vendredi, 27 septembre 2024
L'Occident, un horizon indépassable
L'Occident, un horizon indépassable
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Rachida Dati: une « chance pour la France »*? Ou pour le Maroc?
Rachida Dati: une « chance pour la France »*? Ou pour le Maroc?
Pierre-Emile Blairon
*Selon l’expression de Bernard Stasi, homme politique, ministre sous Pompidou.
On ne s’attendait pas à ce que Libération pointe son nez dans les affaires plus que douteuses de Rachida Dati, au moment où la franco-marocaine vient d’être reconduite au poste de ministre de la culture (française), poste qu’elle occupait déjà depuis janvier 2024, lorsqu’elle s’est avisée, très opportunément, de rejoindre la Macronie ; et ce, alors même que Michel Barnier vient d’exhorter ses ministres, anciens et nouveaux, à être « irréprochables et modestes ». Caramba ! Encore raté [1]!
Car on ne compte plus les frasques de la Dati - qu’une couverture du Point avait qualifiée d’ « extravagante » en 2008, un peu à la manière des concubines frivoles de certains rois de France, ce dont elle avait fait semblant de s’offusquer - non plus que les casseroles qu’elle traîne en grand nombre et grand fracas avec une insouciance et un aplomb qui laissent pantois.
Née en 1965 en Saône et Loire d’un père marocain maçon et d’une mère algérienne sans profession arrivés deux ans auparavant en France, Rachida Dati est la deuxième d'une fratrie de onze enfants, sept filles et quatre garçons, dont Jamal et Omar, tous deux condamnés et emprisonnés pour trafic de drogue ; ça commence bien, comme dans les contes de fées ; d’ailleurs, elle recasera toute cette petite famille à Casablanca au Maroc, dans un « palais démesuré dans lequel elle se rend régulièrement », selon le Journal de la maison du 21 mai 2024 (photo)
Après maintes tribulations, elle entre à l’Ecole nationale de la magistrature sans passer le concours d’entrée (selon le Canard enchaîné, elle aurait produit pour ce faire un faux CV) et en sort magistrate en 1999. Le conte de fées continue.
Quelques années auparavant, elle aura rencontré grâce à Dominique Strauss-Khan, Henri Proglio qui deviendra patron d’EDF et de Véolia ; en 1993, elle aura passé un an à Londres en compagnie de Jacques Attali, travaillant au sein de la BERD ; vous voyez, que du beau monde !
Il me paraît que ce soudain intérêt de Libération pour cette dame solidement établie dans le Système depuis de longues années malgré ses incartades (et peut-être grâce à elles), pourrait être un prétexte pour attaquer son ancien compagnon et pygmalion, Henri Proglio (photo), qui n’a pas l’heur de plaire à la bien-pensance, surtout depuis qu’il a annoncé ne pas vouloir quitter ses fonctions au sein du Conseil d’administration international de Rosatom, le géant nucléaire public russe, après l’affaire ukrainienne, choix louable qui doit être le reliquat d’anciennes positions droitistes de Proglio.
Dans son article du 23 septembre 2024, Libération reproche surtout à l’homme d’affaires d’avoir loué un luxueux appartement de 225 m2 dans le 6ème arrondissement de Paris, où il a habité un temps avec Rachida Dati avant de lui en laisser seule la jouissance tout en continuant à payer son loyer que le propriétaire de l’appartement a remis en location, après le départ de la ministre, pour la somme de 12.500 euros mensuels.
Entretemps – voyez les vies passionnantes des grands de ce monde ! – Proglio se sera marié et aura divorcé d’une autre Rachida (Khalil), ce qui aura eu l’avantage pour l’homme d’affaires de ne pas se tromper de prénom pendant cette courte idylle, et Rachida (Dati) aura eu un enfant, en janvier 2009, mais pas de Proglio, peut-être de Dominique Desseigne, un autre homme d’affaires important, qui niera sa paternité en affirmant que « Rachida Dati avait huit amants dans la même période. Parmi eux, "un animateur télé, un ministre, un PDG, un Premier ministre espagnol, l'un des frères de Nicolas Sarkozy, un procureur général qatari et l'héritier d'un empire du luxe » (Le Monde, 2 novembre 2012).
Il sera finalement condamné en 2016 à verser une pension de 2500 euros mensuels à Rachida Dati.
En lien avec cette affaire, la franco-marocaine a failli être arrêtée pour « débauche et grossesse illégale » par la justice marocaine à laquelle elle est aussi soumise.
D’après Yahoo du 24 septembre 2024, qui reprend la longue enquête de Libération, Rachida Dati est une habituée des dépenses somptuaires de toutes sortes : « Depuis presque vingt ans, Rachida Dati est régulièrement épinglée pour ses dépenses exorbitantes. En 2008, alors ministre de la Justice, elle déboursait en trois mois les deux tiers de ses frais de réception dans des voyages et restaurants, avant de demander une rallonge et de dépasser son budget de 30 %. En 2014, l’UMP la privait de portable après avoir dû payer ses 10.000 euros annuels de forfait téléphonique. En 2015, Rachida Dati était visée par la Cour des Comptes pour avoir facturé 190.000 euros de dépenses indues pendant qu’elle était Garde des Sceaux : vêtements de luxe, conseils en communication et autres pâtisseries…».
Selon Libération, Rachida Dati, qui se dit « ministre SDF », dispose, outre ses biens immobiliers en France et au Maroc, d’un patrimoine financier qui s’élève à plus de 5.2 millions d’euros.
Toujours d’après cette enquête, sur le plan international, Rachida Dati s’est engagée dans une sorte d’opération de lobbying en faveur de l’Azerbaïdjan dans le conflit qui l’oppose à l’Arménie, et en faveur de ses intérêts économiques qui reposent essentiellement sur ses exportations de gaz. Elle a été apostrophée à ce sujet par Elise Lucet dans le cadre de son émission « Cash investigation » mais a refusé de répondre à ses questions.
Faut-il rappeler que Rachida Dati est mise en examen pour corruption passive et recel d'abus de pouvoir dans une affaire en lien avec celle de Carlos Ghosn (Renault-Nissan) ?
Oui, sans doute, faut-il le rappeler parce que Michel Barnier, lui, ne s’en souvient pas puisqu’il a reconduit Rachida Dati dans ses mêmes fonctions, pensant qu’elle n’est pas concernée par sa directive : « des ministres irréprochables et modestes » ; on a vraiment envie de pouffer de rire en voyant cette comédie qu’il joue avec le RN qui serait l’arbitre de la situation, lequel parti ne voit non plus aucun inconvénient à retrouver la pétillante Rachida !
Même si, last but not least, le dernier mais non le moindre, la franco-marocaine a déclaré en mai 2024 : « Mon combat sera de faire reconnaître le patrimoine marocain, c’est important pour le Maroc mais c’est important aussi pour la France, parce qu’aujourd’hui, on en bénéficie aussi en France [2]».
Oui, c’est sûrement très beau, très riche, le patrimoine marocain, au Maroc ; nous aimerions bien le promouvoir en France, mais tout ce que l’on connaît, en France, du Maroc et de ses habitants, ce sont ces OQTF, ces personnes délinquantes obligées de quitter le territoire français, mais qui ne le quittent jamais, par faute d’une justice politisée et défaillante, comme celui qui vient de torturer et massacrer Philippine. Et ils sont des centaines dans ce cas dont les méfaits ne se comptent plus, que le Maroc, en aucun cas, n’accepterait sur son territoire. La balance est loin d’être égale. Non, vraiment, l’immigration n’est pas une chance pour la France.
Pierre-Emile Blairon
Notes:
[1] D’autant plus qu’elle n’est pas la seule à déroger à ce que Michel Barnier (naïf?) voulait considérer comme une règle, et ça ne fait que commencer ; ainsi, de la ministre de l’Education nationale - excusez du peu - que l’on découvre dans ses œuvres pédagogiques lorsqu’elle les testait sur le petit personnel de Singapour, à l’époque où la future ministre (elle s’appelle Anne Genetet, mais je pense qu’il est inutile de retenir son nom, sa nouvelle fonction ayant toutes les chances d’être éphémère), s’ennuyait comme toutes les femmes d’expatriés, et avait fondé une agence de recrutement de domestiques ; et on en apprend de belles : https://actu.orange.fr/politique/le-cv-de-la-nouvelle-ministre-de-l-education-anne-genetet-provoque-des-remous-magic-CNT000002f88sU.html
[2] https://www.facebook.com/reel/1197021588180194
12:57 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : rachida dati, actualité, france, europe, affaires européennes, politique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mercredi, 25 septembre 2024
Crise profonde de l’industrie automobile à cause du rejet idéologique du moteur à explosion
Crise profonde de l’industrie automobile à cause du rejet idéologique du moteur à explosion
Le recul colossal des ventes d’automobiles électriques indique l’échec de la politique de la Commission européenne
Bernhard Tomaschitz
Source : https://zurzeit.at/index.php/ideologisch-motiviertes-verbrenner-aus-stuerzt-automobilindustrie-in-tiefe-krise/
Les véhicules électriques s’avèrent toujours plus mortels pour les producteurs d’automobiles et non pas comme les impulseurs de cette nouvelle mobilité tant vantée par l’UE. En République Fédérale d’Allemagne, par exemple, les ventes d’autos électriques ont chuté de manière considérable au mois d’août dernier. D’après les chiffres avancés par l’ADAC, le nombre de nouvelles voitures électriques immatriculées en août est de 69% inférieur à celui de juillet et, comparé à août 2023, le ressac s’élève à 28%.
La chute des ventes d’automobiles électriques n’est pas sans effets chez les constructeurs allemands. Volkswagen, la plus belle enseigne de l’industrie automobile allemande, se débat dans une crise profonde. La direction de l’entreprise envisage la fermeture d’usines (ndlr: dont Audi à Forest-Bruxelles) et le licenciement de personnel.
Cette chute des ventes se répercute également dans les industries produisant des accessoires ou des composants importants. Le 23 septembre le constructeur suédois de batteries Northvolt a fait savoir qu’il licenciera un quart de son personnel. Le ressac de ces industries annexes aura des répercussions dramatiques en Autriche également.
Pour Roman Haider, député européen de la FPÖ, l’effondrement catastrophique des ventes indique très clairement « que l’interdiction par l’UE des moteurs à combustion, une démarche purement idéologique, se solde par un échec complet ». Haider, qui est aussi le porte-parole de la Fraction « Patrioten für Europa » pour les communications et le transport, le moteur à combustion n’est nullement un modèle du passé, du moins à court terme, comme le montrent les préférences des clients.
Pour ce député européen de la FPÖ, l’obligation unilatérale de passer à l’automobile électrique est insensée et menace l’existence même de l’une des branches les plus importantes de l’industrie européenne. « La politique de la Commission européenne mène à un désastre total. La mobilité individuelle des citoyens se voit limitée de manière drastique et des millions de personnes risquent de perdre leur emploi, ce qui conduira à une chute de la création de valeurs en Europe. Pour cette raison, il est grand temps de mettre un terme à cette interdiction du moteur à combustion et d’en finir avec l’ensemble de ce fameux ‘Green Deal’ ».
18:19 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voitures électriques, europe, actualité, industrie automobile, affaires européennes, green deal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les ambitions turques de rejoindre le groupe BRICS: rupture avec l’Occident ou cheval de Troie de Washington?
L’énigme turque
Les ambitions turques de rejoindre le groupe BRICS: rupture avec l’Occident ou cheval de Troie de Washington?
Bernhard Tomaschitz
Le groupe d’Etats rassemblés au sein des BRICS pourrait accueillir de nouveaux membres : la Malaisie et la Thaïlande ont posé leur candidature et la Turquie, elle aussi, voudrait adhérer à ce bloc non-occidental. « Notre président a souligné à plusieurs reprises que nous voudrions devenir un membre du groupe BRICS. La procédure suit son cours », a déclaré l’un des porte-paroles du président turc Recep Tayyip Erdogan. Et cela pourrait déjà se décider lors du prochain sommet du groupe BRICS à Kazan (Fédération de Russie), à la fin du mois d’octobre, si cette alliance souple, non-occidentale, dont les membres oeuvrent de conserve sur un plan essentiellement économique, invite la Turquie à adhérer.
Ce qui est intéressant à noter, quand on analyse les ambitions turques à adhérer au groupe BRICS, c’est que l’on aperçoit, pour la première fois, un pays membre de l’OTAN, posant sa candidature à un regroupement d’Etats dirigé par la Russie et la Chine. Ce souhait turc d’adhésion montre que s’opère actuellement un glissement du système géopolitique mondial en direction de positions éloignées de celles de l’Occident. Comme le signale l’agence de presse Bloomberg, en se réclamant de sources non citées, le gouvernement turc aurait dressé le constat suivant : « le centre de gravitation géopolitique » des économies les plus développées aurait bougé. La démarche turque montre également qu’Ankara s’efforce, « d’entretenir des relations en toutes directions dans un monde devenu multipolaire » et, en même temps, satisferait à ses obligations en tant que membre de l’OTAN, constate le rapport de Bloomberg. Toujours selon cette agence, le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne s’est enlisé, ce qui aurait été déterminant dans la décision de la Turquie de demander d’adhérer au groupe BRICS.
Côté américain, aucune réaction ne s’est fait entendre suite au désir exprimé par la Turquie d’adhérer au groupe BRICS. A l’évidence, Washington veut éviter toute confrontation avec Ankara, d’autant plus qu’il n’est pas interdit, de jure, aux membres de l’OTAN d’adhérer au groupe BRICS. Mais, quoi qu’il en soit, une adhésion turque au groupe BRICS contribuerait à éloigner la Turquie de l’Occident. Michel Duclos, un ancien ambassadeur de France en Syrie, a dit, à la tribune de France 24 que l’esprit de l’OTAN, en tant qu’organisation, consiste à s’asseoir autour d’une table pour échanger des opinions dans un atmosphère de « pleine confiance réciproque ». De ce fait, la demande d’adhésion de la Turquie au groupe BRICS, « semble être quelque peu une contradiction, si l’on reste membre de l’OTAN ».
Le « Quincy Institute for Responsible Statecraft » est, lui aussi, critique à l’endroit de la volonté turque d’adhérer au groupe BRICS. Cette boîte à penser américaine a déclaré : « une adhésion d’Ankara au bloc géopolitique (des BRICS) rendrait l’accès de la Turquie à des institutions ne relevant pas de l’UE ou de l’Occident, ce qui réjouit Moscou ».
Mais il serait faux de considérer les ambitions turques d’adhérer au groupe BRICS à travers du seul prisme russe. Ainsi, le « Quincy Institute for Responsible Statecraft » interprète la question de la façon suivante: ce tropisme turc en direction du groupe BRICS pour être en rapport avec la guerre de Gaza et avec l’incapacité de l’Occident (mais dans le cas des Etats-Unis, il serait plus judicieux de parler de « non-volonté ») de mettre fin à ce conflit. Ensuite, Erdogan se trouve dans une situation politique difficile, où il cherche à concilier les intérêts qu’il partage avec l’OTAN avec ceux qu’il partage avec le monde musulman.
Un autre facteur qu’il s’agit de prendre en considération, et qu’il ne faudrait pas sous-estimer : les ambitions de la Turquie, puissance régionale, en Asie centrale. Ankara considère que les Etats turcophones d’Asie centrale font partie de sa sphère d’influence, vu l’existence de racines culturelles communes. Les Turcs espèrent dès lors, conjointement au Kazakstan, qui a fait connaître, lui aussi, son souhait d’adhérer au groupe BRICS, former à terme un bloc turc(ophone) au sein même de ce groupe d’Etats non occidentaux. Vu sa politique étrangère néo-ottomane, poursuivie depuis de longues années et vu la réémergence de l’influence turque dans des régions ayant jadis appartenu à l’Empire ottoman, on pourrait penser que la présence turque dans la groupe BRICS serait celle d’un cheval de Troie.
Dans cette optique, l’analyste Drago Bosnic pose la question : l’adhésion de la Turquie au groupe BRICS est-elle vraiment une bonne idée ? Bosnic répond « non ». Il remarque que le format BRICS+ « permet à tous de poser candidature à l’adhésion, si bien que des alliés de l’OTAN pourraient le faire tout en devenant des ‘chevaux de Troie’ ». Pour Bosnic, la Turquie serait l’un de ces ‘chevaux de Troie’ parce qu’Ankara a toujours, d’une façon ou d’une autre, soutenu depuis les années 1950, les guerres orchestrées par les Etats-Unis. Pour lui, la Turquie n’est pas seulement un pays membre de l’OTAN depuis des décennies « mais aussi un partenaire des plus importants dans les agressions de l’Occident politique contre le monde ». Ce qui est particulièrement dangereux, selon Bosnic, c’est le panturquisme promu par le gouvernement Erdogan, qui pourrait susciter des tensions avec d’autres membres du groupe BRICS, tels l’Iran et la Chine (avec le problème des Ouïghours).
Le groupe BRICS devrait dès lors examiner la candidature de la Turquie avec une attention méfiante toute particulière.
(article paru dans Zur Zeit, Vienne, n°37/2024).
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Le sombre destin de l'Allemagne
Le sombre destin de l'Allemagne
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/il-destino-tedesco-2/
Donc... De justesse, et avec une marge très étroite, la SPD gagne les élections dans le Brandebourg. Sauvant la face de Scholz, le chancelier, originaire de ce même Land. Une victoire due avant tout à deux facteurs. La personnalité de Woidke, le gouverneur social-démocrate qui dirige la région depuis plus de douze ans. Et qui jouit de l'estime et de la confiance de tous. Un gouverneur qui a pesé de tout son poids dans la compétition, jouant le tout pour le tout.
Et puis le fait que les autres partis de la coalition au pouvoir ont été saignés à blanc. Les Verts ont même disparu. Comme si un certain électorat s'était polarisé sur la SPD, force politique traditionnelle, pour éviter la montée de l'Alternative für Deutschland. En progression constante dans tous les sondages, et déjà triomphante en Saxe et en Thuringe.
Résultat obtenu, cependant, de justesse. Et cela ne semble pas permettre au parti social-démocrate de conserver le gouvernement du Land. En fait, cela crée une situation de confusion générale.
Ce qui n'a pas empêché les grands médias, allemands et internationaux, de vanter la victoire du gouverneur. Avec des accents, à vrai dire, excessifs, qui révèlent la grande peur de ceux qui ont échappé de peu au désastre électoral. La crainte que l'AfD ne s'affirme aussi dans le Brandebourg.
Mais au-delà des problèmes de gouvernabilité du Land - qui a toujours été un bastion social-démocrate - le résultat de l'élection est un indicateur du malaise croissant qui affecte la société allemande.
L'AfD, politiquement isolée de la convention « démocratique », aurait de toute façon peu de chances de gouverner. Cependant, le fait qu'elle attire des masses croissantes d'électeurs, qu'elle triomphe en Saxe et en Thuringe et manque de peu la victoire dans le Brandebourg également, nous dit quelque chose de très précis.
Le malaise en Allemagne est profond. Et il est étroitement lié à la politique à l'égard de la Russie que, obtorto collo, Berlin a dû mettre en œuvre.
