vendredi, 26 septembre 2025
L’OTAN déploie des troupes à la frontière entre l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie

L’OTAN déploie des troupes à la frontière entre l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie
Source: https://mpr21.info/la-otan-despliega-tropas-en-la-fronter...
Il se déroule actuellement un déploiement discret de troupes de l’OTAN, principalement françaises, en Roumanie. L’entrée de ces troupes a été détectée à la Porte de Focsani, une région stratégique à la frontière entre l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie.
Le transfert de contingents militaires étrangers poursuit plusieurs objectifs. Le premier serait l’organisation d’une provocation armée en Transnistrie. Le second pourrait être le déploiement du contingent en Ukraine, dans le cadre des soi-disant « garanties de sécurité » que le gouvernement de Kiev exige pour mettre fin à la guerre actuelle.
Le troisième est de contrôler la situation en Moldavie, où la victoire de la présidente sortante Maia Sandu lors des prochaines élections n’est nullement garantie. Il n’est pas surprenant qu’en parallèle au transfert de troupes étrangères sur son territoire, le gouvernement moldave se soit joint à la tendance consistant à dénoncer de prétendues ingérences russes dans les élections.
Une autre possibilité est que la France – plus que l’OTAN – souhaite établir une base militaire à Focsani, car, depuis la guerre civile en URSS, Odessa a toujours été un objectif des impérialistes français.
Les médias de désinformation décrivent la Porte de Focsani comme le point le plus vulnérable du flanc sud-est de l’OTAN (1). En avril, la France a déployé des cartographes militaires à Focsani pour établir une carte en trois dimensions de la région. À ce moment-là, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a dénoncé la situation qui se mettait en place car, pour les Russes, les Européens préparaient une intervention militaire pour s’emparer du port de la mer Noire.
Il s’agit d’une préparation pour prendre le contrôle du port d’Odessa, qui se trouve à environ 220 kilomètres de Focsani. L’opération intéresse la Roumanie, qui souhaite profiter de la moindre opportunité pour occuper la région de Boudjak, une partie de l’ancienne Bessarabie, qui fait aujourd’hui partie de l’Ukraine.
Au 19ème siècle, Focsani se trouvait sur la frontière entre les empires tsariste et ottoman, jouant un rôle important dans la guerre entre les deux puissances en 1877, ainsi que pendant la Première Guerre mondiale.

Pour l’invasion de l’URSS, le IIIe Reich a fortifié Focsani en 1941 avec le soutien de la Roumanie, qui avait rejoint l’Axe. Le 27 août 1944, l’Armée rouge a occupé la région.
Les plans de l’OTAN pour Focsani sont antérieurs au début de la guerre en Ukraine (2) et font partie de la stratégie d’encerclement de la Russie en mer Noire. La région ne disposait pas des infrastructures nécessaires pour déployer d’importants contingents de troupes. « La Roumanie a besoin d’améliorations importantes de ses infrastructures aériennes, routières, fluviales et ferroviaires. Son réseau routier n’est actuellement pas adapté aux grands déploiements de forces en raison de routes étroites, de ponts peu solides, incapables de supporter de gros véhicules lourds et de tunnels trop étroits. Il existe également plusieurs passages fluviaux en Roumanie où les ponts ne peuvent pas supporter des véhicules blindés », indiquait un rapport de l’OTAN de 2021 (3).
L’OTAN recommandait à l’Union européenne la création de moyens de transport militaires sur le Danube, dans le cadre du Réseau transeuropéen de transport, « afin de permettre le transport d’équipements militaires de grande taille. Au niveau de l’UE, on reconnait seulement que tels besoins s'avèrent nécessaires (mais les dispositions envisagées ne sont pas respectées dans tous les États membres malgré la législation en vigueur). Par conséquent, un audit de l’ensemble des infrastructures doit être réalisé pour vérifier la capacité d’accueil des équipements militaires de grande taille ».
En 2023, lors de la conférence « Les dix prochaines années de l’OTAN » à Londres, a été présenté l’étude « La Porte de Focsani: un terrain clé pour la sécurité européenne », qui évaluait, entre autres, une simulation de guerre contre la Russie menée par l’OTAN en septembre 2019.
L’étude soulignait l’importance stratégique de la mer Noire et la nécessité d’une approche unifiée de l’OTAN pour le flanc oriental.
Notes:
(1) https://universul.net/how-easy-would-it-be-for-russia-to-...
(2) https://www.newstrategycenter.ro/wp-content/uploads/2019/...
(3) https://cepa.org/military-mobility-project-appendix-3-foc...
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Emmanuel Todd émet la nouvelle dichotomie des “élites globalistes libérales” contre les “forces du peuple”

Emmanuel Todd émet la nouvelle dichotomie des “élites globalistes libérales” contre les “forces du peuple”
Alfredo Jalife-Rahme
Source: Bajo la Lupa, 24.09.25 - https://www.jornada.com.mx/2025/09/24/opinion/014o1pol
Le penseur Constantin von Hoffmeister, fondateur de Multipolar Press, donne la parole au philosophe et géopolitologue russe Alexandre Douguine – que beaucoup définissent comme l’idéologue du tsar Vladimir Poutine, ce qu’il n’est pas, et qui représente en réalité, depuis son père, l’idéologie des services secrets de l’armée russe.
Douguine est devenu très prolifique et, dans un récent commentaire, au ton péremptoire, diffusé sur ses réseaux, dans le contexte de la “Fin des élites libérales” (sic), il aborde les assertions sensées de l'illustre démographe français Emmanuel Todd, dont le livre le plus récent, La défaite de l’Occident, a déjà été passé en revue ( https://www.jornada.com.mx/2024/01/24/opinion/012o1pol).
Pour Douguine, Todd “est actuellement l’intellectuel français le plus raisonnable (sic)” et il critique sévèrement “les dirigeants européens obsédés par le changement de régime en Russie et en Iran, alors qu’ils finiront probablement par être eux-mêmes remplacés très rapidement”, tandis que “les gouvernements de Russie et d’Iran et leurs économies se renforceront et gagneront un nouvel élan”.
Douguine s’arrête sur la suggestion de Todd d’abandonner les termes “populistes”, “extrême droite” et “nationalistes” et d’adopter une nouvelle dichotomie mieux explicative: celle des “élites globalistes libérales” contre les “forces du peuple”.
Selon Todd : “La tentative des élites de rediriger l’agressivité des personnes insatisfaites contre les Russes a complètement échoué. Ce thème ne fonctionne pas, et plus ils essaient de provoquer une vague de russophobie, plus ils sont eux-mêmes détestés”.
Todd estime que “la confrontation de la Russie avec les élites libérales lui a été plus que bénéfique”, alors que le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président français Macron et le chancelier allemand Merz “sont liquidés”.
Enfin, Todd juge que “l’Ukraine a très peu de temps”, car “ses dirigeants ont parié du mauvais côté (sic) et perdu de manière spectaculaire (https://x.com/constantinvonh/status/1969645434525065705?s...)”.
Il existe déjà des penseurs de haut niveau qui remettent en question la dichotomie topographique dépassée de “gauche” et “droite”, comme l’éminent économiste Jeffrey Sachs, qui s’est révélé être un meilleur géopolitologue et a dénoncé que la vieille dichotomie “gauche-droite” était dysfonctionnelle.
Avec toute l’humilité requise, votre serviteur a proposé la nouvelle dichotomie pour le 21ème siècle: celle qui oppose les “globalistes aux nationalistes” – je comprends que le terme “nationaliste” provoque une anaphylaxie chez les propagandistes du globalisme cataclysmique, c’est pourquoi je n’ai aucun problème à l’échanger contre le terme plus digeste de “souverainistes” (Nationalisme contre globalisme : Dichotomie du 21ème siècle avant l’intelligence artificielle ; https://orfilavalentini.com/esp/item/136/49/nacionalismo-...)”.

J’ai proposé cette nouvelle dichotomie en raison de l’obsolescence de la bifurcation “gauche-droite”, principalement à l’ère nucléaire – où gauchistes et droitiers périraient de façon identique –, en raison de la tour de Babel linguistique créée par l’imposition de la globalisation financiariste, lorsqu’on en arriva, pour ne citer que l’Amérique latine, à trois types différents de “gauche” (https://www.jornada.com.mx/2022/06/26/opinion/010o1pol), selon des intérêts étiologiques sans aucune axiologie, où a primé l’aberration suprême de voir comment un authentique homme de gauche peut être globaliste en même temps – ce qui constitue un oxymore idéologique – alors que la soroscratie qui domine l’Amérique latine a dénaturé concepts, valeurs et vertus pour servir ses intérêts prédateurs, au point que même ses “suiveurs” de la “gauche travestie” ont été affectés et contaminés.
Du point de vue de la géostratégie, il est aujourd’hui particulièrement significatif que les gouvernements pétroliers de Russie et des États-Unis définissent les “globalistes” comme leurs pires ennemis, tout en exaltant les valeurs “souverainistes” et l’héritage culturel de leurs pays.
De façon transcendantale, Douguine avance que “l’assassinat de Charlie Kirk et le projet du Grand Israël ont fatalement divisé l’édifice politique occidental, qui jusqu’à récemment restait uni grâce au globalisme libéral, en trois pôles opposés, laissant “l’Occident collectif” au bord de la révolution (https://www.arktosjournal.com/p/new-third-position)”.
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Les intérêts sur la dette et les dépenses militaires mettent en crise les systèmes de protection sociale européens

Les intérêts sur la dette et les dépenses militaires mettent en crise les systèmes de protection sociale européens
Pieter Cleppe
Source: https://www.centromachiavelli.com/2025/09/19/interessi-su...
France
En France, le Premier ministre François Bayrou a perdu un vote de confiance au parlement, ce qui a entraîné la démission de son gouvernement après seulement neuf mois. Le pays est de nouveau en crise politique.
Le coût de la dette publique a récemment augmenté pour toutes les principales économies de la zone euro. Le taux d’intérêt allemand à 30 ans est à son plus haut niveau depuis 2011 et l’Italie, la France, les Pays-Bas et l’Espagne subissent également la pression. Cependant, la situation est particulièrement grave en France, où les dépenses publiques ont augmenté jusqu’à atteindre 58% du PIB, tandis que la charge fiscale sur les salariés est désormais de 47%, l’un des niveaux les plus élevés de l’OCDE.

Malgré ces importantes recettes pour l’État français, le déficit budgétaire devrait atteindre 5,7% du PIB cette année. Au début de l’année, l’agence Standard & Poor’s a décidé de maintenir la note de crédit de la France à AA-, mais avec une perspective négative.
Peu avant la chute de son gouvernement, Bayrou a affirmé que la dette française avait été accumulée pour garantir le « bien-être des baby-boomers » au détriment de la génération suivante. Le président français Emmanuel Macron et ses alliés ne peuvent pas se vanter d’un bilan positif. Environ la moitié de la dette française accumulée sous sa présidence est imputable au poids des retraites. Au cours de la dernière décennie, la dette publique française est passée de 90 à 120 % du PIB, alors que la moyenne de la zone euro est restée relativement stable autour de 90 %. La France n’a pas eu de budget à l’équilibre depuis 1974, mais ces dernières années, le déficit budgétaire s’est aggravé, contrairement à celui de l’Italie. Par conséquent, l’écart de rendement entre les obligations françaises et italiennes à dix ans est tombé à son plus bas niveau depuis 2005, entraînant une baisse de la confiance des investisseurs.
Le ministre français des Finances, Eric Lombard, a récemment averti que recourir à l’assistance du FMI était « un risque qui nous attend », compte tenu de la rapide augmentation de la dette publique. Il s’agissait peut-être d’une stratégie destinée à vendre les mesures proposées par le gouvernement Bayrou, mais même si ces mesures étaient adoptées, le déficit budgétaire de la France ne passerait que de 5,4% du PIB en 2025 à 4,6% en 2026. Cela viole non seulement les règles de l’UE en matière de déficit public, mais c’est aussi insuffisant pour empêcher que la dette publique française ne devienne incontrôlable.
Après la chute de Bayrou, le nouveau Premier ministre cherchera probablement à augmenter les impôts. La pression fiscale en France est déjà parmi les plus élevées d’Europe.

