jeudi, 09 janvier 2025
L’appétit de Trump
L’appétit de Trump
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/lappetito-di-trump/
Trump semble avoir un appétit considérable… Si bien que, peu avant son entrée en fonction au Bureau Ovale, il sème la peur à grande dose. Mais pas chez les Russes ou les Chinois, qui pourtant le regardent avec beaucoup de méfiance. C’est aux Européens, ses alliés/ses subalternes, qu’il inspire de la crainte.
Et c’est précisément vers eux qu’il semble diriger ses appétits, toujours plus manifestes et imposants.
Selon le Tycoon, donc, le Groenland, cette grande île subarctique, doit bientôt devenir américaine. Le fait qu’elle continue, officiellement, à faire partie du Danemark ne l’intéresse pas. Pas plus que le fait que ce petit royaume soit un allié des États-Unis. Le Groenland représente une nécessité stratégique pour Washington. Point final.
Ensuite… le Canada. Trudeau a fait son temps. Mais il a également dû s’en aller, emporté par des scandales de toutes sortes.
Très bien, dit Trump. Il est temps d’en finir avec cette fiction du Commonwealth. Avec ce Canada qui appartient, officiellement, à la Couronne britannique. À un roi lointain, sans importance.
Le Canada est américain. Et, par conséquent, il doit pleinement intégrer les États-Unis.
Les grands médias italiens, et les experts qui pontifient du haut de divers podiums, présentent ces sorties soudaines de Trump comme les signes d’une sorte de folie. Une preuve, selon eux, de l’inadéquation de l’homme à occuper une fonction aussi élevée.
Je me permets de ne pas être d’accord. Car, certes, Trump ne respecte en rien les canons habituels de l’expression politique et diplomatique. Et il a, sans aucun doute, une forte tendance au personnalisme et à l’excentricité. Toutefois, il n’est pas fou. Et, en réalité, il a une vision bien claire de l’Amérique et de son rôle international.
Et cette vision ne lui est pas propre.
Car Trump représente véritablement l’Amérique. Celle, profonde, qui est très éloignée des canons conventionnels et des stéréotypes auxquels nous avons été, pendant trop longtemps, habitués. Et ces stéréotypes correspondent davantage à des élites, ou si l’on préfère, à des cercles internationaux fermés. Américains seulement de nom, en réalité autoréférentiels et éloignés du peuple. De tout peuple, et en particulier du peuple américain.
Ce peuple, lui, se reconnaît dans Trump. Et dans ses déclarations, même les plus extrêmes. C’est l’Amérique profonde, celle qui travaille et qui produit. Celle qui n’a rien à voir avec la haute finance de Wall Street.
Une Amérique que nous ignorons. Que nous ne connaissons pas et ne comprenons pas. Tout comme, pour elle, nous autres Européens sommes des étrangers. Voire de véritables aliens.
Cette Amérique semble désormais arrivée au pouvoir aux États-Unis. Et décidée à faire sauter les vieux schémas de la politique internationale. Des schémas remontant à la Seconde Guerre mondiale, et peut-être même à des époques antérieures.
Sera-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Difficile à prévoir. Tout comme il est difficile, pour l’instant, de savoir si Trump aura la force et la détermination de mener ce changement jusqu’au bout.
Une chose est toutefois certaine: il représente la seule nouveauté marquante dans un paysage politique stagnant et sclérosé comme l’est, depuis longtemps, celui du prétendu « Occident ».
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Quatre réactions hors des sentiers battus suite au décès de Jean-Marie Le Pen
Quatre réactions hors des sentiers battus suite au décès de Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen est mort. Une vie de travail, de rires, de larmes et de chants, c'est une vie au moins ! Au temps des fonctionnaires de la politique, des ectoplasmes incultes et des calculateurs tordus, Le Pen était vivant et quelque-chose chez lui était vraiment libre. Ses idées ? Plutôt la constance d'une attitude devant la vie et des fidélités. Nous en avons tous et elles nous emmènent parfois bien loin. Pour ma part, j'ai bien aimé le vieux chef anarchiste.
Comme j'y pense, il m'avait raconté une petite histoire allégorique. La voici :
Un scorpion demanda à une vache de l'autoriser à monter sur son dos pour traverser un fleuve tumultueux. La vache s'inquiétait : "Impossible, tu vas me piquer !" Le scorpion argumenta ainsi : "Si je le fais, je vais mourir noyé, tu n'as donc rien à craindre." Cela semblait logique et la vache accepta. Elle s'engagea alors dans l'eau avec le scorpion sur son dos et, au milieu du fleuve, celui-ci la piqua. Avant de mourir, emportée par les flots, elle lui demanda : "Tu vas mourir toi aussi ? Pourquoi alors m'as-tu piqué ?" Le scorpion lui répondit : "Je sais, mais c'est plus fort que moi, je suis un scorpion."
Laurent Ozon
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Jean-Marie Le Pen est mort. Paix à son âme. J’ai rencontré une fois dans ma vie le président du Front national et le moment ne fut pas des plus heureux. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir cohabité avec lui durant des années tant sa présence fut marquante dans la France des années 1980 à 2000. Je ne compte pas mes amis qui l’ont rejoint, lassés d’une métapolitique qui semblait dans l’impasse après la campagne de 1979.
Paladin d’une idée de la nation qui m’était profondément étrangère, reniant son identité bretonne avec une constance zélée, défenseur armé d’un empire colonial moribond et mainteneur d’une Algérie française contre nature, exécrateur de l’idée européenne, j’ai peu en partage avec cette figure singulière de la politique française qui a tout fait pour ne pas parvenir au pouvoir.
Pourtant, il n’est point nécessaire de partager les idées d’une personne publique pour saluer sa dimension historique, accouchée, faut-il le rappeler, par la duplicité géniale de François Mitterrand. Je reconnais tout aussi volontiers son talent cicéronien qui a séduit deux générations de Français et qui a largement contribué à réveiller des esprits endormis par le conformisme distillé en permanence par les médias.
Ce sont ces éveillés qui constituent le socle d’un renouveau possible, alimenté par les idées d’un Eric Zemmour, lecteur du magazine éléments ou du Journal du dimanche, informé par TVLibertés ou par Cnews, capable de créer une société alternative décidée à ne pas se laisser mourir.
Aujourd’hui, à l’heure de sa mort, je reconnais même s’il m’en coûte, la dette que nous avons à son égard.
Tristan Mordrelle
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Jean-Marie Le Pen is niet meer.
De meest succesvolle Franse patriot van de laatste vele tientallen jaren overleed vandaag op 96-jarige leeftijd.
Hij begreep wat zijn dochter niet begrijpt en ijverde meer dan 30 jaar geleden al voor vrede met Rusland. Hij begreep de geopolitieke noden van Europa.
Hij zei me in 1994 al dat ook Wit-Rusland belangrijk is.
God met jou, Jean-Marie !
Kris Roman
(Jean-Marie Le Pen n'est plus. Le patriote le plus talentueux de France au cours de nombreuses décennies est décédé aujourd'hui à l'âge de 96 ans.
Il a compris ce que sa fille ne comprend pas et militait depuis plus de trente ans pour qu'il y ai la paix avec la Russie. Il comprenait les nécessités géopolitiques de l'Europe.
En 1994 déjà, il me disait que la Biélorussie aussi était importante.
Que Dieu soit avec toi, Jean-Marie ! ).
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C’est peut-être parce que je suis Arabe que je n’ai jamais trouvé les propos de cet homme choquants. Bien au contraire, j’ai toujours eu l’impression qu’il était pragmatique et sincère dans son amour pour son pays. Sur l’échiquier politique arabe, Jean-Marie Le Pen aurait probablement été classé « tendance gauchiste ». Que la paix l’accompagne dans l’au-delà, qu’il retrouve l’Éternel et que ses erreurs lui soient pardonnées. Puisse Dieu accorder à sa famille la force, la patience et le courage nécessaires pour surmonter cette épreuve difficile.
الله يرحم الناس أجمعين
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mercredi, 08 janvier 2025
Une vie de combat pour la France et les Français
Une vie de combat pour la France et les Français
par Georges Feltin-Tracol
7 janvier 2025: Jean-Marie Le Pen vient de disparaître à l’âge de 96 ans. «Jamais Charlie», il décède dix ans après l’attaque terroriste contre la rédaction de Charlie Hebdo qui, à la fin des années 1990, avait lancé une pétition pour l’interdiction du Front national. Les journalistes se plaisent par ailleurs à rappeler que le « Menhir » fut condamné 25 fois par une justice partiale pour délits d’opinion et d’expression. Il restera dans l’histoire comme un visionnaire, un précurseur et un éveilleur de peuple. Relisons par conséquent la recension du second tome, plus politique, de ses mémoires (la recension du premier tome peut se lire ici : http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2018/11/22/quand-le-menhir-se-souvient.html ).
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Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front national, a sorti à l’automne 2019 le second tome de ses mémoires. Après la surprise de Fils de la Nation dans lequel on découvrait l’homme Le Pen, ce nouveau volume, intitulé Tribun du peuple, relate sa vie politique, d’où la relative déception de tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l’aventure frontiste. L’ouvrage commence à la fondation du Front national (FN) et va jusqu’à nos jours.
Tout au long du récit, Jean-Marie Le Pen s’en prend avec une virulence rare et légitime à ce qu’il désigne comme l’« Établissement » ou le « Système ». « J’appelle système, par définition, la mécanique qui régente la vie politique française par l’alternance de partis complices. Qu’importe le nom qu’on lui donne, bande des quatre ou UMPS, l’important est qu’il ne se cantonne pas à la stricte politique : il déborde sur les médias, la publicité, etc. C’est une machine qui s’empare de la société tout entière pour la diriger à sa convenance. » C’est une pieuvre dont les tentacules investissent le journalisme, les universités et l’histoire. C’est un bonheur de voir l’auteur s’attaquer en page 113 à ces chercheurs et plumitifs militants (les Igounet, Albertini, Doucet et Lebourg) qui ne cessent de traquer leurs fantasmes et qui sans l’existence de l’« extrême-droite » seraient contraints d’écrire dans la rubrique des chiens écrasés ou d’enseigner dans un collège paumé dans une banlieue de l’immigration. Jean-Marie Le Pen les fait vivre.
Contre la médiacaste
Ce tome deux a moins suscité l’intérêt de la part des journalistes que le premier. « L’immense majorité des articles que la presse m’a consacrés n’a pas été rédigée après la lecture du livre, mais d’après la “ synthèse ” que l’AFP a publiée en balayant des yeux les bonnes feuilles qu’elle s’était procurées. » Faut-il s’en étonner de la part de l’officine maîtresse en désinformation ? L’hystérique pathologique Christine Angot au style si nullissime n’a « pas compris que la ruse était de profiter de ce battage publicitaire pour donner envie au grand public de ne pas lire le livre ». Jean-Marie Le Pen accuse : « Mes adversaires se sont arrangés pour que peu de personnes […] partagent » ses mémoires qui jettent une lumière crue sur les événements des quarante dernières années.
À l’instar des décroissants « Casseurs de Pub », il ne se prive pas de souligner que « les messages publicitaires servent à installer dans l’esprit public, de façon subliminale, des images et des sentiments indépendants de l’objet qu’ils sont censés vanter. En d’autres termes, ce sont de puissants instruments de propagande, au service du politiquement correct. En particulier au service du grand mélange et du grand remplacement ». Il confirme en outre que les « nouveaux propagandistes […] sont journalistes et communicants ».
C’est ainsi qu’il qualifie respectivement l’« affaire du détail » du 13 septembre 1987 à RTL d’« embuscade médiatique » et l’odieuse machination socialiste de Carpentras de 1990 de « pacte social spécifique ». Il note qu’à ces occasions de partis pris assumés, « une paire de journalistes frénétiques s’érigeait en tribunal, et l’opinion ratifiait leur condamnation sans même écouter mes arguments ». Rien qu’entre 1986 et 1992, Jean-Marie Le Pen et les membres du FN font l’objet de plusieurs centaines d’agressions ! Sans oublier le traquenard de Mantes-la-Jolie en 1997, l’auteur est encore poursuivi par une justice bien connue pour sa partialité politique. Le FN, son président et ses militants ont subi des attaques, des attentats, des persécutions qui, sous d’autres latitudes, leur auraient valu de recevoir le prix Nobel de la Paix, le prix Sakharov du Parlement européen et le soutien aveugle des ONG droits-de-l’hommistes.
S’élevant contre les mensonges médiatiques, l’auteur s’inquiète d’entrer « dans une société manichéenne, où seuls sont habilités à parler ceux qui figurent le Bien ». Sa préoccupation concerne partout « l’histoire [qui] est aujourd’hui la simple pétrification de la mémoire de la presse dominante, la validation officielle de la propagande de gauche ». Et gare à ceux qui s’écartent des chemins balisés ! Ils risquent dès à présent le bannissement social, voire l’emprisonnement, bientôt peut-être la décapitation en direct sur les chaînes info avant 20 h. Élucubrations fantaisistes ? Bien des Gilets jaunes ont perdu un œil ou une main de l’automne 2018 au printemps 2019. « Les CRS ne sont plus des SS, ce sont les prétoriens de Cohn-Bendit. » Avec ses deux tomes de ses souvenirs, Jean-Marie Le Pen entend être « passeur de mémoire et rectificateur d’histoire ».
Présidents de la Décadence
Il dénonce devant l’histoire les fauteurs du déclin de la France. En premier lieu, François Mitterrand et Jacques Chirac, tous deux responsables « d’un crime encore pire que la haute-trahison [… le] meurtre de leur pays. Après eux vint le temps des petits malfaiteurs ». En effet, par l’intermédiaire d’associations communautaires revendicatives (SOS-Racisme), « le racisme anti-blanc, le racisme anti-français, sont le fruit de la stratégie de Mitterrand appuyée par Chirac ». L’ouvrage n’épargne pas non plus Valéry Giscard d’Estaing et son rêve de « libéralisme avancé », préfiguration bancale de la société française décomposée, mondialisée et éclatée chère à Emmanuel Macron. Responsable de la légalisation de l’avortement, du divorce par consentement mutuel et du regroupement familial pour les étrangers immigrés, le troisième président de la Ve République « a limité la natalité française pour accueillir plus de migrants. Le mécanisme du grand remplacement était installé : seul le rythme s’en est accéléré depuis ».
Il réserve cependant ses flèches les plus acérées à l’infâme Jacques Chirac, ce « militant résolu de l’Anti-France ». Chirac fut un jouisseur qui vécut sous les ors de la « Ripoublique » (l’Hôtel de Ville, Matignon, l’Élysée) pour satisfaire son ego démesuré de pâle technocrate arriviste. Ses innombrables revirements se comprennent à l’aune de cette ambition pitoyable. « Était-il déjà dépendant de la drogue que son dealer lui fournissait ? ». Ce dealer se nomme Gérard Fauré. Il vient de publier deux livres de souvenirs (Dealer du Tout-Paris. Le fournisseur des stars parle, Nouveau Monde Éditions, 2018, et Le Prince de la coke. Dealer du Tout-Paris… La suite, Nouveau Monde Éditions, 2020) dans lesquels il relate ses livraisons de cocaïne au Tout-Paris politico-artistique.
En ce qui concerne le « Corrézien de Paris », ses souvenirs narcotiques recoupent le roman politique à clé de Sophie Coignard et d’Alexandre Wickham, Mafia chic (Fayard, 2007). Gérard Fauré « livrait cent grammes par semaine à Jacques C., Élysée, rue du faubourg Saint-Honoré. Cent grammes? L’autre en offrait, ce n’est pas possible ! À ses petites amies, sans doute. Ça explique l’agitation de ce grand vide qui a dirigé la France ». On attend que la « victime » Vanessa Springora édite les récits glaçants et effroyables des jeunes femmes violées par le triste sire présidentiel. On comprend mieux maintenant pourquoi « la drogue, dans nos banlieues, n’est pas un problème, c’est la solution qu’a choisie l’État pour assurer sa paix civile ».
Le constat de Jean-Marie Le Pen sur l’état de notre pays après les présidences de Giscard d’Estaing, de Mitterrand, de Chirac, de Sarközy, de Hollande et de Macron est accablant. « La France est moins intelligente, moins érudite, moins compétente, moins habile aujourd’hui qu’il y a quarante ans. Les enquêtes internationales sur le niveau scolaire ou le QI enregistrent cette régression ». L’intellectuel de gauche républicaine nationiste Emmanuel Todd parvient à la même conclusion dans son nouvel essai, Les luttes de classes en France au XXIe siècle (Le Seuil, 2020).
L’aventure mouvementée du FN
Contre ce délabrement moral généralisé, très tôt, « le Front national, Front national pour l’unité française, était à l’origine au-dessus et en dehors de la politique ordinaire. Un recours pour ceux qui refusent l’assassinat, le suicide assisté, de la France. Une bouée pour ceux qui espèrent perpétuer le destin français ». Il revient sur sa naissance agitée en 1972. À l’origine, Ordre Nouveau (ON) veut élargir son audience et gagner un plus grand électorat en créant les conditions favorables au regroupement des nationaux et des nationalistes. Sollicitant sans succès Jean-Jacques Susini et Dominique Venner, les responsables d’Ordre Nouveau se tournent faute de mieux vers Jean-Marie Le Pen. Or, « les gens d’Ordre Nouveau me paraissaient des gauchistes de droite sortis de Mai 68 ». Il ne cache pas se méfier « par expérience d’un milieu qui gamberge beaucoup mais n’a pas été formé comme la gauche à la discipline. Il est moins gouvernable qu’une tribu gauloise ». Il souligne que depuis l’échec de la candidature présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965, « “ l’extrême droite ” était une minuscule bouilloire perpétuellement agitée de tentatives de faire valoir ses idées, le plus souvent fugaces ou avortées, sans moyens, sans organe d’information solide à l’exception de Rivarol. Les associations et les dissociations de ces structures éphémères dépendaient plus des affinités entre individus que de l’idéologie ou de la doctrine ».
La rupture avec ON se fait au lendemain de législatives plus que décevantes en 1973. C’est la première scission d’un FN qui en connaîtra bien d’autres du fait de sa nature même. « J’étais le mieux placé pour rassembler les composantes du Front national, explique Jean-Marie Le Pen. Les contradictions des uns et des autres, des cathos tradis et païens ancestraux, des fachos, des roicos, des libéraux, ne trouvaient leur solution qu’en moi, garant et incarnation du compromis nationaliste. »
La décennie 1970 et le début des années 1980 voient s’amplifier la rivalité féroce entre le FN et le prolongement d’Ordre Nouveau. Tandis que Jean-Marie Le Pen se déclare candidat à l’Élysée pour la première fois en 1974, Valéry Giscard d’Estaing embauche par l’intermédiaire de Michel Poniatowski des militants nationalistes. « Les gens d’Ordre Nouveau ont collé pour de l’argent, cingle-t-il. Ils en ont tiré dix-huit millions d’anciens francs, ce qui leur permet de lancer, à l’automne, leur nouveau mouvement, le Parti des forces nouvelles, (PFN), avec de luxueuses publications. Mais l’argent a une odeur et le PFN restera marqué à tout jamais par cette origine mercenaire, par sa compromission avec la fausse droite au pouvoir ».
Cela n’empêchera pas en 1985 le FN, sous la houlette de son secrétaire général Jean-Pierre Stirbois, d’accueillir quelques cadres du PFN afin d’aider les fédérations départementales en cours de formation de se structurer.
Quelques figures nationales… ou non
Jean-Marie Le Pen évoque quelques personnalités qu’il a côtoyées au sein du Front. Son ami, Hubert Lambert, auteur sous le pseudonyme de Hubert Saint-Julien de Louis Rossel (1844 – 1871). Pensée et action d’un officier insurgé (Presses continentales, 1962) et de Défense nationale et OTAN (Presses continentales, 1971), tout millionnaire qu’il était, se disait « national travailliste » ! Il dépeint Dominique Venner en « intellectuel brillant, raide et paradoxal ». Son suicide « à Notre-Dame m’a beaucoup frappé. C’était un homme d’une grande intelligence et d’un grand courage, sincère mais désespéré. Il a choisi le bâtiment le plus représentatif de notre civilisation européenne, chrétienne et disons-le, française, pour donner à son acte le plus grand écho. Cet athée païen a choisi pour son appel au secours de la nation le maître-autel de Notre-Dame de Paris. Il n’était pas croyant mais n’ignorait pas la force des symboles ».
Plus proche de lui, et contredisant volontiers la biographie de Nicolas Lebourg et de Joseph Beauregard, François Duprat. L’homme qui inventa le Front national (Denoël, 2012), François Duprat « était un électron libre, un garçon intéressant […], mais il n’avait pas de place opérationnelle dans le mouvement. En revanche, il a contribué à notre réflexion doctrinale. Historien et politique, il avait compris l’importance de l’Histoire dans le combat politique, il en avait fait la théorie, et c’est pourquoi il avait cofondé une revue d’histoire du fascisme. C’était sa manière de rechercher une troisième voie entre ceux qui avaient selon lui le monopole de la représentation de l’Histoire, les “ communistes ” et les “ régimistes ”. Je dois avouer que je me sens plus proche aujourd’hui de Duprat que je ne l’étais à l’époque. L’histoire du Front national, notamment depuis le détail, m’a rapproché de soucis et d’analyses qui alors lui étaient propres ».
Plus récemment encore, un autre persécuté politique, Alain Soral « fut, avec son talent propre, un des maillons de la chaîne qui rattache les hommes honnêtes venus de la gauche au combat national, une fois qu’ils ont osé franchir le rubicon ». Toujours déplaisant envers Jean-Marie Le Pen qui a pourtant eu le courage de sonner le tocsin avant tout le monde, l’actuel maire de Béziers est bien moins traité. Robert Ménard « est un pauvre garçon dont la meilleure partie est l’épouse, un néophyte mal converti. Se souvenir qu’il était gauchiste à Reporters sans frontières. Il continue à donner des leçons, c’est sa forme d’esprit ». Le désir biterrois d’unir les droites se solde toujours par le refus obstiné de cette droite d’affaires qui ne veut que les électeurs patriotes. L’union des droites est belle et bien dépassée depuis le baron Armand de Mackau à la fin du XIXe siècle. Il importe au contraire de briser cette droite affairiste-là.
Le président du Front national de 1972 à 2011 répond à ses détracteurs au sujet de son air grave au soir du 21 avril 2002 au moment de sa qualification pour le second tour de la présidentielle. Il savait qu’il ne disposait d’aucun relais dans la haute administration, la magistrature, la police ou l’armée en cas de victoire, qu’il n’aurait pas non plus des personnes qualifiées pour exercer des fonctions techniques cruciales telles que le secrétariat général de la présidence de la République. Regrettant que le Front national devenu Rassemblement national n’ait plus un seul organe de presse imprimé comme National-Hebdo, Français d’abord ou Identité, il estime en fin politique que la conclusion d’ententes politico-électorales ne s’effectue qu’en situation avantageuse. « Il faut donner au Front national la masse critique à partir de laquelle, malgré l’interdit, il pourra passer des alliances afin de parvenir au pouvoir. Les compromis ne se passent en effet qu’en position de force, sauf à finir en compromissions. » L’exemple le plus pertinent reste l’élection des présidents des conseils régionaux en 1998 en Picardie, en Bourgogne, en Rhône-Alpes et en Languedoc-Roussillon. La présence déterminante des conseillers régionaux frontistes contraigne quatre hommes de centre-droit, proches de l’UDF, à sceller un accord de gestion autour de points raisonnables avec le FN pour le plus grand bien des habitants de ces régions. Ces expériences furent bien sûr condamnées par l’abominable Chirac et toute sa clique politico-syndicalo-médiatique.
Du travail militant et intellectuel frontiste
La légende journalistique veut que les trois mairies gagnées en 1995 (Orange, Marignane et Toulon) suivies en 1997 par Vitrolles auraient été des fiascos. Elle oublie volontiers qu’en 2001, seule la ville de Toulon est perdue comme fut perdue dès 1992 la commune de Saint-Gilles-du-Gard remportée en 1989 par le libéral-atlantiste pro-Disneyland-Paris Charles de Chambrun. Outre la commune néo-calédonienne de Thio en 1983, le FN compte déjà un conseiller municipal à Toulouse en 1977 ! Aux municipales de 1983, on recense deux conseillers municipaux frontistes à Dreux (avant l’élection partielle qui se transformera en « tonnerre » national), et un respectivement à Lunel, à Grasses et à Antibes sans oublier Jean-Marie Le Pen lui-même en tant que conseiller d’arrondissement dans le XXe.
À propos de la Nouvelle-Calédonie, Jean-Marie Le Pen découvre pendant son séjour sur le « Caillou » une réalité bien éloignée de la narration journalistique. Il remarque que l’indépendantisme kanak est « dirigé non pas contre la France, mais contre le RPCR et ses commanditaires, Lafleur, Laroque, Lavoix, les trois L, et les autres richards chiraquiens qui, sous couleur de représenter la France, imposaient une oligarchie dont ils tiraient le plus grand profit ».
Bien que regroupement de diverses sensibilités nationales et nationalistes, « le Front national d’avant, le Front national de la traversée du désert, le Front national “ artisanal ” avait poussé beaucoup plus loin qu’on ne le dit la réflexion doctrinale ». Pour preuve, un fascicule méconnu de 1979, Problèmes énergétiques et solutions écologiques, qui démontre l’antériorité du combat écologique bien pensé du FN par rapport aux Verts.
Jean-Marie Le Pen évoque aussi le travail de Pierre Gérard, secrétaire général du FN avant que Jean-Pierre Stirbois ne le remplace. Pierre Gérard rédige Droite et démocratie économique. Ce texte se réclame d’« un capitalisme populaire, notamment par la distribution du capital des grandes entreprises nationalisées aux Français ». Était-il un distributiste français, disciple de G. K. Chesterton et de Hilaire Belloc ou bien un lecteur du pancapitalisme de Marcel Loichot, largement aidé par Raymond Abellio ? Selon Jean-Marie Le Pen, ce livre « était une bonne synthèse entre liberté et solidarité, une troisième voie réaliste entre luttes des classes et monopoles, loin des aspirations interventionnistes, en quelque sorte proto-philippotistes, qu’Ordre Nouveau avait transmises au Parti des forces nouvelles ». Tant avec Pierre Gérard qu’avec Bruno Mégret plus tard, le FN a souvent proposé une tierce voie économique et sociale. Au soir du 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen se proclame « économiquement de droite, socialement de gauche et nationalement de France ».
Sur le monde et les enjeux européens
Le « Diable de la République » qui serait plus vraisemblablement l’« Archange de la Nation » insiste sur son expérience géopolitique. Il a des pages très fortes envers cette victime du mondialisme qu’a été le président irakien Saddam Hussein. Quand il le rencontre pour la première fois à Bagdad au moment de la future deuxième guerre du Golfe afin d’obtenir la libération de Français horrifiés d’être sauvés par la « Bête immonde », « le courant est passé. Il y a eu quelque chose. Une sympathie naturelle entre deux parias qui refusent de courber l’échine devant la puissance injuste et cherchent des solutions humaines à des conflits humains. Peut-être aussi entre deux fils du peuple qui aiment leur pays et ont combattu pour lui ». Ces lignes devraient être lues et méditées par cette jeune participante d’Academia Christiana qui, en août 2016, choquée d’entendre l’éloge du dirigeant irakien par l’auteur de ces lignes, lui demanda si ce n’était pas excessif de célébrer un « tueur ». Malgré toute sa bonne volonté et sa candeur, elle confondait l’impératif du politique, l’illusion de la morale publique et le monde joyeux de « L’Île aux Enfants ».
Jean-Marie Le Pen a combattu toute sa vie pour la France et les Français. Il a aussi lutté pour la vraie Europe. « Nous fûmes des éclaireurs éclairés du combat et contre l’invasion et contre la décadence de l’Europe. » Dès la chute du Mur de Berlin, il devine que « la révolution mondialiste prenait l’identité française et européenne en tenaille entre l’invasion migratoire venue du tiers-monde et l’invasion culturelle américaine ». Sur ce point précis, le vingt-neuvième chapitre, « L’Europe d’Autant-Lara », est magnifique.
En 1989, le grand réalisateur de cinéma Claude Autant-Lara, longtemps proche des communistes, est élu député européen sur la liste du FN. Doyen d’âge du Parlement européen le jour de la première séance inaugurale, il prononce un brillant discours hostile à l’américanisation de la vieille civilisation européenne. Hélas ! Ce beau texte n’a jamais été conservé. Claude Autant-Lara aime le génie français. Derrière l’entreprise « rock-coca », il se doute que « tout empire multiculturel, multireligieux, multi-ethnique provoque de telles tensions qu’il induit en réaction un pouvoir fort, une surveillance constante, un vivre ensemble de fer ». Les sociétés multiraciales d’Occident versent dans la compétition des races et se retrouvent sous prétexte d’état d’urgence sanitaire, bancaire ou glaciaire avec des assignations à résidence collectives et un contrôle de masse tatillon des populations.
L’auteur de Tribun du peuple rappelle que « député poujadiste, j’avais voté contre le Traité de Rome. L’Europe était pour moi une histoire commune, un sentiment commun ». En 1984, président du groupe des Droites européennes, il rappelle que « l’histoire de l’Europe, c’est d’abord Marathon, c’est Salamine, c’est Lépante, c’est Vienne, c’est Poitiers ». À l’occasion d’une autre intervention prononcée en séance le 6 avril 1988, il lance : « Ici, aujourd’hui, à Strasbourg, je propose aux peuples d’Europe un objectif et un mythe. Un objectif : la liberté pour l’Europe de l’Est. […] Un mythe […] : celui de la construction et de la renaissance d’une Europe grande puissance du XXIe siècle. » Quel sens de l’anticipation !
« J’ai toujours été européen, profondément, fortement », « mais autant j’étais européen, autant je n’étais pas européiste ». « La pratique du Parlement européen m’a conduit à ne plus croire que l’Europe de Bruxelles puisse s’amender. » Au contraire des Frexiters obsessionnels, Jean-Marie Le Pen reconnaît qu’« à nos débuts à Strasbourg, j’ai cru à la possibilité d’une confédération des puissances européennes veillant à la défense de ses intérêts communs et de ses frontières, notamment contre l’immigration, j’ai même préconisé une armée européenne. J’ai bien dû constater hélas que ce n’est pas cela que voulait le Parlement européen et la Commission européenne. Ils ne pensaient qu’à nous emmener, par petites étapes, mais à marche forcée, vers la fédération, en masquant plus ou moins leur but ». Il précise même que « lors de notre première mandature à Strasbourg, nous préconisions une confédération des nations européennes étroitement alliées aux États-Unis au sein de l’OTAN contre la menace soviétique. À la seconde, nous défendions un monde multipolaire contre Washington et sa menace monopoliste. La menace ne vient plus de l’Est, elle vient du Sud physiquement et, mentalement, de l’Ouest et du Nord ».
Le second tome des mémoires du « Menhir » constitue donc un formidable témoignage de cinquante années d’engagement politique effectif. Les dernières pages dégagent une « mélancolie française » certaine. Élu président de la République dès 1988, Jean-Marie Le Pen aurait donné une autre impulsion à la France et à l’Europe qui ne seraient pas aujourd’hui la risée du monde. Il restera dans l’histoire comme un Aétius politique assassiné symboliquement par le Système cosmopolite.
Dans deux siècles au moins, quand on étudiera ce combattant politique du XXe et du début du XXIe siècle, on s’étonnera à la fois de ses prévisions souvent justes et de l’aveuglement volontaire de ses contemporains à son égard. Le peuple s’est détourné du tribun pour suivre les pantins et autres histrions pour son plus grand malheur.
- Jean-Marie Le Pen, Mémoires. Tome II. Tribun du peuple, Éditions Muller, 2019, 559 p., 24,90 €.
- D’abord mis en ligne sur Europe Maxima, le 19 avril 2020, puis le lendemain sur Synthèse nationale.
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mardi, 07 janvier 2025
Compte à rebours avant l'effondrement de l'Europe
Compte à rebours avant l'effondrement de l'Europe
Source: https://dissident.one/aftellen-naar-de-europese-ineenstor...
Maintenant que le flux de gaz russe vers l'Europe via le territoire ukrainien a été bloqué, il n'y a plus grand-chose à faire avant l'effondrement économique et social total du continent européen.
La coopération énergétique entre la Russie et l'Europe est enfin (presque) complètement terminée, écrit Lucas Leiroz. Après presque trois ans de sanctions et de sabotage, le partenariat énergétique bilatéral entre Moscou et l'UE a encaissé son plus grand coup historique. Kiev a tenu sa promesse de ne pas renouveler le contrat avec Gazprom, qui permettait ainsi au gaz russe d'arriver en Europe et créait une situation d'insécurité énergétique extrêmement inconfortable pour ses propres « partenaires » de l'Union européenne.
Le matin du premier jour de 2025, la Fédération de Russie a cessé de fournir du gaz aux acheteurs européens via l'Ukraine. Malgré le conflit en cours, la société russe Gazprom et la société ukrainienne Naftogaz ont maintenu un accord de transit énergétique signé en 2020 et expirant le dernier jour de 2024. Auparavant, Kiev avait annoncé qu'elle n'était pas disposée à renouveler le contrat avec Gazprom, bien que certains pays européens lui aient demandé à plusieurs reprises de le faire.
Malgré les sanctions imposées à la Russie depuis 2022, certains pays européens ont continué à bénéficier des importations de gaz russe, notamment la Slovaquie et la Hongrie - pays qui ont refusé de participer au boycott anti-russe parrainé par l'Occident - et l'Autriche, pays historiquement neutre dans les conflits géopolitiques et militaires de l'Europe. D'autres pays, qui ont pourtant respecté les sanctions, ont hypocritement continué à recevoir du gaz russe, notamment l'Italie, la Pologne, la Roumanie et la Moldavie. Il y a également eu des cas de revente de gaz, les pays destinataires réexportant la marchandise vers des pays essayant de contourner les sanctions.
Avec la fin de la route par l'Ukraine, ces États ont perdu toute garantie d'une source d'énergie sûre, précisément en hiver, la période de l'année où la consommation de gaz est la plus élevée en Europe. Bien sûr, il existe actuellement des réserves d'énergie qui peuvent être suffisantes pour répondre aux défis de la saison actuelle, mais la situation deviendra de plus en plus critique au fil du temps. Les pays européens devront trouver de nouvelles sources de gaz ou développer l'utilisation des deux seules voies d'acheminement restantes pour le gaz russe (via la Turquie et la mer Noire). Des indicateurs récents montrent une augmentation significative des prix du gaz chez les exportateurs asiatiques. On s'attend également à ce qu'Ankara saisisse l'occasion de tirer davantage de profits de son gazoduc.
Les Européens espèrent actuellement un approvisionnement en gaz bon marché via le projet de gazoduc qatari-turc à travers la Syrie, attendu depuis longtemps. Avec la chute du gouvernement légitime de Bashar al Assad, les géants de l'énergie de la Turquie et du Golfe ont relancé la proposition, bien qu'ils attendent la pacification intérieure de la Syrie par la junte d'Al-Qaïda pour commencer la construction. Certains analystes optimistes en Europe pensent que ce serait l'antidote à la dépendance de l'Europe vis-à-vis du gaz russe - ou asiatique et américain, comme dans les circonstances actuelles.
Le plus gros problème, quand on formule de tels espoirs, est la croyance en la bonne volonté des faucons occidentaux de « pacifier la Syrie ». Sans Assad, Damas est devenu un « État défaillant », avec un territoire divisé entre différentes factions en proie à des hostilités permanentes. Il est peu probable que cela change, tout simplement parce que même si les opérateurs tactiques de la crise syrienne (la Turquie et le Qatar) souhaitent une pacification, les mentors stratégiques (Israël et les États-Unis) ne sont pas intéressés. Tel-Aviv préfère une Syrie polarisée et déchirée par la guerre, qui ne peut rien faire pour empêcher les avancées territoriales dans le Golan et au-delà. Washington, soumis aux intérêts israéliens par l'intermédiaire du lobby sioniste international, est intéressé par la même chose - tout en encourageant, bien sûr, les terroristes kurdes à aggraver encore la situation intérieure syrienne.
En d'autres termes, les analystes occidentaux ne comprennent toujours pas que les décideurs de l'axe unipolaire ne veulent tout simplement pas résoudre les problèmes de l'Europe. Il n'est pas dans l'intérêt des États-Unis que leurs « partenaires » en Europe retrouvent une énergie bon marché et une base industrielle solide. Pour Washington, l'effondrement de l'Europe n'est pas une tragédie mais un objectif stratégique, dont les racines se trouvent dans la science géopolitique elle-même.
Selon les fondements de la géopolitique occidentale, l'intégration russo-européenne serait désastreuse pour l'axe atlantique américano-britannique. Par conséquent, face à la victoire militaire imminente de la Russie et à la réhabilitation de Moscou en tant que puissance géopolitique eurasienne, les Américains et les Britanniques ont utilisé une stratégie de « terre brûlée » en Europe.
Les sanctions, l'attaque terroriste contre Nord Stream et la fermeture de la route ukrainienne vers l'Europe sont des événements qui s'inscrivent dans le même contexte stratégique: dans tous ces cas, les stratèges anglo-américains veulent déclencher une crise énergétique en Europe pour parfaire la désindustrialisation et provoquer la crise économique et sociale qui s'ensuivra. L'objectif final est une Europe ruinée, qui n'est pas seulement réticente mais aussi incapable d'établir des liens stratégiques avec Moscou à l'avenir.
Avec la fermeture de la route du gaz ukrainien, on peut dire que les États-Unis ont remporté une bataille majeure dans leur guerre économique contre l'Europe. L'effondrement total n'est qu'une question de temps.
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lundi, 06 janvier 2025
L'Europe atlantique peut-elle considérer l'Europe de l'Est comme la sienne?
L'Europe atlantique peut-elle considérer l'Europe de l'Est comme la sienne?
par Antonio Catalano
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/puo-l-europa-atla...
Une lecture largement acceptée dans notre monde actuel tient pour acquis le fait que le bloc de l'Est fait « naturellement » partie de l'Europe occidentale, après avoir été intérieurement « fracturé » par quarante ans de domination soviétique. Emmanuel Todd, dans son ouvrage « La défaite de l'Occident », dans le chapitre consacré à l'Europe de l'Est, en particulier aux démocraties populaires du bloc soviétique, tente d'expliquer pourquoi la russophobie et l'appartenance au camp occidental de ces pays n'est pas un fait « naturel ».
Todd est convaincu du contraire, qu'il s'agit de deux trajectoires qui ont toujours été distinctes, complémentaires mais opposées. Il revient ainsi sur le moment historique où la rupture entre l'ouest et l'est se détermine, aux XIIe-XIIIe siècles, avec une accélération au XVIe siècle. Une période où la partie orientale, moins développée, se limite à exporter des produits simples, notamment du bois et des céréales, qu'elle échange contre des objets d'art en provenance d'Europe occidentale. À l'Est, où l'urbanisation est moins déterminante, l'emprise des propriétaires terriens se renforce, générant ce qu'Engels appelle le « second servage », faisant ainsi de cette région le premier « tiers-monde » de l'Occident.
À l'exception de la Tchécoslovaquie, la soviétisation n'est pas intervenue dans un monde initialement gouverné par des démocraties libérales, mais dans un monde où des régimes ouvertement autoritaires étaient en vigueur.
Todd relève un paradoxe : les pays d'Europe de l'Est qui ne peuvent être qualifiés de russophobes sont l'Allemagne de l'Est et la Hongrie. En Allemagne de l'Est, nous avons une forte minorité nostalgique du communisme et un soutien beaucoup plus faible (par rapport à l'ancienne République fédérale) à l'Ukraine sont palpables ; la Hongrie dirigée par Viktor Orban est officiellement hostile à la position pro-ukrainienne de l'UE et a l'intention de poursuivre sa coopération avec la Russie.
Pourtant, rappelle Todd, ce sont deux pays qui, plus que tout autre, ont lutté contre la Russie pendant la domination soviétique: en 1953 en Allemagne de l'Est avec des grèves massives; en 1956 en Hongrie avec une révolte réprimée dans le sang. Aujourd'hui, ces deux régions ou pays sont les moins hostiles à la Russie.
La haine de la Russie, dit Todd, trahit une certaine inauthenticité.
Alors qu'en Europe occidentale, le secteur industriel représente un pourcentage décroissant de la population - Royaume-Uni et Suède (18%), France (19%), Italie (27%), Allemagne (28%) -, en Europe orientale, ce qui constitue à l'Ouest le niveau le plus élevé devient ici le plus bas - Slovénie (30%), Macédoine, Bulgarie, Pologne et Hongrie (31%), République tchèque et Slovaquie (37%). Cette spécialisation industrielle, selon Todd, nous dit que l'assimilation de l'Europe de l'Est à l'Europe de l'Ouest est erronée, elle est encore une fois inauthentique.
« L'intégration dans l'UE de ces pays, certes démocratisés, mais avec leurs classes moyennes issues de la méritocratie communiste et leurs prolétariats nés de la mondialisation, n'a nullement été l'adjonction aux États-nations d'Europe occidentale d'autres États-nations qui leur ressemblaient. Au contraire, des sociétés ont été introduites en Europe occidentale dont l'histoire était différente et l'est restée, et dans certaines régions, cette différence n'a fait que s'accentuer. L'explosion de la russophobie, associée au désir d'adhérer à l'UE et à l'OTAN, loin d'exprimer une véritable proximité avec l'Occident, équivaut à un déni de la réalité historique et sociale ».
Lorsque Todd écrivait « La défaite de l'Occident », il n'avait forcément pas encore eu connaissance de la suspension, en décembre dernier en Roumanie, des élections qui allaient certainement voir la victoire de Calin Georgescu. Un Georgescu qui n'a jamais caché son désir de rétablir des relations amicales avec la Russie et qui, après la très grave décision prise par la Cour constitutionnelle roumaine (décision imposée par les Américains qui construisent en Roumanie, près de Constanta sur la mer Noire, la plus grande base de l'OTAN en Europe), qualifie cette décision de "coup d'État". Tout comme il n'était pas au courant de la tentative d'assassinat presque mortelle contre le premier ministre slovaque Fico, qui est également considéré comme indigne de confiance par les dirigeants atlantistes.
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L’atout gazier de la Norvège gelé: les inquiétudes énergétiques de l’Europe s’aggravent
L’atout gazier de la Norvège gelé: les inquiétudes énergétiques de l’Europe s’aggravent
Source: https://report24.news/norwegens-gas-ass-friert-ein-europa...
Dans l’obscurité glaciale de l’hiver norvégien, la sécurité énergétique de l’Europe vacille de nouveau. Le terminal Hammerfest LNG (photos), la plus grande installation d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) du continent, est à l’arrêt depuis le début de l’année – et ce, précisément au moment où les réserves de gaz en Europe diminuent plus vite que prévu, tandis que l’Ukraine ne transporte plus de gaz russe.
Un compresseur défectueux a mis hors service l’installation ultramoderne de Melkøya, selon un rapport récent du gestionnaire de réseau norvégien Gassco. Les travaux de réparation devraient se poursuivre jusqu’au 9 janvier. Pour l’Europe, cela signifie une perte temporaire d’approvisionnement en gaz capable, en temps normal, de chauffer 6,5 millions de foyers.
Le moment ne pouvait pas être plus mal choisi. Depuis le 1er janvier 2025, aucun gaz russe ne transite plus par les pipelines ukrainiens – un tournant historique dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Les stocks de gaz, qui étaient encore bien remplis au début de l’hiver, se vident désormais à une vitesse préoccupante en raison du froid.
Hammerfest LNG revêt une importance stratégique pour la Norvège, devenue le principal fournisseur de gaz de l’Europe après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’installation représente environ 5% des exportations gazières norvégiennes – une part non négligeable en cette période de marchés énergétiques sous tension.
Cette panne actuelle s’ajoute à une série de problèmes techniques. En avril 2023, une fuite de gaz avait déjà fait les gros titres, et l’incendie dévastateur de 2020 avait entraîné un arrêt total de l’installation pendant 18 mois. Le gestionnaire Equinor et ses partenaires – dont TotalEnergies et Vår Energi – semblent sous-estimer les défis techniques imposés par les conditions arctiques.
Les experts énergétiques mettent déjà en garde contre de possibles flambées des prix sur les marchés gaziers européens si les réparations devaient se prolonger. Cette situation met une fois de plus en lumière la dépendance de l’Europe vis-à-vis de certaines infrastructures clés – une leçon que l’on pensait pourtant avoir retenue après la crise du gaz russe.
La question qui se pose désormais : à quel point la nouvelle architecture énergétique de l’Europe est-elle vulnérable ? La panne de Hammerfest LNG pourrait bien devenir un test de résistance pour l’approvisionnement en gaz post-russe – un test dont le continent aurait volontiers fait l’économie en ce mois de janvier 2025.
20:48 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gnl, gaz liquéfié, norvège, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Cinq ans de «Green Deal»: un expert règle ses comptes avec «l'économie planifiée» de l'UE
Cinq ans de «Green Deal»: un expert règle ses comptes avec «l'économie planifiée» de l'UE
Bruxelles. En principe, le fameux « Green Deal », la conversion de l'économie européenne au développement durable, à la neutralité climatique et à la décarbonisation, devait apporter un nouvel essor aux économies européennes. Mais ce projet ambitieux, qui est surtout associé au nom de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, s'est entre-temps révélé être un échec retentissant. L'expert économique suédois Jonas Grafström (photo) a qualifié la politique de désindustrialisation liée au « Green Deal » d'économie planifiée et a prédit des conséquences désastreuses pour l'économie européenne.
En 2019, la commissaire von der Leyen avait promis que le « Green Deal » donnerait à l'UE un rôle de leader en matière de protection du climat, d'innovation et de prospérité. En réalité, seule la jungle administrative s'est développée jusqu'à présent - alors que les États-Unis et la Chine ont largement dépassé l'UE en termes de technologie, de prospérité et de création d'emplois.
« Alors que le PIB de l'UE a augmenté de 21 pour cent au cours des 15 dernières années, celui des États-Unis a progressé de 72 pour cent et celui de la Chine de 290 pour cent, les dernières prévisions de croissance soulignant encore davantage la stagnation de l'UE », calcule Grafström dans une étude récemment publiée, qui examine à la loupe les faiblesses du “Green Deal” à l'exemple des fabricants européens de batteries. La politique industrielle devrait en fait permettre aux entreprises de prospérer et d'innover, au lieu de fausser les marchés par des subventions inutiles et des mesures protectionnistes, critique-t-il dans son étude.
En Allemagne, les conséquences entraînent désormais les entreprises les unes après les autres dans le gouffre. Selon les experts, jusqu'à 300.000 emplois risquent d'être supprimés l'année prochaine, surtout dans l'industrie métallurgique, très gourmande en énergie. Et ce chiffre ne comprend pas encore les « adaptations de la production » et les fermetures d'usines de l'industrie automobile et de ses fournisseurs.
« Une politique industrielle efficace requiert la capacité de mettre un terme aux projets qui échouent plutôt que de les soutenir indéfiniment », souligne Grafström. Il cite comme exemple actuel la faillite du fabricant suédois de batteries Northvolt, qui a fait perdre directement 300 millions d'euros aux contribuables européens ainsi que plusieurs centaines de millions par le biais de « subventions » nationales (mü).
Source: Zu erst, Jan. 2025.
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vendredi, 03 janvier 2025
L’aggravation de la crise énergétique européenne
L’aggravation de la crise énergétique européenne
Lucas Leiroz,
membre des Associations des journalistes des BRICS, chercheur au Centre d’Études Géo-Strategiques, spécialiste militaire.
Source: https://jornalpurosangue.net/2024/12/26/o-agravamento-da-...
Les sanctions contre la Russie continuent d’entraîner des conséquences économiques extrêmement négatives pour les pays occidentaux eux-mêmes, en particulier en Europe, où la crise énergétique semble loin d’être résolue. Selon des rapports récents, les États européens sont déjà en train d’épuiser leurs réserves de gaz, ce qui les expose à un risque élevé de pénurie massive dans les mois à venir. Cela montre clairement à quel point l’Union européenne a agi de manière irresponsable et contre-productive en mettant en œuvre des mesures coercitives qui n’ont pas affecté Moscou, mais ont profondément nui à l’Europe elle-même.
D’après le Financial Times (FT), l’Union européenne augmente ses prélèvements dans les installations de stockage de gaz tout en lançant un effort sans précédent pour accumuler de nouvelles réserves, face au risque élevé de pénurie. Le journal précise que la quantité de gaz en stock a diminué de 19%, atteignant son plus bas niveau depuis la crise énergétique de 2021.
Depuis septembre, le niveau de stockage de gaz de l’UE est tombé à 75%, contre 90% à la même période l’année dernière. Ce niveau est considéré comme bas et suscite des préoccupations parmi les responsables, car il est fortement recommandé que les pays maintiennent des réserves importantes de gaz, en particulier pendant l’hiver, lorsque la consommation d’énergie est plus élevée.
« L’UE vide ses installations de stockage de gaz au rythme le plus rapide depuis la crise énergétique d’il y a trois ans, à mesure que le climat plus froid augmente la demande et que le continent fait face à une baisse des importations maritimes (…). La dernière fois que les réserves de gaz du continent ont été épuisées aussi rapidement à la mi-décembre remonte à 2021, lorsque la Russie a commencé à réduire l’approvisionnement en gaz par pipeline avant son invasion à grande échelle de l’Ukraine. Les niveaux de stockage de l’UE sont désormais à 75% (…) alors qu’ils étaient proches de 90% à la mi-décembre l’année dernière », rapporte l’article du FT.
Les experts occidentaux ont identifié le froid hivernal en Europe comme la principale cause de la crise énergétique, un argument qui semble fallacieux. Certes, la consommation d’énergie augmente en hiver, car le froid oblige à intensifier l’utilisation d’appareils électriques et de systèmes de chauffage – tous deux dépendants du gaz. Cependant, cela n’est pas suffisant pour expliquer les causes de la crise.
Le problème du gaz en Europe réside dans l’absence d’une source abondante et bon marché de cette ressource. Autrefois, en maintenant un partenariat énergétique avec la Russie, les pays européens, en particulier les grandes puissances industrielles comme l’Allemagne, disposaient d’une source de gaz sûre, peu coûteuse et pratiquement illimitée, permettant aux citoyens et aux entreprises de consommer de l’énergie à grande échelle sans s’inquiéter des problèmes d’approvisionnement. Cette situation a changé en 2022, lorsque l’UE a décidé de suivre le mouvement irresponsable des sanctions anti-russes promues par les États-Unis.
En rompant la coopération avec la Russie, les pays de l’UE ont perdu l’accès à la source d’énergie la plus fiable du continent européen, devenant dépendants de sources étrangères – dont beaucoup nécessitent des routes longues et coûteuses, comme le gaz américain. De plus, comme le soulignent les experts du Financial Times, l’intégration de l’Europe au marché mondial du gaz en a fait un simple acheteur dans un environnement concurrentiel où plusieurs pays cherchent simultanément à accéder à cette ressource. En raison de leurs problèmes économiques actuels, les États européens ont des difficultés à rivaliser pour l’achat de gaz, notamment face aux importations des pays asiatiques, ce qui aggrave encore la situation.
Dans la pratique, la crise énergétique et économique de l’Europe constitue un cercle vicieux : sans le gaz russe, les pays européens n’ont pas suffisamment d’énergie pour alimenter leurs industries, ce qui entraîne une dégradation de leur situation économique. Sans industrie, il n’y a pas d’argent pour importer du gaz en quantités suffisantes, rendant impossible de sortir de ce cycle de crise. Toutes les alternatives actuelles d’importation sont coûteuses et ne répondent pas aux besoins européens aussi efficacement que celles de la Russie avant les sanctions. Cette situation risque de s’aggraver encore davantage, puisque le régime de Kiev a promis d’interdire l’approvisionnement en gaz russe vers l’Europe via son territoire, mettant fin une fois pour toutes à ce qu’il restait du partenariat énergétique entre la Russie et l’UE.
En vérité, l’avenir de l’Europe semble incertain et dangereux. L’UE subit les conséquences de ses propres erreurs, bien qu’elle semble incapable de le comprendre ou de prendre des mesures pragmatiques pour inverser ses décisions. Tant que les sanctions ne seront pas levées, il n’y aura ni progrès économique ni amélioration sociale en Europe.
Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur : https://t.me/lucasleiroz et https://x.com/leiroz_lucas.
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Blackrock va-t-il sauver l'économie européenne ?
Blackrock va-t-il sauver l'économie européenne ?
L’Ukraine, un boulet autour du cou de l’Europe
Karel Beckman
Source: https://deanderekrant.nl/nieuws/gaat-blackrock-de-europes...
L'économie européenne traverse une période de plus en plus difficile, en grande partie à cause de la guerre en Ukraine. L'économie allemande connaît sa « plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale ». La France, quant à elle, a annoncé des mesures d’austérité sévères et des hausses d’impôts. Au Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer mise tous ses espoirs sur le gestionnaire d'actifs américain Blackrock.
Le président du Comité militaire de l'OTAN, le vice-amiral néerlandais Rob Bauer, a averti que les Européens devront se serrer la ceinture s’ils veulent sauver l'Ukraine. « Si vous voulez renforcer la résilience et le soutien à l'Ukraine, alors il y aura moins d'argent à dépenser pour d'autres choses », a-t-il déclaré lors d'une conférence dans un think tank à Bruxelles. « Cela nous privera d'une partie de notre luxe, cela exige un sacrifice. Et cela signifie que nous devons prendre des risques. Mais ne pas prendre de risques est le plus grand risque de tous. »
Ce qui est certain, c'est que la guerre en Ukraine affecte de plus en plus l'économie européenne. L'Allemagne, moteur de l'économie européenne, est particulièrement touchée et traverse une crise économique profonde. Le Financial Times (FT) a récemment parlé de « l'économie allemande brisée », confrontée à sa « plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale ». Les secteurs automobile, chimique et de la construction mécanique, qui étaient jusqu'à récemment les piliers du succès économique allemand, sont particulièrement en difficulté.
L'industrie allemande souffre de « coûts énergétiques élevés », rapporte le FT, sans mentionner les sanctions contre la Russie ou le sabotage du gazoduc Nord Stream. Une série de grandes entreprises allemandes ont annoncé des licenciements ces derniers mois : Volkswagen (des dizaines de milliers), Thyssenkrupp (11.000), BASF (2500), Bosch (3500), Ford (2900), Miele (1300), Bayer (1500) et ZF, un important fournisseur de l'industrie automobile (14.000). La personnalité politique allemande Sevim Dağdelen, du parti d'opposition de gauche Bündnis Sarah Wagenknecht, parle de « déindustrialisation massive ». Particulièrement douloureuse est la fermeture annoncée de trois usines Volkswagen. C'est la première fois dans l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre que Volkswagen, symbole de la puissance économique allemande, doit réduire ses activités.
En France, une crise se profile également. Le gouvernement français doit actuellement payer autant d'intérêts sur sa dette que la Grèce, qui était récemment encore le problème majeur de l'Europe. La France affiche un déficit budgétaire de plus de 6% et a annoncé des coupes budgétaires drastiques ainsi que des hausses d’impôts. L’opposition, tant de gauche que de droite, est furieuse et a promis des actions musclées.
D'autres nuages sombres s’amoncellent à l’horizon. L'Ukraine est un boulet autour du cou de l'Europe. Les pays de l'UE et la Commission européenne ont accordé ces dernières années une aide de 118 milliards d'euros à Kiev, selon les chiffres de l'Institut Kiel pour l'économie mondiale. À cela s'ajouteront 74 milliards d'euros d'engagements au cours des prochaines années. Une part importante de cette aide prend la forme de prêts, mais on peut se demander si l'Ukraine sera un jour capable de les rembourser. Cela ne serait probablement possible qu'en procédant à une grande braderie, comme cela s'est produit en Russie dans les années 1990.
Une autre menace plane : une possible augmentation des droits de douane américains, que Trump a évoquée. Parallèlement, Trump a annoncé son intention de durcir considérablement la guerre commerciale contre la Chine. Le futur président américain a déclaré dans une interview qu'il imposerait une taxe à l'importation de 100 % sur les biens provenant de pays qui « collaborent à une nouvelle monnaie des BRICS ou à toute autre monnaie menaçant la position du puissant dollar ». Les pays qui osent défier le dollar « ne doivent plus compter sur la possibilité de vendre à l'Amérique », a affirmé Trump. « Ils devront trouver un autre imbécile». Cela équivaut à une déclaration de guerre économique contre une grande partie du monde.
Les dirigeants européens semblent suivre cette position sans discuter, ce qui pourrait avoir de graves conséquences sur les exportations européennes. Selon le commandant de l'OTAN, Bauer, l'Europe n'a pas d'autre choix que de revoir ses relations avec la Chine, étant donné la grande dépendance européenne vis-à-vis des biens et matériaux chinois. « C'est naïf de penser que le Parti communiste chinois n'utilisera pas ce pouvoir », a déclaré Bauer. Les entreprises, selon lui, doivent « se préparer à un scénario de guerre et adapter leurs lignes de production et de distribution en conséquence. Car si ce sont les armées qui gagnent les batailles, ce sont les économies qui gagnent les guerres».
Certains pays – la Tchéquie, la Pologne, la Hongrie et la Serbie – anticipent et achètent massivement de l'or. Ils ont également rapatrié une partie de leurs réserves d'or stockées à Londres. Les économistes Frank Knopers et Sander Boon notent que ces pays d'Europe de l'Est semblent « ne pas craindre une invasion russe. Si c'était le cas, il serait bien plus logique que les pays susmentionnés transfèrent leur or à Londres », écrivent-ils sur leur Substack Boon & Knopers.
Le gouvernement britannique a trouvé sa propre solution pour faire face à la crise économique. Le Premier ministre Keir Starmer s'est tourné vers Blackrock, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde. La plateforme médiatique indépendante Open Democracy a publié la semaine dernière un rapport détaillé sur les liens étroits entre Starmer et Blackrock, remontant bien avant les élections de juillet dernier. Le mois dernier, plusieurs dirigeants de Blackrock ont rencontré le Premier ministre britannique à Downing Street pour discuter d'investissements dans l'économie britannique. « La mission de ce gouvernement ne peut réussir qu'à travers une étroite collaboration avec les entreprises et les investisseurs », a tweeté Starmer après la réunion. Le plan du Parti travailliste, écrivait un économiste britannique, semble être « de laisser Blackrock reconstruire le Royaume-Uni ». Blackrock détient des participations dans presque toutes les grandes entreprises britanniques, y compris British Airways, Rolls Royce et AstraZeneca.
Peut-être Blackrock pourra-t-il sauver l'Allemagne après l'Angleterre. L'actuel leader de la CDU, Friedrich Merz, qui a de grandes chances de devenir le nouveau chancelier fédéral au début de l'année prochaine, est un ancien employé de cette entreprise américaine.
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dimanche, 29 décembre 2024
La guerre de l'Arctique
La guerre de l'Arctique
par Pierluigi Fagan
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-artica
Le Groenland est la plus grande île du monde et correspond à 22% du territoire des États-Unis, soit à peu près la superficie additionnée de l'Italie + la France + l'Espagne + l'Allemagne + la Pologne + le Royaume-Uni, avec seulement 60.000 habitants. Elle fait partie du Royaume du Danemark mais dispose de pouvoirs autonomes étendus.
Selon un rapport de l'US Geological Survey, 13% des ressources pétrolières et 30% des ressources gazières mondiales, ainsi que de l'or, des rubis, des diamants, du zinc, du fer, du cuivre, des terres rares et beaucoup d'uranium, se trouvent dans le sous-sol (entre la terre ferme et les fonds marins) pour une valeur totale estimée à environ 400 milliards d'USD, soit une année de PIB pour le Danemark.
Les États-Unis y possèdent déjà plusieurs bases militaires non divulguées, à l'exception de celle, bien connue, de Pituffik, qui est le centre de l'ensemble du réseau de protection de l'espace (NORAD). Au-delà des ressources, certes substantielles, il ne fait aucun doute que le principal poids stratégique de l'île glacée est d'ordre géostratégique, puisqu'elle fait partie du pôle Nord et qu'elle en contrôle l'accès pour tout le Sud-Ouest.
Pour le pôle Nord, limitrophe de la Sibérie, les Chinois envisagent de développer leur route de la soie polaire, alternative stratégique pour éviter les détroits d'Asie du Sud-Est (alors Bab el-Mandeb, Mer Rouge, Suez) et aussi raccourcir le temps de traversée vers l'Europe.
Je rappelle que les États-Unis ne sont considérés comme une nation polaire qu'en raison d'une partie (nord) de l'Alaska, qui était autrefois une terre russe achetée par les Américains (en 1867). Le sous-sol du pôle Nord est quant à lui crédité d'énormes réserves de pétrole, de gaz, de palladium, de nickel, de phosphate, de bauxite, de terres rares, et j'en passe.
Bien sûr, tout ce battage autour du Grand Nord suit les mesures et les prévisions sur la fonte progressive des glaces que les hauts commandements stratégiques des grandes puissances mondiales semblent croire, mais ils ne suivent pas les canaux actifs des négationnistes du climat, les seuls à savoir réellement ce qu'il en est. Cette ligne est activement financée par l'entourage de Trump, qui donc quand cela l'arrange nie, quand cela l'arrange achète par anticipation ce qu'il nie par ailleurs. Dans ces réseaux de nouvelles qui sont pour beaucoup invérifiables et apparemment contradictoires, plusieurs fake news sont repérables.
En 1991, un forum de consultation, de coordination et de coopération - le Conseil de l'Arctique - a été créé par les États membres de l'Arctique, à savoir le Canada, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège et le Royaume-Uni : Le Canada, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège, la Russie, la Suède et les États-Unis. En mars 2022, les pays occidentaux ont suspendu leur participation en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Suite au renoncement à la neutralité historique et à l'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande, ces pays sont désormais tous membres de l'OTAN (à l'exception, bien sûr, de la Russie).
Ce dernier virage scandinave n'est certainement pas dû à la crainte face à l'hypothétique convoitise des Russes pour les élans, les rennes et les lichens scandinaves, mais plutôt à l'alignement stratégique des perspectives concernant le conflit -certain- à venir ou au moins le "différend chaud"qui s'instaurera avec l'Arctique pour objet. En particulier, avec la Finlande et accessoirement la Suède, toutes deux désormais dans l'OTAN, l'une des bases russes les plus importantes dans l'Arctique, la péninsule de Kola, est directement menacée. Avec une quarantaine de navires, les Russes peuvent se targuer d'avoir la plus grande flotte de brise-glaces au monde, et leur présence en direction du pôle est bien organisée et continuellement renforcée.
Il y a quelques jours, Trump a relancé l'idée d'acheter l'île du Groenland, une idée que les Américains poursuivent depuis 1867 et que Trump lui-même avait mise sur la table lors de sa première présidence. Il a ensuite déplacé l'ambassadeur qui se trouvait en Suède, soit l'homme qui avait évidemment piloté, avec des arguments intéressants et convaincants, la renonciation de Stockholm à l'histoire de sa neutralité qui durait depuis deux siècles. Ce diplomate est l'un des fondateurs de PayPal et donc un membre décisif de la PayPalMafia (Thiel, Musk, Nosek, Levchin), ainsi qu'un « jeune leader mondial » élu par le Forum économique mondial. Chaque jour un peu plus, ce groupe prend une fonction stratégique dans l'administration Trump; à quelles fins ? L'avenir nous le dira.
'Trump veut acheter le Groenland' est un titre pour les journaux et les émissions télévisées, l'affaire est cependant bien moins absurde. Les Américains peuvent acheter une partie (Nord) ou la louer pour 99 ans ou avoir des permis de construction et d'exploitation limités ou envenimer le conflit d'autonomie entre les indigènes et le Danemark en soutenant les souhaits d'indépendance ou en se proposant comme médiateur qui peut « rendre tout le monde heureux », c'est-à-dire surtout les États-Unis. La partie qui intéresse les États-Unis se trouve dans le nord, tandis que la population inuit, par ailleurs peu nombreuse, se trouve dans le sud.
Les Inuits sont la population dont le taux de suicide est le plus élevé au monde. Les noyer sous les dollars ne les rendra pas heureux, mais en bref, cela les aidera peut-être.
La question est d'ailleurs la dénégation la plus flagrante de la Doctrine Monroe puisque l'île fait en fait partie de la plate-forme nord-américaine.
Le retour de la Doctrine Monroe s'est également traduit par la mise sur la table, de manière synchronisée, d'une nouvelle question panaméenne. Comme nous l'avions anticipé dans notre article publié quelques jours après l'élection américaine, la ré-annexion hégémonique de l'ensemble du continent aux intérêts et aux souhaits de Washington constitue l'épine dorsale de la vision stratégique de la nouvelle administration.
Cette vision, contrairement au rejet obstiné et irréaliste de la présidence précédente, semble considérer l'évolution multipolaire de l'ordre mondial comme acquise, alors autant compacter son propre pôle et le faire sur des bases solidement géopolitiques (pôle américain) et non idéalistes (États-Unis+UE=Ouest/Occident). Qu'on le veuille ou non, le « groupe Trump » fait preuve d'une logique géostratégique solide et articulée.
Pour toutes ces raisons qui viennent d'être évoquées et pour l'élasticité des nombreuses solutions possibles, je prendrais l'opération pour faite, en perspective, nous verrons bien combien et comment.
20:32 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, danemark, groenland, europe, affaires européennes, donald trump, états-unis, doctrine de monroe, géopolitique, arctique, inuit | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 27 décembre 2024
La spirale infernale de l'Allemagne: quand l'idéologie étrangle l'économie
La spirale infernale de l'Allemagne: quand l'idéologie étrangle l'économie
Source: https://report24.news/deutschlands-todesspirale-wenn-ideo...
La politique allemande ressemble actuellement à une pièce digne du théâtre des absurdités. Alors que le pays s'enfonce dans sa plus grave crise économique depuis l'après-guerre, l'élite politique s'exerce à un remarquable déni de réalité. Le récent scandale de l'ingérence d'Elon Musk dans la politique allemande n'est que la pointe d'un iceberg bien plus grand.
Les faits sont accablants: un quart des Allemands ne peuvent plus payer leurs factures mensuelles. 17,5 millions de personnes - une réévaluation choquante des chiffres de la pauvreté en incluant les frais de logement - vivent dans la pauvreté. Les « champions cachés » de l'industrie allemande, autrefois fiers de leurs prestations, luttent pour leur survie. Les animaux domestiques deviennent des produits de luxe, les banques alimentaires doivent rationner la nourriture.
La construction, que fut le gouvernement dit « feu tricolore », a implosé de manière spectaculaire le 6 novembre, le vote de confiance du 16 décembre n'était plus qu'une formalité. Mais les partis établis - qu'il s'agisse de la SPD, de la CDU/CSU, de la FDP ou des Verts - ne présentent que des solutions cosmétiques aux problèmes structurels à l'approche des nouvelles élections du 23 février.
Le point décisif que le mainstream politique s'obstine à ignorer: le déclin économique de l'Allemagne n'est pas une catastrophe naturelle, mais le résultat d'une castration politique qu'elle a elle-même choisie. La perte de l'énergie russe bon marché - non pas, notons-le, par décision de Moscou, mais par auto-sanction et sabotage occidentaux (mot-clé,ici, c'est "Nord Stream") - a coupé l'herbe sous le pied de l'industrie allemande.
L'analogie est aussi pertinente qu'effrayante : l'Allemagne ressemble à une PME vieillissante qui n'a pas seulement négligé sa forme physique, mais qui s'est en plus coupée elle-même l'alimentation en air. Les Etats-Unis, sous Joe Biden comme sous le président désigné Trump, exploitent habilement cette auto-strangulation pour débaucher les entreprises allemandes à coups de subventions.
Seuls deux partis osent appeler cet éléphant dans la pièce par son nom : l'AfD d'Alice Weidel, désormais deuxième force dans les sondages, et le BSW de Sahra Wagenknecht. Le fait que ces antipodes politiques soient justement les seuls à évoquer la nécessité de normaliser les relations avec la Russie montre toute l'absurdité de la situation.
La tragédie la plus profonde réside dans la capitulation intellectuelle de la politique allemande: au lieu de défendre les intérêts nationaux évidents, on se soumet à la pensée du groupe atlantiste qui mène l'Allemagne à l'abîme économique. La concurrence chinoise, les marchés d'exportation en déclin et la menace de droits de douane punitifs des Américains font le reste.
Bloomberg parle déjà d'un « point de non-retour » - un déclin qui menace d'être irréversible. La politique allemande réagit à cela avec un mélange de déni de la réalité et d'aveuglement idéologique. Tandis que l'on s'émeut de l'« ingérence » de Musk, on passe soigneusement sous silence l'intervention américaine massive dans la souveraineté économique de l'Allemagne.
L'amère vérité est que les problèmes de l'Allemagne peuvent certes être résolus - mais pas tant que la classe politique refuse de briser les chaînes qu'elle s'est elle-même imposées. Les prochaines élections n'y changeront rien tant que tous les partis potentiellement au pouvoir s'en tiendront à un dogme qui subordonne les intérêts de l'Allemagne à ceux de Washington.
Ce que nous vivons n'est pas une crise économique ordinaire, mais le démantèlement systématique d'un site industriel par un auto-enfermement idéologique. Un pays commet un suicide économique - et son élite politique applaudit en plus. L'ironie est que pendant que l'on s'indigne de la prétendue ingérence de Musk, on oublie volontairement comment Joe Biden pousse l'Allemagne vers la désindustrialisation et comment Michael Roth, justement le président de la commission des affaires étrangères, s'immisce sans vergogne dans la politique d'autres pays comme la Géorgie.
L'avenir de l'Allemagne est en jeu et le temps presse. Sans une correction fondamentale du cours politique, sans le rétablissement d'une relation rationnelle avec la Russie et sans le retour aux intérêts économiques nationaux, le déclin sera inéluctable. Il ne s'agit pas d'un tableau noir, mais de l'analyse lucide d'un déclin qui s'accélère. La question n'est plus de savoir si, mais seulement quand l'Allemagne perdra définitivement son statut de puissance économique européenne.
20:02 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, allemagne, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 26 décembre 2024
Le choc Trump à l’OTAN: 5 % pour la défense ou des "conséquences"
Le choc Trump à l’OTAN: 5 % pour la défense ou des "conséquences"
Source: https://report24.news/trumps-nato-schock-5-prozent-fuers-...
Donald Trump frappe encore comme un obus. Le futur président des États-Unis exige des partenaires de l’OTAN rien de moins qu’un doublement des dépenses de défense actuelles, pour atteindre pas moins de 5% du produit intérieur brut. Une annonce qui pourrait faire l’effet d’un cataclysme budgétaire à Berlin (ndt: et pas seulement à Berlin...).
Pour le gouvernement allemand, qui tente péniblement de sortir de la crise budgétaire, cette exigence tombe au plus mauvais moment. Actuellement, l’Allemagne atteint tout juste un peu plus de 2% du PIB, effleurant ainsi l’objectif précédent fixé par l’OTAN. Passer à 5% représenterait des dépenses supplémentaires d’environ 100 milliards d’euros par an – soit presque un tiers du budget fédéral actuel.
Selon le journal Financial Times, qui s’appuie sur des échanges entre les conseillers en politique étrangère de Trump et des diplomates européens de haut rang, l’ex-président pourrait cependant se contenter de 3,5% – ce qui impliquerait tout de même une hausse de près de 50 milliards d’euros pour le budget allemand. Une sorte de compromis qui mettrait néanmoins le futur ministre des Finances allemand, après les élections législatives anticipées, dans une situation critique.
Fait intéressant, Trump adopte une approche étonnamment pragmatique sur la question ukrainienne. Contrairement à sa rhétorique de campagne, il semble envisager de poursuivre le soutien militaire à Kiev – mais uniquement après un cessez-le-feu et sans envisager l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déjà réagi avec scepticisme face aux promesses européennes en matière de défense sans implication américaine: « Ce n’est pas suffisant », a-t-il déclaré après des négociations-marathon à Bruxelles.
La situation rappelle un jeu de poker où Trump augmente drastiquement les mises tandis que l’Europe, frappée de sueurs froides, reste à la table. Ce qui est particulièrement notable, c’est que le républicain lie habilement les dépenses de défense à des avantages commerciaux: ceux qui investissent davantage dans des chars, des avions de combat et des missiles pourront exporter davantage vers les États-Unis. Par ailleurs, c’est surtout l’industrie de l’armement (américaine) qui profite de cette augmentation des dépenses militaires des États membres de l’OTAN.
Pour le budget allemand, cela représente un véritable test de résistance. Le nouveau gouvernement devra soit opérer des coupes massives dans d’autres secteurs, soit contracter de nouvelles dettes – ce qui, après la décision de la Cour constitutionnelle sur le frein à l’endettement, poserait de sérieux problèmes – soit augmenter les impôts. Aucune de ces options ne semble pouvoir séduire les électeurs.
Les États membres de l’OTAN discutent déjà d’une augmentation à 3% lors du sommet de La Haye en juin. Pourtant, même cet objectif est perçu dans de nombreuses capitales comme un effort presque insurmontable. À titre de comparaison, les États-Unis dépensent actuellement environ 3,1% de leur PIB pour la défense. Le message en provenance de l’entourage de Trump est clair: l’ère du « passager clandestin » au sein de l’OTAN est révolue. La question de savoir si l’Europe avalera cette pilule amère sera l’un des enjeux de politique de sécurité les plus fascinants de l’année à venir.
14:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : donald trump, états-unis, otan, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 23 décembre 2024
La Géorgie prise en tenaille: l'Occident impose des sanctions aux «amis de Moscou»
La Géorgie prise en tenaille: l'Occident impose des sanctions aux «amis de Moscou»
Source: https://report24.news/georgien-im-zangengriff-westen-verh...
Les événements se précipitent en Géorgie. Les dernières vicissitudes dans ce petit pays, mais stratégiquement important, situé sur le littoral de la mer Noire, révèlent un jeu de pouvoir complexe entre l'Est et l'Ouest, jeu dans lequel la Géorgie se retrouve de plus en plus entre les mailles du filet des grandes puissances. Washington et Londres ne veulent manifestement pas respecter les résultats des élections démocratiques. Cela sent le chantage.
Les faits parlent d'eux-mêmes: Mikheil Kavelashvili, 53 ans, du parti du « Rêve géorgien », a été élu président avec une majorité quasi soviétique de 225 voix contre 224 - un processus que l'opposition a tenté de délégitimer par son absence. Un véritable processus démocratique aurait pourtant un air bien différent.
Mais tandis que les drapeaux des protestataires, partisans de l'UE, flottent à Tbilissi, Washington et Londres resserrent les vis. En prenant des sanctions coordonnées contre de hauts représentants du gouvernement géorgien, l'Occident tente d'exercer son influence et montre ainsi clairement qu'il ne veut pas tolérer des résultats électoraux obtenus démocratiquement s'ils ne correspondent pas à ses propres vues. Le porte-parole du département d'Etat américain Matthew Miller parle de « violence brutale et injustifiée contre les citoyens géorgiens » - une description qui semble étonnamment exagérée au vu de la situation réelle sur place.
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy lui a emboîté le pas en dénonçant une « attaque monstrueuse contre la démocratie ». Les rapports disponibles montrent pourtant une image nettement plus nuancée: les affrontements entre les manifestants et la police se situent dans les limites habituelles que l'on observe lors de tels scénarios de protestation. Sans parler du fait que les partisans de l'UE ne sont manifestement qu'une simple minorité (bien que bruyante), d'autant plus que les résultats des élections sont éloquents.
Kavelashvili lui-même, que le consortium médiatique occidental a le réflexe d'étiqueter « extrême droite », met en garde contre les efforts occidentaux visant à pousser son pays dans un conflit avec la Russie. Une position qui pourrait bien se justifier au vu de l'expérience ukrainienne. Les parallèles avec la crise ukrainienne de 2013/2014 sont évidents: un pays à la croisée des chemins entre l'Est et l'Ouest, des tensions politiques internes et des acteurs externes qui poursuivent leurs propres intérêts géopolitiques. Le parti du « Rêve géorgien » a certes consolidé son contrôle sur les affaires gouvernementales, mais le prix à payer pourrait être élevé.
L'investiture de Kavelashvili, prévue pour le 29 décembre, promet de déclencher de nouveaux troubles. On craint de plus en plus que la Géorgie ne devienne à nouveau le théâtre d'une « révolution de couleur » initiée par l'Occident, voire d'une guerre sanglante par procuration - une crainte qui circule depuis longtemps à Tbilissi.
