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vendredi, 19 mai 2023

Le néolibéralisme ne meurt jamais

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Le néolibéralisme ne meurt jamais

Aucune catastrophe, financière ou sanitaire, ne semble pouvoir ébranler la capacité du système économique à surmonter les crises, à changer et à s'adapter aux circonstances.

Claudio Freschi

Source: https://www.dissipatio.it/il-neoliberismo-non-muore-mai/?...

Le terme "néolibéralisme" a été utilisé de manière si large et si diverse, parfois même de manière inappropriée, qu'il a été difficile d'en définir précisément la signification.

Comme nous le savons, le libéralisme est un système économique fondé sur la liberté absolue de production et d'échange, dans lequel l'intervention de l'État est autorisée dans de rares cas, essentiellement lorsque l'initiative privée ne répond pas aux besoins de la communauté. Bien que ses racines soient lointaines, cette école de pensée s'est développée grâce à ce que l'on appelle l'école autrichienne, avec des économistes comme Friedrich Hayek et Ludwig von Mises, et a connu une grande popularité au début du siècle dernier.

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Avec la grande crise de 1929 et la dépression qui s'ensuivit, le retour des politiques keynésiennes visant à atteindre le plein emploi (avec un recours important aux dépenses publiques), a éclipsé pendant quelques décennies l'idée d'un libéralisme absolu, qui a dû attendre les années 1970 pour revenir à la mode. Mais à cette époque, les choses ont changé : l'avancée politique des sociaux-démocrates en Europe a définitivement discrédité l'idée classique d'un libéralisme prêt à tolérer une pauvreté généralisée au nom d'une richesse croissante concentrée dans les mains d'un petit nombre.

C'est là que le terme néolibéralisme a commencé à faire son chemin, pour désigner ce courant de pensée qui acceptait volontiers la nécessité d'une intervention de l'État pour amener la plupart des gens au-dessus d'un certain seuil de revenu minimum. Mais une fois ce seuil atteint, il n'y aurait plus lieu de s'inquiéter des inégalités sociales, politiques ou économiques. La Grande-Bretagne de Margaret Thatcher, les États-Unis de Ronald Reagan et, dans une plus large mesure encore, le Chili de Pinochet, soutenus par de prestigieux économistes de l'école de Chicago, étaient des exemples d'un système combinant des degrés divers d'autoritarisme avec des politiques de libre-échange plutôt radicales. Rien à voir avec le souci légitime de la liberté d'expression qui animait les grands penseurs libéraux depuis John Stuart Mill, mais tout à fait dans la ligne de la pensée de Hayek pour qui l'enjeu fondamental était de préserver la liberté d'action de l'individu tout en minimisant l'ingérence des différents gouvernements.

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Malgré la fin de ces expériences plutôt "extrêmes", la conception néolibérale a dominé le monde occidental au cours des quarante dernières années. Une idée de l'économie de marché, avec le moins de régulation possible, sous des gouvernements déterminés à maîtriser les dépenses publiques et à assainir les budgets. En temps de crise, le dogme du petit État a été largement, voire temporairement, mis de côté au nom d'un pragmatisme politique souvent issu de calculs électoraux, mais l'idéologie de base est toujours restée.

La crise financière de 2009 a ébranlé les fondements du néolibéralisme. L'incapacité totale des économistes du courant dominant à prédire une catastrophe d'une telle ampleur a semblé mettre fin, sinon aux idées, du moins à la crédibilité de la plupart de ces universitaires, mais une fois que les marchés ont retrouvé un semblant de normalité, il est apparu clairement que l'idéologie néolibérale était loin d'être défunte.

Même la pandémie de Covid 19, récemment déclarée, a semblé mettre un terme à l'idée d'un marché tout-puissant qui, avec le temps, résout tous les problèmes en rétablissant l'équilibre sans aucune intervention extérieure. Des millions d'emplois ont disparu, des secteurs productifs entiers se sont effondrés, la bourse s'est effondrée, des milliards de crédits sont devenus progressivement irrécouvrables, créant une telle urgence que la nécessité d'agir dépassait largement le cadre des idéologies.

Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et même dans l'Union européenne austère, les politiques prudentielles ont été abandonnées avec de gigantesques injections de liquidités sur le marché et un recours massif aux dépenses publiques. Mais même dans ce cas, les annonces d'un renoncement définitif au néolibéralisme, suite aux événements déclenchés par la pandémie, ne se sont pas concrétisées. Au contraire, le retour de l'inflation a donné plus de force à tous ceux qui espéraient un retour à des politiques budgétaires strictes et, en général, à une réduction du rôle de l'État.

Certains pensent que le coup de grâce au néolibéralisme pourrait venir du pays même qui a fait du marché sa raison de vivre, les États-Unis d'Amérique. De nombreux analystes soulignent que le président Biden a passé les deux premières années de son mandat à promettre, comme l'ont souvent fait ses prédécesseurs, une expansion massive de la "protection sociale" et, en général, de puissants investissements publics. On se souvient que, dans l'un de ses premiers discours au Congrès, le président avait tenu à rappeler la centralité de l'intervention de l'État dans la construction des infrastructures qui ont permis à l'Amérique de devenir une grande puissance mondiale.

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Mais malgré ces déclarations d'intention, et l'antipathie naturelle des démocrates pour le reaganisme, aucune véritable stratégie économique alternative n'avait jamais été formulée. Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a ouvertement parlé d'un nouveau "consensus de Washington", c'est-à-dire d'un principe directeur de la politique économique de la Maison Blanche qui tend à encourager l'intervention de l'État plutôt qu'à s'y opposer, à renforcer les protections des travailleurs plutôt qu'à déréglementer, et à réduire l'interdépendance économique entre les nations plutôt qu'à l'encourager. M. Sullivan a ensuite défini le nouveau modèle économique américain comme une critique ouverte du néolibéralisme, estimant que ce dernier repose sur trois hypothèses manifestement erronées. La première est que "les marchés alloueront toujours les ressources de manière productive et efficace", la deuxième est que "toute croissance est une bonne croissance" et la troisième que "l'intégration économique et la mondialisation rendront les nations plus responsables et favoriseront un processus de paix mondial".

Mais ce projet, qui, selon la plupart des enthousiastes, mettra fin à l'engouement des Américains pour le néolibéralisme, se heurte à un obstacle potentiellement insurmontable, à savoir que le "consensus de Washington" tant vanté pourrait manquer de... consensus. Ce n'est pas un mystère que l'idée d'augmenter les impôts et les dépenses publiques ne fait pas vraiment partie de l'agenda politique des Républicains. Et sans la coopération du parti de l'éléphant, il est fort probable que l'espoir de voir se concrétiser un nouveau paradigme économique allant au-delà du néolibéralisme reste lettre morte.

La vérité est que l'attrait du néolibéralisme, même s'il a été affaibli par diverses crises, reste fort parce qu'il est inhérent à la logique du capitalisme mondial. Sa nature est changeante, il évolue et s'adapte en fonction des situations. Nous pouvons donc nous attendre à ce qu'il continue à vivre comme il l'a toujours fait, en se transformant en fonction des différentes conditions, en surmontant les obstacles, en s'adaptant à la pensée commune, mais sans jamais changer ses paramètres de base. Pour paraphraser Mark Twain : "Désolé de vous décevoir, mais la nouvelle de la mort du néolibéralisme est largement exagérée".

A propos de l'auteur Claudio Freschi

Après des études d'économie, il est entré dans le monde des marchés financiers où il travaille depuis 30 ans. Passionné de voyages, d'échecs et de John Maynard Keynes, il collabore avec diverses publications imprimées et en ligne, écrivant sur la politique et l'économie.

lundi, 15 mai 2023

L'horizon illibéral comme base et transition vers le nouvel ordre économique multipolaire et sa transcendance pour le Pérou et l'Amérique latine

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L'horizon illibéral comme base et transition vers le nouvel ordre économique multipolaire et sa transcendance pour le Pérou et l'Amérique latine

Israël Lira

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/el-horizonte-iliberal-como-base-y-transicion-al-nuevo-orden-economico-multipolar-y-su

Présentation donnée par Israel Lira le samedi 29 avril dans le cadre de la Conférence mondiale sur la multipolarité et la quatrième théorie politique grâce à l'organisation du mouvement culturel et social Nova Resistencia du Brésil, du Mouvement russophile international et du China Thinkers Forum, sous la direction de l'Institut Tsargrad (Moscou).

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Israel Lira.

1. Introduction : la fin de Fukuyama par le passage de l'histoire

En 1992, Fukuyama nous a clairement dit que la fin de l'histoire était la victoire de la démocratie libérale sur le monde entier en tant que dernière étape du développement idéologique de l'humanité. Cependant, cette même histoire a joué un mauvais tour au politologue américain, dans la mesure où, à ce jour, le rejet de cette forme de système politique (la démocratie libérale) et socio-économique (le capitalisme libéral) est cyclique et s'accentue en période de crise. Fukuyama lui-même a dû accepter le nouveau scénario dans une interview qu'il a accordée au magazine londonien New Statesman en octobre 2018, où il approuve le fait que les démocraties libérales n'essaient même pas de définir ce qu'est une bonne vie, mais la laissent entre les mains de personnes qui se sentent aliénées, sans but, et que c'est la raison pour laquelle le phénomène des personnes qui s'identifient à des projets et à des groupes identitaires qui leur donnent un sentiment d'appartenance à une communauté est en train de croître. Mais ce n'est pas tout, puisque, en totale contradiction avec ce qu'il disait en 1992, et en signe évident de la défaite de Fukuyama face à l'histoire, il conclut que le socialisme doit revenir. On ne sait pas ce que Fukuyama entend par socialisme, mais telles ont été ses déclarations.

Dans le même ordre d'idées, et alors que nous pensions que rien ne pourrait faire reculer Fukuyama encore plus, non seulement en acceptant le retour des politiques socialistes dans certains domaines, dans une autre partie de l'interview, et à la surprise de l'interviewer et de nous-mêmes, il finit par accepter que Marx avait raison sur certaines choses, et c'est alors bien la fin de Fukuyama.

Cela confirme le fait que nous sommes confrontés à un nouveau scénario en matière de politique internationale, dans le cadre d'une vision qui n'est pas linéaire mais cyclique, qui n'est pas unipolaire mais multipolaire, qui n'est pas individualiste mais communautaire, qui n'est pas libérale mais illibérale, et qui n'est pas capitaliste mais anticapitaliste ou, du moins, orientée vers des formes alternatives, et que le mariage entre la démocratie (libérale) et le capitalisme a pris fin (avec l'émergence de démocraties illibérales et de capitalismes dirigés), le mariage que Fukuyama considérait comme la dernière frontière est devenu la dernière demeure face au divorce imminent sous l'expérience des puissances émergentes, le rejet de la mondialisation, la réaffirmation du patriotisme comme phénomène populaire et le renforcement des identités ethniques et culturelles des peuples.

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2. Le divorce entre démocratie et capitalisme (libéral) et le nouvel horizon illibéral

Ce divorce est désormais un fait accompli et ne fait que suivre la voie de la désintégration, augurant l'émergence de nouveaux systèmes politiques et socio-économiques, non pas par la subjectivité de nos propos, mais par l'objectivité des faits, et nous allons directement aux prémisses factuelles, en paraphrasant Mounk et Foa (2018), en l'espace d'un quart de siècle, les démocraties libérales sont passées d'une position de force économique sans précédent à une position de faiblesse économique sans précédent...(...). Sur les 15 pays du monde ayant les revenus par habitant les plus élevés, près des deux tiers sont des démocraties illibérales. Ajoutez à cela la nouvelle récente (RT, 13.04.2023) selon laquelle les BRICS ont largement dépassé le G7 en termes de croissance économique, par rapport au PIB mondial.

Cela réaffirme le fait que les démocraties libérales perdent du terrain face aux démocraties dites illibérales, qui acquièrent une plus grande force politique et économique sur la scène internationale, ce qui prouve que, comme l'a dit Zizek (2018), le lien entre la démocratie et le capitalisme est rompu.

Cela dit, il est clair que le nouvel horizon n'est nullement celui que prévoyait Fukuyama, mais qu'il se rapproche chaque jour davantage de la vision du philosophe russe Alexandre Douguine, d'un monde multipolaire, d'une géopolitique des grands espaces, d'une réversibilité du temps, de l'avènement d'une authentique laocratie et du retour à une vision communautaire de l'existence humaine en tant que revalorisation de l'ethos particulier des peuples. En d'autres termes, tout cela signifie que le nouvel horizon est un horizon illibéral qui augurera de l'émergence de nouveaux paradigmes politiques et socio-économiques.

C'est pour ces raisons que le facteur socioculturel est très présent dans la formation du pouvoir actuel des puissances et de leurs systèmes et structures politiques et socio-économiques particuliers, dans la mesure où ils ont pu se reconnaître comme des civilisations. En ce qui concerne le Pérou en particulier et le continent latino-américain en général, nous avons tous les outils pour faire du continent une grande puissance émergente, mais le Pérou, comme les démocraties latino-américaines en général, est toujours en transition vers des modèles de plus en plus illibéraux en raison des luttes constantes avec les oligarchies locales qui ont généralement toujours été serviles et fonctionnelles par rapport aux modèles libéraux de démocratie et d'économie, en particulier les modèles néolibéraux. Cependant, la volonté nationale d'opter pour des modèles illibéraux, tant sur le plan politique qu'économique, se réaffirme chaque jour, afin de changer la position économique des nations ibéro-américaines, qui ont toujours été reléguées au rôle de simples producteurs de matières premières, et non de produits manufacturés à valeur ajoutée dans le cadre de la division internationale du travail.

