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dimanche, 05 février 2017

Trump et la guerre contre l'Iran

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Trump et la guerre contre l'Iran

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Certains naïfs voient dans Donald Trump un héraut de l'anti-Système. On peut désigner par ce terme mis à toutes les sauces la domination sur le monde du 1% des plus riches, qui détiennent comme cela a été plusieurs fois analysé, 95% de la richesse du monde. Or comme nous l'avons rappelé dans un article précédent à propos de l'abrogation par Trump du Dodd-Franck Act de 2010 (Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act) censé protéger les citoyens américains contre les abus de la finance, Trump vient directement en appui de cette minorité des plus riches. Ceci est aussi illustré par le fait que parmi les ministres et conseillers de Trump se trouvent de nombreux multimilliardaires et multimillionnaires représentants de cette étroite « élite », notamment Wilbur Ross, Betsy DeVos, Carl Icahn, Stephen Mnuchin, Rex Tillerson, Andrew Puzder, Elaine Chao et Gary Cohn.
 
Trump est donc objectivement, quels que soient ses discours, un représentant du Système. Mais ceci ne se constate pas seulement en ce qui concerne la politique intérieure. C'est aussi le cas en ce qui concerne la politique internationale des Etats-Unis. Dans ce domaine, Trump reprend tous les objectifs destructeurs imposés par ses prédécesseurs au Département d'Etat et au Pentagone. Ceci notamment au Moyen-Orient et en ce qui concerne la Chine.

Au Moyen-Orient, nous l'avons plusieurs fois indiqué, il prépare une véritable guerre contre l'Iran. Ceci a trouvé sa dernière expression dans l'ultimatum prononcé le 1er février par le conseiller de sécurité nationale de Trump, le général Michael Flynn. Celui ci, lors d'une conférence de presse de la Maison Blanche, a déclaré mettre « officiellement l'Iran en garde » au sujet de son essai de missiles balistiques. Il a présenté ceci comme un des exemples « du comportement déstabilisateur de l'Iran à travers tout le Moyen-Orient », ainsi que l'échec du gouvernement Obama à « répondre adéquatement aux actes malveillants de Téhéran ».

Rappelons que l'Iran, comme tout Etat souverain, a le droit de se doter de missiles balistiques. Ceux-ci ne seront pas porteurs de têtes nucléaires puisque l'Iran s'est engagé contractuellement à ne pas développer de telles armes. De plus ces missiles n'auront qu'une portée moyenne (1.000 km) et ne seront en rien des ICBM capables d'atteindre l'Amérique. Ceci n'a pas empêché, dans le suite de la conférence de presse, le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, d'annoncer que Washington n'allait pas rester les bras croisés et sans réagir contre les « menaces «  de l'Iran ».

Que doit comprendre l'Iran de ces dernières déclarations extraordinaires ? Étant donné les affirmations répétées de Trump selon lesquelles on ne devrait pas parler d'une action militaire avant son lancement, l'Iran a toutes les raisons de croire que les missiles de croisière Tomahawk américains pourraient voler prochainement vers Téhéran. Le gouvernement Trump tente, par la provocation, de dénoncer le traité sur le programme nucléaire, incitant Téhéran à le reprendre et préparant ainsi la voie à une attaque israélo-américaine.

Une guerre contre l'Iran permettrait à Trump d'empêcher l'Iran d'accéder au statut de puissance régionale qu'elle est en train d'acquérir à la suite des désastres de l'intervention américaine au Moyen Orient depuis dix ans. La presse américaine s'en inquiète. Certes, elle est encore profondément hostile à Trump, mais en ce cas, celui-ci lui donne de bonnes raisons de s'indigner. Dans un article intitulé « Une nouvelle ère dans la politique étrangère» le Washington Post a constaté que Trump avance une « politique étrangère combative et iconoclaste qui semble écarter la diplomatie traditionnelle et concentrer la prise de décision au sein d'un petit groupe de collaborateurs qui avancent rapidement leur nouvelle approche dans le monde de l'Amérique d'abord ». Voir https://www.abqjournal.com/941305/a-new-era-of-foreign-po...

La forme de la politique étrangère poursuivie par Trump est de plus en plus claire chaque jour. Elle se concentre aujourd'hui sur l'Iran tout en poursuivant une politique de plus en plus conflictuelle à l'égard de la Chine. Stephen Bannon, le stratège en chef de Trump, prédisait dans une émission de radio avant l'élection de 2016 que les États-Unis partiront « en guerre dans la mer de Chine méridionale dans 5 à 10 ans ».

Dans la mesure où le gouvernement Trump a adopté une attitude conciliatrice vis-à-vis de la Russie, cette attitude n'est qu'un report tactique, destiné à faciliter la guerre ailleurs. Si Moscou ne se conforme pas aux intérêts américains, elle sera menacée puis agressée à son tour. Or Vladimir Poutine ne semble pas prêt de renoncer à sa coopération avec l'Iran, celle-ci prolongeant l'influence acquise en Syrie et constituant un utile contrepoids à l'influence dévastatrice des puissances sunnites, notamment l'Arabie Saoudite et la Qatar. Celles-ci, comme nul n'en ignore, financent directement le terrorisme dans toute la région et en Europe. Si donc des missiles américains ou israéliens, ces derniers soutenus par l'Amérique, frappaient la Syrie, il en serait fini des proclamations de Trump visant à établir de bonnes relations avec Moscou.

Une guerre régionale de grande ampleur pourrait s'en suivre, comme cela sera inévitablement le cas si Trump mettait à exécution ses menaces contre la Chine. Sous cet angle, la suggestion de Donald Tusk au sommet de Malte selon laquelle Trump pourrait devenir un risque existentiel pour l'Europe trouverait toute sa pertinence.

MICHEL HOUELLEBECQ CONTRE LES MÉDIAS DOMINANTS FRANÇAIS

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MICHEL HOUELLEBECQ CONTRE LES MÉDIAS DOMINANTS FRANÇAIS

Ex: http://www.ojim.fr 

AU TOUT DÉBUT DE L’ANNÉE, L’ÉCRIVAIN FRANÇAIS DONNAIT UNE CONFÉRENCE EN ARGENTINE DONT LA CAPTATION EST AUJOURD’HUI DISPONIBLE SUR LE COMPTE YOUTUBE DU MINISTÈRE DE LA CULTURE ARGENTIN, SUR LE THÈME DES INTELLECTUELS FRANÇAIS.

Abordant d’emblée la question de leur déclin telle que formulée dans la presse anglo-saxonne, et citant un article emblématique du Guardian sur la supposée « dérive » des intellectuels français, Michel Houellebecq a montré rapidement que ceux-ci étaient essentiellement accusés d’avoir déserté la gauche depuis une vingtaine d’années, gauche dont le monopole en partie indu mais à peu près exhaustif s’était affirmé après la seconde guerre mondiale.

À travers un panorama rapide et brillant de la vie intellectuelle française du dernier demi-siècle, Houellebecq explique comment la perte de pouvoir du Parti Communiste a entraîné peu à peu une révolte des élites contre le peuple, en France, l’apparition du mot « populisme » comme la multiplication de l’adjectif « nauséabond » revenant à reprocher en fait au peuple, et beaucoup plus littéralement qu’on le prétend, de « sentir mauvais ». « Tout ça pour vous situer qu’entre la population et les élites en France, le mot « incompréhension » est à mon avis beaucoup trop faible. Ce à quoi on a affaire, c’est tout simplement à de la haine. », a résumé l’écrivain avant d’enchaîner, au sujet des médias français, des déclarations fracassantes.

CHASSE AUX SORCIÈRES

« La violence du débat public, en France, enfin de qu’on appelle le « débat public » mais qui est tout simplement une chasse aux sorcières, n’a cessé d’augmenter, et le niveau des insultes n’a cessé d’augmenter. », a remarqué Michel Houellebecq avant de rappeler qu’un cap avait été franchi avec la mort, en juin dernier, de l’écrivain Maurice Dantec. En effet, la presse française n’aurait alors même plus eu le souci du respect des morts. Imaginant que sa propre mort déchainerait encore davantage les médias, Houellebecq a dit ne pas désespérer d’assister cela dit à la faillite de plusieurs titres. « Ce sera très difficile, regrette-t-il, parce qu’en France, les journaux sont financièrement soutenus par l’État. Au passage, ça me paraît l’une des dépenses publiques les plus injustifiées et scandaleuses dans ce pays. (…) Tous les médias de gauche, c’est-à-dire presque tous les médias français, sont dans une situation difficile faute de lecteurs. » Le règne de François Hollande aura inauguré un degré supplémentaire dans la tension et la censure, assure-t-il ensuite, Alain Finkielkraut et Michel Onfray se voyant traités « d’abjects » après qu’ils eurent rejoint le camp de la population et abandonné celui des élites. Un autre événement est selon lui très significatif : « Il y a deux ans, il s’est passé une chose très surprenante : plusieurs personnalités de gauche de premier plan : un ministre et le président de l’Assemblée Nationale (…) ont déclaré que les idées défendues par Éric Zemmour étaient inacceptables et qu’il devrait être privé de toute tribune publique pour les exprimer. Déjà, c’était surprenant comme déclaration. Mais le plus stupéfiant, c’est que les médias, pourtant des médias privés, ont obéi au pouvoir. I-Télé, la chaîne où il tenait son émission, a bien renvoyé Éric Zemmour. »

COMMISSAIRES POLITIQUES

Houellebecq est enfin revenu sur le fameux libelle du commissaire politique Daniel Lindenberg, Le Rappel à l’ordre, qui lança, en 2002, l’affaire des « Nouveaux réactionnaires ». Remarquant que tous les intellectuels et écrivains alors attaqués avaient des visions du monde parfois très divergentes, il rappela aussi que tous s’étaient sentis honorés d’être ainsi intégré au même groupe, Alain Finkielraut allant jusqu’à parler de « dream team ». Que ces intellectuels français entreprirent alors un mouvement salutaire de libération de la pensée, contre la dictature médiatique de la gauche et du politiquement correct, voici qui témoigne justement de la vitalité des intellectuels français, explique alors Houellebecq, tout en concluant son intervention par un très émouvant hommage à ses confrères disparus : Philippe Muray et Maurice Dantec. Que cette lutte contre la propagande et l’intolérance médiatiques françaises, à laquelle se vouent notamment des sites comme l’OJIM, se voit menée de front, et avec courage et intelligence par l’écrivain français vivant le plus connu au monde, ne peut que nous encourager à approfondir nos analyses et à les accentuer.

samedi, 04 février 2017

Faut-il juger le Droit ?

 
A l’occasion de la livraison de notre opus centré sur le droit, l’entretien avec le Professeur émérite Jean-Louis Harouel vous propose une réflexion complète sur le grand remplacement du droit national par une norme droit-de-l’hommiste métissée. Il détaille le processus politique conduisant l’État à se retourner contre son peuple alors même qu’il avait été conçu pour le protéger.
 
On semble aujourd’hui accorder une place de plus en plus importante au droit dans les rapports privés ou interétatiques, aboutissant à une primauté du droit sur la concertation. Pouvez vous nous dire quelles ont été les étapes de cette évolution ?
 
J-L H : Le phénomène que vous évoquez s’inscrit dans un grand mouvement de dévalorisation du politique au bénéfice du juridique et plus encore du judiciaire. Commencé au lendemain de la Seconde guerre mondiale, ce processus fut largement l’œuvre de la démocratie chrétienne qui, n’aimant pas vraiment la démocratie et n’aimant pas du tout la nation (cadre optimal de la démocratie), a combattu férocement la souveraineté démocratique. Dominant alors l’Europe continentale, la démocratie chrétienne s’est employée à détruire l’idée d’une suprématie parlementaire absolue au moyen d’une technique inspirée de Kelsen : la création des cours constitutionnelles, auxquelles vinrent se superposer les juridictions européennes et tout particulièrement la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Avec pour effet que la décision suprême n’est plus politique mais judiciaire.

Comment les juges justifient-ils leur autorité sur un pouvoir politique légitimement désigné par la population ?
 
J-L H : Cette justification repose sur la notion d’État de droit. Or c’est un mot-fétiche par lequel il ne faut pas se laisser intimider. Jadis protecteurs des libertés publiques des citoyens, les droits de l’homme sont devenus – nous allons y revenir – une religion séculière d’État, formant un système politico-juridique moralisateur, coercitif et répressif. Notre droit, qui était jusqu’alors inspiré par des valeurs de durée, est aujourd’hui phagocyté et dénaturé par cette religion des droits de l’homme mortifère pour les nations européennes. Si bien qu’en clair, « État-de-droit » signifie trop souvent la condamnation à l’impuissance des peuples européens face à l’immigration de masse qui les submerge et à l’islam qui est en train de conquérir sans le dire leur pays.
 
Le droit semble être de moins en moins l’affaire des États avec la montée en puissance du droit communautaire écrit par des technocrates européens. Peut-on encore récupérer la mainmise sur notre droit ?
 
J-L H : On le peut en brisant – notamment par le recours au référendum – la logique fédéraliste sournoise qui fait que les dirigeants des pays européens ne sont plus que des marionnettes en charge de faire accepter ce qui a été décidé ailleurs. Il faut rompre avec le fétichisme bigot de la sainteté du culte de l’Europe. Comme je l’écrivais dans Revenir à la nation, il faut faire éclater une Union européenne qui n’aime pas les Européens. Obsédée d’ouverture à l’autre sous l’effet de la religion des droits de l’homme, l’UE est l’ennemie des peuples européens car elle répudie la vraie identité européenne fondée sur un contenu humain particulier et une civilisation particulière. L’UE veut croire que la dévotion de l’universel peut suffire comme identité collective européenne, alors qu’elle en exprime le néant. Mais peut-être naîtra un jour une construction européenne authentique, fondée sur la volonté politique des peuples.
 
Peut-on voir dans les droits de l’homme un « déracinement » du droit ?
 
J-L H : Tel n’était pas le cas pour les droits de l’homme classiques, qui étaient concrètement les libertés publiques des citoyens au sein des États-nations démocratiques, telles qu’on les a pratiquées au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle. Le déracinement du droit est intervenu au cours de la seconde moitié du XXe siècle du fait de l’avènement de la religion séculière des droits de l’homme, inspirée par une frénésie de l’ouverture à l’autre et une compassion cosmique indifférente aux États et aux nations. François Furet a observé que la religion des droits de l’homme a pris le relais du communisme comme promesse de l’émancipation de l’humanité. Né de l’implosion des utopies antérieures, le culte des droits de l’homme érigés en norme suprême censée produire un monde meilleur constitue, selon les termes de l’historien américain Samuel Moyn, notre dernière utopie.
 

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En quoi les droits de l’homme sont-il particulièrement dangereux aujourd’hui pour l’homme lui-même ?
 
J-L H : La religion des droits de l’homme est surtout dangereuse pour l’homme occidental, qui en est l’inventeur et qui seul se l’applique vraiment. En particulier, l’islam – lequel n’admet même pas les libertés publique et notamment la liberté de penser – met certes à profit la religion des droits de l’homme pour conquérir l’Europe, mais y est absolument réfractaire. La religion des droits de l’homme est suicidaire pour ceux qui la prennent au sérieux, car elle détruit les nations, les peuples, les identités, les enracinements. L’affirmation absolue du « je » au détriment du « nous » est non seulement l’agent d’une désagrégation des sociétés occidentales, mais encore le cheval de Troie de la submersion de l’Europe par une immigration géante à dominante musulmane.
 
Que distingue droits de l’homme et droits humains ?
 
J-L H : Le terme « droits humains » est un néologisme récent qui dérive de human rights, terme apparu seulement au cours des années 1940 dans la langue anglaise. Avant cela, on parlait de rights of man, lesquels étaient les droits de l’homme classiques, les libertés publiques. Au contraire, les droits humains correspondent à la religion séculière des droits de l’homme telle qu’elle s’est imposée depuis un demi-siècle. Mais, déjà avant cela, la religion des droits de l’homme avait suscité l’intrusion de la notion de droits fondamentaux, dont les grands bénéficiaires sont les étrangers. L’admission de tout individu présent sur le sol d’un pays, fût-ce de façon frauduleuse, à multiplier les revendications et actions juridiques, lui donne une arme contre le peuple de ce pays.
 
Vous parlez de « religion des droits de l’homme » : si cela est avéré, quel en est le culte, les rites, et qui en sont les prêtres ?
 
J-L H : Dès lors que la religion séculière des droits de l’homme est substantiellement formée de règles de droit, les prêtres de cette religion sont tout naturellement les juges, et plus précisément ceux des plus hautes juridictions. Cette nouvelle « prêtrise judiciaire » – terme forgé par Jacques Krynen, professeur d’histoire du droit à Toulouse – avait déjà été perçue voici un demi-siècle par le professeur de droit public parisien Georges Lavau qui observait qu’en posant des règles nouvelles au nom de principes généraux du droit qu’ils déclaraient à leur gré, les hauts magistrats s’étaient arrogés une fonction religieuse, une fonction prophétique. C’est ainsi que la religion des droits de l’homme fonde le gouvernement des juges.
 
