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lundi, 16 décembre 2024

Folie climatique de l'UE: 1300 milliards d'euros par an pour rien

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Folie climatique de l'UE: 1300 milliards d'euros par an pour rien

Source: https://report24.news/eu-klimawahn-1-300-milliarden-euro-...

C’est la plus coûteuse illusion de l’histoire européenne: l’UE veut se propulser dans un paradis vert en investissant des sommes astronomiques. Une nouvelle analyse du groupe de réflexion Bruegel révèle désormais la vérité choquante sur les véritables coûts de la politique climatique européenne – et elle dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer jusqu’ici.

Imaginez que vous jetiez chaque année 1300 milliards d’euros par la fenêtre – pour un projet dont l’utilité est, au mieux, discutable. C’est exactement ce que prévoit l’UE d’ici 2030. Après cela, ce sera encore plus cher: 1540 milliards d’euros. Par an. Jusqu’en 2050. Des chiffres qui font pâlir même les eurocrates les plus endurcis.

Le groupe de réflexion bruxellois Bruegel a pris la peine de calculer le véritable coût de cette folie verte. Le résultat est une note de politique qui a de quoi faire réagir. Elle se lit comme un aveu de faillite, celle de la raison européenne. Et ce n’est que le début: les coûts réels pourraient être encore plus élevés. Bruegel souligne que des facteurs importants, comme les coûts de financement, n’ont même pas été pris en compte dans le calcul. C’est comme si l’on achetait une maison en ne tenant compte que du prix d’achat, tout en oubliant les intérêts.

La réalité rattrape déjà les rêves écologiques. La demande de voitures électriques s’effondre, les pompes à chaleur prennent la poussière dans les entrepôts, l’industrie solaire gémit sous la concurrence chinoise, et personne ne veut plus construire d’éoliennes. Le citoyen ordinaire a depuis longtemps compris ce que Bruxelles refuse d’admettre: cette « transition énergétique » est non seulement inabordable, mais aussi insensée.

Tandis que la Commission européenne rêve d’un avenir vert radieux, une résistance massive se manifeste déjà dans les États membres. De la Hongrie à la France, de la Slovaquie à l’Allemagne – partout, les citoyens se rebellent contre les coûts croissants de cette politique idéologique.

Le plus absurde: aux États-Unis, le Project Veritas a révélé comment l’Agence de protection de l’environnement, avant Trump, a injecté des milliards dans des organisations activistes pour le climat – comme une sorte « d’assurance » contre une politique jugée d'avance indésirable, qui pourrait être déployée sous le nouveau président. En Europe, des opérations similaires existent également.

L’étude de Bruegel tente certes de qualifier les critiques de « populistes », mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. Cette politique ne détruit pas seulement la prospérité des citoyens européens, elle menace aussi la compétitivité des entreprises européennes. Tandis que la Chine et les États-Unis agissent de manière pragmatique, l’Europe se perd dans un rituel climatique coûteux.

Au final, une question simple se pose : qui va payer ? La réponse est aussi simple que déconcertante: vous, le contribuable, le simple citoyen – et les entreprises. Par des taxes plus élevées, des prix de l’énergie en plein essor et un pouvoir d’achat en baisse. Bienvenue dans le nouveau monde merveilleux de la politique climatique européenne.

L’ironie de tout cela ? Tous ces billions n’auront pas la moindre influence sur le climat. Car les changements climatiques sont principalement déterminés par le soleil et d’autres facteurs astronomiques – une vérité dérangeante que personne à Bruxelles ne veut entendre.

vendredi, 25 octobre 2024

Union européenne et post-démocratie : une analyse

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Union européenne et post-démocratie: une analyse

Francesco Ingravalle

Source: https://www.kulturaeuropa.eu/2024/09/23/post-democrazia-e-unione-europea/

Rome, le 7 octobre - En 2003, le politologue britannique Colin Crouch a introduit le concept de « post-démocratie » dans les études politiques et sociales pour désigner un système politique qui, bien que régi par des normes et des institutions démocratiques, est en fait gouverné par de grands lobbies (transnationaux ou multinationaux) et par les médias de masse (qui en dépendent, directement ou indirectement) ; formellement, donc, une démocratie (pouvoir du « démos », du « peuple »), substantiellement une oligarchie.

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La post-démocratie : le problème

Dans le livre III de la Politique, Aristote écrit : « Puisque constitution signifie la même chose que gouvernement et que le gouvernement est l'autorité souveraine de l'État, il est nécessaire que le souverain soit ou bien un seul homme, ou bien un petit nombre, ou encore un grand nombre. Lorsque l'un ou le petit nombre ou le grand nombre gouvernent pour le bien commun, ces constitutions sont nécessairement correctes, tandis que celles qui veillent à l'intérêt soit de l'un, soit du petit nombre, soit de la masse, sont des déviations [...] ». Il ajoute que « ou bien ceux qui prennent part au gouvernement ne doivent pas être appelés citoyens, ou bien ils doivent participer aux avantages communs ». La situation dans laquelle le petit nombre, les plus riches, gouvernent pour le petit nombre le plus riche est appelée « oligarchie » (considérée comme la déviation de l'aristocratie, c'est-à-dire le règne du petit nombre au profit du bien commun).

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Plus de deux mille ans plus tard, Charles Wright Mills (1916-1962) écrit à propos de la démocratie américaine: « Les décisions ont tendance à avoir des effets unitaires, les dirigeants de chacun des trois groupes - les “seigneurs de la guerre”, les grands hommes d'affaires, les dirigeants politiques - ont tendance à marcher ensemble pour former l'élite qui détient le pouvoir en Amérique ».

Le terme « élite » renvoie à Vilfredo Pareto, un terme qui se réfère avant tout, mais pas exclusivement, à la dimension quantitative du groupe dirigeant, comme chez Aristote et comme chez Wright Mills: le petit nombre, les plus riches, pas nécessairement les meilleurs. La hiérarchie politique n'est pas fondée sur des critères éthiques. L'aristocratie, pour Aristote, pour Pareto et pour Wright Mills, est un devoir-être, pas une réalité. Une indication qu'il faut garder à l'esprit: la théorie politique est une chose, la réalité politique en est une autre; la théorie démocratique et la pratique démocratique sont des choses complètement différentes, au point de configurer une contradiction: le gouvernement démocratique du petit nombre et des plus riches; démocratique dans la forme, oligarchique dans la substance.

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Le problème a été soulevé par Karl Marx dans son article de 1844 intitulé Die Judenfrage (La question juive): ce n'est que lorsque l'homme réel et individuel résume en lui le citoyen abstrait et qu'en tant qu'homme individuel, dans sa vie empirique, dans son travail individuel, dans ses relations individuelles, il devient un être appartenant à son espèce, ce n'est que lorsque l'homme a reconnu ou organisé ses « forces propres » en tant que forces sociales et qu'il ne sépare donc plus la force sociale de lui-même sous la forme de la force politique, ce n'est qu'alors que l'émancipation humaine s'accomplit. L'égalité juridique ne suffit pas à garantir la mise en œuvre des droits de l'homme, il faut l'égalité sociale. A l'époque, le suffrage universel n'existe pas en Europe, qui ne garantirait alors que l'égalité juridico-politique, sans toucher aux inégalités sociales; partout où le droit de vote existe, il est lié à la richesse. La démocratie, sur le plan théorique, n'est pas simplement liée au droit de vote, mais à la possibilité d'influencer effectivement la formation de la volonté collective, quelle que soit sa position dans la production de la richesse sociale. Sur la formation de la volonté collective, c'est-à-dire la formation du pouvoir de légiférer. La théorie démocratique est confrontée à l'obstacle du progrès technologique et scientifique qui a modifié la réalité objective sur laquelle le pouvoir législatif doit légiférer, ce qui pose le problème de la compétence des décideurs et dissout le mythe (remontant au philosophe grec Protagoras d'Abdère et contesté par Platon dans la République) de la compétence politique « naturelle » de tout être humain.

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Socio-psychologie de la post-démocratie

À l'ère de l'anthropocène, c'est-à-dire à l'ère de l'agression capitaliste contre la biosphère, il n'est plus possible de légiférer sans savoir, et la décision politique est obligée de s'appuyer sur l'expertise techno-scientifique, quoique non neutre, des experts. Si cela complique le problème de la démocratie comme forme réelle de régime, cela n'affecte pas significativement la réalité de l'oligarchie; au contraire, la non-neutralité même des experts expose la législation à des torsions oligarchiques. Mais le problème de la démocratie théorique est qu'elle ne peut être efficace que si elle est fondée sur une citoyenneté active et critique et, donc, sur un système éducatif (école et médias) qui prépare l'opinion publique en ce sens. Or, on sait que dans la société de masse, ce n'est pas la fonction réelle de l'éducation (école, université) et de la communication sociale (médias); comme l'écrivait Wright Mills, à propos des États-Unis d'Amérique, au milieu des années 50: « D'une part, les structures de détention du pouvoir se sont renforcées et centralisées, d'autre part, les hommes se sont fragmentés en cercles étroits; des deux côtés, il y a eu une dépendance accrue à l'égard des moyens formels d'information et de communication, y compris de l'éducation proprement dite. Mais l'homme qui vit dans la masse ne reçoit pas de ces médias une vision qui l'aide à s'élever; au contraire, il reçoit une expérience stéréotypée, qui l'abaisse encore plus: il ne peut pas se procurer le détachement nécessaire pour observer ses expériences, et encore moins pour les évaluer - et encore moins pour évaluer ce qu'il ne peut pas expérimenter directement. Sa vie, au lieu de s'accompagner d'une discussion interne que nous appelons réflexion, se déroule en adhérant à un monologue inconscient, faisant écho à des modèles reçus de l'extérieur.

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Ainsi, l'homme-masse n'a pas de projet propre [...] il se laisse porter, il respecte les habitudes, son comportement est un mélange gratuit de critères confus et de perspectives non critiques empruntées à des gens qu'il ne connaît pas et en qui il n'a plus confiance, si tant est qu'il en ait jamais eu ».

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Plus de soixante ans plus tard, Tom Nichols écrit : « Le plus gros problème est que nous sommes fiers de ne pas savoir les choses. Les Américains en sont venus à considérer l'ignorance, surtout en matière de politique publique, comme une vertu. Pour les Américains, rejeter l'avis des experts, c'est affirmer leur autonomie, une façon d'isoler leur ego de plus en plus fragile et de ne pas s'entendre dire qu'ils font quelque chose de mal [...]. Tout est connaissable et n'importe quelle opinion sur n'importe quel sujet est aussi bonne que celle de n'importe qui d'autre. Non seulement les gens croient à des absurdités, mais ils « résistent activement à l'idée d'en savoir plus, de peur d'abandonner leurs croyances erronées ».

Tel est l'arrière-plan socio-psychologique de la post-démocratie: une opinion publique non critique est utilisée efficacement par les élites au pouvoir. On pourrait même affirmer que la post-démocratie commence bien avant l'âge sur lequel le diagnostic de Crouch était basé.

Les exécutifs post-démocratiques conduisent le monde à l'autodestruction, et les problèmes d'une opinion publique critique se posent donc avec une urgence particulière; il faut rappeler que les institutions sont, dans leur fonctionnement effectif, les structures de la réalité socio-psychologique qui les fait exister: cela explique qu'une même idée politique puisse être mise en œuvre de manière non seulement différente, mais opposée, l'une par rapport à l'autre. Mais les structures de la réalité socio-psychologique sont configurées par les rapports sociaux de production; la post-démocratie est la face institutionnelle de la dynamique capitaliste, surtout après la dérégulation des marchés de 1989 à 2007.

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La post-démocratie et l'Europe

Il existe cependant un ensemble de processus concrets qui transcendent les différentes formes de post-démocratie en Europe: un ensemble de processus appelé « construction européenne » ou, si vous préférez, « intégration européenne » (que nous utilisons ici comme des expressions synonymes).

Ceux qui retracent les étapes de la construction de l'Union européenne actuelle peuvent constater que son principe moteur est la tension diplomatique des États constitutifs pour structurer des accords de marché supranationaux qui, de six États participants, se sont étendus à vingt-sept États participants en un peu plus de soixante-dix ans. La C.E.C.A. (1951), la C.E.E. (1957) construisent un espace de marché intégré dans lequel est affirmé le principe de la primauté du droit communautaire (depuis 1963), qui développe l'unité des exécutifs des trois communautés (C.E.C.A., C.E.E., plus connue, pour cette dernière, sous le nom d'« Euratom », créée avec la C.E.E. en 1957).

imapmges.jpgL'instance supranationale a une origine claire : la nécessité pour les États-Unis, dans l'Europe d'après-guerre, d'intégrer les marchés et de surmonter les nationalismes face au « danger soviétique » ; on pourrait donc dire que l'intégration européenne est un épiphénomène de la « guerre froide ». Il s'agit cependant d'un épiphénomène qui tend à dépasser les limites de l'intégration des marchés pour aboutir presque à une intégration politique, surtout après l'implosion du système hégémonique russo-soviétique, lorsque l'appellation « Union européenne » commencera à être utilisée dans les textes officiels. Cela n'est guère surprenant : l'intégration des marchés implique, dans une certaine mesure, l'intégration des systèmes juridiques et administratifs et, à tout le moins, la compatibilité des systèmes financiers. Ce corps qui s'agrandit progressivement ne manque pas de tête, le pouvoir législatif formé entre les traités de Maastricht (1992) et les traités de Lisbonne (2007).

Il doit légiférer sur des matières relevant de la compétence exclusive de l'UE (soigneusement énumérées) avec un système décisionnel inhabituel. Un système décisionnel inhabituel car il réunit dans une même procédure des institutions qui fonctionnent selon des logiques différentes: la Commission européenne, organe de nomination, bien que sous la tutelle des États membres, travaille selon une logique technocratique pour élaborer le schéma qui sera soumis à la codécision (dans le cadre de la procédure législative ordinaire) le Conseil des ministres de l'Union qui, dans ses différentes compositions, travaille selon la logique diplomatique de défense des intérêts de chaque État membre parce qu'il est l'expression des exécutifs de gouvernement de chaque État membre, et le Parlement européen (élu au suffrage universel par les citoyens de l'Union) qui travaille selon la logique démocratique de la dialectique majorité/minorité.

L'Union européenne, qui, depuis le début du 21ème siècle, dispose également d'une monnaie commune, l'euro (bien que gérée par une institution qui ne dépend d'aucune institution de l'UE), n'est pas un État, mais elle n'est pas non plus une organisation internationale comme les autres: ses lois, en effet, affectent directement chaque citoyen de l'Union.

Pourtant, dans son fonctionnement législatif, l'Union européenne mêle opportunément le principe de compétence, le principe de représentation des Etats membres et le principe de représentation démocratique des citoyens de l'Union, mais, comme on l'a dit, exclusivement, sur un nombre limité de matières législatives (union douanière, règles de concurrence pour le fonctionnement du marché intérieur, politique monétaire pour les pays qui ont adopté l'euro comme monnaie, conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de la politique commune de la pêche, politique commerciale commune); pour la législation dans les matières qui ne relèvent pas de la compétence exclusive, l'action de l'Union est régie par les principes de subsidiarité et de proportionnalité, qui prévoient que l'action de l'Union ne doit se substituer à celle des États membres (et des collectivités infra-étatiques) que dans le cas où ceux-ci ne sont pas en mesure d'atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés par l'intermédiaire de l'Union, et seulement dans la mesure où son intervention est proportionnée aux objectifs de la Communauté.

L'hypothèse fédérale

Si l'Union européenne était un État (fédéral), elle représenterait une réponse institutionnelle aux problèmes de la post-démocratie, aux problèmes de la torsion oligarchique de la démocratie et aux problèmes connexes de la société de masse. Cependant, cet Etat fédéral pourrait difficilement représenter une réponse économique et sociale à ces problèmes. Ce ne sont pas les institutions qui créent la société, mais la société qui crée les institutions; une société capitaliste tend intrinsèquement vers l'oligopole, et l'oligopole tend vers le monopole qui, dans la politique concrète, se traduit par le système des élites de pouvoir, c'est-à-dire par l'oligarchie.

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La gestion communautaire du marché unique appartient certes à la typologie du capitalisme encastré, du capitalisme intégré par des politiques sociales et d'autres objectifs communautaires. Mais elle assemble des ordres capitalistes de configurations diverses dans l'espace hégémonique de l'organisation militaire qu'est l'O.T.A.N., ce qui n'est pas négligeable du point de vue des contraintes qui pèsent sur la politique économique, et donc sociale, de la collectivité. Il faut également noter que ce sont les Etats membres qui sont les auteurs des traités communautaires et que ce sont les Etats membres, dans leurs différences de poids économique, qui sont les « seigneurs des traités ».

Toute hypothèse de transformation de l'Union européenne dans le sens de l'Etat fédéral nécessite, bien entendu, un sujet politico-culturel européen porteur d'un objectif aussi complexe. Un sujet dont on ne trouve aucune trace, face à des orientations ouvertement ou secrètement hostiles à la perspective d'une fédération européenne.

jeudi, 19 janvier 2023

Non seulement des insectes, des milliards de l'UE pour la viande cultivée en laboratoire

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Non seulement des insectes, des milliards de l'UE pour la viande cultivée en laboratoire

par Gloria Callarelli

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/16209

Mettre fin à la malnutrition d'ici 2030, réduire l'impact environnemental et la production de gaz à effet de serre, mais aussi améliorer la résilience des systèmes agricoles.

Tranquillement, avec ces thématiques dûment instrumentaliséeset apparemment autorisés, l'UE, et les copains à la Bill Gates ou Klaus Schwab, préparent en fait un avenir dystopique, en investissant des milliards dans l'expérimentation génétique et en bouleversant l'ordre naturel des choses. Ils appellent cela aussi "développement durable" et tout est fait, inutile de le dire, pour l'amour de mère nature, qui n'est pas exactement l'amour chrétien de la Création, mais juste un ersatz, typique du New Age et distribué en pilules pour digérer le plan diabolique de restructuration de la réalité d'ici 2030.

Ainsi, l'élevage de vaches et de troupeaux ou de poulets et de porcs plus efficaces grâce à des implémentations génétiques est déjà une réalité. Des dizaines de projets ont été lancés grâce aux fonds de l'UE: Gene-switch, Gentore, Rumigen, puis Geronimo et bien d'autres encore. L'UE a déjà alloué environ un milliard d'euros pour financer les quelque 180 projets multi-acteurs présentant un intérêt pour l'agriculture, la sylviculture et le développement rural au cours des sept années d'Horizon 2020 (2014-2020). Plus de 120 d'entre eux ont déjà été amorcés et le programme Horizon Europe (2021-2027) a également été lancé. Tout cela fait partie de la Food Action Alliance, la plateforme qui soutient le système de transformation des aliments. On apprend comment l'Europe s'efforcera (et espère que d'ici 2030, le système politique des différents États fera de même) de mettre en œuvre des interventions qui permettront aux agriculteurs de passer à des systèmes agricoles et alimentaires "durables et résilients". Les Pays-Bas et les pays nordiques sont à l'avant-garde de ce type de transformation : Aerovision, l'Université de Wageningen et Research ne sont que deux des entités qui travaillent au développement du programme. Non seulement l'élevage et l'agriculture, mais aussi la pêche sont exemptés.

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On peut lire sur les pages de l'un des appels à propositions suggérés par l'UE: "La recherche et l'innovation contribueront à une meilleure compréhension des incidences du changement climatique en termes de modification des habitats et de fonctionnement écologique, ainsi que des répercussions qui en résultent sur la composition des espèces, la santé et la modification des taux de croissance et de reproduction. La recherche, on l'aura compris, tend à évaluer le type d'espèces animales et leur adaptation (plus ou moins grande) en fonction de l'emplacement et de la nourriture fournie. Pour faire simple: selon toute vraisemblance, à l'issue de ces études, il sera possible de produire en laboratoire, en dépassant le système traditionnel des croisements et en arrivant à l'édition génétique, l'espèce parfaite qui ne pollue pas, donne plus de rendement et s'adapte à son environnement.

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C'est ce que nous apprend le programme Gentore : "L'amélioration génétique du bétail est une technologie particulièrement rentable qui produit des changements permanents et cumulatifs dans les performances". Il parle de "l'amélioration de l'efficacité du bétail et du système d'élevage, en convertissant plus d'énergie dans la production de produits, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre par unité de produit". Et, devinez quoi : "l'un des outils à la disposition des agriculteurs est la sélection génétique. Ce sont les objectifs du "développement durable"".

Le bétail génétiquement sélectionné produira donc les effets suivants : "Amélioration de la fertilité pour réduire les intervalles de vêlage et les inséminations avec une réduction des coûts de gestion et des émissions. Amélioration de la résilience des bovins et des troupeaux, amélioration de la longévité, amélioration de la santé". Il indique également : "Amélioration de l'efficacité alimentaire : par exemple, sélection pour une meilleure consommation d'aliments résiduels, ce qui aura une incidence directe sur les émissions, car les animaux qui mangent moins ont tendance à produire moins de gaz à effet de serre. En gros, l'animal ne mangera que ce qu'il décide et dans les quantités qu'il décide pour ne pas polluer. Question. Ce qui est vrai pour l'animal aujourd'hui, qui peut dire que ce ne sera pas vrai pour l'homme demain ?

Peut-être est-il préférable de commencer à comprendre où nous sommes arrivés et qu'il est important d'agir. Quel est le but ultime ? Qui sait : peut-être subvertir le secteur primaire et remplacer l'élevage connu aujourd'hui par des usines à éprouvettes. Tout cela pour arrêter le changement climatique et réduire les coûts en nous forçant à manger et à vivre comme ils le souhaitent. La folie ? Pour quoi les insectes sont désormais prévus dans nos assiettes ? Le contrôle social et l'asservissement des êtres vivants sous l'excuse officielle de prévenir la pollution, c'est quoi ? Ils ont déjà pénétré partout, jusque dans nos estomacs, avec leurs théories diaboliques. Nous devons nous attendre à tout. Le scientisme perturbe la vie, permettant des expériences scientifiques et des astuces génétiques qui aboutiront sur nos tables à quelque chose d'artificiel et, Dieu sait, de dangereux pour notre santé. Nous sommes déjà à des niveaux limites et leurs agendas s'accélèrent. Il y a un mois, nous écrivions sur l'enquête de la Fondation Barilla sur les insectes, aujourd'hui les insectes sont une réalité. De nos jours, vous ne pouvez même plus faire confiance aux pâtes que vous mangez : il est bon de toujours vérifier les ingrédients, de rechercher des entreprises saines.

Ils sont sournois dans leurs desseins et ne s'arrêteront pas. Animaux, plantes, hommes : tout ce qui est créé doit finir, et mal finir, entre leurs mains. Tant pis pour le développement durable et "sauver la planète" : les diables se détruisent (et nous détruisent) de leurs propres mains. Si le monde devient alias, devient autre chose, perturbé dans son ordre naturel, il se rebellera. C'est la théorie du chaos, ce sont les mathématiques. L'orgueil et la volonté de puissance les ont aveuglés. L'espoir est là et c'est que Dieu se lassera bientôt de ces imitateurs poltrons.

lundi, 28 février 2022

Guerre en Ukraine : le suicide de l'Europe

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Guerre en Ukraine : le suicide de l'Europe

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/guerra-in-ucraina-le-responsabilita-dell-europa-zombie-atlantica

L'invasion de la Russie est arrivée, l'attaque contre l'Ukraine s'est déroulée selon les prédictions (et les souhaits) de Biden. En fait, les avertissements répétés d'invasion, l'état d'alerte de l'OTAN et les sommets récurrents avec les dirigeants européens avaient un but précis : réaligner l'Occident face à l'ennemi absolu du moment, en tant que menace pour le nouvel ordre mondial orchestré par les États-Unis. Après la fuite humiliante d'Afghanistan, avec l'état de guerre civile qui perdure aux Etats-Unis, avec la crise économique post-pandémique et le retour corrélatif de l'inflation, la présidence Biden, qui s'est avérée très faible et qui connait une forte baisse de soutien interne, était à la recherche d'une nouvelle urgence, afin de rallier l'opinion publique nationale et les alliés de l'OTAN contre un nouvel ennemi absolu. Et cela s'est incarné dans la figure de Poutine, déjà défini comme un "criminel" au début de sa présidence. La figure de l'ennemi irréductible, de la menace perpétuelle pour la sécurité des Etats-Unis, pour les valeurs de l'Occident, est un mantra récurrent de la politique étrangère américaine. La perspective d'un ennemi à combattre et à vaincre constitue donc un mythe fondateur, assumé de temps à autre pour justifier idéologiquement le rôle dominant de la puissance mondiale américaine.

Du point de vue américain, il ne s'agissait pas de défendre l'intégrité territoriale et de sauvegarder l'indépendance de l'Ukraine, mais d'imposer à la Russie l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN. En réalité, l'expansion progressive de l'OTAN en Europe de l'Est a représenté une phase décisive de la stratégie de pénétration en Eurasie, avec le démembrement consécutif de la Russie : il s'agissait de reproduire, à grande échelle, la même stratégie du chaos déjà expérimentée dans l'ex-Yougoslavie, après la dissolution de l'URSS. Cette politique expansionniste de l'OTAN a toutefois été entravée par la réaction de la Russie de Poutine qui, dès 2014, avec l'occupation de la Crimée et du Donbass, a réussi à s'opposer à l'occidentalisation de l'Ukraine suite à la "révolution colorée" (c'est-à-dire le coup d'État) de Maïdan, qui a retiré l'Ukraine de la sphère d'influence russe.

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Poutine s'oppose à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN car il veut préserver les besoins de sécurité de la Russie. Mais il existe un précédent historique bien connu : lorsque l'URSS a voulu installer ses bases de missiles à Cuba, la menace de guerre nucléaire de l'Amérique de Kennedy a contraint l'Union soviétique à abandonner ses plans.

On peut donc se demander comment Biden entendait protéger l'Ukraine de l'invasion russe, puisqu'il n'a accepté aucune négociation avec Poutine qui permettrait d'éviter la poursuite de l'expansion de l'OTAN vers l'est et qu'il a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne voulait pas autoriser une intervention militaire américaine en Ukraine. L'Occident s'est borné à déclarer verbalement qu'il n'était pas prévu que l'Ukraine rejoigne l'OTAN dans un avenir proche, mais Biden a refusé de conclure un quelconque accord officiel avec Poutine sur la question. En outre, la confiance de Zelenski lui-même dans le soutien européen et américain est totalement incompréhensible à la lumière des résultats des conflits précédents en Afghanistan, en Géorgie et au Kurdistan (pour n'en citer que quelques-uns), où les Américains se sont retirés et ont toujours abandonné leurs alliés à leur sort.

