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lundi, 16 décembre 2024

Syrie, Qatar, Turquie, gazoducs: la partie durera encore très longtemps...

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Syrie, Qatar, Turquie, gazoducs: la partie durera encore très longtemps...

Par Pierluigi Fagan

Source : Pierluigi Fagan & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/partite-lunghe

À une question précise posée tout récemment, le ministre turc des ressources naturelles a répondu ce qui suit lorsqu’on a évoqué le vieux projet du gazoduc Qatar-Turquie (passant par la Syrie): «Pour une Syrie qui a atteint l’unité et la stabilité, pourquoi pas?». Il a ajouté: «Si cela se produit, la route doit être sécurisée. Nous espérons que ce sera le cas, car c’est notre souhait». De quoi s’agit-il?

Certains analystes avaient jadis identifié ce projet, refusé à l’époque par Assad, comme la véritable cause sous-jacente à ces années sanglantes de conflit qui ont ravagé la Syrie, guerre interne menée par l'intervention de milices djihadistes. L’an dernier, après 12 ans, la Ligue arabe avait réintégré Assad dans son cercle à la majorité, malgré l’opposition marquée du Qatar. De plus, on rapporte plusieurs tentatives récentes d’Erdogan pour conclure un accord avec Assad; elles ont toujours été repoussées.

Un troisième indice (incertain) concerne la possible affiliation de HTS (Hayat Tahrir al-Sham) d’al-Jolani aux Frères musulmans. Après de nombreuses volte-face qui ont fait passer HTS d’un mouvement proche d’al-Qaïda à une entité encore mal définie, certains analystes estiment qu’il pourrait être lié au Frères musulmans, traditionnellement soutenus par le duo Qatar-Turquie. Le conflit syrien, en tant que « guerre civile » (donc dans sa dimension interne), remonte à la forte opposition entre le parti Baath, arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire, et les FM (conflit qui a notamment été visibilisé par le massacre de Hama, causant entre 10.000 et 25.000 morts).

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Les premières déclarations d’al-Jolani en Syrie concernant les intentions politiques pour un nouvel État syrien semblaient improbables à beaucoup, amalgamant des salafistes politico-militaires comme les FM avec des groupes uniquement militaires (comme al-Qaïda ou Daech). Cependant, elles paraissent alignées sur l’idéologie des FM, qui vise à instaurer un État islamique par des moyens politiques et constitutionnels, idéalement par des élections régulières, comme celles qui ont porté Morsi au pouvoir en Égypte (avant d’être renversé en 2013 par un coup d’État de Sissi, soutenu par l’Occident).

Deux derniers points :

    - Ce supposé projet de gazoduc, ou du moins son concept, pourrait être une carte utilisée par la Turquie et le Qatar pour s’insérer dans les réarrangements régionaux initiés par l’accord d’Abraham (sous Trump) et poursuivis par la « Route du coton » (sous Biden). Cette idée sous-tend la guerre qu’Israël a menée contre Gaza et le Hamas, le Liban et le Hezbollah, et maintenant la Syrie, avec un œil sur l’Iran. Aucune de ces initiatives ne pouvait se concrétiser sans réduire les interférences iraniennes, comme Netanyahu l’a souvent déclaré à l’ONU, cartes et marqueurs à l’appui. Cependant, ce projet marginaliserait la Turquie et surtout le Qatar, qui a perdu son levier local qu’était le Hamas (lui-même proche des FM). En créer une alternative permettrait de proposer un élargissement du projet et d’y être inclus d’une manière ou d’une autre.

    - L’idée initiale du gazoduc qatari, exploitant le plus grand gisement de gaz naturel connu (South Pars/North Dome, partagé entre le Qatar et l’Iran), prévoyait un passage par l’Arabie saoudite. Mais cela semble improbable, l’Arabie saoudite ayant son propre projet aligné sur une stratégie de pacification régionale avec des débouchés en Israël. Bien que les relations entre l’Arabie saoudite et le Qatar se soient quelque peu normalisées, les tensions persistent entre les deux, notamment quant à l’hégémonie religieuse à exercer au sein de l’islam. Une alternative serait de passer par l’Irak, ce qui nécessiterait un accord avec l’Iran. Les relations entre le Qatar et l’Iran étant historiquement excellentes, une coopération entre la Turquie et l’Iran pourrait émerger dans le nouveau contexte multipolaire.

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Ce tracé pourrait se connecter au projet Nabucco turc, apportant de l’énergie en Europe pour remplacer les flux russes.

Enfin, bien que le maintien au pouvoir d’Assad ne plaise pas à la Russie et à l’Iran, une telle solution déplairait encore plus à l’Égypte. Selon le Wall Street Journal de la semaine dernière, l’Égypte et la Jordanie auraient conseillé à Assad de se retirer volontairement en formant un gouvernement légitime en exil. Assad, cependant, a remporté les dernières élections avec 88,7 % des voix. Pour les stratégies fréristes, la légitimité est essentielle.

On peut le dire, la partie durera encore très longtemps…

20:11 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syrie, turquie, qatar, gaz, gazoducs, proche-orient, levant, hydrocarbures | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 10 décembre 2024

La guerre des gazoducs en Syrie est désormais remportée par les Américains

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La guerre des gazoducs en Syrie est désormais remportée par les Américains

Source: https://dissident.one/de-syrische-pijpleidingenoorlog-is-...

Comme vous vous en souvenez peut-être, l’une des raisons du déclenchement de la guerre en Syrie était le gaz.

Plus précisément, la question portait sur quel gazoduc serait utilisé pour transporter le gaz du gisement de Pars, le plus grand du monde, partagé entre le Qatar et l’Iran, vers l’Europe.

Les deux gazoducs devaient traverser la Syrie, et celui qui contrôle la Syrie pouvait décider si l’Europe serait alimentée en gaz par l’Iran, allié de la Russie, ou par le Qatar, allié des États-Unis.

Posobiec est un individu controversé, ayant servi à Guantanamo, et tout Américain ayant servi là-bas est coupable de torture sur des innocents, le crime le plus vil. Cependant, il a publié un tweet pertinent, et cela mérite d’être noté, même si cela dérange. Dans ce Tweet, il écrivait: Why does the CIA care about Syria so much you ask? Well right before the CIA and ‘moderate jihadists’ began the dirty war in Syria to oust Assad, he cancelled the US-backed Qatar pipeline project . Once again, maps cut through the rhetoric - Pourquoi la CIA se soucie-t-elle tant de la Syrie, me direz-vous? Eh bien, tout juste avant que la CIA et les "djihadistes modérés" ne commencent leur sale guerre en Syrie pour chasser Assad, ce dernier avait rejeté le projet de gazoduc du Qatar, soutenu par les Etats-Unis. Une fois de plus, les cartes en disent plus long que toute rhétorique (voir la carte en tête du présent article).

Pepe Escobar a écrit un article à ce sujet en 2015 :

La Syrie est une guerre énergétique. Au cœur de la question se trouve une compétition géopolitique féroce entre deux gazoducs proposés. C’est l’ultime « guerre de Pipelinestan », un terme que j’ai inventé il y a longtemps pour désigner les champs de bataille énergétiques impériaux du 21ᵉ siècle.

Tout a commencé en 2009, lorsque le Qatar a proposé à Damas de construire un gazoduc depuis son champ gazier du Nord – adjacent au champ gazier de South Pars appartenant à l’Iran – à travers l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie jusqu’à la Turquie, pour approvisionner l’UE.

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En 2010, Damas a choisi de soutenir un projet concurrent : le gazoduc Iran-Irak-Syrie de 10 milliards de dollars, également connu sous le nom de « pipeline islamique ». L’accord a été officiellement annoncé en juillet 2011, alors que la tragédie syrienne était déjà en cours. En 2012, un protocole d’accord a été signé avec l’Iran.

Jusqu’à cette époque, la Syrie était perçue comme géostratégiquement insignifiante par rapport aux riches ressources pétrolières et gazières des pays du CCG. Mais les initiés savaient déjà l’importance de la Syrie comme corridor énergétique régional. Plus tard, cela a été renforcé par la découverte de sérieux potentiels pétroliers et gaziers offshore.

L’Iran, de son côté, est un géant établi du pétrole et du gaz. À Bruxelles, des rumeurs persistantes ont alimenté une excitation à peine contenue à propos du "pipeline islamique", qui aurait pu être la stratégie idéale pour réduire la dépendance à Gazprom. Cependant, l’Iran était sous sanctions américaines et européennes en raison de son programme nucléaire.

Cela est finalement devenu une raison stratégique majeure, du moins pour les Européens, de rechercher une solution diplomatique au dossier nucléaire iranien. Un Iran « réhabilité » (aux yeux de l’Occident) pourrait devenir une source énergétique clé pour l’UE.

Cependant, du point de vue de Washington, un problème géostratégique demeurait : briser l’alliance entre Téhéran et Damas, et à terme, entre Téhéran et Moscou.

L’obsession de Washington selon laquelle « Assad doit partir » est une hydre à plusieurs têtes. Elle comprend la rupture de l’alliance entre la Russie, l’Iran, l’Irak et la Syrie (désormais connue sous le nom d’alliance « 4+1 », incluant le Hezbollah, qui combat activement toutes les formes de jihadisme salafiste en Syrie). Elle vise également à isoler leur coordination énergétique, au profit des clients pétrodollars du Golfe liés aux géants de l’énergie américains.

* * *

Nord Stream

Cette guerre est maintenant terminée et le vainqueur est clair. Ajoutez à cela le sabotage de Nord Stream par les Américains, qui acheminait du gaz russe vers l’Europe, et il est évident que les États-Unis ont désormais une emprise totale sur l’approvisionnement énergétique de leurs vassaux européens.

Pour la partie du projet chinois de la « Route de la soie » en direction de l’Europe qui traverse la Syrie, c’est également une mauvaise nouvelle. Des articles sur les conséquences de la fin très provisoire de cette guerre suivront certainement bientôt.

lundi, 09 décembre 2024

L'industrie européenne face à la crise énergétique - Combien de temps cela va-t-il encore durer?

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L'industrie européenne face à la crise énergétique

Combien de temps cela va-t-il encore durer?

Source: https://report24.news/europas-industrie-in-der-energiekri...

L'industrie européenne est confrontée à une épreuve qui menace non seulement sa compétitivité, mais aussi son existence même. Alors que les températures baissent, les prix augmentent - et atteignent des sommets vertigineux. La crise énergétique qui frappe l'Europe depuis le début de la guerre en Ukraine s'est dramatiquement aggravée au cours des dernières semaines. Les prix du gaz naturel, épine dorsale de nombreux secteurs industriels, ont atteint un niveau qui non seulement fait exploser les coûts de production, mais soulève également la question de savoir combien de temps l'économie européenne pourra encore soutenir une telle pression.

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L'espoir d'un troisième hiver doux consécutif s'est déjà envolé en novembre. Les basses températures ont fait grimper la demande de gaz et les réservoirs européens se vident à un rythme observé pour la dernière fois en 2016. La situation est aggravée par les incertitudes géopolitiques: la menace d'une rupture des livraisons de gaz russe via l'Ukraine après le 31 décembre et la concurrence croissante de l'Asie pour le gaz naturel liquéfié (GNL) aggravent encore la situation.

La conséquence ? Les prix des contrats à terme néerlandais sur le gaz naturel TTF, qui font office de référence pour le marché européen du gaz, ont atteint un sommet annuel en novembre et continuent d'augmenter. Les analystes préviennent que les prix de l'énergie en Europe pourraient encore augmenter dans les mois à venir, avec des conséquences désastreuses pour l'industrie.

L'industrie européenne, qui souffre déjà des prix de l'énergie les plus élevés au monde, est désormais confrontée à un désavantage concurrentiel encore plus important. Alors que le prix du gaz en Europe est presque cinq fois plus élevé que le prix Henry Hub américain, les entreprises d'industries clés comme la chimie, l'acier et le verre luttent pour leur survie. Les prix de l'électricité, étroitement liés à ceux du gaz, ont atteint leur plus haut niveau depuis février 2023 et menacent de paralyser la production dans les plus grandes économies d'Europe.

L'Allemagne, le cœur industriel de l'Europe, est particulièrement touchée. La plus grande économie du continent a évité de justesse la récession au troisième trimestre, et les perspectives pour le quatrième trimestre sont sombres. Les prix élevés de l'énergie sont un boulet pour l'industrie allemande. Non seulement la République fédérale perd en compétitivité, mais elle risque de voir des pans entiers de sa production partir à l'étranger.

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La crise énergétique a révélé un déséquilibre mondial qui place l'Europe dans une situation précaire. Alors que les États-Unis profitent de leurs abondantes réserves de gaz de schiste et que l'Asie mise de plus en plus sur le GNL, l'Europe reste dépendante d'importations coûteuses. Cette dépendance au gaz naturel liquéfié, négocié sur le marché spot, la rend vulnérable aux fluctuations de prix et aux tensions géopolitiques.

L'industrie met en garde contre les conséquences à long terme de cette évolution. Si les prix de l'énergie restent à ce niveau, on assistera non seulement à des réductions de production, mais aussi à une désindustrialisation durable de l'Europe, affirme-t-elle. Les Etats-Unis et l'Asie rient aux éclats tandis que les Européens luttent pour leur survie économique.

La politique européenne est confrontée à une tâche herculéenne. D'une part, elle doit garantir l'approvisionnement énergétique et stabiliser les prix, d'autre part, des mesures à court terme risquent de provoquer des dégâts à long terme. Les subventions et les plafonds de prix pourraient atténuer les symptômes, mais ils ne résolvent pas le problème fondamental: la dépendance de l'Europe vis-à-vis des importations d'énergie coûteuses. Dans ce contexte, on pourrait à nouveau miser sur du gaz de pipeline moins cher en provenance de Russie. Mais ce n'est pas une volonté politique.

Les mois à venir seront décisifs. Si l'hiver s'avère plus rude que prévu, les réserves de gaz pourraient s'épuiser plus rapidement que la politique ne peut réagir. L'industrie sera contrainte de réduire encore sa production, ce qui non seulement mettra en péril les emplois, mais freinera également la reprise économique de l'Europe.

La crise énergétique n'est pas un phénomène passager, mais un problème structurel qui marquera l'avenir de l'Europe. La question n'est plus de savoir si l'industrie va souffrir, mais dans quelle mesure - et si elle pourra un jour s'en remettre. L'Europe est à la croisée des chemins, et les décisions qui sont prises aujourd'hui pourraient changer le paysage économique du continent pour des décennies.

vendredi, 06 décembre 2024

L’offensive américaine sur le GNL: le grand bradage de l’Europe

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L’offensive américaine sur le GNL: le grand bradage de l’Europe

Source: https://report24.news/amerikas-lng-offensive-der-grosse-a...

Parce que les prix du gaz sont plus élevés en Europe que sur d’autres marchés, les compagnies énergétiques américaines concentrent leurs efforts sur le Vieux Continent pour y vendre leur gaz naturel liquéfié (GNL). En lieu et place du gaz bon marché acheminé par pipeline depuis la Russie, l’Europe reçoit désormais du gaz de schiste américain, livré par méthanier à des prix exorbitants.

par Heinz Steiner

En tant qu’observateur attentif des évolutions énergétiques mondiales, je ne peux qu’être consterné par la manière dont l’Europe se précipite volontairement dans une nouvelle dépendance énergétique. Les chiffres du mois de novembre dernier, rapportés par la Berliner Zeitung, sont sans équivoque et racontent une histoire de soumission stratégique.

À une vitesse fulgurante, les exportations américaines de GNL vers l’Europe ont atteint un niveau sans précédent de 5,09 millions de tonnes – soit 68% de l’ensemble des exportations américaines de gaz naturel liquéfié. Ce record témoigne de manière frappante des déplacements de pouvoir géopolitique de notre époque. Au lieu de dépendre du « gaz propre » acheminé par gazoduc depuis la Russie, les Européens se rendent progressivement dépendants du GNL américain, issu du fracking et bien plus polluant – tout cela à des prix extrêmement élevés.

En novembre, les prix du gaz en Europe ont grimpé à 12,90 dollars par MMBtu, tandis que les entreprises énergétiques américaines se frottaient les mains. L’écart de prix avec d’autres marchés a déclenché une véritable ruée vers l’or. La « fenêtre d’arbitrage », comme la désignent les traders de Wall Street, est grande ouverte. Particulièrement remarquable est la transformation progressive de la dépendance européenne: en un an seulement, la part des États-Unis dans les importations européennes de GNL est passée de 13,5% à 20%. Une évolution que Washington suit certainement avec satisfaction.

La dimension écologique de cette évolution frôle la farce: tandis que la Commission européenne ne cesse de vanter ses objectifs climatiques mondialistes et écologistes, elle augmente ses importations de gaz de schiste, dont le bilan en méthane défie toute logique scientifique. L’Université Cornell a démontré que, sur son cycle de vie complet, le GNL américain émet jusqu’à 33% de gaz à effet de serre de plus que le charbon – une vérité dérangeante que Bruxelles préfère ignorer.

Les analystes du think tank Bruegel mettent déjà en garde contre une volatilité accrue des prix due à cette dépendance croissante au GNL. En effet, l’industrie européenne et les consommateurs deviennent les otages des fluctuations des prix mondiaux, tandis que l’industrie américaine du fracking maximise ses profits. Ce à quoi nous assistons est rien de moins qu’une réorganisation stratégique du marché énergétique mondial, avec l’Europe dans le rôle de client captif, payant des prix premium. La diversification tant vantée s’avère être un euphémisme pour désigner un simple remplacement des dépendances.

La question centrale qui me vient à l’esprit est la suivante: l’Europe est-elle en train de sacrifier sa souveraineté énergétique sur l’autel de la sécurité d’approvisionnement à court terme? La réponse semble évidente, mais dans les couloirs du pouvoir à Bruxelles, on semble refuser de lire les signes avant-coureurs.

L’offensive américaine sur le GNL marque un tournant dans la politique énergétique européenne. Tandis que les discours politiques parlent de sécurité d’approvisionnement et de diversification, une véritable bascule de pouvoir s’opère – avec des conséquences profondes pour l’avenir économique et politique de l’Europe.

samedi, 09 mars 2024

Le transit du gaz : L'Ukraine veut prendre l'Autriche en otage sur le plan énergétique

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Le transit du gaz : L'Ukraine veut prendre l'Autriche en otage sur le plan énergétique

Le chef du FPÖ, M. Kickl, demande au chancelier Nehammer d'arrêter immédiatement de payer l'Ukraine

Bernhard Tomaschitz

Source : https://zurzeit.at/index.php/gastransit-ukraine-will-oesterreich-in-energiepolitische-geiselhaft-nehmen/

L'Ukraine prouve que la gratitude n'est pas une catégorie politique. Le ministre ukrainien de l'Énergie, German Galouchtchenko, a annoncé aux médias qu'il ne renouvellerait pas le contrat de fourniture de transit avec le groupe énergétique russe Gazprom. "Il n'y a pas de solutions possibles sur la table", a déclaré Galouchtchenko.

