lundi, 29 novembre 2021
La revue de presse de CD - 28 novembre 2021
La revue de presse de CD
28 novembre 2021
AFRIQUE
Archive : Qui a décidé que Kadhafi devait partir ?
Contrairement au coup d’État sans effusion de sang du 1er septembre 1969 qui a renversé le roi Idris et porté Kadhafi et ses collègues au pouvoir, la campagne combinée de rébellion, de guerre civile et de bombardements de l’OTAN pour protéger les civils a fait plusieurs milliers (5 000 ? 10 000 ? 25 000 ?) de morts, plusieurs milliers de blessés, a entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes, et provoqué des dégâts massifs aux infrastructures. Qu’est-ce que la Libye a obtenu, si tant est qu’elle ait obtenu quoi que ce soit, en échange de la mort et de la destruction qu’elle a subies au cours des sept mois et demi écoulés ?
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/archive-qui-a-decide-que-kadhaf...
AMÉRIQUE DU SUD
Élections au Chili : victoire des hors parti
Le premier tour de l’élection présidentielle a vu la qualification de deux candidats hors parti. Pour la première fois depuis 30 ans, les deux partis qui dominent la vie politique chilienne ne sont pas au second tour. Après deux années de troubles sociaux, c’est le candidat de droite qui est arrivé en tête.
Conflits
https://www.revueconflits.com/elections-au-chili-victoire...
ÉTATS-UNIS
« Les gouvernements oppriment les journalistes indépendants » selon John Shipton
John Shipton, père du fondateur de Wikileaks Julian Assange, revient sur le parcours de son fils. Julian n’a obtenu le soutien d’aucun grand média. Ces médias, selon son père, à la botte du gouvernement, ont oublié leur mission d’information. John Shipton nous appelle ainsi tous à lutter tant pour la quête de la vérité que pour la libération de Julian Assange.
Elucid
https://elucid.media/democratie/les-gouvernements-opprime...
La communauté du renseignement américain définit ses priorités
Le jeudi 30 septembre 2021, la commission du renseignement de la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé le budget de l'exercice 2022 pour le renseignement et les activités liées au renseignement. Ces activités couvrent le travail du ministère de la Défense, de la CIA, du bureau du directeur du renseignement national, de la Defense Intelligence Agency, de la National Security Agency, des départements de l'armée, de la marine et de l'armée de l'air, des garde-côtes, du département d'État, du département du Trésor, du département de l'énergie, du département de la justice, du FBI, de la Drug Enforcement Administration, de la National Geospatial-Intelligence Agency, du National Reconnaissance Office et du département de la sécurité intérieure. Comme on peut le constater, on s'attend à une étroite coopération et coordination inter-agences. Avec une compréhension générale des priorités américaines en matière de renseignement, il est possible de dresser un tableau plus précis de ce que les États-Unis feront l'année prochaine : dans quelles régions ils augmenteront leur activité et sur quels domaines ils se concentreront le plus.
Euro-synergies
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/14/l...
États-Unis : le Russiagate est un Watergate qui tombe à l'eau
Le procureur spécial indépendant John Durham, chargé d’enquêter sur la genèse de l’affaire, vient d’ordonner la mise en examen d’Igor Danchenko. Cet analyste russe, résidant aux États-Unis et travaillant pour le Brookings Institution (un centre de recherches proche du Parti Démocrate), était le principal informateur qui aida à forger le « dossier Steele ». Pourquoi « Steele » ? C’est le nom d’un ex-espion du MI6 britannique qui, reconverti dans le renseignement privé, a construit le dossier – en lien avec un avocat travaillant pour l’équipe de campagne démocrate. Ce dernier, Michael Sussmann, a été mis en examen par le procureur Durham peu avant Danchenko.
LSDJ
https://www.laselectiondujour.com/etats-unis-le-russiagat...
Mais qui est Anthony Fauci ?
Lorsque la pandémie a frappé, l’Amérique avait besoin de quelqu’un à qui demander conseil. Les médias et le public se sont naturellement tournés vers le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, un estimé immunologiste de laboratoire et l’un des conseillers COVID choisis par le président Donald Trump. Malheureusement, le Dr Fauci s’est trompé sur des points importants d’épidémiologie et de santé publique. La réalité et les études scientifiques l’ont maintenant rattrapé.
Le Saker francophone
https://lesakerfrancophone.fr/mais-qui-est-anthony-fauci
FRANCE
Marie-France Garaud (3) : « La République est tombée dans les mains des partis »
Troisième partie de l’interview de Marie-France Garaud. Revenant sur l’histoire de notre Ve République, l’ancienne avocate met en lumière les insuffisances d’un système qui vit, selon elle, une crise de confiance.
Elucid
https://elucid.media/politique/marie-france-garaud-republ...
Dans Le Figaro du 24 novembre 2021, Jérôme Fourquet raconte l’évolution de la Seine-Saint-Denis, passée de Marx à Mahomet, sur fond d’une immigration arabo-musulmane massive. « L’étude des prénoms donnés aux nouveau-nés renseigne par exemple sur la dynamique démographique à l’œuvre dans ce territoire. Les nouveau-nés portant un prénom arabo-musulman y sont ainsi passés de 15 % des naissances en 1983 à 45 % en 2016 »
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2021/11/24/seine-saint-denis-je...
GAFAM
Facebook : liste noire secrète des « Individus et organismes dangereux (DIO) »
The Intercept est un site américain « liberal » au sens anglo-saxon du terme, c’est-à-dire progressiste. Il a publié en octobre 2021 un long article sur les individus et les organisations classés « dangereux » par Facebook. Même si le contexte américain est fort différent du contexte européen, même si certaines analyses nous semblent biaisées, il nous a semblé intéressant de livrer à nos lecteurs la traduction en français de ce document brut.
OJIM
https://www.ojim.fr/facebook-liste-noire-secrete/?utm_sou...
GÉOPOLITIQUE
Géopolitique de l’énergie
L’énergie est un des principaux moteurs des économies industrielles et, à ce titre, un terrain propice à la confrontation des intérêts entre protagonistes dans un contexte de rareté de la ressource. Elle est donc tout d’abord facteur et déterminant de la guerre. En temps de paix, la confrontation des intérêts demeure par les moyens pacifiques que sont la structuration des marchés et la détermination des prix.
Conflits
https://www.revueconflits.com/geopolitique-de-lenergie-fr...
Europe, Ukraine, Biélorussie, Caucase, Moyen-Orient : la France hors-jeu
A quelques semaines de l’inauguration de la présidence française de l’Union européenne, force est de constater que notre politique étrangère est plus mal en point que jamais. C’est le résultat d’une posture entêtée de déni du réel, d’une persistance suicidaire dans une vision vassalisée et dogmatique des nouveaux équilibres du monde, et d’une réduction de l’activité diplomatique à de la gestion d’image. Nous pratiquons une diplomatie purement virtuelle, d’une insigne faiblesse, qui s’imagine que la parole vaut action, et se réduit en conséquence à des déclarations, discours et conversations téléphoniques dont le seul résultat est de nous rassurer -bien à tort- sans jamais modifier utilement les rapports de force. Aucune vision, aucune ambition, aucun projet, aucun plan d’action. Pas d’anticipation.
Geopragma
https://geopragma.fr/europe-ukraine-bielorussie-caucase-m...
RÉFLEXION
A méditer… en changeant comme vous le souhaitez les exemples ci-dessous !
« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Citation du pasteur Martin Niemöller, dont plusieurs versions existent, l’une figurant au musée du Mémorial de l’Holocauste des États-Unis.
Giorgio Agamben et le virus du capitalisme
Le philosophe italien Giorgio Agamben est l'un des rares universitaires à avoir critiqué l'exceptionnalisme, les masques de croissance et les restrictions excessives de l'ère Corona. Ces écrits et entretiens ont été rassemblés dans un livre, également traduit en anglais sous le titre Where Are We Now ? The Epidemic as Politics (Rowman & Littlefield, 2021).
Euro-synergies
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/21/g...
Misère du débat public : le poison du libéralisme
La dégradation du débat public doit beaucoup au libéralisme moderne qui se prévaut pourtant d’être l’idéologie la plus tolérante. C’est ce qu’avait bien identifié l’historien américain Christopher Lasch : le libéralisme sabote à la fois les conditions matérielles et immatérielles d’une grande controverse publique susceptible de revigorer la démocratie.
Elucid
https://elucid.media/democratie/misere-debat-public-poiso...
RÉINFORMATION
Chris Hedges : Le combat le plus crucial de notre temps pour la liberté de la presse
Si Assange est extradé et reconnu coupable de publication de documents classifiés, un précédent juridique sera créé qui mettra définitivement un terme aux rapports sur la sécurité nationale.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/chris-hedges-le-combat-le-plus-...
SANTÉ/LIBERTÉ
Reconfinement des non-vaccinés : vers un monde de suppression des droits
Si les élites politiques distillent le poison d’un apartheid au sein de leur propre population, que serons-nous prêts à accepter ensuite ?
Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2021/11/18/413964-reconfinem...
La « cinquième vague », nouvel épisode d’un feuilleton qui n'a que trop duré
Le mauvais feuilleton sanitaire continue. La petite musique d’un nouvel épisode épidémique à venir se fait de nouveau entendre. Ce serait cette fois la « cinquième vague ». Depuis plus d’un an et demi, la population française est soumise à un flot quasi continu de mauvaises nouvelles, qui servent à justifier des mesures aux impacts psychologiques, économiques, sociaux et politiques délétères.
Les blogs de Médiapart
https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/231121...
États-Unis. Le dossier complet sur l’homologation du vaccin Pfizer serait accessible… en 2076 !
Aux États-Unis, un groupe de scientifiques a demandé à l’Agence américaine du médicament la possibilité d’accéder à l’ensemble des documents sur lesquels elle s’est appuyée pour valider l’homologation du vaccin de Pfizer. Il leur faudra patienter jusqu’en 2076.
Breizh-info.com
https://www.breizh-info.com/2021/11/23/174777/etats-unis-...
UNION EUROPÉENNE
Les députés ont adopté jeudi, par 497 voix pour, 160 contre et 38 abstentions, un rapport d’initiative législative sur la migration économique légale. Dans ce texte, ils soutiennent la création d’un vivier de talents, sur la base du portail EURES existant, pour mettre en relation les demandeurs issus de pays tiers avec des employeurs basés dans l’UE, afin de réduire la pénurie de main d’œuvre dans les États membres.
La Lettre patriote
https://lalettrepatriote.com/le-parlement-europeen-vote-e...
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dimanche, 28 novembre 2021
Pologne contre Russie: qui va unir les forces conservatrices en Europe?
Pologne contre Russie: qui va unir les forces conservatrices en Europe?
Ex: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/historico-de-noticias/35989-2021-11-24-11-28-27
Institut RUSSTRAT. Le président du parti polonais au pouvoir, le parti Droit et Justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, a invité des représentants des partis conservateurs et de droite, dont les membres siègent au Parlement européen, à se rendre à Varsovie début décembre. Parmi eux figurent le leader du parti espagnol "Vox" Santiago Abascal, le Premier ministre hongrois et chef du parti Fidesz Viktor Orban, la présidente du parti italien "Frères d'Italie" Georgia Meloni et le chef du parti italien "Ligue" Matteo Salvini.
Le thème principal du sommet sera les tendances qui prévalent actuellement dans l'Union européenne et qui façonneront son avenir. Comme Kaczynski l'a déclaré précédemment, lui et ses partisans ne veulent pas d'une "révolution morale et d'une restriction des libertés". Selon lui, l'UE a "une structure et des objectifs peu clairs", et ses organes "réinterprètent trop souvent le contenu des traités de l'Union signés". C'est pourquoi les politiciens de droite et conservateurs souhaitent une "réforme profonde de l'UE" et un retour aux idées qui, selon lui, disparaissent conjointement "avec la souveraineté des États".
Mais ce n'est qu'une facette de l'idéologie du président du parti au pouvoir en Pologne. Il y en a une autre. Il en a parlé le 10 novembre à Varsovie et à Cracovie le 11 novembre, jour de l'indépendance de la Pologne. Au départ, Kaczynski a déclaré que la Pologne était attaquée par l'est et l'ouest. L'attaque de l'est est, selon lui, une crise humanitaire à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, causée par le "dictateur bélarussien Alexandre Loukachenko". Quelle était l'attaque de l'Ouest ? Il ne l'a pas dit.
Mais il a fait des allusions. "Quel est le dénominateur commun de tout ce qui se passe ? - a demandé Kaczynski. Bien que les intentions soient différentes et que les centres qui provoquent ces conflits soient différents, le fait est que beaucoup, des deux côtés de l'Europe, ne veulent pas accepter notre propre subjectivité (identité), les perspectives de notre développement, la croissance de notre force, la croissance de notre détermination, la détermination d'être une nation qui est non seulement indépendante, libre, mais aussi forte et qui joue un rôle important. Parce que seule une telle Pologne peut survivre.
Il est revenu sur cette thèse à Cracovie : "Nous avons un gros problème en Occident. Tout cela est bien connu : nous parlons de la reconnaissance de notre identité, de la décision du Tribunal constitutionnel polonais (sur la priorité du droit polonais sur le droit européen), de notre droit d'organiser nos propres affaires en Pologne..... Il ne dépend que de nous de savoir si nous pouvons le faire.
Comme le soulignent certaines publications polonaises, le directeur du PiS a prononcé son discours dans un lieu significatif : la société Sokol de Cracovie, qui a joué un grand rôle "libérateur" lors des divisions du Commonwealth polonais au XIXe siècle et était associée à l'Endek (les démocrates romains-nationaux, c'est-à-dire 'nationaux-catholiques' de Dmowski). Mais l'historien polonais Adam Leszczynski voit dans le discours de Kaczynski des échos de "la doctrine diplomatique d'avant-guerre du régime Sanation, le principe de "distance égale" entre l'Allemagne et l'URSS".
Leszczynski rappelle qu'après la mort du maréchal Jozef Pilsudski en 1935, les élites dirigeantes de la république polonaise autoritaire ont adhéré au principe selon lequel la Pologne a deux "ennemis mortels : la Russie stalinienne et l'Allemagne nazie, avec lesquels il faut, si possible, entretenir des relations pacifiques, mais pas d'alliances". Cependant, "depuis janvier 1939, lorsque l'Allemagne a fait des revendications territoriales sur la Pologne, espérant qu'elle rejoindrait également l'alliance contre l'URSS, il est devenu impossible de maintenir un équilibre entre la Russie soviétique et l'Allemagne".
Ainsi, la doctrine Kaczynski a au moins une dimension extrêmement dangereuse. Elle crée les conditions et les prérequis pour revenir aux réalités d'une Europe divisée d'avant-guerre et provoquer un nouveau conflit mondial, qui pourrait se transformer en une troisième guerre mondiale. Les alliés du droit et de la justice sont-ils préparés à cela? Nous ne le pensons pas. Salvini, par exemple, ne demande qu'à Varsovie et Rome de créer un "nouvel équilibre" dans l'UE après des années de "domination de l'axe franco-allemand". Nous pensons que les autres forces conservatrices et de droite européennes ne sont pas intéressées par l'augmentation des tensions.
Cependant, l'expérience de la Première Guerre mondiale montre qu'il suffit d'un seul tir d'une seule personne pour déclencher un terrible incendie. C'est pourquoi une alternative à la doctrine Kaczynski est si importante. Moscou l'offre. Ce n'est pas une coïncidence si la plupart des publications polonaises ont attiré l'attention sur le discours du président russe Vladimir Poutine lors de la réunion du club Valdai. Leur attention a été attirée par les mots suivants du chef d'État russe.
"Aujourd'hui, alors que le monde connaît un effondrement structurel, l'importance d'un conservatisme raisonnable en tant que base du cours politique s'est multipliée, précisément en raison de la multiplication des risques et des dangers, de la fragilité de la réalité qui nous entoure", a déclaré M. Poutine. L'approche conservatrice n'est pas une tutelle irréfléchie, ni une peur du changement, ni un jeu de rétention, encore moins un enfermement dans sa coquille. Il s'agit, avant tout, de la confiance dans une tradition éprouvée, de la préservation et de la croissance de la population, du réalisme dans l'évaluation de soi et des autres, de l'alignement précis d'un système de priorités, de la corrélation entre ce qui est nécessaire et possible, de la formulation prudente des objectifs, du rejet fondamental de l'extrémisme comme méthode d'action".
Selon les experts polonais, le président russe a dit exactement ce que les opposants conservateurs à l'idéologie libérale actuellement dominante voulaient entendre aux États-Unis et dans l'UE. Le fait que son discours ait été remarqué et lu "peut être vu dans les déclarations des politiciens occidentaux qui le jettent dans un sac avec le nom de 'populisme de droite'", note-t-on en Pologne. Et encore : "Poutine attire les dirigeants politiques avec son idéologie, les incite à faire des affaires avec lui, après quoi ils font pression sur les électeurs de leurs pays pour qu'ils défendent ces vues".
C'est ce que craint le chef du parti au pouvoir en Pologne. Après tout, le succès du "conservatisme raisonnable" russe enterrera à jamais les tentatives de Kaczynski de mener lui-même un quelconque projet d'intégration de la droite européenne. Il continuera donc à gonfler le mythe de la Pologne, soi-disant menacée simultanément par l'Est et l'Ouest, afin d'empêcher l'unification des forces conservatrices saines en Russie et dans l'UE.
11:48 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pologne, russie, conservatisme, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
"Le pouvoir des idées de l'unité russo-biélorusse"
Le pouvoir des idées et l'unité russo-biélorusse
Daria Platonova
Ex: https://www.geopolitica.ru/article/ideya-sila-rossiysko-belorusskogo-edinstva
En appliquant la doctrine géopolitique de Carl Schmitt, le processus de rapprochement Russie-Biélorussie que nous pouvons observer aujourd'hui, bien qu'à très faible vitesse, est la création d'un "Grand espace" (Großraum) - une alliance volontaire de plusieurs pays s'efforçant d'affirmer collectivement leur souveraineté. L'union des Etats en un seul bloc devient une "idée-puissance" (concept de G. Sorel).
Le 16 septembre, les manœuvres stratégiques des forces armées de Russie et de Biélorussie, baptisées "Ouest-2021" (Zapad-2021), se sont achevées avec la participation d'environ 200.000 militaires de Russie, de Biélorussie, ainsi que d'Inde, du Kazakhstan, de Kirghizie et de Mongolie. Un article du chroniqueur de la rubrique National Security, Mark Episcopos, publié dans la revue néoconservatrice américaine The National Interest, note que l'exercice démontre l'approfondissement des liens militaires entre la Russie et le Belarus. "Cela intervient à un moment où le président Lukashenko, qui se trouve dans une position difficile, subit une pression accrue des sanctions", note Episcopos.
Dans un autre article, des observateurs de la société privée américaine de renseignement et d'analyse Stratfor (également appelée la "CIA de l'ombre") soulignent que les exercices confirment l'évolution de l'équilibre géopolitique du Belarus en faveur de la Russie ("l'exercice militaire West-2021 souligne la dépendance croissante du Belarus vis-à-vis de la Russie pour contenir l'opposition interne et les actions occidentales", et "pour la Russie, les exercices montrent son engagement à protéger le Belarus").
La plupart des analyses du partenariat russo-biélorusse, que l'on peut trouver dans le segment des médias russophones, se concentrent sur les relations économiques entre les deux pays : discussion sur la création de marchés communs du pétrole et de l'électricité, volumes des prêts russes, maintien des prix du gaz russe au niveau de l'année en cours, unification de la législation du travail et des principes de collecte des impôts indirects. Les libéraux, bien sûr, mettent en avant la "nature dictatoriale" du régime autoritaire de Loukachenko de toutes les manières possibles, et reprochent directement ou indirectement à Moscou son soutien.
Mais la plupart des commentateurs négligent le niveau et la signification sous-jacents des processus d'intégration des États alliés, ce qui est immédiatement remarqué par les publications occidentales dans leur analyse. Et ce n'est pas un hasard, car la géopolitique s'est formée dans le monde anglo-saxon (principalement aux États-Unis), et reste la principale discipline pour l'analyse des relations de politique étrangère.
En appliquant la doctrine géopolitique de Carl Schmitt, le processus de rapprochement entre la Russie et le Belarus que nous pouvons observer, bien qu'à très faible vitesse, est la création d'un "Grand espace" (Großraum) - une alliance volontaire d'un certain nombre de pays cherchant à affirmer collectivement leur souveraineté. L'"idée-puissance" (concept de G. Sorel) unit les États concernés en un seul bloc. Dans le cas de la Russie et du Belarus, la question se pose de savoir quelle idéologie peut générer cette idée-puissance, ce qui peut lier les pays ensemble, alors qu'ils sont jusqu'ici divisés? Qu'est-ce qui, en dehors des intérêts économiques et des marchés communs, peut assurer l'unité civilisationnelle ?
Le "pouvoir des idées" devrait se situer au-dessus du plan économique, car il ne s'agit pas d'une question de coopération situationnelle. Le grand espace garantit une alliance durable des entités constitutives. En termes géopolitiques, la Russie et la Biélorussie visent cette alliance, en rétablissant la logique continentale en opposition à l'expansion de l'hégémonie des puissances atlantiques. Mais quelle idée-puissance se cachera derrière ce bloc géopolitique stratégique ? S'il n'y a pas de pouvoir des idées, tout peut s'écrouler, tout comme le Grand Espace de l'URSS s'est effondré lorsqu'il a perdu son "pouvoir des idées".
Les Velikorosses et les Biélorusses sont les branches d'un arbre dont la racine commune est l'ethnicité slave orientale. Il ne faut pas oublier que la troisième branche est constituée par les Ukrainiens ; l'idée même d'unir les Slaves orientaux dans un seul Grand Espace est déjà assez forte et approfondie. Mais nous pouvons constater que les Ukrainiens, du moins aujourd'hui, sortent de cette logique. Et tout n'est pas si simple avec les Biélorusses. Contrairement à Kiev, Minsk a une attitude positive à l'égard de Moscou, mais plus modérément que les Ukrainiens, les Biélorusses veulent toujours préserver, renforcer et défendre leur identité. Si nous l'oublions, nous versons de l'eau au moulin des nationalistes bélarussiens, qui sont depuis longtemps devenus les outils de l'Occident et qui agissent aujourd'hui au Bélarus, avec les libéraux droits-de-l'hommistes, comme la principale force torpillant l'État d'union. Par conséquent, l'alliance russo-biélorusse doit être construite en tenant compte des particularités de l'identité biélorusse. Ensuite, l'intégration se fera.
L'ennemi commun face à l'Occident, qui impose des sanctions à la Russie et au Belarus, est également un argument important. Mais cette stratégie de résistance deviendra forte lorsque l'idée géopolitique de la civilisation continentale, confrontée à la civilisation maritime, prendra des contours plus nets en Russie même. C'est là que réside le problème. S'unir à la Biélorussie en tant qu'idée de la Russie elle-même exige une nouvelle esquisse, claire et imposante, de l'idée russe. Elle deviendra alors une unification des peuples et des idées, et l'intégration y gagnera en force et en dimension historique.
10:52 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, biélorussie, belarus, slaves orientaux, géopolitique, politique internationale, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 26 novembre 2021
L'effondrement de la chaine logistique dans le contexte géopolitique actuel
L'effondrement de la chaine logistique dans le contexte géopolitique actuel
Enric Ravello Barber
Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/11/la-caida-de-la-cadena-logistica-en-el.html?fbclid=IwAR0wcPTyIZm-9icZFkLh5tLNt3s481nJ31fn0ksPJvLaDB7fTIrNgO5w3Rs#.YZ0NcbrjKUl
Les besoins en logistique, communication et transport de matières premières suite aux invasions américaines après les attentats du 11 septembre 2001 et la nécessité d'un contrôle stratégique de l'Asie centrale ont incité la secrétaire d'État de l'époque, Hillary Clinton, à annoncer la mise en oeuvre de l'initiative de la nouvelle route de la soie en 2011. Le projet bénéficierait du soutien et de la complicité de l'Inde, le grand rival stratégique de la Chine (et du Pakistan) dans la région.
Les aventures bellicistes délirantes des néocons avec les invasions de l'Irak et de l'Afghanistan et les activités de guerre constantes au Moyen-Orient et au Proche-Orient - qui se sont soldées par le plus retentissant des échecs - ont permis le redressement de la Russie et la montée en puissance de la Chine sur le plan géopolitique mondial. Les États-Unis, qui avaient gagné la guerre froide et étaient devenus la seule et unique puissance mondiale hégémonique, ont perdu le pouvoir par leur propre incompétence et ont permis à ces deux puissances de devenir des acteurs majeurs et - dans le cas de la Chine - de contester leur hégémonie mondiale.
Deux ans plus tard, en 2013, XI Jinping a annoncé la création de la route de la soie terrestre chinoise au Kazakhstan, l'un des pays clés dans la construction de cette route. En octobre de la même année, Xi Jinping a annoncé la nécessité de créer, parallèlement à la précédente, une route de la soie maritime. Avec la route de la soie, la création de la plus grande route au monde pour le transport d'énergie dérivée d'hydrocarbures et de minéraux stratégiques a été annoncée. Une autre fonction importante de la route de la soie était d'être une voie de transport de marchandises, y compris une branche ferroviaire qui traverse toute l'Eurasie jusqu'à Madrid.
La chaîne logistique s'effondre
La pandémie de COVID-19 a eu un impact majeur sur la consommation et le commerce mondiaux. Pendant des mois, des milliers de personnes dans le monde sont restées chez elles, tandis que les voyages, les points de vente, les hôtels et les vols restaient fermés. Cela a eu une double conséquence : des économies ont été réalisées et il y avait moins d'offres sur lesquelles dépenser de l'argent, la demande d'articles ménagers a explosé. La somme de ces facteurs a conduit à un phénomène difficile à prévoir : l'effondrement de la chaîne logistique mondiale. Les épidémies de COVID dans le port de Los Angeles qui ont paralysé le déchargement et la libération des conteneurs en janvier dernier dans ce port nord-américain ou les grandes manifestations de dockers dans le port sud-coréen de Busan, un port crucial pour le trafic de marchandises entre l'Extrême-Orient et l'Europe, ont contribué à entraver le retour à la normale de la chaîne logistique mondiale.
Les médias préviennent déjà que cette année, les étagères seront moins remplies de jouets chinois et que les marchandises qui ne sont pas arrivées n'arriveront pas. Les taux de fret entre la Chine et les ports européens sont restés stables, autour de 1500 dollars, dans les années qui ont précédé le COVID, lorsque le commerce mondial a atteint des niveaux record. Depuis septembre, les taux de fret ont grimpé en flèche pour atteindre des niveaux de 13.000 $, et si les taux pour novembre ont légèrement baissé, des hausses de prix sont déjà annoncées pour les taux de fret de décembre et janvier. Ce qui est plus grave, c'est que même à ces prix, il n'y a pas de conteneurs disponibles pour transporter des marchandises de la Chine vers l'Europe occidentale.
Alors que plusieurs compagnies maritimes de taille moyenne s'étaient établies sur le marché dans les années précédant immédiatement le COVID, l'interruption des échanges pendant près d'un an a entraîné la disparition de nombre d'entre elles. Dans la situation actuelle, nous sommes confrontés à un oligopole où les grandes entreprises contrôlent totalement la logistique maritime : MSC (italien), Maersk (danois), CMA-CGM (français), Evergreen (taïwanais) et COSCO (chinois). Ces entreprises ont pris la décision de mettre en œuvre leurs bénéfices en augmentant les taux de fret, au lieu de poursuivre la dynamique antérieure de construction d'énormes porte-conteneurs, où chaque année un nouveau record de tonnage était battu. En fait, nous constatons qu'aujourd'hui encore, MSC et Maersk partagent les mêmes navires.
Aurelio Martinez, directeur du port de Valence, a déclaré que les taux de fret commenceraient à baisser à la mi-2022. Il est difficile de prévoir l'évolution des prochains mois et d'indiquer des dates concrètes pour le retour à la normale de la disponibilité des conteneurs. Presque tous les experts affirment que le niveau actuel des prix sera maintenu jusqu'en septembre prochain, et qu'une baisse est prévisible après cette date.