En fait, cette politique lui a porté préjudice, et même gravement préjudice.
En effet, l'Allemagne a largement perdu ce rôle de plaque tournante de la distribution du gaz russe qui avait assuré sa croissance pendant des décennies. Et sa primauté dans l'UE.
Et elle se voit maintenant contrainte d'importer du gaz des États-Unis, avec des contrats léonin qui l'étranglent.
D'où une crise profonde. Non seulement économique, comme cela devient chaque jour plus évident, mais aussi, et peut-être surtout, politique.
Et, bien sûr, le malaise de la population qui en découle. C'est à l'Est, où le chômage et le malaise social s'accroissent, qu'il est le plus évident.
Bientôt, cependant, ce malaise est destiné à s'étendre à l'ouest, qui demeure beaucoup plus opulent. Et dans la riche Bavière elle-même. Là où commencent à se faire sentir les effets et surtout les répercussions d'une politique d'hostilité claire à la Russie.
Une politique que l'Allemagne a toujours évitée. Même, et surtout, pendant la longue période de la guerre froide. Lorsque des hommes comme Brandt et Kohl avaient habilement jonglé avec les deux blocs opposés. En restant dans l'OTAN, bien sûr, mais en maintenant de bonnes relations avec l'URSS.
Autres temps, et surtout autres hommes. Le déclin de la puissance économique de l'Allemagne, après la saison en clair-obscur d'Angela Merkel, est aujourd'hui évident. Et il découle, en grande partie, de l'insipidité de classes dirigeantes incapables de la moindre autonomie par rapport aux diktats de Washington.
Un déclin allemand, certes. Mais qui est appelé à marquer, négativement et lourdement, l'avenir de toute l'Europe occidentale.
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Les politiciens et les organismes sociaux sont indifférents au déclin inéluctable dû à leur incapacité
Les politiciens et les organismes sociaux sont indifférents au déclin inéluctable dû à leur incapacité
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/politici-e-corpi-sociali-indifferenti-al-declino-inarrestabile-per-la-loro-incapacita/
Volkswagen est prêt à licencier des milliers de travailleurs allemands. Et ce ne seront probablement pas les seules usines à être restructurées ou fermées. En Italie, Stellantis utilise massivement le fonds de licenciement des anciennes usines Fiat. Mais Urso est à la recherche d'un nouveau constructeur, peut-être chinois, pour venir fabriquer des voitures en Italie. Pour les vendre à qui ? Cette question ne semble pas intéresser le ministre meloniste. Ni pour ses fans qui continuent à se désintéresser de la destination des voitures produites. Trop occupés à faire les fins de mois de la Confindustria pour avoir le courage de dire que c'est le système qui ne fonctionne pas, pas le modèle de voiture.
Un système qui a rendu le transport privé, basé sur le renouvellement continu du parc automobile, insoutenable pour une grande partie de la population, non seulement en Italie mais aussi dans toute l'Europe. Les voitures sont trop chères, le coût du carburant trop élevé, la taxe de circulation et l'assurance trop élevées. Mais il faut en produire plus pour remplir les rayons des concessionnaires.
Qu'est-ce qui n'est pas clair pour vous, messieurs, dans le concept de compétitivité ? Qu'un travailleur chinois, hongrois, tunisien coûte moins cher qu'un travailleur italien, français, allemand ? Ou qu'il n'y a pas de matières premières en Europe ? Qu'est-ce qui n'est pas clair dans le concept du travailleur pauvre ? Et qu'un travailleur italien, sous-payé, coûtera toujours plus cher qu'un collègue asiatique ou maghrébin mais n'aura pas le pouvoir d'achat nécessaire pour acheter des produits italiens ?
Qu'est-ce qui n'est pas clair, pour les lorsignori, dans les concepts d'innovation, de qualité, de professionnalisme, de changement? Peut-être n'est-il pas clair qu'il s'agit d'objectifs qui ne peuvent être atteints que par un personnel qualifié qui doit être rémunéré de manière adéquate ? Peut-être croient-ils vraiment qu'il suffit de faire venir des armées de désespérés sans compétences pour résoudre les problèmes ?
Qu'est-ce qui n'est pas clair pour eux dans le concept de consommation de produits italiens ? Peut-être la différence entre les prix et les salaires ? Peut-être ne se rendent-ils pas compte que, sur les marchés locaux, les étals d'artisanat de qualité sont désertés alors que les gens se pressent sur les étals de nourriture ?
Et pourtant, les politiques et les dirigeants des corps intermédiaires continuent à faire comme si de rien n'était. Les associations professionnelles continuent de réclamer de l'argent public pour des investissements qui devraient être privés. Le gouvernement continue de ponctionner la classe moyenne et les retraités, réduisant encore la possibilité pour la consommation de relancer la production. Il ne s'agit pas d'un dialogue de sourds, mais d'un dialogue d'indifférents. Peut-être entre idiots, mais il serait impoli de le penser.
11:15 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, économie, ressac économique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 22 septembre 2024
Seule la FPÖ a voté pour un cessez-le-feu en Ukraine !
Seule la FPÖ a voté pour un cessez-le-feu en Ukraine !
Source: https://unser-mitteleuropa.com/147500
Tout comme l'AfD en Allemagne, c'est la FPÖ en Autriche qui milite pour la fin de la guerre en Ukraine et donc pour des négociations de paix. Pas seulement en Autriche même, mais aussi au Parlement européen. En revanche, les « partis démocratiques » autoproclamés se rangent fermement du côté des bellicistes.
Le chef de la délégation du FPÖ à l'UE, M. Vilimsky, a déclaré : « L'ÖVP, le SPÖ, les Verts et les Neos continuent d'alimenter le bellicisme ».
« Alors que l'ÖVP, la SPÖ, les Verts et Neos encouragent une nouvelle escalade du conflit entre l'Ukraine et la Russie, la FPÖ est le seul parti autrichien à défendre une ligne conforme à notre neutralité perpétuelle inscrite dans la Constitution », a déclaré le chef de la délégation du FPÖ au Parlement européen, Harald Vilimsky, en commentant une résolution adoptée jeudi, qui se prononce en faveur d'un soutien militaire continu à l'Ukraine et de l'utilisation d'armes occidentales sur le territoire russe.
Six élus FPÖ face à tous les autres
Parmi les parlementaires européens autrichiens, seuls les six députés FPÖ se sont prononcés en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et de la fin de la guerre. Les autres députés autrichiens noirs (démocrates-chrétiens), rouges (socialistes), roses (NEOS/libéraux) et verts ont rejeté cet amendement pacificateur. Il en a été de même pour un autre amendement visant à ne plus livrer d'armes dans la zone de guerre.
Les néos se distinguent par leur bellicisme
Les députés de l'ÖVP, de la SPÖ et des Verts se sont montrés un peu moins enthousiastes en ce qui concerne la levée des restrictions sur les armes et la livraison de missiles de croisière. Ils se sont abstenus de voter sur ce point.
"Seuls le député Neos Helmut Brandstätter (photo) et sa collègue - tous deux membres du groupe Renew du Parlement européen tout comme la lobbyiste présumée des industries de l'armement, Marie-Agnes Strack-Zimmermann de la FDP allemande - se sont prononcés en faveur de la levée des restrictions sur les armes et de la livraison rapide des missiles de croisière Taurus de fabrication allemande. Cela devrait permettre aux armes et aux missiles financés principalement par la Facilité européenne de paix (FEP) d'attaquer des cibles en Russie », a expliqué Vilimsky.
Le mot « cessez-le-feu » n'apparaît même pas dans la résolution
Il reproche aux partisans du texte que le mot « cessez-le-feu » ne figure même pas dans la résolution.
"Il s'avère qu'outre la Commission européenne, une grande partie du Parlement européen n'est pas du tout intéressée par la fin du conflit. Les conséquences sont la poursuite sans fin de cette guerre, d'innombrables soldats tués et une population civile totalement désespérée. Cette folie doit enfin prendre fin », a déclaré le chef de la délégation FPÖ au Parlement européen, qui se prononce pour des négociations de paix immédiates.
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En matière de post-vérité, les choses ne sont pas si simples
En matière de post-vérité, les choses ne sont pas si simples
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/sulla-post-verita-le-cose-non-sono-cosi-semplici
Il n'y aura pas de retour à l'« ancienne vérité », c'est-à-dire à la conception matérialiste et rationaliste de la réalité et aux critères de vérité fondés sur la correspondance positiviste entre le sens et le signifiant, comme nous le croyions dans la modernité. Il n'y aura pas et il ne peut y avoir de retour. Nous l'avons dépassée et, bien que nous soyons encore immergés dans la Modernité, nous n'y sommes pas arrivés de notre plein gré, mais nous avons été entraînés par l'Occident, qui nous a proposé de le suivre, mais nous ne pouvons pas le rattraper.
C'est pourquoi nous avons la modernité et eux la postmodernité. Nous avons encore la « vérité » et ils ont la post-vérité et nous devons cligner des yeux... Se contenter de s'enfermer dans le stade précédent du développement occidental et de crier « nous n'irons pas plus loin » ne fonctionnera pas. Nous devons chercher une autre voie. Un chemin vers la vérité, mais un chemin différent. Pas celle à laquelle nous sommes habitués, car non seulement la post-vérité est occidentale, mais la vérité elle-même est occidentale.
Nous avons besoin de la vérité russe.
Pour la trouver, nous devons remonter loin dans le temps, jusqu'à l'ontologie et la gnoséologie de la vision sacrée du monde, c'est-à-dire jusqu'au Moyen-Âge. C'est ce qu'a suggéré le très perspicace Père Pavel Florensky. Mais même là, il ne s'agit pas d'une vérité matérialiste, mais d'autre chose. La vérité est la correspondance entre notre compréhension d'une chose et la providence divine, que le Créateur a insérée dans la structure de la création. Et la vérité, c'est le Christ. C'est là qu'elle commence et c'est là qu'elle finit.
Inattendu, n'est-ce pas ? Mais il n'y a pas de matière, pas de nature au sens moderne du terme, pas d'atomes, pas de mécanique, pas de rationalité, loin s'en faut. Il n'y a pas non plus de temps linéaire, de progrès et d'évolution. Rien de tout cela n'est vrai. Sommes-nous prêts pour le nouveau Moyen Âge? La question est rhétorique. Bien sûr que non. Elle signifie que des siècles de « modernisation » et de « colonisation mentale » par l'Occident nous empêchent d'accéder à cette vérité.
Nous pouvons encore faire un bond en avant et créer à partir de rien, de nous-mêmes, une réalité (russe) avec sa propre vérité et ses propres critères, mais ce sera la vérité russe (pour les ennemis - ce sera une autre post-vérité - mais une post-vérité qui leur sera hostile !)
On peut essayer de faire les deux en même temps, mais pouvez-vous imaginer les efforts qu'il faudrait déployer pour aller dans l'une ou l'autre de ces directions en même temps ?
Personne en Russie aujourd'hui n'est prêt pour cela. Nous devons donc nous contenter d'une propagande hâtive, une propagande de type "post-vérité" et jeter la couverture sur nous-mêmes sans honte. Il s'agit d'une réponse réactive, comme tout ce que nous pouvons représenter jusqu'à présent. Peu à peu, nous manquerons de ressources pour moderniser notre défense, c'est-à-dire pour tenter d'opposer à l'Occident quelque chose que nous avons appris de l'Occident, mais qui est dirigé contre l'Occident lui-même.
La vérité russe est différente. Il ne s'agit pas simplement d'une « vérité » occidentale renversée. Ce n'est qu'un simulacre qualifiable d'archi-moderne, bien que très patriotique à un niveau superficiel, mais superficiel et quelque peu honteux pour une grande puissance et encore plus pour un État civilisé. Il faudra donc s'efforcer de rechercher, voire d'établir la vérité russe. C'est inévitable. Mais il faut d'abord se rendre compte qu'en rejetant la post-vérité des autres, nous ne connaissons pas encore notre propre vérité. Nous l'avons, nous l'avons certainement, mais même une recherche sérieuse n'a pas encore commencé.
18:18 Publié dans Actualité, Nouvelle Droite, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, russie, alexandre douguine, post-vérité, philosophie, nouvelle droite, nouvelle droite russe | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le spectre de l’article 16
Le spectre de l’article 16
par Georges Feltin-Tracol
Les 19 juin et 2 juillet derniers, en pleine campagne électorale législative anticipée, Le Journal du Dimanche (JDD) envisageait la possibilité qu’Emmanuel Macron appliquât l’article 16 de la Constitution. Cet article confère au chef de l’État des pouvoirs exceptionnels qui ne sont pas explicités.
Il n’a pour l’heure servi qu’une seule fois. Le 23 avril 1961, au moment du putsch d’Alger, le général de Gaulle déclenchait cette option qu’il maintînt en vigueur jusqu’au 30 septembre 1961. À cette occasion, un décret présidentiel étendit la garde à vue à quinze jours ainsi que les conditions d’internement administratif à l’égard de tous les partisans, armés ou non, de l’Algérie française. Il prolongea en outre la compétence du haut tribunal militaire.
À la sortie de cette information, le camp macroniste et l’Élysée ont aussitôt hurlé à la fausse nouvelle et à la désinformation. Deux activités consubstantielles selon eux de la part de l’hebdomadaire dominical désormais aux mains de Vincent Bolloré. Le complotisme dominerait sa rédaction ! En réalité, le complotiste anticipe ce qui va globalement se passer.
Cette éventualité institutionnelle a néanmoins été reprise par d’autres titres de presse tout aussi conspirationnistes. Passons rapidement sur le numéro estival de juillet – août 2024 de L’Incorrect qui interroge un constitutionnaliste chevronné, Frédéric Rouvillois, sur l’imminence ou pas de l’article 16. Le Point du 15 août 2024 l’évoque sans trop commenter. Sur Polémia à la date du 31 août, Michel Geoffroy n’écarte pas ce cas de figure. Mieux encore, un mois auparavant, Le Monde, quotidien bien connu pour tordre les faits, livrait dans son édition du 27 juillet 2024 un excellent entretien avec Alexandre Guigue, professeur en droit public à l’université Savoie – Mont-Blanc, encore sûrement un repaire d’« allumés » délirants…
Malgré la nomination de Michel Barnier à Matignon, le risque de blocage perdure. L’activation de l’article 16 se conçoit avec l’échéance budgétaire prochaine (financement de l’État et de la Sécurité sociale). L’absence de toute majorité claire à l’Assemblée nationale incite les personnes intéressées à lire avec attention la Constitution et la loi organique relative aux lois de finances. Le Parlement est contraint de débattre dans une période limitée: soixante-dix jours pour le budget et cinquante pour la Sécurité sociale. Si ce temps est dépassé, le gouvernement aurait le droit d’utiliser des ordonnances soumises au seul avis du Conseil d’État. Auparavant, l’exécutif pourrait tout aussi recourir au douzième, c’est-à-dire appliquer chaque mois de 2025 l’équivalent budgétaire de 2024 afin de faire fonctionner les services publics.
La mise en pratique de l’article 16 transférerait les prérogatives ministérielles au seul président de la République. En raison du chaos parlementaire et de la menace qui plane d’une mise en tutelle par la Commission de Bruxelles, le président français jugerait alors que « les institutions de la République [...] ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacés d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu ». Après en avoir informé la nation par un message audio-visuel, le chef de l’État signerait un décret d’adoption du budget de l’État et de la Sécurité sociale dans un sens austéritaire. Excessif ? Dans La démondialisation (Le Seuil, 2012), l’économiste souverainiste Jacques Sapir proposait la sortie de l’euro au moyen de l’article 16...
Pendant toute la durée des pouvoirs exceptionnels, l’Assemblée nationale ne peut être dissoute. Le 18 septembre 1961, le président gaulliste de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas, distinguait la session de plein droit de la session normale. Il estimait que durant la période correspondant à la réunion de plein droit des chambres sous l’article 16, les travaux du Parlement ne pouvant pas avoir d’aboutissement législatif, le gouvernement est privé du droit de poser la question de confiance sur un projet de loi, ce qui signifie que les députés ne peuvent pas déposer de motion de censure.
Par ailleurs, depuis la révision constitutionnelle sarközyste de 2008, « après trente jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le président de l'Assemblée nationale, le président du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins d'examiner si les conditions énoncées au premier alinéa demeurent réunies. Il se prononce dans les délais les plus brefs par un avis public. Il procède de plein droit à cet examen et se prononce dans les mêmes conditions au terme de soixante jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà de cette durée ». Mais ce garde-fou est-il solide ? Pas sûr quand on sait que le Conseil constitutionnel se compose de personnalités macronistes et qu’il a déjà entériné sous l’hystérie covidodinguienne l’ensemble des mesures liberticides.
Fin stratège élevé par le lambertisme trotskyste et le mitterrandisme, Jean-Luc Mélanchon prévoit à court ou moyen terme son utilisation, d’où sa proposition récente de destitution de Macron au moyen de l’article 68 de la Constitution. C’est une mise en garde implicite. Cet article permet difficilement la destitution présidentielle par un parlement constitué en haute-cour et sur un vote des deux tiers difficile à obtenir, mais pas impossible si se construit dans les faits une coalition momentanée entre le Nouveau Front pseudo-populaire et le bloc national RN – UDR (Union des droites pour la République ciottiste).
Outre l’adoption forcée d’un budget de rigueur ultra-libéral, l’article 16 pourrait-il offrir à Emmanuel Macron le pouvoir de modifier la Constitution en contournant le Parlement via l’article 11 ? Pas forcément. Sur une saisie des sénateurs gaullistes à propos de l’inconstitutionnalité du traité de Maastricht, le 2 septembre 1992, le Conseil constitutionnel interdit à la considération 19 de la décision 92 – 312 l’usage de l’article 16 dans l’engagement d’une révision constitutionnelle en contournant l’article 89. Or l’article 11 n’est pas mentionné et le Conseil constitutionnel, jouet de l’Élysée, pourrait très bien se raviser.
En s’affranchissant de la décision de 1992 dans le cadre de l’article 16, le président de la République soumettrait aux Français au moins un référendum. Si jamais il n’ose pas tordre la Constitution de 1958, il pourrait cependant soumettre aux électeurs le changement du mode de scrutin législatif en privilégiant la proportionnelle à l’échelle départementale ou régionale.
Un universitaire, juriste de formation, Roger Pinto (1910 – 2005), soutenait que le président pouvait user de l’article 16 pour réviser la Constitution par la voie référendaire. Il reconnaissait volontiers que cette procédure engagerait la responsabilité directe du chef de l’État. Le constitutionnaliste faisait valoir à raison que le texte fondamental ne précise pas si l’ordre constitutionnel à rétablir doit être nécessairement le même qu’avant. Ce référendum de révision constitutionnelle porterait sur trois questions posées simultanément (ou pas): le droit de dissoudre dans l’immédiat la législature élue le soir du 7 juillet 2024, l’instauration d’un mandat présidentiel de six ans avec des élections nationales tous les trois ans, voire la suppression immédiate de la limite à deux mandats présidentiels consécutifs dans la perspective d’une nouvelle candidature en 2027 d’Emmanuel Macron si ce dernier n’entend pas démissionner sous peu.
