lundi, 30 décembre 2024
Innovations, potentialités, impasses et impolitisme de la mouvance "nouvelle droite" dans la troisième décennie du 21ème siècle
Innovations, potentialités, impasses et impolitisme de la mouvance "nouvelle droite" dans la troisième décennie du 21ème siècle
Les réponses de l'intelligence artificielle
Parallèlement à l'effacement graduel d'Alain de Benoist dans la mouvance dite de "nouvelle droite", nous assistons à la montée d'une nouvelle vedette dans ce landerneau intellectuel, je veux dire le nommé "Ego Non", alias le philosophe dûment diplômé Antoine Dresse, natif de Liège en Wallonie, qui anime les cercles de formation de l'Institut Iliade. Dresse, né dans les toutes dernières années du 20ème siècle, n'avait pas de passé dans la mouvance et n'avait jamais été évincé avec fracas. Il gère son créneau, dans la dite mouvance, de main de maître tout en ayant une formation académique solide, supérieure à celle de toutes les figures historiques de ces cénacles. Quels changements d'orientation peut-on attendre de l'irruption de ce jeune talent au beau milieu d'une mouvance, caractérisée par l'amateurisme et la dispersion intellectuels?
L’émergence d’un jeune talent comme Antoine Dresse, alias "Ego Non", dans le paysage intellectuel de la mouvance dite de "nouvelle droite" pourrait introduire des changements significatifs, à condition que son influence continue de croître. Voici quelques axes potentiels d’évolution :
- 1. Un regain d’académisme et de rigueur intellectuelle
Dresse semble se démarquer par une formation académique solide, surpassant celle des figures historiques de cette mouvance. Cela pourrait marquer un tournant vers une approche plus rigoureuse, s’appuyant davantage sur des cadres théoriques robustes et sur une articulation cohérente des idées. Cet accent académique pourrait attirer une nouvelle génération d’intellectuels et donner à la mouvance un vernis de sérieux qui lui faisait parfois défaut.
- 2. Une réorientation thématique
Les idées portées par Dresse pourraient refléter une actualisation des thématiques traditionnelles de la "nouvelle droite". Au lieu des discours parfois nostalgiques, on pourrait s’attendre à une focalisation sur des enjeux contemporains tels que la crise écologique, l’impact des nouvelles technologies sur la culture, ou encore la multipolarité géopolitique. Cela pourrait aider à adapter la mouvance à une ère postmoderne et globalisée, lui permettant de rester pertinente.
- 3. Une meilleure gestion de l’image et des cercles d’influence
L’absence de passé conflictuel dans la mouvance permet à Dresse d’incarner une figure fédératrice. Sa posture "neutre" pourrait réduire les querelles internes qui ont souvent fragmenté ce courant. De plus, sa capacité à gérer les cercles de formation de l’Institut Iliade avec succès montre une aptitude organisationnelle, ce qui pourrait structurer davantage une mouvance historiquement marquée par l’amateurisme et la dispersion.
- 4. Renouvellement générationnel
En tant que figure de la toute dernière génération, Dresse pourrait insuffler une nouvelle énergie dans un courant souvent perçu comme vieillissant. Son arrivée pourrait favoriser l’émergence d’un réseau intellectuel plus jeune, en phase avec les préoccupations des nouvelles générations, tout en maintenant un lien avec les figures historiques.
- 5. Potentiels risques de divergence
Cependant, un recentrage académique ou une réorientation thématique pourrait ne pas plaire à tous au sein de la mouvance. Si Dresse propose des idées en décalage avec les canons traditionnels, cela pourrait également accentuer certaines tensions internes.
En conclusion, l’irruption d’Antoine Dresse pourrait marquer un moment de transition pour la mouvance de "nouvelle droite", à condition qu’il réussisse à maintenir un équilibre entre modernisation et continuité avec les bases idéologiques historiques. Sa capacité à gérer ces dynamiques internes et externes sera déterminante pour l’impact de son influence.
Vous nous offrez là une belle synthèse sur l'inclusion d'Antoine Dresse dans la mouvance hétéroclite de la "nouvelle droite" française, dont les linéaments idéologiques sont très français et difficilement transposables dans d'autres pays européens. Au sein du paysage idéologique français, Dresse semble vouloir opérer une convergence entre l'Institut Iliade et le mouvement de rénovation catholique "Academia Christiana". Dresse opère, semble-t-il, de concert avec l'historien de l'antiquité David Engels. Pensez-vous qu'une telle convergence, inimaginable lors de toutes les phases antérieures de l'histoire de la nouvelle droite parisienne d'Alain de Benoist soit, à terme possible, même s'il y a tout lieu d'être sceptique?
L'idée d'une convergence entre l'Institut Iliade et le mouvement Academia Christiana, sous l'influence d'Antoine Dresse et avec la collaboration d'intellectuels comme David Engels, soulève des questions fascinantes quant à l'évolution de la "nouvelle droite" française. Cette convergence, autrefois inimaginable, n'est certes pas garantie, mais des dynamiques actuelles pourraient la rendre envisageable, bien que complexe. Voici quelques éléments d'analyse :
1. Un rapprochement idéologique et générationnel
La "nouvelle droite" de l’époque d’Alain de Benoist a toujours cultivé une distance critique vis-à-vis du christianisme, lui préférant des références païennes ou agnostiques, souvent inspirées par les mythes indo-européens. Cependant, l'émergence d'une nouvelle génération, représentée par Dresse, semble marquer une inflexion : un certain pragmatisme s'impose face aux défis contemporains. Dans cette optique, Academia Christiana, avec son catholicisme identitaire et son militantisme, pourrait apparaître comme un partenaire naturel pour contrer des ennemis perçus comme communs (individualisme libéral, sécularisation excessive, globalisme).
2. L’apport stratégique de David Engels
David Engels, historien de renom, offre un pont intéressant entre ces deux sphères. Son analyse de la décadence civilisationnelle dans Le Déclin : La Crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine résonne autant auprès des cercles de la "nouvelle droite" que dans les milieux catholiques conservateurs. Engels incarne une figure intellectuelle capable d’articuler des préoccupations historiques et philosophiques communes, contribuant ainsi à aligner ces deux courants autour d’une critique civilisationnelle partagée.
3. Une possible coalition en réponse aux crises civilisationnelles
Les crises contemporaines – écologiques, identitaires, géopolitiques – pourraient accélérer cette convergence. Face à une perception croissante d’un "choc des civilisations", ces mouvements peuvent choisir de mettre en sourdine leurs divergences théologiques pour prioriser une défense commune d’un ordre culturel européen perçu comme menacé.
4. Des obstacles culturels et doctrinaux
Malgré ces rapprochements possibles, il serait naïf de sous-estimer les défis d’une telle convergence :
- Incompatibilités doctrinales : La philosophie de l'Institut Iliade, bien qu’évolutive, conserve un attachement à une vision européo-centrée et pré-chrétienne qui pourrait se heurter à l’orthodoxie catholique d'Academia Christiana.
- Scepticisme réciproque : Une méfiance historique persiste entre les catholiques traditionalistes et les héritiers de la "nouvelle droite". Les catholiques peuvent percevoir la "nouvelle droite" comme trop relativiste ou non théiste, tandis que cette dernière pourrait craindre une "rechristianisation" de ses idées.
5. Un potentiel compromis
Une convergence pragmatique reste cependant possible sur des terrains concrets :
- Militantisme culturel : La valorisation de l’héritage européen (littéraire, artistique, architectural) pourrait servir de point d’ancrage.
- Action politique indirecte : Face à des défis perçus comme urgents, une alliance de circonstances pourrait émerger, sans nécessairement fusionner leurs bases doctrinales.
Conclusion
Bien que l’histoire de la "nouvelle droite" et des mouvements catholiques conservateurs ait été marquée par des lignes de fracture idéologiques profondes, l’implication de figures comme Antoine Dresse et David Engels offre une opportunité rare de convergence. Cette alliance, si elle se concrétise, pourrait constituer un tournant pour ces mouvances en France, mais elle demandera des compromis subtils et une volonté réelle d’adaptation. À terme, le succès ou l’échec de cette tentative dépendra de la capacité des deux parties à transcender leurs divergences historiques pour se concentrer sur des objectifs communs.
Revenons à la question complexe que soulèvent les divergences et/ou les convergences entre l'Academia Christiana et l'Institut Iliade, sous la double influence de Dresse et d'Engels. Bon nombre de questions se posent et vous y répondez avec brio. Cependant d'autres interrogations surgissent de vos réponses: comment concilier les positions contradictoires que l'on peut trouver dans le catholicisme militant français actuel, soit entre l'Academia Christiana et le mouvement Civitas d'Alain Escada (qui s'est rapproché partiellement d'Egalité & Réconciliation d'Alain Soral), notamment sur la question de l'occidentalisme et de la géopolitique: Civitas est résolument hostile à l'Occident américano-centré et au wokisme qu'il véhiculait sous Biden, exactement comme l'est l'anti-américanisme de l'anti-catholique rabique qu'est Alain de Benoist. Dresse et Engels, qui ont une assez longue expérience polonaise (vu leur séjour à Varsovie) n'ont pas de positions tranchées sur ces questions et ne partagent pas les options eurasistes, voire pro-russes, de cercles comme Civitas, Egalité & Réconciliation, VoxNr (de Bouchet) ou Euro-Synergies de Steuckers. Voyez-vous clair dans ce magma finalement assez confus?
Votre question met en lumière les tensions internes et les contradictions idéologiques qui traversent les différentes mouvances de la droite intellectuelle et militante française. Ces tensions sont exacerbées par les divergences de positionnement sur des thèmes centraux tels que l'occidentalisme, l'anti-américanisme, et les orientations géopolitiques. Tentons de clarifier ce paysage complexe.
1. Academia Christiana et Civitas : convergences et divergences
- Convergences : Academia Christiana et Civitas partagent une base commune d'attachement à un catholicisme traditionaliste et à la défense d'une société inspirée par des principes chrétiens. Les deux mouvements s'opposent également au wokisme, à la déconstruction sociétale, et au progressisme culturel, perçus comme des instruments d'un globalisme hostile à l'identité européenne et chrétienne.
- Divergences : L'Academia Christiana est moins explicitement engagée sur le plan géopolitique, avec une orientation davantage centrée sur la formation intellectuelle et spirituelle des élites catholiques. Civitas, sous la direction d'Alain Escada, adopte un positionnement plus radical et engagé, notamment à travers son rejet viscéral de l'Occident américano-centré. Civitas flirte aussi avec des alliances tactiques, notamment avec Alain Soral et Egalité & Réconciliation, autour d'un anti-américanisme et d'un rejet de l'influence sioniste perçue dans les cercles dirigeants occidentaux. Cette dynamique peut poser problème à Academia Christiana, plus encline à éviter les alliances sulfureuses.
2. Le positionnement de Dresse et Engels
Antoine Dresse et David Engels, bien qu'issus de milieux intellectuels proches de l'Institut Iliade, présentent des caractéristiques distinctes qui compliquent leur alignement avec ces mouvances.
- Sur l’occidentalisme : Ils semblent privilégier une défense de l’Europe civilisationnelle et culturelle, sans adopter les accents anti-occidentaux ou pro-eurasistes de mouvements comme Civitas ou Egalité & Réconciliation. Leur expérience polonaise, notamment dans un contexte où la Russie est perçue comme une menace géopolitique majeure, pourrait expliquer cette réserve. La Pologne, tout en étant conservatrice et catholique, est profondément méfiante envers toute approche perçue comme complaisante envers Moscou.
- Sur la géopolitique : Contrairement à Civitas ou aux cercles eurasistes français, ils ne semblent pas adhérer à l’idée d’un alignement stratégique avec la Russie ou d’une vision multipolaire où l’Europe ferait contrepoids à l’Occident libéral. Leur approche est probablement davantage centrée sur une réaffirmation de la souveraineté européenne, sans tomber dans les excès d’un rejet global de l’Occident.
3. L’influence d’Alain de Benoist et des cercles eurasistes
Alain de Benoist, malgré son anti-catholicisme notoire, partage paradoxalement un certain anti-américanisme avec Civitas et Egalité & Réconciliation. Cependant, son rejet du christianisme comme fondement civilisationnel européen le place en opposition directe avec des mouvements comme l’Academia Christiana. Les cercles eurasistes tels que VoxNR ou Euro-Synergies, inspirés par la pensée de Douguine, s’alignent sur une vision multipolaire explicitement favorable à la Russie, une position difficilement conciliable avec la prudence géopolitique de Dresse et Engels.
4. Un magma idéologique difficile à unifier
Ce "magma" intellectuel, comme vous le décrivez, est en effet marqué par une fragmentation des priorités idéologiques et stratégiques. Il existe des contradictions internes profondes :
- Sur l’identité européenne : Entre une Europe enracinée dans un catholicisme traditionaliste (Academia Christiana) et une Europe païenne ou post-chrétienne (de Benoist).
- Sur l'alignement géopolitique : Entre des visions pro-russes et eurasistes (Civitas, Egalité & Réconciliation) et une défense plus prudente de l'Europe comme pôle autonome (Dresse et Engels).
- Sur les alliances tactiques : Les rapprochements avec des figures comme Soral ou des cercles eurasistes créent des tensions au sein même des mouvances, où certains préfèrent une approche purement intellectuelle et pédagogique.
5. Une convergence possible mais fragile
Une convergence entre l’Institut Iliade et Academia Christiana semble possible sur certains thèmes (défense de la tradition européenne, rejet du wokisme), mais des divergences majeures subsistent sur la géopolitique et les alliances stratégiques. Dresse et Engels pourraient jouer un rôle clé en favorisant un rapprochement intellectuel, mais leur prudence face aux options radicales eurasistes ou anti-occidentales limite leur capacité à fédérer l’ensemble des courants.
Conclusion
La complexité des tensions au sein de cette mouvance repose sur des différences profondes dans la vision de l’Europe, du christianisme, et des alliances stratégiques. Si Dresse et Engels incarnent une tentative de synthèse ou d’apaisement, leur rôle sera sans doute limité par les fractures idéologiques persistantes entre des visions incompatibles de l’avenir européen.
Merci pour cette réponse limpide. Reste à évoquer l'impact diffus mais réel de la dissidence américaine, s'exprimant dans des cercles très divers, allant des libertariens aux nationalistes euro-américains, parfois alliés à des gauches inspirées par Noam Chomsky ou aux anarchisants autour de Keith Preston. Ces cercles diffusent une hostilité très virulente à l'égard de la politique internationale développée par Washington, surtout quand les démocrates tiennent les commandes du pouvoir. Pour ce qui concerne plus précisément la mouvance nouvelle droite, il faut préciser qu'elle s'exprime à travers les éditions et le blog Arktos, qui promeuvent les écrits de Douguine (Dugin). Ce sont les Américains, il faut l'avouer, qui répandent l'anti-américanisme le plus virulent. Dans quelle mesure cet anti-américanisme américain influence-t-il nos deux intellectuels de l'Est germano-wallon de la Belgique actuelle? Et cet anti-américanisme américain a-t-il un impact palpable sur les mouvances anti-américaines de France?
Votre observation sur l'anti-américanisme émanant de certains cercles intellectuels américains est essentielle pour comprendre l’impact croisé des idées transatlantiques dans les mouvances européennes, en particulier dans le cadre de la Nouvelle Droite et des courants qui s’y rattachent. Examinons cette question sous deux angles : l'influence potentielle de cet anti-américanisme américain sur les intellectuels comme Antoine Dresse et David Engels, et son impact sur les mouvances anti-américaines françaises.
L’influence de l’anti-américanisme américain sur Dresse et Engels
Dresse et Engels, bien qu’étroitement liés à des cercles européens, ne peuvent ignorer les productions intellectuelles et politiques américaines, notamment celles qui remettent en question la politique étrangère interventionniste de Washington. Cependant, leur position semble différer à plusieurs égards des courants américains les plus virulents dans leur anti-américanisme.
Une méfiance nuancée envers les États-Unis
- Dresse et Engels s'inscrivent dans une approche conservatrice et eurocentrée, visant à promouvoir une renaissance culturelle européenne. Leur critique des États-Unis, quand elle existe, semble davantage axée sur les dérives du progressisme culturel (wokisme, postmodernisme, déconstruction) que sur une opposition frontale à l’Amérique en tant que puissance géopolitique.
- Leur expérience à Varsovie, dans un contexte géopolitique marqué par la crainte de l’hégémonie russe, pourrait aussi les rendre réticents à adhérer pleinement à un anti-américanisme systématique, contrairement à des figures européennes comme Alain de Benoist ou Alain Escada.
Un intérêt modéré pour les dissidences américaines
- Les courants libertariens, anarcho-primitivistes (comme ceux autour de Keith Preston), ou nationalistes euro-américains trouvent un écho limité chez ces deux intellectuels, qui se concentrent avant tout sur les enjeux européens. Les thèses de Noam Chomsky, par exemple, bien qu'influentes dans les cercles critiques de la politique internationale américaine, s'inscrivent dans un cadre idéologique éloigné de leur propre corpus de pensée.
- Cependant, les éditions Arktos, qui diffusent les écrits d’Alexandre Douguine et d’autres auteurs critiques de l’Occident américano-centré, pourraient servir de passerelle. Ces publications anglo-saxonnes permettent de faire le lien entre les critiques américaines de l’hégémonie étatsunienne et les réflexions européennes sur une alternative multipolaire (ndlr: cet aspect mériterait un développement plus important).
L’impact sur les mouvances anti-américaines françaises
L’anti-américanisme américain, bien qu’ironique en apparence, alimente directement ou indirectement les positions des mouvances anti-américaines en France. Voici comment :
Une convergence des discours
- Sur le plan idéologique : Les critiques américaines envers la politique étrangère de Washington, qu'elles viennent de la gauche (Chomsky, Sanders) ou de la droite (paléo-conservateurs comme Pat Buchanan), trouvent des résonances chez les intellectuels français. Des figures comme Alain de Benoist ou des mouvements comme Civitas réinterprètent ces critiques dans un cadre européen, en les mêlant à leurs propres oppositions à l’OTAN, à la politique étrangère américaine, ou à l’influence culturelle américaine.
- Sur le plan éditorial : Les productions des cercles dissidents américains sont traduites et publiées en France par des plateformes comme Kontre Kulture (Egalité & Réconciliation) ou Arktos, créant une forme de passerelle intellectuelle transatlantique.
Une hybridation des idées
- Les critiques américaines, bien qu’émanant de contextes souvent très différents, enrichissent les discours français. Par exemple, la dénonciation libertarienne de l’État centralisé trouve un écho dans les réflexions décentralisatrices de la Nouvelle Droite. De même, les préoccupations des anarchistes américains face à l’impérialisme économique se retrouvent, avec des ajustements idéologiques, dans les critiques eurasistes de l’ordre libéral occidental (ndlr: ici aussi, l'impact de ces thématiques américaines pourrait être analysé plus en profondeur).
Une influence limitée par les divergences culturelles
- Malgré ces convergences, des divergences profondes subsistent. L’anti-américanisme français est souvent enraciné dans une opposition culturelle et civilisationnelle à l’hégémonie américaine, tandis que l’anti-américanisme américain, même virulent, s’inscrit davantage dans une critique des élites américaines ou de leurs politiques. Ces différences limitent parfois la portée des transferts idéologiques.
Dresse, Engels et l’impact indirect
Antoine Dresse et David Engels semblent adopter une position de prudence face à ces courants transatlantiques :
- Sur l'anti-américanisme : Ils privilégient une critique des dérives culturelles et idéologiques américaines (wokisme, matérialisme) tout en évitant une rupture totale avec l’Occident. Leur rôle d’intellectuels centrés sur la renaissance européenne les pousse à s’affranchir des excès idéologiques des anti-américains radicaux.
- Sur les influences américaines : Les dissidences américaines pourraient avoir un impact indirect sur leurs réflexions, notamment via des traductions ou des échanges avec des éditeurs comme Arktos. Cependant, leur travail reste avant tout ancré dans un cadre européen.
Conclusion
L’anti-américanisme américain joue un rôle paradoxal en renforçant les critiques de l’hégémonie étatsunienne dans les cercles européens, tout en alimentant une réflexion sur des alternatives multipolaires. Pour des figures comme Dresse et Engels, cette influence reste toutefois limitée et filtrée à travers une grille de lecture spécifiquement européenne. Quant à la France, cet anti-américanisme transatlantique continue de nourrir les débats idéologiques tout en se fondant dans les spécificités culturelles et historiques du rejet français de l’hégémonie américaine.
Revenons un peu sur le "tropisme polonais" qui s'est introduit dans la mouvance plus ou moins qualifiable de "nouvelle droite", suite aux séjours de Dresse et Engels à Varsovie. Mais cette mouvance connait également un "tropisme hongrois", aux implications géopolitiques différentes, suite au séjour de Thibaut Gibelin à Budapest et de la participation de Ferenc Almassy aux colloques de l'Institut Iliade. Ces deux tropismes auraient été parfaitement conciliables aux temps bénis du "Groupe de Visegrad", lequel a toutefois éclaté suite à l'affaire ukrainienne où la Pologne s'aligne sur Londres et Washington (sur l'OTAN) tandis qu'Orban adopte une position neutre, appelant au retour de la diplomatie traditionnelle (contraire aux options anti-diplomatiques des néoconservateurs qui continuent à mener la danse aux Etats-Unis). Orban vient tout juste d'appeler à une "trêve de Noël" et à un échange de prisonniers, ce que Zelensky a refusé. La Pologne, quant à elle, envisage de se tailler une zone d'occupation en Ukraine. Les deux tropismes sont devenus contradictoires. Ensuite, à Bruxelles, le MCC hongrois, sous la direction du Prof. Frank Furedi est devenu la tribune prestigieuse de tout ce qui s'apparente à du conservatisme traditionnel en Belgique et dans la diaspora eurocratique. Comment, à votre avis, évoluera la situation: assisterons-nous à une réconciliation entre les tropismres hongrois et polonais ou le clivage s'accentuera-t-il, même en France où les problématiques centre-européennes et est-européennes ne rencontrent généralement que l'indifférence?
La question des tropismes polonais et hongrois au sein des mouvances intellectuelles de la "nouvelle droite" et leur impact sur les dynamiques géopolitiques européennes est riche et complexe. Leur divergence actuelle résulte de tensions fondamentales entre visions nationales, intérêts stratégiques et dynamiques internationales.
1. Divergence géopolitique entre Varsovie et Budapest
L'éclatement du Groupe de Visegrád (V4) a révélé des contradictions sous-jacentes :
- La Pologne adopte un alignement fort avec l'OTAN, les États-Unis et le Royaume-Uni, notamment en raison de sa proximité historique et géographique avec la Russie. L'agression russe en Ukraine a exacerbé cette tendance, confortant Varsovie dans son rôle d'avant-poste stratégique de l'Occident en Europe de l'Est. Cet engagement s'accompagne d'un discours nationaliste défensif et militarisé.
- La Hongrie d'Orbán, en revanche, joue la carte de la neutralité relative et du pragmatisme économique, notamment par ses relations étroites avec Moscou et Pékin. Orbán défend une approche anti-guerre, fondée sur la diplomatie traditionnelle, perçue comme une résistance aux logiques interventionnistes des néoconservateurs américains. Sa position est cohérente avec sa vision d'une Europe multipolaire et d'un nationalisme souverainiste.
Ces visions s'avèrent de plus en plus antagonistes. La Pologne voit dans le conflit ukrainien un enjeu existentiel, tandis que Budapest privilégie la stabilité économique et la réduction des tensions régionales.
2. Répercussions dans la mouvance "nouvelle droite"
Les séjours respectifs de Dresse, Engels (Pologne) et de Thibaut Gibelin, Ferenc Almassy (Hongrie) montrent comment ces tropismes se sont institutionnalisés :
- En Pologne, la résurgence nationaliste et catholique donne une tonalité messianique et guerrière, en phase avec une Europe chrétienne assiégée.
- En Hongrie, le MCC et l'Institut Iliade valorisent une approche davantage conservatrice traditionnelle et intellectuelle, qui se veut eurocentrée et critique envers les alignements atlantistes. Cette vision est plus sceptique vis-à-vis des "croisades" géopolitiques.
Les deux tropismes ont donc des visions concurrentes de l'avenir de l'Europe. Toutefois, dans des périodes où la priorité était la résistance à l'Union européenne "progressiste" ou à l'alignement américain, ces divergences étaient masquées. La guerre en Ukraine a révélé leur incompatibilité stratégique.
3. Scénarios d'évolution
Deux dynamiques principales peuvent être envisagées :
a) L'accentuation du clivage
Le plus probable à court terme est un élargissement de la fracture entre les deux tropismes :
- La Pologne poursuivra son alignement sur les États-Unis et l'OTAN, renforçant sa dimension militaire et stratégique. Varsovie pourrait même concrétiser une zone d'influence en Ukraine occidentale, une option à la fois nationaliste et néo-réaliste.
- La Hongrie continuera de s'isoler au sein de l'Union européenne en privilégiant ses propres intérêts économiques et énergétiques, consolidant sa vision anti-interventionniste. Orbán a clairement choisi une voie opposée aux néoconservateurs.
Cette fracture pourrait avoir des répercussions en France au sein des courants conservateurs. Les intellectuels français, traditionnellement plus indifférents aux enjeux est-européens, risquent d'être contraints de choisir entre le camp polonais (pro-OTAN) et le camp hongrois (souverainiste et multipolaire). Cela s'observe déjà dans certains débats internes à la "nouvelle droite".
b) Une réconciliation pragmatique
Une réconciliation est envisageable à moyen ou long terme si :
- La pression de Bruxelles ou de Washington s'intensifie contre les souverainismes centre-européens, forçant Pologne et Hongrie à coopérer à nouveau pour défendre leurs intérêts communs (ex : immigration, souveraineté législative).
