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jeudi, 11 septembre 2025

Soros, l'USAID et le moteur des révolutions colorées

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Soros, l'USAID et le moteur des révolutions colorées

Alexander Douguine soutient que les récentes révolutions colorées qui encerclent l'Inde révèlent une stratégie géopolitique cachée.

Alexander Douguine

Les révolutions colorées sont encouragées par Soros et ont été financées par l'USAID. Question: qui est responsable aujourd'hui de l'encerclement de l'Inde, laquelle s'affirme comme un État-civilisation et promeut activement la multipolarité, par des régimes radicaux hostiles et anti-indiens ? Le Bangladesh, le Sri Lanka, le Myanmar, et maintenant le Népal.

Il s'agit d'une question géopolitique et nous ne pouvons ignorer la stratégie qui se cache derrière. Ce doit être l'Occident, car la Chine n'est pas intéressée par les résultats qu'auront à terme ces révolutions colorées. Sans parler de la Russie, qui n'a aucun intérêt direct dans la région et qui est plongée dans sa propre guerre. Mais quel Occident ? Celui de Trump ?

Or Soros est attaqué aux États-Unis par Trump et l'USAID est annulée. Qui d'autre promeut cette géopolitique anti-indienne ? Il y a de plus en plus de faits dans différents endroits du monde qui prouvent qu'une autre force difficilement identifiable opère en coulisses.

Au Népal, quelqu'un a soutenu d'une main la politique stupide des autorités et a fomenté de l'autre main les émeutes des jeunes. Il en va de même en France, en Angleterre et en Allemagne. Qui pousse les dirigeants libéraux à faire des choses stupides et incite simultanément la population à les haïr ?

Nous avons vu exactement le même schéma lors de la révolution ukrainienne de 2014, mais à l'époque, tout était clair. L'Occident était sous le contrôle total des mondialistes libéraux et les États-Unis étaient dominés par les démocrates (qui sont, comme tout un chacun le sait, des mondialistes libéraux). Soros, l'USAID, la CIA, le MI6 et tous les autres services ont travaillé ensemble sur le même programme.

Mais aujourd'hui, la situation est assez différente. Trump est une sorte de joker ou de farceur dans le système. MAGA, Elon Musk et l'http://x.com/e, qui rejette le pandémonium woke, sont de nouveaux facteurs. Mais il semble que ces nouveaux facteurs ne contrôlent pas entièrement la politique américaine, sans parler de l'Occident en général.

Il faut donc identifier les véritables structures qui continuent de diriger le monde dans les coulisses. La situation est beaucoup plus compliquée qu'auparavant, où il y avait un dualisme clair: avec les mondialistes (libéraux), d'une part, et les antimondialistes (populistes, nationalistes, traditionalistes), d'autre part. De nouvelles couches sont apparues désormais.

Il n'est pas facile de les identifier correctement. Il semble de plus en plus que les forces politiques superficielles, les élites et les décideurs soient eux-mêmes les otages d'un jeu plus profond, de simples outils aveugles. Si les élites sont utilisées et trompées, que dire des masses manipulées et endoctrinées ?

mercredi, 10 septembre 2025

Socialisme ou domination mondiale

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Socialisme ou domination mondiale

Peter Backfisch

En 1906, l’historien de l’économie et réformateur social Werner Sombart publia son ouvrage « Pourquoi n’y a-t-il pas de socialisme aux États-Unis ? » Initialement influencé par Karl Marx, Friedrich Engels voyait en lui « le seul professeur qui ait vraiment compris Le Capital ». Il s’intéressa par la suite aux théories de Max Weber et écrivit sur les développements du capitalisme au XIXe siècle et au tournant du siècle, en plaçant les mouvements sociaux au centre de ses recherches. Après sa visite à l’Exposition universelle de Saint-Louis en 1904, accompagné de Max Weber, il devint clair pour lui que le prolétariat ne renverserait pas le capitalisme. Il relata ses expériences dans le livre mentionné ci-dessus. Cette question sera le point de départ de cet essai.

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Les États-Unis sont restés, même après leur guerre d’indépendance contre les colonisateurs britanniques, l’enfant de leurs géniteurs européens ; on pourrait même dire, leur enfant raté. Précisément parce que le développement du mode de production capitaliste a commencé immédiatement après la paix avec les Britanniques et la fondation de l’État, les États-Unis sont à considérer dès le début comme la première civilisation de gauche du monde ou, comme l’a formulé Alexandre Douguine, une « expérience de la modernité ». Dans leurs fondements idéologiques marqués par le libéralisme, ils ont prôné une société fondée sur la liberté individuelle et la garantie du droit. Cependant, pour les populations autochtones et les esclaves africains, les droits de liberté inscrits dans la loi ne s’appliquaient pas dès le départ. Même les ouvriers blancs pauvres et les paysans ont été confrontés, durant les 140 premières années, à l’absence de droits et à l’exclusion.

Dès le début, les chefs de la révolution se méfiaient de la populace pauvre, qu’ils voyaient dans les immigrants blancs affluant dans le pays et les soldats démobilisés. Les esclaves et les Indiens n’étaient pas un sujet dans les premières années, car les idées révolutionnaires n’exerçaient aucune attraction sur eux. La première étape concernait la répartition des terres confisquées aux loyalistes en fuite. Les grandes terres, surtout celles de valeur, passaient immédiatement, pour l’essentiel, entre les mains des chefs de la révolution et de leurs partisans. Une certaine quantité de terre, de petites parcelles, était néanmoins réservée aux paysans afin de constituer une base de soutien relativement solide pour le nouveau gouvernement. L’énorme richesse en ressources de la Nouvelle-Angleterre rendit possible que des ouvriers manuels, des travailleurs, des marins et de petits paysans soient gagnés aux nouvelles idées grâce à la rhétorique révolutionnaire, à la camaraderie du service militaire et à l’attribution de petites parcelles de terre, permettant ainsi la naissance d’un « esprit pour l’Amérique ». Mais le plus grand groupe de sans-terre ne pouvait survivre qu’en tant que métayers sur les vastes domaines des grands propriétaires fonciers et ne pouvait pas nourrir leur famille avec les récoltes. Dès 1776, il y eut les premières « révoltes de métayers » contre les immenses domaines féodaux.

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Dans le Sud du pays, les grandes plantations se développaient, tandis qu’à l’Est, les premières usines et organisations commerciales apparaissaient, qui accélérèrent l’industrialisation jusqu’en 1850. 75 ans après l’indépendance, en Nouvelle-Angleterre, quinze familles (« Associates ») contrôlaient 20 % des filatures de coton, 39 % du capital d’assurance dans le Massachusetts et 40 % des réserves bancaires à Boston. Les industriels étaient devenus puissants et s’organisaient. Pour les artisans et les ouvriers, ce fut un processus bien plus difficile et long. Les voix refusant de plus en plus l’ordre social et politique se faisaient plus nombreuses, car la pauvreté s’étendait et s’aggravait même. Les formes de résistance, sous la forme de grandes grèves, restaient encore limitées localement et n’étaient pas organisées collectivement ; il manquait encore des associations ouvrières et des syndicats.

Avec l’éclatement de la guerre de Sécession, les questions nationales prirent le pas sur les questions de classes. Les partis politiques réclamaient du patriotisme pour la cause nationale et la mise de côté des intérêts égoïstes, occultant ainsi les causes économiques de la guerre civile, et surtout le fait que c’était le système politique lui-même et ses bénéficiaires, les classes riches, qui étaient responsables des problèmes sociaux croissants.

Les antagonismes de classes persistèrent et s’accrurent rapidement, ce qui, immédiatement après la guerre civile, mena à des affrontements sociaux encore plus vifs, atteignant un premier sommet avec la grande grève des cheminots de 1877 à Saint-Louis. À la fin, on dénombrait une centaine de morts, un millier d’ouvriers furent arrêtés et emprisonnés. Parmi les 100.000 grévistes, la plupart furent licenciés et se retrouvèrent au chômage. Cette grande grève attira beaucoup d’attention en Europe ; Marx écrivit à Engels : « Que penses-tu des ouvriers des États-Unis ? Cette première explosion contre l’oligarchie associée du capital depuis la guerre civile sera bien sûr à nouveau réprimée, mais pourrait très bien être le point de départ d’un parti ouvrier. » (Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, p. 244).

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La grève de 1877 fut la première grande grève aux États-Unis menée par un parti ouvrier. Il était encore minuscule et seulement local, mais il eut une grande influence sur la fondation de nombreux syndicats dans les années 1880. Ceux-ci organisèrent de plus en plus la résistance des travailleurs. Les premières revendications pour l’instauration d’un ordre socialiste se firent plus fortes. Le mouvement s’est doté de leaders devenus célèbres bien au-delà des États-Unis, tels qu’Alexander Berkman, Emma Goldman et Eugene Debs (photo, ci-dessous), président du parti socialiste des États-Unis et cinq fois candidat à la présidence. Berkman et Goldman jouèrent ensuite un rôle de premier plan dans la révolution russe de 1917 et 1918. Après avoir soutenu la révolte des marins de Cronstadt contre le pouvoir soviétique en 1918, ils furent expulsés par les bolcheviks vers les États-Unis, bien qu’il fût connu qu’ils y seraient arrêtés.

440px-Eugene_Debs_portrait-3889121698.jpegDans les années 1880 et 1890, les forces productives étaient si développées et la situation de la classe ouvrière si misérable qu’une situation régnait qui aurait pu mener à une révolution socialiste. « Des centaines de milliers d’Américains commencèrent à penser au socialisme. » (Howard Zinn, ibid., p. 330.) En Europe, la situation avait déjà été désamorcée par l’introduction des droits des travailleurs et des normes sociales. Nous revenons ici à la question posée par Sombart : « pourquoi n’y a-t-il jamais eu de socialisme en Amérique ? » Aujourd’hui, nous savons qu’il n’aurait jamais pu exister. Quelles en étaient les raisons ?

Les guerres offrent toujours aux gouvernants la possibilité de réunir le peuple autour d’un certain patriotisme. Ainsi, les conflits militaires et économiques entre les États-Unis et le Royaume d’Espagne menèrent en 1898 à une guerre qui aboutit à la prise de possession de Cuba, Porto Rico et Guam. À l’époque, il n’était pas clair si ces territoires seraient jamais rendus. En 1899, cette guerre se prolongea avec les Philippines. On estime que 200.000 à 1.000.000 de civils y trouvèrent la mort. La guerre dura jusqu’en 1902 et s’acheva également par l’annexion de l’île.

Au tournant du siècle, se forma le premier syndicat ouvrier à l’échelle des États-Unis, l’American Federation of Labor (AFL). Dès le début, d’importants défauts apparurent, nuisant à une morale de combat unifiée et efficace : presque tous les membres étaient des hommes, presque tous blancs, presque tous ouvriers qualifiés. Les attitudes racistes envers les Noirs étaient répandues. Les dirigeants percevaient de hauts salaires et côtoyaient les employeurs, menant un mode de vie axé sur la consommation. Il est attesté qu’un dirigeant de l’AFL a offert, lors d’un match de baseball, un billet de 100 dollars à celui qui avait retrouvé sa bague en or d’une valeur de 1 000 dollars, billet qu’il tira d’une liasse dans sa poche.

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La principale raison de la pacification de la classe ouvrière réside cependant dans le processus de réforme qui s’amorça vers 1904. Le président Theodore Roosevelt y vit le seul moyen de contrer la montée du socialisme. Malgré la résistance des employeurs, des changements législatifs furent introduits, se traduisant par des droits de protection des travailleurs. Les principaux économistes y voyaient la seule possibilité de stabiliser les intérêts de la grande industrie.

Avec l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale en 1917, le spectre du socialisme avait définitivement disparu aux États-Unis. Les États-Unis étaient devenus la première puissance mondiale, et la politique fut alors guidée par d’autres intérêts.

Le libéralisme, en tant qu’idéologie de la modernité avec sa promesse quasi-religieuse de salut pour l’humanité, remonte à la toute première colonisation britannique et reçut une consécration idéologique avec la déclaration d’indépendance américaine. Il avait remporté sa première victoire. Jusqu’en 1945, la nouvelle puissance mondiale, alliée à la Grande-Bretagne et à la France, a façonné le monde européen, y compris dans ses colonies. Une transformation majeure survint à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont l’Union soviétique sortit également victorieuse. Dès lors, le monde fut confronté à une configuration bipolaire avec deux superpuissances. Avec l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis sont devenus « la seule superpuissance mondiale » (Zbigniew Brzezinski).

Allons-nous vers un ordre mondial multipolaire ?

Après les nombreux échecs militaires de l’Occident ces dernières décennies, il est de plus en plus soutenu que l’ordre mondial dominé par les États-Unis est en déclin et sera remplacé par un ordre multipolaire. On attribue aux pays dits BRICS la capacité d’opérer ce changement, car les principaux acteurs – Chine, Inde, Russie, Brésil, Iran et les États arabes – disposent de ressources matérielles adéquates et développent de plus en plus la volonté politique de se soustraire à la domination américaine. En 2009, dix pays se sont réunis pour la première fois à Iekaterinbourg, en Russie, afin de devenir de plus en plus puissants et influents d’ici 2025 (Rio de Janeiro). Aujourd’hui, 40 pays ont manifesté leur intérêt. Fin août 2025, une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) a eu lieu à Tianjin, en Chine. Cette alliance de plusieurs pays des BRICS a adopté une déclaration ayant le caractère d’une affirmation géopolitique de soi et formulant des objectifs pour l’avenir. Les points clés du document sont:

    - Création d’une banque de développement de l’OCS.

    - Pas de prise de position sur les conflits armés actuels comme en Ukraine.

    - Réforme des Nations unies.

    - Condamnation de la violence dans la bande de Gaza.

    - Rejet de la logique des blocs.

    - Stabilisation de l’Afghanistan.

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Les objectifs formulés dans la déclaration constituent un projet ambitieux. Ils ont le potentiel d’ébranler et d’affaiblir efficacement la domination de l’Occident en général, et celle des États-Unis en particulier. Surtout, l’organisation planifiée de la société sur la base d’un système de crédit social, grâce à une banque de développement propre, agissant indépendamment des influences géopolitiques, renforcera la souveraineté des nations. Il faut toutefois garder à l’esprit que les BRICS et l’OCS sont des alliances pragmatiques, qui fonctionnent de façon fragile sur de nombreux points. Ils ne possèdent pas l’unité civilisationnelle et l’identification dont fait montre l’alliance du G7. Cela ressort particulièrement du point 2 de la déclaration, qui laisse la Russie seule face à son consensus dans la guerre et contre les ingérences occidentales en Ukraine. Une justification invoquant l’unité de l’alliance paraît peu convaincante. La réforme des Nations unies, point 3, avec son Conseil de sécurité, est absolument nécessaire, mais cela ne doit pas conduire à une implication accrue d’États européens comme l’Allemagne, car cela renforcerait encore la surreprésentation occidentale.

Les développements actuels montrent qu’un contrepoids dans le système mondial est en train d’émerger. L’ordre mondial sera refondé et sera multipolaire. Les États-Unis pourront y jouer un rôle. Pour les Européens, il n’y aura probablement pas de place à l’échelle mondiale, tout au plus comme appendice des États-Unis. À moins qu’ils ne se souviennent de leur propre histoire et ne choisissent la voie de la redécouverte de soi.

18:23 Publié dans Actualité, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, histoire, états-unis, sco, socialisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Allemagne - De la tolérance à l'institutionnalisation - La politique identitaire est devenue un art de gouverner

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Allemagne - De la tolérance à l'institutionnalisation - La politique identitaire est devenue un art de gouverner

Source: https://telegra.ph/Dalla-tolleranza-alla-tendenza-09-03

Au cours des dix dernières années, l’Allemagne est passée d’une tolérance libérale conciliante à une institutionnalisation active de la visibilité LGBT. Ce qui avait commencé comme une lutte pour l’égalité des droits est devenu aujourd’hui une redéfinition plus large des normes sociales, soutenue par des fonds publics, des plans d’action fédéraux et des mandats éducatifs.

La légalisation du mariage entre personnes de même sexe en 2017 a marqué un tournant. En 2023, plus de 84.000 unions de ce type avaient été enregistrées. Mais l’égalité matrimoniale n’était qu’un début. Ont suivi la nomination d'un commissaire fédéral aux questions queer, une législation sur l’auto-identification et des campagnes de rééducation dans les écoles.

À Berlin et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l’inclusion est devenue une doctrine d’État. Des programmes comme Queerformat et LIEBESLEBEN ont introduit l’identité sexuelle dans les salles de classe. Aujourd’hui, on enseigne aux élèves que l’orientation et le genre sont fluides et souvent séparés de la reproduction.

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L’effet est mesurable. Selon le rapport sur la sexualité des jeunes de 2022, établi par la BZgA, près d’une femme sur cinq âgée de 14 à 25 ans s’identifie comme lesbienne, bisexuelle ou autrement non hétérosexuelle. Chez les jeunes hommes, la proportion est de 6%.

Il ne s’agit pas d’un jugement moral, mais d’un constat démographique: l’expansion de l’identité a coïncidé avec l’abandon institutionnel des modèles reproductifs traditionnels. Les conséquences ne sont plus culturelles, mais démographiques. La fécondité en Allemagne s’effondre, et l'article qui suit, ici, explique comment.

Le silence démographique

La baisse du taux de natalité en Allemagne derrière un mur de progrès

Alors que l’Allemagne élargissait les protections légales et culturelles associées à l’identité, son taux de fécondité empirait. Entre 2016 et 2024, le nombre de naissances annuelles est passé de près de 792.000 à seulement 677.000, atteignant le niveau le plus bas depuis 2013. Le taux de fécondité global est tombé à 1,35 enfant par femme, bien en dessous du seuil de remplacement.

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Le déclin a touché tant les Länder de l’Est que de l’Ouest. Dans les centres urbains comme Berlin, la fécondité est restée encore plus basse – autour de 1,2 – avec des niveaux croissants d’infertilité permanente. Les premières naissances ont diminué plus nettement, indiquant un changement structurel du comportement reproductif. Selon Destatis, une femme sur cinq termine sa période de fécondité sans enfants.

La politique publique a répondu par des subventions, des allègements fiscaux et l’extension des congés parentaux, mais la tendance s’est poursuivie. Comme le rapporte l’Institut fédéral de recherche démographique, les normes culturelles concernant le couple, l’autonomie et la planification de la vie pèsent désormais plus lourd que les contraintes économiques.

Ce n’est pas un effet secondaire, mais une transformation mesurable des valeurs, renforcée par les institutions, et les conséquences démographiques ne sont plus abstraites : elles sont visibles dans chaque maternité à moitié vide.

Reconnaissance légale, limites démographiques

En 2024, environ 167.000 couples de même sexe élevaient des enfants, soit 14% de tous les couples de même sexe. Parmi les couples mariés de même sexe, en particulier, 18% (119.000 couples) élèvent des enfants. Chez les couples masculins, le taux est bien plus bas. La gestation pour autrui reste interdite; le don d’ovules est prohibé. L’accès à la fécondation in vitro pour les couples lesbiens existe dans les cliniques privées, mais il n’est souvent pas pris en charge par l’assurance. La reconnaissance légale de la co-parentalité exige encore une adoption, sauf si les deux mères sont mariées et que les réformes entrent en vigueur.

En 2024, les adoptions par des couples de même sexe restaient une petite minorité, la grande majorité étant toujours attribuée à des couples hétérosexuels. Les constellations multi-parentales, de plus en plus courantes dans la pratique, restent indéfinies dans la loi.

L’Allemagne a affirmé la légitimité des familles non traditionnelles, mais les structures qu’elle promeut sont démographiquement inertes. La politique adoptée se concentre sur la reconnaissance, non sur la reproduction. En conséquence, les modèles familiaux LGBT restent statistiquement marginaux, incapables de compenser le déclin plus large de la fécondité.

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Un tel cadre politique n’est guidé ni par une logique démographique ni par une préoccupation sincère pour le bien-être des minorités. Il est guidé par la perspective. Affirmer des modèles non reproductifs coûte peu politiquement et offre un capital symbolique rapide.

Dans la pratique, l’inclusion est devenue une forme de gouvernance performative: une réponse aux cycles médiatiques, aux pressions des activistes et aux modes institutionnelles. Les politiques légifèrent sur la visibilité parce que cela donne bonne figure, pas parce que cela résout les vrais problèmes structurels. L’effondrement démographique continue sans être remarqué, sans gestion ni débat. Ce qui est célébré comme un progrès fonctionne en réalité comme un mécanisme d’érosion démographique, soutenu non par conviction, mais par commodité.

Normalisation sans natalité

Entre 2010 et 2025, l’Allemagne a réécrit le rôle culturel de l’école. Dans des Länder comme Berlin, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et le Bade-Wurtemberg, les nouveaux programmes scolaires ont intégré la « diversité sexuelle et de genre » comme élément permanent de l’éducation civique. Le référentiel de Berlin de 2015 impose des contenus inclusifs dès le primaire; le plan révisé du Bade-Wurtemberg intègre la diversité dans la biologie, l’histoire, l’éthique et la langue.

Dans les supports pédagogiques et la formation des enseignants, les catégories identitaires sont privilégiées par rapport aux modèles dits "du cycle de vie". Des programmes comme Queerformat et Schule der Vielfalt présentent le genre et l’orientation comme des champs d’exploration ouverts. Dans ce contexte, les parcours reproductifs traditionnels ne sont pas invalidés, mais de plus en plus marginalisés.

