Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 13 octobre 2021

Rébellion et discipline

37774_large.jpg

Rébellion et discipline

Mario Michele Merlino

Ex: https://www.ereticamente.net/2017/01/ribellione-e-disciplina-mario-michele-merlino.html

Je m'inspire d'un petit débat (sans vouloir en diminuer le sens) suscité par mon ami Giacinto (désormais habitué au goût de la provocation), qui, après avoir affiché un aphorisme de Nietzsche, tiré de Ainsi parlait Zarathoustra, dit ne pas être convaincu.

Amoureux du squadrisme, de ce premier fascisme rustre et gascon, basé sur la défiance, les poignards, les grenades à main et beaucoup de matraquages, il estime que le terme "rebelle" est pénalisé. Car il est écrit: "La rébellion - c'est la noblesse chez l'esclave. Que l'obéissance soit votre noblesse ! Obéis même à tes ordres" (Della guerra e dei guerrieri, dans la version autorisée de Giorgio Colli et Mazzino Montinari). Ceux qui me connaissent savent combien j'aime peu cette traduction, peut-être plus rigoureuse sur le plan philologique, mais dépourvue de tout afflux poétique - et Nietzsche, après Platon et peut-être plus que lui, est avant tout un faiseur de poésie, au sens premier du terme. Dans l'édition de 1937, publiée par la maison d'édition Apuana, celle à laquelle je me réfère le plus volontiers, le discours susmentionné est placé ailleurs dans le livre, mais, surtout, le terme "noblesse" est remplacé par "distinction" et cela compte.

30303790470.jpg

Mon ami et héros, l'épéiste au grand nez, Cyrano de Bergerac, se tourne vers le vicomte (dans la célèbre scène au théâtre et le duel qui s'ensuit, accompagné du couplet) qui avait été étonné et insulté ("Ve' che modi arroganti !"). Un rustre qui sort même sans gants, sans grenouilles, sans rubans, sans chevrons!'): 'Parce que j'ai mes distinctions à l'intérieur ! ... Je vais sans rien qui ne brille en moi, sans ombre, et j'ai un panache de franchise et d'indépendance". Le jeune fasciste décrit par Marcello Gallian dans Gente di squadra, par exemple, irait bien avec le protagoniste de la comédie d'Edmond Rostand. Une question de style, l'important, et de distinctions justement.

Le fait de me définir comme un "anarcho-fasciste", qui me fait aimer Robert Brasillach, comme il se raconte dans Notre avant-guerre, et un Berto Ricci (rappelez-vous les difficultés qu'il a eues lorsqu'il a obtenu sa carte de membre à cause de ses fréquentations "subversives") me transporte là où l'histoire décrit ce monde libertaire, de ces rêveurs fous et désespérés, représentés avec leurs grandes barbes, leurs chapeaux à bords inclinés, leurs yeux fougueux... mais aussi à Giuseppe Solaro, par exemple, le dernier fédéral de Turin. "Dans la guerre qui est maintenant universelle dépend l'issue de la révolution sociale, la défaite ou le triomphe du travail sur l'étouffement ploutocratique" - dont nous avons récemment rappelé le texte diffusé à la radio Les rebelles, c'est nous.

Et puis, même en cédant un peu à l'anagraphie - jamais à la réalité qui m'entoure d'hommes bavards -, rompre la chaîne des accommodements serviles reste, romantique et anachronique, le rêve des bâtons et des barricades. Et, oui, je comprends l'intolérance de Giacinto lorsque le terme "obéissance" est confondu et, Pasolini docet ( !), le juxtapose au concept d'"homologation". J'ai écrit récemment que La locomotive de Lugano de Francesco Guccini et Ivan Graziani est belle, et s'il y a une sainte hérésie en elle, c'est la gifle au monde de la droite bourgeoise, perfide et lâche, dont notre pays est rempli, elle la rend étouffante et, de cette pourriture, elle n'aurait pas du tout besoin...

Spartacus contre Crassus. La voie Appienne éclairée par les corps des esclaves rebelles, transformés en torches humaines après avoir été crucifiés. Le désir de briser les chaînes suffit-il à ennoblir l'esclave en révolte ? Peut-être pas. Il y a un appel à se libérer des besoins, mais aussi - et surtout, je crois - une volonté de se libérer des besoins. Sur qui le père pensif de Zarathoustra dirige-t-il ses flèches lors de ses promenades solitaires le long du lac de Selvapiana ? Et puis - hypothèse audacieuse à la limite du paradoxe - les distinctions entre celui qui, esclave, se révolte et celui qui obéit, devenu un art noble, sont-elles inconciliables entre elles, ennemies mortelles (comme elles semblent le devenir lorsqu'elles se transforment en "morale" - des Seigneurs la seconde et des Esclaves la première) ou sont-elles des stades changeants de l'être où le monde est régi par des principes (valeurs) hiérarchisés ?

fposter,small,wall_texture,product,750x1000.u6.jpg

Et, maintenant, esquissons la distinction de l'obéissance - l'invitation de Nietzsche qui a aigri, avec une subtile grimace de déception, son ami Giacinto. Dans E venne Valle Giulia, à la fin, j'ai écrit, en citant un vieux texte qui date de plusieurs années : Avec le suicide rituel (seppuku) de Mishima Yukio, nous avons renouvelé notre intérêt pour la culture du Japon - pas seulement notre admiration étonnée pour les kamikazes, par exemple -, attirés et impliqués dans ce monde qui s'ouvrait à nous grâce à la cinématographie d'Akiro Kurasawa (après avoir vu Les Sept Samouraïs, quelle déception que sa version occidentale ! ). Le samouraï est celui qui se met au service du daimyo, le seigneur féodal. Servir, c'est le sens littéral des idéogrammes qui l'indiquent - tandis que bushi désigne le guerrier et que ronin est le samouraï qui a été laissé sans son seigneur. Pas de scandale. La loyauté est l'axe sur lequel tourne l'éthique du bushi-do. Après tout, que visaient les ordres de chevalerie médiévaux dans le serment d'investiture ("Le cheval et l'épée, - la rose et l'honneur - étaient des compagnons - fidèles en amour") et, à une époque plus récente et qui nous est chère, les soldats portant des runes sur leurs insignes se targuaient de la devise "Notre honneur s'appelle Loyauté !"?

Langer_Kerl_Schwerid_Rediwanoff.jpgTout est question de rébellion et d'obéissance - l'esclave est celui qui se sent tel et non celui qui se met joyeusement et avec confiance au service d'une Idée, de sa Cause... même si c'est le Rien, comme le voulait le philosophe Max Stirner, auteur de L'Unique, texte cher au socialiste Mussolini et au professeur Merlino (tant pis pour la modestie et les imbéciles, ses dévots !). Dans les cellules de Regina Coeli, je me sentais et j'étais un homme libre, dans un enclos de trois mètres sur six et ayant des barres et des boulons sur le bord. Et je l'étais beaucoup plus que je ne le suis aujourd'hui. Encore une fois, Sénèque prévient : "Vivere militare est". Après nous avoir rappelé qu'il ne faut pas demander aux dieux une existence exempte de soucis mais une grande âme. Et quel est le noyau dur du soldat - du légionnaire de Rome ou, rappelons-le, des grenadiers de Frédéric II, de tous ceux qui ont fait l'histoire de cette Europe en armes - une histoire aujourd'hui misérable mais qui fut riche en hommes, en idées, en luttes et en événements - ? Discipline.

Une discipline formelle, certes, d'une apparente inutilité brutale mais, comme l'écrit Aldo Salvo dans Mal di Roma, un livre qui aurait mérité une plus grande diffusion et une plus grande attention, "la rhétorique, enseignait-on, entre en donnant des coups de pied dans la bouche et sort en pissant, mais ce qui reste à l'intérieur fait partie de vous". Ici, la forme et le fond deviennent - et cela arrive rarement - complémentaires. C'est là que la déclaration de Sénèque prend tout son sens - comme l'homme qui porte un casque et une armure, chacun de nous accomplit un devoir dans la vie, un devoir de citoyen et un devoir intérieur - le dualisme souvent conflictuel entre public et privé est inconnu dans le monde antique... Révolte et devoir - tous deux remplissent une tâche. Brisons donc les chaînes de toute servitude et plaçons-nous fermement sur la ligne de front du choix idéal dans lequel nous pouvons reconnaître l'essence aristocratique de l'esprit. Les distinctions ne seront que des étapes dans notre combat - nous sommes esclaves et non plus serviteurs ; libres dans la noblesse de notre engagement. Nietzsche et ses aphorismes sur les labarums, sur le chemin...

Marcus Flavinius, centurion de la IIe cohorte, Legion Augusta, à son cousin Tertullius à Rome: "On nous a dit, lorsque nous avons quitté notre terre natale, que nous allions défendre les droits sacrés que nous conféraient tant de citoyens installés là, tant d'années de présence, tant de bienfaits apportés à des populations qui avaient besoin de notre aide et de notre civilisation. Nous avons pu vérifier que tout cela était vrai et, parce que c'était vrai, nous n'avons pas hésité à verser notre sang, à sacrifier notre jeunesse et nos espoirs. Nous n'avons aucun regret, mais pendant que cet esprit nous anime ici, on me dit que des cabales et des complots se déroulent à Rome, que la trahison fleurit, et que beaucoup, hésitants, troublés, prêtent une oreille complaisante aux pires tentations d'abandon et vilipendent notre action".

"Je ne peux pas croire que tout cela soit vrai, et pourtant les guerres récentes ont montré combien un tel état d'esprit pouvait être pernicieux et jusqu'où il pouvait mener. Rassurez-moi au plus vite, s'il vous plaît, et dites-moi que nos concitoyens nous comprennent, nous soutiennent, nous protègent comme nous protégeons la grandeur de l'Empire. S'il devait en être autrement, si nous devions laisser inutilement nos os calcifiés le long des pistes du désert, alors gare à la colère des légions !".

Noblesse de la rébellion et noblesse de l'obéissance.

17:11 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, rébellion, discipline | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 12 septembre 2020

Orientation politique de rentrée pour Rébellion : Nouveau Jalon

gilets-jaunes-Strasbourg-2-fevrier_0_728_485.jpg

Orientation politique de rentrée pour Rébellion : Nouveau Jalon


La fracture s’étend. Les nerfs sont nus, exposés anarchiquement à l’air infecté. Répression puis endiguement idéologique des Actes des Gilets Jaunes, confinement forcé, déconfinement accompagné du port des masques qui ne se limite plus aux espaces clos publics mais aux lieux de rassemblement extérieurs, manifestations massives contre les violences policières malgré l’état d’urgence sanitaire maintenu ayant réactivé médiatiquement la racialisation des conflits sociaux du pays…Et à l’heure où cette rentrée de septembre ont eu lieu des manifestations offensives à Beyrouth contre l’appauvrissement généralisé, ravivées par l’explosion spectaculaire du port de la capitale (178 morts, 6000 blessés et 300 000 sinistrés), une tentative de destitution du président de Biélorussie Alexandre Loukachenko et la démission forcée via un coup d’Etat militaire du chef du gouvernement malien Ibrahim Boubacar Keïta.

AutocPatrie.jpg

C’est dans ce contexte bouillant, accompagné de l’annonce d’un nouvel appel à la mobilisation nationale des Gilets Jaunes pour le samedi 12 septembre, que nous faisons ensemble un bilan de nos luttes de terrain pour l’émancipation populaire qui se sont déroulées ces 3 dernières années.