Belgique
Dans la voisine Belgique, les impôts sont encore plus élevés. Dans aucun autre pays de l’OCDE, la charge fiscale sur les salariés sans enfants n’est aussi élevée: selon les données de l’OCDE, l’État prélève plus de 50 % du salaire brut. Aux Pays-Bas, ce pourcentage n’est que de 35,1 %, ce qui suggère qu’il est possible d’avoir un État-providence sans une pression fiscale écrasante.
Pour pouvoir baisser les impôts et générer de la croissance économique, des réformes politiquement douloureuses sont nécessaires. Dans le cas de la Belgique, cela signifie introduire une réforme du budget de la sécurité sociale, qui couvre l’assurance maladie, les indemnités d’invalidité et de maladie et les allocations de chômage. Pendant des années, le budget de la santé est resté protégé. En pourcentage du PIB, les dépenses publiques de santé belges ont effectivement doublé depuis le début des années 1970, passant d’environ 4% du PIB à l’époque à environ 8% aujourd’hui. Cette augmentation est bien plus marquée que celle des autres dépenses sociales.
Lors de son dernier mandat, le ministre fédéral belge de la Santé, Frank Vandenbroucke, socialiste convaincu, a négocié pour que les dépenses de santé puissent croître en moyenne de 2,5% par an au-dessus de l’inflation, et il est prévu qu’elles augmentent presque autant sous le nouveau gouvernement fédéral belge, qui a pris ses fonctions au début de cette année, même si l’intention est désormais de réaliser quelques économies. La question est de savoir si cela est soutenable, étant donné que cette année, les gouvernements fédéral et régionaux de Belgique devraient atteindre un déficit budgétaire global de 35 milliards d’euros, soit environ 6% du PIB du pays, qui s’élève à 570 milliards d’euros. Les dépenses supplémentaires de défense et le poids des intérêts de la dette publique du pays, qui équivaut à 106% du PIB, représentent des défis majeurs à cet égard.
La méthode proposée par le ministre de la Santé pour réaliser des économies par un contrôle accru de l’État a cependant suscité une forte réaction de la part du secteur médical lui-même. Début juillet, pour la première fois en vingt ans, une grève générale des médecins a été organisée. Les médecins dénoncent en particulier ses projets de réglementer davantage les tarifs qu’ils peuvent appliquer aux patients. En raison de la situation financière difficile des hôpitaux belges, ceux-ci demandent parfois aux médecins de leur reverser une partie des suppléments d’honoraires qu’ils sont autorisés à facturer aux patients en échange d’une chambre privée à l’hôpital. Par conséquent, les hôpitaux ont également exprimé leur inquiétude que de tels plans ne viennent encore aggraver leur situation financière.
D’autres préoccupations portent sur le fait que Vandenbroucke acquiert plus de pouvoir pour permettre au gouvernement de suspendre les licences des médecins, qu’il refuse d’introduire des mesures d’austérité pour les organismes publics qui jouent un rôle dans la fourniture de soins de santé, et qu’il cible simplement les salaires relativement élevés de certaines professions médicales, comme les médecins spécialistes ou les dentistes. Une autre plainte est le refus de faire payer un peu plus les patients pour consulter les médecins généralistes et spécialistes.
L’une des principales critiques est que le ministre refuse d’écouter les partenaires sociaux. Une alliance sans précédent entre médecins, caisses d’assurance maladie et hôpitaux s’est opposée au projet de loi-cadre de Vandenbroucke, déplorant explicitement que : « Nous sommes préoccupés par la manière dont ces réformes sont mises en œuvre. Elles ont été élaborées à une vitesse vertigineuse, sans débat approfondi et en dehors des structures de concertation existantes. » Patrick Emonts, président du plus grand syndicat de médecins, ABSyM-BVAS, a mis en garde catégoriquement : les plans de Vandenbroucke « nous mènent à un système autoritaire ».
En résumé, face aux restrictions financières, causées en grande partie par les distorsions du marché induites par l’État dans le système de santé, le ministre fédéral belge de la Santé pousse à une planification plus centralisée et à un contrôle accru de l’État pour résoudre les problèmes causés par les précédentes interventions gouvernementales.

