mercredi, 08 avril 2009
Le trio infernal de l'atlantisme "français"
On ne présente plus Nicolas Sarkôzy, mais on rappellera qu'il est le petit-fils d'un éminent représentant de la communauté juive de Salonique qui l'a largement élevé. Cette communauté juive de Salonique était réputée pour son aisance à se mouvoir au sein des arcanes du pouvoir ottoman et à en profiter durant l'occupation turque en Grèce. Cet héritage explique sans doute pourquoi Nicolas Sarkôzy s'est toujours montré fort soucieux de satisfaire toutes les demandes du CRIF et a reçu, en 2003, le prix de la tolérance du Centre Simon Wiesenthal pour son action contre l'antisémitisme. Son élection a été saluée en Israël comme une excellente nouvelle. Il n'y a pas lieu d'insister. C'est, aussi, un amoureux inconditionnel des États-Unis, à tel point que c'est là-bas que, sitôt élu, il est allé se ressourcer.
On ne présente plus non plus Bernard Kouchner, d'origine juive russe, spécialiste du business humanitaire et de la consultante de luxe, fidèle d'Israël et ami de dirigeants israéliens, ancien "Gauleiter" de la MINUK au Kossovo où il a couvert l'épuration ethnique perpétrée par les Albanais aux dépends des Serbes selon les vœux de ses maîtres américains. Devenu ministre des Affaires étrangères de la république française, il multiplie les signes d'allégeance à toutes les modes occidentales.
En revanche, beaucoup moins connu du grand public, Jean-David Lévitte mérite une mention spéciale. C'est l'éminence grise de Nicolas Sarkôzy en politique étrangère, le vrai patron de celle-ci, ce qui l'amène parfois à entrer en conflit avec l'ego démesuré de Bernard Kouchner. Né en 1946, diplômé de I.E.P. de Paris et de l'Institut national des langues et civilisations orientales, il a entamé une carrière diplomatique avant de servir Jacques Chirac de 1995 à 2000, ce qui lui a valu de devenir le représentant permanent de la France auprès des Nations Unies à New York puis ambassadeur aux États-Unis à partir de 2002. Là-bas, il sut faire évoluer la position diplomatique de la France, mal perçue depuis l'opposition à la seconde guerre d'Irak en 2003, dans un sens plus "compréhensif" " des positions américaines. Le 16 mai 2007, Nicolas Sarkôzy l'intègre à sa garde rapprochée comme conseiller diplomatique avant de lui confier les rênes du nouveau Conseil National de Sécurité, véritable pilote de la nouvelle diplomatie française. Ce que l'on sait moins, c'est qu'il est le fils de Georges Lévitte, issu d'une famille juive d'Ukraine réfugiée d'abord en Allemagne en 1922, puis en France. Son père a eu une influence déterminante sur le renouveau de la pensée religieuse juive après la Seconde Guerre mondiale en même temps qu'il s'est engagé à l'Ainerican detvish Committee et a collaboré au Fonds Social Juif Unifié. Jean-David Lévitte a donc grandi dans un milieu familial très lié à la fois à la communauté juive, au sionisme et aux États-Unis.
C'est donc ce trio qui est aux commandes de la politique étrangère française depuis le printemps 2007. Un double rapprochement s'est alors effectué tant vis-à-vis de l'entité sioniste israélienne que des États-Unis d'Amérique, avec accélération du processus depuis que le nouveau locataire de la Maison Blanche apparaît plus fréquentable que l'ancien. Leur grand chantier actuel est la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN."
Source : Terre & Peuple n°39.
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mardi, 07 avril 2009
Obama fait son lobbying en faveur de l'entrée de la Turquie dans l'UE
Obama fait son lobbying en faveur de l’entrée de la Turquie dans l’UE

Otan: la Turquie impose sa vison dans l’affaire des caricatures
Barack Obama avait estimé devant les dirigeants de l’UE à Prague que l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne “constituerait un signal important” envoyé à ce pays musulman.
Alors que beaucoup d’Etats sont hostiles à cette élargissement de l’UE à la Turquie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, en revanche, militent depuis longtemps pour une adhésion. En Europe, personne ne comprend pourquoi les Etats-Unis ne font pas de la Turquie un état américain., ce qui lui permettrait d’ajouter une cinquante- et-unième étoile à son drapeau.
Vendredi et samedi, au sommet de l’Otan à Strasbourg/Kehl/Baden Baden, la Turquie s’était opposée à la nomination du Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, au poste de secrétaire général de l’Alliance avant de s’y ranger. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait indiqué samedi que ce revirement suivait le fait que le président Barack Obama se fût porté “garant” d’un certain nombre d’engagements, qu’il n’a pas précisé.
Selon plusieurs journaux turcs, Ankara a obtenu l’assurance que Roj TV sera prochainement interdite d’émettre depuis le Danemark, que Anders Fogh Rasmussen allait adresser “un message positif” sur l’affaire des caricatures, ainsi que la désignation de responsable turcs à des postes clés de l’Otan.
Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info
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lundi, 23 mars 2009
Ucraina: chiave géopolitica tra la Russia e la NATO
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dimanche, 22 mars 2009
Atlantisme, occidentalisme. Pourquoi N. Sarkozy veut que la France réintègre le commandement de l'OTAN
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Le Général de Gaulle se retourne dans sa tombe. 43 ans après sa décision de retirer Paris du commandement militaire intégré de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN, créée en 1949, 22.000 employés et 60.000 militaires permanents), son dangereux successeur à l'Elysée multiplie les déclarations (1) pour que la France y reprenne désormais "toute sa place". "Toute sa place" est une formule qui, dans l'approche de Nicolas Sarkozy, signifie clairement un engagement sans réserve aux côtés des Etats-Unis. Fidèle à sa méthode autocratique du "J'écoute mais je ne tiens pas compte", il fait fi des voix de plus en plus nombreuses qui s'opposent à sa décision (2) et fait dire qu'il n'y aura ni référendum ni même de vote au Parlement sur la question.
Il entend bien concrétiser seul son choix stratégique et balayer d'un coup d'un seul un demi-siècle de politique étrangère et d'indépendance française dès les 3 et 4 avril prochain, lors des cérémonies du 60e anniversaire de l'OTAN à Strasbourg et Kehl.
Histoire de confirmer sa volonté d'intégrer la France dans les hautes sphères politico-militaires de l'OTAN, Nicolas Sarkozy a d'ores et déjà pris l'année dernière deux initiatives très applaudies par son ami George W. Bush. Un, il a doublé la présence militaire française en Afghanistan en envoyant un millier de soldats combattre avec les américains contre les Taliban, alors que chacun sait que cette guerre est déjà perdue et que l'enlisement des troupes y est assuré (le nombre de soldats français morts sur le terrain depuis est déjà suffisamment éloquent).
Deux, il a soutenu activement le projet de déployer un bouclier antimissile américain en Europe centrale, quitte à braquer sérieusement la Russie (Heureusement Barack Obama semble être en train de déminer cette énième provocation bushiste aux relents de Guerre froide). La récente volonté affichée de rapprocher Paris et Londres, principal allié des Etats-Unis dans ses guerres en Irak et en Afghanistan, est également un signe plus discret, mais tout aussi fort, d'allégeance à Washington.
Seule contrariété pour le néo-conservateur de l'Elysée, ce n'est plus son ami fauteur de guerres George W. Bush qui est au pouvoir, mais Barack Obama, à l'évidence moins enclin à semer la terreur partout dans le monde au nom de la lutte anti-terroriste.
Cette rupture dans la politique d'indépendance de la France se drape bien entendu d'arguments à usage médiatique du type "Amis, alliés, mais non inconditionnels", ou "nécessaire rénovation car nous ne sommes plus en 1966", ou encore "La France ne perdra rien de sa souveraineté" (3). Nicolas Sarkozy dit vouloir développer avec l'OTAN une "Europe de la Défense efficace". Depuis son élection, il ne cesse de répéter qu'une Europe de la Défense indépendante et l'ancrage atlantique sont les deux volets d'une même politique de sécurité. Mais quelle OTAN, pour quelle mission de défense européenne ? et la France a-t-elle quelque chose à gagner à réintégrer le commandement militaire de l'organisation, avec lequel elle coopère déjà très bien ? Elle fournit déjà 2.800 soldats pour l'occupation de l'Afghanistan, et maintient actuellement 36.000 soldats dans divers autres pays (Kosovo, Côte d'Ivoire, etc.).
Il est bien illusoire d'imaginer que les Etats-Unis donneront plus de place aux Européens et aux Français dans la nouvelle Alliance. Jaap De Hoop Scheffer a d'ailleurs bien précisé le 12 février 2009 à Paris que, si la France réintégrait le Commandement militaire intégré de l'Alliance atlantique, ce serait de toutes façons toujours à lui qu'il revenait "de gérer les choses au sein de l'OTAN, comme la position française au sein des structures de commandement, les généraux, etc". Tout au plus les Etats-Unis accorderont-ils quelques commandements militaires sans importance à un ou deux généraux français -- on parle vaguement d'un poste à Norfolk (Virginie, USA) ou à Lisbonne (Portugal) -- sans que cela puisse réellement permettre à la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) de s'affirmer et de de peser significativement sur les décisions de l'OTAN.
Dans tous les conflits (Afghanistan, Serbie, Kosovo, etc) où la France s'est retrouvée engagée aux côtés des militaires américains, ce sont systématiquement ces derniers qui décident et contrôlent de façon unilatérale toutes les opérations, en particulier les frappes, reléguant la France et les autres pays alliés au rang de simples exécutants. On ne les imagine guère se plier aux décisions des français dans l'avenir. Il n'est d'ailleurs pas inutile de rappeler que si de Gaulle est sorti de l'OTAN, c'est notamment parce qu'il demandait un directoire partagé de l'Organisation, ce que les Américains lui ont refusé.
Et la suite a montré que la France, puissance moyenne disposant de l'arme nucléaire et d'un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, existait finalement plus à l'échelle mondiale en s'affirmant de façon autonome qu'en s'effaçant dans ce qu'il appelait le "machin" atlantiste.
Autre risque, la réintégration de Paris dans une OTAN qui sert de plus en plus de caution et de bras armé à l'impérialisme américain, sera sans nul doute perçu dans les grandes capitales du monde non-occidental comme un affaiblissement et un alignement sur les Etats-Unis, ce qui lui fera perdre le peu d'influence qui lui reste encore.
Quant à la "Voix de la France", qui selon Nicolas Sarkozy deviendrait plus forte dans le concert des Nations si elle réintègre l'OTAN, elle semble jusqu'à présent avoir moins souffert des discours et des choix du Général de Gaulle -- ou même de ceux de Jacques Chirac et Dominique de Villepin, par exemple en 2003 à l'ONU lors du refus de la France de suivre les Etats-Unis dans l'invasion de l'Irak -- que ceux des "caniches" européens de George W. Bush (Tony Blair, José Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy, José-Maria Aznar,...).
Mais l'essentiel n'est pas là.
Le projet de Nicolas Sarkozy, cet anti de Gaulle, ne consiste pas en un renforcement de la défense européenne, ou du moins pas pour lui donner plus de pouvoir et d'indépendance comme il le prétend. A travers ses choix diplomatiques et stratégiques il est à l'évidence tout à sa "vision" purement occidentaliste de la France et de l'Europe. Pour lui, la France doit s'affirmer "dans sa famille occidentale" et dans "les valeurs occidentales qui sont pour elle essentielles" (Discours de janvier 2008 devant le corps diplomatique français). Il partage avec son mentor George W. Bush une idéologie qui se fonde avant tout sur la défense d'une civilisation occidentale qui serait aujourd'hui attaquée par le monde islamiste. Lorsqu'il déclare faire en sorte que "Paris et l'ensemble des capitales occidentales parlent désormais toutes d'une seule voix", c'est surtout pour défendre les causes occidentales que les discours et les aventures guerrières de Bush "contre l'Axe du Mal et la Barbarie" ont totalement galvaudées: la Démocratie, la Liberté, l'universalisme des Droits de l'Homme, la lutte contre le terrorisme.
Comme George W. Bush et comme tous les néo-conservateurs islamophobes, Nicolas Sarkozy est dans une logique de guerre contre tout ce qui ne relève pas des "valeurs occidentales" judéo-chrétiennes, tant en matière d'économie que de politique et de religion. Il exècre et ne cesse de diaboliser les partis islamistes qualifiés de terroristes comme le Hezbollah ou le Hamas, n'imaginant pas que son propre occidentalisme est à l'Occident ce que le fondamentalisme islamiste est à l'Islam.
Il est au plus près des cercles israélo-américains d'extrême-droite qui, afin de "garantir la paix et la sécurité", prônent une domination occidentale du monde, quitte pour cela à passer à l'offensive et à se lancer dans une guerre de civilisation "globale". Pour Nicolas Sarkozy il s'agit de défendre mais aussi désormais d'imposer par tous les moyens, et notamment par la guerre, un nouvel ordre occidental soi-disant "moral" (comprendre surtout "néo-libéral") qui doit régner sur l'ensemble de la planète.
Cette idéologie d'autodéfense agressive se nourrissant du conflit avec l'islamisme autorise ainsi l'OTAN -- qui à l'origine n'a qu'une mission de défense limitée aus territoires occidentaux -- à aller porter la guerre aux confins de la planète pour défendre des intérêts géostratégiques essentiellement américains, quand ce n'est pas parfois purement israéliens, à titre d'une soi-disant "légitime défense" contre le terrorisme islamiste. De hauts stratèges et chefs d'état-major de l'OTAN planchent même actuellement sur de réjouissantes nouvelles options militaires.
Ces docteurs Folamour réclament en effet le droit d'effectuer des frappes préventives, y compris avec l'arme nucléaire, sans autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU. Lorsque l'on connaît le désir insensé des Israéliens et de leurs amis américains -- Même avec Barack Obama, il y a peu de chances que les Etats-Unis modifient leur politique de soutien inconditionnel à l'Etat d'Israël -- d'aller bombarder l'Iran, on imagine aisément à quoi la sainte alliance transatlantique risque bientôt de servir.
C'est avec cette "vision" guerrière et occidentaliste du monde, ruineuse et extrêmement dangereuse pour la France, que Nicolas Sarkozy entend jouer un rôle international. En infléchissant la doctrine militaire française pour mieux s'aligner sur la politique étrangère américaine, dont on connaît pourtant les errements et l'agressivité aussi inefficace que désastreuse, il commet une erreur diplomatique et stratégique majeure.
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Notes
1) Annoncé dès la campagne électorale de 2007, ce projet sarkozyste n'a cessé d'être remis sur la table, tant par Nicolas Sarkozy que par Bernard Kouchner (Ministre des Addaires étrangères) et Hervé Morin (Ministre de la Défense) afin d'y "préparer l'opinion", notamment pour le Président de la République à travers le Discours de janvier 2008 devant le corps diplomatique français, lors du Sommet de l'OTAN à Bucarest en avril 2008 et la semaine dernière encore lors d'une conférence sur la sécurité à Munich.
2) Parmi les responsables politiques qui s'opposent à la décision autocratique de Nicolas Sarkozy, on note celles de François Bayrou pour qui la réintégration dans le commandement militaire de l'OTAN serait "une défaite pour la France" et un "un aller sans retour" [...] "En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité, une part de notre héritage, et nous l'abandonnons pour rien". Il demande que le choix fait par le Général de Gaulle en 1966 "ne soit pas bradé et jeté aux orties", ajoutant qu'un tel choix ne peut aujourd'hui être modifié "que par un référendum du peuple français". Dans un entretien au Nouvel Observateur, François Bayrou précise sa pensée. Pour lui, en réintégrant l'OTAN, la France se range "aux yeux du monde" dans un "bloc occidental" [...] "euro-américain d'un côté, le reste du monde de l'autre. Ceci, pour la France et son histoire, son universalité, est un renoncement". Il affirme que "ce que nous sommes en train de brader, ce n'est pas seulement notre passé mais aussi notre avenir, une partie du destin de la France et de l'Europe". Pour le Parti Socialiste, qui demande un débat et un vote parlementaire sur la question, "Aucune explication recevable n'est apportée sur l'intérêt pour la France de ce retour" et les "conditions et contreparties de cette réintégration ne sont pas connues". Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, estime que "La France doit garder son autonomie de décision" et que celle-ci "ne peut pas être prise par le président seul". Les anciens ministres socialistes de la Défense Paul Quilès et Jean-Pierre Chevènement ont également publié des tribunes dans la presse pour exprimer leur rejet de cette décision "très dangereuse pour la sécurité de la France". [...] "Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans des guerres qui ne sont pas les nôtres", affirment-ils. "Si la France entre dans l'OTAN, il n'y a plus d'espoir de politique étrangère et de sécurité commune, plus d'Europe de la défense", affirme également le socialiste Jean-Michel Boucheron. La réintégration "limiterait notre souveraineté et serait le signe d'un alignement sur l'administration américaine qui banaliserait la singularité de la France", estiment pour sa part le Parti Communiste. Du côté de l'UMP, une partie des députés exprime aussi son opposition: Jacques Myard proteste contre ce "retour qui va lier les mains de la France et l'arrimer à un bloc monolithique occidental dirigé par les Etats-Unis" tandis que Lionnel Luca explique que "Pour un grand nombre de pays arabes, le fait que la France soit dans l'OTAN est un mauvais signal". Jean-Pierre Grand regrette cet "arrimage plein et entier aux Etats-Unis". "Il y a dans le monde entier des pays qui attendent de la France qu'elle demeure une transition, une passerelle, et qu'elle ne s'aligne pas sur les Etats-Unis", renchérit Georges Tron. Le gaulliste ex-UMP Nicolas Dupont-Aignan s'engage lui dans une quasi campagne contre le projet et exige un débat parlementaire. Daniel Garrigue, député ex-UMP de la Dordogne, s'est de son côté fendu d'une tribune intitulé "Bonjour, messieurs les traîtres !". Pour lui, "Rien ne justifie le retour de la France dans l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord et la remise en cause de l'un des rares consensus forts de notre pays -- voulu en l'occurrence par le général de Gaulle avec la sortie de l'Otan en 1966 et confirmé par ses successeurs, y compris par le socialiste François Mitterrand. Nous y perdrons la considération que nous avions sur la scène internationale et particulièrement notre capacité à être entendus dans un certain nombre de conflits, notamment au Proche et au Moyen-Orient. [...] "Pour tous ceux qui croient en la France et en la construction de l'Europe, cette décision de rejoindre l'Otan qui n'a été ni concertée, ni discutée, ni approuvée par les Français ou par le Parlement, constitue bien une véritable trahison". Alain Juppé, ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, renouvelle lui aussi ses critiques en demandant si la France n'était pas en train de "faire un marché de dupes en rentrant sans conditions" dans le commandement de l'OTAN. Mais le plus farouche opposant à Droite est l'ancien Premier Ministre Dominique de Villepin. Pour lui, la France "va se trouver rétrécie sur le plan diplomatique" et sera plus vulnérable au terrorisme. "Alors que le Sud est en train de s'affirmer, dans un monde qui est en train de basculer, faut-il donner le sentiment de se crisper sur une famille occidentale ?", s'interroge-t-il. Comme François Bayrou, il estime que si la France avait été intégrée aux structures de commandement de l'OTAN en 2003, elle aurait été obligé de suivre les Etats-Unis de Geoorge W. Bush dans la guerre contre l'Irak.
3) Discours de Jaap De Hoop Scheffer, Secrétaire général de l'OTAN, devant les parlementaires français le 12 février 2009.
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*http://www.republique-des-lettres.fr/journal.php
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vendredi, 20 mars 2009
Sarkozy battles General De Gaulle's NATO retreat
Sarkozy battles General de Gaulle's NATO retreat
16 March, 2009, http://russiatoday.ru/
French President Nicolas Sarkozy has gone against the late General Charles de Gaulle’s decision in 1966 to remove France from NATO, but that move promises to be something of a public relations disaster.
Intensive security measures are planned as tens of thousands of anti-NATO demonstrators plan to block the summit during the military organization’s 60th Anniversary conference in Strasbourg in April.
Sarkozy is pulled in different directions over reintegrating with the NATO military machine. He believes France needs US friendship to do business worldwide and wants to benefit from the US military umbrella. He has worked hard to overcome the violent hostility to France that dates back to the quarrel over the war in Iraq, which saw Americans pouring French wine into the Potomac River, but he also wants a European defence policy for Europe and does not want to follow the US into Vietnam style quagmire in Afghanistan.
Above all, the French want to keep their independence and have no intention of seeming to become the next British style US poodle. Yet much of the world sees NATO as the military arm of US foreign policy. Sarkozy thinks that he can achieve these contradictory aims from within the alliance but the result is that different levels of the French government are giving off conflicting messages.
The administration is playing up two opinion polls that show a small majority of French people in favour of reintegration. Much of the press have dutifully echoed the result. Little attention has been paid to the high figure of 21% of ‘don’t knows’. Equally the French press has ignored completely the Angus Reid poll that shows that only a tiny 12% of French people think that the engagement in Afghanistan boosted by Sarkozy, ‘has been mostly a success’ – the lowest figure for six comparable western European nations.
Faced with this President Sarkozy has appointed a personal envoy to Afghanistan and Pakistan, Pierre Lellouche. In so doing he reinforces France’s diplomatic presence in the region at a time when policy is under review by the United States and its NATO allies. The move follows similar appointments by Britain and Germany, which in turn were triggered by the appointment of the veteran diplomat Richard Holbrooke to head up a similar US diplomatic mission. For the moment, despite US pressure, there is no question of sending more troops.
It is likely that the appointment of Lellouche has been made after consultation with the Americans. His career path confirms this. He has close links with America and achieved a doctorate in law at Harvard University. In his political career he has specialised in foreign relations and in particular NATO. He is President of the French parliamentary delegation to NATO and was President of the NATO Parliamentary Assembly from 2004 -2006. Last year he conducted a cross-party parliamentary enquiry into conditions in Afghanistan. He worked with Holbrooke in Bosnia in the 1990s.
The importance of the appointment of Holbrooke, linked to that of his French, German and British counterparts, to a hard pressed President Obama is clear from the fact that it came only two days into his presidency. Any support for him by France is welcome. President Sarkozy has appointed an envoy very much to the taste of his allies and has talked of staying in Afghanistan ‘as long as is necessary’. However, in Washington, recently his Minister of Defence Hervé Morin put it differently:
“We will have to stay as long as is needed… Our aim is not to stay there for ever. That is what the President of the Republic has reminded us several times.”
And he went so far as to pose the question: “Why not set, quite rapidly, a date for the beginning of the withdrawal of the alliances forces?”
Lellouche himself was more blunt:
“It is right that we operate as co-pilots in the international strategy in Afghanistan. There must not be a repetition of unilateral excesses of the Bush era, which provoked a deep gulf between the United States and its NATO allies”.
He said that the French government would ‘test’ the dialogue proposed by President Obama. “Let us hope that it works. We will not stay in Afghanistan indefinitely”. He stressed that the conflict there “was a war and not an international police operation. The proof is that France spends nearly €200 million a year on its army in Afghanistan whilst spending only €11 billion on civilian aid”. He pin pointed the withdrawal of all but 7,000 US troops at the time of the invasion of Iraq in 2003, as the main cause of the deterioration of the allied position in Afghanistan. But he said “The game is not lost. Studies show that if there is a lack of support for the Karzai government, the people do not want a return to the rule by the Taliban.”
By fully rejoining NATO, France removes a thorn from the US diplomatic flesh and adds the full support of the world’s second biggest diplomatic service backed up by Western Europe’s only genuinely independent nuclear deterrent plus experienced and respected military forces. Even so, quite how much influence France will really have over policy in Afghanistan, with a total of only 3,300 troops deployed, remains to be seen. The United States now has 38,000 present with a further 15-30 thousand to arrive shortly.
The point is underlined by the announcement that French troops there are now to come directly under US command whereas before they operated as an independent unit. This will be grist to the mill of those in France who claim NATO reintegration means loss of national control. It will not help Prime Minister François Fillon, who after some hesitation, decided to call for a vote of confidence on the question in the French National Assembly. By putting the survival of the government on the line he will win easily and it gives him a chance to counter the arguments of those within his own party and in the opposition who oppose the move.
Despite this neat political manoeuvre, the reality is that the French President is confronted by real opposition from many in the French political class over NATO reintegration and in particular involvement in Afghanistan. They argue, often privately, that this is more a colonial war to control pipeline routes from central Asia to the sea coast of Pakistan than about democracy. Worse they suggest it may be an excuse to establish a long term presence in the region with no other real military aim.
They point to the coincidence that the US led invasion followed one month after the award by the Taliban government of a key energy contract to an Argentinean company rather than American Unocal and that before becoming President, Hamid Karzai was an oil consultant to Chevron in Kazakhstan. The same Afghan President requires a twenty four hour a day American body guard of over 100 men to stay alive, unlike his much criticised Communist predecessor.
They question why after seven years, the US security services that employ 100,000 people and spend an astounding $50 billion a year, cannot find Osama Bin Laden. They note that Afghanistan has become the world’s biggest producer of heroin under Western occupation.
Finally they do not think the war can be “won” in any meaningful sense. They echo the view of Canadian Prime Minister Stephen Harper, who told CNN:
“Quite frankly, we are not going to ever defeat the insurgency. Afghanistan has probably had – my reading of Afghanistan history is – it’s probably had an insurgency forever of some kind.” The Canadian parliament has voted to withdraw all troops by 2011.
Despite all this there are indications that President Sarkozy will eventually take the risk of sending more troops. Under the French constitution it is his decision alone, but this will not happen before the controversial NATO summit in Strasbourg in April and the vote in parliament. In any event he will do what he can to prevent the alliance from failing in Afghanistan because he believes that such an outcome would damage NATO credibility perhaps fatally. This is especially the case in the light of the recent humiliation of Western financial institutions.