  • Les manifestations des Gilets Jaunes un samedi par mois ont permis de régulariser les Actes et de libérer un maximum de créneau pour les salariés contestataires. Cependant, elle est devenue malgré elle un folklore, notamment dans les espaces urbains (centre-ville) où les piétons consuméristes du samedi après-midi jouissaient des éructations pacifistes de la masse réfractaire à laquelle il opposait un râle au moment du lâcher de gaz lacrymogène mais ne ressentait ni effroi ni compassion. Nous préconisons donc une mobilisation moins ponctuelle mais plus fréquente et prolongée dans l’enchaînement des jours et des nuits de révolte (les pics d’intensité des dernières révoltes pouvaient d’ailleurs se prolonger jusqu’au coucher du soleil et bien au-delà). Il nous faut briser davantage les limites du temps et de la géographie afin de repenser un rythme de contestation, phase préliminaire à l’insurrection puis à la Révolution.
  • Nous devons réfléchir à la question de la révolte spontanée, en apprécier les fulgurances mais aussi les limites (infiltrations de la police, des syndicats et des partis officiels), afin d’évaluer plus en détail la question de la révolte encadrée et « orientée ». Loin de là l’idée de définir une doctrine arrêtée divisée en plusieurs points et émaillée de listes, la ligne synthétique et ouverte de l’OSRE et de sa revue « Rébellion » (qui lui vaut d’être taxée de confusionniste par ses détracteurs) vise à faire front commun face aux dérives insupportables du Grand Capital auprès de toutes les obédiences ayant au moins comprises ce qu’elles ne souhaitent pas : la concession politicienne au sein une démocratie représentative et électoraliste ; l’arrivisme « révolutionnaire » ; le nihilisme qui se niche derrière l’étiquette « progressiste ». L’ « orientation » ainsi posée consiste surtout à comprendre ce qui est majoritairement souhaitable pour tous les insurgés sur le court et le long terme, d’en envisager les mises en place pragmatiques et de se garder le plus possible de toute répétition d’erreurs.
  • L’exercice de la violence : opposer le pacifisme et la martyrologie face à la répression des forces de l’ordre et au cynisme du gouvernement/relais médiatiques a, tout comme le spontanéisme de la révolte, ses fulgurances (dévoiler au peuple ce que le système tolère et ne tolère pas en qualité de contestation) mais aussi ses limites (partir au casse-pipe et en ressortir mutilé dans une dissymétrie du rapport de force physique). Il a beaucoup été débattu au sein d’une frange des Gilets de la pertinence de s’être distancié des Black Blocs, mouvement controversé pour son absence d’identification claire (« tout le monde et n’importe qui peut être BB, notamment un flic inflitré ») mais qui ont été sur le terrain les acteurs des situations les plus intenses du point de vue du renversement potentiel du rapport de force (notamment les premières manifestations parisiennes aux Champs Elysées). C’est d’ailleurs depuis la séparation entre les BB et les GJ que ces derniers ont perdu de leur vigueur et que la solution très réformiste du RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne), embryonnairement appliquée à travers les Assemblées Constituantes (n’ayant été que des reproductions rurales d’Assemblées Générales universitaires), se sont imposées jusqu’à l’achèvement coronaviral. En somme, le pacifisme réformiste est une stratégie d’échec et n’a pas permis au mouvement GJ de se renforcer.
  • L’impuissance des dissidences 2.0 : lorsqu’elles ne plaquent pas sur toute révolte populaire qu’elles ne maîtrisent pas une cause extérieure obscure (le conspirationnisme : appliquer de la mécanique paranoïaque à de l’organique authentique), elles capitalisent sur l’anticapitalisme à grand renforts de produits dérivés (tshirts, casquettes, mugs, porte-clés) en s’appropriant les mouvements. Brillant par leur absence sur le terrain des affrontements, ces fausses dissidences continuent à faire ce qui a toujours été leur projet : abuser de la confusion idéologico-politique générale et de la crise des représentations pour nous livrer, prêt-à-consommer, une vision du monde binaire, fictionnelle et malhonnête afin de segmenter leur propre marché, reproduisant ce qu’ils contestent à un système dont ils auraient voulus être les rois. Leur revanche est alors prise à l’échelle de la métapolitique. De ce fait, nous préconisons un éloignement strict de cette pensée incapacitante (car que faire en tant que citoyen en colère si tous les dés sont pipés par avance ?). Il nous faut nous débarrasser de la posture du commentateur journalistique, de cette mentalité du « buzz » et du « clash » ne concernant que les égos blessés de leurs porte-paroles, en articulant rigueur théorique/lectures fondamentales et initiatives de terrain (refus du tout-virtuel et connexion au réel).

1615848143.jpg

Le COVID-19 sonne le glas d’une chute de l’économie mondiale en accéléré, révélant par ailleurs l’idéologisation extrême du domaine sanitaire et l’effondrement des infrastructures médicales. Le confinement qu’il a occasionné a été le laboratoire d’une domestication sociale autoritaire et arbitraire, un renforcement de la paranoïa et du repli sur soi, qui ne pouvait qu’achever l’élan collectif et fraternel d’un mouvement comme celui des GJ. Nous recommandons de ne pas tomber dans le piège de la peur et de la soumission, en se ralliant aux contestations berlinoises ou encore londoniennes sur ces mesures répressives « pour préserver notre santé ».

Le déconfinement avec état d’urgence sanitaire n’empêche pas le déclenchement, depuis les USA, des réseaux antiracistes politiques contre les bavures policières, permettant à la ré-impulsion médiatique du collectif Justice pour Adama (la branche française du mouvement états-unien Black Lives Matter) de renforcer le développement d’une bourgeoisie colorée, les minorités de France (et notamment celles issues des quartiers populaires) étant majoritairement acquises au colonialisme états-unien ultra-libéral et individualiste. A travers une racialisation des conflits provoquant une guerre médiatique entre indigénistes d’extrême gauche et identitaires d’extrême droite, chacun faisant jouer au choix sa victime « racisée » de violence policière blanche ou sa victime blanche de racaille afro-maghrébine-islamique, c’est la lecture de classe radicale qui en prend un coup et le ré-étiquetage idéologique qui reprend du poil de la Bête. Nous appelons à la mise à l’écart de ces groupuscules séparatistes et contre-révolutionnaires qui ne font que démontrer, face à la rigueur sèche du Réel, qu’ils sont victimes des dérives d’une vision intégralement Idéologique du monde, où l’Idée dicte et prédomine l’expérience d’une réalité qui devient anecdotique, complètement phagocytée par ce que l’Idéologie veut que cette réalité soit. Il nous faut refuser ce combat pour le Faux !

Cette fissure ne doit pas être vue comme le symptôme d’une déchéance ou d’une fin pessimiste de Fin de Cycle. Tout ce qui se passe actuellement nous est favorable du point de vue du renforcement des écarts de classe et de l’accélération de tout le processus menant à une Révolution.

mardi, 10 mars 2020

Rebellion against the Elites may be Just Around the Corner

B9718303289Z.1_20190121125914_000+GAFCQM61F.1-0.jpg
 

Rebellion against the Elites may be Just Around the Corner

Ex: https://journal-neo.org

These days we’re witnessing more and more articles published both by leftist and independent media sources as well as larger sites that state that global inequality is “out of control” owed to the inherent injustice of modern economies allowing billionaires to accumulate huge fortunes at the expense of the rest of society.

Just recently, Oxfam International, an international organization monitoring inequality, released ahead of the World Economic Forum in Davos a report that directly questions the effectiveness of existing capitalist systems, while emphasizing that the gap between the rich and the poor is increasingly incapable of being bridged. The attention of the international community is drawn to the fact that no more than 2,153 billionaires have more wealth than 4.6 billion people, which makes the notorious 1% of the richest people in the world twice as rich as some 6.9 billion. Moreover, the number of billionaires has doubled over the past decade. Oxfam believes that the capitalist system is inefficient, as it allows monopolies to flourish and contributes to the concentration of wealth in the hands of a few. The 63-pages long report emphasizes that world leaders are not trying hard enough to close the growing gap between the rich and the poor, giving way to widespread “elitophobia.”

It is noteworthy that the report was published against the backdrop of an ongoing discussion, including one in the United States, on whether billionaires benefit society in any way.

Today, everyone understands that the rapidly increasing number of billionaires can be largely attributed to the detrimental effects of the globalized market economy. The salaries of many senior executives, who may also be receiving them in the form of stocks, have shown a steady growth, while the incomes of ordinary citizens have not increased or have even decreased in some cases. Thus, breakthroughs in economic development play into the hands of only a tiny minority of the population, while the majority is only getting poorer, which indicates that the elites have overtaken the mechanism of wealth generation within any given economy. The price of neoliberalism turned out to be extremely high in terms of increasing inequality and can lead to the redistribution of wealth among the players, as international economy and trade find themselves in new, completely uncertain conditions, the French Atlantico notes.

Moreover, this happens against the backdrop of declines of entire sectors of the economy in many countries that profess neoliberalism. Growth, on the other hand, is only observed in the richest countries, while poor regions of the world are only getting poorer. Such a model of profits in spite of the depletion of natural resources, makes one wonder if this enrichment has been achieved at the expense of others…

According to a paper titled Elite Capture of Foreign Aid : Evidence from Offshore Bank Accounts that was presented to the World Bank as early as in November 2019 but has only just appeared the other day after a scandal in the Western media, countries that receive international aide are not getting richer. According to the study, after monitoring the data on loan transfers issued by the World Bank to some two dozen mostly dependant countries, it becomes obvious that once a loan is received money starts pouring out from those nations and into offshore zones. Analysts have come to the conclusion that the most plausible explanation of this phenomenon is that a part of the aid is being stolen immediately by the rich and powerful. In struggling countries some 7.5% of the funds are siphoned on average, in those desperately poor – up to 15%.

B9717717811Z.1_20181125110609_000+G16CG5BG9.4-0.jpg

Hence, everywhere there is a decline in faith in the existing democratic institutions, because people in many countries of the world are convinced: all the benefits of prosperity go to a select few. This is precisely what British sociologists from the Cambridge University say, as they found out after conducting a large-scale survey that 57% of the world’s inhabitants have no faith in existing government institutions. This distrust reached especially alarming levels in the US, Great Britain, France and many other developed states. According to Roberto Foa, a Cambridge University Lecturer on politics and public policy, the level of dissatisfaction with democratic political institutions has been growing rapidly in recent years, reaching its peak in both the developed world and all across the developing world. According to various analysts, this phenomenon has led to the emergence of populist parties and movements offering undemocratic solutions to a long list of economic and political problems. In particular, sociologists explain the victories of Donald Trump, Boris Johnson and Brexit supporters by the growing frustration of the Western public.

If, as soon as possible, workers are not provided with economic benefits for their labour and the world trade system is not reformed, the political and business elites may be taken down one day by an anti-elite rebellion, notes Foreign Policy. The publication notes that in recent months, protests have flared up around the globe: from Catalonia and Hong Kong, where they demand the right for self-determination, to Algeria, Chile and Ecuador, where people are unhappy with social inequality. Many activists are calling for a fundamental reformation of the system of world governance. The publication presents the results of a study of the level of public confidence in government institutions conducted by the Edelman Trust Barometer in 28 countries, which are consistent with the research of the University of Cambridge. Results of this study indicate that less than 20% of the world population trusts the elite, while 73% advocate reforming the current system of global capitalism.

In recent years, the dynamics of elitophobia has increased remarkably, due to many factors. Among the leading reasons is the inability of the political and financial elite of the most powerful Western states to properly manage difficult economic and social processes, while being unable to present a convincing long-term development strategy. Therefore, the sensational statements of Foreign Policy and various research groups of sociologists and economists about the approach of an “anti-elite rebellion” are hardly a surprise.

Vladimir Odintsov, expert politologist, exclusively for the online magazine ‘New Eastern Outlook’.

lundi, 19 février 2018

Entretien d'Alain Santacreu avec la revue Rébellion

santacreu-1.jpg

Entretien d'Alain Santacreu avec la revue Rébellion

Ex: http://www.contrelitterature.com

RÉBELLION : Pourriez-vous présenter votre parcours dans une courte introduction ?

ALAIN SANTACREU : Je suis né à Toulouse, au mitan du dernier siècle. Mes parents étaient des ouvriers catalans, arrivés en France en 1939, en tant que réfugiés politiques. J’ai vécu toute mon enfance et mon adolescence dans cette ville. J’y ai fait mes études, depuis l’école des Sept-Deniers jusqu’à l’ancienne Faculté des Lettres de la rue des Lois, en passant par le lycée Pierre de Fermat et le lycée Nord. C’est au Conservatoire de Toulouse, dans la classe de Simone Turck, que j’ai commencé ma formation théâtrale.


Je me suis marié très jeune et j’ai dû quitter Toulouse. Durant quelques années, j’ai joué dans diverses compagnies théâtrales de l’Est de la France. J’ai aussi été directeur d’un centre culturel, près de Belfort. Finalement, je suis devenu enseignant et j’ai exercé dans des établissements de la région parisienne. C’est au cours de cette période que j’ai écrit mes premiers textes et fondé la revue Contrelittérature. Par la suite mes activités éditoriales se sont diversifiées et, tout en publiant un premier roman et un recueil d’essais, j’ai di­ri­gé plu­sieurs ou­vrages col­lec­tifs sur l’art et la spi­ri­tua­li­té, dans le cadre de la collection « Contrelittérature » aux éditions L’Harmattan. Quant à mon parcours intellectuel proprement dit, je l’aborderai en répondant à vos autres questions.


AS-l2.jpgR/ Dans votre dernier roman Opera Palas vous placez le lecteur dans une posture opérative originale. Pensez-vous que le regard du lecteur « fait » vraiment un roman ?

AS/ Toute la stratégie romanesque d’Opera Palas tourne autour de la phrase célèbre de Marcel Duchamp : « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux ». C’est un commentaire qu’il a prononcé à propos de ses ready-made [1]. On sait que le ready made inventé par Duchamp est un vulgaire objet préfabriqué, prêt à l’emploi, comme son célèbre urinoir, « Fontaine », devenu un chef-d’oeuvre de l’art du XXe siècle.


  Toute oeuvre d’art a deux pôles : le pôle de celui qui fait l’oeuvre et le pôle de celui qui la regarde. Dans le ready made, l’artiste s’efface du pôle créatif puisqu’il ne réalise pas l’objet « tout fait » qu’il donne à voir. Dès lors, la production de l’oeuvre ne dépend plus que du second pôle, du regardeur, celui de la réception. Ainsi, le ready made de Duchamp démontre que le goût esthétique n’est que la projection de l’ego du regardeur sur l’oeuvre.


  Le spectacle – ce que j’appelle « littérature », comme j’aurai l’occasion de l’expliciter – est le pouvoir qui veut que je tienne mon rôle dans le jeu social dont il est l’unique metteur en scène. S’opposer à la volonté du spectacle, c’est donc mourir à soi-même, renoncer à ce faisceau de rôles qui me constitue, devenir réfractaire à cette image que la société me renvoie. Un texte signé Alaric Levant, paru récemment sur votre site internet, affirme que ce travail sur soi est un acte révolutionnaire : « Aujourd’hui, nous sommes face à une barricade bien plus difficile à franchir que celle des CRS : c’est l’Ego, c’est-à-dire la représentation que l’on a de soi-même »[2].


  La démarche de Duchamp vise à nous extraire de la perspective spectaculaire, en cela elle annonce le situationnisme, la dernière avant-garde artistique et politique qui se soit manifestée dans notre société contemporaine. Le pouvoir du regardeur de décider si une pissotière est une oeuvre d’art est factice ; en réalité, c’est dans les coulisses que le meneur du spectacle décide de la seule norme esthétique qui puisse me faire exister au regard des autres.


  Ainsi, les œuvres de l’art fonctionnent comme un immense kaléidoscope de miroirs que le regardeur manipule afin de customiser l’image qu’il a de lui-même. Plus encore : pour la pensée aliénée toute chose n’est que ready-made, marchandise « prête à l’emploi ». Votre goût esthétique est tout simplement le signe que vous êtes un moderne comme tout le monde. Si vous voulez être intégré dans le spectacle, vous devez vous conformer à l’exercice obligatoire de la différenciation mimétique – pour le dire à la manière de René Girard – de façon à vous assurer que vous appartenez bien à la classe de loisir – pour le dire à la manière de Thorstein Veblen.


 Opera Palas est l’équivalent contre-littéraire du ready-made duchampien. Marcel Duchamp est un protagoniste du roman et son oeuvre maîtresse, La mariée mise à nu par ses célibataires, même – aussi appelée Le Grand verre – est l’élément déclencheur du récit. La vanité de vouloir jouer un rôle dans la société du spectacle, la quête du succès et son obtention, Duchamp les a analysées dans son oeuvre majeure.


  En lisant, le lecteur est renvoyé à son propre acte interprétatif, le roman est le miroir de sa pensée. Cela est rendu possible parce que le moi du narrateur anonyme du roman s’efface au fur et à mesure qu’avance le récit. En effet, une véritable opération alchimique se joue entre le narrateur et son double : Palas.


  Le personnage de Palas est le nom générique de tous les lecteurs zélés d’Opera Palas. Il y a deux types possibles de lecteur. Le premier est celui qui se conforte dans la certitude de son moi, le lecteur aliéné qui réagit à partir du prêt-à-penser que la « littérature » lui a inculqué – pour celui-là, ce roman n’est pas un roman et il renoncera très vite à le lire ou même, sous l’emprise de son propre conditionnement idéologique, il l’interprètera comme antisémite, fasciste, homophobe ou conspirationniste. Le second type de lecteur est celui dont le zèle lui permet d’entrer en relation avec l’œuvre, d’établir un dialogue avec elle et de faire de sa lecture une opération de désaliénation de sa pensée. Le lecteur zélé accepte la mise en danger d’une lecture cathartique qui l’amène à oser se regarder lire.


  Lorsque le lecteur referme Opera Palas, il prend conscience qu’il n’a fait qu’un tour sur lui-même, étant donné que la dernière page du roman est la description de l’icône qui illustre la couverture du livre. C’est alors qu’il peut traverser le miroir.


AS-l4CL.jpgR/ Comment définir votre démarche de "Contre-Littérature" ?

AS/ Le texte germinatif de la contrelittérature est Le manifeste contrelittéraire. Ce texte est d’abord paru, en février 1999, dans le n°48 de la revue Alexandre dirigée par André Murcie ; puis, quelques mois plus tard, en postface de mon premier roman, Les sept fils du derviche, (Éditions Jean Curutchet, 1999). Par la suite, il sera repris et étayé dans l’ouvrage éponyme, paru en 2005 aux éditions du Rocher : La contrelittérature : un manifeste pour l’esprit. Dès le début, j’ai préféré lexicaliser le terme pour le différencier du mot composé « contre-littérature » déjà employé par la critique littéraire officielle.


  La contrelittérature est donc née à la fin du XXe siècle, pendant cette période d’unipolarisation du monde dans laquelle Fukuyama disait voir la « fin de l’histoire ». L’idéologie postmoderne du consensus global a été façonnée, dès le XVIIIe, par une Weltanschauung qu’Alexis Tocqueville, dans L’Ancien Régime et la Révolution, nomme « l’esprit littéraire » de la modernité. En deux siècles, la littérature avait si intensément « homogénéisé » la pensée, qu’à l’orée du XXIe siècle, une pensée hétérogène, contradictoire, était presque devenue impensable ; d’où la nécessité d’inventer un néologisme pour désigner cet impensable, ce fut : « contrelittérature ».
  Cela se fit à partir de la découverte de la logique du contradictoire de Stéphane Lupasco. Pour la contrelittérature, Stéphane Lupasco est un maillon d’une catena aurea qui se manifeste avec Héraclite et les présocratiques, en passant aussi, comme nous le verrons, par Pierre-Joseph Proudhon, un auteur très important dans ma démarche.


  Il faut partir de la définition la plus large possible : la littérature, c’est non seulement le corpus de tous les récits à travers lesquels une civilisation se raconte, mais encore tous les textes poétiques où elle prend conscience de son propre être et cherche à le transformer. La littérature doit être perçue comme un organisme vivant, un système dynamique d’antagonismes, pour reprendre la terminologie lupascienne, dont la production dépend de deux sources d’inspiration contraires : une force « homogénéisante » en relation avec les notions d’uniformité, de conservation, de permanence, de répétition, de nivellement, de monotonie, d’égalité, de rationalité, etc. ; et, à l’opposé, une force « hétérogénéisante » en relation avec les notions de diversité, de différenciation, de changement, de dissemblance, d’inégalité, de variation, d’irrationnalité, etc. Ce principe d’antagonisme a été annihilé par la littérature moderne qui a imposé l’actualisation absolue de son principe d’homogénéisation et ainsi tenté d’effacer le pôle de son contraire, l’hétérogène « contrelittéraire ».


  AS-l1.jpgTous les romans étaient devenus semblables, de plates « egobiographies » sans âme, il fallait verticaliser l’horizontalité carcérale à laquelle on voulait nous condamner, retrouver la sacralité de la vie contre sa profanation imposée. C’est pourquoi, dans une première phase, nous nous sommes attachés à valoriser l’impensé de la littérature, le récit mystique qui se fonde sur la désappropriation de l’ego. D’où la redécouverte du roman arthurien et de la quête du graal, la revisitation des grands mystiques de toutes sensibilités religieuses – par exemple le soufisme dans mon premier roman, Les sept fils du derviche. Cela a pu conforter l’image fausse d’une contrelittérature confite en spiritualité et se complaisant dans une forme d’ésotérisme. Très peu ont réellement perçu la dimension révolutionnaire de la contrelittérature.


  La contrelittérature est une tentative pour redynamiser le système antagoniste de la littérature. Il est évident que ce point d’équilibre des deux sources d’inspiration exerce une attraction sur tous les « grands écrivains ». Leurs oeuvres contiennent les deux antagonismes dans des proportions différentes mais tournent toutes autour de ce « foyer » de mise en tension. Il serait stupide de se demander si un écrivain est « contrelittéraire ». Toute création contient nécessairement à la fois des éléments littéraires et contrelittéraires. C’est le quantum antagoniste qui varie, c’est-à-dire le point de la plus haute tension entre les antagonismes constitutifs de l’oeuvre.


  On ne peut percevoir la liberté qu’en surplomblant les contraires, en les envisageant ensemble, d’un seul regard, sans en exclure un au bénéfice de l’autre. Telle est la perpective romanesque d’Opera Palas. Mon roman se construit en effet sur une série d’antagonismes. J’en citerai quelques-uns : la cabale de la puissance et la cabale de l’amour, le bolchévisme stalinien et le slavophilisme de Khomiakov, le sionisme de Buber et le sionisme de Jabotinsky, l’individu (le moi) et la commune (le non-moi, le je collectif) ; le nationalisme politique et le nationalisme de l’intériorité, l’éros et l’agapé ; sans oublier, pour finir, le couplage scandaleux entre Buenaventura Durruti et José Antonio Primo de Rivera, les ennemis politiques absolus.


  Ainsi, la contrelittérature reprend le projet fondamental du Manifeste du Surréalisme d’André Breton, à partir du point où les surréalistes l’ont abandonné en choisissant le stalinisme : « Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l’esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement. Or c'est en vain qu'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point. »


  Le plus haut drame de l’homme, ce n’est pas tant To be or not to be mais bien plutôt To be and not to be. La vraie quête initiatique est celle de ce point d’équilibre entre l’être et le non-être, c’est cela le grand retour du tragique, un lieu où la tension entre les contraires est si intense que nous passons sur un autre plan : un saut de réalité où les contraires entrent en dialogue.


R/ Votre démarche se rapproche pour moi de l'ABC de la lecture d'Ezra Pound. Ce prodigieux poète est-il une influence pour vous ?

AS/ L’ABC de la lecture est un génial manuel de propédeutique à l’usage des étudiants en littérature. On y trouve des réflexions d’une clarté fulgurante, telle cette phrase qui vous plonge dans un puits de lumière : « Toute idée générale ressemble à un chèque bancaire. Sa valeur dépend de celui qui le reçoit. Si M. Rockefeller signe un chèque d’un million de dollars, il est bon. Si je fais un chèque d’un million, c’est une blague, une mystification, il n’a aucune valeur. » [3]


  On voit que, pour Ezra Pound aussi, c’est le récepteur qui accorde son crédit à l’émetteur. Si un milliardaire émet un gros chèque, le récepteur l’estime tout de suite valable ; mais, par contre, si le même chèque est émis par un vulgaire péquenot, ce n’est pas crédible. On retrouve ici l’interrogation de la pissotière de Duchamp, qu’est-ce qui en fait une oeuvre d’art pour le regardeur ?


  Bien sûr, ce n’est pas exactement ce que veut signifier Pound dans cette phrase de son ABC de la lecture mais je l’ai citée à cause de son allusion « économique », thème prégnant dans d’autres de ses ouvrages. Je pense à un livre comme Travail et usure ou encore au Canto XLV.


