Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 18 novembre 2020

Transcaucasie: après le cessez-le-feu du 5 novembre...

1200px-Caucasus-political-fr.svg.png

Transcaucasie: après le cessez-le-feu du 5 novembre...

Entretien avec Robert Steuckers

Propos recueillis par Zaur Medhiyev

L’Arménie a signé un accord de cessez-le-feu, prévoyant le retrait de ses forces d’occupation hors des territoires azerbaïdjanais. Le problème est que l’Arménie a dû franchir ce pas après une défaite militaire. Du point de vue du droit international, quelles pourraient être les responsabilités de la partie perdante d’une guerre ?

Les responsabilités d’un désastre, comme une défaite militaire, ne peuvent être réglées qu’entre les vaincus eux-mêmes. Trancher quant à ces responsabilités est désormais un problème intérieur arménien. Les Arméniens doivent exiger des comptes au gouvernement Pachinian et aux réseaux qui l’ont amené au pouvoir et qui l’ont soutenu. L’hebdomadaire français « Le Courrier International » vient d’évoquer cette semaine une thèse aujourd’hui répandue dans la presse russe et dans l’opposition arménienne à Pachinian. La révolution de couleur, qui a amené celui-ci au pouvoir en 2018, aurait été soutenue en secret par les services secrets britanniques qui poursuivent la vieille politique de semer la zizanie en Transcaucasie. D’un point de vue européen, russe et transcaucasien, ce type d’immixtion bellogène est inacceptable. Il faut plaider pour la nécessité d’une Transcaucasie pacifiée sinon le statu quo ante aurait été préférable. On voit ce que donnent les immixtions occidentales dans les Balkans : le chaos ! Le principe énoncé pendant l’entre-deux-guerres par Carl Schmitt demeure valable, demeure un axiome indépassable de toute pensée politique réaliste : pas d’immixtion de puissances extérieures à un espace donné dans ce même espace (Interventionsverbot für raumfremde Mächte).

En quittant les territoires occupés, les Arméniens détruisent tout ce qu’ils peuvent détruire. Ils brûlent les forêts, détruisent des bâtiments, détruisent des espèces rares de plantes et d’animaux. L’Azerbaïdjan doit-il inclure ces actions dans la liste des crimes commis par les Arméniens, dans le but d’exiger des compensations financières à l’Arménie ?

Les Arméniens pratiquent là une vieille stratégie russe, celle de la terre brûlée, appliquée devant les armées de Napoléon et Hitler. Le système des indemnités est pervers comme l’ont montré les clauses aberrantes du Traité de Versailles de 1919. L’Allemagne s’est radicalisée suite à des crises financières de grande ampleur, accentuée par l’obligation de payer des dettes de guerre à la France, qui en vivait sans ressentir la nécessité de se moderniser. Certes, l’Arménie n’a pas le poids de l’Allemagne, même vaincue, mais des exigences trop importantes susciteraient une solidarité quasi spontanée pour l’Arménie dans le monde orthodoxe, surtout en Russie où le poids du Patriarche de Moscou n’est pas négligeable, ce qui aurait pour résultat d’isoler l’Azerbaïdjan, en dépit de la solidarité turque sur laquelle il pourrait compter mais seulement si la Turquie d’Erdogan parvient à court terme à surmonter sa crise financière. Ensuite l’Iran, en dépit du fait qu’il partage avec l’Azerbaïdjan la foi islamique chiite, montre des velléités pro-arméniennes par méfiance à l’endroit de la Turquie sunnite et par crainte de voir les mercenaires djihadistes demeurer à proximité de ses frontières pour éventuellement s’infiltrer dans le Nord de l’Iran et y commettre des sabotages pour le compte des Etats-Unis.

imagehkdest.jpg

Les autorités de l’Azerbaïdjan ont annoncé qu’elles exigeraient 50 milliards de dollars à l’Arménie pour les dégâts causés. Mais nous savons pertinemment bien que l’Arménie ne dispose pas de cette somme, et ne dispose même pas du dixième de celle-ci. Comment, à votre avis, le droit international règle-t-il le recouvrement de compensations pour un pays qui n’en a pas les moyens ?

Dans de tels cas, il n’y a pas de solution. Les beaux principes juridiques s’évanouissent comme neige au soleil devant les réalités. A l’impossible nul n’est tenu. L’Azerbaïdjan a récupéré des terres, ce qui vaut plus, in fine, que la somme de 50 milliards de dollars, chiffre abstrait. Qui plus est, la Russie n’accepterait pas qu’une querelle sans fin pour les compensations envenime la situation en Transcaucasie. Autre possibilité, l’Arménie, comme la Serbie dans les Balkans, pourrait tabler sur une aide chinoise, la politique de Pékin étant d’assurer, par tous moyens pacifiques, la fluidité des communications terrestres en Eurasie.

Comme tout un chacun le sait, la signature de l’accord de cessez-le-feu, qui camoufle la reddition de l’Arménie, a été rendue possible par la participation directe de Moscou. Si l’Arménie, en rejetant le gouvernement de Pachinian, amène au pouvoir des extrémistes et reprend les hostilités, comment réagira le pouvoir russe ? Les suspicions, à mon avis, ne tombent pas du ciel : il suffit de voir quel état d’esprit prévaut aujourd’hui à Erivan…

C’est le pouvoir de Pachinian qui a rendu la guerre possible, aussi parce qu’il a démantelé partiellement les forces armées arméniennes et desserré les liens militaires qui existaient avec la Russie, suscitant la méfiance de celle-ci. Cette méfiance serait justifiée si l’hypothèse, avancée dans « Le Courrier international » s’avérait exacte. Rappelons-les grandes lignes de cette hypothèse : Richard Moore, chef du MI6 britannique, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Turquie, ami d’Erdogan, également ami d’Armen Sarkissian qui est arménien mais sujet britannique, aurait orchestré la déstabilisation de la Transcaucasie. L’indice le plus patent qui tend à soutenir cette hypothèse est le fait que Londres, dans le cadre de l’ONU, s’est opposé au cessez-le-feu décidé le 5 novembre dernier. Précédemment, Londres a financé bon nombre d’ONG en Arménie, qui ont soutenu les initiatives de Pachinian. La stratégie, mise au point par les Britanniques sous les auspices de Richard Moore, vise à utiliser la Turquie et le nouveau pouvoir arménien, issu de la révolution de couleur de 2018, pour créer un foyer de turbulences en Transcaucasie. Les racines historiques de cette volonté de créer le chaos sont anciennes. Elles datent de 1805, année où le Karabakh est entré dans la sphère d’influence russe. A Moscou, on connait ce type de stratégies et c’est la raison qui explique que les troupes russes sont présentes aujourd’hui dans cette région revendiquée par l’Arménie. Les Russes avaient perdu leur confiance dans les Arméniens parce que le gouvernement Pachinian, appuyé en secret par les Britanniques, lorgnait vers l’OTAN, comme son voisin géorgien. Moscou se méfie donc d’une Arménie et d’une Géorgie, agitées par un tropisme occidentaliste, se méfie aussi de l’Azerbaïdjan pour sa participation au système de défense GUAM et pour son alliance avec la Turquie, membre de l’OTAN. Moscou et Téhéran voient aussi d’un très mauvais œil la présence de mercenaires djihadistes qui, finalement, travaillent toujours pour l’Occident américanisé.

nikol-pashinyan-banak.jpg

Le Président de l’Azerbaïdjan a d’ores et déjà déclaré, pendant les négociations et après le retrait des forces arméniennes, la question du statu quo ne sera pas discutée. Le Karabakh n’aura aucun statut d’autonomie. Qui plus est, cette déclaration n’a pas été contestée par les Russes. Uti possidetis ?

Le Karabakh est désormais de jure azerbaïdjanais et son statut dépend donc de Bakou. Cependant il est autonome de facto (et non de jure) parce que les troupes russes et sont stationnées et protègent le monastère de Dadivank, exigence de l’orthodoxie russe qui approuve le pouvoir de Poutine. Moscou n’a pas contesté le rejet de toute autonomie du Karabakh car Poutine et Lavrov entendaient bien l’occuper et le protéger.

Une dernière question : on soupçonne les Arméniens de vouloir organiser des provocations contre les forces russes de la paix afin que celles-ci ripostent. Tout cela consiste, très logiquement, à vouloir ramener l’Arménie dans le giron de l’OTAN. Existe-t-il des mécanismes pour empêcher les provocations contre les forces russes de pacification ?

Dans une Transcaucasie que l’Occident britannique et américain veut en état de déstabilisation permanente, toutes les provocations sont désormais possibles. Cela fait partie des aléas lorsqu’une puissance étrangère à un espace intervient dans ce même espace. Les forces russes sont exposées à ce danger comme elles l’ont été en Afghanistan et comme elles le sont en Syrie depuis quelques années. Le scénario de provocations répétées est plausible. L’implosion totale de la Transcaucasie est le but final des puissances qui entendent saboter les nouvelles grandes voies de communication terrestres en Eurasie, notamment celle qui traversera le territoire de l’Azerbaïdjan et reliera la Russie à l’Océan Indien, vieille hantise de l’Empire britannique depuis la fin du 18ème siècle. Non, il n’existe pas de mécanismes pour éviter ce type de provocations : nous sommes face à des réalités concrètes, à des clivages nationaux et religieux résilients, réalités et clivages qui ne sont en rien des « mécanismes » mais des forces organiques. Une force organique ne se laisse jamais brider par des « mécanismes ».

mardi, 17 novembre 2020

Haut-Karabagh, lien entre guerre territoriale et guerre économique

000_8v37tt_1.jpg

Haut-Karabagh, lien entre guerre territoriale et guerre économique

par Alexandre Correia Gentile

Ex: https://www.infoguerre.fr

Véritable théâtre de confrontation entre puissances régionales, le Haut-Karabagh laisse apparaître en son sein un rapport de force – maintenant récurrent – entre la Turquie et la Russie. La multiplication des confrontations entre Ankara et Moscou ne cesse de croître, avec des stratégies et des positionnements diplomatiques différents : entre hard power et soft power.

Le sud du Caucase, embourbement d’un différend centennal

Arène dans laquelle se joue une guerre d’influence et d’escarmouches quotidiennes depuis 3 décennies, le Haut-Karabagh est un territoire rattaché à l’Azerbaïdjan depuis 1921 mais peuplée à 97 % d’arméniens dans le sud du Caucase. Voyant s’affronter l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ce conflit séculaire remonte à la guerre de 1988 à 1994. Arménie victorieuse, indépendance auto-proclamée du Haut-Karabagh (dès 1991 et soutenu par Erevan), occupation militaire arménienne d’une partie du territoire azéri. La relation entre Erevan et Bakou est plongée dans une situation de « conflit gelé », « statu quo », « impasse diplomatique » ou encore de « stagnation politique » comme l’explique Matthieu Petithomme (1).

Pour comprendre les tenants et les aboutissants, il faut préciser que le Haut-Karabagh est conventionnellement décrit comme un espace orographique ne « présentant » aucune ressource (énergie fossile, hydrocarbure, minerais) ni richesse particulière. Cela pose la question de l’intérêt qu’ont les autres nations à prendre parti.

Néanmoins, cela reste la partie émergée de l’iceberg. Effectivement, deux entités sont devenues rapidement des acteurs clefs.

Ankara et Moscou, entre interventionnisme et tentative d’apaisement 

Dès Juillet 2020, la Russie mène un exercice militaire de grande envergure en Arménie à la frontière turque, déployant peu ou prou 80 000 hommes. De tels exercices ont déjà été menés auparavant dans d’autres territoires. C’est un moyen de montrer sa capacité opérationnelle et sa présence militaire dans le Caucase.

5f71e575264e3.jpg

Voyant cela comme une action hostile, Ankara déploie de la même manière un grand dispositif en août 2020 en Azerbaïdjan, à la frontière arménienne. De plus, la Turquie a laissé son matériel d’aviation (drone et F16) et d’artillerie à l’issue de l’exercice, matériel qui est utilisé depuis le 27 septembre par les Azéris pour avoir une supériorité technologique et une force de frappe importante.

La Turquie a rapatrié une partie de son aviation et de ses forces armées de Lybie pour la déployer directement en Azerbaïdjan. Le président Erdogan n’a pas hésité à annoncer son soutien indéfectible pour son allié turcique, mettant en avant l’occupation illégale de l’Arménie dans le Haut-Karabagh. Le président Recep T. Erdogan menace de prendre part pleinement au conflit contre l’Arménie en cas de refus d’obtempérer.

De son côté, la Russie prône une stratégie de Soft power. Apaisement du conflit et mise en place d’un cessez-le-feu : remettre la discussion au centre du débat. Selon le président Vladimir Poutine, c’est l’occasion de laisser du répit aux populations meurtries et de pouvoir soigner les blessés. Etant co-président du groupe de Minsk, la Russie se place en médiateur à deux reprises en octobre 2020 : deux tentatives qui échouent.

indexmanrusarm.jpg

Dans la continuité de ses échanges, le Kremlin appelle son homologue turc à entamer une désescalade du conflit. Moscou se place en tant que pays allié de l’Arménie, annonçant que la Russie n’hésitera pas à défendre les intérêts politiques et militaires de son allié au sein de l’Union Eurasiatique, au nom de l’OTSC (l’Organisation du Traité de Sécurité Collective).

Quels sont les intérêts derrière les prises de positions de chacun des belligérants ?

La Turquie et la Russie suivent des « pattern » bien particuliers et traçables.

L’intérêt géopolitique

La Turquie et l’Azerbaïdjan font partie du « conseil turcique », un rapport entre les deux pays décrit souvent par l’expression turque « iki devlet , bir millet » (« Deux Etats, une seule Nation »).
En stratégie militaire il est important de contrôler les altitudes : transmission, surveillance, défense, commandement. La région du Karabagh est dans l’axe routier de la mer caspienne à la mer noire mais aussi entre la Turquie et l’Azerbaïdjan. C’est d’ailleurs par cette route que l’Azerbaïdjan a accès à l’eau potable.

imagepetroeleazer.jpg


L’intérêt énergétique 

L’Azerbaïdjan – et notamment sa capitale Bakou – est connu depuis un siècle pour être une mine d’or noir (2)et de gaz. Les constructions du gazoduc BTE (Bakou-Tbilissi-Erzurum) et de l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) terminées aux abords de l’année 2006, relie Bakou à la Turquie en passant par la Géorgie (en évitant l’Arménie, la Russie et l’Iran). Pour la Turquie il est important de défendre et de pérenniser cette infrastructure : il existe une taxe de passage qui permet à la Turquie de s’octroyer une partie le gaz et le pétrole en grande quantité, rapidement.
La Russie entend plutôt défendre les intérêts arméniens notamment pour des raisons politico-commerciales et de souveraineté. La faillite du projet de pipeline Nabucco (qui devait relier l’Iran à l’Europe) a empêché de laisser s’échapper l’Europe du giron énergétique Russe (80 % du gaz en Europe est russe (3).


L’intérêt stratégique

La Russie possède des intérêts stratégiques en Arménie. La base 102 à Gyumri, en marge de la Turquie et de la Géorgie est la seule base militaire de la Russie dans le sud Caucase, proche de la mer noire. Il est important – à l’instar de la base militaire de Tartous en Syrie – de défendre ce carrefour stratégique.
La Russie vend énormément d’armement à l’Azerbaïdjan depuis plusieurs années, ce qui en fait un « partenaire » commercial.


Les risques d’un dérapage du conflit ?

Qu’elles concernent l’Arménie ou l’Azerbaïdjan – certaines cibles sont stratégiques, pouvant mener à des conséquences dramatiques : une centrale nucléaire arménienne et des tronçons de pipelines azéris. L’on pourrait se questionner sur les réels instigateurs de ces attaques ?

Recep T. Erdogan, la course derrière le spectre d’un Empire Ottoman fort et réunifié ?

Cela pose la question des conflits dans lesquels Ankara s’est investi récemment militairement et politiquement (Lybie, Syrie, Grèce). La Turquie use du hard power, montrant les muscles afin de pouvoir faire régner son agenda, d’affirmer sa puissance. La crise de la Covid-19 a mis en évidence la fragilité des institutions et du multilatéralisme.

5f78da161f000015090c135f.jpeg

Pour mettre en exergue l’inefficacité des organisations internationales vieillissantes et trop souples, Recep T. Erdogan court-circuite l’ONU (qui n’a jamais mis ses menaces à exécution concernant l’occupation illégale du Haut-Karabagh) et le groupe de Minsk.

En outre, des mercenaires syriens « pro-turcs » ont pris part au combat. La Turquie pourrait utiliser la même stratégie qu’en Libye : en plus d’offrir une supériorité technologique à son allié, il crée de l’ingérence au niveau de l’Arménie. Il justifie par ailleurs que les quelques 300 Syriens viennent se battre au nom d’une idéologique religieuse et non pour la Turquie (4).

La Russie, entre jeu de pouvoir et maintien d’un idéal postsoviétique

Le Kremlin use du soft power. Il n’’intervient pas militairement. La Russie est le plus gros vendeur d’armes pour l’Azerbaïdjan, ce qui en fait un « partenaire » commercial. Pour la Russie, toute la ruse reste dans « l’impasse diplomatique » et le « conflit gelé ». Plus le conflit persiste, plus Moscou pourra poursuivre son commerce, profiter d’une base militaire de premier choix, une déstabilisation de la région et ainsi empêcher la diversification du carnet de fournisseur européen en énergie.

Vladimir Poutine se place à son tour comme un acteur indispensable et incontournable pour la gérance du Caucase et le montre en prenant en main les négociations, en « terrain neutre » à Moscou.

Alexandre Correia Gentile

Notes

1- Article Cairn Mathieu Petithomme « Revue d’études comparatives Est-Ouest » 2011/4 N° 42, pages 83 à 106 «  Etatisation  et nationalisation du territoire contesté de la République du Haut-Karabagh, vivre et évoluer sans reconnaissance internationale ». 

2- Auzanneau, M. Or noir : La grande histoire du pétrole.  Paris, La Découverte 2016.

3- Julien Zarifian, La Découverte « Hérodote » 2008/2 n° 129 | pages 109 à 122 « La politique étrangère américaine en Arménie : naviguer à vue dans les eaux russes et s’affirmer dans une région stratégique ».

4-  Déplacement du président Emmanuel Macron à Bruxelles pour le Conseil européen extraordinaire.

lundi, 16 novembre 2020

Tour d'un monde en feu

 
par Jean-Gilles Malliarakis
 
Ex: https://www.insolent.fr
 

dimanche, 15 novembre 2020

Les escroqueries commises en France par des criminels africains

imagesvvvv.jpg

Les escroqueries commises en France par des criminels africains
 
par Jean-Paul Baquiast
 
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Nous republions ici les principaux extraits d'une note du Ministère de l'intérieur destinée à informer les services compétents (y compris les polices municipales) au sujet du développement rapide actuel des escroqueries et vols en bande organisée provenant d'individus résidents en Afrique francophone ou en provenant et connaissant parfaitement les possibilités offertes par l'internet.

Depuis plus d'une dizaine d'années, des individus originaires d'Afrique de l'Ouest, notamment du Bénin, du Cameroun, de Côte d'Ivoire, du Nigéria, de la RDC ainsi que de la République du Congo, agissant en bande organisée, sont régulièrement impliqués dans la réalisation d'escroqueries en France et à partir de leur pays d'origine. Leur recours au vecteur Internet repose sur plusieurs facteurs :

• la francophonie, qui permet de cibler des victimes, physiques ou morales, situées sur notre territoire 

• l'utilisation  de moyens d'anonymisation tels que des proxys ou des VPN (Virtual Private Network) qui assurent l'anonymat et rendent l'identification par les services de police particulièrement longue et difficile ;

• un réseau communautaire actif sur le territoire français, qui se révèle être une source de main d'œuvre non négligeable, disposée à réaliser les tâches indispensables au bon fonctionnement de leurs activités.

3b1af00fa4aa8c370cdf1439b81adc3b_w855_h571_cp.jpg

La population ouest-africaine se passionne pour ces escrocs nationaux, appelés « Feymen » au Cameroun, « Brouteurs » en Côte d'Ivoire, « Yahoo Boys » / « Yahoo Yahoo » au Nigeria ou encore « Gaymen » au Bénin. Leurs prétendus exploits se propagent à travers la presse et une série télévisée à leur effigie a même été réalisée en Côte d'Ivoire (« Brouteurs.com»). Un terme est également consacré pour désigner les victimes, « Mougous ».

De manière générale, des réseaux locaux recrutent et gèrent de jeunes compatriotes à la recherche d'argent facile, avides de montrer leur richesse naissante. Les escrocs agissent depuis les nombreux cybercafés ou boutiques de téléphonie mobile et lieux privés. Les réseaux locaux sont dirigés par des chefs qui ont la charge de payer les heures d'abonnement et de recruter des profils spécifiques.

En effet, les escrocs ont chacun des fonctions différentes, certains pouvant extraire des adresses mails alors que d'autres développent des sites (ex : faux sites bancaires). Ils font également appel à un grand nombre d'intermédiaires en France et en Afrique, tels que les collecteurs, en charge du retrait des gains. Il est à noter que certains se spécialisent en suivant des formations techniques au Maroc.

Plusieurs techniques sont utilisées pour réaliser ces escroqueries

* L'utilisation frauduleuse des coordonnées bancaires sur internet.

phishing gdpr 16 9.jpg

Des Camerounais, Béninois et Ivoiriens effectuent des commandes frauduleuses sur internet à l'aide de cartes bancaires appartenant à des tiers. L'acquisition des références de cartes s'effectue selon divers procédés : • subtilisation des coordonnées bancaires, à travers le monde, à l'insu du titulaire ; • achat sur des forums étrangers (de 20 à 50€) ou sur le darknet, parfois réalisé à l'aide de bitcoins, eux-mêmes acquis par des cartes prépayées PCS ; • recours à la technique de l'hameçonnage (ou « phishing ») consistant à envoyer un mail en se faisant passer pour un opérateur officiel et légitime, par exemple un fournisseur de services internet ; • échange par messageries de données bancaires, notamment via l'application WhatsApp.

Munis des références bancaires, certains effectuent les commandes (via des adresses IP étrangères) et d'autres récupèrent la marchandise (vêtements, alcool, meubles, etc.) puis la revendent. Les objets sont in fine destinés à un usage personnel, à la vente en ligne ou au marché noir en France, mais aussi à la vente en Afrique.

* Les escroqueries via les sites d'annonces en ligne. 

Des escrocs, majoritairement béninois, mettent en vente des articles sur des sites d'annonces et demandent au futur acquéreur, un acompte ou un paiement par mandat cash, sans jamais fournir le bien acheté. Ils mettent en confiance les acheteurs en envoyant des photocopies de cartes d'identité, généralement volées.

Le site Leboncoin est particulièrement prisé via des annonces de vente de voiture, de matériel multimédia et de billets de parcs d'attraction. Il leur arrive aussi d'escroquer un vendeur, en envoyant un chèque (avec ou sans provision) supérieur au montant du produit, en lui demandant ensuite un remboursement de la différence.

* Les escroqueries dites « à la romance »

Celle-ci consiste à mettre en confiance une victime afin qu'elle transmette des fonds à un escroc prétendument épris d'elle. A cette fin, les malfaiteurs créent un profil attrayant sur un site de rencontre et correspondent ensuite pendant plusieurs mois avec la future victime. Plusieurs personnes peuvent entretenir les échanges, aussi bien en France qu'en Afrique. Deux types d'escroqueries sont réalisées une fois la confiance établie : • la sollicitation d'une aide financière pour diverses raisons (billets d'avion, maladie, etc.), la victime pouvant être harcelée si besoin ; • la transmission d'un chèque volé et falsifié à la victime afin qu'elle l'encaisse puis qu'elle fournisse le montant équivalent en créditant des cartes PCS ou en réalisant des transferts PayPal/Western Union. L'escroquerie peut aussi se transformer en « sextorsion », les malfaiteurs menaçant de diffuser des enregistrements vidéo ou photos compromettantes aux contacts de la victime ou sur YouTube. Toutes ces escroqueries sont commises par des Ivoiriens, Nigérians ou Béninois.