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3. L'horizon illibéral comme étape de transition vers la quatrième théorie économique

Pour en revenir aux puissances émergentes, c'est la raison pour laquelle on parle de plus en plus de démocraties illibérales au détriment de la démocratie libérale, ainsi que la raison pour laquelle on parle de capitalisme aux valeurs asiatiques, d'économie sociale de marché ou de socialisme aux caractéristiques chinoises au détriment du capitalisme libéral habituel. En d'autres termes, des systèmes politiques et économiques qui se révèlent être des alternatives mixtes à l'échec de la trichotomie globalisante (en référence à l'individualisme comme proposition éthico-morale, à la démocratie libérale comme système politique et au capitalisme libéral comme système économique), et qui (trichotomie comme Alain de Benoist, 2002) par sa nature totalitaire même est toujours étrangère et indifférente aux héritages culturels, aux identités collectives, aux patrimoines et aux intérêts nationaux.

C'est dans ce scénario que la Quatrième Théorie Politique d'Alexandre Douguine commence à se manifester aussi sur le plan économique comme la Quatrième Théorie Économique (qui se base sur trois principes que nous déduisons à notre avis, sans être limitatifs, nous les considérons comme centraux, comme une synthèse dérivée de l'exposé de Douguine sur le sujet: 1) Principe intégral du travailleur comme sujet et du travail comme activité ; 2) Principe d'interprétation eschatologique de la réalité économique ; et 3) Principe d'équilibre entre production et consommation), dans la mesure où elle ne peut ignorer le fait que si l'on part de la reconnaissance que le libéralisme est devenu la seule réalité existentielle de la post-modernité et que nous vivons un troisième totalitarisme, on ne peut pas non plus ne pas accepter que le capitalisme libéral est le système économique de choix de cette réalité post-libérale (dans sa troisième phase de capitalisme financier).

En conclusion, la quatrième théorie économique en tant que nouvel horizon d'interprétation de l'économie est précisément cela, un guide d'action pour une nouvelle orientation ontologique de l'économie, et en tant que guide, elle sera enrichie par les traditions et les coutumes des peuples ancestraux et en cela sa transcendance tant pour le Pérou que pour le reste du continent ibéro-américain dans ses processus d'autonomisation émergente pour faire partie de cette réalité multipolaire naissante avec une dignité civilisationnelle. C'est pourquoi, au Pérou, les études politiques et socio-économiques orientées vers la quatrième théorie ont conduit à la création du Crisolismo, une théorie politique et économique péruvienne qui intègre les lignes d'action de la quatrième théorie politique en général et de la pensée andine en particulier, laquelle intègre l'antique tradition péruvienne et fusionne de ce fait avec le Dasein péruvien, soit le Dasein andin-amazonien auquel a été ajoutée la Tradition hispanique, ce qui a produit un syncrétisme car le peuple péruvien se réfère implicitement à des formes politiques et économiques diverses, lesquelles, ensemble, forment le Dasein péruvien, et, en tant que telles, étaient appliquées aux temps des Incas.  Par exemple, à l'époque des Incas, les habitants du Pérou ont toujours été guidés par deux principes: la réciprocité et la redistribution. Ce sont ces deux principes qui ont façonné le Tawantinsuyo en tant qu'empire hydraulique (en référence au système de service et d'administration de l'eau dans l'empire), avec les nuances du cas, dont les vestiges, après presque 1600 ans, fonctionnent encore aujourd'hui, bénéficiant toujours à de nombreuses populations locales. C'est pour cela que nous nous battons, pour un système politique et socio-économique pour l'éternité.

mercredi, 19 février 2020

Où est passé le bien commun ?

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Où est passé le bien commun ?

A propos du livre de Jean Tirole, Prix Nobel d'économie

Ex: http://www.geopolintel.fr

Depuis le retentissant échec économique, culturel, social et environnemental des économies planifiées, depuis la chute du mur de Berlin et la mutation économique de la Chine, l’économie de marché est devenue le modèle dominant, voire exclusif d’organisation de nos sociétés. Même dans le « monde libre », le pouvoir politique a perdu de son influence, au profit à la fois du marché et de nouveaux acteurs. Les privatisations, l’ouverture à la concurrence, la mondialisation, le recours plus systématique aux mises aux enchères dans la commande publique restreignent le champ de la décision publique. Et pour celle-ci, l’appareil judiciaire et les autorités indépendantes de régulation, organes non soumis à la primauté du politique, sont devenus des acteurs incontournables.

Pour autant, l’économie de marché n’a remporté qu’une victoire en demi-teinte, car elle n’a gagné ni les cœurs ni les esprits. La prééminence du marché, à qui seule une petite minorité de nos concitoyens font confiance, est accueillie avec fatalisme, mâtiné pour certains d’indignation. Une opposition diffuse dénonce le triomphe de l’économie sur les valeurs humanistes, un monde sans pitié ni compassion livré à l’intérêt privé, le délitement du lien social et des valeurs liées à la dignité humaine, le recul du politique et du service public, ou encore l’absence de durabilité de notre environnement.

Un slogan populaire qui ne connaît pas de frontières rappelle que « le monde n’est pas une marchandise ». Ces interrogations résonnent avec une acuité particulière dans le contexte actuel marqué par la crise financière, la hausse du chômage et des inégalités, l’inaptitude de nos dirigeants face au changement climatique, l’ébranlement de la construction européenne, l’instabilité géopolitique et la crise des migrants qui en résulte, ainsi que par la montée des populismes partout dans le monde.
Où est passée la recherche du bien commun ? Et en quoi l’économie peut-elle contribuer à sa réalisation ?

Pour mieux comprendre le bien commun

Définir le bien commun, ce à quoi nous aspirons pour la société, requiert, au moins en partie, un jugement de valeur. Ce jugement peut refléter nos préférences, notre degré d’information ainsi que notre position dans la société. Même si nous nous accordons sur la désirabilité de ces objectifs, nous pouvons pondérer différemment l’équité, le pouvoir d’achat, l’environnement, la place accordée à notre travail ou à notre vie privée. Sans parler d’autres dimensions, telles que les valeurs morales, la religion ou la spiritualité sur lesquelles les avis peuvent diverger profondément.

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Il est toutefois possible d’éliminer une partie de l’arbitraire inhérent à l’exercice de définition du bien commun. L’expérience de pensée qui suit fournit une bonne entrée en matière. Supposez que vous ne soyez pas encore né, et que vous ne connaissiez donc pas la place qui vous sera réservée dans la société : ni vos gènes, ni votre environnement familial, social, ethnique, religieux, national… Et posez-vous la question : « Dans quelle société aimerais-je vivre, sachant que je pourrai être un homme ou une femme, être doté d’une bonne ou d’une mauvaise santé, avoir vu le jour dans une famille aisée ou pauvre, instruite ou peu cultivée, athée ou croyante, grandir au centre de Paris ou en Lozère, vouloir me réaliser dans le travail ou adopter un autre style de vie, etc. ? »

Cette façon de s’interroger, de faire abstraction de sa position dans la société et de ses attributs, de se placer « derrière le voile d’ignorance », est issue d’une longue tradition intellectuelle, inaugurée en Angleterre au XVIIe siècle par Thomas Hobbes et John Locke, poursuivie en Europe continentale au XVIIIe siècle par ­Emmanuel Kant et Jean-Jacques Rousseau (et son contrat social), et plus récemment renouvelée aux États-Unis par la théorie de la justice du philosophe John Rawls (1971) et la comparaison interpersonnelle des bien-être de l’économiste John Harsanyi (1955).

Pour restreindre les choix et vous interdire de « botter en touche » par le biais d’une réponse chimérique, je reformulerai légèrement la question : « Dans quelle organisation de la société aimeriez-vous vivre ? » La question pertinente n’est en effet pas de savoir dans quelle société idéale nous aimerions vivre, par exemple une société dans laquelle les citoyens, les travailleurs, les dirigeants du monde économique, les responsables politiques, les pays privilégieraient spontanément l’intérêt général au détriment de leur intérêt personnel.

Car si […] l’être humain n’est pas constamment à la recherche de son intérêt matériel, le manque de prise en considération d’incitations et de comportements pourtant fort prévisibles, que l’on retrouve par exemple dans le mythe de l’homme nouveau, a mené par le passé à des formes d’organisation de la société totalitaires et appauvrissantes.

Concilier intérêt personnel et intérêt général

Ce livre part donc du principe suivant : que nous soyons homme politique, chef d’entreprise, salarié, chômeur, travailleur indépendant, haut fonctionnaire, agriculteur, chercheur, quelle que soit notre place dans la société, nous réagissons tous aux incitations auxquelles nous sommes confrontés. Ces incitations – matérielles ou sociales – et nos préférences combinées définissent le comportement que nous adoptons, un comportement qui peut aller à l’encontre de l’intérêt collectif.

C’est pourquoi la recherche du bien commun passe en grande partie par la construction d’institutions visant à concilier autant que faire se peut l’intérêt individuel et l’intérêt général. Dans cette perspective, l’économie de marché n’est en rien une finalité. Elle n’est tout au plus qu’un instrument ; et encore, un instrument bien imparfait si l’on tient compte de la divergence possible entre l’intérêt privé des individus, des groupes sociaux et des nations, et l’intérêt général.

9782130729969_h430.jpgS’il est difficile de se replacer derrière le voile d’ignorance tant nous sommes conditionnés par la place spécifique que nous occupons déjà dans la société, cette expérience de pensée permettra de nous orienter beaucoup plus sûrement vers un terrain d’entente. Il se peut que je consomme trop d’eau ou que je pollue, non pas parce que j’en tire un plaisir intrinsèque, mais parce que cela satisfait mon intérêt matériel : je produis plus de légumes, ou j’économise des coûts d’isolation, ou je me dispense de l’achat d’un véhicule plus propre. Et vous qui subissez mes agissements, vous les réprouverez.

Mais si nous réfléchissons à l’organisation de la société, nous pouvons nous accorder sur la question de savoir si mon comportement est désirable du point de vue de quelqu’un qui ne sait pas s’il en sera le bénéficiaire ou la victime, c’est-à-dire si le désagrément du second excède le gain du premier. L’intérêt individuel et l’intérêt général divergent dès que mon libre arbitre va à l’encontre de vos intérêts, mais ils convergent en partie derrière le voile d’ignorance.

Bien-être et droits

Un autre bénéfice de cet outil de raisonnement que représente l’abstraction du voile d’ignorance est que les droits acquièrent une rationalité et ne sont plus de simples slogans : le droit à la santé est une assurance contre la malchance d’avoir les mauvais gènes, l’égalité des chances devant l’éducation doit nous assurer contre les différences qu’induit l’environnement où nous naissons et grandissons, les droits de l’homme et la liberté sont des protections contre l’arbitraire des gouvernants, etc.

Les droits ne sont plus des concepts absolus, que la société peut ou non accorder ; ce qui les rend plus opératoires, car en pratique ils peuvent être octroyés à des niveaux divers ou entrer en conflit les uns avec les autres (par exemple, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres).

La recherche du bien commun prend pour critère notre bien-être derrière le voile d’ignorance. Elle ne préjuge pas des solutions et n’a pas d’autre marqueur que le bien-être collectif. Elle admet l’usage privé pour le bien-être de la personne, mais pas l’abus de cet usage aux dépens des autres. Prenons l’exemple des biens communs, ces biens qui, derrière le voile d’ignorance, doivent pour des raisons d’équité appartenir à la communauté : la planète, l’eau, l’air, la biodiversité, le patrimoine, la beauté du paysage…

Leur appartenance à la communauté n’empêche pas qu’in fine ces biens seront consommés par les individus. Par tous à condition que ma consommation n’évince pas la vôtre (c’est le cas de la connaissance, de l’éclairage sur la voie publique, de la défense nationale ou de l’air). En revanche, si le bien est disponible en quantité limitée ou si la collectivité veut en restreindre l’utilisation (comme dans le cas des émissions carbonées), l’usage est nécessairement privatisé d’une manière ou d’une autre.

C’est ainsi que la tarification de l’eau, du carbone ou du spectre hertzien privatise leur consommation en octroyant aux agents économiques un accès exclusif pourvu qu’ils acquittent à la collectivité le prix demandé. Mais c’est précisément la recherche du bien commun qui motive cet usage privatif : la puissance publique veut éviter que l’eau ne soit gaspillée, elle souhaite responsabiliser les agents économiques quant à la gravité de leurs émissions, et elle entend allouer une ressource rare – le spectre hertzien – aux opérateurs qui en feront un bon usage.