Cette situation complexe montre une fois de plus que le simple manichéisme en noir et blanc présenté par les figures politiques occidentales ne rend pas compte de la réalité sur place. La Géorgie mérite un regard plus nuancé - et surtout le droit de trouver sa propre voie, sans être poussée de l'extérieur dans une direction ou une autre.
21:26 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : actualité, géorgie, europe, caucase, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Roumanie: le rôle (pas si caché) des Etats-Unis derrière le chaos électoral
Roumanie: le rôle (pas si caché) des Etats-Unis derrière le chaos électoral
par Roberto Vivaldelli
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/romania-il-ruolo-...
La semaine dernière, la décision de la Cour constitutionnelle roumaine d'annuler le premier tour des élections présidentielles, quelques jours avant que devait se tenir le second, a fait couler beaucoup d'encre. Cette décision a eu pour effet de réinitialiser le processus électoral, le gouvernement étant appelé à fixer une nouvelle date pour le scrutin. Le premier tour, qui s'est tenu le 24 novembre, avait été remporté à la surprise générale par Călin Georgescu, indépendant de droite et critique à l'égard de l'OTAN, qui devait affronter au second tour la pro-européenne Elena Lasconi, du parti Sauver l'Union roumaine. Voici ce qui se cache derrière tout cela.
L'implication des États-Unis en Roumanie
L'arrêt de la Cour a été rendu à la suite de la « déclassification » de documents des services de renseignement qui auraient montré une opération massive d'ingérence étrangère de la part de Moscou en faveur de Georgescu, face à son adversaire, une ingérence qui se serait manifestée dans les sondages. La dite ingérence se serait produite par l'utilisation de milliers de comptes de médias sociaux destinés à manipuler l'opinion publique, en exploitant des plateformes telles que TikTok et Telegram. Quelques heures après la décision retentissante de la Cour suprême, M. Georgescu a déclaré à une chaîne de télévision que la démocratie roumaine était « attaquée », qualifiant le verdict de « coup d'État formalisé ».
Cependant, à l'heure actuelle, il n'a pas été établi, même superficiellement - et encore moins dans une mesure suffisante pour constituer une preuve juridiquement admissible - que les comptes sur TikTok auraient pu avoir un impact électoral tel qu'ils auraient modifié ou influencé de manière significative le processus électoral. Mais ce n'est pas le seul aspect controversé de cette décision « choc ». Comme l'a révélé le journaliste d'investigation américain Lee Fang dans Substack, les critiques de Georgescu à l'égard de l'Alliance atlantique pendant la campagne électorale « ont alarmé les responsables des États-Unis et de l'OTAN ». Actuellement, note Lee Fang, la Roumanie est le point de départ des programmes de formation de l'OTAN pour les pilotes ukrainiens et accueille un projet de construction qui aboutira à la construction de la plus grande base de l'OTAN en Europe », qui sera construite près de l'actuelle base militaire “Mihail Kogalniceanu”, qui sera agrandie et qui est située près du port pontique de Constanta.
La réaction du département d'État
À ce moment-là, explique le célèbre journaliste, des groupes de réflexion et des ONG financés par les États-Unis - par l'intermédiaire des programmes d'aide à l'étranger de l'USAID, de la National Endowment for Democracy (NED) et du département d'État - se sont empressés d'influencer la décision de la Cour suprême roumaine et d'alimenter le récit de la prétendue ingérence russe, dénoncée par des organisations telles que Global Focus et Funky Citizens. Il s'agit d'ONG financées par l'USAID, la NED et l'ambassade américaine à Bucarest. Dans les jours qui ont précédé l'arrêt de la Cour suprême, ces organisations - loin d'être au-dessus des parties, bien évidemment - ont soutenu des narratifs visant à délégitimer le résultat des élections, en accusant des plateformes sociales telles que TikTok d'avoir diffusé des contenus pro-Georgescu. Existe-t-il des preuves que ces prétendus comptes sociaux ont effectivement déterminé le résultat de l'élection en faveur du candidat indépendant de droite ? Non, bien sûr, il n'y en a aucune.
Flux d'argent en provenance des États-Unis vers des ONG anti-Georgescu
Parmi les ONG financées par les États-Unis qui se sont distinguées dans les accusations portées contre M. Georgescu figure Expert Forum, qui a affirmé que TikTok avait violé ses conditions d'utilisation en autorisant la diffusion de contenus pro-Georgescu pendant les élections. Septimius Pârvu, directeur exécutif de l'organisation, a déclaré lors d'un récent séminaire en ligne, que certains comptes TikTok pro-Georgescu avaient été créés en 2016, suggérant qu'il s'agissait de la preuve d'une « opération à long terme ». Les archives fédérales montrent que l'ambassade des États-Unis à Bucarest a fourni un flux régulier d'argent à Expert Forum. Le dernier contrat en date a accordé au groupe 79.964 dollars pour développer une « solution intégrée contre la régression démocratique en Roumanie ».
Et ce n'est pas tout, car l'ingérence américaine dans le processus électoral roumain est bien plus vaste. Comme le rapporte InsideOver, l'accusation d'utiliser de faux comptes sur TikTok pour obtenir du soutien et diffuser de la « désinformation » émane de l'Association pour la technologie et l'Internet, elle-même membre de European Digital Rights (EDRi), qui se décrit comme « le plus grand réseau européen de défense des droits et des libertés en ligne ». Mais la partie la plus intéressante concerne les bailleurs de fonds de ce réseau, tels que les habituelles Open Society Foundations du magnat libéral George Soros, le réseau Omidyar du fondateur d'eBay Pierre Omidyar, la Fondation Ford, la Fondation MacArthur, et bien d'autres encore. Il s'agit, de toute évidence, de « bonnes interférences » et non de mauvaises (et non des interférences qui, jusqu'à présent, demeurent "présumées") comme celles qui proviendraient de Moscou.
17:59 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manipulations médiatiques, ingérences américaines, roumanie, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 22 décembre 2024
L’assassinat de Kirillov et la double morale occidentale
L’assassinat de Kirillov et la double morale occidentale
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/lassassinio-di-kirillov-e-la-doppia-morale-occidentale/
Igor Kirillov a été assassiné. Un attentat, déclenché par un explosif à distance, a tué à Moscou le général et son adjoint. L’attaque a été officiellement revendiquée par le SBU, les services secrets ukrainiens, qui se félicitent d’avoir exécuté celui qu’ils considéraient comme responsable des attaques aux armes chimiques contre leur pays.
En effet, Kirillov était le commandant des forces chimiques, radiologiques et biologiques de l’armée russe. À ce titre, il avait dénoncé à plusieurs reprises la présence en Ukraine de centres produisant des armes chimiques, prétendument gérés par du personnel "étranger", à savoir américain et britannique.
En guise de représailles logiques, les services britanniques l’avaient accusé à plusieurs reprises d’avoir utilisé des armes chimiques, interdites par les conventions internationales, contre les forces ukrainiennes. Une accusation que Moscou a toujours rejetée avec indignation.
Ceci pour les faits.
Il reste néanmoins indéniable que le général Kirillov a été assassiné dans un attentat revendiqué par les services ukrainiens, avec au moins le soutien moral des services britanniques.
Un fait incontestable qui corrobore les accusations du Kremlin envers le SBU, qualifié d’organisation terroriste, dirigée par un gouvernement illégitime utilisant de tels moyens pour semer la panique, cherchant ainsi à maintenir un pouvoir désormais vacillant.
Au-delà de toute autre considération, il apparaît évident qu’un régime, celui de Kiev, en déroute sur le champ de bataille, ne trouve rien de mieux à faire que de recourir à des attentats – celui-ci n’étant que le dernier d’une longue série – contre la Russie.
Des attentats qui, par ailleurs, sont totalement inefficaces sur le plan militaire. Il est établi que le terrorisme n’a que peu d’impact militaire, étant généralement le fait d’organisations dépourvues d’assise étatique.
Le fait que, dans ce cas précis, un État et son gouvernement revendiquent un acte terroriste doit donc nous amener à réfléchir. Ou plutôt, à considérer deux points.
Premièrement, et c’est finalement le moins important, les dirigeants de Kiev ont désormais perdu tout sens des limites. Ils estiment pouvoir utiliser n’importe quel moyen pour retarder autant que possible ce qui semble être l’issue inéluctable du conflit: une victoire russe, avec l’annexion du Donbass et l’éviction de Zelensky et de son entourage, remplacés par un gouvernement à Kiev favorable à Moscou.
Deuxièmement, et c’est plus intéressant, on constate que certains pays occidentaux tendent à justifier l’usage du terrorisme et de l’assassinat politique, en totale violation des "règles de guerre" qu’ils avaient pourtant eux-mêmes établies.
Des règles qui, apparemment, ne devraient s’appliquer qu’aux autres.
Américains et Européens se réservent le droit de s’en affranchir lorsque cela sert leurs intérêts.
Une application intéressante du double standard moral : les autres, tous les autres, doivent respecter les règles. Et s’ils ne le font pas, ils sont bannis, hors-la-loi, criminels.
Mais nous, l’Occident, pouvons faire ce que nous voulons. Car nous, et nos alliés – en l’occurrence l’Ukraine – sommes les "gentils".
A priori.
C’est intéressant… mais il est regrettable que cette méthode ait cessé de fonctionner.
Et, bientôt, nous devrons malheureusement en prendre conscience.
De la manière la plus traumatisante qui soit.
20:18 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, ukraine, russie, igor kirillov, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les gouvernements démocratiques se moquent de leurs propres peuples
Les gouvernements démocratiques se moquent de leurs propres peuples
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/i-governi-democratici-se-ne-fre...
L'Institut de sondage Censis certifie que deux tiers des Italiens sont opposés à la guerre de Zelensky et au soutien qui lui est offert par le gouvernement de Rome et quiest financé aux frais des contribuables italiens. Pourtant, le ministre de la Défense, Guido Crosetto, envisage une augmentation des dépenses publiques en armement, jusqu’à atteindre 2,5% du PIB. Plus de la moitié des Polonais pensent qu’il faudrait mettre fin à la guerre en restituant à la Russie les régions russophones et russophiles mais le gouvernement de Varsovie veut poursuivre la guerre jusqu’au dernier Ukrainien et jusqu’à l’appauvrissement général des Polonais.
En Roumanie, les élections présidentielles sont annulées parce que le peuple a osé voter pour le candidat qui ne plaît pas à Bruxelles. En Géorgie, la présidente, de nationalité française, refuse de céder son siège parce que les Géorgiens ont voté pour le mauvais candidat. En Moldavie, pour renverser le vote populaire, on a fait appel au vote des Moldaves à l’étranger, mais uniquement de ceux qui ont émigré vers des « pays amis ». En France, le président Macron s’appuie sur un gouvernement minoritaire pour éviter d’accepter le verdict populaire qui l’a spectaculairement désavoué.
En Allemagne, le vote dans l’est du pays favorise la droite de l’AfD, mais un blocage se met en place pour exclure ce parti jugé dérangeant. Et peu importe que cela plaise ou non aux électeurs.
Oui, l’avis des électeurs ne compte plus. Le vote ne compte pas. Dans les urnes, un programme précis est approuvé, mais les élus s’en moquent et ne le respectent pas. « Démocratie, démocratie, c’est votre affaire, pas la mienne », chantait quelqu’un dans les années 1970. Mais malheur à celui qui en dit du mal. Car cette oligarchie – composée de politiciens valets au service des marchands de mort, des spéculateurs et des monopoles occidentaux – n’a rien de démocratique. Et encore moins d’aristocratique. Ce ne sont pas des gouvernements tenus par les meilleurs, ce ne sont pas des gouvernements qui dirigent les nations dans l’intérêt de leurs peuples respectifs.
Ce sont des peuples soumis, effrayés. Qui grognent, mais ne réagissent pas.
20:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, démocratie, démocrature, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 20 décembre 2024
L'UE adopte un 15ème train de sanctions qui, une fois de plus, ne touche guère la Russie
L'UE adopte un 15ème train de sanctions qui, une fois de plus, ne touche guère la Russie
La nouvelle responsable des affaires étrangères, Kaja Kallas, a présidé lundi sa première réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.
Par Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/12/eu-beschliesst-15-sanktio...
Le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE s'est réuni lundi sous la direction de la nouvelle haute représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, l'Estonienne Kaja Kallas. Il était déjà clair à l'avance que Kallas n'adopterait pas une ligne plus modérée. Au contraire, sous sa direction, l'UE poursuit son escalade, sa politique de sanctions et sa confrontation ouverte - surtout contre la Russie.
Le quinzième train de sanctions a été adopté, qui doit soi-disant frapper la « flotte fantôme » russe. Selon la lecture occidentale, cette flotte sert à contourner le plafonnement des prix du pétrole imposé par les pays du G7. Les sanctions visent 27 pétroliers russes ainsi que 52 autres navires battant d'autres pavillons. Ils se voient désormais interdire l'accès aux ports européens et l'accès aux services européens.
Ce qui est salué à Bruxelles comme une « étape nécessaire » s'avère toutefois, à y regarder de plus près, être une politique symbolique qui ne touche guère la Russie. Le commerce du pétrole s'est depuis longtemps déplacé vers l'Asie, où la Chine, l'Inde et d'autres marchés émergents ont remplacé l'Occident. Les dégâts restent du côté de l'Europe, qui continue de s'affaiblir elle-même en raison de la spirale des prix de l'énergie et des désavantages économiques.
L'UE étend la spirale des sanctions à la Chine et à l'Inde
Mais les sanctions ne s'arrêtent pas là: 54 personnes supplémentaires, dont des représentants des services de sécurité russes, ainsi que 32 entreprises de Chine, d'Inde et d'Iran ont été ciblées. C'est la première fois que Bruxelles s'en prend aussi ouvertement aux entreprises de ces pays. Le fait que l'UE étende désormais sa spirale de sanctions à la Chine et à l'Inde montre à quel point cette orientation est dangereuse.
Tout en croyant imposer sa « politique des valeurs », Bruxelles met en péril les relations européennes avec les puissances économiques émergentes et rend l'Europe encore plus dépendante de partenaires transatlantiques dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec ceux de l'Europe. Une diplomatie réellement souveraine serait différente.
Kallas elle-même profite de son nouveau poste pour augmenter la pression sur l'espace post-soviétique. Dans la perspective des prochaines élections présidentielles en Biélorussie, elle a annoncé que l'UE soutiendrait le « peuple biélorusse » et élaborerait de nouvelles sanctions contre le « régime de Loukachenko ». A Bruxelles, cela sonne comme une noble intention. En réalité, cela signifie une ingérence dans les affaires souveraines qui pourrait déstabiliser davantage le pays.
Ceux qui ne se soumettent pas à Bruxelles seront isolés
La Géorgie s'est également retrouvée dans le collimateur. Le gouvernement de ce pays a annoncé qu'il suspendait le processus d'adhésion à l'UE jusqu'en 2028 - un acte de décision souverain. Pour Kallas et les dirigeants de l'UE, c'est apparemment inacceptable. En guise de sanction, les projets de l'UE financés par le budget doivent être gelés et la circulation sans visa doit être limitée. Une fois de plus, Bruxelles montre ce qu'il faut penser du « partenariat » : celui qui ne se soumet pas sera isolé.
L'Ukraine reste le pilier central de la politique étrangère de Kallas. Outre un soutien militaire supplémentaire, l'intégration de l'industrie de l'armement ukrainienne dans la base européenne est poursuivie. En outre, l'UE revendique un rôle de premier plan dans un futur processus de paix - une revendication remarquable alors que, dans le même temps, on continue à livrer des armes et à ignorer les pourparlers de paix.
Quelques jours avant le Conseil des ministres, Kallas et des ministres des Affaires étrangères comme Annalena Baerbock se sont rencontrés pour adopter la « Déclaration de Berlin ». Cette déclaration se veut une réponse aux éventuels changements de cap des Etats-Unis sous la présidence de Trump. Des garanties de sécurité à long terme pour l'Ukraine doivent pousser l'UE dans un rôle qui n'est ni durable ni dans l'intérêt de l'Europe.
La politique étrangère de Kallas : conflictuelle, peu diplomatique et chargée d'idéologie
La critique de Kallas à l'encontre d'Olaf Scholz et de Viktor Orbán a montré à quel point il reste peu de place pour une diplomatie autonome. Tous deux avaient téléphoné à Poutine - Scholz probablement par calcul de politique intérieure, Orbán avec des propositions concrètes pour une offre de cessez-le-feu à Noël et un échange de prisonniers. Mais Kallas remet en question la légitimité de tels contacts au nom de l'UE.
Derrière cela se cache la prétention de Bruxelles de saper la souveraineté nationale et de monopoliser ses propres canaux diplomatiques. Celui qui agit de manière indépendante est immédiatement remis à sa place par Kallas et ses collègues.
Kaja Kallas incarne le nouveau style de la politique étrangère européenne: conflictuelle, non diplomatique et chargée d'idéologie. Elle agit comme une fauconne politique qui se voit volontiers dans le rôle d'une politicienne de pouvoir - alors qu'elle amène l'UE toujours plus profondément dans une zone de risques économiques et de dépendances politiques.
Kallas pousse l'Europe sur une voie qui coûte cher aux citoyens: des prix en hausse, des désavantages économiques et une paix de plus en plus fragile sont les conséquences de cette politique.
L'Europe n'a pas besoin aujourd'hui d'une « Lady Hawk », mais d'Etats souverains prêts à rechercher le dialogue, à défendre leurs propres intérêts et à ne pas perdre de vue la paix pour des raisons idéologiques. Le temps est venu pour une politique qui ramène l'Europe à la force économique et à l'autonomie politique - au-delà des dogmes de Bruxelles et d'un cours qui ne fait qu'affaiblir l'Europe.
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mercredi, 18 décembre 2024
L'Allemagne perd du terrain: sa «souveraineté numérique» est désormais en danger
L'Allemagne perd du terrain: sa «souveraineté numérique» est désormais en danger
Berlin. Pas un jour ne passe sans de nouvelles annonces inquiétantes concernant l’Allemagne en tant que site économique et technologique. Désormais, c’est aussi la « souveraineté numérique » qui est menacée. Cela s’explique par le fait que l’Allemagne perd rapidement du terrain sur le marché des centres de données. Les détails ont été fournis dans une étude présentée récemment par l’association numérique Bitkom. Selon ce rapport, environ dix milliards d’euros sont investis chaque année en Allemagne dans les infrastructures, les nouvelles capacités et les technologies des centres de données. Cependant, les taux de croissance enregistrés restent nettement inférieurs à ceux de pays comme l’Irlande, la Chine ou les États-Unis.
En Allemagne, il existe environ deux mille centres de données de taille moyenne et 100 grands centres (serveurs) auxquels sont connectés 2,4 millions d’ordinateurs en réseau. À l’échelle mondiale, on compte environ 100 millions de serveurs de ce type – principalement aux États-Unis et en Chine – qui stockent les données des utilisateurs privés, des administrations et des entreprises.
Avec la numérisation croissante dans les sociétés modernes, les centres de données prennent une importance toujours plus grande. Mais, avertit l’association numérique Bitkom dans son étude : l’Allemagne néglige depuis dix ans l’expansion nécessaire de ses capacités. Ainsi, le pays est en passe de perdre son lien avec les sites internationaux en forte croissance. L’Allemagne risque de perdre progressivement sa « souveraineté numérique », met en garde Bernhard Rohleder, directeur général de Bitkom.
L’État doit désormais agir pour améliorer les conditions d’implantation en Allemagne. La loi sur l’efficacité énergétique doit être révisée, et de manière générale, les procédures de planification, d’autorisation et de construction doivent être raccourcies. Dans d’autres pays, il ne faut que quelques mois entre la planification et la mise en service d’un centre de données, alors qu’en Allemagne, cela prend souvent des années. Il est douteux que Habeck et ses collègues soient réceptifs à de tels arguments (st).
Source: Zu erst, décembre 2024.
20:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souveraineté numérique, allemagne, actualité, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La démocratie, c'est ce qui profite aux écosocialistes
La démocratie, c'est ce qui profite aux écosocialistes
Par Conny Axel Meier
Source: https://www.pi-news.net/2024/12/demokratie-ist-was-den-oe...
« Cela doit avoir l'air démocratique, mais nous devons tout avoir en main » (Walter Ulbricht début mai 1945).
L'émission de ZDF-Heute de samedi dernier était très révélatrice à un égard. Il s'agissait de la Corée du Sud. On sait que le président Yoon Suk Yeol y avait déclaré la loi martiale pour une raison futile (il s'agissait du budget à venir) et qu'il avait ensuite dû se dégonfler et lever cette loi martiale. Cela n'a pas suffi à l'opposition de gauche du « Parti démocratique » qui a demandé au Parlement le remplacement du président qui avait été démocratiquement élu par le peuple. Pour cela, ils avaient d'abord besoin, avant que la Cour constitutionnelle n'intervienne, d'une majorité des deux tiers des voix des députés, c'est-à-dire 200 sur un total de 300 qui peuvent déposer la demande auprès de la Cour constitutionnelle. Parallèlement, l'opposition a envoyé ses partisans dans la rue pour manifester en faveur de la destitution. La proclamation de la loi martiale étant également allée trop loin pour une partie du parti au pouvoir, Yoon a été destitué par 204 voix. Cela a suffi de peu pour obtenir une majorité des deux tiers.
La gauche entend définir seule ce qu'est la démocratie
Ce qui frappe ici, c'est le commentaire de la ZDF. Ils citent comme seule voix à ce sujet Park Chan Dae, le président du groupe parlementaire du Parti démocrate (DP), un parti d'opposition, situé à gauche. Celui-ci a qualifié le vote des parlementaires de « victoire pour le peuple et la démocratie ».
A retenir: si la gauche gagne, c'est une victoire pour le peuple et la démocratie ! Si cinq des 300 députés démocratiquement élus avaient voté différemment, la proposition aurait échoué. Selon la ZDF, ce ne serait alors pas une victoire pour la démocratie. « Démocratique », c'est seulement ce qui profite à l'oligarchie de gauche. Si le vote n'est pas conforme aux souhaits des rouges-verts, il ne s'agit plus de démocratie.
C'est nous qui décidons de ce qu'est la démocratie, disent-ils ! Les exploiteurs socialistes du peuple en sont convaincus. Partout où ils sont au pouvoir, ils gonflent les ministères et les institutions avec leurs partisans inutiles. Les tribunaux, les commissariats de police, les parquets et les dirigeants de la "protection de la Constitution" (Sûreté allemande) sont tous fidèles à l'extrême gauche.
Démocratie et "mur coupe-feu" (Brandmauer ou "cordon sanitaire")
La conception de la démocratie du cartel des partis écosocialistes a déjà été abordée dans nos colonnes à plusieurs reprises. Conformément à leur doctrine d'exclusion, celle du « mur coupe-feu » (Brandmauer, équivalent du "cordon sanitaire" belge, ndlr), la démocratie n'est pas simplement la volonté du peuple, mais exclusivement ce qui correspond à leurs fixations idéologiques. Lorsque, au Bundestag, les représentants des « partis du bloc » parlent de « notre démocratie » et des « partis démocratiques », cela rappelle la conception de la démocratie qu'avaient les communistes au 20ème siècle.
L'ancien président du Conseil d'État de la « République démocratique ( !) allemande », Walter Ulbricht, aurait été fier de ses petits-enfants spirituels de la CDU/CSU, de la SPD, de la FDP et des Verts. Les communistes du parti de gauche (Die Linke) et les adhérents de la Ligue de Wagenknecht sont de toute façon en phase. Tous sont d'accord et chantent en chœur: nous sommes les « démocrates » et l'AfD est « antidémocratique ». Les faits ne jouent aucun rôle dans leurs raisonnements, seule l'idéologie compte. On vient de voir comment cela fonctionne en Thuringe. La queue communiste remue désormais même si elle est celle du chien pseudo-conservateur.
La CDU/CSU peut écrire ce qu'elle veut dans son programme électoral, même si elle copie le modèle de l'AfD à l'identique. Ils n'appliqueront rien de tout cela. Ils ne le veulent d'ailleurs pas. Celui qui, comme Friedrich Merz, veulent absolument former une coalition avec les Verts, ne veulent et ne peuvent rien changer à la situation désastreuse de l'Allemagne. Merz ne veut pas quitter la grande coalition des écosocialistes, mais en devenir la mascotte.
Vous voulez d'autres exemples ?
Géorgie
Cette situation complexe n'existe pas seulement en Corée du Sud et en Allemagne. En Géorgie, les écosocialistes veulent se débarrasser du gouvernement patriotique récemment élu en toute bonne pratique démocratique, organisent des manifestations violentes et recourent au chantage financier, avec le soutien de la Commission européenne. Ce gouvernement n'est pas, comme le prétendent les gauchistes dans les médias, favorable à la Russie. Il est favorable à la Géorgie !
Moldavie
En Moldavie, les marionnettes de l'UE ont rapidement exclu de l'élection presque tous les Moldaves expatriés en Russie, de peur que les élections ne se déroulent pas comme prévu par la tutelle de l'UE. En revanche, les Moldaves résidant dans les pays occidentaux ont pu voter sans encombre, car ces derniers ont largement fait pencher la balance en faveur des vassaux de l'UE.
Roumanie
En Roumanie, c'est également un patriote, Calin Georgescu, qui a remporté le premier tour des élections présidentielles. Lui non plus n'est pas un ami de la Russie, comme on le prétend. Il a gagné parce qu'il a fait passer les intérêts roumains avant les intérêts de l'OTAN. Bruxelles a obtenu que l'élection soit annulée.
Pour cela, il a fallu « convaincre » la Cour constitutionnelle roumaine qu'une prétendue influence russe s'était exercée, car quelques jours auparavant, a contrario, la régularité des élections avait été confirmée.
Les bureaucrates de gauche autoproclamés de Bruxelles, Berlin et Paris préfèrent qu'à l'avenir, dans toute l'Europe, les candidats et les partis qui ne sont pas favorables à l'UE et à l'OTAN soient exclus des élections. Il ne sera alors plus possible de voter « mal ». Tout cela avec la prémisse suivante: cela doit avoir l'air démocratique, mais nous, les écosocialistes, voulons tout avoir en main.
Qui est Conny Axel Meier?
Conny Axel Meier (né en 1956) est actif depuis plus de 20 ans en tant que publiciste, défenseur des droits de l’homme et critique de l’islam. Depuis 2004, il a été secrétaire de la "Fédération des mouvements citoyens" (BDB). En 2006, il faisait partie des premiers membres de "Pax Europa". En 2008, il a joué un rôle clé dans la fusion des deux associations pour créer le "Mouvement citoyen PAX EUROPA" (BPE) et en est devenu le premier directeur général à plein temps jusqu’en 2016. En 2019, il a déménagé avec son épouse et est parti en exil politique en Hongrie, d’où il écrit régulièrement pour PI-NEWS.
19:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, allemagne, corée du sud, moldavie, géorgie, roumanie, élections, écosocialistes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 16 décembre 2024
Folie climatique de l'UE: 1300 milliards d'euros par an pour rien
Folie climatique de l'UE: 1300 milliards d'euros par an pour rien
Source: https://report24.news/eu-klimawahn-1-300-milliarden-euro-...
C’est la plus coûteuse illusion de l’histoire européenne: l’UE veut se propulser dans un paradis vert en investissant des sommes astronomiques. Une nouvelle analyse du groupe de réflexion Bruegel révèle désormais la vérité choquante sur les véritables coûts de la politique climatique européenne – et elle dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer jusqu’ici.
Imaginez que vous jetiez chaque année 1300 milliards d’euros par la fenêtre – pour un projet dont l’utilité est, au mieux, discutable. C’est exactement ce que prévoit l’UE d’ici 2030. Après cela, ce sera encore plus cher: 1540 milliards d’euros. Par an. Jusqu’en 2050. Des chiffres qui font pâlir même les eurocrates les plus endurcis.
Le groupe de réflexion bruxellois Bruegel a pris la peine de calculer le véritable coût de cette folie verte. Le résultat est une note de politique qui a de quoi faire réagir. Elle se lit comme un aveu de faillite, celle de la raison européenne. Et ce n’est que le début: les coûts réels pourraient être encore plus élevés. Bruegel souligne que des facteurs importants, comme les coûts de financement, n’ont même pas été pris en compte dans le calcul. C’est comme si l’on achetait une maison en ne tenant compte que du prix d’achat, tout en oubliant les intérêts.
La réalité rattrape déjà les rêves écologiques. La demande de voitures électriques s’effondre, les pompes à chaleur prennent la poussière dans les entrepôts, l’industrie solaire gémit sous la concurrence chinoise, et personne ne veut plus construire d’éoliennes. Le citoyen ordinaire a depuis longtemps compris ce que Bruxelles refuse d’admettre: cette « transition énergétique » est non seulement inabordable, mais aussi insensée.
Tandis que la Commission européenne rêve d’un avenir vert radieux, une résistance massive se manifeste déjà dans les États membres. De la Hongrie à la France, de la Slovaquie à l’Allemagne – partout, les citoyens se rebellent contre les coûts croissants de cette politique idéologique.
Le plus absurde: aux États-Unis, le Project Veritas a révélé comment l’Agence de protection de l’environnement, avant Trump, a injecté des milliards dans des organisations activistes pour le climat – comme une sorte « d’assurance » contre une politique jugée d'avance indésirable, qui pourrait être déployée sous le nouveau président. En Europe, des opérations similaires existent également.
L’étude de Bruegel tente certes de qualifier les critiques de « populistes », mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. Cette politique ne détruit pas seulement la prospérité des citoyens européens, elle menace aussi la compétitivité des entreprises européennes. Tandis que la Chine et les États-Unis agissent de manière pragmatique, l’Europe se perd dans un rituel climatique coûteux.
Au final, une question simple se pose : qui va payer ? La réponse est aussi simple que déconcertante: vous, le contribuable, le simple citoyen – et les entreprises. Par des taxes plus élevées, des prix de l’énergie en plein essor et un pouvoir d’achat en baisse. Bienvenue dans le nouveau monde merveilleux de la politique climatique européenne.
L’ironie de tout cela ? Tous ces billions n’auront pas la moindre influence sur le climat. Car les changements climatiques sont principalement déterminés par le soleil et d’autres facteurs astronomiques – une vérité dérangeante que personne à Bruxelles ne veut entendre.
19:04 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, actualité, politique climatique, climat, europe, union européennes, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 13 décembre 2024
Les mémoires de Merkel: chronique stérile d'une vie sans relief
Les mémoires de Merkel: chronique stérile d'une vie sans relief
Alexander Meschnig
Source: https://philosophia-perennis.com/2024/12/03/merkels-memoi...
Elle est de retour. Les mémoires d'Angela Merkel, intitulées « Freiheit » (Liberté), sont parues simultanément dans trente pays la semaine dernière. Un volume de 736 pages, au prix de 42 euros, ce n'est donc pas pour rien. Alexander Meschnig commente sur Kontrafunk.
Selon la rumeur, Merkel a reçu pour cela une avance de plusieurs dizaines de millions d'euros. C'est une grande marque de confiance envers une ex-politicienne qui est responsable des pires décisions erronées de ces dernières années: sauvetage de l'euro, sortie du nucléaire, politique anti-russe, ouverture des frontières et immigration de masse, confinements covidesques avec de graves atteintes aux droits fondamentaux des citoyens. L'autocritique et l'aveu de ses propres erreurs, c'est le moins que l'on puisse dire, n'apparaissent pas dans le livre.
L'absence d'alternative
Même avec le recul, toutes les décisions de l'ère Merkel semblent sans alternative. Outre la politique désastreuse à l'égard de la Russie, c'est notamment l'absence de prise de conscience des conséquences de sa politique migratoire qui laisse un goût amer au lecteur. Le fait que Merkel, fin 2024, après la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, l'attentat sur le marché de Noël de Berlin, les nombreux meurtres et actes de violence commis par des soi-disant réfugiés, s'accroche encore à sa politique d'accueil sans limites - sans aucune réflexion sur les conséquences sociales - est significatif.
La version française de l'insipide pavé: on peut dire que l'éditeur, Albin Michel, a souvent été mieux inspiré...
Quelques jours avant la parution de ses mémoires, Merkel a accordé une interview au « Spiegel », dans laquelle elle a également évoqué sa politique d'immigration. Elle n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de son propre parti qui, sans doute sous la pression des résultats électoraux de l'AfD, exige désormais le refoulement des migrants aux frontières allemandes. Merkel transforme les problèmes de l'immigration de masse en une « dette » que doit la société d'accueil, qui se voit reprocher de l'exclure. Car, selon les termes de l'interview : « Il ne peut y avoir d'intégration sans ouverture d'esprit et sans volonté de changement de la part de la société d'accueil. La condition préalable est d'acquérir un minimum de connaissances sur les autres cultures, je dois déjà m'y intéresser ».
« Aucun être humain n'est illégal ! »
Merkel suit ici manifestement une conception universaliste de l'être humain, qui accorde à chaque migrant les mêmes droits qu'aux citoyens autochtones. Cela n'a pas toujours été le cas. Rappelons-nous les célèbres photos de la chancelière avec la petite Libanaise Reem. Les larmes de la jeune fille - Merkel n'a pas pu lui promettre qu'elle pourrait rester en Allemagne - ont déclenché une véritable tempête émotionnelle dans les médias mainstream à l'été 2015. La pression médiatique permanente et les campagnes des gauches et des Verts (« Aucun être humain n'est illégal ! ») n'ont pas manqué d'avoir de l'effet sur les hommes politiques de premier plan.
Personne, pas même la chancelière, ne pouvait et ne voulait gouverner contre les médias et l'opinion publique ou passer pour "inhumain". C'est ainsi que la « chancelière glaciale » s'est muée en quelques semaines en « maman Merkel », une femme qui a fait la seule chose à faire en ouvrant grand les frontières, célébrée ensuite par les médias pour son humanisme, en tant que sauveuse des valeurs européennes. Reste à savoir si Merkel elle-même croyait à cette transformation, mais sa décision d'ouvrir les frontières a rendu la division du pays définitivement flagrante, selon ses propres mots: « Si nous devons maintenant commencer à nous excuser de montrer un visage amical dans les situations d'urgence, alors ce n'est pas mon pays ».
« Sacralisation » de l'étranger
Si nous laissons de côté la question des motivations personnelles de Merkel, la conception d'une « dette portable » montre qu'il existe manifestement quelque chose comme un « contrat de dette » entre la « riche Europe » et le « pauvre reste » du monde, qui peut être appelé à tout moment. En accueillant sans limites tous les défavorisés et les personnes en détresse, l'Europe et l'Allemagne en particulier ont pu montrer qu'elles étaient prêtes à expier définitivement leurs crimes. Le magazine italien « La Stampa » a commenté en ce sens l'événement de septembre 2015 comme une césure historique : « La décision de Merkel d'accueillir des réfugiés clôt dans la mémoire collective de nombreux Européens l'époque de l'Allemagne cruelle et hostile ».
En principe, on peut parler d'une « canonisation » de l'étranger. Lui seul peut dissoudre le complexe de culpabilité et de pénitence et apporter la rédemption. Puisque notre richesse, selon une conviction largement répandue, repose sur l'exploitation de l'hémisphère sud, il n'est que juste, et c'est notre devoir moral, d'accueillir le monde entier à bras ouverts. Dans cette conception, les migrants qui arrivent actuellement ne font donc que récupérer ce que nous leur avons pris pendant des siècles et que nous continuons à leur prendre.
La chancelière verte
Le sociologue français Pascal Bruckner résume cette relation de manière précise et polémique: « L'Europe doit tout à ces derniers: le logement, la nourriture, les soins de santé, l'éducation, des salaires corrects, la prise en charge rapide de leurs demandes et surtout le respect de leur identité. Avant même d'avoir posé un pied sur notre sol, ils sont des créanciers qui réclament leurs dettes ». Le fait qu'une politicienne de la CDU suive encore ce récit après les expériences des dix dernières années - un point de vue qui se situe essentiellement chez les gauches et les Verts - montre à quel point sa carrière politique a été désastreuse pour l'Allemagne.
Car le fait que Merkel fasse actuellement la promotion d'une alliance noire-verte et qu'elle critique vivement son propre parti pour s'être démarquée des Verts montre clairement que l'ex-chancelière ne défend pas seulement une position indifférente, voire hostile, aux intérêts du pays sur la question de l'immigration. Le fait qu'elle dupe une dernière fois Friedrich Merz avec son livre et son attachement à une politique d'immigration de masse illimitée montre ce que l'on appelle désormais "des traits humains". Des émotions que l'on chercherait autrement en vain dans ses mémoires, qui se lisent comme la chronique stérile d'une vie sans relief.
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Risques d'escalade dans le conflit ukrainien. Les Européens veulent la paix!
Risques d'escalade dans le conflit ukrainien. Les Européens veulent la paix!
Sous les auspices du Centro Studi Eurasia e Mediterraneo et de SpecialEurasia
Source: https://www.cese-m.eu/cesem/2024/12/report-escalation-ris...
Introduction
Le 6 décembre 2024, le CeSEM - Centro Studi Eurasia Mediterraneo, en collaboration avec SpecialEurasia, a accueilli un événement pivot intitulé «Risques d'escalade dans le conflit ukrainien : Les Européens veulent la paix!». L'événement a rassemblé un panel impressionnant de professionnels de la chose militaire, d'analystes politiques, de diplomates et d'experts dans divers domaines pour aborder l'escalade actuelle dans le conflit ukrainien et pour explorer des solutions potentielles. Les organisateurs ont structuré l'événement autour de trois thèmes principaux : la défense, la politique et la diplomatie. Chaque section a permis de discuter des multiples facettes de la crise et de ses implications profondes pour l'Europe et l'ordre mondial.
L'appel urgent à la désescalade et à l'identification de stratégies pragmatiques pour atténuer les conséquences humanitaires, économiques et géopolitiques dévastatrices du conflit a été au cœur de l'événement. Les discussions ont abouti à la rédaction d'une proposition de paix préliminaire, reflétant les idées et les perspectives collectives des participants. Ce projet offre un cadre pour un cessez-le-feu et des négociations politiques, tout en équilibrant les besoins de sécurité de toutes les parties concernées et en promouvant la paix et la stabilité à long terme en Europe.
Panel sur la défense : Analyse et préparation militaires
Le panel sur la défense, modéré par Giuliano Bifolchi, directeur de recherche de SpecialEurasia, a fourni un examen détaillé des vulnérabilités militaires de l'Europe compte tenu du conflit ukrainien.
L'analyse du général Francesco Cosimato (photo) était une critique serrée des mécanismes de défense fragmentés de l'Europe. Il a plaidé pour la mise en place d'une stratégie militaire européenne cohérente et indépendante afin que l'Europe puisse sécuriser ses frontières et protéger ses citoyens sans dépendre uniquement d'acteurs extérieurs, tels que les États-Unis.
Le général Cosimato a mis en évidence des lacunes importantes dans l'infrastructure militaire de l'Europe, notamment des systèmes d'artillerie obsolètes, l'absence de capacités suffisantes en matière de missiles à longue portée et une capacité de transport aérien stratégique inadéquate. Selon lui, ces lacunes exposent l'Europe à des menaces conventionnelles et non conventionnelles. Il a noté que, si la défense collective de l'OTAN est solide dans certains domaines, elle s'est avérée insuffisante pour faire face à la nature dynamique de la guerre moderne, en particulier avec l'avènement des tactiques de guerre hybrides.
Le lieutenant-colonel Fabio Filomeni (photo) a développé ces préoccupations, soulignant que la nature de la guerre a considérablement changé au 21ème siècle. La guerre électronique, les cyberattaques et l'utilisation de drones et de missiles hypersoniques définissent de plus en plus les conflits modernes. M. Filomeni a mis en garde contre le fait que si les armes de pointe peuvent modifier l'équilibre des forces sur le champ de bataille, la technologie à elle seule ne garantit pas le succès stratégique. Il a souligné l'importance d'une planification globale, d'une formation solide et de capacités logistiques. Il a critiqué la gestion de la crise ukrainienne par l'Union européenne, soulignant que Bruxelles n'avait pas réussi à adopter une politique cohérente à l'égard de la Russie. M. Filomeni a décrit l'approche de Bruxelles comme un double standard, prônant d'une part la diplomatie et soutenant d'autre part des mesures militaristes qui ont entraîné une escalade du conflit. Selon lui, cette attitude a exacerbé les tensions avec la Russie et n'a pas permis d'engager les négociations nécessaires à la résolution de la crise.
La discussion a pris une tournure plus féconde lorsque le panel a examiné les risques d'escalade du conflit vers une guerre plus large impliquant l'OTAN. Les intervenants ont souligné que l'utilisation potentielle par l'Ukraine d'armes à longue portée fournies par les États-Unis et le déploiement par la Russie de missiles hypersoniques étaient la preuve que les enjeux s'intensifiaient. Ces armes ne menacent pas seulement les capacités défensives de l'OTAN, mais soulignent également la fragilité de l'architecture de sécurité de l'Europe. Les experts ont averti que toute nouvelle provocation pourrait conduire à une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie, avec des conséquences catastrophiques pour la sécurité européenne.
Le groupe d'experts a également examiné les implications de la guerre hybride, en soulignant l'importance croissante des cyberattaques, des campagnes de désinformation et d'autres formes de guerre non traditionnelles. Selon eux, ces tactiques pourraient avoir un impact déstabilisant sur les infrastructures critiques, les systèmes politiques et la confiance du public dans les institutions gouvernementales. Les intervenants ont souligné la nécessité d'un cadre de sécurité global qui prenne en compte non seulement les menaces militaires conventionnelles, mais aussi la nature évolutive de la guerre hybride et de la cyberguerre.
Panel politique : Les erreurs stratégiques de l'Europe
Le panel politique, modéré par Stefano Vernole, responsable des affaires étrangères au CeSEM, s'est concentré sur l'approche politique de l'Europe dans le conflit ukrainien et a critiqué son incapacité à agir en tant que médiateur neutre.
Gianni Alemanno et Roberto Vannacci ont tous deux affirmé que l'Union européenne n'avait pas réussi à s'affirmer en tant qu'acteur indépendant dans cette crise, choisissant au contraire de s'aligner inconditionnellement sur les politiques américaines. Cet alignement, selon les intervenants, a exacerbé les vulnérabilités économiques de l'Europe, en particulier dans le secteur de l'énergie, tout en négligeant les intérêts stratégiques plus larges de l'Europe.
La critique de Gianni Alemanno (photo) sur le cadre géopolitique et politique intérieur actuel de l'Italie met en lumière la complexité et les contradictions de son orientation stratégique. Il affirme que le gouvernement italien, en particulier sous Giorgia Meloni et Mario Draghi, a adopté une position ouvertement pro-atlantique, s'alignant sur les États-Unis et les intérêts occidentaux plus larges. Cet alignement a été motivé, en partie, par des considérations économiques, telles que le maintien de faibles écarts obligataires, facilité par les notations favorables des agences basées aux États-Unis. Toutefois, M. Alemanno affirme que les coûts d'un tel alignement dépassent les avantages, l'Italie subissant d'importants revers industriels et stratégiques en raison de son éloignement de la Russie. La perte des approvisionnements énergétiques russes, qui constituaient autrefois le fondement de la croissance industrielle européenne, a précipité la désindustrialisation - une préoccupation bien plus grave que la récession cyclique, étant donné ses implications à long terme pour la structure économique de l'Italie.
Alemanno critique également les fondements idéologiques des politiques italiennes qui, selon lui, sont influencées par les objectifs géopolitiques de l'administration Biden et par l'agenda Green Deal de l'Union européenne. Selon lui, ces politiques induisent non seulement une confrontation avec la Russie, mais aussi une attaque contre la souveraineté économique européenne. Le retour potentiel de Donald Trump à la présidence des États-Unis introduit d'autres incertitudes, avec des divisions au sein des cercles politiques américains sur la façon de traiter la Russie - qu'il s'agisse de l'isoler et de la vaincre de manière décisive ou de s'engager avec elle de manière stratégique pour affaiblir les liens sino-russes. M. Alemanno suggère qu'une approche pragmatique et pacifique devrait prévaloir, contrebalançant les tendances militaristes des appareils de défense et de renseignement américains.
En ce qui concerne la situation en Ukraine, M. Alemanno prévoit un règlement éventuel impliquant un cessez-le-feu, suivi d'un processus de négociation réaliste et non idéologisé. Il défend le principe de l'autodétermination et propose la tenue de référendums sous contrôle international dans les régions contestées, comme le Donbass, afin de déterminer leur alignement. Il estime que cette approche permettrait non seulement de refléter la volonté des populations locales, mais aussi de jeter les bases d'un compromis durable. En outre, il souligne la nécessité pour la Russie d'obtenir des garanties contre l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, une concession essentielle pour les préoccupations stratégiques de Moscou en matière de sécurité. M. Alemanno étend cet argument à une vision plus large, appelant à la dissolution de l'OTAN en faveur d'une capacité de défense européenne véritablement indépendante, éloignant le continent de l'agenda militariste de l'alliance atlantique.
Enfin, M. Alemanno déplore l'érosion de la crédibilité internationale de l'Italie, qu'il attribue à ce qu'il perçoit comme une position de soumission à l'égard de Washington. Il soutient que cet alignement a compromis à plusieurs reprises les intérêts nationaux de l'Italie avec des interventions militaires dirigées par l'OTAN, qu'il considère comme contraires aux priorités stratégiques du pays. M. Alemanno reproche au gouvernement Meloni d'avoir encore affaibli la position de l'Italie, comparant la nation à un État de « troisième rang » et appelant à la fin rapide du mandat de M. Meloni. Sa vision implique un recalibrage stratégique vers un cadre politique européen plus autonome, permettant à l'Italie de recouvrer sa souveraineté et de réaffirmer sa pertinence sur la scène mondiale.
Vannacci a développé ce point en décrivant la guerre en Ukraine comme faisant partie d'une lutte géopolitique plus large entre l'Occident dirigé par les États-Unis et la Russie. Selon lui, cette rivalité a transformé l'Ukraine en un champ de bataille par procuration plutôt qu'en une nation souveraine capable d'agir de manière indépendante sur la scène mondiale. Il a noté que l'Europe, plutôt que d'agir en tant que médiateur, s'est empêtrée dans un conflit qui sert les intérêts de puissances extérieures tout en négligeant son propre bien-être économique et politique.
Les panélistes ont également discuté de l'impact négatif de la décision de l'UE d'adopter des sanctions contre la Russie. M. Alemanno a fait valoir que ces sanctions, qui avaient pour but d'affaiblir la Russie, ont au contraire nui aux économies européennes en perturbant le commerce et en faisant grimper les coûts de l'énergie. M. Vannacci a ajouté que la décision de l'Europe de prendre parti sans comprendre clairement les conséquences à long terme a affaibli sa position géopolitique, réduisant sa capacité à négocier en position de force.
Panel sur la diplomatie : Le vide diplomatique
Le panel diplomatique, modéré par Federico De Renzi, analyste au CeSEM, s'est concentré sur l'absence d'engagement diplomatique efficace dans le conflit ukrainien.
L'ambassadeur Bruno Scapini (photo) présente le conflit actuel en Ukraine non pas comme une question bilatérale entre la Russie et l'Ukraine, mais comme une manifestation d'une lutte géopolitique plus large impliquant des entités puissantes au-delà de la région immédiate. Il décrit la situation comme une tentative délibérée de déstabilisation des systèmes mondiaux, facilitée par l'érosion des valeurs traditionnelles telles que la famille et la paix. Selon M. Scapini, cette déstabilisation est due à la domination du « capital mondialisé » et au remplacement de la gouvernance politique par une élite technocratique. Il affirme en outre que la prévalence croissante des conflits militaires dans le monde - plus de 350 au total, dont 250 sont actuellement en cours - reflète l'ascendant de la militarisation sur le désarmement et la paix. Dans son analyse, la rhétorique contre la Russie et la Chine sert de mécanisme pour soutenir les moteurs économiques alimentés par les intérêts militaro-industriels, faisant du conflit ukrainien un champ de bataille idéologique pour les élites américaines qui cherchent à saper la souveraineté territoriale et politique de leurs adversaires.
L'ambassadeur Marco Carnelos (affiche, ci-dessus) situe le conflit dans le contexte du déclin de l'hégémonie de l'Occident, marquant un moment charnière qui rappelle la crise des missiles de Cuba en 1962 ou le prélude à la Seconde Guerre mondiale en 1938. Il affirme que l'issue de la guerre déterminera non seulement le sort de l'Ukraine, mais aussi l'équilibre mondial des pouvoirs, et qu'une victoire russe est le scénario le moins préjudiciable. M. Carnelos critique la fourniture d'armes à longue portée à l'Ukraine, suggérant qu'elle découle de calculs politiques intérieurs américains sous la direction du président Biden, visant à contraindre ses rivaux politiques. Il souligne également que la crise de la dette mondiale est un facteur qui entrave la prise de décision stratégique. M. Carnelos met en garde contre l'absence d'options de cessez-le-feu viables et souligne l'intérêt de la Chine dans le conflit, affirmant qu'une défaite russe laisserait Pékin isolé et en concurrence avec l'Union européenne.
Les deux diplomates ont souligné les conséquences profondes du conflit sur le paysage géopolitique européen. M. Scapini met l'accent sur la dimension idéologique, suggérant que les récits occidentaux contre la Russie et la Chine renforcent la militarisation et servent les intérêts des élites. Carnelos, quant à lui, critique le rôle de plus en plus fragmenté de l'Union européenne, la décrivant comme une entité géographiquement limitée, façonnée par l'influence balte et polonaise, la Grande-Bretagne continuant à dicter les orientations stratégiques malgré son départ du bloc qu'est l'UE. Il établit des parallèles historiques avec les moments de menace existentielle du 20ème siècle, affirmant que l'UE doit redéfinir sa position stratégique pour éviter l'escalade et délimiter une frontière durable entre elle et la Russie.
En fin de compte, les deux points de vue convergent sur l'idée que la guerre en Ukraine illustre les crises systémiques plus larges du monde moderne. Ils soulignent l'érosion des structures de pouvoir traditionnelles, la montée en puissance de la technocratie et la militarisation croissante des relations internationales. Les réflexions de Scapini et Carnelos soulignent la nécessité de repenser les cadres de gouvernance mondiale et de s'attaquer aux forces sous-jacentes à l'origine de ces conflits. En l'absence de tels efforts, le système international semble prêt à s'enfoncer davantage dans la déstabilisation et la confrontation.
Conclusion
L'événement s'est conclu par la formulation d'un projet de proposition de paix destiné à répondre à l'escalade du conflit en Ukraine et à préparer le terrain pour une stabilité à long terme. La proposition, qui est le fruit d'un effort collectif des participants, comprend plusieurs recommandations clés visant à désamorcer le conflit et à favoriser une paix durable.
Principaux éléments de la proposition
- Cessez-le-feu immédiat : Un appel à toutes les parties concernées pour qu'elles s'engagent immédiatement dans un cessez-le-feu afin d'éviter de nouvelles pertes humaines et destructions.
- Négociations en vue d'un accord politique : Après le cessez-le-feu, un processus de négociation global devrait être lancé pour répondre aux préoccupations territoriales et sécuritaires de la Russie et de l'Ukraine.
- Adhésion de l'Ukraine à l'UE sous conditions : L'Ukraine devrait être autorisée à adhérer à l'Union européenne, ce qui renforcerait ses liens économiques et politiques avec l'Europe. Toutefois, l'accord devrait explicitement stipuler que l'Ukraine n'adhérera pas à l'OTAN et qu'elle n'accueillera pas de bases militaires de l'OTAN sur son territoire.
- Suppression des sanctions et renouvellement des relations commerciales : Les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie devraient être progressivement levées, sous réserve du respect de l'accord. Parallèlement, Bruxelles et Moscou devraient envisager de nouvelles relations commerciales et économiques afin de rétablir la confiance mutuelle et la coopération.
- Il est nécessaire de comprendre et de prendre en compte les intérêts de la Russie. Il est nécessaire de procéder à une évaluation indépendante complète des raisons objectives de l'escalade militaire de la Russie.
Ce cadre reflète le consensus entre les participants selon lequel une solution durable doit équilibrer les préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité, tout en favorisant l'interdépendance économique et la stabilité régionale. En privilégiant le dialogue et le pragmatisme à la confrontation, la proposition offre une voie pour mettre fin au conflit et prévenir une nouvelle escalade. La proposition de paix n'est pas seulement un appel à la fin des hostilités, mais une vision à long terme pour une Europe plus équilibrée et plus pacifique.
12:30 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, diplomatie, défense | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mercredi, 11 décembre 2024
L'UE et la cour constitutionnelle roumaine annulent les élections roumaines: un futur mode d'action pour la dictature des eurocrates ?
L'UE et la cour constitutionnelle roumaine annulent les élections roumaines: un futur mode d'action pour la dictature des eurocrates?
Bucarest/Bruxelles. Après l'annulation surprise du premier tour des élections présidentielles roumaines par la Cour constitutionnelle roumaine, l'état d'urgence politique règne dans ce pays du sud-est de l'Europe. En réaction immédiate à l'arrêt de la Cour suprême, le président Klaus Johannis, dont le mandat devait normalement s'achever le 21 décembre, a annoncé son intention de continuer à exercer ses fonctions jusqu'à une date indéterminée.
L'arrêt de la Cour constitutionnelle a également annulé les résultats des élections législatives du 1er décembre - le scrutin doit désormais être entièrement remis en jeu. Aucune date n'est prévue à cet effet. Lors des élections législatives, trois partis de droite avaient réussi à entrer au Parlement de Bucarest avec un total d'environ 30 pour cent, soit trois fois plus que lors des dernières élections.
Les observateurs s'accordent à dire que le jugement de la Cour constitutionnelle, sans précédent dans l'histoire roumaine, est un jugement de complaisance à l'égard de l'UE. Peu de temps auparavant, la Commission européenne avait dénoncé une prétendue influence russe sur les élections et accusé le vainqueur surprise, le candidat indépendant de droite Călin Georgescu, d'avoir été manipulé à l'aide du média social TikTok. La Cour constitutionnelle de Bucarest a repris cette accusation, mais n'a fourni aucune preuve dans sa motivation pour l'annulation des élections.
L'opinion publique roumaine est désormais indignée par la mise à l'écart de fait du peuple souverain. Même la concurrente défaite de Georgescu, Elena Lasconi du parti technocratique néolibéral « Union Sauve la Roumanie » (USR), qui avait obtenu 19,7 pour cent au premier tour des élections, a protesté énergiquement contre l'annulation du scrutin. « Aujourd'hui, le moment est venu où l'Etat roumain a bafoué la démocratie. Dieu, le peuple roumain, la vérité et la loi l'emporteront et trouveront les coupables de la destruction de notre démocratie », a-t-elle commenté sur Youtube, invoquant la “volonté légitime” et le droit des plus de neuf millions d'électeurs à pouvoir voter pour le candidat de leur choix. La décision de la Cour constitutionnelle est « illégale, immorale et destructrice de la démocratie ».
La suite des événements est totalement ouverte. On ne sait pas non plus si Georgescu sera à nouveau sur les listes électorales lors du nouveau scrutin - une enquête a été ouverte à son encontre.
Les observateurs soulignent le caractère de précédent que revêtent les événements en Roumanie. Un scénario roumain pourrait également se produire en Allemagne, où les nouvelles élections du Bundestag sont prévues début 2025, si un bon résultat de l'AfD à Bruxelles suscite également la désapprobation des pontes de l'eurocratie. Maximilian Krah, eurodéputé non inscrit de l'AfD, a résumé la situation sur X: "Si l'establishment en Roumanie réussit son coup d'Etat, aucune élection dans l'UE ne sera plus à l'abri d'une annulation. Georgescu et ses partisans se battent désormais non seulement pour la Roumanie, mais aussi pour la démocratie dans toute l'Europe" (mü).
Source: Zue rst, Dec. 2024.
19:08 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, roumanie, actualité, affaires européennes, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La Russie attaquée sur plusieurs fronts: stratégies, tensions et jeu géopolitique mondial
La Russie attaquée sur plusieurs fronts: stratégies, tensions et jeu géopolitique mondial
Par Marcelo Ramirez
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/rusia-bajo-ataque-en-mu...
Dans un contexte d'intensification des conflits mondiaux, la Russie est soumise à des pressions multiples qui remettent en cause sa position stratégique et sa capacité de réaction militaire. Alors que le Kremlin continue d'accroître l'intensité de ses opérations en Ukraine, dévoilant même de nouveaux missiles tels que l'« Oreshnik », les fronts de conflit s'étendent à des théâtres inattendus tels que la Géorgie et la Syrie. Ces régions, historiquement sensibles aux intérêts russes, sont devenues les points focaux d'une stratégie occidentale plus large visant à diviser l'attention et les ressources de Moscou.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, on supposait que la principale confrontation resterait à l'intérieur des frontières de ce pays. Toutefois, la récente résurgence des conflits en Géorgie et en Syrie montre comment l'Occident a réactivé des foyers stratégiques pour exercer une pression supplémentaire sur la Russie. Ces actions ne sont pas spontanées, mais font partie d'un plan coordonné visant à affaiblir Moscou sur le plan militaire et politique, tout en consolidant les intérêts occidentaux dans la région.
