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dimanche, 02 mai 2021

La revue de presse de CD (2 mai 2021)

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La revue de presse de CD (2 mai 2021)

COVID

Une étude d’un ancien praticien de Stanford confirme l’inutilité médicale du port du masque…mais les gouvernements ne sont pas prêt de l’abandonner

Le masque est nuisible pour la santé et ne sert à rien contre le COVID 19. C'est un ancien praticien d'un des hôpitaux de Stanford qui le confirme en passant en revue toutes les études scientifiques sur le sujet. Mais alors pourquoi les gouvernements en maintiennent-ils l'usage obligatoire sous peine d'amende ? Effet placebo ? Influence chinoise ? Outil de contrôle social ?

Le courrier des stratèges

https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/04/20/une-etude-se...

ECONOMIE

Nouvelles guerres économiques

Les entreprises françaises exercent dans un contexte de guerre économique multiforme. Leurs dirigeants doivent être plus avertis et mieux armés. Des services et des experts s’y emploient. La réaction doit cependant gagner en vigueur. Le combat exige de la lucidité, de la clarté et de la vaillance.

Comes-Communication.com

http://www.comes-communication.com/files/FFB-Constructif_...

ETATS-UNIS

Activité diplomatique intense en Russie et en Turquie en avril au sujet de l'Afghanistan

Le président américain Joe Biden a annoncé que l'intervention militaire américaine en Afghanistan prendra fin le 11 septembre 2021 et que le dernier soldat américain quittera le pays plusieurs semaines avant le 20e anniversaire de l'invasion et de la conquête de ce pays d'Asie centrale par les États-Unis, le 7 octobre 2001.

Euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/04/24/a...

FRANCE

Le sexe des mots, par Jean François Revel

Le combat pour la défense du français et contre l’imbécile féminisation des mots ne date pas d’hier. Jean François Revel a disparu en avril 2006 ; philosophe, homme de presse, écrivain, académicien, il avait compris, l’un des premiers, l’agression de notre culture et la volonté de détruire notre langue par tous les moyens. Précurseur et visionnaire, il pressentait le désastre qui approchait et qui n’a cessé de se propager depuis.

Breizh-Info.com  

https://www.breizh-info.com/2021/04/25/163044/le-sexe-des...

Pétition des militaires : Pinochet bientôt à l’Élysée ?

Qu’est-ce que j’apprends ? L’armée française viendrait donc de menacer la France d’un coup d’État visant à renverser la République pour instaurer une féroce et sanglante dictature ? Alors grand émoi dans le poulailler, chacun y va de son couplet, et dans un jeu de rôle finalement assez classique on entend d’une part des « ben quoi ? » pour ceux qui sont contents, et d’autre part les « no pasaran » de ceux qui dans la gôgoche s’imaginent pouvoir un peu se sentir moins seuls en psalmodiant les vieux slogans.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/04/petition-des-militaires...

GEOPOLITIQUE

L’ONU pointe du doigt l’utilisation du viol comme arme de guerre dans le Tigré

Depuis le début du conflit, au moins 829 cas de violences sexuelles ont été signalés dans cinq hôpitaux. Les victimes les plus jeunes n’ont que huit ans. Dans le même temps, la famine règne et a causé la mort d’au moins 150 personnes.

South China Morning Post

https://www.revueconflits.com/tigre-lonu-pointe-du-doigt-...

Journée d’études combattants étrangers UCO. Compte rendu

Le vendredi 26 mars 2021 s’est tenue une journée d’études sur le thème des combattants étrangers à l’Université Catholique de l’Ouest (UCO), à Angers. Co-organisé par le CREDO (Centre de Recherche en Ethique et Droit de l’Ouest) et le Centre de Recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, avec le parrainage de l’Association Française de Droit de la Sécurité et de la Défense, ce colloque a visé à comprendre les problématiques liées aux combattants étrangers, au cœur de l’actualité.

Conflits

https://www.revueconflits.com/journee-d-etudes-combattant...

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MEDIAS

Samuel Laurent et le monstre Twitter

Après une école de journalisme à Grenoble, un emploi de pigiste puis de titulaire au Figaro.fr, Samuel Laurent s’inscrit sur Twitter en 2008 juste avant de rejoindre Le Monde début 2010. Onze ans plus tard, après avoir frôlé le burn-out, il n’utilise Twitter que comme source d’information mais plus comme vecteur d’échanges et de commentaires, sinon ponctuellement. Que s’est-il passé ? Il le raconte dans son livre,  « J’ai vu naître le monstre, Twitter va-t-il tuer la #démocratie ? » publié par Les Arènes

OJIM

https://www.ojim.fr/samuel-laurent-et-le-monstre-twitter/...

RUSSIE

Les services de renseignement soviétiques et russes : considérations historiques par le colonel Igor PRELIN

A l’heure où les services de renseignement russes défraient, à tort ou à raison, la chronique, il est intéressant de recueillir la vision d’un ancien officier supérieur du KGB, grand professionnel — il fut l’instructeur de Vladimir Poutine —, sur les points forts des services soviétiques et russes. 

Theatrum-belli.com

https://theatrum-belli.com/les-services-de-renseignement-...

Russie-Europe : le grand écart

Un Européen perspicace, Winston Churchill, avait dit en 1939 de la Russie qu’elle est « un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme ». On oublie souvent la deuxième partie de sa phrase car il ajoutait : « Mais il y a peut-être une clé. Cette clé c’est l’intérêt national russe. » Les malentendus et l’incompréhension entre l’Occident et la Russie ne datent hélas pas d’hier mais ont atteint ces dernières semaines un point dangereux, se muant en franche hostilité : les bruits de bottes en Ukraine, la valse des renvois de diplomates, les soubresauts de l’affaire Navalny, les accusations de cyberattaques et les nouveaux trains de sanctions contre la Russie…

Géopragma

https://geopragma.fr/russie-europe-le-grand-ecart/

Poutine dénonce le projet US d’assassiner Loukachenko et menace l’Occident de ne pas franchir la « ligne rouge »

Dans le discours présidentiel du 21 avril 2021 à l’Assemblée fédérale, après avoir évoqué la situation intérieure, en particulier à la pandémie et à ses conséquences économiques et sociales pour la population - ainsi que toutes les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la situation et aider les plus démunis - Vladimir Poutine a abordé en fin de discours les problèmes internationaux. C’est ce développement, sous forme d’adresse au reste du monde, qui a été traduit ci-dessous.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/04/26/poutine-denonce-le-...

RWANDA

Rwanda : qui espionne qui ?

Le Rwanda est un pays renommé pour son espionnage contre ses voisins, à la recherche d’informations sur ses ennemis. Ceci est tout à fait normal car aucun pays ne peut se passer de le faire. En plus de cela, cependant, alors qu’il n’y a pas de liberté d’expression au Rwanda, toute personne a peur de parler, de dire ce qu’elle veut, ce qu’elle voit et comme elle le ressent, même à propos de choses censées être ordinaires. Parce que le système de renseignement qui constitue la base du régime de Kigali, a l’œil partout. Hormis les services de renseignements bien connus, ou les départements d’intelligence des organes de sécurité, l’on dit qu’au Rwanda quand il y a 3 personnes ensemble, l’une d’entre elles espionne les autres ! Comment est-elle construite, cette panoplie de structures de renseignement du Rwanda ?

The Rwandan

https://www.therwandan.com/fr/rwanda-qui-espionne-qui/

vendredi, 30 avril 2021

Russie-Europe: le grand écart...

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Russie-Europe: le grand écart...

par Héléna Perroud
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Héléna Perroud, cueilli sur Geopragma et consacré à la fracture qui s'élargit entre Russie et Europe, fruit d'une politique de long terme menée par les stratèges occidentistes. Russophone, agrégée d'allemand, ancienne directrice de l'Institut Français de Saint-Petersbourg et ancienne collaboratrice de Jacques Chirac à l'Elysée, Héléna Perroud a publié un essai intitulé Un Russe nommé Poutine (Le Rocher, 2018)

Russie-Europe : le grand écart

Un Européen perspicace, Winston Churchill, avait dit en 1939 de la Russie qu’elle est « un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme ». On oublie souvent la deuxième partie de sa phrase car il ajoutait : « Mais il y a peut-être une clé. Cette clé c’est l’intérêt national russe. » Les malentendus et l’incompréhension entre l’Occident et la Russie ne datent hélas pas d’hier mais ont atteint ces dernières semaines un point dangereux, se muant en franche hostilité : les bruits de bottes en Ukraine, la valse des renvois de diplomates, les soubresauts de l’affaire Navalny, les accusations de cyberattaques et les nouveaux trains de sanctions contre la Russie… 

L’épisode qui a commencé en 2014 autour de la Crimée et de l’Ukraine a ouvert une période dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences. La Russie dans le rôle de l’agresseur, annexant la Crimée et voulant la partition de l’Ukraine est une des lectures possibles des événements qui se déroulent depuis 2014. Il est étonnant toutefois que dans les analyses faites dans les médias occidentaux, américains et européens, très peu d’observateurs se réfèrent à un ouvrage qui fait pourtant référence et que l’on doit à l’un des plus grands experts américains en matière de géopolitique : Le Grand Echiquier de Brzezinski, dédié à ses « étudiants, afin de les aider à donner forme au monde de demain ». Les dates ont leur importance. Cet ouvrage est sorti en 1997, à un moment où la Russie était à terre. Mal réélu en 1996, Eltsine était un intermittent du pouvoir et ne contrôlait plus grand chose, accaparé par ses ennuis de santé. Les salaires n’étaient pas payés, l’espérance de vie était au plus bas et des séparatistes tchétchènes faisaient la loi. Le fil directeur de l’ouvrage est qu’il faut contenir la Russie dans un rôle de puissance régionale pour asseoir la « pax americana » dans le monde et pour ce faire détacher d’elle un certain nombre de pays satellites : les républiques d’Asie centrale et les pays d’Europe de l’Est, le rôle principal revenant à l’Ukraine. Brzezinski l’écrit sans ambages : « L’Ukraine constitue cependant l’enjeu essentiel. Le processus d’expansion de l’Union européenne et de l’OTAN est en cours. L’Ukraine devra déterminer si elle souhaite rejoindre l’une ou l’autre de ces organisations. Pour renforcer son indépendance, il est vraisemblable qu’elle choisira d’adhérer aux deux institutions dès qu’elles s’étendront jusqu’à ses frontières et à la condition que son évolution intérieure lui permette de répondre aux critères de candidature. Bien que l’échéance soit encore lointaine, l’Ouest pourrait dès à présent annoncer que la décennie 2005-2015 devrait permettre d’impulser ce processus. » 

Si on connaît cet ouvrage, si on en comprend la philosophie, il est une autre lecture possible des événements de 2014 : l’application à la lettre de l’agenda défini par les stratèges américains, depuis la révolution orange de 2004 jusqu’aux événements de Maidan à l’hiver 2013-2014 avec la suite que l’on connaît et les 13000 morts du Donbass que l’on oublie trop souvent.

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Le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov le citait encore le 1er avril dans un entretien d’une rare franchise accordé à la Première Chaîne de la télévision russe, en réponse aux accusations de Joe Biden traitant Poutine de « tueur ».

Dans la crise qui a éclaté ces jours-ci entre Prague et Moscou, on voit que les projecteurs sont braqués sur l’entreprise Rosatom et le vaccin Spoutnik V. Le motif officiel de la brouille réside dans les soupçons pesant sur l’implication de la Russie dans une affaire d’explosion dans un stock d’armement en République tchèque qui remonte à 2014 et qui éclate curieusement aujourd’hui. S’agissant du vaccin, si l’Union européenne rechigne à lui accorder droit de cité (même si trois pays de l’UE l’ont adopté à ce jour), il est autorisé dans une soixantaine de pays qui représentent un quart de la population mondiale.  Son efficacité, d’abord évaluée à 91,6 % par une étude publiée dans le Lancet se monterait aujourd’hui à 97,6 % sur la base des données provenant de 3,8 millions de personnes ayant reçu les deux doses, d’après une étude de l’Institut Gamaleïa qui l’a mis au point. A côté des déboires des vaccins occidentaux, on peut comprendre l’intérêt de certains à barrer la route au vaccin russe. Pour ce qui concerne Rosatom, qui était en lice avec d’autres concurrents pour une centrale nucléaire dans ce pays, il vient d’être exclu de l’appel d’offres. Peut-être faut-il regarder là du côté de l’Arabie Saoudite et de la tournée qu’a entreprise Sergueï Lavrov dans les monarchies du Golfe courant mars. Ce traditionnel allié des États-Unis resserre ses liens avec la Russie depuis quelques années, notamment depuis la visite historique – la première du genre – du roi Salman à Moscou à l’automne 2017. Et là aussi Rosatom est dans la course pour construire une centrale nucléaire et a passé avec succès les premières étapes, même si le terrain est bien occupé par la Chine, dont l’entreprise publique CNNC est engagée avec le ministère saoudien de l’énergie dans un programme d’extraction d’uranium. La Russie va ouvrir une représentation commerciale à Riyad à l’automne, une offre d’achat du système antimissiles russe S-400 est sur la table et l’inauguration du troisième réacteur de la centrale nucléaire d’Akkuyu en Turquie, dont le chantier a été confié à Rosatom, a eu lieu en grandes pompes en présence des présidents turc et russe le 10 mars, le jour même où Lavrov rencontrait son homologue saoudien… peut-être plus qu’une simple coïncidence.

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Le résultat de cette stratégie occidentale au long cours – américaine d’abord mais suivie à la lettre par les Européens – est maintenant là. Les Russes se sentent de moins en moins Européens. Un diplomate russe m’avait fait part en 2019 de sa préoccupation devant le gouffre qui s’élargissait entre l’Europe et la Russie depuis 5 ans, le temps moyen, disait-il, qu’un étudiant passe dans l’enseignement supérieur et se forge sa vision du monde. Un sondage du centre Levada (institut indépendant du gouvernement) rendu public le 18 mars dernier, sept ans après « l’annexion » ou « le rattachement » de la Crimée – à chacun de choisir sa vision – confirme cette tendance. Aujourd’hui 29% seulement des Russes disent que leur pays est européen. Ils étaient 52% en 2008. Fait notable : chez les plus jeunes ce sentiment d’éloignement de l’Europe est plus fort que chez leurs aînés : les plus de 55 ans sont 33% à estimer que la Russie est un pays européen, un taux qui tombe à 23% chez les 18-24 ans. Alors qu’en 2000, Poutine écrivait sans sourciller, en répondant à des questions de journalistes dans le premier ouvrage biographique qui lui était consacré en Russie « Première  personne »  : « Nous sommes Européens » – c’était le titre d’un chapitre entier . En août 2019 encore, il recevait au Kremlin l’homme fort de la Tchétchénie en le félicitant pour l’inauguration dans la ville de Chali de « la plus grande mosquée d’Europe » même si sur ces terres du Caucase on est un peu éloigné de l’univers mental européen.

Vu de France, où un ennemi bien identifié nous a déclaré la guerre, emportant encore une vie innocente vendredi 23 avril à Rambouillet, en privant deux enfants mineurs de leur mère qui s’était engagée au service de ses compatriotes en choisissant d’entrer dans la police, il serait temps de changer de regard et de ne plus se tromper d’ennemi. Et même de comprendre que dans ce combat-là la Russie, dont 15% de la population est de confession musulmane, et dont le caractère multi-ethnique et multi-confessionnel échappe très largement au regard occidental, a peut-être quelque chose à dire aux vieux pays d’Europe de l’Ouest. 

Héléna Perroud (Geopragma, 26 avril 2021)

Les généraux, le pouvoir et la nation

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Les généraux, le pouvoir et la nation
 
par Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/avril/les-g-n-...

Pas assez radicaux, pas à la hauteur de la crise, pas au niveau de l'Histoire. Entre Napoléon et Hamlet ils ont choisi Hamlet. Quand la crise est révolutionnaire elle s'inscrit dans le sang et dans le drame. Elle ne peut compter sur la légalité, car il n'existe pas de coup d’État légal. Une insurrection ne peut se solder par un retour en arrière, une restauration du "status quo", une subordination capitularde à un pouvoir qui a failli. Le problème de la force est posé, et est posée par là même, la question de la souveraineté, autrement dit le point de savoir "Qui décide en situation d'exception". Les généraux, le pouvoir ou la nation? Quelle est la nature de la crise et quelles en sont ses solutions? Cette crise n'est pas passagère, mais existentielle, car elle concerne la substance de la nation, sa force vive et la forme politique qui devrait la préserver, la forme précaire du pouvoir, sa fiction démocratique. Traduire les généraux en justice c'est réduire la crise au "status quo", à la subordination hiérarchique et, de ce fait, au pouvoir en place. Cela veut dire pour la France, de combattre sur deux fronts, celui de la loi déchue et celui du danger dormant. En effet, crier aux loups, c'est ignorer que le loup est déjà dans la bergerie, où il y égorge et où il faut le traquer et l'éliminer. Choisir entre de Gaulle et Weygand, ou entre Napoléon et le Conseil des Cinq Cent, c'est choisir entre le changement et la capitulation sans combat. Or, combattre c'est l'art de la guerre et il est difficile "de ne pas ensanglanter la lame", car le cours de la guerre est "dictée par la loi de l'autre". Faire de la subordination des militaires au politique la clé du dénouement de la crise c'est saborder sa propre défense et se rendre à l'ennemi. "Aléa jacta est!" (Les dés sont tirés!). Dans de telles conditions, le Sénat de Rome nommait les deux consuls, dictateurs temporaires afin que la République n'en tirasse pas nuisance. En cas contraire l'ennemi gagnerait Rome et instaurerait sa loi. Restaurer la seule constitution ce n'est point sauver la nation, mais le pouvoir failli et soumettre la France éternelle à une légalité morte, en ouvrant ainsi ses portes à l’invasion barbare et au chaos.

imagesmilf.jpgLa prise de position des généraux français sur le délitement de la France et sur les effets destructeurs de l'islamisme et du gauche, affectant l'esprit et le corps de la nation, ont suscité surprise et débat, ont fait et défait les loyautés et dévoilé un refoulé dangereux, d'ordre sociétal et historique, l'avenir d'un pays et d'une civilisation, qui, transcendant les polémiques d'actualité, pèse sur les considérations d'ordre prospectif. Ce sont les problèmes d'identité, de sécurité et de stabilité qu'une immigration indiscriminée dénature en profondeur, inquiétant les patriotes. Ce sont les drames d'une guerre civile probable, qui rappellent quotidiennement l'incompatibilité historique de l'Islam et de l'Occident, en France et en Europe. Ce rappel vaudra, pour les généraux, un Conseil de discipline militaire, mais pour le pouvoir, le tribunal de l'Histoire, toujours plus sévère des accidents des corps constitués de l’État.

Le reprint soumis à votre attention reprend analyse de la stratégie de conquête politique, démographique et culturelle de l'Europe par l'Islam et l'Organisation des États Islamiques (OCI).

En voici un court rappel.

L'islamisation de l'Europe

et le "retour aux armes"

Irnerio SEMINATORE

Date de publication: 15/11/2018

Une folle orthodoxie diversitaire prépare la capitulation de l'Europe.

Elle prétend immuniser les esprits contre l'islamisation du continent, en masquant les vrais enjeux, de culture et de civilisation, de notre conjoncture, sous les images trompeuses d'une lutte entre la gauche et la droite, l'humanisme et les ennemis publiques de l'humanité.

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Il s'agirait d'une radicalisation de la lutte entre les deux principes, du Bien et du Mal, qui hantent perpétuellement le cœur de l'homme et réapparaissent sous la forme intimidante du fascisme, du nazisme et de l'extrémisme ultra-droite.

Une stratégie de "reductio ad hitlerum", bref une hydre, qui n'a d'égal, que dans les images bibliques.

Repoussé en dehors du périmètre de la légitimité politique, le questionnement sur l'islamisation de nos sociétés occidentales, revient sans cesse, pathologique et accablant.

C'est la singularité de notre débat et l'aveuglement de notre époque, qui cache l'hypothèse (A. de Gobineau), selon laquelle les civilisations meurent en raison du métissage ethnique, corrupteur du principe de hiérarchie et de supériorité raciales.

Peut-on formuler les fondements actuel de l'islamisation en cours, sans faux refoulements?

La conversion d'une société civile à l'Islam, peut découler, selon une approche analytique sans concessions:

- d'un processus d'adhésion volontaire ou larvée à la foi religieuse montante, nécessairement long et moléculaire

- d'une stratégie politique, prônant une véritable colonisation de l'Europe

- ou encore, d'une conquête combinée d'insécurité, d'intimidation, de terrorisme et de Djihad, conduisant à la constitution d'une autre société, ethniquement hétérogène.

Celle-ci, soumise à l'Oumma et régie par un Califat montrerait le rejet violent du "vivre ensemble" entre immigrés et autochtones.

La portée d'une pareille conversion à l'Islam serait, en tous cas, d'ordre historique et aboutirait à une lutte inévitable.

On peut s'interroger sur le fait que les mutations qu'elle comporte réunissent un confluent d'éléments, qui caractérisent le déclin d'une civilisation, un esprit de démission ou de renoncement, un épuisement de la force vitale, imputable au vieillissement des populations, un accaparement de la violence physique de la part des "envahisseurs" et une célébration intellectuelle du nihilisme, engendrant une pente irréversible, qui conduit aux portes de la mort.

D'illustres historiens et philosophes ont développé ces différentes hypothèses, car des signes prémonitoires se sont manifestés toujours, dans les moments décisifs, aux observateurs les plus aiguisées.

Pour ma part, je développerais les aspects intentionnels et déclarés de la stratégie contemporaine, à l’œuvre depuis les années soixante dix, lorsque, définitivement achevé le processus de décolonisation de l'Occident, se profilent des défis multiples à son hégémonie, inversant les rapports de dépendance entre l'Europe et l'Asie et l'Europe et l'Afrique et se redessine, en particulier, la carte géopolitique du Proche et Moyen Orient.

Cette inversion sera marquée par les turbulences et les conflits entre Israël et les pays arabes et par le changement général des rapport des forces entre l'Europe communautaire de l'époque et le reste du monde.

La stratégie de conquête de l'Islam (dar al Harb), dont il est question dans ces lignes, se précise en effet dans les résolutions de Strasbourg de 1975 entre les Neuf et les pays belligérants, suite à l'attaque-surprise syro-égyptienne du Yom-Kippour contre Israël et donnera vie au Processus de Barcelone.

Ces résolutions sont censées mettre un terme au chantage de la hausse des prix du pétrole, (augmentés de 70% et décrétés par l'OPEP au Koweït) et ouvrir un dialogue permanent (le Dialogue Euro-Arabe de 1995) entre la Communauté européenne des Neuf et les pays en conflit avec Israël, pour faire accepter ce nouveau rapport de forces.

C'est un statut de Dhimmitude qui s'instaure désormais entre l'Europe et le monde islamique.

Par ces accords, l'Europe bascule du côté des pays arabes et les résolutions mentionnées seront adoptées à Doha en 2000, par l'Organisation des États Islamiques (OCI), comme critères de référence de leurs relations avec les pays consommateurs (classés en pays amis, ennemis ou neutres, vis à vis de la "cause palestinienne").

Les conditionnalités contenues dans ces résolutions constituent encore aujourd'hui les principes directeurs des relations entre les deux parties.

Certes plus favorables des conditions du sac de Constantinople en 1453, par Mehmed II, provoquant la chute de l'Empire romain d'Orient, elles représentent tout de même une défaite et un tournant historique.

Elles ont pour objet:

- au plan international, la reconnaissance de l'autorité palestinienne comme représentante légitime du "peuple palestinien", assorti du soutien des Neuf à leurs revendications et, en particulier, à la solution finale à deux États, comme issue des négociations de paix

- au plan intérieur, une aliénation de la souveraineté culturelle des pays européens, à propos de l'égalité de traitement, à consentir aux minorités musulmanes qui s'établissent sur le continent européen.

Or l'accès des populations immigrées aux droits sociaux et politiques, dont jouissent les populations autochtones, font de ces communautés des corps organiques soudés et liés à leurs pays, étrangers à la civilisation européenne et inassimilables par celle-ci, mais vivant cependant sur le sol du continent.

Par ailleurs les conditionnalités de ces mesures établissent, dans leur mise en œuvre, une véritable dépossession des pouvoirs de regard et de contrôle des autorités des"pays hôtes", puisque ces minorités restent toujours des entités ethniques, continuant à pratiquer la culture, les lois et les mœurs de leurs origines ancestrales.

La mention de la mise en place d'une politique de recrutement de main d’œuvre et d'immigration, réclamée à l'époque, par les pays européens, comporta la prise en charge d'une importante infrastructure de mosquées, de centres culturels et d'écoles d'enseignement parallèles à l'enseignement publique et laïque, pour l'apprentissage de la langue arabe.

Ces dispositions ne sont rien d'autre que l'application de la "stratégie culturelle islamique", adoptée à Doha et intégrée par l'organisation des États Islamiques (OCI), comme mode d'action de l'ensemble du monde musulman vis à vis de l'Occident.

L'aspect le plus important du narratif concernant l'Islam et retenu par les Neuf, est que l'Islam devient désormais une partie constitutive de la culture européenne.

Ainsi le dialogue euro-arabe n'est que le masque officiel d'un chantage politique et d'une nouvelle perspective d'armistice, par lequel les intérêts pétroliers l'emportent sur l'héritage historique de la civilisation européenne.

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Ses conséquences, de pleine actualité, apparaissent très clairement dans la déclaration de la Haute Représentante pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité de l'UE du 28 février 2018, lorsque, Mme Mogherini annonce publiquement, au nom des Vingt-huit, que: "L'Europe partage globalement la position de la Ligue Arabe sur la relance du processus de paix", dans le but de se démarquer de la position des États-Unis à propos de l'Iran et de la rhétorique pro-palestinienne et anti-sioniste qui s'y accompagne rituellement.

Avec le recul du temps, les répercussions de l'embargo pétrolier de 1973, apparaissent aussi graves que la chute de Byzance, car elles dépassent de loin le rééquilibrage des forces et des cultures, consécutives à la défaite syro-égyptienne, pour atteindre la moelle de la civilisation européenne, son existence et sa pérennité.

L’islamisation actuelle de nos sociétés voit se multiplier des espaces d'extraterritorialité islamique et d'organisation parallèle des pouvoirs, soumis à la Sharia, où la pression intérieure (poids démographique, insécurité, radicalisation et djihad), épouse la déliquescence interne des autorités légitimes, désemparées et impuissantes et ne peut représenter une alternative, en termes de régimes politiques, ni à la démocratie, ni à l'autocratie.

A la décomposition des pouvoirs nationaux en Europe se rajoute la différente progression démographique des deux communautés,autochtone et étrangère, à la défaveur de la population de souche, destinée à devenir minoritaire à moyen terme, engendrant un "hiver démographique".

La désaffection des identités nationales par rapport à leur mémoire, à leur passé et à leur langue en serait une conséquence inéluctable.

Le multiculturalisme qui en résulte équivaut ainsi à une multiconflictualité permanente, à la partition des territoires et, en cas, d'affrontement général, à une possible réédition de la théorie guévariste des "focos", par l'embrasement du continent.

Jouent simultanément, au détriment de la civilisation européenne, deux facteurs convergents, dus au principe de "non-discrimination".

Le premier concerne les frontières territoriales; le deuxième les frontières anthropologiques (homme/femme, vie et mort, procréation naturelle ou assistée).

Les répercussions du premier conduisent à un monde déraciné et à un syncrétisme universaliste; celles du deuxième à la disparition de la famille et à la confusion des sexes et des genres, qui ont perdu toute relation avec les aspects normatifs de la sexualité naturelle, hors de  la soumission du bios au choix arbitraire de la "raison".

Quant à l'alternative aux régimes démocratiques en crise, l'Islam compte que sur un personnel politique idéologiquement épuisé, qui à rompu la relation
passionnelle et spirituelle entre le peuple et la liberté, elle même liée à l’idéologie du progrès et à la cohésion sociale.

Ils s'ajoutent à la décomposition sociétale en cours, les déterminismes idéologiques de la conjoncture planétaire:

- le globalisme des modèles culturels ("l'american way of life", les modes télévisuelles aliénantes, etc)

- la "gouvernance" acéphale des institutions supra-nationales et internationales, hostiles aux "résistances" identitaires des nations millénaires. (Union européenne, Nations Unies, etc)

- les anathèmes discursifs contre les trois notions de "peuple", "populisme" et "dissidence", porteuses de doutes et de scepticisme, quant aux régimes politiques et à l'organisation de la société.

Dans ces expressions, les "élites" cosmopolites, au lieu d'y voir la force de la souveraineté de l'esprit et du pouvoir de décision, y décèlent la poudre incendiaire de la subversion anti-système et du danger de révolte du "peuple libre", qui est, pour le principe démocratique, le dépositaire ultime du pouvoir.

- les interventions du pouvoir judiciaire (Cours Européenne des Droits de l'Homme, en faveur de la protection de l'Islam, en légitimant, par une décision politique contraignante le code islamique du blasphème, dans le souci de préserver la" paix religieuse" en Europe, une "pax islamica",ce qui engendre la politisation de l'appareil judiciaire et le déséquilibrage démocratique des trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire)

- plus paradoxal encore, le cachet spirituel du Vatican au programme improbable du gauchisme international, en faisant de l'église catholique romaine, le support principal de l'écologie et de l'évangélisation de l'Islam en terre d'Europe, par le "Coup d’État", qualifié de "printemps catholique", promu, selon Wikileaks, par Soros, Obama et H. Clinton, dans le but de remplacer le traditionaliste Benoît XVI par le Pape de gauche François.

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Si on ajoute aux aspects institutionnels et idéologiques, les aspects démographiques, raciaux et anti-autoritaires, qui marquent la violence endémique des banlieues des grandes villes européennes, la boucle de l'islamisation est bouclée et le choc de civilisation en plein développement.

Fallait-il attendre les répercussions suicidaires de la politique de la"porte ouverte" aux migrants, de la part de M.me Merkel en 2015, ou les déclarations de Collomb, ministre français de l'intérieur, démissionnaire, en 2018, pour lier d'un même fil l'immigration, l'islamisation et la guerre civile?

Après les essais retentissants sur la fin de l'idéologie, de l'utopie et de l'histoire, le déni des réalités, concernant l'islamisation de l'Europe, pousse les élites de pouvoir à mentir à leurs propres peuples et à faire taire leurs critiques, en condamnant les contestataires pour délit de "discours de haine", dont elles sont les seules à posséder la maîtrise.

Face à la déroute morale des démocraties en crise, un vent de réveil souffle sur la planète euro-atlantique et l'histoire qui s'écrit, porte dans son discours, l'affranchissement du "politiquement correct" et la dissidence des esprits libres.

Cette insurrection démocratique met en face à face "deux mondes", celui du nouveau totalitarisme globaliste, poussant d'une part à un aveuglement glaçant sur l'islamisme et de l'autre à une révolte morale et à une insurrection montante, face à la guerre civile qui vient.

Or la ligne de front qui oppose les partisans du système aux forces anti-système et donc les globalistes aux populations autochtones, enracinées dans une tradition, s'amplifie de jour en jour.

La révolte qui gronde, contre une "colonisation à l'envers" et contre la fin de la race blanche, est aussi, en Europe, une lutte pour la survie de l'existence nationale, pour la défense du menu peuple, des classes populaires et des classes moyennes.

