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mardi, 09 décembre 2008

Repenser la solidarité d'après M. Cl. Blais

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Repenser la solidarité : Marie Claude Blais

 Chronique du livre : La solidarité. Histoire d’une idée, Marie-Claude Blais, Gallimard, 2007

Que faut-il penser de la solidarité, cette charité laïque fondée sur un lien social fort qui a ému nombre de penseurs au XIXe siècle ? Marie-Claude Blais se pose la question en retraçant l’histoire de cette idée.

En 1992, François Azouvi a théorisé une "histoire philosophique des idées"   d’un type nouveau, avant d’innover en dressant une histoire du cartésianisme après Descartes. Marie-Claude Blais, qui avait déjà publié un ouvrage sur Renouvier, relève aujourd’hui le défi.

L’approche est vivante et le sujet stimulant : la solidarité fait partie de ces notions aux contours suffisamment flous pour qu’on les investisse librement des nombreux contenus que chaque époque veut bien leur attribuer. C’est là sa richesse, et peut-être sa faiblesse. Tour à tour concept juridique, idéal romantique, catéchisme social ou vertu républicaine, la solidarité a toujours pris la double forme d’instrument d’analyse de la société et d’exigence individuelle. De ce sujet ambitieux, l’auteur fait un traitement habile.

Selon un modèle bien connu au cinéma, Marie-Claude Blais choisit de partir de la consécration de cette notion par le mouvement solidariste de Léon Bourgeois  . au crépuscule du XIXe siècle, pour revenir ensuite à ses origines et suivre le fil du temps. Le mouvement est agréable, nous nous laissons porter au gré de différents auteurs qui ont trouvé dans la solidarité matière à réfléchir.


Un enchaînement vivant d’itinéraires intellectuels

Marie-Claude Blais, précise et didactique, excelle à nous expliquer comment se déploie l’idée de solidarité, en une période où celle-ci prend une place déterminante dans les représentations politiques. D’un itinéraire intellectuel à l’autre, influences, rebonds et querelles rythment ce roman de la solidarité, enrichie au gré de pensées qui en redéfinissent régulièrement les contours.

On y croisera l’imprimeur Pierre Leroux qui y voyait l’avatar laïc d’un principe évangélique, et le juste milieu entre individualisme et "socialisme", revendiquant d’ailleurs la paternité de ce dernier mot. On y découvrira l’économiste Constantin Pecqueur qui analysait la solidarité selon un mode de production et de répartition distributive des richesses. On y écoutera le juriste suisse Charles Secrétan qui a ancré la notion dans l’immanence. Marie-Claude Blais fait un sort particulier à celui qui avait déjà fait l’objet de ses travaux antérieurs : le philosophe néo-kantien Charles Renouvier qui, évoluant de l’idée de totalité englobante à celle de pluralité d’éléments individuels, a trouvé et salué dans la solidarité une relation de mutuelle dépendance entre les hommes, créatrice de dette.

Les philosophes les plus illustres croisent dans ces pages ceux qui ont bénéficié en leur temps d’un succès d’estime mais que plus personne ne lit aujourd’hui. À la figure renommée d’Emile Durkheim, dont la thèse faisait de la division du travail la source de la solidarité sociale, succède celle, plus oubliée, du philosophe Jean Izoulet, qui voulait asseoir la solidarité laïque sur une religion sociale immanente, et pour qui, dans la longue lignée de la droite organiciste, un enfant n’avait pas forcément besoin d’apprendre à lire ou à écrire, pour peu qu’on lui enseignât son exacte fonction au sein de l’ensemble social auquel il prend part.

Cette longue chaîne intellectuelle s’achève avec Léon Bourgeois, figure du radicalisme et brièvement chef du gouvernement en 1895-1896. Cette année-là, dans un ouvrage au grand retentissement, intitulé précisément Solidarité, il se donne pour ambition de formuler "une théorie d’ensemble des droits et des devoirs de l’homme dans la société".

Entraînés de la sorte, nous en oublions presque l’idée dont il était question. C’est à la fois la force et la faiblesse de l’ouvrage. Car Marie-Claude Blais prend, en réalité, prétexte de l’idée de solidarité pour nous exposer ici une pensée, nous restituer là une ambiance intellectuelle. Le cheminement est plaisant, mais le concept lui-même n’y gagne pas grand-chose.

Une idée à enrichir

À en croire Marie-Claude Blais, l’histoire d’une idée n’est que la recension de ses apparitions dans l’histoire. C’est pour cela que l’on éprouve, à la lecture de La solidarité, un double sentiment de satisfaction et d’incomplétude. Il nous manque la véritable problématisation philosophique dont le concept aurait gagné à faire l’objet.

L’auteur ouvre une porte à la toute fin de l’ouvrage, lorsqu’elle écrit que "la généralisation de ce principe indiscutable devrait pourtant rendre criante l’urgence d’un nouveau travail de conceptualisation"  . Mais c’est en vain que le lecteur cherchera ici un tel travail.

Pour toute pensée nouvelle de l’idée de solidarité, l’auteur nous propose le fil conducteur de la troisième voie "entre l’individualisme libéral et le socialisme collectiviste, la voie d’une démocratie non moins sociale que libérale". À ses yeux, c’est la richesse actuelle de ce concept. Mais la position du ni-ni laisse sur sa faim.

Le sujet aurait mérité que l’auteur apporte une pierre nouvelle à l’édifice, enrichisse cette idée de significations nouvelles. Marie-Claude Blais soulève souvent des questions sans y apporter de commencement de réponses.

Si elle milite pour la réintroduction de la solidarité dans notre champ d’analyse, c’est souvent par défaut : "entre le reflux des solutions collectivistes, l’effacement du modèle marxiste de la lutte des classes, la poussée de l’individualisme juridique et la résurgence offensive du libéralisme économique, nous renouons, structurellement parlant, avec la matrice intellectuelle qui avait imposé la catégorie de solidarité comme la seule à même d’accorder la liberté et le lien, l’indépendance des êtres et leur interdépendance, la responsabilité de chacun et la protection de tous."

Finalement, n’était-ce pas à travers le droit que l’on aurait pu repenser cette fameuse solidarité ? Le principe fondateur de la solidarité chez Léon Bourgeois était une dette primitive de l’homme envers la société humaine, depuis le jour de sa naissance  . À partir de cette idée, les juristes Christophe Jamon et Denis Mazeaud ont élaboré une théorie laissée de côté par une grande partie de la doctrine, mais philosophiquement stimulante : le "solidarisme contractuel". Reprenant l’idée du quasi-contrat mise en avant par Léon Bourgeois et dont Marie-Claude Blais rend bien compte ici, selon laquelle des obligations se forment "sans qu’il intervienne aucune convention, ni de la part de celui qui s’oblige, ni de la part de celui qui s’y est engagé" (article 1370 du Code civil), sorte de "contrat rétroactivement consenti", selon le terme de Bourgeois, ces derniers justifient l’intervention du juge dans le contrat au nom d’une valeur sociale supérieure à la simple autonomie de la volonté des parties : la solidarité.

Réjouissons-nous, en tout cas, que se développe ainsi l’histoire des idées, qui ouvre des possibilités immenses pour l’historiographie comme pour la philosophie !

lundi, 08 décembre 2008

Réflexions sur le retour de la piraterie

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« M. »/ » ‘t Pallieterke :

 

Réflexions sur le retour de la piraterie

Il y a quelque temps, lorsque le Sirius, l’un des plus grands pétroliers du monde, est tombé entre les mains de pirates somaliens, une borne importante sur la voie de l’involution des mœurs contemporaines a été dépassée. La prise de ce navire a dû être un formidable spectacle. On peut l’imaginer : des pirates accrochés à des cordes qui grimpent le long de la coque d’un bâtiment aussi haut que Big Ben, sous une chaleur tropicale et à quelque 800 km environ de la côte africaine. La signification de cet événement, qui s’est déroulé le 15 novembre dernier, ne peut être sous-estimée. Plus aucun navire quittant le Canal de Suez ne peut se considérer à l’abri des pirates, quelques soient ses dimensions, sa destination et son itinéraire.  Voilà en quoi consiste la borne que ces pirates viennent de franchir.