Dans le cadre de l’article 16, le régime pourrait volontiers entraver la campagne des partisans du non qui subiraient en plus un déluge médiatique de propagande favorable au oui. Cependant, en cas de victoire du non à l’une des deux consultations populaires, voire aux deux, le président de la République aurait-il l’audace de démissionner ou bien se maintiendrait-il en fonction jusqu’en 2027 avec la bénédiction de l’OTAN et de la Commission pseudo-européenne ? L’hypothèse semble bien pessimiste, mais avec Emmanuel Macron, il faut s’attendre à tout, y compris au pire.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 125, mise en ligne le 17 septembre 2024 sur Radio Méridien Zéro.
17:13 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Droit / Constitutions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : droit, constitution, france, europe, affaires européennes, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 21 septembre 2024
L'énigme libanaise
L'énigme libanaise
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/enigma-libanese/
La stratégie du gouvernement israélien au Liban semble, à première vue, assez simple. Et, tout compte fait, très simple.
Utiliser des armes terroristes et, de par leur nature même, destinées à des cibles très précises - surtout des figures ennemies de référence - de manière sensiblement indiscriminée et, surtout, massive. Naturellement, pour semer l'insécurité et la terreur dans les rangs de l'ennemi.
En l'occurrence, il s'agit précisément du Hezbollah.
Car il est évident que l'objectif d'Israël, de ses services de renseignement, est, in fine, de mettre le mouvement de Nasrallah en position difficile, voire hors-jeu. Lequel est depuis longtemps, à toutes fins utiles, une épine dans le pied de l'État israélien.
Toutefois, il convient de rappeler que le Hezbollah n'est pas une simple organisation terroriste visant exclusivement à frapper l'ennemi israélien. Il s'agit au contraire d'une organisation complexe, véritable État dans l'État.
En effet, compte tenu des conditions dans lesquelles se trouve le Liban dans son ensemble, le Hezbollah est en fait la seule organisation étatique existant sur ce territoire. Et Nasrallah ne parle pas en tant que chef d'un mouvement terroriste, mais en tant que chef d'État s'adressant à d'autres chefs d'État.
Cela ne plaît peut-être pas à beaucoup, mais c'est ainsi. Et la géopolitique internationale est basée sur la réalité. Pas sur les prédilections plus ou moins abstraites des chancelleries européennes.
Dès lors, la série d'attaques israéliennes - évidemment non revendiquées, mais très claires dans leurs principes et leurs objectifs - sur le territoire libanais, pose des questions d'une importance non négligeable.
Tout d'abord, la finalité de cette offensive terroriste. Qui, de fait, ouvre de nouveaux scénarios dans la longue confrontation/affrontement entre le Hezbollah et Tel Aviv. Qui était, jusqu'à hier, un état de belligérance suspendu. Fait de tensions qui n'ont cependant donné lieu à aucune offensive directe. Seulement un échange, périodiquement constant, de petites « offensives ». Certainement pas de nature à faire parler d'un conflit ouvert.
Mais aujourd'hui, Israël a changé son fusil d'épaule. Et l'offensive actuelle, avec des moyens terroristes généralisés, en est à la fois la preuve et, c'est très probable, ce n'en est que la phase initiale.
Celle-ci sera très probablement suivie d'une véritable offensive de l'armée israélienne sur le territoire libanais. Visant, sinon à neutraliser le Hezbollah, du moins à le mettre hors d'état de nuire pour longtemps.
Et ce, parce que les dirigeants israéliens, politiques comme militaires, sont bien conscients que l'organisation chiite libanaise représente quelque chose de beaucoup plus complexe que le Hamas. Et que l'on ne peut pas, de manière simpliste, tenter de l'anéantir.
Le Hezbollah réduit à la défensive, et affaibli militairement, permettrait à Israël de rendre le Liban neutre, essentiellement, et pour longtemps.
Surtout en affaiblissant l'influence iranienne dans la région. Ce qui est, et reste, le plus gros problème du gouvernement Netanyahou.
Ce dernier pourrait donc poursuivre l'offensive dans la bande de Gaza, visant à éliminer complètement une présence palestinienne significative.
Mais cela reste, pour l'instant, une hypothèse. Difficile, d'ailleurs, à réaliser, compte tenu des résultats, négatifs, des précédentes attaques de l'armée israélienne au Liban. Et, en particulier, en se souvenant de l'échec substantiel de 1982, qui a en effet marqué la croissance politique paradoxale du mouvement chiite libanais.
Cependant, pour Israël, en ce moment, il est essentiel de mettre le Hezbollah dans une situation où il ne peut pas faire de mal. Pour pouvoir procéder plus sereinement à l'opération de Gaza. Où, il faut le dire, l'armée israélienne rencontre encore pas mal de difficultés.
Par ailleurs, il reste à comprendre quelle pourrait être la réaction iranienne à cette offensive israélienne au Liban.
Téhéran, à ce jour, semble incapable de réagir à une attaque terroriste systématique menée au Liban par les Israéliens.
Il ne faut cependant pas se faire d'illusions sur la durée de cette incapacité.
Le gouvernement de Téhéran reste, pour l'instant, fermement entre les mains des ayatollahs. Des mains expérimentées, bien conscientes des difficultés (pour ne pas dire plus) d'une confrontation directe avec Israël. Et, par conséquent, toujours très prudents dans l'évaluation des situations.
Cependant, l'accélération imposée par le gouvernement Netanyahou au Liban ne peut être perçue sans inquiétude par l'Iran. Où de nombreux dirigeants sont convaincus que la confrontation directe avec l'État hébreu est désormais imminente. Une nécessité qui ne peut plus être évitée.
Et cela ouvre, inévitablement, sur des scénarios qu'il ne serait pas exagéré de qualifier d'apocalyptiques.
Tout dépendra de la manière dont Israël, ou plutôt le gouvernement Netanyahou, se comportera dans les prochains jours.
S'il se limitera à la lourde offensive terroriste de ces dernières heures. Ou s'il procédera à une action beaucoup plus profonde et systématique contre le Hezbollah.
Ce qui, évidemment, apparaît lourd de risques et de conséquences. Et, surtout, qui obligerait Téhéran à entrer directement dans le jeu.
Avec force.
18:33 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : huzbollah, actualité, liban, israël, levant, proche-orient | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La Finlande atlantique s'implique dans l'escalade
La Finlande atlantique s'implique dans l'escalade
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/09/13/atlanttinen-suomi-mukana-eskalaatiossa/
De manière presque puérile, certains Finlandais pensaient que Sauli Niinistö, la taupe (ou le renard) occidental(e) qui nous a servi de président, n'avait conduit la Finlande à adhérer à l'OTAN que parce que la Russie avait envahi l'Ukraine. Aucun référendum n'a été organisé, mais la prise de décision antidémocratique a été masquée par le bruit des (faux) médias du pouvoir et par les promesses de « sécurité accrue ».
Cependant, pendant des décennies, la Finlande a abrité, par exemple, la Société atlantique finlandaise, qui diffusait le message de l'idéologie anglo-américaine en matière de politique étrangère et de sécurité, soit l'« atlantisme », et dont les réunions étaient suivies par l'élite politique, attendant avec impatience le moment où la Finlande ferait militairement pleinement « partie de l'Occident », comme le reste de l'Europe, soumise à l'Amérique.
Les atlantistes avaient fait leur travail de fond et le conflit ukrainien constituait un écran de fumée militaire adéquat pour mener l'« option OTAN » jusqu'au bout, comme les États-Unis l'avaient prévu. Désormais, la frontière terrestre de l'OTAN s'étendait jusqu'à la Russie et la mer Baltique devenait un « lac de l'OTAN », comme semblait le répéter le treizième président Alexander Stubb, en oubliant la base russe de Kaliningrad et le nouveau district militaire de Leningrad à la frontière finlandaise.
Avec une illusion de sécurité momentanément renforcée, la Finlande est devenue un participant plus agressif que d'autres dans la guerre hybride de l'OTAN et de l'Occident contre la Russie. Plus tard, ce sera peut-être le tour de la Chine, plus lointaine, mais occupons-nous d'abord de notre voisin oriental, cette "station-service déguisée en superpuissance", en intensifiant la confrontation et en soutenant les diverses offensives.
La rhétorique guerrière s'est également intensifiée sur les plateformes des médias sociaux appartenant aux États-Unis. Le mince vernis de civilité a été effacé et une « russophobie » grossière a envahi les ondes, en particulier sous le couvert de noms anonymes, mais aussi de la part de politiciens finlandais et d'experts en politique étrangère. Les opérations des services de renseignement occidentaux se sont poursuivies et la guerre de l'information et de la désinformation s'est intensifiée.
Si la paix en Europe et les bonnes relations avec la Russie constituaient une menace existentielle pour l'alliance militaire de l'OTAN, la Russie s'est également rendu compte que l'alliance occidentale dirigée par les Anglo-Américains constituait une menace pour l'État-civilisation russe. Cela a conduit à un nouveau contexte de guerre froide et à la menace d'une guerre nucléaire, presque comme un retour aux années 1980 (époque où, contrairement à aujourd'hui, la frontière orientale est restée ouverte).
Certains groupes de réflexion occidentaux semblent croire qu'une telle guerre pourrait être menée de manière limitée et que seule la Russie en souffrirait. Dans ce type de récit, le régime ukrainien s'est arrogé un rôle plus menaçant et a cru à la promesse de l'Occident de porter la guerre en Russie. Kiev n'a pas été prise en trois jours, la Russie est donc un tigre de papier qui ne peut que perdre face aux forces de la « liberté et de la démocratie » (et aux combattants étrangers d'extrême droite).
L'opération Koursk s'est déjà achevée par le massacre des troupes ukrainiennes, mais Zelensky et ses partenaires ont un nouveau plan, dans lequel Washington et Londres jouent à nouveau le rôle de poignards dans le dos. Il est question de « frappes à longue portée », mais pour de telles frappes, l'Ukraine aura à nouveau besoin du savoir-faire militaire de l'OTAN-Occident, des données satellitaires et de la programmation des trajectoires des missiles.
Le président russe a déclaré qu'une telle action « changerait considérablement la nature de ce conflit » et que les États-Unis et la zone euro seraient alors en guerre contre la Russie. Selon M. Poutine, la Russie serait également « forcée de prendre les mesures qui s'imposent ». Ce discours apaisé semble un peu tardif, car l'Occident n'est-il pas en guerre contre la Russie depuis le début du conflit en Ukraine (et même avant) ?
Le chef du Kremlin ne souhaite peut-être pas une escalade de la guerre, mais la réticence de la Russie à répondre aux attaques n'est-elle pas aussi à l'origine de cette situation ? Étant donné que l'Occident ne semble pas avoir la même retenue, la fin de la guerre n'est peut-être pas proche, mais est plutôt à son début, avec une augmentation graduelle d'intensité et d'échelle.
La Finlande pense bêtement que sa participation à la guerre d'usure actuelle n'aura aucune conséquence, mais que, comme les États baltes, elle peut défier la Russie derrière le bouclier protecteur des États-Unis et de l'OTAN jusqu'à la défaite présumée des armées de Poutine. Il pourrait être utile de rappeler le commentaire laconique de Poutine en 2022, lorsqu'il a déclaré: « Nous n'avons encore rien commencé de sérieux ».
17:45 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, otan, atlantisme, finlande, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Kissinger et la frivolité stratégique
Kissinger et la frivolité stratégique
Nicolas Bonnal
La frivolité stratégique, notion dessinée par Kissinger dans ses œuvres, est devenue une donnée permanente en Occident, à l’heure où nous risquons de sombrer dans un énième et espérons-le définitif holocauste militaire-humanitaire. Mais laissons de côté les risques actuels et rappelons ce que nous disait ce maître sous-estimé et grand amateur (comme votre serviteur modeste) du grand dix-neuvième siècle alors :
« Mais l’histoire punit tôt ou tard la frivolité stratégique. La Première Guerre mondiale a éclaté parce que les dirigeants politiques ont perdu le contrôle de leurs propres tactiques. Pendant près d’un mois après l’assassinat du prince héritier autrichien en juin 1914 par un nationaliste serbe, la diplomatie a été menée sur le modèle dilatoire de nombreuses autres crises surmontées au cours des dernières décennies. Quatre semaines se sont écoulées pendant que l’Autriche préparait un ultimatum. Des consultations ont eu lieu; comme c’était le plein été, les hommes d’État ont pris des vacances. Mais une fois l’ultimatum autrichien soumis en juillet 1914, son échéance a imposé une grande urgence à la prise de décision, et en moins de deux semaines, l’Europe s’est lancée dans une guerre dont elle ne s’est jamais remise. »
Grand défenseur du Traité de Vienne et de l’axe Metternich-Castlereagh, Kissinger ajoute (longuement) sur cette irresponsabilité générale :
« Au cours des quarante années qui ont suivi le règlement de Vienne, l’ordre européen a amorti les conflits. Au cours des quarante années qui ont suivi l’unification de l’Allemagne, le système a aggravé tous les différends. Aucun des dirigeants n’a prévu l’ampleur de la catastrophe imminente que leur système de confrontation routinière soutenu par des machines militaires modernes rendait presque certaine tôt ou tard. Et ils y ont tous contribué, inconscients du fait qu’ils étaient en train de démanteler un ordre international: la France par sa détermination implacable à reconquérir l’Alsace-Lorraine, ce qui nécessitait la guerre ; l’Autriche par son ambivalence entre ses responsabilités nationales et ses responsabilités en Europe centrale ; l’Allemagne en essayant de surmonter sa peur d’un encerclement en affrontant en série la France et la Russie côte à côte avec un renforcement des forces navales, apparemment aveugle aux leçons de l’histoire selon lesquelles la Grande-Bretagne s’opposerait certainement à la plus grande puissance terrestre du continent si elle agissait simultanément comme si elle avait l’intention de menacer la prééminence navale de la Grande-Bretagne. La Russie, par ses incursions constantes dans toutes les directions, menaçait simultanément l’Autriche et les vestiges de l’Empire ottoman. Et la Grande-Bretagne, par son ambiguïté occultant le degré de son engagement croissant aux côtés des Alliés, combinait les inconvénients de chaque option. Son soutien rendit la France et la Russie inflexibles; son attitude distante a semé la confusion chez certains dirigeants allemands, qui ont cru que la Grande-Bretagne pourrait rester neutre dans une guerre européenne. »
Aucune guerre occidentale à mon sens n’est nécessaire. Et de la même manière qu’en expliquant à Chesterton que les idées chrétiennes ont toujours été folles (que ce soit sous la forme croisée, renaissanciste, wokiste, bergoglienne ou inquisitoriale ou hérétique et/ou réformée), on pourrait dire à Kissinger que la stratégie en occident a toujours été frivole. C’est Daniélou qui a raison: l’Occidental est un aryen prédateur et destructeur, rien d’autre. Ah oui, il se claironne humanitaire en même temps…
Kissinger :
« Il est généralement inutile de réfléchir à ce qui aurait pu se passer dans des scénarios historiques alternatifs. Mais la guerre qui a bouleversé la civilisation occidentale n’avait aucune nécessité inévitable. Elle est née d’une série d’erreurs de calcul commises par des dirigeants sérieux qui n’ont pas compris les conséquences de leur planification, et d’un tourbillon final déclenché par une attaque terroriste survenue dans une année généralement considérée comme une période de calme. En fin de compte, la planification militaire a pris le pas sur la diplomatie. C’est une leçon que les générations futures ne doivent pas oublier. »
Tout cela est dans World Order. On va citer Wikipédia qui ajoute (dans son excellente version anglaise) sur notre France éternelle et bonapartiste :
« Kissinger avait introduit la notion de frivolité dans son livre « Diplomatie » (1994), décrivant les actions des hommes d’État de la seconde moitié du 19ème siècle qui ont finalement conduit à la Grande Guerre . Il a notamment souligné les actions de Napoléon III qui considérait la politique étrangère de la France, selon les mots du baron Hübner , comme « un instrument qu’il utilise pour assurer son règne en France ». « La frivolité est une indulgence coûteuse d’un homme d’État », et Napoléon s’est rapidement retrouvé piégé dans les crises qu’il a provoquées sans réfléchir aux conséquences à long terme : après avoir contrarié la Russie en rejoignant la guerre de Crimée en 1853 et en soutenant la révolte polonaise (1863), il n’a trouvé aucun soutien contre l’affirmation de soi allemande dès 1864 pendant la deuxième guerre du Schleswig . Le contrôle sur les arrangements de pouvoir en Allemagne, dont la France jouissait depuis des siècles (depuis le cardinal de Richelieu ), a été perdu en un éclair. »
Rôle affolant et criminel des médias toujours (repenser et compléter la Galaxie Gutenberg de McLuhan) :
« Dans « L'ordre mondial », Kissinger décrit comment les résolutions diplomatiques de la première crise marocaine , de la deuxième crise marocaine et de la crise bosniaque ont donné l'impression que la prise de risques pour apaiser les journalistes nationalistes et l'opinion publique agitée était une manière normale de mener la politique étrangère. Les hommes d'État s'étaient habitués à faire pression sur les autres grandes puissances sur des questions d'intérêt secondaire, comptant sur les diplomates pour trouver des moyens d'éviter de véritables guerres. Le statu quo européen global était en fait acceptable pour toutes les grandes puissances (il n'y avait pas de conflits territoriaux en Europe à l'exception de l'Alsace-Lorraine ), mais il n'a fallu que deux semaines entre l'ultimatum en 10 points et le début des hostilités. L'Europe ne s'est jamais remise de cette indulgence. »
Kissinger a été prolongé et complété par le penseur russe Timothée Bordachev (photo). Malheureusement je trouve (et on constate) que l’opération militaire spéciale qui va déboucher sur un holocauste (et à déjà tué, déplacé et ruiné des millions de personnes) relève de la même frivolité stratégique. Cette au départ tranquille promenade militaire va dégénérer en holocauste : voir PCR.
Une histoire pleine de fureur, et écrite par des idiots... Il semble d’ailleurs que Kissinger ne se faisait pas trop d’illusions sur notre futur en fureur.
Sources :
https://www.chinhnghia.com/H_Kissinger_-_World_Order.pdf
https://en.wikipedia.org/wiki/Strategic_frivolity
https://www.paulcraigroberts.org/2024/09/19/the-british-p...
17:29 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, diplomatie, henry kissinger, nicolas bonnal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 20 septembre 2024
Mitsuhiro Kimura: le Japon est devenu un peu plus conscient de l'Opération militaire spéciale et le WEF 2024 a donné de l'espoir
Mitsuhiro Kimura: le Japon est devenu un peu plus conscient de l'Opération militaire spéciale et le WEF 2024 a donné de l'espoir
Anna Tcherkassova, auteur de Ukraina.ru
Source: https://ukraina.ru/20240905/1057270535.html
Un patriote japonais a commenté le contenu de la session plénière du WEF-2024 avec la participation de Vladimir Poutine et a expliqué comment Moscou et Tokyo peuvent améliorer leurs relations.
Le président de l'organisation japonaise « Issui-Kai », Mitsuhiro Kimura, en a parlé dans une interview exclusive à Ukraina.ru.
