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mardi, 03 décembre 2024

La pensée politique chez Yukio Mishima

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La pensée politique chez Yukio Mishima

Israel Lira

Source: https://centrocrisolista.wixsite.com/cecccs/post/pensamie...

Le 25 novembre 1970, sous le regard étonné des officiers présents au quartier général des forces d'autodéfense japonaises, le jeune Kimikate Hiraoka, qui avait déjà adopté dans sa jeunesse le pseudonyme littéraire de Yukio Mishima, lança avec défi sa proclamation ultranationaliste de défense des valeurs traditionnelles du Japon face à ce qu'il considérait comme la décadence généralisée; un homme d'une grande sensibilité et d'un grand sens de l'humour, s'est montré provocateur et a mis en avant sa proclamation ultra-nationaliste de défense des valeurs traditionnelles du Japon face à ce qu'il considérait comme une décadence généralisée, un processus exacerbé d'occidentalisation qui avait imprégné le Japon d'un égrégore pacifiste qui lui était étranger, brouillant une dichotomie que l'auteur américaine Ruth Benedict (1946), soucieuse de fournir une approche utile aux forces d'occupation militaires américaines qui allaient se confronter à une nouvelle réalité culturelle, a su reconnaître dans deux axes principaux qui résumaient l'essence névralgique de la culture japonaise, et qui correspondaient à son incarnation sans équivoque, respectivement la tradition impériale et la tradition guerrière: le chrysanthème (symbole de la maison impériale du Japon) et le sabre (symbole du samouraï).   

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Mishima prononçant son célèbre discours sur les balcons de la caserne des Forces japonaises d'autodéfense (Ichigaya, Tokyo) lors d'une tentative de coup d'État, quelques instants avant de se suicider rituellement, ou seppuku, le 25 novembre 1970.

Après la Seconde Guerre mondiale, dans le Japon d'après-guerre, le chrysanthème a perdu son caractère théologico-politique et a été réduit à la seule dimension politique lorsque l'empereur Hirohito, en 1946, sous la pression des forces d'occupation, a été contraint de reconnaître qu'il n'était pas un dieu vivant mais un homme, en signant le Ningen Sengen ou Déclaration d'Humanité. D'autre part, la démilitarisation progressive de la société japonaise a oblitéré son essence guerrière et l'a réduite à une force émasculée en elle-même par le mandat du vainqueur.

C'est dans cette société que Yukio Mishima a été forgé et formé, une société dont l'esprit a été victime d'une liquéfaction de toute sa personnalité, par la souffrance de la guerre et la conséquence de la défaite. L'équilibre entre le chrysanthème et l'épée avait été rompu, et c'est cet équilibre que Mishima a cherché à rétablir, à travers sa propre vie, qui a pris la forme d'une vie littéraire et d'une vie politique. Il était de ces écrivains qui sont ce qu'ils écrivent, et dont la mort pouvait être annoncée dans les pages qu'ils avaient écrites. La vie de Mishima était une préparation à la mort, une vie pour mourir glorieusement. C'était une vie pour une bonne mort. Une mort avec un sens, une mort avec un but. Une mort qui incarnait la rédemption de tout un peuple qui avait préféré abandonner les vieilles méthodes plutôt que de continuer à défendre des idéaux proscrits par le vainqueur, dans un contexte où il n'y avait aucun avantage à les défendre, mais seulement du mépris, des moqueries et des rires complices. La suppression de l'âme du Japon.

C'est dans ce cadre que l'on peut comprendre le fondement de la pensée politique de Mishima, qui atteint sa sublimation maximale le 25 novembre 1970, lorsqu'il décide de mettre fin à ses jours en commettant le suicide rituel du seppuku, n'ayant pas obtenu l'effet escompté auprès des soldats que venaient de l'écouter, des soldats qu'il entendait fouetter, après avoir pris en otage le commandant de la caserne avec l'appui de ses fidèles membres de la Tatenokai (la Société des boucliers, milice privée créée par Mishima lui-même), et étant ainsi parvenu à « renverser le gouvernement », il voulait réécrire la constitution et rétablir l'empereur japonais comme le véritable chef spirituel, militaire et politique du Japon (Carimo, 2012 : 141).

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楯の会 lit. Tatenokai « Société du bouclier ». Fondée en 1968 par Yukio Mishima.

Comme nous l'avons souligné, sa vie littéraire se confond avec sa vie politique et toutes deux constituent la personne de Yukio Mishima. Par conséquent, revoir son idéologie politique revient à se référer impérativement à son œuvre littéraire, reconnaissant ainsi trois principes fondamentaux :

  1. 1) Le Yukoku (Patriotisme): Il s'agit d'une nouvelle publiée en 1960 et qui recrée un épisode de l'histoire japonaise connu sous le nom d'événement du 26 février 1936, dans lequel Mishima fait étalage des valeurs traditionnelles japonaises incarnées par un groupe d'officiers: la loyauté envers l'empereur et la défense de son propre honneur, sublimées dans le Seppuku, qui étaient à leur tour à la base du nationalisme anachronique de Mishima.
  2. 2) Le Bushido (Voie du guerrier): Mishima approfondit l'éthique du samouraï (courage, abnégation, courtoisie, frugalité, détachement) à travers son ouvrage Introduction au Hagakure, le Hagakure étant un ouvrage représentatif de la philosophie du samouraï écrit par Tsunetomo Yamamoto au 18ème siècle, où est entériné le fait que « la voie du samouraï, c'est la mort » (Rankin, 2011:26-31). La Voie du Guerrier devient chez Mishima l'éthique du samouraï contemporain, où l'acte de servir son pays implique une loyauté absolue à un idéal transcendantal pour lequel on est prêt à offrir sa propre existence. 
  3. 3) Le kamikaze (vent divin): en plus de faire référence aux forces de la nature qui ont empêché le Japon d'être assiégé par les Mongols au 13ème siècle et aux combattants courageux qui ont offert leur vie dans des missions suicides au cours de la Seconde Guerre mondiale, il s'agit d'une incarnation idéale de certaines valeurs qui offrent une résistance aux processus d'aliénation culturelle, et que Mishima a illustrées à travers ses personnages dans sa tétralogie La mer de la fertilité (1969).

Sous ces trois idéaux, Mishima déclare : « Dans tous les patriotismes, il y a une ombre de narcissisme. C'est peut-être la raison pour laquelle tous les patriotismes semblent avoir besoin de se vêtir d'uniformes attrayants » (Mishima, 1950 : 84). Telle était l'essence même des Tatenokai, dont les actions faisaient honneur aux vêtements qui les habillaient.

Références bibliographiques:

MOHOMED, Carimo. (2012). «La pureza del samurái: historia y política en el pensamiento de Yukio Mishima». En: https://www.redalyc.org/articulo.oa?id=221022956008&idp=1&cid=207809   

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Bibliographie:

BENEDICT, Ruth. (1946). «El crisantemo y la espada: patrones de la cultura japonesa». Madrid: Alianza Editorial. Edición de 2003.

MISHIMA, Yukio. (1966).«Patriotism». In: Death in Midsummer and Other Stories. New York: New Directions.

MISHIMA, Yukio. (1950). «Los años verdes». Madrid: Alianza Editorial. Edición de 2011.

RANKIN, Andrew. (2011). «Seppuku: A History of Samurai Suicide». Tokyo / New York / London: Kodansha International.

MISHIMA, Yukio. (1967). «La ética del samurái en el Japón moderno: introducción a Hagakure». Madrid: Alianza Editorial. Edición de 2016.

MISHIMA, Yukio. (1969).«El Mar de la Fertilidad». Madrid: Alianza Editorial. Edición de 2011.

Source : https://isralyr.wixsite.com/israel-lira/post/pensamiento-político-en-yukio-mishima

mercredi, 06 décembre 2023

Yukio Mishima - samouraï, monarchiste, révolutionnaire conservateur

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Yukio Mishima - samouraï, monarchiste, révolutionnaire conservateur

Ronald Lasecki

Source: https://ronald-lasecki.blogspot.com/2023/10/yukio-mishima-samuraj-monarchista.html

L'écrivain et militant nationaliste japonais Yukio Mishima (1925-1970) est populaire, y compris dans les milieux de droite (1), principalement pour son extraordinaire acte de suicide rituel de samouraï (seppuku), commis le 25 novembre 1970, après que lui-même et quatre autres membres de l'Association nationaliste du bouclier (Tate no Kai), qu'il avait fondée deux ans plus tôt, se soient emparés du bureau du général Kanetoshi Mashita, commandant du commandement oriental des forces d'autodéfense japonaises (Jieitai), qui avait été capturé et avait été tué par des soldats. Kanetoshi Mashita avait été le chef du commandement oriental des forces japonaises d'autodéfense (Jieitai) à Tokyo (2).

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Dans un discours prononcé depuis le balcon du bâtiment de la garnison devant les soldats rassemblés sur la place en contrebas (qui avaient été convoqués là sous la menace d'une exécution par les assassins du commandant), Y. Mishima demande une révision de l'article 9 de la constitution imposée sous l'occupation par les Yankees le 3 novembre 1946, qui stipule que le Japon renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ainsi qu'à l'usage ou à la menace de la force comme moyen de règlement des différends internationaux. Dans le paragraphe suivant du même article, le Japon déclare qu'il ne se reconnaît pas le droit de faire la guerre et qu'il ne maintiendra jamais de forces armées terrestres, maritimes ou aériennes, ni aucun autre moyen capable de faire la guerre (3).

Le discours de Y. Mishima est moqué par les soldats rassemblés et, après l'avoir terminé au bout de quelques minutes en criant trois fois "Vive l'empereur !", il retourne dans son bureau et se fait seppuku. Si le discours de Tate no Kai a pu bénéficier du soutien tacite de certains cercles de commandement du Jieitai qui envisageaient de réviser la constitution et de reconstruire l'armée japonaise, le soutien de l'action de Y. Mishima a été, en fait, un soutien tacite de l'armée japonaise. L'action de Mishima a cependant été entravée par le changement de politique américaine à l'égard de la Chine initié en 1969 par Henry Kissinger, à la suite duquel la remilitarisation du Japon n'a pas eu les faveurs de Washington à l'époque et l'éventuel retrait des militaires japonais aurait eu lieu sans les sanctions de l'USFJ (United States Forces Japan). Un facteur destiné à favoriser le groupe de Y. Mishima et à radicaliser le discours de Jieitai furent également les émeutes déclenchées dans les universités par le Comité de grève combiné des étudiants (Zenkyoto), qui furent toutefois traitées de manière indépendante par des unités de la police d'assaut.

Les problèmes de militarisation du Japon

La question de la militarisation du Japon et de son droit à mener des opérations militaires était en fait déjà devenue un sujet de controverse politique récurrent à Tokyo depuis la capitulation signée le 2 septembre 1945 à bord du navire yankee "Missouri" amarré dans la baie de Tokyo. Le déclenchement de la guerre dans la péninsule coréenne a incité les Yankees à créer une force de police de réserve japonaise autochtone de 75.000 fonctionnaires en 1950, à renforcer la force de défense côtière, laquelle devait également être japonaise et autochtone, et à révoquer l'interdiction de la production de matériels militaires au Japon. Le traité de paix avec le Japon, signé à San Francisco le 8 septembre 1951, stipule que le pays a le droit de se défendre individuellement et collectivement, conformément à l'article 51 de la Charte des Nations unies (4).

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Soldats japonais en 1955.

Le traité de sécurité entre les États-Unis et le Japon, signé le même jour, sanctionnait le stationnement indéfini de troupes américaines dans l'archipel, avec la possibilité qu'elles soient utilisées à la fois pour défendre le Japon contre une attaque extérieure, pour réprimer les troubles internes dans le pays et pour des opérations dans la région élargie de l'Extrême-Orient. En 1952, les troupes de police de réserve ont été transformées en troupes de sécurité et, en 1954, les troupes d'autodéfense (Jieitai) ont été créées avec un effectif de 152.000 hommes. Cependant, les Jieitai ne peuvent être utilisées qu'à l'intérieur du Japon. Le 19 janvier 1960, une nouvelle version du traité de sécurité avec les États-Unis a été signée, qui comprenait une disposition selon laquelle le Japon devait fournir une assistance armée aux forces yankees en cas de combats sur son territoire (5).

Ni le Premier ministre "faucon" Nakasone Yasuhiro (1982-1986), ni Shinzo Abe, le plus ancien Premier ministre japonais de l'après-guerre (2006-2007, 2012-2020), n'ont réussi à réviser le malheureux article 9 de la Constitution. "(...) le Premier ministre n'a pas réussi à réaliser son projet le plus important, qui était de réviser la Constitution du Japon et de donner des pouvoirs légaux à la Force japonaise d'autodéfense. Cependant, sous le gouvernement Abe, un certain nombre de changements ont été apportés concernant la sécurité intérieure du Japon et les réglementations qui permettent aux troupes japonaises d'être déployées à l'extérieur du pays. Sous le gouvernement du Premier ministre Abe, le Japon a considérablement augmenté ses dépenses d'armement, ce qui devait aboutir à l'installation d'un système de bouclier terrestre de défense antimissile". Un expert polonais du Japon a écrit un essai intéressant à propos de la démission du Premier ministre japonais, annoncée le 16 septembre 2020 (6).

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Le nouveau Premier ministre Suga Yoshihide est considéré comme moins expérimenté que son prédécesseur en matière de politique étrangère et de sécurité et moins intéressé par ces questions. Le Parti libéral démocrate (PLD), parti conservateur du Japon, actuellement au pouvoir, envisage d'équiper les forces d'autodéfense de missiles à longue portée capables de dissuader une attaque de missiles balistiques alors qu'ils se trouvent encore en territoire ennemi et d'habiliter le Jieitai à lancer des attaques préventives (la Corée du Nord et la Chine sont considérées comme des adversaires, en raison du conflit croissant avec cette dernière au sujet de l'archipel des Senkaku, en mer de Chine orientale). En juillet 2020, le ministère japonais de la défense présente à son tour un projet visant à remplacer le chasseur F-2 produit par Mitsubishi Heavy Industries par un nouveau modèle de chasseur japonais. En septembre 2020, un nouveau budget militaire est adopté, qui atteint le montant record de 51,8 milliards d'USD. Les plans de dépenses comprennent la construction d'un nouveau système de défense antimissile installé sur les navires de guerre. Cependant, l'opposant à la révision de l'article 9 de la constitution reste le parti Komeito, qui est en coalition avec le PLD, et sans nouvelles élections générales, le Premier ministre S. Yoshihide n'obtiendra pas de majorité parlementaire pour un tel projet (7).

Selon Y. Mishima, le plus important pour le peuple japonais est de sortir de la pensée pacifiste en adoptant une nouvelle constitution à l'image d'un Etat souverain. Tel est le message de Y. Mishima devant la garnison Jieitai de la capitale en novembre 1970, et c'est à cette idée que le nationaliste japonais a consacré ses activités politiques et formatrices, qui ont abouti à son suicide ce jour-là. Selon Y. Mishima, la constitution d'occupation du Japon a conduit le pays à effacer l'esprit national, l'a abruti par un pacifisme outrancier, l'a transformé en une puissance purement économique et financière sans cervelle et sans âme, ce qui doit finalement conduire à l'autodestruction du Japon. Il convient de noter ici que la bulle de croissance économique du Japon a effectivement éclaté dans les années 80, aggravée par l'effondrement démographique du pays, ce qui a entraîné le déclin de l'importance du Japon face à une Chine en pleine ascension géopolitique. Comme le conclut le major Katsumi Terao, "lorsque la réforme constitutionnelle sera réalisée, les douleurs et les désirs de Mishima seront apaisés et il deviendra un bouddha. En attendant, son âme est dans un état d'inconsolabilité" (8).

Contexte familial

Il est indéniable que le parcours de vie et la personnalité de l'écrivain ont été fortement influencés par son milieu familial. Son grand-père paternel, Sadato Hiraoka, grâce au patronage du ministre de l'Intérieur et du Premier ministre de l'époque, Takashi Hara, est devenu gouverneur de Karabuto, une province couvrant le sud de l'île de Sakhaline, que le Japon avait gagné aux dépens de la Russie après la victoire de la guerre de 1905 et qu'il a perdue au profit de l'URSS après la défaite de la guerre de 1945. Une série de mésaventures, d'opérations financières douteuses et de luttes de factions pendant la présidence de T. Hara et après son assassinat, tandis que S. Hiraoka était au poste de gouverneur, ce qui a entraîné une dégradation rapide de la position de la famille du futur écrivain.

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Cette dégradation se retrouve dans le caractère bourru et apodictique de Natsuko, la grand-mère de Kimitake Hiraoka, amatrice de kabuki et de théâtre nō. Son caractère est marqué par la fierté d'être issue de la famille Tokugawa et d'avoir hérité d'une riche tradition culturelle, ainsi que par un sentiment d'impuissance, dû à la conscience des conséquences de la privation de pouvoir et de prestige de la famille après la restauration Meji. Un motif qui revient souvent dans les œuvres de Mishima. Le motif de la beauté nostalgique et de la résignation tranquille chez Mishima fait écho au souvenir de la doyenne de la famille.

Le grand-père paternel de Natsuko, Naoyuki Nagai, était un descendant de la famille féodale Mikawa-han (daimyō) et occupait une position élevée dans l'administration Tokugawa, responsable, entre autres, des négociations avec les pays occidentaux et de la construction de la marine japonaise et de la première aciérie du Japon. Son grand-père maternel, Yoritaka Matsudaira, était quant à lui le dernier daimyō de la famille Sisido-han, un prêtre important de la religion shintoïste. La famille de Natsuko, tant du côté paternel que maternel, était étroitement liée au clan Tokugawa. Grâce à l'appartenance de sa grand-mère à l'aristocratie (Kazoku), le jeune K. Hiraoka a pu entrer à Gakushuin, l'équivalent japonais du collège britannique d'Eton.

Le futur écrivain, compte tenu de la soumission et de la maladresse de son père Azusa Hiraoka, a été principalement élevé par sa grand-mère surprotectrice, ce qui s'est déroulé dans des conditions assez particulières et dans une atmosphère familiale malsaine, et a probablement été décisif pour l'émergence de motifs pathologiques dans ses déclarations sur la sexualité. Ces thèmes, ainsi que la prétendue bisexualité de K. Hiraoki, suscitent généralement une fascination malsaine chez ceux qui s'intéressent à sa personne, mais nous ne les développerons pas ici car, à notre avis, ils n'ont rien à voir avec l'héritage idéologique et politique du "dernier samouraï" et sont, de surcroît, de formidables ragots.

C'est également grâce aux efforts de son père, qui avait des relations dans les sphères gouvernementales, que le jeune K. Hiraoka a pu éviter le service militaire pendant la période de déclin de la guerre, à l'initiative de son père et non de lui-même. Le futur écrivain éprouvera toute sa vie des remords pour son absence au front et, au vu de la mort héroïque de nombre de ses pairs, une sorte de "traumatisme du survivant". Cela l'amènera, après la guerre, à entreprendre un programme d'exercices physiques intenses pour devenir une personne physiquement et spirituellement meilleure. C'est ainsi que Y. Mishima est entré dans l'espace culturel et spirituel du Bushidō.

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Diagnostic de la crise

La première phase du parcours intellectuel de Y. Mishima culmine dans l'œuvre "Kinkaku-ji" ("Le Pavillon d'or", 1956) (9). Le leitmotiv des écrits de Y. Mishima au cours de cette période est une description méticuleuse de la vie intérieure des hommes japonais dans l'après-guerre (Sengo minshushugi) - une époque où la nation des guerriers, autrefois fière, s'est retrouvée plongée dans le nihilisme libéral. Il est caractéristique ici que, bien que l'art littéraire de Y. Mishima atteint son apogée dans cette œuvre de jeunesse, son identité japonaise et sa conscience nationaliste centrée sur l'idée monarchique commencent à peine à s'éveiller. Dans le Kinkaku-ji, l'étage le plus élevé, non conquis, du pavillon d'or (évoqué dans le titre du roman) peut être considéré comme une métaphore de l'idéal spirituel japonais. Y. Mishima mène à cette époque une vie de play-boy dégénéré, passant son temps dans des clubs luxueux, fréquentant des femmes tout aussi luxueuses et buvant des alcools tout aussi luxueux.

Son monde est celui d'une jeune génération d'hommes japonais dont l'âge mûr se situe dans les années d'après-guerre. Le pays est traversé par des flots d'argent étranger, les gens se sourient, cachant derrière un masque de pseudo-humanisme les conflits d'intérêts individuels qui brisent l'ensemble social organique, dans le maquis duquel il n'est plus possible de distinguer les amis des ennemis. Le mensonge et la duplicité ont détruit l'honneur et la vérité. La force physique et le travail de ses propres mains sont méprisés, tandis que la société se noie dans l'hypocrisie. Les jeunes générations étouffent dans l'apathie, la paresse, la drogue, la pornographie, la compétition dénuée de sens, mais suivent, comme un troupeau de moutons, le même chemin du matérialisme qui leur a été préparé. Les gens se dégradent en courant après l'argent. Il y a de plus en plus de voitures dont la vitesse illustre l'insensibilité de ceux qui sont derrière leur volant. De nouveaux gratte-ciel voient le jour, tandis que les principes moraux et la droiture morale sont en déclin. Les vitres brillantes des vitrines sont comme une invite à des convoitises auxquelles nous ne pouvons échapper et à travers lesquelles nous pouvons apercevoir notre vide spirituel. Lorsque les ailes des aigles kamikazes s'élançant vers le ciel se brisent, ils sont moqués et ridiculisés par les termites en costume-cravate qui rampent entre les gratte-ciel de verre (10).

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Les sources de la crise

C'est face à cette époque que "l'Empereur est devenu simplement humain". Les années 1960 ont été une décennie d'activité hideuse pour des gens spirituellement vidés de leur substance autour d'une chose aussi plate que la croissance économique. Dans la nouvelle "Eirei no Koe" ("Voix des héros déchus", 1966) de Y. Mishima, par la bouche de ceux qui sont tombés lors du coup d'État nationaliste manqué du 26 février 1936, crée un double portrait de l'empereur Hirohito: d'une part, il est la personnification sacrée du mythe national japonais; d'autre part, ayant renoncé à son statut de "dieu ayant pris la forme d'un homme" (Arahitogami), il n'est plus qu'un grand-père souriant et bon enfant, présidant à la rationalité économique du capitalisme d'après-guerre, légitimant la routine quotidienne du Japon d'après-guerre.

Le règne de Shōwa est marqué par les couleurs rouge et gris cendré. Le rouge sang s'achève avec le dernier jour de la guerre, le gris cendré commence avec la déclaration de l'empereur "Je ne suis qu'un être humain". Le rouge est la sincérité suprême des esprits fraternellement unis de ceux qui ont sacrifié leur vie sur l'autel de la patrie lors de "l'incident du 26 février" (c'est ainsi que la tentative de coup d'Etat manquée de 1936 a été désignée dans le récit officiel japonais) et lors des attaques kamikazes de Tokkottai à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La mort des héros tombés pour la patrie devient insignifiante et inutile face à l'abdication de la divinité par Hirohito, perdant ainsi son caractère sacré. La période "grise" de Shōwa est pour Y. Mishima inacceptable, les esprits des héros s'exprimant à travers sa plume accusent Hirohito de trahir leur patriotisme et leurs cœurs purs.

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Lors de la célébration du septième anniversaire de la mort de Y. Mishima, sa mère Shizue a révélé que "Eirei no Kobe" a dû être écrit en une nuit. Lorsqu'elle a demandé à son fils comment il était parvenu à écrire une œuvre aussi subtile en si peu de temps, il a répondu: "J'ai senti ma main bouger d'elle-même et le stylo se déplacer de lui-même sur le papier. Je ne pouvais pas arrêter ma main, même si je le voulais. Des voix discrètes, comme des chuchotements, ont retenti dans ma chambre à minuit. Ces voix semblaient provenir d'un groupe d'hommes. En retenant mon souffle et en écoutant attentivement, j'ai compris qu'il s'agissait des voix des soldats tombés au combat lors de l'incident du 26 février" (11).

Révolution conservatrice

Mishima éprouvait une grande sympathie pour les jeunes officiers et soldats qui avaient déclenché la mutinerie du 26 février, partageant leur agrarisme rustique et leur aversion radicale pour la modernité, le capitalisme et la civilisation urbaine. L'auteur d'"Eirei no Kobe" ne considérait pas les participants à l'"incident du 26 février" comme des rebelles déloyaux, mais comme de nobles patriotes-guerriers, prêts à se sacrifier pour défendre la justice, la tradition et le bien commun du peuple japonais. Il a été profondément attristé, déçu et déchiré par le fait que l'empereur Shōwa ait choisi de ne pas écouter les voix sincères des auteurs de la conspiration, ordonnant au contraire qu'ils soient exécutés à l'issue d'un simulacre de procès. Y. Mishima se range du côté des soldats qui ont prêté serment d'allégeance à l'empereur, mais qui ont été lésés par lui, abandonnés et condamnés à l'oubli.

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La tentative d'assassinat du 26 février 1936 est l'une des plus importantes du Japon de l'entre-deux-guerres. Ce jour-là, à 8h15, des barricades s'élèvent dans plusieurs quartiers de Tokyo et la confusion la plus totale règne. Au cours de la nuit, les conspirateurs ont réussi à assassiner l'amiral Saitō Makoto, le ministre Takashi Korekiyo, le général Jōtarō Watanabe et le beau-frère du Premier ministre Okada Keisuki. L'amiral Suzuki Kantaro est également gravement blessé. Regroupés au sein de l'organisation nationaliste Kōdō-ha (Imperial Way Faction), les assassins détruisent également l'imprimerie du journal libéral Asahi et occupent pendant trois jours le siège du ministère de la Guerre, l'état-major, le quartier général de la police de la capitale et le nouveau bâtiment du parlement, avant de déposer les armes sur ordre de l'empereur. La rébellion a impliqué environ 1400 soldats des 1er et 3e régiments d'infanterie, du 7e régiment d'artillerie lourde, de la garde impériale et des milieux civils. Le chef de la conspiration était Teruzō Andō du 3e régiment d'infanterie, et les participants civils comprenaient Kita Ikki et Nishida Zei. La conspiration a été personnellement condamnée par l'empereur, et ses participants militaires et civils ont été jugés et exécutés par des pelotons d'exécution quelques mois plus tard (12).