  EP-ABC-de-la-lecture_8103.jpgEzra Pound est un des grands prédécesseurs de la contrelittérature. C’est à partir de lui que j’ai compris la similarité du processus d’homogénéisation de la littérature avec celui de l’usure. Pound a perçu de façon très subtile le phénomène de l’ « argent fictif ». Il insiste dans ses écrits sur la constitution et le développement de la Banque d’Angleterre, modèle du système bancaire moderne né en pays protestant où l’usure avait été autorisée par Élisabeth Tudor en 1571.


  Pour comprendre la nature métaphysique du sacrilège qu’Ezra Pound dénonce sous le concept d’usure, il faudrait se reporter au onzième chant de L’Enfer de Dante – La Divine Comédie est une référence constante dans Les Cantos – qui condamne en même temps les usuriers et les sodomites pour avoir péché contre la bonté de la nature (« spregiando natura e sua bontade »). J’ai moi-même repris ce parallèle dans mon roman Opera Palas en relevant la synchronicité, durant la seconde partie du XVIIIe siècle, de l’émergence des clubs d’homosexuels – équivalents des molly houses – avec l’officialisation de l’usure bancaire – décret du 12 octobre 1789 autorisant le prêt à intérêt.


  C’est en 1787, dans ses Éléments de littérature, que François de Marmontel utilisa pour la première fois le terme « littérature » au sens moderne. Il ne me semble pas que ce phénomène de la concomitance entre la littérature et l’usure ait jamais été pris en compte ni étudié avant la contrelittérature [4].


  Le concept poundien d’Usura ne se laisse pas circonscrire aux seuls effets de l’économie capitaliste. Dans la société contemporaine globalisée, tous les signes sont devenus des métonymies du signe monétaire, à commencer par les mots de la langue, arbitraires et sans valeur.


  L’usure littéraire consiste à vider les mots de leur sens pour leur prêter un sens abstrait. Usura entraîne le progrès de l’abstraction, c’est-à-dire de la séparation – en latin abstrahere signifie retirer, séparer. Usura ouvre le monde de la réalité virtuelle et referme celui de la présence réelle. Par l’usure, l’homme se retrouve séparé du monde.


Durant l’été 1912, Ezra Pound parcourut à pied les paysages du sud de la France, sur les pas des troubadours, afin de s’incorporer les lieux topographiques du jaillissement de la langue d’oc. La poésie poundienne est un combat contre l’usure. Chaque point de l’espace devient un omphalos, un lieu d’émanation du verbe, chaque pas une station hiératique. Ainsi est dépassée l’entropie littéraire du mot, l’érosion du sens par l’usure répétitive.


  Ce que Pound, lecteur de Dante, nomme « Provence », correspond géographiquement à l’Occitanie et à la Catalogne. Ce pays évoquait pour lui une civilisation médiévale de l’amour qui s’oppose au capitalisme moderne. L’amour est le contraire de l’usure.


  GB-Labespa.jpgCependant, Pound n’a pas su reconnaître la surrection du catharisme des troubadours dans l’anarchisme espagnol, ce que Gerald Brenan a très bien vu dans son Labyrinthe espagnol [5]. J’ai soutenu dans Opera Palas cette vision millénariste de la révolution sociale espagnole.


  À mes yeux, la véritable trahison politique d’Ezra Pound ne se trouve pas tant dans les causeries qu’il donna sur Radio Rome, entre 1936 et 1944, la plupart consacrées à la littérature et à l’économie, mais dans son aveuglement face à ce moment métahistorique que fut la guerre d’Espagne. Comment n’a-t-il pas vu qu’Usura n’était plus dans les collectivités aragonaises et les usines autogérées de Catalogne ? Comment n’a-t-il pas entendu d’où soufflait le vent du romancero épique, la poésie de Federico García Lorca, d’Antonio Machado, de Rafael Alberti, de Miguel Hernández?

 

R/ La notion de tradition apparaît dans vos écrits depuis l’origine. Quelle définition en donneriez-vous ? Quel est votre rapport à l’oeuvre de Guénon ?

AS/ Selon moi, le paradigme essentiel de la tradition réside dans la notion d’anthropologie ternaire, tout le reste n’est que littérature ésotérique.


  Jusqu’à la fin de la période romane, soit l’articulation des XIIe et XIIIe siècles, la « tripartition anthropologique » a été la référence de notre civilisation chrétienne occidentale [6]. La structure trinitaire de l’homme – Corps-Âme-Esprit – fut simultanément transmise à la « science romane » par les sources grecque et hébraïque. Sans doute, le ternaire grec, « soma-psyché-pneuma », ne correspond-il pas exactement au ternaire hébreu, « gouf-nephesh-rouach », mais les deux se fondent sur une tradition fondamentale qui inclut le spirituel dans l’homme.


  Dieu est immanent à l’esprit, mais il est transcendant à l’homme psycho-corporel, telle est l’aporie devant laquelle nous place cette « tradition primordiale » dont parle René Guénon. L’esprit n’est pas humain mais divino-humain ; ou, plus précisément, il est le lieu de la rencontre entre la nature divine et la nature humaine. Il n’y a pas de vie spirituelle sans Dieu et l’homme. C’est comme faire l’amour : il faut être deux ! C’est pourquoi une « spiritualité » laïque ne sera jamais qu’un onanisme de l’esprit.


  Martin-Buber-58.jpgCette tradition dialogique entre l’incréé et le créé m’évoque le mot principe « Je-Tu » de Martin Buber. L’existence humaine se joue, selon Buber, entre deux mots principes qui sont deux relations antagonistes : « Je-Tu » et « Je-Cela ». Le mot-principe Je-Tu ne peut être prononcé que par l’être entier mais, au contraire, le mot-principe Je-Cela ne peut jamais l’être : « Dire Tu, c’est n’avoir aucune chose pour objet. Car où il y a une chose, il y a autre chose ; chaque Cela confine à d’autres Cela. Cela n’existe que parce qu’il est limité par d’autres Cela. Mais là où l’on dit Tu, il n’y a aucune chose. Tu ne confine à rien. Celui qui dit Tu n’a aucune chose, il n’a rien. Mais il est dans la relation. » [7]


  Cependant, si Buber oppose ainsi le monde du Cela au monde du Tu, il ne méprise pas pour autant un monde au détriment de l’autre. Il met en évidence leur nécessaire antagonisme. L’homme ne peut vivre sans le Cela mais, s’il ne vit qu’avec le Cela, il ne peut réaliser sa vocation d’homme, il demeure le « Vieil homme » et sa misérable vie, dénuée de la Présence réelle, l’ensevelit dans une réalité irreliée.


  À l’intérieur de la relation du mot principe « Je-Tu », nous rentrons dans l’ordre du symbole. Le symbole est un langage qui nous permet de saisir l’immanence de la transcendance. Il n’est pas une représentation, il réalise une présence. La Présence divine ne peut être représentée, elle est toujours là.


  L’effacement de la conception tripartite de l’homme correspond à la période liminaire de la mécanisation moderne de la technique. Le XIIIe siècle marque ce point d’inflexion du passage à la modernité. C’est durant la crise du XIIIe siècle, comme l’a appelée Claude Tresmontant [8], que la pensée du signe va remplacer la pensée du symbole. Le mot pour l’esprit bourgeois n’est pas l’expression du Verbe, il est un signe arbitraire qui lui permet de désigner l’avoir, la marchandise.


  La logique du symbole est une logique du contradictoire. René Guénon, dans un de ses articles [9], affirme qu’un même symbole peut être pris en deux sens qui sont opposés l’un à l’autre. Les deux aspects antagoniques du symbole sont liés entre eux par un rapport d’opposition, si bien que l’un d’eux se présente comme l’inverse, le « négatif » de l’autre. Ainsi, nous retrouvons dans la structure du symbole ce point de passage, situé hors de l’espace-temps, en lequel s’opère la transformation des contraires en complémentaires.


  guenon-author-pg-image-3bis.jpgLa découverte de l’oeuvre de René Guénon a été décisive dans mon cheminement. Mes parents étaient des anarchistes espagnols et j’ai lu Proudhon, Bakounine et Kropotkine bien avant de lire Guénon. C’est la lecture de René Guénon qui m’a permis de me libérer de la pesanteur de l’idéologie anarchiste.


  Toute erreur moderne n’est que la négation d’une vérité traditionnelle incomprise ou défigurée. Au cours de l’involution du cycle, le rejet d’une grille de lecture métaphysique du monde a provoqué la subversion de l’idée acrate, si chère à Jünger, et sa transformation en idéologie anarchiste. La négation des archétypes inversés de la bourgeoisie, à laquelle s’est justement livrée la révolte anarchiste ne pouvait qu’aboutir à un nihilisme indéfini, puisque son apriorisme idéologique lui interdisait la découverte des « archés » véritables. Cette incapacité fut l’aveu de son impuissance spirituelle à dépasser le système bourgeois. La négation du centre, perçu comme principe de l’autorité, au bénéfice d’une périphérie présupposée non-autoritaire, est l’expression d’une pensée dualiste dont la bourgeoisie elle-même est issue. La logique du symbole transmise par René Guénon ouvre une autre perspective où la tradition se conjugue à la révolution.

AS-porJP.jpg

R/ Vous avez croisé la route de Jean Parvulesco. Pouvez-vous revenir sur cette personnalité flamboyante qui fut un ami fidéle de Rébellion ?

AS/ Jean Parvulesco et moi ne cheminions pas dans le même sens et nous nous sommes croisés, ce fut un miracle dans ma vie. Il est la plus belle rencontre que j’ai faite sur la talvera. Savez-vous ce qu’est la talvera ?


  Les paysans du Midi appellent « talvera » cette partie du champ cultivé qui reste éternellement vierge car c’est l’espace où tourne la charrue, à l’extrémité de chaque raie labourée. Le grand écrivain occitan Jean Boudou a écrit un poème intitulé La talvera où l’on trouve ce vers admirable : « C’est sur la talvera qu’est la liberté » (Es sus la talvèra qu’es la libertat).


  AS-l3.jpgMon intérêt pour la notion de talvera a été suscité par la lecture du sociologue libertaire Yvon Bourdet [10]. La talvera est l’espace du renversement perpétuel du sens, de sa reprise infinie, de son éternel retournement. Elle est la marge nécessaire à la recouvrance du sens perdu, à l’orientation donnée par le centre. Loin de nier le centre, la talvera le rend vivant. La conscience de la vie devenue de plus en plus périphérique, notre aliénation serait irréversible s’il n’y avait un lieu pour concevoir la rencontre, un corps matriciel où l’être, exilé aux confins de son état d’existence, puisse de nouveau se trouver relié à son principe. Sur la talvera se trouve l’éternel féminin de notre liberté, cette dimension mariale que Jean Parvulesco vénérait tant. C’est là que nous nous sommes rencontrés.


  Jean Parvulesco était un « homme différencié », au sens où l’entendait Julius Evola. Il appartenait à cette race spirituelle engagée dans un combat apocalyptique contre la horde des « hommes plats ». Ce fut le dernier « maître de la romance ». Il est l’actualisation absolue de la contrelittérature. C’est-à-dire que Parvulesco inverse totalement le rapport littérature-contrelittérature. Son oeuvre à contre-courant potentialise l’horizontalité littéraire et actualise la verticalité contrelittéraire, pour employer la terminologie de Lupasco. D’un certain point de vue, Jean Parvulesco incarne le contraire de la littérature.


  Je comprends aujourd’hui combien ma rencontre avec Parvulesco a été cruciale. Si notre éloignement m’est apparu comme une nécessité, j’ai su intérioriser sa présence, la rendre indispensable à ma propre démarche.


  J’ai relu l’autre jour le texte qui a été la cause de notre séparation. C’était durant l’hiver 2002, son article s’intitulait « L’autre Heidegger » et aurait dû paraître dans le n° 8 de la revue Contrelittérature mais j’ai osé le lui refuser [11]. Parvulesco s’y interroge sur la véritable signification de l’œuvre d’Heidegger. Il soutient que la philosophie n’était qu’un moyen pour dissimuler un travail initiatique qu’Heidegger menait sur lui-même et qui se poursuivit jusqu’à son appel à la poésie d’Hölderlin, ultime phase de son oeuvre que Parvulesco nomme son « irrationalisme dogmatique ».


  Or, ma démarche se résume à cette quête du point d’équilibre entre le rationalisme dogmatique des Lumières et l’irrationalisme dogmatique des anti-Lumières, ce point de la plus haute tension entre la littérature et la contrelittérature, alors que Jean Parvulesco incarnait le pôle contrelittéraire absolu.


  JP-5chsecret.jpgOn ne lit pas Jean Parvulesco sans crainte ni tremblement : la voie chrétienne qui s’y découvre est celle de la main gauche, un tantrisme marial aux limites de la transgression dogmatique. Son style crée dans notre langue française une langue étrangère au phrasé boréal. Mon ami, le romancier Jean-Marc Tisserant, qui l’admirait, me disait que Parvulesco était l’ombre portée de la contrelittérature en son midi : « Vous ne parlez pas de la même chose ni du même lieu », me confia-t-il lors de la dernière conversation que j'eus avec lui. Il est vrai que Parvulesco, à partir de notre séparation, a choisi d’orthographier « contre-littérature », en mot composé – sauf dans le petit ouvrage, Cinq chemins secrets dans la nuit, paru en 2007 aux éditions DVX, qu'il m'a dédié ainsi : « Pour Alain Santacreu et sa contrelittérature ».


  J’ai repris dans le texte de mon roman, pour les trois seules occurrences où le mot apparaît, cette graphie « contre-littérature ». Ce mot désignait à ses yeux le combat pour l’être. Oui, finalement, la seule réalité qui vaille, c’est la réalité de ce combat. Il ne faut pas refuser de se battre, si l’on veut vaincre les forces antagonistes !


  Ma rencontre avec Jean Parvulesco n’a pas été une « mérencontre », pour reprendre l’expression de Martin Buber, c’est-à-dire une rencontre qui aurait dû être et ne se serait pas faite. Notre rencontre a bien eu lieu, je l’ai compris en écrivant mon roman : Opera Palas, c’est l’accomplissement de ma rencontre avec Jean Parvulesco.


R/ Pour vous, comme pour Orwell, l’histoire s’arrête en 1936. Pourquoi ? Vous évoquez dans votre roman l’expérience de l’anarcho-syndicalisme de la CNT-AIT espagnole. Cette vision fédéraliste et libertaire est-elle la voie pour sortir de l’Âge de fer capitaliste ?

AS/ Comment faire pour s’extraire de l’« Âge de fer » capitaliste ? Alexandre Douguine [12] pense qu’il faut partir de la postmodernité – cette période qui, selon Francis Fukuyama, correspond à la « fin de l’histoire » – mais il commet une erreur de perspective : il faut partir du moment où l’histoire s’est arrêtée.


  Selon Douguine, la chute de Berlin, en 1989, marque l’entrée de l’humanité dans l’ère postmoderne. La dernière décennie du XXe siècle aurait vu la victoire de la Première théorie politique de la modernité, le libéralisme, contre la Deuxième, celle du communisme – la Troisième théorie politique, le fascisme, ayant disparu avec la défaite du nazisme.


  GO-backSP.jpgJe ne partage pas ce point de vue. Il n’y a pas eu de victoire de la Première théorie sur la Deuxième mais une fusion des deux dans un capitalisme d’État mondialisé. La postmodernité est anhistorique parce que l’histoire s’est arrêtée en 1936. C’est cela que j’ai voulu montrer avec Opera Palas. Le prétexte de mon roman est une phrase de George Orwell « Je me rappelle avoir dit un jour à Arthur Koestler : L’histoire s’est arrêtée en 1936. » Orwell écrit ces mots en 1942, dans un article intitulé « Looking Back on the Spanish War » (Réflexions sur la guerre d’Espagne). Et il poursuit : « En Espagne, pour la première fois, j’ai vu des articles de journaux qui n’avaient aucun rapport avec les faits, ni même l’allure d’un mensonge ordinaire. » Ainsi, parce que la guerre d’Espagne marque la substitution du mensonge médiatique à la vérité objective, l’histoire s’arrête et la période postmoderne s’ouvre alors.


  En 1936, contrairement à l’information unanimement répercutée par toute la presse internationale, les ouvriers et paysans espagnols ne se soulevèrent pas contre le fascisme au nom de la « démocratie » ni pour sauver la République bourgeoise ; leur résistance héroïque visait à instaurer une révolution sociale radicale. Les paysans saisirent la terre, les ouvriers s’emparèrent des usines et des moyens de transports. Obéissant à un mouvement spontané, très vite soutenu par les anarcho-syndicalistes de la CNT-FAI, les ouvriers des villes et des campagnes opérèrent une transformation radicale des conditions sociales et économiques. En quelques mois, une révolution communiste libertaire réalisa les théories du fédéralisme anarchiste préconisées par Proudhon et Bakounine. C’est cette réalité révolutionnaire que la presse antifasciste internationale reçut pour mission de camoufler. Du côté franquiste, la presse catholique et fasciste se livra aussi à une intense propagande de désinformation. À Paris, à Londres, comme à Washington ou à Moscou, la communication de guerre passa par le storytelling, la « mise en récit » d’une histoire qui présentait les événements à la manière que l’on voulait imposer à l’opinion. L’alliance des trois théories politiques a voulu détruire en Espagne la capacité communalisante du peuple. Ce que le bolchévisme avait fait subir au peuple russe, il est venu le réitérer en toute impunité en Espagne. C’est pourquoi je fais dans mon roman un parallèle entre les deux événements métahistoriques du XXe siècle où l’âme « communiste » des peuples a été annihilée : Cronstadt, en 1921 et Barcelone, lors des journées sanglantes de mai 1937.

marinsKst.jpg

Cronstadt voulait faire revivre le mir (commune rurale) et l’artel (coopérative ouvrière). Supprimer le mir archaïque signifiait supprimer des millions de paysans, c’est ce que firent les bolchéviques, par le crime et la famine.


  Comme en Russie, les bolchéviques furent les fossoyeurs de la révolution sociale espagnole. Il suffit pour s’en convaincre de lire Spain Betrayed de Ronald Radosh, Mary R. Habeck et Grigory Sevostianov, un ouvrage qui procède au dépouillement systématique des dernières archives consacrées à la guerre d’Espagne, ouvertes à Moscou (Komintern, Politburo, NKVD – police politique et GRU – service d’espionnage de l’armée) [13]. Ainsi, bien au contraire de ce que dit Alexandre Douguine, si l’on prend la Guerre d’Espagne comme point focal, on comprend qu’il n’y a pas eu combat mais connivence entre les trois théories politiques de la modernité.


  La vision fédéraliste et libertaire reste la seule méthode de guérison pour ranimer la capacité communalisante du peuple et lui permettre de retrouver son instinct de solidarité et de liberté.


  L’anarcho-syndicalisme de la CNT espagnole n’a pas réussi à s’extraire de l’idéologie anarchiste pour s’ouvrir à l’esprit traditionnel de l’idée libertaire. C’est justement cette opération utopique – ou plutôt uchronique – que tente de mettre en place un des protagonistes du roman : Julius Wood.

DurrutiJAnt.jpg

Opera Palas établit un couplage insensé entre Buenaventura Durruti et José Antonio Primo de Rivera, une mise en relation scandaleuse et paradoxale qui prend à revers la notion même du politique telle que la résume Carl Schmitt dans cette phrase : « La distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques, c’est la distinction de l’ami et de l’ennemi. » [14]


  Le fédéralisme proudhonien repose sur cette mise en dialectique des contraires. Dans la pensée de Proudhon, le passage de l’anarchisme au fédéralisme est lié à cette recherche d’un équilibre entre l’autorité et la liberté dont un État garant du contrat mutualiste doit préserver l’harmonie.


  pal-Ginq.jpgOn se rappellera la légende du « Grand Inquisiteur » que Dostoïevski a enchâssée dans Les Frères Karamazov : le Christ réapparaît dans une rue de Séville, à la fin du XVe siècle et, le reconnaissant, le Grand Inquisiteur le fait arrêter. La nuit, dans sa geôle, il vient reprocher au Christ la « folie » du christianisme : la liberté pour l’homme de se déifier en se tournant vers Dieu.


  Dans ce récit se trouve la quintessence du mystère du socialisme. Choisir les idées du Grand inquisiteur, comme le fera Carl Schmitt [15], qui en cela se révèle non seulement catholique mais « marxiste », c’est le socialisme d’État ; Bakounine, lui, à l’image de Tolstoï, choisit le Christ contre l’État, et c’est le socialisme anarchiste. Dépasser la contradiction entre Schmitt et Bakounine par la dialectique proudhonienne, telle est la théorie politique de l’avenir.

______________________

NOTES

[1] Marcel Duchamp, Ingénieur du temps perdu, Belfond, 1977, p. 122.

[2] Alaric Levant, « Une révolution de l’intérieur… pour faire avancer notre idéal ? » : http://rebellion-sre.fr/revolution-de-linterieur-faire-av....

[3] Ezra Pound, ABC de la lecture, coll. « Omnia », Éditions Bartillat, 2011, p. 27.

[4] Cf. « Talvera et Usura » paru dans Contrelittérature n° 17, Hiver 2006. Texte repris et développé dans le recueil d’essais Au coeur de la talvera, Arma Artis, 2010.

[5] Gerald Brenan, Le labyrinthe espagnol. Origines sociales et politiques de la guerre civile, Éditions Ruedo Ibérico, 1962.

[6] Jean Borella, « La tripartition anthropologique », in La Charité profanée, Éditions du Cèdre/DMM, 1979, pp.117-133.

[7] Martin Buber, « Je et Tu » in La Vie en dialogue, Aubier 1968, p. 8.

[8] Claude Tresmontant, La métaphysique du christianisme et la crise du treizième siècle, Éditions du Seuil, 1964.

[9] René Guénon, « Le renversement des symboles » in Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, chap. XXX.

[10] Yvon Bourdet, L’espace de l’autogestion, Galilée, 1979.

[11] Cet article a été intégré dans l’ouvrage de Jean Parvulesco, La confirmation boréale, Alexipharmaque éditions, 2012, pp. 223-229.

[12] Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique, Ars Magna Éditions, 2012.

[13] Édité en 2001, aux éditions Yale University, l’ouvrage est paru en Espagnol, en 2002, sous le titre España traicionada, mais n’a toujours pas été traduit en français.

[14] Carl Schmitt, La notion du politique, Calmann-Lévy, 1972, note 1, p.
66.

[15] Cf. Théodore Paléologue, Sous l’œil du grand inquisiteur : Carl Schmitt et l'héritage de la théologie politique, Cerf, 2004.

lundi, 28 mars 2016

Les «rebelles» en plastoc

playmobil-pirate-feroce.jpg

Les «rebelles» en plastoc

Ex: http://www.oragesdacier.info

 
Après les événements de La Manif pour Tous et de la loi Taubira, Le Figaro n’hésitait pas à écrire un article sur « Cathos et rebelles », montrant une nouvelle génération issue de la contestation « de droite ». Parmi ces personnes figurait Madeleine de Jessey, espérant naïvement reprendre l’espace public afin de mêler le spirituel au temporel et faire avancer les idées des contestataires de La Manif pour Tous au sein de l’UMP. C’est ainsi que Sens commun prit naissance, pour finalement être à l’image du mouvement, suivre le sens commun imposé par la droite libérale républicaine dans laquelle elle a été intégrée et noyée. 
 
Ces propos liminaires n’ont pas pour vocation d’attaquer Sens commun gratuitement (« on ne tire pas sur une ambulance »), mais bien de mettre en avant le déficit idéologique de la droite libérale ou « droite d’affaires » qui n’est visible aujourd’hui seulement parce qu’elle a été sauvée par les socialistes lors des élections régionales. Il est quand même fascinant de voir un Premier ministre faire campagne (car ce n’est pas son rôle), et encore plus de le voir appeler expressément à voter pour le camp – supposé – rival afin de faire barrage à un parti qui cumule dès à présent 9 millions d’électeurs à lui tout seul. Ce qui ne fait d’ailleurs qu’entériner le fait que la droite libérale et la gauche dite socialiste ne sont que les deux faces d’une pièce libérale et cosmopolite. 
 