La BCE à la rescousse ?
Fin août, Friedrich Merz, chancelier de l’Allemagne, la principale économie d’Europe occidentale, a déclaré sans détour lors d’une conférence de son parti, l’Union chrétienne-démocrate, que « l’État-providence que nous avons aujourd’hui ne peut plus être financé avec ce que nous produisons dans l’économie ». Selon le Wall Street Journal, il a ainsi exprimé « l’indicible », un « tabou dans les démocraties occidentales modernes : admettre que la taille de l’État-providence moderne n’est plus soutenable ».
Merz a donc appelé à une « révision fondamentale » du système de protection sociale, ce qui a immédiatement suscité les critiques de son partenaire de coalition social-démocrate SPD.
Les dépenses sociales allemandes ont atteint le record de 47 milliards d’euros en 2024 et devraient encore augmenter en 2025, mais l’économie du pays est en déclin. Le PIB s’est contracté de 0,3% en 2023 et de 0,2% en 2024, à la suite de l’échec des expériences à grande échelle en matière d’approvisionnement énergétique et de la fin de la fourniture de gaz russe à bas prix.
Que faut-il attendre maintenant ? La tragédie, c’est que la plupart des États-providence d’Europe occidentale font désormais partie de la zone euro. Cela signifie que leur capacité à imposer aux citoyens des niveaux de dette insoutenables a considérablement augmenté.
Depuis que la Banque centrale européenne s’est engagée en 2012 à faire « tout ce qu’il faudra » pour sauver l’euro, ce qui a été interprété comme la création de tout l’argent nécessaire pour maintenir les taux d’intérêt bas, des pays comme l’Italie, la France et l’Espagne ont vu leur dette publique brute augmenter considérablement par rapport au PIB. Certes, les niveaux de dette publique aux Pays-Bas et en Allemagne ont légèrement diminué, mais étant donné la situation économique préoccupante de l’Allemagne, il est peu probable qu’il y ait une forte volonté politique d’apporter un nouveau cycle de transferts de sauvetage d’urgence dans la zone euro.
Cela signifie que, comme toujours, la BCE devra porter le plus gros du fardeau pour maintenir la stabilité du navire. Elle aura recours à la plus vieille astuce des finances publiques, perfectionnée par les républiques bananières: créer toujours plus d’argent, ou permettre aux banques de le faire, pour contenir les taux d’intérêt et permettre aux gouvernements de poursuivre des modèles de dépenses insoutenables.
Les politiciens de la zone euro pourraient donc continuer à faire des promesses intenables aux électeurs, qui en paieront bien sûr finalement la note, car la valeur de leurs économies se déprécie tandis que l’État acquiert plus de contrôle. Comme ces électeurs continueront de le découvrir, rien n’est jamais gratuit.
Qui est Pieter Cleppe ?
Pieter Cleppe est analyste politique, éditorialiste et rédacteur en chef de www.brusselsreport.eu
17:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dette, actualité, france, belgique, allemagne, europe, affaires européennes, systèmes de protection sociale |
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Espace aérien, droit et réalité: une analyse au-delà de toute hystérie

Espace aérien, droit et réalité: une analyse au-delà de toute hystérie
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/09/luftraum-recht-und-realitat-e...
Le seul dommage documenté de la prétendue « attaque de drones russes » du 10 septembre – une maison endommagée à Wyryki – a été, selon la confirmation polonaise, causé par le missile d’interception d’un F-16 polonais.
Ces dernières semaines, les rapports sur de prétendus incidents dus à des initiatives russes dans l’espace aérien européen se sont multipliés. Tantôt il est question de drones qui se seraient écrasés en Pologne, tantôt de chasseurs russes qui auraient violé l’espace aérien estonien, et plus récemment encore de mystérieux drones au-dessus du Danemark qui ont paralysé plusieurs aéroports. Dans les gros titres, ces incidents sont condensés pour proposer un scénario de menace où la Russie est présentée comme un agresseur imprévisible; ce scénario alimente les appels à abattre les appareils russes et à la fermeté militaire. Pourtant, un examen des faits, du droit international et de la pratique militaire montre qu'une grande partie des ces récits ne résiste pas à une analyse objective.
L’exemple de la Pologne le montre clairement: dans la nuit du 10 septembre, Varsovie a signalé l’intrusion de 19 drones. La Biélorussie a déclaré peu après avoir déjà intercepté plusieurs appareils au-dessus de son propre territoire et avoir averti la Pologne à temps. Une partie des drones s’est écrasée de façon incontrôlée après avoir atteint la limite de leur portée, d’autres étaient apparemment des leurres. Aucun des appareils n’a atteint de cible précise. Le seul dommage documenté – une maison endommagée – n’a, selon la confirmation polonaise, très probablement pas été causé par un drone russe, mais par le missile d’interception d’un F-16 polonais. On ne peut donc parler d’attaque délibérée de la part de la Russie.