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Apparemment, le régime de Kiev prévoit de se positionner comme fournisseur de gaz pour les Européens. M. Galouchtchenko a déclaré que son pays pouvait proposer 15 milliards de mètres cubes de stockage de gaz. Il n'est pas certain que l'Ukraine soit en mesure de fournir effectivement ce gaz. Et l'UE, et donc l'Autriche, se mettrait dans une dangereuse dépendance énergétique vis-à-vis de l'Ukraine et deviendrait en fin de compte vulnérable au chantage.

Herbert Kickl, président du FPÖ, profite des déclarations de M. Galushchenko pour exiger du chancelier Karl Nehammer (ÖVP) un arrêt immédiat des paiements à l'Ukraine et du ministre des Affaires étrangères ÖVP Schallenberg la convocation de l'ambassadeur ukrainien: "Jusqu'à présent, le gouvernement a dépensé 3,51 milliards d'euros en argent des contribuables pour l'Ukraine, environ 70.000 Ukrainiens ont à nouveau été accueillis aux frais de la population et, en 'remerciement', le régime de Zelensky veut couper l'approvisionnement en gaz des Autrichiens", a déclaré Kickl.

En outre, le chef du FPÖ parle d'un "attentat inacceptable contre l'approvisionnement en énergie de notre pays" et met en garde contre un "supergouffre énergétique et économique". Il pourrait notamment y avoir un triplement du prix du gaz naturel, ce qui affecterait à la fois l'industrie et les ménages, et constituerait une menace pour la prospérité.

samedi, 02 décembre 2023

Le pétrole, le gaz et la lutte contre la Russie - Les vraies raisons de la guerre à Gaza

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Le pétrole, le gaz et la lutte contre la Russie

Les vraies raisons de la guerre à Gaza

Source: https://www.anti-spiegel.ru/2023/die-wahren-gruende-fuer-den-krieg-in-gaza/?doing_wp_cron=1701338409.2566039562225341796875

La guerre à Gaza est en réalité une affaire de pétrole et de gaz et de conflit géopolitique entre les États-Unis et la Russie. Cela semble incroyable ? Vérifiez par vous-même, car c'est parfaitement évident, mais passé sous silence par les médias occidentaux.

par Thomas Röper

Cela fait longtemps que je voulais écrire un article sur l'existence d'un énorme gisement de pétrole et de gaz au large de Gaza, qui est la véritable raison de la guerre de Gaza. Jusqu'à présent, je n'ai cependant pas eu l'occasion de faire des recherches approfondies à ce sujet. Je ne veux pas me parer de la plume d'autrui, car un ami m'a envoyé un article d'un blogueur russe qui a effectué et publié cette recherche. J'ai pris son article et ses sources comme base pour mon article et j'y ai ajouté mes propres pensées et découvertes.

Les antécédents commencent en 1995

On peut bien sûr chercher les antécédents de la guerre actuelle il y a plus d'un siècle ou lors de la création de l'État d'Israël et de l'oppression des Palestiniens qui s'en est suivie, mais ce serait trop général. Le conflit actuel a en effet des racines beaucoup plus concrètes.

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Les antécédents de la guerre de Gaza d'aujourd'hui commencent en 1995. Le 28 septembre 1995, les accords d'Oslo 2 ont été signés à Washington, accordant notamment à la Palestine le droit de disposer de ses ressources naturelles de manière autonome. Le 5 octobre de la même année, le Parlement israélien, la Knesset, ratifie l'accord.

Quatre ans plus tard, la Palestine conclut un contrat avec la société britannique BG (British Gas), car le gouvernement palestinien souhaite savoir s'il existe des ressources minérales sur le plateau continental adjacent à la bande de Gaza palestinienne. BG, spécialisé entre autres dans l'exploration géologique, accepte le contrat.

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En 1999, BG découvre le jackpot. Elle trouve de riches gisements de gaz et de pétrole au large de la Palestine, à 20 miles nautiques de la côte. Un rapport d'une conférence de la Commission des Nations unies pour le commerce et le développement de 2019 contient les chiffres exacts. Les experts de la Commission de l'ONU ont estimé les réserves de gaz palestiniennes à 122 billions de pieds cubes et 1,7 milliard de barils de pétrole. En 2017, lorsque le document à l'origine de la conférence a été rédigé, les réserves étaient estimées à une valeur de 453 milliards de dollars pour le gaz et de 71 milliards de dollars pour le pétrole.

Puisque c'est important, répétons-le: la valeur des gisements de gaz et de pétrole au large de Gaza, qui appartiennent aux Palestiniens en vertu des accords d'Oslo, s'élevait à plus d'un demi billion de dollars, plus précisément 524 milliards de dollars, selon les prix de 2017. Corrigé par l'inflation et d'autres facteurs, ce montant dépasse aujourd'hui les 600 milliards de dollars.

En 2002, la Palestine accepte la proposition de BG de construire une infrastructure d'extraction et de traitement du gaz dans la bande de Gaza et de commencer à construire un gazoduc, principalement vers l'Europe. Israël s'y oppose, car le gazoduc traverserait un territoire contrôlé par Israël. Au lieu de cela, Israël propose à la Palestine une autre solution: livrer le gaz à Israël à un prix interne, c'est-à-dire non pas au prix du marché, afin qu'Israël puisse continuer à exporter le gaz vers l'Europe. La Palestine s'y oppose bien sûr.

Tout cela couve pendant des années, tandis que les parties ne cessent de se tirer dessus.

Le rêve d'un "jardin fleuri" à Gaza

En 2007, des élections ont lieu à Gaza, notamment sous la pression des États-Unis, et le Hamas les remporte. Le Hamas est ainsi devenu, qu'on le veuille ou non, le gouvernement démocratiquement légitimé de Gaza. Comme les États-Unis n'appréciaient pas le résultat des élections qu'ils avaient eux-mêmes exigées, ils ont refusé de reconnaître le Hamas. Lorsque le Hamas arrive au pouvoir en 2007, il promet de transformer la ville de Gaza en une "cité-jardin" florissante.

Israël a alors imposé un blocus maritime, bloquant ainsi tous les efforts palestiniens pour développer les infrastructures nécessaires. Le 27 décembre 2008, l'armée israélienne a attaqué la Palestine. La Palestine se défend, y compris avec des missiles.

Mais Israël est plus fort et plus impitoyable. Les journalistes du Guardian estiment que 83% des plus de 1.400 morts palestiniens (dont 313 enfants) étaient des civils. Mais ce qui est décisif, c'est qu'avec l'opération "Plomb durci", Israël détruit une grande partie de la bande de Gaza et fait de la zone maritime adjacente à la bande de Gaza sa propriété, en violation du droit international et des accords antérieurs. BG ferme son bureau de Tel Aviv pour ne pas être impliqué dans ce chaos.

De 2008 à 2022, il y a quelques activités sur le plateau continental, mais dans l'ensemble, le projet est gelé car il y a régulièrement des affrontements militaires.

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Le sabotage des gazoducs Nord Stream comme signal de départ

Le 26 septembre 2022 - c'est-à-dire tout récemment, et littéralement hier selon les critères de l'industrie pétrolière et gazière qui planifie à long terme - les gazoducs Nord Stream, qui appartiennent à la Russie et à l'Allemagne, ont été dynamités. Bien que la presse occidentale tente d'attribuer le dynamitage à l'Ukraine, il ne fait guère de doute au niveau international que les États-Unis sont derrière tout cela.

L'Europe est désormais confrontée à un problème énergétique.

Au cours de l'été 2023, des réunions sont lancées avec la médiation des États-Unis sur la question du développement rapide du gisement de gaz. Le 18 juin 2023, Benjamin Netanyahu fait une déclaration officielle dans laquelle il autorise le projet de développement du champ pétrolier, mais sans mentionner la Palestine :

    "Le projet est nécessaire pour assurer la sécurité et les besoins diplomatiques de l'État d'Israël".

Le même jour, le porte-parole du Hamas, Ismaïl Rudwan, a déclaré ce qui suit:

    "Nous réaffirmons que notre peuple à Gaza a droit à ses ressources naturelles".

Il n'est pas nécessaire d'être un expert pour relier ces deux déclarations et les comprendre : Israël dit "ce sont nos 600 milliards", la Palestine dit "non, ce sont nos ressources naturelles". Ce fut le signal de départ de la guerre de Gaza.

Il s'agit de 600 milliards de dollars, ce que nous devons situer pour comprendre: le PIB total de la Palestine n'est que de 18 milliards de dollars, pour la Palestine, 600 milliards représentent une somme inimaginable et l'opportunité de répéter le "miracle de Dubaï". La Palestine pourrait devenir un paradis sur le modèle de Dubaï, avec la prospérité, le tourisme, etc.

La guerre commence et Israël distribue des licences d'extraction

Le 7 octobre, le Hamas envahit Israël. Israël réplique. Un nouveau massacre commence.

Alors que des gens meurent, plusieurs événements importants, à peine couverts par les médias, ont lieu, cachés par le feu médiatique permanent sur la guerre.

Le 30 octobre 2023, alors que ses militaires ont le dessus et que l'offensive terrestre dans la bande de Gaza est imminente, Israël accorde à six compagnies des licences d'exploitation de gaz à l'endroit même qui, selon les accords d'Oslo, appartient à la Palestine. En clair, après le début de la guerre, c'est Israël, et non la Palestine, qui accorde les permis d'exploitation du gaz dans les eaux au large de Gaza à des entreprises internationales.

Parmi les entreprises qui ont obtenu une licence, il y a la société britannique British Petroleum. Le journal Israeli Times en a parlé avec enthousiasme.

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Le rôle du Premier ministre britannique

Le 30 octobre 2023, c'est-à-dire le même jour, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a renvoyé son ministre Paul Bristow parce que celui-ci avait demandé un cessez-le-feu dans le conflit israélo-palestinien.

De manière générale, le Premier ministre britannique s'est comporté de manière étrange en ne parlant pas de cessez-le-feu dans la région. De facto, Sunak a soutenu l'action d'Israël visant à obtenir le contrôle militaire total de la bande de Gaza et, bien sûr, du plateau continental. La question se pose de savoir pourquoi ?

La réponse est on ne peut plus banale: la société informatique Infosys, qui appartient à la femme de Rashi Sunak, la milliardaire Akshata Murty, a conclu un accord de 1,5 milliard de dollars avec BP à l'été 2023.

Dans le même temps, Sunak a approuvé plus de 100 licences d'exploitation de gisements de pétrole et de gaz en mer du Nord (c'était quoi, la transition énergétique verte?). Le plus grand bénéficiaire est à nouveau BP.

Les médias ne font pas le lien avec le fait que Sunak protège de facto les intérêts de BP en empêchant un cessez-le-feu en Israël. Mais Rashi Sunak soutient l'opération militaire israélienne dont l'objectif est d'obtenir le contrôle total de la bande de Gaza.

Le fait que Rashi Sunak soutienne l'opération militaire israélienne signifie qu'il ne sert pas seulement les intérêts britanniques, mais aussi les intérêts américains, car BP a un grand nombre d'actionnaires américains, notamment Vanguard, BlackRock et JP Morgan. Il est donc évident qu'il s'agit aussi d'intérêts de groupes américains, ce qui explique aussi pourquoi le gouvernement Biden fait si peu pour arrêter les crimes de guerre d'Israël à Gaza, malgré les critiques massives de la politique intérieure, y compris de son propre parti.

Le nécessaire nettoyage ethnique

Le fait que ces crimes de guerre, les bombardements aveugles de civils à Gaza, qui ont conduit à la mort de 15.000 civils palestiniens (dont près de la moitié sont des enfants), ne sont pas des actes de cruauté arbitraires, devient ainsi évident: par la terreur, Israël veut pousser les Palestiniens à quitter Gaza afin qu'il puisse prendre le contrôle de la bande de Gaza et des champs de pétrole et de gaz.

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L'intention d'Israël de prendre le contrôle de la bande de Gaza de manière permanente est apparue clairement dès le début, lorsque l'armée israélienne a d'abord demandé aux Palestiniens de quitter la ville de Gaza en direction du sud, puis a exigé à plusieurs reprises que l'Égypte laisse les Palestiniens quitter Gaza.

Dès le début, les critiques ont donc accusé Israël de vouloir procéder à un nettoyage ethnique dans la bande de Gaza et d'occuper le territoire de manière permanente. La raison pour laquelle Israël agit ainsi n'est apparemment pas liée à des intérêts sécuritaires israéliens ou à une haine aveugle des Palestiniens, mais tout simplement aux gisements de pétrole et de gaz au large de Gaza.

La redistribution du marché européen

Après cela, l'exploitation du gisement de gaz pourrait commencer immédiatement et le gazoduc destiné à remplacer les gazoducs Nord Stream détruits par les États-Unis pourrait être mis en service avant que la Russie et l'Allemagne, après la fin des combats en Ukraine et avec un gouvernement éventuellement différent à Berlin, ne se rapprochent à nouveau suffisamment, à un moment donné, pour que les gazoducs Nord Stream puissent être réparés et remis en service.

Mais d'ici là, les principaux fournisseurs de gaz pour l'Europe seraient déjà le britannique BP et l'italien ENI, et non plus le russe Gazprom.

États-Unis et Royaume-Uni vs. France

D'ailleurs, Washington et Londres ont ici fait un pas de plus contre la France. On se souvient de l'accord sur les sous-marins conclu entre la France et l'Australie, que cette dernière a ensuite annulé en rejoignant à la place la nouvelle alliance AUKUS avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne et en commandant leurs sous-marins. Et il convient également de rappeler le coup d'État au Niger, au cours duquel les États-Unis ont poignardé la France dans le dos, de sorte que la France a finalement dû retirer ses troupes du Niger, tout en conservant la base américaine au Niger. Le coup d'État au Niger a considérablement affaibli la position de la France en Afrique de l'Ouest, mais pas celle des États-Unis.

Pourquoi l'histoire du champ de pétrole au large de Gaza était-elle un pas contre la France ? Contrairement à ce qui s'est passé en Libye à l'époque, aucun groupe français n'a été retenu pour le champ pétrolier et gazier au large de Gaza. Cela pourrait-il expliquer pourquoi Macron est l'un des rares dirigeants européens à avoir exigé d'Israël qu'il mette fin à son opération militaire à Gaza et à ses bombardements brutaux sur la population civile ?

En clair, alors que les gens du monde entier sont choqués par les images de civils et surtout d'enfants morts, par la catastrophe humanitaire à Gaza et par d'autres horreurs, alors que les événements divisent la société et obligent les gens à choisir leur camp dans le conflit, un jackpot de 600 milliards de dollars se partage en coulisses. La géopolitique est aussi simple que cela.

La guerre de Gaza, élément constitutif de la lutte contre la Russie

La cause de la guerre de Gaza n'est pas la religion, ni même l'histoire, ni le terrorisme. Rien de ce qui est rapporté par les médias occidentaux n'est important en réalité.

Les raisons de l'éclatement du conflit entre la Palestine et Israël sont l'argent et les ressources naturelles dont les États-Unis et la Grande-Bretagne ont précisément besoin en ce moment pour mener une guerre par procuration contre la Russie. Car une chose est évidente: l'exploitation rapide des réserves de gaz palestiniennes a surtout pour but d'empêcher la remise en service des gazoducs Nord Stream dans quelques années, lorsque les émotions se seront apaisées.

On peut bien sûr croire aux déclarations des médias allemands et des hommes politiques du gouvernement (dont les Verts en particulier ont toujours été contre Nord Stream, mais ne sont pas contre d'autres gaz) sur le "droit à l'autodéfense" d'Israël. On peut bien sûr croire qu'Israël a été tout à fait surpris par l'attaque du Hamas, bien que cela ait été plus que douteux dès le début.

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On peut aussi se souvenir de toutes les guerres menées par les États-Unis et l'Occident au cours des dernières décennies, dont l'enjeu était toujours les ressources naturelles (pétrole et gaz irakiens, libyens, syriens, etc.), ce que les médias occidentaux n'ont jamais abordé, préférant parler de "démocratie, de droits de l'homme, de liberté et de prospérité" que ces guerres devaient apporter aux peuples prétendument opprimés. Cela explique également pourquoi les médias occidentaux ne disent pas que l'armée israélienne est probablement responsable d'une grande partie des morts israéliens, car l'indignation face aux atrocités commises par le Hamas est le prétexte utilisé pour justifier le nettoyage ethnique à Gaza.

Si l'on considère ensuite cette histoire d'un point de vue géopolitique, dans le contexte du conflit entre les États-Unis d'une part et la Russie et la Chine d'autre part, cela devient encore plus évident. La Russie doit être supplantée durablement en tant que fournisseur d'énergie à l'Europe et, compte tenu de la perte d'influence des États-Unis dans le golfe Persique, les États-Unis ont plus que jamais besoin de contrôler d'autres grands gisements de pétrole et de gaz.

La géopolitique est en fait une discipline simple, car il s'agit toujours d'argent et de pouvoir. A Gaza aussi, mais les médias occidentaux ne le disent pas.

Addendum : En réponse au premier commentaire, je pense que je dois clarifier et souligner plusieurs points.

Tout d'abord, le champ de gaz n'est certainement pas très grand par rapport à d'autres champs de gaz, mais que 600 milliards ne soient pas une raison de guerre serait une nouveauté pour moi. De plus, la participation de groupes européens au gisement de gaz permet enfin à Israël d'expulser les Palestiniens de Gaza (sans provoquer de tollé en Europe), ce dont ils rêvent depuis longtemps.

Deuxièmement, il faut voir cela dans le contexte global des autres gisements de gaz de la région: tant que les Palestiniens seront à Gaza et qu'il y aura des combats à répétition, l'exploitation du gaz dans toute la région serait en danger permanent. Les Palestiniens pourraient l'utiliser comme moyen de pression sur Israël dès que l'Europe dépendrait du gaz et serait donc plus encline à céder à la pression des Palestiniens.

Troisièmement, le gazoduc vers l'Europe est lui aussi destiné à l'ensemble des réserves de gaz de la région, et pas seulement à ce champ. Encore une fois, tant que les Palestiniens sont à Gaza et qu'il n'y a pas de paix durable dans la région, toute l'infrastructure et donc le remplacement du gaz russe en Europe seraient menacés, ce qui ne manquerait pas de décourager les investisseurs. Il y a probablement une raison pour laquelle Israël n'a attribué les licences d'exploitation qu'après le début de la guerre, lorsqu'il est devenu clair que le "problème palestinien" serait résolu et qu'en prime, les 600 milliards devaient également être attribués.

Conclusion : les 600 milliards sont une bonne motivation pour résoudre le "problème de Gaza" et, "accessoirement", pour évincer durablement la Russie de l'Europe en tant que fournisseur de gaz.

* * *

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Dans mon nouveau livre "Le Cartel de l'Ukraine - Le double jeu autour d'une guerre et les affaires de plusieurs millions de la famille du président américain Biden", je révèle de manière objective et neutre, en me basant sur des centaines de sources, des faits et des preuves jusqu'ici cachés sur les affaires de plusieurs millions de la famille du président américain Joe Biden en Ukraine. Au vu des événements actuels, la question se pose : un petit groupe d'hommes d'affaires avides est-il peut-être prêt à nous amener au bord d'une Troisième Guerre mondiale pour son profit personnel ?

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lundi, 06 novembre 2023

La guerre du gaz: de la Baltique au Sinaï, la zone de crise s'étend. Analyse

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La guerre du gaz: de la Baltique au Sinaï, la zone de crise s'étend. Analyse

Giuseppe Masala

Source: https://geoestrategia.es/noticia/41713/geoestrategia/la-guerra-del-gas:-del-baltico-al-sinai-se-amplia-la-zona-de-crisis.-analisis.html

De nos jours, nous assistons rarement à des guerres d'anéantissement, c'est-à-dire des guerres dans lesquelles les belligérants visent à la destruction complète et à la capitulation du pays adverse. Naturellement, cela s'applique surtout aux grandes puissances dotées d'armes technologiquement avancées et de capacités de destruction souvent dévastatrices.

En général, lorsque des conflits opposent ces dernières, on assiste à des guerres dites par procuration, c'est-à-dire des guerres dans lesquelles un pays fantoche sacrifie son propre territoire, et souvent aussi sa propre population, pour attaquer la puissance adverse de son propre Dominus ou un autre pays fantoche allié à son tour à l'adversaire de son propre Dominus. Je pense que la référence à cette situation est assez facile : l'Ukraine de Porochenko était un pays fantoche allié à l'OTAN et aux Américains luttant contre les républiques sécessionnistes de Donetsk et de Lougansk alliées à la Fédération de Russie, tandis que l'Ukraine de Zelensky, toujours un pays fantoche des États-Unis et de l'OTAN, lutte directement contre la Fédération de Russie.

Lorsque deux puissances du niveau de la Russie et des États-Unis s'affrontent, il est très difficile de parvenir à un affrontement direct, car la logique est précisément celle de la proxy war, la "guerre par procuration" entre pays vassaux prêts à se sacrifier.

Mais même les objectifs des conflits ne consistent plus - comme par le passé - en l'anéantissement de l'adversaire ou en sa capitulation complète. Aujourd'hui, les objectifs des conflits armés sont plus nuancés et comportent généralement - pour l'une ou l'autre des parties - toute une série d'objectifs intermédiaires possibles qui peuvent être atteints soit directement au cours des opérations militaires, soit plus tard, lors des inévitables négociations de paix qui suivront.

Dans l'immense guerre d'usure entre la Russie (et la Chine), d'une part, et les Etats-Unis et leurs vassaux, d'autre part, cette discussion sur l'éventail des objectifs à atteindre (en tout ou en partie) est certainement tout à fait valable. Si l'objectif principal des Etats-Unis est - à mon avis - de générer un immense arc de crise autour des frontières de la Russie et aussi au Moyen-Orient (où la Russie a des intérêts vitaux) afin de l'affaiblir au point de provoquer l'effondrement du régime de Poutine, il y a aussi d'autres objectifs intermédiaires à atteindre : par exemple, l'explosion totale du Moyen-Orient pourrait conduire à la réalisation de l'objectif américain d'infliger une défaite à la Russie en Syrie avec la perte de la base navale clé de Tartous qui permet à Moscou de patrouiller en Méditerranée malgré la fermeture du Bosphore en raison de la guerre en Ukraine et de la mer Noire, ou la guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pourrait conduire à l'objectif de chasser la Russie du Caucase du Sud, peut-être même en parvenant à raviver les pulsions sécessionnistes dans les républiques russes du Daghestan et de la Tchétchénie. Ou encore, les tensions qui couvent entre la Serbie et le Kosovo et qui pourraient potentiellement conduire à l'érosion et à la chute de l'actuel gouvernement pro-russe de Belgrade en faveur d'un gouvernement pro-occidental. Dans ce contexte d'objectifs partiels - qui rime aussi étroitement avec la "guerre mondiale progressive" de Bergoglio - la guerre du gaz joue certainement un rôle de premier plan.

Comme je l'ai dit à maintes reprises, l'une des questions fondamentales pour comprendre cette énorme crise, qui couve depuis les années 2010, est de comprendre le mécanisme économique qui, depuis le début du siècle, a donné à l'Allemagne une énorme compétitivité sur les marchés mondiaux et a vaincu ses concurrents (y compris les Américains) : d'une part, le mécanisme prévoyait une politique économique européenne centrée sur la déflation salariale la plus étouffante et, d'autre part, le dumping énergétique permettait à l'Allemagne de produire à des coûts énergétiques très bas grâce aux Russes qui, pour l'essentiel, cédaient leur gaz à Merkel (qui, en retour, laissait entrevoir la possibilité d'une entrée de la Russie dans l'élite des pays occidentaux).

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La pierre angulaire de cette politique énergétique européenne et allemande était, bien sûr, le gazoduc North Stream, qui reliait la Russie à l'Allemagne, pompant le gaz nécessaire à l'énorme appareil productif allemand sans passer par des pays russophobes et pro-américains tels que la Pologne et l'Ukraine. Comme vous le savez, cette infrastructure critique a été détruite par une série d'explosions malveillantes survenues le 26 septembre 2022, alors que la guerre en Ukraine venait d'éclater. Un événement sans précédent en temps de paix.

Si l'analyse des faits devait se concentrer sur le qui prodest, c'est-à-dire sur qui profite de l'explosion de North Stream, la réponse est simple: l'Ukraine porte un coup dur à la Russie, propriétaire du gazoduc, la Pologne retrouve son rôle central dans la gestion des flux énergétiques vers l'Europe en provenance de la Russie et, surtout, les États-Unis qui voient le cordon ombilical entre l'énergie russe à bas prix et l'appareil productif allemand définitivement rompu.

Bien sûr, il n'y a pas de preuve certaine que ce sont ces pays qui ont détruit le North Stream mais, à moins de vouloir croire à un harakiri russe qui détruit l'un de ses atouts fondamentaux, il faut au moins envisager l'hypothèse que ceux qui ont mené l'attaque étaient peut-être les États-Unis ou des marionnettes engagées à leur service. Le journaliste d'investigation américain (et lauréat du prix Pulitzer) Seymour Hersh a fait sienne cette hypothèse en citant des sources directes américaines et étrangères.

Quoi qu'il en soit, on peut toujours affirmer qu'une guerre totale est menée dans le Grand Nord à propos des gazoducs. Une guerre qui ne semble pas avoir pris fin avec l'explosion du North Stream. En effet, il y a quelques semaines, une fuite de gaz s'est produite dans le petit gazoduc - le Balticconnector - qui relie la Finlande et l'Estonie. Il n'a pas fallu longtemps pour que des soupçons de sabotage se fassent jour ; les rumeurs se sont intensifiées au cours des dernières semaines. En effet, le Bureau national d'enquête finlandais (NBI) a déclaré que l'enquête sur les dommages subis par le gazoduc Balticconnector a révélé que le navire New Polar Bear, battant pavillon de Hong Kong, se trouvait au moment et sur le lieu de l'incident.

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Aux déclarations déjà explosives du NBI finlandais s'ajoutent celles des enquêteurs estoniens qui, en plus de l'incroyable hypothèse du "sabotage chinois", n'ont pas oublié de suivre l'exemple du Kremlin en signalant que le navire russe Sevmorput se trouvait dans la même zone lors de l'accident. Mon Dieu, les enquêteurs estoniens impliqués dans l'enquête ont cependant admis qu'ils ne pouvaient pas affirmer avec certitude que ces navires étaient impliqués dans le prétendu sabotage de l'oléoduc. Mais cela a suffi au président letton Edgars Rinkivics pour faire une déclaration grandiloquente selon laquelle l'OTAN fermerait la mer Baltique si l'implication de la Russie dans l'attaque de l'oléoduc Balticconnector était prouvée.

Une déclaration explosive du président letton qui aggrave l'état de tension déjà élevé entre l'OTAN et la Russie. Pour en comprendre la gravité, il suffit de rappeler qu'un blocus naval équivaut, en droit international, à un acte de guerre ; et il ne fait aucun doute que c'est ainsi qu'il sera considéré par la Russie, qui n'acceptera jamais de voir son accès à la mer Baltique bloqué, notamment parce qu'une telle éventualité reviendrait à transformer l'enclave russe de Kaliningrad - située entre la Pologne et la Lituanie - en une nouvelle bande de Gaza en plein centre de l'Europe.

Cependant, au-delà des déclarations du président letton que nous prévoyons disproportionnées (voire carrément insensées), une première étape officielle doit être franchie après les déclarations de Balticonnector. La Russie s'est retirée de l'accord de coopération transfrontalière avec la Finlande.

L'arc de la crise s'élargit et s'étend désormais du Sinaï à la mer Baltique.

* est diplômé en économie et s'est spécialisé dans la "finance éthique". Il se déclare cyber-marxiste mais, comme Leonardo Sciascia, pense qu'"il n'y a pas d'échappatoire à Dieu, ce n'est pas possible. L'exode de Dieu est une marche vers Dieu".

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Israël, Gaza et la guerre économique mondiale

Emiliano Brancaccio*

Commentant l'extension des fronts de guerre au Moyen-Orient, le président de la République Sergio Mattarella a déclaré : "Le monde est devenu pire, non pas à cause d'un virus, mais à cause d'un comportement humain malheureux". C'est vrai, mais ce n'est pas suffisant. Le problème, ajoutons-nous, est de comprendre quels sont les grands mécanismes qui induisent les comportements humains à inaugurer un nouvel âge malheureux de fer et de feu.

On ne peut pas dire que les commentateurs traditionnels aident à percer un tel mystère. Plutôt que d'essayer de comprendre les faits, les "géopoliticiens" du courant dominant semblent se livrer à un travail de persuasion douteux, qui consiste à susciter des émotions et des réflexions à partir d'un moment arbitrairement choisi. Ils nous incitent à nous horrifier et à prendre position, par exemple, uniquement sur la base des violences du Hamas le 7 octobre 2023, tout en nous suggérant d'éteindre nos sens et nos cerveaux sur la transformation par Israël de Gaza en prison à ciel ouvert, ou sur d'autres crimes et méfaits commis par les différents acteurs impliqués et antérieurs à cette date. De plus, comme si l'arbitraire du cadre temporel ne suffisait pas, ils nous proposent d'examiner les conflits militaires comme s'ils étaient une simple conséquence de tensions religieuses, ethniques, civiles et idéalistes. Ils n'apprécient guère l'issue violente des conflits économiques.

La guerre de Gaza place les intérêts économiques au centre de ses préoccupations

Disons les choses telles qu'elles sont. Si l'objectif est de comprendre la dure réalité qui nous entoure, la contribution de ces analystes est inutile.

Pour découvrir les éléments déclencheurs de la dynamique actuelle de la guerre, une méthode un peu plus robuste, inspirée de certaines contributions récentes de la recherche "historico-matérialiste", peut s'avérer utile. Cette méthode ne néglige pas les déterminants religieux, culturels ou idéels des conflits, mais les subordonne à un mécanisme historique plus général et plus puissant, qui place au centre de l'enquête les facteurs matériels et les intérêts économiques qui alimentent les vents de la guerre. En substance, l'argent sert à déchiffrer le mouvement des comportements humains malheureux.

Récemment, cette méthodologie a été appliquée au conflit en Ukraine, dans l'un de nos livres [1], puis dans un appel intitulé "Les conditions économiques de la paix" que nous avons publié dans le Financial Times et Le Monde, ainsi que dans ces mêmes pages [2].

Ces contributions ont été largement saluées par les membres de l'Accademia dei Lincei et d'autres, mais aussi critiquées par certains détracteurs. Parmi eux, certains affirment que notre méthode de recherche n'est pas utile pour expliquer les conflits "non économiques", tels que le conflit israélo-palestinien. En effet, il ne devrait pas être difficile d'identifier un élément "économique" dans un conflit entre deux peuples caractérisés par des taux de croissance démographique élevés et destinés à se disputer une part dérisoire du monde. Mais il ne s'agit pas seulement d'une question de pressions démographiques. Comme je l'ai soutenu à l'Institut Gramsci avant même la nouvelle explosion de violence, le conflit israélo-palestinien non résolu, dont le point de friction maximal se situe à Gaza, est un facteur majeur des énormes contradictions, de nature économique, qui alimentent les tensions militaires mondiales. Voyons pourquoi.

Quel est le rapport entre la crise hégémonique de l'économie américaine et Gaza ?

Le point de départ de notre interprétation est le fait, reconnu par les diplomaties occidentales elles-mêmes, d'une crise hégémonique de l'économie américaine. Le capitalisme américain conserve le leadership mondial en matière de technologie et de productivité. Cependant, de l'ère fastueuse du libre-échange mondial, les États-Unis héritent d'un fardeau important de problèmes, de compétitivité et de déséquilibres connexes. Bien que caractérisée par une croissance plus faible que celle de la Chine et d'autres grands pays émergents, l'économie américaine présente un excès permanent d'importations par rapport aux exportations et, par conséquent, un lourd déficit net vis-à-vis des pays étrangers, qui a atteint le chiffre record de 18.000 milliards de dollars.

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Si le dollar reste prééminent dans l'ordre monétaire, ce déséquilibre est de plus en plus difficile à gérer. Il n'est pas sans rapport, entre autres, avec les difficultés actuelles de financement des campagnes militaires dans le monde. Si, à l'époque glorieuse du mondialisme, les États-Unis développaient presque de concert la dette et les milices à l'étranger, aujourd'hui, ce glorieux circuit "militaro-monétaire" traverse indubitablement une crise. Le géant américain se trouve donc au milieu d'une transition historique difficile, s'adaptant au nouveau scénario mondial moins facile.

Les raisons du virage protectionniste de Washington

Signe essentiel de cette transition historique américaine, un tournant colossal s'est opéré dans la politique économique internationale. Prenant acte des problèmes de compétitivité et de dette extérieure apparus durant la phase mondialiste, les États-Unis ont dû agir de manière dialectique, c'est-à-dire qu'ils ont abandonné l'ancienne ligne d'ouverture au libre-échange mondial et l'ont démolie, en inaugurant une stratégie de levée des barrières commerciales et financières protectionnistes, qu'ils appellent "friend shoring" (renforcement de l'amitié).

En pratique, avec des critères économiques sélectifs, très différents de ceux du passé, les Américains tentent de diviser le monde en deux listes : d'une part, les "amis" et les partenaires occidentaux avec lesquels il faut faire des affaires et, d'autre part, les "ennemis" dont il faut se tenir à l'écart. Parmi les "ennemis", les patrons du pouvoir américain comptent les pays exportateurs qui ont accumulé des crédits envers les Etats-Unis et qui pourraient à tout moment utiliser leurs actifs pour acquérir des entreprises américaines : la Chine en premier lieu, mais aussi plusieurs autres détenteurs de la dette américaine situés à l'Est et même, dans une faible mesure, la Russie. En bref, Washington doit éviter le risque d'une "centralisation du capital" entre les mains de l'Est. Le virage protectionniste des États-Unis sert en fin de compte cet objectif.

Le tournant de la guerre en Ukraine et la question énergétique

On comprend aisément que la Chine, la Russie et les autres créanciers de l'Est n'apprécient pas ce changement de cartes sur la table. Leur thèse est que les Etats-Unis ne sont plus en mesure de modifier l'ordre économique mondial à leur guise en fonction des convenances de la phase historique. Ce n'est pas un hasard si plusieurs ténors de la diplomatie internationale ont vu dans la guerre en Ukraine une étape importante, permettant également de vérifier la stabilité du nouvel ordre protectionniste décidé unilatéralement par les Américains.

Mais ce virage protectionniste présente également une difficulté intrinsèque. Le problème est que, dans le plan américain de division de la planète en blocs économiques, la question de l'énergie est encore plus épineuse qu'à l'époque de la mondialisation. En effet, le bloc occidental dirigé par les États-Unis est en grande partie une économie qui importe de l'énergie et des matières premières pour ensuite les transformer.

Certes, grâce aux nouvelles technologies d'extraction, les Américains ont amélioré leur balance commerciale énergétique. Il est également vrai que la "transition écologique" réduit lentement la dépendance de l'Occident à l'égard des grands exportateurs de combustibles fossiles. Mais globalement, le bloc dit "ami" aura encore longtemps besoin d'énergie et de matières premières en provenance de l'étranger.

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Trump, Biden, les accords d'Abraham et l'impact sur Gaza

Et c'est là que nous en arrivons aux tensions actuelles au Moyen-Orient. Le virage protectionniste des États-Unis est à l'origine des tristement célèbres "accords d'Abraham" de 2020 et des traités connexes. Signés par Trump mais aussi poussés par Biden, ces accords visent à "normaliser" les relations d'Israël avec les principaux producteurs d'énergie arabes et, plus généralement, avec les pays à majorité musulmane riches en ressources naturelles. L'objectif est clair : faciliter le repositionnement de ces pays dans le bloc économique occidental énergivore. Il s'agit là d'une pièce décisive pour compléter la grande mosaïque du "friend propping" américain.

La diplomatie internationale a cependant toujours admis que cette pièce présentait plusieurs faiblesses. La première est que les accords abrahamiques avec Bahreïn et les Émirats arabes unis, et à l'avenir avec l'Arabie saoudite, ainsi que les traités annexes avec le Maroc, le Soudan et d'autres pays, laissent la question de la Palestine et de la bande de Gaza complètement en suspens. À tel point que la diplomatie américaine a dû se livrer à un exercice rhétorique audacieux, affirmant que le processus de "normalisation des relations avec Israël ne représente pas un substitut à la paix entre Israéliens et Palestiniens". Un argument embarrassant par sa vacuité.

La question palestinienne sape le projet américain

Au fond, dans les négociations pour la "normalisation" des relations entre Israël et les producteurs d'énergie arabes, ceux qui ont agi pour que la question palestinienne ne soit pas résolue ont eu un impact plus ou moins conscient et beaucoup plus profond, ébranlant même le projet américain de division de l'économie mondiale en blocs. Ce n'est qu'en tenant compte de ce point de fragilité systémique de "l'accompagnement des amis" qu'il est possible de comprendre le sens et les implications globales de l'agression du Hamas sur le territoire israélien, du déclenchement de la réaction militaire de Tel-Aviv et des conséquences menaçantes non seulement à Gaza, mais dans l'ensemble du Moyen-Orient.

Gaza, la Chine et l'idée qu'il n'est pas viable de soutenir des amis

La position adoptée par le principal homologue sur la scène mondiale est révélatrice à cet égard. Le gouvernement chinois a fait valoir que la reprise des affrontements entre Israël et Gaza constituait une indication claire de l'instabilité non seulement des accords d'Abraham, mais aussi de l'IMEEC, le corridor Inde-Moyen-Orient-Europe que les Américains parrainent en tant que route commerciale opposée à la nouvelle route de la soie de la Chine.

Bref, pour Pékin, les tentatives américaines de diviser le monde en deux sont précaires. Le retour de la question palestinienne sur le devant de la scène est une preuve supplémentaire que le projet protectionniste américain de "soutien aux amis" n'est pas viable.

Les conditions ne sont pas encore réunies pour vérifier si la thèse chinoise de l'insoutenabilité du "crony propping" est destinée à être confirmée. Toutefois, un fait émerge des faits : le virage américain vers cette forme de protectionnisme unilatéral est actuellement le principal facteur de déclenchement d'un comportement humain malheureux vers la guerre. C'est la principale cause matérielle de la détérioration du monde.