Mais les États-Unis poursuivent des objectifs bien différents dans le conflit ukrainien. L'invasion russe de l'Ukraine est une excellente occasion pour les États-Unis de rompre les relations entre l'Europe et la Russie et de tuer dans l'œuf toute velléité d'autonomie européenne vis-à-vis de l'OTAN et des États-Unis. Des divisions européennes internes apparaissent au sujet des sanctions contre la Russie. Une grave crise énergétique pourrait réduire la puissance économique de l'Allemagne et de l'Europe et placer l'Europe dans une position subordonnée dans la zone d'influence atlantique. Cependant, l'UE s'est alignée sur la russophobie américaine. Scholz, en représailles à l'invasion russe, a bloqué le démarrage du gazoduc Nord Stream 2. Biden a été exaucé. En effet, les États-Unis ont l'intention de libérer l'Europe de la dépendance énergétique russe afin de lui imposer la dépendance énergétique américaine.

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L'imposition même de sanctions à la Russie est contestée en Europe. Tant en matière d'approvisionnement énergétique que dans le domaine économique et financier. En excluant la Russie du système des transactions rapides internationales, l'intention est de provoquer l'isolement et l'effondrement économique ultérieur de la Russie. Mais la Russie possède déjà son propre système de paiement et pourrait également utiliser les systèmes alternatifs fournis par la Chine. Dans ce cas, il y aurait une restriction mondiale significative de la zone dollar. Le blocage du système de paiement swift entraînerait également une grave crise du système bancaire et économique européen. Les banques françaises et italiennes sont exposées à la Russie à hauteur de plus de 50 milliards d'euros, l'Italie dépend à 50 % du gaz russe et ses exportations vers la Russie s'élèvent à environ 8 milliards d'euros par an. La mondialisation a conduit à l'interdépendance mondiale des marchés. L'Occident est maintenant la victime du système même qu'il voulait imposer au monde.

Depuis Obama, les États-Unis prévoient de réduire le rôle de l'économie européenne dans le monde. Mais la fin des échanges entre l'Occident et la Russie n'aurait pour effet que de renforcer l'axe russo-chinois (qui se targue déjà d'un volume d'échanges de 140 milliards), en opposition ouverte avec l'Occident. L'Occident, en outre, a supprimé sa propre mémoire historique. Si, pendant la guerre froide, l'URSS et la Chine de Mao avaient été alliées, quel aurait été le sort de l'Occident ?

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L'invasion russe de l'Ukraine aurait-elle pu être évitée ? La réponse est affirmative. Les accords de Minsk, qui prévoyaient l'autonomie des régions russophones du Donetsk et de Luhank (Lugansk) et les laissant sous la souveraineté ukrainienne, auraient pu être mis en œuvre. Mais l'Ukraine a refusé. Les rencontres diplomatiques entre les dirigeants russes et occidentaux se sont révélées être un dialogue de sourds, étant donné le refus américain préjudiciable à tout accord avec Poutine (qui fait déjà l'objet de sanctions occidentales depuis 2014) sur l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Jusqu'à la veille de l'invasion, Zelenski avait réitéré sa position en faveur de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE et à l'OTAN, telle qu'elle est inscrite dans sa constitution.

Mais surtout, c'est l'Europe qui est responsable du triste sort de l'Ukraine, soumise à l'invasion dévastatrice de la Russie. On peut pécher en pensée, en parole, en acte et par omission. Et les péchés d'omission commis par cet ectoplasme atlantique qu'est l'Europe sont irrémédiables. En fait, l'Europe aurait pu proposer une négociation autonome avec la Russie, impliquant l'adhésion de l'Ukraine à l'Europe, mais pas à l'OTAN. Cela aurait permis de préserver l'intégrité de l'Ukraine en imposant sa neutralité en tant que pays-pont nécessaire dans les relations entre l'Europe et la Russie. Le rôle de l'OTAN en tant qu'avant-poste armé aurait au contraire condamné l'Ukraine à la dépendance économique et militaire de l'Occident.

Dans ce contexte, l'Europe se serait désengagée de l'Alliance atlantique. Mais cette perspective est rejetée par l'Europe, car elle signifierait que l'Europe assume le rôle d'un acteur autonome par rapport aux États-Unis dans la géopolitique mondiale. Dans l'UE actuelle, l'OTAN s'identifie et se superpose à l'Europe. Tous les anciens membres du Pacte de Varsovie, qui étaient russophobes, sont devenus membres de l'UE, comme ils appartiennent à l'OTAN. L'européanisme actuel coïncide donc avec l'atlantisme. En conclusion, l'UE existe en tant qu'organe européen supranational au sein de l'Alliance atlantique.

Dans cette perspective atlantiste (et l'unité européenne au sein de l'OTAN est continuellement réaffirmée par tous les dirigeants des États membres de l'UE), l'Europe ne peut que subir, tant économiquement que politiquement, les conséquences du conflit entre les États-Unis et la Russie, seuls véritables protagonistes de la crise ukrainienne. Comme l'a déclaré Alberto Negri dans son récent article "Poutine et les Européens unis dans le paradoxe", cette situation présente également des aspects paradoxaux : "Mais le meilleur est encore à venir. L'augmentation de la consommation et des investissements en 2021 et d'autres facteurs ont contribué à la multiplication par quatre du prix du gaz en Europe. Ainsi, la Russie a également multiplié le chiffre d'affaires de Gazprom, alors qu'elle a considérablement réduit ses approvisionnements. En outre, Moscou reste le plus grand fournisseur unique de pétrole en Europe, avec une part de 25 %. En bref, le moteur de l'économie européenne est entre les mains de Poutine et l'argent européen finance l'effort de guerre russe. Est-ce qu'on va s'en sortir ?" Ou assisterons-nous, comme tout le suggère, au suicide de l'Europe ? Mais un zombie, c'est-à-dire un mort-vivant, peut-il se suicider ?

samedi, 04 décembre 2021

Dans les coulisses du Brexit 

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Dans les coulisses du Brexit 

par Georges FELTIN-TRACOL

Malgré ses dénégations répétées en boucle sur des chaînes d’information complaisantes, le gouvernement français est en train de lâcher les pêcheurs qui naviguent en mer du Nord et dans la Manche. Dans la vive querelle qui oppose Paris à Londres au sujet des zones de pêche dans les eaux britanniques et anglo-normandes, la République française et l’Union dite européenne démontrent leur évidente volonté de ne surtout pas nuire à la Grande-Bretagne.

Cette soumission des intérêts continentaux aux exigences de la perfide Albion n’est pas une surprise quand on lit le nouvel ouvrage de Michel Barnier. L’actuel prétendant à la primaire interne fermée du parti Les Républicains pour désigner son candidat à l’Élysée a écrit La grande illusion. Journal secret du Brexit (2016 – 2020) (Gallimard, 2021, 544 p., 23 €). Pendant les quatre années de négociations serrées et féroces, l’ancien commissaire européen, promu responsable en chef des discussions pour l’Union pseudo-européenne, a tenu un journal de bord quotidien.

Titulaire de différents ministères sous François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarközy, Michel Barnier est un gaullo-centriste très tôt préoccupé par les questions écologiques. Il a co-organisé les Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville en 1992. Il place son action publique sous la tutelle de la femme politique Simone Veil et de Jean-Paul II. Gravitant autour de la Commission à Bruxelles, il présente toutes les garanties de politiquement correct. On pourrait par conséquent craindre que La grande illusion soit un livre fade et convenu. Ce n’est pas le cas malgré une profusion regrettable d’anglicismes. On présume que les discussions avec les Britanniques et entre les membres de son équipe se faisaient dans la seule langue de Shakespeare.

Certes, par sa parution au printemps 2021, cet ouvrage constitue le premier étage d’une éventuelle candidature présidentielle l’an prochain si son auteur parvient à terrasser au terme d’un combat épique de titans Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Éric Ciotti et Philippe Juvin. C’est un plaidoyer pro domo à propos de deux longues négociations. En effet, il a fallu discuter à deux reprises avec les Britanniques. La première s’organisait autour de toutes les modalités pratiques et des répercussions quotidiennes de la sortie du Royaume-Uni de l’Union. La seconde portait sur les relations à venir à établir entre Londres et Bruxelles. Au fil des séances bilatérales, bientôt troublées par le covid et les confinements successifs, Michel Barnier fait découvrir au lecteur la machinerie eurocratique, c’est-à-dire des fonctionnaires européens issus des différents États membres impliqués dans leur domaine de compétence.

Dès la réception de son mandat, l’auteur agit pour que les 27 montrent face à Londres une unité réelle et non pas une entente de façade. Il y réussit. Outre la Commission et le Conseil européen, il fait des comptes rendus réguliers aux ambassadeurs permanents à Bruxelles, au Parlement européen et aux parlements nationaux, ce qui implique de se rendre chaque semaine de la Finlande à Chypre, du Portugal aux Pays baltes. À force de côtoyer des chefs d’État et de gouvernement et sachant que depuis Sarközy, n’importe qui peut briguer la présidence de la République hexagonale, Michel Barnier a dû se sentir pousser des ailes et une ambition…

Bien que diplomate et connaisseur des dossiers nombreux inhérents au Brexit, l’auteur ne cache pas son agacement. Plus on avance dans le livre, plus on découvre les manœuvres vachardes de Martin Selmayr. Le directeur allemand du cabinet de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, en est l’éminence grise. Il est devenu son secrétaire général en un temps record. À la demande des Britanniques toujours prêts à enfoncer un coin, Selmayr tenta de court-circuiter l’équipe officielle. Michel Barnier répliqua au quart de tour en lui faisant comprendre qu’il jouait avec le feu…

Ce sont toutefois les Britanniques eux-mêmes qui exaspèrent souvent le narrateur. S’il s’était penché sur l’histoire diplomatique du Royaume-Uni et des États-Unis, il aurait aussitôt compris qu’on ne peut pas se fier aux Anglo-Saxons : ils ne respectent jamais les traités qu’ils signent. Les tribus amérindiennes au XIXe siècle, les Alliés en 1919 – 1920 et l’Iran au début du XXIe siècle peuvent le certifier. Signé en 2003 par Nicolas Sarközy alors ministre de l’Intérieur, le traité du Touquet profite avant tout aux Britanniques qui retrouvent leur vieille maîtrise sur Calais. Le lundi 17 février 2020, David Frost, négociateur en chef du Royaume-Uni, retrouve Michel Barnier à Bruxelles. Le Britannique annonce que « le gouvernement de Boris Johnson ne se sent pas lié par la déclaration politique qu’il a pourtant signée le 17 octobre, il y a à peine quatre mois ». Pis, le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté « se contenterait bien d’un accord du type Canada et en même temps nous demande dans d’innombrables domaines de maintenir les avantages du marché intérieur : prestataires de services, interconnexions électriques, cabinets d’audit, avocats, services financiers ». Rappelons que Londres a aussi quitté le marché intérieur et ne consent qu’à conclure un traité de libre-échange le moins contraignant possible…

Pendant ses dix années de présidence, Charles De Gaulle a toujours refusé l’admission du Royaume-Uni dans la Communauté européenne. Ce fut l’une des nombreuses erreurs de Georges Pompidou d’en approuver l’adhésion. Le chaos politique qui résulte du Brexit, l’impréparation manifeste des dirigeants britanniques à ce choix et leur audace à vouloir toujours siéger entre deux chaises montrent la clairvoyance du premier président de la Ve République.

Il faut maintenant souhaiter que s’aggravent les effets du Brexit en Grande-Bretagne afin que les successeurs de la Queen puissent assister depuis leur palais à la réunification irlandaise, à l’indépendance de l’Écosse, à l’autodétermination des Cornouailles et du Pays de Galles, à la sécession de la métropole londonienne et au rattachement – inéluctable - à l’Espagne et à l’Argentine de Gibraltar et des Malouines.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 12, mise en ligne le 30 novembre 2021 sur Radio Méridien Zéro.

mardi, 22 septembre 2020

UE / Russie : les six principes du renouveau de la guerre froide

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UE / Russie : les six principes du renouveau de la guerre froide

par Karin Bechet-Golovko
Ex: https://russie-politics.blogspot.com

Hier, le Parlement européen a voté à une majorité écrasante une résolution, qui ressemble à s'y méprendre à une déclaration de guerre froide. Sans parler du fait qu'en même temps, il ne reconnaît pas les élections en Biélorussie (rappelons que la Biélorussie ne fait pas partie de l'UE), le point essentiel vient dans la seconde résolution : renforcer l'isolement de la Russie, sauf si elle change de "régime", financer les dissidents, les médias et les ONG, pour préparer la "Russie démocratique". L'excuse : Navalny. Ce qui montre bien, en passant, que toute cette affaire, regroupée en deux résolutions européennes discutées en même temps, est liée. La Biélorussie a bien servi de modèle pour préparer rien moins qu'une tentative de renversement de l'ordre constitutionnel en Russie. Et l'UE le déclare ouvertement. En tout cas, c'est finalement une excellente nouvelle, car les cartes sont baissées et les groupes néolibéraux globalistes en Russie voient l'échec cuisant de leur politique de compromis-sion. Les leçons sont à tirer et pas uniquement en discours. Avant que le spectre de février 1917 ne plane une troisième fois sur le pays.

Le 16 septembre, les députés européens ont discuté de l'impératif d'isolement de la Russie actuelle, tant qu'elle ne se pliera pas intégralement aux règles du jeu de la globalisation, qui implique pour un partage du gateau économique, une soumission politique inconditionnelle. Cette résolution, débattue sur fond de Navalny, est un pas important passé dans la confrontation, tant sur le fond que par l'écrasante majorité du vote. La résolution prévoit de renforcer les sanctions contre la Russie et d'aller plus loin dans l'isolement du pays sur la scène internationale, tout en mettant la Russie ouvertement en position de faiblesse en demandant une enquête internationale sur l'affaire Navalny, menée par l'ONU, l'UE, l'OIAC et le Conseil de l'Europe - en violation de la souveraineté du pays. Le coup de grâce est l'établissement d'une stratégie de soutien et financement des "dissidents", des médias, de l'opposition pour préparer les relations de l'UE avec la "nouvelle Russie démocratique". Une résolution en forme de déclaration de guerre, car la Russie telle que nous la connaissons aujourd'hui, selon l'UE, doit disparaître.
 
Ainsi, sur les 705 députés européens, 688 ont pris part au vote concernant la Russie. Sur les 688 votant, 532 ont voté pour, 84 contre et 72 se sont (courageusement) abstenus. Il est donc tout à fait logique d'en déduire que le Parlement européen, dans son écrasante majorité, est pour la tenue d'une politique agressive envers la Russie. 
 
Andrius_Kubilius_Senate_of_Poland_01.JPGD'ailleurs, Andrius Kubilius (photo), l'ancien Premier ministre lituanien (pays, qui soutient ouvertement la révolution biélorusse) est l'un des auteurs de la résolution. Justification de l'importance de cette résolution selon ses termes :
"C'est un document important, parce qu'il ne parle pas uniquement du cas individuel de l'empoisonnement de Navalny, mais donne une image de la politique du Kremlin en général, et en particulier à l'encontre de l'opposition, de ceux qui pensent différemment et de ses voisins."

Afin de donner le ton, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait, la veille, fait une déclaration semblable : 

“To those that advocate closer ties with Russia, I say that the poisoning of Alexei Navalny with an advanced chemical agent is not a one-off,” said Ms von der Leyen, a former German defence minister. “We have seen the pattern in Georgia and Ukraine, Syria and Salisbury — and in election meddling around the world. This pattern is not changing.”

Ainsi, la Russie est présentée comme un pays paria. Ce qui justifie le contenu surréaliste de cette résolution. 
 
Les sanctions qui doivent être établies doivent tenir compte des personnes visées par les "enquêtes" de Navalny. Ainsi, les "enquêtes" à charge commandées remplacent la justice dans le monde post-moderne et ceux qui passent commande veulent pouvoir profiter immédiatement des "résultats" obtenus, sans prendre le risque d'une véritable étape judiciaire. Il s'agit quand même de bloquer des comptes bancaires ...
 
Selon les députés, l'UE doit insister pour que la Russie "mette sa législation en conformité avec le droit international", c'est-à-dire qu'elle doit annuler sa réforme constitutionnelle (puisque celle-ci réaffirme la supériorité de la Constitution nationale sur les normes internationales et décisions des organismes internationaux - conformément à la tradition juridique classique). De plus, la Russie doit mettre un terme à sa législation de contrôle des ONG financées de l'étranger et exerçant une activité politique, à savoir sa législation sur les agents étrangers (comme aux Etats-Unis, ce qui là ne pose aucun problème).
 
Pourquoi tant d'inquiétude ? Parce qu'il faut soutenir financièrement les "forces démocratiques". Et ça ne doit pas laisser de traces. Oui, comme en Biélorussie. C'est la suite logique, la machine est en marche, elle ne peut plus s'arrêter. Elle ne peut qu'être arrêtée. 
 
Cette résolution va encore plus loin et prévoit la remise à plat des relations entre l'UE et la Russie sur la base de 6 principes.
 
1) La stratégie européenne à l'égard de la Russie va dépendre de la profondeur des "processus démocratiques" en Russie et "du respect de l'état de droit et des droits de l'homme". Autrement dit, si la Russie ne "s'aligne" pas, le combat va durer jusqu'à ce qu'elle craque. Le message est clairement envoyé aux forces globalistes, assez nombreuses dans les couloirs du Kremlin et dans les jardins, mais qui n'ont pas (encore) les mains libres - comme en février 1917 ou à la fin des années 80.
 
2) La préservation de "l'isolement" de la Russie sur la scène internationale, comme avec le G7. Or, la Russie est entrée de plein-pied, la fleur au fusil, dans le dédale de la globalisation, c'est un coup très bien ciblé après avoir amené le pays exactement au point voulu.
 
3) Le développement d'un mécanisme de sanctions sur le modèle "Magnitsky", sanctions qui soient et personnelles et sectorielles. Ici, l'on voit l'intérêt qu'a pu présenter Navalny, puisqu'il faut bien un fondement dicible, mais maîtrisable.
 
4) L'arrêt du projet "Nord Stream 2", ce qui souligne bien le fait que l'UE ne défend pas les intérêts des pays européens, mais, en l'occurrence, balaie le chemin pour les importations américaines. Elle n'est donc qu'un instrument de la globalisation et son existence n'a de sens qu'en cela. L'UE n'est donc pas réformable, elle doit être détruite pour que les Etats européens survivent.
 
5) L'UE doit développer une stratégie de soutien des dissidents, des ONG et des médias en Russie, inviter les étudiants russes à étudier en Europe et créer dans un pays européen une "Université russe en exil". Manifestement, la Biélorussie fut le modèle, pour ensuite l'appliquer à la Russie. L'on rappellera l'Université biélorusse en exil (où j'ai d'ailleurs enseigné quelque temps), qui est située à Vilnius. L'on comprend aussi pourquoi la législation contrôlant le financement des ONG doit être révisée.
 
6) Les députés européens doivent immédiatement commencer à établir la stratégie des "futures relations de l'UE avec la Russie démocratique". C'est l'annonce d'un coup d'Etat, sous couvert de "démocratie". Comme en Biélorussie, le pouvoir "démocratique" doit être instauré de l'extérieur.
 
Par cette résolution, les parlementaires européens, que nous élisons au passage, n'ont rien fait de moins qu'une déclaration de guerre froide à la Russie. C'est le plan d'une tentative de renversement du pouvoir constitutionnel en Russie, sur le modèle biélorusse amélioré. Et ici aussi, comme avec la Biélorussie, le clan globaliste américain se met en retrait et laisse faire le sale travail, tout en tirant les ficelles en sous-main.
 
Cette résolution marque l'échec sans appel des forces globalistes russes, qui ont fragilisé le pays et l'on conduit dans cette impasse. Des forces qui, comme en février 1917, comme à la fin des années 80 ont conduit le pays à sa perte et l'ont offert sur un plateau au monde occidental. La politique de compromis trouve ici sa limite, il va falloir prendre une décision : l'on ne négocie pas lorsqu'on vous déclare la guerre. 

vendredi, 01 février 2019

Le président autrichien accuse les USA de traiter l’UE comme des colonies

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Le président autrichien accuse les USA de traiter l’UE comme des colonies

par Charles Sannat

La grosse colère autrichienne est liée à la double affaire Nord Stream 2, qui est un gazoduc censé alimenter l’Europe en gaz russe, et les sanctions avec l’Iran qui empêchent les pays européens de commercer avec Téhéran.

Pour le président autrichien, les USA traitent l’UE « comme des colonies ». Cela semble pour lui une découverte alors que nous, nous le savions depuis bien longtemps.
 
L’Union européenne, au lieu de tenter de se créer et de rêver sa puissance en éradiquant ses propres peuples et ses propres nations, ferait mieux de se penser par rapport aux grands acteurs que sont la Russie, la Chine et les États-Unis.
 
C’est en construisant une unité de nos différences et de nos identités aussi précieuses les unes que les autres pour affronter un monde extérieur fort peu sympathique que nous construirons une grande Europe fédérale utile et aimée.
 
Charles SANNAT
 
Le président fédéral autrichien Alexander Van der Bellen s’en est pris aux États-Unis pour leur attitude envers les pays membres de l’UE, rapporte Die Standard. Selon le média, c’est les différends sur le Nord Stream 2 et l’accord nucléaire avec l’Iran qui ont suscité une telle réaction du chef d’État.
 
Washington traite les pays membres de l’UE « comme des colonies », estime le président fédéral autrichien Alexander Van der Bellen cité par le quotidien Die Standard.
 
Selon le média, ces déclarations sont liées à la pression exercée par les États-Unis sur l’UE au sujet de la construction du gazoduc Nord Stream 2 et de l’accord sur le programme nucléaire iranien.

Il a fait remarquer que l’UE, qui est la troisième économie mondiale, doit être plus « sûre d’elle » sur la scène internationale.
 
Le projet Nord Stream 2 est réalisé par la société russe Gazprom, en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Le gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique devrait être mis en service d’ici fin 2019. Les États-Unis s’opposent énergiquement à ce projet.
 
La Russie a déclaré plusieurs fois qu’il s’agissait d’un gazoduc absolument commercial et compétitif. Par ailleurs, Vladimir Poutine a souligné que l’élaboration du Nord Stream 2 ne signifiait pas pour autant l’arrêt du transit de gaz russe via l’Ukraine.
 
Source Agence russe Sputnik.com ici

jeudi, 18 octobre 2018

Européisme et fédéralisme

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Européisme et fédéralisme

par Pierre Eisner

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Ces derniers jours, Guillaume Larrivé, dans les colonnes du Figaro, a invité à se méfier du « piège européiste » d’Emmanuel Macron, puis Nadine Morano à sa suite, sur les ondes de BFM, s’est opposée à la demande de « toujours plus de fédéralisme ».

Les termes d’européisme et de fédéralisme sont évités par une droite, modérée ou non, dont on dit qu’elle est timide sur la question européenne. Mais ils sont également évités par ceux qui se présentent, à tort comme on le verra, comme les plus ardents partisans de l’Europe.

Or être qualifiés d’européistes ne devrait pas gêner ceux qui, dans leur discours récent au moins, défendent l’Europe. A savoir tous les partis, y compris le Rassemblement national. Quant à ceux qui devraient à juste titre être qualifiés de fédéralistes, nous verrons qu’ils ne seraient pas forcément si éloignés des aspirations de quelques euro-réalistes.

D’abord la ligne préconisée par Emmanuel Macron, comme bien d’autres à gauche et au centre, n’est ni européiste, ni fédéraliste. Que signifierait en effet, pour l’Europe, un statut d’état fédéral ?

Ce serait d’abord un état unifié. Mais seuls les peuples disposent de la légitimité pour demander un état les regroupant. Autrement dit il conviendrait de parler de peuple européen, de nation européenne. On n’en est pas très loin quand on pense au triple héritage, païen, chrétien et humaniste. C’est celui que défendait Valéry Giscard d’Estaing, récemment rejoint par Nicolas Sarkozy qui ajoutait les racines juives.

Ensuite un état fédéral serait un état décentralisé, laissant beaucoup d’initiative à des régions ou états tout court. Ces derniers sont cependant subsidiaires de l’état fédéral.

Le projet européen actuel n’est pas du tout sur cette voie. Il consiste au contraire en une superstructure subsidiaire par rapport aux états la composant, laquelle fait fi de leur parenté de civilisation. Comme elle n’a pas de légitimité, elle n’a pas non plus la puissance pour défendre les Européens vis-à-vis de l’extérieur, sur des sujets comme le commerce, comme les migrations, comme le terrorisme ou les menaces militaires, par exemple. Pour prendre de l’importance, elle s’immisce alors dans le fonctionnement interne des états. Instance sans âme, elle s’appuie pour cela sur les valeurs mondialistes inventées par un club de notables coupés du peuple. En demandant à cette seule fin un transfert à son profit de la souveraineté démocratiquement fondée des états, cette souveraineté finit par être une illusion. 

Ceux qui prétendent être partisans de l’Europe ne demandent pas un changement de paradigme. Ils demandent une accélération de la prétendue construction européenne dans le prolongement de ce qu’elle est devenue, autrement dit une dissolution de l’Europe dans un monde de type néo-féodal.

Nicolas Dupont-Aignan a trouvé une bonne image avec le syndic de copropriété. Tout se passe comme si le syndic s’occupait exclusivement de la vie des résidents chez eux, contrôlant leurs habitudes, faisant supprimer les portes palières et exigeant l’accueil de n’importe qui.

Ainsi Manuel Macron est-il un faux européiste et un faux fédéraliste. Mais, suite à un tel dévoiement des idées d’européisme et de fédéralisme, l’on comprend pourquoi ces termes sont honnis par les plus lucides et seulement balbutiés par les falsificateurs. C’est aussi la raison pour laquelle les vrais partisans de l’Europe devront plutôt parler d’une Europe unifiée et décentralisée, annonçant clairement leurs objectifs.

Parallèlement les souverainistes, comme ceux du Rassemblement national ou de Debout la France, sont de faux réalistes. S’ils critiquent à juste titre l’intrusion des instances de l’Union dans le mode de vie des citoyens européens jusque dans ses moindres détails, ils ne proposent rien de sérieux pour leur protection. Marine Le Pen a tenu un discours où l’on retrouvait quelques éléments de langage nouveaux, mais elle est vite revenue à ses habitudes europhobes.