Le monarchisme

Asaichi_Isobe.jpgLe monarchisme de l'auteur de "Voices of the Ghosts of Fallen Heroes" se référait donc au Dentō, le système monarchique japonais unique formé au cours d'un développement historique organique, et au Kōtō, la dynastie régnante. Son sujet, en revanche, n'était pas l'individu Tennō, distinction qu'a faite Y. Mishima, qui a vivement critiqué les actions de Hirohito avant et après la guerre. Il condamnait en particulier la dissociation de Hirohito avec les dirigeants du soulèvement du 26 février 1936, le capitaine Asaichi Isobe (photo) et le capitaine principal Hisashi Kōno. C'est sur les archives pénitentiaires du premier que Y. Mishima a basé le contenu de la nouvelle "Yūkoku" ("Patriotisme", 1961) (13).

L'empereur, furieux de l'assassinat de ses ministres par de jeunes commandants militaires rebelles, refuse d'écouter leurs raisons, ne prend pas parti, ordonne la répression de la rébellion et le jugement et la condamnation des participants. Son rejet des auteurs de la révolte nationaliste et anticapitaliste du 26 février rappelle la renonciation au statut divin après la guerre, qui était de facto un geste de coopération, voire une tentative d'intégration politique avec les envahisseurs et occupants yankees. Pour Y. Mishima, le règne de Shōwa chancelle pour ainsi entre 1936 et 1945.

La formation monarchiste de l'auteur de "Yūkoku" est bien illustrée par sa conversation avec Tsukasa Kōno, le frère aîné de Hisashi Kōno, qui fut l'une des figures les plus importantes de la révolte du 26 février et se suicida après sa défaite. Y. Mishima cite dans l'interview les propos de l'empereur Hirohito, qui s'était exprimé de manière désobligeante sur les révoltes du 26 février: "Qu'ils se suicident s'ils le souhaitent. Je n'ai pas l'intention d'honorer ces illégaux en leur envoyant mon représentant". L'auteur de "Eirei no Koe" commente: "Ce n'est pas un comportement digne d'un empereur japonais. C'est très triste". Cependant, lorsque Tsukasa demande "Si ces jeunes officiers avaient su ce que l'Empereur avait dit, auraient-ils crié devant le peloton d'exécution "Tennō Heika Banzai !" ("Longue vie à Sa Majesté l'Empereur")?", Y. Mishima lui répond : "Même lorsque l'empereur ne se comporte pas comme un empereur, les sujets doivent se comporter comme des sujets. Les assassins savaient qu'ils devaient remplir leur devoir de sujets en poussant le cri "Vive l'Empereur !" et en croyant en la justice du Ciel. Mais quelle tragédie pour le Japon !" (14).

L'empereur doit unifier la société japonaise en étant une figure symbolique et en se plaçant au-dessus du domaine politique. Si la monarchie était le centre de l'unité nationale et culturelle, elle créerait un espace pour le débat politique et la créativité culturelle sans affaiblir la cohésion de la société. La monarchie doit être enracinée dans la tradition japonaise, mais aussi créer un espace pour l'intégration d'éléments importants de la modernité, y compris le pluralisme politique et la liberté culturelle. Le monarque, en tant que symbole de l'unité nationale et culturelle du peuple japonais, devait garantir la préservation et l'inviolabilité de l'essence de l'histoire et de la tradition nationales japonaises. Sur le plan politique, le monarchisme de Y. Mishima est donc très décevant, étant pratiquement incompatible avec le démolibéralisme et avec la présence du Japon dans la sphère d'influence yankee et le cercle civilisationnel de l'Occident.

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L'harmonie du sabre et de la plume

bb9da29ddf3340cb83cf7342a8b660080ce6c0511622a3d71d3d56e28f88dba4.jpgSur le plan culturel, en revanche, sa pensée conserve une valeur d'inspiration idéologique et ses essais tels que "Pour les jeunes samouraïs", "Introduction à Hagakure" (1967), "Soleil et acier" (1965-1968) et "Défense de la culture" (1968) sont très populaires, y compris en Europe, notamment parmi les nationalistes français et italiens. Y. Mishima défend dans ces textes les traditions politiques, culturelles et militaires japonaises, y compris le code Bushidō, mais aussi l'héritage plus large des classiques japonais et chinois de la fiction, de la poésie, du théâtre, de la philosophie, etc. Comme le note le critique littéraire Koichiro Tamioka, on trouve notamment dans le recueil Le Soleil et l'acier, les idées philosophiques et historiosophiques de Y. Mishima.

Dans l'après-guerre, le système de valeurs japonais s'est désintégré, avec la disparition de l'art traditionnel du sabre (Bu) et la dégradation de l'art de la plume (Bun). Le code traditionnel "Bu-Bun-Ryodo" doit donc être ravivé, car c'est dans la tension créative créée par le contraste entre "Bu" et "Bun" que la sensibilité japonaise traditionnelle peut être retrouvée. Comme l'a dit Y. Mishima lui-même, "Pratiquer les arts martiaux signifie se battre et tomber comme une fleur qui s'épanouit, pratiquer l'art de la plume signifie cultiver des fleurs qui ne cesseront jamais de s'épanouir".

Lors d'un débat avec les étudiants communistes qui occupaient l'université de Tokyo en 1969, Y. Mishima a présenté des points de vue conservateurs, tandis que les étudiants se sont rangés du côté de l'avenir, prônant de transcender les limites du temps et proposant une révolution conceptuelle réalisée dans de nouveaux espaces conceptuels. L'auteur de "La défense de la culture" plaidait plutôt pour une vision organique du temps et de la continuité historique en relation avec des idées telles que l'empereur, la morale de la violence, la personnalité et le corps, l'art et l'esthétique, l'espace et le temps, la politique et la littérature, la beauté en tant que concept et en tant que réalité, etc. Le débat s'est déroulé à un niveau intellectuel très élevé, oscillant entre des questions politiques d'actualité et des sujets philosophiques et historiosophiques plus abstraits. Ce faisant, Mishima rejoignait ses opposants de gauche dans leur rejet du capitalisme et des grandes entreprises, déclarant: "Si vous reconnaissiez la sainteté et l'onction de l'empereur, alors je me joindrais à vous" (15).

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Le traditionalisme

En 1966, Y. Mishima se rend dans la préfecture de Kumamoto, sur l'île de Kiusiu, où un groupe de samouraïs connu sous le nom de Shinpūren (Ligue du vent divin) s'était formé en 1876. Quelque 170 guerriers opposés à la politique modernisatrice de Meji, armés d'armes traditionnelles japonaises telles que le sabre (katana), la lance (jari) et la machette (naginata), attaquent la garnison locale. Les soldats, surpris, ont d'abord paniqué. Cependant, ils se sont rapidement regroupés et ont commencé à tirer des salves successives sur les guerriers Shinpūren qui avançaient, vêtus d'armures et armés de sabres. 123 samouraïs perdirent la vie au combat ou se firent seppuku, gravement blessés. Parmi les morts, on compte également une douzaine de jeunes âgés de 16 à 17 ans. La rébellion fut ridiculisée par la presse tokyoïte de l'époque, qui y voyait l'expression d'un anachronisme et d'un primitivisme.

La rébellion de Shinpūren s'inscrit dans une série de soulèvements similaires entre 1873 et 1877, dont le plus important fut celui du duché de Satsuma en 1877, mené par Takamori Saigō. Leur cause était l'abolition, en août 1871, de l'autonomie des domaines féodaux des daimyō qui soutenaient les samouraïs. Les salaires précédemment versés aux samouraïs par les daimyō furent réduits de moitié et convertis en obligations d'État, ce qui entraîna rapidement la ruine de nombreux chevaliers, principalement parmi les plus pauvres. La dégradation économique s'accompagne également d'une dégradation symbolique: en 1871, l'aristocratie perd le monopole de l'utilisation des noms de famille (les paysans obtiennent également le droit d'en avoir) et l'obligation pour les samouraïs de porter des sabres en public est abolie, avec une interdiction totale de leur utilisation par les non-officiers de l'armée gouvernementale en 1876. En 1871 également, les paysans ont été dispensés de se prosterner devant les samouraïs, et les paysans ont été autorisés à monter à cheval et à épouser des ressortissants d'autres castes. Cependant, le coup le plus dur porté aux samouraïs et la cause immédiate de leurs révoltes fut la création d'une armée régulière, pour laquelle les premiers enrôlements eurent lieu en 1873 (16).

Les raisons de la fascination de Y. Mishima pour la rébellion des Shinpūren nous permettent de mieux comprendre ses vues historiosophiques et civilisationnelles. Les Shinpūren se sont opposés à la restauration Meji, commencée en 1868, dont l'idée originale était de "restaurer la dignité de l'empereur et d'expulser les barbares d'outre-mer" (Sonnojoi). Le pouvoir devait appartenir à l'empereur, et non plus aux shoguns Tokugawa, et les "navires noirs" yankees, détestés, devaient être définitivement chassés du pays. Après le renversement du shogunat Tokugawa, le régime de Meiji a toutefois commencé à mettre en œuvre une politique d'occidentalisation drastique dans le Japon du XIXe siècle, que l'on peut comparer aux actions analogues du tsar Pierre Ier dans la Russie du XVIIIe siècle et du shah Reza Pahlavi dans l'Iran du XXe siècle.

Le Japon s'est ouvert aux influences occidentales et a commencé à imiter les recettes civilisationnelles occidentales, tout en limitant et en éliminant les coutumes traditionnelles de la société japonaise, stigmatisées par le nouveau régime comme non civilisées et non occidentales. L'aristocratie des samouraïs (Shizoku), surclassée, a été contrainte de couper ses chignons traditionnellement portés à l'arrière de la tête et ses membres se sont vu interdire de porter des épées en public - ce qui, à leurs yeux, avait une signification sacrée et constituait un droit inaliénable, distinguant les chevaliers des autres états sociaux.

Le rejet de la restauration Meiji par les Shinpūren était extrême et s'exprimait par des actions de nature strictement primitiviste. Les Shinpūren n'acceptaient pas le papier-monnaie, et lorsque celui-ci fut mis en circulation à la place des pièces de monnaie, ils refusaient de le toucher avec leurs mains et ne le ramassaient qu'à l'aide de bâtons de riz. Lorsqu'ils rencontraient quelqu'un habillé à l'occidentale, ils jetaient du sel sur le sol à l'endroit où il se tenait. Ils refusaient d'utiliser les "armes sales des barbares occidentaux", ne reconnaissant que les armes traditionnelles japonaises. Ils contournaient les lignes à haute tension à distance et, lorsque cela n'était pas possible, ils se couvraient la tête de feuilles de papier et couraient rapidement sous les fils. Leur rejet de la civilisation occidentale moderne était total, leur xénophobie identitaire et leur traditionalisme intégraux.

Pour comprendre Y. Mishima, donnons-lui la parole: "Quand on parle de fidélité à sa propre pensée, on parle d'une pensée exprimée par l'action, en marge de laquelle apparaissent cependant des impuretés, des tactiques, des crispations humaines. Il en est ainsi des idéologies, où la fin semble toujours justifier les moyens. Les Shinpūren, cependant, étaient une exception au mode où la fin justifie les moyens, la fin équilibrait les moyens dans leur cas et les moyens équilibraient les fins, l'un et l'autre se conformant à la direction indiquée par les dieux, étant libres de la contradiction et de la déviation de la fin par rapport aux moyens, présentes dans tous les autres mouvements politiques. C'est l'équivalent du rapport entre le contenu et le style d'expression dans l'art. Je suis convaincu que c'est aussi en cela que réside l'essence de l'esprit japonais, dans le sens de son action la plus pure (Yamatodamashii)" (17).

Un écho de l'épopée de Shinpūren peut également être entendu dans l'œuvre littéraire la plus aboutie de Y. Mishima. La tétralogie de Mishima 'Hōjō no Umi' ('Mer de fertilité', 1965-1971) l'atteste, plus précisément dans son deuxième tome 'Honba' ('Chevaux au galop', 1967-1968). L'un des protagonistes de l'histoire, Isao Liniuma, s'inspire de l'œuvre "Histoire des Shinpūren", souhaitant créer les "Shinpūren de l'ère Shōwa". La pièce, lue par Isao, 19 ans, a été placée dans son intégralité dans la nouvelle "Galloping Horses", ce qui lui confère le caractère d'une histoire funèbre. Située dans les années 1930, l'intrigue de "Galloping Horses" suit un groupe de jeunes conspirateurs militaires qui planifient l'assassinat d'un financier et bureaucrate du gouvernement nommé Kurahara. Ce dernier incarne à son tour les tendances technocratiques et mécanistes du régime Shōwa, qui considère la "stabilité de la monnaie" comme le facteur déterminant le bonheur de la société. "L'économie n'est pas de la philanthropie ; soit vous acceptez des pertes représentant 10% de la société pour sauver les 90% restants, soit les 100% restants devront mourir", déclare Kurahara.

2388ef5c16d226c606cb0a59494cd320.jpgIl s'agit d'une attitude radicalement opposée à l'idéal patriarcal d'avant-guerre de l'empereur en tant que "bon dirigeant", prenant soin de son peuple, défendant l'identité, l'histoire et le destin du peuple japonais. Y. Mishima lui-même adhérait à cet idéal traditionnel de l'empereur. C'est cette vision de l'empereur qu'il prêchait, qu'il vénérait, et pour laquelle les protagonistes de ses œuvres se sont sacrifiés. Pour défendre l'Empereur ainsi compris, le "dernier samouraï" a également sacrifié sa propre vie, en commettant le seppuku le 25 novembre 1970, après l'échec du coup d'État, qui était guidé par l'idée de retrouver pour l'Empereur le statut divin, et pour les Jieitai (Forces d'autodéfense) le statut de forces armées légitimes de l'État. Par son action, Y. Mishima a prouvé l'unité de la pensée et de l'action, l'unité de l'épée et de la plume, ressuscitant l'idéal traditionnel de la civilisation japonaise, dont il est devenu l'incarnation et le symbole pour les générations suivantes de patriotes japonais.

L'héritage

La mémoire du "dernier samouraï" est célébrée lors des anniversaires de la mort des patriotes (Yukokuki), qui ont lieu chaque année depuis 1971 et rassemblent des centaines de nationalistes de toutes les régions du Japon et de toutes les tranches d'âge, ainsi que des militaires, à la date du discours de Y. Mishima prononcé lors de la cérémonie de remise des prix. Mishima depuis le balcon de la garnison Jieitai de Tokyo a eu un effet formateur - même si, ayant été témoins directs, les soldats l'ont d'abord reçu avec dérision. Jusqu'à présent, le Yukokuki a également été organisé deux fois en Europe - par l'écrivain japonais nationaliste Tadao Takemoto à Paris et par l'universitaire italien conservateur Romano Vulpitta à Rome. L'officier le plus célèbre, formé par l'idée de Y. Misima est le major Katsumi Terao, qui faisait partie du groupe d'officiers militaires qui s'est introduit dans la salle contrôlée par Y. Mishima en 1970 pour tenter de sauver le général K. Mashita, qui avait été séquestré par ce dernier et ses partisans. K. Terao est alors blessé à deux reprises par Y. Mishima. Mishima, deux fois blessé d'un coup d'épée dans le dos et une fois coupé à l'épaule. Même après la mort de l'écrivain, il s'est rallié à lui sur le plan politique et a consacré les années suivantes de sa vie à promouvoir ses idées et à œuvrer en faveur d'une réforme constitutionnelle qui légaliserait l'existence de l'armée japonaise.

En 2015, un certain nombre de livres consacrés à Y. Mishima, rédigés par d'anciens membres du Tate no kai ou des officiers du Jieitai : "The Young Officers Who Last Met Yukio Mishima" (2019) par Shigeki Nishimura ; "Army of Shadows ; The Truth About Mishima's Death" (2001) par Kyokatsu Jamamoto ; "Yukio Mishima and the Japanese Self-Defence Forces" (1997) par Yusuke Sugihara ; "Traces of Fire : Confessions des 30 anciens membres du Tatenokai" (2005) par Aemi Suzuki et Tsukasa Tamura ; "Réforme constitutionnelle dédiée à l'empereur" (2013) par Kjoshi Honda ; "Promesse non tenue" (2006) par Toyoo Inoue ; "Après Yukio Mishima" (1999) par Masahiro Mijazaki ; "C'est ce que Yukio Misima a dit" (2017) par Jutaki Sinohara ; "L'époque à laquelle Yukio Misima a vécu" (2015) par Haruki Murata.

La mémoire du nationaliste japonais mérite d'être entretenue en Pologne également, et ses idées et ses réalisations devraient être rapprochées des identitaires polonais.

Ronald Lasecki

Littérature utilisée :

Benedict R., Chrysanthème et épée. Patterns of Japanese culture, Państwowy Instytut Wydawniczy, Varsovie 2003.

Gordon A., Nowożytna historia Japonii, Państwowy Instytut Wydawniczy, Varsovie 2010.

Hall J. W., Japan. From the earliest times to today, Państwowy Instytut Wydawniczy, Varsovie 1979.

Flanagan. D., Mishima, Reaktion Books Ltd. 2014.

Inose N., Persona : A Biography of Yukio Mishima, Bungei Shunshu Press, Tokyo 1995.

Mishima Y, Flamme froide, trad. H. Lipszyc, Świat Książki, Varsovie 2008.

Mishima Y., La pagode d'or, trad. A. Zielińska-Elliott, Wilga, Varsovie 1997.

La politique. Un auxiliaire de l'histoire. Histoire du Japon', n° 4/2019.

Rei R., In Defence of Yukio Mishima, https://counter-currents.com/2020/01/in-defense-of-mishima/ (03.10.2020).

Stokes H. S., The Life and Death of Yukio Mishima, Cooper Square Press 2000.

Śpiewakowski A., Samuraje, Państwowy Instytut Wydawniczy, Varsovie 1989.

Tubulewicz J., Histoire du Japon, Zakład Narodowy Imienia Ossolińskich-Wydawnictwo, Wrocław-Warszawa-Kraków-Gdańsk-Łódź 1984.

Vulpitta R., Yukio Mishima, Yojuro Yasuda, & Fascism, part 1. https://counter-currents.com/2013/01/yukio-mishima-yojuro-yasuda-and-fascism-part-1/ (02.10.2020), part 2. https://counter-currents.com/2013/01/yukio-mishima-yojuro-yasuda-and-fascism-part-2/ (02.10.2020).

Notes:

1) R. Vulpitta, Yukio Mishima, Yojuro Yasuda, & Fascism, part 1. https://counter-currents.com/2013/01/yukio-mishima-yojuro-yasuda-and-fascism-part-1/ (02.10.2020), part 2. https://counter-currents.com/2013/01/yukio-mishima-yojuro-yasuda-and-fascism-part-2/ (02.10.2020).

2) A. Śpiewakowski, Samouraï, Państwowy Instytut Wydawniczy, Varsovie 1989, p. 110.

3) Constitution du Japon du 3 novembre 1946 (traduite par le professeur Teruji Suzuki), https://www.pl.emb-japan.go.jp/relations/konstytucja.htm (02.10.2020).

4) K. Starecka, Occupation et démocratie, "Politique. Aide historique. Histoire du Japon', no. 4/2019, pp. 98-101.

5) Idem, Le fardeau du neuvième article, 'Politique. Une aide historique. Histoire du Japon ", n° 4/2019, p. 104.

6) M. Socha, La démission du Premier ministre Abe Shinzō : un résumé, http://osa.uni.lodz.pl/?p=11076 (02.10.2020).

7) Idem, Annonce de changements dans la stratégie de défense du Japon, http://osa.uni.lodz.pl/?p=11112 (02.10.2020).

8) R. Rei, In Defence of Mishima, commentaire sous 31 janvier 2020, https://counter-currents.com/2020/01/in-defense-of-mishima/ (02.10.2020).

9) Édition polonaise : Y. Mishima, Zlota pagoda , trad. A. Zielińska-Eliott, Wilga, Varsovie 1997.

10) Cf. N. Inose, Persona : A Biography of Yukio Mishima, Bungei Shunshu Press, Tokyo 1995, p. 323.

11) Ibid. p. 324.

12) J. Tubulewicz, Histoire du Japon, Zakład Narodowy Imienia Ossolińskich-Wydawnictwo, Wrocław-Warszawa-Kraków-Gdańsk-Łódź 1984, p. 413 ; J. W. Hall, Japon. Od czasów najdawniejszych do dziś, Państwowy Instytut Wydawniczy, Varsovie 1979, pp. 278-279 ; A. Gordon, Nowożytna historia Japonii, Państwowy Instytut Wydawniczy, Varsovie 2010, pp. 273-274.

13) L'adaptation cinématographique de l'histoire est un court métrage, également réalisé par Y. Mishima, un film de 28 minutes portant le même titre (il fonctionne également sous le titre anglais "Patriotism or the Rite of Love and Death") datant de 1966.

14) R. Rei, In Defence of Mishima, https://counter-currents.com/2020/01/in-defense-of-mishima/#_ftn1 (01.10.2020).

15) Cite pour : ibid.

16) J. Tubulewicz, Ibid. pp. 350-351 ; J. W. Hall, Ibid. pp. 232-235 ; A. Gordon, Ibid. pp. 100-103 ; A. Śpiewakowski, Ibid. pp. 100-101, 138.

17) Cité pour : N. Inose, Ibid, pp. 327,328.

Publié à l'origine dans Templum Novum, 2020.

mercredi, 08 novembre 2023

Le "mystère" Yukio Mishima continue de fasciner et de diviser

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Le "mystère" Yukio Mishima continue de fasciner et de diviser

par Carlo Alberto Zaccheo

Source: https://www.destra.it/home/il-mistero-yukio-mishima-continua-ad-affascinare-e-dividere/

Le 14 janvier 1925 naissait à Tokyo Kimitake Hiraoka, le vrai nom de Yukio Mishima, un pseudonyme qu'il adopta pour la première fois avec la publication de son premier livre en 1941. Mishima s'est suicidé à l'âge de 45 ans seulement, selon l'ancien rite du seppuku, que les samouraïs pratiquaient pour sauver leur honneur, bien que cette pratique du suicide ait été abolie depuis 1889.  

Le seppuku se pratiquait en se coupant l'estomac de gauche à droite, puis de bas en haut, à partir d'une position typiquement japonaise appelée seiza, c'est-à-dire à genoux, les orteils pointant vers l'arrière pour éviter que le corps ne tombe à la renverse. Tomber en arrière était considéré comme un déshonneur selon le code moral des samouraïs.

Yukio Mishima était certes un personnage controversé, mais il était certainement doté de grandes compétences intellectuelles et culturelles, comme la critique internationale l'a toujours, unanimement, reconnu, avec toutefois quelques distinctions. Le 25 août 2019 est paru dans Il Manifesto un article d'un chroniqueur littéraire sur Yukio Mishima qui m'a laissé pour le moins perplexe. Une série d'inexactitudes que, en les relisant aujourd'hui, grâce aussi à l'appui d'une plus grande connaissance de "la vie et la mort de Yukio Mishima" et en particulier de ses œuvres littéraires et théâtrales, je n'hésite pas à qualifier de non-sens et je suis en droit de me demander comment un chroniqueur littéraire peut écrire autant de non-sens en les concentrant dans un seul article. Dans cet article, on peut lire, par exemple, que "...c'est donc après la mise en scène sensationnelle du suicide que Mishima est soudain devenu autre chose qu'un mince mythe. Cet événement a incité de nombreuses personnes à lire ou à relire les romans et la fascination - appelons-la ainsi - pour l'auteur s'est accrue de manière disproportionnée".                                                                   

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Yukio Mishima est considéré comme l'un des plus grands écrivains japonais du 20ème siècle. Yukio Mishima est l'écrivain le plus traduit et le romancier et dramaturge japonais qui a connu le plus de succès. En 1970, le magazine américain Esquire l'a cité parmi les cent écrivains les plus influents du monde, le qualifiant de "Hemingway japonais". En 22 ans de carrière, il a écrit quarante romans, des dizaines d'essais et vingt volumes de nouvelles. En outre, il a composé dix-huit drames majeurs, tous mis en scène, et d'autres drames mineurs. Yukio Mishima a été nommé trois fois pour le prix Nobel de littérature, la dernière fois en 1968.  Écrire que "...ce n'est qu'après ses mises en scène retentissantes..." qu'il a été découvert en tant qu'écrivain n'est pas seulement un gros bobard, mais une insulte à la culture et à la littérature japonaises, même avant le grand écrivain et essayiste Yukio Mishima. 

En 1954, Yukio Mishima a reçu le prix littéraire Shinchosha à seulement 29 ans, puis le prix artistique Mainichi, et en 1956 le prix Yomiuti. Le 17 novembre 1970, Yukio Mishima, pratiquement à la veille de sa mort, a reçu le prix Tanizaki et le prix Yoshino. En 1968, le prix Nobel a été décerné à son ami et mentor Kawabata Yasunari, qui a décrit Mishima comme "un talent qui n'apparaît qu'une fois tous les deux cents ou trois cents ans, non seulement au Japon mais dans le monde entier".  Dix-huit mois après la mort de Mishima, Yasunari s'est suicidé en s'asphyxiant avec du gaz domestique. 

Certains critiques affirment que le prix Nobel de littérature n'a jamais été décerné à Yukio Mishima en raison de son jeune âge. D'autres affirment que le prix Nobel de littérature n'a jamais été décerné à Yukio Mishima en raison de ses opinions conservatrices et que, par conséquent, il était considéré comme un écrivain inconfortable par les élites internationales.  Ou, si vous préférez, il était considéré par ces mêmes élites comme "un mauvais exemple à donner à ses lecteurs à travers le succès".  L'article se poursuit par une description de la raison pour laquelle Mishima et Morita se seraient suicidés, qui ne correspond pas à la vérité : "... le matin du 25 novembre (1970) à Tokyo, lorsque - après avoir harangué un millier de soldats... - il s'est donné la mort en se faisant harakiri avec son camarade et amant Morita". La manière dont le suicide est rapporté laisse peut-être entendre de manière voilée que le seppuko des deux camarades et amants était un acte accompli pour des raisons "sentimentales", alors que le rituel a été accompli exclusivement pour des raisons d'honneur.

