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dimanche, 23 novembre 2014

Partenariat transpacifique: la nouvelle ruse de Washington

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Partenariat transpacifique: la nouvelle ruse de Washington

Auteur : Daniel Zoubov
Ex: http://zejournal.mobi

Le partenariat transpacifique, ou TPP, est un ensemble de nouvelles règles économiques qui vont s'appliquer à 800 millions de personnes – les citoyens américains, mexicains, canadiens et japonais si Tokyo rejoignait les négociations – et encore 200 millions d'habitants de la région Asie-Pacifique.

Pour reprendre les propos de l'ex-premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, "le partenariat transpacifique n'est qu'une ruse des USA pour faire face à une probable continuation de la croissance économique chinoise, en réunissant dans la même poche tous les pays de la région Asie-Pacifique".

Une partie essentielle de l'accord est gardée secrète, à l'abri du regard de ceux qui seront justement soumis à ses dispositions. Cependant, certains termes ont fuité dans la presse et permettent de comprendre les intentions des États qui ont rédigé ce document, notamment sur la protection de l'environnement et de la propriété intellectuelle.

Dans la section "Mécanismes volontaires d'amélioration de la protection de l'environnement", les parties s'engagent à reconnaître que les "mécanismes souples construits sur une base de volontariat, comme un audit volontaire et la publication de ses résultats, les stimulations de marché, l'échange volontaire d'information et d'expérience et le partenariat public-privé peuvent contribuer à la création et au maintien d'un niveau élevé de protection de l'environnement et compléter les mesures nationales de réglementation".

Comprendre: une reddition totale face aux corporations énergétiques, qui risque d'entraîner des victimes humaines et des catastrophes écologiques d'envergure, comme les Américains et les Australiens ont pu s'en convaincre à leur dépens.

Le gouverneur de Caroline du Nord Pat McCrory, qui travaillait auparavant chez Duke Energy, appelait activement à renoncer au rôle régulateur de l’État dans la protection de l'environnement et à octroyer à la compagnie un droit d'"autorégulation". En février 2014, Duke Energy a été responsable du déversement de cendres de charbon et des égouts dans la rivière Dan, empoisonnant cette source d'eau pour des milliers d'habitants de l’État.

Sans entrer dans les détails des autres termes de cet accord, on comprend facilement que les auteurs du document ont été guidés par les intérêts des compagnies énergétiques. Le texte indique également que les gouvernements doivent encourager ces compagnies à promouvoir leurs produits en partant de "l'authenticité, de la véracité et en tenant compte des informations scientifiques et techniques". Les autorités américaines et canadiennes prônent aujourd'hui la production d'huile de schiste. La question est de savoir si ses consommateurs connaîtront la vérité sur la nuisance de ce procédé pour l'environnement. Ou si les gouvernements d'autres pays se soumettront également aux compagnies énergétiques en dissimulant la réalité.

Le sénateur républicain de l’État d'Oklahoma, James Inhofe, qui présidera la commission pour l'environnement et les travaux publics, insiste sur le fait que le réchauffement climatique est une "grandiose mystification". Inutile de dire que sa campagne électorale a été généreusement financée par l'oligarchie pétrolière et gazière, qui tirera beaucoup de profit du futur poste de son protégé. Le même profit se cache derrière les exigences américaines - que la "réglementation volontaire" soit la norme pour l'exploration et l'exploitation des sources d'énergie dans les pays du TPP.

La subordination de la protection de la santé et de l'environnement aux intérêts des multinationales, obtenue au cours de négociations secrètes, est présentée comme un moyen de développer l'économie de la région Asie-Pacifique.

Il se pourrait que les pays asiatiques participant à ces négociations tels que Brunei, la Malaisie, le Viêt Nam et Singapour utilisent ce fait comme moyen de pression sur la Chine. Avec pour objectif de parvenir à signer un accord sur la création de leur propre version du TPP – une zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP).

La tentative des USA de renforcer leur influence dans le bassin Pacifique ne s'arrête pas là. Ces dernières années, on note une intensification de la coopération militaire entre les USA, la Corée du Sud et le Japon - Séoul et Tokyo sont ainsi devenus les principaux alliés de Washington hors Otan.

L'ampleur de leur coopération militaire est un autre sujet. Dans le contexte de l'accord commercial, elle se présente comme une tentative agressive des USA de déstabiliser la situation dans la région tout en isolant et en encerclant la Chine et la Russie par une ceinture d'États amis de Washington.


- Source : Daniel Zoubov

dimanche, 21 octobre 2012

Chavez continue à défier l’Amérique

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Chavez continue à défier l’Amérique

Le social-populisme toujours debout en Amérique latine

par Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr/
 
Le dernier tiers mondiste, le Nasser de l’Amérique latine continue son incroyable parcours. Entre Castro et Perón, entre socialisme révolutionnaire et fascisme de gauche, Chavez devient un  phénomène politique à part. Au pouvoir depuis 1999, Hugo Chavez Frias a été réélu président du Venezuela avec 54,42% des suffrages. Récoltant plus de 7,44 millions de voix, contre 6,15 millions à son opposant Henrique Capriles, le président Chavez a rassemblé plus de suffrages que lors de sa précédente réélection, en 2006, lorsqu'il avait pourtant battu l'opposant Manuel Rosales de plus de 25 points, avec 62% des voix.
 
 
Le président  réélu du Venezuela est apparu ensuite au «balcon du peuple», surplombant les jardins du palais de Miraflores, où la foule, comme c'est désormais la tradition, s'était engouffrée peu après l'annonce de la victoire. «Le candidat de la droite vient de reconnaître la victoire bolivarienne», s'est-il réjoui sous les acclamations de ses partisans. Il a par deux fois prié Dieu de lui donner «vie et salut pour continuer à servir le peuple». On sait que très malade il affirme avoir vaincu son cancer. Il a appelé l'opposition au dialogue et affirmé qu'il essaierait de rendre son gouvernement plus efficace: «Je vous promets d'être un meilleur président que je ne l'ai été.» William Ostick, porte-parole pour l'Amérique latine du département d'État américain, a invité le président vénézuélien à prendre en compte «l'opinion des plus de six millions de personnes qui ont voté pour l'opposition». Le mythe fonctionne toujours malgré la maladie, la diabolisation et les difficultés économiques et sociales.
 
 
Hugo Rafael Chávez Frías, né le 28 juillet 1954 à Sabaneta, dans les llanos, dans le sud du Venezuela, est le 52e et actuel président de la République bolivarienne du Venezuela. Il était auparavant le chef du parti politique du Mouvement Cinquième République depuis sa fondation en 1997 jusqu'en 2007, quand il devint le chef du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV). Il suit sa propre idéologie politique du bolivarianisme et « socialisme du 21e siècle », il se concentre sur l'application de réformes socialistes comme une partie d'un projet social connu comme la Révolution bolivarienne, qui a vu la mise en œuvre d'une nouvelle constitution, de la démocratie participative et de la nationalisation des industries clés.
 
Hugo Chavez bénéficie toujours du soutien massif des classes populaires mais il devra désormais composer avec une opposition. Le Venezuela présente deux visages, ceux des supporters radieux du président et ceux des partisans de l'opposition, dépités, qui pour la première fois avaient cru dans les chances de leur poulain.

 
"Nous entamons aujourd'hui un nouveau cycle de gouvernement, au cours duquel nous avons l'obligation de répondre par une plus grande efficacité et un meilleur rendement aux besoins de notre peuple", a déclaré Hugo Chavez du balcon du palais présidentiel de Miraflores devant une foule en liesse."Je vous promets d'être un meilleur président. Le Venezuela continuera au XXIe siècle sur la voie du socialisme démocratique et bolivarien", a-t-il ajouté. "Aujourd'hui, nous avons montré que la démocratie vénézuélienne était l'une des meilleures au monde et nous allons continuer à le prouver", a-t-il lancé, vêtu de sa traditionnelle chemise rouge et brandissant une réplique de l'épée de Simon Bolivar, héros de la lutte pour l'indépendance des pays de la région au XIXe siècle. Se voulant l'héritier de Simon Bolivar, Hugo Chavez a consacré les dollars du pétrole vénézuélien à des programmes de lutte contre la pauvreté, jouant habilement de ses origines modestes pour établir une relation étroite avec le peuple.
 
Depuis sa première victoire électorale en décembre 1998, cet ancien militaire s'est posé en porte-drapeau de "l'anti-impérialisme", critiquant allégrement les Etats-Unis tout en se liant à des régimes diabolisés par l'Occident comme Cuba, l'Iran ou la Biélorussie. Sa réélection se traduira vraisemblablement par une augmentation des investissements de la part des pays alliés comme la Chine, la Russie, l'Iran ou la Biélorussie.
 
Illustrant le soulagement de ses alliés en Amérique latine, la présidente argentine Cristina Fernandez a écrit sur son compte Twitter : "Ta victoire est notre victoire! Et la victoire de l'Amérique du Sud et des Antilles". Le Péronisme même dévoyé se reconnait dans le social populisme à la Chavez tout comme le castrisme même affaibli.
 
Chavez, c’est le macho de la fierté latino contre le vilain américain. Une épine dans le flanc des Usa dont l influence ne cesse de reculer dans le continent sud américain. Une bête noire des Usa qui pour le moment fait front et pas seulement grâce  à l’or noir.
 

dimanche, 22 avril 2012

Isolement de Barack Obama au Sommet des Amériques

Isolement de Barack Obama au Sommet des Amériques

 

Ex: http://www.europesolidaire.eu/
 
Ce 6e sommet (Summit of the Americas) qui a réuni les Etats-Unis et 30 chefs d'Etat d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud à Carthagène en Colombie les 14 et 15 avril, s'est traduit par un véritable isolement de l'Amérique.

 

 

 

Celle-ci est traditionnellement considérée comme dominant son « arrière-cour » des Etats latino-américain, grâce aux opportunités commerciales et aux investissements qu'elle offrait. Or elle s'est vu refuser la signature de l'habituel communiqué final. Le prétexte officiel en a été le refus toujours opposé par Obama à la reconnaissance de Cuba comme membre à part entière.

Mais les observateurs pensent que l'isolement de l'Amérique ainsi manifesté en plein jour tient aussi au développement économique et à l'indépendance politique croissante de la plupart des Etats américains. S'impose aussi sans doute une influence grandissante de la Chine, qui cherche à ce que l' « arrière-cour » américaine devienne aussi la sienne. On a remarqué ainsi les investissements chinois importants dans les Caraïbes, au plus grand déplaisir des Etats-Unis.

Les membres du sommet ont voulu signifier à Obama que le temps de la Guerre Froide était passé et qu'ils avaient définitivement repris leur indépendance. Ils ont cependant loué le président américain de la patience avec laquelle il a écouté les remontrances à son égard, notamment en ce qui concerne la tolérance américaine aux trafics d'armes, de drogues et de prostitution dont les Etats-Unis constituent un des principal débouché.

L'Union européenne n'est pas officiellement invitée à participer à de tels sommets, malgré les liens entretenus par certains Etats européens avec leurs homologues en Amérique Latine. Cependant, le durcissement des relations commerciales entre l'Argentine et l'Espagne, de même qu'entre l'Argentine et le Royaume-Uni à propos des Malouines, a été évoqué off records. L'Europe n'y a pas été présentée sous son meilleur visage. On regrettera en fait que l'Union Européenne ne s'efforce pas d'exercer une action diplomatique suffisante dans de telles instances, au service d'un renforcement des liens avec l'Amérique latine. Elle s'imposerait d'autant plus que recule l'influence américaine.

* Voir Reuters http://www.reuters.com/article/2012/04/17/us-americas-summit-obama-idUSBRE83F0UD20120417


* Le sommet des Amériques (http://www.summit-americas.org/default_en.htm) est une des manifestations de l'OAS, Organization Of American States (http://www.oas.org/en/default.asp )

jeudi, 04 mars 2010

La nationalité canadienne

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1987

La nationalité canadienne

 

 

par Mario Gagné

 

L'histoire est faite d'événements passés dont les effets continuent de manifester aujourd'hui leur présence. Ceux-ci, parce qu'ils sont chargés de sens, parlent à la psychè collective. De la même façon que les territoires, l'âme des peuples est aussi le champ du politique (1). La conscience de cette réalité nous permet d'abord de comprendre une situation historique et, peut-être, de modifier par la suite le cours des événements.

 

Parce que nos sociétés sont encarcannées dans cet Occident qui a pour centre les Etats-Unis d'Amérique, il est nécessaire de comprendre les représentations qui nous révèlent l'Amérique. Toutefois, gardons-nous bien de confondre cette dernière avec les Etats-Unis. En effet, il existe des américanités plus anciennes et plus authentiques que celle-ci: entre autres, la nationalité canadienne.

 

Les récits de fondation

 

Dans la tradition politique et culturelle européenne, les nationalités apparaissent à la suite d'une alliance conclue entre deux ou plusieurs ethnies. Afin d'expliquer le sens de cet événement fondateur, les générations subséquentes mettront très souvent au point une interprétation fabuleuse et légendaire.

 

Ainsi la France est née à la suite du Baptême de Clovis. Le rite conféré par Saint Rémi dans cette Rome liturgique qu'est Reims a non seulement permis l'union politique des Gallo-Romains et des Francs mais il a aussi été perçu comme le moment où l'imperium romain et la culture gréco-latine, principes spirituels dont l'Eglise s'était instituée le fiduciaire à l'époque de la migration des peuples (2), ont été remis en héritage à la France.

 

Le mythe fondateur de la Suisse célèbre à la fois le serment de Rütli prononcé par les représentants des Trois Cantons et l'établissement de la société helvétique sur le modèle des ordres indo-européens (3). Celui de l'Angleterre doit être recherché dans le couronnement de Guillaume le Conquérant à Westminster à la suite de la bataille de Hastings; il rappelle à la fois l'alliance (plus ou moins volontaire) des Normands et des Saxons et l'avènement définitif de la romanité dans l'île britannique. On pourrait multiplier ainsi de semblables exemples.

 

Le Canada comme américanité

 

Transportons-nous le 19 juillet 1603 à Tadoussac, lieu où se jette le fleuve Saguené dans l'estuaire maritime du Canada. A cet endroit, les représentants des tribus etchemine, montagnaise et algonquine se sont réunis afin de souhaiter la bienvenue à Champlain et aux colons français qui vont s'établir à sa suite dans le pays (4).

 

Grâce à l'habile politique de Champlain, les Français furent les seuls Européens, parmi ceux qui sont venus en Amérique, à ne pas avoir acheté ou acquis par la force les territoires sur lesquels ils se sont installés; seuls, ils furent expressément conviés par les autochtones. A l'occasion du Paoua de Tadoussac, Champlain dit à peu près ceci aux chefs des tribus indiennes: "Nos fils épouseront vos filles et ils deviendront une seule nation". Ceux-ci lui répondirent: "Les enfants de vos fils apprendront de leur mère à devenir des hommes valeureux (5)".

 

Le métissage est l'événement fondateur du Canada, pays dont les racines plongent à la fois dans le passé européen et dans le passé immémorial de l'Amérique autochtone. Une telle hybridation ne fut pas seulement somatique mais aussi et surtout culturelle.

 

En adoptant maints aspects du mode de vie indien, les colons français ont d'abord pu survivre malgré les rigueurs du climat canadien. En voyageant tantôt dans des canots d'écorce, tantôt sur des chevaux indiens appelés "cayouche", les descendants de ces mêmes colons ont pu explorer la Nord-Amérique à partir de la vallée du Saint-Laurent jusqu'aux Montagnes Rocheuses et même au-delà, de l'Océan Arctique jusqu'au Golfe du Mexique. Ayant fait l'apprentissage des langues indiennes, les Canadiens ont pu rallier à la France un immense continent. En assimilant les techniques de guerre indiennes, les Canadiens ont encore forcé les Anglo-Saxons à demeurer sur le rivage de l'Océan Atlantique.

 

La nationalité canadienne, création européenne en terre d'Amérique, possède donc un caractère véritablement autochtonien (6). Le Canada se présente ainsi, avec le Mexique, la Caraïbe et le Brésil, comme une authentique construction américaine. A cet égard, il est intéressant de constater que le mythe de la fondation du Mexique prend aussi la forme d'une métaphore conjugale, c'est-à-dire celle de l'union de Guadeloupe et de Quetzalcoatl (7).

 

L'acculturation étatsunienne

 

Tout autre est le mythe de fondation des Etats-Unis d'Amérique. Revivifié aujourd'hui par le pasteur Falwell, allié politique du président Reagan, un tel mythe raconte la venue en Nord-Amérique des Pères pélerins à bord du Fleur-de-mai (Mayflower).  Chassés d'Europe parce qu'ils poursuivaient le rêve du paradis puritain, les Pères pélerins continuèrent d'y être fidèles dans le Nouveau Monde, notamment en choisissant de demeurer à l'écart de l'Amérique autochtone. De cette attitude découleront les guerres d'extermination, qu'eux et leurs héritiers vont entreprendre contre les Indiens, et la création de réserves pour y enfermer les survivants.

 

Les Etats-Unis d'Amérique ne sont donc pas nés d'une alliance entre deux peuples mais bien plutôt d'un double refus: à la fois celui de l'Europe originelle et celui de l'Amérique primordiale. Ce pays qui ne voulait pas avoir de racines, ni en Amérique, ni en Europe, ne forma donc jamais un véritable peuple. Conformément aux fantasmes des Pères pélerins, cette entité étrangère à la fois à la terre d'origine et à la terre d'accueil, s'efforcera de ne devenir rien d'autre qu'«une bonne et solide prospérité étalée au grand jour» (8).

 

Afin de se donner un semblant de légitimité politique et historique, les E.U.A. se sont désespérément mis en quête d'une identité nationale. D'abord, comme leur nom l'indique, ils se sont octroyés le monopole de l'américanité; ensuite, ils ont usurpé l'identité des peuples véritables, en particulier celle des Canadiens.

 

Derrière la silhouette des personnages de Fennimore Cooper, que l'auteur a créés afin de donner aux Yanquis une familiarité qu'ils n'ont jamais eu avec la terre d'Amérique, se profile l'image à peine transposée du coureur-de-bois canadien. Sans la geste du cavalier métis, dont Hollywood s'est abondamment inspiré pour fabriquer en série ses héros de plateau de tournage, la figure du gardien de vaches, symbole de l'Amérique yanquie, apparaîtrait clairement pour ce qu'elle est, c'est-à-dire bien misérable.

 

Tout aussi significatif est le travestissement effectué par cette autre formation politique, voisine des E.U.A., qu'est l'Amérique du Nord Britannique. Comme en témoigne sa toponymie où se rencontrent des Kingston, des Windsor, des London, etc., l'A.N.B. fut créée sur le modèle de la Grande-Bretagne. Désirant n'avoir de racines qu'en Europe, l'A.N.B. choisit, comme les E.U.A., de demeurer étrangère à l'Amérique autochtone.

 

Comme les E.U.A., l'A.N.B. se retrouva bientôt devant le même vide identitaire. Comme les E.U.A., l'A.N.B. essayera de le combler en usurpant l'identité des Canadiens. Mais cette fois-ci, ce sera de manière plus profonde: alors que l'A.N.B. refuse précisément au Canada le droit à l'existence, elle s'attribuera le nom du Canada et voudra se faire reconnaître pour tel à la face du monde. Une telle opération, il va sans dire, aura aussi pour but de minoriser les Canadiens dans leur identité et de vider de toute substance leur nationalité.

 

Le refus français de l'Amérique

 

Alors que les Canadiens avaient, au-delà de l'Océan Atlantique, ouvert à la France un espace illimité et plein de possibilités pour son expansion territoriale et démographique, celle-ci ne comprit jamais l'importance de ses possessions nord-américaines. Au contraire, elle s'entêta dans sa traditionnelle politique d'expansion vers l'Est. Vu l'exigüité et le peuplement déjà dense du territoire européen, une telle politique allait non seulement faire perdre à la France son rôle de grande puissance de l'avenir mais aussi entraîner jusqu'à nos jours l'Europe dans de nombreux conflits, causes premières de son actuel déclin (9).

 

La France s'est volontairement départie de ses territoires nord-américains, d'abord en empêchant les Canadiens d'utiliser les techniques de guerre adaptées au Nouveau Monde  -ce qui allait conduire à la chute de Québec en 1759-  et, ensuite, en vendant la Louisiane aux Etats-Unis d'Amérique. Construite sur le refus de l'aventure américaine, la France moderne  chassera de sa mémoire historique le Canada en intériorisant systématiquement le point de vue yanqui sur l'Amérique (10). Pour pouvoir agir autrement, il aurait fallu reconnaître explicitement l'erreur de jugement historique qui lui a valu la perte de son imperium.

 

Les Etats-Unis étant surtout pour la France l'"Amérique", il est significatif de constater que sa littérature romanesque ira jusqu'à affubler, pour faire plus "américain" des noms anglais aux Indiens -lesquels ont très souvent des ascendants français- et à les faire évoluer dans une toponymie non moins anglo-saxonne. Tout aussi significativement, elle mesurera désormais à l'aune yanquie les différentes manifestations de la "modernité" et de la "démocratie". Dans cette perspective, constater que le refus français de l'Amérique a entraîné l'asservissement aux Etats-Unis est le moindre des paradoxes.

 

Seule l'attitude du Général de Gaulle, qui a permis à la France de redécouvrir l'Amérique, représente une exception (11). Ce n'est pas par hasard si l'homme d'Etat qui fut à l'origine du rapprochement franco-allemand, c'est-à-dire de la mise en cause de la traditionnelle politique étrangère française, fut aussi celui qui appuya le mouvement indépendantiste du Canada français. Cet appui, rappelons-le ici, avait pour but d'annuler dans une certaine mesure les effets du désastreux traité de Paris (1763).

 

Le nationalisme de l'Eglise canadienne

 

Après la cession du Canada à la Grande-Bretagne, différents mouvements de résistance à la présence anglaise surgirent. Le plus important de ceux-ci fut l'Insurrection des Patriotes qui eut lieu en 1837 et en 1838. Influencés par les meilleures idées de la Révolution française (12), les Patriotes élaborèrent une légitimité en vertu de laquelle l'autochtonité du peuple canadien fondait son droit à la liberté et à la souveraineté politiques. Ils l'utilisèrent afin de l'opposer au droit de domination que le pouvoir britannique s'était arrogé.

 

La défaite de l'Insurrection fut le moment qui permit à l'Eglise de s'accaparer, avec la complicité de l'occupant, le pouvoir culturel; notamment, sa présence se fit sentir dans le domaine de l'enseignement public et dans celui de la formation des élites professionnelles et politique. En gros, cette mainmise allait durer de 1840 à 1960.

 

Pendant toute cette période, l'Eglise s'acquitta fidèlement de son pacte de collaboration. Afin d'empêcher à l'avance d'autres tentatives d'émancipation politique, elle mit au point un nationalisme qui, tout en faisant appel au sentiment national des Canadiens, allait aussi et surtout le neutraliser. Centré autour de la Province of Quebec, nom que le conquérant avait donné au Canada dès la Proclamation royale de 1763, ce nationalisme s'opposa résolument au caractère autochtonien de la nationalité canadienne.

 

Au moins deux raisons amenèrent l'Eglise à collaborer avec l'occupant. D'abord, elle se faisait du pouvoir politique une conception théocratique et déracinée. Puisque le Canada avait été cédé à la Grande-Bretagne en vertu d'un accord passé entre deux monarques, qui étaient l'un et l'autre les représentants de Dieu sur terre, on devait alors au roi d'Angleterre la même obéissance que l'on avait accordé au roi de France. Ensuite, la nationalité canadienne, qui avait émergé à la suite d'un contact prolongé avec la Grande Sauvagerie, représentait pour les Français qui venaient s'établir en Nord-Amérique et leurs descendants une façon de couper les ponts avec la Rome catholique. A l'exemple de Marie de l'Incarnation, le clergé se plaignait amèrement: "Un Français devient plutôt sauvage qu'un Sauvage ne devient Français."

 

L'Eglise favorisa donc la construction d'une histoire et d'une sociologie fictives dont les principaux axes furent la francité et la catholicité. On s'en doute bien, l'intériorisation du point de vue français ne pouvait manquer d'être aliénante. C'est ainsi que progressivement l'élite politique et culturelle canadienne évacua, comme le fit la France, le Canada de sa mémoire historique.

 

La fausse nationalité québécoise

 

Au début des années 1960, apparut un nationalisme qui, tout en se voulant nouveau, alla porter cent vingt années d'influence cléricale à son ultime conséquence. Bien loin de s'inspirer de l'Insurrection des Patriotes ou de la Relève des Métis (1869 et 1885), qui furent des moments d'affirmation de la nationalité canadienne, les néo-nationalistes fabriquèrent de toute pièce une nationalité québécoise qui serait exclusive de la nationalité canadienne et qui, de ce fait, entérinerait l'usurpation faite par l'A.N.B. Bien qu'ils proclamaient bien haut la nécessité de l'indépendance politique, les néo-nationalistes la niaient dans les faits puisqu'ils interdisaient le recours à la nationalité canadienne qui parle à la psychè collective et qui seule peut fonder un tel droit.

 

Sans le savoir, les néo-nationalistes, qui étaient souvent des anticléricaux virulents, reprirent l'essentiel de l'ancien nationalisme clérical. Les modifications apportées à celui-ci furent mineures. Ainsi, le terme "Québec" se substitua à celui de "Province" et le "corporatisme social" des années 1930 devient la "sociale démocratie" des années 1970 (13). Si l'Eglise disparut du domaine de l'éducation et des affaires sociales ce fut au profit d'une instance toute aussi maternante: l'Etat technocratique pourvoyeur de services. Pour le reste, les néo-nationalistes continuèrent d'agiter le drapeau à fleurs de lys blanches du clergé, véritable symbole d'abdication nationale.

 

Si la fausse nationalité québécoise a pu exercer un attrait durant un certain moment, c'est justement parce qu'elle promettait de faire accéder un peuple à la souveraineté politique sans avoir à soutenir de combat contre un adversaire identifiable. Après s'être donné une nouvelle identité qui l'exorciserait de tout un passé jugé colonial, il lui suffirait, aux dires du Parti québécois, de pratiquer la "démocratie" et de devenir "moderne" à la manière dont les Anglo-Saxons l'entendent. A leurs yeux, il lui aurait été enfin possible de mériter l'indépendance.

 

Une telle vue de l'esprit soutend une démarche semblable à celle que doit suivre le catéchumène chrétien: on se purifie d'un passé jugé inacceptable en abandonnant le nom de sa lignée et en pratiquant certaines vertus dans le but de se mériter le salut éternel devant Dieu.

 

Les néo-nationalistes ont donc conduit le mouvement indépendantiste du peuple canadien dans l'impasse. Ils n'ont pas voulu comprendre qu'un mouvement de libération nationale est d'abord et avant tout une révolution. Révolution, parce qu'à l'exemple de la conduite d'actions inscrites dans l'histoire, elle exige du courage, au moins celui qui permet de mettre en cause les schémas intellectuels étriqués.

 

Révolution aussi, parce qu'une action inscrite dans l'histoire est toujours  -comme l'indique l'étymologie du terme, revolvere-  un retour aux origines. Or, un peuple ne se maintient dans le monde que parce qu'il actualise constamment son mythe de fondation et sa tradition de lutte nationale.

 

Mario GAGNE.

 

 

NOTES

 

(1) C'est l'opinion du géopoliticien Jordis von Lohausen telle que rapportée dans le "Dossier géopolitique" de la revue  Orientations,  octobre 1980, p. 4.

(2) Voir à ce sujet Louis Rougier dans  La France en marbre blanc,  Bourquin, éd., Genève, 1947, p. 73.

(3) Voir Pierre Maugué dans  "Les origines de la Suisse et la Tradition celtique",  Etudes et recherches,  n°3, automne 1984, p. 3.

(4) Voir Jean-Marc Soyez,  Quand l'Amérique s'appelait Nouvelle-France,  Fayard, Paris, 1981, p.84.

(5) Voir le texte en exergue du livre de Hugh Broody,  The People's Land Eskimos and Whites in the Eastern Arctic,  Penguin Books Ltd., Harmondsworth, 1975.

(6) Voir Alain de Benoist,  Démocratie, le problème,  éd. Le Labyrinthe, Paris, 1985; en particulier les pp. 13, 14 et 15.

(7) Voir Jacques Lafaye,  Quetzalcoatl et Guadeloupe, la formation de la conscience nationale au Mexique, 1531-1813,  Gallimard, 1974.

(8) L'expression est de Hawthorne et elle a été citée par Jean Morisset dans son livre  L'Identité usurpée,  tome I, éd. Nouvelle Optique, 1985, p. 58. Jean Morisset, dont les analyses sont une source d'inspiration féconde, est, avec Raoul Roy, l'un des rares intellectuels canadiens à défendre la nationalité canadienne contre la méprise que constitue la fausse identité québécoise.

(9) voir Jordis von Lohausen,  op. cit., p. 15.

(10) L'Atlas mondial de la découverte  préparé par Gérard Chaliand et Jean-Pierre Rageau (Fayard, Paris, 1984) est caractéristique de l'attitude déconcertante des Français envers le Canada. Alors qu'ils décrivent avec soin les explorations effectuées par les Espagnols, les Portugais et les Anglais en Amérique, aucune allusion n'est faite quant aux pérégrinations des explorateurs français et canadiens dans le nouveau monde. Même les voyages de Jacques Cartier sont ignorés. Ces deux géopoliticiens, qui ne peuvent avoir pour eux l'excuse de l'ignorance, se sont donc conformés aux vœux des Anglo-Saxons qui ont toujours combattu la présence de la France en Nord-Amérique.

(11) Le très beau livre de Jean-Marc Soyez  (op. cit.),  qui se lit comme un roman, est l'un des rares ouvrages français qui présente l'Amérique à la France et à l'Europe; il y a tout lieu de croire qu'il n'a pu être écrit que dans le contexte de la présidence du Général de Gaulle.

(12) Les dirigeants du mouvement des Patriotes étaient fascinés par les tentatives de "retour à l'antiquité" effectuées par la Révolution française. Un Ludger Duvernay, fondateur et directeur du journal  La Minerve,  puisait ses modèles politiques dans la démocratie athénienne ou dans la République romaine.

(13) Sur les liens de parenté existant entre les deux nationalismes, voir Clinton Archibald,  Un Québec corporatiste?,  éd. Asticou, Hull, 1983. 

samedi, 27 février 2010

Chile y la formacion de su Esrtado-Nacion

ModifChili.jpgChile y la formación de su Estado-nación

 

                                                                                 Alberto Buela (*)

 

Luego de la derrota española en la definitiva batalla de Maipú el 5 de abril de 1818, los vencedores, las fuerza criollas, se enfrentaron con el problema de la organización del territorio que tenía un sistema colonial de gobierno. Había que establecer un modelo político nuevo, una organización administrativa que lograse reemplazar la antigua administración. De modo tal que se produjo un doble quiebre, como sucedió en toda Nuestra América: a) un quiebre político, el reemplazo de una administración y un régimen, el de la monarquía por la república. Y b) un quiebre de la identidad subjetiva de la nación, no más españoles americanos sino simplemente americanos (ideal de Bolivar y San Martín) o chilenos, paraguayos, argentinos, etc. (ideal del nacionalismo de patria chica) que fue lo que realmente sucedió.

 

La función de construir un Estado-nación propio va a ir emparejada a la importancia que adquieren las armas, así se va cumplir aquí el adagio de Clausewich: la guerra es la continuación de la política por otros medios. En el caso de Chile, a la guerra de la Independencia continuarán Portales y la batalla de Lircay, la guerra contra la confederación peruano-boliviana y la guerra civil de 1851.

 

Es que a partir de 1818 la unidad política alrededor del Estado-nación se va a tornar confusa e inestable y así lo que establecía O´Higgins, lo derribaba Freire y aquello que sostenía éste, lo volteaba Pinto. En realidad, ellos eran obstáculos a la integración en un orden nacional. Es que el caudillismo y los intereses locales eran divergentes. Así O´Higgins se enfrenta a los terratenientes, quienes eran representados por Freire. Fracasa en Chile el proyecto federalista. Y se impone luego de la derrota de Freire en la batalla de  Lircay en 1830, el unitarismo del régimen portaliano, que no fue otra cosa que la síntesis entre la espada y la civilidad. Los dos autores más significativos en esta tema; el ensayista e historiador Alberto Edwards Bello (1874-1932) en su libro La Fronda aristocrática y el historiador Mario Góngora (1915-1985) en su libro Ensayo histórico sobre la noción de Estado en Chile en los siglo XIX y XX  van a respaldar con sus investigaciones esta tesis.

 

A partir de 1830 surge un gobierno fuerte pero extraño al militarismo de los tiempos de la independencia, que proclama la Constitución de 1833  sosteniendo que Chile es una república democrática y representativa, pero que al carecer de tradición republicana debe ser gobernada autoritariamente. Y Diego Portales es el principal resorte de ese régimen aun cuando no sea el presidente.

Aparece entonces en el horizonte político chileno la Confederación peruano-boliviana que “siempre serán más que Chile en todo orden  Y que “debemos dominar para siempre el Pacífico”  según Portales, por lo tanto, “guerra a la Confederación que debe desaparecer”.

Sin embargo, Portales es asesinado en Cerro Barón y el propósito de los conspiradores, detener la guerra contra el cholo Santa Cruz no sólo no se cumplió sino que de impopular, la guerra se transformó en una causa nacional.

Con el triunfo del general Bulnes triunfador de Yungay en 1841 y su posterior asunción a la presidencia de la República se consolida definitivamente el Estado-nación chileno en donde la “institucionalidad portaliana” reemplazó definitivamente al antiguo “caudillaje”.

 

 

(*) arkegueta, aprendiz constante, mejor que filósofo

alberto.buela@gmail.com

Casilla 3198 (1000) Buenos Aires

 

lundi, 30 mars 2009

Intervencion de R. Steuckers - Primer Encuentro de la America Romanica de Politica y Cultura Alternativas (1996)

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996

 

Intervención de Robert Steuckers

Primer Encuentro de la América Románica de Política y Cultura Alternativas

(Viña del Mar, Agosto -Septiembre de 1996).


Señoras, señoritas, señores, queridos amigos:

Voy a comenzar por agradecer a los organizadores de este coloquio iberoamericano el haberme permitido tomar la palabra hoy, por desgracia sin estar presente físicamente, lo que lamento mucho. Enseguida, os deseo sacar un gran provecho de este Encuentro; deseo también larga vida a todas vuestras iniciativas y sobre todo a vuestras revistas, por que ellas son las que nos permiten comunicarnos, traducirnos mutuamente, hacernos conocer a, nuestros respectivos públicos, pese a las decenas de miles de kilómetros que nos separan. Nosotros los animadores de la asociación Synergies Européennes, hemos tenido este verano (boreal, ndlR.) una semana de trabajos ideológicos particularmente fecunda, que nos ha permitido esclarecer nuevas facetas de nuestra Weltanschaung, rozarnos con nuevas disciplinas y salir de nuestros propios senderos trillados sin alejarnos de nuestros objetivos fundamentales. Todos los textos disponibles de esta universidad de verano os serán comunicados, por supuesto, a fin de acentuar y profundizar nuestra fraternidad de espíritu. Todos los participantes en la IV Universidad de Verano de Synergies Européennes os desean, por lo tanto, un franco éxito en vuestras empresas.

Señoras, señoritas, señores, queridos amigos: Yo desearía hoy introducir nuestra comunidad de combate cultural a nuevas temáticas globales. En efecto, verificamos que la ideología dominante, salida del discurso de las Luces, salida de todas la etapas del gran desencantamiento occidental comprobado por Max Weber, no está más en el caso de enfrentar los problemas que ha generado ni de resolver los disfuncionamientos calamitosos o catastróficos que ha provocado. Las ideologías dominantes o prácticas políticas que derivan de ellas , comprendidos los partidos que se dan la etiqueta "cristiana" o "conservadora", han prometido el"progreso", es decir una planetarización del desencantamiento moderno e ilustrado; pero, vista la resistencia ontológica de los hechos de vida, vistos los límites de los recursos vitales, vista la finitud humana, estas prácticas ideológicas dominantes no pueden realizar más ningún progreso sin poner en peligro el fundamento mismo de la Vida, sin inferir heridas siniestras al mundo real y orgánico: por esto, ya no se puede hablar razonablemente de "legitimidad progresista".

Esta verificación nos obliga a proponer una alternativa a esta ideología dominante, porque ésta pierde completamente su función de "puesta en forma" del dato humano y natural, lo que se percibe de inmediato en la desvalorización generalizada de las instituciones políticas derivadas de esa ideología dominante, en sus disfunciones, en los efectos perversos que se multiplican, en la podredumbre general que se observa en Europa occidental, y en los países del antiguo Pacto de Varsovia. En Bélgica, por ejemplo, este verano, luego del desmantelamiento muy parcial de una red de pedofilia que asesinaba a sus víctimas -nada más que la punta emergida del iceberg- la población ha podido comprobar el laxismo aterrador de los aparatos judicial y policial, los silencios cómplices, los velos púdicos lanzados sobre una realidad sórdida, y ha perdido totalmente la confianza en las instituciones llamadas "democráticas"; una lámina de fondo general atraviesa el psiquismo popular e instala en nuestros países una oposición hosca entre el pueblo y los aparatos institucionales, que el gobierno, la magistratura y los servicios de policía difícilmente podrán controlar en el futuro próximo. Por lo demás, la acumulación de los problemas ecológicos, el no-dominio por los gobiernos de los flujos comunicacionales, demográficos y económicos, constriñen incluso a los más apacibles de los ciudadanos a poner en duda los esquemas políticos convencionales, a fin de salir de la crisis moral que atraviesa hoy Europa occidental.

Esta crisis nos interpela en todos los dominios de la actividad humana y política. Para ser concisos, me referiré exclusivamente a las cuestiones que plantea un hombre de izquierda alemán, un ingeniero especializado en las energías alternativas. Hermann Scheer, en una obra significativamente titulada Zurück zur Politik (¡Retomo a la política!). Scheer, como los discípulos de Schmitt, verifica el "adormecimiento" de la función de lo político, la declinación de la res pública* la cesura problemática que existe ahora entre los proyectos y las promesas de los gobiernos. Próximo de los ecologistas, Scheer comprueba también, como los discípulos de Roberto Michels, que las actitudes rígidas de los partidos en plaza, hostiles a las ideas nuevas, a los métodos ergonómicos nuevos, que los obligarían a modificar de cabo a rabo sus estructuras internas, bloquean toda evolución. Scheer señala con el dedo el proceso de oligarquización, primer responsable de la declinación de la res pública. Las nuevas categorías de ciudadanos, los ciudadanos que para ejercer su profesión deben apelar a nuevos métodos ergonómicos, basados sobre relaciones diferentes de las previstas por las legislaciones y los reglamentos, chocan con los hábitos establecidos que protegen los partidos del poder occidental. Este poder se defiende decretando "poujadistas", "fascistas", "irracionales" o "neocomunistas" los desiderata de esas nuevas categorías de ciudadanos, bloquea el acceso de los innovadores a la función pública, corta los subsidios a ciertas investigaciones, defiende sus posiciones obsoletas, tanto que se obtiene a fin de cuentas una oposición muy tajante entre ciudadanos activos y partidos esclerotizados, mostrándose éstos incapaces -si no se ponen ellos mismos fundamentalmente en discusión- de integrarlos nuevos hechos del mundo y los nuevos ajustes sociales.

En Italia, en Alemania, en Bélgica, en los Países Bajos, se comprueba una aversión más y más generalizada de los votantes respecto de los partidos políticos establecidos: los no-votantes y los votos protestataríos se multiplican desde hace más de diez años, la no-renovación de las adhesiones militantes es crónica, por la simple y buena razón de que los programas, más y más vagos y flojos, no corresponden mas a los hechos de la vida. Y si no hay más concordancia entre los hechos de la vida (sean los que sean) y el discurso de legitimación política -que decae en puro discurso "legalitario"-, es justamente que el discurso no puede de ningún modo estar en concordancia con los flujos vitales, que no es más que frases y enchapado; mejor: que finalmente no ha sido jamás otra cosa. Aleksander Zinoviev destaca la existencia de "adiposidades" y de estructuras parasitarias en las instituciones generadas por el occidentalismo: el Estado anhelado por los liberales es efectivamente débil porque es gordo y pesado, sobrecargado de "adiposidades"; como lo había reclamado antaño Guillaume Faye en las filas de la "nueva derecha" -antes de ser expulsado de ella por toda clase de intrigas escandalosas-, nuestra visión del estado debe ser la de un Estado flexible, esbelto y fuerte.

La inadecuación fundamental entre flujos vitales y discursos solemnes es lo propio del más tenaz de los fundamentalismos : el fundamentalismo occidental, denunciado como tal por Scheer , o denunciado como "occidentalismo" por Zinoviev, con una extrema frialdad de análisis, sin sucumbir a la menor ilusión ideológica o política. El occidentalismo reprocha a los fundamentalismos religiosos o a los nacionalismos el negar la pluralidad de los valores -y el relativismo que de ella emana- y, sobre todo, no contemplar la eventualidad de su propio fracaso. Scheer, sin embargo, comprueba que las catástrofes ecológicas, la anomia y el individualismo, que destruyen los resortes de las comunidades y de la solidaridad, son a corto plazo otros tantos peligros mortales portados por la ideología occidental de las Luces, ¡que por consiguiente, no reconoce tampoco la eventualidad de su fracaso! Esta ideología, en sus aplicaciones prácticas, se estrella hoy contra límites o de obstáculos que hubieran podido frenar su ".progreso", su desarrollo y su despliegue planetarios. Justamente éste no se deja transponer al planeta entero, visto los límites de los recursos energéticos y, más simplemente aún, del espacio habitable. En el dominio de las ideologías irrealizables y por tanto peligrosas, el neoliberalismo de los años 80 toma el relevo de un "liberalismo" sesentayochista, tan falso como ilusorio, que se presenta como el cantor de una libertad ilimitada de comerciar, producir, vender o pensar, mas usa de los nuevos medios de telecomunicaciones informáticas para centralizar a ultranza la información y eliminar a los productores y a los vectores de información más pequeños, más originales y más independientes. A pesar de sus discursos, el neoliberalismo no es libertario, sino extremadamente monopolista: no es derregulacionista. como lo afirma en voz alta, sino que apunta al reemplazo planetario de las regulaciones estatales por regulaciones privadas, menos controlables, no sometidas a la aprobación de asambleas y que no persiguen sino objetivos económicos y financieros. En un contexto tal, el hombre no es más percibido y valorizado sino como productor y consumidor : si intenta escapar a esta lógica hipermovilizante e hipercinética (Sloterdijk), si busca conservar espacios de creatividad, si se interesa en valores o actividades no mercantiles se aisla automáticamente en estatutos sociales considerados como "inferiores"; tal es la suerte del pequeño productor, de los artesanos o de los industriales locales (en empresas de anclaje regional), tal es la suerte del docente, del personal médico, del artista, de las profesiones "liberales", de los investigadores, etc. No siendo su "rentabilidad" una rentabilidad maximalizante a corto término, su grado de integración en la sociedad neoliberal disminuye día a día el personal subalterno que les está ligado arriesga permanentemente la exclusión social. Las sociedades llegan a ser "duales", oponiendo categorías siempre más reducidas de "integrados" a masas más y más considerables de "excluidos".

Es forzoso comprobar que en todas las "periferias", en todas las zonas juzgadas no rentables o menos rentables, entre todos los productores modestos rechazados a la "periferia" de su sector profesional, la necesidad de "proteccionismo" crece, en primer lugar para evitar una extrema dualización de la sociedad, una ruina catastrófica de sus sectores no mercantiles y una marginalización definitiva de los países más débiles. La lucha planetaria contra la cesantía pasa por un recentramiento de las energías sobre territorios restringidos, Es la razón por la cual hemos reivindicado en nuestra última universidad de verano, conjuntamente con el equipo de la revista italiana Tellus (de Luisa Bonesio y Catarina Resta), el anclaje (o el re-anclaje) de todo pensamiento, incluyendo todo pensamiento político, en la "Tierra", sobre suelos particulares, restringuidos, limitados. Catarina Resta habla de la "autoctonía del pensamiento" y explora las obras de Fichte, Hegel, Hölderlin y Heidegger en buscar todas las formas de conceptualización de los arraigos y de los anclajes, siempre disipando preventivamente, al pasar, todos los trucos ideológicos que apuntan a poner la ecuación "arraigo = preludio al exterminismo nacional-socialista" -el rechazo del otro en el nazismo es simultáneamente rechazo de autoconstrucción dialógica; la identidad, sin confrontación con el Otro, se seca y termina por morir-. El retorno a la autoctonía de todo pensar, preconizado por Catarina Resta, es una respuesta al llamado que nos lanzaba Cari Schmitt a la lucha contra todas las formas de des-localización, de Ent- Ortung.

Entre los sociólogos del MAUSS se habla de una "necesaria recontextualización de las economías", porque, en el contexto de la intelligentsia parisina, siempre se es reticente en aceptar el contexto de "autotocnía de todo pensar" o a citar a Cari Schmitt, a causa de residuos tenaces de germanofobia. No obstante, las iniciativas del MAUSS - y más precisamente la del sociólogo Serge Latouche - merecen ser citadas al margen de dos más vastos movimientos norteamericanos: el comunitarismo y el biorregionalismo. Como todos sabéis, el comunitarismo es la respuesta de los intelectuales norteamericanos a la anomia que encuentran en su propia sociedad y que es el resultado de la desagregación de todos los anclajes sociales y de todos los lazos no económicos que unen a los hombres entre sí: la reflexión comunitaria parte del libro de John Rawls, A Theory of Justice, que discutía el monopolio del utilitarismo en las ciencias sociales y sugería una alternativa, una concepción comunitaria de la justicia, tendiente al bien común, implicando una generalización de esa virtud de fairness, que debería adquirir en todos el mismo estatuto de evidencia que la teoría de los derechos naturales en las tradiciones contractualistas dominantes en las diversas formas de liberalismo occidental, sobre todo en los países anglosajones.

El biorregionalismo es la forma norteamericana, parcialmente indigenista - en el sentido en que la herencia amerindia desempeña un papel primordial en la elaboración teórica de este biorregionalismo-, de la práctica del re-anclaje local, telúrico, de todo pensamiento político. El biorregionalismo busca la adecuación del hombre con el sitio en el que vive.

Los problemas ecológicos que se acumulan son el resultado de un pensamiento que no ha retenido el criterio de autoctonía. La respuesta, la sola respuesta posible hoy, es oponer un programa coherente uniendo los cuerpos separados de la geofilosofía, de la noción de "contextualización" de la economía (MAUSS), del biorregionalismo norteamericano, del comunitarismo norteamericano (con miras a crear un "bloque de ideas indiscutibles" que reemplace y complete a la vez la teoría de los
derechos naturales), y las tradiciones europeas de la "subsidariedad", heredadas de Althusius y de Otto von Gierke, dos autores que preconizan una tríada que resume muy bien nuestra opción en materias sociales: comunidad, solidaridad, subsidariedad.

Este trabajo de investigación en profundidad de todas esas herencias y tradiciones, este trabajo de defensa y de ilustración significa también que se deberá salir definitivamente de los encierros que nos ha impuesto la lógica binaria del maniqueísmo político convencional; es decir salir del encierro en una izquerda fija o esclerotizada o en una derecha también fija y esclerotizada, en las repeticiones hasta la saciedad de los mismos esquemas y las mismas formulas. La ideología del "occidentismo" (Zinoviev) es la resultante de innumerables arroyos ideológicos que han terminado por formar un poderoso torrente. La alternativa se formará también de muy numerosos arroyos que formarán a su vez un formidable torrente.

Las temáticas nuevas, todas críticas con respecto a la herencia de la Aufklürung, abren a nuestras comunidades de trabajo y de combate nuevos campos de investigación. Sería irresponsabilidad histórica no emprender muy pronto ese trabajo y confrontarlo sistemáticamente a nuestras adquisiciones. Yo habría querido ser mucho más preciso en mi exposición, pero creo haber señalado -brevedad obliga- las principales pistas en las que habrá que comprometerse desde mañana; ¡ Me resta expresaros mis sentimientos de camaradería y de solidaridad, desearos un feliz éxito y transmitos una vez más los saludos de vuestros amigos europeos !

Gracias

[Ciudad de los Cesares (Santiago de Chile), 1996]