Ces faux réalistes, en fermant la porte aux actions collectives nécessaires à la survie de l’idée européenne, ouvrent la porte aux faux européistes et faux mondialistes. Finalement les uns et les autres ne sont pas de vrais adversaires. Quand les uns n’ont pas la légitimité, les autres n’ont pas les moyens.

D’ailleurs, lorsque Angela Merkel traite directement avec l’Algérie pour y renvoyer des migrants indésirables chez elle, ou qu’elle tente de négocier avec Donald Trump une brèche dans le protectionnisme américain, elle joue une carte souverainiste avec la bénédiction des faux européistes, faux fédéralistes. Comme la Pologne quand elle achète une base américaine.

Voyons, maintenant, quelles seraient les conséquences du choix d’un statut d’état unifié et décentralisé pour l’Europe.

D’abord le fait de fonder l’état européen selon un principe national implique de s’attarder sur l’identité européenne, sur un patrimoine commun, sur le besoin de s’inscrire dans un destin commun. C’est à l’échelle du continent l’équivalent de ce que veulent les pays du groupe de Visegrad ou l’Autriche, quels que puisent être d’éventuels errements dans leur gouvernance. Et c’est ce que veulent majoritairement les citoyens de pays dont les dirigeants sont mondialistes. Par rapport aux euro-réalistes qui veulent s’appuyer sur l’idée de nation, ce serait seulement un changement d’échelle.

Il reste que cette identité européenne recouvre des identités plus spécifiques que les citoyens des anciennes nations ne veulent pas perdre, pour ce qui est des nations méritant encore ce nom, ou veulent retrouver, pour ce qui est des autres. C’est là que la décentralisation entre en jeu. L’organisation en régions devrait être constitutionnelle. Il s’agit bien sûr d’une constitution de l’état unifié, installée en même temps que seront abolies les constitutions antérieures des actuels états membres. Cependant les modifications ultérieures devront être soumises à un accord réparti sur l’ensemble des anciens états.

Cette constitution fédérale laisserait aux régions ou états tout court le contrôle de la vie sociale, de l’éducation et surtout du droit d’installation. Leur identité propre serait alors vraiment pérennisée. Bien davantage qu’en conservant des nations souveraines.

Dans l’image de la copropriété, le syndic exercerait son rôle et seulement son rôle. Ce dernier défendrait son bien vis-à-vis des immeubles voisins et des instances diverses. Mais il ne s’occuperait pas de la vie des résidents, lesquels seront chez eux et abriteront qui ils veulent.

Une telle Europe serait sécurisante, vis-à-vis des craintes manifestées par ceux qu’on appellent les nationalistes. Les Hongrois seraient sûrs de rester hongrois, les Polonais de rester polonais, par exemple. Ainsi aurait-elle un mérite que n’aura jamais le statut d’union entre états souverains que les souverainistes préconisent. En effet ces petits états seront très faciles à soumettre dans des confrontations bilatérales avec un état puissant, comme les États-Unis ou la Chine, voire avec un continent comme l’Afrique. Si bien que ceux qui auront choisi la souveraineté plutôt que l’identité n’auront in fine ni l’identité ni la souveraineté, rejoignant ceux qui veulent détruire l’identité. L’Europe unifiée, au contraire, pourra imposer sa vision des choses au monde entier. 

Cela étant, les citoyens des états actuels ne sont peut-être pas prêts à franchir le pas tout de suite. En attendant il convient surtout de préserver l’avenir, en contrant les initiatives de tout ce qu’il y a de mondialiste et de bien-pensant, comme en répondant aux aveuglements nationalistes par des initiatives protectrices. Là les euro-réalistes peuvent apporter leur contribution.

En résumé ce qu’on vient d’exposer porte un nom : c’est l’alliance des visionnaires et des lucides.

Pierre EISNER (Le Parti des Européens)

lundi, 23 janvier 2017

Les mythes souverainistes en France [2017]

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Les mythes souverainistes en France [2017]

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Précisons en premier lieu que les principaux responsables du succès du souverainisme et surtout du populisme en Europe sont à la fois les chefs d’état et de gouvernement, à l’exception de certains de ceux composant le groupe de Visegrad dont Viktor Orban, et les dirigeants officiels de l’actuelle Union Européenne, à l’instar de Juncker et de Schulz, choisis par consensus par les 28 gouvernements pour incarner l’organisation, choisis généralement parce qu’ils ne leur feront aucune ombre. C’est ainsi que François Hollande a imposé Pierre Moscovici à la commission de Bruxelles. Prétendre que les commissaires européens décideraient de notre avenir, alors qu’ils ne sont que des « missi dominici », ou même qu’ils seraient à la tête d’une Europe fédérale, alors qu’ils sont nommés par les Etats, serait mentir. Mais leur médiocrité, qui cache leur impuissance, insupporte à juste titre les Européens.

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Le brexit, une non solution.

Le référendum organisé par David Cameron sur le brexit, pari insensé pour rassurer son aile droite, logique absurde puisqu’il prônait le non à la question qu’il proposait, a abouti à la décision d’une majorité de Britanniques de quitter l’Union Européenne. Il est étonnant de voir les dirigeants de l’Union Européenne, qui avaient pourtant contraint les Irlandais à voter à nouveau après leur premier refus du traité de Lisbonne, accepter sans discuter ce résultat. Alors même qu’au Royaume-Uni certaines voix s’élèvent pour exiger un nouveau vote, aucun responsable de l’UE n’a fait de même.

Or le brexit est le résultat d’une conjonction de mensonges et d’opportunisme. Même si les anti-brexit ont menti en annonçant un véritable chaos si le oui au brexit l’emportait, ce qui n’est manifestement pas le cas, mais il est vrai que le brexit réel n’aura pas lieu avant plusieurs années, les promoteurs du brexit ont également menti, et l’ont même reconnu, à l’instar de Nigel Farage qui désormais a des ambitions américaines. Boris Johnson, qu’on découvre désormais en promoteur zélé d’une régularisation massive des immigrés clandestins, n’a défendu le brexit que pour s’opposer à Cameron. Son ralliement opportuniste aura sans doute été décisif quant au résultat final.

Les pro-brexit ont surtout exploité à fond le refus de l’immigration des Britanniques, mais là encore en cachant la vérité. Ils ont oublié de dire que le Royaume-Uni n’était pas dans Schengen, ne faisait pas partie non plus de la zone euro, et que si l’immigration européenne notamment polonaise existe, elle n’est en rien un problème, à la différence de l’immigration post-coloniale, notamment musulmane, que les Britanniques ne doivent qu’à leur seul gouvernement « souverain ». En permanence, Farage et les autres ont entretenu l’ambiguïté entre immigration européenne et immigration non-européenne. En réalité, la seconde que les Britanniques refusent va continuer avec Theresa May alors que la première risque bien de se tarir. Au final, le brexit aggravera les flux migratoires issus du Commonwealth.

Quant à Theresa May, dont Marine Le Pen a fait récemment encore l’éloge, elle était connue pour des déclarations ambiguës sur la sharia qui serait selon elle compatible avec le droit britannique, et avait annoncé être opposée au brexit. Devenue premier ministre, elle est désormais en faveur d’un brexit dur (hard brexit). Ce retournement de veste montre le peu de sincérité dont elle témoigne.

Le Royaume-Uni quittera peut-être l’Union Européenne mais aucun de ses problèmes n’en sera résolu, bien au contraire. Son alignement sur les USA sera complet. Au nom d’une souveraineté fantasmée et d’une indépendance factice, le Royaume-Uni restera le 51ème état américain et la « substitution de peuplement » contre laquelle les Britanniques ont voté continuera.

Marine Le Pen présidente en 2017.

Incontestablement le Front National a progressé depuis l’arrivée à la direction du FN de Marine Le Pen. Il est passé en quelques années de 15 à 25% des voix. Le plafond de verre a donc été relevé de dix points, mais on est très loin du compte pour espérer gagner une élection présidentielle. La stratégie de dédiabolisation a globalement échoué puisque le FN reste infréquentable aux yeux d’une majorité de Français. Les dernières élections régionales, qui auraient dû logiquement amener le FN à diriger au moins deux régions, ont fini par un fiasco, même dans le Nord et en Provence.

Marine Le Pen sera sans doute, sauf surprise, au second tour des présidentielles, malgré une campagne maladroite, répétant les mêmes erreurs que son père en 2007 en pire. Mais elle n’a aucune chance au second tour de gagner, contre tous les candidats importants, sans doute même contre Mélenchon, qui saurait alors rappeler qu’il avait été sénateur socialiste.

Et quand bien même par je ne sais quel miracle elle gagnerait, elle serait incapable d’avoir une majorité parlementaire à l’assemblée, ce qui serait aussi d’ailleurs un problème pour Macron. Ses candidats ne sont pas implantés, sauf exceptions, et son entêtement à respecter la parité l’amène à proposer des candidates féminines inexpérimentées. Elle a perdu beaucoup de militants suite aux épurations successives et à la main mise politique de l’appareil par Florian Philippot et ses partisans souverainistes et donc anti-identitaires.

Si elle était élue présidente, ce qui est hautement invraisemblable, et sans majorité à l’assemblée, elle serait donc contrainte à la démission ou à servir de potiche pendant cinq ans. Quant à son chantage consistant à exiger que l’Union Européenne « rende sa liberté à la France » sous peine d’un référendum sur le « frexit » qui en cas de victoire reviendrait au même, là encore il faudrait une majorité. En effet, le président ne peut convoquer de référendum qu’à l’issue d’une proposition du premier ministre. Si celui-ci n’est pas de sa couleur politique, et il ne le serait pas, alors elle ne pourrait même pas le proposer.

En clair, 2017 démontrera sans doute une progression du Front National, et un second tour moins déshonorant que celui de son père en 2002, mais ne sera pas l’année de sa victoire. Elle ne sera pas élue. Et l’élection de Trump, qui était candidat quand même du parti républicain, ou la victoire du brexit, annoncé gagnant des semaines avant le vote, sont sans rapport avec l’élection présidentielle française. Après tout, même Norbert Hofer (FPÖ) en Autriche n’a pas été élu. Or le programme anti-européen de Marine Le Pen est anxiogène pour beaucoup d’électeurs. Le vote FN reste fondamentalement protestataire, et si la protestation est très élevée, c’est parce que la situation de notre pays est très grave.

De l’article 50 du traité de Lisbonne.

C’est le point phare du candidat François Asselineau (UPR). Il accuse Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan de proposer une autre Europe, alors que lui ne veut d’aucune Europe. Pour lui, la France doit invoquer l’article 50 du traité de Lisbonne pour quitter l’Union Européenne. Il lui faudrait déjà obtenir les 500 parrainages de maires, alors que le système a été renforcé. En effet, c’est le maire qui désormais envoie son dossier de parrainage directement au conseil constitutionnel, de manière publique, et non l’élu qui apporte ces 500 signatures. Cela change tout. Les candidats « baroques » n’ont donc aucune chance d’être réellement présents au premier tour. Asselineau lui-même est absent de tous les sondages. Ses chances d’être candidat sont très faibles, ses chances d’être élus sont nulles.

Quant à l’article 50 lui-même, il démontre que l’Union Européenne n’est pas une structure politique digne de ce nom, et encore moins un Etat. L’existence de cet article est d’ailleurs étonnante. Il n’y a pas d’article dans la constitution française qui autoriserait la Bretagne ou la Corse à devenir indépendantes. Mais on peut quitter l’Union Européenne. Difficile alors de la qualifier de totalitaire.

Autres mythes contradictoires.

Enfin, l’Union Européenne est qualifiée et par les mêmes aussi bien de nouvelle URSS, accusation surprenante venant de ceux qui par ailleurs la dénoncent comme ultra-libérale, en sachant que les communistes sont d’ailleurs plutôt hostiles à l’UE, que de IVème Reich, l’Union Européenne étant alors qualifiée de raciste par ceux-là même qui lui reprochent son laxisme migratoire.

Quant à l’euro, les souverainistes exigent de lui ce qu’ils n’exigent d’aucune autre monnaie. Ils veulent qu’il corresponde à une mythique « zone monétaire optimale » comme si le dollar ou le rouble, sans parler du yuan, disposaient eux aussi d’une telle zone, et comme si l’ancien franc en disposait aussi. Que par souverainisme ils soient opposés par principe à l’idée de monnaie européenne, on peut le concevoir. Mais alors pourquoi user d’arguments pseudo-économiques ? Il suffit de dire qu’ils veulent une monnaie nationale, car à chaque nation sa monnaie.

En réalité, c’est parce qu’ils doutent que le peuple les suive qu’ils se sentent obligés d’en rajouter. Ils sentent bien que leur souverainisme intégral, s’il était assumé comme tel, les marginaliserait. Marine Le Pen affirme que sa position est majoritaire en Europe. Je ne le crois pas. La preuve en est que Norbert Hofer en Autriche avait dû abandonner tout discours anti-€ et anti-UE. L’europhobie est marginale. L’euroscepticisme en revanche, qui exprime la déception légitime de nombreux Européens quant à l’actuelle construction européenne, est bien réel. Seule une réorientation radicale de l’Union Européenne, assumant alors une logique identitaire, pourrait convaincre les eurosceptiques de croire à nouveau en l’idée européenne.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

samedi, 14 janvier 2017

L’Union Européenne à la croisée des chemins

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L’Union Européenne à la croisée des chemins

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

L’Union Européenne a été fort malmenée ces dernières années avec la crise de la dette grecque, et les menaces d’une crise semblable au Portugal ou en Italie, qui a abouti à une dure remise en cause de l’euro comme monnaie et de l’Union comme construction politique ou plutôt comme ébauche d’une telle construction. Les Européens sont nombreux à être déçus d’un processus qu’on leur avait présenté non seulement comme conforme à leurs intérêts mais même comme salutaire. Ils ne sont pourtant pas plus convaincus de la pertinence du cadre national traditionnel et de ses institutions. La défiance du politique est totale et à tous les niveaux.

Le Brexit au Royaume-Uni témoigne de ce double rejet. Rejet de l’Union Européenne qui cristallise sur elle toutes les déceptions et les rancœurs, toutes les colères pour une institution peu transparente, qui prend systématiquement les peuples à rebrousse-poil, dirigée par des hommes politiques choisis par les chefs d’état et de gouvernement pour leur médiocrité, convaincus ainsi qu’ils ne leur feront aucune concurrence. Généralement il s’agit d’hommes politiques nationaux dont leurs citoyens ne veulent plus et qui sont ainsi recasés par leurs amis encore au pouvoir à la présidence de l’UE (Tusk après Van Rompuy), à la présidence de la commission (Juncker) ou du parlement européen (Schulz).

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Mais le Brexit, tout comme le non au référendum institutionnel italien organisé par Matteo Renzi, est surtout un non à la classe politique britannique, qui y était opposé, à l’exception de quelques conservateurs, de quelques gauchistes et des souverainistes de UKIP. C’est donc avant tout le rejet de David Cameron avant tout plus que de l’Union Européenne ou encore de l’idée européenne, même dévoyée. Quoi qu’il en soit, la victoire du Brexit et le départ annoncé du Royaume-Uni sont un coup de poignard donné dans le dos de l’UE. Après le désaveu de 2005 concernant le Traité (Pseudo-)Constitutionnel (Pseudo-)Européen avec le double rejet français puis néerlandais, le Brexit en rajoute uneCOUCHE. A chaque fois que la question de l’Europe est posée aux peuples, ils expriment un clair désaveu envers ceux qui la leur posent, même si les raisons du rejet sont variées et parfois contradictoires.

L’Islande de la même façon a renoncé à rejoindre l’Union Européenne après avoir réussi à surmonter sa crise économique interne. Et la Suisse a fait savoir clairement que son adhésion éventuelle était repoussée aux calendes grecques. L’UE ne fait plus vibrer, même pas l’Ukraine qui prétend vouloir la rejoindre afin de se distancer de son voisin russe. Depuis 2002 et l’introduction de l’euro, l’UE n’a plus connu la moindre avancée significative. Or ce statu quo est mortifère car l’Union n’a aucun moyen de rehausser son prestige aux yeux des peuples, n’ayant pas le véritable pouvoir politique. Elle n’en a certes aucune intention puisque ses dirigeants actuels ne sont que le relai des politiques nationales et notamment d’Angela Merkel.

La crise des migrants, dans laquelle la chancelière allemande a une responsabilité entière, ayant choisi d’encourager l’appel d’air par un laxisme officialisé, sans se soucier le moins du monde des conséquences sur les autres pays européens comme sur son propre peuple, s’est ajoutée à cette défiance. En clair, les deux principales avancées de l’Union Européenne, la libre circulation à l’intérieur des frontières (Schengen) et la monnaie unique (Euro), sont contestées radicalement, accusées de la ruine des nations et de l’Europe.

Les dirigeants de l’actuelle Union Européenne préconisent le maintien de l’acquis en renonçant à toute avancée dans un tel contexte. Tout au plus concèdent-ils qu’il faudrait faire progresser l’Europe de la défense, ce qui est impossible en restant dans le cadre de l’OTAN. Vis-à-vis de la Russie, l’UE a eu tort sur toute la ligne et c’est Trump et Trump seulement qui va peut-être permettre de se la concilier à nouveau, alors que nos dirigeants ont osé sanctionner Moscou pour avoir révisé à la marge des frontières artificielles nées de l’ancienne Union Soviétique. Or ce statu quo est mortifère.

En effet l’euro et Schengen impliquent pour réussir d’être pilotés par un véritable Etat européen. En effet, on n’a jamais connu dans l’histoire une entité politique dotée d’une monnaie et de frontières mais sans Etat. Or l’Union Européenne n’est pas un Etat mais une organisation associative entre Etats souverains par le biais de traités signés les liant entre eux. Ceux qui dénoncent une Europe fédérale en gestation mentent consciemment ou inconsciemment. L’UE n’est pas un Etat, mais une Europe des Etats, notion qui au final n’est pas si éloignée de celle d’Europe des nations.

Alors bien sûr par facilité certains veulent jeter le bébé avec l’eau du bain et revenir à une souveraineté nationale intégrale. La démagogie peut payer mais ne sauve pas les peuples qu’elle séduit parfois. On prête à l’euro une nocivité excessive sans voir que les dettes nationales et notamment celles de la France ont des causes autres, comme le coût excessif de l’immigration post-coloniale ou un étatisme forcené. On accuse Schengen de tous les maux alors que le laxisme aux frontières est dû à des gouvernements de « gauche » et que l’appel d’air est généré par des constitutions nationales qui refusent de distinguer citoyens et non-citoyens en matière de droits sociaux.

Ce n’est pas en revenant en arrière, au prix d’un coût exorbitant, que nous trouverons les réponses aux maux qui rongent l’Europe alors que ceux-ci, qui nous sont communs, nécessite une action au niveau continental. Nous sommes donc à la croisée des chemins. Le retour en arrière n’aurait que des conséquences dommageables et ne changerait rien à la décadence profonde de nos sociétés. A noter que le Brexit concerne un pays qui n’avait pas l’euro et qui n’était pas dans Schengen, mais qui partageait les mêmes objectifs économiques que ses partenaires.

Les souverainistes nous expliquent que le seul remède que leur opposent les prétendus européistes serait le « plus d’Europe », nous invitant à considérer tout renforcement de la construction européenne, même si celui-ci permettait de remédier aux carences de l’actuelle UE, comme une accélération de la maladie. Mais ceux qui parlent de « plus d’Europe » eux-mêmes ne sont pas sincères et ne disent surtout pas ce que cela signifie. Aucun des partisans officiels de l’UE ne défend vraiment l’Europe. Ce sont des mondialistes revendiqués, qui font les yeux de Chimène à tout ce qui nuit concrètement aux Européens, qui sont à la botte des USA et ne rêvent que d’un islam européen et d’un multiculturalisme généralisé.

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La construction européenne ne doit pas seulement être renforcée, mais sur les bonnes bases, n’en déplaise aux eurosceptiques, mais surtout elle doit être radicalement réorientée avec en vue la résolution concrète de ce que les Européens dénoncent et dont ils expriment le rejet par le vote populiste. Si le FN progresse, c’est pour de bonnes raisons, même s’il n’est pas le bon vecteur d’expression de la colère populaire, puisqu’au final ce vote ne change rien à la situation et même l’aggrave, en renforçant le déni des dirigeants quant au péril migratoire de peur d’être associé symboliquement à « l’extrême-droite ».


Pour que l’Union Européenne soit à nouveau populaire et ait les moyens de s’élargir à l’échelle du continent, avec en phase finale l’intégration de la Russie, qui devrait être l’objectif de tous les vrais Européens, elle doit oser s’emparer des thèmes laissés aux populistes par lâcheté. Elle doit oser enfin se doter du contenu identitaire qu’elle se refuse à assumer, et prendre la défense des Européens indigènes. Son patriotisme européen ne doit pas s’inspirer de Habermas mais de Fichte. Nous prônons un « discours à la nation européenne » n’hésitant pas à dénoncer la dénatalité des populations européennes et la submersion migratoire dont elles sont victimes à petit feu. En clair, que l’Union Européenne, cette fois dotée de vrais chefs qui en émergeront à la faveur des élections européennes, prenne son destin en main et s’assume comme la première puissance mondiale qu’elle est en réalité, au mépris de tout esprit de repentance ou de soumission à un « politiquement correct » mortifère.

Au supranationalisme factice des prétendus européistes de Bruxelles, qui désarme l’Europe contre ceux qui la menacent et la frappent en son cœur même, nous devons opposer non le nationalisme classique des eurosceptiques, incapables de voir que les enjeux sont désormais continentaux et que leur cadre étriqué est devenu impotent, s’il n’est pas profondément vicié, mais un supernationalisme européen, un identitarisme continental clairement assumé. Ainsi, nous enlèverons aux populistes toute raison d’exister en reprenant à notre compte la colère populaire justifiée et en la détournant vers une vraie solution politique et non vers des nostalgies incapacitantes, ambiguës qui plus est quant à l’attitude à tenir face au « grand remplacement », avec la dérive actuelle du FN en faveur d’un « nationalisme » multiculturalisé à l’américaine.

L’Union Européenne veut redevenir populaire ? Qu’elle change ses têtes et son idéologie dominante. Qu’elle se réconcilie avec la Russie. Qu’elle se réconcilie surtout avec les Européens en osant remettre en cause les dogmes mondialistes. Nous l’aiderons à faire ce virage à 180° qui est le seul capable de préserver l’acquis communautaire tout en remettant en cause les idées folles qui prévalent actuellement, tant à Bruxelles qu’à Paris ou à Berlin.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

samedi, 15 août 2015

La fin de l’Europe

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La fin de l’Europe

par Cedric Durand

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Dans cet article initialement paru sur le site américain Jacobin, Cédric Durand montre que la crise en Grèce s’inscrit dans un mouvement de désintégration du projet européen.

Cédric Durand est économiste à l’université Paris-13 et enseigne à l’EHESS. Membre des Economistes attérés et du comité de rédaction de Contretemps-web, il est l’auteur du livre Le capital fictif (Les Prairies ordinaires, 2014), et a coordonné l’ouvrage En finir avec l’Europe (La Fabrique, 2013).

Du point de vue européen, l’effondrement financier de 2008 ne fut que le prologue d’une crise  continentale généralisée. La débâcle financière de fabrication états-unienne a déclenché une chaîne complexe d’événements inattendus à travers le Vieux Continent, contaminant toutes les sphères de la vie sociale et débouchant sur un paysage radicalement nouveau, en proie aux turbulences politiques et économiques.

Comme le déclarait il y a quelques mois Ada Colau, la maire nouvellement élue de Barcelone à la tête d’une coalition inspirée des Indignés :

« De cette crise, personne ne sortira comme avant. Ce qui nous attend, c’est, au choix, un horizon féodal, avec une augmentation brutale des inégalités, une concentration sans précédent des richesses, de nouvelles formes de précarité pour la majorité des citoyens. Ou alors, une révolution démocratique, où des milliers de personnes s’engagent, pour changer la fin du film ».

Nous sommes très probablement arrivés à ce tournant historique. La très large victoire du Non au référendum grec du 5 juillet est une des plus claires indications de la volonté des classes populaires de mettre un terme à des décennies d’intégration européenne néolibérale. Cette réouverture de ce qu’Auguste Blanqui appelait le « chapitre des bifurcations » participe de mouvements tectoniques qui secouent un continent tombé dans une spirale de rancune et de ressentiments jamais vue depuis le milieu du siècle dernier.

Une grande entreprise politique en faillite

Il y a quinze ans, le succès du lancement de la monnaie unique a alimenté une vague d’europhorie à travers le continent. La Stratégie de Lisbonne de 2000 promettait de faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité et d’une plus grande cohésion sociale. » Les enthousiastes dépeignaient l’Union comme « un phare de lumière dans un monde troublé ». Marcel Gauchet et Jürgen Habermasfaisaient valoir que la nouvelle formule européenne – en termes de gouvernance démocratique supranationale et d’Etat-providence – était destinée à servir de « modèle pour les nations du monde ».

Les prévisions des jours européistes ne se sont jamais matérialisées. Au contraire : rétrospectivement, la séquence toute entière apparaît comme une histoire d’échecs ininterrompus. Les performances de la zone euro en termes de croissance économiques ont été largement en deçà de celles de toutes les autres régions, avant et après la crise, et le virage austéritaire de 2010 a produit une magnifique débâcle économique. Le PIB n’a toujours pas retrouvé son niveau de fin 2007, ce qui en fait l’une des pires crises économiques de l’histoire récente – surpassée seulement par la catastrophique restauration capitaliste russe des années 1990.

L’OCDE a concédé un aveu sans détour de l’inadéquation de la gestion économique pendant cette période en illustrant le contraste entre les prévisions de croissance et la trajectoire effective de la zone euro. Le redémarrage, annoncé à de multiples reprises, ne s’est jamais matérialisé.

Prévisions du  PIB de la zone euro et trajectoire effective (OCDE, 2014) :

Le chômage atteint des sommets : en 2014, ce sont 44 millions de personnes qui sont privés d’emploi ou sous-employés au sein de l’Union européenne. Ce fléau est non seulement un douloureux drame personnel pour les travailleurs concernés et leurs familles, mais aussi une illustration spectaculaire de l’irrationalité de notre organisation sociale qui se solde par un gaspillage économique gigantesque, gâchis d’autant plus considérable que les travailleurs européens sont parmi les plus productifs au monde.