La paix, le capitalisme éclairé et le rôle de l'Europe

L'appel à des "conditions économiques pour la paix" indique un moyen d'apaiser les tensions militaires internationales. La condition préalable est que les Américains abandonnent leur stratégie de division de l'économie mondiale en blocs "amis" et "ennemis". Quant aux Chinois, ils devraient accepter un plan visant à réguler, politiquement et non en fonction du marché, l'énorme crédit qu'ils ont accumulé envers les États-Unis.

Pour qu'une solution de "capitalisme éclairé" ait une chance de succès, l'Europe pourrait jouer un rôle important. Après tout, la même position extérieure active offre à l'UE des opportunités politiques que les Américains n'ont pas. Mais l'idée de l'Europe comme "agent de paix", évoquée par Romano Prodi lors d'un débat avec moi il y a quelques années, semble dépassée par la réalité des institutions européennes subordonnées au protectionnisme agressif des États-Unis [3]. [La leçon à tirer des affrontements qui se déroulent dans la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie et à la frontière israélo-libanaise, devrait pourtant être claire. En l'absence de "conditions économiques pour la paix", les contradictions capitalistes internationales nous poussent dans les ténèbres de la guerre totale.

*économiste à l'université de Sannio, promoteur de l'appel international "Conditions économiques pour la paix" publié dans le Financial Times, Le Monde et Econopoly.

NOTES

[1] Brancaccio, E., Giammetti, R., Lucarelli, S. (2022). La guerre capitaliste. Compétition, centralisation, nouveau conflit impérialiste. Mimesis, Milan.

[2] Brancaccio, E., Skidelsky, R., et al. (2023). The economic conditions for peace : the economic conditions that make wars more likely, Financial Times, 17 février (traduit. Les conditions économiques de la paix, Le Monde, 12 mars).

[3] Brancaccio, E., Prodi, R. (2017). Horizons européens. Dialogue entre Romano Prodi et Emiliano Brancaccio sur l'histoire et l'avenir de l'UE. Micromega, n. 5 (réimprimé dans : Brancaccio, E., Ce ne sera pas un déjeuner de gala, Meltemi, Milan, 2020).

samedi, 04 novembre 2023

L'ambassadeur russe: l'abandon du gaz russe coûte cher aux Allemands

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L'ambassadeur russe: l'abandon du gaz russe coûte cher aux Allemands

Source: https://zuerst.de/2023/11/02/russischer-botschafter-die-abkehr-vom-russischen-gas-kommt-die-deutschen-teuer-zu-stehen/

Berlin/Moscou. Ces jours-ci, le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, a réitéré explicitement son offre à l'Allemagne de reprendre les livraisons de gaz russe bon marché. Le gouvernement allemand, qui a décidé, en se plaçant  dans le sillage des Etats-Unis, de se détourner durablement de la Russie pour des raisons politiques, ne veut bien sûr rien savoir.

L'ambassadeur russe en Allemagne, Sergueï Netchaïev, s'est exprimé à ce sujet. Il estime que la décision du gouvernement fédéral d'abandonner les projets communs Nord Stream en mer Baltique est une grave erreur que les consommateurs et l'économie allemands devront payer amèrement.

Dans une interview accordée à l'agence de presse moscovite TASS, le diplomate de haut niveau a déclaré que la construction des gazoducs Nord Stream, y compris la mise en service complète du gazoduc Nord Stream 2, avait donné à l'Allemagne une grande opportunité de devenir une plaque tournante européenne de premier plan dans le domaine de l'énergie et de satisfaire presque entièrement ses besoins énergétiques. Cependant, cela s'est heurté "manifestement à la résistance de beaucoup outre-mer", mais aussi en Europe.

"On voulait priver la Russie d'une source de revenus stable et priver l'Allemagne de ses avantages concurrentiels. En même temps, on a essayé de forcer Berlin à chercher des alternatives plus coûteuses", a poursuivi l'ambassadeur. Il a rappelé que l'approvisionnement stable et fiable de l'Allemagne en énergie bon marché en provenance de Russie pendant des décennies avait été crucial pour la prospérité de la République fédérale et la compétitivité de l'industrie allemande.

"C'est Berlin qui a décidé de mettre fin à la coopération bilatérale dans ce domaine. Il n'y a aucune logique économique derrière cette décision", a critiqué l'ambassadeur. L'économie allemande en subit aujourd'hui pleinement les conséquences. Il ne s'agit que de politique et d'une idéologie prétendument "basée sur des valeurs".

Netchaïev a regretté que les appels à la restauration des gazoducs détruits ne soient "pratiquement pas entendus" en Allemagne. L'ambassadeur russe a une nouvelle fois appelé à l'élucidation des actes de sabotage dans la mer Baltique. (se)

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lundi, 30 octobre 2023

Israël/Hamas: la guerre du gaz

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Israël/Hamas: la guerre du gaz

Andrea Muratore

Source: Compte LinkedIn d'Andrea Muratore

CISINT - Italian Centre for Strategy and Intelligence

CARNET DE GUERRE N°9 - LE FRONT DU GAZ

La guerre entre Israël et le Hamas affecte également le marché du gaz. En particulier dans l'État hébreu.

Suite aux attaques du Hamas, le 9 octobre, le ministère israélien de l'énergie a ordonné à Chevron, l'opérateur de la plateforme Tamar située à 25 kilomètres au nord-ouest de Gaza, qui répondait principalement aux besoins domestiques, de cesser temporairement sa production. Le 10 octobre, le gouvernement israélien a également demandé à Chevron de suspendre temporairement les flux via le principal gazoduc reliant Israël et l'Égypte, le gazoduc East Mediterranean Gas (EMG), qui relie Ashkelon, une ville israélienne située à 13 km au nord de Gaza, à Arish, dans le nord du Sinaï, en Égypte.

En 2022, Israël a produit 21,9 milliards de mètres cubes (Gm3) de gaz, dont 11,4 Gm3 provenant de Leviathan et 10,2 Gm3 de Tamar. Sur ce total, 12,7 milliards de mètres cubes ont été consommés dans le pays, tandis que 5,8 milliards de mètres cubes ont été exportés vers l'Égypte et 3,4 milliards de mètres cubes vers la Jordanie. Les exportations devraient encore augmenter en 2023, soutenues par le début de la production du champ de Karish (données de Bruegel : https://lnkd.in/dAR3X5Dd).

Le risque d'interruption de l'approvisionnement en gaz de l'Égypte et de la Jordanie, ainsi qu'une crise énergétique à Gaza, pourraient compliquer les scénarios économiques régionaux. En outre, il s'agira d'un test important pour l'Europe. Il y a quelques mois encore, on pensait que l'axe Israël-Égypte pourrait ouvrir la soudure entre Leviathan-Tamar et Zohr, le champ de gaz maxi-offshore égyptien découvert par Eni, et consolider les exportations vers l'Europe. La combinaison du doublement de Leviathan, des nouvelles découvertes et de l'augmentation de la capacité d'exportation de l'Etat juif pourrait conduire, directement ou non, Tel Aviv à fournir un dixième du gaz garanti aujourd'hui à l'Europe par la Russie dans les années à venir. Renforcer l'intérêt italien. Des objectifs de plus en plus aléatoires pour des raisons sécuritaires (https://lnkd.in/dx6Sxd5r) ainsi qu'une stabilisation avec le Liban motivée précisément par l'énergie (https://lnkd.in/dGNQZ4f2).

vendredi, 27 octobre 2023

Gaza : déportation de la population sur le terrain, gaz naturel et intérêts politiques et diplomatiques

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Gaza : déportation de la population sur le terrain, gaz naturel et intérêts politiques et diplomatiques

Filip Martens

Il y a tellement de désinformation et de mystères dans l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 qu'il faut creuser pour savoir à qui profite ce conflit. Il y a deux règles pour interpréter ces questions. Primo, ne croyez JAMAIS ce que vous disent les gouvernements occidentaux et leurs grands médias. Secundo, ne croyez JAMAIS la raison officielle d'une guerre impliquant un ou plusieurs états occidentaux. En ce qui concerne. l'attaque japonaise sur Pearl Harbour en 1941 (dont il a été officiellement admis en 1999 que le gouvernement américain était au courant à l'avance, mais n'a pas prévenu l'amiral Kimmel, commandant d'Hawaï) (1), l'incident du Tonkin en 1964 (comme raison du déploiement des troupes américaines au Sud-Vietnam et du début d'une guerre contre le Nord-Vietnam), les attaques du 11 septembre 2001 (comme raison du déploiement des troupes américaines au Sud-Vietnam et du début d'une guerre contre le Nord-Vietnam), les attaques du 11 septembre 2001 (pour justifier l'invasion de l'Afghanistan), les fameuses "armes de destruction massive" jamais trouvées en 2003 (pour justifier l'invasion de l'Irak), les bombardements aériens "protégeant les civils" en 2011 (pour justifier la destruction de la Libye prospère), ...

La soi-disant "défaillance des services de renseignement israéliens": un classique parmi les attaques provoquées

Immédiatement après le succès tactique de l'opération "Tempête Al-Aqsa" - l'attaque du Hamas contre les zones frontalières israéliennes autour de la bande de Gaza - les médias grand public ont parlé de terrorisme aveugle et de "l'échec des services de renseignement israéliens". C'est d'autant plus curieux qu'un jour, ces services de renseignement sont les meilleurs du monde et que le lendemain, ils sont soudain complètement à la ramasse. Cela suggère que cela correspond à certains intérêts. Mais de quels intérêts s'agit-il et que se passe-t-il réellement ?

Les services de renseignement israéliens Mossad, Shin Bet et Aman (2) avaient la réputation d'être parmi les meilleurs au monde et de disposer de la technologie la plus avancée. Des drones de surveillance sillonnaient constamment les airs le long de la frontière hautement sécurisée avec Gaza, qui était truffée de caméras de surveillance et de postes de garde militaires. Les services de renseignement ont utilisé leurs capacités cybernétiques pour remonter à la surface une multitude d'informations. Ils ont proclamé qu'ils avaient hermétiquement fermé la frontière avec Gaza. Des membres des services de renseignement israéliens ont même déclaré : "Il n'y a pas un cafard ou un rat qui traverse la frontière sans que nous l'ayons vu" (3).

Lorsque l'attaque du Hamas a commencé à 6 heures du matin et que des centaines d'Israéliens ont été enlevés ou tués, l'armée israélienne, pourtant réputée pour être la plus performante au monde, n'est intervenue qu'à 11 heures du matin. Mais pourquoi si tard ?

De nombreux Israéliens d'extrême gauche vivent dans les zones attaquées par le Hamas. Par conséquent, un grand nombre de militants contre l'occupation israélienne des territoires palestiniens ont été massacrés à l'intérieur du pays. Le Hamas a ainsi envoyé un message terrible à la gauche laïque israélienne (4). 

Les médias grand public voudraient donc nous faire croire que les soi-disant meilleures agences de renseignement du monde auraient été endormies par les combattants du Hamas, apparemment plus intelligents que leurs homologues israéliens. Il est particulièrement curieux que les "animaux humains" que sont les combattants du Hamas, selon le ministre israélien de la défense Yoav Gallant (5), aient été capables d'agir intelligemment. En bref, les meilleurs services de renseignement du monde devenant soudainement sourds et aveugles, combinés à des animaux humains devenant soudainement intelligents, telle est la version dominante de l'attaque du Hamas du 12 octobre 2023.

S'agit-il vraiment d'un échec des services de renseignement israéliens ?

Quoi qu'il en soit, de nombreux signaux ont dû apparaître sur le radar des services de renseignement israéliens. Avec un budget annuel de 3 milliards de dollars et 7000 employés, le Mossad est la deuxième agence de renseignement occidentale après la CIA. Ce n'est un secret pour personne que le Mossad a largement infiltré les structures palestiniennes. Le Mossad dispose de milliers d'informateurs sur place, de sorte qu'il est tout à fait invraisemblable que cette agence de renseignement n'ait pas remarqué que des centaines de combattants du Hamas s'entraînaient en vue d'une attaque coordonnée. Étant donné que l'attaque du Hamas a nécessité une longue planification, la question est de savoir pourquoi personne - sauf apparemment les services de renseignement égyptiens, cfr infra - n'en a eu vent (6). 

Un responsable anonyme des services de renseignement égyptiens a déclaré à l'Associated Press qu'Israël avait ignoré les avertissements répétés selon lesquels le Hamas préparait "quelque chose d'énorme" : "Nous les avons prévenus qu'une explosion allait se produire - et très bientôt - et qu'elle serait énorme". Toutefois, il a déclaré qu'Israël minimisait la menace provenant de Gaza (7).  Cette affirmation a été soutenue par Michael McCaul, président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis (8), ainsi que par d'autres cadres égyptiens anonymes qui ont parlé au site d'information Ynet (9). Les responsables égyptiens ont déclaré à ce site d'information qu'ils étaient choqués par l'indifférence du Premier ministre Netanyahou à l'égard de leurs avertissements (10). 

En outre, si les services de renseignement égyptiens étaient si bien informés des préparatifs de l'attaque du Hamas, il est difficile d'imaginer que d'autres services de renseignement ne l'auraient pas remarqué. De même, les agences de renseignement américaines sont très actives au Proche-Orient, et la NSA en particulier est connue pour collecter pratiquement toutes les données circulant sur l'internet dans le monde entier. On peut se référer aux révélations d'Edward Snowden (11), ancien employé de la CIA et de la NSA, à cet égard.  La NSA a accès aux systèmes d'exploitation de Google, Microsoft et Apple, écoute les appels téléphoniques et lit les discussions de tous les fournisseurs occidentaux de messagerie et de courrier électronique. Étant donné que le Hamas utilise des technologies occidentales et qu'il a téléchargé au moins une vidéo (12) de son entraînement avant l'attaque, il est hautement improbable que la NSA n'ait rien détecté (13).

Pourquoi les services de renseignement israéliens ont-ils ignoré les préparatifs de l'attaque du Hamas ? Ayant infiltré les organisations palestiniennes à grande échelle, ils sont néanmoins parfaitement au courant de la plupart des plans des Palestiniens. Il est donc plus qu'improbable qu'une opération d'une telle ampleur, impliquant des centaines de combattants, ait été négligée. De plus, les services de renseignement modernes interceptent les communications électroniques, les ordinateurs, les téléphones portables, ... Il est difficile d'imaginer que le Hamas ait préparé l'opération Tempête Al-Aqsa complètement hors ligne (14). 

Bien sûr, il existe une possibilité théorique que les services de renseignement israéliens n'aient effectivement pas prêté attention aux avertissements d'autres agences de renseignement. Toutefois, cette hypothèse n'est pas crédible. Par conséquent, la question se pose sérieusement de savoir si l'attaque a été délibérément autorisée. En effet, les exemples de ce type ne manquent pas dans l'histoire.

On peut donc affirmer qu'il y avait suffisamment d'avertissements. Et cela n'est basé que sur les informations publiquement disponibles aujourd'hui. Il est possible qu'il y ait beaucoup plus d'informations en coulisses.

Thomas Röper, administrateur du célèbre site d'information germanophone Anti-Spiegel (15) et ancien expert en Europe de l'Est pour diverses sociétés de services financiers, est convaincu qu'Israël et les États-Unis étaient au courant de l'imminence de l'attaque du Hamas et qu'ils l'ont autorisée.

La clôture frontalière de haute technologie par laquelle Israël a fermé Gaza il y a longtemps est dotée de systèmes autonomes et d'une intelligence artificielle. Les systèmes de repérage de cette clôture frontalière sont si perspicaces que même un serpent dans le sable du désert provoque l'alarme ET que l'IA le reconnaît comme inoffensif, de sorte que les systèmes de mise à feu automatique ne tirent pas automatiquement sur les serpents.

Les systèmes de repérage de la clôture frontalière permettent aux gardes de voir à l'intérieur du territoire palestinien, de sorte qu'il est impossible pour les combattants du Hamas qui s'approchent de la clôture en voiture de ne pas être repérés. Les gardes-frontières israéliens les ont donc bien vus arriver, mais n'ont pas réagi. Les vidéos de l'assaut de la clôture en témoignent également : soit il n'y avait pas de gardes-frontières du tout, soit ils n'ont opposé pratiquement aucune résistance. On aurait dit que la barrière frontalière était grande ouverte.

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Ensuite, les combattants du Hamas ont pénétré en Israël à bord de pick-ups, sur une distance de 40 km. L'armée israélienne ne les a pas arrêtés, bien que la prise d'assaut de la clôture ait dû donner l'alerte. Où étaient les hélicoptères d'attaque israéliens qui avaient tout le temps de décoller et d'abattre les pick-up ? Même au niveau du gaz d'étalage, les pick-ups se sont déplacés pendant au moins une demi-heure, voire plus. Il y avait donc suffisamment de temps pour repousser l'attaque du Hamas. Néanmoins, personne n'a empêché les combattants du Hamas d'envahir les villes et les villages proches de la frontière. Sans aucune entrave, ils ont commis des massacres et pris des gens en otage.

Si tout cela est dû à des erreurs commises par les services de renseignement israéliens, des têtes doivent tomber. Des voix s'élèvent ici et là pour demander une enquête sur ces "défaillances", mais ni les Israéliens ni les Américains ne semblent pressés d'ouvrir une enquête. Il est très étrange que plus de 1 400 Israéliens aient été tués et que plus de 100 autres aient été pris en otage. Les grands médias sont également totalement silencieux sur la question (16).

Le Hamas a été créé par Israël : divide et impera.

Sous les gouvernements Rabin (1974-1977) et Begin (1977-1983), Israël a commencé à soutenir activement la branche palestinienne des Frères musulmans pour faire contrepoids à la popularité de l'OLP laïque, ainsi qu'aux États arabes laïques - qui luttaient activement contre l'islamisme - avec lesquels Israël était en guerre à l'époque : l'ennemi de mon ennemi est mon ami. L'islamisme n'était alors pas considéré comme une menace terroriste. En fait, Israël le considérait comme un allié naturel contre leurs ennemis communs.

En 1973, l'imam paralysé Sheikh Ahmed Yassin a fondé l'organisation Mujama Al-Islamiya, qui a contribué à la création de l'université islamique de Gaza, d'hôpitaux et d'écoles. Ce précurseur du Hamas est issu des Frères musulmans. Le cheikh Yassine était en si bons termes avec Israël qu'il était même soigné dans des hôpitaux israéliens. La Mujama Al-Islamiya a été officiellement reconnue par Israël comme une organisation caritative, ce qui lui a permis de collecter des millions de dollars. Israël a également soutenu la création de l'université islamique de Gaza (17).

Dans les années 1970 et 1980, Israël n'est pas intervenu dans les batailles entre l'OLP laïque dominante et les forces islamistes plus petites, car les luttes intestines mutuelles affaiblissaient l'OLP, qui menait alors des attaques terroristes contre des cibles israéliennes dans le monde entier. Au cours de cette période, Israël a donc contribué à transformer un groupe marginal d'islamistes palestiniens en l'organisation islamiste notoire qu'est aujourd'hui le Hamas. Après tout, diviser les Palestiniens était dans l'intérêt d'Israël.

Le général Yitzhak Segev, qui était gouverneur de l'administration militaire israélienne à Gaza au début des années 1980, a déclaré plus tard au New York Times qu'il avait financé le mouvement islamiste palestinien pour faire contrepoids à l'OLP laïque de Yasser Arafat : "Le gouvernement israélien m'a donné un budget et l'administration militaire a donné de l'argent aux mosquées".

Avner Cohen, un ancien fonctionnaire israélien qui a travaillé à Gaza pendant plus de 20 ans, affirme que cette politique a alimenté la montée de l'islamisme parmi les Palestiniens. Il a déclaré au Washington Post en 2009 : "Le Hamas est, à mon grand regret, la création d'Israël". Dès le milieu des années 1980, M. Cohen a même rédigé un rapport officiel à l'intention de ses supérieurs, dans lequel il mettait en garde contre le danger que représentait ce monstre islamiste créé par Israël (18). 

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Dès 1984, Israël a arrêté le cheikh Yassine suite à la découverte de caches d'armes secrètes. Il est cependant libéré dès 1985 (19).  La Mujama Al-Islamiya a été transformée en Hamas par le cheikh Yassine en 1987. Ce n'est que lorsque le Hamas a tué deux soldats israéliens en 1988 qu'Israël a cessé de favoriser le Hamas (20). Ce n'est qu'à partir de ce moment-là qu'Israël a commencé à considérer le Hamas comme un groupe terroriste. Le cheikh Yassine, paralysé, a été tué dans son fauteuil roulant en 2004 par des missiles Hellfire tirés par un hélicoptère Apache israélien.

Le célèbre journaliste d'investigation américain Seymour Hersh a publié une analyse du conflit de Gaza le 12 octobre 2023 (21).  Il s'est basé sur des informations internes provenant d'un vétéran de l'appareil de sécurité israélien. Lorsque Benjamin Netanyahou est redevenu premier ministre en 2009, il a préconisé de soutenir le Hamas afin de l'opposer à l'OLP. Netanyahou privilégie le financement du Hamas. Des centaines de millions de dollars en provenance du Qatar transitent régulièrement par Israël vers le Hamas. M. Netanyahou a fait valoir que le fait de faire transiter cet argent qatari par Israël garantissait qu'il ne pourrait pas être utilisé à des fins terroristes : "Maintenant que nous exerçons un contrôle, nous savons qu'il est utilisé à des fins humanitaires".

Netanyahou était convaincu que l'accord avec le Qatar sur le financement du Hamas lui permettait de mieux contrôler le Hamas que l'Autorité palestinienne, dominée par l'OLP. Ce faisant, il acceptait le risque que le Hamas tire occasionnellement des roquettes sur le sud d'Israël et que des membres du Hamas aient accès à des emplois en Israël. Ainsi, selon cette "doctrine Netanyahou", Israël créerait une sorte de Frankenstein tout en gardant le contrôle sur lui (22).

En 2019, M. Netanyahou a déclaré lors d'une réunion de son parti, le Likoud : "Quiconque veut contrecarrer la création d'un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et le transfert d'argent au Hamas" (23).

Bien que le Hamas soit un ennemi, cette politique de division et de conquête a bien servi Israël. La domination du Hamas islamiste sur Gaza a divisé politiquement le mouvement national palestinien, tandis qu'Israël disposait d'un prétexte pour enfermer les habitants de Gaza et les isoler du reste du monde.

Déplacement in extremis d'un festival de musique à la frontière de Gaza.

Lors du festival de musique psychédélique en plein air Supernova Sukkot Gathering, des Israéliens de gauche et des Juifs du monde entier (Allemagne, Grande-Bretagne, Brésil, ...) ont célébré "les amis, l'amour, la liberté infinie et la préservation de l'environnement". Ce festival de deux jours a débuté le 6 octobre 2023 et s'est déroulé près du kibboutz de Re'im, à seulement huit kilomètres de la plus grande prison à ciel ouvert de Gaza. Il s'agissait de la version israélienne du festival brésilien Universo Paralello.

Il s'est passé quelque chose d'étrange en ce qui concerne l'emplacement du festival de musique. À l'origine, l'événement devait se dérouler dans un lieu situé dans le sud d'Israël. Deux jours avant le début du festival, les organisateurs ont été informés qu'il ne pouvait pas avoir lieu à cet endroit. Le festival a donc été déplacé à proximité de Re'im, une zone peu sûre qui n'était pas adaptée à un tel événement. Pourquoi le lieu d'un festival international de musique serait-il déplacé dans un endroit peu sûr 48 heures à l'avance ?

En outre, selon la source israélienne citée par le journaliste d'investigation américain Seymour Hersch (cf. supra), les deux tiers des troupes israéliennes habituellement stationnées à la frontière de Gaza avaient été transférées en Cisjordanie avant le samedi (24). 

Peut-on dire que les quelque 3 500 participants au rassemblement de Souccoth Supernova, attaqué par le Hamas, ont été sacrifiés sur l'autel d'intérêts politiques supérieurs ?

Casus belli.

L'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 - un jour après le 50e anniversaire du début de la guerre du Kippour - était donc tout le contraire d'une attaque surprise. Il est clair que les services de renseignement israéliens avaient été prévenus de l'attaque. Cela soulève la question de savoir pourquoi le Premier ministre Netanyahou a autorisé l'attaque à venir du Hamas. Il doit y avoir des raisons à cela. Et il y en a.

Examinons ses conséquences politiques et diplomatiques. Tout d'abord, grâce à ce "Pearl Harbour", Israël a acquis un casus belli pour réaliser ses objectifs concernant la bande de Gaza, c'est-à-dire pour mener à la fois une guerre antiterroriste et une sorte de "solution finale" au problème du Hamas. Cela inclut la déportation d'une grande partie de la population de Gaza afin de rendre la région plus contrôlable. Comme nous le voyons tous les jours, Israël fait actuellement tout ce qu'il peut pour rendre Gaza de facto invivable. Outre les milliers de bombes larguées par l'armée de l'air israélienne sur la ville densément peuplée de Gaza, Israël a également coupé complètement l'eau, l'électricité et l'approvisionnement en nourriture, même si l'ONU a souligné que cela violait le droit international (25). 

En outre, les États-Unis pourraient soudainement détourner l'attention de la défaite imminente et inévitable en Ukraine. Par ailleurs, la vive protestation contre les réformes judiciaires de Netanyahou, qui durait depuis de nombreux mois, a brusquement été abandonnée (cf. infra).

Un énorme gisement de gaz naturel au large de Gaza.

Selon le géophysicien français Bertrand Scholler, les fonds marins au large de Gaza recèlent d'énormes quantités de gaz naturel qui intéressent non seulement Israël, mais aussi l'Union européenne. Selon M. Scholler, tout le conflit à Gaza tourne autour du gaz naturel.

Scholler est diplômé de la prestigieuse École nationale supérieure du Pétrole et des Moteurs de Paris (26). Cette ENSPM fait partie des grandes écoles françaises réputées (27) et forme des ingénieurs qui se destinent à des carrières professionnelles dans le secteur de l'énergie et des transports. Scholler a donc travaillé toute sa vie dans des secteurs tels que les télécoms et l'énergie, entre autres.

Scholler écrit sur son compte X que cette vaste richesse en gaz naturel pourrait transformer la région à jamais. Cependant, il met également en garde : "Les guerres pour l'or noir recouvrent les déserts d'un liquide rouge... Le sang de la population locale". En bref, Gaza est potentiellement très riche. La quantité de gaz naturel dans la zone économique exclusive de Gaza dépasserait même le champ de gaz naturel israélien Leviathan - le deuxième plus grand champ de gaz naturel de la Méditerranée. Le conflit actuel autour de Gaza est donc une opération sous fausse bannière, selon M. Scholler. Cela explique également pourquoi les États membres de l'UE tels que la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie laissent apparemment Israël détruire et conquérir Gaza sans se soucier des conséquences. Après tout, l'UE a désespérément besoin de ce gaz naturel depuis qu'elle s'est séparée du gaz naturel russe bon marché. Dans une guerre, il n'y a pas seulement des dommages de guerre, mais aussi... la possibilité de conquête ! Et la puissance militaire qui conquiert un certain territoire acquiert également les droits maritimes de ce territoire...(28).

Scholler étaye ses propos par les cartes ci-dessous :

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L'acquisition des énormes gisements de gaz naturel découverts au large de la côte de Gaza en 2000, qui appartiennent aux Palestiniens en vertu du droit international public, revêt donc une grande importance dans ce conflit. L'occupation de Gaza signifiera légalement que la pleine souveraineté sur ce gisement de gaz naturel palestinien sera exercée par l'occupant, c'est-à-dire Israël. À cette fin, Israël dépeuplera toute la moitié nord de la bande de Gaza.

Déportation forcée du nord de la bande de Gaza.

Selon le célèbre journaliste d'investigation Seymour Hersh, Israël envisage une sorte d'"approche de Leningrad" à l'égard de Gaza, par analogie avec la tentative allemande, pendant la Seconde Guerre mondiale, d'affamer la ville de Leningrad - aujourd'hui Saint-Pétersbourg (29). 

Le vendredi 13 octobre 2023 au matin, Israël a demandé à l'ONU d'évacuer le nord de la bande de Gaza : environ 1,1 million de Palestiniens devaient partir dans les 24 heures. Selon l'ONU, tous les habitants de Gaza pourraient être contraints de déménager (30).

Il n'est donc pas exclu que l'ensemble de la bande de Gaza soit bientôt sous contrôle israélien. Selon divers médias, le dimanche 15 octobre 2023, plus de 800 000 Palestiniens avaient déjà fui vers le sud (31).  Le lundi 16 octobre 2023, ils étaient déjà 1 million et le lundi 23 octobre 2023, 1,4 million de réfugiés palestiniens. Cela représente 61 % des plus de 2,3 millions d'habitants de la bande de Gaza.

Cette déportation forcée et massive de civils marque le début de la destruction, du nettoyage ethnique et de l'appropriation de tout le nord de la bande de Gaza. Israël ne doit pas s'inquiéter de la réaction de l'opinion publique israélienne, car l'ampleur de l'attaque du Hamas a été si choquante que même les Israéliens les plus indulgents ne s'opposeront pas à un tel conflit.

Soudain, tout le monde est derrière Netanyahou.

Depuis mars 2023, des manifestations massives et violentes ont eu lieu en Israël contre la réforme judiciaire de Netanyahou, parce que des affaires pénales pour fraude, abus de confiance et corruption étaient en cours contre lui et qu'il pourrait également bénéficier personnellement de la réforme (32). Plus de 100 000 Israéliens ont manifesté tous les samedis et une grève générale a également eu lieu.

Tout comme après les attentats du 11 septembre 2001, tout le monde avait soudainement oublié, du jour au lendemain, l'élection controversée du président Bush Jr (33), tout le monde en Israël avait soudainement oublié les projets controversés de Netanyahou visant à réformer le système judiciaire. Tout le monde s'est immédiatement rangé derrière Netanyahou, qui se présente comme un défenseur d'Israël. Netanyahou a donc clairement bénéficié politiquement de l'attaque du Hamas contre Israël (34). 

Les contradictions internes de la politique israélienne, dans un contexte de perte de légitimité de Netanyahou, ont été soudainement comblées. Un front uni s'est formé contre un ennemi extérieur, les partis d'opposition se joignant à Netanyahou pour former un gouvernement d'unité nationale. Il s'agit d'une astuce bien connue des historiens : lorsqu'un gouvernement est en difficulté, il tente d'orienter le pays vers un ennemi extérieur afin de détourner l'attention des problèmes internes ou des scandales. Cette astuce ancienne fonctionne encore très bien. Ainsi, de ce point de vue, l'attaque du Hamas a apporté le salut politique à Netanyahou, aussi cynique que cela puisse paraître (35).

Soudain, tout le monde a oublié la guerre en Ukraine.

Ensuite, il y a la question de savoir comment les États-Unis peuvent tirer profit de l'actuel conflit à Gaza. Il y a une réponse à cela aussi.

Un article publié en janvier 2023 par l'influent groupe de réflexion RAND Corporation et des articles parus dans les grands médias montrent que les États-Unis cherchent une stratégie de sortie de la guerre en Ukraine. L'article de la RAND Corporation conseille au gouvernement américain de se retirer de l'Ukraine, de reconnaître les annexions russes et de lever les sanctions contre la Russie. La RAND Corporation est l'un des groupes de réflexion les plus influents des États-Unis. Des faucons néoconservateurs comme Donald Rumsfeld, Condoleezza Rice et Lewis Libby, entre autres, ont travaillé pour cette organisation, tout comme 32 lauréats du prix Nobel (36).

L'article susmentionné de la RAND montre que les auteurs ont réalisé que la mise en œuvre de leurs recommandations serait compliquée par le fait qu'un changement soudain de la politique américaine à l'égard de l'Ukraine serait impossible à défendre auprès de l'opinion publique et des alliés des États-Unis. La RAND a donc réfléchi à la manière de convaincre l'opinion publique et les responsables politiques occidentaux de cesser de soutenir l'Ukraine. Bien que les déclarations officielles des hommes politiques occidentaux semblent toujours inchangées, ces mesures ont été largement mises en œuvre : L'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN n'est plus à l'ordre du jour depuis le sommet de l'OTAN à Vilnius, la volonté occidentale de soutenir l'Ukraine s'est émoussée, les programmes d'aide à l'Ukraine fondent comme neige au soleil, ... Bien que l'Ukraine puisse être accusée de divers péchés, l'opinion publique occidentale, attisée par les médias grand public, pourrait encore poser des questions dangereuses si l'Occident cessait soudainement d'aider l'Ukraine.

L'attaque du Hamas contre Israël a bien servi les États-Unis à cet égard, car elle a pratiquement éliminé la guerre en Ukraine des médias grand public. L'intérêt du public occidental s'est ainsi déplacé de l'Ukraine vers Gaza, rendant possible un scénario dans lequel l'Ukraine serait militairement vaincue par l'armée russe ET où l'Ukraine serait blâmée pour cette défaite. Ce scénario fournirait alors l'excuse nécessaire pour faire comprendre à l'opinion publique occidentale que l'aide à l'Ukraine peut être progressivement supprimée.

Pour que cela se produise, il faudrait que le conflit à Gaza dure au moins plusieurs semaines. Si un massacre de Palestiniens pendant plusieurs semaines risque de provoquer des réactions incontrôlées dans le monde arabe, cela aurait l'avantage de convaincre plus facilement l'opinion publique occidentale de cesser de soutenir l'Ukraine et d'apporter son soutien à Israël (37).

On change de récit en Occident comme on change de chemise, tant que le récit dominant reste dans l'esprit des Occidentaux pendant un certain temps.

Épilogue

Une solution pacifique à ce conflit, dans laquelle les Palestiniens acquièrent enfin un État libre et souverain, est malheureusement irréaliste à l'heure actuelle en raison de la domination de la politique israélienne par les forces d'extrême droite et ultra-orthodoxes, mais aussi en raison du soutien diplomatique qu'Israël reçoit de l'Occident, dans lequel le veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU et d'autres processus sapent les fondements du droit international.

Notes:

mardi, 24 octobre 2023

La Finlande semble savoir qui est à blâmer pour le sabotage du gazoduc Balticconnector. Qu'elle le prouve...

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La Finlande semble savoir qui est à blâmer pour le sabotage du gazoduc Balticconnector. Qu'elle le prouve...

Source: https://geoestrategia.es/noticia/41663/ultimas-noticias/finlandia-parece-saber-quien-tiene-la-culpa-del-sabotaje-al-balticonector.-que-lo-demuestren.html

Le Bureau national d'enquête finlandais (NBI) a publié un rapport :

"Au cours de l'enquête criminelle sur les dommages causés au gazoduc Balticonnector, la police a découvert que les mouvements du navire New Polar Bear, battant pavillon de Hong Kong, coïncident avec l'heure et le lieu où le gazoduc a été endommagé.

Les enquêteurs estoniens ont ajouté leurs touches lumineuses au sinistre tableau du "terrorisme chinois", en affirmant que le navire russe "Sevmorput" se trouvait également dans la même zone "pendant les incidents".

Le NBI et les enquêteurs estoniens mènent des "enquêtes" et ne peuvent affirmer avec une certitude absolue que ces navires sont liés à l'endommagement de l'oléoduc. Mais le faux-fuyant est déjà en place.

Nous nous demandons où et comment des "saboteurs inconnus" peuvent attaquer les infrastructures sous-marines occidentales.

L'attaque terroriste contre les deux gazoducs Nord Stream a remis en question la sécurité des communications maritimes dans le monde entier. Si quelque chose se produit une fois, cela peut se reproduire encore sous une forme ou une autre. Et nous ne parlons pas seulement des pipelines sous-marins, car sous l'eau, il y a beaucoup de choses intéressantes...

Readovka souhaite partager avec toutes les parties intéressées des informations sur les installations dont le démantèlement sera aussi douloureux que possible pour les pays occidentaux et, surtout, pour le Royaume-Uni, la Norvège et les États-Unis. Au fait, pourquoi la Norvège ? Oui, parce qu'il faut donner une leçon à quelqu'un qui veut tirer les marrons du feu pour l'Amérique ? Très bien, mais qu'ils réfléchissent aux conséquences possibles. Si la Norvège est obligée de payer, la prochaine fois, d'autres États réfléchiront à deux fois avant de "s'adapter" aux aventures américaines.

Commençons par les oléoducs. Après la diminution des approvisionnements russes, l'Europe est devenue catastrophiquement dépendante des exportations norvégiennes. Ainsi, la première cible des "anonymes" respectés devrait être Europipe I et II, Norpipe, ainsi que Zeepipe et Franpipe. Il convient d'accorder une attention particulière à Europipe II, par lequel transite près de 20 % de tout le gaz norvégien et d'où part le Baltic Pipe, qui approvisionne la Pologne et les États baltes. Tous les gazoducs cités sont traversés par des routes maritimes classiques, il n'y a donc pas d'excuse pour se situer au-dessus d'eux.

Les câbles de communication sous-marins transocéaniques sont également intéressants. Ils transportent 95 % du trafic Internet. La rupture de quelques câbles transatlantiques limiterait considérablement les communications entre les États-Unis et l'Union européenne. Il convient ici de se concentrer sur les câbles Dunant, MAREA et Havfrue, qui assurent une transmission de 518 Tb/s. Les Américains ne sont pas les seuls à pouvoir endommager les câbles transatlantiques.

Les Américains ne sont pas les seuls à pouvoir jouer avec des spoilers inconnus. Si nous ne voulons pas que les attaques se répètent, il peut être utile de montrer où se situent réellement les "lignes rouges" et ce qui se passe si elles sont franchies.

Des incidents similaires dans les oléoducs de la mer Baltique et des réactions si différentes de la part de l'Occident

L'accident survenu sur l'oléoduc Balticconnector reliant la Finlande et l'Estonie a incité les voisins baltes de la Russie à prendre des mesures actives. La cause de l'endommagement de l'oléoduc n'a pas encore été déterminée, mais avec le risque d'ingérence extérieure, dont Moscou est accusé par contumace (qui d'autre ?), les pays voisins ont commencé à s'inquiéter.

