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samedi, 08 juin 2024

Le transhumanisme comme aboutissement du libéralisme ultime 

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Pierre Le Vigan:

Le transhumanisme comme aboutissement du libéralisme ultime 

Le transhumanisme est devenu un sujet central de notre époque. Que représente-t-il ? Que compte-t-il faire de nos vies si on le valide ?  Pour comprendre la nouveauté du transhumanisme, il ne faut évidemment pas l’opposer à un prétendu immobilisme de l’homme des temps anciens. L’homme a toujours cherché à améliorer ses conditions de vie. Il a toujours cherché à acquérir plus de puissance, à multiplier son énergie, à inventer des outils pour habiter le monde à sa façon. Nous ne nous contentons jamais du monde tel que nous en avons hérité. Le simple fait de construire un pont est déjà une transformation du monde. Si le transhumanisme n’était que cela – l’intervention sur le monde en fonction de nos objectifs, la création d’outils pour que l’homme soit plus efficace dans ses entreprises, de la selle de cheval à l’automobile et à l’avion en passant par le gouvernail d’étambot – le transhumanisme ne serait pas une nouveauté.

Le problème commence quand nous voulons, non pas seulement améliorer la condition de vie de l’homme, et donner plus d’ampleur à nos projets, mais changer la nature même de l’homme. Natacha Polony remarque que la recherche de création d’un homme nouveau caractérise les totalitarismes. « Les totalitarismes, par delà leurs innombrables différences, se caractérisent par une dimension eschatologique et la volonté de forger un homme nouveau. C’est exactement ce qui se passe avec le transhumanisme. Cette idéologie repose sur l’idée que l’homme est imparfait, et que le croisement des technologies numériques, génétiques, informatiques et cognitives va permettre de faire advenir une humanité débarrassée de ses scories. » (entretien, Usbek et Rica, 5 octobre 2018).

Si les totalitarismes du XXe siècle ne disposaient pas (ou peu) de moyens permettant de changer réellement la nature humaine, un fait nouveau est intervenu. C’est l’intelligence artificielle et notamment la culture de l’algorithme. C’est ce qui est né avec l’informatique et dont la puissance a été multipliée par internet. C’est l’interconnectivité de tous les réseaux techniques. Le développement de la numérisation des hommes et du monde  a coincidé avec le triomphe planétaire du libéralisme décomplexé, postérieur au compromis fordiste (un partage des revenus entre salaire et profit relativement favorable au monde du travail, et un Etat protecteur dit Etat providence). Or, le libéralisme, c’est la libération des énergies individuelles, de la puissance privée au détriment du commun.

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Le Hollandais Bernard Mandeville en résumait la vision : « Le travail des pauvres est la mine des riches » (La fable des abeilles ou les fripons devenus honnetes gens, 1714). Plus généralement, les vices privés font les vertus publiques. « Qui pourrait détailler toutes les fraudes qui se commettaient dans cette ruche ? Celui qui achetait des immondices pour engraisser son pré, les trouvait falsifiés d’un quart de pierres et de mortier inutiles et encore, quoique dupe, il n’aurait pas eu bonne grâce d’en murmurer, puisqu’à son tour il mêlait parmi son beurre une moitié de sel. » (…) Ainsi, « Chaque ordre était ainsi rempli de vices, mais la Nation même jouissait d’une heureuse prospérité. » Et l’Etat ? « Les fourberies de l’Etat conservaient le tout ». L’Etat doit donc être le garant des crapuleries privées. Conclusion de Mandeville : « Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. » Ce n’est pas très différents de la théorie des « premiers de cordée » dont Macron fait son crédo, quand ceux-ci, loin de prendre des risques, se font garantir leurs profits par l’Etat ou par les institutions publiques.  « Les béquilles du capital », avait dit Anicet Le Pors. Ce qui est à l’œuvre est ainsi la logique de Candide selon Voltaire. « Les malheurs particuliers font le bien général ; de sorte que plus il y a de malheurs particuliers et plus tout est bien. » On lit là, bien sûr, une critique acerbe (et qui force le trait !) de Leibniz et de sa théorie du monde existant comme « le meilleur des mondes possibles ».

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L’enterrrement du fordisme

Le « fordisme » a été enterré, au tournant des années 70, avec la désindustrialisation et l’ouverture des frontières aux produits et aux hommes venus de partout. C’est la France comme un hôtel, et trop souvent un hôtel de passe. « Tout pays doit se penser comme un hôtel » (J. Attali, Les crises, 30 octobre 2017). Après le fordisme, le Capital a gagné dans le rapport de force face au travail et dans le partage du revenu national. L’argent va à l’argent, et est de plus en plus déconnecté de la richesse réellement produite. Pour autant, le pays s’appauvrit, car il n’y a de vraie richesse que produite par le travail productif, et non par la recherche d’opportunités financières. Mais l’exploitation se présente de moins en moins dans sa brutalité foncière. Elle se protège d’un voile de bonnes intentions, et de la « moraline » dont parlait déjà Nietzsche. Elle adopte généralement la forme du contrat, celui-ci fut-il totalement inégalitaire.

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C’est pourquoi on ne peut donner raison à Michel Foucault quand il écrit : « Le marché et le contrat fonctionnent exactement à l’inverse l’un de l’autre » (Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France 1978-1979). Au contraire de ce que dit Michel Foucault, le marché et le contrat se complètent. Le marché prend la forme juridique du contrat.  Il est « lavé « de sa dimension de rapport de force par la pseudo- « neutralité » juridique du contrat.

La fin d’un monde commun

Loin d’être contraire à la logique de l’économie libérale, l’extension du domaine du contrat (c’est un contrat écrit car plus grand-chose ne repose sur la parole donnée, qui renvoie à l’honneur) l’a complété. Tout ce qui est devient l’objet d’un contrat. Et cela ouvre la voie à la contractualisation des rapports avec soi-même. Une transition de genre, c’est décider, pendant un temps déterminé, et de manière réversible, et payée par la collectivité, de devenir ce que je ne suis pas, et d’obliger les autres à me considérer comme ce que je veux être. Que cela soit ou non une escroquerie anthropologique n’est pas le problème, l’Etat – l’Etat néo-totalitaire qui est le nôtre – est le garant de la réalité juridique qui m’oblige à la reconnaissance de cette réalité transitoire auto-décidée par le sujet concerné mais qui s’impose à moi, et à toute la société. Il n’y a, à l’horizon de cette auto-définition de soi, plus de monde commun.  

Le transhumanisme est ce qui surgit au bout de la logique contractualiste du libéralisme. Transhumanisme comme libéralisme reposent sur une religion de la science et de la technique. Ce ne sont plus les institutions qui doivent donner du sens à la société (comme chez Hegel pour qui les institutions sont des médiations que l’homme se donne à lui-même pour se réaliser, pour être plus lui-même, et plus hautement lui-même), c’est un mouvement permanent d’amplification des droits de l’homme. Tout ce qui est alerte sur les limites, attention portée à la nécessaire mesure, refus de l’hubris (démesure) est marginalisé, dénoncé, ringardisé. Les avertissements de Bertrand de Jouvenel, Jacques Ellul, de Nicholas Georgescu-Roegen sont ignorés.

visuel1-1.jpgFace au rapport Meadows de 1972 (Dennis Meadows a alors 30 ans) Les limites de la croissance, l’économiste et philosophe libéral Friedrich Hayek refuse que l’optimisme tehnologique soit critiqué. « L'immense publicité donnée récemment par les médias à un rapport qui se prononçait, au nom de la science, sur les limites de la croissance, et le silence de ces mêmes médias sur la critique dévastatrice que ce rapport a reçue de la part des experts compétents, doivent forcément inspirer une certaine appréhension quant à l’exploitation dont le prestige de la science peut être l’objet. » (« La falsification de la science », The pretence of knowledge, 1974). Bien entendu, le droit d’inventaire sur un rapport d’étude est mille fois légitime. Mais ce qui est au cœur de la réaction des libéraux, c’est la démonie du culte du progrès scientifique. C’est la religion de la mondialisation heureuse, forcément heureuse. Car plus le monde est unifié, mieux il est censé se porter. Telle est la religion des ennemis de la différence. « Un siècle de barbarie commence, et les sciences seront à son service. », avait dit Nietzsche (La volonté de puissance, 154).

De même que l’on dira plus tard qu’il n’y a « pas de choix démocratique contre les traités européens » (Jean-Claude Juncker), il n’y a pas pour Hayek de science qui puisse préconiser des limites à l’extension infinie du champ du libéralisme, de la croissance et du marché. La technologie, fille de la science, est mise au service de la « course au progrès », ce dernier conçu comme l’emprise de plus en plus grande de l’économie sur nos vies. Inutile d’insister sur la fait qu’il ne s’agit pas d’un progrès de la méditation, de la connaissance de nos racines, ou de notre goût pour le beau. Avec la construction d’un grand marché national puis mondial avec l’aide de l’Etat et non pas spontanément, une société de contrôle – une société de surveillance généralisée (Guillaume Travers) – est mise en place par l’Etat, appuyé sur de grandes groupes monopolistiques. Objectif : que nul n’échappe au filet de la normalisation et à son impératif de transparence.

Un totalitarisme rampant

Herbert Marcuse notait : « L’originalité de notre société réside dans l’utilisation de la technologie, plutôt que de la terreur, pour obtenir une cohésion des forces sociales dans un mouvement double, un fonctionnalisme écrasant et une amélioration croissante du standard de vie (...) Devant les aspects totalitaires de cette société, il n’est plus possible de parler de ‘'neutralité’' de la technologie. Il n’est plus possible d’isoler la technologie de l’usage auquel elle est destinée ; la société technologique est un système de domination qui fonctionne au niveau même des conceptions et des constructions des techniques.» (éd. américaine 1964, L’homme unidimensionnel, Minuit, 1968). Sauf que l’on ne constate plus du tout « l’amélioration constante du standard de vie ».

chapoutot6-livre-hohn.jpgA l‘exception des gérants des multinationales et des « cabinets de conseils » qui constituent un démembrement de l’Etat et permettent une externalisation apparente des décisions. Avec ses « conseils », chèrement payés, de sociétés extérieures au service public,  c’est un système de management par agences qui s’est mis en place, sytème dont la paternité revient essentiellement au professeur et technocrate national-socialiste Reinhard Höhn, un système qui est à peu près le contraire de la conception de l’Etat qui était celle de Carl Schmitt.

C’est une mise en réseau de l’insertion obligatoire dans le système qui se produit : « Par le truchement de la technologie, la culture, la politique et l’économie s’amalgament dans un système omniprésent qui dévore ou qui repousse toutes les alternatives. », dit encore Marcuse. C’est justement le caractère global de ce filet, de ce réseau d’entraves (appelons cela Le Grand Empêchement, tel que je l’ai évoqué dans le livre éponyme–éd. Perspectives Libres/Cercle Aristote, ou encore la « grande camisole de force du mondialisme ») qui caractérise ce nouveau totalitarisme.

« Le totalitarisme, poursuit Herbert Marcuse, n’est pas seulement une uniformisation politique terroriste, c’est aussi une uniformisation économico-technique non terroriste qui fonctionne en manipulant les besoins au nom d’un faux intérêt général. Une opposition efficace au système ne peut pas se produire dans ces conditions. Le totalitarisme n’est pas seulement le fait d’une forme spécifique de gouvernement ou de parti, il découle plutôt d’un système spécifique de production et de distribution. » (op. cit.). Dans cette logique d’extension du domaine de l’économie marchande (qui prend la place de toute une économie de réciprocité, informelle), les Etats jouent un rôle premier : de même qu’ils ont imposé le marché national, ils imposent le grand marché mondial, ils poussent au mélange des peuples et à leur leur indifférenciation, à la déterritorialisation, à la transparence de vies de plus en plus pauvres en âme. Ils poussent encore à l’individualisme croissant, à la précarisation des liens, et au transhumanisme et aux identités à options qui ne sont qu’une forme de la marchandisation. Pierre Bergé disait à ce sujet : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA (gestation pour autrui, NDLR) ou l'adoption. Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ? C'est faire un distinguo qui est choquant. » (17 décembre 2012).

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Le transhumanisme pour une société toujours plus liquide et plus contrôlable, tel est le projet de l’oligarchie mondialiste au pouvoir en Occident. Dans le même temps que les Etats sont de plus en plus intrusifs à l’intérieur des sociétés, ils sont, en Occident, de plus en plus concurrencés par d’autres structures au plan international. Ils cessent d’être les seuls acteurs du droit international, marquant ainsi la fin de l’ordre westphalien, né en 1648, à l’issue de la Guerre de Trente ans. Un double drame est le nôtre : nous assistons à la fin des Etats dignes de ce nom (toujours en Occident), et à la fin des possibilités de se parler et de négocier. En effet, si les traités de Westphalie mettaient fin aux guerres de religion, il nous faut savoir que nous sommes revenus aux guerres de religion, qui sont maintenant des guerres idéologiques, comme en témoigne l’actuelle hystérie anti-russe, partagée par la majorité de la « classe politique », c’est-à-dire des mercenaires du système.

Etats vidés de ce qui devrait leur appartenir en propre, la souveraineté et l’identité, Etats faillis mis en coupe réglée par les oligarchies parasitaires anti-nationales et anti-européennes, tel la superstructure dite Union européenne qui est de plus en plus la même chose que l’OTAN, c’est-à-dire une organisation de destruction de l’Europe réelle qui nous fait agir systématiquement à l’encontre de nos intérêts, tel est le tableau de l’Europe.  Un indice éclatant du  démembrement de nos Etats est que pèsent souvent plus lourds que les Etats un certain nombre d’institutions : les ONG, les insititutions internationales, qu’elles soient directement financières  (FMI, Banque mondiale, BERD …) ou ne le soient qu’indirectement (GIEC, OMC, OMS, …), les organismes mondialistes et immigrationnistes, multinationales, fonds de pension internationaux, collecteurs de fonds tels Blackrock, etc.  Contrairement à nos Etats, toutes ces structures ne sont aucunement en faillite.

L’erreur de Michel Foucault

Loin d’être supprimé par le marché, comme le supposait Michel Foucault, le droit devient bel et bien un enjeu du marché. C’est un levier dans des rapports de force, et les EUA y jouent à merveille, comme de nombreuses entreprises françaises ont pu le constater à leurs dépens. Mais le droit exprime un rapport de force acceptable car officiellement « neutre » : telle est l’imposture.  

Intrusifs à l’intérieur, persécuteurs des patriotes mais gangrenés par la culture de l’excuse face aux gredins, les Etats sont de moins en forts au plan du régalien (sécurité, monnaie, défense, etc). Ils se sont même volontairement déssaisis de leurs outils. La raison en est simple : nos dirigeants ne sont que les fondés de pouvoir des sections locales de l’internationale du Capital. Le cas de la monnaie est particulièrement significatif. La fin de la convertibilité du dollar en or (1971), c’est-à-dire l’effondrement des accords de Bretton Woods de 1944 a fragilisé l’ensemble des pays tandis que les EUA entrent dans une ère de complète irresponsabilité monétaire et économique, c’est-à-dire le dollar comme liberté inconditionnée pour eux, comme contrainte exogène pour le reste du monde. Quant à l’euro fort, comme il le fut longtemps, il a, pour la France, favorisé les exportations de capitaux, les importations de marchandises et la désindustrialisation de notre pays. Quant à l’immigration, elle a ralenti la robotisation. Beau bilan.

Il y a désormais dans l’économie mondiale les manipulateurs et les manipulés, et ce à une échelle bien supérieure à ce qui existait auparavant. Les banques vont prendre le pouvoir monétaire réel à la place des Etats (qui les renfloueront avec l’argent des contribuables en 2008). En France, la loi du 3 janvier 1973  (détaillée dans le livre de P-Y Rougeyron)  est un tournant, et plus exactement un moment dans un tournant libéral mondialiste. L’Etat français ne peut plus se financer à court terme auprès de la Banque de France. Au moment où ses besoins de fiancement explosent. Comment va t–il se financer ? Par l’accès aux marchés financiers internationaux. C’est un changement de logique. Un changement que les libéraux du Parti « socialiste » alors au pouvoir vont accélérer à partir de 1983-84. 

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Avec le libéralisme, un Etat faible et dépendant des marchés financiers

Conséquence : une augmentation du poids de la dette, tandis qu’auparavant, les Bons du Trésor, c’est-à-dire des obligations d’Etat, étaient accessibles aux particuliers et à taux fixes, et permettaient à la fois de proposer des placements sûrs aux particuliers et de financer les besoins à long terme de l’économie. Si cette loi du 3 janvier 73 n’est pas à l’origine de la dette – celle-ci venant avant tout de la chute de notre dynamisme industriel, du développement de l’assistanat du à l’immigration familiale de masse, des autres coûts de cette immigration – elle marque néanmoins une inflexion nette vers la financiarisation, et le triomphe des théories monétaristes de Milton Friedman (Vincent Duchoussay, « L’Etat livré aux financiers ? », La vie des idées, 1er juillet 2014). Au final, l’Etat et sa banque centrale cessent d’avoir le monopole de la création monétaire (ceci ouvre du reste vers une question que l’on ne peut ici que signaler : faut-il « rendre le monopole de la création monétaire aux banques centrales ? » Cf. l’article éponyme, Revue Banque, 12 septembre 2012).

En 1973, cette même année charnière (le premier choc pétrolier se produit, et pas du fait d’un simple mécanisme économique mais dans le cadre de grandes manoeuvres géopolitiques), le libéral Hayek prône la fin des monnaies nationales au profit de monnaies privées.  Mais ce n’est pas le seul dégât que l’on constate. Le libéralisme induit un système économique de sélection naturelle qui favorise le mépris des conséquences environnementales des actions économiques et implique donc un court-termisme à la place de la prise en compte du long terme.

Revolution-Anti-Technologie.jpgIl s’opère ainsi une forme de sélection, mais une sélection des pires. Theodore John Kaczynski avait bien vu ce processus : « Cela s’explique par la théorie des systèmes autopropagateurs : les organisations (ou autres systèmes autopropagateurs) qui permettent le moins au respect de l’environnement d’interférer avec leur quête de pouvoir immédiat tendent à acquérir plus de pouvoir que celles qui limitent leur quête de pouvoir par souci des conséquences environnementales sur le long terme — 10 ans ou 50 ans, par exemple. Ainsi, à travers un processus de sélection naturelle, le monde subit la domination d’organisations qui utilisent au maximum les ressources disponibles afin d’augmenter leur propre pouvoir, sans se soucier des conséquences sur le long terme ». (Révolution anti-technologie : pourquoi et comment ? 2016, éditions Libre, 2021).

Le libéralisme contre la solidarité nationale et la justice sociale

En outre, en tant que le libéralisme est une forme du capitalisme, il prend comme critère l’intérêt des actionnaires et non l’intérêt de la nation. Il prend encore moins en compte ce qui pourrait être une préférence de civilisation, dont il faut affirmer la nécessité dans la mesure même où la mondialisation met en cause la diversité. Dans la logique du libéralisme, l’intérêt individuel prime toujours sur les intérêts collectifs, et sur les objectifs de justice sociale et de solidarité nationale. Ultras du libéralisme, « les libertariens défendent le libre marché et exigent la limitation de l'intervention de l’État en matière de politique sociale.

L-873-1.jpgC'est pourquoi ils s'opposent au recours à une fiscalité redistributive comme moyen de mettre en pratique les théories libérales de l'égalité. […] La fiscalité redistributive est intrinsèquement injuste et […] constitue une violation du droit des gens. », résume Will Kymlicka à propos des positions libertariennes (in Les théories de la justice. Une introduction, La Découverte, 2003). C’est aussi la thèse que défend Ayn Rand, célèbre libertarienne américaine. Dans cette perspective, au-delà de toute notion d’équité et de solidarité nationale, les libéraux ne cachent pas qu’il faut selon eux tourner la page des aspirations démocratiques. Peter Thiel affirme en 2009 : « Je ne crois plus que la liberté et la démocratie soient compatibles. […] Je reste attaché, depuis mon adolescence, à l’idée que la liberté humaine authentique est une condition sine qua non du bien absolu. Je suis opposé aux taxes confiscatoires, aux collectifs totalitaires et à l’idéologie de l'inévitabilité de la mort » (« L’éducation d’un libertarien », 2009, cité in Le Monde, 1er juin 2015). Cela a le mérite d’être clair, tout comme il est clair que, depuis qu’a triomphé le libéralisme libertaire, les atteintes aux libertés n’ont jamsi été si violentes : identité numérique, interdiction d’hommages, de colloques, de manifestations pacifiques, etc.  

Avec ce libéralisme-libertaire, à la fois rigoriste pour ses adversaires et permissif pour tous les délires sociétalistes, on se retrouve dans le droit fil du libéralisme poussé dans sa logique, qui est le refus des limites de la condition humaine. Comme l’extension du domaine de la marchandisation n’est pas naturelle, l’Etat du monde libéral met en place, avec les GAFAM et avec les multinationales, des outils de contrôle visant à tracer tous les mouvements des hommes, les pratiques humaines, jusqu’à laisser une trace, par le scan des articles, de toutes les calories ingurgitées chaque jour par chacun. Le tout au nom d’une soi-disant bienveillante « écologie de l’alimentation ». Big brother se veut aussi big mother. Les « démons du bien » veillent, pour mieux régenter nos vies. 

Le libéralisme trahit les libertés

38_9782251390529_1_75.jpgWalter Lippmann, dans La cité libre (1937), ouvrage qui précéda le colloque Lippmann de 1938 (grand colloque libéral), plaidait pour les grandes organisations et la fin de « la vie de village ». C’était déjà l’apologie de la mégamachine. Nous y sommes en plein.  Par la monnaie numérique et la suppression programmée de l’argent en espèces ‘’sonnantes et trébuchantes’’, la société de contrôle vise à rendre transparents tous les échanges inter-humains. Le libéralisme est ainsi à la fois l’antichambre du transhumanisme et le contraire des libertés individuelles, mais aussi collectives ou encore communautaires.

Jean Vioulac remarque : « Le néolibéralisme est ainsi coupable d’avoir aliéné et asservi le concept même de liberté, en promouvant en son nom une doctrine de la soumission volontaire ». Ce néolibéralisme – ou libéralisme décomplexé et pleinement lui-même – est la forme actuelle du règne du Capital. Il ne conçoit la liberté que dans le registre de l’ordre marchand et sur un plan individuel.  « Le libéralisme n’est pas l’idéologie de la liberté, mais l’idéologie qui met la liberté au service du seul individu. », note Alain de Benoist (Philitt, 28 mars 2019). Si le libéralisme est centré sur l’individu, il lui refuse en même temps le droit de s’ancrer dans des collectifs, et de s’assurer de continuités culturelles. Le libéralisme est bien l’idéologie et la pratique du déracinement. Il est temps de recourir à autre chose. On pense à l’enracinement dynamique tel qu’il a pu être pensé par Élisée Reclus. L’enracinement et la projection créatrice vers un futur. Il est tout simplement temps de cultiver l’art d’habiter la terre.

                          PLV

 

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L’auteur vient de publier Nietzsche, un Européen face au nihilisme (ISBN 978-2-491020-06-4) 14,99 € ainsi que, tout récemment, Les Démons de la déconstruction. Derrida, Lévinas, Sartre. Suivi de « Se sauver de la déconstruction avec Heidegger » (ISBN 978-2-491020-09-5) 19,99 €. Ed. La Barque d’Or, disponible sur amazon.fr. Ces deux ouvrages sont actuellement en promotion.

 

 

vendredi, 23 février 2024

Traditionalistes contre globalistes: le grand chambardement planétaire

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Traditionalistes contre globalistes: le grand chambardement planétaire

par Pierre-Emile Blairon

1.

Etat des lieux

En 2020 a eu lieu un événement sans précédent dans l’histoire du monde : un groupe d’oligarques psychopathes a fomenté un coup d’État planétaire, qu’il a dénommé le Great Reset, la « grande réinitialisation » en français, une expression à l’évidence inspirée par la main-mise de la technologie informatique sur le monde que nous vivons. Ce coup d’État est toujours en cours ; il trouve ses origines funestes et son but pernicieux dans un lointain passé de l’humanité, transmis de siècle en siècle, de sociétés secrètes en officines « satanistes » (terme revendiqué par ces mêmes officines et, actuellement, par ces mêmes psychopathes), de cooptation en cooptation d’individus malfaisants jusqu’à la secte maléfique qui s’est emparée de quasiment toutes les structures civilisationnelles du monde d’aujourd’hui[1]. Pourquoi cette engeance a-t-elle décidé d’intervenir à ce moment ? Parce que la fin de notre cycle, qui s’accompagne, comme tous les précédents, de nombreux troubles, d’origine humaine ou naturelle, présente une vulnérabilité que les globalistes attendent depuis bien longtemps et qu’il s’agit d’empêcher la naissance de celui qui va suivre.

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C’est amusant, ces personnages nuisibles qui semblent issus en droite ligne d’Epiméthée, le frère idiot de Prométhée, plus que de Prométhée lui-même, ont ouvert la boîte de Pandore (qui, dans la mythologie, était une jarre) répandant tous les malheurs qui vont inévitablement leur tomber sur la tête. Oui, l’existence des racailles en col blanc qui dirigent le monde procède de cette filiation mythologique dont ils se réclament.

En effet, par cette soudaine entrée en scène et la répression qui l’a suivie, les globalistes se sont révélés au monde et, de ce fait, ont déclenché une prise de conscience de tous ceux qui ne se sentaient pas concernés jusque là par les agissements de leurs gouvernants, valets, complices ou adeptes de la secte.

Les mondialistes avaient méticuleusement préparé leur coup depuis de longues années ; leur première tâche avait consisté à prendre le contrôle de tous les médias afin de conditionner les populations ; il faut reconnaître que cette étape décisive a parfaitement fonctionné ; les techniques d’ingénierie sociale sont très au point ; et les quelques rares esprits lucides qui n’ont pas été atteints par cette épidémie de crétinisation ont regardé avec effarement les masses se plier sans broncher à toutes les absurdes injonctions qui leur étaient lancées afin de tester leur degré de soumission.

En quelques mois, toutes les valeurs qui constituaient le socle même des sociétés civilisées depuis des siècles ont disparu ; en moins de quatre ans, ce qu’on a appelé l’Occident s’est effondré sur tous les plans: spirituel, économique, diplomatique, technologique, culturel, intellectuel, sapientiel, mémoriel...

L’infime minorité qui a su conserver son esprit critique a pu se relever, se regrouper et entamer une résistance courageuse avec ses faibles moyens. Des personnes venues de tous horizons, qui ne se côtoyaient pas auparavant, se sont reconnues comme faisant partie d’une même communauté, sentiment accru du fait qu’elles sont passées par les mêmes épreuves, surtout lors de la troisième offensive lancée contre les peuples, celle d’une pseudo-vaccination mortifère, après l’entreprise de conditionnement planétaire des populations - de leur lobotomisation - et après la fabrication du coronatralalavirus en Chine et sa diffusion.

Les clivages artificiels économiques (de classe) ou politiques (gauche-droite) laissent place désormais à une reconfiguration des archétypes sociaux avec d’un côté, les individus conformistes qui ont été conditionnés par l’ingénierie sociale (les plus nombreux) adhérant par défaut - de cerveau - au camp mondialiste ou, pour les autres, plus éveillés mais en minorité, rejoignant le camp traditionaliste.

Mais nous verrons que ces nouveaux résistants n’ont pas le profil attendu de gens passéistes qui s’accrochent à leurs privilèges, à leur confort ou à une idéologie conservatrice ; ceux-ci rejoignant le camp mondialiste sans se poser de questions. Les cartes ont été rebattues avec l’accélération et la multiplication d’événements significatifs qui ont divisé le monde selon des critères inattendus.

En voici quelques exemples.

- La guerre déclenchée par les Occidentistes [2] en Ukraine a, contrairement aux espérances des Américains, de l’OTAN et de leur entité vassale, l’Union Européenne, renforcé ces dissidents occidentaux qui se sont rapprochés de la Russie, laquelle brandit sans complexe et avec fermeté le flambeau des valeurs pérennes indo-européennes de nos origines communes.

 - La création de l’alliance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ouvre une alternative à l’hégémonie planétaire américaine ; la Russie, bien loin de succomber économiquement face aux sanctions occidentales, s’est, au contraire, consolidée sur le plan économique, déclenchant même un marasme sans précédent dans beaucoup d’Etats européens (dont la France).

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- La récente entrevue du journaliste-vedette américain Tucker Carlson avec Vladimir Poutine, qui a pu enfin exposer le point de vue de la Russie sur la guerre en Ukraine, a déclenché un tsunami médiatique et une vague de sympathie pour le dirigeant russe à laquelle ne s’attendaient pas les globalistes.

 - Les Etats-Unis - « dirigés » par un vieillard sénile compromis, en compagnie de son fils, dans d’innombrables affaires douteuses - sont en complète déliquescence, à tel point que de nombreux Etats songent à faire sécession.

 - Autre théâtre de troubles internationaux, le massacre en cours perpétrée par Israël sur la  population palestinienne ne peut, à terme, que fragiliser l’état sioniste et ses alliés, Israël constituant l’un des trois principaux composants du bloc occidental avec les Etats-Unis et l’Union européenne.

 - Les Africains commencent à se réveiller et chassent les Français (dont c’était la « chasse gardée », la Françafrique), à cause de l’ignorance, de la bêtise, de la vanité et de la maladresse d’Emmanuel Macron ; la France est brusquement remplacée par la Chine et la Russie.

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- Enfin, la fronde des paysans européens contre le projet sournois de l’Union européenne visant à les éradiquer (fronde toujours en cours à l’heure où nous publions) a radicalisé les franges les plus traditionnelles de la population qui semblent décidées à ne plus se laisser manipuler.

C’est ainsi que se dessine lentement un monde bipolaire (à défaut, pour l’instant, d’être multipolaire) à la fois sur le plan économique mais aussi sociétal, les BRICS, composés essentiellement de très anciennes civilisations traditionnelles, solidement structurées par des valeurs ancestrales, refusant unanimement les errances d’un Occident déboussolé et suicidaire.

Quelles sont les caractéristiques de chacun des deux blocs ainsi constitués ?

 2.

Le camp traditionaliste

Le terme de « tradition » vient du latin  traditio, action de transmettre et du verbe tradere  : transmettre ; on confond souvent les traditionalistes avec les conservateurs ; le latin précise bien qu’il y a une action qui est requise ; la tradition n’est donc pas un simple « retour au passé », un concept figé, contrairement au mot « conservation » qui suppose une préservation, certes, mais aussi le « maintien d’un statu quo », selon le Larousse. C’est exactement la différence que décrit l’adage russe : « Le passé n’est pas un port, c’est un phare ». c’est-à-dire ce qui éclaire notre présent pour envisager notre avenir.

Il faut toujours remonter à la source pour comprendre le présent et tenter de deviner le futur. Remonter à la source, c’est prendre de la hauteur, l’eau coule toujours du haut vers le bas ; l’eau qui sourd de la source est un renouvellement constant, comme une fontaine de Jouvence.

Nos ancêtres avaient observé la nature et les astres et en avaient conclu que le temps était cyclique et que le processus pérenne « naissance-vie-mort » n’avait ni début ni fin. Les anciennes civilisations indo-européennes indiennes, grecques et iraniennes avaient partagé les grandes périodes de ce temps cyclique en quatre âges représentés par des métaux qui allaient du plus précieux au plus vil (or, argent, bronze et fer), l’or étant incorruptible et le fer se décomposant en rouille jusqu’à disparaître avec la fin du cycle avant qu’en renaisse un nouveau. L’Âge d’or représentant le plus haut sommet d’une civilisation, chacun des citoyens vivait selon les préceptes d’une spiritualité raffinée, productrice de valeurs admirables, aristocratiques et chevaleresques qui structuraient une société policée et enracinée au sol qui lui avait été dédié, ces vertus s’émoussant au fil du temps et des âges jusqu’au déclin de l’Âge de fer qui voit la totale décomposition de cette société par l’inversion de ses valeurs, l’abêtissement et l’ensauvagement de l’humanité et le règne du matérialisme le plus abject.

Nous sommes à la fin de ce dernier âge et l’on peut constater les méfaits qui l’accompagnent inévitablement et inexorablement dans la vie de tous les jours.

Une certaine catégorie d’hommes et de femmes (que Julius Evola appelle « les êtres différenciés ») se consacre, au fil des siècles et des générations, à la transmission et à la maintenance des valeurs de l’Âge d’or qui devraient être les valeurs naturelles et spirituelles de l’humanité si elles n’avaient pas été détournées. La réactivation de ces valeurs étant la condition indispensable à la résurgence du nouveau cycle lorsque le temps sera venu.

Le camp globaliste veut coûte que coûte empêcher cette réactivation qui, si elle est menée à bien, signifierait la fin de son hégémonie matérielle. C’est tout le combat des « êtres différenciés » dont nous parlerons en fin d’article. Toutes les actions qui visent à retarder la chute de cette modernité matérialiste constituent une production d’énergie en pure perte ; le seul combat utile consiste à préparer le grand retournement en rassemblant les bagages (les valeurs) pour franchir le gué qui mène au nouveau cycle, au nouvel Âge d’or, et en empêchant les satanistes d’interrompre le processus d’avènement du nouveau cycle.

Ce processus est expliqué dans la plupart de mes ouvrages et articles ; je ne pourrai pas ici l’expliciter plus avant. Je donne juste quelques indications qui, dans le cadre de cette intervention, permettent de comprendre les événements qui nous préoccupent actuellement, c’est-à-dire les raisons de l’offensive inattendue et brutale des forces négatives qui ont pris le pouvoir sur l’ensemble de la planète.

 3.

Le camp globaliste

Je parlerai indifféremment de mondialistes, globalistes, satanistes ou transhumanistes puisque ce sont autant de sectes nuisibles qui interfèrent, se complètent et se substituent l’une à l’autre selon les situations ou les besoins du moment, mais qui visent le même but sous des apparences quelquefois patelines et anodines : la réduction puis la mise en esclavage et/ou en robotisation de ce qui restera de la population planétaire, « l’élite » (que ces groupes s’arrogent le droit exclusif de représenter) ne se préoccupant que d’accroître sa durée de vie et son bien-être matériel au prix de bien de turpitudes et de misères infligées aux peuples sans le moindre état d’âme, ce qu’a amplement prouvé l’épisode sanitaire et ses suites tragiques.

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Nos globalistes se veulent les héritiers de la race des Titans qui, dans la mythologie grecque, ont voulu se mesurer aux dieux par la révolte de leur figure la plus emblématique qui s’appelle Prométhée, lequel est réputé avoir créé les humains ; le prométhéisme, ou le titanisme, a donné naissance au surhumanisme, qui est lui-même l’antichambre de l’actuel transhumanisme qui milite pour un « homme augmenté », équivalent du surhomme. Humanisme (domination de l’Homme sur les autres règnes), surhumanisme, transhumanisme et, but ultime : posthumanisme qui voit l’Homme transformé en robot dans un épouvantable cliquetis de ferraille...

Cette vanité, cet orgueil qui a poussé les Titans à défier les dieux s’appelle l’hubris, la démesure élevée en mode de fonctionnement de nos sociétés actuelles, la folie titanesque qui voit, par exemple, s’élever des tours toujours plus hautes au sein de mégapoles toujours plus gigantesques.

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Et ce n’est pas un hasard si l’équivalent des Titans chez les monothéistes sont les anges rebelles, et de ce fait déchus, dont le chef s’appelle évidemment Satan, dont la racine serait la même que celle de Titan, selon le chercheur Daniel E. Gershenson. La cause de la déchéance de ces « anges » est identique à celle qui a poussé Prométhée à défier les dieux : l’hubris, l’orgueil, la vanité, la volonté de se mesurer à Dieu, voire de le remplacer.

Les ancêtres de nos modernes transhumanistes sont les auteurs d’une grande manipulation, bien avant celles de la pseudo-pandémie et des pseudo-vaccins, une totale inversion des valeurs et de la logique.

Cette manipulation s’est révélée à la faveur, d’une part, des multiples inventions scientifiques qui ont jalonné la fin du 19e siècle (inventions qui ne pourront que tourner la tête des foules et les persuader qu’une ère nouvelle était en train de bouleverser leur vie, celle du progrès sans fin) et, d’autre part, à la même époque, de la parution du livre de Charles Darwin, L’Origine des espèces, qui professe que l’ancêtre de l’homme est un singe. Ces nouveaux « progressistes » en ont profité pour diriger l’humanité vers une croyance entièrement tournée vers le matérialisme et le monde artificiel qui ne pouvait qu’avantager leur ambition démesurée de contrôler la planète par ce biais, ces individus d’alors, tout comme leurs successeurs d’aujourd’hui, étant incapables de toute démarche spirituelle.

La théorie du progrès (lequel ne peut être que technique, et encore sous certaines réserves) et celle de l’évolution qui procèdent toutes deux d’un même illogisme sont des aberrations dans un monde qui, quand on observe la nature, ne peut que nous conduire à constater que tout ce qui vit sur Terre vit sous le principe traditionnel de l’involution, expliqué par Julius Evola [3], c’est-à-dire, dans un sens qui va du meilleur au pire, de la naissance à la mort et non pas le contraire [4]. Ces aberrations ont également infesté le raisonnement de l’archéologie naissante qui voit dans les ossements humains qu’elle découvre encore aujourd’hui des ancêtres de l’homme actuel alors que ce sont, dans un flux naturel qui coule en sens contraire, des restes de branches humaines dégénérées qui appartiennent vraisemblablement à des fins de cycles antérieurs au nôtre, tout comme les peuplades primitives qui sont nos contemporaines [5].

Toujours selon Evola, seule une petite minorité de personnes a conscience de cette manipulation parce que ces personnes ont conservé ce qu’il appelle « cette hérédité des origines, cet héritage qui nous vient du fond des âges qui est un héritage de lumière. […] Seul peut adhérer au mythe de l’évolutionnisme et du darwinisme l’homme chez qui parle l’autre hérédité (celle introduite à la suite d’une hybridation) car elle a réussi à se rendre suffisamment forte pour s’imposer et étouffer toute sensation de la première [6]».

Le constat d’involution est la plus grande idée révolutionnaire que l’on puisse émettre car, à partir de ce constat, tous les fondements illusoires de notre société matérialiste basés sur les notions de progrès et d’évolution s’écroulent.

4.

Qui est Laurent Alexandre ?

Le chantre du transhumanisme en France, bien connu depuis la parution de son livre en 2011, La Mort de la mort, se nomme Laurent Alexandre.

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Chirurgien-urologue, diplômé de Sciences-Po, d’HEC, de l’ENA, il vit actuellement en Belgique (histoire de ne pas payer d’impôts ?) avec sa famille, après avoir vendu son site internet Doctissimo pour 139 millions d’euros au groupe Lagardère.

Dans son livre, il nous prédit une révolution technologique notamment dans le domaine médical, si radicale que la notion même de mort sera caduque dans les quelques dizaines d’années qui viennent. Ces progrès spectaculaires tiennent, dit-il, en quatre lettres : NBIC, pour : Nanotechnologies, Biologie, Informatique, et sciences Cognitives. « Grâce à ces révolutions concomitantes de la nano-technologie et de la biologie, chaque élément de notre corps deviendra ainsi réparable, en partie ou en totalité, comme autant de pièces détachées. »

Alexandre tente, avec beaucoup de maladresse et de désinvolture – on sent bien que c’est le moindre de ses soucis – de se doter d’une morale, ou plutôt d’une philosophie, ou tout au moins d’une posture pour contrebalancer l’excessivité de ses positions matérialistes et le cynisme qui va avec. Le résultat est un naufrage, l’auteur se contredisant d’une page sur l’autre et émettant tous les poncifs en vogue. On se demande ce que vient faire ici, dans ce livre où il est question d’une révolution majeure, l’épuisant et mesquin conflit gauche-droite : « Le mouvement transhumaniste deviendra l’allié de l’Etat-providence, et défendra l’accès pour tous aux technologies bionanomédicales. Répétons-le, le transhumanisme est une idéologie de gauche très égalitariste. Ce n’est pas la défense d’une race supérieure contre les autres… » (page 247) mais, page 301 : «  L’alliance des transhumanistes et des humanistes égalitaristes de gauche pourrait conduire à la généralisation de normes administratives réductrices de libertés. » Seulement administratives ?

Page 303 : « Dans les siècles qui viennent, les souvenirs pourront être manipulés directement dans les cerveaux humains. De quoi donner un nouvel élan aux sinistres mouvements ˝conspirationnistes˝ qui contestent les vérités les plus établies, de la Shoah à la conquête de la lune, en passant par les attentats du 11 septembre. » Un nouvel élan dans plusieurs siècles ? Il faut être patient. Mais, page 309 : «  Le problème, c’est que le lobby transhumaniste est très organisé et puissant alors que l’on attend toujours qu’une contestation aux technologies NBIC s’organise. »

Page 248 : « Les transhumanistes sont fondamentalement des sociaux-démocrates et pas du tout une nouvelle extrême-droite. » (retenez bien ceci qui va nous servir dans un moment) mais, page 317 : «  Rien ne garantit qu’une humanité augmentée sera tolérante vis-à-vis des humains traditionnels. [] La possible tyrannie de la minorité transhumaniste doit être envisagée avec lucidité. ».

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Et voici une perle : en 2011, Laurent Alexandre avait « prédit » ce qui allait se passer en 2020, mais ce ne sont pas des terroristes qui sont à l’origine de cette attaque, ce sont ses amis, et il avait même prévu le pseudo-vaccin qui allait suivre  : « Une attaque terroriste virale, avec par exemple une version génétiquement modifiée du SRAS, de la variole ou autre, pourrait provoquer des millions de victimes avant qu’un vaccin ne soit disponible. » Mais Alexandre nous met la puce… à l’oreille ; les transhumanistes sont prêts à tout pour arriver à leur fin : « La hantise de la mort chez beaucoup des transhumanistes pourrait bien les conduire à accélérer l’histoire technologique, quitte à utiliser la force ».

C’est ce qu’ils ont déjà commencé à faire ; la tactique des globalistes consiste à conditionner les populations aux abominations qu’ils ont préparées pour elles, tout en laissant croire qu’il ne s’agit que d’une fatalité contre laquelle personne ne peut rien, et sûrement pas eux.

Le grand chambardement dont il est question dans le titre de cet article ne fait pas seulement référence à la création des BRICS, il est aussi européen, mais surtout français parce qu’il concerne notre classe politique qui ne réagit pas du tout comme nous étions en droit de l’attendre.

5.

La trahison des droites populaires

Georgia Meloni n’est pas le seul dirigeant européen à avoir trahi ses électeurs, mais elle a été la première à l’avoir fait avec une telle rapidité et un tel dédain de ses électeurs et elle est encore actuellement le modèle des deux courants principaux de la droite populaire française : RN et Reconquête qui, désormais, ne se distinguent pratiquement plus : Marion Maréchal a annoncé récemment son intention de rejoindre le groupe de Meloni au Parlement européen si elle est élue et nous allons voir que les deux partis cochent toutes les cases du politiquement correct sous la houlette de l’Union européenne.

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En décembre 2023, Georgia Meloni, en reniant ses promesses électorales et surtout celle concernant l’arrêt de l’immigration pour laquelle elle a été élue, a décidé d’accueillir légalement 452.000 travailleurs étrangers en Italie (en plus des clandestins qui débarquent à flots à Lampedusa) pour combler les prétendus déficits en main-d’œuvre de l’agriculture, de la pêche et de la restauration ; situation similaire à celle de la France : si les ouvriers et employés étaient bien payés et si les indépendants ne succombaient pas sous les charges, les mondialistes n’auraient pas besoin d’appeler au secours des migrants pour les traiter en esclaves ; les secteurs concernés apprécieront, surtout les paysans [7].

Tout comme les Fratelli d’Italia (le parti de Meloni), RN et Reconquête ont coché et cochent encore  toutes les cases du politiquement correct de l’Union européenne :

 - Pendant la crise sanitaire, les deux partis français étaient favorables à la « masquarade », au confinement et à l’injection des pseudo-vaccins.

- Les deux partis ont pris position pour l’Otan lors de la guerre que cette organisation a initiée en Ukraine contre la Russie.

- les deux partis se sont rangés derrière Israël pour dénoncer l’agression du Hamas contre Israël et, du même coup, soutenir le massacre en cours des Palestiniens par les sionistes.

 - L’immigration devrait encore être le cheval de bataille des deux partis puisqu’ils sont mandatés par le peuple pour l’arrêter même si, à l’arrivée aux affaires de l’un des deux, il n’aurait strictement aucun pouvoir, - la reculade de Meloni l’a prouvé - puisque tous les organismes satellites de l’Union européenne ayant force de loi sur ce sujet sont pleinement favorables à une invasion migratoire sans limite. Rappelons cependant que Marine Le Pen n’a pas attendu les élections pour donner des gages de soumission à l’Europe (alors qu’on ne lui demandait rien) puisque, au début de ce mois de février, elle a « mis en garde » le parti dit « d’extrême-droite » allemand, l’AFD, sur son projet d’organiser la remigration des étrangers non-européens contre lequel elle est vent debout ( par souci électoral?)

Nous en serions là de ces « droites populaires » acquises à presque toutes les dérives mondialistes si le RN, jamais en retard d’un asservissement, n’avait pas poussé le bouchon beaucoup plus loin !

6.

Laurent Alexandre : coucou, le revoilou ! Il joue au gourou ! chez Bardella !

Oui, ce personnage, d’apparence qui ne peut pas être qualifiée de guillerette, se trouve désormais être l’un des principaux conseillers du RN, propulsé à cette fonction par Marine Le Pen et Jordan Bardella ; rappelons ce qu’écrivait Laurent Alexandre dans son ouvrage La mort de la mort, p. 248 : « Les transhumanistes sont fondamentalement des sociaux-démocrates et pas du tout une nouvelle extrême-droite. »

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Son ralliement à « l’extrême-droite » nous fait penser à la position de l’éminence grise qui se tenait derrière l’élection de chacun de nos présidents depuis des décennies, je veux parler de Jacques Attali (celui qui rêve de voir disparaître les personnes âgées de plus de 65 ans parce qu’elles sont « improductives »), personnage pour lequel Alexandre a la plus grande sympathie [8] et qu’il rêve peut-être de remplacer. Et quoi de plus facile à faire avec le RN quand on sait avec quel empressement les dirigeants de ce parti saisissent n’importe quelle occasion de s’immiscer dans la cour fermée des lanceurs de fatwa du politiquement correct pour tenter d’être épargnés de leurs traits redoutables.

Le philosophe Gaspard Koenig [9] a publié dans le journal Les Echos du 11 octobre 2023 un article au sujet de cette marotte inattendue de Marine Le Pen et Jordan Bardella sous le titre : Pourquoi l’extrême-droite est devenue technophile ?

« Le transhumanisme a trouvé un écho très favorable dans les milieux d'extrême droite, satisfait de voir se dessiner une humanité homogénéisée, faite de clones hyperconnectés dressés dans le culte de la performance, regrette Gaspard Koenig. Les masques tombent : le transhumanisme est un antihumanisme. Qui, parmi la classe politique, parle aujourd'hui de colonisation du cosmos, de sélection embryonnaire, d'Homo deus ou d'IA forte (« l'autre grand remplacement ») ? Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui se fait remarquer depuis un an par sa technophilie galopante et qui vante avec candeur les progrès des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) en déplorant les ardeurs régulatrices de l'Europe. Il se fait ainsi l'écho fidèle de Laurent Alexandre , l'importateur zélé des rêves de la Silicon Valley, qui parle aux politiques de tous bords et semble avoir trouvé oreille attentive. »

Cet engouement du RN pour le transhumanisme ne date pas d’hier, déjà, en 2020, le journal L’Opinion s’en faisait l’écho sous le titre : Laurent Alexandre, le docteur qui phosphore avec la droite radicale[10] : « Son allure sage, chemise à rayures et lunettes invisibles, est trompeuse : Laurent Alexandre est le showman qui parle de repousser les limites de la mort. Marine Le Pen l’écoute. Elle a invité l’ancien chirurgien-urologue à sa rentrée politique à Fréjus, en septembre , quitte à dérouter un public militant peu porté sur le transhumanisme. Qu’importe, la patronne du RN sort ravie de l’amphithéâtre : la preuve que son parti « réfléchit » ! Quoi de mieux qu’un futurologue médiatique pour dépoussiérer un meeting ronronnant ? « Je les perturbe », rigole l’intéressé auprès de l’Opinion. »

Yuval-Harari-Homo-deus.jpgUn article du Monde du 10 février 2023 relate que Jordan Bardella a été fortement impressionné par le livre Homo deus, une brève histoire du futur de Yuval Harari, le principal théoricien des sectes mondialistes et transhumanistes.

Enfin, pour couronner le tout, Laurent Alexandre a été invité à participer à un débat avec le philosophe Olivier Rey le 28 juin 2023 sur le thème de « L’irruption de l’IA (intelligence artificielle) : un bouleversement sous-estimé pour nos sociétés » lors du colloque de la Fondation ID intitulé « Relever le défi de l’IA en Europe » présenté par le jeune député RN de l’Hérault Aurélien Lopez-Liguori, président du groupe d’études de l’Assemblée nationale consacré à la souveraineté numérique [11].

Eliezer Yudkowsky, l'un des experts de cette nouvelle science met en garde le monde, dans le Guardian du 17 février 2024 contre les dangers de l'intelligence artificielle [12]. Et le magazine Geo rapporte ainsi l’entretien: « Selon lui, l’IA pourrait nous mener à notre perte. Pour détruire l’humanité toute entière... Elle n’aurait besoin que de quelques années. "Si vous me mettez au pied du mur, si vous m’obligez à faire des probabilités, [je peux vous dire que] j’ai le sentiment que notre calendrier actuel ressemble plus à cinq ans qu’à cinquante ans, a-t-il confié au quotidien. Cela pourrait mettre deux ans, cela pourrait en mettre dix."

En bref, Yudkowsky prévient le monde qu’il serait très dangereux de laisser n’importe quel apprenti-sorcier farfelu s’occuper d’I.A car les conséquences pourraient être très graves.

Disons-le clairement: cette dérive des droites populaires est consternante et gravissime, dérive qui s’effectue dans l’indifférence ou l’ignorance des militants et électeurs de ces mêmes droites, dont les espérances légitimes pour un retour aux valeurs saines qui ont fondé nos sociétés traditionnelles européennes sont entièrement bafouées.

Nous aurions pu espérer au moins que les théoriciens des milieux identitaires et traditionalistes auraient promptement et vivement réagi à ces dévoiements. Il semble bien que ce soit tout le contraire; ces structures quelquefois vieilles de plus de 50 ans sont restés cantonnées dans leur microcosme intellectuel parisien, dans leur attachement désuet au concept surhumaniste qu’elles n’ont pas vu bifurquer vers le transhumanisme; ces mêmes « élites » qui, tout au long de ces cinquante années, n’ont jamais pu prendre le moindre pouvoir effectif sur le plan spirituel, culturel, idéologique, politique, métapolitique, économique, etc., tous détenus par la gauche, l’extrême-gauche et les mondialistes d’une manière générale, auraient, paradoxalement (?), retrouvé un nouveau souffle en se ralliant aux structures mondialistes et ainsi favorisé le dérapage globaliste de ces droites renégates si l’on en croit l’étude de Périne Schir, rapportée par Marine Turchi dans Médiapart du 18 déc 2023  sous le titre : « Sous la présidence Bardella, la Nouvelle Droite retrouve un rôle de premier plan au RN » :

1652089042567.jpg« Chercheuse à l’université George-Washington, Périne Schir (photo) démontre l’influence que retrouvent au Rassemblement national deux cercles radicaux : la Nouvelle Droite sur l’idéologie, la « GUD Connection » sur les finances. Tout en partageant les mêmes connexions avec l’extrême droite italienne.

Sous la présidence de Jordan Bardella, deux réseaux radicaux ont retrouvé une place de premier plan au Rassemblement national (RN) : la Nouvelle Droite et la « GUD Connection ». Et ces cercles, qui bénéficient de connexions étroites avec l’extrême droite italienne, pourraient aider le nouveau président du RN à se rapprocher de la première ministre italienne, Giorgia Meloni. »

La boucle est bouclée.

7.

Les êtres différenciés

On comprend mieux l’expression du visionnaire Julius Evola, « les êtres différenciés », ceux qui sont chargés de faire repartir la roue du nouveau cycle depuis l’offensive, en 2020, des sectes globalistes.

En effet, on pouvait prévoir que ces êtres différenciés surgissent des habituels cercles d’une vieille droite nationale qui ne semblait pas très éloignée du concept traditionnel.

Il s’est avéré que ces êtres différenciés étaient des êtres différents de ceux que l’on attendait.

Ce ne sont pas ces militants qui se disent « nationalistes » (par opposition au mondialisme) qui se sont érigés en résistants lors de ces agressions mondialistes ; ceux-ci sont restés, pour la plupart, confinés en leur demeure, comme l’ordre leur en avait été donné. Ce sont d’autres personnes, souvent issues du milieu médical qui, par leur courage et leur charisme, ont pu rassembler autour d’eux, l’embryon d’une communauté destinée à préparer l’après-fin de notre cycle.

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C’est ainsi que l’on a pu voir une librairie nationaliste être saccagée par des gauchistes qui ont rallié le grand capital (notamment celui de Big Pharma) tout comme l’ont fait les droites dites « populaires » ; c’est sans doute ce que Guillaume Faye appelait la « convergence des catastrophes » ! Et, oh surprise ! Les vitrines de cette librairie dénonçaient comme « facho » un Louis Fouché, médecin de son état, qui fut l’un des grands lanceurs d’alerte se dressant courageusement et avec talent contre la dictature sanitaire [13], un homme que ces mêmes gauchistes appellent un « covidonégationniste » ! Il se fait que Louis Fouché a, ou avait, plutôt des sympathies de gauche si l’on s’en tient encore à ce manichéisme suranné droite-gauche ; les terroristes gauchistes expliquent ainsi leur « action » dans un style qui nous a quand même fait pouffer de rire :

Malgré ses positionnements politiques, il est traité avec complaisance par une partie de celleux (sic !) qui devraient être ses ennemis, parce qu’il mobilise des références prisées à l’extrême-gauche telles qu’Alain Damasio ou Murray Bookchin dans le cadre d’une stratégie confusionniste, et parce que le mouvement antifasciste n’a pas entièrement pris la mesure de la menace continue que constitue le covidonégationnisme. Louis Fouché, comme tous ceux qui nient la gravité du Covivid-19, l’efficacité du vaccin et des masques, est un eugéniste, prêt à sacrifier les personnes les plus vulnérables à la maladie. Il est également clair que lui et ses amis sont des fascistes, et doivent désormais être traités comme tel par tou-tes les révolutionnaires. »

On peut classer aussi comme « covidonégationnistes » toutes les grandes personnalités du monde médical comme le professeur Raoult, le professeur Perronne, la généticienne Alexandra Henrion-Caude, le regretté prix Nobel Luc Montagnier, etc. qui se sont élevés contre Big pharma et la secte mondialiste.

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Dans d’autres domaines ont surgi aussi sur le devant de la scène des êtres différenciés tel l’ingénieur-physicien Philippe Guillemant (photo), lui aussi spécialiste de l’intelligence artificielle, mais qui n’en tire pas, loin de là, les mêmes conclusions que Laurent Alexandre ou que Jordan Bardella. Philippe Guillemant inclut dans ses recherches la dimension spirituelle qui fait cruellement défaut aux transhumanistes et autres chercheurs scientistes. On le voit ici en photo en compagnie de Georges Gourdin (ci-dessous), le créateur et rédacteur en chef du site Nice-Provence Info.

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Les préoccupations de son livre paru en 2021 chez Trédaniel, Le grand virage de l’humanité, rejoignent celles que nous avons exprimées en tout début de cet article et dans les paragraphes traitant du transhumanisme, avec le grand plus de son expertise en matière scientifique et notamment de science physique, et son talent de prospectiviste, tel que nous l’indique la dernière de couverture de ce même ouvrage : « Si la crise du coronavirus représente un grand tournant dans l’histoire de l’humanité, vers quel futur nous dirige-t-elle dorénavant ? D’après Philippe Guillemant, la physique peut répondre à cette question. L’avenir serait en effet déjà tracé, mais pourrait radicalement changer, comme le parcours d’un GPS, en produisant des coïncidences étranges suivies de défaillances irrationnelles. L’auteur en déduit que les événements sidérants que nous avons vécus de 2019 à 2021 sont des signes que, dans le futur, l’humanité s’est débarrassée du transhumanisme pour s’orienter vers une nouvelle destinée, construite par par un éveil de conscience à la véritable nature de l’humain. »

Je conclurai cet article comme je le fais désormais pour tous les autres, à savoir rappeler que ces forces négatives qui veulent arrêter le cours de la vie sur Terre en défiant Dieu ou les dieux ne réussiront JAMAIS à venir à bout de leur projet qui ne peut se situer que sur un plan matériel, la spiritualité qui gouverne tous les autres plans, y compris le plan matériel, leur étant inaccessible du fait même de leur origine satanique ou du pacte qu’ils auraient éventuellement conclu avec un supposé diable, dont ils se revendiquent en permanence [14].

Pierre-Emile Blairon

Notes:

[1]. Voir sur ce même site mon article : Mais quelles est cette secte qui dirige le monde ?

[2]. Comme nomment les Occidentaux les anciens dissidents russes Zinoviev et Boukowski, bien placés, de par leur expérience en Union soviétique, pour prédire que l’Europe dite de Bruxelles allait devenir une dictature. Voir mon livre La Roue et le sablier, p. 202.

[3]. « Alors que l'homme moderne, jusqu'à une époque toute récente, a conçu le sens de l'histoire comme une évolution et l'a exalté comme tel, l'homme de la Tradition eut conscience d'une vérité diamétralement opposée à cette conception. Dans tous les anciens témoignages de l'humanité traditionnelle, on retrouve toujours, sous une forme ou sous une autre, l'idée d'une régression, d'une "chute" : d'états originels supérieurs, les êtres seraient descendus dans des états toujours plus conditionnés par l'élément humain, mortel et contingent. Ce processus involutif aurait pris naissance à une époque très lointaine. ». Julius Evola, Révolte contre le monde moderne.

[4]. Consulter à ce sujet sur ce même site les articles que j’ai signés : La France, laboratoire de la secte mondialiste et aussi : Evola et la Tradition primordiale : une autre vision de l’Histoire.

[5]. « Il est très significatif, d'autre part, que les populations où prédomine encore ce que l'on présume être l'état originel, primitif et barbare de l'humanité ne confirment guère l'hypothèse évolutionniste. Il s'agit de souches qui, au lieu d'évoluer, tendent à s'éteindre, ce qui prouve qu'elles sont précisément des résidus dégénérescents de cycles dont les possibilités vitales étaient épuisées, ou bien des éléments hétérogènes, des souches demeurées en arrière du courant central de l'humanité ». Julius Evola, Révolte contre le monde moderne.

[6]. Julius Evola, Révolte contre le monde moderne

[7]. https://www.youtube.com/watch?v=hKcOARkVHZs

[8]. https://www.tiktok.com/@ingridcourregesofficiel/video/7283487210056207648

[9]. Lequel n’a pas compris que le transhumanisme n’est pas un « antihumanisme » mais la suite logique de l’humanisme et du surhumanisme.

[10]. https://www.lopinion.fr/politique/laurent-alexandre-le-docteur-qui-phosphore-avec-la-droite-radicale

[11]. https://www.youtube.com/watch?v=Lf088Pj7XVA

[12]. https://www.geo.fr/sciences/ia-pourrait-terrasser-humanite-en-deux-ans-seulement-alerte-un-expert-guardian-eliezer-yudkowsky-218905

[13]. https://paris-luttes.info/attaque-de-la-librairie-vincent-17863

[14]. Voir à ce sujet sur ce même site mes articles :  La France, laboratoire de la secte mondialiste et, auparavant :  Mais quelle est cette secte qui dirige le monde ?

samedi, 13 janvier 2024

L'homme inutile et l'arche de l'oligarchie

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L'homme inutile et l'arche de l'oligarchie

par Roberto Pecchioli

Source : EreticaMente & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/l-uomo-inutile-e-l-arca-dell-oligarchia

Le mensonge le plus stupide répandu par le système est que ses opposants sont des comploteurs, des paranoïaques qui inventent des intrigues et des conspirations, convaincus par faiblesse mentale que la main invisible d'un Spectre planétaire est à l'origine de chaque événement. Ce ne sont pas les sujets qui manquent, mais la vérité est qu'il n'y a ni complot ni machination. Les actions, les cibles, les instruments, les agents du pouvoir sont là, au vu et au su de tous. Ils ressemblent à un jeu de la Settimana Enigmistica, la page blanche avec des points qu'il appartient au lecteur d'assembler pour composer l'image. Nos "supérieurs" nous disent tout : à nous d'assembler les faits et les mots.

Dès les années 1950, à l'aube de la révolution technologique, Günther Anders écrivait que l'homme était dépassé. Son intelligence n'est plus à la hauteur des innovations technologiques, des découvertes qui révèlent l'insuffisance de l'homo sapiens. Anders appelait le fossé grandissant entre l'homme et la machine le "fossé prométhéen". Des décennies plus tard, la volonté de transcender l'homme au point de le remplacer par un appareil artificiel est évidente. Les robots, les nanotechnologies, l'essor de l'intelligence artificielle, le cyberhomme hybridé avec la machine sont des réalités. Difficile, pour beaucoup, de saisir le sens d'une reconfiguration aussi gigantesque, la plus grande, la plus définitive des remises à zéro.