Depuis les événements liés à la loi Taubira jusqu’à la tragique soirée du 13 novembre 2015, il a pu être observé, comme à chaque débat de société, un jeu de communication politique entre les gentils bienveillants et manichéens pour un monde meilleur, puis l’opposition politique (qui reprendra le même rôle dans le cadre d’une alternance). Quoi qu’il en soit, quand la déconstruction est à l’œuvre, rien dans l’opposition politique ne permet une politique formelle de contestation constructive ni de proposition alternative. Tout simplement parce que le fossé idéologique qui devrait les séparer n’existe plus, et cela depuis bien des années.Cependant, le « droitard » ou homme de droite censé supposer incarner une « droite forte » y voit bien un jeu d’opposition, en fustigeant le Parti socialiste de l’antichristianisme, du clientélisme envers les musulmans, la lâcheté politique, l’immigration de masse. Certains ont même pu voir dans Laurent Wauquiez, Thierry Solère, Christian Estrosi ou encore Xavier Bertrand des révélations politiques de cette droite opposée aux socialistes, alors qu’ils sont simplement les moins détestés de tout le paysage politique de la droite libérale. Mais qu’ont-ils fait à propos des thèmes précédemment cités ? 
  • Sur l’antichristianisme ? Rien n’a été fait pour prévenir ou réprimer les actes de vandalisme des lieux chrétiens en France, quand un simple graffiti sur un autre lieu de culte fait se déplacer le ministre de l’Intérieur. Pire, c’est bien sous Sarkozy que des jeunes contestant les pièces de théâtre blasphématoire ont été envoyés par cars entiers aux commissariats. 
  • Sur le clientélisme des minorités ? Il ne faut pas oublier que c’est Chirac qui a créé la HALDE ; que c’est avec Sarkozy qu’a été créé le Conseil français du culte musulman (CFCM), tentative utopique de créer un « Islam de France », d’autant plus avec un Conseil piloté en sous-main par les Frères musulmans… 
  • Sur l’immigration de masse ? Chirac a permis le regroupement familial, quand Sarkozy, à travers un discours « droitiste » faisait entrer chaque année 200 000 clandestins (avec l’accord bienveillant des grands cartels et du MEDEF d’ailleurs…) 
  • Sur l’Europe ? Quand la France dit non à la Constitution européenne en 2005, Sarkozy ratifie le traité de Lisbonne (version similaire à 95% de la Constitution européenne) via le Parlement réuni en Congrès. Hollande en sera le continuateur avec le pacte budgétaire. 
  • Sur la lâcheté politique ? Qui désormais chez les Républicains a clairement pris position en faveur de l’abrogation du « mariage pour tous » ? Sens commun ? L’entrisme trotskyste et le désir de places s’est substitué à une position politique de circonstance. Pourquoi d’ailleurs abroger une loi qui était dans les cartons de l’UMP avec leur fameux contrat d’union civile. Lâcheté politique représentée aussi à travers tous les autres pans de la politique actuelle, et notamment sur la question des migrants clandestins, des mesures sécuritaires et liberticides, ou encore de l’Union européenne. 
Le désir « droitard » de se constituer en opposition politique doit être soit sincère (mais alors pathétique) soit totalement faux (et cynique), mais dans tous les cas, il est veule et lâche dans sa manière d’affronter les problèmes de la Cité. Il est surtout lâche en ce qu’il reprend les termes de son prétendu rival, à savoir à qui mieux mieux reprendra le terme de « républicain » (à la fois vide et sacré comme le constate le professeur Frédéric Rouvillois), et, en rejetant ce qu’il appelle comme « populisme » ce qui n’est que l’aspiration populaire au respect des valeurs communes et logiques dans le bon fonctionnement de la vie en communauté. 
 
Allez, tout n’est pas perdu pour le « droitard », il lui reste une solution, celle de devenir rebelle au sens « jüngerien » du terme. Dans « Le traité du Rebelle ou le recours aux forêts » (Der Waldgänger), Ernst JÜNGER dessine une nouvelle de ses figures. Le mot « Waldgänger » désigne le proscrit islandais du Haut Moyen Age scandinave qui se réfugiait dans les forêts. Exclu de la communauté, ce réprouvé pouvait être abattu par tout homme qui le croisait. Pour sa part, JÜNGER définit le Rebelle de la manière suivante : « Nous appelons ainsi celui qui, isolé et privé de sa patrie par la marche de l’univers, se voit enfin livré au néant. Tel pourrait être le destin d’un grand nombre d’hommes, et même de tous – il faut donc qu’un caractère s’y ajoute. C’est que le Rebelle est résolu à la résistance et forme le dessein d’engager la lutte, fût-elle sans espoir. Est Rebelle, par conséquent, quiconque est mis par la loi de sa nature en rapport avec la liberté, relation qui l’entraîne dans le temps à une révolte contre l’automatisme et à un refus d’en admettre la conséquence éthique, le fatalisme. A le prendre ainsi, nous serons aussitôt frappés par la place que tient le recours aux forêts, et dans la pensée, et dans la réalité de nos ans ». 
 
Nous ne prétendons pas être des rebelles, ni être mieux que les « droitards », la question n’a pas lieu d’être. Nous prétendons seulement que la véritable politique se fait en accord avec la décence commune chère à Georges Orwell et le « populisme » tel que Christopher Lasch l’a développé, c’est-à-dire que la politique doit se faire dans le respect et dans la même vision que l’attente populaire, fondée sur le respect des valeurs de la communauté, et, n’en déplaisent aux détracteurs, ce populisme ne se transcrit pas politiquement à travers un parti en particulier mais bien par la référence primordiale à la propriété privée, les libertés publiques, la fin de tout processus de déconstruction idéologique, la souveraineté et la protection de notre patrie.
 

playmobil-pirate-ventru-rouge.jpg

jeudi, 01 octobre 2015

Rébellion: nouvelle radicalité

tumblr_nve9h6BVMX1rnng97o1_500.jpg

Editorial : Pour une nouvelle radicalité !

Société : La vidéosurveillance - Argos Panoptès du monde moderne ( Marie Chancel)

Politique : Réflexion sur l'organisation de l'immigration de masse ( Patrick Visconti)

Ecologie : Entretien avec Nicolas Fabre sur le retour à la terre.

International : Entretien avec Dari Douguina du mouvement eurasiste.

Histoire : Déboulonnons le XVIII ème Siècle ( David l'Epée)

Cinéma : Le Cinéma français et sa critique, entre “chien-de-gardisme” et schizophrénie ( D. Colin)

Commande  4 euros (port compris) :

Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02

Contact : rebellion_larevue@yahoo.fr

vendredi, 26 septembre 2014

Rébellion n°65: spiritualité et engagement

rebellion, osre, spiritualité, engagement, militantisme, théologie, tradition, mondialisme,décomposition

Rébellion n°65:

Spiritualité et engagement

Au sommaire du numéro 65 de la revue Rébellion :

Edito : Théologie de la décomposition.

Dossier Spiritualité et engagement : 

Seule la Tradition est révolutionnaire !

Enquête par Marie Chancel: Spiritualité et militantisme 

un lien entre le Profane et le Sacré ? 

Entretien avec Michel Lhomme : Christ et Révolution, la Théologie de la Libération. 

Réhabiliter la raison ! par David L'Epée. 

Histoire : Harro Schulze-Boysen, un NB dans l'Orchestre Rouge ( suite et fin) 

HP Lovecraft, rêveries contre le monde moderne. 

 

Numéro disponible contre 5 euros ( en chèque, timbres ou liquide) à notre adresse :

Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02

 

dimanche, 29 juin 2014

Toulouse rebelle

Le Dimanche 6 juillet 2014 à 10 h . Dans le cadre de la redécouverte de notre culture, le Cercle de l’Esprit Rebelle vous propose une sortie culturelle sur le thème de « Toulouse Rebelle ». L’occasion de revenir sur l’histoire de notre ville. Pour s’inscrire : cercledelespritrebelle@yahoo.fr

 

Le Dimanche 6 juillet 2014 à 10 h .

Dans le cadre de la redécouverte de notre culture, le Cercle de l’Esprit Rebelle vous propose une sortie culturelle sur le thème de « Toulouse Rebelle ».

L’occasion de revenir sur l’histoire de notre ville.

Pour s’inscrire : cercledelespritrebelle@yahoo.fr

00:02 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, pays cathare, toulouse, rébellion | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 23 mai 2014

Rébellion n°64

Sortie du numéro 64

de la revue Rébellion

64-1.jpg

EDITO : Survie du capitalisme ou du genre humain ?

 

DOSSIER : Abattre la théorie du Genre

Un combat spirituel ou un combat scientifique ? par David L'Epée. 

Rencontre avec Farida Belghoul. 

Pornographie. l'autre discours dominent par Terouga

 

HISTOIRE : Harro-Shulze Boysen. Un national-bolchevik dans l'orchestre rouge

( partie 2) 

Nationalisme russe à l'époque soviétique par  David l'Epée. 

 

MUSIQUE : Assaut électronique et musique bruitiste par  Diaphane Polaris

Sinweldi. la guerre comme hygiène du monde. 

 

Disponible contre 4 euros à notre adresse : 

Rébellion c/o BP 62124 - 31020 TOULOUSE cedex 02

Pour s'abonner :

http://rebellion.hautetfort.com

 

flyer60.jpg

mardi, 25 mars 2014

Rebellion n°63

R63-1.jpg
 
Editorial :
La course à la guerre !
Alternative :
Pour un végétarisme de lutte ( 2ème partie) 
Jour de colère, çà va péter ! - A nous de faire que chaque jour devienne un jour de colère ! 
Face à la loi de la finance: Entretien avec P-Y Rougeyron 
Histoire : Harro-Shulze Boysen - un national-Bolchevik dans l'orchestre rouge ( 1er partie) 
La France durcit ses moeurs et enrégimente les idées de Thibault Isabel. 
Culture : Chroniques livres. 
 
Disponible contre 4 euros à notre adresse : 
Rébellion c/o RSE Bp 62124 31020 TOULOUSE cedex 02
http://rebellion.hautetfort.com/
 flyer63.jpg

00:05 Publié dans Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue, rebellion, socialisme révolutionnaire, socialisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 21 mars 2014

Non suicidatevi. Ribellatevi!

00:05 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, affiche, rébellion, casa pound | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 20 mars 2014

23 Mars 2014 : Rassemblement pour une révolte anthropologique!

23 Mars 2014 : Rassemblement pour une révolte anthropologique!

 

De la colère à la révolte, il n’y a qu’un pas. Nous le franchissons, et appelons tous les dissidents Français à participer à notre grand rassemblement "Pour une révolte anthropologique !", le 23 mars prochain, à la Défense.

Car il ne s’agit plus seulement de s’attaquer à tel ou tel parti, à telle loi ou à tel dignitaire de l’UMPS. C’est un rejet en bloc que nous devons formuler : rejet d’une vision du monde mortifère fondée sur l’inversion des valeurs, rejet de la subversion libérale-libertaire, rejet de la république des partis, des loges et des lobbies, rejet du mondialisme et de la finance internationale.

Les fronts d’hier sont dépassés. Le temps est venu de se rassembler autour d’un combat commun : celui de la riposte contre l’Empire.

RDV LE 23 MARS A PARTIR DE 14H, DEVANT LA GRANDE ARCHE DE LA DÉFENSE

♠ La Dissidence Française ♠

 

 

revolte.png

18:03 Publié dans Actualité, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, révolte, rebellion, événement, paris, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 06 mars 2014

Rebelion juvenil

mardi, 04 février 2014

Rébellion n°62

62.jpg
 
EDITORIAL
Sur le front de la quatrième guerre mondiale.
Hommage à C. Preve.
POLEMIQUE  
Nouvelle Inquisition, les bûchers se rallument ! 
ACTUALITE  
Affaire Dekhar : Que devient le rêve quand le rêve est fini ? 
INTERNATIONAL  
Lampedusa, l'immoralisme occidental par Claude Karnoouh 
Retour sur les discours de Thomas Sankara. 
DOSSIER :
Face à la barbarie capitaliste proposons l'alternative ! 
La barbarie au coeur du Système 
Pour des communautés politiques, autonomes et offensive ! 
Le végétarisme comme éthique de vie ( première partie) par Marie Chancel.
Orientations politique de l'OSRE.
Chroniques livres . 
Le numéro est disponible pour 4 euros auprès de 
Rébellion C/O RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02
flyer62.jpg

10:42 Publié dans Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : socialisme révolutionnaire, rébellion, revue, socialisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 30 novembre 2013

Rebellion n°61

R61pdf (glissé(e)s).jpg
 
Au sommaire : 
Editorial : bonnets rouges et rouges bonnets. 
Entretien avec David Bisson - René Guénon. Entre Tradition et Révolution.
International : Le Hezbollah. De la résistance à la révolution. 
Vive le Québec Libre ! Histoire et analyse de la lutte de libération nationale du Québec
par Yves Bataille. 
Le militantisme au féminin : Une enquête. 
Femme et militantisme, l'alliance impossible ?
par Anaïs Vidal. 
Les nuits de Mai par Louise d'Espagnac
Entretien avec Iseul Turan des Antigones :
Ni consommatrices, ni consommées !
 Rencontre avec le groupe Creve Tambour
La théorie du Drone, Rise of the machines. 