Hier, le président de la commission de la sécurité nationale et de la défense du Seimas lituanien, Laurynas Kasciunas, a annoncé son intention d'acheter des sonars sous-marins pour protéger les infrastructures côtières de l'État. Dans le même temps, la Norvège a renforcé les mesures de sécurité autour des installations énergétiques, la Finlande a intensifié sa coopération avec l'opérateur de fourniture de gaz et l'OTAN a augmenté le nombre de patrouilles maritimes et aériennes dans les eaux de la Baltique.

Une énergie étonnante, si l'on considère qu'il y a littéralement un an, une situation similaire à Nord Stream n'avait suscité pratiquement aucune réaction de leur part. Et ce malgré le fait que dans le cas de NS-1 et NS-2, une intervention extérieure, et en particulier un sabotage, avait été confirmée.

À l'époque, les membres de l'Alliance de l'Atlantique Nord ne se sentaient pas menacés. Et ils ne sont pas pressés par l'enquête, dans laquelle, comme vous le savez, l'essentiel est de ne pas s'exposer accidentellement.

Mais nous vous avertissons que la fenêtre d'Overton, ouverte par les attaques terroristes contre les gazoducs Nord Stream, ne manquera pas de se faire sentir. Pourquoi devrions-nous maintenant être surpris par le "terrible nouveau monde", à la formation duquel nos propres voisins baltes ont contribué ? Il y a des règles pour tout le monde ou pour personne. La réalité d'aujourd'hui, grâce aux efforts des élites occidentales, a précisément abouti à la deuxième option.

mercredi, 11 octobre 2023

Le gazoduc entre la Finlande et l'Estonie gravement endommagé

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"Une action extérieure"

Le gazoduc entre la Finlande et l'Estonie gravement endommagé

Source: https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2023/gas-pipeline-zwischen-finnland-und-estland-schwer-beschaedigt/

L'affaire rappelle le sabotage de "Nord Stream 2". Le gazoduc "Baltic connector" entre la Finlande et l'Estonie est gravement endommagé. Le gouvernement d'Helsinki a désormais de graves soupçons.

HELSINKI . Les dirigeants finlandais ont mis en cause des tiers encore inconnus dans la panne généralisée du gazoduc "Baltic connector". Il est "probable" que les dommages causés au gazoduc et à un câble de données situé à proximité "aient été causés par une action extérieure", a annoncé le bureau du président finlandais Sauli Niinistö. On ne sait donc pas encore ce qui a concrètement causé les dommages.

L'exploitant du gazoduc, la société Gasgrid, avait enregistré dimanche une chute soudaine de la pression dans la conduite et a aussitôt fermé le gazoduc. "En raison de cette chute de pression inhabituelle, on peut raisonnablement penser que l'incident a été causé par un endommagement du gazoduc offshore et une fuite qui en a résulté", a souligné Gasgrid. Le gazoduc de plus de 150 kilomètres entre la Finlande et l'Estonie a été mis en service en 2020 et peut transporter jusqu'à sept millions de mètres cubes de gaz.

Cette affaire rappelle le sabotage du gazoduc "Nord Stream 2" entre la Russie et l'Allemagne. Le tracé a été détruit il y a environ un an par des auteurs encore inconnus. Les informations selon lesquelles les indices de l'attentat mèneraient en Ukraine se sont multipliées récemment. Le gouvernement de Kiev dément toute implication dans l'attentat. (ho)

mardi, 10 octobre 2023

L'Italie atlantiste a remplacé le gaz russe par du gaz algérien pro-Hamas et pro-russe. Mais elle le paie plus cher

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L'Italie atlantiste a remplacé le gaz russe par du gaz algérien pro-Hamas et pro-russe. Mais elle le paie plus cher

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/litalia-atlantista-ha-sostituito-il-gas-russo-con-quello-dellalgeria-filo-hamas-e-filo-russa-pero-lo-paga-di-piu/

Les atlantistes n'ont pas eu le temps de se réjouir du fait que l'Algérie avait retiré sa demande d'adhésion aux Brics, que la douche froide est immédiatement arrivée: Alger s'est hissé au premier rang pour exprimer sa solidarité avec les Palestiniens. Précisons que le fait de faire partie ou non de l'accord avec le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud ne remet nullement en cause l'appartenance au Global South. Cela ne remet pas non plus en question le choix des alliances, la conscience de qui sont les amis et les ennemis.

Une différence abyssale avec ceux qui confondent maître et ami. L'amitié suppose la liberté de choix, la servitude n'offre pas le même privilège. De plus, avoir un maître, c'est risquer de faire tous les mauvais choix. Pour plaire au maître, on se fait du mal à soi-même.

Ainsi, il devient pathétique pour les institutions italiennes d'arborer des symboles israéliens au moment où elles achètent 26 milliards de mètres cubes de gaz à l'Algérie. Et ce, pour réduire les achats de gaz russe à des prix inférieurs, pour obéir à Rimbam-Biden. Aujourd'hui, souligne Marco Rizzo, leader de Democrazia Sovrana Popolare, le principal fournisseur de gaz de l'Italie est le pays d'Afrique du Nord le plus proche du Hamas, tout en continuant à être proche de Moscou.

Oui, car le renoncement aux Brics n'est qu'une question technique, liée à la formule actuelle qu'Alger juge inutile pour le pays. Mais le lien avec la Russie reste plus que solide. Tandis que pour l'Italie américanophile, le coût de l'énergie s'aggrave, mettant à genoux familles et petites entreprises. Sans même entamer l'alliance de plus en plus solide entre les pays du Sud. Au contraire, la répression annoncée par Israël pourrait encore aggraver la situation de l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Et en perspective aussi des approvisionnements en autres matières premières indispensables à un Vieux Continent qui en manque cruellement quand il n'en est pas totalement dépourvu.

mardi, 12 septembre 2023

Fini le gaz russe ! Les atlantistes achètent maintenant de l'uranium russe pour les centrales nucléaires

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Fini le gaz russe ! Les atlantistes achètent maintenant de l'uranium russe pour les centrales nucléaires

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/basta-con-il-gas-russo-ora-gli-atlantisti-acquistano-luranio-russo-per-le-centrali-nucleari/

Finis les gazoducs de méthane en provenance de Russie ! Faisons des sacrifices pour le cercle corrompu autour de Zelensky et achetons, au prix fort, du gaz liquéfié. Et nous ruinons la zone marine protégée de Bergeggi (Italie) pour y faire entrer les méga-navires et y installer le regazéificateur. Celui-ci traitera le GNL acheté à la Russie... Brillant ! Donc plus de gaz et, au nom de la protection de l'environnement, place au nucléaire.

Bravo, bis, encore ! Et qui gère près de 50% de l'approvisionnement mondial en combustible nucléaire ? Rosatom, un groupe russe. Bien sûr, d'autres pays exploitent l'uranium - du Niger à l'Ouzbékistan en passant par le Kazakhstan - mais c'est la Russie qui l'extrait et le transforme pour produire l'isotope utilisable.

Ce n'est pas un hasard si les exportations nucléaires de Moscou ont augmenté de manière significative. En effet, des financements sont proposés pour la construction de centrales nucléaires utilisant des technologies russes. De plus, les accords prévoient l'approvisionnement par Rosatom pour les 50 à 60 prochaines années. Les pays africains sont particulièrement intéressés par les initiatives nucléaires russes, mais les sanctions obsessionnelles de Washington ont également doublé les importations d'uranium russe au cours du premier semestre de cette année.

Et si Moscou approvisionne ses ennemis, c'est une raison de plus pour passer des accords avec ses amis. Ainsi, en juin, la Russie a envoyé sa première cargaison d'uranium à l'Inde en trois ans. Tandis que, sur le front atlantiste, le Niger a annoncé qu'il continuerait à fournir de l'uranium brut à la France, mais que le prix serait multiplié par 20.

vendredi, 10 mars 2023

Il n'y a pas seulement le gaz et le pétrole: les Européens dépendent aussi du combustible nucléaire russe

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Il n'y a pas seulement le gaz et le pétrole: les Européens dépendent aussi du combustible nucléaire russe

Source: https://zuerst.de/2023/03/10/nicht-nur-gas-und-oel-die-europaeer-sind-auch-von-russischen-kernbrennstaeben-abhaengig/

Bruxelles/Moscou. Le fait que les Européens se tirent une balle dans le pied en boycottant les importations d'énergie russe n'est pas nouveau. Mais l'UE ne dépend pas seulement du gaz et du pétrole russes, mais aussi du combustible nucléaire russe. Au sein de l'UE, c'est donc surtout la France qui se trouve dans le pétrin.

Des mouvements de retrait se font déjà sentir. Le conseiller municipal viennois en charge du climat, Jürgen Czernohorszky, qui préside le réseau de villes Cities for Nuclear Free Europe (CNFE), conseille ainsi d'exclure complètement le secteur nucléaire des sanctions. "L'UE n'a pas d'autre choix que d'exclure totalement l'énergie nucléaire du dixième train de sanctions récemment adopté contre la Russie. Car l'Europe s'est de plus en plus livrée dans le domaine nucléaire au fil des années", déclare Czernohorszky.

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En France, sans le combustible nucléaire russe, ce n'est pas seulement l'approvisionnement en énergie qui serait menacé, mais aussi la capacité opérationnelle de l'armée - les sous-marins nucléaires français dépendent également du ravitaillement en combustible nucléaire russe.

Dans les anciens pays du bloc de l'Est, l'approvisionnement en énergie est particulièrement dépendant du bon vouloir de la Russie - les éléments combustibles pour les anciens réacteurs nucléaires de type VVER-440 ne peuvent actuellement être fournis que par des entreprises russes. La Hongrie continuera également à dépendre du combustible nucléaire russe - Budapest est en train de faire construire deux nouveaux réacteurs par l'entreprise énergétique publique russe ROSATOM. Budapest s'oppose donc aux sanctions occidentales. (mü)

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vendredi, 10 février 2023

Chrupalla demande des explications - L'explosion de Nord Stream : Les questions brûlantes de l'AfD

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Chrupalla demande des explications

L'explosion de Nord Stream: les questions brûlantes de l'AfD

Source: https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2023/nord-st...

Suite au rapport d'un journaliste vedette selon lequel les États-Unis et la Norvège auraient fait sauter les pipelines, l'AfD demande des commissions d'enquête. Elle exprime des soupçons inouïs.

BERLIN - Le président du groupe parlementaire AfD au Bundestag, Tino Chrupalla, a demandé la mise en place de commissions d'enquête dans le cadre de l'attentat contre les gazoducs Nord Stream. Selon lui, tant le Bundestag que le Parlement européen doivent examiner si les Etats-Unis et la Norvège ont fait exploser les pipelines. C'est la nouvelle qu'avait diffusée le célèbre journaliste d'investigation américain Seymour Hersh dans un rapport dont la JUNGE FREIHEIT a rendu compte en détail ici : https://jungefreiheit.de/politik/2023/usa-sprengung-nord-stream/ .

Chrupalla a maintenant déclaré : "Les soupçons du lauréat du prix Pulitzer doivent absolument être examinés". Des "commissions d'enquête" doivent maintenant répondre à toutes les questions en suspens. Le Bundestag a "le droit de savoir de quelles connaissances dispose le gouvernement fédéral". Le chef de l'AfD a posé une question inouïe : "Des représentants du gouvernement étaient-ils peut-être au courant de la planification de l'attentat?"

Ce que Hersh écrit sur Scholz, Biden et Nord Stream

Hersh avait écrit: "Après avoir vacillé, Olaf Scholz était désormais fermement installé dans l'équipe américaine". Il faisait référence à une rencontre entre le chancelier et le président américain Joe Biden le 7 février dernier. Lors de la conférence de presse commune, le chef d'État américain avait déclaré à propos de la guerre alors imminente contre l'Ukraine: "Si la Russie envahit l'Ukraine, il n'y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin".

Le président du groupe parlementaire de l'AfD demande maintenant: "La puissance dirigeante de l'OTAN a-t-elle commis une attaque dans les eaux européennes contre des infrastructures critiques vitales de notre pays?". Si tel était le cas, il faudrait se demander si l'Alliance garantit la sécurité en Europe ou si elle ne la met pas plutôt en danger. Le retrait de toutes les troupes américaines en serait la conséquence".

Selon Chrupalla, le Parlement européen devrait rassembler toutes les connaissances des autorités nationales: "Les États européens ne doivent pas se laisser faire par de telles ingérences violentes. Ils doivent encore moins y participer" (fh).

Les États-Unis ont saboté les gazoducs Nord Stream: pas vraiment une surprise

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Les États-Unis ont saboté les gazoducs Nord Stream: pas vraiment une surprise

Par Alexander Schwarz

Source: https://ansage.org/usa-sabotierten-nord-stream-keine-wirk...

Depuis que le légendaire journaliste américain Seymour Hersh, aujourd'hui âgé de 85 ans, a expliqué de manière plausible dans un dossier retentissant que le gouvernement américain était à l'origine du dynamitage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique en septembre dernier, confirmant ainsi le scénario le plus probable de cet acte de sabotage pour les analystes et les observateurs critiques, les médias sociaux sont en ébullition. Selon Hersh, la décision aurait été prise dès la fin 2021, avant l'invasion de l'Ukraine. En juin 2022, des plongeurs de la marine américaine auraient placé des explosifs sur les pipelines dans le cadre de l'exercice de l'OTAN "Baltops 2022", qui auraient ensuite été déclenchés à distance en septembre. L'opération a été ordonnée par le président Joe Biden et menée sous la direction de l'agence de renseignement extérieur CIA, selon Hersh. Des plongeurs de la Marine - et non des membres des forces spéciales - ont été spécialement utilisés pour cette opération, car les opérations secrètes des forces spéciales ne relèvent pas du seul commandement militaire, mais doivent être signalées au Congrès et communiquées à l'avance à ses dirigeants.

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L'annonce faite en janvier 2022 par la sous-secrétaire d'État Victoria Nuland, qui avait menacé de manière éloquente de désactiver le gazoduc (elle avait dit textuellement: "Je veux vous dire très clairement aujourd'hui que si la Russie envahit l'Ukraine, Nord Stream 2 sera bloqué d'une manière ou d'une autre"), aurait été utilisée par la CIA pour faire passer l'opération de sabotage du niveau le plus élevé à celui d'une opération régulière de haute sécurité, évitant ainsi tout contrôle parlementaire. Le pouvoir de décision revenait donc uniquement à Biden.

Des démentis attendus

Sans surprise, le rapport de Hersh, qui s'appuie sur une source interne non identifiée, a été vigoureusement démenti à Washington. La Maison Blanche a fait savoir par l'intermédiaire de la porte-parole du Conseil de sécurité nationale que "c'est totalement faux et une invention totale". La CIA a réagi presque dans les mêmes termes: "Cette affirmation est complètement et totalement fausse". La ministre norvégienne des Affaires étrangères a également déclaré que le rapport était "faux". Cela n'invalide cependant pas la plausibilité de la démonstration de Hersh. De toute façon, l'affaire ne pourra pas être balayée d'un revers de main: Hersh, lauréat du prix Pulitzer, n'est pas n'importe qui, il est considéré comme l'un des reporters les plus célèbres des Etats-Unis. Il a notamment révélé le massacre perpétré par les troupes américaines dans le village vietnamien de My Lai en 1969 et la torture de prisonniers irakiens à la prison d'Abu Ghraib en 2004. Depuis que, tout en conservant son indépendance journalistique, il a révélé à plusieurs reprises des faits dérangeants qui embarrassaient la gauche qui le célébrait jusqu'alors, et qu'il s'est opposé à certains récits officiels - par exemple sur l'assassinat d'Oussama ben Laden ou les attaques au gaz toxique du régime Assad - il a été catalogué, comme c'est souvent le cas aujourd'hui, parmi les "théoriciens du complot".

Dans le cas présent de Nord Stream, Hersh ne spécule pas vraiment, il fournit au contraire un faisceau d'indices convaincants et présente une argumentation extrêmement cohérente et logique. La paternité des explosions du gazoduc par les États-Unis expliquerait également le silence frappant du gouvernement fédéral et de la plupart des médias sur cet acte monstrueux, qui a disparu des gros titres en un rien de temps, comme par magie, alors qu'il s'agissait en fait d'un acte de guerre et que Nord Stream 1 avait été pendant de longues années l'épine dorsale de l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne et l'objet d'un débat politique parfois acharné. Malgré cela, le dynamitage a été et est toujours traité comme un détail par les officiels et les médias.

Pas un sujet pour les médias d'État allemands

Par conséquent, les révélations de Hersh n'ont même pas été mentionnées par le Tagesschau - bien que la chaîne ARD ait salué l'année dernière Hersh comme "une épine dans le pied des puissants", qui "montre à l'opinion publique mondiale le visage hideux des Etats-Unis". Hersh a également été acclamé avec frénésie par Die Zeit. Aujourd'hui, à l'ère de Biden et de la solidarité pro-ukrainienne servile de la gauche allemande et de ses médias de cour, l'extase a apparemment disparu. Indépendamment de l'exposé de Hersh, il est clair que si, comme il l'a affirmé à l'époque, il existait effectivement la moindre preuve de l'implication de la Russie dans l'explosion, le gouvernement allemand l'aurait dénoncée sans relâche. Comme cela n'a pas été le cas et que le sujet a été délibérément minimisé, il ne reste en fait que les États-Unis comme seul pays ayant la volonté, le pouvoir et l'intérêt de détruire les pipelines - d'autant plus qu'un Joe Biden présomptueux avait quasiment annoncé cette mesure devant la presse mondiale en présence du chancelier allemand Olaf Scholz en février 2022 - au grand désarroi de ceux qui avaient planifié l'action, comme le note Hersh. Il est donc impossible de rejeter son rapport et de le placer dans le domaine de la fable aussi grossièrement que l'on tente de le faire aujourd'hui...

 

lundi, 06 février 2023

La solidarité canadienne n'est pas au rendez-vous: pas de gaz naturel liquéfié pour les Européens

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La solidarité canadienne n'est pas au rendez-vous: pas de gaz naturel liquéfié pour les Européens

Source: https://zuerst.de/2023/02/02/mit-der-solidaritaet-kanadas...

Québec/Bruxelles. La solidarité énergétique occidentale ne porte pas très loin. Le Canada offre actuellement un exemple dissuasif de la manière dont les "partenaires" occidentaux ne devraient pas se comporter les uns avec les autres. Le cas: lorsque l'UE a déclaré au printemps 2022 qu'elle renonçait aux livraisons de gaz russe en réaction à la guerre en Ukraine, les gouvernements européens ont vanté le passage au gaz dit GNL (gaz naturel liquéfié) comme une grande alternative. Les Etats-Unis et le Canada, entre autres, ont été évoqués comme fournisseurs pour remplacer les livraisons de gaz russe interrompues.

Alors que l'industrie américaine du GNL a largement profité de l'arrêt de la concurrence russe, le Canada ne veut plus rien savoir de ses promesses d'aide antérieures. Le pays ne veut pas construire de terminaux de transbordement pour le transport maritime de gaz naturel liquéfié vers l'Europe - en raison de la protection du climat.

