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samedi, 10 septembre 2011

Wer wird das libysche Erdöl kontrollieren?

Wer wird das libysche Erdöl kontrollieren?

Auf einem Treffen französischer Diplomaten aus aller Welt am Mittwoch, dem 31. August, lobte der französische Staatspräsident Nicolas Sarkozy die Unterstützung der libyschen Rebellen durch das NATO-Bündnis als »unverzichtbares Instrument« und wichtigstes Ergebnis des Kriegs, auch wenn sich Washington entschieden habe, in den Hintergrund zu treten. »Zum ersten Mal stellte die NATO ihre Dienste einer Koalition zur Verfügung, die aus zwei entschlossenen europäischen Ländern bestand – Frankreich und Großbritannien«, bemerkte er in einem Tonfall, der seinen Stolz darüber, Frankreich mit der Entscheidung, sich dem militärischen Vorgehen der NATO in Libyen, die auf den Sturz Muammar al-Gaddafis abzielte, anzuschließen, wieder zu seiner früheren imperialen Größe zurückzuführen, nicht verhehlen konnte.

 

 

Die Prahlerei des französischen Präsidenten Sarkozy über einen erfolgreichen europäischen Krieg ist nur zum Teil berechtigt. Auch wenn Amerika die Führung an England und Frankreich abgetreten hatte, wäre keines dieser Länder ohne amerikanische Aufklärungssatelliten, Spionageflugzeuge und US-Nachschub in der Lage gewesen, Tripolis zu erobern, und Gaddafi hielte sich immer noch in Bab al-Aziziya versteckt.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/redaktion/wer-wird-das-libysche-erdoel-kontrollieren-.html

 

La diplomatie des mosquées

Davutoglu-chez-lui11.jpg

La diplomatie des mosquées

Ex: http://www.insolent.fr/

Les faits et les photos peuvent passer avant les commentaires. Ici le ministre turc des affaires étrangères M. Ahmet Davutoglou fête la fin du Ramadan à Sarajevo. On le voit entouré de Bakir Izetbegovic, membre de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine et du chef religieux, le "reis ul islam" Mustafa Ceric. Cela se passe en la mosquée édifiée au XVIe siècle par Gazi Husrev-beg (1480-1541) gouverneur ottoman de la Bosnie, puis de la Syrie, à l'époque de Soliman le Magnifique.

 

Les jours précédents le même professeur de géopolitique, devenu maître d'œuvre de la politique extérieure d'Ankara s'était rendu dans deux autres pays des Balkans. Au Kossovo, il avait accompli ses dévotions d'abord à la mosquée impériale de Pristina. Celle-ci est également connue sous le nom de "Mehmed Fatih", en l'honneur du conquérant de Constantinople Mehmet II qui en avait ordonné la construction en 1461. Puis, dans le même territoire majoritairement albanais, il avait visité l'élégante mosquée édifiée au XVIIe siècle par Sofi Sinan Pacha et dont une légende veut qu'elle aurait été bâtie avec les matériaux du monastère des Saints-Archanges. Enfin en Roumanie, il avait accompli les mêmes gestes en un lieu édifié en 1910, aujourd'hui centre de l'implantation islamique locale, à la frontière bulgare, la mosquée "Hinkar" de style maure mais dont les guides aiment à souligner qu'elle copie son homologue de Konya, capitale des derviches tourneurs en Anatolie.

Commentant ce qu'il appelle la "diplomatie des mosquées" le journal pro gouvernemental turc Zaman Today (1)⇓ souligne que, jusqu'en 2002, les diplomates turcs visitaient traditionnellement leurs compatriotes mais que, depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP ils se tournent désormais au-delà des Turcs, au mépris de la laïcité, vers l'ensemble de leurs coreligionnaires.

Ne doutons pas une seconde que, pour un nombre non négligeable de Turcs, le souvenir de ce grand passé impérial représente une perspective de réimplantation dans les Balkans. Davutoglou, du reste, avait fait sensation à l'automne 2009 en y proclamant "Sarajevo est notre ville". Il s'agissait là, remarquions-nous à l'époque, du premier membre d'une phrase qu'il complétait en ajoutant, à l'attention des musulmans balkaniques : "Istanbul est votre Ville". (2)⇓

La même semaine écoulée, les journalistes français présents à Tirana pour la rencontre de podosphère entre les "bleus" et l'équipe nationale albanaise ne remarquaient guère un incident ayant justifié l'intervention de la Police. En effet, les irrédentistes locaux avaient déployé dans le stade une immense banderole de 30 mètres sur 40 figurant une carte de la Grande Albanie occupant des territoires actuellement situés dans divers pays voisins dans le sud de la Serbie, au Monténégro, ou dans l'ancienne république yougoslave de Macédoine. Le moment venu, ce genre d'étincelles, montées en épingle, pourrait justifier une intervention de l'armée turque, sans même que soit levée l'hypothèque du PKK, et avec la bénédiction du Département d'État.

Il était évidemment beaucoup plus encourageant, pour nos excellents moyens hexagonaux de désinformation, de mettre en exergue les quelques gestes, attendus depuis des années et promis désormais par le chef du gouvernement Erdogan en faveur des minorités non-musulmanes qui n'ont pas encore fui le pays. Quelques hôpitaux et écoles en bénéficieront. Un bon point, pensera-t-on. Il faut se pencher attentivement sur "Zaman" pour relever qu'au moins deux catégories de chrétiens échapperont apparemment à cette libéralisation : les Syriaques et les Turcs protestants (3)⇓. Les premiers souffrent sans doute de témoigner de l'injustifiable annexion du sandjak d'Alexandrette, les seconds indiscutablement coupables de prosélytisme.

Certes on peut se féliciter de voir normaliser certains aspects des relations entre l'État turc et les organismes de bienfaisance ou religieux arméniens, grecs ou juifs. Mais on n'omettra pas non plus de remarquer que cela aussi fait partie des traditions ottomanes et des théories islamiques : les gens du Livre ont droit à un statut spécial à la fois protégé et inférieur. Ils payent un impôt particulier et sont généreusement "dispensés" du service militaire. Beaucoup d'autres choses leur sont interdites, mais ils survivent. Les lecteurs de mon livre sur "La Question turque et l'Europe" ont compris que les crimes commis au XXe siècle ont été inspirés, dans ce pays comme ailleurs, par les adeptes d'une idéologie jacobine. Aujourd'hui le mouvement de Fethullah Gulen, qui inspire le pouvoir AKP, milite pour un retour aux principes antérieurs à la république et, donc, à une plus grande tolérance à l'égard des chrétiens. On ne doit pas l'ignorer.

L'expert géopolitique Ahmet Davutoglou a jusqu'à maintenant échoué dans son programme poudre aux yeux "pas de problèmes avec nos voisins". Les problèmes existants ne sont pas résolus. D'autres sont même apparus. Mais il ne renoncera pas à sa vision tridimensionnelle de l'expansion turque, à la fois vers le Proche Orient en posant au protecteur des Arabes, vers l'Asie centrale en rivalisant avec les Russes, et en utilisant contre l'Europe les minorités islamiques.

Ne nous méprenons pas sur les bonheurs passagers de l'économie turque actuelle. Ce triple rêve tourne évidemment le dos aux derniers lambeaux des principes légués par Mustafa Kemal. Mais il confirme encore plus la grave erreur que développent encore les négociations d'adhésion de ce pays aux institutions encore fragiles de l'Union européenne.

JG Malliarakis
        
Apostilles

  1. cf. Zaman Today du 4 août 2011 article "Ahmet Davutoğlu conducts ‘mosque diplomacy’ in Balkans".
  2. cf. L'Insolent du 4 janvier 2010 "Comment les Turcs regardent leurs alliances".
  3. cf. cf. Zaman Today du 4 août 2011 article "Non-Muslims praise law to return properties, await its implementation".

    Vous pouvez entendre l'enregistrement de nos chroniques
    sur le site de

     

     

    Lumière 101

 

vendredi, 09 septembre 2011

Warum das Gaddafi-Regime gestürzt wurde

Geheimdienste, Euro-Krise und Libyen: Warum das Gaddafi-Regime wirklich gestürzt wurde

Udo Ulfkotte

Zugegeben, man kann das Wort »Libyen« inzwischen nicht mehr hören. Aber selbst in den Hauptnachrichtensendungen wird inzwischen so viel Unsinn über Libyen verbreitet, dass wir nachfolgend einfach einmal jene Fakten auflisten, die von offiziellen Medien aus Unwissenheit oder absichtlich verschwiegen werden. Die Wahrheit sieht dann etwas anders aus. Und Sie werden schnell merken, wie Sie als Durchschnittsbürger von Politik und Medien an der Nase herumgeführt wurden. Denn ohne die Aktionen in Libyen wären französische Banken zusammengebrochen.

 

 

Tatsache ist: In Ländern wie Bahrain, Saudi-Arabien oder den Vereinigten Arabischen Emiraten ist keine militärische Intervention geplant, um die dortigen Diktatoren zu stürzen. Im Gegenteil: Länder wie Deutschland wollen die Diktatoren dort sogar noch mit deutschem Fachpersonal und mit Waffen unterstützen. Warum also intervenierte man ausgerechnet in Libyen? Kennen Sie die Fakten, dann kennen Sie die Wahrheit.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/europa/udo-ulfkotte/geheimdienste-euro-krise-und-libyen-warum-das-gaddafi-regime-wirklich-gestuerzt-wurde.html

 

Why Gaddafi got a red card

Why Gaddafi got a red card
By Pepe Escobar

Surveying the Libyan wasteland out of a cozy room crammed with wafer-thin LCDs in a Pyongyang palace, the Democratic People's Republic of Korea's Dear Leader, Kim Jong-il, must have been stunned as he contemplated Colonel Muammar Gaddafi's predicament.

"What a fool," the Dear Leader predictably murmurs. No wonder. He knows how The Big G virtually signed his death sentence that day in 2003 when he accepted the suggestion of his irrepressibly nasty offspring - all infatuated with Europe - to dump his weapons of mass destruction program and place the future of the regime in the hands of the North Atlantic Treaty Organization (NATO).

Granted, Saif al-Islam, Mutassim, Khamis and the rest of the
Gaddafi clan still couldn't tell the difference between partying hard in St Tropez and getting bombed by Mirages and Rafales. But Big G, wherever he is, in Sirte, in the central desert or in a silent caravan to Algeria, must be cursing them to eternity.

He thought he was a NATO partner. Now NATO wants to blow his head off. What kind of partnership is this?

MORE: http://atimes.com/atimes/Middle_East/MI01Ak02.html

Libye: pétrole et droits de l'homme

Libye pétrole et droits de l'Homme

Ex: http://www.insolent.fr/

110902 La campagne militaire engagée au printemps contre le régime de Kadhafi étant terminée, pour la mission initialement définie, on peut maintenant parler tout à fait librement de la Libye sans risquer d'attenter au moral de l'armée française.

Je redis en cette occasion que, de mon point de vue, (1)⇓ la capacité de défense et d'action des nations européennes représente, dans ce type de situation, un enjeu beaucoup plus important que toutes les autres considérations.

Les gouvernements de Paris et de Londres s'étaient engagés, pour la première fois depuis 1956, dans un processus de confrontation : il eût été catastrophique que cette opération échouât comme il était advenu de celle de Suez.

Défendre l'armée française partout où elle se bat me semble à la fois un impératif moral et politique qui devrait s'imposer à tous les Français. Et, en même temps il implique de se préoccuper sérieusement des insuffisances de nos capacités militaires que dénoncent les plus hautes instances de l'État-major : on pouvait craindre au printemps que la France et l'Angleterre ne soient pas en mesure d'atteindre leurs objectifs.

On peut remarquer à cet égard, et on doit le souligner, que les forces adverses leur ont tenu la dragée haute plus longtemps que prévu.

Quant aux dépenses qu'a engendrées cette affaire, on les estime pour la république jacobine à hauteur de 200 millions d'euros contre 270 millions de livres sterling, soit 306 millions d'euros du côté britannique, (2)⇓ beaucoup moins que l'effort financier des États-Unis qui revendiquent 27 % des sorties aériennes.

Depuis hier 1er septembre la réunion des 60 pays présentés pour "amis de la Libye" se tient à Paris. Elle met en lumière les vraies préoccupations de la plupart des États participants. L'attitude "chacun pour soi" des gouvernements européens persiste à se présenter de manière de plus en plus inquiétante.

Rappelons qu'une des conditions essentielles du traité négocié à Maastricht en 1991, beaucoup plus importante que les critères monétaires, comportait une identité de défense autour de l'Union de l'Europe occidentale. Et on remarquera que, depuis, celle-ci a disparu.

On soulignera également l'évanescence de la politique extérieure commune sous la responsabilité de Lady Ashton. Reconnaissons-lui au moins ce mérite : elle joue sans défaillir ce rôle de figuration intelligente pour lequel on l'a embauchée.

On savait l'Union européenne plus encline à se préoccuper de consommatique que de géopolitique. On découvre que, désunie, l'Europe réduite à son grouillement de 27 nains, qu'aucune Blanche Neige ne semble envisager de sortir de leurs enfantillages, se révèle encore plus mercantile dans la division.

Des soupçons contradictoires avaient été exprimés au moment de la décision d'intervenir en Libye.

Par charité chrétienne on m'abstiendra de citer ici ceux qui pensaient que l'on faisait la guerre pour complaire à BHL, aussi bien que leurs contradicteurs aux yeux desquels on prenait pour Tobrouk un taxi, conduit par feu Oussama bin Laden.

Car, non seulement les uns et les autres se fourvoyaient eux-mêmes, plus encore qu'ils ne trompaient leurs lecteurs ou leurs auditeurs, mais, se croyant anticonformistes, ils se situaient bien au-dessous de la vérité.

Le roi de la brosse à reluire glapissait sa chronique ce 2 septembre sur RTL consacrée au dossier libyen sans prononcer le mot pétrole. Autant dire qu'il s'agissait de la question essentielle puisqu'Alain Duhamel n'en parlait pas.

Le fameux projet surnommé "Eurabia" se développe en effet depuis bientôt 40 ans dans un contexte de servilité devant la finance pétrolière. On l'a rebaptisé, ces derniers temps, "Union pour la Méditerranée" et on veut à tout prix nous fourguer comme paradigme le modèle turco-démocratique de l'AKP, en oubliant bien sûr que l'habile démagogue Erdogan avait accepté en 2010 de recevoir le "prix Kadhafi des Droits de l'Homme". Dernière survivance du traité de Sèvres, l'Irak petroleum company n'aspire plus qu'à redevenir la Turkish petroleum company.

Ne nous parlez donc plus de guerre pour les droits de l'Homme. Dites en toute franchise que vous cherchez à rassurer les émirs et à défendre les intérêts du CAC 40. Cela deviendra plus crédible et plus tangible.

Mais quels que soient les motifs à court terme de ce genre de confrontations, on doit mettre en garde nos compatriotes quant aux échéances des conflits futurs. Ils surgiront de manière d'autant plus inéluctable que nos moyens de défense ont été rognés, d'année en année, depuis maintenant un demi-siècle.

On fait de la sécurité intérieure un enjeu électoral, et cela ne manque pas de justification.

Qui osera se faire écho, dans la prochaine campagne présidentielle, et au cours de la campagne législative qui suivra, des signaux d'alarme très nets lancés par les chefs militaires ?

JG Malliarakis
        
Apostilles

  1. cf. notre chronique du 21 mars "Les occidentaux face à leurs ennemis" qui nous a valu bien sûr quelques crachats.
  2. f. Le Canard enchaîné du 24 juillet.
  3. cf. "Le prétendu modèle turc".

Vous pouvez entendre l'enregistrement de nos chroniques
sur le site de Lumière 101

mercredi, 07 septembre 2011

Der Westen will die Kontrolle über den Erdölreichtum Libyens an sich reissen

Der Westen will die Kontrolle über den Erdölreichtum Libyens an sich reißen

Prof. Michel Chossudovsky

Die libyschen Revolutionäre haben den Krieg in dem erdölreichen nordafrikanischen Land noch gar nicht gewonnen, da diskutieren die westlichen Mächten bereits etwa darüber, dass die Übergangsregierung in der Ära nach Gaddafi die Erdölverträge erfüllen müsse.

 

Wären die USA und ihre NATO-Verbündeten auch bereit, im Falle interner Streitigkeiten in der libyschen Krise ihre Erdölinteressen mit Bodentruppen durchzuzusetzen?

 

In einem Interview mit Press TV erläutert Michel Chossudovsky, Direktor des Zentrums zur Forschung zur Globalisierung, die derzeitigen Entwicklungen. Im Folgenden lesen Sie eine geringfügig überarbeitete Fassung des Interviews.

 

 

Interview mit dem Direktor des Zentrums für Forschung zur Globalisierung (CRG) Prof. Michel Chossudovsky

 

Die Westmächte haben erklärt, die internationale Gemeinschaft werde den politischen Übergang zu einem freien und demokratischen Libyen unterstützen. Welche Form wird diese »Unterstützung« annehmen? Soll Libyen eine »Demokratie nach westlichem Vorbild« aufgezwungen werden? Was bedeutet das für die libysche Bevölkerung? Die gleiche Sprache und die gleichen Begriffe waren auch zu hören, als sie vor zehn Jahren Afghanistan und vor acht Jahren den Irak angriffen. Die Vereinigten Staaten beharren immer noch darauf, dass ihre Soldaten Immunität vor Strafverfolgung genießen sollten. Womit ist in Libyen zu rechnen?

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/prof-michel-chossudovsky/der-westen-will-die-kontrolle-ueber-den-erdoelreichtum-libyens-an-sich-reissen.html

mardi, 30 août 2011

Türkei: Regierung unterrichtet NATO über Kriegsvorbereitungen

Türkei: Regierung unterrichtet NATO über Kriegsvorbereitungen

Udo Ulfkotte

Vor wenigen Monaten noch begründeten viele EU-Politiker die Notwendigkeit der Aufnahme der Türkei in die EU mit dem großen Wirtschaftswachstum des Landes. Jetzt aber geht es mit der türkischen Wirtschaft steil bergab. Um das Volk abzulenken, bereitet die Regierung nun (für die Zeit nach dem Ende Gaddafis in Libyen) Krieg gegen das türkische Nachbarland Syrien vor. Die türkische Wirtschaft erlebt ein Desaster: Die Lira wurde seit Jahresbeginn gegenüber dem Euro um 25 Prozent abgewertet. Immer mehr junge Türken sind arbeitslos. 95 Prozent der Bevölkerung sind hoffnungslos überschuldet. Diplomaten berichten, dass mehr als 2 Millionen junge Türken nach Europa wollen. Mit dem Krieg gegen Syrien will man die Lage wieder in den Griff bekommen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/udo-ulfkotte/tuerkei-regierung-unterrichtet-nato-ueber-kriegsvorbereitungen.html

mardi, 16 août 2011

Opérations de l'OTAN en Libye: accélérateur d'une dislocation géopolitique mondiale?

Opérations militaires de l'OTAN en Libye : accélérateur d'une dislocation géopolitique mondiale ?