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L'idéologie des élites n'est pas seulement le libéralisme mondialiste tendant à la privatisation du monde et à l'unification planétaire sous la domination d'une oligarchie maîtresse de tous les moyens. Le véritable objectif est le transhumanisme, c'est-à-dire la volonté de dépasser l'homme créature en changeant irrémédiablement sa nature biologique. L'écrivain a analysé tout cela dans un livre, L'uomo transumano - récemment publié par Arianna Editrice - dont le sous-titre, La fine dell'uomo (La fin de l'homme), a fait l'objet d'un désaccord avec l'éditeur. Nous aurions préféré que le point d'interrogation donne de l'espoir, qu'il indique une possibilité, qu'il laisse la porte ouverte à la réfutation. Il faut se ranger à l'avis du marketing : en effet, la fin de l'homme - homo sapiens sapiens, l'espèce à laquelle nous appartenons - est proche. Les porte-parole des maîtres universels nous le disent clairement. L'homme archaïque d'Anders est désormais "inutile", selon les termes de Yuval Harari, intellectuel majeur et porte-parole du Forum de Davos, transhumaniste, auteur du best-seller Homo Deus, dont le titre est un programme idéologique précis.

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Harari est lui-même un produit transhumain: homme de confiance des seigneurs du monde, israélo-américain, athée, homosexuel (humanité inversée, stérile...). Il fait partie de ceux que la coupole désigne pour élaborer des idées et diffuser la parole des supérieurs à l'homme d'autrefois, à petites doses ciblées. Il faut s'y faire. Tant pis pour nous si nous ne comprenons pas : ils nous ont mis au parfum. L'homo deus, qui refait la création imparfaite et se met à la place de Dieu, de la nature ou de l'évolution - vieille utopie gnostique résurgente - ce n'est pas nous. C'est "eux", les illuminati, qui s'arrogent non seulement la direction de l'humanité, mais même la propriété des humains.

Dans une récente interview accordée au média suisse Uncut-news.ch, Harari a lâché l'ultime bombe, pour autant que nous ayons encore les outils cognitifs pour la reconnaître : l'homme ordinaire - une grande partie de l'humanité - est "inutile". Il faut donc s'en débarrasser. L'image qu'il utilise est biblique : "lorsque le déluge viendra, l'élite construira l'arche de Noé et la classe des inutiles (moi, vous, amis, enfants et petits-enfants) se noiera". Paranoïa, indication de problèmes psychiatriques ? Pas si la voix est celle des grillons parlants de Davos, traduits dans toutes les langues pour éduquer la future transhumanité.

Ainsi parle Harari, le techno-Zarathoustra. "Le monde connaît une profonde mutation : l'intelligence artificielle joue un rôle de plus en plus important. Quel en est l'impact ? L'idée que les êtres humains ont une âme ou un esprit et un libre arbitre est révolue". On ne connaît pas de matérialisme plus absolu, glacial et inhumain que celui distillé par les ventriloques de lorsignori. Ils prédisent (ou savent...) que l'humanité sera divisée en castes biologiques. Au lieu d'une humanité, il y en aura plusieurs. Le résultat est que la plupart des gens deviennent "économiquement inutiles" et "politiquement impuissants".

Nos maîtres nous qualifient d'"inutiles", c'est-à-dire de non utiles ; nous ne servons pas leurs objectifs, les seuls qui vaillent la peine d'être poursuivis. L'utilité a été déclinée dans un sens purement économique : des bras à exploiter, des cerveaux à presser. Fin : ils ont des robots, des Chatbox d'Intelligence Artificielle. À quoi sert l'être humain obsolète, malade, pleurnichard, détenteur des "droits" qu'ils proclament ? À polluer Gaïa, une planète qui leur appartient. "Nous voyons déjà les premiers signes d'une nouvelle classe de personnes, la classe des inutiles, ceux qui n'ont aucune compétence à utiliser dans la nouvelle économie". Il ne reste plus qu'à s'en débarrasser en les supprimant. "La révolution de l'intelligence artificielle est en marche, créant une classe sans utilité militaire ou économique et donc sans pouvoir politique. Puisque nos bras et nos cerveaux - les miens, les vôtres - n'ont plus de raison d'être, il faut, selon Harari, se contenter de drogues et de jeux vidéo. Non, merci, à l'inculture du gaspillage.

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La prophétie est précise. Lorsque le déluge arrivera, les scientifiques construiront une arche de Noé pour l'élite et les autres se noieront. Le déluge pourrait être une guerre nucléaire - les prémisses sont là - ou une nouvelle pandémie. Les tests ont très bien fonctionné et l'Organisation mondiale de la santé aura bientôt des pouvoirs directs sur les États-nations archaïques. Ou une famine, que l'Occident suicidaire prépare en interdisant les cultures et l'élevage sous l'alibi du changement climatique. La région d'Émilie-Romagne paie les agriculteurs pour qu'ils ne travaillent pas leurs terres. Le déluge prend la forme d'une bruine constante: l'appel à une sexualité compulsive mais stérile (homosexualité, idéologie du genre), la diffusion de modèles de vie dont les enfants sont exclus, c'est-à-dire la transmission de la vie. Ces jours-ci, la secrétaire "fluide" du DP, porte-parole des destins magnifiques et des progressistes, s'est élevée contre le désir de maternité.

Avec beaucoup d'emphase, on célèbre un avenir dans lequel les êtres humains (survivants) ne seront plus conçus et mis au monde naturellement. Le dépassement de l'humain est présenté comme une libération pour les femmes. Pour l'homme, plus inutile que désuet, vient la pilule qui stérilise. Plus de progrès : voici un moyen de vivre autrement les relations sexuelles et sentimentales. La pluie devient un déluge dans les régions les plus avancées du monde. Avancée vers la fin...

Un nouveau droit inversé s'impose : non plus le droit à la vie, mais à la mort déclarée, pour les malades, les vieillards, les dépressifs, les pauvres. L'armée des inutiles doit avancer sereinement vers son anéantissement, calme, posée : c'est son "intérêt supérieur", comme l'interdiction de soigner le petit Indy. Si notre intérêt est déterminé par quelqu'un d'autre, nous ne sommes pas libres et nous avons perdu la propriété de nous-mêmes, corps et âme.

C'est ce que veulent les danseurs de Harari. Réfléchissons-y. Et surtout, débarrassons-nous des schémas mentaux qui rendent hégémoniques l'acceptation préjudiciable de tout changement, le déterminisme positiviste-idéaliste selon lequel l'histoire serait inévitablement tournée vers le progrès et toute transformation serait une évolution positive. Comment concilier tout cela avec l'inutilité de la majorité de l'humanité, appelée à disparaître parce qu'inutile dans le système trans et inhumain voulu d'en haut, dépasse notre entendement. La pensée magique croit à la répétition et à l'abolition du jugement critique.

Pour Harari et le Dominion, l'humanité est un "algorithme obsolète". Après tout, quelle est la supériorité des humains sur les poules, dit le théoricien de l'humain inutile, si ce n'est que l'information circule en nous selon des schémas plus complexes ? Les poules traitent plus d'informations visuelles que nous, les humains, mais elles ne peindront jamais la Chapelle Sixtine. La dérive anti-humaine des tendances et des croyances, dont les conséquences sont le nihilisme et le mécanisme, est inquiétante. Tout ordre, toute vérité, toute beauté, est une construction sociale, la personne humaine n'est qu'une série d'algorithmes contenus dans une masse biochimique.

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Ainsi, la vie devient disponible, modifiable. De manipulation en manipulation, de bidouillage en bidouillage, l'homme devient autre que lui-même dans un parcours toujours en cours : le transhumain se coule dans le posthumain et l'antihumain. Selon la vulgate transhumaniste, dans cinquante ans, les humains "feront tous partie d'un réseau doté d'un système immunitaire central". Suit la menace : "Vous ne pourrez pas survivre si vous n'êtes pas connecté". L'oligarchie sera une sorte de Dieu et l'homo sapiens perdra le contrôle de sa vie.

La suite est la répétition du mantra élitiste de la "surpopulation à combattre". Ils préparent le déluge et nous préviennent. Entre-temps, ils doivent nous convaincre que c'est pour notre bien. Harari affirme dans From Animals to Gods qu'"il ne semble pas y avoir d'obstacle technique insurmontable à la production de surhommes. Les principaux obstacles sont les objections éthiques et politiques qui ont ralenti le rythme de la recherche humaine. Et aussi convaincants que soient les arguments éthiques, on voit mal comment ils pourraient résister longtemps à l'étape suivante, surtout lorsque l'enjeu est la possibilité de prolonger indéfiniment la vie humaine, de vaincre des maladies incurables et d'améliorer nos capacités cognitives et mentales". L'appât est la santé, mais le but est la mort.

À Davos, la montagne enchantée de l'Agenda 2030 transhumain, Harari l'a exprimé en ces termes : "La science remplace l'évolution par la sélection naturelle par l'évolution par le dessein intelligent. Il ne s'agit pas du dessein intelligent d'un Dieu au-delà des nuages, mais de NOTRE dessein intelligent, celui de nos nuages (les nuages informatiques, ndlr), les nuages d'IBM et de Microsoft. Ce sont ces nuages qui conduiront notre évolution". Les applaudissements nourris des présents - tous membres éminents des oligarchies économiques, financières, technologiques et politiques - montrent ce qu'est la pensée dominante, le matérialisme grossier qui l'anime, le délire de la toute-puissance convaincue d'avoir détrôné et remplacé Dieu.

Pour le dôme du pouvoir, ivre d'hybris, l'humanité future transhumaine, anthropologiquement et ontologiquement différente de l'ancienne, a besoin d'une éclaircie drastique. Harari a la vertu de la franchise. La plupart des gens sont "inutiles", ne sont plus "nécessaires". Nous sommes obsolètes, excédentaires, un obstacle à résoudre. Un frisson me parcourt l'échine. "Nous n'aurons tout simplement plus besoin de la grande majorité de la population, car l'avenir prévoit le développement de technologies toujours plus sophistiquées, telles que l'intelligence artificielle [et] la bio-ingénierie."

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Ceux qui ne peuvent plus trouver de travail en raison de l'automatisation croissante n'apportent rien à la société, ils ne sont plus nécessaires, ils ne font pas partie de l'avenir. Pour l'élite transhumaniste, la valeur de la personne humaine réside uniquement dans son utilité économique. L'homme est un animal à l'intelligence plus raffinée, un être purement biologique et corporel que l'on peut manipuler, sélectionner, modifier génétiquement, hybrider et finalement abattre pour les "têtes de l'humanité" en surnombre.

Même la fierté des "droits de l'homme" de l'homme occidental est battue en brèche. Pour les transhumanistes, il s'agit de mythes dénués de sens au niveau biologique, d'une histoire inventée, d'un récit, comme Dieu, le droit à la vie, la liberté, etc. Bien qu'importants dans certains contextes historiques, ils deviendront totalement insignifiants. L'agenda de la Grande Réinitialisation (grand effacement...) n'est rien d'autre que la mise en place progressive d'un gouvernement mondial technocratique basé sur le dépassement de l'humain (solve) et la création d'un monde entièrement nouveau (coagula), dans lequel c'est la machine qui domine l'humanité.

Les propos de Yuval Harari dans Homo Deus sont exemplaires. "Aujourd'hui, l'humanité est prête à substituer la sélection naturelle à la conception intelligente et à étendre la vie au-delà de l'organique, dans le domaine de l'inorganique. Au lieu que l'homme crée une nouvelle technologie, la technologie crée une nouvelle humanité". Et elle la détruit en la rendant inutile pour les desseins de quelques maîtres fous de tout. Si cela nous plaît, nous nous taisons ou nous pensons que cela ne nous concerne pas. Si cela nous fait peur, ce qui est normal, ne soyons pas des autruches en enfouissant notre tête dans le sol. Construisons l'arche des hommes, chassons ceux qui veulent notre mort et nous le disent sans honte. Sinon, ils auront raison : l'homo sapiens ne méritera pas de survivre.

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jeudi, 20 juillet 2023

Horror fati, le rejet de la réalité

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Horror fati, le rejet de la réalité

par Roberto Pecchioli

Source: https://www.ideeazione.com/horror-fati-il-rifiuto-della-realta/

Un homme obtient le droit de devenir une femme par la loi, sans chirurgie ni parcours psychologique, simplement parce qu'il le veut. Son corps n'est plus qu'un accessoire. Il a désormais le droit légal d'être considéré comme ce qu'il n'est pas. La décision du tribunal de Trapani menace de provoquer une avalanche : le dernier épisode de la déconstruction avant l'aboutissement trans et post-humain. Un autre demande est survenue, cette fois à devenir une femme, à se faire implanter un utérus pour pouvoir ensuite avorter. En d'autres temps, de tels postulants auraient été confiés à des psychothérapeutes ; aujourd'hui, ils ont des droits. Disney - à la pointe du phénomène woke et de la régression gendériste appliquée aux enfants - produit une version de Blanche-Neige et les sept nains sans prince charmant (intolérable hétéropatriarcat) avec des nains - multiethniques en hommage à l'obsession antiraciste et inclusive - qui ne le sont pas : il semble de mauvais aloi d'insister sur l'injuste petitesse de la stature.

Chaque jour surviennent de nouvelles étapes d'un voyage à l'envers qui laisse pantois ceux qui regardent le crépuscule joyeux de l'Occident avec les yeux de la réalité. Une sorte d'horror fati devient le sens commun, une haine du destin assigné par la nature, une volonté tenace de changer le cours des choses, un ressentiment implacable pour ce qui est. L'amor fati s'appelait l'acceptation sereine de la réalité, la reconnaissance du destin. Marcello Veneziani écrit que "dans le sens courant, le destin est considéré comme un gendarme cruel qui arrache la vie à un désir. En réalité, le destin enracine l'être dans le futur, donne un sens à l'événement, relie l'existence à un dessein et à une persistance. Être, c'est avoir un destin".

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L'horreur de ce destin, la tentative de s'y opposer par tous les moyens est l'une des caractéristiques de l'humanité contemporaine.  Il y a là quelque chose de faustien, une volonté de puissance, de contrôle, de dépassement, qui montre la fin de la civilisation gréco-romaine et chrétienne. L'homme se confie à la technique et à la technologie non pas pour s'améliorer mais pour devenir autre que lui-même. Ce qui est techniquement réalisable n'est pas une opportunité à explorer et à soumettre au tribunal de l'éthique, de la prudence, du bien et du mal, mais une obligation à vivre à tout prix.  On peut, donc on doit, à condition, bien sûr, d'alimenter un marché orienté vers le profit.

La décomposition sociale devient rupture et l'école - lieu de formation des adultes de demain - encourage la carrière "alias", l'identification selon le désir et le caprice individuels - toujours provisoires et révocables - et non selon le nom, le prénom et les caractéristiques naturelles. Il faut dire "le sexe attribué à la naissance", comme si les parents et les obstétriciens avaient jeté une pièce en l'air devant le nouveau-né. L'invitation de Friedrich Nietzsche "devenez ce que vous êtes" - le chemin de l'identification qui libère et reconnaît - est pratiquée à l'envers. Devenez ce que vous voulez, parce que la nature vous a enfermé dans un corps et une condition que vous avez le droit de rejeter, en les recréant au gré du désir, de l'arbitraire, du charabia.

L'horror fati, le ressentiment pour ce que nous sommes, est lié à une particularité de l'homme contemporain inconnue des générations passées : la contrariété de ne pas avoir participé aux processus qui ont conduit à la naissance. L'homme occidental veut à toute force être le créateur de lui-même. De l'individualisme au subjectivisme jusqu'à une sorte d'égoïsme forcené. Une jeune fille a expliqué dans une vidéo, vue par des millions de personnes, qu'elle avait poursuivi ses parents en justice pour l'avoir mise au monde sans lui demander sa permission. Elle invite les femmes enceintes - le père n'est pas évoqué - à consulter un médium pour demander au fœtus s'il veut naître ou non. Nous laissons tout jugement à ceux qui la liront, comme sur la proposition du Forum économique mondial (Klaus Schwab, Larry Fink, George Soros avec enfant homo à la remorque et vilaine compagnie) de légaliser, au nom de l'inclusion, le sexe et le mariage avec les animaux, en contournant la barrière de l'espèce.

L'erreur de ceux qui, comme nous, sont horrifiés par tout cela est de se limiter à une condamnation morale. C'est évident, c'est nécessaire, mais c'est une erreur. Nous avons tendance à raisonner en termes d'éthique ou de morale sexuelle. Dans le chant V de la Comédie, Dante dit de Sémiramis, la reine assyrienne, qu'"elle fut tellement détruite par le vice de la luxure qu'elle rendit le libitus licite dans sa loi, pour justifier l'idylle dans laquelle elle était entraînée". En d'autres termes, elle a légalisé chacun de ses vices privés. C'est ce qui se passe ici et maintenant, mais il ne s'agit en aucun cas de libérer les sens et les instincts. Ceux-ci sont au contraire la clé pour déconstruire l'homme, détruire son âme rationnelle et sociale en tant que créature "politique", pour le réduire à un amas confus de pulsions à satisfaire immédiatement.

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Ce qui est en train de changer rapidement le sens de la vie, l'anthropologie et l'ontologie de la créature humaine, ne peut être évalué en termes éthiques. Il y a bien plus que cela. Certes, "les hommes ont nié Dieu, mais ce faisant, ils n'ont pas mis en cause la dignité de Dieu, mais celle de l'homme, qui ne peut se passer de Dieu" (Nikolaï Berdjaev). Le drame, c'est que nous sommes au-delà : la dignité est un concept inconnu et Dieu un vestige du passé, dont on se moque comme s'il s'agissait d'un simple retard culturel, dépassé par la lumière aveuglante de la modernité.

La négation de la nature, de la vérité et de la réalité, la haine du destin et des limites, la préférence pour l'artificiel, l'intronisation des désirs, des caprices, des utopies, tout cela a un but terrible : la fuite de l'homme hors de lui-même. La nouvelle crête, la dernière bataille décisive, c'est celle qui oppose les cultures humanistes aux délires post-humanistes et transhumanistes, l'ultime conflit dont l'enjeu n'est pas le pouvoir ou la victoire d'une idéologie, mais la persistance de la créature humaine, de l'espèce homo sapiens. Les secousses que nous ressentons, les tremblements de terre quotidiens qui réduisent à néant la conception millénaire de nous-mêmes et du monde, sont des tassements, les étapes d'un parcours guidé dont le but intermédiaire est le transhumanisme, le dépassement de la créature humaine "naturelle", pour l'hybrider avec la machine. Cyberman plus Intelligence Artificielle plus toutes les technologies présentes et futures destinées à envahir le corps et l'esprit de la masse biochimique qu'est l'homme.

Un transit, révèle le préfixe, puisque "trans" est ce par quoi il passe pour arriver ailleurs, dans un état distinct de l'état initial. Le but ultime est l'après-homme, la construction/création d'une nouvelle espèce. D'où le discrédit, l'horreur - voire la haine - à l'égard de la nature et de ses lois, que l'on nomme de manière réductrice "biologie". Une humanité trans et post-technologique, hybride, d'où l'on expulse la pensée libre et la raison droite, pour la soumettre à la surveillance la plus stricte par des dispositifs artificiels contrôlés, propriété d'une oligarchie restreinte dont nous devenons tous les esclaves, les objets, les abeilles ouvrières d'une ruche.  L'Intelligence Artificielle est jusqu'à présent contrôlée par quelques hommes. Demain, le biopouvoir et la biocratie - le pouvoir sur la vie - pourraient échapper aux mains des docteurs Frankenstein postmodernes.  Le risque doit être sérieux, si la sonnette d'alarme a été tirée par un grand nombre de scientifiques dévoués. Les appareils d'intelligence artificielle prononcent des homélies, dirigent des orchestres et affirment fièrement qu'ils seront bientôt capables de tout faire mieux que nous, y compris de gouverner à la place des humains.

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Effrayant est le silence des innocents - nous -, l'aphasie du milieu culturel largement servile, l'inaction du pouvoir politique, privé de la capacité de décider, discrédité aux yeux de l'opinion publique. Une opération de plus voulue et poursuivie par l'oligarchie au pouvoir, à laquelle la classe politique se prête volontiers en échange de privilèges. Au milieu des décombres, le pouvoir gagne, qui devient le Léviathan, seule entité capable de diriger une (dis)société désormais passée de l'état liquide (Bauman) à l'état gazeux.

Nous sommes aux prémices du défi décisif: la lutte entre les partisans d'une avancée technologique illimitée, appelée progrès pour éviter le débat, et ceux qui sont convaincus que des limites morales, politiques et matérielles sont nécessaires, et que la barrière infranchissable est le respect de la nature et de la personne humaine.  Le champ de bataille est biopolitique, le contrôle de la vie, du corps, de la pensée. Qui décidera, et comment décidera-t-on, de ce qu'il faut introduire dans notre organisme pour le redessiner, le modifier, l'hybrider avec la machine ? Qu'adviendra-t-il de notre cerveau, de notre libre arbitre, comment vivrons-nous, que mangerons-nous ? Produits naturels ou artificiels ? Deviendrons-nous des OGM, des organismes génétiquement modifiés ? Que signifiera l'homme, la personne, l'esprit, la liberté ?

Nous vivons une transition décisive où la modernité va perdre son masque et dévoiler son visage. C'est le primat du devenir sur l'être, la lutte prométhéenne contre le destin et la nature. Vexé de ne pas être créateur de lui-même, l'homme décrète la victoire d'Héraclite : tout coule, panta rei, l'eau du fleuve n'est jamais la même. Au commencement était le Logos, le Verbe, la raison illuminée par la transcendance qui vainc le Chaos. Puis Faust fit irruption, le chercheur fiévreux de savoir, et la primauté passa à l'action. Im Anfang war die Tat, au commencement était l'action. Marx en subira l'influence, inaugurant la philosophie de la praxis destinée à changer le monde, avec la 11ème thèse sur Feuerbach. Sonnez la trompette de la modernité sur la musique de la révolution : les philosophes ont jusqu'à présent interprété le monde, il s'agit maintenant de le transformer, ordonne l'homme de Trèves.

Le voyage est terminé. Nous ne nous demandons plus si une chose est bonne ou mauvaise, bien ou mal, mais si elle est "techniquement" possible, réalisable et rentable. L'alchimiste postmoderne ne transforme plus la pierre en or, il transforme, modifie, transcende la matière pour la recréer. Il trans-forme, c'est-à-dire qu'il redessine, retravaille, forge un monde en mutation permanente, dont le trajet ressemble à celui d'un train sans conducteur.

Nous vivons dans l'inconscient de la pensée une révolution radicale qui change le sens et le destin de l'humanité. C'est une révolution qui marche vers la neutralisation des identités et des différences originelles, l'effacement de la nature, l'annulation des agencements, des rôles et des relations qui fondent l'humanité : la famille, les sexes, la procréation. A la base, il y a l'horror fati, l'horreur et le rejet de ce que nous sommes par nature.

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La lutte contre le destin n'épargne personne : on devient femme ou homme, le choix est subjectif, révocable. Si le ticchio souffle, on est italien le matin, cosmopolite le midi et américain le soir. Pour l'orientation sexuelle, large éventail de choix, il y a trois ou trente-trois sexes et on peut les expérimenter à volonté, surfer entre les genres.

Nous nous auto-créons, mais nous ne sommes pas les forgerons de nous-mêmes, plutôt des clients de la technologie, transgenres à vie, au gré des modes et des préférences. Le destin est remplacé par le progrès, qui déçoit cependant, une attente anxieuse et différée. Mieux vaut l'instant, le mouvement perpétuel, le fragment, l'hermaphrodite global qui se trans-forme, se trans-férence et se trans-course. Tout circule en transit, on traverse déguisé et changeant une autoroute éternellement en construction, chaque mètre est une sortie et une déviation, l'essentiel est de payer le péage. Seul le voyage compte, l'origine nous met en colère car nous ne l'avons pas choisie "librement".

Nous sommes des nomades en perpétuel transit même sans bouger, des marins dans l'océan virtuel, un, aucun et cent mille, des mutants et des trans parfaits. L'impermanence insurmontable et la nouveauté absolue de ce temps sont stupéfiantes. Nous allons, nous traversons, nous franchissons des murs, nous enlevons des obstacles en créant des ruines, en encombrant la route de débris dans une course qui est une fin en soi. Ou plutôt, la fin, c'est l'hybridation avec l'artificiel, la machine, le produit technique.

C'est la fin de l'humanité telle que toutes les générations précédentes l'ont comprise, le tournant d'une époque, une voie à sens unique dont il sera difficile de trouver le chemin du retour. Dépasser l'homme, le transcender et le transformer en une espèce nouvelle, trans et finalement post-humaine.

Homo sum, humani nihil a me alienum puto, écrivait le Romain Térence à l'époque de l'amor fati. Je suis un homme, rien d'humain ne m'est étranger. Que dira l'intelligence artificielle de l'homme qui hait son destin ?

 

samedi, 15 juillet 2023

AGENDA 2030 - FORUM DAVOS - LE TRANSHUMANISME (H+) - TROIS TENDANCES CONVERGENTES

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AGENDA 2030 - FORUM DAVOS - LE TRANSHUMANISME (H+)

TROIS TENDANCES CONVERGENTES

Ernesto Milà

Conférence prononcée à Madrid, le 3 juin 2023

Source: https://info-krisis.blogspot.com/2023/06/agenda-2030-foro...

Récemment, à l'invitation de l'association Juan Ignacio, j'ai eu l'occasion de donner une brève conférence à l'Espacio Ardemans. Il était particulièrement intéressant de saluer des amis et des camarades que je n'avais plus vus depuis longtemps et de savoir qu'ils sont tous encore debout et actifs. La conférence a été enregistrée, je suppose donc qu'elle sera diffusée quelque part. Voici le texte initial qui ne correspond pas exactement à ce qui a été dit pour des raisons de temps. J'inclus le texte avec quelques références qui peuvent être trouvées dans le blog INFO-KRISIS lui-même afin de compléter des concepts, des idées, des personnages et des situations qu'il était impossible de développer dans l'exposé. Ces liens peuvent également servir de référence au processus d'élaboration suivi pour composer cet exposé, qui n'est rien d'autre qu'une synthèse du travail réalisé au cours de l'année et demie écoulée.

Conférence de Madrid, 3 juin

AGENDA 2030 - FORUM DE DAVOS - TRANSHUMANISME

TROIS TENDANCES CONVERGENTES

Pour une lecture optimale de cet article et pour pouvoir se référer aux articles entre parenthèses, qui ne sont disponibles qu'en espagnol, le lecteur doit afficher l'original et cliquer sur "articulo" pour accéder aux articles anciens d'Ernesto Milà ; seuls les articles numérotés 1, 2 et 3 font l'objet d'un lien direct dans ce texte. Trois autres articles d'Ernesto Milà, sur des sujets analogues, ont été traduits en français pour notre site web : http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/02/24/l... ; http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/20/p...  ; http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/01/l... .

INTRODUCTION

Position de l'orateur : comprendre notre époque. La pire chose qui puisse arriver à un être humain est de ne pas comprendre le temps dans lequel il lui a été donné de vivre. Et c'est plus fréquent qu'il n'y paraît. Le fascisme n'est pas de notre temps : il appartient à la première moitié du 20ème siècle et n'a rien à voir avec la postmodernité (voir Article 1- https://info-krisis.blogspot.com/2022/06/el-tiempo-de-los... - Article 2 - https://info-krisis.blogspot.com/2022/06/el-tiempo-de-los... - Article 3 - https://info-krisis.blogspot.com/2022/06/el-tiempo-de-los...).

Je suis critique de films et de séries télévisées. En fait, c'est par le cinéma que je suis venu à H+. C'est une idéologie qui était présente dans de nombreux films depuis 1968 lorsque Kubrick a tourné 2001 l'Odyssée de l'espace. Depuis, ce cinéma, parfois confondu avec la science-fiction, est en plein essor, alors il y a environ cinq ou six ans, je me suis intéressé à ses origines et, si vous êtes intéressé par cette approche, il y a une de mes conférences sur le sujet que je ne vais pas répéter ici.

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J'ai vu un lien logique qui menait de la "contre-culture" des années 60, au "nouvel âge" (voir article 1 et article 2) qui a suivi et de là, dans les années 90, s'est forgé ce nouveau courant, le transhumanisme ou H+ (Voir article 1 et article 2). Ma première appréciation a été : "C'est fou", de la pure science-fiction prise pour de la science positive. Aujourd'hui, je garde la même attitude. H+ est une folie... mais une folie partagée par les élites économiques et technologiques, comme il y eut jadis des courants socialistes fabiens partagés contradictoirement par les élites Rockefeller et financières. H+ insiste cependant sur un point : le rôle de la science et de la technologie dans la construction de l'avenir. Et les deux autres ?

- Le Forum de Davos est l'un des nombreux "groupes de rencontre" (voir article), réunissant des représentants des consortiums économiques, des classes politiques nationales et de l'intermédiaire entre les deux, les conglomérats médiatiques.

- L'Agenda 2030, quant à lui, est issu de la caste des fonctionnaires de l'ONU et de l'UNESCO. Et il convient ici de souligner que ces organisations internationales ne sont pas composées de représentants de chaque pays pour délibérer sur la paix, résoudre les conflits et préparer l'avenir. Cela relève des "assemblées générales", mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. L'essentiel est de comprendre que derrière ces sigles se cache une caste de fonctionnaires qui a son propre projet : ultra-progressiste et ultra-humaniste, "illuministe" dans le pire sens du terme.

Question : Quel est le point commun entre ces trois organisations ?

Réponse : elles entreprennent des projets d'ingénierie sociale.

Question : Dans quel but ?

Réponse : Pour adapter les sociétés modernes aux changements en cours et les orienter vers ce que chacune des trois organisations considère comme le cadre utopique de l'avenir.

Il convient ici de s'arrêter un instant :

Une doctrine politique est telle lorsqu'elle est capable d'élaborer un projet d'avenir. Pour ce faire, il faut prévoir ce que sera l'avenir. Si l'on n'est pas capable de prévoir l'avenir, on ne peut pas agir sur lui, et donc le meilleur projet politique est voué à l'échec. Certains d'entre nous l'ont compris trop tard et cela explique l'échec des organisations dans lesquelles nous avons milité.

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L'AVENIR SELON LE PROJET H+

H+ est une nouvelle pseudo-religion. Elle n'a rien de scientifique (car il n'y a pas de méthode scientifique), ce n'est pas une philosophie (car il n'y a pas de rationalité), elle a beaucoup de science-fiction, et tout de la pseudo-religion, c'est-à-dire de la "fausse religion", du "simulacre de religion" ou de la "caricature de religion" où la "foi", l'émotivité, la sentimentalité et la croyance en une "parousie de la technologie" sont au cœur du projet. On dit que dans la Silicon Valley, il y a deux religions : l'athéisme et H+.

Le transhumanisme :

- a ses "précurseurs" : les Jean Baptiste (les Huxley, Galton, Darwin) (voir article).

- A son "ancien testament" : le roman gothique, Teilhard (voir article), Fyodorov (voir article), la science-fiction, Aldous Huxley (voir article).

- Elle a ses "apôtres" : Esfandiary, Hans Movarec (IA), Marvin Minsky (cerveau-ordinateur). Ray Kurzweil (L'âge des machines spirituelles), Max Moore (extropien, ALCOR), Nick Bostrom (LEE, Humanity Plus), David Pierce (Impératif hédoniste, abolitionniste).

- Il a ses "dogmes" :

1. L'évolution n'est pas terminée.

2. La biologie nous condamne à la mort, mais nous voulons vivre.

3. La technologie nous permet de stimuler et d'accélérer l'évolution.

4. Le prochain échelon de l'évolution sera la super-longévité, la super-intelligence et le super-bien-être.

5. Ces objectifs seront atteints grâce au développement de l'IA, au génie génétique, à la nanotechnologie, à la robotique, à l'impression 3D, à la cryogénie.

6. L'objectif est de créer un être humain 2.0. qui, au cours de la phase H+, intégrera progressivement la technologie : biohackers, cyborgs,

7. Le "stade biologique" sera suivi d'un "stade mixte" ou H+ puis d'un "stade posthumaniste" ou "stade postbiologique".

8. La connexion cerveau-ordinateur via une interface avec téléchargement de données permettra la création d'une "conscience cosmique collective".

9. Il ne s'agit pas de "croire en Dieu", mais de "jouer à Dieu", de passer de l'homo sapiens à l'homo deus. Telle est la proposition finale (voir article).

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Ces dogmes et textes sacrés, ainsi que les précurseurs, indiquent clairement un optimisme technologique extrême et presque insensé.

De même que l'on disait au Moyen Age que le "Demon est deus inversus" (en espagnol, plus expressif que le latin, on disait que "le diable est le mico de Dieu"), on peut dire aujourd'hui que H+ est la limite extrême de la subversion anti-traditionnelle.

Tout cela ne passerait que pour une originalité exotique, diffusée par les films hollywoodiens, si ce n'est que les associations et les projets H+ sont financés par les fondations Rockefeller, Carnegie, Gates, etc. et que, récemment, le président du Forum de Davos, Klaus Schwab, s'est rallié à cette tendance (voir article).

Ce qui nous amène directement au Forum de Davos.

LE PROJET DU FORUM DE DAVOS

Le "Forum de Davos" ou Forum économique mondial, une ONG basée en Suisse et fondée en 1971, a pour objectif de former et d'incorporer des élites dans ses cercles régionaux ou écoles de cadres. Il a des bureaux à Pékin et à New York. Il collabore avec le Conseil économique et social des Nations unies. Elle est dirigée par 24 membres et sa fonction déclarée est "l'engagement pour l'amélioration du monde".

Il est financé par les contributions d'un millier d'entreprises (entre 40.000 et 500.000 francs suisses, à peu près au niveau de l'euro). Chaque participant aux réunions du Forum paie 4500 euros pour assister aux conférences et 9000 euros pour accéder aux conférences restreintes. Il s'agit d'une "grande entreprise" dont le chiffre d'affaires annuel s'élève à 5.000.000.000.000 US$/an.

Il relie trois niveaux :

- le monde de l'argent

- le monde de la politique

- le monde de la communication

Ce n'est pas la seule entreprise de ce type : Trilatérale, Bildelberg, Club de Rome, Pilgrims Society, et des dizaines d'autres. Elles sont célèbres pour certaines études ou prévisions qu'elles ont réussies. Ils sont des "leaders mondiaux", mais, en réalité, ils sont toujours en retard sur le monde.

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Une note "anti-conspiration" : HETEROTELIA, des fins différentes. Tout développement de projet est imprévisible, et généralement le point d'arrivée n'a pas grand-chose à voir avec le point de départ proposé.

Que font les participants à ces réunions ? Ils écoutent des conférences dans l'espoir de connaître les TENDANCES et de se préparer personnellement à affronter l'avenir dans les meilleures conditions possibles. Ils partent du principe que ces tendances sont partagées par les hommes les plus puissants du monde et qu'il vaut donc la peine de se placer dans leur ombre.

Par exemple, les 24 membres du leadership du Forum de Davos comprennent:

- David Rubenstein - fondateur du groupe Carlyle

- Kristalina Georgieva - présidente du FMI

- Peter Bradeck, ancien PDG de Nestlé

- Larry Fink - PDG de Black Rock

- Christine Lagarde - directrice de la Banque centrale européenne

- Reif Groisman - Président du MIT

Comme toujours dans ces cas-là, l'important n'est pas ce qui se discute dans les sessions - certaines sont retransmises sur internet et il y a 500 journalistes qui couvrent l'événement, 220 conférences sur 5 jours - mais ce qui se dit dans les couloirs et l'atmosphère qui s'en dégage : ce sont les "grands influenceurs".

Nous ne pouvons pas plonger dans les idées du WEF dans le cadre de cet exposé, mais nous pouvons situer 2015 comme le point de départ qui nous intéresse (voir article).

- En 2015, un article a été publié dans le Foreing Policy (Huntington) de Schwab intitulé The Fourth Industrial Revolution. Il n'a pas eu le moindre impact, mais l'année suivante, un livre portant le même titre a été publié et a été, au même moment, le thème de la réunion du Forum de Davos.

- En 2015, les conséquences de la première grande crise de la mondialisation se font encore sentir. Et il s'agissait de relancer le néocapitalisme à l'échelle mondiale.

- L'idée de base est que toutes les révolutions industrielles génèrent des changements dans les relations de pouvoir et dans les structures des sociétés, et l'objectif de Schwab est d'éviter que les changements technologiques n'entraînent des changements brutaux, notamment dans le contrôle exercé par les élites économiques traditionnelles à travers les structures démocratiques, les partis politiques et les organisations internationales.

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- La première révolution industrielle, celle du charbon, a engendré une nouvelle bourgeoisie riche qui a remplacé les aristocraties et a promu le modèle économique libéral et le modèle de parti pour comprendre la politique. C'est l'époque de la formation des nations.

- La deuxième révolution industrielle, celle du moteur à combustion interne et de l'énergie électrique, a vu le pouvoir passer aux grandes entreprises anonymes, aux multinationales et à l'ère des grands impérialismes (USA-URSS).

- La troisième révolution industrielle a commencé avec la micropuce et les ordinateurs au niveau local. Elle a coïncidé avec l'introduction mondiale du néolibéralisme et la période d'hégémonie unipolaire des États-Unis.

- Aujourd'hui, la quatrième révolution industrielle est en cours : c'est là qu'intervient le travail de Schwab. Les caractéristiques de cette révolution sont les suivantes:

> Développement de la troisième révolution, mais à une plus grande vitesse, en plus grande profondeur et en plus grande extension.

> Elle se caractérise par ce que Schwab appelle des "technologies convergentes", à savoir : biotech - IA - nanotech. Ce sont des technologies qui sont nées séparément, mais qui tendent inévitablement à converger et à se synthétiser dans des synthèses technologiques prodigieuses et à révolutionner des branches de la médecine, de la génétique, de la pharmacologie, de la communication et des relations de l'homme avec la technologie.

> Il définit 3 mégatendances :

+ physiques (robotique, véhicules autonomes, 3D, graphène).

+ numériques (IA, blockchain, internet des objets, applications)

+ biologique (ingénierie génétique, médicaments personnalisés, nanotechnologies).

Tout cela signifie que la technologie qui émergera de la 4ème révolution industrielle ne sera pas quelque chose de séparé des êtres humains, mais qu'elle y sera intégrée et fera partie de nous par le biais d'implants, d'exosquelettes, du remplacement d'organes corporels par des prothèses artificielles, etc.

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> Schwab ne dit rien de nouveau : il suppose que les fantasmagories des doctrinaires transhumanistes se développeront comme ils le proposent, mais il les oriente vers le terrain qui l'intéresse en tant qu'homme d'affaires et président de l'un des conglomérats d'entreprises les plus influents : à un moment donné de son livre, il affirme que "pour gérer la 4IR, les entreprises devront collaborer avec les États et les institutions mondiales". Cela implique

- placer les entreprises économiques sur un pied d'égalité avec les États

- limiter la souveraineté et la démocratie en les subordonnant aux intérêts des entreprises.

- d'atteindre l'idéal énoncé par Adam Smith dans La richesse des nations, publié en 1776, soit il y a 250 ans, de laisser libre cours à la libre concurrence et aux lois du marché sans aucune limite ni restriction.

Schwab justifie cette collaboration entre des États endettés dirigés par des politiciens corrompus et des entreprises requins par le fait que l'application de technologies convergentes affectera l'ensemble du système mondial.

Il propose donc une série de mesures :

+ "économie collaborative" : exploiter les nouvelles technologies pour acheter, vendre, recycler, réutiliser, troquer.

+ "économie des parties prenantes" : les entreprises renoncent à une partie de leurs bénéfices à court terme pour investir dans les besoins de la société, une forme de "capitalisme ouvert sur la société".

+ "usines intelligentes" grâce à l'IA et à la production à la demande. C'est ce que l'on appelle les usines 4.0. Les entreprises ne seront pas dirigées par des conseils d'administration et des techniciens lents à réagir, mais par l'IA qui transférera les demandes des consommateurs aux lignes de production en un temps zéro.

+ L'"utilisation du big data" pour prédire et orienter les mouvements et la consommation.

+ Des entreprises "disruptives", c'est-à-dire des entreprises créées pour satisfaire les nouveaux marchés générés par les nouvelles technologies.

+ Les entreprises qui n'ont pas d'actifs mais qui déplacent tout : Uber, Cabify, FaceBook, AirBNB, etc.

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Or, toutes ces propositions sont susceptibles de faire l'objet de critiques très difficiles à réfuter. Par exemple :

- La robotique entraînera la perte de millions d'emplois, par exemple parmi les magasiniers des supermarchés (on estime que 300 à 400 millions de personnes seront licenciées dans ce secteur) ou parmi les chauffeurs de taxi et les transporteurs lorsque des taxis autonomes, des livraisons par drones ou des transports sans chauffeur seront mis en place.

- les emplois que l'intelligence artificielle détruira seront bien plus nombreux que les emplois qu'elle créera, qui seront toujours des emplois hautement qualifiés.

- le fossé social se creusera entre une minorité - de plus en plus minoritaire - qui aura accès à des médicaments personnalisés, à une consommation extrême, à des traitements qui prolongent la vie, etc. et une majorité croissante qui vivra dans un paysage qui oscillera entre la peur de perdre le peu qu'elle a et la misère telle qu'elle est définie dans les récits cyberpunk : haute technologie et bas niveau de vie.

Cette situation favorisera les processus spontanés qui peuvent conduire à

- des explosions sociales

- des crises économiques dues à la mondialisation

- des régressions populistes et des réponses au néo-capitalisme.

A cette fin, Schwab et le WEF proposent :

1) L'introduction d'un salaire social qui garantisse le minimum vital, mais pas beaucoup plus.

2) La promotion d'univers virtuels pour échapper à la triste réalité de la vie quotidienne.

3) Exiger une diminution de la population mondiale.

4) Liquidation de la classe moyenne potentiellement dangereuse dans la mesure où tous les changements et processus révolutionnaires du 20ème siècle en sont issus : il ne s'agit pas seulement de la détruire, mais de menacer sa sécurité, de l'atomiser, de l'écraser par les impôts et l'insécurité. On l'empêchera ainsi de réfléchir aux moyens de se reconstruire.

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Jusqu'à la réunion de janvier 2023, Schwab a parlé un langage complètement différent de celui de H+ : il a utilisé ses idées, ses visions d'une technologie de science-fiction, mais, contrairement à eux, il l'a fait dans un langage... amical, modéré, accessible et amical :

- un langage amical, modéré, proche et prétendument humaniste.

- a utilisé l'écologie et la "responsabilité écologique" des entreprises pour souligner ses aspects humanistes.

- Il s'exprime avec les ressources de la "pensée positive", et occulte donc délibérément les aspects plus négatifs de tous ces processus technologiques, ou les nie avec des arguments plutôt puérils.

Cependant, à partir de la réunion du Forum de Davos 2023, son discours change : il soutient explicitement la thèse transhumaniste (ce qui lui vaut une réponse furieuse d'Elon Musk par téléconférence) et présente un tableau de la situation économique beaucoup moins optimiste que celui présenté lors de la réunion précédente du WEF où il avait fait allusion à la "réinitialisation de l'économie". Elle est le résultat des tensions internationales qui ont bloqué la mondialisation et divisé à nouveau le monde en deux moitiés à la suite du conflit ukrainien, ainsi que le produit d'un conflit croissant entre le "vieil argent" et le "nouvel argent".

Quel est le problème qui va se poser ?

Les détenteurs des nouvelles technologies sont ceux qui, historiquement, à chaque instant, ont imposé les règles du jeu aux sociétés : le libéralisme et la démocratie sont venus avec la première révolution industrielle, l'ère de l'impérialisme a été le produit de la révolution énergétique, la troisième révolution industrielle a imposé la mondialisation, et ce sont les grandes entreprises qui étaient les mieux placées et qui ont imposé leurs règles (fin des droits de douane, dérégulation) et la quatrième ?

Il est clair que selon la même règle, ce seront les grandes entreprises technologiques qui imposeront leurs règles du jeu.

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En outre, il y a une autre circonstance - qui fait peur aux grandes entreprises - à savoir que les entreprises du secteur technologique, avec moins d'investissements, moins de personnel, moins de charges sociales et des budgets plus réduits, génèrent des bénéfices plus élevés que les entreprises conventionnelles et ont une valeur ajoutée beaucoup plus importante. Elles sont pratiquement indépendantes du système bancaire et moins dépendantes des fluctuations boursières que les entreprises classiques.

Nous vivons donc un moment où le "vieil argent" des grandes accumulations de capital générées par des générations de dynasties capitalistes est en concurrence sordide avec le "nouvel argent" généré en moins de 30 ans par les grandes entreprises technologiques (voir l'article).

Cela permet à Elon Musk de concurrencer la NASA et l'ESA, ou aux États de demander l'aide des big-tech pour organiser des élections ou gérer la structure même de l'État.

Schwab est conscient de ce conflit et cherche à l'éviter en essayant de trouver un terrain d'entente. Mais il appartient au clan du "vieil argent" et ses collègues, habitués à des pratiques prédatrices depuis des générations, n'accepteront probablement pas sa thèse sur l'"économie des parties prenantes", tout comme les "big-tech" considèrent les PDG des grands consortiums d'investissement comme des dinosaures d'une autre époque.

Cependant, la guerre en Ukraine a divisé le monde en deux, rendant la position de ces deux formes de capitalisme occidental encore plus difficile. Ce qui vient de Chine, c'est la fusion entre l'État et les entreprises technologiques d'une part et, d'autre part, la fusion entre le pire du capitalisme (massification, consumérisme, dictature du conformisme, libertés illusoires, inégalités) et le pire du communisme (consumérisme, massification, contrôle social, étouffement des libertés, matérialisme - ce n'est pas pour rien que le marxisme est encore une matière obligatoire dans les universités).

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Tout cela donne une image particulièrement inquiétante et conflictuelle des 30 prochaines années. Mais il augure d'une société pyramidale avec un tout petit sommet qui aura tout, et une base exceptionnellement large qui ne connaîtra que la précarité et à laquelle la virtualité sera proposée comme alternative.

Schwab est de ceux qui pensent qu'un conflit généralisé serait mortel pour la civilisation et engendrerait des destructions inconcevables même dans les guerres les plus destructrices du 20ème siècle.

C'est pourquoi, à partir de janvier 2023, ses deux orientations clés adoptées lors de la dernière réunion du Forum de Davos sont les suivantes :

- D'une part, reprendre à son compte les postulats de la religion transhumaniste,

- D'autre part, il est favorable à l'affaiblissement maximal des États modernes en transférant une partie de leur souveraineté à des instances internationales et, d'autre part, en faisant collaborer les entreprises avec les États dans la gestion politique et économique des communautés.

Cela mène directement à l'Agenda 2030. Schwab a déjà salué les efforts de l'Agenda 2030 lors du Sommet d'Abu Dhabi.

LA CERISE SUR LE GÂTEAU OU L'AGENDA 2030

Si vous l'avez remarqué, Pedro Sánchez n'a pas porté le pin's de l'Agenda 2030 pendant la campagne électorale. C'est normal : le projet est de plus en plus discrédité. S'il existe un certain consensus sur certains des points qu'il soutient (le changement climatique), il est loin d'y avoir unanimité sur la question de savoir si ce changement est "anthropogénique" comme le suggère l'Agenda ou s'il est le produit de différents mouvements et cycles planétaires. De plus, l'introduction de l'idéologie woke et des "études de genre", de manière obsessionnelle, ont contribué à ternir ce projet.

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Qui promeut l'Agenda 2030 ? L'ONU et ses courroies de transmission (notamment l'UNESCO).

Il convient de dissiper un malentendu sur ce que sont chacune de ces organisations.

Plutôt que des "organismes internationaux composés de représentants des différents pays" (ceux-ci ne sont présents que dans le financement et l'Assemblée générale), il s'agit d'élites fonctionnaires issues de projets éculés d'"unification du monde" du 19ème siècle (voir article 1 et article 2). Elles ont des idées bien à elles et aspirent à être l'embryon d'un "gouvernement mondial". À cette fin, ils supposent qu'ils doivent effectuer un travail d'"ingénierie sociale" pour façonner la société de demain selon leurs projets mondialistes. L'un de ces projets est l'Agenda 2030.

Quelle est l'origine de l'Agenda 2030 (voir article) ?

- 2015 est l'année charnière : plusieurs réunions internationales ont lieu. Lors de la réunion en Turquie, les dirigeants du G20 signent l'"agenda" intitulé "Transformer notre monde : Agenda pour le développement durable". Son texte, avec des modifications et des ajouts, notamment générés par le covid et ses effets, est l'actuel Agenda 2030.

- Ce document comprend tous les "mots fétiches" qui sont également partagés dans les documents du Forum de Davos :

> Objectifs mondiaux > Développement durable

Objectifs mondiaux > Développement durable > Diversité > Changement climatique anthropique > Perspective de genre > Résilience       

Perspective de genre > Résilience > Autonomisation > Gouvernance

> Autonomisation > Gouvernance

> Inclusion > Égalité...

- L'Agenda 2030 remplace les "Objectifs du Millénaire", le programme de l'ONU élaboré vers 1995 : ils sont très différents. Personne ne peut fermer les yeux sur eux. L'accent est mis sur l'écologie mondiale et le "développement durable" (le mot fétiche des "objectifs du millénaire" lancés par le Club de Rome dans son étude sur Les limites de la croissance en 1972).

  L'Agenda 2030 est composé de " 17 objectifs " et de " 169 cibles " (il a été reformulé pour profiter de l'épidémie et tout objectif était lié au covid : par exemple, on disait que la pandémie compromettait les progrès de la " perspective de genre "... On disait que la moitié des travailleurs pourraient perdre leur emploi à cause de la pandémie...).

    En principe, les titres des "objectifs" donnent l'impression d'un programme inoffensif : "mettre fin à la pauvreté", "lutter contre la faim dans le monde", "défendre l'environnement", "réduire les inégalités", etc. Personne de sensé ne peut être contre ces objectifs. Pourtant, quand on lit les textes des 17 objectifs, on voit bien ce qu'ils visent. En particulier sur 4 points : "la santé sexuelle et reproductive", "l'égalité des sexes", "l'éducation" et "le changement climatique anthropique". Le premier point est une réactualisation du vieux thème "malthusien" (voir Article 1 - Article 2 - Article 3) (réduire la population mondiale par tous les moyens), le deuxième résume les "études de genre" et s'inscrit dans cette perspective, et enfin, le troisième propose une éducation par l'Etat pour former à l'idéologie contenue dans le document lui-même. En revanche, ces trois thèmes sont toujours présents dans les quatorze autres points, jusqu'à des extrêmes ridicules.

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L'idée qui suscite le plus d'intérêt médiatique est celle du changement climatique. Si Schwab esquisse le problème, pour l'ONU, il s'agit du thème central : le changement anthropique. D'où : énergie propre, renouvelable, non polluante, recyclage. Sur la base de statistiques et de données discutables et non confirmées, ou d'une "unanimité scientifique" qui ne l'est pas tant que cela (aujourd'hui, la communauté scientifique n'est même pas unanime sur l'acceptation du changement climatique, sans parler de ses causes et de ses effets), on suppose qu'il s'agit d'un résultat de l'action de la "race humaine" (c'est-à-dire de l'"espèce humaine", selon la classification de Linnaeus) sur l'environnement : il n'est pas du tout possible qu'il soit le résultat des différents mouvements de la planète qui ont généré les changements climatiques précédents, lorsque l'espèce humaine n'existait pas ou qu'elle n'avait pas atteint un niveau de développement industriel susceptible de perturber l'environnement. Le changement climatique a toujours existé et si l'on insiste aujourd'hui sur ce point, c'est précisément pour justifier le néo-malthusianisme et les mesures de réduction des naissances... surtout en "Occident".

    Il s'agit d'un programme écrit pour le tiers-monde bien plus que pour le monde développé, mais la grande contradiction est qu'il n'est reconnu que dans le monde développé.

    Il est notamment fait référence à des "institutions fortes" sur lesquelles s'appuyer pour "sauver l'humanité" de la crise climatique : l'ONU et ses filiales (UNESCO, OMS, etc.).

    Forte de son "autorité morale", l'ONU exhorte les gouvernements nationaux à atteindre les 17 objectifs.

    Il n'y a aucune référence aux questions techniques, ni aux processus de changement du monde qui auront lieu entre 2020 et 2030.

    L'idée est de "sauver la planète". Il s'agit de la plus grande collection de clichés de bien-pensants, qui dépasse même le pire souvenir laissé par ZP.

    Il promeut les changements alimentaires (végétalisme), la "consommation responsable" (sic), la "faim zéro", les "emplois décents", les "énergies propres et renouvelables", les "villes durables, sûres et résilientes", les "écosystèmes sains", l'"eau durable" et les "institutions fortes" dont l'ONU est l'"exemple".

Bien que l'on ait pris soin de fournir des arguments scientifiques et de la crédibilité grâce à l'appui de célébrités, la vérité est que sur le site web de l'ONU consacré à l'Agenda 2030, on peut clairement percevoir la vulgarité, la simplicité, la superficialité, la manipulation du langage, avec sa sémantique subversive, et l'intentionnalité grossière de l'ingénierie sociale qui, en soi, dément toute qualité et profondeur scientifiques et techniques.

Quelle est la force de l'Agenda 2030 ?

En ce qu'il est promu par l'ONU, qui aspire à être une structure supérieure aux États-nations (alors qu'en réalité, elle n'est, comme nous l'avons dit, qu'une clique de fonctionnaires mondialistes). En utilisant cette "ascendance" sur les États, l'ONU envoie les lignes directrices de l'Agenda 2030 aux gouvernements nationaux, et ceux-ci - en particulier les gouvernements de centre-gauche et de droite progressiste en Europe - ont tendance à les prendre en compte et à les traduire en mesures législatives. Mais cela ne se produit qu'en Occident (États-Unis + UE), avec un impact bien moindre dans d'autres pays, voire passant complètement inaperçu dans d'autres (en particulier en Eurasie : Russie + Chine).

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La lecture de l'Agenda 2030 montre que ses rédacteurs sont prisonniers de la mythologie mondialiste née au 19ème siècle, à laquelle ils se sont limités à ajouter des mots fétiches et quelques idées wokistes (voir Article 1 - Article 2), certains thèmes des "gender studies", d'autres du néo-malthusianisme de ces milieux, et des idées sur le "changement climatique anthropique". Mais ils n'apportent absolument rien sur les développements technologiques ou sur les changements qui pourraient être apportés à l'avenir par les nouvelles technologies. Le document de l'Agenda 2030, loin d'être un produit de la "modernité enragée", est plutôt une réitération des thèmes du 19ème siècle (unification du monde, gouvernement mondial, bonté universelle, valeurs finalistes) auxquels ont été ajoutés des "notes autocollantes" résumées dans les "mots fétiches" que nous avons énumérés et des références opportunistes à l'actualité (à covid, par exemple) dans un but d'"ingénierie sociale".

QUELQUES CONCLUSIONS

1) Jusqu'à présent, ce que j'ai expliqué dans les conférences que j'ai données sur ce sujet en 2022 (voir l'article). Mais en l'espace de douze mois seulement, de nouveaux éléments sont apparus. En juin 2022, le conflit ukrainien n'avait pas encore montré ses conséquences. Aujourd'hui, c'est le cas, et c'est ce qui nous permet de dire: la mondialisation, telle qu'elle était comprise dans la période 1990-2019, est terminée (voir article).

2) À la suite des sanctions imposées par les États-Unis à la Russie et des positions adoptées par tous les pays favorables et défavorables, on peut affirmer que nous nous trouvons dans la première phase de la deuxième guerre froide et, à cette occasion, tout porte à croire qu'elle ne se terminera pas comme la première, mais que ce seront les États-Unis qui s'effondreront de l'intérieur en raison des erreurs accumulées et/ou des pressions extérieures (voir l'article) (voir l'article).

3) Ni le bloc eurasien (Chine + Russie) ni le bloc occidental (USA + UE) ne sont homogènes. La Russie a un projet national : devenir l'un des piliers d'un futur ordre multipolaire. La Chine, qui regroupe le pire du capitalisme et le pire du communisme, le consumérisme et l'obsession du contrôle démographique, aspire plutôt à l'hégémonie mondiale. Dans le bloc occidental, on assiste à une polarisation entre "ultra-progressistes" et "néo-conservateurs" : les premiers sont obsédés par les "études de genre", l'"antiracisme", le "wokisme", le "changement climatique", tandis que les seconds, qui ont perdu les structures traditionnelles, regardent avec admiration le sens de l'État qui est présent dans la Russie d'aujourd'hui.

4) On observe une polarisation croissante entre les deux blocs et, au sein de chaque bloc, entre les différentes positions, même s'il est vrai que la majorité de la population n'entre pas dans les schémas de la "guerre culturelle". Et ce pour deux raisons : a) les positions sont tellement antagonistes que toute forme de dialogue est impossible, b) la majorité de la population est soumise à un processus de neutralisation généré par les réseaux sociaux, les streamings, les divertissements de masse, la peur de l'avenir et un processus général d'acculturation. Depuis la parution en 1973 de L'ère technotronique de Z. Brzezinsky et les cours de Foucault au début des années 1970, il est clair qu'il s'agit de passer de la "biopolitique" (contrôle des corps) à la "psychopolitique" (contrôle des esprits). Ce processus est aujourd'hui à l'œuvre dans le monde entier (voir article).

5) Ce qu'il faut retenir, c'est que l'évolution historique de l'humanité a abouti à ce que Nietzsche appelait "le dernier homme" : l'homme-masse, dépourvu de traits identitaires, incapable de se moraliser, homogénéisé, standardisé, transformé en consommateur aliéné et en producteur intégré, incapable de porter des valeurs et des idéaux autres que ceux du simple consumérisme hédoniste. Il a même perdu ses instincts purement animaux. Il a même perdu le sens du soi, de la communauté, et a adopté un "look", c'est-à-dire un reflet de sa personnalité qui correspond au modèle dominant. Et rien ne peut être fait contre lui : c'est l'élément dominant de la société, le citoyen moyen, tant en "Eurasie" qu'en "Occident". (Voir article 1 et article 2)

rqSans titre.jpg6) Cette analyse, comme tout ce que nous écrivons, s'inscrit dans le cadre théorique de la "pensée traditionnelle" telle qu'elle a été énoncée par René Guénon dans La crise du monde moderne et Le règne de la quantité et les signes des temps, et surtout par Julius Evola dans la deuxième partie de Révolte contre le monde moderne. Ce cadre nous indique que nous vivons une période de transition entre un monde ancien qui n'est pas encore mort et qui est irrécupérable, et un monde nouveau qui n'est pas encore à l'horizon.

7) Ceci est d'une importance stratégique : nous ne pouvons pas résoudre le processus de déclin, il n'y a plus de structures sociales suffisamment fortes pour servir de "levier" et de plateforme pour un "redressement". La seule stratégie possible est donc la "stratégie du saumon" : il s'agit d'un poisson qui grandit dans les pires conditions de l'océan, puis retourne à ses origines, là où il est né pour frayer : il remonte le courant de la rivière, même sur plus de 1000 km à contre-courant, franchit les rapides en effectuant des sauts allant jusqu'à 3,5 m. Le voyage est menacé par des ours et d'autres animaux. Le long du parcours guettent des ours bruns et noirs, des loutres, des lions de mer, des pygargues à tête blanche, etc. Les saumons savent détecter ces dangers et les éviter, notamment en reconnaissant les excréments de ces animaux : ils se déplacent en frôlant le lit des rivières, souvent de nuit... Les meilleurs, les plus forts, ceux qui ont les instincts les plus développés survivent. Traduite en termes politiques, cette stratégie implique : clandestinité, catacombes, formation continue des cadres, sélection des "meilleurs" et non des "plus nombreux". Jusqu'à quand ? Evola reprenait les vers de Hugo von Hoffmansthal qui recommandait de "veiller dans la nuit noire, jusqu'à ce que l'on serre la main de ceux qui sont nés avec la nouvelle aube" (Voir l'article).

Je vous remercie de votre attention.

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vendredi, 30 juin 2023

La Voie des Pères et la Voie des Dieux

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La Voie des Pères et la Voie des Dieux

Pierre-Emile Blairon

« D’une manière générale, avec l’avènement de l’humanisme et du prométhéisme, il a fallu choisir entre la liberté du souverain et celle du rebelle, et l’on a choisi la seconde ».

En une phrase, Julius Evola avait dévoilé le sort de notre humanité[1] en indiquant les causes les plus visibles du déclin que nous vivons aujourd’hui.

Un admirateur de la pensée du « philosophe au marteau[2] », Friedrich Nietzsche, serait étonné, voire scandalisé, que Julius Evola établisse un rapport de cause à effet entre le premier de ces termes : l’humanisme, et le deuxième : le prométhéisme, autrement dit le surhumain[3]. Il se consolerait cependant en se rappelant que Nietzsche disait lui-même « On n’est fécond qu’à ce prix : être riche de contradictions[4]. »

Et nous ajouterons que le même lien existe entre le terme surhumanisme et un autre, encore plus moderne, qui fait florès aujourd’hui, et dont on aimerait bien qu’il ne reste qu’à l’état d’un mot: celui de transhumanisme.

On ne peut comprendre cette filiation régressive que si l’on a su se débarrasser de la mystification darwinienne de l’évolution[5] qui pèse sur la mentalité de l’homme moderne comme un dogme incontournable. Ce rejet libérateur suppose être déjà entré dans un processus fondamentalement et authentiquement révolutionnaire, ce qu’avait expliqué, prôné et initié Julius Evola[6], qui eut cette phrase sublime et définitive :  « Le fait qu’à la conception aristocratique d’une origine d’“en haut”, d’un passé de lumière et d’esprit, se soit substituée de nos jours l’idée démocratique de l’évolutionnisme, qui fait dériver le supérieur de l’inférieur, l’homme de l’animal, la civilisation de la barbarie – correspond moins au résultat "objectif" d’une recherche scientifique consciente et libre, qu’à une des nombreuses influences que, par des voies souterraines, l’avènement dans le monde moderne des couches inférieures de l’homme sans tradition, a exercées sur le plan intellectuel, historique et biologique. »

En invoquant la réalité de l’involution, ce n’est évidemment pas Evola qui pratique l’inversion des valeurs mais bien l’écrasante majorité de nos contemporains qui ignorent que cette représentation est en accord avec l’une des caractéristiques qui définissent une fin de cycle, précisément le fait qu’aux tout derniers moments du Kali-Yuga, toutes les valeurs qui assuraient la forme d’une civilisation se trouvent complètement inversées.