Pour acheminer le GNL vers l'Europe, il faudrait construire de nouveaux terminaux GNL sur la côte est du Canada. Mais les provinces locales s'y opposent.

Actuellement, les provinces de l'ouest du Canada, la Colombie-Britannique, l'Alberta et la Saskatchewan, approvisionnent le marché asiatique. De là, le gaz est acheminé par gazoduc vers les États-Unis et ensuite vers l'est du Canada. La côte est ne dispose pas de terminaux pour le transport vers l'Europe.

Les politiciens canadiens ont maintenant clairement indiqué que cela devait rester ainsi. En pleine crise du gaz, le pays passe ainsi à côté d'une énorme opportunité et laisse en même temps tomber l'Europe.

Le comportement de la province de Québec est exemplaire. A l'été 2021, à peine huit mois avant le début de la guerre en Ukraine, le gouvernement du Québec a décidé de réduire ses émissions de CO2 en utilisant des sources d'énergie à faible teneur en carbone. Il a donc refusé d'autoriser le projet d'exportation Énergie Saguenay LNG, d'un coût de 14 milliards de dollars. Il aurait dû transporter du gaz naturel de l'Ouest canadien vers un terminal de liquéfaction et d'exportation à Saguenay, au Québec. Pour ce faire, un nouveau gazoduc de 780 kilomètres de long aurait été nécessaire depuis le nord de l'Ontario.

François Legault, le premier ministre du Québec, avait initialement soutenu le projet, mais a ensuite changé d'avis. L'une des raisons en était l'opposition locale, dont un groupe d'écologistes politiquement actifs et bruyants. La guerre en Ukraine n'a pas non plus changé la donne. De plus, le Québec a décidé d'interdire toute exploitation de pétrole et de gaz naturel. Cette décision a été prise sept semaines après le début de la guerre en Ukraine.

Pourtant, le 24 mars, le Canada a participé à une réunion avec l'Agence internationale de l'énergie et a explicitement promis d'aider l'Europe à remplacer les approvisionnements russes en charbon, pétrole et gaz naturel. Le ministre canadien des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a déclaré : "Le Canada a la capacité d'augmenter ses exportations de pétrole et de gaz jusqu'à 300.000 barils par jour d'ici 2022 afin de renforcer la sécurité énergétique mondiale après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Par conséquent, "le Canada étudie les possibilités de remplacer le gaz russe par du GNL canadien, suite à la demande de pays européens".

Les promesses sont restées lettre morte. La solidarité du Canada avec ses partenaires européens ne porte pas loin (mü).

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mardi, 27 décembre 2022

Après la Russie, c'est au tour du Qatar. Et nous n'aurons plus qu'à acheter du gaz aux Américains

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Après la Russie, c'est au tour du Qatar. Et nous n'aurons plus qu'à acheter du gaz aux Américains

Nous recevons et publions les analyses et réflexions de l'historien et essayiste Michele Rallo, ancien député de la République italienne.

Par Michele Rallo

Source: https://comedonchisciotte.org/dopo-la-russia-tocca-al-qatar-e-a-noi-non-restera-che-comprare-il-gas-dagli-americani/

Il y a définitivement trop de coïncidences.

C'est une coïncidence que la guerre de l'OTAN contre la Russie (déguisée en guerre entre la Russie et l'Ukraine) ait abouti à la fin de la "dépendance" de l'Europe vis-à-vis du gaz russe.

C'est une coïncidence que l'Europe doive compter sur la "dépendance" d'autres fournisseurs et que les États-Unis puissent placer leur coûteux gaz de schiste dans nos pays.

Et voilà maintenant une troisième coïncidence: le scandale providentiel du "Qatargate" amène l'Union européenne à une quasi-rupture avec le Qatar. Le Qatar qui - par pure coïncidence - est actuellement le deuxième plus grand fournisseur de gaz à l'Europe. Et comme le Qatar menace - en représailles - de couper nos approvisionnements en gaz, la part des États-Unis dans les approvisionnements en gaz (très chers) monterait en flèche: et hop, que voilà une quatrième coïncidence! Dans le même temps, comme un effet secondaire inévitable, les pays européens (l'Italie en tête) devraient dépenser encore plus sur leurs factures énergétiques; encore une fois de plus - coïncidence parmi les coïncidences - au profit de Washington.

Soyons clairs : je ne veux pas défendre le PD socialiste italien ni même les petites vierges du Parlement européen qui s'étonnent d'apprendre qu'un système de lobbying organisé (celui du "lobbying" d'importation américaine) a généré des scandales flagrants de corruption. Tout cela est probablement vrai. Mais il est néanmoins surprenant que les services secrets belges aient décidé d'enquêter - seulement maintenant - sur ce qui se passe dans les bureaux secrets de Strasbourg. À l'instigation de collègues des Émirats arabes unis - a-t-on dit - qui sont hostiles au Qatar pour des raisons de politique interne dans l'aire sunnite. 

C'est peut-être vrai. Mais je ne crois pas que les services émiratis soient parmi les mieux équipés et les plus performants du Moyen-Orient. Peut-être - c'est ma malignité - ont-ils à leur tour reçu un tuyau des services secrets de quelque grande, très grande, puissance occidentale. Ces derniers - que je continue à malmener - auraient alors pu convaincre les Belges d'accepter les suggestions venant des Emirats, et ainsi mettre le doigt dans ces engrenages européens infernaux dont les 007 de Bruxelles s'étaient jusqu'à présent obstinément tenus à l'écart.

Et - si l'on souhaite poursuivre l'hypothèse - on pourrait ajouter que le Qatar n'est pas seulement un grand producteur de gaz naturel, mais aussi un pays qui joue un rôle très particulier dans les équilibres internationaux. Il est inextricablement lié à la Turquie (un pays "désobéissant" au sein de l'OTAN qui a refusé d'adhérer aux sanctions contre la Russie) et est, en même temps, une sorte de première escale pour la Chine au Moyen-Orient. Les liens - entre les deux pays - sont très, très étroites. Selon certains, le Qatar jouerait même un rôle de "charnière" (également économique) entre Ankara et Pékin. Selon d'autres - mais une chose n'exclut pas l'autre - le Qatar serait également une sorte de rampe de lancement pour la pénétration de la Chine en Afrique.

Et que dire de ce qui se passe de l'autre côté du golfe Persique ? Sommes-nous sûrs que les protestations contre le gouvernement de l'Iran constituent un événement entièrement spontané ? Pas les protestations - sacro-saintes - contre un régime tristement obscurantiste et sa brutale "police morale". Pas les manifestations - disais-je - qui sont certainement authentiques et spontanées... Pas les manifestations, mais la tentative de les prolonger indéfiniment - au prix de centaines de morts - afin de les transformer en un coup d'État violent contre un gouvernement qui, avec tous ses défauts, est néanmoins l'expression d'un verdict électoral légitime, bien que résultant d'une simili-démocratie absolument sui generis, dans la lignée des canons politiques du Moyen-Orient.

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Êtes-vous sûr que ce qui se passe en Iran est un phénomène entièrement spontané ? Sommes-nous sûrs que la "couverture" de ces événements par les grands médias internationaux ne vise pas à préparer l'opinion publique occidentale à une forme d'intervention ou de simple conditionnement pour défendre les principes démocratiques en Iran ? Et pourquoi une "couverture" similaire n'est-elle pas accordée à ce qui se passe en Afghanistan au même moment ? Dans l'Afghanistan livré par les États-Unis aux talibans, où la police des mœurs (ou son équivalent) a droit de vie et de mort sur tout le monde, où les femmes n'ont même pas un dixième des libertés qui leur sont accordées en Iran, où les condamnations à mort ne sont pas un événement épisodique mais une pratique quotidienne dont plus personne ne s'étonne...

Toutes les coïncidences, tous les indices qui - si nous ébauchions les grandes lignes d'un roman policier - ne pointeraient que dans une seule direction : Washington. Mais comme nous ne sommes pas dans un roman policier, mais dans la réalité formidable du "politiquement correct", nous devons croire que tout est arrivé et arrive par hasard: du sabotage du gazoduc Nord Stream aux pots-de-vin des lobbyistes européens.

Les Américains, quant à eux, sont les "gentils" par excellence. Ils ne font que des guerres pour mettre fin aux guerres.

Le président Thomas Woodrow Wilson l'avait déjà déclaré en 1917. Mais il semble que, après cent cinq ans, ils n'ont toujours pas découvert comment y parvenir. Ils en sont toujours aux déclarations de principe, et je ne pense pas qu'ils iront plus loin. Du moins tant qu'il y aura encore beaucoup de simplets en Europe qui croient aux "coïncidences".

Michele Rallo

lundi, 19 décembre 2022

Bloomberg: l'Europe a perdu environ un trillion de dollars à cause de la crise énergétique

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Bloomberg: l'Europe a perdu environ un trillion de dollars à cause de la crise énergétique

Source: https://www.lantidiplomatico.it/dettnews-bloomberg_leuropa_ha_perso_circa_un_trilione_di_dollari_a_causa_della_crisi_energetica/82_48248/

La hausse des prix des carburants due au conflit en Ukraine a coûté à l'Europe un trillion de dollars, selon Bloomberg, qui tire la sonnette d'alarme sur le fait que ce n'est que le début de la plus grande crise depuis des décennies.

L'agence prévoit que la concurrence pour le gaz naturel liquéfié (GNL) s'intensifiera après cet hiver, car le vieux continent devra reconstituer ses réserves de gaz face à des approvisionnements faibles ou nuls en provenance de Russie.

"Même si de nouvelles installations d'importation de GNL sont mises en service, le marché devrait rester sous tension jusqu'en 2026, date à laquelle des capacités supplémentaires seront disponibles aux États-Unis et au Qatar. Cela signifie qu'il n'y aura pas de répit dans les prix élevés", prédit l'agence. Sans compter que le Qatar a ouvertement remis en question ses approvisionnements en gaz à l'Union européenne après le tristement célèbre scandale de pots-de-vin impliquant certains députés européens. 

Selon le centre d'analyse Bruegel, les gouvernements européens ont alloué plus de 700 millions de dollars d'aides aux entreprises et aux ménages pour les aider à faire face à la hausse des coûts énergétiques. Toutefois, le soutien deviendra de plus en plus inabordable face à la hausse des taux d'intérêt et à l'entrée possible en récession économique. Il convient de rappeler que la dette de la moitié des économies du bloc dépasse 60 % du PIB.

Bien que les efforts déployés cet été par l'UE pour reconstituer les réserves de gaz, à des prix records, aient jusqu'à présent atténué le problème d'approvisionnement, la chute actuelle des températures met à rude épreuve le système énergétique du continent.

Le régulateur allemand de l'énergie a averti la semaine dernière que deux indicateurs sur cinq étaient devenus critiques, notamment les niveaux de consommation, et a appelé à une réduction de la consommation d'énergie.

Les achats de GNL n'ont jamais été aussi élevés en Europe et l'Allemagne met en service de nouveaux terminaux flottants pour recevoir ces approvisionnements. Cependant, la situation est exacerbée par la concurrence croissante de la Chine, qui augmentera ses achats de GNL de 7 % l'année prochaine, de même que d'autres pays asiatiques.

Les livraisons de GNL à l'UE ont atteint 105 milliards de mètres cubes entre janvier et octobre 2022, soit une hausse de 64 % par rapport à la même période l'année dernière, dépassant ainsi les importations du plus gros acheteur, la Chine, selon les données de Kpler.

L'augmentation des importations s'inscrit dans un contexte de baisse des approvisionnements en provenance des pipelines russes en raison des sanctions internationales imposées à Moscou et aussi en raison du conflit en Ukraine, de la politique européenne de substitution des approvisionnements russes et du sabotage des pipelines Nord Stream.

Les hauts et les bas de l'offre et l'augmentation de la demande de GNL en Europe ont fait exploser les prix à plus de 3000 $ les 1000 mètres cubes, soit 10 fois plus que les niveaux d'avant la crise.

mardi, 15 novembre 2022

Après l'abandon du gaz russe, les pays industrialisés mettent en péril leurs objectifs climatiques en développant le GNL

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Après l'abandon du gaz russe, les pays industrialisés mettent en péril leurs objectifs climatiques en développant le GNL

Source: https://zuerst.de/2022/11/14/nach-abschied-vom-russengas-...

Charm el-Cheikh. Après avoir réussi à se détacher de l'approvisionnement en gaz russe, de nombreux pays occidentaux se précipitent pour utiliser le gaz de fracturation (GNL) comme substitut. Le principal exportateur de ce type de gaz serait actuellement les États-Unis, mais d'autres pays pourraient également en fournir aux Européens. Mais ces derniers sont loin de disposer de l'infrastructure nécessaire, soit pour transporter le gaz vers l'Europe avec leurs propres navires-citernes GNL, soit pour injecter les livraisons de gaz dans le réseau européen des gazoducs au départ de terminaux spéciaux. Le développement de l'infrastructure GNL doit maintenant être poursuivi à un rythme soutenu.

Mais : cela pourrait compromettre les objectifs climatiques que les Européens se sont fixés. Selon le "Climate Action Tracker", une plateforme prétendument indépendante d'observation du climat, beaucoup plus d'infrastructures sont actuellement construites que ce qui est nécessaire.

Selon ce portail, il pourrait y avoir 500 mégatonnes de gaz liquide dans le monde en 2030. Cela correspond à près de cinq fois la quantité de gaz russe importée par l'UE en 2021. Ce serait également le double de la quantité de gaz actuellement vendue par la Russie dans le monde.

Bill Hare, chef de l'organisation partenaire "Climate Analytics", met en garde: si tous les projets actuellement prévus étaient mis en œuvre, les émissions de CO₂ et de méthane atteindraient des niveaux dangereux. Cela compromettrait à son tour l'objectif de limiter l'augmentation de la température à 1,5 degré si possible par rapport à l'ère préindustrielle.

L'analyse a été présentée jeudi lors de la conférence mondiale sur le climat à Charm el-Cheikh, en Égypte - ce qui relativise quelque peu sa portée. Les lobbyistes du climat réunis à cette occasion affirment que les émissions de gaz "nocifs" pour le climat devraient être réduites de moitié d'ici 2030 pour atteindre l'objectif de 1,5 degré. Mais d'une manière ou d'une autre, ce sont justement les pays occidentaux qui contrecarrent leurs propres objectifs climatiques avec leur politique énergétique mal conçue. (mü)

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dimanche, 06 novembre 2022

Tout le monde sait qui a attaqué Nord Stream, mais ils préfèrent garder le silence

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Tout le monde sait qui a attaqué Nord Stream, mais ils préfèrent garder le silence

par Luciano Lago

Source : https://www.ideeazione.com/tutti-sanno-chi-ha-attaccato-il-nord-stream-ma-preferiscono-tacere/

Le président serbe assure que le monde entier sait qui est derrière le sabotage contre les gazoducs germano-russes Nord Stream, mais ils gardent le silence pour ménager leurs propres intérêts. "On sait qui les a sabotés en [mer Baltique], mais nous prétendons tous ne pas nuire aux intérêts de nos pays", a déclaré jeudi le président serbe Aleksandr Vucic.

Auparavant, M. Vucic avait déclaré qu'après avoir appris la nouvelle des explosions de Nord Stream, il ne savait pas "s'il devait pleurer ou crier".

Le 26 septembre, la société Nord Stream 2, l'exploitant du gazoduc russe du même nom, a signalé une chute de pression dans des sections du gazoduc situées dans les eaux danoises de la mer Baltique, près de l'île de Bornholm (île du Danemark). Il a ensuite été signalé qu'en plus de Nord Stream 2, deux lignes du gazoduc Nord Stream 1 avaient également été sabotées.

La Russie, qui dénonce une série d'attaques terroristes à son encontre en mer Noire et en mer Baltique, a accusé le Royaume-Uni d'être impliqué dans les explosions qui ont provoqué des fuites dans les pipelines Nord Stream. Le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur britannique, Deborah Bronnert, jeudi, afin de présenter des preuves présumées de l'implication du Royaume-Uni dans le sabotage.

Dans ce contexte, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolai Patrushev, a annoncé que des représentants des forces navales britanniques ont participé à la planification et à la réalisation des explosions.

Nord Stream est le gazoduc le plus important pour l'Europe. Nord Stream 1 a été construit en 2011, tandis que Nord Stream 2, soumis aux sanctions et pressions américaines, n'a été achevé qu'en novembre 2021, mais n'est jamais devenu opérationnel en raison des tensions entre Berlin et Moscou sur le conflit en cours en Ukraine.

 

lundi, 31 octobre 2022

Qui veut une rupture entre l'Europe et la Russie?

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Qui veut une rupture entre l'Europe et la Russie?

par Fabio Massimo Parenti

Source: https://www.ideeazione.com/chi-vuole-la-rottura-fra-europa-e-russia/

Avec les explosions provoquées en des points précis de Nord Stream 1 et Nord Stream 2 dans les eaux de la zone économique exclusive du Danemark, la sécurité énergétique de l'Europe a été définitivement mise à mal. Le système d'approvisionnement Europe-Russie mis en place au cours des vingt-cinq dernières années semble irrémédiablement compromis, et quelle que soit l'issue des enquêtes menées par les autorités des pays scandinaves impliqués, il est peu probable que les choses redeviennent comme avant.

Après le sabotage, les déclarations faites par le président américain Joe Biden le 7 février lors d'une conférence de presse ont inévitablement fait le tour du web : "Si la Russie nous envahit, il n'y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin". À l'objection du journaliste : "Comment allez-vous faire exactement, puisque le projet est sous contrôle allemand ?", le locataire de la Maison Blanche a répondu : "Je vous garantis que nous serons en mesure de le faire".

En revanche, l'aversion de Washington, et en particulier des démocrates, pour le gazoduc était connue depuis un certain temps. Le 1er janvier 2021 déjà, le Sénat américain avait voté pour passer outre le veto de Trump à la loi d'autorisation de la défense nationale (NDAA), qui comprenait " de nouvelles dispositions relatives à Nord Stream 2 dans le cadre de la loi de clarification de la sécurité énergétique de l'Europe (PEESCA) ". Ainsi, conformément aux nouvelles sanctions, l'entreprise norvégienne DNV GL a été contrainte de cesser toute activité de vérification pour le réseau du gazoduc Nord Stream 2.

Nord Stream 2, achevé l'année dernière mais jamais mis en service, était censé doubler le volume de l'approvisionnement en gaz russe de l'Allemagne déjà garanti avec son jumeau Nord Stream 1, un projet conçu en 1997 et réalisé - après des années d'études, de négociations et d'obstacles - entre 2011 et 2012. Le 6 septembre 2011, le premier gazoduc est entré en service et le 8 novembre suivant, le gazoduc a été officiellement inauguré en présence de la chancelière allemande de l'époque, Angela Merkel, du président russe de l'époque, Dmitri Medvedev, et du premier ministre français de l'époque, François Fillon : une image révélatrice de la direction, bien différente d'aujourd'hui, prise par les deux pays leaders de l'UE à ce stade.