Le numéro est disponible pour 4 euros auprès de 
Rébellion C/O RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02
http://rebellion.hautetfort.com/
 
bretagne,bonnets rouges,rené
 guenon,antigones,hezbollah,vive le
 québec libre

mardi, 12 novembre 2013

Jacqueries, rébellions, révolution: quelle forme finira par prendre la révolte des Français?

aquimper_paysage.jpg

Jacqueries, rébellions, révolution: quelle forme finira par prendre la révolte des Français?

Par Serge Federbusch

Ex: http://fortune.fdesouche.com

C’est une révolte ? Non sire, c’est une ralbolution !“. Si l’écotaxe cristallise tous les mécontentements, les vraies raisons de la révolte grandissante des Français sont plus profondes.

1 – C’est une révolte ? Non sire, c’est une ralbolution !

L’écotaxe n’est évidemment qu’un abcès de fixation. Les vraies raisons de la révolte grandissante des Français ont pour noms récents la Redoute, Fagor, Cristal d’Arques, Alcatel, Michelin, Fralib, Electrolux et Gad. Altares, société spécialisée dans la collecte d’informations sur les entreprises, a recensé au troisième trimestre 13 140 procédures collectives (sauvegardes, redressements et liquidations judiciaires d’entreprises) avec 52.700 emplois directs menacés.

Mieux vaut ne pas parler de leur impact indirect, sur le commerce, les revenus des familles, etc. Et il s’agit de vrais emplois, pas des cataplasmes dont Mou-Président espère une cosmétique et purement transitoire “inversion de la courbe du chômage“. Cette incantation a du reste tendance à se faire discrète ces derniers temps dans les services de communication du pouvoir. Les jobs bidons et subventionnés ne sont même pas capables de faire illusion quelques semaines !

La vraie question est donc : quel chemin prendra la rébellion qui vient ?


Les échauffourées bretonnes font pour le moment penser aux jacqueries médiévales qui perdurèrent jusqu’au 18ème siècle. Elles ont un caractère régional, sont plutôt ancrées dans les zones rurales et dirigées contre la cherté de la vie, la difficulté à joindre les deux bouts, la noblesse protégée – sous sa forme actuelle c’est à dire la fonction publique et les élus à vie – et, surtout, les impôts et octrois mis en place par l’État.

L’écotaxe est le nouveau nom de la gabelle. Les foules défilantes en ont d’ailleurs conscience lorsqu’elles revêtent le bonnet rouge qu’arborèrent leurs lointains prédécesseurs. La France que l’Enfumeur(*) nous prédisait apaisée est en pleine régression historique et sociale, conséquence de son déclin économique.

Pour que la jacquerie devienne révolte, il faut qu’elle se “nationalise”, qu’elle se transforme en contestation générale du pouvoir.

Des premiers bonnets rouges ont été signalés en région parisienne, signe d’un début de contagion. Les portiques d’Ecomouv risquent de devenir les portes d’entrée de la maladie, comme on dit en épidémiologie. Un d’entre eux a été incendié dans les Landes. La révolte en progression doit également, pour peser, fédérer des intérêts divers, ne pas se limiter aux agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et autres petits entrepreneurs.

Elle se nourrira quoi qu’il arrive du discrédit de la classe dirigeante. La grande jacquerie de 1358 fut attisée par les déboires de la noblesse d’épée, après les défaites de Crécy en 1346 et de Poitiers en 1356. La sourde colère actuelle est le fruit des défaites de Maastricht (1992) et Lisbonne (2007) qui ont ouvert les marchés français au grand vent de la concurrence internationale tout en leur imposant une monnaie, l’euro, qui les handicape gravement par sa surévaluation. La classe dirigeante française a failli à ces deux occasions. Elle commence à en payer le prix.

Mais ces accès de brutalité populaire, qui voient les équipements publics vandalisés et les représentants locaux du pouvoir malmenés, peuvent-ils se transformer en une révolution en bonne et due forme ?

Ce qui caractérise le processus révolutionnaire, par rapport aux jacqueries et révoltes ordinaires, est d’abord qu’il est précédé d’un travail idéologique, d’un soubassement théorique dont l’ambition est d’offrir une véritable alternative au pouvoir en place, un ordre nouveau en quelque sorte. Ce fut le rôle des philosophes des Lumières dans la France du 18ème siècle ou des marxistes cent ans plus tard.

L’opposition est encore aux balbutiements de cette entreprise intellectuelle. Elle est tiraillée entre critiques libérales de l’État, mots d’ordre protectionnistes et réflexes conservateurs. Que l’économie française ne puisse s’abriter plus de deux ou trois ans derrière de nouvelles barrières sans sombrer dans la sous productivité et l’inflation galopante est certes problématique. Mais l’essentiel n’est pas d’être convaincant, c’est d’être fédérateur. Les victimes de l’ordre européen sont en passe d’être majoritaires en France. D’une manière ou d’une autre, ce mouvement trouvera sa traduction idéologique, probablement dans la contestation de la représentation politique et l’exigence de démocratie directe.

 

769780.jpg

Il manquera alors un dernier ingrédient, indispensable à toute révolution : que les forces protestataires se fédèrent, d’où qu’elles viennent, contre les maîtres du moment. Que, comme sur la barricade peinte par Delacroix, le peuple, l’étudiant, l’artisan se retrouvent. C’est là que le bât révolutionnaire blesse encore.

Pour l’heure, la “ralbolution” progresse en ordre dispersé. Le meilleur allié du pouvoir s’appelle Jean-Luc Mélenchon. Il ne peut s’empêcher de ressortir le préchi-précha gauchiste sur le fait que la révolte bretonne serait téléguidée par un petit patronat revanchard. Il défile dans son coin, fustigeant les chouans et leurs croyances. Il est isolé mais il divise, jouant le rôle d’idiot utile du hollandisme qu’il avait déjà incarné lors de la dernière élection présidentielle. On peut également faire confiance à Sa Normalité élyséenne pour tenter d’affaiblir le mouvement de contestation en le noyant dans les méandres des tables rondes et autres processus de concertation, usines à parlote dont le parti socialiste détient les brevets.

Cependant, la persistance de la crise économique et des difficultés budgétaires peut finalement coaliser les forces de contestation, comme elles le firent sous Louis XVI et Necker. Le pouvoir n’ayant plus la moindre marge de manœuvre pour augmenter les impôts et n’ayant pas le courage de s’attaquer aux dépenses, est frappé de tétanie. Après l’écotaxe, dans quelques semaines, quelques mois, un prétexte quelconque, une mesure vénielle mettra à nouveau le feu aux poudres. Si ce n’est, à plus long terme, l’euro qui ne finisse par s’effondrer, semant le chaos dans l’économie.

Faisons confiance à François Hollande : il finira bien par trouver l’équivalent de la convocation des États généraux pour précipiter la fin du nouvel ancien régime…

2 – L’horizon fuyant du déficit

La Commission de Bruxelles, qui préfère ne pas voir que la hausse actuelle de l’euro va anéantir le timide début de reprise en Europe, est en tout cas pessimiste sur les chances de la France de passer en dessous des 3% de déficit public en 2015. Il sera selon elle d’au moins 4,1% du PIB cette année, 3,8% l’an prochain et 3,7% en 2015, très éloigné donc du chant des sirènes entendu depuis le pédalo présidentiel.

Dans ces conditions, la remontée des taux d’intérêt deviendra insupportable et la croissance de la dette publique ingérable. Tout ce qu’il faut pour justifier que la Commission, forte des nouveaux pouvoirs qui lui ont été conférés, demande au gouvernement français de réécrire son budget. Le grand problème de cette forme d’Europe est qu’elle ne parvient à étendre son pouvoir que sur les décombres des États membres.

3 – Senatus Consulte

100 % des sénateurs ont voté contre un projet de loi du gouvernement socialiste et pas le moindre puisqu’il s’agit de la réforme des retraites ! Comment disait-il déjà ? Une démarche d’écoute, consensuelle et apaisante.

Après tout, l’unanimité contre soi, c’est une façon de faire consensus. Il faut dire qu’au Sénat, on prend sa retraite très tard.

Atlantico.fr

(*) Titre du livre de Serge Federbusch (Ixelles éditions, 2013).

dimanche, 25 août 2013

Numéro 59 de la revue Rébellion

Sortie du numéro 59

de la revue Rébellion

Rébellion59.jpg


Au sommaire :

- Editorial : Désordem e Progresso 

Réflexion : La révolution à déjà commencé. 

- Le complexe de la Droite.

-La connerie pour tous.

- Que des ennemis à Droite. 

Analyse : Splendeur et misère de l'anticapitalisme de Gauche. 

Histoire : Il y a 20 ans, un appel à la résistance ( J.P. Cruse - Vers un Front national) 

Philo : La politique comme un art. 

Entretien : Louis Dalmas, les fossoyeurs de l'Occident. 

Chroniques livres. 


Le numéro est disponible contre 4 euros à notre adresse : 

Rébellion c/o RSE BP 62124  31020  TOULOUSE cedex 02 

 

1175555_369097463192682_1557769198_n.jpg

mardi, 21 mai 2013

Rébellion n°58

Rébellion n°58
Rébellion58.jpg
ÉDITORIAL
La critique moralisante
RÉFLEXION
La rue abattra les tyrans !
Découragement ?
par zentropa 
INTERNATIONAL
Venezuela. Viva Chavez !
Elections Italiennes. Entre populisme et paralysie par Xavier Eman 

Le Printemps arabe change-t-il la géopolitique du Proche-Orient ? par Terouga 
Chine. Le XVIIIème Congrès du PCC. Fantômes dans la brume.
ENTRETIEN
Rencontre avec Lucien de Gouverner par le chaos. Ingénierie sociale et mondialisation.
IDÉES
Perspectives Michéennes. La triple transformation libérale par Charles Robin
PHILOSOPHIE
L'esquisse d'une éducation non conformiste dans la pensée de Confucius par Thibault Isabel.
FIGURE
Alexandre Douguine. Révolte contre le monde post-moderne.

CULTURE
Rap & Business. Qui veut la part du Ghetto ?
Rencontre avec Mathias Cardet. L'effroyable imposture du Rap.
Entretien avec Arnaud Bordes. Chroniques livres et musique.

5 euros (port compris) pour un numéro de 48 pages. 
Commande à notre adresse :
Rébellion c/o RSE BP  62124 - 31020 TOULOUSE cedex 02

00:05 Publié dans Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue, socialisme révolutionnaire, contestation, rébellion | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 13 avril 2013

Peuples d'Europe, soulevez-vous !

Peuples d'Europe, soulevez-vous !

 

dimanche, 17 février 2013

Rébellion n°57

Parution de Rébellion n°57
 
Edito : Et nozigue, où qu'on va ? 
Réflexion : Rébellion, comme une éclaircie dans un paysage politique blême par Claude Karnoouh

Dossier géopolitique du Proche-Orient :
Intro : la marche vers la guerre globale.
Gouverner  le Proche-Orient par le chaos.  
Entretien avec Georges Corm. 
Retour sur la campagne de Syrie par Jean de Lavaur.
A. Chauprade et les dynamiques internes de la Syrie. 
 Entretien avec Mère Agnès-Mariam de la Croix 
Entretien avec Ayssar Midani 
Entretien avec Madhi Darius Nazemroya. 

 Entretien avec Jean-Michel Vernochet et chronique de son livre " Iran la destruction nécessaire".
Média : Rencontre avec le Cercle des Volontaires par Pablito Waal 
Chronique livre sur la guerilla. 
 
