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mardi, 11 février 2025

Trump et Jurassic Park

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Trump et Jurassic Park

Par Marco Travaglio

Source : Il Fatto Quotidiano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/trump-e-jurassic-...

En deux semaines, Trump a réussi à faire détester l'Amérique par le monde entier à coups de déclarations fracassantes, de menaces, d’ultimatums et de droits de douane. Un chaos planétaire, un gigantesque nuage de fumée qui a enveloppé la Terre : ce n’est que lorsqu’il se dissipera que nous comprendrons s’il y a une quelconque logique dans cette folie. Un seul fait semble évident : l’approche commerciale, voire immobilière (cf. Gazaland), des crises internationales est une nouveauté absolue qui balaie celle, idéologico-moralisatrice, que les États-Unis avaient adoptée jusqu’ici, masquant leur impérialisme sous couvert de lutte contre les empires du mal, de guerre contre le terrorisme, d’exportation de la démocratie et autres appâts pour crédules. Mais tandis que Trump perd la tête – ou feint de la perdre (cela reste à voir) – en bouleversant le monde du jour au lendemain, ceux qui devraient réagir en sont encore à l’âge de pierre.

Il suffit de lire le dernier discours style Jurassic Park de Mattarella, qui compare la Russie au Troisième Reich, Poutine à Hitler, le Donbass à l’Europe envahie par les nazis, et donc les négociations Moscou-Kiev à la Conférence de Munich de 1938, qui mena à la Seconde Guerre mondiale. Il découvre soudainement l’urgence d’être des acteurs plutôt que des vassaux des États-Unis (ah bon? Il était temps!) et de se tourner vers l’ONU et ses dérivés. Mais il oublie qu’en 1999, un gouvernement dont un certain Mattarella était vice-président s’était moqué de l’ONU et avait participé aux bombardements de l’OTAN sur Belgrade, première violation de la légalité internationale qui conduisit ensuite à la reconnaissance du Kosovo pour démanteler la Serbie, en contradiction avec une résolution de l’ONU – un précédent dont Poutine s’est ensuite servi pour faire de même en Crimée et dans le Donbass.

Voilà à quoi se résument aujourd’hui les classes dirigeantes européennes: discréditer les négociations naissantes entre la Russie et l’Ukraine et en attribuer tout le mérite à Trump, Orbán & Co. Pendant ce temps, elles continuent d’obéir aveuglément à Trump sur les sujets où nous devrions justement nous rebeller: la course aux armements et les sanctions qui nous forcent à acheter encore plus d’armes et de gaz aux États-Unis. Alors que Meloni s’efforce d’atteindre les 2% de dépenses militaires, les euro-déments pensent déjà à passer à 3 ou 4% pour complaire à The Donald, qui nous en demande 5% (tandis que les États-Unis en sont à 3,4%). Et il ne se trouve personne – pas même Schlein, pourtant adepte des « vrais sujets concrets » – pour remettre en question cette folie belliciste et antisociale qui gonfle les voiles des néonazis partout en Europe.

La Russie, contrairement à nous, est en guerre, et pourtant elle consacre 400 milliards de dollars par an à la défense – soit un tiers de moins que l’UE, qui, avec 1,9% de son PIB, en dépense 530. Pourquoi devrions-nous encore nous saigner à blanc, si ce n’est pour enrichir les industriels de l’armement américains? Et qu’attend l’UE pour lever les restrictions sur le gaz russe et intensifier ses relations commerciales avec la Chine afin de contrer les droits de douane? Trump, comme ses prédécesseurs, défend les intérêts des Américains. Ici, nous attendons toujours quelqu’un qui défende enfin les intérêts des Européens.

samedi, 08 février 2025

Allemagne: le BSW envisage de changer de nom: bientôt «Alliance pour la Sécurité et la Prospérité»?

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Allemagne: le BSW envisage de changer de nom : bientôt «Alliance pour la Sécurité et la Prospérité»?

Berlin – L'Alliance Sahra Wagenknecht prévoit un changement de nom pour son parti. Le nom de la fondatrice ne devrait donc plus y figurer à l’avenir, mais l’abréviation reconnaissable « BSW », elle, sera conservée, a déclaré Wagenknecht au Spiegel. « Nous ne changerons certainement pas l’abréviation. Nous sommes heureux que les gens sachent désormais ce qu'est le BSW », a-t-elle affirmé.

Le nom « Alliance pour la Sécurité et la Prospérité » (Bündnis für Sicherheit und Wohlstand) serait en discussion comme nouveau nom du parti. Cependant, aucune décision définitive n’a encore été prise. La première année après la fondation du parti a été très chargée, et la question du nom définitif « a été mise de côté pour le moment ».

Le changement de nom est en discussion depuis un certain temps. Sahra Wagenknecht ne cache pas que son nom personnel avait initialement été choisi pour des raisons de reconnaissance. Désormais, elle déclare : « Ce n’est pas pour l’éternité. » Elle a également précisé au Spiegel qu’elle n’avait pas l’intention de se retirer.

Dans le dernier sondage de Deutschlandtrend, BSW se retrouve pour la première fois derrière le parti de gauche Die Linke. Par rapport au dernier sondage début janvier, le parti de Wagenknecht a perdu un point de pourcentage, tombant à 4 %, son score le plus bas jusqu’à présent dans le baromètre politique dominical d’ARD. Die Linke obtiendrait 5 %. (rk)

Source: Zu erst, Feb. 2025.

Quelle Europe face au défi américain?

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Quelle Europe face au défi américain?

Augusto Grandi

Bron: https://electomagazine.it/quale-europa-di-fronte-alla-sfi...

Il suffirait d’étudier les faits de ce monde. Il suffirait aussi d’apprendre de la dignité dont a fait preuve Claudia Sheinbaum, présidente du Mexique, face aux menaces et à l’arrogance de Trump. Et pourtant, l’Union européenne a présenté son image habituelle de faiblesse et de médiocrité. D’ailleurs, pouvait-on s’attendre à mieux d’Ursula von der Leyen et de sa bande ? Évidemment non.

Et pourtant, le défi lancé par Trump aurait pu et dû offrir l’opportunité de repenser le sens même de l’Union. Quelle Europe construire sur les ruines de la farce actuelle qui se joue à Bruxelles ? Quelle Europe alternative au projet de Musk ? Car les partisans européens de Musk sont les mêmes qui se prétendent "patriotes" ou "souverainistes" et qui, pourtant, décident de protéger avant tout les intérêts des multinationales américaines.

Or, une vision de l’Europe est indispensable pour survivre. Et l’idée de la socialiste italienne Elly Schein, qui consiste à effacer les racines et la culture européennes pour créer un Grand Indifférencié dénué de tout lien avec l’histoire de son propre territoire, en vue d’une société forgée pour des "citoyens du monde", n’est pas une vision d’Europe.

Ce n’est pas non plus une vision d’Europe que celle des "souverainistes" qui rêvent de parler anglais, d’être officiellement une colonie, de transformer l’Italie en un immense restaurant avec plage attenante, où accueillir les maîtres anglo-américains en remuant la queue dans l’attente d’un pourboire et d’une caresse.

Ce n’est pas une vision que celle des centristes qui rêvent de ramasser, sous la table, les miettes des affaires des milliardaires américains.

Ce n’est pas une vision que celle de ceux qui s’illusionnent en pensant pouvoir jouer un rôle en agissant seuls face aux États-Unis et à la Chine, ou même face à la Turquie et à l’Inde.

Mais le summum de la bêtise est sans doute atteint par ceux qui voudraient détruire l’État social et l’industrie européenne pour consacrer 5% du PIB à l’achat d’armes américaines dans l’espoir de s’attirer les faveurs de Trump.

Et il n’y a personne pour proposer une vision forte d’une Europe qui redécouvre ses racines, qui les transforme en idées pour un développement futur et qui retrouve un rôle d’intelligence et de beauté. Non, il vaut mieux se contenter de la rhétorique du Quirinal, de l’art de Fedez, et du niveau culturel des protagonistes de la série télévisée Grande Fratello.

vendredi, 07 février 2025

L’antiwokisme, cette savonnette à vilains

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L’antiwokisme, cette savonnette à vilains
 
Claude Bourrinet
 
L’argument roi, qui permet subito d’incorporer Trump et Musk dans le camp de la liberté – autant dire le nouveau camp du Bien -, malgré les initiatives brutales mises en œuvre par la nouvelle administration américaine, comme la déportation de migrants dans le camp de concentration de Guantánamo, la tentative de déménagement des habitants de Gaza, le tarissement des programmes d’aide sociale, etc., est leur lutte féroce contre le wokisme.
 
Ce mouvement, qui a tant agité le bocal médiatique et la cervelle des excités de l’imprécation semble maintenant devoir être abandonné dans une décharge publique. Il fut pourtant le suprême chiffon rouge, qui alimenta par exemple, il y a quelques années, d’interminables soirées zemmouriennes sur Cnews. J’avoue m’y être laissé prendre.
 
Toutefois, en se situant sur le terrain de l’antiwokisme, du combat contre le lobby LGBT, contre un antiracisme dévoyé, contre l’inquisition de la « diversité », tout en dénonçant le pouvoir du communautarisme (à l’exception d’un seul), sans trop s’en apercevoir, on se trouvait exactement dans cet espace d’ébullition qu’avait subtilement borné le « groupe de réflexion » Terra Nova : débattre avant toute chose de questions sociétales, tel était un projet, qui comportait l’inestimable vertu de faire oublier les luttes sociales. On ne parla donc plus de l’exploitation des ouvriers, des employés, de la misère des gens, bien que des éruptions quasi insurrectionnelles vinssent, par moment, rappeler la réalité.
 
Dans le même temps, la droite dure se refaisait une beauté. Elle n’était pas très bien perçue par l’opinion, depuis 1945. Voilà que, soudain, grâce au remue-ménage américain, auquel on tend de plus en plus à participer, comme si nous étions nous-mêmes des Yankees, la vieille droite sécu-libérale, peu avare de poncifs simplets, se redonne un air de jeunesse. S’élever contre le « totalitarisme », quelle aubaine !
 
L’antiwokisme est comme la paulette, cette "savonnette à vilains" du temps de Henri IV. Je rappelle ce qu’elle était : une taxe facultative qui permettait aux officiers (ceux qui occupaient des postes de responsabilité dans l’État – administration, justice, etc.) qui la payaient de transmettre automatiquement leur office. C’était donc une taxe, un impôt, qui donnait un droit, lequel ouvrait la porte à la noblesse de robe. C’est ainsi que les plus farouches antiwokistes deviennent tout à coup des champions de la liberté.
 
En vérité, la caste transnationale n’est pas homogène. Plusieurs stratégies sont opérées en son sein. Comme je l’ai dit, le bénéfice du wokisme fut d’oblitérer la lutte de classes. Opération réussie ! Que ce mouvement corresponde à une réalité, c’est une autre histoire. Mais il est et restera minoritaire, encouragé certes par une société de consommation toxique, et faisant son nid dans des classes moyennes pléthoriques et hors sol. Mais les classes supérieures, dans leur cynisme, n’ont eu garde de tomber dans ce délire, et une fois l’opération terminée, on passe à un autre stade, celui du trumpisme, du libertarianisme, du sécu-libéralisme extrême, du transhumanisme.
 

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Pour autant, le wokisme n'est pas incompatible avec le transhumanisme. Les deux approches post-anthropologiques font tout autant violence à la nature.
 
Comme l’a fait remarquer Emmanuel Todd, le seul intellectuel à penser sainement, ces derniers temps, le règne nihiliste de la caste supérieure de l’Occident collectif est encouragé par l’effondrement de l’éthique religieuse, l’adhésion à un courant spirituel ayant atteint le degré zéro, y compris dans l’Amérique jadis réputée puritaine. Il est prévisible qu’on aura la même évolution dans le reste du monde, dans le siècle qui vient.
 
L’enjeu est donc l’accession au pouvoir d’une classe dominante, dont le transhumanisme, avec tout ce que cela comporte de férocité, y compris l’esclavage ou l’élimination de larges pans de la population mondiale. Ce programme n’est pas dénué de charge utopique. La conquête de Mars en est une, l’Intelligence artificielle et la robotisation universelle une autre (sans omettre la dimension capitalistique, que rappellent souvent comme un mantra nos libéraux, qui se sentent pousser des ailes). Là se trouve le cœur du combat. Reste à savoir ce qu’on oppose à la barbarie.
 
 
 

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Effacer la Palestine

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Effacer la Palestine

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/cancellare-la-palestina/

Le projet de Trump pour la Palestine relève de l'évidence. Et il est déclaré. C'est un projet simple, du moins en paroles. Il consiste à effacer la Palestine. Et ainsi à éliminer définitivement l'une des principales causes de conflits au Moyen-Orient, peut-être même la première.

Absurde? Pas tant que ça. Certes, à première vue, cela peut sembler insensé, mais… il y a une méthode derrière cette folie apparente.

Si l'on jette un bref regard sur le passé, on remarque en effet que la Palestine, en tant qu'entité politique, est une invention relativement récente.

Elle remonte, en fin de compte, à l'époque où Arafat, le leader historique de l'OLP, l’a proclamée indépendante. C'était en 1980. Au maximum, on peut remonter de quelques décennies. Pas de beaucoup plus. Car les populations arabes de ces territoires ont commencé à se percevoir comme quelque chose de différent des Jordaniens et des autres Arabes parce qu'elles étaient occupées par Israël. Et fondamentalement abandonnées par le reste du monde arabe.

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Le reste, c'est de l’histoire récente. C'était le rêve d'Arafat et de ses alliés. La naissance, controversée et incertaine, d'une Autorité palestinienne qui voulait être l'embryon d'un État, sans avoir la possibilité d'y parvenir.

Il y a d'abord l'absurdité de cet embryon d'État divisé en deux territoires séparés: la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Ensuite l'incapacité, pour une Autorité de plus en plus faible et divisée après la mort d'Arafat, d’exercer un contrôle effectif sur les territoires qui lui ont été attribués.

La politique d'Israël et, surtout, de Netanyahu, a toujours été clairement opposée à la création d'un État palestinien, et visait plutôt à soutenir l'expansion des colonies et des résidences fortifiées.

Il faut aussi ajouter le désintérêt fondamental, voire l'hostilité, du monde arabe pour les Palestiniens. Ce monde arabe, en paroles, a toujours soutenu la cause palestinienne. Mais seulement en paroles, car les choix politiques et les décisions ont presque toujours pris une direction opposée.

Et, enfin, il y a eu la prise de pouvoir à Gaza par le Hamas.

Qui a définitivement brisé en deux le vague embryon d’un État palestinien. Et qui, par ailleurs, a imposé une réalité contrôlée par un groupe puissant dont l'idéologie est jihadiste. Qui s’est imposé par la force sur la réalité sociale et religieuse des Palestiniens.

Une réalité complexe, étant donné que près de 30% d’entre eux sont chrétiens. Et même la majorité musulmane est loin d’être unie. Elle n’est surtout pas intégralement affiliée à un groupe fondamentaliste.

Il convient par ailleurs de rappeler que l’ancienne résistance palestinienne était de nature nationaliste, dépourvue de caractère religieux et fondamentalement laïque. Tout comme ce qu’il reste aujourd’hui de l’OLP.

Le Hamas, en revanche, suit une idéologie jihadiste marquée. Certes, distincte d'al-Qaïda et surtout de l’État islamique, car pour l’instant, il se concentre sur le contrôle du territoire de Gaza. Et, peut-être surtout, parce qu’il avait un besoin urgent du soutien iranien. Celui d’un pays chiite. Qui, selon les critères du Hamas, devrait être combattu en tant qu’hérétique.

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La réalité mène souvent à des alliances étranges. Cependant, on ne peut pas oublier la matrice idéologique du Hamas. Qui n’est pas liée au nationalisme palestinien du départ. Mais plutôt tournée, en perspective, vers une réalité panarabe.

C’est dans ce fait-là que s'ancre le raisonnement sous-jacent aux décisions de Trump.

La Palestine, en tant qu’État, prétend-il, est une invention, ou plutôt un rêve, qui est finalement très récent.

Elle peut donc être éliminée. En la ramenant, plus ou moins, à ce qu’elle était il n’y a pas si longtemps. Une simple expression géographique.

Un délire ? Il serait prudent d’éviter de le qualifier ainsi trop rapidement.

Trump fait pression sur l’Égypte et sur la Jordanie, qui, elle, est plus conciliante, pour qu’ils assument la charge des Palestiniens expulsés de Gaza. Et pour qu’Amman reprenne le contrôle d’une partie de la Cisjordanie.

L’Égypte recevrait une aide économique substantielle pour assurer le transfert des Palestiniens de Gaza vers le Sinaï.

Un coût élevé, certes, mais toujours inférieur à celui d’une guerre longue et épuisante.

Gaza compléterait ainsi le rêve du Grand Israël.

Et les Palestiniens, tout simplement, n’existeraient plus.

Bien sûr, ce n’est pour l’instant qu’un projet. Dont la mise en œuvre rencontre de nombreux obstacles. Et en rencontrera probablement encore davantage à l’avenir.

Cependant, c’est un projet concret. À considérer sans trop d’étonnement. Et surtout, sans ironie stupide.

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jeudi, 06 février 2025

L’État profond exposé: les archives secrètes de l’USAID

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L’État profond exposé: les archives secrètes de l’USAID

Une guerre civile silencieuse se déroule – La bataille aux États-Unis ne se fait pas avec des armes, mais à travers des luttes de pouvoir, avec l’USAID au centre du contrôle mondial.

Alexander Douguine

Ce qui se passe actuellement aux États-Unis est une véritable guerre civile. Personne ne tire le moindre coup de fusil, mais la guerre est là. L’assaut donné hier par l’escouade DOGE de Musk contre le siège de l’USAID est un raid historique contre un ennemi extrêmement puissant et signifie sa prise de contrôle. C’est incroyable.

Mais ce n’est pas seulement une guerre civile américaine. C’est une guerre civile mondiale, car l’USAID est le centre du pouvoir mondial avec des ramifications dans tous les pays du monde. Les démocrates qui descendent dans la rue pour défendre l’USAID ne sont qu’une branche du réseau des révolutions colorées (voir photo).

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Détruire l’USAID, c’est détruire le globalisme. L’enjeu est bien plus grand que l'existence même de cette "institution".

Les archives de l’USAID contiennent la clé des dernières décennies de l’histoire mondiale – les noms de ceux qui ont collaboré en tant qu’agents mondialistes, sapant leurs propres États et trahissant leur propre peuple. Les trumpistes se sont emparés d’une arme redoutable. Ils peuvent voir la réalité qui règne dans n’importe quel pays.