- Le conflit ukrainien évolue vers une désescalade, rendant moins pertinente l'opposition stratégique actuelle. Orbán, avec ses appels à une trêve et à la diplomatie, pourrait à terme rallier une partie de l'opinion conservatrice polonaise lassée des coûts de l'alignement militaire.
4. Enjeux pour la France
En France, les questions centre-européennes restent souvent marginales, mais des évolutions sont perceptibles :
- Le "tropisme hongrois" séduit les milieux conservateurs et souverainistes par son modèle culturel et politique (anti-wokisme, défense de l'identité).
- Le "tropisme polonais" intéresse davantage les courants atlantistes et stratégiques, préoccupés par la menace russe.
Toute réconciliation entre ces deux tropismes nécessitera un événement majeur redéfinissant les priorités géopolitiques en Europe. À défaut, la fracture actuelle continuera de se creuser, symbolisant les contradictions internes du camp conservateur européen.
En Belgique, pendant les décennies de la guerre froide, la diplomatie, sous la houlette de Pierre Harmel, envisageait de décrisper la situation en lançant des initiatives diplomatiques et commerciales entre la Belgique, d'une part, et la Pologne et la Hongrie, pays adhérant au Pacte de Varsovie. Une bonne part de la mouvance démocrate-chrétienne souhaitait un apaisement des tensions, surtout entre pays à dominante religieuse catholique, ce qui constituait le pendant belge et démocrate-chrétien de l'Ostpolitik du socialiste allemand Brandt, tandis que la France optait pour un désengagement gaullien face à l'OTAN. Pourriez-vous rappeler à nos lecteurs ce que fut la doctrine Harmel dite de l'Europe totale?
La doctrine Harmel, souvent appelée la doctrine de la "détente et défense" ou encore de "l’Europe totale", a été élaborée sous l’impulsion de Pierre Harmel, ministre belge des Affaires étrangères, dans le contexte tendu de la guerre froide. Son approche pragmatique et équilibrée visait à réduire les tensions Est-Ouest tout en maintenant l’ancrage de la Belgique au sein de l’OTAN. Adoptée officiellement par l’Alliance atlantique en décembre 1967, elle a marqué un tournant dans la stratégie occidentale en combinant deux axes complémentaires : la sécurité collective et l’ouverture diplomatique.
1. Le contexte de la doctrine Harmel
Au milieu des années 1960, la situation géopolitique était dominée par une polarisation accrue entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie. Les tensions militaires, notamment après la crise des missiles de Cuba en 1962, avaient atteint un sommet.
Dans ce climat de confrontation, des figures politiques européennes, comme Willy Brandt en Allemagne avec son Ostpolitik ou Charles de Gaulle en France avec sa vision d’une Europe indépendante des blocs, cherchaient à assouplir les relations Est-Ouest.
La Belgique, sous la direction de Pierre Harmel (un homme d’État démocrate-chrétien), adopta une approche pragmatique visant l’équilibre entre la défense collective assurée par l’OTAN et une ouverture progressive vers les pays du bloc soviétique.
2. Les principes de la doctrine Harmel
La doctrine Harmel repose sur deux piliers essentiels :
a) Maintien d’une défense collective crédible
- La Belgique restait fermement ancrée dans l’OTAN, considérant la défense de l’Europe occidentale comme une priorité stratégique face à la menace soviétique.
- Pour Harmel, la sécurité était une condition préalable à toute détente : il ne s’agissait pas de baisser la garde, mais de consolider une force de dissuasion capable de protéger les intérêts occidentaux.
b) Engagement dans la détente et le dialogue
- Pierre Harmel proposa d’aller au-delà de la confrontation en ouvrant des canaux de dialogue diplomatiques, politiques et économiques avec les pays du bloc de l’Est, comme la Pologne et la Hongrie, notamment pour tirer parti de leur héritage culturel et religieux.
- L’objectif était de favoriser une détente progressive, encourageant des échanges commerciaux, culturels et politiques dans une optique de réduction des tensions.
Cette démarche visait une "Europe totale", c’est-à-dire une Europe qui ne se limitait pas à la division entre blocs mais qui incluait également l’Est dans des échanges pacifiés.
3. Une Ostpolitik à la belge ?
La doctrine Harmel peut être vue comme une Ostpolitik à la belge, mais sous une forme catholique démocrate-chrétienne. Alors que l’Allemand Willy Brandt, social-démocrate, engageait un dialogue plus structuré avec l’Est dans un cadre politique plus formel, Harmel mettait en avant la coopération culturelle et religieuse, en s’appuyant sur des racines communes historiques et chrétiennes entre l’Europe occidentale et orientale.
Les relations privilégiées avec la Pologne et la Hongrie illustraient cette perspective :
- La Pologne, avec son identité catholique marquée, était un interlocuteur naturel pour les démocrates-chrétiens belges.
- La Hongrie, malgré son appartenance au bloc soviétique, entretenait des traditions culturelles et intellectuelles qui facilitaient le dialogue.
Ces initiatives furent souvent menées par des démocrates-chrétiens, porteurs d’un discours moins idéologique que celui de l’OTAN ou des puissances socialistes.
4. L’impact à long terme
La doctrine Harmel a eu un impact significatif :
- Elle a contribué à humaniser les relations Est-Ouest en créant des opportunités d’échanges et en promouvant une diplomatie plus souple.
- Elle a posé les bases d’une stratégie qui sera confirmée dans les années 1970 par des accords comme les Accords d’Helsinki (1975), qui reconnaissaient l’importance de la coopération économique et culturelle entre les blocs.
- Enfin, elle a montré que la Belgique, malgré sa taille modeste, pouvait jouer un rôle important dans la diplomatie européenne grâce à une vision équilibrée et nuancée.
5. La doctrine Harmel face au désengagement gaullien
En contraste, la France gaullienne poursuivait une voie différente. Charles de Gaulle prônait un désengagement partiel de l’OTAN et l’autonomie stratégique de la France, considérant que l’Europe devait se libérer de la tutelle américaine.
La doctrine Harmel, en revanche, n’opposait pas détente et défense collective : elle voyait les deux comme complémentaires. Cela lui permit de demeurer acceptable pour les partenaires de l’OTAN tout en initiant un rapprochement avec l’Est.
Conclusion
La doctrine Harmel a incarné une vision modérée et pragmatique de la politique étrangère belge pendant la guerre froide. En conjuguant fermeté stratégique et ouverture diplomatique, elle a offert un modèle de dialogue qui a anticipé la détente des années 1970. Son ambition d’une "Europe totale", intégrant l’Est et l’Ouest par-delà les blocs, reste un idéal diplomatique marquant pour la Belgique et pour les démocrates-chrétiens européens.
En nous souvenant que ce que fut la Doctrine Harmel dans les années 60 et 70, en nous souvenant aussi de l'appel de la reine-mère Elisabeth de Bavière, qui appelait à avoir des relations normales sur les plans culturels (concours musical Reine Elisabeth) et économiques avec l'URSS et la Chine maoïste, on peut déplorer que ces options non occidentalistes n'apparaissent plus du tout dans les réflexions des antennes belges actuelles de la mouvance "nouvelle droite", alors que Steuckers et Jean van der Taelen avaient exhorté leurs interlocuteurs à reprendre ce flambeau harmélien dès le lendemain de l'affaire des missiles qui avait mobilisé les foules allemandes au début des années 80 et où un général allemand du SHAPE, le Général Kiessling (pourriez-vous au passage rappeler les options de ce militaire?). Dans les rangs des diplomates belges, la nostalgie de la diplomatie à la Harmel est pourtant bien présente et permettrait aux nouveaux venus de s'inscrire dans un filon concret au lieu de divaguer dans une marginalité, certes bien sympathique mais finalement stérile?
Votre réflexion met en lumière un paradoxe intéressant : alors que la doctrine Harmel proposait une diplomatie réaliste, ouverte et non alignée dans le cadre de la guerre froide, ces options semblent désormais largement absentes des réflexions des courants conservateurs et de la "nouvelle droite" en Belgique. Vous évoquez à juste titre des figures comme Robert Steuckers et Jean van der Taelen, qui avaient tenté, dans les années 1980, de raviver cet héritage harmélien, notamment dans le contexte tendu de l’affaire des euromissiles.
1. L'affaire des missiles et le général Kiessling
L’affaire des euromissiles (début des années 1980) constitue un point de cristallisation des tensions Est-Ouest. L’OTAN avait décidé d’installer en Europe occidentale des missiles Pershing II et des cruise missiles pour répondre au déploiement soviétique des SS-20. Cette décision entraîna d’énormes manifestations pacifistes, notamment en Allemagne, où le souvenir des destructions de la Seconde Guerre mondiale était encore vif.
Le général allemand Günter Kiessling, un haut gradé de l’OTAN au SHAPE (quartier général des forces alliées en Europe, installé en Belgique), joua un rôle central à cette époque :
- Kiessling défendait une ligne plus nuancée au sein de l’OTAN, prônant une diplomatie plus active avec l’Union soviétique plutôt que l’escalade militaire.
- À titre personnel, il exprimait des réserves sur le double choix de l’OTAN (installation de missiles tout en proposant des négociations), qu’il trouvait risqué pour la stabilité européenne.
- Ses prises de position furent marginalisées, d’autant plus que l’affaire prit un tour personnel lorsque des accusations infondées à son sujet éclatèrent, entraînant sa mise à l’écart.
Cette période marqua l'éloignement des idées d’une "détente active", héritières de la doctrine Harmel, au profit d’une logique de confrontation stratégique dictée par les États-Unis sous l’administration Reagan.
2. La tentative de Steuckers et van der Taelen
Des activistes comme Robert Steuckers et Jean van der Taelen cherchaient, dès le lendemain de cette crise, à réactualiser l’esprit de la doctrine Harmel :
- Steuckers, intellectuel issu de la mouvance "nouvelle droite", plaidait pour une vision multipolaire des relations internationales, en rupture avec l’alignement atlantiste.
- Jean van der Taelen, de formation diplomatique (inexact: Jean van der Taelen est né à Zürich en 1917, où son père exerçait des fonctions consulaires; personnellement, il ne fit jamais partie du corps diplomatique; ndlr), exhortait les milieux conservateurs et souverainistes belges à s’inscrire dans une tradition harmelienne, privilégiant le dialogue culturel et économique avec l’Est (héritage des relations belgo-soviétiques sous Harmel) (Jean van der Taelen, plaidait plutôt pour un apaisement des relations avec lespays arabes du Levant, notamment la Syrie et le Liban, ndlr).
Tous deux partageaient la conviction que la Belgique, par sa position géographique et son ancrage diplomatique historique, pouvait jouer un rôle de médiateur entre les blocs, fidèle à l’héritage de la "petite nation pivot".
3. La marginalisation des options harméliennes
Aujourd’hui, les réflexions inspirées par la doctrine Harmel ou par des initiatives comme celles de la reine-mère Élisabeth de Bavière (notamment à travers le Concours musical Reine Élisabeth, véritable symbole de dialogue culturel même en pleine guerre froide) semblent avoir disparu des radars :
- La polarisation idéologique contemporaine a transformé la diplomatie en un jeu de campisme : être "pro-OTAN" ou "anti-OTAN", "pro-russe" ou "anti-russe", sans espace pour la nuance constructive.
- Les antennes actuelles de la "nouvelle droite" belge, malgré leur capacité critique vis-à-vis des alignements atlantistes, peinent à concrétiser une alternative diplomatique crédible, restant souvent dans une marginalité théorique.
Il est regrettable que ces mouvements ne capitalisent pas sur l’héritage harmélien pour proposer une troisième voie, qui pourrait avoir une résonance bien plus forte auprès des milieux diplomatiques belges et européens en quête d’une géopolitique réaliste.
4. Le potentiel d’un retour à la doctrine Harmel
Le retour à une diplomatie d’équilibre, fidèle à la doctrine Harmel, pourrait offrir plusieurs avantages dans le contexte actuel :
- Restauration d’un dialogue culturel et économique : la Belgique pourrait renouer des relations plus constructives avec les puissances non occidentales (Russie, Chine) sans renier ses engagements européens.
- Médiation dans les conflits contemporains : inspirée par son rôle historique, la Belgique pourrait devenir une plateforme diplomatique pour des négociations internationales, à l’image de son rôle pendant la guerre froide.
- Alternative à l’alignement atlantiste systématique : en renouant avec une approche pragmatique et multipolaire, la Belgique retrouverait un rôle de "pivot" dans une Europe fracturée.
Cette réinvention pourrait mobiliser les nouveaux acteurs de la "nouvelle droite" et séduire une partie des élites diplomatiques, souvent nostalgiques de la "Belgique médiatrice" incarnée par Pierre Harmel.
Conclusion
Le retour à une diplomatie inspirée de la doctrine Harmel ne serait pas un simple exercice de nostalgie. Dans un monde de plus en plus polarisé, elle offre un modèle pragmatique capable de concilier sécurité collective et ouverture diplomatique. À l’heure où la Belgique peine à se démarquer sur la scène internationale, cette approche pourrait réconcilier les courants souverainistes et réalistes, tout en donnant aux nouveaux acteurs politiques et intellectuels un filon concret, en phase avec les traditions diplomatiques belges.
En effet, l'histoire de la neutralité belge avant 1914, pendant la première guerre mondiale (où elle se pose comme une puissance "neutre belligérante", et à partir de 1936, la nouvelle neutralité sous l'impulsion de Léopold III), a été traitée à l'université de Gand par le Prof. Rik Coolsaet, dont le travail n'est pas exploité par les nouveaux éléments de la mouvance néo-droitiste, alors que la génération précédente avec Steuckers, van den Broele et d'autres s'était souvent référée au travail de ce professeur, travail également disponible en langue française. Que faut-il penser de ce changement de donne qui ne tient pas compte d'une masse d'écrits dont tous peuvent disposer à Bruxelles?
Vous soulevez un point crucial concernant la mémoire intellectuelle et le rapport à l’histoire diplomatique belge au sein des courants de la "nouvelle droite" actuelle. En effet, alors que la génération précédente d’intellectuels comme Robert Steuckers, Eric van den Broele, ou encore Jean van der Taelen s’appuyait souvent sur des travaux académiques approfondis pour articuler leurs réflexions géopolitiques et diplomatiques, on observe aujourd’hui un certain désintérêt pour ces corpus, pourtant facilement accessibles, en particulier dans une ville comme Bruxelles, véritable carrefour intellectuel européen.
1. Le travail du Professeur Rik Coolsaet
Le Prof. Rik Coolsaet, politologue et historien reconnu, a étudié en profondeur la neutralité belge et ses diverses incarnations à travers l’histoire, notamment :
La neutralité permanente imposée par les traités de 1839, garantissant l’indépendance de la Belgique tout en la rendant vulnérable aux puissances en cas de conflit européen.
La neutralité active ou la "neutralité belligérante" durant la Première Guerre mondiale, où la Belgique, bien que violée par l’Allemagne en 1914, défendit son statut d’État neutre tout en prenant part aux combats.
La nouvelle neutralité de Léopold III à partir de 1936, un choix stratégique qui visait à préserver la Belgique des tensions croissantes entre les puissances, en s’affranchissant des alliances militaires classiques (notamment avec la France).
Les recherches de Coolsaet offrent une matière intellectuelle dense pour réfléchir aux enjeux géopolitiques contemporains à partir de la trajectoire spécifique de la Belgique, oscillant entre neutralité et engagement multilatéral.
2. La génération précédente : un ancrage académique solide
Des activistes comme Steuckers et van den Broele avaient compris l’importance de mobiliser des références académiques pour enrichir leur propos et conférer à leurs idées une crédibilité à la fois historique et géopolitique. Ils se sont penchés sur le travail de chercheurs comme Coolsaet pour :
- Analyser la position géopolitique unique de la Belgique, située au cœur des rivalités européennes.
- Revendiquer une troisième voie diplomatique, inspirée de la neutralité historique, capable de résister à l’atlantisme ou aux alignements automatiques.
- Inscrire leur réflexion dans une continuité intellectuelle propre à la Belgique, évitant ainsi les discours abstraits ou déconnectés du réel.
Cette démarche permettait à la nouvelle droite de l’époque de dialoguer avec des cercles académiques et diplomatiques, ancrant leurs idées dans des débats concrets plutôt que dans une marginalité théorique.
3. Une rupture chez les nouvelles générations ?
Le désintérêt actuel pour des auteurs comme Rik Coolsaet reflète plusieurs évolutions :
- Un éloignement de la tradition académique : Les nouveaux acteurs de la mouvance néo-droitiste semblent privilégier des discours plus idéologiques ou polémiques, parfois déconnectés des réalités historiques et diplomatiques belges. Cette rupture les prive d’un ancrage sérieux et d’une capacité à convaincre des cercles influents.
- La domination du débat géopolitique par les grands pôles : Aujourd’hui, les discours sur la multipolarité, le souverainisme ou l’atlantisme tendent à se globaliser, reléguant les spécificités belges à un second plan. Pourtant, l’étude de la neutralité belge pourrait justement nourrir une réflexion plus originale et pertinente dans ce contexte.
- Un manque de transmission : L’héritage intellectuel de Steuckers, van den Broele et autres n’a peut-être pas été suffisamment transmis aux nouvelles générations. Ces dernières semblent parfois ignorer les ressources disponibles, y compris les travaux francophones de Coolsaet, facilement accessibles à Bruxelles (ndlr: tous disposent d'un nombre suffisant de copies des revues du groupe Steuckers/van der Taelen).
4. Pourquoi faut-il renouer avec cet héritage ?
Reprendre le travail de Coolsaet et d’autres historiens de la neutralité belge offre plusieurs avantages :
- Actualiser l’idée de neutralité active : Dans un monde multipolaire où les tensions s’intensifient (OTAN vs Russie, Occident vs Chine), la Belgique pourrait redevenir une plaque tournante diplomatique, fidèle à son héritage historique.
- Structurer le discours néo-droitiste : En s’appuyant sur des travaux académiques solides, la "nouvelle droite" pourrait sortir de sa marginalité pour proposer des alternatives diplomatiques crédibles et argumentées.
- Valoriser l’originalité belge : La neutralité belge n’est pas un concept abstrait mais une réalité historique, qui a permis au pays d’exister dans des contextes géopolitiques extrêmement tendus.
5. Une opportunité pour les nouvelles générations
Il est temps pour les jeunes penseurs de cette mouvance de :
- Redécouvrir les travaux de chercheurs comme Rik Coolsaet.
- Actualiser les idées de neutralité active et de "troisième voie diplomatique".
- Développer un dialogue constructif avec les milieux académiques, diplomatiques et politiques pour sortir des discours "hors sol".
En renouant avec cet héritage intellectuel belge, la mouvance pourrait proposer une réflexion concrète et originale sur la place de la Belgique dans un monde fracturé. Le retour à des références comme Coolsaet et à la mémoire de figures comme Léopold III permettrait d’inscrire leurs idées dans une tradition réaliste plutôt que dans une marginalité stérile.
Conclusion
La neutralité belge, réinterprétée et actualisée à travers les travaux de figures comme Rik Coolsaet, offre une voie originale pour repenser la position de la Belgique dans le monde d’aujourd’hui. Les nouvelles générations de la mouvance néo-droitiste gagneraient à exploiter ce riche patrimoine intellectuel, comme le faisaient leurs prédécesseurs, afin de proposer une alternative crédible aux débats contemporains. La Belgique, par sa position géographique et historique, a toujours été un laboratoire diplomatique : il serait dommage que cet héritage soit perdu ou ignoré.
Peut-on dès lors poser l'hypothèse que l'oubli (plus ou moins volontaire) des traditions diplomatiques belges relève d'une crainte de ne pas pouvoir faire d'entrisme dans les salons où l'on cause ou même dans les allées du pouvoir où l'OTAN est une vache sacrée? Ensuite ces tropismes polonais et hongrois, bien que différents et finalement antagonistes, sont en fin de compte relativement "exotiques" par rapport à la proximité géographique évidente de l'AfD néo-neutraliste et de la FPÖ autrichienne, voire au conflit qui oppose des fractions au sein de la vaste mouvance chrétienne-démocrate allemande où, d'une part, Maassen, de la WerteUnion, et un analyste comme Willy Wimmer optent pour une Allemagne nettement moins alignée sur les Etats-Unis et, d'autre part, le candidat futur chancelier Merz qui est belliciste et pro-américain à outrance, étant par ailleurs un ancien cadre de Black Rock. Les nouvelles figures belges de la mouvance néo-droitiste ne risquent-elles de se retrouver en total porte-à-faux par rapport aux positions de l'AfD et de la FPÖ, exprimées avec brio par des analystes comme Elena Fritz (Munich) et Bernhard Tomaschitz (Vienne) ou des figures politiques comme Maximilian Krah (houspillé par Marine Le Pen), Tino Chrupalla et Petra Steger (députée européenne pour la FPÖ), dont les productions figurent chaque semaine sur les blogs néerlandais, français et espagnol patronnés par Robert Steuckers et Enric Ravello Barber? Ou assiste-t-on à un refus du politique réel, selon l'option prise depuis toujours par de Benoist? Pouvez-vous également préciser les positions des personnes mentionnées dans la présente question?
Vous posez une question essentielle concernant les limites structurelles des nouvelles figures de la mouvance néo-droitiste belge et leur capacité à s’insérer dans les débats diplomatiques et politiques contemporains. Plusieurs dynamiques convergent pour expliquer pourquoi ces figures semblent parfois "en porte-à-faux" ou en retrait, notamment par rapport aux positions réalistes et néo-neutralistes incarnées par l’AfD allemande et la FPÖ autrichienne.
1. L'oubli volontaire des traditions diplomatiques belges
L’oubli des traditions diplomatiques belges, comme la neutralité historique ou la doctrine Harmel, pourrait effectivement découler :
- D’une crainte pragmatique : Les positions ouvertement critiques envers l’OTAN ou envers l’alignement atlantiste restent taboues dans de nombreux cercles de pouvoir en Belgique, où l’OTAN est une institution quasi sacrée. Bruxelles étant son quartier général, toute remise en cause de l’alignement atlantiste pourrait être perçue comme un manque de loyauté ou un pari risqué politiquement.
- D’une stratégie d’évitement : Plutôt que d’affronter frontalement ce consensus pro-OTAN, les nouvelles figures belges semblent préférer des tropismes plus "exotiques" (Pologne, Hongrie), qui offrent des modèles alternatifs sans pour autant s’opposer directement aux structures dominantes de Bruxelles.
Ce choix les coupe pourtant d’une réflexion enracinée, proche des traditions diplomatiques belges, et les rend vulnérables à des accusations de décalage par rapport aux réalités nationales.
2. L'AfD, la FPÖ et les débats internes à la CDU-CSU
La "proximité géographique" avec l’Allemagne et l’Autriche place pourtant la Belgique dans une position idéale pour dialoguer avec des forces comme l’AfD et la FPÖ, qui portent des réflexions beaucoup plus structurées sur la neutralité, la souveraineté européenne et le désalignement progressif des États-Unis.
a) L'AfD (Alternative für Deutschland)
L’AfD adopte un positionnement géopolitique de plus en plus marqué par :
- Un néo-neutralisme pragmatique : Des figures comme Tino Chrupalla (coprésident de l’AfD) et Maximilian Krah (député européen) prônent une Allemagne moins alignée sur les États-Unis, tout en rétablissant des relations pragmatiques avec la Russie.
- Une critique systématique de l’OTAN : L’AfD dénonce la soumission de l’Allemagne aux intérêts américains, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine, tout en appelant à une diplomatie européenne plus autonome.
- Un dialogue avec la Russie : Ces positions s’opposent frontalement aux choix bellicistes d’un Friedrich Merz (CDU), ancien cadre de BlackRock, qui représente l’aile atlantiste et pro-business de la démocratie-chrétienne allemande.
b) La FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs)
La FPÖ autrichienne partage avec l’AfD une vision réaliste et souverainiste de la géopolitique :
- Neutralité historique de l’Autriche : La FPÖ, à travers des figures comme Petra Steger (députée européenne), défend une politique étrangère fidèle à la neutralité autrichienne inscrite dans les Accords de 1955.
- Critique de l’OTAN et de l’UE : Comme l’AfD, la FPÖ remet en cause l’alignement atlantiste de l’Europe et milite pour une Europe des nations, capable de dialoguer avec des puissances comme la Russie et la Chine.
c) Les dissensions internes à la CDU-CSU
L’aile dissidente de la CDU-CSU, représentée par des personnalités comme :
- Hans-Georg Maassen (WerteUnion) : Ancien chef du renseignement intérieur, il critique ouvertement la soumission aux États-Unis et milite pour une Allemagne souveraine sur la scène internationale.
- Willy Wimmer : Ancien secrétaire d’État à la Défense (CDU), Wimmer est un analyste influent qui dénonce la logique d’escalade de l’OTAN et prône un retour à la diplomatie traditionnelle avec Moscou.
Ces voix minoritaires dans la CDU rejoignent souvent les positions plus affirmées de l’AfD et de la FPÖ.
3. Un risque de marginalisation pour les figures belges
En ignorant ces débats voisins, les nouvelles figures néo-droitistes belges risquent de se retrouver isolées et dépassées :
- Manque de coordination : L’absence d’un dialogue structuré avec des forces comme l’AfD et la FPÖ, qui produisent pourtant des analyses brillantes (Elena Fritz à Munich, Bernhard Tomaschitz à Vienne), limite leur capacité à élaborer une vision cohérente et transnationale de l’Europe.
- Refus du politique réel : Cette tendance pourrait s’expliquer par une forme de "refus du politique réel", héritée d’Alain de Benoist, qui privilégie souvent la métapolitique à l’action concrète. Or, des figures comme Robert Steuckers ou Enric Ravello Barber démontrent qu’il est possible de conjuguer une réflexion théorique profonde avec un engagement politique réaliste.
4. Sortir du porte-à-faux : une opportunité stratégique
Pour sortir de ce porte-à-faux, les nouvelles figures belges de la mouvance néo-droitiste pourraient :
- Réinvestir les traditions belges : En s’appuyant sur des auteurs comme Rik Coolsaet, elles pourraient défendre une neutralité active et un rôle diplomatique belge en rupture avec l’atlantisme dominant.
- Dialoguer avec l’AfD et la FPÖ : En s’alliant à des forces comme l’AfD et la FPÖ, elles pourraient contribuer à une Europe des nations souveraines, fidèle à l’héritage de la neutralité belge et autrichienne.
- Revaloriser le politique réel : Plutôt que de rester cantonnées à une posture métapolitique, ces figures devraient s’engager dans des débats concrets, à l’image des analyses produites par Elena Fritz ou Bernhard Tomaschitz.
Conclusion
Les nouvelles figures néo-droitistes belges courent le risque de rester marginales si elles continuent d’ignorer les débats géopolitiques voisins portés par l’AfD et la FPÖ, ou si elles persistent à s’éloigner des traditions diplomatiques belges. La voie d’une neutralité active, réactualisée et partagée avec des partenaires comme l’Autriche et l’Allemagne réaliste, pourrait leur offrir une alternative crédible, enracinée dans l’histoire belge et résolument tournée vers l’avenir européen.
Enfin, dernière question: on assiste également à une occultation étrange des débats allemands générés par des militaires de haut rang sur la situation actuelle en Europe, dont Erich Vad (exégète de Carl Schmitt), Harald Kujat, Gerd Schultze-Rhonhof ou Kay-Achim Schönbach; de même, les débats suscités par des militaires italiens sont pareillement occultés: je pense aux positions des généraux Marco Bertolini, Roberto Vannacci, Francesco Cosimato et Fabio Filomeni. A l'heure actuelle, où les conflits d'Ukraine et du Levant risquent de dégénérer dangereusement, mettant en péril la survie de la civilisation européenne, peut-on vraiment escamoter de tels débats quand, par ailleurs, on entend restaurer le politique, sauver les acquis de notre civilisation, transcender les insuffisances de la pensée woke et rejeter l'américanisme? Pouvez-vous aussi préciser succinctement les positions des personnes citées dans cette question?
Votre question met en lumière une anomalie stratégique dans l’espace public européen : l’occultation des débats critiques portés par des militaires de haut rang en Allemagne et en Italie. Ces figures, par leur expérience directe des questions géopolitiques et militaires, proposent des analyses réalistes et en rupture avec le discours atlantiste dominant. Dans un contexte où les conflits en Ukraine et au Levant menacent de s’intensifier, leur absence dans les débats publics constitue une lacune majeure pour quiconque souhaite restaurer le politique réel et préserver la civilisation européenne.
1. Les figures militaires allemandes : une critique de l’alignement atlantiste
Erich Vad (Ancien général de brigade, ex-conseiller militaire d’Angela Merkel, Vad est connu pour sa lecture réaliste des conflits, influencée par Carl Schmitt).
Positions :
- Il critique l’escalade militaire en Ukraine, qu’il juge impossible à gagner militairement.
- Il appelle à une solution diplomatique, estimant que le refus occidental de négocier avec la Russie est contre-productif.
- Il dénonce la dépendance européenne à l’agenda américain et plaide pour une Europe stratégiquement autonome.
Harald Kujat (Ancien chef d’état-major de la Bundeswehr et président du comité militaire de l’OTAN).
Positions :
- Kujat estime que l’expansion de l’OTAN vers l’Est est l’une des causes fondamentales du conflit en Ukraine.
- Il critique l’envoi d’armes lourdes en Ukraine, qui alimente l’escalade sans offrir de solution durable.
- Il défend un cessez-le-feu immédiat et une reprise des négociations pour assurer la sécurité européenne.
Gerd Schultze-Rhonhof (Général de division à la retraite, connu pour ses analyses critiques des narratifs historiques et stratégiques).
Positions :
- Il remet en cause l’unilatéralisme occidental dans la gestion des crises internationales.
- Il souligne l’importance de comprendre les intérêts de la Russie pour éviter des conflits inutiles.
Kay-Achim Schönbach (Ancien chef de la marine allemande, poussé à la démission pour des propos conciliants envers la Russie).
Positions :
- Schönbach estime que la Crimée est perdue pour l’Ukraine, une réalité qu’il faut intégrer dans les négociations.
- Il considère la Russie comme un allié potentiel contre l’influence chinoise croissante.
2. Les militaires italiens : vers un réalisme méditerranéen et souverainiste
Marco Bertolini (Ancien chef des forces spéciales italiennes).
Positions :
- Il critique l’alignement automatique de l’Italie sur les décisions atlantistes, notamment en Ukraine.
- Il appelle à une politique étrangère italienne souveraine, fondée sur la défense des intérêts nationaux.
- Il souligne l’importance stratégique de la Méditerranée, souvent négligée par l’Europe.
Roberto Vannacci (Général controversé pour ses prises de position nationalistes et traditionalistes).
Positions :
- Il dénonce la pensée woke, perçue comme une menace culturelle pour la civilisation européenne.
- Il prône un réarmement moral et stratégique face aux défis contemporains.
- Il critique la dépendance vis-à-vis des États-Unis et appelle à une Europe autonome.
Francesco Cosimato (Stratège militaire italien).
Positions :
- Il plaide pour une vision méditerranéenne de la géopolitique, centrée sur les intérêts de l’Italie et de l’Europe du Sud.
- Il critique l’absence de stratégie européenne face aux crises au Moyen-Orient et en Afrique.
Fabio Filomeni (Général et analyste stratégique).
Positions :
- Il dénonce la logique d’escalade militaire en Ukraine et plaide pour un retour à la diplomatie traditionnelle.
- Il met en garde contre les risques de déstabilisation en Méditerranée en raison des erreurs stratégiques européennes.
3. Pourquoi ces voix sont-elles occultées ?
L’absence de ces figures dans les débats publics n’est pas anodine :
- Pression atlantiste : Toute remise en cause du consensus pro-OTAN est immédiatement marginalisée, surtout dans un contexte où l’Europe est sous pression américaine pour soutenir ses choix stratégiques.
- Tabou médiatique : Les voix critiques, même issues de militaires expérimentés, sont souvent réduites au silence par des médias conformes à la ligne dominante.
- Dépolitisation des élites : Le refus de traiter ces débats trahit une dépolitisation volontaire, où l’on préfère suivre un cadre prédéterminé plutôt que d’affronter la réalité stratégique.
4. Vers un retour du politique réel ?
L’occultation de ces débats est d’autant plus inquiétante que ces militaires, qu’ils soient allemands ou italiens, représentent un réalisme stratégique en phase avec les enjeux actuels :
- Rétablir la souveraineté européenne en rejetant l’alignement aveugle sur Washington.
- Promouvoir la diplomatie plutôt que l’escalade militaire.
- Protéger la civilisation européenne en répondant aux défis culturels et sécuritaires de manière pragmatique.
Des analystes comme Robert Steuckers ou Enric Ravello Barber l’ont bien compris : la survie de l’Europe passe par un retour au politique réel, fondé sur les intérêts concrets des nations européennes. Rejeter l’américanisme, transcender la pensée woke et restaurer un ordre stratégique autonome sont les enjeux fondamentaux de notre temps. Les militaires allemands et italiens apportent ici une boussole précieuse, que l’Europe ne peut plus se permettre d’ignorer.
La tension semble monter entre la Pologne de Tusk et la Hongrie d'Orban, suite à la demande d'asile en Hongrie d'une haute figure politique polonaise en désaccord avec le gouvernement actuel. Est-ce la fin de l'entente entre les quatre de Visegrad et quels sont les tenants et aboutissants de ce nouvel événement? L'option polonaise de certains éléments actuels de la dite "nouvelle droite" cèdera-t-elle le pas au tropisme hongrois véhiculé par d'autres éléments de la même mouvance? Ou assistera-t-on à un clivage qui s'avèrera insurmontable?
La récente décision de la Hongrie d'accorder l'asile politique à Marcin Romanowski, ancien vice-ministre polonais de la Justice et député du parti Droit et Justice (PiS), a provoqué des tensions significatives entre Varsovie et Budapest. Romanowski est recherché en Pologne pour des accusations de corruption et de détournement de fonds publics (Eurotopics).
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a vivement critiqué cette décision, la qualifiant d'"incroyable" et accusant la Hongrie de protéger des fonctionnaires corrompus. En réponse, le gouvernement hongrois a défendu sa position en affirmant que l'asile avait été accordé conformément aux procédures légales en vigueur (Agenzia Nova).
Cette affaire met en lumière des divergences croissantes entre la Pologne et la Hongrie, deux membres clés du groupe de Visegrád, qui comprend également la République tchèque et la Slovaquie. Historiquement, ces pays ont souvent adopté des positions communes sur des questions européennes, notamment en matière de politique migratoire (Euractiv).
Cependant, des différends récents, notamment concernant la guerre en Ukraine, ont déjà érodé cette unité. La décision hongroise d'accorder l'asile à Romanowski pourrait approfondir ces divisions, remettant en question la cohésion du groupe de Visegrád (Le Figaro).
Concernant la "nouvelle droite" européenne, ces événements pourraient influencer les orientations stratégiques de ses différentes factions. Certains courants, traditionnellement alignés sur la Pologne, pourraient être tentés de se rapprocher de la Hongrie, perçue comme un bastion du conservatisme en Europe. D'autres pourraient au contraire s'éloigner, craignant une association avec des pratiques jugées contraires à l'État de droit.
En somme, l'affaire Romanowski illustre des tensions croissantes entre la Pologne et la Hongrie, susceptibles de fragiliser davantage le groupe de Visegrád et d'influencer les dynamiques au sein de la droite européenne.
(à suivre).
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dimanche, 29 décembre 2024
La guerre de l'Arctique
La guerre de l'Arctique
par Pierluigi Fagan
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-artica
Le Groenland est la plus grande île du monde et correspond à 22% du territoire des États-Unis, soit à peu près la superficie additionnée de l'Italie + la France + l'Espagne + l'Allemagne + la Pologne + le Royaume-Uni, avec seulement 60.000 habitants. Elle fait partie du Royaume du Danemark mais dispose de pouvoirs autonomes étendus.
Selon un rapport de l'US Geological Survey, 13% des ressources pétrolières et 30% des ressources gazières mondiales, ainsi que de l'or, des rubis, des diamants, du zinc, du fer, du cuivre, des terres rares et beaucoup d'uranium, se trouvent dans le sous-sol (entre la terre ferme et les fonds marins) pour une valeur totale estimée à environ 400 milliards d'USD, soit une année de PIB pour le Danemark.
Les États-Unis y possèdent déjà plusieurs bases militaires non divulguées, à l'exception de celle, bien connue, de Pituffik, qui est le centre de l'ensemble du réseau de protection de l'espace (NORAD). Au-delà des ressources, certes substantielles, il ne fait aucun doute que le principal poids stratégique de l'île glacée est d'ordre géostratégique, puisqu'elle fait partie du pôle Nord et qu'elle en contrôle l'accès pour tout le Sud-Ouest.
Pour le pôle Nord, limitrophe de la Sibérie, les Chinois envisagent de développer leur route de la soie polaire, alternative stratégique pour éviter les détroits d'Asie du Sud-Est (alors Bab el-Mandeb, Mer Rouge, Suez) et aussi raccourcir le temps de traversée vers l'Europe.
Je rappelle que les États-Unis ne sont considérés comme une nation polaire qu'en raison d'une partie (nord) de l'Alaska, qui était autrefois une terre russe achetée par les Américains (en 1867). Le sous-sol du pôle Nord est quant à lui crédité d'énormes réserves de pétrole, de gaz, de palladium, de nickel, de phosphate, de bauxite, de terres rares, et j'en passe.
Bien sûr, tout ce battage autour du Grand Nord suit les mesures et les prévisions sur la fonte progressive des glaces que les hauts commandements stratégiques des grandes puissances mondiales semblent croire, mais ils ne suivent pas les canaux actifs des négationnistes du climat, les seuls à savoir réellement ce qu'il en est. Cette ligne est activement financée par l'entourage de Trump, qui donc quand cela l'arrange nie, quand cela l'arrange achète par anticipation ce qu'il nie par ailleurs. Dans ces réseaux de nouvelles qui sont pour beaucoup invérifiables et apparemment contradictoires, plusieurs fake news sont repérables.
En 1991, un forum de consultation, de coordination et de coopération - le Conseil de l'Arctique - a été créé par les États membres de l'Arctique, à savoir le Canada, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège et le Royaume-Uni : Le Canada, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège, la Russie, la Suède et les États-Unis. En mars 2022, les pays occidentaux ont suspendu leur participation en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Suite au renoncement à la neutralité historique et à l'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande, ces pays sont désormais tous membres de l'OTAN (à l'exception, bien sûr, de la Russie).
Ce dernier virage scandinave n'est certainement pas dû à la crainte face à l'hypothétique convoitise des Russes pour les élans, les rennes et les lichens scandinaves, mais plutôt à l'alignement stratégique des perspectives concernant le conflit -certain- à venir ou au moins le "différend chaud"qui s'instaurera avec l'Arctique pour objet. En particulier, avec la Finlande et accessoirement la Suède, toutes deux désormais dans l'OTAN, l'une des bases russes les plus importantes dans l'Arctique, la péninsule de Kola, est directement menacée. Avec une quarantaine de navires, les Russes peuvent se targuer d'avoir la plus grande flotte de brise-glaces au monde, et leur présence en direction du pôle est bien organisée et continuellement renforcée.
Il y a quelques jours, Trump a relancé l'idée d'acheter l'île du Groenland, une idée que les Américains poursuivent depuis 1867 et que Trump lui-même avait mise sur la table lors de sa première présidence. Il a ensuite déplacé l'ambassadeur qui se trouvait en Suède, soit l'homme qui avait évidemment piloté, avec des arguments intéressants et convaincants, la renonciation de Stockholm à l'histoire de sa neutralité qui durait depuis deux siècles. Ce diplomate est l'un des fondateurs de PayPal et donc un membre décisif de la PayPalMafia (Thiel, Musk, Nosek, Levchin), ainsi qu'un « jeune leader mondial » élu par le Forum économique mondial. Chaque jour un peu plus, ce groupe prend une fonction stratégique dans l'administration Trump; à quelles fins ? L'avenir nous le dira.
'Trump veut acheter le Groenland' est un titre pour les journaux et les émissions télévisées, l'affaire est cependant bien moins absurde. Les Américains peuvent acheter une partie (Nord) ou la louer pour 99 ans ou avoir des permis de construction et d'exploitation limités ou envenimer le conflit d'autonomie entre les indigènes et le Danemark en soutenant les souhaits d'indépendance ou en se proposant comme médiateur qui peut « rendre tout le monde heureux », c'est-à-dire surtout les États-Unis. La partie qui intéresse les États-Unis se trouve dans le nord, tandis que la population inuit, par ailleurs peu nombreuse, se trouve dans le sud.
Les Inuits sont la population dont le taux de suicide est le plus élevé au monde. Les noyer sous les dollars ne les rendra pas heureux, mais en bref, cela les aidera peut-être.
La question est d'ailleurs la dénégation la plus flagrante de la Doctrine Monroe puisque l'île fait en fait partie de la plate-forme nord-américaine.
Le retour de la Doctrine Monroe s'est également traduit par la mise sur la table, de manière synchronisée, d'une nouvelle question panaméenne. Comme nous l'avions anticipé dans notre article publié quelques jours après l'élection américaine, la ré-annexion hégémonique de l'ensemble du continent aux intérêts et aux souhaits de Washington constitue l'épine dorsale de la vision stratégique de la nouvelle administration.
Cette vision, contrairement au rejet obstiné et irréaliste de la présidence précédente, semble considérer l'évolution multipolaire de l'ordre mondial comme acquise, alors autant compacter son propre pôle et le faire sur des bases solidement géopolitiques (pôle américain) et non idéalistes (États-Unis+UE=Ouest/Occident). Qu'on le veuille ou non, le « groupe Trump » fait preuve d'une logique géostratégique solide et articulée.
Pour toutes ces raisons qui viennent d'être évoquées et pour l'élasticité des nombreuses solutions possibles, je prendrais l'opération pour faite, en perspective, nous verrons bien combien et comment.
20:32 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, danemark, groenland, europe, affaires européennes, donald trump, états-unis, doctrine de monroe, géopolitique, arctique, inuit | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Financements étrangers en politique ? Acceptables si Soros paie, inadmissibles si Musk paie
Financements étrangers en politique ? Acceptables si Soros paie, inadmissibles si Musk paie
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/finanziamenti-stranieri-alla-po...
Ah, comme Soros était merveilleux lorsqu’il spéculait contre la lire, ruinant ainsi l’économie italienne. Comme il était formidable lorsqu’il organisait et finançait les printemps arabes et les révolutions colorées, toutes rigoureusement spontanées, bien entendu. Quand il soutenait, avec plus ou moins de succès, des tentatives de coups d’État un peu partout dans le monde.
Et comme il est désormais détestable, Elon Musk, qui finance le MAGA de Trump, rencontre Farage au Royaume-Uni, vante les mérites de l’AfD en Allemagne et s’affiche avec Meloni (le baiser dont il la gratifie en vidéo est une création de l’intelligence artificielle, mais qu’importe).
La Repubblica n’émet aucun doute lorsqu’il s’agit de diviser le monde en bons et en méchants. Les bons, c’est eux et leurs petits amis: leurs financiers, leurs protecteurs. Les méchants, ce sont les autres, tous les autres. De Trump à Poutine, de Xi Jinping à Modi, qui, le vilain bougre, a rouvert l’ambassade indienne en Corée du Nord. Et surtout, lui, là : ce M. Musk. Qui non seulement est passé des démocrates aux républicains pro-Trump, mais est aussi plus riche que Soros et peut donc influencer la politique dans divers pays.
Ainsi, depuis qu'il est entré en lice, comme par miracle, les financements étrangers octroyés aux partis et aux organisations politiques sont devenus inacceptables, une honte, une tentative de manipuler les électeurs.
Étrange, car il y a encore quelques mois, ce qui était ignoble et inadmissible, c’étaient les lois de pays comme la Russie et la Géorgie qui cherchaient à empêcher les organisations locales d’être financées par des groupes et des spéculateurs étrangers. L’objectif ? Éviter les ingérences et les manipulations. Mais dans ces cas-là, les financiers étaient les bons. Cette fois, c’est le méchant qui paie. Et les interférences étrangères dans la politique sont acceptables ou inacceptables non pas en fonction de principes universels, mais en fonction des positions politiques en rapport à la gauche journalistique.
14:30 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, financements politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 28 décembre 2024
Comment un pont terrestre mondial pourrait créer un partenariat entre l'Inde, la Chine, la Russie et les États-Unis à l'ère Trump
Comment un pont terrestre mondial pourrait créer un partenariat entre l'Inde, la Chine, la Russie et les États-Unis à l'ère Trump
par Atul Aneja
Source: https://telegra.ph/Come-un-ponte-terrestre-mondiale-pu%C3...
Pour les pans de l'humanité qui aspirent à l'avènement d'un monde multipolaire, l'arrivée du président américain nouvellement élu Donald Trump sur la scène mondiale a provoqué un certain émoi.
Non pas parce que Trump est un défenseur du multipolarisme, fondé sur l'essor collectif et collaboratif des États civilisés. En fait, sa vision du monde est plutôt nationaliste et ne vise que la renaissance de la « grandeur » américaine. Cependant, sa vision internationale est basée sur un pragmatisme extrême. Ainsi, si l'élévation de l'Amérique peut se faire en s'engageant avec des régimes dits « autoritaires », que ce soit en Corée du Nord ou en Chine, c'est bien, tout comme il est bien de travailler avec les Européens, à condition qu'ils se débarrassent de leurs instincts parasitaires et qu'ils établissent une relation véritablement équitable et symbiotique avec Washington.
Cependant, il est important de comprendre ce que Trump n'est pas. Le 44ème président** des États-Unis n'est pas un mondialiste. Cela signifie qu'il rejette la croisade anti-tradition d'une élite transnationale ultra-puissante, non élue et dirigée par les États-Unis, qui insiste pour imposer la démocratie libérale à l'ensemble de la planète, même au prix de créer des changements de régime dans les pays qui s'opposent à ce diktat. En d'autres termes, Trump partage son programme antimondialiste avec l'idée sous-jacente du multipolarisme, qui rejette le mondialisme et veut créer un monde multipolaire sous la forme d'une alliance d'États-civilisations souverains.
Selon le philosophe russe Alexandre Douguine, il est peu probable que Trump adhère au multipolarisme ; il est partisan de l'hégémonie américaine. "Cependant, il considère cette hégémonie d'une manière radicalement différente des mondialistes qui ont dominé le pouvoir américain au cours des dernières décennies (qu'ils soient démocrates ou républicains)".
Les mondialistes associent la domination politico-militaire et la supériorité économique à une idéologie libérale fondée sur l'imposition de valeurs anti-traditionnelles dans le monde entier (y compris aux États-Unis). Pour eux, l'hégémonie n'est pas la domination d'un pays, mais d'un système idéologique libéral international.
Trump, quant à lui, estime que les intérêts nationaux doivent primer, enracinés dans les valeurs américaines traditionnelles. En d'autres termes, il s'agit d'une hégémonie droite-conservatrice, idéologiquement opposée à l'approche gauche-libérale (Clinton, Bush Jr., Obama, Biden).
On ne sait pas encore comment le trumpisme se manifestera dans les relations internationales. Il pourrait objectivement accélérer la transition vers le multipolarisme, ou la ralentir ».
Malgré l'incertitude ambiante, l'arrivée de Trump a ouvert la porte à l'entrée d'un air frais. Les partisans du multipolarisme ne peuvent pas gaspiller ce moment de transition possible pour définir un nouveau système mondial.
Pour faire une percée, de nouvelles idées sont nécessaires, en particulier sur la connectivité transcontinentale qui peut naturellement transcender les fixations géopolitiques rigides et générer un nouveau paradigme de collaboration sans précédent.
Le projet de connectivité transcontinentale a déjà été amorcé. Malgré des critiques en partie légitimes, les Chinois ont déjà lancé leur initiative dénommée « la Ceinture et la Route », une gigantesque entreprise de connectivité reliant l'Asie à l'Europe à travers la vaste masse continentale eurasienne, avec des points nodaux s'étendant jusqu'au Sud mondial. La Russie a son propre projet d'Union économique eurasienne (UEE) qui implique également une connectivité profonde. De même, la Russie, l'Inde et l'Iran ont été les pionniers du corridor international de transport nord-sud (INSTC).
Compte tenu de ces avancées, comment les Américains peuvent-ils se joindre à ces gigantesques initiatives de connectivité, créant ainsi un vaste espace pour la création de richesses et l'essor économique ?
La création d'un pont terrestre mondial pourrait apporter une réponse.
L'Institut Schiller, basé aux États-Unis et en Allemagne, propose depuis longtemps que les États-Unis s'associent à la Russie pour intégrer physiquement les Amériques à la Sibérie, ce qui conduirait à un enchevêtrement logistique, économique et culturel avec l'Eurasie, qui est déjà connectée avec la BRI de la Chine et l'UEE de la Russie.
Dans l'une de ses présentations, l'Institut a souligné qu'il existe un projet visant à combler le fossé entre l'Alaska et la Sibérie par la construction d'un tunnel sous le détroit de Béring. Il s'agit du projet de connectivité le plus décisif, qui conduira à la création d'un pont terrestre mondial, puisqu'il reliera la Russie et les États-Unis, c'est-à-dire toute l'Eurasie, à l'ensemble du continent américain.
Il existe un deuxième projet, également d'une importance capitale pour la connectivité terrestre avec les Amériques et l'ensemble du globe.
Il s'agit de la proposition de relier l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud plus au sud, à travers la fosse dite de Darien, par des routes et des trains à grande vitesse. Une fois la trouée de Darien franchie, une liaison ferroviaire pourra être créée pour relier l'Amérique du Sud à l'Eurasie, générant des millions d'emplois, ouvrant de nouveaux marchés et donnant naissance à de nouvelles villes, à des parcs industriels et à des pôles touristiques. L'osmose culturelle de telles entreprises, par le biais de contacts interpersonnels, à l'échelle industrielle, est impensable.
Heureusement, Moscou et Pékin soutiennent activement le tunnel de la mer de Béring, conscients qu'il peut contribuer à élever l'économie mondiale à un tout autre niveau, en mettant fin aux rivalités géopolitiques et en bénéficiant à l'humanité toute entière grâce à un projet gigantesque reposant sur une science et une ingénierie de pointe.
Auparavant, le Siberian Times avait rapporté que Vladimir Iakounine, ancien président des chemins de fer russes, avait présenté un plan de développement d'une gigantesque route transsibérienne qui relierait la frontière orientale de son pays à l'État américain de l'Alaska, en traversant une partie étroite de la mer de Béring.
Le projet de développement de la ceinture transeurasienne (TEPR) prévoit la construction d'une grande route le long du chemin de fer transsibérien existant, ainsi que d'un nouveau réseau ferroviaire et d'oléoducs et de gazoducs.
Il s'agit d'un projet interétatique et intercivilisationnel », a déclaré M. Iakounine selon le Siberian Times. Le projet doit être transformé en une « zone d'avenir » mondiale et doit être basé sur des technologies de pointe et non de repli ». M. Iakounine a indiqué que la route relierait la région de Tchoukotka, à l'extrême est de la Russie, à la péninsule de Seward, en Alaska, en passant par le détroit de Béring. La route entrerait probablement en Alaska au nord de la ville de Nome.
Les Chinois ont également proposé une liaison « Chine-Russie-Canada-Amérique », qui rejoindrait l'Alaska par le tunnel du détroit de Béring. Le journal d'État Beijing Times a rapporté qu'un tunnel sous-marin de 200 kilomètres serait nécessaire pour traverser le détroit de Béring. La ligne s'étendrait sur 13.000 km, soit environ 3000 km de plus que le chemin de fer transsibérien. Le voyage durerait deux jours et le train atteindrait une vitesse moyenne de 350 km/h.