Numéro de 44 pages au même prix. 
 
Disponible pour 4 euros auprès de 
Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02 

http://rebellion.hautetfort.com/

 image.jpg

mardi, 02 octobre 2012

Le numéro 55 de la revue Rébellion

 
Rébellion55.jpg
Le numéro 55 de la revue Rébellion
 
SOMMAIRE
 
ÉDITORIAL
Hollande trouve son chemin de Damas.

ACTUALITES
La gauche contre le peuple.
Charles Robin démonte l'idéologie libérale.

DOSSIER
 
BALKANS. L'EUROPE MEURTRIE
La guerre contre la Serbie.
Laboratoire des "guerres humanitaires".
En première ligne au kosovo.
 
Entretien avec Slobodan Despot
 
Balkans. L'éclatement programmé de
Alexis-Gilles Troude.

IDEES
L'encaillement des Clercs. Réflexion sur les
travaux de François de Négroni.
 
Jacob Burckhardt et la communauté locale des citoyens.

CULTURE
 
Child of the black Sun.
Entretien avec Boyd Rice.

Chronique 
Le début de la fin & Autres
Causeries crépusculaires. Eric Werner.
 
Vogelsang ou la mélancolie du vampire
Christopher Gérard.
 
Le numéro est disponible contre 4 euros ( port compris)
à notre adresse :
 
Rébellion - RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02
http://rebellion.hautetfort.com/

00:05 Publié dans Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue, rébellion, socialisme, balkans, serbie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 14 septembre 2012

Rébellion n°54

 

314701_247245015377928_673514758_n.jpg
 
Au sommaire du numéro de l'Eté (n°54) :
Edito : Rebelle décennie.
Réflexion : Qu'est-ce que l'aliénation ? 
Dossier : 2002-2012 - Dix ans de combat ! 
Société : Qu'est-ce que l'autorité ?
(Thibault Isabel)  
L'éducation, otages des idéologies ( Zentropa).
L'épuissement consumériste de la civilisation occidentale
( Thibault Isabel) . 
Histoire : Martin Buber - "Nous sommes tous des juifs allemands".
( Thierry Mudry)  
 
Le numéro est disponible contre 4 euros ( port compris)
à notre adresse : 
Rébellion - RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02 . 
http://rebellion.hautetfort.com/

10:42 Publié dans Actualité, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue, socialisme révolutionnaire, rébellion | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 11 avril 2012

Rébellion 52 disponible !

Rébellion 52 disponible !

couv52.jpg

ÉDITORIAL

A BAS LES ÉLECTIONS, VIVE LA PLANIFICATION!

ACTUALITÉS

SARKOZY. ESSAI DE BILAN

VERTUS ET ILLUSIONS DU VOLONTARISME DE GAUCHE.

PIERRE LE VIGAN DÉCORTIQUE L’ESSAI DE JACQUES GÉNÉREUX NOUS ON PEUT !

VIE ET MORT DU CAPITALISME.

RÉFLEXIONS SUR L’ESSAI DE ROBERT KURZ.

CRISE

LE CAPITALISME AU BORD DU GOUFFRE.

ENTRETIEN AVEC ALAIN DE BENOIST.

COMBATS DES IDÉES

LA COMMUNAUTÉ. L’ESPRIT DE COMMUNAUTÉ, C’EST LE SOCIALISME !

LA COMMUNAUTÉ, CAUCHEMAR DU SYSTÈME

IDENTITÉ ET COMMUNAUTÉ

SURVIE COMMUNAUTAIRE

SURVIVRE À L’EFFONDREMENT ÉCONOMIQUE.

ENTRETIEN AVEC PIERO SAN GIORGIO

CULTURE

CINÉMA. PULP FICTION. ANATOMIE D’UN SIMULACRE

ROBERT MITCHUM. PORTRAIT D’UN REBELLE

Numéro disponible contre 4 euros à notre adresse : 

Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 - Toulouse Cedex 2

vendredi, 18 novembre 2011

Rébellion n°50 est disponible !

Rébellion n°50 est disponible !

Lutte de classe et électoralisme
 

ÉVÉNEMENT

Limonov star de la rentrée littéraire. Un voyou Ukrainien sous la plume d’un bobo parisien

 

PHILOSOPHIE

Qu’est-ce qu’un bon stratège? Une étude comparée des mentalités Chinoises et Occidentales

 

ENTRETIEN

Maria Poumier s’entretient avec Israel Shamir

RESEAU & COMBAT DES IDÉES
Kontre Kulture. Insoumission et produits subversifs !
Scriptoblog et les éditions Retour aux sources
Cercle de l’esprit rebelle. Pour une révolution des esprits !
 
LECTURE
Revue (dis)continuité. Sylvia Pankhurst. The workers’dreadnought
 

dimanche, 20 mars 2011

Jack Marchal, ribelle senza confini

GUD%20we%20trust.jpg

Jack Marchal, ribelle senza confini 

Articolo di Silvio Botto

da Linea Quotidiano del 10 marzo 2011
 
 
È il papà di tutti i “topi di fogna”, che quarant'anni fa sono usciti dalle cloache parigine e in breve hanno invaso le strade d'Europa, rimanendo ancor oggi il simbolo indomito di una volontà di ribellione che non conosce confini. Jack Marchal, 63 anni, è un artista francese versatile e poliedrico: musicista, fumettista, disegnatore, scrittore. Ma è grazie alla matita che è diventato famoso, grazie al tratto inconfondibile di vignettista della rivista satirica Alternative e in Italia de La voce della fogna.
 
Marchal ha raccontato in un'intervista come sono nati i rats maudits, i “topi maledetti” della destra studentesca francese, e come hanno fin da subito raccolto consenso negli ambienti universitari. «Dopo il '68 una miriade di gruppuscoli marxisti e dell'ultrasinistra aveva colonizzato le università e le riempiva di manifesti con testi noiosi, interminabili e ripetitivi – ha spiegato Jack Marchal – Noi del GUD (Gruppo di unione e difesa, formato da studenti di estrema destra reduci dall'esperienza della formazione Occident) cercavamo di distinguerci da quella banda di logorroici con slogan umoristici e una grafica alternativa. Non avevamo un simbolo, così decidemmo di contraddistinguere il nostro movimento usando i fumetti e le caricature. Quasi ogni giorno passavamo alcune ore nella sede del GUD a scherzare e disegnare: una volta mi è venuto in mente di tratteggiare un topo, visto che i nostri avversari ci definivano così, che commentava in modo caustico e pungente gli avvenimenti politici intorno a noi. Gérard Ecorcheville, che all'epoca gestiva la propaganda del GUD, esclamò: “Ma quel topo siamo noi!”. Avevamo trovato un simbolo per il nostro movimento».
 
carreladich.jpgÈ il mese di gennaio del 1970 e i volantini e ciclostilati del GUD, in cui appare il “topo maledetto”, poi circondato da altri personaggi (belle ragazze e squallidi barbuti falsi rivoluzionari), hanno subito un grande successo fra gli studenti. Negli anni successivi Marchal e alcuni dei suoi amici entrano in contatto con l'area giovanile del Msi che fa riferimento a Pino Rauti, in particolare con il dirigente giovanile Marco Tarchi. Dall'esperienza francese di Alternative e dall'entusiasmo di decine di giovani irrequieti e stufi del sonnolento ambiente missino, nel '74 prende il via l'esperimento de La voce della fogna, “giornale differente”, come recitava lo slogan sotto la testata. Un periodico satirico, irriverente, politicamente scorretto nei confronti dello stesso ambiente di provenienza, aperto alle novità non solo politiche, ma anche di costume.
 
E il simbolo della Voce della fogna non può che essere il rat maudit di Marchal, che ha ispirato persino il nome della testata. I giovani missini e i tanti ragazzi di destra ai margini del partito, nelle formazioni extraparlamentari, fanno così la conoscenza con un modo tutto nuovo di vedere e interpretare la militanza politica. Niente più riletture dei vecchi “testi sacri”, conferenze noiose dei notabili di partito, pellegrinaggi a Predappio e nostalgismi: sull'esempio francese si parla di immigrazione, economia, scienze sociali, ecologia, cinema, musica rock. Temi impegnativi, affrontati però con un pizzico di goliardia e di leggerezza. Inutile sottolineare che a farla da padrone sono le strisce a fumetti di Jack Marchal, che anche in Italia sdoganano il topi di fogna come simbolo ribelle e libertario da opporre al conformismo della sinistra marxista, verbosa e oppressiva.
 
Ma Jack Marchal è anche musicista e proprio in quegli anni sviluppa uno dei primi progetti di rock identitario, per di più transnazionale. È proprio lui a ricordarlo, nel corso di un'intervista: «Formammo il primo gruppo rock nazionalista. Il problema era di trovare altri musicisti, cosa che non è stata affatto facile visto che la maggior parte dei candidati preferiva fare cover dei Rolling Stones piuttosto che di fare pezzi nuovi. Ci limitammo perciò a comporre pezzi nostri e a registrarli con mezzi di fortuna. Avevamo la sensazione di essere veramente isolati nel nostro ambiente. La scossa arrivò con l'apparizione quasi simultanea, nel 1978 dei primi album dei Ragnarock in Germania e degli Janus in Italia. Questi due gruppi facevano una musica non sempre impeccabile ma con dei testi militanti come nessuno aveva mai fatto. Allora ci siamo detti: perché non noi? Mario Ladich degli Janus aveva una sala prove a Roma e si offrì di aiutarci. Lui era batterista e Olivier Carrè gli lasciò le bacchette e siccome era impossibile far venire altri musicisti a Roma per dieci giorni in pieno agosto mi sembrò più semplice suonare da me anche gli altri strumenti. Ecco come fu fabbricato Science & Violence, all'inizio di settembre 1979 a Roma».
 
Un disco innovativo e sofisticato, che rompe anche un po' con la tradizione della musica alternativa dell'epoca, ricca di passione ma povera di mezzi e di risorse artistiche. «Cantato interamente in francese - scrive il sito specializzato Italianprog.com - ma con lunghe parti strumentali, l'album è un esempio di musica progressiva di stampo chitarristico, con parti “spaziali” di synth. Tutti i brani sono di Jack Marchal, per cui il disco è spesso considerato un suo album solista». Nel 1997 è stato ristampato in cd. Tre anni prima Olivier Carrè - musicista, scultore e compagno di militanza politica di Marchal nel GUD – era morto a soli quarant'anni in un incidente motociclistico.
 
All'inizio degli anni Ottanta Jack diventa molto famoso in Italia anche per la sua partecipazione ai Campi Hobbit. Un'esperienza che oggi rilegge in modo un po' malinconico: «Forse sono severo, ma per me un Campo Hobbit consisteva nel far sentire musica a chi non la conosceva, a parlare di ecologia a gente che se ne fregava, a voler impiantare i concetti intellettuali della “nuova destra” a gente che era rimasta al “boia chi molla”. In poche parole, si cercava di imitare la sinistra giocando a essere quello che non si era. Viste in prospettiva storica, ho paura che queste esperienze non appaiano che come dei tentativi di gestire il declino militante».
 
A livello politico, nel '72 Jack Marchal è tra i fondatori del Front National, che lascia due anni più tardi in polemica con Le Pen per dar vita al Parti des Forces Nouvelles (PFN) , un movimento influenzato dalle idee della “Nuova destra” che dura dieci anni, senza particolari fortune elettorali. Nel 1984 Marchal rientra nel FN e da una decina d'anni ha ripreso pure l'attività di musicista con il gruppo di rock identitario francese Elendil. Con Frédéric Chatillon e Thomas Lagane nel 1995 ha pubblicato il volume Les Rats Maudits - Histoire des étudiants nationalistes.
 
«Ho riflettuto spesso sull'epoca 1969-70 – commenta Jack Marchal - Bisogna riconoscere che tutte le innovazioni furono il frutto di circostanze molto specifiche di un periodo in cui i giovani nazionalisti francesi si sono ritrovati soli, lasciati a se stessi in un mondo reduce dello choc del '68 e dove le organizzazioni nazionaliste strutturate erano scomparse. Noi siamo stati creativi in quel preciso momento, è vero, ma per necessità, senza volerlo e senza averne coscienza».
 
Silvio Botto