On ne sait pas très bien où se trouve le Sirius aujourd’hui. Selon les dernières nouvelles, il mouillerait quelque part en mer, en face du port de Haradher, qui se trouve entièrement aux mains des pirates somaliens. Ce que l’on sait en revanche, c’est que le bâtiment transportait une cargaison de pétrole d’une valeur de 110 millions de dollars. On s’attend à ce que les pirates exigent quelque 30 millions de dollars pour rendre le navire à ses armateurs légaux. D’après certaines estimations, ce port somalien si louche servirait de prison à quelques 250 marins pris prisonniers sur différents bateaux lors d’opérations lancées par les pirates.

La motivation des pirates est purement vénale

Ces dernières semaines, en matière de piraterie, on n’a parlé que de la Somalie. Mais le problème est plus vaste. Le « Bureau International de la Marine » (BIM) constate que le fléau s’accroît dans le monde entier.  Pour s’en faire une idée : 239 attaques ont eu lieu en 2006 ; l’année suivante, il y a eu une augmentation de 10%. Ce qui est frappant, c’est que les méthodes utilisées pour capturer les navires se font de plus en plus violentes et brutales. En 2007, il y a eu 35% de cas supplémentaires de détournement avec armes qu’en 2006. Le nombre de matelots blessés en 2007 était de 64 ; en 2006, seulement de 17.

Pour comprendre l’ampleur réelle du problème, il faut observer les régions maritimes où les pirates s’attaquent principalement à leurs victimes. Il y a d’abord les « points chauds » habituels comme le Nigeria, le Brésil, l’Indonésie et bien entendu la Somalie. Les experts nous demandent de ne pas raisonner en termes d’amalgame : les situations et motivations de ces nouveaux frères de la côte varient énormément d’un lieu à l’autre.

On peut bien sûr évoquer la pauvreté dans le cas spécifique de la Somalie. Récemment, le journal « The Independant » a publié un reportage de terrain très significatif. Pour les pirates, l’important, c’est surtout l’argent, toujours l’argent et rien que l’argent. Posséder une belle maison, vivre dans le luxe et, surtout chez les musulmans, entretenir un beau harem digne du plus luxurieux des polygames, telles sont donc les motivations premières de ceux qui s’adonnent à la piraterie de nos jours. Le rôle de la religion chez ces pirates semble très ténu sinon inexistant. Lorsqu’un cheikh connu et respecté a déclaré que le détournement du Sirius était un péché particulièrement grave parce que le pétrolier battait pavillon saoudien, les pirates vénaux ne s’en sont nullement souciés. Al Qaïda ne lance pas encore d’opération de piraterie, ce qui rassure certains cénacles. Le constat qu’il s’agit de raids vénaux, dictés par la pauvreté, et non pas motivés par la religion est sans doute pertinent et juste mais recèle toutefois un danger. Les misères sociales jouent certes un rôle dans l’émergence de la nouvelle piraterie mais on ne peut pas réduire ce phénomène à ses seules dimensions sociales et économiques. Ce serait aller trop loin et rater le coche. Ce type de raisonnement réductionniste (qui se réduit aux seuls facteurs économiques et sociaux) s’applique aussi, on le sait trop bien, à plus d’un phénomène de notre vie sociale en Europe : n’a-t-on pas entendu à satiété la vieille rengaine des allochtones pauvres donc, par définition, criminels, etc… ?

Les dommages entrainés par la piraterie sont eux, économiques, clairement mesurables en monnaie sonnante et trébuchante. Et ils sont énormes. Les armateurs doivent modifier l’itinéraire de leurs navires, ce qui entraine des coûts supplémentaires non négligeables. Ils doivent ensuite investir des sommes de plus en plus considérables dans la sécurisation de leurs navires. Par ailleurs, les quatorze ou quinze bâtiments de la « Task Force 150 », une initiative à laquelle plusieurs marines militaires du monde coopèrent, sont fort occupés mais leur puissance est nettement insuffisante. Une seule chose est certaine. Si l’on veut faire de cette région maritime une zone à nouveau sûre, il faudra consentir à de sérieux efforts. Quelle que soit l’option que l’on retiendra prochainement, le prix à payer sera fort élevé.