Présentée sous la forme trompeuse d'un combat politique entre globalistes et souverainistes, ou entre gauche universaliste et droite néoconservatrice, cette lutte pour la survie de la civilisation européenne a des précédents historiques, puisqu'elle exprime une crise des régimes au pouvoir.

En effet, aujourd'hui en Europe, comme hier dans la République de Weimar, une série de chocs à répétition frappe des populations traumatisées par l'absence de protection des démocraties, confrontées aux émergences économiques, aux endettements excessifs et aux incertitudes internes et internationales.

Dans ces conditions, la bataille des cœurs qui oppose deux attitudes de l'esprit, l'esprit de ceux qui, au nom de la "raison", ont oublié Dieu, détruit les traditions anciennes et perdu la confiance et l'espoir et ceux qui, au nom d'Allah, vouent au néant l'ordre institué du monde.

Le vieux "Vae Victis", tonnera à nouveau du haut du ciel, puisque "ni les hommes, ni les États n'ont dit définitivement adieu aux armes!" (R. Aron) et il n'y aura ni pitié ni pardon pour les perdants, dédaignant le souvenir de l'héritage au nom de la paix.

L'Europe a été la patrie des nations et des révolutions nationales.

Elle a été terre de conquêtes et de découvertes universelles.

Elle restera la source inépuisable de la foi, de la raison et de l'idéal.

Renoncera-t-elle pour longtemps au retour vengeur de ses traditions et au rachat violent de ses identités humiliées?


Bruxelles, le 11 Novembre 2018

jeudi, 29 avril 2021

Groenland : un aperçu historico-politique après les élections

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Groenland : un aperçu historico-politique après les élections

Par Enric Ravello Barber

Ex : https://www.enricravellobarber.eu/

Les élections du 6 avril dernier ont donné une large victoire à la gauche éco-indépendantiste inuit (esquimaude), le parti ‘’Inuit Ataqatiglit’’ (IA, ‘’Communauté du peuple’’ en inuit) a réalisé 36,6 %, dépassant largement les 25,5 % obtenus en 2018 et redevenant le premier parti de l'île au détriment des sociaux-démocrates indépendantistes de ‘’Siumut’’ (‘’En avant’’ en inuit). IA et Siumut ont alterné au pouvoir depuis 2005, soit en coalition, soit l'un d'entre eux avec une représentation majoritaire. Le leader de l’IA, Mute Egede, deviendra le prochain premier ministre de l'île, bien que pour former un gouvernement, il aura besoin du soutien d'au moins quatre députés qui avec ses 2,4% ont réalisé le du parti indépendantiste centriste Naleraq (‘’Descendants de notre terre’’ en inuit), qui a obtenu 2,4%. Le parti Naleraq converge idéologiquement avec l’IA surtout sur l’enjeu principal de cette campagne électorale: l'opposition au projet d'exploitation des gisements de terres rares et d'uranium à Kvanefjeld, qui sont aux mains d'une société australienne, derrière laquelle se cache la Chine.

Pourquoi le Groenland est-il danois ?

Le Groenland fait géographiquement partie du continent américain ; il faut noter que la division entre l'Europe et l'Amérique dans l'Atlantique Nord passe par la partie occidentale du territoire d'une autre île proche, l'Islande. Comme le reste des régions arctiques de l'Amérique du Nord, elle a été peuplée à partir du 3e millénaire avant J.-C.au moins par une population qui donnera naissance à la culture dite de Dorset.

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Erik Thorvaldsson, plus connu sous le nom d'Erik le Rouge - un Viking norvégien qui s'était réfugié en Islande - a été le premier Européen à arriver au Groenland en 982. Après lui, plusieurs familles de Vikings norvégiens établies en Islande sont arrivées sur les côtes du Groenland à partir de cette date, où elles ont construit des colonies dans le sud et l'ouest de l'île.

Erik le Rouge a appelé l'île ‘’Gron (vert) Land (terre)’’ pour la rendre attrayante aux Vikings arrivés dans les décennies suivantes, qui ont exploité la région en y élevant du bétail. Les Scandinaves ont pris le contrôle de l'île et celle-ci faisait partie de la couronne norvégienne en 1261.

Le changement climatique en Europe et dans l'Atlantique Nord, qui a débuté au 16ème siècle et est connu sous le nom de "petit âge glaciaire", a entraîné un changement brutal des conditions géo-économiques. Les colons scandinaves ont été doublement affectés par ce changement: d'une part, leur système économique productif était incompatible avec le froid extrême et, d'autre part, la route vers l'Islande et la Norvège, vitale pour leur survie, était coupée. Un autre facteur cruellement décisif a été l'arrivée sur l'île des peuples inuits - les Esquimaux d'aujourd'hui - venus de Sibérie, qui ont exterminé les Dorsétiens dans le nord de l'actuel Canada, d'où ils ont abordé le Groenland, poursuivant leur politique de conquête contre les Dorsétiens - qui ont en fait disparu de l'histoire pour toujours. Cette conquête et extermination de la population locale visait également les colons norvégiens, déjà en phase d'affaiblissement et d'isolement. En d'autres termes, les Inuits ne sont pas la population originelle du Groenland, mais la troisième et dernière à y être arrivée et ont été, de ce fait, les protagonistes de l'extermination des deux peuples précédemment installés: les Dorsétiens et les colons européens; un fait important à souligner en ces temps où l’on évoque des pardons et de la culpabilité en référence à l’histoire.

En 1721, le navigateur norvégien Hans Egede s'est rendu au Groenland, avec l'idée de vérifier s'il y avait des descendants de la colonisation scandinave médiévale ; il a découvert qu'il n'y avait plus aucune trace de cette population. Il a alors décidé de christianiser la population locale et, après lui, des familles norvégiennes et danoises se sont installées sur l'île, qui fit alors partie d'un seul royaume scandinave (dano-norvégien). En 1814, après la séparation en deux du Royaume du Danemark-Norvège, le Groenland est devenu une colonie danoise. Des années plus tard, en 1953, elle a cessé d'être sous statut colonial et est devenue un territoire danois, ce qui lui a conféré un statut d'autonomie en 1979, qui a été prorogé en 2008 après avoir été approuvé par référendum, tout en restant entre les mains du gouvernement danois, qui continue de contrôler la défense et la gestion de la politique étrangère et dont les subventions sont vitales pour l'économie de l'île.

Le Groenland au carrefour du nouvel espace nord-polaire

Le résultat des élections paralysera - pour l'instant - l'extraction de l'uranium et des terres rares, deux minerais essentiels pour la fabrication des téléphones portables, des véhicules électriques et des armes de nouvelle génération, minerais dont la Chine est le principal producteur mais qui veut prendre le contrôle du marché mondial de manière quasi monopolistique. Mais Kvanefjeld n'est pas le seul gisement aux mains des Chinois. La Chine exploite également plusieurs autres gisements au Groenland. Les géologues chinois ont identifié où se trouvent les "ressources supérieures", précisément celles "dont la Chine a un besoin urgent". En fait, les banques chinoises participent au financement d'une grande mine de zinc dans le fjord Citronen, sur la côte nord de l'île, afin de renforcer la stratégie chinoise d'obtention de minéraux arctiques.

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Le Groenland est devenu un point stratégique et géopolitique d'importance vitale, un point d'affrontement entre les trois principales grandes puissances de notre temps: la Chine, les États-Unis et la Russie, qui y voient un élément crucial pour la domination d'un nouvel espace-clé: l'Arctique, qui le deviendra de plus en plus à mesure que le dégel progressera et que la voie de communication arctique s'ouvrira. Un nouvel espace destiné à être le théâtre de batailles féroces entre les trois principaux acteurs mondiaux.

Les États-Unis, qui depuis le début du siècle dernier considèrent comme une anomalie qu'un territoire géographiquement américain soit aux mains d’Européens, territoire, qui plus est, est crucial pour leurs intérêts militaires et stratégiques. Washington possède des bases militaires sur l'île. Rappelons qu'en 2019, Donald Trump a fait une offre d'achat qui a été rejetée par le gouvernement danois; il n'était pas le premier président américain à tenter d'acheter l'île à Copenhague.

La Chine qui, en plus de son intérêt militaire et minéral, conçoit la route arctique comme la variante septentrionale - la route de la soie arctique - qui complète sa nouvelle route de la soie terrestre à travers le cœur de l'Eurasie.

La Russie, qui a déjà entamé sa stratégie arctique à l'époque soviétique, ne se laissera pas distancer dans la course au contrôle de cet océan glacial du Grand Nord. Bien que l'île soit sous souveraineté danoise, l'Europe démontre une fois de plus son inexistence en tant qu'acteur politique dans le monde multipolaire du 21ème siècle.

La question qui se pose après ces élections est la suivante: 56 000 Groenlandais pourront-ils vraiment s'opposer aux grandes dynamiques géopolitiques de cette nouvelle époque des grands espaces?

mercredi, 28 avril 2021

Les États-Unis vont organiser l'opération et rejeter la faute sur la Turquie: le complot des mercenaires djihadistes en Ukraine

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Les États-Unis vont organiser l'opération et rejeter la faute sur la Turquie: le complot des mercenaires djihadistes en Ukraine

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Les États-Unis ont intensifié leurs efforts pour saboter les relations turco-russes et préparent un complot: Washington prévoit d'envoyer des mercenaires dans la région du Donbass et d'en faire porter la responsabilité à la Turquie.

United World International a découvert une nouvelle conspiration américaine en Ukraine

L'UWI a obtenu des informations fiables de sources internationales selon lesquelles les Etats-Unis ont préparé un plan pour d'abord susciter la méfiance entre la Russie et la Turquie, puis provoquer des tensions entre Ankara et Moscou. Selon le plan, les djihadistes et les mercenaires syriens seront déplacés vers la région du Donbass. Ces groupes comprendront des Tatars et des Tchétchènes qui connaissent bien la région et seront envoyés pour combattre les forces russes et pro-russes. Plus tard, les médias mondiaux répandront le mensonge selon lequel la Turquie a transféré ces groupes dans la région. De cette manière, les États-Unis ont l'intention de provoquer un conflit entre la Turquie et la Russie.

Revendications concernant le transfert d'une avant-garde dans la région du Donbass

La source internationale qui a parlé à l'UWI a déclaré: "Les relations turco-russes se développent généralement bien. Il existe des points de désaccord, mais ils sont d'importance secondaire. Les relations entre Poutine et Erdogan sont bonnes, et ils l'ont déclaré à l'opinion publique mondiale. Les États-Unis n'acceptent pas cette situation. Washington élabore des plans sur la manière d'éloigner la Turquie de la Russie et applique la tactique de la carotte et du bâton."

"En ce moment", poursuit la source, "les États-Unis effectuent des démarches informatives en Ukraine. Leur dernière tentative consiste à faire venir des mercenaires de Syrie en Ukraine. Les préparatifs ont déjà commencé. Les hommes sont spécialement choisis dans les groupes qui auraient des liens avec la Turquie et sont entraînés."

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La source poursuit: "Des rumeurs indiquent qu'un petit groupe d'avant-garde a déjà été déplacé dans la région du Donbass. Les djihadistes tatars et tchétchènes parmi eux rendront les choses encore plus faciles. Le déploiement sera bientôt terminé et ils recommenceront la propagande selon laquelle la Turquie a transporté en Ukraine les groupes qu'elle a formés en Syrie, comme elle l'a fait en Libye et dans le Haut-Karabakh. Ils accuseront la Turquie de ce qu'ils ont eux-mêmes organisé. Ils utiliseront ces mercenaires dans des opérations secrètes ; ils les utiliseront contre des civils. Ou bien ils mèneront eux-mêmes les opérations et rejetteront la faute sur ces groupes.

La source a déclaré que cette opération vise également à influencer l'opinion publique russe: "Ils présenteront au public des documents de presse, des vidéos, des photos de mercenaires syriens amenés en Ukraine et de leurs actions sur place. Ils publieront des photos et des vidéos de ces groupes prises en Turquie. Ils utiliseront les réseaux sociaux. Ils essaieront également de saboter les relations turco-russes comme ils l'ont fait lors de la crise où l'avion russe a été abattu. Et tout en exécutant ce plan, ils tenteront de provoquer l'opinion publique russe contre la Turquie. Ils utiliseront les forces anti-turques à l'intérieur de la Russie. Ils activeront les forces pro-occidentales en Russie pour accroître les tensions avec la Turquie.

La Russie est alarmée

Pendant ce temps, la Russie serait alarmée. Les sources indiquent que la Russie dispose d'un vaste réseau de renseignements dans la région et déclarent ce qui suit : "La Russie dispose également d'un vaste réseau de renseignements à l'intérieur de l'Ukraine. Moscou a la capacité d'observer toute personne entrant et sortant de la région. En outre, la majorité de la population de la région du Donbass soutient la Russie."

"La Russie est donc au courant de tous les mouvements et activités dans la région. Il est nécessaire de s'abstenir de toute action que la Russie pourrait mal interpréter. Des mesures erronées qui pourraient rendre la Turquie suspecte provoqueront une forte réaction en Russie. De telles mesures et leur réaction raviront avant tout les Arméniens et le PKK / PYD".

Déclaration de Lavrov

Lors d'une récente visite en Égypte, le ministre russe des affaires étrangères, M. Lavrov, a répondu comme suit à une question posée lors d'une conférence de presse: "Je vous dirai tout de suite que nous exhortons tous les pays responsables avec lesquels nous communiquons, et la Turquie en fait partie, à les inciter fortement à analyser la situation et les déclarations implacablement belliqueuses du régime de Kiev, et nous les mettons également en garde contre le fait d'encourager ces aspirations militaristes."

Des sources diplomatiques indiquent que des responsables russes ont recueilli des renseignements sur des plans visant à déplacer des mercenaires du Moyen-Orient vers l'Ukraine, et que ces inquiétudes ont poussé M. Lavrov à faire cette déclaration.

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Esper a demandé le déploiement de troupes américaines en mer Noire

L'ancien secrétaire américain à la défense, Mark Esper, a demandé que son pays déploie davantage de soldats dans les pays riverains de la mer Noire, tels que la Bulgarie et la Roumanie, afin de prévenir d'éventuelles attaques russes.

Washington devrait chercher à rassurer les alliés européens et à renforcer l'alliance de l'OTAN en déployant davantage de forces en Pologne, "dans les Pays Baltes, si cela a un sens, et dans des pays comme la Roumanie et la Bulgarie, si ce n'est pas de manière permanente, sur la base d'une rotation", a déclaré M. Esper dans une interview accordée à Reuters mardi.

À la suite de la montée des tensions en Ukraine, les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient renforcer leur présence militaire en Allemagne. Auparavant, l'administration Trump, où Esper a servi en tant que secrétaire à la défense, prévoyait de réduire la présence militaire américaine en Allemagne de 36.000 à 12.000 soldats. Trump affirmait que l'Allemagne profitait de la présence des forces américaines dans la région sans assumer ses responsabilités financières au sein de l'OTAN.

L'Ukraine comme refuge pour ISIS

Le journal ukrainien Zoborana a publié le 2 décembre 2020 un article intitulé "Les djihadistes en vacances: pourquoi l'Ukraine est devenue un refuge pour les militants d'ISIS?" L'article présente des informations intéressantes.

L'article de Zobarana rapporte que "plusieurs centaines d'anciens combattants du Califat ont choisi l'Ukraine comme lieu d'installation. Avec des institutions publiques faibles, la corruption, des frontières poreuses et des escarmouches permanentes, l'Ukraine offre de grandes opportunités pour ceux qui veulent rester cachés."

L'article poursuit: "L'Ukraine attire des militants qui ont perdu en Syrie et en Irak. Le pays est un bon endroit, sûr, pour rester, se cacher et attendre jusqu'à ce qu'ils aient une chance de rentrer chez eux, dans l'Union européenne ou dans une ancienne république soviétique."

Les États-Unis donnent à l'ISIS de nouvelles tâches

Les États-Unis ont utilisé ISIS comme un passe-partout en Syrie et en Irak pour toutes les portes. ISIS a largement perdu sa valeur après l'opération turque dans la région. Les militants d'ISIS, dont le nombre est estimé à plusieurs milliers, ont reçu de nouvelles tâches. Une partie importante d'entre eux a été transférée avec le soutien militaire américain dans les régions contrôlées par le PKK/YPG.

Cette organisation, dont l'ancien président américain Trump a ouvertement déclaré que la CIA l'avait fondée, est principalement composée de mercenaires. Elle comprend également des militants de Syrie, d'Irak et d'autres pays arabes, ainsi que des combattants du Caucase.

Des militants tchétchènes, dirigés par la CIA et ayant servi dans la guerre de Géorgie, qui se sont ensuite réfugiés dans la vallée de Pankisi en Géorgie, ont été transportés depuis 2011 en Syrie. Ces mercenaires servent selon les besoins de la CIA un jour au sein d'ISIS, le lendemain au sein d'Al Nousra, un autre jour au sein d'une autre organisation "djihadiste", et sont également influents au sein du PKK / YPG.

Les djihadistes en Ukraine

Parmi ceux qui sont actifs en Syrie sous le masque des "djihadistes" figurent également des groupes originaires des anciennes républiques soviétiques et d'Asie centrale. Parmi eux se trouvent environ 500 Tatars de Crimée. Dimitry Yarosh, dirigeant de l'organisation d'extrême droite ukrainienne "Secteur droit", avait en 2014 appelé les dirigeants de l'émirat séparatiste tchétchène du Caucase à unir leurs forces contre la Russie. En mars et avril 2014, des informations ont filtré dans les agences de presse, faisant état d'environ 300 mercenaires revenus de Syrie et ayant commencé à combattre dans la région du Donbass. Le député de l'organisation terroriste Jaish al-Muhajireen wal-Ansar, Abdul Karim Kirimli, a appelé tous les Tatars de Crimée et tous les musulmans d'Ukraine à "entrer dans la voie du djihad".

D'autre part, les militants de l'organisation terroriste Hizb ut-Tahrir avaient commencé leurs activités parmi les Tatars de Crimée avant les événements de Maidan, le gouvernement de Kiev détournant sciemment le regard. Les idées extrémistes du Hizb ut-Tahrir sont très vite devenues populaires parmi la population tatare de Crimée. Entre 2012 et 2013, Hizb ut-Tahrir comptait environ 10.000 membres en Crimée et certains d'entre eux ont combattu en Syrie aux côtés d'organisations terroristes.

Source : https://uwidata.com/17631-us-will-organize-and-put-the-blame-on-turkey-the-conspiracy-of-mercenaries-in-the-ukraine/

Les patriotes arméniens attaquent l'OTAN

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Les patriotes arméniens attaquent l'OTAN

Grigory Trofimchuk

Ex : http://www.elespiadigital.com/

Les militants arméniens sont de plus en plus convaincus que l'Occident et ses institutions situées sur le territoire du pays sont responsables de tous leurs problèmes. Selon des chercheurs indépendants, il y a eu plus de deux cents organisations pro-occidentales de ce type qui se sont installées en Arménie au cours de ces dernières années. Pour une république relativement petite, c'est un chiffre colossal, d'autant plus qu'il est étayé par l'un des pourcentages les plus élevés de personnels affectés à l'ambassade des États-Unis en Arménie par rapport au nombre de ses citoyens. Cette question a été discutée à plusieurs reprises lors de conférences à Moscou, avec la participation de l'ambassadeur arménien.

Le pic de patience de ces citoyens commence à déborder, car l'"armée" des adhérents occidentaux n'a rien fait pour améliorer la vie réelle dans le pays d'accueil, tout en menant des activités à caractère occulte, inaccessibles au contrôle public, avec la référence standard à la nécessité de "développer la démocratie". Dans le même temps, les accusations contre la Russie et l'OTSC proviennent apparemment du même réseau, œuvrant à affaiblir davantage l'Arménie.

Récemment, la haine civile croissante a conduit à une attaque en rue contre l'ancien directeur du centre d'information de l'OTAN en Arménie, Ara Tadevosyan. Les militants n'ont même pas été gênés par l'épidémie de coronavirus et ont pu reconnaître Tadevosyan comme un passant apparemment ordinaire, marchant avec un masque médical dans le centre-ville d'Erevan. Peut-être Tadevosyan devra-t-il désormais toujours porter un masque, se cacher du public, même après la disparition du virus.

C'est un précédent. Il est évident que les citoyens patriotes d'Arménie ne veulent plus tolérer la coopération de l'Arménie avec l'Occident sous quelque forme que ce soit, y compris les nouvelles guerres que les structures occidentales préparent pour cet État. Malgré la fermeture récente de ce centre d'information et la dissolution de son personnel, l'OTAN continue de se renforcer le long des frontières de l'Arménie, s'étant considérablement renforcée dans cette région depuis 1991, ce qui provoque des protestations émotionnelles et spontanées de la population.

Apparemment, Ara Tadevosyan, qui a brandi une affiche à la demande des patriotes, demandant à l'OTAN de ne pas s'approcher de l'Arménie - "OTAN, ne t'approche pas de l'Arménie !", "OTAN, rentre chez toi !". - n'est que le début des actions anti-occidentales de masse. Les Arméniens, qui sont des patriotes, ne demandent pas encore à Tadevosyan et à ses amis de quitter l'Arménie pour toujours et de vivre à l'Ouest qu'ils aiment tant, mais une telle évolution est tout à fait possible.

Mais aujourd'hui, il est plus important de comprendre dans quelle mesure le Centre d'information de l'OTAN, qui était actif jusqu'à récemment en Arménie, a été impliqué dans le développement de la déstabilisation de la situation politico-militaire dans la région, qui a finalement conduit à ce qu'on appelle la deuxième guerre du Karabakh. Ces questions devraient être posées au même activiste pro-occidental Are Tadevosyan, peut-être dans le cadre d'une conférence de presse spéciale, afin que la position politique croissante de la véritable "rue" arménienne ne ressemble pas à un banal règlement de comptes. Et il s'agit d'une "rue" arménienne naissante complètement différente, significativement différente, de celle qui a porté Nikol Pashinyan au pouvoir au printemps 2018.

Le centre d'information de l'OTAN a été ouvert à Erevan en 2007, à la veille de 2008, lorsque la guerre d'Ossétie du Sud a éclaté dans le Caucase du Sud. On peut considérer cette ouverture comme une simple coïncidence, mais les faits et les dates concordent, dans une séquence stricte. Les objectifs de l'institution inaugurée étaient extrêmement nobles: on supposait que le "grand peuple arménien" serait mieux informé des tâches de l'Alliance de l'Atlantique Nord et de ses partenaires, l'un des principaux à l'époque, dans une région qui se transformait rapidement en une autre Géorgie. Le statut réel de ces centres visait à inclure l'Arménie dans le "nuage" entourant l'OTAN sur la base d'accords bilatéraux avec les pays qui n'étaient pas membres de ce bloc politico-militaire et ne pouvaient guère l'être.

Quelques années plus tard, en 2011, avec la participation active d'Ara Tadevosyan lui-même, un programme de formation sur "l'OTAN en tant qu'élément du système de sécurité occidental" a été lancé dans le cadre de la "Semaine de l'OTAN en Arménie". C'est-à-dire que, même à ce moment-là, ont été lancés les processus qui détruisent l'Arménie aujourd'hui, avec des "flèches" tirées vers Moscou, c'est-à-dire des ‘’flèches’’ visant à faire croire en la responsabilité russe dans les désordres de la région. Dans le même temps, M. Tadevoyasyan a lui-même déclaré que le projet était de "nature pilote".

Et aujourd'hui, dix ans plus tard, le pilote "Tadevosyan" a reçu une réponse inévitable de ses compatriotes reconnaissants. Et ce n'est que le premier round.

AfD goes East (interview with German politician Petr Bystron)

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AfD goes East (interview with German politician Petr Bystron)

Ex: https://katehon.com/en/

Tim Kirby: So first question: what brings you to Moscow?

Mr. Bystron:  Oh well, it’s a working visit. I’m on the head of the parliamentarian group of the Alternative for Germany in the German parliament so foreign policy is my job. Every year at least one time, I am in Moscow. This year we did this visit together with Dr. Alice Weidel, who is the head of our group in the Bundestag. And we visited a couple of our friends here in Russia.

Tim: It's pretty much almost a media staple that they always see the relations between Russia and Europe are bad. I think maybe the evidence for that would be that there are sanctions between Russia and Europe, things have been a little bit off. But what's the core reason what's the real problem? Why are relations bad?

Mr. Bystron:  Well this is a big deal for us and it was also a big topic for in all our talks. We met Mr. Slutsky and the Duma, we met Mr. Tjapkin and the foreign ministry and a lot of other people. Of course this is like one of the main topic, why is it so? Obviously, there are there are powers which are interested in that the relationships between Germany and Russia especially but also between Europe and Russia are getting worse. We see it since 2014 with the Ukrainian crisis and then of course it followed it with Crimea and so on and so on. Now with we say Scripali, Navalny and so on.

Tim: Well it's interesting! Because you kind of say that with a smile. You almost acknowledge that this this whole situation with Navalny and Scripali is kind of silly. Does it seem silly?

Mr. Bystron:  Of course it's silly. Because I can see it from the other side, you know. We are in the parliament and we see always how fast and uncritical certain things are communicated through the whole media landscape in Germany. And it was the same with Skripali, it was the same with Navalny. There is no thinking about and at the beginning there was nothing like “Oh let's investigate, let's wait how where is the true?” But the true is from the beginning defined and it is just communicated through. And therefore I’m smiling about it and this is a strong difference to other cases in other countries. It's always specifically against Russia. But see what happened with Mr. Khashoggi and the embassy?

Tim: So your colleagues in Germany, I'll call them colleagues depending whether you see them as colleagues or enemies that's up to you, but the people you're with, who are with you - sort of in the German government, who don't like Russia - is it a matter that they have this sort of deep-seeded fear or dislike of Russia, that every bit of news from Russia they believe it? Or are they just sort of typical bureaucrats or they get a piece of paper and it says that “Putin poisoned the Navalny and this is bad” - I have to believe this because I got the piece of paper that says it's bad? So are they just mindless bureaucrats or is it something personal?

Mr. Bystron:  It's a mixture. You know for a really a long period of time the Soviet Union was really “The Enemy”, and it was the “Empire Of The Evil”. But then in the 90s it turned around completely. And you can follow it even in the Hollywood movies you know. It was a period of time when a Russian policemen were side by side with the with the US policemen. They were working together in New York and so on. Not promoting movies but you know it is and it was the whole period. Before it was Rambo against the Russian and then it was Red Heat. So it changed. And the Russians were no enemies anymore, they were friends. And now it's slowly coming back to Rambo and it’s docking on the synapses in the people's brains you know. Now the people are triggering the same pictures of “the evil Russia”. So this is this is the psychological background. Of course there are there are people that are even politicians who are doing this on purpose. They are not interesting in good relations with Russia. And what surprises me a lot, you know, is that German politicians were saying “we are against Nordstream-2” for example. This is totally a US position. I don't blame the USA you know. If the USA say “our geopolitical, our strategical targets are that we don't want the cooperation between Russia and Germany” - that's fine you know. This is they say it frankly they do it. This is their position. But what I don't understand when German politicians say this, because it's not good for Germany.

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Tim: Not so much. Interesting how that works out. One thing about defying Washington then is we can sit here and talk about that and we can maybe get into these ideas that there's sort of conspiracy theories that it's really Washington pulling all the strings, but then how does your party get seats? Because you guys try to fight these mystery forces?

Mr. Bystron:  Well this is a good question that I’m asking every day myself. And it was a very special situation in 2013 when I would say the system allowed unknown professor Bernd Lucke to enter during a period of five or six weeks еvery big TV show in German television, political TV show and get an audience of five, six, seven million and spread his news. And in this period of time, those five, six weeks seventeen thousand people entered a party which didn't exist. It was just an idea. This professor Lucke said “I have a party.” There was nothing, and then seventeen and a half thousand people entered and said, “I identify myself with the content and ideas this guy is saying on public television”. So and there we were, in this party, and they let us to run for elections. We did quite well and became the most successful party in the postwar history. We entered every parliament we have in Germany, and in each state in the Bundestag of the European parliament. Around 2016 there were public polls, which said 35 percent of the German population could imagine to vote for this party. With 35 - 36 percent in Germany, you can get chancellor. From this point we become “Nazis” or “extremely right wing” - you know and so on and so on and this is incredible. If you imagine that we are a party where a lot of foreigners like me. I’m from Czechoslovakia, I’ve got political asylum in Germany and we have many colleagues who are coming from Russia, from Romania, who just got German passport, and they are not Germans by birth. We have also a lot of voters from foreigners who are voting for us and just imagine how what kind of nonsense it is to say this is a “Nazi party where foreigners are giving votes to foreigners because they are not this is incredible.

Tim: Well some crazy things do happen in politics. I mean look at Kiev, but that's another story…

Mr. Bystron:  This is a funny story because in Kiev, the real Nazis are in Kiev. Nobody cares in Germany and nobody cares in in the EU. In the EU, there are real Nazis supporting the regime change. Nobody was talking about that. Maybe there are good and bad Nazis?

Tim: The ones that go against Russia I think are the good ones? I think that that's overall what unites them, but let's get into this: I’m kind of curious so when we talk about this whole Nordstream and energy deals between Europe and Moscow because it's always through Germany. People always talk about Berlin and Moscow having this deal, but you know, when it snows in Hungary — it snows in the Czech Republic. Why it is such a big thing to send gas from Moscow to Berlin?

Mr. Bystron:  I really don't know, because we have already since the 70’s. There is a pipeline, you know, and it was a deal between western Germany and the former Soviet Union, and it worked perfectly. Despite that we had the Iron Curtain, the Soviet Union was always a reliable partner delivering. This is also a funny thing: we have quite every winter the media brings the news “Oh, now there is a winter. It's dangerous because the Russians maybe will not deliver the gas”. And I think, “Okay, why should they do it, because they want to sell something, you know. We have the money and they want our money. Why should they stop the delivering the gas to us”? It’s complete nonsense.

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Tim: I guess maybe the idea would be to sort of scare you into controlling you, to make you agree to something? Because if you threaten someone so do this or else, that's the threat. So what would be the “do this”?

Mr. Bystron:  Exactly, it's just reasoning the people and creating an image of Russians that they are not a reliable partner, that they would like to stop the delivery of gas, and this is what you asked before. If they are normal people, why do they react as they react? Because you have permanent propaganda like this or permanent news like this, so it works. And if they repeating and repeating it. There is a saying, “if you if you repeat a lie thousand times it becomes true.”

Tim: Now in Russia there's this belief that in the 1800s, so long long ago, the Tsars were very confident that things were going to go well with Germany because Germany was becoming a rising power. This is the whole Bismarck era and that it looked like the continental Europe would be mostly controlled by Germany. But there was a lot of sort of inter-marriages and interrelations between the Russian aristocracy and the German aristocracy, so everyone Russia thought “this is gonna be great. There's not gonna be any more wars, we're gonna be able make agreements with these guys, they're gonna control everything it'll be real easy. We'll sort of split the world with the Germans”. Well, that didn't happen. With World War I Germany and Russia fought and it was really, really bad, I think for both sides. World War II was really bad for both sides, especially the German side. The cold war probably didn't help. So one thing is in Germany why is no one sort of woken up to the possibility that maybe conflict with Russia has really shot Germany in the foot at least twice, maybe more?