La situation actuelle de pénurie et de fret onéreux, ainsi que la hausse des prix des produits fabriqués en Chine - due à l'augmentation des hydrocarbures et au contexte inflationniste généralisé - ont conduit de nombreux importateurs européens à envisager la possibilité de rechercher des fournisseurs sur des marchés plus proches (Europe de l'Est, Russie, Asie centrale), voire de délocaliser la production industrielle. Il convient de noter qu'il est peu probable que la Chine laisse ce déplacement du marché mondial se produire ; la nature de son régime, dans lequel la politique prime sur l'économie et les intérêts du parti communiste (compris comme un intérêt collectif) sur les intérêts commerciaux (compris comme individuel) lui donne les outils nécessaires pour renverser la situation, notamment en forçant sa grande compagnie maritime COSCO à baisser ses taux de fret. Il sera intéressant de voir comment le gouvernement de Pékin agira si la situation s'aggrave et s'il existe une possibilité que la Chine perde son leadership dans l'économie mondiale. Lors de la réunion du G-20 de cette semaine, M. Biden s'est engagé à faire pression pour une réponse à la perturbation de la chaîne d'approvisionnement, visant à agir sur les prix des carburants et à débloquer les goulets d'étranglement de la production et de la logistique tant aux États-Unis que dans les pays d'influence. Le contrôle des routes maritimes par l'administration américaine est l'un de ses plus grands atouts, mais l'inexistence d'une compagnie maritime américaine, ce qui est inexplicable pour une puissance navale-commerciale comme les États-Unis, est un défaut majeur à son encontre.
Les États-Unis et la Chine en lutte pour le contrôle de la logistique mondiale
Les États-Unis ont subi une défaite humiliante en Afghanistan. La Russie et la Chine ont toutes deux récemment testé avec succès des missiles hypersoniques, la tentative américaine en ce domaine a été un échec. La Chine a démontré que ses ordinateurs quantiques sont des millions de fois plus puissants que ceux des États-Unis. La tension au sujet de Taïwan augmente, avec la menace voilée de la Chine d'incorporer l'île en 2049 pour coïncider avec le centenaire de la proclamation de la République populaire de Chine.
Les États-Unis, qui restent la puissance hégémonique, refusent de perdre ce rôle et ont réagi dans plusieurs domaines. Dans le domaine stratégico-militaire, avec la signature d'une alliance militaire anglo-saxonne dans le Pacifique, AUKUS. Dans le domaine technologico-militaire, le Pentagone envisage d'impliquer l'entreprise de construction spatiale SpaceX pour développer une version militaire du Starship qui lui redonnerait sa suprématie dans ce domaine, mais il n'a pas encore l'approbation d'Elon Musk : encore une conséquence de la domination de l'économique-corporatif sur le politique-stratégique et dans les démocraties libérales-capitalistes.
Dans le domaine de la logistique, M. Biden a annoncé ces dernières semaines la mise en œuvre du programme "Build Back Better", destiné à concurrencer la route de la soie chinoise. M. Biden a indiqué que les États-Unis allaient déployer une réponse logistique en Amérique du Sud, face à l'intention de la Chine de procéder à un déploiement commercial dans son "arrière-cour". Il convient de noter que le commerce de l'Europe et de l'Asie vers l'Amérique du Sud a eu le port d'Algésiras comme point logistique clé. Pour la première fois en 2021, Tanger a dépassé Algésiras en nombre de conteneurs et s'en approche en nombre de tonnes totales. Tanger, par la profondeur de son port et surtout par l'engagement de Mohamed V pour son développement, remplacera dans quelques années Algésiras dans cette route logistique maritime de l'Eurasie à l'Amérique du Sud, qu'elle soit dominée par les USA ou la Chine ou en rivalité entre les deux.
La rupture de la chaîne logistique a montré que le transport terrestre ne peut pas remplacer ou concurrencer le transport maritime. Si les taux de fret maritime sont actuellement de 14.000 dollars, les taux de fret ferroviaire par conteneur sont de 22.000 dollars, mais plus grave encore, les trains ont une capacité de transport de conteneurs presque négligeable par rapport aux grands porte-conteneurs. Cela signifie que les Chinois devront poursuivre le développement de leur route de la soie maritime parallèlement à leur route de la soie terrestre. À cette fin, et en pensant à leur énorme trafic avec l'Europe, ils ont déjà pris des positions : dans le port du Pirée, que la Grèce a vendu en 2016 à la compagnie maritime chinoise COSCO ; et dans le port de Hambourg, où la présence et le contrôle de COSCO sont en hausse imparable. Là aussi, l'Europe perdra le jeu géostratégique.
Le blocage logistique actuel entraînera sans aucun doute une plus grande exploitation de la route arctique en tant que nouvel élément permettant d'accélérer la distribution des marchandises mondiales. La Russie est aujourd'hui le principal acteur sur cette route, où elle est prête à déployer son potentiel militaire pour empêcher la concurrence d'autres puissances (notamment les États-Unis), qui arrivent tardivement dans la lutte pour le contrôle de l'Arctique. La Chine semble accepter le leadership de la Russie dans cette région ; l'amitié entre Moscou et Pékin facilitera le commerce chinois le long de cette nouvelle route. Toutefois, il convient de noter que l'utilisation de cette voie peut avoir des conséquences négatives. Comme le souligne Joan Membrado, professeur de géographie à l'université de Valence et spécialiste de l'analyse géographique régionale, plus l'Arctique sera praticable, plus il dégèlera rapidement, ce qui transformerait Valence - le plus grand port européen de la Méditerranée jusqu'en 2020, date à laquelle il a été dépassé par le Pirée sous contrôle chinois - en un port infranchissable.
L'effondrement de la chaîne logistique est une conséquence des contradictions internes de la mondialisation. Sa sortie sera un nouvel épisode de la guerre pour l'hégémonie mondiale entre le capitalisme d'État chinois nationaliste et suprématiste Han et le capitalisme financier spéculatif basé à Wall Street et à la City.
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jeudi, 25 novembre 2021
Sur la frontière polonaise
Sur la frontière polonaise
Enric Ravello Barber
Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/11/en-la-frontera-de-polonia.html?fbclid=IwAR39lia6p607_12Dsb4u4zFbnbF2HSkBXDRj6nrXskXZBCtl-oNPJgMlWRw#.YZ0NOLrjKUk
La Pologne défend sa frontière, qui est celle de l'UE, contre une vague d'immigrants clandestins qui cherchent à la prendre d'assaut. Varsovie a déployé son armée pour empêcher l'assaut de milliers de réfugiés qui cherchent à s'installer sur notre continent. Nous soutenons pleinement le gouvernement et l'armée polonais qui doivent agir avec toute la force nécessaire pour arrêter et faire reculer cette invasion intolérable.
Il n'existe aucune considération "humanitaire" pouvant servir de prétexte pour s'opposer à une action polonaise énergique. Si les migrants ont froid et sont dans le besoin, la solution consiste à ouvrir des ponts aériens identiques à ceux qui les ont amenés à la frontière polonaise, mais dans la direction opposée pour les ramener chez eux.
Cela dit, énonçons quelques commentaires sur le contexte de la situation.
L'ombre de Washington dans la crise
Après les attentats du 11 septembre, les "néo-cons" ont imposé leur stratégie à l'administration américaine. Dans leur messianisme irrationnel, ils font déclarer aux USA une "guerre générale contre le Mal", un "Mal" dont ils se donnent le droit de déterminer les pays qui le composent.
Dans cette dynamique délirante, les USA ont envahi l'Irak - un pays laïc et islamiste - en 2003. Les États-Unis ont promis aux Kurdes, soumis à l'Irak, un État à eux s'ils soutenaient leur invasion. Il convient de rappeler que la Pologne, alors gouvernée par l'Alliance de la gauche démocratique, a soutenu l'invasion américaine en Irak.
Les États-Unis n'ont pas tenu leur promesse aux Kurdes et lorsqu'ils ont retiré leurs troupes d'Irak, ils ont laissé leurs anciens collaborateurs sans protection, comme ils l'ont fait récemment en Afghanistan. La grande majorité des réfugiés qui tentent de prendre d'assaut la frontière polonaise sont précisément des Kurdes.
Depuis son retour dans la politique internationale, c'est-à-dire depuis la chute du rideau de fer, la Pologne définit sa position géopolitique comme une alliance claire avec les États-Unis. Elle a été le premier pays à déployer le bouclier de défense antimissile contre la Russie. Plus récemment, Varsovie a soutenu la "révolution orange" et la tentative de renversement de Loukachenko, derrière laquelle se cachait la diplomatie américaine. Les "révolutions de couleur", orchestrées par les services de renseignement américains et souvent financées par Soros, ont eu pour principal objectif de supprimer le contrôle de Moscou sur l'espace ex-soviétique que la Russie contrôlait encore : les exemples de la Géorgie et de l'Ukraine sont clairs. La tentative suivante a été de détacher le Belarus, mais cette fois, elle a échoué.
Les réactions de Lukashenko et du Kremlin
La Turquie, elle, est toujours prête à créer de l'instabilité dans l'UE et plus particulièrement en Allemagne, qui est la destination finale de tous ces réfugiés. Elle a affrété des vols, principalement de Kurdes, à 1500 euros le billet et le visa de sortie - pas vraiment pour les pauvres. Les visas pour le Belarus ont été généreusement délivrés par ses ambassades. La complicité de Minsk dans la crise est incontestable. La vengeance de Loukachenko contre la Pologne, et éventuellement contre la Lituanie et la Lettonie, pays avec lesquels le Belarus a également une frontière et un désir de vengeance, est stratégiquement maladroite. Minsk a annoncé qu'en réponse aux sanctions économiques européennes sévères pour les violations des droits de l'homme au Belarus, c'est-à-dire pour se venger de l'échec de la "révolution colorée", elle inonderait les pays de l'UE de "drogues et de migrants". Une réaction absurde et répréhensible, typique d'un autocrate nostalgique de l'Union soviétique.
"L'Occident avec ses guerres injustifiées est responsable du flux de réfugiés", a déclaré Vladimir Poutine en référence à la situation actuelle. Le président russe a raison. Toutefois, la poursuite de l'inacceptable position de Minsk consistant à faire chanter l'Europe avec des vagues de réfugiés illégaux éloigne Poutine de son rôle de grand homme d'État, suscite la méfiance de l'Europe occidentale à l'égard de sa vision continentale et, bien sûr, entrave son projet d'"Europe unie de Lisbonne à Vladivostok", qu'il a récemment qualifié de principal objectif géopolitique. En somme, cette tension Pologne/UE-Belarus/Russie est une victoire politique et de propagande pour les positions atlantistes en Europe de l'Est et dans l'espace Intermarium. C'est l'espace clé où se joue la guerre géopolitique la plus importante pour l'avenir de l'Europe.
Privé d'influence en Géorgie et "de facto" confronté à une Ukraine alliée de l'OTAN, Moscou ne peut se permettre de perdre le Belarus, le dernier État européen ex-soviétique dans son orbite. Le Belarus est un État tampon typique utilisé par une grande puissance (la Russie) pour amortir les conflits et disposer d'une ligne de front à partir de laquelle il peut agir - diplomatiquement et militairement - sans impliquer son propre territoire. Dans ce cas, c'est une arme à double tranchant, car le Belarus est le dernier État tampon du Kremlin en Europe, un Kremlin qui est dès lors obligé de suivre et de soutenir toute aventure - aussi risquée et absurde soit-elle - à Minsk.
L'escalade de la tension, le déploiement de l'armée polonaise à la frontière, avec la même réponse des forces biélorusses, a incité la Russie à envoyer des parachutistes d'élite et des hélicoptères à armement nucléaire pour soutenir Minsk. Ce n'est pas du tout une bonne nouvelle pour les Européens dans leur ensemble.
Il est nécessaire de surveiller l'évolution de la situation et de voir qui prend la tête de la solution et s'avère être un politicien doté d'une vision continentale. Poutine a fait un premier pas dans cette direction en proposant une rencontre entre les gouvernements allemand et biélorusse.
L'hypocrisie impuissante de l'UE
Face à la Pologne l'Europe a une attitude ambigüe:e la menace de son expulsion à l'éloge de son travail en tant que garant de la défense de l'UE, en passant par l'acceptation de financer un mur anti-immigration sur son territoire. C'est dire à quel point les dirigeants européens sont versatiles et hypocrites. La Pologne est aujourd'hui un cas d'espèce. Pourtant, Salvini, qui a été le premier à mettre en garde et à agir de manière cohérente sur le danger de la migration, a été attaqué politiquement et est toujours poursuivi en justice.
Après avoir attaqué Trump pour avoir érigé un mur contre l'immigration - qu'Obama, objet de tous les éloges, avait commencé - les ridicules dirigeants européens ont ensuite proposé de construire eux-mêmes un mur identique. L'UE est décadente, inutile, sacrifiable, craintive et incapable d'agir dans le monde du 21ème siècle et l'absence de tout leadership en Europe occidentale est une nouvelle fois démontrée.
Dans certains milieux, on peut lire des déclarations telles que "laissons l'UE se montrer sévère envers le Belarus". La réponse doit être claire : l'UE n'a pas la main forte, pas de capacité gazière ou nucléaire pour répondre à la Russie. Nous avons toujours prôné une synergie entre l'Europe et la Russie pour créer un tel bloc de Lisbonne à Vladivostok. Cette crise démontre plus que jamais sa nécessité.
Conceptuellement, ce n'est qu'en assumant une logique de civilisation européenne, Polonais et Biélorusses, que les peuples européens pourront assurer leur avenir et empêcher toute forme de manipulation qui nous fracture et nous affaiblit.
09:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pologne, europe, biélorussie, affaires européennes, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 23 novembre 2021
Les Turcs conseillent à Kiev de ne pas se frotter à l'OTAN
Les Turcs conseillent à Kiev de ne pas se frotter à l'OTAN
Doğu Perinçek
Source: https://www.geopolitica.ru/article/turki-rekomenduyut-kievu-ne-svyazyvtsya-s-nato
L'Alliance de l'Atlantique Nord est une menace pour la sécurité et non une organisation qui protège, le président du Parti de la mère patrie turque Doğu Perinçek en est convaincu.
L'Ukraine a été convoquée à un exercice de l'OTAN en mer Noire, près des frontières roumaines. La frégate roumaine Merăşesti, le destroyer américain Porter, le navire d'état-major Mount Whitney et le pétrolier John Lenthall, la frégate turque Yavuz ainsi que le navire de débarquement ukrainien Yuriy Olefirenko et le patrouilleur Slavyansk ont participé aux manœuvres.
Le but de l'exercice, selon l'armée roumaine, est de "renforcer la capacité de réaction de l'OTAN en mer Noire et d'accroître le niveau d'interaction entre les marines des pays participants". Bien que l'Ukraine n'ait pas encore été acceptée dans l'alliance, Kiev a dû prendre cette invitation comme un bon signe.
Cependant, le président du parti turc de la mère patrie (Vatan), Doğu Perincek (photo), ne pense pas que ce soit une raison de se réjouir. Interrogé par PolitEkspert pour savoir si les autorités turques étaient prêtes à soutenir l'entrée de l'Ukraine dans ce bloc militaire, il a répondu :
"L'OTAN est une menace pour la sécurité. Ce n'est pas une organisation qui nous protège. Nous faisons partie de l'OTAN mais la position de l'Alliance a toujours été hostile à la Turquie. Les membres de l'OTAN ont toujours voulu utiliser la Turquie pour leurs propres intérêts, sans penser aux intérêts de notre pays. Tous les coups d'État qui ont eu lieu en Turquie ont été organisés par l'Occident".
Doğu Perinçek estime que "la Turquie quittera bientôt l'OTAN", et ne plaidera donc pas en faveur de l'adhésion de Kiev à l'alliance.
"Nos alliés sont les pays asiatiques, nos voisins - la Russie, l'Iran, la Syrie. Nous devons nous concentrer sur l'amélioration des relations avec eux. L'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN ne menace pas seulement la Russie. Elle menace la sécurité de notre pays et la sécurité de toute la région. Je suis sûr que l'Iran et la Russie ne permettront pas que cela se produise. Erdogan devrait également bien peser le pour et le contre avant de soutenir l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN", a-t-il conseillé au site d'information et d'analyse".
La veille, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, dans une interview accordée à HBO, a réaffirmé que les pays du bloc n'étaient pas encore parvenus à un consensus sur l'adhésion de l'Ukraine à l'organisation.
09:58 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : otan, mer noire, turquie, dogu perincek, russie, ukraine, europe, affaires européennes, géopolitique, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 22 novembre 2021
Cousins, mais pas trop : l'Italie et l'Espagne, une rivalité systémique
Cousins, mais pas trop : l'Italie et l'Espagne, une rivalité systémique
Par Vincenzo D'Esposito
Ex: http://osservatorioglobalizzazione.it/progetto-italia/cugini-ma-non-troppo-italia-e-spagna-una-rivalita-sistemica/
L'Espagne est l'un des plus grands rivaux de l'Italie, tant en Europe que dans le reste du monde. Parce que, tous faits pris en considération, il n'y a pas de théâtre où notre cousin en latinité ne nous combat pas à coups de concurrence déloyale et de diplomatie antagoniste: des produits à base de vin et d'huile d'olive vendus à prix cassés sur les marchés italiens de référence au dynamisme des entreprises ibériques dans nos pays voisins.
Qu'il s'agisse de s'approprier des parts de marché ou de concurrencer notre primauté entrepreneuriale, le modus operandi est toujours le même: la concurrence déloyale. Parce que les Espagnols offrent des biens et des services similaires aux nôtres à des prix dérisoires. Ces biens et services sont théoriquement les mêmes, comme l'huile d'olive ou les centrales électriques, mais dans la pratique, ils sont différents, en raison de la qualité nettement inférieure garantie par les vendeurs espagnols. Et le fait que cette pratique n'est pas accidentelle, mais le résultat d'un dessein précis visant à profiter du moment de coma de la politique étrangère italienne, est suggéré par les faits: les Espagnols sont maintenant sur nos talons partout, de la Roumanie à l'Azerbaïdjan, en passant par l'Albanie et la Russie. Ils ne sont pas encore capables de nous nuire autant que la France, la Turquie et l'Allemagne, mais ils constituent une menace qu'il ne faut pas sous-estimer.
Comme les Français, les Espagnols ont historiquement cherché à réduire la marge de manœuvre de l'Italie, tant en Afrique du Nord qu'en Méditerranée. L'Italie, pour sa part, a su nouer des relations cordiales tant avec le Maroc qu'avec l'Algérie, surmontant ainsi la tentative de son cousin d'encercler le Maghreb et se construisant une image positive pour contrebalancer celle de l'Espagne, qui continue d'être perçue au Maghreb comme une puissance occupante en raison de la question de Ceuta et Melilla.
La rivalité est palpable et persistante, mais la collaboration est et sera toujours possible, car l'Espagne, contrairement à la France, ne cherche pas à vassaliser l'Italie, mais à récupérer l'influence et le prestige perdus en Amérique latine en se rattrapant dans l'espace occidental de l'Eurafrasie.
L'immigration clandestine et le terrorisme pourraient être utilisés comme tremplins vers la formation d'un axe italo-espagnol consacré à une coopération élargie et renforcée dans le style du traité d'Aix-la-Chapelle. Et les risques - comme les tentatives de profiter de la détente pour appuyer sur l'accélérateur dans le dossier de la lutte sans quartier contre le Made in Italy - seraient largement compensés par les bénéfices : la possibilité de contenir et de redimensionner les ambitions hégémoniques françaises en Méditerranée et en Afrique du Nord, la consolidation d'un bloc géopolitique en Europe qui équilibre la puissance excessive du Nord et l'amélioration globale des agendas respectifs de profondeur stratégique.
La collaboration, encore une fois, est possible, car toutes les conditions préalables sont réunies, y compris la plus importante - l'Espagne et l'Italie ne sont pas deux puissances naturellement vouées à l'hégémonie et, surtout, il s'agit d'une rivalité de faible intensité -, mais la table des négociations pour l'établissement d'une entente durable de bon voisinage ne sera ouverte que lorsque notre classe politique reviendra à l'histoire, en préférant la Realpolitik à la Fantapolitik et en remettant l'intérêt national au centre de l'agenda extérieur.
12:12 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : espagne, italie, europe, affaires européennes, méditerranée, politique internationale, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Entre l'Algérie et le Maroc : le différend franco-espagnol en Méditerranée occidentale
Entre l'Algérie et le Maroc : le différend franco-espagnol en Méditerranée occidentale
Par Vincenzo D'Esposito
Ex: http://osservatorioglobalizzazione.it/dossier/il-triangolo-mediterraneo/tra-algeria-e-marocco-la-contesa-franco-spagnola-nel-mediterraneo-occidentale/
Son rôle de porte de l'Atlantique a fait du Maghreb l'une des zones les plus intéressantes pour les puissances méditerranéennes. Cette zone a été subjuguée à plusieurs reprises par l'Empire ottoman, la France et l'Espagne. Ces deux derniers ont déployé leur concurrence politique et économique dans deux États en particulier : l'Algérie et le Maroc.
Le Maghreb et la France coloniale
L'État dont l'influence est la plus importante au Maghreb est la France qui a pénétré en Algérie dès la première moitié du 19ème siècle; les raisons qui ont poussé Paris à s'ingérer dans les affaires du Maghreb sont principalement des questions de sécurité. Les pirates barbaresques présents dans la région représentaient un danger constant pour le commerce dans la zone et, d'autre part, pour détourner les tensions internes à la monarchie française de l'époque, il fut décidé de prendre possession de la rive sud de la Méditerranée, en face de la Provence.
Depuis le 19ème siècle, Paris déplace de plus en plus de colons sur ce territoire dans le but d'assurer son contrôle et de pénétrer à l'intérieur des terres. Cela a conduit la France à la nécessité de consolider les frontières de la colonie tant à l'est, avec l'occupation de la Tunisie, qu'à l'ouest, avec l'entrée du Maroc. La décolonisation après la Seconde Guerre mondiale, qui s'est déroulée de manière traumatisante en raison de la volonté française d'intégrer les territoires coloniaux d'Afrique du Nord à la France métropolitaine, a laissé des traces dans les relations entre Paris et l'État nord-africain. Celles-ci sont restées volatiles en raison d'une amertume remontant au passé colonial et à la guerre d'Algérie. L'ancienne colonie voit Paris comme un ennemi historique auquel il ne faut pas se soumettre, tandis qu'Alger est perçu par l'Elysée comme un partenaire qui n'est pas totalement fiable.
La France a un intérêt pour l'Algérie en tant que jonction fondamentale pour atteindre le Sahel, qui est devenu central dans l'agenda français en raison des routes de migrants qui le traversent. Le maintien de bonnes relations avec l'État maghrébin permet à Paris de prendre des mesures plus fermes pour lutter contre le terrorisme et la traite des êtres humains. En outre, les énormes gisements d'hydrocarbures et de gaz d'Alger ont historiquement attiré l'attention de la plus grande compagnie pétrolière française, Total. Si l'on ajoute à cela le fait qu'une proportion importante de citoyens français a des liens directs avec les colons rapatriés après l'indépendance de l'Algérie, l'importance des relations avec cet État pour Paris apparaît très clairement.
Dans le cas du Maroc, les relations avec la France sont sensiblement différentes. Tout d'abord, par rapport à son voisin oriental, elle n'a jamais complètement perdu son administration locale, étant un protectorat avec son propre souverain pendant toute la période de la colonisation française. La colonisation française a également été beaucoup plus courte que celle de l'Algérie, laissant des cicatrices moins évidentes.
Bien que moins important économiquement que l'Algérie, reposant principalement sur le commerce du phosphate, le Maroc possède une base manufacturière croissante qui a attiré des entreprises françaises telles que Renault. Le rôle majeur que la France attribue au Maroc est de contribuer à la stabilité du Sahel et d'éviter un renforcement excessif de l'Algérie. Le soutien indirect apporté par la France à Rabat dans le dossier de l'annexion par le Maroc du Sahara occidental, dont le gouvernement, représenté par le Front Polisario, est en exil en Algérie, en est une illustration.
Mouvements espagnols au Maroc et en Algérie
De l'autre côté, on trouve l'Espagne, qui est entrée très tôt dans cette partie de l'Afrique, mais qui n'a commencé à la contrôler sérieusement qu'à partir de la seconde moitié du 19ème siècle, pour éviter un renforcement excessif de la France. Concentrant son contrôle au nord-ouest, dans la région du Rif marocain et du Sahara occidental, l'Espagne a des liens historiques avec le Maroc actuel.
Les relations entre Madrid et Rabat sont de première importance pour l'Espagne, qui contrôle toujours un certain nombre d'enclaves sur le sol africain, Ceuta et Melilla étant les plus connues. Ces liens ne sont toutefois pas facilités par la question des migrants et de la souveraineté espagnole sur ses enclaves nord-africaines, qui voit souvent les deux gouvernements s'opposer, bien que l'attitude de base soit la coopération.
Une autre question qui rend les relations entre les deux États difficiles est l'occupation marocaine du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole, alors que l'Espagne continue d'avoir des contacts avec les membres du Front Polisario. En témoigne, par exemple, le fait que le leader de ce mouvement, Brahim Ghali, s'est récemment rendu dans un hôpital espagnol pour y être soigné après avoir contracté le Covid-19, ce qui a suscité des protestations officielles de Rabat. Néanmoins, Madrid reste le principal partenaire économique du Maroc et son principal interlocuteur en Europe.
Contrairement à son voisin occidental, l'Algérie ne partage pas de liens coloniaux avec l'Espagne. Ce qui a poussé Alger et Madrid à collaborer, c'est la nécessité pour l'Espagne de diversifier ses sources d'approvisionnement en énergie, ainsi que la lutte contre l'immigration clandestine. Depuis le siècle dernier, des contacts commerciaux ont été établis entre les principales villes espagnoles de la côte méditerranéenne et l'Algérie, et l'Espagne est actuellement, avec la France, le principal pays de référence de l'État nord-africain dans l'Union européenne. Le rôle de l'Algérie, selon l'Espagne, n'est pas seulement d'approvisionner Madrid en combustibles fossiles et de repousser les migrants irréguliers, mais aussi de maintenir l'équilibre géopolitique en Afrique du Nord, en évitant un renforcement excessif du Maroc.
Quand la géographie l'emporte sur l'histoire
Sur la rive africaine de la Méditerranée occidentale, la France et l'Espagne sont les deux principales puissances européennes qui se disputent l'influence. Alors que Paris a longtemps pu compter sur les liens historiques et coloniaux qui unissent encore Alger et Rabat, Madrid a mené une politique fondée sur une lente pénétration commerciale.
La volonté française d'une plus grande présence au Maghreb est liée d'une part à l'affirmation du rôle prestigieux du pays, membre du G7 et du Conseil de sécurité de l'ONU, et d'autre part à la sécurisation du contrôle des routes migratoires et à la lutte contre les flux. Les objectifs de Paris comprennent également une présence significative dans les secteurs stratégiques de la région. Le poids du passé colonial limite toutefois considérablement la marge de manœuvre française en Algérie, tandis que le Maroc, bien que faisant partie de l'Afrique francophone, gravite depuis des années fermement dans la sphère d'influence espagnole. Par ailleurs, la laïcité excessive et délirante de la France et le droit d'asile accordé à de nombreux dissidents maghrébins constituent un obstacle dans les relations entre Paris, Alger et Rabat.
L'Espagne, pour sa part, entend profiter des tensions entre le Maroc et l'Algérie pour gagner des parts de marché dans ces deux États. Cela se fait d'une part en maintenant des relations très étroites avec le Maroc pour des raisons de sécurité intérieure, en bordant physiquement le pays par les enclaves espagnoles sur la côte africaine. D'autre part, Madrid soutient indirectement l'Algérie dans la question du Sahara occidental, bien que ces dernières années, l'orientation espagnole se tourne de plus en plus vers une solution politique de la question et non vers un référendum.
L'érosion de l'influence française dans cette zone est plus évidente que jamais, tandis que l'importance de l'Espagne dans les affaires politiques, économiques et de sécurité de la région s'accroît en raison de sa proximité avec le Maghreb. La géographie bat l'histoire.
A propos de l'auteur / Vincenzo D'Esposito
Diplômé en études internationales à l'université "L'Orientale" de Naples avec une thèse sur l'hydrohégémonie dans le bassin du Syr Darya. Il est actuellement inscrit au programme de maîtrise en développement durable, géopolitique des ressources et études arctiques au SIOI. Il a étudié et travaillé en Allemagne après avoir obtenu deux bourses Erasmus, qui l'ont conduit d'abord à étudier à Fribourg-en-Brisgau, puis à effectuer un stage à la Chambre de commerce italienne pour l'Allemagne. Passionné par l'Asie centrale et l'énergie, il collabore avec plusieurs groupes de réflexion en tant qu'analyste géopolitique.
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dimanche, 21 novembre 2021
Préface du Professeur Charles Zorgbibe au livre d'Irnerio Seminatore, en cours d'édition, La Multipolarité au XXIème siècle
Préface du Professeur Charles Zorgbibe au livre d'Irnerio Seminatore, en cours d'édition, La Multipolarité au XXIème siècle
C’est dans le cadre de l’alliance atlantique et sous l’aiguillon de notre intérêt commun pour la géopolitique que j’ai rencontré Irnerio Seminatore… en juin 1983.
La géopolitique –l’étude de la politique internationale dans sa relation avec la géographie- avait connu une évidente désaffection depuis 1945. Pour des raisons morales : la géopolitique était identifiée à son rameau allemand, expression de la recherche d’un « espace vital » et identifiée avec elle. Pour des raisons techniques : le missile balistique semblait avoir aboli les distances et les considérations d’utilisation de l’espace. La dissuasion nucléaire semblait figer les deux principales puissances dans leur face à face et mettre un terme à la conception de la lutte armée comme poursuite de la politique.