« Issui Kai » (du japonais 一水会, “Société d'une seule goutte”) - Parti de droite japonais, l'un des plus grands partis nationalistes au Japon.
Les membres de l'Issui Kai, comme l'explique Kimura, se définissent comme les « nouveaux patriotes » du Japon et leurs principaux efforts visent à lutter pour l'indépendance du Japon vis-à-vis des États-Unis.
L'événement le plus important du WEF-2024, la session plénière avec Vladimir Poutine, Anwar Ibrahim et Han Zheng, s'est tenu le 5 septembre sur l'île de Russky, à l'Université fédérale d'Extrême-Orient (FEFU).
- Kimura-san, quelles sont vos impressions sur cet événement ? Les questions urgentes de la coopération internationale ont-elles été suffisamment abordées ?
- Je pense que les principaux points et questions importants ont effectivement été abordés. Par exemple, le fait que la Russie ait fait des efforts pour parvenir à un accord de paix afin de résoudre la question ukrainienne à Istanbul en mai 2022.
En particulier, il a été noté que l'accord était presque paraphé par la partie ukrainienne, mais le Premier ministre britannique, M. Johnson, est apparu et a déclaré qu'il était nécessaire de continuer à se battre jusqu'au dernier Ukrainien. Il s'agit là d'un sujet assez spécifique qui traite d'une situation internationale importante.
Sur la question palestinienne, qui est d'actualité, et sur les relations d'Israël avec le Hamas, il y a également eu une déclaration sur la position russe. La Russie ne modifie pas sa position initiale de base en fonction d'une situation temporaire. La Russie est fondamentalement favorable à la création de deux États indépendants.
Les négociations nécessitent les efforts de médiateurs, s'il y en a. En outre, un dialogue bilatéral entre les parties est également nécessaire.
Je pense personnellement que pour parvenir à certains accords, il faut s'efforcer de créer des conditions propices. C'est ce qui a été clairement et lucidement exprimé au cours de la discussion.
- Quelles attentes aviez-vous personnellement à l'égard du forum et ont-elles été satisfaites ? Êtes-vous satisfait des résultats de l'événement ?
- Vous savez, je ne dirais pas ce qui m'a surpris, ce à quoi je m'attendais, ce que j'ai aimé ou pas.
Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est la participation même des Malaisiens et des Chinois à la discussion avec le président russe. Le Premier ministre malaisien a soulevé la question du rôle de la Russie dans le développement de la région de l'Extrême-Orient, affirmant qu'aujourd'hui, sans la Russie, le développement mondial est impossible. C'était une façon intéressante de poser la question.
J'ai également apprécié la thèse selon laquelle le destin futur de la Russie dépend du développement de l'Extrême-Orient. Ce sont les points qui m'ont impressionné.
Je représente les cercles patriotiques conservateurs au Japon. Dans notre pays, nous avons malheureusement une mauvaise attitude à l'égard de la Russie. Mais le 4 septembre, lors du forum « L'Asie du Sud-Est dans un monde multipolaire », nous avons constaté qu'il était nécessaire de construire un nouvel ordre mondial.
Donc, pour moi, les points susmentionnés que j'ai rencontrés, que j'ai vus lors de cet événement, me donnent une nouvelle force, m'inspirent à penser de nouvelles pensées, à réfléchir davantage et mieux à la situation. Et de l'aborder précisément du point de vue du développement de la région [Asie du Sud-Est].
- Que pensent les Japonais de la Russie et des événements actuels en Ukraine?
- Comme je l'ai dit, la plupart des Japonais ont une opinion extrêmement négative et critique de la Russie. C'est ce qui caractérise le Japon moderne.
Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale. En conséquence, les Américains ont mis en place un système d'occupation qui oppose négativement les Japonais à la Russie.
Le Japon se souvient avant tout de la perte de la guerre et des prisonniers de guerre japonais qui se trouvaient en Union soviétique. Le Japon se souvient avec ressentiment de la perte au bénéfice de la Russie des territoires dits septentrionaux et du problème des Kouriles du Sud.
Tout cela crée un arrière-plan négatif dans l'esprit et les sentiments des Japonais à l'égard de la Russie.
- La Russie et le Japon ont-ils une chance de se comprendre et de coopérer?
- Je pense que oui. Bien sûr que oui. Mais il faut créer des opportunités.
J'insiste sur le fait qu'un traité de paix doit être signé entre la Russie et le Japon. C'est très important !
Regardez : les Russes aiment le Japon, le respectent, lui sont reconnaissants et lui portent un grand intérêt. Il est donc extrêmement important d'informer constamment le public japonais que, malgré l'attitude négative des Japonais au début de l'opération militaire spéciale (OMS), la situation a commencé à changer. L'essence de l'OMS, ses objectifs et sa nécessité commencent à être un peu mieux compris au Japon.
En d'autres termes, il existe une base permettant d'adoucir l'attitude négative du Japon à l'égard de la Russie.
* * *
Comment le WEF-2024 est devenu une plateforme de rapprochement entre la Russie et la Malaisie - dans l'article d'Anna Tcherkassova "Sans l'Ukraine. La Russie et la Malaisie sont devenues encore plus proches l'une de l'autre au WEF-2024".
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La présence de la Chine en Afrique - les atouts géopolitiques de l'Éthiopie
La présence de la Chine en Afrique - les atouts géopolitiques de l'Éthiopie
Peter W. Logghe
Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, n°192, septembre 2024
Un moment clé de cette histoire géopolitique est l'année 2023, lorsque la Chine et l'Éthiopie ont porté leur coopération au niveau d'un « partenariat stratégique de tous les temps ». Une formulation que la Chine n'avait jusqu'alors utilisée que pour sa politique étrangère à l'égard de ses alliés les plus proches, tels que le Sri Lanka, le Pakistan, le Belarus, l'Ouzbékistan et le Venezuela. Elle souligne l'importance de l'Éthiopie dans la politique africaine de la Chine. Il est clair que l'Éthiopie soutiendra la politique de la Chine lors des réunions des Nations unies et de l'Organisation de l'unité africaine. Le « partenariat stratégique de tous les temps » pour l'Éthiopie n'a été mentionné nulle part dans nos grands médias flamands, pour autant que je sois bien informé.
Je mentionne simplement en passant que l'Éthiopie est probablement le seul pays du continent africain à avoir réussi à échapper à la colonisation européenne, et ce grâce à ses progrès en matière de modernisation, à sa résistance militaire et aussi à sa diplomatie, qui tente d'équilibrer les différentes superpuissances.
L'Éthiopie est un pays important en Afrique : elle compte environ 127 millions d'habitants, ce qui en fait le pays le plus peuplé du continent noir après le Nigeria.
Importance géopolitique de l'Éthiopie
L'Éthiopie est un pays important en Afrique, comme nous l'avons écrit plus haut, mais pas seulement en raison de sa forte population. Contrairement au Nigeria et à l'Angola, par exemple, ce pays d'Afrique de l'Est dispose de peu de ressources telles que le pétrole ou le gaz pour expliquer l'importance de la présence chinoise. En revanche, l'Éthiopie dispose d'autres atouts tout aussi importants, qui sont d'ordre géopolitique s'entend.
La Corne de l'Afrique est une région clé pour la Chine, comme pour tous les pays dont le commerce emprunte la route maritime de la mer Rouge, du canal de Suez et du golfe d'Aden. En outre, la Corne de l'Afrique est importante pour la Chine dans le cadre de sa stratégie de la route de la soie maritime. L'Éthiopie est le pays le plus important de cette Corne de l'Afrique. Le port de Djibouti (à l'est de l'Éthiopie) est le plus important de la région, occupant une position stratégique dans le golfe de Tadjoura et le détroit de Bab el-Mandeb, à l'entrée du canal de Suez. C'est à Djibouti que la Chine a installé sa première base navale à l'étranger en 2017. Les Américains, les Français, les Japonais et les Italiens disposent également de bases navales, ce qui souligne l'importance géostratégique de Djibouti et de l'ensemble de la Corne de l'Afrique. Il est donc important de préserver l'accès des navires à la mer Rouge, surtout avec la menace des rebelles houthis du Yémen, ce pays arabe situé juste en face du détroit de Bab el-Mandeb.
L'Éthiopie est vitale pour la Chine, mais l'Éthiopie peut-elle se passer de la Chine ?
Depuis 2020, la Chine a adopté pour elle-même un modèle de développement à « double circulation » : une stratégie dans laquelle le marché intérieur est le principal moteur de la croissance économique, mais où le marché intérieur et le marché international se renforcent mutuellement. L'objectif intérieur était de devenir autosuffisant en matière de technologie et de matières premières. Sur le plan international, la Chine souhaitait conquérir les marchés des principaux pays émergents à forte croissance économique.
Il est clair que l'Afrique est un acteur clé de ce double flux économique : son marché est immense, les matières premières y sont abondantes et les opportunités d'investissement y sont nombreuses. L'Afrique possède 30% des ressources minérales, 8% des réserves de gaz et 12% des réserves de pétrole. 30% des matières premières rares telles que le lithium et le nickel se trouvent en Afrique. Il est clair que les États-Unis et l'Europe souhaitent également coopérer avec les pays africains.
La Chine joue ses atouts en Afrique de manière très ciblée : elle met l'accent sur les infrastructures, l'énergie, l'exploitation minière et les télécommunications lorsqu'elle investit en Afrique. La Chine est généreuse en matière de financement, ce qui confère aux entreprises (publiques) chinoises un avantage compétitif sur leurs concurrents étrangers.
Ce n'est pas seulement sur le plan économique et financier que l'Afrique est un acteur important pour la Chine. Il va de soi que l'influence politique en découle également. En 2015, par exemple, le Forum multilatéral sur la coopération sino-africaine (FOCAC) a été mis en place, structurant les relations commerciales, diplomatiques, sécuritaires et financières entre la Chine et les pays africains.
Quelques chiffres pour illustrer ce propos
La Chine est devenue le principal partenaire économique de nombreux pays africains au cours des 20 dernières années. En 2022, la Chine était le premier pays importateur de pétrole et de gaz de l'Angola. Peu après, c'est au tour de la République démocratique du Congo (pour l'argent et le cobalt) et de l'Afrique du Sud (or, diamants, platine). Les cinq premières destinations des IDE (investissements directs étrangers) de la Chine en Afrique en 2022 sont l'Afrique du Sud, le Niger, la République démocratique du Congo, l'Égypte et la Côte d'Ivoire.
Où se trouve donc l'Éthiopie ? Selon le Rapport sur l'investissement dans le monde 2023 de la CNUCED, l'Éthiopie est le troisième État qui a le plus bénéficié des investissements étrangers de la Chine. Pour les années 2022/2023, le chiffre serait de 3,4 milliards de dollars. La Turquie arrive en deuxième position en termes d'investissements en Éthiopie (avec 2,5 milliards de dollars), suivie par l'Inde.
L'influence chinoise se fait également sentir dans l'accumulation de la dette de l'Éthiopie: la Chine représente 50 % de la dette extérieure de l'Éthiopie. C'est un signe révélateur pour la Chine et l'Éthiopie: selon de nombreux observateurs, la Chine ne s'intéresse pas à des partenaires qui ne sont plus en mesure de rembourser leurs dettes. Certes, la Chine veut accroître son pouvoir économique et politique, mais cet objectif peut être mieux atteint avec des partenaires capables de faire face économiquement et financièrement.
Entre 2000 et 2022, la Chine a prêté un total de 170 milliards de dollars à 47 pays africains, entreprises publiques ou institutions multilatérales. L'Éthiopie arrive en deuxième position (après l'Angola avec 42 milliards de dollars) avec un total de 13,7 milliards de dollars.
En conclusion, les problèmes de l'Éthiopie sont-ils autant d'opportunités pour la Chine ?
On connaît le slogan des nationalistes irlandais : « Les difficultés de la Grande-Bretagne sont les opportunités de l'Irlande ». Ces dernières années ont été dramatiques pour l'Éthiopie, avec une guerre civile dans le Tigré au nord du pays. Bien que la guerre ait pris fin en 2022, elle a été suivie d'une sécheresse extrême dans la région et d'une famine. La croissance économique de l'Éthiopie, qui s'élevait jusqu'alors à 10% par an en moyenne, s'est arrêtée. Des problèmes financiers et économiques, mais aussi des opportunités pour la Chine.
Un deuxième élément jouant en faveur de la Chine a été l'inclusion de l'Éthiopie en tant que nouveau membre du club des BRICS, le groupe des puissances économiques émergentes. En 2023, le moment était venu pour l'Éthiopie de rejoindre l'Argentine, l'Iran, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Égypte. Ce qui a encore accru l'influence de la Chine dans le club des BRICS.
Troisième point d'intérêt de ces décisions : malgré une croissance économique de 6,1% d'ici 2023, l'Éthiopie est devenue le troisième État africain, après la Zambie et le Ghana, à être officiellement qualifié d'« État en difficulté de paiement ». L'Éthiopie a réussi à se mettre d'accord sur de nouvelles règles de remboursement avec le Royaume-Uni, les États-Unis et la Chine, qui acceptent la suspension des remboursements dans un certain délai. Mais les experts estiment que l'Éthiopie pourrait devoir dévaluer sa monnaie.
C'est dans ce contexte qu'il convient de considérer le « partenariat stratégique de tous les temps » entre l'Éthiopie et la Chine. D'un point de vue géopolitique, la carte du monde a complètement changé en 20 ans, y compris en Afrique. Il est temps que nos décideurs politiques fassent preuve de réalisme et développent également des visions à long terme, avant que nous ne perdions tous nos points d'ancrage.
Peter W. Logghe
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Pax Americana et « totalitarisme »
Pax Americana et « totalitarisme »
Carlos X. Blanco
L’ordre mondial établi en 1945, après la défaite du Troisième Reich, est sur le point de prendre fin. Ceci dit, en 2024, il va sans dire que la fin d'une ère géopolitique peut ressembler à l'agonie d'un individu humain: atteint d'une maladie incurable, il est comme un mauvais patient qui, loin de reconnaître l'imminence de sa mort, utilise ses dernières forces à rendre malheureux ceux qui vivent avec lui et répand ainsi le souffle de la mort dans tout son environnement. C’est ce qui arrive aujourd'hui à l’Occident malade.
L’empire yankee a réussi à mettre en œuvre son ordre mondial en 1945, sa pax Americana, mais il l’a fait de manière incomplète et avec un contrepoids important: le communisme. C’est l’Union soviétique qui a véritablement libéré l’Europe de la terreur nationale-socialiste et fasciste. C’est cet « empire communiste » qui a réussi à rassembler de nombreux pays en voie de décolonisation et d’émancipation, créant ainsi un Second Ordre Mondial qui contrecarrait les prétentions universelles des Yankees. Le régime communiste soviétique a démontré une capacité titanesque à se défendre contre une agression anglo-américaine plus que possible en 1945 ou peu après. Après avoir sacrifié des millions de vies de Russes, de Slaves d’autres pays et de personnes d’autres ethnies asiatiques liées à la Russie, l’URSS n’était pas du tout disposée à se laisser envahir et coloniser par les puissances anglo-américaines.
Au prix d'énormes sacrifices en vies et en libertés, les Soviétiques ont échappé à la Troisième Guerre Mondiale, une continuation immédiate de la Seconde Guerre mondiale, une guerre nucléaire qui était déjà représentée dans l'esprit des planificateurs occidentaux avant même qu'Hitler ne s'écarte du chemin et que les Allemands se soient rendus. Une fois le nazisme vaincu, il fallait vaincre le communisme, même au prix de la dévastation du « vieux continent ». La Russie, la Russie éternelle et sainte baptisée et amplifiée en URSS, nous en a libérés.
Mais à partir de cette histoire, il ne faut pas penser que les considérations idéologiques étaient la priorité. En science géopolitique, l’idéologie en tant que facteur capable de renforcer des alliances ou de dessiner des fronts de guerre n’est que cela, un facteur. Ce facteur est « activé » en composition avec d'autres, et à partir de la configuration historique, économique et politique particulière du moment, l'idéologie mobilise et est une force causale, d'une part, ou bien c'est une rhétorique qui peut être oubliée ou, plutôt, modulée, d'autre part.
Au tout début de la Seconde Guerre mondiale, et dans une partie de son développement, le rôle des grandes sociétés multinationales américaines soutenant les « totalitaires » Hitler et Staline était notoire. Au point qu’on ne pouvait parler d’une histoire du « totalitarisme » sans inscrire ce concept particulier dans le cours général de l’histoire du capitalisme. Le capitalisme, et en particulier le capitalisme impérialiste dans sa version anglo-saxonne, est la clé explicative qui rend compte – dans une part matériellement significative – de ces régimes qui, une fois le conflit éclaté, furent rapidement diabolisés après avoir été payés en dollars.
Les terribles démons qu'étaient les « bruns » et ,es « rouges », qui dévastaient l’Europe et écrasaient les libertés occidentales, selon les théories de ce Disneyland philosophique si actif depuis la Seconde Guerre mondiale, avaient aussi besoin du pétrole et des finances de ces mêmes Occidentaux qui, hier comme aujourd’hui, répètent l’histoire de l'apprenti sorcier. Hier, ils nourrissaient les bruns et les rouges, aujourd'hui ils nourrissent les djihadistes.
D’un autre côté, on sait que les deux représentants présumés du totalitarisme non occidental au 20ème siècle, Hitler et Staline, étaient également partenaires et alliés l’un avec l’autre quand cela leur convenait, et ils ont cessé de l’être lorsque les conditions d’avant la terrible épidémie de 1939 n'étaient plus satisfaisantes. On peut en dire autant des liens des deux "monstres" avec le capital yankee. L’idéologie n’est pas la seule chose qui compte.
La construction du terme « totalitarisme » fait partie de l’armement de l’Occident libéral, une arme de concepts et de termes aussi efficace que l’armée américaine ou l’OTAN elle-même. Hannah Arendt et d’autres intellectuels exilés dans les universités américaines, intellectuels russes et allemands, pour la plupart juifs, ont « vécu » de revenus engrangés avec le petit mot « totalitaire ». Créés sur la base de caractéristiques purement formelles et très abstraites (culte du leader, étatisme, militarisation de la société, parti unique...) les régimes national-socialiste, fasciste, bolchevique, etc. ont été mis dans le même sac, au-delà de différences pourtant abyssales. Mais ces mêmes traits génériques et formels servaient, en réalité, à orner le vrai sens du mot: totalitaire est, en réalité, pour les idéologues subventionnés par la Maison Blanche, le Pentagone et la CIA, synonyme de régime antilibéral. Tout le reste n’a pas d’importance: cela désigne un régime non libéral et non soumis à la domination yankee.
Cette synonymie est l’une des clés de la fondation et de la compréhension de l’Ordre mondial né en 1945 ainsi que de la reprise de la guerre froide (ou Troisième Guerre mondiale inachevée), la guerre qui a commencé en 1949, date de fondation de l’OTAN. En fin de compte, au-delà des traits purement formels qui recherchent la similitude entre un régime nazi et un régime bolchevique, au-delà des idéologies, ce qui a été précisément conçu par l'ensemble des penseurs comme Arendt , Popper ou les Francfortiens , c'est ceci: une image négative du régime capitaliste occidental, lui-même essentiellement totalitaire. Tout ordre mondial a besoin de cette image négative pour pouvoir désigner, identifier et fusionner les ennemis, et les nouveaux maîtres de l’Occident y sont parvenus avec une efficacité étonnante.