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Une brève parenthèse permet peut-être de mieux comprendre la culture japonaise en matière de préservation de l'honneur. Les femmes japonaises pratiquaient également l'ancien rite du suicide avec le Jigai, l'équivalent du seppuku. Le Jigai consistait à couper la carotide et la veine jugulaire avec un couteau d'une lame de 15 à 30 centimètres. Le Jigai, contrairement au seppuku, se déroulait sans aucune assistance. L'ancien rituel du Jigai était pratiqué par les femmes, presque toujours, pour préserver l'honneur.  

Msakatsu Morita ne s'est pas suicidé en même temps que Yukio Mishima. Morita, qui avait été choisi comme Kaishakuni, a échoué trois fois à accomplir le Kaishaku, qui consistait à l'assister en lui coupant la tête après qu'il ait accompli l'ancien rite du seppuku. C'est le vieux Koga qui, quelques instants plus tard, se chargea de lui couper la tête. Comme on le sait, trancher la tête a pour but d'empêcher l'exécutant du seppuku de continuer à trop souffrir, car les organes vitaux, malgré le rite du seppuku, restent intacts. Certains pensent que l'ablation de la tête était pratiquée pour éviter que la douleur ne défigure le visage. 

Pour un Japonais, quelles que soient les causes qui l'ont conduit à se suicider par le rite ancien du seppuku, c'est la mort la plus honorable qu'un homme puisse trouver. La vie de Mishima a été, dès sa jeunesse, accompagnée par l'idée de la mort par le rituel du Seppuku comme la forme suprême du service de la patrie. Il est mort, après avoir commis l'erreur de l'acte de Kaishaku, pour éviter de continuer à vivre dans le déshonneur, il a fait Seppuku et c'est son ami, le vieux Koga, qui lui a coupé la tête.     

En 1970, nombreux étaient encore les Japonais qui rejetaient l'occidentalisation, la modernisation "américanomorphe" telle que Niccolò Mochi-Poltri la définissait dans Il Pensiero Storico. Parmi eux, Yukio Mishima et les membres de sa petite armée sans armes, née officiellement le 5 octobre 1968, appelée en japonais Tate-no-Kai, c'est-à-dire "l'Association des boucliers".

mercredi, 04 octobre 2023

Pierre Pascal, un intellectuel brillant entre l'Occident et le Japon

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Pierre Pascal, un intellectuel brillant entre l'Occident et le Japon

Luca Valentini

Source: https://www.paginefilosofali.it/pierre-pascal-un-geniale-intellettuale-tra-occidente-e-giappone-luca-valentini/

"Rome du soleil et du silence, Rome sacrée et sainte, que le galop incessant des hommes motorisés, avec ses vibrations sans fin, détruit plus sûrement que la pluie, au point de saper les fondements de tout ce qui reste encore anachronique dans un monde, rendu fou par l'actualité, mais de plus en plus inconscient de la valeur du Temps, dont la finalité absolue n'est autre que l'Eternité" (1).

Pierre Pascal (Mons-en-Barœul, 16 avril 1909 - Rome, 13 janvier 1990), poète sublime, fin intellectuel et profond connaisseur de la culture traditionnelle, peut être considéré comme l'un des exemples lumineux du 20ème siècle, où la dimension spirituelle a pu se réaliser dans une pragmatique expérimentale courageuse, reliant des courants d'âme et des cultures apparemment différents. Ses études juridiques interrompues, en effet, ne l'empêchèrent pas, par son inscription à la Sorbonne, puis sa fréquentation de l'Institut des langues orientales de Paris, de s'éprendre du monde lointain et ancestral de l'Extrême-Orient comme de la maturation d'un archétype dont il s'était toujours inspiré, tout au long de son existence, celui de la Rome éternelle. Engagé sur le front nationaliste en France puis en Italie pendant la dernière guerre mondiale, il n'a pas manqué d'exprimer avec lyrisme sa subtile proximité avec la mantique extatique et guerrière, qu'il partageait avec deux grands représentants de l'âme profonde de toujours du 20ème siècle, Gabriele D'Annunzio et Yukio Mishima.

 

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Une des rares photos de Pierre Pascal, lors de son long exil romain.

La première biographie que lui a consacrée l'écrivain Gabriella Chioma, originaire de La Spezia, qui a récemment publié Pierre Pascal, lettres à une dame - entre Occident et Japon chez Novantico Editrice, s'inscrit dans ces lignes de vie. Le texte que nous avons le plaisir de présenter aux lecteurs de Pagine Filosofali se concentre sur une épistolaire corpulente - plus de 400 missives - d'une dame anonyme, qui permet à l'auteur de reconstruire la double expérience spirituelle de Pascal, entre l'âme occidentale et l'âme japonaise, sous le signe de la dédicace initiale que Chioma elle-même adresse au génie français :

"A Pierre Pascal, Combattant de la plume et de l'épée sur le Front de l'Esprit...".

Un an avant sa démobilisation de l'armée française en 1934, il est le fondateur de la revue littéraire "I quaderni di Eurydice" (2), qui lui permet de s'affirmer dans le monde culturel et littéraire parisien, en ayant toujours comme pivot d'inspiration la rencontre fatale avec Charles Maurras et le domaine de l'épopée archaïque, dans une union mystérieuse entre le politique et le sacré, qui le conduira à écrire et à publier la fameuse "Ode à la troisième Rome" en 1935 aux Editions du Trident. Comme le souligne Chioma, son lyrisme a déterminé un plan d'action traditionnel et pédagogique, ne se limitant pas à l'abstraction ou à l'art comme moyen d'expression personnelle, dans une simple production sans fondement :

"L'exercice poétique est devenu - et est resté jusqu'à la fin - une arme idéale pour lutter contre toute forme de barbarie, de dégénérescence et de vulgarité, en stigmatisant en particulier la décadence et l'hypocrisie de notre époque" (3).

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Cette disposition le conduit (4) d'abord à fréquenter l'appartement parisien de René Guénon (en 1928, sur présentation de Pierre-Noël de la Houssaye), par lequel il entre ensuite en contact avec Julius Evola. Alors que la relation avec le premier fut interrompue par la conversion à l'islam du traditionaliste français qui s'était installé au Caire, Pascal, fervent catholique, malgré la différence religieuse encore plus marquée, établit avec Evola une relation qui s'avérera de plus en plus solide au fil du temps, jusqu'à la mort d'Evola en 1974.

C'est à cette relation privilégiée que l'auteur a consacré un chapitre spécifique de l'ouvrage en référence, capturant, de notre point de vue, toute l'unicité d'une vision traditionnelle de la vie et du sacré, qui peut également surmonter d'amères différences religieuses. Critique, pour des raisons évidentes, du texte d'Evola sur l'Impérialisme païen, dans sa dénonciation des catabases de la civilisation moderne, l'intellectuel et philosophe français y a cependant trouvé une Weltanschauung de référence commune:

"C'est donc cette vision du monde qui unit les deux grandes personnalités, unies aussi en vivant leur propre exceptionnalisme et leurs propres choix idéologiques, de manière autochtone, hors du cadre d'un régime" (5).

Deux autres rencontres extraordinaires de Pierre Pascal doivent être mentionnées et racontées, et Gabriella Chioma les aborde dans son texte avec ponctualité et profondeur : il s'agit de ses rencontres spirituelles avec Edgar Allan Poe et avec Yukio Mishima.

Si la rencontre avec l'écrivain américain du 19ème siècle a été pour Pascal "un gigantesque labyrinthe de poésie, de clés ésotériques de l'histoire littéraire" (6), à travers lequel une âme inébranlable, religieusement inébranlable en elle-même, a cherché le fondement de sa propre existence dans la recherche documentaire tourbillonnante et incessante, inhérente à un artiste dont la personnalité inquiète a pénétré le poète français et lui a ouvert le monde, il n'en reste pas moins qu'elle a été une source d'inspiration pour l'auteur. Le monde de l'astrologie, entre autres, mais aussi la fréquentation d'auteurs comme René Quinton ou des rencontres manquées comme celle d'Alain de Benoist, défini sans grand espoir comme "darwinien, gramscien, brutalement antiromain" (7).

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L'âme orientale, extrême-orientale, s'est réveillée chez Pascal à l'occasion de sa rencontre fatidique avec Yukio Mishima, avec lequel il était lié à la fois par une enfance problématique commune et par une répulsion commune des sociétés, occidentale et orientale, dans lesquelles leurs existences respectives s'inscrivaient. Comme le rapporte Gabriella Chioma, à partir d'un document de 1980, le poète français lui-même était conscient du fait qu'il n'y a pas de hasard et la vie est une rencontre" (8), dans le contexte d'une hypersensibilité qui réunissait l'âme la plus profonde et la plus héroïque du Japon avec un membre estimé de l'Académie impériale de la "Forêt des pinceaux". Une amitié durable et solide est née, qui n'a été interrompue que par le harakiri de Mishima, mais qui a perduré grâce à cette mystérieuse union dialectique qu'ils avaient tous deux avec la vie, entre l'Occident, expression de Rome, et le Japon du soleil radieux, expression du même archétype métaphysique. Ce point commun subtil a permis à Gabriella Chioma de dessiner magistralement la personnalité de deux grands samouraïs de l'Esprit. C'est là que réside l'essence d'un texte qui, grâce également à la préface et à la postface de Federico Prizzi, rapproche émotionnellement le lecteur de l'un des plus ingénieux investigateurs de la Tradition du XXe siècle, Pierre Pascal :

"Comme la fleur de cerisier est la fleur sublime, l'homme par excellence est le Samouraï" (9).

Notes :

1 - Pierre Pascal, le poète français chanteur de la Troisième Rome, in Carmine Starace, Panorama de la littérature française d'après-guerre, in Rassegna Nazionale, mai 1938 ;

2 - Gabriella Chioma, Pierre Pascal, lettere ad una Signora, Novantica Editrice, Cantalupa (TO) 2023, p. 35 ;

3 - Ibid, p. 45 ;

4 - Ibid, p. 46 ;

5 - Ibid, p. 70 ;

6 - Ibid, p. 90 ;

7 - Ibid, p. 97 ;

8 - Ibid, p. 127, note 135 ;

9 - Ibid, p. 136.

Luca Valentini

lundi, 12 septembre 2022

"Immortel Mishima"

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"Immortel Mishima"

Le livre, que je rencence ici, est un cadeau de mon ami et camarade Alejandro Linconao lors de ma dernière visite à Buenos Aires. Comme il me l'a dit, "ce livre est un hommage au courage universel".

Par Enric Ravello Barber

Le livre est édité par le Grupo Minerva (Argentine):  https://grupominerva.com.ar/2021/01/novedad-editorial-mis...

Compilé par Alejando Linconao, le livre est une anthologie d'articles signés par différents auteurs qui naviguent littérairement à travers la vie, les idées, l'esthétique et surtout la mort de l'écrivain japonais le plus connu en Occident.

Les contributions de Francesco Marotta, Andreas Scarabelli, Rubén González, Carmino Mohomed, Christofer Pankhurst, Kerry Bolton, Troy Southgate, Giuseppe Fino, Emanuel Pietrobon et Alejandro Linconao lui-même, qui écrit le dernier chapitre, forment en quelque sorte un ensemble narratif et explicatif qui permet au lecteur de se faire une idée complète et globale de la réalité qui a entouré et incarné Kimitake Hiraoka, connu dans le monde entier sous le nom de Yukio Mishina. De sa naissance dans une famille japonaise traditionnelle, à sa mauvaise santé qui l'a empêché de participer en tant que soldat à la Grande Guerre contre les États-Unis et le monde moderne. Une guerre qui, cependant, marquera son destin à jamais.

La déclaration de l'empereur du Japon, Hiro Hito, dans laquelle - contraint par les troupes du capitalisme et de la décadence - il renie sa nature divine, a eu un fort impact sur Mishima. Pour lui, l'Empereur est et sera éternellement le fils d'Amaterasu ; il faudra créer les conditions pour qu'il se proclame à nouveau tel. Mishima a été formé dans des cercles nationalistes de plus en plus radicaux, où il était courant de critiquer le bouddhisme et de revendiquer le shinto comme seule religion du Japon. Mishima ressent aussi intérieurement le besoin de rendre leur dignité à tous ceux qui sont morts pour le Japon et l'Empereur en devenant des kamikazes, comme il le dit dans Le Vent des Dieux. 

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Mishima lit et intériorise le grand ouvrage du samouraï Hagakure et déclare : "J'y ai découvert que la voie du samouraï est la mort". Il s'est donc préparé à sa mort en créant une armée non armée, la Tatenokai (la société du bouclier), dont les principes fondateurs sont les suivants : "l'Empereur est le seul symbole de notre communauté historique et de notre culture, ainsi que de notre identité raciale". Il réussit à recruter une centaine de patriotes pour cette armée, qui - comme le vent kamikaze - était également très divine.

Le 25 novembre 1970, Mishima et quatre membres de sa Tatenokai pénètrent dans le quartier général des Forces d'autodéfense japonaises, l'armée très réduite que l'occupant américain a permis à l'ancien Empire du Soleil Levant de posséder.  Une fois à l'intérieur, Mishima prononce un discours visant à provoquer un soulèvement des soldats en faveur de l'empereur et de la renaissance du Japon. Les soldats ne l'écoutent pas, ils sont déjà des hommes d'une autre époque - une époque sans doute la pire et la plus dépourvue d'héroïsme. Déçu, Mishima se détourne et accomplit le seppuku, la mort la plus douloureuse et traditionnelle réservée aux samouraïs. Le second de son armée fait de même. Il avait écrit: "Je veux que ma vie soit un poème", et pour le rendre plus esthétique, il avait cultivé son corps faible pour en faire un corps dur et athlétique et pris des photos inspirées du martyre de Saint Etienne, ce qui l'érotisait profondément.

Mishima a réussi à faire de sa vie un poème et de sa mort un rite qui invoque les dieux du shinto et leur fils terrestre, l'empereur du Japon.

 

jeudi, 14 avril 2022

"Vie à vendre", Yukio Mishima est une anguille

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"Vie à vendre", Yukio Mishima est une anguille

Le cas sensationnel du succès posthume du roman inédit de l'écrivain japonais maintenant publié en Italie

par Danilo Breschi

Source: https://www.barbadillo.it/103982-vita-in-vendita-yukio-mishima-e-unanguilla/

vite-venditamishima-319x500.jpgL'anguille de la littérature mondiale. Oui, Mishima est une anguille. Vous pensez l'avoir attrapé et puis, rien !, il s'éclipse et vous vous retrouvez les mains vides. C'est ce qui se passe si vous voulez clouer son travail à une définition qui le réduit à une boîte de conserve avec une étiquette. Mais ce que son art a pu produire en l'espace de vingt-cinq ans ne peut se résumer à quelques formules commodes. L'énigme de Mishima continue. Ceci est confirmé par un roman inédit en Italie qui est sorti dans nos librairies le 31 mars.

Si vous voulez quelque chose de savoureux à lire pour les prochaines semaines ou pour l'été chaud à venir, des pages si captivantes qu'elles vous font renoncer à la dernière série télévisée parce qu'une telle intrigue, qui est un merveilleux scénario tout fait, serait disputée par Tim Burton et Quentin Tarantino, alors vous devez absolument lire Vita in vendita de Mishima.

Il a été traduit en italien pour l'éditeur Feltrinelli par Giorgio Amitrano, un japonologue qui fait autorité et un écrivain raffiné, qui a bien voulu nous accorder une interview publiée il y a quelques jours dans Pensiero Storico. Comme il l'a lui-même bien résumé dans l'exquise postface qui accompagne la traduction, Life for Sale (Inochi urimasu) a été initialement publié en série entre mai et octobre 1968 dans l'hebdomadaire Shūkan Purebōi ("Playboy Weekly" ; mais il ne s'agit pas de la version japonaise du célèbre magazine américain fondé par Hugh Hefner, bien que son contenu soit très similaire). En décembre de la même année, le roman a été publié en volume sans attirer une attention particulière. Réédité en livre de poche trente ans plus tard, en 1998, il n'a pas eu plus de chance.

Puis, tout d'un coup, en 2015, on a commencé à en vendre des milliers d'exemplaires. Jusqu'à soixante-dix mille en une quinzaine de jours. Il est ainsi devenu, comme l'écrit Amitrano, "un best-seller posthume qui a pris le monde de l'édition par surprise" (p. 242). En effet, "le livre a maintenu sa position parmi les meilleures ventes au Japon pendant deux années consécutives, il est toujours réimprimé en permanence et est en passe de devenir une vente sur le très long terme" (ibid.).

Pourquoi ce succès arrive-t-il environ cinquante ans après sa première édition? Probablement parce que le genre auquel il appartient, un pastiche d'histoire d'espionnage, de hard-boiled, de pulp, de roman érotique et d'aventure, le rend - comme le note justement Amitrano - "plus adapté à une sensibilité post-moderne qu'à celle de la fin des années 1960", notamment au Japon, alors qu'il est plus "en phase avec le présent" (ibid.).

Je ne m'attarderai pas sur l'intrigue, ni sur de nombreux aspects déjà bien décrits par Amitrano dans la postface du roman. C'est un plaisir de découvrir et d'apprécier le voyage permis par la machine narrative mise en place par Mishima, un plaisir intense que je souhaite laisser entièrement au lecteur. Dans tous les cas, je garantis que le lecteur sera bouleversé, quel que soit le jugement final qu'il porte. Que cela vous plaise ou non, l'histoire racontée a un moteur qui est exploité à fond et monté en régime.

Je voudrais juste ajouter quelques considérations concernant le fait que dans le mélange des genres littéraires utilisé dans ce roman, qui est anormal à bien des égards par rapport au reste de sa production, le trouble spirituel qui a marqué la vie de Mishima insiste et persiste. Le rapport à la mort est au centre, toujours aussi obsessionnel, même derrière la façade d'un divertissement comme l'est largement Vie à vendre. Mishima essaie de jouer avec ses propres fantômes et y parvient même. On peut voir à quel point il s'est amusé en l'écrivant. Il ressort du rythme vif qui rend la lecture fluide, vraiment en tous points semblable à un film moderne, ou plutôt postmoderne, de par la composition des scènes, les psychologies exposées et les thèmes abordés. Mais venons-en au noyau philosophique du roman.

Tout d'abord, à mon humble avis, il y a un certain écho kafkaïen dans l'incipit du roman: "Lorsque Hanio s'est réveillé, tout autour de lui était si éblouissant qu'il pensait être au paradis" (p. 9). Cela me rappelle tellement le célèbre début de Métamorphose: "Un matin, se réveillant de rêves agités, Gregor Samsa se retrouva transformé en un énorme insecte" (dans la traduction d'Emilio Castellani). Et c'est par une métamorphose, une Verwandlung (titre original du conte kafkaïen), une transformation que commence réellement l'histoire racontée par Mishima. D'un suicide raté naît l'homme de l'au-delà qui sert de protagoniste au roman. La vie peut être mise en vente par celui qui est totalement et heureusement aliéné. En se dépouillant de toute forme minimale et résiduelle d'attachement à la vie, en détachant l'ego du moi, de tout amour de soi, Hanio a-t-il accompli une authentique Umwertung aller Werte, la transvaluation nietzschéenne de toutes les valeurs?

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Pas tout à fait. Et c'est là que réside l'une des nombreuses curiosités que ce roman de 1968 suscite tant chez ceux qui étudient l'œuvre de Mishima que chez le lecteur ordinaire. Du sous-sol vidé par le degré zéro du nihilisme au plan émergé d'une existence à température moyenne: c'est le chemin que j'entrevois dans les aventures de notre héros ironique nommé Hanio, un protagoniste qui présente même des traits héroïco-comiques, trois quarts James Bond, un quart Johnny English (pour être clair, la parodie hilarante que Rowan Atkinson, alias Mr. Bean, a faite du super agent secret britannique). Mais la fin est littéralement un programme entier. Je n'en dirai pas plus et laisserai au plaisir du lecteur. Je dirai seulement, sibyllin, que Hanio est aussi une anguille au sens symbolique de la culture amérindienne ou du chamanisme. Les messages que cet animal-totem spécifique véhicule sont: la transformation, la force vitale et la sexualité. De plus, l'anguille annonce toujours un grand réveil spirituel.

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Ce qui ressort également du roman, c'est la dénonciation sévère d'une société japonaise tristement américanisée, frivole et corrompue, fragmentée et violente. En arrière-plan des aventures de notre héros, la jeunesse de la version japonaise des manifestants hippies se dresse bruyante mais chancelante, dépeinte par Mishima avec un mélange de sarcasme et d'indulgence. En somme, ce qui émerge est une génération en désarroi, rebelle sans cause, pour citer le titre original du film que nous connaissons sous le nom de Rebel Without a Cause. Qu'est-ce que le nihilisme de toute façon? "Nihilisme: la fin est absente, la réponse au "pourquoi?" est absente. Que signifie le nihilisme? - Que les valeurs suprêmes perdent toute valeur". Le mot de Nietzsche (d'un fragment posthume de 1887). Une Cause, surtout si elle est avec majuscule, est aussi une fin, cette réponse que toute question apporte avec elle. Ici : Hanio ne répond plus, mais il continue à poser des questions. Enfin, si le nihilisme des (plus ou moins) jeunes gens qui entourent le protagoniste est passif et terne, le sien est actif.

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Du point de vue de Mishima, se rendre disponible à la mort, à la fin, à l'anéantissement, signifie prendre les choses au sérieux, assumer jusqu'au bout, avec une extrême constance, la prise de conscience que tout est vain et insensé. Rien n'a de but. D'une part, c'est aussi une échappatoire au substitut contemporain des valeurs, ce grand générateur symbolique de substituts de valeurs qu'est l'argent. Totem de la société capitaliste. "Si ma vie est évaluée à 200.000 ou à seulement 30 yens, cela ne fait aucune différence pour moi. L'argent ne fait tourner le monde que tant que l'on est en vie" (p. 86), déclare Hanio. Pas par hasard. Le passage suivant est exemplaire et éloquent, et mérite d'être cité dans toute sa longueur :

    "Une nuit sans sommeil, résonnant de voix au loin, chargée de la gigantesque frustration de la métropole, où dix millions de personnes, en se rencontrant, au lieu de se saluer échangent des phrases telles que "Quel ennui, quel ennui, quel terrible ennui !". Est-il possible qu'il n'y ait rien de drôle?". Une nuit où des flots de jeunes gens sont emportés par le courant comme des planctons. Le non-sens de la vie. L'extinction des passions. La nature éphémère des joies et des plaisirs, semblable au chewing-gum qui, une fois mâché, perd son goût et finit par être recraché au bord de la route. Il y a aussi ceux qui, pensant que l'argent résout tout, volent les fonds publics. [...] Une métropole pleine de tentations et manquant de satisfaction" (pp. 184-185).

Il y a même un trait sartrien, je veux dire le Sartre de La Nausée, dans l'humeur qui envahit Hanio dans les premiers pas de sa métamorphose. Je le ressens clairement lorsque je lis: "L'intérieur de la voiture était aussi brillant que le ciel et complètement vide. Tous les supports en plastique blanc ont vibré à l'unisson. Il en a attrapé un. Mais il avait l'impression que c'était la tribune qui lui avait saisi la main" (p. 76). Les choses ne sont pas seulement si totalement extérieures à moi que le monde entier m'est étranger, elles me possèdent même. Une aliénation absolue. Avec un ajout totalement japonais, comme un bouddhiste zen, je dirais. Le détachement entre le moi et mes circonstances résulte de la perception de l'impermanence, ou vacuité de toutes choses, qui, si elle est bien comprise et assumée avec courage, ouvre sur l'éveil et l'extinction libératrice. La paix comme suppression de ce devenir qui est la peine capitale à laquelle tout être vivant est condamné. Le joug de la nécessité.

Il y a une phrase révélatrice, également associée aux pensées de Hanio, le seul éveillé potentiel dans un monde de somnambules, certains plus souffrants et d'autres plus joyeux, à partir de laquelle apparaissent les grands thèmes de l'ascendant bouddhiste dans la tétralogie de La Mer de la fertilité, que Mishima avait commencée en 1965 et dont il rédigeait le deuxième chapitre, Une bride desserrée (Honba), dans les mêmes mois où il écrivait La vie à vendre :

    "Si le monde avait pu acquérir un sens, il aurait été possible de mourir sans aucun regret. Si, en revanche, le monde était irrémédiablement dénué de sens, mourir n'avait aucune importance. Était-il concevable que ces deux positions puissent trouver un terrain d'entente ? Dans les deux cas, la seule issue qui restait à Hanio était la mort" (pp. 70-71).

Nous voilà à nouveau en train d'insister et de persister sur le même point. La mort. Nous sommes aux antipodes de l'Europe, de l'Occident chrétien. Vivre et mourir sont égaux. C'est la première hypothèse. Mourir dans un monde qui a un sens, parce que nous lui avons donné un sens ou parce que nous l'avons transmis, ne devrait pas du tout nous effrayer. Nous laissons le témoin à d'autres, qui soit continueront à attribuer un sens, le leur, au monde, soit auront la tâche non moins ardue de le découvrir et de le comprendre au sein même du monde, car le sens est contenu en lui. Il s'agit de le dévoiler, platoniquement. Le monde réel derrière le monde apparent. Mourir dans un monde dénué de sens, par contre, n'a même pas d'importance. Il s'agit simplement d'un accident. Ceux-ci constituent le deuxième point. Quoi qu'il en soit, de toute façon, cela fait plus mal de vivre que de mourir. Cela semble être la suggestion de Mishima.

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Pourtant, il y a quelque chose d'occidental chez cet écrivain, même s'il est si imprégné de la tradition japonaise. C'est comme si, à contre-jour, il y avait l'espoir que dans la mort, comprise comme une voie, se révèle quelque chose que la vie suggère mais n'accorde pas, qu'elle permet à l'œil de l'esprit d'entrevoir, sans que les pupilles et les mains ne saisissent aucun corps: la plénitude, l'appartenance, la pleine adhésion entre le moi et le soi, entre l'individu et le tout. Lisez le dernier paragraphe du roman, la phrase qui le clôt, et vous comprendrez ce que je veux dire. Entre paganisme et panthéisme. En ce sens, l'image de couverture choisie pour les éditions italienne et espagnole est extrêmement pertinente. Vivre pour mourir, ou mourir pour vivre ? Ou mieux encore : cette alternative n'est-elle qu'une (auto)tromperie ? Le secret de l'existence consiste peut-être à regarder imperturbablement à travers un télescope portable.