Si depuis 2014, la guerre civile en Ukraine a progressivement détérioré les relations UE-Russie, l'échec définitif des accords de Minsk et le lancement de l'opération militaire spéciale russe ont bouleversé toute l'architecture diplomatique, et donc énergétique, du Vieux Continent. D'une part, la Russie, se sentant menacée par l'intention de l'Ukraine - annoncée à plusieurs reprises par Zelensky - de rejoindre l'Alliance atlantique, a décidé de porter un coup dur à son voisin dans un double but : garantir l'équilibre des forces sur la mer Noire, vital pour l'accès de Moscou aux mers chaudes, et protéger les communautés russophones du sud-est du pays. De l'autre, une Europe faible s'est confirmée comme un acteur incapable d'exprimer sa propre doctrine stratégique et une vision géopolitique claire, au moins autonome par rapport à celle des Etats-Unis.

Les décisions de l'administration Biden ont placé et placent l'Europe dans une position extrêmement critique, jetant les bases du déclenchement d'une crise économique et sociale sans précédent dont témoigne la flambée de l'inflation, qui avait déjà augmenté avant le début du conflit en raison du déséquilibre entre l'offre et la demande de matières premières et de produits semi-finis résultant de la pandémie. En septembre, l'UE et la zone euro ont enregistré une inflation à deux chiffres, avec des pics de plus de 20 % dans les pays d'Europe centrale et orientale, à commencer par les pays baltes : ce n'est pas un hasard si ce sont les plus exposés face aux sept trains de sanctions approuvés à ce jour par Bruxelles.

Repenser toute une chaîne d'approvisionnement énergétique en quelques mois a et aura des conséquences dévastatrices pour les économies les plus dépendantes des approvisionnements russes, à commencer par l'Italie et l'Allemagne. Les deux pays fondateurs de la Communauté européenne se retrouvent extrêmement vulnérables face à une accélération forcée de la diversification, si soudaine et si précipitée qu'elle risque de compromettre même la transition énergétique promue il y a tout juste trois ans par le Green New Deal européen et guidée, du moins en partie, par le PNRR approuvé l'année dernière.

En fait, la nécessité d'identifier immédiatement des sources alternatives au gaz russe a contraint plusieurs pays européens à mettre en service des centrales électriques au charbon et des centrales nucléaires qui avaient déjà été mises hors service ou étaient de toute façon destinées à être fermées. La recherche effrénée de gaz naturel liquéfié (GNL), nettement plus cher que le gaz naturel, a contraint le Vieux Continent à accroître la demande à l'étranger, en s'appuyant sur une série d'acteurs non européens pour lesquels aucun plafond de prix ne peut tenir : la Norvège, le Qatar, le Japon, le Canada et surtout les États-Unis.

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Les données officielles de l'EIA, l'agence statistique et analytique du ministère américain de l'Énergie, montrent comment Washington est devenu le premier fournisseur mondial de GNL au premier semestre 2022, en hausse de 12 % par rapport au second semestre 2021, pour atteindre une moyenne d'environ 317 millions de mètres cubes par jour. Dans le détail des quatre premiers mois de cette année, les États-Unis ont exporté 74 % de leur droit de GNL vers l'Europe : une part impressionnante si on la compare à la valeur moyenne pour 2021 (34 %).

Bref, des affaires en or pour les exportateurs américains, d'autant plus dans une conjoncture mondiale de forte hausse des prix, donc favorable aux producteurs et défavorable aux acheteurs.

Avant le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, l'ensemble de l'UE recevait de la Russie pas moins de 120 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Sur ce total, un quart, soit 30 milliards, est arrivé en Italie. Il est évident que cette augmentation soudaine des exportations fait également augmenter le prix du gaz aux États-Unis, qui a déjà quadruplé pour le consommateur américain en septembre dernier.

Si l'administration Biden, comme c'est désormais une certitude, subit les contrecoups de cette inflation "légère", les grands producteurs ne resteront certainement pas les bras croisés et n'auront pas trop de scrupules. Ce sont eux, en effet, comme cela arrive souvent aux États-Unis, qui influencent fortement l'orientation de la Maison Blanche, tant en politique intérieure qu'en politique étrangère.

Il en va de même pour le secteur de l'armement militaire. La décision de la Russie d'envahir l'Ukraine a suffi à faire bondir pratiquement tous les gouvernements des pays européens. La Finlande et la Suède ont demandé à adhérer à l'OTAN, profitant d'une procédure accélérée spécialement conçue pour l'occasion, tandis que la plupart des gouvernements des États membres actuels ont proposé ou approuvé des augmentations importantes des dépenses militaires. Il suffit de rappeler que sur les derniers 40 milliards de dollars alloués par l'administration Biden pour soutenir Kiev, près de 9 milliards devront être dépensés pour reconstituer le "stock" d'armes donné aux Ukrainiens. Surtout, les deux géants, Northrop Grumman et Lockheed Martin, ont déjà enchaîné gains sur gains en bourse, mais d'autres entreprises moins connues du grand public comme Raytheon et General Dynamics se frottent également les mains face à la prolongation de la guerre en Ukraine et au réarmement généralisé au niveau mondial.

jeudi, 27 octobre 2022

La sécurité énergétique européenne entre les mains de la Turquie?

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La sécurité énergétique européenne entre les mains de la Turquie?

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/10/26/euroopan-energiavarmuus-turkin-kasissa/

L'importance géostratégique de la Turquie est devenue embarrassante pour les politiciens finlandais qui pensaient que l'adhésion à l'OTAN serait un jeu d'enfant. Ils doivent maintenant attendre avec angoisse que le président Erdoğan ait la grâce de ratifier l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'alliance militaire.

Plus généralement, l'importance de la Turquie devient évidente pour d'autres personnalités politiques européennes alors que l'Europe se débat avec une crise énergétique qui s'aggrave. En effet, couper les liens avec la Russie n'a eu pour conséquences qu'une cascade de conséquences malheureuses.

"Qu'il s'agisse des exportations de céréales de la région de la mer Noire ou de l'approvisionnement en énergie des pays producteurs de l'Est, le Bosphore et les liens avec l'Eurasie jouent à nouveau, comme si souvent dans l'histoire, un rôle géopolitique crucial. Le fait est que la Turquie est désormais essentielle pour la sécurité européenne", écrit Karin Kneissl, ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères.

La part de la Russie dans les importations européennes de gaz est tombée à moins de 10 % depuis la perturbation politique du gazoduc Yamal-Europe et le sabotage du gazoduc Nord Stream.

Alors que la coopération énergétique entre la Russie et l'Europe a été délibérément réduite par les États-Unis, le partenariat entre la Russie et la Turquie n'a fait que s'intensifier. Déjà au début de 2020, le projet TurkStream a été lancé, et plus récemment, le 19 octobre, Erdoğan a annoncé qu'il s'était mis d'accord avec Poutine pour établir un centre d'approvisionnement en gaz naturel en Turquie.

Selon Poutine, la Russie peut faire de la Turquie une nouvelle route principale pour ses approvisionnements en gaz. Avec la construction d'un second gazoduc et la création d'un centre d'approvisionnement, le gaz russe continuerait d'être acheminé de la Turquie vers des pays tiers, notamment vers l'Europe. En outre, une bourse du gaz pourrait être mise en place en Turquie pour déterminer les prix.

Bien que l'UE souhaite, pour des raisons politiques, contourner les sources d'énergie russes, il s'agit déjà d'un projet géographiquement difficile. Alors que Bruxelles, sous la pression des États-Unis, est à l'agonie, la Turquie est l'un des pays heureux de pouvoir combler le vide de consommation.

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La Turquie a déjà bénéficié en 2014 du projet SouthStream, qui est ensuite devenu TurkStream. L'UE a finalement perdu, tandis qu'Ankara a gagné, puisque l'UE achète désormais aussi du gaz russe via la Turquie.

Cette route énergétique sera encore étendue lorsque le projet gazier russe en Turquie démarrera. À mesure que la Russie adapte son rôle, la Turquie pourrait devenir un acteur clé de la sécurité énergétique de l'UE. En abandonnant la coopération directe avec la Russie, l'UE pourrait devoir négocier les questions énergétiques avec la Turquie à l'avenir.

En tant que plaque tournante pour divers projets énergétiques, Ankara a tenté par le passé de devenir membre de l'Union européenne, ce à quoi Bruxelles n'a pas consenti. Il semble maintenant que la Turquie change de cap et s'oriente vers l'Eurasie et deviendra bientôt membre de l'Organisation de coopération de Shanghai. Malgré son adhésion à l'OTAN, la coopération d'Ankara avec Moscou et Pékin ne fait que se renforcer.

L'UE a joué au poker énergétique avec les Américains et s'est retrouvée avec les cartes les plus faibles. Lorsque vous fuyez l'ours russe, vous rencontrez le loup gris turc. L'Europe deviendra-t-elle bientôt plus dépendante de la bonne volonté turque ?

La deuxième question est la suivante : les États-Unis - soupçonnés d'avoir fait sauter les gazoducs Nord Stream - permettront-ils à la Turquie, membre de l'OTAN, de conclure un tel partenariat énergétique avec la Russie ? Après tout, l'objectif a été de rendre l'Europe dépendante de l'Amérique pour l'énergie également. Selon des sources russes, il y a déjà eu des tentatives de sabotage du pipeline TurkStream.

Comme le suggère Kneissl, "les mois à venir montreront de façon éclatante à quel point les gouvernements de l'UE ont traité de façon irresponsable les besoins de sécurité énergétique du continent".

samedi, 08 octobre 2022

La guerre de l'OTAN, la crise énergétique et la menace nucléaire creuseront-elles la tombe de l'Europe?

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La guerre de l'OTAN, la crise énergétique et la menace nucléaire creuseront-elles la tombe de l'Europe?

Par Luigi Tedeschi 

Source: https://www.centroitalicum.com/la-guerra-della-nato-la-crisi-energetica-e-la-minaccia-nucleare-saranno-la-tomba-delleuropa/

L'Europe sera déstabilisée par la crise économico-énergétique et subira un déclassement majeur dans la géopolitique mondiale. Les classes politiques européennes seront fustigées pour leurs responsabilités à s'être montrées incapables d'empêcher le déclenchement de cette guerre en Europe et pour les choix pro-atlantiques peu judicieux de leurs gouvernements.

Le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 dans la mer Baltique s'inscrit dans l'escalade du conflit en cours entre les États-Unis et la Russie dans le cadre de la guerre d'Ukraine. Ces sabotages ont eu lieu après les référendums qui ont sanctionné l'annexion à la Russie des régions de Zaporizhzhia, Kherson, et des républiques autoproclamées de Luhansk et Donetsk. Le courant dominant occidental les a qualifiés de "référendums de sotie" et d'illégaux, car ils se sont tenus dans des territoires sous occupation russe et où des opérations de guerre sont toujours en cours. Ces référendums sont donc illégitimes car ils ont été menés en violation flagrante de la Charte des Nations Unies. Il convient toutefois de noter que la Charte des Nations unies prévoit également le principe de l'autodétermination des peuples, qui a été invoqué pour légitimer la sécession armée du Kosovo contre la Serbie et, avec elle, le bombardement de Belgrade par l'OTAN qui a fait environ 2500 morts. Cependant, le principe d'autodétermination n'est pas considéré comme légitime dans le cas du Donbass, une région peuplée majoritairement de Russes. Sans parler des droits toujours ignorés de peuples tels que les Palestiniens et les Kurdes, dont les terres ont été soumises à des siècles d'occupation et dont les populations subissent une répression violente cyclique. Quant aux "référendums de sotie", les précédents historiques d'annexions territoriales sont innombrables, y compris le référendum qui a sanctionné l'unification de l'Italie, qui s'est déroulé d'une manière assez semblable.

Suite aux succès de la contre-offensive ukrainienne, la Russie avait l'intention de répondre par l'annexion des régions occupées et donc toute attaque contre ces territoires serait désormais considérée comme une agression directe contre la Russie.

C'est dans ce contexte de guerre qu'a eu lieu le sabotage des gazoducs reliant la Russie à l'Europe. Les dommages économiques sont incalculables et peut-être irréversibles d'un point de vue environnemental. Il a fallu de nombreuses années pour construire ces gazoducs, qui ont coûté environ 20 milliards de dollars. Nous assistons toujours à un va-et-vient des accusations entre la Russie et l'Occident. Les tensions de ce conflit sont exacerbées par les menaces nucléaires, les sanctions, les troubles internes et les appels de plus en plus répandus des pays occidentaux pour que leurs citoyens quittent la Russie.

Si la Russie était responsable de ces sabotages, cela pourrait être interprété comme un casus belli susceptible de provoquer un conflit direct entre la Russie et les États-Unis, puisque les attaques ont été menées dans les eaux territoriales des États membres de l'OTAN. Toutefois, ces actes de sabotage ne semblent pas compatibles avec la stratégie de Poutine consistant à exercer une pression sur une Europe qui, menacée par une crise énergétique dévastatrice pour son économie, serait poussée à lever les sanctions contre la Russie. En effet, Poutine pouvait exercer un chantage énergétique sur l'Europe simplement en coupant les approvisionnements. Ajoutez à cela le fait que ces attaques ne profitent ni à la Russie ni à l'Europe, puisque Gazprom possède 51 % des pipelines Nord Stream et que des entreprises allemandes, néerlandaises et françaises possèdent les 49 % restants. Parler alors de représailles contre l'Occident est totalement infondé, puisque le gazoduc qui traverse l'Ukraine pour transporter du gaz vers l'Europe est toujours en service.

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Ce n'est pas vraiment une étrange coïncidence si, au même moment que les attentats, le nouveau gazoduc Baltic Pipe est entré en service en Pologne, par lequel le gaz norvégien sera importé en Pologne même, puis redistribué en Europe. La construction de ce gazoduc a pour objectif évident de couper l'approvisionnement en gaz russe de l'Europe. Mais surtout, le principal effet de cette diversification des approvisionnements énergétiques est de dévaloriser le rôle de l'Allemagne en Europe. Une fois que les relations économiques et énergétiques entre la Russie et l'Allemagne seront rompues, cette dernière perdra sa primauté européenne. En effet, l'Allemagne, par la construction des gazoducs Nord Stream, qui contournent la Pologne et l'Europe de l'Est, a été un importateur direct de gaz russe bon marché, qui a ensuite été redistribué en Europe. Cette crise entraînera donc une débâcle politique majeure pour l'Allemagne en Europe, étant donné sa nouvelle dépendance énergétique vis-à-vis de la Pologne, par les territoires de laquelle passe déjà l'oléoduc Druzhba qui fournit du pétrole aux Länder orientaux de l'Allemagne.

Les effets des attaques étaient prévisibles et immédiats. Le prix du gaz sur les marchés financiers a grimpé en flèche et les États-Unis ont saisi cette occasion propice pour augmenter leurs exportations de gaz liquéfié américain. Ce n'est pas une coïncidence si le secrétaire d'État américain Blinken a réaffirmé la nécessité de "mettre fin à la dépendance de l'Europe vis-à-vis du gaz russe". Cette position américaine est d'ailleurs corroborée par le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, qui, en rejetant comme absurdes les accusations portées contre la Russie, a déclaré : "Nous constatons une augmentation significative des bénéfices des compagnies énergétiques américaines qui fournissent du gaz à l'Europe.

Le prodige de qui concernant un tel sabotage est évident: la stratégie américaine dans cette guerre est de perturber l'approvisionnement en gaz russe et de déstabiliser ainsi l'UE. Les déclarations de l'ancien ministre polonais des affaires étrangères, M. Sikorsky, qui, outre l'impromptu "Tank you, USA" apparu sur Twitter, s'inscrivent parfaitement dans cette stratégie: "Tous les États baltes et l'Ukraine s'opposent à la construction de Nord Stream depuis vingt ans. Désormais, 20 milliards de dollars de ferraille gisent au fond de la mer, un autre coût pour la Russie et sa décision criminelle d'envahir l'Ukraine".  

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L'hostilité des États-Unis à l'égard de la politique énergétique allemande trouve ses origines loin dans le temps. Tant Obama que Trump avaient déjà exprimé à plusieurs reprises l'aversion des États-Unis pour la construction de Nord Stream 2, menaçant de sanctions l'Allemagne. En effet, les États-Unis se sont toujours opposés à toute tentative d'émancipation de l'Europe vis-à-vis de l'Ouest américain. D'autre part, les accords économiques et énergétiques entre l'Allemagne et la Russie étaient un élément fondamental pour consolider l'autonomie allemande et européenne par rapport à la géopolitique de l'OTAN. Les États-Unis ont toujours craint que l'Allemagne ne passe du statut de géant économique à celui de puissance géopolitique autonome. Et la guerre en Ukraine s'est avérée être une occasion propice pour déstabiliser l'Europe et tuer dans l'œuf toute ambition autonomiste.

Ces sabotages étaient en tout cas prévus. Le 7 février 2022, Biden avait ouvertement déclaré lors d'une réunion avec Scholz : "Si la Russie envahit l'Ukraine, il n'y aura plus de Nord Stream"... "L'OTAN et nous sommes prêts à intervenir". En juin, des expériences de drones sous-marins ont eu lieu sur l'île de Bornholm (emplacement proche des sites de bombardement), du côté américain. La CIA elle-même avait récemment averti l'Allemagne d'éventuelles attaques contre les gazoducs de la Baltique. Le 13 septembre, des avions de guerre américains sont aperçus dans la zone baltique. De plus, il y a quelques jours, les navires américains se trouvaient à quelques kilomètres seulement de la zone de sabotage. Il semble donc y avoir suffisamment de faits et d'arguments pour comprendre comment la logique de ces attaques est parfaitement cohérente avec la stratégie de l'OTAN consistant à couper tous les liens entre l'Europe et la Russie.

L'Europe, déstabilisée par la crise économico-énergétique, l'escalade de la guerre et les menaces nucléaires, subira un déclassement majeur dans la géopolitique mondiale. L'Occident de l'OTAN sera la tombe de l'Europe. En outre, ce sont les prêts usuraires de la Norvège en matière d'énergie, la rapacité financière des Pays-Bas et surtout l'égoïsme nationaliste de l'Allemagne de Scholz, qui a opposé son veto à une politique énergétique commune en ce qui concerne la fixation du plafond des prix et la création d'une nouvelle relance énergétique, qui feront imploser la structure de l'UE de l'intérieur.

Ce qui est certain, c'est que les classes politiques européennes seront très prochainement tenues responsables de ce désastre vu leur incapacité à empêcher le déclenchement de cette guerre en Europe et vu les choix pro-atlantiques peu judicieux de leurs gouvernements.

Par l'économie de l'urgence (d'abord la pandémie puis la crise énergétique), et les virages politiques autoritaires qui se profilent avec la quatrième révolution industrielle, le modèle néolibéral occidental, associé à la primauté mondiale américaine, veut se perpétuer dans le temps et survivre à ses crises structurelles devenues cycliques et irréversibles. Cette crise va cependant entraîner de profondes transformations dans la géopolitique mondiale. Mais quel sera le coût en termes de vies humaines et de destruction irréversible des ressources naturelles et économiques du déclin progressif du néolibéralisme et donc de la primauté américaine et occidentale ?