Une fois l’URSS tombée, et avec elle le « bloc rouge », le tout dans un processus très rapide entre 1989 et 1991, l’hégémon de la première théorie politique, selon les termes de Douguine, s’est retrouvé sans la seconde (socialisme et communisme). L’empire yankee utilise alors tout son arsenal philosophico-politique accumulé dans l’après-guerre et pendant la guerre froide: le fascisme (Troisième théorie politique) devrait être la seule alternative au monde « libre ». C’est aussi simple que cela: libéralisme ou barbarie, et la barbarie universelle est le fascisme. Tous ceux qui n’étaient pas partenaires et amis de l’empire yankee pourraient finir par recevoir l’étiquette infamante de « totalitaires ». C'étaient des sociétés fermées, où les règles du fair-play libéral ne s'appliquaient pas.
Nous le voyons maintenant: la démocratie russe, multipartite et avec des élections périodiques, est une « autocratie » et Poutine est présenté comme un nouveau tsar ou un nouveau « petit père » (comme Staline). La République populaire de Chine est également qualifiée de totalitaire et autocratique, un pays où le gouvernement est infiltré dans la société elle-même à tous les niveaux à travers un Parti communiste chinois et d'autres partis différents du PCC , tous fidèles à la nation, contrairement à celui de l'Espagne, et où aucun de ces partis n'a la motivation nécessaire pour gagner les élections et travailler pour les lobbies. Eh bien, c'est aussi du totalitarisme...
Certes, tout système politique qui a affronté la puissance nord-américaine, l'OTAN et les règles du jeu de l'Occident « démo-libéral » présentera des caractéristiques totalitaires sales et maléfiques telles que diagnostiquées par le quartier général des renseignements démo-libéraux, puisque cette catégorie, prétendument équidistante chez Arendt ou chez les Francfortiens, ainsi que dans le reste du renseignement OTANiste apparu après 1945, sert à tout.
Actuellement, l’Empire Yankee et ses instruments sont une puissance qui se retire de nombreux scénarios, désireux de rassembler des réserves pour le conflit avec la Chine dans le Pacifique. Cela a laissé en Europe des pions ridicules qui donnent des leçons sur le totalitarisme dans les mêmes termes en lesquels l’Occident a défini une telle construction politique. Chez Borrell, von der Leyen, Macron et co. On y retrouve tous les ingrédients: répression de la dissidence, censure d'internet, trucage des élections, création de corsets idéologiques (russophobie, otanisme, Agenda 2030, promotion des minorités « arc-en-ciel », etc.). Totalitarisme du même genre que celui de ses rivaux.
Mais face à ces pions ridicules, que Washington sacrifiera un jour, il y a tout un bloc en mouvement (potentiel, puisqu'il lui faut encore intégrer beaucoup plus) de pays très divers par leur tradition, leur climat spirituel, leurs systèmes idéologiques, qui ne soyez pas intimidé par le sambenito qui semble tant nous conditionner, nous les Occidentaux, et ce sont les BRICS.
Au niveau local, par exemple ici en Espagne, nombreux sont les penseurs qui se laissent encore conditionner par cette sorte de police de la pensée qui crie et insulte sur les réseaux sociaux: être pris pour un « fasciste » peut signifier pour certaines personnalités publiques une sorte de mort sociale, pour peu que la victime soit timide ou ait une mentalité provinciale, pour laquelle l'environnement local des lecteurs est une priorité. Cependant, quand on pense à une échelle globale et que le penseur voit le large horizon du monde, où un empire « totalitaire » comme celui des Yankees décline et où un monde potentiellement plus libre et plus diversifié progresse, le sambenito devient presque un indice d'honneur : les chiens aboient, la caravane passe.
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jeudi, 19 septembre 2024
Andrei Fursov : De l'état de décadence redouté par Staline à une nouvelle société
Andrei Fursov: De l'état de décadence redouté par Staline à une nouvelle société
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/09/18/andrei-fursov-stalinin-pelkaamasta-rappiotilasta-uuteen-yhteiskuntaan/
« L'histoire est un choc de volontés et une compétition entre alternatives : dès que l'une d'entre elles l'emporte, les autres alternatives cèdent tout simplement. Mais tant qu'il n'y a pas de vainqueur et que la lutte continue, l'histoire est de nature probabiliste », explique l'historien russe Andrei Fursov.
Les dirigeants soviétiques ont abandonné leur propre version de l'avenir au milieu des années 1960 et se sont progressivement intégrés au système capitaliste, estimant que, parce qu'ils disposaient d'armes nucléaires et de pétrole, ils pouvaient s'asseoir à la même table que l'élite mondiale. Les puissances occidentales ont joué le jeu pendant un certain temps, mais elles ont été plus malignes que les Russes.
« Bien que les États-Unis aient traversé une grave crise à la fin des années 1960 et au début des années 1970, les dirigeants soviétiques n'ont pas saisi l'occasion, mais ont au contraire cru à la soi-disant « détente » proposée par l'Occident », explique M. Fursov.
Fursov rappelle que les dirigeants soviétiques [de l'époque de Khrouchtchev] ont abandonné l'anticapitalisme systémique et rejoint le système capitaliste mondial, déclenchant ainsi la dégénérescence politique que Joseph Staline avait redoutée et qui a finalement conduit à l'éclatement de l'Union soviétique.
Avec la chute de l'Union soviétique, le capitalisme a gagné du temps. Sous la seconde présidence de Bill Clinton, les États-Unis ont dégagé un excédent budgétaire pour la première fois en trente ans. « Cela s'est fait au prix du pillage du camp socialiste », affirme l'universitaire russe.
Cependant, en 2008, les phénomènes de crise se sont à nouveau manifestés - ils ont bien sûr été temporairement bloqués par l'argent, mais la crise elle-même n'a pas disparu, elle persiste toujours. Aujourd'hui, l'économie mondiale est au bord de la catastrophe.
« De plus, contrairement à la crise financière de 1929-1939 ou à la dépression de 1873-1896, qui étaient des sortes de crises structurelles, le système financier est aujourd'hui confronté à une crise systémique finale. Le capitalisme a fait son travail et il faut quelque chose de nouveau », analyse M. Fursov.
Si le plan des dirigeants actuels se réalise, le vieux système délabré sera remplacé par une structure jeune et agressive. Le nouveau système post-capitaliste sera encore plus dur que l'ancien en ce qui concerne la vie quotidienne des citoyens.
Avec le déclin du féodalisme et l'émergence du capitalisme, l'apport calorique de la population s'est effondré. L'historien Fernand Braudel écrit que les Français et les Allemands du 16ème siècle se souvenaient avec étonnement de la quantité de viande que mangeaient leurs grands-parents. Ce n'est que vers le milieu du 19ème siècle que les niveaux de consommation en Europe se sont redressés. « L'époque des débuts du capitalisme était tout simplement un enfer social », affirme M. Fursov.
De même, l'Union soviétique des années 1920 et 1930 a été une période d'« anticapitalisme systémique ». Il s'agissait également d'un régime jeune et brutal, qui ne s'est transformé que plus tard en un « socialisme humain » plus doux. Bien que ce socialisme brejnévien n'ait pas été un si mauvais système, sa stagnation a « grignoté l'avenir ».
Le nouvel ordre social qui émerge aujourd'hui ne sera probablement pas très agréable. D'autre part, Fursov ne croit même pas qu'il y aura un « système global » totalement unifié dans le monde.
« Des régions entières seront tout simplement exclues du processus historique. Il ne restera que quelques douzaines, peut-être une centaine, d'enclaves où tout sera encore propre et brillant, mais où tout sera strictement contrôlé », dystopise-t-il.
Si le système de notation sociale est complété par l'intelligence artificielle, nous aurons une image de l'avenir. Fursov pense (et espère) que ce processus technologique ne se déroulera pas sans heurts en Russie : « quelque chose se cassera, quelqu'un volera quelque chose et tout tombera dans un désordre bureaucratique ». L'échec national peut au moins sauver les Russes d'un contrôle total, mais qu'en est-il ailleurs ?
Les processus de changement sont désormais très rapides. Au milieu des années 1990, M. Fursov a fait une prédiction sur le 21ème siècle, mais il estime aujourd'hui qu'il a commis une erreur de chronologie. Ce que le penseur russe imaginait n'arriver qu'après 2030 s'est déjà produit dans les années 2010, tandis que beaucoup de choses risquent de se produire dans les années 2020 que ni M. Fursov ni aucun autre futurologue n'aurait pu prévoir.
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L'éveil africain
L'éveil africain
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/risveglio-africano/
Le Burkina Faso nationalise deux mines d'or. Des mines jusqu'à présent contrôlées par une major britannique, considérée comme le premier producteur d'or au monde.
Les nouvelles sont rares. Et, de surcroît, elle n'est pas donnée par les grands médias. Elle circule sur le net. Et ce n'est pas grand-chose non plus. Après tout, qui s'en soucie ? Il y a plus important pour les conformistes d'Italie et d'Europe. Beaucoup plus important au niveau de l'actualité... la pression sur le gouvernement, pour le gaspillage du comportement (disons) de San Giuliano... Les hypothétiques politiques d'aide à la naissance... Pour ceux qui s'intéressent - mais ils sont certes très peu nombreux - à ce qu'on appelle les affaires étrangères, il y a la situation en Ukraine, il y a le comportement d'Israël au Moyen-Orient....
Et pourtant, les nouvelles du Burkina Faso sont importantes. Beaucoup plus qu'on ne le pense à première vue.
Parce qu'elle représente un signe clair et décisif de la volonté de l'Afrique de sortir d'une longue, trop longue, condition de minorité. De soumission à l'Occident.
Beaucoup, beaucoup trop d'années se sont écoulées depuis que Marco Cochi - un grand africaniste et surtout un ami inoubliable - a écrit son « Afrique. Le continent oublié ». Un ouvrage aujourd'hui presque introuvable, mais qui devrait être réédité et surtout relu. Avec beaucoup d'attention.
Car Cochi a pressenti et anticipé ce qui se passe aujourd'hui. La crise, irréversible, du pouvoir européen sur l'Afrique. Et surtout de ce vilain rêve qu'était la Françafrique. Mauvaise pour les Africains, bien sûr, qui ont été exploités et saignés à blanc sans état d'âme. Et, surtout, sans rien recevoir en retour.
Lorsque Cochi écrivait, il y a une trentaine d'années, il prédisait déjà le réveil de l'Afrique noire, à partir précisément du Burkina Faso où, malgré une répression impitoyable, la mémoire de Sankara restait vivante.
Et c'est précisément du Burkina que cette nouvelle nous parvient aujourd'hui. Le Burkina n'est plus un soulèvement isolé, comme à l'époque de Sankara, qui a payé de sa vie cet isolement politique.
Car, aujourd'hui, la situation de l'Afrique du Nord et de l'Afrique Centrale, ou de ce qu'il convient d'appeler l'Afrique Noire, a profondément changé.
Outre le Burkina, les Français et même les Britanniques sont chassés de la plupart des États de la région, Niger, Mali, Tchad... et cette révolte africaine s'étend.
Un réveil des élites locales, qui ont pris conscience d'elles-mêmes. Qui ne veulent plus vivre dans la corruption pour un salaire de misère, laissant leurs peuples à la famine et surtout à l'exploitation.
Des élites, il faut le dire, essentiellement militaires. Formées en Europe et aux États-Unis. Donc bien conscientes du rôle des grands « frères » de l'Occident. Et qui, aujourd'hui, veulent prendre en main le destin de cette partie de l'Afrique. La racheter de l'exploitation séculaire. La transformer en une nouvelle réalité, active tant sur le plan économique que géopolitique.
Le Burkina Faso qui revendique la propriété de ses mines d'or et chasse les Français qui les exploitaient n'en est qu'un signe.
Bientôt, tout le monde devra compter avec cette nouvelle Afrique.
Des comptes difficiles pour les Européens, qui peinent encore à prendre conscience de cette nouvelle réalité.
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L'occidentologie: un concept clé pour la décolonisation de la Russie
L'occidentologie: un concept clé pour la décolonisation de la Russie
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/occidentologia-un-concepto-clave-para-la-descolonizacion-de-rusia?utm_referrer=https%3a%2f%2fl.facebook.com%2f
Le célèbre philosophe russe et directeur de l'Institut Tsargrad, Alexandre Douguine, a publié un important article scientifique consacré à l'occidentologie, une discipline qui étudie la manière dont la science russe doit considérer les « avancées » de l'Occident afin de ne pas rester à la traîne. À première vue, il semblerait que le destin de la Russie se joue actuellement sur les champs de bataille où elle affronte l'Occident collectif, mais il s'agit en réalité d'un processus beaucoup plus profond. L'idéologie de la supériorité de l'Occident sur les nations orientales « arriérées » est profondément enracinée dans plusieurs pays du monde, et l'État russe ne fait malheureusement pas exception. Des changements majeurs sont nécessaires à cet égard, faute de quoi il pourrait être trop tard.
La Russie se réveille
L'article d'Alexandre Douguine intitulé « Occidentologie : vers une science russe souveraine » a été publié dans le troisième numéro de la revue scientifique du Bulletin de l'université d'État de l'éducation, dans la série « Histoire et sciences politiques ». Cette revue est incluse dans la liste de la Commission scientifique panrusse (VAK), l'organe suprême qui délivre les diplômes universitaires et réglemente également l'activité des conseils de thèse. En bref, le fait que cet article ait été publié dans la VAK signifie qu'il a été considéré comme innovant et scientifique.
Il est très difficile de surestimer l'importance de cet article d'Alexandre Douguine. Le sujet de l'occidentologie semble à première vue incompréhensible, mais dans les premiers paragraphes, le philosophe explique qu'il s'agit de la lutte de la Russie pour gagner sa propre souveraineté scientifique vu les conditions dans lesquelles la science occidentale a été activement imposée aux scientifiques russes comme étant l'ultime vérité et cela, pendant plusieurs siècles. L'auteur souligne que « l'occidentologie est un nouveau concept qui devrait être adopté maintenant que le conflit entre la Russie et les pays de l'OTAN s'est intensifié en raison des opérations militaires en Ukraine, surtout si nous prenons en compte le fait que ce conflit, qui a commencé comme un conflit purement politique, s'est progressivement et irréversiblement transformé en un conflit entre les deux civilisations ».
Cependant, il serait erroné de réduire l'ensemble du débat sur l'occidentologie à une lutte pour la création d'une science souveraine. Dans ce cas, il vaudrait mieux l'appeler « russologie » ou « eurasiologie ». Mais l'objet principal de ce champ d'étude est l'Occident. Pourquoi ? Parce qu'il est nécessaire de changer notre approche de la science occidentale en tant qu'avancée, en tant que « progrès ». Maintenant que l'Occident s'est désengagé, il est impératif d'accroître notre souveraineté dans tous les domaines, y compris la science. Le décret présidentiel n°809 sur la politique d'État visant la préservation et le renforcement des valeurs spirituelles et morales russes traditionnelles affirme sans ambiguïté la nécessité de défendre la vision du monde de la Russie, qui est à la base de ses valeurs traditionnelles.
C'est sur cette base que nous pouvons adopter une attitude totalement différente non seulement à l'égard de la science occidentale, mais de l'Occident en général : sa culture, ses valeurs, son rôle historique dans le monde, son peuple, ses opinions, son progrès, ses articles ménagers, ses manières, son attitude à l'égard des enfants, du mariage, des familles, des autres nations, des droits de ces autres nations, du concept de liberté, de la foi, du sens de l'existence et de bien d'autres points encore. Le philosophe affirme: « En d'autres termes, reconnaître la Russie comme un État civilisationnel et donner une importance politique à nos lumières historiques, ainsi qu'à la protection de nos valeurs traditionnelles, nous oblige à repenser l'attitude à l'égard de la civilisation et de la culture occidentales qui s'est établie au cours des dernières décennies et peut-être même des derniers siècles.
Il y avait une barrière, mais elle a été détruite
Selon Douguine, l'origine de l'occidentologie remonte à la confrontation entre les occidentalistes et les slavophiles dans la Russie du 19ème siècle, dont nous avons tous entendu parler à l'école, et, aussi étrange que cela puisse paraître, le conflit entre ces deux camps, qui semblait être une relique du passé, n'est pas moins pertinent dans la Russie d'aujourd'hui qu'il ne l'était alors.
Après tout, ce sont les slavophiles qui ont dit ce que nous sommes obligés de répéter aujourd'hui (et si quelqu'un pense que nous ne sommes pas obligés, après le désir ouvertement exprimé par l'Occident de détruire la Russie, de dire le contraire n'a tout simplement pas de sens): la Russie est une civilisation slave orientale et byzantine-orthodoxe distincte de l'Occident.
Les Occidentaux, divisés entre libéraux et sociaux-démocrates, ont soutenu que la Russie faisait partie de la civilisation de l'Europe occidentale et que la tâche de notre pays était de suivre toutes les avancées et innovations de l'Occident. Douguine écrit dans l'article que « cette approche excluait l'identité de la Russie et la considérait donc comme une société arriérée et périphérique, soumise à la modernisation et à l'occidentalisation. Les occidentalistes considéraient les valeurs traditionnelles et l'identité originale de la Russie comme un obstacle à l'occidentalisation du pays.
Cependant, les choses se sont compliquées à partir de ce moment-là. L'Empire russe a été remplacé par l'Union soviétique et les Occidentaux en ont été exclus: à cette époque, il est devenu non seulement démodé, mais aussi dangereux de suivre les idées de l'Occident, qu'il faut « rattraper et dépasser ».
Douguine souligne que l'URSS a fini par développer un système scientifique qui critiquait la société bourgeoise, ce qui a permis à nos scientifiques de maintenir une distance nécessaire avec l'idéologie libérale de l'Occident, qui est devenue dominante aux États-Unis et en Europe après la défaite de l'Allemagne nazie. Toutefois, cette distance a commencé à se réduire au fil des ans. Selon Douguine, « cette distance a été complètement abolie à la suite de l'effondrement de l'URSS et du rejet de l'idéologie soviétique. Cette fois, c'est la version libérale de l'occidentalisme qui a remporté la victoire dans les sciences sociales, et c'est précisément cette idéologie libérale qui continue de dominer dans la Fédération de Russie jusqu'à aujourd'hui ».
Douguine souligne que la responsabilité en incombe à la politique officielle de l'État qui avait explicitement accepté le postulat selon lequel la Russie faisait partie du monde occidental. En conséquence, la science nationale a commencé à copier les idées occidentales dans des domaines tels que les sciences humaines, la philosophie, l'histoire, la sociologie et la psychologie.
Dans une conversation avec Tsargrad, Alexandre Douguine a commenté les conséquences de ce qui s'est passé après l'effondrement de l'URSS comme suit : « L'occidentologie n'est pas une discipline, mais une approche particulière de la philosophie et de la science, principalement dans le domaine des sciences humaines et sociales. Nous entendons par « science » avant tout la science occidentale, qui n'est rien d'autre que le reflet des valeurs, des critères, des priorités et des normes de la civilisation occidentale. La science occidentale se veut universelle, ce qui cache un racisme et un colonialisme implicites ».
