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mercredi, 29 octobre 2025

L'Europe, la grande perdante dans la guerre entre les États-Unis et la Chine pour les métaux rares, selon les médias

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L'Europe, la grande perdante dans la guerre entre les États-Unis et la Chine pour les métaux rares, selon les médias

Source: https://es.sott.net/article/102129-Europa-la-gran-perdedo...

Bruxelles risque de devenir subordonnée aux deux puissances en raison de sa dépendance aux services numériques américains et à l’exploitation minière chinoise, avertit le journal The Financial Times. Il ajoute que l’investissement de l’UE dans les industries clés est ridicule par rapport aux milliards que Pékin et Washington y investissent.

« La double dépendance de l’Europe vis-à-vis des services numériques américains et de l’industrie chinoise de traitement des minéraux critiques la rend très vulnérable aux pressions extérieures », souligne-t-il. 

Cela s’aggrave du fait que la stratégie de l’UE concernant les matières premières entre en conflit avec l’opposition des écologistes, tandis que ses investissements technologiques sont bien inférieurs à ceux de la Chine et des États-Unis, indique la publication. 

Même dans le domaine où l’Europe était considérée comme leader — énergie solaire, éolienne et véhicules électriques — la Chine domine actuellement ces secteurs, notamment avec la production de batteries au lithium. 

« Si Bruxelles ne parvient pas rapidement à mobiliser les États membres, l’UE finira par devoir supplier en permanence la Chine, les États-Unis ou les deux », résume The Financial Times. 

Cela se produit dans le contexte de la guerre technologique entre Pékin et Washington, dans laquelle les États-Unis restreignent l’accès de la Chine aux microprocesseurs, majoritairement fabriqués à Taïwan. La Chine, pour sa part, est devenue le leader mondial du traitement des métaux rares, en réalisant ses opérations à un coût 30% inférieur à celui de ses concurrents et en monopolisant les terres rares. Cela lui permet de contre-attaquer et d’imposer ses propres règles du jeu. 

Les nouveaux tarifs douaniers imposés par Trump contre la Chine entreront en vigueur à partir du 1er novembre, ce qui porterait les droits de douane de Washington contre Pékin à 130%, alors que jusqu’à présent, la Chine applique une taxe de 10% sur les produits américains. 

Le 15 octobre, la Chine a lancé un avertissement aux États-Unis concernant la guerre commerciale. La réponse de Pékin aux tarifs américains sera ferme et personne ne l’intimidera, ont assuré le ministère chinois du Commerce.

Guerre financière

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Guerre financière

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/guerre-finanziarie/

Bart De Wever, le Premier ministre belge, est tenaillé par de nombreux doutes.

La confiscation des biens russes, des actions et autres, situés dans l’Union européenne, pour les remettre à Zelensky, le laisse extrêmement perplexe. Et ce n’est pas parce qu’il serait un dangereux pro-russe. Absolument pas.

Le fait est qu’un tel comportement serait extrêmement inhabituel. Même pendant la Seconde Guerre mondiale, les biens allemands déposés dans les banques occidentales n’ont pas été touchés. Et inversement, bien sûr.

Il s’agit d’une attention mutuelle visant à ne pas faire totalement s’effondrer le système international du crédit et des banques.

Mais maintenant, la Commission européenne, soutenue par certains gouvernements, notamment ceux l’Allemagne et de la France, souhaite aller dans cette direction. Tous les actifs financiers russes seraient confisqués. Et, ensuite, remis à Zelensky.

Cependant, c’est là que commence la perplexité et l’inquiétude du Premier ministre belge. La Russie ne pourrait pas ne pas réagir, en confisquant et nationalisant des actifs économiques et surtout des entreprises européennes. Et cela causerait un grave, très grave, préjudice. Car ce que, dans leur ensemble, les pays européens perdraient, est énormément supérieur à ce qu’ils pourraient confisquer en actifs russes. Sans parler du petit détail que tout ce qui est confisqué en Europe irait, tout droit et gratuitement, dans les mains cupides de Zelensky. Tandis que les pertes retomberaient sur les pays européens eux-mêmes.