Le cas du Danemark est encore plus nébuleux. Plusieurs aéroports ont été temporairement fermés parce que des drones inconnus auraient été aperçus. Rien n’a été retrouvé. L’origine, le nombre et le type d'appareils restent indéterminés. Pourtant, dans les médias, le mot-clé « Russie » a immédiatement surgi. C’est un exemple classique de la façon dont une observation non étayée est transformée en sensation. Le fait que cette actualité ait presque entièrement éclipsé une autre information, bien plus pertinente – l’ouverture de la frontière polono-biélorusse au trafic de marchandises –, montre à quel point la perception médiatique est sélective.
Les règles du « Air Policing » sont claires
Le rapport estonien du 19 septembre est un peu plus concret. Selon celui-ci, trois MIG-31 auraient violé l’espace aérien estonien près de l’île de Vaindloo pendant environ douze minutes. La Russie dément et affirme que les appareils se trouvaient au-dessus des eaux internationales dans le golfe de Finlande. Ce qui est certain: les avions volaient parallèlement à la côte, non en direction du territoire estonien. Même le gouvernement estonien n’a pas évoqué une intention d’attaque. Dans un corridor où les frontières maritimes et aériennes sont en partie contestées, la situation est loin d’être claire.


Juridiquement, le cadre est clair. L’interdiction du recours à la force dans la Charte des Nations unies proscrit l’usage de la force militaire tant qu’il n’y a pas d’attaque armée ou d’intention d’attaque immédiate qui soit démontrable. L’abattage de drones non armés ou d’avions utilisant des corridors internationaux serait contraire au droit international. Le droit pénal allemand sanctionne également les appels publics à des actes contraires au droit international. Les règles du Air Policing sont claires : identifier, accompagner, documenter – ne pas amorcer d'escalade.
La véritable question n’est donc pas de savoir si la Russie menace l’Europe avec des drones et des chasseurs. C’est: pourquoi chaque incident est-il politiquement et médiatiquement dramatisé, alors que les faits ne le justifient pas? Une raison majeure est que l’Europe ne dispose pratiquement plus de mécanismes de consultation fonctionnels. Dans les années 1990, il existait des canaux de dialogue directs entre l’OTAN et la Russie, des rencontres régulières entre les chefs d’état-major, voire des téléphones de crise. Les conflits pouvaient être contenus sur le plan technique.
Manque de transparence et de prévisibilité
Aujourd’hui, ces instruments n’existent plus – et ce vide est comblé par les gros titres et la symbolique politique. S’y ajoute un problème plus profond: avec la résiliation des traités de contrôle des armements tels que l’ABM, l’INF et Open Skies, les bases de la transparence et de la prévisibilité se sont effondrées. Là où il n’y a pas de règles fiables, l’incertitude et la méfiance prospèrent. Dans un tel climat, chaque incident devient un écran de projection pour des scénarios de menace.
Tout cela coïncide avec une phase de réarmement massif. L’Allemagne prévoit d’ici 2026 des dépenses de défense supérieures à 108 milliards d’euros – un record historique. Cela est justifié par la protection du flanc Est et la dissuasion de la Russie. Mais la dramatisation constante de petits incidents crée d’abord la base argumentative de cette politique. Le « facteur russe » devient la légitimation d’une nouvelle normalité militaire en Europe.
Pourtant, il existe aussi d’autres signaux. La Russie a proposé de respecter volontairement pendant un an supplémentaire les plafonds du traité New START. Ce n’est pas un geste d’amitié politique, mais une proposition de stabilité pragmatique. Cela ouvre une fenêtre de temps pour entamer de nouvelles négociations sur le contrôle des armements – aussi en tenant compte de la Chine. Si cette fenêtre n’est pas exploitée, une nouvelle course aux armements menace, dont les risques seraient principalement supportés par l’Europe.
Conclusion
Le bilan objectif est le suivant: les drones au-dessus de la Pologne n’étaient pas une attaque, ceux qui auraient survolé le Danemark restent non prouvés, les vols de MIG au-dessus du golfe de Finlande n’étaient pas une agression. La rhétorique d’escalade n’a rien à voir avec la réalité des faits. Ceux qui réclament d'abattre les appareils violent non seulement le droit international, mais risquent d'enclencher une dynamique incontrôlable.
La politique de sécurité n’est pas affaire de gros titres rapides, mais de réflexion posée. Elle nécessite des faits, des consultations, la sécurité juridique et une volonté claire de désescalade. La paix, dans ce contexte, n’est pas une option parmi d’autres. Elle est la condition préalable à tout ordre de sécurité durable en Europe.
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Les destins de l’Europe se décideront à Paris (et ce n’est pas une bonne nouvelle)

Les destins de l’Europe se décideront à Paris (et ce n’est pas une bonne nouvelle)
Crise française, conflit européen et nature de l’UE
par Giuseppe Masala
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31288-gius...
L’un des enseignements fondamentaux de l’histoire est que, pour comprendre le destin de l’Europe, il faut regarder vers la France. Une vérité qui est probablement valable depuis la naissance de l’État-nation français, mais qui est devenue de plus en plus évidente au fil des siècles, alors que s’y sont produits — précisément en France — des phénomènes particuliers comme les Lumières, la Révolution française et l’épopée napoléonienne.
C’est encore le cas aujourd’hui: la France est le seul pays de l’UE à disposer de la dissuasion nucléaire et à siéger au Conseil de sécurité de l’ONU, donnant à Paris un rôle fondamental dans la définition des destins de l’Europe continentale. Néanmoins, à cette époque historique-ci, ce pays traverse une crise industrielle, économique et politique très profonde, qui s’est désormais transformée en une crise politique aiguë et, de plus en plus, sociale.

Le point clef pour comprendre la genèse de la crise actuelle de la France doit être recherché — comme d’habitude ! — dans la naissance de l’euro. Comme Rome, Paris n’a pas réussi à résister à la concurrence des pays d’Europe du Nord et de leurs chaînes de valeur mondiales bien conçues. En effet, la France a elle aussi vécu le drame de la désindustrialisation, auquel s’est ajoutée la fin de la Françafrique, c’est-à-dire la domination de Paris sur ses anciennes colonies africaines, qui garantissait un débouché sûr pour les produits français et un flux constant de capitaux vers Paris grâce au mécanisme du franc CFA.
Un autre phénomène, intrinsèquement lié au processus d’intégration européenne, a également aggravé la situation française. Je fais naturellement référence au soi-disant axe franco-allemand, qui ne doit pas être vu uniquement sous l’aspect politique, mais aussi économique et financier. Sous ce dernier aspect, l’axe doit être compris en des termes très simples et particuliers: Berlin a toujours — et de plus en plus — couvert les déficits croissants de Paris au niveau de la balance courante. En d’autres termes, l’Allemagne, grâce à sa puissance économique énorme, portée par un système productif hyper-compétitif à l’échelle mondiale, réglait l’addition des dépenses de Paris, évitant ainsi à cette dernière la confrontation finale avec des comptes nationaux de plus en plus hors de contrôle. Évidemment, Berlin ne faisait pas cela par philanthropie, mais parce qu’ainsi elle obtenait le soutien de la France au niveau des politiques européennes, renforçant ainsi son hégémonie sur les institutions de l’Union. Du point de vue français, il faut dire que les injections continues de capitaux de la part de Berlin et de ses pays satellites se sont révélées être des doses massives de morphine qui ont permis de maintenir un État social de super-luxe pendant des décennies, évitant que la crise industrielle ne se transforme en crise sociale.
Mais si ces doses de morphine financière venues d’outre-Rhin ont été un remède pour Paris d’un côté, de l’autre elles se sont révélées être une damnation qui a empêché la politique française de prendre la mesure de la gravité de la situation, lui permettant de végéter dans le confort.
Tout cela jusqu’à la confrontation finale que nous vivons ces mois-ci. La position financière nette de la France est totalement hors de contrôle avec environ 900 milliards d’euros de dettes nettes envers l’étranger. Un chiffre colossal, si l’on considère que l’Italie a été placée sous tutelle par l’UE sous le gouvernement Monti alors qu’elle avait une position financière nette négative de « seulement » 300 milliards d’euros. Un tiers de celle de la France, alors que Paris n’a pas une économie trois fois plus grande que celle de l’Italie.

La position financière nette française est donc hors de contrôle, et en outre doit être considérée comme totalement instable car elle a perdu son principal parachute, à savoir le flux de capitaux provenant de l’Allemagne et de ses pays satellites, qui garantissaient la stabilité tant du système financier de Paris que de la dette publique française. Pour démontrer que la situation financière de la France est instable, il suffit de citer un chiffre: les obligations à dix ans de Paris ont désormais atteint un rendement de 3,5%, ce qui est objectivement très élevé et montre que la France doit offrir des rendements plus importants si elle ne veut pas voir s’évaporer ses capitaux et subir une crise financière et bancaire. À cet égard, la déclaration de la gouverneure de la BCE, Mme Lagarde, affirmant que « le système bancaire français n’est pas en danger », est révélatrice du malaise du secteur. Existe-t-il une plus grande certitude qu’un système bancaire est en danger que lorsque le banquier central est obligé de jurer le contraire ?

L’agence de notation Fitch a aussi pris acte de la gravité de la situation, en dégradant la dette publique française à la note A+ contre AA-. Bref, la voie que suit le pays transalpin est très similaire à celle des années passées, avec trois facteurs aggravants:
- Dorénavant, les pays d’Europe du Nord pourront difficilement soutenir le système financier français avec les importantes injections de capitaux de ces dernières décennies;
- La position financière nette de la France est extrêmement grave compte tenu de la taille de son économie;
- Très probablement, l’Europe traversera dans les prochaines décennies une grave crise due au fait qu’elle est devenue une zone économique marginale, exclue des grands flux financiers et d’innovation technologique, et dépourvue de tout poids politique. Par conséquent, Paris aura encore plus de mal à assainir ses finances, précisément parce que cela devra se faire dans une phase de difficultés systémiques pour tout le continent.
Comme il arrive toujours lorsque la situation économique d’un pays est aussi instable, le cadre institutionnel entre lui aussi dans une grave instabilité: les gouvernements à Paris se succèdent très rapidement et surtout végètent, impuissants et incapables de concevoir une stratégie de sortie de cette crise « à l’italienne ».
C’est dans ce contexte complexe que les élites françaises semblent avoir choisi la voie la plus facile (et la plus irresponsable) pour sortir de la crise: celle de la création d’un ennemi extérieur. Évidemment, il ne pouvait s’agir que de "l’autocrate du Kremlin", Vladimir Poutine.

Les déclarations tonitruantes de Macron, qui a qualifié le président russe d’« ogre » et de « prédateur », en disent long sur la position de Paris: de l’autre côté des Alpes, on veut la guerre ou du moins un état de tension avec la Russie, afin de cacher les problèmes internes et dramatiques du pays.
C’est seulement dans cette logique que l’on peut donner un sens à l’idée soutenue par Macron d’envoyer des contingents militaires en Ukraine comme troupes d’interposition et d’instaurer une zone d’exclusion aérienne dans l’ouest de l’Ukraine, afin d’abattre les essaims de drones russes qui sévissent dans le ciel ukrainien.
Des idées irresponsables qui alimentent l’escalade, à tel point que le porte-parole du Kremlin, Peskov, a déjà déclaré qu’il considère l’OTAN en guerre contre la Russie. Sans parler de l’ancien président Medvedev, qui lui aussi parle désormais de guerre entre la Russie et l’OTAN avec ses habituels accents à la Jirinovski.
En conclusion, une chose est certaine : une fois encore, le destin de l’Europe se joue à Paris. La paix en Europe ne sera possible qu’avec une France pacifiée.
12:03 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, france |
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