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samedi, 05 mars 2022

Les vulnérabilités de la politique intérieure et extérieure des États-Unis

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Les vulnérabilités de la politique intérieure et extérieure des États-Unis

Leonid Savin

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/uyazvimosti-ssha-vo-vnutrenney-i-vneshney-politike

Le nouveau cycle de confrontation entre la Russie et l'Occident [i] nous oblige, nous Russes, à réfléchir à la manière d'infliger des dommages à nos adversaires sans recourir à un conflit armé. Le principal instigateur de la campagne anti-russe étant les États-Unis, il est logique de prendre en compte les faiblesses de cet État afin de les exploiter au niveau géopolitique mondial.

Certains problèmes aux États-Unis n'ont rien à voir avec un programme international et reflètent des luttes politiques internes et une dégradation générale de la culture politique. Par exemple, la tendance à la LGBTQisation de la société américaine a atteint un tel sommet que les autorités publiques de ce pays qualifient déjà les mots "Maman" et "Papa" d'offensants, ce qui est bien sûr perçu comme des actions inacceptables par la partie conservatrice de la société [ii].

La bataille entre les partisans des valeurs traditionnelles et les pervers de tous poils se poursuit dans les branches législatives et judiciaires des différents États. Les républicains exploitent cette question pour prendre leur revanche lors des élections de mi-mandat au Congrès américain. La polarisation pourrait en outre conduire à la radicalisation d'un certain nombre de mouvements sociaux, dont beaucoup représentent des organisations militarisées. Cela a le potentiel d'ouvrir un conflit armé au sein du pays selon des lignes idéologiques.

L'économie américaine n'est pas non plus en très bonne santé. En décembre dernier encore, l'inflation des prix à la consommation s'élevait à 6,8 %, le taux le plus rapide depuis quatre décennies. L'inflation a déjà atteint un niveau record sur plusieurs années et le pays connaît également une bulle boursière et immobilière causée par les achats excessifs d'obligations par la Réserve fédérale.

L'économiste de renom Desmond Lachman, qui a précédemment travaillé au FMI, a souligné que "la dernière chose dont M. Biden a besoin avant les élections de mi-mandat de cette année, c'est que les bulles boursières et immobilières américaines éclatent. Néanmoins, c'est exactement ce qui pourrait se produire si la Fed est effectivement obligée de relever les taux d'intérêt pour tuer le dragon inflationniste auquel les prix élevés du pétrole donnent maintenant un nouvel élan.

Cela semble particulièrement pertinent étant donné que les bulles du marché boursier et du marché immobilier ont été fondées sur l'hypothèse que les taux d'intérêt resteraient éternellement à leurs niveaux actuels ultra-bas" [iii].

Étant donné qu'il est peu probable que la situation entre la Russie et l'Ukraine soit résolue de sitôt, il y a de fortes chances que les prix du pétrole restent élevés dans un avenir prévisible, surtout si des sanctions sont imposées au secteur pétrolier russe. Cela ne laisserait guère d'autre choix à la Réserve fédérale que de freiner sa politique monétaire pour éviter que les attentes d'inflation nationales ne s'atténuent [iv].

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Le gouvernement Biden a également été sévèrement critiqué pour le fait que les nouvelles lois relatives à l'allocation budgétaire pour contenir la Chine et soutenir le Pentagone détourneront des dizaines de milliards de dollars de l'éducation, des soins de santé et d'autres objectifs sociaux [v].

Les différends territoriaux des États-Unis avec leurs voisins peuvent également constituer un moyen efficace de détourner l'attention et de semer la confusion dans les partenariats au sein des membres de l'OTAN.

Si l'adage bien connu veut que les États-Unis n'aient que le Mexique et le poisson parmi leurs voisins, le Canada représente précisément le genre de cas où il existe des précédents en matière de conflits territoriaux. Et la dégradation économique pourrait exacerber ces tensions, car les zones revendiquées par les deux États présentent un intérêt pour les poissons et les fruits de mer et contiennent également d'importantes ressources énergétiques.

En tout, il y a cinq zones maritimes où le Canada et les États-Unis sont en désaccord sur leur propriété. La détérioration des relations entre les pays pourrait être précisément due à ceux-ci.

La première zone contestée est le détroit de Juan de Fuca, qui sépare l'île de Vancouver en Colombie-Britannique, au Canada, de la péninsule abritant l'Olympic National Park dans l'État de Washington, aux États-Unis. La frontière entre les deux pays passe en plein milieu du détroit. Les deux pays conviennent que la frontière doit être équidistante. Mais chaque côté utilise des points de base légèrement différents, ce qui entraîne de légères différences dans la ligne frontalière.

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De plus, le gouvernement de la Colombie-Britannique a rejeté les frontières canadiennes et américaines, ainsi que tout le principe d'équidistance. Il affirme le principe de la continuation naturelle, en déclarant que la limite appropriée est le canyon sous-marin (également appelé Juan de Fuca). Cette approche est favorable à la Colombie-Britannique, mais le gouvernement canadien n'est pas disposé à abandonner le principe d'équidistance, ce qui pourrait lui coûter cher dans d'autres domaines.

Le contraire est vrai à l'entrée de Dixon. Au nord de celle-ci se trouve l'île du Prince de Galles. Malgré son nom royal, l'île fait partie des États-Unis.  Au sud de Dixon Inlet se trouve l'archipel canadien de Haida Gwaii, connu jusqu'en 2010 sous le nom d'îles de la Reine-Charlotte. 

Les eaux qui les séparent sont riches en poissons, attirant les prédateurs, les albatros et, bien sûr, les humains. Il est intéressant de noter que le conflit actuel trouve ses racines dans une confrontation entre l'Empire russe et la Grande-Bretagne. La frontière actuelle entre l'Alaska et le Canada correspond au traité de Saint-Pétersbourg de 1825. Cet accord entre la Russie et la Grande-Bretagne a tracé une ligne entre les intérêts des deux pays dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord. Elle établit 54°40' de latitude nord comme limite sud de l'Amérique russe.

Le différend a ensuite été réglé par arbitrage international en 1903. La frontière terrestre actuelle se situe à 35 miles (56 km) à l'est de l'endroit où l'océan rencontre la côte, à mi-chemin entre les lignes revendiquées par les deux parties.

Les Canadiens, cependant, étaient mécontents. Si la frontière avait été légèrement plus en leur faveur, ils auraient eu un accès maritime direct aux champs aurifères du Yukon. Le tribunal arbitral a également défini la frontière maritime de l'Alaska avec le Canada. La ligne dite A-B partait du cap Muzon, le point le plus au sud de l'île Dalles, la plus méridionale de l'Alaska, vers l'est jusqu'au continent. Cela a laissé la majeure partie de l'entrée de Dixon du côté canadien de la ligne.

Mais les Américains ont vu les choses différemment. Ils pensaient que la ligne A-B concernait la frontière terrestre ; la frontière maritime passait bien au sud de cette ligne. Cela a coupé l'entrée de Dixon en deux : la partie nord menant aux États-Unis, la partie sud au Canada.

Ces opinions sont toujours défendues par les deux gouvernements à ce jour. L'une des raisons pour lesquelles cette question est si difficile à résoudre est le saumon du Pacifique présent dans la région, qui va y frayer chaque année.

Relativement récemment, dans les années 1990, la concurrence entre les pêcheurs canadiens et américains dans la région a dégénéré en une "guerre du saumon", les deux parties arrêtant occasionnellement les équipages de l'autre. La situation a atteint son paroxysme en 1997, lorsque des pêcheurs canadiens ont bloqué un ferry de l'Alaska, retenant effectivement ses passagers en otage pendant trois jours. Aujourd'hui, la situation est moins tendue. Mais le problème sous-jacent n'a toujours pas été résolu.

Dans la mer de Beaufort, il existe également une zone cunéiforme contestée au nord de l'endroit où la frontière entre l'Alaska et le territoire du Yukon atteint la mer. Cette frontière terrestre suit le 141e méridien ouest, comme convenu dans le traité de Saint-Pétersbourg de 1825 entre la Russie et la Grande-Bretagne.

Le Canada soutient que cette ligne doit être suivie à 200 milles nautiques (370 km) au nord dans la mer, et qu'il s'agit là de la frontière maritime. Mais les États-Unis soutiennent que la frontière maritime devrait être perpendiculaire à la ligne de côte lorsqu'elle entre dans la mer. La différence est une superficie d'environ 8100 miles carrés (21.000 kilomètres carrés).

La dispute porte sur d'importantes réserves de pétrole et de gaz cachées sous la glace et l'eau. Selon l'Office national de l'énergie du Canada, le biseau pourrait contenir jusqu'à 1,7 milliard de mètres cubes de gaz et 1 milliard de mètres cubes de pétrole, soit suffisamment pour répondre aux besoins énergétiques du pays pendant de nombreuses années. Et ces réserves pourraient devenir plus accessibles dans quelques années, lorsque la glace reculera en raison du changement climatique.

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Ensuite, il y a le passage du Nord-Ouest, représentant une route à travers divers canaux dans le vaste archipel du Nord, qui est bloqué par la glace depuis de nombreux mois. Au cours des dernières décennies, le changement climatique et la réduction de la glace de mer qui en résulte ont rendu les canaux du nord du Canada plus navigables. En 2007, un navire commercial a accompli le voyage sans l'aide d'un brise-glace, ce qui est une première.

Si la route du nord pouvait laisser passer les superpétroliers et autres navires trop grands pour le canal de Panama, cela réduirait considérablement leur seule option actuelle : un voyage autour du Cap Horn, à la pointe sud de l'Amérique du Sud. Comme la température globale de la Terre continue à augmenter, le passage du Nord-Ouest deviendra de plus en plus navigable, ne serait-ce qu'en été. Cela signifie que le différend territorial sur le passage du Nord-Ouest risque d'éclater à nouveau.

Pour le Canada, le problème est assez clair : toute voie navigable potentielle s'ouvrant à la navigation internationale passerait par les eaux canadiennes sur lesquelles le pays exerce une souveraineté totale, ce qui signifie que le Canada peut accorder l'accès ou facturer des frais de passage comme il l'entend.

Cependant, les États-Unis et plusieurs autres pays soutiennent qu'un passage du Nord-Ouest viable et de jure serait un détroit international ouvert au passage en transit sans restriction ni compensation.

En 1969, le pétrolier américain SS Manhattan a effectué le passage sans demander l'autorisation préalable des Canadiens. Pour donner suite, le brise-glace Polar Sea de la Garde côtière américaine a fait de même en 1985. Bien que ce dernier ait été autorisé à être inspecté par la Garde côtière canadienne, l'opinion publique canadienne est devenue furieuse et un scandale diplomatique a éclaté.

En 1986, le Canada a réaffirmé sa souveraineté sur le passage du Nord-Ouest, une revendication que les États-Unis ont refusé de reconnaître. Pour désamorcer la situation, les deux pays ont signé en 1988 un accord de coopération dans l'Arctique qui n'abordait pas la question de la souveraineté en tant que telle mais clarifiait certaines questions pratiques.

Selon le droit de la mer, les navires en transit n'ont pas besoin d'un permis de passage, mais ils ne peuvent pas se livrer à des recherches. L'accord partait du principe que les navires de l'US Coast Guard et de l'US Navy seraient toujours considérés comme effectuant des recherches, et qu'un permis de transit devrait donc toujours être demandé.

Le traité est resté en vigueur pendant environ dix ans. Fin 2005, des photos de l'USS Charlotte au pôle Nord ont été publiées. Bien sûr, personne n'a demandé au Canada la permission de passer. La réponse du Canada a été qu'il a décidé de ne plus utiliser le terme "passage du Nord-Ouest" et a désigné la zone comme "eaux intérieures du Canada".

Les États-Unis, en revanche, s'en tiennent à leur interprétation du droit international et se réservent le droit de considérer les eaux intérieures du Canada comme des eaux internationales. Incidemment, c'est aussi la position qu'ils défendent sur la mer de Chine méridionale et d'autres zones revendiquées par d'autres pays, en l'appelant "le droit à la libre navigation".

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Un autre point de conflit est l'île aux phoques de Machias (photo), au large des côtes du Maine. Elle se trouve à moins de 10 miles des côtes du Maine. Les Canadiens y ont établi leur présence sous couvert de travailler comme gardiens de phare. Les États-Unis, en revanche, la considèrent comme leur propriété. En 2002, le Canada a autorisé ses pêcheurs à y pêcher en été, ce qui a entraîné un conflit direct avec les pêcheurs du Maine.

Les droits des Indiens, y compris les demandes d'indemnisation, la possibilité de sécession du Texas et la montée du sentiment séparatiste dans les États riches (cela s'est déjà produit en Californie pendant la Grande Dépression, lorsque le gouvernement de l'État a imposé une interdiction d'entrée et l'a même entourée d'une clôture en fil de fer barbelé) sont également des cas intéressants qui ne peuvent être écartés. Enfin, l'énorme population hispanique, qui augmente rapidement, surtout dans le sud. Un rappel de l'annexion de certaines parties du Mexique par les États-Unis serait le bienvenu au sein de la communauté latino-américaine.

Notes:

[i] https://russtrat.ru/analytics/26-fevralya-2022-0010-8991

[ii] https://c-fam.org/friday_fax/biden-admin-says-mother-and-father-are-offensive/

[iii] https://www.19fortyfive.com/2021/12/americas-growing-inflation-problem-who-is-to-blame/

[iv] https://www.19fortyfive.com/2022/02/joe-bidens-next-economic-nightmare-an-oil-price-shock/

[v] https://fpif.org/the-u-s-competes-with-china-at-what-cost/

dimanche, 15 août 2021

La crise des Caraïbes

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La crise des Caraïbes

Daniele Perra

Ex: https://www.eurasia-rivista.com/la-crisi-caraibica/

Eurasia. Rivista di studi geopolitici a récemment consacré deux numéros (II et III de 2021) à la "géopolitique des sectes" et au rôle que certains de ces groupes religieux (ou pseudo-religieux), souvent hétéro-dirigés, peuvent jouer dans la poursuite de buts précis qui dépassent le côté exclusivement "spirituel". Les événements récents dans la région de la mer des Caraïbes ne sont pas étrangers à cette dynamique. Dans cette analyse, nous tenterons de démontrer pourquoi et de comprendre l'évolution géopolitique de la région.

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Le 7 juillet, un commando de mercenaires a attaqué la résidence du président haïtien Jovenel Moïse. D'après les déclarations de certaines personnes impliquées dans l'attaque (sur laquelle planent encore beaucoup d'obscurités, notamment en termes de lacunes dans le système de sécurité, étant donné que, curieusement, aucun membre de la garde présidentielle n'a été blessé dans l'affrontement), l'objectif initial était d'enlever le Président. Au lieu de cela, l'opération s'est terminée par son assassinat et par de graves blessures infligées à sa femme.

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Dans les heures qui ont suivi l'attaque, la police haïtienne a affirmé que le pasteur évangélique Christian Emmanuel Sanon, originaire d'Haïti mais résidant en Floride depuis plusieurs décennies, était le cerveau de l'opération. Selon le New York Times, Sanon a affirmé qu'il avait été désigné par Dieu (et les États-Unis) pour remplacer Moise et changer son pays, en commençant par remplacer la langue française par l'anglais. 

Dans ce but précis, Sanon aurait recruté un groupe de mercenaires par le biais de la société CTU Security, basée en Floride et dirigée par le "réfugié" vénézuélien Antonio Emmanuel Intriago Valera. Le commando était composé de 28 hommes: 26 Colombiens (pour la plupart d'anciens soldats) et deux Américains d'origine haïtienne. Nombre de ces hommes, selon l'aveu du ministère américain de la défense, ont reçu une formation aux États-Unis alors qu'ils faisaient encore partie de l'armée colombienne. Certains d'entre eux, en outre, semblent être étroitement liés à la DEA et au FBI[2].

Après l'assassinat du président en exercice, une partie du commando aurait pénétré dans le périmètre de l'ambassade de Taïwan, où la police a arrêté au moins onze d'entre eux. Là encore, on ne sait pas exactement comment les mercenaires ont réussi à se rapprocher de l'ambassade et à y pénétrer sans difficulté particulière. Toutefois, la porte-parole du ministère taïwanais des Affaires étrangères, Joanne Ou, a laissé entendre que le personnel diplomatique avait immédiatement prévenu la police lorsque les membres des commandos sont entrés dans le bâtiment. Il reste à savoir pourquoi les mercenaires ont choisi de s'y réfugier.

À cet égard, il convient de rappeler qu'Haïti est l'un des 17 pays qui entretiennent des relations diplomatiques complètes avec Taïwan. Le rôle de ce que Pékin définit comme une "province séparatiste" ne doit en aucun cas être sous-estimé dans le cas d'Haïti. Comme cela a été rapporté à plusieurs reprises dans les pages d'Eurasia, le renforcement de la coopération commerciale entre les États-Unis et Taïwan a été le cheval de bataille de l'administration Trump ces derniers mois. Le choix par le nouveau président Joseph R. Biden du conseiller en stratégie indo-pacifique Kurt M. Campbell (un ancien théoricien obamaïen du pivot vers l'Asie) a réaffirmé la nécessité de poursuivre dans la même direction que Mike Pompeo [3].

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Les séparatistes taïwanais ont également une histoire de collaboration étroite avec la secte connue sous le nom de Falun Gong (définie comme "un instrument d'attaque contre la Chine" dans un article intéressant du rédacteur en chef adjoint d'Eurasia Stefano Vernole) [4], qui est à son tour étroitement liée aux évangéliques nord-américains et au groupe QAnon [5].

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Nous ne voulons pas entrer ici dans le bien-fondé des accusations de corruption et de mauvaise gestion des affaires publiques adressées au défunt président haïtien. Ces considérations concernent ceux qui s'occupent de journalisme géopolitique (un domaine dans lequel l'information italienne est désormais saturée). Ce qui est intéressant pour les besoins de cette analyse, c'est de constater que, depuis 2018, de nombreux articles sont parus dans les médias se référant plus ou moins directement au gouvernement taïwanais, dans lesquels est formulée l'hypothèse que la République populaire de Chine tente de tromper les alliés de la "province séparatiste" en leur garantissant des prêts sans intérêt. Outre l'exemple de pays comme le Burkina Faso, le Salvador et la République dominicaine (qui ont récemment abandonné leurs liens diplomatiques avec Taïwan au profit de Pékin), Haïti est clairement mentionné dans ces articles [6]. Le journal pro-occidental South China Morning Post, à peu près au même moment, a avancé l'hypothèse que le président Moïse (en poste depuis 2017), intéressé par les projets de la Nouvelle route de la soie, était même prêt à un renversement soudain de l'approche diplomatique haïtienne traditionnelle envers Taïwan [7].

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À ce stade, il n'est pas surprenant qu'il y a quelques jours seulement, plusieurs membres du Congrès américain aient ouvertement accusé la Chine de s'ingérer dans la politique intérieure d'Haïti et aient également affirmé que cette ingérence se propage rapidement dans tout le bassin des Caraïbes.

Indépendamment de l'hypocrisie habituelle de ceux qui opèrent militairement dans les mers des autres mais revendiquent un contrôle absolu sur les zones proches de leurs propres côtes, une telle perspective, en termes géopolitiques, ne peut être considérée que comme une menace existentielle par les États-Unis. En effet, depuis l'époque de la Doctrine Monroe et des théories de l'amiral Alfred T. Mahan sur l'influence de la puissance maritime dans l'histoire, le bassin des Caraïbes, avec le Golfe du Mexique, est considéré par les stratèges nord-américains comme la "Méditerranée des États-Unis": un espace maritime dans lequel aucune menace à l'hégémonie nord-américaine ne peut être tolérée (aucune autre puissance ne peut y opérer impunément). Les exemples les plus évidents de cette hypothèse sont la crise des missiles cubains dans les années 1960 et la tentative d'invasion manquée de la baie des Cochons (également à l'époque grâce à l'imbrication des services secrets, des "dissidents" et des groupes criminels organisés basés en Floride). Un exemple plus récent est la tentative d'imposer un blocus naval au Venezuela bolivarien.

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La Doctrine Monroe, formulée en 1823, mérite un bref examen car elle fait souvent l'objet de malentendus flagrants. Ce qui est historiquement considéré comme une manifestation de l'isolationnisme nord-américain est en réalité la première formulation programmatique de l'impérialisme américain, surtout lorsqu'il est passé d'une doctrine applicable à un "grand espace" géographiquement défini à un principe universaliste valable pour le monde entier avec Wilson. Aujourd'hui, la position isolationniste est surtout soutenue par ceux qui pensent qu'un renforcement intérieur est une condition et une prémisse indispensable à une future et nouvelle projection extérieure de puissance. C'est, par exemple, ce que le trumpisme a essayé de faire, trompant même certains eurasistes naïfs (espérons-le) qui ont essayé de construire une alliance tactique avec le trumpisme.

En dépit de la rhétorique du "retour de l'Amérique", cette stratégie est la même que celle que l'administration Biden tente de poursuivre (bien qu'avec des mots d'ordre différents). L'objectif, en fait, est celui d'une reconstruction de la cohésion sociale interne et d'une "normalisation" du "patio trasero" en vue d'une confrontation prochaine et peut-être décisive avec les forces de l'Eurasie, afin d'éviter ce qui semble de toute façon être une évolution inévitable de l'ordre mondial vers la multipolarité.

Les préoccupations relatives à la normalisation de l'"arrière-cour" ont largement caractérisé l'ère Trump. Ce processus, en fait, était considéré par l'administration précédente comme moins coûteux que les opérations extracontinentales. Le succès de la déstabilisation des réalités les plus hostiles aux États-Unis dans la région (Cuba, Nicaragua et Venezuela en premier lieu) a également été considéré comme utile en vue de la campagne électorale de 2020. Cette approche, conforme à l'habituelle continuité géopolitique entre les administrations américaines, est héritée de la tristement célèbre doctrine Cebrowski-Rumsfeld, qui visait à éliminer toutes les entités étatiques qui n'étaient pas directement soumises à l'hégémonie américaine dans deux zones très spécifiques: le Proche et le Moyen-Orient et la mer des Caraïbes.

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Sur la base de ces hypothèses, l'amiral Kurt W. Tidd (photo) a élaboré en 2018 une doctrine précise de déstabilisation du Venezuela ("dictature de gauche infectant toute la région") construite sur quelques points précis: aggraver le mécontentement populaire par la hausse des prix et la pénurie de produits de première nécessité (nourriture et médicaments); favoriser et accroître l'instabilité interne [9].

Cette stratégie est la même que celle utilisée depuis plusieurs décennies, à travers l'embargo économique, contre Cuba, qui se trouve aujourd'hui au centre d'une nouvelle tentative de déstabilisation.

Le cas cubain est assez complexe et, dans ce contexte, nous ne voulons pas nier l'existence de certains facteurs critiquables dans le système qui régit l'île. Cependant, ce qu'a été la stratégie nord-américaine à l'égard de Cuba, encore renouvelée avec plus de 200 nouvelles mesures restrictives imposées par l'administration Trump, peut être bien résumée par les mots du diplomate nord-américain Lester Mallory (photo, ci-dessous), prononcés dès les années 1960: "La seule façon d'arracher un soutien interne (à Fidel et à la Révolution) est la déception et l'insatisfaction populaires qui découlent du malaise économique [...] Nous devons rapidement employer tous les moyens possibles pour débiliter la vie économique de Cuba [...] une ligne de conduite qui, étant la plus habile et discrète possible, obtient les plus grands avantages par la privation d'argent pour soutenir les salaires réels, provoque la faim, le désespoir et la chute possible du gouvernement."

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J'ai affirmé à plusieurs reprises que le Covid-19, quelle que soit son origine, peut toujours être utilisé comme une arme (même simplement en termes de propagande). Les manifestations cubaines, en fait, auraient été déclenchées par une augmentation rapide (et plutôt suspecte) du nombre de cas sur l'île. Une nouveauté importante si l'on considère que Cuba, pendant toute la première année de la pandémie, a réussi à maîtriser les contagions et les décès et même à développer deux vaccins (Soberana 02 et Abdala) qui semblent avoir une efficacité considérable contre le virus.

Outre la géopolitique des vaccins (l'"Occident" dirigé par l'Amérique du Nord, terre de compétition capitaliste, n'admet pas de concurrents à un moment de l'histoire où il est nécessaire de se regrouper), il ne faut pas oublier qu'en mai de cette année, dans le sillage du Plan conjoint de coopération 2021-2026 pour la mise en œuvre du protocole d'accord entre le gouvernement de la République de Cuba et la Commission économique eurasienne du 31 mai 2018, Cuba a ratifié une disposition visant à établir une coopération effective avec les pays de l'Union économique eurasienne: un projet qui, à long terme, pourrait détacher l'île de l'étau de l'embargo nord-américain [10].

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Il va sans dire que dans le discours annonçant cette ratification, le président cubain Miguel Diaz-Canel Bermudez (photo, ci-dessus) a ouvertement dénoncé les tentatives occidentales répétées de discréditer et de déstabiliser le Belarus, y compris la tentative d'assassinat de son président Aljaksandr Lukashenko.

À vrai dire, et pour étayer partiellement la thèse de la "spontanéité" initiale des manifestations (mais pas de la "mèche"), il faut dire que beaucoup de ceux qui sont descendus dans les rues des villes cubaines pour protester ont presque immédiatement pris leurs distances avec les fauteurs de troubles et les infiltrés, réaffirmant leur loyauté envers la Révolution et dénonçant les tentatives flagrantes d'exploitation "occidentale".

Dans les années 1980, le "géopoliticien militant" (définition de Claudio Mutti) Jean Thiriart, dans son style purement pragmatique, soutenait qu'une Europe unie et souveraine (de Dublin à Vladivostok), dans un hypothétique ordre multipolaire devrait avoir le courage de "renoncer" au mythe de la révolution cubaine (et donc laisser l'île à un nouveau destin de destination exotique pour les touristes et les joueurs nord-américains) en échange du contrôle absolu de la Méditerranée et de l'élimination de cet avant-poste "occidental" (source d'instabilité permanente) que représente l'entité sioniste.

Un tel plan, à ce jour, reste très éloigné. Par conséquent, toute personne qui s'oppose fermement à l'impérialisme nord-américain, quelles que soient ses différences idéologiques, ne peut qu'adopter une position de défense claire de la souveraineté cubaine contre toute forme d'ingérence extérieure.

NOTES:

[1] Cf. Why is a Florida-based pastor under arrest for the assassination of Haiti’s President?, www.time.com.

[2] Jovenel Moise: ‘Colombia ex-soldiers in plot to kill Haiti president’, www.bbc.com.

[3] Sur le récent renforcement de la coopération Etats-Unis/Taïwan, cf. Il ruolo strategico del Mare Cinese Meridionale, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici”, nr. 1/2021. Topujours dans les colonnes d'Eurasia (nr. 2/2021) voir également l'article intitulé “Da Trump a Biden”.

[4] S. Vernole, Falun Gong: strumento di attacco contro la Cina, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici”, nr. 2/2021.

[5] Sur les relations entre QAnon et d'autres phénomènes pseudo-religieux de matrice nord-américaine, on pourra consulter: QAnon: radici ideologiche e ruolo geopolitico, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici”, nr. 2/2021.

[6] Cf. China tries to lure Haiti away from Taiwan with interest-free loans, www.taiwannews.com.

[7] Cf. Beijing targets Haiti as a bid to isolate Taiwan from its diplomatic allies heads to the Caribbean, www.scmp.com.

[8] Cf. US lawmakers warn of chinese meddling in Haiti-Taiwan ties, www.focustaiwan.tw.

[9] Plan to overthrow the Venezuelan Dictatorship – Masterstroke, su www.voltairenet.org.

[10] Cf. Cuba ratifica la disposizione di stabilire con una cooperazione effettiva con gli Stati membri dell’Unione Economica Eurasiatica, www.granma.cu.

Daniele Perra

Depuis 2017, Daniele Perra collabore activement à la revue Eurasia. Rivista di studi geopolitici et le site informatique qui y est lié. Ses analyses portent principalement sur les relations entre la géopolitique, la philosophie et l'histoire des religions. Diplômé en sciences politiques et en relations internationales, il a obtenu en 2015 un master en études moyen-orientales de l'ASERI - Alta Scuola di Economia e Relazioni Internazionali de l'Università Cattolica del Sacro Cuore de Milan. En 2018, son essai Sulla necessità dell'impero come entità geopolitica unitaria per l'Eurasia a été inclus dans le vol. VI des Quaderni della Sapienza publiés par Irfan Edizioni. Il collabore assidûment avec de nombreux sites Internet italiens et étrangers et a accordé plusieurs interviews à la radio iranienne Radio Irib. Il est l'auteur du livre Être et Révolution. Ontologie heideggérienne et politique de la libération, préface de C. Mutti (Nova Europa 2019).

vendredi, 13 décembre 2019

Les Etats Unis semblent préparer une offensive militaire contre le Mexique ?

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Les Etats Unis semblent préparer une offensive militaire contre le Mexique ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Mexique est un Etat américain situé à la frontière sud ouest des Etats-Unis. Longtemps considéré comme une quasi-colonie des Etats-Unis , il a pris une relative indépendance avec les succès électoraux du Mouvement de régénération nationale (MORENA)

Celui-ci,  issu de divers mouvements sociaux protestant contre la main-mise sur le pays des multinationales nord-américaine est considéré comme social-démocrate. Depuis le 1er décembre 2018, le président de la République mexicaine provenant de MORENA est Andrés Manuel López Obrador (AMLO)

Ceci en fait pour Washington un ennemi à abattre. L'on y craint que son exemple ne pousse d'autres Etats d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud à revendiquer plus d'indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Aussi, dans les derniers mois, des pressions de plus en plus fortes provenant de l'appareil politico-militaire américain se sont fait sentir pour obtenir de la Maison Blanche une occupation militaire sinon du Mexique tout entier, du moins de ses centres stratégiques, y compris la capitale Mexico . Donald Trump avait jusqu'à présent refusé cette perspective, craignant l'effet défavorable qu'elle aurait eu sur l'opinion mondiale.

Il apparaît aujourd'hui qu'au prétexte de lutter contre les narco-trafiquants provenant du continent sud-américain et s'appuyant sur des gangs mexicains, se préparerait une intervention militaire nord-américaine au Mexique. Il ne s'agirait que d'un prétexte, car nul n'ignore que l'armée américaine, en y mettant les moyens, pourraient parfaitement éviter l'entrée de trafiquants en les empêchant de traverser la « grande barrière USA Mexique » qu'est en train de terminer Donald Trump à cette fin pour empêcher l'immigration illégale et les divers trafics, notamment de drogues.

