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mercredi, 03 décembre 2008

OTAN: l'immixtion globale

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Archives de "Synergies Européennes" - 1999

La nouvelle doctrine de l’OTAN : l’immixtion globale

 

Que l’on ne se fasse pas d’illusions : la guerre dans les Balkans n’est qu’un début. Les « interven­tions huma­ni­tai­res », comme celle qui vient d’avoir lieu en Yougoslavie seront monnaie courante dans l’avenir. Ces inter­ven­tions tous azimuts constituent vraisemblablement la nouvelle doctrine de l’OTAN, qui fête ainsi son cin­quan­tième anniversaire. Pourtant, il y a un demi siècle, l’Alliance At­lan­tique se voulait exclusivement un pacte de défense, fondé pour contrer la menace communiste. Aujourd’hui ce principe de défense est caduc, faute de com­munisme. Les nuées de chars d’assaut de l’Est, prompts, disait-on, à foncer vers l’Atlantique en 48 heures, n’exis­tent plus. Que fait l’OTAN, devant cette nouvelle donne ? Elle se mue en gendarme du monde !

 

Le glas sonne pour l’ONU

 

Le principe de défense n’est plus qu’une référence marginale dans la nouvelle doctrine de l’OTAN. Les stratè­ges de Bruxelles et du Pentagone pensent désormais en de nouvelles catégories et élaborent de nouveaux scé­na­rii. Pour l’avenir, il suffira de constater des « actes de terreur », des « sabotages », une « interruption dans le trafic de ressources vitales » ou des « mouvements in­con­trôlés de grands nombres de personnes, surtout s’ils sont la conséquence de conflits armés », pour mobiliser l’Alliance. Dans le futur, l’OTAN entend entrer en ac­tion pour « éviter » et « apaiser » des situations de crise. Mieux : la simple « stabilisation et la sécurité de l’es­pa­ce euro-atlantique » suf­fisent comme motifs d’intervention. C’est un blanc-seing pour intervenir dans tous les coins du glo­be. Rien de plus, rien de moins.

 

Jusqu’ici, il fallait, du moins formellement, un mandat des Nations-Unies pour autoriser l’interven­tion de l’Al­lian­ce. Cette restriction est désormais également caduque. Dans le texte fondant la nouvelle stratégie de l’OTAN, présenté à Washington en avril, les interventions de l’Alliance doivent simplement se référer aux prin­ci­pes de bases de la Charte de l’ONU et être en accord avec ceux-ci. Mais cette stipulation n’est pas con­trai­gnante. L’ONU ou l’OSCE ne doivent plus servir que comme « baldaquin » à des opérations communes, selon les cas qui se présentent. L’important, c’est que tous les pays membres de l’OTAN marquent leur accord. En con­sé­quence de quoi, l’Alliance, en pratique, peut frapper à tout moment n’importe quel pays-cible. A juste titre, l’iré­nologue de Hambourg, Hans J. Giessmann, écrit dans le quotidien berlinois taz, que « le glas a sonné pour l’ONU » et avertit ses lecteurs : «Ceux qui affaiblissent le baldaquin juridique qu’est l’ONU, sont co-respon­sables des conséquences. L’OTAN (…) pourra certainement empêcher certains Etat de faire ce qu’elle se réser­ve, elle, le droit de faire. Si la naissance de la nouvelle OTAN signifie l’enterrement de l’ONU, la conséquence, pour le monde, c’est qu’il n’y aura pas davantage de sécurité au niveau global, mais moins ».

 

On peut en conclure que l’objectif actuel de l’OTAN n’est pas d’augmenter la sécurité sur la surface de la pla­nè­te. Partout où l’OTAN est intervenue ces dix dernières années sous l’impulsion dé­ter­mi­nan­te des Etats-Unis, nous n’avons pas un bonus en matière de sécurité, mais un malus ; la stabilité est en recul, l’insécurité en crois­sance. Quant aux « droits de l’homme », prétextes de la guerre en Yougoslavie, il vaut mieux ne pas en par­ler.

 

Terreur contre les populations civiles

 

Prenons l’exemple de l’Irak : ce pays était l’un des plus progressistes du monde arabe ; il possédait un excellent système d’enseignement et une bonne organisation de la santé ; le régime baathiste était laïc et le régime de Saddam Hussein accordait davantage de libertés citoyennes que les autres pays arabes. Depuis que le pays est sous curatelle de l’ONU et est bombardé chaque semaine par l’aviation américaine (sans que l’opinion publique mondiale y prête encore attention), rien de ces acquis positifs n’a subsisté. Cette ancienne puissance régionale est tombée au niveau d’un pays en voie de développement, où règnent le marché noir, la corruption et l’état d’exception. Vous avez dit « droits de l’homme » ? Vous avez dit « stabilité » ?

 

Prenons l’exemple de la Yougoslavie : lors de son intervention dans ce pays, l’OTAN, appliquant sans retard sa nouvelle doctrine, a renoncé dès le départ à tout mandat de l’ONU et a bombardé pendant des mois un pays européen souverain, faisant ainsi reculer son niveau de développement de plusieurs décennies. Ici aussi apparaît l’ectoplasme des « droits de l’homme », que l’on défend soi-disant. On nous transmet des images de ponts détruits, de fabriques, de chemins de fer, de stations de radio et d’innombrables bâtiments civils bom­bardés, pulvérisés par les bombes ou les missiles de l’OTAN. Même CNN n’est plus en mesure de « retoucher » les photos ou les films. Début mai 98, à l’aide de nouvelles bombes au graphite, les pylônes de haute tension et les usines d’électricité de Belgrade et des environs ont été détruits, coupant l’électricité et l’eau à de larges portions du territoire serbe. A Bruxelles, les porte-paroles de l’Alliance annonçaient avec un effroyable cynisme que l’OTAN était en mesure d’allumer et d’éteindre la lumière en Yougoslavie. On peut se de­man­der quels ont été les objectifs militaires poursuivis par l’Alliance dans ces coupures d’électricité ? Les porte-paroles de l’OTAN ne répondent à cette question que par le silence. L’armée yougoslave, elle, dispose de ses propres générateurs qui, à l’instar des carburants militaires, sont profondément enterrés dans le sol, comme en Suisse. Seule la population civile subit des dommages.

 

Jamais plus la Yougoslavie ne sera la même après la guerre du Kosovo. Son appareil militaire sera affaibli (ce qui réjouira sans nul doute deux pays voisins : la Croatie et la Hongrie), mais aussi son économie et ses infra­struc­tures. On évalue d’ores et déjà que la Yougoslavie a été ramenée au ni­veau qu’elle avait immédia­tement après la seconde guerre mondiale. Les planificateurs de l’OTAN songent déjà à haute voix à détacher le Kosovo de la Serbie et à occuper cette province, à installer là-bas un pro­tec­torat avec la présence d’une armée inter­nationale. Or la République fédérative de You­­go­slavie est un Etat souverain…

 

L’enjeu réel de l’intervention dans les Balkans

 

Dans les Balkans, après l’intervention de l’OTAN, la paix ne reviendra pas et la stabilité politique sera pro­fon­dé­ment ébranlée. Répétons-le : il ne nous semble pas que la stabilité et la paix soient dans l’intérêt des stra­tè­ges de l’OTAN. Quel est alors l’enjeu réel ?