Ceci dit, De Wever est, manifestement, quelqu’un qui sait compter. Et il se rend compte que le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Au contraire, il représente une voie très rapide vers le suicide économique.

D’où sa perplexité, qu'il exprime toutefois de manière très mesurée. Et cependant, très significative.

Car beaucoup, même dans les pays d’Europe occidentale, commencent à douter de cette politique de l’Union, visant une guerre sans règles ni quartier contre Moscou.

Des doutes qui, de l’Espagne à la Belgique, fragilisent de plus en plus ce qui reste encore debout de cette marionnette unitaire.

Pourquoi la gauche perd les élections... et est rejetée par les classes populaires

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Pourquoi la gauche perd les élections... et est rejetée par les classes populaires

Nicolas Maxime

Source: https://www.facebook.com/nico.naf.735

Javier Milei a été confirmé aux législatives de mi-mandat, encore un nouveau signe que le basculement dans le Monde vers la droite populiste se poursuit, pendant que la gauche continue de s’effondrer, incapable de comprendre ce qui lui arrive. La gauche perd élection après élection, et elle continuera à les perdre, partout dans le monde, pendant que l’extrême droite poursuit sa progression — y compris avec un programme économique pourtant contraire aux intérêts matériels des classes populaires. Pourquoi ? Parce que l’extrême droite, elle, a parfaitement compris la logique girardienne du bouc émissaire, en désignant les « assistés », les chômeurs, les migrants voire les fonctionnaires et les retraités comme étant responsables de la crise. Tandis que la gauche, devenue nullissime (y compris dans ses formes dites « radicales »), n’a plus rien compris au peuple, au point d'en être venue, par inversion mimétique, à faire du prolo blanc son bouc émissaire car perçu comme un plouc ou un  « beauf » réactionnaire et raciste.

Cette déconnexion avec le réel s’incarne parfaitement dans le mépris de classe d’un Édouard Louis, qui va jusqu’à rêver — comme il l’exprime sans gêne — d’un régime où les villes et les campagnes auraient des gouvernements séparés, tant il estime irréconciliables le peuple urbain « progressiste » et les campagnes jugées réactionnaires. C’est le symbole parfait d’une gauche culturelle, moraliste et métropolitaine, qui ne supporte plus le peuple réel, celui qui ne parle pas comme elle, ne vit pas comme elle, et surtout, ne vote plus pour elle.

Aux yeux des classes populaires, motivées par un instinct de survie et de préservation de leur mode de vie, la gauche d’aujourd’hui n’est plus qu’une « gauche morale », une gauche qui incarne précisément tout ce qu’elles détestent.

Cette « gauche morale » n’a plus grand-chose à proposer sinon quelques réformes sociétales, une écologie quinoa-vegan fondée sur les interdictions et la culpabilisation, et la taxation des riches comme ultime horizon moral. En somme, elle est devenue la gauche du Capital — celle des médias, des grandes institutions culturelles, des universités et des métropoles. Elle est désormais considérée par les classes populaires comme plus dangereuse encore que l’extrême droite, parce qu’elle a trahi le camp qu’elle prétendait défendre, elle inspire désormais le rejet d’une majorité silencieuse qui, faute d’alternative crédible, se tourne vers l’extrême droite ou se réfugie dans l’abstention, perçue comme le moindre mal.

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Comme le disait Jean-Claude Michéa, cette gauche a définitivement rompu avec le peuple dès lors qu’elle a cessé de se définir par la critique du capitalisme pour se fondre dans la logique du progressisme libéral. Depuis les années 1980, elle a abandonné la lutte des classes, la socialisation des moyens de production et la défense du monde du travail, pour devenir « gauche morale » des droits individuels, de la redistribution des richesses et de la bonne conscience. Elle ne s'adresse plus aux ouvriers et aux employés mais à la bourgeoisie culturelle, à ceux qui détiennent le capital symbolique, et non plus à ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre.