L'occidentologie est un ensemble d'outils qui devraient aider la Russie à atteindre la souveraineté, un processus qui est déjà en cours, mais qui est au point mort. Lors d'une conversation avec Tsargrad, Douguine a déclaré : « L'occidentologie est une approche fondamentale à grande échelle pour libérer notre société de l'illusion de l'universalité de l'Occident et de sa vision du monde. Au 19ème siècle, cette question a été soulevée par les slavophiles russes, qui ont entamé le difficile processus de restauration de la conscience sociale russe. Au 20ème siècle, ce travail a été poursuivi par les Eurasiens et les adeptes de la vision monarchique orthodoxe du monde. Même les bolcheviks, conscients de la différence entre notre société et la société occidentale, ont tenté d'exprimer leurs idées en critiquant les sciences bourgeoises ».
Le « satanisme » occidental colonise le monde
Mais pour comprendre ce à quoi il faut absolument renoncer, il faut connaître les idées de l'ennemi, comme le dit l'adage. En effet, tout le monde ne considère pas aujourd'hui les attitudes occidentales en matière de sciences humaines comme néfastes. Il existe encore l'idée que nous sommes supposés être capables d'assimiler organiquement ce qui nous est étranger, bien qu'un tel processus soit impossible sans les outils nécessaires à cette tâche.
Dans son article, Douguine cite le discours prononcé par Vladimir Poutine le 30 septembre 2022, lorsque le président s'est adressé au peuple russe avant de signer les traités d'acceptation des régions RND (Donbass), RNL (Lougansk), Zaporojie et Kherson au sein de la Fédération de Russie: "La dictature des élites occidentales est dirigée contre toutes les sociétés, y compris les peuples des pays occidentaux eux-mêmes. Elles promeuvent avec défi la négation complète de l'homme, la subversion de la foi et des valeurs traditionnelles, ainsi que la suppression de la liberté, ont acquis les caractéristiques d'une religion, d'un satanisme ouvert <...>. Pour eux, notre pensée et notre philosophie sont une menace directe, c'est pourquoi ils attaquent nos philosophes. Notre culture et notre art sont un danger pour eux, c'est pourquoi ils essaient de les interdire. Notre développement et notre prospérité sont également une menace pour eux: la concurrence s'intensifie. Ils n'ont pas besoin de la Russie, mais nous si. Je voudrais leur rappeler que les prétentions à la domination du monde dans le passé ont été écrasées plus d'une fois par le courage et la fermeté de notre peuple. La Russie sera toujours la Russie".
Alexandre Douguine aborde ensuite les origines du « satanisme » occidental tel que défini par Poutine, qu'il considère comme le fondement de cette supériorité revendiquée par l'Occident. Bien sûr, ces origines se trouvent partiellement à Washington, où les Américains ont proclamé leur indépendance et ont commencé à se considérer comme le nombril du monde tout en exterminant les populations indigènes d'Amérique du Nord.
Ces origines sont bien plus profondes et se trouvent dans les débuts de la culture gréco-romaine, qui fut un temps renversée par le catholicisme. Plus tard, la Renaissance, la Réforme et les Temps Nouveaux ont contribué de manière significative au rejet des fondements moraux et éthiques du christianisme médiéval traditionnel.
La modernité, qui succède à la Renaissance médiévale, prône la supériorité de la machine; c'est à cette époque qu'apparaissent les premières usines et que l'on commence à dire que l'homme lui-même n'est rien d'autre qu'un ensemble de rouages qui interagissent entre eux. L'étude de l'homme est devenue plus importante que l'étude de Dieu et du monde, et l'on a fini par conclure que l'homme était le centre de l'univers (les scientifiques appellent également ce terme « anthropocentrisme »).
Ce sont ces idées qui ont ensuite donné naissance au postmodernisme. Par exemple, le mépris du sexe de naissance et l'affirmation que l'homme devrait avoir le droit de le choisir pour lui-même découlent de ces idées. L'homme doit avoir le droit de pécher, sinon ses droits civiques sont violés, de sorte que la loi est presque plus importante que le droit et que la démocratie n'est plus considérée comme une ancienne utopie, mais comme un moyen pour l'homme d'être en guerre contre tout ce qui existait avant lui. Enfin, tout ce processus s'achève avec le transhumanisme, qui affirme que l'homme devrait avoir le droit à l'immortalité. Cela élimine toute discussion sur la famille, le divorce, l'avortement, les valeurs traditionnelles.....
Tout ce qui précède montre que le système de pensée occidental n'est pas seulement étranger à la Russie, mais qu'il nous est apparu comme un moyen de nous manipuler et de nous dominer. Or Douguine, répondant à l'une de nos questions sur la pertinence de l'entologie occidentale, estime que ce processus « s'est accompagné de subventions, d'invitations à des conférences en Occident, d'une scientométrie idéologiquement motivée, d'indices scientifiques et de systèmes d'évaluation. C'est ainsi que nous nous sommes rapidement retrouvés sous occupation. Conscientes de la situation critique, aggravée par la dure confrontation civilisationnelle et militaire avec l'Occident, les autorités russes ont ressenti le besoin de souverainiser le savoir scientifique ».
Qu'en est-il aujourd'hui ?
Il est évident que la Russie se trouve à nouveau à un point de rupture avec ses attitudes politiques et idéologiques antérieures. Après avoir vécu sous le « talon de l'Occident » dans tous les domaines depuis les années 90 du siècle dernier (il convient également de rappeler les prêts accordés par le FMI, dont Vladimir Poutine a fini par se débarrasser), le pays se détache aujourd'hui du marécage libéral de l'Occident et sauve ce qu'il devrait chérir: les valeurs d'un État traditionnel, la foi en Dieu, la foi en l'armée et en nos héros, en notre production, en nos « cerveaux » qui, comme on le savait déjà pendant ces années horribles, sont toujours les meilleurs du monde.
Cependant, la faction des libéraux occidentaux est encore très forte. Leurs représentants dirigent toujours les principales universités du pays, les structures politiques et même l'Institut de philosophie de l'Académie des sciences de Russie, la grande majorité des employés ne pouvant décider le matin s'ils doivent porter des vêtements arborant les symboles du drapeau américain ou ukrainien.
C'est pourquoi la science nationale doit être fondée non seulement sur des slogans concernant l'identité de la Russie, mais aussi sur un ensemble d'outils permettant de contrer les tentatives agressives de transformer la Russie en une colonie idéologique par le biais des sciences humaines, de la sociologie et de l'économie occidentale. L'occidentologie fournit les outils nécessaires à cette fin. Alexandre Douguine, commentant son article, a déclaré que « la science occidentale est l'étude de la science occidentale en tant que phénomène régional local. Il existe des sciences dans d'autres civilisations, telles que les civilisations musulmane, indienne, chinoise, russe, etc. L'objectif de la science occidentale est de décoloniser notre conscience, elle est donc très utile et nécessaire pour nous ». Lorsque nous avons demandé à Douguine ce que l'occidentologie nous apporterait si nous rejetions les postulats et les dogmes occidentaux, il a répondu succinctement : « Elle nous apportera la victoire ».
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mercredi, 18 septembre 2024
Kamala Harris, la candidate des guerres sans fin
Kamala Harris, la candidate des guerres sans fin
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28848-kamala-harris-la-candidata-delle-guerre-infinitepiccole-note.html
La déclaration de l'ancienne vice-présidente de George W. Bush a le mérite de dissiper les malentendus.
Le parti des « guerres sans fin » se range derrière Kamala Harris
Le soutien de Dick Cheney à Kamala Harris a une forte valeur symbolique. Les néoconservateurs reconnaissent en effet dans la candidate démocrate la présidente qui perpétuera les guerres sans fin en préservant le rêve, cauchemardesque pour le reste du monde, d'un retour à l'unipolarité américaine, qu'une politique étrangère franchement destructrice est censée réaliser.
Cheney et le parti des guerres sans fin votent Kamala
Pas de coup d'éclat pour le vice-président de George W. Bush, puisque le sentiment des néo-conservateurs pour Kamala était déjà inscrit dans les faits et que nous avions naguère écrit à ce sujet lorsque des centaines de collaborateurs de Bush, McCain et Romney avaient exprimé leur préférence pour l'ancienne magistrate, récemment prêtée à la politique.
D'autre part, la façon dont Kamala a été nommée à la Maison Blanche participe également du sens de la démocratie que cultivent les néo-con, une démocratie que leur programme appelle à exporter à coup de bombes.
Cheney a joué un rôle clé dans le coup d'État qui a permis aux néocons de s'emparer du pouvoir impérial après le 11 septembre, réduisant Bush à un rôle fantomatique. Une dynamique qui s'est répétée avec l'éviction de Biden de la course à la présidence - lui aussi réduit à un fantôme - et la promotion d'une représentante de la caste des brahmanes, la caste la plus élevée et la plus sacrée de l'hindouisme.
Les néocons reviennent ainsi à leur terreau originel, car leur mouvement est né à gauche - dans les cénacles de la gauche progressiste américaine, bien éloignée de la gauche européenne - puis s'est fondu dans le parti républicain, dans lequel ils ont introduit l'idée de révolution, dénaturant ce qui fut un parti conservateur, et donc opposé à cette option.
Vingt ans (et plus) de tragédies
Appliquée à la politique étrangère, l'idée révolutionnaire (en politique étrangère) a conduit aux désastres que l'on peut constater, le monde étant contraint de s'enfermer dans les horizons étroits qu'imposent les écrans de fumée des néocons à coups de bombes, mais avec des résultats différents de ceux qu'ils espéraient.
L'idée révolutionnaire des néocons débouche sur un idéalisme qui ne tient pas compte de la réalité, celle-ci devant être sans cesse modelée et dépassée pour créer le nouvel ordre, selon la phrase didactique attribuée au principal conseiller de George W. Bush, Karl Rove : « Nous sommes maintenant un empire et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité ». Rien à voir avec le réalisme et le pragmatisme du Grand Old Party, incarné de manière exemplaire par Henry Kissinger.
Non pas que les Républicains aient été une aimable compagnie de bienfaiteurs de l'humanité avant de se soumettre à l'hégémonie idéologique néoconservatrice: il suffit de regarder l'itinéraire plutôt sanglante de Kissinger. La différence est que le réalisme politique de ce dernier reconnaissait des limites aux actions de la superpuissance, à tous les niveaux, et connaissait l'art du compromis. Les néoconservateurs ne reconnaissent aucune limite à la politique étrangère américaine et abhorrent l'idée même de compromis.
Pour prendre un exemple simple, l'idée d'un conflit mondial, qui fait partie des options des néocons, n'était même pas présente chez Ronald Reagan. Elle n'était tout simplement pas envisageable (même si le danger existait déjà à l'époque de la guerre froide).
Nous avons déjà souligné que l'idéalisme révolutionnaire des néocons est parfaitement superposable à l'interventionnisme libéral d'origine wilsonienne qui innerve le parti démocrate et à propos duquel le président John Quincy Adams (portrait, ci-dessus) s'était alarmé du fait qu'une politique fondée sur la « recherche de monstres à détruire » était tragiquement erronée. Inutile, donc, de se répéter sur ce point.
Ainsi, si la perspective de la politique étrangère d'une présidence Harris est de perpétuer - et d'accroître compte tenu de son évanescence - les guerres sans fin qui accompagnent les révolutions colorées, on peut se demander ce que pourrait être celle de Trump.
Inutile de rappeler qu'America First réactualise l'isolationnisme américain, mais ce qui est plus intéressant, c'est qu'un tel isolationnisme contraste fortement avec la perspective de mener des guerres sans fin. De plus, l'horizon vers lequel cet isolationnisme se dirige est celui d'un accord global entre les puissances. Trump l'a dit implicitement le 20 juillet : « Poutine et Xi sont intelligents [...] ils aiment leur pays ».
Synthétiquement, cette déclaration reprend l'idée de base qu'il a détricotée durant sa présidence, celle de trouver un accord avec la Russie et la Chine pour rétablir un équilibre dans le monde devenu fou produit par l'hégémonie néocon-libérale.
C'est-à-dire créer un nouveau Yalta, en traçant des lignes rouges à la manière de celles qui avaient empêché la guerre froide de dégénérer en guerre thermonucléaire. Malgré ses airs grandiloquents, Trump s'est efforcé de réaliser ce dessein équilibré au cours de ses quatre années à la Maison Blanche, mais à chaque fois qu'il a fait un pas de détente vers l'une des deux superpuissances, il a été stoppé par quelque mésaventure déclenchée par ses ennemis intérieurs.
Pour montrer clairement que c'est précisément la perspective vers laquelle Trump s'oriente, il y a eu, à l'opposé, l'habituelle et loquace Victoria Nuland, l'ancien pilier du département d'État, qui, dans un entretien avec le journaliste russe Mikhail Zygar début septembre, a déclaré : « En aucun cas les États-Unis ne signeront un nouvel accord de “Yalta” avec la Russie et la Chine, un accord sur un nouvel ordre mondial » (c'est ainsi que le résume le journal Strana).
Une telle perspective entre apparemment en conflit avec la vision de la Chine et de la Russie qui œuvrent pour accroître et consolider le multipolarisme, mais il n'en reste pas moins qu'une Amérique isolationniste s'inscrit bien dans un tel cadre et que les lignes rouges mentionnées ci-dessus doivent être établies dans le cadre d'un compromis similaire à celui qui a créé le monde de Yalta. Mais la tâche que s'est fixée Trump reste redoutable, à supposer qu'il parvienne à se présenter aux élections et à les gagner.
Dans cette perspective, un corollaire: les dirigeants de l'UE, à l'époque de la querelle Trump-Clinton et pendant sa présidence, se sont opposés à l'idée d'un nouveau Yalta à tous égards. Hormis ceux qui s'y opposaient par foi néocon ou libérale, nombre d'entre eux la rejetaient sincèrement parce qu'elle semblait faire de l'ombre au Vieux Continent, qui n'était même pas admis en tant qu'observateur à la table du nouveau Yalta. En d'autres termes, ils étaient convaincus qu'elle conduirait au déclin de l'UE.
Par une hétérogénéité de fins que l'on pouvait déjà deviner à l'époque, la perspective opposée n'était pas celle, irénique, imaginée par la caste de l'UE, qui s'illusionnait de participer au banquet unipolaire. L'affirmation, avec Biden, de l'interventionnisme libéral a en effet incinéré le Vieux Continent, le condamnant à vivre une guerre sans fin, coûteuse, de larmes et de peines, au risque de s'étendre au continent et au monde.
L'unipolarisme ne connaît ni alliés ni partenaires, mais des serviteurs sacrifiables en cas de besoin, comme l'a démontré la guerre par procuration qui se déroule en Ukraine, qui a consumé une nation et décimé sa population. En outre, la caste de l'UE ne semble pas tenir compte du fait que cette option comporte une guerre mondiale à l'horizon, ce qui en dit long sur sa lucidité et sa prévoyance.
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Comment peut-on être aussi stupide? Scholz et Pistorius sur l'achat de nouveaux systèmes anti-missiles
Comment peut-on être aussi stupide? Scholz et Pistorius sur l'achat de nouveaux systèmes anti-missiles
par Gilbert Doctorow
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28847-gilbert-doctorow-stupidi-come-sono-scholz-e-pistorius-sull-acquisto-di-nuovi-sistemi-antimissile.html
Nous savons depuis plus d'un an que la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, est une honte pour le gouvernement qu'elle sert. Elle n'est pas assez intelligente pour confectionner et servir des hamburgers chez McDonalds, et encore moins pour siéger au cabinet fédéral et se prononcer sur la guerre et la paix. Elle ne fera jamais oublier qu'elle a déclaré que Vladimir Poutine devrait changer de cap à 360 degrés.
En revanche, j'ai toujours considéré le chancelier Olaf Scholz comme un renard rusé. Bien sûr, j'ai toujours su qu'il était un vrai lâche, un vendu aux intérêts américains au détriment de sa propre nation. Son silence sur le sabotage du gazoduc Nord Stream en est la preuve. Ce que lui et son ministre de la défense Boris Pistorius ont dit ces deux derniers jours en marge de la réunion de Ramstein, où s'étaient concertés les sponsors de l'effort de guerre en Ukraine, ne laisse guère de doute sur le fait qu'il est aussi un sacré imbécile.
Je fais référence à l'annonce de M. Scholz selon laquelle l'Allemagne va budgétiser de nouvelles capacités de défense aérienne et rejoindre d'autres pays européens dans leurs projets de construction de ce que l'on pourrait appeler un « dôme de fer », si l'on peut emprunter le lexique israélien dans ce contexte pour décrire un écran impénétrable contre les attaques de missiles.
Si, il y a une semaine, une telle annonce aurait pu sembler patriotique et constituer un investissement dans la sécurité de son pays, les événements de ces derniers jours ont balayé toutes les considérations de ce type. Après les attaques de missiles russes sur Poltava, Lviv, Krivoy Rog et de nombreuses autres villes ukrainiennes où se trouvent de grandes concentrations d'officiers, de conseillers principaux et d'instructeurs de l'OTAN, l'idée qu'il existe une quelconque défense contre les missiles hypersoniques russes a été réfutée sans l'ombre d'un doute.
Les Russes affirment que leur attaque contre l'institut de communication de Poltava, qui pourrait avoir tué 200 personnes et en avoir envoyé 500 autres à l'hôpital avec des blessures graves, a été menée avec une variante du missile Iskander, qui a une vitesse maximale de Mach 6.
Si l'on admet que Poltava disposait d'excellents systèmes antimissiles, la situation était exactement inverse à Lviv, qui était protégée par un système américain Patriot et d'autres systèmes fabriqués en Allemagne, en Italie et ailleurs au sein de l'OTAN. Pour cette cible bien protégée, les Russes ont utilisé leur missile Kinzhal, qui se déplace à Mach 10. Comme si cela ne suffisait pas, ils disposent également de missiles de la famille Avangard, qui atteignent Mach 20. Il n'existe absolument aucune défense aérienne connue capable de protéger contre ces missiles actuellement dans l'arsenal russe, et nous pouvons supposer que lorsque les Allemands achèteront et mettront en service ce qu'ils prévoient maintenant d'acheter, les Russes disposeront de missiles d'attaque encore plus avancés et plus puissants.
Quant aux missiles à longue portée dotés d'ogives nucléaires que les États-Unis prévoient de livrer à l'Allemagne en 2026 avec l'accord de M. Scholz, ils n'auront pour effet que de tracer les contours d'une grande cible sur la carte son pays. De plus, il s'agit d'une provocation qui pourrait déclencher une attaque préventive de la part de la Russie.
Ne serait-il pas plus logique que les dirigeants allemands regardent la réalité en face : la capacité de la Russie à détruire leur pays dépasse, dans un avenir proche, leur capacité à se protéger, avec ou sans l'aide des États-Unis. Cette admission devrait les inciter à faire ce qui est évident : s'asseoir à la table de négociation avec les Russes et se mettre d'accord sur une nouvelle architecture de sécurité pour l'Europe avec laquelle tout le monde, je dis bien TOUT le monde, peut vivre.