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Humanisme 

Les dictionnaires s’accordent pour donner deux définitions du mot humanisme : la première désigne un mouvement philosophique, artistique et littéraire qui naquit en Italie à l’aube de la période dite de la Renaissance (XVe – XVIe siècle), qui se propagea à toute l’Europe et qui s’attacha à réveiller les valeurs transmises par l’Antiquité (concept qui resta ensuite dans le langage courant pour désigner les études consacrées à cette période : faire ses « humanités »). Il n’est pas inutile de rappeler que, pour les historiens profanes, la « Modernité » débute à la Renaissance, ce qui induit que la Renaissance, par un retournement sémantique inclus dans toute fin de cycle, était donc le début de la fin[7].

La seconde définition indique que l’humanisme est « de nos jours, toute théorie philosophique, sociale, politique, ayant pour but suprême le développement illimité de toutes les possibilités de l’homme» (Larousse)

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En ce qui concerne la première définition du mot humanisme, Julius Evola disait ceci : « On voudrait voir dans la Renaissance, sous beaucoup de ses aspects, une reprise de la civilisation antique, découverte de nouveau et réaffirmée contre le monde morne du christianisme médiéval. Il s'agit là d'un grave malentendu. La Renaissance ne reprit du monde antique que des formes décadentes et non celles des origines, pénétrées d'éléments sacrés et supra-personnels, ou les reprit en négligeant complètement ces éléments et en utilisant l'héritage antique dans une direction tout à fait différente. Dans la Renaissance, en réalité, la « paganité » servit essentiellement à développer la simple affirmation de l'Homme, à fomenter une exaltation de l'individu qui s'enivre des productions d'un art, d'une érudition et d'une spéculation dénuées de tout élément transcendant et métaphysique[8]. »

Et nous ne serons pas surpris que Julius Evola ait préféré voir dans le Moyen-Âge cette « Renaissance » qui pouvait constituer, à notre humble avis, une résurgence miraculeuse, éphémère sûrement, de la Tradition primordiale, notamment avec le cycle du Graal.

« Si, depuis la fin du monde antique », dit-il, « il y eut une civilisation qui mérita le nom de Renaissance, ce fut bien celle du Moyen-Âge. Dans son objectivité, dans son « virilisme », dans sa structure hiérarchique, dans sa superbe élémentarité anti-humaniste, si souvent pénétrée de sacré, le Moyen-Âge fut comme une nouvelle flambée de l'esprit de la civilisation, universelle et une, des origines[9]. »

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Nous dirons que Julius Evola pouvait, en revanche, être en accord avec la deuxième définition ; il semble que les rédacteurs des divers dictionnaires qui ont, à la quasi-unanimité, adopté son libellé, n’aient pas perçu les nombreuses conséquences qu’elle pouvait entraîner, spécialement à notre époque où, par un effet naturel, certains individus favorisés commençant à sentir les prémisses du nouveau cycle, comprennent que l’humain s’est attribué une place au sein de l’univers qui, loin de correspondre à celle que lui a assignée la divinité, n’est que l’expression arrogante de son orgueil. 

La tâche principale du prochain cycle que nous devons préparer consistera à remettre l’Homme à sa place. Les Européens traînent avec eux le boulet fruste et brutal de leurs origines supposées dont la doxa évolutionniste a accrédité l’histoire. Julius Evola, qui disait que de l’inférieur ne peut naître le supérieur, ne s’y trompait pas. Nos ancêtres européens de l’Âge d’Or avaient parfaitement conscience d’être intégrés à l’univers cosmique, d’en être à la fois les conducteurs, les protecteurs et les producteurs, les trois fonctions qui régissaient leur monde. Les hommes étaient l’élément régulateur, équilibrant, de ce que les monothéistes ont ensuite dénommé la « création » ; ils n’étaient ni prédateurs ni déprédateurs des autres règnes, animal, végétal, minéral. À l’Homme, missionné par la divinité, incombait la responsabilité de la parfaite harmonie du monde.

ob_9c2eaa_avt-rene-guenon-6902.jpegNous conclurons ce paragraphe consacré à l’interprétation de ce concept d’humanisme avec René Guénon qui, dans La Crise du monde moderne, rassemble ses deux volets évoqués plus haut : « Il y a un mot qui fut mis en honneur à la Renaissance, et qui résumait par avance tout le programme de la civilisation moderne : ce mot est celui d’˝humanisme˝. Il s’agissait en effet de tout réduire à des proportions purement humaines, de faire abstraction de tout principe d’ordre supérieur, et, pourrait-on dire symboliquement, de se détourner du ciel sous prétexte de conquérir la terre. »

Surhumanisme

Ce mot, surhumanisme, est souvent associé à deux autres: prométhéisme et titanisme, tous deux issus de la mythologie grecque. Nietzsche se contentait d’appeler de ses vœux le surhomme ou le surhumain, mais on retrouve, à l’origine, le terme de « surhumanisme » sous la plume d’un écrivain nommé Gabriel-Rey pour titrer son livre : Humanisme et surhumanisme  paru en 1951; selon cet auteur, le surhumanisme était le contraire de l’humanisme. Le terme sera repris ensuite en France par Giorgio Locchi et Guillaume Faye pour prôner, chez ce dernier, un archéofuturisme largement influencé par la technoscience.

Evola écrivait dans L’Arc et la Massue : « Par « humanisme », nous entendons une vision globale tout entière centrée sur l’homme, sur la condition humaine, ce qui est humain devenant alors l’objet d’un culte, pour ne pas dire d’un véritable fétichisme. » et il faisait un peu plus loin le lien entre humanisme d’une part et prométhéisme ou titanisme d’autre part sans employer, lui non plus, le terme de surhumanisme : « Le prototype de l’esprit humain avec toute sa "noblesse", on le découvre chez le rebelle qui s’est révolté contre les forces supérieures, chez le Titan : Prométhée. »

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Titanisme

Dans la mythologie grecque, les Titans constitue une race originelle, archaïque, apparue avant même les dieux olympiens (ainsi appelés en raison de leur demeure, le mont Olympe) ; les Titans sont étroitement liés à l’espèce humaine quelque soit l’origine de celle-ci ; dans un cas, les deux races sont créées par Gaïa, la Terre, (pour les hommes, issus de la Terre, c’est le mythe de l’autotochnie), dans l’autre, les humains sont créés par Prométhée, un Titan.

Prométhée est l’inventeur de l’humanisme (que certains confondent avec l’amour de son prochain, et même de son lointain, de l’humanité en général) et, à ce titre, le précurseur de la passion et de la mission du Christ, d’une part, mais aussi, d’autre part, considérant l’Homme comme maître des autres règnes cosmiques, la référence et l’alibi des folies matérialistes de notre monde actuel, ce que les philosophes appellent l’hubris, la démesure élevée en mode de fonctionnement de nos sociétés actuelles, la folie titanesque ; nous ne prendrons pour seul exemple, caricatural, de cette folie que celui de cette course à celui qui élèvera la plus haute tour au monde (on pense à la Tour de Babel), compétition engagée par les Bédouins milliardaires qui les distrait des courses de chameaux dont ils sont friands ; mais cette frénésie de construction verticale s’étend à l’ensemble de la planète, si bien que les villes de culture qui se distinguaient par une architecture enracinée perdent leur spécificité et sombrent dans l’anonymat et l’uniformité de ces terrifiantes mégapoles dont Oswald Spengler avait si bien prophétisé la sinistre emprise.

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Mais nous n’oublions pas pour autant le naufrage du plus grand bateau de l’époque, le Titanic, si bien nommé, coulé par un blanc destroyer venu d’Hyperborée, un iceberg, avertissement très symbolique donné par les divinités au tout début du XXe siècle[10].

Julius Evola est le penseur européen qui a le mieux compris dans quel abîme allait nous entraîner l’initiative malheureuse de Prométhée car, en effet, et nous pouvons le vérifier de nos jours, toute l’histoire de la pensée religieuse en Occident depuis Prométhée nous a conduit à la pitoyable religion des « Droits de l’homme » (qui a succédé à un christianisme gauchisé et laïcisé), elle-même remplacée par la religion scientiste de l’évolution darwinienne, à travers un processus transformiste qui, partant du Titan orgueilleux qui veut se mesurer aux dieux et se retrouve supplicié, passe par le Christ qui choisit d’interpeller les hommes par son martyre, pour arriver au déni de ces deux sacrifices dans l’anarchie jouissive, artificielle, vulgaire et matérialiste de notre fin de cycle.

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La fourberie et la vanité du Titan Prométhée qui défia les dieux provoquèrent leur réaction qui firent de l’Homme, qui jouissait d’un statut d’immortel, un être soumis aux contingences matérielles et aux aléas de la nature ; l’humain dégradé se vengera sur cette dernière, réduisant son séjour sur Terre à une lutte pour la survie contre les autres règnes ; il convient de remarquer avec quelque étonnement que les hommes continuent d’honorer celui qui provoqua leur chute. Paul Diel dira : « Les hommes, en tant que créatures de Prométhée, formés de boue et animés par le feu volé, réalisent la révolte du Titan et ne pourront que se pervertir. Guidés par la vanité de l’intellect révolté, fiers de leurs capacités d’invention et de leurs créations ingénieuses, les hommes s’imagineront être pareils aux dieux[11]. »

Prométhée, sa vie, son œuvre

Rappelons brièvement, si c’est possible - l’histoire est compliquée - qui était Prométhée dans la mythologie grecque : il est issu des divinités primordiales apparues avant les dieux de l’Olympe, une race de géants dont les descendants se répartiront en deux clans, celui de Zeus en sortira vainqueur, se débarrassera de ses adversaires mais conservera à ses côtés Prométhée et son frère Epiméthée qui l’avaient rallié à temps ; les nouveaux maîtres de l’univers au nombre de douze, dirigés par Zeus, habiteront un jardin secret situé sur le plus haut sommet de la Grèce, le Mont Olympe ; Prométhée ne fait pas partie des douze élus  dans cette mythologie ; la création de l’Homme nous offre deux versions : soit c’est Prométhée qui aurait créé les hommes à partir d’argile, soit l’humain est apparu avant même que Zeus ne soit roi, créé par Gaïa, la Terre, en même temps que les Géants.

Prométhée avait déjà trahi son clan en s’alliant avec celui de Zeus ; mais il n’est pas satisfait de sa condition ; il ne fait pas partie des élus ; il a dans l’idée de défier les Olympiens, et surtout Zeus, en les spoliant au profit de ses protégés, les humains (précisons qu’il n’y a alors que des hommes de sexe mâle), qu’il initiera à l’agriculture, la construction, l’astrologie, la médecine…

Son premier forfait sera de léser Zeus en partageant un bœuf entre les dieux et les hommes ; « comme Prométhée est un dieu à mètis, un roublard, un menteur qui veut essayer de posséder Zeus, de lui jouer un tour, il fraude les parts[12] », explique Jean-Pierre Vernant, le spécialiste de la Grèce antique ; en fait, Prométhée donne aux dieux des os qu’il recouvre de graisse pour les tromper et réserve la viande aux hommes ; Zeus punit les hommes (compères de Prométhée) lorsqu’il se rend compte de la supercherie ; les hommes changent de statut, ils étaient semblables aux dieux, et ils sont dès lors obligés de travailler pour se nourrir et sont privés du feu ; pour couronner le tout, Zeus offre la femme, Pandora, à Prométhée (comme punition supplémentaire ?), qui la refuse, mais le frère de Prométhée, Epiméthée, l’accepte ; voici que s’avance le « mythe » d’Adam et Eve ; car Pandora n’est pas une déesse, elle n’est pas non plus une humaine, c’est une création artificielle ; la boîte que Pandora va ouvrir, soit par curiosité, soit par programmation, est la pomme qu’Eve donnera à croquer à Adam. La boîte de Pandore contient tous les vices, tout ce qui fait que l’Homme ne sera plus parfait, qu’il devra attendre le retour à un nouvel Age d’or pour renouer avec la voie olympienne. Avec la femme, l’Homme en tant qu’espèce va se reproduire lui-même. C’est donc grâce à la femme qu’est créée la « Voie des Pères ». Désormais, l’immortalité des hommes se limitera à un ersatz : la lignée.

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Dans ce que nous appelons la Voie des Pères, c’est-à-dire celle des hommes affranchie des dieux, celle des anges rebelles, Evola distingue une hiérarchie : « Tourmentée et dominée par l’élan de l’amour, la nature mortelle cherche à atteindre l’immortalité sous la forme de la continuation de l’espèce, en engendrant. » Ainsi, l’être humain vit son immortalité « tout comme un arbre dont les feuilles mortes sont remplacées par d’autres feuilles. On est ici à l’opposé de la conception de l’immortalité véritable, olympienne, qui implique au contraire la rupture du lien naturaliste et tellurico-maternel, la sortie du cercle pérenne de la génération, l’ascension vers la région de l’immutabilité et de l’être pur. » et Evola ajoute : « Il est évident que "l’immortalité tellurique " ou "temporelle" est une pure illusion […] parce qu’une lignée peut s’éteindre, parce qu’un cataclysme peut mettre un terme à l’existence, non seulement du sang auquel on appartient, mais de toute une race, de sorte que le mirage de cette immortalité est on ne peut plus fallacieux. […] L’enfant n’est pas engendré comme un être immortel qui arrête la série et qui "monte ", il est engendré en tant qu’être identique à eux. C’est l’éternel et inutile remplissage du tonneau des Danaïdes, le vain tissage de la corde d’Oknos, que l’âne du monde psychique inférieur n’en finit pas de ronger[13]. »

La « surhumanité » est une fin, terme pris dans les deux sens : un but et un achèvement ; l’Homme ne sort pas de sa condition, qu’à l’inverse, il va exalter, mais dans laquelle il va rester. La lignée, la Voie des Pères, constitue une sorte de galerie des glaces où l’Homme se mire à l’infini, sur le mode grotesque ou sublime selon les destinées, tournant en rond inlassablement, comme une mouche qui se heurte à la vitre (ouverte) pendant des heures sans pouvoir sortir, alors que la liberté est à sa portée.

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Après ses premières frasques et ses premiers déboires, Prométhée ne s’avoue toujours pas vaincu; il va dérober le feu sacré pour le donner aux hommes. Cette fois, c’est Prométhée lui-même qui sera puni, attaché à un rocher au sommet du Caucase, il se verra dévorer le foie par un aigle ; tout est symbole dans la mythologie : l’aigle, attribut de Zeus, l’oiseau qui peut regarder le soleil en face, l’oiseau de la vérité, vient torturer le Titan perfide en lui rongeant le foie qui repousse en permanence ; le foie humain a, de même que la peau, cette particularité de repousser, de se régénérer ; tant que l’Homme, représenté par le Titan et complice, au moins par son silence, du Titan, ne se sera pas soumis aux forces divines, il subira le châtiment là-même où il aura conservé un embryon d’éternité ou, tout au moins, de renaissance. La porte vers l’immortalité ne lui est donc pas définitivement fermée.

De même, les anges déchus que seront devenus les Titans vont conserver dans le dos, avec les omoplates, une ébauche (ou un moignon selon qu’on se tourne vers le passé ou l’avenir), des ailes qui lui auront été rognées. C’est ce même mythe qu’on retrouvera dans le christianisme.

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C’est Héraklès qui viendra délivrer Prométhée. On retrouve à nouveau, dans le personnage d’Héraklès, une préfiguration du Christ puisqu’il est lui aussi fils de Dieu (de Zeus) et d’une mortelle, Alcmène, qu’il voudra périr sur un bûcher, mort qu’il aura lui-même réclamée, mais son Père le rappellera à ses côtés dans l’Olympe.

Héraklès tuera l’aigle avec ses flèches, symboles de rectitude, en opposition avec le caractère perfide de Prométhée ; Héraklès, ce faisant, est ici « fils du carquois », exécutant les décisions des instances olympiennes.

Le mythe de Prométhée, c’est le mythe du malentendu… ou de l’ignorance.

Tout un pan de la pensée conservatrice actuelle, de ceux qui se pensent attachés à une « tradition », se trompent en prenant pour modèle un Prométhée qui serait l’archétype des grands chevaliers qui se sont illustrés tout au long de notre histoire pour se poser en défenseurs des valeurs éternelles qui ont façonné et préservé jusqu’ici l’âme européenne. Ils se trompent encore plus en érigeant la figure de Prométhée en démiurge d’une Europe à venir, une Europe de science-fiction à la façon Blade Runner, au ciel sillonné en tous sens de vaisseaux hypersoniques et bâtie sur une terre définitivement inculte sur laquelle ne poussent que d’immondes gratte-ciel d’acier et de béton dans une débauche de bruits de chaînes et de vapeurs méphitiques exhalées par l’antre de Sauron, une Europe qui a conquis le monde par sa technique et sa science en oubliant que son ingéniosité ne lui a servi qu’à fabriquer des prothèses artificielles pour remplacer les pouvoirs naturels que les hommes détenaient avant l’intervention de Prométhée, « quand ils vivaient avec les dieux[14] ». On ne construit rien et on ne peut envisager aucun avenir sur la base de la ruse, du vol et du mensonge. C’est pourtant le projet des transhumanistes qui sont les héritiers directs du surhumanisme, nous en reparlerons.

En réalité, Prométhée est la figure de l’inconséquence, de la ruse (celle qui est nécessaire quand on n’a pas de « forme », pas de stature, pas de dignité, de droiture), du « tordu », tel que le définit Evola : « L’esprit titanique aime ce qui est « tordu », car « tordu » est, de par sa nature, le mensonge, de même qu’est « tordu » aussi une œuvre intelligente, comme par exemple le lasso, le nœud coulant ; l’attribut naturel de l’esprit olympien, c’est la transparence de l’être ; l’attribut naturel de l’esprit titanique, c’est, en revanche, la misère spirituelle : stupidité, imprudence, maladresse[15]. »

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Jean-Pierre Vernant, avec humour, traite Prométhée de « soixante-huitard de l’Olympe[16] », François Flahaut resitue judicieusement la « révolte » prométhéenne dans le contexte actuel : «  A s’imposer comme figure de la grandeur, la révolte prométhéenne a fini par devenir un signe social de valeur, un stéréotype, une pâle imitation de ce qu’elle fut chez Goethe et Byron ; si bien qu’aujourd’hui, s’en réclamer, c’est généralement recycler un poncif et, au contraire de ce qu’on prétend être, se conformer à l’esprit du temps. A cet égard, la valorisation de la révolte prométhéenne présente le même caractère contradictoire que celle de l’originalité : plus on cherche à l’être, moins on l’est[17]. »

Nous ne serons donc pas étonnés, au terme de ce portrait peu élogieux, que le titanisme ou le prométhéisme ait donné naissance au transhumanisme, nous dirons même que c’en était la suite logique.

Le transhumanisme

Evola, s’il a eu l’intuition de cette future apocalypse, inhérente à toute fin de cycle, constituée par un conjonction de catastrophes naturelles ou/et créées par l’Homme, n’avait pas imaginé les effrayantes modalités de sa mise en place. Mais quel esprit normalement constitué aurait pu prévoir les dérapages monstrueux de la secte hors-sol qui a pris en mains les rênes du monde en ce début du XXIe siècle ?

Le but suprême des transhumanistes n’est plus de se mesurer à Dieu, de le défier comme l’avait fait Prométhée, c’est de le remplacer.

Pour aller de l’avant, revenons en arrière. Le philosophe Jean-Pierre Vernant nous disait que, avant l’intervention de Prométhée, les hommes ne mouraient pas.

Après le partage frauduleux du bœuf et le vol du feu, les deux principales infamies perpétrées par Prométhée, les hommes se sont vus confinés à la mortalité. Et Prométhée, le Titan orgueilleux qui  affrontait les dieux, s’est investi d’une mission : apprendre à vivre aux hommes, marquant bien son choix, comme disait Evola, entre la Voie des Dieux, celle de l’Olympe, et la Voie des Pères, celle des hommes. Il a choisi cette dernière et a donc inventé l’humanisme et le surhumanisme, la volonté pour l’Homme de dépasser, non seulement l’ordre naturel (signifiant ainsi qu’il ne participerait pas du cosmos), mais aussi sa propre condition, pour continuer à braver les dieux.

Mais Prométhée n’avait pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin ; une dernière étape devait être franchie : il ferait des hommes des dieux en leur restituant l’immortalité que Zeus leur avait ôtée. Lui, le Titan, serait à l’origine de ce basculement du monde ; il attendrait la fin du cycle qu’il détournerait à son profit et à celui des hommes, se passant de toute autorité divine.

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Nous en sommes bien arrivés à ce point. Cette nouvelle étape s’appelle le transhumanisme. A une différence près : les transhumanistes se soucient comme d’une guigne du sort des hommes ; chez eux, aucune bienveillance, aucune compassion ; ce qui les intéresse, c’est de soumettre les humains, comme les prométhéens l’ont fait de la nature, des plantes et des animaux, d’en faire des esclaves ou des robots mais, auparavant, de réduire leur nombre ; car les transhumanistes, en réalité, n’ont besoin que de très peu d’humains à leur service.

Les transhumanistes sont des progressistes ingénieux (et riches) qui vont au bout de leur logique scientiste et de leur hubris et qui en ont les moyens. Selon le concept évolutionniste, la vie fonctionne sur le mode linéaire : un début, une fin. Elle commence par un big-bang pour l’univers, ou par la création pour l’Homme ; plus on avance dans la vie, plus on progresse, mais plus on se dirige inévitablement vers… la mort. Les « avancées », les « lendemains qui chantent », butent sur ce phénomène naturel et qui paraissait incontournable. Les transhumanistes ont résolu la contradiction majeure du concept progressiste, ou linéariste : puisqu’il y a une barrière qui empêche le progrès sans fin, supprimons la fin, la barrière, supprimons la mort : ce sera « la mort de la mort », selon le titre bien choisi du livre de Laurent Alexandre, le représentant de la mouvance transhumaniste en France.

Pour ce faire, les transhumanistes utiliseront les moyens de la technoscience, certes, mais aussi toutes les tares dont ils ont héritées de Prométhée : la vanité, la ruse, le vol, le mensonge, la dissimulation, la fourberie... en en ajoutant bien d’autres : la manipulation (mentale et génétique), l’ambition effrénée, l’endoctrinement des foules, la perversion… déviances qu’ils vont même ériger en système de type mafieux.

Evola disait « L’esprit titanique est inquiet, inventif, toujours en quête de quelque chose, avec son astuce et son flair. L’objet de l’esprit olympien, c’est le réel, ce qui est tel qu’il ne peut pas être autrement, l’être. L’objet de l’esprit titanique, c’est l’invention, même s’il s’agit uniquement d’un mensonge bien construit[18]. »

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Cette ingéniosité titanique qui a éclaté au XIXe siècle en Occident sous forme de découvertes techniques (la machine à vapeur : quel symbole d’inconsistance !) a fait croire aux Occidentaux qu’ils étaient devenus les maîtres de la planète ; leur nouvelle foi dans la science et le progrès matériel leur a fait mépriser les sociétés traditionnelles ; ils ont cru que leur nouveau pouvoir était illimité et qu’ils étaient capables, désormais, de remplacer Dieu. Le titanisme s’est transformé en satanisme après une longue station à la case « monothéismes » ; car le transhumanisme présente ce curieux aspect de s’être nourri des origines du monde, cette période archaïque où leurs ancêtres, hommes ou titans, vivaient avant même l’apparition des divinités, une époque où, enfantés par la Terre, les uns et les autres sortaient à peine de la matrice chtonienne, du chaos, des Enfers et, en même temps, de n’envisager leur propre futur que par la voie technique et scientifique, fruit de l’inventivité humaine, palliatif obligé de leurs capacités naturelles confisquées.

Tout au long de ce parcours qui va des origines à nos jours, quantité de sectes, d’événements et de personnages étranges se sont succédé, annonçant cette volonté de transgresser les lois divines, les lois de la nature et les lois des hommes jusqu’à cette totale inversion du bon sens et des valeurs à laquelle nous sommes aujourd’hui soumis par ces « élites » transhumanistes.

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Selon Lucien Cerise, « Cette filiation illuministe et cabaliste du transhumanisme a façonné le visage d’une modernité largement placée sous le règne de la quantité et du nombre. Or, de l’imaginaire artistique aux sciences exactes, l’artificialisation du vivant et sa réduction au quantitatif ne visent pas franchement à son émancipation mais bien plutôt à sa simplification, de sorte à en faciliter la gestion rationnelle, numérique, industrielle et standardisée.

Pour fabriquer le consentement à cet appauvrissement de l’existence et de la biodiversité, ainsi qu’aux pathologies physiques et mentales qui en résultent, des sommes colossales sont investies dans tous les domaines de la société pour y impulser des tendances sociétales technophiles et humanophobes. Le transhumanisme n’est pas une émergence spontanée, naturelle. Il s’agit d’un projet politique arbitraire soutenu par des ˝minorités agissantes˝ et des réseaux de pouvoir dont il faut décrypter la logique pour comprendre non pas à quoi elle sert, mais à qui elle sert[19]. »

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Dans son livre[20], Laurent Alexandre nous prédit une révolution technologique notamment dans le domaine médical, si radicale que la notion même de mort sera caduque dans les quelques dizaines d’années qui viennent. « Grâce aux révolutions concomitantes de la nanotechnologie et de la biologie, chaque élément de notre corps deviendra réparable, en partie ou en totalité, comme autant de pièces détachées. » Mais ces merveilleux progrès médicaux ne seront accessibles qu’à ceux qui auront les moyens de les payer. Alexandre le dit lui-même : « Rien ne dit qu’une humanité augmentée sera tolérante vis-à-vis des humains traditionnels. […] La possible tyrannie de la minorité transhumaniste doit être envisagée avec lucidité. »

Il faut comprendre que les mêmes techniques qui permettront de prolonger la vie des transhumanistes, voire de supprimer leur mort, seront utilisées pour transformer « les humains traditionnels » comme dit Alexandre, en populations soumises ou en androïdes, ou les deux.

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« Le transhumanisme », observe le philosophe et polytechnicien Jean-Pierre Dupuy[21], « est typiquement l’idéologie d’un monde sans Dieu. [] En Europe, les philosophes classiques ont tendance à hausser les épaules quand on évoque ce courant transhumaniste. […] En réalité, le projet transhumaniste – il se qualifie ainsi – ne relève plus du futurisme ni du délire. […] Il inspire dorénavant des programmes de recherche, la création d’universités spécialisées et d’une multitude de groupes militants. Il influence une frange non négligeable de l’administration fédérale américaine et, donc, le processus de décision politique. Voilà près de dix ans que ledit projet, pour ce qui le concerne, n’est plus cantonné dans le ciel des idées. Il génère l’apparition de lobbies puissants. Les hypothèses qu’il propose ne cessent d’essaimer dans les différentes disciplines du savoir universitaire. »

La Voie olympienne

Tout ce qui est artificiel est superficiel, et tout ce qui est superficiel est éphémère. Pour cette raison, les transhumanistes n’arriveront jamais à leurs fins.

« Devant Zeus, le spectateur qui rit, l’éternelle race des hommes joue son éternelle comédie humaine[22] », dit Evola.

Le choix qui a été fait au début des temps, celui que relève Julius Evola dans l’exergue de cet article, est toujours d’actualité ; le début du cycle ressemble comme deux gouttes d’eau à sa fin ; entre les deux, quelques millénaires se seront écoulés, le vent aura soufflé sur les grands déserts et les vagues, toujours renouvelées et toujours les mêmes, n’auront jamais cessé d’agiter les mers et les océans. La Terre, elle aussi, se rit des hommes.

Nous sommes à la fin de notre grand cycle ; les hommes de la Tradition l’ont bien compris ; à nouveau se pose la question du choix, mais, cette fois, d’une manière plus accrue ; les hommes, qui ont voulu la mort de Dieu, n’auraient même plus la possibilité d’opter pour la Voie des Pères puisqu’ils seraient appelés à disparaître purement et simplement, une disparition programmée par les héritiers de Prométhée.

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Les grands passeurs de la Tradition, Evola, Guénon, Eliade et d’autres nous ont tous dit que les hommes qui n’avaient pas su, ou pu, conservé l’héritage olympien seraient incapables de comprendre les événements qui ne sont même plus à venir mais qui se déroulent sous nos yeux, au grand effarement des plus lucides, ou dans l’indifférence et l’inconscience des plus nombreux : eyes wide shut. Ils nous ont aussi appris que les hommes différenciés, selon la formule de Julius Evola, sont ceux qui n’ont jamais été dupes du monde qui nous est imposé, qui sont restés fidèles aux divinités en ne faisant rien de plus que ce qui doit être fait pour préparer le nouveau cycle et en ayant su préserver les valeurs de rectitude qui nous ont été léguées par les Dieux ; ces hommes et ces femmes ont eu bien du mérite qui ont su traverser intacts toute cette période de manipulation des esprits que nous avons connu ces dernières années[23].

Nous laisserons le mot de la fin, optimiste, à Julius Evola, qui souligne que, quoiqu’il se passe, il est toujours laissé à l’Homme la possibilité de bien penser et, surtout, de bien agir : « L’orientation "olympienne" est possible, tout autant que l’orientation prométhéenne », dit Evola et il ajoute «  Cette orientation [olympienne] joue un rôle essentiel dans tout ce qui est vraiment aristocratique, tandis que l’orientation prométhéenne possède un caractère fondamentalement plébéien et ne peut connaître au mieux que le plaisir de l’usurpation[24]. »

Pierre-Emile Blairon.

Notes:

[1]. L’Arc et la Massue, chapitre X, Le Rire des dieux, éditions Trédaniel-Pardès

[2]. C’est à l’aide de cet outil fort robuste que notre philosophe s’emploie à détruire les fausses idoles ; « La philosophie à coups de marteau », c’est le sous-titre de son ouvrage : Le Crépuscule des Idoles.

[3]. Nietzsche, dont Evola disait qu’il « était pourtant lui-même, à plus d’un titre, une victime du mirage titanique » (L’Arc et la Massue)

[4]. in Le Crépuscule des idoles.

[5]. Terme qui a pour synonyme le « progrès », « l’avancée », le « développement », autant de concepts creux dont se repaît l’homme moderne.

[6]. Voir notre contribution à l’ouvrage collectif Evola, philosopher of the sun, édité par Troy Southgate ; cette doxa darwiniste a cependant du plomb dans l’aile : des scientifiques éminents opèrent une révision totale de leurs préjugés darwiniens. Ainsi, le professeur Didier Raoult, le célèbre virologue violemment attaqué par Bigpharma (lequel ne se préoccupe que de ses seuls intérêts financiers), a écrit un livre, Dépasser Darwin, où il compare le darwinisme à une nouvelle religion : « Le darwinisme a cessé d'être une théorie scientifique quand on a fait de Darwin un dieu. En introduisant après Lamarck la notion d'évolution, Darwin est venu chambouler la conception figée des créationnistes, qui pensaient que le monde était stable depuis sa création. Mais, dès lors, il est devenu l'objet d'un double mythe. Le mythe du diabolique pour les créationnistes, ceux qui pensent que tout s'est créé en une semaine, et le mythe des scientistes, qui font de "l'origine des espèces" le nouvel Évangile. » (In Le Point du 12.12.2011)

[7]. De même que plus on est « moderne », donc d’apparition récente, et plus on est archaïque, déliquescent, parce que plus éloigné de l’origine, de la source, qui est un renouvellement – une fontaine de Jouvence - permanent, puisque l’eau qui en sourd n’est jamais la même. Ceci vaut pour les civilisations, (comme l’Amérique, appelée aussi le Nouveau Monde, qui est en fait le plus dégénéré, car le plus loin de la source), ou pour les religions (comme l’islam, qui est la dernière religion monothéiste d’importance apparue dans l’univers religieux et donc la plus éloignée de la pure spiritualité originelle.)

[8]. Révolte contre le monde moderne

[9]. Ibid.

[10]. A l’heure où nous écrivons, 22 juin 2023, nous apprenons qu’un sous-marin de poche affrété pour faire découvrir l’épave du Titanic à un groupe de richissimes amateurs de sensations fortes a coulé avec ses passagers à bord ; le sous-marin avait été malencontreusement dénommé : le Titan. Le concepteur du Titanic, Thomas Andrews, a coulé avec son bateau, de même que le concepteur du mini-sous-marin, Stockton Rush ; il s’est passé 111 ans entre les deux naufrages ; 111 : le nombre du pôle, de l’Hyperborée, de la Tradition primordiale, nombre symbolique qui a été étudié par René Guénon dans son ouvrage Symboles de la Science sacrée paru en 1962 aux éditions NRF Gallimard, chapitre XV, page… 111, comme il se doit.

[11]. Paul Diel, Le Symbolisme dans la mythologie grecque, Payot.

[12]. Jean-Pierre Vernant, entretien du 28 mars 2002 avec Catherine Unger, archives de la Télévision suisse romande

[13]. Julius Evola, Métaphysique du sexe, éditions L’âge d’homme.

[14]. Julius Evola, L’Arc et la massue

[15]. ibid.

[16]. Jean-Pierre Vernant, entretien du 28 mars 2002 avec Catherine Unger, archives de la Télévision suisse romande

[17]. François Flahaut, Le Crépuscule de Prométhée, éditions Mille et une nuits.

[18]. L’Arc et la Massue.

[19]. Lucien Cerise, Gouverner par le chaos, éditions Max Milo

[20]. La mort de la mort, éditions JCLattès

[21] Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé, Quand l'impossible est certain, Essais, Editions du Seuil, Paris, 2002

[22]. L’Arc et la massue.

[23]. René Guénon  a été très explicite à ce sujet dans Le Règne de la quantité ; les événements à venir « ne pourront pas être compris par la généralité, mais seulement par le petit nombre de ceux qui seront destinés à préparer, dans une mesure ou dans une autre, les germes du cycle futur. Il est à peine besoin de dire que, dans tout ce que nous exposons, c’est à ces derniers que nous avons toujours entendu nous adresser exclusivement, sans nous préoccuper de l’inévitable incompréhension des autres ».

[24]. L’Arc et la massue

jeudi, 09 février 2023

Le cycle se ferme. La Chine comme synthèse du pire du 20ème siècle

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Le cycle se ferme. La Chine comme synthèse du pire du 20ème siècle

Ernesto Milà

Bron: http://info-krisis.blogspot.com/2023/01/el-ciclo-se-cierr...

Nous reproduisons la préface de l'édition espagnole de la brochure de la Fondation Julius Evola, El ciclo se cierra - Americanismo y Bolchevismo 1929-1969 (= "Le cycle se referme - américanisme et bolchevisme 1929-1969"). L'ouvrage rassemble trois essais publiés respectivement en 1929 dans La Nuova Antologia, en 1934 dans la première édition de Rivolta contro il Mondo Moderno et en 1969 dans l'édition révisée du même livre. L'ouvrage a été préfacé en 1991 par Gianfranco De Turris. Compte tenu du temps écoulé, nous nous sommes sentis obligés de préparer une préface à l'édition espagnole dans laquelle nous mettons à jour la théorie évolienne sur l'américanisme et le bolchevisme, les deux extrémités de la même tenaille qui menace l'Europe, à la lumière des derniers développements post-pandémiques et jusqu'à la réunion du Forum de Davos du week-end dernier. Un siècle plus tard, et avec la mise à jour ultérieure, la théorie est toujours valable. Le livre sera disponible pour le public le 1er février 2023.

Julius Evola

Le cycle se termine

Américanisme et bolchevisme 1929-1969

Je connaissais deux des trois versions du même essai rassemblées dans ce volume : celle publiée dans La Nuova Antologia, incorporée dans un volume de compilation d'articles de Julius Evola, publié dans la même revue (Edizioni di Ar, Padoue, 1970), et celle incluse comme chapitre final de l'édition de 1969 pour Rivolta contro il mondo moderno (Edizioni Mediterranee, Rome, 1969) que, initialement, j'avais lue en français dans la version publiée en 1973 par les Éditions de l'Homme (Québec) et qui contient quelques différences avec l'édition italienne. J'ignorais cependant les différences entre le texte du volume de la première édition de Rivolta (1934) qui est également inclus dans le volume. La comparaison des trois essais est brillamment réalisée par Gianfranco de Turris, il n'est donc pas nécessaire de faire de commentaire. Quoi qu'il en soit, étant donné le temps qui s'est écoulé entre la date de cette introduction de De Turris et la dernière version du texte (1973), il est presque obligatoire d'ajouter quelques paragraphes pour confirmer que les intuitions d'Evola, formulées pour la première fois il y a près d'un siècle, se réalisent avec une étonnante précision.

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L'idée véhiculée par les trois textes est qu'il y avait une identité de fond, mais pas de forme, entre les modèles soviétique et américain. La dépersonnalisation, la matérialisation, la réification de l'être humain, le machinisme et le culte de la technologie semblent être les destins des deux régimes. La principale objection à ce texte est que, bien qu'Evola ait prévu que l'URSS tenterait d'étendre ses tentacules dans le monde entier, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, ce processus semble s'être arrêté et seul le "visage amical", celui présenté par les États-Unis, subsiste. Par conséquent, les différences entre le contenu des trois éditions et la réalité seraient telles que le texte serait supplanté et complètement réfuté. Ce n'est pas le cas.

Il est frappant de constater que ni Evola en 1929, 1934 ou 1973 ne mentionne la République populaire de Chine, ni De Turris n'y fait la moindre allusion près de vingt ans plus tard. Nous allons tenter d'expliquer cette omission.

En 1929, le communisme chinois était pratiquement sans intérêt. Il avait été fondé en 1921 et pendant six ans, il est resté dans l'ombre du Kuomintang, jusqu'à ce que le chef militaire de ce parti, Chiang Kai-shek, retourne ses armes contre les communistes. Les communistes ont répondu en renforçant leur appareil militaire et en déclenchant une guerre civile qui a sévi en deux phases, de 1927 à 1937 puis, après l'arrivée des Japonais et leur défaite ultérieure, de 1945 à 1948. En 1973, le parti communiste chinois était au pouvoir depuis près d'un quart de siècle et avait même ses antennes à l'Ouest, dans les partis communistes dissidents opposés à la ligne de Moscou. Le "modèle maoïste" était devenu relativement populaire depuis mai 1968 et, dans ses secteurs les plus folkloriques, le "costume Mao" était le costume de tous les jours.

À partir de 1965, avec l'éclatement du conflit sino-soviétique et même des affrontements armés dans la région d'Oussouri, on avait le sentiment que les communistes russes et chinois finiraient par s'entre-déchirer. Mais après le désaccord initial entre les successeurs de Staline et le gouvernement de Pékin, les hauts et les bas du développement du communisme chinois, l'échec de certaines de ses campagnes et une certaine instabilité interne due à la lutte entre les factions, Mao a fini par promouvoir la "grande révolution culturelle" pour se maintenir au pouvoir et laisser des groupes de "gardes rouges" fous et fanatiques détruire ses opposants au sein du parti (et ce qui restait de la tradition millénaire chinoise dans le processus).

En Italie, des groupes néo-fascistes apparaissent qui s'identifient à la cause maoïste (voir le numéro LXXV de la Revue d'histoire du fascisme, consacrée à ce sujet). Evola les a critiqués assez durement, niant que le maoïsme était substantiellement différent du communisme russe. Mais tout porte à croire qu'il n'a pas accordé une importance particulière au phénomène chinois, ni prévu quels pourraient être ses développements futurs. Lorsqu'il a réécrit l'édition 1973 de Rivolta, les Etats-Unis pratiquaient une "politique de ping-pong". Henry Kissinger d'abord, puis Nixon, se rendent en Chine et scellent un pacte antisoviétique. Mais même à cette époque, la Chine était considérée en Europe comme un vaste foyer de plus d'un milliard d'habitants, dont la plupart vivaient sous le seuil du sous-développement et étaient gouvernés par une bureaucratie qui, à l'instar de la bureaucratie soviétique, ne pourrait jamais atteindre le niveau de vie des pays développés.

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Trois ans plus tard, Mao meurt et les événements semblent donner raison à ceux qui prédisaient la stagnation du modèle chinois. En 1976, d'ailleurs, les partis maoïstes avaient presque partout dans le monde disparu, étaient entrés dans un processus de scission interne et d'usure, s'étaient reconvertis dans des formes très éloignées du modèle chinois, débattaient pour savoir si l'orthodoxie marxiste était présente en Chine ou en Albanie, et même le Parti communiste d'Espagne (marxiste-léniniste) et sa triste extension, le Front révolutionnaire antifasciste et patriote, diffusaient sur les ondes de Radio Albanie des invectives contre le "révisionnisme chinois".

Mais, à la fin de cette décennie, un nouveau phénomène s'est produit dans le monde capitaliste. Si jusqu'alors et depuis le début de l'après-guerre, la conception officielle du capitalisme était celle exposée par John Maynard Keynes, l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, avec des idées très différentes, inspirées par l'école autrichienne d'économie, qui avaient été considérées jusqu'alors comme de véritables folies et comme des manifestations excentriques, a imposé un nouveau cap. Cela avait d'ailleurs déjà été expérimenté dans le Chili du général Augusto Pinochet, mais avait échoué lamentablement. À Santiago, en 1980, on se souvenait encore avec amertume de la fermeture de l'entreprise nationale d'allumettes parce que les "Chicago Boy's" avaient réussi à obtenir du gouvernement qu'il autorise l'entrée d'allumettes fabriquées au Canada à des prix beaucoup plus bas. Cependant, ces théories, bien que leur efficacité n'ait pas du tout été prouvée dans la pratique, ont incité Thatcher à initier une politique "néo-libérale" basée sur la privatisation, l'ouverture et la dérégulation des marchés, l'abandon de toute mesure "protectionniste" et le strict respect du principe libéral de la primauté des marchés avec une abstention totale de l'Etat de participer à la vie économique.

Thatcher n'aurait pas survécu aux protestations sociales générées par cette mutation du modèle économique si deux phénomènes ne s'étaient produits en peu de temps: premièrement, une clique ultra-conservatrice armée des mêmes idéaux économiques est arrivée au pouvoir aux États-Unis; deuxièmement, la guerre des Malouines a non seulement frappé de plein fouet la junte militaire qui dirigeait l'Argentine, mais a également élevé Margaret Thatcher au rang de "leader triomphant". Bien que le Royaume-Uni ait cessé depuis longtemps d'être un "empire", que sa puissance ait été fortement diminuée et qu'il n'ait plus eu que peu de poids sur la scène internationale, il a été aidé par le revirement de la politique américaine après les échecs des gouvernements qui ont suivi la démission de Richard Nixon (Gerald Ford, 1974-77 et Jimmy Carter, 1977-1981), tous deux fortement usés par les victoires du communisme en Asie du Sud-Est, et par la montée de la révolution islamique en Iran, ainsi que par l'action délétère - dans le cas de Carter - de la Commission trilatérale, ont conduit le "tournant conservateur" sur le plan politique... et néolibéral sur le plan économique...

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Sous l'administration Reagan, les relations avec la Chine ont été maintenues telles qu'elles l'avaient été sous l'ère Nixon et ont continué à l'être pendant la phase d'effondrement de l'URSS, ouverte par la confluence de différentes circonstances (l'usure que la guerre en Afghanistan entraînait pour l'URSS, l'impossibilité pour le budget soviétique de payer la guerre en Afghanistan), ensuite l'incapacité du budget soviétique à répondre à l'initiative en matière d'armement connue sous le nom de "Guerre des étoiles", l'arrivée d'un pape polonais au Vatican qui a directement déclenché les vagues de grèves à Dantzig et a ainsi tendu à briser le système d'alliance soviétique du Pacte de Varsovie, entre autres). Après la guerre du Koweït, les Etats-Unis n'ont pas hésité à se définir comme "la seule puissance mondiale". Et, en fait, c'est le cas. L'année-clé était 1991. Les "démocraties" semblaient avoir gagné. La Chine est restée dans sa prostration, sortant à peine du sous-développement. Elle ne faisait pas le poids face à la puissance américaine. Les "théoriciens" néo-libéraux ont alors lancé leur appel: ils ont interprété, à travers Huntington et Fukuyama, que la supériorité morale des Etats-Unis était à l'origine de leur victoire dans la guerre froide et que, désormais, leur pédagogie devait être orientée vers la conquête du reste du monde à leur cause : le modèle du néolibéralisme, les valeurs du "plus riche, plus vite", le culte du travail et de la réussite et la subordination au principe du collectif imposé par la loi de la quantité dans les consultations électorales : le poids des chiffres transformé en légitimation politique. Aucun stratège américain ne doutait que la République populaire de Chine serait également touchée par ce changement de valeurs dès que les relations commerciales avec elle s'intensifieraient.

À ces idées s'en ajoutait une autre de nature purement économique. Comme le souligne l'analyse d'Evola dans les trois essais qui suivent, l'optimisation du rendement, du profit, de la rentabilité et de l'usure, considérés comme la base de la "pensée américaine" (libérale ou conservatrice, en cela ils ne sont pas différents), impliquerait la création d'une "économie globale" qui finirait par unifier le monde sous les "lois vertueuses du marché". Ce postulat, qui a ouvert le processus de "mondialisation" économique, était parallèle au "mondialisme" (c'est-à-dire la mise en œuvre d'une "culture mondiale", d'une "religion mondiale", d'un "gouvernement mondial" et de l'"unification de l'humanité" prêchée par les cercles théosophiques, utopiques et occultistes depuis le milieu du 19ème siècle).

La Chine, qui avait alors déjà dépassé les 1,2 milliard d'habitants, ne semblait pas compter pour les plans du "Nouvel ordre mondial": on pensait que faciliter le développement de la République populaire de Chine entraînerait automatiquement un revirement politique et que le pays rejoindrait les "démocraties", le système universellement accepté comme sain et miraculeux. Et puis les théoriciens de la mondialisation ont déclenché un nouveau phénomène, une autoroute à double sens: la "délocalisation des entreprises" tendait à augmenter les bénéfices des entreprises en produisant là où le coût de la main-d'œuvre était le moins cher et les matières premières les plus proches. Ce processus a suivi une direction Sud-Nord et Ouest-Est. D'autre part, il s'agissait également de maintenir l'industrie qui pouvait être compétitive dans les pays occidentaux, pour laquelle les portes ont été ouvertes à l'immigration afin de tenter de "gagner en compétitivité" grâce à l'afflux massif de main-d'œuvre bon marché. La direction de ce deuxième processus était du sud au nord et de l'est à l'ouest.

Bien que les conséquences de cette autoroute à double sens soient claires et que personne ne puisse se faire d'illusions sur son résultat, elle a été mise en œuvre de manière suicidaire, uniquement parce que les grands trusts, les multinationales, les consortiums de grandes entreprises, ont vu leurs bénéfices augmenter. D'autre part, c'était une façon de tirer parti des ressources apparues avec "l'ère de l'information" et des phénomènes techniques qui ont accompagné la "troisième révolution industrielle". Sans la micropuce, rien de tout cela n'aurait été possible.

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Le résultat ne s'est pas fait attendre. La Chine a vu ses parcs industriels se développer en quelques années au point de devenir "l'usine planétaire" par excellence. Si Evola met en évidence le fait que le bolchevisme soviétique s'est appuyé sur des couches primitives de la population slave, généralement soumises au pouvoir, c'est à plus forte raison que la population chinoise, marquée par des millénaires de mandarinat, a pu apporter les meilleures énergies de sa vie, non pas à la famille, non pas à la culture de ses propres qualités, non pas à l'approfondissement de sa propre tradition, non pas au travail de perfectionnement intérieur, qui, après tout, devrait être le grand objectif humain, mais à la production de biens et de services. Le résultat est qu'en à peine un quart de siècle, entre 1992 et 2015, ce pays, qui comptait déjà 1,4 milliard d'habitants, est devenu une superpuissance industrielle et financière avec ses propres techniciens formés dans les meilleures universités du monde qui, inévitablement, sont retournés en Chine à la fin de leur formation, contribuant ainsi à augmenter sa capacité de production, mais aussi son propre niveau de vie.

C'est ainsi qu'est né le grand paradoxe: c'est le néolibéralisme, et non la puissance des armes doctrinales du marxisme-léninisme ou de la "pensée Mao Tsé Toung", qui a fait de la Chine une puissance mondiale. La grande habileté du régime chinois a consisté à rester une dictature communiste classique, avec son appareil de propagande et sa censure, ses systèmes de répression, la diffusion de son idéologie diffsée dans des cours obligatoires et parmi la population par l'utilisation massive des médias de masse et de procédures invasives, c'est-à-dire toutes ces ressources typiques de tout système dictatorial, combinées aux caractéristiques les plus attrayantes pour les masses: loisirs, niveau de vie élevé, consommation comme seul objectif, divertissement, etc.

La Chine a combiné le pire du communisme (maintien d'une ligne de masse dictatoriale, volonté délibérée d'annuler la personnalité et pouvoir techno-bureaucratique centralisé et inflexible) avec le pire du capitalisme (exploitation, aliénation, infantilisation des masses). Un pouvoir fort et des masses reconnaissantes de leur assujettissement.

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Il n'y a eu ni vainqueurs ni vaincus, à l'exception de l'avancée imparable de "La Bête sans nom". Ni le capitalisme n'a été vaincu par le communisme, ni l'inverse. Il y a eu une synthèse de l'un et de l'autre dans le "modèle chinois": comme le dit la propre propagande du régime, "un pays, deux systèmes". Tous deux sont sortis renforcés de cette entente cordiale. Massification, collectivisme, machinisme, technologies invasives, êtres sans visage qui, à la fin de leur journée de travail, deviennent des consommateurs compulsifs, entre le shopping effréné et la passivité conformiste du divertissement, avec un conformisme qui trouve ses racines dans les racines ethniques ancestrales exercées par les mandarinats, les hauts fonctionnaires tout-puissants qui dirigent la Chine depuis 3000 ans. Fini les "gardes rouges" brandissant le petit livre de Mao Tse Tung, comme dans les années 1960 ; ils ont été remplacés par le triste spectacle de masses de gens se déplaçant compulsivement à l'intérieur de gigantesques centres commerciaux, déferlant dans des rues pleines d'anonymes ou à l'intérieur de gratte-ciel récemment achevés. Toujours dos à leurs racines, toujours amputés de leurs traditions, toujours sans identité, avec la ruche ou la fourmilière comme modèles de vie collective. Après cela, nous voyons la concrétisation exacte de la phase finale du cycle telle que Julius Evola l'avait intuitionnée il y a près d'un siècle.

La Chine d'aujourd'hui est la synthèse de ce que la Russie et les Etats-Unis qu'Evola a connus de son vivant étaient hier. C'est l'élément qui doit être ajouté comme corollaire à l'analyse d'Evola dans les trois essais qui composent ce volume. Ce n'est pas qu'Evola se soit trompé dans son analyse: celle-ci était non seulement précise, mais aussi extrêmement lucide et anticipatrice. Il ne restait plus qu'à ajouter l'évolution du processus au cours des dernières décennies. Il y a des variations dans la forme, mais pas du tout dans le fond. Ce sont les chemins que l'on parcourt aujourd'hui d'un pas ferme, voire accéléré par rapport aux périodes récentes, vers "La Bête sans nom", le royaume des masses omniprésentes. Le Mandarinat chinois répand urbi et orbi, sur les ruines de l'effondrement de l'URSS et de la crise actuelle de l'"américanisme".

Les gigantesques centres commerciaux chinois, les 1.400 millions d'êtres humains pris dans un délire consumériste, tandis que des haut-parleurs retentissent les slogans du parti, les grands milliardaires inévitablement affiliés au Parti fondé par Mao, la soumission d'une société qui n'est libre que de consommer et de travailler, mais constamment surveillée par des centaines de millions de caméras réparties dans toutes les rues, qui a volontairement placé dans la main de chacun de ses membres un téléphone portable avec lequel il alimentera en permanence le "big-data" (ce n'est pas en vain que la 5G qui rend cette technologie possible a son origine en Chine d'où elle rayonne dans le monde entier), permettant, grâce à l'Intelligence Artificielle, au "système" de connaître jusque dans ses moindres mouvements, gestes et intentions, mieux qu'il ne pourra jamais se connaître lui-même? C'est la Chine d'aujourd'hui. Et c'est vers ce modèle, étendu à l'Est et à l'Ouest, que nous nous dirigeons.

Le lecteur observera et comparera les trois textes d'Evola, écrits dans des circonstances historiques différentes (pendant la première forme de bolchevisme et le grand élan de l'américanisation du monde après la Première Guerre mondiale; le second pendant le stalinisme et après le krach de 1929, à l'époque des fascismes; et le dernier dans les années des fascismes; et le dernier, dans les années de la guerre froide, avec la confrontation géopolitique USA-URSS) avec la situation actuelle et percevront clairement que le Baron non seulement n'avait pas tort, mais qu'il a anticipé exactement les caractéristiques présentes aujourd'hui dans la post-modernité et dont la République populaire de Chine est la synthèse, l'exemple et la direction vers laquelle le monde se dirige main dans la main avec les technologies modernes.

En fait, même dans le transhumanisme occidental, le spectre même de la "Bête sans nom" est présent, qui n'aspire même plus à avoir une dimension biologique, mais prétend être un simple automatisme généré par des réseaux neuronaux électroniques grâce auxquels la conscience humaine individuelle se fondra dans une "conscience cosmique universelle" qui devrait se rassembler dans "le nuage", le bagage mental individuel de tous les êtres, converti en impulsions électroniques, but ultime de l'évolution darwinienne, accélérée par les nouvelles technologies génétiques, la nanotechnologie et l'intelligence artificielle. Telle est la perspective décrite par Ray Kurzweill, l'un des partisans les plus extrêmes du transhumanisme, pour notre avenir.

Il resterait à faire le point sur la situation au début de l'année 2023, en tenant compte de trois contradictions principales qui sont apparues au lendemain de la pandémie.

    1) Le conflit ukrainien, généré par la volonté de l'OTAN de faire avancer ses frontières vers Moscou, a eu un effet inattendu : la "mondialisation" s'est arrêtée. À une époque où la mondialisation semblait être un projet raté, mais sur lequel les élites économiques continuaient à insister, la politique de sanctions contre la Russie imposée par les États-Unis et suivie avec une loyauté opiniâtre par les pays membres de l'OTAN a entraîné une rupture inattendue entre les pays alliés des États-Unis et le reste du monde (et, d'un point de vue quantitatif, on peut dire que "le reste du monde" a plus de poids numérique que le "bloc occidental", ce qui est important à noter à une époque où le "règne de la quantité" impose ses règles: plus d'habitants, plus de consommateurs, égale plus de production). La Chine a choisi de se ranger du côté de la Russie, compte tenu de l'opposition qu'elle suscite dans les milieux américains, car elle est sur le point de dépasser les États-Unis dans tous les domaines, y compris la technologie.

    2) Le conflit entre les concentrations de pouvoir héritées des trois précédentes révolutions industrielles, ce que nous pouvons appeler "le vieil argent", et les grandes accumulations de pouvoir technologique et de capital générées par la quatrième révolution industrielle. Cela explique les récentes critiques d'Elon Musk à l'égard de la réunion du Forum de Davos et des tentatives d'ouverture du fondateur de cette organisation, Klaus Schwab, en direction du "transhumanisme", que certains considèrent comme le moteur idéologique de cette dernière révolution industrielle. Il est facile de prévoir les implications de ce conflit: le "nouvel argent" finira par s'imposer, comme cela s'est produit dans toutes les autres révolutions industrielles: les propriétaires des "nouvelles technologies" sont toujours ceux qui imposent leurs propres règles du jeu.

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3) L'idée de "polycrise" évoquée lors de la dernière réunion du Forum de Davos, idée que Guillaume Faye avait déjà présentée il y a près d'un quart de siècle sous la dénomination de "convergence des catasdtrophes", est, dans l'acceptation qu'en donne les élites économiques mondiales, fait référence aux crises économiques ininterrompues générées par les dysfonctionnements du processus de globalisation, par les crises géopolitiques (un euphémisme pour ces crises qui sont provoquées par la volonté aveugle et suicidaire des Etats-Unis qui entendent demeurer la "seule puissance mondiale"), par les crises sociales à la chaîne dues à la mondialisation, sans oublier les crises sociales imbriquées (dues aux effets des migrations massives d'aujourd'hui et demain à la désertification des emplois par la robotisation), aux conflits interreligieux (qui ont pour axe le fondamentalisme islamique et qui se sont même étendus à l'Europe), auxquels ils ajoutent, bien sûr, le thème omniprésent du "changement climatique", présenté comme le plus dramatique de tous.

    4) Lors de la même réunion du Forum de Davos, le rapport présenté par son fondateur, Klaus Schwab, reprenait pour la première fois sans complexe les idées transhumanistes et les transmettait à un public d'élites économiques, de dirigeants politiques et de propriétaires de consortiums d'information. Cela revient à suggérer la formation d'une société "post-biologique", automatisée, dominée par les nouvelles technologies, où l'humain est de plus en plus résiduel et où, pendant cette transition, les destinées des nations devraient être guidées par une alliance entre gouvernements et trusts, c'est-à-dire un scénario absolument identique à celui présenté par la structure politico-économique de la République populaire de Chine.

Telle est la situation en janvier 2023. La perspective n'est plus, comme à l'époque où Evola écrivait en 1929, la possibilité d'une reconstruction de l'Europe sur la base des idéaux du vieux romantisme. Le sentiment qui domine est que les processus de dissolution de l'humain, initiés en République populaire de Chine et adaptés à l'Occident par le Forum de Davos, ajoutés à la "religion transhumaniste" (que ses membres vivent avec une foi proche du fanatisme, surtout lorsque ses prophètes établissent les caractéristiques du futur), nous placent dans un modèle qui est, précisément, l'inversion totale du modèle d'une société traditionnelle. Une indication que la promesse apocalyptique de la venue de l'Antéchrist, qui précédera la fin des temps, est proche.

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Il faut comprendre que "l'Antéchrist" n'est pas tant une figure humaine qu'une conception de l'être humain, hypostasiée et gravée au feu dans les hommes et les femmes d'aujourd'hui, présents dans le monde entier, dans tous les pays, dans tous les peuples, dans chacun des habitants de la planète, et à laquelle il est impossible pour la majorité d'échapper. On comprend d'ailleurs que dans les textes prophétiques-apocalyptiques, cette "venue de l'Antéchrist" précède la "fin des temps".

Le caractère éphémère et non viable d'une société ainsi conçue, son instabilité congénitale, est précisément ce dont beaucoup ont eu l'intuition à notre époque (du "paradoxe de Fermi" sur la non-viabilité des sociétés technologiquement avancées, au dernier rapport du Forum de Davos, avec son idée de "polycrise"). Un vêtement taché peut être lavé par un simple geste. Mais lorsque ce même vêtement est couvert de taches, de déchirures, est élimé par l'usage, il n'y a plus aucune possibilité, quels que soient nos efforts, de continuer à le porter. Il est nécessaire de le jeter et d'en tisser un nouveau. Nous avons atteint cette période. Il vaut la peine que nous nous y fassions.

Or, dans toutes ces dérivations, il n'y a rien de nouveau par rapport à ce que Julius Evola a prévu dans son article historique de La Nuova Antologia publié en 1929. Nous ne sommes pas confrontés à deux positions irréconciliables, comme ne l'étaient ni le bolchevisme ni le libéralisme, ni les camps opposés de la guerre froide, ni l'époque révolue de l'unilatéralisme américain globalisant, ni la période qui a suivi le 11 septembre et la crise économique de 2007-2011, premier symptôme de l'effondrement du système économique mondial globalisé, ni tout ce qui a suivi la pandémie, ni ce qui nous attend lorsque la quatrième révolution industrielle montrera ses effets les plus dramatiques sur la société et finira par réorganiser le monde. Ce qui émerge de cette réorganisation tendra inévitablement vers une forme pyramidale, avec un tout petit dôme et une gigantesque base homogène.

Mais dans tous les cas, le dôme et tout ce qui se trouve en dessous obéiront aux mêmes traits: une humanité qui a rompu tout lien avec le supérieur (qui n'est même pas capable de deviner ce que signifie le "surmonde", pas même à travers le prisme de la religion), qui n'est capable de considérer comme "religieux" qu'un ensemble de doctrines inorganiques et souvent incohérentes dans lesquelles on place sa "foi" (le transhumanisme, déjà aujourd'hui "première religion" de la Silicon Valley et, plus largement, de la technologie), avec ceux "d'en haut" qui se consacrent à la multiplication de leurs profits et ceux "d'en bas" à la survie, avec une dévaluation croissante de toutes les valeurs et un processus général de perte des identités, surtout culturelles, et une destruction systématique de toute institution traditionnelle restante (travail que les "Agendas" mondialistes émanant des institutions internationales et envoyés aux gouvernements nationaux comme obligatoires) tentent d'accélérer.

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Dans ces circonstances, le réalisme suggère que la "fin des temps" est proche (ou, plus précisément, la fin de cette civilisation) et, en tout état de cause, il n'est pas possible d'être optimiste quant aux possibilités d'inverser le phénomène. La disproportion des forces est telle que ceux qui proclament leur adhésion aux principes traditionnels n'ont aucune base sociale, aucune institution et des ressources insuffisantes sur lesquelles fonder leur action. Bien que le processus de destruction de toutes les valeurs et de leur remplacement par celles contenues dans les "agendas" mondialistes rencontre une résistance croissante, il ne faut pas se faire d'illusions: le destin final d'une avalanche, une fois déclenchée, n'est pas de s'arrêter à mi-chemin, mais de tout balayer. Plutôt que de s'opposer au glissement de terrain à venir, le bon sens conseille de se préparer au lendemain de l'avènement de "La Bête sans nom".