 

On aperçoit les premiers contours de l’ordre politique qui devra régner dans les Balkans sous la férule de l’OTAN. Parallèlement à l’élimination de la puissance régionale qu’était la Serbie, les Etats-Unis reviennent en Europe par le Sud-Est. Cette démarche est impérative pour les Etats-Unis, car sur la côte pacifique du bloc con­tinental eurasien, les Américains reculent. Des penseurs stra­tégiques comme Henry Kissinger et Pat Bu­chanan ont constaté que la Chine, renforcée, sera le futur concurrent de Washington dans cette région. Les per­tes en Asie doivent dès lors être compensées par une avancée stratégique en Europe.

 

Ensuite : les nouveaux partenaires junior des Etats-Unis sont (outre les satrapies européennes ha­bi­tuel­les, dont l’Allemagne), les Turcs. Un contingent turc est présent au sein de la force inter­na­tio­na­le de « paix » au Kosovo. En ayant mis hors jeu la puissance orthodoxe serbe, l’Islam se voit ren­forcé dans le Sud-Est de l’Europe. Wa­shington joue à ce niveau un jeu clair : si l’Europe réussi son in­tégration, si l’espace économique européen s’a­vè­re viable, elle acquerra, bon gré mal gré, une puis­sance géostratégique qui portera ombrage aux Etats-Unis. Si­tuation inacceptable pour le Pen­ta­go­ne. Dans les tréfonds du subconscient européen, la menace islamique-ot­to­mane dans le Sud-Est du continent n’est pas vraiment oubliée. Délibérément, les Américains la réinstallent en Europe pour déstabiliser le processus d’unification européen : ironie et cynisme de l’histoire.

 

L’élargissement de l’OTAN a une odeur de poudre

 

La carte turque est un atout majeur des stratèges américains, également dans le domaine des ap­provision­nements énergétiques. Dans la partie de poker qui se joue en Asie centrale, l’enjeu est le pétrole, entre autres matières premières. Les futures zones d’exploitation se situent sur les rives de la Mer Caspienne et dans les ex-républiques soviétiques de l’Asie centrale musulmane et turco­phone. Dans un tel contexte, on ne s’étonnera pas que l’OTAN, depuis quelques années, s’intéresse à toute coopération militaire et économique avec les Etats de la CEI dans le Sud de l’ex-URSS. L’an dernier, les troupes de l’OTAN ont participé pour la première fois à des manœuvres au Tadjikistan. Ce n’est plus qu’une question de temps, mais, si le processus actuel se poursuit, les anciennes ré­pu­bli­ques musulmanes et turcophones du « ventre mou » de l’ex-URSS appartiendront en bloc à la sphè­re d’influence atlantiste, tout comme les anciens pays du Pacte de Varsovie et l’Ukraine.

 

On le voit clairement : l’Alliance atlantique s’est fixé de nouveaux objectifs planétaires. L’ancienne doctrine pu­rement défensive (en théorie…) est un boulet au pied de l’Alliance actuelle. En consé­quen­ce, l’Alliance se trans­forme en un système interventionniste global.

 

Quoi qu’il en soit : la sécurité ne sera pas de la partie au début du XXIième siècle. Les prochains conflits sont dé­jà programmés : avec la Chine, avec la Russie (complètement désavouée), avec tou­te une série de « méchants Etats » régionaux, que la propagande américaine dénoncera quand cela s’a­vèrera opportun et oubliera tout aussi vite. Hier, c’était l’Afghanistan et le Soudan, aujour­d’hui, c’est la Yougoslavie. Et demain ?

 

D’autres cibles possibles en Europe

 

Peut-être sera-ce le Sud de la France ou les nouveaux Länder de l’Est de l’Allemagne. Je ne blague pas. Com­me l’écrivait l’hebdomadaire d’information américain Time, il y a quelques mois, dans un numéro spécial, les stra­tèges de l’OTAN se soucient déjà de futurs « foyers de crise » en Europe. L’ancienne RDA et quelques villes du Sud de la France sont des cibles potentielles, car elles sont soupçonnées d’être d’ « extrême-droite ». Au Ko­sovo, l’OTAN bombarde parce que les « droits de l’homme » y seraient bafoués. Mais en Turquie, en Israël, à Ti­mor-est, en Indonésie, les droits de l’hom­me sont bafoués depuis des décennies, sans que l’Alliance n’in­ter­vient. Qui décide où tom­be­ront les prochaines bombes ?

 

La réponse est simple. Pendant cinquante ans, l’Alliance a été un instrument destiné à sécuriser les intérêts stratégiques des Etats-Unis. Rien ne changera dans l’avenir. En revanche, ce qui est nou­veau, c’est que le Grand Frère d’Outre-Atlantique définit ses intérêts au niveau global sans ver­go­gne depuis la disparition de l’en­nemi soviétique. Cela continuera tant que le monde acceptera ses ma­nières de cow-boy.

 

Organiser la résistance à l’hégémonisme US

 

Pourtant la résistance à la nouvelle doctrine de l’OTAN s’organise. Le Président de l’Académie russe des scien­ces militaires, le Professeur Machmoud Gareïev exprime ses réserves de manière succincte et concise : « Un nouvel ordre mondial apparaît : une petite communauté d’Etats occidentaux sous l’égide américaine entend dominer et dicter le cours des événements. Le message que cette com­mu­nauté nous lance est clair : ne dérangez pas notre cercle ». Le député socialiste allemand (SPD), Hermann Scheer, manifeste son scepticisme face aux ambitions globales de l’Alliance oc­cidentale. Il écrit à propos des zones de conflit qui se dessinent en Asie : « Les Etats-Unis tentent de contrôler politiquement cette région riche en ressources ; l’Alliance doit dès lors devenir l’escorte militaire des consortiums pétroliers et gaziers (…). L’élargissement de l’OTAN en Asie a une odeur de poudre. Nous devrions ne pas nous en mêler ».

 

Conclusion : la force des uns repose toujours sur la faiblesse des autres. L’hégémonie mondiale que concocte l’OTAN est possible parce que le reste du monde ne s’en est pas soucié. Pour cette raison, il nous apparaît urgent de forger des alternatives à la domination américaine et de leur donner une assise politique. Avec les élites établies, infectées par les virus de la banque et de l’idéologie mon­dialiste, un tel projet ne sera pas possible. En revanche, si des hommes et des femmes à la pen­sée claire, capables de tirer les conclusions qui s’imposent, agissant de Madrid à Vladivostok, l’al­ter­native sera parfaitement possible. L’Internationale des peuples libres : voilà le projet qu’il fau­dra élaborer pour le XXIième siècle.

 

Karl RICHTER.

(Nation-Europa, 6/1999; trad. franç. : Robert Steuckers).

samedi, 29 novembre 2008

Le Sénat tchèque approuve le déploiement d'un radar US

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ABM: le Sénat tchèque approuve le déploiement d’un radar US

Ex: http://fr.altermedia.info

Le Sénat tchèque (chambre haute du parlement) a approuvé jeudi, par 49 voix sur 81, le déploiement d’un radar antimissile américain sur le territoire tchèque.

Les sociaux-démocrates et les communistes ont voté contre le projet, présenté jeudi au Sénat par le premier ministre tchèque Mirek Topolanek.

Washington envisage de déployer en Europe de l’Est des éléments de son bouclier antimissile pour parer à d’éventuelles attaques venant d’Iran ou de Corée du Nord. Les Etats-Unis comptent ainsi installer un radar en République tchèque et dix missiles intercepteurs en Pologne. Moscou, se sentant menacé, a exprimé à plusieurs reprises son hostilité envers ce projet malgré les tentatives américaines visant à rassurer la Russie.

Malgré le feu vert du Sénat, c’est toutefois à la Chambre des députés (chambre basse du parlement) qu’incombe l’essentiel du processus de ratification, qui pourrait se prolonger jusqu’au printemps prochain.

Les projets de déploiement d’une base ABM américaine en République tchèque ont divisé la classe politique en deux camps. A la Chambre des députés, la ratification est soutenue par le Parti démocrate civil au pouvoir dans le pays, mais qui ne bénéficie pas de la majorité au parlement. Une partie des Verts, membres de la coalition dirigeante, s’opposent également au déploiement du radar. Le Parti social démocrate tchèque, principale force d’opposition, votera contre l’installation du radar. Les communistes tchèques se proposent également de voter “contre” et exigent de tenir un référendum sur cette question.

Selon les résultats de sondages d’opinion, les deux tiers de la population de la République tchèque sont hostiles à l’installation du radar ABM américain dans le pays.

jeudi, 20 novembre 2008

Croatie, OTAN et américanisation

Tomislav Sunic a enseigné les sciences politiques aux Etats-Unis. Il est l'auteur de Homo americanus: Child of the Postmodern Age.  Il travaille  actuellement sur son nouvel ouvrage : La Croatie : Un pays par défaut.

Il livre dans ce texte que nous reprenons, une analyse très intéressante.


Ex: http://antiotan.over-blog.com

La Croatie est un vrai laboratoire pour étudier le phénomène de l'identité mimétique pris au sens large. Ce petit État se prête idéalement à une bonne étude d'un pays «malgré soi» et de la façon dont l'américanisme  joue un rôle déterminant dans la formation de sa conscience nationale.  Dans une large mesure, la  symbolique identitaire et la mauvaise appréhension de l'Autre furent à l'origine du conflit serbo-croate. A l'époque, les nationalistes croates ne pouvaient se définir sans afficher leurs sentiments antiserbes; aujourd'hui, en raison de nouvelles données géopolitiques, on se demande s'ils peuvent fonctionner sans pour autant singer l'américanisme.


Toute société multiculturelle, comme l'ex-Yougoslavie l'a bien montré, est profondément fragile et risque d'éclater à tout instant. Le climat du faux semblant multiethnique était la marque déposée de la Yougoslavie titiste qui avait réussi à duper un grand nombre d'observateurs occidentaux. Or l'Amérique s'est toujours fichée éperdument du sentiment identitaire, des Serbes comme des Croates. D'ailleurs, elle a inlassablement répété tout au long de l'année 1991 qu'elle ne donnerait pas son aval à l'indépendance croate et ainsi fut donné le feu vert à l'agression de l'armée yougoslave contre la Croatie. En 2008, en revanche, cette même Amérique n'a pas hésité à miser sur les sentiments antiserbes des Croates pour crédibiliser le processus de création de l'état-avorton du Kosovo.
 
Cependant, avec la rapide américanisation de la Croatie par le biais de l'OTAN et de l'Union  Européenne,  l'identité nationale croate est plus ou moins vouée à disparaître. Il s'agit d'une érosion « soft » mais elle est gravissime.  Le meilleur vecteur de ce phénomène est l'Amérique elle-même, car ce pays fonctionne de moins en moins comme un État tandis que son idéologie multiculturelle  « à la yougoslave »  devient un bon substitut pour les anciennes identités nationales. En ce début du XXIe siècle, le processus d'américanisation fait des nouveaux États des Balkans  une grotesque décalcomanie de la lointaine Amérique.

En dépit du caractère bouffon de leur imitation de tout ce qui est américain, imitation dont ils sont très fiers, les Croates et leur classe politique ne s'en croient pas moins les meilleurs héritiers de l'américanisme. Les anciens fonctionnaires communistes croates sont, en effet, convaincus d'en être les plus dignes émules. «Voilà pourquoi les anciens apparatchiks communistes, » remarque Claude Karnouh,  « tant ceux des institutions politico-policières que de l'économie planifiée, se sont si facilement adaptés à l'économie de marché et se sont complus à brader sans vergogne le bien commun par des privatisations massives qui représentent, à coup sûr, le plus grand holdup du siècle sur la propriété collective ».
 
La perception fantasmée de  l'Amérique ne fait que renforcer l'expansionnisme américain. On a beau critiquer les USA pour leur prétendu hégémonisme dans les Balkans, force est de constater que c'est souvent la singerie à laquelle se livrent volontairement les peuples croate, bosniaque, slovène et albanais qui sert de tremplin aux appétits américains.  La servilité des élites  croates envers les élites américaines est en quelque sorte la conséquence logique de leur ancienne soumission à l'égard de leurs précédents maitres, vénitien,  hongrois ou autrichien. Il n'y a pas si longtemps, c'étaient Belgrade et les Serbes qui rendaient les Croates «plus yougoslaves» que les Serbes eux-mêmes ; aujourd'hui, ce sont diverses institutions américaines qui mènent la danse en coulisse.  Autrefois, il était de rigueur pour les communistes croates de faire le pèlerinage de Belgrade ; aujourd'hui ce sont  Washington et, le cas échéant, Tel Aviv qui servent de  lieux saints à leur nouvelle identité.

On s'aperçoit vite que l'identité de l'homo americanus ne diffère pas beaucoup de celle de son homologue ex-communiste, l'homo jugoslavensis. Après une première extase suscitée par la liberté et l'indépendance, les Croates sont en train de perdre toutes traces d'une souveraineté que même l'ex-Yougoslavie  avait su tant bien que mal préserver. Pour l'homme de la rue, l'américanisation est  toujours perçue comme une promesse de richesse. Si l'Amérique ne les avait pas séduits par son apparente opulence, la plupart des Croates seraient encore bien heureux de vivre dans la Yougoslavie communiste.  Par son effet négatif, le référent «communiste» a longtemps servi de puissant support au rêve américain.
 
Au fond, dans la Croatie d'aujourd'hui, les élites politiques et médiatiques se composent essentiellement d'apparatchiks communistes qui se sont convertis après la Guerre Froide en idéologues du libéralisme et de l'américanisme, et dont la démocratie importée d'Amérique se réduit souvent à l'incantation de termes comme «droits de l'homme» ou «marché libre. Cela semble aujourd'hui bien arranger les institutions supra-étatiques comme l'OTAN ou l'EU car celles-ci ne semblent intéressées que par un seul but, à savoir permettre aux entreprises d'Europe Occidentale et d'Amérique de s'approprier les principales richesses industrielles et naturelles du pays. En conséquence,  les élites américaines ne s'étonnent pas du tout de voir les nouvelles élites croates conceptualiser le rêve américain et occidental d'une façon très éloignée de la réalité. En effet, des pays balkaniques aux pays baltes, la majorité des politiciens est-européens se compose de fils et de filles de communistes qui, pour des raisons géopolitiques et technoscientifiques, se sont recyclés et convertis en farouches Américanophiles. Rétrospectivement, on peut se demander dans quelle mesure les ex-post-communistes croates croyaient vraiment en leurs anciennes divinités communistes. Reste à découvrir maintenant s'ils resteront longtemps fidèles à leur nouveau credo du marché libre façonné par l'Amérique.

Le Croate moyen est souvent en proie à des accès d'identité négative comme en témoigne l'histoire de ses relations avec ses voisins, Serbes, Hongrois, Italiens ou autres. La dernière influence en date est celle des Américains. En raison de leur manque d'identité étatique, les dirigeants croates, à l'instar des autres fonctionnaires est-européens, ont appris, il y a bien longtemps, à survivre grâce a l'usage immodéré de la langue de bois. Aujourd'hui,  ils vont bruyamment applaudir les Américains et le jour suivant, ils se mueront aussi facilement en antiaméricains primaires.  La loyauté civique, l'esprit d'initiative, l'engagement professionnel et l'indépendance économique sont presque inexistants. Dans la Croatie postcommuniste, l'idée s'est répandue que pour réussir dans le libéralisme moderne tel qu'il est prêché par l'Amérique, il faut être un escroc. Pour tous les Croates rompus à la pathogenèse communiste, la "frime" politique est un mode de vie.
 

L'impact de l'américanisme en  Croatie se révèle d'ores et déjà plus nocif que le legs du yougo-communisme. Force est de constater qu'au moment où la répression communiste battait son plein en Croatie communiste, les universitaires américains enseignaient la scolastique freudo-marxiste, tout en prenant le multiculturalisme yougo-titiste comme modèle social. Plus tard, quand la Yougoslavie est morte, ces mêmes professeurs américains ont  jugé nécessaire de remplacer leur discours marxiste par un discours libéral. Mais ils n'ont pas abandonné pour autant leurs anciens objectifs de promiscuité mondialiste. De leur côté, au lendemain de la Guerre Froide, les dirigeants croates avaient  cru qu'à l'aide de slogans pro-américains, ils ouvriraient la route à l'occidentalisme et se dédouaneraient ainsi de leurs péchés communistes. Ce fut surtout évident en 2000, lors de l'arrivée au pouvoir d'une équipe profondément inféodée aux intérêts américains. Dès lors, la servilité vis-à-vis de l'américanisme ne connut plus de bornes. Tout le monde s'est gargarisé en Croatie de mots tels que «croissance économique», «privatisation», «globalisation», et «intégration euro-atlantique», sans savoir au juste ce que signifiaient ces expressions. Or, cette phase d'américanolâtrie arrive lentement à expiration, laissant de nombreuses interrogations quant à l'avenir des Balkans. On ne peut pas totalement éliminer l'hypothèse de voir les Croates, guéris de l'expérience libérale « made in USA », se retourner soudain, et par défi, vers des leaders plus musclés. L'Amérique, telle qu'elle a fonctionné dans l'imaginaire croate, est loin de se concrétiser. Il reste donc aux Serbes et aux Croates à définir quel est vraiment leur ennemi principal...

Tomislav Sunic
 

vendredi, 10 octobre 2008

Budapest: la NATO a convegno per le strategie del futuro

Budapest: la Nato a convegno per le strategie del futuro

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Venerdi 10 Ottobre 2008 – 12:45 – Andrea Perrone - http://www.rinascita.info stampa

Budapest: la Nato a convegno per le strategie del futuro


La Nato prepara le sue nuove strategie a Budapest e chiede più soldi e militari ai Paesi membri, nonostante una crisi finanziaria che attanaglia tutte le economie nazionali. L’agenda del vertice prevede alcune trasformazioni dell’Alleanza Atlantica, per renderla adatta alle tattiche imperialiste del XXI secolo, e l’andamento delle operazioni dei soldati Nato dislocati in Afghanistan (Isaf) e Kosovo (Kfor). È inoltre prevista, per la prima volta a livello ministeriale, una sessione di lavoro della Commissione Nato-Georgia, costituita nello scorso mese di settembre.
Prima dell’apertura del vertice il capo dello Stato ungherese, Laszlo Solyom, e il primo ministro magiaro, Ferenc Gyurcsany, hanno avuto dei colloqui con il segretario generale della Nato, Jaap de Hoop Scheffer. Oltre a lui l’attuale capo dell’esecutivo ungherese ha incontrato anche il segretario della Difesa Usa, Robert Gates. Al centro dell’incontro fra i ministri della Difesa soprattutto la difficile situazione in Afghanistan, dove le forze Nato si trovano sempre più impantanate in una guerra senza uscita e dall’esito imprevedibile. Nei giorni scorsi Gates aveva chiesto agli alleati un aumento delle truppe, in vista delle elezioni presidenziali afgane nel 2009. A dividere la Nato era stata la richiesta, da parte di Stati uniti, Gran Bretagna e Canada, di estendere i poteri dei militari impegnati in Afghanistan per combattere il traffico di oppio, i cui profitti servirebbero – secondo loro – a finanziare i combattenti talibani. A questo progetto si sono opposte Spagna, Germania e Italia, poiché temono dei rischi aggiuntivi per i soldati Isaf e per la popolazione civile, che potrebbe essere coinvolta nelle operazioni contro il narcotraffico.
A chiarire meglio gli obiettivi della Nato è apparsa un’intervista rilasciata al quotidiano magiaro, Nepszabadsag, del segretario dell’Alleanza Atlantica, il quale non ha mancato di sottolineare che la Nato ha di fronte a sé delle “tremende sfide”, e a loro volta i membri dell’organizzazione devono prepararsi a condividere maggiormente i valori comuni per la difesa, nonché gli sforzi per modernizzare l’Alleanza.
“Abbiamo la necessità di creare una Nato per il XXI secolo, che è costosa ma rappresenta un processo inevitabile”, ha puntualizzato il segretario. Sono proseguiti poi gli scenari funesti che solitamente costituiscono i piani dell’organizzazione militare di Washington e il segretario della Nato ha osservato che è necessario “fare di più, non solo aumentando le spese militari, ma anche sviluppando l’efficienza delle forze”. Ossia nuove guerre per difendere e mantenere gli interessi dell’impero a stelle e strisce in tutto il mondo. “La crisi finanziaria globale premerà certamente sui bilanci nazionali, ma noi dobbiamo difendere i nostri valori congiunti e prepararci ad affrontare le sfide”, non ha mancato di aggiungere Scheffer, secondo il quale l’Alleanza dovrà essere presente per molti anni in Afghanistan. Più sfumati sono stati poi gli attacchi contro la Federazione russa, tanto che il segretario dell’Alleanza ha fatto marcia indietro rispetto alle dichiarazioni delle settimane scorse, affermando che Georgia e Ucraina non sono ancora pronte per entrare nella Nato: “Il summit di Bucarest ha già stabilito che saranno invitati in futuro. Non so quando”. Una minaccia soltanto procrastinata visto che il controllo dell’area contigua ai confini della Federazione continua ad essere uno degli argomenti preferiti dell’Alleanza Atlantica e degli Usa.

lundi, 06 octobre 2008

K. Radzimanowski over geopolitiek in Europa

Kersten Radzimanowski over geopolitiek in Europa

“Duitsland is door de NAVO, die door de USA gedomineerd wordt, in steeds sterkere mate van vazal tot knechtje van de Amerikanen verworden. In deze evolutie en dit verbond kan ik niet in de geringste mate iets positiefs zien. Het is duidelijk te zien, met welke zware druk de USA proberen om de opname van Georgië in de NAVO erdoor te drukken, om zo met het breekijzer haar belangen in de regio veilig te stellen. Nadat president Saakaschvili met zijn militaire offensief een fiasco leed, is het geween bij de USA en NAVO groot. (…) In de EU zijn het vooral Oost-Europese staten zoals Polen, maar ook Groot-Brittannië, Denemarken en Nederland die meer in de USA dan in het continentale Europa geïnteresseerd lijken. Dat is hun goed recht, maar dan moeten de basisfundamenten van de EU veranderd worden in een meer losse Statengemeenschap. Met een land als Groot-Brittannië of Polen die deelneemt aan een agressieoorlog aan de zijde van de USA, tegen het volkenrecht in, kan ik niet de zoveel geprezen waardegemeenschap erkennen.”

Dr. Kersten Radzimanowski, voormalig DDR-staatssecretaris voor Buitenlandse zaken, voormalig CDU-politicus, vandaag NPD-militant. Bron: Deutsche Stimme, sep. 2008, p.3

Het citaat toont de grote geopolitieke kwestie voor Europa aan het begin van de 21ste eeuw duidelijk aan: welk Europa willen wij? Een Atlantisch slaafje van de USA dat ons meesleurt in imperialisme om de Amerikaans-kapitalistische en zionistische belangen veilig te stellen, en daarbij Europeanen als kanonnenvlees gebruikt? Of een continentaal sterk Europa dat zelfstandig zijn eigen belangen kan verdedigen? N-SA kiest onomwonden voor het laatste. Als “Groot-Nederland” betekent dat wij nog meer in de Angelsaksische, Atlantische invloedssfeer terechtkomen, dan kan dit Groot-Nederland à la Geert Wilders maar beter oplossen in het zoute Noordzeewater.

vendredi, 12 septembre 2008

Turquie: au coeur du maelström

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La lettre de léosthène, le 6 septembre 2008,

 

TURQUIE : au coeur du maelström

Par Hélène Nouaille

samedi 6 septembre 2008, par Comité Valmy

Nous publions cette analyse enrichissante d’Hélène Nouaille qui souligne notamment que dans le monde actuel, la question de la pertinence du maintien de l’OTAN et de son "élargissement continuel" objectivement bellicistes, est de plus en plus souvent posée.

(VOIR LES "PROPOSITIONS DU COMITE VALMY") :

Rétablir une politique étrangère et de défense indépendante, souveraine, anti-impérialiste et favorable à un monde multipolaire.

Refus de toute hégémonie.

Intégrer la France dans le combat anti-impérialiste des peuples du monde et des nations libres, favoriser et soutenir leur nécessaire front uni contre la mondialisation néo-libérale orchestrée par les USA et dont la construction d’une Europe supranationale est à la fois une conséquence et un instrument.

Face à la menace américaine et sa doctrine occidentaliste de guerres préventives tous azimuts, retirer la France de l’OTAN, instrument des USA et de ses satellites. Oeuvrer pour la dissolution de l’OTAN dont le maintien et le renforcement systématique conduisent à la guerre. ... Claude Beaulieu


Voir en ligne : Propositions du Comité Valmy

 

“ La guerre russo-géorgienne autour de l’Ossétie du Sud a eu un effet immédiat : elle a remis la mer Noire au cœur des préoccupations stratégiques occidentales et russes ” écrit notre confrère suisse le Temps. Oui, et celle qui en contrôle le seul accès, par les Dardanelles et le Bosphore, est la Turquie, depuis 1936 et la Convention de Montreux (1) L’empire Ottoman y veillait, avec des fortunes diverses, depuis 1453, chute de l’empire byzantin. Et c’est dans la Mer Noire qu’après les déclarations modérées de l’Union européenne pour une fois “réunie” au sommet de Bruxelles le 1er septembre dernier, déclarations bien accueillies par Moscou et qui tendent à l’apaisement avec la Russie, Washington a décidé de montrer ses muscles, via les navires placés sous commandement intégré de l’OTAN.

“ Les Etats-Unis poursuivent une politique délicate de livraison d’aide humanitaire par avions de transport et navires militaires, apparemment pour montrer aux Russes qu’ils ne contrôlent pas complètement l’espace aérien et les côtes géorgiennes” écrivait le New York Times, le 27 août (2). “ A Moscou, les manoeuvres navales ont clairement soulevé des inquiétudes. Les amiraux russes ont déclaré que l’afflux de navires de l’OTAN en Mer Noire violait le Traité de 1936, la Convention de Montreux, qui limite à trois semaines le séjour des pays non riverains sur cette mer ”.

La Turquie, qui appartient à l’OTAN depuis 1952, règne sur les détroits. Mais, nous dit encore le Temps (3), s’il faut que “ les navires de guerre ne dépassent pas 45000 tonnes ” pour obtenir l’autorisation de passage – ce qui exclut les porte avions - “ Ankara est sous forte pression de Washington pour assouplir le régime de Montreux. D’autant que la Turquie avait interdit le passage à des navires américains au moment de l’intervention en Irak en 2003. A plusieurs reprises, l’OTAN a tenté des passages en force avec des bâtiments dépassant le tonnage autorisé ”.

Voilà qui incite la Turquie, qui, nos lecteurs le savent, cherche depuis plusieurs années à jouer dans la région ses atouts de médiateur (4) à la fois vers l’ancien ennemi historique, la Russie, sa ceinture caucasienne et au-delà l’Asie centrale, à se poser des questions. “ La Turquie affronte un dilemme difficile devant le changement politique du paysage caucasien ” constate le quotidien turc Hürriyet (5) changement qui paraît “ renforcer sa position comme pays de transit pour les routes des hydrocarbures ”, mais qui voit “ monter les pressions pour équilibrer ses relations entre la Russie et les Etats-Unis ”.

Les problèmes de l’acheminement du pétrole et du gaz en provenance de la Caspienne et de l’Asie centrale sont bien, à court et plus long terme, un facteur important (6). Mais à très court terme, pour cet hiver, il s’agit de l’approvisionnement turc : 60 % du gaz naturel et 40 % du pétrole nécessaires aux Turcs sont fournis par la Russie. Et, remarque l’agence chinoise Xinhuanet, la demande est en expansion, “ ce qui a rapidement modifié la balance commerciale entre les deux pays, au désavantage de la Turquie ” (7). Or la Russie a réagi fermement à l’entrée des navires de l’OTAN en Mer Noire d’une part en compliquant les contrôles douaniers à ses frontières, d’autre part en faisant savoir aux Turcs qu’elle pourrait limiter ses livraisons d’hydrocarbures aux contrats signés, qui sont insuffisants.

Le message a été parfaitement clair pour le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, (“ La Russie pour nous est un pays avec lequel nous entretenons de très importantes relations commerciales (...). Quand vous regardez nos rapports commerciaux et économiques avec la Russie, vous ne pouvez ignorez la Russie. La Turquie imposera un équilibre dans le cadre de ses intérêts ”, déclarait-il le 2 septembre, d’après l’AFP, au quotidien turc Milliyet). Et le ballet diplomatique entre Moscou et Ankara n’a pas cessé. Mais c’est le président turc, Abdullah Gül qui a précisé les choses dans un entretien donné au Guardian britannique, dès le 16 août (8). Très clairement.

“ Le conflit en Géorgie, a affirmé Abdullah Gül, a montré que les Etats-Unis ne pouvaient plus définir la politique mondiale selon leur point de vue, et doivent commencer à partager le pouvoir avec d’autres pays ”. Et de déclarer : “ Je ne pense pas que vous puissiez contrôler le monde depuis un seul centre. Il existe de grandes nations. Il existe d’immenses populations. Il existe d’incroyables développements économiques dans certaines parties du monde. Donc ce que nous devons faire, en lieu et place d’actions unilatérales, est d’agir ensemble, prendre des décisions communes et nous consulter dans le monde. Un nouvel ordre mondial, si je puis dire, devrait émerger ”.

Abdullah Gül a également défini la position et le savoir faire de la Turquie – en insistant sur la capacité de changement et l’évolution continue de son pays : “ La Turquie a une grande capacité à influencer la région, indirectement, très pacifiquement, et à y être une source d’inspiration (...). La Turquie a déjà joué ce rôle précédemment. Et cela n’a pas été apprécié suffisamment ”. Son déplacement à Moscou est annoncé avant la fin de l’année. Y sont liées l’ensemble des initiatives turques, vers le Caucase (Plateforme de stabilité et de coopération du Caucase, proposée à la Russie, à la Géorgie, à l’Azerbaïdjan et à l’Arménie), vers l’Iran (“ Il a rejeté l’idée ”, dit le Guardian déjà cité, “ promue par les Etats-Unis et Israël, que le meilleur moyen de traiter avec l’Iran était de l’isoler, de le sanctionner et de le punir ”). Sans oublier l’intermédiation turque entre la Syrie et Israël (accords sur le Golan).

Reste que son rôle de gardien des détroits en tant qu’alliée de l’OTAN lui pose un vrai problème. Pourquoi ? “ Peu d’analystes ont compris la signification militaire complète du geste que la Russie a fait en reconnaissant les républiques séparatistes de la Géorgie : la Russie a désormais gagné le contrôle de fait sur deux ports essentiels de la Mer Noire — Soukhoumi et Poti (...). La rapidité avec laquelle la Russie a pris le contrôle de Poti doit avoir rendu les Etats-Unis fous de rage. La fureur de Washington est arrivée avec la prise de conscience que son plan de jeu, afin d’éliminer au bout du compte le rôle de la Russie en tant que "puissance de la Mer Noire", s’est transformé en chimère. Evidemment, sans une flotte en Mer Noire, la Russie aurait cessé d’être une puissance navale dans la Méditerranée. En retour, le profil de la Russie en Asie Mineure en aurait souffert ” (9).

C’est pourquoi, nous dit l’ancien diplomate indien M. K. Bhadrakumar pour Asia Times (9), “ Tout indique que Moscou a l’intention d’affirmer la présence stratégique de sa flotte en Mer Noire. Des pourparlers ont déjà commencé avec la Syrie pour l’expansion de l’entretien d’une base navale russe dans le port syrien de Tartous ”. Et le vrai point chaud est là, en Mer Noire, quand les navires de l’OTAN (trois frégates polonaise, allemande et espagnole) frôlent la flotte russe – au moins pour les navires militaires américains qui livrent des aides humanitaires dans les ports géorgiens – pourquoi des navires militaires, disent les Russes ? Plus grave, le garde côte américain Dallas, puis l’USNS Pathfinder, ont fait escale à Sébastopol, sur invitation ukrainienne. A portée d’incident.

Lorsque le navire amiral de la 6ème flotte américaine passe le Bosphore, jeudi 4 septembre, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko, s’interroge : “ L’USS Mount Whitney est le vaisseau-amiral de la 6e flotte de la Marine américaine, doté d’équipements de contrôle, de télécommunications et de reconnaissance permettant d’assurer le commandement d’un groupe naval. Ces navires ont, bien sûr, des cales destinées à transporter des produits alimentaires et des objets nécessaires pour l’équipage. Comment peut-on acheminer des dizaines de tonnes de fret humanitaire sur un tel navire ? ”. Et sa présence est-elle conforme à la Convention de Montreux ?

Inévitablement, la question est posée, dans le quotidien turc Today’s Zaman (10), sous la plume d’Ibrahim Kalin. Turquie-OTAN : la non alliance est-elle une option ? Par sa position géographique et géopolitique, “ la Turquie reste un joueur clef dans la région (...). Quand l’Histoire se tourne vers l’Asie, cette énorme étendue terrestre dont l’Europe n’est que le front ouest, les pays de la région considèrent de nouvelles opportunités (...). Comme les événements de ces dernières années l’on montré, l’OTAN pense toujours et agit toujours avec les paramètres de la Guerre froide (...). S’il n’y a plus de menace communiste, une structure militaire comme celle de l’OTAN ne devrait plus être nécessaire ”.

Suit une réponse modérée (position de non alliance aussi longtemps que l’OTAN n’a pas redéfini ses priorités). D’autres, ailleurs, sont plus directs. Ainsi dans le Jakarta Post indonésien (11), le 3 septembre, Greg Warner écrit-il sous le titre “ l’OTAN est-elle encore pertinence ” ? “ Dans les 18 ans passés depuis que la Russie a renoncé à son passé communiste, l’OTAN s’est continuellement élargie et a progressé pas à pas vers l’Est. Maintenant, la Géorgie pousse à son intégration, comme l’Ukraine. C’est l’élargissement continuel de l’OTAN qui va créer des problèmes pour l’Europe et pour le monde. C’est l’OTAN qui est un anachronisme de la Guerre froide. Peut-être le temps est-t-il venu du démantèlement de l’OTAN. L’Indonésie devrait considérer de faire valoir ce point de vue au Conseil de Sécurité des Nations Unies comme une manière de trouver un ordre plus apaisé et harmonieux dans ce nouveau siècle ”.

Une phrase nous interpelle ici : “ C’est l’élargissement continuel de l’OTAN qui va créer des problèmes pour l’Europe et pour le monde ”.

Mais l’Europe – pas plus que la Turquie – ne sont réductibles à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (26 membres (12)). La France n’appartient pas au commandement militaire intégré. La Finlande (comme l’Irlande, comme la Suède !) n’appartient pas à l’OTAN, pas plus que la Suisse, bien européenne mais hors de l’UE. La Turquie est dans l’OTAN, mais pas dans l’UE. Ambiguïté supplémentaire, le commandement militaire est américain. La question d’une nouvelle architecture de sécurité pour l’Europe est donc d’une incontestable actualité.

Pour l’heure, c’est la Turquie qui est en première ligne, tentant, comme le dit son Premier ministre, de garder un équilibre entre “ Américains et Russes ” et de gérer une zone à haut risque de confrontation armée quand l’Union européenne reprend, après avoir obtenu un cessez-le-feu – ce qui n’est pas rien – ses conciliabules indécis. Si elle laisse, comme par inadvertance, l’OTAN sous commandement américain décider de facto à sa place, le maelström sera pour elle, sans qu’elle ait pu réfléchir à ses engagements géopolitiques dans un monde qui change sous nos yeux.

Hélène Nouaille http://www.leosthene.com/

Notes :

(1) Texte de la Convention de Montreux (20 juillet 1936, PDF) : www.doc.diplomatie.gouv.fr/BASIS/pacte/webext/multidep/DDD/19360023 La convention a été depuis plusieurs fois amendée.

(2) New York Times, NATO Ships in Black Sea Raise Alarms in Russia, Andrew E. Kramer, le 27 août 2008, http://www.nytimes.com/2008/08/28/world/europe/28russia.html

(3) Le Temps, Drôle de guerre en Mer Noire, Stéphane Bussard, le 3 septembre 2008 http://www.letemps.ch/template/opinions.asp ?page=6&article=238872

(4) Voir léosthène n° 345/2007 Fils du chaos, un axe émergent possible, Russie Turquie Iran http://www.leosthene.com/spip.php ?article733

(5) Turkey faces tough task in energy as political map of Caucasus redrawn, Irem Koker, http://www.hurriyet.com.tr/english/finance/9669734.asp ?scr=1

(6) Sur la place des hydrocarbures et de leur acheminement dans le conflit en cours, voir Caucase : un conflit à l’arrière-goût de pétrole, par Aïdyn Gadjiev, docteur en histoire (Azerbaïdjan), pour RIA Novosti, 1er septembre 2008 “ Le conflit autour de l’Ossétie du Sud a de nouveau illustré nettement le fait que les positions des centres mondiaux qui manipulent dans leurs propres intérêts les principes d’intégrité territoriale et le droit à l’autodétermination sont fondées sur des considérations relatives au transport des ressources énergétiques ”. http://fr.rian.ru/analysis/20080901/116455247.html

(7) Xinhuatnet, Turquie : la dégradation des relations avec la Russie fait surgir la menace d’une crise du gaz naturel, le 3 septembre 2008 http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-09/03/content_710897.htm “ La Turquie a signé deux accords avec la Russie concernant le gaz naturel. Le premier a été signé en 1986 pour une période de 25 ans. L’accord, qui expirera en 2011, laisse la Turquie acheter 6 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Le deuxième accord est le Blue Stream, également pour 25 ans. Avec cet accord, la Turquie achète 16 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an directement. L’année dernière la Turkish Pipeline Corporation (BOTAS) a acheté 36,4 milliards de mètres cubes de gaz naturel à la Russie. 23,1 milliards de mètres cubes résultaient des contrats. Outre le gaz naturel, les importations pétrolières en provenance de Russie sont en train d’augmenter rapidement. Pendant la période donnée, 9,3 des 23,4 millions de tonnes de pétrole importées par la Turquie ont été achetées à la Russie ”.

(8) Stephen Kinzer, Exclusive interview US must share power in new world order, says Turkey’s controversial president http://www.guardian.co.uk/world/2008/aug/16/turkey.usforeignpolicy

(9) Asia Times, Russia remains a Black Sea power, M. K. Bhadrakumar, 30 août 2008 http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/JH30Ag02.html Nous avons trouvé une traduction de l’article en français : http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Russie_Mer_Noire_Otan_OTSC_290808.htm

(10) Today’s Zaman Ibrahim Hhalil, le 4 septembre 2008, Turkey and NATO : Is non-alliance an option ? http://www.worldbulletin.net/author_article_detail.php ?id=1818

(11) Jakarta Post, le 3 septembre 2008, Greg Warner, Is NATO still relevant ? http://www.thejakartapost.com/news/2008/09/03/letter-is-nato-still-relevant.html

(12) OTAN, pays membres : http://www.nato.int/structur/countries.htm

dimanche, 07 septembre 2008

Twee assen tegen het atlantisme

Twee assen tegen het atlantisme

“Vandaag de dag hebben de westerse ’stichtingen’ en drukkingsgroepen (Rockefeller, Agnelli, Trilaterale, Davos en andere) gezworen alle nationale staten en alle systemen van sociale bescherming te vernietigen die die laatste tot stand hebben gebracht. Ze spiegelen de lusten voor van een ‘federalisme’ bestaande uit vormen van regionale autonomie, terwijl hun echte doel volledig wordt samengevat in het oude Latijnse spreekwoord ‘Divide et impera’ (’verdelen om te heersen’) om het ditmaal toe te passen over heel de wereld door degenen die de maximale macht op het politieke en economische vlak hebben”.

Ugo Gaudenzi, in: Rinascita, Consolidons deux axes contre l’atlantisme! [13 augustus 2008]

Bron: Euro-Synergies

mercredi, 03 septembre 2008

Doctrine de Monroe et géopolitique moderne

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James Monroe

Pankraz / “Junge Freiheit”:

 

Doctrine de Monroe et géopolitique moderne

 

Les héritiers de Friedrich Ratzel et de Karl Haushofer ont bien du pain sur la planche ces jours-ci. Le concept de “géopolitique”, qu’ils ont forgé jadis, est dans toutes les bouches. En effet, les événements de Géorgie et autour de la Géorgie ont fait prendre conscience même au plus obscur des téléspectateurs que la politique étrangère actuelle n’est pas un jeu simple, qui se joue sur un damier rudimentaire et enfantin et sur base de quelques règles proprettes de politologie et de quelques principes juridiques relevant du droit de gens, mais qu’elle est bien plutôt un art de jonglerie, d’une haute complexité, avec  un nombre incalculable de balles qui, de surcroît, sont de dimensions différentes, et dont le mouvement propre est seulement “devinable” par les acteurs en piste et ne peut jamais, ne pourra jamais, être totalement prévisible.

 

Celui qui voudra sur le long terme connaître le succès en politique étrangère devra, par la force des choses, se faire géopolitologue. Il ne suffit pas de se réclamer pompeusement des droits de l’homme, qui sont abstraction, et, pour le reste, s’efforcer d’avoir un potentiel supérieur de suffrages ou de présenter de bons scores électoraux, il faudra bien plutôt immerger ses pensées dans le “génie de l’espace” (comme disait Rudolf Kjellén), c’est-à-dire respecter au cas par cas les traditions régionales, prendre au sérieux les passions du lieu, se donner des idées claires, sans illusions, au-delà de l’espace réduit de ses propres compétences et autorités. 

 

En fait, ce que je dis là sont de pures évidences, que l’on pouvait déjà lire chez Montesquieu (1689-1755). L’ère du colonialisme européen et, à la suite de celui-ci, l’époque de la communication technique embrassant le globe tout entier (la “globalisation”) ont fait en sorte que ces évidences ont perdu de leur lustre. On s’est mis à cultiver l’illusion que l’on pourrait (et devrait) mettre tout dans le même sac, juger tout à la même aune, en matière de politique. On a tenté de mettre en pratique des doctrines sotériologiques universelles, ce qui eut des conséquences désastreuses. La fable qu’un “policier mondial”, soi-disant hissé au-dessus de tous les partis, a eu son heure de gloire; un “policier mondial” qui aurait eu le droit de s’immiscer partout dans tout, avec ou sans l’aval d’un caucus ou d’un conseil autorisé.

 

Ce que nous apercevons aujourd’hui, c’est la fin de cette politique de la “planche à dessin”, de l’épure permanente hors du réel, et le retour de la géopolitique. On reconnaît désormais, lentement mais sûrement, que les “droits fondamentaux”, conçus par la pensée aux heures les plus sublimes de l’histoire occidentale, se télescopent en permanence dans le concret des situations spatiales/territoriales; il en va ainsi de la doctrine de l’intangibilité des Etats et de leurs frontières; cette doctrine de l’intangibilité se heurte, sans espoir aucun d’accalmie, à celle du droit des peuples à l’auto-détermination. 

 

Si les Albanais du Kosovo ont le droit de se débarrasser des structures étatiques qui les liaient à la Serbie, pourquoi les Ossètes du Caucase n’auraient-ils pas, à leur tour, le droit de se séparer de l’Etat géorgien? Quelle loi autorise-t-elle l’une sécession et interdit l’autre? Quelle loi autorise-t-elle l’OTAN, instance étrangère à l’espace balkanique, de bombarder Belgrade dans l’intérêt des Albanais? Quelle loi interdit-elle à la Russie, qui est depuis des siècles la puissance protectrice des Ossètes, d’intervenir à leur profit en Géorgie? Ces lois, que j’évoque dans mes questions, n’existent pas, ni réellement ni potentiellement.

 

Il n’existe que des intérêts et des rapports de force entre regroupements d’Etats, proches ou étrangers à l’espace où se déroulent les affrontements. Sur leurs torts ou leurs raisons ne statue pas une “table de lois” transcendantale, mais, à chaque fois, une constellation régionale concrète, faite d’accords, de conventions et de nécessités. Il est clair, bien évidemment, que les forces inhérentes à l’espace ou proches de cet espace, c’est-à-dire les forces qui sont immédiatement confrontées à la teneur de ces accords et conventions, les forces dont le quotidien est marqué par ceux-ci, ont un droit plus direct et prépondérant à agir ou réagir sur le terrain que les forces qui sont étrangères à cet espace. Ce principe demeure valable même à notre époque de communication globale, où la politique qui régit le flux des finances et des matières premières est mondiale.

 

Lorsque le président américain James Monroe proclame en 1823 la fameuse doctrine qui porte son nom, il a posé, à coup sûr, le premier grand acte de géopolitique prévoyante, visant le long terme. Les Etats-Unis ne se mêleront pas des affaires européennes, disait Monroe, rassurant; mais il fallait aussi que les Européens s’interdisent toute immixtion dans les affaires américaines ou toute implantation de colonies sur un territoire américain. La devise était: “L’Europe aux Européens”, ce qui avait pour corollaire implicite, “L’Amérique aux Américains”.

 

Bien entendu, nous pourrions dire que ce sont là des déclarations et des mots d’ordre antérieurs à la globalisation: il n’en demeure pas moins vrai qu’ils recèlent un solide noyau de réalisme, transcendant les époques; les peuples auraient eu un avenir bien meilleur, s’ils avaient écouté ces déclarations et mots d’ordre plus attentivement; nous aurions pu éviter toute l’ère du colonialisme européen et des guerres mondiales. Aujourd’hui, sous les conditions dictées par les technologies globales de la communication à haute vitesse, plus aucune Doctrine de Monroe n’est possible, sous quelque forme que ce soit. Mais son intention première était juste, comme nous nous en apercevons à nouveau, chaque jour, dans les faits.

 

Prenons en considération la guerre d’Irak et ses conséquences catastrophiques. Le gouvernement Bush, à Washington, disposait de toutes les informations nécessaires pour évaluer de manière réaliste les conséquences de cette guerre. Mais il a obtenu exactement le contraire de ce qu’il avait planifié. Il voulait affaiblir l’Iran, mais celui-ci s’est considérablement renforcé. Mais, au fond, il ne s’agissait pas vraiment d’informations disponibles mais bien plutôt de l’incapacité américaine  —parce que l’Amérique, là-bas, est une puissance totalement étrangère à l’espace moyen-oriental—  à comprendre et à interpréter correctement les informations disponibles dans le cadre des spécificités régionales de cette partie du monde.

 

Les géopolitologues conclueront dès lors: lorsque l’on cherche à résoudre les conflictualités d’une région du monde, il faut appliquer une sorte de principe de subsidiarité, tenant compte du degré d’éloignement spatial par rapport au foyer du conflit. Cet éloignement devant constituer l’instrument de mesure le plus important. Les premiers à pouvoir exercer le droit de résoudre un conflit devraient être les Etats, les peuples et les ethnies qui sont directement concernés par les affrontements. Dans ce cadre, la voix des acteurs les plus modestes devraient peser davantage dans la balance que celle des acteurs les plus puissants. Les forces qui, elles, sont éloignées géographiquement et mentalement du foyer de conflit devront se contenter de patienter et, dans les cas où elles interviendraient effectivement, elles devraient le faire avec beaucoup de décence, de distance et d’indépendance. Elles devraient juguler leur fringale de puissance et surtout faire montre d’une réelle retenue dans leurs médias.

 

Tout beuglement médiatique émis au départ d’un poste soustrait à tous les dangers de la belligérance, dans des rédactions ou des bureaux très lointains sont une nuisance, du point de vue géopolitique. Bien sûr, cela vaut aussi, et d’abord, pour les parties directement concernées. Pour le reste, la géopolitique relève bien de l’esprit de notre temps. Elle vit une nouvelle haute conjoncture.  C’est bon signe.

 

PANKRAZ.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°36/2008 – 29 août 2008 – trad. franç.: Robert Steuckers).

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