Les agents de l’USAID sont quelque chose de plus et de différent que de simples espions américains. Ils obéissent à un centre de décision extranational. Ce sont des agents à l’intérieur de la CIA, et pas seulement des agents de la CIA.

Nous observons maintenant comment cela fonctionne. De simples espions américains dans différents pays ajustent leur travail en fonction des ordres et des priorités de la nouvelle administration. Il en va de même pour les agents d’influence américains. Mais pas pour l’USAID, Soros et Rockefeller. Eux servent Obama et Biden.

Comme si de rien n’était.

Les États-Unis ne sont plus identiques à l’hyperpuissance mondialiste ni au lieu où se situe le gouvernement mondial. Les États-Unis s’en affranchissent et s’ouvrent à de nouveaux horizons. Un ordre mondial multipolaire émerge. Avec de nouvelles philosophies et de nouvelles stratégies. Malheur à ceux qui tentent de l’entraver.

Le fait est que l’USAID a joué un rôle essentiel dans le vol des élections de 2020 et dans la persécution de Trump et de ses partisans. Une preuve en est le groupe Bellingcat, financé par l’USAID, engagé pour enquêter sur les événements du 6 janvier au Capitole et produire de fausses accusations contre les trumpistes.

Ces mêmes membres de Bellingcat étaient impliqués dans l’opposition russe et dans le financement et la promotion de groupes nazistes ukrainiens. Ils ont contraint Navalny à retourner en Russie en lui promettant un soutien qu’il n’a jamais reçu. Ils prétendaient lutter contre le « fascisme » – le russe et l'américain.

Mais en réalité, ils défendaient le nazisme ukrainien. Les archives de l’USAID peuvent révéler toute l’histoire. Et il y a des milliers d’histoires du même genre. C’est pourquoi un audit objectif est nécessaire. Et le jugement des coupables. Qui devra être sévère.

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USAID, America First et la diplomatie du Big Stick de Trump

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USAID, America First et la diplomatie du Big Stick de Trump

Brecht Jonkers

Source: https://brechtjonkers.substack.com/p/usaid-america-first-...

Les coupes budgétaires et la répression déclenchée contre l’USAID par le gouvernement Trump ont du sens dans une perspective « America First » et sont globalement une bonne chose pour la plupart des pays du monde. Cependant, ce n’est pas aussi radical et révolutionnaire que certains voudraient nous le faire croire.

L’USAID est un élément clé du complexe industriel des ONG servant à l’infiltration impérialiste, utilisé depuis des décennies par le Département d’État et la CIA pour déstabiliser, renverser et asservir des pays souverains à travers le monde.

De sa collusion avec les sionistes en Asie occidentale à son influence sur les élections en Amérique latine, en passant par son implication directe dans la stérilisation forcée des populations autochtones au Pérou dans les années 1980 – une véritable campagne de nettoyage ethnique –, l’USAID fait partie du complot impérialiste visant à maintenir le tiers-monde sous contrôle, anesthésié et dépendant de la « bienveillance » du cœur impérial.

Le démantèlement de cette abomination est, en grande partie, une bonne chose. Cependant, il s’avère que l’USAID ne sera pas totalement supprimée, mais plutôt réduite, réorientée et profondément remaniée.

Trump a fixé un objectif clair: faire en sorte que l’Empire américain se recentre sur lui-même, plutôt que de risquer un surmenage impérial total, comme le prônent les néoconservateurs et les libéraux démocrates. C’est un principe de « surveillons notre arrière-cour », bénéfique pour la majeure partie du monde. Pour l’ensemble de l’Eurasie et de l’Afrique, un repli isolationniste des États-Unis est une véritable bénédiction.

Cependant, il est important de noter que « l’arrière-cour » dont parlent Trump et son équipe correspond à tout le continent américain. Comme à l’époque où la doctrine Monroe fut initialement formulée en 1823, cette vision est imprégnée de l’illusion du « Destin manifeste », selon laquelle l’ensemble du continent, de l’Alaska à la Patagonie, appartiendrait en fin de compte à la suzeraineté de Washington.

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Ceci, combiné au fait que Trump comprend la nécessité de choisir des combats qu’il peut réellement gagner, mène à une stratégie typique d’un « empire mourant », qui se débat contre les pays voisins jugés « hostiles ». Qu’il s’agisse de menacer le Mexique de sanctions, de provoquer un conflit avec le Danemark au sujet du Groenland, ou même d’évoquer l’annexion complète du Canada et l’invasion de Panama pour le contrôle du canal, nous assistons à une diplomatie du « big stick » dans la lignée de Theodore Roosevelt.

Pour la majeure partie du monde, cette tendance isolationniste sera un soulagement. Mais pour les nations souveraines d’Amérique latine, en particulier Cuba et le Venezuela (ce dernier étant directement menacé par le Département d’État dirigé par le gusano Marco Rubio), cette période s’annonce particulièrement dangereuse.

Déclaration de la Coordination « Stop à la Troisième Guerre mondiale (STOPWW3) » après la victoire de Trump

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Déclaration de la Coordination « Stop à la Troisième Guerre mondiale (STOPWW3) » après la victoire de Trump

par Dirk W.

L'impérialisme américain était et reste l'ennemi principal

Source: https://zannekinbond.org/verklaring-van-de-coordinatie-stop-de-derde-wereldoorlog-stopwoiii-na-de-overwinning-van-trump/

À la veille de l'inauguration de Trump, nous publions la déclaration de la Coordination « Stop à la Troisième Guerre mondiale » (STOPWW3), dont le Zannekinbond (Flandre) est membre. La déclaration a été rédigée immédiatement après la victoire électorale de Donald Trump le 5 novembre. Après un débat intensif, elle a finalement été approuvée le 29 décembre. Trump prendra ses fonctions de président le 20 janvier. Les déclarations qu'il a faites après sa victoire électorale semblent confirmer notre analyse.

1.

Le monde est entré dans une période d'instabilité et de grands bouleversements. La force motrice de la mondialisation dirigée par les États-Unis est arrivée à son terme. À travers les mesures libérales et par l'arrogance de l'impérialisme, la mondialisation a renforcé les inégalités sociales internes dans tous les pays, creusé les déséquilibres économiques et géopolitiques, et intensifié le pillage des pays pauvres. Les décennies à venir façonneront l'ordre mondial : allons-nous vers une nouvelle mondialisation, et de quelle nature sera-t-elle ? Sera-t-elle polycentrique, ou une autre puissance prendra-t-elle la place des États-Unis ? Ou bien les États-nations reprendront-ils le contrôle en optant pour la voie du protectionnisme et de l'autosuffisance économique ? Lorsque l'ordre mondial et une nouvelle hiérarchie des puissances sont en jeu, la guerre devient inévitable. Si les peuples et les classes opprimés restent à genoux, si la résistance anti-impérialiste ne remporte pas de victoires sur le terrain, alors l'avenir du monde sera décidé dans ce que nous appelons la Troisième Guerre mondiale.

2.

La vengeance destructrice de Donald Trump ne peut être expliquée que dans ce contexte et comme le résultat du conflit interne qui déchire à la fois la société américaine et ses élites oligarchiques. La faction trumpiste se présente comme un mouvement revanchard, malgré l'hétérogénéité de sa base sociale. Sa mission principale est la défense de la suprématie mondiale des États-Unis (MAGA). Sur le plan idéologique, son fondement principal, en plus de traits racistes et misogynes, est un messianisme chrétien-sioniste. Selon cette vision, si la domination mondiale des États-Unis venait à échouer, ce serait la fin du monde. En réalité, la perte par les États-Unis de leur position dominante et parasitaire les plongerait, sinon dans une guerre civile, du moins dans une crise existentielle inévitable.

3.

L'idée d'un accord avec la Russie de Poutine ne doit pas induire en erreur. Il ne s'agit pas d'un nouvel et impossible Yalta que la faction trumpiste imaginerait. La neutralisation du conflit avec la Russie, que l'administration Biden a porté à son paroxysme, est une stratégie dangereuse visant à apprivoiser Moscou et à le détacher de Pékin, afin de concentrer ensuite toutes les forces sur l'affrontement avec la Chine, le seul rival capable de concurrencer les États-Unis pour la domination mondiale. Il n'y a donc pas de place pour les illusions: avec Trump, la paix n'est pas à l'horizon, mais la guerre, simplement menée et manœuvrée autrement. Les Palestiniens, ainsi que les différentes nations anti-impérialistes, le savent mieux que quiconque.

4.

Nous ne pouvons donc pas nous réjouir de la victoire de Trump, mais nous ne pleurons certainement pas la défaite politique de la faction démocrate de l'élite américaine. Nous nous réjouissons plutôt pour une raison fondamentale: lorsque la division et la réticence règnent dans le camp de l'ennemi, c'est une bonne nouvelle pour le camp des amis, pour le camp des nations opprimées et en révolte. C'est également une bonne chose pour les pays qui font partie de la coalition BRICS, encore fragmentée, car toute paralysie, même momentanée, de la machine impérialiste américaine facilite leur lutte pour mettre fin à l'écrasante domination du dollar et jeter les bases d'un ordre multilatéral. Il est bien connu que Trump considère à juste titre le phénomène BRICS comme un danger majeur pour l'hégémonie américaine, et il ne fait aucun doute qu'il fera tout son possible pour y semer la discorde et le diviser avant d’attaquer la Chine. Enfin, il existe une dernière raison pour laquelle la victoire de Trump était le moindre mal: elle a semé le chaos en Europe et accentué le mouvement en faveur de la dissolution de l'Union européenne, un effondrement qui porterait un coup fatal à l’« eurocratie » et au pouvoir de l’empire américain, tout en insufflant un nouvel élan vital aux forces révolutionnaires européennes.

5.

Stop à la Troisième Guerre mondiale – Initiative internationale pour la paix réaffirme son appel à soutenir ceux qui luttent contre l'impérialisme, le colonialisme et le sionisme. Nous devons redoubler d'efforts pour parvenir à la paix avec la Russie et la Chine, d'autant plus que le risque d'une catastrophe nucléaire augmente avec l'escalade de la situation en Occident. Notre engagement pour la paix et la justice n'est ni criminel, ni une trahison. Seul un mouvement de masse uni peut combattre l'oppression intérieure et les guerres à l'étranger. Nous appelons toutes les forces à nous rejoindre dans cette tâche.

Stop à la Troisième Guerre mondiale – Initiative internationale pour la paix

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mercredi, 05 février 2025

Les apories de la droite internationale, nouvelle mouture

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Les apories de la droite internationale, nouvelle mouture

par Roberto Pecchioli

Source : EreticaMente & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/le-aporie-della-n...

La vérité est la vérité, proclame le roi Agamemnon ou son porcher, écrivait Antonio Machado. C'est pourquoi nous avons lu avec beaucoup d'attention le discours courageux prononcé à Davos, la "montagne magique" des mondialistes, par Javier Milei, le président ultra-libéral de l'Argentine. Un discours dans lequel nous avons entendu de nombreuses vérités, criées sur un ton de défi face aux oligarques compacts de l'Occident réunis au Forum économique mondial. Avec les prises de position de Trump contre la cancel culture, l'avortement et les zélateurs LGBT, elles sont la preuve que l'air est en train de changer. Alors, lâchons les grelots, pouvons-nous mener pour de bon la bataille culturelle pour libérer notre bout de monde des hubbies du nouveau millénaire ?

Pas vraiment. Et pas seulement à cause du profil transhumaniste effrayant d'Elon Musk. Le fait est qu'on ne peut pas résoudre un problème - la dégradation culturelle, civile et morale produite par le système dominant depuis plus d'un demi-siècle - avec la même mentalité que celle qui l'a généré. C'était la conviction d'Albert Einstein, pas celle d'un réactionnaire endurci. La droite de style nouveau s'attaque aux résultats d'une civilisation devenue folle sans remonter aux causes et sans proposer de sortir de ses dogmes. Les délires woke, la culture de l'effacement, les délires LGBT et gender, la Théorie critique sont les fruits empoisonnés du libéralisme hybridé avec les apports post-marxistes de l'École de Francfort, de la French theory - Foucault, Derrida -, du féminisme radical et des gender studies nées dans les années 1980. Autant de phénomènes nés ou diffusés dans les universités privées américaines. Certains parlent de marxisme culturel. Nous ne sommes pas d'accord, car cette matrice a été remplacée par la forme individualiste libertaire occidentale qui a abandonné la question sociale, la défense des pauvres, l'aspiration à un ordre socio-économique qui ne soit pas dominé par la privatisation totale.

Certaines droites de style nouveau expriment la re-proposition d'un libéralisme extrémiste, ennemi de la justice sociale, rétif à la dimension publique, farouchement individualiste, obstinément convaincu que l'origine de tous les maux est le socialisme, c'est-à-dire le frère du libéralisme né des excès du capitalisme qu'ils vantent et de ses énormes injustices. Milei en particulier, avec sa tronçonneuse qui découpe tout et le cri final de ses discours - viva la libertà, ca**0 - représente la face égale et opposée de la devise individualiste et égoïste du progressisme occidental abandonné par les classes populaires.

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Milei lui-même a pu s'exprimer à Davos, signe qu'une guerre interne au système est en cours, et que nous n'assistons pas à un abandon de ses dogmes et principes. Il a fièrement revendiqué son amitié avec l'Israélien Netanyahu, acceptant ainsi, de facto, ses actions guerrières; il a qualifié Elon Musk de "type merveilleux", Giorgia Meloni de "dame féroce", lancé des attaques frénétiques contre un fantôme, le socialisme qui n'est plus là. Les mots sont des pierres, et Milei en a jeté beaucoup dans l'étang malodorant de Davos. On lui sait gré d'avoir appelé le monde à éliminer le virus de l'idéologie woke, la qualifiant de « cancer à éradiquer », accusant le Forum lui-même d'avoir été « l'idéologue de cette barbarie ». Certes, mais c'est là une partition qui ne conteste pas le libéralisme et le mercantilisme, deux causes des maux dénoncés, elle n'est en aucun cas le remède. Au nom de la « boîte à outils » libérale, libertaire et mondialiste, il est impossible de mener une guerre culturelle contre des principes que l'on est incapable de condamner au nom de critères civils éthiques, culturels, communautaires.

Margaret Thatcher prétendait ne pas connaître de société, mais seulement des individus. La conséquence constante d'une telle posture est la diffusion d'un libéralisme en économie combiné à une haine de l'État, d'un libertarisme et d'un libertinage dans la dimension des valeurs « sociétales », d'un rejet de toute dimension communautaire et spirituelle, d'une acceptation du mondialisme, d'une indifférence aux identités personnelles, nationales et religieuses, d'une économie comme seul horizon de l'existence, d'un marché comme divinité immanente. Droite de l'argent et gauche des valeurs unies par les mêmes intérêts. Si nous ne sortons pas de ce court-circuit, l'avènement d'une nouvelle classe politique internationale qui se bat sur des questions bioéthiques et métapolitiques concrètes ne restera qu'un noble et éphémère épisode.

Les contradictions sont gigantesques, même si le soulagement est grand de voir enfin affirmé un ensemble de vérités que l'Occident en phase terminale, enfermé dans son dogmatisme, avait renversé avec des résultats peu réjouissants. La politique des quotas woke, des quotas de genre, LGBT, ethniques, l'évangile vert du climat, la guerre des sexes, le féminisme radical, l'avortement comme droit universel, l'attirail suicidaire des critères DEI (diversité, équité, inclusion) et ESG (environnement, social et gouvernance) qui effacent la liberté, le mérite, le bon sens.

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C'est une excellente nouvelle que Trump entende les interdire, en soulignant que la diversité sexuelle ne transcende pas la dualité homme-femme, et démanteler la bureaucratie politique tape-à-l'œil qui les soutient. Tout en reconnaissant les mérites de ceux qui ont enfin entamé une guerre culturelle qui devra en finir avant tout avec le politiquement correct, le néo-langage et la censure, il faut relever un certain nombre de contradictions qui risquent de contrarier le changement.

Les critiques de la droite trumpiste et « élonienne » actuelle - c'est-à-dire au sens d'Elon Musk - sont nombreuses et inquiètent ceux qui se battent depuis des années dans la solitude sur les questions qui sont aujourd'hui triomphalement réactivées. La première est la contradiction transhumaniste: il est difficile de ne pas s'inquiéter du pouvoir que Musk et d'autres se sont arrogés. Pourra-t-on encore parler de transition numérique, de surveillance, du danger des puces sous-cutanées, de téléguidage des humains, de prévalence de l'artificiel sur le naturel, de la technologie sur la science et l'éthique, alors que non seulement l'oligarchie techno-financière s'est rangée du côté progressiste (Bill Gates, Silicon Valley, Black Rock, etc.) mais que toute la masse fintech appuie sur l'accélérateur du programme transhumaniste, fait d'Intelligence Artificielle générative, de robotique, d'hybridation de l'homme et de la machine ? Bien que presque inconnues en dehors des cercles anglophones, ces tendances ont une version « de droite » dans l'idéologie de l'accélérationnisme. Elles s'appuient sur un texte phare, intitulé Dark Enlightenment, de l'auteur britannique Nick Land, et sur des activistes brillants comme l'Américain Curtis Yarvin - également connu sous le nom de Mencius Moldbug - dont les positions sont imprégnées d'un matérialisme total qui fait froid dans le dos, d'une technocratie transhumaine et inhumaine. C'est la face cachée de la lune chez des personnalités influencées par George Bataille, Deleuze et Guattari.

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Nick Land et Curtis Yarvin.

La deuxième question critique concerne la géopolitique. Quel multipolarisme, quelle paix y aura-t-il, si Trump proclame vouloir annexer le Groenland (pour s'assurer le contrôle de la route commerciale émergente de l'Arctique, et des produits du sous-sol qui font le nerf de l'économie numérique, puis pour favoriser l'interception d'éventuelles attaques de missiles russes), reprendre le contrôle de la zone du canal de Panama contre le projet de canal interocéanique au Nicaragua ? Quel respect des peuples et des différences s'il revendique la « destinée manifeste » américaine, c'est-à-dire la politique de puissance, la « maison sur la colline » des Bons et des Justes ? Encore une fois, nous avons là le défi à toutes les limites, l'impératif faustien et prométhéen d'aller plus loin, toujours plus loin, dans une volonté de puissance comme fin en soi. L'hybris, l'orgueil démesuré de ceux qui ne s'arrêtent jamais - un péché mortel pour la civilisation grecque - qui est, en l'occurrence, revendiqué comme principe fondateur. Quelle est la différence avec le mondialisme progressiste? Dans son ouvrage Le principe responsabilité, Hans Jonas appelait, il y a déjà quarante ans, à une approche prudente des grandes questions scientifiques, environnementales et bioéthiques, capable d'évaluer les conséquences des actions humaines. Une éthique tournée vers l'avenir, au nom de l'humanité et des limites.