Mr. Bystron:  Well I would go even more years back, maybe two thousand years back to the Roman Empire. You remember what happened when the Roman Empire split to the western and the eastern part? From the west, the western part developed to the Holy Roman Empire of the German nation and the eastern – to Byzantine. It is the heritage on which Russia is standing. There are not many people that know that the word “Tsar” comes from “Caesar”. So what I want to say is that Russia and Germany — those are just like Yin and Yang those are two parts which belong together. They’ve just been separated but they have common roots. And in my view Russia is the eastern part of Europe historically seen. So and what we want as a party and what many people want is that those two parts come together again and that they work together again and that they even profit both from this from this alliance.

Tim: You've had the opportunity to talk to a lot of Russian politicians. You've probably had the opportunity to talk to a lot of American politicians. Do foreign people really understand Germany? Or do someone understand it more or less or is Germany still a bit of a mystery the outside?

Mr. Bystron:  Germany is a total mystery. At first, many people outside of Germany have a picture of Germany as it was in the 90s maybe and they don't realize that the country changed totally getting worse. We have a really heavy problem with democracy inside the country. Just an example: we are the biggest opposition party in the German parliament but our politicians get beaten on the street quite to death.

Tim: By whom?

Mr. Bystron:  By left extremists, by Antifa. And the point is these Antifa groups are not just coming out from nowhere. They are there for years and years and many of them have established legal formations that are donated by the state. So they're getting public money and the same people who are then beating the opposition.

Tim: Now are you talking about a protest where there are two sides and the sides fight? Or are you talking about like someone hunting down a politician, finding out where they live, watching their daily routine and then picking a day and getting them right? You talked about that?

Mr. Bystron:  Of course! It happened to me! It happened to me. It wasn’t an attack on my person, but it was an attack on my car, on my house. They sprayed my house, they crashed my car and but it was exactly as you described. There were two Antifa people in the street in the morning, in the day they just checked out where I live. I was going with my six-year-old son to school, and they saw where we live. At night, they did the attack. The next morning, the whole way from my home to the school of my son, it was labeled with Antifa stickers like “we know where you are, we know where your son is going to school”. But I had also I had been physically attacked on the street by Antifas. This is nothing unusual - it goes to thousands and thousands, and this is not everything. You know, people are losing their jobs in Germany just because they are engaging in themselves in the opposition party. People are even losing their jobs just because they meet with our boss. There is a case that went public. Professor Mending was just having a lunch in a restaurant with professor Meuthen, who is the boss of our party. Somebody saw them and the professor Mending lost his job in the television and public television. They said “no you're meeting you're meeting this guy. He was doing his job, and this is nothing unusual people losing their jobs nowadays just because they are in the opposition.

Tim: Well proving the motivations of why someone's fired can be hard, but with physical attacks… what do the police do? Or for some reason the cases just disappear? Why don't the police react to these things, these attacks?

Mr. Bystron:  Well this is a good question because the police is always investigating. It is a special part of the police — it's the «Stadtschutz», so they really know their opponents. I have an interesting experience because when it happened to me. This police task force come and they ask me “Have you seen something you can tell us?” And I said “yes I saw. I saw two suspects in the street in the morning”. They are not living here in the area I am going every morning there — so I know the people there. And they are obviously from Antifa, they look like this and I described them I said “There was a girl she had the blue hairs I don't know her”. Then I described the guy because I knew him already from the demonstrations. You know, I described him and the policeman said, “oh I know who it is,” so they know their you know suspects uh-huh of course when I know them just from speaking in public and seeing them as an anti-demonstration. This is always the same bench. So the police of course they know them. They investigate but I didn't got any results.

Tim: Gotcha. Oh that's really depressing, that's really really rough.

Mr. Bystron:  It continues, now this is a very hot topic. We have a secret service, domestic secret service, which is which is used to suppress the opposition. It was publicly announced that the secret service will take this political party under of observation, because we are supposed to be extremists. Isn’t that funny? The only thing is that we say we would like that the government is following the rules and the laws. And we are saying the government is breaking the laws! And they say “Wow they are extremists”.

Tim: Gotcha. What’s the one thing that maybe Germany could actually stand to learn from Russian culture or history or the way Russians do things?

Mr. Bystron:  There are many things that the Germans could learn from the Russians. And there are many things the Russians could learn from the Germans. I mean I would say just talk to each other just meet each other just relax, don't paint any pictures of enemies on the walls. And we will be fine all together.

Tim: Well thank you very much for being with us that was great.

mardi, 27 avril 2021

Entretien avec le collectif Zannekinbond: Socialiste Révolutionnaire et Flamand

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Entretien avec le collectif Zannekinbond: Socialiste Révolutionnaire et Flamand

Ex: https://rebellion-sre.fr/

Nous, animateurs de la revue Rébellion, sommes très heureux t’offrir la parole à nos camarades du collectif Zannekinbond. Ils font un important travail qu’il faut soutenir pour faire vivre une alternative socialiste révolutionnaire partout en Europe.

Pourriez-vous présenter Zannekinbond ?

Le Zannekinbond a été créé officiellement le 11 juillet 2019. Il a l’ambition d’être un groupe de réflexion dans le but d’établir un corpus idéologique de fond, avant d’être un groupe d’action. Cette possibilité n’est pas exclue à l’avenir mais nous souhaitons, pour l’instant, nous placer dans la bataille des idées. Nous voulons mener cette bataille nécessaire car en Flandre, en Belgique et dans les Pays-Bas en général, les idées que nous portons sont absentes. Alors que beaucoup de nouvelles idées intéressantes circulent à l’étranger, la mentalité de clocher et la politique des polders persistent en Flandre. La plupart restent bloqués sur les mêmes idées démodées depuis les années 1990. Dans les années 70, les idées développées en France, en Allemagne et en Italie se sont facilement propagées ici. Quand il pleut à Paris, il coule à Bruxelles et bruine à Anvers. Mais il n’y a plus d’innovation politique depuis le début des années 90.

La tribalisation politique, qui caractérisent actuellement la politique en Europe, et plus généralement le monde occidental dans son ensemble, sont apparus très tôt en Flandre. D’une part, le libéralisme progressiste de gauche et, d’autre part, la droite, libérale, conservatrice ou identitaire. Cette droite qui ,tout comme chez nos voisins du Nord, est de plus en plus guidée par des tendances venue de l’autre côté de l’Atlantique.

Les partis politiques et les protagonistes vont et viennent, mais les thèmes restent largement les mêmes, les deux partis jouant de facto le rôle d’idiots utiles du grand capital. Notre activité s’inscrit dans la diffusion d’une vision qui est, d’une part, explicitement de gauche sur le plan socio-économique, de nature socialiste sans se réduire à un mouvement spécifique au sein de la grande famille socialiste. D’autre part, le Zannekinbond souhaite offrir au nationalisme flamand un ressourcement, un nouveau souffle, loin des recettes libérales.

Nous souhaitons revenir aux origines du mouvement radical qui a défié la Belgique depuis la Première Guerre mondiale. De nombreux Flamands, même au sein du mouvement national flamand, ont oublié les batailles, les grandes figures et leurs points de vue de l’époque. Pourtant, Il est étonnant de constater à quel point les questions du passé peuvent encore inspirer les problèmes actuels.

Par exemple, nous souhaitons apporter une critique saine de la politique d’ouverture des frontières. Le discours habituel de la droite radicale n’est que trop peu de crédibilité pour une partie considérable de la population car elle s’exprime sur fond de racisme. Cette radicalité engendre une polarisation entre, d’un côté, le camp de la droite radicale qui restera toujours indigeste pour une majorité de la population et, en face, cette majorité qui reste sous l’influence d’une élite libérale et cosmopolite qui prône l’ouverture des frontières. Nous pensons qu’une politique économique de type socialiste n’est possible que si la souveraineté nationale est restaurée et si le travail n’est plus considéré comme un facteur de production mobile à l’échelle mondiale, comme le souhaitent les capitalistes. En outre, nous concentrons nos flèches sur la mise en péril du socialisme par la politique identitaire libérale. Nous affirmons que que la privation de droits nationaux et la lutte des classes coïncident. Il ne peut en être autrement.

Nous constatons qu’à l’étranger, les idées profondément innovantes sur le plan social, économique, politique et géopolitique sont dynamiques. Ces idées ne sont pas nouvelles, mais elles prennent de plus en plus d’ampleur. L’objectif du Zannekinbond est donc d’entreprendre une nouvelle approche au débat, de développer de nouvelles idées, de lancer des analyses critiques et d’importer de nouvelles idées de l’extérieur en Flandre et de les y adapter. Par exemple en traduisant des œuvres politiques pour un public néerlandophone. L’objectif est de déconstruire le clivage habituel gauche/droite afin d’en synthétiser des idées pertinentes. Cette synthèse ne se situe pas tant « à gauche du capital, à droite de la morale » mais devrait construire un nouveau cadre de référence sur lequel de nouvelles valeurs peuvent être construites pour le 21ème siècle. Et parfois, s’inspirer et adapter les anciennes à notre siècle.

Quel lien faite vous entre combat de libération nationale et socialisme?

L’un ne va pas sans l’autre. D’une part, il ne peut y avoir de souveraineté populaire tant que les Nations, les peuples et les régions, restent soumises à des structures supranationales au service d’un ordre mondial qui est en contradiction avec l’idée de souveraineté. D’autre part, les mouvements et les partis politiques qui parlent de souveraineté et d’indépendance ne semblent pas pouvoir analyser correctement cette situation et semblent même en être souvent les plus grands défenseurs. Par exemple, au sein du Mouvement flamand traditionnel, il était jusqu’à très récemment impossible de remettre en question le rôle des multinationales, car ces dernières étaient nécessaires dans la prospérité de la Flandre en renforçant sa position concurrentielle vis-à-vis de nos voisins. La myopie l’emporte. Maintenant que ces mêmes multinationales sont activement engagées dans une politique d’identité, de genre, de communautarisme et de censure, le fusil change lentement d’épaule. Mais il est trop tard.

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Pour nous, les deux sont donc inséparables : les notions de lutte des classes et de libération nationale se fondent en un mélange explosif qui peut briser le statu quo libéral. Ernst Niekisch avait déjà indiqué les moyens de la lutte des classes pour parvenir à la libération nationale. Nous récusons La croyance romantique – et ultérieure – selon laquelle il existerait une communauté populaire indivisible dans laquelle il n’y aurait pas d’intérêts opposés dans un environnement libéral-capitaliste. L’Histoire de libération du peuple flamand contredit également ce constat : la classe ouvrière flamande a été à maintes reprises trahie par son élite économique qui, dès que l’occasion de monter dans l’échelle sociale se présentait en étant incluse dans l’élite économique belge.

Avec le Zannekinbond, nous sommes vigilants aux courants de type fascistes, ou autres tendances d’extrême droite, qui s’infiltrent dans le courant national-révolutionnaire. Par le passé, en Flandre comme ailleurs en Europe, des groupes d’extrême droite ont abusé de l’étiquette « national-révolutionnaire » pour cacher leurs véritables opinions. Mais, assez rapidement, les masques tombent et, aussi bien le racisme brut que l’autoritarisme de droite, apparaissent. Pour nous, l’inspiration se trouve plus souvent dans un James Connolly ou un Henning Eichberg et certainement pas dans la Falange espagnole par exemple. Cela signifie que la résistance à l’impérialisme coïncide avec la volonté d’assurer la liberté et la souveraineté de chaque peuple sans perdre de vue le tableau européen dans son ensemble. Les luttes de libération nationale, à l’heure actuelle et en ce qui concerne l’Union européenne, mais aussi en ce qui concerne les États nationaux européens, ont connu leurs meilleurs moments.

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Une Europe socialiste de Dublin à Vladivostok dans laquelle tous les peuples peuvent vivre leur spécificité culturelle et où il n’y a plus de place pour des Etats comme la Belgique, la France, l’Espagne. Notre nationalisme est basé sur l’idée que cette nation peut encore construire son propre empire tel qu’il a été propagé dans les années trente. Pour nous, ce que Jean Thiriart a appelé le « petit nationalisme » en ce qui concerne la Flandre, la Bretagne, la Corse etc. s’applique aux États européens multiethniques qui, à maintes reprises, empêchent une véritable unification européenne par leur nationalisme inspiré soit par les valeurs de 1789, soit par le traditionalisme réactionnaire catholique. Comme les jumeaux siamois, ils sont attachés par leurs élites à l’UE, à l’OTAN et à l’ordre socio-économique existant. Le statu quo institutionnel et politique est lié à l’emprise des États-Unis sur l’Europe. L’UE et sa Banque centrale européenne veillent au libre marché et à une politique néo-libérale dans les États membres. En échange de quoi ces derniers sont autorisés à s’accrocher désespérément à leur propre armée nationale au sein de l’OTAN et à leur propre corps diplomatique comme dernier noyau de leur « souveraineté nationale ». Nous saluons le fait que la Russie ait déjà montré qu’elle considère la lutte pour les droits des peuples d’Europe occidentale et d’ailleurs comme un moyen d’affaiblir le statu quo, comme en témoigne la conférence « Dialogue des nations : le droit à l’autodétermination et la construction d’un monde multipolaire » en 2015.

En ce qui concerne ce positionnement géopolitique, nous constatons le même problème au sein du Mouvement flamand traditionnel. Pendant des décennies, les nationalistes flamands se sont révélés être de grands défenseurs d’institutions telles que l’OTAN, l’UE, et ont soutenu les guerres au Moyen-Orient, parce que c’était « contre l’Islam ». Nous voyons encore qu’ils sont – avec leurs « ennemis » de gauche d’ailleurs – en première ligne lorsqu’il s’agit de mener une politique hostile à l’égard de la Russie ou de la Chine – car c’est là que les « communistes » règnent en maître. Nous sommes chaque fois très surpris de voir ces mêmes institutions supranationales se retourner finalement contre leurs vassaux. On ne mord pas la main qui nourrit, on nourrit la bouche qui mord. Le néolibéralisme en est à la pointe ; le socialisme, en revanche, est détesté. Avec le Zannekinbond, nous essayons de briser cette spirale descendante.

Ce qui se présente comme de “gauche » a non seulement quitté le nationalisme populaire, ce qui n’était certainement pas le cas par le passé, mais aussi le socialisme ! Un cocktail mortel de mondialisme, de politique identitaire et de néolibéralisme en constitue désormais l’épine dorsale et tente également de dominer le discours social, universitaire et politique. Ainsi, toute opposition à ce projet sera fondée en premier lieu sur la souveraineté nationale, et en second lieu sur le socialisme comme alternative économique au service de la communauté, et non au service du grand capital. La lutte de libération nationale est donc nécessaire pour libérer la communauté populaire et souveraine des entraves de l’oligarchie internationale afin de réaliser le véritable socialisme comme base économique et sociale au service de cette même communauté. C’est la seule alternative au néolibéralisme globalisant. Nous ne faisons aucune distinction entre le socialisme marxiste et non marxiste. Avec les éléments du passé, nous tirons les leçons nécessaires et déconstruisons et (re)construisons ce qui doit être démasqué et analysé comme une plate-forme stable pour construire des communautés et des nations solides.

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Comment jugez-vous la situation politique de la Belgique après une dizaine d’année de crise politique ?

En fait, la crise politique en Belgique est beaucoup plus ancienne. Pour la comprendre, il faut revenir à la naissance de l’État belge. La Belgique est une construction artificielle de l’État qui devait servir les intérêts politiques internationaux de l’époque en obtenant un équilibre des superpuissances européennes de l’époque tout en proposant un projet très libéral. La révolution belge de 1830 fut avant tout une révolution de type libérale, soutenue par la bourgeoisie libérale francophone d’une part et par le concours de l’Église catholique d’autre part pour qui la crainte du protestantisme aux Pays-Bas était justifiait de devoir accepter une constitution très libérale. En 1831, sur la recommandation de la famille bancaire britannique Rothschild, les familles Saxe-Cobourg et Gotha ont été placées sur le trône royal. L’une des principales raisons en est l’activité financière du premier roi, Léopold Ier. À aucun moment, le soulèvement belge n’a été un soulèvement ouvrier. Le nationalisme belge était et est toujours bourgeois. À l’époque, les Flamands étaient une population paysanne appauvrie dont l’élite était francisée, et la nouvelle élite belge voulait étendre cette francisation à toute la Flandre.

La crise en Belgique se renforce alors que l’élite dirigeante capitaliste belge se mondialise. Elle se transforme en une élite cosmopolite qui trouve les frontières nationales gênantes. Le libéralisme belge est en train de tuer son propre enfant, la Belgique. Plus rien ne justifice cet état, sauf peut-être encore quelques intérêts financiers de groupes capitalistes. Parce qu’un État belge unitaire s’est avéré intenable après la Seconde Guerre mondiale – les Flamands exigeant plus de droits politiques – une construction fédérale nébuleuse a été conçue. En plus de l’État fédéral, des régions et des communautés viennent s’y superposées, et ce système arrive à terme. Il est temps d’abolir définitivement cette construction belge. D’un point de vue purement électoral, la situation au niveau fédéral, belge et national devient intenable. La formation du gouvernement fédéral est extrêmement difficile car la population wallonne vote plus à gauche et la population flamande plus à droite. Cette orientation de droite en Flandre est principalement basée sur des valeurs culturelles plutôt que sur des questions socio-économiques.

En termes de politique actuelle, le gouvernement dit de Vivaldi qui est une mosaïque composées de libéraux, de sociaux-démocrates, de verts et des chrétiens-démocrates flamands, et qui a été formée après une autre longue période de négociation politique, représente le pire des mondes. Culturellement, elle exprime un libéralisme de gauche agressif par lequel elle se distingue du précédent gouvernement du Premier ministre Michel qui est désormais le président de l’Union européenne. Elle était perçue comme conservatrice et néolibérale en raison de la présence de la N-VA, parti nationaliste flamand de type libéral-conservateur. Dans une large mesure, cela était correct. Le gouvernement Michel Ier n’a pas caché son soutien aux organisations patronales en faisant reculer beaucoup de droits et acquis sociaux.

Mais à bien des égards, le gouvernement actuel ne diffère guère de son prédécesseur. La parodie de « changement » de ce gouvernement vise en fait à intégrer des sous-identités dans son administration afin de donner à l’ensemble un faux air de « justice sociale ». Celà sert à masquer les mêmes mesures néolibérales et à imposer à la population un projet social qu’elle n’a pas demandé.

De plus, la situation devient de plus en plus urgente. Les partis politiques qui composent la coalition Vivaldi se rendent compte qu’ils pourraient être le dernier gouvernement d’un État unitaire s’ils échouent dans leur tâche de reconquérir le soutien populaire. Les rapports de force évoluent. Les partis flamands séparatistes et confédéralistes voient leur influence augmenter dans les sondages, tout comme les communistes. Les « partis majoritaires » bénéficient du soutien d’une minorité de la population. En 2024, il pourrait donc y avoir un cap important. Mais cela en dit peu sur le type de société vers lequel nous évoluerons. Si ces mêmes groupes d’intérêt se recentrent sur le niveau flamand, au lieu du niveau belge comme actuellement, ce que nous constatons déjà par le lobbying de certains groupes d’intérêt et partis politiques conservateurs de droite et nationalistes flamands, alors en fin de compte, peu de choses changeront pour la communauté.

Vue depuis la France, le mouvement national flamand semble très libéral. Cette impression est une réalité?

Depuis les années 60, le mouvement national flamand s’est de plus en plus préoccupé des intérêts d’une certaine classe moyenne naissante, avec la mentalité d’épicier qui en découle. Cela lui a donné la réputation, en tant que rare mouvement nationaliste populaire en Europe, d’être marqué très à droite, très libéral et très réactionnaire. C’est une grande différence avec l’Irlande, la Corse ou l’Écosse, pour n’en citer que quelques-unes des régions européennes en lutte. L’un des rares mouvements régionalistes en Europe avec lequel vous pourriez comparer le mouvement flamand actuel est l’ancienne Lega Nord sous Umberto Bossi. Mais vous pourriez aussi avoir du mal à le qualifier de nationaliste populaire. De plus, le Mouvement flamand est aujourd’hui en proie à des clichés anticommunistes, à une adoption superficielle du nouveau langage formel de l’altright, à un populisme informe et sans but, et à un sentiment général que le gouvernement est responsable de toutes les souffrances, d’autant plus qu’il s’agit du gouvernement belge. Pourtant, le fait que des partis nationalistes flamands, tels que la Volksunie ou la N-VA, aient partagé le pouvoir à plusieurs reprises par le passé, ne semble pas constituer une objection à cela. Cela crée une symbiose entre les idées libérales et libertaires de droite, souvent issues des États-Unis, et le nationalisme populaire flamand, qui, à notre avis, est non seulement tout à fait unique en Europe, mais aussi contradictoire sur le plan interne.

imageszbpal.jpgCette image libérale du mouvement flamand est donc largement correcte ou du moins compréhensible. Il est dominé par un parti conservateur-libéral de centre-droit, la N-VA, et par le Vlaams Belang, un parti radical de droite. Tous deux sont libéraux lorsqu’il s’agit de vision socio-économique. La N-VA est plus explicitement pour le libre-échange – moins de gouvernement, plus de privatisation – que le Vlaams Belang. Mais ce dernier continue aussi à prôner une économie de l’offre déterminée par les forces du marché libre. Ces dernières années, le Vlaams Belang a adopté un profil socio-économique plutôt de gauche, mais on ne peut pas se défaire de l’impression qu’il s’agit là d’un opportunisme propagandiste. La preuve étant les vote de leurs élus dans les parlements lorsque des dossiers socio-économiques sont sur la table, ainsi que de leurs attaques persistantes contre l’action syndicale.

Les deux partis soutiennent aussi explicitement le camp pro-occidental en termes de politique internationale, en laissant de côté les exceptions individuelles. La domination de ces deux partis sur la scène politique flamande conduit également à son caractère visceralement anti-socialiste. L’une des conséquences de cette main-mise politique est que la Wallonie et la population wallonne sont visées à la place de l’État belge, de sa monarchie et de ses principaux groupes capitalistes, qui de fait se maintiennent au pouvoir.

Avec le Zannekinbond, en revanche, nous souhaitons rétablir une vision de l’État belge et de son élite dirigeante comme principal ennemi du peuple flamand en lieu et place de la Wallonie et de la classe ouvrière wallonne. Nous souhaitons revenir aux véritables racines émancipatrices du Mouvement flamand. Il devrait en résulter un nouveau cadre conceptuel, adapté au 21e siècle mais avec les deux pieds dans les traditions sociales du Mouvement flamand. Bien sûr, il reste encore beaucoup de travail à faire, mais nous pensons que le moment est venu, plus que jamais !

L’Histoire du mouvement radical flamand prouve qu’il n’a pas toujours été à “droite”. Lorsqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, le mouvement s’est radicalisé et a résolument choisi la voie anti-belge – abandonnant ainsi la voie de la réfome linguistique dans un cadre belge – cela a souvent coïncidé avec des sympathies ou des positions socialistes et révolutionnaires au début de l’entre-deux-guerres. La période 1916-1922 a clairement vu naitre des opinions révolutionnaires et socialistes parmi les vétérans du front flamands et les militants flamands. On relève des sympathies pour la rébellion de Pâques irlandaise de 1916 et pour la révolution d’octobre russe de 1917. Ces racines ont été quelque peu oubliées et Zannekinbond veut contribuer à les ramener sur le devant de la scène.

Si nous regardons la société contemporaine, nous pensons que la politique bourgeoise libérale et/ou de droite radicale ne peut pas offrir une solution de long terme. C’est surtout la politique au jour le jour en fonction du mécontentement général de la population. La phase actuelle du capitalisme tardif montre de plus en plus que la défense de la souveraineté populaire, des traditions et de l’individualité coïncide avec l’anticapitalisme, avec la volonté de repositionner la politique au-dessus de l’économie et de réguler à nouveau cette dernière, avec la volonté d’écrire une nouvelle histoire d’inspiration socialiste. Les Flamands attachent une grande importance aux valeurs de droit culturel, au respect des traditions. Mais sur le plan socio-économique, les Flamands sont souvent beaucoup plus à gauche qu’on ne le pense, y compris en Flandre même. La grande majorité de la population flamande n’est pas favorable à la privatisation de la sécurité sociale. 80 % des Flamands pensent que le grand capital devrait contribuer davantage aux revenus de l’État. Le problème, c’est que lorsqu’ils votent pour la droite bourgeoise, ils obtiennent une politique libérale, aussi et surtout sur le plan économique.

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Lorsque l’on examine la genèse du mouvement flamand radical, celui qui ne se contenta plus de défendre les droits linguistiques mais qui a décidé de remettre en question l’État belge, il apparaît que bon nombre de cadres de ce mouvement se sont naturellement aligner non seulement sur les positions socialistes mais aussi sur la lutte contre l’impérialisme militaire qui a pris forme dans le mouvement pacifique flamand. Elle a conduit aux célèbres pèlerinages de l’Yser où des milliers de nationalistes flamands sont venus prêter serment d’allégeance à l’héritage politique des soldats flamands du front. Avec le Zannekinbond, nous pensons que ce mouvement pacifiste flamand a besoin d’être relancé, compte tenu de la politique d’agression de l’OTAN à l’égard de la Russie et à laquelle la Belgique atlantiste reste fidèle. Il reste un mystère pour nous, par exemple, de savoir comment les Flamands de droite, conservateurs et libéraux, parviennent à jurer allégeance au “Testament de fer” des “Fronters” et à accepter ensuite les crédits de guerre pour le soutien militaire belge en Syrie, à accepter les propositions de réintroduction du service militaire dans l’armée belge ou même d’adhésion à l’OTAN…

Comment intégrer vous la dimension européenne à votre engagement pour la Flandre ?

En ce qui nous concerne, la reconquête de la souveraineté des communautés s’inscrit avant tout dans la réalité de l’Union Européenne. Mais cela ne signifie en aucun cas une croyance ni dans une Europe des nations indépendantes, ni dans une Europe aux 100 drapeaux selon la vision de Yann Fouéré. Nous pensons que cette souveraineté ne peut être garantie que lorsqu’il existe un projet idéologique commun aux différentes communautés de personnes, qui peut être une alternative à l’ordre mondial atlantique et néo-libéral. La liberté des peuples européens, d’une part, et l’organisation d’une économie socialiste, d’autre part, ne peuvent être séparées de la (re)construction d’une Europe unifiée. Une association de peuples ne sert donc pas à subordonner ces peuples à certaines prémisses idéologiques, telles que le libre marché ou la liberté absolue des formes d’expression individuelles, ou à une oligarchie de groupes d’intérêts financiers, comme c’est le cas actuellement de l’UE, mais plutôt à soutenir les intérêts de ces peuples et à sauvegarder leur souveraineté. Le leitmotiv idéologique, c’est à dire un cadre commun socialiste et nationaliste populaire, est nécessaire pour défendre l’intégrité de ces communautés, ainsi que de promouvoir l’amitié et la fraternité entre les différents peuples. La Belgique, par contre, a été dès le départ du côté de l’Atlantisme, du côté de l’économie capitaliste volatile, du colonialisme, de l’économie de marché libérale, du développement d’un État occidentaliste.

images.jpgEn ce qui concerne la Flandre et ses relations avec l’Europe, nous optons pour la « civilisation de la terre », pour la fermeté, l’identité, la durabilité, les valeurs immuables et l’enracinement, une économie basée sur les principes socialistes où la politique peut diriger l’économie. Cela signifie qu’il faut regarder plus loin vers l’Est, vers un rapprochement avec l’Europe centrale et orientale, y compris la Russie. Avec le Zannekinbond, nous nous concentrons – précisément en raison de cette souveraineté des communautés – sur un espace politique eurosibérien et, par extension, sur un espace spirituel eurasien. Il y a donc certainement des questions où l’Europe a besoin d’une unification politique, mais cela ne peut se faire uniquement dans le cadre de l’Union européenne. L’UE actuelle est née des souhaits des Américains qui, avec leur plan Marshall, ont exigé que les Européens disposent désormais d’un marché plus vaste qui faciliterait l’approvisionnement en produits américains. Les élites libérales européennes ont travaillé davantage sur ce point en voulant réaliser l’unification politique par l’unification économique. Outre l’érosion de la souveraineté nationale, le résultat est une Europe impuissante sur le plan international car elle reste le jouet des Américains.

Ainsi, pour savoir quelle peut être la dimension européenne d’un futur projet flamand, il faut d’abord savoir : quelle Europe et quelle Flandre ? Ensuite, il faut déterminer quel est le cadre le plus approprié pour réaliser ces objectifs. Selon nous, il s’agit d’un projet continental de Dublin à Vladivostok, où les peuples de langues, de cultures et d’ethnies différentes peuvent préserver leur identité organique, leurs intérêts économiques et leur intégrité écologique dans un cadre idéologique partagé, une plate-forme consultative commune et, si nécessaire, une organisation de sécurité commune.

Merci à vous camarades.

Retrouvez nos camarades sur le net :

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https://www.facebook.com/zannekinbond/

Deux fauteuils pour trois

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Deux fauteuils pour trois

par Georges FELTIN-TRACOL

Stupeurs ! Effrois ! Horreurs ! Le Berlaymont, siège de l’eurocratie, n’en revient toujours pas. Le 6 avril dernier, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rendent à Ankara afin de relancer les discussions avec la Turquie. Devant les caméras, le président turc Recep Tayyip Erdogan accueille le duo et l’invite à prendre place. Les deux hommes s’installent dans les fauteuils. Stupéfaite, Ursula von der Leyen se contente d’un sofa un peu mis à l’écart et en face du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu. Le « Sofagate » vient d’éclater.

Dans les heures suivantes, un déluge de réactions négatives submerge la Toile. La médiasphère tient enfin la preuve incontestable de la misogynie et du machisme d’Erdogan. Ce n’est pas pour rien si la Turquie vient de se retirer de la Déclaration d’Istanbul qui instaure une tyrannie féministe larvée en Occident. Les folliculaires droitiers partagent pour une fois l’avis de l’extrême gauche et des centristes : le président Erdogan outrage l’Union européenne, la femme moderne et l’égalité paritaire (ou la parité égalitaire). Au XIXe siècle, un tel mépris aurait aussitôt provoqué une intervention armée vengeresse. On aurait aimé que les mêmes va-t-en-guerre eussent la même détermination belliciste au moment de la reconquête martiale azérie de l’Artsakh… Or, il faut reconnaître que pour la circonstance le dirigeant turc n’est que la victime collatérale du « Sofagate », habile prétexte pour cacher les dysfonctionnements institutionnels initiaux de l’Union pseudo-européenne. L’unité de commandement turque découvre in vivo la multiplicité du commandement, ses tiraillements permanents et l’effarante polysynodie propres à l’incurie eurocratique. L’antagonisme virulent entre Ursula von der Leyen et Charles Michel accentue l’impuissance générale.

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Les rapports entre les deux têtes de l’exécutif dit européen sont détestables dès leur entrée en fonction. Charles Michel a été de 2014 à 2019 Premier ministre fédéral belge tandis qu’Ursula von der Leyen n’a occupé que trois postes ministériels, dont la Défense, ce qui dans une Allemagne à la souveraineté limitée, n’est pas un portefeuille prestigieux. La cohabitation très courtelinesque entre le libéral belge et la chrétienne-démocrate allemande s’agrémente d’un haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité en la personne du socialiste espagnol Josep Borrell. Ce dernier a d’ailleurs connu, quelques semaines plus tôt, une sévère déconvenue bien méritée à Moscou.