Le mythe de la convergence intra-européenne s’est également écroulé. Au cours des cinq dernières années, le rapprochement en trompe l’œil des niveaux socioéconomiques s’est évanoui, réinstallant avec une ardeur redoublée la hiérarchie économique entre le noyau européen allemand et les périphéries. Le PIB par habitant de l’Italie est aujourd’hui plus faible qu’il n’était en 1999. D’autres pays comme la Grèce, l’Espagne et le Portugal sont submergés par la désespérance sociale, avec des segments entiers de la population dans l’impossibilité de satisfaire à leurs besoins essentiels.

L’ironie de l’histoire est que toute cette souffrance fut vaine. Les ratios dette/PIB ont augmenté en dépit des sévères mesures d’austérité, enfermant les pays périphériques et leurs classes laborieuses dans un cycle sans fin de servitude pour dette vis-à-vis des marchés financiers et des institutions et des pays créanciers. Dans le même temps, les déséquilibres commerciaux persistent au sein de la zone euro, et la coordination plus étroite des prescriptions néolibérales au niveau de l’UE n’offre aucun mécanisme capable de s’attaquer aux problèmes sous-jacents de développement inégal.

Un césarisme bureaucratique dysfonctionnel

Les vents contraires de la dépression économique ont transformé la gouvernance européenne en une machine de guerre de classe. Le grand bond en avant de l’intégration au cours des dernières années a réduit quasiment à néant la capacité des parlements nationaux à exercer un rôle actif sur la politique économique. Durcissement des règles, supervision bureaucratique par la Commission et les gouvernements centraux, mise en place  d’organes technocratiques indépendants contrôlant la politique budgétaire et élargissement des compétences de la Banque centrale européenne (BCE) ont réduit l’action des gouvernements à la mise en œuvre du vieux « consensus de Washington » : rigueur budgétaire, privatisation et libéralisation.

Les mesures d’austérité antipopulaires et les réformes du marché du travail ont suscité dans les pays du Sud des mobilisations sociales d’une ampleur sans précédent depuis des décennies, avec plusieurs grèves générales et des phases quasi-insurrectionnelles en Espagne et en Grèce. Lorsque la détermination des gouvernements nationaux s’est affaiblie, le centre européen a eu recours à une poussée d’autoritarisme : des coups de force bureaucratiques ont évincé plusieurs premiers ministres, tandis que la BCE, dirigée par l’ancien vice-président de Goldman Sachs, Mario Draghi, soumettait explicitement les dirigeants récalcitrants à un chantage à la liquidité.

Dans aucun autre cas la confrontation n’est apparue avec autant de clarté qu’en Grèce. Dans une déclaration de mi-juin 2015, l’économiste en chef du Fonds monétaire international, Olivier Blanchard, écrivait avec une franchisedéconcertante : « Par le jeu de la démocratie, les citoyens grecs ont fait savoir qu’ils ne voulaient pas de certaines réformes. Nous estimons que ces réformes sont nécessaires » En opposant explicitement les choix démocratiques et les exigences bureaucratiques néolibérales, Blanchard répétait tout simplement le mantra des dirigeants européens selon lequel il n’y a pas d’alternative au statu quo.

Les discussions avec la Grèce sont donc un processus formel visant à vaincre politiquement les forces de gauche au pouvoir dans ce pays afin d’enterrer toute perspective de changement politique significatif à travers le continent. On ne saurait expliquer autrement l’inflexibilité des créanciers malgré le franchissement par Tsipras de toutes les lignes rouges de Syriza en termes de réforme des retraites, de politique fiscale, de privatisations et de libéralisation du marché. Cette attitude punitive était claire comme de l’eau de roche à la fin juin, lorsque la BCE a activement poussé à une panique bancaire en mettant en garde contre une « crise incontrôlable », puis en  plafonnant ses prêts d’urgence au secteur bancaire, ce qui a entraîné la fermeture des banques, la limitation des retraits et l’établissement d’un contrôle des capitaux.

Cependant, la rigidité vis-à-vis du gouvernement grec n’est pas seulement l’effet d’une volonté politique néolibérale éhontée. Elle révèle un problème de faiblemanœuvrabilité du navire politique européen due, pour l’essentiel, à la taille et à la complexité juridique de l’UE. Fondamentalement, la gouvernance de l’UE est la douloureuse sédimentation de difficiles compromis interétatiques à travers des règles dont le contournement est délicat et toujours acrobatique. Les capacités de décisions à l’échelon européen sont en conséquence extrêmement encadrées et attachées aux équilibres politiques antérieurs, ce qui rend presque impossible toute initiative radicale. En outre, la bureaucratie européenne est minuscule, avec environ trente mille fonctionnaires et un budget de moins de 1% du PIB de l’UE. Sa seule et unique force politique résulte d’une accumulation de règles et de procédures que l’élite européenne tient à préserver scrupuleusement, même si cela aboutit à une gestion systématiquement chaotique des péripéties qui se sont multipliées ces dernières années.

A un niveau plus profond, le manque de manœuvrabilité de l’UE est le produit paradoxal des écrasantes victoires du capital transnational et financier au cours des décennies précédentes. Ces victoires ont abouti à l’établissement d’institutions proto-étatiques européennes focalisées principalement sur les intérêts fondamentaux du capital – concurrence, marché et monnaie – tandis que le travail et les problèmes sociaux sont réduits symétriquement à de simples variables d’ajustement. Par conséquent, si le proto-État européen est fort dans la promotion des intérêts immédiats d’un bloc de pouvoir conduit par la finance, il lui manque le versant consensuel de l’hégémonie, celui qui est indispensable pour faire tenir ensemble la diversité des sociétés et des couches sociales en période de turbulences.

Des forces centrifuges

Les échecs économiques et sociaux en cascade combinés à une manœuvrabilité politique limitée érodent l’attrait pour le projet européen et réactivent des forces centrifuges à travers le continent.

L’Europe est l’un des paysages politiques les plus complexes au monde. Ce mélange idiosyncratique d’héritages forts et contradictoires des traditions libérales, fascistes et communistes, d’une gouvernance étatique à plusieurs niveaux, de légitimités démocratiques concurrentes, de mouvements sociaux dynamiques et de liens géopolitiques contradictoires, est une fois encore en ébullition.

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Dans un tel contexte, et quel qu’en soit le devenir, le bouleversement politique en Grèce est déjà un marqueur dans l’histoire du continent. Ce pays, qui au début des années 1980 témoignait de la capacité de l’Europe à offrir un solide point d’ancrage dans la démocratie libérale et la stabilité socio-économique à un régime post-autoritaire, est devenu le symbole de l’échec et de la désunion. La tentative de Syriza d’échapper à la cage d’acier néolibérale n’a eu d’autres réponses que des manœuvres de sabotage et des vitupérations de la part des autres gouvernements et des institutions européennes, ne lui laissant le choix qu’entre la capitulation et la rupture, deux issues négatives du point de vue de l’attractivité de l’UE.

Le renforcement des forces centrifuges apparaît également comme la conséquence du déclin de l’attrait de Bruxelles. La Grande-Bretagne, qui a succombé de longue date aux sirènes atlantistes, réclame un revirement substantiel de l’intégration,menaçant de quitter le navire. A la frontière orientale de l’Union, la désillusion vis-à-vis de l’intégration européenne laisse un champ libre aux forces nationalistes, bien que celles-ci soient animées de sentiments contradictoires vis-à-vis de l’assurance géopolitique retrouvée de la Russie. Au sein même du cœur historique de l’Europe, un désarroi croissant se fait sentir. Il favorise bien sûr la montée de partis d’extrême droite comme le Front National en France, mais laisse aussi libre cours à des discours racistes dans les médias dominants. Le récent texte de Berthold Seewald dans le principal journal conservateur allemand, Die Welt, mobilisant des arguments ethniques pour écarter la Grèce de l’UE en est une illustration abjecte. Rappelant le contexte de la guerre d’indépendance grecque des années 1820, il affirme que, à cette période, « la représentation selon laquelle les Grecs modernes sont les descendants de Périclès ou Socrate et pas un mélange de Slaves, de Byzantins et d’Albanais, a été pour l’Europe érigée en credo. (…) C’est pour cela qu’on a accepté les Grecs fauchés dans le bateau européen en 1980. On peut en admirer chaque jour les conséquences ».

Dans le même temps, des signes de découragement parmi les dirigeants traditionnels abondent. Réduits à des calculs compliqués et privés de toute source d’inspiration politique, l’Europe n’alimente rien d’autre que l’acrimonie. Le manque de solidarité a fait une nouvelle fois surface lorsque les chefs des gouvernements ont discuté de la crise des migrants. Alors que des milliers de personnes souhaitant rejoindre l’Europe meurent en Méditerranée, la réponse des dirigeants européens a été de manière tristement révélatrice focalisée sur des attaques militaires. Et lors des discussions sur la répartition des demandeurs d’asile entre les pays, c’est l’égoïsme qui s’est imposé, conduisant Matteo Renzi, la pâlissante jeune étoile italienne du centre-gauche européen, à lancer : « Si c’est votre idée de l’Europe, vous pouvez la garder. »

Les récents scrutins en Espagne et au Royaume-Uni confirment que la déception envers l’Europe se réfracte dans l’espace national par une diminution des votes pour l’« extrême centre ». Que leurs convergences idéologiques se traduisent ou non par des alliances nationales, l’aile droite et l’aile gauche du centre sont étroitement unies dans une grande coalition européenne permanente. Ce sont les partis soi-disant sociaux-démocrates qui paient le prix fort dans cette érosion ; comme leurs positions traditionnelles sur les questions socio-économiques se sont fondues dans le dogme néolibéral, elles ont progressivement ôté à leur électorat toute raison de voter pour eux, celui-ci se réfugiant dans l’abstention ou se détournant vers de nouveaux types de mouvements politiques.

A gauche, l’émergence de nouveaux mouvements politiques dans différents pays est liée à la fois à des facteurs structurels tels que l’intensité de l’austérité et aux cordonnées nationales du champ politique. Mais au-delà de leurs destinées politiques à court terme, aucun de ces mouvements ne pourra différer longtemps les discussions sur des points stratégiques essentiels.

Deux ans avant de devenir ministre des Finances de la Grèce, dans ses « Confessions of an Erratic Marxist », Yanis Varoufakis endossait la mission de sauver le capitalisme européen de lui-même. La bataille de Grèce a montré que cela risquait d’être plus difficile qu’il ne l’avait prévu. La dynamique de développement combiné et inégal dans la périphérie européenne souligne la nécessité pour la gauche de passer d’une lutte défensive contre l’austérité à un ordre du jour positif délimitant des alternatives systémiques. L’expérience grecque démontre que, sur ce chemin, il n’y a pas d’autre choix que la rupture avec les institutions européennes néolibérales et la reconquête de la souveraineté démocratique sur les monnaies nationales.

Il y a là cependant une difficulté de taille. Les populations exténuées par la crise sont réticentes à supporter les coûts transitoires de la rupture, même si elles peuvent être convaincues des avantages qu’elle procurerait à  plus long terme. Formuler des propositions politiques garantissant un filet de sécurité au cours de cette transition sera essentiel pour faciliter de nouvelles victoires électorales, à commencer par les élections en Espagne cet automne. Podemos et ses alliés des mouvements sociaux y ont une opportunité significative de l’emporter. Comme l’expérience de la Grèce l’a montré, on peut s’attendre à ce que l’élite européenne ne soit rien moins qu’impitoyable. Un membre de la direction de Podemos me le déclarait récemment : « vous feriez mieux d’être préparé ».

Source : Cédric Durand, traduit par Ananda Cotentin, pour contretemps, le 4 Août 2015.

 

Extrait de: Source et auteur

lundi, 23 mars 2015

De la conquête européenne du pouvoir. Stratégie pour une refondation continentale

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De la conquête européenne du pouvoir

Stratégie pour une refondation continentale

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Constat.

Les pays européens sont confrontés à la montée des mêmes périls auxquels ils sont incapables d’opposer un front commun. L’Union « Européenne » actuelle est impuissante à les enrayer et en nie même l’existence, tout comme chaque Etat « national » pris séparément. Depuis un demi-siècle l’Europe vit sous la coupe de l’idéologie mondialiste, sur l’utopie universaliste mortifère, que ce soit sous le masque du libéralisme américain ou celui de l’internationalisme prolétarien. La Russie, libérée en 1991 de la dictature communiste, est seule aujourd’hui à tenter de s’opposer à ce diktat, mais elle est elle-même bien impuissante, ne pouvant offrir qu’une résistance symbolique. L’hiver démographique n’épargne aucun pays européen et même lorsque le taux officiel est satisfaisant, il masque le fait qu’il s’agit en partie d’une natalité d’importation, obtenue par le biais de flux migratoires post-coloniaux. Ces flux sont en passe de submerger littéralement la vieille Europe sans que celle-ci ne se dote des outils pour y parer, bien au contraire. Nombreux sont les relais internes à s’en féliciter. A cela s’ajoute une crise du chômage qui ne diminue que par une plus grande précarisation du travail. L’islam, qui était réduit en Europe dans les années 50 au Caucase et aux Balkans, est également apparu par le biais de ces flux dans tous les pays d’Europe occidentale, posant des problèmes de fond en matière de laïcité, d’identité et de sécurité.

La montée des populismes « nationaux », des souverainismes et des indépendantismes, est la conséquence logique de cette situation mais en aucun cas le signe d’une prochaine guérison, bien au contraire. L’égoïsme national est une chimère. Taper sur l’€ ou sur l’Union Européenne ne changera rien à la situation. Se replier sur des cadres nationaux dévoyés est un faux remède. Les nationalités ont perdu toute valeur, depuis que leur accès a été grandement facilité, même en Allemagne, jadis gardienne farouche de la sienne, tout comme a été dénaturée l’institution du mariage. Les constitutions enferment les peuples au lieu de les protéger. Un droit devenu fou restreint nos libertés.  Et les Églises appellent à l’ouverture à l’autre au lieu de prôner la réaffirmation des valeurs européennes ancestrales.

AthenaStanton.jpgDans un tel contexte, s’imaginer arriver au pouvoir à l’échelle d’un seul pays pour y changer quoi que ce soit est parfaitement naïf. Outre les carcans juridiques qu’il serait quasiment illusoire de faire sauter, les autres gouvernements, sans parler des USA, auraient tôt fait d’exercer des pressions économiques redoutables sur ce nouveau pouvoir récalcitrant. On a vu Syriza en Grèce, mouvement élu sur un programme démagogique, se coucher très vite devant la fameuse « Troïka » même si en paroles Tsipras fait croire à son peuple le contraire. Et ce serait la même chose si en France un mouvement de « droite nationale » par exemple s’imposait à l’issue d’élections démocratiques. Il se heurterait immédiatement au Sénat et au Conseil Constitutionnel qu’il ne serait en mesure de vaincre qu’en gagnant toutes les élections pendant cinq ans, alors qu’il aura déçu ses partisans les plus acharnés par son incapacité à agir immédiatement. Et je ne parle pas là des condamnations internationales qui mettraient l’économie française à genoux en une semaine à la moindre velléité d’un changement radical de paradigme.

Les problèmes étant européens, ils ne peuvent être résolus qu’au niveau européen. Ce n’est qu’à l’échelle de l’Europe qu’un pouvoir disposerait de la masse critique donc des moyens réels de réorienter le continent dans un tout autre sens, sans avoir à tenir compte des constitutions, des traités ou des pressions internationales. L’Europe ne pourra être refondée sur une base démocratique et authentiquement européenne que par une forme de « putsch », par une révolution. Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt ont évoqué la nécessité d’un tel « putsch européen », dont l’antichambre ne pourrait être que le parlement européen. En clair, on ne peut réorienter l’UE que de l’intérieur, après en avoir forcé les portes par le soutien des électeurs, et ainsi l’amener à ce qu’elle aurait dû être et qu’elle n’a pas pu ou su devenir. L’Union Européenne sera ainsi « malgré elle » l’antichambre de l’Europe Nation.

Solution.

Qui dit problème européen, dit solution européenne. Qui dit solution européenne, dit programme européen. Qui dit programme européen, dit parti européen, car une coalition de partis nationaux serait incapable d’opposer un front uni, et on le constate avec l’incapacité des partis souverainistes à s’entendre (quatre groupes au moins à Strasbourg), sans parler des querelles de personnes. Qui dit parti européen, dit enfin leader européen.

Bâtir un programme européen qui aurait à cœur la défense de l’identité européenne (européanité) et de toutes les identités subsidiaires de l’Europe (régionales et nationales), c’est donc le proposer aux électeurs européens par le biais d’un parti identitaire européen, un mouvement d’union et de défense des Européens indigènes, un mouvement d’opposition au mondialisme et au « multikulti » en provenance des USA.

La seule stratégie possible c’est de s’appuyer sur les électeurs européens, donc de les convaincre, et de jouer la carte des élections européennes. L’objectif est d’obtenir un maximum de députés à Strasbourg, au moins 30%, élus dans toute l’Union Européenne sur la même ligne programmatique. A ce moment là, la droite et les derniers nationalistes ou souverainistes se rallieront, par opposition à une « gauche » de plus en plus étrangère aux intérêts réels des Européens et pactisant avec ce qui détruit notre civilisation.

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Avec plus de 50% des députés, élus ou ralliés, les institutions européennes deviendront ingouvernables. Le président de l’assemblée ne sera plus élu par une union factice entre PPE et PSE. Le parlement sera clivé entre le camp de l’Europe et le camp de l’Anti-Europe. La majorité parlementaire pourra alors s’autoproclamer assemblée européenne constituante, élaborant la constitution d’un nouvel Etat qui s’appellera l’Europe. Cet Etat, vierge juridiquement par nature, puisque créé « ex nihilo », ne sera pas engagé par les constitutions et les traités d’Etats qui auont à ses yeux cessé d’exister, comme en 1789 les parlements régionaux ont disparu. Bien sûr certains gouvernements tenteront de s’y opposer, d’entrer en résistance. Mais la plupart céderont, abandonnés de l’intérieur, et de leur propre chef se démettront. Ils sont incapables de résister au mondialisme. Ils seront encore moins capables de s’opposer à cette vague révolutionnaire européenne.

Ainsi verra le jour un gouvernement européen provisoire, une sorte de comité de salut public destiné à fonder l’Etat européen unitaire et à proposer une constitution aux citoyens européens. Il devra avoir à cœur de défendre comme point de départ ce que je nomme le « projet Périclès ». Il s’agit de la mise en place d’une nationalité européenne indépendante des nationalités des (anciens) Etats, bien trop dévoyées, par application de critères de convergence, par exemple une date de référence, une époque où les nationalités des Etats avaient encore un sens. Cette nationalité européenne reposerait sur le principe du ius sanguinis intégral, un principe d’ascendance, par patrilinéarité et matrilinéarité associées.

Un autre principe sera celui de l’exclusivité citoyenne, qui existe au niveau du droit de vote ou de l’accès à la fonction publique dans la plupart des pays européens. En démocratie, le citoyen est en effet lié à des droits et des devoirs exclusifs. Cette exclusivité devra être élargie à plusieurs domaines sociaux clé, par exemple le droit de propriété du sol ou le droit au travail, afin d’encourager un phénomène remigratoire.

C’est ainsi qu’un Etat européen, que la nation européenne dans un sens politique, pourra voir le jour. Une fois la constitution adoptée par référendum, des élections européennes auront lieu dans le cadre de la nouvelle organisation politique du continent.

Cet État invitera les autres pays européens non membres de la nouvelle Europe, et notamment la Russie, à envoyer des représentants afin de s’associer et de la rejoindre à plus ou moins brève échéance. Ils intégreront alors la première puissance mondiale et se verront immédiatement traités des maux que leur Etat « national » était incapable de résoudre, à supposer qu’il en ait eu l’intention. Il faudrait considérer cet Etat européen comme un remède continental dont l’application guérira notre civilisation et nous donnera les moyens d’une nouvelle renaissance. Un droit européen au service des Européens se sera substitué à d’anciens droits « nationaux » devenus des étaux. Les anciens traités, les anciennes constitutions, auront alors disparu. L’Europe pourra enfin envisager un avenir rayonnant, alors qu’en 2015 il est plus que sombre.

Le sacrifice des anciennes souverainetés nationales, qui avaient été vidées de toute réalité objective depuis des décennies, fantômes qu’on invoquait comme tant de fétiches, aura été le prix à payer, un prix à payer symbolique. L’OTAN aura cessé d’exister au profit d’une armée européenne et la géopolitique américaine visant à diviser l’Europe et à rejeter la Russie en Asie aura alors été rendue vaine. Ainsi l’Europe, qui aura alors échappé à l’extinction que le mondialisme lui promet, et qui aura su trouver en elle cette unité que les souverainistes lui refusent, sera sauvée. Et son identité plurimillénaire avec elle.

Thomas FERRIER (PSUNE)

lundi, 15 septembre 2014

Tisa, ces négociations commerciales secrètes qui visent à accélérer privatisations et dérégulation

 

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Tisa, ces négociations commerciales secrètes qui visent à accélérer privatisations et dérégulation

C’est un accord commercial dont presque personne ne parle, négocié dans l’opacité la plus totale. 50 pays, parmi les plus fervents défenseurs de la libéralisation, discutent en ce moment de l’ouverture du « marché des services » à la concurrence internationale. Éducation, santé, transports, télécommunications, services financiers... Tout est sur la table des négociations. Sans que les citoyens ou parlementaires aient leur mot à dire. Les négociateurs – soumis à la forte pression des lobbys – étaient récemment à Genève pour le 7e round de ces pourparlers internationaux, qui pourraient gravement menacer les services publics et les tentatives de régulation du secteur financier. Enquête.

par Agnès Rousseaux 
Ex: http://www.cetri.be

Ce pourrait être la fin des services publics, de l’eau, de l’éducation ou de la santé, la fin de toute volonté de réguler les marchés financiers ou de protéger les données des citoyens. Bref, une entrave encore jamais vue à l’exercice de la démocratie et au fonctionnement des politiques publiques. L’Accord sur le commerce des services (ACS) ou Trade in Services Agreement (TISA) est actuellement en cours de négociation entre une cinquantaine de pays [1], dont ceux de l’Union européenne. Il a été lancé par les États-Unis et proposé à des pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), baptisé le groupe des « Vrais bons amis (des services) » (Really Good Friends).

« Apaiser la frustration des entreprises »

Ces négociations se déroulent hors du cadre de l’OMC, avec les pays les plus partisans de la libéralisation des services, contrariés par l’impasse des négociations de Doha lancées en 2001 [2]. Ces pays représentent plus de deux tiers du commerce mondial des services. De nombreux domaines sont concernés : éducation, transports, poste et télécommunications, services de comptabilité et d’audit, ingénierie et logistique, santé, assurance, nouvelles technologies et transfert de données, recherche, banque et services financiers... Objectif : ouvrir encore davantage les services à la concurrence internationale et empêcher toute intervention publique.

« Ces négociations sont l’opportunité la plus prometteuse en deux décennies pour promouvoir le commerce des services à l’échelle internationale », s’enthousiasme le lobby de l’industrie des services aux États-Unis. La Coalition internationale des industries de service (GSC), dont fait partie le Medef, est encore plus explicite : cet accord a été conçu «  pour apaiser la frustration des entreprises, en raison de l’impasse du Cycle de Doha en matière de services », écrit-elle [3].

Interdire toute intervention des États

« Il s’agit d’une tentative de secrètement étendre les aspects les plus néfastes de l’infâme accord AGCS qui a suscité dans le passé des protestations mondiales  », répond Rosa Pavanelli, secrétaire générale de l’Internationale des services publics (ISP). Selon cette organisation, qui fédère les syndicats du secteur et représente 20 millions de travailleurs, l’ACS limiterait la capacité des gouvernements à légiférer dans certains domaines, comme la sécurité des travailleurs, l’environnement ou la protection des consommateurs. «  L’ACS s’inscrit dans cette nouvelle vague inquiétante d’accords commerciaux et d’investissement, reposant sur des pouvoirs juridiquement contraignants qui institutionnalisent les droits des investisseurs et interdisent toute intervention des États dans un large éventail de secteurs indirectement liés au commerce », décrit l’organisation internationale dans un rapport détaillé.

Plusieurs aspects de l’accord sont vivement critiqués par les organisations syndicales et non-gouvernementales. En premier lieu, tout secteur qui n’est pas explicitement exclu, protégé par chaque pays, pourrait être concerné par l’accord. Avec tous les dangers que cela comporte. Ces accords ouvriraient notamment la porte à un afflux d’entreprises privées dans le secteur éducatif européen, alerte la fédération internationale des syndicats d’enseignants. Une clause de statu quo viendrait figer les niveaux actuels de libéralisation des services dans chaque pays, rendant impossible toute remunicipalisation des services de l’eau par exemple, ou compliquant la création ou le rétablissement de monopoles publics dans des domaines actuellement ouverts à la concurrence [4]. Autre principe : la « clause à effet de cliquet » (sic), qui viendrait figer toute future libéralisation d’un service donné. Une partie de l’assurance chômage est privatisée, comme au Royaume-Uni ? La retraite est démantelée au profit de fonds de pension ? Impossible de revenir en arrière ! Une atteinte aux libertés démocratiques fondamentales, dénonce la fédération syndicale internationale, qui voit dans ce futur accord un moyen de « rendre pérenne et irréversible un système de privatisations pour toutes les générations à venir ». Des gouvernements complètement liés par les décisions de leurs prédécesseurs : voilà qui porterait gravement atteinte au fonctionnement des démocraties !

Verrouiller les privatisations

Autre problème : l’accord pourrait imposer aux autorités publiques une « obligation de neutralité économique » entre prestataires de services publics et privés, dénonce l’ISP. En clair, tout soutien financier apporté aux services publics devrait être ouvert au secteur privé. «  Si dans un domaine, des services privés existent à côté des services publics (par exemple hôpitaux, écoles), les deux auraient droit aux mêmes subventions, au nom de la « concurrence libre et non faussée », explique le collectif Stop-Tisa. Ainsi, par exemple, une université américaine pourrait s’établir en Suisse demandant un financement à la hauteur des universités publiques, aux frais du contribuable. » Un État qui subventionne la construction d’un hôpital public devra-t-il bientôt financer également une clinique privée dans les environs ? Autant de critiques reprises dans un document de la Commission européenne, qui fait la synthèse d’une consultation sur le sujet auprès des « décideurs et ONG  ».

Les négociations ont débuté en février 2012 et devraient se terminer en 2015. Les négociateurs des pays concernés se réunissent régulièrement à Genève, sous la conduite des États-Unis et de l’Australie [5]. En juin 2013, un communiqué lapidaire annonce que «  les membres de l’OMC explorant de nouvelles approches visant à faire progresser la libéralisation du commerce des services sont satisfaits des progrès des discussions sur un accord sur le commerce des services (Tisa)  ». Ils invitent les autres pays membres de l’OMC qui partagent ces objectifs à les rejoindre. La Chine, soutenue par la Commission européenne, a demandé à participer aux négociations. Ses divergences avec les États-Unis sur d’autres accords commerciaux ne lui ont pas permis d’être admise pour le moment à la table des discussions.

Des négociations très secrètes

En novembre 2013, les participants ont estimé que l’accord était suffisamment « mûr  » et ont lancé l’étape « d’échange d’offres initiales » : chaque pays doit préciser les secteurs qu’il souhaite inclure dans l’accord, et les modalités qu’il propose concernant «  l’ouverture  » à la concurrence internationale de ces secteurs, selon un cadre pré-déterminé par l’accord. Début 2014, la plupart des pays ont échangé ces propositions, qui sont la base des discussions en cours. Certains comme la Suisse ou la Norvège les ont rendues publiques [6], d’autres pays semblent peu enclins à les diffuser auprès de leurs citoyens.

On ne sait pas grand chose non plus du contenu des négociations et des termes de l’accord général. Elles « se déroulent dans le plus grand secret au mépris des droits démocratiques », souligne Rosa Pavanelli. En février 2013, la Commission européenne a demandé au Conseil, représentant les États membres, de donner son feu vert aux discussions. L’ouverture des négociations a ensuite été validée par le Parlement européen en juillet 2013, par 526 voix pour et 111 contre [7], avec pour la France, les voix du PS et de l’UMP. Front de gauche et écologistes ont voté contre. Dans sa résolution, le Parlement regrette cependant que le Conseil ait accordé un mandat sans prendre en compte l’avis des eurodéputés. Et observe «  que le mandat de négociation de l’Union européenne a été proposé par la Commission et adopté par le Conseil sans aucune analyse d’impact  ». Ce qui n’a pas empêché une large majorité de députés de voter... Quand les intérêts économiques sont en jeu, la démocratie devient visiblement facultative !

Les lobbies industriels consultés, pas les citoyens

Wikileaks vient de briser un peu de l’opacité qui règne sur ces négociations, en divulguant l’annexe de l’accord concernant les services financiers. D’après ce document, principalement rédigé par les États-Unis et l’Europe, les propositions sont classées confidentielles pendant « cinq années à dater de l’entrée en vigueur de l’ACS ou, si aucun accord n’est trouvé, cinq années après la clôture des négociations ». Le document précise que la divulgation n’est pas autorisée et que le texte doit être « conservé dans un bâtiment, une pièce ou un contenant verrouillé ou sécurisé  » (document à lire ici).

Visiblement, les lobbys de l’industrie des services ont davantage accès aux informations que les citoyens et leurs représentants : la Global Services Coalition a envoyé des délégués à Genève lors du round de négociation d’avril 2014. Et se félicite dans un communiqué d’avoir pu y affirmer son soutien sans faille au processus et d’avoir partagé sa vision avec les négociateurs.

 

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Un accord si « palpitant » pour les entreprises

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les multinationales des pays concernés sont très motivées par cette perspective d’accord. « Les retombées de TISA pourraient être énormes » pour les entreprises du secteur des services, explique la Chambre de Commerce des États-Unis. Elle estime que ces négociations présentent «  une opportunité unique dans une génération pour abattre les obstacles au commerce international ». « Ce palpitant nouvel accord a le potentiel pour enflammer la croissance économique et la création d’emplois aux États-Unis et à l’étranger  », écrit la Chambre de Commerce. Rien que ça ! Un accord tellement « palpitant  » qu’il pourrait doubler les exportations de services des États-Unis – soit un gain de 860 milliards de dollars et trois millions d’emplois [8]. Mais cela, c’est la théorie. On attend toujours les centaines de milliers d’emplois que devait permettre l’ouverture à la concurrence de plusieurs secteurs au sein de l’Union européenne !

Que demandent les entreprises et leurs représentants ? Les pays qui signeront l’accord devront d’abord modifier ou éliminer les régulations considérées comme des barrières commerciales. «  Si nous reconnaissons la nécessité de certains régulations (pour la sécurité nationale, la protection des données,...), il devrait y avoir des paramètres et des limites à leur application », écrit le lobby américain des industries de service. Sa bête noire : la distorsion de concurrence entre secteur privé et public. «  La concurrence déloyale de la part d’entreprises subventionnées ou soutenues par les États, ou d’entreprises publiques ou contrôlées par les États, devient un obstacle de plus en plus important à la fourniture de service par des entreprises états-uniennes sur de nombreux marchés  ». Il s’agit de protéger le secteur privé « contre les comportements anticoncurrentiels des entreprises publiques  », plaide également la Chambre de Commerce états-unienne. L’accès aux droits, lui, attendra.

Le lobby états-unien du secteur souhaite abolir toute préférence nationale, obligation de localisation ou quotas d’employés locaux. Et libéraliser davantage le secteur des médias et du divertissement. « Aucun pays ne devrait être autorisé à (...) introduire de nouvelles restrictions ou des exceptions, qui dérogent ou affaiblissent les engagements existants de l’AGCS », suggère-t-il aussi [9]. Les représentants des entreprises demandent que l’accord inclue un mécanisme de règlements des différends. C’est-à-dire l’instauration de tribunaux d’arbitrage privés, pour régler les litiges, dans le cadre d’une juridiction extra-nationale, où les intérêts privés font loi [10]. La Suisse a rédigé une proposition en ce sens lors du dernier round des négociations.

Les régulations financières gelées

L’accord concerne aussi les services financiers. Et pourrait avoir d’importantes conséquences sur ce secteur. Malgré la crise bancaire, «  les promoteurs de TISA cherchent à déréglementer davantage les marchés mondiaux de services financiers  », analyse Wikileaks. L’annexe sur les services financiers, jusqu’ici restée secrète, «  est une proposition que seuls les banksters peuvent aimer  », dénonce l’avocate Lori Wallach, de l’ONG états-unienne Public Citizen : le principe de statu quo, cité dans cette annexe, empêcherait par exemple de mettre en place de nouvelles réglementations financières, jugées nécessaires par les gouvernements, au motif que cela constituerait des restrictions pour les entreprises concernées. Résultat : l’accord gèlera les régulations financières à leur niveau actuel, qui demeure nettement insuffisant pour prévenir de nouvelles crises bancaires, estime l’avocate. De quoi accroître le risque d’instabilité financière pour les années à venir.

Cette annexe montre également la ferme volonté des États-Unis d’obtenir la libéralisation des flux de données. C’est-à-dire de permettre l’échange sans entrave entre pays des données personnelles et financières. Une menace pour les libertés fondamentales, car certains pays participants à ces négociations sont beaucoup moins exigents que l’Europe concernant la protection des données. Le lobby international des services souhaite d’ailleurs une disposition qui oblige les autorités publiques à justifier toutes les mesures qui viendraient restreindre les transferts de données entre pays [11].

Un accord étendu à toute la planète ?

« Ce qui est terriblement inquiétant, c’est que l’ACS est négocié en dehors du cadre commercial multilatéral par les pays les plus favorables à la libéralisation, qui ne cachent pas leur volonté d’entraîner le reste du monde dans cet accord, une fois ce dernier finalisé », explique Rosa Pavanelli. Les négociateurs cherchent à rendre cet accord compatible avec le cadre de l’OMC. Ou dans le langage de la Commission européenne : «  Veiller à ce que la structure de l’accord permette une future multilatéralisation. » Une manière de permettre aux 50 pays signataires de faire ensuite pression sur les autres membres de l’OMC pour qu’ils acceptent ces règles [12]. De quoi affaiblir la position des BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – pour l’instant exclus de ces négociations, ou des pays d’Afrique, complètement ignorés.

Un comité Stop TISA ! s’est structuré et une pétition a été lancée (voir ici). Une lettre signée par 340 organisations non-gouvernementales exprimant leur opposition aux négociations a été envoyée aux ministres du Commerce, en 2013. Vu les enjeux démocratiques, économiques et politiques, ainsi que l’opacité de ces négociations, la mobilisation pourrait prendre de l’ampleur dans les mois à venir.

Notes

[1Australie, Canada, Chili, Colombie, Corée, Costa Rica, États-Unis, Hong Kong, Islande, Israël, Japon, Liechtenstein, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Panama, Paraguay, Pérou, Suisse, Taïwan, Turquie, plus les 28 pays de l’Union Européenne.

[2« Le TISA est négocié en dehors du cadre de l’OMC sur la base de l’art. V de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) : Sur la base de l’art. V de l’AGCS, différents pays peuvent sous certaines conditions étendre la libéralisation du commerce des services entre eux au-delà de ce qui est le cas à l’OMC, sans que cette libéralisation préférentielle soit soumise à la clause de la nation la plus favorisée (NPF) de l’AGCS ». Source : Secrétariat d’État à l’Économie suisse.

[3Courrier au Commissaire européen au Commerce, 10 septembre 2013.

[4« It was agreed that commitments on national treatment would in principle be applied on a horizontal basis to all services sectors and modes of supply, i.e. the understanding on national treatment would be closer to the GATT model. Exemptions to this horizontal application would have to be listed in the countries’ national schedule of commitments. Participants in the negotiations might also agree that commitments would in principle reflect actual practice (the « standstill clause ») and that future elimination of discriminatory measures would be automatically locked in (the so-called « ratchet clause ») unless an exemption were listed. » Mémo de la Commission européenne, Negotiations for a Plurilateral Agreement on Trade in services, 15 février 2013, à lire ici.

[5Voir la chronologie des négociations sur les sites des ministères suisse et australien.

[6Voir l’offre de la Suisse, publiée sur le site du ministère de l’Économie (SECO), celle de la Norvège et de l’Islande.

[7Voir le texte voté et le détail des votes. Le Conseil avait donné mandat à la Commission européenne en mars 2013 pour négocier au nom de l’Union européenne

[8« Eliminating barriers to trade in services could boost U.S. services exports by as much as $860 billion—up from 2012’s record $632 billion—to as much as $1.4 trillion, according to the Peterson Institute. Such a dramatic increase could create as many as three million American jobs. » Source : Communiqué de la Chambre de Commerce des Etats-Unis.

[10Voir à ce sujet notre article sur les négociations de l’Accord commercial transatlantique Tafta / TTIP.

[11« However, the agreement should include a commitment that when an act, policy or practice of a relevant authority seeks to restrain cross-border data transfers or processing, that authority must demonstrate that the restriction is not an unnecessary restraint of trade or investment in light of alternative means by which to achieve the objective of protecting the identity of the customer, security of the data or the performance of prudential oversight. », Commentaires de la Coalition of Service Industries (CSI) suite à la requête de l’Office of the United States Trade Representative’s (USTR) sur l’accord TISA, 26 février 2013. A lire ici

[12Notamment les 129 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui ont pris des engagements au titre de l’accord général sur le commerce des services (AGCS).

mardi, 10 juin 2014

Euroskepticism and Its Discontents

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Euroskepticism and Its Discontents

The European elections saw gains by the far right, far left, libertarians, and radical populists. The common thread was opposition to the budding continental empire of the EU and its dominance by the neoliberal plutocracy. The Europeans need the message of anarcho-pluralism and pan-secessionism as much as Americans do. This looks like a job for the national-anarchists.

By Justin Raimondo

Antiwar.Com

The conventional wisdom is nearly always wrong, and rarely so wrong as when it comes to the EU elections, the results of which are being trumpeted as the triumph of the “far right.” The more alarmist among these uniformly pro-EU commentators are even claiming neo-fascism in Europe is on the march. Well, they’re at least half right: something is on the march. They just don’t know what it is.

The “far right” meme is based on the results in France, where the National Front of Marine le Pen has for the first time won a plurality of seats in the European Parliament, and this news is usually coupled with panic-stricken reports of UKIP’s sweep across the Channel. Yet the two parties have nearly nothing in common except for opposition to the euro and the European project. The French Front is statist, protectionist, and carries red banners in the streets on May Day. UKIP is a quasi-free market split from the Tories, pro-free market and vaguely Little Englander. They aren’t opposed to immigration per se: they just want immigrants with assets, as opposed to the poorer variety.

The only thing these two movements have in common is opposition to the rule of Brussels, but that is quite enough for the Eurocrats and their journalistic camarilla to cast them in the role of volatile “extremists,” dangerous “populists” out to tear apart the “social fabric” of Europe. One prominent Eurocrat, the former Prime Minister of Luxembourg, foresees a replay of 1914: “I am chilled by the realization of how similar the crisis of 2013 is to that of 100 years ago,” intones Jean-Claude Juncker.

While there aren’t many Archdukes left to assassinate, whatever the similarities to 1914, the so-called right-wing populists have little to do with it. Indeed, it is the EU, in seeking to assert itself as an international power, that has ratcheted up the war danger by challenging Russia in Ukraine, allying with Washington to push NATO to the very gates of Moscow. In opposing the EU’s very existence, these parties – whatever their other characteristics – are taking on the forces that make war more likely.

And while a good number of these emerging parties may be fairly characterized as “right-wing populist,” this generalization doesn’t hold at all when one looks at the details. Yes, the National Democratic Party of Germany, a group with clear neo-Nazi sympathies, has entered the European Parliament for the first time: yet that has little to do with the minor uptick in their vote total and much more to do with German election law, recently revised to lower the threshold for being granted seats (from five percent to one percent). On the other hand, the Alternative for Germany (AfD), a party opposed to the euro albeit not necessarily to the political concept of the EU, garnered six percent: AfD is a split from the now politically irrelevant Free Democrats, whose leading lights are economists and academics rather than skinheads. It is a party that came out of nowhere and has now displaced the Free Democrats as Germany’s rising third force – yet the NPD gets all the publicity.

The reason is because the NPD’s negligible gains fit the preordained theme of the news coverage, the meme adopted by the media elite and handed down from on high.

The idea that “right-wing populism” or even neo-fascism is on the march due to the results of the European elections is never so nonsensical as when it is applied to Italy, where Beppe Grillo’s “Five Star” movement came in with 21 percent of the vote, an astounding total given the party’s brief history and scant resources. The Five Starists are a unique combination of Euro-skepticism, populism (they favor direct democracy via the Internet), and outright cynicism, Italian-style. And while the 40 percent garnered by the pro-EU Democratic party is being hailed by the media and the Eurocrats (or do I repeat myself?) as a great victory, that the Five Stars managed to even approximate their last vote total without much institutional backing was in itself a major accomplishment. My point, however, is that Italy has real fascist parties, none of which registered above a few percent in the recent election.

Another example of this nonsensical “immigrant-bashing-neo-fasicsts-are-on-the-rise” line being handed out by Brussels is Greece, where, it’s true, the openly fascist semi-criminal “Golden Dawn” party polled nearly 10 percent. Yet these same alarmists downplay the victory – by four percentage points – of Syriza, a far-left outfit, over the ruling center-right coalition: the usual excuse given is that the margin isn’t considered big enough for an “upset.” Syriza is described in news accounts as an “anti-austerity” party, a bit of a euphemism that downplays its origins as a coalition of Communists, Trotskyists, and other far-left grouplets.

In Poland, the controversial Janusz Korwin-Mikke and his “New Right” party combine a quasi-libertarian domestic program with outright opposition to the EU and a mean streak of misogynistic notions about women and sexuality that have won the party notoriety: they won 7 percent of the vote, thus ensuring them seats. They are the Polish version of UKIP: the same goes for the Danish Peoples Party, which won 27 percent and doubled its seats. The neo-fascist British National Party lost all its seats this time around.

However, a kernel of truth abides in the conventional wisdom: there is indeed a rising fascist presence in European politics, and it is not confined to France’s National Front, which is not openly fascist in any case. There is a geographical factor involved in this trend: the most successful fascist parties are those in southeastern Europe, including not only Golden Dawn but Hungary’s Jobbik party – which is openly anti-Semitic and looks to the pro-Nazi collaborationists of World War II for inspiration. The Austrian Freedom Party, founded by Jorge Haidar, gained 27 percent, doubling its representation in the European Parliament. Under Haidar’s leadership, the party was more like UKIP than BNP, but in recent years has veered more toward the Geert Wilders model – whose own Dutch anti-Muslim movement, by the way, fared pretty badly.

That none of these mostly West European parties, including Le Pen’s National Front, has the slightest chance of actually coming to power doesn’t stop the “progressive” left from sounding the alarm – just hearing it galvanizes their followers and confirms them in the knowledge that anyone to their right is a racist homophobic misogynist with a secret yen for World War II memorabilia. Their big blind spot, however, is apparent when their gaze turns eastward, and particularly where it concerns the EU’s latest conquest – Ukraine.

I had to laugh when I saw the tweets from the usual suspects hailing the presidential election results in Ukraine as proof fascism has no presence in that country. The presidential contest hardly measured the Ukrainian fascists’ actual strength: the real test will come later, with parliamentary elections and the progress of the EU’s “austerity” program. In the meantime, the Svoboda (Freedom) party has seven supporters in the “interim” government, which will probably be unchanged until and unless parliamentary elections are held.

Originally the “Social National” party (i.e. national socialist, wink wink!), Svoboda holds 35 seats in the Rada (parliament), the result of their 10 percent vote total last time around. After playing such a key role in the Maidan protests, their vote total is bound to go up, and indeed the victory of the so-called Chocolate King, the oligarch Petro Poroshenko, in the presidential election will pave the way for their future success. A pretty sleazy character in his own right, the filthy-rich Poroshenko will preside over EU-dictated terms of austerity that promise to be fertile ground for precisely the sort of Weimar-like “populism” the Eurocrats are warning against.

Thus the Euro-elites dig their own graves – which one wouldn’t mind at all if they didn’t insist on taking so many innocents with them.

The reaction against the EU project on both the right and the left is easily explained: people don’t trust big institutions, particularly of the governmental variety. The bigger they are, the more people resent and resist them.

The EU is often portrayed by its boosters as the prerequisite for Europe fully entering modernity, leaving behind the old detritus of national borders and cultural particularities and moving to embrace a Brave New World. Yet the Eurocrats uphold an old-fashioned conception of modernity, one born before the computer age empowered individuals and fostered the merits of decentralized decision-making. Just look at the decision by some idiotic Spanish judge to censor the Google search engine: these people just don’t get it, do they?

All this baloney about how failure to recognize the supremacy of Brussels risks a replay of the Great War represents a severe case of projection. The foreign policy of the EU has been consistently aggressive and expansionist. This is underscored not only by Brussels’ recent Ukrainian foray but also by its ambitions of absorbing Georgia. And don’t forget the on-again off-again ascension of Turkey to full EU status, long a project on the Eurocrats’ agenda: the idea is to pair NATO membership with EU membership in a discount package deal. It is of course entirely laughable that Turkey is European in any respect: but power politics trumps culture and even language, at least among the Euro-elites. As the EU charges eastward, it won’t be long before they’ll be claiming the “president” of Kazakhstan a long lost European brother.

NOTES IN THE MARGIN

You can check out my Twitter feed by going here. But please note that my tweets are sometimes deliberately provocative, often made in jest, and largely consist of me thinking out loud.

I’ve written a couple of books, which you might want to peruse. Here is the link for buying the second edition of my 1993 book, Reclaiming the American Right: The Lost Legacy of the Conservative Movement, with an Introduction by Prof. George W. Carey, a Foreword by Patrick J. Buchanan, and critical essays by Scott Richert and David Gordon (ISI Books, 2008).

You can buy An Enemy of the State: The Life of Murray N. Rothbard(Prometheus Books, 2000), my biography of the great libertarian thinker, here.

vendredi, 06 juin 2014

L'histoire d'une Europe sans peuple

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L'histoire d'une Europe sans peuple

par Christophe Beaudouin
 
 
Comment les Européens ont-ils pu basculer, sans bruit, sans violence et presque sans s’en apercevoir, dans un régime antidémocratique ? Comment ont-ils pu laisser leurs gouvernements renoncer progressivement à ce qui leur était le plus cher : leurs libertés, à commencer par celle de choisir souverainement leur destin, ainsi que leurs communautés nationales ? Cette préservation des souverainetés était une condition impérieuse de la paix : l’Histoire nous enseigne que les démocraties modernes ne se font jamais la guerre entre elles. À l’heure où la dette publique, la pauvreté, la crise d’identité et la défiance populaire atteignent une ampleur historique sur le continent, la question de l’avenir démocratique de l’Europe paraît d’autant plus cruciale. Tels sont les enjeux en train de se nouer derrière les accélérations fédérales en cours, depuis le déploiement des effets du traité de Lisbonne jusqu’aux nouvelles bases juridiques d’une gouvernance disciplinée de la zone euro. Christophe Beaudouin, docteur en droit aborde ces questions sans tabou dans son ouvrage "La démocratie à l'épreuve de l'intégration européenne" (LGDJ, 2014) et dans le numéro de mai 2014 du mensuel "La Nef" consacré intitulé "Quelle l'Europe ?"

Sur la page « gouvernance européenne » de son site, la Commission avoue sans ambages qu’il s’agit d’une « forme dite postmoderne des organisations économiques et politiques » où il serait désormais possible de « gouverner sans gouvernement ». Est-ce à dire que nous aurions basculé dans le « despotisme doux » annoncé par Tocqueville et repris par Jacques Delors ? Cette Europe intégrée laisse voir bien davantage qu’une simple crise d’adolescence : défaut structurel de légitimité des institutions de l’Union, technicisation extrême du pouvoir, confusion des fonctions exécutives, législatives et judiciaires, contrôles parlementaires national ou européen impraticables, responsabilité politique inconsistante, absence de culture politique européenne et donc d’espace de débat public transnational, perméabilité manifeste aux influences privées mondialisées. Comment en sommes-nous arrivés là ?

1) La « méthode Monnet » (1950)

Nous sommes à Paris, dans le salon de l'Horloge du ministère des Affaires étrangères, le 18 avril 1951. Autour du ministre français Robert Schuman, sont réunis ses homologues des cinq autres États qui s’apprêtent à fonder ensemble la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Mais beaucoup trop de questions restent en souffrance et le texte officiel du traité n’est pas prêt. De sorte qu’à l’heure prévue de la signature, on trouve une solution inédite : les six ministres vont apposer leur signature au bas d’une feuille blanche. Six gouvernements vont engager solennellement leur nation dans une aventure qui dépasse de loin la simple mise en commun de productions vieillissantes. Ces signatures gouvernementales au pied d’une page immaculée signifient que quelque chose de supérieur prévaudrait toujours : « l’Esprit » unificateur. Un esprit qui l’emporterait même – on le comprit par la suite - sur la lettre des traités, sur l’intention des États fondateurs et sur la volonté des peuples exprimée par référendum.

C’est le succès de la « méthode Monnet », alimentée à l’époque par la logique des blocs qui obligeait à résister à l’expansion soviétique, quitte à fermer les yeux sur les entorses à la démocratie. Cette méthode fut définie par la fameuse déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, préparée par Jean Monnet, alors commissaire au plan, pour forcer l’Allemagne et les autres pays d’Europe de l’ouest à la « réalisation de solidarités de fait », la « fusion d’intérêts » et « l’unification économique ». Cette proposition « réalisera les premières assises concrètes d’une fédération européenne (sic !) indispensable à la préservation de la paix. » Cette logique du fait accompli imposerait alors de nouveaux transferts de compétences des démocraties vers l’Union, sans besoin d’ailleurs d’obtenir le consentement des nations membres : c’est ce que le jargon bruxellois appelle le « spill-over » ou effet de débordement. Une « Haute Autorité », ancêtre de la Commission européenne, « composée de personnalités indépendantes » rendrait « ses décisions exécutoires » dans tous les pays adhérents.

Ainsi se formait la maladie congénitale à toute la construction européenne et pour son propre malheur : la rupture avec les démocraties nationales et le passage à la technocratie. Il faut dire que ces « pères de l’Europe », avaient l’un et l’autre, avec la démocratie et avec la France, une histoire particulière… Souvenons-nous : Robert Schuman est né Allemand à Luxembourg en 1886, réserviste dans la Wehrmacht en 1914, il devient Français à 32 ans lors du retour de la Lorraine à la France, député démocrate-chrétien de la Moselle de 1919 à 1940, il vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, sous-secrétaire d’État du gouvernement de Paul Reynaud, il le demeure sous l’État français et ne change de camp qu’après l’intégration de la Moselle au Reich. Jean Monnet quant à lui, né en 1888 à Cognac, fils d’un exportateur d’alcool, vécut la moitié du temps outre-manche et aux États-Unis pour affaires, banquier chez Lazard à New-York en 1908, il traite avec les grands noms de la finance anglo-saxonne et conseille plusieurs dirigeants mondiaux dont Roosevelt. Après l’armistice de 1940, il obtient du Foreign Office que de Gaulle soit empêché de lancer son appel à la BBC - avant que Churchill n’intervienne, puis dans une note secrète du 6 mai 1943 au secrétaire d’Etat américain Hopkins, il écrit à propos du futur libérateur de la France : « Il faut se résoudre à conclure que l’entente est impossible avec lui ; qu’il est un ennemi du peuple français et de ses libertés (…) de la reconstruction européenne (et) qu’en conséquence, il doit être détruit dans l’intérêt des Français, des Alliés et de la paix. » Heureusement pour l’Europe et pour la paix, Monnet ne réussit ni à faire taire de Gaulle, ni à le « détruire »… Mais il repart vite à la charge. A Roosevelt, Monnet écrit le 5 août suivant : « Il n’y aura pas de paix en Europe si les États se reconstituent sur la base de souverainetés nationales. Ils devront former une fédération qui en fasse une unité économique commune ». C’est ce à quoi il se consacre après 1946, pour faire des gouvernements des « instances d’exécution » dans une Europe supranationale au service du marché, expérimentation hasardeuse considérée comme une étape vers un futur gouvernement mondial. Au cours d’une cérémonie officielle où il reçoit en 1953 le premier laissez-passer européen, il brandit son passeport diplomatique français et proclame « nous pouvons le brûler !». C’est le modèle de la CECA qui est calqué dans le projet de Communauté européenne de défense (CED), dont l’échec devant l’Assemblée nationale française le 30 août 1954 oblige à un changement de stratégie des supranationalistes. Il leur faut maintenant avancer masqués.

2) Le fédéralisme dissimulé (1957)

Les traités de Rome du 25 mars 1957 marquent le passage d’un fédéralisme affiché à un fédéralisme dissimulé. Le créneau choisi est la mise en place d’un marché commun entre les six, sans droits de douane à l’intérieur mais avec un tarif extérieur protecteur. Cette Communauté européenne (CEE) est organisée selon un schéma apparemment plus respectueux des souverainetés nationales, dès lors que le pouvoir de décision appartient à une sorte de conférence diplomatique permanente : le Conseil. Les rédacteurs inoculent cependant un redoutable virus : l’objectif des quatre libertés économiques (libre-circulation des marchandises, des services, des capitaux et des individus) et, sur le plan politique, celui, lyrique, d’une « union sans cesse plus étroite ». L’« esprit » unificateur du Salon de l’Horloge est bien là et les outils d’une domination technocratique sont en place : rôle moteur de la Commission dotée du monopole de la proposition, interprétation souveraine et sans appel des traités par la Cour de justice, perspective d’extension du vote à la majorité avant dix ans.

Avec le retour du général de Gaulle en 1958, la construction européenne connaît une heureuse correction démocratique. Après le refus par les pays du Bénélux du plan Fouchet présenté par de Gaulle pour coiffer l’organisation d’une coopération politique intergouvernementale, une grande crise éclate. La Commission propose une réforme de la politique agricole commune assortie de nouvelles règles financières accroissant son pouvoir. De Gaulle refuse et réplique par la politique de la « chaise vide » qui, après sept mois, débouche sur le Conseil de Luxembourg du 28 janvier 1966 : rejet des projets financiers de la Commission et maintien de la prépondérance du Conseil (donc des États), abandon de la pratique (illégale) de la Commission de recevoir des lettres d’accréditation d’ambassadeurs de pays tiers et adoption du fameux « compromis ». Il permet à tout État estimant qu’une proposition de la Commission normalement votée à la majorité, qui menacerait des « intérêts très importants » pour lui, d’obtenir du Conseil une discussion jusqu’à parvenir à un accord unanime. C’était là une règle de respect, de confiance et d’optimisme qui aurait dû rester le fondement de la coopération européenne. De Gaulle rappelait ici que la Communauté était une association d’États et non leur fusion dans une « purée de marrons » sous tutelle technocratique. Hélas, aucun de ses successeurs n’aura la sagesse de poursuivre sur cette voie.

Si le système de vote à la majorité s’en trouve neutralisé, la Commission et la Cour de Justice conservent leurs prérogatives exorbitantes. Cela n’inquiète guère, vu le champ alors réduit des matières communautaires. La Cour sera le point de départ d’une discrète offensive qui s’avère victorieuse. Au début des années 1960, un petit groupe de juges activistes à Luxembourg élève la vision du préambule du Traité au rang d’élément d’un ordre juridique supérieur, voire supra-légal : c’est toujours le fameux « esprit » unificateur. Celui-ci s’impose même aux États fondateurs, pour justifier l’avènement d’un nouvel ordre juridique autonome et supérieur que ces mêmes États, apparemment sans le savoir, auraient créé sept ans plus tôt en signant le traité de Rome. On n’avait pas imaginé que cette formule creuse – « l’union sans cesse plus étroite » - serait interprétée littéralement en vue de la marche irréversible vers la fusion pure et simple des nations européennes en une entité unique et unitaire.

Une telle déclaration d’intention suffit pourtant à ce que la Commission ou la Cour vienne forcer la main des États, lisant dans les décisions des Conseils des ministres ce qui n'y figure pas, donnant aux actes juridiques européens à la fois une applicabilité directe (arrêt « Van Gend en Loos » adopté à une voix de majorité, 1963) et une supériorité sur toute loi nationale - même constitutionnelle ! - (arrêt « Costa », 1964) pourtant toutes deux refusées par le traité de Rome.

Elle justifiera aussi plus tard qu’on force la main des peuples en refusant de respecter les « non » référendaires, notamment de la France et des Pays-Bas au traité constitutionnel (2005) et de l’Irlande au traité gigogne de Lisbonne (2008). Comme si une « Vérité » religieuse orientait le processus européen vers l'impératif unique de l'intégration supranationale pour l'unification illimitée, plutôt que vers toute autre forme d'organisation européenne, et bien que rien de tout cela n’ait jamais été débattu, accepté, ni même compris et perçu jusqu’à présent par les peuples. L’expression « sans cesse plus étroite » signifie bien que l’union n’est pas une institution mais un processus, non pas un point d’arrivée aux contours restant plus ou moins à définir par les Européens du futur, mais une trajectoire, un engrenage à sens unique agrégeant les nations les unes aux autres, sans arrêt ni correction possibles.

Après le départ du général de Gaulle, la machine redémarre de plus belle. En 1972, ce sont les chefs d'État et de gouvernement eux-mêmes qui préconisent l’utilisation « aussi largement que possible » de la clause de flexibilité par la Commission (Déclaration de Paris). Elle pourra ainsi élargir, sans ratification d’un nouveau traité, ses compétences dans les domaines de l’environnement, des politiques régionales, sociale et industrielle. Jusqu’à l’Acte unique de 1987, cette clause sera utilisée, aux dépens des parlements nationaux, avec une imagination sans limites.

3) La technocratie de marché (depuis 1987)

C’est à partir de l’élection de François Mitterrand (« La France notre patrie, l’Europe notre avenir ») en 1981 et la dernière phase de la mondialisation, que le virus fédéral dissimulé dans le traité de Rome va être activé et que l’intégration supranationale connaît son véritable essor. La mondialisation des échanges, de la finance et de l’information a besoin d’États, mais d’États faibles. Cela tombe bien : les européistes aussi. Avec le tournant de la rigueur et de la monnaie forte en 1983 s’engage le début de la marche à la monnaie unique - et de la désindustrialisation massive - que parachève le traité de Maastricht. Entre-temps, Jacques Delors, Président de la Commission européenne à partir de 1985, lance la réalisation du marché intérieur, selon un programme de 300 directives pré-rédigées par des lobbies (European Roundtable).

Le grand basculement s’opère formellement avec l’Acte unique de 1987. Négocié par Roland Dumas et voté par la gauche et la droite, il prévoit la concurrence dite « libre et non faussée » - en réalité brutale et déloyale - administrée par la Commission, l’exercice de ces compétences à la majorité qualifiée et sous le contrôle de la Cour de Justice, la libéralisation des capitaux à l’égard de tous les pays extérieurs y compris les paradis fiscaux. Les droits de douane passent de 14,5% en 1992 à 1,5% en 2012, faisant de l’UE l’union commerciale la moins protégée du monde. Les États européens rompent avec leur responsabilité vis-à-vis de la politique macro-économique - réguler le niveau de certaines importations et exportations, stimuler la demande intérieure de consommation et d’investissement -, en abandonnent les instruments (la monnaie confiée à la BCE indépendante, le budget au Pacte de Stabilité) et toute volonté politique. En renonçant peu à peu aux frontières (traité de Schengen, 1985), à la maîtrise de la politique d’immigration, aux droits de douane et aux législations protectrices, on abolissait la différence entre « l’intérieur » et « l’extérieur » des États. De sorte qu’il n’existe plus aujourd’hui de vraie distinction possible entre marché interne ou européen et marché mondial.

On compte pas moins de six traités principaux ayant modifié le traité de Rome, depuis l’Acte unique de 1987 jusqu’au traité de stabilité, de coopération et de gouvernance (TSCG) de 2012, en passant par les traités de Maastricht (1992), Amsterdam (1997), Nice (2001), et Lisbonne (2009), tous inconstitutionnels, obligeant à des révisions en cascade de notre Constitution. Depuis son adoption en 1958, les deux tiers en ont été changés, de sorte qu’elle n’a plus grand-chose à voir avec le texte fondateur de la Vème République. Il faut y ajouter les vagues d’élargissement qui ont naturellement bouleversé les dimensions et parfois les pratiques européennes, pour parvenir à vingt-huit États membres aujourd’hui, et demain trente ou trente-cinq.

Nous avons ainsi abandonné l’essentiel de notre souveraineté – 80% des lois et décisions sont européennes et mettent en œuvre le droit de la mondialisation - mais nous n’avons pas réussi, puisqu’il n’y a pas de peuple unique, à bâtir une démocratie de remplacement au niveau européen. Dès lors, comment continuer à obéir à un droit qui n’est pas perçu comme légitime ? La mondialisation exigerait, comme pour toute puissance qui se respecte aujourd'hui dans le monde, des souverainetés nationales plus vivantes que jamais, dans une confédération élargie, qui défendrait et porterait les valeurs de la civilisation européenne. Après le monarque, voici le peuple souverain à son tour chassé du trône par la nouvelle classe managériale : technocrates, juges et lobbies mondialisés déguisés en « experts ». Là où il n’y a plus de racines, il faut des tuteurs. Ceux-ci occupent le vide laissé par le renoncement des Politiques. Oeuvrant à l’extension sans fin du règne du marché et des droits subjectifs, ils ont fait de l’Europe le laboratoire expérimental de la gouvernance mondiale, pour passer « du gouvernement des Hommes à l’administration des choses » (Saint-Simon). Ils accompagnent l’irrésistible crue globalitaire en train d’abattre limites, distinctions et hiérarchies. Nous voici désormais tous « rois » : en réalité politiquement réduits à l’impuissance comme citoyens, mais juridiquement surarmés comme individus narcissiques, satisfaits de notre servitude à un empire « cool ». L’Européen du XXIème siècle reste pourtant l’«animal politique » décrit par Aristote. Refusant le grand déracinement, il tentera bientôt de retrouver sa famille, sa cité, sa nation, sa civilisation.

vendredi, 30 mai 2014

LE SOUVERAINISME, UN SUICIDE POUR L'EUROPE

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LE SOUVERAINISME, UN SUICIDE POUR L'EUROPE
 
Une tribune libre de circonstance

Yann Louarn
Ex: http://metamag.fr

Alors qu'une vague dite « souverainiste » s'apprêterait à déferler lors des élections Européennes de dimanche prochain, les défenseurs d'une Europe unie semblent avoir du mal à se faire entendre tant l'idée Européenne est actuellement incarnée par la Commission de Bruxelles  ,constituée de membres nommés par les gouvernements souverains des Etats d'Europe , et par une alliance économique et politique inféodée aux intérêts américains et aux marchés économiques mondiaux.


Pourtant, cette construction européenne possède une légitimité notamment au regard de l'histoire de sa civilisation pluri-millénaire. Celle-ci a vu en permanence les peuples d'Europe s'unir, partager, inventer, construire ensemble, découvrir le monde, sans empêcher toutefois les guerres fratricides et les conflits de pouvoir. Ainsi, le siècle de 1914 aura connu deux guerres civiles qui ont anéanti des millions d'Européens, dont une bonne partie de l'élite du début du siècle dernier. Il aura pourtant été à la fois le siècle du grand suicide des peuples Européens par la guerre et celui porteur d'une volonté d'apaisement et de construction d'un ensemble politique et économique cohérent, enraciné, fort. C'est contre cela que se sont opposés les gouvernements français, anglais et allemands, pourtant censés être les moteurs de l'Europe et cela depuis des décennies. C'est le fruit de leur asservissement économique sans conditions aux USA depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.


Ils s'y sont opposés en fabriquant des institutions technocratiques, sans légitimité populaire , mais surtout en effaçant toute trace de leur passé commun, leurs traditions, leur civilisation, leurs religions ce qui devrait pourtant constituer la base de l'Union des Européens.


Ils s'y sont opposés en élargissant sans cesse un espace considéré comme uniquement économique et en affichant, depuis plusieurs décennies, la volonté de faire entrer la Turquie, c'est à dire en réalité l'empire Ottoman, ennemi historique de la civilisation européenne, dans cet ensemble « sans âme ».
Ils s'y sont opposés en laissant l'Amérique mener plusieurs guerres et même en y collaborant sur le sol Européen, comme en Serbie, au Kosovo, mais aussi des guerres d'influence, comme en Ukraine, au détriment de la Russie.


Ils s'y sont opposés en ouvrant grand les frontières de l'Europe, en favorisant l'immigration massive venue prioritairement de l'Afrique ou du Maghreb pour la France, de Turquie pour l'Allemagne et d'Asie pour l'Angleterre. Une immigration qui, petit à petit, est apparue aux peuples d'Europe comme la volonté d'une minorité de les remplacer purement et simplement par d'autres populations. Il est ainsi devenu courant de Birmingham à Bruxelles en passant par certains quartiers parisiens ou berlinois, que les Européens de souche soient minoritaires.


Ils s'y sont opposés car, au final, ces dirigeants des pays européens n'étaient que des souverainistes défendant leurs intérêts économiques propres et ceux d'une petite oligarchie dominante aujourd'hui. Mme Le Pen, M. Mélenchon ou M. De Villiers, comme M. Farage au Royaume-Uni, ne sont en fait que leurs enfants.


Des enfants contestataires certes : mais que défendent-ils au juste ?


La souveraineté de leur petite Nation en tant qu'espace géographique et entité historique face à l'union nécessaire des peuples Européens en vue de constituer une Europe souveraine et puissante. Celle-la même qu'ils refusent aux petites patries qui constituent la France ou l'Angleterre, comme en témoigne la volonté de Madame Le Pen de supprimer les régions, de ne pas reconnaître les langues régionales ou celle de M. Farage d'appeler à voter contre l'indépendance de l'Ecosse.


Ces « souverainistes » pour lesquels de nombreux européens s'apprêtent à voter et qui disent être le dernier rempart de leur peuple ( contre qui ? contre quoi ? ) sont en réalité le couteau qui pourrait provoquer le suicide de tout un continent. Un suicide pour lequel, néanmoins, les principaux responsables se trouvent au sein de la Commission de Bruxelles et dans les milieux qui ont construit cette Europe technocratique.


Ce que veut M. Farage aujourd'hui ? Empêcher les immigrés d'Europe de l'Est de se rendre en Angleterre, leur enlever tous droits sociaux, les « mettre à la mer ». Mais où était ce Monsieur à l'époque où toute l'Angleterre s'indignait contre les propos d'Enoch Powell, qui avait prédit «  l'invasion du pays » par les peuples du Tiers-Monde ? Où était M. Farage lorsque des pans entiers de la Grande-Bretagne sont tombés sous la coupe islamique et asiatique ? Il ne parlait pas. Il se taisait. Et aujourd'hui, c'est une pakistanaise responsable des jeunes de son parti, l'UKIP, qui demanderait aux citoyens anglais d'aller voter pour renvoyer « chez eux » des Européens de l'Est.


Tout comme aujourd'hui, des dirigeants du Front National, vont prôner une « tolérance zéro » envers les Roms et une restriction de l'immigration venant de l'Europe de l'Est. C'est également le parti de Marine Le Pen qui s'accroche aux DOM-TOM français, derniers vestiges d'un colonialisme dont toute l'Europe paye aujourd'hui les conséquences, et qui dans le même temps refuse qu'un Grec ou qu'un Allemand participe aux décisions collectives de l'Union des Européens.


Lorsque Jean-Luc Mélenchon, leader du Front de gauche et souverainiste jacobin lui aussi, déclare que les Français sont plus proches culturellement de la Méditerranée, du Maghreb et de l'Afrique que de l'Estonie ou de l'Ukraine et qu'ils ont un avenir commun, il ne dit pas autre chose que ces souverainistes « de droite », nostalgiques d'une époque révolue, accrochés à leurs dogmes ( et notamment celui de la France universelle ou celui de l'Angleterre conquérante ) et aveugles aux grands bouleversements, notamment démographique, de l'histoire à venir.


Quelles conséquences, quel impact sur la vie des Européens auraient une victoire ou une percée des souverainistes aux élections ? Le taux de chômage massif diminuera t-il parce que Madame Le Pen et M. Farage vont s'asseoir un peu plus souvent et avec un plus grand nombre de députés au Parlement européen ? Les banques cesseront-elles de prêter à intérêt à des Etats qui assurent pourtant leur survie ? Les millions d'étrangers extra-européens, qui souhaitent pénétrer en Europe dans ce qu'ils croient être un Eldorado, y renonceront t-ils spontanément ? Les mosquées qui fleurissent dans toute l'Europe fermeront t-elles leurs portes ? Les campagnes se repeupleront-elles par miracle ?


Non bien entendu. Car le Parlement européen ne possède aucun pouvoir mais surtout parce que ces souverainistes n'entendent aucunement renverser les élites qu'elles jugent pourtant à raison illégitimes.
Ces mêmes souverainistes n'entendent pas non plus inverser le processus migratoire qui conduit au grand remplacement en cours en Europe, puisque et Mme Le Pen et M. Farage sont des partisans acharnés de l'assimilation et d'une société dans laquelle le drapeau National est plus important que l'identité régionale, ethnique, religieuse ou culturelle.


Penser le contraire, croire dans une sortie de l'Europe qui briserait irrémédiablement l'avenir commun des peuples qui la constituent, c'est se mentir à soi-même, c'est accepter simplement et fatalement qu'après la chute de l'Empire Romain, après les guerres fratricides du 20ème siècle, l'Europe et les Européens en finissent définitivement avec leur histoire et leur civilisation dans un magma à côté duquel la guerre des Balkans ressemblerait au paradis sur terre.


Changer l'Europe telle qu'elle est aujourd'hui, cela va de soi. Mais pour cela, encore faut t-il aimer les peuples qui la constituent et épouser l'idée d'une Europe-puissance.


« Quand les barbares étaient aux portes de l'Empire, les Romains discutaient du sexe des anges  ».

 

jeudi, 13 février 2014

Samedi 8 février 2014 : “Fuck the EU” by the US State Department

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Samedi 8 février 2014 : “Fuck the EU” by the US State Department

Ex: http://www.realpolitik.tv

 

“Que l’Europe aille se faire e…” a tout simplement déclaré Victoria Nuland (photo), la secrétaire d’État adjointe des États-Unis, en charge des relations avec l’Europe, à son ambassadeur en Ukraine, lors d’une conversation téléphonique enregistrée à l’insu des deux protagonistes le jeudi 6 février. La prise est tellement explicite que la diplomate américaine n’a eu d’autre choix que de s’excuser auprès des diplomates européens. Mais qui a entendu un seul chef d’État, un seul ministre des affaires étrangères européen émettre une quelconque protestation ?

 

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Très bon éclairage sur ce que pensent réellement les Américains de l’Union européenne : qu’elle n’est rien et qu’elle a vocation à rester une périphérie molle des États-Unis. Au passage la conversation est révélatrice, au-delà même de l’insulte faite à l’Union européenne. Elle en dit long aussi sur le rôle que joue l’ONU aux yeux des Américains. Jugez-en plutôt : “Ce type de l’ONU, Robert Serry” explique Victoria Nuland à son ambassadeur, “ce serait super pour aider à coller les choses, d’avoir cette colle ONU et, tu sais quoi, que l’UE aille se faire foutre”. L’ONU ce n’est donc qu’un pot de colle servant à fixer les morceaux du puzzle américain sur le grand tableau mondial.

 

Washington encourage la guerre civile en Ukraine, quand il ne la fabrique pas tout simplement et agite ensuite ses mécanos (l’Union européenne, l’ONU…) afin de tenir sa feuille de route.

 

Quant aux gouvernements européens, ils ont pour seule mission, depuis 1945, que de maintenir les peuples européens dans la dormition en leur faisant croire que la construction européenne avance vers une Europe-puissance, alors même qu’elle ne fait, année après année, que consolider le bloc transatlantique dirigé par Washington autant que les oligarchies mondialistes.

 

Il n’y a désormais qu’une issue unique à l’indépendance de l’Europe : l’effondrement du Système de l’Union européenne au profit d’une authentique Europe des nations, condition sine qua none à la renaissance de la civilisation européenne et donc de la puissance française. Si nous ne sortons pas rapidement de cette trappe, la submersion extra-européenne et l’atlantisation auront raison de nos libertés et de notre identité. La ruine économique en résultera mécaniquement.

 

Aymeric Chauprade

lundi, 10 juin 2013

C’est au sein de l’UE que les risques de troubles sociaux sont les plus importants

C’est au sein de l’UE que les risques de troubles sociaux sont les plus importants

 


Emeute en Grèce, 2012

Dans son « World of Work Report » annuel, l’OIT explique que l’agitation sociale, c’est-à-dire les grèves, les arrêts de travail et les manifestations, ont augmenté dans la plupart des pays depuis le début de la crise économique et financière en 2008. Mais au sein de l’UE, ces phénomènes ont augmenté plus qu’ailleurs, passant de 34% à 46% en 2011-2012.
Toutefois, les risques ne sont pas les mêmes dans tous les pays, et le rapport indique qu’ils se sont en fait réduits en Belgique, en Allemagne, en Finlande, en Slovaquie et en Suède depuis le début de la décennie. Le risque de troubles sociaux « est probablement lié aux réactions suscitées par la politique pour gérer la crise de la dette souveraine et son impact sur la vie des gens et leur perception du bien-être », indiquent les Nations Unies. « Les conditions économiques difficiles ont créé un environnement social fragile, alors que de moins en moins de gens entrevoient des opportunités pour obtenir un emploi satisfaisant et améliorer leur niveau de vie », ajoute le rapport.
La menace de troubles sociaux a également augmenté en Russie et dans les autres pays satellites de l’ex-Union soviétique qui ne sont pas membres de l’UE, en Asie du Sud et dans les autres pays développés hors UE. Mais elle a diminué en Amérique latine, en Afrique, en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique.
L’OIT note que les politiques d’austérité de ces dernières années se sont accompagnées d’une augmentation des inégalités en termes de salaires. Les revenus de la classe moyenne se sont érodés, alors que les salaires plus élevés ont augmenté. Dans les pays les plus riches, les plus grandes compagnies ont amélioré leurs marges bénéficiaires. Mais « plutôt que de faire bénéficier ces profits au travail dans l’économie réelle au travers d’investissements productifs, les recettes supplémentaires ont plus souvent été utilisées à augmenter les encaisses de liquidités », commente le rapport.
L’organisation souligne également que les taux de chômage records au sein de l’UE n’arrangent rien, et que le chômage de longue durée augmente le découragement des chômeurs. Elle recommande une politique davantage orientée vers la création d’emplois pour favoriser la croissance. « Cela implique de s’attaquer aux vulnérabilités structurelles derrière la crise, telles que les problèmes systémiques dans le secteur financier », comme « débloquer les flux de crédit pour les entreprises productives, de telle sorte qu’elles puissent stimuler la croissance ». Le rapport salue au passage les « programmes pour le marché du travail bien conçus » de l’Allemagne et de la Belgique qui favorisent cette relance basée sur la création d’emplois.

dimanche, 02 octobre 2011

Les anxiétés anti-européennes de la Turquie

 Andrea PERRONE:

Les anxiétés anti-européennes de la Turquie

Ankara persiste dans sa demande d’adhésion à l’UE mais, simultanément, élève la voix contre Bruxelles et contre Chypre

La Turquie est prête à respecter n’importe quelle décision de l’UE quant à la demande d’adhésion turque, même un “non”, mais le processus des négociations doit être mené jusqu’au bout. Telle est la teneur de la requête formulée récemment à Berlin par le président turc Abdullah Gül, au cours d’une visite de quatre jours en Allemagne, pays où vivent 3,5 millions de personnes d’origine turque, et en présence de son homologue allemand, Christian Wulff. “Nous accepterons de ne pas être membres de l’UE si le peuple d’un seul pays de l’UE le refuse ou considère que la Turquie constituera un poids”, a souligné Gül lors d’une conférence de presse, en présence de Wulff; Gül se référait à l’éventualité d’organiser des référendums nationaux à propos de l’adhésion d’Ankara à l’Union. “Je pense que les débats récents sur l’adhésion ou la non adhésion de la Turquie ne sont pas nécessaires. Avant toute chose, la Turquie doit recevoir la possibilité de mener les négociations jusqu’au bout”, a poursuivi Gül. Ces paroles ont reçu l’accord du président allemand, qui semble avoir pris ses distances par rapport à la Chancelière Merkel, qui demeure ferme dans son opposition claire et nette à toute adhésion turque. Pendant le dîner officiel organisé en l’honneur de son hôte turc, Wulff a affirmé que les négociations en vue d’une adhésion à l’UE doivent être menées de manière plus correcte, plus ouvertes aux espérances turques. “L’UE, elle aussi, doit travailler de manière plus active, afin que le processus d’adhésion puisse progresser, et doit également garantir à ses interlocuteurs turcs une attitude réceptive jusqu’au moment où la Turquie, finalement, aura concrétisé toutes les conditions nécessaires pour entrer dans l’Union”, a souligné le chef de l’Etat allemand.

Madame Merkel, tout comme le chef de l’Elysée Nicolas Sarközy, propose un partenariat privilégié entre l’UE et la Turquie, soit un projet que Gül a défini “difficile à comprendre”, vu que l’Union douanière en vigueur consent déjà des rapports privilégiés. Ankara, en 2005, avait entamé les négociations en vue de l’adhésion après avoir reçu le feu vert unanime des partenaires de l’Union. Mais ces négociations se déroulent au ralenti: seuls treize chapitres sur vingt-cinq ont été abordés. Qui plus est, la Chancelière allemande a exprimé au Président turc ses préoccupations à propos des tensions croissantes entre Ankara et le gouvernement israélien, tiraillements qui ont miné les rapports entre les deux pays du Proche Orient.

Lors de l’entrevue qui eut lieu dans les bureaux de la Chancellerie, les deux parties ont réitéré leurs positions quant à l’entrée de la Turquie dans l’UE et abordé ensuite la question du printemps arabe. Gül a répété publiquement que la Turquie demeurait toujours candidate à devenir membre à part entière de l’UE. Officiellement, l’Allemagne est ouverte à cette éventualité mais le parti de la Chancelière, la CDU, entend offrir aux Turcs une forme différente d’association, c’est-à-dire un partenariat stratégique qui excluerait l’adhésion à plein titre à l’UE. Au cours de la même journée, les interlocuteurs ont abordé aussi les attaques proférées par le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu contre les pays européens, accusés par lui de donner asile aux séparatistes kurdes du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) qui, au départ de l’Europe, continuent à financer des activités terroristes, à procéder à du recrutement, à diffuser de la propagande et à se livrer au trafic d’armes. Cette attaque du chef de la diplomatie turque s’est effectuée à l’occasion d’une conférence sur la lutte internationale contre le terrorisme, qui s’est tenue à New York pendant la 66ème Assemblée générale des Nations-Unies. Davutoglu a expliqué qu’au cours de ces derniers mois, la Turquie a été confrontée à une recrudescence des attaques du PKK, une formation politique, a-t-il ajouté, “qu’Ankara continuera à combattre avec toutes les mesures qui s’avèreront nécessaires”, toutefois dans le respect des principes démocratiques.

Mais les tensions entre Ankara et Bruxelles ne se limitent pas à la question kurde. Il y a aussi les rebondissements dans la question cypriote: Nicosie entend aller de l’avant dans les travaux de prospection, lancés en vue de découvrir des gisements d’hydrocarbures dans la zone économique exclusive de la République de Chypre. Or cette zone d’exclusivité cypriote, les Turcs la réclament pour eux aussi. Un fonctionnaire responsable de l’énergie auprès du département du commerce à Nicosie a confirmé que la firme “Noble Energy”, basée à Houston, a commencé ses explorations en vue de trouver pétrole et gaz au large de la côte méridionale de Chypre. Entretemps, un communiqué, publié sur le site du ministère des affaires étrangères de Nicosie, a répété “que la République de Chypre maintient ses propres droits souverains sur la plateforme continentale en accord avec les lois internationales et aucun autre accord ou aucune décision de la part de la Turquie aura des conséquences sur l’exercice de ces droits”. Et le communiqué souligne: “L’annonce faite par la Turquie constitue un nouvel acte de provocation contraire aux lois internationales”. Ces termes condamnent expressis verbis la décision du gouvernement turc de faire surveiller par des navires de guerre et des avions militaires, prêts à intervenir, les opérations de forage et de sondage que Chypre vient d’entamer en mer. Ces moyens militaires devront en outre défendre le bon déroulement de travaux de même nature que la Turquie commencera très prochainement.

Les tensions actuelles éloignent encore davantage dans le temps le projet de réunifier l’île, divisé en un sud grec-cypriote et un nord colonisé par les Turcs. Ankara a en outre menacé de suspendre les relations avec l’Union Européenne si, l’an prochain, Bruxelles concède à Chypre la présidence des institutions européennes, à laquelle l’île a droit selon le principe de rotation en vigueur. Nous faisons donc face à une ligne politique, délibérément choisie par Ankara, qui contribue à éloigner toujours davantage la Turquie de l’UE. La Turquie a donc bel et bien opté pour une stratégie néo-ottomane visant le contrôle direct et absolu d’Ankara sur toute les zones voisines, au Proche Orient comme en Méditerranée orientale.

Andrea PERRONE;

( a.perrone@rinascita.eu ).

(article paru dans “Rinascita”, Rome, 21 septembre 2011; http://www.rinascita.eu ).

lundi, 11 avril 2011

Magnus Enzensberger entzaubert Europäische Union

Magnus Enzensberger entzaubert Europäische Union

Carlos A. Gebauer

Friedrich Nietzsche war es wohl, der schrieb: Die leisen Worte bringen den Sturm. Und Hans Magnus Enzensbergers Essay besteht in genau diesem Sinne aus leisen und kurzen, aber nicht zuletzt deswegen umso deutlicheren Worten. Knapp 70 Seiten genügen ihm für die gekonnte Inspektion – und Entzauberung – seines Gegenstandes. Am Ende stehen für den Leser zwei Gewissheiten. Die erste Gewissheit, dass, wer Europa wertschätzt, gegen diese Europäische Union opponieren muss. Und die zweite Gewissheit, dass dieser megalomane Versuch, 500 Millionen Menschen rücksichtslos bürokratisch zu überrennen, automatisch an sich selbst scheitern wird: »Europa hat schon ganz andere Versuche überstanden, den Kontinent zu uniformieren. Allen gemeinsam war die Hybris, und keinem von ihnen war ein dauerhafter Erfolg beschieden. Auch der gewaltlosen Version eines solchen Projektes kann man keine günstige Prognose stellen. Allen Imperien der Geschichte blühte nur eine begrenzte Halbwertzeit, bis sie an ihrer Überdehnung und an ihren inneren Widersprüche gescheitert sind.«

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/deutschland/carlos-a-gebauer/rezension-des-buches-sanftes-monster-bruessel-enzensberger-entzaubert-die-europaeische-union.html

lundi, 14 mars 2011

Die schwerwiegendsten Fehler der EU

commission-europeenne.jpg

Betreff: [infokreis] „Agrippa“ über die EU

Lesenswerte Ausführungen des umtriebigen rechten Foren-Schreibers „Agrippa“ über die EU:

Regiomontanus hat geschrieben: Worin liegen für dich die schwerwiegendsten Fehler der EU? Und wie stellst du dir eine ideale Union der europäischen Völker vor?

Antwort von Agrippa:

Zuerst einmal basiert die EU auf nichts eigentlich Europäischem. Es gab in den 80ern und frühen 90ern die Anspielung auf Karl d. Großen und das fränkische Reich, eine an sich sinnvolle Überlegung, wenn man sich den Kern Europas heute ansieht.

Aber solche Versuche, an eine bestehende europäische Tradition wieder anzuschließen, wurden sofort von Linken und Juden v.a. zertrümmert und dann schrittweise und immer stärker durch eine Idee erstickt, die man in einem Satz zusammenfassen kann: ein vereintes Europa ohne Europäer und ohne europäische Werte, ein bloßes Instrument der Plutokratie und ein Katalysator für die Ausbreitung des Neoliberalismus in Europa und der Welt.

Meiner Ansicht nach sollte zuerst einmal wieder die Eingrenzung auf das erfolgen, was Europa eigentlich ist und wer wirklich Europäer ist.

Europäer sind die europäischen Europiden biologisch, Menschen die auf einer christlichen Kultur aufbauen und aufgeklärt sind, die zum Staat und zum Laizismus stehen, die, die Gemeinschaften und Traditionen Europas verbinden.

Zu diesem Begriff eines Europäers in Abstammung, Kultur, Mentalität und Gemeinschaft muß man wieder zurückfinden. Auch zu einer neuen Wertschätzung der eigenen Nation und der nationalen Traditionen.

Die EU dient als Instrument, die europäischen Interessen in der Welt zu vertreten und die progressiven, sinnvollen und notwendigen Entwicklungen weltweit in allen entscheidenden Bereichen voranzutreiben. Das ist der Zweck der EU, oder sollte es zumindest sein, nicht Abladeplatz für ungezählte Massen von Nichteuropäern, nicht bloßes Instrument des Globalkapitals und Struktur, die nur zur Umerziehung der Europäer im neoliberalen oder linksliberalen Sinne dient.

Gemeinsame:
- Wirtschafts- und Außenpolitik
- Gemeinsame Verteidigung
- soziale und ökologische Standards
- Finanzpolitik und Steuerharmonisierung
- Projekte und Richtlinien, um die Erhaltung und Höherentwicklung von Individuen, Kollektiv, Spezies und Ökosystem voranzutreiben
- Maßnahmen gegen Immigration von nicht-integrationsfähigen Außereuropäern
- Programme für die Erhaltung der Population, eugenische Programme, um der modernen Kontraselektion Einhalt zu gebieten
- Familien- und Gemeinschaftspolitik im Sinne der langfristigen Erhaltung und Höherentwicklung
- Außengrenzensicherung
- Schutzmaßnahmen für die europäischen Interessen


National:
- Zusammenschlüsse der wesentlichen ethnischen und kulturellen Großgruppen
- Erhaltung der eigenen Tradtionen und Pflege der Kultur
- keine wilde und forcierte Durchmischung in Europa, aber auch keine totale Abgrenzung der Nationen (individuelle Entscheidung)
- kollektivistische Erziehung im Sinne von Nation, Europa und Ökosystem
- Kontrollbehörden für die nationalen Wirtschaftskreisläufe und Betriebe.

Was ich ablehne ist:
- Familiendestruktion, männer- und kinderfeindliche Strukturen und Gesetze
- Radikale Emanzipation, Hyperfeminismus, falsche Verbreitung weiblicher Rollenbilder und Lebenskonzepte
- Wirtschaftsliberalismus, destruktive Tendenzen in den Aktienmärkten, Großspekulation und zu großen Einfluß von Wirtschaftskräften auf die Poltik
- Zerstörung der sozialen Netze, Sozialabbau, Entsolidarisierung
- Unterlaufen von ökologischen Standards und Zerstörung der Umwelt und Ressourcenverschwendung in Europa und Förderung von selbigem im Ausland
- Negierung und Verächtlichmachen der lokalen Gemeinschaften und Kulturen
- übertriebener Minoritätenschutz, v.a. von nichteuropäischen (Integration bis zur Assimilation oder Ausweisung) und anomalen Gruppen, keine Bevorzugung selbiger, keine Toleranzerziehung für Gruppen, die nicht als gesund und normal im Sinne der Gemeinschaft angesehen werden können (z.B. Homosexuelle)
- keine Zuwanderung von nicht integrationsfähigen oder -willigen Individuen, egal unter welchem Etikett sie versuchen, in Europa einzusickern.

In kleinen Zahlen können Spezialisten und besonders wertvolle Individuen anderer Gruppen falls benötigt eingelassen werden, Massenzuwanderung ist prinzipiell abzulehnen.
Falls in stärkerem Ausmaß Zuwanderer gebraucht würden nur nach einem strengen Ausleseverfahren von besonders nahe verwandten Gruppen und hochqualifizierte Individuen.

- kein Rückzug des Staates aus dem Wirtschaftsleben, Kontrolle der Wirtschaft im Sinne des Kollektivs, jedoch unter Beibehaltung der Spielregeln des Kapitalismus, einmischen nur dort wo erforderlich, aber deutlich und ohne Hemmung
- keine Förderung des Freihandels OHNE INTERNATIONALE STANDARDS!
- GATT revidieren, neu verhandeln und korrigieren.
- GATS zurückweisen
- selbständige von den USA gelöste Politik
- Umerziehung in den Medien, Erziehungs- und Bildungswesen, keine Erziehung zu Egoisten mit individualistischen Lebenskonzepten, keine fortgesetzte Vermittlung von Egalitätswahn und „deutscher oder europäischer Schuldkomplexe“.
- ein Ende falscher Lobbypolitik und ineffizienter wie korrupter Verwaltung in Brüssel
- keine Kopie der USA anstreben
- ein Ende der Verfolgung von national gesinnten und idealistischen Menschen unter dem Joch der Medien- und Meinungsdiktatur
- die Gleichmacherei - es muß der Unterschied zwischen den Menschen erkannt und benannt werden, es gibt eben physische und psychische Unterschiede, die Menschen sind weder gleich noch gleichwertig (damit meine ich jetzt nicht unbedingt irgendetwas in Bezug auf Rasse etc.)
Deshalb sollte auch das Bildungs- und Förderungssystem diesen Unterschieden Rechnung tragen und nicht versuchen, alle Menschen als „gleich“ darzustellen.
- keine Zerstörung traditioneller Moral und Förderung von freier Sexualität und Perversionen.
- keine Förderung destruktiver Kunst und Amoral in den Medien und am Kunstmarkt etc.

Da gäbe es noch viel, sehr viel ... all das fördert die EU und ihre Tentakel überall und zu jeder Zeit!
Solange die EU dies tut, ist sie ein Monstrum, eine Mißgeburt und ein Werkzeug der Plutokraten und Liberalen.

Entweder sie ändert sich oder muß um jeden Preis zersprengt werden.
Ansonsten wird es in 3 Generationen kein Europa, wie es einmal war, mehr geben, sondern nur ein fraktioniertes und degradiertes Albtraumland.

http://www.politik-forum.at/warum-ist-osterreich-immernoc...


mercredi, 17 novembre 2010

EU und China knüpfen engere Verbindungen, USA unterstützen Indien

EU und China knüpfen engere Verbindungen, USA unterstützen Indien

F. William Engdahl / ex: http://info.kopp-verlag.de/

 

In den vergangenen Wochen hat die Volksrepublik China einzelnen EU-Ländern bemerkenswerte wirtschaftliche Offerten unterbreitet. Im Lichte der offenen Kritik, die China an der amerikanischen Zentralbank Federal Reserve und am US-Finanzministerium wegen deren jüngster abenteuerlicher Geldpolitik erhebt, ist diese Öffnung ein deutliches Anzeichen dafür, dass sich China, die am schnellsten wachsende Wirtschaftsnation der Welt, von einer Orientierung, die bislang hauptsächlich auf die USA ausgerichtet war, nun in Richtung EU bewegt. Dies würde weitreichende Auswirkungen haben.

 

 

Chinas Staatspräsident Hu Jintao hat soeben dreitägige Gespräche mit dem französischen Präsidenten abgeschlossen, bei denen sich beide Seiten auf neue Wirtschafts- und Handelsverträge in einem bisher noch nie erreichten Umfang von über 20 Milliarden Euro geeinigt haben. Es geht um Kernenergie, Luftfahrt, Finanzen, Energieeffizienz und Umweltschutz. Ein wichtiger Bereich ist die Beteiligung Frankreichs an Chinas ehrgeizigem Programm zur Ausweitung der Nutzung der Kernenergie. Nach Angaben des beteiligten französischen Kraftwerkbauers Areva werden die Beziehungen zu den chinesischen Partnern auf dem größten Kernkraftmarkt der Welt durch diese Verträge auf eine neue Stufe gehoben. China wird außerdem 100 neue Airbus-Maschinen kaufen.

Frankreich rollt für Chinas Präsident Hu den roten (!) Teppich aus, während China engere Verbindungen zur EU knüpft.

Präsident Hu folgte einer Einladung des französischen Präsidenten, der Anfang dieses Jahres China besucht hatte. In Paris trafen die beiden Staatschefs innerhalb von drei Tagen fünf Mal zu Gesprächen zusammen. Frankreich hat Hu buchstäblich einen »roten Teppich« ausgerollt und ihn mit allen Ehren empfangen. Die beiden Präsidenten unterzeichneten eine umfassende Erklärung, in der sie sich zur Festigung der strategischen Partnerschaft zwischen den beiden Ländern verpflichten.

Beide Länder sind ständige Mitglieder des UN-Sicherheitsrates mit Vetorecht, was politisch von großer Bedeutung ist. China ist darauf bedacht, Verbündete zu finden, um bestimmte Initiativen der USA blockieren zu können, wie beispielsweise zusätzliche Sanktionen gegen den Iran, der ein wichtiger Erdöllieferant für China ist. Außerdem wolle man sich gemeinsam mit Frankreich der Frage des iranischen Atomprogramms, der Entnuklearisierung der koreanischen Halbinsel und des Konflikts in Afghanistan annehmen. In Washington wird man darüber sicher nicht erfreut sein.

Die jetzt getroffene Vereinbarung stellt auch für Sarkozy und Frankreich eine bedeutende Wende dar, denn noch vor den Olympischen Spielen vor zwei Jahren hatte Frankreich für die amerikanischen Destabilisierungsversuche in China Partei ergriffen und den Dalai Lama und die mit amerikanischer Hilfe angefachten Unruhen in Tibet unterstützt. Eindeutigerweise schätzt die französische Wirtschaft bessere Beziehungen zu China jedoch als wichtiger ein als solche zu den USA, denn die US-Wirtschaft rutscht immer tiefer in die Depression, während China boomt.

 

Anschließend in Portugal

Im Anschluss an den Frankreich-Besuch reiste Präsident Hu nach Lissabon, wo er mit dem portugiesischen Premierminister José Sócrates Gespräche über die Entwicklung einer umfassenden strategischen Partnerschaft beider Länder führte. Dabei wurde über die Vertiefung der bilateralen Wirtschafts- und Handelsbeziehungen gesprochen. Hu unterstrich, er betrachte Portugal als potenziellen Alliierten in der Strategie zum Ausbau einer strategischen Partnerschaft zwischen China und Europa.

Den Staatsbesuchen des chinesischen Präsidenten in Frankreich und Portugal war die beispiellose Unterstützungsaktion Chinas für den griechischen Anleihemarkt vorausgegangen. Wie ich Anfang Oktober an dieser Stelle geschrieben habe, war der chinesische Premierminister zu einem überraschenden Staatsbesuch nach Griechenland gereist, in ein Land also, das normalerweise eines so hochrangigen Besuchs nicht würdig wäre. China bot Griechenland damals seine Hilfe bei der Schuldenkrise an. Bei einer Pressekonferenz Anfang Oktober in Athen erklärte Wen Jiabao: »Wir besitzen bereits griechische Staatsanleihen und werden solche auch in Zukunft kaufen. Wir werden Anstrengungen unternehmen, den Ländern der Eurozone und Griechenland zu helfen, die Krise zu überwinden.«

Insgesamt gesehen wird nun deutlich, dass man sich in Peking entschlossen hat, eine politische Wende in Richtung auf die Europäische Union zu vollziehen und sich schrittweise aus einer zu großen Abhängigkeit von Washington zu lösen. Bezeichnenderweise hält sich US-Präsident Barack Obama, der darum kämpft, seine angeschlagene Präsidentschaft nach der vernichtenden Niederlage bei den Zwischenwahlen zum US-Kongress zusammenzuhalten, derzeit zu einem Besuch in Indien auf, wo das Pentagon ausdrücklich seine eigene Version einer »militärisch-strategischen Partnerschaft« aufbaut. Wenn die USA Indien militärisch umgarnen, so haben sie dabei ein Land im Auge, das zu einer strategischen Bedrohung werden könnte: China. Doch China antwortet jetzt mit einer Gegenstrategie, sodass man in Washington die eigenen Initiativen vielleicht schon bald bereuen wird. Bleiben Sie dran …

 

mardi, 09 novembre 2010

La Serbia nell'UE: implicazioni geopolitiche

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La Serbia nell’UE: implicazioni geopolitiche

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

Lo scorso 25 ottobre i ministri degli Esteri dell’Unione europea hanno scongelato la richiesta serba tesa ad integrare Belgrado nel sistema comunitario. La domanda di adesione era stata presentata dal governo Tadic lo scorso anno, quale primo passo di avvicinamento verso il percorso di piena integrazione. Sono dunque partite, a tutti gli effetti, le trattative diplomatiche fra la Commissione, i 27 membri e Belgrado. Due le questioni fondamentali sul tavolo: la prima, palese e dichiarata dall’Unione, è l’incondizionato appoggio serbo al Tribunale internazionale dell’Aja per la cattura e condanna dei generali nazionalisti Radko Mladic e Goran Hadzic. La seconda, posta sottobanco per via del veto spagnolo e greco, è il riconoscimento dell’indipendenza kosovara. Due questioni di enorme peso per un paese già umiliato e dilaniato come la Serbia.

Su entrambe il presidente Boris Tadic, leader della coalizione europeista, rischia di perdere il suo già lieve margine di consenso; infatti se da un lato, in parlamento, non può che tener conto della volontà del Partito Socialista Serbo, lo stesso che fu di Milosevic e che oggi è l’ago della bilancia della coalizione liberale, dall’altro, sul versante del riconoscimento dell’indipendenza kosovara, Tadic rischia una vera e propria sollevazione popolare e la definitiva sconfitta politica. Lo sa bene Tomislav Nikolic, leader del partito nazionalista, uscito perdente dalle presidenziali del 2008 per un pugno di voti, dopo un ballottaggio fra i più discussi nella recente vita ‘democratica’ del paese.

È in questo contesto che si devono inserire gli scontri dello scorso settembre, svoltisi a Belgrado in occasione del gay-pride e in Italia, a Genova, per la partita di qualificazione fra le due nazionali. In entrambi i casi, frange del nazionalismo serbo hanno apertamento manifestato la loro volontà di boicottare qualsiasi apertura ‘liberale’ ed europea fatta dal governo in carica.

Un governo che aveva vinto le elezioni presidenziali e parlamentari del 2008 sulla scia dell’invidia serba per gli storici “vicini”, Ungheria, Bulgaria e Romania, entrati da poco nell’Unione europea. Proprio il timore di subire un clamoroso ritardo economico rispetto all’area dell’Est Europa che si apriva agli aiuti di Bruxelles, aveva permesso a Tadic di raggiungere la Presidenza e imporre un governo di coalizione filo-europeista.

Ma le richieste di Bruxelles ora mettono Belgrado con le spalle al muro; per entrare davvero nel giro comunitario, Tadic deve spaccare il paese, isolare la metà serba che si riconosce nelle istanze conservatrici ed accettare ciò che per un serbo ortodosso risulta secolarmente inaccettabile: l’indipendenza unilaterale del Kosovo. Una scelta culturale, strategica e geopolitica assolutamente radicale, foriera di importanti conseguenze.


Fra Europa e Russia

La Serbia è da sempre una regione di faglia, è un confine fra Europa occidentale ed orientale, fra cristianesimo cattolico ed ortodosso, persino abituata al doppio uso dell’alfabeto cirillico e latino. E tuttavia, dalla dominazione ottomana giunta al termine della storica battaglia della Piana dei Merli (l’epica resistenza della cavalleria serba all’esercito islamico, nel 1389), la sua identità nazionale ha preso forma in termini eurasiatici, andando a rappresentare quel corpo di congiunzione fra mondo latino e mondo ortodosso, fra Europa e Russia, sacrificatosi a nord di Pristina per la libertà dal nemico esterno.

Per questo motivo la questione kosovara non può essere esclusivamente riferita ad uno scontro etnico e religioso, ad un mero retaggio nazionalista: la battaglia della Piana dei Merli, e dunque il Kosovo, è divenuta per i Serbi il simbolo di un’identità storica e perciò, fattualmente, geopolitica. Solo tenendo in considerazione questo elemento di continuità che rende la Serbia limes d’Europa, e non solo cerniera fra est ed ovest, è possibile analizzare le attuali problematiche internazionali legate a Belgrado.


Verso Bruxelles

Sono dunque facilmente comprensibili le relazioni che spingono le istituzioni serbe ad entrare nell’Europa che conta. Queste sono di tipo culturale, di legittimità identitaria, come detto; legate soprattutto alla comune battaglia civilistica che ha visto Vienna vincere laddove Belgrado aveva fallito.

Certo, sono anche storiche, essendo Belgrado legata a doppia mandata alle vicende imperiali austro-ungariche quale naturale area di interesse e controllo germanico; con tutti i sentimenti di rivincita e accettazione che questo elemento comporta.

Ma a tutto ciò si deve aggiungere il fattore fondamentale, quello economico. Come ribadito da molti analisti, l’Unione eruopea continua ad essere un fenomeno prettamente economico. Per nulla politico. Anzi, essa continua a rappresentare la vitalità produttiva tedesca (la vecchia area del Marco allargata), temperata dalle esigenze agricole e sceniche francesi.

È più che naturale che questo ultimo fattore, assommato ai precedenti, spinga la Serbia verso Bruxelles, senza grosse preoccupazioni per il fatto in sé, visto a Belgrado come un’ineluttabile contingenza macroregionale, priva di reali conseguenze geopolitiche ma ricca di opportunità di cassa. Lo testimonia anche l’atteggiamento politico di Nikolic, il leader nazionalista di opposizione, che verso Bruxelles non ha mai usato toni di netta ed irreversibile chiusura.


Verso Mosca

Ma la Serbia è anche la patria dei monasteri ortodossi. La resistenza serba alla dominazione ottomana fu resistenza ortodossa. L’identità serba, se riferita all’area interna dei Balcani è chiaramente slava. L’uso del cirillico, anche se accompagnato dall’alfabeto latino, ricorda quel tratto orientale che da Bisanzio giunge sino a Mosca. La stessa bandiera serba ripropone i medesimi colori della Federazione russa.

Come per altre regioni dell’Europa dell’est, dunque, anche la Serbia è legata culturalmente alla Russia. Ma ciò che più conta è legata ad essa politicamente e strategicamente. È la Russia che a livello internazionale sostiene le esigenze di Belgrado, ed è stata Mosca, nel 2008, in seno al Consiglio di Sicurezza dell’Onu, ad imporre modifiche restrittive alla missione Eulex, sostenuta da Stati uniti ed Unione europea con l’intento di favorire l’indipendenza del Kosovo. Ed è sempre la Russia che, nel progetto originale del gasdotto South Stream, garantirebbe alla Serbia un ruolo economico di vitale importanza.

Da questo punto di vista è del tutto evidente quanto Belgrado non possa fare a meno del sostegno della grande madre dell’ortodossia, oggi potenza macroregionale.


Scenari geopolitici

I paletti della Ue all’ingresso serbo rivelano ancora una volta tutta l’inconsistenza politica del Vecchio continente. Più che tappe di avvicinamento, sono per Belgrado delle ulteriori prove di espiazione. Sia l’appoggio al tribunale dell’Aja, sia l’indipendenza del Kosovo, più che riferibili alle esigenze di pacificazione europee, sono tappe poste in continuità con l’intervento nordamericano ed alleato degli anni ’90.

Essendo questi i fatti, è chiaro che il futuro della Serbia resti strettamente collegato ai giochi internazionali in atto. Mosca non avrà nulla da obiettare all’ingresso di un suo alleato ‘civile e culturale’, come già accaduto per le altre realtà dell’est, sino a quando l’Unione europea manterrà la sua scarsa concretezza politica.

Cioè, fino a quando Bruxelles non sarà altro che un’unione doganale e monetaria incapace di sviluppare una sua identità politica e strategica. Anzi, la Russia di Vladimir Putin ha già dimostrato di saper cercare il dialogo con quelle realtà continentali maggiormente aperte allo scenario multilaterale. Si veda la Germania, per motivi strettamente economici. E l’Italia, attraverso una relazione politico-strategica già più strutturata, incentrata sul progetto South Stream, che potrebbe rivelarsi importante nell’equilibrio balcanico.

Due sono però gli aspetti che preoccupano Mosca. Il primo è appunto lo stretto rapporto fra UE e Nato. Dal 2004 al 2009, lo sviluppo del processo di integrazione europea è coinciso con gli ingressi nell’alleanza atlantica di gran parte degli stati dell’ex patto di Varsavia. Se ciò dovesse verificarsi anche per la Serbia, l’accerchiamento occidentale alla potenza russa diverrebbe non solo strategico-militare, ma quasi simbolico. Per Mosca significherebbe l’addio alle pretese egemoniche sul mondo ortodosso e la recisione, ancora una volta, del legame con il mito della Terza Roma.

L’altro punto si chiama appunto Ankara, o meglio Istanbul. In un’ottica multipolare, la Turchia era divenuta un obiettivo di partnership meridionale molto concreto per Putin. È opportuno ricordare che lo stesso progetto South Stream, opposto a quello euroamericano Nabucco, dal 2009 prevede proprio nella Turchia uno snodo essenziale. Qualora l’Ue, la Nato e le Nazioni Unite dovessero mai integrare a sé la Serbia, uno dei simboli delle difficoltà di relazione fra mondo europeo e musulmano, il preludio ad un riallinamento turco, auspicato da tutti gli ambienti istituzionali europei, sarebbe piuttosto chiaro. Con grande disappunto di Mosca, circondata ad est e a sud.

Da questo punto di vista, la perdita di Belgrado e l’indipendenza del Kosovo, rappresenterebbero per la Russia un precedente significativo teso alla disintegrazione dell’identità europea ortodossa e al definitivo inserimento delle realtà musulmane dell’Asia minore e centrale (Cecenia su tutte) nel quadro geopolitico statunitense. Ancora una volta, Belgrado sarà il centro di interessi globali pronti a scontrarsi.


* Giacomo Petrella è dottore in Scienze internazionali e diplomatiche (Università degli Studi di Genova)

mardi, 05 octobre 2010

Les portes de l'UE sont grande ouvertes

Dietmar HOLZFEIND :

Les portes de l’UE sont grande ouvertes

 

Un rapport interne de l’UE le révèle : 900.000 illégaux pénètrent chaque année dans l’Union !

 

Lega-Nord-Abbiamo-fermato-linvasione.jpgUn document interne de l’Union Européenne révèle sans ambiguïté ce que la classe politique dominante cache à la population européenne. L’immigration vers l’Europe est de plus en plus forte, le débordement menace. Le chiffre des illégaux atteint des proportions vertigineuses. Ainsi, le nombre d’illégaux est estimé à 900.000 personnes par an. Si l’on ajoute à cela le chiffre de l’immigration légale, on peut dire, comme Andreas Mölzer depuis 1991 sur le ton de la sombre prophétie, que l’on assiste carrément à un remplacement accéléré de la population européenne par de nouveaux arrivants (à une « Umvolkung »). Les calculs, qui prévoient qu’en 2050 les immigrants récents seront plus nombreux que la population de souche dans certains pays membres de l’UE, doivent désormais être révisés, sur base des connaissances nouvelles que révèle ce rapport, et la date fatidique de 2050, avancée de quelques années.

 

L’étude, qui plus est, établit un rapport direct entre cette immigration vers l’Europe et le développement hors proportions de la criminalité organisée et du trafic de stupéfiants. L’UE offre une plateforme attirante pour les criminels, explique le rapport, parce qu’y vivent des citoyens relativement aisés, parce qu’il y règne une économie libre de marché et surtout parce qu’on y trouve une liberté de circulation pour les personnes, inexistante ailleurs. Jadis, tous ces éléments favorables à une immigration débridée étaient freinés sinon annulés par les contrôles frontaliers nationaux. Après la signature des accords de Schengen, la situation a changé radicalement : des plaques tournantes pour les trafics d’êtres humains, pour l’immigration ou pour les négoces illicites se sont aussitôt constituées aux frontières de l’Union.

 

La crise économique et financière, provoquée par les Etats-Unis et les spéculateurs internationaux, une crise qui est loin d’être terminée, a contribué partiellement à augmenter encore la pression démographique sur l’Europe. L’étude révèle que la Turquie, pays candidat à l’adhésion à l’UE, est devenue le principal pays de transit pour les illégaux. Au départ de la Turquie, en effet, les immigrants arrivent sur le territoire de l’Union par la Grèce, la Bulgarie ou Chypre. 75% de toutes les arrestations d’immigrants illégaux se font en Grèce. Ce fait démontre, plus que tout autre, que la Turquie, qui, depuis des années, perçoit des millions d’euro au titre d’une « aide à l’adéquation », n’est vraiment pas encore mure pour l’adhésion. A l’évidence, ces sommes d’argent ne sont pas utilisées à bon escient. Car, ne l’oublions pas, la Turquie est aussi le principal pays par où transite le trafic d’héroïne vers l’Europe.

 

Les contrôles effectués aux frontières extérieures de l’UE sont tout, sauf efficaces. On peut encore lire dans le document, dont question, que le nombre d’arrestations d’illégaux a fortement augmenté à l’intérieur des frontières de l’UE et que ces arrestations se font alors que ceux-ci circulent à bord d’automobiles ou de camions, ce qui atteste que les véhicules sont mal contrôlés au moment où ils entrent dans l’UE.

 

La falsification de documents préoccupent grandement les fonctionnaires qui ont rédigé cette étude sur l’immigration illégale. Ils ont constaté que de plus en plus d’actes de naissance ou de documents similaires sont falsifiés, afin d’obtenir des visa temporaires, aussi via de fausses invitations pour des manifestations sportives ou des séjours d’étude. Conséquence de ces falsifications : les personnes qui utilisent de tels faux en écriture resteront plus longtemps à l’intérieur des frontières de l’UE. D’après les calculs établis par l’agence de protection des frontières, Frontex, ces pratiques entrainent plus de 350.000 séjours illégaux par an. 

 

Ce document interne de l’UE s’en prend très nettement aux escroqueries que permet le droit d’asile. A l’aide de documents falsifiés, bon nombre d’immigrants obtiennent l’asile politique et, par suite, peuvent bénéficier frauduleusement des allocations sociales. Les systèmes sociaux bien structurés de certains pays de l’UE constituent par conséquent un pôle d’attraction pour les illégaux. La liste des fraudes peut être allongée à l’infini et les auteurs du document ne s’en privent pas ; cependant, le regard bref que nous y lançons dans le présent article, devrait suffire à étayer les arguments des partis populistes et patriotiques et à balayer le reproche qu’on leur adresse habituellement, celui de répandre des propos alarmistes ou haineux, alors que, jusqu’ici, avant la rédaction de ce rapport officiel de l’UE, ils ne dénonçaient finalement que la partie émergée de l’iceberg. Il faut pourtant ajouter que la rétention de telles informations et de pareils documents, qui ont été distribués et lus dès le mois de mai de cette année 2010 dans tous les départements de l’UE, constitue le véritable et le seul scandale en la matière : la classe politique dominante s’est une fois de plus discréditée.

 

Pour lire le document original, dont nous n’évoquons ici que les grandes lignes, on peut se rendre sur le site personnel du député européen de la FPÖ autrichienne, Andreas Mölzer : http://www.andreas-moelzer.at/

 

Dietmar HOLZFEIND.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°39/2010 ; http://www.zuzeit.at/ ).   

samedi, 06 mars 2010

Althusius' Societal Federalism: A Model for the EU?

Althusius’s Societal Federalism:

A model for the EU?

althusiuelf0002_figure_001.jpgMany supporters of the European integration strongly believe in a kind of federalism that would be closer to European citizens, more transparent, and more representative of Europe’s plurality of communities than is the case under the current form of the European Union. The problem obviously arises in the moment when it is necessary to pin down these abstract proposals to a more concrete federal model that would embody them. This article will try to show that when approaching this task, we can gain much if we explore the very roots of the federalist thought as they are found in the work of an early modern political thinker Johannes Althusius. As we will discover below, Althusius’s federalism presents a ‘bottom-up’, dynamic, participatory, consensual, and solidarist alternative to that static federal model, which is popular in our modern times.

Let us first briefly start with the life of Johannes Althusius (1557-1638) himself. Besides being a jurist and prolific Calvinist political thinker, Althusius was engaged in active politics of the city of Emden. As a syndic of that city, he had become the main instigator of the arrest of the city’s provincial lord, count of Eastern Frisia, by Emden’s city councillors that transpired on 7 December 1618. Althusius vigorously defended the councillors’ decision as a ‘legitimate act of self-defence and resistance’ against the provincial lord’s infringements on the city’s rights, considering it an ultimate resolve ‘warranted under every natural and secular law’.[1] As will become apparent with the discussion of his work, the right of resistance to tyranny of a government that does not respect the rule of law is a key part of his federal thought.[2] His most famous work Politica Methodice Digesta (Politics Methodically Digested, first published in 1603), which will be taken here as the main source of Althusius’s federal thought, in a similar vein justifies the right of the Dutch provinces to secede from the crown lands of the Spanish ruler.

Nevertheless, we would do injustice to Althusius’s work if we thought that his federalist thought consisted only of the effort to defend the rights of cities or provinces against tyrannical rulers. Quite the contrary. Althusius, as a witness to wide scale social changes of the early modern period, primarily strove to strike a balance between individual freedoms and responsibilities coming from shared communal belonging. On the one hand, people at the beginning of the 17th century were no longer as tied to their place of birth as in the medieval times, and especially bourgeoisie was becoming increasingly emancipated from the nobility. On the other hand, newly acquired freedoms did not lead people to perceive themselves as lone individuals and they retained the older idea of considering themselves citizens with mutually binding responsibilities. Althusius’s model of ‘bottom-up’ societal federalism was meant to provide such an answer to a potential clash between demands of private associations and smaller political communities, and more encompassing political bodies such as province or realm. Besides the rights of communities, Althusius therefore to the same extent defends the necessity of inter-communal cooperation and solidarity. We will now move on to discuss Althusius theoretical assumptions on the nature of society, which serve as the pillar of his unique kind of federalism.

The Consociation as the Basic Element of Societal Federalism

Similarly to other political thinkers, Althusius starts Politica Methodice Digesta by explaining his philosophical presuppositions. In the first chapter, Althusius names consociatio as the basic element of society. More precisely, by this term Althusius understands a partially autonomous community that comes into existence through a social compact freely agreed between persons or consociations, thus uniting them into a new social whole.[3] Every human community is such a consociation: they are not just of public nature (as city, province, or realm are), but also private, including families, kinships, guilds, and professional colleges.

This particular theory of social contract is based on Althusius’s observations of the social nature of human beings. Although he does not deny aggressive or selfish impulses present in the human nature, he nevertheless believes, very much in the Aristotelian spirit, that all humans are just as well endowed with ‘the instinct for living together and establishing civil society’.[4] Human beings are ‘symbiotes’—they have natural capacity to form cooperative unions with other human beings. Notwithstanding whether this social compact is concluded tacitly or explicitly, it comes from the general human need to share ‘whatever is useful and necessary’ for their life, that is, goods, services, and rights. Every consociation first comes to existence only because there are persons who are able to see beyond their immediate individual interests and are willing to contribute to the welfare of an integrated and interdependent social whole. The act of founding of a consociation is an act of decision: every consociate expresses that he sees some common, higher values and needs that he might share with other human beings. Thus, the modern liberal idea of considering human beings atomised individuals only capable of maximising their personal interest is rejected by Althusius from the start. Symbiotes – be it persons or consociations – come together to consensually form a consociation ‘for the common advantage of the symbiotes individually and collectively’.[5] Pure self-interest (Rousseau’s l’amour propre) alone would never allow them to form any consociation with mutually shared responsibilities in the first place. Indeed, as it was already noted above, in the Althusius’ time it still remained an unquestioned assumption that citizens should contribute to the common good of the community.[6]

It therefore might not be surprising that sharing of material resources and services is an intrinsic part of the consociation building—because it provides ‘hard’ material basis for the day-to-day functioning of the consociation, that is, for the subsequent communication of other goods, services, and rights within the community. In sharing their resources and services, consociates do not rely on the centralistic administrative apparatus of the state – the activity is entirely in their own hands and it is also up to them to secure the communication of goods, rights, and services politically. Althusius’s thought thus contains a remarkable and untraditional ‘socialist’ element. As Thomas Hueglin notes, ‘such considerations are socialist because the distribution and use of scarce resources is not left to the highest bidder but remains under co-operative control’.[7] Furthermore, it is untraditional, because even though it emphasises collective good, it is not collectivist. It is dependent on the previous consent of symbiotes deciding which services should be delegated to the level of their consociation and which should be retained by lower consociations. In those areas where the consociation members decide that they have common interest, public property, conduct of public works, and voluntary charity are the ultimate acknowledgments of their long-term shared interests.[8]

The Consociational Government

After this brief exposure to Althusius’s general theory of consociations, the reader might rightly ask where does politics and federalism in particular have a place in all this. Althusius’s answer is strikingly simple: politics is the process of consociation building, and federation (or rather, as we will see, federalising) is the result of this perpetual process. We can easily ascertain this assumption from the following quote, where Althusius defines politics as

the art of consociating men for the purpose of establishing, cultivating and conserving social life among them. It is also called “symbiotics.” The subject matter of politics is therefore consociation, wherein the symbiotes pledge themselves, each to the other, by an explicit or tacit pact, to the mutual communication of whatever is useful and necessary for the exercise and harmony of social life.[9]

Almost by definition, the participation in a consociation requires active political engagement of the symbiotes in the continuous process of community building and renegotiation: communication of goods, rights, and services. As it was mentioned already above with regard to the sharing of material resources, it is only the political decision of the symbiotes that decides on the functional scope of the consociation. The consociation is therefore founded by a social compact of symbiotes. Interestingly enough, the social contract is for Althusius present at the basis of both private and public consociations. Although private and public consociations clearly differ in their purpose, as private consociations have particular, limited aims, such as economic gain, or perpetuating kinship relations, they share with public consociations the same consociational element: the communication of goods, rights, and services between their members. In this sense, both are all ‘political’.[10] Althusius was clearly not a modern feminist arguing for the politicisation of private life, nevertheless, he acknowledged that husband and wife form a consociational partnership, where each partner of the ‘contract’ shares his or hers particular resources for the benefit of a higher whole, i.e. the family. Althusius, although not dismissing the distinction between public and private as the distinction between limited and shared aims, rejects the modern limitation of the political to the public sphere. It is this communicative political element that is present in all consociations that allows the city, as the first public consociation Althusius considers in his work, to emerge as a consociation of private consociations in the first place.

When dealing with Althusius’s theory of social contract we have to furthermore distinguish it from the theories of other social contract thinkers such as Thomas Hobbes. As can be clearly seen from the discussion above, parties to the consociational contract of Althusius are not giving up all their political rights and freedoms to an all-powerful legislator (leviathan). The created consociation has clearly defined functions and purposes, which are decided by unanimity by its constituting members. The ‘politics’ of establishing of a consociation, and of renegotiation of its functional scope (i.e., what would be today constitutional amendment) is therefore distinguished from the administration or governance of that consociation. ‘True’ politics is the communication of goods, rights, and services between symbiotes: a permanent process of consociation building and renegotiation of its tasks. Administering the concluded common affairs comes only afterwards, as ‘second-order’ politics that has as its task the enactment and enforcement of communally agreed rights and duties. The government of a consociation has as its purpose the administration of the commonwealth commissioned by the people. In other words, the contract with the government, which by signing promises to uphold the consociations’ laws, is therefore only a part, although a crucial one, of the previously concluded social pact. As Thomas Hueglin remarks,

the sphere of governance and power is defined as part of the process of communication, and not a regulatory superstructure with an entirely different logic of social intervention. Political community, in other words, is a common social enterprise including all essential cultural, economic, and political activities.[11]

Maintaining the order and authority is an essential part of every social compact, but the government cannot wilfully decide on those issues, which were not explicitly delegated to its authority by the consociation as the organised body of the people as a whole. The sovereign is not absolute, he always rules according to law and his only ‘purpose is to co-ordinate and regulate that community’s process of communication. It is not to prescribe its goals and aspirations in any absolute or uncontrolled way.’[12] People never at any point give away their sovereign rights to the government—as the respect for their laws is always the source of the government’s legitimacy—they only delegate to the government the conditional authority required for the management and enforcement of the community’s laws.

Every consociation’s political representation therefore consists of two levels, which would be relatively close to the modern understanding of legislative and executive. The first level consists of elected representatives, who in the council represent the consociation as the organised body of the people as a whole, that is, as a consociation of smaller consociations, who united into that consociation for the common purpose. They enact new laws, to which the sovereign is bound, renegotiate the terms of the original consociational contract, and hold the executive accountable for his actions. In the worst of all cases, they can even depose the ruler from the office. In the majority of their decisions, they exercise their powers as a collegium, that is, collectively through the means of a majority vote. In this role, as Althusius notes, ‘the administrators and rectors of the universal symbiosis and realm represent the body of the universal association, or the whole people by whom they have been constituted.’[13] It is crucial not to misunderstand the point here as these representatives do not represent the ‘demos’ in the common way of understanding it (i.e., as a community of individuals), but only the organised body of the people. Althusius once again goes beyond mere individualism and collectivism when he underlines that the council of representatives neither embodies the general of the people une et indivisible (J.-J. Rousseau), nor a mere association of private wills (liberal democratic thinkers). They embody the common will, but this will is the product of plurality of communities, whose reason for participating in the consociation is the long-term desire to overcome individual differences. The purest manifestation of this consociational desire is the willingness to use a majority vote in those matters, on which individual consociations previously decided as being the common values and interests their consociation will share. Only when decisions would concern these constituent units individually, as in the case of constitutional amendment, the council would be once again required to decide unanimously or perhaps by a qualified majority vote.

The magistrate or a body of administrators elected by the council of representatives forms the second level of the political representation. They preside over the council’s meetings, enact and enforce its laws and have higher authority than any of the councillors taken individually, but are ultimately subject to the council’s will when taken collectively. The magistrates are responsible to the council and in turn, the council representatives are responsible to the constituent communities of the consociation. We will now proceed to further discuss this system of political representation in relation to Althusius’s proposals for the federal constitution of the polity.

Federalism – Federalising Consociations

In the previous two sections of this text, we have been trying to expose the ‘societal’ element of Althusius’s societal federalism. Politics was shown to be a process of consociation building as it establishes and renegotiates the terms of the communication of goods, rights, and services of a consociation. Consequently, governance is the administration and enforcement of the essential laws agreed by the lawful representatives of the consociation, as by the organised body of the people. Our following task will be to elaborate how Althusius’ theory of consociational politics enables him to develop a unique theory of ‘ascending’ (or ‘bottom-up’) federalism.

Firstly, let us highlight that for Althusius, consociations are not generally constituted by individuals—but by other communities. Perhaps only the family, as the basic social unit, might be said of consisting of individuals. Nevertheless, strictly speaking, even here we do not find socially alienated selves, but a husband and wife: persons with distinctive roles, who share their specific qualities for the benefit of their children and the family as a whole. The association of several families then forms more inclusive private consociations, such as kinship groups, colleges, or guilds. A public consociation (universitas) for Althusius for the first time emerges when several private consociations join to form an inclusive political order (politeuma).[14] It is the first organised body of people, assembling itself through the exercise of ‘natural’ symbiotic right (jus symbioticum). This inter-consociational compact gives rise to the legal order of the city (jus civitatis). It is an organised public body created by families, kinship groups, various collegia, and guilds (collegia artificum), that is, private consociations, all living in the same locality. By the virtue of this consociation, the formerly private persons become citizens. For Althusius, this first public consociation has the pre-eminent political nature – it is here where for the first time people gather not merely in order to pursue their private goals – but to pursue common good. By this consociation, Althusius has primarily in mind the city (civitas), but he also acknowledges that villages or countryside have similar status as the city’s rural counterparts. It is also at this point that we can fully appreciate the ‘societal’ element in Althusius federalism. It is by this element that we can distinguish it from modern federal models—since Althusius includes non-territorial private consociations into his federal framework. It is the consociation of these more ‘primordial’ social units that creates the city as the first public consociation.

If we tie this up to our discussion of the political representation, we find that in the city it is the prefect or consul (or a collective body of administrators) that serves as the city’s government. Likewise, the senate exercises the role of the council of representatives of the organised body of the people of the city, making the prefect subject to its laws. Thus, Hueglin remarks that ‘things done by the senatorial collegium are considered as done by the whole city that the collegium represents.’[15] On day-to-day laws, the senate decides by a majority vote, but a more far-reaching consensus, or even unanimity, is required in those matters that touch the constituent consociations of the city individually, not collectively.

The similar structure of the political representation is mirrored by higher levels of the federal polity. In this vein, Althusius discusses the province and the commonwealth. Let us just briefly remark that at the provincial level the provincial lord has the same role as the prefect in the city and the estates or orders (ecclesiastical, and secular, which themselves consist of nobility, burgers, and agrarians) fulfil the same duties as the senate. Again, it is the orders taken together that represent the organised body of the people of the province and the provincial head, although their superior in terms of political authority, is bound to the laws in his decision-making. The duties to be performed at the provincial level are to be first decided by the mutual consent of all the symbiotes, as they are represented in the provincial council gathering the provincial orders.[16] Exactly the same principles apply to the commonwealth, which unites several provinces, represented by the universal council of the realm and the commonwealth’s supreme magistrate.

We can see that at every level of the organised body of the people there is the same pattern of dual political representation. The councillors not only represent the common will of the consociation as such through the exercise of a majority vote, but they are also magistrates of lower communities that constitute the consociation. Their role is to be delegates of these lower consociations and as these delegates, they are bound to respect the common will of their own consociation and represent it in the higher council accordingly. Althusius’ federal polity is therefore

a kind of co-sovereignty shared among partially autonomous collectivities consenting to its exercise on their behalf and within the general confines of this consent requirement.[17]

Thus even the representatives remain ultimately ‘constrained by their oath of loyalty’ to the organised body of the community. Althusius explains this at some length in the Chapter XVIII of his book, it is worth to quote him at some length:

The people first associated themselves in a certain body with definite laws (leges), and established for itself the necessary and useful rights (jura) of this association. Then, because the people itself cannot manage the administration of these rights, it entrusted their administration to ministers and rectors elected by it. In so doing, the people transferred to them the authority and power necessary for the performance of this assignment, equipped them with the sword for this purpose, and put itself under their care and rule.

It is therefore difficult to speak of the division of powers between legislative and executive when dealing with Althusius’ societal federalism: a magistrate at every level of this federal polity might be at the same time a mandated legislator at the council one level higher. The universal council of the realm gathers provincial magistrates, who are in turn politically responsible to their provincial councillors. Nevertheless, taken collectively as the universal council, they form a ‘legislative’ body that promotes the interests of the organised body of the people as a whole and the supreme magistrate is for his actions accountable to this council.

A Model for the European Union?

Althusius’s societal federalism could be discussed at much greater depth, but due to the constraints of available space, we have to move on to briefly consider the applicability of Althusius’s proposals to the EU. On the first sight, the EU to a certain extent already functions according to Althusius’s federal model. Both the EU Council and the Council of Ministers largely function on the principle of inter-governmental bargaining, with the requirement of unanimity on ‘constitutional’ principles and majority or qualified majority voting for the issues of collective interest. A crucial difference lies however in the fact that national governmental representatives can be only weakly controlled by their national parliaments. Furthermore, national parliaments themselves have not been federalised from below by towns, cities, and regions. The line of political accountability is therefore broken and citizens have limited means of holding their representatives accountable except for limited amount of periodical elections. The keen reader might observe that for Althusius there would be no role for the European Parliament: there would be no ‘demos’ at the European level to be represented, if speak of it in terms of individuals, but only a common will to consociation of European nations or regions. We might return to this very interesting topic in one of the future articles.

Summary

Althusius’s societal federalism gives us a picture of a dynamic federal polity that integrates society from bottom-up. It starts at the level of families and private non-territorial consociations, which constitute its societal or horizontal element, than continues through the city as its first locus of public power, and ends at the level of universal commonwealth. The consociations in this federation dynamically reorganise themselves, renegotiating their values and interests. Each level of the federal polity is constituted by a council of representatives constituted by the delegated magistrates of the next lower level together with an magistrate or magistrates, who in turn represent the interests of this consociation at the next higher level of the polity.[18] In the final analysis, the whole political order is legitimate, when it functions as a representative consociation of consociations. If this model would be applied to the European Union, it might be able to deliver more pluralised governance, normative commitment to social solidarity, which would be however first subject to the consent of consociated members, and finally, popular control over the decision-making that would spring from the lowest levels of society to the highest level of Europe.

- Stanislav Maselnik


Endnotes:

[1] Quoted in Thomas O. Hueglin, Early Modern Concepts for a Late Modern World: Althusius on Community and Federalism (Waterloo, Ontario: Wilfrid Laurier University Press, 1999), 15. The original source is Heinz Antholz, Die politische Wirksamkeit des Johannes Althusius in Emden (Cologne: Leer, 1954).

[2] The right of resistance against unlawful decisions of government is also something that makes his work close to other early federalist thinkers, notably John C. Calhoun (1782–1850). Calhoun, in the so-called Nullification Crisis, got himself into a very similar situation as Althusius in Emden – he supported American states’ rights against their infringement by the US federal government. See J. K. Ford, Jr., ‘Inventing the Concurrent Majority: Madison, Calhoun, and the Problem of Majoritarianism in American Political Thought’, The Journal of Southern History, 60 (1994), pp. 19-58.

[3] Hueglin, Early Modern Concepts for a Late Modern World: Althusius on Community and Federalism, 86.

[4] Quoted in Ibid., 87.

[5] Quoted in Ibid.

[6] Indeed, even Adam Smith in his On the Wealth of Nations and Bernard Mandeville in The Fable of the Bees in the 18th century still justified their early free market economic theories by claiming that maximal economical freedom will ultimately be for the benefit of the community as a whole. See for example Emma Rothschild, ‘Adam Smith and the Invisible Hand’, The American Economic Review, 84 (1994), pp. 319-322.

[7] Hueglin, Early Modern Concepts for a Late Modern World: Althusius on Community and Federalism, 94.

[8] Althusius for instance mentions that the city should have the oversight over the following range of public services: all public political buildings, security, temples, theatres, courtyards, roads, ports, bridges, granaries, water mills, public water systems, and ‘other public works’. See Johannes Althusius, The Politics of Johannes Althusius (Boston: Beacon Press, 1964), chap. V-VI, http://www.constitution.org/alth/alth.htm.

[9] Ibid., chap. 1.

[10] Hueglin, Early Modern Concepts for a Late Modern World: Althusius on Community and Federalism.

[11] Ibid., 95.

[12] Ibid., 98.

[13] Althusius, The Politics of Johannes Althusius, chap. XVIII.

[14] Ibid., chap. V-VI.

[15] Ibid.

[16] Althusius suggests seven general areas of these duties, which may indeed be delegated to the level of commonwealth, if necessary: ‘(1) the executive functions and occupations necessary and useful to the provincial association; (2) the distribution of punishments and rewards by which discipline is preserved in the province; (3) the provision for provincial security; (4) the mutual defence of the provincials against force and violence, the avoidance of inconveniences, and the provision for support, help, and counsel; (5) the collection and distribution of monies for public needs and uses of the province; (6) the support of commercial activity; (7) the use of the same language and money; and (8) the care of public goods of the province’, Ibid., VII-VIII.

[17] Hueglin, Early Modern Concepts for a Late Modern World: Althusius on Community and Federalism, 4.

[18] Ibid., 142.