All this leaves the United States and its NATO allies confronting the classic military dilemma well summarized by Winston Churchill over a hundred years ago:
“It is one thing to take the decision not to occupy a position. It is quite another to decide to abandon it once occupied.”
More troops may just make it possible in one form or another to ‘declare a victory and go home’ to the great relief of the French electorate and government. This process is likely to be accelerated by the bankrupt finances of the NATO governments.
Robert Harneis for RT
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jeudi, 19 mars 2009
US uses Europe as a bridge-head to attack Eurasia
'US uses Europe as a bridge-head to attack Eurasia'
16 March, 2009, http://russiatoday.ru/
The world financial crisis is not just about money though it started on Wall Street, says Tiberio Graziani, editor of Eurasia magazine on geopolitical studies and author of many books on geopolitics.
RT spoke to Graziani in Rome.
RT: Governments worldwide are adopting protectionist measures. It affects all levels of society. In Italy we are seeing more support towards right wing anti-immigration policies. How can Italy and how can we all outlive the world financial crisis?
Tiberio Graziani: First of all, we should reflect on the motives of this financial crunch, which also affected production at an industrial level, first, in the United States and then in the entire Western system, constituted by a famous triumvirate: the US, Western Europe and Japan. This crisis has affected the whole world market. As for Italy, the effects have begun to show slightly later and, in my view, will become more pronounced during 2009 and in 2010.
Because the Italian economy is mainly based on small and medium enterprises, there’s no high concentration of industry, and therefore Italy tends to have more flexibility necessary to face and contain the crisis. Anyway, the crisis will be very deep.
We’ll be able to overcome a financial crisis if we operate in a continental geo-economic context. It means that we should look for recipes in which the economies of the emergent countries such as Russia, China and India are going to have their part. The crisis cannot be resolved only through national recipes or recipes created in Brussels by the European Union only.
RT: Lets talk about the recent gas crisis, Italy has been affected perhaps not as much as the Balkans and Eastern Europe, but still, it was among those taken hostage by it. The truth has been concealed. What is the real origin of the dispute?
T.G.: The origin of the gas dispute between Kiev and Moscow is actually a reflection of NATO enlargement in Eastern Europe as well as EU expansion into Eastern European countries. These two coinciding enlargements were seen in Moscow as a kind of aggression in its close neighbourhood.
This kind of enlargement began in 1989 after the fall of the Berlin Wall. From that moment the United States had decided to manage the whole planet. They chose Western Europe as a starting point to move in the direction of Russia and Central Asia, as it’s known that Central Asia has huge resources of gas and oil.
The US started to influence Warsaw block countries and some former Soviet states, such as Ukraine.
From 1990 Ukraine began to separate its geopolitical future from its natural location, or from Moscow.
If we analyze the so-called ‘Orange Revolution’, we’ll realize that behind these achievements of the so-called civil society of Ukraine were interests coming from across the Atlantic, from Washington. We mustn’t also forget about the influence of so called philanthropists such as George Soros not just in the destabilization of Ukraine, but also in the former Yugoslavian republics.
When Ukraine abandoned or tried to abandon its natural geo-political context, that of a privileged partner of Moscow, it’s evident that when it came to gas, Moscow tried to set market prices for it as Ukraine was no longer a privileged client but a customer like any other. Obviously gas prices went up affecting Europe because Ukraine's leaders lack sovereignty and are driven by other Western interests. Instead of looking for an economic agreement, as is usually done between sovereign countries, Ukraine aggravated the situation by siphoning off gas designated for European nations.
This true reason was neglected by the Eastern European press, including the Italian press. In the gas dispute, the majority of Italian journalists focused their attention not on its real causes, but on the deionization of the Russian government, saying that it had used geo-policy as a weapon in the gas issue, but President Medvedev and Prime Minister Putin were only applying market prices to normal economic transactions concerning gas.
RT: Ukraine is on the verge of default. Russia cannot possibly count on Ukraine paying market prices next year.
T.G.: I believe it’s possible to find an economic agreement. Moscow and Kiev can also negotiate possible discounts. I’d like to stress again that it’s not only a problem of economic transaction, export and import. It’s a geopolitical issue. It’s evident, if Ukraine chooses to set up a Western camp with Washington’s leadership, that’ll affect not only gas, but also other economic issues as well. Hence, I believe, it’ll be possible to find an economic solution, but resistance comes from Kiev, because it depends on Washington’s interests.
RT: While we’re focusing on Washington let's talk about US military bases on Italian soil, what is public opinion here?
T.G.: Most people are aware of the presence of military bases but they aren’t politically conscious. Thus, in the case of the enlargement of a military base in Vicenza, in the north of the country, the main argument was environmental. And the main motive was hidden as, in reality; this enlargement serves the US armed forces, as they’d have the opportunity of contacting a nearby military base, located in Serbia, which also depends on Washington. In future it’ll be possible to operate in border countries and in the Middle East, such states as Syria and Iran and to some extent Russia. The Yugoslavian nation, Serbia in this case, wasn’t chosen by chance, but because it has some cultural and ethnic similarities to Moscow.
RT: The gas crisis has strained Russia-EU relations, many EU states are already looking for alternative suppliers. Does Russia need to worry?
T.G.: No, I don’t think Russia should worry about it. I think every country should look for the best opportunities in the market concerning energy supplies and be self-sufficient. In a wider geo-political context of Eurasia I believe relations between Russia and Europe, between Russia and Italy should be based also on economic interests: exchanging new high technology, military technology, energy resources and, obviously, cultural relations.
I believe cultural relations between the European Union and Italy and, naturally, the Russian Federation should be strengthened.
After WWII, more than sixty years ago, these relations declined because they were undermined by the intellectual class of Europe which supported the Westernization or Americanization of European culture. If we compare European and Italian literature of recent years with the 1930s we’ll notice that many Italian writers use more incorrect language with many borrowed English words. It is a result of cultural colonization which Washington has been carrying out since WWII until today. It’s interesting to note that this tendency is also present in the countries of the former Soviet block.
RT: What is the general line of Italy towards Russia? Can Russians count on Italy to play a part in improving Russia-EU relations?
T.G.: Sure, naturally Italy along with other countries of the European Union is a potential partner ofI’d like to reiterate that in Italy there are more than 100 military sites depending on the US, which are part of the project of American influence and occupation of the entire European peninsula. Under such conditions there are certain limits for Italy and other countries to express their own interests in their politics and their economy. But it should also be acknowledged that in recent years the economic policy of President Putin before President Medvedev today has laid the ground for Italy to become a true partner of Moscow not only economically but also in politics and, in my view, in a military field as well. Italy is located in the Mediterranean area, and occupies an important strategic position. Besides, Italy’s central position is also vital at a geopolitical level. And it would be correct if it uses it for Eurasian integration.
I believe relations between Italy and Russia are improving, as Italian entrepreneurs are moving in the right direction, because they overcome limitations established by a political power which comes directly from Washington and London.
RT: You’re very critical of Washington, you portray the US almost as an imperial nation almost, but we hardly live in a unilateral world anymore.
T.G.: I’m very critical of Washington because it has included Europe in its own geopolitical space and looks on Europe only as a bridge-head to attack the whole Eurasian ground. It makes me critical, but, of course, the significance of the US should always be taken into account. And the US should also realize that its era as a superpower is over. At present, in the 21st century, on a geo-political level we have a multipolar system with Russia, China, India, the United States and some states in South America, which are also creating their own geo-political entity, I refer to Brazil, Argentina, Chile and Venezuela, and, obviously, Bolivia too. In particular, major liberties which these South-American countries enjoy can allow the European Union to leave the Western camp ruled by the US and Great Britain.
RT: You travel all over Europe’s hotspots and breakaway regions. You were monitoring the election in Transdniester. There is an island off the coast of Sardinia in Italy that’s just declared independence, they say inspired by Abkhazia and South Ossetia. Is there one universal formula on how to deal with separatism?
T.G.: These issues are absolutely different. In Sardinia there is a political movement of separatism, but this is a movement which a few years ago to those people who are in the government of Italy now. As for Transdniester, it’s necessary to view its situation from the geo-strategic point of view. The countries of Moldavia and Romania feel the weight of the United States and NATO. Transdniester is one of the so called frozen conflicts. I think Transdniester’s independence would be interesting, because in this case it’ll become an area the United States won’t be able to enter. It’ll be a territory of liberty from the Eurasian point of view, because Transdniester will have its sovereignty. I don’t analyze this republic judging it by its actual government. I only analyze its geo-strategic and geo-political situation. Thus, Transdniester is a republic, and it means that on its small territory there are no NATO bases.
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mercredi, 18 mars 2009
L'implication des Etats-Unis en Europe de l'Est à travers les conflits yougoslave et kosovar
L’implication des Etats-Unis en Europe de l’Est à travers les conflits yougoslave et kosovar
Durant l’été 98, suite à des accrochages avec la police serbe et des actions de représailles de celle-ci, l’UçK lance des opérations militaires dans la province. Ces opérations vont déboucher sur un état de guerre, des campagnes de purification ethnique (celles-ci furent menées par la Serbie, aujourd’hui elles sont menées par les albanais du Kosovo) et les frappes aériennes de l’OTAN.
Le premier interlocuteur envoyé auprès des autorités serbes n’est pas formellement de l’ONU mais est le « groupe de contact » représenté par les délégués américains Richard Holbrooke et Christopher Hill. Le groupe qui tente de s’imposer dans un premier temps pour une médiation va par la suite (malgré des divergences avec la Russie) joindre son action diplomatique aux pressions et actions militaires de l’Alliance Atlantique. Dans le mois de juin 98, alors que Richard Holbrooke rencontrait des officiers de l’UçK au Kosovo à l’initiative du premier ministre albanais, Bill Clinton pris une décision qui allait avoir une influence sur la suite des évènements. William Cohen son ministre de la Défense avait demandé aux experts et au comité militaire de l’OTAN de préparer une intervention militaire, ce à quoi Clinton donna son soutien et son autorisation.
A ce stade du conflit, deux acteurs majeurs émergent, les Etats-Unis et l’OTAN, l’ONU a pour sa part une implication qui paraît bien plus superficielle. Le poids des Etats-Unis se renforce : d’un côté par ses médiateurs envoyés à Belgrade formant l’essentiel de l’action diplomatique, de l’autre par des contacts entre le Pentagone, la CIA et l’UçK. Les tractations menées par le premier ministre albanais Fatos Nano avec son allié américain semblent être assez fructueuses, les Etats-Unis commencent à prendre en compte l’UçK comme acteur à part entière. L’organisation kosovare jouira d’un soutien mais limité dans un premier temps.
La cause de la limitation de ce soutien vient de divergences dans le gouvernement américain. Madeleine Albright (secrétaire d’Etat) et William Cohen ne s’entendent pas sur les buts de l’OTAN, l’utilité de frappes aériennes ou encore le rôle à donner à l’UçK. Ces débats internes ne doivent pas masquer un fait essentiel : même si l’action militaire de l’OTAN était discutée, elle l’était seulement sur ses modalités et n’était aucunement remise en question. L’OTAN dans ses préparatifs et évaluations a recours à des informations prises sur le terrain par l’UçK elle-même. Les informations sur les positions ou mouvements de troupes serbes étaient transmises par des téléphones cellulaires fournis aux officiers kosovars par l’Alliance Atlantique.
La stratégie adoptée vise à terme la marginalisation de l’ONU. Les Etats-Unis ne peuvent passer par l’ONU et son Conseil de Sécurité qui risqueraient de freiner voire stopper son action. Le veto russe est envisagé et la France a déclaré qu’une intervention de l’OTAN ne devrait se faire que dans le cadre d’un mandat du Conseil de Sécurité L’offensive serbe reprit durant l’été 98, l’ONU avait peu de prise sur la situation aussi bien que sur les négociations. Le groupe de contact sert d’émissaire officiel auprès de Milošević et jouit du total soutien de l’OTAN dans ses négociations. Cela signifie plus nettement que l’accord provisoire et ceux qui suivraient s’accompagneraient de pressions militaires s’ils devaient s’imposer par la force. Durant le mois de janvier 99, une réunion se tint à Bruxelles au siège de l’Alliance Atlantique et portait encore sur les conditions d’exercice de l’OTAN, les Etats-Unis plaidant l’autonomie et la France défendant une implication majeure de l’ONU et du Conseil de Sécurité.
Parallèlement aux réunions, le 30, Robin Cook (le ministre britannique des Affaires Etrangères), se rendait auprès de Milošević et des leaders albanais du Kosovo afin de leur remettre une convocation pour venir négocier à Rambouillet la semaine suivante.
Les négociations se tenaient du 6 au 23 février puis du 15 au 20 mars à Paris sans qu’on aboutisse à un quelconque résultat. La délégation albanaise accepta la constitution d’une force multinationale sous commandement de l’OTAN. Parallèlement le 23 février le rôle primordial de l’OTAN était réaffirmé par Madeleine Albright et suscitait la désapprobation de la Russie. L’accord était placé sous la menace de sanctions militaires si une des parties ne signait pas. Le refus serbe de signer et la signature tactique des délégués kosovars amenait l’OTAN à intervenir par le biais de frappes aériennes le 24 mars et ce, pour plus de deux mois.
Le retrait des troupes serbes et la « fin » du conflit s’amorcent durant le mois de juin 99. Le Conseil de Sécurité de l’ONU adopte le 10 juin la résolution 1244. Comme le rappelle Evette Guendon, cette résolution 1244 « …a officialisé la mission de la présence de sécurité internationale fournie par la KFOR et celle de la présence civile internationale provisoire ou MINUK… ».
Pour la MINUK qui est l’administration civile des Nations Unies envoyée dans la province il est tout à fait normal que son action soit légitimée par une résolution du Conseil de Sécurité. En revanche pour la KFOR cette situation est un peu plus particulière. Etant un contingent multinational sous commandement de l’OTAN et du siège de l’Alliance Atlantique à Bruxelles (donc aucun lien avec l’ONU), l’organisation atlantique est fortement intégrée et influencée par le gouvernement américain et son administration dans les prises de décisions stratégiques. La résolution revient à légitimer dans ce cas une action unilatérale qui dès le début a tendu à marginaliser le système des Nations Unies et contourner le Conseil de Sécurité pourtant seul acteur légitime.
Le 12 juin 1999, la KFOR rentrait au Kosovo et le 21 juin, l’UçK s’engageait par un accord (signé au quartier général de la KFOR à Priština) à déposer les armes et changer de statut. L’OTAN s’était imposé de manière décisive dans le conflit par le groupe de contact au début, par l’action diplomatique américaine menée à l’ONU ou auprès de certains Etats (soutien britannique, alliances, déploiements de troupes en Grèce, Albanie) et n’avait pas hésité à user de la force.
Durant les attaques aériennes de l’OTAN sur différents objectifs en Serbie (usines de Pančevo, sites industriels, officiels ou symboliques de Belgrade) et au Kosovo (sur les troupes serbes ou les frappes sur des colonnes de réfugiés qualifiées de « dommages collatéraux ») Brzezinski exposait au journal Le Monde du 17 avril 1999 l’enjeu du conflit et la stratégie employée: « Le fait est que l’enjeu dépasse infiniment désormais, le simple sort du Kosovo. Il n’est pas excessif d’affirmer que l’échec de l’OTAN signifierait tout à la fois la fin de la crédibilité de l’Alliance et l’amoindrissement du leadership mondial américain. »
Aussi bien en Bosnie qu’au Kosovo, l’OTAN fut à la tête de chaque intervention soit en parallèle avec l’ONU soit de manière très autonome. Cette coopération militaire transatlantique semble être de plus en plus préjudiciable à la crédibilité de l’ONU et aux gouvernements européens, à leurs intérêts et à leur capacité de gérer des crises. Le général Jean Cot souligne que l’action militaire menée par l’OTAN avait donné au début l’illusion d’une coopération entre les Etats-Unis et leurs alliés européens mais ce sentiment changea suite à des déconvenues. Un rapport du ministre français de la Défense se plaignait du fait que les américains définissaient souvent des cibles de manière unilatérale sans en informer leurs alliés européens. Cet exemple est révélateur et illustre le problème qui est posé à l’Europe, notamment en matière de défense : elle semble être privée de toute initiative au profit d’un Etat tiers (les Etats-Unis) ou d’une coalition dirigée par ce même Etat et ses intérêts dans la résolution d’un conflit ne sont pas pris en compte alors qu’il s’agit de la stabilité, de l’avenir et de l’unité de notre continent européen.
L’émergence d’un véritable organisme de défense européenne ne peut qu’être freinée par cet état de fait. Les 23 et 24 avril 1999, le Conseil de l’Atlantique du Nord réaffirmait les buts de l’OTAN et les liens entre Etats-Unis et Europe dans la Déclaration de Washington. Ceci n’est pas fait pour aller dans le sens d’un véritable système européen de défense indépendant, donc apte à gérer les crises survenant en Europe sans que les intérêts d’une puissance tierce n’interfèrent. L’hostilité américaine au concept de défense européenne est assez marquée au point que Richard Holbrooke ne réduise les conflits européens et leur résolution qu’à la volonté des Etats-Unis : « Que nous le voulions ou non, nous sommes une puissance européenne. L’histoire de ce siècle nous démontre que lorsque nous nous désengageons, l’Europe verse dans une instabilité qui nous oblige à y retourner ».
Du point de vue de la politique extérieure (et d’actions militaires qui peuvent parfois y être liées) de l’Union Européenne, la présence d’une entité a là aussi des conséquences néfastes. Le dossier irakien en est le meilleur exemple et illustre la division de l’Europe qui n’a pas pu adopter de vraie position sur le sujet. Les trois pays baltes, la Pologne (le plus gros contributeur de ce groupe de pays membres de l’OTAN), la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie ont envoyé des troupes en Irak. Comme l’analyse Jacques Rupnik dans Le Point du 16 janvier 2004 le lien entre la « nouvelle Europe » et les Etats-Unis a été permis par «… la peur d’un couple franco-allemand trop puissant. » Le concept d’Europe indépendante, jouant le rôle de contrepoids aux Etats-Unis et menée par le tandem franco-allemand n’intéresse pas l’Europe de l’Est bien au contraire. Les pays d’Europe de l’Est craignent que leurs voix et leurs intérêts soient mineurs dans un tel système (on peut repenser à la réaction peu diplomatique de Jacques Chirac concernant ces pays suite à leurs choix pro-américains).
L’identité de l’Europe est remise en cause tout comme sa stabilité dans un contexte international qui a changé. Depuis la Guerre Froide, les relations entre les Etats-Unis et l’Union Européenne ont muté au point que Jacques Rupnik affirme de manière révélatrice : « Pour la première fois depuis la guerre, l’administration américaine ne considère plus son soutien à l’intégration européenne comme une priorité. Au contraire, elle érige la division européenne en vertu de la relation transatlantique ».
Sur ce sujet on pourra notamment se référer aux ouvrages suivants :
* Bianchini, Stefano (1996). La question yougoslave. Firenze : Giunti/ Casterman.
* Brzezinski, Zbigniew (1997). Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde. Paris : Hachette/Pluriel.
* Laurent, Eric (1999). Guerre du Kosovo. Le dossier secret. Paris : Plon.
* Volkoff, Vladimir (1999). Désinformation- flagrant délit. Monaco : Editions du Rocher.
* Sous la direction de Chiclet, Christophe(1999). Kosovo- n°30 de Confluences Méditerranée. Paris : L’Harmattan.
* Sous la direction du Général Gallois, Pierre-Marie (2002). Guerres dans les Balkans. La nouvelle Europe germano-américaine. Paris : Ellipses.
* Gubert, Romain et Bran, Mirel (16 janvier 2004).Europe de l’Est, l’OPA américaine et entrevue avec Jacques Rupnik. Le Point n°1635.
Rodion Raskolnikov
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jeudi, 12 mars 2009
La fin de la singularité française dans l'OTAN
La fin de la singularité française dans l'Otan
La France doit-elle reprendre « toute sa place » dans l'Otan en retournant dans son commandement intégré, qu'elle avait quitté en 1966 ? Ou doit-elle conserver sa position actuelle, présente dans l'organisation, militairement engagée dans des opérations au Kosovo et en Afghanistan sous drapeau otanien mais sans participer à ses organes de commandement pour maintenir son autonomie de décision ? Le débat fait - du moins en apparence - rage dans la classe politique française. Dans quelques semaines, le sommet de Strasbourg et Kehl des 3 et 4 avril prochain, doit en principe célébrer le soixantième anniversaire de l'organisation qui, paradoxalement, a survécu au décès du Pacte de Varsovie et l'annonce du retour complet de l'enfant terrible français au sein de sa « famille » euro-atlantique.
Ce dernier geste, très attendu aussi bien à Washington qu'à Berlin, est pourtant, en grande partie, symbolique. Certes, la France pourrait obtenir deux commandements : l'un basé à Norfolk en Virginie (Etats-Unis) chargé de la conduite des transformations de l'alliance, et un autre à Lisbonne, qui accueille le QG de la force de réaction rapide (Nato Response Force, ou NRF). Le dossier n'est cependant pas totalement bouclé, car ce retour signifie une très forte augmentation du nombre d'officiers français à l'Otan et, donc, d'une réduction concomitante des contingents britannique et allemand. Et l'assentiment des 25 autres alliés. Si tous les feux verts sont obtenus, cette montée en puissance pourrait s'étaler sur trois à quatre ans.
Mais au-delà de caractéristiques techniques, ce retour scelle avant tout, symboliquement, le dernier maillon d'un rapprochement avec l'Amérique et la communauté atlantique, amorcé par Jacques Chirac. Car depuis 1995 la France, et cela en dépit de la violente controverse sur l'Irak avec George W. Bush, a déjà fait une grande partie du chemin en acceptant de participer à des missions militaires et en devenant l'un des principaux contributeurs de forces, notamment au sein de la NRF. Au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001, la France n'avait d'ailleurs pas hésité à se ranger du côté de tous les alliés pour évoquer la clause de solidarité collective avec les Etats-Unis, selon laquelle une attaque contre l'un des membres est une attaque contre tous.
Mais ce sont souvent les symboles qui sont le plus sujets à polémique, surtout lorsqu'ils touchent à des concepts comme l'indépendance de la politique étrangère de la France et sa souveraineté. Des concepts qui étaient d'ailleurs au coeur de la décision du général de Gaulle dans sa lettre du 7 mars 1966 au président américain Lyndon Johnson. Pour la France, il s'agissait alors « de recouvrer sur son territoire l'entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamée par la présence permanente d'éléments militaires alliés ». Ce qui avait conduit notamment à l'évacuation des états-majors de l'Otan de Versailles et Fontainebleau un an après. Mais Paris avait d'autres soucis : conserver toute son autonomie de décision sur la force de frappe nucléaire six ans après la première explosion d'une bombe atomique française et refuser de suivre les Etats-Unis dans toutes leurs aventures militaires à l'étranger. Cela au moment même où ils s'engageaient lourdement dans la guerre du Vietnam.
Aujourd'hui, le contexte a profondément changé. D'une part, le monde n'est plus divisé en deux blocs. C'est d'ailleurs aussi pour se placer en dehors de cette politique de blocs et à un moment où s'amorçait une certaine détente que le général de Gaulle avait choisi de se retirer du commandement intégré, lui ouvrant ainsi la voie à un dialogue avec l'URSS et la Chine. La fin de la Guerre froide - et en dépit des nouvelles tensions avec la Russie - a une autre conséquence : celle d'avoir mis un terme à l'équilibre de la terreur entre les deux blocs par le feu nucléaire. Ce qui réduit évidemment la portée de la question de l'autonomie de la force de frappe nucléaire française vis-à-vis de l'Amérique.
Pourtant, il ne faut pas se faire d'illusions. Le retour total dans l'Otan de la France soulève au moins deux autres interrogations : quid de l'Europe de la défense ? Certes, tout est fait pour expliquer que les Américains reconnaissent enfin cette dimension européenne, mais elle restera un élément complémentaire de l'organisation atlantique, et non « autonome ». L'autre question est très simple. Le président Barack Obama ne peut que se féliciter du choix de Nicolas Sarkozy, car ce qu'il souhaite aujourd'hui le plus de la France comme de tous ses alliés, c'est l'envoi de troupes supplémentaires de leur part en Afghanistan. Il s'agit de savoir si alors Paris pourra lui dire « non ». Le mur de Berlin est tombé. La singularité française est en train de suivre. Mais jusqu'à quel point ?
Jacques HUBERT-RODIER
Source : LES ECHOS
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mardi, 10 mars 2009
P. Quilès: le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN est inutile et dangereux
Paul Quilès : Le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN est inutile et dangereux
Le 7 mars 1966, le général de Gaulle retirait la France du commandement militaire intégré de l'OTAN, c'est-à-dire des comités et des groupes où prenait corps l'intégration des forces armées des pays de l'Alliance atlantique. Les forces françaises étaient déliées des contraintes de la planification militaire commune et n'avaient plus à occuper des positions prédéterminées dans le dispositif de défense allié. Notre pays restait cependant tenu par les obligations de l'article 5 prévoyant une clause d'assistance mutuelle en cas d'agression.
Durant les années 90, si la France a réintégré le comité militaire, où se réunissent les ministres de la défense des pays membres de l'Alliance, elle est restée à l'écart de trois structures :
- le comité des plans de défense, où s'élabore la planification de défense, c'est à dire les objectifs de forces à atteindre en fonction des missions et des scénarios ;
- le commandement militaire permanent intégré, qui comprend la chaîne de commandement permanente et où s'élabore la planification opérationnelle ;
- le groupe des plans nucléaires, où les pays non‑nucléaires sont informés de la politique nucléaire suivie par les Etats‑Unis et la Grande Bretagne dans le cadre de l'OTAN.
Ce qui est annoncé aujourd'hui, c'est le retour dans ces organisations, à l'exception du groupe des plans nucléaires. Déjà en 1997, J. Chirac avait tenté sans succès cette opération, les Américains refusant de céder à un général français le commandement opérationnel de Naples.
Pour justifier son choix du retour dans le commandement militaire intégré, N. Sarkozy invoque trois arguments :
1- L'influence de la France ne serait pas à la hauteur de son engagement militaire et financier et ce retour lui permettrait de gagner de l'influence, notamment pour transformer et « européaniser » l'Alliance.
Il se trouve que l'influence dans l'Alliance est liée aux capacités militaires et non au statut par rapport au commandement militaire intégré. On l'a vu en 1999, lorsque, au moment du conflit du Kosovo, la France avait plus de poids que l'Allemagne dans les décisions prises par l'Alliance.
Quant au poste de « commandant suprême allié transformation », envisagé pour la France, il peut sembler prestigieux, mais il est dans les faits secondaire. Localisé à Norfolk, en Virginie, actuellement occupé par un général américain, il a pour mission de faire évoluer le dispositif militaire de l'Alliance, pour le rendre apte à des opérations lointaines, mais ce n'est pas un commandement opérationnel. En réalité, ce sont les Etats-Unis qui détiennent l'essentiel de l'expertise et du pouvoir de décision en matière de réorganisation des forces et d'actualisation des doctrines militaires dans l'OTAN, ce qui explique la localisation de ce commandement.
Le commandement opérationnel suprême est détenu par le Saceur, dont personne n'envisage qu'il soit détenu par un autre militaire que le commandant des forces américaines en Europe. Son adjoint, le deputy Saceur, a une mission importante, puisqu'il commande les opérations de l'Europe de la défense, quand l'UE fait appel aux moyens de l'OTAN en activant les accords dits « Berlin plus », mais il est traditionnellement britannique ou allemand, par rotation. En dessous de ces commandements, on trouve celui de Brunssum, également britannique ou allemand, et surtout celui de Naples, traditionnellement dévolu aux Américains, qui conduit les opérations en Méditerranée orientale, c'est à dire en direction du Proche-Orient. C'est celui de Lisbonne, d'importance nettement moindre, qui reviendrait à un Français.
La véritable question n'est pas celle de l'influence dans l'OTAN, mais celle de la capacité d'influencer les Américains pour faire évoluer l'OTAN, ce qu'ils n'ont pas fait depuis 1989, en maintenant une structure très lourde de 15 000 militaires. Quant à espérer influencer le processus de planification de défense, c'est tout simplement illusoire, parce que cette planification est en fait dictée par la doctrine d'emploi de l'armée américaine. L'européanisation de l'Alliance est donc un leurre, à l'image de la politique pratiquée par Tony Blair, qui a échoué, alors que celui-ci pensait influer sur la politique des Américains en étant leur allié le plus fidèle.
2 - le retour dans le commandement intégré serait une condition posée par nos partenaires européens pour faire progresser l'Europe de la défense.
N. Sarkozy a annoncé ce retour de manière implicite lors du « discours aux ambassadeurs » en août 2007. Depuis lors, tous nos partenaires considèrent que la décision est prise et qu'il n'est donc pas nécessaire de faire des concessions à la France pour ce qui concerne la défense européenne.
C'est pour cela que la France n'a pas pu obtenir la création d'un état-major de commandement permanent pour la PESD (politique européenne de sécurité et de défense), à laquelle se sont opposés les Britanniques. Sans cet état-major, la défense européenne n'a pas d'autonomie et dépend de la planification et des moyens collectifs de l'OTAN pour les opérations lourdes. Depuis lors, les Britanniques essaient de pousser l'idée d'une harmonisation des planifications de défense de l'OTAN et de la PESD, ce qui enlèverait toute autonomie et donc tout intérêt au processus de construction de l'Europe de la défense.
Au total, on voit que la perspective de retour de la France dans l'OTAN, loin de renforcer la PESD, l'a affaiblie et peut être même compromise définitivement.
3 - Le retour dans le commandement intégré serait un gage de la réconciliation transatlantique et permettrait à la France d'établir avec les Etats-Unis des relations de meilleure compréhension, dans le respect des intérêts de chacun.
Militairement parlant, ce retour n'a pas d'importance. Quand la France participe à une opération, des officiers français sont intégrés dans les chaînes de commandement opérationnel.
Politiquement parlant, il n'en va pas de même. L'appartenance au commandement intégré introduit une présomption de disponibilité des forces françaises « assignées » à l'OTAN. Pour une mission militaire donnée, la participation française sera supposée acquise et le rôle du contingent français largement prédéterminé. La capacité de la France à infléchir la conduite de la mission -dans une interposition au Proche-Orient, par exemple- serait réduite d'autant. On ne voit pas en quoi cette situation réduirait les « malentendus transatlantiques ».
Symboliquement surtout, l'effet serait considérable. Jusqu'ici, le statut spécifique de la France dans l'OTAN était vu, notamment dans les pays arabes, comme le symbole d'une certaine indépendance de la France par rapport aux Etats-Unis et comme la preuve d'une volonté d'autonomie de la PESD. Cette perte d'image risque donc d'affaiblir la France et l'Europe et de déséquilibrer davantage encore la relation transatlantique.
Faire le pari d'une rupture majeure de la politique étrangère des Etats-Unis, qui laisserait plus d'autonomie à l'Europe et s'engagerait vers un multilatéralisme de compromis, est hasardeux. Rien n'indique que la nouvelle administration américaine ait décidé de renoncer aux privilèges de son « leadership ». Tout en promettant les plus larges consultations au sein de l'Alliance, le Vice-président Biden ne vient‑il pas de déclarer à Munich que « les Etats-Unis agiraient en partenariat chaque fois qu'ils le pourraient, mais seuls quand ils le devraient » ? Quant à la mission de l'OTAN en Afghanistan, s'il paraît aujourd'hui acquis que les Etats-Unis demanderont aux Européens d'y contribuer plus largement, il ne semble pas qu'ils envisagent de les associer davantage aux décisions essentielles. En revenant dans les structures intégrées de l'OTAN, la France ne serait pas dans la meilleure position pour faire prévaloir, conjointement avec ses partenaires européens, les voies d'une solution politique au conflit afghan, si jamais les Etats-Unis espéraient venir à bout de la rébellion en ayant principalement recours à l'action militaire.
La décision de N. Sarkozy est donc dangereuse, parce que porteuse de risques pour la qualité des relations transatlantiques. Elle est de plus inutile, alors même que le statut de la France dans l'OTAN était accepté par les Etats-Unis et ne nuisait en rien à la relation franco‑ américaine.
Paul Quilès
Ministre socialiste de la Défense (1985-1986)
Président de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale (1997-2002)
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vendredi, 06 mars 2009
Retour dans l'OTAN: Bayrou réclame un référendum
Retour dans l'Otan : Bayrou réclame un référendum
Le président du Modem François Bayrou a déclaré ce dimanche, lors du lancement de sa campagne pour les européennes, que le projet de réintégrer la France dans l'Otan, serait une "défaite" pour la France et l'Europe. Il juge que c'est aux Français de trancher cette question.
François Bayrou, président du Mouvement Démocrate (MoDem), a qualifié dimanche 8 février de "défaite" pour la France et pour l'Europe le projet de réintégration de la France dans le commandement de l'Otan, défendu par Nicolas Sarkozy, jugeant qu'un tel sujet exigeait un référendum.
Tout comme l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, François Bayrou se dit opposé au retour de la France dans le commandement de l'Otan. Lors d'une conférence nationale du MoDem à Paris, il a demandé que le choix qui avait été fait en 1966 par le général de Gaulle, de quitter la structure militaire intégrée de l'Alliance atlantique, "ne soit pas bradé, pas jeté aux orties".
Une réintégration serait "un aller sans retour", a-t-il prévenu. "Parce qu'il n'est pas imaginable qu'un grand pays comme le nôtre, à chaque alternance, entre et sorte du commandement intégré".
"Un tel choix, aussi lourd, ne peut pas se faire par les autorités politiques seules, encore moins par le président de la République. Ce choix ne peut se faire que par un référendum du peuple français", a déclaré M. Bayrou, interrogé par la presse à l'issue de la réunion.
"C'est un changement de cap radical, qui porte atteinte au patrimoine historique et diplomatique de la France, et un tel choix ne peut pas se faire en catimini, simplement par entente au sein d'une majorité passagère. Il faut que ce soit une décision majeure du peuple français", a-t-il ajouté.
En réintégrant cette structure, "nous lâchons la proie pour l'ombre", a également déclaré M. Bayrou à la tribune. "En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité dans le concert des nations, y compris dans le concert des nations européennes".
"C'est une défaite pour la France", et "c'est une défaite pour l'Europe", a-t-il affirmé. "Nous abandonnons une part de notre héritage, et nous l'abandonnons pour rien".
"Quand on est intégrés, on ne compte plus", a assuré le député des Pyrénées-Atlantiques. "On peut être indépendants en étant alliés, on ne peut pas être indépendants en étant intégrés".
L'ex-candidat à la présidentielle s'en est pris également au ministre de la Défense Hervé Morin, qui fut un de ses lieutenants du temps de l'UDF.
"Il a dit : 'il faut arrêter de barguigner'. Et il a ajouté: 'notre position d'indépendance aujourd'hui, elle est purement symbolique'", a cité M. Bayrou. "Innocent !" s'est-il exclamé. "On peut en dire des bêtises, en deux phrases!".
Le président Nicolas Sarkozy a fait un nouveau pas samedi, devant la conférence sur la sécurité de Munich (sud de l'Allemagne), vers un retour complet de Paris dans l'Otan.
Source : L'EXPRESS
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jeudi, 05 mars 2009
NATO Defence College reviews Dmitry Rogozin's book "Enemy of the People"
The NATO Defence College review of the book ‘Enemy of the People’ by Dmitry Rogozin
http://natomission.ru/en/society/article/society/artbews/...

The curious reader might do well to start Ambassador Dmitri Olegovich Rogozin’s book by looking at the comments about him which the author has chosen to include as an annex - essentially abuse from prominent Russian political figures, including the leader of the LDPR, Vladimir Zhirinovsky (whose father Rogozin pointedly identifies as being named Edelshtein): “Rogozin is an agent three times over - of the Kremlin, the KGB and the Comintern. He is a villain three times over.” Anatoli Chubais, formerly head of electricity monopoly RAO UES, and whom Rogozin identifies as the “spiritual guru” of the liberal SPS party and author of the concept of “voucher privatization”, describes Rogozin as a National Socialist. The author records other attacks on him by some of his favourite targets of abuse.
It would be natural to suppose that these quotations were recorded by Rogozin in a spirit of irony. It would also be wrong. There is so far as I could teil no trace of irony or self doubt in what Rogozin writes in this account of his political development and ideas. He means every word. It is natural enough that an autobiography should centre on its subject’s actions. This one is deeply personal. The only people mentioned in it who come out consistently well are Rogozin himself, and why not, for it is his story; Rogozin’s distinguished military father (General-Lieutenant Oleg Konstantinovich Rogozin, Hero of Socialist Work, Doctor of Technical Sciences and professor); and Vladimir Putin - who has yet to earn Rogozin’s despair. The introduction to the fourth edition of the book, sent for publication as Rogozin was about to take up his appointment as Russian Ambassador to NATO in January 2008, records his view that Rodina “won” the 2003 Duma elections (Rogozin’s word, presumably implying a moral victory since the party did not come near to winning a majority of the recorded votes, even if its showing was better than the Kremlin had anticipated). Since then, he says, vital elements of Rodina’s programme have been adopted by the Russian government. Putin’s real convictions, (page 5) says Rogozin, are those of the patriotic opposition. His book is dedicated to President Putin, as he then was.
The first set of Rogozin’s ideas would not al! be easy to square with Putin’s actions as President or Prime Minister, though some arguably have elements in common with Putin’s sentiments. Rogozin complains at various points in his book of the way that the media are constrained, the legal system is manipulated and elections are fixed. In so doing, he draws on personal experience. “The ability to lie to your face is the visiting card of power (vlast) today.” (An apt quotation from page 14). His writing is even more impassioned in his attacks on the “thieves” who have stolen, and steal, from Russia, whether bureaucrats or ‘oligarchs’. But then, “Bonapartism is always and everywhere partnered by stealing from the treasury…the consolidation of the Vertical of power’ has led to a real epidemic of theft.” Much of the book is a cry of pain for what has happened to Russia since Stalin’s death in 1953, and particularly since 1991, with the failure of the August putsch that year. Rogozin’s admiration for Stalin is for what the author sees as his success as a national leader who instilled discipline, not as the builder of’socialism in one country’.
The remedy sketched by Rogozin for Russia’s present ills is not what might be expected from his attacks on the way the present state of affairs rests on arbitrary controls. It is for the power of the centre to be increased, under the condition that the exercise of absolute power be governed by absolute responsibility, borne personally by the leader himself. He does not explain exactly what this might mean. He would no doubt be enraged by the suggestion that it is a doctrine that notorious figures of the middle of the 20th Century would instantly accept.
Rogozin argues for increased national ownership of critical economic factors. He does not explain how such a system could work, or how it would prevent what he sees as the treachery and incompetence which brought the USSR to needless and tragic collapse being repeated under another centrally directed government of Russia. His domestic policy prescriptions are however often declarative rather than analytical, for instance in his lengthy and agonised account of Russia’s demographic problems. Russia should be, he writes at one point, aiming at a population of 500 million, without giving a clear idea of how this degree of reproductive fervour could be brought about
That should not be read as a sneer. Rogozin’s despair at what he sees as his country’s fall deserves better than that. He records his academic achievements, but his book is not that of an educated sceptic. In one striking passage, following on Rogozin’s account of the Chechen mentality, he tells of an interview with Putin in which he offered to go to Grozny as Presidential Representative. The President’s response, which Rogozin saw as “very significant” was that Putin wanted him to stay for the time being in the Duma. That, thought Rogozin, was a missed opportunity. Had he taken charge in Grozny the bloodshed would have been minimal. It does not seem to have occurred to him that the President may have been less confident than Rogozin of the latter’s ability to sort things out Putin’s ability to keep others under the impression that he sympathises with their aspirations even when he does not is again illustrated at other points in Rogozin’s account.
The heart of Rogozin’s book, whether he is recording his efforts as a dogged and immovable defender of his country’s true interests, or setting out his political creed, is the need to revive Russian national feeling, and thereby to restore Russia to her rightful status, as he would see it, as a Great Power. He makes it very clear, though not in a consistently specific manner, that this aim entails Russia’s borders enlarging to include all the territories that have been hers over the course of Russian history. He refers on page 145 to the national idea enshrining the right for Russians to be the formers of the state not just in the present territory of the Federation but also “inherently Russian lands beyond its borders. Crimea, Little Russia, Belorussia, the Cossack steppes of Kazakhstan, TransDniestra, the PriBaltic - these are the native lands of the Russian nation.” Russians brought civilisation to the peoples who fell under her control, and they now share her destiny as a beneficent result. “It is inadmissible to remain silent while the country that gave you life is robbed and humiliated. If even a drop of Russian blood runs in our veins we should be readying ourselves to fight….It is on our bones that Europe prospers today” (page 443). And so on throughout the book- often.
Rogozin’s political programme is mystical rather than practical, despite the fact that he recounts his involvement in many of the political dramas over the last couple of decades of his country’s history. He vents his frustration at being balked of the success he is sure was his in Duma and Moscow elections. The administrative barriers in the way of setting up independent parties are excoriated. He nonetheless sees the revival and channeling of Russian nationalism as essential to the nation’s survival, and achievable through disciplined action by a committed elite. He seems to take it for granted that the restoration of true patriotic feeling, and the direction of affairs by true patriots, would restore harmony as well as greatness to his country, and that it would be thoroughly democratic too.
This is all disputable, and the*fenguage in which it is conveyed is in places disreputable too. But Rogozin’s book is honest in its efforts to convey what he really thinks, and innocent of guile. There are many other Russians, and decent ones too, that share his prejudices to a greater or lesser degree, and who reach too readily for the language of abuse when others do not accept them: a Pravda inheritance, maybe. Many Russians for instance seem genuinely to believe that they have a better sense of what other formerly Soviet people - and particularly those of Slavonic origin - truly want and need than what these people choose for themselves through their elected leaders. When Rogozin says that Sevastopol is “ours”, and that that is a “fact” (page 129), he is only giving more emphatic expression to a view that others of greater authority than he have set out more cautiously. When he laments the treatment accorded to Russia by her enemies, internal or external, he is giving his own version of the sense of national(ist)
grievance that has developed so strongly in recent years. There was a contrast to be drawn in the 90s between Serbia’s haunted sense of wrong and Russia’s efforts to make a new and post imperial start. The parallels between Serbian nationalism then and Russian feelings now, as illustrated by Rogozin’s book, can be uncomfortably close.
The aim of restoring, as its advocates term it, Russia’s status as a Great Power runs beyond the “patriotic opposition” invoked by Rogozin. It is deeply felt to be legitimate, and necessary, by Russians who are far more liberal in their outlook than Rogozin, and has been articulated in various forms by the highest leadership, including by the former and current Presidents. But while there is no doubting its emotional appeal to many Russians, if to few of their neighbours, Rogozin in his book has been no more able than others to set out exactly what it means. If Russia is a Great Power, then presumably there are others, and presumably they have parallel rights. No one knows exactly who these other “Great Powers” might turn out to be. It would also seem to follow that “Great Powers” have greater rights than lesser ones, a proposition that is contrary to the Charter of the United Nations, and unacceptable to those relegated to the second or perhaps third division. The aspiration to be recognised as a Great Power, which runs so clearly throughout Rogozin’s book, in short, is a lament for past glory to return, not a practical guide to policy. It is not however the less compelling for those who would pursue it because it is incapable of definition, or perhaps even of cure.
ON THE NATO DEFENCE COLLEGE REVIEW OF THE BOOK
‘ENEMY OF THE PEOPLE’ BY DMITRY ROGOZIN
The very fact that a major agency of NATO’s educational system got down to reading such an alien book dedicated to Russian domestic affairs means a lot. The author of the review has taken the reading seriously, and building upon his knowledge he made an attempt to analyze what was written by Dmitry Rogozin. There is no doubt that NATO is primarily interested in political views of the ambassador it is dealing with rather than Russian domestic policy as such.
It is quite another matter that it is a tough job for a Westerner to give a fair assessment of those views; the temptation to slide down to stereotypes (Putin as the sole ruler of the country, patriotic views as an extreme form of xenophobia, etc.) is too big. The author of the review attempts to disregard details about Russian domestic policy, however, he delightfully quotes Rogozin’s criticism of the Russian bureaucracy and in the end he reduces everything to the ‘favourite’ common denominator of Western analysts – that Russia is yet again aspiring to become an empire and a great power, while it lacks either rights or good reasons for that. In the author’s opinion, such an aspiration lacks “legitimacy”, and he notes that Rogozin is just one among many Russians who want to see their country regain its greatness. The author argues that allegedly there is no ‘cure’ for this concept that has basically become the ideology Russian policy is guided by. Apparently, neither is there a cure for the aspiration of the Westerners to not let Russia become a great country again, just as for any form of maniacal schizophrenia. He particularly bridles at Rogozin’s ideas of uniting inherently Russian lands, and the role of the Russian nation as a civilization factor triggers nothing more than an ironic smile.
Nevertheless, this review seems in general to be quite well balanced and serious. The author admires Rogozin’s sincerity and consistency, his concerns over the present situation in the country, even though the style he chooses does not always seem justified to the author.
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mardi, 03 mars 2009
La mort du leadership américain
Un pays discrédité et en faillite/La mort du leadership américain
Une fois encore, Paul Craig Roberts présente une analyse pessimiste sur l’avenir américain. Il ne voit pas comment les Etats-Unis retrouveraient leur leadership et il ne peut s’empêcher d’observer l’ancien rival pour se demander si le monde n’assiste pas à l’avènement d’une nouvelle ère « Poutine ». Polémia
Un nombre incroyable de personnes, aux Etats-Unis et à l’étranger, espère que le Président Obama mettra fin aux guerres illégales de l’Amérique, qu’il mettra un terme au soutien de l’Amérique aux massacres de Libanais et de Palestiniens commis par Israël et qu’il punira, au lieu de les récompenser, les banquiers gangsters (ou les « banksters escrocs »), dont les instruments financiers frauduleux ont détruit l’économie et imposé une souffrance massive à tous les gens dans le monde. Si les nominations d’Obama sont une indication, tous ces gens qui espèrent vont être déçus. (…)
Ce qui est décourageant est le fait que, même confronté à une crise économique et à une crise de politique étrangère, le système politique américain est incapable de produire le moindre leadership. Nous nous trouvons dans la pire crise économique de toute une vie, peut-être de notre histoire, et à la veille d’une guerre au Pakistan et en Iran, alors que la guerre en Afghanistan s’escalade. Et tout ce que nous obtenons est un gouvernement constitué de ces mêmes personnes qui nous ont amenés ces crises.
L’ère du leadership américain est révolue. Le système financier d’escrocs de l’Amérique a plongé le monde entier dans la crise économique. Les guerres d’agression de l’Amérique sont vues comme servant d’autres buts, comme l’enrichissement des industries militaires associées à Dick Cheney. Le monde est à la recherche d’un autre leadership.
Vladimir Poutine a bien joué à Davos pour endosser ce rôle. Son discours, lors de la cérémonie d’ouverture, était le plus intelligent de tout l’évènement. Poutine a rappelé au Forum Economique Mondial que les délégués américains qui s’exprimaient depuis cette tribune, il y a tout juste un an, avaient insisté sur la stabilité fondamentale de l’économie américaine et ses perspectives limpides. Aujourd’hui, les banques d’investissement, la fierté de Wall Street, ont virtuellement cessé d’exister. En 12 mois exactement, elles ont publié des pertes excédant les profits qu’elles ont réalisés au cours des 25 dernières années
Poutine a défendu l’idée selon laquelle le système financier existant, basé sur le dollar et l’hégémonie financière américaine, avait échoué.
Poutine a démontré que sa compréhension de l’économie était supérieure à celle de l’équipe d’Obama, lorsqu’il a déclaré que créer plus de dettes venant s’ajouter à des « dettes inextricables », comme le fait Obama, « prolongerait la crise ».
Dans une autre pique visant le leadership économique raté de l’Amérique, Poutine a déclaré qu’il est temps de se débarrasser de l’argent virtuel, des faux rapports financiers et des notations de crédit douteuses. Poutine a proposé un nouveau système de devise de réserve pour « remplacer le concept mondial unipolaire obsolète. » Poutine a dit qu’un monde en sécurité nécessitait la coopération, qui elle-même nécessite la confiance. Il a bien fait comprendre que les Américains avaient prouvé qu’on ne peut pas leur faire confiance.
Ce fut un message puissant qui a été beaucoup applaudi..
Par Paul Craig Roberts
CounterPunch, 3 février 2009
article original : "The Death of American Leadership"
Traduction : [JFG-QuestionsCritiques]
http://questionscritiques.free.fr/
Correspondance Polémia
12/02/09
00:40 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, politique, politique internationale, etats-unis, géopolitique, sociologie, obama, atlantisme, occidentalisme, otan |
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dimanche, 15 février 2009
Pourquoi N. Sarközy veut que la France réintègre le commandement de l'OTAN
Pourquoi Nicolas Sarkozy veut que la France réintègre le commandement de l’OTAN
Le Général de Gaulle se retourne dans sa tombe. 43 ans après sa décision de retirer Paris du commandement militaire intégré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN, créée en 1949, 22.000 employés et 60.000 militaires permanents), son dangereux successeur à l’Elysée multiplie les déclarations (1) pour que la France y reprenne désormais “toute sa place”.
“Toute sa place” est une formule qui, dans l’approche de Nicolas Sarkozy, signifie clairement un engagement sans réserve aux côtés des Etats-Unis. Fidèle à sa méthode autocratique du “J’écoute mais je ne tiens pas compte”, il fait fi des voix de plus en plus nombreuses qui s’opposent à sa décision (2) et fait dire qu’il n’y aura ni référendum ni même de vote au Parlement sur la question. Il entend bien concrétiser seul son choix stratégique et balayer d’un coup d’un seul un demi-siècle de politique étrangère et d’indépendance française dès les 3 et 4 avril prochain, lors des cérémonies du 60e anniversaire de l’OTAN à Strasbourg et Kehl.
Histoire de confirmer sa volonté d’intégrer la France dans les hautes sphères politico-militaires de l’OTAN, Nicolas Sarkozy a d’ores et déjà pris l’année dernière deux initiatives très applaudies par son ami George W. Bush. Un, il a doublé la présence militaire française en Afghanistan en envoyant un millier de soldats combattre avec les américains contre les Taliban, alors que chacun sait que cette guerre est déjà perdue et que l’enlisement des troupes y est assuré (le nombre de soldats français morts sur le terrain depuis est déjà suffisamment éloquent). Deux, il a soutenu activement le projet de déployer un bouclier antimissile américain en Europe centrale, quitte à braquer sérieusement la Russie (Heureusement Barack Obama semble être en train de déminer cette énième provocation bushiste aux relents de Guerre froide). La récente volonté affichée de rapprocher Paris et Londres, principal allié des Etats-Unis dans ses guerres en Irak et en Afghanistan, est également un signe plus discret, mais tout aussi fort, d’allégeance à Washington. Seule contrariété pour le néo-conservateur de l’Elysée, ce n’est plus son ami fauteur de guerres George W. Bush qui est au pouvoir, mais Barack Obama, à l’évidence moins enclin à semer la terreur partout dans le monde au nom de la lutte anti-terroriste.
Cette rupture dans la politique d’indépendance de la France se drape bien entendu d’arguments à usage médiatique du type “Amis, alliés, mais non inconditionnels”, ou “nécessaire rénovation car nous ne sommes plus en 1966″, ou encore “La France ne perdra rien de sa souveraineté” (3). Nicolas Sarkozy dit vouloir développer avec l’OTAN une “Europe de la Défense efficace”. Depuis son élection, il ne cesse de répéter qu’une Europe de la Défense indépendante et l’ancrage atlantique sont les deux volets d’une même politique de sécurité. Mais quelle OTAN, pour quelle mission de défense européenne ? et la France a-t-elle quelque chose à gagner à réintégrer le commandement militaire de l’organisation, avec lequel elle coopère déjà très bien ? Elle fournit déjà 2.800 soldats pour l’occupation de l’Afghanistan, et maintient actuellement 36.000 soldats dans divers autres pays (Kosovo, Côte d’Ivoire, etc.).
Il est bien illusoire d’imaginer que les Etats-Unis donneront plus de place aux Européens et aux Français dans la nouvelle Alliance. Jaap De Hoop Scheffer a d’ailleurs bien précisé le 12 février 2009 à Paris que, si la France réintégrait le Commandement militaire intégré de l’Alliance atlantique, ce serait de toutes façons toujours à lui qu’il revenait “de gérer les choses au sein de l’OTAN, comme la position française au sein des structures de commandement, les généraux, etc”. Tout au plus les Etats-Unis accorderont-ils quelques commandements militaires sans importance à un ou deux généraux français — on parle vaguement d’un poste à Norfolk (Virginie, USA) ou à Lisbonne (Portugal) — sans que cela puisse réellement permettre à la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) de s’affirmer et de de peser significativement sur les décisions de l’OTAN. Dans tous les conflits (Afghanistan, Serbie, Kosovo, etc) où la France s’est retrouvée engagée aux côtés des militaires américains, ce sont systématiquement ces derniers qui décident et contrôlent de façon unilatérale toutes les opérations, en particulier les frappes, reléguant la France et les autres pays alliés au rang de simples exécutants. On ne les imagine guère se plier aux décisions des français dans l’avenir. Il n’est d’ailleurs pas inutile de rappeler que si de Gaulle est sorti de l’OTAN, c’est notamment parce qu’il demandait un directoire partagé de l’Organisation, ce que les Américains lui ont refusé. Et la suite a montré que la France, puissance moyenne disposant de l’arme nucléaire et d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, existait finalement plus à l’échelle mondiale en s’affirmant de façon autonome qu’en s’effaçant dans ce qu’il appelait le “machin” atlantiste.
Autre risque, la réintégration de Paris dans une OTAN qui sert de plus en plus de caution et de bras armé à l’impérialisme américain, sera sans nul doute perçu dans les grandes capitales du monde non-occidental comme un affaiblissement et un alignement sur les Etats-Unis, ce qui lui fera perdre le peu d’influence qui lui reste encore.
Quant à la “Voix de la France”, qui selon Nicolas Sarkozy deviendrait plus forte dans le concert des Nations si elle réintègre l’OTAN, elle semble jusqu’à présent avoir moins souffert des discours et des choix du Général de Gaulle — ou même de ceux de Jacques Chirac et Dominique de Villepin, par exemple en 2003 à l’ONU lors du refus de la France de suivre les Etats-Unis dans l’invasion de l’Irak — que ceux des “caniches” européens de George W. Bush (Tony Blair, José Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy, José-Maria Aznar,…).
Mais l’essentiel n’est pas là. Le projet de Nicolas Sarkozy, cet anti de Gaulle, ne consiste pas en un renforcement de la défense européenne, ou du moins pas pour lui donner plus de pouvoir et d’indépendance comme il le prétend. A travers ses choix diplomatiques et stratégiques il est à l’évidence tout à sa “vision” purement occidentaliste de la France et de l’Europe. Pour lui, la France doit s’affirmer “dans sa famille occidentale” et dans “les valeurs occidentales qui sont pour elle essentielles” (Discours de janvier 2008 devant le corps diplomatique français). Il partage avec son mentor George W. Bush une idéologie qui se fonde avant tout sur la défense d’une civilisation occidentale qui serait aujourd’hui attaquée par le monde islamiste. Lorsqu’il déclare faire en sorte que “Paris et l’ensemble des capitales occidentales parlent désormais toutes d’une seule voix”, c’est surtout pour défendre les causes occidentales que les discours et les aventures guerrières de Bush “contre l’Axe du Mal et la Barbarie” ont totalement galvaudées: la Démocratie, la Liberté, l’universalisme des Droits de l’Homme, la lutte contre le terrorisme. Comme George W. Bush et comme tous les néo-conservateurs islamophobes, Nicolas Sarkozy est dans une logique de guerre contre tout ce qui ne relève pas des “valeurs occidentales” judéo-chrétiennes, tant en matière d’économie que de politique et de religion. Il exècre et ne cesse de diaboliser les partis islamistes qualifiés de terroristes comme le Hezbollah ou le Hamas, n’imaginant pas que son propre occidentalisme est à l’Occident ce que le fondamentalisme islamiste est à l’Islam. Il est au plus près des cercles israélo-américains d’extrême-droite qui, afin de “garantir la paix et la sécurité”, prônent une domination occidentale du monde, quitte pour cela à passer à l’offensive et à se lancer dans une guerre de civilisation “globale”. Pour Nicolas Sarkozy il s’agit de défendre mais aussi désormais d’imposer par tous les moyens, et notamment par la guerre, un nouvel ordre occidental soi-disant “moral” (comprendre surtout “néo-libéral”) qui doit régner sur l’ensemble de la planète.
Cette idéologie d’autodéfense agressive se nourrissant du conflit avec l’islamisme autorise ainsi l’OTAN — qui à l’origine n’a qu’une mission de défense limitée aus territoires occidentaux — à aller porter la guerre aux confins de la planète pour défendre des intérêts géostratégiques essentiellement américains, quand ce n’est pas parfois purement israéliens, à titre d’une soi-disant “légitime défense” contre le terrorisme islamiste. De hauts stratèges et chefs d’état-major de l’OTAN planchent même actuellement sur de réjouissantes nouvelles options militaires. Ces docteurs Folamour réclament en effet le droit d’effectuer des frappes préventives, y compris avec l’arme nucléaire, sans autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU. Lorsque l’on connaît le désir insensé des Israéliens et de leurs amis américains — Même avec Barack Obama, il y a peu de chances que les Etats-Unis modifient leur politique de soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël — d’aller bombarder l’Iran, on imagine aisément à quoi la sainte alliance transatlantique risque bientôt de servir.
C’est avec cette “vision” guerrière et occidentaliste du monde, ruineuse et extrêmement dangereuse pour la France, que Nicolas Sarkozy entend jouer un rôle international. En infléchissant la doctrine militaire française pour mieux s’aligner sur la politique étrangère américaine, dont on connaît pourtant les errements et l’agressivité aussi inefficace que désastreuse, il commet une erreur diplomatique et stratégique majeure.
Noël Blandin, pour la République des Lettres
Notes
1) Annoncé dès la campagne électorale de 2007, ce projet sarkozyste n’a cessé d’être remis sur la table, tant par Nicolas Sarkozy que par Bernard Kouchner (Ministre des Addaires étrangères) et Hervé Morin (Ministre de la Défense) afin d’y “préparer l’opinion”, notamment pour le Président de la République à travers le Discours de janvier 2008 devant le corps diplomatique français, lors du Sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008 et la semaine dernière encore lors d’une conférence sur la sécurité à Munich.
2) Parmi les responsables politiques qui s’opposent à la décision autocratique de Nicolas Sarkozy, on note celles de François Bayrou pour qui la réintégration dans le commandement militaire de l’OTAN serait “une défaite pour la France” et un “un aller sans retour” [...] “En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité, une part de notre héritage, et nous l’abandonnons pour rien”. Il demande que le choix fait par le Général de Gaulle en 1966 “ne soit pas bradé et jeté aux orties”, ajoutant qu’un tel choix ne peut aujourd’hui être modifié “que par un référendum du peuple français”. Dans un entretien au Nouvel Observateur, François Bayrou précise sa pensée. Pour lui, en réintégrant l’OTAN, la France se range “aux yeux du monde” dans un “bloc occidental” [...] “euro-américain d’un côté, le reste du monde de l’autre. Ceci, pour la France et son histoire, son universalité, est un renoncement”. Il affirme que “ce que nous sommes en train de brader, ce n’est pas seulement notre passé mais aussi notre avenir, une partie du destin de la France et de l’Europe”. Pour le Parti Socialiste, qui demande un débat et un vote parlementaire sur la question, “Aucune explication recevable n’est apportée sur l’intérêt pour la France de ce retour” et les “conditions et contreparties de cette réintégration ne sont pas connues”. Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, estime que “La France doit garder son autonomie de décision” et que celle-ci “ne peut pas être prise par le président seul”. Les anciens ministres socialistes de la Défense Paul Quilès et Jean-Pierre Chevènement ont également publié des tribunes dans la presse pour exprimer leur rejet de cette décision “très dangereuse pour la sécurité de la France”. [...] “Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans des guerres qui ne sont pas les nôtres”, affirment-ils. “Si la France entre dans l’OTAN, il n’y a plus d’espoir de politique étrangère et de sécurité commune, plus d’Europe de la défense”, affirme également le socialiste Jean-Michel Boucheron. La réintégration “limiterait notre souveraineté et serait le signe d’un alignement sur l’administration américaine qui banaliserait la singularité de la France”, estiment pour sa part le Parti Communiste. Du côté de l’UMP, une partie des députés exprime aussi son opposition: Jacques Myard proteste contre ce “retour qui va lier les mains de la France et l’arrimer à un bloc monolithique occidental dirigé par les Etats-Unis” tandis que Lionnel Luca explique que “Pour un grand nombre de pays arabes, le fait que la France soit dans l’OTAN est un mauvais signal”. Jean-Pierre Grand regrette cet “arrimage plein et entier aux Etats-Unis”. “Il y a dans le monde entier des pays qui attendent de la France qu’elle demeure une transition, une passerelle, et qu’elle ne s’aligne pas sur les Etats-Unis”, renchérit Georges Tron. Le gaulliste ex-UMP Nicolas Dupont-Aignan s’engage lui dans une quasi campagne contre le projet et exige un débat parlementaire. Daniel Garrigue, député ex-UMP de la Dordogne, s’est de son côté fendu d’une tribune intitulé “Bonjour, messieurs les traîtres !”. Pour lui, “Rien ne justifie le retour de la France dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord et la remise en cause de l’un des rares consensus forts de notre pays — voulu en l’occurrence par le général de Gaulle avec la sortie de l’Otan en 1966 et confirmé par ses successeurs, y compris par le socialiste François Mitterrand. Nous y perdrons la considération que nous avions sur la scène internationale et particulièrement notre capacité à être entendus dans un certain nombre de conflits, notamment au Proche et au Moyen-Orient. [...] “Pour tous ceux qui croient en la France et en la construction de l’Europe, cette décision de rejoindre l’Otan qui n’a été ni concertée, ni discutée, ni approuvée par les Français ou par le Parlement, constitue bien une véritable trahison”. Alain Juppé, ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, renouvelle lui aussi ses critiques en demandant si la France n’était pas en train de “faire un marché de dupes en rentrant sans conditions” dans le commandement de l’OTAN. Mais le plus farouche opposant à Droite est l’ancien Premier Ministre Dominique de Villepin. Pour lui, la France “va se trouver rétrécie sur le plan diplomatique” et sera plus vulnérable au terrorisme. “Alors que le Sud est en train de s’affirmer, dans un monde qui est en train de basculer, faut-il donner le sentiment de se crisper sur une famille occidentale ?”, s’interroge-t-il. Comme François Bayrou, il estime que si la France avait été intégrée aux structures de commandement de l’OTAN en 2003, elle aurait été obligé de suivre les Etats-Unis de Geoorge W. Bush dans la guerre contre l’Irak.
3) Discours de Jaap De Hoop Scheffer, Secrétaire général de l’OTAN, devant les parlementaires français le 12 février 2009.
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mercredi, 11 février 2009
Retour de la France au sein de l'OTAN: Ankara étudie la demande française...

Retour de la France au sein de l’Otan : Ankara « étudie avec circonspection » la demande française… : "Dans sa décision de réintégrer le dispositif militaire de l’Alliance atlantique, Sarkozy n’avait sans doute pas prévu qu’il devrait recevoir le blanc-seing de la Turquie… Par la voix de son ministre des affaires étrangères, Ali Babacan, le gouvernement turc vient en effet de déclarer qu’il est « toujours en train d’évaluer » la demande française de retour dans le commandement de l’Organisation. « Les modalités (d’un retour de la France) sont en train d’être discutées au sein de l’Alliance atlantique. Est-ce qu’il y aura un vote (des pays membres) ou pas, on ne le sait pas encore », a expliqué M. Babacan samedi à la presse turque. Il a précisé que le retour de la France dans l’alliance occidentale « est plutôt une affaire politique que légale. La plupart des alliés de l’Otan y voient une décision positive, mais nous sommes toujours en train de l’évaluer », laissant entendre que gouvernement turc pourrait s’y opposer si Paris continuait de freiner l’entrée d’Ankara dans l’UE. Soucieux d’engranger les voix du camp national, Nicolas Sarkozy avait fait du non à l‘entrée de la Turquie dans l’UE l’un des thèmes de sa campagne pendant la présidentielle de 2007, prônant à la place un « partenariat spécial », dont Ankara ne veut pas entendre parler. Pendant sa présidence tournante de six mois, de juillet à décembre 2008, le président français avait néanmoins accepté d’ouvrir deux nouveaux chapitres de la candidature de la Turquie, portant leur nombre à 10 (sur 35). Un geste considéré comme tout à fait insuffisant par la partie turque, qui, réponse du berger à la bergère, pourrait s’opposer aux demandes françaises de réintégrer le commandement militaire de l’Otan…" Source
09:51 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, france, otan, atlantisme, sarkozy, alliance atlantique, occidentalisme |
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mardi, 20 janvier 2009
Géopolitique et Mittleuropa

Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES - GRECE (Paris) - Décembre 1989
Robert Steuckers:
Géopolitique et Mitteleuropa
Contribution au XXIIIième Colloque du G.R.E.C.E. , Paris, Dimanche, 3 décembre 1989
Mesdames, Messieurs, Chers amis et camarades,
Quand, le soir du 9 novembre, une voix a interrompu le journaliste sportif, qui relatait les exploits d'une équipe de football, pour annoncer que le Mur de Berlin venait d'être ouvert, que sa sinistre existence avait cessé, que la rue avait arraché cette mesure aux gouvernants communistes de la RDA, j'ai su d'emblée qu'une ère historique nouvelle venait de naître, que l'Europe ne serait plus celle, manichéienne, de mon adolescence, que l'Europe de mon fils serait autre, que nous ne serions plus enfermés dans le ronron de notre Occident et que nos frères à l'Est ne seraient plus prisonniers de la logique communiste, logique sèche, froide, absconse et obsolète.
La destruction du Mur de Berlin annonce la guérison de l'Europe, son recentrage géographique et géopolitique. Si l'univers communiste a tenté en vain, pendant 40 ans, d'empêcher les Européens qui croupissaient sous son knout de recevoir des informations de l'Ouest, l'univers de la société marchande nous a gavé de sous-culture à profusion, de films idiots, de feuilletons d'une bêtise ahurissante et a sournoisement et systématiquement éradiqué en nous la fibre historique. A cette heure, nous nous trouvons donc en présence d'une moitié d'Européens qui peuvent dire tout ce qu'il veulent, mais si ce qu'ils veulent est important, on l'occultera et on le noiera sous une masse d'informations périphériques. Et en présence d'une autre moitié d'Européens qui ne peuvent en théorie rien dire, mais qui ont su garder au fond de leur cœur le souvenir de l'histoire, et qui savent transformer ce souvenir en force, en une force imperméable aux dogmes, en une force qui balaie les dictatures, les régimes sclérosés, les polices anti-émeutes.
Les peuples de l'Est de la Mitteleuropa sont debout sur leur sol, sur leur glèbe et, faute de dialoguer dans un parlement, dialoguent avec l'immémorial de leur histoire. Une histoire qui a été mouvementée, qui est d'une complexité inouïe, où ne se mêlent pas seulement les souvenirs des Germains et des Slaves, des Magyars et des Daces romanisés, mais aussi ceux des ethnies indo-européennes dont il ne reste plus de traces linguistiques comme les Celtes, les Illyriens et les Vénètes. Cette richesse (S3) constitue un remède contre les simplifications abusives: le cocktail ethnique de la Mitteleuropa est infiniment productif, en créations culturelles et en tragédies politiques, parce qu'il a été buriné par des millénaires. La césure de l'Europe n'a duré que 40 ans. Qu'est-ce que c'est face à des millénaires d'histoire commune? De quel poids pèse la sécheresse marxiste face à l'incommensurable richesse culturelle de l'Europe centrale, face au sublime de la culture baroque et au génie des mélodies populaires, qu'à l'aube du siècle des musiciens hors pair ont sublimées en musique classique (H4)? Pour l'écrivain hongrois György Konrád (K9, K10, K11), c'est ce formidable kaléidoscope de créations immortelles que Yalta a voulu fourrer dans sa camisole de force, c'est cette matrice qu'il a voulu stériliser, en imposant, depuis Washington et Moscou, une métaphysique paralysante de nature idéologique; un manichéisme lourd, porté par d'impavides idéologues ou militaires, incapables de relativiser quoi que ce soit et réduisant la mosaïque centre-européenne à un terrain d'exercice pour armées étrangères, pour un champ de tir destiné aux ogives nucléaires.
Mais le déclin de la Mitteleuropa, depuis la dissolution de la monarchie austro-hongroise, jusqu'à son absorption par l'Allemagne nationale-socialiste puis à la conquête soviétique, relève de la responsabilité des peuples centre-européens eux-mêmes: ils ont voulu bâtir des Etats-Nations homogènes à la mode jacobine sur un territoire aux contours si flous qu'aucune frontière ne pouvait jamais y être juste. En conséquence, la logique qui convient au cœur de notre continent est une logique des fluidités, des réseaux, des rhizomes et non pas une logique équarissante, homogénéisante, rigide et arasante (H4) qui blesse les âmes, aigrit les cœurs, provoque les massacres et l'irréparable. Et c'est exactement une logique souple de ce type que suggère pour la nation allemande l'enfant terrible de la social-démocratie autrichienne, Günther Nenning, un écrivain original ne s'encombrant d'aucun conformisme (N2). La nation allemande et l'esprit allemand, dit-il, transcendent toutes les frontières que l'histoire leur a assignées. De même pour les Hongrois, les Polonais et les Tchèques.
La Mitteleuropa est donc un espace qui échappe à toutes les logiques cartésiennes. Mais qui n'en garde pas moins une originalité partagée par plusieurs peuples, une originalité telle qui fait qu'elle n'est pas saisissable à l'aide de quelques pauvres concepts étriqués mais seulement par l'âme et le cœur. Dans la sphère du concret, et plus précisément dans le domaine du droit, le professeur Wilhelm Brauneder (B9), constate que le droit autrichien, codifié dès la fin du XVIIIième siècle, sert de modèle à l'ensemble du monde slave et germanique et déborde en Lombardie. La Révolution française et l'épopée de Bonaparte mettront un terme à l'extension dans toute l'Europe de ce code de droit forgé dans les chanceleries viennoises. Mais la nostalgie de certaines mesures prévues, plus respectueuses des collectivités locales ou professionnelles, plus attentives aux phénomènes associatifs, durera jusqu'à la deuxième guerre mondiale.
La Mitteleuropa par sa diversité, par la superposition de ses multiples cultures nationales, parce qu'elle est synthèse de tant de contraires, s'oppose diamétralement à la culture atlantique qu'ont imposé nos suzerains américains. Outre-Atlantique, l'uniformisation est aisée, la mise au pas des cerveaux est facile: chaque immigrant est arrivé les mains vides, dans des villes sans histoire, face à une nature vierge, sans un ancêtre qui puisse lui rappeler la généalogie de chaque chose. Une telle uniformisation est impossible en Mitteleuropa: chaque maison, chaque chaumière, chaque autel, chaque forêt bruisse du murmure des siècles et des millénaires. Le communisme a tenté une uniformisation: il a échoué. Entre l'Amérique et la Mitteleuropa, incarnée par l'Autriche-Hongrie, une vieille haine couve et l'affaire Waldheim n'en est que le dernier et ridicule avatar. Une nation pluri-ethnique, soucieuse de respecter chaque spécificité populaire ou religieuse, soucieuse de forger un droit adapté à la mosaïque européenne, ne pouvait apparaître que comme "réactionnaire" aux yeux de ceux qui dominaient le Nouveau Monde après avoir éliminé les autochtones et obligé les immigrants à oublier ce qu'ils avaient été.
Pour échapper aux logiques de l'arasement, portée par les deux super-puissances, pour restaurer dans la foulée toutes les identités de l'Europe Centrale, pour leur assurer une indépendance politique et un développement autonome, un nombre impressionnant de projets ont été lancés dans le débat. Ces projets sont l'œuvre d'essayistes et d'écrivains issus de toutes les nationalités: Tchèques (K18), Polonais (K13), Croates, Hongrois (H4, H5, K9, K10, K11, S21, V1), Autrichiens (N2, D10, B9) , Allemands (A1, B7, W2), Slovaques. Certes, ces projets varient, sont chaque fois marqués par la nationalité de leurs auteurs. Le Hongrois György Konrád souhaite une confédération de la Pologne, de la Tchécoslovaquie et de la Hongrie, parce qu'il estime que l'expérience du socialisme réel et de la répression soviétique est une condition sine qua non pour définir la "culture du milieu". Dans la tradition de Masaryk, quelques essayistes pensent que la Mitteleuropa ne comprend que les pays qui ne sont ni allemands ni russes, de la Scandinavie à la Grèce. Mais peut-on exlure les deux Allemagnes et l'Autriche du débat sur la Mitteleuropa? Peut-on en exclure la Vénétie et la Lombardie, la Suisse, les Pays du Bénélux et, même, la France du Nord-Est voire le Sud-Est de l'Angleterre?
A ces questions, nous répondons évidemment: "non". La Mitteleuropa en tant que foyer de culture s'est diffusée, s'est insinuée partout en Europe, si bien que nous sommes tous, à des degrés divers, des Mitteleuropäer. Et l'indépendance des régions les plus éloignées des foyers que sont Vienne, Budapest et Prague, dépend en fin de compte de l'indépendance de l'Autriche, de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie. Et dépend également de l'indépendance des Allemagnes. Et comme la question de l'Europe Centrale est indissolublement liée à la question allemande (W2), il faut que celle-ci soit réglée dans les plus brefs délais. La pression de tous les Européens conscients du destin de leur continent doit s'exercer tous azimuts dans ce sens.
En Allemagne, une impressionnante phalange d'auteurs ont élaboré au cours de ces dernières années des projets de confédération inter-allemande, suggérant une neutralisation des deux Allemagnes, qui aurait précédé la réunification et l'adoption d'une nouvelle constitution, à mi-chemin entre le socialisme et le libéralisme, inspirée partiellement de Jakob Kaiser, l'adversaire chrétien-démocrate d'Adenauer, qui voulait une Allemagne neutre et sociale-solidariste (H1). Cette recherche fébrile fut la première phase (A1, B6, B7, IJ1). La phase suivante, elle, évoquait aussi la réunification par confédération mais sortait du cadre strictement allemand pour analyser la situation des pays neutres d'Europe: la Yougoslavie, la Suisse, l'Autriche, la Suède et la Finlande. L'Allemagne devait calquer son futur statut sur ceux des neutres et adopter un mode de défense national dégagé des blocs (A1, B6, G7, L5, L7). C'était l'idée d'une Europe qui ne serait ni atlantiste ni soviétisée mais trop importante pour être finlandisée. La gauche comme la droite participaient au débat et l'observateur extérieur pouvait constater avec quelle aisance et quelle tolérance les uns reprenaient des arguments aux autres; tous dialoguaient sans tenir compte des étiquettes (IJ1). Avec la perestroïka de Gorbatchev, les projets de confédération allemande et de zone neutre, à insérer entre les blocs pour éviter toute confrontation directe, acquièrent automatiquement une dimension nouvelle dès que le nouveau leader soviétique parle de "maison commune".
Devant le nouveau discours de Gorbatchev, on peut s'enthousiasmer ou rester sceptique. On peut arguer que la politique d'ouverture, les paroles de pacification, sont comparables à la procession d'Echternach: trois pas en avant, deux pas en arrière; résultat final: un pas en avant (H11, G1). On peut penser que l'URSS cherche toujours à se mesurer avec les Etats-Unis mais que, pour parvenir à ses fins et pour franchir le fameux "technological gap", dont parlait Arnold Toynbee (T3), elle a besoin de capitaux européens, ouest-allemands en l'occurrence. Gorbatchev organiserait ainsi une nouvelle NEP à l'exemple de Lénine (H11) et tournerait le dos au brejnévisme, pratique politique se résumant en un repli stérile de la Russie sur elle-même. Ce repli ne permettrait pas l'envol d'une technologie soviétique autonome et provoquerait en fin de compte un recul sur le plan militaire. L'analyse est juste. Mais, malgré ce calcul russe et malgré la présence des divisions de l'Armée Rouge, Gorbatchev prend plusieurs risques: tomber sous la dépendance de l'Europe sur le plan technologique, mécontenter de larges strates du peuple soviétique peu habituées à la concurrence libérale, amorcer un processus de dissolution des franges marginales de son empire. Du coup, les Européens peuvent lui renvoyer la balle et dire que l'idée de la "maison commune" les intéresse, à condition que les Europes (CEE + AELE, sans discrimination) soient ses seuls fournisseurs de biens technologiques, qu'il accepte de livrer des matières premières à prix concurrentiels, qu'il évacue le glacis centre-européen, que les principes fédéralistes de la constitution soviétique soient réellement appliqués, y compris dans les pays baltes. Que Gorbatchev se rassure: l'éventuelle désagrégation des franges marginales de l'Empire ne portera pas atteinte à l'identité du peuple russe, si celui-ci prend réellement au sérieux les implications du projet de "maison commune". Ce qui signifie qu'il pourra s'ouvrir sans obstacle à l'Europe et que, simultanément, tous les Européens pourront s'ouvrir aux potentialités du territoire russe, Sibérie comprise.
Pour les nouveaux diplomates soviétiques (D1, IJ2, L4, P3), la "maison commune" constitue un projet dynamique collectif, auquel tous les Européens doivent participer indépendamment de l'idéologie qu'ils professent et appliquent. Il s'agit en outre d'un processus d'intégration qui rencontre les vœux séculaires des partisans de l'Europe unie. La diversité européenne postule une architecture politique complexe et souple, de façon à éviter les gâchis des deux guerres mondiales. Lesquelles prouvent que plus aucun problème ne peut être résolu par les armes sur le continent européen. La similitude entre ce discours et la notion de jus publicum europaeum chez Carl Schmitt est évidente. Le jus publicum europaeum, c'était la limitation et la modération des conflits à l'intérieur du continent européen et/ou de la chrétienté, assorti du recours constant à la négociation. Aujourd'hui, expliquent les diplomates soviétiques, la recréation d'un jus publicum europaeum sous la dénomination simple et concrète de "maison commune", postule non un désarmement unilatéral mais un alignement des systèmes militaires sur les critères de la défensive, peut-être selon les modèles suisse et yougoslave. Ensuite, ils suggèrent une accentuation des coopérations économiques inter-européennes. 95% des échanges entre Européens de l'Est et Européens de l'Ouest ne concernent rien que l'Europe, ce qui prouve, ajoute le Soviétique Lomejko (L4), que la "maison commune", considérée comme entité globale, pourrait vivre en une autarcie relative, avec un surplus d'indépendance vis-à-vis du reste du monde.
Devant ce nouveau discours gorbatchévien, les Occidentaux restent perplexes. Pour les Américains (Z2), c'est "une métaphore sans contenu précis" mais qui vise, si l'on sait lire entre les lignes, l'élimination des Etats-Unis sur le continent européen ou, du moins, une minimisation drastique de leur rôle dans la défense et l'économie européennes. Et l'Américain Zinner suggère un modus vivendi: déconstruction de l'armement nucléaire américain en Europe si les Soviétiques en font autant; maintien de la présence économique américaine à part égale avec les Soviétiques. Les Etats-Unis ne renoncent pas au marché européen et entendent conserver la plus-value qu'ils retirent du contrôle des grands axes maritimes, plus-value qui se rétécirait comme une peau de chagrin si les flux d'échanges basculent vers l'Eurasie. Quant au porte-parole européen du débat organisé par le Club de Berlin, Wichard Woyke (W4), il se dit séduit par les propositions de Gorbatchev mais reste simplement prudent et refuse toute précipitation!
La "maison commune" partage donc bien des points communs avec l'idéal grand-européen qui a toujours été le nôtre et je concède qu'il est quelque peu vexant de le voir confisquer aujourd'hui par Gorbatchev. Mais voilà, l'idée grande-européenne est tellement évidente, la coopération entre toutes les nations d'Europe une nécessité historique vitale, qu'on devait tôt ou tard y aboutir sur l'ensemble du continent, y compris à Moscou. Evidemment —et c'est là que réside le danger— Gorbatchev n'a pas beaucoup d'autres atouts dans son jeu que sa belle rhétorique; les remarques de Paul Zinner, porte-paroles des Etats-Unis, ne sont donc pas dépourvues de pertinence. L'économie soviétique est dans un état déplorable. Mais son armée est toujours là et elle est la plus puissante en Europe, même si la propagande de l'OTAN a quelque peu exagéré les chiffres. Sans concessions sous le couvert de l'idéal de la "maison commune", Polonais et Soviétiques passeraient mal l'hiver, puisque leurs stocks sont quasi vides. Il faut donc bien que les Occidentaux les remplissent. C'est la raison pour laquelle les virtualités du discours gorbatchévien doivent être exploitées à fond et dans le sens de nos intérêts car les Européens doivent prendre leurs rivaux américains et japonais de vitesse en proposant, sur base des arguments de Lomejko (L4), une idéologie corrigée de la "maison commune" intégrant ET les intérêts européens (ceux de la CEE ainsi que ceux de l'AELE) ET les intérêts soviétiques, tout en annulant les nombreux points confus où les Soviétiques, en bons joueurs d'échec, pourraient faire montre de duplicité. Au fond, l'Américain Zinner (Z2) ne propose rien d'autre: un pacte américano-soviétique de neutralisation de l'Europe. A nous de proposer un pacte euro-soviétique, faisant pièce à l'impérialisme américain.
Car, si un nouvel espace euro-centré devait voir le jour, il ne pourrait plus être organisé selon les critères du communisme puisque ces recettes se sont avérées totalement improductives. Mais comme le libéralisme à l'occidentale affaiblit le politique, cette seule instance apte à faire passer les décisions du virtuel au réel; comme le libéralisme ne semble plus capable d'assurer le plein-emploi, c'est-à-dire la maximisation des capacités créatrices de nos peuples et non pas seulement la simple maximisation du profit dans le sens où l'entendent les idéologies matérialistes libérales; comme le libéralisme ne peut servir de modèle aux peuples de l'Est, habitués aux réflexes collectifs même si ceux-ci ont été dénaturés par la rigidité communiste, il est évident que l'organisation socio-économique de l'Europe réunifiée de l'avenir devra faire référence à d'autres théories, à des théories alternatives. Une dissidente tchèque déclarait la semaine dernière à des journalistes occidentaux que jamais son peuple n'accepterait la logique marchande et qu'il s'insurgerait contre elle avec la même énergie que contre le communisme d'appareil. Déclaration qui nous force à admettre que les principes de l'intéressement et de la participation, chers au gaullisme des années 60 et moqués par la bonne conscience néo-libérale, ont l'avenir devant eux. C'est d'ailleurs la plus belle pierre que la France peut apporter à la construction du grand espace, de la "maison commune".
En effet, le printemps de Prague, écrasé en août 1968 par les chars de Brejnev, avait son théoricien de l'économie alternative: Ota Sik. Son œuvre, si elle était conjuguée aux travaux du MAUSS en France, aux projets des théoriciens de la régulation et aux critiques des économies "décontextualisantes", permettrait de combler une terrible lacune commune et au discours gorbatchévien et au discours des eurocrates: en effet, quel projet de société alternatif et innovant suggèrent-ils? Aucun. La tâche d'un mouvement comme le nôtre, au seuil des années 90, n'est-il pas de s'investir à fond dans ce type de recherche, afin de ne pas déchoir en simple supplément d'âme d'une société entièrement imprégnée de l'utilitarisme libéral? Car la vague néo-libérale n'a rien apporté de durable à nos sociétés et ceux qui, présents dans tous les partis de l'établissement, se sont trop facilement laissé séduire par le clinquant de son discours, vont rater le train des années 90, vont fermer leurs cerveaux aux idées d'avenir.
Mais revenons à la question allemande, qui verrouille encore et toujours le passage de l'Europe fragmentée à l'Europe totale. Parmi les projets de confédération et de réunification, que j'évoquais tout-à-l'heure, les questions de sécurité dominent. A gauche de l'échiquier politique, elles se mêlaient de considérations anti-militaristes et pacifistes. Ailleurs, la volonté de créer l'apaisement entre l'Est et l'Ouest, couplée à l'espoir toujours récurrent de la réunification, passait par une critique systématique des stratégies de l'OTAN, y compris dans les rangs chrétiens-démocrates. Ainsi, le Dr. Bernhard Friedmann, parlementaire CDU et responsable de plusieurs commissions parlementaires, publie en 1987 un livre qui fait l'effet d'une bombe (F5). La réunification, y explique-t-il, est le seul projet de sécurité collective pour l'Europe. L'Allemagne, comme jadis la France de De Gaulle, doit trouver un mode original d'insérer sa défense entre les deux gros, sans être un simple jouet entre leurs mains.
L'année suivante, le Professeur Willms, éminent politologue, qui a défini de manière particulièrement magistrale les concepts d'identité et de nation, suggère une "fédération centre-européenne", obéissant à des principes politiques véritablement alternatifs tels:
1) la représentation triple des professions, des régions et des partis;
2) un ordre économique repensé et
3) une défense renforcée à la mode helvétique.
De Gaulle avait suggéré des mesures analogues, du moins quant à la représentation. Les thèses de Willms (W2) doivent dès lors mobiliser l'attention des Français. Car elles permettent de transcender les logiques bloquantes de la partitocratie et de maximiser la représentation populaire au sein des parlements. Autre argument de poids avancé par Willms: la fédération centre-européenne ne peut fonctionner que sur base d'une amnistie réciproque, d'un "oubli" permettant à l'histoire de redémarrer après la parenthèse de la seconde guerre mondiale et de notre long après-guerre.
Le Général Kiessling, chassé de l'état-major de l'OTAN en 1984, vient, quant à lui, de publier un brûlot remarquable: Neutralität ist kein Verrat, la neutralité n'est pas de la trahison (K2, K3). Dans cet ouvrage, il esquisse les grandes lignes d'un nouvel ordre européen. Parce que le statu quo est intenable. La volonté de rénover de fond en comble le statut de notre continent passe par une remise en question globale de tous les réflexes politiques et stratégiques auxquels nous avons été habitués depuis la guerre froide. C'est une contradiction insoluble de vouloir et la réunification et l'ancrage de la RFA dans les structures économiques et militaires occidentales. L'alignement sur l'Ouest, ce mot d'ordre d'Adenauer qui devait remplacer la raison d'Etat allemande, s'est révélé pure aberration. L'idée de réunification dans la neutralité est plus conforme aux principes généraux de la constitution démocratique de la RFA et permettrait d'insérer une Allemagne neutre entre les deux blocs, qui, ainsi, ne se feraient plus face directement.
C'est pourquoi Kiessling suggère un processus de réunification en huit étapes, passant 1) par le référendum populaire, 2) la constitution d'un conseil inter-allemand, 3) la reconstitution des Länder en RDA et la suppression de sa départementalisation, afin de redonner existence à des espaces homogènes et naturels et de supprimer des schémas administratifs desséchants, 4) la constitution d'une confédération allemande, 5) la réunification de Berlin, 6) l'élection d'une assemblée nationale constituante, 7) la proclamation de la République allemande, 8) la signature d'un traité de paix en bonne et due forme avec les Alliés de la seconde guerre mondiale. Cette République serait neutre et défendue par une armée unique de 300.000 hommes. La question reste ouverte de savoir si un pays comme l'Allemagne, avec des frontières ouvertes, sans protection naturelles, sauf les Alpes au Sud, peut se contenter d'une armée aussi dérisoire. La neutralité helvétique, malheureusement quelque peu battue en brèche lors de la "votation" de dimanche dernier, a été solide et durable parce que ce pays de 7 millions d'habitants peut mobiliser 650.000 hommes en 24 heures. Si ces proportions étaient appliquées à une Allemagne réunifiée, celle-ci devrait pouvoir mobiliser 7.400.000 hommes dans le même laps de temps!
Sur ce chapitre, la solution préconisée par le Colonel d.r. Lothar Penz (P2) est une imbrication de l'armée permanente, hyper-professionnalisée, dans des structures de défense populaire locale et dans la défense civile. Les brigades se mouvraient dans des zones territoriales bien circonscrites et constitueraient un système exclusivement défensif, procédant par "maillage" du territoire. Une Allemagne (ou une Europe centrale), défendue selon de telles stratégies, apaiserait et dissuaderait simultanément l'URSS. Le point commun des discussions lancées par Löser (L5), Kiessling (K2, K3) et Penz (P2), c'est la volonté de déconstruire les systèmes stratégiques offensifs qui forment la politique de l'OTAN et du Pacte de Varsovie, tout en garantissant une sécurité solide et crédible pour l'Europe.
En matière de politiques alternatives sérieuses, préconisées par des hommes compétents, ayant pignon sur rue, le terrain a été préparé en République Fédérale. Nous avions donc raison d'insister sur l'importance de ces projets dans les colonnes de notre presse et à la tribune de notre mouvement de pensée. D'autant plus, que le Chancelier Kohl lui-même vient de suggérer un processus de réunification simplifié, calqué sur toutes ces idées qui courent depuis quelques années. Kohl voit la réunification se produire en dix étapes, prévoyant des élections libres en RDA; ainsi que la création de "structures confédératives" et, enfin, la réunification après un référendum populaire. Cela ne manque pas de piquant, lorsque l'on sait que ce même chancelier avait traité les suggestions de Friedmann d'"insensées" (F5).
Le processus de réunification est donc en marche, qu'on le veuille ou non, qu'on le trouve trop lent ou trop rapide, qu'on estime ou non qu'il est grèvé de dangers et d'illusions. Alain Minc disait d'ailleurs, avec sa pertinence habituelle, dans La grande illusion (M8), que le Mur de Berlin protégeait l'Est de l'Ouest au temps de l'immobilisme diplomatique soviétique mais qu'il s'est mis à protéger l'Ouest de l'Est dès que s'est enclenchée la politique de charme de Gorbatchev! Maintenant que le Mur n'existe plus, c'est toute la rigidité des conceptions atlantistes qui est ébranlée. Les craintes habituelles de l'Occident, des éditorialistes américains et des publicistes français, qui en restent aux conceptions de Richelieu, ne se sont plus guère fait entendre (L1). Ce qui inquiète l'Occident, c'est l'éventuel retrait de la RFA de la CEE et de l'OTAN. Si l'Alliance atlantique devient effectivement redondante et qu'elle est davantage un magasin où les Etats-Unis écoulent leurs vieux stocks militaires, comme nous le souligne très justement l'Amiral Sanguinetti, il est quelque peu hardi d'affirmer que la RFA va tout de go renoncer à ses débouchés ouest-européens et à ses investissements industriels, notamment en Espagne et au Portugal. La RFA et les autres pays de la CEE ont désormais l'occasion de pratiquer une politique économique qui ne se réduit pas à l'Europe hémiplégique qu'est la CEE mais de s'assigner pour terrain de manœuvre l'Europe Totale, CEE, AELE et COMECON compris, des Açores au Détroit de Bering! Avec Régis Debray, nous disons: faisons l'Europe TOUS AZIMUTS!
Mais ce n'est pas seulement la perestroïka et le projet de "maison commune" qui ont suscité la nouvelle synergie. Un projet de l'OTAN a lui aussi provoqué un déclic. Quand le scénario des manœuvres dites Wintex-Cimex de février-mars 1989 a été publié, il a provoqué un véritable tollé en Allemagne fédérale. En effet, dans ce charmant exercice, les militaires américains avaient prévu un conflit en Europe centrale qui ne se résolvait que par le lancement de 17 têtes nucléaires sur les territoires allemand, tchèque, hongrois et polonais. Le territoire soviétique était épargné, de crainte que des représailles ne frappent le territoire américain. L'Europe, depuis toujours, n'a été considérée que comme un terrain de bataille dans les stratégies américaines (S16, M4). Une seule alternative pour les Européens, comme titrait Der Spiegel: "se sacrifier" (AA8). Entre le sacrifice exigé par les Etats-Unis et la prospérité promise par l'idéal de la "maison commune", il n'est pas difficile de comprendre pourquoi l'opinion publique allemande choisit de préférence le second terme de l'alternative. Même les politiciens de la CDU ont rué dans les brancards (AA9). L'Amiral Schmähling et les généraux Altenburg et Mack ont annoncé qu'en cas de conflit et d'application d'une telle stratégie criminelle, l'OTAN ne devait pas compter sur eux (S8). Déclaration qui équivaut à une démission pure et simple des principaux cadres de la Bundeswehr, fer de lance conventionnel de l'OTAN.
Cette gaffe gigantesque, commise par le Pentagone, a apporté de l'eau au moulin de Gorbatchev et révélé deux choses lourdes de concrétude: l'Europe ne peut survivre qu'en pratiquant une politique globale commune et en instaurant une défense commune, strictement défensive et en toute autonomie.
Le scénario des manœuvres Wintex-Cimex rend par conséquence le processus de réunification irréversible, de même que le rapprochement inter-européen, prélude à une confédération voire une fédération grande-européenne.
Depuis quelques années, nous avons défendu, à cette tribune, la théorie des "trois Europes", avec une Europe occidentale, sous influence américaine, ensuite une Europe centrale neutre ou en voie de neutralisation (s'étendant de la Suède à la Grèce), et, enfin, une Europe maintenue sous la coupe soviétique. Sur le plan économique, ces trois Europes correspondent peu ou prou à la CEE, l'AELE et le COMECON; sur le plan militaire, à l'OTAN, aux neutres et au Pacte de Varsovie. Nos vœux nous portaient à espérer un élargissement maximal de la zone centrale neutre, au détriment des zones d'influence soviétique et américaine. L'explosion de cet automne en RDA et la quasi neutralisation de la Hongrie ont accéléré ce processus de manière inattendue et l'agitation en Moldavie, dans les pays baltes, en Ukraine et en Biélorussie (B2, D8, G5, L2, S20, V3, Z1) ont jeté le doute sur la cohérence de l'URSS elle-même. N'oublions pas de mentionner aussi les manifestations tsaristes et l'audace du mouvement Pamyat à Moscou et à Leningrad. Toutes ces manifestations sont nationalistes et identitaires: elles contestent la perestroïka parce qu'elle est une idée abstraite et qu'elle pourrait introduire en Russie un libéralisme destructeur des identités. De cette façon, les visées impérialistes que pourrait dissimuler la stratégie soft du Kremlin à l'heure de Gorbatchev se voient annulées par la pression qu'exercent en aval les nationalistes russes, baltes, ukrainiens, etc. sur la politique intérieure de l'URSS. Quand Gorbatchev avait lancé sa politique de restructuration, de perestroïka, en 1985, les problèmes nationaux n'étaient pas à l'ordre du jour; en bonne logique marxiste et réformiste, le progrès devait advenir tout simplement par régulations des paradigmes de gestion en matières économiques. Le 6 janvier 1986, dans les colonnes de la Pravda, Gorbatchev déclare qu'il faut se débarrasser des réflexes nationaux archaïques et se vouer entièrement à un nouvel internationalisme prolétarien. Sous la pression des événements, cet optimisme progressiste très conventionnel fera long feu. Deux années plus tard, en juin 1988, Gorbatchev doit bien constater que la résistance à son projet internationaliste initial n'est pas venue des vieux cénacles brejnéviens, très minoritaires et complètement discrédités, mais des linéaments pré-marxistes, nationaux, qui structurent la mémoire des peuples de la grande fédération soviétique. Mieux: des groupes de pression mixtes, mi-nationaux mi-écologistes, contestent l'ensemble des structures soviétiques, voire la légitimité même de l'appareil. La perestroïka a ouvert la boîte de Pandore...
L'Europe post-communiste est donc en marche (S13); l'idéologie communiste a largement fait faillite, comme idée et comme pratique. Ce qui implique que l'URSS en tant que puissance mondiale ne dispose plus de cinquièmes colonnes dynamiques dans les pays occidentaux; c'est également une des raisons du profil bas qu'adopte Gorbatchev car l'histoire de ce siècle nous enseigne que l'arme la plus redoutable de Moscou a précisément été cette cinquième colonne. Et si les services américains ont sans doute tablé sur les crypto-libéraux parmi les réformistes gorbatchéviens, ils ont fait chou blanc. Nous autres, en revanche, partisans des identités européennes, pouvont développer notre propre cinquième colonne parmi les nationalistes russes et non-russes d'URSS et parmi les écologistes indépendants. Parallèlement à cette évolution, les Etats-Unis accusent un sérieux déclin, après la parenthèse du reaganisme, plus verbale que concrète. Le professeur Paul Kennedy (K19) a tiré le bilan: lorsque la puissance dominante ne détient plus le leadership technologique absolu ni une incontestable supériorité économique en tous domaines, elle entre dans une phase de déclin. Déclin qui, pour les Etats-Unis, s'est symbolisé tout récemment par l'acquisition du Manhattan Center Building par les Japonais.
Sur cet arrière-plan de déclin des deux super-gros, nous n'avons pas encore eu le temps, en Europe occidentale, d'esquisser un scénario affirmateur, où se trouveraient condensés toutes nos aspirations et tous nos intérêts. C'est une faiblesse. François Schlosser, dans Le Nouvel Observateur (S7), oppose un scénario positif à un scénario négatif. Ce dernier est une Europe nouvelle, auto-centrée autour de l'Allemagne, pays Baltes compris. Son scénario positif, c'est tout simplement un statu quo amélioré. Les pays européens du Comecon y sont positivement "finlandisés", ont reçu des institutions plus ou moins démocratiques et la CEE reste isolée sur elle-même. Les pays de l'AELE, eux, restent tels quels. Pour l'idéologie soft, qu'elle soit libérale ou socialoïde, ce statu quo amélioré est parfait: les économies se sont légèrement interpénétrées; les pays de l'Est sont gardés ou non par l'Armée Rouge si cela amuse encore Moscou mais il n'y a pas de grand espace européen, pas d'auto-centrage, pas de fusion, pas de réelle "maison commune". Les multinationales peuvent donc faire de bonnes affaires et améliorer leurs bilans. Les Etats-Unis restent économiquement présents en Europe, comme le souhaite Zinner (Z2). Valéry Giscard d'Estaing rejoint cette position lorsqu'il déclare à Paris-Match (G4) que la CEE ne peut se dissoudre dans une Europe de l'Atlantique à l'Oural. La soft-idéologie ambiante, l'établissement, l'espace de la pensée marchande, sont des partisans de la toute petite Europe... Et des adversaires de l'Europe Totale: nos adversaires...
Le mauvais scénario, pour François Schlosser, c'est celui d'une Europe allemande, c'est-à-dire recentrée autour de l'Allemagne réunifiée. Ce qui effraie en fait Schlosser, ce n'est pas tant la germanisation proprement dite que l'autonomisation spontanée de l'Europe par rapport aux stratégies des multinationales, l'émergeance de nouveaux circuits et flux économiques, annulant l'effet de la division et de la balkanisation de l'Europe. Quoi qu'il en soit, l'Allemagne étant le centre du continent européen, toutes les relations économiques et commerciales devront nécessairement passer par son territoire. Le commerce italo-scandinave, hollando-hongrois, anglo-roumain, etc. passe obligatoirement par le territoire allemand. Ensuite, le processus d'unification du continent passe également par les relations bilatérales tissées entre les petites nations de l'Est et de l'Ouest, méthode de détente qu'avait préconisée Pierre Harmel dans les années 60. Avec le dégel hongrois, ce processus est en train de reprendre de plus belle (B12, H3).
Quant à la France, dont les voies d'expansion économique ne portent pas vers l'Est ou vers les Balkans, son opinion publique doit savoir que des projets cohérents existent à Paris et en Allemagne pour pallier à cette situation (F6, K7). Depuis 1988, les observateurs allemands constatent que les craintes françaises de voir "dériver" l'Allemagne vers l'Est s'estompent et disparaissent (K7). Sous l'impulsion de quelques cercles diplomatiques et, en apparence sous l'oeil bienveillant de Mitterand, Français et Allemands envisagent une Ostpolitik commune. Richard von Weizsäcker le déclare en outre à Moscou: "La France et l'Allemagne peuvent collaborer [en Europe orientale et en URSS]. Il n'y a pas en ce domaine de voie allemande solitaire. Ce serait contre nos propres intérêts" (F6). D'importants cercles diplomatiques français abandonnent donc le vieil isolationisme récurrent de Paris, enterrent la méfiance héréditaire à l'égard de l'Allemagne, se distancient de l'idée d'une Europe exclusivement latine et carolingienne, renoncent à vouloir ancrer à tout prix la RFA à l'Ouest et adhèrent désormais à une forme de nationalisme grand-européen (K7). Ce sont là des tendances qu'il faut accentuer et qu'un visionnaire comme Jean Parvulesco a aperçu depuis longtemps déjà (P1, D5). A-t-il raison de dire que le grand projet gaullien de libération continentale, de libération eurasiatique, est en train de revenir subrepticement, à pas furtifs? Peut-être. Il est encore trop tôt pour répondre. L'histoire le confirmera ou l'infirmera.
Que la réunification plus que probable fasse imploser la CEE, que l'adhésion éventuelle de la Finlande, de la Pologne ou de la Hongrie à la CEE provoque un basculement tel qu'elle en acquiert un tout autre visage, l'important c'est qu'advienne, à l'aube du IIIième millénaire, l'Europe Totale que nous appelons de nos vœux. Mais la tâche sera lourde pour nous, si nous voulons participer à la construction de cet immense édifice. Nous devrons travailler avec plus d'énergie que jamais. Toutes les recettes de notre long après-guerre ont échoué. Plus aucune d'entre elles n'est intellectuellement satisfaisante. Il nous faut des systèmes sociaux nouveaux, obéissant à de tout autres principes. Il faut créer un droit adapté aux fantastiques innovations de notre siècle. Il faut réorganiser et redessiner nos territoires administratifs selon le mode des Länder allemands ou des cantons suisses, afin que toutes les spécificités qui constituent notre continent puissent être représentées valablement; ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Kiessling demande la fin de la départementalisation en RDA et la reconstitution des anciennes provinces. Enfin, nos armées devront être restructurées de fond en comble et dégagées de cette Alliance contre-nature qu'est l'OTAN.
Ces travaux innombrables et herculéens, auxquels notre mouvement de pensée devra participer, signalent que l'histoire est revenue et qu'elle nous interpelle. Ce que Jean Parvulesco appelle l'"ensoleillement ontologique" illuminera le cœur de nombreux citoyens d'Europe. Car elle revient la saison rougeoyante des Grands Brasiers et la forteresse révolutionnaire d'avant-garde achève de se construire dans quelques cerveaux hardis...
J'espère que cette salle en compte quelques-uns et qu'ils accompliront ce que l'Histoire commande, quand tombe le crépuscule des blocs et que s'annonce l'aurore des peuples.
Je vous remercie.
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Addendum:
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AA3) AA, "In Search of Central Europe", The Salisbury Review, Vol. 6, Nr. 4, June 1988.
AA4) AA, "EG-Kommissar aus der DDR?", Der Spiegel, 44/1989.
AA5) AA, "Das Handels- und Industrieministerium Miti organisiert die Angriffe auf die Weltmärkte", Der Spiegel, 45/1989.
AA6) AA, "Deutschland, eine Supermacht?", Der Spiegel, 47/1989.
AA7) AA, "Der Umbruch im Warschauer Pakt macht Nato-Pläne zur Makulatur", Der Spiegel, 47/1989.
AA8) AA, "Wir Europäer sollen uns opfern", Der Spiegel, 17/1989.
AA9) AA, "Unsere Antwort wird Nein sein", Der Spiegel, 18/1989.
AA10) AA, "Der Iwan kommt - und feste druff. Wie die Amerikaner den großen Atomschlag in Europa übten", Der Spiegel, 18/1989.
AA11) AA, "Auf der Hut vor Deutschland", Der Spiegel, 19/1989.
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vendredi, 16 janvier 2009
L'Europa delle patrie

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dimanche, 11 janvier 2009
Poutine règle ses comptes...
POUTINE REGLE SES COMPTES
Trouvé sur: http://unitepopulaire.org
« La lutte pour les privilèges a toujours existé et existera toujours. La Russie n’est pas un cas unique. Nous nous sommes efforcés de tenir à distance égale les représentants du monde des affaires, plutôt avec succès me semble-t-il. (...)
Nous sommes opposés à l’élargissement de l’OTAN en général. L’OTAN a été créée en 1949. Son objectif était la défense et la confrontation avec l’Union Soviétique, pour se protéger d’une éventuelle agression, comme on le pensait à l’époque. L’Union soviétique n’existe plus, la menace non plus, mais l’Organisation est restée. D’où la question : contre qui faites-vous "ami-ami" ? (...) Elargir l’OTAN, c’est ériger de nouvelles frontières en Europe, de nouveaux murs de Berlin, invisibles cette fois mais pas moins dangereux. La défiance mutuelle s’installe. C’est néfaste. Les blocs militaro-politiques conduisent à une limitation de la souveraineté de tout pays membre en imposant une discipline interne, comme dans une caserne. Nous savons bien où les décisions sont prises : dans un des pays leaders de ce bloc. (...)
Je ferai une autre remarque : la démocratie, c’est le pouvoir du peuple. En Ukraine, près de 80 % de la population est hostile à une adhésion à l’OTAN. Nos partenaires disent pourtant que le pays y entrera. Tout se décide donc par avance, à la place de l’Ukraine. L’opinion de la population n’intéresse plus personne ? C’est ça, la démocratie ? »
Vladimir Poutine, interviewé par Le Monde, 31 mai 2008
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vendredi, 05 décembre 2008
Atlantisme; nouveau totalitarisme?
L’Atlantisme comme nouveau totalitarisme ?
| par Alexandre LATSA - http://www.agoravox.fr Après la domination espagnole (XVIIIe siècle) et anglaise (XIXe siècle), l’Amérique va entrer au XXe siècle dans un première phase de recomposition territoriale (unification après la guerre de Sécession, récupération de l’Alaska aux Russes, victoire sur les Espagnols, victoire sur les Britanniques...), puis se lancer dans un maillage intense de son territoire via des voies de chemin de fer qui stimuleront l’activité et le commerce et préfigureront sa position économique dominante pour le siècle suivant.
C’est le début du siècle américain, de la thalassocratie transatlantique et transpacifique et du nouvel ordre mondial.
La grande guerre civile européenne de trente ans (1914-1945) laisse l’Europe (et le monde) divisé en deux pôles concurrents, le pôle « américano-occidental » et le pôle « soviétique ». La guerre froide durera quarante-cinq ans, jusqu’en 1991, année qui verra la disparition d’un des pôles et l’instauration pratique du nouvel ordre mondial. Dans les vingt-cinq années qui suivirent, le monde entra dans une fiction de courte durée, pendant laquelle on crut que l’extension de l’Otan (parapluie étoilé protecteur) et du nouvel ordre économique mondial (FMI, OMC, BERD, Communauté européenne, OCDE, European Round Table, club de Rome, Forum de Davos...) assurerait la pérennité et la sécurité a jamais. Pour la première fois dans l’Histoire, un « empire » semblait avoir la velléité et les moyens d’imposer ses règles à la planète entière. On parla même de fin de l’Histoire. D’autres affirmèrent même que demain tous seraient Américains. La Chine s’éveillait doucement, l’Inde également, le monde musulman semblait abasourdi par la frappe irakienne de 1991, la construction européenne prenait son envol sur les parallèles de l’Otan pendant que le cœur du défunt concurrent soviétique se mourrait. En 1999, le dernier grain de sable à « l’extension Est » (la Yougoslavie) fut anéantie. La Serbie (qui était à la Yougoslavie ce que la Russie était à l’URSS) fut anéantie en 78 jours et y fut construite la plus grande base militaire américaine de l’étranger, sur le flanc Est-oriental de l’Europe. La présence militaire américaine dans le monde à l’entrée du XXIe siècle était plus importante qu’aucune puissance ne l’avait jamais fait dans l’Histoire (Cf Listes des bases américaines). Néanmoins l’accalmie fut de courte durée : le 11 septembre 2001, des pirates de l’air proches des mouvances islamistes radicales lancèrent la première version du jihad aérien en détournant des avions de ligne pour les écraser sur des infrastructures aux État-Unis. L’empire était frappé au cœur. Ce fut la fin du nouvel ordre mondial tel que certain nous l’avait promis, il n’avait duré que trente ans. L’Amérique déclara alors une guerre planétaire au terrorisme que, sept ans plus tard, elle n’a toujours pas vaincu, enlisée avec l’Otan dans des conflits à basse intensité et sur des territoires incontrôlables et incontrôlés (Irak, Afghanistan, Somalie...).
Pourtant cet élément qui modifia l’Histoire n’était pas une surprise pour tous les spectateurs du théâtre des opérations. Certains avaient préconisé ce choc à venir entre les « civilisations » et notamment entre le Sud (musulman) et le Nord (Occident). Ceux-là préconisaient aussi que le monde était « divisé » en grands espaces, différents, et résolument adversaires, ou ennemis. Cette théorie des « civilisations en conflit » avait même ses défenseurs, au cœur du dispositif atlantiste. Ceux-là avaient déjà affirmé que l’Est et l’Ouest étaient deux mondes différents, voir opposés. Curieusement, la frontière entre ces deux Europe (« catholique-protestante » et « orthodoxe ») se situait sur l’ancienne délimitation de l’Europe post-soviétique et de l’Europe de l’Ouest (americano-occidentale). Pour les stratèges américains, après le contrôle des mers (effectif à la fin de la guerre froide), restait le contrôle des terres, notamment celles que les stratèges visaient depuis le début du siècle : le Heartland.
Le XXe siècle a vu l’Amérique passer du statut isolationniste à celui de puissance impérialiste et dominante. Cette expansion hors frontières de l’Amérique s’est faite en deux étapes principales, la prise de contrôle des mers tout d’abord, puis la prise de contrôle des terres.
Tout d’abord l’expansion maritime (principe du contrôle des mers et du développement de la marine militaire pour protéger les échanges commerciaux). Ces théories ont été très clairement exposées par de nombreux stratèges américains à la fin du siècle dernier, dont Alfred Mahan qui énonça l’intérêt pour l’Amérique d’acquérir une marine aussi puissante que l’Angleterre afin d’acquérir une suprématie militaire et commerciale aussi importante. Cette théorie influencera grandement Théodore Roosevelt notamment au début du XXe siècle après la guerre russo-japonaise.
Cette prise de contrôle des mers effective, la guerre froide laissa néanmoins l’Amérique dans une position géopolitique difficile. Deux des plus grands stratèges en géopolitique, Nicolas Spykman et Halford John Mckinder de ce siècle vont en effet développer la théorie selon laquelle l’Amérique de par sa position insulaire éloignée ne peut, si elle veut rester aux commandes du monde (refus du déclin de la puissance américaine chez les néo-conservateurs) être éloignée du grand continent, du cœur des terres émergées, le Heartland eurasien. Le monde serait constitué selon ces stratèges d’un Heartland ou Continent géant (Europe-Asie), d’un océan géant (Atlantique-Pacifique) et d’un anneau d’îles (Amérique, Australie ou Outlyings Islands).
La maîtrise de ce cœur continental est donc essentielle. De la même façon, elle devait se méfier des alliances entre puissances de la terre, notamment entre les deux grandes puissances terrestres et continentales, l’Allemagne et la Russie (empêcher l’émergence d’une puissance rivale chez les néo-conservateurs). Pour ce faire, la Seconde Guerre mondiale sera l’occasion tragique et inespérée pour l’Amérique de prendre position sur le continent, pour y empêcher toute alliance qui pourrait exclure l’Amérique des affaires du monde. Pour les stratèges américains en effet, la fin de la guerre froide n’est que l’opportunité à saisir pour mettre pied en Europe (anciennement majoritairement sous contrôle soviétique) et pouvoir ainsi grignoter toujours plus à l’Est et au Sud-Est vers le contrôle de continent, cette zone située au cœur de l’Eurasie.
Le point commun entre les « défenseurs du choc inévitable des civilisations », « les partisans de la conquête de l’Est, et du Heartland » ? Un courant idéologique propre à l’Amérique qui a contribué à accélérer la politique interventionniste américaine dans le monde, une nouvelle idéologie qui s’est rapidement propagée dans toutes les sphères de direction américaine (politiques, militaires, économiques...). Elle a pris à contre-courant les anciennes idéologies pour devenir en quelque sorte la raison d’être de l’Amérique, comme le sang l’est à tout être humain. Cette idéologie projette l’Amérique comme point central de l’humanité, d’aujourd’hui et demain. Le « néo-conservatisme » nous dit Wikipédia : « se distingue du conservatisme traditionnel et du néo-libéralisme. Anticommuniste et antifasciste, le néo-conservatisme est né sur le principe de « plus jamais Auschwitz ». Ils défendent la puissance militaire des États républicains dans les relations internationales afin d’asseoir un nouvel ordre international. Cela passe par quelques grands axes, notamment le refus du déclin de la puissance américaine (première puissance républicaine du monde) ; empêcher l’émergence d’une puissance rivale ; la fin de la complaisance envers les dictatures ; et la revalorisation de l’outil militaire pour répondre aux agressions.
Pour les « néo-conservateurs » l’Amérique est le modèle de civilisation le plus abouti. Elle a vaincu les grandes idéologies (le nazisme et le communisme) et se prépare à affronter son troisième ennemi (tout au moins celui qu’elle a déclaré comme tel) à savoir l’islamisme radical. Pour eux, le monde doit être modelé par les démocraties républicaines, selon ce modèle de civilisation via le démocratisme imposé, militairement s’il le faut. Le cœur de cette pensée est donc un interventionnisme très fort à l’extérieur du territoire américain, que l’on peut qualifier d’impérialisme idéologique.
Aux États Unis, récemment, un conseiller du président Carter a théorisé et remodernisé les théories post-guerre froide pour les distiller dans les mouvances néo-conservatrices influentes et au pouvoir. Ce dernier, Zbigniew Brzezinski a grandement influencé la création de mouvements d’opinions, les fameux thinks tanks, destinés a promouvoir la politique américaine dans le monde (Cf. Le Grand Échiquier en 1997 et Le Vrai Choix en 2004). En 1989, Brezinski devient l’éminence des cerveaux démocrates pour l’Eurasie (son fils Markl étant le conseiller de Barak Obama) dont il est certain qu’elle sera la zone concurrente essentielle de l’Amérique. En effet, cette gigantesque zone eurasiatique serait le cœur des masses humaines et surtout des ressources énergétiques (pétrole, gaz, minerais stratégiques) ainsi que de leur voies d’acheminements. Ces théories de maîtrise du Heartland se couplent généralement à une maîtrise de l’océan Arctique (voir l’article lié) tout aussi important au niveau énergétique. (voir la carte la). Brezinski reprendra dans Le Grand Échiquier le projet de démembrement en trois de la Fédération russe (Moscovie, Oural, Sibérie), un projet déjà défini dans les années 1940 par le nazi Rosenberg. Cette théorie sera développée à la même époque en Pologne sous le nom de Prométhéisme qui fera son chemin pendant la Seconde Guerre mondiale en Allemagne, en France, en Turquie et en Allemagne, puis en Amérique. Curieux hasard ( ?) du destin, il s’agit des plus grandes puissances mondiales d’aujourd’hui et des piliers de l’Otan. Autre hasard, Brezinski est lui aussi d’origine Polonaise tout comme Joseph Pilsudski, fondateur du Prométhéisme.
Brzezinski va alors se consacrer à la lutte pour prévenir la réémergence de la Russie comme superpuissance et pour conquérir l’Eurasie. Il développe « un plan pour l’Europe » qui passerait par l’extension de l’Otan aux Républiques baltes, prônera le projet d’oléoduc Bakou-Tblissi-Ceyhan. Ce projet représente pour lui la meilleure concrétisation de ses ambitions qui visent à empêcher la Russie de se relever. Parallèlement, il préside dès 1999 le Comité américain pour la paix en Tchétchénie (American Committee for Peace in Chechnya), installé dans les locaux de l’association Freedom House. Cette union des extrêmes (indépendantistes musulmans et activistes américains) n’est que la continuité - sous sa variante anti-Russe - de l’alliance du même genre existant pendant la guerre froide, à l’époque où la CIA entraînait et finançait les Mujhaidins contre l’URSS.
Les armes des Atlantistes pour la conquête énergétique
Après la chute du mur et la fin de l’URSS, l’Amérique se retrouve sans ennemie, elle se lance alors dans une logique de conquête absolue des zones nécessaires au maintien de son hégémonie embryonnaire et notamment l’Eurasie. L’extension de l’Europe comme alliée indéfectible, l’adhésion de ces États à l’Otan et leur participation aux interventions armées à l’étranger en est le fil conducteur. L’Europe continentale de l’Ouest offre servilement à l’Amérique les moyens de sa domination planétaire. Lorsque l’Amérique créa en 1949 l’Otan pour répondre au pacte de Varsovie, celui-ci n’avait d’objectifs que défendre le monde occidental contre une éventuelle attaque soviétique. À l’effondrement de cette dernière, l’Otan ne disparut pas pour autant. Bien au contraire, il devint l’élément-clé de l’extension pan-occidentale, le porteur des messages préliminaires tout autant que le bourreau et le justicier des réfractaires. L’Otan devint l’arme destiné à faire plier les régimes non alignés, tout autant qu’à marquer la fin de la complaisance avec les « dictatures ». En 2001 néanmoins, les Américains ont commencé à prendre conscience de l’erreur tactique essentielle qu’ils avaient fait à utiliser les Moujahidines contre la Russie soviétique, les premiers retournant leur savoir (acquis par les stratèges de la CIA avec la bénédiction du Pentagone) contre leurs anciens maîtres.
Évidemment, la construction européenne qui marche main dans la main avec l’Otan s’est déjà sabordée. En étant incapable d’avoir ses propres systèmes de défense ou sa propre armée, en participant à des conflits qui ne la concernent pas, et n’ont pour conséquence que d’augmenter le ressenti de nombre d’États à son égard, cette dernière s’est fait entraîner dans une logique infernale de partage des dépendances américaines, en énergie tout autant qu’en besoin de protection.
Comme je l’expliquais dans un précédent article : pourquoi partager la croisade lancée contre le monde arabo-musulman à des fins énergétiques en nous aliénant des centaines de millions de musulmans dans le monde, alors qu’un partenaire disponible et fiable, la Russie, est à nos portes. Réponse toute simple : l’Amérique ne veut pas d’une alliance Europe-Russie qui constituerait une puissance concurrente. Pour preuve récente l’opposition violente de Zbigniew Brezinski au « Russo-Allemand » North Stream.
Les opérations militaires ne sont pourtant pas partout évidentes, ni pratiques. Les stratèges ont bien compris la grande difficulté de créer une entreprise de désinformation comme cela a été le cas pour la désintegration de la Yougoslavie (dès 1991) et la campagne violemment serbophobe qui a suivie. Parfois même les opérations militaires ne sont pas suffisantes. Voir injustifiées. Les stratèges vont développer une méthode de révolution pacifique, dite colorée, qui a le mérite de mieux passer au yeux de l’opinion internationale (toujours critique quant aux actions militaires). Experimentée en Serbie en 2001 (la campagne militaire n’ayant pas suffit à faire tomber Milosevic), elle consiste à lever une partie de la « société civile » contre le pouvoir, via des relais dans le pays, en fait officines de la CIA. Le schéma est toujours le même, utiliser des mouvements de jeunesses pour feindre le côté spontané. Le projet est de faire tomber un pouvoir politique jugé « hostile » pour le remplacer par un candidat démocrate, c’est-à-dire « aux ordres » de Washington. L’État concerné passe ainsi dans le giron « occidental » sans intervention militaire. Autre avantage : le changement passe pour une légitime révolution populaire d’une population lasse du « tyran » qui la gouverne. Pourtant en y regardant de plus près, ces mouvements de jeunesse révolutionnaires, que cela soit Zubr en Bielorussie, Otpor en Serbie, Kmara en Géorgie, Pora en Ukraine, Mjaft en Albanie ou encore Oborona en Russie ne sont pas des émanations spontanées de la « société civile », mais au contraire des fabrications sponsorisées à millions de dollars par les relais de l’ingérence états-unienne dans les points chauds qui concernent directement l’Europe (Balkans, le Caucase, l’anneau circulaire de l’Eurasie (voir cette carte !). Leurs membres ont été entraînés, dressés au bazar de rue et à l’agit-prop politico-médiatique pour intervenir au moment opportun, recevoir la publicité des médias occidentaux et délégitimer les pouvoirs en place. Sur la base des théories dites de la « guerre civilisée » du Pr Gene Sharp (Albert Einstein Institution, ancien de la John Hopkins University), ces groupes naguère formés dans de grands hôtels de Budapest et de Sofia, conduisent des opérations de déstabilisation ciblées qui relèvent de la guerre psychologique et de la guerre civile et non d’une action pacifique ou de simple lobbying comme on voudrait nous le faire croire. (NB : lire cette analyse ici ou encore la).
Quant aux relais de ces mouvements révolutionnaires financés par la CIA, ce sont ces associations civiles du nom de USAID, National Endowment for Democracy (NED), Open Society Institute (Fondation Soros),le German Marshall Fund of the United States, Freedom House, la fondation héritage, ou encore la jamestownfondation, la fondation Carnégie, ou encore le mémorial des victimes du communisme, ces associations travaillant sous l’égide de quelques organisations plus importantes comme le PNAC, le CFR, la trilatérale,l’American institute.ou encore l’ICG , officie « publique »de la CIA (dirigé un temps par Morton Abramowitz l’homme qui livra naguère les missiles Stinger au moudjahidine afghan proches d’Osama Ben Laden) ! Nous sommes là au cours du dispositif d’ingérence américain en Eurasie. Ces mouvements ne sont pas seuls. On a fabriqué aussi pour les besoins de la cause une série de sites internet chargés de renforcer la propagande virtuelle, et des instituts de sondage (comme le CeSID en Serbie) qui « accompagnent » les élections des pays-cible, c’est-à-dire désignent à l’avance les vainqueurs et influencent psychologiquement les votes en donnant des résultats que n’ont pas encore les commission électorales.
Cette alliance de suprématie militaire et d’associations faussement civiles n’ont en fait qu’un but : encercler la Russie et prendre le contrôle des zones essentielles que sont les Balkans (anciennes colonies soviétiques et vitales à l’extension Est de l’Europe), le Caucase (avec la Caspienne) et enfin l’anneau de contour eurasien. La preuve ? Les États du Guam, visés par les révolutions colorées ceinturent la Russie. Le but ? Éloigner la Russie de l’Europe, la repousser au Nord et à l’Est pour lui couper l’accès aux mers et aux ressources énergétiques d’Asie centrale et faire cesser son influence sur la région centro-asiatique. N’oublions pas que la lutte pour cette région (tout comme pour le Nord arctique) l’est principalement pour des raisons énergétiques. (NB : cette révolutionnite aiguë ne frappe pas que l’Eurasie, mais également l’Amérique du Sud et le Venezuela de Chavez). Lorsque le 31 décembre 1999, Boris Eltsine laisse les rênes à Vladimir Poutine, la décrépitude eurasienne est totale. L’URSS s’est effondrée, les Républiques se fragmentent, les communautés religieuses s’affrontent, le chaos est total. Dès sa prise de pouvoir, Vladimir Poutine va restaurer l’autorité et la souveraineté de l’État sur le territoire russe, ce qui passe par reprendre le pouvoir y crompris à des hommes d’affaires enrichis et devenus plus puissants que les élus eux-mêmes : les oligarques. L’histoire est connue, Vladimir Poutine va chasser un à un ces oligarques qui succédèrent aux « innombrables mafias » qui pillèrent la Russie dans les années 1990. Ceux qui affirmaient contrôler à une douzaine l’économie et le pouvoir russe durent répondre de leurs actes devant une justice réaffirmée. C’est en 2003, lors de l’arrestation du plus fameux d’entre eux que les atlantistes (néo-conservateurs) comprirent la détermination réelle du pouvoir russe. L’arrestation de M.Khodorkovski a ouvertement déclenché une contre-offensive néo-conservatrice qui dure encore à ce jour. Pourquoi ? Le réseau Voltaire nous donne quelques précisions (lisez cet article c’est à tomber par terre, ici)... La prise de contrôle de Yukos par Khodorkovski s’est faite par le biais du système de « prêts contre actions » organisé par Vladimir Potanine au gouvernement de Viktor Tchernomyrdin en 1995. Les oligarques ont ainsi pu racheter des entreprises pour des bouchées de paille, voire les posséder par de simples promesses d’investissements ! Celui-ci organise ensuite un système de sociétés off-shores pour s’auto-racheter du pétrole et des matières premières à très bas prix et le revendre sur le marché international. Simultanément, le géant bradait son pétrole à l’Amoco Eurasia Petroleum Company. Les sur-revenus générés lui permirent, une fois blanchis de prendre le contrôle politique de nombreux partis dont le Parti communiste, l’Union des forces de droite (SPS), Labloko et « Unité ». En 2003, Khodorkovski décida se présenter à l’élection présidentielle. Il essayait déjà de dicter ses vues au gouvernement concernant la guerre en Irak à laquelle il était favorable, comme en économie ou en politique intérieure. À cette même époque, Khodorkovski était sur le point de vendre la moitié de Yukos à Exxon Mobil. Il entendait aussi construire un réseau privé d’oléoducs assurant sa totale indépendance. Les liens entre Yukos et le monde de la finance et du renseignement anglo-saxon étaient déjà bien établis, les États-Uniens avaient compris que tant que le gouvernement contrôle les tuyaux, il est le seul à décider de la quantité de brut qu’il veut mettre sur le marché. Charles Ryan, le leader du United Financial Group, et d’autres investisseurs appelaient de tout cœur à une « Yukosization » de la Russie, en fait à une destruction de l’État, seul obstacle sur le chemin des vastes richesses russes. En lien avec Henry Kissinger et George Soros, il aurait trahi son pays et aurait préparé un renversement de Vladimir Poutine après avoir soudoyé des cadres de l’armée, la décision de son arrestation aurait été prise in extremis pour empêcher un « quasi-coup d’État », elle eut lieu le 25 octobre 2003, à Novossibirsk. Khodorkovski était devenu un maillon-clé du dispositif visant à mettre à genoux le géant russe. Devenu membre du Carlyle group, celui-ci se préparait à mettre une bonne partie des ressources pétrolières russes entre les mains des États-Unis. On comprend mieux en effet la colère des « chacals » du Pentagone, lancés dans une guerre en Irak et privés des ressources eurasiatiques. Leur réponse ne s’est pas fait attendre, ceux-ci ont lancé une offensive de grande ampleur contre le pouvoir russe, la plus terrible étant la tragédie de Beslan (3 septembre 2004) que l’opinion internationale bien manipulée par la presse aux ordres continue d’attribuer à Poutine, tandis que les théoriciens néo-conservateurs affirmaient que la Russie n’échapperait pas à une guerre des civilisations, elle non plus, et devait donc rejoindre la croisade lancée par l’Otan. Pourtant, comme l’a très bien résumé Mikhail Alexandrov, un expert de l’institut CIS de Moscou dans le journal du ministère russe de la Défense, Krasnaya Zvezda : « La situation en Ossétie du Nord doit être appréhendée dans le contexte de la bataille croissante pour le contrôle de la Transcaucasie entre la Russie et les puissances anglo-saxonnes. Les Anglo-Saxons prétendent expulser la Russie de la Transcaucasie et ont besoin pour cela de déstabiliser le nord du Caucase et la Russie en général. » (lire ici sur la responsabilité anglo-saxonne à Beslan ou encore les liens étroits entre les Américains et les Tchétchènes).
L’affaire Beslan est un déclencheur fondamental puisque, à la suite de cette affaire, un « comité des 115 » se créa pour dénoncer la politique du gouvernement Poutine, jugé « responsable » de la prise d’otage de Beslan. Cette lettre ouverte, signée par 115 personnalités atlantistes, a été adressée, mardi 28 septembre 2004, « aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne et de l’Otan » avec copie à l’agence Reuters. Les auteurs affirment « qu’il est temps de repenser les modalités et les limites de notre engagement avec la Russie de Poutine ». Véritable déclaration diplomatique de guerre, il est tout à fait intéressant de lire le texte même de la lettre et les signataires de cet appel (ici et la). Lire à ce sujet la réponse aux intellectuels atlantistes du Pr Viatcheslav Dachitchev.
Comme l’explique très bien Alexandre Douguine en 2005 : « le complot contre Vladimir Poutine est en marche depuis qu’il a été élu. L’entourage de Eltsine ne s’attendait pas à ce que Poutine renforce les pouvoirs du gouvernement aux dépens des minorités libérales, oligarchiques ou pro-états-uniennes. Désormais, les opposants ont décidé de le faire sauter où au moins d’affaiblir sa position au maximum. C’est une forme de complot où agissent deux centres, un pour l’extérieur à Washington et Londres, et un pour l’intérieur constitué par les groupes oligarchiques et les libéraux au gouvernement. La zone de contact se trouve être dans certains pays de la CEI comme l’Ukraine ou la Géorgie. Pour moi, Mikhail Khodorkovsky a mené une véritable campagne contre la souveraineté de notre pays par l’intermédiaire de corporations transnationales et des États-Unis. »
La déstabilisation tchétchène a néanmoins connu deux coups d’arrêts en 2005 (liquidation de Maskhadov) et en 2006 (liquidation de Bassaiev), n’en déplaise aux intéressés dont les troupes sont enlisées dans les sables d’Irak et les montagnes d’Afghanistan.
Nous l’avons vu, le réveil russe, maintien essentiel de l’équilibre en Eurasie, est la clé d’un monde multipolaire, ou tout du moins bipolaire en ce qu’il empêche l’Amérique de prendre contrôle du continent eurasiatique. La Russie, tout comme les « grands en devenir » de ce monde, l’Inde et la Chine, entendent maintenir sur le continent, et dans le monde, une approche multilatérale et multipolaire des problèmes, basée sur le dialogue et le consensus.
Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan ? |
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mercredi, 03 décembre 2008
Obama fait décoller ses "faucons"

Obama fait décoller ses "faucons"
Trouvé sur : http://resistancenationale.blogspot.com
Mon premier a voté en 2002 pour l'invasion de l'Irak. Mon second y a dirigé l'"escalade" (le "surge") qui a permis aux forces d'occupation américaines de briser les reins de l'insurrection. Mon troisième a commandé le corps d'élite des armées, approuvé l'invasion de l'Irak et l'escalade, et ne cache pas son amitié pour l'ex-candidat conservateur à la présidence, le faucon John McCain.
Mon tout - Hillary Clinton, Robert Gates et James Jones - constitue le "cabinet de guerre" que le futur président démocrate des États-Unis, Barack Obama, a présenté lundi matin dans son fief de Chicago. On se souvient qu'il a été élu, il y a un mois à peine, en dénonçant l'invasion et l'occupation de l'Irak, en affirmant que l'"escalade" y était vouée à l'échec, et en battant le républicain McCain qu'il dénonçait comme un dangereux belliciste décidé à poursuivre la guerre.
Après avoir promis aux Américains "le changement", le président élu Obama leur offre donc d'abord "la continuité", garantie par ce qui est décrit par tous les experts comme "le cabinet le moins idéologique et le plus pragmatique" de l'histoire du pays.
En faisant de la sénatrice de New York, Hillary Clinton, sa secrétaire d'État (ministre des Affaires étrangères), le poste de numéro deux de son administration, du général quatre étoiles (à la retraite) James Jones son conseiller à la Sécurité nationale, et en conservant le républicain Robert Gates, nommé par Bush, au poste-clé de secrétaire à la Défense, Barack Obama a mis en pratique un principe inspiré par celui qu'il revendique pour son modèle, Abraham Lincoln : en période de crise, le président met en place "une équipe de rivaux", au nom de l'unité et de la sécurité nationale "qui n'est pas une question partisane".
Le pragmatisme pour idéologie
Le choix d'Obama fait bien entendu hurler la gauche démocrate, qui avait vu en lui son champion et a joué un rôle décisif dans sa campagne victorieuse. Il lui assure l'approbation des conservateurs dont le candidat a mordu la poussière, mais dont les idées s'imposent par la simple vertu de la réalité. Les États-Unis font la guerre sur deux fronts, Irak et Afghanistan. Ils sont exposés à la menace terroriste, et doivent tenter d'éviter une déstabilisation générale par des crises régionales comme vient de le rappeler l'attaque lancée probablement depuis le Pakistan contre la capitale économique de l'Inde, Bombay (Mumbai). L'administration démocrate va également devoir trouver le moyen de désamorcer les tensions que provoquent les ambitions nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord, et les rêves de restauration impériale de la Russie.
Dans ce contexte, Obama entend signifier, à destination des Américains amis aussi du reste du monde, que sa seule idéologie est le pragmatisme, et qu'il privilégie l'expérience (qu'il avait pourtant moquée pendant la campagne électorale) et la compétence sur la nouveauté. Même si cela lui commande de ne pas changer grand-chose, ou de ne le faire que très progressivement, aux politiques de George W. Bush, et de s'entourer des vieux routiers et experts de Washington qu'il accusait d'avoir mené la politique étrangère des États-Unis dans l'impasse.
Le retour triomphal d'Hillary Clinton (et de son mari, l'ex-président dont on cite le nom comme possible envoyé spécial d'Obama pour tenter d'apaiser la crise dans le sous-continent indien) hérisse bien sûr la gauche démocrate qui avait bataillé tout autant contre le "centrisme" des Clinton que contre Bush. "L'électorat a voté pour toute autre chose", s'indigne Matt Stoller, un "obamaphile" militant qui écrit pour le site OpenLeft.com. "En s'entourant des suspects usuels, (Obama) trahit ses électeurs... Les technocrates qui nous ont menés dans le bourbier ne peuvent pas nous en sortir."
"Ils viennent tous des cercles centristes ou conservateurs proches du Pentagone", renchérit Robert Dreyfuss sur le site de l'hebdomadaire de gauche The Nation . "Pas un seul, pas un seul ne représente l'aile antiguerre du parti démocrate." L'amertume est d'autant plus grande que l'équipe économique mise en place par Obama a elle aussi exactement le même profil "centriste", modéré et issu de l'ère Clinton qui garantit la continuité plutôt qu'une rupture radicale. Du coup, Eli Pariser, qui dirige le très puissant réseau progressiste MoveOn.org, se fait menaçant : "Attendons de voir, dit-il. Si toutes ses nominations sont aussi décevantes, nous aurons trois ans pour forcer les portes de la Maison-Blanche."
Approbation unamine à droite
Dans le domaine de la sécurité nationale, un changement soudain de politique est d'autant plus improbable que tous les hommes en place à la direction du Pentagone sous Bush vont demeurer. Gates va continuer de travailler avec le chef d'état-major interarmées, l'amiral Mike Mullen et le chef du commandement Centre, responsable des opérations en Irak et en Afghanistan, mais aussi de l'Iran et du Pakistan, le général David Petraeus, architecte du succès politico-militaire qui a permis de redresser la situation à Bagdad depuis 2007. Obama a clairement indiqué lundi que sa promesse de campagne de retirer toutes les troupes américaines d'Irak dans les seize mois qui suivront son entrée en fonctions le 20 janvier était en réalité soumise aux "recommandations" qui lui seront soumises par les chefs militaires sur le terrain et l'évolution de la situation en Irak même, et s'inscrira dans le cadre de l'accord américano-irakien, qui vient d'être voté par le Parlement de Bagdad et qui prévoit une présence militaire américaine jusqu'en 2011 (au moins).
Cette modération et ce pragmatisme expliquent l'approbation unanime à droite des nominations d'Obama. "Le triumvirat Clinton, Gates, Jones à la tête de l'équipe de sécurité nationale d'Obama est de nature à susciter une grande confiance dans le pays comme à l'étranger" a déclaré le sénateur républicain John Warner. Ses collègues Richard Lugar et Lindsey Graham (ami le plus proche de McCain) ont déjà fait savoir qu'ils voteraient pour confirmer ces nominations. Le président élu a déjà répondu aux critiques qui lui reprochent, alors qu'il avait promis de "changer Washington", d'avoir été "changé par Washington" avant même d'y avoir mis les pieds. Il entend avant tout éviter l'erreur qui été fatale à ses prédécesseurs démocrates, Jimmy Carter et Bill Clinton. Ceux-ci s'étaient entourés de fidèles sans expérience et de novices choisis pour leur proximité idéologique, ce qui avait rapidement paralysé leur action et les avait empêchés de mettre en action leurs idées.
Son administration, a-t-il expliqué, entend au contraire combiner "une approche nouvelle avec l'expérience", mais il a précisé : "La vision du changement viendra de moi, c'est mon boulot." Tous ses collaborateurs, a-t-il insisté lundi, Hillary Clinton la première, "partagent [sa] vision fondamentale", qui est de "préserver les armées les plus puissantes de la planète" tout en "combinant la force armée à la diplomatie". Il s'agit, a-t-il conclu, de "restaurer le leadership de l'Amérique" en redonnant toute sa place au "soft power" des idéaux et de l'aide, en partant de la réalité de l'interdépendance croissante dans un monde multipolaire. Mais aussi d'"en finir avec la menace du terrorisme" y compris par l'usage de la force armée, sans jamais perdre de vue que la priorité doit toujours aller à la défense "musclée" des intérêts nationaux des États-Unis.
source : Le Point
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OTAN: l'immixtion globale
Archives de "Synergies Européennes" - 1999
La nouvelle doctrine de l’OTAN : l’immixtion globale
Que l’on ne se fasse pas d’illusions : la guerre dans les Balkans n’est qu’un début. Les « interventions humanitaires », comme celle qui vient d’avoir lieu en Yougoslavie seront monnaie courante dans l’avenir. Ces interventions tous azimuts constituent vraisemblablement la nouvelle doctrine de l’OTAN, qui fête ainsi son cinquantième anniversaire. Pourtant, il y a un demi siècle, l’Alliance Atlantique se voulait exclusivement un pacte de défense, fondé pour contrer la menace communiste. Aujourd’hui ce principe de défense est caduc, faute de communisme. Les nuées de chars d’assaut de l’Est, prompts, disait-on, à foncer vers l’Atlantique en 48 heures, n’existent plus. Que fait l’OTAN, devant cette nouvelle donne ? Elle se mue en gendarme du monde !
Le glas sonne pour l’ONU
Le principe de défense n’est plus qu’une référence marginale dans la nouvelle doctrine de l’OTAN. Les stratèges de Bruxelles et du Pentagone pensent désormais en de nouvelles catégories et élaborent de nouveaux scénarii. Pour l’avenir, il suffira de constater des « actes de terreur », des « sabotages », une « interruption dans le trafic de ressources vitales » ou des « mouvements incontrôlés de grands nombres de personnes, surtout s’ils sont la conséquence de conflits armés », pour mobiliser l’Alliance. Dans le futur, l’OTAN entend entrer en action pour « éviter » et « apaiser » des situations de crise. Mieux : la simple « stabilisation et la sécurité de l’espace euro-atlantique » suffisent comme motifs d’intervention. C’est un blanc-seing pour intervenir dans tous les coins du globe. Rien de plus, rien de moins.
Jusqu’ici, il fallait, du moins formellement, un mandat des Nations-Unies pour autoriser l’intervention de l’Alliance. Cette restriction est désormais également caduque. Dans le texte fondant la nouvelle stratégie de l’OTAN, présenté à Washington en avril, les interventions de l’Alliance doivent simplement se référer aux principes de bases de la Charte de l’ONU et être en accord avec ceux-ci. Mais cette stipulation n’est pas contraignante. L’ONU ou l’OSCE ne doivent plus servir que comme « baldaquin » à des opérations communes, selon les cas qui se présentent. L’important, c’est que tous les pays membres de l’OTAN marquent leur accord. En conséquence de quoi, l’Alliance, en pratique, peut frapper à tout moment n’importe quel pays-cible. A juste titre, l’irénologue de Hambourg, Hans J. Giessmann, écrit dans le quotidien berlinois taz, que « le glas a sonné pour l’ONU » et avertit ses lecteurs : «Ceux qui affaiblissent le baldaquin juridique qu’est l’ONU, sont co-responsables des conséquences. L’OTAN (…) pourra certainement empêcher certains Etat de faire ce qu’elle se réserve, elle, le droit de faire. Si la naissance de la nouvelle OTAN signifie l’enterrement de l’ONU, la conséquence, pour le monde, c’est qu’il n’y aura pas davantage de sécurité au niveau global, mais moins ».
On peut en conclure que l’objectif actuel de l’OTAN n’est pas d’augmenter la sécurité sur la surface de la planète. Partout où l’OTAN est intervenue ces dix dernières années sous l’impulsion déterminante des Etats-Unis, nous n’avons pas un bonus en matière de sécurité, mais un malus ; la stabilité est en recul, l’insécurité en croissance. Quant aux « droits de l’homme », prétextes de la guerre en Yougoslavie, il vaut mieux ne pas en parler.
Terreur contre les populations civiles
Prenons l’exemple de l’Irak : ce pays était l’un des plus progressistes du monde arabe ; il possédait un excellent système d’enseignement et une bonne organisation de la santé ; le régime baathiste était laïc et le régime de Saddam Hussein accordait davantage de libertés citoyennes que les autres pays arabes. Depuis que le pays est sous curatelle de l’ONU et est bombardé chaque semaine par l’aviation américaine (sans que l’opinion publique mondiale y prête encore attention), rien de ces acquis positifs n’a subsisté. Cette ancienne puissance régionale est tombée au niveau d’un pays en voie de développement, où règnent le marché noir, la corruption et l’état d’exception. Vous avez dit « droits de l’homme » ? Vous avez dit « stabilité » ?
Prenons l’exemple de la Yougoslavie : lors de son intervention dans ce pays, l’OTAN, appliquant sans retard sa nouvelle doctrine, a renoncé dès le départ à tout mandat de l’ONU et a bombardé pendant des mois un pays européen souverain, faisant ainsi reculer son niveau de développement de plusieurs décennies. Ici aussi apparaît l’ectoplasme des « droits de l’homme », que l’on défend soi-disant. On nous transmet des images de ponts détruits, de fabriques, de chemins de fer, de stations de radio et d’innombrables bâtiments civils bombardés, pulvérisés par les bombes ou les missiles de l’OTAN. Même CNN n’est plus en mesure de « retoucher » les photos ou les films. Début mai 98, à l’aide de nouvelles bombes au graphite, les pylônes de haute tension et les usines d’électricité de Belgrade et des environs ont été détruits, coupant l’électricité et l’eau à de larges portions du territoire serbe. A Bruxelles, les porte-paroles de l’Alliance annonçaient avec un effroyable cynisme que l’OTAN était en mesure d’allumer et d’éteindre la lumière en Yougoslavie. On peut se demander quels ont été les objectifs militaires poursuivis par l’Alliance dans ces coupures d’électricité ? Les porte-paroles de l’OTAN ne répondent à cette question que par le silence. L’armée yougoslave, elle, dispose de ses propres générateurs qui, à l’instar des carburants militaires, sont profondément enterrés dans le sol, comme en Suisse. Seule la population civile subit des dommages.
Jamais plus la Yougoslavie ne sera la même après la guerre du Kosovo. Son appareil militaire sera affaibli (ce qui réjouira sans nul doute deux pays voisins : la Croatie et la Hongrie), mais aussi son économie et ses infrastructures. On évalue d’ores et déjà que la Yougoslavie a été ramenée au niveau qu’elle avait immédiatement après la seconde guerre mondiale. Les planificateurs de l’OTAN songent déjà à haute voix à détacher le Kosovo de la Serbie et à occuper cette province, à installer là-bas un protectorat avec la présence d’une armée internationale. Or la République fédérative de Yougoslavie est un Etat souverain…
L’enjeu réel de l’intervention dans les Balkans
Dans les Balkans, après l’intervention de l’OTAN, la paix ne reviendra pas et la stabilité politique sera profondément ébranlée. Répétons-le : il ne nous semble pas que la stabilité et la paix soient dans l’intérêt des stratèges de l’OTAN. Quel est alors l’enjeu réel ?
On aperçoit les premiers contours de l’ordre politique qui devra régner dans les Balkans sous la férule de l’OTAN. Parallèlement à l’élimination de la puissance régionale qu’était la Serbie, les Etats-Unis reviennent en Europe par le Sud-Est. Cette démarche est impérative pour les Etats-Unis, car sur la côte pacifique du bloc continental eurasien, les Américains reculent. Des penseurs stratégiques comme Henry Kissinger et Pat Buchanan ont constaté que la Chine, renforcée, sera le futur concurrent de Washington dans cette région. Les pertes en Asie doivent dès lors être compensées par une avancée stratégique en Europe.
Ensuite : les nouveaux partenaires junior des Etats-Unis sont (outre les satrapies européennes habituelles, dont l’Allemagne), les Turcs. Un contingent turc est présent au sein de la force internationale de « paix » au Kosovo. En ayant mis hors jeu la puissance orthodoxe serbe, l’Islam se voit renforcé dans le Sud-Est de l’Europe. Washington joue à ce niveau un jeu clair : si l’Europe réussi son intégration, si l’espace économique européen s’avère viable, elle acquerra, bon gré mal gré, une puissance géostratégique qui portera ombrage aux Etats-Unis. Situation inacceptable pour le Pentagone. Dans les tréfonds du subconscient européen, la menace islamique-ottomane dans le Sud-Est du continent n’est pas vraiment oubliée. Délibérément, les Américains la réinstallent en Europe pour déstabiliser le processus d’unification européen : ironie et cynisme de l’histoire.
L’élargissement de l’OTAN a une odeur de poudre
La carte turque est un atout majeur des stratèges américains, également dans le domaine des approvisionnements énergétiques. Dans la partie de poker qui se joue en Asie centrale, l’enjeu est le pétrole, entre autres matières premières. Les futures zones d’exploitation se situent sur les rives de la Mer Caspienne et dans les ex-républiques soviétiques de l’Asie centrale musulmane et turcophone. Dans un tel contexte, on ne s’étonnera pas que l’OTAN, depuis quelques années, s’intéresse à toute coopération militaire et économique avec les Etats de la CEI dans le Sud de l’ex-URSS. L’an dernier, les troupes de l’OTAN ont participé pour la première fois à des manœuvres au Tadjikistan. Ce n’est plus qu’une question de temps, mais, si le processus actuel se poursuit, les anciennes républiques musulmanes et turcophones du « ventre mou » de l’ex-URSS appartiendront en bloc à la sphère d’influence atlantiste, tout comme les anciens pays du Pacte de Varsovie et l’Ukraine.
On le voit clairement : l’Alliance atlantique s’est fixé de nouveaux objectifs planétaires. L’ancienne doctrine purement défensive (en théorie…) est un boulet au pied de l’Alliance actuelle. En conséquence, l’Alliance se transforme en un système interventionniste global.
Quoi qu’il en soit : la sécurité ne sera pas de la partie au début du XXIième siècle. Les prochains conflits sont déjà programmés : avec la Chine, avec la Russie (complètement désavouée), avec toute une série de « méchants Etats » régionaux, que la propagande américaine dénoncera quand cela s’avèrera opportun et oubliera tout aussi vite. Hier, c’était l’Afghanistan et le Soudan, aujourd’hui, c’est la Yougoslavie. Et demain ?
D’autres cibles possibles en Europe
Peut-être sera-ce le Sud de la France ou les nouveaux Länder de l’Est de l’Allemagne. Je ne blague pas. Comme l’écrivait l’hebdomadaire d’information américain Time, il y a quelques mois, dans un numéro spécial, les stratèges de l’OTAN se soucient déjà de futurs « foyers de crise » en Europe. L’ancienne RDA et quelques villes du Sud de la France sont des cibles potentielles, car elles sont soupçonnées d’être d’ « extrême-droite ». Au Kosovo, l’OTAN bombarde parce que les « droits de l’homme » y seraient bafoués. Mais en Turquie, en Israël, à Timor-est, en Indonésie, les droits de l’homme sont bafoués depuis des décennies, sans que l’Alliance n’intervient. Qui décide où tomberont les prochaines bombes ?
La réponse est simple. Pendant cinquante ans, l’Alliance a été un instrument destiné à sécuriser les intérêts stratégiques des Etats-Unis. Rien ne changera dans l’avenir. En revanche, ce qui est nouveau, c’est que le Grand Frère d’Outre-Atlantique définit ses intérêts au niveau global sans vergogne depuis la disparition de l’ennemi soviétique. Cela continuera tant que le monde acceptera ses manières de cow-boy.
Organiser la résistance à l’hégémonisme US
Pourtant la résistance à la nouvelle doctrine de l’OTAN s’organise. Le Président de l’Académie russe des sciences militaires, le Professeur Machmoud Gareïev exprime ses réserves de manière succincte et concise : « Un nouvel ordre mondial apparaît : une petite communauté d’Etats occidentaux sous l’égide américaine entend dominer et dicter le cours des événements. Le message que cette communauté nous lance est clair : ne dérangez pas notre cercle ». Le député socialiste allemand (SPD), Hermann Scheer, manifeste son scepticisme face aux ambitions globales de l’Alliance occidentale. Il écrit à propos des zones de conflit qui se dessinent en Asie : « Les Etats-Unis tentent de contrôler politiquement cette région riche en ressources ; l’Alliance doit dès lors devenir l’escorte militaire des consortiums pétroliers et gaziers (…). L’élargissement de l’OTAN en Asie a une odeur de poudre. Nous devrions ne pas nous en mêler ».
Conclusion : la force des uns repose toujours sur la faiblesse des autres. L’hégémonie mondiale que concocte l’OTAN est possible parce que le reste du monde ne s’en est pas soucié. Pour cette raison, il nous apparaît urgent de forger des alternatives à la domination américaine et de leur donner une assise politique. Avec les élites établies, infectées par les virus de la banque et de l’idéologie mondialiste, un tel projet ne sera pas possible. En revanche, si des hommes et des femmes à la pensée claire, capables de tirer les conclusions qui s’imposent, agissant de Madrid à Vladivostok, l’alternative sera parfaitement possible. L’Internationale des peuples libres : voilà le projet qu’il faudra élaborer pour le XXIième siècle.
Karl RICHTER.
(Nation-Europa, 6/1999; trad. franç. : Robert Steuckers).
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samedi, 29 novembre 2008
Le Sénat tchèque approuve le déploiement d'un radar US

ABM: le Sénat tchèque approuve le déploiement d’un radar US
Le Sénat tchèque (chambre haute du parlement) a approuvé jeudi, par 49 voix sur 81, le déploiement d’un radar antimissile américain sur le territoire tchèque.
Les sociaux-démocrates et les communistes ont voté contre le projet, présenté jeudi au Sénat par le premier ministre tchèque Mirek Topolanek.
Washington envisage de déployer en Europe de l’Est des éléments de son bouclier antimissile pour parer à d’éventuelles attaques venant d’Iran ou de Corée du Nord. Les Etats-Unis comptent ainsi installer un radar en République tchèque et dix missiles intercepteurs en Pologne. Moscou, se sentant menacé, a exprimé à plusieurs reprises son hostilité envers ce projet malgré les tentatives américaines visant à rassurer la Russie.
Malgré le feu vert du Sénat, c’est toutefois à la Chambre des députés (chambre basse du parlement) qu’incombe l’essentiel du processus de ratification, qui pourrait se prolonger jusqu’au printemps prochain.
Les projets de déploiement d’une base ABM américaine en République tchèque ont divisé la classe politique en deux camps. A la Chambre des députés, la ratification est soutenue par le Parti démocrate civil au pouvoir dans le pays, mais qui ne bénéficie pas de la majorité au parlement. Une partie des Verts, membres de la coalition dirigeante, s’opposent également au déploiement du radar. Le Parti social démocrate tchèque, principale force d’opposition, votera contre l’installation du radar. Les communistes tchèques se proposent également de voter “contre” et exigent de tenir un référendum sur cette question.
Selon les résultats de sondages d’opinion, les deux tiers de la population de la République tchèque sont hostiles à l’installation du radar ABM américain dans le pays.
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jeudi, 20 novembre 2008
Croatie, OTAN et américanisation
Tomislav Sunic a enseigné les sciences politiques aux Etats-Unis. Il est l'auteur de Homo americanus: Child of the Postmodern Age. Il travaille actuellement sur son nouvel ouvrage : La Croatie : Un pays par défaut.
Il livre dans ce texte que nous reprenons, une analyse très intéressante.
Ex: http://antiotan.over-blog.com
La Croatie est un vrai laboratoire pour étudier le phénomène de l'identité mimétique pris au sens large. Ce petit État se prête idéalement à une bonne étude d'un pays «malgré soi» et de la façon dont l'américanisme joue un rôle déterminant dans la formation de sa conscience nationale. Dans une large mesure, la symbolique identitaire et la mauvaise appréhension de l'Autre furent à l'origine du conflit serbo-croate. A l'époque, les nationalistes croates ne pouvaient se définir sans afficher leurs sentiments antiserbes; aujourd'hui, en raison de nouvelles données géopolitiques, on se demande s'ils peuvent fonctionner sans pour autant singer l'américanisme.
Toute société multiculturelle, comme l'ex-Yougoslavie l'a bien montré, est profondément fragile et risque d'éclater à tout instant. Le climat du faux semblant multiethnique était la marque déposée de la Yougoslavie titiste qui avait réussi à duper un grand nombre d'observateurs occidentaux. Or l'Amérique s'est toujours fichée éperdument du sentiment identitaire, des Serbes comme des Croates. D'ailleurs, elle a inlassablement répété tout au long de l'année 1991 qu'elle ne donnerait pas son aval à l'indépendance croate et ainsi fut donné le feu vert à l'agression de l'armée yougoslave contre la Croatie. En 2008, en revanche, cette même Amérique n'a pas hésité à miser sur les sentiments antiserbes des Croates pour crédibiliser le processus de création de l'état-avorton du Kosovo.
Cependant, avec la rapide américanisation de la Croatie par le biais de l'OTAN et de l'Union Européenne, l'identité nationale croate est plus ou moins vouée à disparaître. Il s'agit d'une érosion « soft » mais elle est gravissime. Le meilleur vecteur de ce phénomène est l'Amérique elle-même, car ce pays fonctionne de moins en moins comme un État tandis que son idéologie multiculturelle « à la yougoslave » devient un bon substitut pour les anciennes identités nationales. En ce début du XXIe siècle, le processus d'américanisation fait des nouveaux États des Balkans une grotesque décalcomanie de la lointaine Amérique.
En dépit du caractère bouffon de leur imitation de tout ce qui est américain, imitation dont ils sont très fiers, les Croates et leur classe politique ne s'en croient pas moins les meilleurs héritiers de l'américanisme. Les anciens fonctionnaires communistes croates sont, en effet, convaincus d'en être les plus dignes émules. «Voilà pourquoi les anciens apparatchiks communistes, » remarque Claude Karnouh, « tant ceux des institutions politico-policières que de l'économie planifiée, se sont si facilement adaptés à l'économie de marché et se sont complus à brader sans vergogne le bien commun par des privatisations massives qui représentent, à coup sûr, le plus grand holdup du siècle sur la propriété collective ».
La perception fantasmée de l'Amérique ne fait que renforcer l'expansionnisme américain. On a beau critiquer les USA pour leur prétendu hégémonisme dans les Balkans, force est de constater que c'est souvent la singerie à laquelle se livrent volontairement les peuples croate, bosniaque, slovène et albanais qui sert de tremplin aux appétits américains. La servilité des élites croates envers les élites américaines est en quelque sorte la conséquence logique de leur ancienne soumission à l'égard de leurs précédents maitres, vénitien, hongrois ou autrichien. Il n'y a pas si longtemps, c'étaient Belgrade et les Serbes qui rendaient les Croates «plus yougoslaves» que les Serbes eux-mêmes ; aujourd'hui, ce sont diverses institutions américaines qui mènent la danse en coulisse. Autrefois, il était de rigueur pour les communistes croates de faire le pèlerinage de Belgrade ; aujourd'hui ce sont Washington et, le cas échéant, Tel Aviv qui servent de lieux saints à leur nouvelle identité.
On s'aperçoit vite que l'identité de l'homo americanus ne diffère pas beaucoup de celle de son homologue ex-communiste, l'homo jugoslavensis. Après une première extase suscitée par la liberté et l'indépendance, les Croates sont en train de perdre toutes traces d'une souveraineté que même l'ex-Yougoslavie avait su tant bien que mal préserver. Pour l'homme de la rue, l'américanisation est toujours perçue comme une promesse de richesse. Si l'Amérique ne les avait pas séduits par son apparente opulence, la plupart des Croates seraient encore bien heureux de vivre dans la Yougoslavie communiste. Par son effet négatif, le référent «communiste» a longtemps servi de puissant support au rêve américain.
Au fond, dans la Croatie d'aujourd'hui, les élites politiques et médiatiques se composent essentiellement d'apparatchiks communistes qui se sont convertis après la Guerre Froide en idéologues du libéralisme et de l'américanisme, et dont la démocratie importée d'Amérique se réduit souvent à l'incantation de termes comme «droits de l'homme» ou «marché libre. Cela semble aujourd'hui bien arranger les institutions supra-étatiques comme l'OTAN ou l'EU car celles-ci ne semblent intéressées que par un seul but, à savoir permettre aux entreprises d'Europe Occidentale et d'Amérique de s'approprier les principales richesses industrielles et naturelles du pays. En conséquence, les élites américaines ne s'étonnent pas du tout de voir les nouvelles élites croates conceptualiser le rêve américain et occidental d'une façon très éloignée de la réalité. En effet, des pays balkaniques aux pays baltes, la majorité des politiciens est-européens se compose de fils et de filles de communistes qui, pour des raisons géopolitiques et technoscientifiques, se sont recyclés et convertis en farouches Américanophiles. Rétrospectivement, on peut se demander dans quelle mesure les ex-post-communistes croates croyaient vraiment en leurs anciennes divinités communistes. Reste à découvrir maintenant s'ils resteront longtemps fidèles à leur nouveau credo du marché libre façonné par l'Amérique.
Le Croate moyen est souvent en proie à des accès d'identité négative comme en témoigne l'histoire de ses relations avec ses voisins, Serbes, Hongrois, Italiens ou autres. La dernière influence en date est celle des Américains. En raison de leur manque d'identité étatique, les dirigeants croates, à l'instar des autres fonctionnaires est-européens, ont appris, il y a bien longtemps, à survivre grâce a l'usage immodéré de la langue de bois. Aujourd'hui, ils vont bruyamment applaudir les Américains et le jour suivant, ils se mueront aussi facilement en antiaméricains primaires. La loyauté civique, l'esprit d'initiative, l'engagement professionnel et l'indépendance économique sont presque inexistants. Dans la Croatie postcommuniste, l'idée s'est répandue que pour réussir dans le libéralisme moderne tel qu'il est prêché par l'Amérique, il faut être un escroc. Pour tous les Croates rompus à la pathogenèse communiste, la "frime" politique est un mode de vie.
L'impact de l'américanisme en Croatie se révèle d'ores et déjà plus nocif que le legs du yougo-communisme. Force est de constater qu'au moment où la répression communiste battait son plein en Croatie communiste, les universitaires américains enseignaient la scolastique freudo-marxiste, tout en prenant le multiculturalisme yougo-titiste comme modèle social. Plus tard, quand la Yougoslavie est morte, ces mêmes professeurs américains ont jugé nécessaire de remplacer leur discours marxiste par un discours libéral. Mais ils n'ont pas abandonné pour autant leurs anciens objectifs de promiscuité mondialiste. De leur côté, au lendemain de la Guerre Froide, les dirigeants croates avaient cru qu'à l'aide de slogans pro-américains, ils ouvriraient la route à l'occidentalisme et se dédouaneraient ainsi de leurs péchés communistes. Ce fut surtout évident en 2000, lors de l'arrivée au pouvoir d'une équipe profondément inféodée aux intérêts américains. Dès lors, la servilité vis-à-vis de l'américanisme ne connut plus de bornes. Tout le monde s'est gargarisé en Croatie de mots tels que «croissance économique», «privatisation», «globalisation», et «intégration euro-atlantique», sans savoir au juste ce que signifiaient ces expressions. Or, cette phase d'américanolâtrie arrive lentement à expiration, laissant de nombreuses interrogations quant à l'avenir des Balkans. On ne peut pas totalement éliminer l'hypothèse de voir les Croates, guéris de l'expérience libérale « made in USA », se retourner soudain, et par défi, vers des leaders plus musclés. L'Amérique, telle qu'elle a fonctionné dans l'imaginaire croate, est loin de se concrétiser. Il reste donc aux Serbes et aux Croates à définir quel est vraiment leur ennemi principal...
Tomislav Sunic
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vendredi, 10 octobre 2008
Budapest: la NATO a convegno per le strategie del futuro
| Budapest: la Nato a convegno per le strategie del futuro | |
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lundi, 06 octobre 2008
K. Radzimanowski over geopolitiek in Europa
Kersten Radzimanowski over geopolitiek in Europa

“Duitsland is door de NAVO, die door de USA gedomineerd wordt, in steeds sterkere mate van vazal tot knechtje van de Amerikanen verworden. In deze evolutie en dit verbond kan ik niet in de geringste mate iets positiefs zien. Het is duidelijk te zien, met welke zware druk de USA proberen om de opname van Georgië in de NAVO erdoor te drukken, om zo met het breekijzer haar belangen in de regio veilig te stellen. Nadat president Saakaschvili met zijn militaire offensief een fiasco leed, is het geween bij de USA en NAVO groot. (…) In de EU zijn het vooral Oost-Europese staten zoals Polen, maar ook Groot-Brittannië, Denemarken en Nederland die meer in de USA dan in het continentale Europa geïnteresseerd lijken. Dat is hun goed recht, maar dan moeten de basisfundamenten van de EU veranderd worden in een meer losse Statengemeenschap. Met een land als Groot-Brittannië of Polen die deelneemt aan een agressieoorlog aan de zijde van de USA, tegen het volkenrecht in, kan ik niet de zoveel geprezen waardegemeenschap erkennen.”
Dr. Kersten Radzimanowski, voormalig DDR-staatssecretaris voor Buitenlandse zaken, voormalig CDU-politicus, vandaag NPD-militant. Bron: Deutsche Stimme, sep. 2008, p.3
Het citaat toont de grote geopolitieke kwestie voor Europa aan het begin van de 21ste eeuw duidelijk aan: welk Europa willen wij? Een Atlantisch slaafje van de USA dat ons meesleurt in imperialisme om de Amerikaans-kapitalistische en zionistische belangen veilig te stellen, en daarbij Europeanen als kanonnenvlees gebruikt? Of een continentaal sterk Europa dat zelfstandig zijn eigen belangen kan verdedigen? N-SA kiest onomwonden voor het laatste. Als “Groot-Nederland” betekent dat wij nog meer in de Angelsaksische, Atlantische invloedssfeer terechtkomen, dan kan dit Groot-Nederland à la Geert Wilders maar beter oplossen in het zoute Noordzeewater.
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vendredi, 12 septembre 2008
Turquie: au coeur du maelström

La lettre de léosthène, le 6 septembre 2008,
TURQUIE : au coeur du maelström
Par Hélène Nouaille
samedi 6 septembre 2008, par Comité Valmy
Nous publions cette analyse enrichissante d’Hélène Nouaille qui souligne notamment que dans le monde actuel, la question de la pertinence du maintien de l’OTAN et de son "élargissement continuel" objectivement bellicistes, est de plus en plus souvent posée.
(VOIR LES "PROPOSITIONS DU COMITE VALMY") :
Rétablir une politique étrangère et de défense indépendante, souveraine, anti-impérialiste et favorable à un monde multipolaire.
Refus de toute hégémonie.
Intégrer la France dans le combat anti-impérialiste des peuples du monde et des nations libres, favoriser et soutenir leur nécessaire front uni contre la mondialisation néo-libérale orchestrée par les USA et dont la construction d’une Europe supranationale est à la fois une conséquence et un instrument.
Face à la menace américaine et sa doctrine occidentaliste de guerres préventives tous azimuts, retirer la France de l’OTAN, instrument des USA et de ses satellites. Oeuvrer pour la dissolution de l’OTAN dont le maintien et le renforcement systématique conduisent à la guerre. ... Claude Beaulieu
Voir en ligne : Propositions du Comité Valmy
“ La guerre russo-géorgienne autour de l’Ossétie du Sud a eu un effet immédiat : elle a remis la mer Noire au cœur des préoccupations stratégiques occidentales et russes ” écrit notre confrère suisse le Temps. Oui, et celle qui en contrôle le seul accès, par les Dardanelles et le Bosphore, est la Turquie, depuis 1936 et la Convention de Montreux (1) L’empire Ottoman y veillait, avec des fortunes diverses, depuis 1453, chute de l’empire byzantin. Et c’est dans la Mer Noire qu’après les déclarations modérées de l’Union européenne pour une fois “réunie” au sommet de Bruxelles le 1er septembre dernier, déclarations bien accueillies par Moscou et qui tendent à l’apaisement avec la Russie, Washington a décidé de montrer ses muscles, via les navires placés sous commandement intégré de l’OTAN.
“ Les Etats-Unis poursuivent une politique délicate de livraison d’aide humanitaire par avions de transport et navires militaires, apparemment pour montrer aux Russes qu’ils ne contrôlent pas complètement l’espace aérien et les côtes géorgiennes” écrivait le New York Times, le 27 août (2). “ A Moscou, les manoeuvres navales ont clairement soulevé des inquiétudes. Les amiraux russes ont déclaré que l’afflux de navires de l’OTAN en Mer Noire violait le Traité de 1936, la Convention de Montreux, qui limite à trois semaines le séjour des pays non riverains sur cette mer ”.
La Turquie, qui appartient à l’OTAN depuis 1952, règne sur les détroits. Mais, nous dit encore le Temps (3), s’il faut que “ les navires de guerre ne dépassent pas 45000 tonnes ” pour obtenir l’autorisation de passage – ce qui exclut les porte avions - “ Ankara est sous forte pression de Washington pour assouplir le régime de Montreux. D’autant que la Turquie avait interdit le passage à des navires américains au moment de l’intervention en Irak en 2003. A plusieurs reprises, l’OTAN a tenté des passages en force avec des bâtiments dépassant le tonnage autorisé ”.
Voilà qui incite la Turquie, qui, nos lecteurs le savent, cherche depuis plusieurs années à jouer dans la région ses atouts de médiateur (4) à la fois vers l’ancien ennemi historique, la Russie, sa ceinture caucasienne et au-delà l’Asie centrale, à se poser des questions. “ La Turquie affronte un dilemme difficile devant le changement politique du paysage caucasien ” constate le quotidien turc Hürriyet (5) changement qui paraît “ renforcer sa position comme pays de transit pour les routes des hydrocarbures ”, mais qui voit “ monter les pressions pour équilibrer ses relations entre la Russie et les Etats-Unis ”.
Les problèmes de l’acheminement du pétrole et du gaz en provenance de la Caspienne et de l’Asie centrale sont bien, à court et plus long terme, un facteur important (6). Mais à très court terme, pour cet hiver, il s’agit de l’approvisionnement turc : 60 % du gaz naturel et 40 % du pétrole nécessaires aux Turcs sont fournis par la Russie. Et, remarque l’agence chinoise Xinhuanet, la demande est en expansion, “ ce qui a rapidement modifié la balance commerciale entre les deux pays, au désavantage de la Turquie ” (7). Or la Russie a réagi fermement à l’entrée des navires de l’OTAN en Mer Noire d’une part en compliquant les contrôles douaniers à ses frontières, d’autre part en faisant savoir aux Turcs qu’elle pourrait limiter ses livraisons d’hydrocarbures aux contrats signés, qui sont insuffisants.
Le message a été parfaitement clair pour le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, (“ La Russie pour nous est un pays avec lequel nous entretenons de très importantes relations commerciales (...). Quand vous regardez nos rapports commerciaux et économiques avec la Russie, vous ne pouvez ignorez la Russie. La Turquie imposera un équilibre dans le cadre de ses intérêts ”, déclarait-il le 2 septembre, d’après l’AFP, au quotidien turc Milliyet). Et le ballet diplomatique entre Moscou et Ankara n’a pas cessé. Mais c’est le président turc, Abdullah Gül qui a précisé les choses dans un entretien donné au Guardian britannique, dès le 16 août (8). Très clairement.
“ Le conflit en Géorgie, a affirmé Abdullah Gül, a montré que les Etats-Unis ne pouvaient plus définir la politique mondiale selon leur point de vue, et doivent commencer à partager le pouvoir avec d’autres pays ”. Et de déclarer : “ Je ne pense pas que vous puissiez contrôler le monde depuis un seul centre. Il existe de grandes nations. Il existe d’immenses populations. Il existe d’incroyables développements économiques dans certaines parties du monde. Donc ce que nous devons faire, en lieu et place d’actions unilatérales, est d’agir ensemble, prendre des décisions communes et nous consulter dans le monde. Un nouvel ordre mondial, si je puis dire, devrait émerger ”.
Abdullah Gül a également défini la position et le savoir faire de la Turquie – en insistant sur la capacité de changement et l’évolution continue de son pays : “ La Turquie a une grande capacité à influencer la région, indirectement, très pacifiquement, et à y être une source d’inspiration (...). La Turquie a déjà joué ce rôle précédemment. Et cela n’a pas été apprécié suffisamment ”. Son déplacement à Moscou est annoncé avant la fin de l’année. Y sont liées l’ensemble des initiatives turques, vers le Caucase (Plateforme de stabilité et de coopération du Caucase, proposée à la Russie, à la Géorgie, à l’Azerbaïdjan et à l’Arménie), vers l’Iran (“ Il a rejeté l’idée ”, dit le Guardian déjà cité, “ promue par les Etats-Unis et Israël, que le meilleur moyen de traiter avec l’Iran était de l’isoler, de le sanctionner et de le punir ”). Sans oublier l’intermédiation turque entre la Syrie et Israël (accords sur le Golan).
Reste que son rôle de gardien des détroits en tant qu’alliée de l’OTAN lui pose un vrai problème. Pourquoi ? “ Peu d’analystes ont compris la signification militaire complète du geste que la Russie a fait en reconnaissant les républiques séparatistes de la Géorgie : la Russie a désormais gagné le contrôle de fait sur deux ports essentiels de la Mer Noire — Soukhoumi et Poti (...). La rapidité avec laquelle la Russie a pris le contrôle de Poti doit avoir rendu les Etats-Unis fous de rage. La fureur de Washington est arrivée avec la prise de conscience que son plan de jeu, afin d’éliminer au bout du compte le rôle de la Russie en tant que "puissance de la Mer Noire", s’est transformé en chimère. Evidemment, sans une flotte en Mer Noire, la Russie aurait cessé d’être une puissance navale dans la Méditerranée. En retour, le profil de la Russie en Asie Mineure en aurait souffert ” (9).
C’est pourquoi, nous dit l’ancien diplomate indien M. K. Bhadrakumar pour Asia Times (9), “ Tout indique que Moscou a l’intention d’affirmer la présence stratégique de sa flotte en Mer Noire. Des pourparlers ont déjà commencé avec la Syrie pour l’expansion de l’entretien d’une base navale russe dans le port syrien de Tartous ”. Et le vrai point chaud est là, en Mer Noire, quand les navires de l’OTAN (trois frégates polonaise, allemande et espagnole) frôlent la flotte russe – au moins pour les navires militaires américains qui livrent des aides humanitaires dans les ports géorgiens – pourquoi des navires militaires, disent les Russes ? Plus grave, le garde côte américain Dallas, puis l’USNS Pathfinder, ont fait escale à Sébastopol, sur invitation ukrainienne. A portée d’incident.
Lorsque le navire amiral de la 6ème flotte américaine passe le Bosphore, jeudi 4 septembre, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko, s’interroge : “ L’USS Mount Whitney est le vaisseau-amiral de la 6e flotte de la Marine américaine, doté d’équipements de contrôle, de télécommunications et de reconnaissance permettant d’assurer le commandement d’un groupe naval. Ces navires ont, bien sûr, des cales destinées à transporter des produits alimentaires et des objets nécessaires pour l’équipage. Comment peut-on acheminer des dizaines de tonnes de fret humanitaire sur un tel navire ? ”. Et sa présence est-elle conforme à la Convention de Montreux ?
Inévitablement, la question est posée, dans le quotidien turc Today’s Zaman (10), sous la plume d’Ibrahim Kalin. Turquie-OTAN : la non alliance est-elle une option ? Par sa position géographique et géopolitique, “ la Turquie reste un joueur clef dans la région (...). Quand l’Histoire se tourne vers l’Asie, cette énorme étendue terrestre dont l’Europe n’est que le front ouest, les pays de la région considèrent de nouvelles opportunités (...). Comme les événements de ces dernières années l’on montré, l’OTAN pense toujours et agit toujours avec les paramètres de la Guerre froide (...). S’il n’y a plus de menace communiste, une structure militaire comme celle de l’OTAN ne devrait plus être nécessaire ”.
Suit une réponse modérée (position de non alliance aussi longtemps que l’OTAN n’a pas redéfini ses priorités). D’autres, ailleurs, sont plus directs. Ainsi dans le Jakarta Post indonésien (11), le 3 septembre, Greg Warner écrit-il sous le titre “ l’OTAN est-elle encore pertinence ” ? “ Dans les 18 ans passés depuis que la Russie a renoncé à son passé communiste, l’OTAN s’est continuellement élargie et a progressé pas à pas vers l’Est. Maintenant, la Géorgie pousse à son intégration, comme l’Ukraine. C’est l’élargissement continuel de l’OTAN qui va créer des problèmes pour l’Europe et pour le monde. C’est l’OTAN qui est un anachronisme de la Guerre froide. Peut-être le temps est-t-il venu du démantèlement de l’OTAN. L’Indonésie devrait considérer de faire valoir ce point de vue au Conseil de Sécurité des Nations Unies comme une manière de trouver un ordre plus apaisé et harmonieux dans ce nouveau siècle ”.
Une phrase nous interpelle ici : “ C’est l’élargissement continuel de l’OTAN qui va créer des problèmes pour l’Europe et pour le monde ”.
Mais l’Europe – pas plus que la Turquie – ne sont réductibles à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (26 membres (12)). La France n’appartient pas au commandement militaire intégré. La Finlande (comme l’Irlande, comme la Suède !) n’appartient pas à l’OTAN, pas plus que la Suisse, bien européenne mais hors de l’UE. La Turquie est dans l’OTAN, mais pas dans l’UE. Ambiguïté supplémentaire, le commandement militaire est américain. La question d’une nouvelle architecture de sécurité pour l’Europe est donc d’une incontestable actualité.
Pour l’heure, c’est la Turquie qui est en première ligne, tentant, comme le dit son Premier ministre, de garder un équilibre entre “ Américains et Russes ” et de gérer une zone à haut risque de confrontation armée quand l’Union européenne reprend, après avoir obtenu un cessez-le-feu – ce qui n’est pas rien – ses conciliabules indécis. Si elle laisse, comme par inadvertance, l’OTAN sous commandement américain décider de facto à sa place, le maelström sera pour elle, sans qu’elle ait pu réfléchir à ses engagements géopolitiques dans un monde qui change sous nos yeux.
Hélène Nouaille http://www.leosthene.com/
Notes :
(1) Texte de la Convention de Montreux (20 juillet 1936, PDF) : www.doc.diplomatie.gouv.fr/BASIS/pacte/webext/multidep/DDD/19360023 La convention a été depuis plusieurs fois amendée.
(2) New York Times, NATO Ships in Black Sea Raise Alarms in Russia, Andrew E. Kramer, le 27 août 2008, http://www.nytimes.com/2008/08/28/world/europe/28russia.html
(3) Le Temps, Drôle de guerre en Mer Noire, Stéphane Bussard, le 3 septembre 2008 http://www.letemps.ch/template/opinions.asp ?page=6&article=238872
(4) Voir léosthène n° 345/2007 Fils du chaos, un axe émergent possible, Russie Turquie Iran http://www.leosthene.com/spip.php ?article733
(5) Turkey faces tough task in energy as political map of Caucasus redrawn, Irem Koker, http://www.hurriyet.com.tr/english/finance/9669734.asp ?scr=1
(6) Sur la place des hydrocarbures et de leur acheminement dans le conflit en cours, voir Caucase : un conflit à l’arrière-goût de pétrole, par Aïdyn Gadjiev, docteur en histoire (Azerbaïdjan), pour RIA Novosti, 1er septembre 2008 “ Le conflit autour de l’Ossétie du Sud a de nouveau illustré nettement le fait que les positions des centres mondiaux qui manipulent dans leurs propres intérêts les principes d’intégrité territoriale et le droit à l’autodétermination sont fondées sur des considérations relatives au transport des ressources énergétiques ”. http://fr.rian.ru/analysis/20080901/116455247.html
(7) Xinhuatnet, Turquie : la dégradation des relations avec la Russie fait surgir la menace d’une crise du gaz naturel, le 3 septembre 2008 http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-09/03/content_710897.htm “ La Turquie a signé deux accords avec la Russie concernant le gaz naturel. Le premier a été signé en 1986 pour une période de 25 ans. L’accord, qui expirera en 2011, laisse la Turquie acheter 6 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Le deuxième accord est le Blue Stream, également pour 25 ans. Avec cet accord, la Turquie achète 16 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an directement. L’année dernière la Turkish Pipeline Corporation (BOTAS) a acheté 36,4 milliards de mètres cubes de gaz naturel à la Russie. 23,1 milliards de mètres cubes résultaient des contrats. Outre le gaz naturel, les importations pétrolières en provenance de Russie sont en train d’augmenter rapidement. Pendant la période donnée, 9,3 des 23,4 millions de tonnes de pétrole importées par la Turquie ont été achetées à la Russie ”.
(8) Stephen Kinzer, Exclusive interview US must share power in new world order, says Turkey’s controversial president http://www.guardian.co.uk/world/2008/aug/16/turkey.usforeignpolicy
(9) Asia Times, Russia remains a Black Sea power, M. K. Bhadrakumar, 30 août 2008 http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/JH30Ag02.html Nous avons trouvé une traduction de l’article en français : http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Russie_Mer_Noire_Otan_OTSC_290808.htm
(10) Today’s Zaman Ibrahim Hhalil, le 4 septembre 2008, Turkey and NATO : Is non-alliance an option ? http://www.worldbulletin.net/author_article_detail.php ?id=1818
(11) Jakarta Post, le 3 septembre 2008, Greg Warner, Is NATO still relevant ? http://www.thejakartapost.com/news/2008/09/03/letter-is-nato-still-relevant.html
(12) OTAN, pays membres : http://www.nato.int/structur/countries.htm
00:32 Publié dans Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, otan, méditerranée, france, europe, moyen orient, caucase |
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