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vendredi, 28 mars 2025

Guerre économique ? L’Europe n’a aucune chance si elle vole 800 milliards à ses citoyens pour produire ou acheter des armes

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Guerre économique ?

L’Europe n’a aucune chance si elle vole 800 milliards à ses citoyens pour produire ou acheter des armes

Ala de Granha

Source: https://electomagazine.it/guerra-economica-leuropa-non-ha...

Il est vrai que l'histoire se répète, d'abord comme tragédie puis comme farce. Mais apprendre quelque chose de l'histoire ne ferait pourtant pas de mal. L'Axe a perdu la Seconde Guerre mondiale lorsqu'il a commencé à lutter sur deux fronts, se heurtant à la fois à l'Union soviétique et aux Occidentaux. Et maintenant, les eurodingues, dirigés par Ursula von der Leyen, veulent voler 800 milliards aux peuples européens pour une course solitaire et suicidaire aux armements, tandis que François Bayrou, Premier ministre français, invite l'Europe à se préparer à une guerre commerciale contre les États-Unis.

Il est évident que Bayrou est doté de ces quelques neurones qui manquent à Macron et qui n'ont pas été programmés chez Ursula. D'autant plus que Trump a déjà déclaré la guerre commerciale contre l'Europe, il suffit donc de le reconnaître.

Cependant, le Vieux Continent n’est pas en mesure de faire face, en même temps, à ces deux adversaires: celui réel, Trump, qui combat par l'économie; et celui, imaginaire, Poutine, qui n’a aucune envie d'envahir l'Europe parce qu'il sait très bien qu'il n’en a pas la capacité. Ni maintenant, ni jamais.

Mais voler de l'argent aux familles pour acheter des armes, inutiles, est plus facile que l'alternative qui impliquerait la nécessité d'investir dans des secteurs économiquement stratégiques, dans la qualité, dans la formation, dans l'augmentation du pouvoir d'achat des familles et, par conséquent, dans le renforcement du marché intérieur.

Dans le premier cas, il suffit de rendre heureux les marchands de mort, où qu'ils se trouvent. Dans le second, en plus de miser sur l'intelligence intérieure, il serait essentiel de créer un réseau de relations internationales avec les pays qui peuvent fournir les matières premières indispensables dont l'Europe est dépourvue ou insuffisamment dotée.

Il est dommage que la politique étrangère européenne et celle des États membres soient confiées à des politiciens qui représentent le pire du pire. Incompétents, incapables, totalement inadaptés et contre-productifs.

Ainsi, l'appel de Bayrou risque d'être totalement ignoré. Et les 800 milliards volés aux Européens serviront à creuser la fosse pour y inhumer le Vieux Continent.

Quand Joseph Kessel annonce Jean Baudrillard

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Quand Joseph Kessel annonce Jean Baudrillard

Nicolas Bonnal

1936 : l’aventurier des enfants Joseph Kessel passe en Amérique et travaille à Hollywood avec Anatole Litvak. On est à l’époque de Duhamel, d’Aron et de Céline et notre enfant gâté va cracher dans la soupe et écrire un bref essai sur le mirage hollywoodien qui dénonce à sa façon l’Amérique et la matrice qu’elle met en branle avec son culte de la technique et de la perfection. Un monde de simulacre et d’intelligence (et de sensibilité) artificielle apparaît, qui le choque et le fascine à la fois. C’est que comme Baudrillard après lui, venu, lui, pour enseigner, Kessel découvre le vrai mirage américain, le désert, décor (sic) naturel des films et des westerns. Ce désert est magique et bien enchanté, il est le fruit aussi d’un truquage, comme il écrit incroyablement au début de son livre. Kessel comprend que le monde devient un artifice sous la pression de l’activité et de la créativité américaines. Il ne sera plus humain. Mais est-ce si grave ?

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On fera comme Baudrillard, dans ces cas-là, qui cite Borges et son texte essentiel sur les cartes :

« En cet empire, l'Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la Carte d'une seule Province occupait toute une Ville et la Carte de l'Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l'Empire, qui avait le Format de l'Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. Moins passionnées pour l'Étude de la Cartographie, les Générations Suivantes réfléchirent que cette Carte Dilatée était inutile et, non sans impiété, elles l'abandonnèrent à l'Inclémence du Soleil et des Hivers. Dans les Déserts de l'Ouest, subsistent des Ruines très abîmées de la Carte. Des Animaux et des Mendiants les habitent. Dans tout le Pays, il n'y a plus d'autre trace des Disciplines géographiques. »

Un monde survient, celui du simulacre, qui n’est plus un monde réel – il sera hyper-réel si possible.

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Kessel voit le sanatorium à venir :

« Les boulevards sont tirés au cordeau. Les quartiers se suivent, découpés géométriquement, enfermant des maisons tranquilles et muettes. On a l'impression d'un asile pour retraités de grand luxe ou d'un immense sanatorium distribué en pavillons somptueux.

Pas de vie populaire, pas de cohue pittoresque. Seules roulent les automobiles qui portent des gens dignes et pressés. »

Il ajoute sur cet univers mystérieusement pacifique (sorti de Ségovie, des alcazars, de l’Alhambra et d’un conte de fées hispano-mauresque en fait) :

« Mais dans ces allées féeriques, on n'entend pas un cri d'enfant, pas un aboiement de chien, on n'aperçoit pas une silhouette aux fenêtres…

Mais dans ces maisons, où le confort intérieur est égal à la simplicité somptueuse des façades, on ne sent pas de vie.

Elles sont, même habitées par dix personnes, comme vides et interchangeables. »

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L’habitat célébré par Heidegger n’est plus là, on est dans la machine à habiter, dans la boîte de conserves humaines. Baudrillard sera moins dur : ce vide, cette féérie, cette luminosité, cette glissade, il la célébrera, lui !

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Pas Kessel :

« Mais dans les plus grandes artères, il n’y a pas de passants. Les automobiles roulent, roulent sans arrêt les unes derrière les autres, comme les anneaux d'une chaîne sans fin, entre les trottoirs déserts. C'est la seule ville au monde où l'on voit les camelots vendre les journaux au milieu de la rue, aux carrefours où les signaux lumineux et les bras mécaniques arrêtent, pour quelques secondes, le flux des voitures. »

Ce monde récolte la distance (on se rapproche de Debord…) :

« Mais pour voir un ami, pour acheter un grapefruit- dans ces marchés aux piles rigoureuses qui ressemblent à des halls d'usine -, il faut faire des kilomètres et des kilomètres. »

Il ajoute :

« Vitesse, rendement, précision, correction: voilà les caractéristiques essentielles de l'existence. »

On passe au choc éprouvé et décrit par Céline et Duhamel (voir nos textes). On est dans la technique et dans l’artifice, plus dans la réalité. Et le cinéma précipite notre petit monde européen dans cette matrice.

Heureusement il y a le désert, et c’est là ce qui va rapprocher Kessel de Baudrillard : c’est encore le désert de Saint-Exupéry ou de Monfreid, celui du père de Foucauld et d’Alerte au sud.

« Un monde s'était évanoui tandis que je reposais. Un autre était né, et combien différent.

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Les étoiles scintillaient plus vigoureuses, plus drues, plus nues, dans un ciel plus lisse et plus sec. La lune éclairait une terre vierge, sans un arbre, sans une herbe, qui s'étendait en vallonnements ombreux jusqu'à des monts stériles, d'un profil si pur, si sauvage qu'ils semblaient dressés par les anges farouches de cette incomparable solitude. Et tout à coup dans le grain du sol, dans son indéfinissable respiration, dans le souffle de liberté qui amplifiait la nuit au-delà d'elle-même, je reconnus le sceau émouvant entre tous des espaces qui échappent au contrôle de l'homme, le sceau que j'avais surpris de Palmyre à l'Euphrate, au Rio de Oro, le long des côtes de la mer Rouge. C'était, vraiment, le désert. »

Kessel pressent le devenir spatial de ce désert : la conquête de l’espace c’est la conquête de ce désert, la nuit en fait. La première partie de 2001, celle du désert et de la transformation sur fond de Richard Strauss et du Zarathoustra reste l’essentielle. Kessel :

« La voiture silencieuse roulait sur la piste luisante, mais elle avait beau augmenter sa vitesse, le désert était toujours là, autour de nous, en nous, tragique, auguste, fascinant. »

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Kessel oppose donc ces deux mondes : le désertique et l’artificiel. On a déjà ce pressentiment chez Tocqueville dans ses Quinze jours de désert. Le voyage dévoile notre arraisonnement du monde, notre anéantissement du monde antérieur. Car la civilisation est devenue ce qui anéantit le monde – pas seulement physiquement, ontologiquement. Kessel :

« Il faisait sentir bien au contraire, il n'est pas de pays en Europe où la nature ait si fortement gardé ses droits et sa vertu primitive, que les villes géantes sont perdues comme des îlots parmi les savanes, les montagnes, les forêts, les plaines et les sables et que toute leur civilisation mécanique - automobiles rapides, avions dévorants, appareils de TSF raffinés ne sont que des instruments d'une lutte encore inégale contre l'étendue et contre l'élément. »

Kessel est heureux de quitter les artifices :

Trois heures auparavant j'avais quitté le lieu le plus artificiel du monde, qui convertissait en industrie colossale les visages et les sentiments, qui les débitait pour le monde entier, comme des conserves, et voici que je me trouvais aussi loin des hommes que si des océans m'en avaient séparé. »

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Et le désert lui semble tout-puissant :

« Mais ces baraques branlantes, misérables, à l'humilité desquelles le glaive des phares était impitoyable, recroquevillées sans un abri, sans une ombre, à la lisière de ce sol aride et mystérieux, ne faisaient qu'ajouter à la muette victoire du désert. »

En fait le désert devient aussi un artifice : les villes champignons poussent, tout le monde a de l’eau et on construit des condominiums de luxe. Kessel cite Palm Springs et la Quinta, lieux qui l’enchantent, mais qui se sont surdéveloppés depuis son passage.

Baudrillard écrit dans son poème en prose sur l’Amérique ces lignes géniales :

« Ce qui est neuf en Amérique, c'est le choc du premier niveau (primitif et sauvage) et du troisième type (le simulacre absolu). Pas de second degré. »

Mais comme on sait au lieu de s’en prendre à l’Amérique parce qu’elle est le lieu du simulacre et de l’inauthentique, Baudrillard la célèbre – on se souvient qu’il prend le contrepied de Guillaume Faye dans ces lignes que j’ai étudiées dans un autre texte :

"Pourquoi pas une parodie de la ville avec Los Angeles? Une parodie de la technique à Silicon Valley ? Une parodie de la sociabilité, de l'érotisme et de la drogue, voire une parodie de la mer (trop bleue !) et du soleil (trop blanc !). Sans parler des et de la culture(s). Bien sûr, tout cela est une parodie! Si toutes ces valeurs ne supportent pas d'être parodiées, c'est qu'elles n'ont plus d'importance. Oui, la Californie (et l'Amérique avec elle) est le miroir de notre décadence, mais elle n’est pas décadente du tout, elle est d'une vitalité-hyperréelle, elle toute l'énergie du simulacre".

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Il faut être honnête : le simulacre a gagné. Baudrillard :

 « C'est le jeu mondial de l'inauthentique » bien sûr: c'est ça qui fait son originalité et sa puissance. Cette montée en puissance du simulacre, vous l’éprouvez ici sans effort. »

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On comprend que comme chez Baudrillard ou Artaud on ait alors ce penchant pour le Mexique : d’ailleurs quel aventurier américain ne rêve de s’y réfugier au Mexique ?

« Le Mexique était là, voisin, pressant, le Mexique à qui cette région avait été arrachée, à qui elle tenait par tout - son profil, son climat, son odeur. Et l'on comprenait soudain pourquoi les Américains, après avoir conquis ce désert, lui accordaient une telle vertu. Ils cherchaient inconsciemment dans sa nudité, dans ses flancs stériles, un remède à leur agitation, une arme contre eux-mêmes, une halte dans la cadence infernale qui réglait leur vie et la vidait de toute substance. Sans se l'avouer, ils enviaient la nonchalance des hommes qui passent des heures immobiles à nourrir d'incompréhensibles rêves, pour qui le temps est une mesure indifférente… »

C’était avant que le Mexique ne devînt un « satellite industriel » de l’Amérique, comme l’a remarqué Todd dans son livre. Le Mexique maintenant c’est une banlieue.

« Tout est loin, tout est glacé, tout s'engrène automatiquement… »

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Ecrivain populaire par excellence, génial et simple à la fois, Kessel rejoint Pagnol et surtout Alphonse Daudet qui remarque déjà dans Tartarin sur les Alpes :

Tartarin sur les Alpes donc, chapitre V :

« La Suisse, à l’heure qu’il est, vé ! monsieur Tartarin, n’est plus qu’un vaste Kursaal, ouvert de juin en septembre, un casino panoramique, où l’on vient se distraire des quatre parties du monde et qu’exploite une compagnie richissime à centaines de millions de milliasses, qui a son siège à Genève et à Londres. Il en fallait de l’argent, figurez-vous bien, pour affermer, peigner et pomponner tout ce territoire, lacs, forêts, montagnes et cascades, entretenir un peuple d’employés, de comparses, et sur les plus hautes cimes installer des hôtels mirobolants, avec gaz, télégraphes, téléphones !…

– C’est pourtant vrai, songe tout haut Tartarin qui se rappelle le Rigi.

– Si c’est vrai !… Mais vous n’avez rien vu… Avancez un peu dans le pays, vous ne trouverez pas un coin qui ne soit truqué, machin comme les dessous de l’Opéra ; des cascades éclairées à giorno, des tourniquets à l’entrée des glaciers, et, pour les ascensions, des tas de chemins de fer hydrauliques ou funiculaires. »

Le monde moderne, a écrit Feuerbach, c’est celui qui précède la copie à la réalité. Dont acte.

Celui qui comprend tout avait déjà écrit :

« A mesure que nous avancions, le but de notre voyage semblait fuir devant nous (Tocqueville). »

Sources principales :

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/09/20/j...

https://www.amazon.fr/Hollywood-ville-mirage-Joseph-Kesse...

https://fr.wikipedia.org/wiki/De_la_rigueur_de_la_science

https://www.dedefensa.org/article/tartarin-de-tarascon-et...

https://www.dedefensa.org/article/tocqueville-et-la-fin-d...

La menace libérale

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La menace libérale

Georges Feltin-Tracol

Né en 1966 à Gijón dans les Asturies, Carlos X. Blanco enseigne la philosophie. Lecteur assidu d’Oswald Spengler, de Ludwig Klages, de David Engels et de Robert Steuckers, il a signé plusieurs essais parmi lesquels La caballería espiritual. Un ensayo de psicología profunda (2018), Ensayos antimaterialistas (2021) ou La insubordinación de España (2021). Récemment fondées, les éditions La Nivelle publient enfin un court essai, Le virus du libéralisme, la traduction française de El virus del liberalismo. Un virus recorre el mundo (2021).

À rebours de la mode actuelle qui voit une droite nationale – identitaire européenne se fourvoyer dans l’adulation de Donald Trump, d’Elon Musk et du président argentin Javier Milei, Carlos X. Blanco conteste l’idéologie libérale sous ses différentes facettes mortifères en appliquant à sa réflexion « la méthode de l’analyse dialectique […], par essence, holistique et fonctionnelle ».

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Ainsi constate-t-il que « l’économie est libérée du pouvoir politique », ce qui favorise la propagation du « virus du libéralisme […], véritable parasite culturel, [qui] n’a pas de vie propre. Son activité vitale, car elle est toute de prédation et de reproduction, n’a pas de moteur propre ». Cependant, « ce virus a favorisé et profité de la dissolution de la communauté traditionnelle ». Il estime que « le monde d’aujourd’hui est un monde pornographique. C’est l’essence ultime et radicale du libéralisme et de l’expansion du mode de production capitaliste dans sa phase mondialiste ». Il cible aussi volontiers « la “ mondialisation “ [qui] n’est rien d’autre que le nom à la mode qui résume les tendances expansives, intrusives et destructrices du capitalisme à l’échelle planétaire ».

Selon l’auteur, « l’impérialisme américain est l’agent militaire de l’avant-garde et de la mondialisation forcée, entendue au sens strictement économique, la mondialisation exercée par le capital mondial ». Toutefois, « aujourd’hui, le libéralisme n’est pas exclusivement représenté par les États-Unis et leur cortège de satellites anglo-saxons et sionistes ». Bien avant la distorsion actuelle des relations transatlantiques sous les coups de butoir du trio Donald Trump – JD Vance – Marco Rubio, il devine que pour les États-Unis d’Amérique, « l’alliance actuelle avec l’Europe est purement conjoncturelle, et un jour viendra où elle sera rompue. L’ingérence des sionistes, des Russes et des Chinois, le conflit avec les forces plus expansionnistes de l’Islam, etc., y seront pour quelque chose ». La dissociation en cours est finalement la bienvenue, surtout si l’idéologie libérale « est la cause de la mort de l’Europe ».

L’échec pseudo-européen

Ces fortes considérations confirment un solide réalisme, en particulier sur le sort de la politogenèse européenne. L’Europe « est le jouet de l’américanisme et du sionisme. Elle n’a pas de véritable armée, et son économisme forcené empêche une éducation exigeante et disciplinée de ses citoyens pour une véritable Union fédérale européenne. » L’auteur rappelle avec une ironie cinglante que « cette même merveilleuse Union [...] a permis les génocides lors des guerres de l’ex-Yougoslavie. Cette même “ union de destin dans l’universel “ [...] a récemment couvert et dissimulé les vols secrets de la CIA ». Plus récemment, elle a annulé le second tour de l’élection présidentielle en Roumanie comme elle avait incité en 2016 à organiser un autre second tour pour l’élection du chef d’État autrichien.

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Il soutient en outre que « l’Union européenne est une union d’États, mais elle n’est pas du tout une union de peuples. États et peuples : deux catégories conceptuelles disjointes ». Il est toujours heureux de procéder à cette distinction salutaire. Peuples et États ne sont jamais synonymes ou interchangeables. L’État – peuple (et non l’État-nation) est rare si on prend le mot « peuple » dans son acception ethno-culturelle, à l’exception peut-être du cas de la République populaire démocratique de Corée. L’État – peuple dans un sens social (et plébéien) n’existe pas, y compris au temps du socialisme soviétique.

L’État peut susciter un peuple suivant une approche civique et contractuelle, c’est-à-dire un ensemble de citoyens égaux en droits et en devoirs, une collectivité politique qui gommerait les spécificités bio-culturelles. On trouve encore des États formés de plusieurs peuples, surtout en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Des peuples relèvent de plusieurs appartenances étatiques distinctes (des francophones vivent dans le Val d’Aoste italien, en Suisse romande, en Wallonie belge sans omettre, outre-Atlantique, les Francos et les Cajuns aux États-Unis, les Québécois, les Acadiens, les « Bois-Brûlés » et les Fransaskois au Canada).

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Entre les séparatismes régionaux qui minent l’Espagne et un étatisme centralisateur qui efface les différences historiques et populaires, Carlos X. Blanco adopte une troisième voie. « Ni un nationalisme espagnol jacobin, comme celui de l’UPyD [centristes centralisateurs] ou de Vox [droite nationaliste], ni un post-communisme sans Marx comme Podemos [l’équivalent espagnol de La France insoumise] (et donc sans une analyse actualisée du mode de production capitaliste en termes d’exploitation, de plus-value et d’aliénation) n’ont d’avenir à long terme. » Mieux, « l’État d’Espagne n’existe presque pas, d’après ce [que les politiciens installés] nous disent, c’est une sorte d’ONG “ qui veille à la solidarité “ entre les régions autonomes, et autres balivernes ». Les souverainismes nationaux et régionaux incarnent dorénavant de « vieilles idéologies ou des tactiques usées qui incitent à la méfiance, renforcent la partitocratie et profitent à une partie de l’oligarchie. Elles sont incapables de dépasser le cadre actuel : “ l’Espagne “ et “ l’Europe “ sont pensées en termes de catégories anciennes et vides. De plus, elles ignorent la géopolitique actuelle : un Islam en guerre civile, une africanisation de l’Europe, une réorganisation des puissances extracommunautaires (Chine, Russie, Inde, Brésil, etc.) qui rend dangereux notre partenariat avec les États-Unis, etc. ».

Par ailleurs, l’auteur décrit l’Union dite européenne comme l’« absorption centralisée despotique des souverainetés nationales, avec sa recherche perpétuelle de mécanismes pour empêcher de manière coercitive le protectionnisme économique de chaque État-nation, avec sa soumission désastreuse aux diktats mondialistes ». Pour lui, « ceux qui disent que l’Union européenne est un antidote à l’étatisme savent qu’ils mentent. L’Union européenne est une entité monstrueuse, une entité de signe clairement capitaliste et au service de la grande accumulation de la plus value. L’Union européenne n’est pas “ moins d’État “, ni au sens libéral, ni au sens anarchiste : c’est simplement le club des États-nations existants et l’instrument de quelques-uns d’entre eux avec la primauté desquels ils pourront exercer une sorte de néo-colonialisme sur les autres ».

Refondation néo-médiévale pour le XXIe siècle

Au début du XVIIIe siècle au moment de la terrible Guerre de Succession d’Espagne (1701 – 1714), Carlos X. Blanco aurait certainement été un austraciste ardent, c’est-à-dire un partisan espagnol du prétendant Charles de Habsbourg. Hostile à la dynastie des Bourbons restaurée en 1975, il déplore l’américanisation accélérée de la Couronne et de la vie politique espagnole. Il condamne en outre, d’une part, « le concept d’égalité (de tous les hommes) [qui] dissimule l’inégalité matérielle de l’espèce à tous égards, surtout en ce qui concerne la possession des moyens de production », et, d’autre part, au risque de passer pour un réactionnaire, « la démocratie, qui […] est strictement une forme de droit politique, [désormais ...] transplantée sur des terrains où le concept même dégénère ». Il en sort dès lors la « langue de coton » (titre d’un ouvrage de François-Bernard Huyghe paru en 1991), le politiquement correct et le wokisme.

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On décèle dans les analyses de Carlos X. Blanco (photo) des formulations qui se rapprochent de celles du Français Guy Debord dans La société du spectacle (1967), puis dans Commentaires sur la société du spectacle (1988). A-t-il lu Debord ? On peut le supposer comme il a dû s’intéresser aux écrits de Guillaume Faye. En effet, il affirme que « occidental et européen seront des termes mal assortis. Ils ne le sont pas déjà, mais la divergence ne fera que s’accentuer dans les décennies à venir ». Retrouver l’essence de l’Européen implique au préalable de récuser « le “ moderne “ [qui] était donc le processus de sécularisation du moi protestant ». L’apparition et l’expansion de l’individualisme a aboli « la véritable charité, c’est-à-dire l’amour de l’autre qui consiste à le considérer comme une partie de son propre sang et comme un aspect de la même communauté éthique organique ». Issu de la matrice réformée, prélude de la fétide idéologie des Lumières, l’individualisme a conçu le libéralisme, grand corrupteur des liens organiques communautaires. « Les assemblées et les synodes, les hiérarchies et les corps intermédiaires, les principes de subsidiarité et de droit naturel protégeaient l’homme de tout réductionnisme. Ils protégeaient l’individu du virus libéral. » En réponse, il insiste sur l’obligation impérieuse de redécouvrir le « féodalisme [qui] est un personnalisme par opposition à la réification capitaliste ». Il faut néanmoins faire attention quand on aborde cette notion historique. Karl Marx se trompe quand il parle de l’économie féodale. Féodalisme et féodalité s’inscrivent dans l’essence du politique, et non dans celle de l’économique, en établissant des liens synallagmatiques en dépit d’une forte hiérarchisation politico-sociale entre membres du clergé et/ou de la noblesse.

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À l’instar du philosophe russe Nicolas Berdiaeff, Carlos X. Blanco préconise le retour au Moyen Âge dans un contexte techno-scientifique avancé. « Ce que l’on appelle le Moyen âge, et sa continuité légitime, l’Empire de la Monarchie hispanique, fut un katechon, l’esprit de résistance et de recomposition de cette Unité spirituelle, qui est aussi une union politico-militaire, de l’Imperium. » On sait par Carl Schmitt que le katechon est le retardateur de l’avènement de l’Antéchrist. Il s’agit d’un facteur déterminant qui empêche le surgissement du chaos en grande politique. En se référant à la Monarchie hispanique, puissance à la fois tellurocratique et thalassocratique, qui surplombait divers peuples (dont les francophones arpitans de Franche-Comté et les locuteurs d’oïl picard des Pays-Bas), l’auteur fait-il une allusion implicite à une nouvelle Union des Armes ? En 1626, le roi d’Espagne Philippe IV tenta d’accélérer l'unité de ses couronnes et royaumes (Castille, Portugal, Pays-Bas, Aragon, Deux-Siciles, Franche-Comté et possessions ultra-marines d’Amérique, d’Afrique et d’Asie) sur les plans militaire et financier. Les réserves et autres réticences des assemblées provinciales paralysèrent et interrompirent finalement cette grande idée géopolitique inaboutie.

On le voit, Le virus du libéralisme montre une hostilité radicale envers la marchandisation du monde. Carlos X. Blanco tient une position essentielle dans l’actuel combat des idées. Un fascicule à méditer d’urgence !

  • Carlos X. Blanco, Le virus du libéralisme. Un virus s’abat sur le monde, Éditions La Nivelle, 2024, 71 p., 11,98 €.

Erdoğan est désormais seul

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Erdoğan est désormais seul

Alexander Douguine

Suite à l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, de graves troubles ont éclaté et continuent de s'intensifier en Turquie. La crise s'aggrave. Mais pour analyser correctement la situation, plusieurs facteurs doivent être pris en compte.

Tout d'abord, le maire d'Istanbul, tout comme le maire d'Ankara, appartient à l'opposition libérale à Erdoğan. Il s'agit du Parti républicain du peuple (CHP), qui représente une alternative de gauche-libérale, laïque et généralement pro-européenne au parti d'Erdoğan, le Parti AK (Parti de la justice et du développement). Cette opposition est, en principe, orientée vers l'Occident et opposée à l'orientation islamique des politiques d'Erdoğan. En même temps, elle adopte une position assez hostile envers la Russie.

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Deuxièmement, Erdoğan lui-même a récemment commis plusieurs erreurs politiques très graves. La plus significative d'entre elles est son soutien à la prise de pouvoir à Damas par les militants d'al-Jolani. C'est une erreur fatale parce qu'en agissant ainsi, Erdoğan a infligé un coup sérieux — peut-être irréparable — aux relations turco-russes et turco-iraniennes. Maintenant, ni la Russie ni l'Iran ne viendront en aide à Erdoğan. La situation s'est déjà retournée contre lui, et la crise pourrait s'intensifier davantage.

Je ne crois pas que l'Iran ou la Russie soient impliqués de quelque manière que ce soit dans les troubles en Turquie. Plus probablement, c'est l'Occident qui essaie de renverser Erdoğan. Néanmoins, son erreur syrienne est significative. Beaucoup en Turquie n'ont pas seulement échoué à la comprendre, mais ont également condamné cette politique d'Erdoğan qui, comme nous le voyons maintenant, a conduit au génocide des Alaouites et d'autres minorités ethno-religieuses, y compris les chrétiens. En effet, seul un politicien extrêmement myope pourrait remettre le pouvoir en Syrie à al-Qaïda. Et bien qu'Erdoğan ait généralement été considéré comme un homme d'État prévoyant, cette erreur, à mon avis, le hantera longtemps.

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Un autre aspect est sa politique économique. La dévaluation de la lire, l'inflation galopante — tout cela sape une économie turque déjà fragile. Et bien sûr, ces échecs — tant en Syrie que dans l'économie — ainsi que le rapprochement d'Erdoğan avec l'Union européenne, avec les forces mondialistes, et son contact avec le chef du MI6, Richard Moore, poussent tous Erdoğan dans un piège. En conséquence, l'opposition libérale mais kemaliste (et donc nationaliste) en Turquie a saisi l'occasion de capitaliser sur ses échecs. Leur argument est : « Nous vous avions prévenus que ce qui s'était passé en Syrie serait une victoire pyrrhique, l'économie s'effondre, et nous avons une orientation plus forte vers l'Ouest qu'Erdoğan, sous lequel la Turquie ne sera jamais acceptée en Europe. »

Et puisque la Turquie a une démocratie fonctionnelle, Erdoğan n’a pas pu empêcher les populations d’Istanbul et d’Ankara de voter pour des leaders de l'opposition lors des élections municipales. En fin de compte, Erdoğan a décidé d'emprisonner le maire d'Istanbul. La question de savoir si c'était justifié ou non est presque sans importance — dans tout régime politique moderne, il est toujours possible de trouver des motifs pour emprisonner n'importe quel fonctionnaire (en politique moderne, il n'y a pas de personnes innocentes). La Turquie ne fait pas exception. Par conséquent, la question est uniquement celle de l'opportunité politique.

Erdoğan a décidé que les choses allaient mal pour lui et qu'il devait emprisonner son opposant le plus actif — Ekrem İmamoğlu. Pourtant, İmamoğlu est une figure affiliée à Soros, soutenue par des réseaux mondialistes, et Erdoğan n'aurait pu être soutenu dans cette démarche que s'il avait lui-même pris une position ferme contre cette faction liée à Soros. Cependant, comme l'avons déjà mentionné, Erdoğan avait précédemment poignardé dans le dos ses alliés — l'Iran et la Russie. Par conséquent, nous, Russes, ne pouvons pas le soutenir dans la situation actuelle. Et les Iraniens non plus.

C'est une situation très mauvaise pour Erdoğan. Tous ses opposants, profitant de ses erreurs accumulées au fil du temps, se sont soulevés en une même révolte — laquelle est une véritable révolution de couleur. Et ces kemalistes conservateurs, même alignés dans les forces armées, avec une orientation eurasienne — des militaires kémalistes qu'Erdoğan avait un jour accusés dans l'affaire toute fabriquée que fut "Ergenekon", et qui, en fait, l'avaient sauvé plus d'une fois (surtout lors de la tentative de coup d'État de 2016) — ne viendront plus à son secours.

En essence, Erdoğan se retrouve sans amis, ayant trahi tout le monde à plusieurs reprises. Je crois que sa situation est peu enviable. En même temps, nous devons garder une très grande prudence face aux manifestations en cours, car de la même manière que dans la plupart des révolutions de couleur, les mêmes organisateurs se tiennent derrière elles, y compris celle qui se déroule actuellement en Serbie. Au même temps, les mondialistes impliqués dans les manifestations sont une minorité — la majorité sont des gens ordinaires réellement mécontents de divers excès politiques au sein de la direction. Par conséquent, il y a aussi des raisons objectives à ce qui se passe — il semble qu'Erdoğan ait simplement épuisé sa marge d'erreur. Pourtant, il continue à faire des erreurs.

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Il est difficile de dire ce qui pourrait rectifier la situation. Peut-être qu'une certaine forme de gouvernement d'unité nationale kemaliste impliquant des islamistes modérés (comme des membres du propre parti d'Erdoğan) pourrait émerger. Dans ce contexte, la question se pose : que se passe-t-il avec Devlet Bahçeli, le leader du Parti du mouvement nationaliste turc et le principal allié d'Erdoğan ? Il y a même des rumeurs selon lesquelles il serait mort, ce que les autorités auraient soi-disant dissimulé. Je pense que ce ne sont que des théories du complot — mais cette figure de la politique turque a vraiment vieilli et s'est affaiblie. Erdoğan ne peut plus compter sur lui ou sur ses "Loups gris", autrefois puissants, de redoutables nationalistes radicaux turcs.

Donc, encore une fois, je répète : l'avenir d'Erdoğan et de son régime semble sombre. Cependant, bien sûr, nous préférerions avoir une Turquie souveraine avec une politique étrangère indépendante comme voisine — de préférence amicale, bien que nous soyons préparés même si elle nous devient hostile. La Russie est prête à toute éventualité.

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L'Amérique latine et la nouvelle politique américaine

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L'Amérique latine et la nouvelle politique américaine

Leonid Savin

Pendant plus de deux siècles, depuis la doctrine de Monroe, les États-Unis ont considéré l'Amérique latine comme leur arrière-cour, sont intervenus dans les affaires de la région et ont mené des interventions militaires sous divers prétextes. Ces effets se font encore sentir aujourd'hui, qu'il s'agisse des actions des gouvernements fantoches centrés sur Washington ou de la présence d'entités néocoloniales telles que le territoire associé de Porto Rico.

L'administration de Donald Trump ayant déjà émis un certain nombre de menaces et de déclarations très médiatisées à l'encontre des pays d'Amérique latine, il est nécessaire d'analyser quelles actions réelles les États-Unis peuvent mettre en œuvre et contre qui des mesures sévères peuvent être prises. Même si, bien sûr, il faut tenir compte du fait que Trump, tout en appliquant la rhétorique de la diplomatie préventive, peut aussi bluffer.

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Le Mexique et le Panama ont été les premiers à subir la pression de la Maison Blanche. Non seulement ce que l'on appelle l'impérialisme linguistique (en référence au décret de Donald Trump renommant le golfe du Mexique en golfe américain) a été appliqué au Mexique, mais aussi un avertissement d'utiliser la force militaire en cas d'invasion de migrants illégaux ou d'activités des cartels de la drogue. Plusieurs milliers de soldats supplémentaires ont été envoyés à la frontière. Le Mexique a été contraint d'accepter les propositions américaines et a déjà officiellement accepté, depuis février, l'envoi de forces spéciales pour aider l'armée mexicaine à lutter contre le crime organisé. Le 18 mars, un porte-missiles américain est entré dans les eaux du Golfe.

Le Panama, malgré l'indignation de ses dirigeants face à la possible annexion du canal, a également répondu aux demandes américaines de réduction de la présence chinoise en entamant le processus d'achat par un consortium BlackRock des actifs de la société hongkongaise CK Hutchison, qui possède plusieurs ports au Panama même, mais aussi en Europe.

Le reste de l'Amérique centrale et du Sud peut être divisé en trois groupes conventionnels. Le premier représente les opposants et les critiques de l'hégémonie américaine. Le deuxième est composé d'États qui adhèrent à l'équilibre. Le troisième est composé de pays qui coopèrent activement avec les États-Unis et qui n'ont donc pas à s'inquiéter. Au contraire, ils peuvent encore récolter quelques dividendes, comme le Salvador, où Nayib Bukele accepte déjà des prisonniers en provenance des États-Unis pour les héberger dans des prisons contre rémunération (officiellement des membres du groupe vénézuélien Tren de Aragua, et le Salvador a également demandé officiellement l'extradition des chefs du gang local MS-13).

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La première comprend sans aucun doute les pays du bloc ALBA, qui sont des partenaires stratégiques de la Russie - Cuba, le Nicaragua, le Venezuela et la Bolivie. En ce qui concerne les deux premiers, il est probable que les États-Unis poursuivent leur politique de sanctions. Dans le même temps, la Maison Blanche a proféré de nouvelles menaces contre toute coopération avec Cuba dans le domaine de la médecine, ce qui est un non-sens : ce domaine d'activité n'a jamais fait l'objet de sanctions pour des raisons humanitaires. Cela a provoqué la colère d'un certain nombre de pays de la région.

Le Venezuela représente un cas particulier car, en plus des sanctions, il existe une réelle menace de recours à la force. Bien entendu, le retrait des producteurs de pétrole américains (Trump a interdit à Chevron de travailler au Venezuela) nuira davantage à l'économie vénézuélienne. Et les nouvelles règles migratoires aux États-Unis, qui criminalisent effectivement les détenteurs de passeports vénézuéliens, aggraveront encore les relations entre les pays. Mais ce n'est pas une raison pour intervenir militairement.

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Le différend territorial avec la République coopérative de Guyane, dont un tiers du territoire appartient au Venezuela selon le référendum de 2023, pourrait être un prétexte à une intervention militaire américaine. La direction de l'US Southern Command s'est déjà exprimée sur l'assistance militaire à la Guyane, et étant donné les intérêts directs d'Exxon-Mobil dans le pays, le lobbying pourrait être impliqué à différents niveaux.

Précédemment, Juan Sarate, membre du National Endowment for Democracy des États-Unis, a mené une politique de déstabilisation à l'égard du Venezuela. Il est connu pour être lié à l'actuel secrétaire d'État Marco Rubio, qui s'oppose également au gouvernement chaviste de Nicolas Maduro. Étant donné que certaines parties de la Guyane sont devenues une zone grise de facto, toutes sortes de provocations pourraient y être menées.

La Colombie accueille déjà des bases américaines et Washington a déjà utilisé le pays pour effectuer des sorties de sabotage à perpétrer dans le Venezuela voisin. Mais sous la présidence de Gustavo Petro, les relations avec le gouvernement Maduro se sont normalisées. En outre, la Colombie a refusé d'accorder aux États-Unis l'espace aérien pour leurs avions militaires. Et Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur tous les produits colombiens. Compte tenu de la situation complexe dans plusieurs régions du pays en raison des groupes paramilitaires, les États-Unis ont une raison formelle d'intervenir (encore une fois, la lutte contre le trafic de drogue), mais il n'y a pas encore de signaux clairs pour justifier une telle opération.

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L'Équateur a jusqu'à présent suivi l'exemple des États-Unis. Mais des élections présidentielles sont prévues le 13 avril, où le magnat de la banane Daniel Noboa (photo, ci-dessus) tentera de l'emporter. Le président et candidat Daniel Noboa a pris l'avantage au premier tour dans les hautes terres, où se trouve notamment la capitale Quito, tandis que la chef de file de l'opposition Luisa Gonzalez l'a emporté dans les provinces côtières, où l'insécurité est un problème central. Les voix étant à peu près également réparties, le second tour sera une bataille pour les électeurs de Leonidas Isa, qui arrive en troisième position.

Suite à l'ouverture l'année dernière du port en eau profonde de Chancay au Pérou, qui a été lié aux investissements chinois, Washington considère le Pérou comme un allié de son adversaire. Cette nouvelle porte d'entrée, reliant l'Asie du Sud et l'Amérique du Sud, sape le contrôle des États-Unis sur les communications maritimes.

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Au Pérou, le gouvernement de Dina Boluarte (photo, ci-dessus) a imposé un état d'urgence de 30 jours à Lima et Callao depuis le 18 mars. L'armée et la police ont commencé à patrouiller conjointement dans les rues. Dans ce cas, le gouvernement a pris cette décision après l'assassinat du chanteur Paul Flores du groupe Harmony 10, tué lorsque plusieurs personnes ont ouvert le feu sur le bus du groupe Cumbiambera qui circulait sur l'avenue de l'Indépendance à San Juan de Lurigancho.

Le problème est interne, mais comme souvent dans l'histoire, les États-Unis peuvent l'utiliser à leur avantage.

La Bolivie entretient des relations froides avec les États-Unis, mais pourrait à nouveau susciter l'intérêt de Washington en raison de ses gisements de lithium, de gaz naturel et d'autres minéraux. Des élections devant avoir lieu cette année, le département d'État tentera probablement de gérer le processus électoral. Une intervention militaire ouverte dans ce pays est techniquement difficile, car elle impliquerait le territoire de certains de ses voisins.

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Quant au Chili, le président Gabriel Borich a récemment qualifié d'« inacceptables » les propos de Trump concernant Zelensky (dictateur sans élections), se plaçant en défenseur de la junte de Kiev. Cela peut sembler étrange, car Borich s'est auparavant aligné sur la politique de Washington. Cependant, son comportement devient compréhensible si l'on considère le contexte de la confrontation entre les mondialistes libéraux dirigés par George Soros, les Rothschild et d'autres personnages de ce type et les conservateurs tels que Donald Trump lui-même. Borich est sans aucun doute en phase avec les politiques de Soros ; il est un pion du projet libéral mondialiste.

Par ailleurs, la ministre de l'intérieur du Chili de 2022 à 2025, Carolina Toa, qui a démissionné pour se présenter à la présidence en novembre, représente également des intérêts mondialistes et est liée aux structures de Soros et à la BlackRock Corporation.

Par conséquent, Trump pourrait avoir des questions désagréables à poser aux autorités chiliennes actuelles.

Les dirigeants brésiliens ne sont pas en bonne position. Non seulement le pays a cédé le rôle de leader du Sud à l'Inde au niveau mondial, mais la politique de Lula da Silva n'a pas été cohérente ces derniers temps (on se souvient du récent blocage de l'entrée du Venezuela dans le groupe des BRICS). En outre, l'ancien président Jair Bolsonaro a donné le coup d'envoi de sa campagne électorale en organisant un rassemblement à Rio de Janeiro le week-end dernier, qui a attiré environ un demi-million de personnes. Bolsonaro est connu pour être un conservateur et un bon ami de Donald Trump, dont il obtiendra certainement le soutien politique. Mais on ne peut pas dire que la situation soit critique, car Lula coopère lui aussi avec les États-Unis sur divers fronts, notamment en matière de défense et de sécurité.

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Le président argentin Javier Milei a une position plutôt pro-américaine et pro-Trump, il continuera donc à mener des politiques favorables à Washington.

Dans le contexte de l'évolution de la politique étrangère américaine, il convient également de noter que les critères d'évaluation se transforment eux aussi. Si au début du 20ème siècle, l'influence américaine dans la région était évaluée à travers le prisme des intérêts économiques (la United Fruit Company), dans la seconde moitié du 20ème siècle, l'idéologie a pris la première place et des projets tels que le plan Condor ont été réalisés en raison de la crainte de la propagation du communisme et de l'émergence de systèmes politiques alternatifs (en particulier après la révolution cubaine de 1959). Ces craintes se sont aujourd'hui estompées et Trump semble se préoccuper davantage des questions économiques, ce qui est plus proche de la stratégie du début du siècle dernier. Par conséquent, sa politique dans ce pays s'intéressera avant tout à la présence de la Chine et à la menace directe que représente la frontière mexicaine.

De quand date la crise de l’Occident?

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De quand date la crise de l’Occident?

Claude Bourrinet

Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100002364487528

Parallèlement à mon étude de Julien Gracq, déjà bien avancé, et qui occupera probablement mes soirées, je vais m'atteler à une autre tâche, bien plus rude, qui risque, si Dieu me prête encore assez de vie, de meubler les quelque dix ans qui viennent, peut-être ce qui me reste avant de mourir, avec un peu de chance.

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Cette recherche aura pour noyau Perlesvaus, aussi appelé Li Hauz Livres du Graal, roman "arthurien' violent, sombre, magnifique, publié anonymement au tournant des XIIe et XIIIe siècles. Ce récit ouvre une plaie sanglante dans la civilisation que l'on considère pourtant comme l'un des sommets de l'Europe, entre le Roman et le Gothique (termes et concepts, du reste, forgés au XIXe siècle). Quelque chose se passe alors dans le champ littéraire, comme un symptôme morbide. Il me semble que la crise s'ouvre en 1140 (voire avant, mais il s'agit-là de la prise en considération d'une maladie qui va plonger l'Europe dans des angoisses profondes et vitales), avec le heurt frontal entre Saint Bernard et Abélard, et semble se refermer, pour verser dans autre chose, un autre Occident, au début du XIVe siècle, avec la mystique rhénane et Dante.

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Quelques lignes d'Alain de Libéra m'ont confirmé dans mon choix, car il dit, en substance, que les fractures subies dans les expressions les plus hautes de la culture, comme la philosophie, ou, surtout, la théologie, se retrouvent, pour ainsi dit naïvement, naturellement, en littérature, dans un domaine qui, a priori, ne concerne que les « gens du commun », les « illettrés » (qui ne sont pas versés dans les « arts »intellectuels, ce qui ne signifie pas qu’ils ne sachent ni lire, ni écrire), mais qui, par ce fait même, reçoivent plus facilement, en imagination ou en leur sensibilité, les secousses qui mettent en péril la société. De fait, cette vocation de la littérature à jouer le rôle d’un sismographe civilisationnel a toujours été avérée, d’Homère à Julien Gracq. Et, à tout prendre, les blessures sanglantes, parfois mortelles, de notre humanité, surtout intérieure, s’explicitent mieux, en langage simple et accessible, dans le royaume des Lettres, que dans les réduits fortifiés de la technicité langagière et conceptuelle.

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Entre Saint Bernard et le couple Eckhart-Dante, existe un principe commun : c’est le choix conscient de la nature, et d’un lien direct entre l’âme (ou plutôt l’esprit) et le coeur, et le rejet plus ou moins affirmé de la dialectique et des « jongleries » verbales propres aux techniciens de l’« organon » aristotélicien. Au début, il s’agit de sauver un mysticisme d’épanchement, lyrique, tel qu’on le rencontre par exemple dans les Confessions de Saint-Augustin. Durant le large siècle et demi qui sépare Saint Bernard d’Eckhart et de Dante, la philosophie a émergé de façon plus ou moins autonome, néanmoins censurée par la Sorbonne. Non que le théologien ne passe par les arts libéraux comme propédeutique à l’étude très longue de la science de Dieu, mais l’horizon n’était pas celui d’une recherche du bonheur individuel, et surtout à la portée de tous. Les théologiens étaient une caste de spécialistes se plaçant au service des pouvoirs civils et ecclésiastique, pour permettre que le Salut de tous fût possible.

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En revanche, le Maître qu’était Eckhart « oublie » le jargon scolastique, la technicité langagière, et s’adresse en termes très simples, « enthousiasmant », en langue vernaculaire, aux béguines (et à d’autres « laïcs » … ou moines), à des gens qui n’ont pas fait d’études autres que d’apprendre à lire et à écrire (et encore!) ; et pourtant, ses sermons sont d’une profondeur fascinante.

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Quant à Dante il opte en grande partie pour l’italien, nous livre un immense poème théologique, métaphysique, épique, qui jette les bases de l’homme moderne, et disserte sur les préoccupations mondaines comme un philosophe. Ces deux grands penseurs n’ont pas pour autant abandonné le latin, langue de l’Europe, mais ont « oublié » le langage de l’université, pour transmettre leur Sagesse.

Il s’agit de savoir ce qui est en jeu dans ce pont entre deux périodes de l’histoire européenne, qui paraissent pourtant bien éloignées l’une de l’autre. Qu’a-t-on voulu « sauver », au moment où la ville « dénature » l’homme, où l’argent, truchement aliénant entre les producteurs, les consommateurs, semble être la transmutation dans le domaine économique de l’inflation technicienne du savoir, où l’aristocratie paraît dépossédée de son pouvoir, et où les fondements mystiques de l’âge roman ont été ravalés à des considérations parfois sécularisées, dont le thomisme, l’averroïsme, et certaines productions littéraires, traduisent la mauvaise conscience, ou le consentement à une vision « terrestre » de l’humanité (pour être plus précis, il s’agit en l’occurrence d’une vision qui part de l’homme pour se diriger vers Dieu). Un retournement des sens, de l’oeil, de l’âme, s’est produit durant ces deux siècles. Lequel ?

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Les décès dus au fentanyl aux États-Unis et les tensions avec le Mexique et la Chine

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Les décès dus au fentanyl aux États-Unis et les tensions avec le Mexique et la Chine

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Il est évident pour tout observateur que les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, sont progressivement entrés en conflit ouvert avec la Chine et le Mexique. Il est clair que cela a beaucoup à voir avec le flot de migration illégale passant par le Mexique pour se diriger vers les États-Unis, et que les tensions géopolitiques et économiques avec la Chine expliquent également beaucoup de choses. Mais cela a également un rapport avec le fentanyl, une drogue synthétique aux conséquences dévastatrices, surtout aux États-Unis (mais aussi chez nous).

Selon un document du Central Washington Fentanyl Task Force Report, plus de 110.000 Américains auraient perdu la vie en 2023 à la suite d'une overdose, dont 75.000 seraient directement liés à l'utilisation de fentanyl. Bien que les chiffres pour 2024 montrent déjà une légère baisse du nombre de décès dus à des overdoses, le fentanyl reste la principale cause de décès chez les 18 à 44 ans aux États-Unis.

La Chine et le Mexique jouent un rôle important dans la question du fentanyl – Trump intensifie la lutte

Un rapport du Congrès américain, publié en 2024, a révélé que la Chine est le principal producteur de composants chimiques pour le fentanyl. 97% de ces composants chimiques proviennent d'entreprises chinoises. Les États-Unis parlent de "guerre chimique" de la part de la Chine, car le régime communiste chinois subventionne la production de ces composants et ne fait rien pour arrêter la production de fentanyl.

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Mais il y a aussi le Mexique, bien sûr. Ce pays d'Amérique centrale est devenu le hub du fentanyl. Les produits sont expédiés de la Chine vers le Mexique, où les cartels de Sinaloa et de Jalisco les composent pour en faire du fentanyl pur et veillent à ce qu'ils entrent aux États-Unis par la frontière mexicaine. En 2023, les autorités américaines auraient intercepté 101.493 livres de fentanyl pur, suffisantes pour tuer plusieurs fois tous les citoyens des États-Unis. Les produits chimiques utilisés pour fabriquer le fentanyl ont également été massivement interceptés par les États-Unis.

Le président Donald Trump a récemment décidé de considérer les cartels mexicains de la drogue comme des organisations terroristes. Une décision aux conséquences considérables: cette décision donne aux agences américaines, telles que la CIA et l'armée, le pouvoir d'attaquer ces cartels immédiatement et partout. Apparemment, des drones MQ-9 de la CIA survolent déjà certaines zones du Mexique pour repérer des laboratoires illégaux.

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Le gouvernement japonais réfléchit à la migration de travail: l'Allemagne comme exemple négatif

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Le gouvernement japonais réfléchit à la migration de travail: l'Allemagne comme exemple négatif

Tokyo. Il n'y a pas que le vice-président américain J.D. Vance qui considère la politique d'immigration allemande comme suicidaire. Le gouvernement japonais voit également l'Allemagne comme un exemple négatif en matière d'immigration.

Cela a été clairement exprimé ces jours-ci lors des discussions sur l'accueil et l'intégration des travailleurs étrangers au Japon, qui ont eu lieu lors de la 21ème session du cabinet japonais. Le gouvernement à Tokyo souhaite promouvoir la migration de travail vers le Japon avec des programmes spéciaux – tout en évitant à tout prix les erreurs de l'Allemagne. Une grande importance est accordée, par exemple, aux compétences linguistiques des postulants. Des plafonds doivent également être fixés pour le nombre d'étrangers admis.

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Cependant, même cette politique d'immigration relativement prudente n'est pas sans controverse au sein du gouvernement. Minoru Kiuchi (photo), responsable, au sein du cabinet du Premier ministre Ishiba, de la sécurité économique notamment, a exprimé, après la réunion ministérielle, sur X, ses inquiétudes quant aux conséquences de la migration – en faisant surtout référence à l'Allemagne comme un exemple dissuasif. En Allemagne, qui mène une "politique active d'accueil des étrangers", on constate une augmentation de la criminalité et des problèmes sociaux ainsi qu'une fracture au sein de la société, a-t-il écrit.

Kiuchi a appelé à "analyser en profondeur et avec soin les problèmes de ces pays" avant que le Japon ne prenne ses propres décisions en matière de politique migratoire. Il est nécessaire d'évaluer l'efficacité de la politique de ces pays et ensuite de "gagner le consensus du public" (mü).

Source: Zu erst, mars 2025.