Cette double désaffection était-elle justifiée ? Techniquement, si l’armement nucléaire ignore les conditions atmosphériques et réduit les facteurs géographiques à l’attraction de la pesanteur ou aux conditions de rentrée dans l’atmosphère, il n’en reste pas moins qu’à l’abri du feu nucléaire, les principales puissances peuvent recourir à l’armement conventionnel, classique. La dissuasion nucléaire avait pour contrepartie la multiplication des conflits locaux ; la « sanctuarisation » du territoire des membres du « club » nucléaire n’excluait pas l’affrontement des Grands, par acteurs locaux interposés.
Moralement, les excès de la « Geopolitik » allemande ne devaient pas occulter l’actualité de l’autre géopolitique, anglo-saxonne et « démocratique » : les relations Est-Ouest s’inscrivaient alors dans la perspective, chère à McKinder, du conflit inévitable, à long terme, de la puissance du « Heartland », « le cœur de l’île mondiale », l’Union soviétique, et de la puissance maritime, les Etats-Unis. Expulser la puissance continentale de la périphérie du système international, ou concurrencer la puissance maritime dans le contrôle de la frange d’archipels qui entoure l’île mondiale : n’était-ce pas une lecture possible de l’affrontement physique des deux Grands, à l’ère de la guerre froide ?
C’est dans cet esprit que le secrétariat de l’alliance atlantique me demanda de constituer, en partenariat avec mon collègue Ciro Zoppo, de l’université de Californie, un réseau d’universitaires et d’officiers stratèges à même de revoir les thèses de la géopolitique classique et de jauger l’adéquation de l’analyse géopolitique au monde de la guerre froide, avec ses idéologies diplomatiques et sa technologie militaire.
Ce réseau connut son apogée avec un séminaire international à Bruxelles, les 22-24 juin 1983 –qui réunit de brillantes participations, au sein de quatorze délégations nationales. Citons, au hasard : pour les Pays-Bas, Frans Alting von Geusau, qui dirigeait l’Institut Kennedy d’Oisterwijk, et le député démocrate-chrétien van Iersel ; pour la Belgique, Luc Reychler de Louvain, Jacques Jonet de l’Institut européen de sécurité et les responsables de l’Institut royal des relations internationales ; pour le Portugal, issus de la « Révolution des œillets », les généraux Altino Magalhaes, président de l’Instituto da Defensa Nacional, et Cabral Couto, qui commandait la base des Açores, ainsi que Jorge Campinos, professeur de droit international et ministre dans les premiers gouvernements qui suivirent la mutation constitutionnelle de 1974 –Campinos allait disparaître, dix ans plus tard, dans un accident de la route au Mozambique ; pour la France, l’historien Jean-Pierre Cointet, l’amiral Hubert Moineville, auteur d’un manuel de « stratégie de la mer » dans la collection « Perspectives internationales » que je dirigeais alors, mon collègue Jean Klein, de Paris 1-Panthéon Sorbonne. D’outre-atlantique étaient venus, Albert Legault, de l’université Laval de Québec, l’un des animateurs les plus dynamiques du séminaire, William Fox, le politologue à la grande notoriété de l’université Columbia de New York, David Wilkinson, de l’université de Californie et le Lt. Colonel George Thompson.
C’est dans les coulisses de la délégation italienne que je rencontrai Irnerio Seminatore, alors assistant à l’université Paris VIII de Vincennes-Saint Denis, siège mythologique du gauchisme de l’Après-1968. Seminatore avait un double parcours, italien et français : il était né à Turin, capitale du Piémont-Sardaigne, première capitale de l’Italie unifiée, capitale de l’automobile et de l’Italie industrielle, capitale du marxisme et du libéralisme italiens et de toutes les grandes innovations scientifiques et technologiques de la péninsule –Turin à laquelle il a consacré un livre « La rude Gioventu del dopo-guerra ». J’ai partagé l’infinie curiosité de Seminatore pour Turin et sa très complexe sédimentation sociale… à travers les romans policiers de Carlo Fruttero et Franco Lucentini, les auteurs de la « Donna della Domenica » (« La femme du dimanche »), puis lors d’un cycle de conférences à l’université, encore éprouvée par l’activisme des « brigades rouges ». Le président de l’université, auteur d’une thèse sur le terrorisme, était devenue une cible et changeait, chaque jour, d’itinéraire –ce qui ne l’empêcha pas de m’inviter au « Whist », le somptueux club privé, créé par Cavour, l’artisan de l’unification italienne. Après des études universitaires à Turin, Seminatore avait été à Paris l’élève du général Lucien Poirier, l’un des grands théoriciens contemporains de la stratégie. Il était proche de Michel Sudarskis, un jeune et très érudit haut-fonctionnaire français à l’Otan, qui se considérait comme un « hussard » de la guerre froide –un engagement et un militantisme qui causèrent hélas ! la fin prématurée de sa carrière bruxelloise –et des chefs de file de la délégation italienne : Sergio Rossi, brillant éditorialiste de « La Stampa » et chargé de cours à l’université de Turin, et Edgardo Sogno del Vallino.
Doyen d’âge de notre séminaire atlantique pour les études géopolitiques, Sogno del Vallino (photo) fut le mentor de Seminatore, qu’il associa à toutes les réunions multilatérales tenues en France ou en Italie. Sogno del Vallino, diplomate et homme politique, était une personnalité charismatique, admirée et contestée dans la péninsule. Grand résistant, il avait été l’interlocuteur, auprès des Anglais et Américains, des réseaux monarchistes, les «Badogliani» ; dans l’Après-guerre, il avait été «Golpiste», partisan de la création en Italie d’un régime présidentiel, sur le modèle de la Cinquième République ; il avait également été impliqué dans la constitution du « Gladio », ces réseaux « en attente » de l’Otan dont la mise en lumière provoqua un séisme politique dans les années 1980.
Comment Irnerio Seminatore a-t-il pu enseigner, pendant 29 années, à Paris-VIII, citadelle du gauchisme, alors qu’il portait, dans son adn, l’idée de fédération européenne? Il fut fédéraliste européen, « furieusement » fédéraliste, disciple d’Alexandre Marc, le maître penseur de l’aile fédéraliste la plus radicale, et collaborateur de Claude Nigoul et de son Institut d’études fédéralistes à Nice et Aoste. C’était l’époque de la « théologie » fédéraliste qui mua, avec le temps, en une sorte de positivisme juridique, institutionnel de l’Union européenne.
En 1996, Seminatore s’établit à Bruxelles où il crée l’Institut européen de relations internationales. L’Institut est installé dans un bel hôtel du boulevard Charlemagne, en plein quartier de l’Union européenne, à deux cents mètres de la Commission et du Conseil de l’Union, un hôtel tellement romain avec son sol de marbre et ses bustes antiques –un hôtel abandonné et tombé en ruines, complètement restauré par Seminatore. De nombreux colloques se succèdent alors, dans ces locaux, réunissant experts du droit, de l’économie, de la politique européennes. Seminatore reçoit eurocrates ou parlementaires en compagnie de son épouse et égérie, Ioana Nicolaie, pneumologue et conseillère scientifique du ministère de la santé du Luxembourg –un produit des séismes du second conflit mondial puisque née roumaine, d’un père juif hongrois, économiste et géologue, et d’une mère russe, ingénieur… « le seul multiculturalisme acceptable », selon lui.
Mais la marche du monde et des institutions européennes déçoit nombre d’observateurs. Seminatore, fédéraliste passionné, s’était transformé en un théoricien réaliste des relations internationales. Désormais, le commentateur lucide des actes de l’Union accomplit sa révolution intellectuelle et devient un contestataire, toujours attentif et exigeant, de « l’establishment » européen et de l’appareil de l’Union. En 2017, il revient sur la souveraineté et l’ordre du monde, il estime l’identité et la civilisation européenne menacées, il appelle à la « révolution des patriotes européens ». L’année précédente, il avait publié un récit de politique fiction, « Waterloo 2015 », qui donnait un visage plausible au processus de décomposition des institutions européennes, à la déconnexion de ses élites du réel, au déclin du continent.
L’évolution intellectuelle et politique d’Irnerio Seminatore peut surprendre : elle est révélatrice des impasses actuelles de la construction européenne. L’Union renonce à créer un pôle de puissance, elle est prête à sortir de l’Histoire selon les schémas néo-hégéliens, une Europe au « pouvoir doux ». L’approche « fonctionnaliste », chère à Jean Monnet et à Robert Schuman, permettait de contourner les souverainetés nationales. Du contournement, la tentation a été forte de passer à la dissolution desdites souverainetés. Surtout, le « millénarisme des droits de l’Homme » a pris le relais du « millénarisme communiste » de l’ère de la guerre froide, avec pour horizon le déracinement des peuples européens. Il s’agit de faire rentrer les peuples européens dans un moule préétabli. Face à ces injonctions, un nouveau « Samizdat » (l’ensemble des moyens à même de permettre la diffusion des œuvres interdites ou réorientées critiquement à l’Est et à l’Ouest) prend forme : les travaux d’Irnerio Seminatore en sont l’une des facettes.
Charles Zorgbibe
Professeur honoraire à la Sorbonne
Ancien recteur de l’académie d’Aix-Marseille
Ancien doyen de la faculté de droit Jean Monnet de Paris-Sud
11:48 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : irnerio seminatore, livre, charles zorgbibe, europe, affaires européennes, union européenne, théorie politique, sciences politiques, politologie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La revue de presse de CD - 21 novembre 2021
La revue de presse de CD
21 novembre 2021
ÉTATS-UNIS
Quand l’ingérence humanitaire mène à des crimes contre l’humanité
Un nouveau rapport révèle que les atrocités sont monnaie courante en Libye en raison de la guerre civile qui a éclaté à la suite du changement de régime mené par les États-Unis.
Les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/quand-l-ingerence-humanitaire-m...
Daniel Ellsberg, le lanceur d’alerte des « Pentagon Papers » témoigne : combattre un État criminel
Daniel Ellsberg est le tout premier lanceur d’alerte, l’homme à qui l’on doit en 1971 la publication des fameux « Pentagon papers »: 7000 pages secret-défense émanant du département de la Défense à propos de l’implication politique et militaire des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam. Ellsberg a payé très cher cette décision consistant à révéler la vérité sur les exactions de son gouvernement, afin de faire cesser les atrocités en cours. Sa vie toute entière en a été affectée. Vidéo.
Elucid
https://elucid.media/democratie/le-lanceur-d-alerte-des-p...
EUROPE
Populisme italo-ibérique : Lisbonne, Madrid et Rome
En octobre dernier, le parti national populiste Vox anima un événement pour contrer l’agenda onusien. Selon le parti espagnol, celui-ci se focalise sur un remplacement migratoire des autochtones européens en faveur des nouveaux arrivants extra-européens. Un choix inacceptable pour le parti de Santiago Abascal. Madrid a reçu également l’appui de l’italienne Giorgia Meloni et du portugais André Ventura. Faut-il y voir la création d’un axe politique entre ces trois partis ?
Conflits
https://www.revueconflits.com/populisme-italo-iberique-li...
FRANCE
Marie-France Garaud : « La République est tombée dans les mains des partis » 2e partie
Dans un contexte de crise économique, financière, politique et géopolitique, Marie-France Garaud nous offre son analyse du paysage politique français dans un entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer. Revenant sur l’histoire de notre Ve République, l’ancienne avocate met en lumière les insuffisances d’un système qui vit, selon elle, une crise de confiance. Un remarquable cours de droit constitutionnel !
Elucid
https://elucid.media/politique/marie-france-garaud-republ...
Bernard Squarcini: Insurrections, Espions, COVID-19, Crise mondiales… et massacres islamiques à Paris en 2015
Thinkerview
https://www.thinkerview.com/bernard-squarcini-insurrectio...
Désindustrialisation de la France : juger la trahison
Comment se pose effectivement le problème et qui est responsable de cette destruction de notre potentiel industriel de la France dont l’opinion publique fait aujourd’hui le constat effaré ? Et que sont contraints de reconnaître aujourd’hui, ceux-là même qui en sont à l’origine, et en ont grassement profité. Il faut en plus supporter de les entendre asséner, toute honte bue, qu’il faut « réindustrialiser la France ». Parce que c’est une vieille histoire, que cette trahison, où par idéologie néolibérale obtuse, soumission à l’Allemagne, cupidité obscène, certaines élites ont simplement vendu à l’encan un potentiel économique construit grâce aux efforts des travailleurs de notre pays.
Vu du Droit
https://www.vududroit.com/2021/11/desindustrialisation-de...
Sciences Po : une nomination de directeur révélatrice du mal français
La nomination d’un énarque n’ayant pas d’expérience de recherche académique à la tête de Sciences po Paris est révélatrice du mal français.
Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2021/11/18/414206-sciences-p...
GAFAM
Souveraineté et numérique : maîtriser notre destin
Facebook se dote d’un conseil de surveillance, sorte de « cour suprême » statuant sur les litiges relatifs à la modération des contenus. Des géants du numérique comme Google investissent le marché des câbles sous-marins de télécommunications. La France a dû faire machine arrière après avoir confié à Microsoft l’hébergement du Health Data Hub.
socialnetlink
https://www.socialnetlink.org/2021/11/11/souverainete-et-...
GÉOPOLITIQUE
Note sur les opérations navales en cours en mer Noire
Les opérations actuelles des États-Unis et de l’OTAN dans la région de la mer Noire font l’objet de nombreuses spéculations. Si nous additionnons toutes les forces des États-Unis et de l’OTAN impliquées dans cette opération, elles sont loin de correspondre à ce qui serait nécessaire pour une attaque contre la Russie. Ainsi, en termes purement militaires, il ne s’agit que d’un théâtre de Kabuki, et non d’une menace réelle pour la Russie. Le public visé est la population ukrainienne à qui est envoyé le « message » suivant : « Nous sommes là, nous sommes invincibles, nous assurons vos arrières, et si vous vous retrouvez dans un conflit/guerre ouvert avec la Russie, nous vous protégerons ». Bien entendu, un tel engagement n’est pas formellement pris, mais seulement implicite. C’est l’exacte répétition de ce qui s’est passé le 08.08.08.
Le Saker francophone
https://lesakerfrancophone.fr/note-sur-les-operations-nav...
LECTURE
« Au-delà de l’affaire de la chloroquine ». Sous-titre : « Comment l’industrie pharmaceutique pervertit nos systèmes de santé et met la nôtre en péril », du professeur Didier Raoult. Michel Lafon, octobre 2021
Présentation :
Une analyse très complète, avec comme point de départ l’interdiction du gouvernement français d’un médicament qui avait été alors pris par plus d’un milliard de personnes. De la corruption par le Big pharma au Lancetgate, des conflits d’intérêts au principe de précaution inversé, de la désinformation médiatique à l’excommunication de scientifiques, de la politique vaccinale à la politique sanitaire, le professeur Raoult dresse un constat effrayant et effarant de nos sociétés occidentales malades, et pas seulement du COVID… Aucune critique dans les médias mainstream et pourtant en 5e position des meilleures ventes non-fiction selon Livres hebdo du 28 octobre.
Auteur :
Microbiologiste mondialement reconnu, né en 1952 à Dakar, ce chercheur et scientifique a également travaillé avec Xavier Bertrand quand ce dernier a été ministre de la Santé. Il a créé l’IHU Méditerranée.
Extraits :
« La crise de l’hydroxychloroquine est extraordinairement importante. Non pas parce qu’elle reflète un combat spécifique de l’année 2020 mais parce que, si nous acceptons de perdre dans une affaire comme celle-là, alors plus rien ne pourra résister contre la pression de la désinformation, de l’agression, du harcèlement de ceux qui ne croient pas dans une vérité quotidiennement exprimée par les tenants de l’information, incluant l’industrie pharmaceutique, les médias et une part du gouvernement. »
« Concernant le virus SARS-CoV-1, l’agent de l’épidémie de 2003, il avait été rapporté qu’il était sensible à l’hydroxychloroquine et à la chloroquine in vitro, et Fauci, le directeur du National Institute of Health (NIH) aux États-Unis (équivalent de l’INSERM), qui deviendra un des grands adversaires de la chloroquine dans le COVID-19, avait proclamé à l’époque que c’était probablement le meilleur traitement contre le SARS-CoV-1. »
« Il est étonnant de voir la lutte de l’Europe, et de la France en particulier, contre les médicaments parmi les plus sûrs du monde, et son appétence pour des produits extrêmement chers, dangereux et inefficaces. Là aussi, avec le temps, ces prises de position devront peser dans la réflexion sur l’état d’évolution de nos structures. »
« Dans l’expérience que nous avions en juin 2021 à l’IHU de Marseillle, documentée par PCR, qui portait sur près de 600 patients vaccinés et néanmoins infectés par le COVID, nous n’avons pas noté que le vaccin diminuait la gravité de la maladie, la mort étant aussi fréquente chez les gens vaccinés que chez les gens non vaccinés, de même que l’hospitalisation. »
« Une partie de la terreur liée à cette épidémie a été associé, dès le départ, à la réalisation de modèles dramatisant, qui ont été brandis d’abord par le Conseil scientifique, puis sur tous les plateaux de télévision, sans que personne n’ait jamais rien pu prédire de réaliste. »
« Les États-Unis sont arrivés à un niveau d’espérance de vie inférieur à celui de Cuba, ce qui veut tout dite ! L’espérance de vie des États-Unis, fin 2020, est du niveau de celle des pays du Maghreb, la Chine n’en est plus très loin, ni le Vietnam, ce qui traduits un retournement de l’Histoire qui laisse rêveur. »
« La tyrannie s’exerce par le biais d’une fausse science imputée à la médecine. Des groupes de pression, plus au moins efficaces, comme les collectifs NoFakeMed ou Citizen4Science, et même, dans une certaine mesure, le conseil de l’ordre des médecins, expliquent ce qui est exact et ce qui ne l’est pas à l’aide de sentences péremptoires et de certitudes dérisoires. »
« Les discussions du Conseil scientifique étaient, de mon point de vue, inintéressantes. Deux des membres étaient des modélisateurs qui prédisaient l’avenir, et je ne crois pas que l’on puisse prédire l’avenir. D’ailleurs, tous leurs modèles se sont révélés hasardeuses, et il était surtout question d’approuver les décisions de contraintes et de confinement qui seraient proposées par Jean-François Delfraissy. C’est d’ailleurs la dernière fois que j’ai parlé à celui-ci, lorsqu’il a commencé à me rebattre les oreilles avec ses stratégies de confinement, pour lesquelles il n’y avait aucune base scientifique, et il n’y en a toujours aucune. »
« Le vaccin contre la COVID-19 est devenu un enjeu financier et stratégique mondial, qui a amené à transgresser toutes les règles que nous nous étions fixées depuis de très nombreuses années. En effet, les principaux fabricants de vaccins ont été dispensés de faire des études de phase 3, c’est-à-dire qu’au lieu de tester les vaccins sur des populations suffisamment importantes pendant deux à trois ans, pour avoir le recul sur des effets secondaires ou toxiques, la procédure a été terriblement allégée, et les États ont garanti l’assurance des fabricants de vaccins. Cela signifie, en pratique, que les industriels ne courent aucun risque en manufacturant des vaccins dont les effets secondaires tardifs n’ont pas été évalués. »
« Concernant l’efficacité de la vaccination, nous n’avons plus d’éléments. Ici à Marseille, fin juillet 2021, nous avons eu près de 600 cas diagnostiqués de gens infectés malgré une vaccination (complète ou incomplète). Les gens infectés ont fait des formes aussi graves ‘en termes d’hospitalisation, de réanimation ou de mort) que les gens qui n’avaient pas reçu de vaccin. Très fréquemment, pour des raisons que je ne m’explique pas, ces personnes ont fait des infections dans les quinze jours qui ont suivi la vaccination. Cette réaction n’avait d’ailleurs pas du tout été évaluée dans les essais cliniques. »
RÉFLEXION
L'idéologie du politiquement correct et la civilisation occidentale
Lorsque, au début des années 1930, le politologue et théoricien du droit allemand Carl Schmitt a tenté de prouver la présence cachée mais néanmoins évidente de tendances totalitaires dans l'État libéral-démocratique moderne, il a semblé à nombre de ses contemporains conservateurs qu'il s'agissait d'une exagération. Les années suivantes ont apparemment confirmé à leurs yeux l'absurdité de l'affirmation de Schmitt. Au contraire, le véritable totalitarisme était palpable dans les régimes qui positionnaient la démocratie libérale comme leur ennemi juré.
Euro-synergies.hautetfort.com
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L’électromobilité ne sera pas le seul levier de croissance de l’industrie future
Croire qu’il suffit de remplacer un moteur thermique par un moteur électrique sans réfléchir à tout l’écosystème relève soit de l’incompétence soit du sabotage. Avec une interview intéressante de Carlos Tavarès, PDG de PSA (vidéo)
Contrepoints
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Contextualisation et enjeux réels de la guerre du Droit
Cette guerre du droit est menée, tambour battant, par l’empire commercialo-maritime anglo-saxon mais elle n’est toujours pas considérée comme devant être relevée par la France et les pays européens de tradition continentale. Or, vous savez que seules les batailles non menées sont définitivement perdues.
Le Saker francophone
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Le règne de l’homme-masse, une fatalité ? (Jose Ortega y Gasset)
Dans cette vidéo, nous aborderons un penseur encore trop méconnu dans le public francophone, à savoir Jose Ortega y Gasset, auteur d’un chef d’œuvre de la pensée politique du XXe siècle : « La révolte des masses ». Philosophe de haute stature, Ortega se livre à une critique d’une grande profondeur de l’homme-masse moderne et du règne de la médiocrité. Néanmoins, pour lucide qu’il soit de la situation politique et intellectuelle de l’Europe, il ne pense pas que cette dernière connaisse un déclin inéluctable. Refusant tout fatalisme historique, Ortega y Gasset estime que c’est seulement lorsque les Européens se saisiront à nouveau d’un projet à la hauteur de leur temps qu’ils vaincront la médiocrité et l’apathie qui consiste à se laisser vivre.
Euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/19/l...
SANTÉ/LIBERTÉ
Confinement, pass sanitaire : surprise, le gouvernement a encore menti
Aujourd’hui, ça sera donc fromage et dessert : non seulement la ségrégation sanitaire généralisée s’est mise en place sans trop de heurts, mais les mesures de privation de liberté plus classiques risquent de revenir.
Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2021/11/15/413719-confinemen...
Covid et hospitalisation : quelques chiffres
Comme le martèle le gouvernement, “on peut discuter de tout sauf des chiffres”, et comme on vient d’avoir les chiffres officiels de l’hospitalisation en 2020, cela tombe bien, on va pouvoir en discuter. Qu’en est-il ? En page 2, on apprend que 218 000 patients ont été hospitalisés en 2020 pour prise en charge de covid, dont 185 863 en hospitalisation « classique » MCO. Cela semble peu pour 140 000 lits disponibles. Le rapport confirme : 2% des hospitalisations de l’année 2020 étaient des patients covid.
Covid-factuel
https://www.covid-factuel.fr/2021/11/14/covid-et-hospital...
Covid : pays plus vaccinés versus pays moins vaccinés
TrialSiteNews vient de sortir un article, intitulé « Enquête sur les tendances Covid-19 dans les 10 pays les plus vaccinés et les 10 pays les moins vaccinés ». Deux tableaux résument bien la situation, et se passent de commentaires, sinon celui-là : « On peut discuter de tout sauf des chiffres ». Certains chipoteront sur les pays sélectionnés, il y a peut-être des erreurs, un oublié ou un en trop. C’est ce que j’ai pensé en me disant qu’ils avaient omis l’Islande. Eh bien non, sur Our World in Data, l’Islande est « fully vaccinated” à 75%, donc inférieur au Cambodge, dernier de la liste. Le Portugal m’étonnait, je le croyais au niveau de la France, non, la liste semble donc juste (et vérifiable toujours sur OWD).
Covid-factuel
https://www.covid-factuel.fr/2021/11/17/covid-pays-plus-v...
UNION EUROPÉENNE
Aux États-Unis, Ursula von der Leyen remet le prix de l’Atlantic Council au PDG de Pfizer : en route pour un monde meilleur !
L’ancien ministre d’Angela Merkel Ursula von der Leyen et actuelle présidente de la Commission européenne a remis le prix du « Leader of Business » au PDG de Pfizer Albert Bourla ainsi qu’à Özlem Türeci et Uğur Şahin de BioNTech, pour « célébrer les personnes exceptionnelles qui relèvent les défis extraordinaires d’aujourd’hui ». Dans une vidéo qui a beaucoup circulé, on la voit montrer toute sa familiarité avec ces dirigeants des géants pharmaceutiques.
Boulevard Voltaire
https://www.bvoltaire.fr/aux-etats-unis-ursula-von-der-le...
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mercredi, 17 novembre 2021
Les Américains nous visent tous : l'alliance eurasienne doit être renforcée
Les Américains nous visent tous : l'alliance eurasienne doit être renforcée
Leonid Savin
Source : https://www.geopolitica.ru/it/article/gli-americani-ci-prendono-tutti-di-mira-lalleanza-eurasiatica-deve-essere-rafforzata
Au cours de la dernière décennie, le rapprochement croissant entre la Turquie et la Russie a déclenché un vaste débat sur l'émergence d'un monde multipolaire dans les grands médias occidentaux. C'est pourquoi, afin de bien comprendre la dynamique du débat actuel, le juriste et journaliste turc de renom Ali Göçmen a interrogé l'expert politique russe et chef adjoint du Mouvement international Eurasia, le Dr Leonid Savin.
Ali Göçmen : Bonjour M. Savin, je voudrais tout d'abord commencer par une question sur l'évolution de la situation en Afghanistan. S'exprimant devant le Congrès américain le 7 novembre 2007, le nouveau président français, Nicolas Sarkozy, a déclaré : "La France restera en Afghanistan aussi longtemps que nécessaire parce que ce qui est en jeu là-bas, ce sont nos valeurs et les valeurs de l'Alliance atlantique. Je le dis sérieusement devant vous : l'échec n'est pas une option". Dans le contexte de cette conversation, peut-on dire que non seulement l'Amérique, mais aussi les valeurs atlantiques ont été perdues en Afghanistan ?
Leonid Savin : Absolument. Cela s'est également reflété dans les discours de plusieurs politiciens américains. Les valeurs comptent, certes. Et c'est là l'échec du libéralisme occidental, non seulement en Afghanistan mais aussi sur la scène mondiale. Mais c'est aussi un manque de confiance dans l'Occident. Même les partenaires des États-Unis ont commencé à discuter de la manière de modifier les relations avec Washington à l'avenir en raison de son comportement en Afghanistan. La frustration suscitée par la création de l'AUKUS et la décision de la France d'annuler le contrat portant sur les sous-marins australiens est un autre signe des problèmes de confiance au sein de la communauté transatlantique.
La Turquie en tant que leader et décideur régional
Ali Göçmen : Vous dites depuis longtemps que l'ordre mondial unipolaire est arrivé à son terme. De nombreux analystes affirment que le retrait américain d'Afghanistan est une proclamation symbolique d'un monde multipolaire. Le monologue est maintenant terminé et le nombre d'intervenants augmente. Quel rôle la Turquie peut-elle jouer en tant que pôle important, notamment dans le monde islamique, dans la nouvelle période ?
Leonid Savin : La Turquie s'est déjà déclarée leader et décideur régional. Toutefois, il subsiste quelques tensions avec les pays arabes et les réactions négatives de certaines forces à la présence turque en Syrie et en Irak. Les États-Unis comprennent les vulnérabilités de la Turquie, telles que la question kurde, et sont susceptibles de manipuler ce facteur pour leurs propres intérêts dans la région. L'Iran est également une puissance émergente avec un agenda spécifique et Ankara (surtout à cause de l'Azerbaïdjan) devra coordonner ses activités avec Téhéran. De notre point de vue, la Turquie peut être l'un des centres du nouvel ordre mondial polycentrique et un défenseur des valeurs traditionnelles. Il est très positif que la Turquie ait rompu certains des accords pro-occidentaux qui constituent des bombes à retardement pour la société turque. Mais la Russie, la Chine, etc. en Eurasie, devraient avoir de bonnes relations pragmatiques avec d'autres centres de pouvoir comme la Turquie.
Ali Göçmen : Début septembre, le philosophe russe Alexandre Douguine a écrit un article intitulé "La fin du monde unipolaire au lieu de la fin de l'histoire": "Selon certaines rumeurs, l'administration Biden prévoit d'utiliser des extrémistes contre la Chine et la Russie, libérant ainsi les mains des talibans (considérés comme une organisation terroriste interdite en Russie)", écrit Douguine dans son article. Pensez-vous que cela soit possible ?