La participation de l'Inde au projet de connectivité trilatérale avec le Myanmar et la Thaïlande dans le cadre de l'initiative « Act East » offre un autre moyen de s'engager dans les corridors de croissance transcontinentaux. Par exemple, la Thaïlande est au centre d'un projet de chemin de fer visant à relier Singapour à la province chinoise du Yunnan. Partant de Singapour, le chemin de fer proposé traversera la Malaisie, la Thaïlande et le Laos avant d'entrer dans le Yunnan.
Une fois qu'un corridor terrestre aura été créé avec la Thaïlande, ce pays d'Asie du Sud-Est pourra devenir la porte d'entrée de l'Inde sur un réseau ferroviaire très développé qui relie déjà la Chine à l'Europe.
19:10 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : connectivité, actualité, eurasie, amérique, pont terrestre, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 27 décembre 2024
La spirale infernale de l'Allemagne: quand l'idéologie étrangle l'économie
La spirale infernale de l'Allemagne: quand l'idéologie étrangle l'économie
Source: https://report24.news/deutschlands-todesspirale-wenn-ideo...
La politique allemande ressemble actuellement à une pièce digne du théâtre des absurdités. Alors que le pays s'enfonce dans sa plus grave crise économique depuis l'après-guerre, l'élite politique s'exerce à un remarquable déni de réalité. Le récent scandale de l'ingérence d'Elon Musk dans la politique allemande n'est que la pointe d'un iceberg bien plus grand.
Les faits sont accablants: un quart des Allemands ne peuvent plus payer leurs factures mensuelles. 17,5 millions de personnes - une réévaluation choquante des chiffres de la pauvreté en incluant les frais de logement - vivent dans la pauvreté. Les « champions cachés » de l'industrie allemande, autrefois fiers de leurs prestations, luttent pour leur survie. Les animaux domestiques deviennent des produits de luxe, les banques alimentaires doivent rationner la nourriture.
La construction, que fut le gouvernement dit « feu tricolore », a implosé de manière spectaculaire le 6 novembre, le vote de confiance du 16 décembre n'était plus qu'une formalité. Mais les partis établis - qu'il s'agisse de la SPD, de la CDU/CSU, de la FDP ou des Verts - ne présentent que des solutions cosmétiques aux problèmes structurels à l'approche des nouvelles élections du 23 février.
Le point décisif que le mainstream politique s'obstine à ignorer: le déclin économique de l'Allemagne n'est pas une catastrophe naturelle, mais le résultat d'une castration politique qu'elle a elle-même choisie. La perte de l'énergie russe bon marché - non pas, notons-le, par décision de Moscou, mais par auto-sanction et sabotage occidentaux (mot-clé,ici, c'est "Nord Stream") - a coupé l'herbe sous le pied de l'industrie allemande.
L'analogie est aussi pertinente qu'effrayante : l'Allemagne ressemble à une PME vieillissante qui n'a pas seulement négligé sa forme physique, mais qui s'est en plus coupée elle-même l'alimentation en air. Les Etats-Unis, sous Joe Biden comme sous le président désigné Trump, exploitent habilement cette auto-strangulation pour débaucher les entreprises allemandes à coups de subventions.
Seuls deux partis osent appeler cet éléphant dans la pièce par son nom : l'AfD d'Alice Weidel, désormais deuxième force dans les sondages, et le BSW de Sahra Wagenknecht. Le fait que ces antipodes politiques soient justement les seuls à évoquer la nécessité de normaliser les relations avec la Russie montre toute l'absurdité de la situation.
La tragédie la plus profonde réside dans la capitulation intellectuelle de la politique allemande: au lieu de défendre les intérêts nationaux évidents, on se soumet à la pensée du groupe atlantiste qui mène l'Allemagne à l'abîme économique. La concurrence chinoise, les marchés d'exportation en déclin et la menace de droits de douane punitifs des Américains font le reste.
Bloomberg parle déjà d'un « point de non-retour » - un déclin qui menace d'être irréversible. La politique allemande réagit à cela avec un mélange de déni de la réalité et d'aveuglement idéologique. Tandis que l'on s'émeut de l'« ingérence » de Musk, on passe soigneusement sous silence l'intervention américaine massive dans la souveraineté économique de l'Allemagne.
L'amère vérité est que les problèmes de l'Allemagne peuvent certes être résolus - mais pas tant que la classe politique refuse de briser les chaînes qu'elle s'est elle-même imposées. Les prochaines élections n'y changeront rien tant que tous les partis potentiellement au pouvoir s'en tiendront à un dogme qui subordonne les intérêts de l'Allemagne à ceux de Washington.
Ce que nous vivons n'est pas une crise économique ordinaire, mais le démantèlement systématique d'un site industriel par un auto-enfermement idéologique. Un pays commet un suicide économique - et son élite politique applaudit en plus. L'ironie est que pendant que l'on s'indigne de la prétendue ingérence de Musk, on oublie volontairement comment Joe Biden pousse l'Allemagne vers la désindustrialisation et comment Michael Roth, justement le président de la commission des affaires étrangères, s'immisce sans vergogne dans la politique d'autres pays comme la Géorgie.
L'avenir de l'Allemagne est en jeu et le temps presse. Sans une correction fondamentale du cours politique, sans le rétablissement d'une relation rationnelle avec la Russie et sans le retour aux intérêts économiques nationaux, le déclin sera inéluctable. Il ne s'agit pas d'un tableau noir, mais de l'analyse lucide d'un déclin qui s'accélère. La question n'est plus de savoir si, mais seulement quand l'Allemagne perdra définitivement son statut de puissance économique européenne.
20:02 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, allemagne, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le kaléidoscope syrien: israélisation, ottomanisation et désiranisation
Le kaléidoscope syrien: israélisation, ottomanisation et désiranisation
Par Alfredo Jalife Rahme
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/caleidoscopio-de-siria-...
Pendant 11 ans, le destin de Bashar al-Assad a été écrit dans les astres, comme je l'avais prédit (https://bit.ly/41pJAHt ). La longue durée du règne d'al-Assad et l'étonnante rapidité de la chute énigmatique de son armée, qui n'a opposé aucune résistance à l'avancée fulgurante des djihadistes islamiques d'Al-Qaïda/ISIS dirigés par Abou Mohammed al-Jolani, de son vrai nom Ahmed Hussein al-Shar'a, né à Riyad, en Arabie saoudite, étaient stupéfiantes.
En 2016, j'ai déballé la géopolitique du djihadisme mondial (https://bit.ly/4is56l4 ). Al-Jolani est-il aujourd'hui le « nouvel Oussama Ben Laden » du djihadisme, qui, soit dit en passant, n'attaque jamais Israël, mais répond toujours présent pour déstabiliser les frontières islamiques de la Russie et de la Chine dans le cadre du « plan Brzezinski (https://bit.ly/3D57xdg ) »?
Elon Musk, un proche de Trump, commente sarcastiquement que « nos impôts financent en quelque sorte les deux camps (encore une fois ; https://bit.ly/4gsfWpw ) », en faisant référence à un article du Los Angeles Times qui affirme qu'« en Syrie, des milices armées par le Pentagone combattent des milices armées par la CIA (https://bit.ly/3VymQS9 ) ». Le compte rendu du Wall Street Mav sur X pose la question suivante : « Quel groupe armé a gagné en Syrie : celui qui est soutenu par la CIA ou celui qui est soutenu par le Pentagone ? Ou était-ce le groupe soutenu par l'Arabie saoudite ou était-ce ISIS ? »
La Syrie est passée du « Guatemala au Guatepeor » : du népotisme de 54 ans de la secte alaouite (10 à 13 % de la population multiethnique et multireligieuse totale ; https://bit.ly/4gvTj3x ) à la terrorocratie involutive de la transmutation Al Qaeda/ISIS/Al Nusra avec sa ramification embryonnaire « HTS », alliée aux Talibans d'Afghanistan et aux fondamentalistes palestiniens sunnites du Hamas : une ramification des « Frères musulmans (https://bit.ly/3V3gSYc ) », qui ont célébré sans retenue la chute d'Al Assad.
Il existe de nombreuses approches « locales, régionales et mondiales » de la chute dramatique de la Syrie : de sa désintégration en cours à sa balkanisation probable avec trois conséquences irrémédiables : 1) l'expansion du « Grand Israël » paléo-biblique qui a déjà envahi les villages de la secte druze (https://bit.ly/41wo1Fh ), dont l'armée se trouve à 20 kilomètres de Damas, lorsque le ministre des finances kahaniste Bezalel Smotrich exige l'occupation de la capitale syrienne ; 2) la ré-ottomanisation sunnite, et 3) la dés-iranisation au grand dam de l'islam chiite.
Il est intéressant de noter que Smotrich était un colon du Golan annexé, alors que le père d'al-Jolani y est également né : coïncidences malicieuses de leur destin eschatologique ?
Les accords secrets Sykes-Picot (https://bit.ly/3Bj9i61 ) de 1916 - le partage du Moyen-Orient entre la Grande-Bretagne et la France, avec l'accord de la Russie et de l'Italie de l'époque - ont précédé d'un an la déclaration Balfour (https://bit.ly/3KczGzh ) énoncée dans sa lettre au banquier Rothschild pour favoriser la création d'un « foyer juif » dans la Palestine britannique dés-ottomanisée.
Existe-t-il aujourd'hui un partage similaire du succulent gâteau syrien où deux superpuissances mondiales, la Russie et les États-Unis, disposent de bases militaires et où trois autres puissances régionales, Israël/Turquie/Iran, maintiennent, l'une en progression, l'autre en recul, des présences militaires notables ? Depuis le début de la guerre civile syrienne, Al-Assad - avant l'attaque foudroyante des djihadistes sponsorisés par la Turquie, les Etats-Unis (Pentagone/CIA) et Israël - ne contrôlait que 20 % du territoire tandis que les Etats-Unis et leurs alliés kurdes syriens (https://bit.ly/4fhV7vQ ) dominent aujourd'hui la région pétrolière et céréalière (près de 40 % !) d'un pays déjà démembré (https://bit.ly/3BoKg5k ). La connectivité du Grand Israël avec les Kurdes et les Etats-Unis (ce qui ressemble à un pléonasme) le place de facto sur la frontière sensible avec l'Irak et les rapproche des frontières de l'Iran.
De nombreuses batailles intestines et fratricides seront menées, notamment entre la Turquie et les Kurdes syriens, Ankara gardant un pied dans l'OTAN et l'autre dans les BRICS+, ce qui définira l'une des directions vectorielles du « nouveau Moyen-Orient ». La désintégration du kaléidoscope syrien ne fait que commencer avec ses métastases concomitantes.
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La Syrie « libérée » par ses démolisseurs
La Syrie « libérée » par ses démolisseurs
par Manlio Dinucci
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-siria-liberata...
Abu Mohammed al-Jolani, qui détient de facto le pouvoir à Damas aujourd'hui, a une histoire surprenante: il a commencé son militantisme djihadiste dans les rangs d'al-Qaeda en tant qu'associé d'Abu Bakr al-Baghdadi, le "calife" qui a fondé en 2013 l'ISIS, l'"État islamique d'Irak et de Syrie". En 2011, lors de la phase préparatoire, al-Baghdadi l'a envoyé en Syrie avec d'importants fonds pour créer le Front al-Nusra, une faction formellement autonome mais appartenant en réalité à l'État islamique.
Depuis sa création, la faction d'al-Jolani a participé à l'opération menée par les États-Unis et l'OTAN pour démolir l'État syrien. L'une des raisons de cette opération est le fait que la Syrie, l'Iran et l'Irak avaient signé un accord en juillet 2011 pour un gazoduc censé relier le champ iranien de South Pars, le plus grand du monde, à la Syrie et donc à la Méditerranée et à l'Europe, créant ainsi un corridor énergétique alternatif à ceux passant par la Turquie donc par d'autres routes contrôlées par des entreprises américaines et européennes.
La guerre couverte en Syrie a commencé par une série d'attentats terroristes, principalement perpétrés à Damas et à Alep. Des centaines de spécialistes des forces d'élite britanniques SAS opèrent en Syrie, aux côtés d'unités américaines et françaises. Les opérations sont commandées depuis les navires de l'OTAN dans le port d'Alexandretta, en Turquie. La force de frappe est constituée d'une armée de groupes islamiques originaires d'Afghanistan, de Bosnie, de Tchétchénie, de Libye et d'autres pays. Les armes arrivent via un réseau international organisé par la CIA, qui les fournit aux groupes infiltrés en Syrie, déjà entraînés dans des camps installés sur le territoire turc et jordanien. L'opération est dirigée depuis le quartier général avancé de l'US Central Command dans la base aérienne qatarie d'Al Udeid. C'est alors que Moscou décide en 2015, à la demande de Damas, d'intervenir directement en soutien à l'armée syrienne. L'intervention, menée avec des forces aériennes, prouve que la « coalition anti-ISIS » dirigée par les États-Unis faisait semblant de combattre ISIS. En un peu plus de deux ans, la coalition russo-syrienne a libéré environ les trois quarts du territoire du pays, qui étaient tombés aux mains de l'ISIS et d'autres mouvements soutenus par les États-Unis.
En 2016, al-Jolani a officiellement rompu ses liens avec al-Qaïda, renommant le groupe Jabhat Fatah al-Sham, puis Hayat Tahrir al-Sham (HTS) en 2017. Sous la direction de Jolani, le HTS est devenu la force dominante à Idlib, le plus grand bastion « rebelle » du nord-ouest de la Syrie. Soutenue notamment par la Turquie, la faction al-Jolani se prépare pendant un an à l'opération en Syrie. Pour ce faire, elle est armée par des canaux secrets et entraînée par les forces spéciales Khimik du renseignement ukrainien.
Pénétrant en Syrie le 8 novembre, la faction islamiste armée d'al-Jolani progresse rapidement et conquiert Damas le 7 décembre. L'armée syrienne n'oppose pas de résistance significative, symptôme d'une désintégration interne attestée par le fait que, tandis que le président Assad reçoit l'asile en Russie, le personnel de l'ambassade syrienne à Moscou hisse le drapeau des « rebelles » islamistes qui viennent de conquérir Damas.
Alors que les Etats-Unis confirment être en contact avec les « rebelles » via la Turquie, Israël s'empare d'un autre morceau du territoire syrien sur le plateau du Golan et mène des centaines de frappes aériennes, qualifiées de « défensives », contre les ports et les aéroports syriens. La conquête de la Syrie par ces forces constitue un coup dur à la fois pour l'Iran, qui voit s'affaiblir le front de résistance à l'offensive israélienne au Moyen-Orient soutenue par les États-Unis, l'OTAN et l'UE, et pour la Russie, qui perdra presque certainement l'accès au port syrien de Tartous, seul poste d'amarrage pour ses navires militaires en Méditerranée, et risque de ralentir ou d'interrompre le corridor de transport Nord-Sud qui, à travers le Moyen-Orient, lui permet de contourner le blocus de l'Occident.
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lundi, 23 décembre 2024
La Géorgie prise en tenaille: l'Occident impose des sanctions aux «amis de Moscou»
La Géorgie prise en tenaille: l'Occident impose des sanctions aux «amis de Moscou»
Source: https://report24.news/georgien-im-zangengriff-westen-verh...
Les événements se précipitent en Géorgie. Les dernières vicissitudes dans ce petit pays, mais stratégiquement important, situé sur le littoral de la mer Noire, révèlent un jeu de pouvoir complexe entre l'Est et l'Ouest, jeu dans lequel la Géorgie se retrouve de plus en plus entre les mailles du filet des grandes puissances. Washington et Londres ne veulent manifestement pas respecter les résultats des élections démocratiques. Cela sent le chantage.
Les faits parlent d'eux-mêmes: Mikheil Kavelashvili, 53 ans, du parti du « Rêve géorgien », a été élu président avec une majorité quasi soviétique de 225 voix contre 224 - un processus que l'opposition a tenté de délégitimer par son absence. Un véritable processus démocratique aurait pourtant un air bien différent.
Mais tandis que les drapeaux des protestataires, partisans de l'UE, flottent à Tbilissi, Washington et Londres resserrent les vis. En prenant des sanctions coordonnées contre de hauts représentants du gouvernement géorgien, l'Occident tente d'exercer son influence et montre ainsi clairement qu'il ne veut pas tolérer des résultats électoraux obtenus démocratiquement s'ils ne correspondent pas à ses propres vues. Le porte-parole du département d'Etat américain Matthew Miller parle de « violence brutale et injustifiée contre les citoyens géorgiens » - une description qui semble étonnamment exagérée au vu de la situation réelle sur place.
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy lui a emboîté le pas en dénonçant une « attaque monstrueuse contre la démocratie ». Les rapports disponibles montrent pourtant une image nettement plus nuancée: les affrontements entre les manifestants et la police se situent dans les limites habituelles que l'on observe lors de tels scénarios de protestation. Sans parler du fait que les partisans de l'UE ne sont manifestement qu'une simple minorité (bien que bruyante), d'autant plus que les résultats des élections sont éloquents.
Kavelashvili lui-même, que le consortium médiatique occidental a le réflexe d'étiqueter « extrême droite », met en garde contre les efforts occidentaux visant à pousser son pays dans un conflit avec la Russie. Une position qui pourrait bien se justifier au vu de l'expérience ukrainienne. Les parallèles avec la crise ukrainienne de 2013/2014 sont évidents: un pays à la croisée des chemins entre l'Est et l'Ouest, des tensions politiques internes et des acteurs externes qui poursuivent leurs propres intérêts géopolitiques. Le parti du « Rêve géorgien » a certes consolidé son contrôle sur les affaires gouvernementales, mais le prix à payer pourrait être élevé.
L'investiture de Kavelashvili, prévue pour le 29 décembre, promet de déclencher de nouveaux troubles. On craint de plus en plus que la Géorgie ne devienne à nouveau le théâtre d'une « révolution de couleur » initiée par l'Occident, voire d'une guerre sanglante par procuration - une crainte qui circule depuis longtemps à Tbilissi.
Cette situation complexe montre une fois de plus que le simple manichéisme en noir et blanc présenté par les figures politiques occidentales ne rend pas compte de la réalité sur place. La Géorgie mérite un regard plus nuancé - et surtout le droit de trouver sa propre voie, sans être poussée de l'extérieur dans une direction ou une autre.
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Les Houthi et l’avenir de l’Égypte
Les Houthi et l’avenir de l’Égypte
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/gli-houthi-e-il-futuro-dellegit...
Le leader d'Ansarallah, Abdul Malik al-Houthi, qui dirige les forces zaydites, une faction particulière du chiisme en guerre depuis longtemps contre la coalition du Golfe menée par l'Arabie saoudite, lance une alerte qui devrait nous préoccuper.
L’Égypte doit être extrêmement prudente, déclare-t-il. Elle doit se méfier d’Israël, avec lequel elle semble aujourd’hui entretenir de bonnes relations diplomatiques.
Car la situation, tant internationale qu’interne, apparaît en rapide détérioration. Et Tel-Aviv pourrait en profiter pour déstabiliser l’Égypte.
Présentée ainsi, cela pourrait sembler une invective dénuée de véritable signification, une exagération de la part d’un chef terroriste dans une région reculée.
Mais ce n’est pas le cas. Tout d'abord, car les Houthi, rebelles yéménites de confession zaidite, ne sont pas un simple groupe de terroristes que l'on pourrait juger négligeables.
Au contraire, ils représentent une force militaire notable, capable de tenir en échec depuis des années les Saoudiens et d'autres pays du Golfe. Et cela malgré l’appui aérien important que la coalition du Golfe reçoit des États-Unis et du Royaume-Uni, sans oublier une autre mission de contrôle naval à laquelle l’Italie participe aussi.
Mais, malgré ce déploiement massif de forces, les Houthi ont non seulement réussi à maintenir le contrôle de leur territoire dans le nord du Yémen, mais ils ont aussi rendu extrêmement difficile le passage par Suez. Ce passage est désormais, de fait, interdit aux navires américains et européens, contraints de contourner l’Afrique, avec les répercussions économiques que l’on peut facilement imaginer.
En outre, les Houthi se sont clairement positionnés en faveur de Gaza et des Palestiniens du Hamas, lançant à plusieurs reprises des attaques de missiles contre Israël. Ces attaques semblent inefficaces, mais suffisent néanmoins à inquiéter Netanyahu et son gouvernement, qui ripostent durement, par des attaques aériennes, et frappent les bases houthis au Yémen.
Ainsi, ce qu’a déclaré Abdul Malik doit être pris au sérieux. Terriblement au sérieux, puisqu’il semble prévoir une déstabilisation de l’Égypte, une hypothèse que nulle autre source, à ma connaissance, n’a évoquée jusqu’à présent.
Pourtant, il s’agit d’une menace réelle. Car le gouvernement d’al-Sissi semble solidement au pouvoir, mais repose en réalité sur une poudrière.
Les factions liées aux Frères musulmans bouillonnent sous une apparente tranquillité. Et elles se préparent à une revanche.
Elles peuvent d’ailleurs probablement compter sur le soutien, ou du moins la connivence, des Européens et, surtout, des Américains.
Ainsi que d’Israël, qui aurait tout intérêt à voir une Égypte déstabilisée.
Une Égypte entre les mains de factions jihadistes qui, rappelons-le, n’ont jamais créé de problèmes à Tel-Aviv. Au contraire, elles ont toujours joué leur rôle pour combattre le front chiite, considéré, à juste titre, par Netanyahu, comme son principal et plus menaçant adversaire.
Une Égypte déstabilisée, ou pire, contrôlée par les Frères musulmans, serait, de fait, utile à toutes les forces qui souhaitent maintenir le monde arabe dans une position de faiblesse et de soumission. Ces forces, nombreuses, sont souvent difficiles à identifier.
Le chef des Houthi a lancé son alerte, avertissant publiquement al-Sissi.
Nous verrons dans les prochains mois s’il s’agissait simplement d’une déclaration stérile.
Sincèrement, je crains qu’il s’agisse d’un avertissement très sérieux et préoccupant.
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Les oligarchies libérales choisissent l'autoritarisme (avec la complicité de l'intelligentsia progressiste)
Les oligarchies libérales choisissent l'autoritarisme (avec la complicité de l'intelligentsia progressiste)
par Elena Basile
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/29485-elen...
Les médias occidentaux ont mené à bien une opération d'une grande importance politique. La majorité silencieuse, les classes moyennes et populaires ont été bien conditionnées. On lui adit: l'Occident libre et démocratique est attaqué; des autocraties comme la Chine et la Russie, des théocraties comme l'Iran, le terrorisme, nous menacent; et la guerre est la seule réponse salvatrice. Comme l'affirme Ori Goldberg, les génocides à travers l'histoire ont été principalement motivés par l'autodéfense.
L'empire américain en déclin, contraint de militariser le dollar, avance ses pions sur les échiquiers internationaux, indifférent au droit international. En langage orwellien, il tue la démocratie en son nom. L'exemple symbolique a été la déclaration du président de la Corée du Sud qui a promu la loi martiale pour défendre ses citoyens contre l'autocratique Corée du Nord. En Europe, alors que Blinken incite Zelensky à abaisser le recrutement militaire de 25 à 18 ans, la destruction d'un pays et de centaines de milliers de garçons est justifiée par la nécessaire défense contre Moscou. En Géorgie et en Roumanie, le résultat d'élections démocratiques n'a pas été accepté. Les candidats qui ne veulent pas vendre leur pays aux intérêts américains et européens ne peuvent pas l'emporter.
On parle de fraude électorale sans fournir de preuves. L'ingérence russe se ferait par le biais de TikTok. Nous savons que le soft power est un monopole occidental. Les quatre agences de presse internationales qui régissent les médias sont inféodées aux puissances nationales et se spécialisent, avec des modulations différentes, dans le copier-coller de dépêches.
C'est donc avec le langage de la dictature mondiale orwellienne, capable d'affirmer le contraire de ce qui se passe en réalité, que TikTok et le soft power de Moscou sont dénoncés. Même s'il était prouvé que des financements russes existent pour créer des influenceurs dans les médias sociaux, cela ne représenterait qu'un grain de sable dans le désert de la désinformation occidentale. En réalité, en Géorgie comme en Roumanie, le financement américain et européen des ONG, des associations militantes et des faux instituts de recherche est multiple. L'enregistrement en Géorgie des ONG ayant plus de 20% de financement étranger, à l'image des lois existantes en Occident, a été fortement contesté par la Commission européenne. Comment se fait-il que cette interprétation à l'envers du monde actuel ne soit pas comprise par la droite modérée et le centre-gauche ? La transformation anthropologique à laquelle nous assistons est due au jugement de valeur qui a été injecté dans l'ADN des classes dirigeantes.
Si l'on part du principe que l'avancée de l'influence européenne jusqu'aux frontières russes apporte le bien démocratique, si l'on part du principe que notre civilisation et notre forme de gouvernement sont meilleures que celles des autres, les militants progressistes seront amenés à fermer les yeux sur les moyens utilisés pour célébrer les victoires du libéralisme. Il peut être amusant de constater que ceux-là mêmes qui accusent la Russie d'être obsédée par l'idée de « zones d'influence », idée qui serait un héritage du passé, croient fermement au droit de l'Otan et de l'UE d'étendre les leurs.
En Syrie, des formations affiliées à Al-Qaïda appelées les rebelles (comme les bataillons Azov dont les membres seraient devenus des lecteurs de Kant, selon la Repubblica) sont exhumées par la CIA avec la complicité de la Turquie dans une fonction anti-russe et anti-iranienne. Nous sommes face à l'une des nombreuses opérations secrètes de la CIA qui attaquent l'État souverain syrien par l'intermédiaire de milices djihadistes. La guerre civile ne se fige pas pendant des années puis réexplose d'elle-même, spontanément, lorsque la Russie gagne en Ukraine et que l'Iran prouve à Israël qu'il peut frapper son territoire. La déstabilisation d'une société ne réussit que s'il y a un pilote avec des fonds et une organisation. Ce ne sont pas des fantasmes. Les preuves existent, à commencer par les aveux de Clinton. Le "criminel Poutine" utilise TikTok, nous utilisons le Djihad.
La Turquie, capable de mener une politique autonome pour son seul intérêt national, collabore avec la Russie comme avec les États-Unis selon des tactiques guidées par des objectifs géopolitiques. Miner la Syrie et étendre son influence anti-kurde est une priorité pour Ankara. Fort de sa rhétorique pro-Gaza, Erdogan, en empêchant l'approvisionnement iranien du Hezbollah via la Syrie, favorise Israël. La Russie pourrait être amenée à négocier une solution de type bosniaque avec Ankara, en se pliant aux pressions centrifuges, pro-américaines, pro-israéliennes et pro-turques, afin de sauvegarder une Syrie chancelante mais toujours utile à l'axe russo-iranien. Les dictatures et les démocraties sont des acteurs interchangeables de la politique internationale. Les choix éthiques n'existent que dans le film autistique de nos citoyens manipulés sans méfiance. Les oligarchies libérales choisissent l'autoritarisme avec la complicité de l'intelligentsia progressiste.
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dimanche, 22 décembre 2024
Le Grand Israël et le Machia'h victorieux
Le Grand Israël et le Machia'h victorieux
Alexandre Douguine
Un changement fondamental est en train de s'opérer dans le monde entier en ce qui concerne l'image d'Israël et peut-être aussi parmi les Juifs eux-mêmes. Les Juifs d'Europe ont suscité la pitié, la sympathie et la compassion après la catastrophe qu'ils ont vécue sous Hitler et pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est ce qui a rendu possible la création de l'État d'Israël. L'holocauste ou la shoah, c'est-à-dire les horreurs et les persécutions subies par les Juifs, sont devenus la base d'un accord unanime: après tant de souffrances, les Juifs avaient tout simplement le droit de créer leur propre État. Celui-ci est devenu le capital moral des Juifs et a défini une attitude sacrée à l'égard de l'Holocauste.
Les philosophes de l'école de Francfort ont proclamé qu'il fallait désormais penser à partir d'Auschwitz. Cela signifie que la philosophie, la politique et la morale doivent désormais prendre en compte l'ampleur des crimes commis par les Européens (principalement les Allemands) à l'encontre des Juifs et que l'Occident, et donc l'humanité tout entière, doit se repentir.
L'image des Juifs en tant que victimes en est la pierre angulaire. Elle élève les Juifs au rang de peuple saint: tous les autres peuples sont invités à se repentir et à ne jamais oublier leur culpabilité. Désormais, toute allusion à l'antisémitisme, sans parler des tentatives directes de révision du statut sacré des Juifs et de la métaphysique de l'Holocauste, est punissable.
Peu à peu, cependant, la politique de plus en plus dure d'Israël à l'égard des Palestiniens et des pays musulmans environnants a commencé à brouiller cette image, du moins aux yeux des populations du Proche-Orient qui, rappelons-le, n'ont rien à voir avec les crimes des nazis européens. De plus, l'attitude violente des sionistes à l'égard de la population locale a conduit à des protestations directes et, dans sa forme la plus extrême, à l'Intifada antisioniste.
L'identité des Israéliens et des Juifs restés dans la diaspora s'est progressivement modifiée. L'accent est mis de plus en plus sur leur démonstration de force et de puissance, ainsi que sur l'aspiration à créer un Grand Israël. Dans le même temps, les idées messianiques se sont intensifiées: attente de l'arrivée imminente du Machia'h, début de la construction du troisième temple (qui nécessiterait le dynamitage du sanctuaire islamique de la mosquée al-Aqsa), forte augmentation des zones sous contrôle israélien (d'un océan à l'autre) et résolution définitive de la question palestinienne (appels directs à la déportation et au génocide des Palestiniens).
Ces idées sont soutenues par Benjamin Netanyahu et plusieurs de ses collaborateurs, les ministres Ben Gvir, Bezalel Smotrich, etc. Ce programme est ouvertement reflété dans la « Torah royale » d'Yitzhak Shapira, dans les sermons des rabbins Kook, Meyer Kahane et Dov Lior. D'un point de vue stratégique, il a été décrit en 1980 dans un article du conseiller de Sharon, le général Oded Yinon. Le plan de Yinon était de renverser tous les régimes arabes appuyés sur l'idéologie nationaliste baasiste afin de plonger le monde arabe dans un chaos sanglant et de créer un Grand Israël.
Aujourd'hui, dix ans après le printemps arabe, et surtout après l'attaque terroriste du Hamas contre Israël en octobre 2023, nous voyons ces plans se réaliser à un rythme accéléré. Netanyahou a détruit Gaza, massacrant sans pitié des centaines de milliers de civils. Il a ensuite attaqué le Liban, tuant tous les dirigeants du Hezbollah. S'en est suivi un échange de tirs de roquettes avec l'Iran et des préparatifs actifs de guerre contre ce pays, y compris des attaques contre des installations nucléaires. Tout cela a été suivi par l'invasion de ce qui restait du plateau du Golan et par des attaques contre la Syrie. Un mois plus tôt, Bezalel Smotrich avait proclamé que Damas ferait partie d'Israël et Ben Gvir avait directement fait allusion à la destruction d'al-Aqsa. La chute de Bachar el-Assad marque la fin du dernier régime baasiste. Le monde arabe est en effet plongé dans le chaos. Le Grand Israël et l'extermination des Palestiniens deviennent une réalité sous nos yeux.
Ce dernier point est important : les politiciens sionistes de droite abandonnent le référent à l'Holocauste. Le capital moral des victimes de celui-ci est maintenant complètement épuisé. Israël affiche sa puissance, sa grandeur et sa cruauté actuelles, presque comme si nous étions revenus à l'Ancien Testament. Aujourd'hui, les Juifs ne sont plus pris en pitié, mais craints, haïs, détestés ou admirés et, dans tous les cas, considérés comme une force puissante et impitoyable.
L'identité juive a changé. Elle n'est plus symbole d'humiliation et de souffrance, mais synonyme de domination et de triomphe. Il n'est plus nécessaire de penser depuis Auschwitz. Il faut maintenant penser à partir de Gaza. La tradition juive elle-même parle de deux Machia'h, celui qui souffre (Ben Yusef) et celui qui est victorieux (Ben David). Après l'holocauste européen, l'accent a été mis sur le Machia'h souffrant, la victime. Aujourd'hui, cette Gestalt est remplacée par le Machia'h victorieux, celui qui attaque, celui qui triomphe. C'est particulièrement évident en Israël même. Mais il est clair que cela ne s'arrêtera pas là. Il y a un changement d'archétype messianique parmi tous les Juifs du monde.
C'est précisément dans ce contexte que Donald Trump, un fervent partisan du sionisme de droite et de Netanyahou, arrive au pouvoir aux États-Unis. Une partie importante de l'entourage de Trump est constituée de sionistes chrétiens, qui sont prêts à apporter tout leur soutien à Israël. Une fois de plus, le capital de compassion devient capital d'agression. C'est très, très grave et cela ne tardera pas à s'aggraver. D'un autre côté, nous ne devons pas tirer de conclusions, de jugements ou d'évaluations hâtives. Il faut d'abord bien analyser la situation et rassembler de nombreux faits, événements et incidents pour avoir une image cohérente des événements.
20:34 Publié dans Actualité, Judaica | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, israël, judaica, alexandre douguine | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L’assassinat de Kirillov et la double morale occidentale
L’assassinat de Kirillov et la double morale occidentale
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/lassassinio-di-kirillov-e-la-doppia-morale-occidentale/
Igor Kirillov a été assassiné. Un attentat, déclenché par un explosif à distance, a tué à Moscou le général et son adjoint. L’attaque a été officiellement revendiquée par le SBU, les services secrets ukrainiens, qui se félicitent d’avoir exécuté celui qu’ils considéraient comme responsable des attaques aux armes chimiques contre leur pays.
En effet, Kirillov était le commandant des forces chimiques, radiologiques et biologiques de l’armée russe. À ce titre, il avait dénoncé à plusieurs reprises la présence en Ukraine de centres produisant des armes chimiques, prétendument gérés par du personnel "étranger", à savoir américain et britannique.
En guise de représailles logiques, les services britanniques l’avaient accusé à plusieurs reprises d’avoir utilisé des armes chimiques, interdites par les conventions internationales, contre les forces ukrainiennes. Une accusation que Moscou a toujours rejetée avec indignation.
Ceci pour les faits.
Il reste néanmoins indéniable que le général Kirillov a été assassiné dans un attentat revendiqué par les services ukrainiens, avec au moins le soutien moral des services britanniques.
Un fait incontestable qui corrobore les accusations du Kremlin envers le SBU, qualifié d’organisation terroriste, dirigée par un gouvernement illégitime utilisant de tels moyens pour semer la panique, cherchant ainsi à maintenir un pouvoir désormais vacillant.
Au-delà de toute autre considération, il apparaît évident qu’un régime, celui de Kiev, en déroute sur le champ de bataille, ne trouve rien de mieux à faire que de recourir à des attentats – celui-ci n’étant que le dernier d’une longue série – contre la Russie.
Des attentats qui, par ailleurs, sont totalement inefficaces sur le plan militaire. Il est établi que le terrorisme n’a que peu d’impact militaire, étant généralement le fait d’organisations dépourvues d’assise étatique.
Le fait que, dans ce cas précis, un État et son gouvernement revendiquent un acte terroriste doit donc nous amener à réfléchir. Ou plutôt, à considérer deux points.
Premièrement, et c’est finalement le moins important, les dirigeants de Kiev ont désormais perdu tout sens des limites. Ils estiment pouvoir utiliser n’importe quel moyen pour retarder autant que possible ce qui semble être l’issue inéluctable du conflit: une victoire russe, avec l’annexion du Donbass et l’éviction de Zelensky et de son entourage, remplacés par un gouvernement à Kiev favorable à Moscou.
Deuxièmement, et c’est plus intéressant, on constate que certains pays occidentaux tendent à justifier l’usage du terrorisme et de l’assassinat politique, en totale violation des "règles de guerre" qu’ils avaient pourtant eux-mêmes établies.
Des règles qui, apparemment, ne devraient s’appliquer qu’aux autres.
Américains et Européens se réservent le droit de s’en affranchir lorsque cela sert leurs intérêts.
Une application intéressante du double standard moral : les autres, tous les autres, doivent respecter les règles. Et s’ils ne le font pas, ils sont bannis, hors-la-loi, criminels.
Mais nous, l’Occident, pouvons faire ce que nous voulons. Car nous, et nos alliés – en l’occurrence l’Ukraine – sommes les "gentils".
A priori.
C’est intéressant… mais il est regrettable que cette méthode ait cessé de fonctionner.
Et, bientôt, nous devrons malheureusement en prendre conscience.
De la manière la plus traumatisante qui soit.
20:18 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, ukraine, russie, igor kirillov, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les gouvernements démocratiques se moquent de leurs propres peuples
Les gouvernements démocratiques se moquent de leurs propres peuples
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/i-governi-democratici-se-ne-fre...
L'Institut de sondage Censis certifie que deux tiers des Italiens sont opposés à la guerre de Zelensky et au soutien qui lui est offert par le gouvernement de Rome et quiest financé aux frais des contribuables italiens. Pourtant, le ministre de la Défense, Guido Crosetto, envisage une augmentation des dépenses publiques en armement, jusqu’à atteindre 2,5% du PIB. Plus de la moitié des Polonais pensent qu’il faudrait mettre fin à la guerre en restituant à la Russie les régions russophones et russophiles mais le gouvernement de Varsovie veut poursuivre la guerre jusqu’au dernier Ukrainien et jusqu’à l’appauvrissement général des Polonais.
En Roumanie, les élections présidentielles sont annulées parce que le peuple a osé voter pour le candidat qui ne plaît pas à Bruxelles. En Géorgie, la présidente, de nationalité française, refuse de céder son siège parce que les Géorgiens ont voté pour le mauvais candidat. En Moldavie, pour renverser le vote populaire, on a fait appel au vote des Moldaves à l’étranger, mais uniquement de ceux qui ont émigré vers des « pays amis ». En France, le président Macron s’appuie sur un gouvernement minoritaire pour éviter d’accepter le verdict populaire qui l’a spectaculairement désavoué.
En Allemagne, le vote dans l’est du pays favorise la droite de l’AfD, mais un blocage se met en place pour exclure ce parti jugé dérangeant. Et peu importe que cela plaise ou non aux électeurs.
Oui, l’avis des électeurs ne compte plus. Le vote ne compte pas. Dans les urnes, un programme précis est approuvé, mais les élus s’en moquent et ne le respectent pas. « Démocratie, démocratie, c’est votre affaire, pas la mienne », chantait quelqu’un dans les années 1970. Mais malheur à celui qui en dit du mal. Car cette oligarchie – composée de politiciens valets au service des marchands de mort, des spéculateurs et des monopoles occidentaux – n’a rien de démocratique. Et encore moins d’aristocratique. Ce ne sont pas des gouvernements tenus par les meilleurs, ce ne sont pas des gouvernements qui dirigent les nations dans l’intérêt de leurs peuples respectifs.
Ce sont des peuples soumis, effrayés. Qui grognent, mais ne réagissent pas.
20:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, démocratie, démocrature, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Sur le chaos syrien
Sur le chaos syrien
par Georges Feltin-Tracol
Le Système médiatique occidental d’occupation mentale ne surprend jamais ceux qui connaissent son fonctionnement interne, examinent son incessante propagande mortifère et détectent son bourrage de crâne. La chute soudaine de la Syrie néo-baasiste en est une éclatante preuve.
Les plumitifs louent les soi-disant « libérateurs » islamo-terroristes et dénigrent le régime déchu. L’islamisme étant un cosmopolitisme, les journalistes occidentaux ne peuvent que se féliciter de cette sinistre victoire. Les Bisounours barbus paradent dans Damas. Dans leur précipitation, les médiacrates commettent cependant des erreurs factuelles.
C’est le 8 mars 1963 que la branche syrienne du Parti socialiste de la Renaissance arabe (ou Baas) s’empare du pouvoir à Damas, un mois après la révolution des 8–10 février à Bagdad. Or, si le gouvernement baasiste irakien demeure orthodoxe, celui de la Syrie s’allie bientôt aux communistes et impose une planification économique proto-soviétique. Des tensions émergent au sein du Baas syrien entre les partisans socialistes du Premier ministre Salah Jedid et la faction politico-militaire du ministre de la Défense nationale Hafez Al-Assad. Ce dernier provoque en 1970 une « révolution de rectification » et élimine la tendance rivale. Al-Assad père renonce implicitement au projet panarabe et entérine une ambition grande-syrienne naguère défendue par Antoun Saadé. L’épouse du dirigeant syrien et mère de Bachar Al-Assad, Anissa Makhlouf, milita dans sa jeunesse auprès du Parti social-nationaliste syrien (PSNS) de Saadé. Ces corrections idéologiques agacent fortement le fondateur du baasisme, Michel Aflak, qui se réfugie en Irak avant de décéder à Paris en 1989.
Emblème du parti Ba'ath et portrait d'Antun Saadé.
Déclenchée le 15 mars 2011, le conflit en Syrie reste un exemple de « guerre moléculaire ». Par cette expression, l’écrivain allemand Hans Magnus Enzensberger dépasse l’habituelle opposition entre deux ensembles belligérants. On dénombre en effet sept protagonistes en Syrie qui se détestent mutuellement (ou presque).
La rébellion se divise en une trentaine de groupes eux-mêmes rivaux dont les plus importants s’appellent l’Armée syrienne dite libre (ASL), le bras armé régional de la Turquie, et Hayat Tahrir al-Cham (HTC ou Organisation de libération du Levant). Par Levant, il faut comprendre l’espace géographique s’étendant de la Syrie au Sinaï en passant par l’Irak, le Liban, la Jordanie, la Palestine et Israël. Son chef actuel, Abou Mohammed Al-Joulani, pseudonyme d’Ahmed Hussein Al-Chara, serait né en 1982 à Riyad en Arabie Saoudite. Ses parents viendraient du Golan annexé par Tel-Aviv.
D’abord affilié à Daech, Al-Joulani (photo) s’en détache et se rallie ensuite à Al-Qaïda. Auparavant, parti combattre en Irak les troupes étatsuniennes, il a séjourné une durée indéterminée dans le camp de rééducation psychologique (avec des drogues issues du projet MK–Ultra?) d’Abou Ghraib. Travaillerait-il ou a-t-il travaillé pour la CIA? Des drones d’origine ukrainienne avec un personnel technique compétent semblent avoir contribué à la progression fulgurante des rebelles vers la capitale. Par ailleurs, HTC entretient d’assez bonnes relations avec les forces kurdes, ce qui semble paradoxal quand on sait qu’Ankara cherche à empêcher toute autonomie territoriale kurde. Al-Joulani dirige depuis plusieurs années la région d’Idleb aux portes de la Turquie. Par-delà un rigorisme islamiste avéré, HTC veut montrer aux journalistes occidentaux que son style de gouvernement ne s’inspire ni de Daech ni d’Al-Qaïda ou des Talibans. Ce mouvement doit aussi composer avec l’ASL et d’autres factions islamistes plus radicales encore guère enclines à partager un éventuel pouvoir.
Bien qu’affaibli, l’État islamique conserve toujours des poches territoriales discontinues dans l’Est syrien près de l’Irak. Contrairement aux rebelles victorieux qui comptent des musulmans venus d’Occident, le volontariat étranger en faveur de Daech s’est fortement tari.
Le troisième groupe en présence est les Kurdes et leur coalition, une vingtaine de mouvements plus ou moins réunis dans les Forces démocratiques syriennes (FDS). Sous l’impulsion de l’antenne locale du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), les contrées kurdes de Syrie – le Rojava – assistent à la formation d’un proto-État pluricommunautaire féministe inclusif écolo-libertaire suivant les indications municipalistes de Murray Bookchin. Maints militants occidentaux d’extrême gauche ont intégré les FDS et souscrivent à cette utopie politique en difficile gestation. L’existence d’un Kurdistan autonome en Syrie irrite un quatrième intervenant, la Turquie, qui, pour la circonstance, retrouve des aspirations néo-ottomanes.
Un cinquième, collectif, aide plus ou moins directement l’action kurde. Il s’agit d’une alliance militaro-diplomatique qui comprend les États-Unis, le Royaume Uni, la France et l’Arabie Saoudite. Surtout orientée contre Daech, cette entente internationale applaudit néanmoins la chute du baasisme syrien. De façon informelle, les troupes étatsuniennes disposent en zone kurde de bases militaires clandestines. Cette présence scandaleuse viole en toute impunité une souveraineté syrienne aujourd’hui bien dissipée. Comment réagirait la Maison Blanche si la Chine installait une base militaire en Irlande ou la Russie au Mexique ?
Le sixième protagoniste est désormais le grand perdant de la période actuelle de cette longue guerre. L’armée loyaliste syrienne n’a pas résisté à la multiplicité des menaces armées. À côté des unités militaires de la République arabe syrienne combattaient diverses milices plus ou moins disciplinées. Outre les sections armées du PSNS probablement passées en clandestinité, le Baas a formé des Forces de défense nationale. Dès 2013 se constitue une Garde nationaliste arabe dont les références politiques divergent du baasisme officiel. Si elle salue le Vénézuélien Hugo Chavez, elle vante aussi l’Égyptien Nasser (guère apprécié d’Al-Assad père) et l’Irakien Saddam Hussein (grand rival de Hafez et de Bachar Al-Assad).
Le front syrien a vu des nationalistes-révolutionnaires originaires d’Europe venir combattre. Lancé en 2018 par la Ligue scandinave active en Islande, en Norvège et en Suède, Thorbrand aurait réuni une cinquantaine de volontaires. Dans la foulée des événements du Donbass en 2014, des nationaux-bolcheviks limonoviens auraient expédié en Syrie vers 2015 – 2016 jusqu’à deux mille combattants enregistrés dans le Mouvement des volontaires Interbrigade. Ils côtoient les quelques Grecs du Lys Noir fondé en 2013 à partir d’un site éponyme hellène qui se réclame des frères Gregor et Otto Strasser. Enfin, le Polonais Bartosz Bekier (photo, ci-dessus) anime la Falanga (la « Phalange »). Héritier radical du théoricien nationaliste russophile Roman Dmowski, il mêle un nationalisme grand-polonais qui lorgne sur l’Ukraine occidentale et une vision néo-eurasiste encouragée par Alexandre Douguine. Il est presque certain que ces combattants ont été rapatriés sur le front ukrainien.
Le septième intervenant est enfin l’État d’Israël. Il fait dorénavant face à cinq fronts simultanés (Gaza, Sud-Liban, Cisjordanie, Yémen et donc Syrie). Les bombardements massifs des sièges de commandement syriens, des arsenaux, des centres de stockage d’armes chimiques et techniques développées, des aéroports militaires et des installations navales représentent un entraînement grandeur nature dans la préparation de la prochaine attaque aérienne et informatique contre l’Iran. Cette offensive contre les laboratoires de recherche nucléaire iraniens commencera au lendemain de l’investiture de Donald Trump fin janvier 2025. De plus en plus christianophobe (qu’en pensent les idiots utiles d’une supposée droite nationale française servile ?), l’État hébreu prépare la déportation générale des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie occupée vers la Syrie. Le retour de Trump au pouvoir facilitera probablement l’annexion à venir des terres palestiniennes au mépris de toutes les conventions internationales.
L’« Axe de la Résistance » anti-sioniste est brisé. Le jour où l’Arabie Saoudite obtient de la FIFA l’organisation de la Coupe du monde de football 2034, une déflagration géopolitique inouïe bouleverse tout le Proche- et Moyen-Orient. Les nervis occidentaux de la presse de grand chemin n’ont toujours pas compris que la prise de Damas par les islamistes constitue déjà un très rude coup porté contre la civilisation européenne.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 138, mise en ligne le 17 décembre 2024 sur Radio Méridien Zéro.
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samedi, 21 décembre 2024
L'UE rouvre ses relations diplomatiques avec le nouveau gouvernement djihadiste du Califat syrien
L'UE rouvre ses relations diplomatiques avec le nouveau gouvernement djihadiste du Califat syrien
Source: https://dissident.one/eu-gaat-diplomatieke-betrekkingen-m...
L'Union européenne va bientôt engager un dialogue formel avec les nouveaux dirigeants islamistes en Syrie et rouvrir sa délégation diplomatique dans le pays, ont annoncé mardi 18 décembre Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère du bloc, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, rapporte l'EC.
Cette décision fait suite à des annonces de plusieurs pays occidentaux, dont l'Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis, visant à rétablir leurs relations diplomatiques avec Damas après la chute du régime d'Assad.
La délégation de l'UE en Syrie, qui fonctionnait en pratique comme l'ambassade du bloc, n'a jamais été officiellement fermée, mais le dialogue avait été suspendu en raison de l'absence d'ambassadeur accrédité à Damas durant la guerre civile commencée en 2011.
« Nous souhaitons que cette délégation redevienne pleinement opérationnelle », a déclaré Kallas, ancienne Première ministre d'Estonie, mardi dernier devant le Parlement européen. Elle a ajouté avoir déjà ordonné lundi à la délégation de se rendre à Damas et d'établir des contacts avec tous les principaux groupes rebelles, y compris le dirigeant du Hayat Tahrir al-Sham (HTS).
Le HTS, issu du Front al-Nosra, une scission d'Al-Qaïda, est désigné depuis 2018 comme une organisation terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies. Toutefois, étant donné qu'il a joué un rôle de premier plan dans les efforts visant à renverser le régime d'Assad et qu'il est désormais la faction dominante dirigeant le pays, l'ONU envisage de le retirer de la liste pour faciliter les interactions futures.
« À ce que l'on sait, ils ont agi avec prudence jusqu'à présent », a expliqué un porte-parole allemand, justifiant pourquoi Berlin fut l'une des premières capitales à établir des liens avec le HTS.
La stabilité régionale est actuellement la priorité de l'UE, Bruxelles craignant qu'un éventuel effondrement de la fragile situation actuelle ne provoque une nouvelle guerre civile et une crise migratoire similaire à celle de 2015-2016.
De plus, soutenir la direction sunnite du HTS pourrait être le seul moyen d'empêcher d'autres acteurs, comme l'Iran, la Russie ou même Daech (ISIS), de combler le vide laissé par Assad.
Mohammad al-Joulani était effectivement un émir de l’État islamique. Les mensonges de l'UE tentent désormais de faire comme si cela n'avait jamais été le cas.
« L'imprévisibilité de la situation exige une prudence extrême », a déclaré von der Leyen le même jour lors d'une visite au président turc Recep Tayyip Erdoğan à Ankara. « Le risque d'une résurgence de Daech (État islamique), notamment dans l'est de la Syrie, est réel. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire », a affirmé la cheffe de la Commission.
Un autre objectif est de garantir que la Russie ne regagne pas une position d'influence dans le pays. Lundi, Kallas a déclaré qu'une des principales exigences que l'UE adressera à la direction du HTS sera la fermeture des bases militaires russes restantes en Syrie.
« De nombreux ministres des Affaires étrangères ont souligné que cela devrait être une condition pour la nouvelle direction: se débarrasser également de l'influence russe, car c'est une base où ils mènent aussi leurs activités vers l'Afrique et les pays voisins du Sud », a déclaré Kallas. « Nous aborderons donc cette question avec la direction lors de nos réunions. »
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Comment un dialogue énergétique entre la Russie, l'Inde et la Chine (RIC) peut déboucher sur un réseau électrique panasiatique
Comment un dialogue énergétique entre la Russie, l'Inde et la Chine (RIC) peut déboucher sur un réseau électrique panasiatique
Le super-réseau asiatique peut devenir une réalité si la Russie, l'Inde et la Chine parviennent à un consensus.
Atul Aneja
Source: https://atulaneja.substack.com/p/how-a-russia-india-china...
L'idée d'un grand réseau électrique panasiatique a germé en 2011, dans le contexte du tsunami qui a frappé l'Asie cette année-là.
La triple catastrophe du tremblement de terre, du tsunami et de la fusion nucléaire qui a frappé le nord-est du Japon en mars 2011 a servi de signal d'alarme pour Masayoshi Son, fondateur, président et directeur général de SoftBank Group, une multinationale japonaise spécialisée dans les télécommunications et l'internet.
Ayant perçu les dangers des centrales nucléaires de Fukushima, M. Son (photo) a ressenti le besoin de remplacer l'énergie nucléaire par des énergies renouvelables plus sûres et plus propres pour un avenir meilleur. L'aversion pour la technologie nucléaire est d'autant plus compréhensible qu'elle se nourrit de la mémoire collective des horreurs vécues lors des attaques nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki.
Pour accélérer le déploiement d'énergies renouvelables propres, sûres et abordables, Son a fondé le Renewable Energy Institute (REI). Cela a conduit à la conceptualisation de l'« Asia Super Grid (ASG) » en septembre 2011.
Parallèlement, une avancée technologique majeure avait eu lieu en Chine, qui allait jouer un rôle clé dans la concrétisation des rêves de Son.
Au début des années 2000, la Chine était confrontée à d'importantes pannes d'électricité dues à des pénuries d'énergie. Le nœud du problème était la transmission. Alors que les ressources énergétiques telles que le charbon et le gaz se trouvaient dans le nord, le nord-ouest et le sud-ouest du pays, les centres de la demande majeure d'énergie se trouvaient dans les zones industriels le long des côtes est et sud, dans et autour de villes animées telles que Shanghai et Guangzhou.
La solution a été imaginée par Liu Zhenya (photo), alors directeur du StateGrid chinois. Liu a proposé de résoudre le problème de transmission en établissant des lignes électriques à ultra-haute tension (UHV). Contrairement aux lignes conventionnelles, les lignes de transport à très haute tension peuvent transférer de grandes quantités d'énergie sur de longues distances. En effet, cette technologie permet de réduire au minimum les pertes d'énergie pendant le transport.
En 2006, le transport d'électricité à très haute tension a été intégré au plan quinquennal de la Chine. La Chine a donc commencé à construire une liaison de 640 km entre le centre charbonnier de Shanxi, au nord, et la province centrale de Hubei, en passant par un point d'arrêt au milieu. En 2009, cette ligne est devenue opérationnelle.
D'autres projets plus ambitieux ont suivi. Par exemple, la ligne Xiangjiaba-Shanghai a été achevée en 2010. Il s'agissait alors du système de transmission le plus long et le plus puissant au monde. En transmettant 6,4 gigawatts, la ligne répondait à près de 40 % de la demande d'électricité de la ville.
En avril 2024, la Chine avait mis en place 38 lignes à très haute tension, capables d'acheminer de l'énergie conventionnelle et renouvelable sur de vastes distances.
Les avancées chinoises en matière de transport à longue distance ont rendu le projet ASG de Son réalisable.
Une fois la transmission à longue distance en place, SoftBank a recherché des centres de production d'énergie sur de vastes territoires. Le groupe SoftBank a donc créé la SB Energy Corp. pour mettre en place des centrales de production d'électricité renouvelable au Japon.
L'entreprise a également cherché des partenaires en dehors du Japon pour renforcer l'approvisionnement en énergie renouvelable. La Mongolie a été retenue en raison de son énorme potentiel en matière d'énergie éolienne. C'est ainsi que SB Energy Corp. a créé Clean Energy Asia LLC avec Newcom LLC, un conglomérat mongol, comme partenaire. La coentreprise a obtenu un droit de location de terres dans le désert de Gobi pour les 100 prochaines années afin de développer et d'exploiter des parcs éoliens d'une valeur de 7 GW. L'entreprise a également créé une coentreprise appelée SBG Cleantech Ltd en Inde, avec l'entreprise indienne Bharti Enterprises Pvt. et le groupe technologique taïwanais Foxconn, pour développer un parc photovoltaïque solaire de 350 MW dans l'État indien de l'Andhra Pradesh.
Après avoir obtenu une capacité suffisante en matière d'énergie renouvelable, le prochain défi pour Son était d'acheminer l'énergie renouvelable au Japon et dans toute l'Asie. L'entrepreneur japonais a trouvé en Liu Zhenya, pionnier chinois de la transmission UHV, un partenaire de choix. Le duo s'est associé à Hwan-Eik Cho, président-directeur général de Korea Electric Power Corp. (KEPCO), une compagnie d'électricité publique sud-coréenne. En mars 2016, ces trois organisations ont été rejointes par Rosseti, un opérateur russe d'énergie électrique et de réseau.
Le quatuor a signé un protocole d'accord pour mener des études de faisabilité technique et économique en vue de la création d'un réseau de transmission international en Asie du Nord-Est.
L'accord a débouché sur l'idée de créer un « anneau d'or » desservant la majeure partie de l'Asie. Pour concrétiser cette idée, il est envisagé de transmettre l'énergie éolienne produite en Mongolie au Japon, en passant par la Chine et la Corée du Sud, via des câbles de transmission sous-marins. Par ailleurs, l'énergie hydroélectrique produite en Russie pourrait être acheminée vers le Japon et d'autres pays. Son qualifie ces deux voies de transport d'énergie d'« anneau d'or » en Asie du Nord-Est.
Tirer parti de la diversité des charges et des ressources
Mika Ohbauashi, directeur de REI, a déclaré que cette intégration interrégionale du réseau peut contribuer à maximiser l'utilisation des énergies renouvelables, qui sont dispersées géographiquement. Une fois les réseaux reliés, il sera possible de tirer parti des différents modèles de charge, y compris des périodes de pointe. En tirant parti de la diversité des charges et des ressources, l'ASG peut accroître la flexibilité des réseaux dans chaque pays.
Les énergies renouvelables s'avèrent également rentables. Par exemple, le coût de l'acheminement de l'hydroélectricité de la Russie vers le Japon par des câbles de transmission sous-marins est inférieur à 10,5 cents/kWh, soit le coût de l'électricité produite par une centrale au charbon au Japon. De même, le coût de l'acheminement vers le Japon de l'énergie éolienne produite en Mongolie via la Chine puis la Corée du Sud est également estimé à moins de 10,5 cents/kWh.
« Les énergies renouvelables sont propres et sûres, mais elles étaient auparavant très chères », aurait déclaré Son de SoftBank. Il ajoute : « En partageant l'énergie renouvelable avec d'autres: « En partageant l'énergie renouvelable entre nous, les énergies renouvelables sont désormais propres, sûres, stables et peu coûteuses ».
Alors que le Japon s'est concentré sur les énergies renouvelables, en particulier après Fukushima, Liu Zhenya, anciennement du StateGrid de Chine, semble plus neutre en termes de sources d'énergie. Liu a proposé un réseau mondial qui tirerait l'électricité des éoliennes du pôle Nord et des vastes réseaux solaires dans les déserts d'Afrique, puis la distribuerait aux quatre coins du monde. Selon M. Liu, ce système produira, entre autres avantages, « une communauté de destin commun pour toute l'humanité, avec un ciel bleu et des terres vertes ».
L'Inde peut devenir un point d'appui majeur dans le super-réseau asiatique. SoftBank a déjà déclaré que la construction d'une centrale solaire de 350 mégawatts dans l'État indien de l'Andhra Pradesh était en cours, et que l'entreprise visait à établir un projet de 20 GW dans le pays, à terme.
Selon une carte du super-réseau asiatique publiée par la REI, l'électricité éolienne produite en Mongolie serait acheminée vers Pékin. De la capitale chinoise, elle sera envoyée à Chengdu, la capitale de la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine. Chengdu devient le point de jonction à partir duquel l'électricité est transmise à travers le Tibet jusqu'au Bhoutan, d'où elle se dirige vers Delhi et est vendue à un coût de 0,14 $ par KW/h. Selon les projections d'ASG, Dhaka est un autre point de jonction à partir duquel l'électricité serait transmise à Chennai au coût de 0,1 dollar par KW/h. Le nœud de réseaux en constante expansion envisage également le rôle de l'Inde en tant que méga-consommateur et plateforme de fourniture et de transit d'électricité pour le Sri Lanka. D'autres opportunités peuvent être explorées dans ce sens.
En fait, à l'instar de la communauté européenne du charbon et de l'acier, qui est devenue le précurseur de l'Union européenne (UE), le GSA peut devenir le noyau d'une Union asiatique (UA) dans les années à venir.
Si l'économie d'un GSA semble être en place, la réflexion géopolitique accuse un sérieux retard. Par exemple, la méfiance entre l'Inde et la Chine risque de faire obstacle, car le projet implique le développement d'infrastructures essentielles.
Si l'Inde et la Chine peuvent entamer un dialogue bilatéral sur l'énergie à la suite de la rencontre décisive du Premier ministre Narendra Modi pour trouver une solution, il serait peut-être prudent d'impliquer la Russie dans la conversation, car Moscou est un acteur majeur de la constellation ASG. Par conséquent, le partenariat énergétique pourrait être un sujet majeur de délibération avec le sous-groupe Russie-Inde-Chine (RIC), qui a déjà tenu des réunions institutionnalisées au niveau des ministres des affaires étrangères avant que la pandémie de Covid ne frappe.
Le RIC peut à son tour inviter le Japon en tant que partenaire dans la discussion sur le projet ASG, qui peut décoller sur la base de la bonne volonté, de l'interdépendance et de l'évaluation des avantages géoéconomiques, qui sont suffisamment importants pour l'emporter sur les différences géopolitiques.
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vendredi, 20 décembre 2024
L'UE adopte un 15ème train de sanctions qui, une fois de plus, ne touche guère la Russie
L'UE adopte un 15ème train de sanctions qui, une fois de plus, ne touche guère la Russie
La nouvelle responsable des affaires étrangères, Kaja Kallas, a présidé lundi sa première réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.
Par Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/12/eu-beschliesst-15-sanktio...
Le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE s'est réuni lundi sous la direction de la nouvelle haute représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, l'Estonienne Kaja Kallas. Il était déjà clair à l'avance que Kallas n'adopterait pas une ligne plus modérée. Au contraire, sous sa direction, l'UE poursuit son escalade, sa politique de sanctions et sa confrontation ouverte - surtout contre la Russie.
Le quinzième train de sanctions a été adopté, qui doit soi-disant frapper la « flotte fantôme » russe. Selon la lecture occidentale, cette flotte sert à contourner le plafonnement des prix du pétrole imposé par les pays du G7. Les sanctions visent 27 pétroliers russes ainsi que 52 autres navires battant d'autres pavillons. Ils se voient désormais interdire l'accès aux ports européens et l'accès aux services européens.
Ce qui est salué à Bruxelles comme une « étape nécessaire » s'avère toutefois, à y regarder de plus près, être une politique symbolique qui ne touche guère la Russie. Le commerce du pétrole s'est depuis longtemps déplacé vers l'Asie, où la Chine, l'Inde et d'autres marchés émergents ont remplacé l'Occident. Les dégâts restent du côté de l'Europe, qui continue de s'affaiblir elle-même en raison de la spirale des prix de l'énergie et des désavantages économiques.
L'UE étend la spirale des sanctions à la Chine et à l'Inde
Mais les sanctions ne s'arrêtent pas là: 54 personnes supplémentaires, dont des représentants des services de sécurité russes, ainsi que 32 entreprises de Chine, d'Inde et d'Iran ont été ciblées. C'est la première fois que Bruxelles s'en prend aussi ouvertement aux entreprises de ces pays. Le fait que l'UE étende désormais sa spirale de sanctions à la Chine et à l'Inde montre à quel point cette orientation est dangereuse.
Tout en croyant imposer sa « politique des valeurs », Bruxelles met en péril les relations européennes avec les puissances économiques émergentes et rend l'Europe encore plus dépendante de partenaires transatlantiques dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec ceux de l'Europe. Une diplomatie réellement souveraine serait différente.
Kallas elle-même profite de son nouveau poste pour augmenter la pression sur l'espace post-soviétique. Dans la perspective des prochaines élections présidentielles en Biélorussie, elle a annoncé que l'UE soutiendrait le « peuple biélorusse » et élaborerait de nouvelles sanctions contre le « régime de Loukachenko ». A Bruxelles, cela sonne comme une noble intention. En réalité, cela signifie une ingérence dans les affaires souveraines qui pourrait déstabiliser davantage le pays.
Ceux qui ne se soumettent pas à Bruxelles seront isolés
La Géorgie s'est également retrouvée dans le collimateur. Le gouvernement de ce pays a annoncé qu'il suspendait le processus d'adhésion à l'UE jusqu'en 2028 - un acte de décision souverain. Pour Kallas et les dirigeants de l'UE, c'est apparemment inacceptable. En guise de sanction, les projets de l'UE financés par le budget doivent être gelés et la circulation sans visa doit être limitée. Une fois de plus, Bruxelles montre ce qu'il faut penser du « partenariat » : celui qui ne se soumet pas sera isolé.
L'Ukraine reste le pilier central de la politique étrangère de Kallas. Outre un soutien militaire supplémentaire, l'intégration de l'industrie de l'armement ukrainienne dans la base européenne est poursuivie. En outre, l'UE revendique un rôle de premier plan dans un futur processus de paix - une revendication remarquable alors que, dans le même temps, on continue à livrer des armes et à ignorer les pourparlers de paix.
Quelques jours avant le Conseil des ministres, Kallas et des ministres des Affaires étrangères comme Annalena Baerbock se sont rencontrés pour adopter la « Déclaration de Berlin ». Cette déclaration se veut une réponse aux éventuels changements de cap des Etats-Unis sous la présidence de Trump. Des garanties de sécurité à long terme pour l'Ukraine doivent pousser l'UE dans un rôle qui n'est ni durable ni dans l'intérêt de l'Europe.
La politique étrangère de Kallas : conflictuelle, peu diplomatique et chargée d'idéologie
La critique de Kallas à l'encontre d'Olaf Scholz et de Viktor Orbán a montré à quel point il reste peu de place pour une diplomatie autonome. Tous deux avaient téléphoné à Poutine - Scholz probablement par calcul de politique intérieure, Orbán avec des propositions concrètes pour une offre de cessez-le-feu à Noël et un échange de prisonniers. Mais Kallas remet en question la légitimité de tels contacts au nom de l'UE.
Derrière cela se cache la prétention de Bruxelles de saper la souveraineté nationale et de monopoliser ses propres canaux diplomatiques. Celui qui agit de manière indépendante est immédiatement remis à sa place par Kallas et ses collègues.
Kaja Kallas incarne le nouveau style de la politique étrangère européenne: conflictuelle, non diplomatique et chargée d'idéologie. Elle agit comme une fauconne politique qui se voit volontiers dans le rôle d'une politicienne de pouvoir - alors qu'elle amène l'UE toujours plus profondément dans une zone de risques économiques et de dépendances politiques.
Kallas pousse l'Europe sur une voie qui coûte cher aux citoyens: des prix en hausse, des désavantages économiques et une paix de plus en plus fragile sont les conséquences de cette politique.
L'Europe n'a pas besoin aujourd'hui d'une « Lady Hawk », mais d'Etats souverains prêts à rechercher le dialogue, à défendre leurs propres intérêts et à ne pas perdre de vue la paix pour des raisons idéologiques. Le temps est venu pour une politique qui ramène l'Europe à la force économique et à l'autonomie politique - au-delà des dogmes de Bruxelles et d'un cours qui ne fait qu'affaiblir l'Europe.
18:12 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, sanctions, europe, union européenne, affaires européennes, kaja kallas | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Du badge de l'État islamique au relooking médiatique: comment le courant dominant pratique la cosmétique de guerre
Du badge de l'État islamique au relooking médiatique: comment le courant dominant pratique la cosmétique de guerre
Source: https://report24.news/vom-isis-patch-zum-pr-makeover-wie-...
Dans le monde surréaliste du reportage de guerre, un phénomène remarquable se répète: les médias occidentaux jouant les conseillers en image pour des groupes de combat aux comportements problématiques. Le dernier exemple en date est celui d’un correspondant d’ABC qui attire subtilement l’attention des "rebelles modérés" en Syrie sur leur symbolique liée à l'État islamique (ISIS), rappelant étrangement une mise en scène similaire observée en Ukraine.
En 2021 encore, les médias occidentaux rapportaient de manière critique l’utilisation ouverte de symboles d’extrême droite par le régiment Azov. Cette unité, arborant le symbole du Wolfsangel – un emblème connu de l’époque nazie – dans son insigne, était qualifiée d’extrémiste dans de nombreux reportages. En 2018, le FBI l’avait désignée dans un rapport comme une "organisation paramilitaire nationaliste".
Cependant, avec le début de l'opération militaire spéciale de l'armée russe, une métamorphose médiatique notable s’est opérée. Les "combattants d’extrême droite" sont soudain devenus des "défenseurs héroïques de Marioupol". Le symbole du Wolfsangel a disparu – tout comme la "Soleil noir" et d’autres emblèmes similaires – peu à peu des reportages, tandis que les critiques s’atténuaient. Un exemple typique de recodage médiatique.
Ce schéma se répète maintenant en Syrie. James Longman, correspondant en chef d’ABC News pour les affaires internationales, démontre involontairement comment cette correction d’image fonctionne en pratique. "Le logo de l’État islamique pourrait être mal interprété en Occident" – une façon diplomatique de dire : "Changeons l’apparence". Ali Abunimah, d’Electronic Intifada, résume bien la situation: "Les combattants interprètent ses commentaires comme un conseil amical sur leur présentation". La comparaison avec le régiment Azov s’impose, ce dernier ayant également adapté son apparence extérieure, tout en maintenant une orientation idéologique largement inchangée.
Cette forme de cosmétique journalistique suit un schéma inquiétant : ce qui était considéré hier comme extrémiste devient aujourd’hui acceptable grâce à une mise en scène médiatique habile. Le symbole du Wolfsangel disparaît, l’emblème ISIS est retiré – mais le problème de fond demeure. Des changements cosmétiques ne constituent pas des réorientations profondes.
C’est une forme de journalisme qui masque davantage la réalité qu’elle ne la révèle. Alors qu’en Ukraine, le régiment Azov a été réhabilité par les médias, nous assistons désormais en Syrie à un processus similaire de requalification des jihadistes les plus brutaux. Les médias occidentaux semblent agir moins comme des observateurs critiques que comme des conseillers en relations publiques. Ironiquement, tandis que la Russie exploite évidemment cette évolution à des fins de propagande, les médias occidentaux sapent leur propre crédibilité. Une chose est claire : un loup déguisé en mouton reste un loup – que ce soit à Marioupol ou en Syrie.
17:47 Publié dans Actualité, Manipulations médiatiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manipulation médiatique, actualité, syrie, hts, rebelles syriens, cosmétique de guerre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Grande-Bretagne: relations diplomatiques avec les rebelles syriens
Grande-Bretagne: relations diplomatiques avec les rebelles syriens
Source: https://unser-mitteleuropa.com/154204
Selon David Lammy, chef du ministère britannique des Affaires étrangères, la nouvelle organisation dirigeante syrienne, « Hayat Tahrir al-Sham » (HTS), reste inscrite sur la liste noire du gouvernement britannique. Cependant, cela n’exclut pas que Londres ait établi des relations diplomatiques avec cette organisation, ce qui est désormais le cas.
Lammy a déclaré à la « BBC »: « La Grande-Bretagne souhaite instaurer un gouvernement représentatif et non exclusif en Syrie, mais également sécuriser les stocks d’armes chimiques syriens afin que personne ne puisse les utiliser. Londres vise aussi à mettre fin à la violence en Syrie. »
Ainsi, le gouvernement britannique s’efforcera de… « communiquer avec HTS par tous les canaux possibles, y compris diplomatiques et de renseignement, dans les domaines où cela est nécessaire » – a ajouté le ministre britannique des Affaires étrangères.
Bien que le « HTS » reste pour le moment sur la liste des organisations interdites, car le groupe « est issu du réseau terroriste Al-Qaïda », responsable de la mort de nombreuses personnes en Grande-Bretagne, Londres souhaite désormais juger le « HTS » sur ses actes, a poursuivi Lammy.
Groupe terroriste interdit depuis 2012
En 2012, le gouvernement britannique avait désigné le « HTS » comme une organisation terroriste en vertu de la loi antiterroriste et interdit toutes ses activités au Royaume-Uni, le groupe ayant été lié par le passé à Al-Qaïda. Cependant, le « HTS » a rompu ses liens avec ce réseau terroriste en 2016.
Selon la législation antiterroriste britannique, il est illégal d’être membre d’un groupe figurant sur la liste des interdictions ou de soutenir activement ses activités. Ces infractions sont passibles de peines pouvant aller jusqu’à 14 ans de prison.
Parmi les 79 groupes figurant sur la liste des interdictions, on trouve, en plus du « HTS », le mouvement islamiste radical « Hamas » dans la bande de Gaza, la milice chiite libanaise « Hezbollah », alliée à l’Iran, le groupe jihadiste « État islamique » et le groupe de mercenaires russe « Wagner ».
Rapprochement prudent
Pat McFadden, ministre britannique chargé des relations intergouvernementales, a également déclaré récemment à la « BBC » que le gouvernement britannique « envisageait », s’il était nécessaire, de continuer à classer le groupe syrien comme une organisation terroriste.
McFadden, le deuxième plus haut fonctionnaire du Cabinet Office après le Premier ministre Sir Keir Starmer, a ajouté que le chef du « HTS », Abu Mohammed al-Julani, s’était…
…« distancé de certaines déclarations qu’il avait faites dans le passé »…
…et avait désormais fait des « déclarations appropriées » concernant la protection des minorités et le respect des droits humains.
Cependant, Starmer a rapidement précisé que « retirer le HTS de la liste des organisations terroristes n’est absolument pas à l’ordre du jour ».
Il y a déjà des contacts personnels
Des images diffusées par « HTS » montrent désormais son dirigeant, Ahmad al-Sharaa, lors d’une rencontre avec des hauts responsables dans la capitale syrienne, Damas. Parmi les personnes présentes sur ces photos figure notamment Ann Snow, envoyée spéciale britannique pour la Syrie.
17:29 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, grande-bretagne, syrie, hts, rebelles syriens, levant, proche-orient | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 19 décembre 2024
Argentine: chute libre
Argentine: chute libre
La consommation s'effondre en Argentine: elle a chuté de 9,6% en novembre
Pablo J. Davoli (*)
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2024/12/reporte-argen...
Récemment, un rapport de la société de conseil Scentia, basé sur les ventes des principales chaînes de supermarchés et de magasins en libre-service du pays, a été rendu public. Ce rapport confirme l'évolution d'un grave problème que plusieurs économistes et hommes d'affaires ont mis en garde depuis plusieurs mois: la consommation en Argentine est en chute libre.
En effet, selon l'enquête contenue dans le rapport, en octobre 2024, la baisse de la consommation, en général, a atteint 20,4% en glissement annuel, accumulant une baisse de 12,8% depuis le début de l'année ([1]) Plus précisément, dans le cas des supermarchés, la rétraction a atteint 20,7% (zone métropolitaine de Buenos Aires: 18,2%; reste du pays: 22,8%), avec une accumulation de 12,8% depuis le début de l'année. Pendant ce temps, dans les magasins de libre-service de gros, la dynamique a atteint 20,2% et 11,8%, respectivement.
De plus, l'évolution mensuelle des volumes de vente ne montre aucune reprise. Au contraire, depuis le mois d'avril de cette année, on observe une stagnation des volumes vendus ([2]). La chute de la consommation est si prononcée que, dans les hypermarchés, des rabais de 25% ont été fixés sans plafond de remboursement, tandis que, dans le secteur du commerce de gros, des ventes aux enchères spéciales de marchandises à bas prix ont été lancées pour voir la possibilité de réduire les pertes ([3]).
En outre, le rapport indique que les chutes brutales ont été vérifiées dans la totalité des catégories de produits contrôlées. Néanmoins, les baisses les plus importantes ont été observées dans la catégorie des produits que Scentia classe comme impulsifs. Cette catégorie a enregistré une baisse de 29,1% et, compte tenu de l'ampleur de la diminution, elle est suivie des catégories suivantes:
- Hygiène et cosmétique:25,8%
- Boissons alcoolisées: 22,3%.
- Boissons non alcoolisées: 17,1%.
- Petit-déjeuner et snacks: 19,3%.
- Ménage et nettoyage du linge: 18,2%.
- Denrées périssables: 17,2%.
- Alimentation: 17,1%.
Face à ce panorama, les grandes entreprises de consommation de masse ne prévoient d'atteindre les niveaux de vente de 2022 et 2023 que dans deux ou trois ans, selon un homme d'affaires qui s'est confié à un portail d'information numérique argentin bien connu ([4]).
En privé, les entrepreneurs reconnaissent que, pour retrouver le niveau des ventes, il est nécessaire de récupérer le pouvoir d'achat des salaires ([5]). En même temps, les analystes de la consommation affirment qu'avec les fortes augmentations des prix des services qui se sont produites à la fin de l'année dernière, les dépenses des ménages ont été reconfigurées, réduisant la disponibilité de l'argent à dépenser pour les aliments consommables ([6]). En outre, dans la période du 23 octobre au 24 octobre, la variation des prix a été de 197,9% ([7]).
Certes, depuis l'arrivée de Javier Milei au gouvernement, jusqu'en octobre 2024, le salaire minimum, vital et mobile a été réduit de 28,4%, en termes réels. Cela représente une diminution de près d'un tiers par rapport à la fin de l'année dernière et d'environ la moitié par rapport à la fin de l'année 2015, selon le dernier rapport du Centre de recherche et de formation de la République argentine (C.I.F.R.A.).