La situation en Géorgie illustre le fait que les révolutions de couleur restent un outil clé de la stratégie occidentale. Dirigée par le président géorgien Salomé Zourabichvili, la crise actuelle met en évidence les liens complexes entre les élites politiques locales et les intérêts étrangers. Zourabichvili, qui est née à Paris et dont la carrière diplomatique est étroitement liée à la France et à l'OTAN, représente un cas emblématique de la manière dont l'Occident place des personnalités alignées sur ses intérêts à des postes de pouvoir.
Mme Zourabichvili, qui a accédé à la présidence à l'issue d'un processus électoral controversé et d'un changement opportun de nationalité, illustre clairement la manière dont la dynamique internationale façonne la politique intérieure des pays stratégiques. Au cours de sa carrière, elle a joué un rôle important en tant qu'ambassadrice de France en Géorgie et ministre des affaires étrangères de Géorgie, poste qu'elle a occupé quelques jours seulement après avoir renoncé à sa citoyenneté française. Ce parcours politique atypique n'est qu'un des aspects qui alimentent les tensions actuelles en Géorgie.
La crise a été déclenchée par l'adoption d'une loi obligeant les ONG qui reçoivent plus de 20% de leur financement de l'étranger à s'enregistrer en tant qu'organisations étrangères. Cette mesure, qui vise à accroître la transparence, a été présentée par les médias occidentaux comme une menace pour la démocratie. En réalité, elle reflète la volonté de la Géorgie de réduire l'influence des acteurs extérieurs sur sa politique intérieure. Des manifestations de masse ont éclaté en réponse à cette loi, avec le soutien explicite de secteurs de l'opposition, d'ONG financées par l'Occident et de la présidente Zourabichvili elle-même.
Le modèle de révolution colorée mis en œuvre en Géorgie n'est pas nouveau. Il utilise les étudiants des universités et des lycées, les ONG et les partis d'opposition pour générer un chaos social et politique. Cette stratégie, qui vise à délégitimer le gouvernement en place, n'est pas sans rappeler les événements qui ont conduit à l'Euromaïdan en Ukraine en 2014. Dans les deux cas, la population se voit promettre une entrée rapide dans l'Union européenne en guise d'incitation, une promesse rarement tenue mais qui sert à alimenter les attentes de changement.
Pendant ce temps, en Syrie, la situation s'aggrave avec la résurgence de groupes djihadistes qui s'appuient sur le soutien logistique et militaire de l'Ukraine. Selon les allégations de Moscou, ces groupes reçoivent des drones et d'autres équipements de pointe d'origine ukrainienne, preuve supplémentaire de l'interconnexion des conflits dans le cadre d'une stratégie anti-russe globale. Ces groupes ont capturé des systèmes antiaériens russes avancés, tels que le radar Polet 48Ya6-K1, qui pourraient être utilisés pour renforcer les capacités militaires occidentales s'ils étaient analysés en détail.
L'utilisation de ces systèmes constitue une menace importante pour la Russie, non seulement en raison de la perte de technologies sensibles, mais aussi parce que ces équipements pourraient être remis à des pays de l'OTAN. La Turquie, qui possède déjà des systèmes S-400 achetés à la Russie, pourrait servir d'intermédiaire pour que ces technologies soient démantelées et étudiées par les alliés occidentaux.
La présence de combattants djihadistes en Ukraine et en Syrie expose également l'ampleur des opérations coordonnées par l'Occident. Depuis 2014, l'implication de combattants étrangers dans le conflit ukrainien, dont beaucoup ont des antécédents en Syrie ou en Irak, a été signalée. Ce réseau de soutien militaire et logistique reflète un schéma constant dans la stratégie occidentale : exploiter toutes les ressources disponibles pour affaiblir la Russie.
En Ukraine, les forces russes continuent de se masser, des rapports faisant état de la mobilisation de 120.000 militaires près de Zaporiyia. Cela suggère que Moscou accélère la récupération de son territoire, peut-être en préparation de futures négociations. Cependant, l'introduction de soldats de la paix de l'OTAN, déguisés en opérations internationales, pourrait encore compliquer la situation. Une telle mesure permettrait à l'Occident de renforcer les positions ukrainiennes sans déclarer ouvertement son implication dans le conflit, augmentant ainsi la pression sur la Russie.
La division de l'Ukraine en zones d'influence, un plan dénoncé par les services de renseignement russes, montre également que l'Occident considère le pays comme une monnaie d'échange. La Pologne, la Roumanie et l'Allemagne seraient chargées de contrôler différentes régions, tandis que le Royaume-Uni superviserait le nord du pays. Cette fragmentation n'affaiblirait pas seulement l'Ukraine en tant que nation souveraine, mais consoliderait également la présence de l'Occident dans la région.
La Russie est confrontée à un dilemme stratégique : intensifier sa réponse militaire sur tous les fronts ou donner la priorité à ses ressources en Ukraine. Les deux options présentent des risques importants. Une expansion militaire pourrait surcharger l'économie russe et accroître la possibilité d'une confrontation directe avec les pays de l'OTAN, tandis qu'une stratégie plus conservatrice permettrait à l'Occident de gagner du temps pour se réarmer et réorganiser ses positions.
L'Occident continue de présenter ces conflits comme des luttes pour la démocratie et les droits de l'homme, occultant ainsi les dynamiques géopolitiques complexes qui les animent. En réalité, ces conflits sont le résultat d'un jeu stratégique dans lequel les principaux acteurs cherchent à consolider leur pouvoir et leur influence aux dépens des autres.
Dans ce contexte, la question essentielle n'est pas de savoir s'il y aura une escalade, mais comment et où se produira le prochain mouvement sur ce dangereux échiquier mondial. La Russie, prise dans un siège géopolitique multidimensionnel, doit décider comment naviguer dans ces eaux troubles tout en redéfinissant sa position dans un monde de plus en plus fragmenté et hostile.
18:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, géorgie, syrie, actualité, europe, affaires européennes, révolutions orange, politique internationale, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 10 décembre 2024
Pourquoi les monuments français brûlent-ils? Une rapide lecture ésotérique du patrimoine architectural français
Pourquoi les monuments français brûlent-ils?
Une rapide lecture ésotérique du patrimoine architectural français
Pierre-Emile Blairon
Le pays le plus visité au monde
La cathédrale Notre-Dame de Paris était, avant l’incendie qui l’a frappée le 15 avril 2019, le monument le plus visité en France, avec 13 millions de visiteurs par an, directement suivi par la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre avec 10.5 millions de visiteurs, le musée du Louvre ensuite, puis le château de Versailles, la Tour Eiffel est en cinquième position avec 7.1 millions de visiteurs et le premier site le plus fréquenté en France hors région parisienne est le Mont Saint-Michel qui se classe neuvième avec 2.5 millions de visiteurs.
La France est le pays le plus visité au monde (en 2023 : 98 millions de touristes ont dépensé 63.5 milliards d’euros en France). Certes, les touristes, surtout européens, viennent en France pour la diversité de ses paysages, de son patrimoine, pour la richesse de son architecture monumentale ou paysanne, pour la qualité de sa gastronomie, pour son héritage historique et culturel, pour ses trésors artistiques, pour la douceur de son climat et ses capacités d’accueil diversifié pour tous les goûts et toutes les bourses. Mais n’y a-t-il que des raisons d’ordre pratique ou esthétique qui poussent ces millions de personnes à visiter notre pays ?
La France est un pays relativement petit, loin de l’immensité des steppes russes et asiatiques ou des paysages grandioses et désertiques (mais aussi monotones) traversés par la fameuse route 66 américaine.
Une nostalgie indicible
Non, c’est sûr, il y a d’autres facteurs qui expliquent – ou plutôt n’expliquent pas – un tel engouement. Il faut tenir compte aussi de motivations non élucidées d’ordre spirituel, une attirance mystérieuse et incompréhensible qui vient de l’aube des temps et du fond des cœurs et des mémoires, la nostalgie indicible et émouvante d’un passé commun à toute l’humanité qui ressurgit sous les pas de ceux qui n’ont jamais, auparavant, mis les pieds en France.
Conte ou légende ? Peut-être serait-ce un début d’explication : certains prétendent que la France est un morceau de la mythique Atlantide qui est venu se coller au continent européen.
Notre pays rassemble sur un territoire relativement restreint une telle richesse et une telle diversité, sa terre et les merveilles qui y sont accrochées et qui ne cessent de s’y épanouir, éveillent une telle émotion, qu’elles faisaient dire à Robida (1848-1926), dans son livre Provence : « Puissance de l’idée ! Que nous diraient à l’esprit les villes neuves des Amériques où rien ne s’est passé, où le pied ne soulèverait, sur d’immenses espaces, un seul grain de poussière historique, que nous diraient les paysages, si beaux qu’ils soient, sur lesquels nul souvenir ne voltige, que nulle tradition ne colore ? Peu de choses assurément. Toutes les Melbourne réunies nous émotionneraient moins que tel humble village de notre vieille Europe, que tel site aujourd’hui dévasté ou abandonné, mort et désert, mais ennobli par l’Histoire et frôlé un jour par les ailes de la fiction. »
La France est restée un concentré de tous les paysages européens et son histoire architecturale rassemble toutes les périodes et les styles de construction de ce même continent, depuis les dolmens jusqu’à l’Art déco, né en France, dernière période identifiable (1920-1930) qui s’est dégradée ensuite en architecture mondialiste avec l’érection de tours semblables de partout et de nulle part.
Une flèche lancée vers le ciel
Ce qui frappe dès l’abord, c’est que les lieux les plus visités en France, si l’on excepte le Musée du Louvre et le Château de Versailles, se distinguent par le fait qu’ils lancent tous une flèche vers le ciel comme un appel à Dieu, ce qui est logique pour Notre-Dame de Paris, édifice religieux dont la flèche, symboliquement, est le premier élément à s’être écroulée, ou bien ces mêmes édifices dédiés à la foi chrétienne se trouvent sur un promontoire comme la basilique du Sacré-Cœur et le Mont Saint-Michel ; rappelons que nos ancêtres les Gaulois et les Gallo-Romains qui les ont suivis construisaient leurs temples sur un oppidum – lieu soigneusement choisi pour ses vertus telluriques - et que la presque totalité des chapelles chrétiennes élevées ensuite sur une colline ont été érigées à l’emplacement même de l’ancien temple ou des anciens lieux de culte prémonothéistes.
A l’origine, le mot gaulois nemeton signifie : sanctuaire ; les druides pratiquaient leurs cultes en pleine nature, de préférence dans un bois ou dans une clairière de forêt de chênes, qui devenait donc une forêt sacrée.
La charpente qui datait du XIIIe siècle et qui a brûlé à Notre-Dame de Paris était appelée « la forêt » peut-être en lien avec nos origines gauloises, et on ne peut s’empêcher de penser qu’il y aurait pu avoir un dessein malveillant concocté par certains « dérangés » de la voir partir en fumée et de s’en réjouir.
La flèche des cathédrales s’apparente à l’Arbre cosmique, l’axis mundi originel, l’Yggdrasil de la mythologie nordique, qui réunit les trois mondes : le monde chtonien (l’enfer), le monde humain (la surface de la Terre), celui de Dieu (le ciel).
Après l’invasion romaine, des temples en pierre ont été construits sur des oppida, des sommets pour être plus proches des dieux, comme une louange élevée vers le ciel, et le nemeton, mot gaulois qui désignait un sanctuaire, est alors devenu une montagne sacrée (les dieux celtes avaient leurs équivalences chez les Romains, et, en général, une analogie avec les dieux de tous les peuples indo-européens. En Bretagne, citons les nemetons de Locronan et Menez-Bré, mais de nombreux promontoires naturels de la Gaule étaient des sites sacrés chargés d’ondes telluriques bénéfiques sur lesquelles les chrétiens ont implanté des chapelles à la place des anciens temples gallo-romains.
Par exemple, en Provence, à Vernègues, à 25 km au nord d’Aix-en-Provence, fut érigé au premier siècle de notre ère un temple romain dit Temple de Diane, dont l’assise et plusieurs colonnes ont été bien conservées. Mille ans après, une petite chapelle qui porte le nom de Saint Césaire est venue se blottir tout contre le temple ; à quelques pas de ces deux monuments subsistent en très bon état des piliers gaulois gravés d’ondulations serpentées qui indiquent l’entrée d’une source .
Voici un détail intéressant, loin d’être anodin car il montre clairement l’état d’esprit de la racaille qui a fomenté et perpétré cette abomination qu’était la Révolution française : en 1792, la flèche de Notre-Dame qui avait été érigée en 1250 a été démontée pour récupérer les plaques de plomb qui la composaient sur décision du gouvernement révolutionnaire de 1793. Il n’y a pas de petit profit ; le règne de l’argent nomade remplaçait celui des rois qui avaient assuré jusqu’alors une référence tangible et immuable.
Pour ceux qui veulent se faire du mal, il existe une liste, d’une longueur invraisemblable, des monuments détruits au cours des siècles, et il s’avère que notre 21e siècle n’est pas en reste dans ce bien triste décompte . Bien sûr, les destructions fanatiques opérées par l’idéologie révolutionnaire restent de loin les plus nombreuses et les plus scandaleuses.
Victor Hugo écrivait en 1832 un article intitulé Guerre aux démolisseurs, dont voici un extrait :
« Nous posons donc en fait qu’il n’y a peut-être pas en France à l’heure qu’il est une seule ville, pas un seul chef-lieu d’arrondissement, pas un seul chef-lieu de canton, où il ne se médite, où il ne se commence, où il ne s’achève la destruction de quelque monument historique national, soit par le fait de l’autorité centrale, soit par le fait de l’autorité locale de l’aveu de l’autorité centrale, soit par le fait des particuliers sous les yeux et avec la tolérance de l’autorité locale . »
La tour Eiffel et la titanisation
Venons-en à la tour Eiffel qui n’est pas un monument de culte, tout comme la pyramide du Louvre, dont nous allons parler ensuite. On sait que la construction de la tour Eiffel a été décidée pour deux raisons, d’une part, pour représenter la France lors de l’Exposition universelle de 1889 qui se tenait à Paris, d’autre part pour commémorer le centenaire de la Révolution française, on a les références que l’on peut.
La tour Eiffel représente cet Arbre cosmique dont nous parlions, mais en inversion, c’est un pur produit du titanisme, qui plus est en fer, métal qui se dégrade, qui rouille, et qui finit par disparaître ; le fer est la marque du Kali-Yuga, de la fin du cycle, de la décadence, l’âge sombre… l’Âge de fer. C’est donc aussi le pur produit de l’hubris, la vanité des hommes qui veulent se comparer à Dieu en élevant, quelle naïveté et quelle stupidité ! un tas de ferraille le plus haut possible.
Selon Wikipedia : « Le ministre du Commerce et de l'Industrie Édouard Lockroy, franc-maçon résolument anticlérical, est un fervent défenseur du projet dans lequel il voit un symbole de la révolution industrielle qui incarne la laïcité, surpassant en hauteur le Sacré-Cœur de Montmartre alors en chantier ».
Il n’y a rien à rajouter à ça qui résume bien la configuration morale et culturelle de l’époque : la ferveur des esprits subjugués par la technique, le scientisme, le darwinisme et la nouvelle idolâtrie du « progrès » naissants. C’est limpide, et bien triste.
La pyramide du Louvre et la satanisation
La pyramide de verre du Louvre, conçue et construite par le sino-américain Peï, par la volonté et sur les consignes de l’ésotériste président François Mitterrand, constitue elle-même une flèche, la pointe d’une flèche, peut-être pas entièrement tournée vers le ciel, puisque l’un de ses satellites est, bizarrement, ou plutôt sataniquement, une pyramide inversée, donc la pointe en bas.
La pyramide principale, elle, est composée officiellement de 673 panneaux de verre mais, selon l’article Wikipedia qui lui est consacré « par un calcul qui intègre une dimension ésotérique, nous pouvons obtenir 666. Ce chiffre est lourd de symbolique, mais il représente aussi la Trinité. […] Une légende urbaine veut que ce nombre de 666 panneaux de verre fut choisi à la ʺdemande expresseʺ du président Mitterrand, 666 étant selon l'Apocalypse, le ʺChiffre de la Bêteʺ.
Donc, si elle indique la direction du ciel, ce n’est peut-être pas, en même temps, celle du « bon » dieu, mais exprimerait, au contraire, un défi lancé à Dieu par les forces souterraines.
Une volonté obstinée et malsaine de détruire la beauté de la France
C’est donc pour parachever l’œuvre de destruction de la Révolution française que nos monuments français, surtout religieux, partent en flammes ces dernières années.
Oui, surtout religieux : La France n’est-elle pas « la fille aînée de l’Eglise » ?
Rien qu'en 2024, 14 églises ont été volontairement incendiées, telle l'église de Saint-Omer le 2 septembre 2024 alors qu’elle venait juste d’être rénovée. (Ci-dessus, en photo).
Rappelons que la Révolution française a engendré toutes celles qui ont suivi, utopies sanglantes occasionnant depuis ce malencontreux événement, des centaines de millions de morts de par le monde.
Une consigne serait-elle parvenue jusqu’à nos dirigeants leur enjoignant de perpétrer cette nouvelle barbarie, quoiqu’il en coûte ? Il fallait en revenir à la source pour tuer dans l’œuf toute tentative de restauration de l’ordre ancien, qu’il n’en reste nulle trace, comme le pratiquait autrefois un Attila détruisant jusqu’à leurs fondations les villes qu’il soumettait, un Attila qu’on surnommait « le fléau de Dieu », remplacé de nos jours au pied levé par un Attali moins rustique mais plus perfide.
Le samedi 7 décembre prochain, un président de la République française en grande difficulté va s’enorgueillir d’avoir fait restaurer par nos derniers grands artisans français (Macron, sa clique et ses prédécesseurs ayant tout fait pour qu’il ne reste que ceux-ci, les autres ayant été minutieusement éradiqués les uns après les autres sous le poids des charges et des règlementations.)
Cette dernière fanfaronnade (espérons que ce soit la dernière !) n’effacera pas la pitoyable image qu’il a laissée en se retenant de pouffer de rire en compagnie de son premier ministre d’alors, lors de sa visite à Notre-Dame au lendemain du probable attentat dont elle fut victime le 15 avril 2019.
Oui, un attentat, car mon intelligence et mon bon sens ne peuvent se résoudre à admettre que cette catastrophe ne serait que le fruit du hasard, la conséquence cataclysmique d’un « mégot mal éteint ».
La quasi-totalité des experts compétents l’ont affirmé : une telle charpente ne peut pas prendre feu aussi facilement et aussi rapidement sans une intervention délibérée de l’enflammer avec des moyens et des produits adaptés.
Pierre-Emile Blairon
Ceux d’entre nos lecteurs qui veulent approfondir le sujet pourront se référer aux quelques articles écrits sur le sujet parus sur ce même site :
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- Traditionalistes contre globalistes : le grand chambardement planétaire, article du 22 février 2024
- La France, laboratoire de la Secte mondialiste, article du 3 octobre 2023
- Comment faire disparaître radicalement le patrimoine français ? article du 27 décembre 2022
- Homo Festivus sur le Cours Mirabeau, article du 20 juin 2019
- Architecture contemporaine : le triomphe de la vanité, article du 24 mars 2018
11:17 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, france, europe, affaires européennes, patrimoine | | del.icio.us | | Digg | Facebook