Leonid Savin : Ils provoquent et attaquent la Russie à chaque fois et continueront à le faire à l'avenir. [Nous devons combattre la pression exercée par l'Occident sur Moscou par d'autres moyens que la désinformation, les opérations spéciales, la guerre par procuration (où le terrorisme est utile), les lois, les sanctions, la diplomatie préventive...]. Et pas seulement à Moscou. N'oublions pas que certaines sanctions ont également été imposées par les États-Unis et leurs alliés à la Turquie ! Cependant, l'Afghanistan a un impact sur certains pays d'Asie centrale dans le domaine des intérêts russes. Moscou doit donc réagir là aussi. Et la Russie est prête.
En Syrie : les mesures à prendre
Ali Göçmen : Comme je l'ai dit, au début du mois de septembre, le philosophe russe Alexandre Douguine a écrit un article intitulé "La fin du monde unipolaire au lieu de la fin de l'histoire". Bien qu'il y ait eu quelques désaccords au cours de l'histoire, la Russie et la Turquie sont fondamentalement des amis proches. Récemment, ces relations amicales se sont encore renforcées. Enfin, les efforts désintéressés des pilotes russes lors des grands incendies de forêt du mois d'août ont été accueillis avec gratitude par la nation turque. La tension actuelle entre la Turquie et la Russie se concentre sur la Syrie. Comment la Turquie et la Russie, les deux acteurs importants du monde multipolaire, peuvent-ils surmonter la crise en Syrie ?
Leonid Savin : Le fait est que la Russie a été invitée en Syrie par le gouvernement légal. Et après dix ans de conflit, le gouvernement syrien est toujours au pouvoir. La présence russe était fixée par des traités. D'un point de vue rationnel, le soutien continu de la Turquie aux groupes militants aura l'effet inverse. Les tensions se situent maintenant autour de la province syrienne d'Idlib. Les Kurdes sont aussi là. La situation est complexe. Mais la Turquie a entamé le processus de normalisation avec les pays arabes et nous en voyons les fruits. Par exemple, l'activité d'opposition des médias égyptiens est désormais interdite en Turquie. Le même processus est requis pour la Syrie. Et la Russie accueillera toujours favorablement de telles mesures.
Ali Göçmen : Je veux maintenant parler de la politique eurasienne. L'idéal de l'eurasisme n'est pas seulement une question de relations internationales, il a pour base une forte philosophie. Nous le savons. L'un d'eux est la préservation de la famille et des valeurs traditionnelles pour la réhabilitation des institutions sociales corrompues par l'hégémonie libérale. Que peut-on faire pour raviver la tradition dans un monde multipolaire ? Par exemple, que pensez-vous du mariage gay, du féminisme radical, de la lutte contre l'euthanasie ?
Leonid Savin : Vous voyez, la plupart des problèmes liés à l'érosion de nos sociétés traditionnelles viennent de l'Occident. Les déviations existent dans toutes les sociétés. La question est de savoir comment y faire face. Dans les tribus amérindiennes des Amériques, l'homosexualité était définie comme la faute de la coordination du corps et de l'âme. Si le corps est mauvais, le comportement pervers commence dans l'âme (avec le sexe opposé). Il s'agit donc de spiritualité. On peut trouver des réponses à ces questions dans les religions car elles concernent Dieu, l'éternité, notre destin et les ennemis spirituels tels que les démons. Il n'y a pas de réponses à ces questions dans la culture occidentale matérielle, la psychanalyse seule est destructrice. C'est pourquoi ces activités sont exaltées politiquement en Occident. Le fondement spirituel est détruit, les problèmes s'amplifient. C'est pourquoi nous sommes dans le multiculturalisme, le transhumanisme, les LGBT, etc. Ils ont décidé de se convertir.
Le virus qui fuit vers la gauche
Ali Göçmen : Je voudrais vous faire part d'une anecdote qui est restée gravée dans ma mémoire : le clocher d'une église de village figurait en arrière-plan sur les affiches électorales de Mitterrand, l'ancien président de la France... Cela signifie : "Je suis français, pas américain. On est en France, pas à Disneyland ! Je suis dans l'ère classique de la maçonnerie de pierre, pas des tours d'acier". Mitterrand était un socialiste. Mais aujourd'hui, à gauche, les partis socialistes mettent les bannières LGBT derrière eux. Pensez-vous qu'une orientation de gauche nationale et traditionnelle soit possible dans un monde multipolaire ?
Leonid Savin : L'idée la plus forte au sein des organisations et des partis de gauche était la justice. Mais la justice n'est pas le monopole de la gauche. Elle est au cœur des deux principales religions du monde, le christianisme et l'islam. Il est intéressant de constater que certains partis socialistes utilisent le christianisme à des fins politiques (comme au Venezuela sous Hugo Chávez ou en Amérique latine en général, où est née la doctrine catholique de la théologie de la libération). Mais l'application des perversions homosexuelles et autres à la politique de gauche leur semble également dévastatrice. De plus, l'école néo-marxiste de Francfort, développée avec le soutien de la CIA, a une forte influence en tant qu'attaque idéologique contre l'Union soviétique. Le vieux poison est toujours efficace même après que la cible ait été éliminée il y a plusieurs décennies. Parallèlement, Karl Marx a utilisé les idées d'Adam Smith dans son "Capital", de sorte que les idées de la gauche y trouvent leurs racines. Bien sûr, nous devons adapter notre approche à la vision économique et réorganiser nos théories. L'économie ne peut être une fin en soi, elle est une sorte d'environnement, un processus de construction d'une maison dans nos cultures. J'ai d'ailleurs attiré l'attention sur ce problème dans mon livre Ordo Pluriversalis : Revival of the Multipolar world order, qui traite du lien entre les différentes religions et les modèles économiques.
Ali Göçmen : J'espère que votre livre sera traduit en turc et qu'il rencontrera bientôt des lecteurs turcs. Merci pour votre temps, M. Savin.
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Article original de Leonid Savin :
https://www.geopolitica.ru/en/article/usa-targeting-us-all-eurasian-alliance-must-be-strengthened
Traduction par Costantino Ceoldo
19:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens, Eurasisme, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leonid savin, entretien, géopolitique, politique internationale, eurasisme, eurasie, turquie, russie, europe, affaires européennes, asie, affaires asiatiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Alexandre Douguine: et s'il n'y a pas de guerre demain...
S'il n'y a pas de guerre demain...
Alexandre Douguine
Ex: https://www.geopolitica.ru/article/esli-zavtra-ne-budet-voyny
Il y a clairement eu une escalade dans les relations américano-russes ces derniers temps. C'est le deuxième épisode depuis le printemps 2021, lorsque le mondialiste Biden, soutenu par les néoconservateurs, était largement censé avoir donné le feu vert à Kiev pour une offensive dans le Donbass. Mais elle s'est limitée à la visite risible de Zelensky dans la zone ATO et aux manœuvres convaincantes des forces armées russes sur le territoire russe. C'était suffisant.
Ensuite, Washington a tenté de faire dérailler le lancement de Nord Stream 2, mais a échoué une nouvelle fois, car les partenaires européens ont tout simplement rejeté cette politique.
Biden a ensuite mis l'accent sur le retrait des forces américaines et de leurs complices d'Afghanistan et sur la création d'une coalition anglo-saxonne (AUKUS) contre la Chine, ainsi que sur le bloc quadripartite QUAD, où les Etats-Unis incluent le Japon et l'Inde. Une fois de plus, tout s'est joué contre la Chine.
En retirant les troupes d'Afghanistan et en commençant à retirer les troupes de Syrie (jusqu'à présent elles se retirent en Irak), Biden a signalé son pacifisme, mais les alliances AUKUS et QUAD sont plutôt une concession aux néo-cons et aux faucons. Cependant, le retrait des troupes est un fait, et les coalitions créées ne sont jusqu'à présent qu'une simple possibilité, une menace, un swing, pas une frappe.
Apparemment, cela a sérieusement déplu aux néo-conservateurs et ils ont exigé des mesures décisives de la part d'un président qui glisse de plus en plus vers la démence sénile.
Cela s'est traduit par une escalade des relations - non pas avec la Chine cette fois, mais avec la Russie, comme nous le voyons aujourd'hui. Les tensions sont montées d'un cran dans tout le périmètre autour de la Russie. Trois zones de conflit croissant sont clairement visibles ici.
Le Belarus et la crise des migrants à la frontière polonaise. La logique du comportement de Loukachenko est ici tout à fait rationnelle, lui qui accepte calmement les migrants dans son pays, désireux d'adhérer à l'Union européenne, ignorant la Pologne, qui, à son tour, après les élections de Minsk et les manifestations libérales de masse, a refusé de nouer des relations constructives avec Loukachenko. Les tensions à la frontière et le retrait des troupes polonaises ont créé un foyer de tension entre le Belarus, allié de la Russie, et les États-Unis, l'UE et l'OTAN. Mais Lukashenko n'a rien à voir avec cela, il ne fait que répondre symétriquement à la grossièreté de l'OTAN et à la tentative des mondialistes de changer la situation.
Parallèlement à cela, le mouvement de l'AFU dans le Donbass a commencé. Les accords de Minsk ont, en fait, été complètement ignorés par Kiev. Les forces répressives ont commencé à saisir les colonies situées sur le territoire de la République populaire de Donetsk. Les discours de certains politiciens ukrainiens, qui demandent à leurs partenaires américains d'intervenir dans la situation, de soutenir la restauration du contrôle de Kiev sur le Donbass et, si nécessaire, de s'engager dans une confrontation militaire directe avec la Russie, sont révélateurs à cet égard. Cette confrontation est inévitable, car il est désormais clair pour tous que si Kiev lance une opération militaire de grande envergure, Moscou n'abandonnera pas à leur sort ses citoyens de la DNR et de la LNR, qui ont reçu des passeports russes en masse il y a longtemps. Une fois de plus, la situation s'envenime, et Washington fait clairement savoir que, cette fois, il est déterminé et prêt à soutenir Kiev.
Enfin, les exercices militaires de l'OTAN en mer Noire et l'escale des navires de guerre de la sixième flotte américaine dans le port de Batoumi visent à démontrer que les États-Unis sont bien conscients de l'urgence et sont prêts à soutenir l'Ukraine dans un éventuel conflit avec la Russie. Le bassin de la mer Noire - Washington le dit clairement - serait alors utilisé pour attaquer la Russie - ou du moins pour la contenir.
Pour soutenir la stratégie globale des États-Unis, l'ancien président Mikheil Saakashvili, un provocateur professionnel dans les domaines de la géopolitique et de la politique, a récemment été introduit clandestinement en Géorgie dans l'intérêt des mondialistes - avant tout George Soros et ses réseaux. La force dirigeante neutre de la Géorgie, Rêve géorgien, n'est pas prête à s'engager dans une nouvelle aventure - pour cela, il fallait Saakashvili, qui a été arrêté en toute sécurité par les autorités. Mais une mine terrestre a été posée.
Ainsi, pour la deuxième fois sous la présidence de M. Biden, les relations entre la Russie et les États-Unis ont atteint un point critique. Cela peut expliquer le dialogue direct du président russe Vladimir Poutine avec le directeur de la CIA William Burns, qui est arrivé récemment à Moscou. Un tel dialogue asymétrique ne se déroule que dans des conditions extrêmes.
En d'autres termes, nous sommes au bord de la guerre, et elle peut commencer dans l'une des trois zones d'escalade suivantes:
- à la frontière biélorusse-polonaise,
- dans le Donbass ou
- dans la mer Noire.
Ou bien cela peut se produire simultanément dans les trois régions.
Le prétexte au premier coup de feu dans une telle situation est assez facile à deviner: le statut juridique de la Crimée russe ou du Donbass indépendant, ainsi que la reconnaissance de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, sont des problèmes dont les points de vue sont diamétralement opposés pour la Russie, d'une part, et pour l'Occident, d'autre part. Ce que Moscou percevrait comme un acte d'agression directe (et ce sont les "lignes rouges" de Poutine), pour les États-Unis, leurs alliés et leurs satellites, pourrait bien ressembler à une "opération légitime visant à rétablir le contrôle des territoires nationaux" ou à une action visant à "imposer la paix à un dictateur" (dans le cas de Loukachenko et de la fantomatique opposition biélorusse incarnée par Tikhanovskaya).
La guerre est plus probable que jamais
Toutefois, un certain nombre d'arguments permettent d'espérer que, cette fois encore, tout rentrera dans l'ordre et que le statu quo sera rétabli.
L'argument le plus important expliquant pourquoi une guerre est peu probable est que Biden n'a pas de mandat pour le faire. Sa cote de popularité est en baisse, tout le monde est mécontent de lui - pas seulement les partisans de Trump et les républicains, mais ses propres camarades de parti et ses électeurs. Biden ne peut rien faire. Tout lui tombe des mains, il oublie des mots, dit bonjour à un fantôme, s'endort partout où il peut. Pour entrer en guerre contre la Russie nucléaire, militairement et psychologiquement très en éveil sous Poutine - bien que partiellement aux mains d'autres personnes - il faut une légitimité à toute épreuve. Cela doit être justifié car cela met l'humanité entière au bord de l'anéantissement. Les armes nucléaires sont justement des armes nucléaires. Et ici, la parité est toujours inconditionnelle.
Personne au monde ne doute de la détermination de M. Poutine à défendre jusqu'au bout la liberté et l'indépendance de la Russie. Et imaginez un peu: dans une telle situation, un grand-père presque complètement fou donne des ordres: "allez-y, attaquez !, suivez-nous..."... et qu'est-ce qu'il y a derrière nous? Soros, le mouvement LGBT+, la gay pride, l'intelligence artificielle remplaçant l'humanité, la censure et la surveillance du web mondial, Zuckerberg qui a perdu la tête et pense qu'il vit déjà dans un film fantastique... Et pour ça il faut combattre Poutine ?
Une autre fois. C'est ce que pensent non seulement l'adversaire de Biden, l'Américain moyen, mais aussi la plupart de ses partisans. Sauf peut-être les néocons, mais eux aussi ne sont pas des maniaques complets et des suicidaires. Ils étudient la géopolitique et sont (espérons-le) bien conscients des réalités du véritable équilibre des forces.
Il est donc probable que cette escalade du périmètre ne soit rien d'autre que le bluff numéro 2.
Si c'est le cas, l'intimidation de la Russie connaîtra ses limites, une fois la situation revenue à la normale, le ferveur belliciste sera épuisée. Se balancer deux fois et ne jamais frapper ne signifie qu'une chose : l'agresseur n'est pas capable de frapper du tout. C'est-à-dire qu'il n'est pas l'agresseur, mais un pantin.
Le résultat sera ce qu'il était, l'AFU retournera dans ses casernes, les migrants se frayeront un chemin à travers les forêts jusqu'en Allemagne, et les navires de guerre américains navigueront vers leurs emplacements habituels en mer Méditerranée, mais ce ne sera pas comme avant. Biden sera dorénavant traité comme un paillasson. Il ne réagit pas, le vieux sénile. Il pourrait même mourir de honte. Kamala Harris, sur laquelle les mondialistes avaient aussi tant d'espoir, pourrait disparaître car elle s'est révélée n'être qu'une idiote et tout le monde lui a tourné le dos.
Mais malgré tout, lorsqu'une situation est si aiguë, on ne peut pas être totalement sûr que rien ne se passera. La probabilité d'une guerre doit donc être prise au sérieux. Or, c'est exactement ce que démontrent les dirigeants russes - Poutine, Shoigu, Lavrov. D'où nos exercices symétriques, nos réactions vives aux provocations des militaires américains près de nos frontières et les gestes agressifs de Kiev. La Russie est prête pour la guerre. Il est clair que tout sera fait pour l'éviter, mais si ces lignes rouges sont franchies, la Russie acceptera la situation avec courage et dignité.
Et là, il y a une différence très intéressante: Poutine a un mandat pour une guerre défensive. Le sentiment patriotique dans la société russe est déjà extrêmement élevé, et après le premier coup de feu (que Dieu nous en préserve), il atteindra des sommets. Et Poutine a une légitimité totale en politique intérieure. Et il faut espérer que le potentiel technologique de l'armée russe sera suffisant (bien que personne ne sache quelle est la situation réelle dans le domaine des armements et des nouvelles technologies militaires, et si c'est le cas, il s'agit de secrets d'État, de sorte qu'il est inutile de deviner si nous sommes prêts pour une guerre totale ou non - il semble que nous le soyons).
En résumé, la Russie est dans une meilleure position de départ que les États-Unis dans cette escalade. De plus, Moscou a une chance d'améliorer sa position géopolitique qualitativement et d'un seul coup en cas de conflit direct - et dans les trois directions.
Dans une situation critique=
- l'unification avec la Biélorussie se fera rapidement,
- la Novorossia (d'Odessa à Kharkov) sera finalement libérée, puis deux Ukraine émergeront, dont l'une paiera pour tout - du Maidan aux raids punitifs,
- et en Géorgie, si Dieu le veut, un régime national neutre sera consolidé, avec lequel les relations pourront être développées positivement.
Oui, le prix est important. Mais toutes les grandes choses sont payées avec du sang.
Et qu'est-ce que les États-Unis obtiennent ? Il est impossible de détruire les Russes directement. La position de Poutine est absolument ferme. Aucune personne saine d'esprit ne peut compter sur une occupation directe de la Russie, et encore moins sur le soutien d'un mandataire incompétent, l'Ukraine.
C'est-à-dire, en un mot : il n'y aura pas de guerre. Pas encore. Pour Moscou, bien sûr, c'est déjà une victoire. Mais pas autant qu'une vraie victoire...
13:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, russie, europe, affaires européennes, ukraine, mer noire, politique internationale, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
De nouveaux retards pour North Stream 2 et le prix du gaz s'envole
De nouveaux retards pour North Stream 2 et le prix du gaz s'envole
Marco Valle
Ex: https://it.insideover.com/energia/altri-ritardi-per-il-north-stream-2-e-il-prezzo-del-gas-schizza-alle-stelle.html?fbclid=IwAR0cWUXKR0DoC2NxALhfx2v2fGJ0BIfUUY-eLhvFZ7gcYakIKvRMnjNDrk4
Un jeu subtil mais mortel se joue entre Moscou, Berlin et Washington (avec Bruxelles dans l'embrasure de la porte). Le nœud du litige est le super gazoduc North Stream 2, un serpent de 1290 kilomètres de long qui s'étend sous la Baltique et relie la Russie (Ust-Luga) à l'Allemagne (Greifswald). Une méga-usine a été construite, qui est capable d'acheminer chaque année vers l'Europe 55 milliards de mètres cubes du précieux gaz sibérien. Achevé, après d'innombrables vicissitudes, le 10 septembre dernier, il est partiellement opérationnel depuis le 18 octobre. Gazprom a annoncé que la première ligne a été remplie de 177 millions de mètres cubes de gaz, et que d'ici le 1er novembre, les installations de stockage russes seront remplies. Tout est bien qui finit bien? Pas tout à fait.
Le bras de fer avec les États-Unis
Allons-y dans l'ordre. Pour Washington, d'abord avec Trump et maintenant avec Biden, l'objectif a été de contenir la " mainmise " énergétique de Poutine sur l'Europe, comme l'a confirmé cet hiver le porte-parole du département d'État américain Ned Price: "Nord Stream 2 et la deuxième ligne de TurkStream (le gazoduc russo-turc) sont conçus pour accroître l'influence de la Russie sur nos alliés et partenaires et miner la sécurité transatlantique". D'où, au fil des ans, les lourdes sanctions contre les entreprises occidentales impliquées dans la construction de la centrale géante, la pression continue sur le Parlement européen et le soutien total à l'allié ukrainien, pays de transit traditionnel du gaz russe. En effet, Kiev craint non seulement d'être contourné par la nouvelle ligne balte, perdant ainsi un revenu annuel de 7 milliards d'euros en taxes de transit, mais risque surtout de se retrouver dangereusement exposé à une augmentation des interruptions énergétiques par Moscou.
Menaces et intrigues n'ont cependant pas effrayé Frau Merkel, qui a su rassurer les investisseurs sur ce projet extrêmement coûteux (environ neuf milliards d'euros) et jongler avec habileté entre la Maison Blanche et le Kremlin. Un exercice de grande politique. Pour l'ancienne chancelière (comme pour ses alliés sociaux-démocrates), le NS2 était et reste la pierre angulaire du très ambitieux plan énergétique allemand visant à surmonter la dépendance au charbon et à l'énergie nucléaire. Un plan qui prévoit (autre déception pour Washington) une étroite collaboration russo-allemande, grâce au Nord Stream 2, dans le domaine de l'énergie hydrogène.
D'où les efforts diplomatiques persistants et obstinés de la dame, qui se sont soldés par une victoire partielle mais significative. De manière surprenante, le 16 juin, Biden a dû annoncer qu'il voulait dégeler les sanctions trumpiennes contre le pipeline. "Je m'y suis opposé dès le début", a fait valoir le locataire de la Maison Blanche, "mais quand j'ai pris mes fonctions, c'était presque terminé". Aller de l'avant serait contre-productif pour notre relation avec les Européens. J'espère pouvoir travailler avec eux sur la manière de gérer la situation à partir de maintenant". En contrepartie, les États-Unis ont exigé que Berlin investisse en Ukraine et se sont réservé le droit de sanctionner les Russes et les Allemands si Moscou utilise le doublement du pipeline comme levier contre le continent européen.
L'obstacle bureaucratique
C'est maintenant au tour de l'Allemagne, toujours sans gouvernement, et les choses se compliquent à nouveau: l'agence fédérale des réseaux, la Bundesnetzagentur, a détecté un problème de forme juridique. Les directives européennes exigeant la séparation de la gestion du réseau et de la distribution du gaz, l'affaire restera au point mort jusqu'à ce que la filiale créée pour gérer le segment allemand du gazoduc achève le transfert des principaux actifs et des ressources humaines de la société propriétaire du projet, Nord Stream 2 AG (filiale de la société russe Gazprom). Mais ce n'est pas fini. Une fois terminée, la procédure sera transmise à la Commission européenne pour la dernière étape juridique. Cela prendra quatre mois (sauf surprise). Après cela, tout retournera à la Bundesnetzagentur, qui s'est donné deux mois supplémentaires pour la certification finale (?).
Le résultat? Cet énième retard a fortement agité les marchés: le prix de référence pour l'Europe, fixé par le contrat du hub néerlandais TTF, a bondi de 11 % et se dirige vers 90 euros/MWh, le plus haut des trois dernières semaines. Le feuilleton du gaz continue, et à Washington (et à Kiev), certains se frottent les mains.
12:47 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, russie, allemagne, gaz naturel, gazprom, hydrocarbures, nord stream 2, mer baltique, espace baltique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 14 novembre 2021
Tatarstan : la dernière démarche séparatiste
Tatarstan : la dernière démarche séparatiste
Alexandre Douguine
Ex: https://www.geopolitica.ru/article/tatarstan-posledniy-demarsh-separatizma
Six députés de la Douma du Tatarstan représentant le parti Russie Unie ont voté contre la loi sur le système unifié de l'autorité publique. L'élément principal de cette loi est qu'elle interdit aux chefs des entités régionales d'être appelés "présidents" et accorde au président russe le droit de les démettre de leurs fonctions. Le Tatarstan est actuellement la seule entité constitutive de la Fédération de Russie où le chef de l'État est encore appelé "le président".
Les députés nationalistes ont été soutenus par un certain nombre de médias du Tatarstan, menaçant de ne pas utiliser le nom officiel du chef de la République et de continuer à l'appeler "Président du Tatarstan".
Je suppose que c'est le dernier vestige de séparatisme dans l'histoire récente de la Russie. C'était une toute autre affaire, beaucoup plus alarmante et risquée pour le destin de la Russie.
Permettez-moi de vous rappeler qu'après l'effondrement de l'Union soviétique, le processus de désintégration de la Fédération de Russie a été lancé. Presque avec le consentement du centre fédéral, certains sujets ont commencé à réfléchir à leur souveraineté complète. Cela a d'abord touché la Tchétchénie, où une véritable guerre a éclaté, mais en même temps, la Yakoutie, le Tatarstan et la Bachkirie étaient sur la même voie. Il s'agissait de sujets qui revendiquaient non seulement le statut de républiques nationales mais aussi, en fait, d'États nationaux indépendants. D'où l'attention portée aux langues nationales, au statut du président et aux autres attributs de la souveraineté. La Yakoutie a même annoncé la création de sa propre armée et la délivrance de visas aux autres citoyens russes pour qu'ils puissent visiter la République.
En fait, le processus n'a été ralenti que par la guerre en Tchétchénie, lorsque Moscou, malgré les sympathies précoces du président Boris Eltsine pour le séparatisme au sein de la Fédération de Russie (la célèbre phrase d'agitation adressée aux sujets de la Fédération - "prenez autant de souveraineté que vous voulez"), s'est encore prononcé assez durement (bien que de manière incohérente) contre la tentative de sécession de la République tchétchène. Le Tatarstan, la Bachkirie et, dans une certaine mesure, la Yakoutie ont observé de près la manière dont l'intégrité territoriale de la Russie était préservée afin de choisir le moment et d'annoncer leur sécession de la Fédération de Russie. Mais voyant l'attitude dure de Moscou, ils ont préféré attendre et ne pas aggraver la situation.
Telle était la situation dans les années 1990.
Poutine, lorsqu'il est arrivé au pouvoir, était vraiment occupé à démanteler ces sentiments séparatistes dans les régions. La deuxième campagne tchétchène s'est soldée par une victoire, qui a mis fin au problème du séparatisme en Tchétchénie et a fait des citoyens de la République tchétchène les patriotes les plus fidèles à Moscou. Elle a conduit à une modification de la loi concernant les républiques nationales, conformément à la reconnaissance de l'indivisibilité et de l'intégrité territoriale de la Fédération de Russie. En fait, les districts fédéraux ont été introduits à cette fin, le Conseil de la Fédération a été affaibli et le Conseil d'État a été créé. Poutine a constamment - étape par étape - éradiqué tout soupçon de souveraineté des entités constitutives de la Fédération.
Dans les années 2000, Poutine a poursuivi ces réformes et a proposé de supprimer toute allusion à la souveraineté afin d'éradiquer tout séparatisme résiduel, qui avait survécu au moins nominalement dans l'esprit de l'intelligentsia et des élites de certaines régions nationales, dont le Tatarstan. Dans le même ordre d'idées, l'idée de changer le statut du "président" d'une république ou d'une entité constitutive de la Fédération de Russie en celui de "leader". De cette manière, un autre nom symbolique a été aboli, qui aurait permis aux républiques nationales d'être considérées comme des États indépendants, ne serait-ce que dans un avenir lointain.
Mais au Tatarstan, il y avait un front nationaliste très fort et même un sentiment islamique extrémiste. Sous le premier président de la république, Mintimer Shaimiev, il y avait le théoricien Rafael Khakimov (photo), que j'ai rencontré dans les années 1990 et au début des années 2000. Lui et beaucoup d'autres comme lui au Tatarstan étaient de fervents partisans de l'indépendance des Tatars. À l'époque, dans les années 90, le nationalisme tatar - ou plutôt tatarstanais - était en plein essor.
Et au cours de ces 30 années, des élites politiques et économiques se sont formées dans la république. Aujourd'hui, tout le monde comprend à quel point Moscou, Poutine et les sentiments centripètes sont forts, mais les Tatars ne sont toujours pas prêts moralement à l'abolition du statut présidentiel.
C'est pathologique, à mon avis, parce que :
1) la moitié de la population du Tatarstan est russe,
2) plus de la moitié des Tatars vivent parfaitement bien dans d'autres régions de la Fédération de Russie et se sentent comme des citoyens à part entière.
Il n'y a aucune pression sur l'identité tatare nulle part, pas la moindre. Les Russes les considèrent comme des frères dans la création d'un État eurasien commun. Il existe peut-être un dialogue assez tendu entre les Tatars et les Bachkirs en Bachkirie, mais il s'agit d'une polémique interne entre les ressortissants de ces ethnies turques.
Les Tatars en général sont définitivement loyaux envers la Russie et les Russes, et vice versa.
Je crois que cette ligne d'abolition des oripeaux de la souveraineté doit certainement être poursuivie jusqu'au bout. Autrement dit, les députés et les journalistes tatars doivent être convaincus qu'ils sont guidés par une douleur fantôme et que l'ère de Shaimiev, de Khakimov et du nationalisme tatar est révolue et ne reviendra jamais. Et que s'ils veulent respecter les règles et être tournés vers le futur, ils doivent abandonner complètement leur entêtement pour toujours - même dans leurs rêves. La presse, qui continuera à désigner le chef du Tatarstan par le terme "président", devrait être reconnue comme un agent étranger.