Comme le résume Michéa, elle ne combat plus le système, elle l’accompagne au nom du « progrès ». Et c’est précisément parce qu’elle a cessé d’être populaire qu’elle est devenue, dans le regard des classes populaires, la gauche du haut, celle des donneurs de leçons et des convertis au nouvel ordre moral libéral.

Dans ses enquêtes sur les campagnes françaises, il montre que les territoires périphériques et ruraux, loin d’être des bastions réactionnaires, sont d’abord des espaces de sociabilité, de solidarité et d’entraide, mais où domine un profond sentiment d’abandon. Coquard décrit un monde populaire attaché à la reconnaissance, au travail bien fait et qui voit dans la gauche diplômée et urbaine non plus une alliée, mais une élite moralisatrice qui ne les comprend pas et les méprise.

Pendant que la gauche sermonne et culpabilise, l’extrême droite capte les affects, les colères, les peurs — bref, tout ce que la gauche a méprisé au nom de sa « supériorité morale ». Et c’est ainsi qu’elle s’installe durablement comme le seul refuge politique pour ceux qui, désespérément, veulent encore croire qu’ils existent.

Bien entendu, l’extrême droite ou la droite populiste sera une impasse, et les classes populaires le découvriront (malheureusement) à leurs dépens. Car ce ne sont pas les immigrés, les minorités ou les élites culturelles qui menacent leurs modes de vie et les traditions : c’est le capitalisme lui-même, dans sa phase terminale, qui bascule désormais vers une forme autoritaire et libertarienne, où il n’y aura plus aucun compromis avec les travailleurs.

La véritable question est donc : comment le faire comprendre sans tomber dans les mêmes travers que la gauche morale ?

19:53 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gauche, droite, idéologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Un pont à Budapest - Trump, Poutine et Orbán aux carrefours du chaos et de la puissance à Budapest

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Un pont à Budapest

Trump, Poutine et Orbán aux carrefours du chaos et de la puissance à Budapest

Alexandre Douguine

Alexandre Douguine retrace comment Budapest émerge comme le point de friction où l’imprévisibilité de Trump et la stratégie de Poutine reshaping le jeu mondial.

Entretien avec Alexandre Douguine dans le programme Escalation

Présentateur : Donald Trump, le président des États-Unis, sera fréquemment mentionné dans notre émission aujourd’hui. Il a eu une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine et a rencontré personnellement Vladimir Zelensky. Je souhaite poser une question simple: sans les comparer directement, mais en analysant la dynamique de ces relations — comment la situation a-t-elle évolué après la conversation avec Poutine et la rencontre avec le leader du régime de Kiev? Existe-t-il des différences fondamentales entre ces interactions, ou Trump reste-t-il fidèle à son style, partout et toujours?

Alexandre Douguine : Lorsqu’on évalue le comportement de Trump en ce qui concerne la résolution de notre guerre contre l’Occident — en gros, contre Trump lui-même sur le sol ukrainien — nous partirons naturellement de notre propre perspective. Chaque fois que Trump fait un pas en direction de la Russie, nous considérons sa démarche comme favorable. Lorsqu’il soutient Zelensky et les politiques militaristes russophobes de l’Union européenne, nous qualifions une telle posture d’hostile. Pourtant, Trump vacille — il fait un pas dans une direction, un autre dans l’autre. Au moment où nous le déclarons favorable, il nous contredit subitement en promettant des Tomahawks aux Ukrainiens, en proclamant que l’Ukraine peut nous vaincre sur le champ de bataille, en exigeant que la Chine et l’Inde abandonnent l'achat de notre pétrole, et en renforçant les plans agressifs de l’UE. Dès que nous le qualifions d’hostile, il convoque Zelensky, l’humilie publiquement, le réprimande, lui tire les oreilles, se moque de ses protecteurs européens, et annonce en souriant qu’il serait heureux de rencontrer son “ami Vladimir” en Alaska ou à Budapest. L’Union européenne panique — Orbán et Fico apparaissent comme des rossignols blancs en raison de leur position souveraine. Trump ajoute alors: «Et si, demande-t-il à Zelensky — nous construisons un tunnel entre l’Alaska et la Sibérie russe?». Zelensky reste alors sans voix — c’est une humiliation publique. Nous trouvons cela amusant et commençons à penser que Trump se range de notre côté. Mais quinze minutes plus tard, il dit: « Peut-être que je plaisantais. Peut-être que je donnerai quand même les Tomahawks — je vais y réfléchir. Une rencontre ? — pas clair. Le tunnel ? — je ne sais pas. L’Inde doit toujours abandonner le pétrole. » Et il redevient hostile.