Je crois que ces annotations étaient nécessaires, dans la mesure où les trois essais d'Evola et la propre introduction de De Turris devaient être complétés par des notes sur l'ici et maintenant.

Ernesto Milà

Sant Pol de Mar, janvier 2023.

Le cycle se ferme. La Chine comme synthèse du pire du 20ème siècle

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Le cycle se ferme. La Chine comme synthèse du pire du 20ème siècle

Ernesto Milà

Bron: http://info-krisis.blogspot.com/2023/01/el-ciclo-se-cierr...

Nous reproduisons la préface de l'édition espagnole de la brochure de la Fondation Julius Evola, El ciclo se cierra - Americanismo y Bolchevismo 1929-1969 (= "Le cycle se referme - américanisme et bolchevisme 1929-1969"). L'ouvrage rassemble trois essais publiés respectivement en 1929 dans La Nuova Antologia, en 1934 dans la première édition de Rivolta contro il Mondo Moderno et en 1969 dans l'édition révisée du même livre. L'ouvrage a été préfacé en 1991 par Gianfranco De Turris. Compte tenu du temps écoulé, nous nous sommes sentis obligés de préparer une préface à l'édition espagnole dans laquelle nous mettons à jour la théorie évolienne sur l'américanisme et le bolchevisme, les deux extrémités de la même tenaille qui menace l'Europe, à la lumière des derniers développements post-pandémiques et jusqu'à la réunion du Forum de Davos du week-end dernier. Un siècle plus tard, et avec la mise à jour ultérieure, la théorie est toujours valable. Le livre sera disponible pour le public le 1er février 2023.

Julius Evola

Le cycle se termine

Américanisme et bolchevisme 1929-1969

Je connaissais deux des trois versions du même essai rassemblées dans ce volume : celle publiée dans La Nuova Antologia, incorporée dans un volume de compilation d'articles de Julius Evola, publié dans la même revue (Edizioni di Ar, Padoue, 1970), et celle incluse comme chapitre final de l'édition de 1969 pour Rivolta contro il mondo moderno (Edizioni Mediterranee, Rome, 1969) que, initialement, j'avais lue en français dans la version publiée en 1973 par les Éditions de l'Homme (Québec) et qui contient quelques différences avec l'édition italienne. J'ignorais cependant les différences entre le texte du volume de la première édition de Rivolta (1934) qui est également inclus dans le volume. La comparaison des trois essais est brillamment réalisée par Gianfranco de Turris, il n'est donc pas nécessaire de faire de commentaire. Quoi qu'il en soit, étant donné le temps qui s'est écoulé entre la date de cette introduction de De Turris et la dernière version du texte (1973), il est presque obligatoire d'ajouter quelques paragraphes pour confirmer que les intuitions d'Evola, formulées pour la première fois il y a près d'un siècle, se réalisent avec une étonnante précision.

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L'idée véhiculée par les trois textes est qu'il y avait une identité de fond, mais pas de forme, entre les modèles soviétique et américain. La dépersonnalisation, la matérialisation, la réification de l'être humain, le machinisme et le culte de la technologie semblent être les destins des deux régimes. La principale objection à ce texte est que, bien qu'Evola ait prévu que l'URSS tenterait d'étendre ses tentacules dans le monde entier, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, ce processus semble s'être arrêté et seul le "visage amical", celui présenté par les États-Unis, subsiste. Par conséquent, les différences entre le contenu des trois éditions et la réalité seraient telles que le texte serait supplanté et complètement réfuté. Ce n'est pas le cas.

Il est frappant de constater que ni Evola en 1929, 1934 ou 1973 ne mentionne la République populaire de Chine, ni De Turris n'y fait la moindre allusion près de vingt ans plus tard. Nous allons tenter d'expliquer cette omission.

En 1929, le communisme chinois était pratiquement sans intérêt. Il avait été fondé en 1921 et pendant six ans, il est resté dans l'ombre du Kuomintang, jusqu'à ce que le chef militaire de ce parti, Chiang Kai-shek, retourne ses armes contre les communistes. Les communistes ont répondu en renforçant leur appareil militaire et en déclenchant une guerre civile qui a sévi en deux phases, de 1927 à 1937 puis, après l'arrivée des Japonais et leur défaite ultérieure, de 1945 à 1948. En 1973, le parti communiste chinois était au pouvoir depuis près d'un quart de siècle et avait même ses antennes à l'Ouest, dans les partis communistes dissidents opposés à la ligne de Moscou. Le "modèle maoïste" était devenu relativement populaire depuis mai 1968 et, dans ses secteurs les plus folkloriques, le "costume Mao" était le costume de tous les jours.

À partir de 1965, avec l'éclatement du conflit sino-soviétique et même des affrontements armés dans la région d'Oussouri, on avait le sentiment que les communistes russes et chinois finiraient par s'entre-déchirer. Mais après le désaccord initial entre les successeurs de Staline et le gouvernement de Pékin, les hauts et les bas du développement du communisme chinois, l'échec de certaines de ses campagnes et une certaine instabilité interne due à la lutte entre les factions, Mao a fini par promouvoir la "grande révolution culturelle" pour se maintenir au pouvoir et laisser des groupes de "gardes rouges" fous et fanatiques détruire ses opposants au sein du parti (et ce qui restait de la tradition millénaire chinoise dans le processus).

En Italie, des groupes néo-fascistes apparaissent qui s'identifient à la cause maoïste (voir le numéro LXXV de la Revue d'histoire du fascisme, consacrée à ce sujet). Evola les a critiqués assez durement, niant que le maoïsme était substantiellement différent du communisme russe. Mais tout porte à croire qu'il n'a pas accordé une importance particulière au phénomène chinois, ni prévu quels pourraient être ses développements futurs. Lorsqu'il a réécrit l'édition 1973 de Rivolta, les Etats-Unis pratiquaient une "politique de ping-pong". Henry Kissinger d'abord, puis Nixon, se rendent en Chine et scellent un pacte antisoviétique. Mais même à cette époque, la Chine était considérée en Europe comme un vaste foyer de plus d'un milliard d'habitants, dont la plupart vivaient sous le seuil du sous-développement et étaient gouvernés par une bureaucratie qui, à l'instar de la bureaucratie soviétique, ne pourrait jamais atteindre le niveau de vie des pays développés.

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Trois ans plus tard, Mao meurt et les événements semblent donner raison à ceux qui prédisaient la stagnation du modèle chinois. En 1976, d'ailleurs, les partis maoïstes avaient presque partout dans le monde disparu, étaient entrés dans un processus de scission interne et d'usure, s'étaient reconvertis dans des formes très éloignées du modèle chinois, débattaient pour savoir si l'orthodoxie marxiste était présente en Chine ou en Albanie, et même le Parti communiste d'Espagne (marxiste-léniniste) et sa triste extension, le Front révolutionnaire antifasciste et patriote, diffusaient sur les ondes de Radio Albanie des invectives contre le "révisionnisme chinois".

Mais, à la fin de cette décennie, un nouveau phénomène s'est produit dans le monde capitaliste. Si jusqu'alors et depuis le début de l'après-guerre, la conception officielle du capitalisme était celle exposée par John Maynard Keynes, l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, avec des idées très différentes, inspirées par l'école autrichienne d'économie, qui avaient été considérées jusqu'alors comme de véritables folies et comme des manifestations excentriques, a imposé un nouveau cap. Cela avait d'ailleurs déjà été expérimenté dans le Chili du général Augusto Pinochet, mais avait échoué lamentablement. À Santiago, en 1980, on se souvenait encore avec amertume de la fermeture de l'entreprise nationale d'allumettes parce que les "Chicago Boy's" avaient réussi à obtenir du gouvernement qu'il autorise l'entrée d'allumettes fabriquées au Canada à des prix beaucoup plus bas. Cependant, ces théories, bien que leur efficacité n'ait pas du tout été prouvée dans la pratique, ont incité Thatcher à initier une politique "néo-libérale" basée sur la privatisation, l'ouverture et la dérégulation des marchés, l'abandon de toute mesure "protectionniste" et le strict respect du principe libéral de la primauté des marchés avec une abstention totale de l'Etat de participer à la vie économique.

Thatcher n'aurait pas survécu aux protestations sociales générées par cette mutation du modèle économique si deux phénomènes ne s'étaient produits en peu de temps: premièrement, une clique ultra-conservatrice armée des mêmes idéaux économiques est arrivée au pouvoir aux États-Unis; deuxièmement, la guerre des Malouines a non seulement frappé de plein fouet la junte militaire qui dirigeait l'Argentine, mais a également élevé Margaret Thatcher au rang de "leader triomphant". Bien que le Royaume-Uni ait cessé depuis longtemps d'être un "empire", que sa puissance ait été fortement diminuée et qu'il n'ait plus eu que peu de poids sur la scène internationale, il a été aidé par le revirement de la politique américaine après les échecs des gouvernements qui ont suivi la démission de Richard Nixon (Gerald Ford, 1974-77 et Jimmy Carter, 1977-1981), tous deux fortement usés par les victoires du communisme en Asie du Sud-Est, et par la montée de la révolution islamique en Iran, ainsi que par l'action délétère - dans le cas de Carter - de la Commission trilatérale, ont conduit le "tournant conservateur" sur le plan politique... et néolibéral sur le plan économique...

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Sous l'administration Reagan, les relations avec la Chine ont été maintenues telles qu'elles l'avaient été sous l'ère Nixon et ont continué à l'être pendant la phase d'effondrement de l'URSS, ouverte par la confluence de différentes circonstances (l'usure que la guerre en Afghanistan entraînait pour l'URSS, l'impossibilité pour le budget soviétique de payer la guerre en Afghanistan), ensuite l'incapacité du budget soviétique à répondre à l'initiative en matière d'armement connue sous le nom de "Guerre des étoiles", l'arrivée d'un pape polonais au Vatican qui a directement déclenché les vagues de grèves à Dantzig et a ainsi tendu à briser le système d'alliance soviétique du Pacte de Varsovie, entre autres). Après la guerre du Koweït, les Etats-Unis n'ont pas hésité à se définir comme "la seule puissance mondiale". Et, en fait, c'est le cas. L'année-clé était 1991. Les "démocraties" semblaient avoir gagné. La Chine est restée dans sa prostration, sortant à peine du sous-développement. Elle ne faisait pas le poids face à la puissance américaine. Les "théoriciens" néo-libéraux ont alors lancé leur appel: ils ont interprété, à travers Huntington et Fukuyama, que la supériorité morale des Etats-Unis était à l'origine de leur victoire dans la guerre froide et que, désormais, leur pédagogie devait être orientée vers la conquête du reste du monde à leur cause : le modèle du néolibéralisme, les valeurs du "plus riche, plus vite", le culte du travail et de la réussite et la subordination au principe du collectif imposé par la loi de la quantité dans les consultations électorales : le poids des chiffres transformé en légitimation politique. Aucun stratège américain ne doutait que la République populaire de Chine serait également touchée par ce changement de valeurs dès que les relations commerciales avec elle s'intensifieraient.

À ces idées s'en ajoutait une autre de nature purement économique. Comme le souligne l'analyse d'Evola dans les trois essais qui suivent, l'optimisation du rendement, du profit, de la rentabilité et de l'usure, considérés comme la base de la "pensée américaine" (libérale ou conservatrice, en cela ils ne sont pas différents), impliquerait la création d'une "économie globale" qui finirait par unifier le monde sous les "lois vertueuses du marché". Ce postulat, qui a ouvert le processus de "mondialisation" économique, était parallèle au "mondialisme" (c'est-à-dire la mise en œuvre d'une "culture mondiale", d'une "religion mondiale", d'un "gouvernement mondial" et de l'"unification de l'humanité" prêchée par les cercles théosophiques, utopiques et occultistes depuis le milieu du 19ème siècle).

La Chine, qui avait alors déjà dépassé les 1,2 milliard d'habitants, ne semblait pas compter pour les plans du "Nouvel ordre mondial": on pensait que faciliter le développement de la République populaire de Chine entraînerait automatiquement un revirement politique et que le pays rejoindrait les "démocraties", le système universellement accepté comme sain et miraculeux. Et puis les théoriciens de la mondialisation ont déclenché un nouveau phénomène, une autoroute à double sens: la "délocalisation des entreprises" tendait à augmenter les bénéfices des entreprises en produisant là où le coût de la main-d'œuvre était le moins cher et les matières premières les plus proches. Ce processus a suivi une direction Sud-Nord et Ouest-Est. D'autre part, il s'agissait également de maintenir l'industrie qui pouvait être compétitive dans les pays occidentaux, pour laquelle les portes ont été ouvertes à l'immigration afin de tenter de "gagner en compétitivité" grâce à l'afflux massif de main-d'œuvre bon marché. La direction de ce deuxième processus était du sud au nord et de l'est à l'ouest.

Bien que les conséquences de cette autoroute à double sens soient claires et que personne ne puisse se faire d'illusions sur son résultat, elle a été mise en œuvre de manière suicidaire, uniquement parce que les grands trusts, les multinationales, les consortiums de grandes entreprises, ont vu leurs bénéfices augmenter. D'autre part, c'était une façon de tirer parti des ressources apparues avec "l'ère de l'information" et des phénomènes techniques qui ont accompagné la "troisième révolution industrielle". Sans la micropuce, rien de tout cela n'aurait été possible.

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Le résultat ne s'est pas fait attendre. La Chine a vu ses parcs industriels se développer en quelques années au point de devenir "l'usine planétaire" par excellence. Si Evola met en évidence le fait que le bolchevisme soviétique s'est appuyé sur des couches primitives de la population slave, généralement soumises au pouvoir, c'est à plus forte raison que la population chinoise, marquée par des millénaires de mandarinat, a pu apporter les meilleures énergies de sa vie, non pas à la famille, non pas à la culture de ses propres qualités, non pas à l'approfondissement de sa propre tradition, non pas au travail de perfectionnement intérieur, qui, après tout, devrait être le grand objectif humain, mais à la production de biens et de services. Le résultat est qu'en à peine un quart de siècle, entre 1992 et 2015, ce pays, qui comptait déjà 1,4 milliard d'habitants, est devenu une superpuissance industrielle et financière avec ses propres techniciens formés dans les meilleures universités du monde qui, inévitablement, sont retournés en Chine à la fin de leur formation, contribuant ainsi à augmenter sa capacité de production, mais aussi son propre niveau de vie.

C'est ainsi qu'est né le grand paradoxe: c'est le néolibéralisme, et non la puissance des armes doctrinales du marxisme-léninisme ou de la "pensée Mao Tsé Toung", qui a fait de la Chine une puissance mondiale. La grande habileté du régime chinois a consisté à rester une dictature communiste classique, avec son appareil de propagande et sa censure, ses systèmes de répression, la diffusion de son idéologie diffsée dans des cours obligatoires et parmi la population par l'utilisation massive des médias de masse et de procédures invasives, c'est-à-dire toutes ces ressources typiques de tout système dictatorial, combinées aux caractéristiques les plus attrayantes pour les masses: loisirs, niveau de vie élevé, consommation comme seul objectif, divertissement, etc.

La Chine a combiné le pire du communisme (maintien d'une ligne de masse dictatoriale, volonté délibérée d'annuler la personnalité et pouvoir techno-bureaucratique centralisé et inflexible) avec le pire du capitalisme (exploitation, aliénation, infantilisation des masses). Un pouvoir fort et des masses reconnaissantes de leur assujettissement.

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Il n'y a eu ni vainqueurs ni vaincus, à l'exception de l'avancée imparable de "La Bête sans nom". Ni le capitalisme n'a été vaincu par le communisme, ni l'inverse. Il y a eu une synthèse de l'un et de l'autre dans le "modèle chinois": comme le dit la propre propagande du régime, "un pays, deux systèmes". Tous deux sont sortis renforcés de cette entente cordiale. Massification, collectivisme, machinisme, technologies invasives, êtres sans visage qui, à la fin de leur journée de travail, deviennent des consommateurs compulsifs, entre le shopping effréné et la passivité conformiste du divertissement, avec un conformisme qui trouve ses racines dans les racines ethniques ancestrales exercées par les mandarinats, les hauts fonctionnaires tout-puissants qui dirigent la Chine depuis 3000 ans. Fini les "gardes rouges" brandissant le petit livre de Mao Tse Tung, comme dans les années 1960 ; ils ont été remplacés par le triste spectacle de masses de gens se déplaçant compulsivement à l'intérieur de gigantesques centres commerciaux, déferlant dans des rues pleines d'anonymes ou à l'intérieur de gratte-ciel récemment achevés. Toujours dos à leurs racines, toujours amputés de leurs traditions, toujours sans identité, avec la ruche ou la fourmilière comme modèles de vie collective. Après cela, nous voyons la concrétisation exacte de la phase finale du cycle telle que Julius Evola l'avait intuitionnée il y a près d'un siècle.

La Chine d'aujourd'hui est la synthèse de ce que la Russie et les Etats-Unis qu'Evola a connus de son vivant étaient hier. C'est l'élément qui doit être ajouté comme corollaire à l'analyse d'Evola dans les trois essais qui composent ce volume. Ce n'est pas qu'Evola se soit trompé dans son analyse: celle-ci était non seulement précise, mais aussi extrêmement lucide et anticipatrice. Il ne restait plus qu'à ajouter l'évolution du processus au cours des dernières décennies. Il y a des variations dans la forme, mais pas du tout dans le fond. Ce sont les chemins que l'on parcourt aujourd'hui d'un pas ferme, voire accéléré par rapport aux périodes récentes, vers "La Bête sans nom", le royaume des masses omniprésentes. Le Mandarinat chinois répand urbi et orbi, sur les ruines de l'effondrement de l'URSS et de la crise actuelle de l'"américanisme".

Les gigantesques centres commerciaux chinois, les 1.400 millions d'êtres humains pris dans un délire consumériste, tandis que des haut-parleurs retentissent les slogans du parti, les grands milliardaires inévitablement affiliés au Parti fondé par Mao, la soumission d'une société qui n'est libre que de consommer et de travailler, mais constamment surveillée par des centaines de millions de caméras réparties dans toutes les rues, qui a volontairement placé dans la main de chacun de ses membres un téléphone portable avec lequel il alimentera en permanence le "big-data" (ce n'est pas en vain que la 5G qui rend cette technologie possible a son origine en Chine d'où elle rayonne dans le monde entier), permettant, grâce à l'Intelligence Artificielle, au "système" de connaître jusque dans ses moindres mouvements, gestes et intentions, mieux qu'il ne pourra jamais se connaître lui-même? C'est la Chine d'aujourd'hui. Et c'est vers ce modèle, étendu à l'Est et à l'Ouest, que nous nous dirigeons.

Le lecteur observera et comparera les trois textes d'Evola, écrits dans des circonstances historiques différentes (pendant la première forme de bolchevisme et le grand élan de l'américanisation du monde après la Première Guerre mondiale; le second pendant le stalinisme et après le krach de 1929, à l'époque des fascismes; et le dernier dans les années des fascismes; et le dernier, dans les années de la guerre froide, avec la confrontation géopolitique USA-URSS) avec la situation actuelle et percevront clairement que le Baron non seulement n'avait pas tort, mais qu'il a anticipé exactement les caractéristiques présentes aujourd'hui dans la post-modernité et dont la République populaire de Chine est la synthèse, l'exemple et la direction vers laquelle le monde se dirige main dans la main avec les technologies modernes.

En fait, même dans le transhumanisme occidental, le spectre même de la "Bête sans nom" est présent, qui n'aspire même plus à avoir une dimension biologique, mais prétend être un simple automatisme généré par des réseaux neuronaux électroniques grâce auxquels la conscience humaine individuelle se fondra dans une "conscience cosmique universelle" qui devrait se rassembler dans "le nuage", le bagage mental individuel de tous les êtres, converti en impulsions électroniques, but ultime de l'évolution darwinienne, accélérée par les nouvelles technologies génétiques, la nanotechnologie et l'intelligence artificielle. Telle est la perspective décrite par Ray Kurzweill, l'un des partisans les plus extrêmes du transhumanisme, pour notre avenir.

Il resterait à faire le point sur la situation au début de l'année 2023, en tenant compte de trois contradictions principales qui sont apparues au lendemain de la pandémie.

    1) Le conflit ukrainien, généré par la volonté de l'OTAN de faire avancer ses frontières vers Moscou, a eu un effet inattendu : la "mondialisation" s'est arrêtée. À une époque où la mondialisation semblait être un projet raté, mais sur lequel les élites économiques continuaient à insister, la politique de sanctions contre la Russie imposée par les États-Unis et suivie avec une loyauté opiniâtre par les pays membres de l'OTAN a entraîné une rupture inattendue entre les pays alliés des États-Unis et le reste du monde (et, d'un point de vue quantitatif, on peut dire que "le reste du monde" a plus de poids numérique que le "bloc occidental", ce qui est important à noter à une époque où le "règne de la quantité" impose ses règles: plus d'habitants, plus de consommateurs, égale plus de production). La Chine a choisi de se ranger du côté de la Russie, compte tenu de l'opposition qu'elle suscite dans les milieux américains, car elle est sur le point de dépasser les États-Unis dans tous les domaines, y compris la technologie.

    2) Le conflit entre les concentrations de pouvoir héritées des trois précédentes révolutions industrielles, ce que nous pouvons appeler "le vieil argent", et les grandes accumulations de pouvoir technologique et de capital générées par la quatrième révolution industrielle. Cela explique les récentes critiques d'Elon Musk à l'égard de la réunion du Forum de Davos et des tentatives d'ouverture du fondateur de cette organisation, Klaus Schwab, en direction du "transhumanisme", que certains considèrent comme le moteur idéologique de cette dernière révolution industrielle. Il est facile de prévoir les implications de ce conflit: le "nouvel argent" finira par s'imposer, comme cela s'est produit dans toutes les autres révolutions industrielles: les propriétaires des "nouvelles technologies" sont toujours ceux qui imposent leurs propres règles du jeu.

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3) L'idée de "polycrise" évoquée lors de la dernière réunion du Forum de Davos, idée que Guillaume Faye avait déjà présentée il y a près d'un quart de siècle sous la dénomination de "convergence des catasdtrophes", est, dans l'acceptation qu'en donne les élites économiques mondiales, fait référence aux crises économiques ininterrompues générées par les dysfonctionnements du processus de globalisation, par les crises géopolitiques (un euphémisme pour ces crises qui sont provoquées par la volonté aveugle et suicidaire des Etats-Unis qui entendent demeurer la "seule puissance mondiale"), par les crises sociales à la chaîne dues à la mondialisation, sans oublier les crises sociales imbriquées (dues aux effets des migrations massives d'aujourd'hui et demain à la désertification des emplois par la robotisation), aux conflits interreligieux (qui ont pour axe le fondamentalisme islamique et qui se sont même étendus à l'Europe), auxquels ils ajoutent, bien sûr, le thème omniprésent du "changement climatique", présenté comme le plus dramatique de tous.

    4) Lors de la même réunion du Forum de Davos, le rapport présenté par son fondateur, Klaus Schwab, reprenait pour la première fois sans complexe les idées transhumanistes et les transmettait à un public d'élites économiques, de dirigeants politiques et de propriétaires de consortiums d'information. Cela revient à suggérer la formation d'une société "post-biologique", automatisée, dominée par les nouvelles technologies, où l'humain est de plus en plus résiduel et où, pendant cette transition, les destinées des nations devraient être guidées par une alliance entre gouvernements et trusts, c'est-à-dire un scénario absolument identique à celui présenté par la structure politico-économique de la République populaire de Chine.

Telle est la situation en janvier 2023. La perspective n'est plus, comme à l'époque où Evola écrivait en 1929, la possibilité d'une reconstruction de l'Europe sur la base des idéaux du vieux romantisme. Le sentiment qui domine est que les processus de dissolution de l'humain, initiés en République populaire de Chine et adaptés à l'Occident par le Forum de Davos, ajoutés à la "religion transhumaniste" (que ses membres vivent avec une foi proche du fanatisme, surtout lorsque ses prophètes établissent les caractéristiques du futur), nous placent dans un modèle qui est, précisément, l'inversion totale du modèle d'une société traditionnelle. Une indication que la promesse apocalyptique de la venue de l'Antéchrist, qui précédera la fin des temps, est proche.

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Il faut comprendre que "l'Antéchrist" n'est pas tant une figure humaine qu'une conception de l'être humain, hypostasiée et gravée au feu dans les hommes et les femmes d'aujourd'hui, présents dans le monde entier, dans tous les pays, dans tous les peuples, dans chacun des habitants de la planète, et à laquelle il est impossible pour la majorité d'échapper. On comprend d'ailleurs que dans les textes prophétiques-apocalyptiques, cette "venue de l'Antéchrist" précède la "fin des temps".

Le caractère éphémère et non viable d'une société ainsi conçue, son instabilité congénitale, est précisément ce dont beaucoup ont eu l'intuition à notre époque (du "paradoxe de Fermi" sur la non-viabilité des sociétés technologiquement avancées, au dernier rapport du Forum de Davos, avec son idée de "polycrise"). Un vêtement taché peut être lavé par un simple geste. Mais lorsque ce même vêtement est couvert de taches, de déchirures, est élimé par l'usage, il n'y a plus aucune possibilité, quels que soient nos efforts, de continuer à le porter. Il est nécessaire de le jeter et d'en tisser un nouveau. Nous avons atteint cette période. Il vaut la peine que nous nous y fassions.

Or, dans toutes ces dérivations, il n'y a rien de nouveau par rapport à ce que Julius Evola a prévu dans son article historique de La Nuova Antologia publié en 1929. Nous ne sommes pas confrontés à deux positions irréconciliables, comme ne l'étaient ni le bolchevisme ni le libéralisme, ni les camps opposés de la guerre froide, ni l'époque révolue de l'unilatéralisme américain globalisant, ni la période qui a suivi le 11 septembre et la crise économique de 2007-2011, premier symptôme de l'effondrement du système économique mondial globalisé, ni tout ce qui a suivi la pandémie, ni ce qui nous attend lorsque la quatrième révolution industrielle montrera ses effets les plus dramatiques sur la société et finira par réorganiser le monde. Ce qui émerge de cette réorganisation tendra inévitablement vers une forme pyramidale, avec un tout petit dôme et une gigantesque base homogène.

Mais dans tous les cas, le dôme et tout ce qui se trouve en dessous obéiront aux mêmes traits: une humanité qui a rompu tout lien avec le supérieur (qui n'est même pas capable de deviner ce que signifie le "surmonde", pas même à travers le prisme de la religion), qui n'est capable de considérer comme "religieux" qu'un ensemble de doctrines inorganiques et souvent incohérentes dans lesquelles on place sa "foi" (le transhumanisme, déjà aujourd'hui "première religion" de la Silicon Valley et, plus largement, de la technologie), avec ceux "d'en haut" qui se consacrent à la multiplication de leurs profits et ceux "d'en bas" à la survie, avec une dévaluation croissante de toutes les valeurs et un processus général de perte des identités, surtout culturelles, et une destruction systématique de toute institution traditionnelle restante (travail que les "Agendas" mondialistes émanant des institutions internationales et envoyés aux gouvernements nationaux comme obligatoires) tentent d'accélérer.

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Dans ces circonstances, le réalisme suggère que la "fin des temps" est proche (ou, plus précisément, la fin de cette civilisation) et, en tout état de cause, il n'est pas possible d'être optimiste quant aux possibilités d'inverser le phénomène. La disproportion des forces est telle que ceux qui proclament leur adhésion aux principes traditionnels n'ont aucune base sociale, aucune institution et des ressources insuffisantes sur lesquelles fonder leur action. Bien que le processus de destruction de toutes les valeurs et de leur remplacement par celles contenues dans les "agendas" mondialistes rencontre une résistance croissante, il ne faut pas se faire d'illusions: le destin final d'une avalanche, une fois déclenchée, n'est pas de s'arrêter à mi-chemin, mais de tout balayer. Plutôt que de s'opposer au glissement de terrain à venir, le bon sens conseille de se préparer au lendemain de l'avènement de "La Bête sans nom".

Je crois que ces annotations étaient nécessaires, dans la mesure où les trois essais d'Evola et la propre introduction de De Turris devaient être complétés par des notes sur l'ici et maintenant.

Ernesto Milà

Sant Pol de Mar, janvier 2023.

jeudi, 19 janvier 2023

Idéologie du genre et transhumanisme, un produit de notre déni de la réalité

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Idéologie du genre et transhumanisme, un produit de notre déni de la réalité

par Marcello Veneziani

Source : Pro Vita & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/ideologia-gender-e-transumanesimo-un-prodotto-del-nostro-scontento-della-realta

Le mécontentement est le mal sombre de notre époque. L'homme contemporain a tout à sa disposition mais n'est jamais heureux. Cette agitation, ce malaise, n'a cependant pas pour débouchés la rébellion et la colère qui s'est exprimée dans un passé tout récent. Marcello Veneziani a abordé ce thème, si vaste, difficile, presque insaisissable, dans son nouvel essai Scontenti. Perché non ci piace il mondo in cui viviamo (= Malcontents - Pourquoi nous n'aimons pas le monde dans lequel nous vivons) (Marsilio, 2022).

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"Nous ressentons la décadence qui affecte les relations humaines, civiles et intersexes, et les relations entre citoyens et institutions ; c'est la perte des différences sous le signe de l'homologation et la perte des points communs sous le signe de l'atomisation", écrit Veneziani dans Panorama, en présentant son livre. L'humanité apparaît en danger, pressurisée par les mutations génétiques et écologiques, par les déséquilibres entre surpopulation mondiale et dénatalité occidentale, et par de multiples facteurs de déstabilisation du monde et des liens: l'avènement du transhumanisme, de la genderfluidité, de l'intelligence artificielle, des neuro-technologies, la prééminence du virtuel sur le réel, de la technologie sur l'humanisme, de la finance sur la culture. L'inconfort, la désorientation qui en résulte, enracine le mécontentement; il le rend permanent et non transitoire, substantiel et non occasionnel".

La révolution anthropologique "transhumaniste", avec toutes les aberrations du cas, ne serait pas possible si l'homme acceptait la réalité, son destin et son rôle naturel. Mais en même temps, comme Veneziani lui-même l'explique à Pro Vita & Famiglia, il y a aussi une sacro-sainte insatisfaction: celle de ceux qui, face au rouleau compresseur de la cancel culture et du nihilisme autoritaire rampant, ont la force de relever la tête et de dire que ça suffit.

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Marcello Veneziani, selon le contenu de votre livre, l'humanité n'est plus rebelle, ni en colère, ni rancunière, mais simplement mécontente : quelle évolution anthropologique vivons-nous ?

"Le mécontentement est le mal noir de notre époque, c'est un état d'esprit qui précède la colère ou la rébellion, la haine et le ressentiment, il en constitue même la prémisse. Il a des racines profondes, mais la cause fondamentale aujourd'hui est que les aspirations des hommes ont énormément augmenté et qu'un fossé infranchissable a été créé entre la réalité et les désirs. Mais tout cela n'est pas simplement le résultat spontané d'un climat: il y a ceux qui, sur notre insatisfaction, fondent leur pouvoir et notre dépendance, construisent leur marché et stimulent notre envie de consommer".

Le transhumanisme, l'intelligence artificielle et l'idéologie du genre font-ils partie des conséquences de ce mécontentement ou, plutôt, contribuent-ils à l'alimenter ?

"Ils sont étroitement liés à l'insatisfaction car ils proviennent du rejet de la réalité, de la nature et de l'identité, du désir de muter, de l'envie de se renier et de devenir autre que soi.  Nous ne penserions pas au posthumain, à l'intelligence artificielle, au transgenre si nous acceptions le sort de notre humanité, de notre intelligence et de notre nature: mais nous sommes mécontents de ce que nous sommes et de ce qui nous entoure ; ou plutôt, nous sommes induits à ce mécontentement".

Quels aspects des thèmes ci-dessus avez-vous particulièrement explorés dans votre essai ?

"Dans Scontenti et l'essai qui le précède et qui lui est lié, La Cappa, je me suis référé à ces aspects saillants de notre époque et à ce rejet des identités et des différences, de nos limites et de notre histoire ; j'ai également saisi sa corrélation avec la cancel culture et le politiquement correct, qui est le substrat idéologique de cette vision. Piloter notre insatisfaction est la mission de l'usine à désirs qui domine notre société et véhicule des modèles de vie artificiels".

Nous parlons d'une catégorie très spécifique de mécontents : ceux qui ont pris au sérieux - en s'y opposant - la propagation de l'idéologie du genre ou des carrières fictives dans les écoles. Quel genre de personnes sont-elles et comment les situeriez-vous dans l'époque dans laquelle nous vivons ?

"Ils sont mécontents dans un autre sens et d'une autre manière que ceux qui sont influencés par ces agences médiatiques, idéologiques et culturelles qui incitent au rejet de soi. Ils sont mécontents, au contraire, de cette hégémonie, ils n'acceptent pas de se soumettre à cette domination devenue asphyxiante, qui passe aussi par le cinéma, l'art, la télévision et l'école. Mais ils le font au nom des identités et des différences, de la nature et de la tradition, ils défendent la réalité avec toutes ses imperfections et n'acceptent pas le remplacement de la vie réelle par son substitut. Ce mécontentement est sacro-saint, et s'il est exprimé avec intelligence et réalisme, il est l'antidote à la "falsification du monde réel".

jeudi, 10 novembre 2022

Ange de la paix ou transhumaniste ? Les deux visages d'Elon Musk

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Ange de la paix ou transhumaniste? Les deux visages d'Elon Musk

Alexander Markovics 

Mercredi 27 octobre 2022 : le milliardaire Elon Musk entre dans le quartier général du service de messagerie Twitter. A haute voix, il annonce en anglais aux dirigeants de la gauche libérale, sous le choc, qu'il a conclu le rachat de Twitter après une longue bataille juridique. Une photo de lui entrant dans le siège social avec un lavabo dans les bras est accompagnée de ses mots "Let that sink in !" (Laissez-vous aller !) ont fait le tour du monde. Les journalistes et les politiciens politiquement corrects laissent alors éclater leur colère et leur désespoir, tout comme les militants anti-mondialistes qui, eux, s'en réjouissent. Musk, qui a symboliquement libéré l'oiseau bleu de Twitter, est depuis considéré comme le champion de la liberté d'expression.

Aux yeux de nombreux altermondialistes, il a fait preuve de la même hardiesse en appelant publiquement l'Occident à entamer des négociations de paix avec la Russie, à reconnaître la Crimée comme russe et à organiser des votes dans les régions occupées sous la supervision de l'ONU. S'il s'agit là du "côté lumineux" d'Elon Musk, que de nombreux patriotes aiment à juste titre, ce Sud-Africain d'origine possède également une part d'ombre. Sa réaction lorsqu'on l'a interrogé sur le coup d'État américain en Bolivie en 2020 en dit long à ce sujet : "Nous allons faire le coup d'État que nous voulons !". Peu de temps après, il a supprimé son tweet, qui était déjà devenu viral. Il ne s'intéresse pas à la souveraineté des autres peuples s'ils font obstacle à ses intérêts économiques, par exemple le lithium bolivien pour les batteries Tesla.

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En outre, Musk est lui-même un transhumaniste convaincu, qui veut implanter la puce "Neuralink", encore en cours de développement, dans des cerveaux humains. Alors qu'Elon Musk lui-même souligne qu'il veut rendre l'homme plus performant que jamais, les critiques objectent que nous pourrions ainsi être non seulement piratés, mais aussi directement contrôlés. Mais ce n'est que le sommet de ce que l'oligarque veut réaliser : le tourisme spatial et les cyborgs sont également à son agenda. Le point commun de ces projets est leur hybris : Musk, tout comme les autres "dieux machines de la Silicon Valley", veut dépasser les limites de l'homme dans tous les sens du terme. Il est donc logique que Musk soit lui-même un fervent militant de la lutte contre le changement climatique et qu'il participe également aux événements organisés par le WEF autour de Klaus Schwab, l'un des principaux représentants du "Great Reset".

A Davos, il a parlé de la "quatrième révolution industrielle" et de ses conséquences. De même, l'oligarque excentrique soutient l'agression occidentale en Ukraine par le biais de Starlink. Lui-même se laisse aller à la faction "de droite" de la Silicon Valley, le creuset technologique, également représentée par Peter Thiel, le fondateur homosexuel de PayPal. Mais tout comme la faction "gauche" de Marc Zuckerberg et Raymond Kurzweil ne défend pas les intérêts des Américains ordinaires, Musk n'est pas non plus un défenseur de la cause des peuples. En défendant haut et fort les intérêts d'une autre faction du capital, voir Twitter, il crée le chaos dans le système, ce qui permet aux altermondialistes du monde entier d'en tirer profit. Elon Musk n'est pas un héros, c'est juste un mondialiste sous un autre jour.

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mardi, 08 novembre 2022

Yuval Noah Harari : le transhumaniste le plus dangereux de Klaus Schwab

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Yuval Noah Harari : le transhumaniste le plus dangereux de Klaus Schwab

Par Alexander Markovics

"L'histoire a commencé lorsque les hommes ont inventé des dieux et elle se terminera lorsque les hommes deviendront des dieux". e qui ressemble à la déclaration d'un mégalomane est l'opinion de l'un des penseurs les plus influents du monde d'aujourd'hui. Avec plus de 35 millions de livres vendus et traduits en 65 langues, l'historien israélien Yuval Noah Harari (né en 1976), qui enseigne à l'Université hébraïque de Jérusalem, est l'un des penseurs les plus influents du moment. Des personnalités politiques à la retraite comme Barack Obama et Angela Merkel comptent parmi ses partisans, le gouvernement Biden a intégré ses réflexions dans sa "Bill of Rights for Artificial Intelligence" et même le WEF de Davos est à l'écoute de ses pensées avec grande attention. Mais comment se fait-il qu'un "prophète rétrograde" (Friedich von Schlegel) ait une telle influence ?

La vision d'avenir d'Harari : un monde sans humains

Harari lui-même fait remarquer que l'histoire ne s'occupe pas seulement du passé, mais aussi de l'avenir. Et c'est justement l'avenir de l'homme qui, selon ce transhumaniste convaincu, va changer radicalement : à l'avenir donc, le monde ne sera presque plus peuplé d'êtres biologiques. L'homme sera capable de connecter son cerveau directement à Internet, comme le laisse entrevoir le projet Neuralink d'Elon Musk. L'Homo Sapiens sera remplacé par l'Homo Deus, qui sera soit complètement, soit partiellement libéré des limites du corps humain, c'est-à-dire un robot. Mais comment reproduire ou améliorer un être aussi complexe que l'homme ? Selon l'historien israélien, la clé est dans la théorie de l'évolution selon Charles Darwin : les organismes ne sont rien d'autre que des algorithmes. Dès que les capteurs biochimiques seront suffisamment avancés - de nombreuses personnes utilisent aujourd'hui des montres de fitness pour mesurer leur rythme cardiaque et leur pression artérielle - il sera possible de convertir les processus biochimiques du corps et du cerveau en signaux électroniques que l'ordinateur pourra analyser. Ainsi, l'algorithme pourrait nous connaître mieux que nous-mêmes - et nous dicter le choix d'une profession, les études, le partenaire ou même la sexualité.

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L'homme 2.0 : la dictature de l'algorithme

Harari cite volontiers dans ce contexte le déni de sa propre homosexualité, qu'il n'a abandonnée qu'à l'âge de 21 ans. Après tout, ce processus de "hacking" de l'homme permet aussi de le reproduire et de l'améliorer tôt ou tard. L'objectif de cette révolution scientifique est l'immortalité de l'homme. Selon l'historien israélien, le piratage de l'homme ne sera pas encore possible dans deux ans, mais dans 10 à 20 ans - il fixe donc la même période pour l'arrivée de la singularité que le chef du développement technique de Google, Raymond Kurzweil. Mais il est intéressant de noter que Harari ne voit pas le plus grand danger dans la Silicon Valley et la NSA - la Stasi du 21ème siècle - aux États-Unis et au WEF, qui promeuvent cet agenda transhumaniste, mais plutôt dans les "États rétrogrades" comme la Russie, qui ont développé une nostalgie pour le passé. Par conséquent, Harari met en garde contre le fait que la Russie ou la Corée du Nord s'emparent de ces technologies et offre une oreille attentive aux oligarques technologiques en Occident comme Bill Gates et Marc Zuckerberg, car ils "prendraient peur de leur propre pouvoir". Au vu de la manière dont les gouvernements occidentaux ont menti et manipulé leurs citoyens dans le cadre de la lutte contre la pandémie, cela semble toutefois très douteux pour les personnes à l'esprit patriotique. Voulons-nous vraiment donner le contrôle de nos cerveaux aux démocrates autoproclamés ?

L'homme transparent - vers la dictature par la divulgation volontaire des données

L'argumentation de Harari semble d'autant plus douteuse lorsqu'il ne critique pas en soi l'évolution vers le transhumanisme et la révolution industrielle 4.0, qui rendra des millions de personnes superflues, mais qu'il veut simplement faire sa part pour que cela se fasse le plus "en douceur" possible. Par conséquent, il explique parfaitement la logique des élites occidentales lorsqu'il pense que la ressource la plus importante de l'avenir ne sera pas les personnes et la main-d'œuvre, mais les données. Ce n'est pas pour rien que WhatsApp et Twitter ont été vendus pour des milliards. Les services eux-mêmes sont gratuits - mais uniquement parce qu'ils collectent un flot de données sur leurs propres utilisateurs. Celui qui contrôle le plus de données dans le monde deviendrait aussi le plus grand pouvoir.

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Yuval Noah Harari - le Dr. Frankenstein du 21ème siècle

Harari a raison de mettre en garde contre un scénario sombre, mais en tant que transhumaniste et partisan de principe de ces développements techniques qu'il présente comme inéluctables, il ne peut pas les empêcher. Comme de nombreux autres mondialistes, Yuval Noah Harari plaide pour un gouvernement mondial qui empêcherait le danger d'une dictature des données. Mais si l'on considère l'agenda transhumaniste et malthusien que Harari et ses promoteurs prêchent au WEF avec comme dieux les machines de la Silicon Valley, il semble que le bouc se transforme en jardinier. Ce sont des gens de sa trempe qui, grâce à leurs contacts avec des milliardaires et des politiciens à l'esprit mondialiste, peuvent mettre en œuvre leur agenda transhumaniste. La promesse de la vie éternelle lui sert d'appât pour atteindre la possibilité de pirater et de manipuler l'être humain.

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mardi, 16 août 2022

Alexander Markovics : "La grande réinitialisation a commencé avec l'élection de Joe Biden"

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Alexander Markovics : "La grande réinitialisation a commencé avec l'élection de Joe Biden"

Javier Navascués & Alexander Markovics

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/alexander-markovics-el-gran-reinicio-comenzo-con-la-eleccion-de-joe-biden

Alexander Markovics est un historien et journaliste autrichien. Reconnu comme un intellectuel de premier plan de la Nouvelle Droite germanophone et pour son rôle dans la fondation et l'organisation du mouvement identitaire dans son pays, Markovics est, depuis 2019, le secrétaire général et l'attaché de presse de l'Institut Souvorov, une organisation pour la promotion du dialogue entre la Russie et l'Autriche. Parmi d'autres médias, il est un contributeur régulier du magazine Deutsche Stimme, notamment sur les questions liées à la géopolitique.

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Depuis le début du régime sanitaire dans les pays occidentaux, ces questions sont plus pertinentes que jamais. Nos gouvernements tentent de nous convaincre de nous agenouiller devant un régime de vaccination et de verrouillage numérique. Les élites mondialistes comme Bill Gates et Klaus Schwab poussent un agenda transhumaniste, afin de prendre le contrôle de nos corps - les nouveaux vaccins n'étaient que le début. Pendant l'enfermement des non-vaccinés, nous nous retrouvions soudain à l'intérieur d'un camp de concentration électronique et faisions l'expérience de ce que signifie "l'existence nue". C'est pourquoi ce livre arrive juste à temps pour vous avertir des développements actuels.

Quels sont les principaux principes du credo mondialiste ?

Le principal principe du credo mondialiste est l'expansion mondiale des démocraties de consommation américano-libéralistes. Ils veulent que nous devenions des "hommes unidimensionnels", que nous nous contentions de travailler et de consommer, que nous devenions des individus parfaits qui ne se soucient plus de leur avenir ou de leur identité. Mais cette déshumanisation ne s'arrête pas là.

Quel est le principal changement de paradigme auquel ils veulent nous conduire?

Le principal changement de paradigme est incarné par les principes du "Build Back Better" et l'idée du "Great Reset" ou "Grande Réinitialisation". Après les récentes défaites des mondialistes dans leurs aventures militaires à travers le monde et la montée du populisme, ils veulent adapter leur stratégie. Par conséquent, ils veulent relancer le mondialisme dans leur territoire principal, l'Occident. Le Grand Redémarrage a commencé avec l'élection de Joe Biden aux Etats-Unis, qui semble avoir été fabriqué selon les observateurs non-mondialistes aux Etats-Unis et s'est consolidé avec l'émergence de la crise sanitaire. Les mondialistes veulent instaurer une surveillance totale, non seulement des personnes et de leurs données, mais aussi de leur corps.

Ils se servent du soi-disant changement climatique attribué à l'homme pour mettre en œuvre une politique de croissance/réduction du carbone - mais le carbone qui doit être réduit, ce sont les gens ordinaires en Occident, les "déplorables" selon Hillary Clinton, qui en subiront les conséquences. En fin de compte, les élites occidentales veulent non seulement remplacer les identités humaines collectives telles que la religion, la famille et la nation, mais elles veulent également transformer les hommes en machines - d'abord par le biais du politiquement correct et de la culture de l'annulation, puis par le transhumanisme. Nous devons étudier attentivement cette évolution et ses dangers afin de pouvoir la combattre efficacement. Au final, nous devons mener une révolte mondiale du peuple - le Grand Réveil - contre la vision mondialiste de la Grande Réinitialisation.

Sur quoi basez-vous vos arguments ?

51r7R8Y9lbL.jpgTout d'abord, je fonde mes arguments sur l'étude des écrits mondialistes eux-mêmes - tels que "The Great Reset" de Klaus Schwab, "Homo Deus" de Yuval Noah Harari et "The singularity is near" de Raymond Kurzweil - la plupart des élites sont assez franches quant à leurs plans. En outre, j'ai étudié d'importants penseurs altermondialistes, tant de gauche que de droite. Je peux particulièrement recommander Giorgio Agamben, Alain de Benoist et Alexandre Douguine, qui a offert une critique remarquable du régime transhumaniste, lors de la crise sanitaire, et du mondialisme.

Vous êtes réfractaire à ce discours accepté sans la moindre dissidence, qui fait des ravages si désastreux dans le gros de l'intelligentsia de notre époque. Pourquoi votre discours est-il irréductible aux impositions de la pensée unique?

Parce que ma pensée est ancrée dans la tradition européenne. Platon, Aristote, la Bible, Jean de Damas, Johannes Althusius, René Guenon et Julius Evola nous offrent le cadre intellectuel et spirituel pour lutter contre les mensonges mondialistes et leur monde matérialiste. Personne ne peut soumettre les Européens qui sont conscients de leur identité !

Comment les articles ont-ils été sélectionnés?

Les articles couvrent les thèmes de la biopolitique, du transhumanisme et de la biopolitique. D'une part, le volume est composé d'analyses approfondies de certains aspects de ces sujets (par exemple, les dieux-machines de la Silicon Valley, mettant en évidence le genius loci de ce lieu) et d'articles plus courts décrivant certains développements de la mondialisation et du transhumanisme.

Quelle est, selon vous, votre contribution à la pensée dissidente ?

Je considère l'analyse de la pensée mondialiste actuelle et les dimensions philosophiques souvent négligées du transhumanisme abordées dans ce livre comme une contribution à la pensée dissidente.

Source :

LIEN VERS LE LIVRE, LE SYNOPSIS ET LA BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR : http://www.letrasinquietas.com/biopolitica-transhumanismo-y-globalizacion/

vendredi, 22 juillet 2022

L'usine des manipulations

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L'usine des manipulations

Entretien avec Enrica Perucchietti

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-fabbrica-della-manipolazione-98142

Entretien avec Enrica Perucchietti, co-auteur avec Gianluca Marletta du livre La Fabbrica della manipolazione, Arianna Editrice 2022, édité par Luigi Tedeschi.

fabbrica-della-manipolazione-4d.jpgI. Le bipensiero est une dissociation mentale par laquelle le pouvoir impose sa propre vérité totalisante aux masses, indépendamment de sa vérification dans la réalité. Cette technique de manipulation ne me semble toutefois pas être un produit original de la technocratie qui prévaut aujourd'hui dans le monde. Au contraire, le bipensiero trouve son origine et sa légitimation dans le contexte de l'idéologie libérale, en tant qu'idéologie du progrès illimité. En fait, l'État libéral ne s'identifie pas à la démocratie. Le pluralisme n'est-il donc pas seulement apparent et instrumental ? Parmi les diverses options politiques conflictuelles, n'y a-t-il pas toujours une idée qui est en soi destinée à l'emporter sur le consensus populaire, en tant que progressiste, démocratique et libérale, sur d'autres qui sont obscurantistes, réactionnaires et illibérales ? L'idée même de tolérance ne se révèle-t-elle pas idéologiquement une forme d'indulgence à l'égard d'idées et de personnes que l'on peut définir comme des "la-terre-est-plattistes", dans la mesure où elles sont hors de l'histoire et donc non compatibles avec l'idée néolibérale et technocratique du progrès ?

J'irais même plus loin, en ce sens que la stratégie consistant à manipuler et à falsifier la vérité au point de générer une véritable dissociation mentale, voire une schizophrénie cognitive, est un mode de pouvoir inné : imposer sa propre idéologie par des techniques de conditionnement mental. Après tout, le bipensiero sert à empêcher les citoyens de penser librement et d'exercer leur conscience critique. Aujourd'hui, ce mode va beaucoup plus loin grâce, comme l'imaginait déjà Orwell, au néo-langage. Le langage est réduit à sa plus simple ossature, les mots deviennent finalement des coquilles vides, idéales pour véhiculer les concepts du bipensiero, qui peuvent être constamment modifiés, renversés, niés, désavoués. De même qu'on nivelle la conscience et qu'on déracine l'identité de la personne en la "remplissant" des préceptes du pouvoir, on vide le langage en empêchant la personne d'avoir encore des mots pour penser. Aujourd'hui, le nivellement idéologique se produit de plus en plus facilement, car l'individu est habitué dès l'enfance à modeler ses intérêts, ses pensées et ses actions sur ce qui est exigé de lui par le système. C'est-à-dire que l'individu, par une forme de mimésis, s'identifie à la société comme faisant partie du tout. Cette identification le conduit cependant à l'aliénation et à être englouti par la société elle-même.

foto-enrica-perroquetti-1.jpgII. Le progrès technologique a entraîné un écart de connaissances infranchissable entre les masses et les élites technocratiques au pouvoir. L'envahissement technologique domine désormais la vie privée des individus. La technologie, légitimée par l'autorité scientifique, a créé une société soumise à une hétérodirection oligarchique. La subalternité consensuelle des masses ne trouve-t-elle pas son origine dans l'indifférentisme éthique substantiel intériorisé par les peuples depuis des décennies, puisque toute décision (même de vie privée) est déléguée à des autorités extérieures qui imposent des directives totalisantes ? Le désenchantement du monde théorisé par Weber serait-il donc définitivement achevé, parallèlement à la disparition du thaumazein (émerveillement) platonicien, puisque toute aspiration à la connaissance est étouffée dans l'œuf par des réponses préprogrammées et qu'il n'y a plus de doutes ni de dissensions quelconques, en vertu de l'autocensure spontanée des individus?

D'une part, nous sommes immergés dans la datacratie : tout est données, algorithmes, information. La diffusion de plus en plus envahissante des technologies numériques transforme radicalement la société, qui est également de plus en plus passive et déresponsabilisée. L'attitude paternaliste du pouvoir a poussé des millions, des milliards de personnes à se soumettre sans critique à l'autorité, à confier passivement leur vie, à comprimer les libertés et à remplacer les principes démocratiques par des dispositifs basés sur la biosécurité et le biopouvoir. D'autre part, les difficultés toujours plus grandes de la vie (économiques, sociales, politiques) maintiennent les gens distraits, qui, par commodité et simplicité, s'abandonnent aux mains du pouvoir, lui déléguant leurs choix. Enfin, l'émerveillement s'est peu à peu éloigné des individus, leur faisant croire qu'ils ont tout à portée de main, sans avoir besoin de s'informer, de faire des recherches, de se remettre en question. Afin de créer des clones homologues qui pensent et agissent tous de la même manière, on a détruit les écoles, nivelé l'enseignement, imposé des modèles de référence de plus en plus médiocres, grossiers et vulgaires, et convaincu les gens qu'ils ont toutes les informations à portée de main (pensez à Wikipedia).

III. La pandémie a sans aucun doute accéléré les processus d'évolution de la société néo-libérale et technocratique déjà en place. Le totalitarisme sanitaire imposé par le terrorisme médiatique pour susciter un état d'angoisse collective n'a-t-il pas généré une conception pathologique de la vie elle-même ? La dissidence a également été criminalisée, et configurée comme une pathologie. Le salut de la science a été invoqué. Sur la base de l'idéologie positiviste, la science n'a-t-elle pas remplacé la religion comme nouvelle révélation salvatrice ? Tout comme dans les siècles passés, la religion a été invoquée pour la rédemption du péché. La pathologie n'est-elle pas aujourd'hui identifiée au mal, au péché ? Ainsi, alors que pour la religion, la dissidence représentait le mal et l'hérésie devait être éradiquée, pour la science, la dissidence est une pathologie qui peut être soignée par le recours à des mesures thérapeutiques. Mais alors que la religion fait référence à un horizon transcendant la vie humaine, la science ne dispose-t-elle pas de techniques de manipulation bien plus envahissantes et répressives, car elle se fonde sur l'analyse de données technologiques, statistiques et mathématiques, qui sont de toute façon de perception immédiate, quelle que soit leur justification ? Dieu est invisible, tandis que le progrès a produit le culte de l'image virtuelle qui remplace la réalité.

La pandémie de Covid-19 a révélé combien les germes d'un changement de paradigme - une mutation sociale, économique, politique et anthropologique - étaient en puissance dans notre société, prêts à faire surface à la première urgence mondiale (en l'occurrence la santé). La peur de l'urgence sanitaire a conduit à la mise en place d'une sorte de psycho-police dans laquelle les citoyens se sont empressés d'endosser la robe de dénonciateurs, prêts à dénoncer quiconque, selon les paramètres du catéchisme scientocratique, ne respecterait pas les règles. Nous avons assisté à une exacerbation du climat de terreur qui pousse la population à adopter un comportement soumis rappelant les effets troublants de la célèbre expérience de psychologie sociale menée en 1961 par le professeur américain Stanley Milgram, qui a étudié le niveau d'obéissance de personnes à qui l'on avait ordonné de faire du mal à d'autres êtres humains en leur administrant un choc électrique. L'expérience de Milgram a montré que les gens ordinaires, sous les ordres d'une figure d'autorité, sont susceptibles de faire du mal à un autre être humain innocent au point de le tuer, et que l'obéissance à l'autorité est ancrée en chacun de nous en raison de la manière dont nous avons été élevés et éduqués dans notre enfance. La dissidence est une pathologie qui, comme dans les systèmes totalitaires, est censée être éradiquée avec quelques pilules ou une forme de réhabilitation psychiatrique après avoir criminalisé et persécuté ceux qui en souffrent. Toute personne dissidente, qui exprime un doute, qui ose encore penser autrement ou pire, s'engager dans une recherche et un journalisme indépendants, est une sorcière moderne. C'est un hérétique. Aujourd'hui, on ne peut plus brûler physiquement les dissidents et les hérétiques (ce ne serait pas politiquement correct), alors ils sont persécutés et censurés, empêchés d'exprimer démocratiquement leurs pensées. L'autoritarisme sanitaire dans lequel nous vivons nous a amenés à consolider un nouveau culte d'État basé sur le bio-pouvoir et à adopter un catéchisme spécifique avec sa liturgie. En définissant comme moralement et spirituellement "mauvaise" toute forme de critique, d'analyse ou de dissidence à l'égard du nouveau catéchisme et de ses diktats, la secte empêche toute discussion sur sa propre validité et empêche les membres de se livrer à une réflexion sans tomber dans "l'hérésie". Quiconque exprime une dissidence et est donc coupable d'hérésie est qualifié d'"ennemi absolu" dans une forme tout aussi moderne de manichéisme qui implique la diabolisation, la persécution et l'exclusion des hérétiques du groupe: ils sont donc qualifiés de menteurs en série, de fous et de paranoïaques (comploteurs et NO vax), d'agresseurs (parce qu'ils ne respectent pas les règles, parce qu'ils les rejettent). Le lynchage de la dissidence se fait en dépoussiérant une terminologie qui n'a aucun lien logique, comme le terme "négationniste". Le doute n'est pas autorisé et est dangereux car il peut "infecter" le reste de la population, entraînant un déclin du consensus.

IV. La domination de l'idéologie libérale a conduit à un processus de désacralisation progressive de la société. Cependant, l'Église catholique a renoncé à son rôle de rempart de défense de la civilisation chrétienne face à la propagation du matérialisme moderniste. Au contraire, on constate que depuis au moins 50 ans, le besoin premier de l'Église est de s'adapter à la société sécularisée et progressiste. L'Église aspire à assumer une fonction de soutien humanitaire et d'aide sociale (tout à fait similaire à une ONG), dans le contexte du monde globaliste. Mais la mondialisation n'est-elle pas un symposium auquel l'Église n'a pas été invitée ? Le processus de déconstruction spirituelle de l'Église est évident. L'universalisme a été remplacé par le cosmopolitisme, le salut de l'âme par la santé corporelle, la transcendance par l'humanitarisme, la dimension de l'autre monde par le mondialisme, la charité chrétienne par la solidarité, la conversion des peuples par l'assistance. Sur les questions de genre et de LGBT, son attitude est souvent ambiguë. Au fait, le cyber-homme serait-il doté d'une âme ou non ? L'hypothèse d'une disparition progressive du christianisme en Occident ne semble-t-elle pas probable ? Ou de sa dissolution progressive dans l'humanitarisme d'une matrice culturelle moderniste - immanentiste ?

arianna_False_Flag.jpgOui, j'en parle et j'écris à ce sujet depuis des années, dans l'indifférence de ceux qui préfèrent ne pas saisir les signes désormais macroscopiques du démantèlement interne de l'Église qui ouvre la voie à un culte progressiste, écologiste, politiquement correct et faussement inclusif qui pourra servir de béquille au nouvel ordre qu'il veut instaurer. Après tout, pour le meilleur ou pour le pire, les religions ont souvent été des obstacles à l'unification, à l'homogénéisation et à la dépersonnalisation de l'humanité, et devraient donc être démolies, instrumentalisées, cooptées afin de poursuivre les objectifs du mondialisme. Les pouvoirs qui contrôlent la société contemporaine se développent à partir d'un socle idéologique fortement anti-religieux ; de plus, une puissance mondiale ne pourrait pas accepter de "partager" la domination sur les esprits et les cœurs des hommes avec d'autres puissances. Enfin, plus que tout, les religions traditionnelles (et surtout celles de la branche abrahamique, comme le christianisme et l'islam) pouvaient difficilement - au moins une fois - digérer l'objectif d'une humanité déracinée, privée de corps intermédiaires comme la famille, asexuée, transgenre, et oubliant ses racines. La stratégie la plus efficace pour désamorcer le problème des religions a été de les vider de l'intérieur. Faire de la religion une "coquille vide", incapable de transmettre un message spirituel capable d'informer le monde de lui-même, l'aplatir à des dimensions horizontales ou exclusivement mondaines, peut être un moyen de destruction bien plus efficace. Et c'est précisément ce qui semble s'être produit au cours des dernières décennies : parce que l'art de la manipulation est aussi efficace sur les individus que sur les masses, mais, en fait, il s'est avéré l'être même à l'égard d'institutions millénaires comme les religions. Lorsque l'on parle, de nos jours, de la désintégration de la religion, l'esprit ne peut manquer d'aller, avant toute autre chose, au scénario qu'offre actuellement l'Église catholique : une religion qui, à l'exception de quelques îlots de résistance, semble réduite à une sorte d'ONG post-confessionnelle, aplatie sur un plan horizontal et incapable de communiquer un quelconque message spirituel. Ce naufrage, qui semble aujourd'hui avoir atteint son apogée, a en fait une longue histoire derrière lui, que nous retraçons dans le livre.

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V. L'avènement de l'ère numérique se révélera être une nouvelle dystopie élitiste plus avancée. Une nouvelle oligarchie émergera en tant que détentrice du pouvoir économique et technocratique, qui s'accompagnera de la prolétarisation de la société dans son ensemble. L'idéologie du progrès illimité est dès ses origines animée par l'hybris, comme aspiration de l'homme à transcender les limites de la condition humaine. Le développement de l'intelligence artificielle conduira au transhumanisme, compris comme l'amélioration technologique illimitée des facultés humaines, et au posthumanisme, comme l'hybridation radicale de l'homme et de la machine. Le transhumanisme et le posthumanisme ne sont cependant pas, à mon avis, comparables à cette aspiration aussi vieille que l'homme lui-même, de s'identifier et de remplacer Dieu le créateur comme origine et sens ultime de la vie humaine. L'homme qui a voulu se faire le Dieu des utopies des siècles passés, s'identifie au mythe, à l'idée de se transcender, alors que le transhumanisme est le résultat d'un processus évolutif qui se déroule dans la reproduction toujours plus poussée de l'identique. Le caractère sacré du mythe a dégénéré en virtualité médiatique. Le transhumanisme et le posthumanisme ne sont pas des utopies qui impliquent l'idée d'un modèle inatteignable de perfection de la condition humaine expurgée de ses maux. Au lieu de cela, ils sont l'expression d'une simple volonté de puissance. Ils représentent le résultat final d'un développement évolutif néo-darwinien. Le progressisme présuppose une conception déterministe de l'histoire, comprise comme un développement mécaniste nécessaire et illimité qui exclut toute finalité éthique. Alexandre Douguine déclare : "Le choix de tuer Dieu avait déjà été fait, la mort de Dieu est la base fondamentale de la modernité, mais aujourd'hui il y a un autre choix : tuer l'homme". La dérive postmoderne, inhérente à l'hyper-capitalisme, ne trouve-t-elle donc pas son épilogue dans la catastrophe nihiliste, dans la décomposition de la nature humaine ? Que pensez-vous à cet égard ?

Je suis d'accord, également parce que, comme je l'ai montré dans Cyberuomo (Arianna Editrice), les origines du transhumanisme sont ancrées dans le darwinisme social. Comme vous l'avez observé, le "titanisme" (et plus généralement l'hybris) est une caractéristique fondamentale pour encadrer le transhumanisme et le posthumanisme. L'impression est que l'Homme d'aujourd'hui tente délibérément d'humilier le divin et la Nature en se dressant contre eux dans un acte d'orgueil, sans penser aux conséquences possibles. C'est comme si nous étions entre les mains de jeunes Icare attirés par le désir de l'infini ou séduits par le chant des sirènes de la technologie.

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Le rêve prométhéen qui a séduit l'homme est de renverser la nature, de donner du pouvoir au corps, de changer son destin biologique et de transcender ses limites. C'est parce que nous sommes confrontés à une pensée scientiste qui a effacé l'âme, réduisant la conscience à des données, au mental. C'est de là que naît l'obsession de l'homme, d'arracher à la Nature le privilège de créer et de devenir lui-même un créateur, de fabriquer son propre univers, de transcender les limites imposées par sa propre espèce et d'être Dieu lui-même. Mais l'homme, comme l'a observé Günther Anders, en est aussi venu à envier les choses qu'il produit, comme si elles étaient parfaites contrairement à l'homme lui-même qui les fabrique.

J'insiste également sur l'importance du corps (au détriment de l'âme) pour montrer comment le transhumanisme a poussé à l'extrême la dévalorisation platonicienne/gnostique/néognostique du corps, visant à dépasser ses limites humaines et à l'améliorer par des prothèses/implants cybernétiques jusqu'à ce qu'il soit complètement remplacé par des dispositifs anthropomorphes. C'est un point clé du transhumanisme : l'homme est corps, il est esprit, il n'a plus d'âme, et il doit imaginer des moyens de survivre et de s'autonomiser, en excluant tout culte, religion, initiation, mysticisme. Toute aspiration à l'infini. Le techno-progressisme, d'une part, exalte l'application de la technologie comme moyen de résoudre tous les problèmes de l'Homme (y compris la vieillesse et la mort), et d'autre part, se présente comme une version moderne du gnosticisme. Si, pour les gnostiques, la rédemption de l'âme coïncidait avec la libération du corps/prison, le transhumanisme hérite de leur vision de base, mais réduit l'âme à l'esprit et l'esprit à une "information", comme le confirme l'écrivain Mark O'Connell dans son ouvrage Being a Machine : "Le transhumanisme est parfois compris comme une renaissance contemporaine des hérésies gnostiques, une façon de repenser une idée religieuse en termes parascientifiques. En effet, la valorisation exclusive de l'âme s'est progressivement muée en ce qui est aujourd'hui l'"esprit" : le corps est compris comme une collerette interchangeable, modifiable par la chirurgie et dans un avenir proche par des implants dermiques. Si nous sommes quelque chose, pour les transhumanistes nous sommes des "informations" et le substrat qui contient l'esprit est inférieur à son contenu, qui peut donc être répliqué et transféré indépendamment du substrat.

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Ce processus est un enfant de l'époque, de l'involution culturelle et anthropologique actuelle que nous subissons et du détachement de toute forme de spiritualité, de la décadence de notre société qui a fini par aspirer à devenir, en vertu de la "fracture prométhéenne", une machine. Abdiquer l'essence même de l'être humain.

 

samedi, 16 juillet 2022

Harari contre Kaczynski - Une lutte entre le transhumanisme et l'anarchoprimitivisme

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Harari contre Kaczynski

Une lutte entre le transhumanisme et l'anarcho-primitivisme

Jan-Willem Veldhuizen

Source: https://reactionair.nl/artikelen/harari-versus-kaczynski/

Cet article est une traduction et une adaptation d'un fil Twitter de Forrest. Les sujets abordés sont les suivants : Quel est l'impact de la dernière révolution technologique sur nos vies ? Quel est le cadre de l'idéologie que les élites tentent d'implanter dans la société ? Qu'est-ce qui nous fait perdre notre intériorité ? Pourquoi la liberté de choix est-elle une illusion ? Qu'est-ce qui a fait de l'homme faible et efféminé un phénomène dominant dans la société ?

Bien qu'une traduction ne puisse jamais égaler l'original, j'ai essayé de tout transposer fidèlement. Les références culturelles et politiques aux États-Unis ou à l'Anglosphère ont été clarifiées si nécessaire dans les notes de bas de page.

Une dystopie envahissante

par Tokyo Genso

En quoi les idées de Ted Kaczynski sont-elles diamétralement opposées à celles de Yuval Harari, l'homme qui est le cerveau philosophique de la Grande Réinitialisation ? Comment se fait-il qu'ils adhèrent tous deux à la théorie de l'évolution et qu'ils arrivent pourtant à des conclusions très différentes concernant la révolution industrielle et ses conséquences ?

Yuval Noah Harari, intellectuel d'origine israélienne et ancien élève du Jesus College de Cambridge, est l'auteur de plusieurs ouvrages métahistoriques populaires tels que "Sapiens" et "Homo Deus". Les deux livres ont reçu des éloges de Bill Gates, Mark Zuckerberg, Barack Obama et d'autres célébrités (1). Contrairement à d'autres ouvrages métahistoriques tels que "Le déclin de l'Occident" de Spengler et "A Study of History" de Toynbee, Harari affirme dans son propre livre "Sapiens" que les civilisations sont nées de ce que l'on appelle des "imaginations" qui ont permis une coopération humaine à grande échelle. Ces imaginations sont : Dieu, l'argent et les lois. Harari donne l'exemple suivant:

Deux catholiques qui ne se connaissent absolument pas partiront néanmoins ensemble en croisade ou collecteront des fonds pour construire un hôpital parce qu'ils croient tous deux que Dieu s'est incarné et s'est fait crucifier pour que nous puissions être rachetés de nos péchés.

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Selon Harari, l'ordre de la société n'est rien d'autre qu'un ordre imaginaire imposé aux autres (2). Cet ordre est "toujours sur le point de s'effondrer car il dépend de mythes, qui disparaissent dès que les gens cessent d'y croire". En d'autres termes, peu importe ce que vous croyez, l'esprit est votre propre lieu où vous pouvez transformer le Paradis en enfer, et vice versa (3). Il convient de noter que c'est précisément la philosophie spirituelle de Davos (4).

Dans le livre "Happiness Industry" de William Davies, l'auteur décrit ses rencontres à Davos en 2014. Certaines des sessions de la réunion ont couvert des sujets tels que : "recâbler le cerveau" et "la santé est une richesse" (5). Davies a les propos suivants à ce sujet :

Les dispositifs de surveillance neurologique, psychologique et comportementale ont fusionné avec les pratiques de méditation et l'existentialisme populaire. Les lacunes philosophiques de la science du bonheur sont compensées par l'emprunt d'idées au bouddhisme et aux religions du Nouvel Âge.

Après ces réunions, les organisateurs de Davos ont commencé à discuter de la manière dont les sentiments accrus de bien-être, mesurés par des tests neuroscientifiques, pourraient être transformés en capital par les nouvelles technologies qui collectent nos données personnelles. Le but est de prouver que notre "moi" subjectif peut être rendu objectivement quantifiable, et même contrôlé, par la science et la technologie. Selon Harari, l'essor du Big Data a annoncé la fin de l'individu doté de libre arbitre.

Harari, comme Jeremy Bentham, l'utilitariste, croit que : "Au niveau biologique, nos attentes et notre bonheur sont déterminés par des facteurs biochimiques, plutôt que par notre situation économique, sociale ou politique" ; il se présente également comme un épigone de Bentham : "Jeremy Bentham tenait pour vrai que la nature avait asservi l'homme avec deux maîtres : le plaisir et la douleur, que seuls ces deux-là déterminent ce que nous faisons, disons et pensons". Selon Harari, l'État devrait se fixer pour objectif de minimiser la douleur et de maximiser le bonheur. Dieu, les droits et les devoirs ne comptent que s'ils permettent d'atteindre ces deux objectifs ; seuls la douleur et le bonheur sont "réels". Comme pour le béhaviorisme, cet utilitarisme réduit l'individu libre à une souris dans un labyrinthe qui doit choisir entre x ou y. Et pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, ces idées ont déjà été appliquées pendant la présidence d'Obama et lors de la crise Corona.

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Des économistes tels que Richard Thaler, auteur du livre préféré de l'un des plus proches collaborateurs d'Obama, "Nudge", décrivent le concept de ce qu'il appelle "l'architecture de choix". L'architecture des choix signifie que la structure et la séquence de nos choix influencent nos décisions quotidiennes (6). Par exemple, la façon dont les aliments sont présentés dans une cantine scolaire peut inciter les enfants à mieux manger. L'emplacement des toilettes et des cantines peut modifier la créativité et le sens de la communauté du personnel. Ergo, le choix est fait avant même que nous en soyons conscients. La création d'architectures de choix pour influencer la décision finale a été décrite comme un "libertarisme paternaliste", même si le système favorise un certain ensemble de choix. Des entreprises comme Google utilisent l'architecture de choix pour limiter vos options par souci de commodité. Google suit vos recherches et vos clics. Ces données sont stockées pendant un certain temps afin de montrer des publicités et des résultats de recherche ciblés sur l'utilisateur. Maintenant, il existe toujours une possibilité de désactiver cette fonction, mais plus la puissance de Google est grande, moins il sera peu enclin à le faire (7).

Richard Thaler, comme Yuval Harari, veut influencer les décisions des individus en mettant le pouvoir entre leurs mains. Cependant, en réalité, leur cadre évolutif est ce qui empêche l'existence de l'individu qui agit de manière autonome, prend des décisions basées sur autre chose que le plaisir et la douleur. La privatisation du stress, c'est-à-dire l'idée que tous nos problèmes, politiques ou personnels, ont une explication biochimique, est une pure propagande. Cette propagande est efficace car beaucoup d'entre nous sont fortement influencés par la douleur et le plaisir. L'introduction des opiacés a provoqué une épidémie avec de nombreux décès, car un problème matériel a été résolu par un moyen matériel [l'auteur voulait peut-être dire "un problème immatériel" - rédacteurs]. Une solution à laquelle beaucoup d'entre nous ont succombé, au détriment de leur santé et de leur bien-être, parce qu'ils cherchaient un moyen d'échapper à leur douleur.

"Big Brother arbore désormais un visage amical." - Byung Chul Han

La nouvelle tyrannie numérique dans laquelle nous sommes aspirés en nous abandonnant à la présence d'une technologie toujours plus performante peut nous promettre une gratification sous forme de statut ou de sexe et une influence accrue sur le monde matériel, mais attention, c'est un chemin dangereux ! Notre panopticon numérique est différent de celui du Big Brother d'autrefois (8). Byung Chul Han écrit ce qui suit : "Big Brother arbore désormais un visage amical." Il sous-traite désormais ses activités à nous-mêmes, encourage les "utilisateurs" à communiquer et à consommer, afin d'obtenir un flux maximal de données et de capitaux. L'archipel du goulag utilisait un pouvoir disciplinaire pour surveiller les individus afin de contrôler leur comportement. Les géants de la technologie pensent qu'il est bien plus efficace de nous laisser le pouvoir de surveillance, afin qu'ils puissent exploiter notre éternel désir de connexion numérique et de liberté. Avec chaque tweet, chaque clic et chaque bit de données et d'informations, vous contribuez au cerveau en essaim qui vous éloigne encore plus de votre véritable "moi". C'est un nouveau "nous", qui a été dépouillé de sa valeur politique. Nous parlons sans cesse de "notre démocratie" parce que nous n'en avons plus.

Tout est politisé aujourd'hui. L'État contrôle tant de facettes de nos vies parce que dans les démocraties, la bureaucratie prend une vie propre. "Cthulhu nage lentement, mais il nage toujours vers la gauche" (9). Toutes ces "affaires courantes", tous les sujets de conversation sont l'impuissance apprise dans un monde où nous ne contrôlons plus rien nous-mêmes. "Nous, le peuple" est maintenant "Nous, le gouvernement" car l'histoire est toujours une histoire de forces intermédiaires telles que les États, les guildes, les villages et les peuplements féodaux qui se soumettent progressivement au pouvoir des entités dirigeantes et corporatives (10). Les Articles de la Confédération ont été la deuxième fondation du gouvernement libéral après que la Constitution anglaise ait été déclarée invalide dans le sillage de la Glorieuse Révolution. La Constitution de 1787, comme ses deux prédécesseurs, fait appel au "peuple" pour centraliser le pouvoir. La centralisation suivante du pouvoir a eu lieu juste après la Première Guerre mondiale, avec le traité de Versailles et la création de la Société des Nations. L'escalade à l'extrême, selon René Girard, a abouti à la Seconde Guerre mondiale et à la création des Nations Unies. Le "progrès" depuis la Constitution anglaise, selon Girard, n'est qu'une régression vers l'indifférence. Tout devient identique, nous sommes tous jumeaux dans une lutte fratricide qui tend de plus en plus vers une guerre totale où toute différence est effacée. Les gouvernements, ou les monopoles d'entreprise qui sont censés passer pour des gouvernements, pénètrent de plus en plus profondément dans nos vies, si profondément que même la lutte des classes a été internalisée. Nous sommes maître et esclave à la fois, et nous nous trouvons dans une galerie des glaces technologique (11).

Depuis l'époque de Napoléon, la guerre a créé un sens par le biais de règles et de codes, établissant un équilibre sur une zone géographique toujours plus grande. Le nouveau champ de bataille, cependant, est à l'intérieur de nous-mêmes, et l'ennemi n'est pas une nation ou une idéologie, mais nos propres pensées.

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Tout comme les capitalistes du marché libre croient en la main invisible du marché, les dataïstes croient en l'existence d'une main invisible dans les flux de données. Lorsque le système mondial de traitement des données devient omniscient et omnipotent, la connexion au système devient la source du sens. La religion de Harari, le Dataïsme, n'est rien d'autre que la croyance en un dieu omniscient et technologique. Ce dieu veut tout quantifier, y compris l'esprit des hommes, afin de connecter tout le monde à l'Internet des objets. On peut déjà constater que cela devient lentement une réalité. Siva Vaidhyanathan écrit ce qui suit sur la googlefication :

"Aujourd'hui, Google remplit le rôle de l'omniscient (Google Search), de l'omniprésent (Google Earth), du tout puissant (DeepMind de Google) et du tout miséricordieux (Google Assistant)." - Siva Vaidhyanathan

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De manière excessive, nous permettons à Google de déterminer pour nous ce qui est important, ce qui est nouveau et ce qui est vrai sur le web et dans la réalité. Aujourd'hui, Google remplit le rôle de l'omniscient (Google Search), de l'omniprésent (Google Earth), du tout-puissant (DeepMind de Google) et du tout-merciant (Google Assistant).

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L'une des astuces rhétoriques de Google consiste à nous convaincre que c'est "à nous" et que "nous" l'avons créé. En 2006, le magazine Time a déclaré "vous, moi et tous ceux qui contribuent aux nouveaux médias" personne de l'année. Ces nouveaux médias sont-ils vraiment aussi démocratiques qu'ils le prétendent et nous donnent-ils vraiment ce que nous voulons et ce dont nous avons besoin ? La réponse est non. Tout comme le communisme promettait la propriété et le contrôle collectifs des moyens de production, l'Internet promettait que le patrimoine culturel commun serait accessible à tous et contrôlé par personne. Le marxisme de Google n'est en fait rien d'autre que le capitalisme monopolistique contrôlé par l'État. Aucun d'entre nous n'a "réussi".

Lorsque des milliardaires comme Elon Musk tentent sincèrement de créer un espace pour les libres penseurs, cela évoque immédiatement la constellation d'entités publiques et privées, de l'OTAN aux ONG, prêtes à restreindre la liberté d'expression. Les fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, ont eux-mêmes rendu les 10 commandements obsolètes. Au lieu de cela, il n'y a qu'un seul commandement : "Ne sois pas mauvais". Le nihilisme de la religion organisée n'est rien comparé à cette déclaration, qui signifie essentiellement que tout doit être au service de Google et de personne d'autre. Selon Google, le "bien" est ce que Google pratique, et le "mal" est ce que Google évite.

Le pouvoir technocratique dont rêve Harari combine l'indifférence formaliste du néolibéralisme avec la perspective observationnelle du béhaviorisme. L'appareil de calcul qui collecte nos données ne se soucie pas de savoir qui nous sommes, d'où nous venons ou de ce que nous voulons. Une révolution biotechnologique peut être synonyme d'innovations dans le domaine des soins de santé ou d'un plus grand bonheur, mais une fois cette tour de Babel mise en place, nous abandonnerions une partie de notre humanité à quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre.

Un cerveau technologique mondial qui "ne se soucie pas de ce que nous pensons, ressentons, tant que des millions de sens sont allumés, que des yeux et des oreilles calculateurs observent, traitent, traitent les données et instrumentalisent les gigantesques stocks de surplus comportementaux générés dans le vaste bouleversement de la connexion et de la communication". Cela nous réduit au plus petit dénominateur commun au profit d'un flux maximal de données, ce qui nous fera perdre notre ego intérieur. Les symptômes sont déjà visibles sous la forme d'un monologue intérieur affaibli.

indfsolex.jpgDans son livre "The Lonely Crowd", David Reisman décrit comment une société basée sur une croissance constante est composée d'individus dont la conformité est assurée par l'acquisition d'un ensemble d'objectifs intériorisés tôt dans la vie (la tradition). Une personne dotée d'un instinct moral est à tout moment le sujet d'un pouvoir. Il se sent surveillé, menacé et soumis à l'autorité d'un juge intérieur. Avoir un monologue intérieur signifie qu'il faut toujours entrer en dialogue avec ce juge intérieur. L'homme moderne, cependant, n'est soumis à rien ni à personne d'autre que lui-même. Il est un projet qui doit s'inventer sans cesse en errant dans la galerie des glaces narcissique. En l'absence de relations avec les autres, il essaie toujours de trouver la reconnaissance, mais ne la trouve pas, et il en résulte un manque de satisfaction. Parce que l'ordre moral a été perturbé, et que l'ego n'est plus capable de craindre Dieu, ni même de sentir sa propre présence, cet homme moderne ressent le besoin de satisfaire une foule qui n'existe que dans sa tête. C'est le sens du phénomène de l'hypersocialisation. Lorsque nous regardons dans la caméra pour réaliser une vidéo pour TikTok ou Instagram, nous essayons d'établir un contact visuel avec un public invisible. Une masse homogène qui n'existe que lorsque nous cliquons sur le bouton d'envoi.

Sans l'autorité d'un Dieu visible, l'individu hyper-socialisé a besoin de l'autorité visible et satisfaisante des autres. Il se croit unique, ne pouvant s'égaler qu'à lui-même, mais cet individualisme trompeur entraîne des comparaisons constantes avec les autres, d'où le conformisme. Grâce à la techno-magie des médias sociaux, chacun pense être le personnage principal de son histoire. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, cela n'a fait que nous rendre plus semblables. Le fait d'obtenir des "likes", de partager des infographies et de participer à des manifestations retransmises en direct nous a transformés en un PNJ sans moi intérieur (12). Aux yeux de la personne hyper-socialisée, tout devient conscient de soi comme dans un jeu de rôle. Il est obligé de se remettre constamment en question, de se mettre sur écoute ou de se traquer. En d'autres termes, un surmoi hyperactif qui fait obstacle à une véritable unicité, une vraie personnalité.

Une société confrontée à un déclin démographique naissant, comme la nôtre, développe chez le membre moyen de cette société un caractère social dont la conformité est assurée par une tendance à répondre de manière sensible aux attentes et aux préférences des autres. Les objectifs auxquels aspire la personne orientée vers une autre personne changent avec cette orientation : il ne s'agit que du processus de recherche de quelque chose lui-même, et du processus d'observation attentive des signaux. Les parents ne stimulent plus un sentiment de culpabilité chez leurs enfants lorsqu'une norme intérieure est transgressée, de la même manière qu'un sentiment de honte est stimulé lorsque l'enfant n'est pas assez populaire ou socialisé. Je pense que nous sous-estimons à quel point cela a contribué au phénomène des tireurs dans les écoles. L'utilisation de la honte au lieu de la culpabilité contribue à la violence. Le travail de toute une vie du professeur Gilligan l'a amené à conclure que la cause fondamentale de la violence humaine est le désir de supprimer le sentiment de honte et d'humiliation et de le remplacer par la fierté. La mère du tueur en série Ed Kemper lui aurait fait honneur lorsque les filles populaires de son école ne voulaient pas sortir avec lui. En conséquence, il a commencé à tuer ces filles, comme il a fini par le faire avec sa propre mère. Dans l'autobiographie d'Eliot Rodger, il dit ce qui suit :

Si l'humanité ne me donne pas une place digne parmi les siens, je la détruirai. Je suis meilleur qu'eux tous, je suis un dieu. Exiger ma rétribution est ma façon de montrer au monde ma véritable dignité.

Ce cadre de la honte explique pourquoi de gentils étudiants prometteurs de la classe moyenne finissent dans des cultes bizarres. Pensez à H.G. Wells, Lénine et Graham Greene, tous enfants de familles de la classe moyenne. Ces hommes ont été prédestinés et socialisés à approuver l'idée d'une coopération occasionnelle à travers un cadre moral, souvent accompagné d'un fort sentiment de honte. Les hommes de la classe moyenne doivent faire comprendre aux autres qu'ils sont des partenaires fiables en supprimant leurs propres instincts antisociaux. Cette préférence de la classe moyenne pour la coopération sans friction est la raison pour laquelle il semble plausible que des individus idéalistes de la classe moyenne comme Marx, par exemple, croient que la société fonctionnerait sans l'existence de l'argent ou de la propriété. Dans cette société coopérative et sans friction vers laquelle nous nous dirigeons actuellement, l'harmonie et la gentillesse sont appréciées par-dessus toutes les autres qualités. Dans un monde sans jugement et sans Dieu, toutes les idées sont considérées comme relatives à la situation psychologique et sociale de ceux qui les affirment (émotivisme). Le penseur conservateur Augusto Del Noce a les propos suivants à ce sujet :

"Tout est réduit au plus basique : l'eau, le sommeil et le sexe, pour descendre dans la pure animalité quand tout est dit et fait." - Augusto Del Noce

Par conséquent, tout est livré à l'étau. La disparition de la moralité en est le symbole. Tout est réduit aux choses les plus élémentaires : l'eau, le sommeil et le sexe, pour ensuite sombrer dans l'animalité pure.

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Cette régression vers l'animalisme est visible dans la génération Z, la génération la plus surcontrôlée jusqu'à présent. Le soi-disant "mode gobelin" est le déchaînement sans honte de la bête intérieure (13). Ce rejet des idéaux intérieurs de beauté, de moralité et d'amélioration de soi n'est rien d'autre que la version réalisée des normes et des valeurs, ou plutôt de leur absence, qui guident les élites de notre pays.

Étant les nihilistes qu'ils sont, ils voient tout à travers le prisme des désirs des autres. Les élites qui sont obsédées par les signaux du cerveau en essaim sont en fait détachées de la réalité, du corps. Comme l'a observé Christopher Lasch, ils vivent dans le monde hyperréel des images (14). Leur vision sans vie est superficielle, ils ne voient que leur propre reflet. Ce sont eux qui ont introduit le devoir du protège-dents pour que nous devenions tous inexpressifs comme eux. Giorgio Agamben a dit que le visage est la base de la politique car c'est là que commence tout ce que les individus communiquent. Sans nos visages, il n'y a qu'un échange de messages. Cet échange de messages ne peut prospérer que dans un monde sans passion, une époque où les gens disent des choses, mais où il n'y a pas d'amoureux, de penseur, de samaritain miséricordieux qui puisse sentir dans la fibre la plus profonde et confirmer ce qui a été dit. Une révolution numérique complète signifierait une humanité végétative, la fin des désirs et l'absence de conversations significatives. Si nos vies étaient téléchargées dans le cerveau de l'essaim, cela signifierait la fin de l'ordre naturel, ou la mort de la mort, comme le dirait De Maistre.

Si Harari et ses partisans réussissent à atteindre leurs objectifs de révolution bio-technique, la transition d'une société écrite à une société orale - d'une société intérieure à une société extérieure - serait achevée. La conformité au sein de ce monde social serait gigantesque (15). Alors que le progrès et l'innovation dans le monde réel faiblissent, on peut imaginer une dystopie dans laquelle le chômage dû à l'automatisation et le manque de logements privés en raison de la montée en flèche des prix de l'immobilier poussent le monde entier à se brancher pour participer à l'économie à forte valeur ajoutée. Au lieu de simplement collecter le surplus comportemental des logarithmes, des géolocalisations, des termes de recherche et des schémas de clics pour "aimer", ils veulent que nous "aimions" une économie à haute valeur ajoutée qui sait tout de nous, ce qui fait effectivement de nous des pions pour le Big Data. Cette quantité massive de données fournit aux entreprises et aux gouvernements une sécurité comportementale - une sécurité que nous leur avons donnée en cadeau par notre besoin compulsif de se connecter. Au lieu de la mort, de la torture, de la rééducation ou de la conversion, l'instrumentalisme nous bannit en fait de notre moi intérieur. Comme l'écrit Shosahanna Zuboff :

Sous le régime de la force instrumentale, l'agencement mental et l'autodétermination de l'avenir sont enterrés sous un nouveau type d'automatisme : une perception de stimulus et de réponse ajoutée au va-et-vient des êtres vivants.

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Harari pose déjà les bases philosophiques d'un tel monde en immergeant notre monde intérieur - notre moi religieux - dans un monde collectif de douleur et de plaisir. Il est déjà minuit moins cinq.

Chaque événement mondial de ces 20 dernières années a été utilisé pour accroître la surveillance des citoyens, tant dans la sphère publique que privée. Pour n'en citer que quelques-uns :

    - le Patriot Act après les attaques sur le WTC

    - les mesures prises à la suite de la crise de corona

    - les mesures prises en réponse à la prise d'assaut du Capitole en janvier 2021

De nos jours, nous sommes tous des numéros, nous nous surveillons constamment alors que nos appareils contournent notre conscience. Nos lieux, nos mots, nos souvenirs, nos habitudes d'achat, nos préférences en matière de divertissement et nos pensées politiques sont traduits en chiffres, stockés, vendus et échangés par le Big Data et le gouvernement. Dans le panopticon de Jeremy Bentham, les prisonniers étaient séparés pour des raisons disciplinaires. Notre nouveau panopticon numérique nous encourage à communiquer numériquement afin d'être connectés. En réalité, nous nous connectons par le biais d'arrière-salles sans véritables liens sociaux. Plus une personne souhaite être seule, plus le gouvernement ou le marché doit intervenir pour garantir cette distance. Slavoj Žižek :

Cela contribue peut-être à l'impression étrange, mais correspondante, qu'il est difficile de voir clair dans le fait qu'un véritable solipsiste hédoniste, malgré sa délectation de ses idiosyncrasies personnelles, n'a pas de personnalité réelle et profonde.

Nous pouvons remarquer ce manque de profondeur, ce manque de caractère partout. Vous avez probablement remarqué que tout et tout le monde se ressemble de plus en plus. La vraie culture cesse d'exister lorsque la culture décadente sans friction commence. L'objectif d'assurer des résultats garantis par l'intervention du gouvernement et du marché n'est pas nouveau. Cette uniformité n'est nulle part plus visible que dans notre environnement.

Coleridge a prévu la mort de Blut und Boden, imaginant la rivière sacrée Alph qui coule à travers les jardins paradisiaques pour finir dans le tumulte de l'océan sans vie. Cette "modernité liquide" ou homogénéité mondialisée est la civilisation des peuples de la mer sans terre (atlantisme, thalassocratie). Elle s'oppose aux terriens, à la tradition et au particularisme, aux eurasianistes. Le fil de l'histoire est une lutte entre la mer et la terre. Dans la modernité liquide, nous avons de nouveaux immeubles, des zones industrielles, des bars branchés et un paysage monotone, partout unifié par une prolifération de libertés. Notre parc d'attractions se trouve dans l'agitation incessante du monde. Nous, les Américains, sommes comme Sinbad le Marin, qui, lorsqu'il a découvert son nouveau monde - le monde de la richesse et de l'abondance - était en fait le dos d'un énorme poisson. Le feu de joie allumé par la fierté enflammée de Sinbad a tellement remué le poisson qu'il a plongé dans la mer, entraînant la noyade de Sinbad. Nous sommes nous-mêmes également ignorants de la terre sur laquelle nous nous trouvons. Nous pensons que c'est notre forteresse, mais la froide indifférence de Mère Nature attend patiemment de perturber nos ambitions lorsque nous nous imaginons en sécurité dans la Fin de l'Histoire. Ernst Jünger a mis le doigt sur le problème dans son livre "Über den Schmerz":

Nous nous trouvons dans une situation où nous errons sur une mer gelée sans fin, alors que la glace sous nos pieds commence déjà à se fissurer et à se fendre en raison du changement climatique. Le support des idées abstraites commence également à devenir fragile, et les profondeurs de la substance qui a toujours été sous-jacente brillent à travers les fissures.

Tout comme le prince Prospero et ses mascarades se cachent de la mort rouge devant leur château, Yuval Harari et ses consorts se cachent de l'indifférence froide, du nihilisme qui se cache derrière leur conformisme et leur addiction à la recherche du plaisir à tout prix. Depuis leur tour d'ivoire, ils tentent de recréer le monde à leur image, de faire de chaque mortel un jouisseur comme eux. Ils n'hésitent pas à utiliser tous les outils à leur disposition : médias sociaux, nourriture bon marché, drogues, "droits de l'homme", avortement et culture pop (16). Plus nous nous ressemblons, plus nous sommes faciles à contrôler. Harari veut réduire la croyance en quelque chose à la fiction. Distinguer les faits des valeurs afin d'encourager l'adhésion à ses idées. Des idées qui ne nécessitent aucun engagement moral, seulement une sèche objectivité. Contrairement aux lois de la nature telles que la gravité, qui restent vraies que nous le voulions ou non, Harari soutient qu'une intervention musclée est nécessaire pour sécuriser l'ordre imaginaire. Certaines de ces interventions prennent la forme de violence et de coercition.

41358A-I4hS._SX316_BO1,204,203,200_.jpgDans son livre "Logos Rising", Michael E. Jones écrit que Harari "considère les vérités comme des fictions et prend les fictions pour des vérités". Nos constructions sociales sont censées expliquer comment l'humanité est devenue civilisée, mais si la conscience elle-même, qui produit ces constructions, est une illusion, comment pouvons-nous le prouver ? Harari esquive systématiquement cette question, au lieu de nier l'existence de l'âme et du libre arbitre. Mais Jones a raison :

Si seules les choses physiques sont réelles, que devons-nous dire de l'idée que "seules les choses physiques sont réelles" ? (17). Cette idée est-elle meilleure que "réelle" ? Si c'est le cas, elle se réfute elle-même.

Encore une fois, Harari n'aborde pas les questions plus profondes.

Il ne faut pas s'étonner que le philosophe à l'origine de The Great Reset, qui prétend que nous ne posséderons rien et serons donc heureux, affirme que nos droits et nos religions sont des imaginations qui cessent d'exister dès que nous cessons d'y croire, comme lors de la crise de Corona. Pour mettre en perspective les droits que nous avons perdus depuis que le régime Corona tient l'Occident sous son emprise, voici une citation de "la vérité sur Covid-19", un compte rendu détaillé des droits qui ont tous été jetés avec les ordures lors du déclenchement de la crise. Voici ce qu'écrit Harari à propos de la Déclaration d'indépendance américaine:

De même que l'homme n'a jamais été créé, selon les sciences biologiques, il n'y a pas de Créateur qui ait doté l'homme de quoi que ce soit. Il n'y a qu'un processus d'évolution aveugle sans aucun but ni objectif.

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Le récit de Harari sur l'humanité commence à devenir plus cohérent lorsque l'on considère son dernier livre, "Homo Deus", dans lequel il aborde l'avenir de la technologie. Dans "Homo Deus", Harari écrit :

Aujourd'hui, l'humanité est prête à substituer la sélection naturelle à la conception intelligente et à étendre la vie au-delà de l'organique, dans le domaine de l'inorganique.

Au lieu que l'homme crée une nouvelle technologie, la technologie crée une nouvelle humanité. C'est ce que veut l'Amérique. Le gouvernement américain a suspendu le Patriot Act, qui a considérablement accru les pouvoirs de l'appareil de sécurité intérieure, tout en emprisonnant les ennemis de l'État dans la baie de Guantanomo. Les attentats du 11 septembre et leurs conséquences ont préparé le terrain pour le régime biopolitique de la Corona.

La logique de l'anthropocène, le flux maximal d'informations et de données, se glisse vers la création d'un dieu piloté par l'intelligence artificielle et doté de sens partout dans le monde, l'Internet des objets. Voici une citation de Mitchell Heisman, qui, avant de se suicider, a écrit un long essai sur le nihilisme :

Tout fusionnera lorsqu'une force de calcul, dotée de sa propre puissance, prendra le contrôle de toutes les informations importantes sur Internet, puis les réorganisera pour qu'elles renaissent en tant qu'esprit global de Dieu.

Du point de vue de Heismann, la morale biblique a ouvert la voie aux droits de l'homme. Les droits de l'homme, en considérant les gens comme égaux les uns aux autres, ont relâché la pression sur la sélection naturelle. Lorsque l'évolution naturelle ne fonctionne plus comme prévu, l'évolution technologique prend le relais. Le nazisme était la révolte des gènes, un ultime effort pour résister à la logique de la révolution technologique. Heisman écrit :

Auschwitz représente la biologie qui s'est appropriée la technologie. La singularité représente la technologie qui s'est appropriée la biologie.

Klaus Schwab veut achever ce que les nazis ont commencé, en détournant la technologie pour ses propres ambitions nihilistes. Il veut profiter de la révolution biotechnologique à venir, ou comme il l'appelle, de la quatrième révolution industrielle. Certaines personnes ont établi des liens entre Klaus Schwab et les nazis. Le père de Schwab, Eugen Schwab, était le directeur général d'une société suisse appelée Escher-Wyss AG. Escher-Wyss était un leader dans la technologie des grandes turbines utilisées pour les générateurs hydroélectriques et les centrales électriques, mais elle fabriquait également des pièces pour les avions de chasse allemands. Dès son plus jeune âge, Eugen a inspiré à son fils sa vision de la philosophie publique et privée. À l'instar de Klaus et de son concept de capitalisme actionnarial, Eugen a également cherché des moyens de façonner la nature de l'interaction culturelle et sociale avec des projets tels que la construction d'un tunnel ferroviaire reliant la Suisse et l'Italie. Klaus Schwab a suivi les traces de son père lorsqu'il est devenu directeur général de la société Sulzer Esscher-Wys AG nouvellement fusionnée. La société a joué un rôle crucial dans le développement du programme illégal d'armes nucléaires de l'Afrique du Sud. Schwab a créé ces installations pour promouvoir la même formule de partenariat public-privé que celle utilisée par Escher-Wyss pendant la Seconde Guerre mondiale et sous l'apartheid.

Avec la quatrième révolution industrielle en marche, Schwab veut porter ce partenariat à un niveau supérieur. Les technologies émergentes telles que l'intelligence artificielle, la robotique, l'internet des objets, les véhicules à conduite autonome, l'impression 3D, la nanotechnologie, la biotechnologie, la science des matériaux, le stockage de l'énergie et les ordinateurs quantiques vont brouiller les frontières entre le physique, le numérique et le biologique. Le mélange de l'homme et de la machine s'approche de ce dont Heisman nous avait avertis : la création d'un cerveau global qui se réveille comme un dieu.

La lettre d'adieu de 1905 pages de Heisman est une exploration du nihilisme. La vision du monde, ou son absence, qui est le pilier qui soutient la Grande Réinitialisation. Je ne crois pas que ce soit vrai, mais je crois que cela peut le devenir tant que nous contrôlons la nature, ce qui est le but du transhumanisme et du dataisme. Le suicide est la réponse logique au nihilisme. Heisman continue :

"L'égalitarisme radical mène au nihilisme radical. Lorsque tous les choix sont égaux, l'égalité est compatible avec le caractère totalement aléatoire. Lorsque chaque choix est égal, le choix de la mort est égal au choix de la vie." - Mitchell Heisman

L'égalitarisme radical mène au nihilisme radical. Lorsque tous les choix sont égaux, l'égalité est compatible avec le caractère totalement aléatoire. Lorsque chaque choix est égal, le choix de la mort est égal au choix de la vie.

C'est le nihilisme qui a permis à Heisman de découvrir la base évolutionnaire de Dieu. La plupart des gens en Occident ne sont pas assez impitoyables pour disséquer leur propre nihilisme à mort, a déclaré Heisman. La plupart des gens ne comprennent pas la fin logique du nihilisme :

Le monothéisme a pu naître d'une objectivité sceptique, nihiliste et matérialiste qui a détruit la subjectivité fondée sur la biologie, créant "quelque chose" à partir de rien.

En pratique, cette expérience nihiliste a commencé comme une expérience de physicalisme systématique, c'est-à-dire une tentative de comparaison systématique de chaque expérience subjective dans le monde physique extérieur.

Cette tentative d'être constamment matérialiste avait conduit à la conclusion douteuse que toute tentative en ce sens est une autodestruction rationnelle.

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En essayant d'être constamment matérialiste, Heismann s'est privé de la vie. Si la vie n'est vue qu'à travers le prisme de la biologie, celui de la douleur et du plaisir, comme le perçoit Harari, alors quel est le sens de la vie, si nous allons tous mourir de toute façon ? Peut-être que les bunkers de fin de vie et les ambitions transhumanistes de Davos indiquent qu'ils craignent cette question plus que nous. La Heisman en était consciente. Sa vision matérialiste lui refusait toute raison d'exister ; il ne voyait dans la vie que la mort. Les Européens commencent déjà à penser de cette façon.18 Il dit :

La mort de mon père a marqué le début, ou peut-être l'accélération, d'une sorte d'effondrement moral, car la matérialisation totale du monde, de la matière à l'homme en passant par l'expérience subjective littérale, allait de pair avec l'incapacité nihiliste de croire en la valeur de tout objectif.

Avant que le nihilisme n'aboutisse au suicide, il se révèle dans l'acte de prolonger la vie le plus longtemps possible au nom de la santé. Ce culte de la santé n'est rien d'autre qu'un culte du corps, de la vie nue (19). Yuval Harari sait que le libéralisme va à l'encontre de la nature humaine, et que la crise de fertilité, la crise environnementale et la crise économique à venir sont inévitables. Mais là où nous voyons un effondrement, ils voient une opportunité. La différence entre Nous et Eux, c'est qu'ils ne veulent pas inverser le déclin, non, ils veulent l'accélérer, afin de pouvoir militariser l'anomalie sans aucune résistance. Quelqu'un a-t-il déjà résisté de manière authentique à cela ? Oui. Un homme appelé Ted Kaczynski.

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Ted Kaczynski, également connu sous le nom de Unabomber était, contrairement à Harari, un professeur. Oncle Ted, un enfant prodige, avait une nature rebelle dès son plus jeune âge. Il a reçu son surnom de "Unabomber" après avoir envoyé des lettres piégées dans des universités et des aéroports. Mais Ted Kaczynski était plus qu'un simple terroriste. Alors qu'il était en deuxième année à l'université de Harvard, il a été choisi pour une expérience psychologique qui, bien qu'inconnue de lui, allait durer trois ans. Cette expérience a été menée par le célèbre psychologue Henry A. Murray, un professeur de Harvard secrètement employé par la CIA. Ces expériences de modification du comportement faisaient partie du projet MK Ultra, un programme de lavage de cerveau de la CIA. De 1953 à 1973, sur une période de 20 ans, 86 institutions, dont des universités, des établissements psychiatriques et des prisons, ont participé à l'expérience de la CIA sur des cobayes humains.

Le conformisme des années 1950, tel qu'il est abordé dans "The Lonely Crowd" de Reisman, a suscité l'intérêt de libres penseurs tels que Holden Caulfield et les "beatniks" qui ne correspondaient pas à l'image de la société idéale. L'intérêt porté à ces étrangers a conduit des sociologues comme Murray à développer des tests de personnalité pour mesurer le degré de socialisation des sujets testés. Les sujets de test de Harvard ont été choisis parmi des dizaines de candidats qui ont été sélectionnés en fonction de leur degré d'aliénation. Les coordonnées de chaque étudiant étaient fictives afin de garantir leur confidentialité. Kaczynski a reçu le nom de code "légal", ce qu'un chercheur a noté plus tard comme une reconnaissance ironique du grand potentiel de chaos que Murray a observé chez ce jeune homme bien élevé. Dans une publication intitulée "studies of stressful interpersonal disputations" parue dans la revue "American Psychologists" en 1963, Murray décrit sur un ton formel et détaché le contenu des expériences qu'il a menées sur Kaczynski et d'autres personnes. Au cours de leur étude, les étudiants ont été invités à rédiger, dans un délai d'un mois, une élaboration de leur philosophie personnelle et des valeurs selon lesquelles on devrait vivre. Ensuite, les participants ont été invités à débattre des mérites respectifs de leurs philosophies. Le moment venu, les participants devaient s'asseoir dans une pièce très éclairée avec un miroir transparent. Des électrodes ont été fixées sur leur corps afin que leur rythme cardiaque puisse être enregistré tandis qu'une caméra enregistrait tout. Les étudiants ont été informés à l'avance qu'ils allaient débattre avec un autre étudiant, et non avec un avocat. L'avocat verbalement agressif a donc été une surprise. L'avocat avait pour instruction d'attaquer l'étudiant à tout moment. L'étudiant accablé a essayé de se défendre, mais dans la plupart des cas, il a perdu patience après que leur philosophie personnelle ait été si lourdement critiquée. Tout cela a été mis en place à l'avance.

Toute la scène était calculée pour provoquer la réaction émotionnelle et psychologique associée à l'humiliation et même à la menace sous des lumières vives et une caméra tournante avec un miroir obscurci derrière lequel on ne voyait que de faibles ombres. On leur a ensuite demandé de visionner l'enregistrement où ils se sont fait agresser verbalement. Les jeunes hommes, habituellement fiers de leur propre intellect et de leur charisme, se sont retrouvés frustrés et ont eu du mal à trouver leurs mots, à tel point que leur confiance en eux a été sérieusement affectée.

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Ces expériences cruelles, ainsi que son point de vue sur les progrès de la technologie, ont motivé Ted Kaczynski à vivre hors réseau dans le Montana, où il a écrit des lettres piégées de 1978 à 1995 qui ont tué trois personnes et fait 23 blessés. La méthode par laquelle Kaczynski faisait ses victimes était symbolique. Le système postal ne fonctionne que si chaque personne de la chaîne agit comme un robot sans cervelle. Kaczynski n'a eu qu'à écrire l'adresse correcte et le reste s'est fait tout seul. Il était conscient que c'était immoral, mais à quel point est-il moral de créer un système qui transforme les gens en travailleurs sans cervelle ? Comme l'a souligné Kaczynski, depuis la révolution industrielle, et surtout après la Seconde Guerre mondiale avec l'invention de la bombe atomique, la technologie a tellement progressé que nous ne sommes plus en mesure de surveiller les conséquences apocalyptiques de nos créations. Lors de la crise de Cuba, les Russes n'ont pas cédé pour des raisons politiques, mais pour des raisons technologiques. Ils savaient qu'ils perdraient une guerre nucléaire. Un exemple encore plus clair du pouvoir de la technologie peut être observé lors de la guerre de Corée, lorsque le général Douglas MacArthur a préconisé l'utilisation d'armes atomiques pour assurer la victoire. Le président et le Pentagone doutent du bien-fondé de cette décision. Alors, qu'ont-ils fait ? Ils ont soumis la question de la guerre nucléaire à un ordinateur, ou comme ils l'appelaient alors, un cerveau électronique. Mettant de côté toutes les questions éthiques, ils ont demandé à l'ordinateur si la proposition de MacArthur serait économiquement rentable ou non. Qu'a dit l'ordinateur ? Elle affirmait que la stratégie de MacArthur contre les communistes entraînerait une troisième guerre mondiale et conduirait à la faillite financière totale des deux partis. Le fait que l'ordinateur ait opposé son veto à la proposition folle de MacArthur n'était même pas la partie effrayante, c'était le fait qu'ils aient posé la question à un ordinateur. Il importe peu que le verdict de la machine dans ce cas ait été un veto, car il s'agissait toujours d'une condamnation à mort, précisément parce que la source d'un pardon éventuel avait été déplacée vers une chose. La condition de l'humanité n'a pas été décidée par la réponse positive ou négative d'une machine, mais par le fait que nous avons effectivement confié cette responsabilité à une machine à laquelle nous obéirions.

La guerre ne peut tout simplement plus être contrôlée par des moyens rationnels. Dans un monde globalisé sans frontières, le justicier est partout et nulle part, comme un virus qui révèle la violence du système en utilisant le système contre lui-même. L'apparition d'une épidémie, comme le terrorisme, est un symptôme de la perte des différences. Ce n'est pas une coïncidence si les attentats ont souvent lieu dans des trains ou des avions. Le terrorisme est inhérent à toutes les interactions, dans tous les cas entre deux parties ayant peu de différences entre elles. Ted Kaczynski était conscient de l'issue logique d'une rivalité mimétique débridée entre égaux, la destruction des deux. Cela avait sans doute quelque chose à voir avec sa relation avec son frère, que certains ont décrite comme un Caïn et Abel des temps modernes. Après tout, c'est le frère de Ted, David Kaczynski, qui a reconnu son écriture dans son manifeste et l'a dénoncé au FBI. Ted croyait que son frère était mû par une rivalité fraternelle et voulait qu'il soit derrière les barreaux pour la vie plutôt que pour la mort, ce que Ted voulait. Au cours d'un été des années 1950, alors que les deux garçons étaient en vacances dans une des banlieues de Chicago, leur père a attrapé un jeune lapin. Il l'exposait dans une cage faite de bois et de fil de fer. Un groupe d'enfants du quartier, dont David, s'est rassemblé autour de la cage pour mieux voir l'animal. Soudain, un cri est venu de l'extérieur. "Libérez-le, libérez-le !" Les garçons se sont retournés pour voir Ted, frustré et triste, qui regardait le lapin tremblant dans la cage. Le visage des enfants est passé de la joie à la gêne. Pour eux, cela aurait pu être amusant, mais Ted, qui s'est probablement reconnu dans le lapin piégé, essayait de le sauver.

Le désir de se libérer de ne plus être piégé dans le système industriel l'a amené à être lui-même piégé. Kaczynski savait que nous sommes tous prisonniers. Le système industriel nous a fait perdre la satisfaction de nos vies, nous avons commencé à penser et à nous comporter d'une manière non naturelle. En fait, nous sommes tous des lapins, piégés dans une cage (20). Tout au long de l'histoire, certains mécanismes ont permis de tenir la violence en échec : la géographie, le climat, les religions païennes fondées sur le sacrifice et la désignation de boucs émissaires. Puisque nous vivons dans une société post-chrétienne, imbriquée dans la technologie et le commerce, il n'est plus possible de contenir cette rivalité mimétique. À ce sujet, il déclare dans son livre "anti-tech revolution" :

"Le système mondial s'approche d'un état dans lequel il sera dominé par un petit groupe de systèmes extrêmement puissants et autonomes." - Ted Kaczynsky

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Le système mondial se rapproche d'une condition dans laquelle il sera dominé par un petit groupe de systèmes extrêmement puissants et autonomes. Ces systèmes, s'ils veulent rester viables, doivent se faire concurrence pour le pouvoir. Et c'est ce qu'ils font à court terme, sans se soucier des conséquences à long terme (21).

Un processus monotone s'est installé dans les relations humaines ; une cellule cancéreuse qui continue à se développer sans contrôle. C'est pourquoi la société en est venue à ressembler aux expériences de John B. Calhoun, qui ont abouti à un "puits comportemental" (22). La croissance parasitaire, la violence virale qui nourrit nos désirs, rend les gens obèses, accroît la dette publique, augmente la population des sans-abri et des prisons, multiplie les toxicomanes, rend les gens mentalement malades, pollue la nature et remplit l'océan de plastiques. Cette logique d'expansion infinie est à l'opposé de la Vie supérieure, où règnent la pluriformité, l'ordre et le particularisme par opposition au conformisme, au chaos et à la conformité. Le contraste entre la vie supérieure et la vie inférieure peut être cartographié dans le conflit entre les atlantistes et les eurasistes. Les premiers aspirent au confort de la masse, les seconds aspirent à l'espace, à la liberté d'étendre leurs pouvoirs avec Blut und Boden. La vie supérieure se caractérise par la variété et la structure. La vie inférieure est comme la levure, une masse informe qui s'étend sans fin. Il ne possède rien d'autre que les instincts les plus bas, il n'est pas souverain sur lui-même. Nietzsche disait qu'apprendre à voir, c'est "laisser ses yeux s'habituer au repos et à la patience, laisser les choses venir à soi". "Il faut apprendre à ne pas réagir de manière impulsive et par stimulus, mais au contraire à prendre possession des instincts inhibiteurs." Nietzsche poursuit . L'essence de la vie supérieure consiste à résister au stimulus ou à l'impulsion. L'effort, sous forme d'attention focalisée, ouvre les fenêtres de l'âme. La passivité active, sous forme de réceptivité, permet de s'ouvrir à de nouvelles idées. Pour commencer, nous avons besoin de cette attention, pour nous ouvrir à l'ensemble. C'est comme lorsque nous faisons l'effort de nous souvenir de quelque chose, et qu'il nous revient soudainement à l'esprit alors que nous n'y pensons plus.

Le système nerveux se forme par exclusion, ou en disant "non", comme la membrane cellulaire. La conscience se forme, comme une sculpture en marbre, en laissant de côté tout ce qui est sans importance. La matière ne crée pas la conscience, elle la limite. Dans un monde de poids et de volume, et d'intériorité, de gravité et d'élégance, les premiers ne sont possibles que grâce aux seconds. Le monde est une matière qui aspire à se connecter à d'autres matières. Toute connexion est amour. Toute expérience est une expérience de changement. Nos sens s'épuisent rapidement et nous nous habituons alors, par exemple, à une odeur ou à un son. Nos sens réagissent à la différence entre les valeurs. Ils réagissent aux différences entre les valeurs, car la connaissance et la perception, et donc l'expérience, n'existent que dans les relations entre les choses. Tout est relié en étant séparé les uns des autres, de la même manière qu'un couple est relié tout en restant deux individus distincts. Dieu a créé le monde en séparant la lumière des ténèbres, la nuit du jour, le ciel de la terre et la mer de la terre. Avant que chaque cellule ne se reproduise, les paires de chromosomes se séparent avant de former une nouvelle cellule. Toutes les différences, toutes les distinctions, sont de l'amour créatif. L'homme, créé à l'image de Dieu, est un retour créatif à la nature elle-même. Il peut sembler que la nature se dirige vers la destruction, vers l'abolition technologique de l'humanité, mais notre chute sera bénie. Si Adam n'avait jamais été entaché du péché originel, le Christ ne serait jamais ressuscité !

Notes:

    1) Trey Taylor, Pourquoi les célébrités semblent-elles toujours lire le même livre ?

    2) Gesellschaft et Gemeinschaft sont des termes de la sociologie, inventés par le sociologue allemand du 19ème siècle, Tönnies. En néerlandais, ces deux termes peuvent être traduits librement par "société/société" et "sphère familiale personnelle ou environnement immédiat".

    3) D'après le "Paradis perdu" de Milton.

    4) Le site suisse du Forum économique mondial.

    5) Matthew Campbell, Jacqueline Simmons, À Davos, la montée du stress aiguise la méditation de Goldie Hawn.

    6) Danny Vinik, L'effort d'Obama pour "pousser" l'Amérique.

    7) Une tendance similaire était également visible aux Pays-Bas. Voir "Manipulation ou nudging ? Comment les applications de santé n'ont pas toujours nos meilleurs intérêts à cœur".

    8) Wikipedia, [Panopticon (architecture)](https://nl.wikipedia.org/wiki/Panopticum(architecture))*.

    9) Extrait de l'essai de Curtis Yarvin* "Monarchisme et fascisme aujourd'hui "*.

    10) L'histoire néerlandaise comprend également plusieurs cas où des gouvernements ou des monarques ont voulu centraliser le pouvoir avec une hache émoussée. Le coup d'État de Guillaume II en 1650, l'introduction du Code Napoléon en 1807 et la Constitution de 1848.

    11) Jacques Ellul, _Le nécessaire et l'éphémère : "L'illusion politique "*.

    12) Know Your Meme, NPC Wojak.

    13) Esmé Partridge, La mort des idéaux.

    14) Voir aussi La présidence hyperréelle de l'acteur Zelenski.

    15) Michael Cuenco, La nouvelle épistémologie post-littéraire de l'Amérique.

    16) Paul Kingsnorth, What Progress Wants.

    17) Pour une exploration plus approfondie de ce sujet : Bernardo Kastrup, Why materialism is baloney.

    18) Peter Hurst, Half in love with easeful death : Potemkin meritocracy and the demise of positive liberty.

    19) Giorgio Agamben, La religion médicale.

    20) Wikipedia, Cage de fer.

    21) Un autre auteur qui a préconisé une manière pacifique de combattre la société industrielle est l'écologiste finlandais Pentti Linkola. Pour une introduction à sa pensée : Hermitix, The Deep Ecology of Pentti Linkola avec Chad Haag.

    22) Will Wiles, Le puits comportemental

samedi, 04 juin 2022

Contre l'"optimisme scientifique". De l'"homo sapiens" à l'"homo deus"

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Contre l'"optimisme scientifique". De l'"homo sapiens" à l'"homo deus"

Ernesto Mila

Source: http://info-krisis.blogspot.com/2022/05/cronicas-desde-mi-retrete-contra-el.html

L'un des mirages de notre époque est l'"optimisme scientifique" que l'on retrouve dans les médias. "Quoi, il y a un virus qui efface tout ? Relax, il ne se passe rien ici ! Le vaccin qui résoudra le problème sera bientôt prêt. Le VIH, qui était mortel dans les années 1980, n'est-il pas devenu aujourd'hui une maladie chronique ? C'est l'un des derniers arguments que nous entendons partout dans les médias depuis février-mars 2020. La science peut tout faire, elle résout tous les problèmes, ceux qui existent aujourd'hui et ceux qui apparaîtront demain. Quiconque ne fait pas confiance à la science a un problème. La science d'aujourd'hui est la définition la plus courte du "progrès". Puis il s'avère que les choses ne sont pas tout à fait comme ça.

Dans les années 1960, il y a eu un débat épistémologique sur la science et sa neutralité. Certains ont affirmé qu'il existait une "science" au service du capitalisme et que, par conséquent, la science n'était pas neutre, mais une extension du capitalisme pour mieux atteindre ses fins ultimes, plus rapidement et de manière plus rentable. Les autres disaient que la science était neutre car une invention comme la bombe atomique pouvait servir à la fois aux "capitalistes" et aux "communistes". Finalement, la chose la plus raisonnable - après la fièvre de Mai 68 - était que la science était neutre dans ses principes, mais que son application ne l'était pas. La science médico-légale, diffusée avec pédanterie depuis 20 ans par la franchise "CSI", peut être appliquée aussi bien par les enquêteurs de la police pour résoudre des crimes que par les criminels qui ne veulent pas laisser de traces (la série Dexter, par exemple, est basée sur cette idée).

Ainsi, à la conclusion sur la neutralité de la science, mais pas de ses applications, nous pouvons en ajouter une autre : la science peut être utilisée aussi bien dans son aspect "clair", bénéfique à l'humanité, que dans son aspect "sombre". Et, à partir de là, nous avons même une troisième conclusion à portée de main: les "optimistes scientifiques" ne font référence qu'aux aspects positifs des nouvelles découvertes et possibilités qui s'ouvrent dans les différents domaines, mais jamais, absolument jamais, à leur "côté sombre". Car tout progrès scientifique et toute avancée technique comportent inévitablement un aspect problématique.

Bien que nous reconnaissions que l'énergie nucléaire est le moyen le moins cher de garantir l'approvisionnement énergétique, du moins en Europe, et que les centrales nucléaires du 21e siècle n'ont rien à voir avec celles de la seconde moitié du 20e siècle, et sont donc plus sûres, il y aura toujours la possibilité d'une défaillance technique ou humaine ou d'une attaque. Mais toutes les formes de production d'énergie ont leur côté sombre: l'énergie éolienne, par exemple, génère des problèmes acoustiques qui empêchent la vie humaine à proximité des parcs éoliens. Quiconque a visité un parc éolien sait exactement de quoi nous parlons. Et, d'autre part, tout dépend du vent qui souffle, tout comme l'énergie solaire fonctionne tant qu'il n'y a pas de nuages qui s'amoncellent...

Il n'existe pas de solution qui soit sûre à 100 % et qui, en même temps, n'implique pas une forme de dommage, de nuisance, de risque ou de gaspillage.

Passons à un autre domaine. Celui des sciences de la santé. L'important capital excédentaire des entreprises technologiques investit dans ce domaine. Personne ne veut mourir. Personne ne veut être malade. Certains veulent même vivre éternellement. Et la science fait des recherches dans ce sens. Ce n'est pas de la science-fiction, ce sont des réalités qui ont déjà été réalisées: il a été possible de prolonger la vie de rats de laboratoire en multipliant par quatre leur durée de vie normale, en prolongeant les télomères qui garantissent la bonne reproduction de leurs cellules. Cela signifierait, dans la vie humaine, la possibilité d'atteindre 320 ans, sans aller plus loin. De même, ils expérimentent la technologie dite "CRISPR", qui consiste essentiellement à couper et coller les gènes endommagés dans les chaînes d'ADN et à les remplacer par d'autres gènes "sains". En d'autres termes, l'"édition de l'ADN" a été rendue possible. C'est très bien de pouvoir vivre un peu plus de trois siècles... mais le problème n'est pas seulement de vivre, mais quelle sera notre qualité de vie, et comment notre esprit réagira-t-il à un monde qui n'a rien à voir avec celui que nous avons connu dans notre enfance, pas même lorsque nous aurons atteint nos 100 premières années ; nous aurons atteint la "maturité" vers 150 ans... Qu'y a-t-il de mal à prolonger la vie au-delà de trois siècles ? Pouvons-nous imaginer ce que ce serait de naître en Espagne en 1700 et de mourir en 2022 ? Le cerveau pourrait-il stocker et traiter autant de souvenirs ? Pourrait-il résister à autant de changements ? Quelle serait notre qualité de vie ? La question de la "superlongévité" - techniquement possible aujourd'hui encore - génère de nouveaux problèmes très difficiles à résoudre... et aucun des scientifiques travaillant sur ces projets n'en parle.

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L'ineffable Elon Musk finance le projet "Neurolink", qui consiste à connecter directement cerveau et ordinateur. Malgré le secret qui entoure ce projet, il a été rendu public: à une date indéterminée, en tout cas avant les 25 prochaines années, il sera possible de créer une interface permettant de "télécharger" tout ce que contient notre cerveau dans le "nuage" (le "cloud"). L'idée est que ce projet progresse parallèlement à d'autres nouvelles technologies. La robotique, par exemple. Si nous devons être en Australie, il ne sera pas nécessaire, dit Musk, que nous nous y rendions. Il suffira de charger un robot avec le contenu de notre partition dans le "nuage", pour que "nous" y soyons, sans y être... Science-fiction ? Pour le moment, oui, mais n'oublions pas que des milliards de dollars sont investis dans la recherche dans cette direction.

Beaucoup plus réaliste et à portée de main est l'abandon des transplantations d'organes. L'Espagne est réputée être un leader en matière de "dons" d'organes. Elle ne sera guère utile dans cinq ans, lorsque des organes artificiels pourront être "imprimés" dans des imprimantes 3D, en utilisant des cellules souches comme "encre". Ce sera une percée, car il n'y aura pas de "rejet" et le corps ne sera pas saturé après quelques années par les résidus chimiques des médicaments anti-rejet. La question fondamentale, une fois de plus, n'est pas technique, mais de savoir si la sécurité sociale couvrira les coûts de ce type d'opération ou si la technique ne sera qu'à la seule portée de quelques privilégiés. Les inégalités sociales risquent de se traduire en temps de vie: les plus fortunés pourront se payer un "étirement" des télomères, ils pourront remplacer tout organe qui se dégrade par une réplique imprimée en 3D et, à la limite, si tout échoue et qu'il n'y a pas de remède, ils pourront toujours souscrire une police auprès d'ALCOR, une entreprise qui opère depuis un quart de siècle, avec une succursale en Espagne, qui garantit la conservation cryogénique du corps physique en cas de décès dû à une maladie incurable, et la "dé-cryogénisation" au moment où l'on trouve un remède à cette maladie. L'assurance-vie couvre les frais de conservation. Et si l'on n'a pas une fortune pour payer les frais de cryogénie et de conservation du corps entier, ce qui sera conservé - ce qui est d'ores et déjà conservé aujourd'hui - c'est la tête dont le cerveau sera transplanté dans un robot à la première occasion.

À la limite de cet "optimisme scientifique" se trouvent les gourous du posthumanisme (à ne pas confondre avec le transhumanisme). Alors que le transhumanisme soutient qu'il est possible d'améliorer les capacités humaines grâce aux nouvelles technologies, les posthumanistes affirment qu'une fois le stade transhumaniste dépassé, il faudra atteindre une situation dans laquelle les êtres humains pourront s'émanciper complètement de la biologie qui les limite, se réfugier dans le "nuage", y créer une sorte de "conscience globale", qu'ils considèrent comme la limite de l'évolution darwinienne: nous aurons ainsi parcouru le chemin entre le ver et l'homme, comme disait Nietzsche... pour finalement nous transformer en un seul être global, avec une seule conscience d'espèce, presque comme celle qui gouverne une fourmilière ou une ruche.

Cette dernière perspective, défendue non pas dans le domaine de la science-fiction, mais dans celui des "sciences d'avant-garde", constitue la limite extrême d'une tendance très marquée de notre époque: la considération de la science comme la mère de toutes les solutions et du progrès comme la tendance inéluctable à laquelle elle nous conduit. Pourquoi s'interroger encore ? La science fait progresser l'humanité et il importe peu que nous vivions 320 ans, éternellement, ou que nous dépassions le "stade biologique" et parvenions à nous émanciper de ses limites. Le reste n'a pas d'importance. L'idée de "progrès" l'emporte toujours et nous devons toujours aller plus loin dans la direction qu'elle nous indique.

Au début du 20e siècle, les progrès scientifiques et techniques ont suscité un débat sur la science. Je crois me souvenir que c'est Henri Poincaré qui a inventé l'expression "science sans conscience" dans sa critique de la science positiviste. L'idée était que, s'il est vrai que la science peut explorer dans toutes les directions, elle doit le faire avec une éthique, une conscience, des critères moraux et raisonnables de sécurité et de prudence.

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L'"ère informatique", créée par des personnes émotionnellement immatures (de Gates à Musk en passant par Jobs) préfigure les échecs titanesques évoqués dans la mythologie et dans la grande littérature : Icare qui voulait atteindre le soleil (très directement lié à Elon Musk avec son SpaceX), Faust qui a vendu son âme au diable en échange de la "connaissance" et, à partir de là, tout a mal tourné pour lui (la "science sans conscience" de Poincaré), Prométhée qui a volé le feu sacré de la connaissance et on sait comment il a fini (périphrase symbolique du transhumanisme), le Dr Frankenstein qui a voulu créer "l'homme parfait" et en est sorti une monstruosité (autre variante symbolique du sort qui attend les délires transhumanistes), le duo Jekyll et Hyde de Stevenson, qui croyait qu'un médicament pouvait améliorer les capacités humaines et a créé un monstre (ce qui renvoie directement aux "produits pharmaceutiques" et à leurs produits "miracles", notamment le vaccin anti-Covid ou le fentanyl, qui a dévasté les États-Unis plus que tout autre fléau biblique), et, comme tous les textes transhumanistes y font généralement référence, Gilgamesh lui-même, qui se plaignait que les dieux s'étaient réservé l'immortalité et voulait être comme les dieux.

Au fond, ce qui se cache derrière tous ces projets immatures et frustrés, c'est la transformation de l'"homo sapiens" en "homo Deus", ou encore le paradoxe selon lequel l'homme, qui a cessé de croire en Dieu, a fini par croire qu'il était un dieu et, par conséquent, ses projets consistent à réaliser les capacités de Dieu à travers la technologie.

C'est peut-être la raison pour laquelle, aujourd'hui plus que jamais, la phrase qui définissait le Diable comme "le singe de Dieu", le grand imitateur, est encore plus d'actualité qu'au Moyen Âge. Son inversion. En effet, nous vivons aujourd'hui une époque radicalement opposée à toute idée de "normalité". Pour "progresser" dans cette direction, la science de pointe, afin d'être acceptée et tolérée, s'abstient de faire allusion aux aspects négatifs qu'elle contient. Elle ne se concentre que sur ses réalisations positives, qui plaisent à tous. Mais toute avancée technique et scientifique comporte un risque. Jamais autant qu'aujourd'hui, les "optimistes technologiques", dans leur irresponsabilité la plus totale, n'ont évité de faire allusion aux risques des nouvelles technologies.

Le plus grave, c'est que nous vivons une époque de perte des identités : tout ce qui implique une référence, c'est-à-dire un système d'identités, est interdit ou tend à être estompé le plus possible : nous vivons une époque de perte des identités nationales, de perte des identités culturelles, voire de perte des identités sexuelles. Ce qui se passe avec les nouvelles technologies et dans leur arrière-plan est quelque chose d'encore plus grave et extrême : la perte de l'identité humaine.

lundi, 17 janvier 2022

Libertarisme et transhumanisme

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Libertarisme et transhumanisme

Illustration: Vase attique trouvé et conservé à Ruvo di Puglia. Les Argonautes, Castor et Pollux, maîtrisent l'automate Talos, l'un des nombreux artefacts robotiques forgés par Héphaïstos. Selon le mythe, Talos, lors de l'affrontement avec les Argonautes, a été vaincu par la flèche de Péante après avoir été " piraté " par la magie de Médée, qui l'aurait rendu fou. La flèche de Peante a touché son talon sur lequel il y avait une "veine" découverte.

"Le transhumanisme ou philosophie H+ est un courant de pensée né de cette confluence des critiques anti-humanistes et post-humanistes de l'humanisme, qui caractérise la civilisation occidentale depuis l'époque de Socrate [...]".

Par Fernando Rivero

Ex: https://nritalia.org/2021/11/24/libertarismo-e-transumanesimo/

Le transhumanisme est à la mode. Comme le montre le dernier roman (octobre 2019) de l'auteur portugais à succès, José Rodrigues dos Santos, Imortal, sur le thème de la prétendue "Singularité à atteindre", le dépassement de l'intelligence humaine par l'Intelligence Artificielle (I.A.), et à long terme, l'atteinte de l'immortalité, par la biotechnologie. Nous verrons que c'est l'un des thèmes principaux du transhumanisme. Il s'agit en effet d'un roman très intéressant et très documenté dans lequel, parallèlement aux méthodes totalitaires de la dictature chinoise, sont abordés les différents thèmes du transhumanisme : cyborgs, intelligence artificielle, nanotechnologies, prolongation de la vie humaine, etc.

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Le transhumanisme ou philosophie H+ est un courant de pensée (d'abord une philosophie, puis un mouvement culturel et actuellement un champ de recherche hautement idéologisé) né de la confluence des critiques anti-humanistes et post-humanistes de l'humanisme, qui caractérise la civilisation occidentale depuis l'époque de Socrate, avec la futurologie et la technophilie, portant à ses ultimes conséquences le progressisme et le positivisme caractéristiques des Lumières, ayant pour principes le progrès perpétuel, l'auto-transformation et l'auto-direction, le rationalisme, la technologie basée sur l'intelligence artificielle, l'optimisme et la société ouverte (Open Society de Soros).

Pour comprendre le transhumanisme, il faudrait d'abord approfondir la pensée humaniste, car le transhumanisme cherche à transcender l'humanisme, mais nous n'avons pas la place pour cela dans cet article. Disons simplement que l'auteur de cet article se considère comme un humaniste, puisque, conformément au point VIII du Manifeste de la Comunidad Vértice, il se sent héritier de la tradition gréco-romaine et de ses valeurs, telles que la dignité humaine et la liberté, tout en défendant un humanisme bio-géocentrique (centré sur la Nature), Elle s'inscrit également dans la ligne du point IX du Manifeste, qui propose une "marche sur le terrain" pour réintégrer l'homme dans la nature, re-sacraliser le monde dans lequel nous vivons, retrouver les traditions, retrouver les équilibres personnels et communautaires, sentir que la flore et les espèces animales sont des êtres avec lesquels nous pouvons partager des espaces et des expériences. Il ne se sent donc pas en faveur de l'humanisme né des Lumières (libéral, marxiste, positiviste, progressiste) ni de ses avatars transhumanistes imprégnés de libertarisme.

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On peut considérer que le fondateur du transhumanisme est le philosophe américain Max More (photo - auteur des principes du transhumanisme cités plus haut), qui a créé un mouvement transhumaniste international basé en Californie, l'Extropy Institute, qui prône un transhumanisme libertaire (liberal-libertarian en anglais, qui n'a pas grand-chose à voir avec le concept de libertarianisme plus répandu en Espagne, car bien qu'il puisse être considéré comme anarchiste ou anarchiste dans un certain sens, il est aux antipodes de l'anarcho-syndicalisme ibérique ou de l'anarchisme russe, puisqu'il se définit comme un anarcho-capitalisme, pour plus d'informations sur ces aspects, voir l'article de l'auteur publié dans le numéro 4 de la revue La Emboscadura : "Les écoles du libéralisme libertaire ou le libertarisme et son influence sur le libéralisme postmoderne"), tout comme le fait aussi Ronald Bailey, rédacteur scientifique de la revue libertaire Reason, où il défend un transhumanisme libertaire fondé sur l'amélioration de l'espèce humaine par les biotechnologies, qui comprend désormais non seulement les techniques de recombinaison de l'ADN ou de génie génétique, mais aussi l'édition génétique ou le copier-coller génétique (CRISPR-cas9) et la biologie synthétique (on trouvera une critique de l'utilisation capitaliste et libertaire de la biotechnologie dans l'excellent ouvrage du professeur José Alsina, Humanos a la carta y genes privatizados : una reflexión crítica sobre las nuevas tecnologías, préfacé par l'auteur de cet article et publié par Fides en 2016).

Un autre des promoteurs du transhumanisme dans le monde est le philosophe suédois de l'université d'Oxford, Nick Bostrom, l'un des cofondateurs de la World Transhumanist Association, qui a changé de nom en 2008 pour devenir Humanity +, qui promeut l'application et le développement des cyber- et bio-technologies dans l'amélioration des êtres humains et la prolongation de la vie humaine. Cependant, Bostrom nous avertit qu'une fois la singularité atteinte, le résultat final d'une machine superintelligente pourrait facilement être l'extinction de l'humanité.

Parmi les précurseurs du transhumanisme, on trouve les darwinistes anglais de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, comme Galton et Huxley, dont les idées ont donné naissance à l'eugénisme, le cosmiste russe Nicolaï F. Fyodorov (Никола́й Ф. Фёдоров) et selon certains, bien que cela soit très discutable, Nietzsche et sa philosophie du surhomme (Übermensch). Le cosmisme russe développe une philosophie transhumaniste basée sur le christianisme orthodoxe russe, donc très éloignée du transhumanisme athée actuel. Le cosmisme de Fiodorov a influencé les deux grands de la littérature russe, Tolstoï et Dostoïevski, et revendique l'interdépendance entre l'Homme, la Terre et le Cosmos, mais d'un point de vue de la domination de la nature, opposé donc au point de vue gaïen (de Gaïa, la Terre comme super-organisme de James Lovelock), c'est-à-dire un point de vue fortement anthropocentrique par opposition au point de vue géocentrique. D'autre part, en défendant le cosmisme, la colonisation d'autres planètes est devenue le fondement du programme spatial soviétique. Il faut dire que dans cette philosophie, du moins à ses débuts, il y avait un puissant fond orthodoxe, où l'Homme poursuivrait le processus de la création de Dieu.

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Appartenant également à cette tradition philosophique, le géochimiste russe Vladimir Vernadsky (Photo - Влади́мир Верна́дский), auteur du concept de la noosphère, comme ensemble de toutes les créatures intelligentes. Un autre précurseur du transhumanisme aurait été le philosophe et scientifique français Theilard de Chardin, qui a repris le concept de la noosphère, avec sa proposition d'évolution vers le point oméga ou Christosphère, dans lequel l'intelligence humaine atteindrait un point où émergerait un cerveau planétaire dématérialisé.

Actuellement, ce cerveau universel qui, selon le rêve des transhumanistes, gouvernerait la planète, une fois passée la phase des gouvernements nationaux, serait l'ensemble formé par des millions d'ordinateurs en réseau répartis dans le monde entier, c'est-à-dire si l'intelligence et la conscience humaines naissaient de la croissance continue des neurones du cortex cérébral au cours du processus d'homogénéisation et des connexions en réseau de ces neurones, l'intelligence artificielle naîtrait du doublement de sa puissance tous les deux ans (dans une croissance exponentielle ou explosive) des ordinateurs ainsi que de la mise en réseau de ces mêmes ordinateurs (chacun séparément ne pourrait pas dépasser l'intelligence humaine, du moins pour l'instant) par le biais d'Internet (des projets de collaboration entre des milliers d'ordinateurs du monde entier ont déjà été réalisés pour simuler la météo ou rechercher des signes de vie extraterrestre intelligente).

Le transhumanisme actuel, comme nous l'avons mentionné dans le paragraphe précédent, trouve ses racines chez les darwinistes et les généticiens britanniques d'il y a un siècle et dans le mouvement eugénique qu'ils ont défendu (bien que les transhumanistes actuels nient le mauvais mot, soit "eugénique"). Parmi eux, citons H.B.S. Haldane, qui, dans son livre de 1923 intitulé Daedalus and Icarus : Science and the Future, a jeté les bases du transhumanisme, notamment l'application eugénique de la science pour l'amélioration de l'espèce humaine, et Julian Huxley, petit-fils de Thomas H. Huxley, qui a inventé le terme "transhumanisme" dans un article de 1957. Son frère Aldous Huxley a développé dans son roman de 1932, Brave New World, une société transhumaniste, divisée en cinq castes transhumaines, la caste Alpha étant la plus élevée et la caste Epsilon la plus basse, la plus idiote et la plus asservie. Le cristallographe communiste et sociologue des sciences d'origine séfarade, James D. Bernal, a également émis l'hypothèse, dans son livre de 1929 intitulé The World, the Flesh and the Devil, d'améliorations du corps et de l'intelligence humains grâce à la bionique (une science qui cherche à appliquer l'ingénierie aux vivants), ainsi qu'aux perspectives de colonisation spatiale.

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Un autre des apôtres du transhumanisme est le futurologue d'origine iranienne Fereidon M. Esfandiary (photo), plus connu sous le nom robotique qu'il s'est donné: FM-2030, indiquant qu'il voulait vivre jusqu'en 2030 (pour devenir centenaire, puisqu'il est né en 1930). Ce type de nom, qui rappelle les robots de Star Wars, aurait pour fonction de ne pas révéler les origines sexuelles, ethniques ou religieuses, c'est-à-dire de rompre avec toutes les racines de l'être humain (que les transhumanistes considèrent comme des conditionnements ou des contraintes à la liberté). Il n'a pas réalisé son rêve de centenaire, puisqu'il est mort d'un cancer du pancréas en 2000, après avoir été cryogénisé en Arizona (la cryogénisation est une autre des lubies du transhumanisme).

En 1990, l'Association mondiale des transhumanistes a publié le Manifeste transhumaniste, basé sur son idéologie transhumaniste/libertaire ou extropianisme (une synthèse du transhumanisme et du néolibéralisme), qui prône un transhumanisme dans le cadre de la démocratie libérale. Le but ultime du transhumanisme serait l'évolution vers une espèce transhumaine qui supplanterait l'espèce humaine (Comment s'appellerait-elle, Homo trans-sapiens ? Certains ont déjà proposé des logos Homo. Supplanterait-il les humains ou asservirait-il ceux qui seraient gardés comme une caste d'Epsilon comme dans Brave New World?). Les philosophes transhumanistes cherchent à remplacer l'évolution induite par la sélection naturelle par une évolution dirigée par l'amélioration génétique des cellules germinales. La création d'hybrides homme-machine (les fameux cyborgs) est également au cœur de la pensée transhumaniste.

Raymond Kurzweil, théoricien du transhumanisme, fils de Juifs autrichiens ayant émigré aux États-Unis (bien qu'actuellement athée), a grandi selon les principes de l'Église unitarienne universaliste, célèbre pour son soutien précoce à la cause LGBTI ; À cet égard, il faut dire que le transhumanisme, avec sa défense de la reproduction artificielle, des nouveaux modèles familiaux, de l'individualisme poussé à l'extrême et son culte de la transgression de toutes sortes de limites, est devenu un allié non seulement des transsexuels mais de tous les lobbies queer : l'Église de la Vie Perpétuelle, en Floride, peuplée de millions de retraités fortunés, qui se décrit comme une église basée sur la science et ouverte à tous, une Église d'ouverture), prédit qu'en 2029 nous atteindrons une singularité technologique, la "Singularité", avec le triomphe ultime d'une intelligence artificielle forte, surpassant l'intelligence humaine, passant le test de Turing.

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Kurzweil (photo), directeur de l'ingénierie de Google, a créé une "université" transhumaniste dans la Silicon Valley : l'Université de la Singularité, où sont étudiés les sujets privilégiés du transhumanisme tels la biotechnologie et la bioinformatique, la robotique et l'intelligence artificielle, la nanotechnologie, les neurosciences et la futurologie. Cette université informelle a créé deux branches : l'une à Tel Aviv et l'autre à Séville, dirigée par le directeur d'une prestigieuse école publique. Kurzweil est l'auteur de la loi des rendements accélérés, dans laquelle il affirme que l'innovation en informatique suit une croissance exponentielle. Kurzweil peut être considéré comme un "nouvel optimiste", car il prédit que d'ici 2050, le processus de vieillissement ralentira, puis s'arrêtera et enfin s'inversera, en partie grâce à la nanomédecine, où des nanorobots ou des nanoparticules voyageront dans notre corps pour réparer les cellules ou les tissus endommagés (ce que l'universitaire et auteur de science-fiction Isaac Asimov avait déjà prédit dans Le voyage hallucinatoire).

En 2006, une scission s'est produite dans le mouvement transhumaniste, qui s'était développé à l'UCLA (Université de Californie à Los Angeles), avec d'un côté l'Extropy Institute, qui regroupait les libertaires, et de l'autre la World Transhumanist Association (WTA), qui regroupait les libéraux progressistes. Peu après, les extropiens ont cessé leurs activités, laissant le monopole du mouvement transhumaniste à ceux de la WTA.

Les transhumanistes appellent leurs détracteurs bioconservateurs, bioluddites ou néoluddites (un exemple de néoluddite est le terroriste Unabomber, dont le manifeste, outre sa condamnation du terrorisme, n'est pas sans intérêt pour sa critique de la technophilie). La vérité est que l'amélioration individuelle des êtres humains pour les rendre transhumains peut porter l'inégalité entre les personnes à des niveaux paroxystiques : d'un côté les humains non améliorés, de l'autre les enfants des riches, biologiquement et cognitivement améliorés, de sorte que les différences ne se trouveraient pas seulement dans la richesse, mais aussi dans la beauté, la santé et l'intelligence, toutes choses qui donneraient plus d'importance à la richesse des mieux lotis. Nous marcherions inexorablement vers un Brave New World où les bénéficiaires du transhumanisme et de la mondialisation (les "élites") constitueraient la caste Alpha, et à l'autre extrême, le précariat, les nouveaux esclaves qui constitueraient la caste Epsilon, héréditaire pour ne pas avoir été génétiquement améliorés ou améliorés par des implants neuronaux.

Les "géno-riches", issus de familles riches ayant accès aux nouvelles techniques de reproduction, se situeraient à un niveau supérieur à celui des "géno-pauvres" ou des humains non améliorés, soit parce qu'ils ne possèdent pas la richesse nécessaire pour accéder à ces techniques, soit simplement parce qu'ils ont choisi de rester "naturels", créant ainsi un fossé génétique entre les deux groupes. A terme, s'il y avait isolement génétique, les mécanismes de spéciation entreraient en jeu et nous aurions deux espèces : les transhumains et les humains, les premiers voyant les seconds comme les humains voient aujourd'hui les chimpanzés.

Le transhumanisme n'est pas un mouvement monolithique ; de nombreux courants coexistent en son sein :

    - L'abolitionnisme, dont le but est de mettre fin à la douleur ;
    - L'extropianisme, qui cherche à orienter l'évolution humaine en faisant la synthèse avec le néolibéralisme ;
    - L'immortalisme, qui vise à prolonger la vie humaine et éventuellement l'immortalité, et qui est étroitement lié à la cryogénie ;
    - Le postgénérisme, qui vise à abolir le genre et même le sexe lié à la reproduction, comme l'a manifesté la féministe progressiste Donna Haraway dans son Cyborg Manifesto ; la reproduction se ferait par clonage ou parthénogenèse ("naissance vierge", comme les drones mâles ou les abeilles) ;

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    - Le post-politique, proposé par Piero Gayozzo, de l'Institut d'extrapolitique et de transhumanisme de Lima, qui définit le post-politique comme le dépassement des quatre théories politiques (libéralisme, communisme, fascisme et quatrième théorie politique de Dugin ; d'ailleurs, pour la première fois, nous voyons dans une étude politique du champ académique la mention de la 4TP et du livre publié par ENR, Ediciones Nueva República, en 2013, co-traduit par l'auteur de cet article, et dont la préface de l'édition espagnole fait référence à la mise à disposition du public hispano-américain de la théorie du philosophe russe, la raison en étant connue au Pérou) ; il faut dire que Douguine fait dans son livre une critique féroce, du point de vue de la 4TP, des cyborgs, androïdes et posthumains du transhumanisme postmoderne.
    - Le singularitarisme, promu par Kurzweil et un autre athée d'origine juive, Eliezer Yudkowsky, qui prédisent que la singularité technologique se produira avant un demi-siècle et que nous devons nous y préparer. Ce courant a son point d'appui diffus dans l'Université de la Singularité mentionnée ci-dessus ;
    - Le technicisme, par opposition au néo-luddisme et à l'anarcho-primitivisme, dans lequel les problèmes seraient résolus par la technologie et le gouvernement serait entre les mains de technocrates ;
    - Le technogénisme, qui vise à résoudre les problèmes environnementaux par des propositions dangereuses de géo-ingénierie ou d'ingénierie climatique, comme la gestion de l'énergie solaire atteignant la surface de la terre : les problèmes pour l'homme et la biosphère de l'Anthropocène, l'époque géologique post-Holocène qui aurait commencé en 1950, lorsque les isotopes radioactifs des explosions nucléaires ont commencé à se déposer dans les sédiments géologiques, seraient résolus grâce aux nouvelles technologies ;
    - Le technoprogressisme, et sa version radicale, le transhumanisme démocratique du bioéthicien canadien James Hughes, qui s'oppose au transhumanisme libertaire et extropien en prônant l'intervention de l'État pour rendre les nouvelles technologies d'amélioration génétique accessibles à l'ensemble de la population, en faisant en sorte que les " inaptes " d'un point de vue eugénique aient accès à la repro-génétique (reprogrammation génétique de l'ADN, qui devient désormais possible avec la technologie CRISPR).

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Selon Ernesto Milá, premier analyste politique espagnol à analyser ce phénomène, auquel il a consacré plusieurs pages sur son blog INFO|KRISIS, le transhumanisme partage cinq caractéristiques avec les trois autres tendances progressistes postmodernes extrêmes (l'idéologie de l'UNESCO, le mouvement New Age et le néolibéralisme) :

    - Vision du monde ultra-progressiste (progressisme, évolutionnisme et mondialisme).
    - Perception extrêmement optimiste de l'avenir, fondée sur le scientisme et la technophilie (nouveaux optimistes).
   - Formes extrêmes d'humanisme universaliste (revendication des valeurs de la Révolution française).
    - Désillusion face à l'humain et incompréhension de la nature humaine, qu'il faut surmonter, selon les transhumanistes.
    - L'aspect problématique présent dans tous les cas est qu'ils se présentent avec une aura de rationalité, alors qu'en fin de compte ils sont imprégnés d'éléments mystiques, souvent issus de la franc-maçonnerie.

Selon Milá, le transhumanisme a plus de chances de mener à certaines des visions que nous offre l'abondante littérature cyberpunk, avec des sociétés hautement technologisées mais où règne la dégradation, qu'au "monde heureux" de Huxley (Un mundo feliz est le titre espagnol du Brave New World de Huxley - Ndlr). Il ajoute que ces quatre tendances nous mènent vers un précipice, il est donc urgent de développer une alternative à la pensée progressiste sous toutes ses formes.

Enfin, il conclut en disant que le thème du transhumanisme prend de plus en plus de place dans les revues dissidentes du NWO (New World Order, néolibéral, unipolaire et mondialiste).

dimanche, 26 décembre 2021

La théologie de l'hyper-objet et de l'hyper-pandémie

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La théologie de l'hyper-objet et de l'hyper-pandémie

Alexander Bovdonov

Ex: https://www.geopolitica.ru/es/article/la-teologia-del-hiper-objeto-y-la-hiper-pandemia

Timothy Morton est un transhumaniste bien connu et s'est rendu célèbre pour avoir créé le concept de "dark ecology". A plusieurs reprises, il a affirmé que le Covid-19 "est l'hyper-objet ultime ou quintessentiel" (1).

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Morton utilise le terme philosophique "hyper-objets" pour décrire des entités extérieures à notre conscience qui sont "fortement distribuées dans le temps et l'espace, transcendant la spécificité spatio-temporelle, quelque chose que nous pouvons observer dans le réchauffement climatique, le polystyrène, le plutonium radioactif" (2) et, apparemment, aussi dans Covid-19.

Cependant, si nous voulons comprendre de quoi nous parlons, nous devons garder à l'esprit que Morton est l'un des "classiques vivants" du réalisme spéculatif et de l'ontologie orientée objet, de plus en plus populaire, qui postule une sorte de "magie réaliste" et de "théologie sombre" qui recommande le contact avec des entités "démoniaques" qui existent à l'intérieur des objets et se trouvent dans un espace totalement chaotique, destructeur et illusoire (ce qu'on appelait autrefois "le monde"). Ainsi, les "hyper-objets" possèdent une dimension spirituelle qui sera reprise par les sociétés futures à l'instar de la crainte religieuse. En ce sens, les hyper-objets seraient les "dieux" qui donneraient naissance à un nouvel âge.

Morton soutient que "les hyperobjets sont un véritable tabou parce qu'ils sont l'inversion démoniaque de ce que la religion appelle les substances sacrées...". N'est-il pas ironique que des sociétés aussi matérialistes et séculières aient pu créer ces substances spirituelles supérieures ?

51dVe3f1HKL._SX302_BO1,204,203,200_.jpgEn fait, tout cela est très simple : quiconque tiendrait de tels propos dans une société traditionnelle (surtout s'il utilise à plusieurs reprises le pronom "ils" au lieu de "il" pour se désigner) serait considéré comme possédé : "Car il dit : "Sors de cet homme, esprit impur". Et Il lui demanda : "Quel est ton nom ? Et il lui dit : "Légion est mon nom, car nous sommes nombreux" (Mc 5,8-9). Or, dans le monde d'aujourd'hui, ce sont précisément ces êtres qui créent notre vocabulaire et nos concepts philosophiques qui, peu à peu, deviendront des réalités évidentes pour le commun des mortels.

Or, il s'avère que Timothy Morton est diplômé du St Magdalene's College, à Oxford, où enseignait à une époque un célèbre penseur chrétien : Clive Staples Lewis. Lewis a écrit un livre célèbre à la fin des années 1930, intitulé That Hideous Strength, dont l'intrigue tourne autour de scientifiques britanniques qui tentent de prendre le contrôle de la planète en utilisant des démons. Ces scientifiques appellent ces esprits impurs "macrobes" ("hyper-objets") et leur projet se résume à l'imposition du transhumanisme ("l'individu deviendra le cerveau de la société et la race humaine deviendra une technocratie"), à la réduction de la population et à la promotion de l'art moderne comme moyen d'"éliminer" la subjectivité humaine. De plus, à un moment donné, ils souhaitent imposer une dictature médico-sanitaire où "le traitement est continu, puisqu'il ne s'arrête jamais tant qu'un remède n'est pas trouvé, et la question de savoir si un patient est guéri n'est pas tranchée par un tribunal". Soigner un malade est un geste d'humanisme, mais il est beaucoup plus humaniste de prévenir la maladie".

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Le livre de Lewis se termine par l'intervention des forces angéliques, car dans un monde dominé par l'"ontologie orientée objet" et par les "scientifiques britanniques" qui ont fait un pacte avec les démons, seul un événement exceptionnel peut résoudre les choses. Après tout, il est impossible pour les êtres humains ordinaires de résister à un tel assaut: "Ils s'adressèrent aux dieux, mais les dieux ne leur répondirent pas et firent au contraire tomber le ciel sur eux".

Post-scriptum :

D'autre part, il est intéressant de noter que l'un des collègues de Morton, Dominic Boyer - un partisan du mouvement antifa américain et un grand promoteur du transhumanisme - a proposé la création du concept d'hypo-sujet (4) (c'est-à-dire un infra-sujet), qui devrait remplacer l'être humain dans le cadre d'un monde dominé par des "hyper-objets". Boyer dit ceci à propos de l'hypo-sujet :

"Les hypo-sujets sont les espèces indigènes de l'Anthropocène et nous commençons tout juste à découvrir ce qu'ils peuvent être ou devenir". "Comme leur environnement hyper-objectif, les hypo-sujets sont également multiformes et pluriels : ils n'existent ni ici ni là et sont moins que la somme totale de leurs parties. En d'autres termes, ce sont des êtres sous-jacents plutôt que transcendants. Ils ne recherchent ni ne prétendent posséder la connaissance ou le langage absolus, et encore moins le pouvoir. Au lieu de cela, ils sont occupés à jouer, à s'inquiéter de choses insignifiantes, à s'adapter aux circonstances, à éprouver de la douleur ou à rire.

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"Les hypo-sujets sont nécessairement féministes, colorés, queer, écologiques, transhumains et intrahumains. Ils ne reconnaissent pas les règles du jeu imposées par l'andro-leuko-hetero-petro-modernité ni le comportement de l'espèce qui domine aujourd'hui la planète. De plus, les hypo-sujets regardent avec bonheur-horreur les fantasmes d'extinction, car que ce soit avant, maintenant ou plus tard, ils seront toujours nombreux".

La philosophie de Boyer voit dans le populisme et le phénomène Trump des tentatives de retarder la naissance des hypo-sujets qui essaient de défendre une espèce biologique "dépassée" ("êtres frustrés") au lieu de voler plus haut et de vaincre la gravité. C'est pourquoi Boyer recommande que les "êtres vivants" s'éteignent, sinon aucun nouveau n'émergera. Dans ce nouveau monde qui émerge, il n'y a pas de place pour les êtres humains.

Notes :

1. https://www.newyorker.com/culture/persons-of-interest/timothy-mortons-hyper-pandemic

2. https://www.geopolitica.ru/directives/ekspertiza-dugina-no-79-prosypayutsya-sushchestva-kotoryh-boyatsya-dazhe-v-adu

3. https://www.fadedpage.com/showbook.php?pid=20141232

4. https://culanth.org/fieldsights/hyposubjects

mardi, 02 novembre 2021

Humain, plus qu'humain: la solution futuriste de Stefano Vaj

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Humain, plus qu'humain: la solution futuriste de Stefano Vaj

Alfonso Piscitelli

SOURCE : https://www.ilprimatonazionale.it/cultura/umano-soluzione-futurista-stefano-vaj-212850/

L'une des clés pour comprendre I sentieri della Tecnica. Spirito faustiano, transumanesimo, futurismo (= Les chemins de la technologie. Esprit faustien, transhumanisme, futurisme) de Stefano Vaj (Moira, 20,80 €) est sa nature milanaise. L'auteur est profondément milanais et Milan est le moteur de l'Italie depuis des siècles: du réformisme des Lumières au romantisme du Risorgimento, du socialisme au futurisme, des débuts du fascisme au boom économique. Il n'y a pas une saison en Italie qui n'ait vu en Milan le scénario prémonitoire, la porte de l'avenir.

Aujourd'hui, chez Vaj, nous retrouvons à la fois les traits de caractère des cultures qui ont rayonné à partir de Milan dans toute la péninsule. Vaj est une figure caractéristique des Lumières - même si la référence ne lui plaira pas - en raison de son franc mépris pour ce qu'il considère comme la stagnation idéologique, tendant à la régression, qui marque notre temps présent. Simultanément, il est romantique en évoquant certaines icônes fondamentales: Prométhée, Faust, peut-être même un peu de Frankenstein (qui apparaît dans le roman de Shelley Le Prométhée moderne).

Le rêve "surhumaniste" de Stefano Vaj

Le rêve faustien de Vaj s'appelle le transhumanisme: l'idée que l'homme, ou plutôt certains hommes, peuvent faire un saut quantique dans l'évolution par une décision radicale et une utilisation volontariste de la technologie. Ce n'est pas le hasard, ce n'est pas la nécessité, ce n'est pas un Dieu transcendant, ce n'est pas une idéologie sociale, mais une simple rotation du gouvernail sur le navire de la technologie qui peut conduire à un lieu d'atterrissage si inédit qu'il est consciemment et heureusement post-humain.

417ibXZOKBL.jpgBien sûr, outre sa "milanéité" tournée vers l'avenir, pour comprendre le parcours de Vaj, il faut aussi se référer au passé idéologique dont l'auteur est issu. Plusieurs de ses mentors, à commencer par Giorgio Locchi, en font partie. Le transhumanisme de Vaj (qui diffère des tendances américaines similaires) est clairement une réponse à l'impasse de l'espace néo-fasciste. Ayant renoncé aux rêves de révolution politique, l'auteur identifie dans une ligne de développement possible de la bio-ingénierie le moyen de donner des ailes à ce "rêve surhumaniste" dont parlait Giorgio Locchi.

Où ce chemin va-t-il mener? Nous ne le saurons qu'en vivant. Entre-temps, Stefano Vaj, avec le regard moqueur d'Al Pacino dans L'avocat du diable, constate que certaines pratiques qui, il y a quelques années seulement, semblaient inconcevables ou répréhensibles - comme le diagnostic prénatal - sont aujourd'hui devenues monnaie courante. Et que les thérapies géniques commencent à prendre leur essor. Vaj sait que ces positions susciteront l'indignation des sections de la droite qui se réfèrent à un catholicisme conservateur ou à un traditionalisme à la White Wheat du Moyen-Orient. Et il s'en réjouit visiblement.

Prudence et précaution

Bien sûr, même ceux qui sont absolument favorables à tout ce qui peut rendre l'être humain plus efficace ont des doutes. Surtout en raison de l'attitude "fondamentaliste" que l'auteur attribue à sa position. En réalité, précisément parce que la biologie humaine est d'une complexité déconcertante, l'attitude la plus appropriée pour ce type de parcours devrait être la prudence. Tout comme lorsqu'un nouveau médicament est testé et qu'une approche prudente est méthodologiquement poursuivie, avec des essais et des tests articulés sur des décennies. La prudence est d'autant plus nécessaire lorsqu'on pense à mettre la main sur la "carrosserie" ou même sur le moteur de la machine humaine.

Parce que les monstres sont toujours à l'affût. Après tout, même cette humanité pittoresque qui tente de changer de sexe au moyen d'hormones et d'amputations chirurgicales chérit quelque chose de très similaire au rêve transhumaniste de manipulation illimitée des données de naissance. Maintenant, après avoir adressé à l'auteur l'avertissement consciencieux (et absolument vain) de ne pas prêcher la création de monstres, nous voudrions souligner certains ajustements conceptuels vraiment aigus que l'on peut trouver dans "Les voies de la technique". Par exemple, la critique du concept de naturalité par opposition au monde humain. Comme si un champ laissé en jachère était la "nature" et non un ingénieux artifice humain. Comme si le chien était la "nature" et non une heureuse bio-ingénierie de la préhistoire.

41UWKEWlVbL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgMettre fin aux idéologies mélancoliques

La rapide moquerie de Stefano Vaj sur le concept de "décroissance heureuse", dans lequel Alain de Benoist semble s'enliser lourdement depuis des décennies, est également excellente. Vaj dit : demandez aux dinosaures ce que signifie la décroissance heureuse... si vous réduisez votre espace "vital" il y a toujours quelqu'un d'autre qui occupe votre place de manière frénétique. Comparé à ces idéologies mélancoliques, le futurisme de la turbo-bio-ingénierie de Vaj et de ses amis est meilleur. Bien que l'idée de se mettre dans un conteneur de glace et de se décongeler dans les années 2200 semble complètement folle. L'intuition de Goethe, selon laquelle "la nature a créé la mort pour avoir plus de vie", est peut-être plus authentique.

Stefano Vaj est une substance à prendre en quantité modeste. Mais il est également vrai qu'à l'approche de la cinquantaine, avec le pragmatisme craxien, je demanderais à l'avocat faustien de commencer à me communiquer toutes les nouvelles les plus fiables sur la manière de rendre l'existence plus intense et plus efficace dans les années à venir...

Alfonso Piscitelli.

Lire l'entretien de Stefano Vaj (en anglais): http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/01/14/interview-with-stefano-vaj-on-biopolitics-and-transhumanism.html

De même: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2011/10/20/dittatura-dell-economia-e-societa-mercantilistica.html

 

jeudi, 11 mars 2021

Dépasser l’Archéofuturisme

Cet article est extrait du livre de Romain D’Aspremont The Promethean Right (La Droite Prométhéenne) également auteur de Penser l’Homme Nouveau. Nous avions déjà publié un extrait de son premier livre portant sur le transhumanisme ici. Nous vous invitons à lire la première partie de cet article avant d’initier votre lecture.

Les femmes et la Tradition

image_1398130_20210121_ob_2c6413_the-promethean-right-2.jpgFaye aspire à ressusciter certaines institutions, dans la mesure où elles incarnent la Tradition. Or, si certaines de ces institutions méritent effectivement d’être rebâties, c’est moins en raison de leur caractère traditionnel que parce qu’elles renforcent le groupe et l’individu et maximisent leur potentiel. Ainsi, éduquer les garçons dans une perspective d’endurcissement est davantage compatible avec leur tempérament masculin que le fait de récompenser leurs émois. Toutefois, l’éducation devrait moins être adaptée au sexe de l’enfant qu’à son caractère : c’est seulement dans la mesure où les filles sont statistiquement plus féminines que les garçons que leur éducation valorise moins le courage physique et davantage ce que les gauchistes appellent l’intelligence “émotionnelle” (qui est par ailleurs corrélée au QI, comme tous les autres types d’intelligence : les individus à faible quotient intellectuel tendent à être moins sensibles et empathiques).

En revanche, contrairement à la tradition, les femmes devraient se voir offrir les mêmes opportunités de carrière, à condition qu’elles possèdent les compétences requises (à l’inverse du concours de la gendarmerie qui requiert une moindre aptitude physique de leur part). Il en va de même pour les droits politiques. Une société productive et créative nécessite une méritocratie asexuée, libérée de toute discrimination injustifiée, positive comme négative. Au nom de la compétition et de l’excellence.

Faye a raison lorsqu’il écrit que “l’avenir n’est pas la négation de la tradition et de la mémoire historique d’un peuple, mais plutôt sa métamorphose, par laquelle il en sort renforcé et régénéré”. Cette métamorphose est précisément ce qui s’est produit concernant le rôle des femmes dans la société. Le féminisme de la première vague (entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle) aspirait à l’égalité des droits. Il s’agissait d’un mouvement à la fois nécessaire (motivé par les changements économiques et technologiques) et positif (car l’égalité des droits permet une authentique concurrence).

Unir la droite autour de la Tradition ?

Le concept d’archéofuturisme est censé unir notre famille politique, en transcendant ses contradictions internes. Faye écrit :

“Notre courant de pensée a toujours été déchiré et affaibli par une distinction artificielle opposant les « traditionalistes » à ceux qui « regardent vers l’avenir ». L’archéofuturisme peut réconcilier ces deux familles via un dépassement dialectique.”

DgcBkd-XkAAmPd9.jpgLa droite peut et doit être unifiée sur le plan électoral : partout, il nous faut nous rallier au principal parti de droite nationaliste (en France, le “Rassemblement national”). En revanche, il serait chimérique de croire que l’unité idéologique peut être atteinte : être attiré par une droite transhumaniste est moins une question de raisonnement qu’une question de tempérament. Les personnalités de droite orientées vers le passé seront naturellement portées vers le conservatisme, et celles orientées vers l’avenir (la minorité) embrasseront la droite prométhéenne. Cette dernière manquera toujours de séduire les conservateurs, mais elle peut toutefois devenir un mouvement de pensée influent.

Faye a raison de nous mettre en garde contre l’orgueil prométhéen :

“[…] Lorsqu’elle est laissée à elle-même – en particulier dans le domaine des sciences technologiques – la mentalité futuriste peut s’avérer suicidaire, notamment en raison de son impact sur l’environnement, étant donné le risque de déifier la technologie comme une solution miracle.”

Mais il ajoute :

“Voilà pourquoi le futurisme doit être tempéré par l’archaïsme…”

Faye soutient, à raison, que les valeurs de droite que sont la hiérarchie, l’amour de la lutte et l’excellence doivent perdurer dans le contexte d’un avenir hautement technologisé. Mais il va plus loin :

“S’agit-il alors d’ “abolir la liberté” ? Paradoxalement, c’est la modernité “émancipatrice” qui a détruit les libertés concrètes en proclamant une Liberté abstraite. […] Face à cet échec, ne vaudrait-il pas mieux rétablir des institutions concrètes et médiévales, telles les franchises, les pactes communautaires locaux et les formes de solidarité organique entre voisins ?”

Pourtant, ce sont précisément les droits de l’individu et cette “liberté abstraite” qui ont, entre autres, permis l’explosion de la croissance économique et technologique. Croire que ces libertés abstraites puissent être découplées du capitalisme et de ses créations est illusoire. C’est cette même illusion qui empêche Faye d’admettre qu’une société technologiquement innovante n’est pas compatible avec une mentalité traditionnelle. Le fait que la révolution industrielle ait eu lieu au siècle des Lumières et non à l’époque médiévale, où “les anciennes institutions telles que les franchises, les pactes communautaires locaux et les formes de solidarité organique” étaient la règle n’est pas une coïncidence.

vanityfinal.JPGLa liberté individuelle (ce que Faye appelle la “liberté abstraite”) peut même être considérée comme un principe de droite. Ce n’est pas la liberté ni l’égalité qui sont de gauche, mais l’égalitarisme. Si l’égalité juridique est de droite, c’est qu’elle permet une véritable concurrence, facteur de progrès. L’égalité des résultats est de gauche, car elle supprime la concurrence et l’allocation des ressources aux plus talentueux, ce qui est facteur de déclin.

On ne peut que partager la lecture de Faye lorsqu’il affirme :

“Les modes de pensée modernes et égalitaires, pris dans le piège culpabilisant de l’éthique des droits de l’homme, sont incapables de faire face aux progrès biotechnologiques et se heurtent à des obstacles moraux qui sont en fait de nature para-religieuse.”

Le libéralisme peut en effet s’opposer, ou du moins entraver, le transhumanisme au nom du caractère sacré de la personne humaine. Cette sacralisation est un vestige du christianisme, le libéralisme en étant une version sécularisée. Un retour à la mentalité païenne, pré-chrétienne, pourrait résoudre ce problème spécifique, mais ruinerait du même coup la mentalité rationaliste et moderne qui a permis le progrès technologique en premier lieu. Certains aspects de la modernité font obstacle au transhumanisme, mais un retour à la tradition serait facteur de déclin technologique.

Quant à la relation entre technologie et tradition, Faye développe cette métaphore :

“Qu’est-ce qu’un sous-marin nucléaire lanceur de missiles balistiques a en commun avec une trirème athénienne ? Rien et tout : l’un représente la métamorphose de l’autre, mais tous deux, à des époques différentes, ont précisément servi le même objectif et incarnent les mêmes valeurs (y compris les mêmes valeurs esthétiques).”

Il signifie par là qu’il serait stupide de revenir à la construction de trirèmes, quand bien même elles incarneraient plus fidèlement la tradition. Le sous-marin à propulsion nucléaire est le bienvenu dans la mesure où il sert les mêmes objectifs tactiques et les mêmes valeurs guerrières. Il y a toutefois une faille dans ce raisonnement. Le jour viendra où la guerre navale changera si radicalement de visage qu’aucune arme ne ressemblera plus à une trirème. La guerre navale n’existera peut-être même plus, rendue obsolète par les essaims de nanorobots et autres armes encore impossibles à envisager. Faye est trop attaché à la continuité, or l’évolution technologique est le plus souvent discontinue. De même, il n’envisage pas la possibilité d’autres valeurs que celles traditionnelles. Son archéofuturisme est essentiellement un archaïsme.

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La nature humaine a évolué afin d’améliorer l’adaptabilité de notre espèce et de résoudre des questions de survie bien spécifiques. Or, du fait de l’évolution de notre environnement, l’humanité n’est plus confrontée aux mêmes défis. Les valeurs traditionnelles sont une réponse à des défis historiquement datés. C’est pourquoi il faut se garder de sanctifier la nature humaine et les valeurs traditionnelles. La valeur “hiérarchie”, qui a toute sa place dans la société médiévale, devient un frein  au progrès dans le contexte d’une société favorisant de plus en plus les structures horizontales et réticulaires, et qui intègre l’intelligence artificielle dans la boucle décisionnelle. Une société transhumaine ne pourrait qu’intensifier l’obsolescence des structures autoritaires.

Enfin, Faye a raison de substituer l’européisme au nationalisme, obsolète. Pourtant, il reproduit la même erreur à une autre échelle en excluant les États-Unis d’Amérique de la Fédération européenne qu’il envisage. Expulser la Russie de la famille occidentale est une folie ; considérer les États-Unis comme membres d’une civilisation non-européenne est une folie plus grande encore. Il nous faut raisonner en terme de “Grande Europe” : l’Occident, de Seattle à Vladivostok, en passant par l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Vers une droite prométhéenne

La seule valeur qui transcende les époques et les sociétés est le dépassement. Toutes les autres valeurs doivent être adoptées, conservées ou abandonnées, seulement dans la mesure où elles servent cette valeur suprême. La volonté de dépassement est l’essence de la vie et de la conscience ; elle s’oppose aux idéaux égalitaires, régressifs et conservateurs de la gauche.

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Lorsque Prométhée offre la technique aux humains, il leur fournit les moyens de comprendre et de dominer la nature, autant qu’il les confronte au spectre du dysgénisme. Il existe une coévolution entre notre génome et nos techniques : notre capacité à fabriquer des vêtements de fourrure a accéléré la diminution de notre pilosité, dont l’avantage évolutif s’est érodé. Cette coévolution tend à être facteur dysgénisme : la diffusion des techniques réduit la pression sélective jusqu’à annihiler la sélection naturelle. Heureusement, Prométhée nous a façonné à son image : des entités rebelles et créatives, en perpétuelle réinvention, capables de développer de nouvelles techniques tout en conjurant la dégénérescence génétique via le transhumanisme. A ce que la technique engendre en termes de changements négatifs (génétiques, climatiques, environnementaux), la technique fournit également la solution – par le haut.

En s’acharnant à préserver la nature humaine, les bio-conservateurs trahissent l’essence même de l’Homme (et de l’Occidental), ce pont entre la bête et le Surhomme. En cela, ils sont les alliés de Zeus et les ennemis de Prométhée.

Retrouvez Romain D’Aspremont sur twitter @R_Aspremont est son ouvrage d’où cet extrait est tiré à partir du lien ci-dessous.

NB : Toutes les citations de Guillaume Faye ont été traduites par nos soins depuis l’anglais. Par conséquent, il pourrait y avoir quelques inexactitudes par rapport à la version française originale de L’Archéofuturisme.

FRÉQUENCE OCCIDENT

Entretien: Penser l'Homme Nouveau

avec Romain D'Aspremont, D. Conversano & J. Marr...

Pour écouter: https://www.bitchute.com/video/q2Dk_2DHFR4/

Entretien CHOC de Romain d'Aspremont (qui souhaite rester anonyme) avec Daniel Conversano & Joffrey Marrot, sur son livre "Penser l'Homme Nouveau: Pourquoi la droite perd la bataille des idées", disponible sur Amazon : https://amzn.to/2QjsWCd

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vendredi, 15 janvier 2021

Interview with Stefano Vaj on Biopolitics and Transhumanism

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Interview with Stefano Vaj on Biopolitics and Transhumanism

by Adriano Scianca (ed.)

Translation from Italian by Catarina Lamm 

Rome, May 2007. Festival of Philosophy.  The cream of Italic official bigwigs convening. Here are the titles of some of the speeches featuring in the program: “Science at the Frontiers: Potentiality, Limits, Guarantees,” “Real, Virtual, Imaginary: Where are the Boundaries?” “The Confines of Life and Euthanasia. An Ethical and Scientific Perspective,” “Second Life: the New Frontiers of Experience,” “Is Man Obsolete? Human/Posthuman,” plus thematic lectures on Charles Darwin, Gunther Anders and Philip Dick.  Stefano Vaj, am I wrong or is there a spectre haunting Europe, and is it the spectre of biopolitics?

51KfZnKQ1qL.jpgEurope – even today – remains the epicentre, at least culturally, of paradigm shifts.  And there is no doubt that we are facing a growing awareness that what I call “biopolitics” represents the crucial issue of the day, our next horizon, and the really political level, in Carl Schmitt’s sense of the word, meaning the level that renders all other persuasions and affiliations secondary.  Since the time when I began to work on the essay Biopolitics. The new paradigm, which is now online full-text [in Italian TN] at the address http://www.biopolitica.it, this has little by little become ever clearer, to the point when it downright stares you in the face.  At the turn of the second millennium of our era, there isn’t a corner of the Earth’s biosphere that is immune to the hand of man. As a widely circulated article in the review Science remarked some years ago, “there are no more places on Earth that are not in the shade of humans”.  Today humankind exerts its influence on the entire surface of the planet, either by directly transforming it or by modifying its biochemical and physical equilibria.  Of course we are far from mastering its processes, but there is no more part that is immune to man’s influence.

And also vice versa…

Exactly.  Our nature and identity are obviously shaped by our environment, and not just culturally, but also biologically, if anything through the varying reproductive success of our genes.  Once the environment in which we grow and evolve and the selective pressures acting on our genetic heritage become altogether artificial, then it becomes clear that it is no longer just a matter of our responsibility in defining our environment in relation to a project, but that of having a project defining in the first place what we want to be, a project allowing us, in Nietzsche’s words, to “become what we are”.  Heidegger writes: “Nietzsche is the first thinker, who, in view of the world history emerging for the first time, ask the decisive question and thinks through its metaphysical implications. The question is: Is man, as man in his nature till now, prepared to assume dominion over the whole earth? If not, what must happen to man as he is so that he may be able to 'subject' the earth and thereby fulfill the world of an old testament? Must man, as he is, then, not be brought beyond himself if he is to fulfill this task? […] One thing, however, we ought soon to notice : this thinking that aims at the figure of a teacher who will teach the Superman concerns us, concerns Europe, concerns the whole Earth – not just today, but tomorrow even more. It does so whether we accept it or oppose it, ignore it or imitate it in a false accent.”

In conclusion, the question of the Übermensch cannot be eluded, even though the market rabble tries to do so when, in Zarathustra, it invokes the less frightening “Last Man”…

Let us imagine three men thrown on board a sailing boat at large.  The first imprecates the fate that brought him there, and insists that involuntary passengers like himself should abandon ship using the lifeboats or even swimming if necessary.  The second suggests they impose a rule that prohibits any interference with the random drifting of the boat, except minimally for its maintenance; and he is above all intent to grab hold of the available rations and the best berth; or at most to find some way to divide them up equitably so as to maintain peace on board.  What instead matters to the third man is the possibility to steer the boat where he wants, learn to manoeuvre it, and decide on the route to follow.

510KiTr4e7L._SX342_SY445_QL70_ML2_.jpgToday, the space available to the second stance – that of the Freudian repression, still prevailing, above all at the level of governments and businesses – is gradually shrinking.  This in favour of both the first, the neo-Luddite, stance, be it of a traditionalist or neoprimitivist persuasion, rooted in religion or in “deep ecology”; and of the third stance, which we may call – without going too deep  here into the different shades of meaning of these terms – transhumanist, posthumanist, postmodern or overhumanist. 

In fact, when I recently took part in a project that researched the bibliography relative to the subject of biopolitics,  transhumanism, and the momentous transformation currently underway, I had the opportunity to inventory several hundred works published in the last 10 or 15 years, at an ever increasing pace, that deal explicitly with this topic, and that recognise that we are facing a transformation in comparison to which, in the words of Guillaume Faye, future historians will view the Industrialisation as small-time and the French Revolution as a storm in a teapot. A change that has its only precedent in the Neolithic revolution, if not in hominisation itself.  And in Italy this debate is anything but absent, not only because of my own modest contribution, but also because of a local awareness of the importance of the subject that is spreading ever further across the ideological and intellectual spectrum. 

Besides, in the short term, the bio-luddite technophobes on the one hand, and the transhumanists on the other, are objectively allied – if for no other reason than the common goal to raise public awareness that an era is over, that “business as usual”, which implicitly leaves it to the market and to abstract juridical rules to choose in our place, is both impracticable and potentially catastrophic.

The comparison you propose between the biopolitical revolution and hominisation is very interesting.  Before discussing this subject, however, I should first like to dwell on another matter: you fleetingly mentioned transhumanism.  What is it?  How does “biopolitics” relate to “transhumanism”?  Would it be the case that the former keeps the more “neutral” and “descriptive” tinge of a phenomenon that is actually taking place, while the latter indicates a specific path on which to direct the on-going mutations?  Is this correct?

Transhumanism is at once a very simple position, and a loosely organised galaxy of associations, authors, foundations, and initiatives existing primarily online.  As such, it effectively represents one of two poles around which rotates the paradigm shift that goes under the name of “biopolitical revolution”; the other pole is of course the one that transhumanists somewhat pejoratively refer to as “neo-luddite” or “humanist”– even though the respective alignments are still in the making, and still remain partly overshadowed by the residual weight given to other kinds of affiliation (such as the hazy ideological shades that might still be left in the nineteenth century distinction between “rightwing” and “leftwing”).  Now, not only it should be abundantly clear to everyone even vaguely familiar with my ideas that I stand firmly in the transhumanist camp, but in the last few years I have also actively participated in “organised” transhumanism, especially by serving as board member of the Associazione Italiana Transumanisti (http://www.transumanisti.it), by taking part in international forums on the topic, etc.

On the other hand, “transhumanism” in its wider sense, and when boiled down to its core “meme” (to use the concept Richard Dawkins forged in The Selfish Gene to refer to basic cultural units), means simply this: it is legitimate and desirable to employ technoscientific means to take charge of one’s own destiny and go beyond the human condition.

41UWKEWlVbL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgIn this sense, transhumanism today stands at once for something more and for something less than my own personal take on matters of biopolitics.  Something more, in the sense that it consists of a very diverse spectrum of positions and backgrounds that, although mostly finding themselves on an inevitably converging path, still include some, in my view, residuals of outdated ideas derived from monotheism, albeit in a radically secularised form.  Something less, in the sense that my vision of the challenges and radical changes that are looming is based on a quite specific philosophical perspective, that many transhumanist trends and thinkers have as yet adopted (at best!) only implicitly.

And what exactly is that perspective?

Clearly, I think that the “fundamentalist”, overhumanist and posthumanist version that I stand for represents in the last analysis the only viable outcome for any consistent transhumanism.  And, conversely, that a rejection of decadence, of Fukuyama’s end of history, of Brave-New-Worldish cultural and anthropological entropy, in one word of the Zivilisation that today wants to project itself to eternity, of Nietzsche’s “Last Man”, of Gehlen’s “late culture” or Heidegger’s “oblivion of Being”, can really take us forward only if based in a “new beginning” of transhumanist inspiration.  Modern technology, with its futuristic capability to insert mutations in our environment and in us, is a Moloch that has been awakened after two thousand years of monotheistic repression of the European subconscious and of desacralisation of the world, but it is also something that will lead either to an outcome most likely to be catastrophic, or to as radical a rupture with our recent past as was the Neolithic revolution with respect to what came before it.  As Hölderlin writes in Patmos, “Wo aber Gefahr ist, wächst das Rettende auch.” (“Where poison grows, there too sprouts the remedy.”)

You mentioned the very Heideggerian expression of “a new beginning”.  This takes us back to what we said earlier when we compared the “biopolitical revolution” to the “Neolithic revolution”.  It would seem, then, that these future changes awaiting man in the scarcely begun third millennium retain in your opinion an undeniably “archaic” aspect.  How come?

“Archaic” literally means “initial”, “primordial”.  Accordingly, it may refer to the origin of what we are, as living beings, species, races or cultures; or it may refer to an origin that is yet to come, to our ability to become this origin.  Current linguistic usage privileges the first sense, and gives it a negative twist: the origin obviously does not embody all its subsequent developments, and in a way its residual, contemporary fossils reflect only a fraction of the potential which has in the meantime unfolded, thus betraying and denying its own developments and deployments. Such fossils represent then only the dream of a “reversion to the past” that has nothing to do with the original position of those who instead created, precisely through a revolution, a rupture with the world that came before them.  This is the reason why I have always been reluctant to adopt Faye’s word “archeofuturism”, be it just as an easy slogan; this, and because of archaic features that are already intrinsic to Futurism as those of one who posits or claim to posit himself as the origin of a new age, including that kind of nostalgia that is essentially a nostalgia of the future.  Furthermore, it may pertain to man as an historical animal – at least in the interpretation of history given by authors like Friedrich Nietzsche or Giorgio Locchi – that he is unable to plan, to conceive a revolution unless he can base it on the claim to a heritage. Viewed in this light, such a claim is a variable feature of every time and tendency and movement: the only difference with overhumanism is that this mechanism is consciously adopted, and radically so, because the depth of the desired transformation and the greatness of the collective destiny are assumed to be proportional to the historic depth that one is able to assume as one’s own.

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This brings to mind Nietzsche’s famous idea that “the man of the future will also be the one with the longest memory”, doesn’t it?

Exactly.  From this perspective, it is not by chance that the coming of age of contemporary technology and the gradual emergence of biopolitics, as a demand for human self-determination that digs into every aspect of our bodily and physical and spiritual “environment”, coincides with the gradually expanding knowledge of our most remote history.  In such a perspective, as already mentioned, the only precedent that might – just – be compared to the paradigm change that is taking place today is indeed that of the Neolithic revolution – and especially, from my point of view, how it interweaves with the response given to it by the Indo-European culture, which was partly its result, and partly its cause at least with respect to how the Neolithic age actually came to take on the shape it did.

In fact, hundreds of thousands of years after hominisation, it is with the Neolithic revolution, some time after the end of the last Ice Age, and in yet another impressive stage of the project of self-domestication that denotes the adventure of our species, that a “second man” emerges for the first time.  This Second Man is of course the man of agriculture (and the correlated sedentary lifestyle and first demographic explosion), of “towns”, of politics, religion, traditions, division of labour, of what has come to be called “pyric technology”, of the great Spenglerian cultures.  At the time of the Second Man, the “natural environment” becomes for the first time a cultural environment.  Not only is the natural environment henceforth influenced and moulded by the presence of man, but the human factor properly speaking becomes inextricably interwoven with the purely biological factors in a combined action at once on the individual phenotype and on the selective pressures that shape his genetic lines.

Fascinating...

Spengler wrote: “[At this point,] the tempo of history is working up tragically.  Hitherto, thousands of years have scarcely mattered at all, but now every century becomes important.[...]  But what in fact has happened?  If one goes more deeply into this new form-world of man’s activities, one soon perceives most bizarre and complicated linkages. These techniques, one and all, presuppose one another’s existence. The keeping of tame animals demands the cultivation of forage stuffs, the sowing and reaping of food-plants require draught-animals and beasts of burden to be available, and these,again, the construction of pens. Every sort of building requires the preparation and transport of materials, and transport, again, roads and pack-animals and boats. What in all is this is the spiritual transformation? The answer I put forward is this — collective doing by plan. Hitherto each man had lived his own life, made his own weapons, followed his own tactics in the daily struggle. None needed another. This is what suddenly changes now. The new processes take up long periods of time, in some cases years — consider the time that elapses between the felling of the tree and the sailing of the ship that is built out of it. The story that divides itself into a well-arranged set of separate ‘acts’ and a set of ‘plots’ working out in parallel in one another. And for this collective procedure the indispensable prerequisite is a medium, language.”

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Gehlen however remarked many years ago, much before bioengineering, nanotechnology or artificial intelligence existed even hypothetically: “The industrial revolution which today is drawing to a close marks in fact the end of the so called ‘advanced cultures’, that prevailed between 3500 BCE until after 1800 CE, and fosters the emergence of a new kind of culture, as yet not well defined.  Along these lines of thinking, one could indeed come to believe that the ‘civilised age’ as historical period is about to pass away, if one understands the word civilisation in the sense that has been exemplified by the history of the advanced cultures of humanity until today.”

So in fact what lies ahead is the end of the post-Neolithic age and of everything that pertains to it…

There’s no doubt about it.  But at the same time, the Neolithic turning point is the only example we have of what a response to the biopolitical revolution might consist in, the revolution that will see man “inherit the Earth”, and gain total responsibility for his physiology, psychology, identity, composition, and everything that will sustain and interact with him.  On this matter I refer to the distinction I make in my already mentioned bookBiopolitics between societies that have refused or ignored this sort of transformation, consequently heading more or less deliberately towards irrelevance and extinction; “cold” cultures that have tried to congeal early achievements into an endless repetition, somehow mimicking the previous stagnation; “tepid” cultures, active but unwilling “preys of history”; and finally the (Indo-)European response and the myth it gave rise to. It is of course this last response I have in mind when I take the Neolithic revolution as a model.  And it is also interesting to notice that if the rupture that is currently about to take place is likely to be even more radical, and in this sense more similar (since it will necessarily lead to a posthuman outcome) to hominisation itself, the most recent studies tend to emphasise how the time of the Neolithic revolution is one of significant biological mutations, of which only a few years ago we had no idea.

81DYW0uwLtL.jpgNicholas Wade writes in Before Dawn (Penguin 2006): “The recent past, especially since the first settlements 15,000 years ago, is a time when human society has undergone extraordinary developments in complexity, creating many new environments and evolutionary pressures. Hitherto it has been assumed the human genome was fixed and could not respond to those pressures. It now appears the opposite is the case. The human genome has been in full flux all the time. Therefore it could and doubtless did adapt to changes in human society”. Inferring from the studies Wade uses for illustration, these changes include among other things the gradual spread, originating in Europe, of genetic traits that would indeed have influenced the cognitive performance of our ancestors!

It has also already been remarked elsewhere that in a certain sense history’s major cultures represent grand experiments in eugenics and/or inbreeding, inasmuch as they not only clearly result from originally different populations, but also consciously or unconsciously end up selecting for arbitrary, different and – as Peter Sloterdijk remarks in Regeln für den Menschenpark (Suhrkamp Verlag KG, 1999)– totally artificial traits, in a loop that ends up reinforcing and evolving the initial features in unpredictable ways. Here too the Third Man, who according to my prognostics is summoned to command the biopolitical revolution, can perceive the true level of magnitude of the transformation, which is not that of the first green revolution in agriculture going back to the fifties and sixties of last century, nor that of the nineteenth century Industrial revolution, but of the one that began eight or ten thousand years ago.

Before we continue it might be a good thing if you clarified the nature of this figure, the “Third Man”, that you just mentioned.  What’s it about?

The expression “third man” does not in itself refer to a new species or a new race (even though biological mutations are inherent in the origin, and even more so in the implications, of the term in its wider sense).  And even less does it connote some next step in the cultural progress of “humanity”.  It is merely an anthropological Idealtypus, a category of philosophical anthropology, discussed in greater detail by Arnold Gehlen or Giorgio Locchi, but intrinsic also in the converging intuitions of many authors of different leanings and objectives, from Ernst Jünger to Herbert Marcuse, from Peter Sloterdijk to Martin Heidegger to Filippo Tommaso Marinetti, and the definition of which bears deeply on man’s essence, the rein-menschliches, and its relation to technology at a time of profound upheaval.

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In this light, the “first man” would be represented by what the anthropologists call the “behaviourally modern man”; he is the hunting-and-gathering being who self-creates through the adoption of language and magic, which allow him or her to identify with models borrowed from the environment in which he is immersed in order to make up for his natural shortcomings and exploit his ethological plasticity, thereby becoming the “omnibeast”, the “open-ended” animal.  The Second Man, on the contrary, is represented by the emergence, precisely with the Neolithic revolution, of the new diverse, long-lasting and fast-changing ways of life and artifacts, the differentiation and affirmation of which are well illustrated by the biblical myth of the Tower of Babel.  If the “first man” epitomises the ability to mirror his environment and recast himself therein, and the second man the ability to modify and choose his own self – also biologically - by shaping his own specific environment (Umwelt), the Third Man is then the one who masters this process, which has necessarily become self-conscious and deliberate inside an environment which, at least within the Earth’s biosphere, can from now on be nothing other than through and through artificial – even when it is intentionally architected to maintain or recreate the idea of an arbitrarily, and culturally identified, image of “nature”...

Could you elaborate?

In other words, if the cultural texture of the selective pressures and environmental influences that shape individuals and their communities is what determines the humanity of the “second man”'s phylogenesis and ontogenesis, in the Third Man these processes are themselves cultural products.  With the third man, when the technologies of transportation, storage and long-distance transmission of texts, data, sounds and images, modern medicine, computation, engines running on physical and chemical energy, emerge, then our “extended phenotype” alters both gradually and dramatically until transforming into a cyborg or at least into a fyborg ( (a “functional cyborg”, as described by Gregory Stock in Redesigning Humans, Mariner Books 2003).  So, it is not by chance that the arrival of this “third man” immediately opens up a new perspective of eugenic self-determination, which the new responsibilities now weighing on us render both possible and necessary – as do the potentially catastrophic consequences of the process of his own affirmation.

It should be added, as I have done elsewhere, that the above mentioned anthropological types are of course to survive, and their histories to overlap to a certain extent, at a geographical or cultural level – at least until the deplorable and final establishment of a global Brave New World -, at a social level, and in individual psychologies and reflexes, as the reptile may in general terms survive in man; exactly like pre-Neolithic cultures, for instance the Australian aborigines, have somehow managed to survive until now, or at least until the beginning of last century.  Actually, if the past is a good precedent for the future, the sociology of the third man might have a few surprises in store  for us concerning the commonplace of an “evolution” that would be “reserved to a few”.

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Meaning?

In the post-Neolithic society, contrarily for instance to Guillaume Faye's hypothesis in Archeofuturism (Arktos Media 2010) that the future might bring us modi vivendi with two velocities, it is in fact the elites, if anyone, who perpetuated archaic ways of life, albeit in an idealised and largely symbolic form. The king's park, as I stress in Biopolitics, does not consist of cultivated fields around densely scattered farms, but of essentially uninhabited gardens, orchards, hunting grounds, areas set apart for the occasional and highly ritualised combats (duels and tournaments), where until relatively recently the aristocracy still mimicked lifestyles more than a little related to those of hunting-and-gathering cultures.  While for most people daily life, for better or for worse, had been much more disrupted by on-going historical mutations than for those who found themselves to organise and manage such mutations.

But what would be the corresponding changes applicable to the Third Man?

Of course, with respect to the Third Man, if the origin of this transformation might be that the geographical exploration of all land above sea level and the first industrial revolution had essentially been exhausted, it is the promise of the technologies subsumed by the umbrella term defined by the expression “bio-nano-info-cogno” that represented the final point of rupture with the “old” lifestyle.  So, to conclude, I will adopt a metaphor taken from computer science, with all due caution required when dealing with metaphors: if with respect to the somewhat static and repetitive behavioural modules of chimps and gorillas we could “poetically” compare the first man to a calculator, who would for the first time make it possible to add, multiply or divide arbitrary integers, then the second man would correspond to a universal and programmable computer, such as the PC that stands on everyone's desk, and the third man could be likened to an artificial intelligence capable of self-programming.

This idea of man consciously self-designing calls to mind what Craig Venter, the American scientist once more made famous by the announced creation of a lab-synthesised chromosome, recently declared in an interview with the BBC: “The synthesis of an entire human genome in a test tube will be possible already in this century, but I don't think that it will take place, because we scientists are all against this kind of experiments on humans. This of course doesn't rule out that someone will do it next century, or attempt to change some pieces of DNA to improve some physical features”.  What do you think of this?

I think that, with all due respect for Venter and for what he has achieved until now, to speak of “all we scientists” is stretching it, because scientists' stances are (luckily) spread across the whole spectrum of opinions found inside the communities where they are active, even though there are important statistical discrepancies  (for instance, on average, American scientists subscribe much less to Intelligent Design than does their society at large), and often they feel  a degree of solidarity with the aspirations alive in these communities. In fact, contrary to Venter’s view, I daresay that if something is doable, and likely to be advantageous to those concerned, then it is pretty likely that sooner or later someone will go ahead and do it.  Nevertheless, what a repressive legislation is able to affect is the when, who, where and why (here in the sense of “to what end?”, “in whose interest?”).

413sardSmGL._SX315_BO1,204,203,200_.jpgAs Gregory Stock say in Redesigning Humans (op. cit p113): government regulations “in this area are unlikely to alter the fundamental possibilities now emerging.  The legal status of various procedures in various places may hasten or retard their arrival but will have little enduring impact, because, as already noted, the genomic and reproductive technologies at the heart of GCT [germinal choice technology] will arise from mainstream biological research that will proceed regardless.  Bans will determine not whether but where the technologies will be available, who profits from them, who shapes their development, and which parents have easy access to them.  Laws will decide whether the technologies will be developed in closely scrutinized clinical trials in the United States, in government labs in China, or in clandestine facilities in the Caribbean.”

On the other hand, it is within the realm of possibilities that an indefinitely expanding and ever more pervasive system of social monitoring, aimed at exorcising such a prospect, will emerge.  For instance, regarding human reproduction and genetic engineering, when the relevant technologies will be available to everybody, not much beyond the level of a children’s chemistry set, in order to prevent their adoption we shall have to enforce the sequestration of all ovules and spermatozoa from their natural holders in order to prevent their manipulation, institute a database of “natural” species and race that it shall be prohibited to bypass, and create laws that make testing of all pregnancies compulsory to verify that they are the result of one’s own ovule, fertilised by a randomly selected partner of unknown genetic identity, and that all pregnancies must be carried to completion while the nature of its fruit remains in the dark. 

A terrifying scenario, which however is  hardly sustainable in the long run...

Effectively very hard indeed, and this despite efforts of  “bioethical committees” and of reactionary legislators.  In fact, in a conference in 1998, James D. Watson, the Nobel laureate and father of the Genome Project, and with Francis Crick, the discoverer of DNA, long before his crucifixion by the media that recently affected him, at the age of eighty, because of some not-really-politically-correct statements, when confronted with the usual litany of the difference between the “good” genetic engineering that aims to “cure”, and the “bad” one that aims to modify or meliorate, stood up to say: “No one really has the guts to say it, but if we could make better human beings by knowing how to add genes, why shouldn’t we?” Stock adds: “Watson’s simple question, ‘If we could make better humans…why shouldn’t we?’ cuts at the heart of the controversy about human genetic enhancement.  Worries about the procedure’s feasibility or safety miss the point…” No one is seriously worried about what is impossible.  “Some critics, like Leon Kass, a well-known bioethicist at the University of Chicago who has long opposed such potential interventions, aren’t worried that this technology will fail, but that it will succeed, and succeed gloriously.”

Another frontier which, to the dismay of scandalised bioethicists, is on the verge of being conquered by science, is human cloning.  It was recently announced that a team of biologists of the Oregon National Primate Research centre of Beaverton, USA, would for the first time successfully have cloned tens of embryos from adult monkeys, and this demonstrates that primates too (and therefore humans) can today be cloned. What do you think of this scientific practice, considered by many to be the very incarnation of the conformist and egalitarian spirit of the system of power in place?

Cloning is a term that generally refers to the possible asexual reproduction of sexually reproducing animals and plants.  In stricter terms, it is in principle a banal procedure, although technically difficult in the case of higher animals, that consists in substituting the genetic material of an ordinary, and therefore diploid, cell to that found in an ovule, which consequently develops, with no prior fecundation, an embryo which for most practical purposes is a twin of the donor.  This method of asexual reproduction is equivalent to parthenogenesis, which consists in stimulating a ovule to duplicate its genetic code in order again to have it develop into an embryo that is genetically identical to the mother and so, contrarily to the best-known religious narrative about human parthenogenesis, inevitably female.  And it is equivalent to any intervention that causes an embryo to split while still at the totipotent stage, which as known does not induce the growth of two “half-foetuses”, but of two genetically identical foetuses.

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The latter technique presents us with an “interesting” theological dilemma with respect to the soul of the original embryo: does the soul of the original embryo split as well? Is it miraculously supplemented, in favour of either randomly chosen foetus, by  and additional one? Or, if actually two brand-new souls are instead supplied, does the first soul “return to heaven”?  Luckily this problem has been solved by the Italian parliament, with Law n. 40/2004, so-called on “assisted procreation”, even though it plainly concerns several additional issues.  According to article 12, paragraph VII, of this statute, which puts all these procedures in the same basket, “whoever implements a procedure meant to obtain a human being descending from a single initial cell, and possibly with identical nuclear genetic heritage to that of another human being alive or dead, shall be subject to imprisonment for a duration to be determined between ten and twenty years and to a fine between 600000 and 1 million euros.  If he is a medical doctor he shall in addition be permanently barred from the practice of medicine».  Now, given that this sentencing guideline is more severe than that concerning punishment of involuntary homicide and assisted suicide in the Italian jurisdiction, we know that our legislator, in the spirit of the paranoia stemming from bioluddite circles and the so-called movements pro... life (!), regards as homicidal the quite trivial decision to provoke the birth of two monozygotic twins – a phenomenon that occurs spontaneously in about one in 300 pregnancies without causing bereavement in the family, social alarm or for that matter any attempts to prevent it... 

Besides,  it is significant that the “pro-life” concerns of these milieux are especially directed against reproductive cloning, which after all yields individuals destined to have a normal life, while they find it somewhat more difficult to attack the so-called “therapeutic cloning”, the purpose of which is the development of stem cells necessary to cure the sick, although this procedure results in the inevitable destruction of all the utilised embryos; so that those movements tend in this case to prioritise the promotion of competing alternative procedures (adult stem cells, etc.) rather than investing in unconditional criminalisation campaigns.

Is it not true, on the other hand, that therapeutic cloning and reproductive cloning are simply the two faces of the same coin?  Aren’t the distinctions between them just byzantine, specious and doomed to be outstripped by events?

It is very true.  And it is just as true that the one makes the other move forward.  While it is unclear whether there are already cloned children walking among us, it would only require the implantation into an available uterus, with methods now tried and tested, for the human embryos generated from casual cells since May 2005 in the United Kingdom and Korea for possible “stem cell therapies” to turn into children, thus guaranteeing the indefinite repeatability of interventions and experiments.

71RJu8sJZLL.jpgSuch prospects have also become increasingly realistic by the announcement of recent breakthroughs in the cloning of embryos from the cells of adult primates; and, before that, by English research programmes that hint at the feasibility of human DNA transplants into ovules of bovine origin, a practice which would avoid the complicated and rather unhealthy procedure necessary to remove several ovules from human donors.  Hence cloning, perhaps just because its realisation is already in sight, becomes “the” primary target of the whole bioluddite movement throughout the world.

As Brian Alexander writes in Rapture (Perseus 2003, p 129), “The reality of cloning and stem cells pulled bio-Luddites like Kass from the margins and galvanized a strange coalition between conservative politicians, Christian evangelists, the Catholic Church, leftwing intellectuals, and green environmentalists, all of whom realized, like the bioutopians, that gene technologies, welded to stem cells and cloning, might finally permit humans to decide their own biological future.  With cloning technology it was now possible to genetically engineer a cell with some desired trait, insert that cell into an egg, and get a custom-made creature.  That’s why it was invented.  Stem cells made that prospect even simpler, just like they had for making customized lab mice.  Those prospects drove the unlikely alliance. […] No amount of hyperbole was too much if it succeeded in scaring the bejesus of the public.  Kass even equated the fight against the evils of biotechnology to the battle against international terrorism: ‘the future rests on our ability to steer a prudent middle course, avoiding the inhuman Osama bin Ladens on the one side and the post human Brave New Worlders on the other’”

Of course the popularisation of these 'battles' continues to generate monsters...

Certainly.  In the debate on American law against human cloning, that the Bush administration has actively tried to extend to the rest of the world, in particular via the United Nations (see resolution no. 59/280, “The United Nations Declaration on Human Cloning”), the proposer of the parliamentary bill Cliff Sterns from Florida made matters splendidly clear: “When you do a clone, there are these tentacles, part of the ovum.  They remove that.  There’s an actual term for that.  When you clone, you don’t have an exact clone of the ova material.  The tentacles are all removed…The clone would not have these and yet you and I have these when we are born.  If we clone ourselves, we would not have them.  We would have a category of somebody, people who did not have these tentacles and these might be superior or inferior people”.  As Alexander comments (Rapture, op.cit. p140): “This was the sort of explanation that made scientists bury their faces in their hands, speechless.  But such misconceptions were popular.  On April 14, 2002, pundit George Will appeared on ABC’s This Week with George Stephanopoulos and argued that all forms of cloning, therapeutic or not, should be banned because ‘these are entities with a complete human genome’.  In fact, just about every cell, red blood cells being one exception, has a complete genome.  By Will’s logic, you could not tamper with any cell in the body, even cancer cells.”

Things quickly get paradoxical when thinking along these lines...

Now, it is evident that, while cloning may strike the areas of the public who are collectively more receptive to bioluddite and politically correct propaganda, owing - paradoxically - to the dreaded risk that humans might indeed become...all equal, it does not per se increase the odds of a reduction in genetic diversity for the species concerned. Actually, not only does cloning enable science to study the heredity of specifically human traits such as “intelligence” without the limitation of work on natural monozygotic twins (and only people who fear the results of these studies will dispute their value for anthropology, public health, education, etc.); but it also makes it possible to investigate how identical genetic endowments, perhaps pertaining to individuals that are phenotypically exceptional in some respect or other, are expressed in different, and indefinitely renewable, contexts. In fact, objecting that the price to pay for knowledge of this kind would be an ever greater “uniformisation” of the human genus – an oddly paradoxical criticism in a culture where equality and conformity are considered positive values and goals – is only valid with regard to the choice to create a very large number clones of a single, or very few, individual(s) while preventing everybody else to reproduce.

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Gregory Stock writes: “The very fact that human cloning has become the rallying point for opposition to emerging high-tech reproductive techniques emphasizes the challenges ahead for that opposition.  Human cloning is largely a symbol. It appeals to only a tiny fringe.  It does not yet exist.  There could be no easier target for a ban.  And whether or not restrictions are enacted makes little difference, because as Kass and Fukuyama must know, if procedures for human cloning do not arrive through the front door, the will come through the back, probably propelled by state-supported research on embryonic stem cells […] Attempts to prevent cloning in the United States or Europe would simply shift the effort elsewhere [...] At the end of 2002, Britain announced it would add an additional £40 million to the £20 million it had already committed to stem cell research.  Japan is building a big centre in Kobe that will have an annual budget of some $90 million.  And China and Singapore are also moving ahead aggressively”.

In reality, a cloned individual implies a genetic loss for his species only in the case in which his birth correlates to an extinction of the genome of the potential reproductive partner of his or her parent; that is, in the case in which the sexual partner is not destined to reproduce because of the parent’s choice to give birth to a clone.  Short of this, reproduction via cloning does not entail more depletion of genetic diversity than does the natural occurrence of monozygotic twins in higher animals and in humans, or the reproduction via parthenogenesis of plants and animals that can resort to this as an alternative to sexual reproduction.  On the contrary, in the case of animals, cloning is already used as much to perpetuate the lineages of animals with exceptional characteristics as to conserve species on the verge of extinction.  Similarly, human and animal cloning could well be deliberately used to defend biodiversity, just as much as to reduce it; that is, to preserve and spread desirable differentiations inside a given population, that perhaps would otherwise have been destined to disappear and to be reabsorbed, possibly in the framework of more general dysgenic trends arising from present-day lifestyles, ensuring their  transmission to the immediate offspring of the individuals concerned, and their protection from the genetic roulette of sexual reproduction.

Your reflections on technoscientific interventions on “man's humanity” seem to draw a fundamental line of demarcation between your position and the traditional outlook of the so-called “Nouvelle Droite”, with which you had connections in the past: in fact, when this French school began to think about technoscience and sociobiology, the positions they expressed were still too “rightwing” with respect to your current theses. At that time, that is, the challenge was that of “biological realism”: namely to show (thanks to Darwin, Eysenck, Lorenz, etc.) how inequality, conflicts, hierarchies and territoriality were “natural” facts, in opposition to the abstract ideology of judeo-christian and leftwing egalitarianism.  With Biopolitica, however, you sound closer to a form of “biological constructivism”than to a mere “biological realism” .  Is that so?

5752.jpgIn fact, the “Nouvelle Droite”, precisely from the moment when it accepted this appellation, has had a constant inclination to shun any sensitive subjects of a biological or biopolitical nature.  However, prior to that time, and even before I came in contact with its principal exponents, it had certainly played an important role in the divulgation and philosophical assessment on scientific (ethological, psychological, psychometric, genetical, anthropological, etc.) discoveries of the fifties, sixties and seventies of last century; thus reviving the debate and demystifying the idea, until the seventies almost taken for granted by human sciences, of man as a tabula rasa (see Steve Pinker, The Blank Slate, Penguin 2003), and of a humankind clearly set apart from the rest of the biosphere and internally undifferentiated, whose behaviour as well as individual and collective variations would be dictated by purely contingent factors.  But the alternatives innate/acquired, nature vs nurture, have always been a foolish and journalistic way of putting things, and in fact the nearly exclusive prerogative of those biased in favour of the second term of such dichotomies.  In evolutionary terms, it is clear for example that it is the environment which selects the variants found inside a species, or that allows genetic drift to act through the reproductive segregation of subpopulations.  Similarly, in the specific case of the human species, its specific environment itself, as Peter Sloterdijk stresses (op. cit.) is always a largely cultural product; therefore cultures are in fact large scale experiments in self-domestication and goal-oriented selection, especially when it comes to sexual selection.

But cultures, in their turn, even though they are subsequently transmitted by “memetic” diffusion, are necessarily the creation of a specific people, whose identity and composition are thereby reflected in a unique and unrepeatable way, reinforcing and modifying its characteristics via an altogether artificial feedback loop, thus defining lifestyles, collective values and correlatively differentiated reproductive successes for its members, and differentiated from one culture to another, from one society to another.  It suffices to think of something that is by definition cultural like languages: even today, as has been shown by, for example, Luigi Cavalli-Sforza (Genes, Peoples, and Languages, University of California Press 2001), the existence of a linguistic barrier drastically reduces, from a statistic standpoint and for equal geographical distances, the genetic exchange between communities; this in turn tends to create a more entrenched and complex diversity that is not only phenotypical.

It follows that, once one has accepted the idea that “God is dead” and that “man is summoned to inherit the earth”, it becomes immediately clear that also our own “nature” is destined to become, and this in a novel and deeper sense than has been true hitherto, the object of a culturally deliberate choice. 

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Therefore I cannot see, at least among the people writing at the time for the magazines and reviews of the Groupement de Recherche et Etudes pour la Civilisation Européenne or of Alain de Benoist, many believers in the doctrine of an eternal, uniform and immutable human nature, even though it is effectively a traditional reactionary Leitmotiv against “social” - but until the nineteen twenties also eugenic -  experimentalism by the European (but not only European) left. The contrary would have been paradoxical, given the French movement's insistence on anti-egalitarianism, and on ethnic and cultural identity.  It is not a coincidence then that Yves Christen, the author in the winter 1971 issue of Nouvelle Ecole of one of the best studies on pre-biotechnological eugenics of the time, wrote at the same time Marx ou Darwin, L'Heure de la Sociobiologie, but later, and more recently, Les années Faust. La Science face au vieillissement, which was one of the first French popular books on matters of longevity and on the possibility, now debated, of “forcing” current human nature to this effect.  There is as well no need to recall the firm and consistent bio-Faustian positions of Guillaume Faye – a character who has certainly moved away from what had in the meantime become the Nouvelle Droite, but who has made major contributions to its original thematics –; they are manifest throughout all his more strictly philosophical works.  Or even the convergent, though distinct, position of Charles Champetier, who at one stage was one of the animators of the French transhumanist movement, in particular with the site at http://www.lesmutants.com, and who published on Eléments the article “Avec les robots, par delà le bien et le mal”. Therefore, those who have been involved with such milieux and share the idea that the current biopolitical revolution is a central issue, are very unlikely to have “rightwing” positions on these matters. For those instead who have in the meantime “turned right”, mostly they are no longer interested in these issues, and when and if they are they appear more likely to be influenced by Arne Næss’s “deep ecology” than by the traditional belief that human nature would be universal and immutable.

What we're left with, out of the biopolitical efforts of the GRECE, is the positive element of “realism” your question refers to: namely that it is foolish to elaborate philosophical or sociological theories on, for instance, aggression or sexuality or social ranking without taking into account the extent to which these aspects are simply dictated by our evolutionary history and correlatively by our ethological, genetical, neurological and endocrinological make.  This element deserves to be retained, both in terms of amor fati to set against the various humanist frustrations on these matters, and in view of a later and deliberate development of precisely this biological “nature”.

51UVqg3ZDVL._SX325_BO1,204,203,200_.jpgIt is however undeniable that the age of genetic engineering, of cybernetics and of nanotechnology predisposes us, also conceptually, to a major quality leap. Many now explicitly speak of a “posthumanity”.  Would man, in fact, be destined to vanish like “a trace in the sand between an ebb and a tide” in the words of Michel Foucault? Who added that “man is a composition who only appears between two other, that of traditional past that knew nothing of him and that of a future than will no longer know him.  This is a cause neither of pleasure nor of lamentation”.  Is it not not a widespread opinion that manpower has already coupled with the power of another kind, that of information, and that together they compose something distinct from man, that is indivisible “man-machine” systems, where man has been inextricably linked up with third generation machines? A union based on silicon rather than on carbon?

Man is definitely a borderline figure, a “stretched rope” in the ultra-famous words from Nietzsche’s Zarathustra, and it is no accident that that humanism's final success (in the sense here not of the Renaissance’s Humanism, but as the fulfillment of judeo-christian theo-anthropocentrism, including in its nowadays dominant secularised version) has been raising, now for more than a century, the issue of going beyond man.  “Going beyond” becausethis appears, in the Wagnerian sense, what the “specifically human”, the rein-menschliches, really is; at least for those who see such “going beyond” precisely as our destiny, outside which one finds accordingly not only the renunciation to the “overhuman”, but also, as a consequence, to the “human” quality itself.  Now, if this issue has been with us for a long time, today is is our immediate horizon, both because of the new light in which we interpret man's relation to his artificial environment and because of the “quantic leap” represented by the (possible) coming of the “third man” already mentioned.  Even before Roberto Marchesini (Post-Human. Verso nuovi modelli di esistenza, Bollati Boringhieri 2002), Richard Dawkins emphasised how the traditional conception of the living individual as defined and limited by a “body” is no longer adequate, and replaced it with that of the “extended phenotype” (The Extended Phenotype: The Long Reach of the Gene, Oxford University Press 2002), in which the organism is a set of complex relations with the surrounding world, its parasites, its symbionts, its material and non-material tools, its nutrition and its predators.

If this is true, given that it isn't functionally possible to abstract an oyster from its shell or an ant from its anthill, before we even become cyborgs, we are already, all of us and increasingly so, what we have seen Gregory Stock call “fyborgs”.  Our cognitive, sensory, immunitary, digestive, locomotive, predatory capacities as well as those of mechanical work and of climatic adaptation, are radically mutated by a heap of tools, devices, procedures, interactions and techniques so powerful that their growth curve, after having increased at a steady rate for thousands of years, appears today to have taken on an exponential form.

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As Roberto Marchesini emphasizes in Posthuman.  Verso nuovi modelli di esistenza (op. cit.), it is naive to believe that all this points to changes in “the external world”.  It points, and always has pointed, to changes inwhat we are, not abstractly but practically.  This is just made more obvious when this metaphorical “body” is itself invaded by anything from dental fillings or hip replacements, contact lenses or pacemakers - but today much more radically and arbitrarily by cochlear and retinal implants, by plastic surgery, by subcutaneous RFIDs, up to the first experimental neuronal interfaces with digital devices and equipment.

And this process seems to be accelerating...

Clearly, owing to the stage, still rather rudimentary, of these technologies, they are mostly restricted for the time being to therapeutical  and prosthetic applications. Why replace two perfectly healthy legs with mechanical prostheses when any when any gain in performance thereby obtained would easily be outdone by a motorbike?  And above all, speaking for instance of man-computer interfaces, sight, touch and hearing have for thousands of years been selected for as preferential cerebral input channels, so it is reasonable to expect that before running into genuine bandwidth limitations we can look forward to a great many enhancements in our use of these channels.  Nevertheless, if fictions such as Robocop, Bionic Woman or The Six Million Dollar Man continue to view human enhancement as a response to very serious physical damage, today the athlete Oscar Pistorius has demonstrated how performances allowed by devices designed to palliate a handicap already enable humans to surpass what is considered as merely “normal”.  And if the shortcomings arising from the transition to “all-artificial” solutions will gradually be going away, our experience in matters of vaccination or mammary prostheses teaches us that the “remedial” goals will simply become less and less relevant in comparison with the desire to modify or to enhance characteristics deemed “just” normal. 

9782226216441_1_75.jpgNaturally, as Hervé Kempf writes in La révolution biolithique (Albin Michel 1998) , it is absurd to dread (or, for that matter, to look forward to) a world in which we would be transformed into the caricatural robots of sci-fi movies from the fifties.  In fact, while genetic engineering continues to work with the organic stuff that has always made us up, our fusion with “silicon” is in any case bound to take place on a different level (and perhaps never to take literally place at all, given that much of the most promising research in the field of information technology or materials science actually involves...carbon!).  In other words, save perhaps for the experimentalism or the “tribal” trademarks of minorities who are heavily into “body modification”, such a fusion is bound to happen gradually as part of a cross-pollination between technologies and cultural paradigms, in such a way as to make their encounter go both unnoticed and unannounced in a world of increasing flexibility, freedom and morphological reversibility.  Which of course can yield things either horrific or splendid, decadent or vigorous, depending upon their use, and also upon how their use will be perceived.

Here, nothing new under the sun...

In any event, today more and more thinkers with interests not only in technology, but also in philosophy or anthropology, ask themselves questions and imagine scenarios, above all interpretative, about the momentous metamorphosis under way, almost invariably on the basis of some consideration of the essence of technology in its relation to man, an essence which ends up representing a form of converging “unveiling”, in the Heideggerian sense, of the limitations of humanism and of the “modernity”, as we have understood it so far, which is anyway undergoing a crisis in its philosophical, anthropological, epistemological and axiological aspect.  And here I am pleased to notice a surprising vivaciousness and keenness on the part of the Italian intellectual landscape - something which stands in sad contrast to the generally devastated condition of technoscientific research in our country, for which sporadic centres of excellence unfortunately cannot make up.

In particular, if doomsayers of various levels of perception express, albeit with a negative prefix, an understanding of these matters remarkably similar to my own, from Severino to Galimberti to Barcellona to Esposito, Italy is still the land of syntheses between postmodern (or better, in the words of Riccardo Campa, post-postmodern) criticism and downright posthuman positions such as those by Roberto Marchesini, Aldo Schiavone (Storia e Destino, Einaudi 2007) and Mario Pireddu (see Postumano. Relazioni tra uomo e tecnologia nella società delle reti, Guerini 2006).  While these authors may reject the more folklorically eschatological or millenial aspects of a certain American transhumanism, they all clearly share a rejection of more or less chimeric neoluddite evasions and an endeavour to think a posthuman culture.

31uFPdXEK2L._SX289_BO1,204,203,200_.jpgReturning to the main tenets of the Nouvelle Droite, something very similar to the Eysenck and Jensen affair, who had obtained much support at the time by de Benoist and company, has happened to the well-known biologist James Watson, attacked because he recently declared himself “inherently gloomy about the prospect of Africa because all our social policies are based on the fact that their intelligence is the same as ours—whereas all the testing says not really”. What do you think of this statement and of the polemics it gave rise to?

Frankly, what is really striking about the Watson affair, even more than its merits, is the extreme and paradigmatic meaning it takes on by showing how far and deep the blanket of conformism and political correctness, which today essentially chokes freedom of thought, speech and research all over the planet, has actually reached.  Of course we all know that there are people, above all but not only in the US, who go around with Ku Klux Klan hoods, wear brown shirts or wave the flag of insurrectional anarchy, absolute monarchy, satanism or stalinism.  All this is intermittently repressed, viewed at worst with a kind of resigned annoyance, but in reality it is mainly perceived as functional to the maintaining of status quo.  First of all, as a visible manifestation of an Evil for good citizens to point the finger at, in an Orwellian “Three-Minutes-Hate” style; and secondarily as a spectacular safety valve -  and sterilisation device - for whatever “drives” of radical dissent there might exist, whose most dangerous exponents are “emulsified” from the rest of society, and now and then eventually “skimmed off” via legal action and other means.  But all this concerns only the lunatic fringe, openly defined as such, and who in their heart of hearts is often all to happy to remain a lunatic fringe.

And therefore nothing to do with Watson...

Not at all: James Watson is a Nobel laureate, a certified genius, especially as the discoverer, together with Francis Crick, of DNA - a scientist whose towering figure has impacted on the whole of the twentieth century, on par with Heisenberg, Gödel, Chomsky, Einstein, von Braun or Lorenz.  At the age of eighty and at the end of his career, free from tenure, assignments or funding concerns, financially independent, author of many bestsellers still in print, all but outside the political arena, he could be considered as one of the least vulnerable of all people, be it to blackmail or to reprimands by the intellectual establishment. And yet, because of a passing remark, quoted out of context, he has been forbidden to give talks and to present his latest book anywhere in United Kingdom, has been pilloried by the media all over the world, has lost his (now nearly honorary) chair, which he has held for over forty years in the Cold Spring Harbor Laboratory, in addition to which he has been unconditionally and irrevocably banned by representatives of academia, by public agencies and institutes, by scientific boards.

71FbXk06QtL.jpgThis reveals the abyss between contemporary political correctness and what Alain de Benoist and others used to call “intellectual terrorism” in the seventies, for example with respect to the polemics over the outcome of psychometric research, on which de Benoist’s publishing company, Copernic, published in France a book called Race et Intelligence, signed Jean-Pierre Hébert.  At this time, Hans Jürgen Eysenck or Arthur R. Jensen were definitely attacked, even physically attacked, by a minority of politically active students, and  were prevented to speak on a few occasions.  But the controversial nature of their research was certainly not an obstacle to their invitation to public debates or to having their work printed, and in fact few public figures, even among their most scandalised opponents, openly admitted to wishing more than anything that their ideas be challenged and confuted.  Even in 1994 Richard J. Herrnstein still managed to publish, passably untroubled, The Bell Curve (Free Press 1994), on the bell-shaped distribution of intelligence, the conclusions of which were taken seriously at the time, despite the ritual anathemas.

And today this is no longer the case? What has changed in the meantime?

In the meantime what has happened is that “leftwing” students have become civil servants, politicians, intellectuals, researchers and administrators, who are by now totally integrated in the system, and mostly converted to conservatism; but their openness to freedom of speech and heretical opinions has not changed, and has even grown ever narrower because of influential positions held, mutual reinforcement, and the awareness that they are no longer part themselves of a vulnerable minority. Worse, the radical blanket described earlier has spread globally, implicating, if not the whole planet, at least the whole “Western” sphere.

But let us get to the merits.  What Watson said is a banality that has time and again been confirmed by empirical data.  The so-called “intelligence quotient”, just like most quantitative and measurable characteristics within a population, is distributed so that its curve has a “bell shape”.  This distribution curve, in other words, starts off with a small percentage at very low levels of the variable in question; then it grows, slowly at first, then more steeply, until it flattens out around the mean value; after which it decreases, and finally once again asymptotically tends to nought as it little by little approaches the most extreme, highest values.

Now, as is the case for practically all genetically influenced characteristics, the “bells” representing different components of the same population, or different populations, are not superposable at all.  More specifically, they can have a different shape (be for instance steeper or flatter), or their barycentre might be further right or further left on the axis of the quantity under consideration.  Hence, the remark, whenever their performance in solving IQ tests is measured, the average results of Ashkenazi Jews are higher than that of other “whites”; that “yellow” people have sharper differences between their average and maximum values; and that the performances of Americans with a recent African origin are lower than the US average, and those of individuals of the negroid race still living in Africa lower still.

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It is also the case that other characteristics or abilities (from velocity in sprinting, to the efficiency of the immune system, to empathy, to longevity) can yield, and do yield, entirely different results.  Not only that.  Contrary to the implications of the cheap irony dumped on Watson by an ignorant journalist with reference to the presence in his DNA (made public by himself) of around 16% of negroid genes, consistent with the existence of an unknown great grandfather or great great grandfather of African ethnicity, the scenario here described does not in any way exclude, and even foresees, that there must exist individuals belonging to populations exhibiting lower results who present values even noticeably above the average of more “favoured” populations.

Finally, in the case of intelligence quotient, even the researchers who give most weight to its innateness still regard the hereditary factor to account for no more than 70% of the differences encountered in our species, which at the individual level leaves quite a lot of room for the action of educational and environmental factors.

If this is the case, how do you explain the number of scandalised protests such studies give rise to?

In fact, I think that such reactions betray the biases of protesters more than those of the researchers in the field of psychometry.  In reality IQ tests measure only...the ability to succeed in IQ tests. As such, their results should not be taken more at heart than tests tests measuring the average tallness of a population; and, even less, interpreted as a value judgement of general nature on the individual concerned.  Indeed, they could even in theory be used to justify supportive measures or policies of “affirmative action”, along the lines of - just to make a quip - remedial baseball lessons for white Americans, hypothetically at a statistical “disadvantage” in this sport. 

Be that as it may, there is a problem.  Results in “intelligence tests” are statistically correlated - after all, that's what they exist for - on the one hand to scholastic success (not in terms of popularity among peers but in scores achieved), and on the other (even though to a weaker extent) to “success” tout court of the individual concerned inside contemporary Western societies, especially in social and economical terms, everything else being equal.

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The latter qualification is however of the utmost importance, because even though our societies love to fancy themselves as denoted by a high degree of social mobility, wealth is in fact mostly transmitted by inheritance; and in any event it automatically buys one’s own offspring, real or presumed, a better education, more important family connections, status and reproductive partners of better quality, thus contributing - also thank to a discrete level of class endogamy - to minimise in real terms any contemporary “circulation of the élites”.  Besides, many of the most resounding cases of upward social mobility in the West are in fact not correlated in the least with traits that could hypothetically be measured by an IQ test, but for example to physical appearance, sheer luck, or to one’s athletic performance in some sport or there.

For this reason, what the results coming out of IQ tests really hint at is basically the degree to which an individual has adapted to contemporary Western societies and to its mechanisms and selective criteria.  Now, it is obvious that this risks amounting to an ultimate value judgement for intellectuals and journalists blindly convinced of the objective superiority of this social model (“the best of all worlds”) over any other that exists, has existed or even has just been speculated about; and of the manifest destiny of this model to establish universal and eternal hegemony through a global uniformisation. And, even more, for intellectuals and journalists convinced that one’s socio-economical success in such a society represents the only, or at least the only relevant, objective criterion of differentiation among human beings, the goal suggested right, left and center to each and everyone, and the objective measure of everyone's worth.

It becomes therefore totally irrelevant that what IQ tests measure does not necessarily say anything about the fitness or the probability of success of the subject in other contexts, be these the jungle of Borneo or the Tibetan religious hierarchy or a youth gang in the Bronx, or - more important still - about other personal characteristics that might matter just as much or even more than one’s chances to get wealthy. And, at the same time, many regard as morally intolerable, not to mention politically unpresentable, the fact that obviously populations that for longer have  been adapting and selected (for better or worse) with reference to this model perform better according to the parameters, in no way universal, defined by that very model.

This is also what critics of IQ tests stress, without realising however that the fact that the tests are “culturally biased” is a truth at once much deeper than they think, and a truth inevitable in any kind of test, given that it is impossible in general to make measurements independently of the choice... of what one intends to measured. 

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In the light of all this, Watson's statement, according to which it is naive to expect that African societies will easily and rapidly be transformed into “perfect” Western societies, appears less “scandalous” than many claimed...

I should rather say that Watson’s statement seems in fact rather plausible.  Likewise, it is just as plausible, precisely in addition to what has repeatedly been confirmed by test results, that on average individuals in the American society who belong to to unfavoured social classes and/or originate from different ethnic groups may well on average achieve inferior results in what are the specialities of their “landlords”.

This also implies the paradoxical consequence that an Afro-American who attains the highest status in the American society is probably better adapted than a white American at the same level - more “intelligent”. This because not only has he had to excel in normal social competition, but he has also had to confront the natural presumptions created by the generalisation in his contacts (including perhaps in the same interested minority) of their own empirical direct and indirect experiences.  Thus, he is on average likely to be more economically ambitious, more conformist, more diligent, less scrupled, to have a higher IQ, and ultimately to possess a combination of these and other factors which may be useful for success in the relevant society that is on average higher than that enjoyed the members of the class, race or ethnicity generally favoured.

All this in fact seems to correspond to basic sociological, psychological and anthropological considerations.

That's right.  In addition, if the conclusions, in terms of biopolitics, that one might draw from them are several, and potentially contradictory, since they depend on fundamental choices of values, I still believe that one cannot get away from drawing conclusions.  For example, in the sense of moving beyond the ideology of the tabula rasa that still prevails in social sciences and popular culture; or in the recognition of  an inevitable phenomenon of “regression towards the mean”, in this case in terms of populations, that the prospective of a perfect melting pot - which would eliminate almost all forms of genetic drift and oriented selection depending on ethnic, cultural and environmental contexts – inevitably involves, to start with in terms of decreased biodiversity, flexibility and richness of the species' gene pool.

Also in this respect do the prospects of self-determination opened up by the biological revolution remain equally open.  We may expect, and hope, that the human species grows beyond itself in manifold ways and following a plurality of ideal models; or else we might end up with a universally imposed idea of optimality, of the “Ken and Barbie” variety, according to which, if today Michael Jackson displays his skin-deep ethnic pride by having himself depigmented, tomorrow African societies or ethnic minorities might basically be offered a biological uniformisation, both ethologically and intellectually, as well as at the level of mental processes, to values that are in fact “white”, and that actually one may well consider relative and instrumental also from an Europoid point of view, all the more so since these do not define any ultimate or objective concept of intelligence even in this more limited context .

It is indeed arguable that relatively remote ages of European history, is spite of the likely poor results their contemporaries would obtain in today’s tests, actually demonstrated lower vibrancy or creativity in any plausible sense. On the contrary, many consider our own achievements at least in part to be  the feats of dwarves on the shoulders of giants. In any event, it is true that in other times highly estimated parameters for the evaluation of someone's intellectual capacity consisted in the ability to memorise a huge quantity of formulae or facts, or to effectuate mental arithmetical operations on many-digit integers, in the manner of “idiot savants”. Today, the idea of endeavouring to genetically engineer, or eugenically select for, such a capacity would appear comical.  For tomorrow, it seems reasonable to expect that some abilities, which allow an individual to score very highly on IQ tests, will see their importance maintained or increase; others will see theirs decrease; others still will become completely irrelevant in comparison with entirely different abilities that perhaps are currently underestimated.

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One question that nevertheless lies “at the heart” of the Watson affair and that permeates, though more or less silently, all current debates on biology and genetics, is the one about the existence of races. The holy scripture of political correctness unambiguously informs us that the concept of race has no scientific value and that any statement to the contrary is a sign the utterer is a dangerous enemy of humanity.  How are things in fact?

Actually, my impression is that no one has any trouble admitting the existence of different races of horses or tigers.  The same goes for races of plants, commonly called varieties (when the latter does not simply refer to the... sets of clones of a single individual).  The taboo really concerns only human races, and it subjected to the “specieist” - even though allegedly “anti-racist” - view that men would be both of a nature and value transcendentally different from that of all other living beings, and at any given time essentially equal to one another – a concept the genealogy of which, especially religious, is easy to reconstruct.  This idea of “separateness” and “homogeneity” is besides easier to sell inasmuch as, if Sapiens are today divided in races and scattered all over the planet, on the other hand they are also the only and last surviving species of the Homo family – a scenario, for that matter, subject to change if ever a  research programme actually succeeded with the reconstruction and cloning of the DNA of Neanderthal specimens or with reverse engineering their genome and restore it to a living organism.

It should be pointed out, however, that the taboo this matter has been subjected to is increasingly running out of steam.  It proved impossible, for instance, to censure the news that, according to recent American research, the human immune system varies from race to race, with considerable differences from one ethnic group to another, something which has of course resounded in matters of pharmaceutical research and practice.

Not only that.  The taboo in question manifests its schizophrenic nature also in policies of positive discrimination (that aim to promote or protect the components of a given social group by reserving them exclusive quotas), or that target the repression of possible racially based discrimination.  Policies that are inevitably obliged to first of all acknowledge the reality of the racial fact.

What is it all about anyway?  The matter is made more complicated by its historical and psychological load, but is routinely dealt with by population genetics, and I discussed it quite extensively in the already mentioned essay Biopolitica. Il nuovo paradigma, not only out of abstract anthropological interest, but because the issues involved are of crucial importance to understand how current biodiversity arise inside our (and other) species, and how it could be preserved and developed rather than being gradually depleted.  A race is, as Dobzhansky says, nothing other than an abstraction of the identifying features of secondary Mendelian populations within the same species.   To manipulate such a concept it is not necessary to adhere to the “realistic”, platonising vision of 19th century positivist anthropology, according to which there are, or at least there were, “pure types” - from which present day real organisms would have descended via hybridisation -, let alone resort to concepts such as “spiritual races”, which basically boil down to metaphors since it is indeed difficult to understand how such a concept could ever be applied to races of ….canary birds.

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Today, genetic analysis brings an original contribution to the identification and definition of racial identities; a contribution that adds to, rather than replaces, the traditional typological classification.  In fact, if the combined resultant of all the possible genetic gradients or variations in the distribution of phenotypic traits had been uniform, the genetic frequency would increase or decrease regularly by so many percentage units per mile covered in a given direction.  With uniform gradients the boundaries between races could only be arbitrary; and races would be no more than  “ideal” models.  On the contrary the gradients are often very steep in some directions or zones, and softer in other.  Theodosius Dobzhansky writes, in Genetic Diversity and Human Equality (Basic Books Inc, 1973): “Consider two gene alleles, A1 and A2, in a species with a distribution area 2,100 miles across. Suppose that for 1,000 miles the frequency of A1 declines from 100 to 90%; for the next 100 miles from 90 to 10%; and for the remaining 1,000 miles from 10 to 0%. It is then reasonable and convenient to divide the species into two races, characterized by the predominance of A 1 and A 2, respectively, and to draw the geographic boundary between the races where the cline is steep.”

Hence,  it is perfectly true that “races don't exist” (and neither in this sense do species, families, genuses, phylae, kingdoms), inasmuch as they don't correspond to any tangible reality, but only to taxonomic criteria which defines, as is the rule in these cases, a model founded not on intrinsic characteristics, but simply on tendential, statistical or deterministic differences that might exist, with respect to an inclusive set; something which does not prevent species or race to remain useful, albeit ideal, concepts, at least as useful as that of “ideal” rectangular triangles or pendulums.

Indeed.

But there is more.   The specific connotations pertaining to races are even more meaningful when applied to artificially selected races - and by definition, human races can in any event, following hominisation, at least to some extent be considered among these, and as the work of processes of segregation and oriented selection applied by man upon himself within the framework of a process of self-domestication that lasted for tens of thousands of years.

Hence, we are perfectly aware that a Dobermann is not the incarnation of the Platonic form of the Dobermann, to be found in some celestial realm, which at the beginning of time incarnated in an imperfect earthly copy; and that, on the contrary, it is the result, via standard breeding techniques, of the gradual approaching to to a goal, to an idea... held by Mr. Dobermann himself. 

What is less often considered is that, as Peter Sloterdijk remarks, the transformation of human societies, also from the point of view of their biological substrate, is through and through the result of analogous, albeit more implicit and less deliberate, developments.  Thus, the true novelty that regards today's world is that presently technoscience has at the same time brought these processes beyond the brink of consciousness and/or started a debate about them; so that they can be maintained or developed for the future - perhaps, who knows, up to and beyond the limits of speciation - only by a deliberate choice for biodiversity, biological becoming andposthuman change

This is by the way what most deeply worries the bioluddites, for instance Jürgen Habermas who warns us (The Future of Human Nature, Polity 2003 p.121 footnote 34) against what he calls the “uncanny scenario” of a “genetic communitarianism” according to which various subcultures will pursue the eugenic self-optimizing of the human species in different directions, thus jeopardizing the unity of human nature as the basis, up to now, for all human beings to understand and to mutually recognize one another.”

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Except that such a unity, unless as an ideological aspiration, has never existed, no more than have ever existed the “pure” racial types of 19th century anthropologists; and that it is at the best one of many alternative prospectives that are proposed to today's world, and certainly for many not a very alluring one.  Indeed the contrived convergence towards a unique model of humanity presupposes after all the reduction and the destruction of human diversity in favour of a single paradigm said to be, as in the typical theorisations of American racism, objectively and universally “superior”.  Argument which not only is unacceptable to whoever defends instead positions of cultural relativism, but would also require a really extreme degree of alienation in order to obtain the support of those whose specific ethnic identity would, in this case, be doomed to be wiped out in the context of objectively genocidal proceedings, no matter how “peacefully” and “inadvertently” they are supposed to take place.

Another spectre that is regularly raised at the same time as that of racism concerns eugenics.  This topic is viewed as particularly “sulphurous” but has antecedents even in “liberal” or socialist circles, and finds some of its first theoretical expressions in Plato.  But is it really necessary to equate measures of a eugenic kind to Orwellian, consumerist and massifying scenarios, like those found in dystopic and “humanistic” Hollywood films?

Eugenics is indubitably the object of Freudian, hypocritical repression nowadays.  Nevertheless, one can say that eugenic concerns are an implicit constant in most post-neolithic cultures. What comes to mind are the practices that most stir modern sensitivity, from the mount Taygetos and the Spartan agogé, to the Tarpeian rock in Rome, to medieval exposing of newborns, all the way to the “mabiki” (a euphemism which refers to the trimming of the leaves of the weakest rice plants to allow the better development of the other plants) practiced by Japanese midwives until the Meiji Restoration and beyond.  But it is enough to think also of the typical exo-endogamic regimes in matrimonial matters, or of the taboo relative to incest as a potential guard against monozygotic individuals with harmful recessive traits.

However, the real and true question of eugenic flares up with the advent of the Darwinian revolution, and of Mendelian genetics, which has been considered one and the same with eugenics for a long time.  And this in front also of a contemporary dysgenic risk, in itself very real, given that few believe that the change – and partial removal, via modern life styles and medicine as well as the decline of reproductive differentials – of “traditional” selective factors leads per se the genetic pool of one's own community of reference in a desirable direction. 

However, eugenics, before becoming “cursed”, also as a consequence of all modern ideologies becoming increasingly marked with the humanist seal, has been perceived for a long time – and essentially until the nineteen thirties – as a “progressist” theme, since it was linked to concerns about the evolution of society in general and correlated with the latter “taking charge of itself” also biologically, to the extent that even USSR intellectuals and scientists promoted its study. Of course, where the term is put in universalist, moralist, classist terms, it quickly risks leading to grotesque results, like the mania for sterilisation as a penalty and a form of social control (the “Indiana Idea”) that was all the rage in the United States from the beginning of the nineteenth century until the New Deal, with the ultimate blessing of the Supreme Court, going as far as ridiculous bills for the compulsory sterilisation of car thieves, or to Theodore Roosevelt's timocratic programs of selective breeding, and all the other more or less bizarre examples quoted by Jeremy Rifkin in The Biotech Century (J P Tarcher, 1998). 

On the other hand, as Jürgen Habermas stresses in The Future of Human Nature (op. cit.), our time brings also in this respect to completion a certain kind of change, which radically alters the scenario we face on eugenic matters.

Could you expand on that?

Certainly.  As a matter of fact, the rather ideological and biopolitical substance of one's chosen position with respect to eugenics is today accentuated by the increasing erosion, because of technoscientific progress,  of thesubjective costs of eugenic practices. Such costs have been in constant decrease, from the moment that the exposure of newborns and the strict parental or communal control of mating were succeeded by chemical or surgical sterilisation of heavily retarded individuals as well as by birth control; and that these are succeeded by prematrimonial anamnesis; and that this one in turn is replaced with prenatal diagnosis and genetic screening; and these are going to be supplanted by IVF with embryo and gamete selection, and finally by the direct and actually “therapeutic” manipulation of germlines, In fact, with respect to contemporary and upcoming procedures, the natural empathy for the individuals concerned militates in an entirely favourable sense, to the point of rendering their unconditional rejection  an increasingly embarassing and untenable position also in view of the humanistic, hedonistic and individualistic values of the prevailing worldview.

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According to Gregory Stock (op. cit.p130), statistics show that today 90% of US couples, catholics included, who discover by means of prenatal tests that they are expecting a child affected with cystic fibrosis already choose to abort it. Obviously, the percentage of them that would accept to have deliberately implanted an embryo affected by such a pathology, that is what the Italian law on IVF insanely wants to impose, would be much lower than the modest 10% of Americans who are ready to carry forth an already commenced pregnancy with an affected foetus.  It is legitimate to suppose that even smaller would be the percentage of people who would make such a choice precisely when it would be possible to remove from the embryo - and from all its descendants - the disease, to the benefit of everybody.  So the spectre of State eugenics is destined to remain no more than... a spectre, given that there is no plausible reason in the first place why a legal enforcement of eugenic measures would be required.  If anything, in our near future, very large enforcement efforts would be requiredto prevent their generalised adoption.

There remains however the issue of socio-cultural, rather than legal, norms that will direct the concrete utilisation of such techniques, from the selection of the reproductive partner as a function of his genetic traits to the selection and modification of the embryo.  And here, once more, emerges the potential for disaster, at least for whoever cares for the biological wealth and diversity of our species, not to mention its flexibility and its long-term evolutionary capacity, of the technologies in question. 

Indeed, it seems clear to me that the hegemony of a universal, intercultural, monoethnic, standardised “Ken and Barbie” model, particularly through the cultural alienation of all the peoples inhabiting the planet by means of the globalisation process currently in place, risks seeing eugenics turning from an instrument of communitarian self-assertion and self-determination to an additional factor - together with the vanishing of genetic drift and diversification of selective mechanisms via an Umwelt stabilised and uniformised on a planetary scale – of an entropic “end of history” in the terms described many years ago by Julian Huxley in Brave New World.

This last point is very interesting and certainly involves more than the issues directly related to eugenics.  We just said that biotechnologies could well yield “inhuman” rather than “overhuman” results, if left in the hands of powers that use them only with private and short-term interests in view.  Yet, for you, such a decidedly undesirable outcome has nothing to do with the technologies themselves but with the use one might make of them.  This may well be true. But in practice, if one has to take a concrete political stance, one is bound to take the present situation into account (that of a mercantilistic world essentially ruled by multinational conglomerates), not some hypothetical Futurist, posthumanist scenario.  Agreed, biotechnologies could serve as well a project aimed at the “regeneration of history”; but, as things are now, we are heading in the opposite way.  Should we not first of all confront this kind of situation?  Following your advice, aren’t we running the risk of accelerating towards a dead end in the name of a “new beginning” that may certainly be desirable but that we cannot realistically envisage in our immediate horizon?

Such concerns are altogether legitimate, but the explosion of the “old world” is definitely a requirement for the the possibility itself of a new beginning to exist.  On the other hand, unlike the Apostles or Marx - but in this sense also unlike Guillaume Faye, who professes to believe in the ineluctability of  pending “catastrophes” (scientific, economic, social, ecological, etc.) - I do not maintain that such an explosion is inevitable.  I am more inclined to see the end of history as a gloomy “eternal and never concluded ending”, a kind of possible “crystallisation” of modernity, but in a very different and much more extreme way than what we have experienced until now.

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Some processes cannot be reversed; man's increasing power over himself and over his environment cannot be easily renounced; the “abyss” of a possible alternative to the ongoing Freudian repression of such power opened its gape as early as the 19th century and can be kept shut, to make certain no one looks inside again, only by means of a constant pressure.  Such surveillance would necessarily lead to, on the one hand total social control, on the other to our relying on ever more impersonal and “rational” mechanisms to govern the System, so that any temptation to take charge of one's own destiny may be prevented and defeated as soon as it rears its ugly head.  We are already witnessing for example the voidance of formal “liberties” and privileges (out of many different grounds such as preventing the access to others' personal data, limiting the risk of bacteriological or digital attacks, obstructing the unrestrained circulation of news and opinions, etc.); also, in the last years we have seen the gradual obliteration, in the same way, of the principle of non-interference, of self-determination, of “electoral” legitimisation of governments etc., since maintaining all that becomes ever more incompatible with the stability and necessary globality of the System.  All this does of course fulfill the promises of the System itself, but in a very peculiar way, which, when perceived for what it is, is not especially enjoyed even by the peoples more fully subjugated to its official doctrines, and which besides results in perpetual contradictions.

Today the System uses technology, it cannot do otherwise, and needs it in ever larger doses, but at the same time in technology it finds problems and questions that it cannot address.  In this sense, it is, if anything, the prohibitionist movements and opinions, the restriction of the circulation of information, the proposal for instance of compulsorily “freezing” investments in GNR (genetics, nanotechnology, robotics), the attempts to “regulate” Internet, that try to control these same contradictions in view of the above-mentioned “crystallisation”.

Fukuyama however is no longer talking about the end of history, but of “our post-human future” (Our Posthuman Future: Consequences of the Biotechnology Revolution, Picador 2003). Of course he does this to denounce it and to ward it off, insofar as this can still be done; but I think that, for those who does not share his value system, his current pessimism on these issues is indeed reassuring.

Hence, your line of argument seems to contradict the equation that  underlies almost all “antagonistic” discourses, be they left-wing or right-wing: the one between the “modern world”, “Western society”, “capitalist system”, “globalisation” or “one-worldism” on the one hand, and the global deployment of technology on the other. But how is it possible to establish a contradiction between these two environments given that, historically speaking, the Western system has expanded at the same rhythm as the imposition on a planetary scale of a certain kind of technological development?

The techné, even though it can be considered in general terms as congenital to the “specifically human”, certainly represents something that has been developed and thought out in a very peculiar way in the (Indo-)European context. At the same time, it is probably reasonable and justified to suspect that modern technology - as it is the case for the great and unique blossoming of tonal, polyphonic music - is closely linked to the West, a culture to be understood as a “compromise” between Europe and Judeo-Christianity, but more accurately as the impact of the long-standing monotheistic repression of the European collective subconscious, and of the contradictory process of secularisation and emancipation that this repression gave rise to with the Renaissance.

Hence, in this sense, the planetary generalisation of technoscience does certainly have a “Western” matrix, and does represent a disruptive factor with respect to the identity, diversity and sovereignty of the peoples, that is objectively functional to processes of globalisation.  But such a role can indeed be reversed.  If thousands of years of post-neolithic cultures, and especially two centuries of industrial civilisation, are (also) bringing about diminished biodiversity, environmental degradation, dysgenic consequences, today the only remedy to this situation is an “excess” of technology and development - beyond the neoprimitivist dreams of the ideology ofDegrowth that has  been so successful among the most decadent circles of European extreme right and extreme left.

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This “excess” of technology is however hardly compatible with a final success of a globalised, entropic, neocapitalist system and with an “end of history” that this one would be destined to implement to according to the hopes of its own prophets like Fukuyama.  As Valérie Merindol illustrates well in La recherche et la technologie, enjeux de puissance (Economica 2003), there are well-known reasons for the constitutional incapacity of the Market to invest in breakthrough technologies or in paradigm shifts or in fundamental research, and more generally in high-risk mid- or long-term projects, let alone civilisational projects.  And there exist, moreover, cultural factors (in the strong, anthropological sense of the word) that appear decisive for the possibility to maintain a certain pace of technological development.  In this light, today's dazzling technoscientific achievements do not appear at all reassuring, and  sometimes they even make one wonder if they are not just the last hurrahs of a very large momentum doomed rather sooner than later to die out.

In what sense?

For example, rockets and digital computers, DNA and mutations, the atom and the evolution, automatic recording, reproduction and transfer of data, images and sounds, microscopes and pathogens, antibiotics and internal combustion engines and quantum mechanics, all this was invented or discovered during a span no longer than a human life, roughly speaking between 1870 and 1950, corresponding to an acceleration, a “incandescence” of history which manifested simultaneously in all fields of social, political and cultural life.

Many of the things achieved afterwards can be regarded as a refinement, an improvement, an application, a byproduct of things imagined, planned and designed in this period, and this only where such developments actually exist in the first place.  The Western citizen of the seventies had good reasons to believe 1982 to be a plausible date for the first human mission to Mars or for the construction of the first nuclear fusion plant, and crossed the Atlantic on supersonic airplanes that have not been in circulation for a very long time.  The United States, after the eventual retirement of their disastrous Shuttle, have to resort to Russian technology of the time of the lunar conquest (!) to transport Chinese low-tech gadgets to the orbiting trashcan pompously called International Space Station.  The average speed of transportation by land, sea, air and space has not changed for a very long time now, and their respective records have also remained stationary.

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All this makes one doubt the fact that the present-day “Western system” really represents an engine for technological development, instead of a socio-economical mechanism that has become a freeloader to an historical legacy that is much more complex, yet whose own technoscientific hegemony is today questioned by countries that are, if not absolute outsiders, at least “periferal” to this legacy, such as China, India or the Russian Federation.

You just mentioned technoscience as the “emergence” of a restless Indo-European spirit that is emancipating from the grip of the “single-track” Judeo-Christian thinking.  Nevertheless in Greek thought we undeniably find at the center many not-really-Faustian references to the “golden mean”, to “temperance”, to the Olympic condemnation of “Prometheism”.  Vice-versa, various analysts have stressed how Christianity, through “disenchanting” the world, would be the origin of the development of modern technology.  Your Futurist theses on biotechnologies might seem, in this light, much more “christian” than “pagan”...

In reality, Titanism, Prometheanism, subversion, excess, are concepts the meaning of which changes with the context where they are immersed.  Let us  analyse more specifically the myth of  Prometheus.  It is absolutely obvious that the myth of Prometheus was perceived by the Greek in a totally different way from how it was later taken up in the Romantic, and finally overhumanist, milieux, because the Greek identified with their gods; and their feelings of empathy, if any, were more likely to go to the  eagle condemned to a monotonous diet of liver for all eternity.  But what does the Titan really represent? It represents the eternal return, from obscure, immemorial and telluric roots, of a prior and defeated religiosity, which threatens to rise anew to exploit, steal and adulterate the “lightning”, the “fire” of the new Olympian order, or like Lucifer the “light”, and subjugate it to perfectly blasphemous ends.  And its figure essentially represents a warning that we must constantly to be on our guards against all this, because the human and cosmic order will never be integrally realised or perennially granted.   

Now, one has to be ideologically blind not to see how the myth has come to mean the exact opposite when it is “the religion of the Greek”, the Indo-European paganism, that finds itself playing the part of former and defeated religiosity, and yet destined to return eternally, faced with a new historic trend and worldview that has victoriously exploited and distorted its historical dynamism, and is even succeeding in establishing planetary hegemony. 

Hence, in a more confused fashion for the Romantics - including aspects of romanticism that would end up in what positively are palingenetic dreams, but of social and eschatological nature (“the proletarians who shake their fetters”) - then more explicitely with overhumanism, up to the archeofuturism of Faye or to transhumanism or with Marchesini’s praise of hybris, Prometheus becomes a hope, a promise, an example; hence, it becomes the very symbol of man's tragic destiny and of whoever demands to incarnate it.

Nevertheless, as Nietzsche said, “the Greek do not come back”.  Desacralisation, the “disenchantment” of the world, whatever aversion or regrets it might provoke, has taken place.  Therefore,  the death of the Judeo-Christian God also meant the death of the pagan gods, whom its presence indirectly and inevitably kept alive so far, as a kind  of “relative antithesis”.  After two thousand years of Western civilisation, after the establishment of a globalised System, a “new beginning” could not be imagined simply as another cycle (of the type of “the Doctrine of the Four Ages”), and not even as a new Spenglerian civilisation: Spengler himself rules this out, for example in Man and Technics (University Press of the Pacific 2002).

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For this reason it is necessary, in order to claim an exemplary origin, to refer to something as distant and as radical as the neolithic revolution, and to the “higher magic” with which the Indo-Europeans mastered it.  Judeo-christianity, and more generally the “Western civilisation” that was born with its arrival in Europe, irrevocably belongs to our past.  It is not the past the legacy of which those who share my worldview claim as theirs, it is  a past (and a present) that I fight and want to overcome. But we are also aware that attempts at Freudian repression would lead to nothing other than to a “return of what has been repressed”, it would take us to nothing else, as in Santayana's well known expression, than having to relive it again.

Therefore, a true overhumanism is post-Christian and post-modern, not pre-Christian; neopagan, not pagan. As Heidegger says, when the world strikes midnight, lest we fall back into nihilism, we can do nothing other than lend our ear to the sound of the new gods calling out beyond daybreak's horizon.  Today, however, as Nietzsche explicitly indicates in Thus Spake Zarathustra, these new gods can be no other than ourselves; they can only be the result of our conscious creation, of a “superhuman” choice against that of “the last man”.  As for what has been called “technoscience”, given that nothing similar has been produced in other areas where biblical religion eventually prevailed, we might at most consider it, as already said, as a sublimated fruit of the repression worked by the Judeo-Christian tendency on the European collective subconscious and one form of the latter's final rebellion, another being represented for instance by the grand adventure of tonal music. 

However, in the sense clarified above, it is perfectly true that without Christianity no Bach, Beethoven and Wagner; no Linné and Heisenberg, Marconi and von Braun. 

Today it is the “fire” of this complex legacy that the overhumanist titanically wants to make his own and to set to the humanist Walhalla, so that the twilight of today's idols already announced by Nietzsche may be consummated.  Besides, the historical experience of last century shows us how rethinking and deploying the potential of modern technology is an obligatory step of any possible dream of power and freedom; and how such rethinking could entail a prodigious acceleration of that same technological capacity.

As Heidegger also writes, although he is perceived by many as adverse to the world of modern technology: “What is really worrying is not that the world is transformed in something entirely controlled by technology.  Much more worrying is that man is not at all prepared for this radical mutation of the world.  Much more worrying is that our speculative thinking does not enable us to adequately cope with the events of our time.”

You have defined your vision as being “postmodern”.  This is interesting also in relation to what we were saying a little earlier on the connection - unnecessary and rather, little by little, ever more problematic - between technology and the “Western system”.  Similarly, I believe to detect in your wording a chipping away at the binomial ideological modernity - technological modernity, that has already been prophesied, be it with opposite value judgements, by Faye and Habermas.  Your biopolitical stance is therefore “postmodern” in the sense that it tends to stress only one aspect of modernity (the one Faye would call “sensorial”) and to provide it with an entirely new philosophical armature, in order to give rise to a new combination that already looks beyond modernity itself. Am I correct?

In fact, the first thing that partisans and opponents of modernity had better realise is that modernity is long since behind us.  The beginning of its end coincides with the death of God, that modernity too contributed to kill, and commences to take root in people's minds at the eve of the First World War, despite endless lags that continue to this day, especially at the level of popular culture and of the values implicit in the power system in place. 

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At least at a theoretical level, it is exactly modern science, the one, born with Galileo, Leonardo, Giordano Bruno, which coincides with the advent of the modern era, that has, together with critical thinking, undermined the presuppositions of modernism. After having progressively demystified the legacy that the moderns not wrongly defined as “obscurantist”, it ended up by demystifying also objectivism, positivism, naive rationalism, the progressism à la Excelsior Ball, the ethical universalism that represent modernism's most salient features. 

This is manifest, to go back to the topic of this interview, first of all in the understanding that science finally allows us of “the specifically human” and of life from an ethological, genetical, sociobiological, biochemical, populational, psychological, neurological, ecological, evolutionary, etc., point of view. But it is even more obvious, if possible, in the field of the hard sciences and of scientific epistemology itself.

Of course, like all great historical phenomena, modernity has a fundamentally ambiguous meaning, that does not derive only from its composite nature or from the historical phenomenon that Jules Monnerot defines as heterotelia (and that represents the inevitable drift of actual historical developments in comparison to the intended goals); but more radically from the perspective of the “present” inside which the phenomenon itself is looked at – a present that is first of all defined on the basis of the future that each of us wants to envision.

Interesting.  To what perspective are you referring?

For example, with respect to the monotheistic legacy and to the decadent connotation that many associate with it, modernity represents on the one hand a becoming-true, an actualisation, a secularisation which is also abanalisation, that is a final, hegemonic penetration into mindsets and languages; on the other, it represents nonetheless a movement that breaks the metaphysical referential framework of that same legacy, and represents in nuce the unavoidable premise of its own surpassing, which not by chance regularly refers back, throughout the 16th, 17th 18th and 19th centuries, to a critical and empirical tradition that represents, as Luciano Pellicani remarks in Le radici pagane dell'Europa [“The Pagan Roots of Europe”, not translated] (Rubbettino 2007), the very soul of European culture, from Thales to Pythagoras to Democrites, from Hippocrates to Lucretius.  For this reason, to say “modernity” is in a way like saying (Renaissance’s) Humanism yesterday, the Humanism of Pico of Mirandola, Lorenzo Valla and Machiavelli, with all the extraordinary cultural emancipation that this phenomenon finally allowed for also as regards our own possibility to be today what we are; and it is like saying humanism today, with everything outdated, exhausted, reactionary that this word now stands for with respect to the biopolitical, “transhuman” revolution which represents our immediate horizon.

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And here again Nietzsche represents the ideal watershed, the point of reference and the turning point of what is “more than modern”, and that therefore is already not modern any more.  Thus, postmodernity, as I understand it, represents the Aufhebung of modernity: the closure of what in modernity actually represents nothing else than the radicalisation and the immanentisation of preexistent ideas, and a moment (specifically the synthetic, post-ideological one) of the dialectics inherent to such ideas.   A “closure” which naturally is still in quest of itself, and that is constantly facing the risk of a return to premodern categories and to the temptation of shallowness, of pointless obscurity, of elaborating self-referential narratives that shun the fundamental confrontation with what Heidegger or Gehlen or Faye call “the question of technology”[2], and that coincides precisely with the historical fracture represented by the looming (possible) passage to a stage that is not only posthumanist, but posthuman. A confrontation which today is central in the views and concerns of various contemporary thinkers such as Sloterdijk, Marchesini or Schiavone.

In the beginning of the eighties, Guillaume Faye wrote: “Habermas said that one cannot conceive of a ‘nuclear poetry’. On the contrary, it is the opposite that is the case, even though the System is incapable of creating it. […] The speed, the rumbling of the machine that carries its rider over great distances, the potential grandness of modern urbanism remain present in the individual and collective psyche, because they correspond to popular archetypes. And yet this technical arsenal is not utilized by the System other than prosaically, because, unconsciously, it it frightening”.  Is all this still true today?  Can there be a “biopolitical poetry”?

In the end, what else is the biopolitical and transhuman revolution, in its properly epical dimension, than a primordial demand for poetry on behalf of a world vowed to Becoming?  As Heidegger says, the essence of technology is nothing “technical”, and instead claims an originary and originating poiesis: “What at the dawn of Ancient Greece was thought or poeticised is still present today, so much so that its essence, still closed to itself, is before us and approaches us from all sides, above all where we least expect it, that is within the reign deployed by modern technology, which is totally foreign to that ancestral tradition and yet finds therein it essential origin».

Hence the posthuman change that represents the central aspect of the present biopolitical challenge is first and foremost the framework of a possible metamorphosis that traces an ideal line between the European ancestral myth that is handed down to us by for instance the homonymous poem of Ovid and Nietzsche's Overman, Marinetti's Multiplied Man, Gehlen's Third Man, Ridley Scott's Replicant, the Cyborg of science fiction and of the transhumanist culture, Marchesini's Posthuman.

Here it can well be said that “nature imitates art”; or rather, that art is turning into nature, on a scale hitherto not even dreamt of.  Indeed, as I write in the conclusion to Biopolitica. Il nuovo paradigma: “Our restless exploring of the world, the techniques that derive from it, condemn us to choose, offer us means, but cannot tell us what to make of it.  This is not the task of engineers or scientists or lawyers, but of the ‘founding heroes’, of poets, and of the aristocracies who can translate into deeds the obscure collective will of the community of people whence it emanates, build monuments destined to challenge eternity, and leave behind ‘undying glory’”.

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vendredi, 23 octobre 2020

Michel Maffesoli : « Le transhumanisme est l’aboutissement de la paranoïa moderne »

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Michel Maffesoli : « Le transhumanisme est l’aboutissement de la paranoïa moderne »

Entretien

Ex: https://www.breizh-info.com

michel_maffesoli_image-1223316390-ed0bf.jpgAu dernier colloque de l’Institut Iliade, en date du 19 septembre 2020, dont le thème était « La nature comme socle », la question du transhumanisme aurait dû être abordée lors d’une table ronde avec l’éminent sociologue Michel Maffesoli, professeur émérite à la Sorbonne, et François Bousquet, essayiste et directeur de La Nouvelle Librairie. Faute de temps, le sujet est resté en suspens et notre curiosité de même ! Histoire de rattraper l’opportunité manquée, nous avons interrogé Michel Maffesoli.

Breizh-info : Le transhumanisme est régulièrement évoqué dans les médias, sans que le commun des mortels sache réellement de quoi il s’agit. À mi-chemin entre la science-fiction et la science tout court, le transhumanisme peut vite devenir sujet de fantasmes. Est-ce que vous pourriez proposer une définition de ce qui est avant tout un courant de pensées ?

Michel Maffesoli : Il est toujours difficile de donner des définitions. Le transhumanisme, comme beaucoup d’autres sujets, n’est pas unique. Ses tenants peuvent avoir des positions différentes les uns des autres. Néanmoins, il est possible de considérer le transhumanisme comme l’aboutissement logique du mythe du progrès tel qu’il s’est élaboré au XIXe siècle, dans le sillage de la philosophie des Lumières et de sa grande ligne directrice qui veut que rien ne soit étranger à la raison. Le transhumanisme est en ce sens un « rationalisme exacerbé ». Il pousse cette idée de rationalisme jusqu’au bout. Attention à bien distinguer le rationalisme de la rationalité. Cette dernière est notre spécificité humaine, alors que le rationalisme est une position qui évacue tout ce qui n’est pas rationnel (le sensible, le spirituel, etc.) C’est une façon de penser, sur laquelle notre esprit critique est parfaitement libre de s’exercer.

Effectivement, le transhumanisme peut devenir sujet de fantasme. Il exacerbe cette pensée de Descartes, selon laquelle les hommes peuvent se rendre « maîtres et possesseurs de la nature » grâce à la technique. Cette citation bien connue du Discours de la méthode est au centre de la modernité. Le transhumanisme l’incarne jusqu’à la paranoïa (étymologiquement, la paranoïa est une « pensée par le haut », une pensée surplombante). Il est l’aboutissement de la paranoïa moderne.

Breizh-info : Au cœur du sujet, on voit bien que c’est la conception de l’homme qui est en jeu. Le transhumanisme ne semble pas considérer l’homme dans son ensemble, comme un être vivant, mais comme un « homme-machine », pour paraphraser Descartes qui le disait de l’animal. Les antispécistes bondissent s’ils entendent parler de l’animal-machine, mais peu de monde semble s’offusquer que l’homme puisse aujourd’hui être vu comme une addition de parties pouvant être analysées, démontées, réparées, remplacées…, indépendamment les unes des autres. Comment en est-on arrivé là ?

Michel Maffesoli : Le transhumanisme s’inscrit en effet dans une certaine conception de l’homme. Il suit notamment la logique de l’une des idées du XIXe siècle, qui est le grand siècle moderne, le temps de l’élaboration du progrès, du rationalisme social, etc. Cette idée est celle que Freud nommait la coupure (« die Spaltung »). Mon maître, l’anthropologue Gilbert Durand, parlait du « principe de coupure ».

Le transhumanisme suit donc ce principe de coupure, qui veut séparer la nature de la culture, le corps de l’esprit, etc. Le matériel et le corporel sont privilégiés, au détriment, entre autres, du religieux, du mystique, de l’imaginaire. La majeure partie des tenants du transhumanisme ont une vision dichotomisée du monde.

Mais il existe, au contraire, un mouvement de fond qui résiste à cette idée de coupure et vient heurter le transhumanisme dans sa caractéristique dominante. Il s’agit d’une tendance que l’on peut observer dans les sociétés, ce que j’ai appelé une « sensibilité écosophique » [NDLR : cette perception a été explicitée dans l’article accessible ici]. Cette sensibilité considère l’homme dans son ensemble – vision holiste –, et va donc à l’encontre du transhumanisme qui ne voit que l’homme-machine.

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Le transhumanisme s’inscrit-il donc dans la logique de Descartes ? Oui. Mais on peut apporter une nuance : il suit la logique de l’interprétation de Descartes, c’est-à-dire le cartésianisme. Descartes en tant que tel est plus subtil. On se réfère toujours au Discours de la méthode, mais ses cinquième et sixième Méditations métaphysiques nuancent le cartésianisme. Comme quoi, il faut toujours faire la distinction entre le penseur et le « -isme » qui en découle ! Toutefois, c’est évidemment le cartésianisme qui a dominé au cours de l’Histoire.

Breizh-info : Depuis des lustres, la médecine tente de guérir les hommes et allonge par conséquent la durée de vie. À une époque, mourir à 40 ans pouvait passer pour un âge raisonnable, on est passé à 60 ans, puis à 90 ans. Finalement, on pourrait très bien aller jusqu’à 120 ans, 150 ans, tout ceci n’est peut-être qu’affaire de seuil psychologique. Le transhumanisme considère le vieillissement comme une maladie contre laquelle il faut lutter. Que répondre à cela ?

Michel Maffesoli : Je dirais qu’on a toujours voulu dépasser l’âge de la mort, et non repousser. Toujours au XIXe, en ce siècle de l’avènement de la modernité, Hegel a mis en lumière l’idée d’« Aufhebung », du « dépassement ». Celle-ci s’était en effet répandue dans toute la vie sociale et a participé à l’essor du scientisme.

Il faut bien comprendre que l’instrument logique que nous utilisons toujours est celui de la dialectique, cette fameuse suite ternaire : thèse, antithèse, synthèse. Lorsque la médecine entend dépasser la maladie, la vieillesse, la mort, cela signifie qu’elle veut concrètement arriver au stade de la synthèse.

Depuis le XIXe siècle, ce mouvement de dépassement a effectivement été conforté par l’allongement notable de la durée de vie. Mais aujourd’hui, on touche à une certaine limite. On se rend compte que cette synthèse à laquelle on s’est habitué ne va plus fonctionner longtemps. On veut toujours le dépassement de la mort – et les actuelles mesures sanitaires contre le covid-19 en sont un bel exemple –, mais on se rend compte que l’humaine nature est ainsi faite que la mort en fait partie. Et c’est précisément cette crise sanitaire qui nous rappelle l’existence de la mort. On avait cru l’évacuer. Elle revient en force. Cet épisode laissera des traces.

Le transhumanisme, dans son fantasme, entend dépasser la mort, la nier. Or, à vouloir nier la mort, c’est la vie que l’on perd. Ne pas accepter la mort, c’est refuser toute cette tradition de ce que l’on pourrait appeler l’« homéopathisation » de la mort. Depuis toujours, il y a eu des croyances, des rituels religieux, des traditions qui avaient pour rôle d’adoucir l’idée de la mort en la laissant entrer dans la vie sociale. On peut penser par exemple au carnaval, à la fête des fous, aux danses macabres, à la Vierge Marie qui était honorée comme Notre Dame de la bonne mort, etc. La philosophie est également une préparation à la mort. Dans toute l’Histoire, les sociétés équilibrées sont celles qui ont su intégrer la mort.

Si on reprend Aristote et sa notion de catharsis, l’idée est bien de se purger, de se purifier des passions par le spectacle, par le jeu. Mais en aucun cas on ne les nie.

En se cantonnant à la négation de la mort, à cause de sa logique progressiste, le transhumanisme perd toute cette dimension vitale.

Breizh-info : De la même façon, on recourt déjà aux prothèses ou aux greffes, depuis longtemps. Des manipulations génétiques sont déjà effectuées sur des lymphocytes pour guérir certains cancers. La frontière avec le transhumanisme peut parfois sembler extrêmement perméable. Y a-t-il un critère objectif qui pourrait être mis en évidence et permettrait de savoir à quel moment on s’avance sur des sables mouvants ?

Michel Maffesoli : Il existe en effet déjà des manipulations sous différentes formes. Mais mon hypothèse est encore une fois que nous sommes dans une période de mutation, comme je l’ai écrit dans mon ouvrage Écosophie [NDLR : paru aux éditions du Cerf en 2017]. Un sentiment diffus, une sensibilité écosophique résiste de plus en plus à ce genre de choses. D’un point de vue sociologique, on voit bien qu’un autre rapport à la nature se développe aujourd’hui. On se rend compte que la domination exercée par l’homme « maître et possesseur de la nature » n’a abouti qu’à la « dévastation » – un terme cher à Heidegger.

On ne peut qu’observer l’évolution des tendances sociétales et voir ce que cela donnera.

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Breizh-info : Malgré son grand discours quasi théologique en vue d’améliorer le sort de l’humanité et de la sauver de la mort, le transhumanisme ne concernera certainement qu’une frange très aisée de la population, accroissant encore les écarts économiques. Comme tous les progrès techniques depuis la Préhistoire, il conduira sûrement à toujours plus de domination de la part de l’élite ayant accès à ces nouveaux outils. Qu’en pensez-vous ?

Michel Maffesoli : Il est clair que le transhumanisme est une affaire élitiste, et même élitaire [NDLR : « élitiste » désigne un comportement promouvant l’élitisme, tandis que « élitaire » caractérise le comportement d’une élite en particulier]. Quant à son discours franchement théologique, cela me rappelle la réflexion de Carl Schmitt sur la sécularisation en concepts politiques de concepts, à l’origine, théologiques !

Il existe actuellement un vrai décalage entre les élites et le peuple [NDLR : en 2019, Michel Maffesoli a publié La faillite des élites, en collaboration avec Hélène Strohl, aux éditions du Cerf, collection LeXio]. Mais outre cet état de fait, on ne peut que se réjouir de la manière dont les jeunes générations usent de la technique pour ruser avec la technique ! Je pense évidemment aux réseaux sociaux, sur lesquels on peut voir que ces populations se soumettent de moins en moins aux injonctions d’améliorer le sort de l’humanité. Elles sont davantage ancrées dans l’action présente, pas dans les projections abstraites. Notons au passage que, outre-Atlantique, les réflexions portant sur le net-activisme, la citoyenneté numérique, etc. sont bien plus avancées que chez nous.

La postmodernité est précisément ce moment de synergie de l’archaïsme et du développement technologique. Internet a par exemple permis l’essor du « co- » : colocation, covoiturage, coworking, etc.

Donc, oui, le transhumanisme se conforte dans sa dimension élitiste et élitaire, mais paradoxalement, l’usage de la technique permet aussi de lutter contre les dérives de la technique. En contrepoint du « désenchantement du monde » selon Max Weber, j’irais même jusqu’à dire que la technologie peut réenchanter le monde [NDLR : Le réenchantement du monde, publié aux éditions de La Table ronde en 2007].

Big Pharma, le progressisme transhumaniste sont la partie dominante, visible du monde actuel. Mais à l’image du « roi clandestin » décrit par le philosophe et sociologue Georg Simmel au début du XXe siècle, il existe une véritable tendance de fond. Elle est encore souterraine, mais elle résiste déjà.

Breizh-info : Votre posture est très optimiste !

Michel Maffesoli : On me le dit souvent. Mais je ne suis pas optimiste, je suis réaliste ! Le réalisme, dans la perspective d’Aristote ou de Thomas d’Aquin, consiste à constater ce qui est, et non à promulguer ce qui devrait être, ou ce que l’on aimerait qui soit.

Breizh-info : Le transhumanisme est véritablement le fruit de la modernité nihiliste telle que vous l’avez définie lors du colloque Iliade, cette modernité qui a extrait l’homme de sa participation à un cosmos, qui l’a coupé de Dieu si on se place dans le contexte chrétien de la révolution cartésienne. La start-up Neuralink est un bel exemple de cet hybris californien ; lancée par Elon Musk, elle entend connecter le cerveau humain à tout support informatique au moyen d’un implant cérébral. Face à une telle démesure, la sensibilité écosophique dont vous avez parlé est-elle de taille à lutter ?

imagestrhum.jpgMichel Maffesoli : Je crois que l’éclosion de cette sensibilité est inéluctable. La toute-puissance du progrès est un phénomène qui arrive à saturation, comme lors du processus chimique du même nom.

Effectivement il y a hybris, utilisation à outrance de la technologie. Nous sommes arrivés à une forme paroxystique du rationalisme. Mais l’expérience montre qu’il y a toujours une ruse. L’idée de limite se réimpose, en réaction à la modernité. Il faut être attentif à cette sensibilité diffuse. Elle n’évolue pas dans la société officielle, mais on la constate dans la société officieuse.

À titre d’anecdote, j’avais travaillé il y a longtemps sur l’importance du numérique dans la vie sociale, à l’époque où il commençait tout juste à poindre. En ce temps-là, le 3615 du Minitel était à l’origine un instrument de l’armée utilisé à des fins d’organisation logistique. Il a été détourné pour la création de sites de rencontres et de messageries roses. Comme quoi, on voit bien à toutes les époques que la ruse est un processus anthropologique. Kierkegaard la nommait « als ob » : « comme si »…

Propos recueillis par Isabelle Lainé

[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine V

jeudi, 08 novembre 2018

Kleist et le transhumain vers 1800…

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Kleist et le transhumain vers 1800…

par Nicolas Bonnal

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Oublions les embarras de la géopolitique et demandons-nous à quelle sauce l’élite globale et milliardaire, technophile et transhumaniste va nous reprogrammer. BRICS et occidentaux tous dans le même sac ! L’Inde a interdit le cash ou presque, la Chine contrôle sa population par le portable, le suédois se fait scanner pour aller au théâtre… La race humaine est fatiguée, me disait Jean Parvulesco peu avant sa mort, et elle désire se faire remplacer non pas démographiquement mais anthropologiquement, et euphoriquement.

Relisons la fameuse et merveilleuse interview de Lucien Cerise :

« À vrai dire, une conscience numérique ne serait qu'une forme simulée de vie puisqu'elle serait dépourvue d'épiderme (ou alors un épiderme simulé, donc faux). En effet, le programmateur possède un droit de regard total sur son programme, il peut le rectifier comme il veut et réduire totalement l'incertitude de son fonctionnement. Le programmateur est en position « divine ». Il ne peut donc pas y avoir de vie numérique puisque le minimum requis, l'incertitude réelle liée à l'épiderme réel, n'est pas présent. Par définition, l'incertitude véritable n'est ni modélisable, ni programmable. Par contre, il peut y avoir extermination du biologique au bénéfice d'une forme de « vie simulée » dans le numérique. Réalisation du « crime parfait », l'extermination de l'incertitude liée au vrai réel (ici, la matière vivante), au bénéfice d'une simulation du réel parfaitement traçable et contrôlée.

Le downloading total dans la Matrice virtuelle et l'accès du pouvoir à l'intimité psychologique des citoyens sont pour bientôt. »

On pourra dire que les citoyens n’ont que ce qu’ils méritent, du Brésil à la Chine en passant par Paris.

Mais revenons à la source, la quête de l’être artificiel et robotique dans le monde moderne…

On continue avec nos allemands qui relèvent vers 1800 une imperfection de la civilisation occidentale (voyez nos textes sur Goethe, Schiller) et tentent parfois d’y remédier. Cela donne Kleist, militaire prussien, qui lui rêve du monde transhumain de la marionnette, de l’automate seul capable d’édifier du parfait. Et cela donne un texte dense, impeccable, sulfureux : les scènes de la vie des marionnettes.

Le monde étant depuis Shakespeare et le baroque une scène de théâtre, on commence ainsi : 

« Il me demanda si je n’avais pas en effet trouvé certains mouvements des poupées, surtout des plus petites, très gracieux dans la danse.

Je ne pus le nier. Téniers n’eût pas peint de façon plus charmante un groupe de quatre paysans dansant la ronde en vive cadence. »

Puis Kleist se montre plus scientifique, plus mathématicien, héritier des automatismes des Lumières et de Vaucanson :

« Il répondit qu’il ne fallait pas m’imaginer que chaque membre était avancé et retiré par le machiniste, aux différents moments de la danse.

Chaque mouvement avait un centre de gravité ; il suffisait de commander celui-ci, à l’intérieur de la figure ; les membres, qui n’étaient que des pendules, obéissaient d’eux-mêmes de façon mécanique, sans qu’on y soit pour rien. »

Images mathématiques :

« Les mouvements des doigts sont au contraire dans un rapport assez subtil à celui des poupées qui y sont attachées, à peu près comme des nombres à leurs logarithmes ou de l’asymptote à l’hyperbole. »

Il faut pousser à la perfection et éviter l’affectation, trop humaine :

— Et quel avantage aurait cette poupée sur les danseurs vivants ?

— Quel avantage ? Avant tout, mon cher ami, un avantage négatif: celui d’écarter toute affectation. Car l’affectation apparaît, comme vous savez, lorsque l’âme (vis motrix) se trouve en tout point autre que le centre de gravité du mouvement. »

kleistbuch.jpgLe mannequin, la poupée, l’automate sont plus parfaits que nous :

« Je dis qu’aussi habilement qu’il conduise son paradoxe, il ne me ferait jamais croire qu’il puisse y avoir plus de souplesse dans un mannequin mécanique que dans la structure du corps humain.

Il reprit qu’il était parfaitement impossible à l’homme d’approcher même en cela le mannequin.

Que, sur ce terrain, seul un dieu pourrait se mesurer avec la matière… »

La perte de la grâce est irréparable. Le petit air d’innocence ne revient pas, comme dit Debord de la Société du Spectacle après mai 68. Et Kleist donne un bel et célèbre exemple :

« Je dis que je savais fort bien quels désordres produit la conscience dans la grâce naturelle de l’homme. Un jeune homme de ma connaissance avait, par une simple remarque, perdu pour ainsi dire sous mes yeux son innocence et jamais, dans la suite, n’en avait retrouvé le paradis, malgré tous les efforts imaginables.

À dater de ce jour, pour ainsi dire de ce moment, un changement incompréhensible s’opéra en lui.

Il se mit à passer des jours entiers devant le miroir ; mais l’attrait diminuait à chaque fois. Une force invisible et inexplicable semblait contraindre, comme un filet de fer, le libre jeu de ses gestes. Un an plus tard, on ne trouvait plus trace en lui de la grâce charmante qui faisait naguère la joie de ceux qui l’entouraient. »

Si l’homme est dans un équilibre instable. Il aussi perdu la perfection de la nature. Et Kleist de parler d’un bretteur ours…et russe ! Il est invincible :

« Non seulement l’ours parait tous mes coups, comme le premier bretteur du monde, mais (chose en quoi nul bretteur au monde ne l’eût imité) il ne se prêtait même pas aux feintes : debout, me fixant dans les yeux comme s’il avait pu lire dans mon âme, la patte levée prête au coup, si mes attaques n’étaient que simulées, il ne bougeait pas. »

Bel aphorisme :

« Nous voyons que, dans le monde organique, plus obscure et plus faible est la réflexion, d’autant plus rayonnante et souveraine s’étend la grâce. »

Conclusion simple de Kleist :

« Toutefois, comme l’intersection de deux droites partant d’un même côté d’un point, après le passage à l’infini, se retrouve soudain de l’autre côté, ou comme l’image du miroir concave, après s’être éloignée à l’infini, revient soudain juste devant nous : de même la grâce, quand la connaissance est pour ainsi dire passée par un infini, est de nouveau là ; de sorte qu’elle apparaît en sa plus grande pureté dans cette conformation humaine du corps qui, ou bien n’a aucune conscience, ou bien a une conscience infinie, c’est-à-dire dans le mannequin, ou dans le dieu. »

Il faut donc remanger de l’arbre de connaissance :

— En sorte, dis-je un peu rêveur, qu’il nous faudrait de nouveau manger du fruit de l’arbre de la connaissance (wieder von dem Baum der Erkenntniß essen), pour retomber dans l’état d’innocence (um in den Stand der Unschuld zurückzufallen)?

— Sans nul doute, répondit-il ; c’est le dernier chapitre de l’histoire du monde (das letzte Capitel von der Geschichte der Welt.)

Ici nous sommes enfin bien d’accord. Le camp de concentration électronique permettra d’accomplir le rêve des Lumières de reprogrammation de « l’homme d’après la deuxième chute » (Mircea Eliade). Et tout cela se fait sans douleur ni résistance, comme dans la caverne de Platon.

Sources

Heinrich Von Kleist – Scènes de la vie des marionnettes

René Guénon – Symboles de la science sacrée

Nicolas Bonnal – Ridley Scott, les mythologies de sa science-fiction (Amazon.fr)

Lucien Cerise – Interview sur « Gouverner par le chaos ».

dimanche, 22 octobre 2017

Decline of the Western Male

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Decline of the Western Male


Martin Heidegger, Oswald Spengler – “Martin Spengler” – these two 20th-century thinkers provide the main source of inspiration behind this project. Both sought to understand the times we live in, and to bring into view the deeper historical and philosophical significance underlying many of the political, economic, social, and cultural issues before us today. Both offer profound insight, and our goal here will be to lean on them in order to tease out what is at stake in many of the day to day problems, challenges, and controversies that grip our attention across the Western world.

Spengler’s masterpiece is his Decline of the West, which first appeared in Germany in the years immediately following World War One. His contribution is to set contemporary events within a civilizational context, as milestones in the development of a culture whose evolution has been dictated by its own internal laws and dynamics, apparent at its very birth 1,000 years ago. Spengler allows us to see how the impulse that drove Medieval European craftsmen to construct magnificent Gothic cathedrals that soared towards the heavens, while betraying ever more intricate detail in their stonework, is the same motivating force behind the transgenderism agenda today, Hollywood’s obsession with the Superhero genre, and in the attractive power of the dream to travel in space.

For Heidegger the key event has been the rise of Modern science and technology, and it is the implications of this development he seeks to reveal. It is Heidegger who helps us to understand how the Modern project is in its essence nihilistic; if followed through to its logical conclusion it means no less than the annihilation of both the world and humanity. This is a cataclysmic perspective, but Heidegger’s reasons for sounding the alarm apply with a monumentally increased force since he first raised this prospect during the 1930s. It was Heidegger who understood that the “subjectivism” which reduces the world to a “standing reserve,” a resource to be used at our convenience, is at its core empty, that the desire for comfort and ease is in fact a death wish. Nietzsche understood this too. The danger does not lie so much in an ecological disaster, the consequence of reckless actions such as the use of GMO crops, but from the success of technology rather than its failure. We can see this with “climate change,” first global warming will be successfully held at bay, then extreme weather events prevented, and then . . . the outside world will be made to look and feel no different from the carefully controlled environment we have inside every shopping mall. After all, if you could push a button from your beachside mansion to stop an oncoming hurricane in its tracks, and instead select for a pleasant view offshore, why wouldn’t you?

No one openly articulates such an agenda, and it does not matter whether it is realistic or complete fantasy, the logic is there nonetheless. It has been present for a thousand years, and it is immensely powerful. Our entire civilization is testimony to its power. This is the value both Heidegger and Spengler bring to a discussion of such issues, they allow us to approach topical subjects such as climate change or transgenderism from a very different angle, to understand why these are the battlegrounds today, and what is at stake.

A third dimension, however, is also needed. It is one neither “Martin” nor “Spengler” were aware of in their lifetime, nor is it a question that has ever concerned Western philosophy to any significant extent in its 2,500-year history. It is a product of our time, and as such is the key to understanding everything. In this respect, “the West” is unique, and at its heart lies a contradiction.

Civilisation by its nature is a masculine project, but Western civilization is in its essence – feminine.

The driving purpose behind the science and technology of the West is to make life easy, comfortable, safe, and amusing. These are feminine desires not masculine ones. Western men have striven for centuries to deliver such a lifestyle to their women, and over the last 70 years or so this effort has borne fruit in the unsurpassed standard of living enjoyed by large sections of the population in Western countries. But the more it has done so, the more the essentially feminine character of the West has come into play. Masculine values, masculinity, men, these were all necessary to bring us to this point, the achievements of science and technology are products of the masculine impulse to make an impact on the world, to understand it, shape it, to create with it, to build with it, for their enjoyment in part but most of all for their women and children, and for the sake of the larger civilizational project to whose success they are committed. But to the extent this project is realized, and life does become easy, comfortable, safe, and amusing, masculinity becomes increasingly redundant, and fades into the background. In its place the feminine becomes primary, a process that has accelerated to an enormous extent over the past half-century with the arrival of the “sexual revolution” in the 1960s.

In the world that is emerging, there are no limits, nothing that women cannot do, nor anything that requires the masculine impetus to turn outwards towards the wider world, to discover its secrets, confront its dangers, for there is no longer is an outside world. Once we reach the point where everything that exists is either an oversized shopping mall, an air-conditioned office building, a campus safe space, a theme park, or a McMansion, masculinity has served its purpose and has no further place, other than to supply routine maintenance services in the background. In this world everything is self-referential, reality is what we make it, truth is what we decide it to be, on the basis of what makes us feel comfortable, safe, and amused. This is why the internet and social media are so central to our culture, why reality TV is our iconic genre, celebrities our key figures, entertainment our main industry, marketing our critical skill set, and brand value our ultimate asset. It is also why #fakenews is a thing.

This self-referentiality is Heidegger’s “subjectivism.” It is extending its influence everywhere, even such former bastions of masculinity as the military. Western militaries are completely feminized, with the partial exception of Special Forces, the only units who actually experience real combat. This is not to say that US or NATO forces do not kill and destroy, they do on a massive scale, their mostly male members also die, but they do not fight, they do not even engage their “enemy.” Instead they conduct operations against fictitious opponents who are figments of their own imagination, and take casualties at the hands of real adversaries about who they know nothing. The disastrous British campaign in Helmand, Afghanistan, from 2006-10 is the classic example of this, launched against an insurgent force that did not exist at that time, but which soon did come into being with a vengeance as a result of the “counter-insurgency” operation.

Helmand is the rule rather than the exception. It is no accident that the weakest branch of the US military machine has always been Intelligence, because this is the one element that cannot be self-referential if it is to be effective.

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The Eclipse of Truth

We see the contradiction that runs through the West above all in the current state of science as an institution. In spite of its critical role in the Western civilizational project, science today is in an appalling state of disrepair. This is so even though vast amounts of data and new information are becoming available to many scientific disciplines due to earlier developments in technology, and also to the enormous resources being thrown into research and academia. Astronomy is a good example of this. However, the ability to intellectually process these sources into theoretical advances, to improve our understanding, has been all but lost, at least in the mainstream. Instead, astronomically related areas such as cosmology and astrophysics have disappeared into a fantastical set of rabbit holes that bear no relation to any reality outside of their own mathematical set of fictions. As a result they are completely sterile, there has been no progress in these branches of science for decades, in sharp contrast to the revolutionary breakthroughs that marked the first half of the 20th century. These gave us the technological advances that make the present possible, although the irony lies in that they also have contributed in large part to the dead end we now find ourselves in. This includes its poster boy Albert Einstein, who in spite of his personal integrity has been the single greatest catastrophe ever inflicted on the scientific enterprise. It is no accident that this individual was the first ever science “celebrity,” in no other period could a set of intellectually incoherent nonsense be mistaken for genius, but then again, it did so because it suited certain purposes . . . long before #fakenews came #fakescience.

The reason for this is the eclipse of truth, which is a masculine value, as the determining factor in decisions over what ideas to accept, papers to publish, research to fund, who to appoint, and who is selected to go viral, at least on the media circuit. Science as a practice has to balance its inquiry into the world as it really is with a whole series of competing interests. These might be commercial, political, ideological, institutional, or personal. The more important a branch of science is to Western society as a whole, the more corrosive these other influences, so that when we get to a central political issue such as “climate change,” we soon find that the quality of the science being produced on this question is utterly corrupted, and from a scientific standpoint completely worthless. This is because its purpose is not to find the truth, but to support an agenda, which it does by creating “models” of how the world should be and then using these to justify policy decisions whose motivation always lay elsewhere – self-referentiality once again. The reality is that climate “science” is not science at all, which goes to explain why its proponents refuse to honor any of the principles that guide genuine scientific inquiry – honest debate, transparency of data, willingness to admit uncomfortable facts, or explore alternative hypotheses.

An indication of the West’s true character and current state of decay can be seen in some of the intractable problems that plague modern society. Many of these revolve around health, arguably the area that provides the greatest source of pride to those who believe in the achievements of Western civilization. But while it is true that life expectancy is at record levels, infant mortality at its lowest, and that a cut finger is unlikely to result in death from a ravaging infection, it can hardly be argued that the population of a nation such as the United States is “healthy” in any meaningful sense. If we look at the obesity epidemic, for example, what is most significant about this problem is less that people are getting fat, but that Western medicine has proved totally incapable of making even a small dent in the constantly rising numbers of the obese. A different approach is clearly needed, but one will only be found on the basis of civilizational values that understand medical treatment in terms that do not involve drugs or surgery. Counter currents of this nature do exist, such as the ancestral health movement, or the advocates of LCHF, but these are defined precisely by their rejection of the Western project and its conception of what a healthy way of life is. The same applies to mental health issues, or the unbelievably high rates of addiction across the West, to everything from pain killers, shopping, gambling, gaming, porn, anything that offers an escape from an otherwise entirely meaningless, but materially quite comfortable, existence.

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The Desire to Escape

It is Spengler who shows us that this desire to “escape,” in his words towards “the infinite,” was present at the very birth of the West, and is in fact its driving force. This too needs to be understood in terms of masculinity and femininity. The masculine impulse is not to escape the world but to go out and engage with it, to learn how to navigate through it, to understand it, and with this knowledge to create and to build with it. A man may seek an escape from the wind and the rain for his family, but the shelters he constructs are made from real materials, and if they are not built according to the natural laws that govern civil engineering they will fall down. This is why truth is the paramount masculine value, and this truth is never self-referential, it is truth about the external world, so that humanity can live within this world.

The feminine impulse is the opposite, it is an attractive force and its ultimate point of reference is the woman herself and her children. If the masculine seeks to expand outwards towards the infinitely large, to ever extend knowledge and understanding, then the feminine measures this in terms of what it means to her, how it affects her, whether she likes what emerges around her as a result of this, or not. Men build houses, but women decide whether they want to live in these structures, and turn them into homes. The feminine is in its essence aesthetic, its measure is beauty, and the beautiful is appreciated through emotion, how it makes her feel.

During the rise of the West, this masculine impulse is harnessed and the Modern world takes shape over time. The feminine character of the Western project, however, is expressed in the ultimate end state Western civilization sets as its objective. This is Spengler’s “infinity,” but in everyday terms it goes under the slogan of “freedom.” The dominant motive behind the entire development of the West has been the desire to be free, and this means freedom from any and all constraints. Science and technology emerge as the means by which to escape the constraints of nature, but alongside this there is also the desire to escape social constraints. During the first centuries of the West, this mostly involved the struggle to overcome the Catholic Church, which dominated the social and cultural landscape of medieval Europe, and this lead to the Protestant Reformation. Later it becomes the desire to be free of any religious imposition on life whatsoever, whether through moral codes or the law of the land. Western society becomes secular.

Freedom is a feminine value, not a masculine one.  Femininity resents any external constraints on it, whether natural or social, because its reference point is the woman herself, in her singularity. There is no such thing as a feminine morality, because even two women form a set of entirely different compass points for any moral code. These might coincide, the two might agree and cooperate well together, but they also might not, there is no force behind the agreement, as soon as it feels like a constraint to either of them it will be abandoned. Women approach all relationships in this way, except with their children, there the rules change.

Masculinity does not strive for freedom, it seeks to serve. A man is measured by his contribution to something larger and outside of himself, his family, his tribe, his nation, his civilisation, its Gods, the truth. This service must be voluntary, and it must be valued. The Roman slave in revolt may kill his master but he will also willingly give up his life in the army of Spartacus, and ask only that in battle his general not throw this away cheaply.

For the same reason, equality is not a masculine value either. Men contribute to the best of their ability, because that is the source of their worth, but the end results are measured externally. The input is irrelevant, only the output. Masculinity naturally gravitates towards hierarchy, because some are more talented, experienced, or able than others, and what matters is the common venture, success or failure, victory or defeat. Men will accept the leadership, and even the domination of others, if this leads to a good outcome, because that is all that counts. Better to follow the victorious general, than lead an army to its destruction.

The feminine, on the other hand, does aspire to equality, because like freedom it is an abstract concept, it means the removal of any expectations placed upon her by anyone, which she might perceive as a constraint. Equality is the stepping stone towards freedom, which is the ability of a woman to act as her own point of reference in any aspect of her life. Today this goes under the term, “empowerment,” or “You go girl!” This is one form of the “tendency towards abstraction” we will try to elaborate on further.

Masculinity, however, acts as a counter-balance to this female “solipsism.” The masculine overrides this impulse and it is the woman who benefits, because it allows her to serve something greater – children, to become something larger than herself, to contribute, to leave her mark on the earth, to attain a slice of immortality. Men do this by imposing an order that serves the civilizational project they are committed to, in other words they impose social constraints on women. This is the “patriarchy,” it ensures that a society will continue because there will be future generations, that women will bear children. It is a civilizational project that makes women have babies, and this is its greatest gift to femininity, to those same women, it overcomes their own drive to “self-referentiality” and allows them to be something more, to participate in something larger.

The project of Western civilization, on the other hand, has been to escape this very civilizational constraint. By the 1960s it had achieved an important milestone along this path through the application of science and technology, with the invention of the contraceptive pill. As a result, birth rates have plummeted, well below the numbers required to reproduce the population. This is one reason why it is safe to predict the coming demise of the West, a social order can not survive if its women do not have children.

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Transhumanism — The Final Showdown

The West, in its essence, is neither a human nor a natural society. The current debate – is gender real ? – is not directed at finding truth but is instead a program of action – “we will make it so that there is no such thing as gender.” Masculinity and femininity, their polarity, will be abolished. This process is already well advanced, especially in the urban centers, and can be objectively measured by tracing the plummeting levels of testosterone in Western men. It is also the meaning behind the pronoun controversy that catapulted Jordan Peterson into the spotlight during 2015, and why his stance is so important.

Transgenderism is only the prelude, the real showdown is still to come. This will go under the title, “transhumanism,” and if its proponents are successful it will mean the end. Humanity will cease to exist. The technology is not yet fully developed, but the work is being undertaken, and rapid progress is being made. Starting with heart implants, prosthetic limbs, and wearable tech, the ultimate goal will be to overcome the limitations of the human body and achieve immortality. This will be done through packages whose benefits are undeniable – the replacement of legs lost by soldiers to IEDs, the extension of life expectancy, early detection of disease onset, and for this reason will be hard to resist.

An idea of what this means for humankind can be seen in the stresses and strains already affecting peak human activity, the Olympic Games. On the one side, the dissolution of gender difference will destroy women’s sport, a foretaste of which can be seen in the controversy surrounding South African runner Caster Semenya. On the other, advances in prosthetics mean Paralympians will increasingly overtake “able-bodied” athletes in their achievements, this already being the case for the 1500m event. In the background lies the ever more murky divide between legitimate diet and nutrition supplementation, and performance enhancing drugs, an indeterminancy that is also being exploited for political ends, as in the blatantly unjust treatment of Maria Shaparova over her use of meldonium. The point here is that the ruling to outlaw this drug in 2015, after years of its legally sanctioned use, was entirely arbitrary. The same applies to the earlier ban on blood doping.

All these trends lead in the same direction, a loss of meaning to the entire enterprise of elite sport as a human activity. This is nihilism playing itself out; it is Nietzsche’s “devaluation of all values.” The Paralympics for example, whose entire purpose is a celebration of the human spirit in the face of adversity, loses any sense of this once artificial limbs become a source of advantage rather than disadvantage, and replacing body parts becomes a desirable option. We approach the point in the first Robocop film where the decision is taken, “lose the arm,” even though it is undamaged. This has already happened on a small scale, with Australian Football League player Daniel Chick choosing to amputate an injured finger because it was harming his performance on field.

At the time, the idea of removing a body part for the sake of a sport was shocking. But the reasoning is clear, after all, what is there in our society that is not a game of some kind of other ? What better use could he have for his finger other than play a game in which he had attained a high level of mastery and was being well rewarded for doing so. Here it is important to understand what games are, and how they are essentially feminine in nature. This is because they are self-referential, defined by rules of their own making, and pursued for their own purpose – for fun. The value of a game is measured by whether it is enjoyable to play, or in our time, to watch. This applies with equal force to games that make a concession to masculinity – Call of Duty – and are therefore fun for boys to play. Such games are not masculine at all, in spite of feminist protests to the contrary, precisely because they are games – nothing is at stake. They are the safe forms of play a protective mother is happy to let her boys engage in, but they are forms that will also never allow these boys to grow into men, because for men failure has to matter, it has to hurt, physically not emotionally, it has to leave scars, it has to shape future behavior, it has to teach, the hard way. This still happens at the elite level, but only so the rest of us can spectate from the comfort of our sofas.

This helps us understand why, once a society becomes feminine primary, as the West is, it also takes on a more and more childish character. If everything is a game, with well-defined rules to prevent anyone from being harmed, and whose sole purpose is to be fun, then it is entirely legitimate to cry “not fair” whenever someone or something interrupts the proceedings. This was Donald Trump’s greatest sin, he spoiled Hillary’s party, he didn’t play by the rules, he didn’t accept that the 2016 election was never supposed to be a contest, but a game with only one outcome. This is how girls like to play, it was a crowning ceremony not a fight, and then that nasty boy ruined it. The massive display of infantilism that followed her defeat, the historically unprecedented tantrum that ensued, reflects just how far this process has gone.

This is again why Spengler and Heidegger are so useful. By standing back and adopting a perspective that spans 500 or a 1,000 years, it is possible to see how all these various strands interweave and form part of the same picture. There is a logic to this madness.

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The Masculine-Feminine Polarity: The Key Battleground

It also helps us to understand what it is that needs to be defended, if all is not to be lost. First and foremost, it is this – masculine-feminine polarity.

Masculinity and femininity are opposite impulses, but not only do they complement one another, they are mutually dependent on each other if either is to fulfill its true nature. Masculine without feminine can no more be itself than feminine can be so without the masculine. This is why our current feminine primary world is so at risk of annihilation; it has lost the counter-balance it requires to avoid oblivion. Femininity alone is a black hole, it is an attractive force that has no limit, and as such will consume everything, including itself. Masculinity left to its own devices would be no different, exploding outwards into nothingness, just as the Mongol horde was able to roam the known world and conquer vast expanses of territory, but whose heartland was left a depopulated desert as a result, much as was Alexander’s Macedonia at the height of his empire.

Both Alexander and the Mongols were conquerors, but they were not builders. In their modes of warfare lay truth, they were victorious in battle, but they left nothing of beauty. They did not create a space for the feminine, no architecture to admire, no style to imitate, no structures to dwell in. As a result, they came and went, in a very short span of time, and they did so because they lacked internal cohesion, their territories were broken up from within, not without.

These were masculine primary civilizations, in which one polarity is taken to such an extreme that the absence of its opposite became its downfall. A feminine primary society works in a different way, in that what it does is undermine polarity itself. This is because the feminine impulse is singular, solipsistic, so that anything external that has shape or definition is experienced as a constraint, and as such must be neutralized or eliminated. Gender roles are by definition oppressive, not because they disadvantage women, but because they are defined, and as such are limiting, only non-gendered, abstract beings can be truly free.

This is the “tendency towards abstraction.” It is being applied to human bodily constraints, to social, ethical, and moral codes of conduct, and also to time and space. This goes under the name of “globalization.”

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Globalization: The Loss of Any Meaning for Time and Place

Once again Heidegger assists us to understand what globalism is, in its essence. He does so in his classic work, “On the Question of Technology.” Here he takes the river Rhine as an example, whose role and function in modern Germany is primarily to serve as a source of hydroelectric power. This statement is usually interpreted as a kind of pro-environment stance, that the earth should not simply be seen as a set of resources for human beings to exploit. Heidegger certainly did believe that, but it is not the main point he wants to make. We see this when he introduces Holderlin’s 1808 poem, “Der Rhein,” into the discussion. For Heidegger, this poem represents the possibility of history, in which a people can emerge, a specific point in time that is their moment, and in a place that is their’s too. “Der Rhein” is not only a poetic work, it is the river, except that in the hands of Holderlin it becomes more than a moving body of water, but a historical location, the site of “Germanien,” the people whose language the poem is written in, the people for who this river is “Der Rhein.”

It is this kind of possibility the river as hydroelectricity denies. The current it produces is distributed through a grid. It is made available to anyone, anywhere, at any time. Who they are, and what they do with it, is irrelevant, in fact through the network the precise power source for any single wall socket might be any river, or any one of the various types of generating plant. This means that whatever people manage to create or achieve thanks to the availability of this electricity, it cannot bear the same relationship to the river Rhine we find in Holderlin’s poem. The connection has been severed, even if what comes into being is an online community of “Rhine lovers,” arrangements for a tourist cruise along its course, or a Heidegger fan page on Facebook. All of these can be enjoyable activities for those who participate, they can take on great significance in their personal life stories, but they do not have the capacity to be moments in historical time, where a “Germanien” is founded. There is no longer any possibility of history being made, of a “Der Rhein” coming into being.

This is globalization. It is the rupture of any meaningful link between place, time, and people. This is the postmodernist “end of the grand narrative,” which creates a lived experience of complete disorientation and disconnection, it is why our reality always feels so “artificial.” The problem is not so much that everywhere becomes the same, although this tendency is also present, but in the fact that any differences that do exist between locations are entirely random and meaningless. Even if a particular site has historical merit, or architectural splendor, this is now preserved purely for the benefit of tourists, who are visitors from nowhere in particular, who have come solely in order to be entertained, and whose value is entirely abstract – the money they spend. The great pyramids of Egypt may be the country’s main source of foreign currency earnings, but they bear no more relationship to the present nation’s culture, religion, language, or way of life, than they do to those who flock to see them. This is one reason why genuine study of these monuments has been effectively shut down for decades, in case any new understanding emerges that might have a negative impact on the tourism industry.

It is also why we can travel to Victoria in Australia and stumble across a large scale copy of the Sphinx, at what turns out to be a suburban gambling venue. Why a Sphinx? Who knows? Who cares? We can imagine future generations of archaeologists attempting in vain to decipher its meaning, because there is none, no greater relevance to the former manufacturing center and woolen industry export hub of Geelong than the original does to present day Cairo. Instead, the inspiration for this choice of design is more likely to have come from Las Vegas, where such total disregard for history and geography is taken to its logical extreme.

Las Vegas provides a good example of the “tendency towards abstraction” at work. The city’s location was chosen precisely because it was in the middle of nowhere, inside a state without any legal restrictions on gambling. Its founding was enabled by the availability of technology that overcame the natural constraints presented by the desert. Its central economic activity consists solely in the manipulation of symbolic values, games, whose appeal lies in their entertainment value. These games require as little skill acquisition as possible, and are governed purely by luck. Physical input is kept to an absolute minimum, no more demanding than pushing a button, the environment is carefully controlled for comfort, safety, and security, and no concession to time is made – venues are open 24/7 and no indication of whether it is day or night permitted. The entire enterprise is either entirely abstract or seeking to become so. Casinos, however, are not the final word in this process, their main competition now coming from the online gambling industry.

We see a similar tendency across the economy, which takes on an ever more “immaterial” character. This has two major forms. The first consists purely of symbols, above all banking and finance, which generate capital flows in various directions, but also the world of information technology that provides the platform for this kind of activity. These bear some relation to the “real” economy of tangible goods and services, but as the global financial crisis showed, this link is tenuous at best, and at times is broken entirely. The second is made up of “cultural” production – entertainment, fashion, style, brand identity, academic research, social media content, also dependent on IT to a large extent. As with finance capital, this constantly strives for autonomy from outside “reality,” it seeks to become self-referential, and in this it is becoming increasingly successful.

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The Impossibility of Beauty without Truth and Truth without Beauty

This is why a defense of male-female polarity is so important. Without this, both truth, the masculine value, and beauty, the feminine value, collapse. We see this in the Geelong Sphinx, which has neither truth nor beauty – it is tacky and looks ridiculous. We also see it in trends such as the “fat acceptance movement,” whose express purpose is to separate truth from beauty by denying that there is any such thing as a naturally beautiful female human form. On this question Gad Sa’ad has provided an overwhelming mass of evidence, but his argument only stands if we hold truth to be a value, and in a feminine primary world this is simply not the case. This is because the entire objective is to escape the truth, it is to create a world free of such constraints, so that any female, no matter how morbidly obese, can be considered beautiful. It is not a matter for debate, it is an agenda to be realized, and once again it is making rapid progress, as can be seen in the overwhelming number of Western women who are seriously overweight.

Beauty requires truth, it needs to be real in order to be truly beautiful. At the same time, truth needs beauty, because reality can be ugly too. There is a truth to female genital mutilation – by making sexual intercourse a painful act it serves as a powerful reinforcer in a patriarchal order whose goal is to subordinate women’s sexuality to family and property interests. As such, female genital mutilation works. Male genital mutilation, which is much more widespread in the West than female, also achieves its original purpose, almost identical to FGM, by reducing men’s enjoyment of sex. These truths do not make either practice any the less cruel or barbaric.

The masculine-feminine polarity is the central battleground today. It is why feminist ideology is the main opponent, because this is where the insurgent forces of annihilation are currently deriving their inspiration. What is at stake here is not simply an assertion of masculinity, or men’s rights, although our society is increasingly hostile to men; it is also a defense of femininity, because there is no single force on the planet more misogynistic than feminism, especially its radical wing, which detests everything feminine with the utmost venom.

In order to combat this misogyny and androgyny, it is necessary to set it in its proper historical perspective, to understand its source, and to appreciate the critical roles played by the concepts of “freedom” and “equality.” This is not to promote “unfreedom” or “inequality,” especially in relations between the sexes, but to grasp that the masculine and the feminine are forces that run in opposite directions, have different values at their core, but who ultimate complement and are necessary for one another to flourish. It is to protect a world in which truth and beauty both have a place, and it is to preserve the possibility of a new civilizational project, or projects, arising to replace a West now well into its terminal phase of decline.

samedi, 26 janvier 2013

Trans-humanity and post-Europe: Satanic agenda of US intelligence

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Trans-humanity and post-Europe: Satanic agenda of US intelligence

Ex: http://english.pravda.ru/
 

'Yes; is it a science?'

'Yes, there is such a science... but... I confess I can't explain to you what sort of science it is.'

Brothers Karamazov

By Nicolas Bonnal 

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When I first read the Global Trends redacted by the NIA, I first thought I was reading a bad screenplay for a low-budgeted Sci-Fi movie.

We are no more free citizens in modern nations; for there are no nations and no free citizens. We are just grey and febrile pawns, volatile and nervous ants and cyber-cockroaches - name it as you want - lodging in a big technological concentration camp named the American matrix. An individual will be by no mean himself, for the old Christian subject is dead. For our ruling elites, who always lament the Russian resilience and threaten strangulated Iran, there are no nations, no races, no spirituality and no soul: there is just a cyber-personality in search of an ergonomic perfection and a global network of electronic prisons and ecological surveillance. As foresaw Job, the current man is cast into a net by his own feet, and he walks upon a snare.

Global warming means indeed global warning and more rules and fines and sentences in the western camp, the so-called free world. The progress of science - or labelled so - means that we must improve ourselves in order to match the cold machine of the global western system. Modern technology served mainly to embed the Bentham nightmare of a total panopticon. A regulated and submitted humanity, that has lost any identity or even priority of her own, is such prepared to be managed and even reduced in quantity (too many aged people, too many consumers, etc.) and of course annihilated in quality.  Bleak acronym NIA means "negated" in French.

Dostoyevsky again:

There are numbers of them there, hundreds of them underground, with hammers in their hands. Oh, yes, we shall be in chains and there will be no freedom...

The Global Trends of the National Intelligence Agency hint to what French philosopher Deleuze named the modern bad script. For western life is merely a bad dream. It has no roots and propagates no goal, once it has drowned Christianity or Moslem civilization with the artefacts of progress and the most vulgar greed. It seems that the so rich Indian world has been easily neutralized too; thanks may be to the preparative of the British Empire and the role of the cast of Vaishya the West is converting six thousand years of civilization into cash.

Let them talk their proper lines. Our global and post-human dreamers dream so of a global middle-class easily controlled by ruthless elites:

A transnational elite-educated at the same global academic institutions-emerges that leads key nonstate actors (major multinational corporations, universities, and NGOs). A global public opinion consensus among many elites and middle-class citizens on the major challenges-poverty, the environment, anti-corruption, rule-of-law, and peace-form the base of their support and power. Countries do not disappear, but governments increasingly see their role as organizing and orchestrating "hybrid" coalitions of state and nonstate actors which shift depending on the challenge.

Hybrid: how much they enjoy that word! Your future wife, your future kids will be a hybrid of plant, machine and weird reptile! We can make it for you and sell it you!

Even if the data show the contrary they want to undermine as infamous Sutherland uttered what is left of our national identities:

Increasingly, elites in developed countries are likely to consider migration policy as part of an economic growth strategy, particularly as competition grows for highly skilled employees.

The World Bank estimates that a 3-percentage-point increase in the stock of migrants by 2025 would lead to a 0.6-percent increase in global income, a gain of $368 billion, with developing countries and migrants from those countries benefiting more than the natives of high-income countries. This is more than the gains from removing all remaining barriers to free trade.

The nomadic and cybernetic society is led by a pure quantitative agenda: as I already stated before the publication of this incredible documents, Guenon and traditional East have failed where the West had triumphed. But Guenon was right while predicting a reign of the quantity. Read that again:

Years from now I think that historians will see changing immigration and mobility as the foundation for the growing political and technological cooperation. For good or for ill, a cosmopolitan elite with ties to multiple countries has formed: these elites are comfortable working and living in multiple places. Even the less skilled are more mobile, filling in gaps in many aging societies.

Here at least global dreamers tell us the truth: destroying societies by the elites (the dead fish rots by the head as we always have known) and the legions of not so illegal aliens. They cross and crush then peoples and old classes. Brainwashed foreign students of the American universities will confirm this truth if allowed between two shooting parties...

But that's not all. Terminating Asia or 'old Europe' is not enough. The Illuminati agenda of American Intelligence wants more: it doesn't only want anymore Iranians, Russians, Englishmen or Frenchmen: it just wants no human left on the surface of the earth (are we too much ecologically active and threatening any virus or species of mosquito?).

There will be so a cyber-monster or a Hollywood-like Superman who may seduce the new ghost of Hitler but not the heir of Jesus. I quote the full lunatic passage:

As replacement limb technology advances, people may choose to enhance their physical selves as they do with cosmetic surgery today. Future retinal eye implants could enable night vision, and neuro-enhancements could provide superior memory recall or speed of thought. Neuro-pharmaceuticals will allow people to maintain concentration for longer periods of time or enhance their learning abilities. Augmented reality systems can provide enhanced experiences of real-world situations. Combined with advances in robotics, avatars could provide feedback in the form of sensors providing touch and smell as well as aural and visual information to the operator.

But the neuro-something civilization will have a price. What we know in our ruined old western countries is that the modern technoscience with all its gadgets and items has always had an enormous price; even if it doesn't have the so hoped results:

Owing to the high cost of human augmentation, it probably will be available in 15-20 years only to those who are able to pay for it... Moral and ethical challenges to human augmentation are inevitable.

Bringing out the Golem - this legendary monster of the ghetto of Prague- has always been the dream of modern science. Yet it will easier to turn the human being into a machine than to turn the machine into a human being. Ask governor Schwarzenegger or Jean-Claude van Damme!

Brain-machine interfaces in the form of brain-implants are demonstrating that directly bridging the gap between brain and machine is possible. Military organizations are experimenting with a wide range of augmentation technologies, including exoskeletons that allow personnel to carry increased loads and psycho-stimulants that allow personnel to operate for longer periods.

Human augmentation could allow civilian and military people to work more effectively, and in environments that were previously inaccessible. Elderly people may benefit from powered exoskeletons that assist wearers with simple walking and lifting activities, improving the health and quality of life for aging populations. Successful prosthetics probably will be directly integrated with the user's body. Brain-machine interfaces could provide "superhuman" abilities, enhancing strength and speed, as well as providing functions not previously available.

The folly of this ill-written dramatic text shows us at least one thing: America -or whatever means that word now- won't stop here. It has become a printing-machine of dollars and barbarities. God knows if we can be preserved from such an agenda of techno-prisoners consenting to their fate with their distorted brains. Ask Dostoyevsky again, for the Russian genius knows much about God than the Illuminati:

What should I be underground there without God? Rakitin's laughing! If they drive God from the earth, we shall shelter Him underground. One cannot exist in prison without God; it's even more impossible than out of prison.

Nicolas Bonnal 

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