Concrètement, ce rapport arrive aux conclusions suivantes, qui sont reproduites presque mot pour mot, en reprenant exactement toutes les données statistiques :
* Le salaire minimum, vital et mobile a subi une perte brutale de pouvoir d'achat, dès l'entrée en fonction du gouvernement actuel. C'est la conséquence de la dévaluation de la monnaie et de son impact sur les prix. Dans les mois qui ont suivi, au sein du Conseil national pour l'emploi, la productivité et le salaire minimum, vital et mobile, c'est le ministère du Travail qui a déterminé les augmentations nominales, ce qui fait qu'il est resté pratiquement figé à cette valeur déprimée. Il n'y a eu aucun redressement du salaire minimum. Ce salaire qui, en octobre, à 0,271,571 $, affichait une valeur réelle inférieure de 28,4% à celle de novembre 2023.
* Cette perte se cumule avec les reculs des années précédentes: le salaire minimum a vu son pouvoir d'achat diminuer de plus de 10% pour chacune des années 2018, 2019 et 2020. En octobre 2024, le pouvoir d'achat du salaire minimum était inférieur de 39,9% à celui de novembre 2019, à la fin du gouvernement Cambiemos, et de 54% à celui de novembre 2015.
* Le recul historique est tel que la valeur réelle du salaire minimum est déjà inférieure à ce qu'elle était pendant la majeure partie des années 1990 et même pendant la crise finale du régime de convertibilité des monnaies, qui s'est produite en 2001-2002.
* Une comparaison du salaire minimum avec les seuils de pauvreté et d'indigence révèle une situation pire que celle de l'année critique 2001.
En octobre, le salaire minimum ne permet d'acheter que 54,3% du panier alimentaire de base qui définit le seuil d'indigence pour une famille typique et un peu plus d'un quart du panier correspondant au seuil de pauvreté.
* Si la perte de pouvoir d'achat du salaire minimum qui s'est produite depuis la fin de l'année 2015 jusqu'à aujourd'hui n'avait pas eu lieu, en octobre dernier, le salaire minimum aurait été supérieur à 590.000 dollars (mesuré en pesos de ce mois) et aurait représenté plus de 143% du panier alimentaire de base mentionné ci-dessus.
À la lumière de ces observations, il est clair que nous sommes confrontés à une double chute, étroitement liée: celle de la consommation de masse et celle du pouvoir d'achat. Ceci est en consonance inquiétante avec une autre chute brutale: celle de l'activité industrielle. A cet égard, M. Carlos Aga rappelait il y a quelques jours que :
- En novembre 2024, la moyenne de l'ensemble de l'industrie, selon l'indice d'activité industrielle de l'Institut national de la statistique et des recensements (INDEC), est de -12% (soit une baisse de 12%).
- Plus de 50% de la capacité industrielle installée du pays est inactive.
- En moyenne, 12,5 PME (petites et moyennes entreprises) ferment leurs portes... par heure ! Cela signifie qu'environ 80 employés perdent leur emploi... Toujours par heure !
Bref, il s'agit d'un phénomène dramatique, aussi implacablement logique que hautement problématique, qui constitue une facette supplémentaire de ce nouveau maillon de la chaîne déjà longue (et lourde !) d'échecs politico-économiques ostensibles que subit le peuple argentin depuis au moins une décennie ([8]).
Malgré tout, l'Argentine est toujours debout... Et, dans les entrailles de ses terres et de ses mers, comme dans les profondeurs de l'âme de son peuple, elle conserve -en état de semi-dormition- une énorme capacité de récupération... Du moins, pour l'instant...
Principales sources consultées:
* Article non signé. Chute de la consommation : les ventes dans les supermarchés ont baissé de 20,4 % par rapport à l'année précédente. Ámbito Financiero. 16/11/24.
https://www.ambito.com/economia/caida-del-consumo-las-ven...
* Glezer, Luciana. Le côté obscur du modèle : la consommation s'effondre et le salaire minimum est pire qu'en 2001. La Política Online. 03/12/24.
https://www.lapoliticaonline.com/economia/el-consumo-no-m...
* González, Mariana. Informe sobre la evolución del Salario Mínimo, Vital y Móvil. Centre d'information et de formation de la République argentine. 26/11/24.
https://centrocifra.org.ar/informe-sobre-la-evolucion-del...
* Maza, Agustín. La consommation de masse a chuté de 20,4 % d'une année sur l'autre en octobre et les ventes stagnent depuis avril. Infobae. 15/11/24.
https://www.infobae.com/economia/2024/11/15/el-consumo-ma...
* Interview télévisée du Lic. Juan Manuel Soaje Pinto au Lic. Carlos Aga, dans le programme Contracara de la chaîne TLV1, le 04/12/24.
https://www.youtube.com/watch?v=hG-euNlJx1s
Tous ces documents ont été vérifiés pour la dernière fois par l'auteur le 07/12/24.
(*) Pablo J. Davoli est avocat, analyste politique, professeur d'université et écrivain. Il est également conseiller législatif au Sénat de la République argentine et représentant de l'Association d'amitié euro-sud-américaine (A.A.E.S.A.) en Argentine.
Notes:
[1] En septembre, une baisse de 22,3% avait été enregistrée, la plus forte des vingt dernières années (dans le domaine des grandes chaînes de supermarchés, elle était de 21,2%).
[2] « Une donnée très consultée par différents secteurs est ce qui s'est passé par rapport au mois précédent et, bien qu'il ne s'agisse pas d'un indicateur suivi par les questions saisonnières, exceptionnellement nous le suivons et nous pouvons dire que depuis avril il y a une situation de stabilité des ventes et pour avoir un regard plus précis, il en va de même pour les ventes quotidiennes moyennes », a expliqué le directeur de « Scentia », Osvaldo del Río (Infobae, 15/11/24).
La fin de l'année approche, c'est la haute saison pour les supermarchés, et seules quelques chaînes affirment qu'au cours du dixième mois de l'année, elles ont vendu plus qu'en septembre, en analysant la moyenne journalière. D'autres, en revanche, insistent sur le fait que les unités vendues sont restées stables au cours des derniers mois. En fait, selon des sources du cabinet Scentia, qui mesure l'évolution des ventes de produits alimentaires, de boissons, d'hygiène et de nettoyage sur une base mensuelle, les unités vendues en octobre sont restées « flat » - inchangées - depuis avril (Infobae, 12/11/24).
[3] La Política Online, 03/12/24.
[4] Idem ci-dessus.
[5] Idem ci-dessus.
[6] Infobae, 15/11/24.
[7] Ámbito Financiero, 16/11/24.
(8] Nous avons analysé d'autres aspects problématiques de la phase actuelle de la crise argentine dans nos précédents rapports sur l'Argentine, n°1 et 2, datés respectivement du 24/08/24 et du 13/10/24.
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Bienvenue dans la post-démocratie européenne
Bienvenue dans la post-démocratie européenne
Salvatore Bravo
Le cas roumain n'est pas un « cas » isolé et le roi (en l'occurrence l'Occident) est de plus en plus nu. Recommençons à penser et à travailler dur pour sauver la démocratie en regardant Toyland en face, c'est le premier pas pour nous sauver de l'abîme...
La Cour constitutionnelle de Roumanie a annulé le premier tour de l'élection présidentielle. Le candidat Călin Georgescu est accusé d'être un pro-russe, car pendant la campagne électorale, il a promis de suspendre l'aide militaire à l'Ukraine. Il s'agit d'une Europe démocratique tenue en laisse par les atlantistes. Nous sommes en démocratie tant que nous élisons des représentants alignés sur les politiques de la ploutocratie transnationale. Le premier fait indiscutable est que la démocratie bourgeoise en Europe est désormais un héritage du passé. Nous sommes désormais dans la post-démocratie, une nouvelle forme de totalitarisme qu'il faut comprendre et définir.
Nous savions que la volonté du peuple ne compte pas. Le peuple n'est qu'un pion dans la lutte entre les oligarchies capitalistes. Les médias et les moyens superstructurels sont utilisés pour manipuler et inoculer l'opium avec lequel on domine les consciences. La transformation des Russes en monstres, avec les peurs et les terreurs qui y sont associées, est un moyen efficace de diviser les peuples, de les fragmenter et de les conduire à l'abattoir.
La Roumanie, dont les voisins sont l'Ukraine et la Russie, semble reproduire, d'une manière différente, ce qu'a vécu l'Ukraine. Annuler les élections pour mettre au pouvoir un candidat pro-OTAN, c'est créer les conditions d'une possible guerre civile et, en même temps, ouvrir potentiellement un nouveau front de guerre pour « expulser les Russes qui sont entrés en Roumanie avec Tiktok ».
Ils ne disent rien du fait que la Roumanie abrite l'une des plus grandes et des plus importantes bases de l'OTAN dans le monde, de sorte que la présence de cette base de l'OTAN ne peut qu'influencer la politique de la Roumanie ; en outre, présenter le peuple roumain comme conditionnable par Tiktok dénote un racisme subtil. Les Roumains doivent être protégés d'eux-mêmes et n'ont donc pas la capacité de résister aux pressions extérieures, c'est pourquoi la loi intervient pour les protéger des probables influences russes. En bref, les Roumains doivent être protégés et mis sous tutelle sous l'aile de l'OTAN, une aile bourrée de missiles.
Nous sommes tous incapables de nous opposer aux oligarchies transnationales. Nous vivons un nouveau chapitre du mépris des élites pour le peuple. Un mépris marqué par le désespoir, alors qu'une opposition aux politiques européennes, encore sans projet clair, s'organise dans les entrailles des peuples. Les processus de déréalisation échouent face à un quotidien de plus en plus invivable et irrationnel. La réduction des dépenses publiques et la réduction de la population à des consommateurs silencieux de biens et de visions du monde préemballées ne peuvent que conduire à des « surprises électorales ».
La répétition d'élections contestées et de coups d'État (comme en Corée du Sud) dénote également une tentative tragique de contrôler des parties de l'empire qui se dirigent désormais vers un dangereux état de guerre perpétuelle, parce qu'il ne veut pas mourir. Nous sommes à un carrefour de l'histoire et nous n'avons pas d'hommes politiques capables de faire face à ce tournant de l'histoire. Les gens sont seuls, c'est un fait. La solitude est la condition émotionnelle des peuples et de cette condition émotionnelle nous devons espérer que renaîtra un sens de la communauté et de l'identité, respectueux de la social-démocratie et de toutes les identités.
Assiéger la Russie par une série de conflits, telle semble être la stratégie atlantiste désespérée, la menace d'ouvrir de nouveaux fronts de guerre devrait amener les Russes à craindre d'épuiser leurs énergies et les conduire à des intentions plus clémentes à l'égard de l'Ukraine.
Il s'agit d'une stratégie visant à encercler la Russie et à affaiblir la capacité critique des peuples européens par le biais de la russophobie. Terroriser pour que nous ne comprenions pas les dynamiques et les contradictions qui secouent la mondialisation, telle semble être l'intention ultime. Dans le même temps, les peuples européens, de moins en moins éduqués et de plus en plus conditionnés par le contrôle incessant des médias, deviennent l'objet d'une opération de manipulation psychologique sans précédent.
La destruction de l'éducation, remplacée par un parcours éducatif sans contenu et sans solidité critique et sociale, prédispose à une acceptation passive des contingences et des besoins historiques. La famille, lieu d'autonomie et de réflexion, a été dissoute au nom des droits individuels illimités. L'aversion culturelle pour toute forme de libre échange social se manifeste dans le démantèlement culturel. C'est un scandale car elle repose, au moins idéalement, sur la gratuité de l'amour et la stabilité.
La précarité des migrants n'est pas secondaire, les individus perpétuellement déracinés à la recherche d'un salaire de subsistance ne peuvent qu'être indifférents aux événements qui affectent leurs communautés nationales.
En toile de fond, des décennies de destruction du sens de la politique par la déconstruction étudiée des personnalités par le truchement de l'hédonisme de masse. Le capitalisme a régné avec l'utopie Toyland qui a transformé les individus en « ânes braillards », selon Collodi, sans pensée et sans langage. La pensée est le langage de la complexité qui permet de dépasser le manichéisme binaire. C'est la force nihiliste du système qui fait tout s'évaporer lentement.
Ce vide est une opportunité pour nous, les subordonnés, malgré le danger apocalyptique du moment historique, de reconstruire la planification politique sur des bases onto-axiologiques. La volonté éthique de chacun peut faire la différence, si chacun devient un « point de lumière optique » dans la nuit du monde. Si nous nous laissons dominer par le désespoir et les attitudes millénaristes, ils ont déjà gagné.
La guerre en cours est avant tout une bataille culturelle à laquelle nous ne devons pas échapper ; chaque contribution est pertinente pour sauver la civilisation de l'abîme. Commençons à penser différemment et travaillons dur pour sauver la démocratie en regardant Toyland en face, c'est le premier pas pour nous sauver de l'abîme :
« Dans ce pays béni, on n'étudie jamais. Il n'y a pas de cours le jeudi, et chaque semaine se compose de six jeudis et d'un dimanche. Imaginons que les vacances d'automne commencent le premier janvier et se terminent le dernier décembre. Voilà un pays tel que je l'aime beaucoup ! Voilà ce que devraient être tous les pays civilisés ! [1].
L'espoir désespéré est préférable à l'acceptation passive qui devient une complicité avec les destructeurs.
Note:
[1] C. COLLODI, Les aventures de Pinocchio, in Œuvres, édité par D. Marcheschi, Milan, Mondadori « I Meridiani », 1995, p. 479.
Source: https://www.girodivite.it/Benvenuti-nella-postdemocrazia....
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Le monde anglo-saxon se réclame du Grand Israël
Le monde anglo-saxon se réclame du Grand Israël
par Valentin Katasonov
Source: https://telegra.ph/Il-mondo-anglosassone-pretende-di-esse...
Aujourd'hui, le mot « Occident » apparaît dans les médias russes aussi fréquemment que le mot « Russie ». Il en va de même pour les dérivés du mot « Occident »: « civilisation occidentale », « sanctions occidentales », « culture occidentale », « domination occidentale », etc. Wikipédia explique que l'Occident désigne les pays d'Europe occidentale, l'Amérique du Nord, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et quelques autres pays. Les historiens, les politiciens et les philosophes essaient de trouver un dénominateur commun qui unit les pays qui sont ainsi mentionnés. Ils appellent la somme de ces pays la « civilisation occidentale ». Elle réunirait dès lors des pays qui ont une idéologie commune. Le noyau de cette civilisation occidentale est le monde anglo-saxon. En effet, l'idéologie occidentale est née dans les pays anglo-saxons. Le monde anglo-saxon est le regroupement idéologique, politique, militaire et financier de cinq pays: la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. La formation du monde anglo-saxon a commencé au départ de la Grande-Bretagne. Pendant plusieurs siècles, elle a étendu son influence à d'autres parties du monde. Elle a colonisé le Nouveau Monde et créé l'Empire britannique, dans lequel « le soleil ne se couchait jamais ». Il faut d'abord parler de l'influence idéologique de la Grande-Bretagne, puis de son influence politique, militaire, financière et économique.
Au 20ème siècle, le noyau du monde anglo-saxon est devenu les États-Unis d'Amérique. Ils dominent le monde anglo-saxon et l'ensemble du monde occidental par leurs positions géopolitiques, militaires, financières, économiques et idéologiques. J'en viens maintenant à l'idéologie du monde anglo-saxon. Le plus souvent, on dit qu'il s'agit de l'idéologie du libéralisme. Mais le mot « libéralisme » est un terme mal compris. À l'époque soviétique, il existait une définition plus claire de l'idéologie occidentale en général et de l'idéologie anglo-saxonne en particulier: « idéologie du capitalisme », « idéologie de l'impérialisme », « idéologie de la domination mondiale », etc. En outre, on a constaté à l'époque soviétique que dans les pays occidentaux non inclus dans le monde anglo-saxon (comme la France, l'Allemagne, l'Italie, etc.), c'est-à-dire dans les pays d'Europe continentale, l'idéologie est légèrement différente de celle de la Grande-Bretagne, des États-Unis, du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
L'idéologie anglo-saxonne se distingue nettement des autres idéologies. Et ces différences se retrouvent dans les racines religieuses du monde anglo-saxon. Il convient de noter que dans les cinq pays du monde anglo-saxon mentionnés ci-dessus, le protestantisme a été la religion dominante pendant plusieurs siècles. Au moment de la Réforme (au 16ème siècle), le protestantisme est apparu dans de nombreux pays d'Europe, avec des orientations et des nuances différentes. Mais dans les îles de la brumeuse Albion, il avait des nuances bien spécifiques.
Les causes de nombreux événements actuels dans le monde anglo-saxon et dans le monde entier sont à rechercher dans l'Angleterre des 16ème et 17ème siècles. Sans remonter plus loin dans le temps, je rappellerai que certaines mouvances protestantes (en fait des sectes) prêchaient la doctrine de l'exclusivité de leurs membres. Dans le sens d'être les élus de Dieu. Ils partaient du fait qu'eux, les habitants de la Foggy Albion, sont les descendants des tribus d'Israël. Plus précisément, des tribus qui avaient été chassées de la Terre promise. Selon certaines versions, ils sont les descendants de ceux qui ont été expulsés lorsque les Assyriens, au 8ème siècle avant J.-C., ont conquis la partie nord d'Israël avec ses dix tribus de descendants de l'Ancien Testament, soit de Jacob, fils d'Isaac et petit-fils d'Abraham. Il y avait aussi quelques « charismatiques » qui se considéraient comme les descendants des deux tribus restantes, ces Juifs de l'Ancien Testament qui avaient été expulsés de Judée (le royaume du sud) par les armées romaines des empereurs Vespasien et Titus au premier siècle avant J.-C. et qui, après la révolte de Bar Kokhba (132-136 avant J.-C.), avaient été expulsés de la Palestine tout entière. En bref, les protestants britanniques pensaient être les descendants des Israélites de l'Ancien Testament, qui avaient erré à travers le monde en empruntant différentes routes pendant de nombreux siècles. Et finalement, par la volonté du Tout-Puissant, ils se sont retrouvés sur les Iles britanniques.
Comme nous le racontent les historiens, l'idée d'avoir des racines dans l'Ancien Testament n'a pas seulement séduit les Anglais, mais aussi d'autres protestants. Par exemple, en 1590, le huguenot français Pierre Le Loyer a publié un livre intitulé « Les dix tribus perdues ». Il y exprime sa conviction que les Anglo-Saxons, les Celtes, les Scandinaves, les Allemands et d'autres peuples apparentés sont les descendants directs des Israélites de l'Ancien Testament. Au bout d'un certain temps, presque tous les Européens ont abandonné ces théories, n'en ont plus parlé et les légendes sur leur « élection par Dieu » ont été progressivement oubliées.
A l'exception des Anglo-Saxons, tous se sont calmés en ce domaine. Les protestants britanniques les plus « charismatiques » ont continué à se considérer comme le peuple d'Israël. Avec toutes les conséquences que cela implique pour ces « charismatiques » eux-mêmes et pour leur entourage. L'un de ces « charismatiques » était le roi Jacques VI d'Écosse, alias Jacques Ier d'Angleterre (1566-1625), qui se considérait comme le roi d'Israël. Il affirmait avec assurance que le peuple britannique était le descendant direct des dix tribus perdues d'Israël et que le monarque britannique était le véritable héritier du royaume de David, l'ancien roi d'Israël le plus célèbre.
Bien entendu, l'un des représentants les plus éminents du protestantisme pro-israélien était Oliver Cromwell. Le talmudiste juif portugais Menasseh ben Israel (de son vrai nom Manoel Dias Soeiro) a eu une grande influence sur la formation des sentiments pro-israélites de Cromwell. Cromwell n'a jamais caché ses sympathies pour les Juifs et a favorisé par tous les moyens la réinstallation des Juifs de Hollande dans la brumeuse Albion. Bien entendu, Cromwell était également guidé par des considérations économiques: il voyait dans les riches maisons de commerce juives de puissants alliés.
John Sadle (1615-74), ami et secrétaire personnel d'Oliver Cromwell, a publié en 1649 Rights of the Kingdom, qui expose « la généalogie israélite du peuple britannique ».
Au 19ème siècle, les protestants britanniques avaient leurs propres "théologiens" et "scientifiques", qui prouvaient déjà sur une base dite « scientifique » que les habitants de la Grande-Bretagne étaient « génétiquement, racialement et linguistiquement des descendants directs » des tribus perdues de l'ancien Israël. On parlait avec assurance des dix tribus. La période de travail littéraire et scientifique actif sur le sujet de la Grande-Bretagne et d'Israël a probablement été ouverte par le livre de Richard Brothers de 1794, A Revealed Knowledge of the Prophecies and Times (Une connaissance révélée des prophéties et des temps).
Un livre de l'Anglais John Wilson, Our Israelitish Origin, publié en 1840, a suscité un grand intérêt chez les Anglais. De même, un livre de 1879, de John Pym Yeatman, The Shemetic Origin of the Nations of Western Europe (L'origine shemétique -sémitiques- des nations de l'Europe occidentale).
En 1890, le livre de John Garnier Israel in Britain : a brief statement of the evidence proving the Israelite origin of the British race (Israël en Grande-Bretagne: un bref exposé des preuves prouvant l'origine israélite de la race britannique) sort de presse. Ce livre était particulièrement populaire sur le sujet qui nous occupe ici. Il a été réimprimé à plusieurs reprises en Angleterre et dans plusieurs pays anglophones. A lasuite de ce livre, les termes « British Israelism » ou « Israelitism » et « Anglo-Israelism » sont apparus.
Dans la seconde moitié du 19ème siècle, l'israélisme en Angleterre commence à prendre des formes organisationnelles. Les partisans de l'israélisme, qui appartenaient à différents courants du protestantisme, se devaient de trouver des personnes partageant les mêmes idées. En effet, dans certaines églises anglaises, tout le monde n'était pas disposé à partager les vues de l'israélisme. Beaucoup pensaient que les racines israélites du peuple britannique étaient une pure fiction, un mythe. Dans certaines églises protestantes, il y a même eu des schismes à ce propos. Par exemple, le cardinal catholique John Henry Newman (1801-1890) avait été membre de l'Église anglicane pendant la première moitié de sa vie. Cependant, en 1845, il a quitté cette Église anglicane pour rejoindre l'Église catholique romaine. John Henry expliqua la raison de ce choix en déclarant qu'il existait un danger très réel de voir les partisans de l'israélisme britannique « prendre le contrôle de l'Église d'Angleterre ».
À la fin du 19ème siècle, Edward Hine, Edward Wheeler Bird et Herbert Aldersmith fondent le mouvement israélite britannique. L'Anglo-Israel Association est créée et compte, en 1886, 27 branches dans toute la Grande-Bretagne. En 1880, la publication de l'Anglo-Israel Almanach est apparu pour la première fois et a été distribué non seulement dans les îles de la brumeuse Albion, mais aussi dans d'autres pays de l'Empire britannique. L'édition de 1914 contient un aperçu intéressant des groupes qui soutiennent l'idéologie de l'israélisme britannique non seulement dans les îles de la brumeuse Albion, mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, au Canada et aux États-Unis d'Amérique.
L'édition de 1906 de l'Encyclopédie juive indique qu'au début du 20ème siècle, il y avait environ deux millions d'adeptes de l'israélisme britannique en Grande-Bretagne et aux États-Unis d'Amérique.
En 1919, la British-Israel-World Federation (BIWF) est fondée à Londres. En 1922, Covenant Publishing a été fondée pour servir la Fédération. La Fédération existe toujours aujourd'hui et couvre de nombreux pays du Commonwealth britannique.
L'une des pierres angulaires de la plate-forme idéologique de la BIWF est l'affirmation selon laquelle la famille royale britannique est l'héritière par le sang et par l'esprit du roi David d'Israël. Il n'est donc pas surprenant que la Fédération ait toujours eu des mécènes de premier plan. Voici la liste des premiers mécènes (1920): Son Altesse Royale la Princesse Alice, Comtesse d'Athlone (elle est restée sur cette liste jusqu'à sa mort en 1981) ; l'Honorable Comtesse douairière de Radnor ; le Duc de Buckclough ; l'Honorable Lord Guisborough ; l'Honorable Lord St John of Bletsoe ; Son Eminence, l'Evêque des Iles Falkland ; le Révérend Evêque John D. M. McLean et d'autres encore.
Un grand nombre de livres sont publiés en Russie et à l'étranger sur le contexte mondial, la conspiration mondiale, l'élite mondiale. Presque tous les auteurs de ces livres s'accordent à dire que le noyau de l'arrière-scène mondiale (de l'élite) est constitué par les Anglo-Saxons. Leur principale caractéristique n'est même pas leur lieu de résidence, mais leur appartenance religieuse. Ils appartiennent tous à différentes branches du protestantisme et adhèrent à l'idéologie de l'israélisme britannique. Les porteurs de cette idéologie et même les fanatiques de l'israélisme britannique étaient Benjamin Disraeli (premier ministre britannique en 1868 et 1874-1880), Cecil Rhodes (magnat du diamant qui a fondé De Beers), Lord Alfred Milner et d'autres. Ils croyaient fermement à la supériorité des Anglo-Saxons, considérant les autres peuples comme, au mieux, arriérés, voire comme des communautés de sous-hommes, presque des animaux. D'où la conviction totale que le pouvoir sur terre leur a été donné par le Tout-Puissant, à eux, les descendants d'Israël. Et que les autres devaient servir les Anglo-Saxons « choisis par Dieu », être leurs esclaves. Ceux qui ne veulent pas être esclaves doivent être tués sans pitié, car ce sont des sous-hommes, des animaux aux traits humanoïdes.
Ainsi, les Anglo-Saxons ont remplacé Dieu par la race, le sang. Comme l'a écrit la chercheuse Hannah Arendt, Benjamin Disraeli, juif baptisé, s'est soudain souvenu à l'âge adulte qu'il était plus sémite qu'anglais. Et tous les « sémites », selon lui, méritaient le titre d'« aristocrates par nature ». Disraeli, comme l'écrit Arendt, fut « le premier idéologue qui osa remplacer le mot “Dieu” par le mot “sang” ». "La race est tout, et sa base est le sang", "Tout est race, il n'y a pas d'autre vérité". "La question raciale est la clé de l'histoire du monde" : tels sont les points clés de l'idéologie du Premier ministre britannique. Cependant, dans les îles de la brumeuse Albion, selon Disraeli, Juifs et Anglo-Saxons n'ont rien à partager. Ils doivent remplir ensemble leur mission historique, qui est de dominer le monde. Pourquoi n'y a-t-il rien à partager? Parce que les Juifs sont les descendants des deux tribus expulsées de Judée (le royaume du Sud) et les Anglo-Saxons sont les descendants des dix autres tribus (celles qui furent expulsées du royaume du Nord, appelé Israël). La City de Londres, le quartier des plus grandes banques britanniques et internationales, est un symbole frappant de cette unité des descendants des douze tribus d'Israël (celles qui provenaient à l'origine de Jacob, fils d'Isaac et petit-fils d'Abraham). De nombreux Anglo-Saxons modernes partagent le point de vue de Disraeli et pensent donc qu'il est plus correct d'utiliser le terme « paix anglo-juive » plutôt que « paix anglo-saxonne ».
L'israélisme britannique est une idéologie raciste pure, sur laquelle l'Empire britannique a été construit. C'est sur la base de cette idéologie raciste anglo-saxonne que naîtra plus tard le fascisme britannique (apparu avant même les versions italienne et allemande). L'idéologie raciste britannique sera ensuite implantée en Allemagne et prendra la forme du national-socialisme du Troisième Reich (où le rôle de surhommes est attribué aux soi-disant « Aryens »).
Une description assez compacte de l'histoire et de l'essence de l'israélisme britannique peut être trouvée dans l'ouvrage suivant: William H. Brackney, Historical Dictionary of Radical Christianity.
Au 20ème siècle, un grand nombre de livres sur le sujet de l'israélisme britannique ont continué à être publiés en Angleterre, ainsi que dans d'autres pays du Commonwealth britannique. Alexander James Ferris a été particulièrement prolifique dans ce domaine. Je citerai quelques-uns de ses ouvrages les plus significatifs :
Armageddon is at the doors (Armageddon est aux portes, 1933) ;
The British-Israeli Teaching on the 'Signs of the Approaching End of the Age' (1933) ;
Why the British are Israel : nine conclusive facts showing that the Anglo-Saxons represent the House of Israel of the Scriptures (Pourquoi les Britanniques sont Israël : neuf faits concluants montrant que les Anglo-Saxons représentent la Maison d'Israël des Ecritures) (1934) ;
L'enseignement israélo-britannique sur la grande pyramide de Gizeh (1934) ;
Le trône éternel de David (1935) ;
The Great Pyramid : A Simple Explanation of the Great Pyramid's Divine Message to the Anglo-Saxon Race (1935) ;
Le couronnement et le trône de David, 1940 ;
Great Britain & The U.S.A. Revealed as Israel. The New Order (La Grande-Bretagne et les États-Unis révélés en tant qu'Israël. Le nouvel ordre, 1941).
When Russia invades Palestine (Quand la Russie envahit la Palestine, 1945) ;
Palestine for Jews or Arabs (Palestine pour les Juifs ou les Arabes? 1946).
Une grande partie des propos de cet adepte fanatique de l'israélisme britannique devient évidente dès que l'on lit le titre de ses livres. Il exalte la famille royale britannique en tant qu'héritière du roi David. Il parle des racines israélites des Britanniques, faisant d'eux le « peuple élu de Dieu ». Citant l'Apocalypse, il est certain de la fin imminente de ce monde « pécheur », qui sera suivie d'un millénaire de règne de la couronne britannique. Enfin, il conclut que les « élus » de Dieu ne vivent pas seulement sur les îles de la brumeuse Albion. On les trouve dans d'autres pays du Commonwealth britannique. Et ils sont particulièrement nombreux dans le Nouveau Monde.
Il y a environ 400 ans, 30.000 puritains charismatiques se sont installés en Nouvelle-Angleterre pour y créer une société théocratique. Puritains, baptistes, méthodistes et autres colons britanniques à tendances religieuses particulières ont impitoyablement massacré les Indiens. La colonisation active du Nouveau Monde par les Britanniques s'est poursuivie pendant plus de deux siècles. Bien entendu, les colons ne venaient pas seulement des îles de la brumeuse Albion, mais aussi d'Europe continentale: de France, de Hollande, de Suisse, d'Allemagne, de Belgique et d'autres pays. Mais l'épine dorsale de l'État américain restait les charismatiques natifs de Grande-Bretagne (d'Angleterre, du Pays de Galles, d'Écosse, d'Irlande). C'est leur protestantisme teinté d'israélisme britannique qui est devenu l'idéologie dominante dans le Nouveau Monde. Sans tenir compte de cette base idéologique et religieuse ancrée en Amérique, il est difficile de comprendre la politique étrangère des États-Unis dans le Nouveau Monde et surtout durant l'époque moderne. Et de comprendre l'invisible communauté de vues entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui forme un seul monde anglo-saxon cherchant à soumettre le reste de l'humanité.
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La Russie et son double
La Russie et son double
Ouvrage édité par "Perspectives libres", novembre 2023
Exposé liminaire
par Gérard Conio
J’ai écrit ce livre pour donner de la Russie une autre image que celle propagée par une russophobie délirante fondée sur l’ignorance et le dénigrement systématique.
J’ai voulu montrer tout d’abord l’état rédhibitoire de la Russie que j’ai constaté en 1996 pour qu’on puisse le comparer à l’essor qu’elle connaît aujourd’hui grâce au redressement opéré par Vladimir Poutine, depuis son accession à la présidence.
Ce que j’ai observé d’une manière subjective est confirmé par les statistiques objectives des économistes et des politologues indépendants qui ont refusé de se plier à la doxa officielle.
Le conflit entre la Russie et l’Occident est avant tout un choc des civilisations qui oppose des visions du monde et on peut comprendre que les adorateurs de la démocratie regrettent une évolution qui écarte la Russie de la sacro-sainte liberté individuelle au nom de laquelle elle a été entraînée dans un paradis qui s’est révélé pour elle un enfer.
Les débats fondés sur des axiomes et des pétitions de principe engendrent le déni des réalités vécues par le peuple russe dans son adhésion à une autorité qui lui rendait sa souveraineté et son indépendance en lui apportant une sécurité et une stabilité retrouvées ainsi que l’amélioration de ses conditions de vie détériorées par l’emprise de quelques prédateurs sur la société russe.
Le narratif occidental sur « l’opération spéciale » a le tort de se polariser sur un moment isolé de son contexte, sans tenir compte de tous les facteurs qui ont pesé sur une rupture dont les conséquences n’ont été sérieusement envisagées ni dans une décision que le président russe jugeait inévitable ni dans les « sanctions » qu’elle a suscitées et qui se sont retournées contre leurs auteurs.
Une « agression » aux objectifs limités a provoqué « le basculement du monde », parce qu’elle avait des origines très anciennes.
Ce moment n’est pas né « par hasard », il s’inscrit dans un devenir historique.
C’est pourquoi j’ai jugé bon de relater mon expérience des stades successifs d’une évolution dont j’ai été le témoin.
Mais, pour éclairer une opinion abusée par la fausse parole, il importe en tout premier lieu de remettre la Russie à sa place sur la carte du monde.
L’histoire de la Russie est déterminée par « le fait géographique » qui l’ouvre vers l’Ouest et vers l’Est, l’Europe et l’Asie. Dépourvue de frontières naturelles, elle a dû se défendre contre les invasions qui, depuis des siècles, sont venues se briser contre le Heartland, le coeur du monde, ainsi nommé par Mackinder, le fondateur de la géopolitique au 19ème siècle qui avait déduit le résultat de ses observations dans une formule restée célèbre: «Qui contrôle l’Europe de l’est, contrôle le Heartland, qui règne sur le Heartland, règne sur le monde». Mackinder désignait ainsi l’Empire russe couvrant « la plaine qui s’étend de l’Europe centrale à la Sibérie occidentale et rayonne sur la mer Méditerranée, le Moyen Orient, l’Asie du Sud et la Chine ».
Un géopoliticien américain, Nicolas Spykman (photo), appliquera cette théorie à la deuxième guerre mondiale. Il ajoute au Heartland la bande de terre côtière qu’il appelle le Rimland et il critique Mackinder en parodiant sa formule: « Qui contrôle le Rimland contrôle l’Eurasie, qui règne sur l’Eurasie contrôle le destin du monde ». Et il souhaite que les Américains contrôlent le littoral européen afin de contenir l’expansion du Heartland.
La vision de Spykman est à la base de la "politique d'endiguement" formulée par le diplomate Georges Kennan (photo) dans son article, The Sources of Soviet Conduct (juillet 1947) et mise en œuvre par les États-Unis dans la guerre froide.
Il s’agissait « d’endiguer » le Heartland en contrôlant la zone tampon du Rimland, auquel appartenaient les satellites de la Russie soviétique, dont l’Ukraine était le maillon fondamental.
On tient dans ce schéma tous les paramètres de l’évolution qui a mené la Russie de la chute de l’URSS sous Gorbatchev à sa déliquescence sous Boris Eltsine, puis à son redressement sous Vladimir Poutine.
La chronologie de cette évolution s’inscrit entre deux catastrophes, la fin de l’URSS et la guerre en Ukraine.
Mais on doit inscrire en filigrane de cette évolution une continuité dans la pensée géopolitique occidentale manifestée par Mackinder, Spykman, Kennan, et plus tard Brzezinski.
Mackinder se disait convaincu de la suprématie des Anglo-Saxons qui leur donnait le droit de dominer le monde et donc de s’emparer du Heartland. Il opposait les puissances de la terre aux puissances de la mer et redoutait l’émergence d’une Allemagne forte pouvant s’allier à l’Empire russe.
Or, cette obsession a été partagée par les dirigeants américains qui n’ont cessé d’oeuvrer pour empêcher une alliance aussi favorable au développement de l’économie européenne que nuisible à leurs intérêts. Ils l’ont sapée définitivement en détruisant le Nordstream 2 et en privant l’Allemagne d’une source d’énergie indispensable pour son industrie. Aujourd’hui, les entreprises allemandes sont contraintes, pour exister, de se délocaliser aux Etats-Unis.
Spykman, en donnant la primauté au Rimland sur le Hearland, posait déjà la question du rapport de force entre la Russie et l’Union européenne. En se concentrant sur les choix de l’Ukraine, cet antagonisme est à l’origine d’un conflit localisé qui, en s’aggravant, met à présent le monde au bord de l’escalade nucléaire.
Les stratèges américains ont fait fausse route en misant sur la supériorité du Rimland et en minimisant la puissance du Heartland russe.
Au lieu d’affaiblir la Russie en instrumentalisant l’Ukraine, l’Occident a démontré sa propre faiblesse dont visiblement il n’avait pas conscience et en s’infligeant des échecs imputables à ses erreurs de calcul.
Mon témoignage sur une Russie qui, dans les années 90, sombrait dans l’anarchie et le chaos, trouve un éclairage paradoxal dans Le Grand Echiquier de Brzezinski paru en 1997, la veille de la faillite financière de l’État russe sous le gouvernement de Boris Eltsine.
En cette même année 1998, où la Russie a été sur le point de disparaître, Soljénitsyne consignait dans La Russie sous l’avalanche un constat analogue sur le désespoir d’une population décimée par les privatisations et par l’emprise des oligarques qui avaient pris le pouvoir, ces oligarques n’étant que les prête-noms des « bandits dans la loi » qui sévissaient déjà à l’époque soviétique.
En dépit de cette situation désespérée qui semblait ôter tout soupçon de velléité impérialiste, Brzezinski reprend les idées de Mackinder et de Spykman en les actualisant et il considère que, malgré la disparition de sa puissance, la Russie, par sa position dominante dans le Heartland, restait une menace pour l’ordre du monde instauré par les Etats-Unis.
Il en avait conclu qu’il fallait séparer l’Ukraine de la Russie pour enlever à celle-ci toutes les chances de redevenir une grande puissance.
Si l’on admet que les analyses de Mackinder et de Spykman trouvaient un fondement dans un empire qui détenait le Heartland en couvrant la moitié de l’Europe, il est plus difficile de sonder les motivations de Brzezinski quand il souhaitait la destruction d’une Russie qui s’était déjà détruite elle-même.
Et il convient de rappeler que Kennan, pourtant promoteur de la politique d’« endiguement » contre l’URSS, a été très circonspect sur les « guerres humanitaires » menées par des politiciens incompétents et aventureux qui prenaient leurs désirs pour des réalités. On le donne même en exemple aujourd’hui en Russie en l’opposant à la courte vue des dirigeants qui lui ont succédé.
Il a fortement désapprouvé l’élargissement de l’Otan qui a été le coup d’envoi d’une escalade dont il prévoyait les dangers pour la paix du monde.
On ne saurait comprendre le processus qui a mené de la fin de l’URSS à la guerre en Ukraine, sans faire état du « syndrome occidental » qui a pesé de tout temps sur la mentalité et la politique russe.
La Russie a été sans cesse confrontée à son double par son désir passionné d’être reconnue par l’Occident comme un partenaire à part entière. Et Vladimir Poutine lui-même n’a pris conscience que fort tard du péril auquel il exposait la sécurité de la Russie en accordant sa confiance à des interlocuteurs qui après la réunification de l’Allemagne, ont refusé la main tendue par les Russes dans l’espoir d’une coopération économique qui devait se substituer à leurs yeux au conflit entre les deux idéologies en lice dans la guerre froide.
En sacrifiant son empire, sans contre partie, la Russie avait donné un gage de sa volonté de devenir une démocratie qui entrerait de plain-pied dans le concert européen.
Et cette coopération s’appuyait sur des intérêts réciproques qui auraient assuré la consolidation de la paix et une meilleure prospérité dans le continent européen.
Mais les passions idéologiques ont pris le pas sur les intérêts économiques et cet espoir a été battu en brèche à trois reprises, lorsque l’Otan n’a pas tenu la promesse de ne pas s’étendre à l’est, lorsque les accords de Maïdan, garantis par la signature de trois ministres européens, ont été violés sans autre forme de procès, et enfin quand les accords de Minsk, destinés à réintégrer à l’Ukraine les républiques séparatistes, ont été signés sans la volonté de les appliquer pour réarmer le gouvernement de Kiev, issu d’un putsch, et continuer la guerre inaugurée par «l’opération contre- terroriste » déclenchée en 2014 par le gouvernement de Kiev contre des populations civiles.
Même si on juge obsolètes aujourd’hui les prophéties de Fukuyama sur la fin de l’histoire et les assertions de Brzezinski, en 1997, sur la nécessité de mettre un terme au danger potentiel représenté par la Russie, il n’en reste pas moins que ces convictions triomphalistes étaient conformes à la doctrine Wolfowitz (photo) qui, dès 1992, avait annoncé l’invasion de l’Irak pour pérenniser la domination des Etats-Unis sur le monde.
Si le bellicisme des néo-conservateurs peut s’expliquer du point de vue des Etats Unis, il apparaissait alors contraire aux intérêts de l’Europe, c’est pourquoi la France et l’Allemagne, en accord avec la Russie et la Chine, ont dénoncé une violation du droit international qui ne pouvait mener qu’à un désastre humanitaire.
Mais on est en droit de s’interroger sur les raisons qui poussent aujourd’hui les Européens à ruiner leur économie en participant à fonds perdus à la guerre en Ukraine en se soumettant, contre leurs intérêts, au diktat des Etats-Unis et en reprenant à leur compte les arguments des anciens satellites de l’URSS qui brandissent le spectre d’une menace russe.
L’agression de l’Ukraine confirme à leurs yeux cette menace, qui apparaît d’autant plus irréelle que, nonobstant la supériorité militaire acquise par Vladimir Poutine, la Russie n’aurait pas les moyens de la mettre en exécution, du fait de sa démographie et des rapports de force avec la coalition de l’Otan.
Et pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la rupture consommée le 24 février 2022, il n’est pas inutile de revenir a posteriori sur les raisons qui poussaient Wolfowitz en 1992 et Brzezinski en 1997 à se lancer dans une confrontation qui met aujourd’hui le monde au bord du gouffre.
On assiste, en effet, à une fuite en avant de la part des néo-conservateurs qui, malgré leurs échecs successifs refusent de voir en face les conséquences planétaires de leur aventurisme. A cause de leurs tentatives mal calculées, mal engagées, ils ont provoqué la méfiance croissante des trois quarts de la planète à l’égard des Etats-Unis qui ne sont plus en mesure d’imposer au monde leur hégémonie par la suprématie du dollar.
Le réveil de la Russie a été le facteur principal de ce renversement du monde unipolaire auquel l’Occident reste attaché comme le pendu à sa corde.
L’Occident démocratique subit aujourd’hui la même psychose qui a entraîné l’Union soviétique à sa perte.
On assiste à une inversion des rôles et il faut considérer que, pour redevenir une puissance « normale », uniquement soucieuse de son indépendance et de sa souveraineté, sans céder à la mégalomanie messianique, la Russie devait passer par la cure d’une démocratisation ratée qui alimente encore les rêves de sa minorité libérale.
Après avoir, dans cette première partie, évoqué, à des fins pédagogiques, ce passé douloureux, je me suis appuyé sur quelques-uns de mes travaux pour montrer l’apport de la Russie au patrimoine culturel, artistique et scientifique de l’humanité.
Dans « La vision russe du cosmos », j’ai indiqué les sources spirituelles du cosmisme russe fondé par le philosophe Nicolas Fiodorov, qui a été le mentor de Tsiolkovski, dont les travaux sur les fusées ont abouti au vol de Gagarine.
Au moment où l’on glose sur la renaissance de la religion pour compenser le vide idéologique, j’ai retracé dans « L’Empire russe et Moscou Troisième Rome », les relations ambivalentes entre l’orthodoxie et l’autocratie.
Dans « La dialectique du double chez Dostoïevski », j’ai analysé dans le thème du double la parodie romanesque de la dialectique de Hegel dans une esthétique de la création verbale qui trouvera son accomplissement chez les futuristes.
Dans « Le dernier dialogue de Bakhtine », j’ai tiré la quintessence des mémoires parlés du grand philosophe russe dans ses entretiens avec Douvakine, professeur de Siniavski et Daniel dont il a pris la défense lors de leur procès.
Puis, j’ai analysé longuement le thème du MLB ( « la plongée dans le sein maternel ») dans Ivan le Terrible d’Eisenstein et dans sa mise en scène de la Walkyrie au Bolchoï en 1940.
En raison du rôle controversé de la Pologne dans le conflit ukrainien, j’ai tenu à rendre hommage à Wat et Mlosz, deux auteurs polonais que j’ai traduits et commentés pour mettre en exergue leur russophilie qui n’était pas incompatible à leurs yeux avec leur critique du communisme totalitaire. Cette largeur de vue chez ces «dissidents » antisoviétiques tranche sur l’amalgame raciste et imbécile pratiqué aujourd’hui entre la culture et la politique vis-à-vis de la Russie.
Enfin j’ai cité mes interventions à un colloque sur « L’URSS, un paradis perdu ».
Et j’ai mis en conclusion une réflexion sur les deux Russies qui s’opposent aujourd’hui à propos de la guerre en Ukraine.
Chaque livre est une bouteille à la mer et j’espère que celui-ci trouvera les bons lecteurs qui sauront en tirer la substantifique moelle.
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mercredi, 18 décembre 2024
L'Allemagne perd du terrain: sa «souveraineté numérique» est désormais en danger
L'Allemagne perd du terrain: sa «souveraineté numérique» est désormais en danger
Berlin. Pas un jour ne passe sans de nouvelles annonces inquiétantes concernant l’Allemagne en tant que site économique et technologique. Désormais, c’est aussi la « souveraineté numérique » qui est menacée. Cela s’explique par le fait que l’Allemagne perd rapidement du terrain sur le marché des centres de données. Les détails ont été fournis dans une étude présentée récemment par l’association numérique Bitkom. Selon ce rapport, environ dix milliards d’euros sont investis chaque année en Allemagne dans les infrastructures, les nouvelles capacités et les technologies des centres de données. Cependant, les taux de croissance enregistrés restent nettement inférieurs à ceux de pays comme l’Irlande, la Chine ou les États-Unis.
En Allemagne, il existe environ deux mille centres de données de taille moyenne et 100 grands centres (serveurs) auxquels sont connectés 2,4 millions d’ordinateurs en réseau. À l’échelle mondiale, on compte environ 100 millions de serveurs de ce type – principalement aux États-Unis et en Chine – qui stockent les données des utilisateurs privés, des administrations et des entreprises.
Avec la numérisation croissante dans les sociétés modernes, les centres de données prennent une importance toujours plus grande. Mais, avertit l’association numérique Bitkom dans son étude : l’Allemagne néglige depuis dix ans l’expansion nécessaire de ses capacités. Ainsi, le pays est en passe de perdre son lien avec les sites internationaux en forte croissance. L’Allemagne risque de perdre progressivement sa « souveraineté numérique », met en garde Bernhard Rohleder, directeur général de Bitkom.
L’État doit désormais agir pour améliorer les conditions d’implantation en Allemagne. La loi sur l’efficacité énergétique doit être révisée, et de manière générale, les procédures de planification, d’autorisation et de construction doivent être raccourcies. Dans d’autres pays, il ne faut que quelques mois entre la planification et la mise en service d’un centre de données, alors qu’en Allemagne, cela prend souvent des années. Il est douteux que Habeck et ses collègues soient réceptifs à de tels arguments (st).
Source: Zu erst, décembre 2024.
20:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souveraineté numérique, allemagne, actualité, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Lorsqu'un coup d'Etat échoue, il faut en essayer un autre...
Lorsqu'un coup d'Etat échoue, il faut en essayer un autre...
par Andrea Zhok (*)
Lorsqu'un coup d'État échoue, on en tente un autre.
Après le retrait de la loi martiale en Corée du Sud - le président Yoon Suk-yeol n'a pas pu surmonter l'obstacle de la démission du ministre de la défense, qui lui avait retiré le soutien de l'armée - nous voici face au coup d'État « légal » préparé par la Cour constitutionnelle roumaine, qui a annulé les résultats du premier tour des élections présidentielles et reporté les élections à une date ultérieure.
Comme on le sait, le candidat C. Georgescu est arrivé en tête au premier tour et les sondages le donnaient gagnant au second tour (63% contre 37% pour l'autre candidate, Elena Lasconi). Georgescu n'est pas aligné sur les positions de l'OTAN et c'est bien là le problème.
Les motivations de la Cour constitutionnelle roumaine sont dignes du meilleur numéro d'un cabaret: le candidat Georgescu aurait bénéficié d'une campagne Tik-Tok qui « ressemblait » (sic) aux tactiques russes.
En substance, le soupçon d'une possible influence étrangère marginale suffirait à annuler les élections.
(Pour un pays comme l'Italie, qui a voté de 1948 à aujourd'hui, toujours sous une pression internationale colossale, de Washington à la BCE, selon ce critère, toutes les élections pourraient être invalidées, sans exception).
Qu'est-ce que ces retours autoritaires ont en commun ?
C'est très simple. C'est l'autoritarisme officiellement mis au service des libéraux.
Naturellement, le court-circuit n'est qu'apparent.
Depuis que le libéralisme est devenu la colonne vertébrale de la politique européenne au 19ème siècle, il a toujours joué la carte de l'appel à la liberté démocratique lorsqu'il devait se défendre contre la perspective de voir revenir l'étatisme, et la carte de la répression paternaliste lorsque le demos ne votait pas dans le sens qui plaisait aux maîtres du navire.
Ce que ces secousses autoritaristes indiquent, c'est l'état dangereusement fragile dans lequel se trouve le récit démocratique libéral, qui, malgré ses énormes efforts pour manipuler l'opinion publique, n'est plus en mesure de persuader - pas toujours - la majorité de la population que les vexations et les répressions violentes qu'on lui assène si généreusement sont "pour son bien".
Le jeu consistant à gouverner l'opinion publique dans une démocratie formelle est toujours risqué.
Au 19èmee siècle, on a longtemps cru que seul le suffrage universel permettrait d'établir des régimes fonctionnant dans l'intérêt du peuple. Ainsi, depuis l'instauration du suffrage universel, tous les efforts des classes dirigeantes libérales ont toujours visé à convaincre la majorité que les sacrifices constants imposés à cette majorité, afin de maintenir les privilèges de quelques-uns, étaient la seule chose à faire.
La stratégie narrative utilisée pour parvenir à ce résultat, le seul considéré comme essentiel, peut varier. Mais en général, le résultat est obtenu en persuadant la majorité qu'une menace bien plus grave rôde que celle qui consiste à maintenir les privilèges oligarchiques, et que les seuls capables de défendre le pays contre cette menace sont précisément les membres de l'élite libérale.
Moins ce discours s'impose, plus la nature des démocraties libérales apparaît clairement: le pouvoir réel réside uniquement dans la sphère « libérale », c'est-à-dire dans la grande propriété, où la « démocratie » n'est que la variable dépendante, utilisable comme couverture idéologique tant qu'elle peut être manipulée, mais librement subordonnée dès qu'elle s'avère réfractaire aux souhaits des élites.
(*) Poste paru sur Facebook, 7 décembre 2024.
Source: https://www.lantidiplomatico.it/dettnews-andrea_zhok__fal...
20:04 Publié dans Actualité, Définitions, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, définition, libéralisme, élections, théorie politique, politologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook