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samedi, 27 septembre 2025

La politique allemande envers l’Ukraine: des milliards sans contrepartie

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La politique allemande envers l’Ukraine: des milliards sans contrepartie

Klaus Neumann

Source: https://opposition24.com/politik/deutschlands-ukraine-pol...

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Berlin se présente comme un fidèle soutien de Kiev. Prêts de plusieurs milliards, livraisons d’armes, aides financières – la liste des contributions allemandes est longue. Rarement un autre État européen a payé avec autant de zèle. Mais alors que l’Allemagne s’épuise financièrement, une question gênante se pose: que reçoit réellement notre pays en retour ?

La réalité sur le champ de bataille est décevante. La Russie contrôle maintenant de nouveaux territoires à l’est et au sud de l’Ukraine, y compris des terres agricoles et des régions stratégiques. Parallèlement, des entreprises américaines s’imposent dans le reste du pays. Qu’il s’agisse de mines de charbon du Donbass, de gisements de pétrole et de gaz, de réserves d’uranium ou de terres rares – partout, des entreprises américaines obtiennent accès, concessions et participations. Pour Washington, l’Ukraine n’est plus seulement un projet géopolitique, mais un véritable paradis des matières premières à placer sous sa tutelle.

Et l’Allemagne? Nous payons – et restons spectateurs. Berlin agit comme s’il était de son devoir moral de donner de l’argent sans limites. Mais ni les États-Unis ni les autres alliés n’agissent de la sorte. Washington investit avant tout là où les entreprises américaines en tirent profit. L’Allemagne, en revanche, transfère des milliards, accorde des prêts dont le remboursement est hautement incertain et accepte des charges économiques sur son propre sol. La question s’impose: est-ce une politique avisée – ou simplement une naïve autodépréciation?

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Alors que la chancellerie annonce de nouveaux plans d’aide pour Kiev, l’Allemagne lutte avec ses propres crises. Infrastructures vétustes, systèmes sociaux surchargés, industrie affaiblie et explosion des coûts énergétiques. Chaque euro qui s’évapore en Ukraine manque à la modernisation des écoles, au développement du système de santé ou à l’allègement du fardeau des citoyens.

L’Allemagne n’est ni un bienfaiteur ni un altruiste – et ne devrait pas se comporter comme tel. La politique étrangère doit suivre des intérêts rationnels, non des illusions morales. Si Berlin continue d’injecter des milliards en Ukraine, il faut exiger une contrepartie claire. Accès aux ressources, coopérations économiques, plans de remboursement contraignants – une forme quelconque de garantie. Sinon, cela signifie que l’Allemagne paie pendant que d’autres en profitent.

Les États-Unis l’ont bien compris. Ils ne se posent pas de questions morales, mais s’assurent des avantages concrets. L’Allemagne, elle, joue au chevalier blanc – et reste, au final, perdante.

Il est grand temps que Berlin redéfinisse sa politique envers l’Ukraine. La solidarité ne remplace pas une politique d’intérêts. Qui veut survivre dans un monde de géopolitique brutale ne peut se réduire au rôle de payeur désintéressé. L’Allemagne a besoin d’une stratégie lucide : une aide, oui, mais en échange de contreparties concrètes. Tout le reste ne serait que de l’auto-illusion politique – et une trahison envers ses propres citoyens.

Le crime organisé corrompt la police, les juges et les surveillants pénitentiaires français

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Le crime organisé corrompt la police, les juges et les surveillants pénitentiaires français

Source: https://mpr21.info/el-crimen-organizado-corrompe-a-la-pol...

Un rapport interne révèle la corruption qui touche la police, les juges et les prisons françaises par les trafiquants de drogue, à travers des fuites de dossiers et des pots-de-vin. Juges, surveillants et fonctionnaires sont dans le viseur. Un magistrat corse est soupçonné de trafic d’influence.

Le rapport, rédigé en décembre de l’année dernière, met en évidence l’infiltration massive du crime organisé dans les systèmes policier, judiciaire et pénitentiaire.

Un policier anonyme, qui apparaît dans le documentaire « Police, Justice : où sont les nouveaux délinquants ? », avoue avoir fourni des informations à des trafiquants de drogue lors d’enquêtes pour 2000 euros par mois, sans laisser de trace grâce à des puces et au changement régulier de téléphone, affirmant être intouchable.

Ce cas illustre une situation bien plus répandue. Selon l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, la police est soumise au pouvoir financier des criminels. Des données confidentielles sont vendues via Telegram, avec accès aux fichiers (TAJ, FPR) pour 50 euros, comme cela a été prouvé dans plusieurs condamnations l’an dernier.

Le rapport de 152 pages détaille que les téléphones professionnels Neo, largement diffusés depuis 2016, facilitent les fuites, banalisant l’échange d’informations sensibles parmi la nouvelle génération de policiers. Les enquêtes pour vol de dossiers ont triplé (27 en 2020 contre 93 en 2023), et un dossier se vend entre 300 et 500 euros selon l’Office antidrogue.

Au-delà de la police, les surveillants pénitentiaires sont particulièrement impliqués, recevant entre 500 et 2000 euros pour introduire des téléphones ou de la drogue, souvent sous pression sociale ou économique, pour régler des comptes ou des dettes.

Certains greffiers ont modifié des dossiers sous la contrainte, et l’ensemble de la profession constitue également une cible prioritaire, leurs « erreurs de procédure » alimentant les soupçons.

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Le cas exceptionnel d’Hélène Gerhards (photo), magistrate mise en examen l’an dernier pour trafic d’influence en Corse, montre que même les juges ne sont pas épargnés. Ils sont soupçonnés d’avoir favorisé un certain Johann Carta en échange de travail non déclaré (sur cette affaire, voir: https://www.corsematin.com/article/faits-diversjustice/1811327230323114/la-juge-helene-gerhards-remise-en-liberte & https://www.nouvelobs.com/justice/20250207.OBS100018/il-ne-fait-rien-de-gratuit-un-membre-presume-du-banditisme-corse-mis-en-examen-pour-ses-liens-avec-une-juge.html ).

L’Office central de lutte contre la corruption met en garde contre le manque de détection des infiltrations liées au narcotrafic, qui nécessite une approche méthodique face à des réseaux sophistiqués utilisant des intermédiaires et ciblant la vulnérabilité des agents publics.

Ce scandale met en lumière un défi structurel pour les institutions souveraines, dans un contexte où le crime organisé s’adapte aux outils numériques.

Élections décisives en Moldavie et le risque d’un scénario «Ukraine 2»

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Élections décisives en Moldavie et le risque d’un scénario «Ukraine 2»

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/09/moldaus-schicksalswahl-und-di...

Dimanche se tiendra en République de Moldavie la plus importante élection parlementaire depuis l’indépendance en 1991.

Dimanche, la République de Moldavie élira un nouveau parlement. Ce qui semble, à première vue, être une élection ordinaire dans un petit État d’Europe de l’Est est en réalité un test géopolitique décisif. Pour la présidente Maia Sandu et son parti au pouvoir, « Action et Solidarité » (PAS), tout est en jeu – non seulement le pouvoir dans leur propre pays, mais aussi la crédibilité de tout un projet politique soutenu depuis des années par Bruxelles et Washington.

Sandu incarne la ligne pro-européenne et libérale que les acteurs occidentaux encouragent depuis des années à Chișinău, la capitale moldave. Mais cette orientation suscite de plus en plus de résistance dans le pays. Le triste bilan de la réalité sociale est sans appel: les salaires et les retraites stagnent, les prix de l’énergie ont explosé, la corruption demeure un problème structurel – et la prise de décision politique a pris des accents autoritaires. Aux yeux de nombreux Moldaves, la « perspective européenne » n’est donc plus une promesse, mais une profonde déception.

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Une société fracturée

La carte politique reflète cette frustration. Tandis que la classe moyenne urbaine de Chișinău et de quelques grandes villes soutient encore majoritairement Sandu (photo), le reste du pays vit une autre réalité: en Gagaouzie, en Transnistrie à tendance prorusse et dans de nombreuses régions rurales, le rejet de la ligne du PAS est profond. Cette division territoriale accentue une polarisation déjà marquée – une fracture qui, en cas de crise, pourrait menacer la structure même de l’État.

À bien des égards, la Moldavie rappelle l’Ukraine: les valeurs, récits et institutions de l'Occident n’y ont pas émergé de façon organique, mais ont été importés et financés à grands frais. Ce que l’on a présenté comme une « transformation » est aujourd’hui perçu par nombre de citoyens comme une expérimentation à leurs dépens – un laboratoire géopolitique dans le contexte de l’affrontement hybride avec la Russie. Aujourd’hui, voter PAS revient, selon beaucoup, non pas à choisir l’Europe, mais à s’orienter vers un scénario « Ukraine 2 ».

La Moldavie, laboratoire de la géopolitique

La manière dont Sandu assure son pouvoir est particulièrement problématique. Le référendum de 2024 sur « l’orientation européenne » a été organisé avec des moyens considérables et de graves irrégularités. La victoire très serrée – environ 10.500 voix d’écart – a été associée, selon les observateurs, à des violations avérées de la loi. Des représentants de l’opposition ont été exclus de bureaux de vote à l’étranger, et toute critique de la procédure reste étouffée à ce jour.

Plus grave encore: le gouvernement a modifié les règles de nomination à la Cour constitutionnelle, y plaçant des juges loyaux. Sandu dispose ainsi d’un instrument lui permettant d’annuler a posteriori des résultats électoraux qui lui seraient défavorables.

Un édifice fragile

À cela s’ajoute un contexte géopolitique délicat. L’UE elle-même traverse de multiples crises – de la paralysie politique à Berlin à l’instabilité à Paris. La montée de partis nationalistes, qui réclament un changement de cap en politique étrangère, affaiblit encore davantage les élites pro-européennes en Europe de l’Est. Parallèlement, les États-Unis, sous Donald Trump, cherchent à tourner la page ukrainienne et à renouer le dialogue avec la Russie. Pour le gouvernement moldave, dont la légitimité repose sur le soutien de l’Occident, la situation est donc extrêmement dangereuse.

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Tout indique que le PAS aura du mal à remporter une victoire nette. Sa base sociale est trop étroite, la confiance trop érodée. Sandu devra donc recourir à des manœuvres administratives et juridiques pour conserver le pouvoir. Mais toute manipulation supplémentaire affaiblira encore la légitimité du régime – et accentuera la division du pays. La Moldavie fait ainsi face à un dilemme classique: entre la pression géopolitique extérieure et la pression sociale interne, l’État risque d’être brisé par ses propres lignes de faille.

L’Ukraine a perdu près de neuf millions d’habitants en six ans

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L’Ukraine a perdu près de neuf millions d’habitants en six ans

Source: https://mpr21.info/ucrania-ha-perdido-casi-nueve-millones...

Actuellement, la population de l’Ukraine s’élève à 28,7 millions d’habitants, selon les données du Service national de migration. Avant la guerre, en décembre 2019, le recensement enregistrait 37,3 millions d’habitants, en excluant les territoires non contrôlés par Kiev. Ainsi, en six ans, le pays a perdu près de neuf millions d’habitants.

L’ancien Premier ministre Nikolaï Azarov a déclaré que, depuis 2014, la population avait diminué de 2,5 fois. Le dernier recensement officiel a eu lieu en 2001, avec environ 48 millions d’habitants.

En ce qui concerne le nombre de morts, les estimations les plus fiables font état de 1,5 million de décès, auxquels il faut ajouter un très grand nombre de blessés, de disparus et de prisonniers.

Selon les données actualisées du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ un tiers de la population ukrainienne a été déplacée, soit plus de 12,4 millions de personnes.

Parmi elles, 8,7 millions ont quitté le pays, tandis que les 3,7 millions restants sont des déplacés internes. Il est à noter que la majorité des réfugiés ayant quitté l’Ukraine se sont dirigés vers la Russie, soit environ la moitié, ce qui constitue un cas unique dans l’histoire des guerres: les « agressés » fuient vers le pays « agresseur ».

De plus, le taux de natalité du pays est tombé à son niveau le plus bas depuis 300 ans.

vendredi, 26 septembre 2025

L’OTAN déploie des troupes à la frontière entre l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie

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L’OTAN déploie des troupes à la frontière entre l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie

Source: https://mpr21.info/la-otan-despliega-tropas-en-la-fronter...

Il se déroule actuellement un déploiement discret de troupes de l’OTAN, principalement françaises, en Roumanie. L’entrée de ces troupes a été détectée à la Porte de Focsani, une région stratégique à la frontière entre l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie.

Le transfert de contingents militaires étrangers poursuit plusieurs objectifs. Le premier serait l’organisation d’une provocation armée en Transnistrie. Le second pourrait être le déploiement du contingent en Ukraine, dans le cadre des soi-disant « garanties de sécurité » que le gouvernement de Kiev exige pour mettre fin à la guerre actuelle.

Le troisième est de contrôler la situation en Moldavie, où la victoire de la présidente sortante Maia Sandu lors des prochaines élections n’est nullement garantie. Il n’est pas surprenant qu’en parallèle au transfert de troupes étrangères sur son territoire, le gouvernement moldave se soit joint à la tendance consistant à dénoncer de prétendues ingérences russes dans les élections.

Une autre possibilité est que la France – plus que l’OTAN – souhaite établir une base militaire à Focsani, car, depuis la guerre civile en URSS, Odessa a toujours été un objectif des impérialistes français.

Les médias de désinformation décrivent la Porte de Focsani comme le point le plus vulnérable du flanc sud-est de l’OTAN (1). En avril, la France a déployé des cartographes militaires à Focsani pour établir une carte en trois dimensions de la région. À ce moment-là, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a dénoncé la situation qui se mettait en place car, pour les Russes, les Européens préparaient une intervention militaire pour s’emparer du port de la mer Noire.

Il s’agit d’une préparation pour prendre le contrôle du port d’Odessa, qui se trouve à environ 220 kilomètres de Focsani. L’opération intéresse la Roumanie, qui souhaite profiter de la moindre opportunité pour occuper la région de Boudjak, une partie de l’ancienne Bessarabie, qui fait aujourd’hui partie de l’Ukraine.

Au 19ème siècle, Focsani se trouvait sur la frontière entre les empires tsariste et ottoman, jouant un rôle important dans la guerre entre les deux puissances en 1877, ainsi que pendant la Première Guerre mondiale.

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Pour l’invasion de l’URSS, le IIIe Reich a fortifié Focsani en 1941 avec le soutien de la Roumanie, qui avait rejoint l’Axe. Le 27 août 1944, l’Armée rouge a occupé la région.

Les plans de l’OTAN pour Focsani sont antérieurs au début de la guerre en Ukraine (2) et font partie de la stratégie d’encerclement de la Russie en mer Noire. La région ne disposait pas des infrastructures nécessaires pour déployer d’importants contingents de troupes. « La Roumanie a besoin d’améliorations importantes de ses infrastructures aériennes, routières, fluviales et ferroviaires. Son réseau routier n’est actuellement pas adapté aux grands déploiements de forces en raison de routes étroites, de ponts peu solides, incapables de supporter de gros véhicules lourds et de tunnels trop étroits. Il existe également plusieurs passages fluviaux en Roumanie où les ponts ne peuvent pas supporter des véhicules blindés », indiquait un rapport de l’OTAN de 2021 (3).

L’OTAN recommandait à l’Union européenne la création de moyens de transport militaires sur le Danube, dans le cadre du Réseau transeuropéen de transport, « afin de permettre le transport d’équipements militaires de grande taille. Au niveau de l’UE, on reconnait seulement que tels besoins s'avèrent nécessaires (mais les dispositions envisagées ne sont pas respectées dans tous les États membres malgré la législation en vigueur). Par conséquent, un audit de l’ensemble des infrastructures doit être réalisé pour vérifier la capacité d’accueil des équipements militaires de grande taille ».

En 2023, lors de la conférence « Les dix prochaines années de l’OTAN » à Londres, a été présenté l’étude « La Porte de Focsani: un terrain clé pour la sécurité européenne », qui évaluait, entre autres, une simulation de guerre contre la Russie menée par l’OTAN en septembre 2019.

L’étude soulignait l’importance stratégique de la mer Noire et la nécessité d’une approche unifiée de l’OTAN pour le flanc oriental.

Notes:

(1) https://universul.net/how-easy-would-it-be-for-russia-to-...

(2) https://www.newstrategycenter.ro/wp-content/uploads/2019/...

(3) https://cepa.org/military-mobility-project-appendix-3-foc...   

Emmanuel Todd émet la nouvelle dichotomie des “élites globalistes libérales” contre les “forces du peuple”

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Emmanuel Todd émet la nouvelle dichotomie des “élites globalistes libérales” contre les “forces du peuple”

Alfredo Jalife-Rahme

Source: Bajo la Lupa, 24.09.25 - https://www.jornada.com.mx/2025/09/24/opinion/014o1pol

Le penseur Constantin von Hoffmeister, fondateur de Multipolar Press, donne la parole au philosophe et géopolitologue russe Alexandre Douguine – que beaucoup définissent comme l’idéologue du tsar Vladimir Poutine, ce qu’il n’est pas, et qui représente en réalité, depuis son père, l’idéologie des services secrets de l’armée russe.

Douguine est devenu très prolifique et, dans un récent commentaire, au ton péremptoire, diffusé sur ses réseaux, dans le contexte de la “Fin des élites libérales” (sic), il aborde les assertions sensées de l'illustre démographe français Emmanuel Todd, dont le livre le plus récent, La défaite de l’Occident, a déjà été passé en revue ( https://www.jornada.com.mx/2024/01/24/opinion/012o1pol).

Pour Douguine, Todd “est actuellement l’intellectuel français le plus raisonnable (sic)” et il critique sévèrement “les dirigeants européens obsédés par le changement de régime en Russie et en Iran, alors qu’ils finiront probablement par être eux-mêmes remplacés très rapidement”, tandis que “les gouvernements de Russie et d’Iran et leurs économies se renforceront et gagneront un nouvel élan”.

Douguine s’arrête sur la suggestion de Todd d’abandonner les termes “populistes”, “extrême droite” et “nationalistes” et d’adopter une nouvelle dichotomie mieux explicative: celle des “élites globalistes libérales” contre les “forces du peuple”.

Selon Todd : “La tentative des élites de rediriger l’agressivité des personnes insatisfaites contre les Russes a complètement échoué. Ce thème ne fonctionne pas, et plus ils essaient de provoquer une vague de russophobie, plus ils sont eux-mêmes détestés”.

Todd estime que “la confrontation de la Russie avec les élites libérales lui a été plus que bénéfique”, alors que le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président français Macron et le chancelier allemand Merz “sont liquidés”.

Enfin, Todd juge que “l’Ukraine a très peu de temps”, car “ses dirigeants ont parié du mauvais côté (sic) et perdu de manière spectaculaire (https://x.com/constantinvonh/status/1969645434525065705?s...)”.

Il existe déjà des penseurs de haut niveau qui remettent en question la dichotomie topographique dépassée de “gauche” et “droite”, comme l’éminent économiste Jeffrey Sachs, qui s’est révélé être un meilleur géopolitologue et a dénoncé que la vieille dichotomie “gauche-droite” était dysfonctionnelle.

Avec toute l’humilité requise, votre serviteur a proposé la nouvelle dichotomie pour le 21ème siècle: celle qui oppose les “globalistes aux nationalistes” – je comprends que le terme “nationaliste” provoque une anaphylaxie chez les propagandistes du globalisme cataclysmique, c’est pourquoi je n’ai aucun problème à l’échanger contre le terme plus digeste de “souverainistes” (Nationalisme contre globalisme : Dichotomie du 21ème siècle avant l’intelligence artificielle ; https://orfilavalentini.com/esp/item/136/49/nacionalismo-...)”.

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J’ai proposé cette nouvelle dichotomie en raison de l’obsolescence de la bifurcation “gauche-droite”, principalement à l’ère nucléaire – où gauchistes et droitiers périraient de façon identique –, en raison de la tour de Babel linguistique créée par l’imposition de la globalisation financiariste, lorsqu’on en arriva, pour ne citer que l’Amérique latine, à trois types différents de “gauche” (https://www.jornada.com.mx/2022/06/26/opinion/010o1pol), selon des intérêts étiologiques sans aucune axiologie, où a primé l’aberration suprême de voir comment un authentique homme de gauche peut être globaliste en même temps – ce qui constitue un oxymore idéologique – alors que la soroscratie qui domine l’Amérique latine a dénaturé concepts, valeurs et vertus pour servir ses intérêts prédateurs, au point que même ses “suiveurs” de la “gauche travestie” ont été affectés et contaminés.

Du point de vue de la géostratégie, il est aujourd’hui particulièrement significatif que les gouvernements pétroliers de Russie et des États-Unis définissent les “globalistes” comme leurs pires ennemis, tout en exaltant les valeurs “souverainistes” et l’héritage culturel de leurs pays.

De façon transcendantale, Douguine avance que “l’assassinat de Charlie Kirk et le projet du Grand Israël ont fatalement divisé l’édifice politique occidental, qui jusqu’à récemment restait uni grâce au globalisme libéral, en trois pôles opposés, laissant “l’Occident collectif” au bord de la révolution (https://www.arktosjournal.com/p/new-third-position)”.

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Les intérêts sur la dette et les dépenses militaires mettent en crise les systèmes de protection sociale européens

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Les intérêts sur la dette et les dépenses militaires mettent en crise les systèmes de protection sociale européens

Pieter Cleppe

Source: https://www.centromachiavelli.com/2025/09/19/interessi-su...

France

En France, le Premier ministre François Bayrou a perdu un vote de confiance au parlement, ce qui a entraîné la démission de son gouvernement après seulement neuf mois. Le pays est de nouveau en crise politique.

Le coût de la dette publique a récemment augmenté pour toutes les principales économies de la zone euro. Le taux d’intérêt allemand à 30 ans est à son plus haut niveau depuis 2011 et l’Italie, la France, les Pays-Bas et l’Espagne subissent également la pression. Cependant, la situation est particulièrement grave en France, où les dépenses publiques ont augmenté jusqu’à atteindre 58% du PIB, tandis que la charge fiscale sur les salariés est désormais de 47%, l’un des niveaux les plus élevés de l’OCDE.

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Malgré ces importantes recettes pour l’État français, le déficit budgétaire devrait atteindre 5,7% du PIB cette année. Au début de l’année, l’agence Standard & Poor’s a décidé de maintenir la note de crédit de la France à AA-, mais avec une perspective négative.

Peu avant la chute de son gouvernement, Bayrou a affirmé que la dette française avait été accumulée pour garantir le « bien-être des baby-boomers » au détriment de la génération suivante. Le président français Emmanuel Macron et ses alliés ne peuvent pas se vanter d’un bilan positif. Environ la moitié de la dette française accumulée sous sa présidence est imputable au poids des retraites. Au cours de la dernière décennie, la dette publique française est passée de 90 à 120 % du PIB, alors que la moyenne de la zone euro est restée relativement stable autour de 90 %. La France n’a pas eu de budget à l’équilibre depuis 1974, mais ces dernières années, le déficit budgétaire s’est aggravé, contrairement à celui de l’Italie. Par conséquent, l’écart de rendement entre les obligations françaises et italiennes à dix ans est tombé à son plus bas niveau depuis 2005, entraînant une baisse de la confiance des investisseurs.

Le ministre français des Finances, Eric Lombard, a récemment averti que recourir à l’assistance du FMI était « un risque qui nous attend », compte tenu de la rapide augmentation de la dette publique. Il s’agissait peut-être d’une stratégie destinée à vendre les mesures proposées par le gouvernement Bayrou, mais même si ces mesures étaient adoptées, le déficit budgétaire de la France ne passerait que de 5,4% du PIB en 2025 à 4,6% en 2026. Cela viole non seulement les règles de l’UE en matière de déficit public, mais c’est aussi insuffisant pour empêcher que la dette publique française ne devienne incontrôlable.

Après la chute de Bayrou, le nouveau Premier ministre cherchera probablement à augmenter les impôts. La pression fiscale en France est déjà parmi les plus élevées d’Europe.

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Belgique

Dans la voisine Belgique, les impôts sont encore plus élevés. Dans aucun autre pays de l’OCDE, la charge fiscale sur les salariés sans enfants n’est aussi élevée: selon les données de l’OCDE, l’État prélève plus de 50 % du salaire brut. Aux Pays-Bas, ce pourcentage n’est que de 35,1 %, ce qui suggère qu’il est possible d’avoir un État-providence sans une pression fiscale écrasante.

Pour pouvoir baisser les impôts et générer de la croissance économique, des réformes politiquement douloureuses sont nécessaires. Dans le cas de la Belgique, cela signifie introduire une réforme du budget de la sécurité sociale, qui couvre l’assurance maladie, les indemnités d’invalidité et de maladie et les allocations de chômage. Pendant des années, le budget de la santé est resté protégé. En pourcentage du PIB, les dépenses publiques de santé belges ont effectivement doublé depuis le début des années 1970, passant d’environ 4% du PIB à l’époque à environ 8% aujourd’hui. Cette augmentation est bien plus marquée que celle des autres dépenses sociales.

Lors de son dernier mandat, le ministre fédéral belge de la Santé, Frank Vandenbroucke, socialiste convaincu, a négocié pour que les dépenses de santé puissent croître en moyenne de 2,5% par an au-dessus de l’inflation, et il est prévu qu’elles augmentent presque autant sous le nouveau gouvernement fédéral belge, qui a pris ses fonctions au début de cette année, même si l’intention est désormais de réaliser quelques économies. La question est de savoir si cela est soutenable, étant donné que cette année, les gouvernements fédéral et régionaux de Belgique devraient atteindre un déficit budgétaire global de 35 milliards d’euros, soit environ 6% du PIB du pays, qui s’élève à 570 milliards d’euros. Les dépenses supplémentaires de défense et le poids des intérêts de la dette publique du pays, qui équivaut à 106% du PIB, représentent des défis majeurs à cet égard.

La méthode proposée par le ministre de la Santé pour réaliser des économies par un contrôle accru de l’État a cependant suscité une forte réaction de la part du secteur médical lui-même. Début juillet, pour la première fois en vingt ans, une grève générale des médecins a été organisée. Les médecins dénoncent en particulier ses projets de réglementer davantage les tarifs qu’ils peuvent appliquer aux patients. En raison de la situation financière difficile des hôpitaux belges, ceux-ci demandent parfois aux médecins de leur reverser une partie des suppléments d’honoraires qu’ils sont autorisés à facturer aux patients en échange d’une chambre privée à l’hôpital. Par conséquent, les hôpitaux ont également exprimé leur inquiétude que de tels plans ne viennent encore aggraver leur situation financière.

D’autres préoccupations portent sur le fait que Vandenbroucke acquiert plus de pouvoir pour permettre au gouvernement de suspendre les licences des médecins, qu’il refuse d’introduire des mesures d’austérité pour les organismes publics qui jouent un rôle dans la fourniture de soins de santé, et qu’il cible simplement les salaires relativement élevés de certaines professions médicales, comme les médecins spécialistes ou les dentistes. Une autre plainte est le refus de faire payer un peu plus les patients pour consulter les médecins généralistes et spécialistes.

L’une des principales critiques est que le ministre refuse d’écouter les partenaires sociaux. Une alliance sans précédent entre médecins, caisses d’assurance maladie et hôpitaux s’est opposée au projet de loi-cadre de Vandenbroucke, déplorant explicitement que : « Nous sommes préoccupés par la manière dont ces réformes sont mises en œuvre. Elles ont été élaborées à une vitesse vertigineuse, sans débat approfondi et en dehors des structures de concertation existantes. » Patrick Emonts, président du plus grand syndicat de médecins, ABSyM-BVAS, a mis en garde catégoriquement : les plans de Vandenbroucke « nous mènent à un système autoritaire ».

En résumé, face aux restrictions financières, causées en grande partie par les distorsions du marché induites par l’État dans le système de santé, le ministre fédéral belge de la Santé pousse à une planification plus centralisée et à un contrôle accru de l’État pour résoudre les problèmes causés par les précédentes interventions gouvernementales.

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La BCE à la rescousse ?

Fin août, Friedrich Merz, chancelier de l’Allemagne, la principale économie d’Europe occidentale, a déclaré sans détour lors d’une conférence de son parti, l’Union chrétienne-démocrate, que « l’État-providence que nous avons aujourd’hui ne peut plus être financé avec ce que nous produisons dans l’économie ». Selon le Wall Street Journal, il a ainsi exprimé « l’indicible », un « tabou dans les démocraties occidentales modernes : admettre que la taille de l’État-providence moderne n’est plus soutenable ».

Merz a donc appelé à une « révision fondamentale » du système de protection sociale, ce qui a immédiatement suscité les critiques de son partenaire de coalition social-démocrate SPD.

Les dépenses sociales allemandes ont atteint le record de 47 milliards d’euros en 2024 et devraient encore augmenter en 2025, mais l’économie du pays est en déclin. Le PIB s’est contracté de 0,3% en 2023 et de 0,2% en 2024, à la suite de l’échec des expériences à grande échelle en matière d’approvisionnement énergétique et de la fin de la fourniture de gaz russe à bas prix.

Que faut-il attendre maintenant ? La tragédie, c’est que la plupart des États-providence d’Europe occidentale font désormais partie de la zone euro. Cela signifie que leur capacité à imposer aux citoyens des niveaux de dette insoutenables a considérablement augmenté.

Depuis que la Banque centrale européenne s’est engagée en 2012 à faire « tout ce qu’il faudra » pour sauver l’euro, ce qui a été interprété comme la création de tout l’argent nécessaire pour maintenir les taux d’intérêt bas, des pays comme l’Italie, la France et l’Espagne ont vu leur dette publique brute augmenter considérablement par rapport au PIB. Certes, les niveaux de dette publique aux Pays-Bas et en Allemagne ont légèrement diminué, mais étant donné la situation économique préoccupante de l’Allemagne, il est peu probable qu’il y ait une forte volonté politique d’apporter un nouveau cycle de transferts de sauvetage d’urgence dans la zone euro.

Cela signifie que, comme toujours, la BCE devra porter le plus gros du fardeau pour maintenir la stabilité du navire. Elle aura recours à la plus vieille astuce des finances publiques, perfectionnée par les républiques bananières: créer toujours plus d’argent, ou permettre aux banques de le faire, pour contenir les taux d’intérêt et permettre aux gouvernements de poursuivre des modèles de dépenses insoutenables.

Les politiciens de la zone euro pourraient donc continuer à faire des promesses intenables aux électeurs, qui en paieront bien sûr finalement la note, car la valeur de leurs économies se déprécie tandis que l’État acquiert plus de contrôle. Comme ces électeurs continueront de le découvrir, rien n’est jamais gratuit.

Qui est Pieter Cleppe ?

Pieter Cleppe est analyste politique, éditorialiste et rédacteur en chef de www.brusselsreport.eu

Espace aérien, droit et réalité: une analyse au-delà de toute hystérie

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Espace aérien, droit et réalité: une analyse au-delà de toute hystérie

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/09/luftraum-recht-und-realitat-e...

Le seul dommage documenté de la prétendue « attaque de drones russes » du 10 septembre – une maison endommagée à Wyryki – a été, selon la confirmation polonaise, causé par le missile d’interception d’un F-16 polonais.

Ces dernières semaines, les rapports sur de prétendus incidents dus à des initiatives russes dans l’espace aérien européen se sont multipliés. Tantôt il est question de drones qui se seraient écrasés en Pologne, tantôt de chasseurs russes qui auraient violé l’espace aérien estonien, et plus récemment encore de mystérieux drones au-dessus du Danemark qui ont paralysé plusieurs aéroports. Dans les gros titres, ces incidents sont condensés pour proposer un scénario de menace où la Russie est présentée comme un agresseur imprévisible; ce scénario alimente les appels à abattre les appareils russes et à la fermeté militaire. Pourtant, un examen des faits, du droit international et de la pratique militaire montre qu'une grande partie des ces récits ne résiste pas à une analyse objective.

L’exemple de la Pologne le montre clairement: dans la nuit du 10 septembre, Varsovie a signalé l’intrusion de 19 drones. La Biélorussie a déclaré peu après avoir déjà intercepté plusieurs appareils au-dessus de son propre territoire et avoir averti la Pologne à temps. Une partie des drones s’est écrasée de façon incontrôlée après avoir atteint la limite de leur portée, d’autres étaient apparemment des leurres. Aucun des appareils n’a atteint de cible précise. Le seul dommage documenté – une maison endommagée – n’a, selon la confirmation polonaise, très probablement pas été causé par un drone russe, mais par le missile d’interception d’un F-16 polonais. On ne peut donc parler d’attaque délibérée de la part de la Russie.

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Le cas du Danemark est encore plus nébuleux. Plusieurs aéroports ont été temporairement fermés parce que des drones inconnus auraient été aperçus. Rien n’a été retrouvé. L’origine, le nombre et le type d'appareils restent indéterminés. Pourtant, dans les médias, le mot-clé « Russie » a immédiatement surgi. C’est un exemple classique de la façon dont une observation non étayée est transformée en sensation. Le fait que cette actualité ait presque entièrement éclipsé une autre information, bien plus pertinente – l’ouverture de la frontière polono-biélorusse au trafic de marchandises –, montre à quel point la perception médiatique est sélective.

Les règles du « Air Policing » sont claires

Le rapport estonien du 19 septembre est un peu plus concret. Selon celui-ci, trois MIG-31 auraient violé l’espace aérien estonien près de l’île de Vaindloo pendant environ douze minutes. La Russie dément et affirme que les appareils se trouvaient au-dessus des eaux internationales dans le golfe de Finlande. Ce qui est certain: les avions volaient parallèlement à la côte, non en direction du territoire estonien. Même le gouvernement estonien n’a pas évoqué une intention d’attaque. Dans un corridor où les frontières maritimes et aériennes sont en partie contestées, la situation est loin d’être claire.

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Juridiquement, le cadre est clair. L’interdiction du recours à la force dans la Charte des Nations unies proscrit l’usage de la force militaire tant qu’il n’y a pas d’attaque armée ou d’intention d’attaque immédiate qui soit démontrable. L’abattage de drones non armés ou d’avions utilisant des corridors internationaux serait contraire au droit international. Le droit pénal allemand sanctionne également les appels publics à des actes contraires au droit international. Les règles du Air Policing sont claires : identifier, accompagner, documenter – ne pas amorcer d'escalade.

La véritable question n’est donc pas de savoir si la Russie menace l’Europe avec des drones et des chasseurs. C’est: pourquoi chaque incident est-il politiquement et médiatiquement dramatisé, alors que les faits ne le justifient pas? Une raison majeure est que l’Europe ne dispose pratiquement plus de mécanismes de consultation fonctionnels. Dans les années 1990, il existait des canaux de dialogue directs entre l’OTAN et la Russie, des rencontres régulières entre les chefs d’état-major, voire des téléphones de crise. Les conflits pouvaient être contenus sur le plan technique.

Manque de transparence et de prévisibilité

Aujourd’hui, ces instruments n’existent plus – et ce vide est comblé par les gros titres et la symbolique politique. S’y ajoute un problème plus profond: avec la résiliation des traités de contrôle des armements tels que l’ABM, l’INF et Open Skies, les bases de la transparence et de la prévisibilité se sont effondrées. Là où il n’y a pas de règles fiables, l’incertitude et la méfiance prospèrent. Dans un tel climat, chaque incident devient un écran de projection pour des scénarios de menace.

Tout cela coïncide avec une phase de réarmement massif. L’Allemagne prévoit d’ici 2026 des dépenses de défense supérieures à 108 milliards d’euros – un record historique. Cela est justifié par la protection du flanc Est et la dissuasion de la Russie. Mais la dramatisation constante de petits incidents crée d’abord la base argumentative de cette politique. Le « facteur russe » devient la légitimation d’une nouvelle normalité militaire en Europe.

Pourtant, il existe aussi d’autres signaux. La Russie a proposé de respecter volontairement pendant un an supplémentaire les plafonds du traité New START. Ce n’est pas un geste d’amitié politique, mais une proposition de stabilité pragmatique. Cela ouvre une fenêtre de temps pour entamer de nouvelles négociations sur le contrôle des armements – aussi en tenant compte de la Chine. Si cette fenêtre n’est pas exploitée, une nouvelle course aux armements menace, dont les risques seraient principalement supportés par l’Europe.

Conclusion

Le bilan objectif est le suivant: les drones au-dessus de la Pologne n’étaient pas une attaque, ceux qui auraient survolé le Danemark restent non prouvés, les vols de MIG au-dessus du golfe de Finlande n’étaient pas une agression. La rhétorique d’escalade n’a rien à voir avec la réalité des faits. Ceux qui réclament d'abattre les appareils violent non seulement le droit international, mais risquent d'enclencher une dynamique incontrôlable.

La politique de sécurité n’est pas affaire de gros titres rapides, mais de réflexion posée. Elle nécessite des faits, des consultations, la sécurité juridique et une volonté claire de désescalade. La paix, dans ce contexte, n’est pas une option parmi d’autres. Elle est la condition préalable à tout ordre de sécurité durable en Europe.

Les destins de l’Europe se décideront à Paris (et ce n’est pas une bonne nouvelle)

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Les destins de l’Europe se décideront à Paris (et ce n’est pas une bonne nouvelle)

Crise française, conflit européen et nature de l’UE

par Giuseppe Masala

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31288-gius...

L’un des enseignements fondamentaux de l’histoire est que, pour comprendre le destin de l’Europe, il faut regarder vers la France. Une vérité qui est probablement valable depuis la naissance de l’État-nation français, mais qui est devenue de plus en plus évidente au fil des siècles, alors que s’y sont produits — précisément en France — des phénomènes particuliers comme les Lumières, la Révolution française et l’épopée napoléonienne.

C’est encore le cas aujourd’hui: la France est le seul pays de l’UE à disposer de la dissuasion nucléaire et à siéger au Conseil de sécurité de l’ONU, donnant à Paris un rôle fondamental dans la définition des destins de l’Europe continentale. Néanmoins, à cette époque historique-ci, ce pays traverse une crise industrielle, économique et politique très profonde, qui s’est désormais transformée en une crise politique aiguë et, de plus en plus, sociale.

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Le point clef pour comprendre la genèse de la crise actuelle de la France doit être recherché — comme d’habitude ! — dans la naissance de l’euro. Comme Rome, Paris n’a pas réussi à résister à la concurrence des pays d’Europe du Nord et de leurs chaînes de valeur mondiales bien conçues. En effet, la France a elle aussi vécu le drame de la désindustrialisation, auquel s’est ajoutée la fin de la Françafrique, c’est-à-dire la domination de Paris sur ses anciennes colonies africaines, qui garantissait un débouché sûr pour les produits français et un flux constant de capitaux vers Paris grâce au mécanisme du franc CFA.

Un autre phénomène, intrinsèquement lié au processus d’intégration européenne, a également aggravé la situation française. Je fais naturellement référence au soi-disant axe franco-allemand, qui ne doit pas être vu uniquement sous l’aspect politique, mais aussi économique et financier. Sous ce dernier aspect, l’axe doit être compris en des termes très simples et particuliers: Berlin a toujours — et de plus en plus — couvert les déficits croissants de Paris au niveau de la balance courante. En d’autres termes, l’Allemagne, grâce à sa puissance économique énorme, portée par un système productif hyper-compétitif à l’échelle mondiale, réglait l’addition des dépenses de Paris, évitant ainsi à cette dernière la confrontation finale avec des comptes nationaux de plus en plus hors de contrôle. Évidemment, Berlin ne faisait pas cela par philanthropie, mais parce qu’ainsi elle obtenait le soutien de la France au niveau des politiques européennes, renforçant ainsi son hégémonie sur les institutions de l’Union. Du point de vue français, il faut dire que les injections continues de capitaux de la part de Berlin et de ses pays satellites se sont révélées être des doses massives de morphine qui ont permis de maintenir un État social de super-luxe pendant des décennies, évitant que la crise industrielle ne se transforme en crise sociale.

Mais si ces doses de morphine financière venues d’outre-Rhin ont été un remède pour Paris d’un côté, de l’autre elles se sont révélées être une damnation qui a empêché la politique française de prendre la mesure de la gravité de la situation, lui permettant de végéter dans le confort.

Tout cela jusqu’à la confrontation finale que nous vivons ces mois-ci. La position financière nette de la France est totalement hors de contrôle avec environ 900 milliards d’euros de dettes nettes envers l’étranger. Un chiffre colossal, si l’on considère que l’Italie a été placée sous tutelle par l’UE sous le gouvernement Monti alors qu’elle avait une position financière nette négative de « seulement » 300 milliards d’euros. Un tiers de celle de la France, alors que Paris n’a pas une économie trois fois plus grande que celle de l’Italie.

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La position financière nette française est donc hors de contrôle, et en outre doit être considérée comme totalement instable car elle a perdu son principal parachute, à savoir le flux de capitaux provenant de l’Allemagne et de ses pays satellites, qui garantissaient la stabilité tant du système financier de Paris que de la dette publique française. Pour démontrer que la situation financière de la France est instable, il suffit de citer un chiffre: les obligations à dix ans de Paris ont désormais atteint un rendement de 3,5%, ce qui est objectivement très élevé et montre que la France doit offrir des rendements plus importants si elle ne veut pas voir s’évaporer ses capitaux et subir une crise financière et bancaire. À cet égard, la déclaration de la gouverneure de la BCE, Mme Lagarde, affirmant que « le système bancaire français n’est pas en danger », est révélatrice du malaise du secteur. Existe-t-il une plus grande certitude qu’un système bancaire est en danger que lorsque le banquier central est obligé de jurer le contraire ?

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L’agence de notation Fitch a aussi pris acte de la gravité de la situation, en dégradant la dette publique française à la note A+ contre AA-. Bref, la voie que suit le pays transalpin est très similaire à celle des années passées, avec trois facteurs aggravants:

- Dorénavant, les pays d’Europe du Nord pourront difficilement soutenir le système financier français avec les importantes injections de capitaux de ces dernières décennies;

- La position financière nette de la France est extrêmement grave compte tenu de la taille de son économie;

- Très probablement, l’Europe traversera dans les prochaines décennies une grave crise due au fait qu’elle est devenue une zone économique marginale, exclue des grands flux financiers et d’innovation technologique, et dépourvue de tout poids politique. Par conséquent, Paris aura encore plus de mal à assainir ses finances, précisément parce que cela devra se faire dans une phase de difficultés systémiques pour tout le continent.