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De notre point de vue, son essence est insaisissable — il est à la fois une chose et une autre, son contraire. Cela est devenu sa norme, sa façon de faire. La gamme de ses fluctuations est plus grande que celle de l’administration Biden. Biden a poursuivi une politique d’escalade — pression sur la Russie, soutien maximal à l’Ukraine, militaire, économique, diplomatique, médiatique — mais dans certaines limites, évitant la confrontation nucléaire. Leur ligne rouge était claire: ne jamais dépasser la limite de l’escalade contrôlée. Trump semble n’avoir pas de telle limite. Livrer des Tomahawks à Kiev serait une menace anti-russe plus dure que tout ce que Biden a osé. C’est effrayant: dans le sens des politiques anti-russes, Trump est prêt à aller plus loin que les globalistes. Pourtant, il peut tout aussi bien dire à Zelensky: «Gère toi-même ton conflit avec les Russes» — chose impensable sous Biden. L'amplitude de ses variations s’étend dans les deux sens: on peut attendre de lui du favorable ou du catastrophiquement dangereux. Un pas vers nous sera presque certainement suivi d’un virage brusque vers nos adversaires. Il cherche à s’élever au-dessus du conflit, mais en reste un participant.

Poutine tente de négocier avec lui; lorsque Trump est par hasard sur notre longueur d’onde, il écoute des arguments d'ordre historique. Mais seulement partiellement — car c’est difficile pour lui. La raison historique pour laquelle l’Ukraine nous appartient demande des connaissances, de la dialectique et de la compréhension pour les origines de ce conflit. L’histoire de l’Amérique est courte — trois ou quatre siècles. La nôtre est longue; celle de la Chine remonte à cinq mille ans. Trump n’a aucun intérêt pour cette longue durée; il n’a pas le temps de s’y plonger. Il agit par impulsion — parfois en cherchant à obtenir le Prix Nobel, prix discrédité, qui est devenu une marque de honte pour les personnalités les plus viles, celles qui le reçoivent. Il aspire à la gloire d’un pacificateur, mais n’y parvient pas. Israël a soutenu ses “missions de paix” pendant quinze minutes avant de se remettre à bombarder Gaza. A ses propres yeux, il demeure un héros, et cela le motive. Pourtant, en substance, il ne se range derrière personne. Un pas vers nous — Budapest, la réprimande à Zelensky, le refus des Tomahawks — est suivi d’un coup de pied de la Maison Blanche. Il écoute un chanteur italien puis réprimande Zelensky: « Va-t’en ! ». C’est un spectacle effrayant, mais l’humiliation, cela fait partie de son style.