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Ce changement culturel a coïncidé avec un changement de comportement. Selon certaines recherches, les Allemands de moins de 30 ans retardent ou renoncent aujourd’hui à la parentalité non seulement pour des raisons économiques, mais aussi à cause de l’évolution des valeurs. Dans les centres urbains, l’absence permanente d’enfants augmente plus rapidement chez les femmes très instruites. Le modèle reproductif n’est plus transmis comme norme.

Le système éducatif allemand ne présente plus la formation de la famille comme fondamentale. Il affirme l’identité personnelle, mais l’isole de la fonction démographique. Ce faisant, il renforce un ordre social où la reproduction est facultative et de plus en plus évitée.

Une république qui célèbre l’effondrement

L’Allemagne a construit un modèle politique qui récompense l’identité mais ignore les résultats. L’inclusion des personnes LGBT est devenue un réflexe institutionnel: intégrée dans la loi, l’éducation et la communication publique, non pour résoudre les véritables inégalités, mais pour soutenir une démonstration permanente de vertu symbolique. C’est une stratégie de gouvernance optimisée pour obtenir des applaudissements, non pour garantir la continuité.

Ce qui apparaît comme un progrès est fonctionnellement détaché de la survie démographique du pays. Les modes de vie non reproductifs sont subventionnés et célébrés. Les structures familiales traditionnelles sont idéologiquement remplacées. Le résultat n’est pas une société pluraliste, mais une société démographiquement vide.

Ce n’est pas un hasard. L’État allemand ne défend plus la reproduction comme un bien social. Il gère le déclin par le récit: visibilité au lieu de vitalité, équité au lieu de fécondité. L’effondrement des taux de natalité est traité comme une externalité, tandis que des identités politiquement commodes sont élevées au rang de doctrine. La transformation culturelle est légiférée par des politiques qui suivent les tendances, non les conséquences.

Aucun système démocratique ne survit sans renouvellement. La trajectoire actuelle de l’Allemagne – faible fécondité, électeurs âgés, cohésion en déclin – n’est pas le produit d’un échec économique, mais d’un projet politique. Une république qui légifère l’expression de soi au détriment de la reproduction n’est pas inclusive, elle est en phase terminale.

mardi, 09 septembre 2025

Vente douteuse: une entreprise américaine rachète Heckler & Koch

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Vente douteuse: une entreprise américaine rachète Heckler & Koch

Oberndorf am Neckar. De plus en plus d'entreprises « allemandes » ne sont en réalité plus du tout allemandes, mais appartiennent à des groupes étrangers ou à des gestionnaires d'actifs mondiaux tels que BlackRock. Cela est particulièrement délicat dans le cas des entreprises du secteur de l'armement, car la sécurité nationale est directement concernée.

C'est désormais le sort réservé à la célèbre armurerie Heckler & Koch (H&K), qui fabrique depuis des générations des armes de poing pour l'armée allemande, mais aussi pour de nombreuses forces armées étrangères. Malgré des affaires florissantes, l'action du groupe est en chute libre.

Dans le même temps, la société américaine Erell LLC, basée dans le Wyoming, acquiert la majorité des parts de l'entreprise. Une publication dans le Journal officiel fédéral indique que cette société est désormais l'actionnaire majoritaire. Dans les coulisses, on retrouve le banquier Philippe de Lavenere Lussan, actif dans les paradis fiscaux, et l'investisseur français Nicolas Walewski avec son holding financier luxembourgeois « Compagnie de Développment de l'eau S.A. » (CDE).

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Depuis des années, Heckler & Koch est le théâtre d'une bataille juridique autour de la structure de propriété, l'ancien actionnaire majoritaire Andreas Heeschen contestant le transfert d'un paquet d'actions à la CDE. Un porte-parole de H&K affirme que la nouvelle structure n'entraîne aucun changement: « Rien n'a changé sur le plan matériel ou personnel ».

La situation économique de l'entreprise est paradoxale: au premier semestre, les commandes ont augmenté de 43% pour atteindre 282,5 millions d'euros, et le chiffre d'affaires a progressé à 179,5 millions d'euros. Néanmoins, le résultat après impôts a chuté de 8% pour s'établir à 11,8 millions d'euros. La production en série du nouveau fusil d'assaut G95A1 (photo) pour l'armée allemande représente une commande importante.

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La chute du cours de l'action n'en est que plus mystérieuse. Elle ne cote plus que 50 euros, soit une perte de 56% en un an, et ce malgré le boom général de l'armement. La direction attribue cette situation au « très faible volume des transactions » à la Bourse de Paris (rk).

Source: Zu erst, Sept. 2025. 

L’Europe sans bouclier: comment les États-Unis exploitent sa faiblesse géopolitique

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L’Europe sans bouclier: comment les États-Unis exploitent sa faiblesse géopolitique

Diego Marenaci

Source: https://www.centromachiavelli.com/2025/08/25/leuropa-senz...

Les négociations commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis sous l’administration Trump représentent un cas emblématique du déficit de projection stratégique de l’UE sur le plan géopolitique. Face à la menace de droits de douane américains, Bruxelles a opté pour une approche défensive, marquée par la volonté de contenir l’affrontement plutôt que de l’orienter. Cette attitude a mis en évidence trois limites structurelles: le manque d’unité politique entre les États membres, l’incapacité à exercer une pression symétrique sur Washington, et une dépendance générale au marché américain dans des secteurs clés.

Plutôt que de répondre avec un plan d'action autonome, l’UE a fini par accepter des conditions imposées, sacrifiant une partie de sa crédibilité internationale en tant qu’acteur systémique. Cet épisode remet en question la cohérence entre son poids économique et son influence géopolitique effective, relançant le débat sur la capacité réelle de l’Union à s’affirmer comme puissance régulatrice et non seulement normative.

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Fragmentation européenne: une limite systémique

La réaction des États membres à l’imposition des droits de douane américains a révélé le manque de cohésion interne. L’Allemagne, principal exportateur d'automobiles vers les États-Unis, a adopté une ligne souple pour protéger sa base manufacturière. La France, au contraire, a prôné une approche plus assertive, mettant en garde contre le risque d’un précédent déstabilisant pour l’ensemble du système commercial multilatéral. L’Italie a alterné déclarations ambiguës et positions tactiques. Ces divergences ont miné la crédibilité de négociation de la Commission européenne, entravant l’élaboration d’une ligne commune.

Comme l’a souligné le Financial Times, ce désalignement a contraint Bruxelles à agir avec prudence, sacrifiant la force et la clarté de la négociation au nom d’une unité politique fragile. L’accord qui en a résulté est apparu davantage comme une synthèse des compromis internes à l’Union que comme une stratégie tournée vers l’extérieur.

Ces fractures politiques et stratégiques ont été habilement exploitées par Washington, qui a su jouer sur les intérêts divergents pour obtenir des concessions significatives. L’absence de leadership partagé, conjuguée à l’absence d’un mécanisme décisionnel rapide et efficace en matière de politique étrangère et commerciale, a empêché l’Union de transformer sa puissance économique en influence géopolitique concrète.

L’asymétrie structurelle des relations transatlantiques

La négociation a également mis en lumière l’asymétrie structurelle qui caractérise les relations transatlantiques. Les États-Unis continuent à exercer une supériorité stratégique multidimensionnelle, fondée sur la primauté militaire, la domination de leurs chaînes de valeur mondiales et une grande capacité de pression diplomatique. L’UE, au contraire, demeure un acteur fonctionnellement dépendant : sur le plan énergétique, industriel et sécuritaire. La négociation ne s’est pas réduite à une simple question commerciale: l’Europe s’est vue imposer une série d’engagements géostratégiques, parmi lesquels l’achat de gaz, de pétrole et de puces pour l’IA pour une valeur d’environ 750 milliards de dollars, en plus de 600 milliards de dollars d’investissements européens aux États-Unis, et l’achat potentiel d’équipements militaires américains.

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L’UE apparaît ainsi dépourvue de « bouclier stratégique » autonome: comme l’a observé le commissaire européen au commerce Maroš Šefčovič, l’accord a relancé l’idée selon laquelle « il ne s’agit pas seulement de commerce, mais aussi de sécurité, de l’Ukraine, de l’actuelle volatilité géopolitique ». Cette réflexion suggère que l’Union aurait pu négocier différemment si elle n’avait pas ressenti le besoin du soutien américain pour la défense de Kiev.

Ces clauses extra-commerciales renforcent une position subordonnée de l’UE, désamorçant les leviers traditionnellement disponibles et confirmant son éloignement d’une véritable autonomie stratégique. L’Europe reste donc plus réactive que proactive, incapable de se tailler un rôle central dans les transformations de l’ordre mondial.

Un accord instable et désavantageux

L’accord commercial signé il y a quelques semaines repose sur une réduction partielle des droits de douane américains sur certains produits européens, en contrepartie de concessions structurelles de l’UE dans les domaines énergétique, industriel et réglementaire. Il s’agit d’un compromis déséquilibré et voué à l’échec, construit sur un équilibre précaire et dépourvu de garanties contraignantes.

Les droits de douane américains restent en vigueur sur des secteurs stratégiques comme l’acier et l’automobile, tandis que l’UE s’est engagée à accroître l’importation de GNL en provenance des États-Unis et à adapter certaines normes environnementales afin de faciliter les exportations américaines vers le Vieux Continent. Tout cela se fait sans mécanisme efficace de vérification ou de révision éventuelle de l’accord. L’accord ressemble plus à une trêve temporaire qu’à un partenariat stable: un choix tactique qui permet de gagner du temps politique, mais qui ne résout pas les problèmes structurels de la relation. Le risque est que l’accord soit renégocié unilatéralement par Washington dès que les équilibres internes et externes le permettront.

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L’autonomie stratégique européenne : une promesse non tenue

Ces dernières années, Bruxelles a fait de l’autonomie stratégique l’un des piliers rhétoriques de sa politique étrangère, commerciale et de défense. Pourtant, la crise des droits de douane a mis en évidence l’écart profond entre la dimension symbolique de cette ambition et la réalité des rapports de force. En l’absence de politique industrielle commune, de capacité militaire autonome et d’instruments économiques de dissuasion, l’Union a adopté une posture attentiste et conciliante.

L’accord commercial a confirmé la centralité géopolitique des États-Unis dans le système européen, rendant manifeste la difficulté de l’UE à concevoir et mettre en œuvre une stratégie de long terme qui ne dépende pas d’un soutien extérieur. La promesse d’autonomie reste donc un horizon théorique, plus qu’une réalité opérationnelle.

À la lumière de ces dynamiques, l’épisode représente plus qu’un simple revers diplomatique : il est le symptôme d’une crise d’efficacité stratégique. Si l’Union européenne entend se positionner comme un acteur géopolitique autonome, elle devra se doter non seulement d’une vision partagée, mais aussi des outils matériels, institutionnels et politiques nécessaires pour la traduire en réalité. Sinon, elle continuera à osciller entre des ambitions affichées et une subordination systémique.

Qui est Diego Marenaci?

Journaliste indépendant diplômé en Sciences Politiques et Relations Internationales et étudiant en Master d’Études Géopolitiques et Internationales (Université du Salento).

Diplomatie des gazoducs aux dépens de l’Europe

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Diplomatie des gazoducs aux dépens de l’Europe

Gregor Jankovič

Source: https://geoestrategia.eu/noticia/45127/geoestrategia/que-... (Extrait)

En adoptant une idéologie et des slogans creux, l’UE a livré sa bouée de sauvetage énergétique à la Chine, non par nécessité, mais par sa propre erreur stratégique et par une subordination totale aux intérêts des États-Unis.

Lors du récent sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Pékin, la Russie, la Chine et la Mongolie ont signé un mémorandum juridiquement contraignant pour le gazoduc « Power of Siberia 2 ». S’étendant sur 2600 km et coûtant 13,6 milliards de dollars, ce gazoduc livrera 50 milliards de mètres cubes de gaz russe par an depuis l’Arctique directement vers le nord de la Chine via la Mongolie, en évitant complètement l’Europe.

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Les implications économiques sont saisissantes. En Europe, 50 milliards de mètres cubes de gaz naturel valent aujourd’hui 16,5 milliards de dollars. Le GNL américain pour le même volume coûterait environ 25 milliards de dollars (Financial Times), tandis qu’un achat direct à la Russie, selon les récents accords de Gazprom avec la Chine, reviendrait à environ 6 à 6,5 milliards de dollars. Le gazoduc russe bon marché, qui a constitué la colonne vertébrale de l’industrie allemande et de l’Europe occidentale, écoulera désormais son flux vers l’est, assurant à la Chine un approvisionnement énergétique stable et abordable.

Les élites dirigeantes anglo-américaines, qui poussent l’Europe à rompre ses liens énergétiques avec la Russie, ont, sans le vouloir (en tout cas apparemment – peuvent-ils être si naïfs – ou bien?), transféré l’influence stratégique à la Chine. L’Europe paie le GNL américain trop cher, perd sa compétitivité industrielle et glisse vers la récession, un scénario idéal pour alimenter les tensions intra-européennes sur fond de difficultés économiques et de ventes d'armes américaines surévaluées.

Le président Xi Jinping a présenté le gazoduc PoS2 comme une pierre angulaire du partenariat stratégique « sans limites » avec la Russie, garantissant à la Chine un corridor énergétique terrestre fiable. Il ne s’agit pas seulement d’un accord énergétique: c’est un réalignement stratégique. La Russie s’assure un acheteur garanti, la Chine sécurise des approvisionnements à long terme, et l’Europe fait face à l’érosion de sa position industrielle et géopolitique.

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, illustre parfaitement, dans sa réflexion sur l’histoire, la véritable valeur et la mentalité de la classe dirigeante actuelle de l’UE, fruit d’un projet impérial américain de plusieurs décennies:

« … La Russie s’adressait à la Chine : ‘Russie et Chine, nous avons combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, nous avons gagné la Seconde Guerre mondiale, nous avons vaincu les nazis…’ et j’ai pensé : ‘D’accord, c’est nouveau.’ Quand on connaît l’histoire, cela suscite beaucoup de questions. Je peux vous dire qu’aujourd’hui les gens ne lisent ni ne se souviennent beaucoup de l’histoire. On voit qu’ils adoptent ces récits sans réfléchir… »

En se séparant non seulement du bon sens et de la décence, mais aussi du gaz russe abordable sous la pression anglo-américaine, l’Europe a éliminé toute possibilité réaliste de reprise industrielle et d’avenir économique viable. La carte énergétique mondiale est en train d’être réécrite: le déclin de l’Europe s’accélère, les crises internes occidentales s’approfondissent et les élites anglo-américaines risquent de perdre leur influence tandis que les anciennes puissances périphériques et colonies, en particulier la Chine et l’Inde, montent en puissance sur le plan stratégique et économique.

L’Europe est confrontée à l’effondrement final de sa pertinence industrielle et géopolitique, tandis que les élites anglo-américaines perdent leur seul projet historique réellement réussi : le soi-disant « ordre international fondé sur des règles », « indispensable », « inévitable » et « le plus puissant ».

Petra Steger: « Les projets d'Ursula von der Leyen concernant les troupes européennes relèvent du bellicisme et constituent une trahison du projet de paix européen ! »

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Petra Steger: « Les projets d'Ursula von der Leyen concernant les troupes européennes relèvent du bellicisme et constituent une trahison du projet de paix européen!»

Par Petra Steger

Source: https://www.fpoe.eu/steger-von-der-leyens-plaene-fuer-eu-...

La députée européenne du FPÖ Petra Steger réagit avec virulence aux récentes déclarations de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, selon lesquelles il existerait déjà des « projets très précis » concernant l'envoi de troupes européennes en Ukraine.

« Von der Leyen aggrave sans raison et sans discernement une situation déjà explosive », déclare la députée européenne, soulignant qu'il ne semble même pas y avoir de consensus au sein de l'UE sur cette question : « Le ministre allemand de la Défense ne veut pas s'impliquer dans cette affaire, d'autres États membres de l'UE la rejettent également – avec qui von der Leyen s'est-elle mise d'accord à ce sujet ? »

« L'UE a été fondée à l'origine comme un projet de paix – aujourd'hui, von der Leyen en fait une institution instigatrice de guerre ! Chaque nouvelle annonce d'envoi de soldats dans un conflit extrêmement dangereux rapproche l'UE d'une confrontation directe avec la Russie. C'est extrêmement dangereux et cela montre à quel point Bruxelles s'est éloignée des intérêts des citoyens européens », déclare Mme Steger.

Pour la mandataire du FPÖ, la neutralité autrichienne joue un rôle particulièrement important à cet égard : « La neutralité de l'Autriche est inscrite dans notre Constitution.

Quiconque envisage d'envoyer des soldats autrichiens sous quelque prétexte que ce soit dans la guerre en Ukraine commet une trahison envers la Deuxième République. Nous ne devons pas nous laisser manipuler par des intérêts géopolitiques étrangers à l'Europe. Dans cette situation délicate, j'exige de notre gouvernement fédéral qu'il apporte des éclaircissements à Mme von der Leyen et qu'il lui demande de s'abstenir à l'avenir de faire de telles déclarations. »

Au sujet des récentes déclarations du parti au pouvoir NEOS concernant un État européen et une armée européenne, Petra Steger précise : « Le fait que le NEOS caresse l'idée d'un super-État européen et d'une armée européenne, avec les fantasmes de l'OTAN qui vont avec, revient à jouer avec le feu. La ministre des Affaires étrangères et son parti sont en train de devenir un risque pour la sécurité de la République d'Autriche. Il est temps que le président fédéral Van der Bellen agisse enfin et démette Mme Meinl-Reisinger de ses fonctions. »

Pour conclure, Mme Steger précise : « Le FPÖ dit non à toute forme d'union militaire européenne et non aux troupes européennes en Ukraine. L'Autriche ne doit pas prendre part à une folie qui mène notre continent au bord d'une guerre mondiale. »

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Qui est Petra Steger?

Membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) | Membre suppléante de la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie (ITRE) | Membre suppléante de la commission de la sécurité et de la défense (SEDE)

lundi, 08 septembre 2025

Le méga-contrat russo-chinois pour le pétrole et le gaz. Et l’UE reste spectatrice

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Le méga-contrat russo-chinois pour le pétrole et le gaz. Et l’UE reste spectatrice

par Clemente Ultimo

Source: https://www.destra.it/home/geoeconomia-il-mega-contratto-...

En marge du 25ème sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, la Russie et la Chine ont encore renforcé leur partenariat énergétique. Moscou a trouvé dans le marché chinois une alternative au marché européen – fermé suite aux sanctions imposées par l’UE après le déclenchement de la guerre en Ukraine – tandis que Pékin bénéficie du pétrole et du gaz russes comme source d’énergie moins chère pour alimenter son secteur industriel.

Quatre accords ont été signés entre l'entreprise russe Gazprom et la China National Petroleum Corporation, le principal de ces accords concernant la construction du Power of Siberia 2, le gazoduc destiné à approvisionner Pékin en méthane provenant des gisements arctiques russes. La ligne traversera la Mongolie, qui pourra ainsi profiter des droits de transit. L’objectif est de transporter des milliards de mètres cubes de gaz par an, sur la base d’un accord d’une durée de trente ans.

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Gazprom a également donné son feu vert à la demande chinoise d’augmenter les livraisons arrivant en Chine via le Power of Siberia, passant des 38 milliards de mètres cubes actuels à 44 milliards. En tenant compte des autres canaux d’approvisionnement, les livraisons totales de gaz russe devraient passer, dès cette année, de 48 à 56 milliards de mètres cubes.

Les prévisions indiquent qu’avec la mise en service du Power of Siberia 2, les livraisons russes de gaz à la Chine atteindront 106 milliards de mètres cubes. Le seul marché chinois absorbera ainsi presque entièrement les flux de gaz qui, avant le conflit en Ukraine, approvisionnaient les pays de l’Union européenne, soit environ 150 milliards de mètres cubes. À ce propos, il convient de rappeler que la Hongrie et la Slovaquie continuent d’acheter du gaz à la Russie, comme en témoignent les tensions croissantes avec Kiev, qui a frappé à plusieurs reprises, ces dernières semaines, le gazoduc alimentant ces deux nations d’Europe centrale, interrompant ainsi le flux.

À côté des achats chinois, il ne faut pas oublier non plus ceux de l’Inde qui se fournit en pétrole et en gaz russes. Des achats qui se poursuivent malgré les pressions politico-diplomatiques et les droits de douane imposés par les États-Unis. L’Inde a jusqu’à présent rejeté les demandes d’interrompre les importations énergétiques russes, réaffirmant son droit de défendre ses intérêts nationaux en achetant du gaz et du pétrole dans les meilleures conditions du marché.

Enfin, il y a le chapitre des achats effectués par les Européens eux-mêmes, en particulier de pétrole : des achats résultant de triangulations qui permettent de « diluer » l’origine russe des hydrocarbures concernés. Mais cela concerne davantage le registre de l’hypocrisie « made in UE » que le plan économique.

dimanche, 07 septembre 2025

Ombres chinoises

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Ombres chinoises

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/ombre-cinesi-2/

De la dernière réunion de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) se projettent de nombreuses et grandes ombres.

Pour la plupart, ce sont des ombres chinoises.

Xi Jinping a pris la parole. Et il a parlé longuement, contrairement à ses habitudes.

Un discours programmatique, qui trace l’avenir de l’OCS et, en même temps, révèle entre les lignes le projet d’expansion chinois.

Car Xi apparaît extrêmement déterminé. Il déclare que la Chine, le géant chinois, entend investir, et investir massivement, dans les pays en développement membres ou proches de l’OCS.

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Une aide à 360°. Qui représente la réponse chinoise aux politiques mises en place par Washington et les Européens à l’égard du soi-disant Tiers-Monde.

Des politiques qui, soyons clairs, ont toujours été fondamentalement prédatrices.

Visant à dépouiller ces pays de leurs richesses naturelles. Exploitant à la fois une politique culturelle dirigée vers leurs classes dirigeantes, et favorisant la corruption systématique de celles-ci.

L’Afrique en a payé, et en paie encore, les conséquences. Et ce n’est qu’un exemple, certes macroscopique, parmi tant d’autres que l’on pourrait tirer d’Amérique latine et d’Asie.

Attention toutefois à ne pas se méprendre. À ne pas commettre l’erreur simpliste de voir la Chine comme la « bonne » puissance et l’Occident comme le choeur des « méchants ».

Une erreur exactement symétrique à l’autre, seulement en apparence opposée. Celle qui voudrait faire de l’Occident un phare de civilisation, et des autres, tous les autres, des barbares primitifs.

Le discours de Xi Jinping est un discours qui prélude à une action parfaitement politique.

Pékin est conscient de la façon dont les classes dirigeantes du Tiers-Monde sont, fondamentalement, inféodées à la culture occidentale.

Culture qui continue d’occuper une primauté incontestable. Étant la base, le fondement, à partir duquel partent les classes dirigeantes de ces pays. Souvent, sinon toujours, formées aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

Un lien toujours exploité avec une extrême habilité par le néocolonialisme occidental.

Et la classe dirigeante de Pékin est parfaitement consciente de ne pas être compétitive sur ce terrain.

La culture millénaire chinoise n’est en effet ni transférable ni consommable comme la culture de masse produite par la machine anglo-américaine.

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Pour donner un exemple, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, les bandes dessinées américaines sont répandues. Souvent adaptées aux nouveaux contextes pour pénétrer plus profondément dans ces différentes cultures et les inféoder.

Ainsi, Spider-Man, l’Homme-Araignée, est devenu, pour l’Inde, un garçon bengali qui reçoit ses pouvoirs de la Déesse Araignée.

Un respect formel d’une tradition différente, utile cependant pour véhiculer le modèle globaliste.

Ce n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres, et d’ailleurs déjà ancien de plusieurs décennies. Mais il sert à démontrer le net avantage de la culture occidentale sur ses concurrentes potentielles.

À Pékin, ils en sont bien conscients. C’est pourquoi ils misent sur autre chose. Pas sur la culture de masse, mais sur le développement économique. Sur l’expansion d’une zone de bien-être croissante, pilotée et guidée par la Chine.

Parce que la conviction des mandarins de Pékin est que la domination américaine sera progressivement brisée par le développement économique du reste du monde.

Et c’est là-dessus qu’ils misent. Le discours de Xi Jinping en est le clair exemple.

France: Vers un automne brûlant?

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Vers un automne brûlant ?

par Georges Feltin-Tracol

Va-t-on assister à une rentrée agitée, sinon à un automne perturbé ? N’évoquons point ici des considérations météorologiques liées à d’éventuelles canicules automnales, mais à une situation politique inextricable.

L’Hexagone sera-t-il bloqué au matin du 10 septembre ? Sur divers réseaux sociaux, différents groupes dont certains se réclament des Gilets jaunes appellent à tout paralyser, à la grève générale, à ne plus consommer, voire à rester chez soi et à se confiner. Ces actions s’effectueront-elles que sur une seule journée ou bien se prolongeront-elles dans la durée (soit plusieurs jours, plusieurs semaines ou même plusieurs mois) ? Bien qu’éparses et hétéroclites, les revendications recoupent en partie celles émises par un autre phénomène médiatique conséquent, à savoir « Nicolas qui paie ». Les projets de budget et de loi de financement de la Sécurité sociale annoncés le 15 juillet dernier par François Bayrou inclinent nettement vers la rigueur et l’austérité. Les propositions gouvernementales attisent déjà le mécontentement de nombreuses catégories socio-professionnelles et d’une large partie de la population en voie de paupérisation.

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Une convergence des luttes pour l’heure sectorielles (les agriculteurs, les artisans taxis, les pharmaciens, les boulangers qui paient une taxe sur les papiers, les « Gueux » hostiles aux ZFE, les serveurs dont les pourboires pourraient être taxés) s’envisagerait-elle ? La gauche, La France Insoumise en particulier, le souhaite ! Les exigences du gouvernement ne correspondent guère à la réalité. L’Hexagone se dirigerait vers la faillite au moment où un ministère inutile, celui à l’Égalité entre les femmes et les hommes et contre les discriminations, alloue des millions à des associations parasitaires afin qu’elles exercent une censure numérique inacceptable !

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La situation est-elle si grave ? À la fin du deuxième trimestre 2025, la dette publique s’élevait à plus de 3230 milliards d’euros, soit 110,7% du PIB. On relève aussi un déficit annuel de 170 milliards d’euros, soit plus du tiers des dépenses de l’État. Selon les propres services de Matignon et de Bercy, plus de 53% de la dette publique nationale appartiendraient à des investisseurs, à des banques et à des fonds de pensions d’origine étrangère. On retrouve ce pourcentage pour l’Allemagne. En revanche, les organismes étrangers n’auraient que 20% des dettes britannique et italienne.  

L’exercice s’apparente à un nouveau tonneau des Danaïdes financier. Or il existe de vastes possibilités d’économiser sur les dépenses de l’État. Citons l’aide bien trop généreuse aux étrangers clandestins, le soutien au développement international, le financement public des partis politiques, des syndicats et du secteur public audio-visuel ainsi qu’aux subventions versées à la presse… Il est par ailleurs loufoque que bien des partis politiques s’offusquent de l’actuel désastre financier tout en étant eux-mêmes très lourdement endettés… Une bonne gestion ne commence-t-elle pas par soi-même ?

On pourrait saluer le courage suicidaire du maire de Pau qui dirige un gouvernement brinquebalant, surtout depuis sa conférence de presse du 25 août et son intention de solliciter, le 8 septembre prochain, la confiance des députés. Sans majorité absolue, le gouvernement Bayrou risque de subir le troisième renversement sous la Ve République, mais le premier sur ce point depuis 1955. L’incertitude politique, financière, économique, budgétaire et sociale est à son comble ! Et la suite ?

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La chute prévisible du gouvernement Bayrou se produira avec une différence notable par rapport au renversement de celui de Michel Barnier, le 13 décembre 2024: Emmanuel Macron a retrouvé son pouvoir de dissolution de la chambre basse du Parlement français. Exaspéré par un François Bayrou qui lui a forcé la main afin d’être nommé à Matignon, le chef de l’État pourrait désigner entre autre Gérald Darmanin. Ce dernier s’est rendu cet été au fort de Brégançon, la résidence présidentielle méditerranéenne. Cette nomination signifierait une épreuve de force perceptible couplée au déclenchement de nouvelles élections législatives anticipées dans une campagne électorale réduite à une vingtaine de jours comme à l’été 2024. Sa brièveté se justifierait par la proximité, les 15 et 22 mars 2026, des élections municipales, une échéance électorale déterminante pour la fin du second quinquennat de Macron. Le pari du Régime pour une succession rapide des législatives anticipées et des municipales développerait la lassitude des électeurs. Une forte abstention de l’électorat populaire comme en 2020 en plein délire covidien favoriserait mécaniquement les macroniens, les Verts et Les Républicains. Quand on sait que les maires ont la possibilité de parrainer les candidats à la présidentielle, le verrouillage de l’élection-reine serait ainsi entériné.

Dissoudre l’Assemblée nationale ne donnerait certainement pas une majorité absolue à l’un des trois blocs antagonistes qui se partagent le paysage politique hexagonal. L’instabilité parlementaire et donc gouvernementale se poursuivra. Toutefois, le résultat de cette nouvelle dissolution constituera un revers majeur pour Emmanuel Macron. Néanmoins, à rebours des demandes de La France Insoumise, l’actuel président ne démissionnera pas ! Bien au contraire. En cas d’embourbement parlementaire en janvier – février 2026, le locataire de l’Élysée activera l’article 16 de la Constitution afin de valider les projets budgétaires. Pour le plus grand profit des marchés, de la Commission de Bruxelles, du FMI et de la BCE, l’exercice des pouvoirs exceptionnels fera aussi taire les manifestations de rue issus du 10 septembre et tous les discours critiques émis sur Internet.

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Si jamais cette reprise en main violente ne suffit pas, Emmanuel Macron pourrait très bien détourner l’opinion vers le conflit russo-ukrainien en incitant la République française et des autres États atlantistes d’Europe occidentale à entrer en guerre effective. L’avantage grossier de cette dernière hypothèse serait pour le maître de l’Élysée de reporter sine die la fin de son second mandat en mai 2027 et par conséquent de le prolonger pour une durée indéterminée. Le Régime oublie cependant que la chute des républiques en France provient souvent de brusques défaites militaires.  

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 165, mise en ligne sur Synthèse nationale, le 6 septembre 2025.

Directive de Douguine: "Trump contribue à la formation d’un monde multipolaire, même contre sa volonté"

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Directive de Douguine: "Trump contribue à la formation d’un monde multipolaire, même contre sa volonté"

Alexandre Douguine

Après son accession au pouvoir, Trump aurait pu accepter la nouvelle réalité du monde et tenter de reconquérir une bonne position dominante pour les États-Unis dans un système devenu multipolaire. Au lieu de cela, Trump a choisi la voie de l’agression, et ce sont précisément ses actions — attaques contre la Chine, introduction de droits de douane élevés contre l’Inde, pression sur le Brésil et menaces contre les pays du BRICS, ainsi que la poursuite de l’agression américaine contre la Russie en Ukraine — qui accélèrent la création d’un monde multipolaire, a souligné le directeur de l’Institut Tsargrad, le philosophe Alexandre Douguine :

"Trump ne fait pas cela volontairement, mais sous la contrainte. En tentant de faire échouer la multipolarité et de préserver l’hégémonie américaine, il accélère en réalité sa consolidation".

L’importance du processus en cours ne réside pas seulement dans la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, rencontre qui symbolise à elle seule l’unité de deux grandes civilisations et puissances, mais aussi dans la présence lors du sommet de l’OCS du Premier ministre indien Narendra Modi, que Trump a profondément heurté par son comportement. À Pékin, lors du sommet de l’OCS, convergent en fait les trois pôles principaux du monde multipolaire: la Chine, la Russie et l’Inde.

Le destin de l’humanité dépendra de la capacité de ces trois pôles à parvenir à une compréhension mutuelle dans ces nouvelles conditions historiques, et non de ce que dit ou fait Trump. Sa mission est déjà accomplie dorénavant : il a poussé la Russie dans les bras de la Chine, et il y a aussi jeté son récent partenaire — l’Inde.

Ces trois grandes civilisations-États s’unissent maintenant. Leur potentiel combiné — économique, démographique, politique, géopolitique, en ressources et en capacités nucléaires — dépasse celui du monde occidental. Voilà la vraie multipolarité, elle était inattendue, mais elle est désormais la réalité.

L’Occident, qui voulait initialement bétonner un monde unipolaire avec l’OTAN pour pièce centrale, la calamiteuse Union européenne et son Israël idiot qui tente de faire valoir sa grandeur sur un petit coin du Moyen-Orient, se trouve face à un contrepoids eurasiatique de grande ampleur. Et personne n’y résistera. À cette nouvelle organisation multipolaire, incarnée par la Russie, la Chine et l’Inde, se joindra aussi le monde islamique — en premier lieu, les chiites d’Iran. Ceux qui hésitent perdront peu à peu toute pertinence, même au niveau régional. Trump voulait s’y opposer, mais il y a finalement contribué lui-même.

La prochaine visite de Vladimir Poutine en Chine, pour le sommet de l’OCS, n’est pas seulement une nouvelle rencontre avec Xi Jinping et Narendra Modi. La situation a changé. L’Occident n’a pas voulu accepter la multipolarité, ce qui signifie que cette multipolarité, désormais, « houspille » l’Occident dans les marges du monde et de l'histoire et le forcera à prendre sa place dans cette hiérarchie, qui ne sera plus en première ligne.

Trump a commencé avec le slogan « Rendons l’Amérique grande à nouveau », en promettant aussi la grandeur pour d’autres pays: faire en sorte qu'eux aussi puissent « redevenir grands ». Mais il n’a pas tenu cette mission, et il a basculé, et c'est navrant, dans une politique néoconservatrice, de mauvais aloi et de bas étage. En tentant de préserver l’hégémonie, il l’a en fait achevée et a transmis l’initiative aux trois pôles d'Eurasie.

Lors du sommet, se réunissent de véritables grandes puissances — la Russie, la Chine et l'Inde. Et c’est eux qui décideront du destin de l’humanité. Que cela plaise ou non, l’avenir appartient à Xi Jinping, à Modi et à Poutine. Ensemble, ils définiront la prochaine ère de l’humanité. Nous inscrivons dans cette nouvelle ère multipolaire nos propres visions. C’est là toute la signification de cette rencontre au sommet de l’OCS.

samedi, 06 septembre 2025

Flux énergétiques: l'UE met en péril son approvisionnement et la confiance des citoyens en elle

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Flux énergétiques: l'UE met en péril son approvisionnement et la confiance des citoyens en elle

Les attaques contre l'oléoduc Droujba et contre Nord Stream ne doivent pas être passées sous silence, mais doivent faire l'objet d'une enquête.

Par Georg Mayer

Source: https://www.fpoe.eu/energiestroeme-unter-beschuss-eu-risk...

Les attaques contre l'oléoduc Droujba ont montré à quel point l'approvisionnement énergétique de l'Europe est vulnérable. En mars dernier, les livraisons vers la Hongrie et la Slovaquie ont été interrompues après qu'une station de mesure a été mise hors service par des tirs de drones. En août, une autre attaque contre une station de pompage en Russie a de nouveau interrompu l'approvisionnement en pétrole vers l'Europe centrale pendant plusieurs jours. Pendant cette période, la Hongrie et la Slovaquie ont dû puiser dans leurs réserves stratégiques pour maintenir leur approvisionnement.

Ces incidents s'inscrivent dans la lignée des explosions qui ont détruit les gazoducs Nord Stream, attentats qui n'ont toujours pas été entièrement élucidés à ce jour. Alors que la Suède et le Danemark ont depuis longtemps clos leurs enquêtes, seule l'Allemagne poursuit ses investigations. La semaine dernière encore, un citoyen ukrainien a été arrêté en Italie sur la base d'un mandat d'arrêt allemand. 35 mois après l'explosion des gazoducs Nord Stream, ce résultat est plutôt modeste et illustre bien l'immobilisme et la réticence de l'UE à enquêter sur les véritables responsables et ce, depuis des années.

Mais les soupçons s'intensifient : malgré l'aide militaire et financière de plusieurs milliards d'euros et l'asile inconditionnel accordé aux Ukrainiens, le régime de Zelensky a attaqué l'approvisionnement énergétique de l'Europe, multipliant ainsi les coûts du gaz pour chaque citoyen.

C'est précisément là que se manifeste la double morale de l'UE: elle exige une transparence absolue de la part des citoyens et des entreprises, allant de rapports exhaustifs à des preuves rigoureuses. Mais lorsqu'il s'agit d'attaques contre des infrastructures critiques, Bruxelles se mure dans le silence et se contente d'actions timides. Cette réticence met non seulement en péril la sécurité de l'approvisionnement, mais sape également la confiance des citoyens dans la capacité d'action des responsables politiques.

La sécurité énergétique ne doit pas être reléguée au second plan. Les attaques contre les gazoducs et oléoducs doivent faire l'objet d'enquêtes approfondies et les responsables doivent être clairement identifiés. Tout autre scénario entraînerait une hausse des prix, une insécurité croissante et signifierait que l'Europe abandonne ses citoyens.

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Qui est Georg Mayer?

Membre de la commission des pétitions (PETI) | Membre suppléant de la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie (ITRE)

Harald Vilimsky: «Un vote de défiance clair contre von der Leyen et les partis qui la soutiennent»

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Harald Vilimsky: «Un vote de défiance clair contre von der Leyen et les partis qui la soutiennent»

Selon l'Eurobaromètre, seuls 38 % des Autrichiens ont une image positive de l'UE.

Par Harald Vilimsky

Source: https://www.fpoe.eu/vilimsky-nur-38-der-oesterreicher-hab...

« Le dernier sondage Eurobaromètre montre une fois de plus à quel point la confiance des Autrichiens dans l'Union européenne a chuté », a déclaré aujourd'hui Harald Vilimsky, chef de la délégation de la FPÖ. « Seuls 38 % ont encore une image positive de l'UE, ce qui est un constat d'échec pour la soi-disant « communauté de valeurs » qui sévit à Bruxelles. »

Vilimsky attribue cette situation à une série d'erreurs : « Qu'il s'agisse du bellicisme proclamé au lieu d'une politique de paix, des scandales liés aux vaccins et des accords secrets avec Pfizer, des mesures de censure centralisées sur Internet ou des machinations des ONG écologistes et gauchistes financées par l'UE, tout cela façonne l'image de cette UE sous la houlette d'Ursula von der Leyen. »

Vilimsky souligne également la coresponsabilité du gouvernement fédéral actuel d'Autriche dans ces mauvais résultats et l'attribue à son soutien à la politique actuelle de l'UE menée depuis Bruxelles. « Ce qui est particulièrement perfide, c'est que cette politique est activement soutenue par les partis traditionnels au sein du gouvernement fédéral et leurs satellites au Parlement européen. L'ÖVP, la SPÖ et le parti NEOS se font les complices dociles de l'extension du pouvoir et du programme centralisateur de von der Leyen, et s'opposent aux intérêts de la population autrichienne. »

L'un des problèmes les plus urgents reste la crise migratoire non résolue. « Dix ans après la phrase fatidique d'Angela Merkel, « Nous y arriverons » ("Wir schaffen das!"), il apparaît clairement que non, nous n'y sommes pas arrivés. Le nombre de demandes d'asile reste élevé, les expulsions sont rares et nos systèmes sociaux sont massivement surchargés. Le fait que, précisément en Autriche, la migration et l'asile soient le deuxième sujet le plus important pour les gens après l'inflation en dit long. »

Vilimsky a annoncé que la FPÖ et le groupe parlementaire Patriots continueraient à s'opposer aux dérives au niveau européen : « Nous défendons une Europe de la liberté, de la souveraineté, de la démocratie – et une UE qui sert les citoyens, et non l'élite mondialiste. Nous continuerons à dénoncer le centralisme européen et ceux qui en profitent, et à le combattre sans relâche. » Il souligne que seul un contrepoids fort, apporté par la FPÖ et ses alliés européens, permettra de réussir à mettre en place une politique autodéterminée et proche des citoyens.

Qui est Harald Vilimsky?

Chef de la délégation FPÖ au Parlement européen | Membre de la commission des affaires étrangères (AFET) | Membre suppléant de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE)

Les politiques sociales pour les immigrés ont détruit la France

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Les politiques sociales pour les immigrés ont détruit la France

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/le-politiche-sociali-per-immigr...

François Bayrou, Premier ministre sortant français, très sortant même, voudrait imposer une méga ponction aux contribuables français. Qui, évidemment, le renverront chez lui. Et qui renverraient volontiers chez lui aussi ce va-t-en-guerre de président Emmanuel Macron. La France, économiquement, est au bord du gouffre, peut-être déjà avec un pied dans le vide. Et, bien sûr, ce n'est pas seulement la faute de Bayrou et de Macron. Mais ces deux-là se sont appliqués à aggraver la crise. Une crise qui a un nom bien précis, même si, dans une Europe politiquement correcte, on ne peut pas le dire: l'immigration.

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La France, de ce point de vue, est dans une situation bien pire que l’Italie. Car elle paie le prix de ses politiques coloniales suivies d’une décolonisation très mal menée. D’un côté, jusqu’à l’époque de Macron, Paris a continué à exploiter les anciennes colonies, favorisant la corruption des gouvernements avec lesquels elle faisait affaires. Et en envoyant quelques soldats, en théorie pour combattre le terrorisme, mais en réalité pour défendre ses propres intérêts.

En même temps, cependant, les anciennes colonies ont envahi la France non seulement avec des étudiants et des travailleurs, mais aussi avec une faune de bas étage qui a grandi de façon exponentielle d’abord dans les banlieues, puis en se répandant partout. Et les deuxième et troisième générations non seulement ne se sont pas intégrées, mais se sont transformées en un ennemi intérieur entretenu par des politiques sociales payées par les travailleurs français, en échange d’une tranquillité qui disparait chaque jour un peu plus.

Des coûts sociaux très élevés, une productivité au plus bas (d’accord, en Italie elle est encore plus basse), aucun sentiment d’appartenance, aucune croissance même individuelle. Le tout caché derrière les folies d’une inclusion qui ne fonctionne pas, derrière le racisme croissant envers ceux qui ont le tort d’être blancs, et parfois même français depuis plusieurs générations.

Et pendant ce temps, le rêve de la Françafrique s’est évanoui, Moscou et Pékin ont pris la place de Paris. Et Macron, entre deux gifles de son épouse, a dépensé une montagne d’argent des contribuables français pour soutenir la guerre de Zelensky. Un génie, indubitablement. En retour, il s’est aussi pris les droits de douane de Trump, démontrant son inutilité et son impuissance tant sur le front ukrainien que sur le front américain.

Insignifiant, tout comme l’Europe qu’il voudrait diriger avec le chancelier Merz, l’homme qui sert les intérêts de BlackRock. Et qui, en échange, a obtenu quelques faveurs précisément sur les droits de douane américains. Mais ce n’est qu’une coïncidence, bien entendu…

La politique intérieure et la politique étrangère ne sont pas deux mondes distincts

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La politique intérieure et la politique étrangère ne sont pas deux mondes distincts

Association Feniks (Flandre)

La politique intérieure et la politique étrangère sont souvent séparées artificiellement, mais en réalité, elles forment un tout cohérent. L'idée centrale est que la géopolitique est le facteur sous-jacent qui façonne ces deux domaines. Les décisions relatives à l'économie, à la sécurité ou à la culture à l'intérieur des frontières nationales ne sont jamais isolées : elles s'inscrivent dans un contexte mondial de rapports de force et d'événements.

À l'inverse, les développements sur la scène internationale ont des implications directes pour l'ordre intérieur. Une perspective géopolitique montre que ce qui se passe «chez soi» et ce qui se passe «dans le monde» sont inextricablement liés.

La géopolitique structure l'ordre intérieur

À première vue, les questions intérieures – sécurité, culture, idéologie – semblent être des affaires internes. Pourtant, elles sont profondément déterminées par le contexte géopolitique. Dans la pratique, l'État-nation fonctionne comme un pion sur l'échiquier mondial, et les structures internes s'adaptent aux dynamiques de pouvoir mondiales. Ainsi, pendant la guerre froide, la politique intérieure de nombreux pays d'Europe occidentale était dictée par un conflit externe : l'Occident contre le bloc de l'Est. Même après la chute du mur, cette logique a continué à fonctionner. Nous assistons aujourd'hui à la poursuite d'une lutte idéologique, sous une nouvelle forme.

L'ordre mondial libéral globalisé cherche de nouveaux adversaires pour confirmer sa raison d'être. Cela se traduit par des discours nationaux dans lesquels un ennemi étranger – par exemple la Russie ou une autre grande puissance – est présenté comme une menace afin de masquer les faiblesses internes et d'imposer la cohésion sociale.

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Les appareils de sécurité intérieure et la législation s'adaptent aux menaces géopolitiques : les mesures antiterroristes, la propagande et la surveillance s'intensifient en cas de tensions internationales. Les frontières entre les conflits extérieurs et l'État sécuritaire intérieur s'estompent.

Les évolutions culturelles et idéologiques internes ne sont en aucun cas isolées de la géopolitique. Au cours des dernières décennies, les sociétés occidentales ont été imprégnées d'une idéologie libérale cosmopolite imposée par le haut comme courant dominant. Cela s'est produit dans l'ombre de l'hégémonie américaine après 1945, où l'influence de l'OTAN et des institutions internationales a « entraîné » la psyché de l'Europe.

Les pays européens croyaient profondément en la supériorité de leur modèle de démocratie libérale et de mondialisation du marché, à tel point qu'ils pensaient que l'histoire avait atteint son point culminant en Occident. Cela a engendré une certaine complaisance. On ne réfléchissait plus de manière critique aux réalités géopolitiques, car on supposait que son propre système était universel et définitif. Ainsi, une sorte de pergélisol idéologique s'est formé dans la culture nationale : une couche gelée de confiance collective et de manipulation de masse, dans laquelle le statu quo n'est guère remis en question.

Cette situation « figée », caractérisée par un narcissisme complaisant et une adhésion aveugle au discours dominant, maintient la population dans un état de dépolitisation. En conséquence, les discussions de fond sur les rapports de force ou les voies alternatives sont devenues rares. En d'autres termes, la géopolitique a structuré l'ordre intérieur en imposant un cadre de pensée uniforme.

Les traditions et les expressions culturelles autonomes ont souvent été écrasées sous un modèle mondial uniforme de consommation et d'idées. Les identités et les valeurs locales, autrefois différentes d'un pays à l'autre, ont été de plus en plus façonnées selon le même modèle. La Belgique ne diffère guère de l'Angleterre ou même des États-Unis en termes de mode de vie et de mentalités, précisément en raison de cette tendance culturelle mondialisée. Ce qui semble à première vue relever de la politique nationale – comme les débats sur l'identité, la souveraineté ou l'orientation économique – est en fait le chapitre local d'un récit géopolitique plus vaste.

Nouvelles routes de la soie, BRICS et interdépendance économique

Les changements actuels dans l'équilibre mondial du pouvoir illustrent de manière tangible comment la politique étrangère et les conséquences nationales vont de pair. Au 21ème siècle, le centre de gravité économique se déplace vers l'Est. Des initiatives telles que les « nouvelles routes de la soie » – l'ambitieuse initiative chinoise « Belt and Road » – créent de nouvelles connexions entre les continents et réorganisent les flux de marchandises, de capitaux et d'influence.

Ces projets géopolitiques ont des implications directes pour les économies nationales. Les pays européens, par exemple, voient leurs ports, leurs chemins de fer et leurs entreprises énergétiques liés, investissement après investissement, à des projets d'infrastructure chinois. Certaines parties de l'économie européenne tombent ainsi entre des mains étrangères ou sous influence étrangère. Il ne s'agit pas seulement d'une question de commerce : celui qui contrôle les nouvelles routes commerciales exerce inévitablement une influence politique et stratégique.

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Lorsque la Chine investit en Asie, en Afrique et même en Europe, cela se traduit par un rééquilibrage des rapports de force dont les gouvernements nationaux doivent tenir compte dans leur politique intérieure. Il en va de même pour les alliances de puissances émergentes telles que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Ces pays unissent leurs forces pour réduire leur dépendance vis-à-vis de l'Occident traditionnel. Ils mettent en place des institutions financières parallèles et des partenariats stratégiques, ce qui rend le terrain mondial multipolaire. Pour les pays occidentaux, ce n'est pas une mince affaire : cela implique que les certitudes d'autrefois – matières premières bon marché, domination évidente du marché, influence diplomatique – sont en train de changer.

La prospérité intérieure et la marge de manœuvre politique sont dès lors mises sous pression. L'industrie et la consommation européennes sont en effet étroitement liées aux chaînes d'approvisionnement mondiales. Pensons aux matières premières essentielles: les métaux rares pour la haute technologie, les sources d'énergie telles que le pétrole et le gaz, ou les produits agricoles. Beaucoup d'entre elles proviennent de régions non occidentales ou sont contrôlées par celles-ci. Lorsque ces producteurs forment leurs propres coalitions (comme l'OPEP+ pour le pétrole ou la coopération entre la Russie et la Chine pour l'approvisionnement en gaz), l'Europe ne peut plus négocier en position de monopole.

Un conflit géopolitique loin de nos frontières se répercute alors directement sur les prix à la pompe ou sur la facture énergétique des ménages. Récemment, les ménages européens ont découvert comment un conflit sur le flanc est de l'Europe, accompagné de sanctions et de contre-sanctions, a provoqué une vague d'inflation et d'insécurité énergétique à l'intérieur de leurs propres frontières. La politique étrangère a fait irruption dans les foyers sous la forme d'une augmentation du coût de la vie et de plans de rationnement. Cela illustre clairement que la stabilité économique intérieure dépend des relations stratégiques extérieures.

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Les migrations constituent un autre point de convergence évident. Les guerres et l'instabilité au Moyen-Orient et en Afrique, souvent liées à la politique des grandes puissances et aux stratégies en matière de matières premières, ont poussé des masses de personnes à fuir.

La crise des réfugiés de 2015, par exemple, a résulté de la guerre en Syrie et d'autres conflits dans lesquels les puissances occidentales et régionales étaient impliquées. Les gouvernements européens ont soudainement été confrontés à un défi interne de grande ampleur : l'accueil et l'intégration de centaines de milliers de demandeurs d'asile. Cette question humanitaire et sociale est rapidement devenue un sujet de débat national et de polarisation politique dans plusieurs pays de l'UE. Mais son origine réside dans des interventions militaires étrangères et des jeux de pouvoir géopolitiques.

La migration économique est également liée à l'ordre mondial : le libre-échange mondial et les accords d'investissement peuvent perturber les économies locales dans les pays du Sud, incitant les populations à chercher leur bonheur ailleurs. Dans le même temps, le marché du travail occidental vieillissant a besoin de main-d'œuvre bon marché et la migration est même encouragée par certaines élites pour des raisons démographiques ou économiques.

Nous constatons donc que les flux migratoires ne sont pas un phénomène purement interne, mais le résultat de forces géopolitiques et économiques. La cohésion sociale interne, l'identité culturelle et le débat sur l'intégration – tous des aspects de la politique intérieure – sont ainsi directement influencés par des décisions et des événements qui se produisent au-delà des frontières nationales.

L'incapacité à percevoir les liens entre les phénomènes

Compte tenu de cette imbrication entre les affaires intérieures et extérieures, on pourrait s'attendre à ce que les décideurs politiques et les intellectuels établissent constamment des liens entre les deux. Pourtant, notre époque se caractérise par une fragmentation frappante de la pensée. Elle est marquée par la spécialisation des domaines et une tendance à diviser les problèmes en catégories isolées. Les politiciens traitent l'économie, la sécurité et la culture comme des dossiers distincts, et les universitaires se plongent dans des domaines d'expertise de niche sans toujours tenir compte du contexte plus large. Cette pensée moderne fragmentée rend difficile la compréhension de la complexité des phénomènes et des liens qui existent entre eux.

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Nous avons tendance à diviser le monde en catégories, conséquence d'une tradition intellectuelle fortement analytique et réductionniste. En termes philosophiques, on pourrait dire que l'« emissarium » (le côté exécutif et analytique de l'esprit) a pris le pas sur la « maîtrise » (le côté holistique, qui, lui, voit les liens). Il y a une prédominance de la pensée linéaire et simplificatrice qui dissèque tout, et un manque de vision intégrale qui recrée l'ensemble à partir des parties.

Cette mentalité contribue à ce que la politique intérieure et la politique étrangère soient souvent considérées comme deux mondes distincts. Par exemple, la migration est perçue soit comme un problème purement interne lié à un échec de l'intégration, soit comme une question externe relevant du contrôle des frontières, au lieu d'être comprise comme un phénomène continu qui relie les pays d'origine et les pays de destination à travers la guerre, l'économie et les expériences humaines.

De même, l'augmentation de la dette publique est principalement discutée en tant que politique financière nationale, sans tenir compte de la structure financière mondiale qui dicte le crédit bon marché ou provoque la fuite des capitaux. L'incapacité à voir ces liens découle en partie d'une culture qui craint la complexité. Les discours politiques modernes sont souvent axés sur des résultats immédiats, mesurables et à court terme dans un domaine particulier. Cela rend aveugle aux effets indirects à long terme dans d'autres domaines.

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De plus, l'idéologie joue un rôle dans cette fragmentation. Le discours libéral dominant a élevé certaines catégories de pensée et en a marginalisé d'autres. L'attention portée aux facteurs géopolitiques peut même être considérée comme « inconvenante » dans les cercles qui veulent tout voir à travers un prisme purement moral ou juridique au niveau national.

Ainsi, pendant longtemps, toute suggestion selon laquelle les interventions occidentales, par exemple, étaient en partie responsables de la menace terroriste ou des vagues migratoires a été rejetée comme un relativisme inapproprié. On préférait s'en tenir à un récit unidimensionnel : les problèmes externes sont totalement indépendants de nos propres choix politiques.

Ce confort cognitif – la préférence pour ne pas devoir comprendre des réseaux causaux trop complexes – fait partie du conditionnement moderne. Il explique pourquoi les sociétés ont du mal à combler le fossé entre l'intérieur et l'extérieur dans leur compréhension. Nous disposons de quantités de données et de connaissances sans précédent, mais sans une vue d'ensemble, nous continuons à nous perdre dans les détails. En fait, un changement philosophique s'impose : il faut prendre conscience que la vérité ne réside pas seulement dans les différentes parties, mais dans le schéma qu'elles forment ensemble.

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Vers une culture géopolitique

Si la politique intérieure et la politique étrangère sont intrinsèquement liées, cela exige un changement d'attitude et de culture. Il est donc nécessaire de développer une culture géopolitique: une mentalité et un style politique qui intègrent automatiquement la dimension géopolitique dans chaque question intérieure. Cela signifie que les citoyens et les dirigeants doivent prendre conscience du contexte mondial des problèmes locaux.

Une culture géopolitique implique, par exemple, que lorsque nous parlons d'approvisionnement énergétique, nous pensons également aux dépendances stratégiques vis-à-vis des fournisseurs étrangers et aux positions des grandes puissances dans ce secteur.

Lors des débats sur la confidentialité numérique ou les télécommunications, il faut être conscient de l'influence des entreprises technologiques étrangères et des États sur notre sphère informationnelle. L'enseignement de l'histoire et de l'éducation civique devrait apprendre aux jeunes que leur propre pays fait toujours partie de zones d'influence géographiques plus vastes.

Concrètement, une culture géopolitique se traduit par une réflexion stratégique au niveau national. Les pays européens – et la Flandre en tant que communauté au sein de l'Europe – ne devraient pas se considérer uniquement comme des entités culturelles et historiques, mais aussi comme des acteurs géopolitiques. Cela implique de considérer l'Europe non seulement comme une entité culturelle, mais aussi comme une entité géopolitique, avec ses propres intérêts qui ne coïncident pas toujours avec ceux de ses alliés traditionnels tels que les États-Unis.

Une telle conscience était présente dans le passé chez des hommes d'État tels que le général De Gaulle, qui prônait « ni Moscou, ni Washington », c'est-à-dire une voie indépendante. Aujourd'hui, cela se traduit par la prise de conscience que l'Europe doit se battre pour trouver sa place dans un monde multipolaire et regagner son autonomie.

Après des décennies de complaisance et d'ancrage dans un système unipolaire, les pays européens ont quelque peu perdu ce réflexe. Une culture géopolitique impliquerait de le rétablir : l'Europe doit développer sa propre stratégie globale qui tienne compte des blocs de pouvoir eurasien, des économies émergentes et de la nécessité de garantir l'approvisionnement en matières premières. Il ne s'agit pas ici de plaider en faveur de la confrontation, mais de prendre conscience et de diversifier. Tout comme les pays asiatiques et africains tentent de définir leur propre voie au milieu de grandes puissances rivales, la politique européenne doit également apprendre à penser en termes d'équilibre des pouvoirs, de formation de coalitions et de défense des intérêts à long terme.

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Dans une culture géopolitique, on comprend en outre que des concepts tels que la souveraineté nationale et l'identité culturelle ne sont pas réactionnaires ou ne relèvent pas de « politiques à l'ancienne », mais sont des instruments essentiels pour permettre à un peuple de résister aux tempêtes mondiales.

Comme nous l'avons déjà souligné sur la plateforme Feniks, la principale opposition dans la politique mondiale actuelle est celle entre l'impérialisme mondialiste d'une part et la souveraineté populaire d'autre part. Les oppositions gauche-droite s'estompent à la lumière de ce théâtre d'opérations plus vaste. Il ne s'agit pas d'opposer des valeurs conservatrices à des valeurs progressistes, mais de la capacité d'une communauté – qu'il s'agisse d'un État-nation ou d'un continent – à s'organiser selon ses propres convictions, plutôt que sous le dictée des forces mondiales.

Une culture géopolitique favorise donc également la cohésion interne: elle unit les citoyens autour d'intérêts communs au lieu de les diviser selon des clivages idéologiques qui éludent la question fondamentale. Lorsque les gens comprennent, par exemple, que les défis liés à la migration et les fluctuations du marché du travail proviennent de la même source, à savoir les forces de la mondialisation, un sentiment d'appartenance plus large peut émerger. On se rend alors compte que l'« adversaire » dans le débat national n'est pas le voisin qui a une opinion politique différente, mais que les véritables défis sont de nature externe ou, du moins, exacerbés par des facteurs externes.

Conclusion

La politique intérieure et la politique étrangère ne sont pas deux mondes distincts : ce sont les deux faces d'une même médaille, dont la géopolitique est le lien. La géopolitique constitue le contexte dans lequel les sociétés nationales se développent et influence leur sécurité, leur prospérité et même leur identité. La séparation artificielle entre les affaires intérieures et extérieures conduit à une cécité politique : on combat les symptômes dans son propre pays sans reconnaître la cause dans le système mondial, ou on mène une politique étrangère sans tenir compte des répercussions intérieures. Nous avons payé cher ces deux erreurs ces dernières années, sous la forme d'interventions irresponsables qui ont entraîné le chaos et des flux de réfugiés, aussi sous les formes 1) d'une mondialisation économique qui a déstabilisé les communautés locales et 2) de monocultures idéologiques qui ont étouffé la pensée critique.

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La thèse centrale – selon laquelle la géopolitique est le facteur sous-jacent qui façonne tant la politique intérieure que la politique étrangère – recèle une leçon importante. À savoir que les solutions à nos grands problèmes commencent par une approche intégrée. La sécurité dans les rues est liée à la stabilité dans les régions voisines ; la conscience culturelle nécessite une protection contre l'uniformité mondiale ; la justice économique interne exige un rééquilibrage mondial des rapports de force. Si nous voulons préserver une société juste, stable et libre, nous devons aiguiser notre conscience géopolitique.

Le développement d'une culture géopolitique est essentiel à cet égard. Cela ne signifie pas que chaque individu doit faire des analyses stratégiques de pays lointains, mais bien que notre classe politique et nos leaders d'opinion doivent prendre conscience du fait qu'aucun domaine politique n'est isolé.

Au final, nous élargissons ainsi notre marge de manœuvre: nous pouvons naviguer de manière proactive dans un monde complexe, au lieu de réparer à chaque fois les dégâts causés par des chocs « externes » que nous n'avons soi-disant pas vu venir. La politique intérieure et la politique étrangère s'entremêlent comme l'eau dans une rivière ; ce n'est que lorsque nous le reconnaissons que nous pouvons les diriger efficacement.

Références

Zwitser, T. (2016). Permafrost : Un essai philosophique sur la géopolitique occidentale de 1914 à nos jours. Groningue : Éditions De Blauwe Tijger.

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Frankopan, P. (2019). Les nouvelles routes de la soie : Le présent et l'avenir du monde. Amsterdam : Unieboek/Het Spectrum.

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McGilchrist, I. (2009). The Master and His Emissary: The Divided Brain and the Making of the Western World. New Haven, CT : Yale University Press.

McGilchrist, I. (2021). The Matter With Things: Our Brains, Our Delusions, and the Unmaking of the World. Londres : Perspectiva Press.

Feniks. (2024). Essais contre le récit du mondialisme (manifeste). Anvers : Feniks Vlaanderen.

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Feniks-debat: Cultuur, identiteit en beschaving — in confrontatie

De 21ste eeuw wordt gekenmerkt door verwarring: identiteitspolitiek, massamigratie, hyperindividualisme, botsende culturen en een diepgaande crisis van zingeving. Zijn dit tijdelijke spanningen of symptomen van een beschavingscrisis? Feniks brengt twee intellectuele stemmen samen die elk hun eigen diagnose stellen:

Avondlandenidentiteit-2366553279.pngSid Lukkassen, auteur van oa "Avondland en identiteit" en "Realistisch allochtoon", die waarschuwt voor culturele zelfdesintegratie en de fatale gevolgen van nihilisme. Hij heeft scherpe kritiek op de progressieve houding van onze politieke elite.

front-medium-4063991216-3712471325.jpgKhalid Benhaddou, auteur van ´Monsters van onze tijd´, die reflecteert over moderniteit, spiritualiteit en het zoeken naar nieuwe verbinding in een versnipperde samenleving. Hij probeert een brug te slaan tussen Europese en de islamitische waarden.

Tijdens dit scherpe en diepgravende debat staan onder meer volgende vragen centraal: Kan een seculier en geglobaliseerd Europa nog samenhang bieden? Is de islam fundamenteel verenigbaar met Europese waarden? Verlamt cultuurrelativisme ons vermogen om onze eigen identiteit te verdedigen? Staan we op de drempel van een beschavingstransitie: ondergang of renaissance? Dit is géén vrijblijvende gedachtewisseling, maar een confrontatie met de fundamentele vragen die ons tijdperk bepalen.

Praktisch:
- Zondag 28 september 2025, start: 15u, einde: omstreeks 17u
- Locatie: Diest (exacte locatie volgt via mail)
- Tickets: https://eventix.shop/fcw95aa2
- Meer info via: e-mail - info.feniksvlaanderen@gmail.com

vendredi, 05 septembre 2025

Petr Bystron à propos du sommet de l'OCS: «L'Allemagne rate le coche du nouvel ordre mondial»

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Petr Bystron à propos du sommet de l'OCS: «L'Allemagne rate le coche du nouvel ordre mondial»

Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/175343

À l'issue du sommet de l'OCS à Tianjin, le député européen Petr Bystron (AfD/ESN), spécialiste des affaires étrangères, a déclaré:

« Lors de la réunion de l'OCS à Tianjin, des décisions politiques lourdes de conséquences ont été prises. Le rapprochement de la Chine avec l'Inde et la création de la Banque de développement de l'OCS (Banque des BRICS) constituent un grand pas vers un ordre mondial multipolaire. L'Allemagne et l'UE restent à la traîne des puissances mondiales.

Le développement de l'ordre mondial multipolaire a des implications politiques, militaires et économiques pour l'Allemagne et l'UE. Alors que de plus en plus d'États renforcent leur coopération et leur indépendance économique vis-à-vis de l'Occident grâce à de nouvelles institutions telles que la Banque de développement de l'OCS, l'Allemagne reste à l'écart. Or, il est dans l'intérêt de l'Allemagne, en tant que nation exportatrice, de participer à ces développements. »

En septembre 2022, Petr Bystron, spécialiste de politique étrangère, avait déjà demandé, en sa qualité de porte-parole du groupe AfD au Bundestag allemand pour les questions de politique étrangère (SOZ_Beobachter_Bystron), que l'Allemagne obtienne le statut d'observateur au sein de l'OCS. Cette démarche aurait permis de participer à un stade précoce aux développements centraux en matière de politique de sécurité et d'économie.

Le sommet de l’OCS: Du conflit par procuration à un nouvel ordre mondial

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Le sommet de l’OCS: Du conflit par procuration à un nouvel ordre mondial

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/09/der-soz-gipfel-vom-stellvertr...

Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, suivi des consultations russo-chinoises (comme l’a rapporté PI-NEWS: https://pi-news.net/2025/09/der-lustvolle-kick-beim-untergang/), ne sont pas simplement des réunions de routine. Ils marquent un déplacement tectonique dans la politique internationale – et la plus grande surprise concerne peut-être l’Inde.

Au cœur de la question se trouve une problématique que l’Occident a jusqu’à présent ignorée: une mondialisation sans sa direction est-elle possible ? La réponse est nuancée. La Russie choisit consciemment la confrontation ouverte avec l’Occident. La Chine mise sur un transfert progressif de pouvoir et sur l’acceptation des réalités économiques. Beaucoup de pays du Sud global sont plus hésitants, mais ils partagent le constat que l’Occident a désormais dépassé son apogée économique. Seul Washington, sous Trump, s’accroche encore ouvertement à la restauration d’un système unipolaire, qui n’est plus réalisable depuis longtemps.

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L’Inde – Le point de basculement géopolitique

Le rôle de l’Inde est particulièrement crucial. Pendant des décennies, New Delhi était considéré comme un contrepoids à Pékin – soutenu par les États-Unis comme élément d’une « stratégie indo-pacifique ». Mais cette image a radicalement changé. Suite à des pressions intenses de Washington, l’Inde a commencé à prendre ses distances avec les États-Unis et cherche désormais activement la proximité avec Moscou et Pékin.

Cela donne naissance à un triangle géopolitique New Delhi–Pékin–Moscou, qui dépasse une simple alliance d’intérêt. Il représente une tentative de former un ordre eurasiatique indépendant – avec une population et une base économique qui surpasseront à moyen terme l’Occident.

Pour les États-Unis, cette évolution constitue une perte stratégique auto-infligée. L’administration Trump a de facto perdu l’Inde. Et sans l’Inde, tout le concept d’une alliance anti-chinoise dans l’Indo-Pacifique perd de sa substance.

Trois tendances sont visibles désormais: 

- De la confrontation à l’architecture : le conflit Russie–Occident est devenu le point de départ pour la construction d’un ordre de sécurité alternatif. Le « système basé sur des règles » perd de son acceptabilité.

- Le triangle eurasiatique : contre toute attente, l’Inde se rapproche de plus en plus de la Russie et de la Chine. Le centre de pouvoir de l’ordre mondial multipolaire se déplace vers l’Eurasie.

- La fin de la menace des sanctions : les sanctions secondaires, autrefois l’arme ultime de Washington, ne fonctionnent plus. Les partenaires principaux de la Russie refusent de se plier, ce qui donne à Moscou une plus grande marge de manœuvre stratégique.

La Russie comme cas de référence

La Russie reste cependant un cas particulier. D’une « opération courte » prévue, le conflit est devenu la plus grande guerre en Europe depuis 1945. Cela a dépassé Moscou, mais paradoxalement, cela l’a aussi renforcée : la Russie tient bon – et cela seul modifie la perception mondiale.

Le signal : un État peut résister à la pression de l’Occident tout en restant capable d’agir. Pour de nombreux États du Sud, c’est une rupture historique avec le tabou.

La situation actuelle n’est ni stable ni définitive. Mais Tianjin a clairement montré : l’Occident perd non seulement en poids économique, mais aussi de plus en plus en capacité de façonner la scène politique. L’ordre multipolaire n’est plus une question de « si », mais seulement de « quand » – et l’Inde pourrait devenir une figure clé.

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États-Unis et Chine: une concurrence, deux mondes

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États-Unis et Chine: une concurrence, deux mondes

Derrière les stratégies des États se cachent des actions rationnelles. Cependant, contrairement à ce que prétend généralement la sagesse conventionnelle occidentale, la rationalité n'est pas universellement la même pour toutes les nations: les cultures conditionnent les mentalités et, par conséquent, les processus décisionnels.

Andrés Berazategui

Source: https://politicar.com.ar/contenido/1065/estados-unidos-y-...

La concurrence entre les États-Unis et la Chine met en évidence différentes manières de planifier des stratégies et d'agir. La pensée stratégique, étant quelque chose de complexe, révèle également que les contextes culturels qui sous-tendent les décisions des acteurs internationaux peuvent être très différents. En effet, la stratégie est planifiée en vue d'atteindre des objectifs à l'aide d'un ensemble de moyens utilisés de manière rationnelle. Or, la rationalité des acteurs, c'est-à-dire leur capacité à calculer et à évaluer de manière réfléchie l'utilisation des moyens permettant d'atteindre ces objectifs, n'est pas nécessairement la même chez tous, car les rationalités peuvent être conditionnées par des contextes culturels différents. Par exemple, l'immolation personnelle pour commettre un attentat peut être un moyen parfaitement rationnel pour un certain acteur, alors que pour un autre, c'est tout le contraire. Sans aller jusqu'à cet extrême, nous pensons qu'il est possible d'observer une différence de mentalité dans les stratégies des États-Unis et de la Chine, les deux plus grandes puissances actuelles.

Ce n'est plus un secret pour personne que les États-Unis et la Chine sont en concurrence dans de nombreux domaines de la politique internationale. Citons quelques-uns des thèmes les plus importants : la rivalité dans le commerce international ; les différents discours utilisés par les États-Unis et la Chine pour justifier leurs actions ; la présence militaire du géant asiatique au-delà de ses frontières et en particulier dans la mer de Chine méridionale ; les tensions permanentes autour de Taïwan ; l'alliance de plus en plus étroite entre la Chine et la Russie ; l'activité croissante dans l'espace extra-atmosphérique ; les accusations relatives à la cybersécurité ; les campagnes de « désinformation » ; la concurrence pour les ressources — notamment les minéraux et les métaux critiques — ; les développements en matière de biotechnologie, de semi-conducteurs, d'intelligence artificielle...

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Cependant, les deux pays présentent des différences notables dans la manière dont ils planifient leurs stratégies et défendent leurs intérêts. Même s'il n'a pas été le premier à le remarquer, il convient de rappeler ce qu'a dit Henry Kissinger à propos des différences entre la Chine et l'Occident. Il a illustré son propos en donnant l'exemple des « jeux respectifs auxquels chaque civilisation s'est adonnée » : le wei ki (plus connu sous le nom de go en Occident) en Chine et les échecs dans le monde occidental. Kissinger explique que dans le wei ki, l'idée d'encerclement stratégique est fondamentale. En effet, le nom du jeu peut se traduire par quelque chose comme « jeu de pièces environnantes ».

9782213655062-475x500-1-3485459349.jpgKissinger poursuit : « Les joueurs placent à tour de rôle les pierres à n'importe quel endroit de la grille, créant ainsi des positions de force et s'efforçant en même temps d'encercler et de capturer les pierres de l'adversaire ». Il souligne également comment, au fur et à mesure des mouvements des pièces, les équilibres se modifient progressivement jusqu'à ce que, vers la fin de la partie, « le plateau se remplisse de zones de forces qui s'entrelacent partiellement ». Le wei ki cherche à encercler les pièces de l'adversaire en occupant le plus grand nombre possible d'espaces vides. Le but du jeu n'est pas de « manger des pièces », mais d'obtenir la domination stratégique du plateau en acculant l'adversaire tout au long de la partie, jusqu'à ce qu'il n'ait plus aucune possibilité de faire des mouvements productifs ». Pour sa part, le jeu d'échecs est différent. Kissinger nous dit que, dans ce jeu, on recherche la victoire totale. Et c'est vrai, dans le jeu d'échecs, l'objectif « est le mat, placer le roi adverse dans une position où il ne peut plus bouger sans être détruit ». L'interaction des pièces est directe : elles cherchent à s'éliminer pour occuper des cases bien délimitées. Les pièces se mangent et sont retirées du plateau, épuisant ainsi l'adversaire et orientant les efforts vers l'encerclement de la pièce principale, le roi, jusqu'à ce que, comme nous l'avons dit, celui-ci ne puisse plus bouger sans être détruit.

Dans le wei ki, on cherche à encercler et à contourner, on fait appel à la flexibilité, à l'exploration des espaces sur l'échiquier en essayant d'occuper ses vides : le wei ki a une conception du temps plus liée à des développements fluides et rythmés. La rationalité dans les échecs se manifeste différemment: il s'agit de dominer la zone centrale du plateau, car c'est son « centre de gravité ». Les joueurs cherchent à « tuer » les pièces adverses en les mangeant et en les remplaçant par leurs propres pièces. Aux échecs, on s'affronte pièce par pièce, on cherche donc à être décisif. Une pièce qui est mangée reste à l'extérieur et le temps est mesuré avec plus de précision, car l'élimination d'une pièce ne se fait pas par un détour (tâche qui prend un certain temps), mais elle est mangée à un moment précis, localisable avec exactitude.

sun-tzu-and-carl-von-clausewitz-battle-yesil-2193814496.jpgCe n'est pas un hasard si, d'un point de vue militaire, les plus grands stratèges des deux cultures sont si différents. Sun Tzu et Clausewitz illustrent clairement les différences que nous avons relevées ici, car ils s'appuient tous deux sur des rationalités analogues à celles que nous avons exposées en parlant des jeux.

Sun Tzu explique qu'il faut essayer de subordonner la volonté de l'ennemi, mais si possible sans combattre. Sa maxime selon laquelle « l'art suprême de la guerre consiste à soumettre l'ennemi sans livrer bataille » est bien connue. Sun Tzu recherche ce que l'on pourrait définir comme une patience stratégique, étroitement liée à la notion d'un temps qui s'écoule et se régule au fur et à mesure que ses propres mouvements et ceux de l'ennemi se produisent. C'est pourquoi les questions immatérielles revêtent une telle importance pour le stratège chinois. Si l'idéal ultime est de soumettre sans livrer bataille, on comprend que Sun Tzu accorde autant d'importance à des choses telles que connaître l'ennemi ou recourir au mensonge et à la tromperie. Pour l'Orient, la bataille est très coûteuse en hommes et en ressources, c'est pourquoi il vaut mieux essayer de l'éviter et n'y recourir que lorsqu'il n'y a pas d'autre alternative.

Clausewitz est tout à fait différent, tout comme le reste des stratèges militaires classiques occidentaux. Pour commencer, pour le Prussien, la bataille est cruciale. De plus, l'idéal n'est pas d'éviter les batailles, mais au contraire d'essayer d'en trouver une qui soit décisive. L'objectif de la guerre est de vaincre l'ennemi par la force, car la guerre est avant tout un acte de violence physique. C'est pourquoi Clausewitz accorde une grande importance aux variables matérielles, temporelles et spatiales qui peuvent favoriser au mieux les performances au combat. Dans la pensée stratégique militaire occidentale, la confrontation, la force et l'anéantissement de l'ennemi sont fondamentaux.

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Si nous appliquons cette analyse à la concurrence actuelle entre la Chine et les États-Unis, nous constatons que les schémas de pensée que nous avons exposés se retrouvent dans la manière dont les deux puissances gèrent leurs géostratégies respectives. La Chine cherche principalement à promouvoir des intérêts mutuellement avantageux avec d'autres acteurs — afin de les convaincre qu'il est profitable de s'entendre avec elle —, tout en recourant au soft power pour se présenter comme une puissance bienveillante et diplomatique qui ne recherche que la prospérité commune.

Les mesures coercitives sont généralement des derniers recours que la Chine met en œuvre de manière indirecte et à des degrés d'intensité variables en fonction du contexte. La projection du géant asiatique sur la mer de Chine méridionale ressemble à un coup de wei ki : il occupe des espaces « vides » (de souveraineté pratique relative ou contestée) en construisant des îles artificielles qui s'articulent autour d'une « ligne de neuf points » qui entoure l'espace qu'il entend dominer. La construction de ces îles est menée de manière si soutenue et ferme qu'elle laisse peu de place aux manœuvres politiques des États de la région. Dans le même temps, la Chine, à travers son initiative « Belt and Road », déploie sa puissance sur une vaste zone géographique en générant des investissements et des intérêts communs avec des acteurs qui, en principe, bénéficient du projet. Avec l'initiative « Belt and Road », la Chine étend à long terme son influence et son commerce en attirant un grand nombre de pays avec de bons dividendes.

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Les actions américaines, en revanche, sont clairement différentes. Les États-Unis mettent toujours l'accent sur le hard power, les actions directes et même les menaces publiques. Sa stratégie pour la région indo-pacifique, principal espace de concurrence avec Pékin, consiste généralement en une combinaison d'accords en matière de sécurité et de renseignement avec les pays de la région (AUKUS, QUAD, Five Eyes, ou accords bilatéraux de défense avec le Japon, la Corée du Sud, les Philippines) et de sanctions économiques et de restrictions technologiques à l'égard de la Chine. Les États-Unis s'opposent explicitement à la Chine, au point que la reconnaissance de cette dernière comme principale menace pour les intérêts mondiaux des États-Unis est un point de convergence fondamental entre les partis démocrate et républicain. Le fait que Donald Trump se soit montré un peu plus ouvert au dialogue avec Xi Jinping ne change rien à l'équation, selon nous. La concurrence stratégique entre les deux pays est là pour durer. Chacun agira selon sa stratégie, sa vision du monde et ses valeurs. En définitive, selon son propre esprit.

L’Occident et la droite nationale française face à l’anéantissement de Gaza

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L’Occident et la droite nationale française face à l’anéantissement de Gaza

Pierre-Emile Blairon

Par les exactions et les massacres commis à Gaza, l’Occident décadent se révèle dans toute sa turpitude. Il ne représente plus « l’Humanité » ou la « Communauté internationale » dans son ensemble, et heureusement, car ce mot, « Occident », restera dans l’Histoire lié à une infamie.

« L’Occident » est constitué d’un triptyque, ou d’une hydre à trois têtes, si vous préférez : Israël, l’Amérique et « l’Union européenne ». Israël dicte ses volontés à l’Amérique et l’Amérique dicte ses volontés à l’Europe.

L’Occident unipolaire, qui avait étendu son emprise sur le monde, n’existe plus mais il refuse d’admettre cette évidence. Il a été remplacé par le monde multipolaire des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et d’autres qui sont venus rejoindre cette nouvelle entité qui constitue, désormais, une alternative crédible et rassurante à ce vieux monde dépravé.

L’Occident va-t-il sombrer dans la mer de larmes et de sang qu’il a lui-même creusée et remplie à Gaza ?

Nous pouvons être étonnés que la droite nationale française ait choisi d’ignorer les principes de bon sens et de neutralité qui dictaient jusqu’alors les prises de position de la diplomatie française permettant ainsi à notre pays de pouvoir donner un avis pertinent sur les conflits qui agitent le monde lorsqu’il n’est n’y est pas lui-même engagé.

La droite nationale française s’est rangée sans tergiverser, et avec un enthousiasme dérangeant, sous la bannière israélienne. Pourquoi ?

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Quand la victime devient bourreau

Gaza : tout le monde a entendu parler de cette bande côtière au bord de la mer Méditerranée de 40 km de long sur 9 de large en moyenne (4000 ans d’histoire [1], 2 millions d’habitants en 2023, 365 km2) ; une langue de terre qu’Israël bombarde quotidiennement depuis le 7 octobre 2023 dans le but d’en chasser ses habitants, les Palestiniens, ou, à défaut, de les éliminer physiquement afin de s’en approprier le territoire.

Cette volonté de confiscation d’une contrée qui ne vous appartient pas en éliminant sa population n’a rien d’inédit dans l’histoire du monde.

Ce qui est inédit, c’est que la population de Gaza est en passe d’être complètement éradiquée par des Israéliens qui, pour les plus âgés d’entre eux, ont eux-mêmes échappé à ce qui fut appelé un « holocauste », perpétré par le régime hitlérien.

Plus de 67.000 morts palestiniens, 80% de civils, dont 18.000 enfants, selon les derniers chiffres de l’Unicef.

« Pour Tom Fletcher, le chef de l’humanitaire de l’ONU [2], la responsabilité d’Israël ne fait aucun doute. ʺC’est une famine du XXIe siècle, surveillée par des drones et la technologie militaire la plus avancée de l’histoire [3]ʺ, a-t-il déploré.

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Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Volker Türk (photo), est allé plus loin. Si la famine est bien, comme il le pense, la conséquence directe des politiques du gouvernement israélien, certaines conclusions s’imposent du point de vue du droit international.

Recourir à la famine comme méthode de guerre constitue un crime de guerre, et les décès qui en résultent pourraient également constituer un crime de guerre d'homicide volontaire », a-t-il déclaré [4]. »

Plusieurs centaines de ces Palestiniens affamés ont été attirées par des remises de nourriture et ont été abattues à leur arrivée sur le lieu de distribution par l’armée israélienne : « Selon les Nations Unies, depuis le 27 mai, plus de 800 personnes ont été tuées par l'armée israélienne alors qu'elles tentaient de se procurer de l'aide. Les tirs visant des foules affamées se répètent, au point de transformer l’accès à la nourriture en un acte de survie à haut risque [5] ».

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On ne peut s’empêcher de penser à cette fête barbare et sanglante du Grindadráp pratiquée aux Îles Féroé (Danemark) qui consiste à déployer des bateaux afin d’encercler et de rabattre vers le rivage dauphins et baleines ; les bêtes échouées sont ensuite achevées au couteau et découpées sur place provoquant une marée de sang, et une marée d’indignation !

Il s’agit ici, dans le cas de Gaza, d’êtres humains. Mais, pour certains membres du gouvernement israélien, ce ne sont pas tout à fait des « humains » : ce sont des « animaux humains [6] »

Il est important de préciser que je n’assimile pas l’ensemble des Israéliens aux propos, aux agissements ni même à la position de ses dirigeants. Dans tous les peuples, il existe une proportion variable de gens respectables et d’autres qui le sont moins. Nombreux sont les Israéliens à s’élever contre les atrocités commises par leur gouvernement et leur armée et à avoir le courage de les dénoncer publiquement.

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Pendant ce temps, les masses occidentales farouchement indifférentes continuent à vivre, dans un monde d’illusion hédoniste, leur parcours somnambulique. Pour rien au monde, elles ne renonceraient à leur confort aseptisé imitant autant que faire se peut les trois singes : ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre.

Les personnes lucides n’ont pas cette chance : elles sont encore bien vivantes, elles, et elles assistent, pétrifiés, à la rencontre incongrue de deux entités maléfiques qui déploient tous azimuts leurs outils de dissolution du monde traditionnel : l’une est l’émanation de vapeurs méphitiques d’un monde ancien en décomposition, l’autre se pare des cuirasses d’acier robotiques de la haute technologie. Un passé glauque et un avenir apocalyptique. Une autre façon plus dérangeante de voir l’archéofuturisme ?

Le massacre de Gaza préfigure le monde de la fin de l’Humanité qui voit toutes les valeurs inversées, en l’occurrence, la victime devenant bourreau et se délectant de vivre son nouveau statut.

Les Français sont-ils concernés par l’évolution de ce conflit, commencé en 1948, qui semble interminable ? C’est ce que nous allons ci-après examiner.

La droite nationale française et Israël

L’épouvantail LFI

On pourrait croire que le parti LFI ( La France Insoumise), dirigé par un personnage excessif et peu crédible, n’a été créé que pour constituer un épouvantail destiné à cristalliser la haine du bon bourgeois conformiste de « droite » contre tout ce qu’entreprennent et tout ce que représentent ces wokistes incultes et le détourner des vrais problèmes ; ainsi, la multiplicité des manifestations organisées par ces idiots utiles défilant avec force drapeaux palestiniens dans les rues parisiennes (et ailleurs) n’est là que pour appeler au rejet de tout soutien à Gaza et à sa lutte légitime à vivre sur ses terres. C’est pour cette même raison : détourner l’attention, que Macron a émis l’idée que la France pourrait reconnaître la Palestine dont il se fiche éperdument.

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De même, l’autre « droite » dite « nationale » s’est laissé prendre au même piège tendu par les représentants du pouvoir mondialiste à tout ce qui constitue encore une force traditionnelle.

Nous allons rappeler quelques chausse-trapes ou « peaux de banane » insidieusement déposées par les tenants de la pensée unique sur le chemin du citoyen honnête en évoquant quelques articles écrits sur ce conflit qui mettent en relief une propagande mondialement orchestrée.

Rappel de quelques vérités sur ce conflit

- Le 11 septembre d’Israël (Article du 18 octobre 2023)

cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/10/19/l...

Où nous apprenons que ce fameux 7 octobre 2023, une consigne avait dégarni les troupes basées à la frontière avec Gaza. Une représentante de Tsahal postée à la frontière s’en étonne.

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Nous y apprenons par la voix d’Avi Primor (photo), ancien ambassadeur d’Israël en Allemagne, en Belgique, auprès de l’Union européenne, que le Hamas est une création d’Israël.

Bien pire : Israël finance désormais l’Etat islamique pour lutter contre… le Hamas !

« Gaza : Benjamin Nétanyahou déclare qu'Israël a fourni des armes à des groupes criminels opposés au Hamas » (France Inter du 6 juin 2025[7].

- Et d’après vous, où iront ces plus de 2 millions de Gazaouis qui fuient les bombardements ? (Article du 8 novembre 2023); cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/11/10/e...

Où nous apprenons que, dès le 10 octobre 2023, les routes qui permettaient d’acheminer des vivres à la population de Gaza avaient été détruites par l’armée israélienne.

- Sortie de route : la droite nationale s’est-elle fracassée contre le Mur des Lamentations ? (Article du 5 décembre 2023); cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/11/29/s...

Où nous apprenons que l’extrême-droite parlementaire en France, toujours aussi pusillanime et collabo (et toujours du côté de celui qui est le plus en position d’exercer le pouvoir) s’est rangée immédiatement après le 7 octobre sous la bannière d’Israël, sans se poser la moindre question « comme sous l’effet d’une impulsion quasi-clinique, pavlovienne, comme des animaux de laboratoire, comme les foules obéissant frénétiquement aux incantations du Big Brother de 1984, le célèbre ouvrage ʺcomplotisteʺ d’Orwell. »

Pourquoi ce ralliement sans condition de la droite nationale à Israël ?

Dans un article intitulé : L’extrême-droite et Israël : un cas de mimétisme clinique, daté du 7 août 2025 (Cercle antimoderne), Claude Bourrinet relève que les Français ont souvent été admiratifs devant l’envahisseur ou devant celui qui, pour des tas de raisons la plupart du temps irrationnelles, se trouve en position de « dominateur ». Je rappelai moi-même, dans un article passé, que les Français fascinés par l’étranger conquérant se rangeaient facilement aux vues de ce dernier. L’exemple le plus frappant est celui des « Gallo-romains », Gaulois devenus collabos de Rome après les tentatives désespérés de Vercingétorix pour rassembler les peuples gaulois contre l’envahisseur romain.

Il y a toujours un Gaulois, ou un Français, ou un groupe de Gaulois ou de Français, pour sauver l’honneur, heureusement.

« Assurément, » écrit Bourrinet, « l’Allemagne hitlérienne, conquérante et candidement nietzschéenne, ivre de volonté de puissance, tourna la tête à une partie du pays, qui se trouva alors très femme. L’admiration est aussi un mimétisme : on aimerait être le dominant, donc on le singe. N’est-ce pas le même pli qui explique la fascination de l’extrême droite pour l’État sioniste?».

Cela peut constituer une hypothèse mais, pour ma part, je crois plutôt que nous avons ici affaire à l’ignorance de gens simples, éloignés de tout calcul et, pour cette raison, malléables et vulnérables.

C’est l’attitude typique du « patriote » qui réagit impulsivement aux stimuli qui lui ont été inculqués depuis de nombreuses années, un conditionnement quelquefois antinomique à celui qui le précédait, selon les besoins du moment des groupes de pression qui le manipulent.

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Le patronat, depuis de longues années, avait persuadé les Français qu’il fallait importer des travailleurs étrangers parce que les Français ne voulaient plus « se salir les mains ». Ce qui est faux, car si le patronat avait consenti à payer correctement nos compatriotes, ils auraient fait comme dans tous les pays du monde : accepter un travail qui leur permettait de vivre décemment dans des conditions décentes.

Giscard et Chirac avaient favorisé l’immigration de masse en organisant le regroupement familial. La communauté des intellectuels juifs français appuyait ce type de mesure; elle avait peur d’un Le Pen réputé antisémite et s’appuyait par contrecoup sur l’immigration et… sur le patronat.

Le patronat a donc pu, grâce à l’apport de travailleurs étrangers, baisser le niveau des salaires et loger Français et immigrés à la même enseigne d’un Smic famélique.

Puis, lorsque Marine Le Pen a succédé à Jean-Marie Le Pen et qu’elle a donné tous les gages possibles de sa soumission à l’Ordre Mondial, allant jusqu’à renier son père, la même communauté d’intellectuels a fait son mea culpa et a admis alors qu’elle s’était trompée d’ennemi et que le péril venait à l’évidence de ceux qu’elle avait fait venir en France par bateaux entiers quelques années auparavant.

Cette droite nationale est constituée majoritairement de bons Français simples et affables, amoureux de leur pays et voulant y vivre et y travailler en toute quiétude. La plupart de ses partisans ne peuvent être classés à l’extrême-droite, ce qui supposerait qu’ils disposent d’un minimum de formation politique. Ces braves gens ont, hélas, oublié les valeurs d’honneur et de dignité de la France éternelle – mais comment les connaîtraient-ils puisqu’elles ne sont plus enseignées ? - les valeurs que nos anciens maîtres d’école nous inculquaient, les valeurs chevaleresques telles que je les ai évoquées dans cet article : L’être « sigma » : « manipulation CIA-woke-LGBTQ+ ou résurgence des valeurs chevaleresques ? » [8], des valeurs qui sont l’ADN même de la France, celles qui sont censées protéger le faible et le démuni de l’arrogance du fort.

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Non, cette nouvelle droite nationale, ou « patriote », non militante, trop confiante, trop naïve, trop médiatiquement façonnée, n’a jamais réalisé qu’elle était constamment manœuvrée par des gens qui se souciaient fort peu de son avenir, la ligne bleue des Vosges étant, pour les manipulateurs, remplacée avantageusement par celle du Jourdain. Les Français ignoraient le but avoué du chef de file de ces faiseurs d’opinion[9], Jacques Attali, but qu’il avait pourtant clairement énoncé à plusieurs reprises, notamment à Public Sénat le 16 février 2010 : « On peut imaginer, rêver d’un Jérusalem devenant capitale de la planète qui sera un jour unifiée autour d’un gouvernement mondial. »

C’est donc une population « réactionnaire » qui réagit immédiatement et instinctivement à ce qui la touche le plus dans sa vie de tous les jours : l’insécurité. Depuis des décennies, les Français sont victimes quotidiennement de vols, de viols, de meurtres barbares, une criminalité sans frein puisqu’elle n’est pas, ou peu, réprimée, causée majoritairement par des délinquants issus de l’immigration nord-africaine et sub-saharienne.

1972 : l’émergence du Front national

Cette droite patriote, constituée pour beaucoup de rapatriés d’Algérie, n’a cessé de voter, dès son émergence, pour le Front National, puis pour le Rassemblement national, n’y voyant aucune différence.

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Dès l’apparition du F.N., le thème principal retenu fut celui de « l’immigration sauvage ». Il faut se rappeler que le F.N. est né du rapprochement du mouvement étudiant Ordre Nouveau (dont votre serviteur faisait partie) avec Jean-Marie Le Pen et quelques-uns de ses amis, le 27 octobre 1972 ; le 21 juin 1973, un meeting est organisé à la Mutualité à Paris par Ordre Nouveau qui poursuit ses activités en parallèle avec celles du Front National naissant ; le thème du meeting ? « Halte à l'immigration sauvage ! » Oui, déjà en 1973 !

 « Les orateurs veillent à s'abstenir de tout propos à connotation racialiste. François Brigneau déclare : ʺLe peuple juif a gardé son intégrité parce qu'il ne s'est pas mélangé [10], mais nous n'avons pas de leçons à recevoir de la part de ceux qui ont mis les Palestiniens dans des camps [11] ! » 

52 ans après, nous aurions aimé dire que rien n’a changé si ce n’est que la situation des Palestiniens s’est aggravée au point que nous pouvons craindre leur totale disparition.

D’autres applaudissent à cette perspective.

A l’heure où j’écris, fin août 2025, la quasi-totalité de la « droite nationale » s’est rangée derrière ses représentants, parlementaires ou non, pour soutenir, sans état d’âme, Israël dans son entreprise génocidaire et le massacre quotidien d’enfants innocents. Inconscience, indifférence, ignorance, ou terrifiant cynisme ?

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52 ans après, je suis toujours d’accord avec feu François Brigneau (photo).

La droite nationale française ne doit pas s’identifier à l’extrême-droite israélienne, bien plus radicale et bien peu exemplaire ; Israël est un Etat-voyou [12].

Le salut des Français ne viendra pas d’Israël

Le salut des Français ne viendra pas d’Israël, Israël ne considérant que son seul intérêt et n’étant guère préoccupé par le sort des Français. La situation des Français est bien différente de celle des Israéliens, et les « Arabes » d’Israël, les Palestiniens, dont 175.000 d’entre eux sont chrétiens, ne sont pas les mêmes que ceux de Dubaï ou d’Algérie, ou… de France.

Ce n’est pas Israël qui débarrassera les Français des criminels allogènes; c’est la restauration de mesures fortes qui ramèneront au pouvoir des âmes énergiques et déterminées qui sauront faire don de leurs personnes dans l’intérêt commun ; il ne faut guère compter sur la classe politique actuellement au pouvoir qui, quel que soit le parti représenté, ne songe qu’à la sauvegarde de ses privilèges ; les Français n’ont pas besoin de paroles et de promesses qui ne seront pas tenues ; ils ont besoin de personnes avisées et désintéressées qui œuvrent efficacement au service de la patrie.

Cela a peu de chances de se produire, à moins d’une véritable révolution dans les semaines ou les mois qui viennent ; par deux fois, des élections truquées [13] avec l’assentiment tacite du RN ont porté au pouvoir un psychopathe complètement allumé et, la prochaine fois, les Français voteront comme un seul homme pour ce même RN, un parti qui les a trahis 25 fois, qui s’est depuis longtemps rendu, ou vendu, à l’Ordre mondial et qui suivra, le doigt sur la couture du pantalon, toutes les consignes des oligarques visant à faire disparaître définitivement leur pays.

Pour en revenir à ce qui se passe actuellement à Gaza et aux responsabilités qui incombent à ceux qui y commettent les pires exactions [14], quelles que soient les monstruosités qu’a pu – ou que peut – accomplir telle frange de tel peuple (il n’y a pas de peuple entièrement mauvais dans son ensemble), le meurtre, a fortiori l’assassinat prémédité d’un être innocent, vulnérable et sans défense, les prive du statut, de la dignité – je ne dirais pas du privilège – d’être un être humain et les retranche de cette communauté humaine.

Partout dans le monde, que l’on soit arabe, juif, gaulois, eskimo ou zoulou, l’innocence doit être sacrée.

Attenter volontairement à la vie d’un être innocent [15] tel un enfant, ou vulnérable, telle une personne âgée ou handicapée, ou attenter à son intégrité physique, doit être considéré comme le plus grand et le plus lâche des crimes par toute société humaine et puni en conséquence.

Si nous militons pour que la France ne s’engage pas dans des conflits qui ne la concernent pas directement, de telle sorte que la diplomatie française puisse conserver un statut d’analyste lucide et aider ainsi à la paix dans le monde, nous réalisons bien qu’il est impossible, au 21e siècle, de prétendre que telle ou telle tension à tel ou tel endroit de la planète, ne nous concerne pas.

Désormais, les causes qui les font naître sont tellement enchevêtrées qu’il est impossible qu’elles n’aient pas d’effet sur un pays comme le nôtre qui a cependant bien perdu de sa superbe depuis qu’il est dirigé par Macron et les crétins irresponsables qui l’ont précédé au même poste.

Depuis que Macron a entièrement soumis notre pays à l’Union européenne et donc à l’Amérique et donc à Israël, et donc à l’Ordre mondial.

Aussi, n’est-il pas inutile de tenter d’ouvrir quelques prospectives (surprenantes) en lien avec ce dossier, avant de le fermer.

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L’énigme khazare

La société israélienne est loin d’être une société monolithique ; multitude de courants religieux, culturels, philosophiques, spirituels, politiques, s’y côtoient et s’y affrontent quelquefois avec véhémence ; on y trouve le pire et le meilleur ; commençons par le pire, il est représenté par le gouvernement actuel et ceux qui le soutiennent.

Dans un article du Saker francophone du 20 août 2025, repris par SOTT, intitulé : Le cerveau rabougri d’une société nazifiée [16], l’auteur présente une thèse qui nous ramène à nouveau à la deuxième guerre mondiale, dénonçant un processus de « nazification » de la société israélienne actuelle, reprenant le thème de la victime qui devient bourreau ; cette analyse psycho-sociologique a ceci d’intéressant qu’elle donne une piste (qui se rapproche de celle de Claude Bourrinet évoquée plus haut) pour comprendre pourquoi les foules occidentales restent indifférentes aux massacres en cours à Gaza : « . Cela commence par la déshumanisation de la population-cible - les Palestiniens qualifiés « d'animaux humains » ou de « terroristes », quel que soit leur âge ou leur situation. Cela continue avec la création d'une mythologie de victimisation perpétuelle qui justifie toute atrocité comme étant de la « légitime défense [17] ». Cela aboutit à une population tellement endoctrinée qu'elle manifeste pour le droit de violer des prisonniers palestiniens pendant qu'elle regarde des enfants mourir de faim et ne ressent que de la satisfaction […] Le plus effrayant est peut-être la participation enthousiaste des enfants à cette culture de la cruauté. Des vidéos circulent montrant de jeunes Israéliens chantant des chansons sur la destruction de Gaza [18], des enfants célébrant la mort de Palestiniens et des adolescents posant avec des armes tout en faisant des blagues sur la « chasse aux Arabes.

« Un détail non négligeable est que la plupart de ces vidéos présentent des Juifs ashkénazes blancs se moquant des traits sémitiques des Palestiniens, d'une manière troublante, similaire à la façon dont les nazis décrivaient leurs victimes.

[…] Ce à quoi nous assistons est l'aboutissement de décennies d'endoctrinement pour le pouvoir nazi, masquée par un langage victimaire, finalement autorisée à devenir ce qu'ils faisaient semblant de détester : des Zio-(Ashke)nazis ».

L’auteur de cet article emploie un mot étonnant, une contraction de « Ashkenazes », les juifs originaires de l’est de l’Europe, et de « nazis » : « Ashkenazis ». Voyons pourquoi ce rapprochement insolite a été fait.

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Il y a bien en Europe actuellement un Etat dont une bonne partie de l’armée se réclame ouvertement du nazisme, et qui est dirigé par… un juif : c’est l’Ukraine dont son ex-président (Zelensky n’est officiellement plus président depuis le 19 mai 2024) disait le 5 avril 2022 à Kiev : « Je pense que tout notre peuple sera notre grande armée. Nous deviendrons un « Grand Israël ».

Il faut se souvenir que Stepan Bandera, qui proclama l’indépendance éphémère de l’Ukraine à Lviv le 30 juin 1941, et qui est considéré comme un héros par une partie des Ukrainiens, collabora avec l'Allemagne nazie en créant la Légion ukrainienne, sous commandement de la Wehrmacht. D’où cette curieuse cohabitation actuelle.

Il existe une autre étrange coïncidence qui va marquer le destin du peuple juif et dont l’action se situe dans la même région, puisqu’elle était le territoire d’un peuple turcique originaire du nord du Caucase, les Khazars, établi en royaume en Ukraine et dans la région alentour, entre le VIIe et le XIIIe siècle.

Et nous revoilà avec ce néologisme: Ashkenazis, car les Khazars sont quelquefois physiquement proches des slaves, souvent blonds aux yeux bleus, comme le sont certains juifs ashkenazes.

L’auteur de l’article précité relance involontairement une vieille polémique débutée en 1976, à l’époque où Arthur Koestler (1905-1983) fait paraître un livre intitulé : La Treizième tribu.

Deux personnages attachants, mais dérangeants pour l’establishment : Arthur Koestler et Shlomo Sand, vont nous permettre de mieux connaître l’importance de ce peuple dans l’Histoire contemporaine.

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Arthur Koestler

Arthur Koestler est un juif hongrois de langue allemande, il sera écrivain, journaliste, essayiste, de nationalité hongroise, britannique, autrichienne ; il vivra en Hongrie, en Autriche, en Palestine, en France, en Espagne, en Allemagne, en Angleterre, il sera communiste, puis anticommuniste, condamné à mort par les franquistes, il sera échangé contre la femme d’un pilote espagnol, cet aventurier s’engagera dans la Légion étrangère, écrira le roman qui l’a rendu célèbre : Le Zéro et l’infini, il vivra dans un kibboutz, sera le cofondateur du Betar (mouvement de jeunesse sioniste), on trouvera même le nom de ce journaliste intrépide, sorte de Tintin de l’Est, dans le Comité de patronage de… Nouvelle Ecole, à la création de cette revue de la Nouvelle Droite.

Bref, une vie bien remplie qui donne le tournis.

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Et donc, en 1976, il fera paraître cet ouvrage qui va bouleverser les connaissances que nous avions sur l’origine du peuple juif et de ses douze tribus car il va en rajouter une treizième, d’où le titre de son livre : La Treizième tribu dans lequel « il défend la thèse selon laquelle les Juifs d'Europe de l'Est et leurs descendants, c'est-à-dire les Ashkénazes, ne descendent pas (ou peu) des anciens Israélites, mais principalement des Khazars, un peuple originaire de la région du Caucase du Nord qui a été converti (par ses dirigeants, ndlr) au VIIIe siècle au judaïsme et aurait migré plus tard vers ce qui est aujourd'hui l'Europe de l'Est, sous la pression de tribus nomades venues d'Asie centrale. Koestler se réfère aux travaux de l'historien israélien Abraham N. Poliak. » (Wikipedia)

Evidemment, cette thèse crée des remous en Israël, mais aussi en Amérique où le récit biblique constitue la base religieuse, et au-delà, de la vie américaine, mais aussi au sein de la diaspora juive partout dans le monde car il casse le dogme de l’antique origine du peuple juif élu par Dieu ; d’autant plus que la présentation que Koestler fait de son ouvrage n’arrange pas les choses : « Ces lignes ont été écrites à une époque où l’on ne connaissait pas encore toute l'étendue de l'holocauste nazi, mais cela ne change rien au fait que la grande majorité des juifs survivants vient de l'Europe orientale et qu'en conséquence, elle est peut-être principalement d'origine khazare. Cela voudrait dire que les ancêtres de ces juifs ne venaient pas des bords du Jourdain, mais des plaines de la Volga, non pas de Canaan, mais du Caucase, où l’on a vu le berceau de la race aryenne ; génétiquement ils seraient apparentés aux Huns, aux Ouigours, aux Magyars, plutôt qu'à la semence d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. S'il en était bien ainsi, le mot « antisémitisme » n'aurait aucun sens : il témoignerait d'un malentendu également partagé par les bourreaux et par les victimes. A mesure qu'elle émerge lentement du passé, l'aventure de l’empire khazar commence à ressembler à une farce, la plus cruelle que l'Histoire ait perpétrée[19] ».

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Shlomo Sand

Shlomo Sand, né le 10 septembre 1946 à Linz en Autriche, est un historien israélien, professeur à l'université de Tel Aviv depuis 1985.

C’est un francophone qui a fait ses études universitaires à Paris dans les années 1970 où il a soutenu une thèse sur le philosophe Georges Sorel ; il est l’organisateur en 1982 d’un colloque à Paris sur ce même personnage.

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En 2008, il écrit un livre pour le moins iconoclaste : Comment le peuple juif fut inventé[20], reprenant en partie les thèses de Koestler quant aux origines du peuple juif ; son ouvrage sera qualifié par les historiens israéliens conformistes de « mythe de l'origine khazare des Ashkénazes par conversion ». Selon Sand, ʺl'inventionʺ d'une histoire nationale continue serait l'œuvre de sionistes du début du XXe siècle. Même s'il admet la réalité d'un « peuple yiddish » existant en Europe de l’Est, peuple qui sans être une nation possédait une civilisation et une culture populaire moderne, l'auteur conteste l'existence réelle d'un peuple juif international. » (Wikipedia, Comment le peuple juif fut inventé).

Nous ne serons pas étonnés que le livre de Sand ait reçu un accueil pour le moins mitigé en Occident.

Ainsi, Sand dit que la « grande presse parisienne (Le Monde, Le Figaro, Libération…) ne lui a pas consacré le moindre compte rendu… ». Son livre a réussi quand même à franchir les barrières de la censure occidentiste en recevant en 2009 en France le prix Aujourd'hui qui récompense un « ouvrage politique ou historique sur la période contemporaine ».

Aux Etats-Unis, la communauté néo-conservatrice juive n’a pas du tout aimé le passage du livre de Sand concernant l’origine khazare des Israélites « qui déconstruit l'idée d'un droit au retour fondé sur des notions ethniques » ; on s’en serait douté…

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En 2013, Shlomo Sand, qui souhaitait que la Palestine soit reconnue dans ses frontières, édite un nouvel ouvrage polémique : Comment j’ai cessé d’être juif, dont il résume ainsi le thème : « Supportant mal que les lois israéliennes m’imposent l’appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d’apparaître auprès du reste du monde comme membre d’un club d’élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer comme juif. »

Le Grand Israël

Dans un article du 22 décembre 2024, Syrie, les racines du chaos, j’évoquais le mythe sioniste du « Grand Israël », mythe expansionniste soutenu avec ferveur par les groupes sionistes avec à leur tête Netanyahu, qui s’appuient sur les écrits bibliques, « la Terre promise par Dieu aux Enfants d’Israël », pour revendiquer les territoires des pays voisins de l’actuelle Israël incluant la Palestine, bien sûr, la Jordanie, le Liban, une partie de la Syrie, de l’Irak, de l’Egypte et de l’Arabie saoudite. Vaste projet.

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Ces revendications ne reposent pour l’instant que sur des allégations religieuses, les archéologues n’ayant, par exemple, rien trouvé des vestiges des temples et palais « recouverts d’or » du Xe siècle avant notre ère, comme celui de Salomon, minutieusement décrit par les textes sacrés. « Il n'existe aucune donnée archéologique indiquant qu'une des grandes constructions trouvées sur l'étendue géographique correspondant à Israël ait été bâtie par Salomon effectivement. »

« Concernant les tribus juives mentionnées dans la Bible, ni leur nom ni leur situation géographique ne sont attestés par l'archéologie, ni dans aucune archive, ni sur aucune inscription. » (wikipedia : données archéologiques sur David et Salomon).

On peut comprendre que les thèses avancées par Koestler et Sand aient pu fortement déplaire à une partie de la population.

Ce qui ne veut pas dire que ni le temple de Salomon, ni les tribus juives en question n’existent pas ou n’ont jamais existé ; après tout, il a fallu pas moins de 24 campagnes de fouilles pour mettre à jour les 9 villes de Troie…

La vérité finit toujours par sortir du puits, mais elle n’est pas toujours aussi belle qu’on l’espérait. 

Notes: 

[1] « Gaza vit depuis si longtemps sous le régime de la guerre et du blocus qu’on en oublie sa longue histoire et ce qu’elle fut vraiment : l’une des villes les plus anciennes de la région, un carrefour très animé où se rencontrent la Syrie, l’Égypte, l’Arabie et la Méditerranée. Dans le cadre de ce cycle de conférences "Gaza, 4000 ans d'histoire", Maurice Sartre (professeur émérite d’histoire ancienne, Université de Tours) vous propose de la découvrir. » https://sorbonne-tv.pantheonsorbonne.fr/haute-antiquite-l...

[2] 280 employés de l’ONU ont été tués par l’armée israélienne : https://news.un.org/fr/story/2025/03/1154081

[3] https://www.facebook.com/reel/1855316802068576?locale=fr_FR

[4] https://news.un.org/fr/story/2025/08/1157336

[5] https://news.un.org/fr/story/2025/07/1157158

[6] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal...

[7] https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-info-de...

[8] https://nice-provence.info/2025/02/09/etre-sigma-manipula...

[9] Jacques Attali : « Il faudrait organiser la venue de deux millions d’étrangers par an entre 2020 et 2040 ».

Daniel Cohn-Bendit : « Il serait bon que le pourcentage d’étrangers atteigne un jour le tiers de la population. La barque est loin d’être pleine, elle est même trop vide. »

Bernard Kouchner : « À 28 pays, l’Europe doit être capable d’accueillir tous les migrants. Tout le monde doit se sentir concerné, des pays qui bordent la Méditerranée aux pays scandinaves. »

Julien Dray : « Les clandestins nous aident à construire la France. Et souvent, ils la construisent encore mieux que les Français de souche. »

Rav David Touitou : « Ce que je vous ai dit tout à l’heure est marqué dans le Sanhédrin. Le Mashiah [le Messie] ne viendra que lorsqu’Edom, l’Europe, la Chrétienté, sera totalement tombée. Donc je vous pose la question : c’est une bonne nouvelle que l’Islam envahisse l’Europe ? C’est une excellente nouvelle, ça annonce la venue de Mashiah ! » (extraits de Mashiah où es-tu ? cours filmé)

[10] De fait, le judaïsme interdit les mariages entre juifs et non-juifs.

[11] Article « Ordre nouveau » dans l’encyclopédie Metapedia : https://fr.metapedia.org/wiki/Ordre_nouveau

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/06/17/i...

[13] https://www.facebook.com/reel/1699981230703318?locale=fr_FR

[14] https://www.terreetpeuple.com/guerre-culturelle-reflexion...

[15] J’y inclus les actes de barbarie et de torture à l’encontre des animaux qui sont aussi des êtres innocents.

[16] https://fr.sott.net/article/44405-Le-cerveau-rabougri-d-u...

[17] Mantra repris par la « droite nationale » française pour justifier le massacre de dizaines de milliers de civils palestiniens : « Israël a bien le droit de se défendre. » Une troupe entraînée, surarmée et suréquipée qui se « défend » contre des enfants sans armes ? Belle armée que voilà !

[18] https://x.com/intifada/status/1726345295515058255

[19] Arthur Koestler, La Treizième tribu, Last century press

[20] Chez Fayard en 2008.

09:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gaza, palestine, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 04 septembre 2025

Ordre mondial technopolaire: les BRICS comme leader dans l’intelligence artificielle

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Ordre mondial technopolaire: les BRICS comme leader dans l’intelligence artificielle

Markku Siira

Source: https://geopolarium.com/2025/09/01/teknopolaarinen-maailm...

Les pays BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, ainsi que d’autres membres du groupe – émergent en tant qu’acteurs mondiaux en intelligence artificielle, défiant la suprématie technologique occidentale. En combinant leurs ressources économiques, leurs compétences diverses et leurs visions stratégiques, ces nations construisent un écosystème technologique souverain et inclusif qui façonnera un avenir technopolaire en fonction des besoins de l’Est et du Sud mondiaux.

Dans ce contexte, la Chine a pris une position de leadership claire. Selon le rapport AI Index 2025 de Stanford, la Chine produit une part significative des recherches en IA les plus citées mondialement et domine les demandes de brevets. Le nouveau plan de développement de l’IA de la Chine a reçu plus de 1,08 billion de yuans (plus de 150 milliards de dollars) de financement. Des entreprises comme Baidu et Huawei ont développé des processeurs d’IA et des modèles linguistiques qui rivalisent à égalité avec Google et DeepAI.

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L’Inde a adopté une stratégie nationale forte en IA, soutenue par un vaste écosystème technologique et une startup en pleine croissance. Un projet clé est IndiaAI, lancé en 2023 avec une allocation de 10 milliards de roupies (1,2 milliard de dollars). Son objectif est de développer des modèles linguistiques open source pour les langues indiennes, de créer des outils d’IA pour l’agriculture, l’éducation et la santé, et de promouvoir la conception locale de micropuces.

Le président russe Vladimir Poutine insiste sur le fait que l’IA sera “le champ de bataille du futur” et a lié le développement de l’IA russe à la sécurité nationale. La stratégie nationale russe en IA soutient le développement de la technologie de défense, de la reconnaissance vocale et de l’automatisation, avec une allocation importante, estimée à au moins 100 milliards de roubles (environ 1,07 milliard de dollars). Par ailleurs, le développement de l’IA accélère la digitalisation rapide de la prise de décision et de l’administration.

Le Brésil et l’Afrique du Sud se positionnent comme des centres d’innovation éthique en IA, notamment dans l’agriculture et la santé publique. La société brésilienne Embrapa a développé des outils d’IA basés sur des données satellitaires pour l’agriculture de précision. La CSIR sud-africaine promeut l’IA dans la mobilité intelligente et la santé numérique.

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L’Éthiopie et l’Égypte encouragent la souveraineté numérique en investissant dans des centres de recherche en IA et une gestion intelligente. L’institut éthiopien en IA développe des applications de machine learning pour l’agriculture et l’éducation, tandis que la plateforme “Digital Nation” égyptienne améliore la gestion grâce à l’analyse de données. Plus largement, les pays africains, soutenus par la vision “AI for Africa”, conçoivent des solutions technologiques pour la santé et l’éducation, renforçant leur rôle dans le réseau technologique du bloc BRICS.

Les BRICS innovent avec des infrastructures technologiques alternatives pour défier la domination des plateformes occidentales comme Amazon Web Services et Google Cloud, car les modèles linguistiques existants, tels que GPT-4 et Claude, sont souvent entraînés sur des datasets occidentaux, ignorant les langues et valeurs de l’Est et du Sud.

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C’est pourquoi, ses membres développent activement leurs propres grands modèles linguistiques (LLM). La Chine a lancé WuDaon et Ernie, la Russie GigaChat. L’initiative indienne Bhashini représente une étape importante vers la souveraineté linguistique en IA, en se concentrant sur une plateforme multilingue formée sur des langues indiennes. En 2024, le Brésil et la Chine ont annoncé des projets communs de recherche en IA pour créer des modèles linguistiques pour le contexte latino-américain en espagnol et portugais.

La stratégie IA des BRICS comprend aussi la réglementation. Lors du sommet des BRICS à Rio en 2025, une déclaration sur la gouvernance mondiale de l’IA a été adoptée. Ce document met en avant une gouvernance de l’IA dirigée par l’ONU, axée sur le développement et inclusive, respectant la souveraineté nationale. Elle encourage un développement technologique transparent, sûr et équitable, offrant une alternative à la réglementation européenne. Dans les pays en développement, la réglementation européenne est souvent critiquée pour son eurocentrisme et ses restrictions à l’innovation IA.

La nouvelle banque de développement, détenue par les BRICS, s’est activée pour financer des infrastructures en IA. En 2025, elle a lancé un fonds souverain numérique de 5 milliards de dollars. Ce fonds soutient les centres de recherche en IA, les data-centers et la production de semi-conducteurs dans les pays membres. Parmi les projets majeurs figurent le cluster cloud IA aux Émirats arabes unis et les zones de recherche et formation en Afrique.

Les BRICS encouragent et financent des solutions informatiques non occidentales et cherchent à réduire leur dépendance aux fournisseurs de semi-conducteurs afin de renforcer leur autonomie technologique. Le fabricant chinois SMIC produit des puces 7 nm, et le centre de recherche indien CDAC développe le processeur AUM en 14 nm, pour réduire la dépendance à Nvidia, Intel et autres acteurs occidentaux.

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Dans le Golfe Persique, les priorités stratégiques de l’Iran dans la technologie quantique pourraient aussi influencer la future capacité de calcul en IA, tandis que les Émirats Arabes Unis ont investi massivement dans leur société nationale d’IA, G42, qui développe des solutions d’IA adaptées à la région.

Ainsi, les pays BRICS brisent la suprématie occidentale en matière de données, de technologie et d’éthique, en créant un écosystème technologique indépendant. Cet écosystème reflète la diversité des besoins, valeurs et ambitions du monde majoritaire. À l’aube de l’ère technopolaire, le bloc BRICS ne se contente pas de participer à la course technologique, mais cherche à établir un nouvel ordre mondial où l’Occident, en tant que minorité, ne détient plus seul la domination.

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Cinq raisons de soutenir les BRICS

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Cinq raisons de soutenir les BRICS

par Riccardo Paccosi

Source : Riccardo Paccosi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/cinque-ragioni-pe...

De la reductio ad unum à la pluralité comme valeur: les cinq raisons de soutenir les BRICS

Même si le sommet récemment tenu à Tianjin concernait l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), d’un point de vue politique, tous s’accordent à dire qu’il a indirectement représenté une avancée du projet plus général des BRICS. Il est donc possible d’évaluer cette perspective géopolitique.

Il faut préciser que, à l’horizon de l’humanité, se profilent des menaces – telles que l’organisation des sociétés sur la base du système de crédit social – qui échappent complètement à la géopolitique, c’est-à-dire qui traversent tous les camps politiques.

Pourtant, la différence essentielle entre le monde multipolaire promu par les BRICS et l’Empire unipolaire porté par l’Occident est fondamentale et impose de prendre position. Ceux qui soutiennent la renaissance de la démocratie et de la souveraineté populaire dans les sociétés occidentales corrompues, ne peuvent qu’être du côté des BRICS pour les cinq raisons suivantes :

1) Les BRICS rejettent l’idée fanatique et enfantine des néolibéraux selon laquelle ramener le monde à l’Un, nier les différences, serait la solution à tous les maux.

La philosophie puérile de la reductio ad unum a été à la base de l’Union européenne et des tentatives de gouvernance mondiale menées par le Forum économique mondial, dont les résultats aujourd’hui démontrent qu'elles ont pleinement échoué.

Les BRICS rejettent la reductio ad unum et adoptent, au contraire, la pluralité comme vision générale du monde.

2) Les BRICS ont en fait déjà enterré l'idée d'une Fin de l’Histoire, c’est-à-dire la thèse de Fukuyama selon laquelle le modèle libéral anglo-saxon finirait par se répliquer dans tous les coins du monde.

Les BRICS sont composés de systèmes institutionnels et économiques très différents les uns des autres, et considèrent donc la diversité systémique comme une valeur fondatrice.

3) Bien qu’y participent aussi des États non démocratiques, les BRICS posent les seules conditions possibles aujourd’hui pour la renaissance de la démocratie.

La Déclaration de Kazan en 2024 place au centre la question de la souveraineté, condition à la fois juridique et méta-juridique, sans laquelle il ne sera jamais possible d’établir un vrai pouvoir populaire dans aucun pays du monde.

Cela doit aussi être relié au fait que les BRICS rejettent également l’idéologie de l’Un Impérial – le mondialisme – et qu’ils restaurent à sa place l’internationalisme, c’est-à-dire un ordre mondial fondé sur la pluralité des nations souveraines.

4) Les BRICS annoncent un ordre mondial basé sur le respect mutuel entre grandes et petites nations, sur le droit international, en opposition au darwinisme néolibéral appliqué aux relations internationales, caractéristique de l’Occident, c’est-à-dire une approche basée sur la domination et le terrorisme.

5) Les BRICS esquissent une vision du monde qui prévoit, pour de larges segments de la population mondiale, croissance économique et amélioration des conditions sociales.

Une vision où l’avenir existe, alors que l’Occident, au contraire, a détruit toute perspective autre que celle d’un état d’urgence permanent et éternel, où croît la pauvreté et où seule règne la perspective d'une guerre planétaire.

 

Amérique latine: les États-Unis reviennent à la diplomatie des canonnières

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Amérique latine: les États-Unis reviennent à la diplomatie des canonnières

Leonid Savin

La semaine dernière, le président américain Donald Trump a décidé d’envoyer une flotte de navires de guerre et un sous-marin au large du Venezuela dans le cadre d’une opération spéciale ciblant les cartels de la drogue internationaux. La porte-parole de la Maison-Blanche, Carolyne Levitt, a également déclaré que la force militaire serait utilisée, si nécessaire, contre le Venezuela.

Étant donné qu’auparavant, le président du Venezuela, Nicolás Maduro, avait déjà été accusé d’être à la tête du cartel de la drogue "Sun" et de ne pas être un président légitimement élu, il y a toutes les raisons de penser que ce geste démonstratif de force pourrait dégénérer en une provocation sérieuse avec des conséquences imprévisibles pour toute la région.

La flotte américaine comprend trois destroyers de classe Arleigh Burke équipés de missiles guidés, un sous-marin et trois navires de débarquement transportant environ 4500 marines. Si la cible était des cartels de la drogue utilisant de petits bateaux ou des sous-marins artisanaux, souvent utilisés une seule fois, une telle flotte, aussi puissante, ne serait pas nécessaire. Il serait plus logique d’utiliser des avions de reconnaissance en coordination avec des bâtiments des garde-côtes, qui patrouillent le long des routes présumées empruntées par les trafiquants. Bien que, selon certaines déclarations, des avions de détection à longue portée Boeing P-8-A Poseidon de la marine américaine participent également à cette opération.

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La diabolisation de la direction vénézuélienne n’a pas été un événement isolé. L’ancien procureur général américain William P. Barr a déclaré précédemment que "depuis plus de 20 ans, Maduro et plusieurs collègues de haut rang auraient conspiré avec les FARC (groupe rebelle colombien d’extrême gauche), ce qui aurait permis à des tonnes de cocaïne d’entrer dans les circuits américains et, par suite, de les dévaster."

En février 2025, Donald Trump a inscrit le groupe Tren de Aragua, actif aux États-Unis, sur la liste des organisations terroristes. Des mesures similaires ont été prises contre la MS-13 salvadorienne et six autres groupes mexicains. Il faut souligner qu’il n’y a aucune preuve qu’il existe des cartels de la drogue à l’intérieur du Venezuela ou que le gouvernement de ce pays ait des liens avec des gangs aux États-Unis. Il s’agit d’une désinformation pure, utilisant des méthodes similaires à celles employées auparavant contre la Russie.

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En réalité, toutes les accusations portées contre le gouvernement vénézuélien sont tirées par les cheveux et basées sur un faux rapport rédigé par Joseph Humire, directeur du Center for a Safe and Free Society, un think tank conservateur lié à l’extrême droite américaine.

Ce rapport a été publié le 5 décembre 2024 par la Heritage Foundation et présenté comme un document stratégique pour la «sécurité de l’hémisphère».

Selon le journal britannique The Guardian, Humire aurait utilisé des données fictives et manipulé des déclarations à l’encontre du gouvernement vénézuélien dans divers médias américains, en mentant également lors d’audiences au Congrès américain.

Il est aussi mentionné que les déclarations de Humire concernant les liens entre le gouvernement de Maduro et des groupes criminels organisés ont suscité des doutes, y compris dans la communauté du renseignement américain.

Néanmoins, ces fausses accusations ont fonctionné: une récompense de 50 millions de dollars a été offerte pour Nicolás Maduro (probablement pour inciter l’armée vénézuélienne à commettre un coup d’État), de nouveaux prisonniers ont été envoyés à Guantanamo, en janvier 2025, la loi anti-immigration de Laken Riley a été adoptée aux États-Unis, et le Venezuela a été qualifié d’« État sponsor du terrorisme » (ce qui entraînera de nouvelles sanctions et autres mesures restrictives si la liste officielle est modifiée). Le dernier prétexte invoqué est la lutte contre les cartels de la drogue (dont au moins un, "Sun", est fictif), qui représentent une menace pour les États-Unis, pour laquelle Donald Trump a autorisé l’usage de la force armée.

Il faut aussi noter que, parallèlement, les États-Unis continuent de négocier avec Caracas pour l’extraction de pétrole, mais cela n’est pas beaucoup médiatisé. Probablement, la diabolisation du gouvernement vénézuélien vise aussi à renforcer la position de Washington dans ces négociations.

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Mais Caracas a répondu fermement à ces provocations américaines par une déclaration de mobilisation. Le ministre de la Défense, Vladimir Padriño Lopez, a déclaré que « la patrie ne se discute pas, la patrie se défend ». Nicolás Maduro a donc annoncé la mobilisation de la milice bolivarienne, dont les membres ont été appelés à se rendre dans les points de rassemblement les 23 et 24 août. Le soutien au gouvernement vénézuélien a été exprimé par divers partis politiques, syndicats et organisations non gouvernementales, dont certains sont russes.

Une réunion extraordinaire d’ALBA-TCP a été organisée, au cours de laquelle les actions des États-Unis contre le Venezuela ont été condamnées. Dans la déclaration, il est dit que « nous rejetons catégoriquement les ordres du gouvernement américain concernant le déploiement des forces armées sous des prétextes fallacieux, avec l’intention évidente d’imposer une politique illégale, interventionniste et contraire à l’ordre constitutionnel des États d’Amérique latine et des Caraïbes. Le déploiement militaire américain dans les eaux des Caraïbes, déguisé en opérations anti-drogue, constitue une menace pour la paix et la stabilité dans la région. »

Ils ont également exigé de Washington qu’il mette fin immédiatement à toute « menace ou action militaire qui viole l’intégrité territoriale et l’indépendance politique » des pays de la région, ainsi que le « respect sans condition du cadre juridique international et des mécanismes multilatéraux de règlement pacifique des différends ».

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Outre Cuba, le Nicaragua et la Bolivie, des critiques à l’égard de Washington ont été exprimées par les dirigeants du Mexique, de la Colombie et du Brésil, ainsi que par de petits États insulaires des Caraïbes: République Dominicaine, Antigua-et-Barbuda, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Saint-Christophe-et-Niévès, Grenade et Sainte-Lucie.

Quant à l’évolution possible du scénario, il est probable que Washington tentera d’utiliser le conflit territorial entre le Venezuela et le Guyana, en entrant dans les eaux territoriales que le Venezuela considère comme étant siennes, mais que le Guyana ne reconnaît pas (notamment où se trouvent d’importants gisements de pétrole). Même sans l’accord du gouvernement guyanais, il est peu probable que ce pays puisse empêcher une telle opération de piraterie.