Le rôle de l’économie

Ces remarques anticipent en grande partie la réponse à la ­deuxième question, la contribution de l’économie à la recherche du bien commun. L’économie, comme les autres sciences humaines et sociales, n’a pas pour objet de se substituer à la société en définissant le bien commun. Mais elle peut y contribuer de deux manières.

41-RfSol41L._SX326_BO1,204,203,200_.jpgD’une part, elle peut orienter le débat vers les objectifs incarnés dans la notion de bien commun en les distinguant des instruments qui peuvent concourir à leur réalisation. Car trop souvent, comme nous le verrons, ces instruments, qu’il s’agisse d’une institution (par exemple le marché), d’un « droit à » ou d’une politique économique, acquièrent une vie propre et finissent par perdre de vue leur finalité, allant alors à l’encontre du bien commun qui les justifiait de prime abord. D’autre part, et surtout, l’économie, prenant le bien commun comme une donnée, développe les outils pour y contribuer.

L’économie n’est ni au service de la propriété privée et des intérêts individuels, ni au service de ceux qui voudraient utiliser l’État pour imposer leurs valeurs ou faire prévaloir leurs intérêts. Elle récuse le tout-marché comme le tout-État. L’économie est au service du bien commun ; elle a pour objet de rendre le monde meilleur. À cette fin, elle a pour tâche d’identifier les institutions et les politiques qui promouvront l’intérêt général. Dans sa recherche du bien-être pour la communauté, elle englobe les dimensions individuelle et collective du sujet. Elle analyse les situations où l’intérêt individuel est compatible avec cette quête de bien-être collectif et celles où au contraire il constitue une entrave.

« Économie du bien commun » de Jean Tirole, Éditions PUF, Paris mai 2016, 640 pages, 18€.

Jean Tirole. TSE

 

samedi, 17 septembre 2016

Keynes y la irracionalidad de los mercados

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Keynes y la irracionalidad de los mercados

Ex: http://www.katehon.com

Por caos (Khaos o "vacío que ocupa un hueco en la nada") entendemos algo impredecible y que se escapa a la miope visión que únicamente pueden esbozar nuestros ojos ante hechos que se escapan de los parámetros conocidos pues nuestra mente es capaz de secuenciar únicamente fragmentos de la secuencia total del inmenso genoma del caos, con lo que inevitablemente recurrimos al término “efecto mariposa” para intentar explicar la vertiginosa conjunción de fuerzas centrípetas y centrífugas que terminarán por configurar el puzzle inconexo del caos ordenado que se está gestando y que tendría su plasmación en la famosa frase del iconoclasta John Kenneth Galbraiht.”Hay dos clases de economistas: los que no tenemos ni idea y los que no saben ni eso”.

El citado” efecto mariposa” trasladado a sistemas complejos como la Bolsa de Valores, tendría como efecto colateral la imposibilidad de detectar con antelación un futuro mediato pues los modelos cuánticos que utilizan serían tan sólo simulaciones basadas en modelos precedentes (Teoría de la Inestabilidad financiera de Minsky), con lo que la inclusión de tan sólo una variable incorrecta o la repentina aparición de una variable imprevista, provoca que el margen de error de dichos modelos se amplifique en cada unidad de tiempo simulada hasta exceder incluso el límite estratosférico del cien por cien, de lo que sería paradigma el próximo estallido de la actual burbuja bursátil, cumpliéndose una vez más la máxima de Keynes: “Los mercados pueden permanecer irracionales más tiempo del que tú puedes permanecer solvente”.

Génesis de la actual burbuja bursátil

La burbuja actual sería hija de la euforia de Wall Strett (y por extrapolación del resto de bolsas mundiales) tras las políticas monetarias de los grandes bancos centrales mundiales que han inundado los mercados con centenares de miles de millones de dólares y euros con la esperanza de relanzar la economía, más aún cuando las colocaciones sin riesgo ( deuda de EEUU o de Alemania) no retribuían nada a los inversionistas y estaría alimentada por los siguientes factores:

Racionalidad limitada

keynes-1.jpgLa desconexión con la realidad por parte de los inversores les llevaría a justificar la exuberancia irracional de los mercados, creándose un mundo virtual de especulación financiera que nada tendría que ver con la economía real (windhandel o negocio del aire) y que les lleva a extrapolar las rentabilidades actuales como un derecho vitalicio lo que unido a la pérdida de credibilidad de las agencias de calificación como Moody's al no haber predicho la crisis del 2002 y a la ausencia de control por parte de los reguladores, habría coadyuvado a que el mercado permaneciera insensible al recorte de rating de las compañías que cotizan en la bolsa y a los avisos de la Fed que por boca de su Presidenta Yanet Ellen habría advertido que “las valoraciones de las bolsas y los mercados de bonos son muy altas y que existen riesgos potenciales en ambos mercados”, Así, la certeza racional de la total retirada por la Fed de sus medidas de estímulo a la economía estadounidense y de la próxima subida de tipos de interés del dólar en el 2016 debería hacer que los inversionistas se vayan distanciado progresivamente de los activos de renta variable y que los bajistas se alzaran con el timón de la nave bursátil mundial.

Euforia especulativa

Sin embargo, el proceso especulativo impulsa a comprar con la esperanza de sustanciosas ganancias en el futuro, lo que provoca una espiral alcista alejada de toda base factual y el precio del activo llega a alcanzar niveles estratosféricos hasta que la burbuja acaba estallando (crash) debido a la venta masiva de activos y la ausencia de compradores, lo que provoca una caída repentina y brusca de los precios hasta límites inferiores a su nivel natural (crack).

Incertidumbre sobre nivel suelo de los mercados bursátiles

Un inversor está dispuesto a pagar un precio por una acción si le reporta dinero en el futuro, por lo que el valor de dicha acción es el total de flujos esperados pero el nivel suelo de las Bolsas mundiales, (nivel en el que confluyen beneficios y multiplicadores mínimos), se situaría en la horquilla de los 14.000-15.000 puntos en Mercados Bursátiles como el Dow Jones, debido al riesgo de estancamiento económico secular que presentan las principales economías mundiales.

keynes-2.jpgEstallido de la burbuja bursátil china

Los inversores han empezado a sentir el vértigo de la altura y a cuestionarse el estado de solvencia de las compañías y se espera que bajará el porcentaje de los resultados empresariales que se destinarán a dividendos así como el número de empresas que repartirán el mismo y la volatilidad es la nota dominante pues desde el pasado 21 de junio, el principal índice bursátil chino, el Shanghai Composite ha perdido un 50%, descenso que ha puesto fin a una capitalización de mercado valorada en 1,25 billones de dólares ante los temores de la comunidad inversora de que el Gobierno intente enfriar un repunte alimentado por la deuda que dura ya un año. Shanghai había ganado un 60% con respecto a principios de año porque los inversores creyeron que Pekín respaldaría el repunte para contribuir a luchar contra la ralentización de la economía que se ha contraído con respecto al crecimiento de dos dígitos de hace unos años y rozaría el 5%, por lo que es previsible una severa corrección de los índices bursátiles chinos hasta alcanzar el nivel suelo real.

Efecto contagio y psicosis vendedora

Ello aunado con la nueva guerra de divisas que se avecina, el riesgo latente de la crisis de Deuda Soberana de Grecia, los coqueteos con la recesión de Rusia y varios países de la UE, las dudas sobre la capacidad de endeudamiento de EEUU (rondando los 20 Billones $) y la existencia de factores geopolíticos desestabilizadores (Turquía, Libia, Siria, Venezuela, Irak, Ucrania e Irán) podría producir una psicosis vendedora y originar un nuevo crack bursátil. Así, los grandes inversores habrían ya sentido el vértigo de la altura y empezado a reducir su exposición al riesgo con el consecuente efecto bajista en las cotizaciones de las acciones, derivando en una psicosis vendedora que provocará que el Dow Jones de Industriales salte por los aires y termine por desencadenar el temido crack bursátil que conllevará la ruina de millones de pequeños y medianos inversores todavía deslumbrados por las luces de la estratosfera (Teoría del más tonto), estallido que debería tener como efectos benéficos el obligar a las compañías a redefinir estrategias, ajustar estructuras, restaurar sus finanzas y restablecer su crédito ante el mercado y como daños colaterales la inanición financiera de las empresas y el consecuente efecto dominó en la declaración de quiebras e incremento de las tasas de desempleo mundiales.

lundi, 09 mai 2016

Autocentrer le développement pour en finir avec la mondialisation néolibérale

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Autocentrer le développement pour en finir avec la mondialisation néolibérale

par Bernard Conte

Ex: http://www.katehon.com

Article de Bernard Conte pour le numéro 49 de la revue Rébellion ( septembre 2011)

Depuis la fin des années 1970, l’idéologie néolibérale s’est imposée, justifiant le libre-échange, c’est-à-dire le « laisser faire » – « laisser passer », tant pour les marchandises que pour les flux financiers. La « main invisible » du marché était présumée plus efficace que la régulation étatique. En conséquence, un « consensus » a été imposé : place au marché et haro sur l’État « social », présenté comme malveillant, dépensier, inefficace, voire inutile. Le désarmement douanier s’est progressivement opéré à travers les négociations du GATT à partir de 1947, puis avec la création de l’OMC en 1995. À partir du milieu des années 1970, la libéralisation financière a engendré la dérégulation et le libre mouvement des capitaux. Au Sud, le libre-échange des marchandises et des capitaux a été imposé à travers les programmes d’ajustement structurels (PAS) du FMI, tandis qu’au Nord, la prescription a emprunté des voies plus « subtiles ».

Le libre-échange est une condition nécessaire à la réussite de la mondialisation néolibérale qui jette l’ensemble des salariés dans une compétition sauvage où le gagnant est le moins disant, assurant ainsi un nivellement par le bas des conditions sociales du plus grand nombre, au plus grand profit de la finance internationale et de ses serviteurs zélés des cercles rapprochés. Le libre-échange autorise la délocalisation des productions dans des lieux où les coûts sont réduits et il permet aussi la localisation des profits dans des « paradis fiscaux » où les prélèvements sont minimes, voire nuls. Le libre-échange engendre la désindustrialisation du Nord, le laminage des classes moyennes et la Tiers-mondialisation qui désarticule et réarrange les structures économiques, institutionnelles, sociales et politiques dans le sens le plus favorable au capitalisme financiarisé mondialisé. La priorité donnée à la croissance des profits diminue proportionnellement la capacité à couvrir les « coûts de l’homme ».

Sortir de la dynamique de Tiers-mondialisation implique un ajustement des structures pour réduire la domination du capitalisme financiarisé, pour autocentrer le développement et pour redonner la priorité à l’homme. Dans cette démarche, la thérapie protectionniste occupe une place de choix.

Le libre-échange imposé

L’oligarchie et ses valets : politiques, médiatiques, économiques… ont œuvré sans relâche pour persuader les populations des avantages du libre-échange et de la division internationale du travail néolibérale. Par exemple, les recherches économiques, mettant à jour des  « évidences empiriques » sur le lien entre l’ouverture commerciale des pays et leur croissance économique, ont bénéficié de généreux financements, notamment de la part de la Banque mondiale et du FMI1. Peu importe s’il a été souvent nécessaire de prendre des « libertés » avec les hypothèses, avec la fiabilité des statistiques et avec les traitements économétriques, mais l’essentiel était de prouver que plus un pays est ouvert sur l’extérieur, plus il pratique le libre-échange et plus sa croissance économique est forte. Car, pour l’oligarchie, le libre-échange est une condition nécessaire à la réussite des délocalisations industrielles caractéristiques de la mondialisation néolibérale

Pour la réussite de la délocalisation des productions L’objectif est de maximiser les profits par la mise en concurrence des salariés, non plus uniquement sur le plan national, mais au niveau mondial. Grâce au libre-échange, la délocalisation des activités économiques des pays du Nord vers les pays à bas salaires a permis d’inonder le marché mondial de produits à des prix sans concurrence. La libéralisation financière a autorisé le transfert des profits réalisés vers des zones « accueillantes », comme les paradis fiscaux. Par la défaisance des régulations étatiques, par l’imposition du libre-échange des marchandises et des capitaux… le capitalisme a réussi, sans réelles entraves, à restructurer la planète à son plus grand profit, en négligeant les coûts économiques et sociaux de ladite restructuration. La mondialisation néolibérale permet aux capitalistes de profiter, sur l’ensemble des territoires, des avantages comparatifs économiques et financiers qui sont étroitement corrélés aux « désavantages » comparatifs sociaux des populations résidentes. En d’autres mots, il s’agit d’organiser la misère et son exploitation, à travers l’imposition d’une division internationale du travail inégale, pour des profits sans cesse croissants.

Avec pour conséquence la désindustrialisation du Nord La concurrence débridée des pays à bas salaires a largement contribué à la désindustrialisation des pays du Nord. En 1970, l’industrie représentait 48% du PIB de l’Allemagne, 39% de celui de l’Italie et 35% de celui des Etats-Unis. En 2008, ces proportions s’élevaient respectivement à 29%, 26% et 21%. En France, entre 1970 et 2009, le poids de l’industrie a presque été divisé par deux, passant de 34,9 % du PIB à 18,8 %. En 30 ans, la France a perdu près de 2 millions d’emplois dans le secteur industriel et plus d’un demi-million depuis 20072. Le cas de la France est singulier, puissance industrielle « moyenne », son effeuillage industriel s’est opéré à la fois « par le bas » au profit de pays émergents (Chine) et « par le haut » au bénéfice de pays plus industrialisés (Allemagne). Cet effet de « cisaille » accélère la paupérisation de la majorité de la population, phénomène que ne sauraient encore longtemps cacher les vestiges, sans cesse amenuisés, de la protection sociale de l’État-providence. Le Nord s’appauvrit, en voie de sous-développement, il se Tiers mondialise3.

Le laminage des classes moyennes

La désindustrialisation engendre la Tiers-mondialisation à travers le laminage des classes moyennes4 qui s’étaient progressivement constituées au cours de la période d’après-guerre. Ce phénomène n’épargne pas le centre impérial : les États-Unis. Ainsi, « le revenu réel médian américain a baissé de 5261 dollars durant la dernière décennie5 ». En conséquence, l’épargne des ménages a été progressivement réduite à néant. «  Au cours des Trente glorieuses, la classe moyenne américaine épargnait environ 9 % de son revenu annuel après impôt. Au tournant des années 1980, cette proportion était d’environ 7 %. Le taux d’épargne a ensuite chuté à 6 % en 1994, puis à 3 % en 1999. En 2008, les américains n’épargnaient plus rien. Parallèlement, l’endettement des ménages a explosé. En 2007, la dette de l’américain-type représentait 138 % de son revenu après impôt6 ». Paupérisation et réduction en « esclavage » par le biais du crédit, telles sont les conséquences de la mondialisation néolibérale et de la Tiers-mondialisation qui l’accompagne.

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La Tiers-mondialisation

En s’inspirant de François Perroux et de son analyse du sous-développement, il est possible de définir le phénomène de la Tiers-mondialisation comme le résultat d’une dynamique de domination7. Pour Perroux, le sous-développement était principalement engendré par la domination coloniale ou néocoloniale. De façon similaire, la Tiers-mondialisation est le produit de la domination du capitalisme financiarisé qui désarticule les structures économiques, sociales, institutionnelles et politiques de l’ancienne configuration (le libéralisme régulé) et les réarrange dans une configuration « nouvelle » fondée sur une base géographique plus vaste, en vue de la maximisation des profits. Cet ajustement structurel, imposé sous la contrainte (FMI…), engendre la Tiers-mondialisation qui s’exprime « concrètement non dans les termes ambigus d’un chiffre unique comme le PNB par tête, mais dans un phénomène plus profond et plus complexe : l’absence de couverture des ‘coûts de l’homme’8 ».

L’absence de couverture des ‘coûts de l’homme’

Perroux.jpgPour François Perroux : « Dans un ensemble humain, les coûts de l’homme se répartissent opérationnellement en trois groupes. Ce sont : 1°Ceux qui empêchent les êtres humains de mourir (lutte contre la mortalité dans le travail professionnel et hors des limites de ce travail); 2°Ceux qui permettent à tous les êtres humains une vie physique et mentale minima (activités de préventions hygiéniques, de soins médicaux, de secours invalidité, vieillesse, chômage) ; 3°Ceux qui permettent à tous les êtres humains une vie spécifiquement humaine, c’est-à-dire caractérisée par un minimum de connaissances et un minimum de loisirs (essentiellement : coûts d’instruction élémentaire, coût de loisir minimum)9 ». Selon Perroux, les coûts humains constituent un minimum à couvrir avant tout autre besoin. Dans le cadre de la mondialisation néolibérale, si l’on excepte une petite minorité, la couverture des coûts humains n’est pas assurée pour une large part de la population et se réduit, comme peau de chagrin, pour le restant.

Sortir de la dynamique de Tiers-mondialisation

Pour cela, il faut minimiser, voire supprimer les effets négatifs de la domination du capitalisme financiarisé. Bien que multidimensionnelle, la solution inclut forcément une réorientation de l’économie vers les ressources endogènes et le marché intérieur pour réaliser un développement autocentré. L’autocentrage peut être envisagé sur une base nationale ou sur celle, plus large, d’un regroupement régional. Dans tous les cas, il conviendra notamment d’assurer la relocalisation de certaines activités, non pas en vue d’une « autosuffisance » ou d’une autarcie systématiques, mais dans un but de « sécurité » économique et sociale10 permettant une réelle couverture des coûts humains. Dans cette optique, assurer la « sécurité » implique la réduction des aspects de la dépendance porteurs d’effets pernicieux de domination11.

Avec l’aide d’un protectionnisme « thérapeutique »

Auto-centrer le développement suppose la mise en œuvre d’un protectionnisme thérapeutique qui doit s’accompagner de politiques incitatives, de politiques de régulation… et surtout d’un projet collectif. La thérapie pourra s’inspirer du « protectionnisme éducateur12 » de Friedrich List et des théories et des expériences du desarrollismo13 Sud-américain. Le protectionnisme envisagé n’est pas un repli sur soi, n’est pas du nationalisme agressif, ni de l’isolationnisme. Il se propose de développer le commerce et les échanges sur la base du respect d’une concurrence loyale. Il s’agit d’un protectionnisme « souple » et « mesuré » prévoyant des droits d’entrée variables portant sur certains types de produits jugés sensibles.

En renchérissant les produits importés, le protectionnisme va susciter la création d’entreprises produisant des biens de substitution des importations, générant emplois, revenus, impôts…, permettant de démarrer et d’alimenter un processus de développement autocentré, c’est-à-dire centré sur le marché intérieur. Comme la délocalisation des activités a engendré une perte de connaissances et de savoir faire, un effort important d’éducation – formation devra être opéré pour recouvrer les capacités perdues, mais aussi pour accompagner le développement de la recherche et de l’innovation. L’intervention de la puissance publique s’avèrera nécessaire pour susciter, harmoniser et coordonner les initiatives de développement, ce qui impliquera une planification indicative

Au fur et à mesure de l’ajustement des structures, en vue de la couverture effective des « coûts de l’homme », les modalités de la thérapie protectionniste évolueront en fonction de l’avancée du processus et du respect des règles d’une concurrence loyale par les partenaires à l’échange.

SOURCE - Cliquer ici:  Rebellion SRE

NOTE

1 Dans ce genre de mise en lumière « d’évidences empiriques », voir : Krueger, Ann O. 1978. Foreign Trade Regimes and Economic Development: Liberalization Attempts and Consequences, Cambridge: MA: Ballinger.

2 Lilas Demmou, La désindustrialisation en France, Paris, Document de travail de la DG Trésor, n° 2010/01, juin 2010, http://www.minefe.gouv.fr/directions_services/dgtpe/etude...

3 Bernard Conte, La Tiers-Mondialisation de la planète, Bordeaux, PUB, 2009.

4 Bernard Conte, « Néolibéralisme et euthanasie des classes moyennes », http://www.mecanopolis.org/?p=20157 13/10/2010.

5 Bryce Covert,“New Low Paying Jobs Will Lead to High Debt”, New deal 2.0, 8/6/2011,http://www.newdeal20.org/2011/06/08/new-low-paying-jobs-w... traduction de l’auteur.

6 Idem, traduction de l’auteur.

7 Pour Perroux, « L’effet de domination est la relation entre inégaux qui se constate entre agents, entreprises et nations. Cet effet est lié non seulement à la dimension de la dotation initiale des biens mais aussi au pouvoir de négociation (ou de transformation des règles du jeu), à la nature de l’activité ou à l’appartenance à une zone d’activité dominante », Hector Guillem Romo, « François Perroux : Pionnier oublié de l’économie du développement », Colloque : Economie politique internationale et nouvelles régulations de la mondialisation, Poitiers 14-15 mai 2009, p.11.

8Hector Guillem Romo, art. cit.

9 François Perroux, L’Economie du XXème siècle, Paris, PUF, 1964, p. 344. Voir aussi, Sandrine Michel, « Rationalité économique des coûts de l’homme. Une transformation structurelle constitue-t-elle une rupture ? », Bordeaux, 2004, http://conte.u-bordeaux4.fr/Perroux/Com/Michel.pdf

10 Cette distinction peut être rapprochée de celle qui existe entre autosuffisance alimentaire et sécurité alimentaire.

11La dépendance économique d’un pays, c’est-à-dire, le fait que l’économie de ce pays dépende de variables externes peut revêtir deux formes principales. Elle peut être réciproque, à la limite symétrique (A dépend de B et B dépend de A selon diverses modalités). Dans ce cas on dit qu’il y a interdépendance. Elle peut être unilatérale ou asymétrique (A dépend de B et B ne dépend pas ou dépend peu de A). Dans ce deuxième cas on dit qu’il y a domination de B sur A. Hector Guillem Romo, art.cit. p 10-11.

12 Friedrich List, Système national d’économie politique, Paris, Gallimard, 1998 [1841].

13 Voir par exemple : Celso Furtado, Théorie du développement économique. Paris, PUF, 1970.

mercredi, 12 février 2014

LE NÉOLIBÉRALISME LAMINOIR

LE NÉOLIBÉRALISME LAMINOIR
 
Le fossoyeur des identités et du vivre ensemble
économie, néo-libéralisme, libéralisme, théorie économique, théorie politique, politologie, sciences politiques,
 
Chems Eddine Chitour*
Ex: http://metamag.fr

Il ne se passe pas de jour sans que l'on constate à travers le monde les dégâts du néolibéralisme qui broie les équilibres sociologiques des peuples, les sédimentations identitaires et même les espérances religieuses. Rien ne doit s'opposer à cette machine du Diable. Dans cette contribution nous allons citer le fonctionnement du néolibéralisme dont les gourous font preuve d'une imagination débordante et font injonction aux dirigeants d'appliquer sans état d'âme leur potion amère sils veulent garder leur fauteuil. Le néolibéralisme revêt les habits de la tentation pour la majorité des «moutons» et la fabrication d'ersatz qui permettent au consommateur sous influence de croire que tout est permis, que c'est un champion, que le monde lui appartient et qu'il a toutes les qualités que lui martèle la publicité, notamment celle du culte du corps auquel il s'identifie.


La culture industrialisée formate les esprits


La massification culturelle, ce que l’on appelle vulgairement la "macdonalisation" de la culture est une réalité. Les langues supports des cultures luttent en vain et à des degrés divers contre  la vulgate planétaire pour reprendre les mots justes de Bourdieu. C’est le cas de la langue française  qui est défendue d’une façon ou d’une autre par tous les locuteurs de cette langue même si le combat est inégal. 

Cependant la langue et la culture ne peuvent résister si elles  ont à faire face  à une offensive visant à imposer une doxa outre-atlantique qui veut l’effritement des identités au profit de la culture Macdo. On comprend que  Jacques-Yves Rossignol s'émeuve que la France s'émiette identitairement et accuse pour sa part, l'Empire. Il prend l'exemple des industries culturelles qu'il trouve débilisantes. Ecoutons son cri du coeur: «A la fin du XXe siècle, il était devenu impossible de poursuivre la réalisation de profits dans les pays civilisés sans attenter à la conscience des consommateurs solvables par l'industrie culturelle (cinéma, musique, art et ainsi de suite). On est passé à la consommation culturelle à cours forcé. Qu'en «libéralisme», la crétinisation par la culture industrialisée soit désormais obligatoire ne heurte pas du tout les consciences. C'est dire ce qu'est réellement le «libéralisme»: une terrifiante aliénation généralisée par une économie de gros argent, une économie accaparée. On observe la généralisation de nouveaux types de mentalités. Mais ces mentalités donnent l'étrange impression d'être comme induites automatiquement, téléguidées». Jacques-Yves Rossignol dénonce les clercs qui ont vocation à trahir au profit d'un néolibéralisme séduisant comme l'écrivait Dany Robert Dufour: «Les bourgeois de la «nouvelle gauche», les bourgeois du catholicisme social, les petits bourgeois convertis à l'activisme mondialiste, les artistes et cultureux participent tous du capitalisme culturel et de son prosélytisme. Populations ahuries, méchantes, hargneuses, ne comprenant pas leur triste état mental et développant une haine insensée vis-à-vis du petit peuple français ». 


Dans le même ordre de l'aliénation pour l'Empire, même les vassaux de l'Empire n'échappent pas. C'est Ignacio Ramonet qui écrivait: «L'Empire n'a point d'alliés, il n'a que des vassaux.» Dans cet ordre, le détricoge sur fond rocheux identitaire français est programmé à en croire cette publication concernant le projet Rivkin ou comment la mondialisation utilise le multiculturalisme pour assujettir des nations souveraines.


«Un document paru en France reprend une étude américaine de 2011 dans laquelle les autorités américaines ont une vision du monde qui en un mot favorise l'émiettement. En France, cela a fait l'objet d'un tollé. Une émission dont le titre «Défrancisation» a diffusé la traduction française d'un article paru le 12 mars 2011 dans le journal américain Foreign Policy Journal. Un document de plus sur l'ingérence des autorités américaines en France, qui pour mener à bien le projet mondialiste, ont clairement décidé de transformer l'ensemble du caractère de la France, à commencer par sa propre identité en utilisant les minorités ethniques et religieuses destinées à servir les intérêts américains.» 


«Le meilleur moyen de résoudre les conflits ethniques en France et de s'assurer que la France ne relèvera pas la tête pour s'opposer aux intérêts mondialistes US, c'est de créer une nouvelle synthèse culturelle dans laquelle il n'y aurait plus de culture française, mais, sous l'étiquette des «droits de l'homme» et de l' «égalité», une culture d'adolescents alimentée par Hollywood, MTV, le cyberespace, McDonald's et Pepsi.»


économie, néo-libéralisme, libéralisme, théorie économique, théorie politique, politologie, sciences politiques, «La France poursuit l'auteur qui a longtemps été une épine dans le flanc de la mondialisation US, à cause de son attachement obstiné aux intérêts français autour du monde, plutôt qu'à ceux d'une «communauté mondiale» préfabriquée.(...) De Gaulle se refusait de jouer la carte américaine de l'après-guerre. (...) Dans le contexte actuel, quel meilleur moyen de saper le nationalisme français et décapiter toute résurgence d'une force anti-mondialiste que d'exploiter la vaste composante islamique non-assimilée de la France. Le but ultime de la mondialisation n'est pas de promouvoir les identités et les cultures ethniques, mais plutôt de les submerger dans un vaste melting-pot de consumérisme global, de déraciner l'individu de son identité et de son héritage, et de remplacer tout cela par le Centre commercial mondial, et le «village global». «Il faut donc, conclut l'auteur, inclure ici une redéfinition de l'Histoire de France, et y mettre l'accent sur le rôle des minorités non françaises dans l'ensemble de cette histoire redéfinie. Cela sous-entend que la génération de jeunes Américains Pepsi/MTV, ainsi que leurs guides/mentors issus des universités, serviront de repères (de phares) en vue d'une transformation (formatage) de la culture française, et une réécriture de l'Histoire de France selon un schéma mondialiste ».


Est-ce que les Français sont les seuls à subir ces assauts contre leur fond rocheux, identitaire ? Souvenons-nous, il y a quelques années les Belges étaient menacés eux aussi,  dans leur unité par la partition. La Belgique est un laboratoire! Tout ce qu'il s'y passe n'est pas anodin et est effectivement à mettre en lien avec le projet d'un «nouvel ordre mondial» (NOM) qui est dans son étape «assassinat des Etats-nations». Cette crise programmée va générer un chaos réorganisateur comme le disait Condoleezza Rice, (Ordo Ab Chaos). Ce qui se passe en Belgique semble être une «expérience de masse» qui ne doit pas nous être indifférente. «Prenez une salle de spectacle à Bruxelles où sont réunis un grand nombre d'artistes du pays. Dans un micro, une voix dit aux Flamands de s'installer à droite, aux Wallons à gauche (ou le contraire, peu importe). Des voix s'élèvent alors: «Et nous les Belges, on se met où?» cette blague belge aussi tragique soit-elle est à propos.» 


Comment, par faiblesse et complaisance, détruire les nations ? 


On le devine, le sacerdoce du néolibéralisme est de Créer le consommateur mondial: homo economicus: le moi universel. On dit qu'il y a sept commandements
1)Promouvoir le pluriculturalisme.2) Valoriser le multiculturalisme. Encourager les immigrants à conserver leurs cultures. Les sociétés multiraciales et multiculturelles doivent consacrer toute leur énergie à maintenir la paix entre les divers groupes qui les composent.3) Faire l'éloge de la diversité plutôt que de l'unité.4) Maintenir le groupe dont la démographie est la plus forte dans l'illettrisme. Une sous-classe en expansion, non-assimilée, sous-éduquée, hostile à la majorité,5) Amener le monde des affaires à soutenir financièrement le multiculturalisme.6) Rendre tabou tout propos allant à l'encontre du culte médiatique de la diversité.7) Rendre impossible l'application des lois sur l'immigration. L'immigration massive est un phénomène normal, qui ne peut être arrêté, et qui serait un bienfait pour la société.


Ce petit mode d'emploi en 7 points-clé permet l'avènement d'une société «diverse», « paisible.» Les adeptes d'une gouvernance mondiale de la Haute Finance Internationale se servent du multiculturalisme comme d'un levier pour fragmenter les nations jusqu'alors culturellement homogènes. Ces ensembles homogènes représentent en effet un obstacle à un gouvernement centralisé. 


Le Rapport Lugano 


Cette offensive contre les identités n’est pas là pour combattre une identité dans l’absolu, elle est pour asseoir et baliser le terrain pour l’avènement définitif du néo-libéralisme. Susan Georges universitaire franco-américaine  ancienne  membre du site Attac, avait  dénoncé dans un ouvrage choc « Le Rapport Lugano » paru aux Ed. Fayard, la stratégie diabolique des grands gourous de la mondialisation  Dans son deuxième ouvrage Le Rapport Lugano II , Susan Georges va plus loin. Pour elle, les experts croient savoir comment procéder pour assurer le triomphe du capitalisme occidental: comment les «décideurs» peuvent-ils à la fois mettre en oeuvre les politiques ultralibérales qui sont le fondement de la mondialisation et prétendre s'attaquer aux conséquences catastrophiques de ces mêmes politiques? 
Depuis trois décennies, Susan George est de tous les combats en faveur des peuples du Sud et contre les effets destructeurs de la mondialisation libérale. Le rapport Lugano, son dernier ouvrage, se présente comme un rapport écrit à la demande des «maîtres du monde», qu'on devine être les élites qui se retrouvent chaque année à Davos. Objectif du rapport: apprécier les menaces qui pèsent sur le capitalisme libéral et trouver les moyens d'assurer sa pérennité.»

 
Quelles sont leurs cibles pour atomiser les solidarités?


 «Une dizaine d'experts triés sur le volet par des commanditaires anonymes, mais ne faisant pas mystère de leur influence sur les affaires du monde, sont réunis dans une luxueuse villa sur les hauteurs du lac de Lugano, en Suisse. Ils ont pour mission de rédiger un rapport qui doit lui-même rester secret. La religion, poursuit l'auteur, peut trop aisément devenir une source de troubles et de révolte quand les gens ont le sentiment que leurs choix «spirituels» sont violés, si stupides ou malavisées que puissent être en réalité leurs croyances. - il ne faut pas, répétons-le, attirer l'attention et la controverse par la censure, alors qu'il est si simple d'écrire des «best-sellers» qui saturent les libraires et célèbrent le mode de vie capitaliste».


De plus, l'auteur nous signale d'autres « gisements potentiels »  sur l'art de diviser et de détourner l'attention «Tout ce qui concerne la sexualité, le corps ou la santé en général peut être judicieusement exploité quand il est urgent de détourner l'attention de questions graves». On peut aussi signaler comme moyens de perturbation: Le déséquilibre écologique: parce que les pressions exercées sur elle par les économies capitalistes sont considérables, Le capitalisme crapuleux: les activités criminelles à grande échelle peuvent saper les fondements de l'activité économique «légitime», «légale» L'effondrement financier: les marchés financiers. Le crime banalisé. Face à ces menaces, le capitalisme doit se prémunir. Il l'envisage sans faiblesse. Diviser: non seulement neutraliser tout effort de solidarité, mais exploiter les suspicions, entretenir la haine, créer l'hostilité entre les groupes, Affamer: une réduction provoquée des réserves contribue à la hausse des prix et rend donc plus difficile l'accès aux denrées alimentaires; Propager la maladie privatiser des services tels que l'approvisionnement en eau... Mettre en oeuvre à grande échelle, évidemment sans le consentement des femmes, des programmes de stérilisation.»


Le néolibéralisme : Destruction du collectif et atomisation de l'humain


Le maître mot est là : Détourner l’attention et avancer masqué, laissant les victimes de cette peste bubonique qu’est le marché, s’interroger sur le sexe des anges, pendant que les affaires se font et se défont, « business as usual » pourrait on dire. Il vient que le cap néolibéral est clair: détruire l'être ensemble. «Le monde économique, s'interroge Pierre Bourdieu, est-il vraiment, comme le veut le discours dominant, un ordre pur et parfait, déroulant implacablement la logique de ses conséquences prévisibles, et prompt à réprimer tous les manquements par les sanctions qu'il inflige, soit de manière automatique, soit - plus exceptionnellement - par l'intermédiaire de ses bras armés, le FMI ou l'Ocde, et des politiques qu'ils imposent: baisse du coût de la main-d'oeuvre, réduction des dépenses publiques et flexibilisation du travail? (...) Ainsi s'instaure le règne absolu de la flexibilité, avec les recrutements sous contrats à durée déterminée ou les intérims et les ´´plans sociaux´´ à répétition, et, au sein même de l'entreprise. (...) Le but, poursuit Bourdieu, étant d'arriver à une armée de réserve de main-d'oeuvre docilisée par la précarisation et par la menace permanente du chômage. Pour Pierre Bourdieu, le libéralisme est à voir comme un programme de «destruction des structures collectives» et de promotion d'un nouvel ordre fondé sur le culte de «l'individu seul mais libre».(Pierre Bourdieu: L'essence du néolibéralisme. Le Monde diplomatique Mars 1998)


L'incitation à l'éphémère et au plaisir 


Dans Le Divin Marché, la révolution culturelle libérale, Dany-Robert Dufour tente de montrer que, bien loin d'être sortis de la religion, nous sommes tombés sous l'emprise d'une nouvelle religion conquérante, le Marché ou le money-théïsme. Il tente de rendre explicite les dix commandements implicites de cette nouvelle religion, beaucoup moins interdictrice qu'incitatrice - ce qui produit de puissants effets de désymbolisation, comme l'atteste le troisième commandement: «Ne pensez pas, dépensez!». Nous vivons dans un univers qui a fait de l'égoïsme, de l'intérêt personnel, du self-love, son principe premier.» (Dany Robert Dufour: L'Art de réduire les têtes, Editions Denoël, Paris. 2003)


«Destructeur de l'être-ensemble et de l'être-soi, écrit Dany Robert Dufour, il nous conduit à vivre dans une Cité perverse.(...) Il célèbre désormais l'alliance d'Adam Smith et du marquis de Sade. La valeur symbolique, écrit le philosophe Dany-Robert Dufour, est ainsi démantelée au profit de la simple et neutre valeur monétaire de la marchandise de sorte que plus rien d'autre, aucune autre considération (morale, traditionnelle, transcendante...), ne puisse faire entrave à sa libre circulation. Sous les coups de boutoir de la post-modernité, la civilisation telle que nous l'avons connue risque de disparaître rapidement. On ne devrait jamais oublier que des civilisations millénaires peuvent s'éteindre en quelques lustres.


* Professeur à l'Ecole Polytechnique enp-edu.dz

dimanche, 19 janvier 2014

Le défi de la connaissance compétitive

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Le défi de la connaissance compétitive

Ex: http://www.infoguerre.fr

Notre vie sociétale consacre-t-elle véritablement cette intime foi dans la recherche permanente de connaissances qui ne saurait être un simple individualisme mais devrait être considéré comme un actif intellectuel inscrit au service de l’intérêt général de toute nation européenne, même si ce dernier est aujourd’hui tributaire des soubresauts financiers d’une économie mondialisée.
En regard de ce monde où compte davantage l’intérêt du rendement productif et des plus-values spéculatives, l’économie de la connaissance ne demeure-t-elle pas, au même titre que la valeur du travail, une garantie tout autant de développement humain que de puissance économique.

Aussi, dans une Europe des nations en proie à la crise du « sauve qui peut », engendrée par le sauvetage des banques et des institutions financières depuis 2008, l’urgence politique est bel et bien aujourd’hui la remise « en ordre de bataille » de toutes les synergies de la connaissance (stratégie de Lisbonne) pour assurer la pérennité d’une prospérité individuelle au sein d’une économie européenne transnationale.
Cette exigence politique doit conduire les pays européens à s’inscrire non pas dans une conception de toute puissance publique avec une approche dogmatique d’excellence pour ses seules institutions administratives, d’enseignement supérieur et de recherche mais davantage dans une logique de soutien en simple autorité facilitatrice, ambassadrice de l’offre de services et de coopération ouverte dans les domaines de la Connaissance et de la Recherche, qui sont irrémédiablement enclin à construire les axes stratégiques de développement économique de demain.

S’agissant tout particulièrement de la France, elle devrait d’abord déconstruire cette implacable logique d’excellence parisienne qui favorise l’inexorable désolidarisation territoriale dans la valorisation des savoirs au détriment de l’intérêt national et en se faisant, de s’assurer également de l’impérieuse nécessité de la mise en œuvre d’un véritable multiculturalisme de la connaissance (interdisciplinarité et pluridisciplinarité) dans le choix de construction des pôles régionaux de compétitivité économique et d’enseignement supérieur. Pour cela, il est nécessaire de rompre avec cette culture technocratique qui, fondée sur la toute puissance administrative, le corporatisme (dévoiement élitiste) et le culte du diplôme, des titres et des décorations, consacre pour chaque création de poste d’emploi dans le secteur public, la destruction directe de deux emplois dans le secteur privé. Ce qui constitue d’ores et déjà une réelle problématique économique à ce même niveau régional de gouvernance territoriale puisque l’ensemble des effectifs publics de nos collectivités locales a augmenté de près de 175 % sur les 10 dernières années.

En définitive, cette crise économique qui a traversée tout le continent européen nous a très vite rappelé que la Recherche et l’Innovation, dans un élan de tertiairisation des économies nationales, étaient les principaux moteurs de la croissance économique nécessaire au rétablissement de la compétitivité européenne (des nations) et au rééquilibrage des rapports de force entre les puissances économiques. A titre comparatif, les Etats-Unis d’Amérique, première puissance économique mondiale, reste une source de référence en la matière. Outre la stratégie de « coopétition », les actions de Recherche et d’Innovation sont concentrées sur seulement 3% des quelques 4 400 établissements américains de l’enseignement supérieur. Le fonctionnement du secteur de l’économie de la connaissance s’appuie d’une part, sur une émulation concurrentielle (comprenant une politique assumée de recrutement international, « Brain drain ») et d’autre part, sur un mode de financement majoritairement à caractère privé (donations, frais d’inscription, entreprises). Ce dernier oriente les développements en matière de Recherche et d’Innovation compétitives. Dans ce contexte, culturellement entretenu, le bienveillant Etat fédéral étatsunien joue un rôle proactif d’accompagnement et d’appui à la réussite des débouchés commerciaux comme à celle de la veille et de l’influence socioculturelles et économiques, sans devoir jamais exclure toute réussite du « self made man ».

Ainsi, nos freins socioculturels(1) nationaux, sous l’influence lobbyiste et des castes, au sein d’une Europe économique transnationale, permettent-ils encore de croire tout autant à la réussite individuelle qu’à la prospérité de la France et de toute la zone continentale, sans d’ailleurs s’enfermer dans une éternelle logique de prérogatives administratives publiques, de désintérêt entrepreneurial et de restrictions réglementaires dans le périmètre de l’économie de la connaissance (capital immatériel), recouvrant les champs à forte valeur ajoutée que sont la Recherche et l’Innovation. Cette forte valeur ajoutée elle-même assise sur une politique de veille (créative) et de gestion tant des connaissances que des relations interculturelles.

*****

Extrait de la publication « Le socioculturel à l’épreuve des TIC : les éléments d’un alignement avec la stratégie d’entreprise » de Mounim BELALIA, Doctorant Chercheur au CREPA, Université Paris Dauphine.

1. La culture nationale :
Dans l’étude de (Hofstede, 1991), l’auteur se base sur la comparaison de 64 filiales de la firme IBM et identifie quatre facteurs qui expriment 49% de la variance des données et représentent la dimension nationale de la culture :

  • La distance hiérarchique qui signifie le degré des inégalités sociales, y compris les relations avec les autorités ;
  • Le degré d’individualisme, versus collectivisme, qui caractérise les sociétés dans lesquelles les liens entre les personnes sont lâches ;
  • Le degré de masculinité qui fait appel à des valeurs communément associées dans les pays à l’homme comme la performance, le succès et la compétition. Cela s’oppose à la féminité qui regroupe des valeurs comme les relations personnelles, le service, le soin apporté aux faibles et la solidarité ;
  • Le contrôle de l’incertitude qui réfère au degré de préférence des situations structurées par rapport aux non structurées.
  • Dans une étude ultérieure, l’auteur fait appel à une analyse du comportement des étudiants dans 23 pays et ajoute un cinquième facteur : l’orientation sur le long terme qui décrit la vision centrée sur le futur tandis que l’orientation court terme porte sur le passé et le présent (exemple du respect des traditions et obligations sociales).

2. La culture du groupe d’appartenance :
Dans ce niveau de culture, l’auteur identifie des facteurs liés à l’appartenance régionale, ethnique, religieuse ou linguistique qu’il considère à l’origine de différences à l’intérieur d’un même pays. Il donne l’exemple des Etats-Unis dont la société est composée d’immigrants et fournit à la fois des variétés d’assimilation et de conservation d’une identité de groupe.
Il est donc à retenir trois facteurs relatifs à ce niveau de culture :
a. La culture régionale ;
b. La culture ethnique et religieuse ;
c. La langue.

3. La culture d’entreprise :
L’étude de (Hofstede, Neuijen, Ohavy et Sander, 1990) analyse les comportements quotidiens des employés issus de 10 organisations différentes dont 5 au Danemark et 5 aux Pays-Bas. Les résultats des statistiques établies par les auteurs révèlent six dimensions de la variance inter- organisationnelle : 

  • L’orientation processus tournée vers les procédures et méthodes, ce qui est le cas des organisations mécanistes et bureaucratiques. A l’opposé de cette vision, on trouve l’orientation résultat tournée vers les objectifs organisationnels et stratégiques et ayant pour modèle l’organisation organique et innovante ;
  • L’orientation emploi qui prend en considération le bien-être des salariés, versus job qui s’intéresse plutôt à l’efficacité du travail et dépend des compétences individuels ;
  • L’ouverture du système qui renvoie à la fluidité de l’information et la facilité de la communication entre les salariés dans les niveaux hiérarchiques de l’entreprise ;
  • Le degré de contrôle dans l’organisation qui signifie le degré de tolérance de cette dernière vis-à-vis des préférences individuelles (Cabrera et all., 2001) ;
  • La dimension professionnelle de l’organisation qui signifie que les employés s’identifient à leur profession et métier plutôt qu’à leur entreprise ;
  • La conformité aux exigences institutionnelles qui renvoie à la propension de l’organisation à adhérer au « politiquement correct », et qui constitue l’antithèse du pragmatisme visant à répondre d’abord aux contraintes du marché et besoins des clients.

Note

(1) Le « socioculturel » se définit selon une grille d’analyse qui se décompose en trois niveaux : la culture nationale, la culture du groupe d’appartenance et la culture organisationnelle.

vendredi, 09 novembre 2012

La teoria dei cicli di Nikolai Kondratiev

La teoria dei cicli di Nikolai Kondratiev

Gli studi dell’economista russo vittima delle purghe nell’Urss di Stalin

Alexander Aivazov e Andrej Kobyakov

Ex: http://rinascita.eu/  

kondrqtiev.jpgLa crisi finanziaria che è scoppiata negli Stati Uniti e che dopo ha coinvolto tutto il mondo, richiede adeguate misure da parte della comunità globale. Ma quali azioni dovrebbero essere considerate adeguate in questo caso?
Per rispondere a questa domanda dobbiamo prima identificare le vere ragioni sottostanti che hanno creato la crisi, e stimare la sua lunghezza e profondità. Gli economisti liberali dogmatici continuano a convincerci che in diversi mesi, o almeno in uno o due anni, tutto si “calmerà”, il mondo tornerà ad un progressivo sviluppo, mentre la Russia si sposterà verso un modello economico dell’innovazione.
È veramente così?
Più di 80 anni fa l’importante economista russo Prof. Nikolai D. Kondratiev descrisse e dimostrò teoricamente l’esistenza di grandi cicli di sviluppo economico (45-60 anni), all’interno dei quali le “riserve dei maggiori valori materiali” globali vengono nuovamente riempite, cioè in cui le forze produttive mondiali messe assieme a ogni ciclo trascendono verso un livello più alto.
Secondo Kondratiev, ogni ciclo ha una fase ascendente e una declinante. La dinamica interna di cicli (denominati cicli K in base al suo nome) e il principio della loro fluttuazione si basano sul meccanismo di accumulazione, concentrazione, dispersione e svalutazione del capitale come fattori chiave dello sviluppo dell’economia (capitalista) di mercato.
Inoltre Kondratiev indicò che questa regolarità ciclica esisterà finché persiste la modalità capitalista di produzione. “Ogni nuova fase del ciclo è predeterminata dall’accumulazione di fattori della fase precedente, ogni nuovo ciclo segue il ciclo precedente in modo tanto naturale quanto una fase di ciascun ciclo segue l’altra fase. Però bisogna capire che ogni nuovo ciclo emerge in nuove particolari condizioni storiche, su un nuovo livello di sviluppo delle forze produttive, e perciò non è una semplice reiterazione del ciclo precedente”. [Non una semplice reiterazione, ma di fatto una reiterazione, in base allo schema oggettivo di Kondratiev. Vero solo in un particolare sistema economico-finanziario].
Nikolai Kondratiev riuscì a studiare solo due grandi cicli e mezzo, terminando la sua ricerca sulla fase crescente del terzo ciclo. Egli pubblicò il suo rapporto quando si era già nella fase discendente del terzo ciclo, nel 1926, e quando la grandezza e lunghezza della fase discendente non poteva ancora essere stabilita (così egli predisse la grande depressione).
Purtroppo per la scienza economica internazionale Nikolai Kondratiev cadde in disgrazia: nel 1928 egli perse la sua posizione di direttore del suo istituto di ricerca; nel 1930 fu arrestato per “attività antisovietiche” infine condannato a morte. I marxisti ortodossi, comprendendo la stoNikolai ria come un processo lineare unidirezionale e prevedendo il crollo del capitalismo il “ giorno dopo”, percepirono la sua teoria del graduale miglioramento dell’ordine capitalista come un’eresia pericolosa. Altri critici videro nel regolare declino dell’economia che egli aveva descritto un sabotaggio dei piani economici quinquennali (sebbene Kondratiev avesse preso parte alla elaborazione del primo piano quinquennale). Come risultato l’eredità scientifica di Kondratiev fu occultata per quasi sessant’anni. Solo nel 1984 l’economista Stanislav Menshikov, uno scienziato di fama mondiale coinvolto nelle previsioni economiche per conto delle Nazioni Unite, amico e coautore di John Kenneth Galbraith, riabilitò il nome di Kondratiev in un articolo sulla rivista “Communist”.
Nel 1989 Menshikov e sua moglie pubblicarono col titolo “Long Waves in Economy: When the Society Changes its Skin” [“Le onde lunghe in economia: quando la società cambia la sua pelle”] la più profonda analisi della teoria di Kondratiev. Un altro prominente autore russo, Sergey Glazyev, contribuì alla teoria di Kondratiev, fornendo un’analisi strutturale dei sottostanti cambiamenti negli “schemi (modi) tecnologici”.
Il nome di Kondratiev era ben noto agli economisti occidentali. Però Stanislav Menshikov notò un fenomeno curioso: l’interesse alla teoria dei grandi cicli solitamente ringiovaniva durante le fasi declinanti, negli anni 20-30 e negli anni 70 e 80, mentre nelle fasi crescenti, quando l’economia globale si sviluppa progressivamente e le fluttuazioni, concordemente alla teoria di Kondratiev, non sono molto profonde, l’interesse scompare.

kondratiev-cdf80-2b584.jpg
 
Una Depressione prevista
 
Le previsioni di Nikolai Kondratiev furono pienamente confermate nel periodo della grande depressione che coincise con il punto più basso della fase declinante del terzo periodo. Una periodizzazione ulteriore è argomento di polemica. I ricercatori si dividono principalmente in due gruppi, applicando differenti approcci alla determinazione di cicli.
Il primo gruppo che basa le sue analisi principalmente sugli indici dell’economia reale—quantità della produzione, dinamica dell’impiego, attività di investimento e varie proporzioni strutturali—ritengono che la fase declinante del terzo ciclo terminò all’inizio della seconda guerra mondiale.
La fase crescente del quarto ciclo iniziò durante la guerra e continuò sino a metà degli anni 60. La crisi del dollaro Usa e il crollo sistema di Bretton Woods nel 1968-71 divenne il punto critico per la transizione alla fase declinante, che corrispose con la crisi petrolifera e la stagflazione degli anni 70. La “Reaganomics” negli Stati Uniti e la politica di Margaret Thatcher in Gran Bretagna segnarono la transizione al successivo quinto ciclo K, con la sua fase crescente che ha coperto la seconda metà degli anni 80 e gli anni 90.
Come al solito, alla fine della fase crescente, nella cosiddetta zona di saturazione, ci troviamo di fronte a fenomeni quali la diminuzione della percentuale di guadagno nel settore dell’economia reale e un imponente fuoriuscita di capitali verso la sfera della speculazione finanziaria che generò prima un surriscaldamento del mercato azionario (fine anni 90) e poi del mercato dei mutui (inizio anni 2000).
Il secondo gruppo di ricercatori, che si basa piuttosto sugli indici finanziari, cioè sulla dinamica del mercato azionario e sulla dinamica del tasso di guadagno sulle obbligazioni, estende la fase declinante del terzo ciclo per l’intero periodo della seconda guerra mondiale e la ricostruzione postbellica sino al 1949. In modo simile al primo gruppo, essi collocano il punto estremo della fase crescente a inizio anni 70, ma interpretano il declino di quel periodo come una “recessione primaria” seguita da un plateau che dura sino all’inizio del ventunesimo secolo. Essi indicano che un simile plateau è corrisposto agli andamenti crescenti del mercato azionario nei cicli precedenti, rispettivamente nel 1816-1835, 1864-1874, e 1921-1929. Il secondo gruppo di ricercatori stima la durata media di un ciclo in cinquant’anni, ma l’ultimo ciclo nella loro descrizione viene stranamente protratto oltre i sessant’anni.
Perciò, nonostante le significative differenze metodologiche degli approcci, entrambi i gruppi di analisti identificano negli anni 2000 l’inizio di un declino, cioè di una fase di depressione.
 
L’attuale crisi è all’inizio
 
Di fronte al declino ci aspettiamo un nuovo scoppio di interesse verso la teoria di Kondratiev. Nel frattempo i monetaristi liberali le cui idee hanno dominato la scienza economica negli ultimi 25 anni vengono screditate, i loro sforzi di interpretare l’attuale crisi come una fluttuazione temporanea nell’economia globale, rivela solo la loro ignoranza economica. L’esperienza dei precedenti cicli K indica che le misure tradizionali contro la crisi sono efficienti solo nella fase crescente del ciclo, nel periodo di fiorente crescita quando le recessioni sono leggere e transitorie sullo sfondo di uno sviluppo progressivo dell’economia globale.
Gerhard Mensch, uno scienziato che ha studiato simili processi durante la fase declinante degli anni 70, ha sottolineato che sotto le condizioni di deterioramento della congiuntura economica i metodi monetaristi per risolvere il problema sono inefficienti, dato che politiche restrittive del credito inevitabilmente colpiscono i prezzi al consumo, mentre politiche liberali pro-attive favoriscono operazioni di speculazione. E’ piuttosto naturale che l’approccio fortemente restrittivo scelto dalla Banca centrale europea risulti in una crescita dell’inflazione, sebbene cinque anni fa gli effetti della stessa politica risultarono opposti.
All’inizio della crisi l’inflazione in Europa non superava il 2%, ma ad oggi il potere d’acquisto è crollato, nonostante gli elevati livelli dei tassi di rifinanziamento introdotti dalla BCE. Nel frattempo la politica liberale, condotta sino a un periodo recente negli Stati Uniti, ha alimentato la speculazione sul mercato azionario e l’espansione di capitali fittizi (gonfiati), stimolando un incremento speculativo dei prezzi nei settori dei beni più commerciabili: mercato immobiliare, oro, petrolio e cibo. L’incremento dei prezzi non ha alcuna relazione con la quantità di produzione e con la saturazione della domanda.
Nonostante tutti gli sforzi intrapresi dal (l’ex) presidente della BCE Jean-Claude Trichet e dal presidente della Federal Reserve Ben Bernanke, cambiamenti positivi non vengono raggiunti. L’economia globale deve passare attraverso un periodo di “ ricarica” sbarazzandosi del capitale sovraccumulato tramite una sua massiccia svalutazione nel processo di una inevitabile e lunga recessione. La svalutazione del capitale monetario probabilmente procederà attraverso una catena di crack finanziari, che daranno inizio al terzo default del dollaro Usa (come già avvenne negli anni 20-30 e negli anni 70). Perciò, l’economia globale verrà scossa molte volte, l’attuale crisi è solo un colpettino alla cravatta segno di eventi più grandi che arriveranno nei prossimi anni. L’economia globale probabilmente raggiungerà il suo punto più basso alla fine della fase declinante del quinto ciclo K, tra il 2012 e il 2015.
Il crollo del sistema finanziario Usa può avvenire uno o due anni in anticipo nel caso che il nuovo presidente Usa scelga un approccio dogmatico agli attuali problemi.
 
Titolo originale: “Nikolai Kondratiev’s “Long Wave”: The Mirror of the Global Economic Crisis”
Alexander Aivazov
e Andrei Kobyakov
rpmonitor.ru/ - mlnews
 
Box
I TRE CICLI ANALIZZATI
 
I. Fase crescente: dalla fine degli anni 80 del 1700, inizio anni 90, sino al 1810-1817.
Fase declinante: dal 1810-1817 al 1844-1851.
II. Fase crescente: dal 1844-1851 al 1870-1875.
Fase declinante: dal 1870-1875 al 1890-1896.
III. Fase crescente: dal 1890-1896 al 1914-1920.
La nuova ricerca (primo gruppo)
I ricercatori del primo gruppo sono convinti che i cicli si comprimono con l’intensificazione del progresso scientifico-tecnologico: dagli anni 40 la lunghezza di un ciclo si è ridotta da 50-55 a 40-45 anni. La continuazione della regolarità di Kondratiev risulta in questo modo:
Fase declinante del terzo ciclo: dal 1914-1920 (negli Stati Uniti dalla fine degli anni 20) al 1936-1940.
IV. Fase crescente: dal 1936-1940 al 1966-1971.
Fase declinante: dal 1966-1971 al 1980-1985.
V. Fase crescente: dal 1980-1985 al 2000-2007.
Fase declinante: dal 2000-2007 sino approssimativamente al 2015-2025 (previsione).
VI. Fase crescente: dal 2015-2025 al 2035-2045 (previsione).
In base al secondo gruppo di analisti, la regolarità di Kondratiev prosegue in questo modo:
Fase declinante del terzo ciclo: dal 1914-1920 al 1949.
IV. Fase crescente: dagli anni 50-70, con una “recessione primaria” sino al 1982, seguita da un plateau sino agli anni 2000.
Fase declinante a partire da inizio, metà degli anni 2000.
 
 
LE ONDE DI KONDRATIEV
Quando si parla di onde, in natura si pensa a quelle marine o a quelle elettromagnetiche, mentre in Borsa si pensa a quelle di Elliot.
Oggi però voglio parlarvi delle onde di Kondratiev, una teoria risalente agli anni ’20. L’argomento è in realtà d’estrema attualità, visto che è strettamente legato all’andamento dell’economia e dei mercati finanziari in generale, e a quello delle materie prime (o commodities) in particolare.
Nel 1925 l’economista russo Nikolai Kondratiev (1892-1938) osservò che lo sviluppo delle economie di mercato è caratterizzato da onde o supercicli, lunghi 50-60 anni, ognuna delle quali suddivisibile di quattro fasi: espansione, recessione, depressione e ripresa.
Negli anni Trenta del ‘900 l’austriaco Joseph Schumpeter (1883-1950) riconsiderò la teoria e scoprì che queste onde K corrispondono agli sviluppi dei cicli di innovazione. Sono le nuove tecnologie, quindi, che caratterizzano questi supercicli e che permettono la creazione di nuove industrie e attività, spesso in nuove localizzazioni divenute più vantaggiose. Il primo ciclo di Kondratiev (1770-1825; Rivoluzione industriale) corrisponde ai primi sviluppi in Gran Bretagna della siderurgia basata sul carbon fossile e dell’industria tessile basata sul vapore. Queste nuove tecnologie causarono la concentrazione dell’attività industriali, fino a quel momento frammentate e disseminate in un numero sterminato di piccole officine e laboratori, in grandi fabbriche localizzate sul carbone.
L’applicazione del vapore ai trasporti ferroviari e marittimi sostenne il secondo ciclo (1825-1880; Era del vapore e delle ferrovie) creando, sempre in Inghilterra, nuovi impianti industriali non solo sui bacini carboniferi, ma anche in centri come Crewe, Derby o Swindon.
Il terzo ciclo (1880-1930; Era dell’acciaio, dell’elettricità e dell’ingegneria pesante)sostenuto dall’invenzione dell’elettricità, del telegrafo, del telefono e del motore a scoppio, nonché dallo sviluppo dell’industria petrolchimica, interessò soprattutto gli Stati Uniti, la Germania e la Francia, con conseguente passaggio del primato industriale dalla Gran Bretagna all’Europa continentale ed agli Stati Uniti.
Il quarto ciclo (1930-1980; Era del petrolio, dell’automobile e della produzione di massa) sostenuto, oltre che dall’ulteriore sviluppo della petrolchimica, da industrie ad alta tecnologia come quella televisiva e hi-fi, aerospaziale, delle fibre sintetiche e dell’elettronica, ha interessato soprattutto gli Stati Uniti, la Germania e ancora il Regno Unito.
Oggi viviamo in un quinto ciclo innovativo (Era dell’informatica e delle telecomunicazioni) che sta dando vita ad un’economia dell’informazione, che sfrutta l’energia immateriale del cervello umano per la ricerca e lo sviluppo (R&S) in campi come servizi per l’industria, creazione di software, biotecnologia e robotica, ecc, e che in modo sempre più diretto tende a legare la costosa R&S all’industria finale e ai servizi. In queste nuove attività gli Stati Uniti hanno un temibile rivale nelGiappone.
La recessione degli anni Settanta fu il risultato congiunto dell’aumento dei prezzi del greggio e della transizione dal quarto al quinto ciclo, che qualcuno ha individuato anche nel concetto di società post-industriale. Infatti, nei Paesi più sviluppati l’industria ha progressivamente ceduto il passo ai servizi, anche a causa della forte concorrenza dei nuovi paesi industrilizzati (o NIC) e dei produttori emergenti del Terzo Mondo.
Veniamo ai nostri giorni. Si legge ovunque dell’interesse per le commodities, prima fra tutte il petrolio, ma si teme, al contempo, che la lunga ascesa delle quotazioni, che dura ormai da circa un quinquennio, possa riservare brutte sorprese. Ci sono però economisti e investitori, (come Marc Faber, Shane Oliver ed altri – fra i quali mi annovero, nel mio piccolo), che ritengono che l’attuale fase storica rialzista delle commodities sia solo all’inizio.
Se si condivide la teoria delle onde K, infatti, il superciclo attuale è ancora in una fase di espansione, caratterizzata da un incremento degli investimenti capitali, da nuove tecnologie e da nuovi mercati. In questo contesto la domanda di materie prime soprattutto da parte di NIC quali Cina e India è, non solo forte, ma ancora in costante aumento, a fronte di un’offerta contenuta, sia nello stock che nella dinamica di crescita.
Kondratiev non beneficiò mai delle sue analisi: nel 1930 venne arrestato con l’accusa di appartenere ad un partito politico illegale nella Russia staliniana e dopo 8 anni di carcere, fu giustiziato. Le sue idee, però, sopravvissero e potrebbero trovare ulteriore conferma fra 15-20 anni.


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mercredi, 01 décembre 2010

Les échecs des théories macroéconomiques en temps de crise

Les échecs des théories macroénomiques en temps de crise (résumé)

 

XXVIe université annuelle du Club de l’Horloge « La France en faillite ? Pourquoi nous croulons sous les dettes et les impôts » 9-10 octobre 2010

 
Intervention de Bertrand Lemennicier
économiste professeur à l'université Paris II

keynes.jpgLa macroéconomie enseignée dans les départements de sciences économiques est à l'origine de la crise économique mondiale de 2008 et contribue à la faire durer, parce qu'elle cautionne le laxisme budgétaire et monétaire des gouvernements et des banques centrales.

On doit la discipline que l'on appelle macroéconomie à J.M. Keynes. Dans son livre intitulé : La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, c'est la première fois qu'un économiste raisonne en termes d'agrégats. Bien que le modèle développé par Keynes soit difficile à comprendre, d'où les débats récurrents sur ce que voulait dire Keynes, en revanche, le message politique que l'on pouvait tirer de ce livre était clair : laisser à lui même le marché était dans l'incapacité de sortir d'un « équilibre » de sous-emploi. Le gouvernement devait donc résoudre le problème du chômage, non pas en supprimant la « dole » (indemnité de chômage), comme le suggérait les économistes de son temps, mais en soutenant la demande agrégée.

Le modèle de Keynes ne pouvait être intégré dans la théorie traditionnelle, tant il était hors de la tradition, c'est une interprétation des idées de Keynes et de son modèle qui ont été intégrée dans la théorie économique. Cette interprétation est celle de Hicks-Hansen.

La macroéconomie moderne n'est qu'une variante, même 40 ans après, de l'interprétation hicksienne de la théorie générale de Keynes (lire Mr Keynes and the Classics paru dans Economica de 1937). Cette interprétation personnelle fortement éloignée du livre n'a pas été véritablement désavouée par Keynes lui-même, qui est décédé après la dernière guerre mondiale. C'est aussi la raison pour laquelle cette interprétation est toujours enseignée. Le modèle de Hicks a finalement été complété par l'« opus magnus » de Don Patinkin Money, Prices and Interest, qui achève l'intégration de la pensée de Keynes dans la théorie néo-classique dans les années 1965. Aujourd'hui, le modèle de Keynes est canonisé au travers du modèle d'offre et de demande agrégée (modèle DZ ou AS-AD) que l'on enseigne dans tous les départements de sciences économiques.

Ce modèle dévoile explicitement ce qui est resté de Keynes :

  1.  le raisonnement en termes d'agrégats;
  2.  l'idée d'une incapacité du mécanisme des prix à « équilibrer » les marchés pour des raisons institutionnelles;
  3. l'idée qu'en accroissant les dépenses agrégées par des politiques budgétaire ou monétaire, on peut assurer de manière permanente la prospérité et le plein emploi.

La remise en cause de la macroéconomie provient en fait de quatre sources :

  1.  l'échec des politiques de stabilisation budgétaire ou monétaire, avec les périodes de sous- emploi et d'inflation croissante;
  2.  l'impossibilité de prédire quel peut être l'impact d'une hausse de la demande agrégée sur les prix comme sur le niveau du produit national;
  3.  la révolution des anticipations rationnelles, avec son interprétation pessimiste sur l'impact des politiques économiques monétaire ou budgétaire;
  4.  la théorie des choix publics avec son interprétation de l'usage fait par les hommes politiques des politiques budgétaire et monétaire pour assurer les réélections des gouvernements au pouvoir.

Comme le rappelait Keynes lui-même, en attaquant les hommes politiques de son temps, ces derniers mettent en pratique les théories (sous-entendu dépassées) d'un économiste défunt. Cet adage de Keynes s'applique aussi à la théorie macroéconomique de Keynes. Les hommes politiques contemporains, en mettant en pratique cette théorie, sont, sans le comprendre, les responsables de la crise financière actuelle. En effet, ils mettent en œuvre à des fins électorales des politiques monétaires et budgétaires nuisibles pour l'ensemble de la collectivité :

1) une politique permanente de taux d'intérêt bas pour favoriser l'achat de logement (quand le bâtiment va, tout va). Cette politique engendre un excès permanent de demande de crédit sur l'offre d'épargne. Selon Knut Wicksell, L. von Mises et F. Hayek, elle maintient de manière permanente un taux d'intérêt inférieur au taux « naturel » du marché et elle est créatrice de crises financières et économiques et de déformations de la structure de production. Ces auteurs, qui ont développé cette explication des crises monétaires et bancaires, redeviennent d'une actualité brûlante et contredisent une croyance bien établie dans les milieux universitaires : les théories des anciens sont toujours dépassées par celles des jeunes !

2) une politique budgétaire expansionniste (un déficit public permanent pour satisfaire toutes les demandes de subventions de leurs clientèles électorales respectives) qui engendre un niveau de dettes publiques de plus en plus insoutenable.

Bertrand Lemennicier
économiste professeur à l'université Paris II

Correspondance Polémia – 28/10/2010

mercredi, 12 mai 2010

Crise: "le déni de réalité ne pourra se prolonger longtemps"

Crise : « le déni de réalité ne pourra se prolonger longtemps »

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Jean-Luc Gréau n’est pas vraiment un agité altermondialiste. Cadre au CNPF puis au Medef pendant trente-cinq ans, c’est un économiste iconoclaste qui nourrit sa réflexion aux meilleures sources : Smith, Schumpeter et Keynes. A la différence de bon nombre de ses pairs, il a vu venir la crise, comme il la voit aujourd’hui se poursuivre. Un économiste avisé. L’espèce est rare.

Le Choc du mois : Quelles sont selon vous les nouveautés radicales qui caractérisent la globalisation économique mise en place dans les années 1980-1990, et dont vous dites qu’elles ont changé la nature même du libéralisme économique ?

Jean-Luc Gréau : Nous percevons maintenant avec netteté les deux orientations cruciales qui ont ouvert la voie à la transformation économique et financière de ces trente dernières années.

Une première orientation est donnée par la subordination de l’entreprise aux volontés expresses de ces actionnaires puissants que sont les fonds de placement. La personne morale « entreprise » a été instrumentalisée et abaissée au rang de machine à faire du profit (money maker).

Le phénomène est manifeste pour les sociétés cotées qui ne sont pas protégées par un capital familial ou par des actionnaires de référence, mais il affecte aussi beaucoup de sociétés non cotées, contrôlées par des fonds dits de « private equity » qui ont les mêmes exigences que les actionnaires boursiers.

Une deuxième orientation est représentée par le libre-échange mondial qui concerne surtout l’Europe, espace le plus ouvert au monde, et à un moindre degré, les Etats-Unis.

Cette ouverture des marchés des pays riches revêt une importance cruciale du fait que, contrairement au double postulat de suprématie technique et managériale des Occidentaux d’une part, et de spécialisation internationale du travail d’autre part, les pays émergents ont démontré leur capacité à rattraper nos économies et à s’emparer de parts de marché croissantes, y compris dans les secteurs à fort contenu technologique. Sait-on que les Etats-Unis subissent, depuis 2003, un déficit croissant de leurs échanges dans ces secteurs ?

La grande transformation s’est produite quand ces deux orientations ont conjugué leurs effets pour entraîner les économies développées dans une spirale de déflation rampante des salaires qui a été longtemps masquée par l’endettement des particuliers. C’est cela que signifie au premier chef la crise des marchés du crédit déclenchée en 2007 : l’incapacité pour de nombreux ménages occidentaux de rembourser une dette disproportionnée.

Estimez-vous que nous allons vers une sortie de crise comme le prétendent les chefs d’Etat du G-20 ?

Non, la crise du crédit privé n’est pas résorbée, en dépit de ce qu’affirme la communication tendancieuse de la corporation bancaire : elle couve discrètement dans les comptes de nombreux organismes.

Aujourd’hui, nous devons faire face de surcroît à une montée des périls sur la dette publique de la plupart des pays occidentaux, pour ne pas dire tous. L’affaissement des recettes fiscales, le subventionnement des banques en faillite et les mesures de relance ont sapé les fondements de l’équilibre des comptes publics.

Pour conjurer les nouveaux périls, il faudrait que se manifeste une providentielle reprise économique forte et durable redonnant aux Etats les moyens de faire face à leurs obligations financières. Mais les orientations qui ont conduit au séisme sont toujours à l’œuvre et l’on peut craindre au contraire leur renforcement.

Comment interprétez-vous la crise suscitée par l’explosion de la dette publique grecque ?

La faillite virtuelle de la Grèce, qui devrait précéder de peu celle d’autres pays européens, nous enseigne deux choses.

La première est que le choix d’une monnaie unique impliquait le choix corrélatif d’une union douanière. Or, nous avons fait, immédiatement après Maastricht, le choix inverse de l’expérience, en forme d’aventure, du libre-échange mondial et de la localisation opportuniste d’activités et d’emplois dans les sites les moins chers.

Ce choix a fragilisé par étapes les économies les moins compétitives, de la périphérie européenne, mais aussi des économies dignes de considération comme la française et l’italienne. Il a en outre conduit l’Allemagne, puissance centrale, à réduire ses coûts du travail, pour se maintenir à flot grâce à un courant d’exportation croissant, mais au prix d’une consommation chroniquement en berne, qui pèse sur les exportations des partenaires européens vers le marché allemand. L’Europe, s’il n’est pas trop tard, ne sera sauvée que par une remise en cause du dogme libre-échangiste.

Entretien extrait du Choc du mois n° 37, mai 2010

La deuxième est probablement que la monnaie unique a joué, à l’inverse de ce qu’imaginaient ses concepteurs, un rôle d’inhibiteur des faiblesses et des déséquilibres. Avant la crise, tous les pays de la zone euro bénéficiaient de conditions d’emprunt favorables. Les écarts de taux entre l’Allemagne et les pays aujourd’hui directement menacés étaient tout à fait négligeables. C’était là la grande réussite apparente de l’euro.

Mais ce faisant, et avec l’apport complémentaire des fonds dits de cohésion structurels, les pays membres de la zone euro n’ont, en dehors de l’Allemagne et des Pays-Bas, pas pensé leur modèle économique.

Des déficits extérieurs structurels sont apparus partout où l’on n’avait pas les moyens de relever le double défi du libre-échange et de la monnaie forte. Ces déficits structurels n’ont aucune chance de se résorber, sauf dans deux hypothèses : la sortie de l’euro par les pays concernés ou l’entrée en violente dépression de la demande interne. On conviendra que chacune de ces hypothèses renferme la probabilité de la fin de l’Europe, telle que nous l’avons vue vivre depuis les commencements du projet. […]

D’après vous, la crise économique que doit affronter le monde depuis trois ans a-t-elle ébranlé la solidité des dogmes libre-échangistes ?

Hélas, à l’instant présent, les dogmes, les tabous et les interdits qui définissent l’expérience néo-libérale restent en place. On se réjouit officiellement de ce que le libre-échange ait survécu, malgré la gravité de la crise dont il constitue pourtant une cause majeure. On exhorte maintenant les pays sinistrés ou en difficulté à de nouveaux sacrifices, sans prendre en considération le risque de retour en force de la crise de la demande et de rechute consécutive de l’ensemble des marchés financiers.

L’aveuglement persiste et s’aggrave, en dehors de petits cercles de personnes placées en prise directe avec les entreprises ou les territoires sinistrés. Une chape de plomb s’est à nouveau refermée sur les consciences sincèrement ouvertes au débat. Mais le déni de réalité ne pourra se prolonger longtemps. Patience !

A lire : Jean-Luc Gréau, La Trahison des économistes, « Le Débat », Gallimard, 250 p., 15,50 €

Novopress

samedi, 12 décembre 2009

Gabor Vona: "Eco-Sociale Nationale Economie"

gabor_vona.jpgGábor Vona: “Eco-Sociale Nationale Economie”

Ondertussen toch al een paar maanden oud, maar daarom niet minder actueel. Gábor Vona van de Hongaarse partij Jobbik schreef volgend stuk over de socio-economische visie van zijn partij. En al zijn er zekere opmerkingen te maken over Jobbik, toch is het een goed artikel. Hier de volledige tekst en hieronder een paar uittreksels:

Liberal market economy and global capitalism are twins, they presuppose one other. If one of them comes to an end the other becomes meaningless. Competition based economy–in other words, economy based on unregulated capital–has gone bankrupt, in front of our very eyes that in the mean time, destroyed the social fabric of society; in the wake of destruction, one thing has remained for people, the possibility to sacrifice themselves on the altar of multinational corporations. [...]

[...] The question might arise: why do we Hungarians have to care about the problems of the world when we have our own to deal with? The answer is simple: because the problems of the world affect us, perhaps more than we think if we don’t implement preventive measures–perhaps first among all nations. [...]

[...] Today, we need Eco-Social National Economy. The phrase perhaps a bit crooked but in time, we might find a better one, but now the important thing is to understand its meaning. [...]

[...] This economy is called national because the nation is the largest natural-historical formation and it can be conceived as a unified whole, both culturally and economically. It is essential not to conceive this idea in a narrow sense, like protecting small, local businesses or farmers but expand it and incorporate state involvement in economic activities, such as utilizing natural resources, dealing with strategic industries and envisioning an economic perspective where strategic operations remain in government hands or if necessary re-nationalize these sectors. [...]

6 december 2009 Geplaatst door Yves Pernet

dimanche, 04 octobre 2009

Le paradoxe del 'Etat libéral

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Le paradoxe de l'Etat libéral

http://unitepopulaire.org/

« De nombreuses guerres et divers massacres de masse ont ensanglanté le XXe siècle. Les libéraux ont beau jeu d’accuser les monarchies finissantes ou les régimes totalitaires d’avoir causé ces horreurs pour imposer le bonheur collectif  d’un empire, d’une race ou de l’humanité. C’est oublier que ces idéologies prétendaient résister au processus de décomposition initié par le libéralisme, dont la logique de l’illimité commençait à produire ses conséquences, sans que ses penseurs, Adam Smith, John Locke ou Montesquieu, personnes fort raisonnables, l’aient vraiment prévu. […]

Comme le libéralisme ignore par principe la notion de bien commun et que la liberté consiste pour lui dans la simple liquidation des tabous et des frontières, les désirs individuels ne trouvent plus aucun frein. Chacun est absolument libre de faire ce qu’il veut du moment qu’il ne nuit pas à autrui. Mais que veut dire "ne pas nuire à autrui" ? Comment définir la "non-nuisance" puisqu’aucune conception du bien ne vaut plus qu’une autre ? Comment les tribunaux dans lesquels les libéraux placent leur confiance trancheront-ils ? Dans le doute, s’alignant sur ce que le lobby le plus puissant du moment aura fait passer pour l’"évolution naturelle des mœurs", ils donneront raison au plus fort, jusqu’à ce que, sous la pression d’un autre lobby plus efficace, les lois aient changé. […]

La loi du plus fort chassée par la porte revient par la fenêtre. Les comportements chicaniers et procéduriers pullulent. Les diverses "communautés" au sens moderne du mot, alliances provisoires d’individus vaguement semblables, se déchirent devant les tribunaux afin de faire valoir leurs droits et d’exhiber leur "fierté" à la face du monde. La nécessité de satisfaire ses désirs et d’établir une concurrence "libre et non faussée" pour assurer la croissance oblige le libéralisme à dissoudre les communautés intermédiaires réputées conservatrices, parce qu’elles empêchent le mouvement perpétuel. L’Etat libéral, par un incroyable paradoxe, se renforce sans cesse au détriment des familles, des communes et du sentiment national. Il s’efforce de rendre les personnes conformes à l’idéologie en les transformant en consommateurs avides ou en producteurs sans cesse aiguillonnés par la concurrence. Les individus n’ont qu’un seul obstacle sur leur route : la liberté d’autrui. Cela signifie que les droits d’un homme quelconque s’étendent dans la mesure où la puissance qu’il amasse lui permet de l’emporter sur autrui. Le déploiement des libertés aboutit à la lutte de tous contre tous. Toute stabilité disparaît ; ce qu’il y a de plus sacré menace sans cesse de s’effondrer sous les coups de tel ou tel groupe de pression. »

 

 

Jacques Perrin, La Nation, 11 septembre 2009