Les leçons de l’histoire

Peut-être faudrait-il replacer ces événements récents dans une perspective historique. Pendant tout notre moyen âge européen, la piraterie a constitué un fameux fléau. Les régions riveraines de la Méditerranée ont été cruellement touchées par la piraterie sarrasine et barbaresque (1). Les crimes que celle-ci a commis dépassent de très loin ce qui se arrive aujourd’hui dans les eaux de l’Océan Indien à hauteur de la Corne de l’Afrique. On estime qu’entre le 16ème et le 18ème siècles, un million d’Européens ont été enlevés par des pirates (2), surtout venus d’Afrique du Nord. La terreur barbaresque a obligé les populations européennes à quitter les régions littorales car la peur inspirée par les pirates était telle qu’elle provoquait un exode quasi général vers l’intérieur des terres. Pendant longtemps, les Européens ont cru qu’il valait mieux payer des rançons que perdre des cargaisons de grande valeur. Jusqu’au jour où la situation est devenue incontrôlable et ingérable.

Vers 1800, la jeune république des Etats-Unis d’Amérique consacrait encore un cinquième de ses revenus fédéraux à payer des rançons ! La marine américaine n’a été capable de riposter qu’à partir de 1815. Les Britanniques ont à leur tour pris le taureau par les cornes mais il a fallu que les Français conquièrent l’Algérie et la colonisent pour que la piraterie de la rive méridionale de la Méditerranée soit définitivement éradiquée.

Encore un rappel historique : en 75 av. J. C., le fameux Caius Julius Caesar fut enlevé par des pirates dans l’Egée (3). Ils réclamèrent vingt talents de rançon, ce que le futur César considéra comme une injure à sa dignité. Il persuada les pirates qu’il en valait au moins cinquante. Et c’est la somme qu’il réclamèrent à Rome pour libérer leur prisonnier. Le paiement s’effectua très vite et Caius Julius sortit de captivité. A peine libre, il organisa une expédition contre ses ravisseurs. Ils furent exterminés jusqu’au dernier sans merci et sans le moindre scrupule. L’histoire est riche en enseignements.

« M. »/ »’t Pallieterke ».

(article paru dans l’hebdomadaire « ‘t Pallieterke », Anvers, 3 décembre 2008, trad. franc. : Robert Steuckers).

 

Notes :

(1)    NdT : Cf. Jacques HEERS, "Les Barbaresques - La course et la guerre en Méditerranée, XIVe-XVIe siècles", Paris, Perrin, 2001.

(2)    NdT : Cf. Giles MILTON, « White Gold – The Extraordinary Story of Thomas Pellow and islam’s One Million White Slaves », Hodder & Stoughton, 2004.

(3)    NdT : Cf. Adrian GOLDSWORTHY, « Caesar – The Life of a Colossus », Phoenix, Orion Books, London, 2nd édition, 2007.

 

 

Change they believed in...

Change they believed in

Gevonden op: http://yvespernet.wordpress.com

Obama zou de wereld veranderen en een radikaal ander beleid voeren. Degenen die nog het hardste geloofden in de radikale verandereingen van Obama waren de ultraconservatieven die er zowaar een socialist in zagen. Ondertussen mag de keuze voor zijn kabinet en de uitspraken over het te volgen beleid toch wel duidelijk laten blijken dat er absoluut geen change zit aan te komen. Al benoemt Obama af en toe een persoon die opvalt, puur vanwege de etnische achtergrond, uiteindelijk zijn de krijtlijnen die hij uitzet amper verschillend van zijn voorgangers. Wat ook merkbaar was met zijn benoeming van Hilary Clinton

http://edition.cnn.com/2008/POLITICS/12/01/clinton.secretary.state/index.html

WASHINGTON (CNN) — Sen. Hillary Clinton decided to join her one-time rival’s team because she wanted to be part of the “greatest adventure of our century,” she said Monday after President-elect Barack Obama named her as his nominee for secretary of state.