Du site ilpensierostorico.com

Danilo Breschi

 

mardi, 30 novembre 2021

Yukio Mishima: patriotisme, silence et sang

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Yukio Mishima: patriotisme, silence et sang

Reportage à Tokyo sur l'écrivain et patriote, auteur du Pavillon d'or par Tiziano Terzani

SOURCE : https://www.barbadillo.it/101925-yukio-mishima-patriottismo-silenzio-e-sangue/

Nous publions le reportage effectué dans la capitale du Japon par l'écrivain Tiziano Terzani, à la recherche de la mémoire de l'écrivain et patriote Yukio Mishima. L'article, publié dans La Repubblica, date de 1985. C'est un document précieux, qui confirme que dans la presse de gauche, à l'époque, il y avait moins de préjugés et moins de conformisme qu'aujourd'hui. (Barbadillo)

TOKYO - Deux têtes coupées sur un tapis sanglant, deux corps éventrés, trois jeunes hommes au garde-à-vous dans d'étranges uniformes jaune-brun et surtout un grand et indicible silence. Ceux qui, le 25 novembre 1970 à midi, ont jeté un regard dans cette pièce, dans le quartier général de l'armée japonaise à Ichigaya, au cœur de Tokyo, se souviennent de la dernière image de Yukio Mishima, l'un des plus grands écrivains japonais de ce siècle, et cette image est celle-ci:  le sang et le silence. Mishima venait de haranguer une foule de soldats depuis un balcon donnant sur la grande cour. "Faisons du Japon ce qu'il était... ne vous intéressez-vous qu'à vivre et à laisser mourir l'esprit ?" avait-il crié au milieu des huées et des railleries d'un public improvisé. "Je vous montrerai qu'il y a plus à valoriser que la vie. Pas la liberté, pas la démocratie, mais... le Japon,... le Japon !". Il revint, enleva l'uniforme de son armée privée (que portaient également les quatre jeunes hommes qui l'accompagnaient) et, criant "Vive l'Empereur !" de tout son souffle, s'éventra lentement. Un de ses disciples lui a coupé la tête. A son tour, il s'est éventré et un compagnon l'a décapité. L'énorme tumulte de tout à l'heure a été suivi d'un silence étonné.

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Quinze ans ont passé depuis ce jour et le silence autour de Mishima au Japon se poursuit. Ses romans ne sont pratiquement plus réimprimés, les vrais livres sur lui n'existent pas, le film que les Américains viennent de réaliser sur sa vie n'a pas été admis au festival du film de Tokyo, et il est maintenant clair qu'il sera banni des écrans de ce pays. Pourquoi ? Je suis allé demander à l'homme qui comptait parmi les amis les plus proches de Mishima, celui qui, ce jour-là, il y a quinze ans, se trouvait au siège d'Ichigaya et était présent lorsque le corps de Mishima a été emporté dans une caisse en bois: l'auteur de la première grande biographie de Mishima (aujourd'hui traduite en italien par Feltrinelli : Vita e morte di Yukio Mishima, p. 300, 29.000 lires). Il ne s'agit pas d'un Japonais mais d'un gaijin, "un étranger", Henry Scott Stokes, qui est venu ici il y a plus de vingt ans en tant que journaliste, d'abord pour le Times de Londres, puis pour le New York Times et qui vit encore ici, écrivant toujours sur le Japon. "Mishima vivant n'aurait peut-être pas été pris au sérieux, aurait pu être rejeté comme un bouffon histrionique, un peu fou. Mais la mort de Mishima est un énorme fardeau à cause de certaines des vérités qu'il a dites, à cause de l'énorme geste provocateur qu'a été son suicide, un hara-kiri fait de manière classique comme une cérémonie, une prière. Mais une prière adressée à qui? Les Japonais d'aujourd'hui ne parviennent toujours pas à l'accepter. Son souvenir les hante en quelque sorte, car il n'est pas du tout certain que ces idées de droite, ces idées "fascistes" que Mishima soutenait appartiennent au passé, et c'est tout. C'est pourquoi ils évitent d'en parler et ils aimeraient que nous n'en parlions pas non plus. Ces jours-ci, je suis parti à la recherche de films dans lesquels Mishima est apparu en tant qu'acteur: eh bien, je n'ai pas pu obtenir la permission d'avoir quelques séquences pour un documentaire que la BBC réalise sur lui". Mishima est donc un tabou. Mais le seul tabou au Japon n'est-il pas l'empereur? "Le point est précisément là. Aucun Japonais n'ose le dire clairement, mais le suicide de Mishima, apparemment réalisé au nom de l'empereur, est en fait un geste critique envers Hiro Hito. Dans quel sens? "Tout remonte aux derniers mois de la Seconde Guerre mondiale et aux premiers mois de l'occupation américaine. L'empereur n'a jamais assumé la responsabilité de la reddition. Il aurait pu abdiquer en faveur de son fils et se retirer dans un temple, mais il ne l'a pas fait. En outre, le 1er janvier 1946, il a prononcé le fameux discours dans lequel il a déclaré être un simple mortel et non une créature divine. Mais il a ainsi répudié le sacrifice de millions de personnes qui sont mortes pour lui.

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"À l'automne 1960, Mishima écrit une nouvelle de seulement quinze pages intitulée "Patriotisme", dans laquelle il décrit le hara-kiri d'un jeune lieutenant au moment du soulèvement de 1936, qui visait à la purification de l'empire. Et en 1966, il a écrit "Les voix des héros morts", un réquisitoire explicite contre l'empereur. C'est à cette époque que l'idée du suicide est née chez Mishima. Il y a aussi certaines coïncidences qui n'échappent pas aux Japonais. Au cours de ce siècle, en temps de paix, il n'y a eu que deux hara-kiri: celui de Mishima et celui du général Nogi en 1912. Nogi était un précepteur à la Cour et s'est suicidé immédiatement après la mort de l'empereur Meji. Il a appelé le garçon dont il était le tuteur, l'a fait asseoir en face de lui, lui a parlé pendant deux heures, puis s'est retiré dans la pièce voisine et s'est éventré, comme pour donner au garçon un exemple de la façon dont un Japonais doit se comporter. Ce garçon, qui avait douze ans à l'époque, est l'actuel empereur Hiro Hito, celui vers lequel Mishima s'est également tourné dans son dernier souffle. "Le désespoir de Mishima provenait du fait qu'il s'était rendu compte que la vie à la campagne se dégradait de plus en plus. Il a déclaré que le Japon était en train de devenir une société de marchands intéressés uniquement par l'argent, sans grandes valeurs. Ce n'est qu'aujourd'hui, quinze ans après sa mort, que je comprends à quel point Mishima avait raison. La littérature est tombée en disgrâce, les jeunes ne rêvent plus d'écrire des romans, mais de développer des programmes informatiques". Y avait-il aussi des motivations personnelles dans son suicide? "Oui. Aussi. Sa veine créative s'était épuisée. Après son trente-cinquième anniversaire, tout ce qu'il a écrit, à part ses essais, n'a pas eu de succès. La Maison de Kyoko, le roman sur lequel il comptait, entre autres, pour payer la maison qu'il s'était fait construire après son mariage, est un échec. Sa notoriété déclinait et Mishima, ambitieux comme il l'était, ne supportait pas l'inattention du public. "Paradoxalement, son prestige grandit à l'étranger, où ses œuvres sont traduites et appréciées : en Italie, par exemple, en 1961 paraît La voce delle onde (Feltrinelli), puis (toujours chez le même éditeur) Il padiglione d' oro, Dopo il banchetto et Confessioni di una maschera. (Neuf autres traductions ont ensuite été publiées en italien par différents éditeurs, dont Il sapore della gloria, chez Mondadori, La via del Samurai et Lo specchio degli inganni, chez Bompiani). Aucun journaliste ou intellectuel ne passait à Tokyo sans le chercher. Quel autre Japonais, sachant parler anglais, dirait ce qu'il pense sans ambiguïté? Par exemple: "Vous, étrangers, devez comprendre que le Japon a deux âmes: l'ikebana, l'arrangement des fleurs, la beauté, mais aussi l'horreur, le macabre...". De cette manière explicite, il n'était pas très japonais...  Oui, peut-être que Mishima n'était pas complètement japonais. Dans ce pays, deux minorités font l'objet d'une discrimination particulière: les Coréens et les "intouchables", les burakumin. Maintenant, certains disent que la famille de Mishima était à l'origine "burakumin".

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Est-il possible que Mishima soit également devenu tabou en raison de certains de ses liens avec le monde politique et notamment avec un homme qui est aujourd'hui le Premier ministre japonais Nakasone? "C'est possible. Nakasone était encore un député provincial inconnu alors que Mishima était déjà considéré comme l'une des plus grandes personnalités japonaises de ce siècle. La relation entre les deux est née et s'est développée. Au moment où Mishima a fondé son armée privée, Nakasone l'a présenté à certains officiers, et ce sont eux qui ont permis aux troupes de Mishima de s'entraîner dans les casernes et les camps de l'armée régulière. "Mais Nakasone n'était pas le seul à avoir des relations avec Mishima. Le Premier ministre Eisaku Sato, par exemple, a aidé à financer l'armée de Mishima. Il ne faut pas oublier que c'était les années du Vietnam, que les Japonais étaient accusés par la gauche d'être soumis aux Américains et qu'il était donc politiquement utile d'avoir quelqu'un de droite qui disait des choses comme: "Il est temps pour les Japonais de redécouvrir leur fierté nationale. Nous ne voulons plus être protégés par les Américains. Il est temps que nous récupérions notre propre armée...". Beaucoup étaient d'accord avec lui, mais ils n'avaient pas besoin de le dire en public. Et ils n'osent toujours pas le dire aujourd'hui." Mais que voulait faire Mishima avec son armée ? " Son idée était d'occuper le parlement et d'abroger la constitution imposée au Japon par les Américains... Puis il attendrait. Il est évident que les politiciens ne pouvaient pas le soutenir aussi loin. Ainsi, Nakasone, dès qu'il est devenu ministre de la Défense, a commencé à prendre ses distances avec Mishima. Et il s'est senti trahi."

Qu'en est-il des idées politiques de Mishima aujourd'hui ? "Au cours des quinze dernières années, le Japon s'est progressivement déplacé vers la droite. Lorsque Mishima était encore en vie, les seules personnes qui pouvaient envahir les rues de Tokyo et les occuper pendant des heures étaient les manifestants de gauche. Aujourd'hui, on ne voit plus ces manifestants et les seuls sons que l'on entend dans les rues sont ceux émis par les haut-parleurs de la droite. Même si on ne parle pas de lui, Mishima est là. À Tokyo, de nombreux groupes de personnes se réunissent pour vénérer sa mémoire ; les trois jeunes hommes qui se tenaient à ses côtés lors de son hara-kiri sont devenus des sortes de demi-dieux. "Le fait est que les problèmes soulevés par Mishima n'ont pas été résolus. Il s'agit d'un pays à la tradition militaire séculaire, qui s'est vu imposer une constitution où l'on renonce à l'usage des armes "pour toujours". C'est un pays qui, aujourd'hui encore, quarante ans après sa défaite, dispose de bases militaires étrangères en chaque point stratégique de son territoire ; qui est lié par un traité de sécurité à la puissance qui l'a vaincu et qui le protège désormais. Les Japonais ne veulent pas en parler, mais voici un homme qui, du haut de sa gloire, de la manière la plus dramatique, pointe précisément du doigt ces choses. Les Japonais ne manquent pas le sens de cette dernière séquence sur le balcon: Mishima parle et les soldats se moquent de lui. "Dégage!", crie quelqu'un. Et Mishima, désespéré : "Vous n'êtes rien d'autre que des mercenaires américains"... Ce n'est qu'alors que le public cesse de rire. Quelqu'un crie: "Tirez-lui dessus". Puis beaucoup: "Tuez-le". "Mishima avait ainsi touché l'un des nerfs les plus sensibles de très nombreux Japonais. Et son souvenir touche encore ce nerf". 

Tiziano Terzani (La Repubblica, 24 novembre 1985)

vendredi, 23 juillet 2021

"Mishima, l'univers d'un esthète armé"

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"Mishima, l'univers d'un esthète armé"

Le professeur Riccardo Rosati, interviewé par Michele De Feudis, analyse les multiples facettes de l'artiste japonais entre littérature, art et discipline martiale.

Propos recueillis par Michele De Feudis

https://www.barbadillo.it/97112-mishima-luniverso-di-un-esteta-armato/

Professeur Riccardo Rosati, Yukio Mishima est considéré comme un "esthète armé". A quoi doit-on cette interprétation ?

51KV36TJ4FL.jpg"Mishima, pour reprendre la précieuse définition qu'en donne Marguerite Yourcenar dans son excellent Mishima ou la Vision du vide (1980), est un "univers" dans lequel, en fait, le côté esthétique - je l'explique dans mon livre - joue un rôle prépondérant. À cet élément, le grand intellectuel et écrivain japonais a ajouté la discipline martiale/militaire, sous le signe de la redécouverte d'un héritage capital de cette culture japonaise traditionnelle à laquelle il s'est référé, dans la " deuxième partie " de sa vie, avec vigueur et rigueur ; à savoir le Bunbu Ryōdō (文武両道, la Voie de la vertu littéraire et guerrière), où la plume devient métaphoriquement une épée.

Heureusement, cette théorie a gagné du terrain dans l'exégèse de Mishima depuis un certain temps déjà, bien que plus à l'étranger qu'en Italie pour être honnête. Ce qu'il est essentiel de comprendre, cependant, c'est qu'il est parvenu à souder ces deux mondes, faisant de sa propre existence sa principale "œuvre d'art", du corps un temple et de l'écriture une forme sublime de lutte politique".

Comment avez-vous pris connaissance des écrits de Mishima ?

"'Quand j'étais à l'université. Même si j'étudiais la langue et la littérature anglaise et française, la fascination pour l'Empire du Soleil Levant était déjà dans mon cœur de garçon. Bien que pratiquant assidûment le karaté, je n'ai pas abordé les livres de Mishima pour des raisons évidentes et futiles. J'ai senti, avec les moyens grossiers que peut avoir un jeune étudiant universitaire, que cet auteur incarnait un certain type de Japon qui me semblait profondément "mien". C'est pourquoi, après avoir obtenu mon diplôme de feu l'IsIAO (Institut italien pour l'Afrique et l'Orient) à Rome, j'ai commencé à lui consacrer mes premiers articles universitaires. Ce n'était pas un sujet facile pour moi - rien n'est facile quand on a affaire à Mishima ! - mais sur lesquels je sentais que j'avais des concepts à exprimer.

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Le Pavillon d'or à Kyoto, où Mishima a écrit un roman extraordinaire.

Quel itinéraire dans ses œuvres recommandez-vous ?

"Je ne pense pas qu'il y ait dans l'opus de Mishima une hiérarchie qui exige que certains volumes soient lus en premier et, comme je le soutiens dans la monographie que je lui ai consacrée, chacun de ses écrits fait partie d'un affluent qui revient invariablement, à la fin, à sa seule "source", Mishima lui-même. Je peux suggérer que l'on puisse choisir ses œuvres en fonction de ses goûts personnels : celles du combat politique ou celles qui ont une tournure plus autobiographique, sans pour autant négliger le côté purement romantique-sentimental, que l'on retrouve dans des romans comme Le tumulte des flots (潮騒, "Shiosai", 1954) ou La Musique (音楽, "Ongaku", 1964) ; dans ce dernier en particulier émerge un Mishima capable de pénétrer dans les profondeurs de la sphère psychologique féminine. 

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Néanmoins, il y a trois titres qui, en substance, représentent les moments saillants de son évolution artistique et personnelle. Je veux parler de Confessions d'un masque (仮面の告白, "Kamen no kokuhaku", 1949), imprégné des angoisses morales et sexuelles de sa jeunesse ; du Pavillon d'or (金閣寺, "Kinkakuji", 1956), dans lequel Mishima formule au plus haut niveau formel sa propre vision esthétique contrastée ; Le Soleil et l'acier ( 太陽と鉄, "Taiyō to tetsu", 1968), authentique manifeste idéologique de la dernière partie de son existence, ainsi que, à mon avis, un livre fondamental pour comprendre ce qu'il espérait pour sa personne et pour le Japon".

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Y a-t-il des éléments dans Mishima qui le rapprochent de la figure publique de Gabriele D'Annunzio ? 

md30586526834.jpg" Disons d'abord que Mishima était un admirateur du Vate, au point de traduire en 1965 l'une de ses œuvres : Le martyre de Saint Sébastien (1911). Outre la similitude immédiate de leurs personnalités, qui partagent une exaltation bien connue de l'action virile et de l'audace, il est utile de souligner qu'il existait également une proximité artistique entre les deux. Tous deux, bien qu'appartenant à des époques et des contextes culturels différents, relèvent de ce que les critiques littéraires appellent le "décadentisme". C'est-à-dire une déclinaison du romantisme où l'esthétique se greffe sur un "personnalisme" presque exagéré et, parfois, enclin à la désillusion, où apparaissent également des relents de dandysme.

Malheureusement, le public ignore ou, pire encore, ne souhaite pas approfondir le côté purement artistique de ces deux somptueuses figures, préférant ne retenir que leur engagement politique. Je ne suis pas d'accord avec cette attitude, même si je suis pleinement conscient qu'il s'agit de "l'attitude dominante".

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Riccardo Rosati.

Mishima et les Jeux olympiques. Que ressort-il des Carnets, sujet auquel il consacre un chapitre dans le livre ?

"Je l'ai mentionné dans un article que j'ai écrit pour Barbadillo. On y découvre un nouveau Mishima, admirant les athlètes et la tension musculaire de leurs efforts. Cet aspect est cohérent avec la deuxième et dernière phase de sa vie et de sa pensée, celle dite du "fleuve de l'action", où le corps se transforme en œuvre d'art.

On retrouve un Mishima qui aime être journaliste pour des journaux (l'Asahi, le Hōchi et le Mainichi), suivant, entre autres disciplines, l'haltérophilie et le volley-ball. Le romancier s'est laissé envoûter par la ferveur sportive qui l'entourait, observant avec curiosité chaque geste, regard et émotion des athlètes : "Levant la main bien haut (il est 15h30), il se tenait près de la vasque olympique et semblait alors sourire", écrit-il de Yoshinori Sakai, le dernier porteur de la fameuse torche, le décrivant en train de s'approcher du brasero olympique lors de la cérémonie d'ouverture".

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Le patriotisme au Japon : le témoignage de Mishima a-t-il eu un impact sur l'évolution de la culture japonaise ?

"Je suis désolé de l'admettre, mais non. Si le Soleil Levant avait eu ne serait-ce qu'un petit espoir de "se relever", je ne pense pas qu'il se serait tué. Dans son pays, il est considéré comme un grand auteur, même si peu de gens le lisent et que ses écrits font généralement l'objet de l'attention des chercheurs. Quant à son activité politique, elle est source d'embarras, comme c'est systématiquement le cas pour tous les Japonais qui ont choisi d'aller à contre-courant, et de ne pas se soumettre sans critique aux diktats d'une société souvent monolithique. En bref, Mishima est considéré comme un exemple à suivre uniquement à l'étranger. L'Archipel est progressivement devenu un pays frivole, voué à un consumérisme effréné et considérant ses traditions avec condescendance. La bande dessinée, le cinéma et la technologie sont des choses utiles et "agréables", mais ce n'était certainement pas le Japon que Mishima voulait faire revivre. 

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Y a-t-il de nouveaux documentaires qui ont vu le jour à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de la mort de l'écrivain japonais ?

"Nous parlons de l'homme qui, avec Haruki Murakami, est l'auteur japonais le plus traduit au monde. De nombreux articles et essais ont été publiés sur Mishima, dont beaucoup sont d'un calibre considérable. Il ne reste donc pas grand-chose à découvrir, à l'exception de sa production théâtrale, qui n'a pas encore fait l'objet de traductions et de recherches adéquates. J'ajouterais qu'en Amérique, les critiques suivent une perspective biographique dans les études sur Mishima, alors qu'en France, au contraire, ils prêtent attention au côté artistique de ses œuvres - ce qui est ma propre approche - tandis qu'en Italie, ils ont encore tendance à évaluer essentiellement son "parcours politique".   

Mishima n'est pas seulement un auteur japonais mais une personnalité fondatrice de l'archipel culturel non-conformiste. Quels auteurs ont poursuivi et poursuivent ses recherches héroïco-littéraires ?

"Au Japon" ? Aucun ! Avoir ce genre de profondeur humaine et de courage intellectuel, mélangé à un talent stupéfiant, est presque impossible à trouver chez une seule et même personne. N'oublions pas que les Japonais, mais c'est vrai pour tous les Extrême-Orientaux, sont un peuple très conformiste. Beaucoup plus honnêtes que nous, Occidentaux, bien sûr, mais peu enclins à des tentatives de rébellion ou d'individualisme. Mishima peut agir comme un stimulant, j'en suis absolument convaincu, pour quiconque, japonais ou non. Il faut cependant éviter les interprétations instrumentales ou les enthousiasmes non structurés. Nous parlons d'un personnage complexe qui est, à sa manière, un "univers", offrant ainsi de multiples facteurs à étudier et à analyser. L'important n'est pas d'en faire une sorte de Che Guevara de droite, d'en faire une icône intangible, alors qu'en fait c'était un homme qui aimait la vie, social et sociable, plein d'impulsions et non de haine". 

Entretien réalisé par Michele De Feudis.

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mercredi, 24 mars 2021

Les ultimes paroles de Mishima

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Les ultimes paroles de Mishima

par Bastien VALORGUES

Le 25 novembre 1970, le célèbre écrivain japonais Mishima Yukio se donnait la mort. Il protestait de la passivité de ses compatriotes. Il incitait par cet acte terrible à réveiller le vieil esprit nippon. Avant de commettre le seppuku rituel, il s’adressa aux unités d’auto-défense réunies à sa demande.

Les éditions Ars Magna viennent de traduire et de publier la dernière allocution du fondateur de la Société du Bouclier, l’organisation paramilitaire chargée de redresser l’Empire du Soleil Levant. Cet « appel aux armes » est précédé par une belle introduction de Georges Feltin-Tracol. C’est d’ailleurs la première fois que le public francophone dispose de cette intervention historique et tragique.

Mishima Yukio dénonce avec force « le Japon d’après-guerre [qui] s’est vautré dans la prospérité économique, il a oublié les fondamentaux d’une nation, perdu son esprit national, négligé ce qui est essentiel dans la poursuite de bagatelles, s’est engagé dans l’improvisé et l’hypocrisie et a perdu son âme. C’est ce que nous avons pu voir (p. 20) ». Il souhaite que la Jieitai (les forces d’auto-défense) « renoue avec l’origine des fondements de la force armée japonaise et devienne une authentique armée nationale grâce à une réforme constitutionnelle (p. 21) ». Il s’agit pour lui de réviser l’article 9 de la Constitution de 1946 qui interdit au Japon de déclarer la guerre. Mishima a raison d’avancer « que légalement et théoriquement, l’existence même du Jieitai est contraire à la Constitution d’après-guerre et que la défense nationale, comme composant fondamental d’une nation, est embrouillée par des interprétations juridiques pratiques afin d’assumer le rôle de la force armée sans employer le nom de force armée (p. 20) ».

image.htmlymaa.jpgPar-delà le rôle moteur de l’armée, Mishima Yukio défend le rétablissement de la pleine souveraineté de Tokyo. Or, il sait que son pays sorti des ruines de l’après-guerre est une colonie de l’Occident anglo-saxon. « Le soi-disant contrôle par le pouvoir civil des militaires anglais et américains est uniquement un contrôle financier (p. 25). » Il dénonce que l’île méridionale d’Okinawa soit encore sous la tutelle de Washington. Il ignore que les États-Unis la rétrocéderont au Japon en 1972. Il s’offusque que le Japon signe le traité de non-prolifération nucléaire et renonce ainsi à la détention d’une force de frappe atomique. Clairvoyant, il prévient que la soumission du Jieitai aux vainqueurs de 1945 en fera, « comme les gauchistes l’ont remarqué, une force mercenaire de l’Amérique pour toujours (p. 27) ».

Si, le 25 novembre 1970, Mishima Yukio demande en vain aux forces japonaises de renverser le régime parlementaire, il invite surtout les Japonais à retrouver le sens du sacrifice. Il désavoue tout « patriotisme constitutionnel ». Il se demande vraiment : « Y a-t-il quelqu‘un qui veut mourir en se sacrifiant pour la Constitution qui a privé le Japon de sa colonne vertébrale ? (p. 27) » Il lance un vrai défi à la société moderne japonaise : « Rendons au Japon son visage authentique et mourons pour lui (p. 27). » Plus que réussir un coup d’État, Mishima Yukio rappelle plutôt aux troupes que « la signification originale et fondatrice de l’armée du Japon ne consistait en rien d’autre que la “ protection de l’histoire, de la culture et des traditions du Japon centrées sur la monarchie ” (p. 22) ».

Rétif aux actes valeureux et pétri de préjugés démocratiques, l’auditoire militaire de Mishima Yukio s’irrite de l’action sublime de l’écrivain qui met alors fin à ses jours dans une mise en scène traditionnelle héroïque. Bien qu’encore aujourd’hui sous-estimée et mal jugée, la tentative de putsch de Mishima Yukio continue à secouer l’âme profonde des Japonais les plus patriotes. Son sacrifice sublime et celui des membres du Tatenokai n’ont pas été inutiles.

Bastien Valorgues

• Mishima Yukio, Un appel aux armes. Le discours final de Mishima Yukio, Ars Magna, coll. « Les Ultras », 2021, 32 p. 15 €.

jeudi, 31 décembre 2020

Mishima, la mort comme antidote & Mishima et la recherche de l'empereur caché

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Mishima, la mort comme antidote

Alejandro Linconao

Ex: https://grupominerva.com.ar

La mort comme antidote. L'acier

Mishima interprète l'existence à partir des coordonnées d'un de ses livres de chevet, le Hagakure. Dans L'éthique des samouraïs dans le Japon moderne (Publishing Alliance, 2013), notre auteur fait une analyse de ce classique de l'art martial japonais, visant à donner des réponses à son époque, qui est largement la nôtre. Selon son interprétation du texte classique, nos sociétés sont déséquilibrées. La vie a régné sur l'existence humaine, mais c’est une vie, apathique, superficielle. Une vie de frimeur, une vie opposée à la vertu cachée. Une vie qui a perdu de son intensité parce qu'elle a banni la limite de la mort. Sans cette limite, l'existence est incontrôlable, sans horizons ni objectifs qui méritent d'être nommés ainsi.

le_japon_moderne_et_l_ethique_samourai_165.jpgMishima, dans la lignée de la tradition japonaise, a conçu l'existence comme un équilibre entre des hypothèses opposées, la liberté et la répression, la vie et la mort. La vie est mieux contemplée dans l'ombre de la mort ; sous la teinte mortelle, le vital est lumineux, rayonnant. Embrasser l'existence implique d'embrasser à la fois la vie et la mort, et de cette fusion découlera la vitalité. La vie doit nécessairement être équilibrée avec la mort, sinon la vie sera informe, grotesque, désordonnée.

Là encore, la pensée japonaise partage des coordonnées avec la pensée occidentale classique. Chez les Grecs, les pères de la philosophie occidentale, l'indésirable est la disproportion, l'illimité, ce qu'ils appelaient l'hybris. Les excès dans tous les domaines, tant dans l'humilité que dans le faste, dans le plaisir et dans la guerre, étaient des déséquilibres répréhensibles. Des déséquilibres qui attirent la colère des dieux et pour lesquels les divinités elles-mêmes peuvent être punies.

L'Occident, déjà perdu dans la pensée de ses origines, détourne son regard de cette condamnation de l'excès et sombre dans l'absurdité de la modernité. La modernité libérale avec sa culture de surproduction, d'hédonisme illimité et de consommation vorace ne donne pas lieu à l'équilibre, à la modération. Tout doit être tiré dans les profondeurs. Pour cette vision d'une jouissance sans douleur, la mort volontaire de Mishima devient un acte de folie. Aveugles au symbole, ils confondent le sacrifice avec le mépris de la vie. Ils ne discernent pas l'acte sacré, le rite qui cherche à rétablir un ordre, à rétablir un équilibre perdu.

Extrait de Mishima et la mort comme antidote dans Mishima Inmortal, Grupo Minerva Ediciones, 2020.

Mishima et la recherche de l'empereur caché

Andrea Scarabelli           

Il est évident que la dimension politique est présente dans l’oeuvre de Mishima. Cette oeuvre n'est jamais une chronique, elle ne s'aplatit pas dans la simple réalité, elle s'efforce toujours d'aller au-delà, en passant par des sites métapolitiques inattendus. La Ligue des vents divins fonctionne certes sur le plan politique mais essentiellement sur la base de points de référence spirituels. Il suffit de considérer la division en trois chapitres : le premier consacré à la consultation des dieux, le second à l'action et le troisième à l'épilogue sanglant, au seppuku comme ouverture à la transcendance, à l'anticipation du geste de Mishima et au portrait d'un petit groupe d'hommes jetés au-delà du présent, au-delà de et contre l'histoire, décidés à lutter au nom de toute une civilisation, opprimée par la barbarie. "Ces flammes qui dansaient, partout, à travers l'air dirigé vers le ciel, témoignaient de la fureur avec laquelle les camarades attaquaient. Avec imagination, chacun a vu les courageux personnages de leurs frères d'armes, fidèles jusqu’à la mort, traverser le feu vertigineux, alors qu'ils attaquaient l'ennemi avec des épées brillantes. L'heure tant attendue était arrivée et pour l'atteindre, ils durent retenir longtemps leur colère féroce, tout en aiguisant leurs lames en silence. La poitrine d'Otaguro était enflammée par un vent de joie incontrôlable. "Tous les hommes se battent", murmura-t-il. "Chaque homme".

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Ennemi des valeurs modernes et amoureux du Japon traditionnel, Mishima a décidé de faire de sa propre vie le témoignage d'une autre façon d'être au présent : "Je ne fais que répéter les vieux idéaux comme un perroquet, idéaux qui sont maintenant perdus. C'est, si l'on veut, le manifeste de ceux qui se retrouvent nés dans le monde moderne malgré leur appartenance interne à une réalité très différente, thèmes qui relient ce "type humain" à "l'homme différencié" décrit par Julius Evola dans Cavalccare la tigre, 1961. Dans le cas de Mishima, cette "double citoyenneté" est similaire à la "doctrine des deux États" de Sénèque : chacun de nous est simultanément membre de deux communautés, l'une céleste et l'autre terrestre. Bien que nous connaissions tous le monde terrestre, l'autre monde est défini par Evola : « C'est une patrie qui ne peut jamais être envahie, à laquelle on appartient par une naissance différente de la naissance physique, par une dignité différente de toutes celles du monde mondain et qui unit en une chaîne incassable les hommes qui peuvent paraître dispersés dans le monde, dans l'espace et le temps, dans les nations ».

Lorsque la seconde patrie, la patrie céleste, nous oblige à nier les (faux) principes de la première, la mondaine, la désobéissance ne se traduit pas par un anarchisme confus, mais constitue la seule façon de rester fidèle à son propre être. Mais chaque communauté a un empereur, la terrestre a un empereur terrestre, la céleste un empereur céleste. Lorsque l'empereur terrestre laisse tomber son sceptre, ou le donne aux envahisseurs, c'est à l'empereur céleste qu'il faut être fidèle. Une révolution traditionnelle à tous égards, en somme, qui lui fera écrire, en parlant des membres de la Ligue du Vent Divin : "Plus les dieux adoraient, plus ils étaient inquiets de la situation politique du pays. Et au fil du temps, leur ressentiment contre les autorités s'est accru, car ils avaient la preuve qu'ils s'éloignaient de l'idéal de Maître Oen, si bien qu'il fallait vénérer les dieux comme dans les temps anciens. Il est possible que toute la vie de Mishima ait été une recherche ininterrompue de cet empereur occulte.

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Japon: monument à Maître Oen.

 

mardi, 01 décembre 2020

Sun & Steel: The Tatenokai Phenomenon in Brief  

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Sun & Steel:

The Tatenokai Phenomenon in Brief

In post-1945 Japan — as in most of the states that lost in World War II — American occupation brought about radical political and social changes. In the 1946 to 1948 Tokyo trial (similar to Nuremberg), several leaders of the war cabinet were sentenced to death or long prison terms. It was also stipulated in the constitution that Japan cannot have its own armed forces, only Jieitai (Japan Self Defense Forces), a small number of volunteers for self-defense purposes.

Although Japan remained a monarchy, General Douglas MacArthur, commander of the occupying forces, forced Emperor Hirohito to sign the Ningen sengen (Humanity Declaration) and Western-style democratic parties appeared on the political palette. As a result of the peace dictatorship imposed on the Japanese Empire, the samurai spirituality, militarism, loyalty, and self-sacrifice that manifested themselves as a defense of the traditional order and a fight against materialism — the yamato-damashii (Japanese spirit) that is most appropriate to their collective consciousness — was severely repressed in Japanese society.

Lightning in summer and frost in winter.
The foot of Mount Fuji,
Is where the youth stand!
Our weapon is the soul of Yamato,
The sharp blade that we wield,
Reflect the color of the sky on a sunny day!
So move forward with courage. . .
Shield Society! [1] [2]

After post-war consolidation, the island nation experienced an economic explosion thanks to its well-organized elite education, investment in technology and innovation, and above all, the excellent work ethic of the Japanese people.

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This economic prosperity was followed by increasing social welfare, of course. The consequences are well-known to Right-wingers but are worth repeating nonetheless. In modern welfare societies, the individual is much more vulnerable to leveling, emptiness, and rootlessness. While not to the same extent and depth as in the Western world, this trend has also prevailed in Japan since the second half of the 1950s. [2] [3] Amidst the mass of people flowing from the countryside into megapolises with rapidly growing populations, the individual soon lost his attachment to the traditional value system. In this rather chaotic spiritual vacuum, an alienated person could easily be steered in the wrong direction in the absence of firm spiritual orientations, especially as an inexperienced youth. This has been the case with most of the student movements in the 1960s under strong far-Left influence.

Recognizing this danger, Yukio Mishima, one of the most famous writers and artists of modern Japan, decided to take action.

Yukio Mishima was born in Tokyo in 1925 as Kimitake Hiraoka. Several samurais can be found among his ancestors. His genius for writing was already apparent in high school, and his first longer work was published in 1941. Shortly after that, he took the pseudonym Yukio Mishima. He completed his university studies after the Second World War and devoted himself exclusively to writing from 1948 onwards. He was a prolific artist with more than one hundred publications, including novels, dramas, essays, and short stories. He also performed in and directed plays and films and was nominated for the Nobel Prize for Literature a total of four times.

Amid the turbulent social conditions of the 1960s, his interest turned to traditional Japanese spirituality and respect for the emperor. The 1960 assassination of Inejiro Asanuma, leader of the Social Democratic Party of Japan, greatly influenced his turn to the Right. Just seventeen years old, Asanuma’s assassin Otoya Yamaguchi justified his action by defending the concept of the empire before committing suicide in prison.

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Mishima’s orientation was also reflected in his literary work. He has become very popular — and divisive at the same time — in Right-wing circles for works titled Patriotism (1966; published by the name of Sepukku in the Transylvanian Utunk magazine; also made into a film starring Mishima), Runaway Horses (1967-68), or The Voices of the Heroic Dead (1966). In his later work, he also sharply criticized the Emperor himself for announcing the Ningen sengen. My Friend Hitler (1968) — written for the stage — In Defense of the Culture (1969), and the Revolutionary Philosophy (1970) are considered his provocative and militant spirited works.

In the fall of 1968, he formed a private army for spiritual purposes: the Tatenokai (Shield Society) of 80 people, the aim of which is summarized in three principles:

  1. Communism is incompatible with Japanese traditions, culture, and history, and is against the imperial order.
  2. The emperor is the only symbol of our historical and cultural community and racial self-consciousness.
  3. The use of force is justified in light of the threat posed by communism. [2] [6]

Of course, Tatenokai’s numbers make it a symbolic army. But it is also in this that its strength and significance can be found, as Yukio Mishima was a master of symbolic politicization: he gathered the bravest and noblest youths of modern Japan into his elite guard, which showed a new quality in the face of ever-increasing deviation and decline. Tatenokai’s membership consisted mainly of young university students. They wore a brown-yellow uniform, and Mishima succeeded in getting Jieitai to provide military training to the members. Mishima often used the English name of the organization, Shield Society, and its abbreviation, SS, provocatively referring to the elite organization of National Socialist Germany, the Schutzstaffel.

The SS is an imaginary army. We don’t know when our time will come. Maybe it will never arrive; or perhaps as early as tomorrow. In the meantime, the SS is calmly ready. We don’t organize street demonstrations, we don’t have posters, nor Molotov cocktails, nor lectures, nor stone-throwing. We will only be determined to act at the last minute, as we are the least armed but most spiritual army in the world.[3] [7]

It is definitely important to examine the Right-wing paramilitaries and organizations that emerged in the second half of the twentieth century. In post-World War II welfare democracies, the militarist spirit lost much of its former appeal. The weakened Right-wing forces in Atlantic and communist Europe were unable to gain ground, due in part to the control of the reigning power, the lack of charismatic leaders of adequate capacity, and of the indifference that characterizes atomized society.

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More serious autocratic initiatives tended to come from state authorities — that is, from above — mostly from the military, whose attempts had only a brief temporary success or were predestined to fail. Examples include the dictatorship of colonels in Greece, the Borghese coup in Italy, Antonio Tejero’s attempt in Spain, or — outside Europe — the majority of South American juntas. Civilian far-Right political movements (mainly in Italy and France) and cultural trends such as the skinhead movement often remained at the level where they started because of their low standards.

In the early 1990s, after the disintegration of the Eastern bloc, and in the second half of the first decade of the new millennium, the legal successors of several former organizations operating before and during World War II in Central-Eastern Europe reactivated themselves (for example, in Hungary, Romania, and Croatia) in order to cultivate the national traditions largely destroyed by the communist regimes and the multitude of socioeconomic problems associated with emerging liberal democracies. A lack of quality Right-wing and national elites, the almost-complete absence of appropriate intellectual orientations, and the work of agents and disruptors led to their decline.

What made Tatenokai different? It can be considered unique in terms of spirituality, purity, quality, and purpose among the post-War elite movements. Mishima thought of his private army:

I had a simple reason to create Tatenokai. Ruth Benedict once wrote a famous book called The Chrysanthemum and the Sword. These are the determinants of Japanese history: the chrysanthemum and the sword. After the war, the balance between the two was broken. Since 1945, the sword has not been dealt with. My dream is to restore that balance. To revive samurai traditions through my literary work and actions. That is why I asked Jieitai, so that my people could receive one month of training. [4] [8]

Mishima was also no stranger to open political confrontations. In 1969, he took part in a public and informal debate with the far-Left students of the University of Tokyo. Members of Japan’s existentialist generation in 1968, with their sympathy for communism, posed a serious threat to public life: they wanted to take their homeland out of the frying pan of capitalism and the US into the fire of communism and China. Mishima steered the debate on the subject of the emperor and the empire, pointing out the flaws of the ideology of his discussion partners. Mishima’s summary of the debate is striking: “Zengakuren students and I stand up for almost the same things. We have spread the same cards on the table, but I have the joker — the emperor.” [5] [9]

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From the late 1960s onwards, Mishima consciously prepared for death, which was increasingly evident in his work. His interest turned to ritual suicide — sepukku, abdominal incision — yamato-damashii, and the reactionary 1876 Shinpūren rebellion, as well as the 1936 Ni Ni-Roku incident. In 1970, he decided he would die after the completion of his last work, The Decay of the Angel, and would use Tatenokai for this.

He found the most suitable comrades for the task in four members: Morita Masakatsu, Hiroyasu “Furu” Koga, Masahiro Ogawa, and Masayoshi “Chibi” Koga. The time for action came on November 25, 1970, when Mishima and four of his companions captured the commander, General Kanetoshi Mashita, at Ichigaya military base in Tokyo. He handed over his demands to the superiors, and then gave a speech from the central balcony of the building to the garrison’s soldiers: Only the army represented traditional Japanese values and spirituality. Its members represented Japan’s honor, and the Emperor should be given his absolute power back. The response from the majority of the audience was confusion and rejection. Mishima went back to the commander’s office after delivering his speech. Saving his honor before the emperor and the Homeland, together with Morita, he committed sepukku. [6] [10]

The emperor and modern Japan proved to be weak. Not Mishima, who consistently professed the institution of the empire, nor Tatenokai, who performed its task. Mishima was almost certain of the failure of his coup, yet he performed his last “stage” role with the genius of the artist and the dignity and honor of the samurai. This is well reflected in his statement to Jun Ishikawa shortly before his death:

“When I go out on stage, I expect the audience to sob. Instead, they burst out laughing.” [7] [11]

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Notes

This writing originally appeared in the monarchist anthology KIRÁLYSÁGBAN GONDOLKODUNK (WE THINK IN KINGDOM), edited by János Pánczél Hegedűs and Péter Uhel; Pro Regno Hungariæ Alapítvány, MMXVII.

See also VSZ’s “三島由紀夫 – Az utolsó szamuráj emlékezete [15]” in Stalker — Egy konzervatív forradalmár gondolatai, published November 25, 2010 (in Hungarian).

[1] [16] Excerpted from the Tatenokai march.

[2] [17] It is worth noting how Western tabloid media try to present the Japanese, their civilization, and their culture as superficially idiotic, narrowing them down for the laypeople to the annoying tourists, screaming and squeaking teen stars, microelectronics, snatched episodes of animated films, Godzilla, etc.

[3] [18] Henry Scott Stokes, Misima Jukió élete és halála (Budapest: Szenzár Kiadó, 2001), trans. Andrea Tóth, p. 217.

[4] [19] Stokes, 218-219.

[5] [20] Stokes, 251.

[6] [21] Stokes, 247.

[7] [22] A more detailed description of the Mishima coup is provided by Stokes (pp. 14-39) and Terebess [23] (in Hungarian).

[8] [24] Stokes, 318.

 

 

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[15] 三島由紀夫 – Az utolsó szamuráj emlékezete: http://v-stalker.blogspot.com/2010/11/az-utolso-szamuraj-emlekezete.html

[16] [1]: #_ftn1

[17] [2]: #_ftn2

[18] [3]: #_ftn3

[19] [4]: #_ftn4

[20] [5]: #_ftn5

[21] [6]: #_ftn6

[22] [7]: #_ftn7

[23] Terebess: http://www.terebess.hu/keletkultinfo/misi.html#2

[24] [8]: #_ftn8

 

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Video of the Day:
Poetry With a Splash of Blood

In the latest episode of Guide to Kulchur, Greg Johnson, Guillaume Durocher, and Ty E join Fróði Midjord to discuss the life and art of Yukio Mishima. On November 25th, 50 years ago, Mishima committed ritual suicide to inspire the Japanese to return to their aristocratic honor culture.

The episode is archived on BitChute (video) and Spreaker (audio only). Guide to Kulchur streams live on DLive every Tuesday at 2:00 PM Eastern Time / 20:00 CET.

Previous episodes of Guide to Kulchur are archived on BitChute.

samedi, 28 novembre 2020

Yukio Mishima et la crise de l'identité japonaise au sommet de la prospérité économique

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Yukio Mishima et la crise de l'identité japonaise au sommet de la prospérité économique

[Texte extrait du blog "Otakism", aujourd'hui disparu]

Ex: https://legio-victrix.blogspot.com

"Femmes : bulles de savon ; argent : bulles de savon ; succès : bulles de savon. La réflexion sur les bulles de savon est le monde dans lequel nous vivons".

Yukio Mishima (Pavillon d'or)

L'écrivain et dramaturge Yukio Mishima (Kimitake Hiraoka - 1925-1970) est certainement l'un des personnages japonais les plus emblématiques du XXe siècle pour avoir ouvert de façon excentrique les contradictions d'un pays millénaire qui avançait sur la voie du progrès sans même un regard sur le tachymètre.

Mishima, qui a reçu une éducation de samouraï, a vécu et est mort en tant que samouraï, étant entré, enfant, à l'école alors que le Japon militariste "entrait" en Chine. Sans l'attention de son père, qui voulait qu'il obtienne un diplôme d'ingénieur malgré son talent pour les arts, et en prenant soin d'une grand-mère malade et possessive, Kimitake s'est réfugié dans la littérature pour supporter l'oppression de la vie quotidienne, et c'est précisément pour cette raison qu'il a créé son nom de scène, dans l'intention de cacher ses activités à son père. Influencé par des œuvres telles que le Hagakure du XVIIe siècle ("le ventre de ma mère"), sa production a pris de l'importance immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, où il décrit avec une grande diligence littéraire la situation politique et sociale du pays, occupé par les forces américaines.

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Toute son œuvre est imprégnée de paradoxes. La beauté et la mort, l'amour et le rejet, l'Orient et l'Occident en sont quelques exemples. Son thème central était la dichotomie entre les valeurs traditionnelles japonaises et la pauvreté spirituelle de la vie contemporaine, qui avait rendu le Japon moderne mais infertile. Homme hybride, il est l'exemple vivant du Japon de l'après-guerre qui, même lorsqu'il défend un retour aux valeurs traditionnelles, ne le fait pas sans l'influence occidentale omniprésente. Mishima parlait couramment l'anglais (comme instrument de sa tentative d'obtenir un prix Nobel), appréciait les penseurs occidentaux comme Oscar Wilde, et même son style littéraire était assaisonné de touches occidentales, le cas de La mer de la fertilité l’atteste, où de nombreux critiques voient l'influence notable des Grecs.

Enfant anémique, Mishima se sentait éternellement coupable face au médecin de l'armée qui le considérait comme inadapté au service, et qui a conduit Yukio à préparer une guerre qui n'est jamais venue, dans le rôle d'un samouraï légitime. En tant qu'écrivain, il a critiqué la nature sédentaire de ceux qui vivent de la pitié, arguant que les mots doivent susciter l'action. En tant que samouraï, il a perfectionné son corps (maître en kendô et karaté) et son esprit tout en luttant pour rassembler son peuple et l'inciter à se rebeller contre ce qui se faisait dans le Japon de son temps.

"Le Japon va disparaître, devenir inorganique, vide, de couleur neutre ;" Mishima

Comme le dit Jordi Mas, un chercheur sur l'Asie orientale, basé à Barcelone, il "craignait que le progrès économique se fasse au détriment de sa propre culture", alors que les Japonais, récemment humiliés par la guerre et la défaite, étaient soutenus par les Américains et ivres de travail et de bien-être matériel. Mishima revendique alors le droit du peuple japonais à jouir de la souveraineté et de la justice sociale, en préservant les traditions sans aliéner l'adaptation du pays à la technique industrielle.

La culture traditionnelle japonaise a été fortement réprimée par l'occupation américaine, qui y a déployé tous les moyens un moyen pour étouffer les valeurs nationalistes et militaro-expansionnistes du Japon, et pour faire place aux valeurs pacifistes, libérales et progressistes (et à l'American Way of Life, bien sûr). La censure américaine, émanant de la section de l'information et de l'éducation civiles (liée au commandement des forces alliées suprêmes du général McArthur), a supprimé les manifestations artistiques qui faisaient référence au passé féodal du Japon, comme le théâtre Kabuki, en plus de l'interdiction d'enseigner les arts martiaux japonais.

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Alors que beaucoup étaient trop occupés à regarder les films hollywoodiens et les dessins de Hanna Barbera, certains Japonais étaient particulièrement gênés par la présence américaine et sa censure. Entre les années 1950 et 1970, on a assisté à une croissance des manifestations culturelles qui se référaient au nationalisme d'antan. Pendant cette période, les drames de samouraïs produits par Toei sont devenus populaires. Parmi les exemples de production de l'époque, citons le livre Requiem pour le cuirassé Yamato de Mitsuru Yoshida et les films Les sept samouraïs d'Akira Kurosawa et Le plus long des jours de Kihachi Okamoto.

Non seulement les artistes et les intellectuels, mais le gouvernement japonais lui-même a fait de son mieux pour revitaliser la culture traditionnelle du pays, en revalorisant l'architecture traditionnels dans les travaux publics, en investissant dans la préservation des sites historiques, en remettant en lumière les théâtres No et Kabuki, ainsi que la culture des samouraïs, toujours présente dans les écoles et les universités japonaises. En 1966, il publie le Programme pour la formation de l'image désirable du Japon, où il établit les caractéristiques du "Japon idéal", fortement influencé par le Bushido, code de conduite des samouraïs ("chemin du guerrier"). Je citerai le contenu du programme lorsque je parlerai du système éducatif japonais.

Mishima, cependant, a été le mentor de la tentative la plus symbolique pour restaurer ce Japon qui n'existait plus. Le 25 novembre 1970, accompagnés de 4 membres du Tatenokai (milice d'étudiants patriotes étudiant les arts martiaux sous la tutelle de Mishima), tous vêtus des uniformes de l'armée impériale, ils ont capturé le commandant Masuda du quartier général des forces d'autodéfense de Tokyo (ils ont tué 8 soldats qui avaient résisté lors de leur irruption). Mishima prononça alors un discours patriotique devant environ deux mille soldats, les invitant à lutter contre la constitution japonaise, rédigée par les Américains, et en faveur de la restitution de la puissance impériale. Face à l'indifférence des militaires, Mishima a commis le Seppuku (suicide rituel des samouraïs) après avoir crié trois fois : "Vive l'Empereur !

"La pureté parfaite est possible si vous transformez votre vie en un vers de poésie écrit avec un peu de sang ». Mishima

Sa mort est considérée comme la protestation ultime contre la décadence de la société japonaise. Il est nécessaire de le comprendre pour ne pas tomber dans l'erreur de l'accuser d'être un simple fanatique. Emilio, membre de la communauté de la littérature japonaise à Orkut, a bien résumé la situation : "Pour le lecteur sans méfiance, décontextualisé et globalisé, le patriotisme semble anachronique et pamphlétaire. Mais il est bon de rappeler que Mishima a vécu au Japon occupé militairement par les Américains". Yukio a eu la tête formée au plus fort du militarisme, il ne faut pas l'oublier.

Mishima a consacré sa vie à la mère patrie et à la nation. Il s'est battu contre la matérialisation de l'esprit d'un peuple qui a cessé d'être souverain. Il proteste "contre l'inopérationnalité, l'apathie de l'armée japonaise amorphe qui, on le sait, n'est rien d'autre qu'une police, plus destinée à réprimer le peuple, qu'une militia capable de sauvegarder la Nation.

Le discours de Mishima

L'acte radical de l'écrivain a suscité une étrange appréhension chez certains Japonais. Malgré la prise de conscience de l'extrémisme de l'acte de Mishima, ces Japonais se sont arrêtés pour réfléchir à leur destination en s'inquiétant de produire tant de richesses alors qu'ils se sentaient si vides et culturellement déconnectés des traditions du pays. Ils ont dès lors construit une vision d'eux-mêmes. La plupart des Japonais, au sommet de leur apologie de la consommation, n'ont vu dans l'acte qu'une excentricité de plus de Mishima et un très mauvais exemple. L'accueil en Occident, dépourvu d'idoles romantiques, a été beaucoup plus fort, découvrant la force de l'œuvre complète de Mishima avant le Japon lui-même, qui ne l'a reconnue correctement qu'après avoir revisité son héritage dans les années 80, en essayant de comprendre ce que les gaijins y voyaient d'important.

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"La mort est une sorte de châtiment éternel, infligé à la société occidentale matérialisée qui vit loin de la nature. Pour nous, ce n'est pas le cas, de manière absolue, puisque nous nous considérons comme faisant partie intégrante de la nature. C'est pourquoi la mort, aux yeux de mon peuple, est un prix, quelque chose comme la transformation, la liberté de la matière. Mourir, c'est partir, pas disparaître. Autrefois, le monde chrétien, je crois, avait la même philosophie ou une philosophie similaire. Et c'est à ce moment qu'elle a réussi à se consolider. Eh bien, nous voulons retrouver pleinement ce mode de vie et l'appliquer à une grande politique nationale et populaire. Le contraire reviendrait à accepter indéfiniment l'hibernation de l'âme japonaise". Yukio Mishima

"Écoutez toujours votre esprit. Il vaut mieux avoir tort que de suivre simplement le conventionnel. Si vous avez tort, cela n'a pas d'importance, vous avez appris quelque chose et vous deviendrez plus fort. Si vous avez raison, vous avez fait un pas de plus vers une vie plus élevée".  Extrait de Hagakure, l'œuvre qui a le plus influencé l'écriture de Mishima...

dimanche, 22 novembre 2020

Cinquantenaire d’une action sacrificielle

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Cinquantenaire d’une action sacrificielle

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Il y a cinquante ans, le 25 novembre 1970, Hiraoka Kimitake se donnait la mort par seppuku dans le bureau du général commandant l’armée de l’Est en plein cœur de la capitale japonaise. Son kaishakunin (assistant), Masakatsu Morita, lui tranchait aussitôt la tête. Quelques minutes plus tard, le même Morita s’appliquait le suicide rituel. Ainsi suivait-il son maître, l’écrivain connu sous le pseudonyme de Yukio Mishima.

Né à Tokyo le 14 janvier 1925, le jeune Kimitake adopte ce nom de plume dès 1941. « Mishima (“ homme de l’île ”) est le nom d’une ville située entre le Fuji-yama et la mer, lieu où se réunissait le groupe “ Art et Culture ”, offrant une vue remarquable sur le sommet enneigé de la montagne, explique Bernard Mariller. Quant à Yukio, il est dérivé du mot “ neige ”, yuki, symbole de la pureté et de la romantique fragilité des choses et de la vie, mais choisi aussi en hommage à un ancien poète romantique, Ito Sachio, qui l’avait adopté comme dernière syllabe de son “ prénom ” (1). »

Plus grand écrivain japonais du XXe siècle et fin connaisseur du monde moderne surgi de la défaite de 1945, Yukio Mishima sait l’utiliser avec la ferme intention de retrouver l’esprit ancestral et martial des siens. À l’instar de Maurice Bardèche qui se tournait volontiers vers Sparte et les Sudistes, il souhaite que le Japon renoue avec sa réalité nationale bafouée par une pesante modernité occidentale.

Écrit en 1971 par Yves Bréhéret et Jean Mabire, l’ouvrage Les Samouraï (2) s’ouvre sur les ultimes instants de cette conjuration ratée et décrit avec plus ou moins d’exactitude le double seppuku. Quelques heures auparavant, Yukio Mishima achevait L’Ange en décomposition, le dernier volet de sa tétralogie La Mer de la fertilité. Cependant, plus que son œuvre littéraire, il souhaitait que la postérité retînt son « œuvre de chair », sa tentative de coup d’État au nom de la tradition nipponne.

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Avec l’aide des miliciens de son groupe paramilitaire patriotique, La Société du Bouclier (ou Tatenokai) – comprendre « agir en bouclier de l’Empereur » -, il se rend au quartier général de la Jieitai, les forces japonaises d’auto-défense, dans la caserne d’Ichigaya et prend en otage le chef de corps. Puis, pendant une dizaine de minutes, Yukio Mishima, revêtu de l’uniforme de son groupe rappelant la tenue des aspirants avant-guerre, harangue les élèves-officiers présents. Il exalte les vertus nationales, exige l’abrogation de l’article 9 de la Constitution de 1946 qui, au mépris de toute souveraineté, interdit au Japon de déclarer la guerre et en appelle à la mutinerie. Son intervention ne suscite que réprobations, mécontentements et injures…

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Comprenant qu’il avait perdu peut-être avant même de commencer ce coup d’éclat, Yukio Mishima se fit seppuku. Il en connaissait le rituel précis. Il l’avait déjà pratiqué face aux caméras dans l’interprétation d’un lieutenant de l’armée impériale pour l’adaptation cinématographique de son propre texte Yukoku (Patriotisme) paru en 1966. Bien sûr, la classe politique, les prescripteurs d’opinion publique et les autorités condamneraient son action. Qu’importe ! Par son sacrifice et celui de Masakatsu Morita, l’auteur de Confession d’un masque (1949) cherche à sortir ses compatriotes de leur torpeur. Par un ensemble de gestes, il les invite à redécouvrir un passé glorieux, à restaurer les principes nationaux, guerriers, paysans et esthétiques, à susciter un nouvel ordre politique, culturel et social propre au peuple japonais.

62795.jpgAssumant une « étiquette » de « réactionnaire », Yukio Mishima fonde en 1968 la Société du Bouclier. Dès février 1969, la nouvelle structure qui s’entraîne avec les unités militaires japonaises, dispose d’un « manifeste contre-révolutionnaire », le Hankakumei Sengen. Sa raison d’être ? Protéger l’Empereur (le tenno), le Japon et la culture d’un péril subversif communiste immédiat. Par-delà la disparition de l’article 9, il conteste le renoncement à l’été 1945 par le tenno lui-même de son caractère divin. Il critique la constitution libérale parlementaire d’émanation étatsunienne. Il n’accepte pas que la nation japonaise devienne un pays de second rang. Yukio Mishima s’inscrit ainsi dans des précédents héroïques comme le soulèvement de la Porte Sakurada en 1860 quand des samouraï scandalisés par les accords signés avec les « Barbares » étrangers éliminent un haut-dignitaire du gouvernement shogunal, la révolte de la Ligue du Vent Divin (Shimpûren) de 1876 ou, plus récemment, le putsch du 26 février 1936. Ce jour-là, la faction de la voie impériale (Kodoha), un courant politico-mystique au sein de l’armée impériale influencé par les écrits d’Ikki Kita (1883 – 1937), assassine les ministres des Finances et de la Justice ainsi que l’inspecteur général de l’Éducation militaire. Si la garnison de Tokyo et une partie de l’état-major se sentent proches des thèses développées par le Kodoha, la marine impériale, plus proche des rivaux de la Faction de contrôle (ou Toseiha), fait pression sur la rébellion. Les troupes loyalistes rétablissent finalement la légalité. Yukio Mishima tire de ces journées tragiques son récit Patriotisme.

Intervient dans sa vue du monde politique « un nationalisme populaire dont les idées-force sont : le refus de l’étiquette occidentale dans les rituels d’État japonais; la défense de l’essence nationale (kokusui); la remise en cause de l’idée occidentale du progrès unilinéaire; la nation est la médiation incontournable des contributions de l’individu à l’humanité (3) ». Dans « La lutte du Japon contre les impérialismes occidentaux », Robert Steuckers prévient que « le mode religieux du Japonais est le syncrétisme (4) », soit un recours fréquent au « tiers inclus » non-aristotélicien. Il rappelle en outre que « le Japonais ne se perçoit pas comme un individu isolé mais comme une personne en relation avec autrui, avec ses ancêtres décédés et ses descendants à venir (5) ». Il mentionne par ailleurs sur un fait méconnu, voire moqué, en Occident. « Pour le Japonais, la Nature est toute compénétrée d’esprits, sa conception est animiste à l’extrême, au point que les poissonniers, par exemple, érigent des stèles en l’honneur des poissons dont ils font commerce, afin de tranquilliser leur esprit errant. Les poissonniers japonais viennent régulièrement apporter des offrandes au pied de ces stèles érigées en l’honneur des poissons morts pour la consommation. À l’extrême, on a vu des Japonais ériger des stèles pour les lunettes qu’ils avaient cassées et dont ils avaient eu un bon usage. Ces Japonais apportent des offrandes en souvenir des bons services que leur avaient procurés leurs lunettes (6). » Yukio Mishima se rattache aussi à « la vision sociale de Shibuwasa Eiichi (1841 – 1931) : subordonner le profit à la grandeur nationale; subordonner la compétition à l’harmonie; subordonner l’esprit marchand à l’idéalisme du samouraï. Ce qui implique des rapports non froidement contractuels et des relations de type familial dans l’entreprise (7) ».

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Sa disparition fut-elle vaine ? Son décès volontaire correspond au début d’une décennie d’indéniables succès économiques, techniques et bientôt culturels à travers manga, séries télé pour adolescents et dessins animés dans le monde occidental. Dénigré et incompris sur le moment, le geste sacrificiel de Yukio Mishima a néanmoins frappé les esprits et infuse depuis cinq décennies si bien qu’il remue toujours les consciences les plus vives. Le 15 mai 1971, les États-Unis restituent au Japon l’île d’Okinawa et retirent leurs armes nucléaires. En revanche, leurs bases militaires continuent à défigurer les lieux. À partir de 1975, au grand dam de la Chine, de Taïwan et de la Corée du Sud, différents Premiers ministres du Japon se rendent à titre officiel au sanctuaire shinto Yasukuni où sont sanctifiées les âmes de tous les soldats de l’Empire du Soleil levant tombés pour le tenno.

« Par cet acte radical, Mishima revendiquait, une ultime fois, le droit sacré, car signé par son sang, à la résistance à l’acculturation, à la révolte envers une clique politicienne corrompue et vendue, ayant renié l’héritage de ses pères, à la contestation du “ tout économique ” et à la protestation contre la perte de l’âme collective, destin des sociétés modernes, conclut Bernard Mariller. Mais, par sa portée générale, au-delà du temps et de l’espace, le message de cet “ homme au milieu des ruines ” que fut Mishima cessait d’être étroitement japonais, pour atteindre l’universel, s’adressant à tous les peuples, cultures et races menacés par les mêmes dangers. Mishima devenait un “ éveilleur et un réenchanteur de peuples ”, l’un de ces personnages qui ne laissent jamais les peuples au repos – celui du cimetière -, leur rappelant sans cesse, pour être en accord avec leur génie, ce qu’ils furent et ce qu’ils doivent devenir. Retenons la leçon. Dans nos héritages européens se dissimulent les germes féconds de notre devenir, tant il est vrai que le passé est l’avenir du futur (8) ».

Lors de son XIIIe colloque national, le 10 décembre 1979 au Palais des Congrès à Paris, intitulé « Le GRECE prend la relève », la « Nouvelle Droite » honora avec raison la mémoire de quatre figures exemplaires (Julius Evola, Arnold Gehlen, Henry de Montherlant et Yukio Mishima) en plaçant leur portrait respectif bien en évidence sur la tribune des intervenants (9). La dissidence métapolitique comprenait tout l’impact historique du dernier héraut de l’unité du Chrysanthème et du Sabre. Cinquante ans après sa sortie sacrificielle, souvenons-nous de Yukio Mishima, incarnation de hauteur, de tenue et de verticalité, exemple de fidélité aux aïeux samouraï et paysans et grande volonté entièrement dévouée à la vocation kathékonique du Yamato.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Bernard Mariller, Mishima, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2006, p. 21.

2 : Yves Bréhéret et Jean Mabire, Les Samouraï, Balland, 1971. Le volume existe aussi en Presses Pocket, 1987.

3 : Robert Steuckers, Europa, tome III, L’Europe, un balcon sur le monde, Éditions Bios, 2017, p. 269.

4 : Idem, p. 259.

5 : Id.

6 : Id.

7 : Id., p. 269.

8 : Bernard Mariller, op. cit., p. 94.

9 : cf. le compte-rendu dans Éléments, n° 28 – 29, mars 1979.

起て!紅の若き獅子たち (Get Up! Young Crimson Lions)

Anthem of the Tatenokai

 
The Shield Society (楯 の 会 or "Tatenokai" in Romanji) was a Japanese nationalist paramilitary organization led by the celebrated writer Yukio Mishima, who sought to protect traditional Japanese values, restore the samurai tradition, and defend the figure of the Emperor (The latter being considered by him as the greatest symbol of identity of his people). Founded on October 5, 1968, the Mishima organization was characterized by promoting physical health and martial arts, being made up of a hundred young volunteers willing to serve as a human "shield" in defense of the Emperor. Aiming to combat the damage liberalism and consumerism were causing to Japanese society, Mishima attempted to rally his people and, on 1970, he and several members of the Tatenokai briefly seized control of the headquarters of the Self-Defense Force and attempted to carry out a coup d'etat to restore Japanese Imperial rule. After the plan failed, Mishima and Masakatsu Morita, chief leader of the Tatenokai student division, committed suicide. "We have seen Japan get drunk with prosperity and fall into a spiritual void... We have had to contemplate the Japanese desecrating their history and traditions... The real Japan is the true spirit of the samurai... When you (soldiers) wake up, Japan will wake up with you... After meditating calmly over four years, I have decided to sacrifice myself for the ancient and beautiful traditions of Japan, which disappear quickly, day by day... The army has always treated Tatenokai well, why do we bite the hand that has been extended to us? Precisely because we revere it... Let's save Japan, the Japan we love" (Yukio Mishima's final speech on the balcony of the Ichigaya Barracks in Tokyo, November 25 , 1970).
 
 

vendredi, 31 janvier 2020

In Defense of Mishima

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In Defense of Mishima

I have read Andrew Joyce’s article “Against Mishima [2]” at The Occidental Observer with great interest and mixed feelings. I admire Dr. Joyce’s writings on the Jewish question, but to be candid, his critique of Mishima is on the whole tendentious and shallow. It is also overly emphatic on some topics while neglecting or downplaying other equally, if not more, important ones.

Dr. Joyce seems fixated on Mishima’s sexuality, which Joyce attributes to his unhealthy family environment and peculiar upbringing. Mishima’s sexuality is understandably regarded as unsavory by most traditional-minded people. But Dr. Joyce had gone a bit too far with his meticulous attention to this particular issue. Furthermore, I’m afraid that many of his claims about Mishima’s private life are based on taking his novel Confessions of a Mask as a straightforward autobiography, which is not supported by Mishima scholarship.

Mishima is certainly not a paragon of traditional sexual morality. That said, is he still worthy of the respect he receives from white nationalists? I believe the answer is yes, if we focus on the uplifting aspects of his life and work, including many of his writings and speeches that were given short shrift in Dr. Joyce’s article and perhaps are also generally less known to people who do not read Japanese.

The kernel of Dr. Joyce’s argument is that “if key aspects of his biography, including the death, are linked significantly more to his sexuality than his politics, then this is grounds to reconsider the worth of promoting such a figure,” which was later reinforced by his other claim that “a theory thus presents itself that Mishima’s carefully orchestrated death was a piece of homosexual sadomasochist theatre rather than anything political, let alone fascistic or in the tradition of the Samurai.”

To be frank, I found this assertion utterly preposterous. When a man delivers a speech about the importance of the Samurai tradition, then kills himself Samurai-style by cutting open his stomach—literally “spilling his guts”—it seems perverse to wonder if he is being insincere, if he is engaging in “homosexual sadomasochist theatre.” Irony, camp, and theatrics are all fake. There is nothing ironic or campy or fake about actually killing oneself.

Joyce simply ignores the text of Mishima’s final speech, in which he decried the ugly post-war era of Japan, deploring its materialistic and spiritually vacuous society. He lambasted venal and cowardly mainstream politicians. He called for Constitutional reform. He highlighted the authenticity of the Japanese military tradition, contrasting it to the miserable reality of the Japanese Self-defense Force, pointing out the dishonor of the Japanese military forever being a mercenary force of America and capitalists. He rejected the hypocrisy and nihilism of the post-war democracy and its mantra of “respect for human lives.” He reasserted the paramount status of the Tennō (Emperor) and Dentō (tradition), and urged the audience to die as real men and warriors combating the nation-wrecking post-war political regime and value system.

Then he demonstrated that he meant it.

The speech remains every bit as pertinent, powerful, and inspiring when read today as it was back then. The speech alone is enough to guarantee the immortality of Mishima as a nationalist figure of global significance, to say nothing of his numerous politically and culturally themed writings, fiction and non-fiction alike, and his other relevant speeches, which Dr. Joyce was either unaware of or chose to ignore.

A central argument of Dr. Joyce against Mishima is that “he seems hardly political at all. His fiction, denounced by early critics of all political hues as full of ‘evil narcissism’ possessing ‘no reality,’ is almost entirely devoid of ideology.” This could not be further from the truth and seems based on sheer ignorance. I wonder how many works of Mishima Dr. Joyce has actually read or even read about? Did he ever read Mishima’s final speech in full, or his Anti-Revolutionary Manifesto?

Admittedly, Mishima was not a political theorist or a philosopher; he was primarily a novelist and playwright. But being a nationalist writer and activist, his literary world was rich in themes drawn from Japanese history, traditional culture, politics, and current affairs. And, when it comes to political and ideological relevance, it is accurate to understand Mishima more as a Right-wing artist and inspirational activist than a theorist, which certainly has value for the Dissident Right in the West.

4806040005_b70748afe4_b.jpgDr. Joyce maintained that “Mishima, of course, never explored the Emperor’s role in World War II in any depth, and his chief fixation appears solely to have been the decision of the Emperor to accede to Allied demands and ‘become human.’” This is a baffling statement which again simply betrays Dr. Joyce’s lack of knowledge. Besides rightfully decrying the Showa Emperor’s self-demotion to “become human” from his traditional status of “Arahitogami” (god in human form or demigod), Mishima also critically examined the Emperor’s role in politics before, during, and after the war, which revealed that what Mishima essentially venerated was not the individual Tennō but the tō (the unique and time-honored Japanese monarchical system).

For example, Mishima criticized the Showa Emperor, expressing strong sympathy with the rebel soldiers of the “2.26 Incident” of 1936, who were genuine patriots with lofty ideals who were mercilessly crushed by the explicit order of the Emperor. His Patriotism and Voice of the Martyrs were written with great feeling in commemoration of them. [1] [3]

Mishima also extolled the spirit and actions, and lamented the defeat of, the Samurai bands (prototypes of the movie The Last Samurai) who held fast to traditional values in defiance of Japan’s westernization in the wake of the Meiji Restoration. This is justifiably perceived as his criticism of the Meiji regime. Interested readers are recommended to take a look at my old review of the book Persona: A Biography of Yukio Mishima here [4].

Mishima believed that the Emperor could unify Japanese society as a cultural figure, standing above the political realm. He believed that if the monarchy stood as a national and cultural principle of unity, this would create a free space for political debate and cultural innovation, without endangering the cohesion of society. This view is rooted in Japanese tradition, but seeks to make space for important elements of modernity, including political pluralism and cultural freedom. One may agree or disagree with such views, but contra Joyce, they do exist, and they are not vague or vacuous.

A comprehensive search will discover that Mishima’s many books, essays, dramas, and speeches contain explicit or implicit messages defending Japan’s political, cultural, and military traditions, including but not limited to Bushido, expressed with the beauty and exuberance that are Mishima’s literary hallmarks and showing his profound cultivation in ancient Japanese and Chinese classics. His non-fiction books on cultural and political topics include For the Young Samurais, Introduction to Hagakure, Sun and Steel, and Theory of Cultural Defense. The same themes are discussed in his novel Runaway Horses and numerous essays. The five books cited above are especially popular and widely read in France and Italy.

In Sun and Steel (1968), Mishima writes, “Sword/martial art means to fight and fall like scattering blossoms, and pen/literary art means to cultivate imperishable blossoms.” Mishima has certainly lived up to this ideal himself, fulfilling it with his own sword and pen. According to literary critic Koichiro Tomioka, Sun and Steel is almost Mishima’s “literary suicide note” in which his cultural and philosophic thoughts were condensed. In it, Mishima argues that it is exactly the post-war era, in which all values have been inverted, that necessitates the revival of the ancient ethic code of “Bun-Bu-Ryodo” (cultivating a mastery of both pen and sword), as when “Bu” (sword) is gone, “Bun” (pen) slackens and decays. It is in the healthy tension created by the contrasting “Bun” and “Bu” that Mishima was seeking to reclaim traditional Japanese sensibilities.

Mishima also made some famous political statements in a long and heated debate with Leftist students at Tokyo University in 1969, the peak of a cultural and political maelstrom that had swept across Japan’s campuses at large. Their discussion went beyond different political stances into philosophical realms. While the students advocated transcending time and realizing a conceptual revolution in a new space, Mishima upheld the continuum of time. The topics included the Emperor, arts and aesthetics, ego and flesh, morality of violence, politics and literature, time and space, beauty as concept and reality, etc. While being an avowed and ardent Right-wing nationalist in politics and culture, Mishima actually showed sympathy with the Left-wing students’ opposition to capitalism and big business, telling the students: “If you guys are willing to recognize the sanctity and solemnity of the Emperor [as the head of the Japanese national community], I am willing join your ranks.”

Dr. Joyce also made a few jaundiced remarks that detract from his credibility. For example, he claims “[Mishima] was so poor at articulating his ideas to troops during his coup attempt that he was simply laughed at by gathered soldiers.” This is a surprisingly uninformed and erroneous assertion. It was true that Mishima was jeered and taunted by the gathered troops, who interrupted his speech multiple times by shouting. But their behavior had nothing to do with Mishima’s alleged inability to articulate his ideas. Mishima, after all, made a career of articulating ideas, a talent that did not fail him in his final speech.

The problem, rather, lies with the soldiers themselves, who understandably resented the fact that they were convened to listen to Mishima’s speech under duress because Mishima had taken their commander hostage. Moreover, most post-war Japanese servicemen were mere salarymen in a prosperous and materialistic society. They had little connection with the Japanese warrior tradition and were hardly capable of appreciating the problems of the spiritually vacuous society that had produced them. Mishima was perhaps aware of the possibility that he was “casting pearls before swine,” but he knew that his actions would give his words a far larger audience than the hecklers before him. Interestingly enough, according to a 2015 Mishima memorial in the Japanese nationalist publication Sankei Shimbun, some of the soldiers who mocked Mishima’s words later came around to his way of thinking.

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Dr. Joyce states that “[Mishima] lied during his own army medical exam during the war in an effort to avoid military service.” This was simply not true. According to a number of Japanese books and essays on Mishima written by his supporters and critics alike, a large amount of evidence on this particular issue pointed to Mishima’s father Azusa Hiraoka using his government connections to help his son evade military conscription, about which Mishima was unaware. Another version of the story is that, although Mishima passed the initial exam, he was diagnosed with pulmonary infiltrates and was judged physically unqualified and excluded from military service, which was unsurprising due to his chronically weak physical conditions from early childhood.

Rather than chasing after such pointless shadows, it is far more worthwhile to take notice of the fact that Mishima had long felt pangs of conscience and an acute sense of survivor’s guilt for his inability to fight as a result of his physical condition in his youth, which partly explained why he took up body building after the war, striving to become a better man in both physical and spiritual senses, and entered the cultural and spiritual world of Bushido and the Samurai.

Another baseless and snide remark from Dr. Joyce is “One could add speculations that Mishima’s military fantasies were an extension of his sexual fixations, including a possible attempt to simply gain power over a large number of athletic young men. But this would be laboring an all-too-obvious point.” There is simply no evidence that Mishima harbored such baleful intent toward the young men who joined his Tatenokai (Shield Society). There has not been a single allegation of sexual impropriety, either before or after Mishima’s death, either from the young men themselves or from the media at large, including many hostile tabloid papers eager to pounce on the first possible chance to sling mud at Mishima. Surely one could expect that Mishima’s young followers, however juvenile and starry-eyed they might have been back then, would have said something in the last half-century if they had really become targets of Mishima’s “sexual fixations.”

Dr. Joyce moves from disparaging Mishima to demeaning Japanese culture in general in his misguided dismissal of Seppuku. Joyce’s major source, namely Toyomasa Fuse, is a Leftist who hates his ancestral cultural roots, like many Japanese and other East Asians who have either grown up in post-war American society or have been educated in toxic American institutions of higher learning. A simple search online reveals that Fuse was one of a select few Japanese groomed by the American occupation regime as a new intellectual elite. Fuse went to the US in 1950, sponsored by the US government, and later received both his Master’s and Ph.D. degrees from UC Berkeley, where he became a full-fledged Leftist and anti-traditionalist scholar. He was an active member of the anti-Vietnam War movement and moved from the US to Canada in 1968 with some other anti-war college professors. As the founder of the hilariously named Canada Suicide Studies Society, he specialized in and taught “Suicide Studies” at York University from 1972 until his retirement in 1997. Consulting Fuse on Japanese militarism is like consulting the Frankfurt School about Prussian militarism. Joyce, of all people, should know better.

The last sweeping and sloppy charge against Japanese culture by Dr. Joyce that I would like to counter is this: “Again, we must question, at a time when we are trying to break free from high levels of social concern and shaming in Europe, whether it is healthy or helpful to praise practices originating in pathologically shame-centered cultures.”

Surely Dr. Joyce realizes that social shaming in today’s Western countries is fundamentally different from social shaming in traditional Japanese society.

The shaming of whites in Western societies was imposed by an alien hostile elite on the native white populace for the purpose of undermining their traditional culture and values. But the shame culture of Japan is imposed by the Japanese community on its own members to encourage them to live up to communal standards and serve the common good. To put it simply, shaming in the West is an alien contrivance to undermine white society by pinning whites down with false guilt, while shaming in Japan is an indigenous and organic way that the Japanese maintain social norms and enhance social cohesion. The gradual decline of Japanese shaming culture in recent years due to Western influence is another trend that has alarmed traditionalists and nationalists in Japan.

If white societies had greater social cohesion and responsibility, reinforced by shaming, they probably would have resisted the takeover of hostile alien elites. Perhaps, then, white nationalists should study and adopt Japanese shaming mechanisms instead of bashing and trashing them. By calling traditional Japanese shame-centered culture embodied by Mishima “pathological,” Dr. Joyce might as well be quoting from the Frankfurt School, which sought to pathologize healthy white family and social norms, which are not so different from healthy Japanese norms.

Note

[1] [5] Two of the leaders of the uprising, senior captain Asaichi Isobe and senior captain Hisashi Kōno, evoked the greatest empathetic feelings from Mishima, and their patriotism, sincerity, and Samurai mettle became sources of his literary creations. Mishima wrote Patriotism and Voice of the Martyrs based on the Prison Note of Isobe, which featured the revengeful ghosts of the 2.26 uprising soldiers and Kamikaze pilots.

In a conversation with Tsukasa Kōno, elder brother of senior captain Hisashi Kōno, who was a key member of the uprising and committed suicide after the coup failed, Mishima remarks on the Showa Emperor’s dismissive words on the officers who decided to commit suicide: “Go ahead and kill themselves if they want. I’m not going to honor those despicable men with any official envoy.” Mishima commented: “It was not the rightful conduct for a Japanese Emperor. This is so sad.” Tsukasa asked Mishima: “Had those young officers known what the Emperor had said, would they have still shouted ‘Tennō Heika Banzai!’ (Long Live His Majesty the Emperor) before the firing squad?”

Mishima answered: “Even when the Emperor didn’t behave like an emperor, subjects ought to behave like subjects. They knew they must fulfill their part as subjects and chanted ‘Long Live the Emperor,’ believing in the judgment of the heaven. But what a tragedy for Japan!” When uttering his, he looked teary and his voice choked. After publishing Voice of the Martyrs, Mishima wrote in a letter to Tsukasa: “I wrote it with an intention to present it before the memorial tablets of your younger brother and other deceased officers of the 2.26 Uprising.”

 

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/08/Grave_of_Yukio_Mishima.jpg

[2] Against Mishima: https://www.theoccidentalobserver.net/2020/01/08/against-mishima-sex-death-and-optics-in-the-dissident-right/

[3] [1]: #_ftn1

[4] here: https://www.counter-currents.com/2014/09/naoko-inoses-persona-a-biography-of-yukio-mishima/

[5] [1]: #_ftnref1

mercredi, 15 janvier 2020

Ryuji Tsukazaki on Mishima

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Ryuji Tsukazaki on Mishima

Following the publication of my review of Yukio Mishima’s guide to Hagakure, Andrew Joyce, a fellow contributor to The Occidental Observer, has published a thorough and highly critical account of the Japanese writer’s life. I was going to draw attention to Joyce’s piece, which has already been republished by The Unz Review.

Here is a partial summary of Joyce’s points:

  1. Despite being married, Mishima had a completely degenerate gay sex life and neglected his children.
  2. Mishima’s right-wing politics were adopted late and were vague, insincere, and ultimately a kind of posing.
  3. Mishima’s spectacular last day, far from being a serious traditionalist/militarist political statement, was merely the ultimate enactment of his perverse and self-destructive psycho-sexual fantasies.

Joyce concludes:

Members of the Dissident Right with an interest in Japanese culture are encouraged to take up one or more of the martial arts, to look into aspects of Zen, or to review the works of some of the other twentieth-century Japanese authors mentioned here. Such endeavors will bear better fruit. Above all, however, there is no comparison with spending time researching the lives of one’s own co-ethnic heroes and one’s own culture. As Europeans, we are so spoiled for choice we needn’t waste time with the rejected, outcast, and badly damaged members of other groups.

I invite you to read Joyce’s piece in full.

runaway.jpgAll this having been said, I still encourage people to watch Paul Schrader’s film on Mishima and to read Mishima’s guide to Hagakure (or better yet, Hagakure itself). I will myself, when time permits, try to read Mishima’s later more political fiction (e.g. Runaway Horses) and other nonfiction. A work of art is no less compelling, a logical argument no less persuasive, whatever the author’s personal deficiencies or proclivities.

On TOO, Joyce’s piece has received an informative, nuanced, and detailed comment from a certain Ryuji Tsukazaki, who seems to be fluent in Japanese. I reproduce Tsukazaki’s comment in full:

This essay probably needed to be written. But to any readers who think it seems a little unfair aggressively negative – it is.

The assertion that Mishima “seems hardly political at all” is just silly. It’s true that rightists who read his fiction often find it disappointing. Taken as a whole, his literary oeuvre certainly contains more weird homoeroticism than it does right-wing nationalism. But Mishima also wrote a lot of non-fiction, which was mostly explicitly political. Some titles that come to mind right away are “In Defense of Culture”, “For Young Samurai”, and “Lectures on Immorality”. (These are all my unofficial titles. I don’t think any of them are officially translated.) They are treatments of Japanese political culture, identity, and morality in the post-war era. It’s impossible to tie them to gayness or sadomasochism; they’re obviously sincere. Mishima also took part in debates on campuses during the late 60s student riots (he wrote essays about them too).

Despite the assertion that he became political “in the 60s”, perhaps because he was afraid of growing old – his most explicitly political work of fiction, Patriotism, came out in 1961, halfway through his career, when he was 35. “The Sailor Who Fell from Grace with the Sea”, another major midcareer work of fiction, isn’t explicitly political, but very clearly touches on themes of authentic masculinity, loyalty, and patrimony.

“he argued that Japanese right-wingers “did not have to have a systematised worldview,”” I don’t know the context of this quote, or what he said in the original, but it’s actually hard to argue with – especially because Japanese right-wingers have never HAD a systematised worldview. The desire for metaphysical, moral, and/or ideological formal systemization is very European. Prewar Japanese historical figures will often be described as fighting for democracy and human rights in one context and as fierce right-wing militarists in others (Kita Ikki and Toyama Mitsuru come to mind). If Mishima’s assertion bothers you, don’t sweat it – it’s not about you, it’s about the Japanese.

“Mishima is a pale shadow of ultra-nationalist literary contemporaries like Shūmei Ōkawa…” I have to niggle about this. Shumei Okawa is neither literary nor contemporary. He was active in the prewar era only, and I’m unaware of any fiction he wrote. The others you mentioned may be superior to Mishima as ultranationalists but not as men of letters.

As I said, this essay did need to be written – it’s hard to look deeply into Mishima and feel comfortable with Western rightist idolization of him. He was nothing so simple and appealing as le based Japanese samurai man. And it’s true that his life and work was driven greatly by his sexuality. It’s untrue that he was politically insincere or shallow. He was nothing like a European fascist, and he couldn’t be called a traditionalist. Nonetheless, he prioritized the authentically Japanese over the modern or Western; he prioritized the healthy over the sick, and the strong over the weak; and the masculine over the feminine or androgynous. He brought up these themes repeatedly in his writings, fiction and nonfiction.

“Mishima was a profoundly unhealthy and inorganic individual” – this sentence stuck out to me as undeniably true. And I think it’s also true of many other important writers and thinkers. When Nietzsche wrote that wisdom appears on earth as a raven attracted by the scent of carrion, he was doing nothing so simple as attacking wisdom. Blond Beasts rarely write groundbreaking philosophy or provocative fiction; conflicted people who hate themselves and/or the world they were born into do that more. (Nietzsche himself could be described as an unhealthy and inorganic individual, though not to Mishima’s level.) Mishima’s disturbed sexuality and weak, sick childhood were catalysts that forced him to really grapple with masculinity and identity on a personal and intellectual level. When we read about him we should be aware that he was not an ubermensch and that he was a pervert. I don’t see that as reason to dismiss him.

mercredi, 11 septembre 2019

Mishima’s Life for Sale

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Mishima’s Life for Sale

Yukio Mishima
Life for Sale
Translated by Stephen Dodd
London: Penguin Books, 2019

This past year has seen three new English translations of novels by Yukio Mishima: The Frolic of the Beasts, Star, and now Life for Sale, a pulpy, stylish novel that offers an incisive satire of post-war Japanese society.

Mishima’s extensive output includes both high-brow literary and dramatic works (jun bungaku, or “pure literature”) and racy potboilers (taishu bungaku, or “popular literature”). Life for Sale belongs to the latter category and will introduce English readers to this lesser-known side of Mishima. Despite being a popular novel, though, it broaches serious themes that can also be found in Mishima’s more sophisticated works.

YM-life.jpg27-year-old Hanio Yamada, the protagonist, is a Tokyo-based copywriter who makes a decent living and leads a normal life. But his work leaves him unfulfilled. He later remarks that his job was “a kind of death: a daily grind in an over-lit, ridiculously modern office where everyone wore the latest suits and never got their hands dirty with proper work” (p. 67). One day, while reading the newspaper on the subway, he suddenly is struck by an overwhelming desire to die. That evening, he overdoses on sedatives.

When his suicide attempt fails, Hanio comes up with another idea. He places the following advertisement in the newspaper: “Life for Sale. Use me as you wish. I am a twenty-seven-year-old male. Discretion guaranteed. Will cause no bother at all” (p. 7). The advertisement sets in motion an exhilarating series of events involving adultery, murder, toxic beetles, a female “vampire,” a wasted heiress, poisonous carrots, espionage, and mobsters.

In one episode, Hanio is asked to provide services for a single mother who has already gone through a dozen boyfriends. It turns out that the woman has a taste for blood. Every night, she cuts Hanio with a knife and sucks on the wound. She occasionally takes Hanio on walks, keeping him bound to her with a golden chain. Hanio lives with the woman for a while, and her son remarks, rather poignantly, that the three of them could be a family. The scene calls to mind the modern Japanese practice of “renting” companions and family members.

By the end of the vampire gig, Hanio is severely ill and on the verge of death. Yet he is entirely indifferent to this fact: “The thought that his own life was about to cease cleansed his heart, the way peppermint cleanses the mouth” (p. 83). His existence is bland and meaningless, devoid of both “sadness and joy.”

When Hanio returns to his apartment to pick up his mail, he finds a letter from a former classmate admonishing him for the advertisement:

What on earth do you hope to attain by holding your life so cheaply? For an all too brief time before the war, we considered our lives worthy of sacrifice to the nation as honourable Japanese subjects. They called us common people “the nation’s treasure.” I take it you are in the business of converting your life into filthy lucre only because, in the world we inhabit, money reigns supreme. (p. 79)

With the little strength he has remaining, Hanio tears the letter into pieces.

Hanio survives the vampire episode by the skin of his teeth and wakes up in a hospital bed. He has scarcely recovered when two men burst into his room asking him to partake in a secret operation. After the ambassador of a certain “Country B” steals an emerald necklace containing a cipher key from the wife of the ambassador of “Country A” (strongly implied to be England), the latter ambassador has the idea of stealing the cipher key in the possession of the former. The ambassador of Country B is very fond of carrots, and it is suspected that his stash of carrots is of relevance. Three spies from Country A each steal a carrot, only to drop dead. All but a few of the ambassador’s carrots were laced with potassium cyanide, and only he knew which ones were not. It takes Hanio to state the obvious: any generic carrot would have done the trick, meaning that the spies’ deaths were in vain.

Like Hanio’s other adventures, it is the sort of hare-brained caper one would expect to find in manga. Perhaps Mishima is poking fun at the ineptitude of Western democracies, or Britain in particular. (I am reminded of how Himmler allegedly remarked after the Gestapo tricked MI6 into maintaining radio contact that “after a while it becomes boring to converse with such arrogant and foolish people.”)

After the carrot incident, Hanio decides to move and blurts out the first destination that comes to mind. He ends up moving in with a respectable older couple and their errant youngest child, Reiko. Reiko’s parents are traditionalists who treat him with “an almost inconceivable degree of old-fashioned courtesy” (p. 122). The father reads classical Chinese poetry and collects old artifacts, among them a scroll depicting the legend of the Peach Blossom Spring. Reiko, meanwhile, spends her days doing drugs and hanging out with hippies in Tokyo. She is in her thirties, but she acts like a young girl. Although her parents are traditionally-minded, they bend to her every whim and do not discipline her.

It is explained that Reiko’s would-be husband turned her down out of a mistaken belief that her father had syphilis. Bizarrely, Reiko has convinced herself that she inherited the disease and that she will die a slow and painful death. Her death wish (combined with her parents’ negligence) appears to be the cause of her self-destructive behavior. She dreams of losing her virginity to a young man who would be willing to risk death by sleeping with her. Yet her fantasies turn out to be rather domestic. She play-acts a scene in which she tells an imaginary son that his father will be coming home at 6:15, as he does everyday.

This reminds Hanio of his former life as a copywriter and suddenly causes him to realize that the scourge of the city is palpable even in the cloistered confines of the tea house in which he is staying: “Out there, restless nocturnal life continued to pulse. . . . Such was the hell that bared its fangs and whirled around Hanio and Reiko’s comfortable little tomb” (pp. 147-48).

Hanio makes his escape one night when Reiko takes him to the disco. At the end of the novel, he visits a police station and asks for protection from some mobsters who want him dead (long story). The police dismiss him as delusional and cast him out. He is left alone, gazing at the night sky.

Underneath the campy pulp-fiction tropes, Life for Sale is a sincere meditation on the meaningless and absurdity of modern urban life. Surrendering one’s life is the most convenient escape from such an existence. The only alternative is to identify a higher purpose and pursue it relentlessly—after the manner of Mishima himself.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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dimanche, 11 février 2018

Editorial EAS: Colección Pensamientos & Perspectivas

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Editorial EAS: Colección Pensamientos & Perspectivas

Un golpe de efecto en el mundo cultural actual, una llama que pretender avivar el fuego del interés por el conocimiento, un respiro de aire fresco en el saber de Occidente… Nuevas plumas salen al descubierto para enfrentarse al ensayo y a la literatura cotidiana; pensadores y literatos, trovadores y ensayistas que pretenden despertar nuevas mentes y redescubrir la esencia de lo que es pervertido por los mass media, eso es Pensamientos & Perspectivas, la esencia del simbolismo del ‘Árbol’ transmitida por plumas disidentes del siglo XXI y plasmada en aquellos autores que despiertan mentes inquietas.

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JÜNGER: Tras la guerra y la paz

Autores: Fernando Sánchez Dragó, Dr. Javier Nicolás, Troy Southgate, Alain de Benoist, Alexander Dugin, Luca L. Rimbotti, Gianfranco de Turris, Robert Steuckers, Julius Evola†, Ernst Jünger†, Eduard Alcántara, Andrea Berná, José Luis Ontiveros†, Santiago de Andrés, Carlos X. Blanco, Juan Pablo Vitali y Fernando Trujillo.

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Jünger y el Nacionalsocialismo por Javier Nicolás

14.50€

Incluye ensayos inéditos en castellano de Ernst Jünger

Descripción

Distancia y emboscadura habrían sido desde siempre los signos de una personalidad que observa, que medita, que percibe, que se implica en la lucha física de la vía del guerrero como un modo de vivir la acción desde la lejanía. Porque un espíritu libre, aristocrático, no podría soportar el mal olor y el peso de la gravedad de sus contemporáneos –«es preferible escribir un verso que representar a sesenta mil imbéciles en el parlamento», llegará a afirmar– por mucho que sus reflexiones le llevasen por los telúricos senderos del arraigo y de la nación y se sintiese en perfecta sintonía con un nacional-bolchevique como Niekisch. Pero su antinazismo tenía que ser, se quiere angustiosamente que fuese, algo consustancial. Su antinazismo habría precedido, se quiere angustiosamente que precediese, a la existencia del propio nacionalsocialismo.

Lo que narra el libro es el relato del diálogo directo de un soldado, de un pensador, de un escritor, de un nacionalista alemán con el fenómeno político e ideológico crucial del siglo XX, que, para bien o para mal determinó su vida, al igual que lo ha hecho con todas las nuestras.

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ORWELL: Viviendo el futuro y recordando el pasado por VV.AA.

17.50€

¿Qué historia conoces sobre la vida y obra de George Orwell? 
¿El modelo de “sociedad orwelliana” se está llevando a la práctica?
¿Existe una manipulación del lenguaje en base a una neo-lengua implantada?

¿Denuncia Orwell el Nuevo Orden Mundial, o se atrevió a revelar los planes de las Sociedades Secretas sabiendo ya que nadie podría evitarlos?

“La libertad es el derecho de decir a la gente lo que no quiere oír” George Orwell

Descripción

A voz de pronto y haciendo uso del (sin)sentido común, cualquier ciudadano apuesta por la seguridad a costa de la privacidad, prefiere dormir tranquilo, saber que todo está bajo el control de una entelequia que todo lo observa y vela por el “Bienestar” de todos. “Nadie tiene nada que temer si no hace nada malo”, la cuestión que nadie se plantea es ¿qué es lo “malo” y qué es lo “bueno”?.

Lo “bueno” y lo “malo” está supeditado a los designios de la política electoralista, de la alta finanza y el Gran Capital, de aquellos poderes que están por encima del ciudadano, esas entidades que no nos consultan sobre lo que deseamos, que aplican sus políticas restrictivas cada vez con mayor dureza y sin importarles lo que le han prometido al electorado, sus planes, los planes de los electos en cada legislatura cada vez se distancian más de los programas electorales que diseñan, la mentira es claramente más visible y descarada.

El Orden natural ha sido revertido por el orden material y ello lleva a que el ego impere por doquier. No importa lo social, lo común… el espíritu de comunidad popular ha sido colapsado por el “yoísmo”. Los medios de masas trabajan constantemente en plasmar en la mente de las personas el mensaje que les interesa a los que siniestramente dirigen el destino de los pueblos, y esto nos lleva a lo que decía Alphonse Bertillon: “se puede ver sólo lo que se observa y se observa sólo lo que está en la mente”.

Manuel Quesada

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MISHIMA: El último samurái

Autores: Dr. Kerry Bolton, Troy Southgate, John Howells, Wulf, Dimitris Michalopoulus, Christopher Pankhurst, Koichi Toyama, Douglas P., Vijay Prozak.

Pour toutes commandes:

Web: www.editorialeas.com
Contacto: info@editorialeas.com

samedi, 16 décembre 2017

Yukio Mishima and the spirit of a genius based on the soul of history: The last great Japanese writer

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Yukio Mishima and the spirit of a genius based on the soul of history: The last great Japanese writer

Lee Jay Walker

Modern Tokyo Times

Japan witnessed many shifting sands since the Meiji Restoration of 1868 based on modernity, liberalism, nationalism, Westernization, reaching out to the past, forging a new future, and other convulsions that ultimately led to a brutal war. In other words, the paths were often contradictory and clashed not only on the political front but also within the soul. Of course, the events of World War Two altered the image of Japan internationally and ultimately enabled America to creep into the psyche of this nation – for good and bad. Hence, the genius of Yukio Mishima is that his books – and thinking – fused the complexities facing individuals in this new world of opportunity – and in the new world of forgetting the past that irked this amazing writer.

In Sun and Steel, Mishima writes, “Was I ignorant, then, when I was seventeen? I think not. I knew everything. A quarter-century’s experience of life since then has added nothing to what I knew. The one difference is that at seventeen I had no ‘realism’.”

mishimasword.jpgIf we take these words out of context but relate them to certain ideas held by Mishima, then these worlds can equally equate to the changing landscape of Japan based on skyscrapers and the dilution of faith and philosophy. In other words, maybe Japan had learned everything under the Meiji Restoration based on the hypocrisy of Western, Catholic, and Islamic empires that utilized fear and control at the drop of a hat. Of course, while Islamization followed the Ottomans and Catholicism followed the Spanish – the British view was that you didn’t have to enslave one hundred percent by destroying indigenous faiths. Instead, the essence of the British Empire was to exploit resources at all costs – while destroying the soul of poor indigenous British nationals based on child labor, the workhouse, and a host of other barbaric realities.

This is the world that modern Japan in the Meiji Era woke up to in the nineteenth century. It was a knowledge that exploitation, power, theft, the adulteration of culture, impinging and enslaving the indigenous through various forms outside of chains, controlling resources, and crushing the psyche of others would ultimately benefit the respective ruling elites of Western, Catholic, and Islamic empires. However, for Japan, the same logic they responded to was to become altered based on the changing shifts of time. Hence, Japan was out of step while the international ruling elites utilized their respective hypocrisy, while still controlling wealth and mindsets by utilizing all the negatives of Christianity and Islam to crush the spirit.

Mishima, fearing the soul of Japan was being lost indefinitely based on aspects of the above and the ravages of modernity in defeating the past – would also turn against “words” in time based on his idea of weakness. It is all these convulsions that Mishima sought to express. This is a far cry from modern and relatively mundane writers including Haruki Murakami, Kenzaburo Oe, Banana Yoshimoto, and others, who could never envisage such a world based on being “typical modern souls.”

yukio_mishima_by_reign_of_phoebus-d36cjrf.jpgMishima said, “If we value so highly the dignity of life, how can we not also value the dignity of death?  No death may be called futile.”

Once more, if we take this out of context but relate it to a psyche that once existed within the body politic of certain Japanese warlords, then Mishima may deem aspects of modern Japan – and modern societies in general – to lack “dignity.” Equally, in the mind of Mishima, many aspects of modernity leads to a “futile” existence based on ignoring the past in relation to culture, society, and history.

Mishima wrote, in The Temple of the Golden Pavilion, “The past does not only draw us back to the past. There are certain memories of the past that have strong steel springs and, when we who live in the present touch them, they are suddenly stretched taut and then they propel us into the future.”

Once more, if these words are taken out of context but relate to ideas held by Mishima, then it appears that the future and past are interwoven providing the past re-emerges. Of course, the degree of the past and its hold on the future is open to interpretation. Yet, in the eyes of Mishima a nation can’t truly be propelled if the past is negated and the new God now becomes modernity, the work ethic without a greater goal, a robotic existence based on national insurance numbers, the usurpation of tax by a self-centered central state, and the destruction of high culture for a quick fix based on trash. Therefore, the final days of Mishima were fused with all the convulsions that he witnessed personally – and based on the history he read – and a changing Japan that he feared would destroy the soul of this nation.

Mishima wrote, “A samurai is a total human being, whereas a man who is completely absorbed in his technical skill has degenerated into a ‘function’, one cog in a machine.”

In a past article, I said, In Mishima’s short memoir, Sun and Steel, it is clear that his obsession during the last ten years was a fusion of writing and bodybuilding to an extreme.  This book was published in 1968 and it reflected the psyche of Mishima in this period of his life. He now fused the pen with physical training and concepts of the new Japan betraying the old and glorified Japan. The book Sun and Steel relates to Mishima throwing away his earlier novel Confessions of a Mask. After all, Mishima was now building up to be a man of strength. In other words, the Nietzsche ubermensch was born within the ego and spirit of Mishima.”

Overall, while parts of the Islamic world are crushing freedom and writers are being butchered by Sunni Islamists in Bangladesh; while in the opposite direction the West is in a self-imposed machinery of narrowness based on the need to follow the politically correct narrative; then Mishima is an individual who is free from not only this world based on his dramatic death but, equally important, this great writer was free during his time on this earth despite all the trappings of modernity that could have crushed his soul. Therefore, in comparison with other contemporary writers in Japan, it is abundantly clear that Mishima is the last great writer who remains unmatched based on his literature and the power of his psyche in the last moments of his life.

 

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jeudi, 07 décembre 2017

Yukio Mishima’s The Sailor Who Fell from Grace with the Sea

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Yukio Mishima’s The Sailor Who Fell from Grace with the Sea

Ex: http://www.counter-currents.com

The Sailor Who Fell from Grace with the Sea remains imprinted upon the mind long after one has read it. It is one of Mishima’s shorter novels, but its tightly-woven narration heightens the intensity of the atmosphere, simulating a taut bowstring upon readying an arrow.

The novel takes place in Yokohama, Japan’s leading port city, during the American occupation, and unfolds mainly from the perspective of a 13-year-old boy by the name of Noboru Kuroda. Noboru lives alone with his mother Fusako, who runs a luxury shop that sells Western-style clothing; his father died when he was eight years old. He belongs to a gang of six precocious young boys who espouse a form of nihilism and hold mainstream society in contempt, reserving especial scorn for fathers.

mishimasailor.jpgNoboru is fascinated with the sea and ships. He convinces his mother to take him to a port, where a sailor by the name of Ryuji Tsukazaki, second mate aboard a freighter ship, shows him around his ship. The reader is introduced to Ryuji when Fusako invites him to the Kurodas’ home and Noboru observes the two embracing through a hole in the wall behind a chest in his bedroom.

Ryuji is rough-hewn, muscular, and ruggedly masculine. As a young man he was drawn to the restlessness and vastness of the sea and its rejection of the static confinement of landbound strictures. He was convinced that glory lay in store for him: “At twenty, he had been passionately certain: there’s just one thing I’m destined for and that’s glory; that’s right, glory!” (15). He wanted to lead a life of danger and adventure. Thus his vision of glory was inseparable from the perilous nature of seafaring: “They were consubstantial: glory and the capsized world. He longed for a storm” (15).

Ryuji becomes a hero to Noboru. As a young boy growing up without a father in postwar Japan, Noboru looks to him as a role model and worships the ideal of glory that he represents. He is in awe of Ryuji and likens him to “a fantastic beast that’s just come out of the sea all dripping wet” (41).

Ryuji leaves when his ship sets sail again, and his return marks the beginning of Part Two of the novel. Upon returning, Ryuji proposes to Fusako and the two agree to marry, which enrages Noboru. By marrying Fusako and embracing a life of domesticity, Ryuji is forced to sacrifice life at sea. He realizes this and at one point briefly questions his choice:

Are you really going to give it up? The feeling of the sea, the dark, drunken feeling that unearthly rolling always brings? . . . Are you going to give up the life which has detached from the world, kept you remote, impelled you towards the pinnacle of manliness? The secret yearning for death. The glory beyond and the death beyond. Everything was ‘beyond,’ wrong or right, had always been ‘beyond.’ (87)

Noboru becomes disillusioned with his former hero. Having turned his back on a life of glory, Ryuji forsakes his status as a hero of mythical proportions and becomes an everyday sort of fellow. This is foreshadowed in a scene in which he encounters Noboru one afternoon and calls out to him while flashing a forced grin. Here Ryuji comes across as a sheepish, almost pitiable figure attempting to endear himself to the boys.

Noboru informs the gang of Ryuji’s engagement to Fusako, and they decide it is necessary to “make that sailor a hero again” (107). There is a single means through which this can be achieved. The boys lure Ryuji to a secluded area under the pretense of getting him to talk about his adventures at sea. Ryuji begins to muse about the life he left behind. As he speaks, the immensity of his decision hits him just before he meets his end: “Now only embers remained. Now began a peaceful life, a life bereft of motion” (142).

The prose in the final scene is subtle and understated, which lends it a haunting effect. Mishima also refrains from inserting moral judgments that would color the reader’s interpretation of the deed, recalling Ryuji’s description of the sea’s indifference to human moral schemes.

Like many of Mishima’s works, the novel is essentially an allegory for the decline of traditional Japanese culture and the masculine spirit of the samurai amid the onslaught of Westernization and modernity.

Fusako embodies both the Westernization of Japan and the essence of the feminine. She leads a thoroughly Western lifestyle and decorates her home with Western furnishings, wears Western clothing, etc. She also represents the mentality of the modern West, one which prioritizes economic security, stability, and contentment above all other values. Such values are inherently feminine, eschewing adventure and heroism for comfort and safety. Fusako symbolizes the archetypal feminine, that which is earthbound and static, while Ryuji’s youthful aspirations represent celestial masculinity, that which strives to attain glory and greatness. Female seduction represents a woman’s attempt to lure a man into her domain and drag him down to earth, thereby derailing his quest for glory. Thus the gang scorns fatherhood because they realize that their fathers were each forced to compromise their individual quests for greatness and make concessions to societal custom.

The sense of glory that Noboru and the gang see in Ryuji is the antithesis of bourgeois, modern Western values, which in Mishima’s view were eroding traditional Japanese notions of honor. Thus the ideal of glory that Noboru reveres symbolizes the martial ethos of the samurai, and Noboru and the gang serve to enforce bushidō, the samurai code.

Yet Ryuji himself falls short of fulfilling this ideal. The choice between land and sea that lies before him and his ambivalence in the face of this dilemma is a reflection of the uncertain identity of postwar Japan, a country that over the course of a single century had transitioned from a feudal state into a global military power and was forced to grapple with how to reconcile its indigenous culture with modernity. Ultimately Japan pursued the course of Westernization, reflected in Ryuji’s rejection of his former life.

Thus Ryuji’s rejection of his life at sea in order to marry Fusako represents a surrender to the West/modernity as well as to the feminine. Faced with the fall of his hero, Noboru comes to believe that Ryuji can only be redeemed through dying a heroic death. The gang’s final act symbolizes an attempt to halt Westernization and restore heroism and glory to Japan. In this sense the gang parallels Mishima’s militia, the Tatenokai (“Shield Society”). On the morning of November 25, 1970, Mishima and four Tatenokai members seized control of a Japanese military base and attempted to enact a coup that would restore prewar imperial rule in what is now known as the Mishima Incident. The coup failed but ultimately served as a symbolic ritual (like the murder of Ryuji) that set the stage for Mishima’s suicide.

The Sailor Who Fell from Grace with the Sea is far more than an exploration of adolescent mischief gone awry. It illustrates that civilizations fluctuate between two opposite poles: a feminine spirit of bourgeois complacency and mediocrity and a masculine spirit that valorizes glory and greatness. The difference between the two is perhaps most evident in their respective attitudes toward death. In societies characterized by the former, an early or unnatural death is considered the worst fate that can befall a man. Many modern people expend an enormous amount toward artificially prolonging the degenerative state of old age for as long as possible. In societies characterized by the latter, it is held that weakness and dishonor are far worse than death. In such societies it is regarded as noble and heroic to sacrifice one’s life for a great cause, the “Grand Cause” that Ryuji invokes while reminiscing upon his life at sea (142). Mishima sought to do the same and intentionally committed seppuku when he was in his prime.

The modern world is defined by that which Fusako embodies: a desire for contentment and economic security at the expense of glory and heroism. In Greek mythology, sailors who were lured to land by the seductive song of the Sirens invariably met their end. Likewise the prospect of easy living appears alluring in times of national uncertainty but in the long run leads to civilizational decline. Thus the final act of the novel represents not the depravity of disturbed teenagers but rather the role of gang violence in enforcing justice and restoring order to a disturbed world.

dimanche, 04 décembre 2016

Chant de la Tatenokai ( Société du bouclier), fondée par Yukio Mishima

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Chant de la Tatenokai ( Société du bouclier), fondée par Yukio Mishima

起て!紅の若き獅子たち (高音質ハイレゾ)

起て!紅の若き獅子たち (楯の會の歌) 昭和45年5月

作  詞 三島 由紀夫
作編曲 越部 信義 
歌 唱 三島由紀夫と楯の會


夏は稲妻 冬は霜
富士山麓に 鍛え来し
若きつはもの これにあり
われらが武器は 大和魂
とぎすましたる刃こそ
晴朗の日の 空の色
雄々しく進め 楯の會
 
憂いは隠し 夢は秘め
品下りし世に 眉上げて
男とあれば 祖國を
蝕む敵を 座視せんや
やまとごころを 人問わば
青年の血の燃ゆる色
凛々しく進め 楯の會
  
兜のしるし 楯ぞ我
すめらみくにを守らんと
嵐の夜に逆らひて
よみがえりたる 若武者の
頬にひらめく曙は
正大の気の旗の色
堂々進め 楯の會

samedi, 23 avril 2016

L'universo eroico di Yukio Mishima

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vendredi, 01 mai 2015

Mishima entdecken

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Mishima entdecken

von Jens Strieder

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Dieses Jahr wäre Yukio Mishima 90 Jahre alt geworden. Ein Sammelband beleuchtet die verschiedensten Facetten des japanischen Ausnahme-​Autors. Zweifelsohne: Mehr als ein Geheimtipp für Mishima-​Leser.

mishDDDD.jpgBereits vor fünf Jahren, kurz vor dem 40. Jahrestag seiner öffentlich inszenierten Selbstentleibung, erschien mit Yukio Mishima – Poesie, Performanz und Politik ein Sammelband. Er behandelt zentrale Themenkomplexe in dessen Werk.

Kein starrer, politischer Blick

Die behandelten Themen reichen von Mishimas Ästhetisierung und Poetisierung des Politischen über seine Beziehung zur traditionellen japanischen Dichtung und dem Theater bis hin zum performativen Charakter der eigenen Vita und der philosophischen Selbstkonzeption des Autors. Sämtliche Beiträge des Bandes stammen von Japanologen und ausgewiesenen Kennern der Materie.

Dieser Umstand hat positive und negative Seiten. Zum einen wird so ein allzu starrer Blick auf den politischen Werdegang Mishimas verhindert, zu dem häufig vor allem diejenigen neigen, die ausschließlich aus diesen Gründen mit dem Autor sympathisieren. Auf der anderen Seite führt die größere Distanz der Beiträger jedoch auch zu dem altbekannten akademischen Dünkel, der sich, ganz dem Zeitgeist verpflichtet, auch gern mal in moralisierenden Urteilen erschöpft.

Nichtsdestotrotz weisen die einzelnen Texte auf viele interessante Sachverhalte hin und untersuchen ihren jeweiligen Gegenstand mit großer Akribie. Christoph Held, der sich mit Mishimas kurzer Erzählung Yukoku, zu Deutsch Patriotismus, befasst, legt beispielsweise überzeugend dar, warum die politische Dimension der Geschichte in erster Linie als Teil ihrer ästhetischen Konstruktion zu verstehen ist. Mishima selbst sagte einmal, Yukoku sei keine politische Erzählung. Tatsächlich ging es Mishima wohl eher darum, den derart in Szene gesetzten Tod als höchsten Akt der Reinheit und ästhetischen Vervollkommnung in seinem Sinne darzustellen.

Verbindung von Geist und Tat

Sehr interessant ist auch ein Beitrag von Gerhard Bierwirth, der sich mit Mishimas Streben nach Anerkennung befasst und dabei Hegels Phänomenologie des Geistes im Hinterkopf hat. Dabei bestechen besonders seine Thesen zu Mishimas Konzeption der Verbindung von Geist und Tat hervor. Sie waren charakteristisch für den Japaner und er machte sie er auf verschiedene Weise für sich fruchtbar. In dem Beitrag Mishimas Seppuku als performatives Motiv bei Murakami und Shimada von Claudia Wünsche wird vor allem das Verhältnis der späteren japanischen Autorengeneration zu Mishima beleuchtet. Dass ein stark vom Westen geprägter Autor wie Haruki Murakami mit Mishima vergleichsweise wenig anzufangen weiß, dürfte auf der Hand liegen. Umso interessanter ist es zu sehen, wie die beiden Autoren die Person Mishimas in ihr Werk integrieren. Dies geschieht beispielsweise durch eindeutige Anspielungen. Hier wird aber auch deutlich, wie sehr Mishimas gesamtes Schaffen nach wie vor primär vor dem Hintergrund seines Todes und seiner letzten Lebensjahre betrachtet wird.

Nietzsche und Mishima

Zu dieser Zeit entstand seine nicht selten als Hauptwerk bezeichnete Roman-​Tetralogie Das Meer der Fruchtbarkeit. Auf den ersten Blick wenig originell mag der Beitrag des japanischen Sozialphilosophen Ken´ichi Mishima wirken. Gegenstand ist hier der Einfluss Nietzsches auf Mishima. Nun gibt es in der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts etliche Autoren, die sich mit Nietzsche beschäftigten. Der Text enthält aber einige interessante und wichtige Erkenntnisse zu Mishimas Nietzsche-​Rezeption, die unter anderem maßgebend für seinen vitalistisch-​ästhetizistischen Heroismus war. Auch die Distanz zum eigenen zeitgenössischen kulturellen Umfeld teilten beide. Etwas trockener wird es bei Rebecca Maks Untersuchung von Die Stimmen der toten Helden, die sich mit der intermedialen Dualstruktur dieser Prosaerzählung befasst und primär Japanologen bzw. Literaturwissenschaftler interessieren dürfte.

Erfreulicherweise befindet sich die Erzählung auch im Anhang, so dass deutschsprachige Leser die Möglichkeit haben, einen weiteren, bisher nicht ins deutsche übertragenen Text Mishimas kennen zu lernen. Ohne Zweifel: Alle in diesem Band versammelten Texte lesenswert. Entscheidend ist dabei wohl, wo der Interessenschwerpunkt des jeweiligen Lesers liegt. Für begeisterte deutsche Mishima-​Leser ist der Band jedoch wohl unverzichtbar. Denn die bisher zu diesem Autor erschienene Sekundärliteratur ist kaum oder nur noch antiquarisch erhältlich.

Yukio Mishima – Poesie, Performanz & Politik. Iaponia Insula. Studien zu Kultur und Gesellschaft Japans Bd. 21. Iudicium Verlag 2010. 269 Seiten. 24 Euro.

mercredi, 22 avril 2015

Il sogno di Mishima

vendredi, 06 mars 2015

Yukio Mishima: the Body as Spirit

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The Body As Spirit: Yukio Mishima, Author, Intellectual, And Warrior

“It is… possible for people to use the body as a metaphor for ideas,” Japanese author Yukio Mishima says in Sun and Steel.

Mishima had been a weak and sickly child, doted on by his over-protective grandmother. He wasn’t allowed to play with other boys, and grew up alienated from male culture (as well as from his mother, who was not allowed to look after him unsupervised). For him, Mishima says, “words came first of all; then… came the flesh. It was… already wasted by words.”

Yukio Mishima, bodybuilder and author

Yukio Mishima

For the author the answer to this waste — which he must have seen also in the Japan of post-World War II, defeated by the American atomic bomb — was to take up Kendo (traditional Japanese sword fighting) and bodybuilding, and to transform his thin frame into a powerful vehicle that could compete with his intellect.

The competition was partly one for attention, and partly one for a Way of being. Like aesthetes in the West, flamboyance and sincerity were not alien to each other, but one and the same. Controversially, Mishima formed his own private army, of about 100 members: the Tatenokai or “Shield Society.” He wanted, he said, to create a society for students who couldn’t, because of ideological reasons, join the Marxists on campus — Marxism was all the rage at the time.

One of the issues that divided the author and the Marxists (whom Mishima respected) was devotion to the emperor. Mishima never said it, but another — and perhaps an even more important area — was the body. The Tatenokai, and Mishima’s own “Way” of being was increasingly to the physical. In a flash of insight, Mishima

understood all kinds of things hitherto unclear to me. The exercise of the muscles elucidated the mysteries that words had made. It was similar to the process of acquiring erotic knowledge. Little by little I began to understand the feeling behind existence and action.

Marxism was intellectual. Mishima was increasingly concerned with the physical, precisely as an expression of ideas rooted in a kind of primordial drama. The flash of insight had come as the author considered the nature of tragedy.

Tragedy, says Mishima, “is born when the perfectly average sensibility momentarily takes unto itself a privileged nobility…”

It follows that he who dabbles in words cannot participate in it. It is necessary, moreover, that the “privileged nobility” find its basis strictly in a kind of physical courage… Tragedy calls for an anti-tragic vitality and ignorance, and  above all a certain ‘inappropriateness.’

By “ignorance,” of course, Mishima does not mean stupidity, vulgarity, or uncouthness (Mishima was very much concerned with elegance, though not as we might understand it today), but, rather, a move away from the intellect toward instinct.

Inoffensive in the West, “inappropriateness” was perhaps a more shocking idea in Japan of Mishima’s era (and even today), where rules of social etiquette are strict and complex, and understanding ones place in the order of society comes as second nature. But, the tragic hero must, of course, go against the convention of his own time. He is the one that steps forward, taking on the challenge to save society from some existential threat, while everyone else goes about their more mundane business.

It is odd, then, that Mishima suggests that the physical body “is foreign to the spirit,” being closer to ideas. Nevertheless, in criticizing those who allow their bodies to become ugly, he suggests that the body can be a vehicle for the spirit. A bulging belly is a “sign of spiritual sloth”, for example. This and other unattractive traits, says Mishima, is “as though the owner were exposing his spiritual pudenda on the outside of his body.”

The author equates such physical ugliness with “individuality.” “If,” says Mishima cryptically, “the body could achieve perfect, non-individual harmony, then it would be possible to shut individuality up for ever in close confinement.” But the idea of “perfect, non-individual harmony” seems to be key to Mishima’s growing interest in the physical. He could escape from the world of the internally and externally ugly through perfecting the body and making that his guiding spirit.

Angel Millar

Angel Millar is an author, blogger, and the editor of People of Shambhala.

lundi, 23 février 2015

Yukio Mishima: nazionalista, genio e morte perfetta

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Yukio Mishima: nazionalista, genio e morte perfetta

di Lee Jay Walker

Ex: http://chronachelodigiane.net

Yukio Mishima afferma: “Se valutiamo così altamente la dignità della vita, come possiamo non valutare anche la dignità della morte? Nessuna morte può essere definita futile“. Questo osservazione è scioccante per molte persone che non hanno mai letto Mishima, o letto profondamente il suo lavoro. Poi la sua morte incombe sulla realtà o irrealtà, poiché in ultima analisi si liberò o si dedicò a una mera illusione?

In realtà, da dove iniziare quando si scrive su Mishima? Inoltre, un critico deve affermare che conosce l’argomento dal lavoro interiore dell’individuo di cui scrive? Oppure immagini e riflessioni avrebbero maggiore profondità, grazie alle immagini degli ultimi momenti di Mishima? Dopo tutto, milioni di buddisti e cristiani hanno letto i libri sacri, ma la storia ci dice che il Buddismo Zen ha sostenuto il nazionalismo fino in fondo in Giappone, negli anni 30 e 40. Pertanto, i templi buddisti di Kyoto nel secolo scorso salutarono il massacro di cinesi inermi. Allo stesso modo, gli aborigeni in Australia si chiedono dove siano l’amore e la pace cristiani? Adolf Hitler rispettava l’Islam in quanto Muhammad avviò la schiavizzazione dei non-musulmani nella jihad, imponendo il potere dalla legge islamica Sharia e della dhimmitudine. Secondo Hitler, il cristianesimo era debole, mentre l’Islam era forte perché questa fede giustificava le guerre sante con il Corano e gli Hadith, radicati nella realtà della guerra e della concentrazione del potere. Quindi, forse è meglio guardare le istantanee e poi formulare le idee; perché Mishima certamente fece così. Dopo tutto, il nazionalismo come tutte le ideologie e o modelli di pensiero si basa su miti, ma con elementi di verità. Se la verità esiste veramente. Detto ciò, la mia istantanea di Mishima è la sua morte, perché le istantanee della storia fluivano nel suo sangue, ma finendo con l’arrampicarsi sugli specchi. Dopo tutto, la morte di Mishima non ha mutato il Giappone o riportato il Paese all’età di Edo, quando il senso di un Giappone isolato non esisteva pienamente per via del complesso sistema daimyo. Sì, un Giappone isolato esisteva, in certa misura, ma era un mito perché il daimyo Shimazu commerciò ed invase Ryukyu (Okinawa). Allo stesso tempo, la completa nipponizzazione del nord era in corso e presto gli Ainu si dissolsero nella schiatta e nella realtà coloniale linguistica giapponese. Pertanto, i momenti finali di Mishima furono un dramma totale, perché le sue azioni furono inutili. Tuttavia, dicendo ciò, Mishima morì di morte desiderata, nonostante i momenti finali siano una realtà che non si può pienamente percepire. Presumo che per quei fugaci minuti e secondi prima del decesso autoindotto, mente e spirito di Mishima fossero in estasi perché parte della sua fantasia divenne la realtà desiderata. Ma ben presto un articolato nazionalista non sarebbe stato, al dunque, per nulla impressionato da Mishima. perché l’occidentalizzazione continua a venare la psiche giapponese.


Nella breve memoria di Mishima, “Sole e Acciaio”, è chiara la sua ossessione degli ultimi dieci anni per la scrittura e un culturismo estremo. Questo libro fu pubblicato nel 1968 e riflette la psiche di Mishima che fuse la penna con l’allenamento fisico e i concetti sul “nuovo Giappone” che tradiva il “vecchio e glorificato Giappone”. Sole e Acciaio parla di come Mishima si sbarazza del suo precedente romanzo “Confessioni di una maschera”, perché ora Mishima costruiva l’uomo forte. In altre parole, l'”Ubermensch” di Nietzsche nasceva nell’io e nello spirito di Mishima. Mishima ora puntava ad allontanarsi dal suo genio letterario e a sprofondare nel mondo del “corpo e dell’azione”. Tuttavia se, come sostenuto, desiderava liberarsi e abbandonare il “potere della parola”, formandosi da “guerriero” nella sua visione del mondo, allora non ci riuscì. Gli ultimi giorni struggenti della sua vita si basarono sul “potere delle parole” e delle “idee”, derivanti dalla passione interiore in cui confusione, nazionalismo, ricerca dell’attenzione e uomo d’acciaio si fusero nella morte che l’ha glorificato. Mishima evidenziò anche la dualità con cui costantemente lottò, quando afferma: “Molte persone esprimono incredulità che un simile processo possa già essere al lavoro fin dai primi anni di una persona. Ma, senza ombra di dubbio, è ciò che mi è successo, gettando così le basi di tendenze contraddittorie in me, nella determinazione ad andare avanti lealmente, nella funzione corrosiva delle parole, svolgendo il lavoro della mia vita. E il desiderio d’incontrare la realtà in qualche campo in cui le parole non giochino alcun ruolo”. E’ chiaro che la dualità di Mishima deve avergli causato enorme ansia, insieme allo sviluppo di un forte ego basato su potere e forza. Dopo tutto, se si guarda il filmato della sua “rivolta illusoria”, allora si può vedere una passione e uno spirito difficile da trovare nell’ego altrui. Forse Mishima semplicemente combatteva contro se stesso? O forse l’ego ha superato la realtà o forse “la droga della vita” si fuse nella “droga di una morte glorificata?” Qualunque cosa stesse realmente accadendo nella sua mente, certamente credeva in se stesso, perché la trama nazionalista desiderata veniva ignorata dalle masse. Mishima aveva una natura complessa, perché aveva poco tempo per i cosiddetti intellettuali, venerando gli uomini d’azione. Nella sua mente s’identificava con samurai famosi, forti capi militari e persone che si sacrificarono. Ciò trascinò la sua anima, perché vedeva l’abilità letteraria come debolezza, ma come poteva Mishima esprimersi ed ispirare gli altri senza le “parole della passione?” L’allenamento fisico ossessivo di Mishima indicava la creazione del sé guerriero, ma i guerrieri che si sacrificarono avevano qualcosa da sacrificare. Mishima non aveva nulla da sacrificare, perché le sue azioni non furono solo inutili, ma dovute al mondo illusorio che si era creato. La maggior parte delle cricca letteraria del Giappone, negli anni ’60, era di sinistra, e i suoi libri erano incentrati su modelli di pensiero militaristi e nazionalisti. Mishima quindi si fissò sul Bunburyodo e una morte che facesse appello al suo ego. “Il mare della fertilità”, scritto da Mishima in quel periodo era una raccolta di quattro libri molto intriganti. L’anno successivo iniziò l’addestramento in una base militare e formò il suo esercito privato. Mishima era ormai negli ultimi anni di vita ed era intento alla fine nobile desiderata. Mishima nel 1969 su Runaway Horses affermava: “In che situazione strana tende a ritrovarsi un uomo all’età di trentotto anni! La sua giovinezza appartiene al lontano passato. Tuttavia, il periodo della memoria inizia con la fine della giovinezza e ad oggi non ha una singola vivida impressione. Quindi persiste nel sentire che nulla più che una barriera fragile lo separa dalla giovinezza. Ascoltando sempre con la massima chiarezza i suoni di questo dominio vicino, ma senza poterne penetrare la barriera“.


sun_and_steel.jpegMishima, nato nel 1925, era molto giovane durante la Seconda Guerra Mondiale ma poté partecipare all’ultimo anno di guerra; era scusato. All’epoca deve esser stato ossessionato dall'”uomo d’acciaio”, perché il suo amico Hasuda, collega scrittore, afferma: “Credo che si debba morire giovani, alla sua età”. Hasuda fu fedele alla parola, perché si suicidò. Sembra che l’omosessualità possa anche aver tormentato Mishima, poiché in Confessioni di una maschera (1949) si occupa di emozioni interiori e passioni. Tuttavia, se Mishima conosceva bene la storia di molti samurai, allora avrebbe creduto che l’omosessualità fosse la forma più pura di sesso. Inoltre, molti leader del Giappone nel periodo pre-Edo ed Edo ebbero concubini maschi. Pertanto, Mishima si vergognò dell’etica cristiana arrivata in Giappone con la Restaurazione Meiji (1868)? Se no, allora molti “uomini d’acciaio” del vecchio Giappone ebbero relazioni omosessuali e questo andava inteso alla luce della realtà. Dopo tutto, la lealtà nel vecchio Giappone era per il sovrano daimyo e i compagni samurai. Pertanto, la compassione era ritenuta cosa per deboli, a causa della natura della vita. Non sorprende che forti legami maschili prendessero piede nella psiche dei samurai e tale realtà culturale sia all’opposto dell’immagine dell’omosessualità nel Giappone moderno, percepita per deboli. Il Wakashudo aveva diversi modi di avviare i ragazzi nel “vecchio Giappone” e nella mentalità dei samurai, le donne venivano viste femminilizzare gli uomini indebolendone lo spirito. Il sistema Wakashudo fu spesso abusato dal clero buddista per proprie gratificazioni sessuali, in passato. Tuttavia, il sistema dei samurai si basava sulla creazione di “un processo di apprendimento secondo un codice etico” impiantando lealtà e forti legami per cui, in tempi di difficoltà, i samurai rimasero attaccati all’istruzione ricevuta. Mishima, gonfiando i muscoli e dalle competenze marziali ben levigate, divenne l'”uomo d’acciaio”. Tuttavia, fu contaminato dalle pose femminili fusesi nel suo martirio. Posò volentieri di fronte alle telecamere e le immagini di San Sebastiano ucciso da molte frecce o del samurai che invoca il suicidio rituale, giocarono la sua psiche e il suo essere. Il mondo di Mishima era reale e surreale, perché potere e forza si fusero, ma avendo una natura femminile seppellita nell’anima. Mishima dichiarò: “Il tipo più appropriato di vita quotidiana, per me, fu la quotidiana distruzione mondiale; la pace è il più duro e anormale modo di vivere”. Pertanto, il 25 novembre 1970, si avverò ciò che Mishima era divenuto. Tale realtà si basava su visioni suicide, quindi il suo mondo illusorio sfociò in un fine violenta. Tuttavia, la verità di Mishima fu la fine violenta e caotica entro una realtà struttura. Dopo tutto, Mishima stilò dei piani successivi alla morte. Inoltre, Mishima si dedicò per tale giorno da anni, ma ora il tempo della recitazione era finito, in parte, perché ancora si agitava nel mondo dell'”ego”. Nel suo mondo illusorio il “sé” avrebbe agito collettivamente con forza, a sua volta generando “uno spirito” tratto dal sogno di Mishima di morte glorificata. Eppure, non era un soldato, dopo tutto aveva mentito, non avendo combattuto per il Giappone; quindi, la retorica nazionalista fu proprio tale e il 25 novembre fu più una”redenzione personale” che pose fine alla “dualità della sua anima”. L’uomo delle parole sarebbe morto nel “paradiso dell’estremo dolore”, perché l’ultima sciabolata che lo decapitò non fu netta, furono necessari diversi tentativi. Dopo tutto, non era un soldato, non era un samurai e lo non erano neanche i suoi fedeli seguaci. L’atto finale è la prova che i “sognatori” sono proprio ciò; quindi, il finale non fu una bella immagine di serenità, ma una scena “infernale stupida e di follia autoindotta”. Il mondo illusorio di Mishima non poteva cambiare nulla, perché non riusciva a riscrivere la storia. Sì, dopo di lui si poté riscrivere la storia e forse questa era cui Mishima anelava?


Nonostante ciò, Mishima è un genio letterario e aveva più spirito ed ego della maggior parte delle persone. Il suo potere poggiava sui “demoni interni con cui lottava” e su una cultura che glorificava il sacrificio di sé. Tuttavia, Mishima non aveva nulla da sacrificare, perché l’ultimo evento della sua vita non scosse il Giappone, essendo più che altro “egoismo” nato dall'”irrealtà”. Eppure, l’opera di Mishima è molto particolare e nel XX secolo affianca i più grandi scrittori internazionali. Pertanto, il ragazzo di Tokyo fu enigmatico e dalla cruda passione. Purtroppo la passione di Mishima manca oggi e forse è qui che il suo “genio risiede”. In Mishima si può immaginare l’energia del passato e il visionario. Pertanto, le mancanze nella sua vita furono le mancanze di tutti; ma ciò va trascurato, perché ignorare gli scritti di Mishima significa ignorare una forza potente nell’energia letteraria del Giappone. Mishima, a differenza della maggior parte degli scrittori, trascese la nazione a cui apparteneva, perché la sua scrittura colpisce un nervo scoperto nell'”animo interiore”.

Fonte: aurorasito