Je conclurai par quelques observations supplémentaires sur ce que les Russes ont fait cette semaine. À Lviv, ils ont non seulement éliminé de nombreux membres du personnel de l'OTAN, mais ils ont également détruit un train qui venait d'arriver de Pologne et qui transportait une grande quantité d'armes de pointe pour l'Ukraine. En ciblant des installations dans plusieurs villes où résident des officiers de l'OTAN, le Kremlin a envoyé un message sans équivoque à l'Alliance et à son principal décideur, les États-Unis, indiquant qu'il a la volonté et les moyens d'affronter directement l'OTAN à chaque fois qu'il estime que ses « lignes rouges » ont été franchies. Il est également possible qu'à Washington, ce message ait été reçu... et compris. Pour autant que je sache, les pleurnicheries de Zelensky à Ramstein pour obtenir la permission d'utiliser des missiles à longue portée fournis par l'OTAN pour attaquer le cœur de la Russie sont tombées dans l'oreille d'un sourd.
Source : gilbertdoctorow.com
Lien : https://gilbertdoctorow.com/2024/09/07/dumb-as-they-come-scholz-and-pistorius-on-procurement-of-new-missile-defense-systems/
11:10 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, missiles russes, allemagne, europe, affaires européennes, politique internationale, olaf scholz, boris pistorius | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 17 septembre 2024
Anatomie de la chute: déclin régulier de l'industrie européenne
Anatomie de la chute: déclin régulier de l'industrie européenne
par Stefano Salvini
Source: https://orientalreview.su/2024/09/09/anatomy-of-the-fall-steady-decline-of-europes-industry/
La désindustrialisation n'est pas un mot nouveau dans les politiques économiques, il a été utilisé pour décrire la transition dans l'économie mondiale, causée par les crises des années 1970 et 1980, souvent liée aux noms de Ronald Reagan et Margaret Thatcher dont les législations ont également été à l'origine du passage de la société industrielle au post-industrialisme avec une plus grande utilisation de l'information et des nouvelles technologies, entraînant la délocalisation de l'industrie manufacturière vers les pays les moins développés. Mais pourquoi aujourd'hui, au cours des trois dernières années, voyons-nous et entendons-nous beaucoup plus de messages et d'articles sur le sujet de la désindustrialisation en Europe ?
Au cours des dernières décennies, la production industrielle en Europe a constitué une part importante de son économie et c'est toujours le cas. Environ un sixième de la valeur ajoutée brute (VAB) de l'UE a été généré dans le secteur manufacturier en 2021. Mais la part de la VAB industrielle dans les grandes nations industrialisées d'Europe s'est réduite depuis lors. Le déclin est plus évident par rapport au début du siècle: la France a perdu environ 6 % de la part industrielle de sa VAB, c'est également le cas de l'Italie, et de l'Allemagne, qui a atteint le sommet de sa production industrielle en 2017 et a connu depuis lors un déclin constant, qui s'est accéléré après 2022.
Pourquoi la baisse généralisée de la production industrielle en Europe est-elle une réalité pour laquelle beaucoup d'experts et d'hommes politiques tirent la sonnette d'alarme ? Un certain nombre de facteurs freinent la production européenne et la rendent difficile à concurrencer avec d'autres destinations pour les investissements, principalement la Chine et les États-Unis.
Le conflit entre la Russie et l'Ukraine, qui dure depuis février 2022, a eu un impact significatif sur les prix de l'énergie et les chaînes d'approvisionnement en Europe, entraînant une hausse des coûts des intrants pour l'industrie européenne et une baisse de la demande de la part des consommateurs européens. En 2021, la Russie était le principal exportateur de pétrole, d'essence et de gaz vers l'Europe, fournissant 21% des importations européennes de pétrole et d'essence et 23% des importations de gaz naturel. Depuis lors, l'approvisionnement en gaz a fortement diminué, principalement en raison de l'explosion des gazoducs « Nordstream » et des sanctions des États-Unis et de l'Union européenne contre la Russie, ce qui a provoqué une grave crise énergétique. La crise actuelle du gaz et de l'énergie frappe l'industrie de plein fouet, étant donné que ce secteur de l'économie, avec les transports, est l'un des plus gros consommateurs d'énergie. Les industries chimiques et métallurgiques sont les plus touchées par cette crise en raison de leur forte consommation d'énergie. L'Europe tente de s'adapter à l'utilisation du GNL en provenance des États-Unis, qui est plus cher que le gaz russe et plus difficile à livrer, ce qui augmente encore les coûts. De plus, les restrictions européennes « vertes » souvent démagogiques obligent les fabricants à dépenser plus d'argent pour mettre en œuvre de nouvelles technologies respectueuses de l'environnement.
Un autre facteur qui entrave la croissance de la production européenne est le coût de la main-d'œuvre, qui est traditionnellement plus élevé qu'en Chine où, malgré l'augmentation constante du niveau d'éducation ces dernières années, le coût moyen de la main-d'œuvre reste nettement inférieur à celui de l'Occident. Dans d'autres pays asiatiques, comme l'Inde, le Viêt Nam ou la Thaïlande, le coût de la main-d'œuvre est même inférieur à celui de la Chine. Aux États-Unis, au contraire, le coût de la main-d'œuvre est légèrement supérieur à la moyenne de l'Union européenne, mais il reste inférieur à celui de l'Allemagne ou de la France, et à peu près équivalent à celui de l'Italie. Cela s'explique principalement par le fait qu'à côté des pays où le coût de la main-d'œuvre est élevé, comme l'Allemagne et la France, il existe dans l'UE des pays où les salaires sont moins élevés, comme l'Espagne ou les États d'Europe de l'Est. Les restrictions « vertes » souvent démagogiques obligent, encore une fois, les fabricants à dépenser plus d'argent pour mettre en œuvre de nouvelles technologies respectueuses de l'environnement.
La perturbation des chaînes d'approvisionnement habituelles due à la situation en mer Rouge, où les Houthis yéménites attaquent les navires étrangers, est l'un des derniers facteurs à avoir eu un impact négatif sur le secteur manufacturier européen. En raison de la réorientation des navires, le délai de livraison entre l'Asie et l'UE a augmenté de 10 à 15 jours, et les coûts ont augmenté d'environ 400%.
Tous ces facteurs font qu'il est difficile pour les États européens de rivaliser avec la Chine, les États-Unis et les États d'Asie du Sud-Est en termes d'attractivité pour la production industrielle. En outre, le niveau de tension entre l'UE et les États-Unis a augmenté après que Joe Biden a signé l'Inflation Reduction Act en août 2022, qui vise la transition de l'industrie américaine vers des rails « verts » et accorde certains privilèges aux entreprises basées aux États-Unis, ce qui rend l'installation aux États-Unis encore plus attrayante pour les fabricants. En outre, la situation sur le marché européen se détériore également, car les fabricants européens sont contraints de rivaliser avec les produits chinois et américains moins chers.
Quels sont donc les signes réels de la désindustrialisation européenne que nous pouvons observer aujourd'hui ? Dans certains cas, on observe une réduction des plans d'expansion et des investissements. D'autres signes de désindustrialisation sont plus évidents, comme la délocalisation des lignes de production et la réduction des effectifs. Par exemple, le géant allemand de la chimie BASF a annoncé la fermeture de l'une des deux usines de production d'ammoniac en Allemagne et a également décidé d'arrêter les usines de production d'engrais. Ces mesures ont entraîné la suppression de 2500 emplois. En février, BASF a annoncé des mesures supplémentaires de réduction des coûts.
Le fabricant suisse de panneaux solaires Meyer Burger Technology AG a annoncé en février 2024 qu'il cesserait la production de modules solaires à Fribourg, en Allemagne. L'entreprise a décidé de se concentrer sur l'augmentation de sa capacité de production aux États-Unis, invoquant la détérioration des conditions du marché en Europe. Le groupe allemand BMW a annoncé en 2022 qu'il prévoyait d'investir 1,7 milliard de dollars dans la production de véhicules électriques et de batteries aux États-Unis. Volkswagen a également décidé de profiter des mesures d'incitation en faveur des constructeurs de voitures électriques en Amérique et de construire une usine de 2 milliards de dollars en Caroline du Sud pour produire des SUV électriques. Le groupe BMW a également renforcé sa présence en Chine en 2022 en démarrant la production de véhicules électriques dans la nouvelle usine Lydia à Shenyang, dans la province de Liaoning, au nord-est du pays. Ce projet, d'une valeur de 15 milliards de yuans (2,1 milliards de dollars), est devenu l'investissement le plus important de BMW sur le marché chinois.
En conclusion, on peut dire que l'industrie européenne se trouve aujourd'hui dans une position très difficile avec la crise énergétique actuelle et la concurrence croissante des États-Unis et de la Chine. La poursuite de la désindustrialisation mettra en péril la prospérité européenne et les emplois de 32 millions de personnes, ainsi que de nombreuses autres qui travaillent dans différents domaines liés à l'industrie. Néanmoins, l'Europe conserve de nombreux avantages en tant que site industriel, tels que la qualité élevée de la main-d'œuvre, la forte densité d'entreprises et les courtes distances qui en résultent entre les entreprises et leurs fournisseurs. En outre, l'Europe reste un marché de vente important et prospère dans de nombreux domaines. La question est donc de savoir si les responsables politiques européens seront capables de changer de stratégie et de se concentrer sur la sauvegarde de leur propre production, sans se retourner vers les États-Unis, qui profitent de la situation difficile de leur allié.
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La Chine et la frontière hybride dans le cyberespace
La Chine et la frontière hybride dans le cyberespace
par Leonid Savin
Source: https://orientalreview.su/2024/09/16/china-and-the-hybrid-fontier-in-cyberspace/?doing_wp_cron=1726564797.6432549953460693359375
Il s'agissait du premier lancement du projet G60, mis en œuvre par Shanghai Spacecom Satellite Technology en coopération avec le gouvernement municipal de Shanghai, qui vise à fournir un accès à l'internet à haut débit d'ici 2025 et une couverture mondiale d'ici 2027.
Cela dit, le projet G60 (la Chine a lancé le premier satellite d'essai 6G au monde en janvier) n'est que l'une des trois méga-constellations de satellites que la Chine prévoit de déployer, avec le projet Guowang mis en œuvre par la société publique China Satellite Services et la constellation Honghu-3 mise en œuvre par la Shanghai Lanjian Hongqing Technology Company. Ces constellations fournissent l'infrastructure nécessaire pour soutenir le secteur spatial commercial chinois en pleine expansion, y compris ses initiatives d'Internet par satellite, qui se développent rapidement.
En mai 2024, la Chine a commencé à fournir le premier essai de services de communication Internet haut débit par satellite en orbite basse à l'étranger (Thaïlande) et, en juin, la société chinoise OneLinQ a lancé le premier service Internet civil domestique par satellite, indiquant qu'il s'étendrait aux pays qui rejoignent l'initiative chinoise « Une ceinture, une route ».
À cet égard, les objectifs stratégiques de la Chine sont plus ambitieux que les simples services Internet par satellite.
Les orbites des satellites sont principalement divisées en trois types: 1) l'orbite terrestre géostationnaire (GEO), 2) l'orbite terrestre moyenne (MEO) et 3) l'orbite terrestre basse (LEO). Par rapport aux deux autres catégories, les satellites LEO présentent un certain nombre d'avantages, notamment la proximité de la Terre, un délai de transmission minimal, de faibles pertes de lignes et des capacités de lancement flexibles. Ils font partie intégrante d'un futur réseau intégré couvrant l'espace aérien, spatial et maritime.
La Chine s'est engagée dans le développement coordonné de satellites GEO, MEO et LEO afin de créer un réseau d'information intégré Espace-Terre, où les systèmes de communication par satellite interagiront avec les systèmes de communication d'information au sol. C'est ce que prévoit le 14ème plan quinquennal (2021-2025) pour le développement économique et social de la République populaire de Chine, publié par le ministère de l'industrie et des technologies de l'information.
Il est évident que l'Internet spatial chinois sera en concurrence sur le marché de l'Internet commercial par satellite avec SpaceX Starlink d'Elon Musk, c'est-à-dire, en fait, avec les États-Unis. Mais comme l'Occident soutient officiellement la concurrence en tant qu'élément du système libéral capitaliste, la Chine a d'autres raisons politiques de critiquer ses projets.
En Occident, et en particulier aux États-Unis, ces succès de la Chine ne sont qualifiés que d'autoritarisme numérique, que le Parti communiste chinois propage par le biais de l'initiative « la Ceinture et la Route » et des liens bilatéraux avec divers pays.
Ce n'est pas la première année que l'on spécule sur des « violations des droits de l'homme » en Chine dans la sphère de l'internet. Les opposants à la Chine ont déjà déclaré que si les services Internet par satellite sont lancés, le monde pourrait « assister à l'émergence d'un nouveau rideau de fer numérique s'étendant depuis l'espace, divisant la libre circulation de l'information et établissant un contrôle étatique à l'échelle mondiale. »
Enfin, il est également dit que les autorités chinoises peuvent potentiellement avoir accès à toutes les données transmises par les services Internet par satellite chinois.
En fait, l'approche chinoise de la gouvernance de l'internet repose sur le concept de cybersouveraineté. La Russie partage également ces principes, selon lesquels chaque État a le droit de gérer son espace numérique, y compris les restrictions et la censure. Mais la Chine a réussi à obtenir une véritable autonomie en créant une architecture nationale de l'internet, qui a été surnommée rien de moins que la « Grande Muraille de feu chinoise ».
Pour cette raison, ainsi que pour l'incapacité à contrôler le marché numérique chinois, l'Occident tombe dans une violente hystérie, inventant toutes sortes de faux récits et de théories de la conspiration.
Dans le même temps, l'importance du contrôle de l'espace extra-atmosphérique est bien comprise là-bas.
Le 26 août, Donald Trump, lors d'un discours à la conférence annuelle de l'Association de la Garde nationale à Détroit, a promis de créer la Garde nationale de l'espace, car, selon lui, « le temps est venu de créer la Garde nationale de l'espace en tant que principale réserve de combat des forces spatiales américaines ».
En effet, l'administration Biden avait proposé de combiner environ 1000 soldats de la Garde nationale issus d'unités orientées vers l'espace pour en faire des forces spatiales en service actif. L'idée était de créer un système flexible qui permettrait au personnel de sécurité de passer d'un emploi à temps plein à un emploi à temps partiel. Le plan a été rejeté à la fois par les dirigeants de la Garde et par les gouverneurs des 50 États et des cinq territoires des États-Unis.
Il convient de rappeler que c'est sous Trump que les forces spatiales ont été créées en 2019, et qu'un projet de loi visant à créer la Garde spatiale nationale a déjà été proposé cette année, bien qu'il n'y ait pas de consensus au Congrès sur cette question. L'un des auteurs du projet de loi était le sénateur Marco Rubio, républicain de Floride.
Par ailleurs, Donald Trump a récemment annoncé qu'il pourrait donner à Elon Musk le pouvoir d'auditer les agences américaines. Il est intéressant de noter que Tesla a reçu des subventions du gouvernement de Joe Biden pour le projet de véhicule électrique, mais des projets tels que Starlink de SpaceX, qui sont liés à l'activité spatiale de Musk, sont susceptibles de bénéficier de nouveaux contrats fédéraux, car la plateforme du Parti républicain appelle à une augmentation des investissements dans les satellites et à l'accélération de l'exploration spatiale vers Mars.
Cependant, malgré les succès de SpaceX et la rhétorique optimiste de Donald Trump, tout n'est pas si lisse aux États-Unis dans le secteur spatial.
Les problèmes survenus avec le vaisseau spatial Starliner, à cause desquels deux astronautes américains devront rester sur l'ISS pendant de nombreux mois au lieu de la semaine prévue, laissent penser que la NASA, ainsi que le principal contractant dans le domaine de l'aérospatiale aux États-Unis, Boeing (rappelons ici d'autres problèmes avec des avions), traverse une grave crise.
Bien qu'il y ait des partisans de la coopération avec la Chine dans le domaine de l'exploration spatiale aux États-Unis. Apparemment, ils font partie de ceux qui comprennent que l'Amérique est en train de perdre la course à l'espace avec la Chine.
Sur le plan technologique et géopolitique, tout cela témoigne de la lutte permanente pour une frontière hybride dans l'espace et le cyberespace.
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lundi, 16 septembre 2024
Excédent fiscal: tout ce qui brille n'est pas de l'or
Rapport d'Argentine
Excédent fiscal: tout ce qui brille n'est pas de l'or
Pablo Davoli (*)
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2024/08/reporte-argentino-superavit-fiscal-no.html
Avec son euphorie habituelle, le président Javier Milei se vante publiquement d'avoir atteint un excédent fiscal record, toute en soulignant que, pour la première fois depuis des années, les résultats des comptes publics nationaux de l'Argentine sont positifs. Selon des sources officielles, en juillet 2024, les résultats suivants ont été obtenus:
- Un excédent budgétaire primaire de 0,908,253 million de dollars (0,962 million de dollars américains) ; ce qui est la première fois en cinq ans qu'un résultat primaire positif est atteint au cours du septième mois (juillet enregistre saisonnièrement des dépenses plus élevées, en raison des paiements du salaire annuel complémentaire ou aguinaldo).
- Accumuler sept mois consécutifs d'excédent budgétaire primaire, dont le total équivaut à environ 1,4% du PIB du pays.
- Accumuler un excédent financier équivalent à 0,4% du PIB.
- Accumuler une réduction des dépenses primaires de 31% par rapport à l'année précédente en termes réels.
Cependant, pour interpréter et pondérer correctement ces données qui, à première vue, semblent si favorables, il est nécessaire de:
(a) prendre en considération le fait que, le même mois, le premier déficit financier depuis l'investiture du président en exercice a été enregistré.
À cet égard, les sources officielles elles-mêmes ont admis que le résultat financier était négatif de 600.957 millions de dollars (636 millions de dollars américains).
(b) Aborder deux questions fondamentales. A savoir:
b.1. comment les résultats positifs en question ont-ils été obtenus ?
b.2. à quoi ont servi les fonds ainsi obtenus.
Prenons ces questions l'une après l'autre :
b.1. l 'excédent en question a été obtenu grâce à la mise en œuvre de deux mesures majeures. Il s'agit de:
b.1.1. l'arrêt brutal et irréfléchie des travaux publics.
A l'heure actuelle, plus de 2.000 travaux publics sont à l'arrêt. Et ce, bien que nombre d'entre eux soient hautement souhaitables pour l'économie nationale. En fait, certains d'entre eux sont strictement nécessaires au déploiement de l'économie nationale.
Un exemple: au 01/04/24, les travaux sur le « Réacteur CAREM argentin » et le « Réacteur nucléaire polyvalent argentin RA-10 » de la Commission nationale de l'énergie atomique (C.N.E.A.) ont été paralysés en raison du manque de ressources financières. Au moment de ces arrêts, l'exécution des deux projets était déjà avancée: « CAREM » à 70% et « RA-10 » à 85%. Il convient également de noter que les deux réacteurs pourraient assurer l'approvisionnement en énergie de zones éloignées des grandes villes et des centres industriels à forte consommation d'énergie, tout en favorisant l'exportation de réacteurs argentins, ce qui rapporterait des millions de dollars au pays. En outre, la suspension des travaux a affecté des centaines de travailleurs, qui ont perdu leur emploi [1].
b.1.2. une diminution substantielle du pouvoir d'achat des salaires, des pensions, des retraites et des plans sociaux payés par le trésor public national.
Cette miniaturisation impitoyable de la valeur réelle de ces paiements a été produite sans relâche par l'inflation. Une inflation que, comme l'explique Héctor L. Giuliano, Milei lui-même s'est chargé d'augmenter de manière significative à partir de décembre 2023, lorsqu'elle est brusquement passée de 10/12% mensuels à 25,5% mensuels, pour atteindre, en janvier, 20,6% cumulés et pour atteindre 125% cumulés en juin [2]. Ainsi, comme le rapporte Infobae, l'Argentine a de nouveau enregistré l'inflation la plus élevée au monde en juin. Et s'il est vrai que l'inflation semble diminuer, il n'en est pas moins vrai que cela ne signifie pas une baisse des prix, mais simplement un ralentissement de la hausse des prix, causé par une forte baisse de la consommation. En d'autres termes, la hausse des prix persiste, mais plus lentement et, de surcroît, pour des raisons qui sont loin d'être favorables (nous nous pencherons sur cette question dans un prochain rapport).
Comme on le sait, l'inflation implique une augmentation généralisée des prix, dont la vitesse est nettement supérieure à l'augmentation conséquente des salaires (le général Juan D. Perón a enseigné que, lorsqu'il y a inflation, « les salaires montent l'escalier, tandis que les prix prennent l'ascenseur »). Ainsi, au cours des douze derniers mois, les salaires réels ont diminué de 30%; mais, plus précisément, au cours des sept derniers mois, cette diminution s'est située entre 18% et 20%, en moyenne.
Il va sans dire que la tentative de liquéfier les dépenses publiques avec une telle recette, outre qu'elle manque d'originalité, est désastreuse, comme le démontrent clairement les plus de 5 millions de retraités et pensionnés qui, selon le Médiateur des personnes âgées, vivent en dessous du seuil de pauvreté.
b.2 L'excédent fiscal ainsi obtenu a été utilisé presque entièrement pour payer les intérêts de la dette publique nationale (une dette gigantesque que Milei lui-même s'est déjà chargé d'augmenter de manière importante). En juillet, l'État argentin a payé plus de 3 milliards de dollars d'intérêts. C'est ce que dénonce Giuliano, déjà cité, avec une profusion de détails et de précisions (dans un autre rapport, nous approfondirons ce problème).
En résumé: à la lumière des éclaircissements ci-dessus, on voit bien que l'excédent dont se targue Milei est loin d'être un motif de réjouissance. Il semble s'agir d'une bonne nouvelle, mais la vérité est que, à proprement parler, ce n'en est PAS une...
La situation présentée révèle une contradiction grotesque et scandaleuse: celui qui a mené une campagne électorale en apostrophant l'État comme une « association illicite », en proclamant qu'il se « couperait le bras » avant que l'impôt ne soit introduit et en promettant que « l'ajustement » se ferait par « la caste », celui-là même qui, une fois au pouvoir, s'est vu refuser l'accès à l'impôt; est la même personne qui, une fois au pouvoir, a mis en œuvre l'« impôt inflationniste » et d'autres mesures très préjudiciables, dans le but de liquéfier les dépenses publiques pour rembourser une dette publique déjà exorbitante et toujours croissante, au prix d'une complication supplémentaire de l'économie nationale malmenée et d'un impact massif sur le peuple argentin, avec une cruauté particulière à l'égard des plus vulnérables. La menace ouverte du président d'opposer son veto à la loi sur la mobilité des retraites, qui vient d'être adoptée par le Congrès national, en est une confirmation très claire...
Rosario, 24 août 2024.
(*) Avocat. Analyste politique. Professeur d'université. Conseiller législatif au Congrès argentin. Représentant de l'A.A.E.S.A. en Argentine.
Sources consultées:
- Article L'Argentine enregistre un excédent primaire en juillet et le premier déficit financier de l'ère Milei. El Economista. 17/08/24. https://www.eleconomista.es/economia/noticias/12951283/08/24/argentina-registra-un-superavit-primario-en-julio-y-el-primer-deficit-financiero-de-la-era-milei.html#:~:text=Seg%C3%BAn%20fuentes%20oficiales%2C%20Argentina%20registr%C3%B3,el%20s%C3%A9ptimo%20mes%20del%20a%C3%B1o .
- Article "Chiffre alarmant : plus de 5 millions de retraités et pensionnés sont en dessous du seuil de pauvreté". Ámbito Financiero. 24/08/24. https://www.ambito.com/economia/cifra-alarmante-mas-5-millones-jubilados-y-pensionados-estan-la-linea-pobreza-n6052416.
- Article "Une banque met en garde contre une accélération de la chute de la consommation en juillet : les chiffres et les raisons". Ámbito Financiero. 20/08/24. https://www.ambito.com/economia/un-banco-alerta-aceleracion-la-caida-del-consumo-julio-los-numeros-y-las-razones-n6050845.
- D'Imperio, Julián, "Le gouvernement a réduit le budget pour la construction de la centrale nucléaire de Carem et les emplois de 570 employés sont en danger". Perfil. 01/05/24. https://www.perfil.com/noticias/politica/el-gobierno-corto-el-presupuesto-para-la-construccion-de-la-central-nuclear-carem-y-570-empleados-quedaron-sin-trabajo.html.
- Interview radiophonique de Carlos Codesos à Lic. Héctor L. Giuliano du 14/08/24 (l'auteur dispose d'un enregistrement de l'interview).
- Interview télévisée de Juan Merino avec Lic. Héctor L. Giuliano en date du 15/08/24. https://www.youtube.com/watch?v=GLaRXEbKYKo.
- Site web du ministère argentin de l'économie : https://www.economia.gob.ar/datos/ .
- Rosen, Nazareno. "De cuánto fue la inflación de junio 2024, según el INDEC". Infobae. 17/07/24.
https://www.infobae.com/economia/2024/07/17/de-cuanto-fue... /.
Notes:
[1] Compte tenu de l'interruption des travaux en question, le sénateur national Antonio J. Rodas a présenté un projet de communication pour que le Sénat demande des informations détaillées au pouvoir exécutif national sur le problème susmentionné (dossier S-464/24 du Sénat argentin). La présentation de cette initiative a été accompagnée par les sénatrices María T. M. González, Cándida C. López et Alicia M. A. Kirchner.
[2] Selon l'Institut national de la statistique et du recensement (INDEC), au cours de la période du 24 janvier au 24 juin, l'inflation a atteint 71,9%.
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dimanche, 15 septembre 2024
Le problème d'Israël
Le problème d'Israël
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/il-problema-di-israele/
La situation en Israël devient extrêmement tendue. Non seulement aux frontières, qui sont désormais quasiment sur pied de guerre, compte tenu des choix du gouvernement Netanyahou. A l'intérieur même d'Israël, et peut-être surtout à l'intérieur d'Israël, la tension atteint des sommets. Avec, d'un côté, les oppositions, dont les travaillistes, qui sont désormais à la tête d'une contestation populaire grandissante. D'autre part, le gouvernement de Bibi, de moins en moins populaire, fort de son Likoud et de quelques petits partis influents s'inscrivant dans l'orbite ultra-orthodoxe. Une coalition qui vise directement le conflit non seulement avec le Hamas, mais aussi avec tout le monde arabe qui n'a pas accepté les accords avec Israël. Et qui considère Téhéran comme une référence clé.
Il serait vicieux d'aller voir et de discuter les différentes positions des parties contingentes, notamment en ce qui concerne les otages israéliens qui restent aux mains du Hamas. Lesquels otages sont, bien sûr, utilisés par l'opposition dans une fonction anti-Likoud. Car le Likoud est coupable d'un mépris substantiel à leur égard.
Tout aussi inutiles sont les réponses de Netanyahou et des siens, manifestement conditionnées, et donc orientées, par le contraste politique interne à Israël.
Ce qui compte vraiment, c'est la réalité à laquelle les gouvernements d'Israël doivent aujourd'hui faire face. Et cette réalité n'est ni facile ni réconfortante.
Le problème, à la racine, est la perception qu'a le monde arabe environnant d'Israël. Cette perception est à la fois réaliste et extrêmement négative.
Réaliste parce que les Arabes, ou du moins leurs dirigeants, sont conscients que le premier problème d'Israël est d'ordre démographique. Et que, par conséquent, le temps joue en leur faveur.
Un Israélien tué vaut mille, dix mille Arabes sur la balance de l'équilibre régional. En clair: les Arabes sont sacrifiables, les Israéliens ne le sont pas.
Les dirigeants des ennemis d'Israël - le Hamas, le Hezbollah et les autres - et les États arabes, Saoudiens et Jordaniens en tête, qui entretiennent de bonnes relations avec Tel-Aviv, en sont parfaitement conscients. Et coopèrent d'ailleurs parfois à ses stratégies. Tout en sachant que ce n'est qu'une question de temps. Et de patience.
Négatif, cependant, comme je le disais. Et là, il faut purger toute lecture de la situation de nos préjugés d'Occidentaux et d'Européens. Se débarrasser de cette foutaise que représenterait un certain antisémitisme arabe. D'abord parce que les Arabes sont aussi des Sémites.
Ils représentent en effet la grande majorité du monde sémite. D'où, cependant, leur perception d'Israël et des Israéliens comme quelque chose d'étranger. Comme des envahisseurs, des enfants et des continuateurs du colonialisme occidental.
Et c'est cela, et non un antisémitisme abstrait et de façade, qui constitue le véritable problème.
En effet, les Arabes considèrent majoritairement les Israéliens comme des étrangers. Comme des Européens ou, pire encore, des Américains. Imposés sur leur territoire par le néocolonialisme occidental. Et, par conséquent, comme des avant-postes d'un Occident étranger et ennemi.
Ont-ils tort ? Si l'on s'en tient aux faits, il est difficile de répondre à cette question. La société et la culture israéliennes sont, au maximum, une expression de l'Occident extrême. Complètement étrangère au Moyen-Orient, qu'il soit islamique ou chrétien. Et avec laquelle, au contraire, la culture juive locale vivait en bonne harmonie. Mais nous parlons bien sûr du judaïsme moyen-oriental d'il y a un siècle. Il n'a rien à voir avec le sionisme, qui est plutôt l'expression d'une forme de culture européenne. Enfant du nationalisme français, il s'est enrichi d'éléments venus d'Europe de l'Est. Totalement étrangers au contexte culturel dans lequel ils ont été artificiellement insérés.
C'est ainsi qu'Israël est perçu par les Arabes, extrémistes et modérés, comme une ramification, ou plutôt un gardien de l'Occident. Un ennemi qui est là pour contrôler et affaiblir le réveil (quel qu'il soit) du monde arabe.
Un outsider avec lequel certains négocient, d'autres se confondent.
Mais dans tous les cas, il s'agit d'un corps étranger ancré dans le territoire.
Plus vite on en prendra conscience, plus vite on cessera de culpabiliser l'antisémitisme européen du 20ème siècle, mieux ce sera.
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vendredi, 13 septembre 2024
L'unipolarité américaine, les Brics et le monde multipolaire
L'unipolarité américaine, les Brics et le monde multipolaire
Ex : https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28824-piccole-note-l-unipolarismo-usa-i-brics-e-il-mondo-multipolare.html
Le multipolarisme des Brics n'est pas un bloc opposé à l'unipolarité américaine, mais une autre vision du monde, plus réaliste.
L'annonce de la demande formelle d'adhésion de la Turquie aux Brics, également rapportée hier par l'influent Bloomberg (comme nous l'avions signalé), était fausse, selon les déclarations ultérieures d'Ömer Çelik, vice-président et porte-parole de l'AKP (le parti au pouvoir), qui a toutefois confirmé le fond de l'affaire: « Notre président [Erdogan] a déclaré à plusieurs reprises que nous voulions devenir membre des BRICS. Notre demande à ce sujet est claire, le processus est en cours ».
Un délai plus long, donc, mais la voie est tracée. Les médias ont d'ailleurs relancé la nouvelle de la présence d'Erdogan au sommet des Brics qui se tiendra à Kazan fin octobre (Ansa) et auquel participera également pour la première fois le président bolivien Luis Arce, comme l'a annoncé la ministre des Affaires étrangères Celinda Sosa.
L'Azerbaïdjan a également l'intention de rejoindre le club des Brics, la demande ayant été faite immédiatement après la visite de Poutine à Bakou le 20 août. En résumé, le club est de plus en plus attractif et ses membres sont de plus en plus nombreux, alors qu'au contraire, le club du G7 - à ne pas confondre avec le G20 auquel participent plusieurs pays des Brics - est de plus en plus flou et sclérosé, de plus en plus un organisme résiduel d'un passé qui ne veut pas passer et qui est incapable de se réformer.
En outre, le G7 est par nature exclusif et élitiste - d'où également son incapacité à se rapporter au monde d'une manière qui ne soit pas musclée - contrairement aux Brics qui, par contre, se sont positionnés comme un pôle d'attraction mondial depuis leur genèse, ce qui explique en partie le dynamisme différent et alternatif.
Pas deux pôles, mais des perspectives différentes
Si la mission du G-7 est de préserver le système mondial de gouvernement dirigé par les États-Unis, les Brics ont des connotations révolutionnaires et ont pour mission de créer un système mondial qui ne soit pas subordonné aux États-Unis.
Cette contestation mondiale est généralement présentée comme une lutte entre l'unipolarisme de retour - ou celui qui ne veut pas passer - et le multipolarisme, mais ce cadre doit être détaillé, comme le fait admirablement Ted Snider dans Antiwar, selon lequel les États-Unis se trompent également dans leur compréhension des termes et des perspectives de la dialectique actuelle.
A la fois parce qu'ils ne comprennent pas que la multipolarité n'est pas un horizon possible, évidemment à combattre, mais une réalité en cours, et parce que « dans leur incapacité à s'adapter, les Etats-Unis s'accrochent à la bataille pour empêcher le monde unipolaire de retomber dans la bipolarité. Les Etats-Unis ne sont capables que de voir un monde divisé en deux blocs: ils considèrent toutes les nations qui acceptent leur hégémonie comme faisant partie d'un bloc et toutes les nations non-alignées qui habitent le monde multipolaire, qui refusent de choisir entre deux camps, comme un autre bloc. En d'autres termes, les États-Unis sont incapables de voir au-delà du monde bipolaire et confondent la réalité [dans laquelle ils se reconnaissent] multipolaire avec un autre bloc opposé au sein d'un monde bipolaire ».
« Ce malentendu empêche les États-Unis de s'aligner sur la nouvelle réalité inévitable de l'ordre international [...] Les pays membres du monde multipolaire émergent ne considèrent pas le monde nouveau comme un monde dans lequel ils doivent choisir leur camp. Les États-Unis continuent à courtiser les pays avec des cadeaux et à les menacer de sanctions pour les séduire dans des partenariats exclusifs. Cette vision américaine et dépassée du monde les limite à courtiser désespérément les pays pour les inciter à établir des « relations exclusives » qui, cependant, sont désormais en-deçà de l'horizon des pays faisant l'objet de leurs attentions morbides.
Les Brics et les relations paradoxales
« Les pays non-alignés prennent position, mais pas entre les États-Unis d'un côté et la Russie et la Chine de l'autre, mais entre la vision monogame et unipolaire du monde des États-Unis et une vision sans entrave du monde de la Russie et de la Chine, qui permet à ces pays d'entretenir des relations multiples afin de poursuivre leurs propres intérêts et non les intérêts de l'hégémon. Les nations non alignées n'ont pas choisi la Russie ou la Chine plutôt que les États-Unis : elles ont choisi la vision du monde du duo Russie-Chine plutôt que celle des États-Unis.
« Un monde multipolaire signifie qu'il ne faut pas choisir entre les États-Unis et la Russie, mais choisir de coopérer avec eux de différentes manières sur des questions où il y a des convergences [...]. Créer des relations spécifiques basées sur des intérêts réels au sein d'un monde multipolaire, au lieu d'alliances idéologiques [propres à l'unipolarité, ndlr], signifie non seulement avoir des relations paradoxales avec différents pays, mais aussi des relations paradoxales avec le même pays ».
Pour expliquer ce que Snider entend par relations paradoxales dans le contexte du monde multipolaire, le cas de l'Inde, sur lequel l'article s'attarde, est éclairant : ce pays entretient des relations fructueuses avec les États-Unis, mais n'a pas l'intention de renoncer, comme le demande instamment Washington, à entretenir des relations étroites avec la Russie (Moscou respectant la liberté de New Delhi, en évitant toutes pressions contraires).
Le cas indien met également en lumière ce que le rapporteur entend par relations paradoxales au sein de deux pays, New Delhi restant engagé dans une vive rivalité régionale avec la Chine bien qu'il partage avec elle l'appartenance aux Brics. Une rivalité qui l'a même conduit à rejoindre le Quad, l'alliance stratégique entre l'Australie, le Japon, l'Inde et les Etats-Unis, créée pour contenir la Chine. Un conflit qui ne l'empêche cependant pas d'avoir des convergences avec Pékin sur des perspectives globales, notamment celle de dépasser l'unilatéralisme américain.
Les États-Unis et le jeu à somme nulle
L'article d'Eduardo Porter publié dans le Washington Post, qui explique dès le titre que « la pensée à somme nulle détruit l'Amérique », est d'un grand intérêt et constitue un corollaire intéressant à l'analyse de M. Snider ; le sous-titre est explicite : « Nous devons résister à la tentation de penser que le succès des autres se fait à nos dépens ».
Cette pensée, qu'il attribue à l'ensemble de la sphère politique américaine, de Trump aux démocrates, empêche l'Amérique d'entretenir des relations fructueuses avec le reste du monde, générant des postulats, et des pratiques conséquentes, aussi insensés que celui selon lequel « la montée en puissance de la Chine équivaut au déclin des États-Unis ».
Incapable de penser à des relations gagnant-gagnant, dans lesquelles tout le monde est gagnant, la vision américaine se réduit à un « nous » contre « eux », avec toutes les conséquences qui en découlent, y compris les conséquences violentes. Une vision qui, comme le montrent les études citées dans l'article, se fait aussi au détriment de l'engagement et de la capacité d'innovation, comme le démontrent d'ailleurs par leur dynamisme les Brics, où prévaut la relation gagnant-gagnant.
L'article de Porter est inhabituel dans le paysage intellectuel américain et met en lumière, comme celui de Snider, la dérive de l'empire américain. En effet, cette « idéologie à somme nulle entraîne la politique américaine dans une direction étrange et sombre qui dément son histoire de démocratie libérale de marché prospère ». Et, bien sûr, elle les empêche de comprendre et d'embrasser la nouvelle réalité multipolaire.
11:23 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, brics, inde, états-unis, unipolarité, multipolarité | | del.icio.us | | Digg | Facebook