Maintenant, il me semble que c'est la bonne situation pour que Moscou agisse un peu plus durement. Cela ne veut pas dire plus de manière plus grossière ou plus agressive. Nous devons tenir votre position calmement, avec dignité. Les Tatars russes (y compris les natifs du Tatarstan), quelle que soit la région où ils vivent, sont de bons citoyens, loyaux et patriotes. On ne cherche jamais le bon côté des choses et, dans un sens, je prendrais probablement des mesures disciplinaires contre certains des membres les plus agressifs du Parlement. Bien sûr, ils n'ont aucune chance d'arriver à leurs fins, mais tout de même, la démarche ressemble à de l'atavisme et à un front complètement inutile et superflu.
L'époque où il y avait de forts sentiments nationalistes, russophobes et séparatistes au Tatarstan (avec des éléments de l'islam extrémiste salafiste) est révolue depuis longtemps. Complètement, irrévocablement. Tout débordement de tels sentiments me semble inapproprié. Moscou devrait agir de manière très cohérente ici.
Le Tatarstan est une partie fière et merveilleuse de la Russie. Même s'il existe des vestiges de cercles nationalistes parmi les députés et les journalistes, cela ne signifie pas qu'il s'agit de toute la république. Nous parlons d'un segment très étroit qu'il est temps, à mon avis, d'encadrer.
12:14 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, actualité, tatarstan, russie, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La véritable zone grise
La véritable zone grise
Leonid Savin
Ex: https://www.geopolitica.ru/en/article/real-grey-zone
Dans les relations internationales contemporaines, le concept de zone grise est activement utilisé depuis peu. Initialement, ce terme est né comme une construction théorique dans les forces d'opérations spéciales du Pentagone, puis s'est développé dans les communautés politiques et militaro-politiques des États-Unis (US).
Habituellement, le concept de zone grise est utilisé comme un marqueur pour les opposants aux États-Unis et à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Mais d'autres États ont également utilisé activement ce concept ces dernières années, impliquant souvent quelque chose de différent et proche de leur propre situation militaro-politique, de leur ordre du jour actuel et de leur environnement géostratégique.
Compte tenu de l'énorme potentiel des ressources d'information et des scientifiques qui servent les intérêts de l'Occident, il faut reconnaître que leur propagande diffusée dans la zone grise est très efficace. Par conséquent, les auteurs occidentaux font souvent des déclarations irresponsables liées à des intérêts politiques et dirigées contre d'autres pays. L'un de ces domaines est la cyber-sphère.
Les médias occidentaux et les rapports des groupes de réflexion font état de nombreuses cyberattaques dites russes (chinoises, iraniennes aussi). Les publications sont bien conçues et comprennent parfois des citations d'auteurs russes, ainsi que des documents doctrinaux et stratégiques russes.
Mais elles présentent un sérieux problème : l'absence de preuves réelles des cyberattaques russes. En d'autres termes, toute cyberactivité illicite peut être présentée par des auteurs occidentaux (et malheureusement aussi par des pays neutres et même amis d'autres régions) comme des "opérations russes".
Bien sûr, le problème des différents types de cybercrimes est réel. Les technologies émergentes, notamment l'intelligence artificielle, l'informatique quantique et les crypto-monnaies, font courir davantage de risques à tous les États et à leurs citoyens. Parmi les causes, citons l'absence de réglementation internationale pour ce type d'activités, les différentes positions des États et l'énorme fossé qui sépare les possibilités technologiques.
Le cyberespace est la véritable zone grise, malgré les efforts déployés pour utiliser ce terme pour les activités des acteurs étatiques. Et les risques sont élevés pour les pays développés également. Nous faisons tous partie de cette zone grise mondiale. Les tendances actuelles montrent une augmentation des cybercrimes dans les secteurs public et privé du monde entier.
Forte de ce constat, la Russie a été la première à soulever, auprès de la principale plateforme de négociation de la planète - l'ONU - la question de l'élaboration, sous ses auspices, d'un mécanisme pratique axé sur les crimes liés à l'utilisation des cybertechnologies, visant à les combattre et doté d'un contenu exhaustif. Le message principal est qu'il faut "empiler" les cybercriminels dans le monde entier, compliquer sérieusement les activités des intrus et ne leur laisser aucune échappatoire pour qu'ils puissent échapper à la justice, même si la chaîne des événements implique la juridiction de plusieurs États avec des systèmes juridiques différents de différentes régions de la planète. Compte tenu du fait que la Convention des Nations unies contre la corruption et la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée ont suivi un parcours similaire, la création d'une convention universelle sur la lutte contre la criminalité informatique et la cybercriminalité est perçue positivement par ces dernières.
Cependant, cette idée s'est d'abord heurtée à une sérieuse opposition des États occidentaux qui, depuis près de vingt ans, promeuvent vigoureusement la Convention du Conseil de l'Europe sur la criminalité informatique de 2001, plus connue sous le nom de Convention de Budapest, comme une sorte d'"étalon-or" dans ce domaine. 65 États y ont participé. La Russie et la plupart des Etats membres de l'ONU n'ont pas signé cette convention en raison de ses graves lacunes, dont les principales sont le faible nombre de crimes (9 au total), l'absence de statistiques officielles d'application, ainsi que le risque élevé de violation du principe de souveraineté de l'Etat et des droits de l'homme et libertés fondamentales de l'Etat partie à cette convention sous prétexte de combattre la cybercriminalité (article 32 "b" sur l'accès transfrontalier à l'information).
En même temps, les apologistes de la Convention de Budapest ont longtemps bloqué toute discussion au sein de l'ONU sur l'élaboration de normes uniformes dans ce domaine, affirmant qu'il n'y a pas d'alternative à leurs créations. Il en est résulté l'émergence d'initiatives et de mécanismes législatifs locaux dans divers pays du monde, la fragmentation de la coopération internationale et, par conséquent, une forte augmentation des actions illégales dans la sphère de l'information.
La Russie a pu inverser cette tendance négative en proposant à la communauté internationale de créer une véritable plate-forme de négociation pour l'élaboration de la toute première cyberconvention des Nations unies. Il en est résulté la création, par la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU 74/247 du 27 décembre 2019, d'un Comité intergouvernemental spécial d'experts sur l'élaboration, sous les auspices de l'ONU, d'une convention internationale globale sur la lutte contre l'utilisation des cybertechnologies et des technologies de l'information à des fins criminelles (ci-après - le Comité spécial). 47 États sont devenus les co-auteurs du document.
En 2021, la Russie a réussi à faire une percée dans cette direction. Il s'agit d'une sérieuse réussite diplomatique dans le sens de la lutte contre la cybercriminalité et la preuve que la Russie apporte une contribution significative à la lutte contre ce phénomène.
Les experts en matière d'application de la loi et les diplomates des États membres de l'ONU devront en fait élaborer une convention mondiale avec la participation de toutes les parties intéressées en deux ans et la soumettre à l'Assemblée générale de l'ONU pour examen et approbation en 2023-2024, lors de sa 78e session. À cette fin, le Comité spécial tiendra 7 sessions de fond : 4 à New York, 3 à Vienne. La première réunion est prévue du 17 au 28 janvier 2022.
La Russie estime que pour certains participants à la Convention de Budapest, la perspective d'avoir deux documents à la fois - universel et régional - n'est pas un problème, au contraire, une gamme plus large d'outils apparaîtra pour les organismes d'application de la loi pour trouver, détenir et condamner les cybercriminels. Il y a donc une chance de parvenir à un compromis sur le document final au cours des négociations.
IPRI
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La revue de presse de CD 14 novembre 2021
La revue de presse de CD
14 novembre 2021
CHINE
La Chine continue de bénéficier de l'aide française au développement : un député LR proteste
Un bel exemple d’absurdité technocratique qui fait rire jaune ! Le député Les Républicains Marc Le Fur a exprimé son étonnement devant le fait que la Chine bénéficie encore de l’aide française au développement, alors qu'elle est en passe de devenir la première puissance économique mondiale.
rt.com
https://francais.rt.com/international/92552-chine-continu...
ÉTATS-UNIS
Julian Assange : Portrait d’un combattant de la liberté d’information
Avant Edward Snowden, avant Bradley Manning, il y avait Julian Assange. Ancien informaticien et hacker, fondateur de la plateforme WikiLeaks, Julian Assange s’est attiré les foudres du gouvernement américain lorsqu’il a mis en lumière les dessous de la guerre d’Irak. En 2010, il fait fuiter près de 400 000 documents classifiés de l’armée américaine, portant sur le conflit qui a débuté en mars 2003. Tortures, crimes de guerre, massacres sont révélés au grand public. Ces documents permettent aussi de chiffrer à 109 032 le nombre de morts irakiens causés par le conflit de 2004 à 2009, dont 60 % de civils, alors même que les États-Unis vendaient aux médias « les frappes chirurgicales » et affirmaient ne pas disposer d’un tel bilan chiffré. L’épée de Damoclès de la demande d’extradition américaine pèse sur l’activiste, à la santé désormais précaire, alors qu’il est incarcéré dans une prison de haute sécurité britannique depuis 2019, au grand dam de ses nombreux soutiens à travers le monde.
OJIM
https://www.ojim.fr/portraits/julian-assange-master-hacke...
GAFAM
Quand une lanceuse d’alerte se transforme en censeur, le cas Frances Haugen
Frances Haugen ? Une ancienne employée de Facebook – devenu “Meta” – qui se retourne contre son employeur ; non pas parce que celui-ci détricote savamment la liberté d’expression, mais parce qu’il ne censure pas assez bien.
OJIM
https://www.ojim.fr/lanceuse-dalerte-frances-haugen-faceb...
GÉOPOLITIQUE
L’empire de la haute finance avale les institutions supranationales et s’installe. Au nom du climat
Quand les PDG de BlackRock, de la Citi, de la Bank of America, de Banco Santander, de HSBC, du London Stock Exchange Group, Singapore Exchange, et du Fonds David Rockefeller se réunissent en 2021, ils s’entendent sur la nouvelle structure de Planète Finance post-Covid. Et idéalement, ils fusionnent avec les institutions supra gouvernementales qu’ils ont manipulées à l’envi depuis les Accords de Bretton Woods.
Le blog de Liliane Held Khawam
https://lilianeheldkhawam.com/2021/11/06/lempire-de-la-ha...
Grande-Bretagne
Liberté d’expression sur internet : le Royaume-Uni veut y mettre fin
Un projet de loi au Royaume-Uni prévoit de la prison pour certains propos. Une menace sérieuse pour la liberté d’expression sur internet.
Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2021/11/08/411036-liberte-de...
RÉFLEXION
Comment les cercles économiques et financiers se laissent convaincre avec complaisance
Il est de plus en plus généralement allégué que notre civilisation court à sa perte après avoir molesté la Nature par négligence de l’environnement, du climat, des espèces animales et végétales, de la santé publique, et de la justice envers tous les opprimés. Que ce diagnostic soit majestueusement faux, donc mensonger, n’y change rien. La nouvelle doxa politique décrète l’urgence et, quoi qu’il en coûte, s’achemine vers un état d’exception permanent sans que, bien sûr, aucune volonté démocratique ne soit consultée puisque c’est prétendu « scientifique ».
Le blog de Michel de Rougemont
https://blog.mr-int.ch/?page_id=8023
Nous nous dirigeons vers la tyrannie mais ce n'est pas le fascisme, c'est l'hyperdémocratie
Et ainsi de suite. Des années de rhétorique démocratique ont déshabitué les esprits, surtout les plus jeunes et les plus influents, à l'esprit critique, au raisonnement dans son ensemble, à la lecture de la profondeur historique des faits, à toute conjecture qui ne soit pas purement subjective. Cela a créé une tache informe qui engloutit la démocratie elle-même. Mais ce qui nous sera recraché ne sera pas du tout le fascisme, qui n'a rien à voir avec lui et reste le "tout autre" par rapport à ce monde. Au contraire, nous aboutirons à une forme d'hyperdémocratie féroce, technocratique, policière, mais toujours considérée comme bonne, très, très bonne.
Euro-synergies
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/05/n...
Complots, Fake news : défendre la pensée critique face au conformisme
La pensée critique est plus importante que jamais à une époque où le pouvoir établi accuse de théorie du complot les voix qui sont contraires à leurs intérêts.
Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2021/11/10/411057-complots-f...
SANTÉ
OMS, ONU : la peur, fondement de l’intervention publique
Qu’il s’agisse des restrictions des libertés ou de l’accroissement de dépenses publiques à l’intérêt rarement prouvé, du niveau local, national ou mondial, la peur constitue toujours un moteur puissant d’accroissement de la sphère publique au détriment du bon sens et de nos libertés. L’ONU et l’OMS l’ont une nouvelle fois démontré. Explications.
Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2021/11/09/411172-oms-onu-la...
Theresa Long, médecin de l’armée américaine, alerte sur la vaccination contre le Covid-19
"Je pense que le vaccin contre le COVID est une plus grande menace pour la santé des soldats que le virus lui-même", déclare le lieutenant-colonel Theresa Long, médecin de l'armée américaine.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/politique-monde/lt-colonel-ther...
Fausse pandémie ! L’arnaque Covid est pire que ce que l’on a pu imaginer !
Covid = 2 % des hospitalisations en 2020. Étonnant, non ? Nous avons aujourd’hui, grâce à un rapport de la AITH, la preuve écrite de tous les mensonges que nos autorités, et leurs collaborateurs des médias de masse ainsi que les scientifiques financiarisés, nous ont servis depuis plus de 18 mois.
Le blog de Liliane Held Khawan
https://lilianeheldkhawam.com/2021/11/11/fausse-pandemie-...
TERRORISME
Attentats du 13 novembre : Bachar al-Assad dénonce le soutien de la France au terrorisme
Deux interviews - très révélatrices du climat de l’époque - de Bachar al-Assad et quelques vidéos pour mémoire juste après les massacres islamistes dans Paris…
Le Cri du Peuple
https://lecridespeuples.fr/2021/11/13/attentats-du-13-nov...
UNION EUROPÉENNE
L’e-Euro : outil de souveraineté européenne
Faut-il le rappeler, la monnaie est un instrument souverain émis par une autorité monétaire disposant, dans le meilleur des cas, d’une indépendance lui permettant de gérer la valeur de cette monnaie loin des contingences du politique. Cette souveraineté monétaire ne se limite pas au seul droit d’émettre, mais s’étend au droit de réglementer c’est-à-dire, entre autres, d’en contrôler la masse en circulation, sa valeur et d’avoir un droit de regard sur certains champs de son utilisation s’agissant notamment des flux externes pour lesquels des contreparties étrangères se voient dès lors opposer des lois monétaires nationales.
Geopragma
https://geopragma.fr/le-euro-outil-de-souverainete-europe...
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mercredi, 10 novembre 2021
Les appareils Atlantic français à Chypre : Paris renforce sa position en Méditerranée orientale
Les appareils Atlantic français à Chypre : Paris renforce sa position en Méditerranée orientale
par Paolo Mauri
Ex: https://it.insideover.com/difesa/atlantic-francesi-a-cipro-parigi-si-rafforza-nel-mediterraneo-orientale.html
Le ministère français de la défense a annoncé que deux avions de patrouille maritime Bréguet Atlantic 2 seront déployés à Chypre pour des opérations en Méditerranée orientale. Le Bréguet Br 1150 Atlantic est un avion de patrouille maritime à long rayon d'action conçu et fabriqué par Bréguet Aviation, qui est utilisé pour contrer les navires de surface et les sous-marins. Une version améliorée, l'Atlantic 2 ou Atl2, a été produite par Dassault Aviation pour la marine française dans les années 1980 et a également été proposée à l'Allemagne comme solution provisoire en attendant que le Maws, le nouvel avion de patrouille maritime construit conjointement avec Berlin, soit prêt, ce qui a ensuite été définitivement enterré par la décision allemande de s'appuyer sur le P-8 Poseidon de fabrication américaine. L'Atlantic est un monoplan bimoteur à aile moyenne doté d'un fuselage à " double bulle " : le lobe supérieur pressurisé abrite le compartiment de l'équipage tandis que le lobe inférieur abrite un compartiment d'armement de 9 mètres de long, avec des tubes de lancement pour des bouées acoustiques à l'arrière.
Les pièges de la Méditerranée orientale
Ce n'est pas la première fois que l'Elysée envoie ses moyens dans ce secteur de la Méditerranée : le Rafale avait déjà été vu à Chypre et en Crète, mais dans le cadre de l'opération Irini (la mission de l'UE pour le contrôle de la partie centrale de la Mare Nostrum pour assurer, entre autres, l'embargo sur les armes à destination de la Libye), un Atlantic 2 a atterri sur la base aérienne de Suda en novembre dernier. À cette occasion, la présence des avions de patrouille maritime sur l'île grecque a également permis de recueillir des informations sur la Méditerranée orientale, où la Turquie est très active, voire agressive.
Nous pensons que la tâche principale de ces deux avions est précisément de surveiller les mouvements navals turcs, ainsi que l'activité des unités russes qui sont de plus en plus fréquentes et nombreuses dans cette partie de la mer. La Russie a en effet renforcé sa présence dans le port de Tartus, qui est devenu de plus en plus "russe" après les accords de prolongation de son bail avec le gouvernement de Damas, et l'on voit de plus en plus de sous-marins battant pavillon moscovite, tels que la classe Kilo améliorée (ou projet 06363), traverser Mare Nostrum.
Les objectifs de la France
Mais l'Elysée a un autre objectif, purement diplomatique : resserrer encore les liens avec la Grèce et se poser en rempart à sa défense contre d'éventuelles intempérances turques. L'année dernière, en septembre, nous avions souligné que Paris avait débloqué la situation en se rangeant ouvertement du côté d'Athènes lorsqu'elle a décidé de fournir un lot de chasseurs Rafale à l'armée de l'air grecque. Après tout, Paris a ses propres petites "sphères d'influence" : le dossier libyen a pratiquement été généré par l'Élysée, qui a décidé presque unilatéralement d'écarter Kadhafi du pouvoir. Aujourd'hui encore, Paris est particulièrement attentif à ce qui se passe en Libye et les premiers désaccords ouverts avec la Turquie sont apparus précisément en mer lors de l'opération Irini. La France accorde également une attention particulière à ses anciennes colonies du Moyen-Orient : la Syrie et le Liban, qui ont été - et sont encore - ces dernières années le théâtre de l'expansionnisme turc.
Les liens entre Paris et Athènes se sont encore renforcés en septembre de cette année, lorsque le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et le Président français Emmanuel Macron ont signé un accord qui a été défini comme le "Aukus de la Méditerranée". La France, en effet, livrera trois frégates de classe FTI à la Grèce, avec une option pour une quatrième. Ces unités pourront opérer conjointement avec le Rafale susmentionné. Le pacte, en plus de mettre fin aux possibilités italiennes d'entrer sur le marché grec, a également une valeur diplomatique très forte : en effet, une clause est prévue qui garantit une intervention armée en cas d'attaques de pays tiers, même s'ils font partie d'alliances dans lesquelles Athènes et Paris sont impliqués. Il s'agit d'un message peu subtil adressé à Ankara, réitéré par la présence des deux patrouilleurs Atlantic 2 qui partiront de Chypre pour contrôler cette partie de la Méditerranée.
Le rôle de l'Italie
Nous ne pouvons que tourner nos pensées, sur la base de ce qui s'est passé, vers notre pays. L'Italie, bien qu'elle ait récemment signé l'accord sur la ZEE (zone d'exclusivité économique) avec la Grèce, a manqué l'occasion d'ouvrir un nouveau et important front méditerranéen qui nous aurait projetés, après la cession de l'Égypte et de Fremm au Caire, dans un rôle plus actif dans la surveillance et la stabilisation de ce secteur en exploitant la carte grecque, étant donné également nos intérêts énergétiques qui se situent précisément entre l'offshore chypriote et égyptien.
On ne peut pas non plus oublier le type de moyens que la France a déployé à Chypre : les Atlantic 2 sont des patrouilleurs maritimes armés, capables d'être des plates-formes efficaces dans la lutte anti-sous-marine et de surface, alors que notre pays, de ce point de vue, n'est plus en mesure de disposer de cette capacité puisque les P-72 en service dans l'armée de l'air sont d'excellentes plates-formes Istar (intelligence, surveillance, target acquisition, and reconnaissance), mais ne sont pas armés.
Il s'agit d'une lacune intolérable compte tenu du nouvel équilibre en Méditerranée et au-delà. Une déficience qui doit être surmontée malgré le retard coupable. Il semble que les états-majors nationaux aient travaillé pour trouver une solution à ce problème : on parle de C-27J Asw armés de missiles Mars ER et de torpilles MU90, ou encore, mais cela semble n'être qu'un souhait, du P-8 Poseidon (qui allongerait considérablement notre armement anti-som/Asuw) et du P-1 japonais, qui d'ailleurs représenterait la meilleure solution également pour les questions de partenariat stratégique au niveau industriel, mais tout est encore en discussion, et il n'y a aucune trace dans les documents officiels de la Défense.
Nous sommes convaincus que le ministère italien de la défense (SMD) agira rapidement pour proposer une solution aussi locale que possible, mais de haut niveau, afin de disposer d'un avion pour les tâches Asw/Asuw qui puisse également faire face aux menaces navales "hors zone" et pas seulement dans notre "arrière-cour".
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mardi, 09 novembre 2021
L'utilisation politique de l'immigration illégale
L'utilisation politique de l'immigration illégale
Sergio Fernández Riquelme
Ex: https://lanuevarazon.com/el-uso-politico-de-la-inmigracion-ilegal/
Sans migrations légales, stables et assimilées, il n'y a pas d'avenir, en général, ni pour les personnes qui se déplacent vers un plus grand bien-être ni pour les sociétés qui doivent les accueillir.
Les migrations peuvent être naturelles ou artificielles, spontanées ou dirigées, par la grâce d'événements imprévus ou comme conséquence de stratégies étudiées par des puissances de signatures différentes. Lorsque la nécessité se fait sentir, il est difficile de mettre des barrières sur le terrain; nous bougeons et bougerons toujours, pour apprendre ou pour survivre. Mais lorsque le besoin se fait sentir, les mouvements naturels de population peuvent devenir les mécanismes habituels de pression interne et externe dont personne ne veut parler. C'est pourquoi la presse et le monde universitaire post-moderne justifient presque toujours le caractère inévitable et désinvolte des flux illégaux, en ignorant la réalité fonctionnelle qu'ils semblent présenter, pour la plupart, dans leur genèse et leur développement. Parce que cette fonctionnalité stratégique est démontrée aujourd'hui et toujours, malgré le silence politique ou social sur les causes réelles des drames et des rêves de millions de personnes qui veulent quitter leurs sociétés d'origine, et les conséquences de l'utilisation intéressée et intentionnelle de ces flux qui atteignent les sociétés d'accueil.
Nous parlons donc d'un outil démontré dans l'étude documentaire du passé et vérifié dans l'analyse empirique du présent (comme l'a analysé Giovanni Sartori) : déplacer des populations pour homogénéiser ethniquement un territoire ou pour envahir progressivement son voisin, pour avoir moins de bouches à nourrir ou pour faire taire celles des dissidents, pour obtenir des électeurs ou pour les enlever à l'adversaire, pour obtenir des intérêts économiques juteux face à la menace ou à l'exploitation.
À l'heure de la mondialisation, une grande partie de cette réalité répond à des plans parfaitement conçus dans la création ou la gestion des flux migratoires illégaux. Alors que le bon sens impose des mécanismes réglementés et légaux de contrôle migratoire, en fonction de la demande de main-d'œuvre et des possibilités d'intégration des sociétés d'accueil, certains pouvoirs et institutions promeuvent ce que Kelly M. Greenhill a défini comme "l'armement de la migration" (ou "arme de la migration de masse") : c'est-à-dire l'utilisation stratégique et intentionnelle dans la naissance et le fonctionnement des flux migratoires illégaux avec des objectifs de profit économique, d'intérêt politique ou de déstabilisation sociale. Mais à la lumière d'événements plus récents ou proches, nous pouvons aller plus loin, en la considérant comme un possible outil de coercition de bien plus grande importance: à l'extérieur, pour imposer des changements politiques à l'adversaire, en obtenant de lui des concessions politiques ou économiques, en influençant ses décisions ou en altérant l'intégrité territoriale elle-même; et à l'intérieur, en ouvrant les frontières ou en cessant de les contrôler pour faire baisser les salaires et augmenter la concurrence, étendre la précarité au profit du système, modifier les identités traditionnelles ou créer des convulsions sociales dont on pourra extraire des ressources ou de la légitimité.
Dans les nations africaines ou asiatiques, encore définies par le carré et le carré ethnique, nous pourrions trouver une sorte de paradigme classique : le déplacement massif et brutal, entre les guerres et les famines, de milliers et de milliers de personnes loin de chez elles, même à l'intérieur de leur propre pays dans ce qu'on appelle les "réfugiés internes" (et que nous, en Europe, avons connu dans toute sa dureté au 20ème siècle). Nous pourrions également envisager cette singularité dans les pays soumis à la néo-colonisation mondialiste, qui semblent être témoins de pressions frontalières, de changements identitaires et de quotas migratoires permettant d'influencer de manière décisive leur parcours politique souverain (de l'Est du vieux continent aux steppes eurasiennes).
Mais dans nos limes, celles de l'Occident, nous pourrions aussi analyser cette utilisation, bien qu'avec des formes différentes ou des temps changés, à notre avantage ou à notre détriment (au-delà de la thèse polémique du "Grand Remplacement" ou de la "Grande Substitution"). Six grandes affaires récentes permettent d'éclairer cette interprétation.
La Turquie a profité, en tant qu'"État tampon", de la crise migratoire qui a débordé des frontières européennes au plus fort de la guerre syrienne. Après que des centaines de milliers de personnes ont traversé l'Europe en quête d'un avenir meilleur, l'UE a conclu un accord avec le gouvernement de Recep Erdogan. Le 18 mars 2016, la déclaration UE-Turquie (ou "accord UE-Turquie") a été signée, un pacte selon lequel toutes les arrivées irrégulières sur les îles de la mer Égée, y compris les demandeurs d'asile, seraient renvoyées en Turquie en échange de plusieurs milliards d'euros de contreparties (pour atteindre à terme un maximum de quatre millions de réfugiés dans les camps ou villes ottomanes).
Face à la crise susmentionnée, l'"Eurocratie" dénoncée à Bruxelles a imposé à ses différents États membres une série de quotas d'accueil d'immigrants, acceptés par les pays occidentaux qui ont besoin d'une main-d'œuvre bon marché (et qui, comme l'Allemagne d'Angela Merkel, l'ont encouragée dès le début du phénomène), et rejetés par les nations de l'Est parce qu'elles ont des frontières directes, présentent des données macroéconomiques moins bonnes ou défendent une vision plus nationaliste ou souveraine de leur propre réalité (comme la Pologne ou la Hongrie).
Le Mexique a également utilisé, comme avant Barack Obama et Donald Trump, cette utilisation par l'action (mais aussi par sa propre omission), en évitant de devoir accueillir des migrants de pays voisins plus pauvres ou en fournissant du travail à ses propres habitants, en recherchant de meilleurs accords bilatéraux sur les questions économico-industrielles (comme dans l'accord de libre-échange), ou des améliorations dans les processus de migration légale des travailleurs mexicains sur le territoire nord-américain. En conséquence, pendant des années, les "caravanes" de migrants en provenance d'Amérique centrale (Guatemala, Honduras, Salvador, Nicaragua) ont été à peine contrôlées, ou l'exode des travailleurs mexicains vers le nord face à la crise ou aux inégalités (comme le montre l'emblématique train "La Bestia") n'a pas été arrêté, qui ont traversé le pays depuis la frontière sud bourrée d'immigrants clandestins), jusqu'à la signature des protocoles de protection des migrants (PPM, ou "Stay in Mexico") de 2019 entre les deux nations, face à la menace de Trump d'imposer des tarifs punitifs sur tous les produits mexicains importés.
Le Maroc exerce périodiquement des pressions sur l'Espagne en tant que "frontière méridionale" de l'UE, en agressant continuellement les migrants (aussi bien les Centrafricains adultes "de passage" que les mineurs patriotes "asociaux") et en les poussant vers les villes autonomes de Ceuta et Melilla, ou en fermant les yeux sur les pateras pleines de jeunes Maghrébins qui arrivent sur les côtes méditerranéennes, surtout en période de beau temps maritime. Malgré le traité d'amitié, de bonne volonté et de coopération entre les deux pays (Rabat, 1991) et divers accords, le Maroc autocratique a su jouer ses cartes, obtenant par ces pressions une augmentation des exportations vers l'Europe, plus d'investissements dans le pays, une carte blanche au Sahara occidental, ou une meilleure formation de la police, en contrôlant les flux migratoires africains (et en collaborant également à la lutte contre le terrorisme djihadiste international).
Aux États-Unis, on a dénoncé la façon dont les politiciens et les dirigeants démocrates se sont fait les champions de la défense de l'immigration illégale dans le pays, par exemple avec la déclaration des "villes sanctuaires", et pas seulement comme une aspiration éthique ou humanitaire : la population latino croissante, supposée sensible à ce problème, serait un corps électoral plus compact et mobilisé pour leurs intérêts, comme par exemple dans la campagne électorale et médiatique déclenchée à l'époque contre le président Trump.
Et même la Biélorussie, sous Alexandre Loukachenko, a répondu aux sanctions occidentales contre son pays (après les soubresauts des élections présidentielles de 2020) en permettant aux migrants asiatiques de transiter par le pays vers l'Europe, évitant ainsi d'être une zone de contrôle et un point de passage frontalier vers " le rêve européen ", et provoquant une grave crise diplomatique et politique à la frontière avec la Pologne et la Lituanie.
Sans une migration légale, stable et assimilée, il n'y a pas d'avenir, en général, ni pour les personnes qui se déplacent vers un plus grand bien-être ni pour les sociétés qui doivent les accueillir. C'est dans l'histoire, nous le voyons dans nos rues, et nous le savons dans les drames de ceux qui perdent parce qu'ils veulent ou peuvent se déplacer dans le monde. Et sans cette légalité, seuls les politiciens corrompus et inutiles qui exploitent leurs citoyens ici et là et les expulsent de presque toutes les manières, et toutes ces mafias économiques et sociales qui profitent des besoins des autres pour leurs affaires ou leurs projets, continueront à gagner.
Personne ne veut de morts sur les côtes, personne ne veut de ghettos dans ses villes, personne ne veut la misère des autres, personne ne veut l'exploitation du travail. Mais sans des politiques claires et légales de gestion des flux migratoires, consubstantiellement liées à la dénonciation de la violation des libertés fondamentales dans les centres de départ ou des atteintes aux identités nationales dans les centres d'arrivée, aucun slogan ou drapeau, aussi louables soient-ils, ne mettront fin aux drames subis par les uns ou les autres (en termes d'insécurité personnelle ou collective) causés par ce qui apparaît comme cet usage politique normalisé. Il n'y a pas de solutions faciles à des problèmes difficiles, comme le savent bien les sciences sociales, même s'il existe des politiques de contrôle public qui garantissent la légalité, des valeurs traditionnelles claires qui améliorent l'intégration, et des mesures d'assimilation éprouvées qui favorisent la coexistence. Et qui empêchent, ou délégitiment, l'utilisation politique et partisane habituelle de l'immigration illégale par des pouvoirs qui l'utilisent pour des objectifs très spécifiques sans vraiment se soucier des raisons pour lesquelles les migrants fuient et avec qui ils doivent partager.
Sergio Fernández Riquelme
Sergio Fernández Riquelme est historien, docteur en politique sociale et professeur d'université. Auteur de nombreux ouvrages et articles de recherche et de diffusion dans le domaine de l'histoire des idées et de la politique sociale, il est un spécialiste des phénomènes communautaires et identitaires passés et présents. Il est actuellement directeur de La Razón Histórica, une revue hispano-américaine sur l'histoire des idées.
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dimanche, 07 novembre 2021
La revue de presse de CD - 07 novembre 2021
La revue de presse de CD
07 novembre 2021
ÉTATS-UNIS
Un agent de Clinton est à la source du Russiagate
Selon le New York Times, « Les autorités fédérales ont arrêté jeudi un analyste qui, en 2016, avait rassemblé des indices sur les liens possibles entre Donald J. Trump et la Russie pour ce qui s’est avéré être une recherche financée par l’opposition démocrate, selon des personnes familières avec l’affaire. » Une sacrée bombe…
Saker francophone
https://lesakerfrancophone.fr/un-agent-de-clinton-est-a-l...
GAFAM
Jedi Blue : Google et Facebook, unis contre votre vie privée et la concurrence
Dernier scandale en date, une apparente collusion du nom de Jedi Blue, entre Google et Facebook. Le tout contre votre vie privée et pour tuer la concurrence sur le marché de la publicité en ligne. C’est du moins la thèse avancée par l’accusation, dans le cadre de la plainte portée par une vingtaine d’états américains. Le 22 octobre, la version intégrale de la plainte a été rendue publique suite à la décision d’un juge fédéral autorisant sa publication. Ne cherchez pas, vous n’en avez quasiment pas entendu parler en France à part dans la presse spécialisée.
Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2021/11/03/410466-jedi-blue-...
Édulcorer-oblitérer le crime, l’information contrôlée GAFAM
Les titans du Net, GAFAM, etc., savent frapper fort. “PARLER” était une sorte de Twitter au public parfois virulent et politiquement incorrect. Offusqués, les libertaires-antifa de la Silicon Valley ont crié au loup. Amazon Web Services, fournisseur d’accès n°1 au monde, a fermé PARLER début 2021, et Apple et Google l’ont viré de leur “store” : l’exécution de ce réseau social non-conformiste a pris dix minutes (PARLER a pu revenir en ligne après plusieurs mois). De même, le président en exercice Donald Trump fut-il jeté sans recours de Twitter, Facebook, Instagram, Snapchat et Twitch — révélatrice leçon de choses sur les rapports de force dans la société de l’information. Par Xavier Raufer.
OJIM
https://www.ojim.fr/censure-crime-gafam/?utm_source=newsl...
Derrière la lanceuse d’alerte de Facebook, la censure
Les positions de la lanceuse d’alerte de Facebook vont être utilisées pour davantage de censure et de contrôle sur internet.
Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2021/11/06/411017-derriere-l...
GÉOPOLITIQUE
Scénarios géopolitiques du changement énergétique mondial
Nous allons analyser du point de vue géopolitique les scénarios énergétiques qui se présentent dans le monde aujourd'hui ; un survol des modèles de transition énergétique, visant à accélérer à la quatrième révolution industrielle (4RI) ou à empêcher les pays d'y accéder, c'est-à-dire à la 6G, à l'intelligence artificielle (IA), à la robotique et à l'internet des objets.
Euro-synergies
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/25/s...
Parole d’expert : Les radicalismes religieux
Les radicalismes religieux sont ils un facteur à prendre en compte pour la géopolitique ? Hindouisme, bouddhisme, islamisme, évangélisme… Le point en synthèse et en vidéo avec Pierre Conesa.
Geopragma
https://geopragma.fr/parole-dexpert-les-radicalismes-reli...
La Roumanie, l'Europe et le Projet "Intermarium"
L'année 2016 avait enregistré les débuts d'une nouvelle opération géopolitique sur le sol européen, sous l'appelation d'Intermarium. Tout le scénario de cette opération montre que l'Intermarium, vieille nostalgie impériale polono-lituanienne du Moyen Âge, est aujourd'hui une construction artificielle, anti-européenne, contraire aux besoins réels de la géopolitique européenne et eurasienne. Elle constitue un instrument américain de contrôle de la périphérie orientale de l'Union européenne, c'est-à-dire de l'espace de contact entre le monde allemand (et plus généralement ouest-européen) et le monde russe. La Roumanie ne semble pas intéressée à jouer le rôle que les Etats-Unis ont attribué à la Pologne et à l'Ukraine : les déclarations de ses représentants suggèrent qu'elle n'a pas l'intention de se distancer du noyau franco-allemand de l'Europe.
Euro-synergies
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/03/l...
MAGHREB
Sahara occidental : le Maroc et la France ont besoin l’un de l’autre
La crise du Sahara occidental ne saurait totalement se résumer aux vives tensions opposant l’Algérie à son voisin, le royaume du Maroc. Cette région du monde est essentielle pour les Européens et l’Afrique, notamment de par sa proximité avec le Sahel où se sont implantés les djihadistes. Isolé et peu soutenu, le Maroc doit compter sur la France pour se sortir de ce bourbier.
Conflits
https://www.revueconflits.com/sahara-occidental-le-maroc-...
RUSSIE
Un prix Nobel très à propos
Treize jours. C’est le temps qu’il aura fallu à Vladimir Poutine pour féliciter officiellement un journaliste devenu, au début du mois d’octobre, l’un des Russes les plus célèbres au monde. Lui qui est d’habitude si prompt à réagir aux exploits de ses compatriotes, pourquoi a-t-il été si lent cette fois-ci ? Il faut dire que le Russe en question, beaucoup, en dehors des frontières du pays, ont découvert son nom le 8 octobre dernier, lorsque le Prix Nobel de la Paix lui a été attribué, en même temps qu’à une de ses collègues philippines, Maria Ressa. En cent vingt ans d’histoire c’est le premier Prix Nobel de la Paix qui récompense la liberté d’information en tant que telle, remise à ces deux journalistes pour « leur combat courageux pour la liberté d’expression », comme l’a expliqué le comité Nobel.
Geopragma
https://geopragma.fr/un-prix-nobel-tres-a-propos/
La Russie change les règles de la logistique mondiale en contournant Suez
Le récent réchauffement climatique a progressivement érodé la calotte glaciaire de l'Arctique, ouvrant l'accès à une activité économique tout au long de l'année dans cette région. Dans ce contexte, on peut parier que la route de la mer du Nord (NSR), longue de 5600 km, reliant l'Asie à l'Europe, sera la principale alternative maritime au canal de Suez.
Euro-synergies
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/04/l...
UNION EUROPÉENNE
Le nucléaire et l'Europe : un partenariat indispensable
Alors que la fusion nucléaire ouvre de nouvelles frontières, les folies des Verts risquent de condamner nos entreprises à mort. Ce n'est qu'avec l'atome que l'Europe pourra atteindre une véritable autonomie énergétique.
Euro-synergies
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/28/l...
À Bruxelles, le droit européen contre la démocratie
« Le droit de l’UE prime sur le droit national, y compris sur les dispositions constitutionnelles. C’est ce à quoi tous les États membres de l’UE ont adhéré ». Ces quelques mots, prononcés par la présidente de la Commission européenne en réaction à la récente décision de la Cour constitutionnelle polonaise, ont de quoi inquiéter. Car si les choses étaient telles que l’affirme Ursula von der Leyen, cela signifierait que l’UE est devenue un super-État technocratique, exerçant l’essentiel du pouvoir en lieu et place des élus nationaux, devenus les représentants fantoches de peuples dépossédés de leur souveraineté.
Elucid
https://elucid.media/politique/a-bruxelles-le-droit-europ...
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Erdogan continue de jeter de l'huile sur le feu du conflit libyen
Erdogan continue de jeter de l'huile sur le feu du conflit libyen
par Alessandro Sansoni
Ex: https://www.lavocedelpatriota.it/erdogan-continua-a-gettare-benzina-sul-fuoco-del-conflitto-libico/?fbclid=IwAR1eql9a2imoe7z0Pg2UZdKtsmv0T4YC7N6wHrH2SHZB18VPSJavJUz4JSc
Les reportages triomphalistes des médias nous ont empêchés d'y prêter toute l'attention nécessaire, mais un développement dangereux a émergé du G20 à Rome. Au cours du sommet, en effet, le président turc Recep Erdogan a déclaré officiellement, et en termes non équivoques, qu'Ankara refuse de retirer ses troupes de Libye. Cette déclaration intervient alors que l'ONU s'est engagée à organiser et à mener à bien le retrait de toutes les troupes étrangères présentes dans le pays, condition préalable indispensable à la célébration des élections censées ramener la paix dans le pays.
Par sa position, la Turquie jette de l'huile sur le feu et menace de porter à un niveau très élevé le conflit entre les factions qui se disputent le pouvoir en Libye, mettant ainsi en péril le processus électoral. Une situation qui aurait des répercussions graves et dangereuses pour l'Italie et l'ensemble de l'Union européenne.
Premier problème : le retrait des mercenaires
La Libye devrait organiser ses élections présidentielles tant attendues le 24 décembre, tandis que les élections législatives sont prévues pour le début de 2022.
L'espoir est de mettre ainsi fin à la longue période d'anarchie et de guerre civile dans laquelle le pays a plongé depuis la fin du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, en sauvegardant éventuellement l'unité du territoire libyen, aujourd'hui effectivement divisé en une partie occidentale sous le contrôle du gouvernement de Tripoli et une partie orientale aux mains du général Khalifa Haftar et de son Armée nationale libyenne (ANL), engagés depuis des années dans un dur conflit non seulement avec les milices tripolitaines, mais aussi avec des groupes islamistes, alliés des Turcs. La situation est encore compliquée par le nombre élevé de mercenaires et de forces étrangères présents sur le terrain pour soutenir les deux prétendants.
C'est précisément pour cette raison que la feuille de route élaborée par les Nations unies prévoit, avant tout, l'élimination des groupes armés étrangers, qui doit être définie dans le cadre d'un format de négociation "5+5", dans lequel toutes les factions belligérantes sont présentes à la table des négociations, sous les auspices des Nations unies. Le 8 octobre, le Comité militaire conjoint "5+5" s'est réuni pendant trois jours au Palais des Nations à Genève et s'est conclu par la signature d'un plan d'action prévoyant un retrait progressif, équitable et coordonné de tous les mercenaires et forces étrangères de Libye.
La réunion de Genève s'est tenue conformément aux pistes définies dans l'accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020 et aux résolutions connexes émises par le Conseil de sécurité des Nations unies. La réunion faisait partie intégrante des diverses négociations intra-libyennes promues par l'ONU, ainsi que des efforts déployés par la communauté internationale à travers la conférence de Berlin.
Début novembre, le Comité 5+5 a tenu une autre réunion, cette fois au Caire, toujours organisée par l'ONU, à laquelle ont également participé des représentants du Soudan, du Tchad et du Niger. À cette occasion, tous les pays voisins de la Libye ont exprimé leur volonté de coopérer au processus d'expulsion des combattants étrangers et des mercenaires, tandis que les délégués du Soudan, du Tchad et du Niger se sont engagés à coopérer pour assurer le retrait des hommes armés de leurs pays, en coordonnant leurs actions pour éviter qu'ils ne reviennent en Libye et ne déstabilisent les États voisins.
Cependant, le refus de la Turquie de s'aligner sur les accords généraux ouvre un problème gigantesque. En fait, près de la moitié des forces étrangères présentes en Libye sont liées à Ankara : selon le SOHR (Observatoire syrien des droits de l'homme), le nombre total de mercenaires syriens soutenus par la Turquie dans le pays d'Afrique du Nord est d'environ 7000, tandis que les Nations unies ont estimé la présence de 20.000 combattants étrangers sur le territoire libyen. Les sources de SOHR ont également confirmé qu'en dépit des tentatives de négociation de leur retrait début octobre, des miliciens islamistes vétérans du conflit syrien continuent d'être stationnés dans des bases turques en Libye, tandis qu'un nouveau contingent de 90 personnes en provenance de Syrie est arrivé en Libye transporté par des avions turcs.
G20 : la diplomatie à la turque
Lors du G20, Erdogan a non seulement confirmé son intention de ne pas démobiliser ses troupes en Libye, mais a également réaffirmé au président français Emmanuel Macron que la présence turque est légitimée par un accord de coopération militaire signé avec le gouvernement libyen.
"Nos soldats sont là en tant qu'instructeurs", a-t-il réitéré, niant que leurs activités puissent être assimilées à celles de mercenaires illégaux.
Or, ce n'est pas exactement le cas. Tout d'abord, ses propos peuvent s'appliquer au contingent militaire officiellement envoyé par l'armée turque début janvier 2020, et certainement pas aux mercenaires syriens qui continuent à être stationnés dans les bases militaires d'Ankara.
Par ailleurs, les accords conclus lors du sommet du 8 octobre à Genève font explicitement référence au retrait des "mercenaires, combattants étrangers et forces étrangères", les "forces étrangères" étant comprises comme incluant les troupes régulières et les instructeurs.
Enfin, les "instructeurs" turcs ont débarqué en Libye dans le cadre d'un accord signé par Ankara en novembre 2019 avec le gouvernement d'entente nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj, un gouvernement intérimaire auquel a succédé en mars dernier le nouveau gouvernement d'union nationale dirigé par Abdul Hamid Dbeibah. Le point crucial, cependant, est qu'au moment où le traité a été signé, le mandat du GNA avait déjà expiré et donc, en tant que gouvernement intérimaire, il n'avait pas le droit de signer un tel traité de coopération militaire. C'est pour la même raison que tous les voisins de la Libye et de la Turquie ont désavoué le traité sur les frontières maritimes (et les zones économiques exclusives correspondantes) signé par Tripoli et Ankara au même moment. Ce dernier accord a considérablement étendu les revendications turques sur la Méditerranée et ses riches gisements de pétrole et de gaz.
C'est pour ces raisons que la présence militaire turque en Libye doit être considérée comme illégale au regard du droit international, car elle constitue un avant-poste des ambitions néo-impérialistes d'Erdogan. Ce n'est pas une coïncidence si Erdogan, pendant le G20, a annoncé son refus de participer au sommet sur la Libye à Paris (ce qui l'a fait couler), confirmant ainsi qu'il n'a aucune intention de soutenir les efforts internationaux visant à stabiliser le pays.
Nous avons notifié au président Macron, a déclaré Erdogan, notre refus de participer à une conférence à Paris à laquelle participent la Grèce, Israël et l'administration chypriote grecque. Pour nous, il s'agit d'une condition absolue. Si ces pays sont présents, cela n'a aucun sens pour nous d'envoyer des délégués".
À Rome, Erdogan a également eu une réunion séparée avec le Premier ministre Mario Draghi, mais celle-ci n'a donné aucun résultat concret. Aucun progrès n'a été enregistré dans les relations italo-turques, y compris en ce qui concerne le système de défense antimissile italo-français SAMP-T, pour lequel la Turquie avait précédemment manifesté son intérêt. Malgré l'annonce générale de développements futurs à cet égard, il est peu probable que la Turquie reprenne ce projet, à moins que ses relations avec Paris ne s'améliorent. Et Erdogan ne semble avoir aucune envie de poursuivre dans cette direction.
Tensions en Libye
Entre-temps, la situation politique en Libye devient de plus en plus précaire, surtout depuis que la Chambre des représentants (le parlement de Tobrouk) a remis en cause en septembre dernier, à l'instigation de Haftar, le gouvernement d'unité nationale.
D'un point de vue militaire, les tensions augmentent également, à tel point que ces derniers jours, les chefs de deux milices tripolines - Muammar Davi, chef de la Brigade 55, et Ahmad Sahab - ont été victimes d'attaques visant à les tuer.
À ce stade, il est difficile d'être sûr que les élections présidentielles auront lieu en décembre, tandis que les élections parlementaires ont déjà été reportées à 2022.
Le chantage d'Erdogan : géopolitique, énergie, flux migratoires
Si la Turquie a pu renforcer considérablement son influence en Libye, une part considérable de la responsabilité doit être attribuée aux gouvernements dirigés par Giuseppe Conte (surtout le second), caractérisés par un manque d'incisivité sur la question libyenne. Bénéficiant de facto d'une carte blanche, Ankara a pu, en quelques années seulement, débarquer des centaines de "conseillers militaires" dans le pays d'Afrique du Nord.
Avec le traité sur les frontières maritimes et la délimitation des zones économiques exclusives respectives, la Turquie a pris le contrôle du littoral de la Tripolitaine ainsi qu'une sorte de patronage sur les gisements de gaz et de pétrole de la Méditerranée centrale. Son influence politique sur le gouvernement d'accord national, puis sur le gouvernement d'unité nationale, est énorme.
La guerre civile entre Tripoli et Benghazi a permis à Ankara de fournir des troupes et des armes au camp ouest-libyen, de redéployer ses milices mercenaires précédemment actives en Syrie et d'obtenir la gestion du port et de l'aéroport de Misurata pour les 99 prochaines années.
Aujourd'hui, Erdogan, grâce à la forte influence qu'il est en mesure d'exercer sur l'un des plus grands producteurs de pétrole au monde, dispose d'une arme supplémentaire pour faire pression sur l'Europe, celle de l'approvisionnement énergétique, en plus de l'arme déjà largement utilisée du contrôle des flux migratoires, qu'il est désormais en mesure de réguler non seulement sur la route des Balkans, mais aussi sur celle de la Méditerranée centrale. La route la plus empruntée par les trafiquants d'êtres humains, selon les chiffres officiels, selon lesquels, au 22 octobre, 51.568 migrants sont déjà arrivés en Italie cette année, contre 26.683 en 2020.
Les demandes de Draghi à l'Union européenne d'allouer des fonds pour protéger "toutes les routes" sont du miel aux oreilles turques. Ils font en effet référence aux 6 milliards que Bruxelles a déjà versés à la Turquie pour gérer la route des Balkans et à ceux qu'elle versera encore. Il y a actuellement 3,7 millions de Syriens vivant sur le sol turc, auxquels il faut ajouter 300.000 Afghans. Une bombe à retardement qu'Ankara menace de faire exploser à tout moment si ses exigences ne sont pas satisfaites.
En bref, les crises humanitaires - de l'Afghanistan à la Syrie, auxquelles s'ajoute désormais la crise libyenne - sont devenues une occasion extraordinaire pour la Turquie d'obtenir des ressources de l'Europe et de la maintenir sous pression. C'est pourquoi le maintien d'un gouvernement pro-turc à Tripoli est si important pour Erdogan : il lui permet de jouer un jeu géopolitique complexe contre l'UE qui combine énergie et flux migratoires.
Reconstruire un équilibre en Méditerranée et redimensionner les ambitions turques en adoptant une attitude plus ferme à l'égard du nouveau sultan est le véritable défi que l'Italie doit relever, plutôt que de s'aventurer dans des aspirations improbables et irréalistes à diriger l'UE ou à renforcer les relations transatlantiques.
Alessandro Sansoni
Directeur du magazine mensuel CulturaIdentità
11:26 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, méditerranée, libye, turquie, erdogan, afrique du nord, afrique, affaires africaines, géopolitique, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 05 novembre 2021
L'Europe à la recherche d'une défense commune
L'Europe à la recherche d'une défense commune
par Marcello Austini
Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/l-europa-alla-ricerca-di-una-difesa-comune
Le nœud du problème n'est pas tant l'armée européenne. Le véritable nœud du problème est de savoir à quoi sert une armée européenne, à quoi sert une défense commune sans l'existence d'une politique étrangère européenne commune efficace. L'Europe ne peut plus compter uniquement sur le parapluie de l'OTAN, étant donné que certains pays de l'Alliance, comme la Turquie, ont des intérêts stratégiques distincts et très éloignés de ceux des 27.
Le récent retrait dramatique d'Afghanistan et le désengagement progressif des États-Unis ont amené l'Union européenne à repenser sa politique étrangère et de défense. À cet égard, le débat a repris sur la manière dont l'Europe peut s'affirmer en tant qu'acteur géopolitique, en faisant correspondre son poids économique à son poids diplomatique et, pourquoi pas, à son poids militaire potentiel. Le haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, a récemment déclaré que des travaux étaient en cours sur une proposition visant à mettre en place une force militaire commune, même si "il n'y a pas encore unanimité" parmi les États membres.
À cet égard, il faut dire que le désaccord entre les pays trouve son origine dans la relation avec les États-Unis et, plus précisément, avec l'OTAN (le pacte de l'Alliance atlantique).
Depuis des années, en effet, sur cet aspect spécifique, il y a une confrontation entre la vision française qui voudrait que cette force européenne soit indépendante et celle, plus modérée, menée par l'Italie et l'Allemagne, qui l'interprète comme un "renforcement européen de l'Alliance atlantique".
Par le passé, et encore plus récemment, la France a avancé l'idée de créer une "véritable armée européenne", mais un débat animé a fait rage à ce sujet, soulignant les différences entre les États membres. Il ne faut donc pas sous-estimer la position décisive de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, selon laquelle l'Union européenne ne pourra jamais être une alliance militaire car l'OTAN existe déjà pour répondre à ce besoin.
De l'avis de l'auteur, le point crucial n'est pas tant l'armée européenne. La vraie question est de savoir quel est l'intérêt d'avoir une armée européenne, quel est l'intérêt d'avoir une défense commune sans l'existence d'une politique étrangère européenne commune efficace.
Ce constat premier et fondamental étant fait, la question se pose de savoir quel sera le rôle de l'Europe dans les années à venir ? On se demande, en définitive, "ce que l'Union européenne veut faire quand elle sera grande". Voudra-t-elle vraiment compter pour quelque chose sur la scène internationale ? Le débat, avec les différentes positions avancées, reste ouvert et, évidemment, a une valeur entièrement politique.
Les scénarios
La prochaine présidence semestrielle de l'UE, sous la houlette de la France, pourrait donner une impulsion particulière au débat. Mais dans quelle direction ? Vers quels objectifs ?
Macron s'est récemment prononcé en faveur de la proposition italienne d'impliquer le G20 dans la coordination internationale sur le sujet. L'alignement possible entre Rome et Paris - également à la lumière de la transition politique en Allemagne - pourrait être soutenu par la présidence française de l'UE en janvier. L'Union a "appris à ses dépens", lors de la crise en Afghanistan et ailleurs, la nécessité de renforcer sa capacité défensive, a déclaré Thierry Breton, commissaire chargé du marché intérieur. Selon lui, la défense commune "ne semble plus être optionnelle" et l'Union européenne doit pouvoir gérer les crises et les missions militaires en "pleine autonomie".
Toutefois, en ce qui concerne la défense commune, l'Union a une longue histoire de faux départs et il existe des doutes légitimes quant à cette prochaine opportunité.
La défense européenne commune, une alternative à l'OTAN ?
Pour beaucoup, la force de défense européenne ne doit pas être comprise comme une alternative à l'OTAN. Il s'agit de mettre l'Union en mesure d'intervenir lorsqu'il existe un besoin important et urgent.
Il est toutefois paradoxal que, dans l'ensemble, les 27 États membres dépensent autant pour la défense commune que la Russie et la Chine, même si l'UE ne dispose pas de la coordination nécessaire ni des capacités logistiques pour soutenir des opérations militaires à l'étranger sans l'aide des États-Unis.
Pour y faire face, l'Union européenne envisage de mettre en place une force de réaction rapide d'au moins 5000 hommes.
Le projet pèse toutefois lourdement sur les différences entre les États membres, comme dans le cas des pays baltes, qui sont inextricablement liés à l'OTAN, et sur le scepticisme de certains pays d'Europe orientale.
L'Allemagne, en revanche, a fortement soutenu l'initiative et a invoqué l'article 44 du traité de Lisbonne. Cet article, comme on le sait, permet à un groupe d'États membres qui le souhaitent de se réunir et d'aller de l'avant par un vote à la majorité, sans avoir besoin de parvenir à un consentement unanime (coopération renforcée).
Il faut dire que cet aspect, celui du consentement unanime, a également affecté la politique étrangère européenne, contribuant à sa fréquente paralysie. Mais ce n'est ni une excuse ni un écran de fumée juridique.
L'Union européenne est accusée, à juste titre, de manquer d'une véritable politique étrangère commune, d'une stratégie partagée sur la scène internationale, d'un manque de planification, y compris diplomatique, et d'une vision générale du rôle que l'Europe doit jouer dans le monde.
En tout état de cause, le projet de force de défense commune sera présenté à la mi-novembre. Il appartiendra ensuite à la France, peut-être, de prendre les mesures nécessaires à sa mise en œuvre. La France, qui, comme nous l'avons déjà mentionné, a toujours été parmi les principaux partisans de la nécessité de repenser le cadre actuel de l'Alliance atlantique, le pays qui, à partir de janvier, assumera la présidence tournante de l'Union européenne et le seul État de l'UE, après le Brexit, à siéger au Conseil de sécurité des Nations unies.
Besoin d'une "autonomie stratégique" ?
Le défi, cependant, sera celui que nous venons d'évoquer: trouver une communauté de vues et peut-être tenter d'esquiver l'intention française de mener seule la définition de la stratégie. Le cas de la crise libyenne, dont nous payons encore les effets en termes d'approvisionnement en ressources énergétiques, d'augmentation exponentielle de l'immigration clandestine et de géopolitique en général (et pas seulement), a montré combien les intérêts des États européens peuvent être divergents.
Il convient également de noter que la création du Fonds européen de défense (FED) a montré à quel point l'alignement des principaux pays de l'UE peut être productif, même sur une question aussi délicate. La France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne ont toutes œuvré pour donner une impulsion au projet, qui s'est concrétisé au fil des ans par divers instruments de mise en œuvre.
Une fois le fonds défini - avec un budget de 7,9 milliards d'euros pour sept ans - la "course" des États membres pour obtenir ses ressources a déjà commencé, comme d'habitude.
Une concurrence entre les pays qui pourrait, dans l'absolu, prendre même des allures positives, déclenchant un cercle vertueux d'investissements, mais qui risque davantage de se transformer en une course à la "thésaurisation" des ressources par les États membres, laissant le problème de la stratégie européenne commune sans solution et exacerbant au contraire les égoïsmes, les fractures, les divisions et les rancœurs présentes et futures.
La "leçon afghane" devrait constituer un nouvel avertissement pour l'Union européenne et contribuer à réaliser le fameux saut qualitatif espéré dans l'approche de la défense commune et dans la gestion des situations de crise et d'urgence, étant donné que la débâcle en Afghanistan n'a pas de connotations exclusivement militaires, mais qu'il s'agit également d'une défaite politique pour l'Europe et pour l'Occident en général, et qu'elle survient en relation avec le retrait déclaré et évident des États-Unis de certains scénarios et leur concentration sur des zones et des questions d'intérêt plus direct, l'Asie-Pacifique surtout.
Les nouveaux accords américains sont connus depuis un certain temps, mais trouvent aujourd'hui une plus grande évidence, accompagnés de la demande explicite de Washington à ses alliés européens d'assumer davantage de responsabilités sur les théâtres qui leur sont proches, à commencer par la Méditerranée, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient.
En effet, l'Europe ne peut plus compter uniquement sur le parapluie de l'OTAN pour garantir sa défense, sachant par ailleurs que certains pays de l'Alliance, comme la Turquie, ont des intérêts stratégiques distincts et éloignés de ceux des 27.
Pour conclure cette brève analyse, il est nécessaire de rappeler que pour les pères constitutifs de l'Europe, l'idée de la Communauté européenne de défense existait et répondait à la nécessité première d'éviter les conflits entre les peuples européens d'une part et, d'autre part, la défense commune contre d'éventuels ennemis.
La réticence des États membres à adhérer au principe de l'abandon de la souveraineté (nationale) en faveur d'une souveraineté européenne commune, comme cela s'est déjà produit dans d'autres domaines, l'a entravé à bien des égards jusqu'à aujourd'hui: l'économie, la monnaie unique et le système fiscal, par exemple, qui est en train d'être mis en œuvre, bien qu'au milieu de mille formes de résistance et de mille complexités.
C'est un nœud gordien difficile à démêler, à défaire, et sur lequel il y a tant d'éléments, tant de variables à prendre en compte. Il y a tant de positions entre les États membres, parfois très éloignés les uns des autres, tant de stratégies et d'alliances différentes, des intérêts économiques et monétaires différents, des différences entre les pays en termes de plans de développement industriel et commercial, des différences dans leur composition sociale, leurs modes de pensée et leurs styles de vie. Et puis il y a les vieilles rancunes, les préjugés, les antipathies ataviques qui ne s'effacent jamais... Telle est, malheureusement, l'image de notre vieux continent.
Certains pensent que la solution à la crise du "modèle européen" réside précisément là: dans l'abandon des égoïsmes nationaux internes et le retour aux principes qui ont garanti au Vieux Continent plus de soixante-dix ans de paix. Nous aimons croire so...., mais nous savons parfaitement que ce n'est pas le cas et que de telles déclarations, outre qu'elles sont parfois prononcées de bonne foi, peuvent être un alibi commode, dissimulant d'autres vérités, d'autres réalités.
Nous ne pouvons, en effet, que constater, malgré nous, combien l'Union européenne actuelle est l'expression authentique - nous oserions dire le reflet automatique - de la désintégration actuelle des différentes réalités nationales, des contradictions de nos sociétés, de nos systèmes socio-économiques, de nos modèles et modes de vie.
* * *
Juste pour ceux qui souhaitent développer.
La base juridique et le cadre juridique actuel de la défense commune.
Le traité de Lisbonne, également connu sous le nom de traité sur l'Union européenne (TUE) de 2009, définit le cadre général de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC).
L'article 41 du TUE, définit le financement de la PESC et de la PSDC. Les articles 42 à 46, les Protocoles 1, 10 et 11 et les Déclarations 13 et 14 contiennent des informations supplémentaires sur cette politique.
Les innovations du traité de Lisbonne ont amélioré la cohérence des politiques de la PSDC.
Le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, qui est également vice-président de la Commission européenne (le HR/VP), joue le rôle institutionnel principal. Elle dirige le Service européen d'action extérieure (SEAE), préside le Conseil des affaires étrangères en formation de ministre de la défense (l'organe décisionnel de la PSDC de l'UE) et dirige l'Agence européenne de défense (AED).
Le Haut représentant (HR/VP), dont le rôle est actuellement tenu par Josep Borrell, présente généralement les propositions de décisions de la PSDC aux États membres.
La politique de sécurité et de défense commune (PSDC) définit le cadre des mesures de l'UE dans le domaine de la défense et de la gestion des crises, y compris la coopération et la coordination en matière de défense entre les États membres. Partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l'Union, la PSDC a donné naissance à des structures politiques et militaires internes à l'UE.
Dispositions du traité relatives à la PSDC
Les décisions relatives à la PSDC sont prises par le Conseil européen et le Conseil de l'Union européenne (article 42 TUE). Ces décisions sont prises à l'unanimité, avec quelques exceptions importantes concernant l'AED (article 45 TUE) et la coopération structurée permanente (PESCO, article 46 TUE), qui prévoient une adoption à la majorité.
Le traité de Lisbonne a introduit le concept de politique européenne des capacités et de l'armement (article 42, paragraphe 3, du TUE) et a établi un lien entre la PSDC et les autres politiques de l'Union, en prévoyant une collaboration entre l'AED et la Commission si nécessaire (article 45, paragraphe 2, du TUE). Cela concerne en particulier les politiques de l'Union en matière de recherche, d'industrie et d'espace.
En outre, l'article 21 du TUE rappelle que le multilatéralisme est au cœur de l'action extérieure de l'UE. Elle comprend la participation des partenaires aux missions et opérations de la PSDC ainsi que la collaboration dans une série de questions de sécurité et de défense.
L'UE participe à un certain nombre de tables de travail internationales visant à renforcer la coordination et la coopération, notamment avec les Nations unies et l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), ainsi qu'avec l'Union africaine, le G5 Sahel, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est.
Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la PSDC a considérablement changé, tant sur le plan politique qu'institutionnel.
En juin 2016, la HR/VP de l'époque, Federica Mogherini, a présenté au Conseil européen la " Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l'Union européenne ", qui définit la stratégie de la PSDC. Cette stratégie identifie cinq priorités pour la politique étrangère de l'UE : la sécurité de l'Union ; la résilience des États et de la société à l'est et au sud de l'UE ; le développement d'une approche intégrée des conflits ; les ordres régionaux de coopération ; et la gouvernance mondiale pour le 21e siècle. La mise en œuvre de la stratégie devrait faire l'objet d'un examen annuel en consultation avec le Conseil, la Commission et le Parlement.
En novembre 2016, la HR/VP a également présenté au Conseil le "plan de mise en œuvre de la sécurité et de la défense", visant à rendre opérationnelle la vision exposée dans la stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l'Union européenne concernant les questions de défense et de sécurité. Le plan présente 13 propositions, dont un examen annuel coordonné de la défense (CARD), une amélioration de la réaction rapide de l'UE et une nouvelle coopération structurée permanente unique (PESCO) pour les États membres qui souhaitent prendre davantage d'engagements en matière de sécurité et de défense. Parallèlement, la HR/VP a présenté aux États membres un "plan d'action européen pour la défense" (EDAP), ainsi que des propositions clés pour le Fonds européen de défense (FED), axées sur la recherche en matière de défense et le développement des capacités. Ce plan a constitué une étape importante vers la mise en œuvre des structures politiques et militaires internes de l'UE définies dans la PSDC.
Depuis le début de son mandat en décembre 2019, le HR/VP Josep Borrell a placé le renforcement de la PSDC au cœur des activités de l'UE et s'engage à poursuivre et à renforcer les initiatives déjà engagées.
Afin de donner un nouvel élan à son programme de sécurité et de défense, l'UE travaille actuellement sur une boussole stratégique qui vise à donner une orientation politico-stratégique renforcée à la sécurité et à la défense de l'UE et à définir le niveau d'ambition dans ce domaine.
La première phase, qui s'est achevée en novembre 2020, a consisté en une analyse complète des menaces et des défis. La deuxième phase, actuellement en cours, consiste en des discussions informelles entre les États membres concernant l'analyse des menaces et des principales conséquences, l'analyse de l'écart des capacités et les priorités des États membres. Cette phase de dialogue devrait permettre aux États membres d'améliorer leur compréhension commune des menaces pour la sécurité auxquelles ils sont collectivement confrontés et de renforcer la culture européenne de sécurité et de défense. Le processus est conçu pour répondre au besoin croissant de l'Union de pouvoir agir en tant que garant de la sécurité.
Les missions et opérations de gestion de crise sont l'expression la plus visible et la plus concrète de la PSDC. Selon le vice-président des ressources humaines Josep Borrell, il est essentiel de renforcer l'engagement par le biais des missions et des opérations de la PSDC, avec des mandats plus forts mais également flexibles.
Bien que le Parlement européen ne joue pas un rôle direct dans la définition de la boussole stratégique, il devrait être régulièrement informé et avoir la possibilité d'exprimer son point de vue sur le processus.
Développement des instruments de la PSDC
En ce qui concerne le développement et l'harmonisation de la coopération en matière de défense entre les États membres, depuis 2016, la PSDC a obtenu un certain nombre de résultats positifs, notamment : le lancement de la PESCO ; une structure permanente de commandement et de contrôle pour la planification et la conduite de missions militaires non exécutives ; un mécanisme de cartographie des capacités de défense ; un Fonds européen de défense ; une amélioration de la mobilité militaire ; une cyberpolitique plus robuste ; et une coopération accrue avec l'OTAN.
En décembre 2020, le Conseil est parvenu à un accord politique provisoire avec les représentants du Parlement sur un règlement établissant le FED, dans le contexte du cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2021-2027. Avec un budget de 8 milliards d'euros sur sept ans alloué à l'EED, l'UE deviendra l'un des trois principaux investisseurs dans la recherche en matière de défense en Europe.
L'instrument européen pour la paix est l'un des instruments les plus récents de la PSDC. Grâce à cet instrument, l'UE financera les coûts communs des missions et opérations militaires de la PSDC, ce qui renforcera la solidarité et le partage des charges entre les États membres. L'instrument contribuera à accroître l'efficacité de l'action extérieure de l'UE en renforçant les capacités des opérations de soutien de la paix et les capacités des pays tiers et des organisations partenaires dans le domaine militaire et de la défense.
Missions et opérations de la PSDC de 2003 à 2021
Depuis 2003 et les premières interventions dans les Balkans occidentaux, l'UE a lancé et géré 36 opérations et missions sur trois continents. En mai 2021, 17 missions et opérations PSDC sont en cours, dont 11 civiles et 6 militaires, impliquant quelque 5 000 militaires et civils de l'UE déployés à l'étranger. Les missions et opérations les plus récentes ont contribué à améliorer la sécurité en République centrafricaine (EUAM CAR) et à faire respecter l'embargo des Nations unies sur les armes en Libye (EUNAVFOR MED IRINI). Les décisions de l'UE de déployer des missions ou des opérations sont généralement prises à la demande du pays partenaire auquel l'aide est fournie et/ou sur la base d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.
Le rôle (marginal) du Parlement européen
Le Parlement européen soutient traditionnellement l'intégration et la coopération de l'UE en matière de défense. Le Parlement contrôle la PSDC et peut s'adresser à la HR/VP et au Conseil de sa propre initiative (article 36 du TUE). Il exerce également un contrôle sur le budget de la PSDC (article 41 du TUE). Deux fois par an, le Parlement organise des débats sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la PESC et de la PSDC, et adopte des rapports : un sur la PESC, rédigé par la commission des affaires étrangères (AFET), et un sur la PSDC, rédigé par la sous-commission de la sécurité et de la défense (SEDE).
En décembre 2020, le Parlement européen a approuvé son rapport annuel sur la mise en œuvre de la PSDC. Le Parlement a réitéré son soutien au PESCO, au CARD et au FED, car ils peuvent contribuer à accroître la cohérence, la coordination et l'interopérabilité dans la mise en œuvre de la PSDC et consolider la solidarité, la cohésion, la résilience et l'autonomie stratégique de l'Union. Le rapport se félicite de l'engagement de l'UE à accroître "sa présence mondiale et sa capacité d'action", tout en appelant la HR/VP et le Conseil à "fournir une définition formelle commune de l'autonomie stratégique". Elle appelle à une plus grande efficacité des missions PSDC, notamment par une contribution accrue des forces des États membres et l'intégration de la dimension de genre. Il se félicite également des initiatives de renforcement des capacités, tout en notant la nécessité d'en assurer la cohérence. Le rapport aborde également les questions liées aux nouvelles technologies, aux menaces hybrides, à la maîtrise des armements, au désarmement et aux régimes de non-prolifération, ainsi qu'à la coopération avec les partenaires stratégiques tels que l'OTAN, les Nations unies et le Royaume-Uni.
Depuis 2012, le Parlement européen et les parlements nationaux des États membres organisent deux conférences interparlementaires par an pour discuter des questions relatives à la PESC. La coopération interparlementaire dans ces domaines est prévue par le protocole 1 du traité de Lisbonne, qui décrit le rôle des parlements nationaux dans l'UE.
Le traité de Lisbonne permet au Parlement européen de jouer un rôle à part entière dans le développement de la PSDC, faisant de lui un partenaire dans la définition des relations extérieures de l'Union et dans la réponse aux défis tels que ceux relatifs à la mise en œuvre de la stratégie européenne de sécurité.
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jeudi, 04 novembre 2021
La Russie change les règles de la logistique mondiale en contournant Suez
La Russie change les règles de la logistique mondiale en contournant Suez
Valerij Kulikov
Ex: http://aurorasito.altervista.org/?p=20674
Après que le porte-conteneurs Ever Given s'est retrouvé coincé dans le canal de Suez en 2020, le commerce mondial a dû faire face aux conséquences d'une crise qui était auparavant considérée comme improbable. Cet incident a mis en évidence la nécessité, à tout le moins, d'améliorer les infrastructures pour répondre aux exigences de la chaîne d'approvisionnement mondiale en marchandises, qui ne cesse de croître. Cependant, d'autres risques croissants dans la région peuvent affecter la sécurité et la stabilité de la route, ce qui a conduit à la recherche initiale d'une alternative au canal de Suez.
Le récent réchauffement climatique a progressivement érodé la calotte glaciaire de l'Arctique, ouvrant l'accès à une activité économique tout au long de l'année dans cette région. Dans ce contexte, on peut parier que la route de la mer du Nord (NSR), longue de 5600 km, reliant l'Asie à l'Europe, sera la principale alternative maritime au canal de Suez.
Si la route de la mer du Nord est accessible toute l'année, elle deviendra un lien logistique et géostratégique essentiel qui, pour beaucoup, changera la donne. La route maritime du Nord désigne la route qui longe les territoires du nord de la Russie, à l'est de l'archipel de Novaja Zemlya dans l'océan Arctique, dans la région d'Arkhangelsk de la Fédération de Russie. La route se poursuit le long de la côte arctique russe de la mer de Kara, dans l'océan Arctique au nord de la Sibérie, entre la mer de Barents à l'ouest et la mer de Laptev à l'est, puis le long de la côte sibérienne jusqu'au détroit de Béring (entre le point le plus à l'est de l'Asie et le point le plus à l'ouest de l'Amérique, avec la Russie à l'est et les États-Unis et l'Alaska à l'ouest). La route de la mer du Nord relie les ports d'Europe et d'Extrême-Orient en Russie, ainsi que les estuaires des fleuves navigables de Sibérie en un seul système de transport, à travers les océans Arctique et Pacifique (mer de Barents, mer de Kara, mer de Laptev, mer de Sibérie orientale, mer des Tchouktches et mer de Béring).
Il s'agit d'une route maritime avantageuse car elle réduit considérablement la distance entre l'Europe et l'Asie par voie maritime, par rapport au passage "traditionnel" par le canal de Suez. Par exemple, le passage d'un cargo par le canal de Suez d'Amsterdam, aux Pays-Bas, à Dalian, en Chine, prend 48 jours. La route de la mer du Nord raccourcit le voyage de 13 jours. Il est inutile de rappeler ici l'importance de cet aspect pour la logistique, d'autant plus que le volume de marchandises transportées sur les chaînes logistiques mondiales a énormément augmenté. Jusqu'à présent, seuls quelques dizaines de navires marchands traversent la route de la mer du Nord. En effet, pour l'instant, elle n'est pas toujours ouverte. Elle n'est que partiellement accessible de juillet à novembre et, le reste de l'année, ses sections les plus importantes sont bloquées par la glace. Même pendant les mois les plus chauds, un simple cargo ne peut pas passer à cause de la menace de la glace. Heureusement, la situation change rapidement, ce qui rend la route de la mer du Nord accessible.
Compte tenu de la nécessité d'ouvrir cette route le plus rapidement possible, des cargos spéciaux sont construits pour pouvoir naviguer sur cette route sans brise-glace. La Russie, qui peut tirer le plus grand profit de la route de la mer du Nord, prévoit de créer un véritable corridor maritime dans les cinq prochaines années, permettant aux marchandises de contourner le canal de Suez et de naviguer toute l'année sur cette route dès 2022 ou 2023. C'est ce qu'a déclaré Jurij Trutnev, vice-premier ministre de la Fédération de Russie et envoyé plénipotentiaire du président dans le district fédéral de l'Extrême-Orient. À cette fin, les infrastructures nécessaires, les systèmes de sauvetage, les ports maritimes, les stations radar météo et glace, les ports et les infrastructures énergétiques sont activement construits le long de la route.
D'ici 2026, la Russie prévoit de doubler le nombre de brise-glace assurant le passage ininterrompu des cargos sur la route de la mer du Nord et de construire de nouveaux navires qui transporteront des marchandises le long de cette route. En particulier, "la flotte de fret de classe glace sera multipliée par plus de trois d'ici à 2030. Il est nécessaire de construire plus de 30 pétroliers, 40 vraquiers et 22 porte-conteneurs", a précisé M. Trutnev. La Russie prévoit de construire des brise-glace à propulsion nucléaire ou au GNL pour maintenir le passage toute l'année. Sont également en construction des patrouilleurs brise-glace multi-rôles de la classe Ivan Papanin, développés par la société Jugreftransflot basée à Saint-Pétersbourg. Il s'agit d'un navire de transport arctique doté d'une coque renforcée et de moteurs électriques qui n'aura pas besoin d'être escorté par un brise-glace. Grâce au nouveau système de propulsion Azipod et au renforcement de la poupe, le navire pourra briser des glaces de 2,1 m d'épaisseur. Il pourra également avancer depuis la poupe. Le navire sera équipé d'une station radar pour un acheminement optimal à travers la glace.
La Russie investit massivement dans les infrastructures de la route de la mer du Nord et souhaite qu'elle devienne accessible le plus rapidement possible. Avec une population de trois cent mille habitants, Mourmansk, proche de la frontière norvégienne, dispose déjà d'un port commercial moderne, avec de bonnes liaisons ferroviaires et routières avec Moscou et le reste de la Russie. La route de la mer du Nord donnera à la ville une connexion mondiale. JSC Vanino Commercial Sea Port (Port Vanino) va reprendre ses opérations de chargement de conteneurs. Actuellement, le port de Vanino peut recevoir des porte-conteneurs d'une capacité de 1000 EVP. En outre, les ports de Primorye augmentent également leur activité en redirigeant le trafic de marchandises de la Chine vers la Russie. En raison de l'utilisation limitée de la route de la mer du Nord, le système ferroviaire russe est plus actif. Le transport via Vladivostok et Nakhodka et au-delà par le Transsibérien s'est avéré 30 à 40 % moins cher que la voie maritime par le canal de Suez. Bien qu'il soit impossible de remplacer complètement le canal de Suez, une alternative viable peut être créée et prendra de plus en plus d'importance. Si la route de la mer du Nord devait desservir ne serait-ce qu'une petite partie de ceux qui expédient aujourd'hui des marchandises par le canal de Suez, cela transformerait en soi la logistique mondiale, qui, comme l'économie, connaît une croissance implacable.
Valerij Kulikov, expert politique, en exclusivité pour le magazine en ligne "New Eastern Outlook".
12:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arctique, route arctique, routes maritimes, canal de suez, géopolitique, politique internationale, logistique, europe, russie, affaires européennes, asie, affaires asiatiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le nouvel axe géopolitique Russie/Chine/Allemagne/Iran pourrait reléguer la domination mondiale des États-Unis aux oubliettes de l'histoire
Le nouvel axe géopolitique Russie/Chine/Allemagne/Iran pourrait reléguer la domination mondiale des États-Unis aux oubliettes de l'histoire
Par Alfredo Jalife Rahme
Ex: https://kontrainfo.com/nuevo-eje-geopolitico-entre-rusia-china-alemania-iran-podria-enviar-el-dominio-global-estadunidense-al-basurero-de-la-historia-por-alfredo-jalife-rahme/
Le géopoliticien brésilien Pepe Escobar - l'un des meilleurs au monde pour la région eurasienne et bien supérieur à l'israélo-américain Robert Kaplan, devenu un vulgaire propagandiste du Pentagone - lance une théorie prospective téméraire sur le nouvel axe Russie/Chine/Allemagne/Iran (cf. https://bit.ly/2Vl1BXV).
Après 117 ans, la thèse du géographe Sir Halford John Mackinder (https://amzn. to/3yqgPsV) - énoncée en soutien à la thalassocratie britannique - sur l'Eurasie comme "heartland" - alors qu'il imaginait au départ que les États-Unis risquaient fort de se confiner sur une "île" marginalisée - est de retour avec vigueur, ayant rempli sa mission téléologique de domination universelle par l'Anglosphère depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à la grave crise financière de 2008 - pour d'autres, depuis la mise en scène hollywoodienne du 11 septembre - or ce scénario mackindérien revient maintenant en "sens inverse" : lorsque les Eurasiens, posés comme "isolés" selon les héritiers de cette perspective mackindérienne, reprendront le flambeau géostratégique, ce sera au détriment du déclin indéniable des États-Unis.
Dans son style très sympathique d'optimisation des "hard data" au rythme de la samba, Escobar déclare: "Aujourd'hui, ce n'est pas l'axe Allemagne-Japon, mais le spectre d'une entente Russie-Chine-Allemagne qui terrifie [sic] l'hégémon en tant que trio eurasien capable d'envoyer la domination mondiale des États-Unis dans les poubelles [sic] de l'histoire".
Il explique que la Russie et la Chine ont cessé de faire preuve de leur "infinie patience taoïste (note : philosophie chinoise de l'harmonie et de la "voie spirituelle")" dès que les "acteurs majeurs" du cœur de l'Eurasie (Mackinder dixit) "ont clairement vu à travers le brouillard de la propagande impériale".
En effet, l'empire américain désormais décadent, étendu à l'anglosphère thalassocratique et financiariste, détient encore un leadership inégalé avec sa puissante machine de "propagande noire", à l'unisson avec le dollaro-centrisme, lequel est cependant ébranlé par le projet du yuan numérique et le retour triomphal des métaux précieux (or et argent).
Escobar ne cache pas que la route sera "longue et sinueuse, mais l'horizon [sic] finira par dévoiler une alliance Allemagne/Russie/Chine/Iran [sic] qui remaniera l'échiquier mondial"; il énonce cette thèse en référence au livre de feu le russophobe obsessionnel et compulsif Zbigniew Brzezinski (https://amzn.to/3xt1C9q). Alors que les États-Unis - qu'il décrit comme un "empire du chaos (https://amzn.to/3rR6jII)" - sont "progressivement et inexorablement expulsés (sic) du cœur de l'Eurasie, la Russie et la Chine gèrent conjointement les affaires de l'Asie centrale", comme en témoigne la récente conférence de Tachkent (Ouzbékistan), pays d'Asie centrale.
Escobar expose la collision de la Route de la Soie contre la QUAD -USA/Inde/Japon/Australie-, et le leadership régional de la Russie, qui pousse au "grand partenariat eurasien", et qui, par ailleurs, a renouvelé avec la Chine pour cinq années supplémentaires le Traité de bon voisinage, d'amitié et de coopération, signé en 2001 (https://bit.ly/37g7B6P).
Il est clair qu'au cours des six premiers mois de Biden, peut-être dans le but de séduire Berlin pour créer une sainte alliance européenne contre la Chine, les États-Unis ont renié les affects antirusses de l'Ukraine, de la Pologne et des États baltes ("Le gazoduc Nord Stream 2 : l'Allemagne et la Russie gagnent ; l'Ukraine et les États-Unis perdent ; cf. https://bit.ly/3AamvaO), tandis qu'ils se retirent d'Afghanistan et d'Irak.
Pepe Escobar décrit l'affrontement à Tianjin entre les États-Unis et la Chine comme un "séisme géopolitique", comme je l'ai déjà signalé à propos des "trois commandements" avec lesquels le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi a damé le pion à la sous-secrétaire d'État américano-israélienne Wendy Sherman (https://bit.ly/3ymLRBT).
Escobar se moque du niveau avilissant des think tanks américains, lorsque le Carnegie Endowment, avec 11 auteurs - dont le conseiller à la sécurité nationale (https://bit.ly/3jh4DEB), l'israélo-américain Jake Sullivan - soutient comment "la politique étrangère américaine fonctionnera mieux pour la classe moyenne". Sans commentaire !
Escobar conclut que "c'est maintenant le début d'un nouveau monde géopolitique et le préquel" - le contexte qui mène aux événements - "d'un requiem impérial" où "de nombreuses suites suivront".
http://alfredojalife.com
Facebook : AlfredoJalife
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mercredi, 03 novembre 2021
"Une vague migratoire totale" - le professeur Rupert Scholz, expert en droit constitutionnel et ancien ministre de la défense, répond aux questions de ZUERST !
"Une vague migratoire totale" - le professeur Rupert Scholz, expert en droit constitutionnel et ancien ministre de la défense, répond aux questions de ZUERST !
Ex : https://zuerst.de/2021/11/02/totale-migrationswelle-ex-verteidigungsminister-prof-rupert-scholz-im-zuerst-interview/
Le juriste constitutionnel et ancien ministre fédéral de la Défense, le Prof. Rupert Scholz, a donné à la revue Zuerst une interview sur le désastre de l'Afghanistan et l'état de la nation.
Professeur Scholz, la situation sécuritaire en Afghanistan est fragile. Le retrait précipité a révélé de manière flagrante les défauts de conception de l'ensemble de la mission militaire. Mais le fait que le gouvernement allemand tente apparemment de rattraper son échec politique en rouvrant la frontière aux migrants afghans n'a-t-il pas un poids plus lourd encore ?
Scholz : Le retrait précipité d'Afghanistan est une véritable catastrophe dont l'Allemagne est également responsable. Il est évident que l'Afghanistan a été géré avec des attentes ou des espoirs complètement faux pour l'avenir. Le résultat est un désastre total, pour lequel 59 soldats allemands ont même dû perdre la vie. Tout cela ne peut être réparé en ouvrant les frontières au profit des Afghans. Bien sûr, il faut s'occuper des Afghans qui ont travaillé pour la Bundeswehr ou les magazines d'information des administrations allemandes en Afghanistan. Car ils sont menacés par les talibans. Mais tout cela ne peut être garanti que par le droit d'asile et son contrôle strict. L'ouverture des frontières aux Afghans sur le modèle de 2015 ne peut être envisagée à nouveau.
Dans une interview de 2018 à Die Welt, vous déploriez déjà "que le droit d'asile soit depuis longtemps dépassé par une vague d'immigration de plusieurs centaines de milliers d'individus". Outre l'Afghanistan, la pression migratoire augmente également via la Méditerranée, les Balkans et l'Europe de l'Est. Cette "vague d'immigration" nous menace-t-elle à nouveau ?
Scholz : La vague totale de migration initiée par le gouvernement fédéral en 2015 nous a apporté quelque deux millions de migrants, mais, en plus, elle a aussi établi des violations substantielles du droit. Cela ne doit pas se répéter. L'Allemagne est déjà le pays qui compte le plus grand nombre de migrants après les États-Unis, bien que l'Allemagne soit un pays relativement petit et en aucun cas omnipotent sur le plan économique.
L'interview accordée à Die Welt à l'époque portait également sur votre proposition de modifier l'article 16a de la Loi fondamentale sur le droit d'asile. Dans quel but ?
Scholz : L'article 16a de la Loi fondamentale, qui garantit le droit d'asile, est généralement défini à tort comme un pur droit de liberté, c'est-à-dire que l'on croit que toute personne dans le monde a le droit de se voir accorder l'asile en Allemagne. Cependant, ce n'est pas correct. Le droit d'asile est en vérité et avant tout un droit aux subsides sociaux; et les droits à ces subsides comportent également des limites de recevabilité bien définies - à commencer par la capacité à les recevoir, en passant par les problèmes d'intégration jusqu'aux conséquences financières économiques et sociales. Ceci devrait également être clarifié dans le texte actuel de l'article 16a de la Loi fondamentale.
Vous avez, par le passé, averti à plusieurs reprises que les coûts de l'immigration massive mettraient à l'épreuve la "résilience de l'État-providence". Faut-il une limite supérieure ?
Scholz : Dans le sens susmentionné, la "résilience de l'État-providence" est définitivement mise à l'épreuve. Par conséquent, il est juste de fixer une limite supérieure correspondante pour l'admission des migrants. Cela devrait aussi et surtout se faire dans le cadre européen, d'autant plus que la quasi-totalité des États membres de l'UE ne sont pas du tout d'accord avec la politique migratoire de l'Allemagne jusqu'à présent.
Début 2020, vous avez déclaré : "La décision migratoire de l'automne 2015 était inconstitutionnelle et contraire au droit européen." De quelle manière ?
Scholz : La décision migratoire de 2015 était inconstitutionnelle car elle a été prise sans tenir compte des exigences du droit d'asile selon l'article 16a de la Loi fondamentale. Elle était également inconstitutionnelle au regard du droit européen, car les règlements de Schengen et de Dublin prévus par le droit européen n'ont pas été respectés. Surtout, les règles du protocole de Dublin ont été totalement ignorées. Bien que ce protocole stipule explicitement qu'un demandeur d'asile doit mener sa procédure d'asile dans l'État de l'UE dans lequel il arrive en premier. Tout cela a été tout simplement ignoré par le gouvernement allemand de l'époque et a été critiqué à juste titre par d'autres gouvernements européens, par exemple par le chancelier autrichien Sebastian Kurz.
Cependant, l'Afghanistan ne préoccupe pas seulement le public en ce qui concerne la politique d'immigration. Les récents événements autour de l'aéroport de Kaboul ont également montré l'importance pour l'Allemagne d'un commandement des opérations spéciales prêt au combat et expérimenté. En tant qu'ancien ministre de la défense, comment évaluez-vous la gestion actuelle du KSK (ndt: commandos spéciaux de garde-frontières/Bundesgrenzschutz) ?
Scholz : Les problèmes de l'aéroport de Kaboul ne sont qu'une illustration du désastre global de la politique afghane décrite précédemment. Ce sont précisément des situations de ce genre qui posent des défis que seules des formations de la Bundeswehr compétentes en la matière, comme le KSK, peuvent relever. Il est d'autant plus regrettable et tragique que cet aspect soit lui aussi négligé depuis des années dans la politique militaire du gouvernement allemand. Le KSK n'a pas été entraîné, soutenu et développé avec l'attention et la cohérence nécessaires. C'est plutôt le contraire qui s'est généralement produit - au point de discréditer les membres du KSK qui n'ont fait que professer un patriotisme légitime.
Dans la Bundeswehr, le mécontentement à l'égard de la direction politique est également important. Les investissements dans les équipements, les véhicules et le personnel stagnent, l'armée vit dans l'ombre et les avions et les navires sont souvent inaptes au combat. Dans le même temps, cependant, les tâches dans les missions internationales, comme sur le flanc oriental de l'OTAN dans la Baltique ou dans la région de crise de l'Afrique de l'Ouest, augmentent. Pouvez-vous comprendre cette contradiction ?
Scholz : Il est vrai qu'il y a beaucoup de ressentiment dans la Bundeswehr à l'égard de la direction politique. Malheureusement, il est également vrai que les investissements en équipements, en formation et en personnel sont absolument nécessaires. Depuis des décennies, notre État ne s'est pas suffisamment occupé de la Bundeswehr - jusqu'à la suspension du service militaire obligatoire, qui reste difficile à justifier. Il est possible de franchir le pas vers une armée professionnelle et de renoncer au service militaire obligatoire. Cela présuppose toutefois que les réglementations transitoires nécessaires soient créées en matière de politique du personnel. Mais c'est précisément ce qui a été ignoré dès le départ lors de la suppression du service militaire obligatoire. Les missions internationales confiées à la Bundeswehr sont essentiellement justifiées, surtout sur la base de la politique d'alliance, par exemple dans les États baltes et dans la zone du Sahel. Mais dans tout cela, il manque en fait un concept stratégique de base véritablement fondamental et de plus grande portée. Pendant des décennies, l'Allemagne n'a même pas pensé à la stratégie militaire et donc à la première condition préalable à une véritable capacité de défense.
Sur un autre sujet : en tant que spécialiste du droit constitutionnel, comment évaluez-vous l'arrêt très discuté de la Cour constitutionnelle fédérale sur la loi sur la protection du climat ?
Scholz : Je ne considère pas que la décision susmentionnée de la Cour constitutionnelle fédérale soit correcte dans son résultat. Aussi importante que soit la protection du climat, et aussi évidente que soit l'application de l'article 20a de la Loi fondamentale, la Cour constitutionnelle fédérale a surinterprété ou exagéré la question en ce domaine. Par conséquent, cet arrêt équivaut à une protection des droits fondamentaux déjà pour les générations futures - même avec la conséquence d'une applicabilité subjective pour les associations de protection de l'environnement d'aujourd'hui et ainsi de suite. L'article 20a de la Loi fondamentale, que j'ai formulé à l'époque en tant que président de la Commission constitutionnelle mixte du Bundestag et du Bundesrat, n'est absolument pas une disposition de droit subjectif, mais une disposition exclusivement objective de droit étatique. La Cour constitutionnelle fédérale n'en a pas suffisamment tenu compte dans cette décision. Il en va de même pour la vision de l'avenir qui est ici chargée de droits fondamentaux. La Cour constitutionnelle fédérale souligne dans toute sa jurisprudence jusqu'à présent que les décisions sur l'avenir des infrastructures en particulier, ce qui inclut la protection du climat, s'accompagnent d'un haut degré de discrétion politique de la part des organes étatiques agissant dans chaque cas et ne sont formulées normativement que dans leur ensemble. La Cour constitutionnelle fédérale n'a cessé de souligner ces principes au cours de plusieurs décennies - et à juste titre. Or, dans la décision actuelle, c'est littéralement le contraire qui se produit, ce qui - je le crains - aura un effet contre-productif au lieu de le justifier dans la politique de protection du climat de demain.
La polarisation de la politique climatique et environnementale est menée avec des mots éthiquement nobles. Y a-t-il un risque que la morale l'emporte sur le droit ?
Scholz : Ce danger existe encore et encore, et il a été intensifié par la décision susmentionnée de la Cour constitutionnelle fédérale. Dans l'ensemble de notre politique, la distinction entre la morale et le droit est toujours trop faible, et surtout lorsque nous croyons devoir soutenir une certaine exigence morale, nous l'exagérons au point qu'elle est supposée être même normativement contraignante. Cependant, il faut toujours faire la distinction entre la morale et le droit. L'État de droit démocratique exige le droit démocratique pour le droit et non pour le bénéfice des exigences morales parfois très singulières des parties intéressées individuelles.
La remise en cause du droit applicable dans la question de l'asile, les restrictions des droits fondamentaux dans le cadre de la pandémie Corona, les décisions de la Cour constitutionnelle fédérale à caractère politique ou moral, la perte de confiance dans la politique : l'État de droit est-il en crise ?
Scholz : L'État de droit constitutionnel est encore essentiellement intact dans notre pays. Mais les symptômes critiques s'accumulent de plus en plus ; et c'est là que des contre-mesures prudentes doivent être prises. Aucun État constitutionnel ne tombe littéralement du ciel. Tout État de droit qui fonctionne doit être entretenu, soigné et développé face aux menaces respectives. Malheureusement, cette prise de conscience fait de plus en plus défaut dans notre pays. Le résultat est une perte de confiance dans la politique. Les décisions relatives à la pandémie du coronavirus sont également problématiques à bien des égards du point de vue de l'État de droit. Ici, une primauté réglementaire de l'exécutif s'est développée, qui, à bien des égards, est également entrée et continue d'entrer en conflit avec les droits fondamentaux qui ont la priorité en vertu de l'État de droit. Cela aussi a conduit à une perte substantielle de substance de l'État constitutionnel libéral et de sa stabilité.
En particulier, les partis populaires autrefois tout-puissants, la CDU et le SPD, représentent aujourd'hui à peine 50 % de l'électorat, le nombre d'adhérents diminue et les jeunes qualifiés font défaut dans les rangs de ces partis. La notion classique de "parti du peuple" (ndt: attribuée aux chrétiens-démocrates et aux sociaux-démocrates) est-elle un modèle abandonné ?
Scholz : Pendant des décennies, la stabilité de notre démocratie constitutionnelle a reposé sur la primauté des deux grands partis populaires, la CDU/CSU et la SPD. Leur concurrence et leur orientation vers la population dans son ensemble les ont transformés en partis populaires correspondants, la CDU/CSU dès le début et le SPD au plus tard après le programme de Godesberg. Cela a contribué de manière décisive à la stabilité et à la vitalité de notre démocratie. La compétition entre ces deux grands partis populaires était vraiment bénéfique. Toutefois, la situation a considérablement évolué entre-temps. Le nombre de partis s'est accru, des partis dissidents se sont joints à eux, ainsi que des partis situés aux confins de la droite et de la gauche.
Vous êtes vous-même membre de la CDU depuis 1983, vous avez été ministre fédéral de la défense et vous avez participé à de nombreuses fonctions et mandats pour l'Union. Ressentez-vous une douleur face à l'éviscération (Entkernung) de votre parti en termes de contenu ?
Scholz : Je suis en effet peiné par le fait que la CDU/CSU soit vidée de son contenu. J'ai dû observer ce processus pendant des années et j'ai souvent exprimé mes critiques à son égard. Mais cela a toujours été sans succès.
Avec l'accent mis sur le centre de la classe moyenne et après des années de grande coalition, une démarcation nette avec l'AfD allait de soi. Néanmoins, il existe bel et bien des accords et une coopération au niveau municipal et informel, notamment dans les nouveaux États fédéraux. L'exclusion de l'AfD est-elle viable à long terme ?
Scholz : Il y a donc, parfaitement observable, la considérable éviscération programmatique de la CDU, qui ne cesse de s'amplifier encore. Dans un tel contexte, les électeurs doivent être respectés et ne peuvent être diabolisés ou simplement déclarés extrémistes. Une telle attaque contre les électeurs est absolument antidémocratique et très dangereuse pour l'existence de notre démocratie. En ce sens, je suppose qu'une exclusion de l'AfD sera difficilement tenable sur le long terme. Du moins si l'AfD ne risque pas de se désintégrer elle-même. Certains aspects pourraient bien annoncer qu'un tel développement est possible.
Professeur Scholz, merci beaucoup pour cette interview.
16:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Droit / Constitutions, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rupert scholz, allemagne, europe, affaires européennes, droit constitutionnel, constitution allemande | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La Roumanie, l'Europe et le Projet "Intermarium"
La Roumanie, l'Europe et le Projet "Intermarium"
par Cristi Pantelimon*
Source: article paru dans „Eurasia. Rivista di Studi geopolitici”, Anno XIV – n. 4, Ottobre-Dicembre 2017
L'année 2016 avait enregistré les débuts d'une nouvelle opération géopolitique sur le sol européen, sous l'appelation d'Intermarium. Tout le scénario de cette opération montre que l'Intermarium, vieille nostalgie impériale polono-lituanienne du Moyen Âge, est aujourd'hui une construction artificielle, anti-européenne, contraire aux besoins réels de la géopolitique européenne et eurasienne. Elle constitue un instrument américain de contrôle de la périphérie orientale de l'Union européenne, c'est-à-dire de l'espace de contact entre le monde allemand (et plus généralement ouest-européen) et le monde russe. La Roumanie ne semble pas intéressée à jouer le rôle que les Etats-Unis ont attribué à la Pologne et à l'Ukraine; les déclarations de ses représentants suggèrent qu'elle n'a pas l'intention de se distancer du noyau franco-allemand de l'Europe.
L'été dernier, la présentation du groupe d'assistance dit Intermarium a eu lieu à Kiev, à l'hôtel Radisson Blue, qui, selon un article de presse ouvertement favorable au projet Intermarium, préfigurerait un bloc géopolitique compact, doté de tous les attributs nécessaires, et serait une "initiative de l'Est" (1). La carte qui accompagne l'article en question est vraiment audacieuse: elle indique la zone de la nouvelle construction géopolitique, en partant de la zone de l'ex-Yougoslavie, avec la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Slovénie ; il est curieux qu'elle n'inclue pas l'Albanie, qui est par ailleurs un client fidèle de l'OTAN ; elle inclut la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Pologne, l'Ukraine, la Roumanie et aussi, ce qui est extrêmement intéressant, le Belarus. Cerise sur le gâteau: la Crimée apparaît sur la carte, probablement comme une partie de l'Ukraine. L'article fait un long excursus dans la protohistoire de ce projet géopolitique, en commençant par l'union polono-lituanienne de 1569 à Lublin. En réalité, les racines du royaume polono-lituanien sont encore plus anciennes, puisque dès 1385, l'histoire rapporte l'accord politico-dynastique de Krewo, entre la reine polonaise Jadwiga et le grand-duc de Lituanie Jogaila, avec lequel les bases du futur État polono-lituanien (2) ont été posées. Si nous examinons la carte de la fédération polono-lituanienne au Moyen Âge (3), nous pouvons constater que ses territoires correspondaient plus ou moins à ceux de la Pologne actuelle, partiellement à ceux de l'Ukraine et du Belarus et aux territoires baltes, mais n'avaient aucun lien avec les régions balkaniques et roumaines. On peut en dire autant des territoires correspondant à la Hongrie, à la République tchèque et à la Slovaquie d'aujourd'hui. La vie assez courte de ce royaume polono-lituanien s'est terminée au XVIIIe siècle par le partage de la Pologne en 1772-1775 entre la Prusse, l'Autriche et la Russie.
Si l'on laisse de côté l'histoire dramatique et troublée de la Pologne et des Polonais et que l'on revient à notre époque, une question se pose: qu'est-ce qui rend possible la relance de ce projet ? De même, nous devons répondre à une autre question: dans quelle mesure le projet actuel est-il important pour la Roumanie ?
L'article cité répond très clairement à la première question: "L'Intermarium, en sa qualité d'alliance d'Etats post-soviétiques, voudrait être le stimulus d'un projet plus ambitieux, qui irait jusqu'à mettre en commun, sur une plus grande échelle, les forces militaires de l'ensemble des pays en question", afin de créer une sorte d'alliance complémentaire à l'OTAN qui s'opposerait à l'impérialisme russe. L'article précise ensuite les éléments économiques communs de cet espace, mais aussi les éléments culturels.
Mais l'essentiel a été dit lorsqu'il s'agit d'énoncer la finalité militaire de cette nouvelle construction géopolitique. Un autre article en faveur de l'Intermarium apporte une petite contribution: cette première conférence tenue à Kiev s'est déroulée sous les auspices du mouvement ukrainien Azov, qui a donné son nom au célèbre bataillon qui a combattu les séparatistes dans le Donbas et dont le chef suprême, Andrij Biletski, est député à la Rada ukrainienne (4). L'Intermarium serait, ni plus ni moins, "un vecteur alternatif de l'intégration européenne". En effet, les initiateurs de ce projet espèrent, même s'il s'agit pour l'instant d'une hypothèse lointaine, dans la "possibilité d'avoir des alliés au sein de la Fédération de Russie, avec le projet d'autonomie de la région de Kaliningrad, connue pour son importance stratégique dans le domaine nucléaire". Les critiques d'Andrij Biletski à l'égard de l'Union européenne, de la France, de l'Allemagne et des États d'Europe occidentale, accusés de détruire bureaucratiquement l'Europe, y furent largement exposées. Il est vrai qu'il existe une tendance à revenir aux valeurs traditionnelles dans le cadre des nations européennes. Enfin, l'homme politique ukrainien estime que l'ère des États-nations puissants dans le cadre de l'Europe est revenue et que l'Ukraine peut être un modèle dans cette perspective. L'article sur cette première conférence de présentation de l'Intermarium a également été repris et traduit en anglais (5). L'impression que l'on a est celle d'un programme de propagande.
Qui dirige l'orchestre d'Intermarium ?
Pour comprendre qui sont les "ténors" de cette partition, qui contient ici et là quelques notes alléchantes (pour un spécialiste de la géopolitique faisant autorité comme Robert Steuckers, l'initiative Intermarium peut être positive en principe, mais elle est aujourd'hui mise en œuvre par ceux qui cherchent à empêcher l'accord russo-allemand, qui redonnerait sa gloire au Heartland dont parlait Halford Mackinder) (6), il sera utile de citer un prestigieux analyste américain, expert dans le domaine dont nous parlons, à savoir George Friedman. Dans un article du 7 juillet 2017, l'analyste américain affirme que l'Intermarium n'est rien d'autre que l'instrument avec lequel les États-Unis tentent d'empêcher toute initiative de la Russie de se déplacer vers l'ouest: "Son but serait de contenir tout mouvement potentiel de la Russie vers l'ouest. Les États-Unis la soutiendraient. Le reste de l'Europe s'en inquiéterait" (7). En d'autres termes, l'Intermarium sera un problème tant pour la Russie que pour le reste de l'Europe. Friedman inclut également la Turquie dans ce périmètre (aux côtés de la Pologne et de la Roumanie, qu'il considère - préférence personnelle ? - états de référence de la nouvelle construction) (8). D'un point de vue économique, Friedman voit dans l'Intermarium un potentiel de réplique à petite échelle du modèle économique américain, plus "entrepreneurial" que celui de l'Europe occidentale (c'est-à-dire plus conforme aux règles du marché, donc plus proche des intérêts américains), un potentiel de perturbation pour l'Union européenne, qui a de toute façon suffisamment de raisons d'être perturbée....
La Pologne, qui est peut-être l'acteur le plus important de ce projet géopolitique, a certainement son propre intérêt à être attirée par celui-ci. Les raisons ne sont pas seulement liées aux relations historiques de la Pologne avec ses voisins orientaux et occidentaux. La Pologne a des ambitions régionales, qui, selon nous, ne seront pas diminuées par l'échec relatif de l'Ukraine, bien au contraire. L'historien polonais Tomasz Szczepanski (photo) le dit franchement: "Le fondement du projet Intermarium est l'objectif de créer en Europe de l'Est (ou Europe centrale et orientale), comprise comme la région entre la Russie et l'Allemagne, un pôle de puissance capable de contrebalancer la puissance des deux voisins. Le but de la création d'un tel pôle est de sécuriser la région contre les tentatives impériales de la Russie et de l'Allemagne et de créer les conditions du libre développement des nations de la région" (9). Le même historien affirme que si, d'un point de vue politique, l'Intermarium est un élément d'équilibre face à l'impérialisme russe, d'un point de vue culturel, il est plutôt opposé à l'occidentalisme. Dans cette approche, nous entendons déjà un autre niveau de discours, plus sophistiqué, bien loin de la propagande anti-russe ou anti-allemande à bon marché.
L'auteur polonais met les points sur les i lorsqu'il affirme que les nations de la région d'Europe de l'Est, qui ont connu l'hégémonie russe, ont davantage confiance dans une alliance avec les États-Unis (qui est loin d'être parfaite) que dans une Union européenne qui viserait géopolitiquement à évincer les États-Unis d'Europe. Les craintes de la Pologne doivent être prises en compte (l'historien polonais rappelle que, juridiquement, la constitution allemande stipule que les frontières de l'Allemagne sont celles de 1937) dans la nouvelle architecture de sécurité européenne, car les ignorer ne pourrait que conduire à une aggravation de la situation générale en Europe. Avec tous les mérites de ses observations, l'auteur polonais démontre une compréhension limitée du contexte politique global lorsqu'il met sur la table (cela semble être un leitmotiv de l'approche politique liée à l'Intermarium) le problème de Kaliningrad, qui lui semble une aberration géopolitique et une menace pour la Pologne. Il propose, sic et simpliciter, la "solution" de ce problème à l'avantage de l'État polonais...
Ces remarques montrent comment les différends historiques intra-européens empêchent une possible construction européenne avec de réelles valeurs géopolitiques, débarrassée de toutes ces querelles plus ou moins dépassées. Une telle entreprise devrait se détacher des idiosyncrasies historiques, des égoïsmes nationaux (sans ignorer les vertus et les besoins naturels des nations européennes), afin de faire de l'Europe un véritable acteur sur la scène géopolitique mondiale. Grâce à la vision de Thiriart d'une Europe de Lisbonne à Vladivostok (difficile à imposer, reconnaissons-le, au niveau mental collectif des "tribus" européennes, comme Thiriart appelait les nations comme de simples entités morales et culturelles, dépourvues de ferveur politique), nous arrivons à comprendre ce que chaque nation européenne devrait sacrifier dans le cadre d'un projet géopolitique d'intégration du continent. Voici ce qu'écrit Thiriart : "Au début du XXIe siècle, les États comptant moins de 400 ou 500 millions d'habitants seront éliminés de l'histoire. (...) La plus grande absurdité que j'ai pu lire ces dernières années est celle de "l'Europe aux cent drapeaux" (...). Les grands États, les seuls qui survivront au XXIe siècle, devront nécessairement être politiques et devront nécessairement réprimer, écraser et éradiquer toutes ces vagues identités "raciales", linguistiques et religieuses qui pourraient interférer avec l'Imperium. Seul l'État-nation politique permet la construction de grands États libres, historiquement autonomes. Hobbes a dit à juste titre: "La liberté, c'est la puissance". Aujourd'hui, pour nous, la puissance serait une république impériale qui s'étend de Dublin à Vladivostok, dans les structures d'un État unitaire et centralisé" (10).
Les idées de Tomasz Szczepanski sont également pertinentes pour le cas roumain. Un géopoliticien et homme de culture de la stature d'Alexandre Douguine a récemment déclaré à Bucarest, lors de la présentation de son livre Destin eurasien, que la Russie a commis de nombreuses erreurs à l'égard de la Roumanie, ainsi que de l'Ukraine (11). Un tel discours, orienté vers l'avenir et non vers le passé des relations avec la Russie, est beaucoup plus approprié à la situation actuelle de l'Europe, qui doit faire face aux plus grandes provocations géopolitiques de l'après-Seconde Guerre mondiale (peut-être plus grandes que celles des années 1990, lorsque l'empire soviétique s'est effondré). Dans une telle perspective, le projet Intermarium est sans valeur. Elle ne fait que remplacer une relative (inévitable ?) hégémonie interne européenne par une hégémonie ou une ingérence géopolitique non européenne (États-Unis). Toute puissance géopolitique spatialement étrangère peut spéculer sur les différences de potentiel géopolitique entre les États européens afin de déstabiliser l'unité européenne. L'alternative à l'intégration européenne sera appelée désintégration européenne. D'autre part, l'auteur polonais cité ci-dessus souligne que les relations entre l'Intermarium (dont le noyau est posé en Pologne et en Ukraine) et la Russie ne doivent pas être inévitablement conflictuelles, au contraire. Une Russie plus "pacifique" sur le plan géopolitique serait souhaitable. À notre avis, une Russie "impérialiste" (au sens large) serait également acceptable, à condition qu'elle joue le rôle de l'hégémon idéal envisagé par Carl Schmitt (12).
Dans le même sens, toujours dans une perspective allemande (cette fois-ci celle de Jordis von Lohausen), la géopolitique d'une Europe unie devra devenir la géopolitique d'un Reich idéaliste, c'est-à-dire d'un Empire qui, en tant que tel, reconnaît la valeur et la validité de toutes les nations qui acceptent de le rejoindre. Qu'une telle Europe puisse avoir plusieurs moteurs (Russie, Allemagne, France, etc.) est moins important. Il est plus important que, au-dessus de toutes ses composantes, l'intérêt général du continent prévale (13).
Le fait que l'Intermarium soit un élément dangereux pour l'unité européenne est déjà évident au vu des nouvelles concentrations de troupes russes... à la frontière de cette construction géopolitique (pour l'instant) fictive. Si la Pologne et l'Ukraine sont les piliers militaires de cette construction (à notre avis la Roumanie a un rôle moins important et nous verrons pourquoi), de nouvelles unités militaires russes apparaissent dans la zone de démarcation de ce nouvel espace, en réponse aux manœuvres de l'OTAN dans la partie orientale de l'Europe. La coagulation des sous-unités géopolitiques au sein de l'Europe prévue par Thiriart entraîne une nouvelle séparation, un nouveau rideau géopolitique, cette fois peut-être plus dangereux, car il ne s'agit plus d'une frontière idéologique, mais d'une frontière purement militaire, déplacée de Berlin à Kiev (14).
La place de la Roumanie dans la matrice Intermarium
Toutes les déclarations officielles roumaines montrent que la Roumanie essaie de ne pas se distancer du soi-disant noyau dur européen, formé par l'Allemagne et la France. C'est précisément contre ce noyau dur que l'Intermarium se formera, si tant est qu'il se forme. Avec un président d'origine allemande et une histoire francophile au cours du siècle dernier, la Roumanie n'a aucune raison de jouer la carte anti-européenne choisie par la Pologne. Relativement indépendante du point de vue de la production d'hydrocarbures (les importations de gaz russe ne représentant que 15% des besoins), la Roumanie, contrairement à la Pologne, avec laquelle elle entretient de bonnes relations (l'épisode le plus marquant de la solidarité entre les deux nations est l'asile donné en 1939 par la Roumanie au gouvernement polonais), ne semble pas intéressée par le rôle de petite hégémonie locale que lui propose la Pologne avec l'Intermarium. On pourrait même dire que la Roumanie tente de concilier les deux camps, le pro-atlantique et le pro-européen, en préférant une politique attentiste. Un épisode récent important est lié à la politique d'équipement de l'armée roumaine, un domaine extrêmement sensible, à partir duquel on peut deviner l'orientation géopolitique plus générale du pays. Ainsi, la Roumanie s'est engagée à acheter des batteries de missiles Patriot et la presse a parlé d'un "accord de principe" du département d'État américain pour la transaction. Parallèlement, dans le cadre de la récente visite du président français Macron en Roumanie, les spécialistes de la défense ont entamé des discussions avec l'entreprise française concurrente, MBDA, dont l'offre semble être meilleure que celle des Américains !(15).
De cette manière, la Roumanie s'ouvre à une orientation géopolitique que nous pourrions définir, bien que timidement, comme multipolaire, sentant que le rôle hégémonique des Etats-Unis en Europe et dans le monde commence à s'affaiblir. En ce sens, on constate des efforts clairs de régulation des relations avec la Russie, mais aussi une (ré)ouverture d'importantes voies de collaboration avec la Chine, un acteur géo-économique et géopolitique qui, jusqu'à récemment, était " bloqué " aux portes de la Roumanie pour des raisons de pro-atlantisme exacerbé. Récemment, la Roumanie a entamé des discussions importantes pour la construction de deux réacteurs nucléaires avec la Chine ; cela montre une volonté de transgresser les inhibitions géopolitiques inspirées par les États-Unis. Dans ces conditions, avec toute la publicité qui lui est faite, l'Intermarium ne peut apparaître que comme une construction artificielle, anti-européenne et régressive par rapport aux besoins réels de la géopolitique européenne et eurasienne.
Notes:
[1] http://hajde.fr/2017/03/21/lunion-baltique-mer-noire-une-...
[2] Ion Constantin, Din istoria Poloniei și a relațiilor româno-polone, Ed. Biblioteca Bucureștilor, 2005, p. 18.
[3] https://ro.wikipedia.org/wiki/Uniunea_statal%C4%83_polono...
[4]http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2016/07/2...
[5] http://reconquista-europe.tumblr.com/post/146993199731/th...
[6] http://robertsteuckers.blogspot.ro/search?q=Intermarium
[7] https://geopoliticalfutures.com/intermarium-three-seas/
[8] George Friedman s'est fait remarquer pour l'attention qu'il porte à la Roumanie. A sa façon, il est un observateur attentifdes relations entre la Roumanie et la Fédération de Russie. Il était présent à Chisinau (avec ses conseillers, bien entendu), pour présenter une fondation de nature géopolitique. Il est intéressant de souligner le fait que Friedman est considéré proche des intérêts de Moscou par les unionistes roumains les plus résolus. Sa prudence lors des déclarations de Chisinau pourrait aussi être le reflet dela situation générale dans laquelle se trouve la République de Moldavie, un Etat qui, manifestement, ne désire par suivre la voie de l'Ukraine voisine, étant bien plus prudent dans sa politique d'équilibre entre l'Est et l'Ouest.
[9] http://www.europemaxima.com/l%E2%80%99autre-europe-un-ent...
[10] V. http://www.leblancetlenoir.com/2015/04/europe-l-etat-nati...
[11]http://adevarul.ro/news/politica/reportaj-ideologul-putin...
[12] V. Carl Schmitt, The Concept of Reich in International Law, în Carl Schmitt, Writings on War, Polity Press, 2011, pp. 101-110. Pour développer utilement cette thématique, en réfénrenceplus particulièrement à Carl Schmitt, on se réfèrera à Günter Maschke: http://www.archiveseroe.eu/maschke-a112853978
[13] Jordis von Lohausen, Les empires et la puissance, Ed. du Labyrinthe, 1996, pp. 196-197.
[14] http://www.limesonline.com/lanakonda-della-nato-alle-port...
[15] http://www.cotidianul.ro/cum-au-marcat-francezii-in-lupta...
12:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roumanie, intermarium, europe, affaires européennes, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook