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jeudi, 24 septembre 2015

La stratégie du chaos des néocons touche l’Europe

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La stratégie du chaos des néocons touche l’Europe

Auteur : Robert Parry
Traduction Christine Abdelkrim-Delanne/Afrique Asie
Ex: http://zejournal.mobi

Le chaos des réfugiés qui se développe en Europe, aujourd’hui – médiatisé par les photos poignantes du petit Aylan Kurdi dont le corps a échoué sur une plage de Turquie – est né des ambitions démesurées des néocons américains (conservateurs américains) et leurs acolytes les libéraux interventionnistes qui ont décidé de transformer le Moyen Orient et d’autres parties du monde par la stratégie du « changement de régime » .

Au lieu des mirifiques promesses de « promotion de la démocratie » et de « droits de l’homme », ces « anti-réalistes » n’ont fait que répandre la mort, la destruction et la déstabilisation à travers le Moyen Orient et certaines régions d’Afrique, puis, aujourd’hui, en Ukraine et au cœur de l’Europe. Cependant, comme ces forces néocons contrôlent toujours le « Discours Officiel », leurs théories, comme le fait qu’il n’y a pas assez de « changements de régime », bénéficient toujours la Une des médias.

Par exemple, Fred Hiatt, éditorialiste néocon du Washington Post, a accusé les « réalistes » d’être responsables de la cascade de catastrophes. Hiatt les a accusés, eux et le président Barack Obama, de ne pas être intervenus plus agressivement en Syrie dans le but de renverser le président Bachar al-Assad, depuis longtemps candidat des néocons au « changement de régime ».

En réalité, on peut faire remonter cette explosion accélérée de souffrances humaines à l’influence sans égale des néocons et de leurs compagnons de route libéraux qui se sont opposés à tout compromis politique, et, dans le cas de la Syrie, ont bloqué tout effort réaliste de trouver un accord de partage de pouvoir entre Assad et ses opposants politiques non terroristes.

Dès 2014, les néocons et les « faucons libéraux » ont saboté les accords de paix syriens à Genève en bloquant la participation iranienne et en transformant la conférence sur la paix en compétition unilatérale de vociférations durant laquelle les dirigeants de l’opposition syrienne financée par les États-Unis ont hurlé sur les représentants d’Assad qui sont rentrés chez eux. Pendant ce temps, les journalistes du Post et leurs amis n’ont eu de cesse de harceler Obama pour bombarder les forces d’Assad.

La folie de l’approche des néocons est devenue plus évidente l’été 2014 lorsque l’IS (l’État islamique), un rejeton d’Al-Qaïda qui a massacré des Syriens soupçonnés d’être favorables au gouvernement, a intensifié sa campagne sanglante de décapitation en Irak où ce mouvement hyper brutal a d’abord émergé comme « Al-Qaïda en Irak » en réponse à l’invasion américaine en 2003.

Il aurait dû être clair à la mi-2014 que si les néocons avaient réussi et si Obama avait lancé une campagne massive de bombardement pour détruire l’armée d’Assad, le drapeau noir du terrorisme aurait flotté sur la capitale syrienne de Damas et le sang aurait coulé à flots dans les rues.

Mais, aujourd’hui, un an plus tard, les « Hiatt » n’ont pas appris la leçon, et le chaos que fait exploser la stratégie néocons est en train de déstabiliser l’Europe. Aussi choquant et dérangeant que cela puisse l’être, rien de cela ne devrait être une surprise, les néocons ayant toujours entraîné le chaos et la destruction dans leur sillage.

La première fois que j’ai rencontré les néocons dans les années 1980, on leur avait donné l’Amérique latine comme terrain de jeu. Le président Ronald Reagan avait accrédité plusieurs d’entre eux, et fait entrer dans le gouvernement américain des illuminés comme Eliott Abrams et Robert Kagan. Mais Reagan les avaient maintenus relativement hors du « Royaume de la toute-puissance » : le Moyen Orient et l’Europe.

Ces zones stratégiques étaient réservées aux « adultes », des gens comme James Baker, George Schultz, Philip Habib et Brent Scowcroft. Les pauvres centre-Américains, occupés à essayer de se débarrasser de générations de répression et de sous-développement imposés par des oligarchies de droite dure, ont dû affronter les idéologues néocons qui ont généré escadrons de la mort et génocides contre les paysans, les étudiants et les travailleurs.

Sans surprise, il arriva un flot de réfugiés, particulièrement du Salvador et du Guatemala, vers le nord et les États-Unis. Le « succès » des États-Unis, dans les années 1980, en écrasant les mouvements sociaux progressifs et en renforçant les contrôles oligarchiques, a laissé la plupart des pays d’Amérique centrale dans les griffes de régimes corrompus et des syndicats du crime, entraînant toujours plus de vagues de ce que Reagan appelait les « feet people » (les gens à pied) par le Mexique à la frontière sud des États-Unis.

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Installer le chaos au Moyen Orient

Mais les néocons n’étaient pas satisfaits d’être assis à la table des enfants. Pendant l’administration Reagan, ils ont essayé de se hisser parmi les « adultes » à la table des grands. Par exemple, des néocons comme Robert McFarlane et Paul Wolfowitz, ont poussé la politique de leurs amis Israéliens contre l’Iran que les Israéliens considéraient alors comme un contrepoids à l’Irak. Cette stratégie a finalement conduit à l’« affaire Iran-Contra », le pire scandale de l’administration Reagan.

L’aile droite et les médias dominants américains n’ont jamais admis l’histoire compliquée de l’Iran-Contra et l’information sur différents aspects de criminalité dans ce scandale n’a jamais été diffusée. Les démocrates ont, également, préféré le compromis à la confrontation. C’est pourquoi, la plupart des néocons importants ont survécu aux affres de l’Iran-Contra, laissant leurs membres bien en place pour la phase suivante de leur montée en puissance.

Dans les années 1990, les néocons ont mis en place une infrastructure bien financée de think-tanks et de médias, bénéficiant à la fois des largesses des militaro-industriels qui finançaient les think-tanks et des organismes financés par le gouvernement comme le National Endowment for Democracy (NDM) (Fonds national pour la démocratie) dirigé par le néocon Carl Gershman.

Les néocons ont politiquement tiré le plus grand parti de la guerre du Golfe 1990-1991 grâce à l’armée américaine. De nombreux Américains ont commencé à considérer la guerre comme amusante, un jeu vidéo dans lequel les forces « ennemies » étaient détruites à distance. Dans les programmes TV d’actualités, les commentateurs au discours musclé ont fait fureur. Si vous vouliez être pris au sérieux, vous ne pouviez pas vous tromper en prenant la position la plus machiste, ce que j’appelle parfois l’« effet grondement er-er-er ».

Combiné avec l’écroulement de l’Union soviétique en 1991, la notion de suprématie militaire américaine fut sans égale et sans contestation, et a engendré les théories néocons visant à transformer la « diplomatie » en « ultimatums » américains. Au Moyen Orient, cette vision fut partagée par les Israéliens de la ligne dure qui en avaient assez de négocier avec les Palestiniens et autres Arabes.

À la place des négociations, il y aurait un « changement de régime » pour tout gouvernement qui n’adopterait pas la ligne. Cette stratégie a été élaborée en 1996, quand un groupe de néocons, dont Richard Perle et Douglas Feith, sont intervenus en Israël pour soutenir la campagne de Benjamin Netanyahu et ont concocté un document stratégique intitulé : « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm ».

L’Irak a été la première cible sur la liste des néocons, mais suivait immédiatement la Syrie et l’Iran. L’idée centrale était qu’une fois éliminés ou neutralisés les régimes aidant les Palestiniens et le Hezbollah, Israël pourrait dicter ses conditions de paix aux Palestiniens qui n’auraient d’autre choix que d’accepter ce qu’on leur offrait.

En 1998, le projet Project for the New American Century, élaboré par les néocons Robert Kagan et William Kristol, appelait à une invasion américaine de l’Irak, mais le président Bill Clinton a reculé devant une décision aussi extrême. La situation a changé, cependant, à l’arrivée du président George W. Bush et les attaques du 9/11 (attentats des Twin Towers) qui ont terrifié et rendu furieuse l’opinion publique américaine.
Immédiatement, les néocons ont eu un Commandant en Chef pour approuver la nécessité d’éliminer Saddam Hussein, et il ne fut pas difficile de persuader les Américains, bien que l’Irak et Saddam Hussein n’avaient rien à voir avec le 9/11 (cf www.consortiumnews.com « The Mysterious Why of the Iraq War »)

La mort du « Réalisme »

L’invasion de 2003 a sonné la mort du « réalisme » en matière de politique étrangère à Washington. Vieux ou morts, les « adultes » se turent ou ont fait la sourde oreille. Du Congrès et de l’Exécutif aux think-tanks et aux principaux médias d’information, pratiquement tous les « leaders d’opinion » étaient des néocons et de nombreux libéraux se rangèrent derrière les arguments de Bush en faveur de la guerre.

Et même si le « groupe pensant » de la guerre d’Irak avait pratiquement complètement tort à la fois sur les armes de destruction massive comme justification de la guerre et sur l’idée que ce serait « du gâteau » de mettre en place un nouvel Irak, pratiquement aucun de ceux qui avaient soutenu le fiasco, n’a été sanctionné pour l’illégalité de l’invasion ou pour le soutien à un plan totalement dénué de bon sens.

Au lieu de répercussions négatives, ceux qui ont soutenu la guerre en Irak – les néocons et leurs complices Libéraux et Faucons (aile dure des Républicains) ont essentiellement renforcé leur contrôle sur la politique étrangère américaine et les majors du secteur médiatique d’information. Du New York Times et Washington Post à la Brooking Institution et l’American Entreprise Institute, le programme de « changement de régime » a continué d’élargir son influence.

Peu importait que la guerre sectaire en Irak tue des centaines de milliers de personnes et provoque le déplacement de millions d’autres ou qu’elle donna l’occasion d’émerger à la branche impitoyable d’al Qaïda en Irak. Pas même l’élection de Barack Obama, en 2008, pourtant un opposant à cette guerre, n’a changé cette dynamique globale.

Plutôt que de résister au nouvel ordre en matière de politique internationale, Obama s’est incliné, retenant des joueurs clefs de l’équipe de sécurité nationale du président Bush, tels que le Secrétaire à la Défense, Robert Gates et le général David Petraeus, et recrutant des va-t-en-guerre démocrates, dont Hillary Clinton qui est devenue Secrétaire d’État, et Samantha Power du Conseil national de sécurité.

Ainsi, le culte du « changement de régime » n’a pas seulement survécu au désastre irakien, il s’est développé. Chaque fois qu’un problème émergeait à l’étranger, « La » solution était le « changement de régime », accompagné de l’habituelle diabolisation d’un dirigeant ciblé, du soutien à une « opposition démocratique » et d’appels à l’intervention militaire. Le président Obama, probablement un « closet realist » (réaliste de cabinet) s’est retrouvé dans le rôle du « timoré en chef », poussé, à contrecœur, d’une croisade pour un « changement de régime » à une autre.

En 2011, par exemple, la Secrétaire d’État, Hillary Clinton et Power, du Conseil national de sécurité, ont convaincu Obama de s’allier avec quelques dirigeants européens « chauds pour la guerre » pour réussir le « changement de régime » en Libye, où Mouammar Kadhafi s’était lancé dans l’offensive contre des groupes qu’il avait identifiés comme des terroristes islamistes, dans l’est libyen.

Pour Clinton et Power il s’agissait de tester leurs théories de « guerre humanitaire » – ou « changement de régime » – visant à chasser du pouvoir un « voyou » comme Kadhafi. Obama a rapidement adhéré et, avec le soutien technologique crucial de l’armée américaine, une campagne de bombardements dévastateurs a détruit l’armée de Kadhafi, l’a chassé hors de Tripoli, pour finalement le conduire à son assassinat par la torture.

Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort !

Hillary Clinton s’est dépêchée de tirer parti de ce « changement de régime ». Dans un échange d’email, en août 2011, son ami de longue date et conseiller personnel, Sidnay Blumenthal, fit l’éloge de la campagne de bombardement visant à détruire l’armée de Kadhafi et salua l’expulsion du dictateur gênant de Tripoli.
« Tout d’abord, bravo à vous ! C’est un moment historique et c’est à vous qu’on l’attribuera », écrivait Blumenthal à Clinton le 22 août 2011. « Si Kadhafi lui-même est finalement renversé, vous devriez, bien sûr, faire une déclaration publique devant les caméras où que vous vous soyez, vous devez aller devant les caméras. Vous devez entrer dans les archives de l’Histoire à ce moment-là… La phrase la plus importante est : « stratégie victorieuse ».

Clinton transmit le conseil de Blumenthal à Jake Sullivan, un proche assistant du Département d’État. « SVP, lire ci-dessous, écrit-elle, Sid a bien vu ce que je dois dire, mais c’est conditionné à la chute de Kadhafi qui donnera une dimension plus spectaculaire. J’hésite car je ne sais pas combien j’aurais d’occasions ».
Sullivan répondit : « Cela peut être bon pour vous de vous exprimer juste après son départ, pour marquer le coup… Vous pouvez aussi donner plus de poids en vous présentant physiquement, mais il paraît censé de formuler quelque chose de définitif, comme, par exemple, la Doctrine Clinton ».

Cependant, lorsque Kadhafi a abandonné Tripoli ce jour-là, le président Obama a saisi cette occasion pour faire une déclaration triomphale. Clinton a dû attendre jusqu’au 20 octobre 2011, lorsque Kadhafi fut capturé, torturé et assassiné, pour exprimer sa satisfaction sur le « changement de régime ».

Dans une interview télévisée, elle a célébré la nouvelle dès qu’elle s’est affichée sur son téléphone mobile en paraphrasant la célèbre déclaration de Jules César après la victoire des Romains en 46 av. J.C : « Veni, vidi, vici » – (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu). Clinton a adapté la fanfaronnade de César en « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ». Puis elle a ri et applaudi.

Il est probable que la « Doctrine Clinton » serait devenue une stratégie d’« interventionnisme libéral » pour procéder à un « changement de régime » dans des pays en crise, où le dirigeant cherchant à éliminer une menace sécuritaire, et dont les États-Unis désapprouvent l’action. Mais le problème avec la fanfaronnade de Clinton sur la « Doctrine Clinton », c’est que l’aventure libyenne a rapidement tourné à l’aigre. Les terroristes islamistes contre lesquels Kadhafi avait mis en garde, se sont emparés de vastes pans de territoire et ont transformé le pays en un nouveau « champ de ruines », comme en Irak.

Le 11 septembre 2012, l’attaque du consulat américain à Benghazi et la mort de l’ambassadeur américain Christopher Stevens et trois autres membres du personnel diplomatiques a fait exploser cette réalité aux yeux des Américains. Il est apparu que Kadhafi n’avait pas tout à fait tort sur la nature de son opposition.

Finalement, la violence extrême en Libye s’est tellement développée de façon incontrôlée que les États-Unis et les pays européens ont abandonné leurs ambassades à Tripoli. Depuis, les terroristes de l’État islamique se sont mis à décapiter des chrétiens coptes sur les plages libyennes et à massacrer d’autres « hérétiques ». En pleine anarchie, la Libye est devenue une voie pour les migrants désespérés qui cherchent un passage vers l’Europe en traversant la Méditerranée.

Guerre à Assad

Parallèlement au « changement de régime » en Libye, la même démarche a été engagée en Syrie. Les néocons et les interventionnistes libéraux ont fait pression pour le renversement du président Bachar al-Assad, dont le gouvernement s’est fissuré en 2011 après ce qui est rapidement devenu une rébellion violente conduite par des éléments extrémistes, bien que la propagande occidentale l’ait présentée comme l’opposition « modérée » et « pacifique ».

Pendant les premières années de guerre civile en Syrie, le prétexte fut la répression injustifiée de ces rebelles « modérés » et la seule réponse fut le « changement de régime » à Damas. Les affirmations d’Assad selon lesquelles l’opposition incluait de nombreux extrémistes islamistes fut largement méprisée, comme le furent les avertissements de Kadhafi en Libye.

Le 21 août 2013, une attaque au gaz sarin dans la banlieue de Damas a tué des centaines de civils. Le Département d’État américain et les médias dominants ont immédiatement accusé les forces d’Assad en même temps qu’ils exigeaient une vengeance militaire contre l’armée syrienne.

Malgré les doutes au sein des milieux du renseignement américain sur la responsabilité d’Assad dans cette attaque, que certains analystes considèrent, au contraire, comme une provocation terroriste anti-Assad, les vociférations des néocons de Washington et des interventionnistes libéraux en faveur de la guerre furent intenses et tout doute fut balayé d’un revers de la main.
Cependant, le président Obama, conscient du scepticisme des milieux du renseignement, a renoncé à une frappe militaire et finalement œuvré à un accord négocié par le président russe Vladimir Poutine dans lequel Assad acceptait de remettre tout son arsenal chimique, bien qu’il continuât à nier son implication.

Bien que l’accusation contre le gouvernement syrien à propos de l’attaque fut finalement tombée à l’eau – avec l’accumulation des preuves d’une opération déguisée par les radicaux sunnites pour tromper les Américains et les pousser à intervenir à leurs côtés – la « pensée de groupe » officielle de Washington a refusé de reconsidérer ce jugement précipité. Hiatt se réfère toujours à la « sauvagerie des armes chimiques » d’Assad.

Toute suggestion selon laquelle la seule option réaliste en Syrie est un compromis autour du partage du pouvoir qui inclurait Assad – qui est considéré comme le protecteur des minorités chrétienne, chiite et alaouite – est rejeté par le slogan « Assad doit partir ».

Les néocons ont créé une croyance populaire selon laquelle la crise syrienne aurait été évitée si seulement Obama avait suivi leur conseil en 2011, à savoir une nouvelle intervention américaine pour obtenir en force un autre « changement de régime ». Cependant, l’issue plus que probable aurait été, soit une autre occupation illimitée et sanglante de la Syrie par l’armée américaine, soit le drapeau noir du terrorisme flottant sur Damas.

Au tour de Poutine

Le président russe, Vladimir Poutine, est un autre « voyou », depuis l’échec, en 2013, du projet de bombardement de la Syrie. Il a rendu fou de rage les néocons par sa collaboration avec Obama pour obtenir la remise des armes chimiques syriennes, puis en œuvrant à des négociations sérieuses avec les Iraniens sur leur programme nucléaire. Malgré les désastres du « changement de régime » en Irak et en Libye, les néocons voulaient à nouveau utiliser leur baguette magique en Syrie et en Iran.

Poutine a été puni par les néocons américains, dont Carl Geshman, le président du NED (la Fondation nationale pour la démocratie), et le secrétaire d’État adjoint pour l’Europe, Victoria Nuland (l’épouse de Robert Kagan) par leur aide au « changement de régime » en Ukraine, le 22 février 2014, et le renversement du président élu Viktor Yanukovych, et en mettant en place un régime violemment anti-Russie, à la frontière.

Aussi satisfaits qu’aient été les néocons de leur « victoire » à Kiev et de leur diabolisation réussie de Poutine dans les grands médias américains, l’Ukraine a suivi la pente post- changement de régime prévisible conduisant à la guerre civile. Les Ukrainiens de l’ouest ont lancé une brutale « opération anti-terroriste » contre la population russe de l’est qui a résisté au coup d’État soutenu par les États-Unis.

Des milliers d’Ukrainiens sont morts et des millions ont été déplacés, alors que l’économie nationale ukrainienne basculait vers la faillite. Cependant, les néocons et leurs amis Libéraux et Faucons démontrèrent à nouveau leur capacité de propagande en mettant toutes les responsabilités sur le compte de « l’agression russe » et de Poutine.

Bien qu’Obama ait été, apparemment, pris de court par le « changement de régime » en Ukraine, il s’est joint rapidement au concert d’accusations contre la Russie et Poutine. L’Union européenne s’est, également rangée derrière la demande américaine de sanctions contre la Russie malgré le mal que ces mêmes sanctions infligeaient à l’économie européenne déjà vacillante. Aujourd’hui, la stabilité de l’Europe subit une autre pression avec le flot de réfugiés qui arrivent des zones de guerre au Moyen Orient.

Des dizaines d’années de chaos

Si on regarde, aujourd’hui, les conséquences et les coûts de la dernière dizaine d’années marquées par la stratégie néocons/libéraux-Faucons de « changement de régime », le nombre de morts en Irak, Syrie et en Libye dépasse, selon les estimations, le million tandis que plusieurs millions de réfugiés arrivent dans des pays moyen-orientaux fragiles et pèsent sur leurs ressources.

Des centaines de milliers d’autres réfugiés et de migrants ont fui vers l’Europe, aggravant la pression importante sur les structures sociales du continent déjà affectées par la récession sévère qui a suivi le crash de Wall Street en 2008. Sans la crise des réfugiés, la Grèce et d’autres pays du sud de l’Europe batailleraient quand même pour répondre aux besoins de leurs citoyens.

En revenant en arrière un instant et en mesurant l’impact de la politique des néoconservateurs américains, on peut être étonné de l’étendue du chaos qu’ils ont créé sur une large partie de la planète. Qui aurait pensé que les néocons auraient réussi à déstabiliser non seulement le Moyen Orient, mais, également, l’Europe…

Et pendant que l’Europe se débat, les marchés d’exportation chinois se resserrent, provoquant une instabilité dans cette économie cruciale, et, de ce choc, les répercussions se font sentir aux États-Unis.

Nous assistons aux tragédies humaines provoquées par les idéologies des néocons/Libéraux-Faucons à travers la souffrance des Syriens et autres réfugiés débarquant en Europe et la mort d’enfants noyés dans la fuite désespérée de leurs parents loin du chaos créé par le « changement de régime ». Mais les griffes des néocons/libéraux-Faucons sur Washington finiront-elles par se casser ? Un débat sur les dangers de la stratégie du « changement de régime » sera-t-il même autorisé dans le futur ?

Pas si les « Fred Hiatt du Washington Post » ont quelque chose à dire à ce sujet. La vérité est que Hiatt et autres néocons maintiennent leur domination sur les grands médias américains. Ce que nous pouvons, donc, attendre des différents médias dominants, c’est plus de propagande néocons mettant le chaos non sur le compte de leur politique de « changement de régime », mais sur l’échec de parvenir à davantage de « changements de régime ».

Le seul espoir est que de nombreux Américains ne se fassent pas avoir, cette fois, et qu’un « réalisme » tardif revienne dans la stratégie géopolitique américaine, consistant à rechercher des compromis raisonnables pour restaurer l’ordre politique dans des endroits comme la Syrie, la Libye et l’Ukraine. Au lieu de toujours plus de confrontations dures à la « Rambo », peut-être y aura-t-il, finalement, des tentatives sérieuses de réconciliation.

Mais l’autre réalité est que les forces interventionnistes se sont enracinées profondément à Washington, dans l’Otan, dans les grands médias d’information et même dans les institutions européennes. Il ne sera pas facile de débarrasser le monde des graves dangers créés par les stratégies néocons.

Note:

Robert Parry, directeur du site www.ConsortiumNews.com, est un journaliste d’investigation. Il a publié de nombreux articles pour Associated Press et Newsweek dans les années 1980 sur l’affaire Iran-Contra et l’implication de la CIA. Il est l’auteur, entre autres, d’une trilogie sur la famille Bush et ses connexions avec l’extrême droite américaine).

lundi, 21 septembre 2015

Ron Paul Discusses Evangelical Zionists’ Support for US Wars

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Ron Paul Discusses Evangelical Zionists’ Support for US Wars

By Adam Dick
Ron Paul Institute & http://www.lewrockwell.com

Ron Paul, the former United States presidential candidate and Republican House of Representatives member from Texas, discussed in an August 8 radio interview evangelical Zionists who support the US government’s wars overseas. Paul examines the matter with Patriot’s Lament show host Joshua Bennett on KFAR radio of Fairbanks, Alaska.

Asked by Bennett why so many religious people in America are pro-war, Paul responds that, while the reasons vary from one person to the next, evangelical Zionism, which is taught by preachers at some churches, “has a lot to do with it.” Paul continues that the use of Christianity to support preventative or preemptive wars is “a gross distortion” of what Paul believes “the Christian faith is all about.” Paul explains in the interview that he sees Jesus as “the Prince of Peace.”

Also discussed in the 24-minute interview are Paul’s new book Swords into Plowshares — in which Paul writes extensively regarding the relationship among religion, war, and peace — as well as three projects Paul has undertaken since leaving the House in January of 2013 — the Ron Paul Institute for Peace and Prosperity, the Ron Paul Liberty Report, and the Ron Paul Curriculum.

Listen to Paul’s complete interview here.

Ron Paul Institute Executive Director Daniel McAdams and Senior Fellow Adam Dick have also been guests on the KFAR radio show.

Listen to McAdams’ interview here.

Listen to Dick’s interview here.

Corbyn et la question de l’antiSystème

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Corbyn et la question de l’antiSystème

Ex: http://www.dedefensa.org

L’élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique a constitué un événement politique exceptionnel : d’abord par la marge formidable de 59,5% des voix (le plus haut score atteint pour l’élection d’un nouveau dirigeant d’un des grands partis au Royaume-Uni) ; ensuite, par les matières qui ont été débattues lors de la campagne (outre le sujet général de l’austérité qui est une toile de fond du débat et non pas un débat, tous les grands sujets de politique extérieure) ; enfin, par la personnalité de l’acteur principal Corbyn, militant marxiste pur et dur, complètement marginalisé dans l’ensemble-Système travailliste depuis des années, donc lui-même hors-Système et qui s’impose pourtant irrésistiblement en brisant ce cadre avec une puissance totalement inattendue.

C’est ce dernier point qu’explique abondamment l’excellent chroniqueur et activiste US Chris Hedges, dans une interview qu’il a donnée le 15 septembre à RT. L’entretien porte d’abord sur le parallèle qu’on peut faire ou ne pas faire entre Corbyn et Sanders, que nous laisserons de côté mais dont on gardera à l’esprit que Hedges considère Corbyn comme un vrai révolutionnaire, au contraire de Sanders aux USA ; puis l'on enchaîne sur la signification de la victoire de Corbyn pour la gauche en Europe, et sur le “message” que la victoire de Corbyn envoie au reste de l’Europe. On appréciera que, même dans les questions faites par l’intervieweur, on trouve de ces “nuances” qui conduisent à juger cet évènement d’une part en termes d’idéologie sinon de “particratie” (ce que la gauche comme la droite restent, dans le contexte évoqués, lorsqu’elles se considèrent en tant que telles), d’autre part en termes de confrontation entre le Système et “le reste” (ditto, l’antiSystème).

... Car la question est bien celle-ci, et bien peu de commentateurs l’abordent de cette façon : Corbyn est-il un élu et une victoire de la gauche ou bien un élu et une victoire de l’antiSystème ? Ce n’est pas, ce ne peut être la même chose, sinon à raisonner dans des termes d’il y a un demi siècle ou d'un siècle et demi, alors que toutes les activités politiques constituées se faisaient sous le contrôle du Système sans que personne n’y prît garde expressément ; cela, sauf dans le chef de certaines catégories d’intellectuels et d’artistes dans certaines périodes bien spécifiques, et l’une ou l’autre complète exception politique, comme un de Gaulle.

RT : « The EU's most notable left-wing parties have been jubilant over Corbyn's victory. Why is this so important for them? »

Chris Hedges : « Well, because it is part of this popular revolt against neo-liberalism, austerity, corporate domination of our political and our cultural life, and of course it caught everyone by surprise. Corbyn was a 200-1 outsider, but they just rose up. I think it’s tapped into a kind of revulsion that’s global, that Podemos certainly tapped into, Syriza tapped into in Greece with the neoliberal order. And Corbyn represents it in a way that Bernie Sanders really doesn’t. »

RT : « What message does this Labour Party election in the UK send to the rest of Europe?

Chris Hedges : « This sends a message essentially to the international banking community that says that their ability to impose conditions that cause suffering - especially among working men and women - is one that larger and larger segments of population will not tolerate. Corbyn has even raised the possibility of withdrawing from the EU precisely because of the EU’s treatment of the Greek people. He pointed out that all of this money is not going to the Greeks - it is going to the international banking system. I think he is a kind of an example of this surge among the grassroots that’s rising up to defy the neo-liberal order and in particular the international banking system that is strangling countries... »

WSWS.org accorde bien sûr une place de choix à l’élection de Corbyn. Il y a un long texte d’analyse de Julie Hyland du 15 septembre 2015 (14 septembre dans sa version anglaise). Le sectarisme considérable du site de la IVème Internationale trotskiste qui éclate dans la deuxième partie du texte, – “Trotski sinon rien”, – a l’avantage paradoxal de conduire à une analyse acceptable du phénomène Corbyn. Les enseignements qui sont présentés sont donc :

1) Corbyn est incontestablement un homme de gauche, et même d'une gauche dure et pas loin d'être révolutionnaire, mais ce n’est pas l’“homme d'une gauche dure”, ni même cette “gauche dure”-là qui ont été élus, mais tout ce qu’il (Corbyn) représente, symboliquement, de plus opposé au Système, tout ce qu’il y a nécessairement d’antiSystème en lui, sans qu’il ne le réalise ni ne l’exprime nécessairement.

 

pod28-thickbox_default2.jpg2) Corbyn fait partie de cette “réaction de gauche”, comme Syriza, comme Podemos, même comme Sanders aux USA, de même qu’il y a une “réaction de droite”, comme le FN en France, les deux constituant les deux ailes d’une “réaction générale”... Mais “réaction” contre quoi ? “Contre de vrais dynamiques populaires qui s’expriment contre le Système, en faisant croire qu’ils (ces mouvements de ‘réaction’) les représentent alors qu’ils les canalisent et les contrôlent en vérité, parce qu’eux-mêmes (ces mouvements de ‘réaction’) sont en fait manipulés par la bourgeoisie et les oligarchies”, dit l’auteure en agitant sa pancarte “Trotski sinon rien” ; “Contre le Système, cette réaction de dynamique populaire passant par tout ce qui peut servir de véhicule pour ceux veulent exprimer leur position antiSystème”, dirions-nous en observant qu’il est préférable de ne pas faire compliqué quand on peut faire simple, d’autant plus que Trotski n’est plus parmi nous pour prendre les choses en mains.

3) L’élection de Corbyn a ouvert une brèche considérable qui pourrait, selon les évènements, se traduire par des prolongements que nous qualifierions d’antiSystème et extrêmement importants ; mais ces évènements et leurs prolongements resteront sans suite parce que « manœuvres, compromis et trahisons suivront inévitablement une victoire de Corbyn...» Voici le passage du texte de Hyland exprimant ces trois considérations.

« Pour évaluer les résultats de l'élection au leadership du Labour, il faut prendre en compte plusieurs facteurs interdépendants. L'idée reçue après la défaite écrasante des travaillistes à l'élection générale de mai était qu'ils avaient perdu parce que leur programme d’“austérité allégée” était en contradiction avec un consensus public soutenant des réductions des dépenses encore plus fortes, plus de mesures anti-immigrés et une hausse des dépenses militaires. La course à la direction devait marquer un nouveau virage à droite des travaillistes, comme le montrait l'insistance de la dirigeante par intérim Harriet Harman pour que les députés travaillistes s'abstiennent sur le projet de loi sur la protection sociale du gouvernement conservateur, qui va encore appauvrir des millions de gens. Mais l'élection a ouvert une fissure juste assez large pour donner une idée de l'hostilité de la classe ouvrière et d’une partie de la classe moyenne à de telles mesures et cela a perturbé le plan initial.

» Corbyn, député travailliste vétéran “de gauche”, qui s'est présenté sur un programme anti-austérité, a réussi à obtenir 59,5 pour cent des voix, plus que le total combiné de ses trois adversaires: Andy Burnham (19 pour cent), Yvette Cooper (17 pour cent) et Liz Kendall (4,5 pour cent). Cela en dépit, ou plutôt partiellement à cause des interventions répétées de Tony Blair qui exhortait à poursuivre son “héritage”. Ses exclamations ont garanti la déroute humiliante de Kendall, la candidate la plus blairiste. L'absence de soutien important pour les panacées droitières du New Labour, même dans la coquille rétrécie du Parti travailliste, est un reflet de l'état des rapports de classe en général.

» Ce n'est pas là juste un phénomène britannique. Les implications transformant le monde de la crise financière de 2008, crèvent partout la croûte putréfiée de la politique officielle. Une aggravation générale, économique, sociale et géopolitique de la crise du capitalisme mondial déstabilise les mécanismes traditionnels de domination, alimente le mécontentement social et politique et jette la politique bourgeoise dans un état de bouleversement et de flux.

» Cherchant à retrouver son équilibre politique, la bourgeoisie tente un réajustement politique lui permettant d'empêcher une classe ouvrière de plus en plus incommode d’échapper à son contrôle et de se lancer sérieusement à l’assaut du pouvoir. Cela explique d’une part la montée des forces fascistes et xénophobes tels que le Front national en France et d’autre part les expériences avec des forces de “gauche”, comme Syriza en Grèce, Bernie Sanders aux États-Unis et Corbyn en Grande-Bretagne.

» Évaluant la victoire de Corbyn, certains commentateurs considèrent, comme le dit l’ancien rédacteur du Daily Telegraph Charles Moore, que le “prochain choc porté au système” pourrait créer “un marché électoral pour ... le Bourbon barbu du bolchevisme”. Andrew Sparrow du Guardian est d’avis qu’une éruption “nullement impensable …d’une sorte de catastrophe économique... pourrait conduire les travaillistes menés par Corbyn à défier les experts et à prendre le pouvoir de la même manière que Syriza en Grèce”.

» Les travailleurs doivent considérer de tels calculs comme un sévère avertissement. Les leçons de la capitulation abjecte de Syriza en Grèce doivent être comprises, de sorte que les travailleurs ne soient pas aveuglés par les manœuvres, compromis et trahisons qui suivront inévitablement une victoire de Corbyn...»

Il est vrai que la victoire de Corbyn a été saluée, parfois de manière extatique par qui de droit, comme une “victoire de la gauche authentique”, et cette interprétation a aussitôt rétréci le champ du débat, dans le chef des mêmes commentateurs, à la seule “gauche” comme ayant la capacité d’emporter une telle “victoire” qui ne peut être comprise que comme une “victoire contre le Système”. Cette façon de voir montre que ceux qui font cette interprétation n’ont pas encore compris qu’une “victoire contre le Système” n’est pas nécessairement, loin s’en faut, une “victoire antiSystème“, alors que ce qu’il faut, à l’image de Trotski, c’est “l’antiSystème sinon rien”. Par exemple et triste exemple, Syriza a bien remporté une “victoire contre le Système” lors de son élection en janvier et jusqu’au référendum en juillet, mais la chose s’est achevée par la capitulation que l’on sait quelques jours plus tard. L’épisode démontre qu’une “victoire contre le système” n’est rien si elle ne se structure pas décisivement en une “victoire antiSystème” (dans ce cas, un “plan B” type-Grexit pouvait être tenté en guise decstructuration). La cause en est que Syriza était et reste un “parti de gauche” hors-Système, ce qui est un pas dans la bonne direction qui ne change pas grand’chose sinon rien, et nullement un “parti antiSystème”, ce qui est le pas essentiel qui changerait tout.

On retrouve les mêmes demi-mesures, les mêmes demi-exhortations, les mêmes demi-envolées, les mêmes demi-attaques antiSystème ou les mêmes attaques demi-antiSystème dans le Plan B pour l’Europe, de Jean-Luc Mélenchon, Stefano Fassina, Zoe Konstantopoulou, Oskar Lafontaine et Yanis Varoufakis, parmi lesquels on pourrait mettre bientôt un Jeremy Corbyn selon les circonstances. Tout y est parfaitement classé, avec les anathèmes de service et les “répulsions” à peine non-dites qu’on sait, pour qui l’on sait. Les antiSystème de gauche comme ceux de droite ont l’estomac fragile et disposent d’une quantité considérable de répulsion pour leurs vis-à-vis de l’autre bord (mais plus ceux de gauche que ceux de droite, nous semble-t-il, puisqu’il arrive de telles occurrences où Marine Le Pen envoya ses félicitations à Syriza lors de son élections, qui lui furent, nous semble-t-il à nouveau, retournées dans le style “il n’y a pas d’abonné...” ; et l’on peut chercher à savoir qui, dans ce cas-là et dans les stratégies proposées, Le Pen conseillant à Tsipras de quitter l’euro, se conduisait le plus en antiSystème). Les antiSystème des deux bords préfèrent en général la défaite assurée du camp antiSystème avec leur vertu partisane conservée pieusement à la défaite possible du Système dans l’audace de la conceptualisation de l’antiSystème avec ses conséquences. Difficile, très très difficile de les faire sortir de leurs arrière-cuisines...

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L'observation à la fois la plus évidente et la plus pertinente nous vient par conséquent d’un philosophe, dit-“de gauche” en plus, mais déjà largement suspecté d’apostasie dans les salons parisiens, – dès lors qu’on s’éloigne de la “ligne générale” chargée de la pédagogie permante de la démocratie et qui revient en fait au contraire de ce qu’elle prétend être. Interrogé par RT-France sur cette vaste question (implicitement celle du rassemblement des antiSystème), Onfray a une réponse qui a la vertu et l’intelligence de l’évidence ; c’est-à-dire, la proposition de facto de substituer aux “valeurs“ en général partisanes qui servent surtout de feuilles de vigne pour tenter de dissimuler la vanité et l’hybris de chaque parti, les principes par définition universels dans leur puissance structurante et qui constituent la seule force conceptuelle capable de créer véritablement une essence antiSystème. Pour autant, Onfray n’est pas du tout optimiste, – ou plutôt devrions-nous dire, “par conséquent, Onfray n’est pas du tout optimiste...” Effectivement, dans cette orientation-là nous partageons complètement ce sentiment  à la lumière des réactions diverses que nous avons rapidement passées en revue. (La seule réserve qui nuance ce pessimisme réside évidemment dans la stupidité du Système parce que, après des décennies sinon des siècles de domination, après plus de quinze ans de blairisme triomphant carburant à la spin-communication avec le soutien de toute la surpuissance dont il est capable, déboucher sur un Corbyn à la tête du parti de Tony Blair ce n’est pas très convainquant...)

RT France : « Jacques Sapir a lancé l'idée d'un mouvement rassemblant tous les souverainistes, allant même jusqu'à une alliance avec le FN. Vous avez estimé que “l’idée est bonne (...) de fédérer les souverainistes des deux bords”. Pourquoi ? »

Michel Onfray : « Les souverainistes sont majoritaires dans l’opinion mais inexistants parce que répartis dans des partis très hétérogènes qui comptent pour rien dans la représentation nationale. Mais jamais un électeur de Mélenchon ne soutiendra une thèse de Marine Le Pen et vice versa. Seul un tiers au-dessus des partis pourrait fédérer ces souverainistes de droite et de gauche. »

RT France : « Cette proposition de Sapir ne traduit-elle pas une recomposition des lignes politiques dont le pivot (ou l'axe) ne serait plus l'économie mais le rapport à l'Europe ? Comment voyez-vous cette recomposition politique du paysage français ? »

Michel Onfray : « L’idée est juste, mais elle n’aboutira pas. Les souverainistes sont représentés par des politiciens qui n’ont en tête que leur ego, leur trajectoire personnel, leur narcissisme. Aucun ne sera capable de jouer la fédération sous la bannière d’un tiers en s’effaçant. Entre la France et eux, ils ne choisiront pas la France. »

Mis en ligne le 17 septembre 2015 à 16H23

dimanche, 20 septembre 2015

Les migrations de masse, c'est la guerre...

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LES MIGRATIONS (DE MASSE), C’EST LA GUERRE …

Yves-Marie Laulan*
Ex: http://metamag.fr

Autant appeler un chat un chat. L’immigration clandestine ou illégale de masse, c’est-à-dire subie et non désirée,  est assimilable à un acte de guerre dissimulé sous le masque de l’humanitarisme. Or l’Europe est en guerre sans le savoir ou sans vouloir le reconnaître. Mais la réalité finira bien par s’imposer tôt ou tard.


En effet, qu’est-ce que la guerre, suivie d’une invasion, si ce n’est l’entrée en masse et non sollicitée d’un peuple étranger sur le territoire de ses voisins afin de l’occuper, de s’en approprier partiellement  les possessions tout en prenant la population d’accueil en otage ?
Or c’est bien ce qui se passe actuellement avec l’entrée massive de populations déshéritées qui veulent s’installer sans en demander la permission sur nos territoires et s’adjuger sans façon une fraction de nos richesses par le biais d’aides sociales multiples concédées à perpétuité.


Depuis la plus haute Antiquité, c’est bien ainsi que ce processus mortifère a pris place avec les grands mouvements de population  de l’histoire qui ont entraîné la destruction des empires et des civilisations de l’époque . Et on citera  les invasions barbares qui ont provoqué la chute l’empire romain ou le débarquement de Cortez au Mexique ou encore l’arrivée des Pilgrims Fathersen en Nouvelle Angleterre.


La civilisation au XXIème en Europe n’est nullement à l’abri de ce danger. Sous le barbouillage humanitaire qui  la dissimule , c’est bien une action de guerre que celle qui consiste à débarquer en masse à la gare de Munich ou à l’île de Lampedusa sous le  vocable hautement douteux de réfugié politique fuyant la guerre ou tout bonnement  de migrant à la recherche d’une vie meilleure. 


Les mouvements migratoires de nos jours ressemblent fort à ces glissements de terrains soudains, massifs et dévastateurs qu’un rien peut déclencher sur une pente de terrain détrempée pour aller ravager les champs et les villages situés en dessous. Un rien suffit à les mettre en mouvement. Car enfin la guerre en Syrie dure depuis dix ans ou plus. Qu’est ce qui a bien pu justifier ce branle-bas de combat, si ce n’est je ne sais quelle gesticulation  médiatisée qui ont donné la peur au ventre à nos responsables politiques qui ont, une fois de plus, donné, la mesure de leur inconséquence et de leur pusillanimité, Angéla Merkel en tête.
Mais en réalité, les signes annonciateurs n’ont pas manqué et il a fallu tout l’aveuglement des responsables nationaux et européens, affairés le nez sur le guidon, à gérer leur quotidien ,pour ne pas les percevoir.


C’est l’accumulation depuis plusieurs années, et  notamment depuis un an, de masses humaines considérables en stationnement de parking  sur le pourtour de la Méditerranée : on parle de 800 000 à un million de personnes. C’est que l’on peut décrire comme « l’effet chasse d’eau ». Mais derrière ce trop-plein se dissimulent d’énormes réserves humaines au Moyen-Orient et en Afrique noire, terres lointaines ravagées, certes, par les conflits mais aussi et surtout ruinées par  la corruption, la gabegie, l’incompétence, l’inertie de leurs élites.  Ces masses sont prêtes à déferler sur l’Europe au risque de la submerger, l’engloutir, et , en fin de compte, l’ensevelir.


Car les sources de la migration sont colossales, inépuisables. A l’avenir, au-delà des flux actuels, les flux à venir ne se chiffreront plus en dizaines, ou en centaines de milliers, mais en millions, en dizaines de millions, voire en centaines de millions, si les projections des Nations Unies se révèlent exactes . La question qu’il faut d’ores et déjà se poser avec réalisme et lucidité est de savoir si l’Europe ne va pas être irrémédiablement ravagée, engloutie, ensevelie sous ces flots humains déchaînés. Le risque est bien réel. Ici, l’humanitaire n’est plus de mise. C’est la survie de nos sociétés  de notre civilisation qui est en jeu. 
Compassion humanitaire à quel sommet d’absurdités ne nous conduis-tu pas ?
On devrait instituer un nouveau délit : le « délit d’humanitarisme », associé à un délit aggravé, celui d’ « appel à l’humanitarisme ». En seraient frappés tous les journalistes, reporters et photographes au grand cœur et à la conscience tourmentée qui inondent nos médias d’histoires touchantes et de photos émouvantes sans avoir la moindre idée des conséquences de leurs actes. C’et l’irresponsabilité et l’impunité portées à un haut degré de perfection.


Car les deux instruments principaux de la migration de masse sont en premier lieu le téléphone portable par satellite qui permet de communiquer avec la famille et d’alerter les copains aux antipodes. Mais  les médias jouent aussi un rôle majeur. Elles servent complaisamment de caisse de résonance et d’amplificateur aux informations recueillies sur place auxquelles les moyens médiatiques confèrent dans l’instant une portée mondiale, sans bien entendu la moindre vérification ou réserve sur leur authenticité. L’émotion, l’émotion, d’abord et avant tout, et dans l’instant, telle est la loi du moment. Remarquons que l’immigration dans les conditions actuelles est un excellent investissement financier pour les migrants. En effet, le coût du passage est d’environ 1000 euros . Cette dépense est amortie, dans l’instant, dès lors que le migrant débarque en France (ou en Allemagne) avec sa  famille. Cela  lui rapportera plus ou moins selon les règles du droit d’asile, -droit pervers sinon criminel s’il en est - la somme rondelette de 1200 euros , dès le départ, et puis autant tous les mois de l’année.


L’immigration actuelle nous apporte plus de déficit, plus de chômage, plus de  terrorisme en puissance, avec l’Islam puis l’islamisme  en prime,  la perte de notre identité enfin à la clef. Avouons que cela vaut vraiment le coup d’ouvrir plus  largement encore nos frontières.
Le traitement de l’immigration de masse ne relève absolument pas de la charité ni de compassion humanitaire mais de la justice, du maintien de l’ordre avec recours à la force si nécessaire. D’ailleurs les migrants de Calais ou d’ailleurs ne s’en privent pas.  La solution s’impose d’elle -même.

Elle relève d’une triple interdiction qui devra être opposée aux candidats à l’émigration: il faut les empêcher de partir, les empêcher de transiter, les empêcher d’entrer. On pourrait en ajouter une quatrième qui s’imposera d’elle-même tôt ou tard. Il faudra rapatrier de gré ou de force ceux qui auront quand même réussi à passer au travers des mailles du filet. L’émotion compassionnelle est mauvaise conseillère en politique. C’est le cas d’Angela Merkel que l’on aurait pourtant cru plus contrôlée et maîtresse d’elle-même. Elle a ainsi imprudemment lancé  dans la nature, la promesse folle que l’Allemagne pourrait accueillir jusqu’à 800 000 réfugiés. Pourquoi pas plusieurs millions, tant qu’à faire. Il est vrai que les Allemandes ayant cessé de faire des enfants depuis plusieurs décennies, l’Allemagne accuse un déficit de population qui se chiffre en millions. Mais de là à vouloir le compenser par une immigration massive de migrants adultes, parlant uniquement arabe,  de confession  musulmane et dépourvus de toute formation professionnelle, il y a un pas qu’Angéla Merkel a allègrement franchi.
Mais la sanction n’a pas tardé avec le refus de la Bavière de s’engager sur ces propositions imprudentes, ce qui menace dangereusement la cohésion de la coalition gouvernementale, laquelle conditionne  le maintien aux affaires de la Chancelière allemande. C’est ici que l’on constate les répercussions immédiates de la crise des migrants sur la politique intérieure des Etats. Et ce n’est pas fini. Voilà ce que c’est que de gouverner au gré des sondages et des mouvements d’humeur des médias. On aurait donné crédit à Angéla Merkel de plus de maturité politique. 


La générosité est presque toujours fille de l’aveuglement et de la précipitation . Sur le plan européen un peu de bons sens est venu des membres de l'Union Européenne du Nord et de l’Est, Pologne, République tchèque, Hongrie, Slovaquie, le Danemark aussi. Ces pays qui ont si longtemps vécu sous le joug soviétique, qui savent fort bien ce que signifient des déplacements de population sous la contrainte. Il ne faut pas leur en compter. Durement éprouvés dans  leur histoire,  ils ont purement et simplement refusé  de s’engager tête baissée dans l’absurde politique de quotas préconisée par la Commission européenne.


Mais au demeurant quelle idée stupide –le mot est faible- a eu  la Commission européenne ,à court d’idées que de vouloir proposer, voire contraindre – et par quels moyens et au nom de quelle légitimité politique- les membres de l’Union européenne à accueillir chez eux plusieurs milliers de migrants venus du bout du monde . Ce mode obtus de répartition comptable aurait eu pour objet de répartir le fardeau de l’immigration de masse, comme on dilue des produits dangereux sur le plus grand volume d’eau  possible pour en réduire la nocivité.


Et cela sans distinguer une seconde la conséquence immédiate de cette proposition : un fantastique appel d’air qui, dans l’instant, va  démesurément gonfler la demande migratoire. Bien sûr,puisque les candidats au grand voyage seraient assurés d‘être officiellement et bien confortablement accueillis dès leur  arrivée en gare.


C’est d’ailleurs l’occasion de constater le genre de personnages dérisoires qui ont été portés à la tête des instances européennes. Ces comptables pathétiques veulent traiter de problèmes géopolitiques majeurs comme ils ont  coutume de le faire au moyen de « directives » pour la composition des fromages vendus dans la communauté européenne ou le rayon des roues des bicyclettes.Il faut savoir rester dans son domaine de compétence.Car la démographie et la géopolitique sont  de la dynamite politique.


Et voilà que les Nations Unies avec l’Office pour les Réfugiés , se mettent à leur tour de la partie. Luxueusement installés dans leur bureaux climatisés, grassement payés et exonérés d’impôts, ils sont évidemment fort bien placés pour faire la morale aux peuples européens . Pour leur excuse, il faut savoir qu’ils sont payés pour cela. C’est leur fonds de commerce après tout. Mais ils voudraient stimuler la xénophobie dans nos pays qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.En fait, ouvrons les yeux. L’Europe, ses gouvernements et les institutions qu’ils se sont donnés sont tragiquement inadaptés à la situation à laquelle ils sont confrontés.
Sous peine de catastrophe irréparable, cette situation appelle une réflexion nouvelle, une politique nouvelle, des instruments nouveaux et vraisemblablement des hommes nouveaux pour la traiter. Sinon ce sera inévitablement le chaos et, derrière le recours à des gouvernements autoritaires menant dans l’urgence des politiques de survie.


Car ces migrants qui arrivent en masse ne connaissent ni la langue, ni les lois, ni les mœurs des pays où ils prétendent s’établir. Ils aspirent à une vie meilleure. Mais ils apportent avec eux en contrepartie la promesse de plus de déficit, plus de chômage, avec, en prime, l’Islam, l’islamisme et la promesse d’un terrorisme à venir. Si cette situation persiste, et cela est plus que probable, tout ce que à quoi on peut s’attendre est, dans un premier temps, le chaos, puis ,dans un deuxième, le recours inévitable à des politiques répressives ,forcément liberticides, comme aurait dit l’ineffable Badinter en son temps, destinées à rétablir  et à préserver autant que faire se peut l’ordre public.

 
La situation géopolitique inédite, sans précédent dans l’histoire du monde, à laquelle nous sommes confrontés appelle à une révision déchirante des règles et des lois édifiées depuis 30 à 40 ans en Europe dans un contexte totalement différent . Ces lois sont aujourd’hui inadaptées et il faut en élaborer de nouvelle .


La première remise en cause concerne la libre circulation dans l’espace  de Schengen. Elle avait été conçue pour faciliter la circulation d’une poignée de touristes indolents peu disposés à gaspiller quelques minutes  de leur précieux temps pour un contrôle frontalier ou une pincée  de transporteurs soucieux d’améliorer leur rentabilité en faisant l’économie d’un arrêt  à la frontière. Ce qui a grandement facilité les trafics en tout genre portant sur les armes, la drogue, la prostitution et autres délits.


Il faut rétablir les contrôles aux frontières comme on l’a fait  pour le transport aérien à l’embarquement dans les aéroports afin de prévenir le terrorisme aérien. Ces contrôles sont certes, astreignants, coûteux, fastidieux,mais nécessaires, voire indispensables. Les flots humains liés à l’émigration  de masse ne pourront être contenus qu’avec la suppression de Schengen et le rétablissement de contrôles rigoureux aux frontières. Il faut rétablir la sanctuarisation du territoire national.

 

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Mais ce n’est pas tout. C’est aussi à l’intérieur du territoire national qu’il faudra agir,avec des contrôles d’identité aussi fréquents  et rigoureux que nécessaires. A défaut, nos frontières seront des passoires. Et les migrants, une fois passés, se perdront dans la foule comme un poisson dans l’eau.


Mais il faudra aller plus loin encore. Car ce qui est en cause est tout simplement la cohésion interne, toujours fragile, de nos sociétés fondées sur les règles de droit laborieusement élaborées depuis 30 à 40 ans.En réalité, le cataclysme migratoire actuel bouscule dangereusement  l’édifice institutionnel édifié pendant cette période. Cette époque est révolue. A situation nouvelle, règles nouvelles.


Il faut donc purement et simplement mettre un terme au regroupement familial, supprimer le droit d’asile et ses ramifications multiples, effacer le traité de Schengen, rétablir les frontières et mettre véritablement en œuvre, quoi qu’il en coûte, les reconduites à la frontière des migrants illégaux. Il faudra sans doute aussi exercer un certain contrôle sur les médias afin de limiter leur faculté de jouer impunément la carte de l’humanitarisme à tout prix, sans en subir les conséquences.


Et avoir  recours à la force s’il le faut, et aussi souvent qu’il le faudra. Notre survie est à ce prix.

.*Président de l'Institut de Géopolitique des Populations

La stratégie du chaos contrôlé...

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La stratégie du chaos contrôlé...

par Richard Labévière

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Richard Labévière, cueilli sur le site des Observateurs et consacré à la stratégie du chaos contrôlé développée avec un certain succès par les Etats-Unis... Ancien journaliste à Radio France internationale et à la Télévision suisse romande, Richard Labévière est spécialisé dans les questions de défense et de relations internationales.

Dae’ch et les autres : bienvenue dans le «monde VUCA» !

L’ensemble de la presse mondiale a, dernièrement commémoré le premier anniversaire de la Coalition internationale qui a déclenché ses premiers bombardements contre des positions de l’organisation « Etat islamique » (Dae’ch) en Irak et en Syrie, le 2 août 2014. Un an plus tard, tout le monde s’étonne que cette « alliance », réunissant quand même les armées les plus puissantes du monde, n’ait pas réussi à éradiquer une organisation constituée de quelque 30 à 35 000 fusils tout au plus. Le même constat vaut également pour Jabhat al-Nosra et les autres résidus d’Al-Qaïda ayant prospéré en Asie, en Afrique ou en Europe.

Pourquoi un tel étonnement, sinon une telle cécité ? La réponse est pourtant aussi claire et limpide que La Lettre volée d’Edgar Allan Poe, posée  là, sous nos yeux, alors que personne ne veut vraiment la voir… Les experts militaires américains, qui donnent le « la » en matière de « guerre contre la terreur » depuis quatorze ans, l’ont dit, redit et écrit : il ne s’agit nullement d’éradiquer le terrorisme, d’en neutraliser définitivement les protagonistes, de casser définitivement ses inspirateurs et d’en assécher les financements. L’objectif principal est de « gérer » son développement, ses mutations et l’évolution de sa cartographie afin d’accompagner la reconfiguration, la modernisation et la diversification de l’hégémonie stratégique, économique et politique des Etats-Unis et de leurs alliés.

En août dernier, le président de la République française - à l’unisson avec ses homologues américains, britannique et allemand -, l’a expliqué très clairement à ses ambassadeurs : « la guerre contre Dae’ch va durer dix, quinze ou vingt ans ». Cette fatalité de la longue durée correspond, non pas à une espèce de complot centralisé ni à une conspiration globale, mais s’inscrit dans la logique d’un « procès sans sujet », conforme aux motivations, aux stratégies et aux intérêts de la mondialisation néo-libérale. Cette incapacité à éradiquer Dae’ch est d’autant plus assumée par les grands décideurs mondiaux qu’ils savent parfaitement que l’action militaire extérieure n’est qu’un segment limité de la panoplie contre-terroriste. Ils savent tout aussi pertinemment que Dae’ch ne pourra être éradiqué durablement sans « assécher » politiquement et idéologiquement l’extrémisme sunnite dont les bailleurs de fonds sont devenus nos meilleurs partenaires commerciaux. Dae’ch est une chose, les affaires en sont une autre : vive la « politique sunnite » de François hollande et Laurent Fabius ! 

Orphelines de l’ennemi communiste, les officines stratégiques du Pentagone, leurs tutelles politiques et les industries de défense occidentales de l’après Guerre froide (garantissant des millions d’emplois et de sous-traitants) devaient impérativement - au risque d’entrer en déshérence -, trouver une autre figure du « mal », définir une menace « globale », autrement dit se fabriquer un nouvel ennemi commun. Ce fût chose faite dès le 11 septembre 2001. Là encore, soyons clairs : il ne s’agit pas de céder à la moindre tentation des théories conspirationnistes et autres « effroyables impostures » ayant fait florès après l’effondrement des tours du World Trade Center, mais bien de restituer rigoureusement pourquoi et comment les administrations Bush successives et celles qui suivirent, ont magistralement « utilisé » cette tragédie afin de pousser leurs pions.

A l’époque, plusieurs économistes réveillés relevaient que le budget du Département américain de la Défense avait enregistré ses hausses les plus importantes depuis la guerre de Corée. Avec un certain étonnement, les mêmes constataient que George W. Bush - digne héritier de Ronald Reagan et de  Margaret Thatcher -, adepte d’un monétarisme des plus classiques et de toutes les recettes les plus libérales, s’était brusquement converti à une politique budgétaire farouchement keynésienne ! En effet, les attentats du 11 septembre 2001 ont fortement contribué à la relance de l’économie américaine qui marquait alors le pas. Mais ce bon usage de la terreur ne profita pas qu’aux seuls investisseurs américains et devait impulser une nouvelle révolution dans les affaires militaires qui s’esquissait depuis la fin des années 90.

Dans les amphithéâtres de l’US-Army-War-College de Carlisle en Pennsylvanie, des professeurs de stratégie militaire commençaient alors à populariser un nouveau concept en quatre lettres pour résumer le monde : VUCA, pour Volatility, Uncertainity, Complexity, Ambiguity. Dans le monde de la fin des années 90, ces experts nous expliquaient que toute espèce de projets et d’actions étaient devenus « volatiles ». Par conséquent, chaque option stratégique était appelée à changer extrêmement rapidement, la visibilité à moyen terme n’étant pas seulement devenue « incertaine », mais proprement impossible. La « complexité » des interactions, des facteurs d’influence et des acteurs devenait la norme, l’ « ambiguïté » étant désormais la règle et non plus l’exception.

Et toujours très positifs, nos amis américains se félicitaient que dans un tel monde devenu « VUCA », l’incertitude ne constituait nullement un problème, mais présentait au contraire une chance à saisir comme levier d’innovation et de performance. « Les acteurs qui réussissent », affirmaient ces professeurs, « sont ceux qui investissent dans la connaissance de soi, cultivent le succès collectif et encouragent l’agilité et la fluidité efficaces ». La loi de la variété requise, développé par R. Ashby en 1956 (dans An Introduction to Cybernetics) stipule que seule la « variété » peut répondre à la variété. En d’autres termes : plus une personne ou un système génère et active « sa diversité », plus elle est capable de s’adapter aux changements provenant de son environnement et d’assurer son existence. Appliquée à VUCA, cette loi nous enseigne que seul VUCA sait répondre à VUCA.

Les nouveaux chefs (militaires, économiques et politiques) doivent donc incarner un « projet de sens » qui libère les engagements tout en laissant s’exprimer les ruses de la volatilité, comme autant d’opportunités à saisir et à utiliser afin de promouvoir des « changements incessants ». L’incertitude invite ces chefs à profiter des situations inédites pour apprendre… Au lieu de renforcer les procédures de contrôles connues et des actions propices à la reproduction du système en vigueur. Ils « trouvent alors le courage de créer des espaces de liberté, de créativité et d’expérimentation rapide ». La complexité oblige les acteurs clés à coopérer et à privilégier le succès collectif. Pour saisir la complexité d’une situation, ses multiples enjeux et ses différents leviers, il est obligatoire de créer des groupes divers, transversaux et hétérogènes. Pour trouver des solutions véritablement innovantes, il s’agit donc de travailler en grand groupe, d’oser le chaos provisoire, de privilégier l’expérimentation ciblée au lieu de déployer un plan convenu. Sont alors privilégiées « les dynamiques alternatives ». L’ambiguïté se manifeste à travers des figures ambivalentes, par la non-cohérence d’un projet, le mélange des responsabilités, les multiples interprétations d’un concept. Cette ambiguïté doit devenir la culture dominante des nouveaux chefs : celle consistant à vivre avec une variété de solutions au lieu de s’attacher à l’obsession de la clarification, à la recherche d’une cohérence, ainsi qu’à celle d’une quête de « la » solution à déployer. Dans un monde VUCA, rien n’est acquis d’avance, rien n’est durablement stable et tout est opportunité !

Enfin, nos professeurs édictaient cinq principes à l’usage des nouveaux chefs voulant réussir « dans la joie » : 1) dans un monde VUCA, l’agilité d’une organisation se débloque en passant de la réaction à l’action par le « sens » ; 2) dans un monde VUCA, tout se transforme quand le système se libère d’une obsession de performance opérationnelle pour privilégier la recherche d’excellence relationnelle ; 3) dans un monde VUCA, le chaos devient créateur, le vide faisant place à de nouvelles solutions ; 4) dans un monde VUCA, l’individu peut se sentir perdu mais l’intelligence collective en action s’affirmera comme le nouveau levier de performance ; 5) Dans un monde VUCA, la notion de « leadership » est renversée pour laisser place à la puissance d’une nouvelle posture … celle du « Followership ». Bref, dans ce meilleur des mondes possibles, les chefs et, en définitive tous les acteurs qui savent conjuguer la joie et le « sens » vont être en mesure d’inventer des formules inédites de performance.

C’est presque aussi bien que La Richesse des nations d’Adam Smith et c’est à Donald Rumsfeld - secrétaire d’Etat à la Défense (2001-2006) - que l’ont doit l’application de cette idéologie aux affaires militaires. Sans y changer une seule virgule, la première administration Obama renonçait ainsi aux réponses classiques : les guerres conventionnelles et de contre-insurrection. On assistait alors à des redéploiements élargis dans les zones économiques et stratégiques considérées prioritaires pour les grandes sociétés (armements, aéronautiques, BTP et infrastructures, etc.). Enfin, selon un officier général des Forces spéciales, le Pentagone cherchait à maintenir autant que faire se peut la « clandestinité la plus totale afin de privilégier des campagnes médiatiques et de communication parfaitement maîtrisées ».

ben87424904.jpgEn juin 2014, dans une conférence publique tenue à Beyrouth, nous expliquions alors, que cette « non doctrine » militaire s’articulait sur sept piliers : 1) montée en puissance des forces spéciales ; 2) prééminence du renseignement ; 3) extension de la géographie des drones ; 4) choix de la cyber-guerre ; 5) développement d’ « armées de substitution » ; 6) formation et manœuvres avec les partenaires ; et enfin 7) médiatiser et communiquer. Ce dernier pilier chapeaute l’ensemble ! Le plus vieux métier du monde ! Pour qu’elle atteigne ses objectifs, toute opération militaire doit être non seulement comprise mais aussi « partagée » par les opinions publiques du ou des pays qui la mènent. Sont alors appelés en renfort les bataillons de journalistes « embeded » chargés d’expliquer et de diffuser les raisons et le phasage de la « guerre juste », forcément juste. Au hardpower des armées doit s’adjoindre organiquement le softpower -madame Clinton préfère parler de smartpower -, des journalistes, des « experts » et autres « communicants ». Ces sept piliers requièrent, non pas la « sagesse » de Lawrence d’Arabie, mais une transparence imposée, c’est-à-dire opaque, la clandestinité et le secret.

Dans le meilleur des mondes VUCA possibles, Dae’ch, Al-Qaïda, Nosra et les autres ne peuvent et ne doivent pas être éradiqués parce qu’ils sont absolument nécessaires à la reconfiguration permanente du « sens », de la « joie » et des « profits » des nouveaux chefs militaires, économiques et politiques du monde. Sur le plan intérieur, les recettes VUCA servent tout aussi bien à déconstruire les frontières nationales, le droit du travail et toute autre loi garante du contrat social des vieilles républiques pour nous convertir aux fluidités multiples d’une mondialisation heureuse où tout devient possible et principalement le retour à l’état de nature où règne, en définitive, la loi du plus fort.

Lorsque notre ami Alain Joxe souligne, à juste titre, que les Etats-Unis ont régulièrement perdu les guerres asymétriques qu’ils ont déclenchés depuis la fin de la Guerre froide, il n’en tire pourtant pas la conclusion ultime : ces défaites apparentes sont en réalité des victoires inestimables pour les stratèges du Pentagone, de Tel-Aviv, de Wall Street, de la City et de Bruxelles. D’un état de non guerre conventionnelle, les délices du monde VUCA nous embarquent dans celui d’une guerre asymétrique généralisée, permanente et nécessaire. 

Richard Labévière (Les Observateurs, 15 septembre 2015)

samedi, 19 septembre 2015

Haro sur le Brésil !

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LE BRÉSIL À GENOUX

Haro sur le Brésil !

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Le Brésil vient de connaître des manifestations anti-gouvernementales monstres et le gouvernement de Dilma Rousseff, contesté de toutes parts, est totalement fragilisé. Près de 900 000 Brésiliens ont manifesté le dimanche 16 août pour exiger le départ de la présidente de gauche Dilma Rousseff, embourbée dans une triple crise économique, politique et de corruption. La présidente brésilienne bat des records d’impopularité. Avec une cote qui a chuté à 8%, elle concentre toutes les critiques dans un pays déchiré et l'on évoque même une improbable démission. Bref, le Brésil va mal, le Brésil est à genoux.

Pour les États-Unis, c'est le bon moment pour réactiver des relations diplomatiques gelées depuis septembre 2013, date de la révélation par Edward Snowden de l'écoute des conversations téléphoniques et de la lecture secrète des mails de la Présidente et de ses conseillers par l'Agence Nationale de Sécurité (NSA) des Etats-Unis. Pour exprimer son mécontentement, la Présidente Dilma Rousseff avait alors annulé la visite officielle qu'elle devait effectuer à Washington et son Ministre de la Justice avait qualifié les écoutes comme « une violation inacceptable de la souveraineté ». Depuis deux ans, les relations entre les Etats-Unis et le Brésil étaient donc tendues et au point mort. Depuis, on a vu côte à côte le Président Obama et Dilma Rousseff converser ensemble au pied du Mémorial de Martin Luther King à Washington lors de leur dernière réunion à la Maison Blanche, le but de cette rencontre très officielle de juin dernier étant de relancer les relations diplomatiques et les échanges commerciaux entre les deux pays.


Du coté américain, on insista : « Je crois que cette visite indique véritablement à quel point nous avons tourné la page et à quel point nous sommes en train d'avancer », déclara en conférence de presse le secrétaire adjoint à la Sécurité Nationale de la Maison Blanche, Ben Rhodes. Déjà, en avril 2015, à Panama, lors du sommet des Amériques, les États-Unis avaient été bienveillants. Michael Shifter, président du centre d'analyses Dialogue Interaméricain avait déclaré : « Laissons derrière nous l'affaire Snowden ». Snowden nous avait prévenus : le contrôle du Brésil et de l'Allemagne sont des objectifs prioritaires des États-Unis, une question vitale. Le contrôle américain du Brésil et de l'Allemagne est plus que jamais au centre de leur actualité géostratégique. Pour le Brésil comme pour l'Allemagne, cela concerne les thèmes climatiques du moment mais surtout la défense, la sécurité régionale et globale, le positionnement stratégique de l'hyper Empire en Amérique latine ou sur le continent européen, sans oublier toute une série d'accords commerciaux officiels.


En ce qui concerne ces derniers, dans son dernier voyage aux Etats-Unis, Dilma Rousseff s'était réunie avec la communauté financière de New-York et de Washington. Plus de vingt patrons brésiliens ayant des affaires aux Etats-Unis et près de 470 chefs d'entreprises américains s'étaient rassemblés lors d'un séminaire commun avec la Présidente brésilienne. Elle leur avait alors présenté son programme de réforme fiscale et un vaste plan d'aide à l'investissement représentant près de 64 milliards de dollars dans lesquels on relevait des méga projets comme la construction de terminaux pétroliers, de nouveaux aéroports, la construction de lignes de chemin de fer et d'autoroutes. En clair, le Brésil se présentait comme au seuil d'une nouvelle phase de construction d'infrastructures, d'un nouveau cycle de croissance faisant partie d'une stratégie globale de mesures visant à contrôler l'inflation et à rechercher des équilibres fiscaux .

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Aujourd'hui, l'investissement américain au Brésil représente 116 milliards de dollars. Les États-Unis sont le premier investisseur du Brésil et son deuxième partenaire commercial - le premier étant la Chine - avec un échange commercial avoisinant les 62 milliards de dollars, selon les chiffres officiels de 2014. Or, selon Mark Feierstein, responsable de l'Amérique latine au Conseil de Sécurité nationale de la Maison Blanche, le pari de Washington est de doubler en une décennie cet échange commercial avec le Brésil.


Du coup, la crise politique brésilienne, c'est l'aubaine, le bon moment pour les États-Unis pour sauter sur le Brésil. La très faible popularité de Dilma Rousseff, affectée principalement par le scandale de corruption qui touche depuis des mois l'entreprise nationale Petrobras la fragilise et la jette tout naturellement dans les bras de son protecteur naturel : Washington. Ce scandale a laminé le parti au pouvoir mais aussi les relations diplomatiques du Brésil avec ses voisins (comme le Pérou dont certains membres dirigeants du gouvernement actuel et précédent sont soupçonnés d'avoir aussi reçu des pots-de-vin d'entrepreneurs brésiliens lors de la construction de l'autoroute transamazonienne). 


Le Brésil est aussi en crise économique et sociale et c'est bien pour cela que les Etats-Unis sont au pas de la porte pour assurer aux yeux du gouvernement brésilien qu'il peut vraiment compter sur eux. Brasilia le croit : comment pourrait-elle en douter ? Les États-Unis ont soutenu l'impopulaire plan fiscal de Rousseff, un paquet hétéroclite de mesures d'austérité visant à combler l'endettement du pays et un véritable agenda bilatéral a été signé entre les deux pays qui révèle un accord politique au plus haut niveau. Dilma Rousseff au pied du mur a rompu avec le nationalisme souverain et le multilatéralisme. Elle réactive l'interconnexion de la dépendance du Brésil avec les Etats-Unis. La donne est donc bien en train de changer par rapport à ce que nous écrivions précédemment sur le pays. Par défaut, Dilma Rousseff est redevenue pro-américaine.


L'économie brésilienne est la première d'Amérique latine et la septième du monde. Le Brésil fait partie des Brics et pour nous, il faisait partie de cet espoir d'un monde multilatéral et d'une alternative au mondialisme présent. La crise politique brésilienne ralentit au Brésil ses velléités d'indépendance. Cette crise politique se double d'un net ralentissement économique qui dure depuis cinq ans. Il est loin de s'arrêter. On table seulement pour 1,2 % de croissance pour 2015 selon les chiffres officiels du gouvernement. C'est peu. De plus, les achats chinois risquent de se ralentir considérablement en raison des problèmes boursiers de Pékin. Au Département d'Etat américain, on jubile car on avait eu très peur. On parle dorénavant entre Washington et Brasilia de détente, de « bonne atmosphère, d'entente appropriée », on déclare que « la relation entre les deux pays progresse à pas solides ». Ce retour diplomatique du Brésil aux Etats-Unis coïncide d'ailleurs avec les intérêts commerciaux de nouveaux entrepreneurs américains pressés de s'installer en Amérique latine dont le Brésil est le fer de lance. Pour la COP 21, dernier éclat de son règne, Barack Obama vient d'exprimer le souhait que le Brésil s'engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et de carbone à partir de 2020, ce que le pays n'a pas encore fait.


Il y a donc à la fois une offensive américaine sur le Brésil et un réalignement de l’économie et de la politique extérieure du Brésil sur Washington. Les élites brésiliennes se repositionnent, elles retrouvent les vieux réflexes et critiquent maintenant ouvertement les politiques des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), du Marché commun du Sud (Mercosur). De nouveau, les groupes dirigeants, le patronat brésilien défendent le retour de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA, Alca en espagnol). 


En gros, on assiste en direct à un retour d'un néo-libéralisme pro-américain des plus classiques. Alors, en un an, le Brésil aurait-il tourné sa veste ou est-il tombé dans le filet ?

vendredi, 18 septembre 2015

Viatcheslav Avioutskii - De la Géopolitique à la transition

Viatcheslav Avioutskii

De la Géopolitique à la transition

Intervention de Viatcheslav Avioutskii, Expert en Géopolitique, Spécialiste du monde russe

jeudi, 17 septembre 2015

Syrien – von den kolonialen Interessen Grossbritanniens und Frankreichs, zur Sicherung von Rohstoffen für die USA

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Syrien – von den kolonialen Interessen Grossbritanniens und Frankreichs, zur Sicherung von Rohstoffen für die USA

Interview mit Karin Leukefeld*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

In den Medien ist bereits von einer neuzeitlichen Völkerwanderung die Rede. Und auch über die Verantwortung sogenannter Schlepperbanden für die Flucht womöglich krimineller, mindestens aber heimlich wohlhabender Flüchtlinge wird diskutiert. Die Ursachen des Massenelends der Flüchtigen werden jedoch kaum erforscht. Die Syrien-Korrespondentin Karin Leukefeld berichtet im Interview mit Jens Wernicke von einem Wirtschafts- und Stellvertreterkrieg, der zunehmend zum Exitus des syrischen Staates führe, die Bevölkerung in den Hungertod treibe und bereits 11 Millionen Syrer auf die Flucht getrieben hat.

Frau Leukefeld, Sie sind neben Jürgen Todenhöfer die einzige mir bekannte deutsche Journalistin, die im Mittleren Osten wirklich vor Ort unterwegs ist, mit den Menschen dort spricht und darauf aufbauend dann qualifizierte Analysen, die mehr als nur Stereotype bedienen, produziert. Im Moment kommen Sie gerade von einer Syrien-Reise zurück. Wie ist die Situation vor Ort?

Es kommt darauf an, wo man sich in Syrien aufhält. In der Küstenregion ist es ruhig, manche Syrer, die jetzt in Europa leben, fahren sogar zum Urlaub dorthin, um ihre Familien zu treffen. Allerdings gibt es dort sehr viele Inlandsvertriebene, es ist also überall sehr eng geworden.
In Idlib, einer an die Küstenregion angrenzenden Provinz, herrschen die «Armee der Eroberung» und die al-Nusra-Front, Zehntausende sind geflohen, manche Dörfer werden belagert. In Aleppo ist die Lage schlimm, es herrscht Krieg zwischen den bewaffneten Gruppen und der syrischen Armee. Viele Teile der Stadt sind zerstört, die Strom- und Wasserversorgung bricht immer wieder ein, Lebensmittel sind sehr teuer, wenn sie überhaupt erhältlich sind. Bewaffnete Gruppen feuern Mörsergranaten, Raketen und selbstgebaute Geschosse in Wohngebiete, die syrische Armee feuert zurück.


Östlich von Aleppo gibt es Gebiete, die von Kurden kontrolliert werden, andere von dem selbsternannten «Islamischen Staat im Irak und in der Levante» (IS). Dort ist es extrem unsicher, die Fronten wechseln täglich, die syrische Luftwaffe und die von den USA geführte «Anti-IS-Allianz» fliegen Luftangriffe. Neuerdings fliegt auch die türkische Luftwaffe Angriffe. Im Nordirak greift sie Stellungen der Arbeiterpartei Kurdistans (PKK) an. Im Norden Syriens greift sie die von den syrischen Kurden kontrollierten Gebiete an. Der Einsatz läuft unter dem Motto «Kampf gegen den ‹Islamischen Staat›». Die USA wollen mit der Türkei nördlich von Aleppo eine «Schutzzone» durchsetzen. Das ist eine militärische Massnahme innerhalb Syriens, die der Genehmigung des UN-Sicherheitsrates bedarf. Die gibt es nicht, also handelt es sich um den Angriff auf einen souveränen Staat und ist eine Verletzung des Völkerrechts.
Die besiedelten Gebiete der zentralen Provinz Homs werden weitgehend von der syrischen Regierung und von der Armee kontrolliert. Die Wüstengebiete, die sich im Osten bis an die Grenze zum Irak erstrecken, sind unsicher. Die Lage in Tadmur, der modernen Stadt, die bei Palmyra liegt, ist unklar. Aus dem Kloster Deir Mar Elian, das ich sehr oft besucht habe, wurden Ende Mai der Priester Jacques Mourad und ein weiterer Geistlicher entführt. Von beiden fehlt jede Spur. Inzwischen wurden die Menschen auch aus Qaryatayn und Sadat vom IS vertrieben, viele von ihnen Christen.


Damaskus beherbergt bis zu 7 Millionen Menschen, Inlandsvertriebene aus allen Teilen des Landes. Es ist weitgehend ruhig, Strom und Wasser sind knapp, aus den Vororten um Damaskus, wo die Islamische Front und die al-Nusra-Front Basen haben, wird immer wieder auf die Stadt gefeuert, umgekehrt feuert die syrische Armee auch dorthin.
Sweida, wo die Drusen und Christen leben, ist noch ruhig, ich fahre jedes Mal dorthin, wenn ich in Syrien bin. Deraa ist weiter umkämpft und der Golan, an der Grenze zu Israel, ebenso. Derzeit findet eine grosse Schlacht um Zabadani statt, das liegt an der Grenze zu Libanon. Dort gibt es ein Hauptquartier der bewaffneten Gruppen, die um Damaskus herum agieren. Die syrische Armee und die libanesische Hizbullah, die gemeinsam kämpfen, wollen diese strategisch wichtige Basis der Kampfgruppen zurückerobern.


Das Leben ist teuer, das syrische Pfund hat nur noch ein Fünftel der Kaufkraft von 2010. Viele Menschen haben alles verloren, es wird gebettelt, Fleisch kommt nur noch selten auf den Tisch. Wenn die Leute überhaupt noch einen Tisch haben. Die Arbeitslosigkeit liegt bei über 40 Prozent, Kinder arbeiten, um der Familie zu helfen und gehen nicht mehr in die Schule. Die Hälfte der 500 000 syrischen Palästinenser ist geflohen, weil ihre Lager, die eigentlich Städte waren, zerstört sind.


Die wirtschaftlichen Zentren Syriens – die um Aleppo, Homs und Damaskus angesiedelt waren – sind weitgehend zerstört. Syrien hatte eine eigene Pharmaindustrie, eine hervorragende Textilindustrie, eine Lebensmittelindustrie und grosse Getreidereserven: Alles ist zerstört, geplündert und in die Türkei verkauft. Die bescheidenen Ölvorkommen im Osten des Landes werden von Kampfgruppen kontrolliert, das Öl ausser Landes geschmuggelt und dort oder auch im Land verkauft, selbst an die Regierung.


Inzwischen sind viele Ölförderanlagen von der Anti-IS-Allianz bombardiert worden. Und dann die archäologischen Stätten in Syrien, die bis zu 10 000 Jahre vor die christliche Zeitrechnung zurückdatieren – von Kämpfern besetzt und belagert, geplündert, zerstört.


Die Lage ist hart, das Elend gross. Besonders für die Syrer auf der Flucht. 4 Millionen von ihnen sind in Nachbarstaaten geflohen, weitere 7 sind innerhalb Syriens auf der Flucht.
Die Perfidie ist, dass diese Fluchtbewegungen politisch instrumentalisiert werden. Der innersyrische Konflikt wurde zu einem regionalen und schliesslich zu einem internationalen Stellvertreterkrieg ausgeweitet. Dort, wo Menschen flohen, zogen bewaffnete Gruppen ein, die bis heute regional und international unterstützt werden. Und dann hiess es, die syrische Regierung hat keine Kontrolle mehr und ist ohnehin die «Wurzel von allem Bösen» in Syrien, wie es gerade erst wieder ein Sprecher des US-Aussenministeriums erklärte. Syrien wird zu einem «failed state» erklärt, in den man humanitär und militärisch eingreifen kann.

Und diese Armut, dieses Elend, das Sie beschreiben und vor dem die Leute fliehen: Wo kommen die her, woraus resultieren die? Und wie meinen Sie das mit dem Stellvertreterkrieg? Bitte führen Sie das doch kurz aus …

Syrien ist ein Entwicklungsland. Es war 2010 auf dem aufsteigenden Ast und sollte 2015, also in diesem Jahr, die fünftstärkste Wirtschaftsmacht der arabischen Welt sein.
Heute liegt Syrien knapp vor Somalia. Die durch den Krieg entstandene Wirtschaftskrise wird durch die Wirtschaftssanktionen der EU noch verschärft. Was wir hier beobachten, ist auch ein Wirtschaftskrieg gegen ein aufstrebendes Land.


Die Wirtschaftssanktionen der EU begannen bereits Ende 2011 und betrafen den Öl- und Gashandel sowie den Finanzsektor. Die syrische Fluggesellschaft durfte europäische Flughäfen nicht mehr anfliegen, alle bilateralen Projekte wurden gestoppt, das Personal abgezogen, Syrien wurde isoliert. Anfangs konnten der Staat und die Bevölkerung Mängel aus eigenen Ressourcen überbrücken, doch die waren eines Tages aufgebraucht. Der Staat erhielt finanzielle Unterstützung und nahm bei Iran Kredite auf. Damit konnten Verluste aus der Ölindustrie verringert werden, Öl und Gas konnten an die Bevölkerung, an die noch funktionierende Industrie und die Armee geliefert werden. Doch die nationale Ökonomie wurde dem Krieg untergeordnet, es entstand eine Kriegsökonomie.

 

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Offiziell will die EU mit ihren Wirtschaftssanktionen die politische und militärische Führung Syriens unter Druck setzen, dass sie nachgeben und zurücktreten soll. Das ist nicht geschehen. Statt dessen wurde die Gesellschaft bestraft, ihre mühsam aufgebaute Existenzgrundlage zerstört. Geld konnten fortan diejenigen verdienen, die vom Krieg profitierten: Milizen, Schmuggler, Schwarzmarkthändler.


Jenseits der Sanktionspolitik wurde die Wirtschaft Syriens auch gezielt materiell zerstört. Am besten war das in Aleppo und in Damaskus zu sehen. Im Sommer 2012 gab es einen koordinierten Angriff, der eigentlich zum Sturz der syrischen Führung führen sollte. In Damaskus wurden bei einem Anschlag im Nationalen Sicherheitsrat vier hochrangige Militärs und Geheimdienstler getötet. Unmittelbar darauf folgten Angriffe auf Aleppo und Damaskus. Ausgeführt wurden diese Angriffswellen von Kämpfern, die aus Homs abgezogen worden waren, nachdem der Kampf um Baba Amr sich zugunsten der Streitkräfte entschieden hatte. Diese Kämpfer hatten sich im Umland der beiden grossen Städte gesammelt, wo sie von lokalen Kräften unterstützt wurden. Der Umsturz gelang nicht, sowohl die Aleppiner als auch die Damaszener weigerten sich, den Kampfgruppen die Tore in ihre Städte zu öffnen. Als Reaktion auf diese Weigerung wurden die Industriegebiete um Aleppo und um Damaskus zerstört, geplündert und zu Stützpunkten für weitere Angriffe auf die beiden Städte gemacht.
Und dass es sich hier um einen Stellvertreterkrieg handelt, wird klar, wenn man versteht, dass der sogenannte Islamische Staat, der vor Ort «Daish» genannt wird, anders als in unseren Leitmedien gern verbreitet, alles andere als aus dem Nichts aufgetaucht ist. Regionale und internationale Sponsoren stehen hinter ihm, so dass er offenbar über unerschöpfliche finanzielle Ressourcen verfügt.


Diese Sponsoren benutzen die Kämpfer, um die Nationalstaaten zu zerstören, die vor 100 Jahren in der Levante gegen den Willen der damaligen Bevölkerung geformt worden waren. Damals ging es um die kolonialen Interessen von Grossbritannien und Frankreich, heute geht es um die Sicherung von Rohstoffen für die von den USA angeführte westliche Welt. Der Zorn der Golf-Staaten auf die unabhängige Politik, die in Syrien verteidigt wird, schlägt sich nieder in der Bewaffnung und Ausbildung von irregulären Kampfgruppen, die von «Daish» dominiert werden. Der gesellschaftliche Boden, der sie nährt, ist Armut.

Haben Sie für derlei «Spirale in die Armut», um die es ja offenkundig geht, vielleicht ein konkretes Beispiel parat?

Nehmen wir einen Betrieb, der medizinische Einrichtungen für Praxen und Kliniken verkauft. Bisher hat der Betrieb die Einrichtungen aus Deutschland bezogen. Auf Grund der EU-Sanktionen konnte nichts gekauft und nichts mehr geliefert werden. Und in einem anderen Land zu kaufen, war schwierig für den Betrieb, weil sämtliche Geldgeschäfte unterbrochen waren. Die syrische Zentralbank steht unter Sanktionen, niemand darf mit ihr Geschäfte machen. Um das zu umgehen, liefert nun beispielsweise die deutsche Firma die Produkte an ein Unternehmen in Libanon, das sie dann an die syrische Firma weiterverkauft. Libanon ist an die EU-Sanktionen nicht gebunden. Der Warentransfer wird so extrem teuer.


Ein anderes Beispiel ist, dass Eltern, deren Kinder im Ausland studieren, ihnen kein Geld mehr schicken können, weil mit den syrischen Banken keine Geschäfte gemacht werden dürfen. Das gleiche gilt übrigens auch für Stipendien der syrischen Regierung für Studierende im Ausland. Oder Medikamente: Bisher waren sie sehr billig, weil sie in Syrien produziert wurden. Die Pharmaindustrie ist weitgehend zerstört, also werden Medikamente aus Libanon eingeführt oder aus der Türkei geschmuggelt – das treibt den Preis in schwindelnde Höhen.

Und die Interessen im Hintergrund dieses Konfliktes – von welchen Kräften sprechen wir hier? Wen meinen Sie, wenn Sie «Sponsoren» sagen?

Sponsoren sind diejenigen, die die bewaffneten Gruppen gegen die syrische Regierung und Armee unterstützen. Russland und Iran, die die syrische Regierung stützen, sind deren Alliierte oder Bündnispartner, weil sie mit dem syrischen Staat durch völkerrechtlich bindende Verträge verbunden sind. Die Regionalstaaten die Türkei, Saudi-Arabien und Katar sind eher «Sponsoren», weil sie Gruppen für eigene Zwecke benutzen, sie aber auch, wenn es opportun ist, wieder fallen lassen können. Das gilt auch für die Sponsoren unter den europäischen Staaten, aus Australien und aus den USA.


Von dem Chaos, das sich über den Irak und Syrien ausbreitet, profitieren vor allem die Golf-Staaten, die Türkei und die USA. Nicht die Bevölkerung natürlich, sondern politische und industrielle Eliten, allen voran die Rüstungsindustrie. Die arabische Halbinsel ist in den letzten 5 Jahren zu einem riesigen Waffenlager aufgerüstet worden. Westliche Militärs, staatliche und private, bilden Kämpfer aus, bewaffnen sie und schicken sie in den Krieg. Die USA liefern Rüstungsgüter in Milliardenhöhe an die Golf-Staaten ebenso wie an Israel. Deutschland bewaffnet die nord­irakischen kurdischen Peschmerga und bildet sie aus, und die Türkei profitiert als Nato-Land von ihrer Frontstellung zu Syrien und zum Irak. Natürlich wird Syrien von Russ­land und Iran militärisch unterstützt, aber das geschieht, wie gesagt, auf der Basis von bilateralen Verträgen.


Übrigens haben in keinem der vom «arabischen Frühling» betroffenen Länder die Protestbewegungen der jungen, aufgeklärten und modernen Jugend überlebt, nirgends! In Tunesien, Ägypten und Syrien wird das Geschehen vom politischen Islam bestimmt, ob als Kampf- oder Oppositionsgruppe.

Relevant ist bei alldem aber sicher doch auch der religiöse Fanatismus der Menschen vor Ort, der dazu beiträgt, dass es sozusagen regelrechte «Religionskriege» gibt …

Die Syrer waren nie religiöse Fanatiker! Lediglich die Muslim-Bruderschaft, die den ­politischen Islam propagiert, genauer gesagt, ein Flügel in der syrischen Muslim-Bruderschaft versuchte Ende der 1970er Jahre den Aufstand gegen die Baath-Partei, die einen säkularen Staat durchgesetzt hatte. Dieser Aufstand endete 1982 mit dem Massaker von Hama. Tausende starben beim Luftangriff der syrischen Armee, Tausende verschwanden ganz oder in Gefängnissen. Wer konnte, floh, die Muslim-Bruderschaft wurde bei Todesstrafe verboten.
Das wirkt natürlich nach, und viele junge Leute, die sich heute bei islamistischen Kampfverbänden verdingt haben, erinnern an Hama, wenn man sie fragt, warum sie kämpfen. Ein junger Mann, der allerdings friedlich demonstrierte, erzählte mir 2011, als alles begann, dass sein Onkel in Hama verschwunden sei und die ganze Familie deswegen die Opposition unterstütze. Allerdings muss man auch daran erinnern, dass der Damaskus-Flügel der Muslim-Bruderschaft damals, in den 1970er Jahren, gegen den bewaffneten Aufstand war.


Die Rolle der Muslim-Bruderschaft bei der Entstehung des radikalen politischen Islam darf dennoch nicht unterschätzt werden. Auch die Regierungspartei AKP in der Türkei ist eine Schwesterpartei der Muslim-Bruderschaft, und eine Umfrage hat ergeben, dass mehr als 10 Prozent der türkischen Bevölkerung den «Islamischen Staat im Irak und in der Levante» nicht als terroristische Organisation oder als Gefahr ansehen, sondern für legitim halten und unterstützen. Das ist nur möglich, weil die türkische Regierung selber eine Linie des politischen Islam verfolgt. In einem säkularen Staat wäre so etwas nicht denkbar.
Doch zurück zu Syrien. Es gab viele ­politische Konflikte, aber kulturell und religiös war Syrien immer ein sehr tolerantes und offenes Land. Auch diese Toleranz soll jetzt zerstört werden. Das kommt allerdings nicht «von unten» oder «aus dem Wesen der Menschen» vor Ort – das ist Folge der geopolitischen Interessen und strategischen Auseinandersetzungen.

Die Leute fliehen und leiden also, weil der sogenannte Westen ihre Heimat mit Krieg überzieht und wirtschaftlich in die Knie zwingt? Böse Schlepperbanden, über die wir medial viel hören, sind also nicht das Hauptproblem, auf Grund dessen inzwischen 11 Millionen Syrer auf der Flucht sind?

Die Schlepperbanden sind die Folge einer völlig falschen Politik im Mittleren Osten, nicht die Ursache. Diese Schlepperbanden sind integraler Teil der Kriegswirtschaft. Ohne Krieg hätten sie gar kein Geschäft. Sie benutzen die gleichen Wege, über die Waffen, Munition, Ausrüstung, Satellitentelefone und Kämpfer ebenso geschmuggelt werden wie Drogen und andere Dinge, die für den Krieg in Syrien gebraucht werden.


Die Flüchtlinge begegnen auf diesen Schmuggelpfaden den Kämpfern, die Organisatoren sind die gleichen. Das Büro der Vereinten Nationen für Drogen- und Verbrechensbekämpfung hat über diese Schmuggelpfade einen ausführlichen Bericht vorgelegt.
Solange sich mit Krieg und dem Leid betroffener Menschen viel Geld verdienen lässt, wird sich wohl auch nichts daran ändern.

Wie kommt es, das in unseren Medien hierüber kaum überhaupt und wenn dann in aller Regel vollkommen undifferenziert berichtet wird?

Diese Fragen muss man den grossen, den sogenannten Leitmedien stellen. Sie sollen das Denken und die Wahrnehmung der Bevölkerung leiten, anleiten und «einordnen», wie es neuerdings heisst. Für mich heisst das so viel wie: Sie geben vor, in welche Richtung zu denken und ein Konflikt «einzuordnen» ist. Mit der Realität in den Konfliktregionen hat das wenig zu tun, zumal viele Kollegen gar nicht dort, sondern in der Stadt eines Nachbarlandes oder auch im Heimatstudio eines Senders sind. Ein Pendant zu dieser Darstellung wäre eine Berichterstattung, die über kriegerische Optionen und Entwicklungen zwar berichtet, die nichtbewaffneten und politischen Vorschlägen, Initiativen und Entwicklungen aber mindestens ebenso viel, wenn nicht mehr Raum einräumen würde.

 

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Was müsste Ihrer Einschätzung nach geschehen, damit in Syrien wieder Frieden möglich wird? Und: Gibt es etwas, das wir, die deutsche Bevölkerung, tun können, um zu unterstützen und zu helfen gegen das Elend vor Ort?

Die USA und Russland müssen sich auf ein gemeinsames Vorgehen zu Stabilisierung Syriens und des Iraks einigen und die syrische Regierung und Streitkräfte ebenso wie die Regierung und Armee des Iraks einbeziehen. Vorbedingungen – wie «Assad hat keine Zukunft in Syrien» – haben zu unterbleiben. Die syrischen Akteure müssen dabei unterstützt und nicht davon abgehalten werden, sich an einen Tisch zu setzen. Einflussnahme im eigenen Interesse hat zu unterbleiben. Die Türkei muss – von der Nato oder bilateral von einzelnen Nato-Staaten – dazu gezwungen werden, ihre Unterstützung für den sogenannten Islamischen Staat einzustellen. Falls sie das nicht tut, muss die Türkei militärisch sanktioniert werden. Und die Heimatländer der internationalen Dschihadisten müssen die Ausreise islamistischer Kämpfer oder Unterstützer unterbinden. Dazu gehört in den jeweiligen Staaten auch eine Auseinandersetzung über ein respektvolles Zusammenleben und Chancengleichheit.
Die Bevölkerung muss vor allem den in Deutschland eintreffenden Flüchtlingen zur Seite stehen. Allerdings darf die Bundesregierung, die mit einer falschen Politik zu deren Flucht beigetragen hat, nicht aus der Verantwortung für diese Menschen entlassen werden. Im Bundestag, in den Landesparlamenten, Gewerkschaften, Schulen, Kirchen, in Blogs und politischen Versammlungen – überall muss über die Hintergründe des Krieges in Syrien aufgeklärt werden. Das ist Sache von jeder und jedem, der diesen Krieg beenden will.

Noch ein letztes Wort?

Ja. 70 Jahre nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges will ich an das Gedicht von Wolfgang Borchert erinnern: «Dann gibt es nur eins, sag NEIN». In der direkten Nachbarschaft Europas, im östlichen Mittelmeerraum und in Teilen Afrikas finden seit 25 Jahren ununterbrochen Kriege statt, die sich immer mehr ausweiten. Nehmen wir den Israel-Palästina-Konflikt hinzu, haben wir seit 1948 Krieg im Mittleren Osten. Mit der völkerrechtswidrigen Besetzung des Iraks 2003 haben die USA schliesslich «das Tor zur Hölle» geöffnet, vor dem viele bereits damals warnten.


Palästinenser sind seit bald 70 Jahren auf der Flucht oder leben – etwa in Gaza oder der West Bank – wie Gefangene in ihrem eigenen Land. Iraker sind auf der Flucht, jetzt die Syrer. Der Westen befeuert diese Kriege, auch Deutschland, das Waffen liefert und zum Bruch des Völkerrechts schweigt. Die politische Opposition im Bundestag oder im Europaparlament wird ihrer Aufgabe in Sachen Krieg und Frieden nicht gerecht. Und viele Medien agieren wie Kriegstrommler.


Ich vermisse die grosse Friedens- und Antikriegsbewegung, die einst gegen den Irakkrieg noch auf die Strasse ging. Sie muss zusammenstehen und darf sich nicht spalten lassen. Die Friedensbewegung muss gegen diese Kriege auf die Strassen!

Ich bedanke mich für das Gespräch.    •

(Interview Jens Wernike)

Quelle: www.nachdenkseiten.de/?p=27340 vom 27.08.2015

*    Karin Leukefeld, Jahrgang 1954, studierte Ethnologie, Islam- und Politikwissenschaften und ist ausgebildete Buchhändlerin. Organisations- und Öffentlichkeitsarbeit unter anderem beim Bundesverband Bürgerinitiativen Umweltschutz (BBU), Die Grünen (Bundespartei) sowie der Informationsstelle El Salvador. Seit dem Jahr 2000 ist sie als freie Korrespondentin zum Mittleren Osten tätig. Ihre Webseite ist leukefeld.net.

 

Michel Onfray : « L’Occident attaque, prétendument pour se protéger, mais il crée le terrorisme »

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Michel Onfray : « L’Occident attaque, prétendument pour se protéger, mais il crée le terrorisme »

L’Europe, la guerre, le terrorisme, la crise migratoire, autant de questions auxquelles le philosophe a accepté de répondre.

Michel Onfray est docteur en philosophie. Il a publié une soixantaine d’ouvrages dont Traité d’athéologie : Physique de la métaphysique, Le Crépuscule d’une idole, Contre-histoire de la philosophie. Ses derniers ouvrages parus : Avant le silence. Haïkus d’une année, Galilée, 2014. Bestiaire nietzschéen. Les Animaux philosophiques, Galilée, 2014. Cosmos, Flammarion, 2015

On ne présente plus Michel Onfray, philosophe que l’on dit iconoclaste, grand pourfendeur devant l’Eternel (ou ce qui lui tient d’éternité) des conformismes et autres tables de lois. Il revient pour RT France sur les sujets qui ont, ces derniers temps, vrillé l’actualité.

RT France : Comment jugez-vous la façon qu’a l’Europe de traiter de cette crise migratoire ? 

Michel Onfray (M.O.) : L’Europe n’existe pas, sauf par sa monnaie unique. On voit bien dans cette affaire combien elle est impuissante, nulle, désarticulée. Elle bricole, ne parle pas d’une seule voix, elle improvise. C’est pitoyable.

RT France : Quand vous dites «BHL fait partie des gens qui ont rendu possible cet enfant mort», que vouliez-vous dire par là ? Qui sont «les  autres gens» ?

M.O. : Que tous ceux qui ont justifié les guerres contre l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Mali et autres pays musulmans sont responsables et coupables. Ils ont légitimé le bombardement de milliers de personnes sur place. Que la communauté musulmane soit en colère contre l’Occident me parait tout à fait légitime. L’Occident attaque prétendument pour se protéger du terrorisme, mais il crée le terrorisme en attaquant. Quel irakien menaçait la France en 1991 ? Saddam Hussein finançait même la campagne d’un président.

L’Occident attaque prétendument pour se protéger du terrorisme, mais il crée le terrorisme en attaquant.

RT France : Depuis la publication de la photo du petit enfant, les opinions publiques européennes semblent opérer une volte-face sur cette question, comment l’expliquez-vous ? Qu’est-ce que cela dit de nos opinions publiques ?

M.O. : Les médias ont transformé le peuple qui pensait en populace qui ne pense pas et ne réagit plus qu’à l’émotion, au pathos, à la passion. L’image d’un enfant mort interdit de penser : elle arrache immédiatement la pitié. La pitié empêche de penser. La preuve : ceux qui ont rendu possible cette mort en détruisant les pays bombardés vont répondre en bombardant plus encore.

RT France: Pourquoi cette crise migratoire semble-t-elle être traitée politiquement et médiatiquement «hors-sol», comme si elle n’avait pas de causes géopolitiques précises?

M.O. : Parce que le personnel politique est fait de gens médiocres qui n’ont aucune vision d’avenir pour le pays, aucun sens de l’histoire et qu’il n’écoute plus que les communicants qui leur donnent des recettes pour être élus ou réélus. La question n’est plus : «qu’est-ce qui est bon pour la France ?», mais «qu’est-ce qui va permettre ma réélection ?». La guerre, on le sait, hélas, booste les cotes de ceux qui les déclenchent. La testostérone fait plus en la matière que la matière grise. 

RT France : François Hollande a annoncé des frappes aériennes sur la Syrie que vous avez aussitôt vivement condamnées. Pourquoi ?

M.O : Bombarder des combattants de l’Etat Islamique suppose tuer des victimes civiles innocentes, les uns vivant chez les autres, et que ça n’empêchera pas un islamiste radical vivant en France de passer à l’acte. Au contraire !

RT France : Jacques Sapir a lancé l’idée d’un mouvement rassemblant tous les souverainistes, allant même jusqu’à une alliance avec le FN. Vous avez estimé que «l’idée est bonne (…) de fédérer les souverainistes des deux bords». Pourquoi ?

M.O. : Les souverainistes sont majoritaires dans l’opinion mais inexistants parce que répartis dans des partis très hétérogènes qui comptent pour rien dans la représentation nationale. Mais jamais un électeur de Mélenchon ne soutiendra une thèse de Marine Le Pen et vice versa. Seul un tiers au-dessus des partis pourrait fédérer ces souverainistes de droite et de gauche.

RT France : Cette proposition de Sapir ne traduit-elle pas une recomposition des lignes politiques dont le pivot (ou l’axe) ne serait plus l’économie mais le rapport à l’Europe ? Comment voyez-vous cette recomposition politique du paysage français ?

M.O. : L’idée est juste, mais elle n’aboutira pas. Les souverainistes sont représentés par des politiciens qui n’ont en tête que leur ego, leur trajectoire personnel, leur narcissisme. Aucun ne sera capable de jouer la fédération sous la bannière d’un tiers en s’effaçant. Entre la France et eux, ils ne choisiront pas la France.

mercredi, 16 septembre 2015

La eclosión masiva de refugiados hacia Europa

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La eclosión masiva de refugiados hacia Europa: salto cualitativo en el plan supremacista de despoblar Siria

por Tamer Sarkis – Consecuencia perseguida

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

El fenómeno de la partida masiva de refugiados sirios hacia Europa dista mucho de contar entre las consecuencias imprevistas del llamado “conflicto”. Tampoco tiene nada que ver con el tantas veces citado “efecto boomerang” impactando contra un “occidente” que habría sembrado vientos para recoger ahora tempestades. En su gran mayoría -y por rigor semántico- los “refugiados” sirios distan de ser refugiados huyendo de los estragos de una hipotética “guerra civil siria”. Se trata de población arrancada a la fuerza de su país, por la operación mercenaria de unos invasores que han pasado por “rebeldes” y hasta por “revolucionarios” en el lenguaje espectacular de masas. En la Agenda hegemonista estadounidense, tales mercenarios son mucho más: son colonos que, secuestrando para sí selectivamente a mujeres y niños y poniéndoles a servir, a procrear y “aprender” inculcos, arraigan sobre el terreno tomado, llegando a fundar entidades político-administrativas con el tiempo.

La desestructuración/reestructuración sociológica y vaciado demográfico de la tierra siria no es más que un estadio adelantado de aquella particular versión del Nuevo Oriente Medio que arrancaría en 2011 con Hillary-McCain, y cuyo corpus (devorando a sus ideólogos laicistas originales) iría tiñéndose cada vez más de los pigmentos confesionales del judeo-testamentarismo. Tal Weltanschauung (cosmovisión), en agresivo tropel de auto-materialización, imagina una Palestina bíblica integralmente judaizada y, a sus territorios circundantes, los requiere bajo mando de sectas domésticas y serviles; convencidas de la superioridad de los Elegidos en su condición ontológica diferencial como “pueblo de Dios”. En mitad de esta deriva escatológica (definitoria de desenlace resolutivo antesala del Nuevo Orden, o “Paraíso terrenal”), los reinos sirio-amorritas -y más tarde arameos- de Damasco y de Yamhad-Aleppo (Siria actual) son destruidos. Y, como ya lo hubieron sido los cananeos y parcialmente los samaritanos a la irrupción de Josué y sus Tropas nutridas por los persas, las gentes de los reinos (hoy los sirios) son desarraigadas de su tierra “a sangre y fuego” (léase una narrativa de las guerras mesiánicas en Pentateuco, Reyes).

Según su propio libro, “los Elegidos” no alcanzan su sueño de promisión terrena a menos que antes hayan hegemonizado bajo su cetro la vida política de la zona, en una repetición de la mítica cualidad salomónica como Rey de Reyes, a quien habrían rendido pleitesía todas las naciones en el arco del mundo conocido mesopotámico, “desde los faraones al Oeste hasta los elamitas al Este” (Pentateuco, Reyes). Para sellar su hegemonía política sobre una región doblegada, “los Elegidos” necesitan involucrar sin dobleces al “mundo occidental” y a sus sociedades en una operación militar de asentamiento con que proceder a la re-adecuación drástica de los grupos humanos sometidos. Estos quema-tierras por mandato divino saben que el “mundo occidental” no se volcará, dejando a un lado disquisiciones humanitarias y cerrando completamente filas tras el bastión israelí, a menos que ellos consigan re-presentar ideológicamente la zona (y remodelarla verdaderamente) en concepto de paisaje natural de enraizamiento y desarrollo para una vorágine de decapitadores que, habiéndose hecho fuertes, tienen por vocación el aniquilar toda diferencia y en particular cernirse contra “el mundo occidental” a título de nuevos bárbaros. A esta lógica de acuñación paisajística le incordia la persistencia en la zona de una población como la siria, educada en el laicismo y en la convivencia inter-religiosa (matrimonios inclusive) bajo una identidad común nacional más fuerte. A la luz de estas consideraciones se descifra el ahínco de exterminio practicado por los siervos armados del supremacismo sobre los cristianos sirios, iraquíes, libaneses y palestinos, quienes llevan casi cinco años de millonaria corriente migratoria y refugio (sobre todo en Escandinavia y Europa Oriental en menor grado). No en vano, los cristianos árabes y su participación en las sociedades mediorientales silencia en seco la discursividad de monocromía neo-tribal amenazante; espectro que el supremacismo recrea ante las Cortes centrales del Mundo mientras reclama un frente común y tutela regenerativa sobre la península de “territorios comanche”.

La oleada humana actual no es, pues, fruto de irresponsabilidad “occidental” y ni mucho menos de su inconsciencia. Bien al contrario, es el Éxodo profetizado por la irracionalidad Antigua y programado por una racionalidad Moderna disciplinada en servir a Yahweh, con toda su tecnología militar y su ingeniería socio-demográfica puntera. Generado el drama (bien real) e instalado en la consciencia televisiva de la muchedumbre de muy buen corazón, a cada perfil de la red social se le insta a “posicionamiento”. Los mismos que elevan cada vez más alto el alambre espinoso de Melilla, que añaden a éste cortantes cuchillas, que apuntalan las leyes exclusionistas de Europa-fortaleza y que dejan desiertas de salvavidas las costas italianas meridionales, manipulan, para este otro caso, sentimientos colectivos y sensibilidad. ¿No resulta un tanto sospechoso?.

Pues han querido los tiempos que este milenario Progrom en virtud de cuya ejecución Siria vaya dejando de ser Siria y los sirios vayan dejando de serlo, esté configurándose como deportación hacia el Viejo Continente. Alemania demanda hoy mano de obra barata cualificada y semicualificada. Tal vez mañana los llegados sean redistribuidos a lo largo de otros centros imperialistas de la Cadena mundial.

Existen, también, rentabilidades inmediatas de lo más mundano: la proporción de “migrantes” sirios varones jóvenes y de familias con niños resulta elevada. No en vano, son quienes reúnen fuerza suficiente para iniciar el periplo desde el país o desde los campos de refugiados más o menos limítrofes. Así pues, Siria se queda tendencialmente sin brazos que empuñen el fusil en su defensa, tanto como sin Fuerza de Trabajo en una tesitura hipotética de recuperación. De la Fuerza de Trabajo diría Marx que es la Fuerza Productiva más importante, y ella sería, a ojos de Mao Tse-Tung, nada menos que la variable determinante del producto de todas las otras juntas. En otras palabras, y contra riesgo de miopía, estas rentabilidades inmediatas aparentemente seculares caen dentro de esa otra supra-rentabilidad arriba descrita.

La supuesta marcha de los supuestos refugiados de guerra es nada menos que la diáspora con que está borrándose del mapa, en el nivel del registro humano, aquello mismo que el “Estado Islámico” y sus otras bandas antecedentes están borrando del mapa en el nivel del registro material histórico y arqueológico. K.O. a Siria: esto es lo que se dirime en el fondo, mientras el aluvión de estremecedoras imágenes, que no dejan de hacerme llorar por fuera y por dentro, ubican a la opinión pública en el debate de la contradicción sobre fronteras, visados, estancia y hospedaje. Este debate público es el resultado de haber puesto a la gente a mirar al dedo para velar con sombra oscura posibles miradas hacia la luna…, cuando al mismo tiempo, y si se sabe leer, el dedo está señalando hacia la luna. Al interior de esta matriz de discursividad, el horizonte masivo es a lo sumo el buenismo. Y el buenismo no deja de servir a los planes en curso, pues los Amos trasatlánticos ya han mandado a los dirigentes europeos a encajar su deber de acogida.

Estados de todo el Mundo han sumado ya sus iniciativas de acogida: Canadá y Australia (Commonwealth), Chile, Brasil, Urugay, Argentina, etc. A los Estados árabes peninsulares (Qatar, Arabia Saudí, Emiratos Árabes Unidos…) se les ha encargado mantenerse al margen; son geográficamente demasiado próximos a la RAS.

Las Potencias que, por medio de su Terror a sueldo, producen desplazados y por ende producen su amontonamiento, agonía, asfixia, ahogo…, indican luego a sus noticiarios la exposición sin tregua de los ahogados, niños incluidos. Confrontado a la pantalla por los mismos asesinos, el espectador reclamará apertura de puertas. Lo importante es desperdigar a la población precisamente para que deje de serlo, así diluida al viento de los cinco continentes. Aquí aplica con matemática precisión la memorable sentencia que Menahem Beghin pronunciara una vez sobre los palestinos: Los palestinos emigrados querrán volver; los hijos se acomodarán a su hábitat; los nietos no se sentirán ya palestinos; los bisnietos habrán olvidado qué fue Palestina.

Anteayer la BBC enfocaba a un niño sirio diciendo: “No queremos vivir en Europa; queremos poder vivir en Siria. Todo lo que Europa tiene que hacer es dejar de hacer la guerra en Siria”. La televisión traducía la primera frase textual y la segunda frase como “Todo lo que Europa tiene que hacer es detener la guerra en Siria”. La traducción entraña connotaciones ciertamente ambiguas, pero escuchada por televidentes a priori condicionados, queda, con probabilidad, al modo siguiente: “Europa tiene que intervenir por la paz, deteniendo la guerra siria”. Y es que esta ocasión de flamante filantropía con que “occidente” viene obsequiándose a sí mismo a lo largo de las últimas semanas, de ningún modo se detiene al interior del perímetro europeo. Se quiere, en cambio, que sea la simiente fecundadora de respaldo público a un más firme compromiso logístico viejocontinental con la re-ordenación supremacista de Medioriente. En palabras de Francois Hollande hace escasos meses: “En Siria hay que volver a empezar desde cero”. Por aquellos días, portavoces de la Administración Obama apuntalaban la declaración del galo, mientras las cadenas radiofónicas -las catalanas sin ir más lejos- se afanaban en retransmitir la buena-nueva. Así intitulaba Catalunya Ràdio su rotativo: “Siria necesita de compromisos de intervención, dada la demostrada inaptitud de Assad para enfrentar el yihadismo en el país”.

 

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Previsible baile de máscaras

Nadie niega que decenas de miles de compatriotas han tenido que salir de Siria porque lo han perdido todo a raíz de los bombardeos aéreos llevados a cabo por la aviación del EAS. Y van ya más de cuatro años, en cuyo transcurso millares de viviendas han sido reducidas a escombro, tal y como certeramente relatan ante las cámaras algunos desplazados. No obstante, el sesgo introducido aquí por la prensa (por ejemplo, por la televisión italiana) es doble:

La primera distorsión nos remite a la fijación obsesiva de los medios “occidentales” por repetir y repetir este tipo de historia, que, aunque en efecto dramática, constituye una de las aristas de la catástrofe entre tantas otras. La segunda distorsión es inaugurada por un abuso interpretativo: a partir de la destrucción inmueble narrada (dato desde luego veraz), las televisiones hilvanan toda una narración especulativa donde las víctimas lo serían del “sangriento Dictador y de su ejército”. La referencia empírica al bombardeo le sirve a la prensa “occidental” para (sofisma) inferirle al espectador la inducción de que el objeto de tal bombardeo fue el ciudadano que ha perdido la casa a consecuencia de éste. La falacia, que sitúa presuntos objetivos militares ofensivos en el lugar de las consecuencias y de los daños militares defensivos, “olvida” preguntar a los agraviados si había un tercer elemento ocupante de sus barrios o de sus municipios. Las más de las veces, los habitantes civiles llevaban tiempo lejos de su residencia, refugiados no necesariamente fuera de Siria. Es éste el caso de un buen contingente de ciudadanos alepinos leales a la RAS, quienes, huidos del Terror reaccionario “rebelde” instalado en sus distritos, por decenas de miles han ido constituyendo campos en el extrarradio de Alepo.

Por otra parte, nadie duda tampoco de que el llamado factor interno nacional incide en el calado de la catástrofe y en su perduración: entre las masas de compatriotas desarraigados se cuentan, cómo no, partidas de trogloditas, de econo-liberales, de lúmpenes oportunistas sin conciencia social alguna, de sectarios netos, de cabecicubos que ni tan siquiera se auto-conciben sirios y piensan su afiliación nada más que en términos de rama teológica, etc. ONGs y demás tejido “cívico” subvencionado, en Catalunya y en toda Europa, afilan sus uñas pensando en la tajada que, presta a destripamiento, les ha caído de un plumazo a la mesa de los méritos. “Los Señores nos lo agradecerán”, piensan, y se ponen a adecentar el pescado para -¡alejop!- pasearlo por las ágoras, por las salas de Grados y por las palestras universitarias o de cochera municipal. Estos selectos refugiados van a tener voz hasta en el púlpito parlamentario. A nosotros, por sirios que sean, van a tenernos enfrente.

A escala más amplia, es de comprender que entre los sirios llegados a Cataluña van a primar las situaciones arduas, caracterizadas por el riesgo de exclusión social, la urgencia de encontrar un empleo que no llega, la exasperación ante las filas para recibir asistencia y los déficit vehiculares comunicativos. A estas luces, la ocasión la pintan calva para el chantaje. El tejido político para-estatal del imperialismo (por ejemplo el Comité Catalán en Solidaridad con la Revolución Siria) no estará dispuesto a perder chanza, y, ante los necesitados, mostrará ufano guardar la llave del porvenir…, a cambio de cosechar disposición a integrarse en “dinámicas informativas”, charlas, jornadas, ruedas de prensa, etc.

En fin, prevemos también cierto desarrollo de la reacción que la psico-sociología llama mimetismo (Gabriel Tarde), y de cuya imantación a muchos venidos les va a ser complicado escapar. Pronto quien más quien menos va a percibir que, bajo el clima de prejuicios no sólo socialmente dominante sino oficialmente instituido, empecinarse en la verdad va a significar auto-posicionarse como “loco” y como “sirio malo” a partes iguales. Para casi todos va a ser demasiada auto-exigencia de integridad el cosificarse “de sirio malo” cuando a “los malos” se les va a mostrar estigma de entorno y sanción negativa jurídica de regularización, integrativa, etc. Contrastarán su balance de cuentas con el de “los buenos”, compadecidos por la sociedad civil tanto como premiados con cuidados institucionales y disolución de trabas. Comunidades enteras de sirios, revestidos con el disfraz de lo políticamente correcto como único mecanismo de defensa, abominarán de los elementos “incorrectos” y se distanciarán, quizás hasta el ninguneo. No se podrá reprochar lo que a fin de cuentas es una estrategia adaptativa poco menos que obligada bajo un medio precario extremo. Pocos se resistirán a la simbiosis con “los buenos” -con los dignos de compasión y soporte-, reclamando un sitio seguro en tal particular carro del ganador. Así es como el mentiroso civil “occidental” se engañará una vez más a sí mismo, produciendo coercitivamente aquel arquetipo de “sirio refugiado” que ajustará con escrúpulo sus palabras a aquello audible por el conjunto social del que su suerte depende.

Expulsión de Oriente y estrategia confrontacionista de caballo de troya

Con la perspectiva que el tiempo procura, quien más y quien menos estará dándose cuenta de que la re-ubicación poblacional siria en campos de refugiados fronterizos (Turquía, Líbano, Jordania) no podía constituir más que un apaño transitorio en la mente del supremacismo, y de ningún modo “la solución final” diseñada. Ciertamente, los campos fueron conveniencia del imperialismo porque entre sus pasadizos pudieron los imperialistas deslizar mecanismos de reclutamiento armado contra la RAS. Paralelamente, la CIA y sus agentes gubernamentales regionales erigieron campos de instrucción, confundidos entre el marasmo de “los refugios”, o ampliaron tantos otros campos de entrenamiento preexistentes, introduciendo en su interior nueva carne de cañón a reclutar o redirigir.

Sin embargo, este tejido de frontera alberga una disfuncionalidad obvia: los desplazados pueden evadirse, cruzar y regresar. Muchos de ellos, hartos de subsistir en condiciones más que miserables bajo los auspicios de ACNUR y de distintas ONGs “de apoyo”, quisieron volver a su país, se sucedieron las revueltas en las tiendas, ante los camiones de provisión, etc. Pronto se instauró un régimen disciplinario de control de las presencias, similar al toque de queda en cualquier territorio ocupado, y que impedía hasta las visitas por parte de otros parientes trasladados. Los últimos encarnaban el último cordón umbilical con un mundo exterior y de procedencia que los diseñadores de vidas se esforzaban por evaporar en la nube confusa de una vida anterior más y más onírica con el pasar de los meses. No podía ser asunto sine die el aglutinar a tanto volumen poblacional sirio tan cerca de Siria, máxime en territorios como Jordania, la Arabia septentrional, Antioquia y Líbano, en sí mismos integrantes del Eretz Israel proyectado.

Tal vez más importante aún, Europa debe convertirse en escenario de destino para el propio Principio de Entropía fabricado, a quien enraizar como protagonista de atentados y conflicto. A tenor de lo último, y aún a riesgo de ser malinterpretado, es importante destacar esta rentabilidad ínsita al plan supremacista a costa de los sirios: mezclar el grano con la paja y usar el caudal migratorio como Caballo de Troya de “yihadistas” y de afines, sustentados materialmente y puestos a operar bajo coordenadas nutritivas de islamofobia entre los receptores. Tal deliberación en pro de acelerar espirales de acción-reacción, tiene por cometido tendencial gestar demanda en pro de centrifugar “intervenciones de seguridad” hacia el supuesto “origen focal del problema”, es decir, hacia el Oriente Árabe, justificando así la prosecución de la Campaña de sometimiento gentilicio. Consolidar el apoyo ciudadano a las falsas “cruzadas” antiguo-testamentarias, sólo puede hacerse, en tierras tan próximas al Asia Menor, asustando/indignando a las masas, para ponerlas a comulgar con el axioma atlántico presbiteriano del choque inter-civilización (Huntington, S.). El supremacismo mesiánico tiene, pues, que inyectar en el corazón de la ingenuidad europea una suerte de anticuerpo identitario, a través de ponerle a padecer vecindad con una identidad artificial tan exclusivista como violenta. Consonante a dicha racionalidad, Arabia Saudí acaba de ofrecer apoyo financiero de acogida a la Alemania de Merkel, a cambio de que parte de esos fondos se destinen a la erección de por lo menos 200 mezquitas de orientación predicatoria wahabí en suelo germano.

Conseguir la desbandada de personas sirias despobladas, desde los viejos campos circundantes hacia el Viejo Continente, no ha sido una jugada “occidental” de la noche a la mañana. “Occidente” lleva años propiciando un clima insufrible al interior de los campos, con humillaciones cotidianas; segregación intra-familiar; amenaza expresa de no poder volver a por comida ni a por cuidados si se abandona por horas el campo a fin de visitar a otras personas; sufragio y manutención generosos prestados a Kappos recabados de entre los elementos armados “rebeldes”; constitución y amparo del Terror de las bandas, erigidas, por iniciativa de los gestores institucionales u oenegistas sobre el terreno, en verdaderos Frei Korps de disciplina, encuadramiento, vigilancia y propaganda.

Ello en lo que se refiere a la acción endógena. En lo que respecta a la actuación exógena desde los campos, y podemos decir que cohetáneamente, “occidente” se dedicaba a amparar grupos que han llevado la desestabilización y el sufrimiento a los municipios y núcleos circundantes. Esto ha ocurrido con los lugareños en Turquía y en Jordania, negativamente afectados por abusos, tropelías, violaciones, atentados y estallidos, tráficos varios y acciones mafiosas, intentos de imponer lecturas de la sharia y cánones de vestimenta y comportamiento, asesinatos que incluían la extracción de órganos para su mercantilización hacia destinos como el israelí y el Atlántico Norte, etc. En ocasiones, los autóctonos -confundidos- la han emprendido injusta y abusivamente contra los refugiados, hecho que ha prendido la mecha de la animadversión por parte de la población siria confinada, y así en espiral auto-propulsada (sirve de pequeño anticipo a lo que el neo-mesianismo trama para Europa).

En suma, “occidente” fue afanándose en cocer un caldo de cultivo con un ingrediente de demanda latente a flor de piel. Así, a “occidente” le ha bastado con interrumpir de golpe su apoyo dinerario, infraestructural, de Capital humano y de “voluntarios” a los campos de la zona, para que los Gobiernos locales se hayan decantado por levantar barreras y abrir verjas, desencadenando el abrumador fenómeno aparente. Contra la naivitée que transpiran los miles de análisis “alternativos” que en estos días pueden leerse y que ponen el acento en una presunta “ida de manos occidental” respecto de su propia actuación en Siria (haciéndose eco de la premisa weberiana de “consecuencias no previstas” o de las premisas de la crítica a la Acción Racional), esto que se presume “caos” resulta ser de lo más ordenado, centralizado y atado.

En conclusión

Ciudadanos “occidentales”: no pueden dejarse ustedes engañar tan fácilmente. Los sirios les agradecemos, con el corazón en la mano, su solidaridad con nuestro pueblo. Pero, a su vez, la solidaridad debe armarse de reflexividad si desea evitar transformarse en energía funcional al seno del torrente artífice de nuestra tragedia. Estos artífices no son otros que las élites supremacistas radicadas en “occidente”, sus venales gobernantes de aquende y allende el Atlántico y sus terminales propagandísticas social-imperialistas más o menos grupusculares. Todos estos actores han sido los fundadores y los portadores de las fuerzas para la “des-sirización” demográfica, político-administrativa, regional-organizativa, productiva e infraestructural de la República Árabe Siria. La mayoría continúan cabezones secundando aquel falso “bando bélico” de su propia creación; unos (los más oficiales) en nombre de la “democracia” y otros (los social-imperialistas o bien los más cretinos) en nombre de la “revolución”. Encomiando al hospedaje abstracto de lo que cínicamente denominan “las víctimas del conflicto sirio”, los des-sirizantes no hacen otra cosa que proseguir con esa línea lúcida de desertización humana.

Un desplazado sirio les respondería lo que ya hizo el otro día, con palabras entrecortadas por el llanto, ante las cámaras en directo de la BBC, que no pudieron reaccionar a tiempo: “En Siria, antes de todo esto, vivíamos bien; mejor de lo que podamos llegar a vivir en Alemania. Vivíamos juntos, con trabajo para todos…”. Su esposa, una siria sunní ataviada con hiyab, se abrazaba a él mientras sus hijos escuchaban.

Mis hermanos sirios no huyen de su país “en guerra civil”. Huyen de aquello en que el exterior ha transformado a nuestro país. No pocas redes “solidarias” y portavoces políticos desbordan generosidad porque en el fondo están entusiasmados con la perspectiva del éxodo. O bien, como a los consistorios de varias capitales españolas, se les paga para escenificar la opereta raída que, un acto más, toma por trama el binomio dialógico del “campo civilizado” que, civilizado él, por consiguiente disfruta de la paz y tiende la mano hacia “el campo incivilizado”, preso de su propia incivilidad guerrera. Al mundo al revés, los sirios sabremos responderle con las sencillas palabras de nuestro compatriota filmado por la BBC.

 * Vicedirector de Diario Unidad,  articulista semanal del diario venezolano LA RAZÓN.

 

L’arme migratoire et la fin des nations

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L’ère des disséminations. L’arme migratoire et la fin des nations

Par Jure George Vujic

Ex: http://www.polemia.com

(qui vient de signer un dernier livre aux éditions Kontre Kulture : Nous n’attendrons plus les barbares/ Culture et résistance au XXIe siecle).

Jure George Vujic est un écrivain franco-croate, avocat et géopoliticien, diplômé de la Haute école de guerre des forces armées croates.

Directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, il contribue aux revues de l’Académie de géopolitique de Paris, à Krisis et à Polémia. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine de la géopolitique et de la politologie.

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La crise migratoire, le spectacle quotidien et tragique des noyades de masse des migrants, l’hypocrisie et l’incapacité des élites occidentales à prendre des mesures efficaces face à ce problème… Néanmoins, le caractère brutal et massif de ce phénomène migratoire chaotique, qui prend les dimensions d’un exode, devraient inciter à la réflexion et à la prudence sur les causes réelles de l’afflux massif de migrants sur les rives de la Méditerranée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), ce sont près de 224.000 réfugiés et migrants qui sont arrivés en Europe via la Méditerranée entre janvier et juillet de cette année. Les Syriens constituent le groupe le plus important parmi ces arrivants (34%), suivis des Erythréens (12%), des Afghans (11%), des Nigérians (5%) et des Somaliens (4%). On estime qu’entre un demi-million et un million de migrants tenteront de rejoindre cette année les côtes européennes. Bien sûr, on ne peut que compatir avec les réfugiés syriens et libyens qui ont été chassés de leur foyer par l’intervention militaire des forces atlantistes en Libye et la volonté de renverser le régime de Bachar el-Assad en Syrie.

Néanmoins, face à cet exode, il convient de réfléchir sur le rȏle déstabilisateur et déstructurant de l’arme migratoire, qui pour la « Vieille Europe » pourrait signifier à long terme la transposition pure et simple sur son sol de la géopolitique étatsunienne de balkanisation et de fragmentation ethno-confessionnelle qui est en œuvre au Moyen-Orient, politique qui a généré une situation chaotique dans laquelle a vu le jour le pseudo-califat de l’Etat Islamique soutenu par les alliés occidentaux, l’Arabie Saoudite et le Qatar.

La bombe démographique avec un taux de natalité exponentiel que représenterait la quantité massive des flux migratoires d’immigrées de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb pourrait bien à long terme « libaniser » les Etats européens, lesquels seraient confrontrés à une communautarisation, voire une ghettoïsation accrue, des populations allogènes, créant les conditions favorables à l’éclatement de potentielles véritables guerres inter-ethniques. Une Europe-continent affaiblie de l’intérieur et en déstabilisation permanente se devrait de supprimer ses frontières et les derniers soubresauts de souveraineté économique et politique, ce qui faciliterait l’installation du nouveau TAFTA, grand marché transatlantique, alors que les grandes corporations puiseraient abondamment dans la main-d’œuvre immigrée à bon marché tout fraîchement installée sur le sol européen. La transposition sur le continent européen du scénario du choc de civilisations entre Islam et Occident servirait les intérêts des puissances de l’Argent.

Il va de soi que cette migration massive, quand bien même fût-elle contrôlée, changera indubitablement à long terme la structure ethnique et démographique de la Vieille Europe qui semble incapable de résoudre et d’assainir les problèmes déjà existants d’absorption et d’intégration culturelle et sociale des populations extra-européennes qui résultent des flux migratoires précédents des années 1980 et 1990.

Il ne faut pas oublier que la démographie est une donnée constante de même qu’une arme redoutable dans les conflits contemporains. En effet, même si ses conséquences se font, pour la plupart, à long terme, elle ne peut être négligée d’un point de vue méthodologique, dans la mesure où elle est désormais une nouvelle arme utilisée dans les tensions géopolitiques mondiales : « La structure démographique – densité de population, masse, composition par âge et par sexe, taux d’accroissement – est en effet considérée comme un des paramètres conditionnant la violence collective. » Le même argument est développé par Jean du Verdier dans son ouvrage Le Défi démographique. L’auteur évoque la célèbre déclaration de Boumedienne à l’ONU en 1974, il y a 40 ans : « Un jour, des millions d’hommes quitteront les parties méridionales et pauvres du monde pour faire irruption dans les espaces accessibles de l’hémisphère nord, à la recherche de leur propre survie ».

Bien sûr, l’immigration massive à laquelle on assiste a pour cause non pas seulement la pauvreté et la misère économique, mais la guerre qui avait pour but le démantèlement planifié de la Libye, de l’Irak et de la Syrie, qui s’inscrit donc dans une relation de cause à effet. Comme l’a si bien récemment déclaré Kader A. Abderrahim, chercheur associé à l’Iris, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme : « La crise migratoire est en relation directe avec l’intervention franco-britannique de 2011. On ne peut pas provoquer la guerre et s’étonner ensuite du désordre » (http://francais.rt.com/opinions/5889-libye-crise-migratoire-expert). L’ampleur et la convergence des flux migratoires ainsi que les directions majeures qui s’étendent du sud au nord et d’ouest en est, les axes migratoires Libye/Maghreb-Afrique subsaharienne/Méditerranée méridionale/ Europe/Italie-Grande-Bretagne-France, Afghanistan-Irak-Somalie-Turquie/ Europe de l’Est-Roumanie-Bulgarie-Hongrie-Serbie-Allemagne ressemblent plus à un déplacement de populations qu’à des flux migratoires discontinus classiques.

Il ne faut pas oublier que les instances internationales et les centres financiers et économiques de décision mondialistes réfléchissent uniquement en termes quantitatifs, en chiffres et en valeurs ajoutées ; la démographie, la structure des populations, de même que les identités et les différences culturelles ne sont pensées et traitées qu’en termes économiques et doivent servir les impératifs et la dynamique dé-régulatrice du marché mondial unifié. Ainsi il faut rappeler que l’ONU parle ouvertement de migrations de remplacement. C’est ainsi que la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales a publié un rapport intitulé Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ?. Le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité. Dans chaque cas on considère différents scénarios pour la période 1995-2050, en mettant en relief l’impact que différents niveaux d’immigration auraient sur la taille et le vieillissement de la population.

Post-nationalité et « Dissémi-Nation » migratoire

Et pourtant, tout porte à croire – et en dépit de l’échec des politiques intégrationnistes, du modèle de la multiculturalité – que depuis des décennies on a conditionné les esprits et préparé l’opinion publique européenne à penser en termes de post-nationalité, de gestion migratoire et de catastrophe migratoire humanitaire, d’hybridation migratoire culturelle et identitaire. Ce discours post-national est aujourd’hui réactivé à des fins géopolitiques et d’ingénierie sociale, puisant ses sources dans le discours post-colonial classique cher à Frantz Fanon et à Edward Said, qui s’est s’attaqué dans les années 1960-1970 aux modes de perception et aux représentations dont les colonisés ont été l’objet. En effet, sous l’influence de la pensée post-structuraliste, néomarxiste et déconstructiviste, dont les chantres les plus connus sont Foucault, Derrida et Deleuze (la fameuse théorie française qui, sous l’appellation de French theory, influencera considérablement les élites universitaires américaines, par le biais des cultural studies et les subaltern studies), les élites atlantistes mondialistes en Europe ont participé en grande mesure à la légitimation du discours post-national et pro-migratoire.

La mode ambiante de la post-nationalité, l’apologie des vertus bénéfiques des brassages et des hybridations culturelles ont profondément modifié dans le mental occidental le rapport et la perception du rȏle de la frontière, dont la fonction de limite et de séparation a été systématiquement dénigrée, au profit de la conception « frontière contact », lieu d’hybridation et d’échanges et rencontres culturelles. Cet état d’esprit irénique explique les déclarations irresponsables des élites européennes face à la vague migratoire massive, qui puisent, dans le registre droit-de-l’hommien et humanitariste, sur l’impératif d’accueillir en Europe les flots d’immigrés qui traversent le tunnel de la Manche ou piétinent les barrières de protection frontalières. Cette posture, qui oublie trop souvent que la majorité des flux migratoires ont des causes et des motivations essentiellement économiques, sociales et pécuniaires, explique aussi la volonté dominante de discréditer, voire de diaboliser, les propositions de renforcement et de contrȏle aux frontières en fustigeant « l’Europe forteresse », les projets de construction de murs en Hongrie étant taxés de modèles ségrégationnistes.

Le discours globaliste et post-national corroboré par la pensée culpabilisatrice de le post-colonialisme estime que la nation, en tant que référence d’appartenance nationale et historique, serait une entité désuète, une catégorie territoriale inadaptée et historiquement consommée, qui devrait laisser la place à de nouvelles constructions transterritoriales, hybrides et fluides aux contours mal définis. La dissémination et la dispersion migratoires à l’échelle planétaire constitueraient le fer de lance de cette entreprise de liquidation de la nation, en tant qu’entité ethnique et linguistique enracinée, vecteur d’appartenance nationale et historique.

Souvenons nous de l’influence qu’exerça le concept de dissémination de J. Derrida en tant qu’outil de déconstruction sur la pensée postcoloniale de Homi Bhabha dans les années 1990, qui forgera le concept de « Dissémi-Nation », afin de proposer un nouveau lieu global sans frontières qui se cristalliserait et se formerait de manière quasi spontanée par le jeu de la dispersion migratoire. Ce jeu de mots de la « Dissémi-Nation » n’est pas aussi anodin et abstrait qu’on pourrait le croire, et l’on peut légitimement se poser cette question : l’Europe n’est-elle pas en voie de se transformer en « Dissémi-Nation », après qu’on a liquidé et décimé la Nation en tant que cadre de la chose publique et espace du vivre-ensemble citoyen ? La nouvelle Dissémi-Nation serait un condensé d’espaces intermédiaires, qui évoluerait sans frontières précises au gré des migrations de multitudes chaotiques, et qui permettrait une production de nouvelles « altérités », pensée qui influencera de nombreux théoriciens de la post-colonialisme, comme Gayatri Spivak, ainsi que la théorie de la subalternité.

Quand bien même ces extrapolations conceptuelles semblent parfois abstraites et farfelues, on est en droit de se demander si le concept de Dissémi-Nation n’est pas en train de voir le jour, par l’intermédiaire de la liquidation de la souveraineté politique et territoriale de l’Etat ? La prolifération, la dispersion et l’exportation des masses considérables de migrants extra-européens ressemblent bien à un processus de dissémination migratoire, qui à long terme pourrait bien déstructurer et déstabiliser ce qui reste encore des vieilles nations européennes, la dissémination migratoire faisant ainsi le jeu de la stratégie du « Grand Remplacement » évoquée par Renaud Camus. La dissémination migratoire massive serait alors une arme de décimation interne et massive de la nation.

Déconstruction de l’idée de frontière

Il convient de se rappeler que cette conception subjectiviste et culturelle de la frontière-contact est l’héritière d’un courant de pensée marqué par la topophilie. On se souvient que les théoriciens post-marxistes Castoriadis et Harvey voyaient déjà dans le territoire et dans la cartographie symbolique un des champs privilégiés de bataille des identités sociales, culturelles qui devaient supplanter les certitudes traditionnelles sur la territorialité souveraine, marquée le limes romain, et de l’existence d’un esprit des lieux (genius loci propre à un peuple, un groupe ethnique ou national) – opinion longtemps partagée par les géographes ou par des penseurs conservateurs et nationalistes, la nation sublimant le corps mystique républicain cher à Péguy ou la transposition générationnelle de « la terre et les morts » chère à Barrès. Cette effervescence terminologique et conceptuelle se traduira par une prolifération de notions floues telles que : lieu, emplacement, paysage, milieu, région, topographie, limite, frontière ou confins, qui viendront brouiller davantage les notions classiques géographiques et géopolitiques du territoire et de la frontière. L’engouement pour les études culturelles contemporaines en Occident comme en outre-Atlantique (les cultural studies) a abouti à une idôlatrie de la notion de topophilie qui avait été lancée par Gaston Bachelard pour insister sur le vécu subjectif de l’espace et sur les rapports de l’individu aux lieux. Pour Bachelard, les individus établissent des relations signifiantes avec les lieux. (D’après lui, il peut s’agir de saisir les modalités selon lesquelles les êtres humains construisent leurs rapports aux lieux, que ceux-ci soient symboliques ou constitutifs de l’identité – Bachelard 1957). C’est dans la même direction que l’opinion publique en Europe a longtemps été abreuvée par ce même discours cosmopolite globaliste qui imposerait de penser l’Europe, non d’une façon charnelle et différenciée, mais de façon abstraite et constructiviste, en tant que construction intellectuelle : un territoire abstrait conçu, dont certaines régions cartographiques sont volontairement éliminées (comme le remarque bien Hobsbawm, 1997).

La même opération dé-constructiviste et dé-substantialiste a été opérée par les sociologues modernes qui insistent sur le fait que la frontière n’est pas un fait spatial aux conséquences sociologiques, mais, par contre, un fait sociétal qui prend forme dans l’espace, faisant crédit à la thèse de Georg Simmel, selon laquelle les frontières sont le résultat d’un processus psychique de délimitation ayant comme résultat des territoires, des « régions » ou des « pays » – des espaces culturels représentatifs pour un certain groupe social, qui ne se superposent pas nécessairement sur les limites politiques et territoriales acceptées. Bien sûr, tout comme Simmel l’a bien remarqué, il y a à la base un acte de volonté, un rôle moteur des communautés dans la formation des limites et des frontières. Il n’en demeure pas moins qu’à force d’élargir le champ sémantique de la notion de frontière à tout processus de délimitation, voire de dispersion, dans le cas des flux migratoires, on finit par évacuer ce qui est à la base de toute structure spatiale élémentaire, à savoir les frontières en tant que discontinuité géopolitique et de marquage, de repère, qui agissent, non seulement comme le soulignent Lévi-Strauss et Lassault sur le réel, mais aussi sur le symbolique et l’imaginaire d’une communauté nationale soudée par la même langue, le même sentiment d’appartenance et une certaine symbolique d’un esprit du territoire, que certains banalisent par le vocable le terroir : la patrie.

Des anthropologues, tels que Lévi-Strauss et Georges Dumézil, ont souligné le rôle fondateur du symbolique, qui institue et structure en tant que vecteurs des identités collectives et individuelles, symbolique qui passe par la fonction de délimitation (l’appartenance à une communauté inscrite dans un territoire qui est le sien). L’histoire et les mythes fondateurs qui président à la formation de toute conscience collective et nationale rendent compte de l’importance symbolique de l’acte de « poser une frontière » qui implique toujours un regard collectif sur « L’autre » et sur « soi ». La frontière qui délimite, enferme ou exclut met en mouvement de puissantes marques d’identité qui déterminent des rapports culturels et de voisinage spécifiques avec l’étranger. On se souvient que l’école française des Annales insistait sur l’équation significative frontière/identité. De même que Lucien Febvre avait analysé l’évolution sémantique du mot frontière comme signe d’une mutation de la réalité historique avec la formation de l’Etat-nation (Febvre, 1962), alors que le couple frontière/identité est aussi présent dans les réflexions de Fernand Braudel sur L’Identité de la France. L’approche déconstructiviste et intellectualisante de la frontière, tout comme l’approche culturaliste et post-moderniste de cette notion ont abouti à une survalorisation des projections intellectuelles (idéologiques et symboliques) au détriment du mode identitaire de penser la frontière arbitrairement taxée de « mode discriminatoire » suspect. Or, la fétichisation contemporaine de prétendues nations périphériques, les identités frontalièrers et transfrontalières ont conditionné les mentalités, et surtout les pratiques de projection culturelle telles que la littérature et les arts et la politique, à absolutiser et à ontologiser l’effacement des frontières ; la pensée post-frontalière qui revendique le nomadisme et la nouvelle figure de proue symbolique du migrant rejoint la promotion de la post-nationalité, en tant que dissolution programmée de la nation au nom d’une unification du monde par le marché et la consommation.

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Or, paradoxalement, les discours communautaristes (Chicanos, Afro-Américains, etc.), post-colonialistes, et la théorie de la subalternité (cette théorie a été initiée par le Groupe d’études subalternes – Subaltern Studies Group, SSG – ou Collectif d’études subalternes – Subaltern Studies Collective –, un groupe de chercheurs sud-asiatiques intéressés par l’étude des sociétés post-coloniales et post-impériales d’Asie du Sud en particulier et du Tiers-Monde en général), qui s’attaquaient à l’impérialisme des élites en renvoyant au contexte hégémonie culturelle au travail du marxiste Antonio Gramsci, sont devenus l’un des leviers du discours d’uniformisation marchande capitaliste qui, pour instaurer et libéraliser le marché mondial, se doit de déconstruire les dernières entraves que constituent les nations, les territoires souverains, les identités enracinées, ainsi que les dernières frontières protectionnistes. La nouvelle narration post-nationale à base de glorification de l’hybridation et de complexification identitaire prône une identité mondiale diasporique et migratoire, qui passe par la construction du sujet Foucaldien par assujettissement aux institutions de contrȏle, aujourd’hui à la mise en pratique de la thématique Deleuzienne de la dissémination des identités fluides et mouvantes, des sujets démultipliés le long des lignes de fuite nomadiques. Ainsi, la théorie de la déconstruction se proposait de promouvoir la désoccidentalisation des esprits et des grands concepts du changement du politique par la déconstruction des certitudes métaphysiques en arrachant tous les signifiants politiques régulatoires et structurants à leur champ de référence et de représentation. Seulement à force de déconstruire et d’arracher, la condition du dominé, du subalterne, devient peu à peu l’instrument de répression et la voie du dominant, le subalterne devenant l’angle mort du processus historique contemporain en tant qu’entreprise généralisée de déracinement.

Dissémination, contagion des idées et nouvelle anthropologie

La dissémination et la contagion des idées ont toujours précédé les grands bouleversements sociaux et politiques. Et c’est la raison pour laquelle la légitimisation des bienfaits de l’immigration massive et du brassage multiculturel s’est opérée par un changement des représentations mentales des populations autochtones et leur rapport vis-à-vis de leur identité et leur rapport avec l’autre, l’étranger. Comme le souligne l’anthropologue Dan Sperber, proche du courant néodarwinien, l’évolution culturelle dans le domaine des idées obéit à une logique de diffusion qui rappelle celle des épidémies. En effet, selon Sperber, les idées et les représentations se disséminent et se répandent par une sorte de contamination, par contagion (le titre de son livre est La Contagion des idées). Ce changement idéel des représentations mentales collectives, qui corrélativement contamine et modifie le champ sociétal, s’articule autour « d’attracteurs culturels » qui sont souvent les porte-parole, les relais de la nouvelle pensée dominante, les diffuseurs de nouveaux pseudo-paradigmes fantasmagoriques tout comme l’idéologie nomadiste. En effet, l’usage métaphorique des sociétés nomades ainsi que l’éloge du déracinement, de l’errance, en vogue dans le monde culturel et des arts, dans les grands médias, les sciences sociales et la philosophie dominante, qui vante les mérites du vagabondage, de l’exil, de l’esprit artiste, du flux, de la pensée ou de la raison nomade, constitue les trames idéologiques de la « nomadologie », fer de lance de cette véritable révolution anthropologique qui devait préparer, sur le terrain des idées et de l’esprit, l’acceptation indolore des grands bouleversements psychologiques, démographiques et ethno-culturels en Europe. Cette nomadologie, bien qu’elle puise ses sources dans l’orientalisme occidental du XIXe siècle, s’affirme depuis les années 1970-1990, c’est-à-dire dans le contexte intellectuel post-soixante-huitard, suite à l’avènement du post-modernisme, de la déconstruction de la raison et de la métaphysique (occidentale) et de l’universalisme-cosmopolitisme triomphant, la mode de l’écologie et la nouvelle philosophie. En effet, la nouvelle narration nomadiste qui devait se substituer à la fin des « grands récits » (les Lumières, les grandes idéologies de la modernité, marxisme, Hegelianisme) et qui devait fournir un modèle alternatif à la pensée dominante, grâce à l’apport d’une anthropologie nomadologique suspecte qui fera l’apologie et la promotion dans le contexte global des sociétés nomades en général, et plus particulièrement des sociétés de chasseurs-collecteurs, est ainsi présentée par Pierre Clastres comme un rempart contre l’Etat (La Société contre l’Etat, 1974) ou par Marshall Sahlins comme la première forme de la « société d’abondance » (M. Sahlins, Age de pierre, âge d’abondance“, 1976). La pensée libérale-libertaire deviendra un véritable laboratoire d’idées pour cette nouvelle révolution anthropologique par la diffusion de revues telles que Libre dirigée par Marcel Gauchet, des réflexions de Jean Duvignaud, Paul Virilio et Georges Pérec sur la « ville nomade » dans la revue Cause commune de 1972 ou du numéro emblématique de cette même publication consacré au thème des Nomades et Vagabonds (1975). Sans oublier évidemment le livre-phare de la « nomadologie », Mille Plateaux, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui paraît en 1980.

Cette pensée « désirante » et « nomade » sera célébrée plus tard par Chatwin, avec Songs Lives (1986), Kenneth White, avec L’Esprit nomade (1987), Jean Borreil, naguère collaborateur de la revue Les Révoltes logiques dirigée par Jacques Rancière, avec La Raison nomade (1993), ou bien encore Jacques Attali, avec L’Homme nomade (2003), livre dans lequel cette figure est représentée par le marché, la démocratie et la foi. Le même éloge de l’errance se retrouve dans de nombreux mythes et récits bibliques dans lesquels est recyclé le grand mythe, cher au XIXe siècle, du juif errant, sans feu ni lieu (voir Du nomadisme : vagabondages initiatiques, 2006, de Michel Maffesoli, qui est ainsi articulé autour des thèmes du « juif errant », des « villes flottantes » et d’Hermès, tandis que, plus récemment, Le Siècle juif, 2009, de Yuri Slezkine, met en scène l’opposition entre « apolliniens » sédentaires et « mercuriens » nomades fonctionnels).

Il serait inutile de s’étendre sur le caractère fantasque et stéréotypé de cette pensée constructiviste, très souvent déconnectée du réel et des rapports avec les sociétés nomades « réelles », lesquelles n’existent jamais sous la forme de l’errance et de l’isolement. En fait, loin du caractère utopique et purement incantatoire de nomadisme, la diffusion de ces nouvelles formes de représentations sociétales devait servir de levier de déracinement (par les processus d’acculturation/déculturation) et d’uniformisation marchande par la promotion de l’individu comme élément central des sociétés contemporaines pour les besoins du capitalisme tardif en tant qu’acteurs de production totalement flexibles et disponibles, mobiles tout comme le sont les chasseurs-cueilleurs et nomades dans les sociétés primitives. En effet, l’idéologie néo-libérale et le nouveau capitalisme de séduction mis en exergue par Michel Clouscart instrumentalisera avec succès l’anthropologie libertaire des sociétés nomades en transposant sur l’individu et le monde du travail les caractéristiques de sociétés passées et/ou exotiques en y appliquant les nouvelles pratiques « new age » telles que les coach-chamanes, la sophrologie et le « développement personnel ».

La dissémination est le propre de la démarche post-moderne qui dans l’optique Derridienne serait destinée à interrompre et empêcher la totalisation, s’insurgeant contre l’idée de centre et de totalité, préférant le réseau et la dissémination, par l’effacement des repères normatifs et leur remplacement par une logique en apparence fluide mais opératoire. Sur le plan social et politique, la dissémination des processus dissolvants migratoires s’emploie à déconstruire de l’intérieur une société structurée par la verticalité de l’institution politique au profit de l’économique. La dissémination migratoire est le reflet de cette même post-modernité qui se fonde sur une réalité discontinue, fragmentée, archipélique, modulaire où la seule temporalité est celle de l’instant présent, où le sujet lui-même décentré découvre l’altérité à soi, où à l’identité-racine fait place l’identité-rhizome, le métissage, la créolisation, tout ce que Scarpetta désigne, dans le champ esthétique, par le concept d’ « impureté ». Les philosophes post-modernes (notamment Foucault et Agamben) qui ont souligné l’importance des relations de pouvoir dans la formation du discours d’une époque sont devenus, sans le savoir et sans vouloir le reconnaître, les allocataires et les propagateurs de cette nouvelle forme de discours dominant et, selon Alex Callinicos, ont « contribué à créer l’atmosphère intellectuelle dans laquelle celle-ci pouvait s’épanouir », voire post-humaine dans laquelle l’arme de la dispersion indifférenciée migratoire a pour but de liquider la réalité nationale, et d’instituer le règne du « sujet sans intériorité ».

Jure George Vujic

Bibliographie

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– Lucien Febvre, Pour une histoire à part entière, Sevpen, Paris 1962.
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– Jacques Levy, « Frontière », Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, Paris 2003.
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– J. Gottmann, La Politique des Etats et leur géographie, A. Colin, Paris 1952.
– Eric Hobsbawm, Nations et nationalismes depuis 1780 : programmes, mythe et réalité, Gallimard, 1992.

Correspondance Polémia – 14/09/2015

lundi, 14 septembre 2015

Commémorations : mais l’histoire existe-t-elle encore ?

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Commémorations: mais l’histoire existe-t-elle encore?

Ex: http://www.dedefensa.org

Nous avions envisagé comme titre initial “Commémorations : à qui l’histoire appartient-elle?”, puis nous avons préféré le titre que vous lisez, qui est en fait une réponse, elle-même en forme de question, à ce premier projet de titre... “A qui l’histoire appartient-telle ?” Réponse : “Mais l’histoire existe-t-elle encore ?” La réponse est évidemment négative.

Ce (très-vaste) sujet est abordé à l’occasion de la commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui a eu lieu hier en Chine, un jour après le 70ème anniversaire de la signature de l’armistice entre le Japon et les puissances alliées le 2 septembre 1945. (Voir aussi une contribution de dedefensa.org le 2 septembre 2015.) Cette commémoration en Chine suit la commémoration à Moscou, le 9 mai dernier, de la signature de l’armistice de 1945, entre l’Allemagne et les puissances alliées. Ces deux évènements sont singuliers et marquent, ou plutôt confirment une sorte de bouleversement de la fonction mémorielle de l’histoire, et de l’histoire elle-même.

Pour ce qui est de la fonction mémorielle, il est devenu évident que l’acte de la commémoration représente désormais un acte politique, où le symbolique est utilisé directement comme un acte de la politique. C’est la première fois, cette année, que les commémorations de 1945 sont interprétées directement de cette façon, dans une atmosphère d’antagonisme exacerbé. C’est cet aspect que présente le texte présenté ci-dessous, de Mikhail Gamandiy-Egorov pour Sputnik-français, le 3 septembre 2015. Gamandiy-Egorov présente la célébration du 3 septembre, après celle du 9 mai, respectivement dans les deux capitales du nouvel axe Moscou-Pékin, comme une affirmation de la nouvelle multipolarité du monde contre la vision unipolaire des USA, ou plutôt du bloc BAO selon notre terminologie. Nous présentons également un extrait d’un texte de MK Bhadrakumar, en date du 27 août 2015, qui donne une appréciation des effets de la Seconde Guerre mondiale sur la situation actuelle en Asie, en mettant l’accent sur certains points intéressants, – le plus intéressant étant certainement celui de la présence à Pékin de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, montrant que l’antagonisme avec le Japon qui unit la Corée du Sud et la Chine (souvenirs de la guerre) est extrêmement fort aujourd'hui face au Japon qui voudrait affirmer sa puissance militaire, et plus fort dans le cas sud-coréen que les consignes des USA.

On retrouve donc les mêmes caractères que lors de la commémoration de Moscou, avec le même boycott de la part des mêmes pays du bloc BAO, à peu près selon les mêmes lignes de conduites, parfois avec des arguments exotiques qui montrent une complète absence d’attention diplomatique pour de tels actes, c’est-à-dire le degré étonnant de crudité et de primitivisme auquel est réduite aujourd’hui la politique, surtout lorsqu’il s’agit de prendre en compte des facteurs historiques et culturels. Lorsque Spuntik-français écrit, le 1er septembre 2015 que le porte-parole de la Maison-Blanche «a déclaré lundi lors d'une conférence de presse qu'il ne connaissait rien du projet du président chinois de commémorer cette date et notamment du défilé donné à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale», on se dit que le réseau russe pousse un peu du point de vue de la traduction... A peine, à peine, puisque lorsqu’on consulte le texte officiel (le 31 août 2015), on tombe sur cet échange où, effectivement, le porte-parole Josh Earnest n’a pas l’air au courant de grand’chose, y compris, peut-être, le fait lui-même de la Deuxième Guerre mondiale après tout ... (On notera, en passant, que la question elle-même est truffée d’inexactitudes diverses, situant le climat culturel des connaissances à cet égard, et de l’intérêt pour tout ce qui n’est pas Washington D.C.)

Question : «President Xi this week is hosting a sort of military parade to commemorate the 70th anniversary of World War II, and a lot of U.S. allies... Prime Minister Modi, Prime Minister Abe... have declined their invitations to go to that ceremony. I'm wondering if you think that it's appropriate, considering some of the regional tensions, for him to be hosting this, and if this is something that came up with Susan Rice.»

Josh Earnets : «Justin, I don't know if this came up in the context of the National Security Advisor’s trip to China. I can check on that for you. Actually, I will acknowledge I was actually not aware of the Chinese President’s plans to mark the end of the second world war, but you might check with the State Department to see if they have an official response to this. And I'll see if I can get my colleagues at the NSC to respond to your question in terms of whether or not this came up in Dr. Rice’s visit to China this week.»

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Au reste, si l’on s’en tient à cette réponse assez étrange du porte-parole de la Maison-Blanche, qui aurait aussi bien pu la raccourcir en disant simplement qu’il est actually not aware of the end of the second world war et qu’il peut éventuellement check on that for you auprès de ses collègues du NSC, on en vient au constat que tout cela n’a plus rien à voir avec l’histoire elle-même que la commémoration est censée célébrer. Il y a là un phénomène en pleine accélération, né avec les évènements d’Ukraine, les diverses narrative, les diverses récritures de l’histoire (des évènements de la Seconde Guerre mondiale) développées pour pouvoir répondre à la logique de fer du déterminisme-narrativiste, etc. L’histoire, dont la commémoration est devenue un enjeu presque exclusif pour les évènements en cours selon l’interprétation de communication qu’on veut leur donner, est en train de se transformer en un magmas incompréhensible et insaisissable qui n’a plus pour fonction que de correspondre à l’événement de communication “du jour”. Bien entendu, cette évolution est toute entière et absolument de la responsabilité du Système mais elle entraîne nécessairement des réactions antiSystème qui sont nécessairement déployées dans le même sens, – car comment faire autrement ? Que la Chine commémore comme elle le fait la la victoire alliée sur le Japon est une façon de réparer une grande injustice, parce que le rôle de la Chine dans cette victoire a souvent été minorée, sinon complètement ignorée dans les diverses commémorations faites depuis 1945. Pour autant, commémorer cette victoire alliée quasiment in absentia des États-Unis, du Royaume-Uni, etc., n’a pas tellement plus de sens.

Ainsi l’action du Système tend-elle à étouffer, non plus telle ou telle version de l’histoire, mais l’histoire elle-même, en tant que récit fondamental de notre passé commun. D’une certaine façon, on observera que cela n’a rien pour étonner dans la mesure où se développe à très grande vitesse une perception du monde qui se résume dans la formule dite du big Now, bannissant toute existence du passé et réduisant l’avenir à une formule postmoderne qui proclame une sorte de “présent éternel” contenant à la fois le “présent“ et le “futur inéluctable de ce présent”. Cela permet effectivement de faire passer à peu près tout, de proclamer un jour Pravy Sektor mouvement patriotique de libération d’Ukraine, sans s’interdire une seule seconde de le condamner le lendemain comme mouvement “fasciste” téléguidé par Moscou, ou d’affirmer que l’armée ukrainienne a libéré Auschwitz, ce qui permet de fêter le 70ème anniversaire de la libération d’Auschwitz en se passant d’inviter Poutine, représentant actuel de l’Armée Rouge qui libéra le camp.

Le constat de cette expulsion de l’histoire de notre champ de perception, correspondant à la dissolution de la “réalité” au profit de narrative éventuellement diverses, n’est pas un phénomène absolument nouveau et certainement pas inattendu si l’on observe l’évolution du Système. Mais il est extrêmement rapide (évident depuis l’Ukraine) et il n’est jamais apparu aussi évident qu’aujourd’hui. Bien entendu, la disparition de l’histoire telle qu’on l’observe ici ouvre toutes grandes les portes à l'interprétation de la métahistoire, tout comme la disparition de la “réalité” ouvre l’intuition à des constats de “vérités de situation” dont la richesse et la puissance sont incontestables. Bien entendu, nous persistons plus que jamais à considérer que le grand perdant dans cette opération est le Système parce qu’il perd ainsi toute sa légitimité globale qu’il tenait d’un récit de l’histoire jusqu’alors arrangé à son avantage (ce que nous avions notamment traduit par l’idée de métaphysique de l’Holocauste).

Cela ne signifie pas nécessairement que cette légitimité passe à l’antiSystème qu’on pourrait identifier notamment dans l’axe Moscou-Pékin, parce qu’on sait, justement, comme on l’a souvent rappelé, que cette fonction d’antiSystème se développe au sein même du Système (des pays comme la Russie et comme la Chine sont, selon notre formule, “un pied en-dedans, un pied en-dehors” par rapport au Système). L’antiSystème n’est pas une alternative au Système, ce n’est pas une entité d’une essence nouvelle mais une simple fonction, dont la dynamique est de facto d’attaquer le Système, même si cela revient à attaquer le cadre dans lequel on est soi-même installé. (Bien entendu, il faut apporter des nuances à cette règle, mais on les connaît, et certaines auront peut-être, voire certainement un rôle à jouer lors de l’arrivée à maturation extrême de la Grande Crise d’effondrement du Système actuellement en cours ; l’une des nuances les plus connues, d’une grande importance, est la résilience de la nation russe et sa force spirituelle qui, à côté de la fonction antiSystème de la Russie, font de ce pays un acteur central des bouleversements à venir.)

Le résultat général de l’évolution qu’on décrit ici est simplement la disparition de la légitimité comme principe, comme d’ailleurs la disparition de la structure principielle en général, et par conséquent l’affaiblissement du Système qui avait depuis longtemps repris à son avantage l’exploitation subversive de cette structure. Le résultat opérationnel est visible de plus en plus chaque jour, comme le constatait très récemment un orfèvre en la matière, Tony Blair, dont l’article du 31 août 2015 a été l’objet d’une analyse dans notre F&C du 1er septembre 2015. (L’on notera que cet article il a été traduit pour Le Monde, il a été très remarqué dans les milieux européens, – les moutons vont toujours par troupeaux, – avec des commentaires alarmistes devant cette description du surgissement de phénomènes antiSystème jugés “incohérents” et donc insensibles à quelque riposte que ce soit. L’article de Blair, lui-même apprécié comme extrêmement avisé sinon admirable du point de vue de la vision politique, est partout cité dans les milieux-Système, surtout européens, comme un signal d’alarme, et essentiellement dans ce cas parce que le “magicien-Blair” avoue qu’il ne sait pas comment on peut riposter devant de telles inconvenances. Que tout ce remue-ménage puisse encore être produit par un Blair, même un Blair-s’avouant-impuissant, donne une mesure des capacités du Système et de sa hauteur de pensée.)

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... Mais nous devons en revenir à des préoccupations plus terre-à-terre, qui ont salué cette commémoration chinoise du 70èmre anniversaire de la capitulation du Japon. Dire “plus terre-à-terre” ne signifie de notre part nul dédain ni condescendance, mais simplement une description opérationnelle. Pour le reste, la bataille Système versus antiSystème a lieu à tous les échelons, partout, de toutes les façons. Il n’y a rien qui ne mérite d’être salué pour sa participation à la bataille contre le Système... Voici donc les deux textes complet/partiel que nous avons annoncés plus haut.

dedefensa.org

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Après Moscou, la grande marche multipolaire se poursuit à Pékin

La grande alliance multipolaire une nouvelle fois en marche ! Après le défilé de la Victoire du 9 mai dernier à Moscou, célébrant le 70ème anniversaire de la victoire sur le nazisme, cette fois c'est l’allié chinois qui célèbre depuis sa capitale Pékin la fin de la Seconde guerre mondiale.

Pour rappel, l'URSS et la Chine ont perdu respectivement 27 millions et 20 millions de morts (militaires et civils) durant ce conflit, faisant des deux pays ceux qui ont sacrifié le plus pour anéantir la peste brune.

A noter la participation en plus des forces armées de la République populaire de Chine et à l'instar du défilé de la Victoire de Moscou, des forces armées d'autres pays. Et comme pour remercier les amis chinois d'avoir été la plus grande délégation étrangère lors du 9 mai à Moscou, à Pékin ce sont les forces russes qui étaient deuxièmes en termes d'effectifs, après bien évidemment les forces armées chinoises. A noter aussi l'absence à Pékin de tous les dirigeants occidentaux. Seul le courageux président tchèque a fait le déplacement comme il l'avait déjà fait à Moscou, étant ainsi le seul chef d'Etat représentant un pays de l'UE. Pour le reste que des ambassadeurs des pays dits du monde "civilisé". A l'opposé donc des dirigeants russe, kazakh, biélorusse, kirghize, sud-africain, vénézuélien, serbe et d'autres, qui ont bien été présents à Pékin, et pour qui l'histoire ne se réécrit pas.

Pour revenir au défilé, qui a été grandiose, en plus donc des représentants de l'Armée populaire de libération (nom officiel de l'armée chinoise), y ont pris part aussi les militaires de la Russie, de la Biélorussie, du Kirghizistan, du Venezuela, de Cuba, de Mongolie, du Mexique, du Kazakhstan, d'Egypte, du Tadjikistan, du Pakistan, de Serbie, de Cambodge, du Laos, des Fidji et du Vanuatu.

On pouvait aussi observer, comme ce fut le cas à Moscou, les présidents chinois et russe, côte à côte, tout au long du défilé. Et malgré toute la puissance affichée de la Chine, le leader chinois n'a pas manqué de noter dans son allocution que son pays est déterminée à défendre la paix: "La Chine ne recherchera jamais d'hégémonie, pas plus qu'elle ne cherchera à s'étendre. Elle n'imposera jamais des souffrances tragiques à d'autres nations", a affirmé ainsi le président Xi Jinping. Un message clair, précis et plein de sens. Un sens d'ailleurs qui devrait faire méditer une fois de plus le leadership d'un certain nombre de pays, dont un en particulier.

Ce qui est certain, c'est que par cette vision commune de l'histoire des leaders et des peuples de Russie et de Chine, mais également par une vision très proche sur l'avenir du monde, qui ne peut être que multipolaire, l'humanité attend avec espoir la suite des événements. Et compte tenu des événements que l'on observe en ce moment, il ne peut y avoir que deux suites logiques: soit le monde multipolaire s'impose une bonne fois pour toute et les partisans de l'unipolarité dépassée l'acceptent. Soit les habitués du monde unipolaire continuent à prétendre de garder leur hégémonie sur toute la planète, avec tout le chaos qui en découle.

Reste grandement à espérer que c'est la première option qui l'emportera, même si vraisemblablement du temps supplémentaire sera nécessaire, ainsi que des efforts communs de tous les partisans de la multipolarité, peu importe que nous soyons citoyens de grands ou de petits pays.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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China’s WW2 parade guest list has meanings

[...] The western countries have a misconception that if they do not grace an international event, it loses importance. It’s a hangover from the colonial era. But then, the vanity has limits, too – provided, there is serious money involved. How the western countries fell over each other to join the China-led Asian Infrastructure Investment Bank [AIIB] as ‘founding members’ is legion. They instinctively saw AIIB as a free ride on Chinese money and no amount of American persuasion could keep them away from the honey pot. Britain and Germany hold very little equity in the AIIB in comparison with India, but are keen on the commercial spin off from the investment projects.

Alas, there is no money in China’s celebrations over the 70th anniversary of World War II. And there is no David Cameron at the ceremony in Beijing on September 3. The western media insists it’s a ‘snub’. Whereas, China says it didn’t press the invite but left to the invitees to suit themselves. At any rate, why should any country ‘snub’ China for celebrating a magnificent victory over fascism? There wasn’t any Holocaust in the Asian theatre, but the marauding Japanese army was no less horrific in war crimes than Nazi Germany.

China wasn’t the aggressor in World War II. It didn’t spill Anglo-Saxon blood. China’s participation took the form of its liberation struggle against Japanese imperialism. No doubt, the impact of World War II on the Asian region was historical. Fundamentally, the war galvanized the national movements across the region. Asia could shake off the colonial yoke, finally.

But in geopolitical terms, the single biggest beneficiary turned out to be the United States. The war on Japan – and the deliberate use of atomic weapons – enabled the US to eventually get embedded in the Asian region. Today, it claims to be an ‘Asian power’. On the other hand, the biggest loser was Imperial Britain, since its decline as a second rate power really began when it found that clinging on to the Indian colony was no longer sustainable. Of course, India’s independence in 1947 is attributable to World War II.

All the same, if the expected line-up in Beijing next week is interesting, it is for three reasons. First, Russian President Vladimir Putin’s presence in Beijing on September 2-4 affirms beyond doubt that the quasi-alliance between the two big powers is only getting stronger by the day and world politics and the international system will be profoundly affected by the Sino-Russian strategic partnership.

Second, the absence of the western countries at the celebrations underscores that they are a long way from accepting China as a strategic partner – and, furthermore, that if push comes to shove, blood will prove thicker than water and the Europeans will dutifully line up behind the US in any confrontation with China. Germany or Britain cannot do without the Chinese market to ensure that their economies remain resilient, but they see China inherently as an adversarial power in the world order. Their disquiet over China’s rise is compounded by the acute awareness of the West’s decline after a long history of global dominance since the Industrial Revolution.

Third, the presence of South Korean President Park Geun-hye as well as the absence of Japanese Prime Minister Shinzo Abe and North Korean leader Kim Jong UN will make a significant template of the emergent realignments in the politics of the Far East. China and South Korea have drawn together as strong economic partners, while Park’s presence in Beijing will underscore the two countries’ shared concerns over the rise of militarism in Japan under Abe. Significantly, setting aside speculations, Park decided to attend the military parade as well...

M.K. Bhadrakumar

dimanche, 13 septembre 2015

Quels scénarios d’avenir pour la Syrie?

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Quels scénarios d’avenir pour la Syrie?

par Romain Dewaele et Antoine Valentin

Ex: http://globalediplomatie.com

Afflux de réfugiés, nettoyage ethnique, guerre civile, démodernisation des combats, violence extrême,  brutalisation (G.Mosse) des sociétés, guerre chiites/sunnites, guerre par procuration des puissances régionales, un régime autoritaire toujours là, les horreurs de l’État Islamique, une opposition hétéroclite et sans agenda, un pays en ruines, bref la Syrie est de facto morte.

Une fois ce constat  fait, quels peuvent être les scénarios d’avenir à moyen terme pour la Syrie ?  Son emplacement stratégique dans la région, ainsi que l’implication des grandes puissances et des acteurs régionaux ne peuvent laisser la Syrie devenir une Somalie bis.

Première hypothèse : un scénario à la libyenne.

Progressivement l’armée régulière exsangue ne peut tenir ses positions dans la Syrie « utile ». Ravagée par la guerre des services qu’impose El Assad pour garder son leadership, l’armée du régime qui subit de plus en plus de défections se montre incapable de garder « l’alaouitistan ». En manque de soutien russe et iranien, et du Hezbollah, l’armée n’arrive pas à contenir les assauts de l’Armée de la Conquête (Al Nosra, Ahrar Al Sham…). D’ailleurs de plus en plus financée par la Turquie, des monarchies du Golfe (et peut-être armée par la France). Bachar El Assad tombe, les Alaouites fuient, tout comme les Chrétiens pour éviter les massacres, Israël créer un couloir aérien pour que les Druzes se réfugient chez leurs « frères » Israéliens. La Turquie bombarde le PYD (branche syrienne du PKK) pour obtenir une zone tampon peuplée de Turkmène entre la Turquie et le Kurdistan syrien. La Syrie est donc partagée entre le Kurdistan et le glacis turkmène au nord, l’Armée de la Conquête qui contrôle la moitié ouest du pays, et l’État Islamique à l’est, ce dernier contenu par la coalition internationale. L’Armée de la Conquête installe dans sa zone un régime sunnite, mais les factions de l’Armée de la Conquête sont divisées, elles ne sont pas désarmées, aucun chef ne s’impose, les structures de l’État syrien sont en lambeaux, et l’arsenal militaire du régime est récupéré de multiples factions. Au niveau régional, le Liban, déjà en proie à un blocage institutionnel et à l’afflux de réfugiés est en danger, tout comme Israël, et la Jordanie.

Seconde hypothèse le statut quo.

Le Hezbollah avec des volontaires, l’Iran et la Russie avec des armes et des financements parviennent à faire tenir le régime, qui depuis  entame un repli stratégique en concentrant ses forces sur « l’Alaouitistan » et cesse d’être un État « checkpoint » en privilégiant la continuité territoriale à la dispersion. Les combats font toujours rage entre le régime, l’Armée de la Conquête, l’Armée Syrienne Libre et l’État Islamique. Les réfugiés continuent à affluer en Europe et surtout dans les pays de la région. Les frappes de la coalition internationale permettent de contenir Daesh mais pas de l’endiguer. Comme dans toute guerre civile, les puissances étrangères jouent leur cartes, dans cette hypothèse l’intransigeance des puissances domine, aucunes ne lâchent des concessions pour une éventuelle sortie de crise.

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Troisième hypothèse : le départ négocié de Bachar El Assad.

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Dans le cadre d’une médiation, avec d’une part les Russes et les Iraniens, et de l’autre les États-Unis et l’Arabie Saoudite (les Européens excluent du jeu en raison de leur échec en Libye) ; le départ de Bachar El Assad est organisé.  En effet, El Assad est impossible à recycler en raison des 200 000 victimes civiles du conflits, la fracture est désormais trop grande. L’ex leader et sa famille proche trouvent exil en Iran ou en Algérie.  Ce départ négocié veut éviter la création d’un territoire de non-droit dans une zone déjà tendue. Les Russes et les Iraniens font rapidement constituer un gouvernement provisoire entre des anciens du régime et des opposants modérés (Armée Syrienne Libre). L’initiative russo-iranienne veille à préserver l’armée, les services de renseignement, l’administration, bref toutes les sphères de l’État syrien. Le gouvernement provisoire d’union national s’engage à organiser des élections démocratiques sous la surveillance d’observateurs de l’ONU, afin de former une assemblée constituante représentative et équitable démographiquement de toutes les confessions du pays. La Syrie est donc partagée entre le Kurdistan et le glacis turkmène imposé par la Turquie au nord, dans la Syrie « utile » le nouveau régime syrien zone d’influence russo-iranienne est reconnu par la communauté internationale, et à l’ouest, les zones contrôlées par Al Nosra et Ahrar Al Sham sont stabilisés territorialement et deviennent une zone d’influence des Saoudiens, enfin à l’extrême est l’État Islamique. Ce dernier sera rapidement en difficulté : « quand un empire ne progresse pas il s’effondre ». En outre, il sera difficile à Daesh de diriger des zones ni sunnites ni arabes, de même une expansion trop forte de Daesh peut conduire à ce que Paul Kennedy appelait la « sur-extension impériale », où les coûts de la conquête ne compensent pas les gains. Au final, les puissances sunnites ont leurs appuis, l’Iran empêche la création d’une Syrie entièrement sunnite, la Russie garde son accès à la méditerranée, les Alaouites et les Chrétiens partagent le pouvoir avec les sunnites jusque-là marginalisés. Enfin, le but de cette hypothèse est d’éviter un scénario à la libyenne et à l’irakienne pour restaurer un État syrien viable. La nouvelle Syrie ne doit pas de débaasifier, les cadres de l’État doivent perdurer, et toutes les communautés doivent retrouver un rôle politique.

Voilà trois hypothèses d’avenir pour la Syrie, toutes à compléter en fonction des avancées militaires et diplomatiques. Tout en sachant, que depuis l’accord entre les grandes puissances et l’Iran en juillet dernier, on constate un intense ballet diplomatique entre la Russie, l’Iran, la Syrie, l’Arabie Saoudite et des opposants Syriens…À suivre.

 Romain Dewaele et Antoine Valentin

Les Balkans menacés aussi par le GREXIT

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Les Balkans menacés aussi par le GREXIT

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Tournons un court instant le projecteur vers les Balkans et regardons ce qu'on y craint aujourd'hui plus que tout.


En effet, tout l'été, plusieurs pays des Balkans, ceux qui ont de forts liens financiers et commerciaux avec la Grèce sont en état d'alerte devant une contagion possible de la crise grecque, la sortie toujours possible d'Athènes de l'euro zone, sur leurs territoires. En mai dernier, la banque américaine Morgan Stanley avait ainsi anticipé de possibles problèmes de paiement pour la Bulgarie, la Roumanie et la Serbie du fait que de nombreuses banques grecques possèdent une participation en actions importante dans ces trois pays. Les banques centrales de Bulgarie et de Roumanie ont officiellement écarté depuis avoir un quelconque problème sur leurs avoirs, insistant même pour souligner que dans tous les cas, il s'agissait ou s'agira de banques nationales à participation grecque et non de banques purement grecques. Pourtant, 25 % du système financier bulgare est, par exemple, aux mains de quatre banques grecques : Alpha Bank, UBB, Pireaus Bank et Postbank et ces quatre banques grecques sont présentes dans tous les Balkans.  La crise bancaire internationale qui se dessine n'annonce donc rien de bon pour la région. Certains experts craignent que la panique n'ait des effets largement négatifs dans tous les Balkans, l'une des régions toujours les plus fragiles de l'Europe. Les relations économiques entre la Bulgarie et la Grèce sont étroites et ce, pas seulement dans le secteur financier mais aussi en ce qui concerne les infrastructures, l'industrie et le commerce bilatéral. 7 % des exportations bulgares vont vers la Grèce. Le Grexit affectera aussi forcément la Bulgarie à travers les 300 000 Bulgares qui travaillent en Grèce et qui comme tout immigré, enverront moins d'argent au pays ou alors des fonds totalement dévalués en drachmes.


Par rapport à la Grèce, la Roumanie n'est guère mieux lotie. 


Moins exposée que la Bulgarie, les autorités roumaines craignent aussi les effets collatéraux de la crise grecque comme une dévaluation de leur monnaie, le leu. Dans tous les cas, la Banque nationale roumaine avoue redouter, à court terme, de sérieuses difficultés monétaires et budgétaires. De plus, à Bucarest, la sortie de la Grèce de l'euro aura nécessairement un effet négatif sur l'entrée de la Roumanie dans l'euro zone. La Roumanie qui a reporté plusieurs fois cette entrée dans la monnaie unique européenne, la souhaite pourtant pour 2019 ou 2020.


Situation Serbe 


La Banque Centrale a assuré que l'exercice dans le pays des quatre banques grecques citées plus haut n'est pas en danger ni menacée. Entre 2005 et 2011, la Grèce fut d'ailleurs le troisième investisseur en Serbie avec un total de 1 300 millions d'euros qui généra 25 000 emplois. Mais depuis 2011, l'investissement grec s'est bien évidemment tari en raison de la faillite de l'Etat hellénique même si l'échange commercial entre les deux pays demeure toujours élevé avec le chiffre en 2014 de 427,12 millions d'euros.


La Hongrie mobilise son armée


La Hongrie a déjà entamé la construction d'une barrière, d'un mur le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie afin de contenir l'afflux de migrants, principalement des réfugiés originaires de Syrie, qui tentent de rejoindre l'espace Schengen . Hier, la Bulgarie annonçait l'envoi de blindés et de militaires le long de sa frontière avec la Macédoine. L'Autriche s'est aussi résolu à mobiliser des militaires afin de soutenir l'action de l'État autrichien dans les camps de réfugiés et les centres d'accueil. 


Lundi, près de 2.000 migrants sont entrés dans l'Union européenne par la frontière serbo-hongroise. Un record pour une seule journée mais l'Europe est prospère et en paix, nous avait-on promis. Vous en souvenez-vous ?

Un ancien patron de la CIA veut s’allier avec Al-Qaïda…

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Un ancien patron de la CIA veut s’allier avec Al-Qaïda…

 
Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

S’allier aux terroristes de Jabhat al-Nosra, c'est-à-dire Al-Qaïda en Syrie et en Irak, pour lutter contre d’autres terroristes, ceux de Dae’ch, l’organisation « Etat islamique », est la dernière trouvaille du général David Petraeus. Cet ancien chef de la CIA vient d’expliquer ce qu’il pense être « une impérieuse nécessité » au site américain d’information The Daily Beast[1]. Comme plusieurs experts américains, ce général en retraite qui fût en charge de la lutte anti-terroriste en Irak avec le succès que l’on sait, qualifie les terroristes de Nosra de « combattants modérés ». Evidemment par rapport aux fêlés de Dae’ch, c’est une question d’appréciation… Commandant en chef des forces américaines en Afghanistan, ce bon Petraeus était déjà l’inventeur du concept très discutable de « Taliban modéré » dont on peut, aujourd’hui encore, vérifier toute la pertinence alors qu’il ne se passe pas un jour sans qu’un ou plusieurs attentats meurtriers n’ensanglantent Kaboul et ses faubourgs…

Cette conception de la « modération » est l’une des vieilles marottes des « experts » du Pentagone, spécialistes dans le déclenchement de guerres désastreuses - en Afghanistan, dans les zones tribales pakistanaises, au Yémen, en Irak et ailleurs - et de solutions post-conflits toutes aussi foireuses. La méthode est simple, brutale autant que répétitive : on casse tout et ensuite on réfléchit afin de bricoler des alternatives politico-militaires supplétives et susceptibles de garantir les intérêts stratégiques, économiques et politiques de l’invincible Amérique. Chacun se souvient comment fut lancée la troisième guerre du Golfe au printemps 2003, enchaînant les mensonges d’Etat avec la complicité de la grande presse occidentale, en contournant l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies. L’allié britannique de l’époque - Tony Blair (voir notre dernier Editorient) - osait affirmer que les armes de destruction massives irakiennes (de la troisième armée du monde !) restées pourtant introuvables, pouvaient menacer la planète entière en moins de 45 minutes… Fichtre ! On se souvient aussi comment, dès la chute de Bagdad, le pro-consul américain Paul Bremer congédiât l’ensemble des cadres de l’armée irakienne et du parti baath, les institutions les plus structurantes du pays, hormis les grandes confédérations de tribus.

Dans un tel contexte, nul n’était besoin d’être ni devin, ni grand expert militaire pour anticiper une suite qui verrait immanquablement la fragmentation communautaire et territoriale de ce grand pays, désormais livré aux factions jihadistes et mafieuses où il s’agissait donc de repérer les « modérés » pour essayer d’endiguer une implosion pourtant programmée ! Encore bravo ! Ainsi, en 2007, le même général Petraeus a dépensé beaucoup d’énergie et d’argent afin de convaincre des milices sunnites de s’allier avec les troupes américaines plutôt que de combattre aux côtés… d’Al-Qaïda. En effet, avec beaucoup de dollars, cette tactique a vaguement fonctionné quelque temps, repoussant les partisans d’Oussama Ben Laden aux confins du désert syro-irakien. De cette brillante stratégie devait naître Dae’ch, quelques années plus tard.

Ces tentatives d’instrumentalisation de l’islam radical sunnite ne datent pas d’aujourd’hui. Bien avant Lawrence d’Arabie, les services britanniques de New Delhi et du Caire en avaient fait l’un de leurs principaux leviers de domination impériale : diviser pour régner, jouer les minorités les unes contre les autres et tribaliser les Etats-nations en devenir tout le long de la route des Indes, en Asie, en Afrique et ailleurs. Dès la fin de la Seconde guerre mondiale, lorsqu’ils ont pris le relais aux Proche et Moyen-Orient, les Américains ont bien intégré la leçon et l’ont mise en pratique partout où ils se sont installés durablement. Ce fût notamment la signature du Pacte du Quincy entre le président Roosevelt et le roi d’Arabie Ibn Séoud - premier accord de protection de la ploutocratie saoudienne contre l’exploitation monopolistique des plus grandes réserves mondiales d’hydrocarbures -, pour 60 ans. Renouvelé en 2005 par l’administration Bush pour une nouvelle période de soixante années, cet accord n’a pas fait l’objet d’une grande attention de la part de nos grands experts de la région.

Tout aussi logiquement, et après avoir poussé Nasser dans les bras de l’Union soviétique, les administrations américaines successives (républicaines et démocrates) n’ont cessé de cirer les pantoufles des Frères musulmans, à l’époque déjà largement financés par le roi Fayçal d’Arabie. Dès le milieu des années 50 et jusqu’à aujourd’hui, les Américains se sont littéralement amourachés des Frères et plus largement du sunnisme radical. Pour quelques raisons très simples : là où sont les Frères, il n’y a pas se syndicats, pas de communistes ni de nationalistes arabes ; la jeunesse se contente de faire des allers et retours entre la mosquée et McDo ou Pizza-Hut. C’est bon pour les affaires et contenir les Rouges… Il faut ressortir la belle photo d’une délégation de Frères musulmans emmenée par Saïd Ramadan (le père du télé-coraniste actuel, Tarek, sorte de BHL de l’Islam contemporain) dans le bureau ovale de la Maison Blanche, bras-dessus-bras-dessous avec le président Eisenhower durant les plus belles années de la Guerre froide pour mieux comprendre pourquoi et comment les services américains, saoudiens et pakistanais fabriqueront plus tard Oussama Ben Laden !

Dans un petit livre définitif - Ben Laden, secret de famille de l’Amérique -, l’écrivaine indienne Roy Arundhati décrit par le menu cette logique américaine implacable de la « modération » islamiste. Dans un autre registre, travaillant sur les filières de financement - Les Dollars de la terreur[2] -, nous nous rappelons à quel point nous retombions fatalement, presque toujours, sur un mixte très dosé de services américains, de financements saoudiens et de logistiques fréristes, dans le montage de la plupart des attentats terroristes qui vont de février 1991 (fin de la deuxième guerre du Golfe) jusqu’à ceux du 11 septembre 2001. Ensuite, la nébuleuse Ben Laden s’est décentralisée entre l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe, mais en suivant toujours les mêmes logiques américaines de la « modération » de l’islam radical sunnite, avec les mêmes bailleurs de fonds des pays du Golfe et les mêmes télé-coranistes…  

L’ayant interviewé à plusieurs reprises, j’ai toujours été chaque fois sidéré par l’ancien conseillé à la sécurité du président Carter - Zbigniew Brzezinski - qui se vantait d’avoir personnellement attiré l’ours soviétique dans le guêpier afghan. Aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, il affirmait le plus tranquillement du monde que les 3000 victimes du World Trade Center n’étaient rien, historiquement absolument rien au regard de la victoire américaine contre le bloc de l’Est ! Par contre, il était plus discret sur la suite, sur la façon dont les jihadistes fabriqués par les services américains se retourneront contre leurs maîtres. L’histoire complète de l’alliance des Etats-Unis avec l’islam radical sunnite reste à faire pour bien évaluer comment les dérives meurtrières actuelles d’Al-Qaïda, de Dae’ch, d’AQMI, de Boko-Haram ou des Shebab somaliens tiennent principalement aux erreurs d’appréciation, de gestion et d’anticipation des prédécesseurs, des contemporains et des successeurs du bon général Petraeus…

Le plus navrant de cette histoire est de voir comment la « politique arabe » de la France du général de Gaulle et de François Mitterrand s’est abîmée dans le précipice de la « politique sunnite » de Laurent Fabius qui, en août 2012, se félicitait du « bon travail accompli par les petits gars de Nosra… » La France éternelle a-t-elle à ce point perdu toute son expertise de l’Orient compliqué pour s’aligner inconditionnellement sur les désastres répétitifs orchestrés par Washington ? La dernière idée du général Petraeus est malheureusement du Fabius dans le texte. Celui-ci est tellement irrespectueux des analyses produites par sa propre administration qu’il est bien capable de revendiquer, un de ces jours prochains, la paternité de cette nouvelle pirouette américaine. A terme, l’obsession partagée par Laurent Fabius et François Hollande de vouloir « punir » et « neutraliser » Bachar al-Assad pour vendre encore plus d’armes aux pays du Golfe coûtera très cher à la France. Pour l’heure, elle coûte déjà très cher à notre cher Liban, sans président de la République depuis plus d’une année, parce que Paris cherche à imposer un candidat qui soit adoubé par Riyad et Washington…      

Richard Labévière, 9 septembre 2015  

[1] The Daily Beast est un site Web créé en 2008 et appartenant au groupe IAC. Ce site a été fondé par la journaliste Tina Brown, ancienne journaliste du New-Yorker et de Vanity Fair, qui en est aujourd'hui la rédactrice en chef. The Daily Beast publie ses propres articles, mais agrège également le contenu d'autres sites d'information.

[2] Editions Grasset, avril 1998.

samedi, 12 septembre 2015

Monde multipolaire: Chine, Russie, quelles stratégies?

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VERS UN MONDE MULTIPOLAIRE

« Chine-Russie : quelles stratégies ? »

Alexandre ORLOV*
Ex: http://metamag.fr
 
Parler de la Russie et de la Chine, c'est parler,  non seulement du présent, mais aussi de l'avenir , de l'ordre mondial de demain.

Nous comprenons tous que la portée des relations russo-chinoises dépasse largement le cadre bilatéral. Elles constituent un facteur puissant de formation d'un monde multipolaire.

Oui, notre monde est en passe de devenir multipolaire. C'est un processus objectif et irréversible. On peut toujours essayer de le ralentir, mais personne n'est désormais en mesure de l'arrêter.

De fait, dans l'ambition d'assurer leur hégémonie, de maintenir la domination unipolaire, les Etats-Unis suivent le cap de l'endiguement de nouveaux pôles d'influence – avant tout la Russie et la Chine.

A l'égard de la Russie, cette politique d'endiguement prend une forme ouvertement agressive. On inflige à mon pays des sanctions chaque fois nouvelles – et ce, sans plus aucun lien avec la situation en Ukraine. Des bases militaires américaines et de l’OTAN poussent sur ses frontières tels des champignons, on y construit le bouclier antimissile américain. On lui livre une guerre médiatique, psychologique et économique.

Pour la Chine, cette même politique d'endiguement revêt un caractère latent, voilé. C’était d'ailleurs pareil pour la Russie, jusqu'à ce que la crise en Ukraine ne fasse tomber les masques.

La tactique utilisée est pourtant la même. 

Pour justifier cette politique d'endiguement, on impose à l'opinion publique toutes sortes de mythes – sur la "menace" russe ou chinoise ou sur "l'antagonisme idéologique" entre l'est et l'ouest.

Mais en réalité, ni ces menaces imaginaires, ni l'antagonisme idéologique, propres à l'époque de la guerre froide, n'existent. Il n'y a que l'ambition américaine de domination universelle. De la géopolitique à l’état pur.

Il faut bien comprendre que, malgré toute la diversité des systèmes politiques ou des valeurs, la multipolarité moderne n'est pas de nature idéologique. Au contraire, elle résulte en grande mesure du fait que le modèle du développement capitaliste né en Europe Occidentale et aux Etats-Unis s'est enraciné dans d'autres régions du monde. Tout espoir de bloquer l'émergence d’un monde multipolaire est illusoire. Toute tentative d'empêcher ce processus porte un grave préjudice au système de  sécurité universelle et sape le développement économique global. 

On a beau s'y accrocher, le modèle unipolaire restera immanquablement dans le passé. Il ne correspond plus au monde moderne, qui est bien trop varié et bien trop complexe. Aucun pays, aucun groupe, aussi puissant soit-il, n'est capable aujourd'hui de résoudre les problèmes universels à lui-seul.

Les États-Unis ont échoué dans le rôle de leader universel 

Ils se sont comportés tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ils ont piétiné le droit international – en Yougoslavie, en Irak, en Libye ou au Yémen. Ils ont poussé le Moyen Orient dans le bourbier du chaos et des guerres civiles, ils ont libéré de sa bouteille l’esprit de l’islamisme radical. Ils ont trahi la confiance de leurs alliés les plus proches, car eux-mêmes ne faisaient confiance à personne, les considérant comme des Etats satellites ou des vassaux, d’où l'espionnage et l'ingérence dans les affaires intérieures, y compris par l'application extraterritoriale des décisions de justice américaine.
 
Pour beaucoup d'Occidentaux l'émergence d'un nouveau monde multipolaire apparaît comme chaotique, mais c'est parce que les vielles méthodes unipolaires de prise de décisions et de règlement des conflits ne fonctionnent plus. Nos partenaires occidentaux n'ont toujours pas appris, ou ne veulent tous simplement pas apprendre à travailler d'une façon nouvelle – par le compromis. Ainsi ils associent la fin de l'ordre unipolaire à la fin de l'ordre tout court, à l'arrivée du chaos universel.
 
Je tiens à souligner que la Russie, aussi bien que la Chine, j'en suis certain, sont sincèrement intéressés à développer avec les Etats-Unis, qui étaient et restent une grande puissance mondiale, des relations étroites et mutuellement avantageuses. Pourtant, le vrai partenariat ne serait possible que lorsque Washington et les milieux atlantistes d'Europe abandonneront l'idée de leur exclusivité et leur droit à la domination globale.

Le monde multipolaire – c'est une lourde responsabilité
 
Il peut devenir un monde de confrontation de blocs, de lutte pour les sphères d'influence, d’hostilité. Mais il peut aussi bien être un monde de coopération et d’intégration. Telle est la philosophie des nouveaux formats universels initiés par la Russie et la Chine. Je parle des BRICS et de l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai). L'égalité des membres, la culture du compromis, toute décision comme dénominateur commun des intérêts nationaux de chacun, voici ce qui distingue ces forums du fonctionnement d'alliances économiques ou politico-militaires traditionnels avec leur subordination et leur discipline de bloc.

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Les états des BRICS ou de l'OCS se rassemblent non pas "contre" quelqu'un, mais pour un ordre mondial plus juste et plus démocratique, qui serait fondé sur le droit international et le rôle central de l'ONU. Nos pays mettent au centre de leurs préoccupations le principe de sécurité égale et indivisible à tous les niveaux – aussi bien global que régional. Cela signifie que la sécurité des uns ne doit pas être assurée en dépit de celle des autres. Cette vision du monde est aux antipodes de la mentalité des blocs propre à l'OTAN.

En juillet dernier la ville d’Oufa a accueilli les Sommets des BRICS et de l'OCS sous la présidence de la Fédération de Russie. Ces rencontres, qui ont réuni les représentants de plus d'une moitié de la population globale, n'ont pas seulement détrôné le mythe de "l'isolement de la Russie", n'ont pas seulement confirmé la similitude des approches des pays-membres aux grands problèmes politiques et économiques du monde. Elles ont avant tout démontré, une fois de plus, la viabilité du modèle de prise de décisions collectives qui, j'en suis fermement persuadé, sera la base du monde multipolaire.
 
Les relations russo-chinoises se présentent aujourd'hui comme "un partenariat tous azimuts et une coopération stratégique". C'est bien cette définition qui figure dans la déclaration commune des deux chefs d'états adoptée en mai 2014, lors de la visite du Président Poutine à Pékin.
Nous évitons sciemment le terme "allié" ou "alliance" car ils reflètent la logique des blocs, incluent l'idée d'identification "friend-or-foe" – ami/ennemi. Encore une fois: les relations Moscou-Pékin ne sont pas "contre" qui que ce soit. Car ni la Russie, ni la Chine (du moins, pour autant que je sache) ne revendiquent la domination globale. Notre coopération se développe sur une base pragmatique, tenant compte des intérêts des deux peuples et des réalités du monde multipolaire en gestation. 

Il faut reconnaître pourtant que les intérêts russes et chinois ne coïncident pas forcement. Nous pouvons avoir une vision différente sur certains problèmes internationaux. Il existe entre nous une concurrence rude en ce qui concerne les marchés régionaux. Les Chinois, il faut le reconnaître franchement, sont des partenaires difficiles et des négociateurs redoutables lorsqu'ils défendent leurs priorités. Mais les principes de base de nos relations – l'égalité et le respect de chacun, permettent toujours de trouver des solutions mutuellement acceptables. 
Entre la Russie et la Chine il n'y a pas, et j'espère qu'il n'y aura jamais, de lutte pour les sphères d'influences – comme celui que les Etats-Unis et l'Union Européenne nous ont imposé ces dernières années, notamment sous la forme du "Partenariat oriental".

C'est l'Union Européenne qui a placé l'Ukraine devant le choix – "être avec nous ou avec la Russie". Ce choix artificiel qui a fracturé le pays et l'a poussé dans une guerre civile qui dure toujours. Ni la Russie ni la Chine n'ont jamais imposé à leurs voisins ce choix – être "avec" ou "contre" nous.

Au contraire, en dépit de leur concurrence économique (qui est naturelle), nos deux pays voient le continent eurasien comme un espace de coopération prometteuse, capable d'assurer la synergie des ressources humaines et en matières premières, des potentiels économiques, industriels et scientifiques de différents pays.
 
L'Union économique eurasienne et l'initiative chinoise de la "Ceinture économique de la Route de la Soie" nous paraissent parfaitement complémentaires et ouvrent d'excellentes opportunités pour la Chine comme pour la Russie. En tant qu'espace économique commun, donc – sans frontières douanières, l'Union économique Eurasienne offre de façon objective le meilleur tracé possible pour cette nouvelle "Route de la soie".

La concurrence russo-chinoise pour les marchés de l'Asie Centrale ne change rien sur la donne principale: nos deux pays ont un intérêt commun – la prospérité de cette région. Le "Grand Jeu" pour l'Asie Centrale, que menaient au XIX-ème siècle la Russie et la Grande Bretagne, n'a pas sa place dans les relations entre Moscou et Pékin. Au contraire, nous cherchons à joindre nos efforts et nos capacités dans la réalisation de grands projets économiques et industriels, et aussi pour contrer la menace de l’islamisme radical qui vient du Sud. Autrement dit – plus nos pays-voisins seront (..) riches et stables, mieux ce sera pour la Russie et pour la Chine. 

En même temps, la Russie a des raisons de croire que l'idée de déstabiliser l'Asie Centrale selon le scénario moyen-oriental – c'est-à-dire sur le fond de discours sur les ''transformations démocratiques" et sous les drapeaux de l'islamisme radical, – peut être envisagée aux Etats-Unis comme une des "options" en vue d'affaiblir la Russie et la Chine, de créer sur leurs frontières des foyers permanents de tension, de semer la discorde entre eux. Nous devrons, ensemble, contrecarrer ces tentatives.

Aujourd'hui, l'économie russe traverse une période difficile, due à la baisse du prix du pétrole et aux sanctions occidentales, et l'économie chinoise tourne elle-aussi au ralenti. Apparemment, la tâche de renforcer les liens commerciaux et d'investissements entre nos pays revêt dans ces conditions une importance particulière. 

La multipolarité possède des dimensions différentes – politique, économico- financière et culturelle.

La Russie et la Chine attachent une attention particulière à la réforme du système monétaire global. Il nous parait évident que le monopole du dollar constitue désormais une source de risques de plus en plus importants, qui sont de nature non seulement financière, mais aussi politique. L'affaire de "BNP-Paribas" – est un exemple par excellence de où peut mener un tel monopole, qui va de pair avec l'application extraterritoriale de la justice américaine. Cela vaut la peine de rappeler que la France avait proclamé la réforme du système monétaire global comme une des priorités de sa présidence au G-20 en 2011. Pourtant, rien n'a bougé depuis. 

Moscou et Pékin comptent élargir progressivement l'utilisation de leurs monnaies nationales dans les échanges commerciaux bilatérales ainsi que dans le commerce régional. A cet égard, les décisions des BRICS sur la création d'un pool de réserves monétaires propres et de la Nouvelle banque de développement, constituent un pas important vers une nouvelle architecture monétaire internationale. Il est important qu'une grande partie des projets de la Nouvelle banque de développement soit financée en monnaies nationales. La Russie a rejoins également La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (Asian Infrastructure Investment Bank) créée sur l'initiative de la Chine.

Ces nouvelles institutions ne représentent pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale, mais un complément nécessaire et attendu aux institutions de Bretton Woods, qui ne répondent plus aux besoins de l'économie mondiale. Nous estimons que le FMI et la BM ont besoin d'être réformés – ils ne doivent plus rester les outils politiques de Washington. 

Autre domaine prioritaire de coopération entre la Russie et la Chine qui contribue à un ordre mondial plus juste et plus sûr : les technologies informatiques. Les Etats-Unis abusent de leur monopole dans ce secteur, ce qui engendre des risques pour la sécurité et la souveraineté de nos pays. Ce n'est pas par hasard que la déclaration finale du sommet d’Oufa évoque la nécessité de créer un mécanisme de gestion d'Internet "basé sur un processus transparent, qui ne serait pas soumis à l'effet des décisions unilatérales".

D'une manière générale, les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie – sont un signal lancé à tous les pays, qui devraient réfléchir sur leur indépendance financière, technologique et informatique face aux Etats-Unis qui usent sans scrupules de leur supériorité pour exercer la pression politique et le chantage.

Ces derniers temps, on entend souvent que la Russie s'est détournée de l'Europe pour se tourner vers la Chine. C’est faux. La Russie ne se détourne de personne, encore moins de l'Europe. De Saint-Pétersbourg à Vladivostok, la Russie était, reste et restera une partie inaliénable et importante de la civilisation et de la culture européennes. On ne peut pas se détourner de soi-même. En même temps la Russie est une puissance Eurasienne. Il est donc logique et important qu'elle ait de bonnes relations avec ses voisins à l'Est comme à l'Ouest. Regardez nos armoiries – L'aigle bicéphale qui y est représenté regarde bien des deux cotés.
  
Il faut reconnaître pourtant que le grand potentiel de nos relations avec la Chine est longtemps resté inexploité. Quoique le besoin de se tourner vers l'Asie-Pacifique était évident bien avant la crise actuelle dans nos relations avec l'Occident, jusqu'à ces derniers temps une partie majeure de nos liens économiques, commerciales et en matière d'investissements était orientée vers l'Union Européenne. Apparemment, avions nous trop confiance en nos partenaires européens, et espérions naïvement avancer vers un espace économique et humain communs. Les sanctions se sont révélées être une douche froide, confirmant une fois de plus la vielle sagesse populaire – il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier.
 
La Russie a pris le cap de diversification de ses liens économiques, mais elle ne se détourne néanmoins pas de l'Union Européenne. Au contraire, c'est l'Europe, docile à une volonté étrangère, qui cherche en dépit de ses propres intérêts à se démarquer de la Russie. Ce qui pousse naturellement notre pays à chercher des partenaires et des débouchées dans d'autres régions du monde.

Ceux qui veulent "l'isolement" de la Russie paraissent avoir oublié que nous ne sommes plus au XIX-ème siècle, et que depuis longtemps, la "communauté mondiale" ne se limite plus à l'Europe et à l'Amérique du Nord. La nature a horreur du vide. D'autres pays, dont la Chine, n'attendaient que cela pour élargir leur présence sur le marché russe et prendre la place occupée jadis per nos partenaires occidentaux, au détriment de ces derniers.

En tout cas, la coopération avec la Chine ne contredit pas mais complète nos liens traditionnels avec l'Union Européenne. C'est un complément nécessaire, attendu, et riche en perspectives en matière d'échanges commerciaux et technologiques, d'investissement et de développement des territoires. 

La question de savoir si la Russie doit choisir dans ses relations l'axe européen ou asiatique est purement artificielle. La France – doit-elle choisir entre l'Espagne et l'Allemagne? Autre idée préconçue – se retournant vers la Chine, la Russie est condamnée au rôle auxiliaire de son fournisseur de matières premières. Jusque là nous avons vécu une expérience de rapprochement avec l'Union Européenne qui effectivement réduisait la Russie au rôle de fournisseur de l'Occident. Apparemment c'était la seule place qu'on nous réservait.
 
Certes, nous allons utiliser toutes les opportunités qu'offre le marché chinois pour le commerce de matières premières et d'hydrocarbures. Un accord a été signé sur la construction du gazoduc "la Force de la Sibérie" (ainsi est nommé le tracé oriental), et des négociations sont en cour pour le gazoduc "Altaï" (ainsi est nommé le tracé occidental). Il s'agit de dizaines de milliard de mètres cubes de gaz.

Ces projets d'envergures permettent à la Russie de diversifier les débouchées de ses hydrocarbures, ce qui n'est pas sans importance, surtout sur fond d'appels politisés à renoncer à notre gaz, qui résonnent de plus en plus fort en Union Européenne. En limitant la coopération énergétique avec notre pays, l'UE se tire une balle dans le pied et scie la branche sur laquelle elle est assise. Elle réduit ainsi elle-même sa compétitivité. 

Néanmoins, – et c'est capital, – la coopération russo-chinoise ne se limite pas au commerce des matières premières. Elle s'étend aussi sur les secteurs et les industries de pointe. La Russie garde et renforce ses positions sur le marché chinois notamment en ce qui concerne la coopération militaire et le commerce d'armes modernes, mais aussi dans le secteur nucléaire, dans l'industrie aérienne (avions et hélicoptères), la pétrochimie, les transports… Autre volet important – la coopération spatiale. Ainsi, nous travaillons sur l'inter-connectivité de nos systèmes de navigation par satellite GLONASS et "Beidou".

Mais le principal – est que notre partenariat avec la Chine s'appuie sur le respect mutuel des intérêts de chacun, tandis que l'Union Européenne cherchait toujours à nous imposer des conditions unilatérales, en dépit des intérêts de la Russie mais "en application du règlement européen". La troisième directive énergétique en est un exemple par excellence. 
Notre colloque porte dans son nom la question "quelles stratégies?". Et bien, les stratégies, on pourrait en inventer de toutes sortes, mais le critère de leur efficacité restera toujours le même – le réalisme.

Certains préfèrent vivre dans un monde imaginaire – se croire exceptionnels; inventer des mythes sur les "menaces" russes et chinoises; alimenter en armes et en argent l'inexistante "opposition modérée" en Syrie; croire que des tribus moyenâgeuses peuvent en un jour se transformer en démocraties de type occidental; se persuader que les Criméens ont voté leur réunification avec la Russie sous la menace des armes… Mais le monde réel revient toujours et le dégrisement peut être amer. Le carrosse de Cendrillon se change en citrouille, les "opposants modérés" en djihadistes, les "démocrates ukrainiens" en nationalistes agressifs…

Sauf qu'en se battant contre des moulins à vent, on risque de laisser passer les vraies menaces. Je suis persuadé que la stratégie de la communauté internationale doit consister à se mobiliser pour résoudre les vrais problèmes et faire face aux réelles menaces, dont la plus dangereuse est aujourd'hui l'islamisme radical.

* Intervention d'Alexandre ORLOV, ambassadeur de la Fédération de Russie à Paris, lors du Colloque du 28 août 2015

 

Poland Slams Second Russia-Germany Pipeline

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Poland Slams Second Russia-Germany Pipeline

Ex: http://www.therussophile.org

Did we say pipeline avoids Polish territory?

September 8 (AFP) – Poland’s conservative president on Tuesday slammed a deal between Russia’s Gazprom energy giant and several leading Western firms to build a second gas pipeline under the Baltic Sea, saying it ignores Polish interests.

“Considering that an agreement was concluded on building Nord Stream-2, which completely ignores Polish interests, one must seriously question unity” in the 28-member European Union, President Andrzej Duda told delegates to an economic forum in the southern Polish mountain resort of Krynica, dubbed Central Europe’s “Davos”.

In June, Gazprom agreed with Anglo-Dutch Shell, Germany’s E.ON and Austria’s OMV to build the new gas pipeline – dubbed Nord Stream-2 – to Germany, bypassing conflict-torn Ukraine but also EU neighbour Poland.

The route under the Baltic Sea from Russia would have a capacity of 55 billion cubic metres per year and would double the flow of the existing Nord Stream pipeline currently linking the two countries.

No timeframe was given for the deal that will boost Germany as a distribution hub for Russian gas in Western Europe but undermines Poland’s role as a transit state.

Polish politicians from across the political spectrum have long opposed Nord Stream, claiming it undermines Poland’s energy security stemming from its role as a transit country for Russian gas via the Yamal-Europe pipeline.

The Nord Stream-2 announcement comes as Moscow seeks more gas delivery routes to the EU that bypass Ukraine, despite the EU’s insistence that it wants to cut its dependence on Russia.

Russia and the West are locked in a bitter standoff over the Kremlin’s role in Ukraine and a gas dispute between Kiev and Moscow has threatened energy supplies to the EU.

Qui a gagné de la crise des réfugiés dans l’UE ?

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Qui a gagné de la crise des réfugiés dans l’UE ?

Auteur : Valentin Vasilescu
Ex: http://zejournal.mobi

L’UE est en concurrence avec les économies de certains pays comme la Chine ou l’Inde qui ont une population beaucoup plus importante que l’Europe et un taux annuel de croissance hors de portée. Pour être compétitif, l’UE aurait besoin d’un marché commun  plus vaste. Les anciens États communistes au sein de l’EU ont fourni à l’Allemagne, la France, l’Angleterre, un plus grand espace où elles ont pu facilement intensifier leur marché, l’Union Européenne devenant ainsi un concurrent plus fort pour non seulement la Chine et l’Inde mais aussi pour les Etats-Unis, le Japon et la Russie.

Cette année a commencé avec un grand défi pour l’UE, en particulier pour l’Allemagne (moteur et contributeur majeur de l’UE) grâce à de coûteuses solutions financières pour maintenir la Grèce dans l’UE. Si la Russie ou la Chine avaient eu une implication quelconque dans cette affaire, il était très facile pour eux d’accorder un prêt à la Grèce pour sortir de l’UE. Mais ils ne l’ont pas fait.

Immédiatement après ce choc, il est apparu la crise migratoire qui n’a aucun lien avec la Grèce, mais trouve son origine dans la même tendance de vouloir saper l’économie de l’UE. Cette fois-ci, non plus, ni la Russie, ni l’Inde, ni la Chine n’apparaissent dans l’équation. La Commission Européenne a imposé des quotas obligatoires pour la redistribution d’un premier lot de 160 000 réfugiés. Etonnamment, l’Angleterre, fidèle allié des États-Unis, a été exemptée de la répartition des réfugiés sur son territoire. Et comme cette mesure encourage d’autres plus grandes vagues de migrants, il est prévu que l’ensemble des dépenses de l’UE serait supportées par les économies de la plupart des États membres.

Les avions multi rôles des sultanats du Golfe (Qatar et Émirats Arabes Unis) ont été extrêmement utiles pour les Etats-Unis et l’Europe (France, Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Canada, Danemark, Italie, Norvège, Espagne, Suède) lors de l’opération de bombardement de la Libye. L’opération a conduit au remplacement de Kadhafi par les hordes islamistes qui sont arrivées pour se battre entre eux depuis les quatre dernières années. Le phénomène de djihadistes de l’Isis qui détruit les fondations de la Syrie, a été créé avec l’aide de l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie, et le soutien des Etats-Unis et ses alliés dont les principaux pays de l’UE.

http://reseauinternational.net/des-choses-que-lon-sait-beaucoup-moins-a-propos-de-lenorme-vague-migratoire-en-europe/

Pour le complexe militaro-industriel européen, armer les riches califats du Golfe constitue une manne céleste. Cependant, ni eux ni leurs clients ne contribuent en rien à la résolution de la crise des réfugiés. Le Qatar est équipé de chars modernes Leopard 2A7 et d’obusiers automoteurs PzH 2000 fournis par l’Allemagne, de systèmes de missiles antichar HOT et MILAN et d’avions multi rôles Mirage 2000 fournis par la France.

L’Arabie Saoudite a été armée par l’Allemagne avec des véhicules de transport amphibis TPz Fuchs , par la Grande Bretagne avec des avions multi rôles Eurofighter Typhoon, Panavia Tornado et des pièces d’artillerie FH-70, par la France avec des chars AMX-30, des véhicules de combat pour l’infanterie AMX-10P, des frégates de classe La Fayette, Al Madinah et des hélicoptères anti sous-marins AS565 SA Dauphin.

Les Émirats Arabes Unis ont été armés par la France avec des chars AMX Leclerc, des véhicules de combat AMX-10P, des corvettes lanceurs de missiles de classe Baynunah, des avions multi rôles Mirage 2000-9, des avions de ravitaillement en vol Airbus A330 MRTT, des hélicoptères anti sous-marins Eurocopter AS 565 Panther ; par la Grande Bretagne avec des chars légers FV101 Scorpion, des pièces d’artillerie L118, des systèmes de missiles AA Rapier ; par l’Italie avec des corvettes lanceur de missiles de classe Abu-Dhabi.

La morale et la politique multiculturelle dépendent en grande partie de la situation économique de l’UE. Par conséquent, l’introduction délibérée dans une économie en chute libre de millions d’immigrants, orchestrée par une main invisible, pourrait amener l’Union Européenne à y voir une solution pour mettre un terme à la dégradation de la qualité de vie des Syriens, des Yéménites, des Libyens, etc. L’UE pourrait traiter avec plus d’intransigeance des déclarations telles que celles de l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, qui a dit que son pays ne reçoit pas de réfugiés Syriens, semblant motiver son refus par la crainte que les syriens puissent attaquer la population chiite locale. Cet argument ne tient évidemment pas puisque la Jordanie, beaucoup plus pauvre, a dans son territoire au moins 2 millions de réfugiés palestiniens sunnites (et chrétiens) à la suite des guerres israélo-arabes, 300 000 Irakiens et deux autres millions de réfugiés Syriens. Et personne n’a jamais entendu parler d’incidents entre chiites et sunnites en Jordanie.

Une Union Européenne affaiblie signera sans aucune opposition le partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP), un accord commercial entre l’UE et les États-Unis, qui repousse les barrières du commerce (droits de douane, règlements et restrictions sur les investissements). L’essence du TTIP consiste à supprimer tous les obstacles tendant à limiter les bénéfices des sociétés transnationales.

En même temps, avec le TTIP, sont éliminés par les règlements qui protègent les citoyens européens, des abus des grandes corporations tels que le droit du travail, les règles de sécurité alimentaire, l’utilisation de produits chimiques toxiques et les lois relatives à la protection des données personnelles. Un mécanisme du TTIP appelé « résolution différends entre investisseurs et l’État » (ISDS), permet aux entreprises transnationales de poursuivre des gouvernements qui appliquent une législation nationale dont les décisions peuvent réduire leurs bénéfices. Une autre disposition de l’accord va permettre l’élimination des normes concernant les heures de travail et le minimum garanti des salaires, considérés comme des obstacles au commerce. Ainsi, les contrats collectifs de travail, sont considérés, dans le cadre du TTIP, comme des restrictions qui, du point de vue des entreprises transnationale, devront être éliminées.

Le but du TTIP est de créer de nouveaux marchés par l’ouverture, aux sociétés transnationales, des services publics et des marchés publics. Les cibles des privatisations massives sont les secteurs clés des États de l’UE, tels que la santé, l’éducation, l’ordre public, l’armée et les ressources naturelles.

- Source : Valentin Vasilescu

Global Gladio: NATO Terror Network Reaches into Asia

Global Gladio: NATO Terror Network Reaches into Asia

Ex: http://landdestroyer.blogspot.com

 
NATO terror network implicated in Bangkok blasts, appears to have been running Uyghur terrorists through Asia, into Turkey and onward to fight NATO's proxy war in Syria. 

September 4, 2015 (Tony Cartalucci - LD) - An unprecedented blast in Bangkok, Thailand last month left 20 dead and over 100 injured. The blast was the latest in a string of violence carried out by US-backed proxy Thaksin Shinawatra, who himself was ousted from power in 2006 and finally had his political party removed from power completely in 2014 after massive street demonstrations and a military coup toppled the regime headed by his own sister, Yingluck Shinawatra.

 

Image: NATO created and funded the Grey Wolves terrorist network during the Cold War as part of its stay behind networks. Instead of fighting non-existent Soviet invaders, they were used instead to kill NATO's political enemies by the thousands. Today, the Grey Wolves are represented by the Nationalist Movement Party (MHP), the third largest in Turkey's parliament. They are reported to operate globally, including terrorist training camps in Xinjiang, China. 


 
While the blast represented an escalation in violence, it should be remembered that terrorist networks operating in support of Shinawatra have carried out egregious acts of violence in the past, including fielding up to 300 armed militants in Bangkok's streets in 2010 leading to weeks of gunbattles between Thai troops and Shinawatra's armed supporters, leaving almost 100 dead and culminating in city-wide arson.

As for bombings themselves, while generally these networks have used grenades to attack institutions and individuals perceived as enemies of Shinawatra and his foreign sponsored agenda, precisely the same pipe bombs used in the August blast have been implicated in explosions in 2010 and 2014 where bomb makers accidentally killed themselves while assembling devices. In February 2015, a double pipe bombing would be carried out just down the street from where the most recent blast occurred. The devices used were linked to the 2010-2014 incidents
 
And while it is clear the bombing was used as a form of violent coercion against a Thai government increasingly drifting away from accommodating both Shinawatra and the foreign interests he represents and closer toward regional partners including China, what was not certain was which networks specifically these interests used to carry out the attack.

Recent evidence has emerged as several suspects have been identified and arrested, suggesting this network includes NATO's "Grey Wolves" and several other Uyghur groups long backed, funded, and directed by the US as a means of eliminating its enemies across Eurasia and up to and including China. In addition to carrying out attacks in Thailand, they appear to have also been moving militants from across Asia and feeding them into NATO's proxy war in Syria. 
 

Global Gladio, Target Thailand  

In the immediate aftermath of the bombing in Bangkok, the BBC would be the first to float the idea the blasts were in retaliation for Thailand's deportation of Uyghurs to China - Uyghurs apparently on their way to fight in NATO's proxy war in Syria - according to Reuters' report, "Uighurs 'on way to jihad' returned to China in hoods."

 

 

Images: The US State Department's NED refers to China's Xinjiang region as "East Turkistan," a fictional realm that does not exist. The US seeks to either destabilize or carve off a vast sum of Chinese territory through supporting terrorism in western China.  

On the very same day when the deportations occurred, Thursday July 9th, protests broke out in Turkey, both in Ankara the capital, and in Istanbul at the Thai consulate. Leading the protests in Ankara was the World Uyghur Congress (WUC), a US-funded, Washington D.C. and Munich based political front that specializes in supporting terrorism under the guise of defending "human rights." 
 

 

Image: Thailand's consulate in Istanbul Turkey was destroyed on the same day Thailand deported Uyghur terror suspects back to China. One may find it difficult to speculate who on Earth currently possesses the operational capacity to organized a same-day retaliation anywhere in the world besides a handful of actors - NATO among them. 

 

WUC admits that violence broke out among the mobs it was leading in Ankara but denied any affiliations with the protesters in Istanbul who attacked the consulate and destroyed it on the same day, in the same country, over the same alleged grievances. WUC itself suggested it was the work of the "Grey Wolves," an organization they admit was "clandestinely funded by the US government."

The Grey Wolves are comprised of Turks and Uyghurs, and throughout the Cold War served as part of NATO's "stay behind networks" referred to as Gladios. They were used to purge NATO's enemies from Turkey in bloody violence that would leave over 6,000 dead. Since the Cold War, the Grey Wolves have set up operations internationally, including terrorist training camps in Xinjiang, China - all indicating that NATO's Gladio has gone global.  
 

 

Image: The US-based and funded World Uyghur Congress admits it led mobs on the same day the Thai consulate was attacked. Their mobs in Ankara also turned violent, however Turkish police were able to maintain control. While WUC claims they have no ties to the Grey Wolves they claim were likely behind the consulate attack, they admit they, like WUC itself, have been funded by the US government. 

  

During the days following the Bangkok blast, the Foreign Correspondents Club of Thailand (FCCT) would give a presentation implicating the Uyghur-linked Turkish "Grey Wolves" terrorist network.

The FCCT is a group of foreign journalists from several of the most prominent Western news networks including the BBC, CNN, Reuters, the New York Times, Associated Press, and Agence France-Presse. They have systematically manipulated events in Thailand in efforts to support the regime of Thaksin Shinawatra. The goal of the FCCT's recent presentation was to help deflect as much blame as possible from Thaksin Shinawatra over the bombings and to suggest Thailand faces "international terrorism."

Despite the detailed presentation the FCCT provided and the immediate headlines across the Western media attempting to sell the theory to the public, no mention ever was made of the Grey Wolves' NATO or US funding. Similarly, no mention has been made by the Western media regarding US funding and support behind many, if not all Uyghur opposition groups both in Xinjiang and beyond.

What is clear is that Thailand has inadvertently stumbled upon a highly organized, well-funded, international criminal and terrorist network operating from Xinjiang, China, across Southeast Asia, and as far as Turkey and Syria. This terrorist pipeline appears to have been "tapped" by those seeking to undermine the Thai government, causing its toxic contents to spill over into the ongoing crisis already racking Thailand.

That the Grey Wolves, Uyghur opposition front, and Thaksin Shinawatra are all backed by the US and instruments of US global hegemony, indicates that such instruments often share resources when necessary and are even used interchangeably. NGOs created and maintained in Thailand to support the regime of Shinawatra now cover for Uyghur terrorism, and Uyghur terrorism used against China and Syria is now used to strike hard at Shinawatra's political foes.

America's One-Size-Fits All Global Terror Racket 

NGOs the United States funds and directs in Thailand, and primarily used to undermine the current government and defend the remnants of Shinawatra's political front, were quick to not only condemn the Thai government for deporting terror suspects back to China, but have since then attempted to justify the bombing as Thailand's deserved return for doing business with China. One Bangkok Post op-ed penned by a former Reuters employee titled, "Should Regime Not Deported Uighurs?" attempted to argue that:
In retrospect, should Thailand not have expelled the Uighurs to China? Or to be more precise, should the ruling junta, which is not fully recognised by the democratic world, have been less responsive to Chinese demands?

National interest always comes first in a country's diplomacy. But being so accommodating to a superpower's demands, making Thailand the target of an international outcry and what is looking increasingly like an international terror attack, does not bode well for the country in the long term.  
The ransacking of the Thai consulate in Istanbul failed to alert the Thai security services that the anger was real and long-lasting, and could possibly turn into a calamity 
It should be noted that the author uses the term "international" to describe what is exclusively the US and Europe's "recognition" and "outcry." 
 
This op-ed and many like it pervading the Western media are sending a message to the Thai government that failure to comply to the demands of the "international community" will result in terrorism - whether it is a mob destroying your consulates abroad, or bombs exploding in the heart of your nation's capital. And while this "international community" has many terrorist proxies to use against Thailand, it appears they have selected their "Uyghurs" to stand in the front ranks. 
 
Ousted-exiled dictator Thaksin Shinawatra most likely still possesses the terrorist networks and paramilitary organizations he created and eagerly used during his time in power. However, by using them, he would only further justify the current government's moves to permanently uproot Shinawatra from Thailand's political landscape. Just as NGOs assigned by the West to support Thaksin Shinawatra have now become instrumental in justifying and manipulating the recent Bangkok bombing, the West's terrorist networks used to destabilize nations elsewhere from China to Syria have had terrorism in Thailand apparently outsourced to them.

So far, the investigation suggests this network has been in Thailand for years, long before the deportation of Uyghurs in July. Evidence also suggests a link between the uncovered terror network and previous terror networks uncovered at the height of Shinawatra's violence in 2010 and 2014. A large amount of forged Turkish passports and ties to Uyghur trafficking networks appear to implicate the terror network in what Syrian and Chinese authorities have attempted to expose for years now - a terror pipeline feeding militants from all over the globe first into Turkey where they are armed, trained, and staged, then into Syria to fight NATO's proxy war against the government in Damascus.

Do Business With China and Die 

It should be stated that the vast majority of China's Uyghurs do not support the aspirations of the terrorists and US-funded fronts which claim to represent them. Forty-five percent of Xinjiang's population - some 10 million people - are Uyghurs. It is likely that if even half of them supported violent separatism, they would have already gained their "independence."

In reality, Uyhgurs are perhaps the first and foremost victims of US-backed terrorism in Xinjiang and beyond. Those who seek to live in peace and stability with their Chinese compatriots, and who condemn the means and methods of US-backed groups are themselves attacked. The most prominent example of this is that of Imam Jume Tahir, 74 years old, hacked to death in front of China's largest mosque by terrorists.

The imam had openly condemned US-backed violence and in particular called for street clashes with Chinese police to end.

 

Image: Uyghurs in China who attempt to lead normal lives often find themselves the primary target of US-backed terrorism. The mosque pictured above, the 600 year old Kah Mosque, saw the murder of its imam, Jume Tahir, by US-backed terrorists for the "crime" of condemning violent protests. 


In the wake of his brutal murder, the Western press would write him off as a "state-appointed leader," while the US-funded World Uyghur Congress would repeatedly justify the murder throughout the Western media. In the New York Times article, "Chinese Court Sentences Teenagers to Death in Killing of Jume Tahir, Islamic Cleric," it was reported that:
Dilxat Raxit, a spokesman for the World Uyghur Congress, an exile group based in Germany, condemned the harsh sentences for the defendants in the imam’s murder, saying they would do little to stem the rising tide of Uighur discontent. 
“The Chinese government should examine the roots of the problems, which are caused by coercive policies that Uighurs find unbearable,” he wrote. “It should respect the Uighur religion and traditional way of life, and stop provocations to avoid triggering new turmoil.” 
In another report titled, "The Day Imam Tahir Died," the World Uyghur Congress again justify the murder:
Dilxat Raxit, spokesman for the exiled political organization World Uyghur Congress, told Reuters that local Uighurs, “suspected that he had a special relationship with China’s Ministry of Public Security” and that he helped the authorities monitor Uighur religious activity. His support for Beijing most likely bred resentment among Kashgar’s Uighurs, many of whom disdain the central government.
No where can it be found in WUC's many US-funded press releases, congressional assemblies, or publications anything even closely resembling condemnation for the murder of an unarmed elderly man who advocated non-violence. WUC's message, like that of the Western media in the wake of the Bangkok blast is simple - do business with China and you will die.
 
America's Grand Strategy in Asia in One Word - Primacy 
 
In this it is clear that "Uyghur terrorism" is simply another attempt to conceal what is essentially yet another tool devised to achieve and maintain American global hegemony. Looking at a map of China, it is clear why this otherwise minuscule, obscure ethnic group has been propelled to center stage by American interests.

 
Image: The US has much to gain by backing separatists in western China. 
The Xinjiang region along with Tibet, if successfully destabilized or carved off from China, would sever Beijing's long-laid plans to construct a modern-day Silk Road. It would deprive China of both its territory, its resources, and drive tens of millions of its people eastward from their homes in a refugee crisis that would strain the very stability of Chinese society.
 
And because the US-Uyghur cause is not genuine nor enjoys popular support even in Xinjiang, it is no surprise that those willing to participate can be persuaded to fight overseas in other projects of American hegemony - essentially as mercenaries.

The use of minority groups to divide and destroy a targeted nation is a tactic as old as empire itself. And while the Western media works ceaselessly to explain how various organizations, advocacy groups, and militant fronts all operate in an apparent vacuum, only "coincidentally" propelling US foreign policy forward, it is clear through both a study of history and current US policy papers that global hegemony is still at the very heart of Western ambitions globally and includes all forms of coercion, from propaganda to paramilitary groups.

In one of the  most recent US policy papers on the subject, published this year by the influential Council on Foreign Relations - a corporate-funded think tank that represents the collective interests of some of the most powerful Western corporate-financier interests on Earth - the goal of maintaining "primacy in Asia" is literally spelled out.

Their report, "Revising U.S. Grand Strategy Toward China," states in no uncertain terms:
Because the American effort to 'integrate' China into the liberal international order has now generated new threats to U.S. primacy in Asia—and could result in a consequential challenge to American power globally—Washington needs a new grand strategy toward China that centers on balancing the rise of Chinese power rather than continuing to assist its ascendancy. 
The report was written by US political administrator and political lobbyist Robert Blackwill who has throughout his career played a role in grooming prospective client regimes in Asia through which the US planned to maintain its regional primacy. Among these client regimes was Thaksin Shinawatra himself. The use of violence and terrorism by Shinawatra to take and maintain control over Thailand is well documented. To think that the US would simply abandon its aspirations to control Thailand, or other nations throughout Southeast Asia vis-a-vis China would be misguided. What would be predictable would be instead an increase in terrorism and political destabilization.

Thailand is now being coerced through a concerted campaign of propaganda and organized violence, seized on by Shinawatra's supporters who are eagerly exploiting the socioeconomic and political damage the recent bombing has incurred, while so-called "rights" advocates invent creative defenses for otherwise indefensible violence directed at entirely innocent people.

Dismantle the Pipeline

Gladio was successful throughout the Cold War because those among NATO who employed such tactics did so within their borders. "Global Gladio" has networks stretching around the world, vulnerable to police and military operations carried out by host countries.

While the bombing in Bangkok appears to have been aimed at the government for its continued attempts to remove Shinawatra from power and divest from American interests by moving closer to China, the bombing itself stands as the single greatest example of just why Thailand has chosen to change tack in the first place. Accelerated military and counter-terrorism cooperation with China will  now be necessary to ensure the peace and security of both nations. As long as one serves as a base of operations for terrorism aimed at the other, neither will be safe.

For Thailand specifically, it is clear that Shinawatra's political existence was meant to infiltrate and overwrite Thailand's current political order. While threats and terrorism are being used to coerce Thailand into accommodating Shinawatra, it should be noted that by doing so, violence, division and destruction are all that await Thailand as a guarantee. The slow, patient dismantling of his political networks, along with a measured pivot toward Beijing appears to be Thailand's best bet.

For the rest of the world - NATO's "Gladio" networks are vast and varied. From Ukraine to Syria to Thailand, the most violent and criminal elements in any given society have been organized by the West in a bid to divide, destroy, and dominate the planet. From the original Gladio program in Western Europe, the means of expertly manipulating these criminal gangs has been perfected. Increasing awareness of how Gladio works will not only better arm society to take action against it, but perhaps even dissuade eager criminal elements from joining organizations that are essentially cannon fodder for NATO. 
 
 

vendredi, 11 septembre 2015

L’Allemagne, épicentre de la névrose européenne

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L’Allemagne, épicentre de la névrose européenne
 
L'Europe des Européens ne doit pas accepter de voir sa conduite dictée par un pays névrosé qui est également occupé militairement et piloté stratégiquement depuis Washington.
 
Fonctionnaire international
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

Devrons-nous payer un jour de la vie de nos enfants les névroses de petits-bourgeois teutoniques complexés par leur histoire ? Alors que le conflit syrien semble entrer dans un Endspiel apocalyptique, la chancelière Merkel qui traite à la schlague les peuples d’Europe (cf. la Grèce pour un début) entreprend d’organiser dans la bonne humeur la submersion démographique de notre continent par des populations extra-européennes.

Elle vient ainsi d’adopter une série de mesures – 10 milliards d’euros supplémentaires pour l’année 2015 selon le magazine Challenges – accordant aux armées de clandestins d’Afrique et du Proche-Orient un droit d’installation assorti d’avantages en nature qui sont refusés aux nationaux ainsi qu’aux migrants européens – balkaniques, notamment.

Le porte-serviette de l’Élysée glapit à sa suite pour exiger un « mécanisme permanent et obligatoire ». Les pays européens récalcitrants seront à l’amende avant de se voir imposer leur quota de migrants par la force.

Les ex-clandestins seront, quant à eux, assignés à résidence dans leur pays d’affectation pendant un minimum de cinq ans : nous sommes en présence d’un plan orwellien de remplacement de la population européenne imposé par la technostructure européenne. L’idéologie bourgeoise des droits de l’homme justifie l’entreprise et, relayée par la bouillie multiculturelle télévisée, elle dénature le sentiment populaire pour évincer les mystiques prolétariennes (lutte des classes, abolition du salariat).

Trahie par ses élites, l’Europe n’est plus respectée…

Ainsi que l’écrit Guillaume Faye, « les marines européennes […] sont une aide à l’invasion et non plus une protection. La faiblesse larmoyante des dirigeants européens, leur “droit-de-l’hommisme” délirant, leur “antiracisme” dogmatique et xénophile, excitent l’agressivité des “migrants” qui pénètrent de force. Ils se sont – et on les a – persuadés qu’ils ont un droit imprescriptible à se “réfugier” chez nous, à s’y installer, à s’y faire entretenir. Ils n’oseraient évidemment pas raisonner de même avec Israël, la Russie, l’Australie ni les États-Unis ! »… ni avec l’Arabie saoudite qui, curieusement, n’est pas leur destination privilégiée.

Le Sunday Express révèle, d’ailleurs, que des milliers de combattants de Daech ont été infiltrés en Europe à la faveur du chaos migratoire de ces dernières semaines.

Les Etats-Unis, architectes du chaos qui frappe le monde arabe, se gardent bien, au nom d’impératifs de sécurité nationale, d’accueillir chez eux le moindre migrant syrien. Mieux encore : selon le magazine Info Direkt qui cite des sources du renseignement autrichien, ils organiseraient le passage des « réfugiés » en Europe.

Les peuples européens ne sont, certes, plus maîtres chez eux mais il y a chez les Allemands une manière particulière (Schadenfreude) de s’en réjouir. Culpabilisé, ayant appris à maudire son passé, le peuple allemand a remplacé son allégeance à la nation par une allégeance à la production. Laisser détruire ses représentations collectives l’a conduit à un mal de vivre (taedium vitae) dont témoigne un taux de natalité languissant.

L’Europe des Européens ne doit pas accepter de voir sa conduite dictée par un pays névrosé qui est également occupé militairement et piloté stratégiquement depuis Washington ; quelques voix s’élèvent dans l’Est européen, qui indiquent à qui sait les entendre le chemin de la dignité et de la liberté.

jeudi, 10 septembre 2015

Elites Want More Refugees: Why?

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Elites Want More Refugees: Why?

There is much being written about the refugee crisis in Europe at the moment but none of what I have read explains why the problem is occurring and what will need to be done for the problem to be addressed.

Refugees are just one symptom of a deeper crisis. Moreover, like other symptoms of this deeper crisis, the global elite is happy to use this symptom to keep us utterly preoccupied; after all, the immediacy of the refugee problem is all too demanding of our attention and our compassion.

Thirty years ago, on 9 September 1985, I tried to resuscitate a baby in the Shagarab East 3 Refugee Camp in Eastern Sudan at the height of the Ethiopian war and famine. As a lifesaver, I had been expertly trained in cardio-pulmonary resuscitation. My attempt to resuscitate this child failed: the doctor advised me that the baby was dead and I watched her mother as I handed the dead child back to her. The mother was, understandably, utterly distraught. And, frankly, I was in considerable emotional pain myself.

In the adjacent camp, where I worked as a relief worker, five refugees died every day, mostly from simple illnesses, like diarhoea, associated with malnutrition. In the jargon of the UNHCR, our death rate was 2.5 per 10,000 per day. That meant, in our camp of 20,000, five people died each day. Every day.

My time spent working in that camp and visiting many others during the same period, taught me one thing: ultimately, while support for refugees is necessary for the survival of some of the individuals forced to flee their countries and homes, this will not stop the creation of circumstances which generate refugees in the first place.

At the geopolitical level, Thalif Deen has adequately summarised the major cause of the current 'refugee problem' in Europe:

'The military conflicts and political instability driving hundreds of thousands of refugees into Europe were triggered largely by U.S. and Western military interventions for regime change – specifically in Iraq, Afghanistan, Libya and Syria (a regime change in-the-making).

'The United States was provided with strong military support by countries such as Germany, Britain, France, Italy and Spain, while the no-fly zone to oust Libyan leader Muammar Gaddafi was led by France and the UK in 2011 and aided by Belgium, Denmark, Norway and Canada, among others.' See 'Europe Invaded Mostly by "Regime Change" Refugees'. http://www.ipsnews.net/2015/09/europe-invaded-mostly-by-regime-change-refugees/

Of course, there are other reasons why people become refugees. But war and the destructive environmental consequences of human industrial and other activities (leading to 'climate catastrophe' refugees) are primary drivers of the problem. Or are they?

When I read the news on progressive news websites, I have no problem identifying the multitude of problems we face: war itself, economic exploitation of the people in Africa, Asia and Central/South America, environmental problems too numerous to list and violence against women and children, indigenous peoples, working people, people of color and various other social groups (depending on the society) to mention some of the main ones. And these problems are so advanced that humans stand poised on the brink of precipitating our own extinction.

Except it is not us, as a collective, who is responsible for this catastrophic state of affairs. It is a relatively small number of people, each of whom is quite insane. And it is these people who drive the decisions being made in our world that have, for example, created the current refugee crisis in Europe.

These people seek power, profit and personal privilege at the expense of the rest of us. They decide to destroy countries or regions because, in their insane worldview, it 'benefits' them to do so. The military destruction of a region might give them the power to share in the control of a resource or market. It might make them a profit. It might privilege them in relation to others in their (very limited) social world. The discourse in which these people are engaged is incredibly limited. It is always about control.

And the reason for this is simple: They are utterly terrified. They had all of their control taken from them as children and now seek it endlessly as highly dysfunctionalised adults. Adults who are insane: devoid of the love, compassion, empathy and sympathy that makes those of us who are normal respond with genuine concern to the plight of refugees and others who suffer.

So when you hear people – whether it be politicians, corporate figures, academics, military leaders or media personnel – justify policies and actions, such as military violence, that lead to greater human suffering, remember that you are listening to someone who is seriously psychologically damaged. Conflict is not always easily resolved but it requires listening and understanding, as well as talking. You cannot resolve conflict by killing people.

If you would like to read more about the state of mind of those who act to create circumstances that generate refugees, you can do so in this article: 'The Global Elite is Insane'. http://www.scoop.co.nz/stories/PO1402/S00056/the-global-elite-is-insane.htm And you can read much more detail in 'Why Violence?' http://tinyurl.com/whyviolence and 'Fearless Psychology and Fearful Psychology: Principles and Practice'. http://anitamckone.wordpress.com/articles-2/fearless-and-fearful-psychology/

So what do we do? Well, I am heavily in favour of doing what we can to reduce the suffering of refugees now. But, as I committed myself thirty years ago, I am also working towards creating a world in which no human being ever becomes a refugee again.

A big ask? You bet. But I don't intend to let the insane people who seek total control of this planet do so without making every effort I can to stop them. If you agree with me, here's some key things we need to do.

We need to stop terrorising children so that they don't become like the elite and their paid agents in politics, the business world, academia, the military, the judiciary and the corporate media. See 'My Promise to Children'. http://www.nationofchange.org/my-promise-children-1383835266 People who are not insane have a much better chance of resolving conflicts nonviolently, even if it still isn't easy.

We need to take drastic personal action, not rely on politicians who virtually all function as agents of the global elite, to reverse much of what is wrong with our world. If you like, you can participate in a fifteen-year strategy for doing so by joining those involved in 'The Flame Tree Project to Save Life on Earth'.http://tinyurl.com/flametree

In some circumstances, such as in response to the current attempts to consolidate their control of the global economy via mechanisms such as the Trans-Pacific Partnership (TPP) and the Transatlantic Free Trade Agreement (TAFTA) or to destroy the natural environment by logging rainforests for example, we also need to take collective action to resist the insanity of the global elite. This is done most effectively by using strategically applied campaigns of nonviolent resistance. See 'The Strategy of Nonviolent Defense: A Gandhian Approach'. http://www.sunypress.edu/p-2176-the-strategy-of-nonviolent-defe.aspx

And if you wish to publicly declare your commitment to doing everything you can to end the elite-driven violence and exploitation in our world, you can do so by signing the online pledge of 'The People's Charter to Create a Nonviolent World'. http://thepeoplesnonviolencecharter.wordpress.com

In essence, elites generate one crisis after another as an inevitable outcome of their insane actions to perpetuate, consolidate and expand their control over the rest of us. If we are not sufficiently aware, we can become preoccupied in just dealing with one or more symptoms of their insanity. Elites want more refugees partly because it helps to distract us from analysing and resisting what they are doing overall.

While we must act in solidarity with those they victimize, like the refugees fleeing their war zones at the moment, we also need to expose and strategically resist the global elite itself or, eventually, suffer the same (or an equivalent) fate as today's refugees.

Robert J. Burrowes has a lifetime commitment to understanding and ending human violence. He has done extensive research since 1966 in an effort to understand why human beings are violent and has been a nonviolent activist since 1981. He is the author of 'Why Violence?'http://tinyurl.com/whyviolence His email address is flametree@riseup.net and his website is at http://robertjburrowes.wordpress.com

Ce qui attend l'UE: guerres, révolutions et migrants

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CE QUI ATTEND L'UNION EUROPÉENNE

«Guerres, révolutions et migrants»

Lucas Navarro
Ex: http://metamag.fr
 
Les États-Unis n'entretiennent que peu d'enthousiasme concernant l'avenir de l'Union Européenne, destination à laquelle ne cessent de parvenir depuis 2011 une multitude de migrants et de réfugiés venus du monde musulman. 

Telle est l'opinion de l'historien et spécialiste russe en relations internationales Sarkis Tsaturián, lequel pronostique que « dans les dix années à venir, le Vieux Monde sera confronté à trois problèmes d'envergure : les guerres, les révolutions et les migrants, tous provoqués par l’instabilité du Proche-Orient. 

« Les contradictions entre les États-Unis et l'Europe ne se limitent pas à la guerre en Irak, écrit le journaliste russe dans son nouvel article publié par l'agence d’informations Régnum. 

Cet expert rappelle les propos tenus en 2009 par l'ancien Secrétaire d’État américain, Henry Kissinger, plus connus sous l’appellation du « dilemme de Kissinger » : « Qui dois-je appeler si je veux parler avec l'Europe ? ».

Six ans plus tard, le « dilemme de Kissinger » n'a toujours pas trouvé de solution, nous dit l'auteur de l'article. 

« Depuis 2011, le Vieux Monde est assailli par une multitude de migrants et de réfugiés venus du monde musulman et se trouve menacé non seulement du fait des tensions économiques et politiques qu'ils engendrent mais aussi de la perte d'identité qu'ils provoquent », selon Tsaturián, qui ajoute que les « États-Unis eux-mêmes ne voient pas de grandes perspectives d'avenir pour l'Union Européenne ». 

L'historien appuie son jugement sur une citation du porte-parole de la Maison Blanche, Joshua Earnest : « L'Europe est confrontée à un flux d'immigrés en provenance de l'Afrique du Nord et de quelques autres pays du Proche-Orient causé par la violence et l'instabilité dans ces régions. Outre que cette situation mine la paix dans ces territoires, elle a un effet déstabilisateur significatif sur le reste du monde, y compris en Europe ».

De son côté, le patron de l'entreprise de renseignement et d'espionnage américaine Stratfor n'a pas hésité à parler de « legs laissé par Hitler » et de « cette poignée de nations européennes » ayant perdu la maîtrise du Monde alors que, de leur côté, les États-Unis sont parvenus, eux et leur culture, à triompher en Occident. 

La Russie, à la différence de l'Union Européenne, parviendra à surmonter la crise mondiale de l'énergie. 

« La différence entre le siècle passé et l'actualité est le suivant : si, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la zone d'influence de l'empire économique américain incluait les champs de pétrole et les grandes voies de transport du Proche-Orient, aujourd'hui Washington ne peut se prévaloir de ces prérogatives, » souligne Sarkis Tsaturián.

D'une part, poursuit-il, « pour la première fois depuis la colonisation postérieure à la guerre, le monde musulman est en train de connaître une situation politique qui enterre sous les décombres des frontières d’État les gisements de gaz et ses voies d'acheminement vers l'Union Européenne ». 

Dans ce contexte, la Russie, qui contrôle la route maritime du nord, dispose d'un avantage de positionnement, souligne Tsaturián. 

Cependant, ajoute-t-il, Bruxelles continue penser en des termes qui appartiennent au siècle passé. L'Union Européenne mise sur le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) et, pour que l'entreprise russe Gazprom en rabatte, elle est disposée à acheter les hydrocarbures à tout autre qu'à la Russie, « même si c'est à l'autre bout de la planète, indépendamment des coûts de transport ». 

Toutefois, l'effet obtenu est contraire à celui attendu, selon l'historien russe. La Russie contrôle la route maritime du nord et, de ce fait, garde sa prééminence. 

Par ailleurs, il convient de noter, souligne Tsaturián, que les États-Unis, qui sont l'un des principaux consommateurs de gaz, contribuent avec leur « révolution du gaz de schiste » à l’affaiblissement des rivaux de la Russie dans le secteur du Gaz Naturel Liquéfié, alors que Moscou s'apprête à faire un bond dans ce secteur ». 

La Russie sera capable de surmonter la crise politique et économique dans le secteur mondial de l'énergie, à l'encontre de toute probabilité concernant l'Union Européenne, pour qui « le dilemme de Kissinger » est en train de se transformer en un véritable complexe, nous assure cet analyste. 

Et de conclure : « Au cours de la décennie à venir, le Vieux Monde rencontrera trois grandes préoccupations : les guerres, les révolutions et les migrants. Toutes trois provoquées par l'instabilité du Proche Orient ».

Sources 

Traduit par Lucas Navarro

mercredi, 09 septembre 2015

La guerre comme extension du bordel français par d’autres moyens

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La guerre comme extension du bordel français par d’autres moyens

Auteur : Éric Verhaeghe
Ex: http://zejournal.mobi

Que la France entre en guerre n’est pourtant pas un événement anodin!

Il est stupéfiant que l’annonce de frappes aériennes contre la Syrie se fasse entre une tartine sur le droit du travail et une rondelle de saucisson sur les impôts. Il n’y a plus de respect et plus de tradition, mon bon Monsieur, dans l’art de déclarer la guerre, et François Hollande est un iconoclaste de premier ordre, avec ses frappes sans déploiement au sol glissées dans une conversation comme s’il s’agissait d’une décision de gestion parmi d’autres.

Une fois de plus, les mauvais esprits qui se souviennent de la phrase de Clausewitz: « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » se disent: mais quelle politique François Hollande veut-il continuer par la guerre ? Et là, un grand vide s’ouvre sous leurs pieds…

La guerre pour quelle politique?

Je m’efforce de percer les mystères de la stratégie française dans le monde arabe, et singulièrement en Syrie ou dans ce qu’on appelait à une époque le Machrek. Sauf erreur de ma part je n’y vois guère plus d’épaisseur que dans une note d’énarque à l’épreuve de diplomatie, au classement de sortie de l’école. En dehors des banalités qui s’échangent dans les dîners des beaux quartiers et qui tiennent lieu de pensée unique sous les lambris de la République (le cerveau de la technostructure ayant autant horreur du vide que du plein), on n’y voit guère d’ossature reposant sur une quelconque compréhension de la région ni sur une quelconque vision au-delà des trois mois qui arrivent.

Au fond, tout se passe comme si Bernard Henri-Lévy était devenu le penseur officiel de la République. En dehors du leit-motiv: « Bombardons Daesh et tous nos problèmes seront réglés », on peine à trouver un fil conducteur. Mais c’est peut-être cela l’apothéose de la nouvelle philosophie dont BHL fut l’un des hérauts: le recours à des baguettes magiques pour sublimer le réel. En digne pratiquant de cette pensée mystique, François Hollande ne dit pas autre chose. Survolons le territoire du Daesh, en y envoyant des bombinettes « quand nous serons prêts », et les problèmes se résoudront. Le terrorisme va disparaître, les réfugiés vont arrêter de traverser la Méditerranée et la paix va revenir.

On comprend mieux pourquoi François Hollande est allé inaugurer, l’après-midi, l’exposition consacrée à Osiris (Dieu égyptien qui retrouve son unité après avoir été démantelé) à l’Institut du Monde Arabe, le fromage qu’il avait déposé dans le bec de Jack Lang début 2013. Sa pensée diplomatique n’est plus compréhensible par les profanes: elle puise directement dans les profondeurs de la spiritualité orientale, et seuls quelques égyptologues peuvent désormais prétendre comprendre la politique étrangère de la France dans le monde arabe.

La guerre aérienne comme degré zéro de la diplomatie

Que l’intervention aérienne de la France soit totalement inutile ne fait évidemment de doute pour personne, même pour les plus pacifistes ou les moins connaisseurs du fait militaire. Le largage de bombes au-dessus d’un territoire n’a jamais permis de régler la moindre question politique au sol et il faut une culture historique médiocre pour savoir que tous ceux qui ont prétendu le contraire avaient des buts inavouables à cacher.

L’un des pionniers du règlement politique par la guerre aérienne fut, par exemple, Hermann Göring, selon qui l’Angleterre pourrait être mise à genoux grâce à d’intenses bombardements sur Londres. La suite prouva le caractère très aléatoire de cette affirmation. Inversement, les Alliés soutinrent eux-mêmes, au nom de la théorie des bombardements stratégiques, qu’ils pourraient mettre l’Allemagne à genoux en déversant des bombes sur ses villes, à défaut de pouvoir débarquer sur les côtes normandes. Les résultats de cette politique furent très discutables…

S’agissant d’une insurrection contre l’armée régulière de Bachar el-Assad, on voit mal comment la politique de bombardement pourrait porter plus de fruits que les échecs retentissants engrangés depuis des décennies sur le même sujet. Il est évident que si notre politique au Proche-Orient se limite (si l’on ose dire) à l’ambition de se débarrasser de Daesh sans construire aucun régime durable fondé sur un Etat solide, seule une intervention au sol est susceptible d’atteindre le but que nous nous sommes fixés.

C’est ce qu’on appelle couramment le degré zéro de la diplomatie qui, comme son nom l’indique, ne devrait produire aucun résultat tangible.

La guerre comme continuation du bordel français

Mais, bien entendu, la question de la survie ou non de Daesh, nous l’avons bien compris, n’est qu’un élément accidentel de la politique française, un prétexte, une sorte d’emballage tonitruant qui dissimule la sucette acidulée à laquelle il va falloir se coller. On ne bombarde pas dans l’intérêt des migrants, ni même pour combattre le terrorisme, on bombarde pour mettre l’opinion française sous tension et la pousser à aimer un Président de la République à la ramasse, mais candidat à sa propre réélection.

François Hollande compte évidemment sur deux ficelles pour promouvoir sa cause.

Première ficelle, l’image quasi-puérile du héros de guerre que les Français aiment parce que c’est la guerre, parce qu’il la gagne, et parce que cela nous donnera un beau défilé du 14 Juillet. Les Français l’aimeront comme ils ont aimé Bonaparte vainqueur d’Austerlitz. Bon, d’accord, on ne va quand même pas faire une vraie guerre avec des vrais soldats, mais après tout il ne s’agit pas de devenir un dictateur qui soumet son trône au plébiscite. Ses ambitions sont plus modestes: une toute petite guerre pour gagner quelques points au premier tour, histoire de ne pas être annihilé par Marine Le Pen dès les premières longueurs. Une mini-guerre, en quelque sorte, pour un mini-héroïsme et un mini-score.

Deuxième ficelle: pas de zizanie en temps de guerre. Pendant que nos pilotes mettent leur vie en jeu, la France doit rester unie. La méthode fonctionne toujours: on ne critique pas un Président qui conduit les armées en mouvement, etc. La technique est bien connue, et elle garantit sa part de succès. A défaut de susciter l’enthousiasme, elle neutralise les critiques de l’opposition qui ne veut pas apparaître comme « traîtresse ».

Au fond, la guerre en Syrie a exactement la même fonction que la guerre au Mali ou en Centrafrique: une fonction immédiate d’intervention militaire, et une fonction durable de remontée dans les sondages.

Il faudrait commencer à comptabiliser le coût exact de la candidature de Hollande en 2017.

 - Source : Éric Verhaeghe

Démarche latino-américaine face à l’hégémonie des États-Unis

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Démarche latino-américaine face à l’hégémonie des États-Unis

Ex: http://www.infoguerre.fr 

L’histoire du continent latino américain  a été marquée par les interventions militaires des États-Unis au XIXème et XXème siècle, qui ont touché presque tous les pays de l’Amérique Latine, et qui ont unifié une partie des populations dans un sentiment « anti yankee ».
La réintroduction d’expériences socialistes après l’expérience cubaine, déjà ancienne, est une résultante du changement d’image des États-Unis (d’un pays adulé à un empire qu’il faut craindre). L’ouverture des marchés et la crise de 1980 ont  entraîné des reformes financières et l’intervention du Fonds Monétaire International. Ces réformes ont provoqué une hausse de la pauvreté et des inégalités dans un grand nombre de pays.
Il en a résulté un mécontentement des milieux populaires, qui a permis l’avènement de gouvernements socialistes à partir de 1998, avec notamment l’élection d’Hugo Chavez à la présidence du Venezuela.

La remise en cause de l’apport libéral

Nous pouvons donc dire que la vague de gouvernements de gauche de la dernière décennie en Amérique Latine répond à deux questions majeures : une première économique (inégalités, régulation ou non des marchés, etc.) et une socio-culturelle (l’héritage des idées centre-périphérie, de la menace impérialiste, etc.).
Les politiques économiques libérales mises en place dans les pays de la région avant les années 2000 ont eu le double effet d’augmenter les niveaux de croissance économique et d’aggraver les niveaux de pauvreté et d’inégalités des différents pays. De ce fait, nous pouvons considérer que l’expansion des gouvernements de gauche après 1998 en Amérique Latine ne répond pas à une logique d’imposition des intérêts isolés d’un pays. Au contraire, cette propagation était l’évolution concrète d’un idéal présent depuis toujours dans la conscience de la région : celui d’unifier les pouvoirs contre la puissance de l’hégémonie américaine. La prise en compte de la guerre économique par le biais d’une stratégie d’accroissement de puissance sud-sud, basée sur le contrôle étatique et l’influence économique régionale.


Les Etats socialistes de l’Amérique Latine ont attaqué la question de l’accroissement de puissance économique en utilisant le pouvoir politique. En interne, ils ont mis en place des politiques socialistes (distribution de richesse, participation étatique dans les secteurs clés), mais vis-à-vis de l’étranger la stratégie était différente. Ils ont gardé un certain degré de protection sur leurs marchés, et se sont en même temps engagés de manière offensive dans le commerce mondial (toujours comme exportateurs de matières premières). L’enjeu principal de ce mouvement était l’intégration politique et économique au niveau régional, qui n’existait pas auparavant.

Les points déterminants de cette stratégie sont :
•    La création d’entreprises inter régionales, qui rendent les pays plus compétitifs et moins dépendant des puissances mondiales, particulièrement des États-Unis.
•    L’utilisation d’influences culturelles qui permettent aux pays de la région de partager une identité culturelle très proche voire commune.
•    Ils se sont positionnés comme des fournisseurs officiels d’énergies pour les autres pays de la région, qui n’ont pas forcément une tradition de gauche, et qui sont plus proches au modèle économique américain. Des initiatives comme le CELAC ou Petrocaribe, limitent l’influence des États-Unis dans la région.
•    L’accroissement des relations commerciales et politiques avec des nouvelles puissances mondiales, comme la Chine ou la Corée du Sud.

Tentative de pérennisation d’une souveraineté économique

Du côté politique, le mouvement était dirigé par le Venezuela sous la présidence de Hugo Chavez qui, proche de Fidel Castro de Cuba et Nestor Kirshner d’Argentine, avait initié la propagande d’intégration politique régionale. Ce mouvement s’est très vite propagé après l’élection des présidents Lula da Silva au Brésil et Rafael Correa en Equateur, ce dernier qui est devenu le leader politique du mouvement après la mort de Chavez. Le discours dominant de l’union des pays repose sur des idées anti-impérialistes, qui limitent l’influence des États-Unis sur le continent.
Le gouvernement de Lula soutenait l’intégration économique, le Brésil est devenu une puissance émergente et la référence économique et social de la région. Si l’intégration politique dans la région commence par la création de l’Union des Nations Sud-américains (UNASUR) en 2008 ; l’expansion du mouvement socialiste en sud Amérique est en développement depuis 1998, quand Hugo Chavez a été élu comme président du Venezuela. La dynamique est en cours de développement depuis 16 ans. Si le mouvement a été fragilisé par la mort du président Chavez en 2013, il a été amplement réaffirmé par les présidents Evo Morales en Bolivie, Dilma Roussef au Brésil, et Tabaré Vazquez en Uruguay, qui ont été réélues en 2014. L’influence des États-Unis a diminué pour l’instant dans certains de ces pays et les pays de traditions plus libérales ont assumé des positions plus centristes et ont mis en place des politiques économiques propres au modèle socialiste, selon deux axes : la tentative de redistribution de richesse et la recherche de diminution des inégalités.

Bibliographie :
BROILLET, Emmanuel ; « Amérique latine: l’avènement d’une alternative au néo-libéralisme et le socialisme autoritaire » ; Current Concerns ;  No 8, May 2010
GARCÍA, Marco Aurélio ; « Les nouveaux gouvernements en Amérique du Sud: Cible de construire un avenir » ; revue NUEVA SOCIEDAD, No 217, septembre-octobre 2008.
GOLDFRANK, Benjamin et SCHRANK, Andrew ; « Néolibéralisme Municipale et Socialisme Municipale : Politique économique urbain en Amérique Latine » ; International Journal of Urban and Regional Research ; Volume 33.2, June 2009 443–62.
NAZEMROAYA, Mahdi Darius ; « La Pinktide en Amérique latine: une alliance entre le capital local et le socialisme? » ; Strategic Culture Foundation ; 02 avril 2013.
PETRAS, James et VELTMEYER, Henry ; « Néoliberalisme et les dynamiques du développement capitaliste en Amérique latine », Global Research, November 19, 2009.
PETRAS, James ; « Amérique latine et les paradoxes de l’anti-impérialisme et de la lutte de classe », Global Research, September 03, 2014.
SOLO, Toni et CAPELÁN, Jorge ; « Au-delà de la théorie – la pratique de la construction du socialisme en Amérique latine » ; Global Research ; 15 mai 2013.

mardi, 08 septembre 2015

Le projet de gazoduc Qatar-Turquie que l'on vous cache

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SYRIE: Le projet de gazoduc Qatar-Turquie que l'on vous cache

Auteur : DAMOCLES International News
Ex: http://zejournal.mobi

syria-qatar-pipeline.jpgLe gazoduc Qatar-Turquie est un projet allant du champ irano-qatari «South Pars / North Dome» vers la Turquie, où il pourrait se connecter avec le gazoduc Nabucco pour fournir les clients européens ainsi que la Turquie.

Une des voies vers la Turquie passe par l'Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie et l'autre passe par l'Arabie saoudite, le Koweït et l'Irak.

La Syrie rejette ce projet Qatari et le justifie par la protection «des intérêts de son allié Russe», qui est le premier fournisseur de gaz naturel de l'Europe.

En 2012, un analyste cité par « Ansa Méditerranée » a suggéré que la participation du Qatar dans la guerre civile syrienne a été fondée en partie sur sa volonté de construire un pipeline vers la Turquie via la Syrie.

«La découverte en 2009 d'un nouveau gisement de gaz près d'Israël, du Liban, de Chypre, et de la Syrie a ouvert de nouvelles possibilités de contourner la barrière de l'Arabie et de garantir une nouvelle source de revenus. Les pipelines sont déjà en place en Turquie pour recevoir le gaz.

Seulement, il y a Bachar Al-Assad sur cette route.

Le Qatar et la Turquie souhaite supprimer Al -Assad et installer la branche Syrienne des frères musulmans à sa place. C'est le mouvement politique le mieux organisé dans cette société chaotique et qui peut bloquer les efforts de l'Arabie saoudite d'installer un régime encore plus fanatique basé sur le Wahabisme.

Une fois les frères musulmans au pouvoir, les larges connections de l'émir avec les groupes des frères musulmans de la région lui permettront d'avoir à Damas, une oreille plus attentive à ses projets et une main plus amicale.

 - Source : DAMOCLES International News