Comme il arrive toujours lorsque la situation économique d’un pays est aussi instable, le cadre institutionnel entre lui aussi dans une grave instabilité: les gouvernements à Paris se succèdent très rapidement et surtout végètent, impuissants et incapables de concevoir une stratégie de sortie de cette crise « à l’italienne ».

C’est dans ce contexte complexe que les élites françaises semblent avoir choisi la voie la plus facile (et la plus irresponsable) pour sortir de la crise: celle de la création d’un ennemi extérieur. Évidemment, il ne pouvait s’agir que de "l’autocrate du Kremlin", Vladimir Poutine.

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Les déclarations tonitruantes de Macron, qui a qualifié le président russe d’« ogre » et de « prédateur », en disent long sur la position de Paris: de l’autre côté des Alpes, on veut la guerre ou du moins un état de tension avec la Russie, afin de cacher les problèmes internes et dramatiques du pays.

C’est seulement dans cette logique que l’on peut donner un sens à l’idée soutenue par Macron d’envoyer des contingents militaires en Ukraine comme troupes d’interposition et d’instaurer une zone d’exclusion aérienne dans l’ouest de l’Ukraine, afin d’abattre les essaims de drones russes qui sévissent dans le ciel ukrainien.

Des idées irresponsables qui alimentent l’escalade, à tel point que le porte-parole du Kremlin, Peskov, a déjà déclaré qu’il considère l’OTAN en guerre contre la Russie. Sans parler de l’ancien président Medvedev, qui lui aussi parle désormais de guerre entre la Russie et l’OTAN avec ses habituels accents à la Jirinovski.

En conclusion, une chose est certaine : une fois encore, le destin de l’Europe se joue à Paris. La paix en Europe ne sera possible qu’avec une France pacifiée.

jeudi, 25 septembre 2025

La Nouvelle Troisième Position: contre Soros et Netanyahou

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La Nouvelle Troisième Position: contre Soros et Netanyahou

Alexander Douguine

Alexander Douguine affirme que l’assassinat de Charlie Kirk et le projet du Grand Israël ont fatalement fracturé l’édifice politique occidental — que le globalisme libéral maintenait encore récemment — en trois pôles opposés, laissant l’« Occident collectif » au bord de la révolution.

Plusieurs événements d’une importance fondamentale se sont récemment produits sur la scène politique mondiale. D’un côté, il y a eu l’assassinat de Charlie Kirk, un chrétien conservateur et l’une des figures centrales du mouvement MAGA. La cérémonie funèbre, organisée pour lui rendre un dernier holmmage, a rassemblé des centaines de milliers de personnes, y compris tout le gouvernement américain, fut le théâtre de la réconciliation historique entre Trump et Elon Musk, et symbolisa la détermination de la moitié conservatrice de la société américaine à changer radicalement tout le système face à la menace d’un terrorisme libéral de masse.

D’un autre côté, la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie (c’est-à-dire le Commonwealth), ainsi que le Portugal (allié traditionnel de l’Empire britannique), ont reconnu la Palestine. Le Premier ministre Netanyahou, menant une politique de construction du Grand Israël et menant un véritable génocide contre la population palestinienne de Gaza, a maudit ces pays et leurs dirigeants, promettant de terribles représailles.

Parallèlement, Trump et les États-Unis soutiennent entièrement Netanyahou, tandis que les pays européens de l’OTAN semblent s’y opposer.

Que se passe-t-il ?

Il est évident que l’Occident collectif est désormais divisé. Selon de nombreuses lignes de fracture et positions. En particulier concernant le Grand Israël.

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Le tableau est le suivant: les mondialistes de gauche, tous les réseaux de Soros et le Parti démocrate américain sont pour la Palestine et contre Netanyahou. Ce sont eux qui dirigent la flottille Sumud avec Greta Thunberg qui vogue vers Gaza. À leurs côtés se trouvent les musulmans d’Europe et des États-Unis, les salafistes et la gauche avec leur marxisme culturel, les transgenres, les furries, BLM, LGBT et les migrants illégaux (tous interdits en Russie). Voilà le front des opposants à Trump.

L’autre pôle est représenté par l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee, un puissant lobby israélien), les néoconservateurs, les sionistes de droite, une partie de MAGA (la minorité, tandis que des figures comme Tucker Carlson, Candace Owens, Steve Bannon, Alex Jones, Matt Gaetz et même récemment Charlie Kirk se sont positionnés contre Netanyahou) et, surtout, Trump lui-même. Dans l’ensemble, tous sont également critiques envers l’Islam pour son expansion culturelle et envers la Chine pour sa croissance économique et technologique incroyable.

Les principaux dirigeants des mouvements populistes de droite dans l’UE, qui sont en tête dans presque tous les sondages, sont également contre Netanyahou et pour Trump.

Mais… la majorité de MAGA aux États-Unis, tout en n’étant pas pro-palestinienne, s’oppose au lobby israélien aux États-Unis. Il en va de même pour la plupart des populistes de droite en Europe.

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Voici donc le troisième pôle: contre Soros et contre Netanyahou. C’est la position du peuple occidental dans son ensemble. Mais les élites sont divisées selon d’autres lignes de principe.

La contradiction est flagrante: au sommet de la vie politique, même en tenant compte de l’opposition populiste de droite, l’affrontement entre les réseaux de Soros et le lobby pro-israélien continue. Au sein du peuple, cependant, la conviction est ferme que les deux sont inacceptables. Il en résulte un décalage évident.

Cette troisième position aux États-Unis — contre Soros et contre Netanyahou — s’exprime à grande échelle. Elle est portée par des personnalités comme Tucker Carlson, Candace Owens, Steve Bannon et Alex Jones, pratiquement les principaux idéologues de MAGA. Elon Musk est fermement contre Soros et se montre clairement critique envers Netanyahou, mais il évite de trop afficher cette dernière option.

En Europe, cependant, les défenseurs de cette troisième position n’ont même pas le droit d’ouvrir la bouche. La censure libérale y opère de manière particulièrement stricte. Mais MAGA aux États-Unis, se sentant puissant, commence à agir plus librement. Peu avant sa mort, Charlie Kirk lui-même s'est étonné: pourquoi sa liberté de critiquer Netanyahou est-elle moindre aux États-Unis qu’en Israël même? Les opposants les plus radicaux à Netanyahou dans le camp MAGA ont avancé l’hypothèse que les services secrets israéliens pourraient être impliqués dans l’assassinat de Kirk. Cependant, cette théorie n’a pas reçu un large soutien et a même été rejetée par le politicien américain aux positions extrêmes, Nick Fuentes, connu pour ses déclarations vraiment radicales et excessives. En même temps, malgré son extrémisme, le public de Fuentes grandit rapidement et, en dépit de son jeune âge, il est rapidement passé du statut de marginal à celui de figure politique influente.

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Après l’événement historique du stade de l’Arizona, qu’a été la cérémonie d’adieu de Kirk, toutes ces tendances ne feront que s’intensifier. Personne ne doute que les mondialistes libéraux, une sorte de Soros collectif, sont à blâmer pour l’assassinat de Kirk. Les masses exigent l’arrestation de Soros et demandent que sa fondation soit poursuivie selon la procédure spéciale RICO, qui permet aux forces de l’ordre d’agir en mode d’urgence — arrêter, interroger, saisir des documents, surveiller les transactions financières, etc. Trump a en substance qualifié les Soros père et fils d’“ennemis publics”.

Il est intéressant de noter que cette fracture entre pays et forces politiques occidentales se retrouve également dans la question russe. Les réseaux de Soros et les mondialistes sont farouchement et agressivement anti-russes et soutiennent totalement Zelensky. C’est la position des élites libérales-globalistes de l’UE – Starmer, Macron, Merz, en somme les mêmes forces qui ont reconnu la Palestine.

Aux États-Unis, le Parti démocrate continue de réclamer toujours plus d’armes pour Kiev, de nouvelles sanctions contre la Russie et une escalade directe. Trump lui-même dit que la guerre en Ukraine est la “guerre de Biden”, pas la sienne — la guerre des mondialistes, pas celle de MAGA. Il veut donc y mettre fin aussi vite que possible, mais il ne sait tout simplement pas comment.

Ceux qui soutiennent Netanyahou accordent beaucoup moins d’attention à la Russie. Par rapport au Grand Israël et même à la Chine, la Russie est le problème numéro trois. Il existe toutefois certaines personnalités dans le lobby ouvertement pro-israélien aux États-Unis (le terroriste Lindsey Graham, son acolyte démocrate Richard Blumenthal, Mark Levin de Fox, etc.) qui prônent la guerre contre la Russie et poussent Trump dans cette direction.

Trump oscille entre le mouvement MAGA et les néoconservateurs, qui représentent le même “État profond” dont le noyau est formé par les mêmes mondialistes de gauche. Il est significatif que, dans un de ses récents discours, Netanyahou ait lui-même attaqué le “deep state”, rappelant une fois de plus que le sionisme de droite (quelle que soit notre opinion à ce sujet) est une chose, tandis que le globalisme de gauche en est une autre. Pour Soros, Netanyahou est autant un ennemi idéologique que Trump, Poutine, Orbán, Xi Jinping et Modi.

La situation est complexe et nécessite une enquête approfondie.

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Avant Trump, tout était plus simple. L’Occident collectif était libéral de gauche et globaliste — l’idéologie, la politique et la stratégie de Soros étaient globalement partagées par tous. C’était une dictature unanime de l’“État profond” international.

Mais aujourd’hui, tout est plus compliqué et difficile.

Bien sûr, le pôle globaliste de gauche et l’“État profond” international ont conservé leurs positions. Cet “État profond” contrôle encore presque toute l’Europe et détient d’importants leviers aux États-Unis. Cela inclut non seulement le Parti démocrate, mais aussi une multitude de fonctionnaires, juges, shérifs, gouverneurs, hauts gradés militaires, bureaucrates, acteurs culturels, journalistes, blogueurs et oligarques.

La Réserve fédérale, BlackRock de Larry Fink (Fink est récemment devenu chef du Forum de Davos, succédant à un autre mondialiste, Klaus Schwab), la majorité des magnats de la Silicon Valley et les financiers de Wall Street sont tous sous leur contrôle. Leurs positions à la CIA et au FBI sont extrêmement solides.

Mais le pôle MAGA se renforce également, se reconsolide et se rassemble à nouveau après l’assassinat de Charlie Kirk. À cet égard, la réconciliation entre Elon Musk et Donald Trump est symbolique. Elon Musk n’a pas seulement beaucoup aidé Trump à gagner, il a aussi mené des réformes rapides dès l’entrée en fonction de Trump, supprimant un certain nombre de structures globalistes de gauche comme USAID, le ministère de l’Éducation, etc.

Ce qui importe, c’est que l’Occident collectif s’est divisé non en deux mais en au moins trois parties :

- Les mondialistes de gauche (Soros, l’UE, le Parti démocrate) ;

- Le puissant lobby sioniste (qui contrôle en partie le populisme de droite) ;

- Les mouvements du “peuple profond” comme MAGA, critiques à l’égard des mondialistes comme des sionistes.

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Le “peuple profond” est idéologiquement et géopolitiquement le plus proche de nous. Il est sorti de l’ombre et devient peu à peu une force indépendante.

Ce sont là de nouveaux facteurs auxquels nous ne sommes pas habitués. Traditionnellement, les forces de gauche étaient plus proches de l’URSS, mais dans l’Occident moderne elles n’existent tout simplement plus ou ont dégénéré en une parodie trotskiste obsédée par le genre et les migrants illégaux, devenant un outil aux mains des mondialistes de gauche (comme Soros). Dans ce rôle, elles ne nous sont pas seulement inutiles, mais carrément hostiles.

Les alliés objectifs de la Russie en Occident sont les partisans de la révolution conservatrice populaire, chrétiens et traditionalistes. Il nous faut le reconnaître et aller de l’avant.

Pacta sunt servanda! – Les traités doivent être respectés!

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Pacta sunt servanda! – Les traités doivent être respectés!

par Franz Ferdinand

Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/176816

C’était déjà la devise des Romains envers leurs « partenaires », car deux partenaires ne peuvent interagir que de deux façons: soit par le conflit (guerre), soit par un traité. Ce principe est encore aujourd’hui indispensable à une coexistence pacifique sur cette planète !

Les traités doivent être respectés – et si l’on pense à un ordre mondial multipolaire, cela est d’autant plus important !

L’ordre multipolaire se caractérise par plusieurs centres sur le globe, qui diffèrent par la géographie et par leur tradition, leur idéologie, leur économie et leur organisation interne. Entre eux, il y aura aussi des États tampons qui joueront un rôle neutre et pourront ainsi atténuer d’éventuels conflits.

L’ordre multipolaire constitue un pas vers la démocratie mondiale, par opposition à la tyrannie unipolaire de ceux qui parlent beaucoup de « démocratie » mais veulent en réalité la dictature !

Il est évident qu’un ordre multipolaire est plus compliqué à organiser que la dictature d’un centre unique, qui se cache délibérément et ne se fait représenter à l’extérieur que par des hordes de politiciens incompétents et de « presstitués » corrompus.

Cette forme « d’ordre » est toutefois rejetée par la grande majorité de la population mondiale, non seulement dans le « Sud global », mais aussi dans le reste du monde occidental.

Dans le monde multipolaire, les principaux acteurs doivent organiser durablement leurs relations par des traités fiables.

Au contraire, dans le monde unipolaire, les traités sont généralement conclus pour être ensuite violés. Dans cet « ordre », les traités ne sont que des manœuvres tactiques pour tromper le partenaire. 

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Exemples :

- Dans le traité de séparation entre la Russie et l’Ukraine, la neutralité de l’Ukraine a été convenue, mais soudainement, plus personne ne s’en souvient.

- Les Accords de Minsk II ont été négociés et signés par le président français de l’époque François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko, le président biélorusse Alexandre Loukachenko et le président russe Vladimir Poutine. Ce traité devait garantir les droits de la minorité russe en Ukraine. Par la suite, Merkel et Hollande ont déclaré que l’Ukraine n’avait accepté ce traité que pour gagner du temps afin de se réarmer.

- Le traité 2+4. Ce traité a été négocié par la Russie depuis une position de grande faiblesse. La Russie dépendait des crédits allemands et s’est donc littéralement fait acheter la condition la plus importante à poser pour la réunification, à savoir la neutralité de l’Allemagne. Malgré tout, on a insisté sur la non-extension de l’OTAN. Néanmoins, aucune clause correspondante ne fut inscrite dans le traité, on s’est contenté de déclarations orales. À proprement parler, ce traité était un traité de capitulation de la Russie lors de la guerre froide. Ce n’était de toute façon pas un traité de paix, puisque cela aurait nécessité d’inclure les 65 « ennemis de guerre » de l’Allemagne.

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Par ce traité, la sécurité de la Russie a été vendue pour quelques milliards de marks de crédit. Des centaines de milliers de jeunes Russes ont jusqu’à présent payé cette erreur de leur vie ou de leur santé.

Pourtant, l’Allemagne a violé un autre point du traité 2+4 :

L’article 2 du traité stipule :

« Les gouvernements de la République fédérale d’Allemagne et de la République démocratique allemande réaffirment leurs déclarations selon lesquelles seule la paix émanera du sol allemand. Selon la Constitution de l’Allemagne unifiée, les actes susceptibles de troubler la coexistence pacifique des peuples, notamment la préparation d’une guerre d’agression, sont inconstitutionnels et punissables. Les gouvernements de la République fédérale d’Allemagne et de la République démocratique allemande déclarent que l’Allemagne unifiée n’utilisera jamais ses armes, sauf conformément à sa Constitution et à la Charte des Nations Unies ».

Ce passage n’est guère compatible avec la participation de l’Allemagne à la guerre d’agression contre la Yougoslavie et à la guerre en Afghanistan ! On n’a pas hésité à justifier l’intervention en Afghanistan en affirmant que l’Allemagne se « défendait dans l’Hindou Kouch ».

Dans ce contexte, il faut également rappeler la clause des États ennemis dans la Charte de l’ONU (articles 53 et 107), qui permettait aux États signataires de prendre des mesures coercitives contre les soi-disant États ennemis si ceux-ci adoptaient à nouveau des politiques agressives. Cette clause avait été introduite à l’origine pour s’assurer que les États considérés comme ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale, tels que l’Allemagne et le Japon, ne puissent plus redevenir militairement actifs. Certes, cette clause a été déclarée « obsolète », mais elle figure toujours dans la Charte.

La Russie pourrait donc, face à l’attitude agressive, hostile, voire belliqueuse de l’Allemagne envers la Russie, très bien « se souvenir » de cette clause des États ennemis si l’occasion se présentait. On peut donc supposer que la Russie ne consentirait plus à la suppression de cette clause dans la situation actuelle !

Actuellement, en cas d’escalade supplémentaire de la guerre en Ukraine, la Russie pourrait invoquer cette clause pour prendre, conformément au droit international, des mesures militaires coercitives contre l’Allemagne !

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Un tel cas se présenterait dès que des troupes de l’OTAN (avec des troupes allemandes) interviendraient directement dans la guerre en Ukraine. Un tel scénario est très probable dès qu’un effondrement de l’armée ukrainienne deviendrait prévisible. La Russie pourrait alors légitimement attaquer des cibles en Allemagne !

Très probablement, Poutine ne prendrait toutefois une telle décision que s’il avait le plein soutien de la Chine, c’est-à-dire si la Chine était prête à entrer dans cette guerre de l'OTAN contre Russie. Il est très probable que cette guerre ne se limiterait alors plus à l’Ukraine, mais que la Russie, avec la Chine, éteindrait définitivement l’OTAN, en marchant jusqu’à Berlin pour rétablir la situation d’avant la réunification allemande ! Ce serait probablement la fin de l’OTAN, ce qui intéresserait également beaucoup la Chine, puisque cette organisation cherche aussi à s’étendre dans le Pacifique. La Chine aurait alors aussi la possibilité, avec la Russie, de chasser les États-Unis du Pacifique occidental. La question de Taïwan se résoudrait alors d’elle-même !

 

mercredi, 24 septembre 2025

Au bord de la catastrophe: une Europe sans hégémonie, entre fragilité et illusions

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Au bord de la catastrophe: une Europe sans hégémonie, entre fragilité et illusions

par Enrico Cipriani

Source: https://www.destra.it/home/sullorlo-della-catastrofe-euro...

L'Europe traverse une phase historique d’extrême fragilité, marquée par un déclin économique, des fractures politiques et un isolement stratégique croissant. Sa classe dirigeante, cependant, semble ignorer la réalité: au lieu de rechercher une politique d’apaisement, elle persiste dans une logique de provocation et de défi qui risque de conduire à la catastrophe. Il suffirait d’un incident militaire, d’une erreur de calcul, pour que tout le continent soit entraîné dans un conflit généralisé avec l’axe asiatique, un bloc qui regroupe plus de trois milliards de personnes, une capacité de production industrielle sans égal et une économie en pleine ascension. L’Europe, à l’inverse, apparaît fatiguée et en déclin démographique, et elle ne peut même plus compter sur la protection automatique des États-Unis, comme c’était le cas durant la Guerre froide.

Le point central est précisément celui-ci: Washington n’a plus le même intérêt à défendre l’Europe. Les documents officiels de la Stratégie de sécurité nationale et de la Stratégie de défense nationale montrent clairement que les priorités américaines se sont déplacées vers l’Indo-Pacifique, avec la Chine comme principal adversaire stratégique. Le European Council on Foreign Relations lui-même a souligné dans un rapport significatif, intitulé « Defending Europe with Less America », que les États-Unis réduisent progressivement leur engagement direct sur le continent européen, laissant entendre que ce seront désormais les pays européens eux-mêmes qui devront assumer une part plus importante des responsabilités militaires. C’est un changement de paradigme que de nombreux dirigeants, comme le Britannique Keir Starmer, feignent de ne pas voir, préférant croire que hausser le ton et se montrer “durs” leur garantira automatiquement l’aide américaine le moment venu. Mais c’est une illusion. Les États-Unis n’interviennent que lorsqu’ils y voient un intérêt concret, et aujourd’hui, l’Europe occupe une place de moins en moins centrale dans leurs calculs stratégiques.

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Ce déclassement est renforcé par les données économiques et technologiques. En 2022, la Chine a enregistré environ 40.000 brevets dans le domaine de l’intelligence artificielle, contre environ 9000 pour les États-Unis. L’Europe, sur la même période, est restée essentiellement marginale, incapable de générer des innovations à une échelle comparable. En 2024, les instituts américains ont produit 40 modèles “remarquables” d’intelligence artificielle, la Chine 15, tandis que l’Europe seulement 3 (hai.stanford.edu, 2025). Selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, la Chine détient désormais environ 70% des demandes mondiales de brevets en IA, les États-Unis environ 14%, et l’Europe se limite à 13%. Un rapport de Sciences Po de 2024, intitulé European Sovereignty in Artificial Intelligence, a estimé que l’Union européenne ne produit qu’un cinquième du nombre de brevets par habitant par rapport aux États-Unis, et à peine un douzième par rapport à la Chine. Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques techniques: ils montrent clairement que l’avenir technologique est déjà tracé et que l’Europe n’en fait pas partie parmi les acteurs majeurs.

À cela s’ajoute un fait encore plus préoccupant: l’efficacité de la recherche européenne est inférieure à la moyenne mondiale dans les secteurs technologiques en évolution rapide. Une étude de Alonso Rodriguez-Navarro et Brito («Technological research in the EU is less efficient than the world average», arXiv, 2018) a démontré que la production scientifique européenne, dans des domaines tels que l’intelligence artificielle et les sciences appliquées, est moins apte à générer de l’innovation industrielle que celle des États-Unis et de la Chine. Il en résulte un fossé qui ne pourra pas être comblé simplement en augmentant les investissements, car il touche structurellement la capacité à transformer la recherche en applications technologiques de rupture.

Les limites de l’Europe apparaissent également dans ses politiques économiques. Selon une analyse de la Deutsche Bank de 2025, sur 383 recommandations pour accroître l’innovation, seules 11 à 12% ont été pleinement mises en œuvre et moins d’un tiers partiellement. Pendant que l’Europe débat de stratégies, la Chine et les États-Unis mettent en œuvre des programmes concrets de soutien à l’industrie et à la recherche. Il n’est donc pas surprenant que, dans le Global Innovation Index de 2025, la Chine soit entrée dans le top 10 des nations les plus innovantes, détrônant l’Allemagne (Reuters, 16 septembre 2025).

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Tout cela démontre que l’Europe n’est plus hégémonique. Ni sur le plan industriel, ni sur le plan économique, ni sur le plan technologique, ni sur le plan politique. Elle ne possède ni la suprématie militaire, ni la capacité diplomatique qui lui permettaient autrefois de peser au-delà de sa taille. Elle a perdu du capital humain qualifié, n’arrive pas à retenir ses meilleurs chercheurs et ingénieurs, et elle est divisée sur presque toutes les grandes questions politiques, de l’énergie à l’immigration. Penser revenir à une position centrale en géopolitique est illusoire: l’écart qui la sépare des États-Unis et de la Chine est désormais insurmontable.

Face à ce scénario, le choix qui s’impose n’est pas celui de la fermeté rhétorique ou de la provocation. Il s’agit au contraire de la nécessité d’un réalisme politique qui reconnaisse les limites de l’Europe et sa nouvelle place dans le monde. L’Europe doit comprendre qu’elle est désormais la troisième force par rapport aux grandes puissances mondiales, et qu’elle ne pourra pas retrouver l’hégémonie perdue. La tâche n’est pas de rêver à regagner le terrain perdu, mais de sauver ce qui peut l’être: protéger ses infrastructures critiques, défendre son capital humain, renforcer ce qui reste de son tissu industriel et, face aux crises internationales, choisir la voie la moins douloureuse. Se bercer d’illusions revient à surestimer sa propre force et à marcher vers la catastrophe.

Le temps de la post-démocratie. Un fétiche à dépasser avant qu’il ne soit trop tard

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Le temps de la post-démocratie. Un fétiche à dépasser avant qu’il ne soit trop tard

par Enrico Cipriani

Source: https://www.destra.it/home/il-tempo-della-post-democrazia...

Les paroles récemment prononcées par le pape Léon XIV sur la fragilité de la démocratie rouvrent un débat que la philosophie occidentale connaît en réalité depuis plus de deux mille ans. La démocratie, célébrée comme une conquête historique, a engendré une société qui confond l’égalité des droits avec l’égalité des compétences, transformant toute opinion en valeur absolue. Nous vivons dans un monde où chacun se croit autorisé à parler d’économie, de médecine, de géopolitique ou de science avec la même autorité que les experts. Mais la vérité est simple : lorsqu’on fait appel à un chirurgien ou à un ingénieur, la décision finale revient au professionnel, non au client. Pourquoi la politique devrait-elle fonctionner autrement ?

Aristote, dans sa Politique, distinguait lucidement les différentes formes de gouvernement et avertissait que la démocratie, si elle est comprise comme le pouvoir du plus grand nombre, dégénère facilement en ochlocratie, la domination de la foule. Platon, dans La République, décrivait la démocratie comme l’antichambre de la tyrannie, car la liberté sans limites conduit au chaos et au désordre, ouvrant la voie à l’homme fort.

Des siècles plus tard, Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage monumental De la démocratie en Amérique, pressentait que l’égalité démocratique abaisserait la société, générant conformisme et médiocrité: un peuple qui prétend décider de tout finit par perdre toute grandeur et élan.

Ortega y Gasset, dans La révolte des masses, reprendra ce même thème: la démocratie remet le pouvoir entre les mains de l’homme-masse, un individu sans qualités, sans culture, qui se sent autorisé à juger de tout, bien qu’il soit dépourvu des outils intellectuels nécessaires.

Winston Churchill résumait avec ironie: «La démocratie est la pire forme de gouvernement, à l’exception de toutes celles qui ont été essayées auparavant». Une phrase souvent citée en guise d’éloge, mais qui contient en réalité un aveu d’échec dès le départ.

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La démocratie contemporaine a produit une société qui valorise la superficialité, l’apparence et le consensus immédiat. Ce n’est plus la vérité qui compte, mais l’esthétique; plus la compétence, mais la popularité. Un monde où la politique est réduite à des talk-shows et les gouvernements à des exercices de marketing. La logique du suffrage universel a rendu la connaissance insignifiante: la voix de celui qui a étudié et sacrifié sa vie à la compétence vaut exactement autant que celle de celui qui n’a jamais lu un livre.

Pendant ce temps, les pays qui ne s’identifient pas aux modèles démocratiques occidentaux se développent, se renforcent économiquement, investissent dans la recherche, exercent une influence politique et militaire. L’Occident, en revanche, demeure prisonnier d’une démocratie qui engendre la paralysie décisionnelle, où des gouvernements faibles sont contraints de plaire à une opinion publique changeante au lieu de poursuivre des stratégies à long terme, devenant ainsi une tour de Babel où tout n’est que confusion.

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Il est temps de le dire froidement: la démocratie n’est pas un dogme. La sélection des gouvernants devrait se faire sur la base de la compétence, de la préparation, de la capacité de vision et de décision, et non selon le nombre de likes récoltés ou l’approbation populaire éphémère. On ne confie pas un bistouri à un amateur, on ne confie pas l’instruction et la formation des générations futures à un ignorant. Pourquoi continuer à confier le sort du monde à quiconque sait simplement récolter des voix?

Les démocraties occidentales ont épuisé leur élan historique. Elles nous ont légué des sociétés plus fragiles, plus superficielles et plus faibles, dominées par l’illusion que chacun a le droit non seulement de parler, mais aussi de décider. Il est temps de repenser radicalement les formes de gouvernement: non plus la domination des masses, mais la direction d’élites sélectionnées; non plus la primauté de la quantité, mais celle de la qualité. Il ne s’agit pas d’un appel à la tyrannie, mais à la responsabilité: le pouvoir à qui sait l’exercer, non à celui qui crie le plus fort.

mardi, 23 septembre 2025

Pas de censure pour les amis de la censure! - Réflexions sur l’assassinat de Charlie Kirk et au-delà

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Pas de censure pour les amis de la censure!

Réflexions sur l’assassinat de Charlie Kirk et au-delà

Werner Olles

La cérémonie funéraire du militant conservateur Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre par un « monstre d’extrême gauche » (selon le président américain Donald Trump), fut aussi émouvante qu’impressionnante. Plus de 100.000 citoyens y ont assisté, parmi lesquels Trump lui-même, le vice-président Vance et d’autres membres du gouvernement, ainsi que des représentants de premier plan du mouvement MAGA et du Parti républicain. L’assassinat de Kirk – commandité par l’élite globaliste, exécuté par un sympathisant de l’organisation terroriste d’extrême gauche « Antifa », dont l’interdiction est désormais, à juste titre, préparée par le président américain – a eu lieu selon le principe bien connu: « Punis-en un, éduque-en cent ! ».

En réaction aux commentaires haineux et écœurants dans les médias et programmes de gauche, qui ont diffamé Kirk à titre posthume en prétendant qu'il était un « prédicateur de haine », un « extrémiste de droite » et un « homophobe » – alors que celui-ci discutait ouvertement et sans réserve avec tous les courants politiques, et, en tant que chrétien évangélique profondément croyant, traitait même ceux qui étaient d’un avis radicalement opposé au sien avec respect et patience –, certaines mesures ont été prises, avec l’approbation du gouvernement américain, contre les calomniateurs et propagateurs de haine se réclamant d'une certaine gauche. Ils ont alors probablement ressenti pour la première fois de leur existence pourrie les effets de la « cancel culture » qu’ils avaient eux-mêmes inventée pour réduire à tout jamais au silence leurs adversaires classés, à tort ou à raison, à "droite".

Bien entendu, la télévision publique allemande, dont il faut payer la redevance sous contrainte, était également prise de panique voire d’effroi. On n’avait visiblement pas pu imaginer que la situation puisse un jour s’inverser si les choses changeaient comme aux États-Unis. En effet, les habituels « rats et mouches à merde » du petit univers médiatique (dixit Franz-Josef Strauß), nichés dans les médias publics, pro-antifa, ont de nouveau laissé libre cours à leur fondamentalisme hypertrophié se réclamant des "droits de l’homme" – tandis qu'ils sont soutenus par le prétendu syndicat allemand des journalistes (DJU). Un certain Elmar Theveßen accusa Kirk, contre toute évidence, d’avoir appelé ou applaudi à la combustion d’homosexuels, tandis que la célèbre Dunja Hayali feignit d’abord la compréhension avant de dénoncer Kirk, en substance, comme un «diviseur» et un «polarisateur».

Que retenir de tout cela ? L’Allemagne doit d’abord être reconstruite en reformant un peuple, une nation, un État, afin de mettre un terme à l’action de telles créatures, qui, serviteurs d’intérêts étrangers et hostiles, n’ont aucune notion de ce que signifient l’honneur, la dignité et la décence. Cette réforme de la société doit commencer par un retour planifié et énergique à la normalité, y compris la mobilisation et l’orientation de la majorité amorphe, exactement comme cela se passe aux États-Unis. La division de la société est donc nécessaire et inévitable, et elle doit surtout être sans compromis et porter sur les valeurs fondamentales.

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Lors de la cérémonie en hommage à Charlie Kirk, sa veuve Erika prit aussi la parole, et dans un discours bouleversant, elle pardonna, en tant que chrétienne croyante, au meurtrier de son mari et père de ses deux enfants. Cette grandeur d’âme rappelle, dans son humilité et sa foi profonde, la veuve de Benito Mussolini, Donna Rachele, qui, lors d’un dîner dans une trattoria romaine, fut observée par un groupe d’hommes à la table voisine. L’un d’eux finit par se lever, s’approcha d’elle et dit doucement: «Pardonnez-moi, Signora, mais en tant que partisan, j’ai été l’un des meurtriers de votre mari. Pouvez-vous me pardonner?». Donna Rachele le regarda longuement et en silence, se leva finalement, étreignit l’homme, fit un signe de croix et dit: «Je te pardonne, mon fils!».

Donald Trump, qui, contrairement à Charlie Kirk, bien qu’il l’ait admiré, n’est pas un conservateur particulièrement croyant mais plutôt un révolutionnaire conservateur, ne put se résoudre à cela lors de son discours lors de la cérémonie. Il assuma sa haine envers la gauche, les globalistes, les bandes terroristes de la mouvance Antifa, l’État profond et l’assassin de son ami Charlie. Comme pour tous les révolutionnaires et toutes les révolutions, il s’agit toujours de pouvoir, bien sûr aussi de vengeance – ce que beaucoup oublient malheureusement – et d’une transformation structurelle de la société. La métapolitique ne peut donc jamais être un but en soi, mais au mieux une des méthodes pour atteindre un objectif. Nous ignorons si Trump a lu Gramsci, Evola ou Carl Schmitt, nous pensons toutefois que c'est peu probable.

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Intuitivement, cependant, il a compris l’essentiel et refuse de mener des débats pseudo-intellectuels, qui se déroulent dans le vide au lieu de discuter et de fixer des contenus concrets et des objectifs précis. Ce qu’il envisage plutôt, c’est sans doute un État méritocratique, illibéral et basé sur la démocratie directe, une variante non totalitaire d’un autoritarisme qu'il nous faudra étudier sans la grever des virus gauchistes-libéraux et relevant de cette extrême gauche typiquement ouest-européenne, de ces maladies culturelles métastatiques en cartel avec un pouvoir dégénéré et un establishment gaucho-écolo-woke, prêt à tout crime pour conserver le pouvoir, même par la terreur, les assassinats et les trahisons de toutes sortes. Pour Trump, il semble donc évident que la droite révolutionnaire ne se laissera plus jamais imposer la censure, mais qu’elle la réservera dorénavant à ses ennemis mortels.

Après le lâche assassinat de Charlie Kirk, la situation est maintenant plus claire pour tous: la gauche et les libéraux, les globalistes et la canaille politico-médiatique à leur service sont prêts à tuer ou du moins à justifier et défendre à tout moment les meurtres commis par leurs compagnons de route. C’est bon à savoir, car – comme nous, les renégats de l'extrême-gauche, l’avons appris en 1967/68 – « Si l’ennemi nous combat, c’est bon et non mauvais ! » (Mao Tsé-Toung). Peut-on haïr cet ennemi ? Oui, car comme l’amour, la haine fait partie des émotions humaines normales. Certes, la loi chrétienne de l’amour s’applique, et Jésus lui-même haïssait le péché et non le pécheur, mais son combat visait aussi le mal personnifié. Qui ne parvient pas à la haine peut du moins mépriser nos ennemis, mais jamais les sous-estimer, car contrairement à nous, ils sont capables de commettre tout le mal imaginable.

Werner Olles

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La misère de l’atlantisme

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La misère de l’atlantisme

Santiago Mondejar Flores

Source: https://posmodernia.com/la-miseria-del-atlantismo/

Étant donné que le plus grand consommateur de produits relevant de la «légende noire» semble être, de loin, le public espagnol, il ne devrait pas surprendre que la célèbre boutade d’Arturo Pérez-Reverte — selon laquelle les Espagnols se seraient trompés de Dieu à Trente — soit rapidement devenue, dans certains cercles, un quasi-dogme, de ceux que Roger Scruton a qualifiés d’«oikophobes» (qui répudient leur propre héritage et leur foyer ethno-géographique)¹.

Quoi qu’il en soit, il n’en demeure pas moins surprenant de constater le mélange d’indolence intellectuelle et de crédulité de ceux qui reprennent sans examen l’affirmation du romancier et académicien selon laquelle, à Trente, l’Espagne aurait choisi un Dieu autoritaire et rétrograde au lieu d’un Dieu progressiste, comme ceux du nord de l’Europe, et que ce choix nous aurait installés dans la soumission, le retard, l’analphabétisme et la répression.

Car la réalité, c’est que, tandis qu’aux Pays-Bas et en Angleterre proliféraient les techniciens, les financiers et les marchands, l’Espagne, à son âge d’or (c’est-à-dire après 1492), comptait un nombre notable d’académiciens, grâce à l’essor des universités et des collèges majeurs aux 15ème et 16ème siècles, ce qui a permis un développement remarquable des théories du droit international et du droit commercial, sans oublier les travaux fondamentaux de la disputatio métaphysique, l’un des piliers de l’apogée culturel du Siècle d’or qui a fait essaimé dans toutes l’Europe quantité d’imitateurs de la littérature espagnole, comme Molière².

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Comme l’a finement observé Miguel de Unamuno (photo) : «Cela ne sert à rien d’y revenir, notre don est avant tout un don littéraire, et tout ici, même la philosophie, devient littérature… et si nous avons une métaphysique espagnole, c’est la mystique… est-ce mauvais, est-ce bon ? Pour l’instant, je ne tranche pas, je dis seulement que c’est ainsi. … et comme il y a, et doit y avoir, une différenciation du travail spirituel tout comme du travail corporel, tant chez les peuples que chez les individus, il nous a été attribué cette tâche»³.

Bien sûr, dans un pays où la francisation est une institution nationale, il est commode et tentant de recourir à l’argumentaire de Max Weber exposé dans son «Éthique protestante et l’esprit du capitalisme», et de réciter sans y penser deux fois les louanges de l’éthique protestante et la promotion de valeurs telles que l’autodiscipline, le travail méthodique et l’accumulation rationnelle de la richesse⁴, même si, malgré le fait d’avoir choisi le même Dieu que l’Espagne à Trente, Venise et Gênes disposaient déjà, du 12ème au 15ème siècle, de systèmes financiers avancés, de réseaux commerciaux internationaux et d’une culture économique fortement développée, tout comme Florence, la Flandre, la Bavière, la Rhénanie et le Bade-Wurtemberg.

Un chapitre à part concerne le mythe de la tolérance religieuse réformée, sous l’égide duquel le principe du cuius regio, eius religio fut instauré dans les territoires luthériens du Saint-Empire romain germanique, autorisant les princes allemands à imposer leur foi à tous leurs sujets, comme ce fut le cas en Saxe et en Hesse, où les catholiques furent persécutés et leurs églises fermées après la consolidation du luthéranisme ; les ordres religieux furent supprimés et les monastères confisqués pour renforcer le pouvoir politique et financier des princes locaux.

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Pour sa part, Calvin (portrait) instaura un régime de surveillance théologique qui régulait aussi bien les actes liturgiques que la morale privée, l’intolérance doctrinale et l’élimination de la dissidence étant la norme dans sa république théocratique⁵. Et que dire d’Oliver Cromwell, leader puritain anglais, sous le Protectorat duquel eut lieu la sanglante répression religieuse en Irlande, où les biens de l’Église catholique irlandaise furent confisqués, les églises catholiques profanées et pillées (avec une brutalité qui rappelle le modus operandi de l’État Islamique à Palmyre).

Le paroxysme puritain culmina dans des massacres incluant des exécutions arbitraires de catholiques. De plus, son régime abolit les théâtres, imposa des normes morales rigoristes et subordonna la vie civile aux diktats de la religion protestante⁶.

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Pourtant, c’est bien cette variété particulière du protestantisme qui, au final, imposa sa mentalité à l’échelle globale : après avoir trouvé refuge aux Pays-Bas en 1608 à cause du rejet dans leur terre natale, la faction la plus radicale des puritains séparatistes anglais partit vers l’Amérique du Nord en 1620, s’établissant dans le Massachusetts. Ces colons, et ceux qui allaient bientôt suivre, n’étaient pas nécessairement les plus cultivés d’Europe, mais les plus audacieux : radicaux dans l’action plus que dans la réflexion, ils méprisaient le passé et vénéraient l’avenir, de sorte que cette orientation temporelle vers le futur devint progressivement l’épine dorsale du caractère national américain.

La confiance dans la nouveauté, plus qu’une vertu individuelle, est le produit d’une pression sociale : l’esprit nord-américain exige enthousiasme, adaptabilité et optimisme, et tolère peu la mélancolie, la nostalgie et l’introspection qui flottent toujours dans l’atmosphère des cafés européens.

Pourtant, cet optimisme peut devenir religieux, chargeant d’un sens quasiment sacré l’économie, la famille, les rites sociaux et même le sport : il idéalise plus qu’il ne questionne, se protégeant du doute par des certitudes fonctionnelles, reflet d’un caractère forgé dans l’immensité d’un territoire sauvage ; aussi libre qu’incertain, où l’Américain, détaché des traditions européennes, construisit son identité dans un vide physique et moral. Cette vastitude, géographique et morale, favorise l’expérimentation et le pragmatisme, mais exige l’action pour leur donner sens : sa culture de masse méprise le loisir contemplatif, privilégiant utilité, rapidité et impact.

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Les arts et la pensée se subordonnent ainsi à l’efficacité, et l’idéalisme, mesuré en résultats quantifiables, devient statistique, ce qui, à son tour, a généré un matérialisme moral valorisant le quantitatif au détriment du qualitatif. En conséquence, et faute d’une tradition spéculative, en Amérique du Nord, le spirituel est devenu fonctionnel⁷.

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Lorsque Tocqueville voyagea en Amérique dans les années 1830, il n’observa pas seulement une expérience politique nouvelle, mais une spiritualité idiosyncratique. Contrairement au modèle européen, où la religion s’entrelace avec le pouvoir politique ou fait l’objet de conflits sécularisateurs, aux États-Unis la religion se révèle comme une force sociale autonome, profondément influente dans la vie civique.

Tocqueville identifia cinq caractéristiques fondamentales de la relation entre religion et démocratie aux États-Unis: premièrement, la religion — particulièrement dans sa forme protestante, sobre et éthique — sert de fondement moral à la liberté, offrant un cadre de vertus civiques qui renforcent l’autodiscipline et limitent les excès de l’individualisme libéral; deuxièmement, la séparation entre l’Église et l’État, sans impliquer une rupture entre religion et société, permet à la foi de conserver sa vitalité sans être absorbée par le pouvoir politique ; troisièmement, le pluralisme religieux et la tolérance, loin de fragmenter le corps social, favorisent un consensus tacite sur le rôle moral de la religion ; quatrièmement, le pragmatisme spirituel, orienté vers la vie quotidienne et éloigné des disputes dogmatiques, confère à la religion un caractère fonctionnel et pratique ; et enfin, l’engagement communautaire, où les églises agissent comme des acteurs sociaux assurant un certain équilibre entre liberté individuelle, moralité publique et cohésion sociale⁸.

Pourtant, plus récemment, il a émergé dans la sphère évangélique américaine un totum revolutum, prenant la forme d’un syncrétisme théologico-politique qui amalgame le dispensationalisme eschatologique, le pentecôtisme charismatique et un nationalisme chrétien militant, constituant une matrice religieuse structurellement analogue à l’ébionisme judéo-chrétien des premiers siècles, ce qui représente un tournant dans l’imaginaire religieux américain, remplaçant en grande partie le pragmatisme moral tocquevillien par une théologie de l’anticipation apocalyptique⁹.

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Cette convergence produit une synthèse eschatologique contemporaine qui interprète l’histoire comme un combat cosmique entre le Bien et le Mal, dans lequel certaines nations sont conçues comme des instruments privilégiés de la volonté divine. Son axe central, le dispensationalisme, fut conçu au 19ème siècle par John Nelson Darby (illustration, ci-dessus) et diffusé largement par la Scofield Reference Bible, qui présente une lecture littérale de la Bible avec des interprétations partiales, divisant l’histoire en « dispensations » et accordant à l’Israël ethnique un rôle central dans l’accomplissement des temps, ce qui justifie un sionisme chrétien inconditionnel et une vision apocalyptique de la politique internationale.

De son côté, le pentecôtisme, initialement marginal et apolitique, a évolué vers des formes de néo-pentecôtisme nationaliste qui interprètent la politique comme un champ de guerre spirituelle, promouvant un littéralisme biblique radical et une morale réactionnaire⁹.

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Ces éléments convergent dans le nationalisme chrétien, une doctrine qui sacralise l’identité nationale, prône la subordination de la loi civile à la « loi de Dieu » et postule une mission eschatologique pour certaines nations appelées à conduire la bataille contre les forces du mal, retrouvant un ordre moral supposément perdu. Cette configuration théopolitique présente des analogies structurelles surprenantes avec l’ébionisme des 1er au 4ème siècles, dans des aspects tels que la centralité du messianisme littéral, la normativité de la loi religieuse, l’élection d’un peuple comme axe du plan divin, la fusion entre foi et identité nationale et le rejet de l’universalisme pluraliste.

Ainsi, bien que séparés par des siècles et des contextes doctrinaux différents, l’ébionisme ancien et ce sionisme chrétien contemporain partagent une logique commune : l’intégration de la religion, de la morale et de la nation à travers une eschatologie combative et providentialiste, qui redéfinit profondément le rôle de la foi dans la sphère publique et reconfigure le sens même de la nation, de l’histoire et du salut⁹.

Tout cela a inséré la spiritualité américaine dans un cadre théopolitique global. Si Tocqueville admirait la capacité de la religion à contenir le matérialisme, ces nouvelles interprétations évangéliques tendent à utiliser la foi comme une lentille d’interprétation de la géopolitique mondiale, en plus de donner lieu à des dérives religieuses telles que la « théologie de la prospérité » du pentecôtisme, qui renverse le rôle de la religion comme frein au matérialisme, interprétant la richesse comme un signe de bénédiction divine¹⁰.

La spiritualité nord-américaine contemporaine a donc connu une profonde métamorphose, qui constitue, au fond, une réponse à la complexité sociale, démographique et culturelle de l’Amérique contemporaine : urbanisation, migration, mondialisation, sécularisation et polarisation politique. La spiritualité n’est plus simplement un support moral de la démocratie, mais un champ de bataille symbolique où se disputent le sens du bien commun, l’identité nationale et le futur politique de la nation.

Comme nous pouvons le constater dans le cas du conflit Israël-Iran, certaines lectures et rhétoriques bibliques (par exemple, voir l’interview de Tucker Carlson avec le sénateur Ted Cruz du 18 juin 2025) peuvent agir comme des forces performatives dans la politique internationale. Il ne s’agit pas seulement du fait que les croyants attendent l’accomplissement de la fin des temps, mais aussi qu’ils peuvent agir de manière à le provoquer ou à l’accélérer. L’eschaton, ainsi compris, cesse d’être un avertissement prophétique pour devenir une directive géostratégique.

La théologie dispensationaliste et ses dérivés articulent une vision eschatologique dans laquelle le conflit entre Israël et l’Iran et la reconstruction du Troisième Temple sont des éléments fondamentaux pour l’accomplissement du plan divin. Cette vision du monde, en devenant moteur de la politique étrangère et de la défense, configure un scénario où les croyances religieuses influencent directement la géopolitique contemporaine, ce qui n’a pas seulement des conséquences de grande portée pour la stabilité régionale et globale, mais vide le volontarisme atlantiste européen du contenu qu’il a pu avoir à d’autres époques¹¹.

Bibliographie/Notes: 

(1) Scruton, R. (2004). England and the need for nations. London: Civitas.

(2) Brufau Prats, R. (1992). La Escuela de Salamanca y el nacimiento del derecho internacional moderno. Ediciones Rialp.

(3) Unamuno, M. de. (1995). En torno al casticismo. Madrid: Espasa-Calpe.

(4) Weber, M. (2001). The Protestant ethic and the spirit of capitalism (T. Parsons, Trans.). London: Routledge. (Original work published 1905).

(5) Höpfl, H. (1982). The Christian polity of John Calvin. Cambridge: Cambridge University Press.

(6) Fraser, A. (2007). Cromwell: Our chief of men. London: Phoenix.

(7) Bellah, R. N. (1991). The broken covenant: American civil religion in time of trial (2nd ed.). Chicago: University of Chicago Press.

(8) Tocqueville, A. de (2008). La democracia en América (trad. J. A. González). Alianza Editorial. (Obra original publicada en 1835).

(9) Sutton, M. A. (2014). American apocalypse: A history of modern evangelicalism. Cambridge, MA: Harvard University Press.

(10) Bowler, K. (2013). Blessed: A history of the American prosperity gospel. Oxford: Oxford University Press.

(11) Gooren, H. (2010). Religious Conversion and Disaffiliation: Tracing Patterns of Change in Faith Practices. Palgrave Macmillan.

Le 3 septembre, l’Occident s'est éteint - L’intuition d’Alexandre Douguine

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Le 3 septembre, l’Occident s'est éteint

L’intuition d’Alexandre Douguine

Carlos Javier Blanco

Source: https://www.aporrea.org/ddhh/a344711.html

Il y a une intuition juste dans la pensée d’Alexandre Douguine: la Russie, bien qu’étant une partie essentielle de l’Europe, n’a pas d’autre choix que de se tourner vers l’Asie et de s’y unir.

Qui peut nier que la Russie fait partie de l’Europe ? Qui va réfuter que l’Europe ne serait rien, et n’aurait jamais été qu'un rien, sans la nation russe?

Je l’ai déjà souvent exprimé dans mes écrits, par exemple dans mon article «Les deux empires», écrit comme préface à l’œuvre classique de Walter Schubart L’Europe et l’Âme de l’Orient (Ed. esp.: Fides, Tarragone, 2019). À l’Ouest, l’Espagne a contenu les hordes afro-asiatiques qui prétendaient plonger l’Occident chrétien dans une œcumène exclusivement islamique. L’Espagne fut le rempart contre l’Islam durant plus de dix siècles (huit siècles de Reconquista et au moins deux siècles de surveillance en Méditerranée). Ce que fit le Royaume des Asturies-Léon à partir de 722 s’est élargi sur le plan géographique avec l’Empire des Habsbourg espagnols à l’époque moderne: rempart ou katechon face à l’essor atroce et irrésistible de l’hérésie protestante, prélude du libéralisme actuel, du nihilisme et du capitalisme, idéologies et formes matérielles de dissolution de la culture classique, catholique et humaniste. Et rempart contre le Turc.

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Le katechon espagnol à l’Ouest était symétrique au katechon russe à l’Est. Ce qui, de Rome, passa à Oviedo, León, Madrid, soit un esprit impérial de résistance au Mal, fut analogue à l’esprit de Byzance (la seconde Rome) qui passa à Moscou. Cette substance spirituelle transmise fut celle d’un empire katechonique qui mit un frein aux hordes turques ou tatares et sauva également la culture classique, le christianisme (orthodoxe) et l’humanisme, en les adaptant aux peuples slaves et autres populations asiatiques voisines.

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Frein, résistance et conservation combative (katechon) à l’Ouest comme à l’Est. Des empires, et non des impérialismes, qui freinèrent et firent naître des nations. Au milieu, l’Europe et la Méditerranée plongées dans la confusion, la déchirure nihiliste et la lutte fratricide pendant des siècles.

Il est significatif que cette Europe même, déchirée par le libéralisme, le capitalisme financier le plus atroce et le plus vorace, nihiliste et anti-traditionnel, n'ait jamais cessé de donner traîtreusement des coups de pied à la Russie, à la Grande Russie. Ses mystiques, romanciers, compositeurs, ses révolutionnaires, ses athlètes, ses scientifiques sont la chair et le sang de l’Europe. Imaginez-vous une Europe sans Tchaïkovski? Je ne dirai pas qu'elle serait une excroissance, mais ce serait une Europe pauvre et grise. Cette Europe envahie par des allogènes venus de partout trouve sa réserve humaine en Russie. Malheureusement, là-bas non plus, il ne naît plus beaucoup d’enfants.

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Les nazis ukrainiens, tant appréciés par le bouffon Zelensky, aimés par l’OTAN et les Américains, n’ont été qu’un instrument conçu pour dresser tous les murs possibles entre l’Europe amputée (cette Europe d'eunuques, castrée parce que vivotant, en marge, sans la Russie), d'une part, et sa partie essentielle qu’est la Fédération de Russie et d’autres nations sœurs (l’Ukraine elle-même, la Biélorussie, et d’autres encore), d'autre part. Le sabotage du Nord Stream n’a pas été un simple «sabotage» mystérieux. Ce fut un acte imposé par l’hégémon américain, cherchant à s’assurer la domination coloniale de l’Europe, écartée de sa partie intégrale et essentielle, la Russie. Il fallait affamer (du point de vue énergétique) l’Europe, pour que la Russie se tourne vers la Chine et les autres puissances asiatiques de plus en plus lassées du comportement hooliganesque des puissances anglo-saxonnes.

La connexion énergétique russo-chinoise est d'une ampleur considérable et elle est désormais irréversible. La fringale de gaz et d’énergie de l’Europe sera chronique, et cette Europe humiliée sera dépendante d’un fournisseur cher, peu fiable, décadent et probablement non durable pour ses besoins futurs: elle sera dépendante des Américains. Plus que les nazis ukrainiens, rejetons des néonazis actuels d’Israël, d’Allemagne, de l’Anglosphère, etc., ce sont les Américains qui ont forcé la Russie à embrasser le géant chinois, à renforcer ses liens avec l’Inde, à regarder vers une Asie émergente, ne voyant à l’Ouest qu’une meute de chiens nains et dégénérés, de la taille d’une souris, excités par un maître américain qui, dans sa chute, n’a pas peur de détruire le concept qu’il a lui-meme inventé: «l’Occident».

Douguine a vu juste. Le philosophe russe n’est certes pas l’inventeur du concept d’« Eurasisme », mais il est, selon moi, celui qui l’a le mieux actualisé et qui l’a explicité de la façon la plus pédagogique qui soit. La Russie, bien qu’elle aurait dû être essentielle à l’Europe, doit se transcender elle-même et construire – de façon impériale – une réalité supérieure, l’Eurasie, c’est-à-dire un grand bloc continental destiné au sauvetage des idéaux classiques et traditionnels (valeur sacrée de la personne, respect des traditions plurielles des peuples, défense de la communauté, lutte contre le matérialisme et le nihilisme). Douguine sait que l’Europe (occidentale) n’est pas prête à participer à cette mission. Il y eut d’autres grands visionnaires d’une Eurasie : Thiriart, Faye… Peut-être pensaient-ils d’abord à une union des petits caniches européens, débarrassés du maître américain, et sauvés par le grand ours russe. Mais l’ours russe doit aussi penser à se sauver lui-même. Or la série ininterrompue de provocations subies par la nation russe semble ne jamais devoir finir.

Alors que j’écris ces lignes, en ce mois de septembre 2025, je le fais tout en étant stupéfait par les déclarations des dirigeants occidentaux appelant à la guerre, exigeant des sacrifices pour lancer un réarmement ambitieux, aboyant aux portes de leur grand voisin de l’Est. Il y a quelques heures à peine, une sorte d’état d’alerte a été déclenché suite à l’incident de prétendus drones russes tombés sur le sol polonais. De nouveau, la Pologne victimaire veut des ennuis, comme en 1939, demandant à être envahie. La Pologne agressive, en tant que tentacule des « James Bond » britanniques, entre de nouveau en action. Les citoyens européens n’apprennent jamais rien de l’Histoire. La Pologne victimaire, tout comme Israël est également victimaire, est un pays qui brandit ses lettres de créance de peuple malmené par les géants, de peuple malheureux, persécuté par les impérialistes, de peuple déguisé en enfant battu et victime d’abus intolérables. Européen: méfie-toi des victimaires ! Ils pleurent pour susciter ta pitié, mais n’hésiteront pas à te pousser dans l’abîme. La colombe polonaise est, derrière les apparences, un faucon anglo-saxon.

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L’Europe, si elle continue à rester « l’Occident », tombera dans l’abîme. Être «l’Occident», c’est être le jouet des Anglo-Saxons, un jouet qu’une fois brisé ils jetteront. Et la catastrophe s’approche inexorablement. Le lien énergétique russo-chinois est dorénavant irréversible et ambitieux; le lien russo-germanique, lui, est brisé à jamais. Il aurait été de nature énergétique et, d’une manière générale, économique, mais il aurait représenté aussi le premier pas vers un rapprochement spirituel. C’était précisément l’idéal de Walter Schubart, une Europe «johannique» que la partie russophobe du nazisme a détruite.

Cette russophobie d’origine partiellement nazie et entièrement anglo-saxonne a crû de manière inattendue ces derniers temps. Toute personne sensée aurait supposé que des nations petites et détruites par la Seconde Guerre mondiale (dont l’Allemagne ou la Pologne, mais aussi toutes les autres) aspireraient à un monde de paix et de coexistence amicale entre les peuples. Depuis 1945, sous la loi de la Guerre froide, il avait toujours été politiquement correct de se montrer pacifiste. Les enfants des écoles de notre continent ont dessiné des millions de colombes blanches de la paix et chanté des rengaines de John Lennon pendant des décennies. Maintenant, les masques sont tombés: le petit nationaliste polonais et le petit nazi allemand, qui n’est jamais mort spirituellement, reprennent consistence, avec, à la clef, une russophobie de la pire espèce, déjà que celle des nationalismes suprémacistes, rancuniers et de clocher était mauvaise.

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L’intuition de Douguine va se confirmer. L’Eurasie qui va se forger à partir du 3 septembre 2025 s’est déjà révélée au monde lors d’un grand défilé de l’armée chinoise et en entendant les paroles des dirigeants souverains qui évoquent avenir et civilisation, à l’opposé de Trump et d'Ursula, qui parlent de réarmement, de privations, de menaces et de douleur. Cette Eurasie va s’imposer, que cela nous plaise ou non. Les visionnaires occidentaux qui voulaient une Eurasie «de Lisbonne à Vladivostok» ne verront pas facilement leur rêve se réaliser, en y incluant les nations occidentales. L’Eurasie du 3 septembre 2025, celle de l’OCS et des BRICS en constante expansion, laissera hors de «la civilisation» ces chiens de rue pleins de puces (corruption, incompétence, arrogance, ignorance) qui aboient au nom de l’OTAN, de l’Union européenne et des «valeurs de l’Occident».

813cUFbZbbL._SL1500_-1597702177.jpgChine, Russie, Inde (cette dernière a encore de nombreux comptes à régler) et d’autres puissances asiatiques en voie de «déconnexion» émancipatrice (comme le dirait plus ou moins Samir Amin) à l’égard des États-Unis, sont de grands États qui formeront l’Eurasie du 21ème siècle. Les petits chiens de l’Occident, capables de mordre la jambe de ceux qu’ils ont toujours désignés comme ennemis mais désormais incapables de créer une civilisation en phase avec les impératifs de notre temps, continuent à marcher vers cet abîme: «d’un pas ferme, le regard fixé devant soi».

Le drame n’a guère de remède. En Europe, il manque «le sujet émancipateur», c'est-à-dire le peuple. Le degré d’anomie, de nihilisme, d’atonie et de dépravation mentale (qui inclut la paresse) dans les nations occidentales est tel qu’à un niveau populaire, elles ont laissé leurs élites ploutocratiques jouer avec leur vie, leur patrie et leur avenir. À l’époque de ma jeunesse, des déclarations comme celles de Merz, Macron, Starmer, Ursula ou d’autres membres de cette bande criminelle, qu’auraient-elles signifié comme conséquence? Pour la moitié de ce que ces gens-là nous disent aujourd'hui, de leurs mensonges et leurs absurdités, les capitales de notre Europe auraient été, il y a des décennies, remplies de gens en colère, pancartes à la main, exigeant leur démission, la sortie immédiate de l’OTAN, ainsi que des demandes de condamnation pour crimes de guerre présumés. Il ne faut pas oublier qu’il existe une énorme responsabilité partagée avec la Russie dans la mort d’un million et demi d’Ukrainiens.

Il manque en Europe un peuple organisé, un peuple dans la rue qui commence à contester ces criminels « européistes » qui méritent de siéger sur le banc des accusés lors d’une seconde version du procès de Nuremberg. Il manque un peuple éduqué à l’histoire récente du continent. L’Europe a été détruite à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, et la partie non libérée par les Soviétiques n’a eu d’autre choix que d’abandonner toute prétention à une véritable souveraineté, l’Union européenne (et ses institutions antérieures, comme la CEE) n’étant que de simples instruments au service des Américains et de la gouvernance néolibérale de pays dont les élites se sont, dès le départ, soumises aux diktats américains.

Les puissances européennes – toutes, sans exception – traînaient derrière elles une histoire tristement célèbre d’exploitation coloniale du «Tiers Monde». La décolonisation bâclée et criminelle qui a suivi la défaite collective de l’Europe en 1945 n’a fait que préparer la nouvelle colonisation – plus économique que gouvernementale – que les États-Unis préparaient. Il semblait que la torche de la Statue de la Liberté à New York allait éclairer le Sud global, libéré des génocidaires français, britanniques, néerlandais, etc.

Mais le « Tiers Monde » a très vite compris qu’ils n’avaient fait que changer de maîtres. Dès qu’un dirigeant ou une force politique nationaliste ou socialiste résistait aux diktats de Washington, il était rapidement éliminé par des assassinats, des enlèvements, des coups d’État, des insurrections, des invasions. La CIA, comme le MI6, le Mossad et tous les autres tueurs à gages des États occidentaux, ont proclamé depuis 1945 (si ce n’est avant) leurs «valeurs». Le Sud global sait maintenant très bien ce que signifie vraiment la «défense des valeurs occidentales».

543x840-2596355975.jpgL’Eurasie qu’a pressentie Douguine n’est plus celle de Thiriart ou de Faye, mais celle d’une communion spirituelle entre l’élément européen et l’élément asiatique, magnifiquement représentée par Russes et Chinois. Cette communauté spirituelle ne doit pas être négligée à l’avenir. Il ne s’agit pas seulement de commerce de gaz, de minerais rares, de ressources technologiques, ni seulement de coopération scientifique, militaire, etc. Tous ces aspects matériels sont fondamentaux, et ces liens matériels dont l’Europe occidentale est absente sont forts, de plus en plus forts. Mais Douguine n’oublie pas l’aspect métaphysique, sans lequel on ne construit ni civilisations ni empires. La Russie et la Chine furent des empires, en effet. Mais des empires civilisateurs, comme le fut l'empire hispanique. Il faut distinguer empire et impérialisme. Dans toute création humaine, il y a des erreurs et des boucheries, mais les deux empires qui ont subi tant d’humiliations et de morts ont le droit de se reconstruire, malgré leurs erreurs. Et c’est pourquoi, aujourd'hui, c’est l’heure de la Russie et de la Chine. Ces deux empires-nations-civilisations furent les vrais « gagnants » de la Seconde Guerre mondiale, furent les numéros un et deux sur la liste des peuples les plus massacrés: des millions de héros et de martyrs anéantis par l’impérialisme nazi-allemand et japonais. Peu après le silence des armes en 1945, le bruit de la mort se fit de nouveau entendre. Si le critère de Churchill, ce Hitler britannique qui restera à jamais une honte pour l’humanité, avait prévalu, la guerre mondiale n’aurait jamais pris fin, et la fragmentation et l’asservissement de la Russie et de la Chine auraient eu lieu. Le socialisme autoritaire et la ténacité héroïque de deux grands peuples les ont sauvés de toutes les machinations anglo-saxonnes.

Les peuples d’Europe se lèvent, très lentement, contre les élites atlantistes et soumises à l’anglosphère. Souvent, ils le font sous les habits et les modes dites de «l’extrême droite». Mettez-y l’étiquette que vous voulez: populistes, eurosceptiques, xénophobes. Dans mon pays, l’Espagne, une partie importante de ce qu’il reste de la «gauche» fait carrière universitaire ou obtient une ridicule projection sociale en «faisant le chasse aux fascistes». Ces livres aux titres et contenus aussi absurdes que « L’extrême droite 2.0 » ou « Les nouvelles outres du nationalisme » vont dans le même sens que l’antifascisme proclamé, vulgaire stratégie « anti » de la gauche libérale de Soros. Tandis que la gauche a trahi, en grande partie, le marxisme, les peuples et les travailleurs, se mettant entre les mains de gens sinistres comme Soros, Biden et, en général, les grands fonds d’investissement mortifères, leurs pions cherchent des fascistes avec un zèle inquisitorial digne de meilleures causes. Ils n’ont pas compris le changement d’époque.

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Le véritable monde socialiste, la véritable patrie des travailleurs unis, n’est possible que dans le cadre d’un grand bloc continental fortement armé (avec les armes dissuasives du plus haut niveau), doté d’énormes ressources énergétiques, humaines et technologiques. Une masse de plusieurs millions d’hommes et de kilomètres carrés. Les sottises distillées depuis mai 68 puent les machinations de la CIA de tous leurs pores, il suffit de lire un peu en dehors des pages atlantistes qui se prétendent « progressistes ». Cette masse continentale et humaine nommée Eurasie peut domestiquer et vaincre le pire bâtard du néolibéralisme, à savoir le néolibéralisme de marque et de poigne « occidentale », le néolibéralisme anglo-saxon. La cause socialiste est la cause de ce Sud global armé de fortes armées défensives, d’ouvriers et de paysans bien formés et de ressources matérielles suffisantes pour créer un nouvel ordre mondial. L’Occident, avec ses « brokers » et ses « antifascistes » (les deux faces d’un Janus), ne possède rien de tout cela. L’Occident, depuis ce 3 septembre, est mort et plus que mort.

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lundi, 22 septembre 2025

»Seul un ordre de paix paneuropéen incluant la Russie promet la stabilité«

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»Seul un ordre de paix paneuropéen incluant la Russie promet la stabilité«

L’Europe ne veut pas seulement se préparer à la guerre – elle veut également se passer de la Russie comme partenaire à l’avenir. Pourtant, la stabilité ne peut exister qu’avec la Russie.

Roberto De Lapuente s'entretient avec le politologue Stefan Luft

Source: https://overton-magazin.de/dialog/nur-eine-gesamteuropaei...

De Lapuente : Dans votre nouveau livre, vous traitez du plan d’opération qu'est désormais l'Allemagne. Cela signifie plus que simplement exploiter les ressources militaires – cela amène aussi le citoyen ordinaire au front sur le plan mental. Les médias attisent le feu. Constatez-vous dans votre quotidien que cette mobilisation mentale y parvient ?

Luft : Bien sûr. La propagande fonctionne. Ceux qui utilisent exclusivement les médias établis ne sont pratiquement jamais en contact avec des opinions divergentes. Chez les jeunes, comme les étudiants, c’est différent. Ils sont vraiment mal à l’aise à l’idée qu’ils pourraient eux-mêmes être concernés et mobilisés dans un avenir pas très lointain. De plus, leurs sources d’information sont plus diverses.

libri_9783987913303_0.jpgDe Lapuente : Voyez-vous le danger que les réflexions équilibrées de l’après-guerre disparaissent complètement de notre champ de vision? Après tout: les services civiques reviennent à la mode, une nouvelle légende du coup de poignard dans le dos existe aussi – et on ne dit plus »Plus jamais la guerre !« ... Quid?

Luft : La panique et la confusion dans le débat public ne cessent de croître. La radio Bayerischer Rundfunk relaie l’évaluation d’un collègue autrichien: »Nous sommes maintenant à 100% de probabilité que cette guerre aura lieu«. Il y aurait »une grande crise comparable au déclenchement de la Première Guerre mondiale« à venir. Même celui qui prend cette panique au sérieux devrait maintenant, alarmé, exiger un changement de cap politique. Pour la propagande, de telles projections absurdes, présentées comme des faits, n’aboutissent cependant toujours qu’à une seule chose: la mobilisation à tous les niveaux. La guerre ne pourrait être évitée »que si l’Europe se montre à nouveau prête à faire la guerre. Cela inclut non seulement l’achat d’armes, mais aussi des changements structurels, de la profondeur en personnel, des concepts de protection civile«. Nous ne marchons pas en somnambules vers la guerre, nos élites médiatiques et politiques avancent résolument vers une guerre présentée comme inévitable. Celui qui ne s’en occupe pas systématiquement ne peut que se désespérer face à la propagande omniprésente. Manifestement, cela paralyse aussi les forces de résistance – les grandes manifestations anti-guerre sont absentes.

Pour comprendre pourquoi un ordre de paix ne fonctionne qu’avec la Russie, il faut vite commander le livre de Stefan Luft, Jan Opielka et Jürgen Wendler !

De Lapuente : Vous avez écrit le livre avec les journalistes Jan Opielka et Jürgen Wendler. Ce dernier s’occupe d’un sujet que nous examinons rarement de manière sérieuse dans nos contrées – le post-colonialisme. Mais il relie ses thèses à des jugements moraux bien tranchés et à des indulgences, comme l’a récemment décrit Mathias Brodkorb: telle est la nature de l’Occident. Quels sont donc les traits essentiels qui caractérisent la soi-disant communauté de valeurs occidentale ?

»L’Occident brandit ses valeurs de manière ostentatoire«

Luft : L’Occident brandit ses valeurs de manière ostentatoire. Plus on argumente sur elles, plus il apparait probable qu’il ne s’agit pas vraiment de »valeurs« comme la liberté, la démocratie et l’État de droit, mais d’intérêts politiques et économiques. Les mensonges avec lesquels l’Occident a, rien qu'au cours de ces dernières décennies, déclenché des guerres et des changements de régime – qui étaient tous des »guerres d’agression contraires au droit international« (au Vietnam, en Irak, en Libye, en Serbie, etc.) – sont désormais bien connus. Il a toujours été affirmé que l’on faisait la guerre contre des despotes et pour empêcher des violations systématiques des droits de l’homme. Ce qui s’ensuivait était généralement une catastrophe incroyable pour les populations concernées, une situation bien pire qu’avant les guerres d’agression. À cela s’ajoutent les »doubles standards« – on ne respecte pas ses propres exigences éthiques. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles la domination de l’Occident s’effrite de plus en plus.

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De Lapuente : Ces doubles standards dont vous parlez traversent aussi l’Occident en interne. On poursuit les dissidents, on leur impose des perquisitions – bref: l’Occident mène en fait une offensive, extérieure et intérieure, contre tout ce qui pourrait faire obstacle aux »valeurs occidentales«. Diriez-vous que la guerre culturelle à l’intérieur de l’Occident et l’opération géopolitique contre ses ennemis sont un seul et même combat?

Luft : Non. Il y a eu des époques où l’on manifestait massivement contre la remilitarisation et les guerres d’agression contraires au droit international, et où il n’y avait pas de telles mesures absurdes comme aujourd’hui. Les motifs géopolitiques de la guerre sont à mon sens une chose, les tendances de plus en plus autoritaires des États occidentaux en sont une autre. La politique aux temps de pandémie s’est montrée particulièrement emblématique à ce propos. Je n’aurais jamais imaginé que quelque chose de ce genre deviendrait réalité en Europe.

En lien avec la guerre en Ukraine, la liberté d’expression est également restreinte. En temps de guerre, il faut – c’est l’idée – que le front intérieur tienne aussi. Les États belligérants restreignent souvent la liberté d’expression pour éviter que le doute ne prenne le dessus. Ainsi, le Bundestag allemand a, en octobre 2022, renforcé presque sans bruit l’infraction qu'est l’incitation à la haine selon le paragraphe 130 du Code pénal. Jusqu’alors, la disposition concernait principalement les actes commis à l’époque du national-socialisme. Avec l’amendement, le déni des crimes de la guerre en Ukraine doit également être sanctionné. C’est une disposition vague, susceptible de restreindre la liberté de la presse et d’opinion.

Cela devient encore plus concret avec les »radios ennemies«, comme l’interdiction de la chaîne étatique russe RT par l’UE en 2022. La démocratie et l’État de droit doivent-ils ou peuvent-ils tolérer les chaînes d’un État voisin avec qui il est en guerre? Faut-il protéger la population des »radios ennemies«? Ne risque-t-on pas de ressembler peu à peu à ceux dont on veut justement se distinguer le plus possible? Le Royaume-Uni n’a pas interdit les radios ennemies allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, mais informait la population sur leur nature.

»L’UE et l’Allemagne ont tout fait pour faire échouer un retour à la paix«

De Lapuente : Les comparaisons avec l’Empire romain sont à la mode. L’empire américain s’effrite, serre la vis pour maintenir ses vassaux sous sa coupe – au sein de l’empire, les forces de cohésion s’affaiblissent. Pensez-vous que cette comparaison avec l’Antiquité tardive est justifiée ?

Luft : C’est un sujet très complexe et je ne suis malheureusement pas spécialiste de l’Antiquité. Il y a de bonnes raisons de penser que les États-Unis ont fini de jouer leur rôle d’hégémon mondial. Le président Joe Biden déclarait encore à l’été 2024, sans détour: »Je gouverne le monde«, et: les États-Unis »sont la nation la plus importante du monde«. Cela reflétait sans doute la mentalité d’une grande partie des élites américaines. Économiquement – et géopolitiquement aussi – ce rôle n’est plus tenable. Trop d’erreurs ont été commises. Les États-Unis ont aujourd’hui surtout trop d’ennemis. La violence émanant des États-Unis se retourne de plus en plus contre eux.

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De Lapuente : Le titre de votre livre est »Avec la Russie«. Voyez-vous encore des possibilités pour que l’Occident et la Russie se rapprochent à nouveau, après tout ce qui s’est passé ces quatre dernières années ?

Luft : La politique allemande et euro-américaine a tout fait pour détruire fondamentalement la relation que nous avions avec la Russie. L’irrationalité et le fanatisme ont atteint une importance insoupçonnée. Il est difficile d’imaginer comment cela pourrait être raccommodé à nouveau. Après tout, en Allemagne et dans l’UE, presque partout ceux qui sont au pouvoir sont ceux qui portent la responsabilité de cette politique et continuent de la défendre avec vigueur. Peut-être qu’avec l'administration Trump II, un début de changement a été amorcé. Là aussi, l’UE et l’Allemagne ont tout fait pour faire échouer un retour à la paix. Cela ne change rien au fait que seule un ordre de paix paneuropéen incluant la Russie promet la stabilité. Il n’y a pas d’autre voie. Même si les conditions semblent les pires possibles, en politique rien n’est impossible – en bien comme en mal. La condition d’une catharsis est d’abord l’intérêt de percevoir les positions de l’ »ennemi« et de réfléchir de façon critique à sa propre position. Jan Opielka le fait dans notre ouvrage concernant les États d’Europe centrale et orientale – ce qui permet de mieux comprendre les contextes historiques, intellectuels et politiques de cette région. Celui qui veut la paix doit parler avec ses ennemis et non d’abord avec ses amis. En tant que catholique, je n’ai pas perdu espoir et je me réfère au Livre de la Sagesse: »À peine devinons-nous ce qui se passe sur la terre, et nous trouvons avec peine ce qui est sous la main; qui alors découvrira ce qui est dans le ciel ?«

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Qui est Stefan Luft?

Stefan Luft a étudié l’histoire moderne et la science politique à l’Université Ludwig-Maximilian de Munich. En 1992, il a obtenu son doctorat en histoire. De 1999 à 2004, il a été porte-parole adjoint du Sénat de la Ville libre hanséatique de Brême. Depuis 2004, il travaille comme chercheur à l’Institut de science politique de l’Université de Brême et y a obtenu son habilitation en 2008. Depuis, il y est maître de conférences privé. Les études gouvernementales et l’analyse des politiques sont au centre de sa recherche et de son enseignement.

L’attaque israélienne à Doha: la fin des refuges sûrs dans un Moyen-Orient multipolaire

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L’attaque israélienne à Doha: la fin des refuges sûrs dans un Moyen-Orient multipolaire

par Peiman Salehi

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31254-peim...

Le raid aérien israélien contre les dirigeants du Hamas à Doha, en septembre 2025, a été bien plus qu’une opération militaire. Il s’agit d’une rupture symbolique dans l’architecture même de la diplomatie au Moyen-Orient. Pendant des décennies, le Qatar s’est forgé une image de «médiateur neutre» en accueillant des négociations entre les talibans et Washington, ou en servant de plateforme à des pourparlers indirects entre l’Iran et les États-Unis. L’attaque israélienne a brisé cette perception: l’ère des «refuges sûrs» pour la diplomatie en Asie occidentale est terminée.

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La capitale du Qatar, Doha, a longtemps été décrite comme un pôle paradoxal. D’un côté, elle abrite la base aérienne d’Al-Udeid, la plus grande installation militaire américaine de la région. De l’autre, elle a accueilli les bureaux du Hamas et a servi de plateforme pour des négociations entre des acteurs considérés comme hostiles par Washington et Tel-Aviv. Doha a prospéré dans cet espace contradictoire, se forgeant un rôle de médiateur mondial. La décision israélienne de lancer une frappe aérienne sur Doha a brisé ce paradoxe. Elle a montré que même un allié des États-Unis, un supposé médiateur «protégé», n’est pas immunisé contre la logique qui veut l’expansion du champ de bataille. En frappant les dirigeants du Hamas alors qu’ils étaient apparemment en pourparlers avec des responsables qataris, Israël n’a pas seulement sapé la souveraineté du Qatar, mais a aussi envoyé un message glaçant aux autres acteurs du Sud global: la neutralité est une illusion dans les conflits actuels.

L’un des aspects les moins abordés de l’attaque de Doha est sa portée pour le Sud global. Pendant des années, des États comme le Qatar, Oman ou la Turquie ont cherché à affirmer leur indépendance en s’imposant comme médiateurs. Ces rôles n’étaient pas seulement diplomatiques; ils étaient aussi l’expression de la volonté des petits États de façonner la multipolarité à leur manière. L’attaque israélienne peut être interprétée comme faisant partie d’une stratégie plus vaste visant à démanteler ces espaces dédiés aux médiations indépendantes. C’est, en fait, une déclaration selon laquelle l’Occident, par le biais de ses mandataires régionaux, ne tolérera pas que des acteurs non occidentaux tentent de créer des cadres diplomatiques alternatifs. Doha n’est pas seulement une capitale attaquée; c’est un symbole de la souveraineté fragile des médiateurs du Sud global.

L’attaque révèle également une vérité plus profonde sur la géographie changeante de la résistance. En visant des dirigeants du Hamas sur le sol qatari, Israël a étendu le champ de bataille au-delà de Gaza, du Liban ou de la Syrie. Le message est clair: il n’existe plus d’«arrière» où les leaders de la résistance peuvent opérer en relative sécurité. Paradoxalement, cela pourrait avoir l’effet inverse de ce qu’Israël recherche. Au lieu d’isoler le Hamas, l’attaque pourrait encourager une coordination plus étroite entre l’Iran, le Qatar et même la Turquie, qui partagent désormais un intérêt commun à résister aux ingérences israéliennes. En ce sens, l’attaque pourrait accélérer la consolidation de ce que certains analystes appellent un «axe de résistance multipolaire».

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Du point de vue des relations internationales, l’attaque de Doha est un signe supplémentaire de l’érosion de l’ordre libéral. Les États-Unis soutiennent depuis longtemps que leurs alliances au Moyen-Orient reposent sur des règles et une certaine prévisibilité. Pourtant, lorsque Israël lance une frappe aérienne sur le territoire de l’un des partenaires les plus proches de l’Amérique, ces règles s’effondrent dans la contradiction. Si Washington a toléré l’attaque, cela révèle une complicité et une hypocrisie: proclamer le respect de la souveraineté tout en la violant via un allié. Si Washington n’a pas été consulté, cela révèle une crise encore plus profonde: l’hégémonie américaine s’est érodée au point que son allié le plus proche ignore ses intérêts. Dans les deux cas, la crédibilité de l’ordre libéral subit un nouveau coup.

L’importance de l’attaque de Doha dépasse le Moyen-Orient. Elle illustre une dynamique clé du monde multipolaire émergent: la rupture de la distinction entre «centre» et «périphérie». Dans un ordre unipolaire, les petits États pouvaient trouver protection en s’alignant sur l’hégémon. La stratégie du Qatar, pendant des décennies, a été précisément d’héberger des troupes américaines tout en jouant le médiateur en marge. Dans un contexte multipolaire, cependant, cette protection n’est plus garantie. Ce développement pousse les États du Sud global à faire un choix net: continuer à dépendre de garanties sécuritaires occidentales de moins en moins fiables, ou investir dans des alliances alternatives dans un cadre multipolaire. Le sommet BRICS+ de cette année a déjà montré un intérêt croissant pour cette dernière option. L’attaque de Doha pourrait encore accélérer ce réajustement stratégique.

D’un point de vue civilisationnel, l’attaque souligne les limites de l’universalisme occidental. Israël, en tant qu’avant-poste de l’Occident au Moyen-Orient, a clairement fait comprendre que la survie de son hégémonie prime sur le respect de la souveraineté, de la diplomatie ou du droit international. Le Sud global, cependant, considère la souveraineté comme la dernière ligne de défense contre la domination. Ce choc de priorités n’est pas seulement géopolitique, mais aussi civilisationnel. Le silence de nombreuses capitales occidentales après l’attaque de Doha contraste fortement avec l’indignation des sociétés arabes et musulmanes. Pour les élites occidentales, le calcul de la puissance l’emporte sur les principes qu’elles affirment défendre. Pour l’opinion publique du Sud global, la violation de la souveraineté du Qatar est un rappel de plus que l’ordre libéral n’est pas universel, mais appliqué de façon sélective.

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L’attaque israélienne contre Doha doit être comprise comme un tournant. Il ne s’agit pas seulement du Hamas ou du Qatar; il s’agit des fondements ébranlés d’un système international où la diplomatie bénéficiait autrefois de sanctuaires. Dans la nouvelle réalité multipolaire, même les États «neutres» deviennent des champs de bataille potentiels. Pour Israël, cela peut sembler un succès tactique. Pour la région, il s’agit d’une rupture stratégique qui pourrait avoir des conséquences inattendues: la perte de confiance dans la médiation dirigée par l’Occident, la consolidation d’une résistance multipolaire et l’accélération, pour le Sud global, de la recherche de cadres alternatifs de sécurité et de diplomatie. En résumé, la guerre est entrée à Doha non pas à coups de roquettes ou de troupes, mais parce que l’architecture même de la diplomatie a été bombardée. Le refuge sûr a disparu, et avec lui, une autre illusion colportée par le monde unipolaire.

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Nouvelles manifestations permanentes en Serbie: l’Occident prépare-t-il la prochaine «révolution de couleur»?

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Nouvelles manifestations permanentes en Serbie: l’Occident prépare-t-il la prochaine «révolution de couleur»?

Belgrade/Bruxelles. La Serbie a été l’une des victimes les plus en vue des «révolutions de couleur» organisées et financées par l’Occident après l’effondrement de l’Union soviétique. En octobre 2000, le président serbe de l’époque, Slobodan Milosevic, avait été contraint de démissionner après de longues manifestations de masse. La force motrice derrière ce renversement était l’ONG « Otpor », financée notamment par le multimilliardaire George Soros et ses réseaux « Open Society ».

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Des observateurs parlent ces jours-ci d’un sentiment de déjà-vu en Serbie. Là encore, on constate des manifestations de masse durables et bien organisées contre le gouvernement du Premier ministre Aleksandar Vucic. Les services de renseignement extérieurs russes (SWR) disent en savoir plus: selon leur analyse, l’UE serait à l’origine des troubles persistants. Selon le SWR, les manifestations de masse, auxquelles participent surtout des jeunes, «sont à bien des égards le produit des activités subversives des États membres de l’UE».

Le but affiché serait «d’amener au pouvoir, dans ce grand pays des Balkans, une direction obéissante et loyale envers Bruxelles». La vague de protestations avait commencé en novembre 2024 après l’effondrement du toit d’une gare à Novi Sad, qui avait fait 16 morts.

Les services de renseignement reconnaissent que «les élites européennes ont pu engranger de nombreux succès» et que les jeunes se radicalisent. Pourtant, le «scénario de ‘révolution de couleur’», testé avec succès par l’Occident dans de nombreux pays, «a calé en Serbie: les buts finaux de la bureaucratie européenne n’ont pas été atteints».

Comme raisons, le SWR invoque « les forts sentiments patriotiques de la population serbe », le rôle fédérateur de l’Église orthodoxe serbe, ainsi que le souvenir de l’attaque de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999.

Bruxelles tenterait maintenant d’instrumentaliser l’anniversaire de la tragédie de Novi Sad. Pour cela, on miserait sur «un lavage de cerveau de la jeunesse serbe» ainsi que sur la promotion d’un «brillant avenir européen».

Un rôle clé est joué – comme partout dans des cas comparables – par les médias, financés par des ONG. Sont nommément cités les sites d’information FoNet, RAM Network, Vreme, Juzne Vesti, Slobodna rec, Boom93, Podrinske, Freemedia, Indjija, SOinfo, FAR, Storyteller, ainsi que l’ONG «Link».

«Bruxelles compte sur le fait que, grâce à des injections financières pour les médias et les ONG, il sera possible de mobiliser l’électorat protestataire, de faire descendre les gens dans la rue et de conclure le ‘Maidan serbe’ selon un scénario maintes fois éprouvé», résume le SWR. Le terme « Maidan » fait référence aux événements de Kiev en 2014, lorsque, selon la version russe, le gouvernement ukrainien légalement élu a été renversé avec le soutien de l’Occident (mü).

Source: Zu erst, Sept. 2025.

L’Europe sous l’OTAN: Divide et Impera Comment l’OTAN a transformé l’Europe en vassale de Washington

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L’Europe sous l’OTAN: Divide et Impera

Comment l’OTAN a transformé l’Europe en vassale de Washington

par "The Otter"

The Otter avance que, depuis sa création, l’OTAN a servi à maintenir l’Europe sous la tutelle des États-Unis en bloquant ses liens avec la Russie et en imposant une vassalisation sous couvert de défense.

35616330-656074101.jpgC’est le premier secrétaire général de l’OTAN, Lord Hastings Ismay, qui déclara que le but de l’alliance était « de tenir l’Union soviétique hors (d'Europe), les Américains en Europe et les Allemands à terre ». Cet aveu franc dévoile la véritable intention de l’OTAN : non pas une alliance de défense mutuelle, mais un instrument pour subordonner l’Europe aux intérêts des États-Unis.

L’OTAN est présentée comme un rempart contre les menaces extérieures protégeant ce qu’on appelle l’Occident, mais tout au long de son histoire, elle a systématiquement réprimé l’autonomie européenne, drainé économiquement le continent et empêché la création de liens stratégiques avec la Russie. Malgré le discours actuel affirmant que l’Europe ne paie pas sa part — discours que le secrétaire général actuel, Mark Rutte, a joyeusement relayé en appelant Donald Trump « papa » — la réalité est que l’Europe a déjà payé un prix élevé tout en acceptant de devenir vassale de l’Amérique.

Charles de Gaulle avait averti que l’Europe deviendrait un protectorat des États-Unis, et rétrospectivement, cet avertissement apparaît prophétique. De la crise de Suez à Nord Stream 2, les États-Unis ont agi contre les intérêts européens via le cadre de l’OTAN. L’Union européenne s’est muée en marionnettes serviles sous la coupe d’un pays qui érode continuellement leur indépendance.

Reconstruire l’Europe à l’image de l’Amérique

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe était en ruines. Les États-Unis ont cherché à remodeler le continent selon leurs intérêts stratégiques. L’OTAN fut créée le 4 avril 1949 comme organisation de défense collective selon l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord. Son objectif, non dit, était d’empêcher le retour du militarisme allemand; cependant, sachant que le réarmement allemand était inévitable, l’Amérique a intégré l’Allemagne de l’Ouest à l’OTAN en 1955. Cela a mis fin à l’occupation alliée de l’Allemagne, mais la remilitarisation s’est faite sous un contrôle strict de l’alliance. Au lieu de réduire le nombre de bases militaires en Allemagne, le gouvernement américain les a augmentées sous prétexte de contenir l’Union soviétique, alors qu’il s’agissait en réalité de garder l’Allemagne sous son joug. Des documents déclassifiés révèlent que l’intention des États-Unis était un « double containment » de l’Allemagne et de l’Union soviétique. Ainsi commence la vassalisation de l’Europe par l’OTAN.

La pression américaine via l’OTAN a conduit rapidement à une humiliation de l’Europe en 1956. Le Royaume-Uni et la France, avec l’aide d’Israël, envahirent l’Égypte pour reprendre le contrôle du canal de Suez, que le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait nationalisé, retirant ainsi le contrôle à la Compagnie française du canal de Suez. La crise de Suez a mis en péril l’autonomie européenne et une voie commerciale clé. Le président américain Dwight D. Eisenhower cherchait à préserver l’influence américaine dans les pays arabes, les empêchant de se rapprocher de l’Union soviétique.

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Le gouvernement américain promouvait la décolonisation, et permettre une aventure franco-britannique aurait sapé la crédibilité de l’Amérique. Eisenhower menaça de couper le soutien financier à la Grande-Bretagne, entraînant un retrait humiliant qui exposa les limites de tout pouvoir européen sans l’approbation des États-Unis. Les nations européennes furent soumises à discipline, apprenant que toute action indépendante pouvait entraîner des représailles américaines, renforçant ainsi leur dépendance vis-à-vis de Washington.

L’après-guerre froide : répression de la volonté européenne

À la fin de la guerre froide en 1990, alors que débutaient les discussions sur la réunification allemande, le secrétaire d’État américain James Baker et le chancelier allemand Helmut Kohl donnèrent à Mikhaïl Gorbatchev l’assurance que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce vers l’est ». Or, ces promesses furent rapidement abandonnées. Dès 1999, l’OTAN avait intégré la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie, rapprochant ses frontières de la Russie, malgré les nombreux débats internes qui se déroulaient en Europe pour imaginer et prévoir d’autres cadres pour assurer la sécurité européenne.

9782802711100-475x500-1-2788139993.jpgCette expansion a étouffé toutes les propositions naissantes d’une architecture de sécurité paneuropéenne plus inclusive, qui aurait pu favoriser l’indépendance vis-à-vis de la domination américaine. La France et l’Allemagne discutaient de la revitalisation d’organisations comme l’Union de l’Europe occidentale pour créer un système de sécurité européen plus large. Les décideurs américains considéraient ces alternatives comme une menace à leur influence. Les États-Unis ont activement promu l’élargissement de l’OTAN pour maintenir l’Europe arrimée aux structures transatlantiques. Cela a non seulement aliéné la Russie, mais aussi permis que l’Europe demeure entièrement dépendante du leadership militaire et des décisions américaines.

Le mythe du « passager clandestin »

Le président américain Donald Trump a maintes fois affirmé que les membres européens de l’OTAN ne payaient pas leur « dû », suggérant que les États-Unis supportaient un fardeau financier démesuré. En réalité, l’OTAN n’impose ni « cotisation » ni « facture » — les contributions sont volontaires, basées sur la règle des 2% du PIB adoptée en 2014. Les pays européens consacrent environ 2,27% de leur PIB collectif, mais leur PIB est inférieur à celui des États-Unis, ce qui fait que leurs contributions financières sont moins élevées. Les États-Unis offrent 3,2% de leur PIB à l’OTAN, un chiffre marginalement supérieur. Les nouveaux objectifs de dépenses, fixés à 5% par État membre, exerceront une pression considérable sur des économies européennes déjà fragilisées, prouvant que l’OTAN est surtout un bâton pour contraindre les nations européennes.

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Même en payant davantage, l’Amérique bénéficie du protocole de normalisation de l’OTAN, qui garantit l’interopérabilité. Cela oblige de fait les pays européens à acheter du matériel militaire auprès de sociétés américaines. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les importations d’armes des États européens ont augmenté de 155% entre 2015-19 et 2020-24, les États-Unis fournissant 64% des importations des membres européens de l’OTAN sur cette période. Cela représente des milliards en transferts. Les ventes d’armes américaines totalisent 318,7 milliards de dollars, l’Europe en représentant 35%.

En 2024, l’Europe a dépensé environ 111,5 milliards de dollars pour des armes américaines (hors Ukraine), tandis que la contribution américaine au budget de l’OTAN s’élève à 15,9% des 4,6 milliards d’euros, soit 731 millions d’euros — ou une infime fraction (environ 0,0026%) du PIB américain.

Les affirmations de Trump selon lesquelles l’Europe abrite des « profiteurs » ne prennent en compte qu’une partie de l’équation, car les États-Unis engrangent plus de cent milliards de dollars grâce au mandat de l’OTAN.

Alors que les États-Unis tirent d’énormes profits des achats d’armes européens, les industries de défense locales stagnent à cause de cette dépendance forcée. Les pays européens de l’OTAN achètent deux tiers de leurs importations aux États-Unis, au détriment de fabricants locaux comme l’Allemand Rheinmetall ou le Français Thales. Le coût de cette réalité nuit à l’innovation européenne et à la croissance de l’emploi.

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Les prévisions de printemps 2025 de la Commission européenne avertissent qu’une augmentation des dépenses de défense pour répondre aux objectifs de l’OTAN pourrait aggraver la situation, car les industries nationales fragmentées peinent à rivaliser, entraînant des coûts plus élevés et moins d’innovation. L’Amérique vide l’Europe de sa substance tout en se plaignant de ses propres choix politiques de dépenser une part exorbitante de son PIB dans la défense.

Nous sommes entrés dans une réalité géopolitique où l’Europe dépendra davantage des armes américaines pour atteindre l’objectif de 5% du PIB d’ici 2032. L’innovation va fléchir, car les entreprises européennes devront concentrer leurs efforts sur la montée en puissance plutôt que sur la R&D. L’Europe risque de perdre encore plus d’autonomie à travers ces nouveaux objectifs de dépenses.

L’arme énergétique : empêcher les liens euro-russes

Les impératifs stratégiques de l’OTAN sont allés au-delà des alliances militaires pour perturber activement le potentiel d’intégration économique plus profonde entre l’Europe et la Russie, particulièrement dans le secteur énergétique. Les liens énergétiques euro-russes étaient perçus comme une menace pour l’hégémonie américaine, ce qui explique l’opposition farouche des États-Unis à des projets comme Nord Stream 2, contribuant à forcer l’Europe à se tourner vers des alternatives plus coûteuses. Cette ingérence a privé l’Europe du gaz russe abordable tout en enrichissant les exportateurs américains, aggravant la crise économique sur un continent déjà confronté à la hausse des prix de l’énergie.

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Les gazoducs Nord Stream, destinés à acheminer directement le gaz russe vers l’Allemagne sous la mer Baltique, représentaient une voie vers la sécurité énergétique et des coûts réduits pour l’Europe, avec la possibilité de diminuer les prix de 30 à 40% grâce à la diversification de l’offre. Les États-Unis se sont opposés avec véhémence à Nord Stream 2 dès le départ, le présentant comme un instrument d’influence russe qui contournerait l’Ukraine et saperait l’unité européenne.

En 2019, l’administration Trump a imposé des sanctions via la loi Protecting Europe’s Energy Security Act, visant les entreprises impliquées dans la construction du gazoduc. Des efforts bipartisans (Républicains + Démocrates) au Congrès ont été entrepris pour stopper le projet, invoquant le risque que la Russie « militarise » l’énergie.

Le point culminant fut le sabotage des gazoducs en septembre 2022, qui provoqua d’énormes émissions de méthane. Des allégations d’implication américaine (et ukrainienne) sont régulièrement apparues, y compris des rapports évoquant la pose d’explosifs par des plongeurs de la Navy lors de l’exercice BALTOPS 22 de l’OTAN, avec l’aide norvégienne pour obtenir la détonation. L’incident a effectivement coupé un lien clé entre l’Europe et la Russie, forçant l’Europe à une diversification hâtive qui a bénéficié aux fournisseurs américains. Les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) américain vers l’Europe ont atteint un record de 8,5 millions de tonnes en décembre 2024. En mai 2025, l’UE importait 4,6 milliards de mètres cubes de GNL américain par mois, les États-Unis représentant 50,7% du total des importations de GNL de l’UE au premier trimestre 2025 — contre des niveaux négligeables avant 2022.

La multipolarité comme solution

Le passé est ce qu’il est, et aujourd’hui l’Europe se retrouve dans une situation où les actions de l’OTAN ont empêché des liens économiques fructueux avec la Russie — liens qui auraient pu éviter la guerre en Ukraine tout en assurant la sécurité énergétique. Ces relations pourront se rétablir à terme, mais l’Europe ne doit pas attendre indéfiniment. Elle doit se réveiller à la réalité que son potentiel est entravé par Washington et ses bases militaires qui colonisent le continent.

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Si l’Europe ne parvient pas à regarder au-delà de l’albatros étoilé accroché à son cou, elle risque de devenir un vassal permanent des États-Unis. Rétablir les relations avec la Russie n’est peut-être pas à l’ordre du jour, mais l’Europe peut regarder au-delà de l’Occident vers l’Est et l’Afrique. Le Nigeria et le Mozambique sont prêts à fournir du GNL à l’Europe, ce qui pourrait être accéléré par des investissements européens. L’Europe a la capacité d’assurer son approvisionnement énergétique et de renforcer son économie si elle a le courage de cesser d’être le chien de garde d’une puissance qui la parasite.

Les dirigeants européens prétendent rechercher une « autonomie stratégique », mais tant qu’ils ne reconnaîtront pas les dégâts causés par l’OTAN, ils ne seront jamais souverains. Le monde évolue vers la multipolarité, les droits de douane de Trump ayant bouleversé le système économique mondial comme jamais auparavant. De nouvelles alliances se forment, et d’anciens ennemis comme l’Inde et la Chine entretiennent désormais des relations chaleureuses. Des blocs commerciaux se créent, excluant les États-Unis à cause de leur imprévisibilité. Le message est écrit sur le mur; reste à savoir si les dirigeants européens sauront lire ce qui est déjà gravé dans l’avenir.

 

dimanche, 21 septembre 2025

La France de Macron: image de l’échec de l’Europe

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La France de Macron: image de l’échec de l’Europe

Antonio Terrenzio

Source: https://www.centromachiavelli.com/2025/09/12/la-francia-d...

Sébastien Lecornu est le nouveau Premier ministre français, le sixième en huit ans de gouvernements Macron. La France se réveille dans une crise qui a des racines profondes et qui vit aujourd’hui sa phase la plus aiguë, avec une dette publique à 114% et des problèmes socio-économiques qui risquent d’entraîner le pays dans un désordre irrémédiable. Après la chute du Premier ministre Bayrou, Emmanuel Macron se retrouve entouré de ses rares fidèles pour une saison politique qui annonce d'ores et déjà des coupes sombres dans les dépenses publiques, avec la suspension de la hausse des retraites, des coupes de près de 50 milliards pour une réforme financière exigée par la BCE, et qui ne sera pas acceptée par les Français qui menacent de bloquer le pays par des grèves et par la suspension des services publics.

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Mais la crise politique française est le reflet de l’état comateux et d’impuissance dans lequel se trouve toute l’Europe. La France a été le laboratoire où l'on a tenté de roder des leaders créés de toutes pièces, hologrammes des oligarchies globalistes, pour concentrer le pouvoir dans les forces centristes et isoler les souverainistes comme Le Pen, et la gauche populiste de Mélenchon. Ceci grâce à un système électoral à deux tours qui rend impossible pour le Rassemblement National de gagner les élections, même s’il est le premier parti de France. Les partis modérés se sont regroupés autour du protégé des Rothschild avec un exécutif minoritaire, mais cela n’a pas permis à la France d’éviter la crise économique avec l’urgence de réformes douloureuses, qui provoquent déjà des protestations violentes, au risque de faire voler en éclats la cohésion sociale du pays. Des affrontements avec 675 arrestations ont eu lieu dans les principales villes et dans la capitale, où les manifestants liés à des groupes d’extrême gauche réclament la tête d’Emmanuel Macron.

Mais l’état de paralysie de la France est le miroir de celui de Bruxelles, des Merz et des Starmer. Des non-élites discréditées qui gouvernent avec des exécutifs fragiles et peu de soutien populaire, sont sous pression à cause du coût de la vie devenu insoutenable, et des politiques de désindustrialisation dictées par l’idéologie écologiste, qui ont plongé des nations habituées au bien-être dans une pauvreté et des difficultés croissantes. Les politiques migratoires indiscriminées et l’échec du modèle multiculturel ont généré un sentiment d’insécurité désormais ressenti comme insupportable, accompagné d’une croissance constante des droites souverainistes.

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En France, le désastre du modèle multiethnique a atteint son apogée et Macron tente maintenant la carte de l’énième Premier ministre qui devra consulter socialistes, républicains et ce qui reste des petits partis modérés, pour former un gouvernement aussi inconsistant que ceux qui l'ont précédé, mais avec la tâche ingrate d’effectuer des coupes dans les dépenses publiques, que les citoyens français ne semblent pas prêts à accepter, même de loin. Si même le gouvernement dirigé par l’ancien ministre de la Défense devait échouer, alors ce serait un gouvernement technique, à la Monti, qui ferait office de Troïka, expérimentant quelque chose de similaire à ce que nous avons connu en Italie.

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Quoi qu’il arrive, ce sera une saignée dont on ne sait pas si Macron sortira indemne. Tant le mouvement de rue « Bloquons tout » que le Rassemblement National parlent d’une situation inacceptable et réclament à cor et à cri de nouvelles élections et le retrait définitif de Macron. Les affrontements dans la rue ont été systématiquement condamnés ainsi que la présence des «black blocs»: il n’est pas à exclure que le nouvel exécutif puisse prendre prétexte des désordres et violences pour promulguer des lois spéciales et suspendre les garanties constitutionnelles comme le fit De Gaulle en 1961.

Les « a-démocraties illibérales » ont déjà démontré à plusieurs reprises leur capacité à contourner leurs propres principes, utilisant souvent le couperet judiciaire pour éliminer des adversaires politiques gênants, comme cela s’est produit avec Le Pen, condamnée en première instance sur la base d’accusations qui ne sont que des prétextes.

Pour les révoltes de rue, on pourra toujours recourir à des lois répressives invoquant l’état d’urgence pour consolider le pouvoir macronien. Si la situation devait dégénérer et la cohésion sociale céder, si les banlieues s’enflammaient comme cela s’est déjà produit à de nombreuses reprises, on peut s’attendre à une répression des révoltes avec suspension des droits fondamentaux et de tout espace pour la dissidence.

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Comme je viens de le dire, la crise française est le reflet de la paralysie des institutions démocratiques qui n’exercent plus qu’une fonction nominale. Le système de gouvernement macronien est le plus emblématique pour montrer la sclérose des classes politiques européennes, réduites à des oligarchies auto-proclamées sans aucune légitimité populaire. L’exemple français est actuellement le plus éclatant parce que c’est le pays où la société occidentale affiche tous ses échecs, de la crise de représentation des régimes « libéraux », aux délires idéologiques de la société fluide, au manque de sécurité et à l’attaque contre l’identité européenne, des sociétés laïques et déchristianisées menacées par l’invasion et l’intégrisme des sociétés islamiques. Le cas français reflète l’état de santé du continent et de ses groupes de pouvoir qui ne représentent qu’eux-mêmes, les lobbies bancaires et ceux de l’armement dont ils sont les fiduciaires.

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Dans ce contexte s’inscrit également la rhétorique belliqueuse qui cherche l’affrontement direct avec la Russie. Les autocraties sont le spectre vers lequel diriger les tensions qui montent à l’intérieur de l’Europe, tandis qu’en interne, le danger serait représenté par les droites qui seraient au dispason des objectifs expansionnistes du "dictateur du Kremlin". Bien entendu, ces contradictions sont destinées à exploser comme une bombe à retardement et les Macron et von der Leyen prolongent la période avant d’être renversés par l’irruption d’une nouvelle phase historico-politique qui exigera des acteurs politiques plus compétents. Tout pouvoir, même celui revêtu de l’image démocratique, n’est pas intouchable, et un changement de paradigme sera déterminé par les nécessités de l’histoire.

Tous les sondages montrent un désamour, voire un véritable mépris, pour l’UE et pour les dirigeants des pays membres. Ursula von der Leyen incarne de manière frappante et emblématique l’incapacité et la corruption morale des représentants de ce projet raté appelé Union européenne. L’appel rhétorique au sens de l’unité et à « l’épreuve difficile » que l’UE doit affronter face à l’ennemi russe, qui est aux portes et qui menace de nous envahir, ne suscite plus le moindre enthousiasme, au point que même les journaux et médias de connivence sont obligés de le reconnaître. Au moment de sa plus grande faiblesse, l’UE se dirige vers une remilitarisation anti-russe pour compenser son inconsistance politique.

Des années d’indécision, de politiques post-idéologiques, de politiques d’austérité économique désastreuses et d’immigration incontrôlée, nous ont livré une Union qui est bel et bien un échec historique. Le chaos français est l’image nationale de ce qui se passe à l’échelle continentale. La France n’est pas le seul malade de l’Europe, tout au plus celui dont les métastases sont les plus avancées: la Grande-Bretagne, l’Allemagne, mais aussi l’Espagne et l’Italie souffrent des mêmes problèmes. Avec un indicateur parmi tous, celui démographique, qui sonne le glas, l’alarme principale pour l’avenir vital du continent.

Le gouvernement Macron pourra rester en place quelques mois encore, peut-être jusqu’en 2027, année des élections présidentielles, espérant s’imposer à nouveau avec une Mme Le Pen mise hors-jeu, mais les facteurs critiques subsisteront même après lui. Ce gouvernement sera la dernière carte que Macron pourra jouer et cette fois-ci, il n’est pas certain qu’il restera accroché au pouvoir. L’aspect positif sur lequel on peut espérer, c’est que la pression sur son énième gouvernement remanié augmentera jusqu’à devenir insoutenable et qu’à sa chute pourrait s’enclencher cet effet domino qui libérera l’Europe des pires élites dirigeantes de son histoire. Ce n’est qu’ensuite qu’il sera possible de reconstruire une Europe véritable, souveraine et consciente de son rôle historique et géopolitique.

antonio-terrenzio.jpegQui est Antonio Terrenzio?

Entrepreneur, diplômé en sciences politiques (UNINT) avec un Master de 1er niveau en Relations internationales avec les pays de l’Est (Université de Macerata) ; actuellement en master de Relations internationales (Université Cusano)

Ibrahim Traoré – Révolutionnaire ou nouveau vassal ?

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Ibrahim Traoré – Révolutionnaire ou nouveau vassal ?

Le Burkina Faso entre décolonisation et redéfinition géopolitique

Hanno Borchert

Source: https://wir-selbst.com/2025/09/20/ibrahim-traore-revoluti...

"Sans dignité, il n’y a pas de liberté, sans justice, il n’y a pas de paix."

Patrice Lumumba, premier Premier ministre du Congo indépendant (1925-1961, assassiné)

"Nous ne nous battons pas seulement pour le Burkina Faso, mais pour toute l’Afrique. Notre liberté commence là où nous brisons les chaînes de la dépendance."

Ibrahim Traoré

Lorsqu’en septembre 2022, un jeune officier encore largement inconnu prit le pouvoir au Burkina Faso à la faveur d’un coup d’État militaire, peu imaginaient qu’une telle prise de pouvoir allait initier une réorientation politique pour toute l’Afrique de l’Ouest. Son nom: Ibrahim Traoré. Aujourd’hui, à peine quelques années plus tard, il est devenu la figure emblématique d’une Afrique nouvelle, radicalement anti-occidentale. Du haut de ses 37 ans, il n’est pas seulement le plus jeune chef d’État du monde, mais aussi l’un des plus controversés. Déterminé dans le ton de ses paroles, idéologiquement bien affûté dans ses discours, Traoré prend des risques dans le déploiement de sa politique car il incarne une rupture historique avec le passé colonial de son pays.

Alors que l’influence française décline visiblement au Sahel, Traoré se présente comme l’architecte d’une nouvelle Afrique – indépendante, souveraine, fière. Mais tandis que beaucoup voient dans cette évolution une libération révolutionnaire, une question demeure: le Burkina Faso est-il réellement à l’aube d’un avenir autodéterminé? Ou bien n’assiste-t-on qu’à un nouveau jeu de rôles géopolitiques – avec d’anciennes dépendances sous un nouveau visage?

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L’histoire d’Ibrahim Traoré commence dans la région des Hauts-Bassins – ou Kundumye, comme on l’appelle en mòoré, l’une des principales langues du Burkina Faso. Il a d’abord étudié la géologie, mais choisit rapidement la carrière militaire. Ses missions à l’étranger, au Mali dans le cadre de la MINUSMA, l’ont confronté à l’architecture sécuritaire internationale – et ont manifestement éveillé son ambition politique.

En 2022, après une ascension fulgurante dans l’armée, il prend la tête du deuxième coup d’État en un an. Les raisons: une situation sécuritaire catastrophique, la corruption et le sentiment largement partagé que le Burkina Faso avait perdu sa propre destinée sous l'influence occidentale. Dès le début, Traoré s’est mis en scène comme le « soldat du peuple », prêt à se battre pour la justice et l’indépendance. Sa rhétorique politique et sa symbolique rappellent sans ambiguïté un ancien héros: Thomas Sankara.

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Thomas Sankara – le « Che Guevara africain » – a dirigé l’ancienne Haute-Volta de 1983 à 1987. À 37 ans seulement, il fut victime d’un coup d’État, où des intérêts français auraient joué un rôle prépondérant. Sankara était un visionnaire, opposé au luxe importé, partisan de l’autarcie et de l’annulation de la dette africaine. Ses idéaux résonnent encore aujourd’hui – et Traoré les revendique sciemment: le béret rouge, la rhétorique nationaliste, les accusations contre les puissances impérialistes, le panafricanisme – tout fait partie d’un héritage symbolique.

Mais la politique de Traoré va au-delà du pathos symbolique. Elle est aussi une réaction à une histoire marquée par la violence coloniale, l’exploitation et le contrôle. Les troupes françaises ont conquis le pays à la fin du 19ème siècle, l’ont contraint à travailler pour elles durant les deux guerres mondiales, ont dissous arbitrairement la colonie en 1932 et réparti son territoire entre les voisins. Même après l’indépendance en 1960, l’influence française est restée profondément ancrée – dans l’administration, la langue, l’éducation. Aujourd’hui, Traoré tente de briser systématiquement cette dépendance historique.

Dans un discours, il a résumé la situation ainsi: « Dans leur tête, l’Afrique leur appartient – notre terre, notre richesse sont leur propriété. » Cette accusation traverse tout son récit – et trouve un écho profond chez nombre de ses compatriotes.

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Un des signes les plus manifestes de cette rupture est l’abolition du français comme langue officielle. À la place, des langues locales telles que le mòoré, le dioula, le fulfulde et le bissa prennent le devant de la scène dans la communication et l’éducation d’État. Même la justice change de visage: là où autrefois on portait la toge à la française, les juges apparaissent désormais en vêtements traditionnels de coton – signes visibles d’une réaffirmation culturelle.

Traoré parle ouvertement du colonialisme mental: «Par leur communication, ils ont fait en sorte que tu détestes ta propre couleur de peau». Même dans la culture du deuil, dit-il, cela se fait sentir: autrefois, le bleu était la couleur des adieux, mais « elles » – sous-entendu les influences occidentales – ont imposé le noir comme symbole de la mort, de la médiocrité et du mal. « Et nous l’avons adopté. »

Cependant, malgré toute la force des symboles, la réalité reste difficile: plus de deux millions de déplacés internes, des attaques quotidiennes de groupes islamistes, des infrastructures fragiles et une pauvreté généralisée continuent de marquer la vie quotidienne.

Alors que la France et les États-Unis se retirent progressivement, le Burkina Faso cherche de nouveaux partenaires – et les trouve en Russie et en Chine.

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La Russie soutient la sécurité: formateurs, experts militaires et même des groupes paramilitaires, issus probablement de l’ex-groupe Wagner, sont présents. Lors d’une visite à Moscou, Traoré s’est affiché ostensiblement aux côtés de Poutine et a évoqué des coopérations dans le nucléaire et l’aérospatial – des projets dont la concrétisation reste floue à ce jour, mais qui illustrent la nouvelle orientation stratégique.

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La Chine, elle, mise sur une présence économique. Les investissements dans l’énergie solaire, l’infrastructure, l’éducation et la santé augmentent. Un Institut Confucius à Ouagadougou symbolise l’influence culturelle croissante. Traoré lui-même nuance : « Nous pensions que les produits chinois étaient bon marché et de mauvaise qualité. Mais aujourd’hui nous voyons : leur technologie est avancée. Et elle nous est revendue sous des marques occidentales. »

Ainsi, la Chine et la Russie reprennent les rôles jadis dévolus à l’Occident – avec de nouvelles promesses, mais aussi de nouvelles dépendances.

Malgré une isolation internationale croissante, Traoré poursuit une ligne remarquablement autonome. Son gouvernement mise sur l’autosuffisance économique, refuse les crédits du FMI et de la Banque mondiale, nationalise les mines d’or, crée une raffinerie nationale d’or, encourage les activités qui procèdent à la transformation de la tomate et du coton. Sous sa direction, le PIB est passé d’environ 18,8 à 22,1 milliards de dollars américains – une hausse significative, même si la pauvreté persiste: plus de 6 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire selon l’ONU.

"L’Afrique n’a pas besoin de la Banque mondiale, ni du FMI, ni de l’Europe, ni de l’Amérique," déclare Traoré. Il voit le monde comme un « triangle » dont le sommet est l’« empire du Bien » – ces États occidentaux qui croient avoir le droit de façonner le monde à leur image.

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Une nouvelle étape vers l’indépendance: en août 2023, Traoré fonde, avec le Mali et le Niger, l’Alliance des États du Sahel – une alliance conçue comme un contrepoids à la CEDEAO orientée vers l’Occident. Outre la coopération militaire, une monnaie commune est même envisagée. Objectif: davantage de sécurité régionale – et un signal fort d’autonomie africaine, soutenu par des partenaires non occidentaux.

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Et l’Allemagne ? Elle reste pour l’instant en retrait. Il existe des relations diplomatiques depuis les années 1960, et des organisations telles que la GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit) sont actives dans l’éducation et l’alimentation. Mais la coopération sécuritaire est suspendue, et économiquement, le Burkina Faso joue un rôle mineur dans ce contexte. Pourtant, le potentiel existe: le Burkina Faso possède des ressources telles que l’or, le manganèse et le coton – l’Allemagne, pour sa part, dispose du savoir-faire en matière de transformation, de technologie et d’agriculture durable.

Un échange d’égal à égal serait envisageable et pourrait être développé: investissements allemands durables dans l’extraction d’or, dans les terres rares et l’hydrogène vert, accès équitable au marché pour le coton burkinabé, coopérations éducatives, dialogue scientifique et culturel. À condition d’un partenariat respectueux, loin des schémas paternalistes.

Traoré lui-même reste une figure parfois énigmatique. Ascétique, idéologue, soucieux du contrôle – mais parfois accessible, charismatique, presque chaleureux. La comparaison avec Mouammar Kadhafi n’est pas infondée: révolutionnaire, anticolonial, visionnaire – mais aussi avec un côté autoritaire.

Selon les médias – tels qu’Africanews, The Africa Report et la chaîne publique RTB – son gouvernement a reporté les élections prévues pour juillet 2025. La liberté de la presse a été restreinte, les voix critiques de plus en plus réprimées. Motif invoqué: la menace persistante des groupes djihadistes qui contrôlent de vastes parties du pays.

Ainsi, France 24 a été suspendue, les journalistes locaux sont soumis à de nouvelles règles. Du point de vue occidental – par exemple celui de Reporters sans frontières – il s’agit d’une rupture flagrante avec la liberté de la presse, considérée comme un bien universel. Mais dans le contexte burkinabè, marqué par l’insécurité et un fort discours anticolonial, beaucoup considèrent ces mesures comme une protection légitime contre la déstabilisation.

On retrouve ici un dilemme bien connu des mouvements postcoloniaux: le désir d’unité et de sécurité se heurte souvent aux libertés individuelles.

Ibrahim Traoré est sans conteste une figure historique. Qu’il soit porteur d’espoir ou annonciateur de nouvelles dépendances reste à voir. Son ascension marque un tournant dans un pays qui a subi des décennies de domination coloniale et cherche désormais sa propre voie.

Sa popularité ne repose pas seulement sur des paroles fortes, mais aussi sur des choix politiques concrets: autonomie économique, ré-africanisation culturelle, réorientation sécuritaire. Mais dans un État qui ne contrôle qu’une partie de son territoire, toute vision comporte aussi un risque.

La capacité de Traoré à trouver l’équilibre entre véritable souveraineté et nouvelles dépendances géopolitiques ne se mesurera pas seulement à sa constance idéologique – mais aussi à sa capacité à améliorer réellement la vie de ses concitoyens et à conquérir durablement leurs cœurs.

Personnellement, je souhaite beaucoup de succès au Président dans sa lourde tâche et, au pays, un avenir prospère.

Lectures complémentaires :

– Burkina Faso : A History of Power, Protest and Revolution – Ernest Harsch (2017)

Burkina Faso – Pierre Englebert (2018)

Captain Ibrahim Traoré: Hope Restored or the Rebirth of a Lost Nation – Abdoul Moumouni Ouédraogo

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Qui est Hanno Borchert?

Hanno Borchert, né en 1959, enfant de Cuxhaven à l’embouchure de l’Elbe. Dès son plus jeune âge, ses voyages (Tyrol du Sud, Balkans, Scandinavie, Inde, Iran, Indonésie, etc.) ont éveillé en lui la passion pour la cause des peuples.

Artisan qualifié avec des études en sciences économiques. Lecteur assidu depuis l’enfance, il aime aussi la musique, la peinture et s’intéresse à l’art du graphisme.

« Alter Herr » de l’association étudiante « Landsmannschaft Mecklenburgia-Rostock im CC zu Hamburg ». Sans affiliation politique. Fréquente souvent des concerts de presque tous les genres. Apprécie particulièrement le bluegrass, la country, le blues et la folk irlandaise. Grand admirateur du regretté auteur-compositeur Gerhard Gundermann, trop tôt disparu.

Rédacteur de la revue « wir selbst », ancienne et nouvelle mouture, puis rédacteur de « Volkslust ».

Pour commander des numéros récents de "wir selbst": 

https://lindenbaum-verlag.de/produkt/wir-selbst-zeitschrift-fuer-nationale-identitaet-selbstbestimmungsrecht/ 

&  

https://lindenbaum-verlag.de/produkt/wir-selbst-zeitschrift-fuer-nationale-identitaet-nr-53-2-2022/ 

Trump et Xi: Rapprochement par la diplomatie pragmatique

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Trump et Xi: Rapprochement par la diplomatie pragmatique

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/09/trump-und-xi-annaeherung-durc...

L’entretien téléphonique entre Trump et Xi vendredi est plus qu’un simple contact épisodique; il signale un retour à la realpolitik dans un monde multipolaire.

L’entretien téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping vendredi constitue un moment marquant dans l’histoire récente des relations sino-américaines. Alors que de nombreux médias occidentaux ne l’évoquent qu’en passant, l’analyse approfondie des sujets abordés – le commerce, le fentanyl, le conflit en Ukraine et TikTok – révèle la logique sous-jacente d’une politique basée sur les intérêts concrets. Ici, il ne s’agit pas d’appels à la morale, mais d’une évaluation sobre des rapports de force et des interdépendances.

Sous les administrations démocrates, la confrontation avec la Chine était au centre des préoccupations, souvent justifiée par la référence à un "ordre international fondé sur des règles". Trump adopte une approche différente: il recherche le dialogue direct avec Pékin, sans s’enliser dans des débats idéologiques. La conversation a été qualifiée par les deux parties de "pragmatique, positive et constructive", ce qui indique une volonté délibérée de désescalade. Au fond, il s’agit de reconnaître les réalités économiques. Les États-Unis dépendent fortement des chaînes d’approvisionnement chinoises, comme l’ont montré les perturbations à propos des terres rares au printemps 2025, qui ont paralysé une partie de l’industrie automobile américaine. Trump reconnaît ces vulnérabilités et mise sur la négociation pour les gérer, plutôt que de les ignorer ou de les aggraver.

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TikTok comme élément de stratégie médiatique et politique

La discussion autour de la problématique TikTok est particulièrement révélatrice. La plateforme compte environ 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, principalement parmi les jeunes générations. Une éventuelle vente à des investisseurs proches de Trump pourrait changer la dynamique du paysage médiatique. Alors que X, dirigé par Elon Musk, est déjà une arène ouverte et que Facebook perd de l’influence, TikTok permettrait à Trump d’atteindre un électorat jusque-là fortement imprégné par les récits démocrates. Ce n’est pas un simple détail, mais un levier stratégique qui pourrait influencer l’équilibre politique interne et, dès lors, qui inquiète légitimement Washington.

Xi Jinping agit depuis une position de souveraineté et de supériorité économique. La Chine contrôle des secteurs clés des chaînes d’approvisionnement mondiales, investit massivement dans la technologie et les infrastructures, tandis que les États-Unis engagent leurs ressources dans le conflit ukrainien. Xi n’agit pas par complaisance, mais parce que la Chine détient les meilleures cartes. L’annonce de futures rencontres – la visite de Trump en Chine, la visite de Xi aux États-Unis, ainsi qu’une rencontre lors du sommet de l’APEC en Corée du Sud fin octobre – souligne le sérieux de ce rapprochement. Dans le même temps, Xi précise sans ambiguïté que Taïwan constitue une ligne rouge non négociable, ce qui montre les limites de ce pragmatisme.

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Message pour l’Europe

L’entretien téléphonique entre Trump et Xi vendredi est plus qu’un simple contact épisodique; il signale un retour à la realpolitik dans un monde multipolaire. Trump démontre ainsi sa capacité à relever les défis de la politique étrangère par des négociations directes tout en consolidant ses avantages internes. Xi souligne l’indispensabilité de la Chine et sa résilience face à l’isolement. Au final, il s’agit d’une réorientation des relations entre les deux principales puissances économiques mondiales – une évolution guidée par des intérêts pragmatiques, qui évite les superstructures idéologiques. En cette période d’incertitude mondiale, cela pourrait être le début d’une coexistence plus stable, quoique marquée de tensions.

Le véritable message de cet appel pour nous, Européens, est le suivant : qui ne formule pas sa propre stratégie devient l’objet de la realpolitik des autres.

14:47 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, xi jinping, chine, états-unis, tik tok | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 20 septembre 2025

Les fédérations AfD d’Allemagne centrale précisent: Pas de service militaire obligatoire dans de telles conditions!

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Les fédérations AfD d’Allemagne centrale précisent: Pas de service militaire obligatoire dans de telles conditions!

Magdebourg. Contrairement aux récents rapports établis par les médias, les fédérations régionales de l’AfD d’Allemagne centrale rejettent fermement le rétablissement du service militaire obligatoire – du moins dans les conditions politiques actuelles. La conférence des présidents de groupe parlementaire des fédérations régionales d’Allemagne centrale, qui s’est récemment tenue au Landtag de Magdebourg, justifie cette position par des objections fondamentales à l’égard de la politique actuelle.

Selon eux, l’Allemagne n’agit pas de manière souveraine en politique étrangère, mais prend ses décisions dans le cadre d’alliances transatlantiques et au sein de l’UE – toutefois « contre l’intérêt de sa propre nation ». La poursuite de la guerre en Ukraine est également une raison du refus: « Après le gouvernement Scholz, le gouvernement Merz soutient aussi pleinement l’Ukraine et ne fait aucun effort pour une désescalade dans le conflit qui oppose l'OTAN à la Russie. » La CDU envisagerait « même d’envoyer des soldats allemands dans une guerre qui n’est pas la nôtre ».

L’AfD de l’Est critique sévèrement la façon dont l’État traite ses propres citoyens : « L’État fait preuve de scepticisme et de répression à l’encontre des chasseurs, des tireurs sportifs, des policiers et des soldats dès lors qu’ils manifestent de la sympathie pour l’AfD. » Parallèlement, « des millions de migrants culturellement étrangers à nos modes de vie sont autorisés à entrer dans le pays en violation du droit et de la loi, ce qui accélère la désintégration de la sécurité intérieure ».

Dans ce contexte, les fédérations régionales d’Allemagne centrale réclament d’abord des changements politiques internes: « Tant que les citoyens patriotes sont placés sous suspicion générale, que l’État n’est pas disposé à protéger ses citoyens et ne remplit pas sa mission de préserver la paix, un service militaire obligatoire est exclu pour nous. » Déjà lors de la dernière législature, le groupe AfD au Bundestag avait décidé de reporter la revendication du service militaire obligatoire – une position qui vient d’être réaffirmée (st).

Source: Zu erst, Sept. 2025. 

La place de l’Indonésie et du Kazakhstan à la porte de Tian’anmen montre l’ouverture de la Chine sur mer et sur terre

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La place de l’Indonésie et du Kazakhstan à la porte de Tian’anmen montre l’ouverture de la Chine sur mer et sur terre

L’Indonésie et le Kazakhstan symbolisent la connexion maritime et terrestre de l’Initiative "Ceinture et Route"

Brecht Jonkers

Source: https://brechtjonkers.substack.com/p/indonesia-and-kazakh...

La disposition des sièges à la porte de Tian’anmen lors du défilé de la Victoire de la Guerre populaire de résistance est quelque chose d’assez intéressant. Après tout, ce genre de symbolisme a son importance en politique ; et vous pouvez être sûr que la Chine n’a pas attribué les places au hasard dans ce sanctuaire de l’histoire chinoise, lors de l’un des événements les plus importants de ces dernières années.

Nous avons donc, à la droite et à la gauche du président Xi Jinping, le président Vladimir Poutine et le secrétaire général Kim Jong-Un, respectivement. Rien de surprenant (même si certains analystes euro-centriques ont malgré tout réussi à être surpris pour une raison ou une autre) : ce sont le principal partenaire géopolitique de la Chine à droite, et l’allié le plus ancien et le plus fidèle de la République populaire, respectivement.

Mais viennent ensuite les places d’honneur secondaires, et c’est là que cela devient intéressant. Le président Prabowo Subianto d’Indonésie d’un côté, le président Kassym-Jomart Tokaïev de l’autre. Ce sont des choix révélateurs, qui montrent sans aucun doute l’accent géopolitique de la Chine dans les années à venir.

Le Kazakhstan est un membre clé de l’Union économique eurasiatique et de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), ainsi que de l’OCS, et constitue un centre névralgique de l’Initiative "Ceinture et Route" reliant l’Est et l’Ouest de l’Eurasie. Il est également un important producteur de pétrole, de gaz, d’uranium et de terres rares.

L’Indonésie est un géant asiatique émergent, le poids lourd de l’ASEAN en Asie du Sud-Est, et elle est intrinsèquement liée aux routes commerciales maritimes dans l’important corridor stratégique entre l’océan Indien et le Pacifique en tant que « Pivot maritime mondial » – un concept avancé pour la première fois par le président Joko Widodo. L’Indonésie est aussi le plus grand producteur mondial de nickel. Et, ce qui n’est pas négligeable sur le plan du soft power, elle demeure le pays le plus peuplé du monde islamique.

En d’autres termes : un partenaire terrestre crucial et un partenaire maritime crucial, stratégiquement invités à la porte de la Paix céleste. Une représentation symbolique de l’Initiative "Ceinture et Route", en effet.