Comment expliquer le succès de la « religion des droits de l’homme », dans les médias et même à l’Université ?
 
J-L H : Le succès de la religion des droits de l’homme vient pour une bonne part de ce que de nombreux « communistes zombies » (adaptation d’une formule d’Emmanuel Todd), rendus orphelins du communisme par la disparition de l’Union soviétique, s’y sont recyclés. Marcel Gauchet a signalé dès le début des années 1980 le mouvement qui portait intellectuels et ex-militants de la lutte des classes à se réfugier dans la lutte pour les droits de l’homme. Quand au succès de la religion des droits de l’homme parmi les juristes universitaires, je répondrai avec mon collègue Yves Lequette, professeur émérite de droit privé à Paris II, que « les auteurs petits et grands qui se sont fait une spécialité de ce culte tirent de celui-ci les moyens ainsi que le sentiment de leur existence ».
 
De Gaulle disait « d’abord la nation, ensuite l’État, après le droit ». Vit-on aujourd’hui un renversement qui ferait passer le droit avant l’État, reléguant la nation en dernier ?
 
J-L H : Aujourd’hui, en France, l’État est en même temps l’Église de la religion séculière des droits de l’homme. Cet État-Église n’a presque aucun souci des intérêts concrets de la France et des Français. Leur avenir lui importe peu. L’État veille seulement à la sanctification de la société au regard des dogmes de la religion des droits de l’homme et des règles juridiques constitutives de cette religion. Ce primat religieux du droit sur les intérêts de la nation relègue effectivement celle-ci en dernier. Nous sommes dans ce que Max Weber appelait la morale de la conviction (Gesinnungsethik), laquelle érige en principe absolu un sentiment ou un principe et s’y accroche inconditionnellement sans se soucier des conséquences pratiques. Une morale qui, comme l’observait Raymond Aron, ne doit pas être la morale de l’État. Car c’est trop souvent une morale de l’irresponsabilité.

 Allez plus loin, lisez La Camisole

Entretien avec Gilles de Beaupte des Etudes rebatiennes

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Entretien avec Gilles de Beaupte des Etudes rebatiennes

 
Ex: http://www.oragesdacier.info 
 
Vous êtes le président-fondateur des Etudes Rebatiennes, pouvez-vous les présentez brièvement à nos lecteurs ? Comment sont-elles nées ? Quels sont les objectifs, à court et plus long terme de votre association ?

Les Etudes rebatiennes sont nées fin 2008, quelques mois seulement après la lecture des Deux Etendards ; elles ont été crées avec un autre professeur de lettres, Nicolas Degroote, captivés également par cette découverte. L'éblouissement qu'ont été pour moi Les Deux Etendards est tout de suite allé de paire avec l'étonnement devant cette lacune évidente de l'histoire littéraire. Cinq livres seulement ont été écrits sur Rebatet. Un silence assourdissant entoure donc ce chef d'œuvre. Prenant acte de mon émerveillement, je décide de fonder une association afin de contribuer au rayonnement de l'œuvre littéraire de Lucien Rebatet.

Le travail risque d'être long et difficile. Les mécompréhensions ont d'ores et déjà commencées puisque je reçois aussi bien des lettres d'insultes que, pire, des lettres d'admiration pour de mauvaises raisons... Heureusement certaines sont d'authentiques amoureux de littérature : ceux-là même à qui nous nous adressons. Mais la rigueur et le discernement finiront par l'emporter !

Nous aurons accompli notre tâche lorsque Les Deux Etendards seront publiés à la fois en poche et en Pléiade. A moins long terme, nous souhaitons faire paraître un Dossier H sur Rebatet. A très court terme - et c'est ce à quoi nous nous attachons surtout aujourd'hui - nous cherchons à élargir la liste des écrivains, historiens, critiques littéraires, etc. susceptibles d'écrire sur Rebatet ; ce qui ne va pas sans difficulté tant l'œuvre est méconnue.

Pourquoi ne pas vous être appelé « Les amis de Lucien Rebatet » ?
 
Je vous répondrais d'abord que je me fais une assez haute idée de l'amitié. Rebatet étant mort deux ans avant que je ne naisse, la question ne se pose pas. Mais admettons, pour les besoins de la conversation, qu'on fasse abstraction de la chronologie, qu'en aurait-il été ? Des paroles de Jean Dutourd répondent à cette question lorsqu'il avertit : « Si j'avais rencontré Lucien Rebatet en 1943, je lui aurais tiré dessus à coup de revolver » et, quelques lignes plus loin, ajoute : « Il avait écrit dans sa cellule de condamné un des plus beaux romans du XXème siècle : Les Deux Etendards que j'admirais avec fanatisme ». Mutatis mutandis (car il est aisé de se prendre pour Jean Moulin avec 60 ans de retard), les Etudes rebatiennes s'alignent sur cette position. Autrement dit, chez Lucien Rebatet coexistent « une barbarie explicite et la création d'une œuvre d'art classique, imaginative et ordonnée [...] un des chefs d'œuvre secrets de la littérature moderne ». Il est pour le moins difficile de lier amitié avec Lucien Rebatet dont la plume dénonça et provoqua l'arrestation de résistants.

Je précise aussi qu'en répondant à vos questions, je ne vous présente qu'une lecture de Rebatet, même si cette lecture se veut documentée et argumentée. Le conflit des interprétations, qui fait la vie de la critique, n'a pas encore véritablement commencé. Les Etudes voudraient en être le terrain privilégié.

Sur la dénomination, précisons encore que l'emploi du terme « études » indique le registre universitaire des participants. (Et, pour tout dire, « rebatiennes » plutôt que « rebatetiennes » car, par delà la laideur de l'expression, le « t » final du nom étant muet, l'élision était possible).

LR-2entr.jpgLes Etudes rebatiennes se structurent de la manière suivante : 1) Inédits 2) Entretiens et témoignages 3) Articles (critique littéraire) ; actualité rebatienne ; vie de l'association. Toutes les contributions sont les bienvenues à condition qu'elles soient œuvres de qualité. Le premier numéro devrait sortir dans un an. J'appelle les collaborateurs et souscripteurs (on peut être l'un et l'autre). En adhérant à l'association, vous souscrivez au n°1 des Etudes rebatiennes tout en contribuant à leur publication. Pour nous faire connaître un site a d'ores et déjà été créé (www.http//:etudesrebatiennes.overblog.com). Il livre de passionnants témoignages, une bibliographie, des critiques, etc.

Vous évoquez des inédits. De quoi s'agit-il ? Sont-ils importants ? Que pensez-vous publier ? 
 
Cela ne peut se faire sans l'accord de l'ayant droit, Nicolas d'Estienne d'Orves, avec qui nous entretenons de très cordiales relations. Nous faisons partie de la même génération et la littérature nous importe davantage que la liste noire du CNE [Comité National des Ecrivains chargé de l'épuration dans le monde de la presse et de l'édition NDLR]. Que publier ? Au regard de la production contemporaine, je me dis souvent que toute l'œuvre littéraire mériterait de l'être ! Mais on ne peut le faire n'importe où et les éditeurs semblent encore ignorer sa grandeur.

Pour vous donner une idée de l'importance des inédits, faisons un détour par Gide qui écrivit, selon Genette, « le seul ''journal de bord'' entièrement et exclusivement consacré à la genèse d'une œuvre » : le Journal des Faux-monnayeurs. Gide décrivait ainsi son projet : « au lieu de me contenter de résoudre, à mesure qu'elle se propose, chaque difficulté [...], chacune de ces difficultés, je l'expose, je l'étudie. Si vous voulez, ce carnet contient la critique continue de mon roman ; ou mieux : du roman en général. Songez à l'intérêt qu'aurait pour nous un semblable carnet tenu par Dickens, ou Balzac ; si nous avions le journal de L'Education Sentimentale, ou des Frères Karamazov ! L'histoire de l'œuvre, de sa gestation ! mais ce serait passionnant... plus intéressant que l'œuvre elle-même ». Eh bien, il existe un autre journal de ce type et il est fascinant ! C'est l'Etude sur la composition. Au travers de trois cents pages, nous pénétrons dans l'atelier invisible de l'écrivain : non pas seulement ses brouillons mais mieux : l'atelier lui-même avec tous ses outils. Rebatet y expose ses conceptions littéraires au travers des difficultés rencontrées au cours des différents stades de la création. La simple existence de l'Etude sur la composition en fait, en soi, un aérolite de l'histoire de la littérature.

Par ailleurs, la masse de documents inédits est considérable. On y trouve un journal fleuve et rien moins que deux romans ! Margot l'enragée et La Lutte Finale. C'est un chantier immense. Existe également toute la masse non pas inédite mais dispersée des plusieurs milliers d'articles de critique littéraire, cinématographique, musicale... dont on attend une sélection prochainement. Déjà dans Les Deux Etendards on trouve grâce aux réflexions des personnages, « intoxiqués de littérature », des pages de critiques acerbes et sagaces « qui valent bien un manuel entier et qui confirment les qualités de critique de Rebatet ».

Le postulat qui sous-tend votre démarche signifie-t-il qu'il est possible de faire une césure absolue entre le Rebatet écrivain et le Rebatet politique comme certains en font une entre le Céline du Voyage et celui des pamphlets ?

Il ne s'agit pas de faire une « césure » - et encore moins « absolue » - entre l'écrivain et le politique puisque chez Rebatet l'écrivain n'est jamais tout à fait apolitique et le politique souvent écrivain. Ce qu'il s'agit de dissocier méthodologiquement, c'est l'engagement politique d'un homme d'avec la qualité d'une œuvre littéraire. Comment faire ce partage ? En faisant de la critique littéraire !

Pour bien aborder Les Deux Etendards, il faudrait donc oublier le collaborateur ? Cela signifie-t-il que Les Deux Etendards soit une œuvre apolitique ? 

Entendons-nous bien. Avec la proclamation de l'autonomie des Deux Etendards en tant qu'œuvre d'art, je n'entends pas réhabiliter en sous-main la haine rebatienne. Il s'agit donc, non pas de cacher l'homme par l'œuvre - ni a fortioriL'Emile malgré l'abandon de ses enfants par Jean-Jacques. de cacher l'œuvre par l'homme - mais d'étudier l'œuvre qui se soutient d'elle-même. L'étude littéraire doit pouvoir s'élaborer en mettant méthodologiquement la biographie de l'auteur entre parenthèses comme il faut étudier la philosophie rousseauiste de l'éducation.

On a pu écrire qu'« il n'est pas question de politique dans Les Deux Etendards ». A l'inverse, certains ont affirmé : « Si Les décombres a été la chronique de la mort annoncée des Juifs, Les Deux Etendards instruit le procès du dieu chrétien et de l'homme qui se voient également condamné à mort, au nom de la lutte contre les valeurs judéo-chrétiennes et la démocratie. Dans cet ouvrage, Rebatet prône l'avènement d'une morale substitutive, le paganisme vitaliste, un sacré abâtardi dont les fascismes se sont également inspirés, pour tenter de liquider des références judéo-chrétiennes de la civilisation occidentale. Le mode d'expression a changé, mais le message demeure ». C'est aller de Charybde en Scylla.

Les Deux Etendards ne sont pas une « parabole fasciste » : ils ne constituent pas la contrepartie romanesque d'une quelconque « fidélité au national-socialisme ». Car ils ne sont pas une œuvre politique mais, primordialement, une œuvre d'art. Cela signifie-t-il que la politique en soit absente ? Non ; elle y tient bien une place puisqu'on peut y déceler une présence d'antidémocratisme, d'antisémitisme, de racisme, de mépris du peuple, d'anticommuniste, d'antibourgeoisisme... mais cela ne fait pas partie des thèmes centraux du roman.

De surcroît, il convient de rappeler qu'« il n'est de toute façon pas question de condamner l'ouvrage pour les idées de ses acteurs, quand bien même celles-ci occuperaient une place beaucoup plus importante, puisque la valeur d'une œuvre n'est certainement pas proportionnelle à la qualité morale de ses protagonistes. De même qu'un roman qui a pour personnage central un meurtrier ne préconise pas nécessairement le meurtre, celui de Rebatet, dont certains acteurs et même le narrateur penchent clairement vers l'extrême-droite, ne fait pas nécessairement l'apologie de leurs idées ». Bref, n'ensevelissons pas Les Deux Etendards sous Les Décombres !

S'il y a une continuité à établir entre les deux ouvrages, c'est surtout dans la stylistique qu'on la trouvera. En laissant de coté les catégories impropres de forme et de fond, se présentent bien un style pour deux thèmes (et non deux styles pour un thème). « Si la passion change d'objet des Décombres aux Deux Etendards, elle ne change pas de ton : c'est la même véhémence, la même jubilation jusque dans la grossièreté, la même volonté de se servir de tous les moyens, la même rage de convaincre, la même violence exaspérée ». D'un livre à l'autre, Rebatet suivait son plan : d'abord « témoigner, militer par un livre, puis en entreprendre aussitôt après un autre, qui serait enfin une œuvre d'imagination. [...]. J'avais maintenant un adversaire d'une tout autre taille avec qui polémiquer : Dieu ». A son habitude, Rebatet bourre son ouvrage d'explosifs en tous genres, et « le fracas de cette explosion remplit le livre, comme le déchirement du patriotisme remplissait Les Décombres. D'ailleurs, le génie est le même : la même puissance lyrique, même déferlement de l'image et du verbe, même amertume. Mais ce qui distingue Rebatet parmi d'autres polémistes, parmi Bloy, Péguy, Daudet, Bernanos, c'est la volonté de convaincre. Pour lui, tous les arguments sont bons. ''Quand on se bat, dit son héros, on ne songe pas à se demander si les armes ont déjà servi''. Tantôt il trace une satire extraordinaire des jésuites, tantôt il se lance dans d'interminables analyses de textes, tantôt il descend aux critiques les plus vulgaires, mais aussi les plus frappantes. Nos seules épopées sont des œuvres individuelles et des œuvres de protestation : ce sont Les Châtiments, Les Tragiques. Voici l'épopée de l'athéisme ».

Mais de quoi parle au juste Les Deux Etendards ?
 
D'amour ! Il n'y a pas moins original mais pas plus essentiel. Le thème des Deux Etendards se trouve magnifiquement énoncé dans le roman lui-même lorsque Michel reçoit sa vocation de romancier : « L'amour, feu central, avait embrasé cette matière inerte du passé, du présent, de l'avenir, du réel, de l'imaginé, que Michel portait au fond de lui ; l'amour l'avait fondue, et grâce à lui seul elle prendrait forme. L'amour serait célébré dans tous ses délices et toutes ses infortunes. Mais le livre dirait aussi la quête de Dieu, les affres de l'artiste. La poésie, les secrets des vices, les monstres de la bêtise, la haine, la miséricorde, les bourgeois, les crépuscules, la rosée des matins de Pâques, les fleurs, les encens, les venins, toute l'horreur et tout l'amour de la vie seraient broyés ensemble dans la cuve ».

LR-3.jpgComment Rebatet/Michel s'y prendra-t-il pour réussir une telle gageure ? Il va « refaire du Proust sur nature » comme Cézanne refit du Poussin sur nature. Qu'est-ce à dire ? Pour le dire brutalement, Rebatet a transposé « certaines méthodes de l'analyse proustienne à une histoire, à des sentiments plus consistants que les sentiments, les histoires du monde proustien (on peut tout de même prétendre qu'une grand expérience religieuse, par exemple, est humainement plus importante que les snobismes et contre-snobismes d'un grand salon) ». Ainsi, « les modernes s'étaient forgés des instruments d'une perfection, d'une souplesse, d'une nouveauté admirables. Mais ils ne les employaient guère qu'à disséquer des rogatons, à décrire des snobismes, des démangeaisons du sexe, des nostalgies animales, des affaires d'argent, des anatomies de banquiers ou de perruches mondaines. Michel connaissait leur scalpels, leurs microscopes, leurs introspections, leurs analyses, mais il s'évaderait des laboratoires. Le premier, il appliquerait cette science aux plus grandioses objets, à l'eternel conflit du Mal et du Bien, trop vaste pour ne point déborder les petits encéphales des physiologistes ». Par delà la caricature proustienne, retenons la mobilisation d'un art d'écrire contre la foi, une croisade antireligieuse.