Ursula von der Leyen et Charles Michel rêvent chacun de régenter à leur profit l’entité euro-atlantiste. Charles Michel a pris un léger avantage en respectant le protocole. Le président du Conseil européen a en effet le rang de chef d’État, d’un État qui n’existe pas. Selon ces mêmes règles et les textes en vigueur, la présidente de la Commission européenne a le statut de chef de gouvernement même si la Commission n’est pas un vrai gouvernement. Ne le savait-elle pas ? À moins qu’elle cherche à se faire passer pour une pauvre victime d’affreux mâles… Charles Michel aurait-il pu lui laisser son fauteuil et ainsi entériner un coup d’État institutionnel interne ? Le duo aurait-il dû rester debout devant le président turc assis ? L’interprétation découlant aurait fait penser au maître d’école turc sermonnant deux élèves turbulents. On peut reprocher à Ursula von der Leyen de n’avoir pas eu le courage de s’asseoir sur les genoux de Charles Michel, voire sur ceux du président turc. Craignait-elle peut-être de provoquer l’ire des féministes jamais contentes ? Quant à mettre en face du président Erdogan deux fauteuils, cela aurait déséquilibré la photographie au désavantage des eurocrates.

En se servant du protocole, les diverses têtes de l’hydre pseudo-européenne démontrent que l’Union dite européenne est plus qu’un tigre de papier, c’est un formidable paillasson sur lequel n’importe qui peut s’essuyer. Conçue comme un espace de libre échange économique anticipant un monde uni par le doux commerce et la belle musique du pognon-roi, l’Union supposée européenne a renoncé dès sa naissance à la puissance stratégique, militaire et géopolitique. Elle préfère rester sous la protection interlope de l’OTAN. La souveraineté européenne chère au gamin de l’Élysée demeure fictive tandis qu’à rebours du discours souverainiste, la souveraineté nationale des États membres se dissipe.

L’anecdote d’Ankara révèle le caractère chimérique de l’actuelle Union européenne. Les Européens ne réaliseront pas leur unité historique à travers des transactions bancaires, des virements financiers et des échanges économiques. Leur unité ne se forgera que par le fer, le feu et le sang dans la plus grande imprévisibilité historique.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 211, mise en ligne sur TVLibertés, le 20 avril 2021.

lundi, 26 avril 2021

Arcto-Pacifique: le "Nord-Stream numérique" sera mis en chantier au début de l'été 2021

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Arcto-Pacifique: le "Nord-Stream numérique" sera mis en chantier au début de l'été 2021

Ex: http://zebrastationpolaire.over-blog.com/

C'est une question que j'avais déjà abordé lors de mon premier article consacré à l'Arcto-Pacifique : Le " festonnage " numérique de la façade Arcto-Pacifique de la Fédération de Russie jusqu'à la République Populaire de Chine - qui a gagné le surnom de " Nord-Stream numérique " même si sa désignation officielle est " Polar-Express ou Полярный экспресс " - débutera fin mai 2021 , début juin 2021. La fin des travaux est prévue pour 2026. [ voir carte ] 

L'annonce en a été faite le 20 avril dernier à MOSCOU par le vice-ministre des transports Aleksandr POSHIVAY en présence des représentants de MORFLOT . Ce câble comportera 6 paires de fibres optiques avec un débit de 100 térabits/s. Une flottille de neuf navires dont deux navires câbliers participera aux travaux de pose de ce câble d'une longueur de 12.650 Km .

Le câble sera enfoui à une profondeur de 1,5 m chaque fois que cela sera possible et lorsque pour des raisons géologiques il sera impossible de l'enfouir il sera recouvert d'un blindage simple ou double afin de résister à la pression exercée par la glace de la  banquise .

Ce câble qui est destiné à assurer le développement des villes et des infrastructures industrielles le long de la Route Maritime Nord sera aussi certainement un outil stratégique pour l'armée Russe dans l'exercice de la souveraineté le long de cette façade maritime . A ce titre il sera un objectif de première importance pour l'OTAN . A la grande différence du " Nord-Stream 2 " , ce " Nord-Stream numérique " ne pourra pas être soumis , sinon que de manière symbolique , à des sanctions Occidentales qui pourraient en entraver le développement .  

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Vers un nouveau concept géopolitique et stratégique : L'Arcto-Pacifique

Publié le 29 Décembre 2020

Si depuis quelque mois un nouveau concept géopolitique et géostratégique a émergé , le concept d' Indo-Pacifique , la Fédération de Russie et la République Populaire de Chine semblent en train de construire un autre concept géopolitique :L'Arcto-Pacifique (Аркто-Пацифику ). Il fait l'objet d'un article dans Russia in Globlal Affairs . L'auteur y explique en particulier l'aspect constructiviste des concepts géopolitiques en parlant du caractère artificiel de celui d'Indo-Pacifique justement . : " Geopolitical constructs are social phenomena. Their emergence is possible only under certain geographic, political and economic conditions, the Indo-Pacific being a classical example of how such a construct is created."

Il souligne que le concept d' Indo-Pacifique qui est instrumentalisé par les Etats-Unis pour contenir la Chine est perçu de manière différente par les pays Asiatiques .

Ce concept d'Arcto-Pacifique qui en est à son " âge Asiatique " regroupe à la fois un concept économique , la livraison à la RPC de gaz naturel depuis les gisements Russes de l'Arctique  par des méthaniers de classe Arctique et les investissements massifs Chinois dans cette région , la " Route de la Soie Arctique " le long du Sevmorput qui permet à la RPC de s'affranchir en partie du goulet d'étranglement du détroit de Malacca mais aussi un concept géostratégique avec un tabou intellectuel qui semble être levé du côté Russe : La présence de SNLE Chinois dans le bastion naval de l'Océan Arctique . Bien sûr il ne s'agit pour le moment que de spéculations intellectuelles et d'hypothèses stratégiques non-officielles mais le fait qu'elles soient discutées sans réfutation de la part ni des chefs politiques et militaires Russes , ni de la part des chefs politiques et militaires Chinois montre que c'est désormais du domaine du possible comme le souligne l'analyste Lyle J. Goldstein. 

Au delà des ressources gazières , la coopération Russo-Chinoise dans l'Arcto-Pacifique pourrait concerner un secteur à priori incongru : Le soja . L'essentiel des importations Chinoises de soja  provient du Brésil et des Etats-Unis et transitent par le détroit de Malacca ( voir photos ci-dessous ). Désormais des agriculteurs Russes cultivent du soja à la limite du cercle Arctique . Ce soja Arctique s'il reste marginal par rapport au soja déjà cultivé en Russie sur la façade Pacifique pour l'exportation vers la Chine pourrait renforcer cette " alliance pour le soja " que Russes et Chinois envisagent . Une perspective qui en tout cas déplait très fortement aux experts et chroniqueurs Etasuniens qui espèrent maintenir la RPC dans un dépendance alimentaire tout en s'assurant des rentrées de devises ! 

Il faut noter ici que la Russie et la Chine viennent en collision directe au travers de ce concept d'Arcto-Pacifique avec les politiques Macroniennes et MilliTalleyrandesques* de boycott de la Route Maritime Nord et de décarbonation de l'économie avec un abandon progressif du gaz naturel . C'est aussi une confrontation directe avec la politique de plus en plus agressive de la France concernant les questions de souveraineté maritime dans la région " Indo-Pacifique " et en particulier son caractère de plus en plus anti-Chinois . 

L'une des particularités de cet arc Arcto-Pacifique est qu'il sera une Mare Clausum , un espace maritime fermé au seul bénéfice des nations riveraines . Voilà qui va certainement faire enrager ceux qui voudront y mener des " opérations de liberté de navigation "™© . L'auteur de l'article suggère toutefois que la Fédération de Russie devra adopter une attitude ferme aussi vis à vis de  la RPC sur la question de la souveraineté sur la Route Maritime Nord : " Moscow will have to exert great efforts to explain to all countries concerned taht their attempts to violate Russia's sovereignity will entail colossal strategic losses . Above all this concerns China which runs the risk of losing a safe shipping route across the Arctic seas and suffering o defeat in a Cold War with the United Sates "

A la fin il évoque même une complémentarité des concepts d' Arcto-Pacifique et d'Indo-Pacifique et envisage un " Yalta océanique " en évoquant une reconnaissance des intérêts Russes dans l'Océan Arctique , de l'Inde dans l'Océan Indien et de la RPC dans la Mer de Chine . 

Ce concept d'Arcto-Pacifique lie du côté Russe les bastions navals de la Mer d'Okhotsk et de l'Océan Arctique .

Sur cette partie " Pacifique " de l'arc Arcto-Pacifique la coopération militaire Russo-Chinoise ou Sino-Russe semble en bonne voie comme on a pu le voir avec les manœuvres aériennes communes entre la Russie  et la Chine il y a une semaine . A contrario de l'hypothèse de la présence des SNLE Chinois dans le bastion naval de l'Océan Arctique , la présence d'avions Chinois au dessus du bastion naval de la Mer d'Okhotsk semble devenue un " nouveau normal " . 

Enfin même l' " Arcto-Pacifique digital " va devenir une réalité avec la pose d'un câble sous-marin de fibres optiques entre Mourmansk et Vladivostock . Ce câble dont la pose a commencé en novembre 2020 sera " festonné " puisqu'il sera connecté aux ports de la façade Arctique Russe , des Kouriles et du Kamtchatka et aura des ramifications en Chine à Changhaï  . ( voir carte )    Par allusion au " Nord-Stream " ce câble est surnommé " Northern Digital-Stream 1 ". [ MAJ du 30/12/2020 ]

*LeDriantesques

La revue de presse de CD (25 avril 2021)

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La revue de presse de CD

(25 avril 2021)

ECOLOGIE

Transition énergétique ou chinoise ?

A en croire la majorité des politiciens européens et des médias, nous serions en train de basculer du vieux monde de l’énergie vers celui de la transition énergétique. Penser qu’une politique aussi cruciale que la politique énergétique puisse se résumer au slogan simpliste « Sauver la planète » témoigne d’un manque de vision de la marche du monde. Espérer que l’urgence climatique pourra tout faire changer rapidement est naïf, car l’unité de temps du système énergétique est au mieux la décennie.

Conflits

https://www.revueconflits.com/transition-energetique-ou-c...  

ECONOMIE

Dette et souveraineté financière

On parle beaucoup de la dette publique ces temps-ci, non sans motif vu les dépenses démentielles occasionnées par l’épidémie. Un angle peu abordé est toutefois celui de la souveraineté financière. On voit bien intuitivement que s’endetter, quel que soit le motif, ne peut pas être neutre sur votre capacité d’autonomie et par là votre influence. C’est vrai, mais la question est un peu plus complexe. Notamment quand on s’intéresse aux financements privés des États, des appels au « marché ».

Géopragma

https://geopragma.fr/dette-et-souverainete-financiere/

FRANCE

Viry-Châtillon : ne pas se tromper d’adversaire

L’émotion provoquée par l’arrêt d’appel prononcé par la cour d’assises dans l’affaire de Viry-Châtillon est parfaitement compréhensible. Comme pour les affaires Sarah Halimi ou Barbarin, l’agenda judiciaire se télescope avec l’actualité d’un pays à cran. L’opinion publique est complètement exaspérée par le spectacle de la montée d’une violence intolérable, dont l’évidence ne résiste plus au déni des belles âmes, et par les liens entre cette violence et les questions de l’immigration. Il s’agit bien d’une question totalement politique que cette situation créée par 40 ans d’abandon par ceux qui avaient la mission de gouverner ce pays. Malheureusement, une fois de plus, on va se tourner vers la justice et lui faire porter une responsabilité qui n’est pas la sienne.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/04/viry-chatillon-ne-pas-s...

Quand Karl Marx pleurait la mort d’un chantre de la « race aryenne »…

Le hasard fait bien les choses. La toute récente biographie de Jenny Marx (par Jérôme Fehrenbach, une étude remarquable, aussi érudite qu’agréable à lire) m’a conduit jusqu’à un personnage dont j’ignorais tout, Gustave Flourens. Un ami très proche de Jenny et Karl Marx qui eurent la douleur de le perdre en 1871. Officier communard, Flourens avait conduit une sortie contre les Versaillais qui avait tourné court. Un officier de gendarmerie l’avait abattu sans forme de procès, le 3 avril 1871.

Breizh-Info.com

https://www.breizh-info.com/2021/04/25/163131/quand-karl-...  

GEOPOLITIQUE

Gouvernance globale et guerre civile mondiale

Au vu de la tension croissante entre USA et Chine/Russie, la toile bruisse de rumeurs de guerre et beaucoup se posent légitimement la question de savoir si une guerre mondiale ouverte pourrait suivre la séquence du Covid commencée fin 2019. Tenter de répondre à cette question nécessite d’aborder cette problématique complexe sous trois aspects principaux : politique, géopolitique et stratégique. Trois niveaux d’analyse qui peuvent permettre de sonder quelles sont les ruptures en cours susceptibles ou non d’entraîner une fracturation de l’ordre mondial et ainsi conduire à une guerre ouverte entre les faces occidentale et orientale de la gouvernance mondiale.

Stratagika.fr

https://strategika.fr/2021/04/14/gouvernance-globale-et-g...

ISLAM

Vidéo. A qui profite le djihad ? Xavier Raufer

Le criminologue Xavier Raufer vient de publier une nouvelle étude sur les ramifications du djihad entre la France et les pays étrangers. Face à des ennemis indéfinissables et souvent hybrides, se borner à prolonger des courbes ne sert qu’à s’aveugler ou à faire perdurer le chaos. Une vidéo qui propose quelques clefs pour comprendre le djihad et surtout à qui il profite.

Conflits

https://www.revueconflits.com/xavier-raufer-djihad-crimin...

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MEDIAS

Agences de renseignement et grandes entreprises : l’idéologie Woke en commun

Cet article dénonce l’idéologie du « Woke capitalism », les grandes entreprises rentrent dans le débat politique en se polarisant à l’extrême et avec des moyens disproportionnés qui biaisent complètement le débat démocratique et sont vecteurs de division difficilement réconciliables ensuite tant les sujets sont clivants.

OJIM

https://www.ojim.fr/agences-de-renseignement-et-grandes-e...

« Vaccin contre la désinformation », le journalisme entravé dans quelque 130 pays

« Principal vaccin contre la désinformation », l’exercice du journalisme est « totalement ou partiellement bloqué » dans plus de 130 pays, alerte Reporters sans frontières (RSF), à l’heure où la crise sanitaire rajoute des entraves à la couverture de l’actualité.

Le Devoir

https://www.ledevoir.com/culture/medias/599188/medias-vac...

Qui est Alain Ternational ?

Chronique sur la langue française, son charme, ses difficultés, et… ses nouveaux locuteurs

Causeur.fr

https://www.causeur.fr/qui-est-alain-ternational-196319?u...

samedi, 24 avril 2021

La géopolitique du gaz naturel méditerranéen

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La géopolitique du gaz naturel méditerranéen

Joseph W. Micallef

Ex : https://katehon.com/ru/

Au cours des deux dernières décennies, une série de découvertes majeures de gaz naturel en Méditerranée orientale a eu un impact profond sur les relations internationales dans la région. Plus important encore, les preuves géologiques suggèrent que ces découvertes ne représentent qu'une petite partie de la richesse en hydrocarbures de la Méditerranée, ce qui pourrait modifier considérablement la géopolitique de la région.

La mer Méditerranée s'est formée il y a environ 30 millions d'années lorsque la plaque continentale africaine est entrée en collision avec la plaque eurasienne. Les deux plaques entrent toujours en collision, ce qui explique pourquoi la région est si sujette à l'activité sismique et volcanique.

Techniquement, la mer Méditerranée est un golfe de l'océan Atlantique. Le détroit de Gibraltar, large de huit miles, relie la mer Méditerranée à l'océan Atlantique. En plus d'être une voie navigable, le détroit a une autre fonction importante : il permet l'entrée des eaux de l'Atlantique dans la mer Méditerranée.

L'évaporation entraîne une perte d'environ six pieds (2 m) d'eau par an dans la mer Méditerranée. Les apports de la mer Noire et des rivières entourant la Méditerranée, ainsi que les précipitations, représentent environ deux pieds (70 cm) de cette perte. Le déficit restant est comblé par les apports d'eaux atlantiques. Sans cet apport, la Méditerranée serait en grande partie asséchée en moins d'un millénaire - une longue période selon les normes de l'histoire humaine, mais pas même un instant d'un point de vue géologique.

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La collision permanente entre les plaques africaine et eurasienne a parfois bloqué le détroit de Gibraltar, entraînant un cycle de vidange et de remplissage. On pense que la Méditerranée s'est asséchée des dizaines de fois au cours de son histoire, pour se remplir à nouveau lorsque les eaux de l'Atlantique revenaient. La Méditerranée s'est remplie pour la dernière fois il y a environ cinq millions d'années.

Le résultat de ces forces tectoniques est une géologie complexe de huit sous-bassins différents avec des roches sédimentaires métamorphosées de grès, de calcaire et de schiste, des carbonates marins et des couches denses d'évaporite. L'ensemble de ces éléments crée des conditions idéales pour l'émergence de gisements de pétrole et de gaz.

Hydrocarbures dans la mer Méditerranée

Bien que tous les pays d'Afrique du Nord qui entourent la rive sud de la mer Méditerranée soient des producteurs d'hydrocarbures, la région méditerranéenne est très peu explorée. Les estimations du potentiel en hydrocarbures de la région vont de réserves de la taille de la mer du Nord - pouvant contenir jusqu'à 50 milliards de barils de pétrole, ou PB, et jusqu'à 500 trillions de pieds-cubes, ou TCF, de gaz naturel. Ce dernier chiffre est à peu près comparable aux réserves continentales américaines.

À ce jour, des découvertes majeures ont été faites dans le delta du Nil et le bassin levantin. Ce dernier couvre une vaste zone au nord et à l'est du delta du Nil - jusqu'au sud de Chypre - et s'étend jusqu'à la côte orientale de la mer Méditerranée. Selon l'U.S. Geological Survey, ces deux régions possèdent à elles seules des réserves de gaz naturel estimées à 345 TCF pieds-cubes et plus de deux milliards de barils de pétrole.

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La découverte du champ de Noa (1999) et du champ de Marie B (2000), tous deux de taille relativement modeste, a marqué le début d'une série de découvertes majeures de gaz: "Tamar" et "Tamar SW" (Israël/2009/11 TCF), "Leviathan" (Israël/2010/21,5 TCF), "Aphrodite" (Chypre/2011/4,5 TCF), "Zohr" (Égypte/2015/30 TCF), "Calypso" (Chypre/2018/6-8 TCF) et "Glaucus" (Chypre/2019/5- 8 TCF). Ensemble, ces six champs contiennent plus de 80 pieds/cubes de gaz naturel. Étant donné que le bassin levantin n'a pas été entièrement exploré, et qu'il existe sept autres bassins sédimentaires dans la mer Méditerranée qui sont encore moins explorés, une estimation de 500 pieds cubes de gaz peut être trop conservatrice.

Les découvertes israéliennes et chypriotes ont été faites dans l'un des dépôts de grès que l'on trouve largement dans toute la Méditerranée. La découverte égyptienne a été faite dans des carbonates similaires aux structures récifales carbonatées qui abritent de nombreux champs pétroliers terrestres de la Libye. Les dépôts de calcaire et de schiste denses, tels que la roche mère pétrolière exploitée économiquement par les producteurs de pétrole américains, sont également largement présents en Méditerranée et peuvent représenter une autre réserve potentielle d'hydrocarbures.

De plus, au moins dans le bassin levantin, l'analyse chimique du gaz naturel découvert suggère qu'il pourrait même y avoir des dépôts plus profonds de gaz biogène et abiogène. Il n'y a pratiquement pas eu de forage offshore ultra-profond dans la région méditerranéenne. En bref, le potentiel en hydrocarbures de la Méditerranée pourrait être de plusieurs ordres de grandeur supérieur à ce que les estimations les plus optimistes suggèrent.

Géopolitique méditerranéenne et gaz naturel

La découverte d'importants gisements de gaz naturel en Méditerranée orientale a déjà eu des répercussions géopolitiques de grande ampleur. Si ces découvertes se poursuivent et que le potentiel en hydrocarbures de la région se confirme, les conséquences seront encore plus dramatiques.

Les découvertes de Leviathan et de Tamir ont fait passer Israël d'un statut d'importateur net d'hydrocarbures à celui d'exportateur net. De même, le champ de Zohr, lorsqu'il sera pleinement développé, fera de l'Égypte un exportateur net de gaz. La découverte du gaz levantin a également conduit à une relation de travail étroite et à un réchauffement marqué des relations d'Israël avec la Grèce et Chypre. Historiquement, ces deux pays ont été du côté des autorités palestiniennes et ont souvent eu des frictions avec le gouvernement israélien.

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Pour Jérusalem, l'exportation du gaz israélien vers ses voisins et la possibilité de s'engager dans l'exploration gazière dans d'autres parties de la Méditerranée pourraient lui donner un poids diplomatique important et conduire à une amélioration des relations avec nombre de ses voisins méditerranéens ainsi qu'à un accès à l'exportation vers les marchés de la région MENA.

Les découvertes majeures de gaz dans les parties concernées du bassin du Levant pourraient également revitaliser des États en faillite comme le Liban et la Syrie. D'autre part, la perspective d'un afflux massif d'hydrocarbures pourrait également être un catalyseur de la violence sectaire.

L'Égypte dispose d'une certaine capacité d'exportation de gaz naturel liquéfié, ou GNL, et Chypre est en train de construire une capacité d'exportation de GNL supplémentaire. Mais les gazoducs sont le moyen le plus économique et le meilleur pour se connecter à l'infrastructure gazière existante de l'Europe. L'Union européenne consomme environ 16,6 trillions de pieds cubes de gaz par an ; elle est le débouché logique des exportations de gaz naturel de la région. Actuellement, l'UE reçoit 40 % de son gaz de Russie, 30 % de sources nationales et 25 % de Norvège/mer du Nord. Le reste provient d'importations de GNL en provenance de gisements nord-africains. La production de gaz de la mer du Nord et la production nationale de gaz diminuant rapidement, la Russie est sur le point d'augmenter considérablement sa part des importations de gaz en Europe.

En 2019, Chypre, l'Égypte, la France, la Grèce, Israël, l'Italie, la Jordanie et l'Autorité palestinienne ont organisé le Forum du gaz de la Méditerranée orientale, ou FGME. La FEM est une organisation intergouvernementale basée au Caire chargée d'accroître les exportations de gaz naturel de la région. L'organisation joue également un rôle de premier plan dans la recherche d'un consensus sur les pipelines vers l'Europe qui répondront le mieux à ses besoins. Les États-Unis et l'UE ont un statut d'observateur au sein du FME.

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L'Italie a joué un rôle important, mais généralement peu visible, dans le développement des réserves de gaz de la mer Méditerranée. ENI, l'entreprise publique italienne du secteur de l'énergie, est l'opérateur du champ gazier de Zohr en Égypte. Il est probable que la plupart des exportations de gaz méditerranéen passeront par l'Italie pour se connecter au reste du réseau gazier européen. L'Italie s'est également fortement impliquée dans la prospection d'hydrocarbures en Afrique du Nord, notamment au large de la Libye, une région qu'ENI connaît bien et dont le potentiel en hydrocarbures est pratiquement inexploité.

Il manque clairement à EMGF deux pays qui pourraient être affectés de manière significative par le développement du gaz naturel méditerranéen: la Turquie et la Russie.

La consommation de gaz en Turquie a triplé au cours des deux dernières décennies et continue de croître rapidement. Toutefois, le pays ne peut satisfaire qu'environ 1 % de ses besoins à partir de sources nationales. Environ la moitié du gaz turc provient de Russie, 18% d'Iran, 11% d'Azerbaïdjan et le reste de diverses sources.

Il est relativement facile d'augmenter les importations de gaz russe d'Ankara, mais cette dernière craint également une dépendance excessive vis-à-vis de Moscou pour ses besoins énergétiques. L'Asie centrale, l'Iran et l'Irak disposent d'importantes réserves de gaz naturel, mais des pipelines supplémentaires seraient probablement nécessaires pour les exploiter. La route Mer Caspienne-Azerbaïdjan-Géorgie est la plus fiable politiquement, mais elle nécessite de franchir un terrain extrêmement accidenté.

En outre, la Turquie pense qu'elle peut obtenir un effet de levier diplomatique et économique important en se positionnant comme une plaque tournante énergétique entre l'Europe, la Russie et l'Asie centrale. Il existe plus d'une demi-douzaine de gazoducs qui acheminent le gaz de la Russie et de l'Asie centrale vers la Turquie et, de là, vers l'Europe.

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Ankara a proposé un gazoduc israélo-turc pour transporter le gaz du bassin du Levant vers la Turquie. Compte tenu de la demande croissante d'énergie et de la proximité, la Turquie est le marché logique pour le gaz de la Méditerranée orientale. Toutefois, ni Israël, ni l'Égypte, ni Chypre - trois pays avec lesquels Ankara entretient des relations diplomatiques particulièrement difficiles - n'ont soutenu cette idée. Au lieu de cela, ils ont proposé le gazoduc Est-Med pour acheminer le gaz vers la Grèce et le connecter ensuite à l'Italie et au reste du réseau gazier européen via le gazoduc transadriatique.

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan s'est dit préoccupé par le fait que le rôle de la Turquie en tant que plaque tournante énergétique pourrait être compromis si des volumes importants de gaz méditerranéen étaient acheminés vers l'Europe. C'est pourquoi il insiste sur le fait qu'il sera impossible d'exploiter pleinement les réserves de gaz de la Méditerranée orientale sans la participation de la Turquie.

La Turquie n'est pas signataire de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer ou UNCLOS. Par conséquent, elle ne reconnaît pas les zones économiques exclusives stipulées par l'UNCLOS pour les pays maritimes. En outre, Ankara ne reconnaît pas la légitimité de la République de Chypre et sa revendication des eaux territoriales qui l'entourent. En outre, le gouvernement turc estime que les îles, telles que les îles grecques de la mer Égée, ne devraient pas avoir droit à des zones économiques exclusives et que les revendications des grands États maritimes devraient primer sur celles des petites îles.

En outre, Ankara n'a cessé de promouvoir le concept de "patrie bleue" (Mavi Vatan) ces dernières années. Ce terme est un acronyme désignant la revendication d'Ankara selon laquelle le traité de Sèvres de 1920, qui a mis fin aux hostilités entre l'Empire ottoman et les puissances alliées, a injustement privé la Turquie d'un grand nombre de ses îles historiques et de ses possessions maritimes en mer Égée et en Méditerranée orientale. Le rétablissement de ces possessions permettrait à la Turquie de prendre le contrôle de 178 000 miles carrés supplémentaires de la mer Méditerranée.

La Turquie mène une politique étrangère de plus en plus agressive en Méditerranée orientale. Elle a envoyé des navires de forage escortés par des navires de la marine turque dans les eaux revendiquées par Chypre et, dans un cas, pour forer des champs qui ont déjà été loués par le gouvernement chypriote à des compagnies pétrolières étrangères.

En novembre 2019, la Turquie a conclu un accord avec le gouvernement d'entente nationale (GNA) de Tripoli en vertu duquel elle fournirait des troupes et des armes au GNA en échange de possibilités d'investir dans le secteur pétrolier libyen. Dans le cadre de cet accord, Ankara et la PNC ont convenu de délimiter les eaux territoriales entre les deux pays le long d'une diagonale allant de Derna à la frontière égyptienne dans l'est de la Libye, et traversant l'angle sud-ouest de l'Anatolie, de Marmaris à Antalya, entre la Libye et la Turquie. La région traverse la zone économique exclusive de la Grèce, comme le stipule l'UNCLOS.

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L'accord a été condamné par de nombreux pays méditerranéens ainsi que par les États-Unis et l'Union européenne. Le parlement libyen de Tripoli a refusé de le ratifier. Le 27 janvier 2021, le mémorandum turc-GNA sur les zones maritimes a été annulé par la cour d'appel d'Al Bayda en Libye. Néanmoins, le gouvernement turc continue d'insister sur le fait que l'accord représente une démarcation valide des eaux contrôlées par la Turquie.

L'agressivité de la Turquie à l'égard de ses voisins méditerranéens a entraîné une détérioration de ses relations avec l'UE, en particulier avec la France, et pourrait conduire à un nouvel isolement diplomatique pour Ankara.

Il ne fait aucun doute que le développement des champs gaziers du Levant sera plus facile avec la coopération turque. Cependant, Israël, Chypre et l'Égypte ont résisté aux tentatives de la Turquie de s'engager dans le développement de ces champs gaziers. La Turquie a laissé entendre qu'elle bloquerait la pose de l'oléoduc Est-Med et qu'elle pourrait envoyer des forces militaires à cet effet. Un tel comportement ne fera qu'isoler la Turquie et risque de provoquer une confrontation avec l'UE et peut-être même avec les États-Unis.

Jusqu'à présent, la Russie a joué un rôle mineur dans le développement des champs de gaz dans le bassin du Levant. Les entreprises publiques russes du secteur de l'énergie ont proposé de contribuer au financement du développement des gisements de gaz chypriotes, mais n'ont pas été impliquées dans ce dossier.

Malgré l'importance des découvertes de gaz en Méditerranée, elles font pâle figure par rapport à la consommation de gaz de l'UE et aux exportations russes. L'UE consomme environ 16 pieds cubes de gaz naturel par an, dont environ 40 % proviennent de Russie. Les champs gaziers du bassin du Levant représentent un approvisionnement de cinq ans pour l'UE et de douze ans pour les importations russes.

La Russie s'attend à ce que ses importations de gaz vers l'UE augmentent à mesure que la production de gaz à terre de la mer du Nord et des champs européens diminue. Le principal défi pour les plans russes est soit une augmentation des exportations de GNL vers l'Europe depuis les États-Unis ou le golfe Persique, soit une augmentation significative des approvisionnements en gaz depuis le bassin méditerranéen. Si d'autres bassins sédimentaires méditerranéens présentent la même géologie que le bassin du Levant, la région pourrait être à l'aube d'une augmentation prolongée de la production de gaz naturel.

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Dans le cadre de sa politique de "sécurité de l'approvisionnement énergétique", l'UE s'est inquiétée de la diversification de ses sources d'énergie pour éviter de devenir dépendante du gaz russe. Cette politique limitera la croissance des exportations de gaz russe et est également susceptible de faire baisser les prix, quelle que soit l'évolution de l'exploitation des gisements de gaz en mer Méditerranée.

Il existe des problèmes politiques qu'il faudra surmonter. Une grande partie de la rive sud de la Méditerranée est politiquement instable. La Libye est toujours en état de guerre civile. La Tunisie et l'Algérie pourraient bien s'unir aussi. De nombreuses frontières maritimes n'ont pas été entièrement délimitées, notamment les eaux autour de la Libye et certaines parties de la côte balkanique de l'Adriatique. La France et l'Espagne appliquent actuellement un moratoire sur l'exploitation des hydrocarbures offshore en Méditerranée, mais la perspective de découvertes majeures de gaz pourrait bien entraîner un changement. La politique étrangère et énergétique de la Turquie en Méditerranée orientale déstabilise potentiellement la région et pourrait provoquer une confrontation avec un ou plusieurs de ses voisins maritimes.

Deux autres acteurs majeurs possibles dans la région sont les États-Unis et la Chine. Jusqu'à présent, tous deux ont joué un rôle secondaire. Sous l'administration Trump, les États-Unis ont poussé l'UE à utiliser le GNL américain plutôt que le gaz russe. Compte tenu de sa politique climatique, il est peu probable que l'administration Biden fasse une promotion agressive des exportations de GNL. Les États-Unis soutiennent le développement des ressources en hydrocarbures dans l'est de la Méditerranée, car ils y voient un moyen de renforcer économiquement Israël et l'Égypte - deux alliés importants des États-Unis dans la région - même si le gaz méditerranéen entre en concurrence avec les exportations américaines de GNL.

La Chine n'a pas été directement impliquée dans le développement des ressources gazières méditerranéennes. Les réserves de gaz en Asie centrale et au Moyen-Orient sont plus proches de la Chine et plus faciles à obtenir et à transporter. Dans le cadre de l'initiative "Une ceinture, une route", les entreprises publiques chinoises ont investi massivement dans des projets d'infrastructure dans la région méditerranéenne. Ces projets comprennent un large éventail d'investissements dans des installations portuaires et des projets industriels dans toute la Méditerranée.

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Plus précisément, le Shanghai International Port Group a obtenu un contrat de gestion de 25 ans pour le port de Haïfa, tandis que China Harbour Engineering construit un nouveau terminal portuaire à Ashdod, en Israël. Le conglomérat maritime chinois COSCO a acquis une participation de 51 % dans Noatum Port Holdings, qui possède à son tour des terminaux à conteneurs à Bilbao et Valence, en Espagne, entre autres. Elle a également acquis une participation de 67 % dans le port grec du Pirée et, avec Qingdao Port International, a investi dans le terminal à conteneurs de Vado Ligure en Italie. Euro-Asia Oceangate a acquis une participation de 64,5 % dans le terminal Kumport à Ambarli, à l'embouchure du détroit du Bosphore sur la mer Noire. Ensemble, ces investissements s'élèvent à environ trois milliards d'euros.

Le gaz méditerranéen atteindra probablement les marchés européens par le biais de gazoducs, mais l'exploitation des ressources gazières de la région à l'échelle de la mer Méditerranée entraînera une augmentation spectaculaire de la capacité portuaire et des installations industrielles. L'exploitation des six principaux champs gaziers du bassin du Levant coûtera entre 20 et 25 milliards de dollars. Un boom gazier à travers la Méditerranée pourrait entraîner plus de 100 milliards de dollars de nouveaux investissements énergétiques dans la région.

Le boom du gaz naturel en Méditerranée est réel. Reste à savoir si les autres bassins sédimentaires de la région seront tout aussi prolifiques. Si tel est le cas, la Méditerranée pourrait bien devenir un important fournisseur de gaz naturel pour l'Europe, au détriment des exportations de gaz de la Russie et, dans une moindre mesure, des projets d'exportation de GNL des États-Unis.

Une telle évolution ferait s'effondrer les flux d'hydrocarbures géants vers des pays méditerranéens plus petits comme Chypre, Malte, l'Albanie ou la Croatie. Elle pourrait également contribuer à la reconstruction d'États en déliquescence tels que le Liban et la Syrie. Cela conduirait à de nouveaux alignements et coalitions, mais risquerait aussi de provoquer des conflits entre les pays assez chanceux pour boire à la corne d'abondance - et ceux qui n'ont pas de grands gisements de gaz naturel.

La richesse en hydrocarbures est une arme à double tranchant qui peut provoquer une augmentation des conflits sociaux dans les États à faible gouvernance, notamment ceux de la côte nord-africaine.

La Turquie présente un défi particulier. Dans le cas d'Ankara, la découverte de gaz naturel a stimulé une politique étrangère déjà de plus en plus revancharde et pourrait conduire à une attitude plus conflictuelle entre la Turquie et ses voisins maritimes.

En clair, le boom gazier en Méditerranée créera de nombreuses opportunités économiques, mais aussi de nouveaux risques pour la stabilité de la région.

Civilisation latine - variante orientale - La Pologne, le sarmatisme et le catholicisme

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Ronald Lasecki:

Civilisation latine - variante orientale

La Pologne, le sarmatisme et le catholicisme

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Dans les auto-déclarations idéologiques des milieux conservateurs polonais, la référence à la civilisation latine apparaît très souvent. Elle est très souvent comprise à travers le prisme de la théorie controversée et critiquée de Feliks Koneczny sur la civilisation. Il est considéré comme un monolithe indifférencié en interne et immuable dans le temps. Rome et les pays catholiques de la Méditerranée devaient être son lieu de référenceet son centre le plus important. La culture polonaise ne devait être que leur écho et leur reflet régional.

Une telle perspective semble simplifier à l'extrême les problèmes plus complexes de la morphologie de la civilisation latine et de l'identité civilisationnelle de notre pays. Il est nécessaire d'exposer ces questions de manière plus approfondie et de fournir des explications complémentaires, ce qui sera fait dans cet essai.

Origine et expansion de la civilisation latine

La civilisation latine est l'une des civilisations qui ont émergé sur le continent européen. Historiquement, elle est née de la civilisation en déclin de la Rome antique, avec tous ses ajouts spirituels orientaux de l'époque, y compris le christianisme né parmi les Juifs. Dans sa période de formation, entre le 4e et le 9e siècle, elle a également intégré de nombreux éléments culturels germaniques, celtiques et gnostiques, tels que la chevalerie, le concept d'honneur, une sorte de sacralisation des femmes, etc.

Au cours des siècles suivants, la civilisation latine s'est étendue vers le nord et l'est, couvrant presque toute l'Europe. À partir du XVe siècle, elle a été implantée par les couronnes portugaise, espagnole et française dans l'hémisphère occidental ainsi qu'en Afrique, en Asie et dans le Pacifique. Aux XIVe et XVIe siècles, les Allemands, les Suédois et les Polonais ont également tenté de l'étendre aux régions de l'est et du sud-est de l'Europe. Aux 17e et 18e siècles, les Allemands d'Autriche ont réussi à étendre leur influence dans le bassin du Danube.

Crise de la civilisation latine

En même temps, depuis le XIVe siècle, on assiste à une crise multiforme de la civilisation latine dans la plupart des pays d'Europe occidentale et dans certains pays d'Europe centrale. Des difficultés économiques et des troubles sociaux apparaissent. La crise atteint son apogée dans la tentative de réforme de l'Église menée par Martin Luther. Les hypothèses de la réforme sont erronées, la personnalité impulsive du réformateur complique encore la résolution du conflit qu'il a initié. En fin de compte, des pans entiers de l'Europe du Nord se détachent de l'Église romaine, les cultures et les sociétés traditionnelles se désintégrant et ces pays entrant dans la modernité.

L'Église catholique romaine réagit au protestantisme en procédant à sa propre réforme à partir du Concile de Trente (1545-1563), qui constitue une transition de l'Église au départ d'une civilisation traditionnelle vers une civilisation moderne. Les contenus anthropocentriques de la doctrine chrétienne, tels que la confiance dans la raison humaine et l'importance de l'individu humain, sont soulignés. Toutefois, elle reste dans une relation non conflictuelle avec la pensée traditionnelle - après tout, la raison doit être éclairée par la lumière de la foi, tandis que l'individu doit établir un contact personnel avec Dieu dans le cadre de la devotio moderna.

Modernité occidentale et modernité

Il est très important à ce stade de faire la distinction entre la modernité et le modernisme. La modernité est un paradigme anthropocentrique (humaniste). Il se distingue du paradigme théocentrique traditionnel, mais il ne l'attaque pas ouvertement. L'ère moderne est une coexistence de paradigmes traditionnels (théocentriques) et modernes (anthropocentriques).

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Un changement qualitatif accompagne la modernité. La modernité ne crée pas son propre paradigme, distinct du paradigme moderne. La modernité conserve comme paradigme l'anthropocentrisme moderne. La différence est qu'au sein de la modernité, le paradigme traditionnel est dépouillé de son droit d'exister. La modernité commence l'extermination idéologique et physique planifiée de la société traditionnelle.

Pour illustrer cette thèse à l'aide d'exemples, des représentants de la modernité tels que Copernic, Newton, Kepler, Galilée et Hobbes commençaient généralement leurs œuvres par des invocations à Dieu et des louanges aux souverains, au moins dans leur titre. Des philosophes déjà modernes, tels que Condorcet, Diderot, Voltaire et d'autres, s'en prenaient toutefois ouvertement à la religion et aux dispositifs de la société traditionnelle, n'hésitant parfois pas à critiquer la monarchie. Marquant symboliquement le début de la modernité, la révolution de 1789 en France a commencé la liquidation physique des sociétés et institutions traditionnelles.

Trois variantes de la civilisation latine

Pour en revenir à l'étendue spatiale de la civilisation latine, elle est sortie des turbulences des XVIe et XVIIe siècles en étant spatialement réduite et territorialement hétérogène, ce qui n'est pas resté sans influence sur son histoire et sa morphologie ultérieures. En effet, dans les pays habités par les peuples germaniques en Europe du Nord et en Amérique du Nord, la modernité protestante a prévalu. La civilisation latine a cependant survécu dans les pays européens méditerranéens, dans les pays d'Europe centrale et dans les colonies des États espagnols en Amérique et aux Philippines, ainsi que dans les anciennes colonies de la France dans l'hémisphère occidental.

Ces pays étaient géographiquement séparés les uns des autres et la civilisation latine s'y est développée dans des conditions sensiblement différentes, prenant un caractère légèrement différent dans chacune de ces régions. On peut donc distinguer trois variétés de civilisation latine :

  1. la variété euro-romaine. Géographiquement, elle englobait les pays d'Espagne, d'Italie, de Belgique, de Suisse occidentale et méridionale et la France ;
  2. la variété d'Europe centrale. Elle a rayonné dans des pays qui ont été à différentes époques sous l'influence politique de la Pologne et de l'Autriche, et des traces de son influence plus ou moins forte sont visibles à l'intérieur des frontières des anciens dominions d'Europe centrale des Jagellons et des Habsbourg;
  3. la variété latino-américaine. Elle a façonné le visage civilisationnel de l'Amérique latine, c'est-à-dire des pays américains où l'espagnol, le portugais ou le français sont langues officielles ou la langue utilisée par la majorité des habitants.

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Il est important de noter que chacune des variantes indiquées de la civilisation latine avait sa propre spécificité, la différenciant clairement des autres, bien qu'évidemment les éléments communs l'emportent sur les différences. Par exemple, dans les pays de la version méditerranéenne de la civilisation latine, le nationalisme ethnique est incomparablement plus fort que dans les pays d'Amérique latine. Les immigrants du Moyen-Orient, tels que les Juifs, les Arabes et les Berbères, sont chassés d'Espagne, de France et d'Italie. Des tendances ethnocentriques similaires n'apparaissent qu'éphémèrement en Amérique latine où la population européenne était la population immigrée.

Au seuil de la civilisation sarmate

Cependant, nous sommes plus intéressés à ce stade par le cas de la variante orientale de la civilisation latine, dans laquelle se situe également la Pologne. La spécificité du Commonwealth polono-lituanien en Europe centrale devait en fait être un accélérateur des tendances menant à la création d'une civilisation "sarmate" distincte. En elle, la matrice religieuse chrétienne et la matrice civilisationnelle de la steppe devaient se fondre.

La civilisation sarmate serait donc une civilisation chrétienne de la steppe, bien qu'elle ne soit pas du tout nomade, mais sédentaire et agricole. Ces centres centripètes et en même temps autonomes par rapport aux centres extérieurs ont influencé dans la République l'orthodoxie (l'archevêque de Moguilea, l'Académie de Kiev), l'islam (les Tartares lituaniens) et même le judaïsme local et les colons germaniques et les États allemands vassalisés (Prusse, Courlande).

Le catholicisme en Pologne a également pris une spécificité slave: les catholiques polonais ont mené des campagnes missionnaires, et non des guerres, dans les pays païens. La Lituanie n'a pas coulé du sang des infidèles comme les pays germaniques convertis par le feu et l'épée, et plus tard les pays des Slaves de l'Elbe et des Prussiens. Dans cette première période, les Polonais n'ont pas mené de guerre contre les orthodoxes comme les Allemands et les Suédois. Avant que la modernité ne pénètre nos terres, nous n'avions rien sur la conscience comme le sac de Constantinople en 1204.

La chute du sarmatisme polonais

La faiblesse du sarmatisme polonais, qui a déterminé son échec final, est le fait qu'il n'a jamais été clairement conceptualisé. Il n'y avait pas d'idée clairement articulée d'une civilisation sarmate, dans laquelle des éléments tirés de la civilisation latine occidentale seraient traités et mélangés à d'autres contenus locaux. C'est pourquoi le Commonwealth s'est avéré sans défense face à l'expansion agressive de la modernité protestante et de la modernité catholique occidentales, qui, se disputant l'influence en son sein, ont empêché la formation d'une civilisation distincte de la steppe sarmate et ont finalement provoqué l'effondrement de l'État et sa disparition de la carte politique de l'Europe.

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Elle a commencé avec la diffusion des idées de la Réforme et du protestantisme dans les pays de l'ouest et du nord de la République. Les gens font rarement attention à ce fait, mais les idées de la Réforme polonaise ont eu une influence fatale et décomposante sur le système de la République de Pologne, renforçant son contenu républicain, parlementaire, civique ou même individualiste. Aujourd'hui, notre pays est une colonie des États-Unis d'Amérique, et la norme politique et idéologique obligatoire est donc le démolibéralisme. Dans cette situation, on ne peut critiquer les idées des protestants polonais, car elles préfigurent de facto le système politique et l'idéologie actuels. Cependant, si l'on se base sur le paradigme traditionnel, la validité de cette critique devient évidente.

La réponse à la menace de voir le Commonwealth se détacher de l'Église romaine a été la profonde ingérence politique, par le biais de l'ordre des Jésuites, dans les affaires internes de l'État, et la réorientation finale du Commonwealth en un instrument de la politique orientale du pape. Henryk Litwin en parle abondamment dans son excellent ouvrage Glory of the North. Il s'agissait d'une politique de latinisation, d'occidentalisation et de catholicisation unilatérale menée dans un esprit moderne formaliste et rationaliste envers un pays oriental et largement traditionnel. Le contenu fatal de cette politique est symbolisé par trois noms : Skarga, Kuncewicz et Bobola.

La civilisation sarmate de la République, incapable de se définir, était donc vouée à l'échec. Elle aurait pu être la proie de la modernité protestante ou de la modernité catholique. Ces deux tendances étaient occidentales, et la victoire de l'une ou l'autre signifiait un reformatage de l'idéo-matrice polonaise en une idéo-matrice occidentale. Les coûts étaient terribles, car ils signifiaient une division civilisationnelle et territoriale du Commonwealth sarmate. Le modèle moderne de catholicisme centralisé et bureaucratique pouvait être imposé par la force en Amérique du Sud ou en France, mais en République, l'équilibre des pouvoirs était complètement différent et de tels "traitements" conduisaient à la "mort du patient".

La civilisation latine face au postmodernisme

Faisons maintenant un grand saut historique du 17ème siècle au début du 21ème siècle. Les pays latins de la Méditerranée et d'Amérique sont entrés dans la modernité dans la première moitié du XIXe siècle, mais ils n'y ont pas été entraînés par l'Église catholique, mais par les révolutions politiques anti-cléricales qui ont commencé en France en 1789. La corporation sacerdotale catholique romaine elle-même est restée dans le paradigme moderne "tridentin" jusqu'au Concile de Vatican II de 1962-1965. Le Concile n'a cependant pas marqué le passage du clergé catholique de la modernité au modernisme, mais le passage de la modernité à la postmodernité.

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Le glissement de la hiérarchie catholique romaine vers le postmodernisme a déclenché les mêmes processus dans les sociétés latines de la Méditerranée et d'Amérique qui étaient déjà modernes depuis le XIXe siècle. Le postmodernisme crée un paradigme distinct du paradigme anthropocentrique moderne: c'est un paradigme de subjectivation et d'individualisation totales. La modernité a détruit le paradigme traditionnel objectif, imposant à sa place le paradigme moderne objectif. Le postmodernisme se retourne contre l'idée même d'un paradigme objectif.

L'Église libérée de la modernité

Cette situation est porteuse d'opportunités et de dangers. La première consiste dans le fait que le catholicisme, en "sautant" en quelque sorte par-dessus la modernité, évite le danger de se ternir par un chauvinisme envers la société traditionnelle. Notons les différences dans les effets de la colonisation ibérique et française et de la colonisation anglo-saxonne: dans les pays d'Amérique latine, malgré tous les crimes qui y ont été commis par les colonisateurs, une grande partie des peuples indigènes ont survécu, alors qu'en Amérique anglo-saxonne, ils ont été presque totalement exterminés.

Sur ce facteur, le traditionaliste américain Carlos Albert Disandro, entre autres, a établi une distinction entre l'América hispánica romanizada et l'América británica, périphérique sur le plan civilisationnel. La première était une civilisation construite sur le paradigme moderne et n'a donc pas attaqué directement les sociétés indiennes traditionnelles mais les a plutôt intégrées. La seconde était une forme de modernité protestante et, en tant que telle, elle refusait aux sociétés non modernes le droit d'exister et pratiquait à leur encontre l'ethnocide, voire le génocide.

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Le catholicisme n'a donc jamais été mêlé au paradigme moderne chauvin et criminel. Pour le moins, l'Église catholique romaine s'est toujours tenue à l'écart des courants chauvins du nationalisme, du totalitarisme mécanisé moderne, de l'économisme et du scientisme qui ont complètement englouti et subjugué les branches protestantes du christianisme.

Contrairement aux protestants, les prêtres catholiques se sont opposés aux attitudes chauvines envers les peuples archaïques dès une prise de conscience relativement précoce du problème, empêchant ainsi le génocide colonial contre les peuples indigènes d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale (dans le cas des Caraïbes, la réaction est arrivée trop tard et les peuples Tain et Arawak ont été massacrés par les Espagnols avant que l'Église ne puisse les aider).

L'Église détruite par le postmodernisme

Le danger du postmodernisme, en revanche, est la décomposition complète et donc la mort du catholicisme lui-même et de la civilisation latine fondée sur lui. La libéralisation du clergé catholique après le Concile Vatican II a supprimé le dernier point d'appui des États latins déjà envahis politiquement par le démo-libéralisme. La variante méditerranéenne de cette civilisation a été complètement anéantie. Pendant la crise de l'immigration de 2017, elle n'était déjà qu'un triste souvenir en Europe occidentale. Lors des émeutes des immigrés en France en novembre 2005, les autorités et la société ont réagi par une ouverture encore plus grande aux immigrés et par la suppression des pulsions éphémères d'autodéfense.

La situation en Amérique n'est pas meilleure. Au XVIIIe siècle, le Québec fut séparé de l'Amérique latine. Au 19ème siècle, la Floride, le Mississippi, et plus de la moitié du Mexique, ainsi que les îles Malouines au sud en ont également été détachés. Sous l'occupation américaine, les Philippines ont cessé d'être latines dans la première moitié du 20e siècle. Aujourd'hui, le pourcentage de protestants dans les pays d'Amérique centrale, au Brésil ou au Venezuela, atteint un tiers, parfois même 40% de la population. Déchirée par de constantes convulsions politiques et économiques et tourmentée par l'oppression et l'exploitation yankee, l'Amérique latine perd peu à peu son caractère civilisationnel latin.

Polonia semper fidelis sur les ruines de la civilisation latine

Il semble que le catholicisme des pays d'Europe centrale soit dans une position plus favorable. Sa situation dans la partie orientale de l'Europe a retardé l'entrée des pays de notre région dans la modernité. Ce n'est que dans le dernier quart du XIXe siècle que la modernité, dans sa version capitaliste, a atteint les terres polonaises, et ce n'est qu'avec les bolcheviks, dans les années 1920 et 1930, que la Russie a connu une modernisation en profondeur, détruisant les sociétés traditionnelles pour les remplacer par une société moderne communiste. L'invasion soviétique et un demi-siècle de captivité communiste ont, tel un rouleau compresseur, rasé la civilisation latine en Pologne, mais ont en même temps isolé notre pays et d'autres pays d'Europe centrale et orientale de l'Occident démo-libéral, nous protégeant de son nihilisme postmoderne.

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Ainsi, dans certains pays de notre région, comme la Pologne, la Lituanie, la Slovaquie, l'Autriche, la Bavière, le catholicisme a été préservé en assez bon état. Le problème est qu'il a été préservé dans sa forme moderne, et non dans sa forme traditionnelle. En outre, depuis le Concile Vatican II, et surtout depuis la chute du communisme et la transformation définitive de la Pologne en colonie des États-Unis dans la première décennie du XXIe siècle, notre pays et toute la région ont été soumis à une pression occidentale de plus en plus forte, exercée par de nombreux canaux, visant à nous imposer le nihilisme postmoderne.

Latinité slave

Une bonne réponse à ce défi historique serait, cette fois, un choix conscient des Polonais de construire une civilisation latine catholique d'Europe centrale. Cela ne consisterait même pas en un transfert sélectif et une renaissance des institutions de la civilisation latine de la Méditerranée, qui s'est effondrée depuis. Les peuples méditerranéens sont les peuples romans. Les Polonais sont un peuple slave occidental. Nous ne devons jamais nous rabaisser au rôle de "rempart" ou de "bras armé" du premier. Dans les années à venir, la Pologne sera le centre le plus important du catholicisme en Europe. Compte tenu du déclin de l'Occident roman, elle devrait également créer sa propre variante, slave, de la culture latine.

Puisque nous ne devons pas être le "rempart" ou le "bras armé" de l'Occident contre l'Orient, cela ouvre la porte à un accord avec les centres conservateurs non catholiques. Dans la situation actuelle, afin de préserver notre identité catholique, nous devons nous protéger du mondialisme occidental, du démo-libéralisme et du postmodernisme. Par conséquent, nous devons rechercher un accord et tisser un réseau d'alliances avec d'autres centres de force qui poursuivent des objectifs similaires: il peut s'agir de la Hongrie catholique/calviniste, de la Russie orthodoxe et du Belarus, de la Bavière et de la Croatie catholiques et de la Turquie musulmane. Ce sont tous des centres de pouvoir contre-hégémoniques que nous avons intérêt à renforcer dans leur identité traditionnelle et leur orientation contre-hégémonique.

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La civilisation latine en Eurasie

Avec l'effondrement de la civilisation dans la partie occidentale de l'Europe, le rôle de la partie orientale du continent sera de préserver l'héritage de la civilisation européenne. Dans le nouveau système géopolitique, l'Est, c'est aussi nous. Nous sommes l'Orient parce que nous rejetons le postmodernisme. Quiconque accepte le démo-libéralisme, le capitalisme et le postmodernisme est désormais un partisan de la civilisation occidentale. Quiconque les rejette en Europe passe dans la catégorie de l'Est européen.

La civilisation latine dans les pays méditerranéens-romains a cessé d'exister. Face à la décomposition des repères romains et ibériques, l'Amérique latine est confrontée à un reformatage de son identité. Il est probable qu'au moins les Caraïbes et l'Amérique centrale évolueront vers une civilisation anglo-saxonne protestante et des pays comme le Pérou, la Bolivie ou le Paraguay vers une nouvelle civilisation américaine syncrétique dans laquelle les accents indiens seront les plus forts.

Le catholicisme et des éléments de l'héritage latin peuvent être préservés en Pologne et dans certains autres pays d'Europe centrale. Cette région n'évitera cependant pas l'occidentalisation postmoderne si elle ne développe pas l'idée de sa propre spécificité civilisationnelle et de son autonomie idéologique par rapport au centre romain dégénéré du catholicisme. Le catholicisme et le latinisme en Pologne ne peuvent être des importations romaines ou des extensions de Rome. Ils doivent acquérir un contenu local, slave, et s'intégrer harmonieusement dans le paysage civilisationnel de l'Europe de l'Est et de l'Eurasie.

Aujourd'hui, nous sommes les vrais catholiques. La civilisation catholique s'est effondrée en Europe méditerranéenne, tandis qu'elle a survécu en Europe slave occidentale, qui pourra être reconstruite en tant que pays et sociétés traditionnels catholiques. Peut-être que, de même que dans le passé le centre réel de l'orthodoxie s'est déplacé de Constantinople à Moscou, de même à l'avenir le centre réel du catholicisme se déplacera de Rome, par exemple, à Czestochowa. Si nous avions un "pape polonais", pourquoi les papes ne déménageraient-ils pas un jour en Pologne et nous aurions un "pape en Pologne" ?

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Ce ne serait plus le catholicisme moderne "tridentin" avec son formalisme, son bureaucratisme, son rationalisme, son caractère doctrinaire et sa jurisprudence. Le paradigme moderne dans l'Église s'est effondré lors du Concile Vatican II. Un retour à cette situation ne serait ni possible ni souhaitable. En reconstruisant la civilisation catholique en Pologne, nous devons nous tourner vers les éléments les plus traditionnels et les plus archaïques du catholicisme. Avec notre dévotion mariale et le culte de nos saints locaux, notre tâche est beaucoup plus facile.

Notre identité est donc catholique et latine dans le sens où nous puisons dans l'héritage de la variante orientale de la civilisation latine. Notre vocation est de porter le catholicisme et l'héritage de la civilisation latine dans le nouvel ordre géopolitique qui se dessinera en Eurasie autour des nouvelles routes de la soie. La Chine offre sa coopération à la Russie et aux pays asiatiques, et - dans le format 16+1 - également à l'Europe centrale. Lors du 1er forum "Belt and Road" en mai 2017, le président Xi Jinping, aux côtés de l'union eurasienne, a notamment évoqué la "route de l'ambre" passant autrefois par les terres polonaises. Notre destin est donc de nous tourner géopolitiquement vers l'Est, mais, comme le dirait Stanislaw Brzozowski, "nous ne devons pas manquer un moment", ce qui signifie que nous devons entrer dans le projet eurasien, mais avec tout notre bagage culturel.

Ronald Lasecki

 

vendredi, 23 avril 2021

Etats-Unis/Russie : un conflit pour l’Europe

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Etats-Unis/Russie : un conflit pour l’Europe

Par Gabriele Melchiorre

SOURCE : https://www.rivistaspiral.org/usa-russia-un-conflitto-per-leuropa/

Ces derniers jours, les États-Unis, sous la nouvelle administration démocrate, ont lancé une série de sanctions et de mesures contre leur ennemi/ami historique: la Russie. Tout a commencé par une déclaration provocante du président Biden qui, lors d'une interview le 17 mars (1), a déclaré qu'il pensait que Vladimir Poutine était un ‘’meurtrier’’, réitérant en même temps ses soupçons que l'ancien pays soviétique avait d'une manière ou d'une autre interféré dans les élections américaines de novembre dernier. La réponse russe à cette provocation ne s'est pas fait attendre et le Kremlin a convoqué l'ambassadeur américain à Moscou pour comprendre la direction que prendraient désormais les relations entre les deux pays. C'est à partir de là qu'a commencé une escalade de nouvelles provocations diplomatiques, qui ont conduit ces derniers jours à l'expulsion de dix diplomates russes des États-Unis, de trois de la Pologne (l’un des principaux alliés des États-Unis en Europe), à l'émission de nouvelles sanctions (2) et à la déclaration de l'état d'urgence par le gouvernement américain.

Le président américain a probablement jeté un coup d'œil aux cartes de son adversaire, voyant dans les récentes activités du gouvernement de la Fédération de Russie une future atteinte à la sécurité nationale, allant jusqu'à émettre un décret de saisie des avoirs de toute personne ayant eu le moindre lien avec l'État rival (3), suivi d'un déploiement plus conséquent de troupes le long de la frontière ukrainienne, tant par la Russie que par l'OTAN (4).

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Mais quels sont exactement les intérêts des États-Unis dans la poursuite de cette sorte de guerre froide du troisième millénaire? La réponse n'est à chercher ni à Washington ni à Moscou, mais à Berlin. Plus précisément encore dans les profondeurs de la mer Baltique, car c'est là que le Nord Stream 2 est en train de se construire. Il s'agit du doublement du gazoduc Nord Stream déjà achevé en 2012 qui, en traversant la mer qui baigne les côtes du nord de l'Europe, alimente l'Allemagne en précieux combustible.

Depuis l'administration Trump, les États-Unis ont exprimé leur désapprobation à l'égard de ce projet, considéré comme un projet géopolitique russe et une occasion d'approfondir les relations entre le pays eurasien et l'Allemagne (et à travers elle l'Union européenne). Mais alors que la politique "America First" du magnat voulait se tenir à l'écart des questions européennes, l'axe franco-allemand mis en place par Macron et Merkel a profité de l'occasion pour entamer un processus d'"autonomie" par rapport aux États-Unis ; or le président Biden a de nouveau tourné son regard vers le vieux continent, le considérant de toute évidence trop important pour qu'on lui lâche la bride. Dans cette optique, le premier point à l'ordre du jour était précisément d'entraver la construction du gazoduc, ou plutôt de limiter au maximum les conséquences de ce projet, qui aurait fait pencher la balance du côté de la Russie. La Maison Blanche a ensuite publié, le 18 mars, un communiqué de presse indiquant que toutes les entités, étatiques et privées, russes et allemandes, impliquées dans le projet de pipeline pourraient faire l'objet de sanctions (5). La faction atlantiste allemande ne s'est pas fait attendre et s'est immédiatement montrée fidèle à son maître: le parti des Verts, deuxième parti national aux élections européennes, a pris la tête de la bataille contre le Nord Stream 2, obtenant le soutien des États-Unis et de l'influent électorat écologiste. Et le 13 avril, un appel visant à bloquer indéfiniment les travaux à l'intérieur des sites de construction de l'oléoduc a été envoyé au tribunal administratif de Hambourg. La requête demande aux autorités d'arrêter la construction pour des raisons de protection de l'écosystème régional (6).

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En plus de la question du NS2, la nouvelle est tombée: 500 soldats supplémentaires viendront s'ajouter aux 36.000 déjà présents en Allemagne (7). Trump, en raison des tensions qui se sont créées avec la chancelière allemande concernant les dépenses liées au maintien des bases de l'OTAN, a procédé au retrait d'un tiers des troupes du territoire de la république fédérale et au démantèlement de deux bases militaires. Avec l'arrivée de nouveaux soldats, il est facile de comprendre que le plan a été annulé.

Pourtant, malgré les enjeux évidents, la diplomatie européenne n'a pas encore pris les devants et aucune déclaration particulière n'a été faite, pas même lors de la rencontre entre Macron, Merkel et le président ukrainien Zelensky à Paris, où une proposition prudente a été faite pour commencer la désescalade (8). L'invitation européenne semble avoir été ignorée à la fois par Biden et Poutine. Lundi, a annoncé M. Borrel, il y aura une réunion entre les ministres des affaires étrangères de tous les pays de l'Union où la question de l'Ukraine sera abordée. C'est à partir de là que l'on comprendra la position et le poids de l'Europe sur la question.

En bref, la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie, plus qu'une expression de la rivalité entre les deux pays, semble être un avertissement pour l'Europe et le reste du monde : l'Amérique est de retour et n'a pas l'intention d’abandonner ses atouts en Europe. Il faudra voir si les pro-européens allemands et français se permettront de reprendre ce fil d'autonomie qu'ils avaient réussi à gagner sous l'administration Trump. Il est encore trop tôt pour faire des prédictions sûres mais une chose est certaine: tôt ou tard, il faudra compter avec la question atlantiste.

Gabriele Melchiorre.

jeudi, 22 avril 2021

Ukraine et nouvelle guerre froide

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Ukraine et nouvelle guerre froide

par Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/avril/ukraine-...