De benoeming van Clinton kan men vanuit verscheidene hoeken zien. Enerzijds geeft het een zekere vorm van continuïteit, zeker aangezien Hilary kan beschikken over Bill zijn adres- en telefoonboekje. Anderzijds kan hij de fans van Clinton geruststellen dat zij ook gehoord worden. Daarbij kan het Hilary wel eens neutraliseren in 2012. Het is een publiek geheim dat zij in 2012 opnieuw voor presidente wilt gaan, als een lid van het kabinet is dit al minder goed aangezien zij dan campagne zou moeten voeren tegen een beleid dat zij grotendeels mee zal bepalen.

Ook in verband met Iran heeft Obama al de hoop voor verandering al de grond ingeboord. Men hoopte op een einde van de harde confrontatiepolitiek van Bush aangezien Obama pleitte voor minder abnormale diplomatieke betrekkingen.

http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/us_elections_2008/7718603.stm

If anybody had hoped that Barack Obama’s election victory would lead to a swift breakthrough in Washington’s relations with one of its toughest adversaries, Iran, the honeymoon seems to be over before it even began.  Many Iranians, including some officials, were thrilled by the stunning election victory, seeing it as offering hope of a radical change in US foreign policy and relations. (…)

Both Mr Obama and his future vice-president, Senator Joseph Biden, have in the past advocated unconditional dialogue with Iran. But Mr Obama made it clear that he will not be a soft touch when it comes to Tehran.  (…)

“Iran’s development of a nuclear weapon I believe is unacceptable. We have to mount an international effort to prevent that from happening,” he said. “Iran’s support of terrorist organisations, I think, is something that has to cease.”

Professor Sunic zei het nog op het colloquium van de Deltastichting. Obama heeft véél meer geld gekregen van de grote bedrijven, net omdat hij zwart is. Doordat sommige mensen hun vertrouwen bijna onvoorwaardelijk in hem zullen plaatsen, hij kan immers “change” geloofwaardig uitdragen, kan hij veel makkelijker de “corporate agenda” uitvoeren. Een vergelijking, zo kreeg McCain een 40 miljoen van een bepaald bedrijf (ben even de naam vergeten…), terwijl het meer dan 180 miljoen gaf aan Obama.

Maar wat dachten de naiëvelingen dan ook? Dat er iets duurzaam zou veranderen in de VSA? Daar zijn noch de geesten noch de situatie klaar voor. Obama zal meer van hetzelfde zijn, alleen met een andere huidskleur. En wees gerust, de grote bedrijven zijn op dat vlak kleurenblind.

En de paar naiëvelingen die nu ook pleiten voor een paus uit een Derde Wereldland. 1) Links heeft zich niets met die discussie te moeien, aangezien zij zich het merendeel van de tijd toch beperken tot gescheld op de Kerk wegens het conservatief karakter en 2) als zij een paus uit een Derde Wereldland willen, mogen zij hopen dat het “maar” een Zuid-Amerikaan zal zijn (wat het meest waarschijnlijke is) en geen Afrikaan. Die laatste zal immers een oerconservatief beleid voeren.

Le retour de J. d'Arribehaude

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Le retour de Jacques d’Arribehaude

Dans la nouvelle livraison de son journal, qui englobe la première moitié des années 80, Jacques d’Arribehaude écrit ceci qui mérite d’être relevé : « En fin de compte, je n’aimerais pas être considéré, uniquement, pour les propos, si remarquables soient-ils, que j’enregistrais à Meudon auprès de Céline peu avant sa mort. Je sais ma dette envers Céline, j’admire son génie visionnaire et pamphlétaire, mais mon vrai modèle est Saint-Simon. Je ne prétends évidemment pas me situer à son niveau,  et loin de moi l’idée d’établir une quelconque échelle de valeurs artistiques et littéraires, mais Saint-Simon, en décalage complet avec son siècle comme je le suis avec mon époque, avait résolu de s’adresser à d’autres générations que la sienne, et de s’en remettre à la providence pour être lu et  reconnu bien après sa mort. »  Et de préciser : « Je m’attache à cet exemple parce qu’il m’offre un espoir, qu’il me reste une œuvre à écrire, susceptible de quelque intérêt par la suite, et que je garde obstinément au fond du cœur, moi aussi, la foi de mon enfance. » S’il est vrai que Jacques d’Arribehaude n’est connu de la plupart des céliniens que pour les entretiens que le grand homme voulut bien lui accorder, à lui et à son complice Jean Guenot, il est aussi apprécié de quelques amateurs d’écrits intimes pour cette somme foisonnante composée de plusieurs opus aux titres évocateurs : Une saison à Cadix, L’encre du salut, Complainte mandingue, Le royaume des Algarves, Un Français libre et, à présent, S’en fout la vie. L’auteur nous apprend que ces mots figuraient sur de grands écriteaux pavoisant certains véhicules surchargés pour défier l’adversité le long des pistes d’Afrique noire. Cette expression correspond aussi, on l’aura compris, à la manière aventureuse et désinvolte avec laquelle l’auteur a mené sa propre existence.

À défaut de rencontrer au moment de sa sortie un succès de librairie,  cette œuvre a été saluée par la critique. Ainsi, Pol Vandromme : « Ce journal est d’un homme libre. Libre devant les intimidations du siècle comme devant celle des mantes religieuses et des benêts pâmés. Libre comme on a désappris à l’être aujourd’hui : en esprit fort et en vivant magnifique. »  On peut parier que,  dans quelques années, il se trouvera de  fervents lecteurs de  Jacques d’Arribehaude  comme aujourd’hui  on en compte de Paul Léautaud, même si leur univers n’est en rien comparable. Le premier, grand voyageur, fut un amoureux impénitent ; le second, sédentaire résolu, se révéla un sentimental refoulé, prônant avec conviction le seul amour sensuel. Rien de commun avec Arribehaude, chantre de l’amour absolu : « Je ne suis sensible, qu’au naturel du désir – et du plaisir – librement partagés dans la simplicité et la pureté d’une émotion réciproque, entre deux êtres qui s’aiment vraiment ». Impossible, quand on le lit, de ne pas trouver attachant ce diariste sensitif. Surtout lorsqu’il nous confie avec une franche ingénuité ses désarrois sentimentaux ou son refus du carriérisme dans ce monde de la télévision qui en est l’exemplaire illustration. Comme Léautaud, c’est un rêveur épris d’indépendance et de liberté.  Autre point commun : le style, superbe et délié, d’un naturel parfait. Au risque de contrarier l’auteur – mais la nature de ce bulletin a ses contraintes –, comment ne pas constater que Céline occupe, une fois encore, une place de choix dans ce volume alors qu’il est bien éloigné le temps où l’auteur gravissait la route des Gardes pour recueillir les propos désabusés du génial anachorète. Nulle complaisance envers lui dans ce journal ; il relève ses propos très durs envers Robert Brasillach et l’équipe de Je suis partout. « Même attitude rageuse de Céline à l’égard de Drieu, mis par lui dans le même sac que Brasillach, coupable de n’avoir songé qu’à se livrer ou au suicide », ajoute-t-il. Lisant le journal de Jünger, il note que « le Paris où il lui était si plaisant de flâner à sa guise avec le plus grand détachement, de rencontrer un petit nombre de merveilleux amis, de garder, malgré la guerre, sa fidélité à cet idéal chrétien et chevaleresque que je m’obstine moi-même à respecter depuis l’enfance, tout cela me touche. Mais il n’a manifestement pas compris Céline et l’a rejeté, ce qui surprend quand on le voit par ailleurs sensible à l’œuvre de Léon Bloy qui fut un écorché et un imprécateur de même espèce. »