D'un point de vue narratif, le roman « raconte la maturation, l'amitié profonde, puis la séparation de deux jeunes gens dans la France de l'entre-deux-guerres. Ils sont épris de la même jeune femme, qui, par sa plénitude de vie, son rayonnement physique et psychologique, est une créature comparable à la Natacha de Tolstoï. L'articulation de cette relation à trois et de la grande fugue de l'accomplissement érotique sur laquelle s'achève le roman sont de grands actes de l'imagination. [...] le roman de Rebatet a l'autorité impersonnelle, la beauté formelle pure de l'art classique ». En effet, le roman se présente d'abord comme un Bildungsroman (éducation sentimentale) dans la lignée de la trilogie balzacienne ou du Rouge et Noir. Deux amis Régis, l'amant mystique, et Michel, l'amoureux éperdu, engagent une guerre fratricide dont Anne-Marie sera la victime principale. Il serait très éclairant que quelqu'un entreprenne un jour une lecture girardienne des Deux Etendards. La médiation interne qu'est Régis pour Michel, de modèle se mue en obstacle. La rivalité mimétique s'exacerbe au détriment de ce que furent tour à tour les objets du désir : Dieu et Anne-Marie. Le mensonge romantique est-il dénoncé et la vérité romanesque dévoilée dans le roman ? Quoi qu'il en soit, nous avons là une des plus grandes analyses de la passion amoureuse.

Rebatet parvient-il à ses fins avec son « épopée de l'athéisme » ? Triomphe-t-il de toute croyance ? 

Rebatet s'emporte facilement sur le sujet sans plus faire aucune distinction : « Je hais les religions à mort. Je vois quelquefois, les égyptiennes, les babyloniennes, les tibétaines, les aztèques, l'Islam, le catholicisme médiéval, le puritanisme yankee, comme des spectres grotesques et dégoulinants de sang. Ce sont les plus atroces fléaux de l'humanité ». Toutefois, on trouve de temps à autre sous sa plume une sensibilité plus amène : « il est assez difficile de se trouver l'avant vielle ou la vieille de Pâques sans se rappeler que le Christ est le grand patron de tous les condamnés à mort. Je l'avoue, je n'écouterais pas très volontiers ce soir les stoïques et autres philosophes qui ont moqué les angoisses du jardin des oliviers ».

La question de Dieu n'est pas si simple et pauvre pour qu'on puisse la laisser à l'opinion de chacun. Par exemple, il n'est pas du tout certain que l'athéisme soit l'ennemi de la foi. Si l'athéisme combat la piété vouée aux dieux mythiques des religions archaïques et sacrificielles, alors l'athéisme peut être enrôlé dans la lutte contre l'idolâtrie. En ce sens Levinas écrivait : « Le monothéisme marque une rupture avec une certaine conception du sacré. Il n'unifie ni ne hiérarchise ces dieux numineux et nombreux ; il les nie. A l'égard du divin qu'ils incarnent, il n'est qu'athéisme. [...]. Le monothéisme dépasse et englobe l'athéisme, mais il est impossible à qui n'a pas atteint l'âge du doute, de la solitude, de la révolte »

LR-4.jpegMais tournons-nous plutôt vers le roman. Je ne crois pas que Les Deux Etendards soient une apologétique athée, non plus qu'une épopée. Michel y fait bien une tentative de conversion qui tourne en « déconversion ». Mais celle-ci n'est pas une inversion pure et simple, elle n'est pas du « Michel-Ange inversé » puisque Michel se défend d'être athée. D'ailleurs, n'était l'homophonie avec Le Diable et le Bon Dieu, le roman se fut appelé Ni Dieu ni Diable. L'agnostique Michel ne s'épuise pas plus à toujours nier, qu'il ne cherche en gémissant. L'aporie de la confrontation finale ferait-elle alors signe vers un néo-paganisme ? Plus précisément : vers la désolation que laisserait l'impossibilité d'un retour du sacré ? Michel ne se ferait-il pas parfois une plus juste idée du Christianisme qu'il ne le laisse paraître, idée au nom de laquelle il déboulonne les idoles ? Ces questions restent ouvertes. 

Toutefois, avec ces problèmes théologiques, il ne faudrait pas laisser penser qu'on aurait affaire à un roman, à thèse et encore moins un manuel d'athéologie. Blondin notait bien : « On a qu'un voyage pour sa nuit. Celle de Lucien Rebatet est somptueusement agitée. Elle ravit aux professeurs travestis, et avec quel éclat, le monopole de l'inquiétude métaphysique et [...] rend le Diable et le Bon Dieu à une vie quotidienne passionnante, passionnée. [...]. Il va chercher Dieu sur son terrain qui est celui de la crainte, de l'espérance, du tremblement, de la passion titubante. Sous cette forme romanesque, le problème de la religion recouvre ses plus chauds prestiges ». Un grand roman, « non de la démonstration d'une thèse : des êtres s'affrontent, non des allégories. Il reste que Les Deux Etendards constituent un arsenal d'armes de tous calibres contre le christianisme. Il y a des armes les plus savantes : critiques des textes sacrés, interpolations, interprétations douteuses, dogmes tirés de textes peu sûrs ou trop sollicités, etc. Il arrive que Régis perde pied devant des coups inattendus. Nous avons des exégètes qui répondent très bien, dit-il, quand il se reprend. Réponse trop facile, peut-être, mais moins faible qu'on ne pourrait le croire. On ne peut passer sa vie dans la controverse, et pour Régis, la foi ne dépend pas de tel ou tel point de dogme. Elle est au-delà des constructions intellectuelles auxquelles elle impose d'adhérer. La discussion entre les deux garçons ne peut jamais avancer. Michel ne néglige pas, à coté de cela, des armes plus vulgaires, instinctives, grosses plaisanteries. Ce roman compte une étonnante galerie de prêtres tous obtus, libidineux, hypocrites. Avec tout cela, cette partie polémique date : le moralisme étroit, inhumain, qui encolère Michel n'est plus aujourd'hui le défaut d'une Eglise qui s'est beaucoup débridée [Rebatet en viendra même dans son Journal à se considérer ironiquement comme le dernier catholique !] Si l'on se passionne pour cette controverse, c'est parce que l'on se passionne pour les trois héros ». Sur cette lancée, ira-t-on jusqu'à affirmer que Les Deux Etendards « pourrait ainsi passer à force de vie et de vérité, gonflant des héros en tous points admirables, pour une apologie du spiritualisme » ? Le dernier mot du roman est laissé au jésuite. Il est même probable qu'il ait raison quand il affirme que lui, au moins, laissera un souvenir lumineux à Anne-Marie, jeune fille fichue, laissée à une tristesse infinie. Bien évidemment, c'est une victoire à la Pyrrhus : il vaut mieux avoir tort avec Michel que raison avec Régis. Car depuis bien longtemps nous avons quitté le débat théologique pour rejoindre le tragique de l'existence.

L'antichristianisme virulent ne s'exprime pas tant dans les arguments, bons ou mauvais, opposés à Régis que dans la simple description de la vie du futur jésuite. Les Deux Etendards ont l'immense mérite de mettre en scène, non pas seulement la foi et l'incroyance mais, plus fondamentalement, comme le dit avec raison Rebatet lui-même : le « conflit entre l'amour et Dieu. Un grand thème je crois. Il me semble qu'il n'y en a pas de plus grand : l'homme devant l'amour, l'homme devant Dieu ». Puisque l'amour seul est digne de foi, Les Deux Etendards s'en prennent au cœur du christianisme. « Qu'as-tu fais de ton amour ? ». Telle pourrait être la question centrale du roman. La force de Rebatet c'est de retourner l'amour contre ceux qui s'en réclament. Mais si l'arme est l'amour, quelle portée peut-elle bien avoir devant un Dieu qui se définit par l'amour (I Jean 4, 8) ?

Pourriez-vous nous dire un mot du style des Deux Etendards ?
 
Disons-le d'emblée, Rebatet ne fut pas un créateur de style comme Proust ou Céline. Les Deux Etendards. Rebatet se plaçait résolument dans la catégorie des écrivains qui clarifient une matière compliquée sans recherche de l'innovation technique pour elle-même. Il écrivait : « J'aurais aimé que l'ont pût me faire l'honneur de quelques procédés nouveaux de narration. Je m'y sentais peu porté par nature, à moins que ce ne fût le métier qui me manquait. Mon roman n'était pas une forme singulière, imprévue, conçuea priori, et que je voulais remplir avec un thème et des personnages plus ou moins adéquats. C'était une histoire touffue, que je voulais raconter aussi complètement et clairement que possible. Je m'affirmais - un peu pour calmer mes regrets de ne pas suivre l'exemple de Joyce - que cette histoire était suffisamment complexe pour que je ne m'ingéniasse pas à la rendre indéchiffrable par des complications de forme. Mon esthétique, au cinéma, en littérature, comme en peinture et en musique, a d'ailleurs toujours été hostile aux procédés qui ne sont pas commandés par une nécessité intérieure ». appartiennent plutôt à la lignée des grands romans classiques du XIX

Il y a pourtant bien une originalité stylistique du roman : elle réside dans la concomitance du sublime et de la fange. « Dans son projet d'ensemble, le roman est un pur produit du classicisme NRF et il n'est littérairement pas surprenant que Gallimard en ait été l'éditeur. Quand elle le veut bien, la langue n'y déroge jamais et nombreux y sont les passages où s'entend en quelque sorte la voix de Gide, dans l'économie des moyens et la pureté néoclassique du style. [...] Mais à l'intérieur même de cette épure stylistique, de ce dessin d'ensemble qui est comme le continuo du livre, l'écrivain loge tout autre chose : un véritable baroque célinien, l'usage de tous les registres de la langue à commencer par l'argot et, par-dessus tout peut-être, une crudité récurrente à la mesure de la présence d'Éros dans le récit. Car dans Les deux étendards, l'amour s'exprime sur tous les registres et si l'analyse du sentiment amoureux (selon une formule classique du roman français) n'est nullement étrangère à Rebatet, le lecteur retient surtout les nombreux passages érotiques qui sont ressentis comme autres sans que la perfection littéraire en soit moindre ».

Vous ne tarissez pas d'éloges sur le roman, mais comment pouvez-vous être certain qu'il soit un chef d'œuvre au regard du silence qui l'entoure ? Cela n'indiquerait-il pas plutôt que la non reconnaissance depuis 50 ans est méritée ? N'êtes vous pas fasciné par le mythe romantique de l'écrivain maudit ? 
 
Voici comment Rebatet décrivait Pound : « Ezra Pound rejoint Villon, Rabelais pourchassé, demi-clandestin, Balzac dans sa turne, Stendhal ignoré dans son trou, Nerval le vagabond pendu, Dostoïevski le forçat, Baudelaire trainé en correctionnelle, Rimbaud le voyou, Verlaine le clochard, Nietzsche publié à compte d'auteur, Joyce sans feu ni lieu, Proust cloitré dans un garni, moribond, mais la plume à la main, Brasillach écrivant ses Bijoux les chaines aux pieds, Céline foudroyé à sa table dans son clapier du Bas-Meudon. Après tant d'exemples, comment douter que Pound est dans le bon camp, le vrai camp, le seul qui compte, celui qui enrichit les hommes, survit dans leur mémoire ? ». Cette présentation de Pound en est une, à peine voilée, de Rebatet lui-même. Elle est romantique. Rebatet se prête facilement à cette mythologie quand on sait que Les Deux Etendards furent écrit par un condamné à mort dont les chaînes retentissaient dans une cellule où l'eau gelait nuit et jour.

Sans nous laisser obnubiler sur le soi-disant « seul camps qui compte », il faut bien reconnaître que Rebatet n'a pas la place qu'il mérite. Les Deux Etendards sont un chef d'œuvre car c'est un classique. Un classique de premier ordre même, puisque Les Deux Etendards sont à mes yeux la poursuite de l'œuvre nietzschéenne par d'autres moyens. Le niveau d'un tel affrontement entre l'homme et Dieu trouve son équivalent dans Les Frères Karamazov. Mais la question rejaillit : comment sait-on que c'est un classique me direz-vous ? Pour répondre plus amplement à votre question, il est nécessaire de refaire un peu de philosophie de la littérature.

Une œuvre littéraire - une œuvre d'art en général - transcende par définition ses propres conditions psychosociologiques de production. Elle s'ouvre ainsi à une suite illimitée de lectures. Celles-ci sont elles-mêmes situées dans des contextes socioculturels différents. Ainsi l'œuvre se décontextualise et se recontextualise. Si elle ne le faisait pas, si une œuvre n'était que le reflet de son époque, alors elle ne se laisserait pas recontextualiser et ne mériterait donc pas le statut d'œuvre d'art. La capacité d'échapper à son temps fait la contemporanéité de l'œuvre. Ecoutons Gadamer : « Entre l'œuvre et chacun de ses contemplateurs existe vraiment une contemporanéité absolue qui se maintient intacte malgré la montée de la conscience historique. On ne peut pas réduire la réalité de l'œuvre d'art et sa force d'expression à l'horizon historique primitif dans lequel le contemplateur de l'œuvre était réellement contemporain de son créateur. Ce qui semble au contraire caractériser l'expérience de l'art, c'est le fait que l'œuvre possède toujours son propre présent [...] l'œuvre d'art se communique elle-même ». Ainsi, à la question « qu'est-ce qu'un livre classique ? », on peut répondre, avec Sainte-Beuve : une œuvre « contemporain[e] de tous les âges ». Echappant au contexte qui l'a vu naître, sans prétendre illusoirement à l'intemporalité, le classique traverse les modes et les aléas de l'histoire. Or, aux questions soulevées par Rebatet est inhérent un surcroît de sens permanent.

Quant au peu de critiques et à l'ignorance du public cultivé, on a pu avancer plusieurs raisons plus ou moins légitimes : le prix du roman, sa longueur, sa complexité, le rejet de certains libraires, l'importance donnée à la question religieuse, etc. Mais « l'indiscutable vérité est que Les Deux Etendards continue à être ignoré aujourd'hui à cause du black-out qui le frappe et que ce black-out a été imposé pour des raisons politiques. [...]. L'on veut surtout espérer que notre époque est suffisamment mûre et suffisamment affranchie des passions déclenchées par les événements de la seconde guerre mondiale pour enfin considérer objectivement et du seule point de vue littéraire un roman aussi important que celui de Rebatet, et ce d'autant plus qu'elle est particulièrement pauvre en chefs-d'œuvre ».

Les deux étendards sont donc un roman à la fois classique et méconnu du fait de la conspiration du silence engendrée par les opinions politiques de l'auteur. Rappelons simplement qu'Etiemble s'est fait exclure des Temps Modernes par Sartre au prétexte de la reconnaissance du génie littéraire de Rebatet. En sommes-nous encore à ce point ? La situation est peut-être pire car la conspiration du silence a fonctionné et s'est depuis muée, le relativisme aidant, en indifférence. En plus d'amoureux de la littérature, il nous faut trouver des esprits libres !

Gilles de Beaupte, merci et longue vie à votre association !

Mais nous n'avons pas encore évoqué Les Epis Mûrs ou Une Histoire de la musique !
 

The Coming Clash With Iran

When Gen. Michael Flynn marched into the White House Briefing Room to declare that “we are officially putting Iran on notice,” he drew a red line for President Trump. In tweeting the threat, Trump agreed.

His credibility is now on the line.

And what triggered this virtual ultimatum?

Iran-backed Houthi rebels said Flynn, attacked a Saudi warship and Tehran tested a missile, undermining “security, prosperity, and stability throughout the Middle East,” placing “American lives at risk.”

But how so?

The Saudis have been bombing the Houthi rebels and ravaging their country, Yemen, for two years. Are the Saudis entitled to immunity from retaliation in wars that they start?

Where is the evidence Iran had a role in the Red Sea attack on the Saudi ship? And why would President Trump make this war his war?

As for the Iranian missile test, a 2015 U.N. resolution “called upon” Iran not to test nuclear-capable missiles. It did not forbid Iran from testing conventional missiles, which Tehran insists this was.

Is the United States making new demands on Iran not written into the nuclear treaty or international law — to provoke a confrontation?

Did Flynn coordinate with our allies about this warning of possible military action against Iran? Is NATO obligated to join any action we might take?

Or are we going to carry out any retaliation alone, as our NATO allies observe, while the Israelis, Gulf Arabs, Saudis and the Beltway War Party, which wishes to be rid of Trump, cheer him on?

Bibi Netanyahu hailed Flynn’s statement, calling Iran’s missile test a flagrant violation of the U.N. resolution and declaring, “Iranian aggression must not go unanswered.” By whom, besides us?

The Saudi king spoke with Trump Sunday. Did he persuade the president to get America more engaged against Iran?

Senate Foreign Relations Committee Chairman Bob Corker is among those delighted with the White House warning:

“No longer will Iran be given a pass for its repeated ballistic missile violations, continued support of terrorism, human rights abuses and other hostile activities that threaten international peace and security.”

The problem with making a threat public — Iran is “on notice” — is that it makes it almost impossible for Iran, or Trump, to back away.

Tehran seems almost obliged to defy it, especially the demand that it cease testing conventional missiles for its own defense.