5d9612be82588_sextorsion-716213.jpg

*Les escroqueries dites « à la nigériane » ou « fraude 419 »

Afin de récupérer directement des fonds, des escrocs tentent d'appâter des victimes par l'envoi de mails leur indiquant être les gagnants d'un billet de loterie ou les bénéficiaires d'un héritage. Ils se font alors passer pour de prétendus avocats ou huissiers, et invitent les victimes à compléter un formulaire et à le renvoyer pour obtenir leur numéro de compte bancaire et leur signature, pour effectuer des ordres de virement frauduleux. Ils tentent aussi d'obtenir le paiement de frais de dossiers. Ces attaques sont réalisées par des Béninois, Camerounais, Ivoiriens et Nigérians.

* L'arnaque à l'encontre de sociétés dite escroqueries « à la carambouille » Ce terme désigne le fait que des ressortissants ivoiriens, sous couvert d'une entreprise localisée en Côte d'Ivoire, d'une grande enseigne française ou d'une société-écran, les escrocs tentent de passer des commandes auprès d'entreprises localisées en Europe. Ils utilisent le nom de l'entreprise française en le transformant légèrement. Ou bien ils créent des noms de domaine internet proches des identités existantes (phénomène dit « typosquatting »). Le plus souvent, les escrocs demandent un paiement différé (30 à 60 jours suivant la réception de la commande) sans s'en acquitter in fine. Les préjudices peuvent être très importants pour les entreprises, allant parfois jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'euros.

Untitled_design_7_ydafnj.png

On notera que les groupes criminels africains s'adaptent aisément à leur environnement. Ainsi la crise sanitaire du COVID 19 peut offrir une zone de prédation nouvelle pour la réalisation de leurs cyber-escroqueries. 1

1 Note de JP Baquiast
Certains se vantent de procéder ainsi à une "colonisation à l'envers

 
 
 

Sarrazin: Der Staat an seinen Grenzen

Thilo-Sarrazin-SPD-arbitration-commission-confirms-party-exclusion.img.jpeg

Sarrazin: Der Staat an seinen Grenzen

(JF-TV Interview)

 
Coronakrise, Asylkrise, islamischer Terror: auf immer mehr Themenfeldern gerät „der Staat an seinen Grenzen“, wie der Titel des neuen Buches von Bestseller-Autor Thilo #Sarrazin lautet. Im JF-TV Interview mit Moritz Schwarz erläutert er seine Thesen.
 
UNTERSTÜTZEN SIE JF-TV, GANZ EINFACH MIT EINER SPENDE VIA PAYPAL! DAMIT FÖRDERN SIE DIE PRODUKTION ZUKÜNFTIGER JF-TV FILME: https://jungefreiheit.de/service/foer... 
 
 
„Der Staat an seinen Grenzen“ von Thilo Sarrazin finden Sie im JF-Buchdienst unter: https://jf-buchdienst.de/Buecher/Poli...
 
9783784435725coverm.jpg
 
Die Junge Freiheit abonnieren: jf.de/abo

samedi, 14 novembre 2020

Jérôme Fourquet’s The French Archipelago

Naisance-d-une-France-multiculturelle-600x400.jpg

Jérôme Fourquet’s The French Archipelago
 
A Statistical Portrait of a Nation in Decay

Jérôme Fourquet, L’archipel français: Naissance d’une nation multiple et divisée (Paris: Seuil, 2019)

Jérôme Fourquet is a mainstream pollster with the venerable French Institute of Public Opinion (IFOP), the nation’s leading polling agency. He made a splash last year with his book, The French Archipelago: The Birth of a Multiple and Divided Nation, which presented a fine-grain statistical analysis of socio-cultural changes in French society and, in particular, fragmentation along ethno-religious and educational lines.

The book persuasively makes case that the centrist-globalist Emmanuel Macron’s election to the presidency and the collapse of the traditional parties of government in 2017 were not freak events, but the reflection of long-term trends which finally expressed themselves politically. The same can be said for the growing popularity of anti-establishment movements like Marine Le Pen’s National Rally (RN) and the yellow-vests.

Following the works of many sociologists and historians, Fourquet sees French politics as historically divided between a Catholic Right and secularist Left. This divide had been highly stable since the French Revolution, if not earlier, with a dechristianizing core stretching out from the greater Parisian basin into the Limousin, with most of the periphery remaining relatively conservative. These subcultures united people of different classes within particular regions and corresponded politically with the conservative and Socialist parties who have taken turns governing France since World War II.

en_France_en_1791.png

Percentage of Catholic priests swearing loyalty to the Constitution in 1791, a good marker of secularism.

1936L_elus.png

 
Political party of representatives elected in the 1936 parliamentary elections. Supporters of the Popular Front Socialist-Communist coalition in red, pink, orange and yellow.

Since 1945, the collapse of Catholicism and the steady cognitive/economic stratification of French society have destroyed the reach and unity of the Catholic-right and secularist-left blocs. Macron was able to tap into the latent political demand of the wealthiest, most educated, and mobile 20% of French society, while the increasingly alienated and déclassés lower classes of French Whites have been falling out of the mainstream political system altogether.

Fourquet meticulously documents the social trends of the past 70 years: the decline of Catholicism, the Communist Party, and traditional media, the triumph of social liberalism, the division of cities into gentrified areas, crime-ridden ghettos, and the (self-)segregation of individuals along educational and ethnic lines. In all this, Fourquet’s book serves as an excellent statistical companion piece to Éric Zemmour’s Le Suicide français, which looks at many of the same themes through the lens of political and cultural events.

What’s in a first name? Quite a lot, actually

Fourquet uses a wealth of socio-economic and polling data to make his case. Some of the most innovative and striking evidence however is the big-data analysis of first names in France’s birth registries since 1900. This looks into the trends for numerous different types of names: Christian, patriotic, regional (Breton and Corsican), Muslim, African, and . . . Anglo. Far from being random, Fourquet shows that the trends in first-name giving correlate with concurrent social and political phenomena. For example, the number of people giving their girls patriotic names like France and Jeanne spiked during moments of nationalist fervor, namely the first and second world wars (p. 35).

More significantly, Marie went from being the most common name for girls (20% of newborns in 1900) to 1-2% since the 1970s. Unsurprisingly given the Virgin Mary’s importance in the Catholic religion, Marie was more popular in more religious regions and declined later in the conservative periphery. Marie’s decline thus seems to be a solid temporal and geographical marker of dechristianization (mass attendance and traditional Christian values, such as marriage and opposition to abortion and gay marriage, also collapsed during this period).

First names also provide a marker for assimilation of immigrant groups. Fourquet shows how Polish first names exploded in the northern mining regions of France in the 1920s and then fully receded within two decades. He shows the same phenomenon for Portuguese immigrants and first names in the 1970s. This assimilation is in accord with sociological data showing that European immigrants tend to rapidly converge in terms of educational and economic performance with the native French population.

FrenchMuslimNames.png

Percentage of new-born males with a Muslim first name.

By contrast, Fourquet shows that people with Muslim last names almost never choose to give their children traditional French first names. He documents a massive increase in the proportion of newborns given Muslim first names from negligible in the 1960s to around a fifth of the total. There is also an increase in the number of people with Sub-Saharan African names.

Somewhat similarly to Europeans, Asian immigrants (disproportionately from the former Indochina) are much more likely to adopt French first names and perform comparably in economic and educational terms.

Beyond these stark ethno-religious demographic changes, Fourquet also highlights more subtle trends that often fall below the radar. First names also provide a marker for the degree to which the French have a common culture or, conversely, of heightened individual or sectoral identities.

Fourquet identifies an explosion in the number of different names used by the French. This figure was stable around 2000 from 1900 to 1945, rising to over 12,000 today. And this does not count the proliferation “rare names” – those for which there are less than 3 people with that name – among all populations. Fourquet takes this as evidence of increased individualism and “mass narcissism,” more and more people wishing to differentiate themselves.

In principle, until recently the French were forced by Napoleonic-era legislation to choose their first names from the Christian calendar, medieval European names, or Greco-Roman antiquity. All of France proper used a common corpus of names, with little local variation. The list of acceptable names was extended by ministerial instruction to regional and mythological names in 1966, while in 1993 the restriction was abolished. However, the trend of more-and-more names in fact long predates these legal changes. Evidently municipal authorities already were tolerating unusual names more and more.

What are the names in question? All sorts. The use of Breton (Celtic) names in Brittany has more tripled from 4% to around 12% (p. 127), with sharp rises corresponding to moments of heightened Breton regionalist politics in the 1970s.

Similarly, Italian-Corsican first names have risen from virtually nil in the 1970s to 20% of Corsican newborns today, coinciding with the rise of the Corsican nationalist vote on the island to 52.1% in 2017 (p. 130). Corsican nationalism has risen despite the fact that use of the French language has largely supplanted the Corsican dialect. Many Corsicans resent colonization both by wealthy metropolitan French buying up properties on the fair isle and by Afro-Islamic immigrants.

There has also been a steady increase of the use of markedly Jewish first names like Ariel, Gad, and Ephraïm – which were virtually unheard of in 1945 (p. 213)

One of the most intriguing trends is the proliferation of Anglo first names from a mere 0.5% of newborns in the 1960s to 12% in 1993, today stabilized around 8% (p. 120). Names like Kevin, Dylan, and Cindy became extremely popular, evidently influenced by American pop stars and soap operas (The Young and the Restless was a big hit in France under the title Les Feux de l’Amour). Significantly, Anglo names are more popular among the lower classes, going against the previous trend of French elites setting top-down fashion trends for names. Indeed, many yellow-vest and RN cadres in France have conspicuously (pseudo-)Anglo first names, such as Steeve [sic] Briois (mayor of the northern industrial city of Hénin-Beaumont), Jordan Bardella (RN youth leader and lead candidate in the 2019 EU parliamentary elections), and Davy Rodriguez (youth deputy leader).

A fragmented France: Globalists, populists, and Muslims

Fourquet sees France as an “archipelago” of subcultures diverging from one another. Among these: Macron-supporting educated metropolitan elites, the remaining rump of practicing Catholics (6-12% of the population), conservative-supporting retirees, expats outside of France (whose numbers have more than tripled to around 1.3 million since 2002), alienated lower-class suburban and rural Whites (often supporting the yellow-vests and/or Marine Le Pen), and innumerable ethnic communities, mostly African or Islamic, scattered across France’s cities.

The French are less and less united by common schools, media, and life experiences. The fifth or so of most educated, wealthy, and deracinated French finally manifested politically with Macron’s triumph in 2017. But will these other subcultures become politically effective? Fourquet concludes that

Thus, over the past 30 years, many islands of the French archipelago are becoming politically autonomous and obey less and less the commands of the capital-island and its elites. Though indeed the scenario in which the [subculturally] most distant islands or provinces would declare their independence does not seem to be on the order of the day. (pp. 378-79)

Still, we can see major subcultural blocs consolidating. In the immediate, the most important is the vast suburban and rural bloc of alienated Whites. Support for Marine Le Pen correlates with distance from city-centers, the presence of Afro-Islamic immigrants (until these overwhelm the natives), and/or chronic unemployment. Fourquet says that “the yellow-vest movement has been particularly revealing not only of the process of archipelization underway but also of the peripheries’ inability to threaten the heart of the French system” (379). It seems probable the bloc of alienated Whites will continue to grow and develop politically.

LC-20170424-France-Presidentielle-Dep-LePen-T1_0_579_579.jpg

Vote for Marine Le Pen in the first round of the 2017 presidential elections.

 

carte-2.jpg

Unemployment rate in 2016 by territory.

The White “popular bloc” is not coherent politically but is basically entropic. The yellow-vests, themselves not an organized group at all, did not so much have a political program but a set of concerns essentially revolving around purchasing power, public services declining areas, and direct democracy. The most clear and political demand of the yellow-vests was the famous Citizen Initiative Referendum (RIC), similar to practices in Switzerland or California. This measure, whatever its merits, is more about means than ends and is entropic as such.

Marine Le Pen’s National Rally, the other great manifestation of this bloc, is characterized by a mix of socialistic civic nationalism and political opportunism. Given the travails of the Brexit and Trump experiences, one wonders how an eventual National Rally administration would or could govern, especially if virtually the entire French educated class would similarly rise in opposition.

The other great emerging bloc(s) is that made up of France’s fast-growing African and Islamic communities. I would have liked more information on this group. There is data indicating that French Muslims are considerably endogamous (most marry within their own ethny, though there is some variation by community). While the French overwhelmingly support abortion and homosexuality, only small majorities of Muslims do, an important marker of limited convergence. He also observes that a significant minority of Muslims are entering the middle and upper classes, and indeed that the more educated a Muslim is the more likely he or she is to be married to a native French.

However, other indicators of “assimilation” have if anything gone into reverse since the early 2000s: more Muslim women are wearing headscarves, Muslim youth are more likely to say sex before marriage is immoral than their elders (75% to 55%), and two thirds of young Muslims support censorship blasphemy and one quarter condones the murder of cartoonists mocking Mohamed. The War on Terror and renewed Arab-Israeli conflict appear to have rekindled Muslim identity in France. What’s more the sheer number of Muslims and the unending flow from the home country appear to be making them more confident in rejecting assimilation.

In the coming decades, we can reasonably expect French society to become polarized between an Afro-Islamic bloc, united by economic interests and ethno-religious grievances, and a middle/lower class White bloc. And I use the word White, rather than native French, advisedly: many prominent French nationalists and their supporters are of Italian, Polish, or Portuguese origin.

To his credit, Fourquet repeatedly emphasizes the scale and unprecedented nature of the ethno-religious changes in the French population. He also discretely observes the potential for conflict, saying of Paris: “This great diversity is the source of tensions (the demographic balance within certain neighborhoods is changing according to the arrival or reinforcement of this or that group)” (p. 377). And then hidden away in a footnote: “In a multiethnic society, the relative weight of different groups becomes a crucial matter, as individuals seek a territory in which their group is the majority or at least sufficiently numerous.” Indeed.

Fourquet concludes:

At the heart of the capital-island [Paris], the elites reassure themselves in the face of their opponents’ impotence. In so doing, they think that they can rely on the traditional exercise of authority without having to draw the consequences of the birth of a France with a new form and new drives: a multiple and divided nation. (p. 379)

This book left me curious, but also unnerved, about the further social transformations in store for our societies, even beyond the ethnic factor. The disturbing trends in France very much have their analogues in other Western nations. White proles – vilified by their own ruling class or left to their own devices – are in sorry shape. Western elites have lost their collective minds. Looking further afield, how will individualism and social fragmentation manifest in other nations, such as Israel or Japan? Will authoritarian states like China be better able to manage these tendencies, or not? To what extent will these trends intensify? What new trends will emerge in coming decades with advent of yet more new technologies? Amidst this uncertainty, there will certainly also be political opportunities.

vendredi, 13 novembre 2020

Haut-Karabakh : la Russie contrôle, la Turquie avance, la France sur la touche

ce3b794_871647606-web-inter-4620-karabakh-700.png

Haut-Karabakh : la Russie contrôle, la Turquie avance, la France sur la touche

 
 
Mardi 10 novembre, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont signé un accord de cessez-le-feu. Négocié sous l’égide de la Russie, il entérine la défaite d’Erevan et la victoire de Bakou. De plus, s’il confère à Moscou la responsabilité de garantir son application, notamment par la présence de forces armées sur le terrain, il donne aussi une importance nouvelle à Ankara, fidèle allié de Bakou. En effet, suivant les termes de cet accord, la Turquie aurait un accès à la mer Caspienne et à ses richesses, puisqu’un corridor sera créé dans le sud de l’Arménie entre la région autonome du Nakhitchevan, frontalière de la Turquie, et l’Azerbaïdjan. Analyse.
 
 
En savoir plus : https://sptnkne.ws/EsTb
 
Suivez-nous sur : Facebook https://www.facebook.com/sputnik.france
 
Abonnez-vous au podcast pour ne jamais manquer un épisode :
▶ Ou copiez l’adresse du flux RSS dans votre application de podcast : http://feeds.soundcloud.com/users/sou...

Les océans, un défi de la souveraineté - Entretien avec Richard Labévière

FR.jpg

Les océans, un défi de la souveraineté

Entretien avec Richard Labévière

Le Zoom - TVL

 
La France possède le deuxième espace maritime et le premier espace sous-marin du monde ! Sa Marine nationale est opérationnelle partout, ses savoir-faire techniques couvrent tous les enjeux de défense et de sécurité, et pourtant, même si l'action de l'Etat en mer reste un modèle, notre pays peine à exploiter ces atouts. Alors qu'une nouvelle géopolitique des océans s'ouvre devant nous, le journaliste et consultant Richard Labévière propose de retrouver la force de notre souveraineté et de notre liberté avec un principe :"Reconquérir par la mer". C'est le titre de son dernier ouvrage !
 
 
labeviere-reconquerie-par-la-mer-temporis-couverture.jpg
Retrouvez-nous sur : https://www.tvlibertes.com/

mercredi, 11 novembre 2020

“Who will guard the guards?”; Emperor Marcus Aurelius, Mail-in Voter Fraud, and Repercussions for Europe

F178-a-marc-aurele.jpg

“Who will guard the guards?”; Emperor Marcus Aurelius, Mail-in Voter Fraud, and Repercussions for Europe

by Tomislav Sunic

Ex: https://www.theoccidentalobserver.net

In analyzing the ballot fraud surrounding the latest US presidential election the name of the Roman poet and politician Juvenal comes to mind. His Satire VI, raises a fundamental political question surrounding political repression in the contemporary liberal System: Quis custodiet ipsos custodes? “Who will guard the guards?” In contemporary bidenesque English this rhetorical question, coined by Juvenal, in the first century, can be transliterated into: “Who will observe the ballot observers?” “Who will count the ballot counters?”

A century after the death of the poet Juvenal the Roman Emperor Marcus Aurelius, who combined the virtues of philosopher and soldier, faced the same dilemma. How to treat the defeated foe? By preaching tolerance and magnanimity, or by wielding the sword?  Despite his stoic awareness about the transience of all life on Earth, Aurelius knew that when fighting the barbarians, a free man cannot live by books alone — he also needs a solid sword, or in the case of the USA he needs the Second Amendment. Unlike many of his predecessors Marcus Aurelius did not contemplate self-isolation in debauchery; nor did he hang around the hookers in ritzy parlors on the Quirinal Hill in Rome. He preferred the company of his soldiers who protected the northern and eastern borders of the empire in the turbulent second — borders that stretched in the north along the limes of the Drava river which now separate modern Hungary from Croatia. The Pannonian basin during the Aurelian times was under the constant onslaught of military intruders coming from the North and the East. Today this area has become anew a major route for new illegal intruders, i.e., Afro-Asian migrants heading toward the heart of Europe: Germany.

hadrien-1024x640.jpg

Aurelius’ grandfather, the emperor Hadrian, a couple of decades earlier, waged also devastating wars in the shaky southern part of the empire — against revolutionary Jews in the Roman province of Judea. His legions killed and displaced more than half a million of them, thus leaving an indelible anti-European grudge in the Jewish collective memory. Worse, out of his resentment for rebellious Jews, Marcus Aurelius, in 130, changed the name of the city of Jerusalem into the city name of Aelia Capitolina. The morale of history? Each victor changes the toponomies of conquered lands and along with it he imposes his own political narrative.

Can we draw the parallel between Aurelius and Trump? Both the USA and Europe are facing today similar turbulent scenarios where peoples of European ancestry will soon have to make a choice: how to preserve their racial and cultural identity in the face of the coming migrant storms. The present turmoil in the USA is just a natural follow-up to the great racial replacement that has been going on over the last 70 years, both in the United States and Europe.

354581.jpg

The present Covid virus is only a small part of a “narrative history” – or “history of the event”—which the French call l’histoire évènementielle, i.e., a slice of history solely focusing on one single and separate event. Such an isolated historical event, e.g., the Covid shutdown, is relatively unimportant unless it becomes a factor speeding up a larger flow of history. The Covid scare is already going viral, forcing all EU/US politicians to reexamine a larger stretch of their historical memory, going back to 1945.  Undoubtedly, four years of President Trump’s slamming the mainstream media for spreading fake news has significantly undermined the intellectual and diplomatic narrative of the post-WWII Order. Many myths and mendacities imposed upon Europe and Whites in the aftermath of 1945, thanks to Trump’s presidency, have now fallen apart. Trump’s foes in Europe and the US do not like this.

After WWII, and especially after the end of the Cold War, the politics of Europe turned into a carbon copy of US policies. Whatever was going on in high politics in Washington DC had to be either copied or mimicked the next day by the political class in Berlin, Paris and Vienna, and the day after, all over eastern Europe. President Trump was the first US president in the last 75 years who seriously shook the foundations of the transatlantic liberal consensus. This is the reason why the Deep State in the EU and in the US resent him very, very much.  If America goes bust and starts breaking up tomorrow, the breakup of the EU will immediately follow suit.

73NPYS76V6DPXFNIUGRM4GFNWE.jpg

Changes in America have always had an impact on European politics. This is especially true of the German political class, which, over the last 75 years, has been grotesquely doubling down on US-inspired liberal globalist agenda for fear of being for fear of being accused of harboring revisionist and paleo-fascist sentiments. The insulting label of “fascism,” “racism” or “colonialism” keeps haunting paranoid politicians in Germany and in the rest of Europe, making them embrace the safe strategy of self-denial and forcing them to be more papal than the pope, i.e., more Americanized than Americans themselves. At the moment of this writing, it means that the entire political class in Germany and the EU must endorse president-elect Biden and his running mate Harris, irrespective of their likely own hidden pro-Trump sentiments.

Just as America is being balkanized at its extreme now between the supporters of Trump and supporters of the Deep State, so is Europe being polarized at its extreme between proponents of state sovereignty and proponents of globalism. The wartime years of 1941–1945 haven’t resolved anything. We are back again in the weimaresque and balkanesque  epoch, both in the USA and the EU. The winner-takes-all will soon change the political language and define thereafter his version of historical truth. If the American left gains the hegemony they so ardently desire — hegemony that is entirely within their reach, if not now, then certainly in the near future as demographics become even more decisive — it will be the end not just of the people and culture of traditional America, but of the entire West.

Recouvrer une souveraineté numérique

Jérôme Bondu

Ex: https://www.cercle-k2.fr

Jérôme Bondu est Directeur d’Inter-Ligere, Conseil en organisation de système de veille et d’intelligence économique, et auteur de "Maîtrisez internet… avant qu’internet ne vous maîtrise", Ed. VA Presse.

---

Un article du 16 octobre des Échos explique que "la Chine érige l’autosuffisance technologique en priorité". Bonne nouvelle. Enfin, pour eux… Pas pour les Européens qui peinent à prendre le taureau numérique par les cornes. Rentrons donc dans l’arène numérique, et essayons de rappeler quelques fondamentaux sur le concept de "souveraineté numérique" : quelle est l’intérêt de cette dynamique ? Quelles sont les forces en présence ? Quelles perspectives pouvons-nous envisager ?

Quel est l’intérêt de la souveraineté numérique ?

Pour prendre la mesure de cette dynamique, il nous faut prendre un peu de recul. 100 000 ans semble un bon point de départ.