Il est également évident que, dans un contexte géopolitique plus large, les États-Unis veulent jouer la carte de la force face à la Colombie et au Brésil, dont la direction n’est pas actuellement sous influence de Washington. Avec le renforcement de leur influence en Argentine, en Uruguay, au Paraguay, au Pérou, en Équateur, au Panama et en Bolivie (après les dernières élections générales où le Mouvement pour le socialisme a perdu face à des candidats et partis pro-américains), il semble qu’un plan systématique est en marche pour contrôler toute l’Amérique latine. Et le Venezuela reste un obstacle difficile à franchir.

mercredi, 03 septembre 2025

Trump accélérateur involontaire de l'histoire. La rencontre entre Poutine et Xi Jinping mettra fin à l'unipolarité. Douguine nous l'explique.

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Trump accélérateur involontaire de l'histoire. La rencontre entre Poutine et Xi Jinping mettra fin à l'unipolarité. Douguine nous l'explique.

Alexandre Douguine

Donald Trump contribue à la formation d’un monde multipolaire, même contre sa volonté (ndt: Carl Schmitt aurait dit: "Ein Beschleuniger wider Wille", soit "un accélérateur involontaire"). Après son arrivée au pouvoir, il aurait pu accepter cette nouvelle réalité et tenter de reconquérir une position dominante pour les États-Unis dans un système multipolaire. Au lieu de cela, Trump a choisi la voie de l’agression, et ses actions — ses attaques contre la Chine, ses lourdes taxes imposées à l’Inde, sa pression sur le Brésil et ses menaces contre les pays BRICS, ainsi que la poursuite de l’agression américaine contre la Russie en Ukraine — accélèrent immanquablement la création d’un monde multipolaire. Trump ne fait pas cela volontairement, mais par contrainte. En tentant de faire échouer la multipolarité et de préserver l’hégémonie américaine, il précipite en réalité la chute de celle-ci.

L’importance de ce glissement ne réside pas seulement dans la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, qui symbolise à elle seule l’unité de deux grands Etats-civilisations et de deux puissances nucléaires, mais aussi dans la présence, lors du sommet de l’OCS, du Premier ministre indien Narendra Modi, que Trump a profondément froissé par son comportement. À Pékin, lors du sommet de l’OCS, arrivent en fait trois pôles majeurs du monde multipolaire: la Chine, la Russie et l’Inde.

Le destin de l’humanité dépend de la capacité de ces trois pôles à parvenir à une compréhension mutuelle dans ces nouvelles conditions historiques, et non pas de ce que dit ou fait Trump. Sa mission est déjà accomplie : il a poussé la Russie dans les bras de la Chine, et maintenant il y a aussi jeté son propre partenaire récent — l’Inde.

Sa mission est déjà accomplie : il a poussé la Russie dans les bras de la Chine, et maintenant il y a aussi jeté son récent partenaire — l’Inde.

Aujourd’hui, ces trois grandes civilisations-États s’unissent. Leur potentiel combiné — économique, démographique, politique, géopolitique, en ressources et en puissance nucléaire — dépasse celui du monde occidental. Voilà la véritable multipolarité, inattendue, mais qui est désormais la réalité.

L’Occident, qui aspirait à un monde unipolaire avec son OTAN, sa pitoyable Union européenne et son Israël idiot qui tente d’affirmer sa grandeur en Occident, se trouve face à une contrepoids eurasien d'une dimension exceptionnelle. Et personne n’y résistera. À ce nouvel ordre multipolaire, incarné par la Russie, la Chine et l’Inde, se joindra aussi le monde islamique — et en premier lieu, les chiites d’Iran. Ceux qui hésiteront perdront peu à peu toute pertinence, même au niveau régional. Trump voulait y faire obstacle, mais il y a finalement contribué lui-même à promouvoir ce nouvel état de choses.

La prochaine visite de Vladimir Poutine en Chine, pour le sommet de l’OCS, n’est pas seulement une nouvelle rencontre avec Xi Jinping et Narendra Modi. La situation a changé. L’Occident n’a pas voulu accepter la multipolarité, ce qui signifie que la multipolarité, désormais, « houspille » l’Occident et le forcera à occuper sa place dans cette hiérarchie, qui ne sera plus en premier plan.

Trump a commencé avec le slogan « Rendons l’Amérique grande à nouveau », promettant la grandeur aux autres pays aussi : les rendre eux aussi « à nouveau grands ». Mais il n’a pas tenu cette mission, et il a sombré dans une politique sale et basse, celle des néocons. En essayant de préserver l’hégémonie, il l’a en fait terminée, et nous a transmis l’initiative.

Lors du sommet, se retrouvent de véritables grandes puissances — Russie, Chine et Inde. Et ce sont elles qui décideront du destin de l’humanité. Que cela vous plaise ou non, l’avenir appartient à Xi Jinping, Modi, et Poutine. Ensemble, nous définirons la prochaine ère de l’humanité. Nous implantons dans ce monde multipolaire nos propres visions. C’est là toute la signification unique de cette rencontre au sommet de l’OCS.

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mardi, 02 septembre 2025

Les droits de douane de Trump - L'UE aurait dû prendre exemple sur l'Inde

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Les droits de douane de Trump

L'UE aurait dû prendre exemple sur l'Inde

Thomas Röper

Source: https://anti-spiegel.ru/2025/die-eu-haette-sich-ein-beisp...

Dans le conflit sur les droits de douane, l'UE a cédé devant Trump et a accepté un accord ruineux, que les médias et les politiciens célèbrent même, car cet accord aurait évité le pire. L'Inde voit les choses différemment et s'oppose aux exigences de Trump.

Fin juillet, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a capitulé sans raison devant le président américain et a accepté un accord ruineux pour l'UE, selon lequel les entreprises américaines peuvent vendre leurs marchandises en franchise de droits dans l'UE, tandis que la plupart des exportations de marchandises de l'UE vers les États-Unis seront désormais soumises à un droit de douane de 15%. Ursula von der Leyen a également promis à Trump d'acheter aux États-Unis pour 750 milliards de dollars de gaz liquéfié, de pétrole et de combustibles nucléaires d'ici la fin de son mandat. En outre, l'UE investira 600 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis dans les années à venir.

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La capitulation de l'UE devant Trump

Il s'agit là d'une capitulation totale de l'UE devant Trump, qui sera ruineuse pour l'économie européenne, déjà mise à mal par l'explosion des prix de l'énergie suite au refus du pétrole et du gaz russes. L'Allemagne est en récession depuis des années et les autres pays de l'UE ne se portent guère mieux. Les droits de douane et l'obligation d'acheter à l'avenir du pétrole et du gaz de fracturation hydraulique coûteux porteront un nouveau coup à l'économie.

Malgré cela, les médias allemands, prétendument si critiques, s'efforcent de minimiser la catastrophe. Le magazine Der Spiegel, par exemple, s'est une fois de plus complu dans son rôle de porte-parole de la Commission européenne et a publié le 24 août un article intitulé « Accord douanier entre l'UE et les États-Unis – Ursula von der Leyen se défend et parle d'un « accord solide, même s'il n'est pas parfait » avec Trump », dans lequel Der Spiegel reprenait sans aucune critique les propos d'Uschi von der Leyen. Cet article n'avait rien à voir avec du journalisme, il s'agissait plutôt de la publication d'un communiqué de presse de la Commission européenne.

Le 26 août, Der Spiegel a publié une chronique intitulée « Déclaration commune sur l'accord douanier – Un adieu à l'Occident », qui semblait certes un peu plus critique, mais qui, dans le fond, suivait également l'argumentation de la Commission européenne, car toutes les critiques exprimées dans la chronique à l'égard de l'accord ont été balayées dès le début de l'article par ces phrases:

« Certes, von der Leyen a raison de dire que les États membres de l'UE n'avaient guère d'autre choix que de céder à Trump en raison de leur faiblesse militaire et économique. Et il est également vrai que la confédération d'États a obtenu de meilleures conditions que des pays plus petits comme la Suisse ou la Malaisie. »

Il semble logique qu'une guerre commerciale avec les États-Unis aurait été pire pour l'UE que cet accord. Mais, dans le fond, c'est absurde, même si cela semble logique, or ça ne l'est pas. La raison en est que la guerre commerciale aurait touché les États-Unis aussi durement, voire plus durement, que l'UE.

Il ne faut pas oublier que l'UE, en tant qu'économie nationale mesurée en termes de PIB selon la parité de pouvoir d'achat (PPA), qui doit être utilisée pour comparer les économies nationales, est aussi grande que les États-Unis, car les deux ont un PIB légèrement supérieur à 29.000 milliards de dollars. L'UE aurait donc pu se montrer plus confiante, mais elle est un vassal des États-Unis qui doit dire « oui » à tout.

L'Inde montre comment faire

Selon la PPA, l'Inde a un PIB de 14.600 milliards de dollars, soit à peine la moitié de celui des États-Unis. Néanmoins, l'Inde ne s'est pas laissée intimider par Trump lorsqu'il a menacé fin juillet de déclencher une guerre commerciale avec des droits de douane punitifs de 25%, ce qui signifie un droit de douane total de 50 % sur les marchandises indiennes. Trump a lancé un ultimatum à l'Inde: soit elle cesse d'acheter du pétrole russe, soit elle sera sanctionnée par des droits de douane.

J'ai immédiatement supposé que l'Inde ne se laisserait pas intimider par Trump, car premièrement, le gouvernement indien est trop sûr de lui, deuxièmement, renoncer au pétrole russe nuirait davantage au pays que les droits de douane de Trump, troisièmement, parce qu'il mène délibérément une politique neutre et ne veut se laisser instrumentaliser par aucune grande puissance, et quatrièmement, parce qu'il aurait de gros problèmes avec les agriculteurs indiens s'il ouvrait le marché indien aux denrées alimentaires américaines, comme l'exige Trump.

Les droits de douane sont entrés en vigueur mercredi, l'Inde ne s'est pas laissée intimider par Trump. L'UE aurait pu s'en inspirer, car elle est économiquement beaucoup plus forte que l'Inde.

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Les déclarations faites ces derniers jours par l'Inde sont intéressantes. Samedi, le ministre indien des Affaires étrangères a déclaré que New Delhi avait fixé des limites claires dans les négociations commerciales en cours avec les États-Unis, malgré la menace de droits de douane punitifs pouvant atteindre 50 %. Il a insisté sur la protection des agriculteurs et des petits producteurs du pays. Il a également déclaré que l'incertitude croissante à l'échelle mondiale ramenait l'attention sur les « partenaires fiables et stables ». Nul besoin d'être devin pour comprendre qu'il faisait principalement référence à la Russie, avec laquelle les échanges commerciaux de l'Inde ne cessent d'augmenter à des conditions avantageuses pour les deux parties.

Fin juillet, Trump s'était exprimé de manière très désobligeante à l'égard de l'Inde et de son économie, qu'il avait qualifiée de « morte ». Comme Trump cherche également à se rapprocher du Pakistan, ennemi juré de l'Inde, le Premier ministre indien est manifestement en colère contre lui. Selon les médias, Trump aurait tenté à quatre reprises d'appeler le Premier ministre indien dans les derniers jours avant l'entrée en vigueur des droits de douane contre l'Inde, mais celui-ci n'aurait pas répondu à ses appels.

Cela montre également qu'il est tout à fait possible de montrer de la confiance en soi face à Trump et de ne pas tout accepter de lui, comme le font l'UE et ses États membres.

De plus, le ministre indien de la Défense a annulé un voyage aux États-Unis. Cela met en péril les commandes indiennes auprès des entreprises d'armement américaines, pour lesquelles les États-Unis se sont longtemps battus, car la Russie est traditionnellement le principal partenaire de l'Inde dans le domaine de l'armement.

On voit donc que tous les discours des politiciens européens et des médias allemands selon lesquels l'accord avec Trump n'est certes pas formidable, mais préférable à une guerre commerciale, sont absurdes. L'UE aurait pu tenter le coup, mais comme elle est – je me répète – un vassal des États-Unis, elle se laisse actuellement ruiner par Trump et le remercie même pour cela.

Pas étonnant que plus personne dans le monde ne prenne l'UE au sérieux...

Qui est Thomas Röper?

Thomas Röper, né en 1971, est un expert de l'Europe de l'Est qui a occupé des postes de direction et de conseil d'administration dans des sociétés de services financiers en Europe de l'Est et en Russie. Il vit aujourd'hui à Saint-Pétersbourg, sa ville d'adoption. Il réside en Russie depuis plus de 15 ans et parle couramment le russe. Son travail critique des médias se concentre sur l'image (médiatique) de la Russie en Allemagne, la critique de la couverture médiatique occidentale en général et les thèmes de la politique (géopolitique) et de l'économie.

Le cœur de l'Europe est vide: identité et leçon de Ḫattuša

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Le cœur de l'Europe est vide: identité et leçon de Ḫattuša

Association Feniks (Flandre)

Source: https://www.feniksvlaanderen.be/blog/2656570_het-hart-van...

L'ombre de Ḫattuša — sur le syncrétisme et l'érosion identitaire en Europe

Quelque part dans les terres intérieures du désert de l'Anatolie, loin des circuits touristiques et de l'actualité géopolitique, se trouvent les ruines de Ḫattuša, autrefois capitale de l'empire hittite. Un empire qui, à la fin de l'âge du bronze, s'étendait de la côte égéenne jusqu'au cœur de la Syrie, et rivalisait avec des grandes puissances de l'époque, telles que l'Égypte, l'Assyrie et la Babylonie.

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Ḫattuša était plus qu'une capitale. C'était un palais des civilisations. Ses archives contiennent des dizaines de milliers de tablettes d'argile, écrites dans au moins neuf langues. L'État cultivait son multilinguisme comme un atout politique : les activités religieuses et juridiques se déroulaient en hittite, en akkadien, en luwien, en hatti, en hourrite et parfois même en sumérien ou en indo-aryen. L'élite de la cour était polyglotte, culturellement sophistiquée et faisait preuve de flexibilité diplomatique. Aujourd'hui, nous parlerions d'un modèle d'inclusivité, de diversité et d'internationalisation.

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Et pourtant, ou peut-être précisément pour cette raison, le hittite a disparu. Non seulement en tant que langue, mais aussi en tant qu'identité. Quelques générations après la chute de l'empire, il ne restait plus aucune trace de l'identité hittite, aucune mémoire culturelle, aucun mythe transmis. Ce qui a survécu, c'est le luwite, une langue culturelle locale et populaire. La langue de l'élite a disparu, celle du peuple est restée. Que s'est-il passé ? Et surtout, qu'est-ce que cela nous apprend sur nous-mêmes ?

L'élite hittite n'a pas construit son identité autour d'un noyau propre et exclusif, mais a absorbé des éléments culturels provenant de toutes parts. Les dieux venaient des vallées hourrites, les héros d'Akkad, les rituels des collines luwiques, le langage diplomatique de Mésopotamie. Même le nom de leur empire, « Ḫatti », faisait référence à un peuple qu'ils avaient eux-mêmes soumis. Les dirigeants ne se positionnaient pas comme un « peuple élu », mais comme les gestionnaires d'un projet de civilisation hybride.

À première vue, cela semble admirable. Mais cela avait un prix. Car si une identité collective se compose uniquement d'emprunts externes, si elle n'a pas de centre fédérateur, pas de noyau sacré, pas d'ancrage mythique, que reste-t-il lorsque la structure politique et militaire disparaît ?

Ḫattuša n'avait pas de rituel commun, pas de récit populaire d'élection ou de lutte. Pas d'Exode, pas d'Iliade, pas de « déclaration de principes ». La culture était une mosaïque — magnifique, complexe, mais sans ciment.

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Le palais des miroirs syncrétique de l'Europe

L'Europe d'aujourd'hui se reconnaît, consciemment ou inconsciemment, dans ce modèle. Les sources classiques de l'identité européenne — le christianisme, l'héritage gréco-romain, les récits nationaux, l'attachement à la terre et à la langue — ont été rapidement déconstruites ou relativisées. Elles ont été remplacées par une architecture discursive : droits de l'homme, rationalité, durabilité, diversité.

Cela semble noble. Mais comme à Ḫattuša, cette identité repose en grande partie sur des principes abstraits, et non sur des pratiques incarnées. Le citoyen européen est encouragé à être « cosmopolite » : flexible, multilingue, mobile, rationnel. Il parle anglais, travaille pour des multinationales, vit dans des villes sans mémoire, mange une cuisine du monde, consomme une culture mondiale. Mais qui est-il encore — en dehors de ces codes fonctionnels ?

La France en est peut-être l'exemple le plus flagrant. Depuis des décennies, la République a remplacé son récit national par l'« universalisme » des Lumières. Chaque citoyen, quelle que soit son origine, est censé adhérer à un contrat laïc : liberté, égalité, fraternité. Mais cette égalité est formelle : elle repose sur la raison, et non sur la communauté. L'héritage catholique chrétien classique a d'abord été évité, puis supprimé, pour finalement être oublié.

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Conséquence ? Dans les banlieues, des millions de jeunes ne parlent pas le français comme langue maternelle, mais l'arabe ou le bambara. Ils ne se reconnaissent pas dans Marianne, Voltaire ou le drapeau tricolore. La laïcité est vécue comme une hostilité. La République prône des valeurs universelles, mais échoue à incarner la reconnaissance. Elle est, comme Ḫattuša, une construction sans peuple.

Le Royaume-Uni incarne, lui, un autre scénario. Pendant longtemps, l'identité y a été portée par la grandeur impériale, le rituel anglican et la monarchie comme symbole. Mais depuis la décolonisation et l'émergence d'une élite postnationale, cette colonne vertébrale s'est érodée. Les « valeurs britanniques » sont aujourd'hui déclarées comme relevant du respect, de la tolérance et de l'État de droit — des concepts fonctionnels, mais sans poids liturgique.

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Londres, tout comme l'ancienne Ḫattuša, est devenue une capitale mondiale. On y parle plus de 300 langues. Mais il n'y a pratiquement plus d'histoire commune qui intègre ce multilinguisme. Comme chez les Hittites, l'impression dominante est celle d'une élite vivant dans un réseau supranational, tandis que le peuple s'accroche au nationalisme populiste, à la nostalgie ou au ressentiment tribaliste.

La Belgique est presque le reflet ironique de la cour multilingue hittite. Ici aussi, il y a plusieurs langues, plusieurs cultures, plusieurs histoires. Mais au lieu d'élever cette diversité au rang de symbole commun, on a institutionnalisé le conflit. La Flandre et la Wallonie vivent dans des réalités parallèles. Bruxelles est une île multilingue sans lien avec le reste. L'identité belge existe principalement grâce à sa complexité administrative. Comme à Ḫattuša, les élites parlent toutes les langues, mais personne ne parle plus au cœur.

L'esprit des Lumières, un esprit sans corps

Tout comme l'élite hittite, l'élite européenne d'aujourd'hui invoque des principes universels : droits de l'homme, rationalité, liberté. Mais ces valeurs sont déconnectées de l'héritage, de la communauté, du lieu. Ce sont des reliques séculaires sans autel. Elles exigent la loyauté, mais n'offrent aucun mythe. Elles élèvent la procédure au-dessus du pathos.

L'homme libéral est une abstraction : autonome, raisonnable, mobile. Mais où vit-il ? Où prie-t-il ? Que pleure-t-il ? Qui sont ses ancêtres ? Quel est son foyer ?

Tout comme le projet hittite, la civilisation européenne risque de perdre son âme dans le miroir stratifié de son pluralisme.

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Tout cela n'est pas un plaidoyer pour la fermeture, l'essentialisme ethnique ou la nostalgie nativiste. L'Europe n'a pas besoin de devenir une île. Mais elle doit oser reconstruire un noyau, un espace sacré où la diversité devient une simple forme de solidarité. Sans un tel centre, le multilinguisme devient babélien. La diversité devient centrifuge. Le passé devient un champ vide — et l'avenir une feuille de calcul technocratique. Une civilisation sans rituel, sans mémoire, sans voix propre, est comme un corps sans pouls.

Ce dont l'Europe a besoin, ce n'est pas de plus de réglementations, de plus d'indicateurs d'inclusion ou de plus de déclarations universelles. Ce dont elle a besoin, c'est de se reconnecter à ses sources : des récits enracinés, un art qui interpelle, une liturgie qui rappelle, des rituels qui unissent. Les Hittites avaient tout, sauf un mythe qui leur était propre. Cela a causé leur perte. Les ruines de Ḫattuša ne nous murmurent pas de slogans. Elles ne lancent pas de cri de guerre. Mais elles posent une question existentielle dérangeante : si vous reprenez tout de tout le monde, que reste-t-il de vous-mêmes ?

Sources:

Furedi, F. (2017). What's Happened to the University? A Sociological Exploration of Its Infantilisation. Routledge.

Anderson, B. (2006). Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism (Revised ed.). Verso.

Bauman, Z. (2000). Liquid Modernity. Polity Press.

Suvorkin, D. (2020). Meertaligheid en etnische identiteit in het Hettitische Rijk.

Bryce, Trevor. Life and society in the Hittite world. Oxford: Oxford University Press, 2004.

Beckman, Gary. “Akkadian and the Hittites.” In History of the Akkadian language uitgegeven door Juan-Pablo Vita, 1266-92. Leiden: Brill, 2021.

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