Et puis, il y a la superstition mercantile, la proclamation supplémentaire de la supériorité, voire de l'unicité, du modèle fondé sur la privatisation du monde. Un passage de Javier Milei à Davos est éclairant à ce sujet. « Il n'y a pas de défaillance du marché (...) puisque le marché est un mécanisme de coopération sociale dans lequel les droits de propriété sont échangés volontairement. La prétendue défaillance du marché est une contradiction en soi; la seule chose qui génère cette intervention [publique], ce sont de nouvelles distorsions dans le système des prix, qui à leur tour entravent le calcul économique, l'épargne et l'investissement et finissent donc par générer plus de pauvreté ou un enchevêtrement de réglementations, (...) qui tuent la croissance économique. Si vous pensez qu'il y a une défaillance du marché, allez vérifier si l'État n'est pas impliqué, et si vous le trouvez, ne refaites pas l'analyse car c'est là qu'est l'erreur ».

Macroscopique sont et la contradiction individualiste et l'indifférence éthico-spirituelle que la droite actuellement en vogue partage avec ses adversaires, simples concurrents sur le marché politique. Le ressentiment à l'égard de la dimension publique et la haine de l'État sont effrayants. L'illusion d'optique libérale confond l'État - l'institution qui garantit la loi, défend le peuple contre l'anarchie et les ennemis extérieurs - avec le collectivisme, qu'elle appelle hâtivement le socialisme. Ils jettent le bébé avec l'eau du bain. Milei, le plus sincère, fait un amalgame décourageant où les vérités courageuses sont disqualifiées par l'équation obsédante "État égale socialisme". « Le féminisme, l'égalité, l'idéologie du genre, le changement climatique, l'avortement et l'immigration sont tous des têtes du même monstre, dont le but est de justifier l'avancée de l'État. S'ils sont financés par le secteur privé, sont-ils acceptables?

L'idée de liberté est déclinée dans un sens exclusivement économique; qu'en est-il de la liberté de vivre à l'abri du besoin, de la pauvreté, de l'ignorance, autant de critères inconnus du mercantilisme ? Même l'aversion pour le programme woke n'est pas motivée par des critères moraux ou l'adhésion à des principes opposés, mais par l'obsession anti-étatique. « Le wokisme n'est ni plus ni moins qu'un plan systématique du parti de l'État pour justifier l'intervention de l'État et l'augmentation des dépenses publiques, ce qui signifie que notre première croisade, notre croisade la plus importante si nous voulons retrouver l'Occident du progrès, si nous voulons construire un nouvel âge d'or, doit être la réduction drastique de l'État. « Tous les psaumes se terminent par la gloire. Une fois de plus, vous vous attaquez aux conséquences et non aux causes. Bien sûr, le libéralisme est moralement indifférent. Identique à son adversaire, il adhère au mythe du progrès, mesuré non pas en faux droits, mais en Produit Intérieur Brut.

La conclusion est que la guerre culturelle est loin d'être gagnée. Honneur au courage de ceux qui ont eu la force de le proclamer, merci du fond du cœur aux premières mesures de Trump sur le droit à la vie, sur la lutte contre la censure, sur la lutte contre le gendérisme, sur la revendication des vérités naturelles niées suite à une folle ivresse. Nous soutiendrons tous ceux qui disent la vérité, qu'il s'agisse d'Agamemnon, du porcher ou de n'importe qui d'autre. Mais nous n'adhérerons jamais à une vision égoïste, matérialiste et autoritaire du monde et des relations sociales, civiles et économiques. Nous applaudirons encore moins la haine de l'État et de la justice sociale (pour Milei, aberrant), seuls boucliers de ceux qui n'ont rien ou presque, et nous n'applaudirons pas davantage la course faustienne entamée par les transhumanistes. Nous choisissons le moindre mal pour nous défendre, la bouée de sauvetage pour ne pas périr. Un taxi, peut-être le dernier de la nuit, en espérant que la course ne coûtera pas trop cher.

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mardi, 04 février 2025

Le Groenland, nouvelle frontière

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Le Groenland, nouvelle frontière

Alexandre Douguine

L'initiative de Trump concernant le Groenland n'est pas seulement géopolitique, mais constitue la base d'un ordre post-étatique conduit par la vision que nous suggère la droite technologique sur la souveraineté, la technologie et la gouvernance alternative.

Les projets de Trump concernant le Groenland, comme cela a été établi, reposent sur des bases très sérieuses. Ce que l'on appelle la Right Tech, c'est-à-dire les oligarques de la Silicon Valley et principalement Peter Thiel, ont décidé de créer un nouvel ordre post-étatique dans le Grand Nord, basé sur des valeurs de droite radicale, sur le bitcoin, sur la démocratie directe et sur des expériences futuristes quant à la nature du temps. Tout cela doit être pris très au sérieux.

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Au lieu de ricaner et de présenter des arguments d'arrière-garde, réfléchissons: ces mêmes trumpistes, avec le Groenland et la « République technologique », ont réussi à prendre le pouvoir aux États-Unis. Et maintenant, ils vont passer à autre chose. Mars, c'est ce que visait Elon Musk avec son geste étrange.

Il faut regarder vers l'avenir, ne pas creuser dans les impasses du passé. L'essentiel est qu'il n'y a plus de libéralisme dans le monde et qu'il n'y en aura jamais plus ; il n'y aura d'ailleurs plus de "Lumières" à proprement parler. Les "Lumières" ont été une diversion: nous avons abouti dans une impasse et nous devons en sortir rapidement.

Nous devons avoir un avenir de risque, c'est-à-dire libérer le monde intérieur, ce qui signifie réaffirmer la dignité et le pouvoir de l'âme immortelle.

Aux États-Unis, la guerre civile est terminée. La normalité a vaincu la dépravation. Dans l'Union européenne, la guerre civile est toujours en cours et la dépravation et le mensonge sont toujours au pouvoir. Combien de temps encore ?

Il y a un mystère du temps. La modernité se réfère au temps du Big Bang, qui s'écoule du passé vers l'avenir. C'est totalement faux. En réalité, le temps s'écoule du futur vers le passé. Il est attiré par le futur (causa finalis) et en est repoussé.

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Heidegger l'explique clairement dans la dernière partie de Sein und Zeit [« L'Être et le temps »].

Il y a trois extases du temps. La plus importante est la troisième, la projection du Dasein dans l'avenir. L'Être (Sein) y est le futur.

Le passé est l'abstraction approximative du futur, une projection a posteriori du futur. Il n'y a pas de réalité autonome dans le passé. Husserl appelait cela l'adumbration, l'ombre projetée du futur, le retour en arrière.

Je pense que Peter Thiel a besoin du Groenland pour établir son laboratoire de travail dans le temps. Nick Land a des idées très intéressantes sur la nature du temps. La Tech Right contient quelques intrigues métaphysiques.

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DARPA: le foyer du mal sous l'aile du Pentagone

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DARPA: le foyer du mal sous l'aile du Pentagone

Leonid Savin

L'agence DARPA, qui est le principal initiateur et développeur de diverses initiatives dans le domaine de la guerre, depuis les armes biologiques et les produits neuro-pharmaceutiques jusqu'aux systèmes cybernétiques autonomes, a récemment annoncé un grand nombre de projets de toutes sortes qui semblent assez futuristes. Cependant, il ne faut pas s'y tromper, un tel avenir sera plutôt sombre lorsqu'il sera réalisé. Car tout ce que les militaires et les scientifiques américains entreprennent a des objectifs douteux.

Fin 2024, DARPA a annoncé le lancement du programme Theory of Mind (Théorie de l'esprit, code DARPA-SN-25-14). Selon l'annonce officielle, l'agence est « intéressée par le développement de nouvelles capacités qui permettront aux décideurs en matière de sécurité nationale d'optimiser les stratégies de dissuasion ou d'incitation des adversaires ». L'agence est donc à la recherche de nouvelles solutions techniques dans ce domaine. Les actions sont déterminées par la connaissance de la situation, la perception des risques et des avantages et la stratégie globale. L'objectif du programme à venir sera de développer une théorie algorithmique de l'esprit pour modéliser la connaissance de la situation en laquelle vivent des adversaires et prédire leur comportement futur. Le programme visera à combiner les algorithmes avec l'expérience humaine pour explorer, dans un environnement de simulation, les lignes de conduite possibles dans les scénarios de sécurité nationale, avec une ampleur et une efficacité bien plus grandes que ce qui est actuellement possible. Les décideurs seraient ainsi mieux à même de créer des mécanismes d'incitation tout en évitant une escalade non souhaitée. Le programme chercherait non seulement à comprendre la stratégie actuelle d'un participant, mais aussi à trouver une version de la stratégie, laquelle sera alors décomposée en vecteurs de base appropriés, pour suivre les changements de stratégie dans le cadre d'hypothèses non stationnaires ».

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En résumé, il s'agit d'avancées de pointe en matière de théorie de l'esprit, de dissuasion et de coercition - les éléments coercitifs immédiats de la politique étrangère des États-Unis. La « théorie de l'esprit » vise à comprendre le comportement des adversaires et des neutres afin de dicter leurs conditions politiques en exerçant une pression sur les faiblesses et les vulnérabilités. À certains égards, ce projet ressemble également au concept de « guerre algorithmique » du Pentagone.

Un autre programme similaire, A3ML, est censé utiliser des algorithmes pour les transactions financières. Il est justifié par la nécessité de traquer les activités criminelles et le blanchiment d'argent, bien qu'il s'agisse en fait d'espionnage financier et industriel pur, puisqu'il peut être utilisé pour surveiller n'importe quelle transaction financière internationale.

Il est à noter que l'agence a récemment tenté de jouer la carte de la démocratie et a créé une ressource gratuite, DARPAConnect, afin d'inciter les nouveaux acteurs et les acteurs non traditionnels à travailler ensemble.

Sur le site web des appels d'offres du gouvernement américain, vous trouverez un appel d'offres de la DARPA visant à trouver des entrepreneurs pour le projet « Prevention of Emerging Pathogenic Threats » (prévention des menaces pathogènes émergentes), qui est lié à la recherche biologique.

Les projets en cours dans ce domaine attirent également l'attention. Par exemple, une « plateforme de vaccins auto-assemblés » a été annoncée dans le budget 2025. Jusqu'à présent, il n'y a rien de tel en médecine, car les vaccins sont « assemblés » pour une tâche spécifique. Mais il est tout à fait possible de concevoir de nouveaux virus et agents pathogènes à l'aide d'un tel outil. Un autre projet en cours est REDI-NET - Remote Intelligence Network on the emergence of diseases (réseau de renseignements à distance sur l'émergence de maladies), officiellement déclaré comme surveillance des maladies. Il existe également une « plate-forme de capteurs pour la surveillance des blessures de combat en cas de septicémie ». Il est clair que l'on pense ici à des mesures de défense biologique, d'où l'implication d'armes bactériologiques ou chimiques. Dans le domaine de la pharmacologie militaire, le projet RBC-Factory a été lancé, qui vise à modifier les globules rouges pour améliorer les capacités physiologiques des militaires.

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En janvier 2025, CarryGenes Bioengineering (la même société créée avec la participation directe de la DARPA en 2013) a publié une demande de brevet pour la technologie des chromosomes synthétiques dans le cadre d'un contrat précédemment exécuté pour la DARPA. Cette technologie est elle aussi directement liée à la guerre de modification génétique, car le brevet mentionne la possibilité de créer de « nouveaux produits » qui n'ont jamais existé dans la nature. On ne peut que deviner comment un monstre pourrait émerger de l'éprouvette de cette technologie.

La DARPA continue également de s'intéresser aux modèles hybrides. Parmi les demandes les plus récentes figure le projet HyBRIDS, qui associe des composants robotiques et biologiques et qui sera utilisé « dans divers contextes de sécurité nationale ». Un projet similaire, mais à un niveau plus miniaturisé, est le projet Microsystem Induced CAtalysis, qui consiste à combiner des molécules biologiques avec de l'électronique. Les molécules attachées aux micropuces devraient agir comme des catalyseurs et contrôler les processus nécessaires.

Le projet PODPower vise à développer des sources d'énergie biologique pour alimenter un système de capteurs et d'appareils placés dans les océans du monde entier. Pour ce faire, il est envisagé d'utiliser des bactéries qui transforment les substances de l'eau de mer en électricité. Si ce projet se concrétise, les États-Unis commenceront à installer un réseau de capteurs de ce type. Les prétextes plausibles ne manquent pas: surveillance des conditions environnementales et des éventuelles émissions de substances nocives, régime de température (dans le cadre du réchauffement climatique), étude de la migration des organismes, etc. Il ne serait pas surprenant que les premiers capteurs apparaissent à proximité d'importantes routes commerciales, de ports et d'autres infrastructures côtières de pays étrangers, principalement près des frontières de la Chine et de la Russie.

Dans le domaine des capteurs, il y a aussi le projet HORCREX, qui vise à améliorer le système de navigation. Il est prévu que le nouveau type de capteur utilise des peignes de fréquence mécaniques, ce qui garantira un fonctionnement stable en cas de surcharge.

Un projet intéressant fait appel à l'utilisation de plantes. Le programme eX Virentia vise à étudier les propriétés naturelles des plantes qui peuvent être utilisées comme capteurs. En d'autres termes, une mauvaise herbe ou une herbe discrète peut devenir au moins un élément d'observation passive de certains spectres (rayonnement radioactif et électromagnétique, teneur en impuretés dans l'air), et au plus - un élément d'un réseau mondial de suivi et de surveillance.

Cependant, tous les projets ne sont pas relativement nouveaux. L'initiative sur le génome des matériaux, qui existe depuis 2011, est un projet fédéral interagences visant à trouver, produire et introduire des matériaux avancés deux fois plus vite et à moindre coût que les méthodes traditionnelles. L'initiative fournit des politiques, des ressources et des infrastructures pour aider les agences américaines à mettre en œuvre des méthodes permettant d'accélérer le développement des matériaux.

Depuis le lancement de l'initiative MGI, le gouvernement fédéral investit dans l'infrastructure de recherche et de développement nécessaire pour accélérer la découverte, la conception, le développement et le déploiement de nouveaux matériaux avancés dans les industries américaines existantes et émergentes. Bien qu'il soit officiellement déclaré que les matériaux avancés sont essentiels pour la sécurité économique et le bien-être humain, en réalité, ils ne sont pas moins demandés par l'industrie militaire et, aux États-Unis, tous les développements prometteurs passent par le complexe militaro-industriel avant d'atteindre le marché général.

Si l'initiative est mise en œuvre au sein ou avec la participation du DARPA, il ne fait aucun doute que les résultats répondront d'abord aux besoins de la guerre.

Il est intéressant de noter que le MGI est censé « contribuer à la réalisation d'un avenir dans lequel des expériences basées sur l'intelligence artificielle autonome (IA/AE) peuvent accélérer le développement et le déploiement de nouveaux matériaux qui répondent aux exigences de l'industrie des semi-conducteurs, tout en prenant en compte les exigences de durabilité dès le départ ». Le 30 octobre 2024, le programme de recherche et développement CHIPS a annoncé une opportunité de financement pour le projet CHIPS AI/AE for the Rapid Industry Data-driven Creation of Sustainable Semiconductor Materials and Processes (CARISSMA).

Il peut également y avoir un lien avec un autre programme appelé INTACT, qui vise à créer un nouveau type de céramique plus résistante (10 fois plus résistante que les métaux) et capable de supporter des températures élevées. Il est évident qu'un tel matériau est nécessaire pour produire des armes supersoniques, que le Pentagone n'a pas encore été en mesure de développer, alors qu'il craint les armes similaires disponibles en Russie. Fait révélateur, parmi les exigences énoncées, le matériau doit avoir une propriété stable à 1200 degrés centigrades pendant 24 heures, ce qui suggère soit une marge de sécurité délibérée, soit un projet de munition de barrage ou de drone supersonique avec un long délai de mise en œuvre.

Dans le domaine des systèmes informatiques, The Right Space vise à faire de nouvelles découvertes sur les formules mathématiques. Seulement, cela doit être fait par un ordinateur utilisant l'intelligence artificielle et probablement sur un processeur quantique.

Même un bref aperçu des programmes nouveaux et déjà lancés est impressionnant. Même si tous ne seront pas réalisés intégralement et en temps voulu, même une fraction des projets réussis pourrait compromettre la sécurité et la stabilité internationales. Un système informatique « frénétique » ou un nouveau virus mutant.

Il suffit de rappeler qu'en 2018, la DARPA a lancé le projet PREventing EMerging Pathogenic Threats pour empêcher la transmission de virus dangereux de l'animal à l'homme. La recherche s'est concentrée sur les virus transmis des animaux à l'homme. Une attention particulière a été accordée aux chauves-souris, qui sont des réservoirs naturels de coronavirus (y compris le MERS-CoV), de filovirus (p. ex. Ebola) et de virus Zika, Lassa et de la grippe.

Les expériences ont été menées dans des laboratoires militaires américains dotés du niveau de défense biologique le plus élevé (BSL-3 et BSL-4). Deux ans plus tard, l'épidémie de CO VID-19 a commencé.

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lundi, 03 février 2025

Houthis et autres complexités

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Houthis et autres complexités

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/houthi-e-altre-carabattole/

Le signal vient des Houthis du Yémen. Ou plutôt de la décision de Trump, à peine installé, d’entamer la procédure pour les inscrire sur la liste des “organisations terroristes”. C’est-à-dire ces organisations que les États-Unis et leurs alliés entendent combattre et éradiquer sans aucune réserve. Sans égard pour quiconque et, surtout, sans respecter les accords internationaux qui régissent les conflits entre États.

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Et, en effet, les Houthis yéménites – ou plutôt Ansar Allah, Houthi étant le nom du clan qui les dirige – ne sont ni un État ni un gouvernement. Cependant, ils représentent la majorité de la population du nord du Yémen, de confession zaïdite, une branche, si l’on veut, de la grande famille chiite.

Je dis “si l’on veut”, car les zaïdites trouvent leur origine avec le cinquième imam, Zayd al-Abidin, arrière-petit-fils d'Ali, dont la vision religieuse était imprégnée de solides éléments sociaux. Par ailleurs, elle était très modérée sur le plan doctrinal.

Si bien que les zaïdites, depuis longtemps confinés au seul nord du Yémen, incarnent une version simplifiée du chiisme. Sous de nombreux aspects, ils sont proches de la majorité sunnite.

Néanmoins, ils ont longtemps subi des persécutions. Surtout depuis que les wahhabites ont pris le pouvoir en Arabie. Ces derniers sont, par ailleurs, dirigés par la dynastie royale des Banu Saud. Et ils ne sont ni modérés ni tolérants, malgré une certaine idée répandue chez nous. Preuve en est que dans leur Arabie saoudite, non seulement il n’y a pas d’églises, mais les autres branches de l’islam ne sont même pas tolérées. Pourtant, elles représentent la majorité de la population, notamment sur la côte orientale de l'Arabie Saoudite, et subissent depuis toujours des persécutions systématiques.

Les zaïdites yéménites, longtemps persécutés et plongés dans la plus grande misère, ont essayé pendant longtemps de résister pacifiquement. Mais face à la volonté saoudienne – et au gouvernement fantoche imposé au Yémen – de les exterminer, ils ont pris les armes sous la direction du clan al-Houthi.

Et ils se sont révélés très bien organisés et efficaces. Notamment grâce au soutien croissant de Téhéran. Si bien qu’aujourd’hui, ils peuvent compter sur une force de plus de 200.000 hommes, parfaitement armés et organisés. Ce qui, honnêtement, ne correspond pas vraiment à la définition d’un mouvement terroriste.

Aujourd’hui, la direction politique et stratégique des Houthis a identifié Israël comme le principal soutien de l’offensive saoudienne contre eux. Et, derrière Israël, qui en est l’avant-garde, les États-Unis et leurs alliés, notamment britanniques.

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D’où la menace systématique qui pèse sur les convois maritimes battant pavillon américain ou européen. Une menace qui a, en réalité, rendu le passage par Suez impraticable, obligeant les pétroliers et les cargos à emprunter la route bien plus coûteuse qui contourne l’Afrique.

D’où aussi les attaques contre les navires de guerre américains et européens qui exercent une pression sur le Yémen depuis le Golfe. Des attaques en apparence extrêmement efficaces, générant une insécurité et une instabilité notables. Même si, il faut le dire, les informations sur ce qui se passe autour du canal de Suez nous parviennent de manière fragmentaire et filtrée par notre système d’information, pourtant si “démocratique”.

En revanche, les attaques de missiles contre Israël se sont révélées moins efficaces et bien plus sporadiques. Les Houthis ne semblent pas équipés pour une guerre à si longue distance. Ce qui n’a toutefois pas empêché le gouvernement de Tel-Aviv de frapper avec une extrême dureté les bases houthis au Yémen.

Et maintenant, cette décision de Trump. Qui pourrait annoncer une nouvelle croisade, israélienne et saoudienne, contre les “rebelles” yéménites. Une étrange “croisade”, certes. Mais néanmoins destinée à anéantir complètement leur force militaire. En profitant aussi des graves difficultés dans lesquelles se trouve leur “ami” iranien.

L'UE envisage un retour au gaz russe comme gage de paix

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L'UE envisage un retour au gaz russe comme gage de paix

Source: https://report24.news/eu-erwaegt-rueckkehr-zu-russischem-...

Un débat controversé se profile au sein de la politique énergétique européenne concernant la possible reprise des importations de gaz russe. Selon des informations provenant de cercles européens, des discussions intenses ont lieu à huis clos à Bruxelles sur la réactivation des infrastructures de gazoducs dans le cadre d’un éventuel accord de paix pour l’Ukraine.

L'Allemagne et la Hongrie, soutenues par plusieurs autres États membres de l’UE, considèrent la reprise des relations gazières avec Moscou comme un moyen potentiel de réduire les coûts énergétiques élevés en Europe. Un haut fonctionnaire de l'UE, souhaitant rester anonyme, a confié au Financial Times: « La pression exercée par certains grands États membres en raison des prix de l’énergie est considérable, et cela pourrait être une solution pour les faire baisser. »

Nord Stream 2 sera-t-il réparé ?

Ce débat s’inscrit dans un contexte de flambée spectaculaire des prix de l’énergie en Europe, qui ont atteint trois à quatre fois le niveau des États-Unis. Avant la guerre, le gaz russe acheminé par gazoducs couvrait environ 40% des besoins de l’UE, l’Allemagne étant le principal importateur. Dans ce cadre, il est intéressant de noter que le Danemark a récemment autorisé Gazprom à effectuer des travaux de réparation sur Nord Stream 2, officiellement pour des raisons environnementales.

Des avis partagés parmi les pays de l'UE

La société slovaque EP Infrastructure, qui subit des pertes annuelles de transit de 500 millions d’euros en raison de l’arrêt des livraisons, y voit une opportunité économique. Son PDG, Gary Mazzotti, déclare : « Lorsque viendra le jour de la paix, des discussions majeures auront inévitablement lieu sur les volumes de gaz appropriés pour l’Europe et leur provenance. »

Cependant, cette initiative rencontre une opposition farouche, notamment de la part des États membres d’Europe de l’Est. « C’est de la folie », s’exclame un diplomate européen haut placé. Les détracteurs estiment que cela compromettrait des années d’efforts pour réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Les exportateurs américains de gaz naturel liquéfié (GNL) partagent également ces inquiétudes, craignant que leurs contrats d’approvisionnement à long terme avec les entreprises européennes deviennent non rentables face à un gaz russe acheminé par pipeline à moindre coût.

La Commission européenne prône l’abandon du gaz russe

Jusqu’à présent, la Commission européenne maintient officiellement son objectif d’éliminer totalement les combustibles fossiles russes d’ici 2027. Le commissaire à l’Énergie, Dan Jørgensen, prévoit de présenter en mars un plan détaillé pour atteindre cet objectif.

Ce débat illustre les tensions croissantes entre les intérêts économiques et les objectifs géopolitiques de la politique énergétique européenne. Tandis que certains perçoivent dans la reprise des relations gazières avec la Russie une voie vers la paix et une baisse des prix de l’énergie, d’autres mettent en garde contre une dépendance dangereuse vis-à-vis de Moscou.

Engrais: les prix explosent en raison des sanctions contre la Russie

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Engrais: les prix explosent en raison des sanctions contre la Russie

Source: https://report24.news/duenger-schock-preise-explodieren-d...

Les coûts élevés de l’énergie en Allemagne et les nouvelles sanctions contre la Russie pèsent lourdement sur le marché allemand des engrais. Les agriculteurs souffrent énormément de cette situation. À court ou à long terme, cela aura également un impact négatif sur la production agricole et la sécurité de l’approvisionnement.

Dans un marché européen des engrais déjà sous tension, un nouveau développement dramatique se profile, selon un rapport récent. Cette semaine, un important fabricant européen de nitrate d’ammonium a déclenché une nouvelle flambée des prix avec une augmentation de 30 euros par tonne, un signal qui risque d’ébranler l’ensemble du secteur.

La situation est complexe: en plus de l’augmentation des coûts de production, le nouveau paquet de sanctions contre la Russie jette une ombre menaçante. Une éventuelle restriction des importations d’engrais russes pourrait gravement affecter le marché européen. Ironiquement, ce sont précisément ces importations qui, l’année dernière, avaient permis d’atténuer la hausse des prix – au grand dam des producteurs européens, déjà écrasés par des coûts de production élevés.

La Chambre agricole de Rhénanie-du-Nord-Westphalie confirme la tendance: “Dans le secteur de l’azote, les prix des engrais augmentent continuellement.” Cette évolution se reflète aussi dans les chiffres des ports d’importation allemands: l'urée atteint 525 euros la tonne, soit une hausse de 75 euros par rapport à fin décembre. Le nitrate d’ammonium calcaire (KAS) atteint 370 euros la tonne, son plus haut niveau depuis un an.

Pour les agriculteurs allemands, cela signifie une détérioration supplémentaire de leur situation économique. Les prix des engrais liquides AHL (311 euros/tonne), du chlorure de potassium granulé (325 euros/tonne) et du phosphate diammonique (DAP), un engrais essentiel (672 euros/tonne), sont tous en forte hausse. Sans un approvisionnement suffisant en engrais, les rendements agricoles – et la qualité des aliments – risquent de se détériorer.

Les voisins français vivent déjà ce qui attend les agriculteurs allemands : sur les marchés français, les prix des engrais azotés augmentent sensiblement. Les négociants allemands, encore prudents pour le moment, devraient rapidement suivre cette tendance. Tous les indicateurs sont au rouge, et aucun signe d’apaisement n’est en vue.

Heures d'ensoleillement: le ciel de l’Europe va s’assombrir dans les décennies à venir

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Heures d'ensoleillement: le ciel de l’Europe va s’assombrir dans les décennies à venir

Source: https://report24.news/sonnenstunden-schock-europas-himmel...

Un groupe de chercheurs allemands a découvert que la couverture nuageuse en Europe ne dépend pas de la concentration de CO₂ dans l’air, mais plutôt de la température de surface de l’océan Atlantique Nord. Les données indiquent également que le Vieux Continent connaîtra nettement moins d’heures d’ensoleillement dans les années à venir, ce qui aura des répercussions sur la transition énergétique.

Une étude menée par des scientifiques allemands, publiée sous le titre “Heures d’ensoleillement en Europe centrale, relation avec l’oscillation multi-décennale de l’Atlantique et prévisions” dans la prestigieuse revue Nature, révèle une découverte surprenante: la durée d’ensoleillement en Europe ne suit pas les variations du CO₂, mais obéit au rythme de l’Atlantique.

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Graphique n°4 de l'étude.

L’équipe de chercheurs dirigée par Horst-Joachim Lüdecke a analysé les données d’ensoleillement de sept sites européens sur une période pouvant aller jusqu’à 145 ans – de Copenhague à Trente. Leur constat est à la fois simple et explosif: l’oscillation multi-décennale de l’Atlantique (AMO), une variation naturelle de la température de surface de l’Atlantique Nord, joue un rôle majeur dans la régulation des heures d’ensoleillement.

Les données sont claires: toutes les stations de mesure étudiées montrent une corrélation “exceptionnellement significative” entre l’AMO et la durée d’ensoleillement. Cette découverte permet, pour la première fois, d’établir des prévisions fiables – et celles-ci sont frappantes: d’ici 2050, la durée annuelle d’ensoleillement passera d’environ 1850 heures actuellement à environ 1600 heures.

Vidéo consacrée à la question de la durée d'ensoleillement.

Un aspect particulièrement intéressant est la disparité entre le nord et le sud de l’Europe dans cette évolution. Alors que Copenhague devrait subir une baisse de 16%, les régions méridionales comme Trieste et Vienne s’en sortiront mieux avec une réduction d’environ 9%.

“Ces résultats ont des implications majeures pour la transition énergétique”, explique Sebastian Lüning, co-auteur de l’étude. Celle-ci prévoit une diminution significative du rendement des panneaux photovoltaïques au cours des trois prochaines décennies, une évolution qui touchera particulièrement le nord de l’Allemagne.

La stabilité de l’AMO, qui peut être retracée sur au moins 8000 ans, confère à ces prévisions une crédibilité particulière. Néanmoins, les chercheurs mettent en garde contre des conclusions trop simplistes: la durée d’ensoleillement varie fortement d’une année à l’autre, même si la tendance à long terme est claire.

Cette étude scientifique remet en question non seulement les modèles climatiques conventionnels, mais devrait également inciter les décideurs à repenser leur politique énergétique. Les résultats soulignent une fois de plus la complexité du système climatique et l’importance de prendre en compte les facteurs climatiques naturels dans la planification de notre avenir.

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dimanche, 02 février 2025

La doctrine Monroe, vieille de 200 ans, a-t-elle été «trumpifiée»?

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La doctrine Monroe, vieille de 200 ans, a-t-elle été «trumpifiée»?

par Latif Balat

Source: https://telegra.ph/La-Dottrina-Monroe-di-200-anni-%C3%A8-...

Les idées les plus récentes et les plus déroutantes de l'« imprévisible » président Trump ont été ses déclarations sur le Groenland, le canal de Panama et le Canada. Elles sont interprétées comme une version renouvelée de l'expansion impérialiste américaine. Elles sont intervenues à un moment où l'empire américain est perçu comme étant en déclin.

Bien sûr, Donald Trump diffère de ses prédécesseurs dans le bureau ovale par ses caractéristiques sociales et ses traits de caractère. L'une des principales différences est qu'il n'est pas passé par le chemin traditionnel de la bureaucratie américaine, comme le fait d'avoir été membre du Congrès, sénateur ou d'avoir exercé d'autres fonctions au sein de l'État avant de devenir président. Cette divergence par rapport aux normes établies explique ses attitudes « anormales » qui défient souvent les traditions de l'État américain.

Des États-Unis mercantiles

En outre, le passé de Trump en tant qu'homme d'affaires milliardaire est également important. Ses racines dans la classe capitaliste commerciale façonnent ses méthodes et son approche du gouvernement. Ses déclarations économiques et politiques témoignent constamment d'une mentalité de commerçant, même dans les relations internationales.

Bien sûr, il est irréaliste de penser que gouverner une nation de 350 millions d'habitants, dotée de l'économie la plus importante et la plus influente du monde, peut dépendre uniquement de la personnalité et du style de gestion d'un seul individu. Dès le début, Trump a été soutenu par certaines factions du système capitaliste américain. L'ascension de Trump reflète également les traces du conflit de classe au sein des classes capitalistes américaines, parallèlement au déclin de l'économie américaine. Cela se voit très clairement dans le soutien que lui apportent des personnalités telles qu'Elon Musk.

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L'élection de Trump ne signifie pas que le réalignement entre les capitalistes est terminé ou qu'il est devenu évident. Il s'agit d'un processus en cours qui devrait s'intensifier au cours de la période à venir. Une étape notable dans cette direction est l'entrée de Liz Cheney, l'une des figures républicaines néoconservatrices les plus en vue, dans les rangs du Parti démocrate. Cheney sera suivie par d'autres.

Passons maintenant aux remarques apparemment étranges mais logiques du point de vue intra-américain de Trump sur le Groenland, le canal de Panama et le Canada :

Une présidence de style "négociation"

Tout d'abord, en tant qu'homme d'affaires, qui comprend la valeur de la négociation et des tactiques pour renforcer sa position de négociation, Trump a fait ces propositions particulières en articulant une stratégie bien calculée. Il sait qu'en présentant de telles idées, il pourra s'asseoir à la table des négociations au départ d'une position plus forte dans ses rapports avec le monde pendant sa présidence. Trump pense que projeter l'image d'un pays plus actif et plus influent, ne serait-ce que sur le plan rhétorique, donnera aux États-Unis un plus grand poids dans les négociations. Il est bien conscient que les frontières et les institutions définies par les accords internationaux et enregistrées par les Nations unies ne peuvent être modifiées par de simples revendications agressives. Trump veut dire à l'Europe et au monde: «Je suis toujours là, actif, et je ne me retire pas». Par exemple, il est impossible que le Canada devienne le 51ème État américain, mais ces déclarations pourraient faire pression sur le Canada pour qu'il accepte des droits de douane plus élevés sur ses marchandises.

Deuxièmement, la rhétorique de Trump s'aligne sur les principes de la doctrine Monroe, formulée par le président Monroe en 1823, qui souligne que l'ensemble du continent américain est exclusivement sous l'influence des États-Unis. Cette doctrine vise à dissuader l'Europe, la Chine et la Russie. Les territoires mentionnés par Trump - le Groenland, le Panama et le Canada - font tous partie du grand continent américain.

Le troisième point important est la tentative des États-Unis de restaurer leur position affaiblie en tant que puissance impérialiste vis-à-vis de la Chine et de la Russie, compte tenu de l'influence croissante de la Russie et de la Chine au Groenland et au Panama, avec des ressources précieuses et le rôle dans l'ouverture de l'Arctique au commerce.

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Blocage de la route de la soie arctique

Du point de vue des États-Unis, le Groenland a une valeur géopolitique incommensurable en raison de sa situation aux portes de l'océan Arctique. La région possède non seulement de vastes réserves inexploitées de pétrole et de gaz, mais elle offre également de nouvelles routes maritimes à mesure que la glace fond, ce qui pourrait remodeler la dynamique du commerce mondial. La plus importante est la route maritime du Nord, qui longe la côte russe et traverse le détroit de Béring. Cette route pourrait contourner les itinéraires traditionnels par les canaux de Panama et de Suez et réduire les temps de transit entre l'Asie et l'Europe jusqu'à 40%.

Entre-temps, la Chine a également établi une présence significative dans la région. Se déclarant « quasi-État arctique » en 2018, la Chine a investi dans son initiative de Route de la soie polaire et souhaite intégrer les routes maritimes de l'Arctique dans le cadre plus large de sa grande initiative dite de la Ceinture et de la Route.

Un signe de déclin ?

En bref, la rhétorique vide de Trump sur l'intervention militaire ne doit pas nous détourner de la réalité: l'Arctique est en train de devenir un point de rupture potentiel entre les États-Unis et l'axe Chine-Russie. Cette rhétorique est utile pour suggérer l'orientation possible de la politique étrangère de Trump. Les revendications de Trump sur le canal de Panama, le Canada et le Groenland suggèrent une tentative de remédier au déclin de la puissance mondiale de l'Amérique et à l'excès impérialiste insoutenable. Tout cela suggère un recalibrage des priorités américaines vers une stratégie "continentale" plus gérable, une nouvelle doctrine Monroe visant à rétablir une hégémonie totale sur les Amériques et l'Atlantique Nord en tant que "sphère d'influence naturelle".

Publié en partenariat dans United World International

samedi, 01 février 2025

La stratégie "futée" de l'Allemagne: acheter du gaz russe via la France en le payant plus cher

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La stratégie "futée" de l'Allemagne: acheter du gaz russe via la France en le payant plus cher

Andrea Muratore

Source: https://it.insideover.com/energia/lastuta-strategia-della...

Rien ne fonctionne dans la stratégie énergétique de l’Allemagne en pleine crise économique, politique et stratégique. Après avoir subi le double coup dur de la fin des achats de gaz russe par gazoduc et, en septembre 2022, du sabotage de Nord Stream dans la mer Baltique, il apparaît désormais que Berlin continue tout de même de recevoir l’or bleu de Moscou, mais sous une forme plus coûteuse et plus complexe. Plus précisément, depuis Dunkerque, dans le nord de la France. Près des plages où, en 1940, la Wehrmacht d’Adolf Hitler laissa échapper l’occasion d’asséner un coup fatal au corps expéditionnaire britannique fuyant la France alors occupée; une nouvelle humiliation, bien que plus subtile, est aujourd’hui infligée à Berlin par un pays considéré comme adversaire : la Russie.

Le court-circuit allemand

Le Financial Times a révélé que la compagnie énergétique nationale allemande Sefe a acheté 58 cargaisons de GNL russe en provenance du terminal de Yamal, en Sibérie, et arrivées à Dunkerque en 2024, contre seulement dix en 2023. Angelos Koutsis, responsable de la politique énergétique au sein de la boîte à penser belge Bond Beter Leefmilieu, a déclaré au FT que « l’Allemagne a interdit l’importation de GNL russe dans ses ports. Mais les importations officiellement en provenance de France et de Belgique sont en réalité en partie composées de gaz russe. »

Nous sommes certes loin de l’ancienne hégémonie russe dans le mix énergétique allemand, mais le FT estime que Berlin « reçoit encore entre 3% et 9,2% de son approvisionnement en gaz depuis la Russie via d’autres pays».

Le GNL russe ne disparaît pas de l’UE

En 2024, les importations de GNL russe en Europe ont atteint un niveau record, avec plus de 17 milliards de mètres cubes d’or bleu transportés par voie maritime. Un tiers de ces cargaisons ont été achetées via des contrats négociés au jour le jour au prix marginal (spot market), ce qui signifie que les navires sont « achetés » avec leur cargaison après leur mise en mer. En tirant parti d’économies d’échelle favorables, la Russie parvient ainsi à récupérer des parts de marché face aux États-Unis, au Qatar et à la Norvège dans la course au GNL européen, réintroduisant sur le marché une partie du gaz évincé par l’Union européenne.

À l’avenir, après avoir augmenté de 500% ses achats de GNL russe en 2024 et s’être imposé des coûts de transport plus élevés via la France, Berlin, dont l’industrie est en grande difficulté, pourrait devenir l’un des principaux contributeurs indirects au boom de la demande de gaz russe par voie maritime. Un phénomène qui s’est déjà manifesté dans les quinze premiers jours de 2025, période durant laquelle, selon Sky Insider, « l’Europe a acheté à la Russie plus de 837.000 tonnes de GNL, soit une augmentation de 10% par rapport à la même période en 2024 et de 23% par rapport à 2023 ».

Pour l’Allemagne, cette situation soulève une fois de plus des questions sur ses choix politiques, impliquant à la fois le gouvernement sortant d’Olaf Scholz et son successeur probable, le leader de la CDU, Friedrich Merz. Ce dernier mène une campagne électorale en attaquant agressivement Moscou, mais pourrait, en cas de victoire le 23 février, se retrouver à gérer un nouvel énième paradoxe berlinois, après ces trois longues années de turbulences.

Le monde selon Trump

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Le monde selon Trump

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-mondo-secondo-trump/

Trump, "The Donald", comme l’appellent ses partisans, n’est certainement pas un politicien taciturne. Surtout maintenant que, revenu triomphalement dans le Bureau ovale, il dévoile à tous comment il voit, et veut, le monde.

Même s’il serait plus juste de dire « comment il voudrait » le voir. Car même pour lui, entre dire et faire, il y a un monde.

Et ce monde est vaste, tumultueux, dangereux.

L'Amérique sous la bannière étoilée

Trump considère les Amériques, du cap Horn au détroit de Béring, comme un territoire devant être sous la coupe de la bannière étoilée. Le Canada devrait être directement intégré aux États-Unis en tant qu’État. Le Mexique, devenir et demeurer une simple extension. Quant à l’Amérique du Sud, avec sa complexité tourmentée, il s’agirait de la normaliser et de la ramener dans le giron américain. Fini les insubordinations andines. Et surtout, fini les ambitions du Brésil de Lula. L’Argentin Milei, lui, deviendrait son proconsul au sud.

Puis, il y a le Groenland. C’est l’Amérique. Point final. La Couronne danoise devra s’y conformer. Et se taire.

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Le Moyen-Orient : Israël et les alliés soumis

Le Moyen-Orient, lui, serait laissé aux mains d’Israël et des États arabes prêts à se plier aux volontés de Washington.

Gaza serait entièrement débarrassée des Palestiniens et livrée aux colons armés israéliens. Pendant ce temps, son ami Netanyahu aurait, en substance, carte blanche en Cisjordanie. Parler d’un État palestinien reviendrait désormais à raconter des fables comme celle du Petit Chaperon Rouge.

Quant à la Syrie et au Liban, on verra plus tard. Quoi qu’il en soit, pour le Hezbollah et les Alaouites – qui constituaient la colonne vertébrale du régime d’Assad –, la cloche du glas sonne.

Les Saoudiens et leurs alliés, eux, auraient carte blanche pour anéantir les Houthis du Yémen et clore définitivement ce chapitre.

Le casse-tête iranien

Mais ensuite vient l’Iran. Et là, les problèmes commencent. Car le nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, ne cherche ni tensions ni conflits avec Washington. Il représente en effet les milieux économiques, qui veulent commercer et faire des affaires, et non s’enliser dans une guerre, suicidaire à bien des égards, contre les Américains.

Toutefois, cela ne signifie pas qu’il soit un ami. Ni un adversaire conciliant. Il a ainsi renforcé ses liens avec la Chine d’abord, puis avec la Russie. En quelque sorte, il a sécurisé l’Iran dans un réseau d’alliances que même Trump hésite à provoquer.

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Un monde divisé en trois puissances

La vision du magnat, devenu président pour le deuxième fois, repose sur un monde divisé en trois superpuissances: la Russie, la Chine et, bien sûr, les États-Unis. Ses États-Unis doivent maintenir une position dominante et empêcher les deux autres de se rapprocher. Un « bloc continental » sino-russe rendrait en effet difficile le maintien de la suprématie américaine sur le monde.

C’est pourquoi Trump est prêt, malgré les apparences, à négocier avec Poutine. Lui concéder l’Ukraine et se débarrasser de cette « Union » (façon de parler) européenne, qui lui apparaît de plus en plus comme un frein inutile, un fardeau dont il faut se défaire.

Avec Poutine, il veut – et doit – trouver un accord. Dans l’espoir de briser le lien grandissant entre la Russie et la Chine. Car la Chine est le véritable rival des États-Unis. Leur principal concurrent économique et commercial.

Le monde selon Trump : pragmatisme et suprématie

Voilà, en résumé, le monde selon Trump. Un mélange de réalisme et de revendication altière de la suprématie américaine.

Une vision purement économique, combinée à une poigne de fer pour maintenir les autres à distance. Et surtout, en position de soumission.

Seul le temps nous dira s’il s’agit d’un simple rêve ou si le monde est en train de changer radicalement.

Les Turcs reviennent dans la Corne de l'Afrique

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Les Turcs reviennent dans la Corne de l'Afrique

Ronald Lasecki

Source: https://ronald-lasecki.blogspot.com/2024/12/turcy-wracaja...

Mercredi 11 décembre, Recep Tayyip Erdoğan a annoncé à Ankara, en compagnie du Premier ministre éthiopien Abija Ahmed et du président somalien Hassan Sheikh Mohamud, qu'un accord avait été conclu entre l'Éthiopie et la Somalie, mettant fin au différend entre Addis-Abeba et Mogadiscio, qui traînait depuis la signature du mémorandum d'entente mutuelle entre l'Éthiopie et la République séparatiste du Somaliland, le 1er janvier 2024. L'accord d'Ankara est le résultat d'un travail mené depuis août 2024 par Hakan Fidan, ancien chef des services de renseignement turcs, chargé de la direction de la Somalie depuis la visite historique du sultan dans le pays en août 2011.

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L'Éthiopie veut retrouver la mer

L'accord de janvier entre Addis-Abeba, représenté par le Premier ministre Abija Ahmed, et Hargesia, représenté par le président Musa Abdi Bihi, prévoit que le Somaliland loue à l'Abyssinie 20 km de sa côte sur le golfe d'Aden, y compris l'important port de Berbera, et la possibilité pour l'Éthiopie de remettre en état et d'utiliser une base navale démantelée en 1996. En contrepartie, l'Éthiopie reconnaîtrait la République du Somaliland, qui a déclaré son indépendance de la Somalie le 18 mai 1991, mais qui n'est reconnue ni par l'Union africaine ni par les Nations unies.

L'Éthiopie, qui compte cent trente millions d'habitants, est le pays le plus enclavé du monde. Il la perdu son littoral lorsque l'Érythrée, qui occupait le territoire de l'ancien protectorat italien au nord-est, est devenue indépendante le 24 mai 1991, où une guérilla contre le pouvoir éthiopien était en cours depuis 1961. En conséquence, plus de 95% du commerce extérieur de l'Éthiopie passe par le « corridor de développement » Addis-Abeba-Djibouti. L'Éthiopie, qui connaît la croissance la plus rapide du continent africain (croissance annuelle du PIB d'environ 7%), cherche donc à diversifier ses canaux économiques et à s'affranchir du port de Doraleh.

En Somalie, on craint l'Éthiopie

Les relations entre les autorités d'Addis-Abeba et de Mogadiscio se dégradent en avril 2024 lorsque l'ambassadeur éthiopien est expulsé de Somalie et que les soldats éthiopiens sont, à la demande de la Somalie, retirés de la liste des contingents devant participer à la Mission de l'Union africaine pour le soutien et la stabilisation en Somalie (AUSSOM) à partir de janvier 2025. À son tour, en décembre 2024, la Somalie a accusé son voisin occidental de fournir des armes à l'État méridional du Jubaland, qui a rompu sa dépendance à l'égard de la Somalie en 1998 et dont le gouvernement fédéral somalien ne contrôle plus les processus politiques en cours à Kismayo.

La désescalade entre Hargesha et Mogadiscio, en revanche, est très probablement liée à l'issue de l'élection présidentielle du 13 novembre 2024 au Somaliland. Musa Abdi Bihi, qui occupe le poste de chef de l'État depuis 2017, a perdu à 35% contre 64%, face à Abdirahman Mohammad Abdullahi, communément appelé Irro. Cet ancien ambassadeur somalien à Moscou, âgé de 69 ans et formé aux États-Unis, puis devenu citoyen finlandais, a pris ses fonctions le 14 décembre 2024, annonçant une « révision » de l'accord conclu en janvier avec l'Éthiopie.

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L'Égypte ne veut pas renforcer l'Éthiopie

Le retour de l'Abyssinie dans la mer Rouge est contesté par l'Égypte, qui est en conflit avec l'Éthiopie au sujet de la construction du "Grand barrage Renaissance" (GERD), lancée en juillet 2020 sur le Nil Bleu. Ce projet est considéré par l'Égypte (et le Soudan), qui dépendent tous deux du fleuve, comme une menace stratégique. Addis-Abeba, de son côté, soutient que, puisque les autres États riverains du Nil peuvent avoir leur mot à dire sur le projet de barrage mis en œuvre par l'Éthiopie sur son propre territoire, l'Éthiopie devrait avoir son mot à dire sur l'utilisation des ports situés sur la côte de la mer Rouge. Une escalade des tensions entre l'Éthiopie et la Somalie risquerait donc d'entraîner une escalade entre l'Éthiopie et l'Égypte, et donc un conflit régional à grande échelle avec des répercussions transrégionales encore plus importantes.

En août 2024, après deux cycles infructueux de pourparlers entre la Somalie et l'Éthiopie, le président Hassan Sheikh Mohamud a signé un accord avec l'Égypte prévoyant l'envoi de 10.000 soldats égyptiens en Somalie. Ajoutez à cela la présence à Berbera depuis 2017 de troupes des Émirats arabes unis (EAU), proches de l'Égypte et qui ont en retour envoyé un ambassadeur à Hargesia, et vous obtenez l'image d'un déséquilibre évident en défaveur de l'Éthiopie dans la région géopolitiquement nodale du golfe d'Aden dans son ensemble - laquelle est déjà fortement déstabilisée par les attaques des Huthis, par les activités des pirates somaliens et par la guerre civile au Yémen. Aux prises depuis 2018 avec une série de conflits armés internes non résolus, l'Éthiopie et la Somalie, menacées par la légitimité internationale de la sécession du Somaliland, pourraient s'engager dans une lutte armée qui viendrait s'ajouter à la liste des guerres régionales.

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La Turquie vassalise la Somalie

En exploitant (ou en provoquant) des changements internes au Somaliland, le Raïs turc a une fois de plus démontré que son État est une force de stabilisation régionale - facteur que la Russie était censée jouer jusqu'à récemment, car la région était considérée comme liée à la zone post-soviétique. L'influence d'Ankara s'étend sur un arc allant du Levant au golfe d'Aden, de Damas à la Libye, de la mer Caspienne à la Bosnie-Herzégovine.

Suite à l'accord de janvier 2024 entre l'Éthiopie et le Somaliland, Ankara a signé deux accords en février et mars de cette année, respectivement, pour engager la Turquie dans la défense des eaux territoriales somaliennes et dans la reconstruction, l'équipement et la formation de la marine de Mogadiscio. En contrepartie, Ankara a obtenu le droit de percevoir 30% des recettes provenant de l'exploitation des ressources de la zone économique exclusive somalienne et le droit d'explorer, d'extraire et de vendre les ressources énergétiques qui s'y trouvent.

Mogadiscio, où le groupe turc Albayrak loue jusqu'en 2035, l'aéroport et le port commercial de Mogadiscio, où se trouvent la plus grande base étrangère de Türk Silahlı Kuvetleri et la base de missiles balistiques et spatiaux de la Turquie, est un nœud clé du réseau de projection anatolien en Afrique, qui se déroule le long d'un corridor traversant le Soudan depuis l'aéroport international de Mitiga à Tripoli, la base aérienne et navale de Misrata et la base aérienne d'al-Watiya en Libye, contrôlés par les Turcs, corridor se prolongeant donc jusqu'à Mogadiscio.

La Turquie contrôle et turquifie déjà les autorités, les forces armées, les services secrets et les infrastructures de la Somalie depuis des années. En juillet 2024, le Parlement turc a approuvé le déploiement de forces turques dans ce pays de la Corne de l'Afrique afin de protéger la zone économique exclusive somalienne contre les menaces terroristes et autres. En octobre de cette année, le navire de recherche turc « Oruç Reis », auparavant protagoniste de plusieurs crises impliquant la Grèce, est entré dans les eaux territoriales somaliennes, escorté par deux frégates.

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Le sultan embrasse le pharaon

L'Éthiopie, quant à elle, est le principal bénéficiaire des investissements turcs en Afrique. Des capitaux, des drones de combat pour lutter contre les insurgés dans le Tigré, des technologies et des ingénieurs pour assurer la communication interne des vastes hauts plateaux abyssins qui s'étendent du plateau du Rift est-africain vers le plateau éthiopien. L'Éthiopie est également devenue un levier pour le Raïs face à l'Égypte, avec laquelle les relations de la Turquie ont été quasiment gelées après 2011. Le remplissage du GERD durant l'été 2024, selon les géologues égyptiens, a retardé d'un mois l'arrivée des eaux du Nil au barrage d'Assouan. Le cauchemar d'Abd al-Fattah as-Sisi d'une déshydratation et d'un dessèchement progressifs de l'Égypte devient une menace réelle pour le pays.

Le sultan s'en est servi pour atteler le pharaon égyptien à son carrosse impérial néo-ottoman: le Parlement turc n'a approuvé les accords de février-mars avec la Somalie qu'en juillet, donc déjà après la visite du dirigeant anatolien au Caire le 24 février - la première depuis 2011. Ankara a ainsi donné au Caire le temps d'envoyer ses propres troupes en Somalie en août, ce qui, dans le sillage de la crise du barrage éthiopien, a été fait par la partie égyptienne sur un ton bruyamment hostile à Addis Abeba - expressif au point de menacer d'éclater en affrontements frontaliers. De l'eau (du Nil) pour le moulin du Raïs qui, le 12 septembre (lors de la première visite du dirigeant égyptien en Turquie depuis 2012), a reçu As-Sisi à Ankara comme le seul arbitre capable de démêler le nœud des tensions dans la Corne de l'Afrique. 

La réconciliation turco-égyptienne a été préparée par des contacts au niveau du renseignement et à des niveaux inférieurs de la diplomatie développés à partir de mars 2021. En novembre 2022, Erdoğan a serré la main du pharaon détesté lors d'une réunion multilatérale à Doha. En avril 2023, le ministre des Affaires étrangères turc de l'époque, Mevlüt Çavuşoğlu, a effectué une visite sur le Nil, à la suite de laquelle les deux pays ont renommé l'un chez l'autre des ambassadeurs qui avaient été envoyés à la retraite dix ans plus tôt. La veille de la visite d'Erdogan au Caire, Hakan Fidan a annoncé un accord de coopération militaire turco-égyptien. Il s'agit donc d'un plan à long terme, mis en place depuis des années. À son tour, il doit permettre d'atteindre des objectifs encore plus ambitieux, mais nous y reviendrons dans un instant.

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Le jeu du sultan avec les émirs

Dans la Corne de l'Afrique, Ankara rivalise d'influence avec Abou Dhabi, qui a été l'intermédiaire caché de l'accord de janvier entre Addis-Abeba et Hargesia. Les Émirats arabes unis jouent sur deux fronts vis-à-vis de la Somalie, soutenant l'unité territoriale du pays tout en ne renonçant pas à des accords lucratifs avec des forces contrôlant de facto des ports importants sur la côte du pays assiégé. La construction du port de Berbera a été financée par la société DP World, basée à Dubaï, qui est également le principal fournisseur de capitaux de l'Éthiopie.

Cette société de logistique, liée à la dynastie régnante Al-Maktum de Dubaï, a également été le principal fournisseur de drones (avec la Turquie) à l'Éthiopie pendant la guerre du Tigré (2020-2022) et les guerres en cours contre les insurgés dans les régions d'Amhara (depuis avril 2023) et d'Oromo (depuis 1973). DP World était également le principal rival du groupe turc Albayrak dans son offre de location de l'aéroport Adena Adde à Mogadiscio. Les Turcs en sont finalement sortis vainqueurs, grâce à leur soutien constant au gouvernement central, tandis que les Émirats arabes unis, comme nous l'avons mentionné, ont joué un double jeu, ce qui a fini par refroidir l'attitude des Somaliens à leur égard.

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L'Éthiopie, cependant, ne reconnaîtra pas le Somaliland

Dans le contexte de la déclaration d'Ankara, le statut du protocole d'accord mutuel de janvier 2024 entre l'Éthiopie et le Somaliland reste flou. Abdirahman Mohammad Abdullahi, dans son discours inaugural, a annoncé d'une part un « examen » de l'accord avec l'Éthiopie pour sa transparence, sa compatibilité avec les intérêts stratégiques du Somaliland et ses objectifs plus larges de reconnaissance internationale, et sa mise en œuvre par les voies parlementaires et légales par les deux parties, et d'autre part, la poursuite de sa mise en œuvre et sa non-dépendance de la relation de l'Éthiopie avec la Somalie. Cependant, il semble que la déclaration rassurante et, très probablement, délibérément vague du dirigeant de la république non reconnue cache la prise de conscience que le mémorandum n'est plus valable.

Après la signature du mémorandum, le ministre de la défense du Somaliland, Abdiqani Mohamoud Ateye, du parti Kulmiye dont Muse Bihi Abdi était le chef depuis 2015, a démissionné. L'ancien ministre de la défense refusait d'accepter la présence de troupes éthiopiennes au Somaliland, qu'il considérait comme le « principal ennemi » du Somaliland. Le nouveau président Abdirahman Mohammad Abdullahi, fondateur du parti rival Waddani, s'est déclaré prêt à rencontrer l'ancien ministre. Il s'agit peut-être d'une autre indication que Hargesia a pris conscience de son échec diplomatique (ou a succombé à la pression extérieure en la matière).

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La Turquie pacifie le conflit entre l'Éthiopie et la Somalie

La déclaration d'Ankara de décembre dernier annonce l'ouverture de pourparlers techniques sous l'égide de la Turquie, au plus tard à la fin du mois de février 2025, et la signature des accords de conclusion dans un délai de quatre mois. L'objectif de ces pourparlers est de fournir à l'Éthiopie « un accès fiable, sûr et durable à la mer et depuis la mer, sous l'autorité souveraine de la République fédérale de Somalie ». L'Éthiopie doit donc disposer d'un « accès sûr à la mer et à partir de la mer, dans le respect de l'intégrité territoriale de la République fédérale de Somalie ». Les parties déclarent en outre leur « respect et leur engagement envers la souveraineté, l'unité, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'autre partie, ainsi qu'envers les principes énoncés dans le droit international ». La Turquie doit superviser la mise en œuvre de ces engagements et résoudre les différends liés à leur interprétation et à leur application par le dialogue et de manière pacifique - avec l'aide de la Turquie si nécessaire.

La déclaration, dont les dispositions les plus importantes sont reprises dans le paragraphe ci-dessus, ne mentionne pas la présence militaire de l'Éthiopie sur la côte somalienne. L'Abyssinie, quant à elle, s'efforce d'être « complète » sur le plan maritime, notamment en reconstruisant sa marine de guerre - ce qui est particulièrement légitime dans les eaux en proie aux attaques des pirates et des Huthis. Comme indiqué plus haut, le statut du protocole d'accord mutuel de janvier 2024 entre l'Éthiopie et le Somaliland n'est toujours pas clair. S'il devait être annulé, la question se pose de savoir à quelle zone côtière Addis-Abeba aura accès: le port de Berbera? le port de Kismayo? Il ne faut pas non plus oublier que la question de l'accès de l'Éthiopie à la mer se pose dans le contexte plus large des relations entre l'Éthiopie et l'Égypte, sans la normalisation structurelle desquelles il sera difficile de parler de stabilité durable dans les régions de la Corne de l'Afrique et du bassin du Nil.

La Turquie veut aller vers l'océan

Le levier de pression sur l'Egypte sera la présence militaire turque d'Ankara en Tripolitaine. En août 2024, la Grande Assemblée nationale turque a ratifié un nouveau protocole de coopération militaire avec Tripoli, renforçant la coopération existante et garantissant aux soldats turcs l'impunité des autorités locales sur le Grand Syrte. Le Caire sera contraint de faire des compromis avec Ankara pour tenter de colmater stratégiquement la brèche à sa frontière occidentale. L'enjeu pour le sultan est la reconnaissance par l'Égypte du protocole d'accord turco-libyen sur la démarcation des eaux territoriales en Méditerranée, signé le 27 novembre 2019 à Istanbul.

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Le protocole turco-libyen est une application pratique de la doctrine Mavi Vatan. Il formalise les revendications turques sur le plateau continental en Méditerranée et en mer Noire, déjà poursuivies par l'Anatolie depuis 2004. En juin 2006, la doctrine a été formulée par le contre-amiral Cem Gürdeniz lors d'un symposium sur « La mer Noire et la sécurité maritime » tenu sur le site du commandement des forces navales turques. Elle a été développée par le contre-amiral Cihat Yacı en 2010 dans l'ouvrage « Temel Deniz Hukuku » et dans le livre « Mavi Vatan. Bir Harita ve Bir Doktrin Kitabi ».

La doctrine de la patrie bleue n'est pas une simple doctrine géostratégique, atteignant le niveau de la « stratégie totale » au sens d'André Baufre ou de la « géopolitique » dans son sens le plus large ; son objectif est d'élever les Turcs au rang de peuple marin, de transformer la Turquie en une puissance eurasienne non seulement par la mer mais aussi par l'océan. La Turquie doit se tourner vers les marchés indo-pacifiques, comme l'a fait autrefois l'Empire ottoman, et en reliant le port de Mogadiscio, dans l'océan Indien, à Tripoli, dans la Méditerranée, et Tripoli à Aliağa, en Anatolie, on crée le réseau de voies de communication nécessaire à cet effet.

Le contrôle par la Turquie du golfe d'Iskanderun et des zones maritimes territoriales en contact avec les siennes et celles de la Libye permet de sécuriser la section méditerranéenne de la route. L'entretien de relations amicales avec le régime de Khartoum, mis en place par les Israéliens, les Égyptiens et les Arabes émiratis pour anéantir l'influence turque sur la mer Rouge, permet de sécuriser la section africaine. L'accord militaire de février 2024 avec Djibouti renforce encore l'influence d'Ankara dans la région de Bab al-Mandab.

Les Turcs apprennent à connaître l'Afrique

Pour compléter le puzzle est-africain, il ne manque à Erdogan que l'Égypte. Les accidents techniques dans le détroit de Suez, comme l'échouage du porte-conteneurs « Ever Green » en mars 2021, mais surtout la déstabilisation géopolitique de la région ont incité les parties prenantes à développer des voies de transport alternatives au corridor Suez-Bab al-Mandab. La Türkiye, avec la Chine bien sûr, fait partie des promoteurs les plus actifs de l'initiative « Belt and Road », dont l'une des branches doit partir de Shanghai, via Xi'an, Urumqi, puis Almaty, Tachkent, Téhéran, Ankara et Istanbul, pour rejoindre l'Europe. Il y a aussi l'idée de la route du développement, qui relierait le golfe Persique, via la Mésopotamie, au plateau anatolien, avec l'aide des Émirats arabes unis et du Qatar. Et enfin, la route africaine de Tripoli à Mogadiscio, déjà mentionnée.

Toutefois, la route africaine et la route du développement ne sont pas des alternatives mais des compléments à la route égyptienne. Les Turcs ont besoin de l'Égypte et du Soudan, ainsi que de l'île de Sawakin, pour sécuriser Suez, la mer Rouge, Bab al-Mandab et le golfe d'Aden. C'est cette route qui restera le principal accès de la Turquie vers l'Indo-Pacifique - vers Bharat et Nusantara. Pressée au sud par l'Éthiopie et à l'ouest, du côté libyen, l'Égypte, qui doit en outre gérer la crise du canal de Suez, pourrait à son tour n'avoir d'autre choix que de donner raison à l'ambitieux sultan anatolien.

Il ne fait aucun doute qu'après un siècle d'absence due à l'orientation occidentale unilatérale des kémalistes, la Turquie revient en Afrique et devient l'une des principales forces en présence. La diplomatie anatolienne se heurtera sur le continent à des problèmes extrêmement complexes, dont la solution et la rectification exigeront de la diplomatie turque qu'elle « réapprenne » à connaître l'Afrique.

jeudi, 30 janvier 2025

L’extrême-droite en Europe: tout va changer pour que rien ne change

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L’extrême-droite en Europe: tout va changer pour que rien ne change

Pierre-Emile Blairon

Toujours en retard d’une guerre ou, en l’occurrence, d’un changement de pouvoir aux Etats-Unis, l’extrême-droite française tente de sauver la face en vantant les mesures radicales prises par la nouvelle administration Trump ; c’est le choix fait in extremis par Marion Maréchal en étant présente à l’investiture du nouveau Président américain ; elle tente de sauver les meubles face au Président du RN, Jordan Bardella, qui a stupidement moqué les figures politiques françaises qui ont fait le voyage à Washington.

Las, cette « extrême-droite » n’est plus crédible : en voulant se « dédiaboliser », c’est-à-dire en renonçant à ses fondamentaux et à ses convictions, elle a donné trop de gages à l’idéologie « woke » qui régissait l’ancienne administration américaine qui n’a plus sa place aux Etats-Unis. Mais qui sévit toujours en France et en Europe (celle de Bruxelles) pour le plus grand bonheur de Trump qui verrait d’un mauvais œil une nouvelle Europe se réveiller et redevenir une concurrente pour l’Amérique qu’il espère great again.

Ce n’est donc pas L’Amérique américaine de Trump qui servira de modèle à une éventuelle Europe dont Trump ne veut pas mais, comme si l’ancien deepstate de Biden avait choisi de se réfugier en Europe, c’est sur les bases décadentes de ce dernier que va se restructurer la nouvelle élite européenne où l’extrême-droite prendra vraisemblablement une position dominante.

L’Europe identitaire des peuples, des menhirs et des cathédrales, de l’honneur et des combats, c’était celle d’hier et ce n’est pas encore celle de demain.

Chauve qui peut !

« Je suis revenu d’entre les chauves » a récemment déclaré au Parisien l’ancien Premier ministre Edouard Philippe qui, souffrant d’alopécie, a vu soudain, ô miracle, ses cheveux repousser.

Il est surtout revenu d’entre les morts… politiques grâce à Marion Maréchal qui a ressuscité l’un des personnages les plus falots de la vie politique française.

Elle a en effet émis l’hypothèse que, dans une (très) large coalition de la « droite », il serait envisageable « qu’on puisse un jour travailler avec des gens comme Edouard Philippe ou une partie des macronistes de centre-droit[1] » (RMC les Grandes Gueules, 23 janvier 2025)

Il faut dire que « l’Etat profond » français n’a pas cessé de soutenir le Young world leader Edouard Philippe (promotion 2011) après son départ de Matignon le 3 juillet 2020.

Il va alors créer en 2021 un parti nommé Horizons qui se situera à « droite » de la majorité présidentielle pour annoncer, en 2024, qu’il sera candidat à la Présidence en 2027.

Ce que j’appelle « l’Etat profond » français est essentiellement constitué par les classes politique, médiatique et oligarchique (la dernière, représentée par la petite caste des milliardaires français, possédant la deuxième qui, elle-même, influence la première).

Cette expression, « Etat profond », en traduction française mot à mot, a une signification plutôt approximative.

En anglais, ou plutôt en américain, « deep state », elle désigne habituellement les forces occultes (qui me paraît une traduction plus judicieuse), qui gouvernaient l’Amérique avant la prise de pouvoir de Trump et qui sont en passe d’être éradiquées tout au moins aux Etats-Unis.

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Quelle mouche a piqué Marion Maréchal ?

Les observateurs, comme on dit, ne s’attendaient pas à une telle prise de position de la belle et fringante députée européenne, surtout quelques jours après le décès de son mythique grand-père qui voit, une fois de plus et, cette fois post-mortem, son combat trahi au sein de sa propre famille. On appréciera à sa juste valeur la remarque ironique -mais cinglante - de Campagnol tvl : « La petite fille de l'éborgné fricote avec l'éborgneur », l’éborgneur désignant Edouard Philippe dans sa gestion féroce de la révolte des Gilets jaunes.

Car, dans l’exercice que s’est imposé Marion Maréchal, il faut maîtriser l’art du grand écart, ou celui de la schizophrénie (dans ce dernier cas, il ne s’agit pas d’une maladie psychiatrique, mais de la faculté de se dédoubler avec élégance, en n’y laissant rien paraître) pour, en même temps, comme dirait l’autre, pratiquer le discours souverainiste, si ce n’est nationaliste, constitué de l’annonce de mesures fermes et de bon sens qu’attendent les Français qui ont apporté leurs voix à « l’extrême-droite » et, d’un autre côté, prôner un rapprochement avec des politicards de métier (la « droite ») dont elle sait pertinemment qu’ils n’ont pas la moindre conviction, sinon celle de leur durée pantouflarde et rémunératrice au sein du Système et qu’ils se contentent de gesticulations verbales pour faire croire qu’ils vont prendre, enfin !, des décisions.

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L’affaire Retailleau-Némésis

La récente affaire Retailleau-Némésis est symptomatique, voire caricaturale, de ce comportement.

Selon Sud-Ouest-AFP du 24 janvier 2025, « mardi, lors d’une conférence sur la sécurité intérieure, Bruno Retailleau a voulu « féliciter » Alice Cordier, présidente et fondatrice du collectif Némésis présente dans la salle, qui lui avait demandé la dissolution de La Jeune Garde antifasciste, un mouvement d’extrême gauche. « Bravo pour votre combat. Vous savez que j’en suis très proche », a déclaré le ministre… »

Mais le ministre de l’Intérieur a rapidement fait marche arrière en répondant à la journaliste Sonia Mabrouk : « J’ai vu, après, que c’était une association qui avait des positions très radicales, qui avait très brutalement d’ailleurs, par exemple, attaqué Valérie Pécresse, et je ne me sens pas du tout proche de cette association en tant que telle. »

Marion Maréchal a accordé à Benjamin Duhamel un entretien sur BFMTV le 23 janvier 2025 [1].

Le journaliste lui demandait, après avoir souligné que la députée RN Laure Lavalette avait dit de Bruno Retailleau qu’il « pourrait être le porte-parole du RN », ce qu’elle pensait du ministre de l’Intérieur qui félicitait la présidente du groupe Némésis, en précisant toutefois que ses proches avaient souligné que Retailleau « ne semblait pas tout à fait savoir ce qu’était le collectif Némésis ».

Marion Maréchal, qui avait anticipé, en toute connaissance de cause, ce qui allait se passer avait répondu qu’elle approuvait totalement les paroles de Retailleau sur Némésis avec, toutefois, un bémol « Je ne suis pas dans la tête de Bruno Retailleau, j’espère qu’il n’y aura pas de rétropédalage » prouvant ainsi qu’elle n’était pas dupe du comportement de cette droite dont elle souhaite rassembler les diverses composantes.

Le refus d’être soi-même et de défendre ses convictions

C’est l’art du mensonge et de l’illusion, une attitude qui peut payer à court terme, qui peut donner le change, artificiellement et superficiellement, mais qui ne tient pas sur la longue durée, ni confrontée à la vérité et aux exigences morales et spirituelles qui se font jour à nouveau contre le délitement de notre cadre de vie et la décadence de nos élites.

Le double discours, mais surtout la double attitude de Marion Maréchal, comme celle de sa tante Marine Le Pen ou du président du RN, Jordan Bardella, n’a pas de quoi nous surprendre ; c’est une constante depuis l’éviction de Jean-Marie Le Pen de son propre parti, le Front national, par sa fille en manque de respectabilité « républicaine » et, surtout, depuis le premier débat présidentiel Marine Le Pen-Emmanuel Macron où l’on a vu Marine le Pen refuser de donner ses propres arguments pour contrer les attaques de Macron, et bis repetitam avec le deuxième débat des présidentielles pour la deuxième investiture de Macron à la présidentielle. Nous avons régulièrement traité de ces curieux comportements qui s’apparentent à de véritables forfaitures dans nos colonnes depuis de nombreuses années.

Ce double discours a cependant permis au RN de rassembler les voix de près de 11 millions de Français ainsi grugés, et souvent contents de l’être, et ces voix constituent désormais un réservoir à disposition de qui saura habilement les utiliser puisqu’il semble que le légitime détenteur de ce pactole, le RN, ne sait pas quoi en faire et, en tout cas, n’en fait rien, sauf à profiter pour ses députés des ors de la République car il y a longtemps que Macron aurait pu être dégagé par une motion de censure.

Rappelons enfin que le discours de l’actuelle « extrême-droite » essentiellement représentée par le RN et, à un degré moindre, par Reconquête, s’appuie presque exclusivement sur la dénonciation de l’immigration incontrôlée et de l’insécurité qui en découle, et il ne s’agit plus alors que de vœux pieux ou, encore une fois, de gesticulation verbale car les Etats européens n’ont aucune possibilité d’agir dans ce domaine en restant affiliés à l’Union européenne qui dicte avec de plus en plus d’intransigeance ses lois à l’ensemble des pays adhérents et, particulièrement en ce qui concerne la gestion idéologique de l’immigration qui va à l’encontre des intérêts des pays membres à qui l’Union européenne impose des frontières-passoires et l’impossibilité juridique d’expulser ses clandestins.

Pour toutes les autres questions de société, « l’extrême-droite » ne se distingue en rien de la droite molle, voire de la gauche, sur des sujets aussi importants et scandaleux que la pseudo pandémie, les pseudo vaccins dont on commence à constater les effets létaux, la guerre de l’OTAN contre la Russie sous faux drapeau ukrainien, les énormes sommes d’argent supposées alimenter cette guerre grâce à nos impôts mais dépensées en pure perte puisque destinées à un gouvernement ukrainien corrompu qui les détourne, la blague du réchauffement climatique et toutes les contraintes absurdes qui en découlent comme la discrimination sociale par la vignette crit’air, (qui en parle ? qui la dénonce ?), la désindustrialisation de la France par la mise en place d’une dictature pseudo écologiste (nos fabricants automobiles acculés à la faillite, les ventes à l’encan de nos perles technologiques…), l’avortement constitutionnel, l’extension des théories du genre dans nos écoles primaires… et il y aurait des dizaines d’autres récriminations à formuler si « l’extrême-droite » française avait encore la moindre conscience politique et la moindre attention pour le peuple dont elle a su s’attirer les voix.

Tous ces importants problèmes qui nous pourrissent quotidiennement la vie sont justement ceux que l’administration Trump a pris en compte dès le premier jour de son arrivée aux affaires par la signature de centaines de décrets qui vont abolir toutes ces incongruités que le deep state américain avait mis en place sous la présidence de la marionnette sénile, Joe Biden.

Marion Maréchal n’a que peu de légitimité à invoquer les mesures radicales effectivement prises par le président Trump alors que la plupart de ces mêmes scandales n’ont pas été dénoncés, ne serait-ce qu’en paroles, ni par elle ni par sa tante lorsqu’il en était temps, alors que certaines questions de société ou de politique prônées par le macronisme, la gauche et l’U.E. ont même été appuyées par l’une et l’autre, et aussi par le président du RN Bardella, tout simplement pour faire plaisir au Système et à la bien-pensance en vertu de la fameuse « dédiabolisation », et pour donner des gages de soumission sans même qu’on le leur demande.

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Les Young leaders

Revenons à notre mouton, Edouard Philippe, dont les sondages truqués annoncent régulièrement la victoire aux lointaines élections de 2027 alors que le personnage est totalement ignoré et oublié par l’ensemble des Français, mais c’est un Young leader, et c’est pour cette raison qu’il est poussé dans cette voie par ses mandants oligarques.

Qui sont ces Young leaders ? Il s’agit des alumni, mot latin qui signifie élèves, issus d’un programme mis en place par une école créée en 1981, un organisme privé d’obédience américaine, la French-American Foundation.

Cette école est le lien qui existe entre des personnages aussi disparates que François Hollande, Leonardo Di Caprio, Elon Musk, Nicolas Dupont-Aignan, Thomas Pesquet, Hillary Clinton, Valérie Pécresse, Charlize Théron, Emmanuel Macron, Marlène Schiappa, Christine Ockrent…

Difficile de leur trouver des points communs et de déterminer une méthode de sélection ; le fait est que beaucoup d’entre eux se sont bien intégrés dans le Système jusqu’à en devenir des piliers et d’autres s’en sont éloignés et ont réussi différemment.

Le Monde diplomatique de novembre 2016, sous la signature de Jean-Michel Quatrepoint, nous indique le but de cette entreprise : « Depuis 1981, cette fondation privée organise des séminaires de deux ans où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge. Officiellement, l’objectif est de favoriser le dialogue franco-américain. En réalité, il s’agit de bien faire comprendre aux futurs décideurs français — entrepreneurs, responsables politiques, journalistes — les bienfaits de la mondialisation à l’anglo-saxonne. Certes, on constatera ultérieurement que, ici ou là, l’opération de séduction a échoué (avec M. Nicolas Dupont-Aignan, par exemple). Mais, dans l’ensemble, ces jeunes gens effectueront une brillante carrière au sein des structures de pouvoir et dans les affaires. Des personnalités qui ne feront pas dans l’antiaméricanisme…

Ce programme est révélateur de la stratégie d’influence des États-Unis. Celle-ci s’exerce de manière encore plus spectaculaire à travers le pantouflage des élites, notamment européennes, dans de grandes entreprises américaines. »

Est-ce une structure qui va perdurer avec l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump ?

Voilà qui me paraît fort vraisemblable parce que cela ne peut que faire perdurer l’influence américaine en Europe ou, pour être plus précis, la soumission de cette dernière aux diktats américains.

L’extrême-droite européenne : une cible idéale pour Trump et Musk

La doctrine de Trump et de Musk consiste à protéger l’Amérique et les Américains des dérives décadentes qui ont empoisonné son pays à l’intérieur et, à l’extérieur, de maintenir coûte que coûte la prépondérance du dollar et l’hégémonie financière, industrielle et économique des USA, l’une et l’autre mises en danger par la création des Brics.

Dans un article fort intéressant paru dans Euro-synergies intitulé « Cher Monsieur Musk, nous n'avons pas besoin que vous nous disiez comment rendre l'Europe formidable [2] », l’auteur, Lorenzo Maria Pacini, démonte l’entreprise de séduction menée par Elon Musk afin de rallier à la cause américaine les extrêmes-droites européennes qui sont l’élément faible de la classe politique européenne, puisqu’elles sont novices en politique, pour la plupart sincères dans leur démarche, quelque peu naïves donc, puisque leurs idées n’ont jamais réussi à les porter au pouvoir jusqu’à une période très récente ; elles sont, d’autre part, prêtes à composer avec toutes les forces qui leur permettront d’accéder à ce pouvoir qu’elles briguent depuis tant d’années.

C’est donc principalement dans cette frange de l’offre politique que les Américains vont tenter de raffermir leur contrôle sur cette Union européenne qu’ils ont créée, ne l’oublions pas, après-guerre le 9 mai 1950, tel que nous l’annoncions dans notre article du 4 mars 2023 : L’Ukraine, berceau et tombeau des Européens [3] ? : « Cette Amérique sera tout aussi présente après la guerre pour créer un organisme à sa botte qui s’appellera l’Union Européenne. L’un des fondateurs de cette structure sera Jean Monnet, agent de la CIA selon Marie-France Garaud, Philippe de Villiers, François Asselineau et bien d’autres, tandis que d’autres fondateurs de cette institution comme Robert Schuman et le belge Paul-Henri Spaak tiendront le rôle de simples exécutants au service des États-Unis. »

C’est donc dans cette même perspective que Lorenzo Maria Pacini écrit pertinemment :

« La campagne de restructuration de l'élite politique européenne a littéralement commencé, avec le même spoil system qui est déjà utilisé depuis un certain temps aux États-Unis et qui se poursuivra bientôt, avec Trump au pouvoir à toutes fins utiles, à un rythme soutenu.

Comme l'a noté l'analyste italien Matt Martini, le soutien à l'AfD, à Meloni, à Le Pen, voire à Farage, visera probablement à renforcer le bloc militaire euro-atlantique et israélien, mais sans aucune possibilité de croissance pour l'Europe, qui devra être définitivement désindustrialisée en faveur de la réindustrialisation des États-Unis, selon toute vraisemblance.

L'idée serait de consolider un bloc euro-atlantique, au moins temporairement, avec des Etats-Unis renforcés et dotés d'une plus grande profondeur stratégique (idéalement après l'annexion du Canada et du Groenland s'ils y parviennent), avec une Europe, réduite à un tampon militaire et économique pour contenir la Russie. La même chose sera recherchée dans le Pacifique en direction de la Chine.

Incapables d'éviter l'urgence multipolaire, les États-Unis chercheront à ériger de hautes clôtures en se retranchant dans leurs propres zones d'influence ».

C’est donc en toute logique que Marion Maréchal suggère un rapprochement avec Edouard Philippe que les Américains du deepstate de l’époque Biden avaient choisi pour succéder à Macron.

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C’est aussi en toute logique que Marion Maréchal prend pour modèle Giorgia Meloni qui s’insère elle aussi dans cette restructuration de l’élite européenne soumise à l’Amérique, d’une part parce que le mari de la députée française est, lui aussi, député européen dans le groupe de Giorgia Meloni, Frères d’Italie, et, d’autre part, parce que cette dernière est pleinement en accord avec les options pro-européennes et pro-guerre de Marion Maréchal, ou vice-versa, et aussi parce qu’elle proche d’Elon Musk et d’Ursula von der Leyen.

Dans France-Soir, Xavier Azalbert, dans un article titré : Giorgia Meloni : un peuple averti en vaut deux, daté du 11 août 2023, écrit ceci qui va dans le sens du présent article et de ses références :

« Allons droit au but. Giorgia Meloni est un cheval de Troie. Volontairement ou involontairement, peu importe, elle permet la continuité d’une politique par d'autres moyens que la conviction et le respect de la parole électorale donnée. (…) Présentée comme une féroce adversaire à l'Union européenne, présentée à tort ou à raison comme responsable de tous les maux de l'Italie, la voilà désormais dans ses déclarations pro-UE, pro-Euro et pro-Otan. Un virage à 180°, à la vitesse d'une Maserati, qui a déjà été pris lors de plusieurs déplacements et rencontres internationales.

(…) Hé oui ! Cela se vérifie à chaque fois : l’engouement unanime des médias mainstream pour un ou une candidat(e) qui semble sortir des clous ou être le garant d'un renouveau se révèle systématiquement être le Cheval de Troie d'une politique pro-européenne et atlantiste. Les promesses n'engagent évidemment que ceux qui y croient mais, diable ! Jusqu'à quand?

Mais quid aujourd'hui des millions d'Italiens qui, eux, n'ont pas vu venir l'affaire et n'ont pas su reconnaître un authentique produit du système ? Que vont devenir leurs espoirs déçus devant tant d'hypocrisie ? »

Nous pouvons en dire autant des personnalités de l’extrême-droite française, hélas, et nous l’avons dit, qui vont nous concocter, avec leur homologues européens, une Europe au rabais sous la férule américaine.

Pierre-Emile Blairon

Notes:

[1] A partir de 20’ : https://www.bfmtv.com/replay-emissions/tout-le-monde-veut-savoir/marion-marechal-invitee-de-bfmtv-23-01_VN-202501230933.html

[2] http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/01/25/cher-monsieur-musk-nous-n-avons-pas-besoin-que-vous-nous-dis-6532532.html

[3] https://nice-provence.info/2023/03/04/ukraine-berceau-tombeau-europeens/

Est-ce la fin du néolibéralisme progressiste?

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Est-ce la fin du néolibéralisme progressiste?

par Alessandro Volpi

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/29723-ales...

Nous devons rester fermes, debout dans le train de l'histoire, parce que les sièges de la raison et de l'erreur sont tous occupés. Nous pourrions résumer ainsi la position que nous, en tant que Slingshot, devrions à nouveau adopter, mais en général, nous, en tant qu'ensemble de citoyens luttant pour une démocratie sociale accomplie, concrète.

Rester ferme ne signifie pas ne pas vouloir voir les transformations en cours et la reconfiguration politique qui, d'une manière ou d'une autre, met un terme à la dernière décennie populiste, nous ne savons pas quelle durée elle aura, mais pour la première fois, nous sommes face à un projet sans précédent. Nous ne pouvons pas ne pas voir comment il y a, dans la nouvelle alliance entre les pouvoirs économiques et politiques de ce nouveau gouvernement Trump, un saut quantique par rapport à celui de 2016.

L'alliance avec Musk et les élites économiques des secteurs les plus avancés du capitalisme américain et l'objectif désormais atteignable d'occuper les appareils militaires et bureaucratiques marque une différence avant tout en termes de capacité à produire une transformation concrète : non plus, comme en 2016, un populisme de droite "au pouvoir", mais une nouvelle idée concrète qui devient "le pouvoir". Cela ne signifie pas que des résistances ne subsistent pas dans divers secteurs de l'appareil militaire, bureaucratique et économico-financier, mais on peut dire - du moins nous semble-t-il à ce jour - que Trump a la possibilité de produire un réarrangement hégémonique intégral.

Ensuite, et c'est le complément nécessaire des aspects plus « structurels », Trump, tout en maintenant des éléments génériquement attribuables à une idéologie de droite conservatrice avec des traits populistes, a en fait réussi, avec cette alliance, à créer un nouveau discours, non plus projeté seulement vers un retour au passé glorieux, mais avec une idée du futur: la colonisation de Mars représente ce désir renouvelé de pouvoir, médiatisé par l'imagination des milliardaires. Ce qui rend cette nouvelle articulation hégémonique inédite, c'est précisément qu'elle a perfectionné ce dispositif du désir: il ne s'agit pas seulement d'une nostalgie, d'une passion ambiguë, mais aussi d'un puissant désir de jouissance projeté vers un avenir glorieux. En ce sens, Musk était ce dont Trump avait besoin pour faire le saut. Cela ne signifie pas - il faut le préciser à nouveau - que cette expérience est nécessairement destinée à réussir, mais qu'il a fait un saut quantique qui lui permet de la faire.

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Il semble donc que les jours de ce que nous avons combattu pendant des années sous le nom de néolibéralisme progressiste soient révolus. Et cela implique, en termes stratégiques, une réflexion. Oui, parce qu'en fait, ce qui a vaincu le néolibéralisme progressiste, ce n'est pas une option émancipatrice, populaire et sociale de quelque nature que ce soit, mais une droite qui semble vouloir aller au-delà des deux termes, mais réaffirmer ensemble une nouvelle domination du capitalisme financier sur une base nationale, le contrôle impérial américain, bien que redéfini sur d'autres objectifs que celui, propre à une époque, du bellicisme démocratique, le tout dans une perspective culturellement conservatrice et politiquement autoritaire. Ceux qui aujourd'hui se réjouissent en quelque sorte de la fin de l'ère du néolibéralisme progressiste avec toutes ses dérives culturelles échangent une défaite contre une victoire, à moins que l'objectif ait été, comme c'était légitimement le cas pour une partie de la droite, de gouverner cette transition hégémonique dans un sens régressif.

Pour ceux, en revanche, qui se reconnaissent dans une vision politique radicalement démocratique, populaire et sociale, cette transformation ne peut en aucun cas être considérée comme leur propre victoire, ni comme un processus pouvant tactiquement bénéficier à cette perspective. A moins de considérer la fin attendue du wokisme et la transformation culturelle qui en découle comme sa propre grande victoire, dans l'illusion que le nexus néolibéralisme/progressisme était un nexus structurel, que l'élimination de l'un permettrait d'éliminer l'autre. Ce fantasme qui a conquis une partie de la gauche s'est enivré d'un essentialisme égal et opposé à celui de ceux qui, à gauche, n'ont pas su reconnaître le néolibéralisme progressif parce qu'ils pensaient encore en termes de lien nécessaire entre le conservatisme culturel et le capitalisme, ne comprenant pas ce qu'a été et est l'engouement néolibéral.

En outre, ce type de discours réapparaît largement au sein de la gauche. Il est facile aujourd'hui de montrer comment le capitalisme financier et un conservatisme particulier (en fait celui qui présente des traits futuristes) ont recomposé un nouveau dispositif pour gouverner sous des formes de plus en plus autoritaires la crise galopante de l'Occident.

Mais il est tout aussi facile - et c'est un risque que nous ne pouvons pas nous permettre - de finir par penser qu'autour de ce même bloc politique qui a ouvert la voie à ce changement de paradigme, laissant définitivement les masses populaires aux mains des droitiers, peut renaître aujourd'hui une gauche fadement plus sociale qui défend la démocratie contre les risques autoritaires du trumpisme. Cette volonté de recomposer un front antifasciste faussement social-démocrate est déjà une réalité et constitue la tentative désespérée de certains secteurs des élites politiques et culturelles du néolibéralisme progressiste de continuer à flotter sur la marée noire qui les a submergés. Pour donner un exemple, et pour reprendre un aspect que nous avons évoqué, de même qu'une certaine tendance réactionnaire confond la fin du wokisme avec la fin du néolibéralisme, d'un autre côté, il y a ceux qui pensent qu'une nouvelle gauche peut être relancée sur la justification du wokisme en crise, en partant du fait que la critique du wokisme de droite, qui a triomphé, a jeté le bébé (l'émancipation au sens large) avec l'eau du bain (dérive linguistique, sectarisme, moralisme, etc.). Comme si le wokisme n'avait été que le rideau idéologique du néolibéralisme qui a desservi les combats qu'il était censé défendre.

Dans cette reconfiguration des deux camps, notre tâche, comme toujours, est celle de l'autonomie par rapport aux deux dérives : nous n'avons pas gagné avec Trump comme nous n'aurions pas gagné avec Harris, nous n'avons pas gagné en Italie avec Meloni comme nous ne gagnerons pas avec Schlein. Une fois de plus, le camp du bien et le camp du mal sont occupés et nous ne pouvons que continuer à nous tenir fermement à nos raisons, à nos analyses, en essayant de comprendre les temps à venir.

 

mercredi, 29 janvier 2025

L’antiwokisme, quel "conservatisme" ?

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L’antiwokisme, quel "conservatisme"?

Claude Bourrinet

L'antiwokisme (le biberon de cnews et de tous les soi-disant "conservateurs" (pour autant qu'il y ait encore quelque chose à "conserver" !), qui se couchent devant la puissance américaine est, comme l'anti-immigrationnisme (souvent teinté d'islamophobie et d'une pincée de racisme) le parement ostentatoire d'une réalité tout ce qu'il y a de plus commune et sordide : une machine idéologique à prendre le pouvoir et à gérer le capitalisme local, tout en étant intégré à l'oligarchie mondialiste.

Ni Trump, ni Meloni, ni le RN, ni l'AfD, ni Orban (etc.) n'ont le dessein de rompre avec le mondialisme. Ils sont des libéraux, qui croient au marché, au progrès, à la croissance, et qui, comme tous les dirigeants du monde tel qu'il est advenu depuis deux siècles et plus, pensent d'abord en termes de puissance économique, la politique, l'idéologie, et, pour certains, les divisions de blindés (et maintenant les missiles, les drones, les relais satellitaires, l’Intelligence artificielle etc.) étant l'ombre qui accompagne ce projet d'arraisonnement techno-industriel et marchand de la nature. Tout le reste n'est que verbiage.

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Ce qu’il y a de plus sublime, en l’homme, ce n’est pas seulement qu’il soit une « merveille », comme le clame le chœur, dans Antigone, de Sophocle, c’est-à-dire ce vivant qui a accès au Logos et, partant, transmute la nature selon son hybris, mais qu’il soit cet être protéique, changeant, modifiable, modulable comme de la pâte, justement parce qu’il est une « merveille », et que son véritable royaume, ce n’est pas la réalité terre-à-terre, mais le Verbe, l’imagination, comme le souligne Pascal, qui l’a défini de manière définitive. Un animal, si dépendant d’un écosystème impitoyablement tyrannique, ne se laisserait pas prendre par ses folies. Mais son génie inventif souffre d’un défaut rédhibitoire, de sa propension itérative à tomber immanquablement dans les vieilles ornières, comme un ivrogne du samedi soir. Son asservissement aux délices paradisiaques des lendemains enchantés le ramène toujours sur le sol détrempé, en haillons, et avec les tuméfactions de rigueur. Ce surhomme est aussi un idiot.

La liste de ses délires prophétiques est trop longue pour en faire le dénombrement. Il suffit d’invoquer les idéologies mortifères du siècle dernier. Si l’on tient compte des deux systèmes de valeurs qui se sont affrontés, après la deuxième guerre mondiale, une fois les fascismes terrassés, à savoir le communisme et le libéralisme, on ne sera pas assez sot pour prendre pour argent comptant ce que chacun avançait en guise de « vérité ». Cette « vérité », dans les faits les plus crus, c’était le combat, souvent par intermédiaires entraînés dans des massacres de masse, entre deux prédateurs géants, voulant se partager le monde. Les échafaudages rhétoriques qui se tissaient autour de ces tueries étaient là pour cacher le fauve sanglant, comme autant de mensonges dont étaient dupes les militants, mais pas du tout les dirigeants.

30878999533-1266845211.jpgUn de Gaulle, par exemple, parlait des Russes, non des « communistes russes ». Il avait raison : l’empire soviétique, une fois qu’on eut dressé, après 1989, le constat historique, n’apparut que comme l’empire tsariste modernisé. Pour reprendre concepts et terminologie marxistes, la nation slave dont le centre était Moscou était devant la nécessité, pour ne pas disparaître, de procéder à une accumulation monstrueuse de Capital industriel, pour faire face au danger d’être disloqué par les puissances occidentales, et par la logique centrifuge de cet immense territoire, qui s’étendait de la Pologne au détroit de Béring, et surtout jusqu’aux vastes territoires bariolés de l’Asie centrale et du Caucase. Sans parler d’une paysannerie pléthorique et « retardataire », qu’il s’agissait d’anéantir, comme nous l‘avons fait de manière moins brutale. Les terrifiantes dévastations humaines, culturelles, nationales, civilisationnelles, naturelles, qu’entraîna le stalinisme, furent la réponse à ce défi. Notons que le mot d’ordre de la Russie « moderne » fut, depuis Lénine jusqu’à la Fédération actuelle, de rattraper et de dépasser l’Amérique.