Nous vivons actuellement la 5ème révolution informationnelle. Si c’est la cinquième, c’est qu’il y en a eu quatre autres. Nous pouvons en effet considérer que la première a eu lieu il y a entre 100 000 et 50 000 ans et a apporté le langage articulé à nos lointains ancêtres. Selon Noah Yuval Harari, auteur de "Sapiens", ils y ont gagné la capacité à construire des mythes fédérateurs. Ces histoires communes ont assuré la cohésion des communautés humaines, décuplé leur force de frappe et permis in fine la domination de l’homo sapiens sapiens sur les autres animaux. La seconde, il y a environ 5000 ans, a apporté l’écrit, qui a permis à un souverain d’administrer de vastes territoires, impossibles à gérer avec la seule oralité. On y voit la naissance des grands empires. La troisième, il y a 500 ans, a apporté l’imprimerie et le papier, toutes deux nées en Asie, mais qui se sont épanouies en Europe. Avec ces deux innovations, les savoirs et les connaissances ont circulé plus rapidement et irrigué très largement le continent européen. Sa domination sur le reste du monde entre les 15ème et 20ème siècles en est, en partie, l’héritage. La quatrième révolution, débutée il y a environ 150 ans, voit l’électrification des outils de communication : télégraphe, radio, téléphone, télévision vont ajouter l’instantanéité et bouleverser les positions géopolitiques, culturelles, sociales ! Au regard des impacts des quatre révolutions précédentes, on peut facilement prévoir que cette cinquième révolution, celle du numérique, aura un impact fondamental sur nos vies. Il faut donc se mettre dans la posture d’un monde qui va être remodelé. Mais remodelé comment ?

souverainete-740x431@2x.jpg

Le numérique va investir tous les espaces de notre vie. Il l’a déjà fait déjà profondément et la crise du Covid a enfoncé plus profondément le sillon digital dans le champ de nos habitudes. Et ce n’est que le début. Projetons-nous dans une génération, quand les enfants d’aujourd’hui seront aux manettes. Cet exercice de pensée nous permet d’entrevoir que tout passera par le numérique. Et que dire alors, si l’on se projette dans deux ou trois générations !

Or, cet espace est actuellement pratiquement totalement phagocyté par nos amis (hum) américains. Non pas parce qu’ils ont invité internet et le web (ce serait faire injure aux Européens qui y ont contribué, Louis Pouzin, Tim Berners-Lee, Robert Caillaux ou Linus Torval) mais parce que nous n’avons pas compris ce qu’il se passait. Les Chinois, qui ont une vision long terme, ont fait, eux, un tir de barrage beaucoup plus efficace. Si l’on peut s’étonner du système de crédit social chinois, on peut aussi s’émerveiller de leur capacité à construire un espace numérique souverain.

La souveraineté numérique peut donc être comprise comme la volonté de maîtriser cette cinquième révolution informationnelle, la volonté d’en maîtriser les impacts et de bénéficier de ses gains. Et la certitude que l’abandon de toute maîtrise entraînera un déclassement irrémédiable de l’Europe. Cela représente ni plus ni moins un enjeu de civilisation, avec ses facettes sociales, économiques, politiques ou culturelles.

cloud_europa.jpg

Quelles sont les forces en présence ?

Devant l’évidence du constat, l’énormité des enjeux, on ne peut qu’être saisi de stupéfaction devant l’inertie ambiante. Car il faut bien le dire, la souveraineté numérique ne fait pas vibrer les foules. Découpons justement les foules en quatre catégories, et voyons pourquoi rien ne se passe.

  • Partageant mon activité entre du conseil en organisation en système de veille et d’intelligence économique pour les entreprises et la formation, j’ai le plaisir de côtoyer régulièrement des étudiants en écoles de commerce et d’ingénieur. Les réactions des jeunes face à un discours structuré et étayé sur la souveraineté numérique s’articulent comme suit. Extraits : "C’est pas vrai, vous en rajoutez", suivi par "De toute façon, je n’ai rien à cacher", pour continuer avec "On a tous à y gagner", et enfin "C’est trop tard pour réagir !". Voilà pour la catégorie des jeunes adultes. Je détaille cela dans mon dernier ouvrage "Maîtrisez internet… avant qu’internet ne vous maîtrise" !
  • Passons à un autre acteur que l’on pourrait croire plus résilient, l’administration ! Rien ne semble fait pour promouvoir les solutions françaises et européennes. Et la décision récente d’attribuer à Microsoft le stockage de nos données de santé en est un bel exemple. Le fait d’appeler cela le "health data hub", en bon français dans le texte, est déjà en soi un signe de soumission à faire hurler le Général de Gaulle et faire pleurer nos amis québécois. La messe n’est pas dite, car certains acteurs, tels Thierry Breton ou Bruno Le Maire, se montrent combattifs.
  • Les chefs d’entreprises veulent de l’efficacité court terme et, vu la conjecture, on les comprend. Les DSI veulent des solutions pérennes et ayant prouvé leur solidité. Et on les comprend aussi. Sauf qu’à ce jeu-là, c’est Microsoft, Amazon ou Google qui gagnent à tous les coups. Le petit monde de la french tech cherche bien une place au soleil. Et une partie d’entre eux est sensibilité à la souveraineté numérique. Mais, mis à part quelques initiatives comme celle récente de Pascal Gayat et d’Alain Garnier, il y a peu de lumière sur leurs offres.
  • Et la société civile ! Le grand public semble malheureusement avoir autre chose à faire. Il faut avouer que les temps sont durs pour une bonne partie de la population. L’épisode des gilets jaunes était une lutte pour la dignité. Demain, ce sera pour la sécurité. Après demain, pour se nourrir. Néanmoins, de belles surprises peuvent surgir, comme l’action du jeune autrichien Max Schrems qui a donné l’impulsion pour faire sauter le traité transatlantique de transfert des données personnelles "Privacy Shield", qui avait succédé au "Safe Harbor". Avec ces appellations, on nageait en pleine novlangue. Il nous en a délivré. Merci à lui.

On pourrait faire d’autres catégories, bien sûr, mais nous irions dans le même sens, sens qui est le résultat de l’influence et de la puissance des géants américains qui nous biberonnent de pains et de jeux dans le grand cirque numérique ! Panem et circenses ! Le combat est à peu près celui de David contre Goliath.

5G-huawei-commission-europeenne-operateurs-Rude-Baguette-3agiabb01h04jt9xs9roxs.jpg

Justement, en face des Goliaths, qui sont donc les David ? Des précurseurs comme Pierre Bellanger. Un bout de la french tech, déjà mentionnée plus haut. Une partie du monde informatique sensibilisé par Snowden est acquis à la cause, avec par exemple la Quadrature du Net. Quelques hauts fonctionnaires ou politiques, comme Bernard Benhamou, la députée Laure de la Raudière ou la sénatrice Catherine Morin-Desailly. L’IHEDN, qui porte une session souveraineté numérique où œuvre notamment le Général Wattin-Augouard. Des collectifs, comme Framasoft. Pour finir, la communauté à laquelle j’appartiens, celle des professionnels de l’intelligence économique, représentée par le Synfie. Ce n’est bien sûr pas exhaustif et les promoteurs oubliés me pardonneront. Ceci étant dit, on se compte sur les doigts de la main.

Quelles perspectives ?

Le bilan de la situation n’est donc pas vraiment positif. Et les perspectives peu réjouissantes. Olivier de Maison Rouge a déjà, dans ces mêmes colonnes, appelé à l’action. "Pour que l’Europe ne soit pas une colonie numérique la souveraineté numérique doit se traduire en actes". Il a tout à fait raison et connait mieux que d’autres les avancées politiques, économiques, juridiques en cours. Tout cela va dans le bon sens. Mais on aimerait que cela aille plus vite ! Et cette impatience est légitime.

"En même temps"… comme dirait notre président actuel, "il faut laisser le temps au temps", comme disait un ancien président. Nous avons commencé notre article par un rappel des différentes révolutions informationnelles. Il serait dommage de ne pas bénéficier de ce recul stratégique, de rabougrir notre vision à un instantané, de rester figé sur un polaroïd de la pensée. Est-ce parce que l’écriture est née en Mésopotamie que la France n’a pas de bons écrivains ? Est-ce parce que l’impression est née en Allemagne que la France n’a pas de bonnes maisons d’édition. Le téléphone et la télévision n’ont-t-ils pas servi tout le monde en dehors de leurs pays de naissance ?

Nous trouverons bien le chemin qui permettra à l’Europe de prendre sa place dans le concert des acteurs du numérique. Et internet est une si grande et si belle révolution. Il n’est pas question de la gâcher alors qu’elle vient de naître. Nos contemporains ont une chance historique à pouvoir influer, même de manière minimale, sur le devenir d’un monde nouveau. On ne vit pas tous les jours les prémices d’une révolution ! Soyons les dignes promoteurs d’un monde nouveau désirable.

Jérôme Bondu

---

Dans le cadre de cet article, je me suis livré à une petite analyse documentaire sur les précédents articles du Cercle K2 qui évoquaient la souveraineté numérique. J’ai trouvé 5 articles (sur 482 articles actuellement publiés).

https://www.cercle-k2.fr/etudes/pour-que-l-europe-ne-soit... - Article d’Olivier de Maison Rouge consacré entièrement à la souveraineté numérique.

https://cercle-k2.fr/etudes/l-action-cyber-russe-au-servi... - L’article de Jamel Metmati et Thierry Berthier présente le rôle du moteur de recherche russe Yandex dans la recherche d’une souveraineté sur les données.

https://www.cercle-k2.fr/etudes/strategie-et-reseaux-dans... - Jamel Metmati traite de la stratégie et les réseaux dans la conduite des opérations militaires et cite la souveraineté numérique en conclusion.

https://www.cercle-k2.fr/etudes/impact-de-l-intelligence-... - Pascal Gentil mentionne une fois l’indépendance numérique.

https://www.cercle-k2.fr/etudes/le-cocktail-detonnant-de-... - Article que j’ai eu le plaisir d’écrire, sur notre dépendance au numérique et son impact dans les affaires en Afrique.

samedi, 07 novembre 2020

La dystopie macronienne: de la «sécurité globale» à la «surveillance globale»

193524a4-e5a9-11e9-8a10-b9721f28293e_image_hires_124447.jpg

La dystopie macronienne: de la «sécurité globale» à la «surveillance globale»

 
 
Auteur : Karine Bechet-Golovko
Ex: http://www.zejournal.mobi

Alors que les regards sont tournés vers l’Outre-Atlantique et les cerveaux confinés ad vitam, d’étranges textes de loi se discutent à l’Assemblée nationale. La majorité présidentielle a déposé une proposition de loi « relative à la sécurité globale », qui affirme à juste titre son affiliation – globaliste. En quelques articles, le sens de la police municipale est modifié pour en faire de facto un échelon de maillage répressif, le rôle et les compétences des organes de sécurité privés sont renforcés et les étrangers peuvent y participer s’ils maîtrisent la langue française, la surveillance technologique est généralisée, de la prévention à l’intervention, transmettant en temps réel les données et les forces de l’ordre doivent être protégées d’un regard « malveillant ». Ce magma futuriste se développe en l’absence d’une quelconque volonté politique de maintenir l’ordre sur l’ensemble du territoire français, sans soutenir les forces de l’ordre lors de leurs interventions dans les « territoires perdus de la République », après avoir déshumanisé la police tout en diminuant le seuil de légitimité du recours à la violence contre la population. Ce n’est certainement pas ce nouveau texte qui va résoudre les problèmes de sécurité en France, mais il va en revanche contribuer à réaliser ce « nouveau monde » inhumain et global.

245a6b7dbf509503-70932.png

Alors que l’on ne cesse de remarquer un ensauvagement des territoires, avec des agressions de plus en plus violentes et primaires, le tout dans une ambiance bon ton tolérante pour ces pôvres petits qui ne savent pas ce qu’ils font. Alors qu’un nombre impressionnant de FDO est lancé dans le contrôle des attestations de déplacement d’une population lassée et écrasée par une rhétorique psdeudo sanitaire, réellement autoritaire. Alors que le pays vit dans un état d’exception qui est devenu permanent, passant du terrorisme au virus par alternance, sans prendre le risque de s’interroger sur le fond de ces problèmes.

Bref, alors que la situation est délétère, les députés de la majorité nous lancent En Marche vers un fantasme recuit de science-fiction des années 50, avec leur proposition de loi « relative à la sécurité globale », dont le texte est disponible ici sur le site de l’Assemblée nationale, qui ressemble à s’y méprendre à de la surveillance globale et en cours de privatisation.

Dans le Titre I, la proposition de loi envisage la transformation de l’esprit de la police municipale en renforçant ses compétences en matière de constatation d’infractions dans des domaines aussi variés que les infractions routières ou le trafic de drogue. La police municipale, dans la logique de la police de proximité, devait garantir le lien entre la population et les FDO, cet aspect est totalement oublié aujourd’hui, elle semble être transformée en un élément de la Police judiciaire, un maillon au rabais, en bouche-trou.

shutterstock_165978410-1200x720.jpg

Dans le Titre II, une privatisation rampante de la « sécurité globale » est mise en place, à quel point les sociétés privées de sécurité sont indispensables aujourd’hui. Il est vrai que face aux 21 500 policiers municipaux, les 165 000 agents privés de sécurité produisent un effet de masse. Et ces forces privées, qui peuvent comprendre des étrangers maîtrisant le français (merci !), vont voir leurs compétences augmenter, notamment pouvoir dresser des PV, noter les témoignages, relever l’identité et l’adresse du présumé coupable, le retenir en attendant l’arrivée d’un policier ou d’en gendarme (art. 18 du projet de loi). Autrement dit, des compétences de puissance publique sont transférées à des individus, qui ne représentent pas l’État et n’agissent pas en son nom. Dans la même logique, ils reçoivent des pouvoirs de contrainte en matière d’obligation de publicité des sanctions adoptées à l’égard de personnes physiques et morales (art. 19).

Le Titre III met en place un système de surveillance électronique, qui repose autant sur les caméras individuelles (art. 21), que sur les caméras aéroportées (art. 22). Les images peuvent être transmises en temps réel, ce qui a provoqué une réaction négative du Défenseur des droits, l’atteinte potentielle aux libertés fondamentales étant considérable. L’on appréciera également la précision de l’art. 22 concernant les caméras aéroportées sur les voies publiques, qui ne doivent pas permettre de visualiser l’intérieur des domiciles, ni de façon spécifique, leurs entrées. Donc, accessoirement, c’est possible, mais pas de manière spécifique.

Le Titre IV est celui qui a fait le plus réagir les médias, car il les concerne directement, en prévoyant une forte limitation de la diffusion des images des FDO. La loi sur la liberté de la presse est complétée d’un article ainsi rédigé :

« Art. 35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police ».

3ff7fc8_2x4wBkcTo3YgizJuJ0SvuFbu.jpg

Cette disposition, devant limiter l’application de la restriction de diffusion d’images, « dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique » peut être interprétée tellement largement selon les besoins de la situation, que l’interdiction risque d’être de facto générale.

Le syndicat de la magistrature a particulièrement négativement réagi à cette proposition de loi. Il est possible de lire l’intégralité de leur communiqué ici, pour l’essentiel :

« La majorité parlementaire se plaît – sans consulter la CNIL – à déposer cet énième texte, lequel a pour finalités essentielles d’accroître la surveillance de masse et les pouvoirs des polices locale et privée, au nom du « continuum de la sécurité », doctrine qui a démontré depuis plus de vingt ans qu’elle ne produisait ni cogestion entre les polices, ni proximité avec la population mais répondait au besoin d’extension d’un marché privé de la sécurité très lucratif. (…) Ce projet est en cohérence avec la priorité donnée par le gouvernement à la justice pénale de « proximité », qui est tout sauf de la proximité, puisqu’aucunement de nature à répondre aux besoins quotidiens essentiels des justiciables, mais correspond uniquement à la volonté de concentrer les maigres moyens de la justice sur la répression accrue des actes de délinquance les moins graves. Le but est de quadriller chaque recoin de l’espace public en déployant des moyens technologiques permettant une surveillance généralisée, en donnant compétence à des agents qui ne sont pas formés mais qui feront nombre pour relever des infractions en dehors de tout contrôle de la justice, et de faire encore reculer le contrôle démocratique sur ce qui se joue, les forces de l’ordre devenant finalement les seules à échapper aux honneurs des caméras. Tandis qu’un blanc-seing sans limite et sans contrôle est donné aux agents de la puissance publique pour réprimer tous azimuts, leur rôle pacificateur, les liens qu’ils devraient tisser avec les populations qu’ils protègent sont désormais totalement perdus de vue. Tant pis pour les libertés publiques, et tant pis si ces coups de menton n’ont aucun effet réel sur le niveau de la délinquance ».

Il est urgent de déconfiner nos cerveaux avant de se réveiller dans une nouvelle réalité inhumaine, électronique, faite de surveillance et d’insécurité. Ce monde global vers lequel nos élites nous dirigent au pas de course.


- Source : Russie politics

 

 

 

Conflit du Haut-Karabakh: pour y voir plus clair

arton50377.jpg

Conflit du Haut-Karabakh: pour y voir plus clair
 
par John Helmer
via Facebook
 
L'analyse de John Helmer - excellent et honnête spécialiste de la Russie et de son environnement ex-soviétique - sur le conflit en cours entre Arméniens et Azéris. Selon lui, "L'Arménie a perdu la guerre d'octobre avec l'Azerbaïdjan en raison de ses échecs en matière de renseignement sur le champ de bataille, de défenses obsolètes et des erreurs de calcul politiques du Premier ministre Nicol Pachinian. Ses seuls alliés sont maintenant les montagnes et le climat." Ce point de vue est partagé par la plupart des spécialistes russes de la défense.
 
C'est le consensus auquel sont parvenus cette semaine les principaux analystes militaires de Moscou. "Pendant la période du premier ministre Nikol Pashinyan", a rapporté mardi Vzglyad l'évaluation de l'état-major général russe, "trois chefs des services de renseignement ont été remplacés, et l'un d'entre eux n'avait aucune compétence et était une personne occidentale nommée pour des raisons purement politiques. Tout cela s'est accompagné d'une rhétorique interne anti-russe, multipliée par l'arrogance nationale. Certains dirigeants du Haut-Karabakh ont dit des choses comme "nous n'avons pas du tout besoin des Russes, nous pouvons aller à Bakou à pied sans vous".
 
"De plus, au cours des six derniers mois, à l'état-major général de l'Arménie, il y a eu un licenciement massif d'officiers qui avaient été formés à Moscou."
 
"Il est probablement temps que de véritables purges aient lieu au sein du gouvernement", avait annoncé M. Pashinyan en avril. Selon l'évaluation russe, Pashinyan a ensuite commis l'erreur classique du novice nerveux : il a renforcé la garde de son palais contre les Arméniens rivaux, mais a sous-estimé son ennemi azéri traditionnel et a maintenant perdu le contrôle du territoire.
 
La riposte arménienne est que les analystes de Moscou qui disent cela "reçoivent de l'argent de la Turquie et de l'Azerbaïdjan".
 

2e58d796cea724a7f80821474aac029fe7b3.jpg

"Pourquoi l'armée arménienne était-elle plus faible et quelles erreurs a-t-elle commises lors de la préparation des opérations de combat", a rapporté Evgeni Krutikov, l'analyste militaire de Vzyglyad qui a des liens étroits avec les renseignements militaires russes. "Le 27 octobre est la date significative, puisque le rythme de l'offensive de l'armée azerbaïdjanaise a été calculé pour ce mois. Ces rythmes n'ont pas été respectés, et dans certains domaines, ils ont même échoué. Les principales tâches politiques pour Bakou n'ont pas non plus été résolues".
 
"Néanmoins, les forces armées azerbaïdjanaises ont obtenu un certain nombre de succès, ont brisé la ligne de défense dans le Haut-Karabakh et ont avancé de plusieurs dizaines de kilomètres. Le samedi 24 octobre, la défense des forces arméniennes dans le secteur sud du front ne tenait plus qu'à un fil et aurait pu être détruite avec des conséquences désastreuses pour l'Arménie. Cela ne s'est pas produit, mais la situation elle-même a donné raison de parler de la défaite stratégique des troupes arméniennes. Bien que ces arguments aient été prématurés, les résultats du premier mois de guerre ne sont pas très encourageants pour l'Arménie et le Haut-Karabakh (NKR)".
 
"Si vous regardez la carte de la région, la direction principale d'une éventuelle frappe de l'Azerbaïdjan sur la NKR ressemble à la zone centrale le long du fleuve Karkarchay [Karkar]. Il suffit de passer directement par les ruines d'Aghdam jusqu'à Khojaly et ensuite jusqu'à Stepanakert. C'est dans cette zone que la principale ligne de défense des Arméniens a été organisée pendant un quart de siècle. Mais c'est dans le secteur central que les Azerbaïdjanais n'ont même pas essayé d'imiter l'offensive. Il y a un intense duel d'artillerie sur ce front, mais rien de plus. Mais le côté arménien est obligé de maintenir constamment des forces importantes dans le secteur central, qui dans un autre scénario pourraient être utilisées, par exemple, pour organiser des poches dans le Sud".
 
Selon l'analyse approuvée par l'état-major général russe, la première grande erreur des Arméniens a été l'échec des services de renseignement qui ont sous-estimé l'efficacité de la combinaison des forces azerbaïdjanaises de missiles et de roquettes à drones hautement mobiles avec des obusiers à longue portée. "L'Arménie et la NKR auraient dû penser à ce qui se passait pendant l'été, lorsque des escarmouches sporadiques ont commencé presque tout le long de la ligne de front.... L'Azerbaïdjan a progressivement formé deux corps de choc, qui ont rassemblé les éléments les plus prêts au combat de toute l'armée, y compris des parties de la réserve profonde. Des entrepôts ont été construits plus près de la ligne de contact, et le système d'approvisionnement en carburant a été fourni. Tout cela pouvait être vu simplement à l'aide de jumelles, sans avoir recours à des manipulations complexes du renseignement".
 

1023897913.jpg

"En outre, les renseignements arméniens n'ont pas informé les dirigeants politiques du pays de l'évaluation correcte des armes, de leur quantité et des raisons pour lesquelles l'Azerbaïdjan les a achetées. Sur la base de l'analyse de ces achats, l'Arménie et la NKR auraient pu construire un modèle de tactique militaire que Bakou se préparait à utiliser, et organiser la contre-attaque. Tout d'abord, cela concerne les drones importés (UAV) et l'artillerie automotrice soutenant les groupes tactiques de bataillons (BTG) en progression. Cela suffirait à l'armée arménienne pour comprendre ce qui est prévu de l'autre côté du front".
 
La Russie n'a pas confirmé les rapports occidentaux selon lesquels des contre-mesures électroniques de l'armée russe (ECM) ont été déployées pour aider la partie arménienne à neutraliser le drone azerbaïdjanais.
 
La deuxième grande erreur des Arméniens a été de présenter des unités de défense aérienne obsolètes, à point fixe et en nombre insuffisant, adéquates contre une attaque aérienne habitée du côté azéri, mais "inutiles" contre les drones israéliens et turcs. "Il n'y a tout simplement pas assez de systèmes de défense aérienne dans la NKR, et il y a de très, très nombreux drones en Azerbaïdjan. La partie arménienne sur le terrain subit de lourdes pertes du fait des actions des drones, d'autant plus que les Azerbaïdjanais ont délibérément assommé les positions des systèmes de défense aérienne arméniens avec des missiles et de l'artillerie à longue portée... Pour quelle raison Erevan n'a pas pris la peine de rééquiper le système de défense aérienne et de créer son propre groupe de drones, c'est une question plus psychologique que purement militaire".
 

96159616-10216681112956008-7007998321843240960-n.jpg

L'obsolescence des équipements de combat arméniens reflète également leurs tactiques de combat dépassées. "Le système de défense de la NKR était basé sur plusieurs lignes fortifiées consécutives, dont la plus avancée dans les secteurs du centre et du sud a été construite dans les années 1990 dans la zone des plaines, dans le cadre d'une ceinture dite de sécurité. Cette défense a bien fonctionné pendant 25 ans. Mais en un quart de siècle, l'Azerbaïdjan et son armée ont beaucoup changé. Mais rien n'a changé au Karabakh et en Arménie, y compris dans leur perception de la réalité militaire. Dans la nouvelle situation, il était nécessaire de tenir la zone des plaines de la ceinture de sécurité par d'autres mesures et méthodes. Sinon, la perspective de perdre Jebrail, Fizuli, Hadrut, Zangelan et Kubatly était visible à l'œil nu. C'est ce qui s'est passé à la fin".
 
"Maintenant, les troupes azerbaïdjanaises dans le secteur sud ont atteint la deuxième ligne de défense et samedi dernier, elles menaçaient de manière critique le "couloir de Lachin" - c'est la principale route d'approvisionnement en provenance d'Arménie. La perte de Lachin, qui se trouvait à 10 à 15 kilomètres en ligne droite pour les Azerbaïdjanais, aurait été un véritable désastre stratégique pour les Arméniens. En outre, la perte d'un territoire important dans le sud en ce moment signifie de graves problèmes politiques et une défaite morale pour l'Arménie. C'est l'avancée dans le sud que Bakou peut enregistrer comme sa principale victoire et sa principale réalisation politique après un mois de combats au Karabakh".
 

carte-haut-karabagh-arménie-guerre.png

dronesaz.jpg

La route du couloir de Lachin - à gauche, Wikimapia, 2018 ; à droite, photo d'un drone du ministère de la défense de l'Azerbaïdjan. https://en.axar.az/
 
Cependant, depuis le week-end dernier, lors des derniers combats dans les gorges et les montagnes du couloir de Lachin, cette combinaison d'armes azerbaïdjanaises est inadéquate. "Parfois, même les méthodes primitives de protection dans les montagnes sont très efficaces. Par exemple, dans les gorges autour de Lachin et de Shusha, des câbles d'acier sont tendus depuis la fin des années 1990, ce qui exclut complètement l'utilisation d'avions d'assaut ou de drones dans ces zones".
 
L'évaluation de Moscou attribue la défaite militaire des Arméniens sur le terrain à la stratégie anti-russe de Pashinyan depuis son arrivée au pouvoir en mai 2018. C'était une opération, a-t-il déclaré à la presse américaine de l'époque, qui n'avait "aucun contexte géopolitique pour notre mouvement, notre révolution de velours".
 
"Au cours de l'année dernière, l'armée arménienne a perdu le contact avec Moscou, et tous les contacts dans le domaine du renseignement entre les deux pays ont été réduits - et cela a été fait à l'initiative de la direction politique de l'Arménie. Sous la présidence de Nikol Pashinyan, trois chefs des services de renseignement ont été remplacés, et l'un d'eux n'avait aucune compétence et était un représentant occidental purement politique. Tout cela s'est accompagné d'une rhétorique interne anti-russe, multipliée par l'arrogance nationale...De plus, au cours des six derniers mois, à l'état-major général de l'Arménie, il y a eu un licenciement massif d'officiers qui avaient été formés à Moscou. La raison apparente de ce licenciement est le mariage de la fille du chef de l'état-major général, qui aurait "enfreint les règles de conduite dans la pandémie de coronavirus".
 

9a526eb_5587674-01-06.jpg

La justification de Pashinyan pour le licenciement du général Artak Davtyan a été annoncée le 8 juin. Dans le même temps, il a également licencié les chefs de la police et de l'administration de la sécurité nationale. Cela, selon l'évaluation russe, a laissé Pashinyan à la tête d'un système de commandement et de contrôle qui était creux. Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a vu l'opportunité de frapper. "Il semble que l'état-major arménien n'avait pas du tout de plan de mobilisation, ou alors il souffre d'un certain nombre de caractéristiques étranges. Pour la défense de la "forteresse de montagne", quarante à soixante mille personnes sont vraiment suffisantes, mais ce n'est clairement pas suffisant pour l'organisation d'une défense mobile. Les Arméniens se comportent de manière passive, se contentant de repousser les menaces dès qu'elles se présentent".
 

33418.jpg

83622.jpg

A gauche : le président Ilham Aliyev en visite de première ligne en novembre 2016. A droite, le 5 septembre 2020, le général Artsak Davtyan à Stepankert, capitale de l'Artsakh, le territoire du Haut-Karabakh sous domination arménienne. "J'estime que la situation est stable et calme. Dans le même temps, je suis convaincu que les forces armées sont prêtes à tout moment à accomplir les tâches qui leur sont confiées", a déclaré Davytan.
 
"La partie azerbaïdjanaise (et les Turcs derrière elle) ont une initiative opérationnelle complète", a rapporté Vzglyad hier. "Ils peuvent se permettre de redéployer des forces sur toute la ligne de front, de former de nouveaux groupes, de reconstituer les réserves et de lancer de nouveaux plans. Les Arméniens, ayant perdu la plupart de leur "ceinture de sécurité" dans le sud, ne peuvent plus penser à des opérations contre-offensives. En particulier pour regagner le territoire perdu au cours du mois dernier. En général, il s'agit bien sûr d'une impasse militaro-stratégique pour l'Arménie et la NKR. L'Azerbaïdjan utilisera le répit politique pour le redéploiement, le réapprovisionnement des unités et l'élaboration de nouveaux plans offensifs. Les Arméniens ne sont plus prêts que pour une défense passive".
 
Selon le registre du Kremlin, cette année, le président Vladimir Poutine a eu sept conversations téléphoniques avec Pashinyan. Après le début de la guerre le 27 septembre, il y a eu quatre appels, chacun à l'insistance de Pashinyan. Poutine a refusé de rejeter la faute sur les dirigeants de l'Azerbaïdjan ou sur les Turcs pour leur soutien à Aliev. Le communiqué du Kremlin fait état de l'accord de Poutine avec Pashinyan sur leur "sérieuse préoccupation concernant les informations reçues sur l'implication dans les hostilités de militants d'unités armées illégales du Moyen-Orient".
 
Pashinyan a cessé de téléphoner à Poutine après le 5 octobre. A ce moment, Poutine "insistait sur la nécessité urgente d'un cessez-le-feu". Poutine a ensuite délégué la conversation au ministère des affaires étrangères.

arton70879.jpg

Le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est entretenu à plusieurs reprises par téléphone avec le ministre arménien des affaires étrangères Zohrab Mnatsakanyan, et leur homologue azerbaïdjanais Jeyhun Bayramov. Ils se sont également rencontrés directement à Moscou le 9 octobre, puis à nouveau directement mais séparément les 20 et 21 octobre.
 
Négociations directes à Moscou le 9 octobre entre (de gauche à droite) le ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères Jeyhun Bayramov ; Sergueï Lavrov et le ministre arménien des affaires étrangères Zohrab Mnatsakanyan. Le ministère de M. Lavrov n'a publié aucun communiqué après la session de six heures.
À gauche, le ministre arménien Mnatsakanyan avec Lavrov à Moscou, le 12 octobre.
 
A Moscou le 12 octobre, après sa rencontre avec Mnatsakanyan, Lavrov a souligné le rôle de médiateur impartial de la Russie au niveau diplomatique, mais aussi sur le champ de bataille : "Quant à la poursuite de la participation de la Russie au processus de règlement, nous y participerons activement, à la fois comme l'un des trois coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE et simplement comme un allié proche et un partenaire stratégique de nos voisins. Je pense que notre veille commune de la nuit, qui a produit un document très important, n'a pas été vaine et que nous serons encore en mesure de surmonter la situation "sur le terrain" très bientôt. En tout cas, nous sommes aussi intéressés par cette question que les parties en conflit "sur le terrain" le sont".
 
Le même jour, le ministre russe de la défense, Sergei Shoigu, s'est entretenu par téléphone avec le ministre turc de la défense, Hulisi Akar. Le communiqué de presse publié à Moscou indiquait que Shoigu avait parlé de "stabilisation" ; c'était un avertissement aux Turcs de ne pas intensifier leur présence sur le champ de bataille, que ce soit avec leurs représentants syriens ou avec le personnel militaire turc. Shoigu a ensuite pris contact avec ses homologues de Bakou et d'Erevan pour discuter de leur volonté d'accepter un rôle russe dans la mise en œuvre et le respect d'un mécanisme de cessez-le-feu. Il n'y a toutefois pas eu d'accord et, dans les quinze jours qui ont suivi, les Arméniens ont continué à perdre du terrain.

thumbs_b_c_e23bd66c2c5361b9669700e7e0defaf7.jpg

Lavrov a parlé plus souvent avec le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu; en fait, cinq fois au cours du mois dernier. Lors de leur dernière conversation, le 27 octobre, ils ont convenu de "la nécessité d'assurer un cessez-le-feu durable entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dès que possible". Les deux ministres ont souligné qu'il n'y a pas d'alternative à une résolution pacifique du problème, et ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise des négociations par le biais des mécanismes établis par le Groupe de Minsk de l'OSCE. Les parties ont spécifiquement noté que l'internationalisation de la crise par l'implication de combattants étrangers était inacceptable".
 
Igor Korotchenko, rédacteur en chef du magazine de la défense nationale à Moscou, confirme que les tactiques azerbaïdjanaises ont été couronnées de succès dans les plaines et les vallées, mais que leur progression s'est arrêtée dans les montagnes de Lachine. "Lachine a été un échec des Azéris. La raison principale était le terrain local. Les positions défensives bien préparées (pendant environ 20 ans) de l'armée arménienne dans les plaines ont été pénétrées par l'armée azérie, mais les montagnes sont devenues une grande difficulté pour eux, même pour les troupes spéciales. L'armée azerbaïdjanaise est la plus entraînée et la mieux préparée, en partie avec l'aide de la Turquie et de la Russie".
 
On a demandé à M. Korotchenko s'il pouvait confirmer que des systèmes russes de contre-mesures électroniques (ECM) comme le Krasukha ont été utilisés pour attaquer le Bayraktar. Selon ce rapport du 21 octobre, "des sources sur BulgariaMilitary.com du ministère russe de la défense affirment que depuis le début des hostilités au Nagorno-Karabakh, les systèmes russes de guerre électronique ont été mis en pleine capacité de combat, mais n'ont été utilisés que maintenant, car il n'y a pas eu une telle saturation de drones dans la zone de la base militaire. Les photographies de certains des drones turcs abattus et de leurs fuselages montrent que ces drones ont effectivement été retirés par un système de guerre électronique, car il n'y a aucune trace d'une frappe de missile ou d'une autre arme à feu". En fait, le rapport provient d'Erevan.

Krasukha-2_(Красуха-2)_Unloaded.jpg

À Moscou, Korotchenko a répondu : "Depuis l'année dernière, l'Arménie a perdu ses contacts avec la Russie dans le domaine militaire, il est donc difficile de dire quoi que ce soit sur [la Krasukha]. Nous pouvons dire sans hésiter que la Russie est intéressée par un règlement diplomatique du conflit dans les plus brefs délais. Il est trop tôt pour parler des leçons à tirer pour les deux parties. L'Azerbaïdjan utilise des drones très efficaces ainsi que des tactiques d'artillerie, mais le nouveau terrain exigera qu'ils fassent quelques changements".
 
Ilya Kramnik, un expert militaire du Conseil russe des affaires internationales, estime que "même après leur dernier échec, les forces azerbaïdjanaises continuent à contrôler le couloir de Lachin, car leurs drones et leur artillerie peuvent encore être utilisés pour bloquer le passage des troupes arméniennes. Mais le terrain et le temps instable de l'automne vont jouer pour l'armée arménienne, qui a l'expérience de la guerre dans de telles conditions".
 
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
 
La version originale de l'article en anglais :

TransEuropa#1, avec Oncle Bob alias Robert Steuckers

4aca73dc76240db718b089a68cdf5df99864a22b.png

Chronique européenne:

TransEuropa#1, avec Oncle Bob alias Robert Steuckers

Géopolitique 2020

 
Nouvelle série, spécialement consacrée à l'Europe. Depuis son bunker belge, le conférencier et essayiste Robert Steuckers (Oncle Bob pour les intimes) abordera différents sujets à propos de notre continent. Histoire, politique, littérature, grands mythes et bien d'autres sujets qui nous l'espérons raviront les auditeurs et leur donneront des clés de compréhension à propos de l'Europe. Pour commencer, un panorama 2020 de géopolitique. Bonne écoute et place à Bob !
 
 
✅ Abonnez vous si ce n'est pas encore fait !
✅ Pour soutenir la radio, notre Tipee https://fr.tipeee.com/radio-lorraine-...
 
Également disponible sur Soundcloud: https://soundcloud.com/user-640188530...
 
Extrait musique: © Kraftwerk-Trans Europa Express (1977)
Réalisation: Radio Lorraine Enragée

vendredi, 06 novembre 2020

Robert Steuckers : Entretien sur le conflit du Caucase pour la presse azerbaidjanaise

DOYdR9rWsAAfMSA.jpg

Robert Steuckers : Entretien sur le conflit du Caucase pour la presse azerbaidjanaise

Propos recueillis par Zaur Medhiyev

La localité de Barda a été récemment touchée par un missile arménien. Quatre personnes ont été blessées. Ce n'est pas la première fois que des roquettes arméniennes frappent des villes. Pour quelle raison l’Arménie mène-t-elle ce type d’action ?

L’escalade dans la guerre actuelle au Sud du Caucase provient d’agents provocateurs qui veulent empêcher la rentabilisation de l’axe de communication terrestre dit « South-North », partant de l’Inde, traversant l’Iran et l’Azerbaïdjan pour arriver en Russie dans le bassin de la Volga. Ce corridor, qui porte le nom anglais de « International North-South Transport Corridor » prévoit la construction de communications navales, ferroviaires et routières sur une distance de 7200 km au départ de Mumbai (Bombay) en Inde. La Russie et l’Inde ont signé le protocole d’accord en mai 2002. En 2014, le trajet Mumbai-Bakou a été testé via le port iranien de Bandar Abbas. Ensuite, on a procédé à un test de fonctionnement entre Mumbai et Astrakhan sur la Volga. D’autres voies sont prévues vers l’Europe mais surtout vers le Kazakhstan et le Turkménistan. L’objectif est de renforcer sur la masse continentale eurasienne la « trade connectivity » ou « connectivité commerciale » et d’éviter les goulots d’étranglement créés depuis deux siècles par les puissances thalassocratiques dont la stratégie visait à « contenir » la principale puissance continentale, c’est-à-dire la Russie, et à l’empêcher d’atteindre les mers chaudes.

La réalisation de ce Corridor a également pour but de diminuer les coûts de transport de 30% et de réduire la longueur des trajets de 40%. L’Azerbaïdjan et l’Arménie ont signé ultérieurement l’accord de mai 2002, avec d’autres pays de la région et d’Asie centrale. L’Azerbaïdjan a eu l’intelligence politique de s’impliquer à grande échelle dans ce projet en construisant de nouvelles routes et de nouvelles voies de chemin de fer. La réunion de Téhéran du1 novembre 2017 a ainsi permis de normaliser et d’améliorer les relations entre l’Azerbaidjan chiite et l’église orthodoxe russe, de conclure des accords contre le terrorisme (wahhabite), de prendre des mesures pour lutter contre le narcotrafic et de sceller le projet de réaliser le Corridor. Ces accords sont importants et méritent d’être ancrés dans les faits.

N83007265-72502316.jpg

L’Iran voisin veut, dans le cadre de ce magnifique projet, agrandir le port de Chahabar et réaliser, à terme, un grand canal transiranien, l’Iranrud, qui relierait l’Océan Indien à la Caspienne, notamment au port d’Astara, situé à la frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. Ce développement régional intéresse les Européens conscients des impératifs de la géopolitique car, de cette façon, l’Europe, elle aussi, échapperait aux goulots d’étranglement que sont Gibraltar, Suez et Aden.

L’Arménie, depuis quelques années, a malheureusement laissé le projet en jachère. Or le tronçon ferroviaire et l’axe routier Iran-Arménie sont les chaînons manquants (les « missing links ») pour que les embranchements de ce Corridor puissent atteindre également la Mer Noire via la Géorgie. En septembre 2013, Serge Sarkissian signe des accords ferroviaires avec Vladimir Poutine, où la Fédération de Russie promet d’investir quinze milliards de roubles dans le projet.

1044362051_0 221 2047 1329_1200x0_80_0_1_17425195e9e1ff3e3ea1ae72c95378f6.jpg

Pour les stratégistes américains actuels, ceux du Deep State, qui s’inscrivent dans la logique forgée en 1904 par Sir Halford John Mackinder, ces axes de communication doivent être bloqués à tout prix car ils défient, par leur existence même, toutes les stratégies développées par les puissances maritimes qui exigent la liberté des mers depuis le 17ème siècle. Dans le cadre qui nous occupe, aucune entrave aux axes de communication terrestre ne peut s’imposer. Les puissances maritimes tablent certes toujours sur leurs flottes mais aussi sur leurs dispositifs satellitaires et sur la maîtrise du numérique. Les puissances continentales gardent le lien avec la terre, le tellurique : leurs figures tutélaires sont le paysan et le géomètre romains. Depuis deux ou trois décennies, les stratégistes américains parient sur des guerres hybrides, impliquant la manipulation d’ONG comme en Ukraine, en Géorgie et en Arménie, ce qui a permis à Pachinian d’arriver au pouvoir en 2018, comme par hasard juste après les accords de Téhéran de 2017, scellés par ses prédécesseurs, dont l’ex premier ministre Serge Sarkissian, son vieil ennemi depuis 2008, et surtout l’ancien président Robert Kotcharian qu’il a fait emprisonner. L’objectif de ces ONG subversives est de saboter l’acheminement des marchandises et des hydrocarbures en direction des rimlands les plus riches comme on le voit avec l’acharnement américain contre les gazoducs Nord Stream 2 dans la Baltique. Dans le conflit qui ravage aujourd’hui le Caucase, il s’agit de saboter les voies de communication terrestre en gestation. Nous ne pouvons tolérer un tel sabotage car si les juristes des puissances maritimes du 17ème siècle (qui sont toujours les mêmes) plaidaient pour la liberté des mers, nous devons aujourd’hui militer pour la liberté des terres et rejeter tous les conflits qui bloquent les voies destinées à réorganiser le continent.

Enfin, les opérations de guerre en cours font évidemment des victimes dans les deux camps. Toutes sont à déplorer.

Des experts, dont des Russes, ont appelé Erevan à déposer les armes et à s'asseoir à la table des négociations, fournissant à l'Azerbaïdjan un calendrier pour le retrait des forces d'occupation. Cependant, Pachinian répond en appelant à une guerre totale. Quelle est la raison de cette obstination obsessionnelle?

Les Russes sont parfaitement conscients d’un fait : si une guerre de longue durée s’installe au Sud de la chaîne du Caucase, le projet du Corridor Inde/Arctique sera remis aux calendes grecques, ce qui irait au détriment de tous, en Europe comme en Asie. Ensuite, il faut savoir deux choses : la Russie a une frontière commune avec l’Azerbaïdjan et non avec l’Arménie. Le transit potentiel du Corridor passera dès lors par l’Azerbaïdjan en priorité. Ce raisonnement, les Iraniens et les Indiens doivent le tenir aussi. Si Pachinian appelle à la guerre totale, contrairement aux vœux de Moscou, c’est qu’il suit un ordre du jour occulte, établi par les services secrets américains. Cependant, il sait, et les Américains savent, que les Arméniens peuvent compter sur la sympathie de tous les peuples orthodoxes (surtout les Russes), de bon nombre de chrétiens catholiques, de la diaspora arménienne de France et des Etats-Unis. L’Azerbaïdjan ne pourra pas compter sur un tel soft power pour deux raisons : c’est un pays musulman et, dans les circonstances actuelles en Europe occidentale et centrale, les musulmans n’ont pas bonne presse. Ensuite l’alliance tacite avec la Turquie, qui envoie sur le front des mercenaires djihadistes syriens et libyens, dessert considérablement votre pays car les discours d’Erdogan, tenus à Strasbourg, Hasselt et Cologne, au cours de ces deux dernières décennies ont hérissé les Européens et ressuscité la phobie antiturque qui remonte au temps des croisades. Même si on peut dire qu’Erdogan n’a pas tort de fustiger les sales manies idéologiques qui ont défiguré l’Europe depuis une soixantaine d’années et ont culminé dans l’abjection au cours de ces dix dernières années. Quant à ses charges contre Macron, ma foi, je dois dire que je ris aussi dans ma barbe quand je les entends…

Southern-gas-corridor-Azertag-Azerbaijan.jpg

Pour pallier cet inconvénient, l’Azerbaïdjan devrait mettre en avant les bonnes relations avec l’église orthodoxe russe, scellée lors de la réunion de Téhéran en novembre 2017. Face à l’opinion publique russe, il conviendrait aussi de desserrer les liens avec l’OTAN, sans pour autant renoncer aux gazoducs et oléoducs transanatoliens TANAP, base concrète de l’alliance de facto entre la Turquie et l’Azerbaïdjan.

Après la guerre, Pachinian et ses camarades seront-ils jugés ?

En principe, je suis contre le fait de juger des hommes d’Etat ou des chefs de guerre après une défaite militaire. Le Tribunal de La Haye est une sinistre farce, comme peuvent en attester les Serbes, les Croates et les Bosniaques (et demain les Kosovars) qui ont subi ses foudres. J’ai aussi plus de respect pour les hommes politiques qui affrontent les aléas de l’histoire ou pour les soldats qui mettent leurs vies en jeu que pour les sinistres et médiocres juristes, aux raisonnements creux et aux corps mous, qui ont l’effroyable toupet de juger leurs actes. Il n’y a pas d’êtres plus méprisables qui grouillent sur cette Terre. Je ne souhaite donc pas la création d’un nouveau tribunal de cette sorte après le conflit qui ravage le Caucase aujourd’hui. Lecteur de Carl Schmitt, j’ai médité, avec le Professeur Piet Tommissen, les écrits de ce grand penseur allemand sur la notion d’amnistie.

Le gouvernement belge reconnaît le Karabakh comme faisant partie du territoire de l'Azerbaïdjan. Mais le parlement flamand prend sa propre décision selon laquelle, dit-il, le Karabakh est un État séparé. Comment peut-on expliquer cela? Comment le Parlement flamand peut-il s'opposer à l'avis du ministère fédéral des Affaires étrangères?

L’architecture politique du royaume de Belgique est compliquée et il est toujours malaisé de tenter de l’expliquer à des étrangers. Même à nos voisins les plus proches. La situation est tendue en Belgique aujourd’hui. Le gouvernement central (fédéral) est composé de partis majoritairement non flamands. La population majoritaire est cependant flamande (plus de 60%) mais n’est quasi pas représentée dans le nouveau gouvernement fédéral. Par conséquent, le Parlement flamand jouera le jeu d’une opposition politique intransigeante tant que ce gouvernement sera en place, puisqu’il le juge antidémocratique et non représentatif de la population flamande, donc illégitime. L’idéologie majoritaire en Flandre privilégie systématiquement les peuples réels contre les Etats et le droit à la sécession de toutes les communautés ethniques minoritaires. Cela vaut pour la Catalogne et l’Ecosse comme cela a valu pour le Kosovo. Aujourd’hui, cette lecture est appliquée au Haut Karabakh, considéré comme arménien parce que peuplé d’Arméniens. A cela s’ajoute une solidarité chrétienne (même chez les agnostiques) et un affect antiturc dû au rejet de l’immigration marocaine et anatolienne, où l’idéologie salafiste et frériste s’implante dangereusement, mettant en danger tous les projets de convivialité interculturelle et d’intégration. Parmi les victimes de cette expansion sournoise du salafisme : un imam chiite marocain, tué par un extrémiste nord-africain.

images3.persgroep.net.jpg

A Bruxelles, la communauté arménienne a organisé des rassemblements non autorisés, voire bloqué les rues. Comment les habitants ordinaires de la capitale ont-ils réagi à cela?D'ailleurs, ces rassemblements ont été dispersés par la police. Y a-t-il eu une nouvelle déclaration sur le «génocide»?

J’ai certes entendu parler d’une manifestation arménienne à Bruxelles mais non d’un blocage des rues. Cela s’est plutôt passé sur une autoroute française dans la région de Lyon. Je n’ai pas entendu de déclaration sur le génocide, sauf que la négation de ce génocide est interdite par les lois belge et française.

 

jeudi, 05 novembre 2020

Charlie Hebdo Rides Again

MacronDevil-600x313.jpeg

Charlie Hebdo Rides Again
 

The French President stepped on a rake for the second time, and was duly slapped in the face by its long handle. French products went off the shelf in the Arab and Turkish shops; heads chopped off in the midst of pandemics; a lot of animosity, anger, smacking of a civil war. Vous l’avez voulu, you asked for it, Emmanuel Macron! We saw it in 2015, why did you push “Replay”? Anyone can step on a rake once, but to repeat this mistake? It is not a sign of a smart guy, unless this response is exactly what he wanted.

Macron is surely a smart guy. He had a few good practical reasons to provoke French Muslims. Not an ideological man, he wanted to steal the right-wing electorate of Mme Le Pen. They are known for hating foreigners, first of all the large Muslim population of the republic. The Muslims do not fit the self-image of a Frenchman, the slim man in beret and mackintosh with a baguette under his arm. It was not hard to make this Muslim population angry, and then to manifest Macron’s iron fist in dealing with them, and voila! the nationalist voters are in the pocket of the French president.

The replay was jumpstarted by Charlie Hebdo. This small satirical magazine of little artistic value usually publishes bad taste cartoons of public loo wall quality. It wouldn’t survive but for grants and government subsidies. It is so minor that it would not be noticed either but for the mainstream media that bring its message to the last immigrant banlieue. Now they have republished some nasty cartoons aimed at the Prophet Muhammad. The immigrants and their children didn’t enjoy this premeditated insult to their faith. Think about having a good laugh over the Holocaust in the presence of a Jewish person and you’ll understand. Even peaceful and calm people dislike being offended. However, the publication was of little importance, as opposed to Macron’s public and well-covered support for it. He positively celebrated this publication and added a few well-chosen and offensive phrases against Islam. This was the ringer.

ob_dfd659_tartuffe-1.jpg

Tartuffe would be proud of Macron who declared that Charlie Hebdo is the true carrier of the French Republican spirit and its love for unbridled freedom of speech. It would be bad enough if true, but it is not. France, and the entire world, is now in the middle of a huge offensive against free speech. Facebook banishes accounts and removes posts, Google shadow bans sites, the venerable Unz.com has been both banned on Facebook and shadow-banned on Google. President Trump has his tweets removed or appended with a health warning on Twitter. The proposed new hate law of Scotland would make it a crime to express opinions likely to cause discomfort even within the four walls of your own home. For a long time it has been a crime to say “hateful things” in the public space, and in the UK there are a hundred thousand “hate crimes” a year committed, according to the thought police.

France is leading the assault against free speech. French Writer Hervé Ryssen Jailed for Criticizing Jews;French Court Sentenced Alain Soral to Pay Jewish Organization $158,500 for Re-Releasing 128-Year-Old Book – say the recent headlines. The new French law bans “hate speech” on social media. The law obliges platforms and search engines to remove offensive content – including religious bigotry – within 24 hours or risk a fine of up to €1.25m. This law, and other hate laws are applied in defence of Jews, but strangely do not defend Muslim or Christian sensibilities.

file6nv7u6dpi4o1a9vygosl.jpgThe chief editor of Charlie Hebdo is aware of this discriminatory order and approves of it. A Spiked journalist reports on meeting him: “Biard[the editor] is not in favour of unregulated speech. He supports French laws that outlaw Holocaust denial, and is sympathetic towards laws on hate speech. He approves of prosecution of French comedian Dieudonné, who has been arrested numerous times for saying the Shoah wasn’t important.” You may not speak against Jews, but attacking the faith of poor Muslim immigrants is perfectly all right, for they are people of no importance, and they should learn who is their boss and what is the true faith of their new homeland (a hint: it is not Christianity). If they make trouble it is even better for they can be hit hard.

Theoretically, it is illegal in France to insult Muslim (or Christian) beliefs. The European Court of Human Rights had ruled so explicitly in a judgment in the case of Otto-Preminger-Institut v. Austria: “The respect for the religious feelings of believers guaranteed by Article 9 can legitimately be considered violated by provocative images of objects of religious veneration, such images can be considered a malicious violation of the spirit of tolerance, which should also be a feature of a democratic society.”

In the case of Wingrove v. the United Kingdom:

“… Respect for the religious feelings of believers can become the basis for the state’s legal restriction of the publication of provocative images of objects of religious veneration.”

203155-5x3-topteaser1260x756.jpg

In the case of Pussy Riot v. Russia:“Given that the applicants’ presentation took place in a cathedral, which is a place of religious worship, the Court considers that (the State’s) interference can be regarded as having the legitimate aim of protecting the rights of third parties.”

Such activities should be illegal, but apparently are not. This unfairness is a source of aggravation: Muslims were laughed out of court when they complained against particularly vile Charlie’s cartoons, but Jews almost always win when they go to court against their denigrators. (Full disclosure: I was also sued by LICRA, the French Jewish body, while my French publisher was financially devastated by their Lawfare).

Thus, France (like the rest of the West) has very little freedom of expression left, and Macron’s claim that Charlie cartoons should be celebrated as a sign of Liberté sounds particularly hypocritical and false, like George Bush’s They hate us for our Freedom. As if that weren’t enough, then came the push to make every Muslim in France aware of this Macron-approved Charlie nastiness. In schools, a lesson was dedicated to educating children in the crude pornography of the cartoons. It was claimed (and I have no way of verifying) that the murdered French teacher had shown cartoons mocking the Prophet for five years every year since 2015, as he did this year after Macron’s speech. He allegedly added another pornographic cartoon and suggested Muslims might leave the classroom if they did not want to be offended. I can imagine the cry (selection! deportation!) if a teacher had suggested that Jewish pupils should leave the room. The upset Muslim parents went to the police and complained. The teacher lodged a counter-complaint alleging defamation. It is difficult to judge now whether the slain teacher was acting as he was obliged to by the authorities, or whether he was especially zealous in delivering the smut.

An 18-year-old youngster of Chechen origin (he had lived in France since he was six) killed him and allegedly decapitated him, and right away the killer was shot dead by police. This created a wave of panic in France, with Macron and Le Pen competing with calls to punish the Muslims. Some Muslim extremists allegedly attacked worshippers in a Nice church and killed three or four of them. This was decried as a false flag action, aimed at terrorising people into accepting the new lockdown, by a prominent radical French site that called for the “refusal of re-containment (or new lockdown) as the only real act of resistance in these troubled times”.

db591c2710c4a9437cbaa5ef567455b15d11d30c.jpg

It could be a false flag, for no Muslim group accepted responsibility, and besides, the French secret service has a tradition of killing the perpetrators they sent to do the deed, and the killing of the young Chechen fits their playbook. The next terrorist act, the shooting of a Greek Orthodox priest in Lyon, was also ascribed to bloodthirsty Muslims, until it was discovered that the criminal was a fellow Orthodox ex-monk with some personal grudge against the priest; then the Lyon attack was dropped into the memory hole.

Macron still closed all the churches in France; apparently the government wanted to create the background for a religious war of Christians vs Muslims. Even murkier is the reason why the Chechen rebels/terrorists have been brought to France, as well as Syrian, Libyan and Afghan refugees/terrorists who participated in the bloody civil wars in their lands. They were certainly dangerous.

We know that British intelligence used Libyan refugees with a dubious background to keep meddling in Libyan affairs, and two terrorists, Salman and Hashem Abedi, fled Libya with British government assistance onboard the UK Royal Navy vessel, HMS Enterprise, only to kill and injure many Brits in 2017 in Manchester. We know that the Russians have asked to extradite suspected Chechen terrorists from England and France, but were refused.

It is not likely that these hardened terrorists have been brought to Western Europe in hope of turning them into exemplary citizens, or for humanitarian reasons. It is more probable that they were brought in exactly for the purpose of creating a terrorist underground network, to frighten citizens into obedience. Just like coronavirus, but in another way. Some people are getting killed, but the purpose is achieved: new anti-terrorist acts are enacted and acted upon; more surveillance is introduced. The governments and their security services want to keep us scared, and terrorism is a reliable means for that. It is all part of the war the elites carry out against the nations and against too-unreliable democracy.

51mD3vQrH9L._SX301_BO1,204,203,200_.jpgElites are unhappy with us, the people, says Frank Furedi: “Contempt for the people who fail to vote in accordance with their betters’ wishes is one of the main drivers of elite hostility towards democracy today.” They hope “coronavirus will kill populism”, read: democracy, he adds.

You can trust politically incorrect Russians to say it straight. The Russian top banker Herman Gref in his candid speech at SPIEF 2012 said what his Western partners think but never would utter:

“I want to tell you that you are actually saying terrible things. You are proposing to transfer power into the hands of the people. But if people would know all, it will be extremely difficult to manipulate them. People don’t want to be manipulated when they have knowledge. That’s why Kabbalah was a secret teaching for three thousand years. Any mass control implies a manipulation element. How to live, how to manage such a society, where everyone has equal access to information, everyone has the opportunity to receive directly information unless it had been processed through government analysts? How to live in such a society? Your reasoning makes me scary.”

Herman Gref had been injected with a truth serum, people said after hearing his candid talk. (Here in Russian). Perhaps.

Perhaps the very idea of mass immigration from the war-stricken regions was connected with the elites’ desire to start a low-intensity civil war in their own country while undoing social cohesion achieved by centuries of living together.

Now we shall proceed to a deeper reason why Macron decided to splash some oil onto the ever-glimmering bonfire of strife.

A fluent ideologue of French far-right nationalism is Eric Zemmour, an Algerian Jew. Here is a short article in English giving some background to the man. The Irish Times mistakenly calls him “the son of Jewish “Pied-Noirs”, who emigrated from Algeria when it gained independence from France”. This isn’t so: Pied-Noirs were French colonists in Algeria, while Zemmour is a native Algerian Jew. Instead of being an assimilated Jew as he claims, he is rather a dissimulating Jew: despite being an advocate for Catholic France, he goes to a synagogue, avoids pork and keeps kosher (Jewish dietary laws) at home, but not outside. He says he was a leftist until he discovered Muslims and started his own warfare against them.

He is, and has been, allowed to say such things on French mainstream TV channels for which anybody else would be arrested and imprisoned. He calls for putting an end to immigration (which is reasonable) but he does not stop at this, but speaks of mass deportations, and actually calls for a civil war against French Muslim citizens, while presenting himself as a defender of Catholic France.

His official opponent, the ideologue of liberal France, is Bernard Henri Levi, BHL, another North African Jew, who was instrumental in creating civil wars in Syria and Libya while encouraging Islamist fanatics in these lands to overturn the secular socialist regimes. He is a supporter of immigration, and he lives part of the year in Marrakech, Morocco.

These two Jews are leading France to religious strife, acting on both sides of the divide. Doesn’t it remind us of a Rothschild and a Trotsky, a ruthless banker and a fiery revolutionary, who incited class conflicts from both sides of the social divide, as G.K. Chesterton saw it?

AVT_Youssef-Hindi_9747.jpgThis is the view of a Moroccan-French author, Youssef Hindi, a friend and a co-worker with Alain Soral. He has asserted that Jews have systematically infiltrated Muslim and Christian elites in order to stimulate destructive wars between Muslims and Christians, for the benefit of Jews alone, who will thus be able to settle in the Holy Land, drive out the original inhabitants, and establish a world empire of nations obedient to Jerusalem, which is the ultimate content of Jewish Messianism. Hindi’s West and Islam has the caption “Messianic sources and the genesis of Zionism from medieval Europe to the Clash of Civilizations”.

According to Hindi, Zionism didn’t begin with Theodore Herzl but has deep roots in the Kabbalistic eschatology of the Middle Ages, conveyed and nourished by successive generations of sages, mystics and miracle workers.

Such a sage was Don Isaac Abravanel (born 1437), a subject of the book by Benzion Netanyahu, father of the Israeli Prime Minister and a cult figure for father and son alike. He launched the era of Jewish messianism, says a Haaretz writer. His idea, absorbed and accepted by Benjamin Netanyahu, was the calling for an apocalyptic catastrophe, a “war of the monsters” between Gog and Armilus – symbolising Ishmaelites (Muslims) and Christendom (as Abravanel described, for example, in his work “MayaneiYeshua”). This war will be concluded with a weakening of both sides and the Rise of Jews to world domination, symbolically called ‘The Feast of the Leviathan.’

Carl Schmitt, the great philosopher of his time, said in 1942, that Jews enjoy the colossal global struggle between the monsters, Leviathan (Britain and the US) and Behemoth (Germany): “They gleefully rub their hands waiting for the mutual attrition that would enable the Jews’ domination of the world, or ‘The Feast of the Leviathan.” Will the war between Islam and Christendom now brewing in France allow for the next Feast of the Leviathan?

Perhaps. Avner Ben-Zaken, an Israeli thinker, wrote in his excellent treatment of the subject (here in English) that Benjamin Netanyahu, himself a great adept of Catastrophic Messianism and a believer in the war of Edom and Ishmael as the key to salvation of Jews, visited France in the aftermath of the first Charlie episode and encouraged the French Jewish leadership to act by calling them a “new collective Isaac Abravanel”. Two years later, the French Jewish leadership appointed Emmanuel Macron the President of the Republic, says a French Jewish writer blogging under the name Tsarfat (the Hebrew name for France).

838_emmannuel_macron_lance_son_mouvement_47564_hd.jpg

In a long and detailed piece Tsarfat tells of a few prominent Jews (Alain Minc, Serge Weinberg, Jacques Attali, and Bernard Mourad) vouching for Macron with David de Rothschild. In 2011, Macron became a junior partner at Rothschild, earning a substantial salary. He was worth every penny – he tricked Le Monde, he cheated President Hollande, he cheated the French state, he did whatever Rothschild demanded and in return, he has got the presidency of the Republic. He was the new king appointed by the new Abravanel. Now he has to deliver the war between Christendom and Islam, for the supreme glory of Israel.

Eric Zemmour, the fiery far-right spokesman, a commenter with its own prime-time slot on a major TV channel, is the ideal man to lead the psychotic (thanks to Corona panic) France (and Europe) into a religious war between Christendom and Islam. In the war, both major opponents will be broken and weakened, while Israel with its Judaism-for-Goyim, the Holocaust creed will have the upper hand.

Eric Montana, a French Christian journalist wrote: “Zemmour is a double agent in the service of the Clash of Civilizations and of the Zionist movement which feeds a climate of permanent tension in France. Zemmour works to provoke division and pour fuel on the fire, by outrageously criminalizing some of our compatriots of Muslim faith, and thus endangering civil peace in our country. Zemmour is a public danger who despite his numerous convictions for inciting racial and religious hatred, remains scandalously present in the media, undoubtedly enjoying protection invisible to the naked eye … but yet very real.”

At least we can say that the opponents of Muslims aren’t Christians. For the Charlie Hebdo magazine is explicitly anti-Christian as well as anti-Muslim. One finds there some most obnoxious cartoons offending the Virgin and Christ, as well as the pope and the Church. (They never offended Jews, somehow).

A Christian government would act like the Russians did. A few years ago, Pussy Riot profaned the St Saviour of Moscow in the way that Femen had profaned some great European cathedrals, from Notre Dame de Paris to Strasbourg. The Russian government did not wait for vigilante justice to be meted upon the viragos, but had gave them up to two years of prison. At the same time, the Russian criminal law has been changed to include ‘sacrilege’ among ordinary crimes, by general consent. Since then, such crimes do not occur.

femen-madeleine_4646538.jpg

In Charlie’s France, the Femen despoiling the churches were never punished; but a churchwarden who tried to prevent that was heavily fined. France has a long anti-Christian tradition, usually described as “laic” (secular), and its grand anti-Church coalition of Atheists, Huguenots and Jews coalesced in the days of the Dreyfus Affair. It also has a strong Catholic church, but not one calling for a war with Muslims.

The true Christian view of the developments was expressed by Archbishop Theodosius Atallah Hanna of Sebaste in Palestine (he baptised me in 2002). He condemned the targeting of Muslims in France and around the world through degrading paintings and cartoons. “Hate speech aims at serving the policy of divide and conquer. Christians and Muslims must cement a culture of brotherhood and togetherness and we must work together, more than ever before to defeat all the plans and conspiracies that aim at dividing us and at creating discord in our ranks”, said the Palestinian bishop.

P.S. Much attention is given to the exotic way of killing by the alleged terrorists. Actually, beheading is as French as onion soup. Guillotine was the preferred national method of execution (like electric chair in the US). The French beheaded their king and queen. During the Battle for Algeria, French paras famously played football with chopped rebel heads. Napoleon had brought beheading to the Middle East, not vice versa. During his campaign in Egypt, general Bonaparte having learned of an uprising in a village had ordered his adjutant Croisier to go there, surround the entire tribe, kill all men without exception, and bring women and children to Cairo. His orders were promptly carried out. Many children and women who were driven on foot died on the way, and, a few hours later, donkeys laden with sacks appeared on the main square of Cairo. The sacks were opened and the heads of the executed men of the guilty tribe rolled across the square, wrote the historian. Should we say chicken came home to roost?

Israel Shamir can be reached at adam@israelshamir.net

This article was first published at The Unz Review.

mercredi, 04 novembre 2020

L’Allemagne, l’UE et la Russie – à qui sert la cacophonie?

5f5496e028000035009d2330.jpeg

L’Allemagne, l’UE et la Russie – à qui sert la cacophonie?

par Karl-Jürgen Müller

Ex: https://www.zeit-fragen.ch/fr

La politique de l’Allemagne envers la Russie, identique à celle empruntée par l’Union européenne, se trouve ballotée sous la houle constante entre ses propres intérêts, ses liens traditionnels, les revendications extérieures (surtout anglo-saxonnes) et les idéologies nourries de stéréotypes d’ennemi – tout cela dans des formes de plus en plus manifestes et impétueuses. L’Allemagne et l’UE perdent ainsi de plus en plus de crédibilité et de puissances créatives en matière de promotion de la paix. Ces évolutions se confirment, malheureusement, par les événements récents. 

Gerhard Schröder, pendant son mandat de chancelier allemand, a fait beaucoup de choses soulevant des critiques – par exemple, au printemps 1999, il fut le responsable de la participation allemande à la guerre d’agression de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie, décision enfreignant le droit international. Par contre, quatre ans plus tard, au printemps 2003, il fit preuve de son opposition à la guerre en rejetant la participation directe de l’Allemagne à la guerre d’agression menée par les Etats-Unis et de leur «coalition des volontaires» contre l’Irak, guerre se trouvant à nouveau en flagrante violation du droit international. Schröder avait tenté alors, avec le président français Jacques Chirac et le président russe Vladimir Poutine, d’empêcher cette guerre – initiative appelée «l’axe Paris-Berlin-Moscou».Ce fut le secrétaire américain à la Défense d’alors, Donald Rumsfeld, qui créa les termes de la «vieille et la nouvelle Europe» en affirmant que les opposants à la guerre appartenaient, selon lui, à la vieille Europe tandis que les partisans de la guerre en représentaient la «nouvelle».

Gerhard Schröder, la guerre de 
Yougoslavie et la campagne Navalny

Si on considère les gouvernements des Etats européens de l’OTAN aujourd’hui, il apparait clairement que la «vieille Europe» dont parla Donald Rumsfeld n’existe plus. L’ancien chancelier M. Schröder, en revanche, a pourtant fait l’effort de rectifier la voie qu’il avait  empruntée du temps de la guerre de Yougoslavie. Deux de ses commentaires sont dignes d’être retenus. En mars 2014, lorsque tous les Etats de l’Otan accusèrent la Russie d’avoir occupé la péninsule de Crimée «en violation du droit international», Schröder mit un signal d’avertissement, lors d’un meeting public organisé de l’hebdomadaire allemand Die Zeit,en direction de ceux qui se montraient prompts à le désigner moralement du doigt. En effet, en disant qu’il avait lui-même participé en tant que chancelier allemand à une guerre contre la République fédérale de Yougoslavie (guerre en contradiction envers le droit international). Schroeder avait raison, même si peu de réactions publiques se manifestaient à ce sujet. 

20110504lpw-20111128-article-jpg_6954260_1250x625.jpg

Le même Schröder s’est à nouveau exprimé dans le cadre de la campagne Navalny,mettant une fois de plus en garde contre les conclusions et les mesures hâtives en déclarant: «Ce qui se fait actuellement ne relève que de conjectures hypothétiques dénuées complétement de toute information réelle.»Schröder a raison, là aussi. Même M. Gernot Erler, politicien SPD [donc du même parti que celui de Schröder, ndt], ayant vivement critiqué M. Schröder pour ses déclarations citées, vient de dire, lors d’une interview du 8 octobre, sur les ondes de la radio Deutschlandfunk: «Si vous regardez ce qui s’est passé d’un point de vue purement juridique, purement juridique, c’est correct …», pour ajouter aussitôt : «… mais non pas politiquement correct, bien sûr». M. Erler ne précisa pas ce qu’il voulait dire exactement. On peut néanmoins le deviner. En effet selon cette logique, le président russe Vladimir Poutine serait «politiquement» responsable chaque fois que quelqu’un se servirait d’une substance toxique dont on attribuerait la provenance d’une institution étatique russe. Il était déjà apparu au cours des enquêtes sur la campagne Skripal de 2018 que très probablement, non seulement l’Union soviétique et ensuite la Russie étaient en possession de poisons appartenant au groupe Novichok, mais également des services secrets d’autres Etats.4

Quoi qu’il en soit, si vous entamez une recherche numérique, sur Google, en quête des réels propos de Gerhard Schröder, vous aurez du mal à les trouver. Les dix premières pages de Google(et même davantage) n’abondent que d’attaques très virulentes contre l’ancien chancelier Schröder («ce Schröder qui n’est rien qu’un domestique de M. Poutine, protégeant les meurtriers»5) datant des jours suivant le 1er octobre – un véritable «shitstorm».

George_Friedman.jpg

Ne pas oublier George Friedman

Pour mémoire: George Friedman, ancien directeur de l’agence de renseignement privée américaine Stratfor, avait déclaré, lors d’une conférence du février 2015, sur la tribune du Chicago Council on Global Affairs: «Le principal intérêt de la politique étrangère américaine, au cours du siècle dernier, pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale ainsi que la Guerre froide, furent les relations entre l’Allemagne et la Russie; parce qu’unies, elles sont la seule puissance ayant la capacité de nous menacer. Notre principal intérêt était de veiller à ce que cela n’arrive pas.»Une voix comme celle de Gerhard Schröder dérange de tels concepts. Les mots clés nourrissant les conférences de George Friedman tous azimuts sont largement connus, il faut pourtant s’en souvenir de temps en temps.

A ce jour, on tente encore et toujours d’adapter la politique allemande à «l’intérêt principal de la politique étrangère américaine». Les articles d’orientation dans les grands médias, tel celui paru dans l’édition du 8 octobre 2020 de la «Neue Zürcher Zeitung», intitulé «La politique allemande à l’égard de la Russie au scrutin», ont apparemment pour tâche générale de travailler précisément dans ce sens. Par exemple en y disant que les diplomates à Berlin déclarent en toute confiance qu’après 15 ans, la chancelière se trouve actuellement «au bord du gouffre d’une politique allemande trop confiante à l’égard de la Russie». Lors dela présentation récente d’une enquête par la Conférence de Munich sur la sécurité, l’Allemagne s’est vue solliciter à enfin abandonner ses «tromperies envers elle-même» caractérisant sa politique extérieure et à réinstaller des rapports envers la Russie «plus pertinents et cohérents» – voilà donc comment on construit «des faits»…

Quelle sera la hauteur convenable 
du nouveau mur?

L’Allemagne doit donc aggraver ses relations avec son voisin, la Russie, et investir environ 30 milliards d’euros de plus par an dans l’armement (atteignant déjà plus de 45 milliards d’euros aujourd’hui) tandis que la pression s’accentue pour qu’elle réserve deux pour cent du produit intérieur brut au profit de l’armée. Depuis 20 ans, les préparatifs se poursuivent, pas à pas, pour reconstruire un autre mur insurmontable entre l’Ouest et l’Est. Le plan le projetant fut développé, fin avril 2000, dans la capitale slovaque Bratislava, comme on vient de nous l’apprendre grâce à une coïncidence.7

Le 12 octobre 2020, le Conseil des ministres des affaires étrangères de l’UE a «lancé de nouvelles sanctions contre la Russie» en raison de l’affaire Navalny suivant les propositions des ministres français et allemand des affaires étrangères. Ces deux hommes politiques ont justifié leur décision en déclarant, le 12 octobre, sur le magazine d’information publique tagesschau.de que «la Russie, n’ayant jusqu’à présent pas répondu aux appels à une enquête complète sur ce crime ni fourni d’explication crédible à cette cruelle tentative de meurtre [...]» il était donc évident pour eux «qu’il n’y avait pas d’autre explication plausible à l’empoisonnement de M. Navalny que l’implication et la responsabilité de la Russie». C’est un raisonnement scandaleux, vu qu’il émane de la part de deux hauts représentants d’un Etat de droit. 

Délires à sanctionner

Il est toutefois intéressant de noter que ce langage appartient seul aux ministères des affaires étrangères allemand et français tandis que le compte rendu officiel des décisions prises du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’UE, le 12 octobre 2020, est de style plutôt sobre: «On a également abouti à un accord politique pour faire avancer l’initiative [franco-allemande] proposant des sanctions contre ceux qui sont impliqués dans la tentative d’assassinat d’Alexeï Navalny.» Le 12 octobre, la Deutsche Welle a également fait preuve d’un écho différent de celui de la tagesschau.de, en affirmant que les diplomates allemands de l’UE espéraient que la dernière décision [du ministre des affaires étrangères de l’UE] réduirait également la pression sur le gouvernement allemand pour qu’il arrête le projet de gazoduc germano-russe Nord Stream 2 dans la mer Baltique. «Le gouvernement allemand», a-t-il déclaré, «s’en tient à son point de vue selon lequel ce projet économique n’a rien à voir avec l’empoisonnement d’un membre de l’opposition». Les propos du commissaire européen aux affaires étrangères, Joseph Borell, sont cités ainsi: «Il ne faut pas réduire la vision du monde entier à ce malheureux événement avec M. Alexei Navalny.» Et d’y ajouter une autre citation de M. Borell affirmant que l’UE devrait «continuer à coopérer avec la Russie car Moscou jouait un rôle important dans de nombreux conflits».

602x338_cmsv2_264f0b1c-d0f6-5a18-8c9d-9fdf92344276-5021890.jpg

Néanmoins, le 14 octobre 2020, l’UE a concrétisé ses plans de sanctions contre la Russie, en soumettant un nombre restreint de ressortissants russes, principalement membres de l’appareil de sécurité, à l’interdiction d’entrer dans l’UE, ensemble avec le gel de leurs avoirs. En outre, l’Institut de recherches d’Etat russe en matières chimiques et de la technologie organique sera également sanctionné sous prétexte que le poison trouvé à Navalny provenait de cet institut. Mais une fois de plus, le rôle de l’Allemagne trouve son écho particulier dans les médias, par exemple sur tagesschau.de qui dit: «C’est le gouvernement allemand qui a insisté sur la décision de sanctions, notamment parce qu’il espère qu’elles mettront fin au débat sur le gazoduc germano-russe Nord Stream 2.»

Selon cette même source, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé des contre-sanctions russes à celles de l’UE suivant, comme il dit, la pratique habituelle dirigeant les rapports diplomatiques. Lavrov a de nouveau accusé les autorités allemandes de n’avoir présenté aucune preuve étayant l’incrimination de l’empoisonnement de M. Navalny. M. Lavrov a mis l’accent sur le fait que l’Allemagne violait ainsi les règles juridiques internationales. Auparavant, M. Lavrov avait déjà averti l’UE du risque de l’interruption temporaire du dialogue. Les fonctionnaires responsables de la politique étrangères de l’UE ne comprenaient pas, avait dit M. Lavrov, la nécessité d’un dialogue marqué par le respect mutuel. «Peut-être que nous devrions tout simplement arrêter de leur parler pendant un certain temps», a déclaré M. Lavrov.•

Notes:

1Trois ans plus tard, on dira de la nouvelle chancelière Angela Merkel: «La chancelière ne veut pas d’un axe Paris-Berlin-Moscou» (Frankfurter Allgemeine Zeitung du 21/09/06) 

2voir https://www.youtube.com/ watch?v=ydLINQBOF1U 

3https://www.a-b-ccommunication.de/podcasts/

4Cf. par exemple https://www.heise.de/tp/features/Wusste-die-Bundesregieru...

5C’est le titre avec lequel le journal allemand Bild a reproduit une interview d’Alexei Navalny du 7 octobre 2020. 

6Pour les extraits de ce discours voir: https:// www.zeit-fragen.ch/archives/2017/no-21-6-septembre/le-but-principal-des-Etats-Unis-est-d’empêcher-toute-alliance-entre-la-Russie-et-l’Allemagne.html

7voir https://de.wikipedia.org/wiki/Bratislava-Konferenz

 

mardi, 03 novembre 2020

Haut-Karabakh: la Russie et l'Iran, seuls maîtres du jeu pour résoudre le conflit dans un processus de type Astana

par Patricia Lalonde*
Ex: https://geopragma.fr

Portant sur un territoire jamais reconnu par les Nations Unies ni par aucun autre Etat dans le monde, le conflit du Haut-Karabakh fait partie de ce qu’on appelle en termes diplomatiques « un conflit gelé » qui met en confrontation, dans ce cas, le principe d’autodétermination des peuples et l’application du droit international.

S’il semble naturel aux défenseurs des droits de l’Homme d’apporter un soutien à l’Arménie, victime du terrible génocide de 1915, que ni la Turquie ni l’Azerbaïdjan n’ont reconnu à ce jour, l’Azerbaïdjan, de son côté n’a jamais accepté que les Arméniens parrainent l’indépendance auto-proclamée du Haut-Karabakh en 1991. Une guerre meurtrière s’en est suivie avant un cessez-le-feu en 1994 qui a donné lieu depuis, à plusieurs escarmouches sur la ligne de front. 750 000 Azéris ont dû quitter leurs terres et ne pensent qu’à « revenir au pays ». 

Une tentative pour tenter de résoudre le conflit avait été faite en 2009 à Madrid, et trois pistes y avaient été proposées : les habitants du Haut-Karabakh pourraient décider s’ils étaient citoyens d’Arménie ou d’Azerbaïdjan, l’armée arménienne se retirerait de la région occupée au Sud-Est du Haut-Karabakh, et enfin, l’Azerbaïdjan garantirait un couloir humanitaire pour tous ceux qui voudraient quitter le Haut-Karabakh pour l’Arménie… Ces pourparlers furent interrompus, faute de consensus des deux parties.

110308-carte-haut-karabakh-copie.jpg

Les pays du voisinage se sont accommodés depuis de longues années de ce statu quo, à commencer par la Russie, qui entretient de très bonnes relations avec l’Arménie et lui est liée par un accord de défense dans le cadre du l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), mais qui parallèlement conservent de bonnes relations avec Bakou (notamment pour ne pas laisser le pays basculer sous influence occidentale), et vend à l’Azerbaïdjan (tout comme à l’Arménie).

Comme vient de déclarer le président russe, Vladimir Poutine, dans le cadre des discussions de Valdaï, « c’est un conflit qui a lieu entre nos amis. Personne ne souhaite la fin du conflit autant que nous ne la souhaitons. Je suis à cent pour cent sûr que les pays du Groupe de Minsk font leurs efforts pour régler la crise, mais la désescalade n’importe à personne autant qu’à la Russie. Je ne parle pas comme cela pour mettre en exergue le rôle de la Russie, mais ces deux pays sont nos voisins et nous entretenons des relations spéciales avec leur Etat et leur peuple ». Vladimir Poutine va plus loin en déclarant qu’il comprend que l’Azerbaïdjan veuille récupérer ses terres « puisqu’il est totalement inacceptable pour Bakou de perdre une grande partie de son territoire ».

Quant à la République islamique d’Iran, qui reste proche de l’Arménie chrétienne, elle conserve néanmoins de bonnes relations avec l’Azerbaïdjan avec qui elle partage une large frontière, relations indispensables pour contenir d’éventuelles tensions dans la très forte communauté azérie chiite, deuxième ethnie d’Iran ; et cela malgré un rapprochement de Bakou avec Israël en matière de renseignement, d’énergie et d’équipement militaire. 

Tout en mettant l’accent sur la préservation de la souveraineté nationale et de l’intégrité du territoire Azerbaïdjanais, l’Iran serait prêt à contribuer à l’instauration d’une paix durable dans la cadre d’une initiative régionale : Iran, Turquie, Russie, en complément du mécanisme de Minsk. C’est le sens du déplacement à Moscou du vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Seyed Abbas Araghchi pour y rencontrer son homologue Russe, Andrei Rudenko.

L’Initiative iranienne vise à démontrer l’inefficacité du Groupe de Minsk et l’urgence d’une approche régionale ; selon le vice-ministre iranien, cette première étape met l’accent sur l’engagement pratiquedes pays de la région en faveur du respect d’un certain nombre de principes, notamment la fin nécessaire de l’occupation, le respect de l’intégrité territoriale, le principe de l’inviolabilité des frontières ainsi que le respect du droit humanitaire, du droit des minorités et la non-agression contre les civils… Une façon de libérer l’Azerbaïdjan de l’emprise et de l’instrumentalisation de Recep Tayyip Erdogan.

Il faut en effet remarquer que contrairement à son allié turc, l’Azerbaïdjan a su entretenir de bons contacts avec tout son voisinage ainsi qu’avec l’Europe : le Partenariat Oriental en est un exemple ainsi que sa participation à certaines opérations dirigées par l’OTAN.  Contrairement à ce que l’engagement de la Turquie auprès de l’Azerbaïdjan pourrait (et cherche à) laisser penser, il ne s’agit donc aucunement d’une guerre de religion. S’il est vrai que le calendrier est troublant et que R.T. Erdogan cherche à faire oublier ses échecs en Syrie et en Libye en ouvrant un nouveau front dans le Caucase, peut-être sous influence de l’OTAN et de Washington,ce n’est pas le cas des autorités azerbaïdjanaises, qui cherchent surtout à faire appliquer le droit international en récupérant les territoires du Haut-Karabakh et ses provinces adjacentes. L’Azerbaïdjan semble en effet éloigné des calculs politico-religieux du président de l’AKP et de sa volonté d’expansion dans le Caucase. Il suffit de voyager en Azerbaïdjan, et pas seulement à Bakou où se côtoient églises, synagogues et mosquées, pour se rendre compte de la tolérance du peuple azéri en matière de religion. 90% des Azéris sont des musulmans chiites et pratiquent un islam modéré.

capture-decran-2020-10-14-a-14-57-23.png

Le « soutien » de R.T. Erdogan risque donc de devenir un fardeau pour le président azéri Ilham Aliyev, notamment dans le contexte actuel de forte tension entre la Turquie, la France et les pays européens. En effet, l’arrivée de djihadistes de Syrie et de Libye, ayant transité par la Turquie est un très mauvais coup porté à toute la région. Nous avons vu les effets désastreux d’une telle politique dans les conflits en Syrie, en Libye et au Yémen. Des appels au djihad dans le Caucase ont été lancés ; les Azéris et les Arméniens n’ont aucun intérêt à ce que leurs pays deviennent un nouveau terrain d’entraînement pour les djihadistes et échappe à tout contrôle, d’autant que des « révoltes » (peut être opportunément encouragées) dans d’autres anciennes républiques soviétiques comme le Kirghizstan qui sont en train de déstabiliser la région pourraient réveiller les nombreux groupes islamistes au Tadjikistan et en Ouzbékistan et déstabiliser davantage l’Afghanistan en plein pourparlers avec les Talibans…

Aucun des pays du voisinage n’a de fait intérêt à ce que le conflit s’envenime, ni à tomber dans un possible piège que les Occidentaux auraient tendu en manipulant à la fois Nikol Pachinyan, le Premier ministre arménien aux tendances pro-occidentales et américaines, et le président Azerbaïdjanais Ilhan Aliyev proche de l’OTAN, en poussant les Turcs à s’ingérer dans ce conflit gelé pour déstabiliser les Russes, et les Iraniens et les forcer à rentrer en guerre. Vladimir Poutine a compris la combine. Il n’a eu de cesse ces derniers jours de répéter qu’il n’enverrait pas de troupes russes au Haut-Karabakh si l’Arménie n’était pas touchée directement sur son sol et qu’il savait comment écarter la Turquie en tarissant la source de son trafic de terroristes vers le Caucase Sud. Pour preuve, il y a quelques jours, les armées russe et syrienne ont frappé fort en visant un site de contrebande de pétrole syrien, causant la mort de dizaines de terroristes et la destruction de pétrole de contrebande que R.T. Erdogan s’apprêtait à trafiquer vers l’Europe pour financer son incursion au Haut-Karabakh… Les Russes comme les Iraniens ne laisseront pas s’installer les poches de djihadistes envoyées par R.T. Erdogan. Ils ne les ont pas combattus des années en Syrie, et en Libye, pour les laisser venir dans le Caucase. 

C’est là que le « format d’Astana » mis en place pour le règlement du conflit syrien entre la Turquie, la Russie et l’Iran pourrait prendre légitimement toute sa place, marginalisant ainsi le groupe de Minsk en n’incluant que les Etats de la région directement concernés : l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Russie, l’Iran et la Turquie… 

Si l’OTAN a cherché à se servir de la Turquie pour tendre un piège aux Russes et aux Iraniens dans le Caucase sur le dos des Azéris et des Arméniens, il pourrait bien se refermer sur ses instigateurs.

*Patricia Lalonde, Vice-présidente de Geopragma

lundi, 02 novembre 2020

Robert Steuckers: Importance géopolitique du Donbass

RS-Donbass.jpg

Robert Steuckers:

Importance géopolitique du Donbass

(pour la représentation du RPD en Belgique)

 
 
A l'occasion du premier anniversaire de la représentation de la République populaire de Donetsk en Belgique, le spécialiste de la géopolitique et historien Robert Steuckers a été invité à expliquer les intérêts géopolitiques de la région du Donbass.
 
Organisation : Représentation du RPD en Belgique
 
 
Naar aanleiding van de eerste verjaardag van de vertegenwoordiging van de Volksrepubliek Donetsk in Belgie, werd geopolitiek specialist en historicus Robert Steuckers uitgenodigd de geopolitieke belangen van de Donbassregio te verklaren.
 
Organisatie : Vertegenwoordiging DNR in Belgie
 

Pourquoi les récits anti-russes et anti-chinois sont-ils tellement similaires?

china-flag-1400x788.jpg

Pourquoi les récits anti-russes et anti-chinois sont-ils tellement similaires?

Par Moon of Alabama

Après plus de quatre ans de Russiagate, nous apprenons enfin (original payant) d’où proviennent les allégations du dossier Steele sur les relations néfastes entre Trump et la Russie :

Une enquête du Wall Street Journal fournit une réponse : Olga Galkina, 
responsable des relations publiques russe âgée de 40 ans, a transmis des
notes à un ami et ancien camarade de classe qui travaillait pour M. Steele.
Le journal s'est appuyé sur des entretiens, des dossiers des forces de l'ordre,
documents déclassifiés et identification de Mme Galkina par un ancien haut
responsable de la sécurité nationale américaine. En 2016, Mme Galkina travaillait à Chypre dans une filiale de XBT Holding SA,
une société de services Web surtout connue pour son unité d'hébergement
Internet Webzilla. XBT appartient à l'entrepreneur Internet russe Aleksej Gubarev. Cet été-là, elle a reçu une demande d'un employé de M. Steele pour l'aider à
déterrer des informations potentiellement compromettantes sur les liens du
candidat à la présidence de l'époque, Donald Trump, avec la Russie, selon
des personnes proches du dossier. Mme Galkina était amie avec l'employé,
Igor Danchenko, depuis leurs jours d'école à Perm, une ville de province
russe près des montagnes de l'Oural.

Mme Galkina venait souvent ivre au travail et a finalement été renvoyée par son entreprise. Elle s’est vengée en alléguant que l’entreprise et son propriétaire Gubarev étaient impliqués dans le piratage présumé du Comité national Démocrate. Un tas d’autres fausses allégations dans le dossier étaient également fondées sur les fantasmes de Mme Galkina.

Mark Ames @MarkAmesExiled - 18:39 UTC · 28 octobre 2020

Ainsi, le dossier Steele qui a lancé 4 ans d'hystérie au Russiagate parmi la classe 
dirigeante américaine a été concocté par deux alcooliques russes de Perm. Le terme
«Gogolesque» ne suffit pas à décrire la crédulité et la stupidité grotesques des
élites américaines.

Les contes du dossier étaient une véritable désinformation de la part de Russes, mais pas de la «désinformation russe» du type variante américaine de Novlangue.

Le FBI et d’autres personnes impliquées ont su très tôt que le dossier Steele était un tas de mensonges. Mais le sujet a été maintenue aux yeux du public par des fuites continues d’absurdités supplémentaires. Tout cela pour pousser Trump à prendre de plus en plus de mesures anti-russes, ce qu’il a fait avec une générosité sans précédent. Les accusations concernant une connexion Trump-Russie étaient le récit de la « mauvaise Russie » qui poussait et permettait à Trump de poursuivre la politique anti-russe de l’administration Obama / Biden.

Une série similaire de politiques, lors du «Pivot vers l’Asie» de l’administration Obama / Biden et tout au long des quatre années de Trump est la campagne anti-Chine.

Nous entendons maintenant beaucoup parler des accords de corruption de Hunter et Joe Biden avec des entités chinoises. Ces accusations viennent avec toujours plus de preuves et sont beaucoup plus plausibles que ne le prétend le stupide dossier Steele. Leur importance est à nouveau double. Elles seront utilisés pour faire pression sur le président potentiel Joe Biden pour qu’il agisse contre la Chine, mais elles seront principalement utilisés pour intensifier un discours public anti-Chine qui crée un soutien public pour de telles politiques.

Comme le souligne Caitlin Johnstone :

Je ne sais pas comment ni à quel niveau, mais nous sommes couillonnés. Un récit est 
agressivement enfoncé dans nos gorges sur la Chine exactement de la même manière
qu'il nous a été agressivement enfoncé dans la gorge il y a quatre ans ; deux nations
indociles que le gouvernement américain envisage depuis longtemps d'attaquer et de saper. Le Russiagate n'a jamais vraiment concerné Trump. Il n'a jamais non plus été question
de la réunion de son personnel de campagne avec les Russes, ni d'une vidéo pipi, ni
d'une enquête sur une quelconque forme de loyauté cachée envers le Kremlin. Russiagate
était un récit conduisant les États-Unis vers une nouvelle guerre froide avec la Russie,
la cible ultime étant son allié bien plus puissant, la Chine, et assurant que Trump
suive cet agenda. ... Si Biden arrive, nous pouvons nous attendre à la même chose : un président qui fait
monter la tension contre la Russie et la Chine tout en étant accusé par les partisans
de Trump d'être trop indulgents envers la Chine. Les deux partis politiques auront le
pied sur l'accélérateur pour entrer en collision avec une nation dotée de l’arme
nucléaire, sans que personne ne se trouve à proximité des freins.

Il est ainsi assuré que les attaques verbales contre la Chine, la recherche de nouveaux alliés anti-chinois comme l’Inde hindou-fasciste et la dangereuse militarisation de Taïwan se poursuivront sous une administration Biden.

Moon of Alabama

Note du Saker Francophone
En écho à cet article, on peut mettre quelques pincettes à l'article de hier sur Biden 
et le "dossier" autour de son fils et de la Chine même s'il a été poussé par Dmitry Orlov.
Il est probable que les faits soient véridiques mais il manque sans doute la vision
d'ensemble d'une relation américano-chinoise tissée depuis 30 ans.

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

vendredi, 30 octobre 2020

Interview de Thomas Ferrier, leader du Parti des Européens

Thomas-Ferrier-Antique.jpg

« Une Europe qui ne serait pas européenne n’aurait aucun sens »

Interview de Thomas Ferrier, leader du Parti des Européens

Ex: https://barr-avel.blog

Nous proposons aujourd’hui à nos lecteurs une interview de Thomas Ferrier, leader du Parti des Européens et figure de l’européisme identitaire dans le monde francophone. Bien que nous ne partagions pas toutes ses options, il nous semblait intéressant de donner la parole à l’un de ceux qui luttent contre l’impasse souverainiste française.

  • Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et présenter votre parcours politique ?

Thomas FERRIER, 43 ans, dirigeant du Parti des Européens, seul mouvement européiste identitaire assumé. J’ai fait mes classes à proximité de la droite nationale sur un malentendu idéologique, avant de m’en détacher nettement. N’étant pas anti-européen mais au contraire intégralement pro-européen, n’étant pas spécialement catholique puisque païen revendiqué, ne pensant pas que Clovis a créé la France, condamnant l’utilisation de troupes coloniales par la France en 14/18 et 39/45 et la colonisation elle-même, qui a ruiné la France, ce qui m’a valu récemment de perdre ma place sur Radio Courtoisie, j’ai compris l’impasse politique représentée par la fameuse « mouvance » comme ses partisans ont tendance à l’appeler.

  • Vous animez le LPE (Le Parti des Européens), un parti politique (re)fondé en 2016 sur les cendres du PSUNE (Parti socialiste unitaire national-européen). Quels sont les propositions phares du parti et qu’en est-il aujourd’hui de l’implantation du parti à l’échelle européenne ?

La position du LPE est très originale et susceptible potentiellement d’unir l’électorat des deux droites et de mordre sur le centre. Nous défendons en effet une Europe politique bien plus ambitieuse que celle prônée par Emmanuel Macron, démentie chaque jour par ses actes. Nous prônons un Etat européen unitaire se substituant aux Etats existants afin de ne pas avoir à hériter juridiquement et politiquement de leurs trahisons vis-à-vis des peuples qu’ils auraient dû protéger et qu’ils ont livrés au péril migratoire et à la globalisation économique, et maintenant épidémique.

unnamedpeur.png

Mais une Europe qui ne serait pas européenne n’aurait aucun sens. Si l’Europe ne pourrait être qu’une étape aux yeux des euro-mondialistes, pour nous elle est au contraire une finalité et un destin. Les « droites nationales » n’existent que par leur refus, de plus en plus tiède d’ailleurs, de l’immigration post-coloniale et extra-européenne, principalement musulmane mais surtout planétaire. Associer l’Europe politique et la mise en place de processus remigratoires destinés à restaurer l’européanité de l’Europe, c’est unir l’électorat de la droite pro-européenne (pro-€ et pro-intégration) et l’électorat de la droite nationale (anti-immigration).

Le LPE n’est pas connu en dehors de la France aujourd’hui ou à la marge, même si des sections en Albanie, en Suisse et en Russie notamment sont envisagées du fait de soutiens d’un certain nombre de gens de valeur sensibles à notre discours dans ces deux pays. Il est ironique d’ailleurs de souligner que ces pays sont hors de l’UE actuelle, car le LPE se veut un parti de tous les Européens, et pas seulement de ceux de l’UE. Mais nous avons besoin d’une réelle émergence médiatique en France pour pouvoir l’imaginer chez nos voisins. De fait, il faudra bien un Piémont pour démarrer.

  • Quel regard portez-vous sur le Rassemblement National ? Un parti d’opposition peut-il exister à l’heure où le RN s’impose comme leader dans le domaine en France ?

Je considère que le Rassemblement National (ex-Front National) a représenté une véritable duperie, un leurre pour les électeurs qui lui ont fait confiance. Sa mise en avant par Mitterrand était destinée à diviser la droite, et surtout Jean-Marie Le Pen a été son propre bourreau en cédant à la stratégie des bons mots et des provocations stériles sur des sujets mémoriels délicats n’intéressant personne, y compris ses propres électeurs.

Si Jean-Marie Le Pen représentait, malgré sa culture et son talent rhétorique, une impasse, que dire alors de Marine Le Pen qui est dans la même impasse stratégique, mais sans les deux talents susmentionnés. Elle navigue à vue, entouré de courtisans fielleux et de partisans aveugles, après un lamentable débat de second tour en 2017.

marine_le_pen_la_clau.jpg

Sa stratégie de dédiabolisation, qui est un échec total, l’amène à avoir aseptisé son discours au moins de le rendre indigeste. Mais elle est sauvée par Macron, qui voit en elle son meilleur adversaire pour sa réélection, et par des media qui continuent de la diaboliser, malgré toutes ses reptations idéologiques. Son soutien aux DOM, Mayotte en tête, comme caution anti-raciste, est pathétique. Elle a renoncé à envisager toute restauration du caractère européen de la France, reprenant les antiennes soraliennes, l’antisémitisme en moins certes. C’est la réconciliation de la carpe et du lapin autour de « l’amour de la France », slogan incantatoire vide de sens. Ainsi, en juillet 2020, explique-t-elle défendre les millions de français d’origine non-européenne contre une minorité nocive. C’est résumer la question au seul prisme sécuritaire et passer la question identitaire sous le boisseau.

Le RN ne s’impose pas. Il est imposé. La gauche est en lambeaux, la droite est en pièces. Par défaut, le RN est la seule opposition, opposition nominale car fondamentalement factice. Marine Le Pen n’a jamais cherché à gagner car elle se sait incapable de gouverner. Mais elle cherche en revanche à maintenir cette rente électorale, qui offre bien des avantages, sans avoir à en assumer les conséquences.

yannick-jadot-2_5729973.jpg

Un homme nouveau peut-il émerger en vue des élections présidentielles ? Je reste sceptique. On aura toujours à peu près les mêmes. Seul Yannick Jadot (EELV), mais il en est loin, pourrait éventuellement représenter le troisième homme et griller de justesse Macron ou Marine Le Pen, mais j’en doute. Son parti est davantage un boulet à traîner qu’un renfort. Le jeu des élections nationales semble verrouillé mais est-il le véritable enjeu ?

  • Voyez-vous les signes d’un réveil identitaire en Europe aujourd’hui ?

Les populismes de droite progressent et régressent en sinusoïde et en décalé. La Lega en Italie a eu le vent en poupe mais régresse dans les sondages. Le DFP danois est moribond. L’AfD est en crise interne depuis des mois. La droite nationale a disparu en Grèce, en Bulgarie, en Roumanie et dans bien d’autres pays. Certes les Démocrates Suédois sont forts en ce moment, les Vrais Finlandais aussi. Au Royaume-Uni, le « fake nationalism » de UKIP a tout détruit avant de disparaître lui-même. S’il y a un réveil identitaire, c’est en dehors des partis populistes. Or en effet je pense que les Européens sont de plus en plus conscients du péril migratoire et démographique, mais ils ne veulent pas pour autant cautionner des idéologies réactionnaires et europhobes sous prétexte que le Système leur a laissé le monopole de la dénonciation de l’immigration. C’est l’europhobie (en France) ou le cléricalisme (en Pologne) qui décrédibilisent ce courant politique.

  • Envisagez-vous de présenter des candidats aux prochaines élections européennes ?

Si les moyens financiers et humains sont suffisants, et si nous avons pu émerger médiatiquement même à la marge, oui.

samuel-paty-ces-confidences-bouleversantes-sur-sa-relation-avec-son-fils.jpeg

  • Que vous évoque la récente décapitation de Samuel Paty ?

Que la civilisation européenne a été trop permissive depuis 1968 et découvre que l’homme n’est pas bon par nature. Le rêve rousseauiste tourne au cauchemar. Être enseignant en 2020 est un métier compliqué, avec le sentiment d’une hiérarchie pleutre qui cherche à éviter les « vagues ». Et peut mener à l’horreur dont cet enseignant courageux de 47 ans a été la victime, son seul tort aux yeux des fanatiques ayant été d’illustrer concrètement la nécessaire liberté d’opinion et d’expression, fondement de toute démocratie, deux libertés essentielles que même les gouvernements d’Europe occidentale ont tendance à trop souvent vouloir limiter.

  • Peut-on encore changer quelque chose à la situation en France ?

Oui mais pas en restant dans le cadre politique français. Pour guérir la France, il faut bâtir l’Europe unie.

  • Quel regard portez-vous sur la Bretagne et le monde celtique en général ?

Comme la plupart des Français, j’ai une grande part de Gaulois en moi. Mais le gaulois comme langue a disparu au cours du VIème siècle, sous le double coup de la romanisation et de la christianisation. On ne pourra pas le ranimer. Mais on peut en revanche chérir les langues celtiques qui nous rattachent à sa mémoire, et en premier lieu le breton (brezhoneg), qui est assez proche du gallois (cymraeg). Je trouve que la renaissance de la langue cornique en Cornouaille britannique (Kernow) est admirable.

ob_902ec5_400-copie-copie-3-copie-copi.JPG

Je possède pour ma part le dictionnaire breton/français du grand Roparz Hemon. C’est une mine remarquable d’information et de termes, comme drouiz (« le druide »), parmi des milliers d’exemples. On découvre un breton riche et beau, qui donne envie de l’apprendre malgré sa relative complexité. J’avoue que les grammaires de gallois et de gaélique m’effraient parfois à cause de cela. Mais les langues celtiques sont admirables, magnifiques à l’écoute, et je soutiens l’extension maximale de l’apprentissage du breton en Bretagne.

Dans l’Europe Nation, la Bretagne aussi est une nation. Breizh Bro. Tous ceux qui comme vous œuvrent à la défense et à l’illustration des langues celtiques, de la culture celtique, voire de la tradition druidique authentique (je pense à l’éminente revue « Message du Groupe druidique des Gaules » ou à la vieille revue de jadis « Nemeton »), lorsqu’elle n’est pas polluée de délires New Age bien entendu.

  • Comment suivre ou soutenir le Parti des Européens ?

Le LPE utilise les moyens modernes de communication, à défaut de pouvoir accéder aux grands media télévisés qui restent essentiels pour se faire connaître. Il est donc présent par la chaîne youtube « Thomas Ferrier », par le canal telegram (http://t.me/LePartiDesEuropeens), par mon compte twitter (@ThFerrier) ou celui du parti (@PDesEuropeens), par mon blog (http://thomasferrier.hautetfort.com) et par le site du parti (http://psune.fr) où vous pourrez retrouver le programme du parti. Ce dernier est également traduit en anglais, espagnol et italien, et bientôt en russe.

Alexandre Del Valle : "La Turquie s'attaque à la France parce qu'elle est faible"

Alexandre-del-Valle.jpg

Alexandre Del Valle : "La Turquie s'attaque à la France parce qu'elle est faible"

 
 
Avec Alexandre Del Valle, Géopolitologue, enseignant, directeur de recherche au Multipolar World Institute de Bruxelles et au CF2R. Actualité, politique, invités...
 
Du lundi au vendredi, de 12h à 13h20, retrouvez André Bercoff dans tous ses états.
 

jeudi, 29 octobre 2020

Bélarus. L’appel de l’opposition à une « grève générale pour paralyser le pays » ne parvient pas à convaincre les travailleurs

6QLFBSLPZMFXIDTFKKVXU2MARI.aspx.jpg

Bélarus. L’appel de l’opposition à une « grève générale pour paralyser le pays » ne parvient pas à convaincre les travailleurs

Par Moon of Alabama

Le 30 avril 2019 au Venezuela, un certain Random Guyaidó était pris au piège d’une tentative de coup d’État qui s’était transformé en farce lorsque les troupes qu’il avait espéré voir le soutenir ne se sont pas présentées :

La tentative de coup d'État s'est déroulée dans un couloir de 500 x 200 mètres, 
sans que rien de significatif ne se produise en dehors de ce couloir. Un dangereuse
propagande, mais jusqu'à présent rien de plus que cela. Cette légère modification de l’image de Guaidó et López ci-dessous semble appropriée.
Ces mecs ne sont que des comiques, des héros de fantaisie à la noix.

On aurait pu penser que l’échec d’une telle farce aurait mis fin aux tentatives de changement de régime similaires soutenues par l’« Occident ».

Ce n’est malheureusement pas le cas.

En juin 2020, il est devenu évident qu’une révolution de couleur dirigée par les États-Unis était planifiée pour renverser le président biélorusse Loukachenko. Cela s’est produit comme d’habitude après que les résultats des élections ont été mis en doute. Mais quelques jours plus tard, il est devenu évident que la tentative avait échoué :

Alors que le président Alexandre Loukachenko affirmait avoir remporté 80% des voix 
lors de l'élection de dimanche dernier, la candidate "occidentale" Svetlana Tikhanovskaya
affirmait avoir gagné. (Si ces 80 % sont certainement trop élevés, il reste très probable
que Loukachenko ait été le véritable vainqueur). Des protestations et des émeutes ont suivi. Mardi, Mme Tikhanovskaya s'est vu dire en termes très clairs de quitter le pays.
Elle est allée en Lituanie.

des-dizaines-de-milliers-de-manifestants-continuent-de-se_5368875_676x443p.jpg

Loukachenko a alors conclu un accord avec la Russie qui lui a promis une protection en échange de progrès dans la création d’un État de l’Union Russie-Biélorussie.

Même l’Atlantic Council, organe proche de l’OTAN, admettait que la tentative de coup d’État avait échoué :

L'auteur conclut à juste titre :

"La résistance du régime de Loukachenko se renforce de jour en 
jour. La Russie semblant désormais soutenir fermement Loukachenko,
des rassemblements photogéniques et des grèves sporadiques ne
suffiront pas à provoquer un changement historique."
C'est fini. Les "grèves sporadiques" n'ont jamais été de véritables actions syndicales.

Quelques journalistes de la télévision d'État biélorusse se sont mis en grève. Ils
ont été licenciés sans cérémonie et remplacés par des journalistes russes. Quelques
centaines d'ouvriers de l'usine de tracteurs MTZ de Minsk ont tenté une grève. Mais
MTZ compte 17 000 employés et les 16 500 autres qui n'ont pas quitté leur poste savent
très bien pourquoi ils ont encore leur travail. Si Loukachenko venait à tomber, il est
très probable que leur entreprise d'État serait vendue pour quelques centimes et remis
immédiatement "à la bonne taille", ce qui signifie que la plupart d'entre eux seront
au chômage. Au cours des 30 dernières années, ils ont vu cela se produire dans tous
les pays autour du Bélarus. Ils n'ont pas envie d'en faire l'expérience eux-mêmes. Lundi, le leader du mouvement de grève à MTZ, un certain Sergei Dylevsky, a été arrêté
alors qu'il cherchait à provoquer d'autres grèves. Dylevsky est membre du Conseil de
coordination autoproclamé de l'opposition qui exige des négociations sur la présidence.
D'autres membres du conseil ont été convoqués pour être interrogés par les enquêteurs
de l’État dans le cadre d'une affaire pénale contre le conseil.

430730698_highres.jpg

Pendant ce temps, la malheureuse candidate de l'opposition, Svetlana Tsikhanouskaya, 
qui a faussement prétendu avoir gagné les élections, est toujours en Lituanie. Elle est
censée être professeur d'anglais, mais elle a des difficultés à lire les textes en anglais,
ce qui l'oblige à demander un soutien "occidental" (vidéo). Elle a déjà rencontré plusieurs
hommes politiques "occidentaux", dont Peter Zeimiag, le secrétaire général du parti de
l'Union chrétienne-démocrate allemande, parti de la chancelière Angela Merkel, et le
secrétaire d'État adjoint américain Stephen Biegun. Aucun des deux ne pourra l'aider.

Malgré son manque évident de soutien populaire, Svetlana Tikhanovskaya, comme Juan Guaidó au Venezuela, a été exhortée à faire une nouvelle tentative.

Il y a deux semaines, elle a eu le courage de lancer un ultimatum à Loukachenko pour qu’il démissionne :

Mardi, le leader de l'opposition biélorusse en exil a donné au président Alexandre 
Loukachenko un délai de deux semaines pour démissionner, mettre fin à la violence et
libérer les prisonniers politiques, avertissant qu'il serait sinon confronté à une
grève générale paralysant le pays. Svetlana Tikhanovskaya, qui affirme être la véritable gagnante des élections du 9 août,

a lancé un "ultimatum du peuple", exigeant que Loukachenko quitte le pouvoir avant le
25 octobre et mette fin à la "terreur d'État" déclenchée par les autorités contre les
manifestants pacifiques. "Si nos demandes ne sont pas satisfaites d'ici le 25 octobre, le pays tout entier
descendra pacifiquement dans la rue"
, a-t-elle déclaré dans une déclaration publiée

en Lituanie, où elle est actuellement en exil après avoir quitté le Belarus à la suite
des élections. "Et le 26 octobre, une grève nationale commencera dans toutes les entreprises, toutes
les routes seront bloquées et les ventes dans les magasins d'État s'effondreront"
, a-t-elle

déclaré. "Vous avez 13 jours."

Le 25 octobre, il y a effectivement eu une autre manifestation de taille moyenne à Minsk. Mais ceux qui y ont participé faisaient partie de la classe moyenne supérieure et les personnes les plus aisées, et non les travailleurs de l’industrie et les agriculteurs qui constituent la majorité du peuple biélorusse.

ouvriers-lusine-potasse-Belaruskali-greve-18-reclament-depart-president_0_730_512.jpg

Mais la grève générale annoncée pour hier n’a eu que peu ou pas de participants :

"Aujourd'hui, la grève du peuple commence - la prochaine étape pour les Biélorusses vers 
la liberté, la fin de la violence et de nouvelles élections"
, a déclaré Mme Tikhanovskaya

lundi. "Les Biélorusses savent que l’objectif principal du 26 octobre est de montrer que
personne ne travaillera pour le régime".
Cependant, malgré la vue de grandes colonnes de manifestants dans les rues - et le

sentiment que la protestation a retrouvé une partie de l'élan qu'elle avait perdu
ces dernières semaines - il n'y a eu aucun signe d'un nombre significatif de travailleurs
dans les usines contrôlées par l’État qui se soient joints à la grève pendant une période
prolongée. ... À l'usine de tracteurs de Minsk, l'une des grandes usines qui font la fierté de l'économie

néo-soviétique de Loukachenko, la plupart des travailleurs semblaient pointer normalement
pour l'équipe du lundi matin. Le leader d'une grève précédente à l'usine en août a été forcé de fuir le pays sous
la pression des autorités, et de nombreux travailleurs craignent des représailles pour
avoir fait grève. Tout au plus, certains travailleurs ont brièvement exprimé leur soutien
à la protestation avant ou après leur quart de travail, mais n'ont pas réellement refusé
de travailler.

Quelques centaines d’étudiants venant de certaines universités ont séché les cours et se sont promenés dans les rues. Mais les travailleurs ont continué à travailler. Aucune route n’a été bloquée. La circulation dans les magasins était normale.

Les travailleurs des industries d’État savent très bien que la plupart d’entre eux se retrouveront sans emploi et pauvres si l’opposition néolibérale, soutenue par l’« Occident », prend le pouvoir en Biélorussie. Tout serait privatisé pour quelques centimes et remis « à la bonne taille » par des licenciements massifs. Ils ont vu cela se produire encore et encore dans chacun de leurs pays voisins.

Juan Guaido a déclaré un coup d’État sans s’être assuré que les soldats qu’il attendait se présenteraient. Les soldats savaient qu’il n’était pas dans leur intérêt de le suivre.

Svetlana « Guaidoskaya » a déclaré une grève générale sans comprendre que les travailleurs auxquels elle faisait appel n’étaient pas intéressés par ses projets néo-libéraux. Le fait qu’elle, ou ses responsables, aient même tenté de provoquer une grève montre à quel point ils ne comprennent pas les véritables préoccupations des travailleurs.

La Biélorussie, comme le Venezuela, a un gouvernement et un système qui est soutenu par la majorité de sa population. Aucun des deux pays ne changera de régime sans une intervention militaire organisée par l’étranger. Ce n’est pas demain la veille.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

État de droit, état d’impuissance ?

La-France-un---tat-de-droit--720x398.jpg

État de droit, état d’impuissance ?

 
 
Ex: https://www.bvoltaire.fr

Après chaque attentat commis en France, les coups de menton du gouvernement se répètent, sempiternels et quasi à l’identique : « Les auteurs de ces attentats seront châtiés, la Justice passera. » On se souvient des déclarations de Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, à la suite des attentats de 1986 : «  Nous allons terroriser les terroristes… » Il me précisa, lors d’un entretien, que la formule n’était que de communication afin de rassurer l’opinion, le gouvernement n’ayant aucun indice pour frapper les terroristes. Par la suite, les mesures effectives de répression se sont souvent perdues dans les méandres des procédures, judiciaires ou autres.

Après l’odieux assassinat de , Gérald Darmanin annonce l’expulsion de 231 islamistes radicalisés : belle décision, mais sera-t-elle suivie d’effet ?

Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, analyse avec une grande lucidité, dans un article publié par Le Figaro du 22 octobre dernier, les raisons de l’incapacité d’agir des gouvernements. Les autorités françaises se sont laissées enfermer dans les carcans juridiques des multiples textes de défense des droits de l’homme, interprétés strictement par le Conseil d’État, la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, la Cour européenne de Justice et la Cour européenne des droits de l’homme ().

Jean-Éric Schoettl appelle à modifier la et à renégocier les traités européens pour restaurer notre souveraineté et la primauté des lois françaises sur la jurisprudence des cours qui n’ont de cesse d’encadrer et de limiter l’action régalienne de l’État dont la mission essentielle, ne l’oublions pas, est d’assurer la sécurité des Français.

Chaunu - Dessin.JPG

Dans l’actuel État de droit, tous les domaines d’action régaliens sont strictement encadrés par la jurisprudence des cours susmentionnées : le regroupement familial, la liberté d’association, l’expulsion des étrangers, le droit d’asile.

Dans ces conditions, la loi nationale est suspendue aux décisions des juges et souvent invalidée. Le vrai législateur n’est plus le Parlement mais les juges. Le gouvernement est sous contrôle permanent, les ministres sont devenus du gibier de mise en examen devant la Cour de justice de la République ! La judiciarisation de notre société est une dérive inacceptable qui paralyse l’action gouvernementale de l’État.

Chaque action des pouvoirs publics doit être, au préalable, analysée au regard des risques juridiques, voire pénaux encourus. Cette situation n’est pas sans rappeler la scène de Louis Jouvet jouant le rôle d’un chef de bande qui préparait ses actions en étudiant scrupuleusement… le Code pénal !

La paralysie de l’action régalienne du gouvernement est incompréhensible pour nos concitoyens qui accueillent au premier degré les déclarations martiales… sans suite ! Cela ne peut perdurer au risque de ruiner, à jamais, toute confiance dans l’autorité.

Il est urgent de restaurer l’autorité de l’État en rétablissant l’ordonnancement juridique naturel fondé sur le suffrage universel national, seul juge dans une démocratie souveraine. Cela passe par une révision constitutionnelle qui rétablisse la supériorité des lois sur les traités et accords internationaux antérieurs (article 55) et précise que l’expulsion des étrangers relève uniquement de l’autorité administrative, en écartant le juge judiciaire (article 66).

Ces propositions vont faire pousser des cris d’orfraie à tous les tenants du « politiquement correct » et à tous les défenseurs qui ont investi en masse ces domaines, que ce soit à titre professionnel ou, pis encore, au nom de leur idéologie.

Mais il y a urgence à agir pour restaurer l’autorité de l’État, car la situation présente nourrit l’extrémisme et les solutions radicales. Il faut, dans le monde inextricable des procédures, trancher le nœud gordien, sans attendre.

mercredi, 28 octobre 2020

Valle des Los Caídos : pourquoi tant de polémiques autour d’un temple chrétien?

15351104027040.jpg

Valle des Los Caídos : pourquoi tant de polémiques autour d’un temple chrétien?
 
par Arnaud Imatz
Ex: https://lanef.net

Inaugurée en 1959 par le général Franco et consacrée basilique pontificale en 1960 par le Cardinal Gaetano Cicognani au nom du pape Jean XXIII, la Santa Cruz del Valle de los Caídos (Sainte-Croix de la vallée des morts au combat), fait de plus en plus l’objet de critiques et de condamnations. Les polémiques sur sa signification et sa destination future ont même atteint un sommet, en 2019, à la suite de la décision du gouvernement espagnol de procéder à l’exhumation du corps de Franco. Mais pourquoi tant de controverses autour de ce temple chrétien ?

Il y a déjà des années, Maria Teresa Fernández de la Vega, vice-présidente du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero (2004-2011) souhaitait en faire « un musée de la dictature ». Le président du Forum pour la mémoire voulait qu’il soit converti en musée « des horreurs de la répression ». Plus radical encore, l’écrivain socialiste d’origine irlandaise, Ian Gibson, inconsciemment marqué par les islamistes démolisseurs des Bouddhas de Bamiyan, suggérait sa destruction par dynamitage.

La loi sur la mémoire historique, du 26 décembre 2007, avait provisoirement tranché : la basilique de la Vallée des morts au combat devait continuer d’être un lieu de culte catholique, mais les concentrations politiques y seraient interdites. Cette solution semblait somme toute raisonnable car le monument, alors le plus visité d’Espagne après le palais royal et l’Escurial, était considéré comme une partie intégrante du patrimoine historico-culturel espagnol. Mais la trêve a été de courte durée.

Au lendemain de son arrivée au palais de la Moncloa, en juin 2018, prenant exemple sur son prédécesseur socialiste José Luis Rodriguez Zapatero (2004-2011), Pedro Sánchez a délibérément relancé la bataille idéologique et mis un terme définitif à l’esprit de la Transition démocratique (1976-1982) qui avait été unanimement loué par la presse internationale. Dès le 15 février 2019, le gouvernement de Sánchez s’est engagé à procéder au plus vite à l’exhumation de la dépouille du dictateur Francisco Franco enterré quarante-trois ans plus tôt dans le chœur de la basilique du Valle de los Caídos. Par la suite, moins d’un an après avoir réalisé le transfert des cendres, le 15 septembre 2020 la coalition gouvernementale socialo-communiste (PSOE-Podemos), a adopté un « Avant-projet de loi de mémoire démocratique » au nom de la « justice historique » et du combat contre « la haine », « le franquisme » et « le fascisme », afin de compléter et de parfaire la loi de mémoire historique de 2007. Le gouvernement socialo-communiste espagnol entend promouvoir la réparation morale des victimes de la guerre civile et du franquisme, « garantir aux citoyens la connaissance de l’histoire démocratique espagnole » et condamner à de lourdes amendes « l’apologie du franquisme et l’incitation à la haine ou à la violence contre les victimes du coup d’État et de la dictature franquiste ».

imagen.aspx.jpg

Le terrible bilan de la guerre d’Espagne et de ses antécédents (avec notamment le coup d’État socialiste de 1934) et celui de la répression dans l’un et l’autre camp est à ce jour bien connu des historiens. Le coût humain se distribue de façon relativement équilibré bien qu’il ne puisse tenir compte de la diminution régulière du territoire du camp républicain au cours des trois années de conflit : 71 500 morts au combat pour les nationaux et 74 000 pour les républicains, 57 000 victimes d’assassinats et d’exécutions sommaires chez les « nationaux », dont 6964 religieux, et 51 000 chez les « républicains ». Cet équilibre n’est finalement rompu que par les 28 000 exécutions de républicains au lendemain du conflit.

En 1976, lors de l’instauration de la démocratie, la classe politique espagnole désirait avant tout surmonter le passé. Il ne s’agissait pas de l’oublier, comme on le dit trop souvent aujourd’hui, mais de regarder résolument vers l’avenir et de refuser de s’emparer du sujet pour attiser les rancœurs et les luttes partisanes. Cet esprit de la Transition démocratique – esprit de pardon réciproque et de concertation entre gouvernement et opposition –, a désormais vécu. Le pouvoir et les principaux médias ne veulent plus y voir qu’une manipulation éhontée de la justice et de l’histoire, une lâcheté inacceptable. La nation, la famille, la religion (le catholicisme bien sûr, mais aussi plus généralement le christianisme) sont redevenues des cibles privilégiées de la propagande. Le gouvernement de coalition du président Pedro Sánchez (socialiste en rupture avec le modérantisme idéologico-culturel du socialiste Felipe González) et du vice-président Pablo Iglesias (leader de Podemos, parti de marxistes-léninistes et de populistes d’extrême gauche admirateurs des modèles « bolivarien » ou « venezuelien ») n’a de cesse de ranimer la bataille idéologique et de fomenter l’agitation sociale.

Valle_de_los_Caídos._Piedad_I.jpg

Au fil des ans, le Valle de los Caídos est devenu l’un des piliers de la mythologie « progressiste ». Il est aussi, pour d’autres, un symbole de la lutte pour la liberté d’expression et de culte. Situé à 58 kilomètres de Madrid, l’imposant mausolée de la Sierra de Guadarrama, où reposent à parts égales les restes de 33 847 nationaux et républicains (dont plus de 21 000 identifiés et plus de 12 000 inconnus), a été conçu à l’origine par Franco et les franquistes comme un monument devant perpétuer le souvenir de la « glorieuse Croisade ». C’était le point de vue de l’Église et en particulier celui du cardinal catalan, Primat d’Espagne, Plá y Deniel, en 1945. La composante religieuse avait été, rappelons-le, décisive lors du soulèvement de juillet 1936 et pendant toute la durée de la guerre civile (1936-1939). Près de 7000 prêtres, religieux et religieuses avaient été assassinés (sans compter les milliers de laïcs, éliminés en raison de leur foi), le culte religieux avait été interdit (sauf au Pays Basque) et la destruction des édifices religieux avait été systématique. Quinze ans plus tard, les esprits enfin un peu calmés, le monument avait été présenté officiellement comme un hommage aux combattants des deux camps « au nom de la réconciliation ». Le décret-loi du 23 août 1957 ordonnait d’ailleurs sans ambiguïtés : « En conséquence, ce sera le Monument à tous les morts au combat, sur le sacrifice desquels triompheront les bras pacifiques de la Croix ».

Abrité à l’intérieur de la montagne et couronné d’une Croix monumentale, le temple colossal a été construit entre 1940 et 1958. La direction de l’ouvrage a d’abord été confiée à l’architecte Basque Pedro Muguruza, puis au madrilène Diego Méndez. Ses dimensions pharaoniques permettent d’accueillir 24 000 personnes. La nef ne mesure pas moins de 262 mètres et le transept culmine à 41 mètres. Sur l’esplanade extérieure ce sont pas moins de 200 000 personnes qui peuvent se rassembler. La majestueuse Croix, œuvre de l’architecte Pedro de Muguruza, s’élève à 150 mètres, hauteur à laquelle il faut ajouter les 1400 mètres d’altitude du Risco de la Nava. Deux voitures pourraient se croiser dans les bras de la Croix, qui mesurent chacun 45 mètres de long.

f625ebedf4ebaef2aec8b10186c777e5.jpgJuan de Avalos est le créateur des sculptures, en particulier des gigantesques têtes d’évangélistes au pied de la Croix. Avant la guerre civile, il militait dans les rangs des jeunesses socialistes et détenait la carte d’adhérent nº 7 du parti socialiste de Mérida. Autre détail piquant, le Christ qui domine l’autel majeur et qui repose sur une croix dont le bois de genévrier a été coupé par Franco, est l’œuvre d’un nationaliste basque, le sculpteur Julio Beobide, disciple du célèbre peintre Ignacio Zuloaga. C’est enfin un artiste catalan, Santiago Padrós, qui a conçu et réalisé l’impressionnante mosaïque de la coupole de la basilique (40 mètres de diamètre).

L’édifice religieux comprend non seulement une église monumentale – qui a été visitée et admirée par les futurs papes Jean XXIII et Benoît XVI – mais aussi une abbaye bénédictine et une auberge pour les visiteurs. Jusqu’à la Transition démocratique, il y avait un Centre d’Études Sociales, dont l’objectif était d’étudier, de rassembler et de diffuser la doctrine sociale de l’Église, afin qu’elle inspire les lois, et l’action des hommes d’affaires et des syndicats. L’idéologie du régime de Franco était on le sait marquée par la volonté de reconstruire un État avant tout catholique. C’était pour cette raison que le pape Pie XII avait conféré au généralissime l’Ordre suprême de Notre Seigneur Jésus-Christ, plus haute distinction du Saint-Siège.

L’histoire de la construction de l’ouvrage est l’objet de tous les fantasmes. Les grands médias ont fait état des chiffres les plus extravagants. Le nombre des prisonniers politiques qui auraient travaillé sur le chantier se serait élevé à 14 000 ou 20 000 hommes (voire même selon certains à 200 000). C’est du moins ce qui a été répété à satiété à la suite des élucubrations du socialiste Léo Brincat, responsable du projet de recommandation du Conseil de l’Europe condamnant le régime franquiste (4 novembre 2005). Le chiffre exact des travailleurs-prisonniers n’a pourtant jamais excédé 800 à 1000 hommes, soit moins de la moitié de la totalité des travailleurs présents sur le chantier (prisonniers et salariés libres). À la fin de 1943, la presse espagnole faisait état d’un total de 600 ouvriers. L’architecte, Diego Méndez, affirme pour sa part, dans son livre Valle de los Caídos, Idea, proyecto y construcción, que 2000 hommes au total ont travaillé au Valle entre 1940 et 1958.

Francisco_Franco-Jose_Antonio_Primo_de_Rivera-Pedro_Sanchez-Memoria_Historica-Valle_de_los_Caidos-Politica_431717139_134500004_1706x960.jpg

L’un des rares chercheurs, sinon le seul, qui a pris la peine d’analyser méthodiquement le fonds documentaire Valle de los Caídos, aux Archives générales du Palais royal de Madrid (Section administrations générales) est le professeur d’histoire à l’Université CEU San Pablo de Madrid, Alberto Bárcena Pérez, auteur d’une thèse sur la « Redención de penas en el Valle de los Caídos » (La rédemption des peines à la Vallée des morts au combat), et d’un livre sur « Los presos del Valle de los Caídos (Les prisonniers du Valle de los Caídos). Il s’agit de 69 boîtes, dont les milliers de documents lui ont permis de démolir l’image caricaturale qui assimile sans nuances le chantier du Valle aux pires camps de concentration nazis voire, plus rarement, au Goulag soviétique. Les archives de l’ancien Centre d’études sociales du Valle font état d’un chiffre total précis : 2643 travailleurs dont une minorité de prisonniers politiques qui, en principe, « devaient être volontaires et avoir choisi librement le système de réduction de peine par le travail », soit, d’abord, 2 jours de réduction de peine pour un jour de travail, puis, 6 jours pour un jour.

Alberto Barcena précise que les détenus ont effectué les mêmes travaux que les travailleurs libres, dans des conditions identiques de salaires, d’horaires et de nourritures. Les détenus et les travailleurs libres étaient tous embauchés par les entreprises chargées des travaux. Ils devaient présenter leur demande par l’intermédiaire du Patronato de Nuestra Señora de la Merced ou Centre national pour la rédemption des peines, qui avait été crée à cet effet et qui avait son siège au Ministère de la justice. Le salaire des détenus (fixé en fonction de leurs charges familiales) était divisé en trois parties : la partie principale était envoyée directement aux familles par l’intermédiaire des « Comités locaux pro-prisonniers », qui couvraient la majeure partie du territoire national ; une deuxième partie était placée sur un livret dont le montant total était reversé au moment de la libération du détenu ; enfin, une troisième partie était remise en main propre. Les prisonniers politiques ne touchaient pas 0,5 ou 1 peseta par jour comme on l’a souvent écrit, mais 7, puis 10 pesetas, plus des primes pour les travaux dangereux. Leurs familles pouvaient résider dans les baraquements du Valle prévus à cet effet. Les conditions de travail étaient bien sûr extrêmement dures et les salaires plus que modestes, mais il faut rappeler que le niveau de vie en Espagne était alors très bas puisque le salaire moyen d’un assistant d’université s’élevait à peine à 300 pesetas par mois.

4151-abadia-benedictina-de-la-santa-cruz-del-valle-de-los-caidos-madrid.jpg

En 1950, neuf ans avant la fin des travaux, en vertu du système de remise de peine, il n’y avait plus un seul prisonnier politique au Valle de los Caídos. Selon les témoignages du docteur, médecin-chef, Angel Lausin et de l’infirmier Luis Orejas (deux partisans du Front Populaire, qui arrivèrent dès le début du chantier comme prisonniers politiques, et qui y restèrent, après avoir exécuté leur peine), en dix neuf ans de travaux, il y eut entre quatorze et dix-huit morts (auxquels il faut ajouter plus de cinquante victimes décédées en raison de la silicose). Enfin, le monument ne fut pas financé par le contribuable espagnol, mais par des dons privés et par les bénéfices de loteries annuelles.

Ultime avatar de l’histoire : la dernière volonté du vieux dictateur Francisco Franco, décédé le 20 novembre 1975, ne fut pas respectée. Le Caudillo souhaitait être enterré au cimetière du Pardo comme d’autres personnalités du régime, mais le chef du premier gouvernement de la Transition, Arias Navarros (1973-1976) et le nouveau chef d’État Juan Carlos (proclamé roi le 22 novembre 1975) en décidèrent autrement. Le roi demanda à la communauté bénédictine, gardienne du Valle et du culte de la basilique, l’autorisation d’enterrer le corps de Francisco Franco au pied de l’autel en face de la sépulture de José Antonio Primo de Rivera, ce qui fut fait, en grande pompe, le 23 novembre 1975.

Quarante-trois ans plus tard, l’exhumation du cadavre de Franco ne pouvait manquer de raviver de vieilles blessures. L’ignorance et la méconnaissance insondables de la majorité des hommes politiques et des journalistes français en matière d’histoire d’Espagne, expliquent l’incompréhension et le parti pris avec lesquels la bataille juridico-politique qui l’a précédée a été accueillie par les grands médias de l’Hexagone. Les explications données par eux ayant été aussi rares que superficielles, il n’est pas inutile de rappeler ici quelques faits ignorés ou passés sous silence.

Valle_de_los_Caídos._Evangelista_San_Mateo.jpg

La basilique est un lieu de culte dont l’inviolabilité est garantie par un traité international sur la liberté religieuse, signé par l’Espagne et le Saint-Siège en 1979 ; les bénédictins, responsables du monument, dépendent non pas du Vatican mais de l’autorité de leur abbé et de celle l’abbé de l’abbaye de Solesmes supérieur de leur ordre ; la famille Franco a demandé que la dépouille du Caudillo soit transférée dans le caveau familial de la Cathédrale de la Almudena (Madrid), solution jugée inacceptable par le gouvernement socialiste ; enfin, le décret-loi royal a été la source de complications en raison du caractère improvisé de sa rédaction. L’application stricte de ses clauses pouvait entrainer l’exhumation immédiate de 19 moines bénédictins et de 172 personnes, tous morts et enterrés dans le monument après la fin de la guerre civile. Finalement, après que le Tribunal Suprême a donné son aval, la volonté politique du gouvernement a pu s’imposer. Les forces de l’ordre ont procédé à l’exhumation le 24 octobre 2019.

Mais à peine quelques mois plus tard, en pleine pandémie de Covid-19, le gouvernement socialo-communiste a clairement manifesté sa volonté de ne pas en rester là. Il a adopté, le 15 septembre 2020, un « Avant-projet de loi de mémoire démocratique », prévoyant que les moines bénédictins seront expulsés et que José Antonio Primo de Rivera, pourtant lui-même une victime de la guerre civile, sera aussi exhumé. Pendant des mois, un bon nombre de voix officielles ou autorisées se sont jointes aux associations de familles de victimes républicaines pour exiger que des recherches ADN soient effectuées sur les cadavres enterrés dans l’ossuaire du Valle de los Caídos afin de pouvoir récupérer les dépouilles de leurs ancêtres.

Mais l’affaire n’est pas simple. Les restes des 33 847 nationaux et républicains (dont plus de 21 000 identifiés et plus de 12 000 inconnus) sont pour la plupart inextricablement mêlés, du fait des dégradations et des ravages du temps, et un grand nombre de familles refusent que l’on viole la sépulture de leurs aïeux. L’avant-projet de loi prévoit par ailleurs de donner une nouvelle « signification » au monument. La basilique sera-t-elle profanée et reconvertie en ossuaire laïc ou en musée de la guerre civile ? La Croix chrétienne monumentale sera-t-elle démolie ? Les 57 martyrs béatifiés par l’Église, actuellement enterrés dans la chapelle Virgen del Pilar, seront-ils aussi déterrés et déplacés ?

unnamedvdlc.jpg

Ces différentes options sont ouvertement envisagées par les autorités et régulièrement commentées dans les principaux médias. La vice-présidente socialiste, Carmen Calvo, a fait savoir qu’il n’y a pas de « symétrie » possible entre les actes imputables aux ennemis de la démocratie et ceux commis par ses défenseurs ; en d’autres termes, que le camp du « bien » et le camp du « mal » ne sauraient être comparés. Quant au vice-président communiste-léniniste, Pablo Iglesias, il ne cache pas son intention d’abolir la monarchie, déclarant sans détour que « la tâche politique fondamentale » est désormais d’avancer résolument « vers l’horizon républicain ».

Le gouvernement espagnol a l’intention de soumettre au parlement tout un ensemble de projets de lois (sur l’euthanasie, l’interruption de grossesses, l’éducation, le choix en matière de genre, etc.) qui heurte de front les conceptions chrétiennes de la vie et le magistère de l’Église. Lors de l’audience accordée à Pedro Sánchez et à la délégation gouvernementale espagnole, au Vatican, le 24 octobre dernier, le Pape François a rappelé significativement que « les idéologies rendent sectaires et déconstruisent », et qu’un homme politique doit « construire la patrie avec tous ». Mais il est à craindre qu’il n’ait pas été entendu.

Les chrétiens espagnols ont été victimes d’une terrible persécution religieuse pendant la guerre civile. L’Église a béatifié 1915 martyrs de la foi dont 11 ont été canonisés (471 par Jean-Paul II, 530 par Benoît XVI et 914 par François, auxquels une cinquantaine devrait bientôt venir s’ajouter). Doit-elle aujourd’hui rester silencieuse et muette devant l’insolite regain d’agressions et de provocations dont elle est à nouveau l’objet ?

Le gouvernement espagnol ne semble plus rechercher la paix qu’à travers la provocation et l’agitation ; la justice prend la forme de la rancœur ; la démocratie, née de l’esprit de la Transition, se voit bafouée de plus en plus ouvertement. Après plusieurs décennies de relative sérénité, l’Espagne affronte ses moments les plus difficiles depuis la Guerre civile. Rattrapée par ses vieux démons, elle s’enfonce inexorablement dans une crise morale, politique, sociale, sanitaire et économique d’une ampleur dramatique.

Arnaud Imatz

Arnaud Imatz, historien et politologue, né à Bayonne en 1948, est docteur d’Etat en sciences politiques. Fonctionnaire international à l’OCDE puis administrateur d’entreprise, il a notamment publié José Antonio et la Phalange Espagnole et La Guerre d’Espagne revisitée. Auteur de nombreux articles parus en Europe et en Amérique, il a contribué à faire redécouvrir en France l’œuvre de José Ortega y Gasset et de Juan Donoso Cortés. Dernier livre paru : Droite/gauche, pour sortir de l’équivoque (Pierre-Guillaume de Roux, 2016).

© LA NEF le 28 octobre 2020, exclusivité internet

mardi, 27 octobre 2020

Cambio de situación política - Tesis sobre el europeísmo - Volviendo al sol

piomoa-portr.jpg

Cambio de situación política

Tesis sobre el europeísmo

Volviendo al sol

Crónica. Nueva etapa

**La moción de censura abre una nueva etapa en la política española. Cada cual se ha puesto  en su sitio. Es el hecho político más relevante desde la condena del 18 de julio por Aznar, a partir del cual toda la política se resume en un progresivo socavamiento de la democracia y de la unidad nacional. El resultado de la moción es el dato nuevo y decisivo, 

**Ahora parece que hay alternativa. Ningún analista, que yo sepa, ha querido verlo. Los  “análisis” corrientes no pasan del chismorreo de política menor, como de costumbre, que si el PP perderá muchos votos o pocos,  si antes o después volverán a ponerse de acuerdo, si VOX conseguirá votos para gobernar a corto plazo, si el Doctor continuará mucho o poco, y nimiedades por el estilo. La derecha tipo COPE, ABC y similares, y los grandes medios, procurarán que el asunto se olvide y que “todo siga igual”.

**Los términos “derecha” e izquierda” son engañosos, como ha expuesto Arnaud Imatz en un libro: los rasgos “definitorios” de la derecha han sido adoptados muchas veces por la izquierda, y viceversa. No obstante mantienen cierta capacidad indicativa en cada momento. Así, el PP, ayuno de “pouvoir spirituel”, que decía Ortega, es hoy parte del frente popular zapateril al que ya Aznar regaló la legitimidad moral e histórica, para ver si así le admitían en el club.

**Un rasgo definitorio de la miseria intelectual y cultural de la España de hoy es la ausencia de debates. Y no porque el país no tenga problemas de enorme alcance. Pero no son tratados más que al nivel infecto de los cotilleos televisivos y radiofónicos. En cambio se ha formado una Cheka cultural que ejerce de verdadera policía del pensamiento.

*****************

Algunas tesis sobre el europeísmo

piomoa-europa.jpg1.Observen este dato crucial: desde la transición, y aun antes, prácticamente todos los políticos, intelectuales y periodistas españoles, de cualquier partido, PSOE, PP o separatistas, han rivalizado en europeísmo. Casualmente nos han llevado entre todos a esta situación de democracia fallida y golpe de estado permanente.

2. El lema del  europeísmo lo definió Ortega en su tiempo: “España es el problema y Europa la solución”. Explícita o implícitamente, ese lema ha gobernado la política y la intelectualidad española desde entonces con pocas excepciones. La frase, de una sandez chocante, impedía ver que España no era ningún problema,  tenía serios problemas –a los que contribuían los europeístas–. Tan serios que desembocaron en la guerra civil. Y el resto de Europa, –que no “Europa”– los tenía aún más graves, hasta desembocar en dos guerras devastadoras, que acabaron con le hegemonía política, militar y cultural europea. Nuestros “europeístas” son tan idiotas que ni siquiera perciben estas evidencias.

3. Ortega solo dejó de desbarrar en política cuando volvió a la España de Franco y se centró en  la filosofía.

4. España se libró de las dos guerras mundiales y se reconstruyó con sus propias fuerzas después la guerra civil. Los “europeístas” no lo ven como el enorme mérito que fue, incluso  como ejemplo para los demás, sino como una desgracia.

5. El europeísmo actual ha degenerado en una UE multiculturalista –es decir, partidaria de disolver la cultura europea como “una más” en Europa–, de ideología LGTBI, abortista, inmigratoria sin tasa, socavadora de las naciones históricas europeas (llevamos más de sesenta años con la  cantinela de que hemos entrado en una era posnacional), con pretensiones estatales de gobernar hasta los sentimientos de las personas… Nos acercamos cada vez más, “europeísticamente”, al estado antihumano pronosticado por Tocqueville.

6.  El europeísmo español se concreta en hechos como la apertura de la verja de Gibraltar, conversión de la colonia en un emporio de negocios sucios y corruptores, y declaración de “amistad y alianza” con la potencia invasora (que, paradójicamente, ha resultado mucho menos europeísta  –sin dejar de ser europea– que los corrompidos políticos hispanos). Otro “europeísmo” es la rampante colonización cultural por el inglés. O la instrumentación del ejército en operaciones de interés ajeno,  bajo mando ajeno y en lengua ajena.

7. Debemos contentarnos con ser europeos sin necesidad de “ismos”,  mantener y defender nuestra independencia y desarrollar nuestras capacidades y recursos, que son muchos si superamos la plaga “europeística” actual. Volver a la neutralidad y promover en la UE, con Polonia y Hungría, políticas contrarias a la desintegración moral y política de Europa.

************* 

Volviendo al sol

Nuestra conversación sobre tus novelas  es bastante desordenada, pero creo que tampoco importa, pues, como dijo Luis del Pino, la última sobre todo, la de los “perros verdes”, da mucho qué pensar, a mí me lo ha dado, desde luego. Así que vuelvo sobre lo del sol, al que da tanta importancia  el relato,  que empieza con la aurora y termina con el ocaso, algo verdaderamente original en una novela, pues no sé de otra planteada de ese modo, supongo que puede verse como una alegoría de la vida en general: en una jornada se encierra una vida. Y en la vida ocurren mil cosas bajo el sol…

… Como dice el Eclesiastés, días de vanidad bajo el sol o algo parecido me parece recordar. Los días del hombre son pura vanidad.

pio moatransi.jpgSí, algo de eso, pero, ¿has querido decir que las peripecias de la novela, como reflejo de las peripecias humanas,  son pura vanidad? Ahora que lo dices, ¡el Eclesiastés se ha adelantado a Sartre, con otras palabras! ¡Me asombro, de verdad! Es lo que sostiene Moncho contra Santi, así que las reflexiones sobre el sol parecerían más propias de un nihilista que de un católico practicante, en fin, ya te he dado muchos consejos sobre cómo conducir la novela, que no te han convencido pero ahora lo veo claro: debía ser Moncho y no Santi quien fuera a ver la salida y la puesta del sol para convencerse de la inutilidad de la vida. Conste que yo simpatizo más con Santi.

Bueno, pues escribe tú mismo la novela, a ver qué te sale. Los personajes son algo complicados y contradictorios, como  somos siempre los seres humanos. A Santi no debería preocuparlo lo del sol ni sus analogías con la divinidad. El sol puede considerarse una entidad benéfica, puesto que permite la vida, aunque al mismo tiempo la vida es dura y cruel. Pero en conjunto, la vida sigue. Para Santi no debería ser un problema. Él cree en Dios, concretamente en el Dios cristiano, y por tanto el sol y los planetas serían solo una creación suya. Sin embargo ve en el sol una imagen, una analogía con la divinidad, que le inquieta.

Sabes que a mí escribir no se me da bien, pero tengo un espíritu crítico… Y el sol se parece al ojo de Dios, que desde lo alto lo ve todo, y sin embargo no parece preocuparle lo que pase aquí abajo, pues nos ha atormentado con ideas de justicia y de moral que sin embargo no se cumplen. También se lamenta el Eclesiastés de cómo suelen triunfar los injustos y malvados.

piomoaquiebra.jpgHay otra analogía que hacer. El sol se oculta y llega la noche. De día tenemos luz, nos movemos, interactuamos unos con otros. La luz nos permite afrontar nuestros problemas y disfrutar de los momentos en que nos sentimos bien. Pero llega la noche y cesa todo eso. Todo lo que consideramos realidad se disuelve. Dormimos y perdemos la consciencia, estamos indefensos, no hay movimiento ni interacción, y la mente se puebla de imágenes extrañas y enigmáticas,  de demonios. Recuerdo una vez en que mi mujer y yo fuimos a un pequeño yacimiento prehistórico en una colina desde la que se divisaba un gran panorama bajo el ocaso, lo he contado en Adiós a un tiempo. Y  creí sentir  lo que debía sentir un hombre prehistórico ante  tal  misterio,  ante aquel tremendo fenómeno cósmico  con tal exhibición de poder, del que dependía su vida y al mismo tiempo  tan lejano y tan ajeno a él. El hombre actual urbano, intelectualizado, es poco capaz de sentir tales cosas. O las siente como una especie de diversión estética, que cabreaba a Santi. Como una cosa de consumo “bonito” que las agencias de viaje pueden venderte: “Tenemos una oferta para ti: disfruta de las puestas de sol del Caribe”.

 

 
 Ver los formatos y ediciones

piomoafrente.jpg