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Ce pandémonium ressemble à la série américaine Succession, où le magnat change de position chaque seconde, humiliant sans cesse tout le monde — ses proches, le monde entier, celui qui lui est proche et celui qui lui est éloigné. Pour Trump, le monde entier, c'est sa “succession”. Un geste vers nous ne doit nous donner aucune illusion — attendez-vous à un revirement soudain. Nous, cependant, nous avons un objectif stratégique: l’Ukraine sera nôtre, ou elle cessera d’exister. La neutralité est impossible; après ce qu’elle a fait, tout espoir en ce sens est perdu. Pour bétonner nos intérêts, nous devons rétablir le contrôle sur elle. Telle est notre tâche, et nous avançons dans cette direction — pas nécessairement dans l'immédiat, mais étape par étape. Trump, lui, s’en fiche; il est motivé par des motifs superficiels, momentanés, mais souvent grevés d'une grande dangerosité. Il n’est pas un allié et ne nous offrira pas l’Ukraine en cadeau. Nous devons la libérer nous-mêmes, la reconquérir, et établir une gouvernance conforme à nos intérêts.

Échapper à une Troisième Guerre mondiale — nucléaire ou autre — demeure une inconnue. Mais Poutine agit brillamment, de manière cohérente, cherchant à gagner en Ukraine sans déclencher une apocalypse nucléaire qui serait suicidaire. Telle est notre position.

Aux États-Unis, la situation paraît différente. Il y a trois forces stratégiques en présence. La première est le mouvement MAGA, grâce auquel Trump s’est élevé au pouvoir. Leur position est proche de la nôtre: pas d’interventions, pas d’aide à Zelensky — car ils estiment que ce n’est pas leur affaire. Quand Trump met fin à tout soutien à Zelensky, il parle au nom du mouvement MAGA: que Russes et Ukrainiens gèrent le conflit eux-mêmes. C’est aussi l'avis de l'électorat principal, la stratégie de MAGA. Lorsque Trump dévie, les militants de MAGA s’en affligent; lorsqu’il revient à leurs positions, ils l'acclament: « C'est mon président — c’est pourquoi j’ai voté pour lui». Si il dit: « Je vais donner des Tomahawks à Kiev », ils répondent: « Pas mon président — ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai voté». C’est une force puissante. Ils veulent une Grande Amérique, pas un garant de la démocratie mondiale à la Wilson. Ils s’opposent au libéralisme, à la mode LGBT, au mouvement Antifa de Georges Soros, à la corruption, à Epstein.

Les Démocrates, la seconde force en présence, soutiennent Zelensky mais restent dans l’opposition et n’ont aucune influence sur la politique de Trump. La troisième force — les néoconservateurs et les RINOs, l’ancienne garde des Républicains cherchant l’hégémonie mondiale — comme Kellogg et d’autres autour de Trump, le poussent vers l’escalade. Entre MAGA et les néocons, Trump oscille, comme il le fait face à nos propres positions. Sa position sur l’Ukraine est le test décisif. MAGA est contre le soutien à Zelensky, mais Trump cherche à apparaître indépendant — comme Logan Roy dans Succession.

Présentateur : Au fait, je me souviens avoir lu que certains des scénarios et personnages de Succession étaient inspirés de Trump et de sa famille, même si la série a été créée avant sa présidence. En revenant à sa personnalité — d’après vos mots, il est clair que Trump possède une certaine stratégie, que ses actions et déclarations reposent sur quelque chose. Pourtant, beaucoup en Europe, en Amérique et en Russie constatent que Trump peut soudainement sortir quelque chose ou agir impulsivement simplement parce qu’il est Trump. Avant la dernière élection, Poutine, en réponse à la question de qui serait préférable pour la Russie, a nommé Biden — en disant qu’il était plus prévisible. L'imprévisibilité de Trump est-elle vraiment le résultat d’un manque de connaissance profonde ou de frivolité? Son équipe, disons, est plutôt expressive. Lorsqu’on leur demande pourquoi Budapest a été choisie pour une rencontre Trump–Poutine, ils répondent : « Et ta mère. »

Alexandre Douguine: Poutine a soutenu Biden pour ne pas nuire à Trump — s’il avait nommé Trump, ils l’auraient éliminé de la course, en l’accusant d’être la tête d'un « complot russe ». Ce fut une faveur. Biden était prévisible; ses lignes rouges étaient claires. Lui et les démocrates poursuivaient une escalade linéaire — une guerre chaude avec tout l’Occident qui finira par éclater.

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L’imprévisibilité de Trump va dans deux directions: il peut aller plus loin dans l’escalade ou dans la réconciliation. Son impulsivité, sa frivolité — qui, parfois, ressemblent à de la démence — sont évidentes. Celles de Biden étaient silencieuses; celles de Trump sont tapageuses. Mais il y a néanmoins une logique. Lorsque des néoconservateurs comme Kellogg ou le terroriste, désigné comme tel par la Russie, Lindsey Graham, lui mettent la pression, il s’appuie sur MAGA. Lorsqu’il demande trop à MAGA, il se tourne vers les néocons. Ce mouvement entre les pôles n’est pas une simple spontanéité mais un algorithme.

La réponse « et ta mère » à la question sur Budapest dépasse la simple impolitesse; c’est une réponse au ton russophobe de la question — l’allusion « es-tu l’espion de Poutine ? », Caroline Leavitt et l’équipe de Trump disent essentiellement: « Fous le camp, porc ». Et ils ont raison — c’est ainsi qu’on doit parler à une opposition fallacieuse qui a déclenché une guerre. Les journalistes libéraux qui assiègent le gouvernement se saisissent de telles phrases.

L’impulsivité de Trump possède sa propre logique, comme celle de Prigogine dans la physique du chaos: le chaos est un ordre complexe. Poutine a parlé à Valdai de la «philosophie de la complexité» d’Edgar Morin. Dans le monde quantique, Trump navigue bien — même si ce n’est pas la mécanique classique de Newton, mais un système non linéaire. Ses conditions aux limites sont plus larges que celles de Biden. Il est prêt à l’escalade tant que cela évite la guerre nucléaire. Biden, par russophobie, pouvait faire empirer la situation, tandis que Trump fait peut-être semblant d’être prêt à l’apocalypse. C’est un épicurien, un bon vivant, ni suicidaire ni fanatique, prêt à sacrifier les principes libéraux pour en tirer des avantages.

Présentateur : En poursuivant notre entretien — peut-être en abordant un autre sujet — j’aimerais discuter plus en détail du lieu possible de la prochaine rencontre entre Poutine et Trump. Cela revient à ce que vous avez mentionné plus tôt. A Budapest, en Hongrie: dans une ville avec un héritage historique et des atouts modernes liés au pays même et à ses dirigeants. Comment doit-on voir ce choix si les présidents de la Russie et des États-Unis se rencontrent réellement là-bas et si le choix de Budapest est confirmé?

Alexandre Douguine: Cette situation doit être analysée à travers le prisme des couches politiques et géopolitiques de la réalité. Il est évident que l’Europe n’est pas une — il y a deux Europes. Autrefois, l'«Occident collectif» — l’administration Biden et l’UE — formait un seul champ, celui des démocraties libérales et du mondialisme, avançant un programme de perversions, de défilés LGBT (interdits en Russie), de turbulences BLM, de haine de ses propres racines et cultures, de culture de l’annulation, de migrations incontrôlées. C’était la plateforme commune de l’Occident — des États-Unis et de l’Europe ensemble.

La révolution de Trump, fondée sur le mouvement MAGA, a introduit des tendances opposées en Amérique. Les États-Unis se sont retrouvés dans une position unique: ils sont toujours le « père » de l’Europe — le "papa" comme Rutte et von der Leyen appellent Trump, le parrain de l’Europe — mais leur président suit une stratégie contraire à celle des dirigeants de l’UE. J. D. Vance en a parlé en Europe; Elon Musk soutient activement les populistes, secouant les élites libérales-globalistes en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et en Roumanie via X.com. Ces élites ont été vaincues en Amérique, mais conservent une influence en Europe.

La deuxième Europe est souveraine, populiste, « à la façon du mouvement MAGA » — faire en sorte que l’Europe soit à nouveau grande, par analogie avec MAGA. C’est l'Euro-Trumpisme, défendant l’indépendance et la souveraineté, s’opposant aux mondialistes, à la migration de masse, au pandémonium LGBT et au mariage gay — tous interdits en Russie et en Hongrie. Le Budapest d’Orbán est la citadelle de l'Euro-Trumpisme, une forteresse du conservatisme et des valeurs traditionnelles où Soros, les défilés gays et la migration illégale sont interdits. C’est le contrepoids, façon MAGA, c'est une autre Europe face à l'Europe de l'UE.

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Interrogé sur « pourquoi Budapest ? », Trump répond: «C’est notre territoire». Orbán est son allié le plus proche en Europe. Fico est un populiste de gauche, tandis qu’Orbán est de droite et conservateur comme Trump. Un autre populiste conservateur est notre propre président Vladimir Poutine, qui mise sur le peuple et les valeurs traditionnelles tout en s’opposant à la migration et aux perversions. Trois leaders — Poutine, Trump et Orbán — se rencontrent à Budapest, un lieu plus proche de la Russie mais encore inclus dans l’Occident. Anchorage était autrefois proche aussi, faisant partie de notre ancien empire, tout comme la Hongrie durant la période soviétique. Trump exécute une danse géopolitique à nos frontières — hier l’Alaska, aujourd'hui Budapest. Après la visite de Poutine chez son ami Orbán, il est logique que Trump vienne à notre rencontre. Orbán est un outsider parmi les dirigeants paléolibéraux, mais il est un ami de Trump et de Poutine. En quel "ailleurs" pourraient-ils se rencontrer, sinon chez un ami commun, en quel autre lieu ces deux puissances en guerre devraient-elles se rencontrer pour bâtir des ponts? La Hongrie d’Orbán est l’adversaire principal de l’Ukraine: son veto bloque l’aide militaire, financière et diplomatique à Kiev au sein de l’UE. Orbán est notre ami, l’ami de Trump, proche des deux. Zelensky est en mode panique — il a subi une humiliation triple. Il s’appuie sur la direction libérale-globaliste de l’UE — Schwab, Larry Fink, le Forum de Davos. Zelensky est leur marionnette, un opposant à toute forme de souveraineté, aux nations et aux traditions, imaginant un monde sans la Russie, l’Ukraine, la France ou l’Allemagne — un gouvernement mondial et une humanité zombifiée. Sous couvert de patriotisme, il trahit idéologiquement l’Ukraine. Orbán, en revanche, est un vrai patriote hongrois, ne cédant pas la souveraineté ni à l’UE, ni à nous, ni à Trump. La Hongrie est le point symbolique idéal pour une rencontre Poutine–Trump.

Si la rencontre réussit à se faire — bien que, comme nous l’avons dit, rien n’est prévisible avec Trump, car il peut faire n’importe quelle cabriole dans son algorithme chaotique — la prochaine étape serait une visite de Trump à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Kazan ou à Sotchi, mais pas encore en Crimée. Trump tourne autour de nous: nous avançons vers lui, ou lui vers nous, ou nous nous rencontrerons sur un terrain neutre. L’Europe, sauf Orbán et Fico, n’est pas neutre — c’est une zone de conflit car elle arme le régime de Zelensky. Budapest est le choix logique de Trump. Les journalistes qui ont demandé « pourquoi Budapest ? » ont été rapidement écartés — le choix est évident. Où sinon, si ce n’est là? Anchorage a déjà été utilisée; l’Inde est impossible à cause de la question du pétrole; la Chine et le monde islamique ne conviennent pas. Budapest s’adapte parfaitement. Trump s’y sent confiant, parmi les alliés idéologiques du mouvement MAGA. Pour nous, c’est optimal: Fico est de gauche, Trump est de droite, et il n’accepte pas les gauchistes.