Ne dédaignant pas les propos politiquement (très) incorrects, il relate un déjeuner chez Jean et Monette Guenot, en compagnie de Pierre Monnier et de Maurice Ciantar. À propos de celui-ci, il souligne que « rien, dans son apparence, sa tenue stricte et soignée, qui puisse déceler la bohème anarchique et désordonnée de ses premiers textes, et voilà que, l’âge venu, nous aboutissons aux mêmes conclusions. La décomposition de l’Occident est conforme aux visions prophétiques de Céline et justifie ses pamphlets sur l’impuissance des démocraties, leur niaiserie bénisseuse dans l’incapacité d’admettre la pérennité du mal et la nécessité de s’en préserver pour que le progrès technique cesse d’être un leurre et un instrument de crétinisation définitive de l’espèce humaine ». La maîtresse de maison n’est pas en reste qui « confie, en souriant que, de tout Céline, elle  admirait  par-dessus tout  la puissance et la verve des pamphlets. »  Revenant sur le sujet peu de temps après, celui qui rallia à dix-huit ans les « Forces Françaises Libres » écrit : « Je ne dissimule pas l’horreur du nazisme, mais je comprends que, dans le chaos économique, la corruption et la misère des années 20 en Allemagne, il ait pu naître, faire illusion, et séduire par ses réformes sociales non seulement le peuple, mais aussi la fine fleur de grands esprits, philosophes, artistes, savants, intellectuels de tous bords célèbres dans le monde entier, et dont l’énumération serait longue. Et je comprends mieux les hurlements de Céline contre une guerre que nous ne pouvions que perdre et que nous aurions pu et dû éviter, l’objectif d’Hitler étant essentiellement l’espace russe, son fameux Lebensraum, où il était voué à l’usure et à l’échec. » Comparant Céline à Drieu, il relève, après avoir relu Gilles, qu’il y avait « une belle naïveté dans les attitudes de Drieu devant la guerre. Il est très loin ici de Céline, qui a osé rire et faire rire à propos de sa frousse éperdue face aux boucheries inconcevables de 14-18, et sa volonté forcenée de s’y soustraire. C’est cela, qui a manqué à Drieu. La vraie distance qui permet l’humour et peut faire de toute tragédie une farce. Du moins admirait-il Céline et lui rendait-il hommage, là où, on y revient, un autre combattant de 14-18, Jünger, n’a ressenti devant Céline que roide incompréhension, aversion spontanée, haine viscérale. »  Certains diraient que ce fut sans doute réciproque. S’il n’a jamais rencontré Jünger, l’auteur a bien connu Dominique de Roux qui « se plaisait à croire que ce monde n’est fait que d’apparence et que, très loin de l’apparence, la réalité du pouvoir appartient à un petit nombre d’initiés très secrets, qu’il se piquait de découvrir. À la source de la puissance créatrice et visionnaire de Céline, il voyait une importance démesurée dans l’appartenance aussi fugitive que superficielle de l’auteur du Voyage aux services secrets durant son séjour à Londres en 1916. Il en rêvait tout haut. Il aurait pu en parler des heures. » À mettre en parallèle avec cette interview télévisée que Dominique de Roux fit de Marcel Brochard ; la période londonienne l’intriguait de toute évidence. Mais Brochard, n’ayant connu Louis Destouches  qu’à partir de l’époque rennaise,  soit quatre ans plus tard,  laissa le  fondateur des cahiers de L’Herne sur sa faim…

On a parfois commenté sur un ton désapprobateur le refus de Céline, à la fin de sa vie, de voir ses petits-enfants. Nul blâme ici : « Je comprends Céline d’avoir concentré ses faibles forces et ses émotions jusqu’au refus de tout contact avec sa fille et ses petits-enfants. Il n’avait d’autre choix que de les sacrifier à son œuvre, s’il voulait l’achever. Même chose pour Proust, qui fut le vide autour de lui pour terminer fébrilement avant de mourir les ultimes pages de la Recherche et du Temps retrouvé. » Comme on le voit, les résonances de l’œuvre célinienne sont nombreuses dans ce journal. Mais celui-ci vaut surtout par sa peinture acerbe du milieu télévisuel ébranlé par l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981.  Sa valeur  tient aussi au fait que Jacques d’Arribehaude n’enjolive jamais, ne dissimule rien du mal-être qui l’étreint, des joies intenses mais éphémères, des déboires sans cesse renouvelés  et de cette quête si difficile de la sérénité.

Marc LAUDELOUT

 

Jacques d’ARRIBEHAUDE, S’en fout la vie, The Book Edition, 2008, 418 pages (25 €, franco). On peut commander ce livre sur Internet : www.thebookedition.com  ou auprès de Pierre-Vincent Guitard, 76 bd Saint-Marcel, 75005 Paris.

Les volumes précédents du journal ont été édités à L’Age d’homme, où l’on trouve aussi la réédition de ses deux plus beaux romans, Semelles de vent (1959) et Adieu Néri (Prix Cazes, 1978).