Xavier JARDEZ

Ex: http://www.polemia.com/ 

otan-libye.jpgDans son bulletin GEAB N° 51 (Global Europe Anticipation Bulletin – janvier 2011)*, le Laboratoire Européen d'Anticipation Politique (LEAP) – think tank monégasque dirigé par Franck Biancheri - prévoyait que l’année 2011 serait une année difficile pour ceux qui n’étaient pas préparés à la crise systémique globale, c'est-à-dire « une crise que affecte les fondements même du système (tous les secteurs et tous les relais, et non pas un secteur particulier comme c'était le cas avec la bulle Internet par exemple) et une crise qui affecte simultanément toute la planète (et non pas comme en 1929 un espace atlantique Etats-Unis et Europe de l'Ouest encore peu intégré in fine) ». Selon le LEAP, l’intervention anglo-américano-française en Libye en est la parfaite illustration ainsi qu’un puissant soutien à la dislocation géopolitique mondiale.

On demanda à l’opinion publique d’approuver, non de penser

Le vrai contexte du conflit libyen n’a rien à voir avec ce que gouvernements et médias en donnent tant en Grande-Bretagne qu’en France et aux Etats-Unis. Il débute avec la révolution en Tunisie et sa propagation aux autres pays arabes avec des résultats divergents. Dans l’analyse de GEAB 52 (février 2011), la Libye apparaissait dans la catégorie des « pays dont les régimes pouvaient contenir jusqu’à la fin de 2012, en recourant à la violence, les tentatives de changement ». Y figuraient aussi l’Algérie, l’Arabie saoudite, la Syrie contre lesquels, selon le bulletin, ni la Grande-Bretagne, ni la France, ni les Etats-Unis n’oseraient lancer une action militaire « pour défendre les populations » ou « accélérer le changement » pour les raisons suivantes :

  • -une trop grande population
  • -des régimes dont la déstabilisation serait dangereuse pour l’Occident
  • -des implications régionales potentiellement « explosives »
  • -des obstacles logistiques
  • -une certaine opposition de puissances non-occidentales à une résolution onusienne de soutien
  • -un destin militaire incertain
  • -un fort impact sur les prix mondiaux du pétrole et du gaz.

La différence de traitement entre la Libye et ces derniers pays est que les opérations militaires y apparaissaient techniquement, politiquement et militairement possibles à moindre risque contrairement aux pays cités. Kadhafi a été diabolisé dans les médias occidentaux mais a été courtisé, ces dernières années par les leaders occidentaux, notamment Sarkozy lui offrant tous les honneurs, pour lui vendre armes et réacteurs nucléaires. Son pays est vaste mais peu peuplé, croulant sous le pétrole dans une région hostile à la centralisation du pouvoir. Il était donc la cible rêvée si l’on arrivait à donner à cette action militaire une légitimité internationale.

Qui fut la suivante :

« Le peuple libyen est attaqué brutalement par un dictateur méprisable ; les démocraties (une espèce de mini-OTAN) doivent protéger de toute urgence le peuple libyen en révolte (dont personne n’a vu de photos même dans Benghazi, à l’inverse de ce qui s’est passé pour les foules en Egypte, au Yémen à Bahreïn, en Jordanie), de massacres de masse perpétrés par le dictateur libyen (ici encore pas de preuves, pas de photos) ; les révolutionnaires ont de plus formé un gouvernement alternatif dont la légitimité doit être soutenue (sans savoir vraiment qui en faisait partie à l’exception de l’ancien ministre de l’intérieur, Abdel Fattah Younis – certainement un grand démocrate - et quelques exilés de Londres et des Etats-Unis depuis des décennies). »

On demanda donc, spécialement en France, à l’opinion publique d’approuver, non de penser.

Pas de plan B en cas d’échec occidental

Les jours qui suivirent ont très rapidement montré

  • -que le peuple libyen ne s’est pas soulevé ;
  • -que les services secrets français, britanniques et la CIA opéraient en Libye bien avant le « déclenchement » officiel de la rébellion ;
  • -que le soutien à cette coalition de la part des pays arabes ou africains a été quasi inexistant ;
  • -qu’une large portion de l’Occident (Allemagne, Pologne…) a été opposé à cette intervention militaire ;
  • -que Sarkozy, Cameron et Obama n’avaient pas de plan B si le « blitzkrieg » échouait ;
  • -que la situation était source de risques géopolitiques majeurs pour le monde arabe et l’Europe.

(….)

Quels étaient les objectifs des participants à l’intervention militaire ? Pour Obama, pris au piège de l’effondrement du « mur du pétro-dollar » dû à la révolution arabe, et englué dans des problèmes budgétaires, financiers et économiques, à qui il était impossible de s’afficher comme un adversaire direct d’un autre pays musulman après l’Irak et l’Afghanistan, il s’agit de maintenir « le mur » par l’établissement de régimes « amis », de consolider le camp occidental en générant des conflits entre l’Occident et le reste du monde, de vendre des armes et d’engendrer des zones d’instabilité autour de l’Europe pour ralentir toute velléité d’indépendance stratégique de l’Europe. Pour Cameron, soutien fidèle des Etats-Unis, ses buts traditionnels épousent ceux de leur parrain, et s’y ajoute, celui jamais démenti, d’affaiblir la cohésion de l’Europe continentale. Sarkozy, converti aux vertus de l’américanisme, légitimant au nom de la démocratie, tout action servant les intérêts de l’Occident, a abandonné, sur l’autel de l’intervention en Libye, les deux pendants de la politique étrangère des dernières décennies, à savoir, le renforcement de la cohésion européenne autour de la France et de l’Allemagne et l’affaiblissement de l’influence US en Méditerranée. Pour Sarkozy, même les plus fervents soutiens à l’intervention en Libye affirment qu’elle est là à des fins de politique domestique, pour remonter sa popularité. Si rien ne marche en Libye, il deviendra pour Obama, le principal coupable.

Quant aux pays arabes, opposés a priori à l’intervention en Libye, ils s’y sont ralliés car le danger pour eux n’est pas Kadhafi, mais les révolutions populaires arabes et tout ce qui peut les affaiblir est le bienvenu. Ils ont ainsi eu le plaisir de voir l’Occident engager un conflit qui leur évite d’étendre un soutien aux mouvements révolutionnaires qui éclatent chez leurs voisins. Si Israël joue dans ce conflit la carte de la discrétion, il ne fait aucun doute que son influence est primordiale dans le conflit libyen, car il lui permet de miner le mouvement révolutionnaire arabe qui l’inquiète.

Cauchemar géopolitique

C’est ainsi que le conflit libyen accélère le processus de dislocation géopolitique mondial selon certaines lignes :

  • -incapacité des Etats-Unis à assumer le leadership militaire. Depuis 1945, c’est la première fois que la coalition qu’ils ont assemblée réunit si peu de pays. L’Occident étant réduit au strict minimum. Il n’y a ni Asiatiques, ni Africains, ni Latino-Américains. Des Arabes, seul le Qatar est visible.
  • -LEAP pense que le conflit libyen aboutira à l’émergence d’un vrai centre européen de défense et au-delà de la défense, la position de l’Allemagne axée sur la diplomatie prévaudra.
  • -failles dans l’unité de l’OTAN
  • -naissance d’une diplomatie Euro-BRIC avec l’abstention de l’Allemagne au Conseil de Sécurité fidèle à sa ligne d’indépendance vis-à-vis de Washington, initiée par Schröeder
  • -impasse de l’Europe sur la « Somalie méditerranéenne » : piraterie, mafias en tous genres, terrorisme, instabilité régionale… ces conséquences sont loin des promesses de changements démocratiques en Libye prophétisées par la coalition.

L’intervention en Libye peut donner lieu à un cauchemar géopolitique pire que celui de la Yougoslavie, l’Irak et l’Afghanistan réunis. Elle est une aubaine pour ceux qui souhaitent affaiblir les mouvements révolutionnaires dans le monde arabe. En France, concernant cette guerre, la propagande médiatique est telle qu’il est impossible d’accorder la moindre foi aux sondages. Le Laboratoire Européen d'Anticipation Politique (LEAP) remarque d’ailleurs que « la cote de popularité d Nicolas Sarkozy continue de chuter, ce qui est bien incompatible avec les fortes adhésions à sa politique libyenne affirmées par les sondeurs » (1).

LEAP
24/07/2011
Extrait GEAB n°54 (15 avril 2011)
Résumé et synthèse par Xavière Jardez

Polémia invite ses lecteurs à se reporter sur le site http://www.france-irak-actualite.com/ . Ils y trouveront des informations sur la situation actuelle de la Libye au lendemain de l’assassinat du général Younès, chef de l’armée rebelle, et sur les doutes quant à l'avenir, formulés par le président Sarkozy et son ministre des affaires étrangères, sur lesquels les médias français se montrent assez discrets.

*Version intégrale : http://www.leap2020.eu/Operation-militaire-en-Libye-Un-accelerateur-puissant-de-la-dislocation-geopolitique-mondiale_a6826.html

(1) Alors qu’en mars 63% des Français soutenaient - soi-disant - l’intervention française en Libye, le 1er juillet ils n’étaient plus que 30% à y être « plutôt favorable ». Selon une enquête de l’hebdomadaire Le Point, publiée le 20 juillet : 66% des Français ne souhaitent pas la réélection de Nicolas Sarkozy.

Correspondance Polémia – 9/08/2011

 

Xavière Jardez

jeudi, 04 août 2011

Guerre contre l'Europe

Pour Burak Turna, l'image qu'ont les Turcs de l'Europe inspire le conspirationnisme. L'Europe est perçue comme terre de conquête.

Guerre contre l’Europe

par Tancrède JOSSERAN
 
Guerre contre l'Europe
 
Alors que les négociations avec l’Union européenne sont entrées dans une phase de doute, un puissant courant eurosceptique est en train d’émerger en Turquie. L’un des succès de librairie les plus significatifs de ces derniers mois : « La troisième guerre mondiale » (1), décrit dans un futur proche l’invasion de l’Europe par l’armée turque.

Avec la « Troisième guerre mondiale », (Üçüncü dünya Savasi), Burak Turna (photo) récidive le succès de son précédent roman de politique fiction : « Tempête de métal » (500 000 exemplaires vendus). Il ne s’agit plus cette fois pour l’auteur d’imaginer l’attaque de la Turquie par les États-Unis, mais de mettre en scène une vaste confrontation à l’échelle planétaire entre l’Orient et l’Occident. Dans le climat d’incertitude et de méfiance qui prévaut aujourd’hui dans les relations entre la Turquie et l’Union Européenne et, plus globalement, de l’Occident avec le monde musulman, le livre de Burak Turna apparaît comme un véritable miroir de l’image que les Turcs se font et de l’Europe, et d’eux-mêmes. C’est cette vision tendue, pleine de contradictions, oscillant entre désir et rejet, que cette œuvre de fiction, bien que confuse et manichéenne, permet d’appréhender.

L’Orient contre l’Occident

En 2010, une crise économique d’ampleur mondiale provoque l’effondrement des principales places financières de la planète, les unes après les autres. Profitant du chaos ainsi généré, une société secrète, « la fraternité des chevaliers de la mort » alliée au Vatican, déclenche une guerre à l’échelle planétaire. Le but final de la mystérieuse confrérie étant l’instauration d’ « un État mondial » (2) blanc et chrétien. Pour ce faire, cette société encourage la dialectique du choc des civilisations à travers le monde, en manipulant les mouvements identitaires et populistes en Europe, ainsi que des sectes comme la Falong en Chine. L’Allemagne, l’Autriche, la Hollande, la France sont en proie à une vague de pogroms contre les musulmans, et plus particulièrement contre les Turcs. Ce déchaînement de violence, touche aussi les ressortissants russes des pays baltes, ce qui force Moscou à intervenir. De même, la tension entre la Chine et les États-Unis pour le contrôle du Pacifique, débouche sur une opération aéronavale à Taiwan. L’Inde, alliée à la Chine, profite de la confusion générale pour anéantir la flotte américaine dans sa base de Diego Garcia et s’emparer des possessions françaises dans l’Océan Indien.
Décidés à mettre fin aux exactions contre leurs ressortissants, Ankara et Moscou alliées au tandem Pékin-New-Dehli unissent leurs efforts militaires. Une spectaculaire opération aéroportée est menée contre l’Allemagne. Les parachutistes turcs, largués par des Antonovs, hissent l’étendard écarlate frappé du croissant sur le Reichstag. Les Américains, trop occupés à faire face aux Chinois dans le Pacifique, abandonnent leurs alliés européens. Un nouvel ordre continental émerge des décombres de l’ancienne Europe dont la capitale est transférée à Istanbul.

Tout au long du récit l’auteur prend bien soin de ne pas isoler l’Islam des autres civilisations non-occidentales. Aussi, l’axe islamo-orthodoxo-hindou-confucéen créé pour la circonstance, valide davantage la thèse du choc entre l’Orient et l’Occident, qu’entre ce dernier et l’Islam. Comme Samuel Huntington avant lui, Burak Turna fait de la Russie un corps étranger à l’Europe en la plaçant dans le camp de l’Orient. En dépit de cette volonté de faire passer au second plan le facteur religieux et les divergences propres à chacune des civilisations de « l’axe oriental », l’auteur à quelque peine à expliquer la disparition des conflits entre musulmans et chrétiens dans le Caucase, l’apaisement subit des tensions dans le Cachemire et au Singkiang (Kirghizstan chinois). Finalement, le grand paradoxe de cet ouvrage réside dans cette volonté des Turcs à vouloir se faire accepter comme Européens en se comportant en conquérants, tout en rejetant l’identité occidentale.

L’Europe une terre de conquête ?

Ultime cap de l’Asie, point d’aboutissement des invasions, marche occidentale de l’Empire ottoman et extrémité nord-occidentale de l’avancée arabe, l’Europe demeure dans l’imaginaire turc un espace d’expansion. Dans une certaine mesure, le processus d’adhésion à l’UE est vécu comme une revanche sur l’Histoire, et la continuation des guerres ottomanes par d’autres moyens. Il est significatif qu’au lendemain de la validation de la candidature d’Ankara par le conseil des ministres des Vingt-Cinq, dans la capitale autrichienne, en décembre 2004, un grand quotidien turc ait titré « Vienne est tombée ! ». Au retour de son périple européen, Erdogan était accueilli triomphalement à Istanbul et surnommé : le « conquérant de l’Europe ».

Malgré son appartenance à un milieu laïc et occidentalisé, Burak Turna reste lui-même marqué par cette rhétorique belliciste. Dans son livre, sa représentation de l’ennemi européen emprunte beaucoup au registre religieux. Les soldats européens y sont décrits comme un ramassis de soudards dépravés et criminels, à l’instar des « croisés avant eux » (3). Le Vatican incarne le danger spirituel qui guette la Turquie et le monde non-occidental. La conspiration qui en émane, a pour but « d’effacer les cultures traditionnelles partout dans le monde et de créer une société d’esclaves » (4) . Nous serons les « propriétaires de la planète » (5), fait s’exclamer Burak Turna à un cardinal, porte-parole de Benoît XVI.

Ici, la figure de l’ennemi alimente l’imaginaire du complot. L’idée que l’action du Vatican puisse faire peser une menace sur l’existence de la Turquie prend sa racine dans le projet du pape Clément VIII (1592-1605) de reconquérir Istanbul et de convertir l’Empire ottoman. Plus récemment, les propos de Jean-Paul II dans son message pascal de 1995, ont été relevés avec suspicion. Le saint Père appelait les organisations armées, et spécialement les Kurdes, à s’asseoir autour de la table de négociations. Le Vatican conviait aussi Ankara à s’associer à cette initiative. Peu après, une campagne de presse relayée par le Catholic World Report aux États-Unis, s’en prenait violemment à la Turquie en l’accusant de « génocide » à l’égard des populations Kurdes. En 1998, la nomination par Jean-Paul II de deux cardinaux, dont l’identité n’a pas été dévoilée, a suscité des interrogations dans les milieux nationalistes turcs (6).

Si ces inquiétudes peuvent apparaître très exagérées, pour ne pas dire dénuées de fondement sérieux, elles n’en recoupent pas moins des « pensées réflexes » ancrées dans le psychisme turc.

En-dehors de Burak Turna, ces théories conspirationistes sont, ces derniers temps, largement reprises dans les médias. Le chroniqueur vedette de télévision, Eröl Mütercimler, s’est fait une spécialité de la dénonciation de ces forces occultes qui dirigent le monde. Pour Mütercimler, l’Europe ne voudra jamais de la Turquie car elle est intrinsèquement un club chrétien (hiristiyan kulübü). Les « architectes du nouvel ordre mondial » auraient selon lui, abouti à une forme de syncrétisme entre leur déisme maçonnique et les valeurs chrétiennes des pères fondateurs de l’Europe. Cette synthèse humanitaro-chrétienne exclurait de fait la Turquie musulmane. Pour appuyer ses propos, Mütercimler prend l’exemple du drapeau européen dont les 12 étoiles sur fond bleu représenteraient la robe de la Sainte Vierge… (7)

Ce regard turc sur l’Europe, si ambigu, si paradoxal, qu’offre le livre de Turna, est à l’image d’un pays prisonnier entre son enracinement oriental et sa marche vers l’Occident. Une Europe perçue à la fois comme une terre de conquête, comme un lieu d’affrontement, mais aussi comme la dispensatrice d’une manne précieuse, un club de riches, un Occident chrétien qui, même pour des musulmans, demeure un idéal de civilisation.

Tancrède Josseran


1) Burak Turna, Üçüncü dünya savasi, Timas Edition, Istanbul, 2005
2) Idem. p 271
3) Idem. p 348
4) Idem. p 130
5) Idem. p 271
6) Erol Mütercimler, Komplo teorileri, Alfa, Istanbul, 2006: “AB’hiristiyan kulübü’dür“ [L’Union Européenne est un club chrétien], p176-180
7) Idem. “Vatikan’in gizli ilisskileri“ [Les relations secretes du Vatican], p 293-300

 

À propos de l'auteur

 

samedi, 23 juillet 2011

Mediterraneo e Asia Centrale: le cerniere dell'Eurasia

Mediterraneo e Asia Centrale: le cerniere dell’Eurasia

Tiberio GRAZIANI

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

 La transizione dal sistema unipolare a quello multipolare genera tensioni in due particolari aree della massa eurasiatica: il Mediterraneo e l’Asia Centrale. Il processo di consolidamento del policentrismo sembra subire una impasse causata dall’atteggiamento “regionalista” assunto dalle potenze eurasiatiche. L’individuazione di un unico grande spazio mediterraneo-centroasiatico, quale funzionale cerniera della massa euroafroasiatica, fornirebbe elementi operativi all’integrazione eurasiatica.

Nel processo di transizione tra il momento unipolare e il nuovo sistema policentrico si osserva che le tensioni geopolitiche si scaricano principalmente su aree a forte valenza strategica. Tra queste, il bacino mediterraneo e l’Asia Centrale, vere e proprie cerniere dell’articolazione euroafroasiatica, hanno assunto, a partire dal primo marzo del 2003, un particolare interesse nell’ambito dell’analisi geopolitica riguardante i rapporti tra gli USA, le maggiori nazioni eurasiatiche e i Paesi del Nord Africa. Quel giorno, si ricorderà, il parlamento della Turchia, vale a dire il parlamento della nazione-ponte per eccellenza tra le repubbliche centroasiatiche e il Mediterraneo, decise di negare l’appoggio richiesto dagli USA per la guerra in Iràq1. Questo fatto, lungi dal costituire solamente un elemento di negoziazione tra Washington e Ankara, come in un primo momento poteva apparire (e certamente lo fu anche, a causa di due elementi contrastanti: la fedeltà turca all’alleato nordamericano e la preoccupazione di Ankara per l’effetto che l’ipotizzata creazione di un Kurdistan, nell’ambito dell’allora probabile progetto d tripartizione dell’Iràq, avrebbe avuto sulla irrisolta “questione curda” ), stabilì tuttavia l’inizio di una inversione di tendenza della cinquantennale politica estera turca2. Da allora, con un crescendo continuo fino ai nostri giorni, la Turchia, tramite soprattutto l’avvicinamento alla Russia (facilitata dalla scarsa propensione dell’Unione Europea ad includere Ankara nel proprio ambito) e la sua nuova politica di buon vicinato, ha cercato di praticare una sorta di smarcamento dalla tutela statunitense, rendendo di fatto scarsamente affidabile un tassello fondamentale per la penetrazione nordamericana nella massa eurasiatica. Oltre gli ostacoli costituiti dall’Iràn e dalla Siria, gli strateghi di Washington e del Pentagono devono oggi tener conto infatti anche della nuova e poco malleabile Turchia.

Il mutamento di condotta della Turchia è avvenuto nel contesto della più generale e complessa trasformazione dello scenario eurasiatico, tra i cui elementi caratterizzanti sono da registrare la riaffermazione della Russia su scala continentale e globale, la potente emersione della Cina e dell’India nell’ambito geoeconomico e finanziario e, per quanto concerne la potenza statunitense, il suo logoramento sul piano militare in Afghanistan e in Iràq.

Quello che, a far data dal crollo del muro di Berlino e dal collasso sovietico, sembrava apparire come l’avanzamento inarrestabile della “Nazione necessaria” verso il centro della massa continentale eurasiatica, seguendo le due seguenti predeterminate direttrici di marcia:

 - una, procedente dall’Europa continentale, volta all’inclusione, a colpi di “rivoluzioni colorate”, nella propria sfera d’influenza dell’ex “estero vicino” sovietico, prontamente ribattezzato la “Nuova Europa”, secondo la definizione di Rumsfeld, e destinata strategicamente, nel tempo, a “premere” contro una Russia ormai allo stremo;

- l’altra, costituita dalla lunga strada che dal Mediterraneo si protrae verso le nuove repubbliche centroasiatiche, volta a tagliare in due la massa euroafroasiatica e a creare un permanente vulnus geopolitico nel cuore dell’Eurasia;

si era arrestato nel volgere di pochi anni nel pantano afgano.

Falliti gli ultimi tentativi di “rivoluzioni colorate” e sommovimenti telediretti da Washington nel Caucaso e nelle Repubbliche centroasiatiche, rispettivamente a causa della fermezza di Mosca e delle congiunte politiche eurasiatiche di Cina e Russia, messe in atto, tra l’altro, attraverso la Organizzazione della Conferenza di Shanghai (OCS), la Comunità economica eurasiatica e il consolidamento di relazioni di amicizia e cooperazione militare, gli USA al termine del primo decennio del nuovo secolo dovevano riformulare le proprie strategie eurasiatiche.

 

La prassi egemonica atlantica

 

L’assunzione del paradigma geopolitico proprio al sistema occidentale a guida statunitense, articolato sulla dicotomia Stati Uniti versus Eurasia e sul concetto di “pericolo strategico”3, induce gli analisti che lo praticano a privilegiare gli aspetti critici delle varie aree bersaglio degli interessi atlantici. Tali aspetti sono costituiti comunemente dalle tensioni endogene dovute in particolare a problematiche interetniche, disequilibri sociali, disomogeneità religiosa e culturale4, frizioni geopolitiche. Le soluzioni approntate riguardano un ventaglio di interventi che spaziano dal ruolo degli USA e dei loro alleati nella “ricostruzione” degli “stati falliti” (Failed States) secondo modalità diversificate (tutte comunque miranti a diffondere i “valori occidentali” della democrazia e della libera iniziativa, senza tenere in alcun conto le peculiarità e le tradizioni culturali locali), fino all’intervento militare diretto. Quest’ultimo viene giustificato, a seconda delle occasioni, come una risposta necessaria per la difesa degli interessi statunitensi e del cosiddetto ordine internazionale oppure, nel caso specifico degli stati o governi che l’Occidente ha valutato, preventivamente e significativamente, in accordo alle regole del soft power, “canaglia”, quale estremo rimedio per la difesa delle popolazioni e la salvaguardia dei diritti umani5.

Considerando che la prospettiva geopolitica statunitense è tipicamente quella di una potenza talassica, che interpreta il rapporto con le altre nazioni o entità geopolitiche muovendo dalla propria condizione di “isola”6, essa identifica il bacino mediterraneo e l’area centroasiatica come due zone caratterizzate da una forte instabilità. Le due aree rientrerebbero nell’ambito dei cosiddetti archi di instabilità come definiti da Zbigniew Brzezinski. L’arco di instabilità o di crisi costituisce, come noto, una evoluzione ed un ampliamento del concetto geostrategico di rimland (margine marittimo e costiero) messo a punto da Nicholas J. Spykman7. Il controllo del rimland avrebbe permesso, nel contesto del sistema bipolare, il controllo della massa eurasiatica e dunque il contenimento della sua maggiore nazione, l’Unione Sovietica, ad esclusivo beneficio della “isola nordamericana”.

Nel nuovo contesto unipolare, la geopolitica statunitense ha definito come Grande Medio Oriente la lunga e larga fascia che dal Marocco giunge fino all’Asia Centrale, una fascia che andava secondo Washington “pacificata” in quanto costituiva una ampio arco di crisi, a causa delle conflittualità generate dalle disomogeneità sopra descritte. Tale impostazione, veicolata dagli studi di Samuel Huntington e dalle analisi di Zigbniew Brzezinski, spiega abbondantemente la prassi seguita dagli USA al fine di aprirsi un varco nella massa continentale eurasiatica e da lì premere sullo spazio russo per assumere l’egemonia mondiale. Tuttavia alcuni fattori “imprevisti” quali la “ripresa” della Russia, la politica eurasiatica condotta da Putin in Asia Centrale, le nuove intese tra Mosca e Pechino, nonché l’emersione della nuova Turchia (fattori che messi in relazione alle relative e contemporanee “emancipazioni” di alcuni paesi dell’America Meridionale delineano uno scenario multipolare o policentrico) hanno influito sulla ridefinizione dell’area come un Nuovo Medio Oriente. Tale evoluzione, emblematicamente, venne resa ufficiale nel corso della guerra israelo-libanese del 2006. In quell’occasione, l’allora segretario di Stato Condoleeza Rice ebbe a dire: «Non vedo l’interesse della diplomazia se è per ritornare alla situazione precedente tra Israele ed il Libano. Penso sarebbe un errore. Ciò che vediamo qui, in un certo modo, è l’inizio, sono le doglie di un nuovo Medio Oriente e qualunque cosa noi facciamo, dobbiamo essere certi che esso sia indirizzato verso il nuovo Medio Oriente per non tornare al vecchio»8. La nuova definizione era ovviamente programmatica; mirava infatti alla riaffermazione del partenariato strategico con Tel Aviv ed alla frantumazione – indebolimento dell’area vicino e medio orientale nel quadro di quello che alcuni giorni dopo la dichiarazione di Condoleeza Rice venne precisato dal primo ministro israeliano Olmert essere il “New Order” in “Medio Oriente”. Parimenti programmatico era il sintagma “Balcani eurasiatici” coniato da Brzezinski in riferimento all’area centroasiatica, giacché utile alla formulazione di una prassi geostrategica che, attraverso la destabilizzazione dell’Asia Centrale sulla base delle tensioni endogene, aveva (ed ha) lo scopo di rendere problematica la potenziale saldatura geopolitica tra Cina e Russia.

Negli anni che vanno dal 2006 alla operazione “Odyssey Dawn” contro la Libia (2011), gli USA, nonostante la retorica inaugurata dal 2009 dal nuovo inquilino della Casa Bianca, hanno di fatto perseguito una strategia mirante alla militarizzazione dell’intera striscia compresa tra il Mediterraneo e l’Asia Centrale. In particolare, gli USA hanno messo in campo, nel 2008, il dispositivo militare per l’Africa, l’Africom, attualmente (aprile 20011) impegnato nella “crisi” libica, finalizzato al radicamento della presenza statunitense in Africa in termini di controllo e di pronto intervento nel continente africano, ma anche puntato nella direzione del “nuovo” Medio Oriente e dell’Asia Centrale. In sintesi, la strategia statunitense consiste nella militarizzazione della fascia mediterranea-centroasiatica. Gli scopi principali sono:

  1. creare un cuneo tra l’Europa meridionale e l’Africa settentrionale;

  2. assicurare a Washington il controllo militare dell’Africa settentrionale e del Vicino Oriente (utilizzando anche la base di Camp Bondsteel presente nel Kosovo i Metohija), con una particolare attenzione all’area costituita da Turchia, Siria e Iràn;

  3. tagliare” in due la massa eurasiatica;

  4. allargare il cosiddetto arco di crisi nell’Asia Centrale.

Nell’ambito del primo e del secondo obiettivo, l’interesse di Washington si è rivolto principalmente verso l’Italia e la Turchia. I due paesi mediterranei, per motivi diversi (ragioni eminentemente di politica industriale ed energetica per l’Italia, ragioni più propriamente geopolitiche per Ankara, desiderosa di ricoprire un ruolo regionale di primo livello, peraltro in diretta competizione con Israele) hanno negli ultimi anni tessuto rapporti internazionali che, in prospettiva, poiché forti delle relazioni con Mosca, potevano (e possono) fornire leve utili per una potenziale exit strategy turco-italiana dalla sfera di influenza nordamericana. Il tentativo oggettivo di aumentare i propri gradi di libertà nell’agone internazionale operati da Roma e Ankara cozzavano contro non solo gli interessi generali di natura geopolitica di Washington e Londra, ma anche contro quelli più “provinciali” dell’Union méditerranéenne di Sarkozy.

 

Il multipolarismo tra prospettiva regionalista e eurasiatica

 

La prassi applicata dal sistema occidentale guidato dagli USA volta, come sopra descritto, ad ampliare le crisi in Eurasia e nel Mediterraneo al fine non della loro stabilizzazione, bensì del mantenimento della propria egemonia, mediante militarizzazione dei rapporti internazionali e coinvolgimento degli attori locali, oltre ad individuare altri futuri e probabili bersagli (Iràn, Siria, Turchia) utili al radicamento statunitense in Eurasia, pone alcune riflessioni in merito allo “stato di salute” degli USA e alla strutturazione del sistema multipolare.

Ad una analisi meno superficiale, l’aggressione alla Libia di USA, Gran Bretagna e Francia, non è affatto un caso sporadico, ma un sintomo della difficoltà di Washington di operare in maniera diplomatica e con senso di responsabilità, quale un attore globale dovrebbe avere. Esso evidenzia il carattere di rapacità tipico delle potenze in declino. Il politologo ed economista statunitense David. P. Calleo, critico della “follia unipolare” e studioso del declino degli USA, osservava nel lontano 1987 che «…le potenze in via di declino, anziché regolarsi e adattarsi, cercano di cementare il proprio barcollante predominio trasformandolo in un’egemonia rapace»10. Luca Lauriola nel suo Scacco matto all’America e a Israele. Fine dell’ultimo Impero11, sostiene, a ragione, che le potenze eurasiatiche, Russia, Cina e India trattano la potenza d’oltreatlantico, ormai “smarrita e impazzita”, in modo da non suscitare reazioni che potrebbero generare catastrofi planetarie.

Per quanto invece riguarda il processo di strutturazione del sistema multipolare, occorre rilevare che quest’ultimo avanza lentamente, non a causa delle recenti azioni statunitensi in Africa Settentrionale, ma piuttosto per l’atteggiamento “regionalista” assunto dagli attori eurasiatici (Turchia, Russia e Cina), i quali stimando il Mediterraneo e l’Asia Centrale solo in funzione dei propri interessi nazionali, non riescono a cogliere il significato geostrategico che queste aree svolgono nel più ampio scenario conflittuale tra interessi geopolitici extracontinentali (statunitensi) ed eurasiatici. La riscoperta di un unico grande spazio mediterraneo-centroasiatico, evidenziando il ruolo di “cerniera” che esso assume nell’articolazione euroafroasiatica, fornirebbe elementi operativi per superare l’ impasse “regionalista” che subisce il processo di transizione unipolare-multipolare.

 * Tiberio Graziani è direttore di “Eurasia” e presidente dell’IsAG.

1 Elena Mazzeo, “La Turchia tra Europa e Asia”, “Eurasia. Rivista di Studi Geopolitici”, a. VIII, n.1 2011.

2 La Turchia aderisce al Patto Nato il 18 febbraio 1952.

3 «Geopoliticamente l’America è un’isola al largo del grande continente eurasiatico. Il predominio da parte di una sola potenza di una delle due sfere principali dell’Eurasia — Europa o Asia — costituisce una buona definizione di pericolo strategico per gli Stati Uniti, una guerra fredda o meno. Quel pericolo dovrebbe essere sventato anche se quella potenza non mostrasse intenzioni aggressive, poiché, se queste dovessero diventare tali in seguito, l’America si troverebbe con una capacità di resistenza efficace molto diminuita e una incapacità crescente di condizionare gli avvenimenti», Henry Kissinger, L’arte della diplomazia, Sperling & Kupfer Editori, Milano 2006, pp.634–635.

«Eurasia is the world’s axial supercontinent. A power that dominated Eurasia would exercise decisive influence over two of the world’s three most economically productive regions, Western Europe and East Asia. A glance at the map also suggests that a country dominant in Eurasia would almost automatically control the Middle East and Africa. With Eurasia now serving as the decisive geopolitical chessboard, it no longer suffices to fashion one policy for Europe and another for Asia. What happens with the distribution of power on the Eurasian landmass will be of decisive importance to America’s global primacy and historical legacy.» Zbigniew Brzezinski, “A Geostrategy for Eurasia,” Foreign Affairs, 76:5, September/October 1997.

4 Enrico Galoppini, Islamofobia, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2008.

5 Jean Bricmont, Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort?, Éditions Aden, Bruxelles 2005; Danilo Zolo, Chi dice umanità. Guerra, diritto e ordine globale, Einaudi, Torino 2000; Danilo Zolo, Terrorismo umanitario. Dalla guerra del Golfo alla strage di Gaza, Diabasis, Reggio Emilia 2009.

6 «Un tipico descrittore geopolitico è la visione degli USA come una “isola”, non troppo diversa geopoliticamente dall’Inghilterra e dal Giappone. Tale definizione esalta la loro tradizione di commercio marittimo ed interventi militari oltremare e, ovviamente, di sicurezza basata sulla distanza e l’isolamento.» Phil Kelly, “Geopolitica degli Stati Uniti d’America”, “Eurasia. Rivista di Studi Geopolitici”, a. VII, n.3 2010.

7 Nicholas Spykman, America’s Strategy in World Politics: The United States and the Balance of Power, Harcourt Brace, New York 1942.

8 «But I have no interest in diplomacy for the sake of returning Lebanon and Israel to the status quo ante. I think it would be a mistake. What we’re seeing here, in a sense, is the growing — the birth pangs of a new Middle East and whatever we do we have to be certain that we’re pushing forward to the new Middle East not going back to the old one», Special Briefing on Travel to the Middle East and Europe, US, Department of State, 21 luglio 2006

9 Tiberio Graziani, “U.S. strategy in Eurasia and drug production in Afghanistan”, Mosca , 9-10 giugno 2010 (http://www.eurasia-rivista.org/4670/u-s-strategy-in-eurasia-and-drug-production-in-afghanistan )

10 David P. Calleo, Beyond American Hegemony: The future of the Western Alliance, New York 1987, p. 142.

11 Luca Lauriola, Scacco matto all’America e a Israele. Fine dell’ultimo Impero, Palomar, Bari 2007.


Article printed from eurasia-rivista.org: http://www.eurasia-rivista.org

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vendredi, 22 juillet 2011

Philippe Prévost sur les révoltes arabes sur Méridien Zéro



 

Philippe Prévost sur les révoltes arabes sur Méridien Zéro

jeudi, 21 juillet 2011

Botschaft aus dem libyschen Sandmeer

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Botschaft aus dem libyschen Sandmeer

Interessant ist, was der Diplomat über seinen ehemaligen Mentor Gaddafi zu sagen wußte: Nicht dieser, sondern dessen Söhne seien das Übel. Ein interessanter Aspekt. Das bringt mich auf ein naheliegendes Thema: Wer könnte wohl gemeint sein, wenn davon die Rede ist, die Reise eines FP-Vermittlers  nach Tripolis sei mit „verschiedenen Seiten“ abgesprochen worden?  Nachdem EU und NATO davon nichts wissen wollen, wer könnte das sonst sein? Israel?                                                                                                                   

Da mit der Mission nicht der in der Partei für Außenpolitik sonst Zuständige, sondern der „Hausjude“ der Partei betreut wurde, wäre dies ja naheliegend. Aber auch dieser hat eigentlich nichts wesentlich Neues aus Tripolis mitgebracht, worüber nicht schon griechische oder italienische Gesprächspartner Gaddafis zu berichten gewußt hätten. Es sei denn, er verschweigt etwas, was nur für eine auserwählte Seite bestimmt ist.                        

Vielleicht ist aber alles ganz anders und das ganze Theater bloß ein PR-„Gag“. Und das magere Ergebnis insofern auch verständlich wäre, daß Gaddafis Sohn für einen Abgesandten jenes Politikers, der seinen Freund Jörg Haider einst beschimpfte, ganz einfach nicht mehr Zeit als fünf dürftige Minuten erübrigen wollte.                                   

Zudem  gilt ja für stolze Beduinen jene Haltung, wie sie in einem alten libyschen Lied zum Ausdruck kommt: „Ein Hirt von meinem Stamme gilt mir mehr als all die üpp´gen Freunde um mich her“.

vendredi, 15 juillet 2011

La question turque

La question turque

Radio "Méridien Zéro", Paris



vendredi, 10 juin 2011

J. P. Fuss: Erdogan, Meister der Täuschung

Jürgen P. Fuß,

Erdogan - ein Meister der Täuschung

Was Europa von der Türkei wirklich zu erwarten hat

ISBN 978-3937820-16-3 - Verlag Siegfried Bublies

278 Seiten, gebunden, Hardcover, 19,80 euro

Erscheinungstermin: 15 Juni 2011

Mehr als sechs Jahre haben Jürgen P. Fuß und seine Frau in der Türkei gelebt und dabei Land und Leute kennen gelernt. Im April 2004 gründeten sie die erste deutschsprachige Wochenzeitung für die Türkei. In insgesamt 222 Ausgaben berichtete die „Aktuelle Türkei Rundschau" über die Türkei und kommentierte die politischen Ereignisse. Als Herausgeber und Chefredakteure konnten Fuß und seine Frau hautnah miterleben, wie Recep Tayyip Erdogan den Einfluss der islamisch-konservativen AKP (deutsch: Partei für Gerechtigkeit und Entwicklung) immer weiter festigte. Gleichzeitig gelang es Erdogan, seine Machtposition innerhalb und außerhalb der Partei so stark auszubauen, dass er mit einigen ihm treu ergebenen Weggefährten mittlerweile alle Fäden des türkischen Staates in der Hand hält.

Jürgen P. Fuß liefert mit „Erdogan – ein Meister der Täuschung" eine umfassende Biografie des türkischen Machtpolitikers und eine entlarvende Analyse seiner politischen Aktivitäten als Parteivorsitzender der AKP und Ministerpräsident der Türkei.

Bereits 1998 wurde der frühere Istanbuler Bürgermeister Erdogan wegen öffentlichen Zitierens der folgenden Verse zu einer Gefängnisstrafe verurteilt: Die Demokratie ist nur der Zug, auf den wir aufsteigen, bis wir am Ziel sind. Die Minarette sind unsere Bajonette... die Moscheen sind unsere Kasernen." Erst nach einer Verfassungsänderung konnte Erdogan für das türkische Parlament kandidieren und am 11. März 2003 Ministerpräsident werden. Seit dieser Zeit beherrscht Erdogan die hohe Kunst des Verstellens, Verschleierns und Täuschens als erfolgreiche Methode eines schleichenden Machterwerbs. Fuß’ faktenreiche und auf intimer Kenntnis der türkischen Verhältnisse basierende Arbeit zeigt: Erdogan, der aus der radikal-islamischen und autoritären Milli Görüs-Bewegung Erbakans kommt, strebt für die Türkei eine Führungsrolle in Europa, Vorderasien und im Nahen Osten an. Und der Islam soll die alle Lebensbereiche beherrschende Religion werden. Für Fuß gibt es deshalb nur eine zwingende politische Schlußfolgerung: Die Türkei darf nicht Mitglied im europäischen Staatenverbund werden.

Zum Autor:

Jürgen P. Fuß, geboren 1946, studierte Elektrotechnik, Abschluß als Diplom-Ingenieur. Von 1979 bis 2009 Dozent für Betriebswirtschaft an einer Fachhochschule. Herausgeber und Chefredakteur der einzigen deutschsprachigen Wochenzeitung in der Türkei in den Jahren 2004 bis 2009.

Im Februar 2009 verließen Jürgen P. Fuß und seine Frau die Türkei, weil sie nicht länger in einem Land leben wollten, das Recep Tayyip Erdogan nach seinen islamisch-konservativen Vorstellungen umbaut. Hinzu kam, dass das Risiko, ins Visier der Polizei oder der Justiz zu geraten, für die Herausgeber und Chefredakteure der „Aktuellen Türkei Rundschau" immer größer wurde. Eine verantwortungsvolle journalistische Arbeit war nicht mehr möglich. Mittlerweile leben sie an verschiedenen Orten in Europa.

Inhaltsverzeichnis

Vorwort

1 Recep Tayyip Erdogan (Kindheit, Jugend, Lehrmeister)
1.1 Erdogan – von ganz unten nach ganz oben
1.2 Erdogans Vorbilder und Lehrer
1.2.1 Wer hat Erdogans Weltbild geprägt?
1.2.2 Milli-Görüs - Meinungsbildung in jungen Jahren
1.2.3 Fazit: Wie Milli-Görüs Erdogan geprägt hat
1.2.4 Said Nursi - Islamischer Vordenker wirkt bis heute
1.2.5 Nursis Kritik an der muslimischen Gemeinschaft
1.2.6 Fethullah Gülen - geistiger Lehrmeister oder mehr?
1.2.7 Erbakans politischer Weg - Lehrstück mit nachhaltiger Wirkung
1.2.8 Erdogans Motive - eine erste Zwischenbilanz

2 Erdogans Weg zur Macht (1994 bis 2002)
2.1 Erdogans erste politischen Schritte (1975 bis 1998)
2.2 Türkei im Aufbruch (1997 bis 2001)
2.3 Die AKP wird Regierungspartei (2001 bis 2002)
2.4 Erdogan wird Regierungschef (2003)
2.5 Regierungsantritt der AKP - ein Sieg der Demokratie?
2.6 Erdogan festigt seine Position
2.7 Keine Frage: Die AKP steht und fällt mit Erdogan

3 Erdogan weckt hohe Erwartungen (2003 bis 2010)
3.1 Wahlversprechen 2002: Alles soll besser werden
3.2 Erdogan verspricht: Wirtschaftlicher Aufschwung
3.2.1 Bruttoinlandsprodukt seit 2002 gestiegen
3.2.2 Inflationsrate weit über dem europäischen Niveau
3.2.3 Grundlegende Probleme des türkischen Arbeitsmarktes nicht gelöst
3.2.4 Bilanz: Türkei wäre wirtschaftlich betrachtet ein schwaches Mitglied in der EU
3.3 Erdogan verspricht: Mehr Demokratie
3.3.1 Rückblick auf sechs Jahrzehnte Demokratie in der Türkei
3.3.2 Das türkische Wahlrecht verzerrt das Wahlergebnis
3.3.3 Stärkt die AKP die Demokratie in der Türkei?
3.4 Erdogan verspricht: Mehr Meinungs- und Pressefreiheit
3.4.1 Die Lage vor dem Regierungswechsel 2002
3.4.2 AKP-Regierung schafft vorübergehend Verbesserungen
3.4.3 Erdogan verändert die Medienlandschaft
3.4.4 Bilanz: Keine Fortschritte, sondern Rückwärtsgang im Medienbereich
3.5 Erdogan verspricht: Rechtsreform und bessere Justiz
3.5.1 Neues Strafvollzugsgesetz - ein Stück Etikettenschwindel
3.5.2 4.000 neue Staatsanwälte und Richter - Justizreform oder: mehr Einfluss für die AKP?
3.5.3 Türkisches Anti-Terrorgesetz – Mehr Rechte für Militär und Polizei
3.5.4 Justizreform führt zu mehr Einfluss durch die Politik
3.6 Bilanz: Hohe Erwartungen kaum erfüllt

4 Erdogans wahre Pläne (ab 2008)
4.1 Will Erdogan eine Türkei nach europäischem Muster?
4.2 Erdogans "Schöne Neue Welt"
4.2.1 Erdogans 1. Plan: Die Entmachtung des türkischen Militärs
4.2.2 Erdogans 2. Plan: Türkische Kolonie Europa
4.2.3 Erdogans 3. Plan: Türkei eine der zehn größten Volkswirtschaften
4.2.4 Erdogans 4. Plan: Weltmacht Türkei
4.2.5 Erdogan auf den Weg zum zweiten Atatürk?
4.2.6 Statt einer Bilanz - Versuch einer Prognose 2023

5 Resümee: Was Europa von der Türkei wirklich zu erwarten hat


Literaturverzeichnis

vendredi, 03 juin 2011

Gaddafi ind die Rebellenkommandeure einigen sich auf Waffenstillstand

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Gaddafi und die Rebellenkommandeure einigen sich auf Waffenstillstand – NATO setzt Krieg fort

Die Kämpfe in Libyen schwächen sich ab. Militärquellen berichten, Muammar al-Gaddafi und die Rebellenkommandeure stünden nach zweiwöchigen Geheimverhandlungen kurz vor Abschluss einer ganzen Reihe von Abkommen zur Beendigung des Krieges. Während die Kampfflugzeuge der NATO ihre Angriffe auf die libysche Hauptstadt Tripolis auch in der Nacht zum Mittwoch, dem 25. Mai, fortsetzten, wurden die Bodenkämpfe bis auf wenige örtliche Ausnahmen in einigen kleineren Kampfzonen, in denen einige wenige Rebellenkommandeure noch ausharren, praktisch eingestellt. Aber in den zuletzt heftig umkämpften Städten Misrata, Brega und Adschabia ist Ruhe eingekehrt, als der Waffenstillstand seine Wirkung entfaltete.

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jeudi, 02 juin 2011

Lépante et sa signification actuelle

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Lépante et sa signification actuelle

par Jean-Gilles MALLIARAKIS

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Comme tous les événements historiques, comme tous les anniversaires, la bataille de Lépante peut prêter à des discours extrêmement contradictoires. La victoire navale de la flotte commandée par Don Juan d'Autriche remonte au 7 octobre 1571. Certains commémoreront donc cet automne son 440e anniversaire. Sur le fond, on doit leur donner, par avance, raison. Rien ne se révèle pire que l'oubli, pas même les contresens d'un soir, d'une manifestation ou d'un discours. Oswald Spengler considérait, et il écrivit un jour "qu'au dernier moment c'est toujours un peloton de soldats qui sauve la civilisation". On a bien oublié de nos jours ce représentant de la révolution conservatrice. Et cette conception héroïque disconvient à notre époque où on se préoccupe plus de sécurité alimentaire que de défense des frontières.

Un petit mot quand même sur ce premier défi lancé à l'empire ottoman. Depuis le salutaire coup d'arrêt donné, sur l'Adriatique, par Skanderbeg (1405-1468) au XVe siècle (1), les armées de la Sublime Porte semblaient aux Européens pratiquement invincibles. Si l'on accorde la première place à l'action militaire, on ne peut que saluer cette expédition partie de Messine. Elle infligea une défaite matériellement considérable à la marine turque. Sur une flotte de 300 bâtiments, celle-ci subit la destruction de 50 navires et la capture de 100 par les chrétiens coalisés. 15 000 captifs européens furent libérés. Au nombre des 8 000 blessés occidentaux on doit rappeler au moins le nom de Cervantès.

On a présenté cette opération comme une sorte de 13e croisade. Et feu Oussama bin Laden la qualifierait certainement ainsi. Honnêtement toutefois, cette numérotation ne veut pas dire grand-chose, à moins de s'en tenir à la définition faussement stricte qu'on donne classiquement : Urbain II au concile de Clermont en 1095 aurait donné le signal de la première, oublions la quatrième et l'abomination de 1204 (2), retenons que le pontificat romain de saint Pie V (1567-1572) préconisa celle-ci, effectivement aboutie à Lépante. Soulignons que la résistance chrétienne à l'expansion de l'islam et aux persécutions des califes et de émirs avait commencé beaucoup plus tôt. Et elle reprendra.

En l'occurrence cette victoire de l'occident appartient à la gloire de l'Espagne. Le règne de Philippe II est ordinairement présenté aujourd'hui sous le jour le plus négatif. Lorsque le réalisateur indien Shekhar Kapur consacra en 2007 un [excellent] film à la gloire d'Elizabeth Ire et à son "Âge d'or" on doit déplorer qu'il présente, à l'inverse, la Cour de Madrid et tous les catholiques comme un ramassis de benêts obscurantistes. Une telle impression mensongère s'impose efficacement au spectateur mal informét. Or, s'il importe, par ailleurs, de cerner la provenance des mythes mémoriels, et si la tâche des historiens consiste à leur tordre le cou, la question la plus urgente porte sur leurs conséquences actuelles. Les pays protestants de l'Europe du nord ont été confrontés aux mêmes périls, et ils le seront plus encore dans les temps à venir.

Au moment où le Pape appelait à la lutte contre la menace islamique qui pesait au XVIe siècle sur l'Empire vénitien, d'autres croyaient nécessaire d'attiser les guerres de religion qui dévastaient la France et qui, deux générations plus tard, ruineront l'Allemagne. Le "roi très chrétien", en l'occurrence les trois derniers Valois, quoique le royaume des Lys ait atteint les rives de la Méditerranée, s'abstint de participer à une ligue, où s'impliquèrent au contraire toutes les nationalités de l'Europe du sud. Celle-ci se constitua solennellement en mai, on ne l'a pas célébré. Elle assemblait Venise et Gênes, le duché de Savoie et le royaume de Naples, le roi d'Espagne, les États pontificaux, et les chevaliers de Malte. Cette coalition manqua de cohésion au-delà de la bataille. Elle renonça même après sa victoire à l'objet qui l'avait vu naître : la menace ottomane sur Chypre. La Sérénissime république de Vénitiens, dont la préoccupation commerciale dominait la politique, céda en 1573 l'île d'Aphrodite aux sultans de Constantinople. Le trône d'Osman était occupé par le fort médiocre Sélim II l'Ivrogne. Son empire ne fut sauvé que par un Slave de Bosnie le grand vizir Mehmed-pacha Sokolli. (3)

Tout ceci peut paraître bien lointain. J'avoue la faiblesse de considérer qu'il s'agit d'un scénario parfaitement cohérent et actuel. Chypre resta captive entre les mains de son conquérant pendant 300 ans, comme l'Espagne avait subi 800 ans le joug islamique. (4) Il vaut mieux ne jamais perdre les guerres, et même quand on l'emporte il faut savoir consolider sa victoire et gagner la paix.

Au-delà de tels truismes eux-mêmes oubliés, les souvenirs événementiels demeurent également indispensables. La résistance chrétienne que représente Lépante sera continuée, plus tard, par l'Autriche des Habsbourg en Europe centrale et dans les Balkans, puis par la Russie des tsars.

Aujourd'hui où l'on nous berce de "l'union pour la Méditerranée", autre nom du projet "Eurabia", on veut nous faire oublier au-delà même des batailles la vraie menace d'autodestruction, pire encore que de conquête, qui pèse sur tous les Européens. Baisser la garde face au choc des civilisations, forme un seul et même projet avec celui d'effacer nos racines et de renoncer à nos libertés.

JG Malliarakis

Apostilles

  1. Sur ce héros [oublié] de la chrétienté, vainqueur des Turcs, on lira avec plaisir le livre de Camille Paganel, "Histoire de Skanderbeg".Skanderbeg
  2. On se reportera utilement à la petite "Histoire de l'empire Byzantin" de Charles Diehl.
  3. Issu du cruel mais efficace système appelé "devichirmé" – la cueillette – cet enfant arraché à sa famille, islamisé de force et formé pour servir de cadre à l'État, sera grand vizir de trois sultans successifs. Sur 26 grands vizirs dont on connaît l'origine, 11 semblent avoir été albanais, 6 grecs, 5 turcs, les autres tcherkesses, italiens, caucasiens ou serbes. C'est cela qui a permis à cet empire de durer.
  4. cf. "La Conquête de l'Espagne par les Arabes" par Jules de Marlès.

Si cet article vous a intéressé ...
vous aimerez certainement "La Question turque et l'Europe" par JG Malliarakis
Du même auteur, vient de paraître "L'Alliance Staline Hitler".

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mardi, 31 mai 2011

Peter Scholl Latour: révolutions arabes et élimination de Ben Laden

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Révolutions arabes et élimination de Ben Laden

 

Entretien avec Peter Scholl-Latour

 

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

 

Q. : Professeur Scholl-Latour, vous revenez tout juste d’un voyage en Algérie. Quelle est la situation aujourd’hui en Algérie ? Une révolution menace-t-elle aussi ce pays ?

 

PSL : La situation en Algérie est plutôt calme et j’ai même pu circuler dans les campagnes, ce qui n’est pas sans risques, mais notre colonne a bien rempli sa mission. Vers l’Ouest, j’ai pu circuler tout à fait librement mais en direction de l’Est, de la Kabylie, je suis arrivé seulement dans le chef-lieu, Tizi Ouzou ; ailleurs, la région était bouclée. Pas tant en raison d’actes terroristes éventuels —ceux-ci surviennent mais ils sont assez rares—  mais parce que des enlèvements demeurent toujours possibles et les autorités algériennes les craignent.

 

Q. : Au contraire de l’Algérie, la Libye ne retrouve pas le calme, bien au contraire. Tout semble indiquer que la situation de guerre civile conduit au blocage total. Comment jugez-vous la situation ?

 

PSL : Je pense qu’à terme Kadhafi et son régime vont devoir abandonner la partie ou que le Colonel sera tué. Mais ce changement de régime et cette élimination du chef n’arrangeront rien, bien évidemment, car, en fin de compte, les deux régions qui composent la Libye, la Tripolitaine et la Cyrénaïque sont trop différentes l’une de l’autre, sont devenues trop antagonistes, si bien que nous nous trouverons toujours face à une situation de guerre civile. Surtout que le pays n’a jamais connu de système politique démocratique. Cela n’a jamais été le cas ni dans la phase brève de la monarchie ni auparavant sous la férule italienne : finalement, il n’y a pas de partis constitués en Libye ni de personnalités marquantes qui pourraient s’imposer au pays tout entier. On peut dire que le système ressemble, mutatis mutandis, à ceux qui régnaient en Tunisie et en Egypte.

 

Q. : Donc ce qui menace la Libye, c’est un scénario à l’irakienne…

 

PSL : Cela pourrait même être pire. Nous pourrions déboucher sur un scénario à la yéménite (BT : faibles structures étatiques et conflits intérieurs) ou, plus grave encore, à la somalienne (BT : effondrement total de toutes les structures étatiques et domination de groupes islamistes informels). La réaction générale des Algériens est intéressante à observer : je rappelle que, dans ce pays, les militaires avaient saisi le pouvoir en 1991, parce que le FIS islamiste, à l’époque encore parfaitement pacifique, avaient gagné les élections libres et emporté la majorité des sièges ; à la suite du putsch militaire, les Algériens ont connu une guerre civile qui a fait 150.000 morts. Aujourd’hui, l’homme de la rue en Algérie dit qu’il en a assez des violences et des désordres. Les Algériens observent avec beaucoup d’inquiétude les événements de Libye et se disent : « Si tels sont les effets d’un mouvement démocratique, alors que Dieu nous en préserve ! ».

 

Q. : Quel jugement portez-vous en fait sur les frappes aériennes de l’OTAN contre Kadhafi, alors que la résolution n°1973 de l’ONU n’autorise que la protection des civils ? Il semble que l’OTAN veut imposer de force un changement de régime…

 

PSL : Bien entendu, l’OTAN a pour objectif un changement de régime en Libye. Le but est clairement affiché : l’OTAN veut que Kadhafi s’en aille, y compris sa famille, surtout son fils Saïf al-Islam et tout le clan qui a dirigé le pays pendant quarante ans. Pourra-t-on renverser le régime de Kadhafi en se bornant seulement à des frappes aériennes ? Ce n’est pas sûr, car les insurgés sont si mal organisés et armés qu’ils essuient plus de pertes par le feu ami que par la mitraille de leurs ennemis.

 

Q. : Comment peut-on jauger la force des partisans de Kadhafi ?

 

PSL : A Tripoli, c’est certain, les forces qui soutiennent Kadhafi sont plus fortes qu’on ne l’avait imaginé. Certaines tribus se sont rangées à ses côtés, de même qu’une partie de la population. Car, en fin de compte, tout allait bien pour les Libyens : ils avaient le plus haut niveau de vie de tout le continent africain. Certes, ils étaient complètement sous tutelle, sans libertés citoyennes, mais uniquement sur le plan politique. Sur le plan économique, en revanche, tout allait bien pour eux. Kadhafi dispose donc de bons soutiens au sein de la population, ce que l’on voit maintenant dans les combats qui se déroulent entre factions rivales sur le territoire libyen. De plus, dans les pays de l’aire sahélienne, il a recruté des soldats qu’il paie bien et qui combattent dans les rangs de son armée.

 

* * *

 

peterscholllatour.jpgQ. : Après la mort d’Ousama Ben Laden, le terrorisme islamiste connaîtra-t-il un ressac ? Al-Qaeda est-il désormais un mouvement sans direction ?

 

PSL : Au cours de ces dernières années, Ousama Ben Laden n’a plus joué aucun rôle et je ne sais pas s’il a jamais joué un rôle… Ben Laden était un croquemitaine, complètement fabriqué par les Américains. Ousama Ben Laden n’a donc jamais eu l’importance qu’on lui a attribuée. Le rôle réel de Ben Laden relève d’un passé bien révolu : il a été une figure de la guerre contre l’Union Soviétique, qui, dans le monde arabe, en Arabie Saoudite, en Iran et ailleurs, a coopéré avec les Américains et les services secrets pakistanais pour récolter de l’argent et des armes afin d’organiser la résistance afghane contre les Soviétiques. Dès que ceux-ci ont été vaincus, il s’est probablement retourné contre les Américains mais il n’a certainement pas organisé les prémisses de l’attentat contre le World Trade Center.

 

Q. : Et qu’en est-il d’Al-Qaeda, qui, selon toute vraisemblance, semble agir depuis l’Afghanistan ?

 

PSL : Les combattants d’Al-Qaeda, qui ont été actifs sur la scène afghane, ne sont pas ceux qui se sont attaqués au World Trade Center. Les auteurs de cet attentat étaient des étudiants, dont une parte est venue d’Allemagne et qui étaient de nationalité saoudienne. Ensuite, il faut savoir que le mouvement al-Qaeda n’est nullement centralisé et, de ce fait, centré autour de la personnalité d’un chef, comme on aime à le faire croire. La nébuleuse Al-Qaeda est constituée d’une myriade de petits groupuscules et c’est la raison majeure pour laquelle je ne crois pas qu’elle cessera d’agir à court ou moyen terme.

 

Q. : Les Etats-Unis veulent étendre à la planète entière la « démocratie » et l’Etat de droit, mais voilà que Ben Laden est abattu sans jugement par un commando d’élite. Cette action spectaculaire aura-t-elle des effets sur la crédibilité des Etats-Unis au Proche et au Moyen Orient, surtout sur les mouvements de démocratisation ?

 

PSL : Cela n’aura absolument aucun effet. Car les Etats du Proche ou du Moyen Orient agiraient tous de la même façon contre leurs ennemis. Au contraire, dans ces Etats, on se serait étonné de voir un procès trainer en longueur. De plus, Ousama Ben Laden aurait pu dire des choses très compromettantes pour les Américains. D’autres gouvernements, y compris en Europe (sauf bien sûr en Allemagne…), auraient d’ailleurs agi exactement de la même façon que les Américains.

 

Q. : Pendant des années, Ben Laden a pu vivre tranquillement au Pakistan. Dans quelle mesure le Pakistan est-il noyauté par les islamistes ?

 

PSL : La popularité de Ben Laden équivaut à zéro en Afghanistan, pays à partir duquel il avait jadis déployé ses actions, parce que les gens ne le connaissent quasiment pas là-bas. Mais au Pakistan, il est désormais devenu une célébrité, parce que son élimination a été perpétrée en écornant la souveraineté pakistanaise. Le Pakistan ne reproche pas tant aux Américains d’avoir éliminé Ben Laden, mais d’avoir enfreint délibérément, et de manière flagrante, la souveraineté territoriale de leur pays, dans la mesure où Washington n’a jamais informé les autorités pakistanaises de son intention d’envoyer un commando pour liquider le chef présumé d’Al-Qaeda. C’est essentiellement cela que les Pakistanais reprochent aujourd’hui aux Américains. Cette manière d’agir est contraire à l’esprit de tout bon partenariat, un partenariat que l’on dit exister entre les Etats-Unis et leur allié pakistanais.

 

(entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°21/2011 ;  http://www.zurzeit.at/ ; trad.. franc. : Robert Steuckers).

mardi, 10 mai 2011

Le prétendu modèle turc

Le prétendu modèle turc

 

par Jean-Gilles MALLIARAKIS

 

Ex: http://www.insolent.fr/

 

103507.jpgCe 18 avril mon vieux camarade Jean-Luc de Carbuccia me demandait d'enregistrer un entretien à propos du sujet turc. Comme tous les auteurs j'accours assez volontiers dès qu'il s'agit de s'exprimer à partir de mon livre.

 

Beaucoup de sottises lues et entendues à propos de la Turquie donnent en effet envie de répondre, y compris à des spécialistes agréés, réputés incontournables, comme Alexandre Adler. L'occasion une fois saisie, mon hôte me mettait sous les yeux un de ces articles dont Le Figaro détient le secret sur la "carte turque", signé de ce chroniqueur turcophile. (1) À vrai dire elle part d'un postulat intimidant par vocation : "C'est unanimement, affirme en effet notre spécialiste, sans le démontrer que les opinions européennes ont enfin découvert l'importance du modèle turc… place al-Tahrir au Caire." Et il poursuit, comme triomphant : "Les mêmes qui ne cessaient de mettre en cause le sérieux démocratique de la Turquie se sont abruptement rendu compte de l'importance mondiale de ce que les Turcs avaient réalisé ces dix dernières années".

 

Il y a quelques mois le même Adler participait, dans sa chronique vocale sur France Culture (2), à une campagne orchestrée par l'opposition laïciste et militaire kémaliste. Il s'agissait de mettre en garde les Français contre l'installation à Villeneuve-Saint-Georges de la première école du réseau Fethullah Gülen dans notre pays. Ce mouvement, très proche de l'AKP actuellement au pouvoir à Ankara, mais dont le chef réside aux États-Unis, compte quelque 2 000 établissements scolaires dans le monde. Son implantation en Asie centrale est considérée par les experts comme l'instrument d'une pénétration occidentale, dans le cadre du nouveau "grand jeu". On appelle ainsi depuis le XIXe siècle la rivalité opposant dans les six anciennes républiques soviétiques les relais de ce qui constituait autrefois l'Empire britannique à la Russie. Or ces menées sont dénoncées de la manière la plus vigoureuse par le principal État de la région, l'Ouzbékistan (2) qui voit dans les confréries turques, les "nourdjous" comme les "naqshbendis" des foyers à la fois islamistes et mafieux.

 

On se trouve avec Adler en présence d'un ami des laïcistes turcs. Pas question pour lui de considérer que ce qui a été "accompli depuis 10 ans" serait dû au gouvernement actuel. Il ose ainsi la pirouette suivante : "si les anciens islamistes ont su devenir un parti conservateur, défenseur des valeurs musulmanes, dans un cadre pluraliste et ouvert, ils ne le doivent pas seulement à leur propre capacité de changement et d'autocritique. C'est le kémalisme trop souvent aujourd'hui accusé de tous les maux qui a permis sur la longue durée l'essor actuel de la démocratie". Habile rhétorique, trop habile.

 

Aujourd'hui notre cher turcophile conseille donc doctement : "Ne négligeons pas la carte turque".

 

Remarquons simplement ceci : pour "jouer une carte", encore faut-il en disposer dans son jeu, ou s'il s'agit d'un tricheur, dans sa manche.

 

Détenons-nous cet éventuel atout ? Depuis mars en effet, on constate par exemple que le gouvernement d'Ankara critique la prise de position interventionniste de Paris dans l'affaire libyenne. Ceci ne peut pas être dissocié du fait que le Premier ministre Erdogan a accepté en décembre 2010 de recevoir le "prix Kadhafi des Droits de l'Homme". (3) Mais il va plus loin : pour justifier son changement de position réclamant que les bombardements soient réalisés dans le cadre de l'OTAN, il invoque "la méfiance que lui inspire la France" et le "scepticisme" à propos de son action. (4)

 

Posons dès lors une autre question : lesquels doit-on prendre au sérieux parmi les écrits propagandistes récurrents de M. Adler à propos de la Turquie ? Ceux qui affirment que la Turquie représente une puissance ascendante au plan mondial ? Ou ceux qui en parlent comme d'une carte que l'on joue à sa guise ?

 

Sur le "modèle turc" au bout du compte, on produit beaucoup de fumée autour de l'AKP. Ce parti attrape tout, s'est montré certes, depuis 10 ans, fort habile pour manier la démagogie. Il semble bien décidé à rechercher désormais une majorité absolue des suffrages aux élections législatives, et peut-être même capable de l'obtenir. Mais le rapport entre ce qu'il représente et la place Tahrir au Caire, à supposer même que celle-ci ait défini un avenir prévisible pour un monde arabe dont l'unité n'a jamais existé que sur le papier ne peut convaincre que des gens décidés comme M. Alain Juppé. Celui-ci, nous assure-t-on, "veut que la France change son regard sur le monde arabe" (5).

 

Citons La Croix :"Lors d’un colloque organisé par le ministère des affaires étrangères à Paris, le chef de la diplomatie française a tendu la main aux mouvements islamistes qui respectent l’état de droit, les principes démocratiques et le refus de la violence".

 

"Comme c'est beau, comme c'est grand, comme c'est généreux la France" disait déjà De Gaulle lançant en 1959 le plan de Constantine destiné à concrétiser économiquement l'Algérie française.

 

Que veut donc dire l'accouplement de tous ces mots, "islamistes" d'une part, et, d'autre part, "qui respectent l’état de droit, les principes démocratiques et le refus de la violence".

 

Qui cherche-t-on à tromper avec ce genre de discours creux : les Turcs ? les Arabes ? ou plus probablement les Français.

 

JG Malliarakis

 

 

Apostilles

 

1.La chronique d'Alexandre Adler du 15 avril 2011

2.Le matin à 7 h 23.

3.Rappelons au besoin que ce pays de 28 millions d'habitants et de 447 000 km2 n'est pas plus "négligeable" que la Turquie.

4.cf. L'Insolent du 4 avril "Les deux visages de l'islamisme modéré"

5.cf. article "Wary of France, Turkey wants NATO in charge in Libya" publié par le gouvernemental "Today's Zaman" le 25 mars 2011.

6.cf. "La Croix" du 17 avril 2011.

 Si cette chronique vous a intéressé, vous aimerez certainement :

 

"La Question turque et l'Europe" par JG Malliarakis,

un livre de 192 pages en vente au prix de 20 euros franco de port,

 

à commander en ligne

ou par correspondance aux Éditions du Trident 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris tel : 06 72 87 31 59.

 

 

 

"L'Alliance Staline Hitler"

 

 Sous ce titre paraîtra un ouvrage de l'auteur de ces lignes retraçant le contexte de la politique soviétique pendant toute l'entre deux guerres. Il comprend en annexe, et expliquant, plus de 80 documents diplomatiques, caractéristiques de cette alliance. Il sera en vente à partir du 15 mai au prix de 29 euros. Les lecteurs de L'Insolent peuvent y souscrire jusqu'au 30 avril au prix de 20 euros, soit en passant par la page spéciale sur le site des Éditions du Trident, soit en adressant directement un chèque de 20 euros aux Éditions du Trident 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris. Tel 06 72 87 31 59.

 

John McCain and Hillary Clinton über Gaddafi (2009)

John McCain und Hillary Clinton 2009: Libyen ist »ein wichtiger Verbündeter im Krieg gegen den Terror«, Gaddafi ist ein »Friedensstifter in Afrika«

Manlio Dinucci

Senator John McCain, der bei den letzten amerikanischen Präsidentschaftswahlen als republikanischer Kandidat angetreten war, hielt sich am vergangenen Freitag (22. April) in Bengasi auf, von wo er Washington dazu aufrief, den Übergangsrat als legitime Regierung Libyens anzuerkennen, um sie beim Sturz Gaddafis zu unterstützen. Er hat ein nur kurzes Gedächtnis. Vor knapp 20 Monaten, am 14. August 2009, war derselbe McCain in Tripolis mit Muammar al-Gaddafi zusammengetroffen und hatte ihn als »Friedensstifter in Afrika« gepriesen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/drucken.html;jsessionid=6DA934D65DA8B382A9101368A9502A9D?id=3333

dimanche, 08 mai 2011

Indoeuropeos y no indoeuropeos en la Hispania preromana

Las poblaciones y las lenguas prerromanas de Andalucía, Cataluña y Aragón según la información que nos proporciona la toponimia. Ediciones Universidad de Salamanca. Salamanca 2000

El proceso de indoeuropeización de la Península Ibérica es uno de los problemas más complejos a los que, desde hace ya muchos años, se enfrentan tanto la Prehistoria como la Lingüística. Es tal la cantidad de elementos en juego y de cuestiones a resolver que no resulta difícil augurar que serán muchas las generaciones de arqueólogos, filólogos, historiadores de la religión y antropólogos que investigarán y debatirán sobre este campo.  El camino por recorrer es largo y, como es sabido, son pocos los puntos que han  sido firmemente establecidos y, en consecuencia,  aceptados por todos. No es este lugar para hacer balance de la cuestión: un muy breve resumen se podrá encontrar en un artículo que publicamos en un número anterior de Terra Nostra o una exposición mucho más detallada en la Parte V de otra obra del autor del que nos ocupamos aquí, Francisco Villar, Los Indoeuropeos y los orígenes de Europa, 2ª ed., Madrid 1996. Brevemente, recordaremos que parece clara la existencia de tres estratos lingüísticos indoeuropeos prerromanos: por un lado, el  correspondiente al Alteuropäisch, por otro, el de la lengua de las inscripciones lusitanas y, por último, el celtibérico, existiendo posiciones encontradas sobre la naturaleza de cada una y el tipo de relaciones que pudieran haber existido entre ellas.

Este ya de por sí complejo panorama se ha visto más complicado, si cabe, por la hipótesis que presenta F. Villar en esta obra. En efecto, a lo largo de sus casi 500 páginas el autor intenta demostrar, a través del análisis de una ingente cantidad de material lingüístico, la presencia en la Península Ibérica de un estrato lingüístico indoeuropeo diferente a cualquiera de los otros tres detectados hasta el momento, un estrato de rasgos muy arcaicos que de confirmarse atestiguaría que el proceso de indoeuropeización de la Península fue mucho más complejo y profundo de lo que  se había supuesto.

La obra comienza haciendo repaso de una serie cuestiones relativas a la Lingüística Comparada, en especial un alegato de la validez de su método y una descripción de sus características, para continuar con un amplio comentario de la historia de la investigación paleolingüística en España, desde los dislates del padre Astarloa hasta los autores contemporáneos como Gorrochategui o de Hoz, haciendo especial hincapié en la progresiva complejidad de las concepciones del substrato, desde el vasco-iberismo originario, tesis que no se cansa durante toda la obra de denostar, y con razón, hasta la identificación de los diferentes niveles actualmente admitidos: los ya mencionados indoeuropeos junto al vasco, tartesio, ibérico, etc.

Tras estos dos capítulos a guisa de introducción, se adentra en el examen del material recogido: topónimos, hidrónimos, antropónimos y etnónimos, material organizado en series en función de un componente principal que es estudiado en todos los aspectos filológicos posibles, tanto fonéticos como morfológicos, y del que ofrece su correspondiente distribución geográfica, tanto en la Península como en Europa, norte de África u Oriente Próximo. Así, uno a uno, van siendo analizados todos los elementos susceptibles de formar parte de este estrato, proponiendo el carácter indoeuropeo, entre otros, de los siguientes: uba-, relacionado con las raíces indoeuropeas para agua *ap, *ab, *up; ur, relacionado con el ide *(a)wer- / (a)ûr, agua, río, corriente; urc- con el ide *war- / *ur- más el sufijo ko; uc-, en el que se habrían reunido tres componentes diferentes: uko (diminutivo), uko (sufijo hidronímico que aparece en lituano) y un apelativo relacionado con ûkis (lugar de habitación) también presente en lituano, bai-, relacionado con el ide *gwhêi, brillar, etc. Al estudio de los elementos susceptibles de ser agrupados en series que califica de mayores sigue el de las series menores (tur-, turc- y murc-) y de aquellos, muy numerosos, que por su escasa aparición en las fuentes no pueden ser seriados, pero que responden a unas mismas características lingüísticas, así como el análisis de la antroponimia susceptible de ser relacionada con este estrato.

Una vez analizado el material, Villar se adentra en la caracterización de la lengua o lenguas responsables de esta hidronimia,  toponimia y antroponimia, llegando a la conclusión de que no corresponde a ninguna de las lenguas indoeuropeas conocidas, siendo imposible su identificación con ninguno de los tres estratos indoeuropeos conocidos en la Península por diferentes razones (aquí no podemos dejar de mencionar que en su obra mencionada anteriormente relaciona el elemento tur-, presente en nuestro Turia, con el Alteuropäisch pp. 507-509), y sosteniendo que este estrato presenta fuertes relaciones con las lenguas itálicas y con las bálticas, generalmente, aunque no siempre, en las innovaciones con las primeras y en los arcaísmos con las segundas.

Durante toda la obra, y mediante el estudio de la distribución geográfica de los testimonios de este estrato se va evidenciando una concentración de estos elementos en dos áreas principales: la meridional y la ibérico-pirenaica, como el autor las denomina, que se corresponden con el área que hasta ahora se consideraba no indoeuropea (baste recordar la famosa frontera de los briga-). Resulta evidente que las consecuencias de las propuestas de Villar pueden resultar revolucionarias para nuestra protohistoria. El autor es consciente de ello y en un último capítulo analiza algunos de los etnóminos del área ibérica (ilérgetes, indicetes, volciani, etc.) atribuyéndoles etimologías indoeuropeas relacionadas con el estrato objeto del libro (seguras para dieciséis entre veintitrés, aunque posiblemente sean más todavía), lo que implica un masivo substrato indoeuropeo en todo esta área (Aragón, Cataluña y norte de Valencia), pero, sin embargo, renuncia explícitamente a intentar explicar el mecanismo de entrada de estas lenguas, emplazando a arqueólogos y prehistoriadores a abordar esta cuestión. Lo que sí sostiene es la imposibilidad de relacionar los Campos de Urnas con esta toponimia debido a motivos distribucionales (son prácticamente inexistentes en Andalucía) y cronológicos (relaciona el topónimo Alube de la Ilíada con el Guadalquivir y con los hallazgos micénicos allí efectuados, lo que dataría este estrato con anterioridad a las penetraciones de esta cultura. Por otro lado, considera que la densidad de este estrato casa mal con unos «recién llegados» como los Urnenfelder). No obstante, no parecen argumentos excesivamente fuertes: Infiltración y transformación de la cultura material son fenómenos que a menudo van parejos y aunque en la actualidad se tiende a ver en las transformaciones del bronce final tartésico influencias mediterráneas, algunos de los nuevos elementos no dejan de estar relacionados con el ambiente de las urnas, aunque tampoco podemos dejar de señalar que se ha hecho responsable a influencias del Mediterráneo los elementos indoeuropeos presentes en el tartesio. Por otra parte, la relación del Alube homérico con la Península no deja de ser una conjetura toponímica, apoyada sobre conjeturas cronológicas y arqueológicas, y en cuanto a la excesiva densidad que pueda presentar un substrato depende más bien de la profundidad de la «limpieza étnica» que de la antigüedad del proceso. Todo esto, no obstante, no deja de ser un mero comentario ante la superposición de esta toponimia y los Campos de Urnas en el área nordoriental peninsular, que resulta bastante sugerente y ante la propia naturaleza lingüística del substrato (sobre todo la presencia de elementos compartidos con diferentes grupos del «indoeuropeo nordoccidental») que no deja de evocar constantemente las ideas de H. Krahe sobre el «estado líquido» (flüssige Zustand) del complejo de las urnas desde el punto de vista lingüístico. No obstante, evidentemente es todavía muy pronto para intentar elaborar hipótesis arqueológicas sobre esta cuestión.

Un punto que quizá llame la atención a quienes han seguido la labor de Villar es el escaso espacio dedicado al paleoeuropeo y a sus presuntas relaciones con este estrato recién descubierto. Ya que ambas son lenguas ciertamente arcaicas y siguen un modelo distribucional diferente, aunque muy determinado en ambas por los cursos de agua, cabría esperar un análisis comparativo de ambas lenguas que nadie mejor que Villar está en condiciones de realizar. Estamos convencidos de que no tardará en abordar este problema.

En definitiva se trata de una obra destinada a tener un gran eco entre los especialistas no sólo en paleohispanística sino también en indoeuropeística y que abre nuevos caminos para el conocimiento del pasado de nuestros pueblos.                                                                                                                          

 

Olegario de las Eras.        

samedi, 07 mai 2011

Derrière l'attaque contre la Libye: les stratégies de la guerre économique...

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Derrière l’attaque contre la Libye : les stratégies de la guerre économique...

par Manlio Dinucci *

L’agression occidentale contre la Libye n’a pas eu pour but de s’emparer du pétrole local que des compagnies occidentales avaient déjà été autorisées à exploiter depuis la normalisation des relations diplomatiques. Il ne s’agit donc pas d’une guerre de ressources. Par contre, relate Manlio Dinucci, cette guerre, la reconnaissance précipitée par la France du Conseil national de transition (10 mars) et le sommet de Londres (30 mars), ont permis aux multinationales occidentales de modifier les termes de leurs contrats et de ne plus payer que des droits d’exploitation symboliques. De ce point de vue, il s’agit donc d’une guerre coloniale classique.

L’invasion de la Libye, contrairement à ce qui se dit, a déjà commencé. Les unités d’assaut qui, opérant depuis longtemps sur le territoire libyen, ont préparé la guerre sont en train de l’effectuer : ce sont les puissantes compagnies pétrolières et les banques d’investissement étasuniennes et européennes.

Quels sont les intérêts en jeu ? Ceci émerge d’un article du Wall Street Journal, le réputé quotidien d’affaires et de finance [1]. Après l‘abolition des sanctions en 2003, les compagnies pétrolières occidentales ont afflué en Libye avec de grandes attentes, mais ont été déçues. Le gouvernement libyen, sur la base d’un système connu sous le nom d’Epsa-4, concédait les licences d’exploitation aux compagnies étrangères qui laissaient à la compagnie étatique (National Oil Corporation of Libya, NOC) le pourcentage le plus élevé du pétrole extrait : étant donnée la forte compétition, ce pourcentage arrivait à environ 90 %. « Les contrats Epsa-4 étaient ceux qui, à l’échelle mondiale, contenaient les termes les plus durs pour les compagnies pétrolières », dit Bob Fryklund, auparavant président de la société étasunienne ConocoPhillips en Libye.

En 2005-06, après la normalisation des relations de la Libye avec l’Occident, la NOC a réalisé trois appels d’offres internationaux pour l’exploration et l’exploitation de ses réserves pétrolières, les plus importantes d’Afrique. Cependant, les contrats passés avec les multinationales étrangères ont pris la forme de joint-venture particulièrement favorables à la nation libyenne. C’est pour « libéraliser » ce système que le Conseil national de transition a créé la LOC et que les « volontaires » lui ont reconnu le droit d’exporter le pétrole libyen, lors du sommet de Londres, le 29 mars 2011. La gestion de la LOC a été confiée au Qatar qui, en échange, a mis Al-Jazeera à disposition des « volontaires » pour déstabiliser la Syrie.

Les raisons apparaissent ainsi clairement —par une opération décidée non pas à Benghazi mais à Washington, Londres et Paris— de la création par le Conseil national de transition de la « Libyan Oil Company » : une coquille vide, semblable à une des sociétés clé en mains, prêtes pour les investisseurs dans les paradis fiscaux [2]. Elle est destinée à se substituer à la NOC, quand les « volontaires » auront pris le contrôle des zones pétrolifères. Sa mission sera de concéder des licences à des conditions extrêmement favorables pour les compagnies étasuniennes, britanniques et françaises. Seraient par contre pénalisées les compagnies qui, avant la guerre, étaient les principales productrices de pétrole en Libye : avant tout l’italienne ENI qui a payé en 2007 un milliard de dollars pour s’assurer les concessions jusqu’en 2042, et l’allemande Wintershall qui venait au deuxième rang. Plus pénalisées encore seraient les compagnies russes et chinoises, à qui Kadhafi a promis le 14 mars (2011) de donner les concessions pétrolières retirées aux compagnies européennes et étasuniennes. Les plans des « volontaires » prévoient aussi la privatisation de la compagnie d’État, qui serait imposée par le Fond Monétaire International en échange d’ « aides » pour la reconstruction des industries et infrastructures détruites par les bombardements des « volontaires » mêmes.

Il apparaît aussi clairement pourquoi a été créée, en même temps, à Bengazi, la « Central Bank of Libya », autre coquille vide mais avec une mission future importante : celle de gérer formellement les fonds souverains libyens —plus de 150 milliards de dollars que l’État libyen avait investi à l’étranger— quand ils seront « dégelés » par les États-Unis et par les plus grandes puissances européennes. Qui les gèrera effectivement est démontré par le colosse bancaire britannique HSBC, principal « gardien » des investissements libyens « congelés » au Royaume Uni (environ 25 milliards d’euros) : une équipe de hauts cadres d’HSBC est déjà au travail à Bengazi pour lancer la nouvelle « Central Bank of Libya » [3]. Il sera facile pour HSBC et d’autres grandes banques d’investissement d’orienter les investissements libyens en fonction de leurs stratégies.

Un de leurs objectifs est de couler les organismes financiers de l’Union africaine, dont la naissance a été rendue possible en grande partie par les investissements libyens : la Banque africaine d’investissement, avec siège à Tripoli ; la Banque centrale africaine, siège à Abuja (Nigeria) ; le Fond monétaire africain, siège à Yaoundé (Cameroun). Ce dernier, avec un capital programmé à plus de 40 milliards de dollars, pourrait supplanter en Afrique le Fond monétaire international, qui a jusqu’à présent dominé les économies africaines en ouvrant la voie aux multinationales et aux banques d’investissement étasuniennes et européennes. En attaquant la Libye, les « volontaires » essaient de couler les organismes qui pourraient un jour rendre possible l’autonomie financière de l’Afrique.

* Manlio Dinucci est Italien, géographe et géopolitologue .

Derniers ouvrages publiés : Geograficamente. Per la Scuola media (3 vol.), Zanichelli (2008) ; Escalation. Anatomia della guerra infinita, DeriveApprodi (2005).

[1] « For West’s Oil Firms, No Love Lost in Libya », par Guy Chazan, The Wall Street Journal, 15 avril 2011.

[2] « Le partage de la Libye a commencé à Londres », Réseau Voltaire, 30 mars 2011.

[3] « La rapine du siècle : l’assaut des volontaires sur les fonds souverains libyens », par Manlio Dinucci, Réseau Voltaire, 22 avril 2011.

Source Réseau Voltaire via Le Journal du Chaos

 

mardi, 03 mai 2011

L'alchimie tribale libyenne

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L’alchimie tribale libyenne (Point de situation)

Communiqué de Bernard Lugan, le 24 avril 2010
 
 

GN27630T.jpgLa nouvelle selon laquelle le colonel Kadhafi  aurait ordonné à son armée de se retirer de la ville  de Misrata  pour y confier le rétablissement de l’ordre aux tribus qui lui sont loyales, permet de mettre en évidence la grande réalité tribale sur laquelle repose la vie sociale libyenne [1]

 Le problème, lorsque l’on parle des tribus de Libye tient au fait que nous sommes en présence d’ensembles divisés en une infinité de clans et de sous clans aux alliances fluctuantes et aux zones d’habitat mouvantes. On recense ainsi environ 150 tribus et clans dont la plupart vivent éclatés sur plusieurs régions et dont les intérêts sont régulièrement contradictoires. Ces tribus ne constituent pas des blocs homogènes unanimement rangés dans un camp ou dans l’autre. Ainsi, au sein même des Gaddafa, la tribu du colonel Kadhafi, l’un des cousins de ce dernier, Ahmed Gaddaf al-Dam est passé chez les insurgés. S’agit-il d’une adhésion sincère ou d’une habitude bédouine de ménager une porte de sortie pour les siens? L’histoire le dira. 

Entre ces tribus et ces clans, les apparentements familiaux sont étroits, ce qui fait qu’en dépit des combats, les liens qui ne sont jamais rompus peuvent donc être renoués à tout moment. Deux exemples :
 

1) Les liens historiques et matrimoniaux entre la tribu des Gaddafa et certaines composantes des Warfallah sont anciens. Au mois de mars 2011, quand une majorité de clans warfallah abandonna le colonel Kadhafi, le chef de la branche warfallah de Beni Wallid  « capitale » historique des Warfallah déclara qu’il ne considérait plus Kadhafi comme un « frère ». Certes, mais les liens du sang demeurent qui permettront, un jour, de procéder à des retrouvailles…

2)   Toujours au mois de février,  Seif al-Islam, fils du colonel Kadhafi, prononça un  discours télévisé dont la portée a échappé à bien des observateurs. S’adressant aux rebelles de Cyrénaïque, il parla de ses « oncles d’el Baida », un des bastions de l’insurrection et centre de la tribu des Barasa. La raison de cette adresse était claire : le coeur de la confédération tribale de Cyrénaïque est la tribu Barasa, celle de l’ancien roi Idriss ; or, la seconde femme du colonel Kadhafi,  Safeya Farkash al-Baraasa, mère de Seif al-Islam, est une Barasa. En parlant à « ses oncles d’el Baida», Seif al-Islam tentait donc de rallier le lignage de sa mère au régime de son père.  

Pour ce qui est des grandes tribus, à la date à laquelle ces lignes sont écrites (24 avril 2011), la situation est la suivante :  

Les Warfallah (Werfella) qui forment la principale tribu de Libye et qui sont divisés en plus de 50 clans que l’on retrouve dans toute la partie septentrionale du pays, avec une assise en Cyrénaïque dans la région des villes de Benghazi et de Dernah, mais qui sont également présents en Tripolitaine, se sont majoritairement rangés dans le camp des rebelles. Plusieurs de leurs clans, notamment une partie de ceux résidant en Tripolitaine sont cependant demeurés loyaux au colonel Kadhafi. Pour mémoire, l’opposition entre certains clans warfallah, essentiellement ceux de Cyrénaïque, et le régime libyen, remonte à l’année 1993 quand plusieurs dizaines d’officiers accusés de complot furent arrêtés et certains exécutés.  

L’ensemble Maghara (al-Maghara) de Tripolitaine est en majorité demeuré fidèle au régime du colonel Kadhafi. Quant aux tribus du Sud, elles n’ont pas la même importance démographique que celles du Nord, mais elles sont demeurées loyales. Elles auraient à craindre des représailles de la part des insurgés de Cyrénaïque si ces derniers étaient vainqueurs car elles ont fourni au colonel Kadhafi ceux qu’ils nomment les « mercenaires », alors qu’il s’agit largement de Libyens « noirs », à commencer par les Toubou du Fezzan.  

Pour ce qui est des tribus berbères ou dites berbères, soit entre 10 et 15% de la population totale, la situation n’est pas homogène. Il est important de rappeler que le fond de la  population de Libye est Berbère (Amazigh) et que son arabisation s’est produite aux XI-XII° siècles, sous les Fatimides d’Egypte, avec l’arrivée des tribus bédouines arabes Beni Hilal et Beni Salim.Les Touaregs qui sont des Berbères, soutiennent le régime Kadhafi tandis que les Berbères de l’Ouest, notamment ceux de la région du djebel Nefusa et de la ville de Zwara vers la frontière tunisienne, comme d’ailleurs ceux de l’Est se sont clairement rangés du côté des rebelles. 

 www.bernard-lugan.com  

 
[1]15% seulement de la population du pays est détribalisée et vit en majorité dans les villes de Tripoli et de Benghazi (Al-Haram Weekly).
 

lundi, 25 avril 2011

La spedizione algerina in Islanda del 1627

La spedizione algerina in Islanda del 1627

Autore: Francesco Lamendola

 

Nel diciassettessimo secolo gli Stati costieri del Maghreb – Marocco, Algeri, Tunisi, Tripoli -, nominalmente infeudati all’Impero Ottomano, erano in piena fioritura economica e politica. Una parte notevolissima del loro benessere proveniva dalla pirateria, esercitata in maniera diretta o indiretta, cioè esigendo il pagamento di un tributo dagli Stati cristiani che volevano vivere tranquilli. Altro denaro affluiva nelle casse dei pascià maghrebini sotto forma di riscatto per gli schiavi cristiani che i parenti volevano far liberare; anche il grande scrittore Miguel de Cervantes conobbe questa dolorosa vicissitudine, dal 1575 al 1580. (1) Si calcola che nella prima metà del 1600 vi fossero, nella sola Algeria, più di 20.000 schiavi cristiani. (2) L’intera struttura economico-sociale di Tunisi e di Algeri, che in quell’epoca avevano riunito le loro forze, poggiava sulla guerra di corsa.

La cornice storica

A partire dal 1618 l’Europa fu travolta dalla Guerra dei Trent’Anni, in un crescendo di distruzioni e carestie. Le forze navali dei maggiori Stati europei furono distratte dalle esigenze della difesa contro i barbareschi, prime fra tutte quelle del colosso spagnolo, che già si avviava a una inarrestabile decadenza economica, politica e, infine, militare (quest’ultimo fattore si rivelerà solo nel 1643, con la disfatta nella decisiva battaglia di Rocroi contro i Francesi del Condé). Di tale situazione profittarono i veloci e leggeri vascelli moreschi per spingere le loro audaci imprese sempre più lontano, anche fuori del Mediterraneo. Le isole Canarie furono uno dei loro obiettivi, sporadici ma fruttuosi e quasi senza rischi (3). Nel terzo decennio del secolo giunsero ad Algeri notizie allettanti sulla remota isola del nord, l’Islanda. Essa era a quel tempo una terra particolarmente isolata: dal 1602 il il Governo danese aveva concesso alla Compagnia d’Islanda, gestita da mercanti di Copenhagen, il monopolio su tutto il commercio estero dell’isola (4). Inoltre, sembra che già allora fosse iniziato nel nord Atlantico quel movimento di espansione neoglaciale che condusse, nei secoli XVIII e XIX, il limite meridionale dei ghiacci galleggianti a sud dell’Islanda (mentre dal 1920 è tornato stabilmente a nord di essa) (5).

Il raffreddamento complessivo del clima e l’assolutismo dei re danesi non erano però riusciti ancora a distruggere le basi economiche della società islandese, poggianti soprattutto su una fiorente attività peschereccia. In particolare, la costa sud-orientale (oggi pressoché disabitata, e divenuta tale per l’eruzione del vulcano Lakagigar nel 1738) (6), godeva di un certo benessere, dovuto alla pescosità di quelle acque. Sopravviveva anche una certa vivacità culturale: tanto che nel 1643 il vescovo Brynjólf Sveinsson scopriva la raccolta di antichi carmi norreni denominata Edda.

Ce n’era abbastanza per invogliare all’impresa gli audaci pirati barbareschi. Essi sapevano che le nebbie e il pack dei mari artici sarebbero stati, più che dei nemici, dei preziosi alleati per sfuggire a una peraltro improbabile sorveglianza delle flotte cristiane. Il re di Danimarca, Cristiano IV, s’era lasciato coinvolgere, nel 1625, nella Guerra dei Trent’Anni, e col Wallenstein che minacciava l’invasione dello Jutland, aveva ben altro cui pensare che la difesa del lontano possedimento islandese. Quanto al bottino che si sperava di fare nell’impresa, le bionde donne nordiche dagli occhi azzurri costituivano un articolo quanto mai pregiato per gli harem del Nord Africa; e, per rivendere i beni materiali che si sarebbero razziati, c’erano sempre i mercanti ebrei di Algeri (ma anche quelli di Livorno, se del caso), pronti alla bisogna.

Una straordinaria impresa marinara

Dal punto di vista nautico, la spedizione moresca in Islanda si presentava come una grossa impresa. È necessario porsi davanti a un globo geografico di una certa scala, per esempio 1:25.000.000, per afferrarne tutta la grandiosità. Si trattava di compiere un balzo di ventotto gradi di meridiano (dai 36° lat. N dello Stretto di Gibilterra ai 64° della costa meridionale islandese) navigando in pieno Atlantico, lontano da qualsiasi costa amica. Coprire qualcosa come 3.100 chilometri in linea d’aria nel solo viaggio di andata, e senza contare la navigazione costiera da Algeri a Céuta e dallo Stretto di Gibilterra al Cabo de São Vicente, estrema punta sud-occidentale del Portogallo (allora sottomesso alla corona spagnola di Filippo IV). In totale, fra andata e ritorno, più di 8.000 chilometri di navigazione, pari – per farsi un’idea concreta – ad oltre un quinto della circonferenza terrestre!

C’erano, è pur vero, alcuni elementi che giocavano a vantaggio della flotta barbaresca. In primo luogo, i Turchi – e quindi i loro alleati nordafricani – disponevano di ottime carte nautiche relative a tutti i mari del mondo, delle quali la famosa carta di Piri Reis, conservata nel Museo Topkapi di Istanbul, è solo un esempio. Poi, a partire dal 45° parallelo Nord circa, la flotta moresca nel viaggio di andata (ma solo in quello di andata!) avrebbe potuto sfruttare in pieno il ramo principale della Corrente del Golfo, che l’avrebbe sospinta di poppa dritta dritta fino all’Islanda (7). Gli icebergs, però, nell’ultima fase del viaggio, avrebbero costituito un pericolo temibile, specialmente di notte. (E si badi che lo sarebbero stati, praticamente, fino all’introduzione del radar, come dimostrerà l’immane tragedia del grandioso transatlantico Titanic in piena belle époque: nel 1912!). Senza contare che le caratteristiche tecniche del naviglio moresco – la leggerezza e l’esilità dello scafo e delle strutture di coperta – se costituivano un vantaggio nel Mediterraneo, poiché consentivano di sviluppare una velocità superiore a quella dei grossi vascelli europei, ponevano tuttavia un’incognita nelle violente tempeste dell’Atlantico settentrionale.

L’incognita principale, comunque, era data dalla novità stessa dell’impresa. Fino a quel momento le navi di Algeri, come quelle di tutte le potenze rivierasche maghrebine, non avevano mai intrapreso delle spedizioni verso obiettivi così lontani. E, pur essendo dotate, da prima delle cristiane, di bussola magnetica, le navi musulmane preferivano senz’altro la navigazione costiera a quella d’altura. Fuori del Mediterraneo, non avevano molta esperienza: le stesse Canarie, obiettivo di alcune precedenti scorrerie, non distano che un centinaio di chilometri dal litorale marocchino – all’altezza della più orientale di essa, Lanzarote: tanto che, nelle giornate in cui l’aria è limpida, si possono vedere reciprocamente le due opposte sponde.

È pur vero che alcuni audaci ra’is (così si chiamavano i comandanti delle navi corsare) avevano vòlto la prua anche più lontano, fino alle Azzorre (1.400 km. a ovest del Portogallo) e perfino alle Isole del Capo Verde (500 km. a ovest della costa africana). Altri avevano compiuto scorrerie ai danni dei pescherecci europei sui Grandi Banchi, al largo delle coste occidentali iberiche e irlandesi (8). Nessuna però di queste imprese può essere paragonata a quella contro l’Islanda, almeno dal punto di vista nautico. Tanto le isole di Capo Verde quanto i Banchi di pesca della Penisola Iberica e delle Isole Britanniche erano indubbiamente degli obiettivi lontani, ma potevano essere raggiunti navigando, per lo più, in vista delle coste; e le Azzorre, benché poste in pieno Oceano, sono molto più vicine allo Stretto di Gibilterra che non l’Islanda, e circondate da acque assai più miti.

La spedizione contro l’Islanda del 1627 aveva, dunque, tutti i caratteri della eccezionalità e presentava rischi non indifferenti. Dovettero essere approntati vascelli più solidi dell’usuale, e raccolti equipaggi capaci di tenere il mare per parecchie settimane consecutive. Le spese per armare una tale flotta furono considerevoli, e i preparativi più complessi del solito. A quell’epoca, del resto, e per lungo tempo ancora – dal 1587 al 1659 – Algeri era governata direttamente da un pascià nominato dal sultano di Costantinopoli; questi, nel 1627, era l’energico e capace Murad IV. Fu quindi con l’approvazione e l’appoggio dell’Impero Ottomano, una delle massime potenze navali del Mediterraneo, che venne varata la spedizione algerina nel Nord Atlantico.

I Turchi, da parte loro, non avevano esperienza diretta di navigazione sulle rotte oceaniche (9), e tutti gli aspetti tecnici dell’impresa ricaddero sulla flotta di Algeri. Al Governo della Sublime Porta sarebbero andati, comunque, secondo l’uso della pirateria barbaresca, un quinto del bottino e tutte le navi cristiane eventualmente catturate. Il resto spettava ai proprietari delle navi, agli equipaggi e ad alcuni funzionari (10).

Il fattore sorpresa

Quando giunsero in vista della costa meridionale islandese, quei vascelli corsari, usciti come per incantesimo dall’orizzonte, provocarono una sorpresa totale. Se pure ai pacifici abitanti dell’isola era giunta notizia delle incursioni moresche al largo della Manica, mai avrebbero pensato di vedersi un giorno assalire da quel nemico sconosciuto, partito dalle lontanissime coste dell’Africa.

Tutto fu quindi facile, dopo le fatiche e i pericoli della traversata, per i corsari algerini. Guidati dalla vetta del Hvannadalshnúkur (2.119 metri sul livello del mare, corrispondenti, però, da un punto di vista climatico, botanico e alpinistico a un 5.000 delle nostre Alpi) e dal bianco scintillante del grandioso ghiacciaio Vatnajökull, allora ancor più esteso di oggi (12), essi diressero le prore verso la costa, animati in pari misura dal sacro zelo della Gihad, la guerra santa contro gli infedeli, e dalla prospettiva di un ricco e facile bottino.

Le prime vittime dell’attacco furono le navi della flotta peschereccia; poi vi fu lo sbarco nel consueto stile corsaro: la cattura degli schiavi, il saccheggio delle abitazioni, l’incendio. Quel po’ di benessere accumulato dagli abitanti con la faticosa pesca del merluzzo e delle aringhe, non ancora del tutto eroso dalla rapacità del monopolio danese, andò distrutto in poche ore. Accadde tutto così in fretta e così imprevedibilmente, che gli scampati faticavano ancora a capacitarsene, quando già era tutto finito. Essi vedevano bruciare le case e le barche, loro sola fonte di sopravvivenza; allontanarsi su quelle navi misteriose i loro cari, rapiti per sempre (e che sarebbero morti ben presto in gran numero nel clima africano), e non potevano pensare che a un’opera del demonio. In tempi in cui la società islandese viveva ancora – come del resto altri paesi d’Europa e d’America – nel clima della superstizione e della caccia alle streghe (13), era quella l’unica, istintiva, possibile spiegazione.

“Quei pirati che giungevano dal nulla, esportando morte e una lingua incomprensibile – è stato giustamente scritto -, sono rimasti nei secoli, emblematicamente, cifra del Male, popolando saghe e racconti imperniati fin allora su Zeus-Odino” (14).

Conclusioni

È stata a lungo opinione degli studiosi che la navigazione e l’esplorazione delle regioni polari sia un capitolo esclusivo della storia occidentale. Nessuno, a quel che ci risulta, ha tentato di porre in luce il contributo dei popoli extraeuropei. Una rara eccezione è data da Silvio Zavatti, che nel suo Dizionario degli Esploratori e delle scoperte geografiche ricordava anche episodi quali la traversata del Pacifico da parte del cinese Hui-Sien, nel 499 d.C., o la navigazione antartica del polinesiano Hui-Te-rangi-Ora, nel secolo VII o VIII (15). A proposito della quale ultima, il celebre etnologo Peter Buck si esprimeva in termini negativi, giudicando poco credibile che dei Polinesiani succintamente vestiti possano aver navigato fra ghiacci e icebergs, tanto più che essi – a suo avviso – non sarebbero comunque disposti ad avventurarsi in mari freddi e grigi (16).

Ebbene, un tale argomento “psicologico” deve essere scartato, non solo perché i popoli della fascia climatica tropicale possono aver navigato alle alte latitudini per cause accidentali, trascinati dalle tempeste – e di fatto così avvenne nella maggior parte dei casi -, ma anche perché non pertinente. Ancora nel 1800 i Maori della Nuova Zelanda si spingevano, con le loro piroghe, fino alle isole subantartiche di Auckland, 500 km. a sud dell’isola meridionale (o, più precisamente, dell’Isola Stewart, da essi chiamata Rakiura o “Terra dai Cieli Ardenti”, forse per via delle aurore polari) (17). E la spedizione corsara algerina in Islanda del 1627 conferma che navigatori non europei, originari di Paesi caldi, erano in gradi di affrontare con successo le rotte polari, anche al tempo della navigazione a vela.

Certo, non si trattava di spedizioni a carattere scientifico, volte ad ampliare il patrimonio nautico e geografico: ma lo stesso si può dire per gran parte delle navigazioni polari degli Europei fino al XIX secolo. Furono i cacciatori di foche e di balene che diedero un contributo decisivo alla conoscenza delle terre e dei mari artici e antartici (al prezzo assai elevato, questo è un fatto, di terribili distruzioni della fauna e, indirettamente, della flora di quelle regioni, fino alll’estinzione totale di un gran numero di specie viventi). E se la spedizione algerina del 1627 non andò oltre le rotte già note agli Europei, tuttavia dimostra che il freddo, gli icebergs e l’impatto psicologico con situazioni climatiche e ambientali tanto diverse da quelle a loro abituali, non bastavano a fermare dei navigatori africani. La circostanza, triste invero, che quegli audaci navigatori fossero dei corsari spietati, non modifica questa realtà. Né dovremmo dimenticare che un corsaro spietato fu pure sir Francis Drake, il primo circumnavigatore inglese della Terra (e il secondo in assoluto dopo Magellano); e tali furono molti altri esploratori europei.

Una storia delle navigazioni polari compiute dai popoli così detti “di colore” aspetta ancora d’essere scritta. Essa dovrebbe prendere in considerazione le imprese dimenticate degli Eschimesi o Inuit, dei Siberiani, dei Polinesiani, dei Maori, dei popoli canoeros della costa americana sud-occidentale (Chonos, Alakaluf, Yahgan o Yàmana) nonché, forse, quelle accidentali dei Tasmaniani (che però, a quanto ci è noto, non erano in grado di raggiungere nemmeno la vicina costa del continente australiano). Molte difficoltà presenterebbe la sua stesura, trattandosi di eventi attestati, per lo più, da semplici tradizioni orali, e perciò sospesi nel Limbo fra lo storico e il leggendario.

La prima e più grave difficoltà, tuttavia, speriamo d’averla rimossa: ed era la tipica ripugnanza dello studioso occidentale ad ammettere che, anche in questo campo, non fu vanto esclusivo dell’uomo bianco quello d’aver valicato gli orizzonti di Ulisse.

Note

1) Carlo Boselli – Cesco Vian, Storia della letteratura spagnola, Firenze, 1946, p. 95.
2) Henry Louis Etienne Terrasse, Barbary Pirates, in Encyclopedia Britannica, ed. 1946, vol. 3, p. 147.
3) Robert Percy Beckinsale, Canary Islands, in Enc. Brit., ed. 1964, vol. 4, p. 767.
4) Islanda, storia, voce della Enciclopedia Europea, vol. 6, 1978, p. 298.
5) George H. Denton – Stephen C. Porter, Neoglaciazione, su Le Scienze, sett. 1970.
6) Haroun Tazieff, E l’Inferno venne a galla, su Atlante, ott. 1970, pag. 31.
7) Cfr. ad es. il World Atlas della Enc. Brit., 1963, vol. 24, tav. 19, Drainage Regions & Ocean Currents.
8) J. P. Cooper, in Storia del mondo moderno della Cambridge University press, tr. it. Milano, 1971, vol. IV, pag. 264.
9) B. L. Montgomery, Storia delle guerre, Milano, 1970, pag. 263.
10) Francesco Beguinot, Barbareschi, Stati, voce della Enciclopedia Italiana, ed. 1949, vol. VI, pp. 121-122.
11) J. P. Cooper, c. s.
12) Lo stesso fenomeno di espansione riguardò, oltre quelli islandesi, i ghiacciai svizzeri. Cfr. F. C. Spooner, in Storia del mondo moderno di Cambridge, cit., vol. IV, pp. 76-77.
13) Vermund G. Lausten, Islanda, storia, voce della Enc. Ital., ed. 1949, XIX, p. 629.
14) Enrico Devalle – Maurizio Gily, La grande sfida alla natura, su Geodes, marzo 1986, p. 31.
15) Silvio Zavatti, Dizionario degli Esploratori e delle scoperte geografiche, Milano, 1967, p. 150.
16) Peter Buck, I Vichinghi d’Oriente. Le migrazioni dei Polinesiani, Milano, 1961, pp. 122-124.
17) Elsdon Best, Map showing the Routes and some recorded Voyages of the Polynesians in the Pacific Ocean, in The Geographical Review, nr. 3, marzo 1918.

* * *

(Articolo pubblicato sul numero 3, anno XLIII, settembre 1987 de “Il Polo. Rivista trimestrale fondata dal prof. Silvio Zavatti”, pp. 35-39; e, con il titolo La spedizione moresca in Islanda, nel volume miscellaneo edito dal Museo Nazionale della Montagna Terra di ghiaccio. Arte e civiltà dell’Islanda, Torino, 1989, pp. 167-170).

 

Francesco Lamendola

vendredi, 08 avril 2011

Les deux visages de l'islamisme modéré

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Les deux visages de l'islamisme modéré

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: http://www.insolent.fr/

Un certain secteur de l'opinion française souhaite ouvertement débattre de ce qu'il appelle la laïcité. D'autres voudraient évacuer un problème qui les dérange, faisant semblant de croire intangible la loi votée en 1905 par l'union des gauches. Chacun pense essentiellement à la place de l'islam dans notre société, alors que la religion de Mahomet n'était pas implantée sur le sol de l'actuel hexagone lorsque fut décidée la séparation de l'Église et de l'État. Or, l'obscurité des concepts et le flou des exemples cités en référence maquillent complètement la perspective de solutions durables et raisonnables.

En particulier le seul cas invoqué d'une compatibilité entre une société musulmane et une législation séculière se situerait en Turquie.

Coïncidence chronologique, on veut considérer que les troubles actuels du monde arabe devraient aboutir à la victoire du même modèle : le régime turc.

Or, paradoxalement, les Français se préoccupent assez peu de la réalité de la situation en Turquie et reçoivent à son sujet de très chiches informations. À la fois le pouvoir actuel a basé sa propagande en 2007 sur la promesse que ce pays n'accéderait pas à l'Union européenne, et par ricochet les relations bilatérales franco-turques, autrefois considérables en ont été lourdement affectées. On remarquera cependant l'existence à Istanbul d'un "Observatoire [français] de la vie politique turque". Par ailleurs, divers groupes d'intérêts militent pour l'entrée de la Turquie en Europe tel "l'Institut du Bosphore". Eux seuls semblent autorisés à s'exprimer. Et on y retrouve les noms de tous les commentateurs agréés et de tous les informateurs professionnels, tel Alexandre Adler parmi tant d'autres. Les sources de l'information ne manquent donc pas, son laïcisme est authentifié par l'autorité "philosophique". Or on les entend très peu, concrètement à propos de ce qui est cité en exemple d'un islam modéré, démocratique, allié de l'occident, générateur de partenariats économiques, etc.

Or, de toute évidence, il est beaucoup trop tôt pour anticiper les conséquences auxquelles conduiront les révolutions arabes, dont rien ne démontre d'ailleurs qu'elles convergeront, ni qu'elles répondront aux espérances de ceux qui les soutiennent, notamment sur les terrains de la laïcité ou du droit des femmes.

En revanche on peut mesurer l'évolution et la profondeur du système prévalant en Asie mineure, dans l'ancienne république kémaliste, puisque les lois de sécularisation y remontent bien souvent à 1925.

Par exemple les funérailles d'Erbakan, à Istanbul, auraient dû permettre aux dirigeants occidentaux de comprendre de quelle nature se révéleront, à moyen terme, les habiles ministres de l'AKP, actuellement au pouvoir.

Ce 1er mars 2011, en effet, on a pu voir à Istanbul les deux principaux dirigeants turcs au centre d'une foule considérable. Le président de la République et le Premier ministre de ce pays, toujours réputé laïque et républicain aux dires de ses amis du grand orient de France, portaient le cercueil du vieux dirigeant islamiste Necmettin Erbakan. (1)

Disparu le 27 février ce personnage haut en couleur avait été le mentor de MM. Erbakan et Gül. Ceux-ci, cependant, passent vis-à-vis du monde extérieur pour s'en être détachés.

Sur quel point le vieux chef était-il considéré comme compromettant ? Erbakan affirmait que "le cerveau du monstre exploiteur qui opprime le monde est le sionisme. Son cœur est dans l'Europe des croisés, son bras droit est l'Amérique, son bras gauche est la Russie". (2)

Officiellement ce discours semblait, pourtant, mis au rancart de la politique turque et même on le présente pour entièrement périmé, et bien entendu, unanimement proscrit.

On doit remarquer pourtant, qu'un hommage vibrant lui a été rendu par l'ensemble des partis représentés à la Grande Assemblée Nationale d'Ankara, avant son transfert dans l'ancienne capitale des sultans. Même le parti autonomiste BDP avait tenu à souligner que "les vues du défunt sur la question kurde faisaient novation par rapport au poids du kémalisme". Une sorte de Prophète de la Réconciliation, en quelque sorte.

Le 28 février 1997, malgré tout, avait vu l'éviction de son gouvernement, sous le pression de l'armée. On appelle localement cet épisode le "coup d'État post-moderne".

À la suite de quoi son parti "Fazilet" (la Vertu), dissout en 2001, allait éclater en deux branches : les traditionalistes lui restèrent fidèles au sein d'un parti intitulé "Saadet", réduit à 2,5 % des voix aux élections de 2002. Les scissionnistes "modernistes" autour de Gül et Erdogan ont donc constitué en août 2001 l'actuel parti majoritaire l'AKP. Certes, les références à la religion sont absentes d'un programme se réclamant officiellement de la "Justice" et du "Développement". Mais discrètement le nouveau pouvoir travaille en profondeur à la réislamisation de la société, on soutient le renouveau des confréries, on réhabilite le passé ottoman, on cherche à éliminer l'influence des bastions laïcs et kémalistes etc.

Exemple caractéristique. Le 17 janvier on apprenait que la question de la consommation d'alcool était devenue un sujet de préoccupation de la Grande Assemblée nationale d'Ankara. Commentaire de lecteur publié par le journal de centre droit Hurriyet : "le gouvernement de l'AKP et le 'sultan' Erdogan vont protéger les Turcs contre eux-mêmes en instituant des lois contre l'alcool. Puis viendra le tabac. La Charia n'a pas de limites, elle ira jusqu'au bout, la burqa et le fez." (3) Heureusement le rapport parlementaire établi par les médecins turcs constate que leur pays souffre très peu d'alcoolisme, que la bière "Efez" coûte 35 % moins cher à Londres qu'en Anatolie, etc.

On soutiendra de la sorte que les élections qui vont se tenir le 12 juin expliquent la tentative de récupération de l'appoint de voix que représente l'héritage d'Erbakan. Ainsi doit-on comprendre l'hommage de MM. Abdullah Gül et Erdogan qui, comme réconciliés avec leur propre passé extrémiste, portaient de façon très politique le deuil de leur ancien chef. À leurs côtés, outre les filles du de cujus et des religieux le journal pro gouvernemental Zaman ne remarquait pourtant que le dirigeant des Loups Gris et ceux du régime fantoche mis en place par l'armée dans la zone occupée de Chypre.

Les démagogues d'Ankara veulent sans doute agréger les 2 ou 3 % d'islamistes les plus durs. Depuis l'incident de Davos de janvier 2009 ils savent fort bien que les États-Unis les considèrent avec méfiance. Les relations avec l'Iran d'Ahmadinedjan restent, ou plutôt sont devenues, excellentes. En décembre 2010 Erdogan acceptait de recevoir après Fidel Castro et Chavez le prix Kadhafi des doits de l'homme. Quant à l'Union européenne, le responsable officiel des négociations avec Bruxelles, le ministre d'État turc Egemen Bagis l'a dit clairement : "inutile de prendre au sérieux ses rapports" (4) et ses demandes droitsdelhommistes.

Pourquoi donc hésiter par conséquent : il n'existe plus de coupure entre extrémistes et modernistes. Le camp islamique turc a refait son unité.

Hier on considérait comme "modérés" les musulmans influencés ou financés par l'Arabie saoudite ou le Pakistan. De tels interlocuteurs ne passent plus guère, désormais, pour valables. On se demande combien de temps la référence de l'islamisme turc restera à la mode. Espérons simplement que cela ne durera pas le temps de l'admettre chat en poche au sein de l'Europe.

JG Malliarakis


Apostilles

  1. cf. "Today’s Zaman" 2 mars 2011 article "Thousands pay final respects to main victim of Feb. 28 coup"
  2. cité par Hurriyet daté du 27 février 2011.
  3. cf. Hûrriyet" le 17 janvier 2011 article "Low alcohol consumption reported by Parliament".
  4. cf. Anatolia News Agency le 3 février 2010.


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samedi, 26 mars 2011

L'affaire libyenne et l'Opération "Odyssey Dawn"

 

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Communiqué de SYNERGIES EUROPEENNES – 23 mars 2011

 

L’affaire libyenne et l’Opération « Odyssey Dawn »

 

Il va de soi que nous sommes contre l’intervention militaire actuelle lancée contre la Libye du Colonel Khadafi. D’abord parce qu’elle est une intervention américaine en Méditerranée et que les Etats-Unis n’ont rien à faire en Méditerranée et que leur présence en ces eaux revient à nier toute souveraineté européenne en Europe même. Ensuite, l’intervention américaine, moins intempestive qu’en Afghanistan ou en Irak, est appuyée par un tandem franco-britannique. On sait, depuis la moitié du 19ème siècle, que tout tandem entre ces deux puissances occidentales est contraire aux intérêts généraux de l’Europe et que toute réédition de l’Entente implique soit la guerre soit une issue contraire à ces intérêts généraux de notre continent. Les positions allemandes, russes et chinoises sont les bonnes : Berlin a raison de tourner le dos à une nouvelle Entente Paris/Londres et de préférer in petto l’alignement sur la sagesse du Groupe BRIC ; Moscou y voit une nouvelle intervention occidentale ruinant les efforts du dégel entrepris depuis la perestroïka de Gorbatchev ; et la Chine demeure fidèle à ses principes de non intervention et de non immixtion dans les affaires intérieures des pays tiers, surtout en Afrique.

 

Un des motifs majeurs de l’intervention occidentale est bien entendu de s’emparer du pétrole libyen, dont Khadafi avait suggéré la vente prioritaire aux Chinois et aux Indiens. L’intervention dans le cadre de l’Opération « Odyssey Dawn » est intéressante à plus d’un titre :

 

-          Obama n’apparaît plus comme le pacificateur américain, issu de la communauté afro-américaine qui allait allègrement gommer les aspérités de la gestion néoconservatrice de Bush. On sait désormais partout que Républicains ou Démocrates sont également bellicistes, que l’Âne ou l’Eléphant sont tout autant va-t’en-guerre. Pire : Bush avait demandé l’avis du Congrès pour lancer les opérations en Afghanistan ou en Irak. Obama s’est passé de l’avis des parlementaires américains. Mais on nous chantera, à gauche comme à droite de l’échiquier politique, dans les colonnes des gazettes politiquement correctes, qu’il est, dans le fond, dans sa bonne nature d’Afro-Américain, plus démocrate que les autres…

 

-          Sarközy choisit la fuite en avant : les sondages fiables et le résultat des dernières cantonales en France montrent que ses actions sont fortement en baisse. Il faut de la gloriole, il faut détourner l’attention du peuple vers des épopées faciles pour faire oublier une gestion néolibérale qui a hérissé le peuple de France contre son UMP. Sarközy a également trahi le gaullisme, l’esprit diplomatique offensif de Couve de Murville qui jamais n’aurait déclenché une intervention aux côtés des Britanniques et des Américains contre un pays arabe client en Méditerranée.

 

-          Les Britanniques sont finalement les plus logiques dans l’affaire : la Libye, ils la convoitent depuis toujours. Ils avaient pris le relais d’Atatürk, organisateur des tribus senoussi du Sud contre les Italiens. Au départ de l’Egypte et du Soudan, les Britanniques avaient incité les Senoussi à lutter contre la mainmise de l’Italie sur cette partie hautement stratégique du Sahara, à hauteur de la zone de turbulences qu’est aujourd’hui le Darfour soudanais. Le Roi Idriss, renversé par Khadafi en 1969, était un personnage arabe folklorique mis en place par Londres qui, en retour, exploitait le pétrole libyen. Les Britanniques espèrent remettre un Senoussi en place : à leurs yeux, ce serait un juste retour des choses.

 

-          L’Italie, conquérante de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque contre les Turcs ottomans en 1911, a conservé des intérêts importants en Libye, malgré l’expulsion des Italiens par Khadafi au début de son règne. Les relations commerciales italo-libyennes ont toujours été de bonne ampleur. Berlusconi n’est entré dans l’opération « Odyssey Dawn » que contraint et forcé : sa position en Italie même est chancelante et il espère un appui des Etats-Unis. Mais la diplomatie italienne enrage de voir la place de l’Italie prise par la France, qui cherche sans doute des compensations pétrolières et surtout, probablement, à exploiter les nappes phréatiques du sous-sol libyen (par l’intermédiaire de la « Lyonnaise des Eaux » ?), et qui enrage aussi d’assister au retour des Britanniques dans la région. Le ministre Frattini veut un cadre « OTAN » pour l’Opération, ce que Sarközy refuse. Et la Lega Nord, partie prenante du gouvernement Berlusconi, refuse l’intervention, en demeurant dans sa bonne logique anti-interventionniste, celle qu’elle avait déployée lors de l’attaque criminelle de l’OTAN contre la Serbie en 1999.

 

-          Le Belgique, elle, cherche a prouver « urbi et orbi » qu’elle existe encore malgré la crise politique qui la frappe depuis juin 2010, la rendant incapable de former un gouvernement au bout de neuf mois de négociations. L’unanimité du parlement pour légitimer « Odyssey Dawn » laisse pantois : sur tous les parlementaires présents, aucun n’est donc capable de formuler une analyse un tant soit peu cohérente de la situation en Méditerranée et de la position importante que revêt la Libye, en dépit des frasques de son leader. On notera que les députés populistes flamands ont communié dans cet occidentalisme et cet atlantisme de mauvais aloi au même titre que tous les autres pitres de notre guignol politicien, prenant ainsi des positions diamétralement opposées à celle de ses alliés de la Lega Nord et aussi, dans une moindre mesure, de ses alliés de la FPÖ autrichienne et des Allemands qui lui sont proches. On sourit aussi dans sa barbe quand on sait que le relais en Belgique de Bernard-Henri Lévy, conseiller de Sarközy ès matières libyennes, a été Guy Verhofstadt, l’ancien leader de la fameuse coalition arc-en-ciel, qui a prononcé un discours belliciste tonitruant, caractérisé par une faiblesse déplorable sur le plan de l’argumentation factuelle. Le même Verhofstadt qui recevait en grande pompe Khadafi à Bruxelles en 2004, quand Washington venait de décider qu’il « n’était plus un méchant ». On sourit également quand on s’aperçoit que les députés du VB ont suivi Verhofstadt, qu’ils vilipendaient naguère. L’entrée en « guerre » de la Belgique a été illégalement décidée par un gouvernement d’affaires courantes, prouvant une fois de plus une inféodation atlantiste navrante. Et un abandon de la politique plus circonspecte de Pierre Harmel.

 

Le personnage de Khadafi pose évidemment problème : nous n’avons plus affaire au jeune et fringant Colonel modernisateur qui, sanglé dans un uniforme impeccable et bras nus, siégeait aux côtés d’émirs bédouins auxquels il prêchait la fraternité arabe. Nous avons désormais affaire à un homme vieillissant, affublé d’accoutrements bizarres et ne donnant plus l’impression de l’ardeur, de la modernité et de l’innovation. On oublie que Khadafi a eu des débuts très prometteurs. Et que les réalisations concrètes de son régime méritent tout de même l’admiration : création d’un bon système médical/hospitalier, mise sur pied d’un système d’éducation meilleur que dans les pays arabes voisins, bonne gestion de la manne pétrolière et redistribution à la population et, enfin, last but not least, l’exploitation des immenses nappes phréatiques du sous-sol saharien, via le projet de « Great Man Made River ». Jusqu’ici, quelques fermes collectives seulement fonctionnaient grâce à l’irrigation en provenance de ces nappes phréatiques ; le projet allait se concrétiser à grande échelle dans les mois prochains. La Tunisie de Ben Ali et l’Egypte de Moubarak s’y intéressaient. L’Egypte, on le sait, parvient à grand peine à satisfaire les besoins en eau de sa population : le Nil ne suffit plus. Certes Khadafi s’est enrichi personnellement,  mais ni plus ni moins (et plutôt moins…) que certains de ses collègues. La redistribution est toutefois mieux agencée en Libye.

 

Voyons maintenant le côté pile. Il y a l’imprévisibilité du Colonel. Ses foucades inacceptables du point de vue diplomatique : l’expulsion des Italiens, l’affaire des infirmières bulgares, volontaires pour structurer son système hospitalier (affaire qui, elle, aurait mérité une intervention plus musclée de la part de tous les Etats européens), la participation au mobbing contre la Suisse et la rétention d’otages helvétiques (affaire où l’Europe est restée étrangement silencieuse), les soutiens plus ou moins déguisés à des terroristes ou à des actes terroristes (Lockerbie, la discothèque berlinoise), mais on sait qu’en matière de terrorisme, le scepticisme est de mise car, pour Washington, le terroriste d’hier pour devenir l’allié de demain et vice-versa, comme ce fut d’ailleurs bien le cas pour Khadafi. D’ennemi, celui-ci est devenu ami puis redevenu ennemi.  Les Français reprochaient l’intervention de Khadafi au Tchad mais, le Tchad demeure tout de même, géographiquement parlant, l’arrière-cour de la Libye, que celle-ci soit ottomane, sous tutelle italienne ou britannique, ou indépendante. Khadafi s’est aligné dès 2006, cela n’a servi à rien : tous les candidats à l’alignement savent désormais à quoi s’en tenir !

 

La force de Khadafi, au temps de sa gloire de jeune et bel officier, a été son incontestable charisme et sa volonté de moderniser un pays qui n’existait pas en réalité. La Libye est un territoire où se juxtaposent un grand nombre de tribus. La population obéit à des logiques tribales et non pas à l’idée d’un Etat central et moderne. Dans l’esprit de la population, la division du territoire en deux vilayets ottomans (Tripolitaine et Cyrénaïque) correspond peu ou prou à deux ensembles de tribus, séparés par plus de mille kilomètres de désert. Khadafi a fédéré cette population éclatée en tribus. Ce pacte fédéral a été rompu récemment et une partie des tribus a réclamé une révision du pacte, des redistributions et un réaménagement du pouvoir : dissensus sans doute provisoire, où s’est immiscé un Occident prompt à exploiter les manifestations centrifuges dans les Etats qui se défendent bien sur le plan de la gouvernance.

 

Khadafi a certes une logique islamique mais non islamiste : contrairement aux intégrismes habituels, de facture hanbalite ou wahhabite, qui fondent leurs démarches sur le Coran, certes, mais aussi sur les hadiths, les commentaires et les ajouts divers des ulémas. Ce sont ces addenda post-coraniques qui encombrent l’islam d’archaïsmes qui déplaisent notamment aux Occidentaux mais aussi à tous les modernisateurs et les nationalistes arabes. Khadafi a prôné un islam exclusivement coranique, sans les exégèses ou interprétations postérieures dont se réclament hanbalites et wahhabites. Ce coranisme khadafiste débouche sur l’idée d’une « Troisième Voie Universelle », théorisée à l’époque où le monde était encore scindé en deux camps, ceux de la Guerre Froide entre orbes communiste et capitaliste. Empressons-nous de dire que cette « Troisième Voie Universelle », bien que sympathique dans ses intentions, nous est toujours apparue comme extrêmement faible sur le plan intellectuel et théorique : si quelques petits comploteurs se réclamant d’une « Troisième Voie » ont pondu des dithyrambes enflés sur cette théorie khadafienne ou se sont bousculés dans les auditoires de Tripoli dans l’espoir de récolter une manne sonnante et trébuchante, nous n’avons pas participé à la farce et nous avons préféré potasser les « non-conformistes des années 30 » ou les idées gaulliennes de participation et d’intéressement (Loichot). Histoire de rester européens. Et contents de l’être.

 

La fragilité de l’édifice politique khadafien vient de ce fond anthropologique des Libyes, demeuré foncièrement tribal. Ce sont les tribus qui remettent l’édifice en question. Il convient de replacer cette révolte des tribus (surtout celles de Cyrénaïque et du Sud-Est anciennement senoussi, selon certains observateurs) dans un cadre plus général : force est de constater que les Américains lâchent depuis quelques décennies leurs anciens alliés et hommes de main devenus âgés et malades. Ce fut le cas du malheureux Shah d’Iran en 1978-79. C’est le cas de Moubarak aujourd’hui, et aussi, bien sûr, de Ben Ali, celui qui avait évincé le vieux Bourguiba… Washington entend gérer ainsi les transitions et casser simultanément des logiques fortes au sein des Etats alliés, car, on l’oublie trop souvent, depuis Clinton, les Etats-Unis raisonnent comme s’ils n’avaient plus d’alliés mais seulement, face à eux, des « alien societies », auxquelles il ne faut pas nécessairement demeurer fidèles. Moubarak a bien servi la cause de Washington et de Tel Aviv : pour ce faire, il a sans doute bénéficié de mannes assez plantureuses, avec lesquels il a réalisé des projets d’infrastructure pour rendre son pays plus fort. Il est vieux et malade. On va l’évincer, non pas par le soutien clair et sans fard à des putschistes comme en Iran en 1953, mais en créant un désordre apparemment « spontané » dans les rues d’Egypte. Derrière cette effervescence populaire, l’armée s’empare discrètement du pouvoir. Washington, contrairement à ce qui s’est passé en Iran en 1978-79, n’est pas passé par le détour du fondamentalisme islamiste pour éliminer un allié devenu trop puissant et donc potentiellement dangereux : les Frères musulmans, qui ont cru profité de la révolte populaire égyptienne, ont été mis échec et mat ; en compensation, on leur permet de se défouler sur les Coptes.

 

En Libye, les insurgés appartiennent à des tribus moins gâtées par Khadafi et les siens. Pour l’observateur allemand Günther Deschner, il s’agit surtout des Warfalla, matés une première fois en 1993. La Libye fait donc face à un risque : l’éclatement du pays en deux nouvelles entités étatiques, la Cyrénaïque et la Tripolitaine, selon les frontières internes à l’espace ottoman avant la conquête italienne de 1911. D’un point de vue européen, une telle transition, patronnée par Washington, ne serait guère valable. Il conviendrait de maintenir l’unité de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine sous une forme ou sous une autre, centralisatrice, fédérale ou confédérale, pour éviter une réédition de la sécession kosovare. L’important, pour l’Europe, c’est de conserver sur la rive sud de la Méditerranée, les acquis positifs du régime khadafiste, c’est-à-dire le système d’éducation, le système médical/hospitalier, la gestion du pétrole avec redistribution des dividendes à la population et la gestion des eaux issues des nappes phréatiques, car ces acquis constituent un excellent modèle pour l’ensemble des pays d’Afrique du Nord. En effet, une telle gestion fixe la population sur son sol et ne la condamne pas à l’émigration vers l’Europe. Dans cette optique, un régime post-khadafiste qui maintiendrait intacts les acquis de la gestion positive du Colonel (et nous débarrasserait de ses foucades inadmissibles) mériterait la coopération européenne. Les effets bénéfiques du projet de « Great Man Made River » permettrait d’avoir, aux portes de l’Europe, un immense jardin irrigué à la place d’un désert infertile, ce qui, comme nous venons de le dire, fixerait les populations nord-africaines sur leur sol natal, dans leur espace arabo-berbère, et fournirait à l’Europe des surplus qui accentueraient la nécessaire indépendance alimentaire qu’elle doit viser, notamment en matière de fruits et légumes. Ces projets d’irrigation avaient été formulés dans les années 40 par le tandem germano-italien mais avaient été prestement « oubliés » par les libérateurs britanniques qui avaient hissé le Roi Idriss sur le trône, pour récompenser les efforts de guerre anti-italiens des Senoussi, instruments d’une « low intensity warfare » inspirée par Lawrence d’Arabie.

 

La Libye de Khadafi a attiré d’ailleurs une immigration marocaine, algérienne et tunisienne, qui combat aujourd’hui sous le drapeau vert (coranique) de Khadafi contre les néo-senoussistes.

 

Enfin, l’intervention n’est pas de mise à nos yeux car l’Europe devrait avoir d’autres priorités, d’autres dangers à éliminer à ses portes : le Maroc qui lorgne sur les Canaries espagnoles, vise à englober les Presidios de la côte méditerranéenne (Ceuta et Melilla), comme l’a prouvé l’incident de l’Ile de Perejil en juillet 2002 et qui continue à produire 70% du cannabis consommé en Europe. L’UE avait donné des subsides aux agriculteurs du Rif pour qu’ils s’adonnent à des cultures de substitution. On s’est bien vite aperçu que la manne européenne a servi à tripler voire à quadrupler le territoire où était cultivé le cannabis. Cet état de choses aurait mérité une intervention musclée, sous la forme d’un bombardement à l’agent orange des champs où est cultivée cette drogue mortelle pour la stabilité de nos sociétés. De même, les navires qui participent à l’opération « Odyssey Dawn » feraient œuvre bien plus utile en traquant les trafiquants qui franchissent chaque jour la Méditerranée entre les côtes marocaines et les côtes andalouses sur des embarcations ultra-rapides contenant chacune une bonne tonne de cannabis. Les hélicoptères européens pourraient faire de magnifiques cartons…

 

Ensuite, autre danger bien plus mortel que les dérapages de Khadafi en proie à la révolte de certaines tribus libyennes : la Turquie qui laisse délibérément ouvertes ses frontières de Thrace à toute l’immigration d’Anatolie, du Kurdistan et de l’Asie centrale, menace la Grèce en Egée, occupe Chypre. Et, par la voix de son premier ministre islamiste Erdogan, envisage de créer partout en Europe des espaces sociaux turcs, soustraits de facto à l’autorité des pouvoirs autochtones, voire des espaces turco-mafieux directement protégés par Ankara. Par deux fois, Erdogan a réitéré la menace, a appelé les Turcs d’Europe à refuser l’intégration : à Cologne en février 2008, à Düsseldorf en février 2011. Les menées turques en Thrace, en Egée et à Chypre, les discours d’Erdogan à Cologne et à Düsseldorf sont des menaces bien plus graves pour l’Europe que les rodomontades récentes de Khadafi en Italie où il a prêché son islam coranique devant un parterre de figurantes sémillantes, recrutées par Berlusconi dans des agences de mannequins, un Berlusconi qui est un incontestable connaisseur en la matière. Pour la Turquie, l’adhésion à l’UE n’a qu’un seul objectif : le pillage des systèmes de sécurité sociale par l’envoi du trop-plein démographique anatolien et kurde, voire des pays avec lesquels la Turquie a signé des accords de libre circulation, en Asie centrale turcophone et au Proche-Orient (Syrie, Liban, Jordanie), selon des logiques historiques pantouranienne ou néo-ottomane. Cette défiance à l’endroit de la Turquie ne doit pas nous empêcher de nous féliciter qu’Ankara a brisé la cohésion du machin OTAN  (quand va-t-il enfin disparaître…?) dans le sillage de l’Opération « Odyssey Dawn » : la Turquie, depuis Erbakan, prédécesseur islamiste d’Erdogan, avait renoué avec la Libye ; 30.000 coopérants turcs s’y étaient établis et viennent de rentrer dare-dare en Anatolie. Le néo-ottomanisme turc nous dérange moins en Libye qu’en Egée ou à Chypre.  

 

La déstabilisation de toute l’Afrique du Nord, Maroc excepté, risque de provoquer un exode nord-africain vers l’Europe. Nous en voyons les signes avant-coureurs à Lampedusa au large de la Sicile. La Libye formait barrage pour deux raisons : elle absorbait une main-d’œuvre nord-africaine et freinait l’exode d’Afrique venu d’au-delà du Sahara (en réclamant une aide européenne). Sans un régime stable en Libye, cette barrière n’existera plus. Il aurait donc mieux valu que les choses restassent en leur état (« res sic stantibus »).