C'est ainsi que Donald Trump vient d'envoyer à Mexico son Attorney General Bill Barr pour discuter avec AMLO de la façon dont les Etats-Unis pourraient l'aider à lutter contre les narco-trafiquants. L'Attorney général ou Procureur général est l'équivalent d'un ministre de la justice. AMLO aurait pu lui conseiller d'éliminer les narco-trafiquants américains qui prospèrent dans le sud des Etats-Unis, en bonne entente avec leurs homologues mexicains.

Selon un compte-rendu informel – il n'y a eu aucun compte-rendu officiel- le président mexicain a salué la réunion comme productive et a déclaré aux journalistes que son gouvernement n'était pas “en état de confrontation” avec l'administration Trump.
Le président Obrador s'est engagé à coopérer avec Washington sur les questions de drogue, d'armes et de migration, mais il a ajouté que la Constitution mexicaine stipule que “les étrangers ne peuvent pas s'immiscer en politique dans notre pays”. “Nous ne pouvons pas avoir de forces étrangères sur notre territoire à des fins militaires”, a-t-il précisé. 

Il n'est pas possible de dire plus clairement qu'AMLO avait été informé de projets de la Maison Blanche visant à mettre en place sur son territoire des forces armées américaines. Il pouvait craindre que si l'armée ou la police mexicaines s'y opposaient, elles fassent l'objet d'attaques provenant de l'US Army.

Cet avertissement d'AMLO à Bill Barr suffira-t-il, au moins pour le moment, à convaincre Donald Trump qu'il devrait renoncer à envoyer des troupes au Mexique afin qu'elles y demeurent. Ce n'est pas certain. Ce n'est pas la lutte contre les narco-trafiquants qui l'intéresse, mais la possibilité de renverser AMLO au profit d'un président « pupett » tout dévoué à Washington. Ainsi le Mexique redeviendrait ce qu'il a longtemps été, une colonie américaine. L'avertissement serai compris, espère-t-il, au Venezuela, au Guatemala et en Colombie

Mexique https://fr.wikipedia.org/wiki/Mexique

 

1848-redux : envahir le Mexique ?

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1848-redux : envahir le Mexique ?

Ex: http://www.dedefensa.org

Il est incontestable que Trump est sérieux dans ses diverses évocations d’une possible intervention des forces armées des USA au Mexique. Certains nomment cela “invasion” et ils n’ont pas tort, – Tulsi Gabbard la première, qui a dénoncé cette possibilité. La preuve que Trump est sérieux, c’est que son ministre de la Justice (Attorney General [AG]) William Barr se trouvait jeudi à Mexico où  il rencontrait le président mexicain Obrador (AMRO). Obrador s’est voulu très rassurant, très présidentiel et très souverainiste après la rencontre ; il n’a pas le choix à cet égard, malgré la situation terrible où se trouve son pays par rapport aux cartels qui réussissent désormaisde véritables opérations de guerre contre l’armée mexicaine...

« Dans ce contexte, M. Obrador a rencontré le procureur général américain William Barr à Mexico jeudi. Le président mexicain a salué la réunion comme productive et a déclaré vendredi aux journalistes que son gouvernement n’était pas “en état de confrontation” avec l'administration Trump.
» M. Obrador s'est engagé à coopérer avec Washington sur les questions de drogue, d’armes et de migration, mais il a ajouté que la Constitution mexicaine stipule que “les étrangers ne peuvent pas s'immiscer en politique dans notre pays”.
» “Nous ne pouvons pas avoir de forces étrangères sur notre territoire à des fins militaires”, a-t-il dit. »

A ce point et avant de poursuivre, on se permettra d’observer ces quelques faits que l’on peut juger comme sans beaucoup de signification, et que nous jugeons comme significatifs :

• il n’y a pas eu de conférence de presse commune, donc aucune déclaration officielle du ministre Barr corroborant les assurances d’Obrador concernant les articles de la Constitution mexicaine sur l’impossibilité d’une présence de forces militaires étrangères “à des fins militaires” sur le territoire mexicain ;


• il est à notre sens significatif que Trump ait envoyé son AG parler à Obrador, et pas un représentant d’une activité opérationnelle de son gouvernement, soit son secrétaire à la défense (DoD) ou son secrétaire à la sécurité du territoire (DHS), soit le directeur d’une des agences (CIA, FBI, DEA, douanes, etc.) concernées par la surveillance et le contrôle des frontières face à la criminalité (les cartels). Pour nous, cela signifie effectivement que, dans l’esprit de Trump, la situation des cartels en territoire mexicain est absolument et quasi-“légalement” liée à l’activité des cartels en territoire américaniste, toutes choses qui dépendent du point de vue légal par conséquent du puissant ministère de la justice (DoJ), dont dépendent toutes les agences citées plus haut. En d’autres mots, et pour interpréter la pensée volatile de Trump, tout se passe comme s’il considérait l’activité des cartels au Mexique, sur le territoire mexicain, comme une crise “intérieure” pressante qui concerne la justice intérieure aux USA, dont est comptable le département US de la justice pour déterminer des modes d’action si nécessaire, – y compris en territoire mexicain. Cela ouvre bien des perspectives intéressantes.


• Comme l’on sait, Trump a annoncé qu’il allait classer les cartels mexicains comme des “organisations terroristes”, ce qui implique que le gouvernement US se donne le droit à lui-même d’intervenir dans les pays, soit qui aident ces organisations, soit qui les abritent volontairement, soit que ces organisations “occupent” illégalement. Sans doute l’AG Barr, dont dépend en partie (avec le département d’État) cette classification, est venu représenter à Obrador ce que cela signifierait concrètement pour le Mexique.

Parallèlement, le commentateur Tom Kirby vient de publier sur le site Strategic-Culture.org, le  6 décembre 2019, un texte présenté par le titre : « Finalement, une guerre étrangère proche du territoire national » Kirby met en évidence un point effectivement fondamental, tournant autour de cette hypothèse lancée par Trump d’une possible intervention militaire au Mexique :

« Depuis la fin de la Guerre froide, il semblerait que les forces américaines et de l’OTAN passent leur temps à chercher le moindre casus belli de rencontre sinon fabriqué pour déclencher un conflit déstabilisateur dans un pays étranger. Mais ces actions militaires se sont exclusivement concentrées sur des cibles très éloignées de notre pays. Des régions éloignées comme l’ex-Yougoslavie, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Syrie se sont toutes trouvées au mauvais endroit, sur la route de notre “interventionnisme bien intentionné”, avec des résultats désastreux pour les populations locales. De ce point de vue, c’est un changement complet avec l’évocation par le président Trump d’une intervention au Mexique pour aider les autorités mexicaines à résoudre le problème des cartels de la drogue, qui est à bien des égards également le problème des cartel de la drogue des USA. Naturellement, la réponse des Mexicains a été négative, mais Washington n'est pas connu pour prendre un “non” pour une réponse acceptable, et si les États-Unis interviennent au Mexique ce sera un type de conflit très différent en raison de la contiguïté géographique des deux acteurs. »

Pour Kirby, et cela d’une façon assez logique, une telle intervention constituerait quelque chose de complètement inédit dans l’époque actuelle, un tournant géopolitique, politique et psychologique majeur, – rien de moins, selon lui, qu’un retour au XIXème siècle... A cet égard, il fait trois remarques essentielles à propos de la possibilité d’une intervention militaire au Mexique.

1). La confirmation de la politique “Fortress America”,qui est la tendance politique prêtée à Trump. Il s’agit de l’état d’esprit continental du président, hostile au globalisme comme un bon américaniste de souche nationaliste et Corporate, peu sensible aux courants extérieurs, bref hostile à tout ce qui n’est pas spécifiquement américain. Trump a déjà montré sa sensibilité aux questions de sécurité intérieure et de sécurité de “l’extérieur proche”, comme disent les Russes. Son obsession pour la frontière Sud est connue, notamment avec l’affaire du Mur sur la frontière, la question des migrants, etc. La question des cartels s’inscrit évidemment dans cette logique crisique et la seule chose qu’on puisse en dire est cette question : comment la question des cartels a-t-elle mis tant de temps à venir à l’esprit de Trump ?

Le non-interventionnisme (tout relatif) de Trump par rapport à ses prédécesseurs ne joue plus son rôle dans ce cas à cause de la proximité géographique et de la logique “Fortress America” : 

« ...Jusqu’à présent Trump s’est montré très réservé dans l'utilisation de la force directe par rapport à ses prédécesseurs. [Une intervention au Mexique] pourrait donner l'impression qu’il abandonne soudainement une de ses promesses de campagne[le non-interventionnisme]. Mais cela pourrait être largement justifié selon les conceptions de sa politique : Trump voit bien peu d’importance de la Syrie pour les USA, et probablement aucune de l’Ukraine pour les USA. Le Mexique est par contre une question complètement différente à cause de la proximité et de la sécurité directe des USA, et elle peut amener le Président à agir de manière plus agressive. »

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2). Une sorte de “doctrine Monroe 2.0”,  qui nous ramène aux USA du XIXème siècle, lorsque ce pays commença triomphalement son expansion vers l’affirmation mondiale, dans des conditions très favorables (Make America Great Again [MAGA] par un retour au bon vieux temps ?). Le non-interventionnisme de Trump est par ailleurs mis de côté lorsqu’il s’agit des Amériques : interventionnisme direct ou indirect, avec diverses formules, au Brésil, au Venezuela, en Bolivie, peut-être un soutien indirect aux troubles au Chili, etc., tout cela montre une réactivation d’une mise en bon ordre américaniste dans l’“arrière-cour” latino-américaine. La question mexicaine s’inscrit complètement dans ce schéma, néo-isolationnisme très américaniste et effectivement “doctrine Monroe 2.0” :

« Trump a déclaré à maintes reprises qu’il craint la Chine par-dessus tout, mais sa passion pour le Mur frontalier et le contrôle de l'immigration amène à faire l’hypothèse que le Mexique est probablement en deuxième place sur sa liste d’ennemis redoutables. Cette volonté d'intervenir pourrait masquer la nécessité (du point de vue du Président) de réaffirmer la domination américaine sur le continent et de répéter le triomphe de 1848 qui explique en partie pourquoi les États-Unis sont devenus une grande puissance. »

3). La réaction de l’opinion publique aux USA en cas d’invasion est le troisième point, et certainement le plus explosif, le plus énigmatique, le plus porteur de déstabilisation. La question n’a absolument rien à voir avec l’apathie du public devant la myriade d’intervention extérieures US après le sursaut des protestations de 2002-début 2003 contre la guerre en préparation contre l’Irak. Lorsqu’on parle d’“opinion publique”, on parle d’abord de la “minorité” que représentent les Hispaniques et les Latino-Américains : « En 2015, ils représent[ai]ent 17,6 % de la population totale des États-Unis et environ 23 % des naissances. Ils sont aujourd’hui la première minorité ethnique devant les Africains-Américains », – et sans doute, aujourd’hui encore, avec plus de 17%. Dans certains États comme la Californie, ils sont la première communauté tout court, devant les WASP.

Ils sont essentiellement d’origine mexicaine avec des liens de plus en plus forts maintenus avec leur pays d’origine, et souvent la double nationalité (lors de la campagne présidentielle qui vit la victoire d’Obrador, l’année dernière, les candidats sont venus faire campagne en Californie tant est grand le nombre de votants pour les élections au Mexique, du fait de cette double nationalité). Kirby ne cesse d’évoquer dans son texte 1848 et la guerre USA-Mexique, et l’on a à l’esprit le mouvement Reconquista qui, chez les Latinos-Américains, vise la reconquête des États d’Arizona, du Colorado, de la Californie, du Nevada, du Nouveau-Mexique et de l'Utah, tous annexés aux USA au terme du traité consacrant la défaite mexicaine. 

Presque comme un présage sinistre, on notera que cette guerre de 1846-1848 fut l’occasion de terribles dissensions internes aux USA entre partisans et adversaires de l’esclavage. C’en fut au point que Ulysses S. Grant, vainqueur de Lee en 1865 et président en 1868, écrivit dans ses mémoires, en 1885 : « La rébellion du Sud [de 1861] fut l’avatar de la guerre avec le Mexique. Nations et individus sont punis de leurs transgressions. Nous reçûmes notre châtiment sous la forme de la plus sanguinaire et coûteuse guerre des temps modernes. »

De ce point de vue, qui pèse d’un poids formidable dans les psychologies, ce troisième point constitue l’inconnue la plus énigmatique et la plus explosive, comme nous écrivions plus haut. Il n’est pas du tout certain que Trump, homme à la mémoire courte et à la culture peu attachée aux aspects les plus fautifs et les plus barbares de l’histoire de l’américanisme, y attache une importance très grande. Il aurait même tendance, d’une certaine façon, à en faire un objet de défi, si l’on se réfère à la façon brutale et antagoniste dont il traite la Californie, État gauchiste (démocrate extrémiste) et antitrumpiste affiché,  mais surtout avec une “minorité-majoritaire” de Latino-Américains, donc comme une sorte de “Mexique à l’intérieur des USA” d’une certaine façon.

Là aussi et là encore, on tient un point de rupture, une fragilité considérable dans l’édifice de bric et de broc que les USA américaniste, de plus en plus rongé par des  termites d’origines, de cultures et d’idéologies diverses. A côté et comme un contrepoint tragique d’une “doctrine de Monroe 2.0” qui se voudrait MAGA, se concentrent toutes les menaces qui planeraient sur les chocs en retour que produirait une éventuelle intervention militaire US au Mexique. Il n’y a rien de plus fascinant pour un esprit aussi étrangement provocateur que celui du président Trump, confronté aux hordes hystériques du progressisme-sociétal.

mardi, 08 janvier 2019

Gli Stati Uniti fra Terra e Mare

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Gli Stati Uniti fra Terra e Mare

Ex: https://www.eurasia-rivista.com

Gli studiosi di geopolitica hanno approfondito la natura messianica dell’ideologia politica americana, collegandone l’universalismo escatologico di matrice protestante non solo alle prassi politiche filosioniste ed imperialiste, ma anche al pensiero dei moderni teorici americani – da Fukuyama a Huntington. L’ideologia dell’eccezionalismo americano non si esaurisce nel neoconservatorismo, ma, sotto diversa forma, si esprime anche nel pensiero degli “idealisti” progressisti. Gli “idealisti” sono corrente trasversale a democratici e repubblicani, così come i “realisti” – da Kissinger a Brzezinski fino a Mearsheimer – non mettono in discussione l’assunto per cui o l’America è potenza globale o non è. Pur trovando compimento nella dottrina Monroe (enunciata nel discorso al Congresso del 1823), l’origine del virulento imperialismo americano può essere ricercata anche nella prassi politica di Theodore Roosevelt (1858 – 1919, presidenza dal 1901 al 1909). È ormai diffusa anche la comprensione del livello geoeconomico del predominio del dollaro e del controllo sul Medio Oriente, nonché del contrasto all’Eurasia.

È interessante inserire nell’analisi della geopolitica americana e dei suoi riflessi un ulteriore fattore: la comprensione della sua geopolitica “interna”.

Gli Stati Uniti sono un paese animato da una marcata dialettica interna, fatta di contrasti anche aspri tra le sue componenti religiose (per quanto il cattolicesimo americano sia ormai completamente “protestantizzato” e normalizzato, opera che prosegue nell’America Latina di Bolsonaro grazie all’insipienza dei Sacri Palazzi romani) ma soprattutto razziali e, prima ancora, geopolitiche. La società americana è un coacervo di contraddizioni che vengono toccate con mano se la si vive dall’interno: è importante coglierle per comprendere le debolezze presenti e future dell’iperpotenza a Stelle e Strisce.

*

Seguendo un percorso ideale squisitamente geopolitico, di dialettica tra dimensione talassocratica e tellurica, possiamo dividere la storia americana in fasi marittime e terrestri. Le Tredici Colonie Britanniche, popolate da normali coloni in cerca di terra e fortuna nonché da esuli religiosi di sette protestanti, nascono dal mare e sul mare si affacciano, dovendo sì all’agricoltura ma soprattutto al commercio marittimo il proprio sostentamento e la propria incipiente fortuna. La dichiarazione di indipendenza arriva nel 1776 e sorge dall’indisponibilità delle colonie a sottostare all’oppressione fiscale e al monopolio commerciale della madrepatria britannica.

A questa primissima fase marittima succede una fase di terraferma e di espansione continua verso l’Ovest: un’immigrazione giunta da tutto il mondo in cerca di terra ed opportunità nella “Land of the Free” segna l’animo americano con quella fusione di senso dell’avventura e di autosufficienza e individualismo noto come “spirito della frontiera”. Vengono inglobate culture europee provenienti dal Vecchio Continente ma anche già presenti in quello nuovo: la Gran Bretagna (con la quale i rapporti rimarranno tesi per tutto il XIX secolo, fino a quando questa non rivolgerà le proprie attenzioni di nuovo al Vecchio Continente e all’emergente potere tedesco) verrà sconfitta in una nuova guerra nel 1812 senza guadagni territoriali, guadagni che arriveranno dalle sconfitte della Spagna (1898) e del Messico (1846-48), dall’acquisto delle colonie francesi o spagnole e dei territori russi, dall’annessione di Stati sovrani (la Repubblica del Vermont nel 1701 o quella del Texas nel 1845).

La visione degli Stati Uniti si concentra sulla conquista di terra contro le potenze coloniali europee, contro le tribù native (vittime di un vero e proprio genocidio) e contro il vicino messicano. È in questa fase storica che vanno ricercate le basi dell’isolazionismo americano del XIX secolo – isolazionismo rispetto agli affari europei. Per sopravvivere gli Stati Uniti devono concentrarsi sull’esclusione degli avversari dal proprio territorio e dal continente americano, senza intromettersi in vicende diplomatiche ad esso esterne. Una certa “mentalità dell’assedio” si salda con lo “spirito della frontiera”, temprando il carattere di un popolo bellicoso, ostinato e determinato. Popolo composto da popoli: la maggior parte degli americani bianchi discende da tedeschi ed irlandesi, seguiti da inglesi, italiani e polacchi (in ordine di incidenza). Né si può ignorare la presenza di una vasta popolazione di schiavi importati dal continente africano nei secoli trascorsi. Spartiacque della costruzione dell’identità e della fase geopolitica terrestre con la seconda fase marittima è appunto la Guerra Civile tra gli stati del Nord e del Sud. Due modelli politici e geopolitici, economici e sociali. Il Nord è industriale e tendenzialmente protezionista nonché tecnologicamente avanzato, mentre il Sud, assai meno popolato, è mercantile e liberoscambista, con un’economia agricola e cotoniera la cui prosperità dipende dal lavoro degli schiavi, dal libero commercio dell’oro bianco e dal controllo del Mississippi. Il Nord si proietta nella realizzazione della Dottrina Monroe di dominio sul continente: il Sud, filobritannico, continua a guardare al mare e al resto del mondo. Si tratta di due visioni della politica americana confliggenti anche sul piano istituzionale: un’Unione forte e centralista si contrappone ad una Confederazione di Stati gelosi della propria autonomia.

La prima grande linea di frattura della geopolitica americana, quella tra Nord e Sud, si risolve con la sconfitta del secondo, ma si riassume in una faglia tuttora irrisolta: la frattura razziale tra bianchi e neri e tra bianchi ricchi e progressisti del nord e bianchi poveri e conservatori del sud (paradossalmente, in origine repubblicani i primi e democratici i secondi).

Completata la conquista della terra col processo di autocostruzione di una nazione, la strategia americana torna volgersi al mare: gli Stati Uniti riunificati si affacciano saldamente su due oceani e, sconfitta la Spagna sul finire del secolo XIX, guadagneranno Cuba, Porto Rico e le Filippine. La disponibilità di terra e di risorse, lo spirito di intraprendenza degli immigrati europei, la saldezza dei diritti di proprietà e l’assenza di contrasti di classe nel senso europeo – l’operaio oppresso può semplicemente scegliere di cambiare vita spostandosi ad ovest – favoriscono un formidabile accumulo di capitale che proietta gli Stati Uniti ad essere la prima potenza economica globale già nei primi decenni del XX secolo. Se il consolidamento come primo potere militare e politico giunge con la vittoria nelle due guerre civili europee del ‘14-‘18 e del ’39-’45 che hanno come risultato l’autodistruzione del Vecchio Continente, la primazia geopolitica era in realtà già conseguita: gli Stati Uniti si possono volgere al mare e all’intervento nelle altre aree del mondo perché non hanno più rivali sul continente americano.

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La terza fase marittima – meglio: talassocratica – è quella che dura tutt’oggi. La geopolitica interna degli Stati Uniti che permette questo volgersi al mare è in realtà una geopolitica di tutto il continente americano, “giardino di casa” degli USA, che vi dominano con trattati commerciali, tramite l’installazione di governi vassalli o saldamente alleati (i regimi castrensi dell’Operazione Condor) o tramite l’intervento diretto (a Grenada o Panama).

Possiamo identificarvi i seguenti tre cerchi concentrici.

  1. Gli Stati Uniti propriamente detti. Se il grande contrasto tra Nord industriale (diviso tra Midwest e costa orientale) e Sud cotoniero (il Mississippi e i porti del Sud e dell’Est, piegati dal blocco marittimo dall’Unione) si è risolto, non si risolve quello tra le due coste, centro cosmopolita dell’economia globalizzata, della finanza (predominio del Dollaro) e dell’innovazione (predominio tecnologico) e quindi due vere punte di lancia del potere americano globale, e gli Stati centrali agricoli e industriali, dominati da settori dell’economia più tradizionale che vede ormai minori tassi di investimento, accumulazione e crescita delle produzione e dei redditi e dove ha avuto luogo la rivolta della classe media e povera bianca (e non solo). Per la prima volta il Nord industriale e il Sud agricolo, con l’elezione di Trump, si sono saldati contro le coste, nella seconda grande frattura geopolitica e geoeconomica americana.
  2. Il primo anello marittimo: sostanzialmente il Mediterraneo del Golfo del Messico, dallo Yucatan alla Florida, con la salda base del Portorico ma con la spina nel fianco cubana (il cui tasso di effettiva pericolosità si è estremamente ridotto nei decenni). La piaga strategica che infesta quest’area (ma che costituisce anche il pretesto per il continuo intervento statunitense nell’area) è quella di un narcotraffico che ha trasformato interi paesi (come ad esempio l’Honduras) in Stati falliti.
  3. Il terzo anello marittimo e terrestre: l’America del Sud, con il cruciale canale di Panama e i paesi dell’America Latina, che dopo la stagione dei governi progressisti sono stati normalizzati dal riflusso dei governi liberisti di destra neocon (dal Cile al Brasile di Bolsonaro), con la Bolivia ed il Venezuela isolati e minacciati. L’America di Trump, per mezzo del suo grande tessitore Steve Bannon, ha riaffermato che la sua sicurezza e la sua esistenza come potenza hanno nel controllo del Continente un piedistallo non negoziabile. La politica interna dei paesi dell’America Latina è politica interna agli USA: si pensi alla passata diffusione dell’ideologia marxista e dei movimenti anticapitalisti (dalle guerriglie sino alla stagione del movimenti pacifici di Porto Alegre) o al rischio presente, rappresentato dal narcotraffico in Stati travolti da una violenza senza limiti come Brasile, Colombia e soprattutto Messico, con i conseguenti devastanti effetti sociali sul traffico di oppioidi e di cocaina. Geopoliticamente l’America Latina si concentra sulle proprie coste sin dall’epoca dei porti coloniali (molto più che non in entroterra di foreste impenetrabili, aridi deserti o gelidi e inospitali altipiani). È troppo poco per dire che alla potenza marittima basta assicurarsi il controllo dei porti: le risorse dell’America Latina, dalle acque dei fiumi, al petrolio, al rame, agli spazi agricoli, sono nel suo interno.

*

Questo sintetico excursus mira a porre il tema della complessità interna agli Stati Uniti d’America e alle loro radici geopolitiche. Visti – a ragione – come una potenza prevalentemente finanziaria, tecnologica e marittima (in una parola: talassocratica), gli Stati Uniti (non esenti in passato da contrasti giunti fino al sanguinoso conflitto civile) sono attraversati da almeno due fratture interne, una di natura sociale e una, per l’appunto, di natura geopolitica.

  1. L’irrisolto contrasto razziale tra bianchi e neri. I primi tendenzialmente più ricchi ed istruiti, i secondi tendenzialmente più poveri ed esposti a forme varie di emarginazione sociale. Si aggiunge il contrasto tra bianchi “wasp” (“white, anglo-saxon, protestant”), i bianchi portatori del nucleo culturale attorno al quale è stata edificata la costruzione statunitense dal 1776 ad oggi, e i nuovi migranti, composti sì da poveri latino-americani, ma anche da una borghesia cosmopolita di indiani, cinesi ed europei.
  2. La faglia geoeconomica che vede da un lato le due coste fulcro dell’economia globalizzata tecnologica e finanziaria, e dall’altro la fascia centrale delle tradizionali economie agricole ed industriali. Qui la vecchia classe media americana, artefice dello sviluppo votato ai consumi dei decenni passati (e spesso, ma non sempre, definibile come “wasp”) ha visto i propri redditi ristagnare nel contesto dell’economia globalizzata della quale è rimasta se non esclusa comunque ai margini. Qui si concentrano sia la classe operaia bianca e nera delle aree industriali (un tempo sicuro serbatoio elettorale democratico). Qui si trovano anche i bianchi poveri del Sud, spregiativamente definiti “redneck” (colli rossi bruciati dal sole durante i lavori agricoli) o addirittura “white trash”, “immondizia bianca”. Questa frattura riproduce lo scontro tra città e campagna, un tempo economie interdipendenti ed oggi scisse, nonché tra i centri dell’economia globalizzata (votati a finanza e tecnologia) e le periferie dell’economia tradizionale industriale ed agricola, nelle quali sopravvivono solo poche eccellenze manifatturiere, e le aree storicamente depresse. Si tratta del medesimo fenomeno in corso in Europa, per quanto su scala geograficamente assai più ridotta e con in più strumenti di coesione sociale e di welfare che agli USA sono ignoti (come del resto è ignoto all’Europa il patriottismo nazionalista americano, unico ma sin qui efficace collante sociale del paese).

Abbiamo proposto una visione in cui l’intera geopolitica del continente americano (Nord e Sud) è vista come geopolitica interna degli USA. Gli USA non possono perdere le Americhe, pena la perdita dell’inviolabilità terrestre. Se il Pacifico resta inattraversabile da forze ostili e l’Atlantico resta un “lago americano”, urge comunque porsi le seguenti domande.

  1. Sino a che punto i popoli dell’America Latina desiderano appartenere ad un proconsolato americano? La recente vittoria elettorale di governi filostatunitensi sembra indicare un forte riflusso dalla stagione delle lotte antimperialiste, ma il successo di questi governi si misurerà nel successo economico di economie deboli, a scarsa tecnologia e dominate dall’esportazione di materie prime, nonché ormai alla fine del proprio “dividendo demografico” o fortemente integrate, quando industriali, nell’economia statunitense (si pensi al Messico).
  2. Sino a che punto il confine settentrionale può restare silente e privo di minacce? Non pensiamo sicuramente al Canada – pur culturalmente molto diverso e segnato da uno stile di vita maggiormente “europeo” – integrato con l’economia americana, ricco di materie prime e spazio ma gelido e poco popolato, quanto all’eventualità che, con lo scioglimento dei ghiacci, l’Artico (e quindi l’Alaska) diventi oggetto di contesa (è già oggetto di attenzioni militari) con Russia e Cina.

Tendiamo a definire le sfide all’egemonia americana nel XXI secolo come completamente esterne all’area geopolitica statunitense, immaginando la prima potenza mondiale come un blocco geopolitico e sociale omogeneo: esse sono sempre considerate di natura economica o finanziaria (sfida al Dollaro, sfida al controllo delle materie prime delle quali pure l’America è immensa riserva), di natura militare (sfida cinese), oppure di natura sì geopolitica, ma prettamente esterna all’area americana (sfida dell’Eurasia unita, sfida dell’Africa cinese). Apprezzarne le contraddizioni sociali e persino le faglie geopolitiche interne ci porta meglio a comprendere come le istanze che gli Stati Uniti d’America dovranno e già devono affrontare siano di natura estremamente più sfaccettata. La domanda che gli osservatori dovrebbero porsi è la seguente: quanto è in primis resiliente ed in secundis flessibile la società americana per assorbire e superare queste contraddizioni in un contesto globale in cui l’America non è più una solitaria potenza egemone?

*

Finché gli Stati Uniti garantiranno a larghe fette della propria popolazione livelli enormi di benessere materiale e ai nuovi arrivati opportunità di accostarvisi, tutte le contraddizioni passeranno sotto traccia. È a questo benessere che si deve anche il primato culturale e ideologico americano (il cosiddetto “soft power”) e non certo alle astrazioni “libertà”, “democrazia”, “libera circolazione delle idee”, privilegi riservati alla ristretta cerchia degli appartenenti alle classi ricche o al massimo alle sempre più ristrette classi medie. La domanda che ci poniamo non interessa alle classi politiche ed intellettuali europee, che sembrano conquistate fino a deporre qualsiasi spirito critico. Nessuno, in nessuna corrente politica con diritto di tribuna in Europa, mette in discussione il modello americano, i valori americani, nemmeno l’imperialismo americano. Il mondo “progressista”, un tempo critico, ha applaudito l’intervento in Libia, ha invocato quello in Siria, ha taciuto su quelli degli alleati degli americani in Palestina e in Yemen. Il mondo “conservatore”, che un tempo contrapponeva valori “spirituali” al materialismo (liberale o comunista che fosse), oggi ne è completamente dimentico.

Il benessere deriva dal dominio economico del pianeta, il quale deriva dal dominio tecnologico e finanziario, che a sua volta deriva da quello militare e strategico – il quale, in un circolo virtuoso, è garantito dai due precedenti. Qualora il dominio tecnologico e finanziario dovessero infrangersi o anche solo ridursi o dovesse venir meno quello militare e strategico, l’economia americana non potrebbe più garantire livelli di benessere e consumi a tutta la popolazione né opportunità ai nuovi arrivati, cosicché le faglie sociali interne potrebbero allargarsi pericolosamente. Un paese che ai propri cittadini non concede nulla gratuitamente, né assistenza sanitaria né istruzione di qualità, dovrebbe per esempio iniziare a rendere loro conto di tutto questo, una volta esauritesi le opportunità di arricchirsi e di acquistare il meglio della sanità e il meglio dell’istruzione sul mercato privato. Il dollaro è moneta globale solo finché la potenza militare americana non conoscerà sfide reali; e la potenza militare americana non conoscerà sfide reali finché il dollaro sarà moneta globale.

Non ci è dato sapere se e quando tutto ciò verrà meno, ma quello che è certo è che l’equilibrio interno della società americana dipende dalla sua potenza esterna, dalla sua capacità di espansione nel mondo; e la sua potenza nel mondo dipende viceversa da una coesione sociale interna data dal benessere. Da questo benessere sono escluse ampie fette della popolazione americana (buona parte della popolazione nera ed ispanica nonché i bianchi poveri e della ex-classe media).

In Europa, area del mondo teoricamente democratica e caratterizzata da diritti individuali affermati, il patto socialdemocratico che scambiava pace sociale con benessere si è infranto miseramente con le crisi petrolifere degli anni ’70 e con la globalizzazione; ciò ha generato società pessimiste sino alla sterilità, diseguali, patologicamente incapaci di integrare gli immigrati, nelle quali le classi medie ristagnano e quelle povere regrediscono al livello di “lumpenproletariat”, mentre la Repubblica Popolare Cinese – paese estraneo al sistema liberaldemocratico – vanta continui successi economici e tecnologici. La partecipazione del cinese medio, dell’americano medio e dell’europeo medio al “processo democratico” è del tutto simile e passiva, nonostante la diversità dei tre sistemi: a comprare il consenso sociale sembra che sia il benessere materiale. Con questo non diciamo che vivere nelle tre aree del mondo sia indifferente e che i tre stili di vita siano intercambiabili, data la diversità di ritmi, culture e tradizioni.

*

È un dato di fatto che la natura multipolare del pianeta tende altresì a consolidarsi: da un lato il blocco eonomico-politico del continente americano – che sembra riesca a tenere in subordine l’inesistente Europa – dall’altro un blocco cinese asiatico e pacifico in formazione non senza difficoltà, con alcune potenze più (Russia) o meno (India) in fase di collocamento autonomo. In mezzo al guado, una Germania tristemente incapace di assumere la guida dell’Europa e di fare scelte finalmente autonome dall’area atlantica per insipienza della propria classe politica.

Indicatore chiarissimo di questa tendenza è il mercato dell’auto, settore trainante rispetto alla manifattura globale, tra i primi per consumo di acciaio, che muove, su programmazioni pluriquinquennali (se non pluridecennali), investimenti, strategie e forze produttive e tecnologiche immani. È notizia di questi giorni (inizi di Dicembre 2018) che la General Motors desidera chiudere stabilimenti nel Nord America licenziando un totale di 14.000 lavoratori circa per focalizzarsi sul mercato asiatico. È quanto decide di fare anche la Nissan, rompendo forse l’alleanza storica con i francesi della Renault. Questa rottura garantirebbe alle controparti giapponesi la mano libera sul mercato asiatico, mentre il gruppo italoamericano FCA sarebbe in procinto di essere venduto “a pezzi”, nel solco di una profonda rifocalizzazione produttiva e di vendite fuori dall’Europa e verso le Americhe.

Nel mondo multipolare, l’egemonia unica degli USA è già in discussione.

mercredi, 07 novembre 2018

Les USA sont coincés dans la division raciale

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Les USA sont coincés dans la division raciale

par Lance Welton

Ex: https://versouvaton.blogspot.com

Article original de Lance Welton, publié le 21 août 2018 sur le site Unz Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Le prochain recensement américain est prévu pour 2020. Apparemment, l’administration Trump n’est pas tombée dans le piège de l’ère Obama qui prévoyait de changer les questions sur la race pour reconstruire encore davantage l’Amérique, bien qu’elle veuille relancer les pratiques de la période 1890-1950 consistant à poser des questions sur la citoyenneté, à laquelle les suspects habituels et la kritarchie se sont opposés sans gêne. [Voir « La question sur la citoyenneté pour le recensement de 2020 suscite des critiques et des poursuites », par Steve Larkin, Catholic News Service, 20 août 2018 et « Trump Officials Say They Can’t Recall Discussing Census Citizenship Question », par Hansi Lo Wang, NPR, 5 septembre 2018]. C’est bien, mais ce qui est vraiment nécessaire, c’est de passer à l’offensive : faire en sorte que les questions du recensement reflètent ce que la science moderne dit de la « race ».

La classe dirigeante américaine a une attitude schizophrène envers l’idée de race. Si vous voulez parler de questions comme la criminalité ou l’immigration, alors la « race » est une construction sociale sans fondement biologique et si vous n’êtes pas d’accord, vous êtes pire qu’Hitler. Cependant, lorsqu’il s’agit d’action positive, ou lorsqu’on constate que les minorités souffrent de manière disproportionnée de certaines maladies congénitales, alors la « race » devient magiquement à la fois biologique et douloureusement réelle.

Le problème, comme le montrent en détail deux livres récents sur la race : les catégories raciales utilisées par toutes les formes de gouvernement aux États-Unis sont, au sens biologique, absurdes.

Le formulaire type du gouvernement américain – où l’on vous demande de remplir votre ethnicité – diffère selon les personnes qui l’émettent. Mais en général, les « races d’hommes » de l’élite libérale le sont : blanc, noir, hispanique (parfois divisé en blanc hispanique et non-blanc hispanique), asiatique, insulaire du Pacifique et amérindien. Parfois, pour empirer les choses, on trouve des options telles que « Amérindien d’Amérique, insulaire du Pacifique et de l’Alaska » ou simplement « API » (« Asie-Pacifique insulaire »).

Mais dans son livre à paraître sous peu, Race Differences in Psychopathic Personality, le professeur Richard Lynn, psychologue britannique, présente un énorme corpus de données impliquant que les catégories raciales américaines ne sont tout simplement pas adaptées, à dessein.

Une « race », nous dit-il, est une population reproductrice séparée assez longtemps d’une autre population reproductrice pour s’adapter à une écologie différente, ce qui entraîne des différences constantes dans les fréquences moyennes des gènes entre les populations. C’est important parce que, comme le montre Lynn, la « race » s’exprime donc par des différences physiques et mentales cohérentes et interreliées, qui ont tendance à différer dans la même direction parce qu’elles sont des adaptations à des environnements distincts. Ainsi, les différentes races ont des profils de maladies génétiques différents, des groupes sanguins dominants différents, un QI moyen différent et des personnalités modales différentes.

Un autre livre récent, J. Philippe Rushton : A Life History Perspective, de Edward Dutton, un collègue de Lynn, présente les détails de ces différences raciales constantes : l’âge à la ménopause, le type de visage et de corps trouvé le plus attirant, la préférence pour le sexe oral plutôt que vaginal et même la composition du cérumen.

Ces études présentent les données des tests génétiques qui prouvent qu’il y a environ 10, et peut-être 12 races distinctes :
  1. Européens
  2. Maghrébins et Arabes
  3. Les Sud-Asiatiques, alias les Indiens
  4. Asiatiques du Nord-Est alias Orientaux
  5. Asiatiques du Sud-Est
  6. Les habitants des îles du Pacifique
  7. Amérindiens
  8. Les peuples de l’Arctique
  9. Africains
  10. Australiens (« Aborigènes ») et nouveaux Guinéens
  11. Bushmen
Les deux derniers sont parfois subsumés en « Africain » tandis que les Nord-Africains, les Arabes et les Sud-Asiatiques sont parfois fusionnés en « Non-Européen Caucasien ». Le livre de Lynn démontre que ces races diffèrent par quelque chose d’aussi important que le niveau moyen de personnalités psychopathes ; une condition définie par le comportement imprudent ; la criminalité ; l’impulsivité ; la tricherie ; la rupture conjugale ; l’égoïsme et le manque d’empathie. Ainsi, simplement pour rester en sécurité, cela vaut la peine de bien comprendre ce que sont les « races d’homme » réelles. Et le fait de comprendre cela révèle ce que sont les catégories raciales officielles américaines absurdes.

RACE QI PP
Aborigènes d’Australie 62 6,0
Africains subsahariens 70 7,5
Nouvelle-Zélande Maori 84 5,9
Amérindiens – États-Unis 86 2,2
Asiatiques du Sud – Grande-Bretagne 92 1,0
Européens 100 1,0
Asiatiques du Nord-Est – Grande-Bretagne 105 0,7

Différences raciales en terme d’intelligence et de personnalité psychopathique (PP) : Différences raciales en terme de QI et niveau de crime (le ratio standard est mis à 1.0 pour les européens) [Richard Lynn, Race Differences in Psychopathic Personality,Washington Summit , In Press, Table 16 : 2].

Les catégories raciales les plus stupides utilisées par le gouvernement américain sont les « Amérindiens, les insulaires du Pacifique et les autochtones d’Alaska » et « API ». Les habitants des îles du Pacifique n’ont pas grand-chose en commun génétiquement avec ces deux races. La distance génétique entre un insulaire du Pacifique et un Amérindien est environ le quadruple de la distance entre un insulaire du Pacifique et un Asiatique du Sud-Est, par exemple du Cambodge ou de Malaisie (voir Tableau 2, ci-dessous). La distance génétique entre les habitants de l’Alaska et ceux des îles du Pacifique est trois fois plus grande que celle qui sépare les Asiatiques du Sud-Est des habitants des îles du Pacifique.
C’est logique, bien sûr, parce que les habitants des îles du Pacifique se sont séparés des Asiatiques du Sud-Est il y a fort longtemps. En d’autres termes, la catégorie « API » est un peu comme avoir un groupe racial appelé aborigène européen-australien, la différence entre ces races n’étant que légèrement supérieure à la différence entre les insulaires du Pacifique et les autochtones américains.

Ces derniers, étant si différents, ont aussi des taux de personnalités psychopathes beaucoup plus élevés.

La catégorie « Asiatique » est également extrêmement problématique, car elle englobe les Asiatiques du Nord-Est, les Asiatiques du Sud-Est et les Asiatiques du Sud ; ces derniers s’étendant souvent pour inclure des Moyen-Orientaux et des Africains du Nord.

Les Asiatiques du Sud – les « Indiens d’Inde » – sont un peuple caucasien. La distance génétique entre les Asiatiques du Sud et les Asiatiques du Nord-Est est plus de quatre fois plus grande que la différence entre les Sud-Asiatiques et les Européens, et le sextuple lorsqu’on compare les Sud-Asiatiques et les Asiatiques du Sud-Est. Les Asiatiques du Nord-Est sont 1,6 fois plus semblables aux peuples de l’Arctique (comme les Inuits et les habitants de l’Alaska) qu’ils ne le sont des Asiatiques du Sud-Est.

En d’autres termes, la catégorie « Asiatique » n’a aucune base génétique. C’est à peine plus justifiable que de regrouper les Indiens et les Inuits en une seule catégorie raciale.

Comme on pouvait s’y attendre, les différences au sein de la catégorie asiatique sont frappantes. Les Asiatiques du Nord-Est ont un QI moyen de 105, tandis que les Asiatiques du Sud ont un QI moyen d’environ 92 lorsqu’ils vivent dans des pays occidentaux. Les Asiatiques du Sud sont aussi beaucoup plus psychopathes que les Asiatiques du Nord-Est, mais à peu près au niveau des Européens. Lynn suggère qu’il s’agit de l’adaptation de l’Asie du Sud aux environnements très bondés.

Mais cela ne fait pas partie de la catégorie API. Non seulement les habitants des îles du Pacifique ont des niveaux plus élevés de personnalités psychopathes que les Asiatiques ou les Européens, mais, en raison des complications des migrations et des séparations raciales, ils sont plus semblables aux Aborigènes australiens qu’aux Asiatiques du Sud.

Et comme Lynn l’explique, la catégorie hispanique – bien qu’elle ait une certaine utilité – est fondamentalement un désastre.

En général, les Hispaniques sont un cline ; un mélange de deux races, spécifiquement les Amérindiens et les Européens. Sur la plupart des mesures de la personnalité psychopathique, ils se situent, sans surprise, entre les Européens et les Amérindiens, ce qui les laisse avec des niveaux moyens de personnalité psychopathique inférieurs à ceux des Africains. Cependant, la catégorie « hispanique » comprend souvent de nombreuses personnes originaires d’Amérique du Sud, qui, dans certains cas, peuvent être plus génétiquement européennes que certains « Blancs », qui peuvent avoir une petite part d’ascendance amérindienne ou afro-américaine.

Les clines signifient qu’il y a un élément culturel dans la « race ». Pourquoi les Grecs sont-ils européens mais pas les Turcs occidentaux ? Il y a toujours des choses qui n’entrent dans aucun système de catégories.

Mais soyons clairs : d’un point de vue génétique, la « race » existe et prédit des choses très importantes, comme la personnalité psychopatique.
Les catégories raciales officielles aux USA, cependant, prédisent très peu de choses… peut-être parce que ceux qui les inventent trouvent qu’il est psychologiquement trop conflictuel d’avoir à penser à l’idée de « race ».

Lance Welton est un nom de plume d’un journaliste freelance vivant à New York.

Note du traducteur

Ces analyses sont à rapprocher des articles de Chris Hamilton sur la croissance et la population ainsi que sur le livre de John Glubb sur les Empires. L'Empire américain absorbe une forte croissance démographique de toute sa zone d'influence, c'est-à-dire le monde entier, pour alimenter sa croissance interne comme tous les empires l'ont fait avant lui. Mais la posture idéologique du marxisme culturel (tous égaux) bute sur la réalité des différences raciales et culturelles qui forme la richesse de l'humanité et ses capacités de résilience. Au nom d'un égalitarisme forcené, ceux-là mêmes qui s'insurgent contre le mot race veulent effacer ce qui fait de nous des humains, nos différences issues de l'adaptation de chaque groupe à son milieu.

lundi, 15 octobre 2018

La gauche américaine : critique d’une faillite

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La gauche américaine : critique d’une faillite

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

De quoi la gauche américaine est-elle coupable ? Et qu’est-ce que cela nous enseigne à nous autres Européens ? Après l’élection de Trump, beaucoup ont recouru au principe de causalité diabolique : c’était l’interférence russe, Trump avait triomphé de façon déloyale (il avait osé mentir et faire de la démagogie, ce qui est une première dans l’histoire de la démocratie), ou encore c’était de la faute des « déplorables », alcooliques racistes incultes dont il faudrait que le suffrage censitaire nous délivre un jour. L’indignation humaniste ou les appels à la résistance ont servi à faire oublier que la thèse « nous avons perdu parce que nous sommes les meilleurs » n’est pas très subtile. Un général vaincu une fois est excusable, un chef qui s’est laissé surprendre ne l’est guère, mais un stratège qui veut refaire ce qui a échoué et qui attribue sa défaite à la nature perverse de l’adversaire n’est pas un stratège.

Et puis, il y a des Américains intelligents qui se souviennent que si l’on est vaincu, c’est parce que l’on perd.
 
Nous avons déjà cité Y. Mounk (Le peuple contre la démocratie) qui reproche aux libéraux d’en avoir trop fait en méprisant le besoin d’appartenance des classes populaires, de ne pas avoir su faire fonctionner l’État providence au profit de ceux d’en bas. Mais aussi de n’avoir pas compris le rôle des médias sociaux face aux mass médias libéraux bien-pensants.

Dans un autre genre, F. Thomas (Pourquoi les riches votent à gauche) reproche au démocrates d’outre-Atlantique d’avoir laissé tomber les travailleurs qui formaient leur électorat traditionnel, donc d’avoir oublié les inégalités socio-économiques au profit de « la classe de la connaissance émergente ». Traduction : ce sont sinon les bobos, du moins les bénéficiaires de la globalisation, partisans d’une société ouverte, multiculturelle, méritocratique. Ceux qui se voient comme créatifs, dans le sens de l’Histoire, et moralement supérieurs puisque réceptifs à toutes les différences, donc prêts à s’allier avec toutes les minorités.

Un troisième livre apporte quelques lueurs complémentaires : La gauche identitaire de M. Lilla. Il se penche sur l’hystérie morale qui envahit son camp. Sa thèse est qu’après les grands changements de l’ère Roosvelt (la solidarité pour le bien commun comme programme) et de l’ère Reagan (exaltation de la réussite individuelle), l’Amérique est rentrée, au moins à gauche, dans un période post-politique. Comprenez que l’on ne fait plus de projets de réforme de la société par le pouvoir de l’État ou que l’on ne pense plus les rapports politiques comme affrontements d’intérêts et de valeurs, mais comme des problèmes moraux (et nous ajouterions anthropologiques : les ouverts contre les brutes). Pour Lilla, la gauche américaine révoltée dans les années 60/ 70 contre une Amérique ultra-conformiste, inégalitaire et impérialiste, n’a pas seulement abandonné les classes laborieuses. Elle ne s’est pas seulement choisi d’autres alliés (Noirs, hispaniques, femmes, homosexuels) pour accomplir les principes égalitaires diversitaires d’une société qu’elle approuvait globalement (ou du moins la gauche éduquée recrutée sur les grands campus).
 
À l’individualisme reaganien qui exaltait l’homo economicussans entraves étatiques, elle a répondu par un bizarre culte du Moi.
 
Ce fut la lutte pour l’accomplissement de soi ou pour la libération des entraves - sexuelles, culturelles, morales, nationales, sociales...- qui empêchait chacun de se construire librement, hors de toute filiation et de tout déterminisme. Le pathos de l’authenticité et et bientôt de l’Autre l’autonomie s’est accompagné d’une dénonciation des dominants, dont l’inévitable quinquagénaire blanc hétérosexuel, rendus responsables d’une situation qu’il s’agissait de déconstruire (tout est culture et oppression, rien n’est nature et filiation).

Avec deux dérives dans ce mouvement de libération / dénonciation tous azimuts. La dérive communautaire : l’individualise anthropologique conduit à ne plus considérer les citoyens que comme des composés multi-appartenance (Noir, homo, etc.) parce que multi-souffrance. La dérive politique : puisqu’il ne s’agit plus que de dénoncer des méchancetés, on ne comprend plus la notion de Bien commun et moins encore celle de projet politique (avec ce que cela comporte de conquête de l’opinion, de force symbolique, mais aussi d’alliance de catégories et d’intérêts.

Pour reprendre la meilleure métaphore de Lilla : c’est « le modèle Facebook de l’identité : le moi comme page d’accueil que j’élabore à l’instar d’une marque personnelle, lié aux autres à travers des associations que je peux « liker » ou pas à volonté... Le modèle Facebook de l’identité a également inspiré un modèle Facebook de l’engagement politique...le modèle Facebook est entièrement consacré au moi, mon moi chéri, et non à nos histoires communes, ni bien commun, ni même aux idées. Les jeunes gens de gauche - par contraste avec ceux de droite - sont moisn enclins de nos jours à relier leurs engagements à un ensemble d’idées politiques. Ils sont beaucoup plus enclins à dire qu’ils sont engagés politiquement en tant que X, concernés par les autres X, et concernés par les problèmes concernant la Xitude »
 
Le triomphe de l’identitaire sur le social est celui de la supériorité morale sur l’affrontement politique.

Dans les trois livres de déploration et de remords, l’idée que la gauche américaine a démissionné, donc que plus elle paraît triompher comme idéologie ou comme pensée spontanée des médias et des élites, plus elle abandonne à son adversaire le terrain de la citoyenneté et de la solidarité. C’est sans doute une idée vraie et à laquelle réfléchir chez nous.

jeudi, 11 octobre 2018

Un air de “révolution de couleur” au Québec

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Un air de “révolution de couleur” au Québec

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

Curieusement, une semaine après avoir été élu, il semblerait que François Legault doive faire face à un coup de force qui rappelle étrangement la tentative d’assassinat qui avait été ourdie contre Pauline Marois le soir même de son élection en 2012. 

Un coup de force contre le Québec 

Le nouvel « homme fort du Québec » vient de déclencher un ouragan au Canada anglais en prenant le taureau des accommodements religieux par les cornes ! En effet, la volonté du gouvernement désigné de la Coalition Avenir Québec (CAQ) d’utiliser la clause nonobstant afin de légiférer sur l’interdiction du port des signes religieux par les fonctionnaires en position d’autorité aura, manifestement, fait déborder la coupe des lobbies libéraux.

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Une manifestation organisée par l’extrême gauche 

Dimanche, en journée, quelques milliers de manifestants se sont rassemblés dans les environs du campus de l’Université du Québec à Montréal, aux abords de la Place Émilie-Gamelin, un haut lieu de convergence pour toutes les manifestations organisées par les forces de l’extrême gauche. 

L’objectif de la manifestation, si l’on se fie aux pancartes et au discours des organisateurs, semblait avoir deux volets : pointer du doigt le « gouvernement raciste de François Legault » et condamner un racisme systémique québécois qui expliquerait ce résultat électoral. D’ailleurs, on pouvait lire sur une des pancartes que « le racisme est toujours présent parmi nous. Mais c’est à nous de mettre en garde nos enfants ! » 

Les médias dominants ont monté en épingle cette manifestation en mettant en exergue des témoignages qui donnent à penser qu’une révolte spontanée vient d’exploser face à un État québécois coupable de restreindre les droits et libertés de ses minorités visibles.

Des manifestants qui prônent la rectitude politique 

C’est ainsi qu’un des organisateurs de la manifestation, interviewés par CTV News, Al Harrington, affirme que « nous devrions avoir la possibilité d’être libres. Vous devriez être libre de porter ce que vous voulez dans ce pays ». Cet organisateur, qui dira plus loin que Montréal représente toujours un territoire autochtone non cédé, faisait manifestement référence au multiculturalisme canadien. 

Une autre manifestante, arborant un hidjab, a lancé avec beaucoup d’aplomb ce qui semble être une sorte de fatwa contre le Québec : « le Québec est en train de devenir une mauvaise blague parmi tant de choses, et c’est juste une partie de la blague ».

Une manifestation organisée de l’extérieur 

Finalement, le chat est sorti de son sac lorsqu'Al Harrington, qui fait partie de la patrouille de rue montréalaise Wolf Pack Street, a révélé à CTV News que « la majorité d’entre nous a traversé le Canada afin de manifester contre le racisme et les groupes prônant la haine ». On se rappellera le LOVE IN organisé par des lobbies ayant fait venir des bus entiers pleins de Canadiens anglais venus nous enjoindre de ne pas quitter « le plusse beau pays du monde » lors du 2e référendum de 1995. Comme quoi l’histoire aime à se répéter ! 

Note 

Voici la ou les sources de cet article : CTV News #1#2TVA NouvellesLa PresseLe Journal de MontréalRadio-CanadaThe Montreal Gazette, Global News #1#2 etFacebook
 

jeudi, 04 octobre 2018

L’élection de la Coalition Avenir Québec (CAQ) : une victoire éclatante pour les patriotes d’Amérique

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L’élection de la Coalition Avenir Québec (CAQ) : une victoire éclatante pour les patriotes d’Amérique

par Patrice-Hans Perrier 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Lundi, le 1er octobre, a pavé la voie à un changement drastique du paradigme québécois. Le peuple québécois s’était habitué à un régime parlementaire favorisant un duopole et voilà que la table vient d’être renversée. Une nouvelle formation politique, vieille d’à peine une décennie, aura fait voler en éclats ce régime datant des années 1970.

L’alternance socialo-libérale vole en éclat

En effet, le Parti Libéral du Québec (PLQ), équivalent à l’ancienne UMP française, et le Parti Québécois (PQ), succursale du Parti socialiste en Amérique du Nord, ont dû concéder la victoire à un outsider qui, tel un bateleur, a réussi à brasser les cartes au point que même les médias de l’oligarchie semblent pris au dépourvu.

La CAQ de François Legault, ancien ministre péquiste (PQ) et cofondateur de la compagnie aérienne Air Transat, vient de remporter 74 sièges sur les 125 que compte l’Assemblée nationale du Québec; ce qui lui permettra de former un gouvernement majoritaire. Il s’agit d’un véritable exploit pour celui qui – malgré le fait de s’être lancé en politique il y a vingt ans – a dû attendre novembre 2011 afin d’être en mesure de prendre les rênes de cette coalition dont il avait été le fondateur.

Un rebond politique inespéré

Manifestement surpris par les résultats d’une course qui s’annonçait beaucoup plus serrée, après 39 jours de rebondissements, François Legault semble déterminé à profiter de ce mandat sans équivoque pour « bâtir ensemble un Québec plus fort, un Québec plus fier ! », pour reprendre ses mots de la fin de la soirée électorale. Cette victoire pourrait se comparer à l’élection (hypothétique) d’un Nicolas Dupont-Aignan envers et contre toutes les forces coalisées de la Macronnerie au grand complet !

Redonner du coffre à l’état québécois

Se réclamant d’une certaine forme d’autonomisme, la formation de François Legault pourrait être qualifiée de droite, dans le sens où l’ancienne nomenclature avait l’habitude de cataloguer les divers curseurs d’un spectre politique correspondant aux démocraties libérales d’après-guerre. Prenant acte de la dénatalité, de la difficulté de contenir les flux migratoires ou de l’appauvrissement des régions éloignées du Québec, cette jeune formation politique ambitionne de mettre un terme à ce qui s’apparente à une hémorragie en bonne et due forme.

Reprendre en main notre souveraineté alimentaire

D’entrée de jeu, le nouveau premier ministre désigné devra s’entretenir avec la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, à propos d’un nouvel Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique qui a manifestement été bâclé par les négociateurs de l’équipe Trudeau. Le Canada a pratiquement sacrifié la gestion de l’offre des produits laitiers sur l’autel de ce nouveau partenariat qui semble avoir été taillé sur mesure pour favoriser les producteurs américains.

Furieux d’avoir été traités comme de la monnaie d’échange, les producteurs laitiers québécois, de même qu’une part croissante du monde agricole, exigent que le gouvernement provincial s’interpose afin que soient apportées des modifications à cette version 2.0 d’un accord de libre-échange définitivement inique pour les artisans québécois.

Le président général de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA), Marcel Groleau, poussait les hauts cris le 30 septembre dernier … à quelques heures des résultats des négociations de l’Alena et des élections provinciales. Manifestement crédule, le principal intéressé y est allé de ses lamentations : « le gouvernement du Canada doit résister aux demandes injustifiées des États-Unis et continuer de refuser toute concession dans les secteurs sous gestion de l’offre. Nos producteurs n’ont pas à faire les frais de chaque négociation commerciale. Ça suffit ! »

Hélas, pour Monsieur Groleau, le Canada est pratiquement en train de liquider toute sa souveraineté alimentaire afin de protéger des marchés de l’automobile qui seront, de toute façon, éventuellement sacrifiés au profit du Mexique qui est devenu le sous-traitant numéro un des États-Unis. Qui plus est, le Canada, tel que s’en est confessé le premier ministre Justin Trudeau, lors de son passage de la semaine dernière au Council on Foreign Relations, à New York, met le cap sur le développement de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies de l’information, au détriment de ses anciens secteurs de compétence. Peu importe si la souveraineté alimentaire et l’indépendance du complexe industriel sont remises en cause. Justin Trudeau, fidèle à l’œuvre initiatique de son paternel, s’apprête à pulvériser la souveraineté canadienne.

Les ménages canadiens n’ont plus de pouvoir d’achat

Beaucoup d’Européens s’imaginent que le Canada est un pays de Cocagne, avec des richesses naturelles illimitées, un niveau de vie mirobolant et une diversité culturelle bien assortie à un modèle de société favorisant l’épanouissement de la personne. Tout cela s’apparente à un conte de fées, alors que le Québec compte plus d’un million d’analphabètes et que sa métropole, Montréal, laisse pratiquement mourir de faim plus de 300 000 personnes, alors que près de 50 000 itinérants déambulent dans les rues d’une métropole de moins de 2 millions de personnes. Le Québec représente l’état nord-américain où les contribuables sont les plus taxés et une province où l’éducation connaît des ratés alors que près de la moitié des garçons ne parviennent toujours pas à terminer leurs études secondaires.

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Revoir la fiscalité québécoise

François Legault et sa formation ont, d’ailleurs, promis à plusieurs reprises de revoir la fiscalité québécoise afin d’aider les familles à reprendre leur souffle. Par ailleurs, histoire de désengorger le réseau des garderies pour la petite-enfance, la formation caquiste est disposée à s’asseoir avec les partis de l’opposition afin de discuter de l’implantation d’un nouveau concept de maternelles dédiées aux enfants de 4 ans. On espère, de la sorte, mieux préparer les enfants à la rentrée scolaire du primaire.

Toujours au chapitre de la famille, la CAQ entend implanter un nouveau système d’allocation familiale spécialement conçu pour les familles gagnant 107 000 $ ou moins, cela afin d’aider à combattre un phénomène de dénatalité qui peut se comparer à celui qui gangrène l’Europe. Cette aide financière d’appoint serait accordée à compter de la naissance d’un deuxième enfant et pourrait être substantiellement bonifiée en ce qui concerne les familles de trois enfants.

Restreindre l’immigration de masse

La CAQ, que les ténors de la gauche québécoise ont souvent comparée au Front National de Marine Le Pen, n’a pas caché ses ambitions de faire diminuer les taux d’une immigration qui atteint les 55 000 entrées pour la seule province du Québec, une situation qui fait que les francophones d’Amérique subissent une pression migratoire qui est, toutes proportions gardées, deux fois supérieure à celle qui afflige la France au moment de composer notre analyse. Reste à voir si le nouveau gouvernement de François Legault sera fidèle à sa promesse de faire diminuer à 40 000 entrées cette immigration dont beaucoup de ressortissants finissent par quitter le Québec dans les cinq années suivant leur admission. L’idée étant de pouvoir retenir un maximum de ses nouveaux arrivants, histoire de mieux les intégrer et de parvenir à diriger les flux migratoires en direction de certaines régions qui peuvent éprouver un déficit en matière de main d’œuvre.

Réformer le mode de scrutin

Un peu en harmonie avec une certaine mouvance patriote et nationaliste, ce nouveau gouvernement promet de réformer le mode de scrutin québécois. Province francophone d’un Dominion toujours rattaché à la Couronne britannique et, ne l’oublions pas, à la City de Londres, le Québec vit sous la férule d’un régime parlementaire de type britannique et d’une constitution, rapatriée par Trudeau Père en 1981, qu’il n’a toujours pas signée. Le mode de scrutin n’est absolument pas proportionnel chez nous, ce qui fait que les petits partis sont sous-représentés en termes de député et ce modus operandi fait en sorte de favoriser les grands partis qui en profitent pour régner sur des comtés qui constituent autant de places fortes qu’il convient de conserver dans son trésor de guerre.

Conscient qu’il a réussi à imposer son tempo en contournant ce mode de scrutin, François Legault ne peut pas trahir la promesse qu’il a faite à l’effet de réformer notre mode de scrutin afin d’y incorporer plus de proportionnalité. Toutefois, le principal intéressé sait fort bien que la mise en œuvre de cette importante réforme, qui a été réclamée par plusieurs partis, pourrait lui causer des problèmes lorsque viendra le temps de briguer un deuxième mandat en qualité de gouvernement majoritaire. On suppose qu’il parviendra à « temporiser », pour parler comme un politologue, histoire de pouvoir survivre à sa propre réforme.

Reprendre les négociations constitutionnelles

François Legault a déjà occupé le marocain d’un ministre au sein du Parti Québécois, à une époque où cette formation défendait encore, avec une certaine vigueur, le pré carré du Québec face aux empiétements répétés du fédéral dans ses platebandes. Ayant fait son deuil d’un quelconque projet d’indépendance, le principal intéressé entend reprendre le bâton de pèlerin pour ce qui est de défendre les prérogatives constitutionnelles qui reviennent au Québec.

Plusieurs analystes n’ont pas hésité à comparer celui qui se déclare autonomiste à feu Maurice Duplessis, l’homme fort du Québec durant les années 1940 et 1950. On se rappellera que Duplessis avait, bien avant la fameuse « Révolution tranquille » entrepris de nationaliser une première portion des centrales de production hydroélectrique du Québec et qu’il a institué l’impôt québécois sur le revenu, tel que nous le connaissons actuellement.

Comme le rappelait Robert Comeau, dans un article d’opinion, mis en ligne par le quotidien Le Devoir en 2004 : « face à l’étranglement financier dont le gouvernement du Québec fut victime en 1939, Duplessis, à son retour en politique en 1944, fit de l’autonomie fiscale une priorité. Il refusa en 1951 que le fédéral finance les universités québécoises et mit en place la commission Tremblay en 1953 pour dénoncer les ingérences fédérales dans le domaine des compétences du Québec ».

Ainsi donc, le Québec n’a jamais plus cessé de se battre afin de récupérer des leviers fiscaux susceptibles de lui accorder une certaine autonomie dans des secteurs tels que l’éducation ou la santé. Le Québec est, ne l’oublions pas, la seule province à s’être dotée d’une loi de l’impôt sur le revenu complète (la Loi sur les impôts) bien que calquée dans sa plus grande partie sur la loi fédérale.

Actuellement, c’est surtout au niveau des accommodements religieux que le bât blesse, dans un contexte où la doctrine d’état canadien fait grand cas d’un multiculturalisme qui favorise la balkanisation de la société au grand complet. La population québécoise, consciente de sa position minoritaire dans l’ensemble nord-américain, ne souhaite pas jouer à un jeu des accommodements raisonnables qui contribue, inexorablement, à donner des munitions à des revendications ethniques minoritaires qui servent de cheval de Troie.

À l’instar de la Suisse, qui a déjà légiféré sur la question des minarets dans le paysage national, une majorité de citoyens québécois aimerait que la diversité culturelle issue de l’immigration soit contrainte à une certaine forme d’intégration. C’est, d’ailleurs, ce qui pousse François Legault à brandir la menace d’utiliser la clause nonobstant – ou clause dite dérogatoire – afin de permettre au Québec de se soustraire à certaines dispositions de la Charte des droits et libertés enchâssée dans la Constitution canadienne afin d’interdire le port de signes religieux au sein de la fonction publique. Ici, le nouveau gouvernement caquiste risque de se frotter, assez rapidement, à des mouvements de contestation et des recours qui ne manqueront pas d’être intentés par certaines associations communautaires.

Si le Québec n’est toujours pas en bonne position afin que soit rouverte la Constitution canadienne de 1982, il dispose néanmoins de plusieurs dispositions et autres recours légaux qui sont susceptibles de lui permettre de récupérer de nouveaux leviers administratifs.

Le gouvernement fédéral risque d’être affaibli

In fine, le nouveau gouvernement de François Legault, outre qu’il jouira d’un mandat majoritaire, peut conter sur la division du vote et l’affaiblissement de la classe politique canadienne au niveau du palier fédéral. En effet, le gouvernement Trudeau multiplie les gaffes et n’arrive plus à protéger ses acquis, alors que les Américains viennent d’imposer les termes d’un accord sur le libre-échange (Alena) qui place le Canada dans une posture plus que précaire. Les velléités autonomistes de l’ouest du Canada risquent fort de reprendre du tonus et le premier ministre Justin Trudeau pourrait bien ne plus pouvoir compter que sur l’Ontario comme bastion électoral. Et, encore …

Le Parti conservateur du Canada (PC), qui avait le vent dans les voiles, occupe le strapontin d’une opposition affaiblie depuis qu’une de ses étoiles, le Québécois Maxime Bernier, a claqué la porte en promettant de fonder son propre parti. Qui plus est, malgré le handicap d’un chef qui n’arrive pas à faire consensus, le Nouveau Parti Démocratique (NPD), formation véritablement associée à l’Internationale socialiste, parvient à fédérer une part importante du mécontentement chez les classes laborieuses au pays. Toute cette division du vote risque fort de favoriser l’élection d’un gouvernement minoritaire aux prochaines élections fédérales de 2019. Une situation qui pourrait faire en sorte que le Québec tire son épingle du jeu et parvienne à imposer ses propres intérêts. Une première depuis plus d’un demi-siècle.

mardi, 17 avril 2018

Frithjof Schuon et la grandeur des indiens

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Frithjof Schuon et la grandeur des indiens 

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

« Sa tête rasée de très près n’offrait d’autres cheveux que cette touffeque l’esprit chevaleresque des Indiens conserve sur le sommet de la tête, comme pour narguer l’ennemi qui voudrait le scalper… » (Le dernier des Mohicans).

Pour mieux apprécier les références à Frithjof Schuon, on se reportera au film d’Elliott Silverstein, un homme nommé cheval ; à celui de mon regretté ami Irvin Kershner, la revanche d’un homme nommé cheval. Au Dernier des mohicans de Michael Mann (scénario tarabiscoté mais fantastique partition de Trevor Jones), mais aussi à la version de 1936 avec Randolph Scott dans le rôle de Hawk Eye. Enfin bien sûr à Danse avec les loups qui en dépit de son catéchisme bon enfant, sensibilisa une opinion distraite.

FS-p1.jpgIci on va juste tenter d’élever le débat américain (en oubliant Trump, ses tweets et ses bombes) avec Frithjof Schuon, immense ésotériste suisse de culture alémanique et musulmane, qui a vécu en Amérique du Nord auprès de ses chers sioux lakotas…

Il est amusant avant de commencer de rappeler que les costumes indiens dans un homme nommé cheval venaient d’Hollywood ! Cette anecdote digne de Baudrillard rappelle que nous sommes tombés si bas que même quand nous parlons de tradition, nous évoluons dans le simulacre.

On ne va pas pleurnicher, on va citer Schuon.

Schuon écrit dans Avoir un centre, le message d’un art vestimentaire :

« Le vêtement indien des Plaines « humanise » la Nature vierge, il transmet quelque chose de l’immensité des prairies, de la profondeur des forêts, de la violence du vent et autres affinités de ce genre. On aurait du reste tort d’objecter - comme aiment à le faire les « démystificateurs » professionnels - que le vêtement indien n’avait qu’une portée sociale et pratique limitée, que tous les individus ne le portaient pas, d’autant que la nudité, pour les Peaux-Rouges, avait elle aussi sa valeur à la fois pratique et symbolique ; mais ce qui importe ici, ce n’est pas le flottement des modalités, c’est le génie ethnique qui, s’il peut s’extérioriser de diverses façons, reste toujours fidèle à lui-même et à son message foncier.

C’est un fait curieux que beaucoup de gens aiment les Indiens mais n’osent pas l’avouer, ou l’avouent avec des réticences de commande, en se désolidarisant ostentatoirement du « bon sauvage » de Rousseau aussi bien que du « noble sauvage » de Cooper, et surtout de tout « romantisme » et de tout « esthétisme » ; sans oublier le souci de ne pas être pris pour un enfant. »

Sur la plume d’aigle Schuon rappelle :

« La plume d’aigle, comme l’aigle lui-même, représente le Grand-Esprit en général et la présence divine en particulier, nous a-t- on expliqué chez les Sioux ; il est donc plausible que les rayons du soleil, lui-même image du Grand-Esprit, soient symbolisés par des plumes. Mais ces plumes très stylisés, qui constituent le soleil à cercles concentriques, représentent également le cocon, symbole de potentialité vitale ; or la vie et le rayonnement solaire coïncident pour d’évidentes raisons.

Un des symboles les plus puissants du soleil est la majestueuse coiffure en plumes d’aigle ; celui qui la porte s’identifie à l’astre solaire, et il est facile de comprendre que tout le monde n’est pas qualifié pour la porter ; sa splendeur - unique en son genre parmi toutes les coiffures traditionnelles du monde suggère la dignité à la fois royale et sacerdotale ; donc le rayonnement du héros et du sage. »

FS-p2.jpgIci le grand esprit inspire notre sage alsacien :

« Le vêtement du chef ou du héros suggère l’aigle s’élevant vers le soleil : la nature de l’aigle, c’est de voler vers le haut, donc aussi de voir les choses de loin, « de haut » précisément : l’aigle monte et ensuite plane dans une lumineuse solitude. »

L’aigle va ici au-delà du message impérial européen :

« Selon une tradition quasi universelle, l’aigle symbolise lui- même le soleil ; ce qu’exprime précisément la parure de plumes d’aigle. Autrefois, chaque plume devait être gagnée : l’identification de l’homme avec l’astre solaire exige un drame héroïque. »

Sur les vêtements et leurs franges Schuon ajoute – et sur le calumet :

« Les objets les plus divers peuvent être ornés de broderies et de franges ; l’un des plus importants est le sac contenant la « Pipe de Paix » et le tabac rituel, la fonction de ce dernier étant de se sacrifier en brûlant et de monter vers le Grand-Esprit. Ce sac fut apporté aux Indiens, avec le Calumet, par la « Femme Bisonne-Blanche » (Pté- San Win en lakota) ; et c’est elle - ou plus précisément son archétype céleste, Wohpé - qui fait monter la fumée et nos prières vers le Ciel. »

Après il ne faut pas s’étonner du prestige de ces indiens de notre volonté de les imiter, même quand c’est pour les combattre.

Schuon ajoute, toujours dans Avoir un centre :

« Le prestige dont jouissent les Indiens dans les milieux et les pays les plus divers s’explique par la coïncidence proprement fascinante de qualités morales et esthétiques, par la combinaison d’un courage intrépide et stoïque avec une extraordinaire expressivité des physionomies, des vêtements et des ustensiles.

Le fait que l’Indien se perpétue dans les jeux des enfants presque dans le monde entier, et parfois dans les jeux des adultes, ne peut être un hasard sans signification ; il indique un message culturel d’une puissante originalité, un message qui ne peut mourir et qui survit, ou plutôt rayonne, comme il peut. »

Un peu de Nietzsche (« royauté d’un enfant », dit son maître et ancêtre Héraclite bellement) pour nous rapprocher des enfants et des indiens : 

« L’enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, une sainte affirmation.

Oui, pour le jeu divin de la création, ô mes frères, il faut une sainte affirmation : l’esprit veut maintenant sa propre volonté, celui qui a perdu le monde veut gagner son propre monde.

Je vous ai nommé trois métamorphoses de l’esprit : comment l’esprit devient chameau, comment l’esprit devient lion, et comment enfin le lion devient enfant. »

FS-p3.jpgLa destruction des indiens a été mille fois plus dénoncée par Hollywood que l’esclavage. Ce n’est pas un hasard : le sujet était jugé plus noble notamment par Tocqueville.

Schuon note sur cette destruction bien démocratique :

« La démocratie est pratiquement la tyrannie de la majorité ; la majorité blanche, en Amérique, n’avait aucun intérêt à l’existence de cette minorité rouge ; de ce fait l’armée - qui dans certains cas aurait dû défendre les droits des Indiens, droits solennellement garantis par des traités - défendait les intérêts des Blancs à l’encontre de ces accords. Qui dit démocratie dit démagogie ; en un tel climat, une criminalité populaire « de fait » devient une criminalité gouvernementale « de droit », du moins quand la victime se situe en dehors de la collectivité incluse dans telle légalité démocratique. »

Mais dans REGARDS SUR MONDES ANCIENS, Schuon est presque optimiste. Cette destruction devait hélas avoir lieu pour des raisons cycliques (le Kali-Yuga pour tout le monde) et elle n’a pas empêché un paradis de mille ans ou plus !

« Pour bien comprendre le destin abrupt de la race indienne, il faut tenir compte du fait que cette race a vécu pendant des millénaires dans une sorte de paradis pratiquement illimité ; les Indiens de l’Ouest s’y trouvaient encore au début du XIXesiècle. Ce fut un paradis rude, certes, mais offrant une ambiance grandiose à caractère sacré, et comparable à bien des égards à ce que fut l’Europe nordique avant l’arrivée des Romains »

Schuon rappelle notre âge de fer :

« Comme les Indiens s’identifiaient spirituellement et humainement à cette nature inviolée, et inviolable selon eux, ils en acceptaient toutes les lois, donc aussi la lutte pour la vie en tant que manifestation du « principe du meilleur » ; mais avec le temps, et en fonction des conséquences de l’« âge de fer » où prédominent les passions et où disparaît la sagesse, les abus se répandirent de plus en plus ; un individualisme héroïque, mais vindicatif et cruel obscurcissait-les vertus désintéressées, comme ce fut du reste le cas chez tous les peuples guerriers. »

Tout cela était condamné comme le monde elfique et oublié de Tolkien (il y a des ressemblances troublantes entre le style du Seigneur des Anneaux et le Dernier des Mohicans) :

fs-p4.jpg « La situation privilégiée des Indiens - en marge de l’« Histoire » et des écrasantes civilisations citadines - devait finir par s’épuiser ; il n’y a rien d’étonnant à ce que cet épuisement d’un paradis en quelque sorte vieilli coïncidât avec les temps modernes. »

Comme Tocqueville Schuon rappelle que la triste destruction s’est fait au nom des idéaux modernes :

« Mais de toute évidence, cet aspect unilatéral de fatalité ne saurait atténuer ni excuser aucune des vilenies dont l’Indien a été la victime depuis des siècles, sans quoi les notions de justice et d’injustice n’auraient pas de sens et il n’y aurait jamais eu d’infamie ni de tragédie. Les défenseurs de l’invasion blanche et de toutes ses conséquences font volontiers valoir que tous les peuples ont de tout temps commis des violences ; des violences, oui, mais non pas forcément des bassesses, perpétrées, par surcroît, au nom de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, de la civilisation, du progrès et des droits de l’homme... La destruction consciente, calculée, méthodique, officielle - et non point anonyme - de la race rouge, de ses traditions et de sa culture, en Amérique du Nord et aussi en Amérique du Sud, loin d’avoir été un processus inévitable - et éventuellement excusable par des lois naturelles à condition qu’on ne prétende pas les avoir dépassées grâce à la « civilisation » - cette destruction, disons-nous, demeure en réalité l’un des plus grands crimes et l’un des plus insignes vandalismes dont l’Histoire ait gardé le souvenir. »

Tocqueville sur le même sujet :

« Les Espagnols, à l'aide de monstruosités sans exemples, en se couvrant d'une honte ineffaçable, n'ont pu parvenir à exterminer la race indienne,ni même à l'empêcher de partager leurs droits;les Américains des États-Unis ont atteint ce double résultat avec une merveilleuse facilité, tranquillement, légalement, philanthropiquement, sans répandre de sang, sans violer un seul des grands principes de la morale aux yeux du monde. On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l'humanité… »

Schuon rajoute magnifiquement : On condamne le mal pour sa nature, non pour son caractère inévitable.

Le passage :

« Ceci dit, il reste l’aspect inéluctable des choses, celui de la fatalité, en vertu duquel ce qui est possible ne peut pas ne pas se manifester en quelque manière, et tout ce qui arrive a ses causes proches ou lointaines ; cet aspect du monde et du destin n’empêche toutefois pas les choses d’être ce qu’elles sont : le mal reste le mal sur son propre plan. On condamne le mal pour sa nature, non pour son caractère inévitable ; ce dernier, on l’accepte, car le tragique entre nécessairement dans le jeu divin, et ne serait-ce que parce que le monde n’est pas Dieu… »

fs-p5.jpgNous avons écrit un livre sur le paganisme au cinéma. Schuon établit lui une comparaison entre les indiens et LES japonais des grands temps :

« Certaines tribus - les Algonquins surtout et les Iroquois - distinguent le démiurge d’avec l’Esprit suprême : ce démiurge a souvent un rôle quelque peu burlesque, voire luciférien. Une telle conception du Pouvoir créateur, et du dispensateur primordial des arts, n’est point particulière aux Peaux-Rouges, comme le prouvent les mythologies de l’Ancien Monde, où les méfaits des titans voisinent avec ceux des dieux ; en langage biblique, nous dirons qu’il n’y a pas de Paradis terrestre sans serpent, et que sans ce dernier il n’y a pas de chute et pas de drame humain, ni aucune réconciliation avec le Ciel. Comme la création est malgré tout quelque chose qui s’éloigne de Dieu, il faut bien qu’il y ait en elle une tendance déifuge, si bien qu’on peut considérer la création sous deux aspects, divin l’un et démiurgique ou luciférien l’autre ; or les Peaux-Rouges mélangent les deux aspects, et ils ne sont pas seuls à le faire ; rappelons seulement, dans la mythologie japonaise, le dieu Susano-o, génie turbulent de la mer et de la tempête. »

Art de l’espace, le cinéma était fait pour célébrer les indiens. Schuon encore :

« L’on sait le rôle crucial que jouent les directions de l’espace dans le rite du Calumet. Ce rite est la prière de l’Indien, dans laquelle l’Indien parle, non seulement pour lui-même, mais aussi pour toutes les autres créatures ; l’Univers entier prie avec l’homme qui offre la Pipe aux Puissances, ou à la Puissance. »

Schuon évoque ensuite les rites. Nous les citons pour le principe :

« Mentionnons ici également les autres grands rites du Chamanisme peau-rouge, du moins les principaux, à savoir la Loge à transpirer, l’Invocation solitaire et la Danse du Soleil1; nous choisissons le nombre quatre, non parce qu’il marque une limite absolue, mais parce qu’il est sacré chez les Peaux-Rouges et qu’il permet, en fait, d’établir une synthèse qui n’a rien d’arbitraire.

La Loge à transpirer est le rite purificatoire par excellence : par lui, l’homme se purifie et devient un être nouveau. Ce rite et le précédent sont absolument fondamentaux ; le suivant l’est aussi, mais en un sens quelque peu différent.

L’Invocation solitaire - la « lamentation » ou l’« envoi d’une voix » - est la forme la plus élevée de la prière ; elle peut être silencieuse2, suivant les cas. C’est une véritable retraite spirituelle, par laquelle tout Indien doit passer une fois dans sa jeunesse - mais alors l’intention est particulière - et qu’il peut renouveler à tout moment suivant l’inspiration ou les circonstances.

La Danse du Soleil est d’une certaine façon la prière de la communauté entière ; pour ceux qui l’exécutent, elle signifie - ésotériquement tout au moins - une union virtuelle qu’il a été décrit comme un homme sincère par des blancs qui pourtant n’avaient aucun préjugé favorable ; la vérité est sans doute qu’il a été, lui aussi, une victime des circonstances. Pour ramener tout ce mouvement à ses justes proportions, il faut le regarder dans son contexte traditionnel, le « polyprophétisme » indien et l’« apocalyptisme » propre à toute religion, puis dans son contexte contingent et temporel, l’écroulement des bases vitales de la civilisation des Plaines. »

Autre grand moment sur cette splendide destinée initiatique et chevaleresque :

« La fascinante combinaison de l’héroïcité combative et stoïque et de l’allure sacerdotale conférait à l’Indien des Plaines et des Forêts une sorte de majesté à la fois aquilin et solaire, d’où cette beauté puissamment originale et irremplaçable qui s’attache à l’homme rouge et contribue à son prestige de guerrier et de martyr1. Comme les japonais du temps des samouraïs, le Peau-Rouge était profondément artiste dans sa manifestation personnelle même : outre que sa vie était un jeu perpétuel avec la souffrance et la mort2et de ce fait une sorte de karma-yogachevaleresque, il savait donner à ce style spirituel un revêtement esthétique d’une expressivité insurpassable. »

L’indien devient un vrai héros de western qui va déteindre sur le pauvre homme blanc déraciné (hélas il va déteindre en solo pas au collectif) :

fs-p6.jpg« Un élément qui a pu donner l’impression que l’Indien est un individualiste - par principe et non de facto seulement - c’est l’importance cruciale que revêt chez lui la valeur morale de l’homme, le caractère si l’on veut, d’où le culte de l’acte. L’acte héroïque et silencieux s’oppose à la parole vaine et prolixe du lâche ; l’amour du secret, la réticence de livrer le sacré par des discours faciles qui l’affaiblissent et le dilapident, s’expliquent par là. Tout le caractère indien se laisse en somme définir par ces deux mots, si de telles ellipses sont permises : acte et secret ; acte foudroyant, au besoin, et secret impassible. Tel un roc, l’Indien d’autrefois se reposait en lui-même, en sa personnalité, pour ensuite la traduire en acte avec l’impétuosité de l’éclair ; mais en même temps il restait humble devant le Grand Mystère dont la nature environnante était, pour lui, le message permanent. »

Enfin ces lignes sur la nature qui ne sont pas si éloignées (hélas pour nous) que cela de notre saint Bernard de Clairvaux :

« La nature est solidaire de la sainte pauvreté et aussi de l’enfance spirituelle ; elle est un livre ouvert dont l’enseignement de vérité et de beauté ne s’épuise jamais. C’est au milieu de ses propres artifices que l’homme se corrompt le plus facilement, ce sont eux qui le rendent avide et impie ; auprès de la nature vierge, qui ne connaît ni agitation ni mensonge, l’homme a des chances de rester contemplatif comme l’est la nature elle-même. »

Quand l’homme est tombé si bas, peut-il encore rêver ?

Tiens, un peu de Fenimore Cooper, pour vous donner envie de le relire, ce plus grand classique de la littérature initiatique pour enfants :

« Il serait impossible de donner une idée du respect et de l'affection que témoigna toute la peuplade en voyant arriver inopinément un homme qui semblait déjà appartenir à un autre monde. Après quelques instants passés dans un silence commandé par l'usage, les principaux chefs se levèrent, s'approchèrent de lui tour à tour, lui prirent une main et l'appuyèrent sur leur tête, comme pour lui demander sa bénédiction. Les guerriers les plus distingués se contentèrent ensuite de toucher le bord de sa robe. Les autres semblaient se trouver assez heureux de pouvoir respirer le même air qu'un chef qui avait été si vaillant et qui était encore si juste et si sage. »

Sources

Frithjof Schuon – Avoir un centre ; regards sur les mondes traditionnels (archive.org)

Fenimore Cooper – Le dernier des Mohicans (ebooksgratuits.com)

Nicolas Bonnal – Le paganisme au cinéma (Dualpha ; Amazon.fr)

Tocqueville – De la démocratie en Amérique, I, deuxième partie, dernier chapitre

Nietzsche – Les trois métamorphoses, dans Zarathoustra

jeudi, 23 février 2017

Discussion with Keith Preston on Pan-Secession

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Discussion with Keith Preston on Pan-Secession

From Attackthesystem:
http://attackthesystem.com/2013/05/05...

ANP Facebook:
https://www.facebook.com/AllNationsParty

ANP Twitter:
https://twitter.com/AllNationsParty

 

Green in Pacific Northwest: New Europe (White Nationalist)
Black in Mississippi Delta: New Africa (Black Nationalist)
Brown along the southwest: Aztlan (Mestizo Nationalist)
Rose red in north center: Lakota (Native American)
Rose red in eastern Oklahoma: Eastern Oklahoma (Native American)

Light blue in north center: Dakota (Northern Christian State)
Light grey in south center: Kiowa (Southern Christian State)
Beige around Utah: Deseret (Mormon State)

Purple around New Hampshire: Libertarian Republic of New Hampshire
Green around Vermont: Vermont
Beige around Hawaii: Hawaii
Green around Alaska: Alaska
Orange around New York City: New York City
Hot purple around Texas: Texas

Purple around Colorado and Wyoming: Libertarian Republic
Dark Red around great lakes: Democratic States of America
Bright Red in northeast: Progressive States of America
Dark blue in southeast: Republican States of America
Yellow around west coast: Pacific Commonwealth

Light Blue along southeast coast: United States of America (rump state)

The names "Kiowa" and "Dakota" are based on native american tribes that used to live in those areas.

Deseret is the name of a state actually proposed by the Mormon Church in 1849, not something I just made up.

Though the names themselves aren't terribly important. They're more placeholders than anything else.

I made this map after hours of looking up religious, racial, and political statistics in maps and states. It also takes into account contiguity. I look at the size of general political nations, where they are most concentrated, and treat those areas as national regions.

I understand that libertarians (real libertarians, not people who say they are "socially liberal and fiscally conservative", but people who ACTUALLY ARE socially liberal and fiscally conservative), for example, while perhaps 7-8% of the US population, don't have a national region, or any area in which they are a majority. So we take the area where they are closest to a majority that is not best served in some other country, center their new nation on that area, and expand out from there based on the number of libertarians across the entire US.

If your brain is not subtle or nuanced enough to understand that, please just go away. Your input is NOT appreciated.

And I am NOT interested in some map your just pulled out of your ass in a single hour or so, or some pop-crap partition based on ecology or what you think people believe as opposed to what they actually believe.

dimanche, 26 juin 2016

Et maintenant le Texit ? Ou les leviers d'influence de Poutine aux Etats-Unis

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Et maintenant le Texit ? Ou les leviers d'influence de Poutine aux Etats-Unis

Ex: http://www.chroniquesdugrandjeu.com & http://www.leblancetlenoir.com

Dans la foulée du Brexit, le Mouvement Nationaliste du Texas a réclamé un référendum d'auto-détermination. Ceci est tout sauf un gag et votre serviteur suit déjà depuis quelques années l'évolution du sentiment séparatiste texan. L'unité des Etats-Unis semble aujourd'hui aller de soi, mais la chose n'est pas si évidente ; il existe des divergences régionales et idéologiques extrêmement fortes dans ce pays qui n'est, somme toute, qu'une fédération.

Indépendant du Mexique en 1836, le Texas fut souverain durant une décennie avant de joindre les Etats-Unis en formation en 1845. De cette époque, le Texas a gardé un certain sentiment d'irrédentisme, renforcé par le fait qu'il roule sur l'or le pétrole et que son économie est équivalente à celle d'un pays occidental moyen (son PIB par habitant est supérieur à celui du Canada). Les Texans sont excédés d'avoir à payer pour la dette abyssale des Etats-Unis - rappelons tout de même que la naissance du pays vient d'une querelle fiscale avec la couronne britannique - et ont une méfiance innée vis-à-vis du pouvoir fédéral, encore accrue sous la présidence Obama (témoin, cette pétition pour faire sécession en 2012). En un mot, le phénomène indépendantiste du Texas est beaucoup moins marginal et anecdotique qu'on pourrait le croire.

Or, pour les maîtres de l'empire, qui se voient ici menacés dans leur propre jardin, l'ombre de Poutine n'est jamais loin. Et peut-être pas tout à fait à tort pour le coup...

L'on connaît bien les menées des ONG américaines et leurs tentatives de déstabilisation du pouvoir dans les autres pays, particulièrement autour de la Russie - Ukraine, Géorgie, Kirghizstan Serbie : les révolutions colorées fomentées par Washington sont parfaitement documentées. On sait moins que Poutine dispose également de leviers, certes plus modestes, aux Etats-Unis mêmes.

S'il est évidemment la bête noire des Folamour néo-conservateurs, qui tiennent désormais à peu près tout l’appareil politico-intellectuel US, et est vilipendé par le système médiatique mainstream qui en est issu, Vladimirovitch a des soutiens non négligeables dans des pans très divers de la population américaine. Il apparaît où on ne l’attend pas, par exemple lors des émeutes noires de Ferguson en novembre 2014, où certains afro-américains, sans doute par provocation envers le gouvernement, appelaient le président russe à l'aide !

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Chose rare, le ministère russe des Affaires étrangères, qui d’ordinaire se garde bien de se mêler des affaires internes d’un pays, se permit d'épingler l'empire à cette occasion : "Les derniers événements à Ferguson sont un nouveau signal très préoccupant envoyé aux autorités américaines indiquant qu'il est enfin temps pour elles de résoudre les énormes problèmes intérieurs dans le domaine du respect des droits de l'homme". Pan, réponse du berger à la bergère ! Les médias russes, eux, s’en donnèrent à cœur joie, parlant d’« Afro-Maïdan » et faisant des gorges chaudes sur le moralisme américain "seulement valable à l’extérieur".

A l’autre bout de l’échiquier, il est apprécié des segments conservateurs de la société, notamment autour de Pat Buchanan et du Tea Party, pour ses positions sur le mariage homosexuel ou sa défense de la société traditionnelle, mais aussi pour sa défense des chrétiens au Moyen-Orient. Or, cette tendance est loin d'être négligeable aux Etats-Unis, comme chacun sait.

L’actuel climat de paranoïa néo-conservatrice, digne des plus belles heures du maccarthysme, rend l’analyse difficile pour séparer le vrai du faux, mais on voit Poutine partout. Derrière le mouvement des activistes réclamant l’arrêt de la fracturation hydraulique ou derrière... le mouvement séparatiste du Texas (nous y voilà !)

Les dirigeants sécessionnistes texans sont régulièrement invités à Moscou par des think tanks russes dont il est difficile de connaître le degré de proximité avec le gouvernement. Mais une chose est sûre : si le Kremlin ne souhaitait pas leur présence, les visas ne seraient pas délivrés. Aussi Poutine joue-t-il en sourdine et un peu ironiquement cette partition. Veut-il vraiment l'éclatement des Etats-Unis, pense-t-il seulement qu'il est possible ? Sans doute pas. Mais il conserve cet atout quelque part dans sa manche et est susceptible de le sortir quand la situation internationale est favorable (Brexit). Avec, comme message subliminal : vous voyez, nous aussi on peut le faire...

lundi, 09 mai 2016

London School of Economics velt vernietigend oordeel over TTIP

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London School of Economics velt vernietigend oordeel over TTIP

Vrijhandelsverdrag met Amerika gaat Europese belastingbetalers miljarden kosten

Oproep: Onderteken petitie voor referendum over het TTIP, dat al ruim 120.000 handtekeningen heeft gekregen

Bijna 600.000 banen verloren door vrijhandelsverdrag, gemiddeld inkomen daalt in Noord Europa met ruim € 4800,

De gerenommeerde London School of Economics velt in een rapport een vernietigend oordeel over het TTIP vrijhandelsverdrag dat de EU met de VS wil sluiten. Volgens de economische experts herbergt het TTIP grote risico’s voor Europa en brengt het ons nauwelijks iets goeds. Opmerkelijk is dat de Britse premier Cameron opdracht gaf voor het onderzoek, maar toen de uitkomst hem niet aanstond, het vervolgens werd weggemoffeld.

Tegenstanders van het TTIP, die zich hebben verenigd in ‘Global Justice Now’, hebben de Britse versie van de wet openbaarheid bestuur gebruikt om het LSE-rapport, dat uit 2013 dateert, boven tafel te krijgen. De conclusies in dat rapport zullen het premier David Cameron waarschijnlijk nog moeilijker maken om het Britse volk ervan te overtuigen in juni voor een langer verblijf in de EU te stemmen.

TTIP gaat Europese belastingbetalers miljarden kosten

Volgens de London School of Economics zal het TTIP de Britse (en Europese) belastingbetalers vooral heel erg veel geld gaan kosten. Voordelen zijn er nauwelijks. De beweringen van politici dat Europese investeerders het in de VS makkelijker zullen krijgen, zijn op zijn best zeer twijfelachtig.

De economen wijzen op het vergelijkbare NAFTA akkoord tussen de VS en Canada. De Canadezen zijn daardoor al miljarden kwijtgeraakt aan dure rechtszaken die door Amerikaanse investeerders werden aangespannen. Ook in het TTIP krijgen deze investeerders de macht om Europese overheden voor het gerecht te dagen. Gezien de ervaringen in Canada zal het enorme sommen belastinggeld gaan kosten om met hen te schikken. Europa wordt daarin zelfs kwetsbaarder voor de VS dan Canada.

De LSE ontrafelt een tweede leugen van de politici: extra investeringen in de economie zullen er niet of nauwelijks komen, ook niet uit India of China, omdat investeerders nu al meer dan voldoende ruimte en rechtszekerheid hebben op de Britse en Europese markten. Ook in dit opzicht is het TTIP enkel gunstig voor de Amerikanen, maar wel ten koste van investeerders uit andere landen. De Amerikanen azen met name op volledig vrije toegang tot het nog in ontwikkeling zijnde Oost Europa.

Politici weigeren details verdrag bekend te maken

De slechte ervaringen die Canada met het NAFTA vrijhandelsverdrag heeft, dreigen met het TTIP ook de onze worden. Geen wonder dat premier Cameron het onderzoek onmiddellijk achter slot en grendel opborg, en in plaats daarvan gewoon doorging met het opnoemen van de in werkelijkheid niet bestaande voordelen van het verdrag voor Europa. De Britse leider overlegde gisteren nog met twee andere grote voorstanders van het TTIP, de Amerikaanse president Obama en de Duitse bondskanselier Merkel.

Ook Merkel heeft tot nu toe geweigerd de details van het TTIP openbaar te maken, reden waarom er bij onze Oosterburen afgelopen weekend nog massale demonstraties werden gehouden. In politiek Den Haag doet men er zoals gewoonlijk hoofdzakelijk het zwijgen toe als er weer eens zal worden ingestemd met besluiten of verdragen waarvan men beseft dat deze schadelijk zijn voor de Nederlandse werknemers en belastingbetalers.

Bijna 600.000 Europese banen zullen verloren gaan

Vorig jaar waarschuwde de Britse vakbond GMB dat de EU na het sluiten van het TTIP vrijhandelsverdrag met de VS overspoeld zal worden met tot nu toe verboden zwaar giftige chemicaliën die erom bekend staan kanker, geboorteafwijkingen en ontwikkelingsstoornissen te veroorzaken.

In 2014 bleek uit een onafhankelijk onderzoek van het Global Development & Environment Institute dat van de beloofde stimulatie van de werkgelegenheid in Europa niets terecht zal komen, en er de komende 10 jaar juist 583.000 banen verloren zullen gaan. Ook zullen de gemiddelde lonen in Noord Europa jaarlijks met maar liefst € 4848,- dalen als gevolg van het TTIP.

‘Veiligheid en gezondheid burgers op het spel’

De Europese Commissie beweert dat het TTIP de Europese economie een impuls van € 120 miljard kan geven, maar critici houden vol dat alleen al het feit dat de onderhandelingen achter gesloten deuren worden gehouden bewijst dat naast de werkgelegenheid en het inkomen ook de veiligheid en de gezondheid van de Europese burgers doelbewust op het spel worden gezet.

Teken petitie voor referendum over TTIP

Om al deze redenen is er een online petitie gestart voor een referendum over het TTIP- en CETA verdrag (CETA: vergelijkbaar verdrag met Canada). Wij roepen iedereen op om deze petitie, die al bijna 121.000 handtekeningen heeft gekregen, te ondertekenen (let op: u krijgt na afloop een email waarmee u uw ondertekening moet bevestigen, anders telt deze niet mee). Zodra de 300.000 zijn gehaald, heeft de regering geen andere keus dan een referendum te organiseren. Het grote succes van het recente Oekraïne referendum bewijst dat ondertekening wel degelijk zin heeft!

Xander

(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten

Zie ook o.a.:

25-04: Britse reactie op Obama’s pleidooi voor EU en TTIP: Waarom luisteren naar president die wereld in chaos stortte?

2015:
25-06: Senaat VS akkoord met TPP, geeft Obama dictatoriale macht
06-06: Bilderberg 2015: Westerse elite wil contant geld uitbannen (/ Grenzen Amerika en Europa moeten nog verder open voor miljoenen immigranten – ‘Planetair regime’ in oprichting)
05-06: EU moet zwaar giftige chemicaliën toelaten door vrijhandelsakkoord met VS

2014:
14-11: Vrijhandelsakkoord met VS vernietigt ruim half miljoen Europese banen
28-09: Vrijhandelsverdrag: EU schakelt macht nationale parlementen uit (/ ‘Sluizen herverdeling welvaart eurozone worden geopend’)

mardi, 23 juin 2015

Le mythe du libre-échange mondial

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Le mythe du libre-échange mondial

Auteur : Pepe Escobar
Traduction Daniel, relu par jj (Le Saker francophone)
Ex: http://zejournal.mobi

L’élément clé du TTIP, c’est le Mécanisme de règlement des différends entre les investisseurs et les États qui, pour l’essentiel, donne aux grandes sociétés toute la latitude requise pour poursuivre les gouvernements en invoquant un défaut de mise en place des mesures appropriées lorsque les politiques ou la législation de l’État nuisent à leurs profits. Mais est-ce que cela s’applique exclusivement aux questions commerciales ?

Une question primordiale et directe, mais secrète, était à la fois à l’ordre du jour du sommet du G7 en Allemagne et de la réunion du groupe Bilderberg en Autriche la semaine dernière, à savoir la poursuite des négociations en catimini au sujet du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), cet accord de libre-échange entre les USA et l’UE, dont la portée est monumentale.

Même si les multinationales derrière le TTIP se mobilisent férocement pour qu’un accord soit conclu d’ici la fin de 2015, de sérieux problèmes subsistent (dans les négociations) .

Il y a eu aussi ce vote au Congrès des USA vendredi dernier. En fait, il y a eu deux votes. Le premier pour savoir si l’on donnait au gouvernement des USA le pouvoir de négociation accélérée [fast track en anglais, NdT] de conclure des accords commerciaux, qui concerne avant tout le Partenariat trans-pacifique (PTP) ; le second à propos de l’aide à donner aux travailleurs étasuniens qui ont du mal à concurrencer les importations résultant des accords commerciaux.

Le pouvoir de négociation accélérée a été adopté, mais pas l’aide à l’adaptation des travailleurs. Le Sénat des USA devra donc se pencher sur le pouvoir de négociation accélérée. Les pouvoirs corporatifs derrière le PTP (et le TTIP d’ailleurs) n’ont pas trouvé cela drôle.

N’empêche que tout cela dépasse largement le pouvoir présidentiel absolu de négocier des accords douteux comme le TTIP, le PTP et l’Accord sur le commerce des services (ACS).

L’administration Obama tient mordicus à verser des torrents d’avantages aux travailleurs étasuniens une fois le PTP conclu, une obsession éminemment discutable.

Du point de vue des autres pays, le PTP est loin d’être une panacée. Washington n’offre aucun nouvel accès amélioré au marché. Le PTP exclut totalement la Chine, ce qui est ridicule, car Pékin est le principal partenaire commercial de la plupart des pays concernés. Puis l’élément vital du PTP, c’est de permettre aux grandes sociétés d’imposer leur loi sur les droits de propriété intellectuelle, ce qui ouvre la porte à toutes sortes d’abus par les darwinistes sociaux.

En ce qui concerne le TTIP, Bruxelles ne cesse de jurer que les négociations relatives à cet accord commercial ne sont pas si secrètes que cela. La Commission européenne (CE) se vante de publier les textes relatifs aux négociations sur son site Web, contrairement à Washington. Certains textes sont publiés, d’autres pas, y compris ceux de nature plus délicate.

L’élément clé du TTIP, c’est le Mécanisme de règlement des différends entre les investisseurs et États qui, pour l’essentiel, donne aux grandes sociétés toute la latitude requise pour poursuivre les gouvernements, tout gouvernement, en invoquant un défaut de mise en place des mesures appropriées lorsque les politiques ou la législation de l’État nuisent à leurs profits. En somme, la culture de l’entreprise en sort gagnante ; les travailleurs, les petites et moyennes entreprises (PME) et la démocratie sont les grands perdants.

Nous pouvons d’ores et déjà prévoir la prolifération de tribunaux bidon qualifiés de tribunaux d’arbitrage grouillant d’avocats de société coûtant la peau  des fesses. Tu parles d’une justice sociale !

Mais est-ce que tout cela s’applique exclusivement aux échanges commerciaux ? Bien sûr que non !

L’Otan, version commerciale

Le signe révélateur apparaît dans la façon dont l’administration Obama s’évertue à affaiblir la résistance japonaise (depuis au moins deux ans maintenant) à de nombreuses dispositions du PTP. Les proverbiaux et omniprésents officiels US ne cessent d’ailleurs de répéter que le PTP est un élément crucial du pivot vers l’Asie des USA.

Même le chef du Pentagone Ash Carter y est allé d’une sortie il y a deux mois, en disant que le PTP était aussi important pour lui que n’importe quel porte-avions.

Tout cela s’est produit au moment même où Washington tentait (en vain) de forcer ses alliés de bouder la Banque d’investissement pour les infrastructures (AIIB) dirigée par la Chine. À cet égard, nous ne pouvons reprocher à l’administration Obama d’aller à l’encontre de ce qu’elle prône, c’est-à-dire que la Chine ne peut diriger une banque de développement et qu’elle n’a pas à rédiger des règles et des normes en matière d’investissement et de commerce à l’échelle mondiale.

Le fond du problème, c’est que ces trois méga accords (PTP, TTIP et ACS) représentent le modèle absolu de ce qui fait saliver le groupe Bilderberg : une gouvernance d’entreprise mondialisée.

En affirmant que le PTP est la composante économique stratégique du pivot vers l’Asie, le Pentagone révèle à son tour jusqu’à quel point les échanges commerciaux sont devenus politisés. Le PTP fera en sorte que les entreprises chinoises soient fortement désavantagées dans la concurrence qui les opposera aux sociétés des USA sur les marchés étasuniens et asiatiques. Il s’agit en fait d’une autre facette de la politique d’endiguement.

Le TTIP, le PTP et l’ACS sont en fait les têtes d’une même hydre. Tous ces accords suivent la même logique géostratégique transatlantique et transpacifique de l’Otan version commerciale, qui se résume à l’Occident contre le reste du monde. Ce n’est pas un hasard si les BRICS sont exclus. Il ne faut pas s’étonner non plus du caractère secret des négociations, car la gouvernance d’entreprise mondialisée est bien loin d’être le tube du moment sous bien des latitudes.

Du jambon de plastique dans notre assiette ?

Ne nous leurrons pas ; le TTIP est loin de faire l’unanimité en Europe, du moins parmi les quelques citoyens de l’UE concernés (et horrifiés) qui se sont donné la peine de tenter de percer le secret.

L’Allemagne a été le théâtre de manifestations importantes. Le SPD, qui fait partie du gouvernement de coalition dirigé par la chancelière Merkel, est résolument opposé au TTIP. Les Italiens ont appris que le TTIP causerait pas moins de 1,3 million de pertes d’emploi dans le pays. Une comparaison avec l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) est révélatrice. En douze ans, les USA ont perdu un million d’emplois, parce que les grandes sociétés et les entreprises ont délocalisé leurs productions au Mexique, où les coûts sont beaucoup plus bas.

Même Bruxelles a été contrainte d’admettre que le TTIP causera du chômage, car bon nombre d’emplois se retrouveront de l’autre côté de l’Atlantique, où les normes d’emploi et les droits syndicaux sont nettement inférieurs.

Le TTIP touchera 850 millions de personnes en Amérique du Nord et en Europe, soit environ 45 % du PIB mondial. Les échanges commerciaux en question s’élèvent à €500 Mds par an. C’est ce qu’on pourrait qualifier de mondialisation avancée, qui se fait sans trop d’ingérence de la part des marchés émergents.

Le rôle prépondérant de la vision européenne a fait en sorte que l’UE possède les règles les plus évoluées en matière de santé, de protection du consommateur et de qualité des services publics (avec une grande variation d’un pays à l’autre ; on ne peut comparer la France à la Roumanie, par exemple).

Rien d’étonnant donc à ce que les producteurs agricoles des pays du Club Med [Europe de Sud, NdT], qui misent sur la qualité, craignent que le TTIP n’entraîne une invasion barbare. Les Italiens envisagent avec horreur l’arrivée d’un monstre faussement fabriqué en Italie, lorsque les grandes sociétés étasuniennes pourront donner à toute leur mixture bâtarde riche en OGM l’appellation jambon de Parme ou fromage gorgonzola.

Une bonne manière de vérifier consiste à aller dans un supermarché aux USA, où la vision d’horreur est totale. Pas moins de 70 % de tous les aliments transformés qui s’y trouvent sont infestés d’OGM. L’UE n’autorise pratiquement aucun produit avec OGM. Même chose du côté de la toxicité. Dans l’UE, une entreprise doit prouver qu’une substance est sans danger avant de la commercialiser. Aux USA, tout est permis.

Avec le TTIP, la santé publique, l’éducation et les services de distribution d’eau de l’UE seront dévastés et pris en charge par les grandes sociétés étasuniennes. Les lois sur la sécurité alimentaire, la législation importante relative à l’environnement et la réglementation bancaire seront complètement chamboulées.

Le baratin que nous servent les colporteurs du TTIP est que la mondialisation 2.0 va entraîner une hausse de 0,5 % du PIB de l’UE. On est loin du taux de la Chine, mais lorsque l’austérité fait des ravages, nous sommes prêts à boire toutes les boissons très sucrées qu’on nous propose (un peu de Kool-Aid ?), qui accompagnent à merveille le jambon de Parme en plastique.

 - Source : Pepe Escobar-Traduction Daniel, relu par jj (Le Saker francophone)

vendredi, 19 décembre 2014

La ruine du Mexique par le traité nord-américain

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La ruine du Mexique par le traité nord-américain préfigure les effets du futur traité transatlantique

Auteur : Jean-Paul Baquiast
Ex: http://zejournal.mobi

Selon les affirmations de ses élites, relayant celles des États-Unis, le Mexique devrait jouir des bienfaits de l’Accord de libre-échange nord-américain (Nafta ou Alena), qu’il a signé il y a 20 ans avec les États-Unis et le Canada.

Mais la réalité, c’est que le Mexique est devenu un État failli, dont les autres pays d’Amérique centrale et d’Amérique du sud fuient l’exemple. Les administrations centrales et locales sont inefficaces et souvent corrompues, les inégalités ont explosé et les gangs omniprésents font près de 2 000 victimes chaque mois. Au point que la population mexicaine cherche depuis longtemps à émigrer, principalement vers les États-Unis, rencontrant la mort à la frontière, dans le désert, sous les coups de la garde nationale américaine et des narco-trafiquants mexicains et américains bien établis aux États-Unis même.

Mais le gouvernement mexicain essaie de maintenir le cap, soumis en permanence aux pressions de Washington. Les Républicains veulent fermer la frontière, et le Mexicain pense « Il veut me voler mon job aux USA ». Les Démocrates veulent mettre fin au traité Nafta, et le Mexicain pense « Ils veulent me voler mon job au Mexique ».

A l’occasion de ce vingtième anniversaire du Nafta, des bilans peuvent être tirés. Loin d’évoluer vers la prospérité, la société mexicaine compte encore 45 % de pauvres, soit 53 millions de personnes. En une vingtaine d’années, le pourcentage de pauvres  a baissé de 2 %. Ce n’est pas le signe d’une amélioration foudroyante du niveau de vie de la population, comme le laissent entendre les protagonistes du traité, pour en vanter les bienfaits.

Le mic mac de l’import-export avec les États-Unis…

Un deuxième argument en faveur du Nafta est l’explosion des exportations mexicaines, qui ont doublé, alors que celles du Canada et des États-Unis n’ont augmenté que de 30 % durant cette même période. Le traité aurait donc été beaucoup plus favorable au Mexique qu’à ses deux partenaires. Mais, comme l’explique un article publié par Marianne hier 15 décembre, de telles statistiques doivent être examinées en détail. Elles montrent bien leur caractère trompeur.

En effet, en 2013, les trois-quarts du volume des exportations mexicaines sont composés de biens eux-mêmes importés précédemment par le Mexique, notamment des États-Unis ! C’est que le Mexique héberge sur son territoire un nombre important de sociétés de commerce nord-américaines, qui y bénéficient, grâce aux détaxations et déréglementations autorisées par le Nafta, de facilités leur permettant de réexporter vers les États-Unis, et plus largement vers le monde, une grande partie de leurs produits importés au Mexique. La valeur ajoutée par l’économie mexicaine, c’est-à-dire par le travail des citoyens mexicains, est infime. En effet, il ne s’agit pas d’un pays en développement qui installerait sur son territoire des usines de fabrication filiales de maisons-mères, lesquelles font appel à un fort emploi local.

… et l’effet Wallmart

L’article de Marianne évoqué ci-dessus parle de l’effet Walmart. Walwart est une chaine américaine tentaculaire de distribution, installée au Mexique dès 1991. Sa prospérité doit beaucoup au Nafta et au libre-échange, le Mexique l’ayant rapidement exemptée de taxes à l’importation. Walmart a par ailleurs largement utilisé la corruption pour s’implanter dans tous les lieux urbains et touristiques jusque là interdits au commerce. Ses produits, tous généralement importés des États-Unis, sont vendus sur le marché mexicain à des prix légèrement inférieurs à ceux vendus aux États-Unis, mais le modeste gain de pouvoir d’achat en résultant pour les consommateurs du pays est compensé par le fait que la plupart de ces produits, échappant au minimum de réglementation imposée aux États-Unis pour la protection des consommateurs, encouragent l’obésité, l’alcoolisme et l’empoisonnement par les composés chimiques.

Le Nafta concourt à appauvrir le peuple mexicain…

Le Nafta bénéficie aux grands groupes américano-mexicains. Et il accélère le mécanisme d’expropriation des cultivateurs pauvres, la sur-exploitation des ressources naturelles et plus généralement l’exploitation capitaliste des travailleurs et des petits artisans.

L’agriculture traditionnelle, considérée (y compris à travers les westerns hollywoodiens) comme faisant partie de la civilisation mexicaine, est désormais anéantie sans ménagement. Il en est de même des petits commerces. Certes, les intérêts financiers mexicains installés à Wall Street en tirent des bénéfices croissants, mais ils utilisent ces bénéfices pour spéculer sur les marchés financiers au lieu d’investir au Mexique même pour développer la production locale.

… qui cherchent à émigrer aux États-Unis

Il ne reste plus aux victimes de cette américanisation forcée qu’à tenter de s’expatrier illégalement aux États-Unis. Au cours de ce processus, ils tombent aux mains, comme rappelé ici en introduction, des réseaux de narco-traficants et de prostitution. Certains parlent même de trafics d’organes. Aux États-Unis, sur onze millions de clandestins présents sur le territoire américain, six millions seraient mexicains. Au Mexique même, l’on compterait désormais 90 000 victimes des gangs, sans mentionner 300 000 disparus, que l’on ne retrouvera jamais. A ce nombre viennent de s’ajouter les 43 étudiants d’Iguala, venus sous le feu de l’actualité ces derniers jours. Sans être prophète de mauvais augure, on peut penser qu’eux-aussi ne seront jamais retrouvés.

Le Canada tire aussi les marrons du Nafta

Dans cette lutte entre le pot de fer et le pot de terre n’oublions pas les grands intérêts canadiens, originaires de ce pays si propre et si honnête. Ils viennent s’ajouter à leurs homologues nord-américains pour pressurer la population et l’économie mexicaine.

Le futur Tafta européen, réplique à grande échelle du Nafta

Le traité Nafta, dont les mérites avaient été annoncés à grand bruit dès son origine, en 1994, et qui ont été vantés depuis lors à répétition, devrait servir de modèle aux accords équivalents que Washington voudrait imposer aux États européens, sous le nom de Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (également connu sous le nom de Traité de libre-échange transatlantique Tafta), comme aux États du Pacifique sous le nom de Partenariat transpacifique (TPA).

Les groupes de pression qui militent, au sein de la Commission européenne comme dans les gouvernements nationaux, en vue d’une approbation rapide du Tafta, ne peuvent évidemment ignorer ce côté peu reluisant du Nafta. Mais ils espèrent en tirer des avantages analogues.

Au moment où l’Europe s’engage, bien lentement d’ailleurs, dans des procédures d’harmonisation fiscale afin d’essayer d’éviter les abus de ce qui a été nommé le Luxleaks, c’est-à-dire l’attribution aux multinationales américaines d’une exemption d’impôts quasi-totale, dès lors qu’elles installent des filiales au Luxembourg, nous pouvons nous préparer, dans le cadre du Tafta, à la reconduction de cette impunité scandaleuse, mais cette fois à l’échelle de l’Atlantique nord tout entier. S’y ajoutera, dans le cadre du pivot organisé par Obama en direction de l’Asie Pacifique, un élargissement de l’espace ouvert européen vers une partie de l’Asie et du Pacifique.

- Source : Jean-Paul Baquiast

dimanche, 19 octobre 2014

50 preguntas y respuestas sobre el Tratado de Libre Comercio entre EEUU y Europa

por Alberto Garzón Espinosa y Desiderio Cansino Pozo

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

El debate público sobre el Tratado de Libre Comercio (TLC) que se está negociando entre la Unión Europea y Estados Unidos es casi inexistente. Y eso a pesar, o quizás debido a, su importancia.  Se trata de una serie de 50 preguntas y respuestas que de forma pedagógica intentan desvelar la importancia de un Tratado negociado de espaldas a la ciudadanía y que apoyan los principales grupos de poder económico y político. Esperamos que sea útil.

1. ¿Qué es un tratado de libre comercio?

Un tratado de libre comercio es un acuerdo que se firma entre dos o más países y que tiene como objetivo ampliar el mercado de bienes y servicios entre los países firmantes. Para ello se busca la reducción o eliminación de las barreras arancelarias y no arancelarias que existen en un determinado momento entre espacios económicos. Es decir, busca la reducción o eliminación de los impuestos a la importación y de la regulación relativa a la comercialización internacional de bienes y servicios. Cuando el acuerdo se firma entre dos países es conocido como acuerdo bilateral mientras que cuando se firma entre más de dos países se denomina acuerdo multilateral. En el mundo hay más de 3.000 acuerdos internacionales de inversión, la mayoría de ellos bilaterales.

2. ¿Cuándo se ha empezado a negociar el tratado entre EEUU y la UE?

El 28 de noviembre de 2011 durante encuentro entre líderes europeos y estadounidenses se creó el Grupo de Trabajo de Alto Nivel sobre Empleo y Crecimiento (HLWG, por sus siglas en inglés). Este grupo tenía como objetivo estudiar las políticas necesarias para incrementar el comercio y la inversión entre EEUU y la UE, haciendo recomendaciones a los diferentes gobiernos. En junio de 2013 la Unión Europea y los Estados Unidos anunciaron el inicio de negociaciones para llegar efectivamente a un Acuerdo Transatlántico de Comercio e Inversión (TTIP, por sus siglas en inglés), también conocido simplemente como Tratado de Libre Comercio (TLC). Las conversaciones comenzaron finalmente durante el mes de julio de 2013, y se prevé que se pueda aprobar finalmente durante 2014.

3. ¿Por qué no me he enterado antes?

Aunque la Comisión Europea ha insistido en que la negociación es transparente, lo cierto es que el proceso de negociación es prácticamente secreto. No se conocen detalles concretos de las negociaciones y sólo algunos documentos filtrados desde las propias instancias europeas han permitido ir desgranando los pilares del futuro acuerdo. El negociador principal de la parte europea reconoció en una carta pública que todos los documentos relacionados con las negociaciones estarían cerrados al público durante al menos treinta años. Concretamente aseguró que esta negociación sería una excepción a la Regla 1049/2001 que establece que todos los documentos de las instituciones europeas han de ser públicos[1]. Asimismo, el comisario De Gucht aseguró en el Parlamento Europeo que la negociación del TLC debía tener grado de confidencialidad y negó la función de negociación al Parlamento[2]. Lo que supone un ataque más a la ya escasa democracia en el seno de la Unión Europea.

4. ¿Entonces qué principio guía la redacción del documento?

Son los intereses económicos de las multinacionales los que están dictando las negociaciones. De hecho, la Comisión Europea se embarcó en más de 100 encuentros cerrados con lobistas y multinacionales para negociar los contenidos del tratado. La Comisión Europea tuvo que reconocer esos encuentros a posteriori, y más del 90% de los participantes resultaron ser grandes empresas[3].

5. ¿Quién apoya este TLC en España?

Dado que no hay debate público, es muy difícil conocer la opinión de la ciudadanía o de las organizaciones civiles. Sin embargo, la mayoría de los partidos del Congreso de los Diputados sí se han posicionado ya. El acuerdo firmado en junio de 2013 entre el Partido Popular y el Partido Socialista en el Congreso recogía una petición expresa al Gobierno para «apoyar un rápido comienzo de las negociaciones de un acuerdo de libre comercio entre los Estados Unidos de América y la Unión Europea ambicioso y naturalmente beneficioso»[4].

6. Al menos podremos votar los ciudadanos…

No, dado que la aprobación final del TLC corresponde al Parlamento Europeo. Sólo en caso de que las autoridades nacionales quisieran consultar a sus ciudadanos podríamos participar de forma directa en la decisión. Sin embargo, el 6 de mayo de 2014 el Congreso de los Diputados rechazó la convocatoria de un referéndum sobre el TLC, como proponía Izquierda Unida, con los votos en contra de PP, PSOE, CIU, PNV y UPyD.

7. ¿Son muy altas las barreras arancelarias entre EEUU y la UE?

No. La propia Comisión Europea ha reconocido que «las relaciones económicas entre los Estados Unidos y la Unión Europea pueden ser consideradas entre las más abiertas del mundo»[5]. Asimismo, la Organización Mundial del Comercio ha estimado que las tarifas promedio rondan el 3,5% en Estados Unidos y el 5,2% en la Unión Europea. Estamos hablando de niveles extraordinariamente reducidos.

8. ¿Entonces qué se busca con el TLC?

La Comisión Europea considera que «las medidas regulatorias constituyen el mayor obstáculo para incrementar el comercio y la inversión entre Estados Unidos y la Unión Europea»[6]. Así, el propósito no es la reducción de los ya bajos niveles arancelarios sino la modificación de la regulación existente en las relaciones comerciales entre ambos espacios económicos, favoreciendo únicamente a las grandes empresas transnacionales que son las únicas interesadas.

9. ¿De qué tipo de regulación estamos hablando?

Se trata de la regulación relacionada con el control sanitario de determinados productos, con los estándares medioambientales, con los convenios laborales, con la propiedad intelectual e incluso con la privatización de servicios públicos. Se argumenta que estas normas suponen costes adicionales para las empresas, todo lo cual sería una pérdida de potencial económico para las distintas economías.

10. ¿Y cómo afectaría un TLC al crecimiento económico y el empleo?

Según informes económicos favorables al acuerdo, el TLC crearía en EEUU y UE hasta dos millones de nuevos puestos de trabajo y estimularía el crecimiento económico incluso un 1% anual. Sin embargo, el propio informe de la Comisión Europea apunta a un posible crecimiento económico del 0,1% anual en uno de las mejores escenarios posibles. Por otro lado, la Comisión Europea también señala entre los beneficios de este Tratado la bajada de precios.

11. Menos es nada. ¿Son creíbles esas predicciones?

En absoluto, dado que se han extraído de modelos econométricos que dependen de unas hipótesis poco realistas. Siempre es posible torturar los modelos estadísticos y los propios indicadores para que nos digan lo que queremos. Es mucho más riguroso basarse en la experiencia pasada de tratados similares que en esbozar milagros sobre el papel.

12. ¿Hay experiencias pasadas que sean equiparables?

Sí, por ejemplo el conocido como Acuerdo de Libre Comercio de Norte América (NAFTA, por sus siglas en inglés). Cuando se firmó por Canadá, Estados Unidos y México en 1993 se anunció que crearía un total de 20 millones de empleos. Pasado el tiempo la propia Cámara de Comercio de EEUU ha reconocido que tal promesa no se materializó[7]. De hecho, las estimaciones independientes más razonables apuntan a que finalmente hubo una pérdida neta de empleos cercana al millón de personas debido a las deslocalizaciones[8].

13. ¿Es posible que el TLC destruya puestos de trabajo?

Por supuesto, y de hecho incluso la Comisión Europea asume que va a ocurrir. Lo que sucede es que la Comisión considera que será un efecto parcial circunscrito a algunos sectores económicos y zonas geográficas y que será compensado por efectos positivos en otros sectores económicos y regiones. También algunos pensadores liberales sostienen que los efectos perjudiciales sobre el empleo serán compensados por el desplazamiento productivo hacia líneas de actividad más eficientes[9].

14. Entonces… ¿aumentar la oferta de bienes y servicios va a crear empleo en España?

No. Nuestro problema no es la oferta sino la demanda. Si nuestros ingresos y rentas disponibles son menores, lógicamente compramos menos. Es decir, cada vez somos más pobres y no se incrementan las ventas. Por lo tanto, lo que se va a producir es un trasvase de ventas desde las empresas locales hacia las grandes empresas que son las pueden mantener estructuras de costes y precios reducidos a lo largo del tiempo hasta que hayan logrado eliminar a la competencia local.

15. ¿Quiere decir eso que se destruirán empresas y sectores?

Efectivamente. Cuando se amplían los mercados la competencia se incrementa y las empresas nacionales se ven obligadas a competir con las extranjeras. Y en esa pugna acaban victoriosas las empresas más competitivas. Todas las que no puedan competir y ofrecer precios más bajos tendrán que desaparecer junto con todos sus puestos de trabajo. De hecho, la Comisión Europea ha reconocido que la ventaja competitiva de algunas industrias estadounidenses generarán un notable impacto negativo en sus homólogas en la Unión Europea, pero asume que los gobiernos tendrán fondos suficientes para mitigar los costes que ello genere[10].

16. ¿Cómo se verá afectada la agricultura europea?

El modelo agrario europeo es muy diferente al estadounidense, tanto en su organización como sobre todo en su tamaño. En EEUU hay 2 millones de granjas, mientras que en la Unión Europea hay 13 millones. En promedio una granja estadounidense es 13 veces más grande que una europea, lo que permite a las empresas estadounidenses competir en mejores condiciones. Por eso los agricultores europeos están tan preocupados: la amenaza de una concentración de poder y riqueza en el sector es muy alta.

17. ¿Mayor concentración?

Sí, el efecto final de un proceso como el descrito es siempre un aumento de la concentración y centralización de las empresas. Dicho de otra forma: el pez grande se come al pez chico. El TLC implicará un duro golpe a la mayoría social del tejido empresarial europeo, que está constituido en su 99% por pequeñas y medianas empresas. Hasta ahora, los desarrollos normativos en los distintos países de la Unión Europea buscaban equilibrar las condiciones en el juego de la economía de mercado defendiendo a las pequeñas empresas para que tuvieran la oportunidad de competir en igualdad de condiciones con las grandes. Con el TLC este equilibrio se rompe para inclinarse la balanza a favor de las grandes corporaciones.

18. ¿Y ello conducirá a una UE más homogénea?

No, lo que es más probable es que se produzca una ampliación de la brecha centro-periferia que ya existe en la Unión Europea. La estructura productiva de los países de la periferia (Portugal, Grecia, España…) está mucho menos desarrollada y es mucho menos competitiva, de modo que una mayor competencia proveniente de las empresas estadounidenses será un golpe mortal a las frágiles industrias de la periferia europea. Además, no sólo se conducirá hacia una UE menos homogénea, sino que la brecha entre economías ricas y pobres, entre el norte y el sur, a escala mundial no haría más que aumentar. Dicho de otro modo, el norte se alía con el norte.

19. ¿Supone eso el fin de las posibilidades de reindustrialización?

Sí, porque se establece una camisa de fuerza que limita enormemente la capacidad de desarrollar una industria propia y competitiva para los gobiernos de las economías menos desarrolladas. Al fin y al cabo, los países que primero se industrializaron lo hicieron a través de medidas totalmente contrarias a las apuntadas por los tratados de libre comercio.

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20. ¿Es eso cierto? ¿Es posible el desarrollo sin libre comercio?

Por supuesto. Como afirma el trabajo del reputado economista Ha-Joon Chang, «los consejos dados a los países en desarrollo durante las dos últimas décadas no sólo han sido básicamente erróneos sino que también ignoran la experiencia histórica de los propios países industrializados cuando se esforzaban por alcanzar el desarrollo»[11]. Concretamente, los países que primero se desarrollaron lo lograron a través de políticas de protección a la industria naciente y subsidios a la exportación, hoy prácticas consideradas muy negativas por los organismos internacionales.

21. ¿Significa eso estar en contra del comercio?

En absoluto. El comercio es muy positivo para las relaciones económicas y sociales, pero debe enmarcarse en un conjunto de reglas que impidan la concentración de poder y riqueza o la vulneración de los derechos humanos. El propio Adam Smith, a menudo símbolo del capitalismo industrial, fue partidario de establecer topes al libre comercio al percibir que un mercado desenfrenado y carente de la acción del Estado podía atacar la esencia humana.

22. ¿Entonces por qué se nos recomienda medidas erróneas?

El economista alemán Friedrich List lo resumió con una metáfora. Según él, «un ardid muy común e inteligente que practica quien ha alcanzado la cumbre de la grandeza es retirar la escalera por la que ha trepado para impedir a otros trepar tras él»[12]. Ello quiere decir que los países más desarrollados, que tienen industrias de alto valor añadido muy competitivas recomiendan al resto la apertura de fronteras comerciales porque saben que la victoria de sus empresas está asegurada. El propio List ya apoyó la idea según la cual «en presencia de países más desarrollados, los países [económicamente] atrasados no pueden desarrollar nuevas industrias sin contar con la intervención estatal, especialmente con protección arancelaria». Dicho de otra forma, en ese terreno de juego será imposible para España encontrar otro modelo productivo sostenible y equilibrado.

23. ¿Y qué pasará durante la lucha competitiva entre las empresas?

Cuando varios países abren sus fronteras para crear un mercado común de bienes y servicios se da un fenómeno de competencia hacia la baja o carrera hacia el fondo en el que se desploman los estándares laborales, los medioambientales e incluso los democráticos. Eso es lo que supondrá la aprobación del TLC. Aunque la retórica oficial de la Comisión Europea habla de «armonización de la regulación», se trata en realidad de un proceso en el que la igualación viene dada a la baja. Así, se habla de un proceso de mínimo denominador común en el que el resultado de la armonización será la igualación al nivel de la regulación más laxa.

24. Entonces, ¿pueden verse afectados los derechos laborales?

Sí. EEUU se ha negado a ratificar convenios de la Organización Internacional del Trabajo (OIT), incluyendo aquellos que se refieren a la libertad de asociación y a las prácticas sindicales. Su legislación -irónicamente llamada derecho al trabajo- es en realidad una legislación contra la negociación colectiva y el sindicalismo, y ha modelado en EEUU un sistema de competencia a la baja en materia laboral entre los Estados. Todos pugnan por atraer inversiones internacionales y nacionales por la vía de reducir aún más las condiciones laborales. Una igualación de la regulación hacia el sistema estadounidense es compatible con la cruzada que la Comisión Europea ha iniciado contra los salarios y el peso salarial en la renta. El TLC podría servir de catalizador del acercamiento de las normas laborales europeas a los estándares estadounidenses. Una generalización de la carrera hacia el fondo.

25. ¿Y a qué tipo de trabajo conducen estas normas?

En un escenario de incremento de la competencia, y en el que opera una tendencia de carrera hacia el fondo, el trabajo se va precarizando cada vez más y se disipan las posibilidades de un trabajo indefinido o estable. Las empresas siempre estarán dispuestas a deslocalizarse hacia las regiones donde se den menos salarios y costes laborales –entre los cuales cabe incluir los derechos laborales-, de tal forma que la amenaza es permanente. Esa amenaza, junto con la del desempleo, presiona a la baja todos los estándares. Incluido el del salario, cuestión que ya teorizaron los economistas clásicos (Marx, Ricardo, Smith) al hablar de una tendencia hacia el salario de subsistencia, esto es, hacia un nivel verdaderamente ínfimo.

26. ¿Significa eso que habrá nuevas reformas laborales?

Efectivamente. Una vez aprobado el TLC todos los Gobiernos tendrán que adaptar sus normativas nacionales a los nuevos acuerdos internacionales, lo cual implicará una nueva ola de reformas laborales, financieras, fiscales, etc. que sirva a esa armonización regulatoria propuesta en el tratado.

27. ¿Van a pagar las empresas menos impuestos?

Las grandes empresas ya tienen mecanismos para eludir el mayor pago de impuestos posibles. Los aranceles se repercuten al consumidor final de los bienes o servicios. La eliminación de los mismos suponen una merma en los ingresos públicos de los Estados, que podrían destinarse para compensar el impacto ecológico de la actividad económica o los costes sociales de las deslocalizaciones empresariales.

28. ¿El tratado también regulará el sector sanitario?

Toda la regulación está sujeta a ser modificada por el tratado, pero los negociadores de Estados Unidos han señalado particularmente a la regulación sobre sanidad y productos fitosanitarios como principales objetivos a armonizar[13]. Y es que la regulación de la Unión Europea en esta materia está mucho más desarrollada y es más rígida que la de Estados Unidos, razón por la cual una armonización a la baja será especialmente lesiva para los ciudadanos europeos.

29. ¿Eso quiere decir que estará en riesgo mi salud?

Muy probablemente. La Unión Europea utiliza actualmente un principio de precaución que impide que determinados productos puedan comercializarse a pesar de que no haya suficiente investigación científica que revele su peligrosidad. El sistema funciona porque son las empresas las que tienen que demostrar que sus productos no representan un problema para la salud del consumidor. Y ese proceso es largo, lo que los empresarios estadounidenses consideran que es un coste que hay que evitar.

30. ¿Y si finalmente se produce esa armonización?

Pues entre otras cosas los supermercados europeos se inundarán de productos que son habituales en Estados Unidos y que sin embargo a día de hoy están prohibidos en la Unión Europea por motivos sanitarios o ecológicos. Por ejemplo, el 70% de toda la comida vendida en Estados Unidos contiene ingredientes modificados genéticamente, algo impensable actualmente en la Unión Europea.

31. ¿Y por qué a día de hoy están prohibidos tantos productos?

En las décadas de los ochenta y noventa la Unión Europea introdujo restricciones a la importación de muchos productos estadounidenses por motivos de salud. Por ejemplo, las granjas estadounidenses suelen incrementar su productividad a través de la implantación a los animales de hormonas que les hacen engordar y crecer más rápido. Dichas hormonas, aplicadas sobre las reses o los pollos, están bajo sospecha tras vincularse con la proliferación del cáncer en humanos. Por eso la Unión Europea ha bloqueado sistemáticamente tantas importaciones, a pesar de las duras críticas de la industria estadounidense.

32. ¿También el medio ambiente se verá afectado?

Sí, y no sólo porque la regulación medioambiental será modificada sino también porque el incremento del volumen de intercambio de bienes y servicios afectará al medio ambiente. La propia Comisión Europea prevé un incremento de hasta 11 millones de toneladas métricas de dióxido de carbono emitidas a la atmósfera, lo que obviamente contraviene todos los protocolos internacionales de medio ambiente. Si finalmente se incrementa el comercio, se incrementarán también los recursos materiales, hídricos y energéticos necesarios para su producción, así como residuos, emisiones y desechos. Eso sí, en un alarde de hipocresía y economicismo, la Comisión Europea espera que «las ganancias asociadas con el incremento del comercio sean en principio suficientemente grandes como para pagar los costes necesarios para la disminución de la polución»[14]. Pero cabe advertir que la lógica monetarista y de mercado son ineficaces para dar solución a los problemas ecosistémicos, ya que éstos se rigen bajo otros principios.

33. Y la armonización de la regulación medioambiental, ¿cómo afectará?

De la misma forma que ocurría en el aspecto sanitario, con una armonización a la baja y la ruptura del principio regulatorio de precaución que actualmente usa la Unión Europea. Por ejemplo, hoy en día la Unión Europea bloquea más de 1.200 sustancias que se utilizarían en cosméticos, mientras que Estados Unidos sólo bloquea poco más de diez. Además, la armonización de la regulación sobre prácticas que dañan al medio ambiente podría abrir la puerta al fracking en Europa.

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34. ¿Qué es el fracking?

Esta práctica permite extraer gas o petróleo del subsuelo pero dejándolo prácticamente inutilizable y plagado de sustancias tóxicas, alergénicas y cancerígenas. Además, es un proceso vinculado a la generación de terremotos de diferente magnitud. De ahí que esta práctica esté siendo frenada legislativamente en la Unión Europea, algo criticado duramente por las grandes empresas y por sus partidarios. Y es que las grandes empresas estadounidenses de exportación de gas y petróleo están buscando formas de superar la normativa europea respecto a la fracturación hidráulica (fracking) para poder incrementar sus beneficios. El primer ministro del Reino Unido, sin ir más lejos, denunció que la legislación europea permitía que «nuestros competidores vayan por delante de nosotros en la explotación de estos recursos»[15].

35. ¿Qué ocurrirá con la propiedad intelectual?

El Tratado incluirá disposiciones para promover los llamados derechos digitales, es decir, supuestamente para proteger a las empresas de la piratería digital. Pero en realidad esto puede suponer la restricción del acceso al conocimiento y la puesta de obstáculos a la innovación.

36. Eso me suena… ¿no se debatió ya en el Parlamento Europeo?

Efectivamente, el TLC busca recuperar el espíritu del Acuerdo Comercial Antifalsificación (ACTA, por sus siglas en inglés). Aquel acuerdo fue debatido y felizmente rechazado en el Parlamento Europeo en el año 2012, pero las grandes empresas y sus lobbies no se han rendido y buscan ahora incluir los aspectos fundamentales dentro del TLC.

37. ¿Y cómo afectará a los ciudadanos esa inclusión?

Hay que recordar que en Estados Unidos las grandes empresas pueden acceder sin límites a toda la información privada de sus clientes. Así, empresas como Facebook, Google o Microsoft tienen capacidad de utilizar esa información como deseen. Sin embargo, en la Unión Europea hay límites que protegen ese espacio personal. ACTA y ahora el TLC buscan romper esa regulación europea para armonizarla con la falta de límites de Estados Unidos. Y ello incluye la posibilidad de que los proveedores de internet puedan dar toda la información -incluido el historial de navegación- a los gobiernos y grandes empresas. En definitiva, con la excusa de querer proteger los derechos de propiedad intelectual de las grandes empresas se vulneran claramente los derechos individuales de los ciudadanos.

38. ¿Y eso afecta a las medicinas?

Exacto, pues el TLC busca reforzar los derechos de propiedad intelectual. Y ello incluye el fortalecimiento de las patentes de las empresas farmacéuticas. Esta política supone un mayor coste para los presupuestos públicos en sanidad, retraso en la incorporación de genéricos y mayor coste de los medicamentos para los hogares. Hay que recordar que cuando un medicamento con patente compite con un medicamento genérico se produce una disminución del precio de los medicamentos en cuestión, todo lo cual beneficia no sólo a los hogares sino también a la administración pública.

39. ¿Y a los servicios públicos?

El Tratado alcanza a todos los sectores de la economía, incluido el sector público. Muchos de los sectores públicos en Europa son fundamentalmente privados en Estados Unidos, y existe la amenaza real de que las grandes empresas estadounidenses vean Europa como un gran mercado para su expansión. Al coincidir esto con las políticas de austeridad promovidas por la Comisión Europea, hay un riesgo más que evidente de que el deterioro de la calidad de los servicios públicos sea la excusa de una futura ola de privatizaciones en numerosos sectores públicos. Ello apunta a una reducción del Estado y su capacidad de intervenir en la economía.

40. Eso interpela a la democracia…

Sí. La democracia en su definición procedimental implica una serie de reglas que permiten a los ciudadanos elegir a los representantes que tomarán las decisiones políticas. Pero entre los requisitos previos se encuentra asimismo la igualdad ante la ley de todos los ciudadanos, que es en quienes reside la soberanía nacional. Sin embargo, este tratado de libre comercio atenta directamente contra este requisito al conceder una mayor protección legal a las grandes empresas que a los propios ciudadanos o a los Estados.

41. ¿Quiere decir que las grandes empresas se sitúan por encima de los Estados?

Desgraciadamente así es, dado que el TLC incluirá una cláusula de protección de los inversores extranjeros (conocida como Investor-State dispute settlement, ISDS) que permitirá a las multinacionales demandar a los Estados cuyos gobiernos aprueben leyes que afecten a sus beneficios económicos presentes o futuros.

42. ¿Entonces el TLC estará por encima de la Constitución de cada país?

Sí, será como una supraconstitución. Y los tribunales internacionales de arbitraje, que no están constituidos por jueces independientes, tendrán un nivel judicial más alto que los tribunales nacionales. Así, un Estado puede ser condenado por un tribunal internacional por haber vulnerado los posibles beneficios de una multinacional. Pero además las grandes empresas pueden obviar los tribunales locales y directamente demandar a los Estados a través de tribunales internacionales, algo que ningún ciudadano puede hacer.

43. ¡Eso ni en la ciencia ficción!

Ojalá sólo fuera parte de una novela distópica. Pero la realidad es que estas cláusulas y los tribunales internacionales de arbitraje ya existen en el mundo desde hace mucho tiempo, pues han llegado de la mano de muchos otros tratados de libre comercio. Lo que sucede es que esta vez llegan a la Unión Europea de una forma mucho más clara.

44. ¿Y ya hay empresas que hayan demandado a los Estados?

Sí, por ejemplo la multinacional estadounidense Phillip-Morris ha demandado a Uruguay por 2.000 millones de dólares por haber puesto alertas sanitarias en las cajetillas de tabaco. Otra multinacional como Vattenfall ha demandado a Alemania por 3.700 millones de dólares por haber apagado sus centrales nucleares. Otra como Lone Pina ha demandado a Canadá por 250 millones de dólares canadienses por la moratoria de fracking que aprobó el Gobierno de Quebec.

45. ¿Se han dado sentencias condenatorias contra los Estados?

Hay muchos ejemplos. Ecuador fue sentenciado a pagar 2.300 millones de dólares a la petrolera Occidental Petroleum por abandonar la construcción de un pozo de petróleo en el Amazonas. E incluso Libia tuvo que pagar 900 millones de dólares de ”beneficios perdidos” por un proyecto turístico en el que sólo se habían invertido 5 millones de dólares.

46. ¿Cuál es la base de esas denuncias que ganaron las multinacionales?

Fundamentalmente argumentan que las decisiones de los gobiernos les han quitado la expectativa de beneficios futuros. Es decir, se trata de un concepto que se extiende hasta las supuestas ganancias perdidas a causa de determinadas políticas.

47. Eso quiere decir que los gobiernos están en indefensión…

Claro, porque el comportamiento de los Gobiernos cambia en la medida que existe una amenaza permanente de demandas multimillonarias por parte de las multinacionales. Por ejemplo, el ministro de Salud de Nueva Zelanda anunció el retraso de la aprobación de un pack sanitario hasta que se conociese la sentencia de Phillip Morris contra Australia.

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48. Si un gobierno cambia y quiere aplicar otra política, ¿qué ocurre?

Pues que es carne de cañón para todas las multinacionales que crean que ese cambio afecta a sus beneficios presentes y futuros. El caso paradigmático es Argentina, que tras la crisis de 2001 cambió radicalemente de política económica para intentar proteger a sus ciudadanos y desde entonces ha recibido más de 40 denuncias por parte de multinacionales…

49. Bueno, los Estados siempre pueden ganar en un juicio

Difícilmente en muchos casos. Hay que pensar que las multinacionales cuentan además con gabinetes de abogados especializados en la materia que generalmente están mucho más preparados que los abogados de los propios Estados. Pocos Estados se pueden permitir pagar la alta remuneración que reciben los abogados de las grandes multinacionales, y mucho menos mantener un equipo entero especializado en el tema.

50. ¿Podríamos decir que es un negocio económico en crecimiento?

Sí, a finales de 2013 había un mínimo de 268 demandas pendientes contra 98 países (UNCTAD). En los noventa sólo había una docena. Se trata de un nuevo negocio en sí mismo, lo que ha hecho que muchas empresas de abogados se hayan especializado y estén dispuestas a litigar por cualquier evento que crean puede servir para sacarle dinero a los Estados, desviándose como consecuencia grandes cantidades de recursos y fondos públicos hacia las grandes empresas, en lugar de dedicarse a los servicios públicos fundamentales que garanticen la vida digna de las personas.

[1] Carta de I. García Bercero a L. Daniel Mullany con fecha 5 de julio de 2013 y titulada “arrangements on TTIP negotiating documents”. http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2013/july/tradoc_151621.pdf

[2] Intervención durante el debate en el Parlamento Europeo de 22 de mayo de 2013: “EU trade and investment agreement negotiations with the US”.

[3] http://corporateeurope.org/trade/2013/09/european-commission-preparing-eu-us-trade-talks-119-meetings-industry-lobbyists

[4] http://www.pp.es/sites/default/files/documentos/8030-20130613142939.pdf

[5] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[6] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[7] U.S. Chamber of Commerce (2012): “NAFTA Triumphant. Assesing two decades of gains in Trade, Growth and Jobs”. Disponible en https://www.uschamber.com/sites/default/files/legacy/reports/1112_INTL_NAFTA_20Years.pdf

[8] Economic Policy Institute (2003): “NAFTA-related job losses have piled up since 1993”. Disponible en http://www.epi.org/publication/webfeatures_snapshots_archive_12102003/

[9] Schwartz, P. (2013): “El deseado acuerdo transatlántico sobre comercio e inversión: un buen proyecto difícil de llevar”, en Revista de Economía ICE, nº 875, noviembre-diciembre 2013.

[10] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[11] Chang, H-J. (2002): Retirar la escalera. La estrategia del desarrollo en perspectiva histórica. Catarata, Madrid.

[12] Ibidem.

[13] Executive Office of the President. The United States trade representative (2013). Carta a John Boehner, portavoz.

[14] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[15] ElMundo.es (16/04/2014): “Cameron acusa a la Unión Europea de frenar el fracking”. Disponible en http://www.elmundo.es/ciencia/2013/12/17/52b0419761fd3d1e328b4575.html

Fuente: ATTAC

Extraído de: Círculo Viriato

mardi, 10 juin 2014

26 juin : NON AU TRAITE TRANSATLANTIQUE !

Jeudi 26 juin : NON AU TRAITE TRANSATLANTIQUE !

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mercredi, 07 mai 2014

Traité transatlantique: le dessous des cartes...

Traité transatlantique: le dessous des cartes...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Jean-Michel Quatrepoint, cueilli sur Figaro Vox et consacré au Traité transatlantique en cours de négociations entre les États-Unis et l'Union européenne. Journaliste, Jean-Michel Quatrepoint vient de publier Le Choc des empires - États-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l'économie-monde? (Gallimard, 2014).

 

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Le traité transatlantique qui est négocié actuellement par la Commission européenne pourrait consacrer la domination économique des États-Unis sur l'Europe. Pourquoi l'Union européenne n'arrive-t-elle pas à s'imposer face au modèle américain?

La construction européenne a commencé à changer de nature avec l'entrée de la Grande-Bretagne, puis avec l'élargissement. On a privilégié la vision libre-échangiste. Libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes. Plus de frontières. Mais en même temps on n'a pas uniformisé les règles fiscales, sociales, etc. Ce fut la course au dumping à l'intérieur même de l'espace européen. C'est ce que les dirigeants français n'ont pas compris. Dès lors qu'on s'élargissait sans cesse, le projet européen a complètement changé de nature. Ce qui n'était pas pour déplaire aux Américains qui n'ont jamais voulu que l'Europe émerge comme une puissance, comme un empire qui puisse les concurrencer. L'Europe réduite à une simple zone de libre-échange, qui se garde bien de défendre des champions industriels européens, les satisfait. Un Airbus leur suffit. Les Américains défendent leurs intérêts, il faut comprendre leur jeu. Ils ont une vision messianique de leur rôle, celle d'apporter la démocratie au monde, notamment à travers les principes du libre-échange.

Selon vous, le traité transatlantique est aussi pour les États-Unis un moyen d'isoler la Chine. Pouvez-vous nous expliquer la stratégie américaine?

La force des États-Unis, c'est d'abord un dynamisme, un optimisme qui leur donne une capacité de rebond extraordinaire. C'est une jeune nation. Ils se sont endormis sur leurs lauriers d'hyperpuissance dans les années 1990 et ont commencé à rencontrer des résistances. Il y a eu le choc du 11 Septembre. Mais Bush s'est focalisé sur l'ennemi islamiste, sans voir que la Chine était pendant ce temps-là en train de monter en puissance. Cette dernière est entrée dans l'OMC quelques jours après le 11 Septembre alors que tout le monde était focalisé sur al-Qaida. Mais quand on analyse les courbes du commerce mondial, c'est édifiant: tout commence à déraper en 2002. Les excédents chinois (et aussi allemands) et les déficits des autres puissances. La Chine est entrée dans l'OMC, car c'était à l'époque l'intérêt des multinationales américaines qui se sont imaginé qu'à terme elles pourraient prendre le marché chinois. Pari perdu: celui-ci est pour l'essentiel réservé aux entreprises chinoises.

Un protectionnisme qui a fait s'écrouler le rêve d'une Chinamérique…

La Chinamérique était chimérique, c'était un marché de dupes. Dans ce G2 les Américains voulaient être numéro un. Les Chinois aussi. Les Américains s'en sont rendu compte en 2006, lorsque les Chinois ont rendu public un plan baptisé «National medium and long term program for science and technology development» dans lequel ils affichaient leur ambition d'être à l'horizon 2020 autonomes en matière d'innovation, et en 2050 de devenir le leader mondial: non plus l'usine mais le laboratoire du monde! Là, les Américains ont commencé à s'inquiéter, car la force de l'Amérique c'est l'innovation, la recherche, l'armée et le dollar. Si vous vous attaquez à la recherche, que vous mettez en place une armée et une marine puissantes et que vous développez une monnaie pour concurrencer le dollar, là vous devenez dangereux. Lorsque les Chinois ont affiché leur volonté de faire du yuan l'autre monnaie internationale pour pouvoir se passer du dollar, notamment dans leurs accords commerciaux bilatéraux, cela a été la goutte d'eau de trop.

Toute attaque sur le dollar est un casus belli. Lorsqu'ils ont créé l'euro, les Européens ont fait très attention à ne pas en faire une monnaie concurrente du dollar, même si les Français le souhaitaient au fond d'eux-mêmes. Les Américains ont laissé l'Europe se développer à condition qu'elle reste à sa place, c'est-à-dire un cran en dessous, qu'elle reste une Europe atlantiste. Avec une monnaie surévaluée par rapport au dollar. Cela tombe bien puisque l'économie allemande est bâtie autour d'une monnaie forte. Hier le mark, aujourd'hui l'euro.

Le traité transatlantique peut-il néanmoins être profitable à l'Europe?

Les principaux bénéficiaires de ce traité seront les multinationales américaines et l'industrie allemande, notamment automobile. L'Amérique se veut plus que jamais un empire, qui règne à la fois par le commerce, la technologie et la monnaie, mais aussi par l'idéologie.

D'où les traités transpacifiques et transatlantiques initiés par Hillary Clinton. Celle-ci vise la présidence en 2016. Elle est à la manœuvre depuis 2010 dans une stratégie de containment vis-à-vis de la Chine, mais aussi de la Russie. L'idée est de fédérer les voisins de la Chine et de la Russie, dans une zone de libre-échange et de faire en sorte que les multinationales américaines y trouvent leur compte afin que progressivement le modèle américain s'impose et que les États-Unis redeviennent le centre du monde. C'est pourquoi les États-Unis ont empêché le Japon de se rapprocher de la Chine, la querelle entre les deux pays sur les îles Diaoyu-Senkaku ayant opportunément surgi pour casser toute velléité de rapprochement. Le Japon avec le nouveau premier ministre conservateur Abe est revenu dans le giron de Washington.

Le principal levier de pression de cette stratégie élaborée par Hillary Clinton est l'énergie. Grâce au gaz et au pétrole de schiste, l'objectif des Américains est de ne plus dépendre des importations pétrolières (et donc de se détacher du bourbier oriental), de donner un avantage compétitif aux entreprises américaines, de rapatrier la pétrochimie sur le sol américain. Les industriels américains ont désormais une énergie beaucoup moins chère que les industriels européens, notamment allemands. L'objectif est de devenir non seulement indépendant, mais aussi exportateur d'hydrocarbures, pour faire en sorte notamment que l'Europe ne soit plus dépendante du gaz russe.

L'énergie est la clé pour comprendre le traité transatlantique. On donne aux Allemands ce qu'ils veulent, c'est-à-dire la possibilité non seulement de développer leur industrie automobile aux États-Unis, mais aussi d'avoir les mêmes normes des deux côtés de l'Atlantique. Ils pourront produire en zone dollar avec des coûts salariaux inférieurs, des modelés qu'ils pourront vendre en zone euro, voire dans le Pacifique. Cette uniformisation des normes profitera également aux multinationales américaines. Elles sont directement à la manœuvre et participent aux négociations. Leurs objectifs: uniformiser les règles, les normes en les alignant si possible sur le niveau le moins contraignant. Notamment dans la santé, l'agriculture, les industries dites culturelles. Faire en sorte que les Etats ne puissent pas remettre en cause ces normes. Ces traités délèguent en fait une part des souverainetés populaires aux multinationales. Si les Européens acceptent cette sorte de mise sous tutelle, alors les Américains condescendront à nous exporter du gaz et surtout du pétrole de schiste à bon prix. Merkel a un plan: passer de la dépendance au gaz russe à la dépendance au charbon et au gaz américain, tout en ne froissant pas les Russes, qui restent avant tout des clients. À l'opposé de Schröder, elle est américanophile et russophobe.

Et la France dans tout ça? Comment peut-elle tirer son épingle du jeu?

La France n'a rien à gagner à ce traité transatlantique. On nous explique que ce traité va générer 0,5 point de croissance, mais ces pourcentages ne veulent rien dire. Le problème de la France c'est: comment et où allons-nous créer de l'emploi? Et pas seulement des emplois de service bas de gamme. Notre seule chance aujourd'hui est de créer des emplois à valeur ajoutée dans le domaine de l'économie numérique, ce que j'appelle «Iconomie», c'est-à-dire la mise en réseau de toutes les activités. L'Allemagne traditionnellement est moins portée sur ces secteurs où la France est relativement en pointe. La France crée beaucoup de start-up, mais dès qu'elles grossissent un peu, elles partent aux États-Unis ou sont rachetées par des multinationales. Il faut que l'on développe nos propres normes. La France doit s'engager dans la révolution numérique. Je suis partisan de doter tous les enfants d'une tablette, ça ne coûte pas plus cher que les livres scolaires, et si on les faisait fabriquer en France (11 millions de tablettes, renouvelées tous les trois ans), cela créerait de l'emploi. Et dans le sillage des tablettes, d'innombrables applications pourraient naitre et se vendre sur le marché mondial.

Il n'y a pas de raisons de laisser Google et autres Amazon en situation de monopole. La visite de l'Opéra Garnier en live numérique, c'est Google qui l'a faite! La France avait tout à fait les moyens de le faire! Si nous n'y prenons pas garde, la France va se faire «googeliser»!

Il y a un absent dans votre livre: la Russie. Celle-ci, avec Vladimir Poutine, semble pourtant avoir renoué avec le chemin de la puissance…

Les Américains avaient un plan, il y a 20 ans: démanteler totalement l'URSS, la réduire en de multiples confettis, pour contrôler la Russie et ses matières premières, avec pour ambition de donner l'exploitation des matières premières russes en concession aux multinationales. Si Khodokovski a été victime de la répression poutinienne, c'est bien parce qu'il allait vendre le groupe pétrolier Ioukos aux Anglo-Saxons pour 25 milliards de dollars. Et qu'il pensait s'acheter la présidence de la Russie avec cet argent. Poutine est alors intervenu. À sa manière. Brutalement. Un peu comme en Géorgie hier et en Ukraine aujourd'hui. On peut le comprendre. Il défend ce qu'il considère être les intérêts de son pays. Mais il faut aussi lui faire comprendre qu'il y a des lignes à ne pas franchir.

Ce pourrait-il qu'elle devienne un quatrième empire?

Pour le moment non. Le sous-titre de mon livre c'est: qui dominera l'économie monde? La Russie est un pétro-État, c'est sa force et sa faiblesse. Poutine n'a pas réussi pour le moment à diversifier l'économie russe: c'est la malédiction des pays pétroliers, qui n'arrivent pas à transformer la manne pétrolière en industrie dynamique.

Jean-Michel Quatrepoint, propos recueillis par Eugénie Bastié et Alexandre Devecchio (Le Figaro Vox, 25 avril 2014)

mercredi, 13 novembre 2013

Les Parlements nationaux ne seront pas consultés sur la ratification du Traité transatlantique

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Les Parlements nationaux ne seront pas consultés sur la ratification du Traité transatlantique

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Est-ce que, au terme des négociations, l’Accord de libre-échange UE-USA devra être ratifié par chacun des Etats membres ? Je me pose cette question depuis un bon bout de temps maintenant. Aucune source officielle n’a daignée ne répondre explicitement.

Les seuls éléments de réponse étaient des éléments d’ordre général, consistant à indiquer que les accords mixtes (ceux qui comprennent des dispositions de compétences européennes et nationales) doivent être ratifiés à la fois au niveau européen et au niveau national. Impossible de savoir si l’Accord UE-USA relèverait de cette catégorie.

La publication d’un entretien de Karel de Gucht par Jean Quatremer aujourd’hui [29 octobre 2013] au sujet de l’Accord de libre échange UE-Canada m’a fait reprendre mes recherches.

En effet, le Commissaire indique : « Il faudra ensuite que le Collège des 28 commissaires européens donne son feu vert au texte définitif que je lui présenterai avant de passer à la ratification par le Conseil des ministres (où siègent les États membres, NDLR) et le Parlement européen. »

A la lecture de cette réponse, je me dis que l’on peut vraisemblablement penser que l’Accord transatlantique connaitra le même sort : une ratification par le Conseil de l’Union européenne (les ministres du Commerce) et par les eurodéputés.

Les Parlements nationaux ne seront apparemment pas consultés sur la ratification du Traité transatlantique.

C’est ce que confirme une réponse parue récemment sur le site de la Commission européenne consacré aux négociations transatlantiques, dans la rubrique « Questions fréquentes » :

Il parait incroyable qu’un Traité d’une tel ampleur puisse être secrètement négocié par la Commission européenne et les ministres européens sans aucun contrôle, ne serait-ce qu’a posteriori, des représentants nationaux.

Encore une fois, le fonctionnement des institutions européennes permet de doubler sans difficulté les compétences historiques des parlementaires français. La ratification par le Parlement des Traités commerciaux est en effet inscrite dans l’article 53 notre Constitution.

Certains répondront que l’opinion publique et les parlementaires peuvent cependant tenir, par la pression, la position du gouvernement français.

Comme nous l’explique Craig Willy dans son dernier article « La France peut-elle rejeter le Grand Marché Transatlantique ? », les décisions du Conseil relatives [aux traités] restent prises à l’unanimité. Aucun accord ne sera validé sans l’appui du gouvernement français.

Mais il faudra garder à l’esprit que les discussions au sein du Conseil ne sont pas publiques.

ContreLaCour

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Le marché transatlantique va soumettre l’Union Européenne aux USA

TTIP : Le marché transatlantique qui va soumettre l’Union Européenne aux USA

par Roberto Fiorini

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Article de Roberto Fiorini initialement publié dans le Magazine Terre et Peuple n°57 – Automne 2013

Des négociations sont en cours pour préparer le grand marché transatlantique, ce nouveau marché unique entre les USA et l’UE. Cette zone de libre échange sans droits de douane, est en préparation depuis des décennies et devrait aboutir d’ici 2015. Les marchands aux commandes nous la présentent comme une évolution, inoffensive et bénéfique pour prolonger une croissance amorphe. Mais il est évident que les USA vont aussi neutraliser (définitivement ?) le potentiel politique de l’Europe, tout en mettant en laisse nos économies.

 

 

Le nom de code de cette opération de soumission de l’UE est désormais TTIP : Transatlantic Trade and Investment Partnership (1). Le volet de négociations qui s’est ouvert le 17 juin 2013, a surtout été médiatisé grâce à l’affaire d’espionnage des américains à l’encontre de leurs « alliés » européens .

L’esprit du projet économique masque d’autres ambitions

L’ensemble économique « occidental » qui va ainsi se constituer rassemblera 820 millions d’habitants et pèsera près de 50 % du PIB mondial, et 30 % des flux commerciaux. L’ «Occident», enfin réalisé, nous éloignera de nos propres intérêts géopolitiques, en consacrant, encore un peu plus, le règne de l’argent.

Les élites des deux entités aux manettes nous disent qu’il faut créer ce nouvel espace libéral afin de redonner un souffle à la croissance: ils espèrent au mieux une progression supplémentaire de 0,5 % du PIB de la zone UE et de 0,4 % pour le PIB des USA. Cette évolution n’est pas à la mesure des enjeux, car pour récréer de l’emploi il faudrait passer les 2 % de progression du PIB par an.


D’après Jacques Sapir, « si l’on regarde le taux de croissance sur longue période de la France, on voit qu’il est passé de 2,6% par an de 1980 à 1989, dans une période de libéralisation régulée des marchés à 1,8% par an de 1990 à 2007, dans une période de libéralisation déréglementée ». (2). Histoire de rappeler que le libéralisme « dérégulé » ne tient pas ses promesses. Pour 2014, on nous prévoit à peine, entre 0,5 et 0,9 % de croissance…

La fin des barrières douanières

Avant que ce projet n’aboutisse, chacune des deux parties devra faire des concessions dans ces négociations dites bilatérales.

Les négociateurs envisagent de supprimer les barrières douanières entre les deux zones, mais ces taxes aux frontières sont déjà faibles (4 % de moyenne). Une baisse potentielle des prix de revient de 4 %, qui ne profitera aux consommateurs que si les industriels concernés, baissent réellement leurs prix de vente. Sinon, cela augmentera leurs marges. Dans le contexte de compétition mondiale où l’air du temps sanctifie la compétitivité, que choisiront-ils à votre avis ?

Pour les états les conséquences seront autres: ces recettes douanières supprimées seront autant de ressources en moins, qui ne seront pas compensées ! Avec ce nouveau manque à gagner pour les caisses du pays, il faudra raboter encore quelques millions sur notre défense, notre santé, où notre sécurité…

L’ambigüité des barrières non tarifaires

Le plus gros changement, et donc le plus grand péril, viendra de la baisse des « barrières non tarifaires », qui sont des normes « qualitatives » qui sont imposées aux entreprises par le législateur européen, afin de façonner le commerce, tel que nous le voulons.

On parle ici de normes de sécurité, écologiques ou sanitaires qui représentent pour certains produits, des surcoûts augmentant le cout final de 10 à 20 %. Ces formes de protectionnisme s’imposaient déjà à nos entreprises, qui en supportaient le coût, face à une concurrence qui n’avait pas autant de contraintes.

Ces normes qui devront être harmonisées à l’issue de l’accord atlantique, que certains appellent déjà accord OTAN, pourront alors s’imposer au reste du monde, comme atout offensif dans la compétition économique mondiale. Ou comme boulet si les autres refusent ce que l’on voudra leur imposer, comme précédemment la taxe carbone, ou toute autre norme de développement durable… Protectionnisme à peine dissimulé.

Dans la vision Anglo-Saxonne du commerce, le principe de précaution est un frein à la liberté d’entreprendre: il faut être le premier à faire du fric avec une idée, et tant pis si au passage, on empoisonne quelques clients trop crédules. Il est donc évident que le principe de précaution instauré par Chirac dans la constitution française devra être abrogé.

Les secteurs visés par la négociation sont nombreux

De nombreux sujets sont posés sur la table des négociations, tous porteurs de leurs risques ou de leurs opportunités, selon que l’on se place d’un côté ou de l’autre: agriculture, agroalimentaire, matières premières, électronique, textiles, chimie, énergie, produits manufacturés, produits pharmaceutiques, accès aux marchés publics…

Sans oublier l’ouverture du secteur des services, (qui pèse 70 % de notre PIB) ou l’exception culturelle, défendue par la France et qui entraverait le déferlement de productions culturelles US sur le vieux continent.

Tout un programme de libéralisation. Mieux qu’un discours de Thatcher ou de Reagan, sans que les peuples aient à donner leur avis ! Mais comme certaines lois pourraient déplaire aux multinationales, ces dernières ont annoncé qu’elles pourraient se pourvoir en justice contre certaines des lois qui naitront dans cet occident Otanien ! La ploutocratie dans toute sa splendeur !

Les commissaires européens, travailleront sur mandats des pays pendant ces négociations ; mais certains points d’accroches sont déjà connus. Sur l’agriculture d’abord et surtout. Il faudrait réduire la PAC (Politique Agricole Commune) et donc la production autochtone européenne, pour se mettre un peu plus en dépendance alimentaire des multinationales US.

L’Europe ouverte à qui veut bien la prendre

15000 entreprises sont officiellement habilitées à faire de la préconisation aux parlementaires européens (lobbying). De nombreuses victoires peuvent être portées à leur actif: certaines entreprises demandaient que les semences non référencées dans le « catalogue » officiel (déterminé par les apprentis sorciers) ne puissent plus être plantées. L’UE leur a donné raison (directive du 12/07/2013) !

Pour le rinçage à l’acide lactique des carcasses de viandes, autorisé aux USA, plus besoin d’attendre, l’UE l’a aussi autorisé depuis mars 2013 ! (3)

Aux USA le lobbying a aussi fait interdire les petits jardins individuels: les peuples devront acheter, un point c’est tout. Produire pour son propre compte sans débourser un centime n’est plus envisageable dans le monde qu’ils nous préparent. Ni ici, ni là bas.

Parmi les grands gagnants, on pense d’abord à Monsanto, qui souhaite nous mettre en esclavage alimentaire, grâce à ses semences stériles, qui doivent être rachetées obligatoirement chaque année. Finie l’autosuffisance de nos agriculteurs, qui replantaient l’année suivante d’anciennes graines.

« Demain, ce sont les lobbies agricoles américains qui exigeront l’ouverture des frontières européennes aux produits OGM. Le blé Monsanto, qui n’avait, parait-il, pas quitté les laboratoires pousse actuellement gaiement dans l’Oregon. »(4) Blé, soja, maïs, tomates transgéniques…

Du côté des normes que l’UE bloque encore, on pense à cette viande bovine aux hormones ou encore à ces poulets rincés à l’eau de javel… en attendant les viandes clônées brevetées !

Dans le domaine numérique, on sait que Facebook, grâce aux lois US, devient propriétaire, à vie, de tout ce qui est publié sur ses pages. Des comportements contestés par l’Europe, mais pour combien de temps encore ? Big Brother a soif de données fiables pour organiser ses révolutions de velours…

Alors pourquoi l’affaire Snowden, à ce moment-là des négociations transatlantiques?

L’affaire d’espionnage est sortie à point nommé pour déstabiliser la délégation US, et renforcer certaines positions Européennes. Qui ignore encore qu’avec le réseau Echelon (5), les USA espionnent qui ils veulent ? Depuis bien longtemps les services de l’intelligence économique française tirent la sonnette d’alarme: grâce aux serveurs de messageries de Microsoft (Outlook, Live, Messenger…), Google, Yahoo, Black Berry, Apple ou Skype, les USA mènent une guerre économique impitoyable en surveillant la correspondance de leurs alliés.

Obama avait menacé la France de représailles massives, si elle maintenait l’exception culturelle. Il fallait rétablir l’équilibre des négociations car Barroso en fidèle toutou de ses vrais commanditaires, était revenu à la charge, dès le 17 juin, rappelant que la France voulait exclure le secteur audiovisuel du mandat des négociations commerciales avec les États-Unis: “Cela fait partie de ce programme antimondialisation que je considère comme totalement réactionnaire” (6).

Les Français ne lâchent pas la culture ? Qu’à cela ne tienne les USA ne veulent pas que l’on touche au secteur des assurances, ni à leur finance (trop pourrie ?). Donnant, donnant ? Ou trop de choses à cacher ?

Les américains pourraient aussi nous imposer leurs normes comptables, avec des conséquences qui sont à évaluer pour nos entreprises.

Les conséquences stratégiques de ces négociations

Au-delà de l’aspect purement commercial, les conséquences d’un tel accord sont mortelles pour l’indépendance politique de la France et de l’UE. C’est même toute l’histoire d’une mise en dépendance organisée des pays du vieux continent qui continue de s’écrire.

Ceux qui préparent le gouvernement mondial travaillent depuis très longtemps à cet ensemble transatlantique. Qui se souvient de l’Union Latine… qui regroupait la France, la Belgique, la Suisse, l’Italie, et la Grèce. Présidée par Félix Esquirou de Parieu, fervent partisan d’une union monétaire « prélude aux fédérations pacifiques du futur » (= étape préalable au gouvernement mondial), celui-ci proposa en 1867 d’introduire une monnaie commune dans une « Union européenne occidentale »,dont le nom pourrait être changé dans le cas où les États-Unis manifesteraient leur désir d’y participer.(7)

De Gaulle ne disait-il pas la même chose dans son discours du 15 mai 1962 ? (8). Il alertait sur la nature de la construction européenne qui se mettait en place. Il voyait bien qu’elle transformerait les pays européens en simples satellites des USA, comme on parlait alors des satellites de l’URSS: des pays dépendants, asservis et soumis, y compris militairement. Il parlait de fédérateur qui viendrait de l’extérieur, sous entendu pour prendre la direction de l’UE !

Bruxelles, Barroso, et la commission européenne travaillent donc à l’harmonisation des normes dans ce nouvel espace qui va naître. On doit limiter les écarts entre les deux continents, pour mieux préparer ce nouvel ordre mondial dont nous serons le socle… s’ils parviennent à leurs fins.

« Elles s’emploieront en outre à assurer la compatibilité de leur réglementation dans des secteurs spécifiques…. » (9)

La chimie américaine bénéficie actuellement d’une baisse des prix du gaz de près de 30%, grâce au gaz de schiste, qui leur fait bénéficier d’un avantage jugé déloyal par les européens. A moins que chez nous aussi la fracturation devienne possible… par soucis d’équité de traitement !

Le projet de loi Fioraso visant à faire de l’Anglais la langue universitaire en France, prépare, sous d’autres aspects, les nécessaires harmonisations pour fusionner les entités. Y compris en abandonnant notre langue !

L’exemple le plus flagrant de l’harmonisation qui est déjà réalisée, ce sont les coupes budgétaires automatiques qui s’imposeront désormais aux états européens, et qui sont constitutionalisées par le TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance). Elles visent à nous aligner sur le modèle des coupes automatiques qui sont réalisées dans les dépenses publiques aux USA, lorsqu’ils sont confrontés au fameux mur budgétaire de la dette. L’asservissement à la dette et à l’usure est ainsi renforcé ! Merci à Giscard et Pompidou pour avoir initié ce chemin avec la loi du 3 janvier 1973.

Pour que cela puisse se poursuivre on nous demandera sous peu, d’aller vers une Europe Fédérale, ainsi seront réalisés les Etats Unis d’Europe, totalement inféodés aux intérêts US, et dépourvus de pouvoirs régaliens. La matrice de la soumission mondiale où chaque état ne décidera quasiment plus rien ! Qui protégera alors les peuples de la cruauté des hommes qui s’auto élisent à la direction des affaires du monde ?

L’évolution du libre échange ; quand le « bilatéral » modifie le visage de la mondialisation

L’entrée de la Chine à l’OMC, en 2001, a bouleversé les équilibres du commerce mondial ; son modèle capitaliste particulier fait trembler le maître américain, qui doit envisager d’autres règles pour tenter de se maintenir. Le cycle de Doha (libre échange multilatéral) est bloqué. Les ententes ne sont plus possibles, tant les intérêts divergents sont désormais inconciliables entre les différents pays, qui subissent à leur base, la pression de peuples mécontents.

Alors les maîtres du jeu modifient la donne et envisagent leur offensive économique sous une autre forme.

« On voit bien que le bilatéralisme se développe à mesure que le multilatéralisme se bloque. Et depuis 2008, qui a vu les négociations du cycle de Doha capoter,… lorsqu’on examine la politique commerciale américaine on voit bien qu’ elle a délibérément choisi d’abandonner le multilatéralisme commercial pour s’engager sur la voie d’un containment de la Chine en mettant en place deux mâchoires commerciales : la mâchoire asiatique avec le TPP (NDLR : accord bilatéral avec le Japon) et la mâchoire Atlantique avec le TTIP…

Les raisons de ce changement sont simples. Les États-Unis n’ont plus la force de soumettre le système commercial mondial à leurs exigences. En revanche ils s’estiment encore assez forts pour pouvoir le contourner. »(10)

Les promesses d’emplois au menu

« Cet accord, le plus important accord commercial bilatéral jamais négocié, pourrait faire économiser des milliards d’euros aux entreprises et créer des centaines de milliers d’emplois. » (1). (NDLR: 2 millions d’emplois sont « espérés » dans l’UE). Quel avenir prometteur ! Que de promesses exaltantes: mais ces promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Quant aux milliards qui seront économisés par les entreprises, iront-ils en hausses de salaires quand les autres salariés du monde sont si peu payés ?

Démantèlement du « modèle social » de l’Europe continentale

Droit du travail, droit syndical, tout doit être laminé ! Supprimer ce qui protège les travailleurs… Ou corrompre !

Bien plus concrètement, il faut harmoniser les protections sociales et revoir à la baisse les ambitions des travailleurs européens. Puisque ces derniers sont désormais crédules, et décérébrés (parce que conditionnés), ils peuvent subir leur nouvelle destinée. Tout sera nivelé par le bas: à commencer par les salaires qui vont pouvoir baisser.

 

 

La protection sociale doit aussi baisser, et ne devra plus peser autant dans les comptes de la nation.

Regardez le graphique intitulé « les dépenses sociales comparées »: vous y verrez l’effort accompli par l’Allemagne depuis 2003 pour se rapprocher des standards Anglais et US. Leurs dépenses sociales convergent aux environs de 15/16 % de leurs PIB respectifs. Italiens et Français dépensent trop d’après la norme libérale: près de 20 % de leurs PIB sont encore réservés aux dépenses sociales.

Des réformes doivent être menées par ceux qui seront « nommés » au pouvoir, tels Monti en son temps, ou Hollande qui devra réduire les budgets sociaux de 4 % pour coller aux autres pays. Cela implique de les baisser de 80 mds € ! Tant pis pour ceux qui souffrent ; pendant ce temps on versera quand même les 50 mds € annuels d’intérêts aux usuriers !

A qui profitera cette baisse de la protection sociale « solidaire » ? Au privé bien sûr. Au fait qui a payé une partie de la campagne présidentielle du sieur Hollande ? Henri de Castries, le PDG d’Axa ; ce groupe qui vit de contrats de protection « privés »…

Sur le dos de qui va se faire ce renversement d’alliance ?

Selon le Wall Street journal: « David Cameron fait le pari que le TTIP, en cas de succès, réduira sensiblement les pressions exercées à son encontre pour qu’il obtienne, avant 2017 (NDLR: référendum de sortie de l’UE), une renégociation complète des conditions de l’affiliation de la Grande-Bretagne à l’UE. [...] » (11)

Die Welt en Allemagne explique que cet accord bénéficierait essentiellement aux USA dont le PIB par habitant pourrait croitre de 13,4 %. (11)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung précise que suite à cet accord, les échanges commerciaux au sein de l’UE diminueraient également: « Le volume d’échanges commerciaux entre l’Allemagne et les pays d’Europe du sud baisserait de 30% [...] celui entre l’Allemagne et la France de 23% [...] tandis qu’il doublerait avec les États-Unis. [Ainsi] l’Union douanière [mise en place par l’UE en 1968] perdrait de sa valeur. » (11)

L’Allemagne fera cavalier seul, et délaisse l’UE ? Juste avant l’euro ?

L’Europe sortira laminée et divisée: ni plus ni moins, car l’Allemagne va changer de partenaires (c’est ça le libre échangisme !) et ceux qui vont être délaissés vont en souffrir ! Le commerce interne de l’UE se tasse ? Alors l’Allemagne cherche de meilleurs débouchés économiques pour ses entreprises. Au détriment de la construction européenne. Un choix qui sera lourd de conséquences… N’en doutons pas.

Le dollar favorisera les USA ?

En revanche rares sont les informations qui viendraient nous rappeler l’avantage compétitif incomparable dont disposent les USA avec leur monnaie, ce dollar qu’ils impriment à façon, et qui a une valeur inférieure à l’euro. Un vrai avantage, qui ne sera pas harmonisé pour le coup.

Et nos entreprises vont souffrir, face à la faiblesse du dollar, qui fait en réalité sa force ! Une force injuste, car déloyale du fait des manipulations sans fin qu’opère la FED.

Peuples et entreprises sous le rouleau compresseur

Les entreprises qui ont cru aux bienfaits des premiers temps de la mondialisation, vont désormais subir le rouleau compresseur des multinationales qui ne supportent pas la concurrence et tendent à grandir jusqu’à détenir des monopoles complets, grâce auxquels ils feront alors, seuls, le prix final !

C’est dans le contexte déjà dramatique de 2013 que ce marché transatlantique plante ses jalons. Cette nouvelle vague de libéralisme économique va déferler au moment où l’économie réelle est en train de s’arrêter. Au moment où les faillites d’entreprises sont nombreuses, entrainant des flots de chômeurs qui viennent peser sur les amortisseurs sociaux (déséquilibrés de ce fait).

La crise financière s’est transformée en crise bancaire ; la crise bancaire est devenue crise budgétaire pour les états qui se sont endettés pour les soutenir. La crise budgétaire ne permet pas la relance attendue pour éviter la crise économique (l’époque actuelle), avant de se transformer en quoi, en crise sociale ?

L’avenir n’est pas certain, mais il est évident que toutes les divisions de notre société seront exacerbées par ce qui se prépare ! A chacun de s’y préparer le plus consciemment possible.

Si vous aspirez à un autre destin que la dictature économique promise par les marchands, plus que jamais, il vous faut vous engager, pour militer activement et donner de votre temps pour travailler contre cette entreprise.

Vous avez souffert du marché Unique Européen ? Alors vous n’aimerez pas non plus sa version transatlantique !

Ceux qui voudraient creuser la question du marché transatlantique, et la régression sociale qui l’accompagne, peuvent écouter l’émission n° 140 réalisée par Méridien Zéro sur cette question intitulée l’offensive générale du système.

Notes:

(1) Ec.europa.eu

(2) Atlantico

(3) Le Figaro

(4) Libre échange transatlantique : Les-européens paieront

(5) La Tribune

(6) Le Monde

(7) Félix_Esquirou_de_Parieu

(8) De Gaulle: conférence de presse du 15 mai 1962 sur les questions européennes

(9) Europa.eu

(10) Telos

(11) Presseurop

Divers:

Début des négociations transatlantiques ambiance tendue et points délicats (France info)

L’Europe face aux États-Unis (France Info)

Libre échange : le précédent de 1860 (La Tribune)

jeudi, 21 février 2013

The Medieval Norse on Baffin Island

The Medieval Norse on Baffin Island

By Andrew Hamilton

Ex: http://www.counter-currents.com/

Christian Krohg, Leiv Eriksson oppdager Amerika (Leif Eriksson Discovers America), 1893 [1]

Christian Krohg, Leiv Eriksson oppdager Amerika (Leif Eriksson Discovers America), 1893

Thanks to the sagas, it has long been known that Vikings reached the North American continent about 1000 AD. But not until the 1960s did archaeological evidence emerge in Newfoundland, Canada to corroborate the written accounts. Until recently, that site provided the only archeological substantiation of the Viking presence, apart from a few Norse artifacts obtained from scattered Eskimo and Indian excavations.

But in October 2012, after 13 years of field research, Canadian archaeologist Patricia Sutherland, 63, presented findings at a meeting of the Council for Northeast Historical Archaeology in St. John’s, Canada suggesting the presence of a second Viking outpost, on Baffin Island, part of a former Norse region known as Helluland.

Scandinavian Expansions

Prior to 1945, Scandinavia experienced three large population expansions resulting in major out-migrations.

The first caused the Goth migration from Sweden to Germany in the last century BC and the first two centuries AD. The subsequent fall of Rome relieved population pressures throughout the Teutonic world.

A second baby boom led to the spectacular Viking expansions of 800-1100 AD, almost unimaginable in terms of their geographic scope. Exploration, piracy, plunder, warfare, trade, conquest, and settlement were all integral to this vast out-migration.

Swedes, known as East Vikings, Varangians, and Rus, sailed east across the Baltic and the great continental network of Russian rivers to the Caspian and Black Seas, which they also crossed. They established the first Russian states, Novgorod and Kiev, and commanded and staffed the Eastern Roman Empire’s Varangian Guard, described by William Pierce as “an elite military unit composed entirely of Vikings, the Schutzstaffel [SS] of its day.”

Danes swept across England and south over the European continent, including France, the Mediterranean Sea, North Africa, and Asia Minor. As in Russia, the shallow draft of their ships, the most sophisticated seagoing vessels of the day, enabled them to penetrate far inland—in France, as far as Paris.

To the north and west, Norwegians traveled to the limits of the known world, high above the Arctic Circle from the White Sea in Russia to the edge of the great ice, to Iceland and, on a different continent, Greenland and Canada.

Such was the general directional thrust, though in reality it was more complex.

For example, King Harald’s Saga, part of Icelandic chronicler Snorri Sturluson’s Heimskringla (1230), narrated a legendary Norwegian, not Swedish, leader’s expedition to the East, his marriage to a Rus princess, command of the Varangian Guard, brilliant exploits in Constantinople, Syria, and Sicily, his skaldic achievements as a poet, and his battles in England against Harold Godwinson. The saga king fell at Stamford Bridge in 1066, just a few days before Godwinson himself died at the Battle of Hastings in an attempt to fend off another warrior of Viking descent, William the Conqueror.

Finally, between 1815 and 1939 Scandinavian overpopulation created a net outflow of 2.75 million Norse to the New World—1.25 million Swedes, 850,000 Norwegians, 350,000 Danes, and 250,000 Finns. Relative to size, Norway’s contribution was the largest.

Iceland and Greenland

Iceland, a small island just south of the Arctic Circle in the North Atlantic, was settled by the Norse c. 850-875 AD. It lies 570 miles west of Norway, but only 155 miles southeast of Greenland, which in turn is adjacent to Canada.

Until recently the population of Iceland was extremely homogeneous, being almost entirely of Scandinavian and Celtic descent. The Icelandic language remains nearer to the Old Norse of Iceland’s original Viking settlers than it does to other Scandinavian languages. Old Norse literature attained its greatest flowering in Iceland between 1000 and 1350 AD.

The medieval Landnámabók (The Book of Settlements) describes in considerable detail the settlement of Iceland in the 9th and 10th centuries AD.

Greenland, the largest island in the world, lies mostly north of the Arctic Circle and is separated from Canada on the west by Davis Strait and Baffin Bay and Iceland on the east by the Denmark Strait. There are numerous islands along its coast, which is deeply indented by fjords. Eighty-five percent of its total area is ice cap.

The island was discovered and settled about 982 AD by outlaw Norwegian chieftain Eric the Red, father of famed Icelandic-born explorer Leif Ericsson. Greenland was uninhabited at the time of the Norwegians’ arrival—the Eskimos did not migrate to the island until more than 200 years later, c. 1200 AD.

In the 1200s the island fell under Norwegian and, subsequently Danish, rule. The colonists mysteriously disappeared around 1435, possibly due to a climate change known as the Little Ice Age. Archaeological remains and written records indicate malnourishment among the dwindling number of white inhabitants. The last written records of the Norse Greenlanders pertain to a 1408 wedding in HvalseyChurch, today the best-preserved Norse ruins in Greenland.

Grœnlendinga Saga [2] and Eiríks Saga [3] are the primary written accounts of the discovery and settlement of Greenland and, in North America, Helluland (“Flat Stone Land”—Baffin Island), Markland (“Woodland”—Labrador), and Vinland (“Wineland”—Newfoundland), all in present-day Canada.

Iceland, Greenland, Helluland, Markland, Vinland [4]

Iceland, Greenland, Helluland, Markland, Vinland

The Vikings in North America

In North America the Norsemen encountered a race they called “skraelings.” The sagas describe them as “short people with threatening features and tangled hair on their heads . . . large eyes and broad cheeks.” The Smithsonian Institution states that although the exact meaning of “skraeling” is unclear, “it was certainly a derogatory term.”

In fact, the Norse encountered not only different tribes but, in all probability, both Eskimos (Inuit) and Indians, though the records provide only a single name for all these groups.

In the 1960s a Norwegian husband and wife team, Helge Ingstad and Anne Stine Ingstad, discovered and excavated a Viking base camp at L’Anse aux Meadows on the northern tip of Newfoundland, the first archaeologically confirmed Viking outpost in the Americas. It pre-dated the voyages of Christopher Columbus and John Cabot by 500 years. Dated to between 989 and 1020 AD, the camp boasted three Viking halls and an assortment of huts for weaving, iron-working, and ship repair.

L’Anse aux Meadows was not Vinland, but rather situated within a land called Vinland extending south from L’Anse aux Meadows to the St. Lawrence River and New Brunswick. The outpost served as a winter camp and base for expeditions.

In the 50 years since the discovery of the thousand-year-old settlement, archaeologists and amateur historians have unsuccessfully combed North America’s east coast searching for further traces of Viking visitors.

Finally, in October and November 2012, it was reported that archaeologist Patricia Sutherland, adjunct professor of archeology at Memorial University in Newfoundland and a research fellow at the University of Aberdeen in Scotland, had announced new archaeological evidence strongly supporting the presence of a second Viking outpost on Baffin Island.

Sutherland was alerted to the possibility of a Norse camp in 1999, when she discovered two unusual pieces of cord excavated from a Baffin Island site by an earlier archaeologist and stored at the Canadian Museum of Civilization in Gatineau, Quebec, where she worked.

Rather than consisting of twisted animal sinew, the cords were expertly woven Viking yarn identical to yarn produced by Viking women in Greenland in the 14th century.

Sutherland scoured other museums, finding more pieces of Viking yarn and a small trove of previously overlooked Viking gear including wooden tally sticks for recording trade transactions and dozens of Viking whetstones.

The specimens derived from four sites located across a thousand miles of territory extending from northern Baffin Island to northern Labrador. The sites belonged to the Dorset culture [5], an extinct Paleo-Eskimo people.

From the artifacts at Dorset sites, Sutherland conjectured the Eskimos had traded with Vikings, which of course may be true. But, as archeologist Lawrence H. Keeley has impudently pointed out [6], items found in this manner can just as easily represent the spoils of war.

The archaeologist focused on the most promising of the four sites, Tanfield Valley on the southeast coast of Baffin Island. There, in the 1960s, a US archaeologist named Moreau Maxwell had excavated parts of a stone-and-sod building which he described as “very difficult to interpret.” She believed the site might have been occupied by different cultures at different times, raising the possibility that the enigmatic stone ruins, which bear a striking resemblance to Viking buildings in Greenland, were European.

Since 2001, Sutherland’s team has been carefully excavating the site, where they have discovered a wide range of artifacts pointing to the presence of European seafarers: pelt fragments from Old World rats; a whalebone shovel similar to those used by Viking settlers in Greenland to cut sod; large stones that appear to have been cut and shaped by European stone masons; and more Viking yarn and whetstones.

Using energy dispersive spectroscopy, the team examined wear grooves on more than 20 whetstones, detecting microscopic streaks of bronze, brass, and smelted iron—evidence of European metallurgy.

After 13 years of careful research, the weight of the evidence placed European traders on Baffin Island sometime between 1000–1300 AD.

“The Norse were here over a long period of time,” Sutherland said. “There were Europeans on the site, no question about that. I think we’ve only just begun to delve into what the Norse were doing there, and we’ve just got the beginning of the story.”

Archeologist Pat Sutherland on Baffin Island [7] Archeologist Pat Sutherland on Baffin Island

Viking Project “Derailed”

Besides her teaching jobs, Dr. Sutherland had been associated with the Museum of Civilization in Gatineau, Quebec for 28 years. Twelve years ago she was hired to run the Helluland archeology project. Recently she served as the Museum’s curator of Arctic Archeology.

The Museum is a major institution—Canada’s largest national museum, a significant research establishment, and one of North America’s oldest cultural organizations. It is situated on the Ottawa River across from the Canadian Parliament.

In 1910 Jewish anthropologist and linguist Edward Sapir was appointed the first anthropologist in its newly formed anthropology division upon the recommendation of American German-Jewish anthropologist Franz Boas.

Until 1986 the Museum was known as the Museum of Man, but after Left-wing elites denounced the name as “gender biased,” it was changed to the Museum of Civilization. It will soon change again to the Canadian Museum of Civilization.

In the spring of 2012, Dr. Patricia Sutherland was dismissed from her position with the Museum. Simultaneously, Museum officials stripped her husband, prominent Canadian archaeologist Robert McGhee, of the emeritus status he’d enjoyed since his retirement from the Museum in 2008.

No one involved will say why this happened. Two off-the-record sources told the Ottawa Citizen that the firings followed a year-long external investigation into allegations of “bullying and harassment,” although who was allegedly bullied and harassed, or who did the bullying, was not reported.

Dr. Sutherland is contesting the dismissal through her union, which is treating the case as a wrongful dismissal. It is currently before an arbitrator. Meanwhile, the Helluland Project has been suspended.

According to the Ottawa Citizen [8],

Some of the artifacts Sutherland had assembled were on loan from other institutions, and within days of her dismissal, they were sent back to museums in Newfoundland and Greenland.

Sutherland intended to co-publish her findings with 15 international collaborators, but her dismissal dashed those plans. She also wanted to work with the community of Kimmirut to get national historic site designation for the Nanook site.

The book cannot go forward unless she regains access to her research materials.

“I’m very confident that what we have is an indication of a Norse presence in the Canadian Arctic that we weren’t aware of before, that it was over a longer period of time, and that the interactions with the aboriginal people were more complex and extensive than we thought before.”

Because it was only a two-day sail to Norse outposts in Greenland, “One could reasonably argue that the travels to the east coast of Canada, to the Arctic, was over a period of four centuries,” she adds.

Further Information

Canadian Broadcasting Corp., “The Norse: An Arctic Mystery [9],” The Nature of Things, November 22, 2012. Executive Producer: Gordon Henderson. Produced, written and directed by Andrew Gregg. A 45-minute Canadian television documentary about Patricia Sutherland’s Baffin Island discoveries. Viewable online only in Canada.

Helge Ingstad and Anne Stine Ingstad, The Viking Discovery of America: The Excavation of a Norse Settlement in L’Anse Aux Meadows, Newfoundland (New York: Checkmark Books, 2001)

PBS Television, “The Lost Vikings [10],” Secrets of the Dead, May 16, 2000. 55 mins. Narrated by Roy Scheider. Archaeologists and forensic anthropologists investigate the disappearance of the Greenland Vikings. Full episode available online.

The Vinland Sagas: The Norse Discovery of America (London: Penguin Books, 2004; 1st ed. 1965), trans. by Magnus Magnusson and Hermann Pálsson. English translation of Graenlendinga Saga and Eirik’s Saga, both of which are short and easily read. Devoted as much to the settlement of Greenland and the family of Erik the Red as to the discovery of the New World.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/02/Christian-Krohg-Leiv-Eriksson-oppdager-Amerika-1893.jpg

[2] Grœnlendinga Saga: http://en.wikipedia.org/wiki/Greenland_saga

[3] Eiríks Saga: http://en.wikipedia.org/wiki/Eir%25C3%25ADks_saga_rau%25C3%25B0a

[4] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/02/Iceland-Greenland-Helluland-Markland-Vinland.jpg

[5] Dorset culture: http://en.wikipedia.org/wiki/Dorset_culture

[6] archeologist Lawrence H. Keeley has impudently pointed out: http://www.counter-currents.com/2012/02/debunking-another-lie/

[7] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/02/Archeologist-Pat-Sutherland-on-Baffin-Island.jpg

[8] According to the Ottawa Citizen: http://www.ottawacitizen.com/travel/Ottawa+researcher+firing+derails+Viking+project/7591294/story.html

[9] The Norse: An Arctic Mystery: http://www.cbc.ca/natureofthings/episode/the-norse-an-arctic-mystery.html

[10] The Lost Vikings: http://www.youtube.com/watch?v=eq7OtF45-CU

jeudi, 04 mars 2010

La nationalité canadienne

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1987

La nationalité canadienne

 

 

par Mario Gagné

 

L'histoire est faite d'événements passés dont les effets continuent de manifester aujourd'hui leur présence. Ceux-ci, parce qu'ils sont chargés de sens, parlent à la psychè collective. De la même façon que les territoires, l'âme des peuples est aussi le champ du politique (1). La conscience de cette réalité nous permet d'abord de comprendre une situation historique et, peut-être, de modifier par la suite le cours des événements.

 

Parce que nos sociétés sont encarcannées dans cet Occident qui a pour centre les Etats-Unis d'Amérique, il est nécessaire de comprendre les représentations qui nous révèlent l'Amérique. Toutefois, gardons-nous bien de confondre cette dernière avec les Etats-Unis. En effet, il existe des américanités plus anciennes et plus authentiques que celle-ci: entre autres, la nationalité canadienne.

 

Les récits de fondation

 

Dans la tradition politique et culturelle européenne, les nationalités apparaissent à la suite d'une alliance conclue entre deux ou plusieurs ethnies. Afin d'expliquer le sens de cet événement fondateur, les générations subséquentes mettront très souvent au point une interprétation fabuleuse et légendaire.

 

Ainsi la France est née à la suite du Baptême de Clovis. Le rite conféré par Saint Rémi dans cette Rome liturgique qu'est Reims a non seulement permis l'union politique des Gallo-Romains et des Francs mais il a aussi été perçu comme le moment où l'imperium romain et la culture gréco-latine, principes spirituels dont l'Eglise s'était instituée le fiduciaire à l'époque de la migration des peuples (2), ont été remis en héritage à la France.

 

Le mythe fondateur de la Suisse célèbre à la fois le serment de Rütli prononcé par les représentants des Trois Cantons et l'établissement de la société helvétique sur le modèle des ordres indo-européens (3). Celui de l'Angleterre doit être recherché dans le couronnement de Guillaume le Conquérant à Westminster à la suite de la bataille de Hastings; il rappelle à la fois l'alliance (plus ou moins volontaire) des Normands et des Saxons et l'avènement définitif de la romanité dans l'île britannique. On pourrait multiplier ainsi de semblables exemples.

 

Le Canada comme américanité

 

Transportons-nous le 19 juillet 1603 à Tadoussac, lieu où se jette le fleuve Saguené dans l'estuaire maritime du Canada. A cet endroit, les représentants des tribus etchemine, montagnaise et algonquine se sont réunis afin de souhaiter la bienvenue à Champlain et aux colons français qui vont s'établir à sa suite dans le pays (4).

 

Grâce à l'habile politique de Champlain, les Français furent les seuls Européens, parmi ceux qui sont venus en Amérique, à ne pas avoir acheté ou acquis par la force les territoires sur lesquels ils se sont installés; seuls, ils furent expressément conviés par les autochtones. A l'occasion du Paoua de Tadoussac, Champlain dit à peu près ceci aux chefs des tribus indiennes: "Nos fils épouseront vos filles et ils deviendront une seule nation". Ceux-ci lui répondirent: "Les enfants de vos fils apprendront de leur mère à devenir des hommes valeureux (5)".

 

Le métissage est l'événement fondateur du Canada, pays dont les racines plongent à la fois dans le passé européen et dans le passé immémorial de l'Amérique autochtone. Une telle hybridation ne fut pas seulement somatique mais aussi et surtout culturelle.

 

En adoptant maints aspects du mode de vie indien, les colons français ont d'abord pu survivre malgré les rigueurs du climat canadien. En voyageant tantôt dans des canots d'écorce, tantôt sur des chevaux indiens appelés "cayouche", les descendants de ces mêmes colons ont pu explorer la Nord-Amérique à partir de la vallée du Saint-Laurent jusqu'aux Montagnes Rocheuses et même au-delà, de l'Océan Arctique jusqu'au Golfe du Mexique. Ayant fait l'apprentissage des langues indiennes, les Canadiens ont pu rallier à la France un immense continent. En assimilant les techniques de guerre indiennes, les Canadiens ont encore forcé les Anglo-Saxons à demeurer sur le rivage de l'Océan Atlantique.

 

La nationalité canadienne, création européenne en terre d'Amérique, possède donc un caractère véritablement autochtonien (6). Le Canada se présente ainsi, avec le Mexique, la Caraïbe et le Brésil, comme une authentique construction américaine. A cet égard, il est intéressant de constater que le mythe de la fondation du Mexique prend aussi la forme d'une métaphore conjugale, c'est-à-dire celle de l'union de Guadeloupe et de Quetzalcoatl (7).

 

L'acculturation étatsunienne

 

Tout autre est le mythe de fondation des Etats-Unis d'Amérique. Revivifié aujourd'hui par le pasteur Falwell, allié politique du président Reagan, un tel mythe raconte la venue en Nord-Amérique des Pères pélerins à bord du Fleur-de-mai (Mayflower).  Chassés d'Europe parce qu'ils poursuivaient le rêve du paradis puritain, les Pères pélerins continuèrent d'y être fidèles dans le Nouveau Monde, notamment en choisissant de demeurer à l'écart de l'Amérique autochtone. De cette attitude découleront les guerres d'extermination, qu'eux et leurs héritiers vont entreprendre contre les Indiens, et la création de réserves pour y enfermer les survivants.

 

Les Etats-Unis d'Amérique ne sont donc pas nés d'une alliance entre deux peuples mais bien plutôt d'un double refus: à la fois celui de l'Europe originelle et celui de l'Amérique primordiale. Ce pays qui ne voulait pas avoir de racines, ni en Amérique, ni en Europe, ne forma donc jamais un véritable peuple. Conformément aux fantasmes des Pères pélerins, cette entité étrangère à la fois à la terre d'origine et à la terre d'accueil, s'efforcera de ne devenir rien d'autre qu'«une bonne et solide prospérité étalée au grand jour» (8).

 

Afin de se donner un semblant de légitimité politique et historique, les E.U.A. se sont désespérément mis en quête d'une identité nationale. D'abord, comme leur nom l'indique, ils se sont octroyés le monopole de l'américanité; ensuite, ils ont usurpé l'identité des peuples véritables, en particulier celle des Canadiens.

 

Derrière la silhouette des personnages de Fennimore Cooper, que l'auteur a créés afin de donner aux Yanquis une familiarité qu'ils n'ont jamais eu avec la terre d'Amérique, se profile l'image à peine transposée du coureur-de-bois canadien. Sans la geste du cavalier métis, dont Hollywood s'est abondamment inspiré pour fabriquer en série ses héros de plateau de tournage, la figure du gardien de vaches, symbole de l'Amérique yanquie, apparaîtrait clairement pour ce qu'elle est, c'est-à-dire bien misérable.

 

Tout aussi significatif est le travestissement effectué par cette autre formation politique, voisine des E.U.A., qu'est l'Amérique du Nord Britannique. Comme en témoigne sa toponymie où se rencontrent des Kingston, des Windsor, des London, etc., l'A.N.B. fut créée sur le modèle de la Grande-Bretagne. Désirant n'avoir de racines qu'en Europe, l'A.N.B. choisit, comme les E.U.A., de demeurer étrangère à l'Amérique autochtone.

 

Comme les E.U.A., l'A.N.B. se retrouva bientôt devant le même vide identitaire. Comme les E.U.A., l'A.N.B. essayera de le combler en usurpant l'identité des Canadiens. Mais cette fois-ci, ce sera de manière plus profonde: alors que l'A.N.B. refuse précisément au Canada le droit à l'existence, elle s'attribuera le nom du Canada et voudra se faire reconnaître pour tel à la face du monde. Une telle opération, il va sans dire, aura aussi pour but de minoriser les Canadiens dans leur identité et de vider de toute substance leur nationalité.

 

Le refus français de l'Amérique

 

Alors que les Canadiens avaient, au-delà de l'Océan Atlantique, ouvert à la France un espace illimité et plein de possibilités pour son expansion territoriale et démographique, celle-ci ne comprit jamais l'importance de ses possessions nord-américaines. Au contraire, elle s'entêta dans sa traditionnelle politique d'expansion vers l'Est. Vu l'exigüité et le peuplement déjà dense du territoire européen, une telle politique allait non seulement faire perdre à la France son rôle de grande puissance de l'avenir mais aussi entraîner jusqu'à nos jours l'Europe dans de nombreux conflits, causes premières de son actuel déclin (9).

 

La France s'est volontairement départie de ses territoires nord-américains, d'abord en empêchant les Canadiens d'utiliser les techniques de guerre adaptées au Nouveau Monde  -ce qui allait conduire à la chute de Québec en 1759-  et, ensuite, en vendant la Louisiane aux Etats-Unis d'Amérique. Construite sur le refus de l'aventure américaine, la France moderne  chassera de sa mémoire historique le Canada en intériorisant systématiquement le point de vue yanqui sur l'Amérique (10). Pour pouvoir agir autrement, il aurait fallu reconnaître explicitement l'erreur de jugement historique qui lui a valu la perte de son imperium.

 

Les Etats-Unis étant surtout pour la France l'"Amérique", il est significatif de constater que sa littérature romanesque ira jusqu'à affubler, pour faire plus "américain" des noms anglais aux Indiens -lesquels ont très souvent des ascendants français- et à les faire évoluer dans une toponymie non moins anglo-saxonne. Tout aussi significativement, elle mesurera désormais à l'aune yanquie les différentes manifestations de la "modernité" et de la "démocratie". Dans cette perspective, constater que le refus français de l'Amérique a entraîné l'asservissement aux Etats-Unis est le moindre des paradoxes.

 

Seule l'attitude du Général de Gaulle, qui a permis à la France de redécouvrir l'Amérique, représente une exception (11). Ce n'est pas par hasard si l'homme d'Etat qui fut à l'origine du rapprochement franco-allemand, c'est-à-dire de la mise en cause de la traditionnelle politique étrangère française, fut aussi celui qui appuya le mouvement indépendantiste du Canada français. Cet appui, rappelons-le ici, avait pour but d'annuler dans une certaine mesure les effets du désastreux traité de Paris (1763).

 

Le nationalisme de l'Eglise canadienne

 

Après la cession du Canada à la Grande-Bretagne, différents mouvements de résistance à la présence anglaise surgirent. Le plus important de ceux-ci fut l'Insurrection des Patriotes qui eut lieu en 1837 et en 1838. Influencés par les meilleures idées de la Révolution française (12), les Patriotes élaborèrent une légitimité en vertu de laquelle l'autochtonité du peuple canadien fondait son droit à la liberté et à la souveraineté politiques. Ils l'utilisèrent afin de l'opposer au droit de domination que le pouvoir britannique s'était arrogé.

 

La défaite de l'Insurrection fut le moment qui permit à l'Eglise de s'accaparer, avec la complicité de l'occupant, le pouvoir culturel; notamment, sa présence se fit sentir dans le domaine de l'enseignement public et dans celui de la formation des élites professionnelles et politique. En gros, cette mainmise allait durer de 1840 à 1960.

 

Pendant toute cette période, l'Eglise s'acquitta fidèlement de son pacte de collaboration. Afin d'empêcher à l'avance d'autres tentatives d'émancipation politique, elle mit au point un nationalisme qui, tout en faisant appel au sentiment national des Canadiens, allait aussi et surtout le neutraliser. Centré autour de la Province of Quebec, nom que le conquérant avait donné au Canada dès la Proclamation royale de 1763, ce nationalisme s'opposa résolument au caractère autochtonien de la nationalité canadienne.

 

Au moins deux raisons amenèrent l'Eglise à collaborer avec l'occupant. D'abord, elle se faisait du pouvoir politique une conception théocratique et déracinée. Puisque le Canada avait été cédé à la Grande-Bretagne en vertu d'un accord passé entre deux monarques, qui étaient l'un et l'autre les représentants de Dieu sur terre, on devait alors au roi d'Angleterre la même obéissance que l'on avait accordé au roi de France. Ensuite, la nationalité canadienne, qui avait émergé à la suite d'un contact prolongé avec la Grande Sauvagerie, représentait pour les Français qui venaient s'établir en Nord-Amérique et leurs descendants une façon de couper les ponts avec la Rome catholique. A l'exemple de Marie de l'Incarnation, le clergé se plaignait amèrement: "Un Français devient plutôt sauvage qu'un Sauvage ne devient Français."

 

L'Eglise favorisa donc la construction d'une histoire et d'une sociologie fictives dont les principaux axes furent la francité et la catholicité. On s'en doute bien, l'intériorisation du point de vue français ne pouvait manquer d'être aliénante. C'est ainsi que progressivement l'élite politique et culturelle canadienne évacua, comme le fit la France, le Canada de sa mémoire historique.

 

La fausse nationalité québécoise

 

Au début des années 1960, apparut un nationalisme qui, tout en se voulant nouveau, alla porter cent vingt années d'influence cléricale à son ultime conséquence. Bien loin de s'inspirer de l'Insurrection des Patriotes ou de la Relève des Métis (1869 et 1885), qui furent des moments d'affirmation de la nationalité canadienne, les néo-nationalistes fabriquèrent de toute pièce une nationalité québécoise qui serait exclusive de la nationalité canadienne et qui, de ce fait, entérinerait l'usurpation faite par l'A.N.B. Bien qu'ils proclamaient bien haut la nécessité de l'indépendance politique, les néo-nationalistes la niaient dans les faits puisqu'ils interdisaient le recours à la nationalité canadienne qui parle à la psychè collective et qui seule peut fonder un tel droit.

 

Sans le savoir, les néo-nationalistes, qui étaient souvent des anticléricaux virulents, reprirent l'essentiel de l'ancien nationalisme clérical. Les modifications apportées à celui-ci furent mineures. Ainsi, le terme "Québec" se substitua à celui de "Province" et le "corporatisme social" des années 1930 devient la "sociale démocratie" des années 1970 (13). Si l'Eglise disparut du domaine de l'éducation et des affaires sociales ce fut au profit d'une instance toute aussi maternante: l'Etat technocratique pourvoyeur de services. Pour le reste, les néo-nationalistes continuèrent d'agiter le drapeau à fleurs de lys blanches du clergé, véritable symbole d'abdication nationale.

 

Si la fausse nationalité québécoise a pu exercer un attrait durant un certain moment, c'est justement parce qu'elle promettait de faire accéder un peuple à la souveraineté politique sans avoir à soutenir de combat contre un adversaire identifiable. Après s'être donné une nouvelle identité qui l'exorciserait de tout un passé jugé colonial, il lui suffirait, aux dires du Parti québécois, de pratiquer la "démocratie" et de devenir "moderne" à la manière dont les Anglo-Saxons l'entendent. A leurs yeux, il lui aurait été enfin possible de mériter l'indépendance.

 

Une telle vue de l'esprit soutend une démarche semblable à celle que doit suivre le catéchumène chrétien: on se purifie d'un passé jugé inacceptable en abandonnant le nom de sa lignée et en pratiquant certaines vertus dans le but de se mériter le salut éternel devant Dieu.

 

Les néo-nationalistes ont donc conduit le mouvement indépendantiste du peuple canadien dans l'impasse. Ils n'ont pas voulu comprendre qu'un mouvement de libération nationale est d'abord et avant tout une révolution. Révolution, parce qu'à l'exemple de la conduite d'actions inscrites dans l'histoire, elle exige du courage, au moins celui qui permet de mettre en cause les schémas intellectuels étriqués.

 

Révolution aussi, parce qu'une action inscrite dans l'histoire est toujours  -comme l'indique l'étymologie du terme, revolvere-  un retour aux origines. Or, un peuple ne se maintient dans le monde que parce qu'il actualise constamment son mythe de fondation et sa tradition de lutte nationale.

 

Mario GAGNE.

 

 

NOTES

 

(1) C'est l'opinion du géopoliticien Jordis von Lohausen telle que rapportée dans le "Dossier géopolitique" de la revue  Orientations,  octobre 1980, p. 4.

(2) Voir à ce sujet Louis Rougier dans  La France en marbre blanc,  Bourquin, éd., Genève, 1947, p. 73.

(3) Voir Pierre Maugué dans  "Les origines de la Suisse et la Tradition celtique",  Etudes et recherches,  n°3, automne 1984, p. 3.

(4) Voir Jean-Marc Soyez,  Quand l'Amérique s'appelait Nouvelle-France,  Fayard, Paris, 1981, p.84.

(5) Voir le texte en exergue du livre de Hugh Broody,  The People's Land Eskimos and Whites in the Eastern Arctic,  Penguin Books Ltd., Harmondsworth, 1975.

(6) Voir Alain de Benoist,  Démocratie, le problème,  éd. Le Labyrinthe, Paris, 1985; en particulier les pp. 13, 14 et 15.

(7) Voir Jacques Lafaye,  Quetzalcoatl et Guadeloupe, la formation de la conscience nationale au Mexique, 1531-1813,  Gallimard, 1974.

(8) L'expression est de Hawthorne et elle a été citée par Jean Morisset dans son livre  L'Identité usurpée,  tome I, éd. Nouvelle Optique, 1985, p. 58. Jean Morisset, dont les analyses sont une source d'inspiration féconde, est, avec Raoul Roy, l'un des rares intellectuels canadiens à défendre la nationalité canadienne contre la méprise que constitue la fausse identité québécoise.

(9) voir Jordis von Lohausen,  op. cit., p. 15.

(10) L'Atlas mondial de la découverte  préparé par Gérard Chaliand et Jean-Pierre Rageau (Fayard, Paris, 1984) est caractéristique de l'attitude déconcertante des Français envers le Canada. Alors qu'ils décrivent avec soin les explorations effectuées par les Espagnols, les Portugais et les Anglais en Amérique, aucune allusion n'est faite quant aux pérégrinations des explorateurs français et canadiens dans le nouveau monde. Même les voyages de Jacques Cartier sont ignorés. Ces deux géopoliticiens, qui ne peuvent avoir pour eux l'excuse de l'ignorance, se sont donc conformés aux vœux des Anglo-Saxons qui ont toujours combattu la présence de la France en Nord-Amérique.

(11) Le très beau livre de Jean-Marc Soyez  (op. cit.),  qui se lit comme un roman, est l'un des rares ouvrages français qui présente l'Amérique à la France et à l'Europe; il y a tout lieu de croire qu'il n'a pu être écrit que dans le contexte de la présidence du Général de Gaulle.

(12) Les dirigeants du mouvement des Patriotes étaient fascinés par les tentatives de "retour à l'antiquité" effectuées par la Révolution française. Un Ludger Duvernay, fondateur et directeur du journal  La Minerve,  puisait ses modèles politiques dans la démocratie athénienne ou dans la République romaine.

(13) Sur les liens de parenté existant entre les deux nationalismes, voir Clinton Archibald,  Un Québec corporatiste?,  éd. Asticou, Hull, 1983. 

lundi, 15 juin 2009

Immigration et déclin démographique reliés

Immigration et déclin de la population reliés

La hausse immédiate du nombre d’immigrants ne permettra pas d’éviter le déclin de la population du Québec. Au con­traire, elle pourrait mê­me l’accentuer. C’est du moins ce qu’affirme Guil­laume Marois dans son mémoire de maîtrise en démographie à l’Université de Montréal.

En 2006, le Québec a accueilli 45 000 immigrants, soit environ 50 % de plus qu’en 2000. Dans sa Planification triennale de l’immigration 2008-2010, Yolande James, ministre de l’Immigration et des Com­munautés culturelles, an­non­ce de nouvelles augmen­ta­tions : près de 50 000 nouveaux arrivants en 2008, et 55 000 en 2010. Cette augmentation, soutient la ministre, a pour but de retarder le déclin de la population. Une affirmation que conteste M. Marois.

«Le critère le plus important en matière de remplacement de la population est l’indice synthétique de fé-condité (ISF). On estime que chaque femme devrait donner naissance, en moyenne, à 2,1 enfants pour qu’une population se renouvelle d’elle-même. Or, le Québec affiche actuellement un ISF de seulement 1,6 enfant. À ce rythme, la population commencera à décroître vers 2035.»

«Il est étonnant a priori d’entendre dire que l’immigration ne freinera pas le déclin démographique à long ter­me au Québec. C’est pourtant un fait, soutient pour sa part Jacques Légaré, directeur de recherche de Guillaume Marois. D’abord, l’âge moyen des immigrants qui arrivent au Québec est si élevé [30 ans] qu’une bonne partie d’entre eux n’auront pas d’enfants. Ensuite, une grande proportion d’immigrants (jus­qu’à 20 %, selon certaines estimations) choisissent de quitter le Québec une fois leur statut régularisé.»

«En outre, plusieurs étu­des mentionnent que les immigrants adoptent très vite les mœurs de leur pays d’accueil en matière de natalité; ils ont donc moins d’enfants que s’ils étaient restés dans leur pays d’origine, poursuit-il. Résultat?: le taux de fécondité reste le même, avec ou sans immigration.»

L’immigration peut-elle amplifier le déclin?

La hausse du contingent d’immigrants contribuera à grossir la taille de la population durant une cinquantaine d’années, ce qui pourrait nuire à l’objectif fixé par l’État.

«En accroissant les ni­veaux d’immigration dès maintenant, on aura besoin d’encore plus d’immigrants demain pour remplacer les gens qui mourront ou qui partiront. Voilà pourquoi l’augmentation du nombre d’immigrants cette année pourrait nous jouer des tours dans un avenir plus ou moins rapproché», explique M. Marois.

Le jeune homme a élaboré deux scénarios visant à empêcher le déclin de la population.
Le premier, prudent, suppose l’arrivée de 40 000 im­migrants par année à partir de 2008; le second, de 60 000. Pour chacun des scénarios, dès que la population décroît, le nombre d’immigrants est ajusté en conséquence afin d’éviter ce déclin?: c’est ce que l’on appelle la migration de remplacement.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le premier scénario apparaît beaucoup plus efficace que le second en regard de l’objectif défini. En effet, si l’on accepte 40 000 immigrants dès cette année, le nombre devrait être haussé à environ 57 000 à partir de 2050 pour stopper le déclin de la population. Alors que si on reçoit 60 000 immigrants dès 2008, il faudrait hausser les niveaux à plus de 65 000 au cours de la deu­xième moitié du siècle.

Cela dit, reconnaît le jeune démographe, l’immigration n’est pas qu’une affaire de chiffres. Un pays comme le Canada a la responsabilité humanitaire d’ouvrir ses portes à des citoyens de l’étranger. Et il le fait bien. Par rapport à la taille de sa population, à 40 000 immigrants annuellement, le Québec en accueille plus que la France et le Royaume-Uni, notamment.

Une hypothèse qui tient la route, estiment des démographes

L’hypothèse selon laquelle plus on accepte d’immigrants aujourd’hui, plus on accroîtra le déclin démographique du Québec demain tient la route. C’est ce que nous ont dit les quatre démographes auxquels nous avons fait lire notre article sur le mémoire de maîtrise de Guillaume Marois. Ils ont cependant quelques réserves.

Par exemple, Richard Marcoux, professeur titulaire au Département de sociologie de l’Université Laval, n’est pas d’accord lorsque M. Marois affirme que «ce n’est pas la taille de la population qui importe, mais sa dynamique». «La taille de la population est cruciale, soutient M. Marcoux. C’est elle qui détermine le poids politique du Québec dans le Canada, les transferts gouvernementaux, la péréquation, etc. Tout ça est bien plus important qu’un lointain déclin de la population.»

M. Marcoux fait remarquer, en faisant référence au graphique, que malgré un déclin de la population plus marqué avec le scénario A (immigration forte), le Qué-bec compterait près de
450 000 habitants de plus vers 2050 qu’avec le scénario B (immigration modérée).

Finalement, si M. Marcoux reconnaît que le Québec accepte proportionnellement plus d’immigrants que la France et le Royaume-Uni, il souligne que nous en acceptons sensiblement moins que l’Ontario, la Colombie-Britannique et bien d’autres pays.

Un niveau de fécondité intermédiaire

Plutôt que de dire comme M. Marois que «les immigrants adoptent très vite les moeurs de leur pays d’accueil en matière de natalité», Jean-Michel Billette, démographe et analyste à Statistique Canada, préfère parler «d’un niveau de fécondité intermédiaire entre celui de leur pays d’origine et celui du pays d’accueil».

Cela dit, M. Billette estime que «le scénario A de M. Marois est plus vraisemblable que le scénario B de la ministre de l’Immi­gration, Yolande James».

Par ailleurs, Hélène Vézina, professeure au Département des sciences humaines et chercheuse du Groupe de recherche interdisciplinaire en démographie et épidémiologie génétique de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), et son collègue Marc Tremblay, démographe lui aussi, trouvent intéressants les travaux de M. Marois.

«Si on accueille un nombre plus grand d’immigrants, la population augmentera, mais effectivement, si la fécondité de ces immigrants est sous le seuil de remplacement, comme le nôtre, ils contribueront éventuellement au déficit démographique», affirme Mme Vézina.

«Cependant, il faut être prudent avec les projections sur plus de 50, ou même 30 ans, car elles reposent sur des hypothèses très fragiles, ajoute M. Tremblay. Par exemple, on fait des projections sur la fécondité de femmes qui ne sont même pas encore nées.»

Source : Journal Métro


 

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