L’industrialisation lourde de l’empire des Tsars avait imposé ce programme, et tout le reste ne fut qu’un fil que l’on tira, jusqu’au point de rupture. L’américanisme, pour autant, n’est qu’un vocable générique, qui dépasse les limites nationales des États-Unis. Là aussi, une téléologie guidait le Nouveau Monde, dès lors qu’il avait pris son envol, mû par un messianisme calqué sur l’Ancien Testament. L’Éden à construire se devait d’être industriel, et c’est ainsi que les Américains en prirent vraiment conscience, en détruisant le Sud agricole des États-Unis. L’extermination des Indiens en fut la phase préliminaire, puisqu’il fallait commencer par une page blanche. Puis l’esclavage des Noirs se révéla trop mesquin pour un si vaste programme d’arraisonnement de la Nature vierge d’un ensemble territorial, qui avait les dimensions d’un continent. Il fallait arrimer la société à la marchandise, et surtout à la chaîne du travail, idée qui s’était laborieusement mise en place depuis la Renaissance, et qui avait eu du mal à convaincre une Vieille Europe décidément trop attachée à ses plaisirs décadents. Tout le reste découla de cette entreprise démesurée : la volonté de dominer le monde pour lui inculquer les règles calvinistes d’une civilisation saine, celle de la machine et de la liberté du renard dans le poulailler, conduisit à enchaîner guerre sur guerre, ainsi que, progressivement, une grande partie des peuples et des nations de la planète, tout en dévastant la Terre et les singularités culturelles.

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N’oublions pas que, dans les années 70, il n’était pas rare que l’on parlât, à propos de ces deux camps antagonistes, de « convergences ». La Russie se développait, et on voyait bien qu’elle aboutirait, un jour, à une ressemblance économique, donc sociale, avec son ennemie affichée, ne serait-ce que parce que s’était développée en son sein une classe moyenne avide de consommation – celle-là même qui fit tomber l’empire soviétique ; et l’Occident, à cet époque, déployait un État proliférant, qui se mêlait de tout, comme dans le monde socialiste, tout en multipliant les bureaucrates et les techniciens.

Le monde actuel n’est pas si différent, parce qu’il est encore motivé par les mêmes causes : le déploiement d’une technoscience prométhéenne, l’entrée dans une modernité radicale, susceptible de changer cet homme modulable dont nous avons parlé plus haut, c’est-à-dire de forger un « nouvel homme », irritation intermittente qui agace le genre humain depuis l’absorption et la digestion du message biblique.

Le wokisme (qui ne touche pas que la gauche, mais qui se rencontre aussi dans les milieux « conservateurs », lesquels ne se bousculent pas, d’ailleurs, le dimanche, dans les églises pour assister et participer à l’office divin !) n’est qu’une déclinaison somme toute secondaire d’un plus vase dessein, qui est de pousser la « modernité » technoscientifique et capitaliste jusqu’aux fibres les plus intimes du vivant, neurones compris. Et donc d’abolir l’homme, celui auquel les Temps anciens attribuaient ridiculement une « âme » - et où se trouve-t-elle, cette âme ? Dans le ventre ? Le cœur ? Sous le crâne ? Dans quel neurone ? Qu’on me montre la molécule de l’âme, Nom de Dieu ! (s’écrie M. Homais, apothicaire).

Le « Nouvel homme » est, en fait, relativement vieux : c’est la créature nihiliste, matérialiste, utilitariste (seul ce qui sert vaut quelque chose), béotienne, pesante et dévastatrice, sans aucune aspiration à la beauté, que les Russes (Tourgueniev, Dostoïevski…) ont décrite admirablement, et que les Américains ont si génialement illustrée, malgré quelques réfractaires, comme Emerson, Thoreau, Edgar Poe… Les dissensions de surface qui opposent les uns et les autres, nations de l’Est, de l’Ouest, du Nord, du Sud, et les partis selon la dichotomie désuète de « droite » et de « gauche », quand bien même elles expriment des intérêts réels (mais d’importance inégale : la réticence des Russes à se faire avaler par l’Occident n’est pas à mettre sur le même plan qu’une camarilla politicienne cupide et avide de gamelle), ne sont pas à prendre pour le cœur du monde actuel, lequel possède des racines lointaines, qui est plutôt le faustisme et le prométhéisme, dont l’une des réalisations est le transhumanisme (aussi bien en voie d’achèvement en Amérique qu’en Chine, ou en Russie, ou ailleurs).

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Il est bien évident que certaines « actions » ne sauraient être évitées sans que l’on perdît en soi sa nature humaine. Il y a des situations qu’on ne peut accepter, car elles anéantissent le monde vivable. Je laisse à chacun le choix de ces circonstances, car cela dépend de l’intériorité de chaque homme. Mais on voit bien que la véritable ligne de partage, qui oppose deux mondes, et qui est est éternelle, comme l’homme, c’est l’affrontement entre l’ombre et la clarté. Autrement dit, le véritable combat est dans notre âme. La politique, si l’on y accorde une importance trop grande, qui est mensonge et diabolique perte de son intégrité, ne saurait remplacer notre véritable dimension, d’homo religiosus. Si nous savons, si nous pouvons ancrer notre être jusqu’au plus profonde de notre âme, tout le reste en découlera, et le monde sera plus vivable.

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Sur Trump et cette «Amérique qui se moque du monde»…

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Sur Trump et cette «Amérique qui se moque du monde»…

Nicolas Bonnal

C’est Dominique de Villepin, preux et vain orateur pacifiste en 2003, depuis récompensé par divers scandales qui compromirent son cursus présidentiel, qui a parlé, à propos de Trump, de l’Amérique « qui se moque du monde ». Il faut dire en effet que le Donald a mis les bouchées doubles et qu’il étourdit son monde sans lui laisser de répit. Et que je t’ordonne d’arrêter ta guerre, et que je te demande de me refiler ton pays, le Canada, ou la plus grande île (et dernière île vierge ou presque) du monde, le Groenland, et que je te demande de te taire, et que j’ordonne à ton électorat de voter pour l’extrême-droite allemande devenue plus très souverainiste du coup...

Elle aurait tort de se gêner l’Amérique. Sa balance commerciale extraordinairement déficitaire lui permet de faire chanter tout le monde ou presque, en particulier l’Europe (déjà ruinée sinon anéantie par Biden et son minyan – voyez Kunstler), ou l’arrière-cour latino, toujours plus dépendante de la puissance US. C’est Todd qui remarque - p. 240 de la Défaite - comme ça en passant (mais pourquoi seulement en passant ?) que le Mexique est devenu le satellite industriel de l’Amérique après avoir fait longtemps office de résistant numéro un à l’ogre-oncle Sam: de la même manière la république (et tant pis pour Philippe Roger…) est devenue un larbin intégral des Américains, et ce, vingt ans après le discours de Villepin à l’ONU, en ayant élu en 2007 un président présumé gaulliste ou néo-gaulliste, car on ne sait plus. Les andouilles qui faisaient, depuis Cochin, confiance à Chirac auraient dû regarder d’un peu plus près le CV des députés-maires du 92 en 1983: Sarkozy, Devedjian, Balkany, Noir, Barzach, tous plus socialistes, européens et mondialistes les uns que les autres. Mais le gaullisme fait partie des mythes froncés, et on ne les changera pas ces froncés.

Trump va humilier et ruiner l’Europe un peu plus donc. Le problème est que, tropisme démocrate aidant, les Français et les Européens aiment se faire plumer et humilier par les Huns-démocrates, pas par les autres dits républicains (voyez mon texte et le nom de vos places et de vos rues – Wilson, Roosevelt, Truman, Kennedy…). Ils n’aiment pas Trump puisque leurs médias aux ordres leur ont dit de le détester et que Trump qui a dû lire Guénon comme Bannon pratique la technique de la « folie apparente/sagesse cachée ». Il intrigue ou scandalise et donc imposera plus facilement le programme de la coulisse.

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On pourrait donc, comme le pitre Bardella, dénoncer Trump et se mettre un peu plus aux ordres d’Ursula et de son ordre nouveau européen qui passe par toujours plus de vers et d’insectes, toujours plus de vaccins et toujours plus de guerres et d’éoliennes ; et comme Ursula n’est pas en reste, elle va promouvoir comme Adolf la guerre contre l’Amérique après celle contre la Russie. Gageons que quelques frappes commerciales suffiront à calmer l’ire des fous de Bruxelles.

Mais voyons l’argument optimiste. L’idée première serait donc que Trump allant trop loin, et son monsieur Musk qui joue au pitre aussi, bras tendu ou non, le monde européen redresserait la tête et s’éloignerait du parrain américain.

Je ne le crois pas une seconde. Viscéralement russophobes, les pays de l’Est suivront jusqu’en enfer le Donald ; la France totalement « conifiée par les mots » (Céline) et gauchiste à en crever, reniement national inclus, ne peut rien proposer aux Européens qu’un suicide plus rapide. Leur Europe est soit promise à une guerre d’extermination contre la Russie, qui renforcera les intérêts américains, soit à une guerre d’attrition industrielle, qui en terminera avec son économie. Dans les deux cas Trump joue gagnant. On verra comment il mettra au pas séparément chaque pays des Brics. Comme je disais plus haut, cela sert d’avoir le plus gros déficit commercial du monde, déficit éternel que l’on renfloue simplement en imprimant ce dollar-qui-doit-disparaître-très-prochainement. Notre ami Shamir a rappelé que ni le rouble ni le yuan ne jouent de rôle secondaire: ce gentil rôle est échu à l’euro, que les Américains feront disparaître sur ordre, notamment en le faisant numériser par leur agent Christine Lagarde: tout le monde le fuira et ce sera la débandade.

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La domination culturelle américaine aussi va se maintenir, surtout s’il faut tenir compte de la montée en puissance de la débilité planétaire. Car la montée de l’intelligence artificielle depuis les années 90 s’accompagne d’un effondrement universel des QI, d’un écroulement des ambitions et des contenus culturels. Relisez Barzun ou Zweig, et comparez le contenu littéraire français du début du vingtième siècle au nôtre pour comprendre. Les dix films les plus vus en 2024 (voir source sur Wikipédia) sont des dessins animés pour enfants (et adulescents, si on veut faire court et gentil): autrement dit Hollywood reste aux commandes mais a liquidé les acteurs, qui n’ont pas pu de ce fait peser sur la dernière élection US ; ils n’existent plus. Dans un monde où l’homme n’existe plus et où le public s’en fout, il va devenir facile de faire régner avec trois oligarques l’intelligence artificielle, dût-on laisser son pré carré à la Chine rétive et surtout moins active que jamais sur le plan géostratégique. Après, on diminuera la taille du troupeau des citoyens superflus et tout le monde sera content. Comprenez le grand incendie en ce sens : l’acteur est aboli. Le nouveau Néron de l’ère numérique, qui abolira l’humain, l’a aboli l’humain. Est-ce un être de chair et de sang ou déjà une matrice informatique qui a bouffé le monde ?

L’Amérique, explique Céline dans le Voyage, c’est le pays de la technique – de la technologie comme on dit aujourd’hui. On sait ce qu’en a dit Bernanos dans sa France contre les robots, France qui n’aura comme prévu par d’autres, opposé aucune résistance. Voyez Cochin ou Drumont et mes textes à ce sujet.

Le Donald lui a parlé d’âge d’or ; il a même parlé de « Our God », notre dieu maçonnique et bien américain. On a aussi cité la quatrième églogue de Virgile et cet âge d’or qui devait revenir après le règne du christianisme, et dont a parlé Dick dans une elliptique et énigmatique (enfin, pas pour moi) nouvelle de neuf pages nommée L’œil de la sibylle.

Tout cela pour dire que l’Amérique se moque du monde et qu’elle a bien raison de le faire.  Avec les adversaires qu’elle a ou plutôt qu’elle n’a pas en face d’elle, elle joue gagnant à court et moyen terme.

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mardi, 28 janvier 2025

Poker arctique: les États-Unis et la Chine se disputent l’avenir du Groenland

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Poker arctique: les États-Unis et la Chine se disputent l’avenir du Groenland

Source: https://report24.news/arktis-poker-usa-und-china-ringen-u...

Au Groenland, une confrontation géopolitique se profile à l’horizon. Ce qui pourrait apparaître à certains comme une simple étendue glacée surdimensionnée devient le théâtre d’un jeu stratégique entre les grandes puissances mondiales. Washington et Pékin manifestent un intérêt croissant pour la plus grande île du monde.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: avec une population d’à peine 56.000 habitants et un PIB modeste de 3,4 milliards de dollars (en 2024), le Groenland peut sembler être un poids plume économique. Pourtant, cette immense île repose sur une poudrière géopolitique susceptible de bouleverser l’équilibre mondial des pouvoirs. Une lutte d’influence oppose les États-Unis, l’Union européenne, la République populaire de Chine et la Fédération de Russie.

Un sondage récent attire particulièrement l’attention: 57% des Groenlandais se disent favorables à une appartenance aux États-Unis. Une évolution qui provoque des inquiétudes à Copenhague, où le Danemark détient encore officiellement les rênes en matière de politique étrangère et de sécurité.

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Deux routes maritimes potentielles traversant l’Arctique – le passage du Nord-Ouest longeant la côte nord-américaine et la route transpolaire au centre de l’océan Arctique – font de cette région un carrefour maritime d’importance croissante.

Alors que les États-Unis tentent de renforcer leur position, la Russie a déjà pris une longueur d’avance. Sa flotte de brise-glaces conventionnels et nucléaires dépasse de loin celle des Américains. Les nouveaux brise-glaces russes de la classe Projet 22220 peuvent traverser en continu des glaces atteignant 3,2 mètres d’épaisseur, soit plus de deux fois les capacités du plus puissant navire américain, l’USCGC Healy.

La coopération croissante entre la Russie et la Chine dans cette région aggrave encore la situation. La Chine, premier constructeur naval mondial, et la Russie, qui détient 53% de l’Arctique, ont uni leurs forces – une alliance qui fait retentir des alarmes à Washington.

Le gouvernement danois est face à un dilemme: d’un côté, il souhaite maintenir son lien colonial avec le Groenland; de l’autre, il manque des ressources nécessaires pour sécuriser efficacement la région et exploiter ses ressources naturelles. L’aide annuelle de 600 millions de dollars est à peine suffisante pour maintenir l’infrastructure de base.

La base spatiale américaine de Pituffik, anciennement connue sous le nom de Thule Air Base, avec ses 700 employés, constitue déjà un facteur économique important. Mais face à l’aggravation de la situation géopolitique, cela pourrait n’être qu’un premier pas vers une présence américaine renforcée.

Les parallèles avec l’histoire du canal de Panama, où la Chine a acquis une influence significative, sont pour les stratèges américains un avertissement. La région arctique, riche en terres rares et autres ressources naturelles, ne doit, selon eux, pas tomber entre de mauvaises mains. La question n’est plus de savoir si les États-Unis renforceront leur position au Groenland, mais comment. Que ce soit sous forme de protectorat ou autrement, les dés dans ce poker arctique ne sont pas encore jetés.

lundi, 27 janvier 2025

Alexandre Douguine: MAGA - MEGA - MRGA. L'écouméne chrétien tripolaire

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MAGA - MEGA - MRGA. L'écouméne chrétien tripolaire

Alexandre Douguine explore le potentiel d'une alliance tripolaire entre le MAGA, le MEGA et le MRGA pour résister au libéralisme mondialiste.

Alexandre Douguine

L'UE, dirigée par les mondialistes libéraux d'extrême gauche, est clairement hostile aux États-Unis de Trump. Mais le mouvement MEGA ("Make Europe Great Again") relève d'une tendance plus délicate. Reconnaissant envers les États-Unis pour s'être libérés de la dictature mondialiste, le mouvement MEGA ne peut pas être un simple outil obéissant aux Américains. Où est la grandeur ? Certainement pas dans la soumission totale.

MEGA ne peut donc pas être inconditionnellement pro-américain. Lorsque Steve Bannon est venu en Europe en 2017 pour tenter de soutenir le populisme de droite, il a découvert que la droite européenne (la Nouvelle Droite en premier lieu) était bien différente de ce qu'il présumait. Elle est gaulliste, sociale, anticapitaliste et anti-américaine. MEGA partage avec MAGA le rejet de DEI ("Diversity, Equity, Inclusiveness"), du wokisme, du libéralisme, du globalisme. Bien sûr, mais les valeurs traditionnelles de la vieille Europe diffèrent considérablement des valeurs traditionnelles du Nouveau Monde - initialement colonie de culture protestante anglo-saxonne, suffisamment éloignée de l'anglicanisme pour ne pas parler de la distance qui la sépare de l'Europe du Sud catholique.

L'Europe en tant que continent n'est pas une simple prolongation des États-Unis, comme pourrait le croire le MAGA. Le mondialisme libéral de gauche n'est pas la seule source d'hostilité virtuelle à l'Amérique de Trump.

Je propose une triple alliance contre le mondialisme: MAGA + MEGA + MRGA ("Make Russia Great Again", pour l'Empire russe, l'Eurasie). Ces trois univers ont des points communs et en même temps des différences. Mais il y a un ennemi commun - les mondialistes libéraux de gauche, le wokisme, le Swamp, Soros.

Les trois univers ont un ennemi intérieur - les élites libérales de gauche sont le principal obstacle pour Trump, pour le populisme européen et pour la Russie également (l'héritage d'Eltsine). Il est facile de prévoir quelle stratégie ces élites adopteront.

Les élites libérales aux États-Unis, en Europe et en Russie essaieront d'opposer les États-Unis à l'Europe et à la Russie, l'Europe aux États-Unis et à la Russie. La Russie à MAGA et MEGA. Elles joueront sur les différences et les gestes impérialistes maladroits de chaque pôle, inévitables avec la montée du patriotisme post-libéral.

Les États-Unis, l'Europe et la Russie ne sont pas des ennemis absolus les uns des autres. L'élite mondialiste libérale de gauche est l'ennemie absolue des États-Unis, de l'Europe et de la Russie. Et cette élite libérale mondialiste tente d'opposer chacun d'entre nous à l'autre en travaillant de l'intérieur. Divide et impera.

MAGA - MEGA - MRGA. Ecoumène tripolaire chrétien.

Ni unis, ni hostiles, ni divisés. Coexistence dynamique.

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