelessly relentless in its pursuit. In the language of Martin Heidegger, and in contradistinction to the pure abstraction of Cartesian logic, existence is about becoming and about transforming concomitantly with the actions we take in the world, and our “Faustian” civilization is the earthly actualization of our metaphysical predilection towards the attainment of the unobtainable.

Footnotes
  1. Julius Evola, Metaphysics of War (London: Arktos Media, 2011), p. 18.
  2. Hans F. K. Günther, The Racial Elements of European History (Valley Forge, PA: Landpost Press, 1992), p. 6.
  3. Pierre Manent. Metamorphoses of the City (Cambridge, MA: Harvard University Press, 2013).
  4. Wilfried Hinsch, Gerechtfertigte Ungleichheiten: Grundsätze sozialer Gerechtigkeit (Berlin: De Gruyter, 2002), p. 91.
  5. Guillaume Faye, Archeofuturism: European Visions of the Post-Catastrophic Age (London: Arktos Media, 2010).
  6. Homer, The Iliad: The Verse Translation by Alexander Pope (North Charleston, SC: CreateSpace Independent Publishing Platform, 2012), p. 122.
  7. Julius Evola, Ride the Tiger: A Survival Manual for the Aristocrats of the Soul (Rochester, VT: Inner Traditions, 2003), p. 68.
  8. P. E. Easterling & Bernard M. W. Knox, The Cambridge History of Classical Literature: Greek Literature, Vol. I (Cambridge: Cambridge University Press, 1989), p. 92
  9. Walter Friedrich Otto, The Homeric Gods: The Spiritual Significance Of Greek Religion (New York: Mimesis International, 2014), p. 36.