Les tensions entretenues par les États-Unis et l'Otan en Ukraine, en soutien du bellicisme de Kiev et du but déclaré de cette dernière de remettre en cause l'autonomie des provinces séparatistes de Donetsk et Lougansk, dans la tentative d'unifier un pays historiquement divisé entre deux pôles d'influence, l'Europe et la Russie, sont susceptibles de provoquer une escalade aux incertitudes multiples. Les répercussions conflictuelles de cette aventure n'épargneront pas l'Europe, subalterne et impuissante et suivront un clivage qui va des pays baltes à la Mer Noire et du Caucase à la Turquie et à la Syrie. Elles remettront à l'ordre du jour un conflit, dont l'aspect principal n'est plus celui de 2014, "partition européenne ou partition du pays", mais la confirmation d'une forme d'instabilité régionale à précarité permanente.

L'explication des tensions dans le Donbass, ainsi que de la "Nouvelle Guerre Froide", trouvent leurs raisons d'être dans les élargissements continus de l'Otan, à proximité des frontières de la Russie et dans la modification de l'équilibre global des forces entre les États-Unis, la Russie et la Chine à l'ère de la multipolarité. Ce déséquilibre se traduit par une remise en cause de la dissuasion et par la nouvelle doctrine américaine d'emploi de l'arme nucléaire à des fins tactiques, mais ayant des répercussions stratégiques d'ordre général Le débat qu'elle suscite et les adaptations qu'elle exige, remettent en discussion la centralité de l’atome, ainsi que l'équilibre stratégique sur lequel ils reposaient. Par conséquent la distribution des alliances s'effectue en fonction d'un choix systémique et d'une géopolitique planétaire, qui discrimine entre puissances du Hearthland et puissances du Rimland, puissances du"statu-quo" et puissances révisionnistes, pions géostratégiques (Arménie et Azerbaïdjan-Turquie) et pays-pivots (Iran,Turquie), opérant par bonds et croisements, entre arcs de crise et axes de rapprochement. Dans l'échiquier du grand Moyen Orient l'axe chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth, débouchant sur la Méditerranée, sera le premier à intéresser la Russie et, par ricochet, la Chine, les États-Unis et Israël. La redistribution des alliances qui en découle, oriente l'identification de l'adversaire de la part de l'Occident, en la Russie,au moyen d'une triple campagne, d'isolement, de sanctions et d'information, par une flagrante inversion des responsabilités.

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Du point de vue historique, l'aggravation de la sécurité européenne consacre l'échec des politiques de voisinage de l'UE (PEV) à l'Est et les instabilités des pays issus de l’écroulement de l'URSS, ou de "l'étranger proche" (Bélarus, Caucase, Asie centrale). Elle dévoile la subordination politico-stratégique aux États-Unis et à l'Otan d'une Union, dont la vacuité politique et intellectuelle semble se résumer aux querelles personnelles et protocolaires (le Sofagate), échappant aux demandes de sécurité et d'autorité des populations et à l'oubli des vulnérabilités géopolitiques des Nations et des États.

Au niveau du système international la vassalité européenne a deux sources principales et permanentes, la protection nucléaire de l'Amérique et la stabilité régionale assurée par celle-ci tout au long de la bipolarité. Ainsi la culture de défense hégémonique, qui porte les États-Unis à une projection de puissance dangereuse, frôle la provocation, en Europe (Pays-baltes, Pologne, Bélarus et Ukraine..), au Grand Moyen Orient (Syrie, Turquie, Iran et Irak) et en Asie (Taïwan et région de l'Indo-Pacifique).

En ce sens les tensions et le conflit potentiel vis à vis de la Russie, par Ukraine interposée, font partie d'une tentative de désarticulation de la continuité géopolitique de l'Europe vers l'Asie (Brzezinski) et de la Chine vers la région de l'Indo-Pacifique. Cette fracturation du monde comporte de multiples facteurs d'incertitude et de multiples formes de vassalité entre les divers pays, et principalement, en Europe, entre les pays d'obédience et d'influence atlantique stricte (GB, Pays nordiques, Hollande, Belgique, Pays baltes et Pologne) et les pays du doute et de la résistance (France, Italie,Allemagne etc) vis à vis du Leader de bloc. Dans une sorte de jeu d'échec planétaire la région des Balkans, de la Mer Noire, de la Caspienne, du plateau turque, du Golfe, de l'Iran, de l'Inde, d'Indonésie, du Japon et d’Australie fait partie des zones à hégémonie disputée et demeure sujette à l'influence grandissante de la realpolitik chinoise (Hong-Kong et Taïwan).

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Les césures au sein de l'Ukraine: le vote Ianukovitch en 2010

C'est dans ce cadre que se tissent et se resserrent les nouvelles alliances et se précisent les enjeux stratégiques et les clivages de civilisation. C'est encore dans ce cadre que se partagent ou se disputent les anciens héritages et les vieilles allégeances. Les raisons qui, selon l'ancien conseiller de Reagan à l'économie, Paul Claig Roberts ont poussé à la deuxième guerre mondiale, le remplacement de la Grande Bretagne par les États-Unis, pourraient jouer le même effet d’entraînement vers la troisième, concernant la substitution de la vieille Union Soviétique par le duopole Russie et Chine. Dans cette perspective de glissement vers une confrontation inter-étatique de haute intensité, la "nouvelle guerre froide" ne serait qu'un prélude du conflit qui se prépare et, parallèlement une dilation pour la réconfiguration générale du système, qui passe par une "guerre limitée" et locale, mais peut se poursuivre par une "guerre illimitée".

L’Ukraine, baromètre des relations entre Washington et Moscou ?

En revenant aux tensions entre Kiev, le Donbass, la Russie et l'Occident, l’Ukraine est elle devenue le baromètre des relations entre Moscou et Washington? L’Ukraine a exclut vendredi 16 avril, toute possibilité d'une offensive militaire contre les séparatistes des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk. Au vue des déclarations officielles, le Général Rouslan Khomtchak, commandant en chef des forces armées ukrainiennes a confirmé que "La libération par la force des territoires occupés temporairement conduira inévitablement à de nombreuses pertes civiles et militaires, ce qui est inacceptable pour l'Ukraine". Dans un communiqué ultérieur il a soutenu l'idée d'une solution "politique et diplomatique", pour récupérer les territoire perdus. A la veille de l'exercice de l'Otan, "Defender Europe", le plus important depuis la Guerre froide, prévu pour le printemps 2021, dans 16 aires différentes du continent et concentré principalement dans les régions des Balkans, de la Mer Noire et de la Baltique, avec la participation de 28.000 hommes et pour la durée de trois mois, Moscou a déclaré qu'une offensive ukainienne dans le Dombass, signerait la fin de l’État ukrainien. Pourquoi ce conflit, qui dure désormais depuis sept ans et qui ne se déroule pas entre Philadelphie et le lac du Michigan , pousse à une intervention "musclé"de Joe Biden, depuis la Maison Blanche, se déclarant favorable à des sanctions contre la Russie? Et pourquoi, côté européen, Zelensky s'empresse d'obtenir le soutien de deux États-membres du quatuor "Format Normandie", la France et l'Allemagne, signataires des accords de Minsk 2, concernant le règlement des contentieux russo-ukrainiens de 2014? S' il s'agit du "Syndrome Sakaachvili" de 2008, quelles sont les voies des scénarios possibles ?

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Face à la dissymétrie des forces, les trois hypothèses prévisibles, "percée russe en profondeur et occupation durable du territoire", "flambée de violence élevée, mais de courte durée, suivie d'un règlement politique rapide", "retour au calme et fin du conflit", la première serait coûteuse, la deuxième aléatoire et la troisième plus payante, car elle permettrait d'influer sur la politique intérieure ukrainienne et de bloquer l'adhésion de l’Ukraine à l'Otan. Cette hypothèse ne pourrait pas faire l'économie d'une négociation et d'une entente avec les USA. Joe Biden est à son Rubicon: "Hic Rhodus, Hic salta!"

Guerres visibles, invisibles, dissuasives et hybrides,

à l'épreuve de la guerre d’Ukraine et du modèle de guerre de Clausewitz

Avec du recul, les tensions et le conflit potentiel entretenus en Ukraine depuis 2014 nous forcent à revenir sur la relation entre guerre et politique et sur le retour, aux yeux de l'Occident, de la figure de l'ennemi, se définissant par l’incompatibilité de principes et de projets politiques, qui président à l'action de guerre. Le modèle de conflit westphalien, fondé sur la soumission de la guerre au but défini par l'intelligence personnifiée de l’État, était fondé sur l'étonnante trinité, de l'entendement pur (gouvernement), de la libre activité de l'âme (armée ou chef de guerre) et de l'impulsion naturelle aveugle (peuple). Ce modèle, qui imposait des limites à la guerre, a vu l'éclatement de son unité et nous force aujourd’hui à des réflexions indispensables sur les réalités du conflit en cours à l'est de l’Ukraine. Il s'agit d'une guerre classée comme "hybride" et caractérisée par une inversion de la relation entre guerres visibles (soumettre) et guerres invisibles, cachées ou secrètes (contrôler). Elle conduit à la décomposition du lien clausewitzien entre objectifs civils et militaires et donc à une multiplicité des formes d'affrontement. Au pluralisme des acteurs civils et militaires, légaux et illégaux, la pensée stratégique lui assigne des modes d'actions divers, qui dans le cas de l’Ukraine, maintiennent le seuil de la réponse au dessous du conflit (inter-étatique). Ce dernier fonctionne comme une couverture arrière et visible du champ d'affrontement entre acteurs de la scène internationale, plus vaste et plus profond, qui se manifeste sur le terrain des combats locaux, comme la "ruse" du tiers non engagé, la Russie. L'action de terrain dispose ainsi, par paradoxe, d'une couverture visible (mouvements de troupes et réserves importantes, prêtes à intervenir, au delà d'une "ligne rouge" politique), qui acquièrent une valeur dissuasive ou de réplique défensive. Cette couverture (ou ruse) interdit l'accès au conflit d'autres acteurs tiers, l'Otan ou les États-Unis, étrangers aux engagements en cours. Ce jeu des parties assigne une position favorable à la force belligérante et irrégulière de Donetsk et Lougansk, en position de défense, selon le principe de l'art de la guerre pour lequel : "Qui tient la défense (ou la ruse), tient l'attaque, et qui tient l'attaque (ou l'initiative) tient la victoire !" Kiev apparaît ainsi vulnérable et fautive, comme les forces de soutien venues de l'Ouest. placées dans l’impossibilité d'atteindre leur but, celui d'une percée, d'une guerre d'embrasement et, au final, d'un rapprochement aux frontières de la Russie.

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Sous l'unité d'un même concept de guerre retrouverions nous l'unité d'un même concept d'ennemi? Celui schmittien de l'hostis (ennemi public), qui aboutissait à la conception de la guerre comme duel ou guerre discriminatoire, sous l'effet des conceptions universalistes et "utopiques", étendues à un ordre global. La guerre-discriminatoire (adoptée contre l'Allemagne nazie et aujourd'hui contre la Russie poutinienne) comporte la criminalisation de l'ennemi, dans le but de l'éradiquer, en autocrate et en coupable de tueur d'opposants (Navalny), rabaissé au rang de criminel. La figure de l'ennemi change également de statut et présente la puissance hostile (Russie) en figure éversive de l'ordre international, par rapport à celle d'un acteur local, menacé et souverain (Ukraïne). Le processus de criminalisation de la politique étrangère et mondiale s'achève ainsi dans la tentative d'inverser les paradigmes politiques existants sous la surface accidentée de la géopolitique mondiale. En effet, le refus d’accepter la subordination euro-atlantique, dans le cadre de l'Otan, ne s'accompagne pas de l'esquisse d'un projet européen de sécurité. Or, la vraie question, qui n'a pas été posée et demeure pourtant capitale, est de savoir qui joue, de nos jours, en Europe le rôle du perturbateur et s'il y a encore un espace pour la stabilité et la négociation.

Dans le cas de la Russie poutinienne l'Occident est il en présence d'une ré-incarnation de la figure schimittienne et radicale de l'ennemi existentiel, à nier en sa totalité, ou non plutôt en face d'une puissance révisionniste, qui définit son rôle en termes de rapports de forces et peut jouer tour à tour, selon les cas et les situations, avec les autres puissances de la scène internationale, à l'antagoniste déterminé et principiel, à l'adversaire militaire aguéri et au partenaire diplomatique, calculateur et implacable ? Dans le cas de l'Ukraïne l'objectif historique d'Hégémon demeure toujours celui, esquissé par Brzezinski, d'éviter la constitution d'une logique et d'un bloc continental eurasiens, le Heartland, rivalisant avec les États-Unis et aujourd'hui avec la Chine. Pour rappel, l'évolution planétaire du monde, depuis l'effondrement de l'Union Soviétique a comporté une déterritorialisation des sociétés, dépourvues de frontières et la soumission du monde à la logique des flux, ou, en définitive, à la logique des marchés et de la mer. Au même temps l'élargissement de l'Union européenne et de l'Otan vers les grands espaces d'Asie a substitué le principe d'ordre des relations internationales, fondé sur l'universalisme abstrait du droit international public, par celui de la discrimination de l'ami et de l'ennemi et par le retour aux rapports de force du réalisme classique, dont la Russie est l'une des héritières et une maîtresse incontestée.

Bruxelles, 21 avril 2021

mercredi, 21 avril 2021

Démographie et multiculturalisme...

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Démographie et multiculturalisme...
 
par David Engels
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur le Visegrád Post et consacré aux questions de démographie et d'homogénéité ethno-culturelle.

Historien, spécialiste de l'antiquité romaine, David Engels, qui est devenue une figure de la pensée conservatrice en Europe, est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

« Size matters » ? La démographie déclinante de la Pologne dans le contexte européen

Il y a quelques jours, les médias ont rapporté que, malgré les efforts considérables de son gouvernement, la Pologne continue d’afficher une tendance démographique à la baisse : par rapport à 2020, la population a diminué de 115 000 personnes, et le nombre de naissances est aussi faible qu’il l’était pour la dernière fois il y a 17 ans. Que signifie cette évolution, qui est considérée par de nombreux opposants au gouvernement comme la preuve de l’« échec » des politiques natalistes et anti-avortement du gouvernement conservateur ?

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Tout d’abord, il convient de souligner que la Pologne s’inscrit tout à fait dans la tendance des autres pays de l’UE pour l’année 2020 : l’Allemagne, la France et de nombreux autres pays ont également connu une baisse analogue des naissances. L’explication est simple : une pandémie accompagnée d’un confinement de la population, d’une surpopulation dans les hôpitaux, d’une fermeture des écoles et de la crainte des conséquences désastreuses du lockdown pour l’économie est certainement tout sauf un moment idéal pour mettre des enfants au monde – que ce soit en Pologne, en Allemagne ou en France. Mais le problème est plus profond, car l’ensemble du monde occidental souffre d’un déclin démographique rampant depuis des décennies.

Les explications sont multiples : déclin de la foi religieuse, attitude hédoniste face à la vie, désir de développement personnel radical, banalisation de l’avortement, féminisme extrême, conséquences de la propagande sur le changement climatique, crise de la masculinité, disparition du mariage, nécessité pour les deux partenaires de travailler pour gagner leur vie, effets du culte de l’« éternelle jeunesse », etc. Mais toutes ces raisons ne sont que des symptômes superficiels d’un fait beaucoup plus profond : toutes les civilisations, lorsqu’elles atteignent leur stade final, connaissent un déclin démographique progressif, et nous pouvons observer des tendances similaires en Égypte au début de la période ramesside au XIIIe siècle avant Jésus-Christ, en Chine à la fin de la période des « États combattants » au IIIe siècle avant J.-C., dans le monde gréco-romain de la République tardive au Ier siècle avant J.-C., dans l’Iran sassanide tardif du VIe siècle de notre ère, ou dans le monde islamique post-classique du Xe siècle de notre ère.

Si l’on considère les civilisations par analogie avec les êtres vivants, tôt ou tard, elles sont toutes condamnées à décliner, à mourir, à se fossiliser, et à mesure que la vigueur de la civilisation diminue, le désir de transmettre les traditions ancestrales à ses enfants s’estompe. Pourquoi une personne qui ignore, méprise ou même déteste son propre passé (et ces personnes sont de plus en plus nombreuses, grâce aux écoles, universités et médias politiquement corrects) voudrait-elle transmettre ses traditions culturelles à ses descendants – ou même avoir des enfants?

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Lorsque j’ai discuté avec une dame allemande lors d’une conférence il y a quelques années, elle m’a pratiquement reproché d’avoir des enfants, affirmant que les « Européens » avaient commis de telles atrocités dans leur histoire que c’était un signe de colonialisme et d’égoïsme que d’avoir sa propre progéniture, plutôt que d’adopter des enfants d’Afrique ou d’Asie, ou – afin de lutter pour la « neutralité climatique » – de s’en passer complètement. Lorsqu’une société entière pense de cette façon – et c’est maintenant le cas de beaucoup de citoyens, pas seulement en Allemagne – les civilisations se fossilisent et s’éteignent : non seulement par manque d’enfants, mais aussi par manque d’amour pour leur propre histoire et leur tradition. Il ne reste qu’une masse anonyme de personnes qui ne pensent qu’à leur propre intérêt matériel et ne peuvent ressentir aucune solidarité culturelle entre elles.

Mais comment se fait-il que la Pologne et les autres États de la zone du trimarium soient particulièrement touchés par ce déclin démographique et donc aussi culturel ? Cela signifie-t-il même que l’Est de l’Europe est moins disposé à vivre que l’Ouest ? Ce serait probablement une erreur. D’une part, il faut garder à l’esprit que le déclin démographique de l’Europe de l’Est n’est pas seulement dû à la natalité, mais aussi au simple fait que de nombreuses personnes de l’Est se rendent à l’Ouest pour y travailler durement (et donc sans enfant) pendant plusieurs années et profiter des salaires plus élevés, et ne rentrent chez elles que plus tard – voire pas du tout. Mais d’autre part – et cela me semble central – les pays d’Europe de l’Est se caractérisent par une grande homogénéité de leur population, tandis que l’Ouest est de plus en plus peuplé de personnes issues des mondes subsaharien et musulman.

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Il est bien connu que ces personnes ont nettement plus d’enfants que les habitants « autochtones », non seulement au début, mais souvent aussi après plusieurs générations, et cela explique aussi la différence entre les deux moitiés de l’Europe : plus la nation est homogène et « européenne », moins il y a d’enfants désormais ; plus elle est « multiculturelle », plus il y en a : il n’est pas étonnant que la France et l’Angleterre aient une natalité élevée, mais plus on regarde vers l’Est et le Sud-Est, plus la démographie diminue.

Maintenant, bien sûr, la question se pose de savoir quels seront les effets de cette dépopulation progressive. Une faible population signifie-t-elle nécessairement que son propre peuple sera dominé par ceux qui sont plus nombreux ? Pas nécessairement, ou du moins pas immédiatement : lorsque les Espagnols ont conquis les Amériques au XVIe siècle, ou lorsque les Anglais et les Français ont colonisé de grandes parties de l’Afrique et de l’Asie au XIXe siècle, ils étaient bien moins nombreux que les indigènes. Ils avaient cependant un avantage fondamental que l’Europe d’aujourd’hui a perdu : leur énorme supériorité technique. C’est également la voie empruntée par une autre société en déclin, celle des Japonais ; au lieu de compter sur l’immigration massive, ils investissent massivement dans les technologies du futur afin de maintenir un niveau de vie et une influence politique constants. Mais nous devons également considérer d’autres aspects.

Auparavant, les Européens étaient convaincus de leur mission dans ce monde et avaient des sociétés fortes et cohérentes qui soutenaient la croissance et l’expansion. Aujourd’hui, la majeure partie de l’Europe est encore traumatisée par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et renonce non seulement à toute forme d’expansionnisme ou même de violence physique, mais même à la défense de sa propre survie, préférant acheter la paix et la tranquillité à court terme avec de l’argent plutôt qu’avec du respect – et sacrifier pour cela les générations suivantes.

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Et, bien sûr, il y a le problème de la pression démographique que subit l’Europe, non seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur, en raison de sa « culture de l’accueil » qui remonte déjà à des décennies, mais qui a été renforcée de manière drastique par le gouvernement Merkel : la population des Européens de souche diminue de façon spectaculaire, tandis que le nombre d’immigrants augmente rapidement, de telle sorte que dans de nombreuses villes d’Europe occidentale, les immigrants et leurs descendants constituent déjà la nette majorité de la population, surtout dans les groupes d’âge les plus importants, c’est-à-dire les jeunes. Compte tenu de l’absence apparente d’intégration culturelle dans la culture occidentale, cela signifie qu’au long terme, il sera de plus en plus difficile d’attendre une quelconque forme de solidarité entre les habitants de ce continent, car la solidarité se fonde généralement sur un certain nombre d’éléments culturels communs tels que l’histoire, la langue, la religion, le patriotisme, le folklore, les caractéristiques nationales et régionales ou une vision très spécifique de l’individu ou de la famille.

Ces facteurs d’identité commune ont aujourd’hui largement disparu, et de nombreux pays, comme la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, se sont transformés en sociétés tribalisées. Tant que l’économie reste stable et que les pressions démographiques extérieures sont maîtrisées, même une société aussi fragmentée peut raisonnablement survivre. Mais dès que des conflits internes éclatent à propos de la répartition de richesses décroissantes et que les frontières extérieures ne sont plus défendues, cela conduit inévitablement à la catastrophe. Et c’est exactement ce qui se passe en ce moment.

En conclusion, il est donc peut-être plus sûr pour une nation européenne d’avoir une population décroissante, mais homogène et solidaire, qu’une population croissante, mais multiculturelle et déchirée à l’intérieur d’elle-même.

David Engels (Visegrád Post, 15 avril 2021)

mardi, 20 avril 2021

Un Russe nommé Poutine

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Un Russe nommé Poutine

Ex: Compte vk de Jean-Claude Cariou

Recension: Héléna PERROUD, Un Russe nommé Poutine, Editions du Rocher, 2018, 314 pages.

Héléna Perroud est l’une des meilleures spécialistes de la Russie en France et elle a eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises Vladimir Poutine. Dans son dernier livre, Héléna Perroud nous permet de mieux comprendre la personnalité de l’un des hommes les plus puissants de la planète. La trajectoire de cet homme, qui inquiète autant qu’il fascine en Occident, est analysée par une femme au parcours singulier qui l’a rencontré à plusieurs reprises. Française de langue maternelle russe, familière des cercles de pouvoir russes et français, et connaissant aussi intimement la Russie « ordinaire », elle a voulu avec cet ouvrage, reposant sur de nombreux entretiens, y compris à l’Élysée et au Kremlin, faire comprendre au public français comment Vladimir Poutine est perçu par les Russes. Agrégée d’allemand, Héléna Perroud a été collaboratrice à l’Élysée au cabinet du Président Chirac. Elle a dirigé l’Institut français de Saint-Pétersbourg entre 2005 et 2008. Depuis 2015, elle exerce une activité de conseil entre la France et la Russie, et elle effectue de nombreux déplacements en Russie dans ce cadre.

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A travers cet ouvrage, elle croise ce qu’elle sait des réalités de la vie russe de ces dernières décennies avec ce qu’elle sait du regard que peuvent porter les Occidentaux sur la Russie et l’homme qui la dirige. Et elle tente de répondre sans a priori idéologique à cette question si souvent entendue : Qui est Vladimir Poutine ?

Elle apporte un éclairage sur l’homme, qu’il plaise ou non, qui préside aux destinées de la Russie depuis le 31 décembre 1999 et sur qui par quatre fois se sont portées les voix de dizaines de millions de ses compatriotes. Elle essaye de le voir surtout avec un œil russe, l’œil de Saint-Pétersbourg, de Moscou et des « profondeurs » du pays, comme on dit là-bas. Car elle a trop longtemps vu en Russie des correspondants de grands journaux occidentaux qui ne connaissaient pas le russe et rédigeaient leurs articles sur les seules bases des réunions de presse de l’ambassade des Etats-Unis.

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Au-delà de la biographie, replacée dans son contexte historique, de Vladimir Vladimirovitch Poutine, ce livre tente de faire comprendre pourquoi les Russes, dans leur majorité, croient toujours en lui et comment il incarne une certaine idée de la Russie en ce début du XXIe siècle.

Une partie de l’explication tient dans le fait que Vladimir Poutine n’est pas un homme de Moscou, ni un apparatchik, ni un fils d’apparatchik. Il n’est pas issu de l’élite dirigeante de la capitale. C’est un provincial, à l’aise avec les petites gens et à l’aise dans la nature et il sait parfaitement cultiver cette image aux yeux des Russes .

Il a la particularité de vouloir réconcilier les deux Russie, la grandeur tsariste et celle de l’URSS, pour écrire une histoire apaisée. Il se voit avant tout comme un homme au « service » de la Russie, voulant rétablir la place de celle-ci dans le monde.

***
Interview d'Héléna PERROUD:

" Vous nous permettez de comprendre l’âme russe et la façon dont Vladimir Poutine aborde l’histoire de la Russie, qu’il prend dans son intégralité, alors que vous nous rappelez que nos dirigeants français ont tendance à ne commencer l’histoire de France qu’en 1789 et qu’ils parlent plus souvent de la République que de la France…

C’est un point fondamental pour bien comprendre ce que Poutine essaie de faire avec son pays : il essaie de le réconcilier avec son histoire. On ne comprend pas Poutine si l’on ne comprend pas dans quelle histoire il s’inscrit. En Russie, on s’inscrit dans le temps long et on se projette loin devant. C’est vrai, nos dirigeants français parlent beaucoup plus de la République que de la France. Quand Vladimir Poutine arrive au pouvoir, le 31 décembre 1999, il s’agit d’un pays qui est très jeune puisque la Fédération de Russie n’existe que depuis 1991. L’élection du 18 mars 2018 a été la septième élection d’un président au suffrage universel. Donc, la démocratie russe est extrêmement jeune, mais l’histoire de la Russie est millénaire. Le cœur de la Russie historique a commencé à Kiev à la fin du neuvième siècle. La décennie 90 a été très compliquée pour les Russes et Poutine arrive après l’effondrement de l’URSS, qui a duré 70 ans, et après deux événements tragiques pour les Russes avec des millions de pertes humaines : la révolution de 1917 et la résistance contre les nazis, avec plus de 30 millions de morts.

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Vous rappelez d’ailleurs le lourd tribut payé par les Russes lors de la Seconde Guerre mondiale…

Les Russes ont payé un prix très élevé à cette victoire. Dans les entretiens entre Oliver Stone et Vladimir Poutine, il y a une séquence très intéressante, lorsque Stone lui dit que les Occidentaux ne se rendent pas compte du prix payé par les Russes : « Vous avez donné tout ce que vous aviez… » C’est une question d’Américain. Et Poutine a une réponse de Russe : « Non, on n’a pas donné tout ce que nous avions, on a donné jusqu’à la dernière goutte de notre sang… » Cela veut dire que l’on a donné tout ce que nous étions. C’est l’être côté russe et c’est l’avoir côté américain…

Sur la question de la démocratie, vous montrez à quel point les avancées sont importantes, mais vous insistez sur cette volonté des Russes d’avoir un État fort et, surtout, de placer Vladimir Poutine au-dessus des querelles internes… Il y a là une autre forme de vision de la démocratie…

J’ai visionné des centaines d’heures de vidéos de Vladimir Poutine et de ses opposants, tout en russe, et il y a une séquence très intéressante où Vladimir Poutine dialogue avec un chanteur de rock de Saint-Pétersbourg. C’est d’ailleurs un chanteur très populaire que je connais bien. Il n’hésite pas à dire ce qu’il pense et à descendre dans la rue pour participer à des manifestations lorsqu’il n’est pas d’accord… C’est Iouri Chevtchouk du groupe DDT et Poutine lui dit que la Russie n’a pas d’autre avenir que démocratique : « Il n’y a que dans une société démocratique qu’un homme peut librement s’épanouir, librement travailler au bien de sa famille et librement travailler au bien de son pays ». C’est toujours l’idée du patriotisme qui est le fil rouge de l’action de Poutine. Mais Poutine a le souvenir d’un événement qui a traumatisé les Russes, que les Occidentaux ne connaissent pas bien : c’est en octobre 1993, lorsque Boris Eltsine a fait tirer sur le Parlement communiste avec des milliers de morts à Moscou. Le souci principal de Poutine, c’est la concorde civile. Il sait qu’il peut y avoir de la violence en Russie et, lorsqu’il arrive au pouvoir, la violence est très importante en Tchétchénie. Ce souci fait qu’il faut d’abord assurer la sécurité et la paix, et ensuite introduire des éléments de démocratie.

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Vous citez quand même les Russes qui disent avec humour que « le taux de mortalité est très élevé chez les opposants… »

Il ne faut pas faire d’humour avec ces choses-là, mais c’est une remarque de l’homme de la rue et des observateurs occidentaux… Il y a une violence physique sur la scène politique russe, elle existe, mais le souci de Poutine et de son équipe est de la minimiser. Il y a des journalistes qui ont dénoncé des faits graves comme Anna Politkovskaïa, assassinée en bas de chez elle le jour de l’anniversaire de Poutine, ce qui a eu une signification particulière, choquant énormément de Russes. Elle dénonçait notamment les exactions de l’armée en Tchétchénie. Il y a eu le meurtre de Boris Nemtsov en février 2015, alors qu’il rentrait du restaurant un soir. Mais il ne faut pas faire de raccourcis trop rapides entre ces assassinats et le Kremlin. Il y a eu des procès, les exécutants ont été jugés et ils sont tous en prison. Sur la question des commanditaires, il n’y a pas de réponse précise… Mais dans l’équipe très rapprochée de Poutine, depuis octobre 2016, il y a un homme qui était un ami très proche de Boris Nemtsov, Sergueï Kirienko, et il doit même le début de sa carrière politique à Nemtsov. Donc, les choses sont beaucoup plus compliquées que ce que l’on peut voir au premier coup d’œil…

Il y a eu une réelle volonté de Vladimir Poutine de se rapprocher de l’Europe et des États-Unis. Cependant, la première humiliation du peuple russe, c’était le bombardement de la Serbie en 1999 car il ne pouvait rien faire pour leurs frères serbes…
C’était la première humiliation sérieuse sur le plan extérieur. Il y a eu ensuite un événement majeur qui a vraiment traumatisé les esprits en Russie : c’était le naufrage du sous-marin nucléaire Koursk, très peu de temps après l’arrivée de Poutine au pouvoir, car les Russes n’ont rien pu faire pour les 118 marins qui ont péri dans cet accident effroyable. L’armée russe était dans une situation de désastre.

Vous étiez à l’Élysée en 1999 : comment avez-vous vécu le bombardement sur la Serbie ?

À titre personnel, je ne vous dirai rien… Il est dramatique de penser que l’on ait pu connaître de tels événements au cœur de l’Europe. Dans les années 90, il y a eu aussi les tickets de rationnement dans les villes russes, tout cela au cœur de l’Europe aussi… C’était une décennie vraiment très dure pour les Russes.

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La Russie a beaucoup aidé l’Occident dans sa lutte contre le terrorisme, mais elle a le sentiment de ne pas avoir été remerciée à sa juste valeur. Elle vit aussi comme un échec le fait de ne pas être considérée comme un pays européen à part entière…

Ce sentiment est tout à fait juste, parce que la culture russe est une culture européenne à bien des égards. Imaginez ce que serait la culture européenne sans les Russes, sans Tchaïkovski, sans Pouchkine ou sans Dostoïevski… Pour un homme comme Poutine, ce sentiment est encore plus important parce qu’il est originaire de la ville la plus européenne de Russie, Saint-Pétersbourg, et c’est ce qui m’a frappé en vivant trois ans à Saint-Pétersbourg, lorsque j’ai eu le bonheur de diriger l’institut français de Saint-Pétersbourg, que j’ai fait déménager – d’ailleurs sans le faire exprès – à l’adresse natale de Sacha Guitry. Il y a des clins d’œil de l’histoire à tout moment dans cette ville. Pour un homme comme Poutine, le caractère européen de la Russie est évident et c’est ce qu’il dit dans une autobiographie publiée en mars 2000. Les Russes n’ont même pas à se demander s’ils sont européens, ils le sont, avec un pays qui est plus large que l’Europe stricto sensu. Poutine est aussi le dirigeant le plus européen que la Russie ait connu depuis les Romanov : à l’exception d’Andropov, les autres dirigeants russes n’ont pas connu l’Europe aussi intimement que Poutine. Il a vécu en Allemagne, entre 1985 et 1990, certes en Allemagne de l’Est, puisqu’il était envoyé au titre de sa mission au KGB. C’est un homme qui maîtrise parfaitement l’allemand et c’est le seul à avoir eu cette expérience de vie ordinaire. Il a donc vécu la vie d’un Allemand ordinaire pendant quelques années.

Il y a aussi une occasion manquée pour la France, car Saint-Pétersbourg est une ville francophile et vous dites qu’à la sortie de l’aéroport, on voit encore des grandes affiches publicitaires en français…

C’est manifeste. En ce moment, quand vous arrivez à Saint-Pétersbourg, vous avez une grande publicité en français pour les baignoires Jacob Delafon et vous avez un autre panneau très important pour un grand magasin, construit par un Belge, qui s’appelle « Au Pont Rouge » et, sur la grande façade, il est écrit en français et en russe « Chaussures, ganterie… » Très honnêtement, il est plus difficile de trouver au monde un peuple plus francophile que les Russes !

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Malheureusement, le peuple russe n’a pas le sentiment de recevoir en retour l’amour qu’il nous porte. Vous évoquez les sanctions à l’égard de la Russie et vous soulignez que cela a pénalisé nos agriculteurs en profitant à ceux d’Afrique du Nord…

Les sanctions étaient une bêtise de la part des Occidentaux, car elles n’ont pas impacté les Russes. À l’origine, les Occidentaux voulaient désolidariser les Russes de Poutine mais, sur un plan politique, on a vu que les élections législatives de 2016 ont donné beaucoup plus de voix au parti « Russie unie » de Poutine et il y a eu de nombreuses chansons et de réactions populaires aux sanctions en disant : « Nous sommes derrière notre président et nous allons accroître notre production ! » La réaction était : « Vous, les Occidentaux, vous ne comprendrez jamais rien à la Russie ! » Du jour au lendemain, les magasins ont vu disparaître de leurs rayons, en raison de l’embargo sur certains produits alimentaires, les viandes, les poissons, les fruits et légumes venus d’Europe. D’abord, ils les ont remplacés par d’autres importations en provenance d’Afrique du Nord, mais ils ont surtout appris à produire ce qu’ils ne pouvaient plus importer. Je donne des chiffres précis dans le livre sur la viande porcine et le blé, et la Russie prend les marchés qui étaient traditionnellement ceux de la France. Le chancelier autrichien a même dit que les sanctions avaient coûté aux Autrichiens 0,3 % de leur PIB.

Vous revenez sur le divorce de Vladimir Poutine, qui s’est déroulé dans des conditions très dignes. L’explication officielle était : « Je me concentre sur la patrie… »

Cette explication était étonnante. Il n’y a pas eu de communiqué, mais il était devant les caméras, avec sa femme, lors de l’entracte lors de la représentation d’un ballet. Il ne fait pas référence à ses trente ans de mariage et il dit : « Elle a été à son poste, en tant que première dame, pendant neuf ans, elle a fait son devoir et elle a monté la garde… » Il emploie un vocabulaire militaire et il précise que c’est une femme qui n’aime pas du tout la vie publique, qui n’aime pas les caméras et qui n’aime pas les déplacements en avion. Or, Poutine se déplace énormément. Il fait des milliers de kilomètres chaque semaine, ce sont les dimensions de la Russie, et cette vie n’était pas faite pour elle, donc il la libère de cette tâche. On peut prendre cela comme on veut, mais il essaie de mettre à l’ombre sa femme et ses filles. Il n’aime pas du tout en parler et il demande aux journalistes de comprendre ce souci de ne pas leur faire subir le fait d’être leur père, en leur laissant vivre une vie normale.

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Cependant, il y a un grand échec, c’est la difficulté qu’à la Russie de contrôler son image à l’extérieur… Ils n’ont pas Hollywood…

Il y a deux points sombres en Russie : l’image extérieure et la démographie. Leur souci majeur est l’enjeu démographique. C’est un pays immense, le plus grand pays du monde, avec une population qui n’est pas à la hauteur de la superficie du pays. Quand on essaie de faire le bilan, entre 1990 et 2010, la Russie a perdu 5 millions d’habitants, ce qui est énorme. Le taux de fécondité est de 1,16 enfant par femme quand il arrive au pouvoir. Évidemment, cela ne suffit pas, donc il fixe pour objectif la famille de trois enfants : c’est la famille modèle, le minimum syndical qu’il demande aux familles russes. Pour cela, il a déployé un arsenal financier important en aidant beaucoup les familles. Aujourd’hui, le pays est à 1,76. Il a su inverser cette tendance et cela veut dire que les Russes vont mieux et qu’ils croient en l’avenir de leur pays. Ce mieux-être est associé aux années Poutine. Sur l’influence de la Russie dans le monde, l’image pourrait être meilleure, Poutine se soucie de ce sujet, les instruments du « soft power » existent et ils ont été théorisés. Ce vecteur d’influence vise surtout à faire comprendre, c’est d’abord de l’explication de texte. Il y a eu un classement international sur le succès de l’apprentissage de la lecture chez les enfants de 9 à 10 ans et la France n’arrête pas de dégringoler, puisqu’elle est 34e. Or, les Russes sont premiers devant Singapour. Les Russes savent former leurs jeunes générations, donc ce sont des gens qui ont sans doute des choses à nous dire, mais il faut savoir les entendre."

lundi, 19 avril 2021

Le grand jeu de la Turquie anime la géopolitique de la Méditerranée élargie

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Le grand jeu de la Turquie anime la géopolitique de la Méditerranée élargie

Par Luca Colaninno Albenzio

Ex : http://osservatorioglobalizzazione.it/

En 1911, l'Italie de Giolitti est entrée de force dans le ‘’bac à sable’’ libyen pour y secouer l'homme malade de l'Europe, mais les "alliés" loyaux de la Triple-Entente en ont récolté les fruits. En fait, en 1916, au plus fort de la Grande Guerre, avec l'accord secret Sikes-Picot, la France et la Grande-Bretagne se sont partagé le Moyen-Orient ottoman.

C'est une triste consolation de savoir que Mark Sikes, le principal inventeur et promoteur de la division géométrique des États du Moyen-Orient, dessinée et créée avec un crayon et une équerre, a été frappé par la terrible vengeance de Foscolo, qui s'est inévitablement abattue sur les anti-italiens. En effet, il est mort de la grippe espagnole en 1919. Quelle méchanceté!

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Plus de cent ans plus tard, les "alliés", silencieusement impatients dans l'ombre, voudraient que l'Italie s’occupe à nouveau l'arbre turc.

Le chaos libyen, causé par les "alliés", et l'irénisme pro-Erdogan creux, condescendant et invertébré de certains politiciens de la péninsule, risquent d'être étouffants à terme pour les intérêts italiens.

Les États-Unis, dans le conflit entre la Grèce et la Turquie, tous deux pays de l'OTAN, ont appliqué et appliquent la doctrine Luns, selon laquelle la solidarité de l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord sur l'aide mutuelle en cas d'agression n'est pas déclenchée, puisque les menaces ne viennent pas de l'extérieur, mais des pays membres [1].

Toutefois, dans les contrastes entre l'Italie et la France, la doctrine Luns [2] a également été écartée. En bombardant la Libye, qui n'est pas vraiment l'Italie mais constitue son arrière-cour, sur la base de raisons ‘’démocratiques’’ spécieuses, en 2012, les États-Unis se sont tenus aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne et, face à la menace de détruire à la première attaque les installations pétrolières de l'ENI, une entreprise tierce et étrangère, les Américains ont été impassibles, tout comme ils ont ignoré les crimes des dictateurs parfois sanguinaires de la Françafrique.

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Pourquoi Blinken ne prononce-t-il pas un mot sur la situation des droits de l'homme en Turquie ?

Pourquoi la féministe Hillary Clinton n'aborde-t-elle pas la question des droits des femmes en Turquie ?

Pourquoi la Maison Blanche oublie-t-elle, sans même se le faire rappeler, que 8 % de la population américaine a des ancêtres italiens ?

Le fait d'avoir apporté une contribution essentielle à la victoire dans la guerre froide grâce au déploiement des euro-missiles Pershing et Cruise n'a pas aidé l'Italie.

On doit en déduire qu'à l'est d'Otrante nos "alliés" appliquent la doctrine de Luns, mais qu'à l'ouest celle-ci est interprétée en faveur de nos ‘’amis’’.

Avec des "alliés" de ce genre, il n'est pas nécessaire d'être contre qui que ce soit: ils se chargeront d'être anti-italiens, puisqu'ils ne considèrent rien ou presque de l'Italie, sinon à travers les stéréotypes les plus banals.

Tout ce que l'Italie doit faire, c'est agir pour protéger ses propres intérêts. C'est toutefois un jeu mortel [3].

Traitons l'analyse d'un scénario, peut-être le plus extrême.

L'Italie devrait, avec ou sans la ceinture proconsulaire de la Méditerranée, se réveiller du sommeil dans lequel les catégories tutélaires disparues de la guerre froide l’ont plongée, et agir, si nécessaire, même avec tous les instruments des relations internationales, en adoptant les précautions nécessaires.

Il n'y a pas d'autres pays qui puissent agir au moment propice.

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L'initiative européenne d'intervention (IEI), également pour le mérite d'un certain gouvernement italien en narcolepsie sur les thèmes de la politique étrangère, n'est guère plus qu'un fantôme peint en bleu, rouge et blanc.

Les navires français ont battu en retraite face aux navires turcs au large de Chypre et dans le golfe de Syrte. Marianne ne veut pas soutenir l'effort du premier coup, mais s'il y a des fruits à cueillir, on peut compter sur elle pour être une présence attentive et volontaire.

Même les navires italiens se sont comportés de manière inqualifiable en présence des navires turcs.

La Grèce est trop petite et trop déterminée à se défendre contre l'agression turque dans la mer Égée, dont les gisements d'hydrocarbures risquent d'être enflammés par les étincelles d'Erdogan, qui a jusqu'à présent eu les yeux plus gros que le ventre et n'en a pas payé le prix.

L'Albanie et la Libye accueillent, surtout en raison de l'insensibilité politique italienne, d'importantes présences militaires turques.

L'Allemagne est un mystère qui se tient entre le chantage de la Turquie et la solidarité européenne, à laquelle elle ne croit d'abord pas.

La Syrie pro-russe a des affaires inachevées avec la Turquie, qui occupe une longue bande de sa frontière, avec l'approbation de Poutine, mais pas d'Assad.

La Russie est l'autre membre de l'alliance russo-turque, contre-nature, oscillante et instable. Si, pour une raison ou une autre, l'OTAN se suicidait grâce à l'indifférence américaine ou si la Turquie s'en retirait, l'ours russe serait prêt à sortir de sa tanière et à en profiter pour s'étendre vers l'est et le sud, mais cela impliquerait l'intervention ultérieure des États-Unis, accompagnés du chien britannique, pour freiner son expansion.

La Chine lointaine, présente en force à Djibouti, serait un entrant tardif dans la mêlée.

Il est peu probable que les Saoudiens, les Égyptiens et les Émiriens y participent, à moins qu'ils ne soient directement impliqués.

Israël et l'Iran devraient être tenus à l'écart des contrastes : ils seraient des éléments de complication supplémentaires qui ne laisseraient pas indifférent.

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Les importantes minorités turques, opprimées par le nationalisme d'Ankara, pourraient être décisives pour réduire la taille de la Turquie.

Le problème se poserait de contrôler les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Il serait inévitable de les confier à la Grèce, car il n'y aurait pas d'autres gardiens possibles.

Que feraient les Américains, les Russes, les Chinois, les Français, les Britanniques, les Italiens, les Syriens, les Grecs, les Kurdes, les Arméniens et les Turcs à la même table ? Ils se battraient pour imposer leur propre paix.

Le Talleyrand de l'occasion s'en prendrait aux autres.

Certaines conférences sont à éviter. L'histoire enseigne à l'Italie qu'ils sont des pièges utiles pour être trompés.

Il est plus avantageux de se concentrer de manière réaliste sur les fruits à récolter.

Demandons-nous toutefois si l'Italie dispose d'une classe politique propre, capable de mettre en œuvre un projet lucide de Relations internationales, sans commettre d'erreurs, d'imprudences et de facilités ?

Les Russes ont comme ministre des affaires étrangères Lavrov, qui, dès qu'il a senti le brûlé avec les Turcs, est allé en Egypte, adversaire de la Turquie, pour installer la Russie sur le détroit de Suez, déjà présente sur la mer Rouge.

Non satisfait de son succès, il s'est rendu en Iran pour fournir aux Iraniens, au mépris des sanctions occidentales, ce dont ils ont besoin pour être puissants.

Les États-Unis ont la plus grande administration étrangère du monde, mais ils ont eu des secrétaires d'État comme Hillary Clinton et des présidents comme Barak Obama parmi les co-auteurs irresponsables du gâchis libyen. On se souviendra d'eux comme de crédules fake news téléguidées sur la Libye et de préjugés sur l'Italie.

Le ministre turc des affaires étrangères, Cavusoglu, est une personnalité politique très respectée qui, à l'unisson avec Erdogan, poursuit avec assurance le même dessein politique expansionniste. Et qui est là à Rome ?

Notes :

1] Article 5 : Les Parties conviennent qu'une attaque armée contre une ou plusieurs d'entre elles en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque directe contre toutes, et conviennent en conséquence que si une telle attaque se produit, chacune d'entre elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'art. 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant immédiatement, individuellement et de concert avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et maintenir la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord. Toute attaque armée de ce type et toutes les mesures prises en conséquence seront immédiatement portées à l'attention du Conseil de sécurité. Ces mesures prendront fin lorsque le Conseil de sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales.

2] La doctrine Luns tient son nom du Secrétaire général de l'OTAN, Joseph Luns, qui l'a élaborée en 1974 en réponse à la demande grecque d'intervention contre la Turquie en raison de l'invasion de Chypre.

3] Sur ce point, voir Aldo Giannuli, La Turchia di Erdogan, dans https://www.youtube.com/watch?v=f3DfFeO-HPI.

Une Europe qui protège son économie par des écluses douanières

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Une Europe qui protège son économie par des écluses douanières

par LIGNE DROITE

L’Europe bruxelloise, en supprimant tous les obstacles aux échanges commerciaux entre l’Union et le monde extérieur, a exposé les entreprises européennes à une concurrence sauvage et déloyale. Ce faisant, elle a provoqué des délocalisations en grand nombre, créé un chômage de masse et initié un processus d’appauvrissement des Européens. Ligne droite considère en conséquence que la nouvelle Union doit suivre une voie inverse et mener une politique commerciale combative fondée sur une régulation des échanges commerciaux à ses frontières.

L’Europe bruxelloise, le bon élève de la classe mondialiste

Depuis 1974, l’organisation bruxelloise s’est engagée dans l’abaissement progressif des droits de douane extérieurs et dans la suppression de tous les obstacles aux échanges. Elle a ainsi tourné le dos à la philosophie première du Marché commun qui prévoyait un tarif extérieur commun et même, comme en matière agricole, le principe de la préférence communautaire. Le marché créé entre les pays d’Europe est dès lors devenu sous la pression britannique un marché ouvert totalement soumis aux vents dévastateurs de la concurrence sauvage venue des quatre coins du monde.

Cette politique a été menée de surcroît avec une naïveté totale. Contrairement aux Américains par exemple, qui multiplient les entorses aux règles de libre-échange pour protéger au mieux leur appareil de production, les eurocrates n’ont de leur côté qu’un objectif : être le meilleur élève de la classe mondialiste. Le fait que M. Lamy ait pu, après son mandat de commissaire européen au commerce, être nommé directeur général de l’OMC en dit long à cet égard. Car qui peut croire qu’un commissaire qui aurait défendu avec âpreté les intérêts commerciaux de l’Europe aurait pu être choisi ensuite pour diriger l’instance censée gérer le commerce mondial ?

Cette politique laxiste, déterminée non par le souci de bien défendre les intérêts européens, mais par celui d’appliquer au mieux l’idéologie libre-échangiste, a produit des effets catastrophiques. Elle a provoqué un décrochage économique de l’Europe, qui l’a amenée à perdre des pans entiers de son industrie et à se faire distancer techniquement et commercialement dans de nombreux domaines de pointe.

Une politique commerciale combative

Aussi faut-il tirer les leçons de ces errements et mettre un terme à cette funeste politique de dérégulation. Ligne droite considère donc que la nouvelle Union qu’elle appelle de ses vœux doit rompre avec le laxisme actuel pour mener une politique commerciale combative fondée sur le principe de la régulation des échanges aux frontières du continent.

À cet égard la nouvelle Union devrait commencer par utiliser toutes les dispositions prévues dans les traités commerciaux et dans la réglementation de l’OMC pour multiplier les procédures de sauvegarde et ouvrir tous les contentieux possibles contre les pratiques commerciales jugées déloyales.

Au-delà, l’Europe devrait proposer à ses partenaires mondiaux l’ouverture de nouvelles négociations commerciales afin de refonder les principes du commerce mondial. Elle devrait dans ce contexte plaider pour un retour à la régulation et pour la création d’écluses douanières destinées à compenser les différences de salaire, de réglementation sociale et environnementale ainsi que celles liées à la sous-évaluation de certaines monnaies. Les négociations du cycle de Doha ayant échoué il y a plus d’une décennie, l’Union pourrait demander l’arrêt définitif de ce type de processus et l’ouverture d’un nouveau cycle portant cette fois sur une régulation contrôlée par l’OMC.

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Une régulation du commerce mondial

Devant le refus prévisible d’une telle refondation, l’Union devrait alors prendre les moyens de l’imposer. N’oublions pas que l’Europe est la première puissance commerciale du monde et que rien dans ce domaine ne peut se faire sans elle. Là où la France seule aurait été acculée à céder, l’Europe serait en position de faire céder ses partenaires. Pour faire prévaloir ses vues, elle devrait donc prendre l’initiative de rétablir unilatéralement une barrière douanière à ses frontières. Cette attitude de transgression délibérée provoquerait à n’en pas douter des mises en demeure de l’OMC que l’Europe devrait ignorer complètement. Elle entraînerait aussi des représailles de la part de ses partenaires commerciaux qui décideraient de leur côté d’imposer des droits de douane sur les produits européens. Ce faisant, c’est l’ensemble du dispositif libre-échangiste qui se trouverait déstabilisé. Mais, au bout d’une période incertaine et peut-être un peu chaotique de représailles et de contre-représailles, gageons que les grands acteurs du commerce mondial tomberaient vite d’accord pour ouvrir des négociations destinées à remettre de l’ordre dans le système commercial international. Des discussions qui ne pourraient alors qu’aboutir au principe d’une régulation raisonnable et contrôlée sur un plan multilatéral par l’OMC.

Vers la réindustrialisation du continent

Une telle évolution conduirait alors beaucoup d’acteurs du commerce mondial à changer de perspective. Gageons qu’un pays comme la Chine, par exemple, en tirerait la conséquence qu’il lui faut dorénavant se tourner vers un modèle de développement davantage axé sur la consommation intérieure que sur l’exportation à tout-va.

L’Europe de son côté pourrait entreprendre un processus de relocalisation et de réindustrialisation qui conduirait à une réduction du chômage, une amélioration de la croissance et à plus de prospérité pour les Européens.

L’Europe peut et doit imposer la régulation du commerce mondial.

Ligne Droite.

• D’abord mis en ligne sur le site Ligne Droite.

La revue de presse de CD (18 avril 2021)

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La revue de presse de CD

(18 avril 2021)

CULTURE

Aujourd'hui, Baudelaire serait la victime de la ‘’cancel culture‘’ et des ligues de vertu

C'est l'époque où Peter Pan est interdit aux enfants par la bibliothèque publique de Toronto, où l'éditeur néerlandais Blossom Books retire Mahomet de l'Enfer de Dante et où l'on enregistre chaque jour une censure pour satisfaire les indignés professionnels. C'est le moment où Dan Franklin, qui a publié Ian McEwan et Salman Rushdie aux éditions Jonathan Cape, déclare : « Je ne publierais pas Lolita aujourd'hui. Avec MeToo et les médias sociaux, vous pouvez susciter l'indignation en un clin d'œil. Si on me proposait Lolita aujourd'hui, je ne le ferais jamais passer et un comité de trentenaires dirait : "Si vous publiez ce livre, nous allons tous démissionner" ». Presque normal alors de lire Michel Schneider, biographe de Charles Baudelaire, qui dans Le Point déclare que son favori, l'auteur des Fleurs du mal, serait aujourd'hui fustigé et censuré.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/04/10/a...

EUROPE

Irlande du Nord. Quand les enfants perdus d’Ulster sombrent dans la violence

Nous vous proposons ci-dessous la traduction d’un article en langue anglaise signé Jenny McCartney au sujet des tensions et des violences en Irlande du Nord à l’heure actuelle. Une analyse pertinente (sans doute la meilleure à l’heure actuelle qui ait été publiée par une journaliste au fait de la situation) qui résume parfaitement la situation de ces derniers jours, à découvrir ci-dessous.

The Post – Traduction par Breizh-Info

https://www.breizh-info.com/2021/04/11/162274/irlande-du-...

Arrêtez de dire « the bloc » pour parler de l'Union européenne

Arrêtez de nous appeler « the bloc »! Dans la presse anglophone, nous autres Européens sommes « the bloc ». Pas l'Union européenne, mais « the bloc ». Politico, le New York Times, le Guardian… Rares sont les médias à ne pas recourir à ce raccourci facile qui évite de répéter «  vingt-sept États membres » ou « l'Union européenne » dans un même article. Un petit mot efficace, qui claque dans un titre ou un chapô, mais qui donne l'impression que de notre côté de la Manche ou de l'Atlantique se dresse un monstre froid, vestige de l'époque soviétique, où personne ne mange à sa faim et où chacun se terre, privé de ses libertés les plus fondamentales. Dans le monde post-Brexit et en pleine guerre des vaccins, « the bloc » sonne désuet et polarise une réalité déjà suffisamment clivée pour en rajouter.

Slate

http://www.slate.fr/story/207470/the-bloc-expression-racc...

FRANCE

Alerte ! Les sociétés françaises sont devenues des proies faciles pour les étrangers

Le cas Carrefour pourrait ne pas être isolé : déjà fragiles, nos entreprises sont devenues encore plus vulnérables à des rachats par des investisseurs étrangers. Mais, depuis peu, l’Etat s’est donné les moyens de les protéger.

Capital.fr

https://www.capital.fr/entreprises-marches/alerte-les-soc...

Rwanda : partiel et partial, le rapport Duclert

Le rapport « Duclert », commandé par le président de la République pour tenter de faire la lumière sur la responsabilité supposée de la France dans le génocide rwandais de 1994, fait couler beaucoup d’encre depuis sa remise le 26 mars dernier à Emmanuel Macron par le Pr Vincent Duclert, patron de la commission de 14 historiens réunis depuis deux ans à cette occasion. Ce rapport très fouillé et très volumineux est paradoxalement partiel, et partial.

Conflits

https://www.revueconflits.com/jacques-hogard-rwanda-rappo...

ISLAM

Fenêtre sur le monde. Le djihadisme d’atmosphère. Gilles Kepel

Gilles Kepel, professeur à l’ENS, est l’un des orientalistes les plus renommés de France. On lui doit d’être l’un des premiers à avoir étudié les « banlieues de l’islam » ainsi que les fractures qui parcourent le monde musulman. Il étudie aujourd’hui la notion de « djihadisme d’atmosphère » qui explique en partie les attentats commis récemment. Dans Le Prophète et la pandémie (Gallimard), il étudie les conséquences de l’année 2020 sur les mondes arabes et musulmans. Une interview-vidéo de plus d’une heure.

Conflits

https://www.revueconflits.com/gilles-kepel-prophete-pandemie/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=revue_conflits_les_dernieres_mises_en_ligne&utm_term=2021-04-09  

MEDIAS

Le sort de Julian Assange démontre l’imposture des valeurs dont se réclame l’Occident

Le monde occidental a une très haute opinion de lui-même et de ses prétendues valeurs, mais la manière dont il traite le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, révèle qu’il ne s’agit que de mensonges.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/04/10/le-sort-de-julian-assange-demontre-limposture-des-valeurs-dont-se-reclame-loccident/

État profond ? Ben Nimmo, cadre de l’OTAN, rejoint Facebook

Comme le proclament les complotistes de l’anti-complotisme, style Rudy Reichsdadt, l’État profond américain n’a jamais existé, n’existe pas, n’existera jamais. Le fait que Facebook recrute un ancien de l’OTAN doit être une preuve de plus de cette non existence…

OJIM

https://www.ojim.fr/etat-profond-ben-nimmo-cadre-de-lotan...

 

 

dimanche, 18 avril 2021

La insubordinación de España: un livre indispensable pour les Espagnols sur la brèche

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La insubordinación de España: un livre indispensable pour les Espagnols sur la brèche

José Antonio Bielsa Arbiol

Ex : http://adaraga.com/

En l'absence d'une perspective adéquate, nous ne disposons pas encore d'un canon exportable pour la philosophie espagnole du premier quart du 21ème siècle. Malgré cela, nous ne risquerons rien si nous affirmons catégoriquement, ici, que Carlos X. Blanco deviendra (avec le temps) l'un des noms les plus importants de ce canon, qui est actuellement en voie de constitution.

L'auteur d'œuvres aussi différenciées (et remarquables) que La Caballería Espiritual, De Covadonga a la nación española ou les récents Ensayos antimaterialistas, ne doit pas être confondu avec cette légion creuse de plumitifs lacaniens qui travaillent dans la ferme de Doña Ideosofía (tout en versant du sirop marxisto-culturel et du politiquement correct dans chacune de leurs déjections intellectuelles gélatineuses).

Carlos X. Blanco est un métaphysicien habile qui a écouté la voix profonde  des montagnes: d'abord comme esthète (il le démontre dans son œuvre narrative), puis comme penseur ontologique, dans la lignée qui va de Parménide et Aristote à Spengler et autres penseurs similaires ; ses préoccupations tournent donc autour du principe d'identité : il n'est pas possible de jeter les bases d'une révolte contre le monde moderne si l'on n'a pas forgé au préalable un support doctrinal correctement stable, c'est-à-dire systématique. Ce support était déjà codifié dans la production littéraire et académique de notre auteur. Et s'il manquait encore quelque chose, voici que paraît La insubordinación de España, la quintessence de ses préoccupations ultimes sur l'Être (avec une majuscule) et l'énigme historique de l'Espagne, préoccupations ultimes qui  oscillent entre la philosophie de l'histoire et la sociologie prédictive.

La insubordinación de España comporte un heureux prologue-manifeste du grand journaliste Raúl González Zorrilla, suivi des quatre parties qui réunissent les principales thèses de l'ouvrage. Comme notre objectif n'est pas d'"éviscérer" le contenu du livre, nous nous contenterons d'annoter certaines des idées qui ressortent, explicitement ou non, du livre.

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L'idée maîtresse que le livre illustre est peut-être que "le déclin de l'Europe n'est pas une copie exacte du déclin du monde classique ou du déclin de la Renaissance gothique-scolastique qui a débuté au 14ème siècle. Le déclin de l'Europe s'apparente à un tremblement de terre cosmique. Un séisme cosmique, c'est-à-dire un point de rupture sans possibilité de récupération: une catastrophe sublimée dont il ne restera que des particules de poussière après la démolition culturelle convenue par le Grand Capital. "L'économie capitaliste mondialisée et la technolâtrie menacent sérieusement la possibilité de survie de l’âme humaine. L'Homo sapiens simplement biologique pourra survivre, en laissant de côté les catastrophismes sur la guerre nucléaire ou la non-durabilité écologique...". Les quatre parties évoquées, successivement et par complémentarité, traitent des précédents de ce tremblement de terre, et très concrètement de ses préparatifs sur la scène espagnole : "L'Espagne va tomber", "Le meurtre de l'Espagne", "L'Espagne comme katehon" et "Notre nouveau et infâme 711". Dès leur titre, on peut deviner leur contenu, qui est percutant à tous égards, mais surtout instructif.

Cependant, il y a dans le livre de Carlos X. Blanco une idée fixe qui nous ramène à la philosophie pessimiste de l'histoire d'Emmanuel Kant, qui, dans la huitième proposition de son Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique, établirait qu'"il y a donc une scission au cœur de l'histoire, entre ce qui est vécu par les individus, leurs passions, leurs luttes, leurs ambitions, et ce qui se passe au-delà d'eux sur le plan universel, l'exécution d'un plan caché de la nature pour établir une constitution qui régit parfaitement la politique intérieure et aussi, dans le même but, la politique extérieure".

Sur cette question capitale, impossible à appréhender aujourd'hui dans sa totalité en raison de l'hyper-fragmentation des connaissances et de la tyrannie du virtuel, s'ancre la problématique métaphysique existante qui assomme l'Espagnol ordinaire : ce sujet déconnecté de son passé, moralement infirme et intégralement malade à force de prendre soin de sa santé physique, est une aberration anthropologique pour l'Espagne, puisqu'il nie la nature substantielle même de l'être espagnol. La majeure partie des Espagnols d'aujourd'hui, cette masse somnolente, bipède et archaïque de l'après-Régime de 1978, pleurnicharde et amorphe, sans racines et apostate, brise par sa simple (in)existence la dignité de l'Espagnol historique et extemporané, cette figure robuste dont le passé glorieux n'est conservé que dans nos dépôts doctrinaux (littérature, art, architecture, etc.).

Une main invisible, en somme, gouverne les destinées de chaque Espagnol bâillonné et à jamais régressé: il semblerait que le prix de notre sauvetage soit inabordable, et qu'en devenant une masse en perdition (donc après trois siècles d'infiltration maçonnique progressive et de libéralisme prédateur), nous ayons perdu la dernière prise spirituelle solide pour nous protéger contre la froidure métallique postmoderne. Il y a un plan caché, comme l'a justement clarifié Kant, qui échappe à nos prévisions et même à notre destin historique (le non-être), non plus celui de la nation oublieuse de ses morts, mais celui d’une entité solidaire inexistante qui meurt dans les ruches sombres de nos villes agonisantes, où les lumières criminelles des télévisions illuminent les visages mortuaires des derniers Espagnols... vivants.

Contre cette catastrophe de l'esprit se bat l’auteur de La insubordinación de España, un texte qui propose des solutions et un diagnostic. Je remercie l'auteur d'avoir osé philosopher debout, devant les ruines, sans corsets conventionnels ni autres outils d'autocensure.

Carlos X. Blanco: La insubordinación de España. Letras Inquietas (Abril de 2021)

José Antonio Bielsa Arbiol

José Antonio Bielsa Arbiol est un historien, philosophe, critique de cinéma, enseignant et écrivain. Il est titulaire d'une licence en histoire de l'art et d'une licence en philosophie de l'université de Saragosse. Il publie régulièrement des articles et des essais dans des magazines, des journaux de presse et des journaux numériques sur différents sujets, et écrit également des scénarios de films, des romans, des nouvelles et de la poésie. Il est marié et vit à Saragosse où il enseigne la philosophie.

samedi, 17 avril 2021

L'Europe politiquement correcte est une nef de fous

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L'Europe politiquement correcte est une nef de fous

par Lucio Leante

Source : opinione & https://www.ariannaeditrice.it/

En France, la Cour de cassation, en acquittant il y a trois jours Kobili Traoré, un jeune Africain de religion musulmane qui, le 4 avril 2017, a poignardé et jeté par la fenêtre la dame juive Sarah Halimi, parce qu'il était "sous l'emprise d'un délire cannabique", a établi un principe insensé: on peut impunément tuer un être humain, à condition d'avoir fumé du cannabis en abondance. Désormais, les meurtriers en puissance savent comment rester impunis en France: prendre quelques "spliffs" ou plutôt quelques "canons".

Cette dernière circonstance, au lieu de constituer une circonstance aggravante (comme lorsqu'on tue après avoir bu de l'alcool), a même été considérée par la Cour comme une raison d'irresponsabilité. En effet, la Cour a jugé, avec l'aval de certains consultants psychiatriques, que le meurtrier était "sous l'emprise d'un délire dû au cannabis" et donc incapable de comprendre et l'a acquitté. C'est à la fois ridicule et insensé, car le cannabis n'est pas un hallucinogène qui produit des "délires". Le soupçon qui s'est répandu en France après la sentence est que si le meurtrier n'avait pas été un musulman africain qui avait crié "Allah est grand" et "J'ai tué un diable" après avoir tué la victime et si la victime n'avait pas été une femme juive (pour mémoire un médecin à la retraite), le tribunal et les psychiatres consultants auraient décidé différemment. On peut s'interroger: ce genre de folie conduit-il, en France et en Europe, à la crainte, répandue jusque chez les juges et les consultants, d'être accusé d'"islamophobie", le plus "horrible" des péchés du décalogue délirant du politiquement correct européen ?

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Une autre folie est sur le point de se produire en Suède: un projet de loi du gouvernement établit qu'à partir du premier juillet de l'année prochaine, les mariages (généralement arrangés par les familles) célébrés dans les pays du Moyen-Orient entre des hommes mûrs et des jeunes filles mineures, souvent à peine pubères, ou même des fillettes, seront valides. Ils seront valables en Suède, si les juges établissent qu'il existe des "raisons spéciales", c'est-à-dire si ce mariage correspond aux coutumes tribales locales primitives. Le paradoxe est que ces coutumes et ces mariages, habituellement célébrés uniquement dans les mosquées, ne sont pas reconnus par les lois des États d'origine de ces personnes. Ils seront plutôt reconnus en Suède, le summum de la civilisation européenne des droits: une autre folie du multiculturalisme politiquement correct.

La liste des folies européennes pourrait être longue: certaines sont bien connues, d'autres moins. Comment définir sinon comme folie, le délire de ces journalistes et présentateurs de radio et de télévision qui décrivent systématiquement les terroristes islamiques comme de pauvres "victimes de l'Occident", comme cela s'est invariablement produit dans tous les attentats perpétrés en Europe depuis les massacres du 11 septembre 2001 à New York jusqu'à aujourd'hui? Ou encore ce maire de Cologne et ces journalistes allemands qui, après les harcèlements et les viols survenus lors de la nuit de la Saint-Sylvestre (2015-2016), ont eu tendance à défendre avant tout l'image des agresseurs immigrés, ont accusé les femmes d'imprudence tandis que les féministes européennes, toujours prêtes à déchirer leurs vêtements pour chaque viol, ont à cette occasion soit gardé le silence, soit, lorsqu'elles ont parlé, l'ont fait pour blâmer le "machisme universel" et en particulier, bien sûr, le machisme patriarcal occidental.

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Que dire de ces vieux professeurs (tous des ex-soixante-huitards ?) qui condamnent Homère, Dante, Shakespeare, Churchill et même Gandhi (pour ne citer que les plus connus) à la damnatio memoriae et se promènent en décapitant les statues des grands personnages historiques qu'ils accusent de manière anachronique, moralisatrice et abusive de sexisme, de racisme et de colonialisme ? Que dire de ces bureaucrates qui dissimulent le sexe des statues pour ne pas choquer les visiteurs d'un musée, comme cela s'est produit, entre autres, au Campidoglio de Rome en janvier 2015 lors de la visite du Premier ministre iranien Hassan Rouhani ?

Que dire de ces dirigeants politiques et intellectuels européens qui se laissent aller à l'insolence ("vous avez volé ma jeunesse") et qui sont même dirigés par une petite fille comme Greta Thunberg, qui, au lieu d'aller à l'école, passe son temps à hurler, sous l'influence de ses parents et avec la couverture d'un ample et riche lobby, en prédisant une catastrophe climatique imminente pour l'humanité? Comment ne pas qualifier d'insensée l'austère Église protestante de Suède qui a même salué Greta comme "successeur du Christ" alors que sa mère, dans le livre "Scènes du cœur", assure que Greta non moins "peut voir le Co2 à l'œil nu". N'a-t-elle pas des dons surnaturels dignes d'un prophète ?

Que dire de ces centaines de parents, ceux d'un garçon de 7 ans (comme Charlize Theron) ; ou de ceux de la petite fille française de 8 ans, Lilie, et des parents trans d'un garçon de 5 ans, ou de cette mère anglaise d'une petite fille de 3 ans, nommée Callie (qui deviendra plus tard l'enfant Dexter) qui prennent au sérieux la "volonté" de leurs enfants et assurent que leurs enfants veulent changer de sexe et sont "stressés parce qu'avec leur sexe biologique ils ne peuvent pas se sentir eux-mêmes"? Et que dire de ces politiciens, législateurs et experts qui prennent au sérieux le désir supposé d'un enfant de changer de sexe ? Et que dire de ces experts qui assurent que "la variance de genre est naturelle même chez les enfants, parce que certaines espèces de poissons et de plantes le font"? Et ceux qui administrent - tout à fait légalement ! - aux enfants impubères des "bloqueurs hypothalamiques" puis, lorsqu'ils atteignent l'âge de 16-17 ans, des "hormones pro-sexe" qui assurent le "passage du genre"?

N'est-ce pas alors la folie de la féministe trans québécoise Gabrielle Bouchard, avec quelques adeptes parmi les "nouvelles féministes" en Europe, qui a proposé d'imposer la vasectomie à tous les hommes majeurs? Ou celle de l'écrivain féministe qui annonce qu'elle ne lira plus de livres écrits par des hommes; ou celle de l'écrivain afro-américain qui refuse les critiques des Blancs, parce que cela signifierait continuer le colonialisme?

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À la folie s'ajoute le ridicule dans le cas de cette anthropologue qui dénonce, outrée, qu'il y a trop de dinosaures mâles et pas assez de femelles dans les musées, demandant des quotas roses aussi pour ces pauvres bêtes antédiluviennes. Ainsi, le cas de cette théologienne française de soixante-dix ans, Anne Soupa, mariée et mère d'enfants, qui demande à devenir évêque de Lyon relève également de la folie et du ridicule. N'est-il pas à la fois fou et ridicule qu'en Norvège, un membre du Parlement soit poursuivi pour avoir dit que "seules les femmes accouchent"?

Et n'est-il pas également absurde que, comme cela se passe dans plusieurs pays européens, des athlètes masculins demandent à participer à des compétitions sportives féminines au nom de l'identité de genre? N'est-il pas comique, et aussi insensé, qu'en Hollande un homme qui dit se percevoir comme une femme depuis 15 mois demande à entrer dans un couvent de femmes, comme dans les livres d'Aretino, en prenant peut-être exemple sur la Californie, où 270 prisonniers ont demandé, en professant une identité de genre féminine, à être transférés dans une prison pour femmes ?

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La liste des folies de l'Europe et de l'Occident pourrait être longue et pourrait remplir un livre, comme l'a fait l'écrivain français Michel Onfray, en les assimilant dans le titre à une "nef de fous". Mais il faut se demander ce qu'il y a de commun dans les cas que j'ai cités (quelques-uns seulement tirés du livre d'Onfray) et pourquoi ces folies ne se produisent qu'en Occident. Leur origine commune réside dans l'idéologie du soi-disant "politiquement correct", qui est la nouvelle stratégie des ennemis intérieurs de l'Europe et de l'Occident, en particulier des clercs radicaux-chic de la gauche héritière du communisme, qui n'était rien d'autre que "l'abolition de l'état actuel des choses" (comme Karl Marx lui-même l'a défini dans son Manifeste du parti communiste de 1848) et qui est la destruction de la culture et de toutes les institutions européennes. Ces clercs ont changé de cheveux, mais pas de vice, et leur vice est une haine culturelle de l'Europe et de l'Occident, même lorsqu'ils se disent "européistes" et "atlantistes".

mardi, 13 avril 2021

« Cessons d’être des Occidentaux et redevenons des Européens d’origine boréenne » - Entretien avec Georges Feltin-Tracol

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« Cessons d’être des Occidentaux et redevenons des Européens d’origine boréenne »

Entretien avec Georges Feltin-Tracol

Propos recueillis par Andrej Sekulovic

Pour commencer, pouvez-vous nous donner une brève introduction sur votre domaine d’expertise, votre travail et vos activités en cours ?

J’ai 50 ans. Formé aux sciences politiques, à l’histoire et à la géographie, j’ai aussi suivi des cours de droit constitutionnel.

J’écris mes premiers articles dès 1993. J’ai publié une dizaine de livres et collaboré à une dizaine d’autres. En 2005, je fonde avec quelques amis le site identitaire français Europe Maxima dont j’assume la rédaction en chef.

Je collabore aux Cahiers d’histoire du nationalisme, à la revue Synthèse nationale et au Magazine des Amis de Jean Mabire. Je tiens enfin chaque semaine sur le site officiel de TVLibertés un podcast intitulé « Chronique hebdomadaire du Village planétaire ».

Dans le passé, vous étiez également membre du grand groupe de réflexion français de la « Nouvelle Droite », le GRECE. Parlez-nous un peu de votre travail au sein de ce groupe de réflexion et de la « Nouvelle Droite » elle-même ?

Il faut d’abord rappeler aux lecteurs que le terme de « Nouvelle Droite » provient de journalistes de gauche hostiles qui alimentent une violente campagne de presse de l’été 1979. Fondé à la fin des années 1960, le GRECE est un groupe de réflexions pluridisciplinaires et contre-encyclopédiques qui n’a jamais pris de positions politiques, sauf à deux occasions :

– en 1974, quand son secrétaire général, Jean-Claude Valla (1944 – 2010), appelle les lecteurs d’Éléments à voter pour Valéry Giscard d’Estaing au second tour de l’élection présidentielle contre le candidat de l’union de la gauche socialiste – communiste François Mitterrand;

– en 1992, quand le rédacteur en chef d’Éléments, Charles Champetier, défend le « non » au référendum sur le traité européen de Maastricht. Sa prise de position suscite de vifs débats. Si Alain de Benoist s’abstient, les « Nouvelles Droites » flamande et italienne soutiennent le « oui ».

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Le GRECE m’a intellectuellement formé. J’y ai rencontré de grandes figures pionnières aujourd’hui décédées comme Roger Lemoine (1928 – 1999), Maurice Rollet (1933 – 2014) ou Jacques Marlaud (1944 – 2014). J’ai d’abord publié des articles dans ses publications régionales avant d’écrire dans Éléments. Parrainé par Jacques Marlaud et Charles Champetier, je me suis occupé du Lien, son bulletin interne. Je suis aussi intervenu à ses nombreuses universités d’été dans les années 1990 – 2000.

Aujourd’hui, le GRECE n’existe plus dans les faits. Il a été remplacé par l’Institut Iliade dont l’ambition plus politique s’inscrit dans la perspective d’un retour en politique après 2022 de Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen. Je me suis détaché pour diverses raisons de la « Nouvelle Droite » parisienne qu’il ne faut pas confondre avec les « Nouvelles Droites » présentes dans les différentes régions françaises, ni avec les autres manifestations ailleurs sur le continent indépendantes, en particulier les initiatives autour de Synergies européennes de l’excellent Robert Steuckers. Je continue à ma modeste mesure l’immense entreprise de démolition des mystifications de la Modernité, du Progrès et de l’Égalité.

Une partie de votre travail porte sur la géopolitique. Que pouvez-vous nous dire sur l’actuelle situation géopolitique ? Pensez-vous que les objectifs géopolitiques de grands « acteurs » tels que la Chine, la Russie, les États-Unis d’Amérique ou de l’Union européenne évolueront dans un proche avenir ?

Balayer l’actuelle situation géopolitique en quelques lignes ne serait pas sérieux. Je ne lis pas l’avenir. Mais je ne me dérobe pas.

L’Union dite européenne prouve chaque jour son inutilité géopolitique. Ce vide existentiel atteint aussi les nations, les États et les peuples, ce qui invalide le souverainisme national et les propositions de « Frexit » ou d’« Italexit ». Le risque de sécession de la Catalogne montre aussi que l’indépendantisme et le gauchisme travaillent en réalité pour le mondialisme. Sauver notre civilisation passe par un saut historique vers une véritable unité européenne.

unnamed.jpgLa Russie reste une puissance d’ordre continental, mais l’immensité de son territoire, son faible nombre d’habitants, sa natalité toujours déficiente et sa porosité démographique avec les populations du Caucase méridionale et d’Asie Centrale fragilisent ses ambitions. N’oublions pas que Vladimir Poutine n’est pas immortel.

Avec Joe Biden élu grâce aux fraudes massives de l’« État profond », les États-Unis redeviennent le sheriff du monde entier. Mais ont-ils encore les moyens de dominer les cinq continents ? La société yankee est plus que jamais divisée. Les États-Unis se rapprochent du Tiers-Monde et la drogue ravage leurs campagnes. Verra-t-on leur éclatement ? Je le souhaite, mais je ne parierai pas.

Quant à la Chine, grâce à sa dynastie septuagénaire, le Parti communiste, elle retrouve la place qu’elle a perdue à la fin du XVIIIe siècle : la première. Face à la montée en puissance de Pékin, il faut prendre en compte l’émergence de l’Inde sous le gouvernement national-conservateur de Narendra Modi. On oublie que la Chine vieillit et qu’en 2050, l’Inde sera l’État le plus peuplé du monde. Et si le XXIe siècle était son siècle?

Vous avez également écrit sur la troisième voie et le mouvement solidariste. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les solidaristes et sur les grands principes des mouvements de troisième voie ?

Au risque de me défausser, ma réponse développée dépasserait le cadre de cet entretien. Après une publication récente en espagnol, Pour la troisième voie solidariste pourrait être traduit en anglais ou en slovène. Dans cet ouvrage, je me concentre sur la France sans pour autant ignorer les voisins européens et les expériences en Amérique du Sud et en Russie.

Le solidarisme est d’abord une formulation de l’homme politique français, le républicain Léon Bourgeois (1851 – 1925), premier président du Conseil de la Société des Nations. Il veut donner au radicalisme – le mouvement républicain franc-maçon qui constitue le cœur nucléaire de la IIIe République française (1870 – 1940) – une idéologie. L’ingénieur allemand Rudolf Diesel (1858 – 1913) écrit en 1903 un essai intitulé Solidarismus. Le Flamand Joris van Severen (1894 – 1940) fonde en 1931 en Belgique le Verdinaso (Ligue des solidaristes nationaux thiois). Dans la même décennie, avant de rejoindre la Phalange espagnole, Ramiro Ledesma Ramos (1905 – 1936) anime le national-syndicalisme et influence les mouvements d’Amérique latine tels le péronisme argentin ou le sinarquisme mexicain.

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Après la Guerre d’Algérie en 1962, les jeunes militants de l’Algérie française reprennent à leur compte le solidarisme et travaillent avec la NTS (la résistance solidariste russe en exil). En 1975, un militant solidariste français, Francis Bergeron qui dirige maintenant le quotidien national-catholique Présent, distribue des tracts anti-soviétiques sur la Place Rouge à Moscou ! À la même époque, d’autres solidaristes français partent au Liban combattre aux côtés des phalangistes chrétiens contre les musulmans progressistes.

La troisième voie (« Ni trusts ni soviets » et « Ni Washington ni Moscou ») prend des formes variées. En France, elle se manifeste avec le bonapartisme de l’empereur Napoléon III, le catholicisme social des royalistes contre-révolutionnaires, le distributisme cher à l’écrivain britannique G.K. Chesterton ou le gaullisme de Charles De Gaulle. Ce dernier prônait l’indépendance nationale, une Europe libérée des blocs issus de Yalta et la justice sociale (l’association du capital et du travail, l’intéressement aux bénéfices et la participation des producteurs à l’avenir de leur entreprise).

Quels autres auteurs, philosophes et écrivains ont-il eu le plus d’influence sur vous et vos travaux ? Quels auteurs recommanderiez-vous à nos lecteurs ?

Je ne mentionne que des défunts : l’Italien Julius Evola, les Allemands Carl Schmitt et Arthur Moeller van der Bruck, le Suisse Denis de Rougemont, l’Étatsunien Francis Parker Yockey, le Belge Jean Thiriart, les Français Joseph de Maistre, René Guénon, Charles Maurras, Maurice Barrès, Robert Aron, Arnaud Dandieu, Julien Freund, Guillaume Faye, Robert Dun, Dominique Venner ou Guy Debord. J’en oublie bien sûr…

J’invite vos lecteurs à les lire dans le texte ou dans une traduction disponible en anglais ou en allemand.

Quelle est votre avis sur les mouvements identitaires et nationalistes contemporains ?

Vaste question ! Chaque mouvement est différent, y compris au sein d’un même pays. Je porte un regard assez positif sur les mouvements nationalistes et identitaires, surtout s’ils s’opposent au monde financier et au multiculturalisme, à l’immigration extra-européenne et à la corruption politique.

9782367980652-475x500-1.jpgJe déplore en revanche que certains mouvements cherchent encore à régler des désaccords frontaliers et les contentieux historiques. Les nationalistes doivent renoncer aux vieilles et vaines querelles pour défendre l’intérêt général européen. Je n’apprécie pas que le FPÖ s’attaque à la minorité slovène en Carinthie. Je n’aime pas que les nationalistes norvégiens ou suédois s’indignent de la présence des Samis, ces indigènes d’Europe septentrionale.

Disciple de Julius Evola, fils d’un des cofondateurs du MSI, le penseur italien Adriano Romualdi (1940 – 1973) affirmait avec raison que « seuls les nationalistes peuvent faire l’Europe ». Les « bons Européens » doivent soutenir les avant-postes de notre civilisation européenne : protéger les enclaves espagnoles au Maroc, libérer Chypre de l’occupation turque et l’unir à la Grèce, reprendre à la Turquie la Thrace orientale et Constantinople, soutenir l’Arménie et l’Artsakh – Nagorny Karabakh. Ils doivent enfin exiger le départ de toutes les troupes US d’Europe et la dissolution de l’OTAN.

Que pouvez-vous nous dire sur la situation politique actuelle en France ? Comment voyez-vous les développements au sein de l’Union européenne, y compris les migrations massives, la crise du covid-19 et le fossé entre les États-membres du V4 et le reste des pays occidentaux « libéraux » de l’UE ?

Votre question comporte plusieurs sous-questions. La France arrive lentement à son nadir historique. Sa classe politique, intellectuelle, artistique, culturelle, économique, technicienne et sanitaire est d’une affligeante nullité. Les Français sont responsables de ce drame historique. Les nationalistes les ont prévenus depuis cinquante ans. Ils ne les ont pas écoutés ! En 1973, le gouvernement français interdit le mouvement Ordre nouveau, créateur du Front national, qui avait tenu une réunion électorale contre l’immigration, principal vecteur de la tiers-mondisation de l’Europe.

L’actuelle crise sanitaire favorise l’expansion du capitalisme de surveillance. Le covid-19 permet une expérience incroyable d’ingénierie sociale et de guerre psychologique 3.0 afin de domestiquer les peuples européens récalcitrants. Ce dressage social réussira-t-il ou bien connaîtrons-nous des insurrections salvatrices ? L’avenir nous le dira.

Le pessimiste lucide que je suis ne croit pas à l’influence déterminante du V4 (ou Groupe de Visegrad). Sous le même emballage « illibéral », la Hongrie et la Pologne divergent par rapport à la Russie. Varsovie et Budapest se plient aux conditions sur l’« état de droit » du plan de relance européen. Le V4, même avec l’apport de la Slovénie, voire de la Croatie, ne fera jamais le poids face à l’axe franco-allemand. Par ailleurs, Viktor Orban et Jaroslaw Kaczynski sont des « faux héros réactionnaires (ou conservateurs) ». On doit cette notion à Thomas Molnar (1921 – 2010) dans son essai La Contre-Révolution (1969). Catholique hongrois polyglotte exilé aux États-Unis, Thomas Molnar participait au courant paléo-conservateur. Ce collaborateur des « Nouvelles Droites » française, allemande, autrichienne et italienne conseilla le jeune Orban entre 1998 et 2002.

9782367980485-475x500-1.jpgLes régimes hongrois et polonais ne sont pas révolutionnaires–conservateurs, mais plutôt nationaux-conservateurs. Ils prennent une bonne direction, mais ils manquent de radicalité.

Quelle conséquences géopolitiques pensez-vous qu’auront les élections américaines de l’année dernière ?

Avec Joe Biden, l’humanitarisme armé et interventionniste retrouve la Maison Blanche. Les États-Unis reprennent leur volonté d’exporter partout leur conception frelatée et aliénée du bonheur bourgeois, mais ils sont très divisés : la guerre culturelle fait rage sur les campus et dans les mass media. Le sang des Étatsuniens coulera encore et encore au nom du Progrès et des droits de l’homme (pardon ! de l’humain fluide non genré trans-post-méta-sexuel…). Il importe au contraire de valoriser toutes les affirmations identitaires qui s’y développent. Ce modèle d’ultra-modernité doit éclater sous ses contradictions internes.

Selon vous, quel est l’avenir de l’Europe et de l’Occident ?

Je tiens à distinguer l’Occident de l’Europe. En 2021, l’Occident relève de l’atlantisme et du cosmopolitisme. L’Occident ne coïncide donc plus avec l’Europe dont l’antique civilisation brille de ses derniers feux. Cessons d’être des Occidentaux et redevenons des Européens d’origine boréenne. Comment ? En bâtissant un État central continental qui délivrerait la nationalité européenne aux seuls Européens. Ainsi serais-je un citoyen français de nationalité européenne et les lecteurs, des citoyens slovènes, autrichiens ou allemands de nationalité européenne. Je ne verrai pas de problème qu’un Danois ou un Italien soit maire de Strasbourg ou qu’un Hongrois devienne président de la République européenne de France.

Trêve de rêverie ! L’Europe court avec l’affreuse Union européenne vers sa perte finale. Amor fati !

Avez-vous un dernier conseil ou un dernier message pour les lecteurs slovènes ?

Je les salue. Ils appartiennent à un vieux peuple et à un jeune État. Pendant des siècles, ils ont connu diverses dominations étrangères plus ou moins consenties. Au XXe siècle, la Slovénie a subi l’oppression de la première Yougoslavie royale serbe, puis de la seconde Yougoslavie titiste. Le peuple slovènes a quand même conservé leur identité, base indispensable pour fonder la souveraineté. Il est un bel exemple de persévérance historique.

Outre de magnifiques paysages karstiques, la Slovénie est la patrie du célèbre groupe musical Leibach et du remarquable courant artistique NSK à l’esprit néo-futuriste, ironique et « situationniste ». Leur apparition a correspondu aux premiers signaux de la fin de la Guerre froide.

Amis Slovènes, vous êtes le Midi de la Mitteleuropa danubienne !

Propos recueillis par Andrej Sekulovic pour le site slovène tradicijaprotitiraniji.org mis en ligne en anglais et en slovène les 19 et 22 mars 2021, versions allemande et néerlandaise consultables sur Synergon Infos, le 4 avril 2021.

https://synergon-info.blogspot.com/2021/04/georges-feltin-tracol-die-rettung.html

https://synergon-info.blogspot.com/2021/04/georges-feltin...

Élections législatives en Bulgarie – Avril 2021

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Élections législatives en Bulgarie – Avril 2021

Enric Ravello Barber

Ex : https://www.enricravellobarber.eu/2021/04/

Le parti conservateur GERB a de nouveau remporté les élections bulgares de la semaine dernière avec 25,7% des voix. La deuxième place revient au jeune parti ITN (There is such a people) dirigé par un célèbre chanteur et présentateur de télévision, qui s’affiche ‘’anti-corruption’’ et nie ouvertement le COVID-19,  Slavi Tritonov. Il constitue la grande surprise des élections qui, avec ses 16,2% des voix, laisse les sociaux-démocrates du BSP en troisième position avec 15%. Le quatrième parti est le DPS, un parti libéral de l'importante minorité turque, qui obtient 11,9% des voix.

Malgré la victoire électorale, les résultats ne sont pas bons pour le GERB gouvernemental qui perd 8 points par rapport aux 33,7% réalisés en 2017. Le panorama post-électoral laisse l'actuel président Boiko Borissov dans une situation très compliquée pour pouvoir former un gouvernement. Slavi Tritonov - le vainqueur moral des élections - a annoncé qu'il n'entrerait dans aucune coalition.

Il est peu probable que les sociaux-démocrates rejoignent une quelconque coalition gouvernementale avec le GERB, car il leur est très difficile de le faire.

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Slavi Tritonov.

Le GERB a formé un gouvernement avec les nationalistes du VMRO (Organisation révolutionnaire macédonienne interieure - Mouvement national bulgare), qui ont perdu leurs 12 députés et sont désormais exclus de la Chambre car ils n'ont pas atteint les 4% nécessaires pour obtenir une représentation (3,64% ; ils avaient eu 9,07% en 2017). Le gouvernement avait le soutien parlementaire d'une autre formation nationaliste, Volya, qui, avec 2,2% (7% en 2017), perd également toute représentation. Deux autres candidatures nationalistes se présentaient aux élections: Revival, avec 2,2%, et Ataka, qui comptait auparavant trois députés européens, avec 0,49% des voix. La désunion nationaliste et l'incapacité à présenter une liste unique, les a laissés hors du Parlement. Ils auraient certainement obtenu des sièges s'ils avaient présenté une liste unique, bien qu'ils auraient eu moins de députés qu'en 2017 en raison de l'effet de la candidature de Tritonov.

Les négociations pour former un gouvernement seront longues, et personne n'exclut de nouvelles élections, sinon le gouvernement sera faible pour affronter les quatre prochaines années avec stabilité.

lundi, 12 avril 2021

Un slogan révélateur

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Un slogan révélateur

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex; http://www.europemaxima.com

Il y a cent ans et quelques mois surgissait d’une scission au congrès socialiste de Tours en décembre 1920 la SFIC (section française de l’Internationale communiste) qui deviendra ensuite le Parti communiste français (PCF). Incontestable puissance électorale au début de la IVe République, ce parti lié à l’Union Soviétique va lentement décliner suite à une conjonction de plusieurs facteurs défavorables pour son supposé prestige : les crises de Budapest en 1956 et de Prague en 1968, le retour au pouvoir du général De Gaulle en 1958 et la signature du Programme commun de la gauche préparée par le machiavélique François Mitterrand.

Aux élections européennes de 2019, la liste communiste conduite par Ian Brossat n’a obtenu que 564 949 suffrages, soit 2,49 %, ce qui est encore beaucoup trop pour un parti connu pour sa plasticité politicienne d’Anne Hidalgo à Jean-Luc Mélenchon. Malgré une réalité groupusculaire, ce parti politique dispose toujours d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale et au Sénat, dirige encore le conseil départemental du Val-de-Marne et administre quelques centaines de municipalités. Ancien organe officiel du parti, L’Humanité demeure le papier-toilette imprimé le plus subventionné de France. Au moment des élections municipales de l’année dernière, le PCF qui a troqué la faucille et le marteau pour une étoile à cinq branches cherchant à se confondre avec l’Hexagone, une larme (de sang ?) au-dessus d’elle, a présenté un étonnant slogan qu’on va revoir aux prochaines élections départementales et régionales : « L’humain et la planète d’abord ».

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Ce slogan exprime toute la trahison de la formation de la place du Colonel-Fabien par rapport au prolétariat. Soumis au politiquement correct, il tend à privilégier l’humain à l’homme, car il ne faudrait surtout pas indisposer les femmes, les non-binaires trans-fluides et autres catégories auto-psychiatriques avérées. Il ne s’adresse finalement qu’à un agrégat biologique supra-moléculaire. Le postulat y est clairement individualiste, féministe et gendériste, d’où l’emploi systématique de la stupide écriture inclusive.

Cette valorisation hyper-individualiste se complète d’une référence appuyée à la « planète ». L’invocation est maintenant courante de la part des « escrologistes » verts et des jeunes crétins qui, chaque vendredi ouvré – journées, bien sûr, sans coronavirus -, manifestent pour le climat. La formule mentionne la planète et non pas le monde, la Terre ou le globe, comme si les ultimes momies communistes venaient de la découvrir depuis leur lointain espace intersidéral…

« L’humain et la planète d’abord » imite évidemment l’injonction habituelle en cas de naufrage « Les femmes et les enfants d’abord ». Cri dont on doit condamner le sous-entendu patriarcal, sexiste, âgiste, anti-jeuniste, transphobe, voire validiste… En se focalisant sur l’humain et sur la planète, ce slogan efface toutes les communautés intermédiaires, naturelles, volontaires et contractuelles. il nie les ensembles d’appartenance intermédiaires (la famille, la civilisation continentale, le métier, le travail, la région, la nation, etc.). Il ne favorise qu’un hyper-individualisme égotiste ainsi qu’un cosmopolitisme planétarien béat. La priorité accordée à un tas de viande vivant et à un organisme planétaire conscient écarte ainsi toute velléité anti-spéciste. Que faire des insectes, des lombrics et des vers à soie dans cette intolérable perspective individuo-mondialiste ?

« L’humain et la planète d’abord » ne peut toutefois que ravir George Soros et les ploutocrates de l’hyper-classe mondiale. Ils nous préparent en effet un avenir sinistre d’êtres réduits en simples atomes sans sexe ni identité essentielle qui surconsomment et s’endettent. On regretterait presque les tentatives infructueuses en 1938 de Maurice Thorez de passer du Front populaire à un « Front des Français » belliqueux anti-allemand, les charges de bulldozers au début des années 1980 contre les foyers Sonacotra et les trafiquants de drogue dans les fiefs communistes de la « ceinture rouge » parisienne ou les timides rapprochements rouge-brun entre 1992 et 1994.

Il est par conséquent temps que le PCF, ses responsables, ses militants, ses sympathisants et ses électeurs soient promptement euthanasiés. La politique française et la « planète » ne s’en porteraient pas plus mal.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 209, mise en ligne sur TVLibertés, le 6 avril 2021.