This U.S. threat will surely strengthen those Iranians opposed to the nuclear deal and who wish to see its architects, President Hassan Rouhani and Foreign Minister Mohammad Javad Zarif, thrown out in this year’s elections.

If Rex Tillerson is not to become a wartime secretary of state like Colin Powell or Dean Rusk, he is going to have to speak to the Iranians, not with defiant declarations, but in a diplomatic dialogue.

Tillerson, of course, is on record as saying the Chinese should be blocked from visiting the half-dozen fortified islets they have built on rocks and reefs in the South China Sea.

A prediction: The Chinese will not be departing from their islands, and the Iranians will defy the U.S. threat against testing their missiles.

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Wednesday’s White House statement makes a collision with Iran almost unavoidable, and a war with Iran quite possible.

Why did Trump and Flynn feel the need to do this now?

There is an awful lot already on the foreign policy plate of the new president after only two weeks, as pro-Russian rebels in Ukraine are firing artillery again, and North Korea’s nuclear missile threat, which, unlike Iran’s, is real, has yet to be addressed.

High among the reasons that many supported Trump was his understanding that George W. Bush blundered horribly in launching an unprovoked and unnecessary war in Iraq.

Along with the 15-year war in Afghanistan and our wars in Libya, Syria, and Yemen, our 21st-century U.S. Mideast wars have cost us trillions of dollars and thousands of dead. And they have produced a harvest of hatred of America that was exploited by al-Qaida and ISIS to recruit jihadists to murder and massacre Westerners.

Osama’s bin Laden’s greatest achievement was not to bring down the twin towers and kill 3,000 Americans but to goad America into plunging headlong into the Middle East, a reckless and ruinous adventure that ended her post-Cold War global primacy.

Unlike the other candidates, Trump seemed to recognize this.

It was thought he would disengage us from these wars, not rattle a saber at an Iran that is three times the size of Iraq and has as its primary weapons supplier and partner Vladimir Putin’s Russia.

When Barack Obama drew his red line against Bashar Assad’s use of chemical weapons in Syria’s civil war, and Assad appeared to cross it, Obama discovered that his countrymen wanted no part of the war that his military action might bring on.

President Obama backed down — in humiliation.

Neither the Ayatollah Khamenei nor Trump appears to be in a mood to back away, especially now that the president has made the threat public.

François Bousquet : Tout ce que Patrick Buisson n'avait pas encore dit

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François Bousquet : Tout ce que Patrick Buisson n'avait pas encore dit

François Bousquet est journaliste et écrivain. Il vient de publier un ouvrage qui fait déjà du bruit :”La droite Buissonière”. La démarche de l’auteur consiste à dépasser la caricature d’un Patrick Buisson, pygmalion ou gourou, affublé des habits de la réaction, sorte d’Edmond Dantes des droites qui viendrait venger les bannis de 1789, 1945 et 1962.

Dans un style alerte et brillant, François Bousquet décrit un homme authentiquement intelligent, porteur d’une vision du monde, qui a libéré la droite classique des interdits qu’elle avait intériorisés. L’auteur décrit les grandes dates qui ont marqué la jeunesse et la vie d’adulte de Buisson : l’Algérie, Minute, Sarkozy, la droite hors les murs. Il fait revivre avec talent les événements des 50 dernières années et démontre que le véritable combat du président de la chaîne Histoire, un combat mais aussi sa hantise, c’est la dislocation de la nation. Et pour exorciser cette crainte, il faut refaire France ! François Bousquet mène tambour battant l’histoire d’un homme qui a ses zones d’ombres, un homme clivant, forcément clivant, qui a changé le visage de la droite.

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vendredi, 03 février 2017

Russians Do Not Take Crap from Migrants Because They Lack 'White Guilt'

Russians are proud and tough, and like us also face a major demographic and immigration crisis. Unlike us, they recognize that immigrants are a threat

Originally appeared at American Renaissance

Americans have something to learn.

White people in the former Warsaw Pact countries still cherish their racial and cultural identities, and their politicians and citizens are trying to keep immigrants out. Even if we in America and Western Europe become extensions of the Third World, the countries behind the Iron Curtain will still be European.

I would like to discuss the most important of these countries: the Russian Federation. Here, people feel no white guilt. Why should they? While American blacks were demanding civil rights and reminding whites of slavery, Soviet citizens were suffering a kind of modern slavery. White privilege did not save the millions who disappeared in Stalin’s labor camps, nor did it help those who starved during the famines that he and his party bosses created. If American blacks or British Muslims had a taste of what Soviet citizens went through in the 1930s and 1940s, they would be glad they were American citizens and British subjects.

Russians are proud to be Russian. Their people have produced some of the greatest literary and intellectual giants in the history of the West, and Russians take their greatness for granted. They are a tough people who stopped the Grande Armée in the 19th century and the Wehrmacht in the 20th—both considered the most fearsome fighting forces of their time. Russians are proud and tough, and like us also face a major demographic and immigration crisis. Unlike us, they recognize that immigrants are a threat.

Immigrants to the Russian Federation come mostly from the former Soviet republics, which have sent an estimated 13 million people to Russia since the collapse of the Soviet Union in 1989. During the Soviet era, the government sent many Russians to live in outlying republics as a means of cultural and political control. In the early years after the collapse, immigration consisted largely of these ethnic Russians streaming back to the motherland. In 1991-92, for example, 81 percent of immigrants were Russian, but beginning in 1994, their numbers began to decline. By 2007, ethnic Russians represented only 32 percent of immigrants, and perhaps 10 to 13 percent of the rest were from Ukraine. The remainder were almost certainly from former republics such as Uzbekistan, Kyrgyzstan, and Tajikistan. Some of these people look almost white, but they are not Slavs, and many are culturally Asiatic. Now the greatest number of immigrants to Russia come from these Central Asian countries.

As in Yugoslavia after the end of authoritarian rule, long-festering ethnic conflict flared up after the Soviet collapse. In 1944, Stalin had removed Meskhetian Turks from his native republic of Georgia, deporting them to Uzbekistan. In 1989, Uzbek nationalists rioted against this group they saw as interlopers, and many Meskhetian Turks fled for their lives, in many cases to Russia.

Another fighting that broke out in the 1990s after the Soviet collapse sent yet more refugees to Russia. During the Nagorno-Karabakh conflict between Armenia and Azerbaijan, both Armenians and Azeris fled in large numbers to Russia. When Chechnya rebelled against Russian rule, both Slavic and non-Slavic people from Chechnya, Ingushetia, and Dagestan fled to Russia.

The demographic effects of migration are sometimes hard to quantify because of the effects of internal migration. Non-Slavic Russian citizens, such as Chechens, Ingush, Azeris, etc. are moving into Western Russia and are bringing cultural problems. Because these people hold Russian passports, their movements are not counted as immigration. Only 82.4 percent of Russian citizens are actually Slavs, and many non-Slavs seem intent on moving into the ancestral Slavic homelands.

There are now millions of temporary workers and illegal immigrants in Russia, though no one knows the exact number. Figures provided by the Russian Federal Migration Service and Human Rights Watch range from three to 10 million.

The Western media portray Russia in a very negative light, but life in Russia is much better than in Central Asia or in the Caucasus Mountains. In Moscow and other major Russian cities, migrants enjoy a higher standard of living than would be possible in their home countries. Typically, Central Asians work in the short-term labor market as construction workers, restaurant workers, and in small workshops in private homes. As the Russian migrant rights activist Lidiya Grafova put it (yes, even Russia has such people), it is good for business to hire cheap, powerless Tajiks.

The Russian view of immigrants

Russians do not like immigrants from the Caucasus and Central Asia, nor do they care much for their own Muslim citizens. Articles posted on Human Rights Watch and the liberal, Moscow-based SOVA Center for Information and Analysis suggest that Russians frequently attack immigrants. However, it is clear from the conversation with Russians and from local news stories that immigrants victimize Russians just as Mexicans and blacks victimize whites in America. According to Moscow’s commissioner of police, Vladimir Kolokoltsev, migrants are responsible for 70 percent of the crime in that city, and the crime rate keeps growing. He noted that Central Asians are especially prone to rape, and that rape had increased 79 percent from 2013 to 2014. Attacks and robberies by Central Asians are a staple of conversation in big cities.

Immigrants to the Russian Federation come mostly from the former Soviet republics, which have sent an estimated 13 million people to Russia since the collapse of the Soviet Union in 1989. During the Soviet era, the government sent many Russians to live in outlying republics as a means of cultural and political control. In the early years after the collapse, immigration consisted largely of these ethnic Russians streaming back to the motherland. In 1991-92, for example, 81 percent of immigrants were Russian, but beginning in 1994, their numbers began to decline. By 2007, ethnic Russians represented only 32 percent of immigrants, and perhaps 10 to 13 percent of the rest were from Ukraine. The remainder were almost certainly from former republics such as Uzbekistan, Kyrgyzstan, and Tajikistan. Some of these people look almost white, but they are not Slavs, and many are culturally Asiatic. Now the greatest number of immigrants to Russia come from these Central Asian countries.

As in Yugoslavia after the end of authoritarian rule, long-festering ethnic conflict flared up after the Soviet collapse. In 1944, Stalin had removed Meskhetian Turks from his native republic of Georgia, deporting them to Uzbekistan. In 1989, Uzbek nationalists rioted against this group they saw as interlopers, and many Meskhetian Turks fled for their lives, in many cases to Russia.

Another fighting that broke out in the 1990s after the Soviet collapse sent yet more refugees to Russia. During the Nagorno-Karabakh conflict between Armenia and Azerbaijan, both Armenians and Azeris fled in large numbers to Russia. When Chechnya rebelled against Russian rule, both Slavic and non-Slavic people from Chechnya, Ingushetia, and Dagestan fled to Russia.

The demographic effects of migration are sometimes hard to quantify because of the effects of internal migration. Non-Slavic Russian citizens, such as Chechens, Ingush, Azeris, etc. are moving into Western Russia and are bringing cultural problems. Because these people hold Russian passports, their movements are not counted as immigration. Only 82.4 percent of Russian citizens are actually Slavs, and many non-Slavs seem intent on moving into the ancestral Slavic homelands.

There are now millions of temporary workers and illegal immigrants in Russia, though no one knows the exact number. Figures provided by the Russian Federal Migration Service and Human Rights Watch range from three to 10 million.

The Western media portray Russia in a very negative light, but life in Russia is much better than in Central Asia or in the Caucasus Mountains. In Moscow and other major Russian cities, migrants enjoy a higher standard of living than would be possible in their home countries. Typically, Central Asians work in the short-term labor market as construction workers, restaurant workers, and in small workshops in private homes. As the Russian migrant rights activist Lidiya Grafova put it (yes, even Russia has such people), it is good for business to hire cheap, powerless Tajiks.

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The Russian view of immigrants

Russians do not like immigrants from the Caucasus and Central Asia, nor do they care much for their own Muslim citizens. Articles posted on Human Rights Watch and the liberal, Moscow-based SOVA Center for Information and Analysis suggest that Russians frequently attack immigrants. However, it is clear from the conversation with Russians and from local news stories that immigrants victimize Russians just as Mexicans and blacks victimize whites in America. According to Moscow’s commissioner of police, Vladimir Kolokoltsev, migrants are responsible for 70 percent of the crime in that city, and the crime rate keeps growing. He noted that Central Asians are especially prone to rape, and that rape had increased 79 percent from 2013 to 2014. Attacks and robberies by Central Asians are a staple of conversation in big cities.

Russians especially dislike Chechens. During the Chechen wars of the 1990s and 2000s, the Western media portrayed Chechens as the good guys fighting for independence. Chechens, with help from Islamic insurgents from the Middle East, terrorized the local civilians, used women and children as human shields, kidnapped and tortured civilians, and killed Russian prisoners-of-war.

Chechnya has also gone through a kind of ethnic cleansing. In 1989, the census counted 269,130 Russians and 11,884 Ukrainians in Chechnya, together making up 25.9 percent of the population. As of 2010, virtually all of those people were gone—either dead or driven away by Chechen death squads and Arab helpers—and Russians and Ukrainians now make up barely 3 percent of the population.

In addition to Central Asian and Caucasian immigration, there are rumors that Siberia is turning Chinese. Much of this information is unreliable or speculative, but if even a fraction of what is said about Chinese moving into Siberia is true, the Russian Federation faces serious, long-term problems in the East. Estimates of the number of Chinese living in Siberia vary, ranging from Russian figures of 35,000 up to Taiwanese claims of one million. In any case, China is a lot closer to Siberia than European Russia is, meaning that China can more easily project force into a region that is rich in coal, iron, manganese, lumber, and petroleum. If China has, say, a few hundred thousand citizens in Siberia, that constitutes a fifth column in a region with few Russians. If China’s governing elite needs an outside enemy to distract the people’s attention from problems at home, a defenseless and rich Siberia would be a good place to start a conflict.

Russia and China now act as though they are great allies, but they are united only by the fact that they hate the United States. An alliance based on mutual hatred of a third party is a weak one that can easily fall apart. The fact that China is still smarting from a long period of foreign colonialism, in which Russia exploited the Chinese just as much as the British or the Japanese, makes the Chinese a very dangerous partner for the Russians.

How Russians deal with immigrants

Because of the migrant waves of the last decade, the Chechen wars, and rumors of the Chinese influx into Siberia, Russians insist that the government take action. In 2011, Vladimir Putin banned foreign laborers from working as traders in kiosks and markets, and those who break this law can be deported. Since 2013, 513,000 foreigners have been deported by Russian courts, and 1.7 million have been banned from re-entering the country. A deportation hearing takes between three and five minutes, with the judge ruling against the defendant 70 percent of the time. After the judge issues his ruling the violator has no right of appeal and is quickly expelled.

Russia uses deportation and immigration as a political weapon. In September 2006, Georgia arrested four Russian officers for espionage. The Kremlin took great offense and claimed the officers were not spies. Russia recalled its ambassador and then cut all rail, road, and sea links to Georgia and stopped issuing visas to Georgian citizens. This was followed by several high-profile raids on Georgian businesses and places where Georgians congregate. In two months 2,380 Georgians were deported and another 2,000 returned on their own. The Russians officers arrested by Georgia were home in just a few days. There are lessons here for the United States.

Russians are still not satisfied with government action against immigrants. This is not surprising, given the corruption and inefficiency of Russian government institutions. Russians are therefore starting to take matters into their own hands.

On two different occasions in 2010, groups of Chechen men attacked and killed Russian citizens. In both cases, the killers were initially let off, amid suspicions that Chechens had bribed the police (a year later, one of the killers was eventually convicted). Russians were furious over the killings, and on December 11th there were protests across the country. The largest was in Moscow, where as many as 50,000 people may have taken part. The protest soon turned into a riot and Russians began attacking immigrants, killing 24 and injuring many more.

In 2013, there were further riots in Biryulyovo, just south of Moscow, after an Azeri man stabbed a Russian to death. Rioters shouted “White Power” and “Russia for Russians.” Some ransacked a wholesale vegetable market looking for immigrants to attack.

When the police do not do a good enough job of enforcing immigration law, Russians enforce it themselves. In April 2016, activists from the National Conservative Movement organized a project called “We Are Moscow,” in which they checked the documents of immigrant food sellers and turned violators over to the police. Similar raids on illegal food sellers have been carried out in St. Petersburg. In August, activists joined police in a sweep of homes of illegal immigrants in St. Petersburg, dragging them out into the streets and arresting them.

Russians have long memories of invaders. They suffered under the Mongolian Golden Horde and later at the hands of the Poles after the death of Ivan IV. They remember the French and the German invasions, and in today’s Central Asian immigrants they see the modern equivalent of the Golden Horde. Russians still have pride in their nation and people and have a government that is at least moderately responsive to their desires. Even if the United States loses its European character, Russians are determined to remain masters in their own home.

Reprinted from Russia Insider.

jeudi, 02 février 2017

Fête de Sadeh

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Fête de Sadeh

Grandes festivités universelles du feu

Babak Ershadi

Ex: http://www.teheran.ir 

Sadeh (qui veut dire littéralement "centaine" en persan) est la fête de l’apparition du feu, une centaine de jours après la fin de l’été ou une centaine de jours avant le début du printemps, selon la légende. La fête de Sadeh est une fête aussi ancienne que Norouz ou Mehregân. Elle était la plus grande fête du feu de l’antiquité iranienne et également l’une des plus grandes solennités des Perses. A ce titre, elle était célébrée avec magnificence et par des cérémonies publiques. Lorsqu’arrivait le soir de la fête, au dixième jour du mois de Bahman (onzième mois du calendrier persan), sur toute l’étendue du vaste territoire de la Perse antique, la population en liesse célébrait la fête en allumant des feux sur les collines et sur les toits. Les gens se rassemblaient autour des feux et priaient ensemble pour le retour de la saison chaude. Venait ensuite le moment des spectacles, des jeux et des chants d’allégresse autour des feux.

L’histoire de la fête de Sadeh remonte à la plus haute Antiquité. Dès l’origine, Sadeh fut une festivité populaire puisant ses sources dans l’observation par l’homme des changements cycliques des conditions climatiques pendant une année, durée conventionnelle voisine de celle d’une révolution complète de la Terre autour du Soleil. Initialement, la fête de Sadeh n’avait donc aucune origine ethnique ou religieuse : elle était une festivité populaire appartenant à tout le monde, animée du souffle d’un sentiment "cosmique" dans le sens philosophique du terme : sentiment d’appartenir à l’univers considéré comme un système bien ordonné. La fête de Sadeh était célébrée en des temps immémoriaux, et ses sources remontent à une époque si ancienne qu’elle s’est effacée de la mémoire collective. Cette ancienneté est, en réalité, la raison principale de l’hétérogénéité des récits et des légendes que relatent les documents anciens sur les origines de Sadeh, documents qui ne manquent pas d’ailleurs de se contredire parfois concernant la date de l’apparition de la fête de Sadeh.

Dans la mythologie iranienne, la légende attribue l’instauration de la fête de Sadeh au roi Houchang. Dans son "Livre des rois", le poète épique iranien Ferdowsî dépeint la scène de la découverte du feu par l’homme : un jour, le roi Houchang et son cortège suivaient leur chemin au pied de la montagne. Le roi vit un grand serpent noir sur un rocher. Il descendit de cheval, prit une petite pierre et la lança vers le serpent qui avait effrayé les chevaux. La pierre ne toucha pas le serpent, mais le caillou qu’avait lancé le roi Houchang était une pierre à feu, et heurta brusquement une autre pierre à fusil sur le rocher. Le contact brusque des deux petits morceaux de pierre fit jaillir des étincelles. Le serpent prit la fuite, mais les étincelles qui jaillissaient de la pierre mirent le feu à un petit arbrisseau. Le roi Houchang se prosterna devant Dieu et le remercia pour lui avoir appris comment faire du feu. Le dixième jour du mois de Bahman, nous dit Ferdowsî, est devenu ainsi la fête du feu, car l’homme est le seul être qui fasse du feu, ce qui lui a donné l’empire du monde.

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Abû Raihân al-Bîrûnî (973-1048), savant, philosophe, voyageur et historien, a relaté dans Les signes restants des siècles passés (الآثار الباقیة عن القرون الخالیة) et son Comprendre la science de l’astronomie (التفهیم لصناعة التنجیم), que est le roi Fereydoun qui a donné l’ordre, pour la première fois, d’allumer des feux sur les toits. Dans son ouvrage consacré à l’astronomie, Omar Khayyâm (1048-1131) a écrit : "Fereydoun instaura la fête de Sadeh le jour où il vainquit Zahak. Le peuple émancipé de l’oppression de Zahak célébra la fête. Dès lors, les Iraniens et les habitants des pays voisins célèbrent chaque année cette fête pour commémorer les bons rois des époques lointaines."

Les Perses célébraient la fête de Sadeh, une centaine de jours après le début de la saison froide. Ils croyaient que cent jours après le début de la saison froide, l’hiver commençait peu à peu à s’affaiblir. Pour eux, l’hiver était un symbole de stagnation et de chaos, œuvres du diable (Ahriman). Les gens se réunissaient donc dans la plaine, à l’extérieur de leurs villes et villages, pour faire un grand feu au crépuscule. Selon les Perses anciens, le feu était un rayon de la lumière divine et luttait contre le froid. La tradition de faire un grand feu pour la fête de Sadeh s’est institutionnalisée, pour la première fois, à l’époque de la dynastie des Sassanides.

Dans le calendrier ancien des Perses, la fête de Sadeh était célébrée cent jours après le début de la saison froide, et quarante jours après le début de l’hiver. Selon les croyances populaires qui puisent leurs racines dans les légendes mythologiques, au quarantième jour de l’hiver, la terre qui s’est endormie depuis le début de la saison froide, reprend souffle et arrive enfin à respirer. La fête a été appelée "Sadeh" (qui veut dire littéralement "centaine" en persan) car cinquante jours et cinquante nuits après cette fête, commence le printemps.

Selon certains autres récits sur l’origine de la fête de Sadeh, la fête a été appelée ainsi car, dans l’ancien calendrier des Perses, il n’y avait que deux saisons : un été de 210 jours et un hiver de 150 jours. La fête de Sadeh comptait d’une part le centième jour de l’hiver, elle arrivait une centaine de jours avant que ne poussent les céréales, vers le mois de mai (Ordibehesht).

En 226 de notre ère, un grand seigneur perse, Ardeshîr Ier, se rebella contre les Parthes, les battit à la bataille d’Ormuz (en 224 ap. J.-C.) et fonda une nouvelle dynastie perse, les Sassanides. Il fit du zoroastrisme la religion officielle de la Perse. Selon Abu Reyhan al-Birûnî, c’est Ardeshîr Ier qui fit de la fête de Sadeh une fête solennelle. Dans son ouvrage, il relate que cette fête était appelée "Sadeh" (centaine), car le jour de la fête se situait, dans le calendrier ancien, cinquante jours et cinquante nuits avant le début du printemps. Selon des légendes plus anciennes, la fête de Sadeh était le jour où le nombre des enfants du roi Kiyoumars (premier homme et père de la race humaine dans la mythologie perse) était arrivé à cent, et ce jour-là, ils choisirent l’un d’entre eux comme roi.

Le chercheur contemporain, Mehrdâd Bahâr présente une autre théorie pour expliquer l’étymologie du mot "Sadeh" : Selon lui, dans le persan ancien, le mot "Sadeh" voulait dire "apparition", et il était célébré quarante jours après la fête de Yaldâ, la nuit qui précède le premier jour de l’hiver dans l’hémisphère nord, considéré comme jour anniversaire de la naissance du Soleil. Mehrdâd Bahâr écrit : "La fête de Sadeh était célébrée quarante jours après le début de l’hiver. Le même jour, il existait une autre fête avec une origine différente : une fête du feu puisant ses racines dans le mithraïsme, culte de Mithra, dieu de la lumière et de la sagesse dans la Perse antique, qui est devenu plus tard l’une des religions principales de l’Empire romain et le rival du christianisme dans le monde romain. Si la fête de Yaldâ célébrait la naissance du Soleil, la fête de Sadeh était la fête du quarantième jour de sa naissance, comme il est de coutume chez les Iraniens, depuis des temps immémoriaux, de célébrer le quarantième jour d’un événement important." Dans sa recherche étymologique, Mehrdâd Bahâr rappelle que dans l’Avesta, les écritures sacrées zoroastriennes des anciens Perses, le mot "Sadheh" (سذه) a été utilisé à la fois comme "aube" et "crépuscule". Selon les légendes avestiques, il y a cinq mille ans, un événement astronomique se produisit et il devint l’origine de la fête de Sadeh : deux grands astres connus des gens de l’époque apparurent en même temps dans le ciel, l’un en ascension droite, l’autre en déclinaison finale. L’apparition et la disparition de ces deux astres en même temps, créèrent l’idée de la "dualité", notion chère dans l’esprit et les croyances mythiques des Perses d’où, selon Mehrdâd Bahâr les deux significations contradictoires et dualistes du mot Sadeh ou Sadheh dans les textes avestiques.

De nos jours, la fête de Sadeh est célébrée uniquement dans les temples zoroastriens. Cependant, malgré les grands efforts des zoroastriens pour protéger les cérémonies de la fête de Sadeh, une grande partie des us et des coutumes de cette fête ancienne a disparu avec le temps.

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Cérémonies festives de Sadeh

Dans les temps anciens, la cérémonie festive la plus importante de Sadeh était d’allumer un grand feu. La somptuosité de la fête dépendait fondamentalement du feu allumé le dixième jour et le onzième soir du mois de Bahman. Les rois et les grands seigneurs faisaient préparer un très grand feu de bois de tamarix (Gaz), arbuste originaire des pays d’orient. Le feu était parfois si grand que l’on pouvait le voir de très loin. Le célèbre historien de l’époque de la dynastie des Ghaznavides au XIe siècle Beyhaghî relate dans l’un de ses ouvrages que le sultan Massoud de Ghaznî avait fait préparer un très grand feu en l’an 426 de l’Hégire pour la fête de Sadeh, feu dont la lumière était visible, dans la nuit, à une distance d’une dizaine de lieues (environ 40 km). Les grands feux de Sadeh étaient souvent allumés à l’extérieur des villages, dans les plaines, sur les collines ou sur les montagnes. Mais la fête de Sadeh n’était pas seulement une fête royale, car les petites gens aussi la célébraient avec magnificence. Hommes, femmes et enfants sautaient par dessus les feux et chantaient des chants d’allégresse. Aujourd’hui, les zoroastriens célèbrent majestueusement la fête de Sadeh. Ce sont les mages qui allument les premiers feux. Tenant une petite torche à la main, le mage prie et tourne trois fois autour du bois ; il allume ensuite le feu avec sa torche. Les cérémonies, les chants et les jeux s’organisent autour du feu, dans une ambiance de joie et d’allégresse.

Etendue géographique de la fête de Sadeh

La fête de Sadeh était célébrée autrefois dans une vaste étendue géographique, de l’Anatolie, région de l’ouest de l’Asie qui désignait dans l’Antiquité l’Asie Mineure (qui recouvre aujourd’hui l’ensemble de la Turquie d’Asie) à Sin-Kiang, province occidentale de la Chine, en passant par l’ensemble du monde iranien. Les documents historiques témoignent que dans cette vaste partie du monde, la fête de Sadeh était connue des habitants de races, de cultures et de religions différentes, tout comme la fête de Norouz marquant le début du printemps. Aujourd’hui, la fête de Sadeh est propre surtout aux milieux ruraux : les habitants des régions du nord-ouest de la région iranienne du Khorasan, certains groupes ethniques en Afghanistan, en Asie centrale, au Kurdistan iranien, irakien et turc, les habitants des villages du plateau central de l’Iran et les tribus nomades des provinces iraniennes du Lorestan, de Kerman et d’Azerbaïdjan célèbrent encore la fête de Sadeh.

Sadeh à des périodes historiques différentes

Avant la période sassanide :

Comme nous l’avons déjà évoqué, Ferdowsî attribue l’apparition de la fête de Sadeh au roi légendaire Houchang, tandis que pour Abû Raihân al-Bîrûnî et Omar Khayyâm, l’histoire de l’apparition de cette fête remonte au grand roi de la mythologie perse Fereydoun. Les auteurs anciens sont plus ou moins unanimes pour dire que c’est à partir du règne d’Ardeshîr Ier, fondateur de la dynastie sassanide, que la fête de Sadeh fut considérée comme une fête générale dans le calendrier royal.

Pendant la période islamique :

Les grands auteurs de la période islamique tels que al-Bîrûnî, Beyhaghî, Gardizî, ou encore Mekouyeh ont décrit les évolutions des cérémonies de célébration de la fête de Sadeh depuis la dynastie des Ghaznavides (XIe siècle) jusqu’à l’invasion mongole de Gengis Khan et de Tamerlan (XIIe et XIVe siècles). La plupart des documents historiques de cette période décrivent les cérémonies de la fête de Sadeh à la cour des rois perses et des sultans d’origine turque, sans nous donner cependant beaucoup de détails quant à la manière dont le peuple la célébrait.

A l’époque contemporaine :

Dans les régions telles que le Mazandaran, le Lorestan ou le Sistan et le Baloutchistan, les paysans, les éleveurs ou les tribus nomades choisissent un jour de l’hiver, plutôt vers le début ou vers la fin, pour allumer des feux au coucher du soleil, sur le toit d’une maison, au pied de la montagne, près d’un lieu de culte, ou encore près d’une prairie ou d’un champ, sans connaître pour autant la fête de Sadeh, son histoire ou ses cérémonies.

A Kermân, ville du sud-est de l’Iran, chef-lieu de la province du même nom, la population, toutes religions confondues (musulmans, zoroastriens, juifs, …) organise chaque année des cérémonies spéciales le dixième jour du mois de Bahman pour célébrer la fête de Sadeh. Les éleveurs nomades de la province de Kermân, ceux qui vivent aux alentours de Bâft et Sirdjan, allument des feux avec quarante bois, symbole du quarantième jour de l’hiver, au coucher du soleil. Les paysans de la même région allument leurs feux sur la place centrale de leur village, et ils chantent ensemble :

(سده سده دهقانی / چهل کنده سوزانی / هنوز گویی زمستانی)

Sadeh, Sadeh des paysans,

Nous allumons quarante bouts de bois,

Comme si l’hiver allait durer encore très longtemps.

D’après les documents et les ouvrages historiques, la fête de Sadeh est demeurée dépourvue de dimension religieuse, d’autant plus que les légendes et les mythes liés à cette fête ancienne ont tous un aspect profane. Cet héritage culturel appartient donc non seulement aux zoroastriens, mais à tous les Iraniens, héritage que partage également une grande partie des populations des pays voisins de l’Iran.

Du christianisme et de la défense identitaire de l’Europe

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Du christianisme et de la défense identitaire de l’Europe

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Deux ouvrages à la ligne opposée, « Identitaire, le mauvais génie du christianisme » d’Erwan Le Morhedec (Les éditions Cerf) et « Eglise et immigration, le grand malaise » de Laurent Dandrieu, ont relancé le débat sur la compatibilité ou l’incompatibilité entre le combat identitaire et l’affirmation chrétienne, et notamment catholique.

Le premier refuse toute affirmation identitaire englobant le christianisme dans sa réflexion, refusant toute alliance entre « le marteau de Thor et la croix » pour le citer. Son christianisme est celui de l’antiquité pré-constantinienne lorsque la nouvelle religion était à peine sortie de sa matrice proche-orientale. C’est le discours de Saül de Tarse sur l’ouverture à l’Autre et la conversion des gentils. Le second au contraire veut réaffirmer l’identité européenne associée au christianisme, mais se rend parfaitement compte que ce qu’il propose est à l’opposé de l’idéologie promue par le pape et la plupart des évêques et prêtres depuis Vatican II.

Indiscutablement, le christianisme qui s’identifie à l’Europe n’est pas celui de l’antiquité, puisqu’il faudra attendre Constantin pour que le christianisme s’implante réellement en Europe, sachant qu’en 313, date supposée de sa conversion suite à sa victoire du Pont Milvius (sur Maxence), il n’y avait qu’1% de chrétiens parmi la population de l’Europe romaine. Le christianisme représentait une forte minorité en Cappadoce et surtout à Antioche, Alexandrie et Carthage, chez les anciens ennemis de Rome qui n’avaient été vaincus qu’en apparence et reprenaient ainsi leur revanche.

Or le christianisme de Constantin n’est pas celui des premiers chrétiens fait de pardon aux offenses, de martyrat et d’attente messianique de la parousie, une « fin des temps » qui devait être imminente. C’est un « christianisme solaire », expression qui insupporte Erwan Le Morhedec, à savoir la fusion du dieu païen du soleil, Apollon (pour simplifier), et de Jésus, prêtant à ce dernier des traits nordiques qu’on retrouve sur le Christ d’Amiens par exemple. Une représentation au Latran montre ainsi Jésus en train de conduire le char du soleil. Pour faire accepter aux païens le christianisme, Constantin paganise ce dernier, le confondant avec l’Un de Plotin, avec le Soleil Invincible (Sol Invictus) et/ou avec Jupiter en personne. Il attribue à Jésus les fêtes du soleil, équinoxe de printemps (« Pâques ») et solstice d’hiver (« Noël), et le dimanche, jour du soleil (soldi).

Même si ce christianisme solaire amène au fur et à mesure à la persécution massive des Européens païens jusqu’à la conversion totale du continent, qui ne sera accomplie qu’en 1386 après J.C, lorsque le roi lituanien Jogaila (Jagellon) adoptera le catholicisme, c’est la religion qui a reforgé l’Europe après l’abandon forcé de son paganisme national, qui est resté néanmoins vivant dans le cœur de tous les hommes de lettres et de tous les artistes. Le « christianisme des catacombes » n’est pas celui des Européens, qui est au contraire celui de la Reconquista (en Espagne puis dans les Balkans) et des croisades. Ce christianisme que prône le pape François n’est pas le nôtre.

Or le christianisme constantinien, qui a survécu dans l’Europe orthodoxe, a été abandonné en deux phases par l’Europe catholique. En effet, le protestantisme qui est un retour aux évangiles, a justement reproché à l’Eglise d’être encore bien trop païenne. Il faut lire la haine de Luther contre Rome pour se rendre compte de ce qui est visé. Pour contrer la Réforme, par le biais du concile de Trente, l’Eglise décide alors d’engager une « nouvelle évangélisation » de l’Europe restée catholique. Elle consiste à dépaganiser le catholicisme, à mettre fin à ce pagano-christianisme médiéval qu’on nomme en russe la « double foi » (dvoeverie).

ELM-ID-9782204109307.jpgLa conséquence immédiate et imprévue de cette dépaganisation a été une déchristianisation, notamment en France. Coupée des racines païennes sur lesquelles le christianisme de Constantin s’était apposée comme un vernis sur un ongle, le catholicisme dépérissait et cela a été le cas jusqu’à aujourd’hui. Dans ce conflit, le protestantisme a donc vaincu, même là où on pensait qu’il avait échoué. Le protestantisme s’est même emparé du Vatican. Seule l’Europe orthodoxe, plus païenne de fait, y a échappé pour le moment.

Que dit désormais le pape François, qui est censé incarner la ligne officielle de l’Eglise ? Qu’il faut accueillir les migrants, même musulmans, et il a montré l’exemple. Qu’il faut même les défendre davantage que les chrétiens d’orient qui eux sont des victimes privilégiées de l’islamisme. Qu’il faut que les Européens ne cherchent surtout pas un « sauveur qui nous rende notre identité », un tel sauveur étant naturellement assimilé par le pape à Hitler. Qu’il faut dialoguer et non se protéger avec des murs. Ce discours masochiste qui consisterait pour l’Europe, au nom de son christianisme, à se dépouiller, à s’humilier, est odieux.

Tout comme la plupart des partis politiques, surtout de gauche, comme la plupart des syndicats et des loges maçonniques, le discours des Eglises est anti-européen. L’association chrétienne Caritas agit systématiquement en faveur des migrants, alors que les sans-logis européens sont largement ignorés. L’Européen indigène n’est vu que comme un coupable qui doit expier. Il lui est interdit de s’affirmer fier de ce qu’il est, de la grande civilisation dont il est issu. Il doit demander pardon. Non seulement le protestantisme s’est imposé au niveau du dogme, mais l’égalitarisme marxiste est venu en renfort.

Depuis longtemps, l’Eglise a toujours su céder devant les forts et mépriser les faibles. Alors qu’elle a pactisé avec le fascisme et le national-socialisme, par peur du communisme mais aussi par peur du fascisme européen en général, qui était déterminé à terme sans doute à lui régler son compte, elle a condamné l’Action Française de Maurras en 1926, qui était fort peu dangereuse et bien loin du pouvoir en France, une AF qui défendait la tradition catholique contre le retour aux évangiles, définis comme un « venin ». Maurras condamnait d’ailleurs notamment le protestantisme au nom de la tradition latine et du pagano-christianisme.

Nous constatons donc que, contrairement à la tradition chrétienne européenne, qui naît avec Constantin et commence sa marche vers le tombeau à partir de la Renaissance, sous les coups du protestantisme et aussi du retour de l’antiquité païenne dans les esprits, le christianisme contemporain, sauf l’orthodoxie, a décidé de renier l’Europe à laquelle il doit tout pour non seulement accepter la disparition de l’Europe mais pour soutenir ce processus. Cette trahison de l’Eglise pose la question de l’attitude que la résistance identitaire européenne doit adopter à son égard. Nous analyserons ce point dans une seconde partie.

Laurent Dandrieu, dans son ouvrage précédemment cité, explique son désarroi face à une Eglise qui renonce à défendre l’Europe. Cette phrase de son prologue est terrible : « Et pour que l’on ne puisse pas dire que le jour où les Européens auront voulu sauver leur continent du suicide, ils aient trouvé sur le chemin un obstacle insurmontable : l’Église catholique. » Venant d’un chrétien européen, soucieux de défendre son identité, le propos est explicite. Il s’agit pour lui de sauver l’Église malgré elle d’une dérive humanitariste. Là où il se trompe sans doute ou parce qu’il n’ose pas l’écrire, c’est qu’il ne s’agirait pas d’un obstacle insurmontable.

Car si demain les Européens se réveillent et décident enfin de sauver leur continent à la dérive, alors rien ne les arrêtera et certainement pas l’Église. Face à un peuple résolu, elle courbera sans doute l’échine comme à chaque fois qu’elle s’est retrouvée face à une puissance redoutable en face d’elle. Mais pour autant cela ne l’exonérerait pas de ses responsabilités dans la situation actuelle à laquelle nous souhaitons mettre fin. Avoir servi l’Anti-Europe avec zèle ne pourrait rester impuni. Jadis elle avait été sauvée de Garibaldi par les troupes de Napoléon III. Jadis elle avait su triompher du prince humaniste Frédéric II (Hohenstaufen). Et Mussolini lui-même, antichrétien forcené et nietzschéen dans sa jeunesse, avait pérennisé son État par les accords du Latran en 1929. Qui sera là pour la protéger cette fois ?

Quelle peut alors être la réponse identitaire des Européens face à cette église qui non seulement ne se met pas à leurs côtés mais se place face à eux, contre eux même ? Il n’y a que deux réponses possibles, un christianisme de résistance ou un paganisme de combat. Les deux options sont complémentaires et pourraient alors constituer cette alliance européenne « entre le glaive de Mars et la croix du Christ ». Mais cette alliance ne peut exister que si un compromis essentiel entre les deux camps est alors signé.

Première option. Face à l’Église, les chrétiens européens font désertion et lui opposent une Église de résistance, suffisamment forte pour faire céder le Vatican à terme, en lui imposant sa ligne. Cela voudrait dire élire un autre pape dissident, comme cela a pu arriver au moyen-âge, qui nommerait des évêques dissidents, avec ses églises dissidentes. Il s’agirait donc d’une scission mais qui, à la différence de celle de Lefebvre, ne serait motivée que par la volonté explicite de défendre l’Europe. Elle rejetterait donc la lecture humanitariste des évangiles au profit de la tradition pagano-chrétienne, du christianisme européen constantinien. Certains catholiques déjà passent au christianisme orthodoxe, tellement les positions actuelles de l’Église catholique les dégoûtent. Il s’agirait de faire à l’échelle de l’Europe occidentale l’équivalent d’un gallicanisme à l’échelle de la France, un euro-christianisme de rupture avec l’universalisme dominant actuel.

Le point faible du pagano-christianisme, c’est qu’il perd sa magie dès qu’il est révélé. Le paysan médiéval pouvait être pagano-chrétien, car il se pensait ainsi bon chrétien. Il répétait les rites antiques et les prières aux dieux grimés en saints de substitution. Il voyait la terre-mère derrière les traits de Marie mais d’une manière inconsciente. Or aujourd’hui nous connaissons ce pagano-christianisme, et on pourrait presque l’appeler un paganisme christianisé. Nous savons donc que notre bon vieux paganisme a été recouvert à partir de l'empereur Constantin d’un vernis chrétien. Peut-on sciemment y revenir une fois qu’on le sait ?

LD-EGL.jpgSeconde option, la rupture. A partir de la Renaissance notamment, certains penseurs ont théorisé le retour au paganisme européen, ce dernier étant de mieux en mieux connu par deux siècles d’études historiques à son propos, jusqu’à en découvrir la matrice indo-européenne avec notamment Georges Dumézil. Des organisations païennes émergent ainsi dans toute l’Europe, se revendiquant des traditions locales, que ce soit du druidisme (Draoicht), du paganisme germano-scandinave (Asatru), du paganisme slave (Rodnoverie), du paganisme grec (Hellenismos) ou de la religion romaine (Religio Romana). L’Eglise est bien consciente d’ailleurs que la réponse identitaire des Européens pourrait être la résurrection de l’antique paganisme. Au bord du tombeau, comme l’avait annoncé Nietzsche, l’Europe se ressaisira et se relèvera dans un sursaut salvateur. Je suspecte les actuelles autorités catholiques de comprendre qu’un tel mouvement peut arriver, va arriver, et qu’il s’agit de s’en prémunir en sacrifiant l’Europe, prévoyant déjà son avenir en Afrique, en Amérique méridionale et en Asie. Cela voudrait dire que par peur du paganisme, le Vatican s’allierait implicitement avec d’autres forces et ferait ainsi les yeux de Chimène au second monothéisme universel dont la présence en Europe ne cesse d’inquiéter.

Qu’on choisisse le retour au paganisme (indo-)européen ou qu’on choisisse le retour au christianisme européen constantinien est affaire de choix personnel, de conviction et même de croyance. Dans les deux cas, la même volonté de protéger l’identité de l’Europe et des Européens est présente, même si elle se manifeste autrement. Mais ces deux choix doivent être complémentaires. Le païen européen moderne doit traiter le chrétien européen en frère et réciproquement. Le premier ne doit pas voir dans le second un « oriental en religion » et le second ne doit pas voir dans le premier un « suppôt de Satan ». L’intolérance chrétienne vis-à-vis du paganisme doit donc cesser, et cessera ainsi en retour le mépris païen vis-à-vis du christianisme européen.

Le seul obstacle que je vois à cette nécessaire réconciliation identitaire, euro-chrétienne et euro-païenne, qui existe déjà de fait en Russie, est la soumission aux injonctions du pape d’encore bien trop d’Européens, et aussi le manque de sérieux de trop nombreuses organisations païennes actuellement, à qui il manque l’équivalent d’un souverain pontife pour coordonner leurs actions.

Autre obstacle enfin, et non des moindres. La vérité historique. Beaucoup d’Européens catholiques, surtout parmi les plus identitaires, ont du mal à accepter que la christianisation de l’Europe n’ait pas été le roman mensonger qui leur a été vendu. Elle n’a été ni rapide ni pacifique. Elle a duré des siècles et à chaque fois a été matérialisée par des lois liberticides et des persécutions contre les Européens indigènes souhaitant conserver leur foi polythée. Pour quelqu’un comme moi, qui a étudié très précisément les conditions de l’émergence du christianisme dans l’empire romain et les conditions réelles de son succès, voilà quelque chose dont je n’accepte pas le déni.

Ces obstacles devront être surmontés. Tous les Européens ont vocation à combattre unis par un même drapeau identitaire, celui de l’Europe, et alors chrétiens et païens européens seront côte à côte, avec aussi les européens musulmans des Balkans et du Caucase et tous les européens israélites aussi attachés à leur patrie européenne qu’à leur patrie proche-orientale.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Presseschau Februar 2017

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Presseschau
Februar 2017
 
Wieder einige Links. Bei Interesse anklicken...
 
AUßENPOLITISCHES
 
Globale Verschuldung steigt auf 325 % der Wirtschaftsleistung
 
Studie zu sozialer Ungleichheit
Acht Menschen reicher als Hälfte der Welt
 
Wirtschaftsgipfel in Davos
Die vier Krankheiten des Kapitalismus
Die größte Sorge der Elite sind fallende Börsenkurse - normalerweise. Doch beim Wirtschaftsforum in Davos ist 2017 alles anders. Was Manager und Politiker diesmal umtreibt, ist viel schlimmer.
 
IWF-Bericht
Griechenlands Schuldenlast langfristig "explosiv"
 
Wagenknecht für Nato-Auflösung und Sicherheitsbündnis mit Rußland
 
"Das Jahr der Patrioten" - Treffen EU-kritischer Parteien in Koblenz (JF-TV Reportage)
 
Obamas Knieschuß
von Thomas Fasbender
 
„Das Zittern der Kollaborateure“ – FPÖ-Außenpolitiksprecher Dr. Johannes Hübner im ZUERST!-Gespräch
 
Alexander Van der Bellen
Österreichs neuer Präsident bekennt sich zu Europa
 
Frankreich
Rücktritt bei Anklage
Fillons rote Linie
 
Tschechiens Innenminister will Waffenzugang für Bürger erleichtern
 
Spezialeinheiten der Polizei nahmen in Wien Terrorverdächtigen fest
 
Gewalt in Großbritannien
Insel des Hasses
Großbritannien ist das Land mit den meisten Hassverbrechen in Europa. Die Leute sind dort aber gar nicht schlimmer als anderswo. Spielen Polizei und Staatsanwaltschaft ihr eigenes Spiel?
 
Bundeswehr im Nato-Einsatz
Panzertruppe bricht nach Litauen auf
Die Nato rüstet im östlichen Bündnisgebiet massiv auf, um Russland militärisch abzuschrecken. Die Bundeswehr verlegt aus diesem Grund eine Panzertruppe nach Litauen. Die Linke warnt vor einer Eskalation.
 
Mindestens 35 Tote bei Angriff auf Nachtclub Reina in Istanbul
 
Large Explosion Reported in Turkish City of Izmir
 
Turkey reinforcing its presence in al-Shahba
 
Nach dem Fall Aleppos
Der Syrienkrieg wird nicht enden, aber er ändert sich
 
"Was Sie über Aleppo hören, ist bestenfalls ein kleiner Teil der Wahrheit"
Interview mit dem Konfliktforscher Jan Oberg, der die Befreiung Aleppos als "weltgeschichtliches" Ereignis einstuft
 
Israelische Kampfflugzeuge greifen syrische Armee in Damaskus an
 
Syrien
IS zerstört Teile der antiken Stadt Palmyra
Während im Nordwesten von Syrien mehrere Dutzend Anhänger der Terrormiliz bei einem Luftangriff getötet werden, wird bekannt, dass die Extremisten neue Teile der antiken Stadt Palmyra zerstört haben.
 
Moderater Islam
Kampf gegen Kriminelle: Marokko verbietet Burkas
 
Fort Lauderdale: Der Mörder ist ein Islamist
Der 26-jährige Islamist Esteban Santiago hat am Flughafen Fort Lauderdale in Florida mindestens fünf Menschen erschossen und neun weitere verletzt.
 
Friedensnobelpreisträger Obama warf im letzten Amtsjahr 26.171 Bomben ab
 
(Zur Zeit nach Obama und zu den internationalen Eliten)
Me, Myself and Media 30 - Cheops, deine Zeit ist um!
 
Kommentar zu Trump
Der Anti-Achtundsechziger
 
Make thinking logical again
Der Schock über die Wahl Trumps lag wie ein Biberdamm im Gefühlsstrom der Deutschen. Doch nun bricht sich scheinbar etwas Bahn, was acht Jahre lang als gezähmtes und „differenziertes“ Rinnsal durch deutsche Gemütsschluchten und Blätterwälder kroch: Der latente linke Antiamerikanismus.
 
„Antifa“-Terror gegen Trump
Diesen kriminellen Abschaum kennen wir aus Deutschland zur Genüge. „Antifa“-Fahnen, Vermummung, Schlagwerkzeuge – damit wird in den USA unter Trump jetzt aufgeräumt!
 
Wahlkampfversprechen eingelöst
Trump kündigt Handelsabkommen TPP auf
 
Trump streicht Abtreibungslobby die Mittel
 
Nato
Trump wird Merkel nicht von der Angel lassen
 
Mit Goebbels‘ Sekretärin gegen Trump
Den deutschen Medienschaffenden sind in diesen Tagen im Umgang mit Donald Trump die letzten Schamgrenzen abhanden gekommen. Die jüngste Wunderwaffe gegen die „dritte Inkarnation des Teufels“ nach Napoleon und Hitler („Bild“ über Trump) heißt Brunhilde Pomsel, die am Freitag in einem Altenheim mit 106 Jahren starb. Sie war eine der ältesten Frauen Deutschlands. Im Zweiten Weltkrieg arbeitete sie als Sekretärin im Büro von Propagandaminister Joseph Goebbels.
 
Wahlleugner
Die Trump-Hasser, darunter ein Grossteil der Medien, kommentieren das Geschehen, als sei ein irrer Putschgeneral am Wüten.
 
Kredite für Enkel
US-Rentner müssen 67 Milliarden Dollar Studiengebühren abstottern
Fast drei Millionen Amerikaner über 60 Jahre sind verschuldet, weil sie Studiengebühren zurückzahlen müssen. Die meisten haben die Kredite für Kinder oder Enkel aufgenommen.
 
Millennials
Junge weiße Amerikaner verdienen viel weniger als ihre Eltern
Sie haben ein geringeres Einkommen, weniger Vermögen und seltener ein Haus: Jungen Weißen in den USA geht es heute schlechter als ihren Eltern in den Achtzigern. Anders ist die Lage bei Schwarzen und Latinos.
 
Proteste in Mexiko
Wut auf die Eliten, Angst vor der Zukunft
 
Nach Protesten in Mexiko steht das Land kurz vor einer Revolution und niemand spricht darüber
 

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INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK
 
Kanzlerin erinnert an Werte
Merkel stellt unmissverständlich klar: "Wir alle sind das Volk"
 
Staatsversagen. Schmerzhafte Erkenntnisse
 
Merkels Rechtsbruch? Unglaubliches zur Grenzöffnung & zur Migrationswelle - Flüchtlinge 2017
 
2017: Vier Kämpfe, vier Fronten
von Wolfgang Hübner
 
Neujahrsansprache Dr. Frauke Petry (AfD)
 
Die Unruhe der Etablierten
von Karlheinz Weißmann
 
(Polit-Satire)
Zwischenruf von der Grünen Couch – Folge 1
Patrick Schenk zu den Zeitläufen
 
Erika Steinbach verlässt die CDU und wirft Merkel Rechtsbruch vor
 
(Zu Norbert Lammert)
Volk als Fiktion
von Karlheinz Weissmann
 
Außenminister nimmt in Frankfurt den Ignatz-Bubis-Preis entgegen
Steinmeier warnt vor "völkischem Denken"
In Frankfurt nimmt der Außenminister und wahrscheinliche nächste Bundespräsident den Ignatz-Bubis-Preis an. Steinmeier sieht die Auszeichnung auch als Auftrag.
 
(Broder rechnet mit der medialen und politischen Kaste ab)
Henryk M Broder: "Kölner Silvesternacht - Es war ein Pogrom!" / Bürgerliche Freiheit in Gefahr
 
(Zu Martin Schulz)
Das Establishment hat seinen Populisten
von Thomas Fasbender
 
2017 - Jahr der Entscheidung
Martin Schulz – der größte Abkassierer von allen?
 
Nicolaus Fest zum Kanzlerkandidaten Martin Schulz
 
Terrorismus
BKA warnt vor Anschlägen mit Chemie-Waffen
 
Bundestagswahl
Spitzenkandidaten: Grüne spielen Demokratie
 
Das grüne Dilemma
von Björn Schumacher
 
Online-Petition
Grünen-Mitglied fordert Talkshow-Verbot für Rainer Wendt
 
Oberhausen: Polizei rechnet Einbruchszahlen runter
 
Verdacht der Bestechlichkeit
Staatsanwalt ermittelt auch gegen ehemaligen Regensburger OB
In der Parteispendenaffäre um den Regensburger SPD-Oberbürgermeister Wolbergs ermittelt die Staatsanwaltschaft jetzt gegen dessen Vorgänger. Auch dem CSU-Politiker Schaidinger wird Bestechlichkeit vorgeworfen.
 
Berlin: Unser Dorf soll schöner werden
Die Hauptstadtpresse bejubelt ihren neuen Bürgermeister, der der alte ist und uralte Ideen verfolgt - die aus der Hauptstadt der DDR. Der Staat kann alles, der Bürger nichts, außer Rad fahren.
 
Nach Rede zum Holocaust-Mahnmal
AfD-Chefin Petry: „Höcke ist eine Belastung für die Partei“
 
Björn Höcke und das »Denkmal der Schande«
 
Persönliche Erklärung von Björn Höcke zu seiner Dresdner Rede
 
Meinung
Höckes Bärendienst
von Michael Paulwitz
 
Nach Holocaust-Rede
AfD-Chef Meuthen hält Streit um Höcke für erledigt
 
Nach Höcke-Rede
Gabriel fordert Verfassungsschutz-Beobachtung der AfD
 
Nach kritisierter Rede
AfD-Vorstand leitet Ordnungverfahren gegen Höcke ein
 
AfD-Führung, es reicht!
Von Wolfgang Hübner
 
Die Rückkehr der sozialen Frage
 
(ebenfalls zur sozialen Frage)
Die soziale Frage
 
„Stolperstein in der Geschichte“
Uni Greifswald streicht ihren Beinamen „Ernst Moritz Arndt“
 
Mühlheim
Bogen zur Gegenwart konsequent gespannt
Schüler stellen Auschwitz-Projekt vor
 

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LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE
 
Identitäre Bewegung
Die neuen Rechten - hip und völkisch
Keine Glatzen mit Springerstiefeln, sondern smarte Jungs in Sneakern. Die Identitäre Bewegung gibt sich modern. Ihr Spielfeld: Facebook und Twitter. Ihre Haltung: national. Ihr Feind: der Islam.
 
(Die "antifaschistische" Journalistin Andrea Röpke bekommt mal wieder den WDR als Bühne zur Verbreitung ihrer Thesen gegen die "Identitären" zur Verfügung gestellt)
Das braune Netzwerk
Ein Film von Caterina Woj und Andrea Röpke
 
(…und eine Antwort auf Röpke von Martin Sellner)
 
Hausdurchsuchung bei Aktivisten der Identitären Bewegung Schwaben
 
PI-News
Undercover-Reporter reist mit Rechtspopulisten – und ist schockiert
 
(Links beeinflusste Amtskirchen…)
Meinung
Wider den Weltverbesserungsplan
von Karlheinz Weißmann
 
Bayern-Präsident Hoeneß hetzt gegen AfD
 
Der Fußball als Büttel der Antifa-Politik
Eintracht-Funktionäre wettern gegen AfD und Trump
 
Kardinal Marx zieht rote Linie zur AfD
 
Ingo Kramer
Arbeitgeberpräsident: AfD ist „tödlich für unsere Volkswirtschaft“
 
Nach kritischer Mail SPD-Mann Lauer outet Sparkassen-Mitarbeiter als AfD-Fan
Christopher Lauer ist immer wieder rechter Hetze ausgesetzt. Nun hat der SPD-Mann die Mail eines AfD-Anhängers veröffentlicht, abgesendet von dessen Sparkassen-Account.
 
(SPD-Politiker Christopher Lauer)
Der Schmalspur-Denunziant
von Michael Paulwitz
 
(Zu Saskia Esken, Christopher Lauer, Rainer Faus…)
Unbelehrbare Denunzianten
von Michael Paulwitz
 
(Zu Andrej Holm)
Linker Staatssekretär absolvierte Schulungskurs für Stasi-Laufbahn
 
Berlin
Müller entläßt Stasi-belasteten Staatssekretär Holm
 
„Arglistige Täuschung“
Humboldt-Universität entläßt Andrej Holm
 
(Zu Lalon Sander)
Auf einen Bubble Tea mit der „taz“
 
von Felix Krautkrämer
 
(Zur Erinnerung hier nochmals etwas zur Ideologie von Lalon Sander…)
Rassismus in der „taz“
 
Sahra Wagenknechts Freischwimmen gegen Rechts
 
(Der "Links-Staat"…)
Doku „Der Links-Staat“
Bayerischer Rundfunk geht gegen unliebsame DVD vor
 
Historisches Urteil in Karlsruhe
Bundesgerichtshof entscheidet: NPD wird nicht verboten
 
Rechte unter Artenschutz
Kommentar: NPD wird nicht verboten
 
(Geld möglichst nur für etablierte Parteien…)
NPD-Urteil
Beuth will Finanzierung der Partei überprüfen
 
Reichsbürger im Visier
Razzien gegen mutmaßliche Rechtsextremisten in mehreren Bundesländern
 
(Wenn mal wieder von "jungen Leuten" die Rede ist…)
Hanau
Suppe aus der "Volxküche"
Autonomes Kulturzentrum feiert 30-jähriges Bestehen
 
Thema "Geschlechterforschung"
Proteste gegen AfD-Vorlesung an der Magdeburger Uni
An der Universität Magdeburg ist eine geplante Veranstaltung der AfD von Studenten gestoppt worden. Die Rechtspopulisten um André Poggenburg verließen nach Randalen den Raum.
 
Linksextreme dürfen an Universität Blockaden üben
Wenn sich im Sommer die mächtigsten Staatschefs der Welt in Hamburg treffen, werden auch diverse Linksextreme demonstrieren. An der Hamburger Uni dürfen sie für ihr Training die Räumlichkeiten nutzen.
 
TU Dortmund: Öffentliche Gründung der „Anarchistischen Hochschulgruppe“ an Nationalisten gescheitert!
 
Berlin
Linksextremisten bekennen sich zu Steinwürfen auf Polizei
 

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EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT
 
(Zur Lobbyorganisation Pro Asyl)
Pro Asyl – Migrationsnetzwerk und Meinungsmacht
 
Starker Anstieg der Migrationsbereitschaft in Nordafrika
 
Asyl in Deutschland
Familiennachzug um 50 Prozent gestiegen
Das Auswärtige Amt erteilte im vergangenen Jahr 105.000 Visa. Dabei waren besonders viele Syrer und Iraker. Zudem nahm Deutschland mehr als 12.000 Asylbewerber zurück.
 
Bundespolizist: Grenze zu NRW „offen wie ein Scheunentor“
 
Generation haram
 
(Die taz gibt Tipps zur Scheinehe für Einwanderungswillige…)
taz.gazete-Ratgeber
Welcome to Almanya
Sie leben in der Türkei und wollen nach Deutschland migrieren? Das wird nicht einfach. Hier sind fünf Möglichkeiten zur Auswanderung, vier davon legal.
 
Papiere? Der Eritreer schüttelt den Kopf
 
Keine Handy-Kontrolle von Asylbewerben ohne Papiere
 
Generalstaatsanwaltschaft ermittelt - Syrische Botschaft in Berlin verkauft angeblich Pässe
 
Geburtsdatum 1. Januar
Flüchtlinge werden volljährig: Asylkosten für Kommunen explodieren
 
(Ein Beispiel aus dem Ausland)
Israel zieht Gehalt von Asylbewerbern ein
 
Özdemir fordert Visa-Erleichterung für Maghreb-Staaten
 
Zeichen der Wiedergutmachung
Brandenburg schiebt Opfer „rechter Gewalt“ nicht mehr ab
 
Mehr als 5.000 abgelehnte Asylsuchende
Brandenburg schiebt kaum ab
 
Erneute Sammelabschiebung
Bloß nicht abschieben
von Moritz Schwarz
 
Mitarbeiterin zeigte 300 Asyl-Sozialbetrüger an – Gegen den Willen der Aufnahmebehörde
 
Braunschweig
Scheinidentitäten: Ermittlungen in 100 Betrugsfällen
 
Haushalt 2016
21,7 Milliarden Euro für Flüchtlinge
 
Migrationspolitik - Jedes Unrecht beginnt mit einer Lüge
 
Merkels Rechtsbruch? Unglaubliches zur Grenzöffnung & zur Migrationswelle - Flüchtlinge 2017
 
(Die nächste Kunst-Propaganda-Aktion zur Beeinflussung von Schülern)
Ideen gegen Menschenfeindlichkeit
Demokratie trifft Street-Art
 
(Sie sind offenbar gekommen, um deutschen Rentnern den Po zu putzen…)
Vorstoß von Hermann Gröhe
Flüchtlinge sollen Pfleger werden
 
Polizeigewerkschaft sucht nordafrikanische Polizeischüler
 
Gesellschaft im Wandel
Immer mehr Polizisten mit Migrationshintergrund
 
(Einwanderungshelfer klagen…)
PEGIDA-Bachmann hat schon wieder einen neuen Prozess am Hals
 
Flüchtlinge 300 Euro für Taxifahrt zum Sozialamt!
 
Integration soll gefördert werden
Ansturm auf Fahrschulen durch Asylbewerber
 
Integrationspolitik
Ex-Lageso-Chef fordert Lotsen für jeden Flüchtling
 
90 Prozent wollen bleiben
Milliarden für Integration von Zuwanderern notwendig
 
Kripo-Chef kritisiert Bund nach massenhaftem Sozialbetrug durch Asylbewerber
 
Flüchtlinge sind nicht krimineller als Deutsche –
sie begehen nur mehr Straftaten: Das Ergebnis meines Aufrufs zur statistischen "Tiefenbohrung" vom 8. Dezember 2016
von Michael Klonovsky
 
(Auch ein Lösungsversuch… Mehr rot-grüne Pädagogen mit vom Steuerzahler finanzierten Arbeitsstellen versorgen…)
Erzieher: Polizisten allein schaffen es nicht
Damit junge Flüchtlinge nicht zu Kriminellen werden, braucht Deutschland mehr Erzieher.
 
90 Prozent arbeitslos
Österreich: Immer mehr Anzeigen gegen Asylbewerber
 
(Nachtrag zur Rezeption des Berlin-Attentats)
Von Leichenfledderer zu Leichenfledderer
 
Attacke auf Weihnachtsmarkt
Wagenknecht gibt Merkel Mitschuld an Terroranschlag
 
Nach Protesten: Gedenkminute in Berlin für Anschlagsopfer
 
(Zum Berliner Attentat)
Eine widerwillige „Schwamm drüber Stimmung“
Andere Länder, andere Sitten: die Opfer des Attentates am Stade de France von Paris wurden mit einem bewegenden  Staatsbegräbnis beigesetzt. (…)In den letzten drei Wochen wurde nicht bekannt, dass Spitzenpolitiker die Verletzten des Berliner Attentats im Krankenhaus besucht hätten. (…)
 
Weihnachtsmarkt-Anschlag Berlin, eine Stadt ohne Mitgefühl
 
Behörden wußten von IS-Terroristen im Flüchtlingsstrom
 
Deutschland im Jahr 2017: Ein Kommentar von Claus Strunz
 
Libanesische Familienclans beherrschen im Ruhrgebiet ganze Straßenzüge
Parallelwelten? "No-Go-Areas"? Wie die Sicherheitslage im Gelsenkirchener Süden aussieht, schildert ein Polizist vor einem U-Ausschuss im Landtag. Von mafiösen Strukturen ist die Rede.
 
Berlin-Neukölln
Auto an Silvester abgefackelt: Tatverdächtige sind wieder frei
 
»Das Verschweigen hat System« Kositza im COMPACT-Gespräch
Ellen Kositza sprach für die aktuelle COMPACT-Ausgabe mit Jürgen Elsässer über ihr Buch Die Einzelfalle und das dröhnende mediale Schweigen zum Frauenhaß muslimischer Zuwanderer.
 
(So etwas muss ja auch erst einmal mit Steuerzahlergeld erklärt werden…)
Senat startet Postkartenaktion "Nein heißt Nein"
Kurz vor Silvester startet Gleichstellungssenatorin Dilek Kolat eine Aktion, um die Strafbarkeit sexueller Belästigung aufmerksam zu machen.
 
Silvester in Köln
Große Gruppen von Nordafrikanern irritieren die Polizei
 
Simone Peter und die Polizei
Die Wirklichkeit drängt ans Licht
von Karlheinz Weißmann
 
Kommentar
Neujahrsnacht hinterlässt bitteren Nachgeschmack
 
Schwarzer: Nordafrikanern ging es um Machtprobe
 
Silvesternacht
„Klientel von 2015“: Warum zog es erneut mehr als 1000 Nordafrikaner zum Dom?
 
Silvesternacht
Polizist schildert Einsatz: „Die haben Konfrontation gesucht“
 
Die herbeifantasierte „Realität“ der Frankfurter Rundschau
Linker Kampfjournalismus, einmal näher betrachtet
 
(Das hat eigentlich alles gar nichts mit Nordafrikanern zu tun…)
Ausländerbeirat lobt Kölner Beamte
„Dankeschön an Polizei“
 
Kontrolle von Nordafrikanern
Köln: Polizei verteidigt Silvestereinsatz
 
Kölner Polizei distanziert sich von „Nafri“-Tweet
 
Zahlreiche Sex-Attacken an Silvester
 
Frankfurter Polizei meldet Festnahmen wegen sexueller Belästigung
Die Frankfurter Polizei hat in der Silvesternacht mehrere Männer festgenommen. Gegen alle fünf sei ein Strafverfahren eingeleitet worden. Auch andernorts in Hessen gab es Zwischenfälle.
 
Silvester in Deutschland
Im Belagerungszustand
von Michael Paulwitz
 
Grüner Realitätsverlust, Terror und Nafri-Debatte im Jahr der Entscheidung
 
(Der "Spiegel"-Kommentator Christian Neeb versucht naseweis nachzutreten und die Polizei zu maßregeln…)
Meinung
von Thomas Fasbender
Typisch deutsche Autoaggression
 
Safia S. zu sechs Jahren Haft verurteilt
 
Betonpoller sollen Karneval sichern
 
Hamburg
Sexueller Übergriff: Polizei fahndet nach Afrikanern
 
(Ein weiteres Argument für mehr Migranten im Polizeidienst…)
Ermittler-Azubis rasten aus
Wilde Schlägerei an Polizeiakademie
 
Wuppertal und die Brandstifter
Für die Justiz in Nordrhein-Westfalen ist der Anschlag auf eine Synagoge ein Akt der Kritik an Israel
 
Godshorn
Polizei Langenhagen sucht Täter Zwei Räuber überfallen schwangere Frau
Nach einem Raubüberfall auf eine sichtbar schwangere Frau sucht die Polizei nun mithilfe eines Phantombildes einen der beiden Täter. Das 37 Jahre alte Opfer war bei der Tat in Godshorn verletzt worden und musste ins Krankenhaus.
 
Kleve
Vater fasst möglichen Vergewaltiger seiner Tochter
 
("leicht dunkler Teint"…)
15-Jähriger in Pforzheim brutal ausgeraubt
 
Täter wollte Opfer mit Hepatitis anstecken
Polizeibekannter Vergewaltiger aus Pakistan kann nicht abgeschoben werden
 
Uni München: Mutmaßlicher Vergewaltiger gefaßt
 
München
Bande attackiert und beraubt drei Jugendliche
 
Schülergewalt in Neumünster
Gewalt in DaZ-Klassen: Landtagsabgeordneter Volker Dornquast im Interview
 
Migrantenterror in Göteborg, oder wie eine No-Go-Zone entsteht
 
Tat gefilmt
Mutmaßliche Vergewaltigung: Schwedische Polizei nimmt Verdächtige fest
 

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KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES
 
(Marx-Monument für Trier. Wann folgen Lenin und Stalin?)
Geschenk aus China
Das ist der Mega-Marx für Trier
 
(Jahrhunderte alter Kunststreit)
Figuren und Theater
Geklaute Buddha-Statuen und provozierende "Trostfrauen"-Skulpturen: Südkorea und Japan streiten sich derzeit um gleich mehrere Skulpturen. Und nun sorgt ein Gerichtsurteil für neuen Ärger zwischen den beiden Nationen.
 
Sanierung: Schaut auf diese Schulen!
Übel riechende Toiletten, defekte Dächer, Schimmel an den Wänden – Deutschlands Schulen ähneln Ruinen. Bisher hielt man das für ein ästhetisches Problem. Dabei geht es weit darüber hinaus, wie man an einer Schule in Berlin sieht.
 
LGBTQ: Auch Transgender-Jungen dürfen Pfadfinder sein
In den USA können alle Jungen Mitglied der Boy Scouts werden. Egal, welches Geschlecht in ihrer Geburtsurkunde steht. Bei den Pfadfinderinnen ist das schon Alltag.
 
Not to be normal
Das "Normale" wird gemacht. Endlich mal ein Phänomen, bei dem unstrittig ist, daß wir es mit sozialer Konstruktion zu tun haben und nicht mit Naturgegebenheiten, nicht wahr?
 
(Zum Online-Angebot "Funk")
Funky Business
Von Akif Pirincci
 
Top Zehn der „Fake News“ 2016
Die Deutungshoheit wackelt
 
„First Draft Partner Network“
Deutsche Medien treten Bündnis gegen „Fake News“ bei
 
(Wenn Claus Kleber mit von der Partie ist, wird sicher alles gut…)
Kampf gegen gefälschte Meldungen
Facebook setzt im Kampf gegen „Fake News“ auf Correctiv
 
Die inszenierte Wirklichkeit
Von der TV-Schnulze bis zur Geschichtsdoku: Wie ARD und ZDF die Wahrheit verfälschen
 
(Zu "Fake News")
Ein Gott, ein Recht, keine Wahrheit
von Thomas Fasbender
 
Medien
Gouvernanten in der Krise
von Michael Paulwitz
 
Merkel-Selfie
Flüchtling zieht wegen Hetze bei Facebook vor Gericht
Das Bild eines Flüchtlings, der mit der Kanzlerin ein Selfie macht, ging um die Welt. Unbekannte unterstellen dem Mann später Straftaten – verbreiteten Fake News. Jetzt klagt er.
 
Wenn Journalisten nach Zensur rufen
 
(Zur "Fake-News"-Kontrolle)
Feuchter Alptraum
von Maximilian Krah
 
(Die linke Jury hat mal wieder etwas passendes herausgesucht…)
Diffamierende Sprache
"Volksverräter" ist das Unwort des Jahres 2016
Sprachwissenschaftler haben das Unwort des Jahres bekannt gegeben: Sie entschieden sich für den Begriff "Volksverräter", mit dem rechte Pöbler oft Politiker beschimpfen.
 
Wieder mal ein politisch einseitiges "Unwort des Jahres"
Die Bürger Für Frankfurt machen alternative Vorschläge
 
Am Meinungs- PRANGER ---- RE-UP
 
Politische Korrektheit führt zur geistigen Knechtschaft
Von Norbert Bolz
 
„Nazi“ ist das global erfolgreichste deutsche Wort
 
Identität
Was es heute heißt, deutsch zu sein
 
Volk – Aufgabe statt Konstrukt
von Martin Sellner
 
Warum man das Deutsche Volk schwach halten will
Von Andreas Popp
 
S.P.O.N. - Der Schwarze Kanal In der Identitätsfalle
Der Kolumnist hat den Finanzminister einen Schwaben genannt - das schreit nach Strafe. Halb Baden schickt Leserbriefe. Was verrät die Empörung über unser Heimatgefühl? Kann man seine Identität ändern, wenn man lang genug in Stuttgart lebt?
Eine Kolumne von Jan Fleischhauer
 
Demokratie als Religion?
Über die erschreckenden Hintergründe eines Dogmas
von Andreas Popp
 
Briefwechsel zwischen Claus Leggewie und Götz Kubitschek
 
Umbruchszeiten
 
Hans-Dietrich Sander ist tot
 
London
Zu eurozentrisch
Studenten wollen weiße Philosophen von Lehrplan verbannen
 
(Belästiger werden es in Zukunft einfacher haben…)
Gender-Debatte
Grüne planen Unisex-WCs in Berliner Behörden
 
(Schräg…)
Berlin: Anti-Trump Feminists chant "Allahu Akbar" at "Women's March" against Inauguration
 
Political Correctness
Vom Medienphantom zum rechten Totschlagargument. Die sonderbare Geschichte der Political Correctness
 
Praktische Alternativen fürs Volk
von Felix Menzel
Was glauben Sie, wieviel Geld bei den Anhängern der patriotischen Opposition „herumliegt“? Mit „herumliegt“ ist gemeint, daß es jederzeit verfügbar ist, aber gegenwärtig nicht gebraucht wird.
 
(THRIVE Deutsch) GEDEIHEN: Was Auf Der Welt Wird es Brauchen?
 
(Die nächste Hakenkreuz-Horror-Boulevardmeldung…sofort bei Amazon bestellen…)
Swastikas im Schnee - Winterstiefel hinterlässt Hakenkreuz-Abdrücke
 
(…und endlich. Erleichterung macht sich breit.)
US-Firma nimmt Hakenkreuz-Schuhe vom Markt
(Nun dürfen sich alle freuen, und diese Akte kann endlich ad acta gelegt werden…)
Alois Brunner starb in Damaskus
Nazi-Kriegsverbrecher hauste in Kellerloch
 
Alles eine LÜGE! - die echten Kriegsursachen von 1939
Generalmajor a.D. Gerd Schultze-Rhonhof spricht in München über die Kriegsursachen 1939
 
Frankfurter Polit-"Tatort" über Sprachchaos
"Nafris" gegen "Nazi Bitches"
 
(Dazu…)
Das war's. Diesmal mit: gewaltverherrlichendem Sauerteig und der umfänglichen Naziszene in Frankfurt
 
(Ebenfalls zur "Tatort"-Propaganda)
Danke ARD - die 3 besten Lügen im Identitären – Tatort
 
(Zum Linksdrall und der Selbstkorrumpierung der Kunst- und Kulturszene)
Macht, Kunst, Geld
 
Oscarverleihung
Rassismus in Hollywood?
 
Messertanz
von Johannes Konstantin Poensgen
Der Schnitt durch unser Volk wurde mir nie so fühlbar, wie in dem interessantesten und kultiviertesten Gespräch, das ich seit langem geführt habe. Während einer Bahnfahrt von Koblenz nach Trier begegnete ich einem, ja was eigentlich?
 
Fußball
Real Madrid entfernt Kreuz aus Emblem
 
Änis Ben-Hatira
Fußball-Profi verteidigt Salafisten-Verein
 
Neue Mönche im Kloster Neuzelle
Heiligenkreuz/Neuzelle – 199 Jahre nach der Säkularisation des Klosters Neuzelle in Brandenburg haben die Mönche von Stift Heiligenkreuz in ihrer Kapitelsitzung am 10. November 2016 entschieden, eine Wiederbesiedelung des Klosters Neuzelle zu wagen.
 
Nicolas Cage gibt Dino-Schädel zurück
Reiche Amerikaner kaufen geschmuggelte Fossilien / Jetzt wehrt sich die Mongolei.
 
Sollen Katzenbesitzer für ihre Tiere Steuern zahlen?
 
(Ein Hund, der ein Schaf sein sollte… Leserkommentare beachten)
Dieser dreiste Steuertrick löste einen Polizeieinsatz aus
 
Syrien wie alles begann
Die Anstalt
 
Niemand ist sicher: "Mister"!
Das Warten hat ein Ende: Nach fast acht Jahren und dem Umweg über drei (!) verschiedene Verlage ist der dystopische Roman Mister aus der Feder Alex Kurtagićs endlich in deutscher Übersetzung erhältlich!
 
Berlin und Potsdam 1945 (in Farbe und HD 1080p)
 

mercredi, 01 février 2017

Septembre 1955 : pogrom contre les Grecs d’Istanbul

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Septembre 1955 : pogrom contre les Grecs d’Istanbul

Par Erich Körner-Lakatos

Le souvenir de septembre 1955 est un souvenir d’horreur pour tous ceux qui se revendiquent « Rhoméens » ou « Romains », c’est-à-dire descendants des habitants autochtones de la ville de Constantinople, capitale et point focal de l’Empire romain d’Orient. Ces Grecs sont environ 150.000 et vivent autour de leur chef spirituel, le Patriarche Œcuménique de Phanar, le quartier nord-ouest de l’actuelle Istanbul. Les Turcs les appellent les « Roums ».

En l’espace d’une seule génération, les Grecs de la capitale ottomane ont subi des changements considérables de statut. Pendant la première guerre mondiale, ils ont risqué de subir le même sort que les Arméniens. Comme de notoriété, le ministre ottoman de l’intérieur Mehmed Talaat Pacha avait ordonné l’élimination totale des Arméniens en avril 1915, ce peuple de négociants et d’artisans qui, selon les écrits mêmes du ministre, « auraient sapé les fondements de l’Etat ottoman depuis des siècles ». Les autorités ottomanes soupçonnent ces Caucasiens de sympathiser avec les Russes et d’être prêts à collaborer avec eux, au cas où ils débouleraient dans l’Empire ottoman et le vaincraient.

Mais les « Rhoméens » en furent quitte pour la peur, au contraire des Arméniens et des Grecs du Pont (les habitants orthodoxes de la côte méridionale de la Mer Noire). En août 1922, Atatürk bat les armées grecs entrées en Anatolie, provoquant ce que l’on appelle à Athènes la « Grande Catastrophe ». Les « Rhoméens », une nouvelle fois, craignent le pire. Leur sort est effectivement incertain. Mais ils y échappent : le Traité de Lausanne comporte une clause prévoyant un échange de populations : 1,5 millions de Grecs d’Anatolie deviennent du coup des apatrides. Les négociateurs du Traité parviennent à un accord : selon l’article 40, les 70.000 « Rhoméens » de Constantinople peuvent rester dans la grande ville.

Fin 1942, début 1943, les Grecs sont visés par une loi spéciale concoctée par le successeur d’Atatürk, Ismet Inönü. Foulant aux pieds le principe kémaliste de la laïcité, le gouvernement turc impose une rétrocession sur la fortune pour tous les citoyens non musulmans, la fameuse « Varlik Vergisi ». Ceux qui ne parviennent pas à verser la somme exigée au bout de deux semaines, voit ses biens et ses propriétés saisis par l’Etat.

En 1955, ce fut pire encore. Istanbul compte alors à peu près un million d’habitants, dont un peu plus que cent mille « Rhoméens ». En plus de cette population grecque et orthodoxe, on trouve dans la ville d’autres groupes ethno-religieux, tels les juifs espagnols et les Arméniens qui, malgré les atrocités qu’ils ont subies, n’ont pas voulu quitter leur ville d’origine. A ces deux minorités, s’ajoutent quelques milliers de Russes fidèles au Tsar. En effet, en novembre 1920, quand la guerre civile russe se terminait, les résidus des armées blanches, battues, commandées par un général d’origine allemande, Peter Wrangel, avaient abandonné la Crimée à bord de navires de guerre français, qui mouillaient à Sébastopol. Une partie de ces réfugiés s’étaient définitivement fixés à Constantinople. Les autres avaient pris le chemin de l’exil, principalement vers la France.  

Que s’est-il passé à la fin de l’été 1955 ?

Le 5 septembre, des camions amènent des hommes jeunes et vigoureux dans la vieille cité grecque, dominée par la Haghia Sophia. Sans se faire remarquer, ces hommes, en apparence anodins, se dirigent vers les quartiers abritant les commerces et les ateliers des minorités. Le lendemain, tous les journaux turcs répandent la nouvelle d’un attentat à la bombe contre la maison natale d’Atatürk à Salonique. La radio d’Etat confirme la nouvelle à 13 h. Les émotions vont crescendo. Puis, tout d’un coup, des bâtons amenés le matin sont distribués dans les mains des émeutiers potentiels. Ils passent à l’action : ils brisent les vitrines des magasins grecs, molestent violemment les boutiquiers qui protestent. En hurlant, ils pénètrent dans les magasins, cassent tout et jettent les débris dans les rues. L’artère commerçante d’Istiklal est particulièrement touchée. Les bandes de sauvages brandissent des drapeaux turcs. Les pillards profitent de l’occasion. Tous manient le gourdin. On tire la barbe des moines orthodoxes, on les traînent dans les rues en les battant. On en brûle un vif : il avait plus de 90 ans.

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La police n’intervient nulle part. Certes, des Turcs, habitant Istanbul depuis des générations, aident leurs concitoyens orthodoxes, les cachent, surtout les femmes et les jeunes filles. Il faut attendre minuit pour que les premiers détachements de la police se manifestent et arrêtent des fanatiques, occupés à déterrer les corps des anciens patriarches pour les profaner.

Bilan des troubles de la journée : seize morts, entre 20 et 30 blessés graves, des centaines de viols, 73 églises profanées, 4383 commerces dévastés, plus d’un millier de maisons détruites.

Le gouvernement du premier ministre Menderes décrète que cette colère populaire a été la réponse à l’attentat de Salonique. Il a fallu attendre des années pour que la vérité se fasse connaître, ainsi que le confirme le général Sabri Yirmibesoglu, président d’une « Commission spéciale de guerre » : les événements des 6 & 7 septembre 1955 relèvent de la responsabilité des autorités turques.

Une série de faits s’avèrent toutefois frappante : les responsables initiaux des incidents dont les chrétiens furent victimes sont tous morts de mort violente. L’ancien ministre de l’intérieur de l’Empire ottoman, Talaat Pacha, qui s’était exilé à Berlin, est assassiné à coups de couteau par un Arménien. Quant au premier ministre turc Menderes, qui avait manigancé le progrom de septembre 1955, le bourreau lui passera la corde au cou : il avait été condamné à mort le 15 septembre 1961. L’exécution eut lieu deux jours plus tard.

Erich Körner-Lakatos,

Article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°4/2017. Site : http://www.zurzeit.at .

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Face au pogrom antigrec, quelle fut la réaction de Washington ?

La Turquie n’avait pas à craindre de sanctions de la part du monde occidental car Washington demeurait pour elle un allié fidèle. Après la seconde guerre mondiale, les Américains aident le pays et s’opposent à la volonté de Staline d’annexer la région de Kars (que Lénine avait cédée à Atatürk en 1921). En effet, en avril 1946, le gouvernement des Etats-Unis envoie à Istanbul le puissant navire de guerre USS Missouri, navire amiral de la flotte américaine en Méditerranée. Ankara paiera sa dette pendant la guerre de Corée. La Turquie est l’un des seize pays qui enverront des troupes dans le sud de la Corée. Le plus petit contingent fut celui du Luxembourg : 85 hommes. La brigade turque était forte de 5000 hommes sous le commandement du Général Tahzin Yazici. Elle avait débarqué à Pusan en octobre 1950. Elle s’est très bien battue. Lors d’une bataille, les Américains et les Britanniques se replient dès qu’une vague impressionnante de volontaires communistes chinois passe à l’attaque. Les Turcs, eux, ne cèdent pas. Ils fixent leurs baïonnettes aux canons de leurs fusils et se lancent à l’assaut. Le Général Douglas MacArthur chante leurs louanges : « Les Turcs sont l’incarnation de l’héroïsme ». 765 soldats turcs sont tombés au combat en Corée. 5247 d’entre eux ont été blessés ou portés disparus. Le 18 février 1952, la Turquie devient membre de l’OTAN, envers et contre l’avis des Grecs et de leurs protecteurs britanniques. Le Danemark aussi s’était prononcé contre l’adhésion turque. Motif : la dynastie grecque est d’origine danoise. D’où l’alliance entre Athènes et Copenhague.

EKL (réf. Supra).

 

19:39 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, istanbul, constantinople, turquie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 31 janvier 2017

Robert Steuckers: conférence à Strasbourg

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