Cette rencontre pourrait être une percée — mais dans la fragile, volatile réalité de Trump, où il se comporte comme une figure de la mécanique quantique plutôt que comme en physique classique. Le monde sombre dans le chaos, qui exige une pensée rapide. L’inconstance de Trump n’est pas une folie, mais une logique d’un autre ordre. La psychanalyse révèle des scripts dans le chaos. Pour une action efficace, il faut une diplomatie quantique — comme Poutine l’a dit à Valdai — qui prend en compte les boucles rétroactives d’Edgar Morin. La résolution d’un problème en crée un autre — économique, idéologique ou religieux. Poutine gère ce chaos avec brio, suivant un algorithme complexe orienté vers la consolidation de la puissance, de la souveraineté et vers un monde multipolaire. Ses mouvements semblent non linéaires, mais ont du sens pour ceux qui les perçoivent. Trump est un chaos plus sauvage, mais lié à un algorithme. Une approche intégrée psychologique, idéologique et géopolitique pour le prochain rendez-vous pourrait le rendre fructueux. La convergence de Trump avec MAGA et avec nous donne naissance à l’idée d’un tunnel Alaska–Sibérie. La formuler, c’est déjà redessiner la carte du monde à l’ère de l’information.

D’un certain point de vue, c’est du trolling — mais dans notre époque, presque tout est du trolling. Nous vivons dans un monde rapide, superficiel, où la vérification des faits a disparu. Les mondialistes libéraux ont approprié ce terme : leurs intérêts sont des «faits», tout le reste est «fake» ou relève d'une «théorie du complot». La vérification des faits elle-même est devenue un faux. Les gens sont déconcertés; exposer les flux d’informations n’a plus d’importance. Le projet Alaska–Sibérie, lancé par Trump et repris par Poutine, commence à vivre sa propre vie. Qu’il soit réel ou non, cela importe peu. Il dissout le système mondialiste pour lequel un tel projet serait impensable. Une proposition d’un président américain, au cœur d’une guerre entre l’Occident et la Russie, pour une communication directe — cela sabote leur campagne informationnelle, comme l’a fait le sabotage du gazoduc Nord Stream en une forme matérielle, mais ici cela se passe dans l’imagination. À l’ère de l’information, l’imagination l’emporte sur la réalité.

Un jour, j’ai publié sur les réseaux sociaux une image générée par IA de Brigitte Macron comme une figure de type "Néandertal" sortant d’une grotte. Candace Owens l’a repostée, et maintenant cela figure dans un procès en France contre elle — une demande de 200 millions de dollars pour un repost. Où se trouve la frontière entre l’imagination et la réalité juridique? C’est un exemple de la philosophie de la complexité, des relations internationales quantiques.

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Présentateur : Revenons au Moyen-Orient. Cessez-le-feu, accords, la guerre stoppée par Trump — tout cela n’existe plus. Israël continue de frapper et l’admet ouvertement, déclarant ironiquement: «Nous frapperons maintenant, lancerons une opération, puis reviendrons à la paix».

Alexandre Douguine: Les mêmes cycles courts se répètent. Trump a arrêté la guerre, est arrivé à la Knesset, a reçu des applaudissements, est reparti — et tout a été oublié. La guerre continue, les gens meurent comme si de rien n’était. Personne ne le remarque; ils tournent la page et passent au sujet suivant — disons, à Budapest. Dans ce monde, il n’y a pas de stabilité — ni paix, ni guerre, ni victoire, ni défaite. C’est un monde de cycles courts, de fragments, de clichés, de titres de journaux réarrangés dans un ordre aléatoire. Baudrillard a appelé cela la post-histoire — où le passé et l’avenir échangent leur place à travers des flux informationnels. Netanyahu enregistre de nouvelles frappes sur Gaza comme si c’étaient des anciennes — d’avant le cessez-le-feu — et tout le monde acquiesce. Nous vivons dans un monde de discours. La vérification des faits devient absurde — cela prend trop de temps ; les gens oublient. Il faut, comme faire du surf, chevaucher les vagues des campagnes d’information vers son propre objectif, sans se laisser distraire. Israël fait cela — et, hélas, avec succès — poursuivant une politique atroce qui coûte des milliers de vies humaines.