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mercredi, 02 octobre 2024

Robert Steuckers: Révolte ou Révolution?

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Révolte ou Révolution?

Par Robert Steuckers (juin 2023)

Les réflexions qui suivent sont loin d’être exhaustives, d’explorer tous les aspects que peuvent revêtir, même au simple niveau de la définition, les termes hautement politiques de « révolte » et de « révolution ». Le présent exposé n’a d’autre objectif que de clarifier, de manière didactique, ce qu’il convient d’entendre par ces deux termes. Cet exposé n’a donc qu’une fonction liminaire, et rien que cela.

Une révolte n’a pas nécessairement de suite, ne jette pas bas le régime politique en place, jugé tyrannique ou injuste. Une révolution, elle, jette bas le régime en place et/ou revient à un statu quo ante (ce que le vocable signifie en fait étymologiquement) et surtout se débarrasse d’un ballast accumulé dans les phases de déclin du régime aboli, où les élites dominantes, efficaces et protectrices au début de leur trajectoire historique, sont progressivement devenues inefficaces, tyranniques, calamiteuses et jouisseuses. Ces tares ne les autorisent plus à gouverner. Le processus de renouvellement des élites s’amorce: l’ancienne ne génère plus un consensus (qui était de 80% initialement) et la nouvelle, qui n’avait qu’un capital de sympathie de 20%, selon les critères théorisés par Vilfredo Pareto, érode la masse des 80% de soutien consensuel de l’élite déclinante pour obtenir in fine une masse équivalente à ces quatre cinquièmes de consensus : le processus s’achève et une ère nouvelle commence (qui, à son tour, s’achèvera quand ses temps seront accomplis).

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Une révolte peut procéder d’un spontanéisme délétère, marquée d’une incapacité à désigner clairement l’ennemi, comme le fut l’agitation durable des gilets jaunes, pourtant éminemment sympathique face à une république qui ne prenait plus que des mesures contraires à l’intérêt général.

Une révolte est également caractérisée par un manque de bases doctrinales, c’est-à-dire de clarté d’esprit, d’intuition féconde (Hegel disait qu’il fallait fusionner les deux), de mémoire historique. Ce spontanéisme quelque peu anarchique, cette déficience doctrinale et cette amnésie conduisent au manque d’organisation, accentuée de nos jours par la disparition du service militaire depuis plus d’une trentaine d’années et, par voie de conséquence, d’officiers de réserve insérés dans la vie civile et capables de prendre la tête d’un mouvement de remplacement des élites défaillantes (toujours la circulation des élites selon Vilfredo Pareto). A croire que la suppression du service militaire et de toute forme de service civil obligatoire, indispensables pour structurer les personnalités à l’aube de la vie adulte, ait été des mesures favorisées par des élites pressentant leur faillite.

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Pour pallier ce triple handicap du spontanéisme qui reste sans résultat, de la déficience doctrinale et du manque d’organisation, quels modèles et quelles idées faut-il remettre à l’avant-plan, diffuser dans nos entourages (familiaux, professionnels, associatifs) ?

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D’abord, il convient de réfléchir sur la distinction marxienne (et non marxiste) entre « socialisme scientifique » et « socialisme utopique », tout en se rendant bien évidemment compte que cette distinction, théorisée au 19ème siècle, nécessite de considérables aggiornamenti, consistant notamment à baser le réalisme politique (défini par Marx, Engels et Lénine comme « matérialisme ») non plus sur la physique newtonienne des débuts du 19ème siècle mais sur la physique postérieure à la découverte du deuxième principe de la thermodynamique, lequel constate qu’il peut y avoir entropie générale, donc entropie du système, que ce système soit celui en place, devenu tyrannique et posé comme « bourgeois » par les marxistes ou celui mis en place par les révolutionnaires eux-mêmes (comme l’a prouvé le figement de l’Union Soviétique) ou par les néolibéraux depuis 1979 (comme le prouve le ressac général des sociétés occidentales depuis la crise de 2008).

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Le fait physique de l’entropie, et la présence potentielle d’entropie dans les systèmes politiques, qui sont des systèmes vivants donc variables en toutes directions possibles, contredit la vision linéaire/vectorielle de l’histoire propre aux sociétés libérales du 19ème siècle, vision dont les militants et révolutionnaires marxistes ne s’étaient pas défait et reprenaient mordicus à leur compte).

A l’idée d’entropie de la physique de Heisenberg, s’ajoutent

1) celle du physicien Ernst Mach, théorisant l’émergence possible, à tous moments, de nouvelles probabilités (avec des résultats hétérogènes et non entièrement prévisibles) pouvant bousculer la linéarité imaginaire, judéo-chrétienne et gnostique de l’histoire, propre du mental des bourgeois et des simplistes à la sauce marxiste-léniniste et

2) celles du révolutionnaire russe Alexandre Bogdanov qui se moquait de la divinisation marxiste-léniniste de la « Matière » (mais vue sous le seul angle de la physique newtonienne) et qui prévoyait que cette hyper-simplification philosophique allait conduire la future Russie soviétisée à la sclérose.

Materialisme-et-empiriocriticisme.jpgLénine dans Matérialisme et empiriocriticisme s’insurgeait avec une véhémence de prêtre aigri contre Mach et Bogdanov, auxquels l’avenir donnera raison. Un « socialisme scientifique », aujourd’hui, ou, plus exactement, une « alternative politique scientifique », doit fusionner 1) la sévérité de Marx et d’Engels à l’égard des « utopismes » socialisants et anarchisants ne conduisant qu’à des fantaisies infécondes et 2) le regard de Mach et de Bogdanov sur la non-linéarité uni-vectorielle du temps, sur l’émergence toujours possible d’imprévisibilités, de probabilités non captables à l’avance, de ressac, d’entropie (même au sein de notre propre réseau associatif).  

Un processus révolutionnaire sérieux, mis en branle par des associations métapolitiques dans un temps premier, ne peut se contenter d’utopies infécondes, de coteries de hippies, de communautés gendéristes multipliant à l’infini les catégories sociétalo-sexuelles comme si nos sociétés complexes pouvaient équivaloir à des phalanstères fouriéristes postmodernes, etc. Mais ne doit pas davantage répéter, par dévotion irrationnelle et risible, les rigidités du discours léniniste, dérivées de sa divinisation d’une « Matière » perçue uniquement comme inerte, sans entropie potentielle, ne recelant aucune probabilité imprévisible : le réel est vivant, la vie rencontre des imprévus, elle peut se révéler tragique donc le « révolutionnaire politico-scientifique » à l’ère postmoderne, qui est la nôtre, doit intégrer la possibilité de tels risques dans l’élaboration de ses stratégies, risques pouvant survenir dans les périodes triviales comme dans les périodes tragiques que traverse sa communauté politique, sa Cité. Son modèle est le « Spoudaïos » d’Aristote, dont la pensée est souple, tout à la fois raisonnable et intuitive et dont le mode de vie est ascétique.

Le « révolutionnaire politico-scientifique de l’ère postmoderne » doit donc se doter en permanence d’un savoir clair sur les rapports sociaux qui innervent sa Cité afin de poser les analyses adéquates et, partant, de suggérer les mesures nécessaires. Dans le cadres de nos sociétés européennes en pleine déliquescence aujourd’hui, cela signifie poser une analyse claire des effets délétères du néo-libéralisme, idéologie dominante en Occident depuis l’avènement de Thatcher au pouvoir au Royaume-Uni en 1979.

Les associations diverses, auxquels ces « révolutionnaires politico-scientifiques » adhèreront, doivent favoriser des analyses généalogiques/archéologiques du phénomène néolibéral, assorties d’analyses, tout aussi claires, de la pénétration, dans le tissu social, des « nuisances idéologiques » (Raymond Ruyer) diffusées par la puissance hégémonique en place, qui est ennemi principal et non pas « alliée et protectrice » (comme le croient les « belles âmes »).

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Deux ouvrages récents sont intéressants à ce titre et mériteraient d’être lus, commentés et complétés :

1) celui de l’Allemand Frank Bösch sur les phénomènes injectés dans nos sociétés occidentales (et devenues « occidentalistes » mais à notre corps défendant) à partir, justement, de l’année 1979: néolibéralisme (arrivée de Thatcher au pouvoir à Londres), retour du religieux et manipulation du radicalisme islamiste (retour de Khomeiny à Téhéran), puis exploitation du radicalisme islamiste sunnite contre les Soviétiques en Afghanistan, avènement du filon idéologique écologiste (avec l’explosion hypothétique de la centrale nucléaire de Three Miles Island aux Etats-Unis puis l’émergence du mouvement vert en Allemagne, avec élimination immédiate des écologistes traditionalistes au sein même du mouvement et amorce du démantèlement total de l’indépendance énergétique du pays via le virulent mouvement hostile aux centrales nucléaires), phénomène des boat people en tant que première manifestation de mouvements migratoires provoqués et contrôlés, culminant aujourd’hui avec ce que Renaud Camus appelle le « grand remplacement ».

Aucun des phénomènes problématiques activés en 1979 n’a trouvé de solution aujourd’hui en 2023: le néolibéralisme a complètement disloqué nos sociétés, étapes après étapes, avec des acteurs chaque fois différents mais obéissant à une programme fixé à l’avance depuis les premières réunions du Club de Rome en 1975; le néolibéralisme a donné le pouvoir aux secteurs financiers et bancaires, d’où une prépondérance absolue de BlackRock et des GAFAM sur l’ensemble du Gros-Occident (selon l'expression de Guillaume Faye) ou de l’américanosphère.

Le fondamentalisme islamique, en ses diverses moutures (salafistes, wahhabites, fréristes, etc.) demeure une constante en dépit de ses ressacs en Syrie, en Egypte, en Irak et au Sinkiang, où le nationalisme militaire arabe a réagi comme il se devait de réagir et où le pouvoir chinois n’a pas été dupe.

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Ce fondamentalisme peut toujours être réactivé, notamment pour mettre le feu aux banlieues et quartiers chauds des villes européennes, de Malmö à Barcelone et de Nantes à Berlin.

L’écologisme a atteint ses objectifs réels en Allemagne aujourd’hui puisque le pays, s’il ne rétablit pas, en des délais très rapides, son indépendance énergétique complète (avec le gaz russe et les combustibles nucléaires russes et kazakhs), risque l’implosion totale et définitive, entraînant tout le reste de l’Europe dans la catastrophe, en dépit du fait que cela réjouira certains souverainistes à Paris ou à Varsovie.

L’exploitation des migrations forcées, suite à des guerres déclenchées par les Etats-Unis, a connu une ampleur démesurée depuis l’affaire des boat people qui avait réconcilié, comme par hasard, le libéral Raymond Aron et le pitre existentialiste Jean-Paul Sartre, avec la bénédiction d’André Glucksmann (une mise en scène médiatique ?). Avec Merkel, cette dérive atteindra son paroxysme à partir de 2015, non seulement en Allemagne mais dans toute l’Europe. Le pouvoir néolibéral trouve dans ce flux humain hétéroclite de la main-d’œuvre bon marché pour les « boulots de merde », les bullshit jobs, et pour enclencher un processus de diminution générale des salaires réels.

Les écologistes, se parant de toutes les vertus morales, appuient le phénomène, détruisant cette fois non plus l’industrie mais l’ensemble du tissu social et faisant du même coup imploser les structures de la sécurité sociale (qui avaient été exemplaires en Allemagne), ce qui n’est pas pour déplaire aux néolibéraux.

Une analyse « politico-scientifique » de notre réalité politique actuelle postule donc de connaître, de vulgariser et de diffuser une généalogie des nuisances idéologiques au pouvoir: de forger un récit alternatif, visant à ruiner le récit dominant, néolibéralo-écologico-immigrationniste, né en 1979 et expliquant certaines convergences comme, par exemple, le binôme jacassant et médiatisé formé par le thatchérien flamand Guy Verhofstadt et le festiviste permissif Daniel Cohn-Bendit, avatar du mai 68 parisien et ponte des Verts allemands et français.

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Ce duo montre bien qu’il y a convergence entre néolibéralisme et écologisme, entre néolibéralisme et festivisme. Et que cette convergence n’est pas forcément récente mais est inscrite de longue date à l’ordre du jour, depuis la programmation initiale.  

Le deuxième ouvrage à relire et à méditer est celui de Christophe Guilluy, intitulé No Society. Le titre de ce travail précis, très utile pour l’articulation de nos « bonnes oeuvres », est tiré d’une phrase lapidaire de Thatcher: « There is no society ». La Dame de fer entendait par là qu’il n’y avait que des « individus », appelés à se tirer d’affaire ou à crever s’ils n’y parvenaient pas. Mais au-delà de ce simple plaidoyer extrêmement succinct, en faveur d’un individualisme absolu, se profilait une volonté maniaque et féroce de déconstruire, détricoter et annihiler les ressorts de toutes les sociétés occidentales d’abord, de toutes les sociétés de la planète ensuite.

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L’horreur est quasi parachevée de nos jours : Macron, bombardé du titre de « Thatcher français », réalise le vœu de la Dame de fer, moins d’une dizaine d’années après son passage de vie à trépas. Ce parachèvement macronien s’accompagne d’une « radicalité sociétale » inouïe, que Thatcher ne pouvait pas articuler en tant que cheffesse d’un parti dit « conservateur ». Les délires sociétaux et gendéristes délitent les sociétés avec davantage d’efficacité que les discours de l’ex-première ministre britannique.

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L’utopisme d’aujourd’hui a refoulé toute analyse (scientifique), à la différence que cet utopisme-là ne se dit plus « socialiste » mais découle d’un cocktail où se mêlent néolibéralisme, écologisme diffus, gendérisme, festivisme, postmodernisme, etc. Pour Guilluy, c’est le monde d’en haut, celui des élites (néolibérales en l’occurrence), qui a abandonné l’idée aristotélicienne, classique, hellénique et romaine de « Bien commun », plongeant les pays de l’américanosphère, y compris les Etats-Unis, dans un chaos où tout est perçu comme relatif, transformable à souhait en dépit du donné naturel et où tous les acquis de civilisation sont dénoncés comme contraires à un moralisme sans limites. Il n’y a pas seulement « dissociété » (Marcel Decorte), il y a « a-société » (« There is no society »). Avec Thatcher, ce fut tout le tissu social, toutes les communities, de la classe ouvrière britannique qui implosa et disparut.

Les ravages ne se limitent plus à la seule classe ouvrière du monde industriel né au 19ème siècle. Ils s’étendent désormais à toutes les catégories sociales que l’on range habituellement sous l’appellation vague de « classe moyenne » : le recul est palpable partout. Rien de bien précis, en matière de contestation et de rejet de ce fatras destructeur, ne s’annonce cependant à l’horizon : Guilluy est toutefois optimiste et imagine qu’un soft power des classes populaires finira par contraindre les « classes d’en haut », le « monde d’en haut », comme il les désigne, à accepter les desiderata du peuple ou à disparaître. Il est évident que cela ne se fera pas facilement. Et que la vigilance métapolitique et politique demeure de mise, plus que jamais.

Le délitement de nos sociétés progresse donc partout. Le premier acte révolutionnaire, pour ne pas rester au stade des simples révoltes, est de déconstruire systématiquement les narratifs de l’hegemon et de son soft power, et de combattre sans merci par textes, discours et vidéos les idées véhiculées par les suppôts intérieurs de l’hegemon qui entretiennent les symptômes et les maux du déclin.

Une analyse claire de la situation macro-économique, en laquelle se débat l’UE aujourd’hui, est nécessaire pour déployer dans la plus évidente des concrétudes un discours challengeur : le puissant complexe soft-powerien qui a fusionné écologisme, néolibéralisme, festivisme et gendérisme (j’en passe et des meilleurs) a plongé nos pays dans une dangereuse précarité: l’énergie bon marché a disparu, ce qui correspond à la volonté bien arrêtée de l’hegemon de couler ses alliés qui sont ses principaux concurrents et cette énergie bon marché n’est pas seulement le gaz russe mais aussi les combustibles nucléaires kazakhs et russes.

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Les Verts allemands, avec Annalena Baerbock et Robert Habeck, appuient les positions américaines, ruinant à l’avance le pays pour de nombreuses décennies: ces faits ont une histoire, celle du déploiement de ces nuisances idéologiques dans nos sociétés depuis plus de quatre décennies, si bien que nous vivons actuellement sous un régime « anarcho-tyrannique »: Hegel voyait la tyrannie comme « thèse » et l’anarchie comme « antithèse », auxquelles il fallait opposer une synthèse reposant sur la justice (par exemple le justicialisme des Argentins de Péron) et la « liberté ordonnée » (l’ordo-libéralisme allemand opposé au libéralisme outrancier des écoles anglo-saxonnes). Aujourd’hui, la situation est différente : la tyrannie et l’anarchie ont fait cause commune contre la « synthèse » d’ordre et de justice en gestation, cette gestation qu’appelle Guilluy de ses vœux, qu’il croit déceler dans les soubresauts que connait la société française contemporaine. Il faut parler de ces sujets. Inlassablement. Ceux qui ne le font pas, ou pas assez, ou vaticinent sur des sujets sans importance, sont ce que Hegel appelait de « belles âmes ». La « belle âme » a peur, non seulement de s’engager, mais aussi de dire les choses sans détours. Elle se caractérise par une « faiblesse face au réel ».

Le résultat du travail de généalogie de la gabegie qui nous a conduit à l’anarcho-tyrannie actuelle permet de repérer nos ennemis et les agents d’influence de l’hegemon (Verts, Young Global Leaders, ONG stipendiées par Soros, etc.). L’ennemi est ainsi désigné, comme le préconisaient Carl Schmitt et Julien Freund. A nous de forger et de répandre un vocabulaire dépréciatif et dénigrant pour le dépeindre, qu’il s’agira de marteler sans relâche. Dans ce cadre offensif, l’ennemi qui me nie et veut ma disparition est bien présent, contrairement aux cénacles de « belles âmes » qui veulent « dialoguer » ou « débattre » avec tous et n’importe qui pour faire dans le n’importe-quoi qui ne débouchera que sur le rien.

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Les bases doctrinales, tirées d’Aristote, des traditions romaines (tacitistes disent les penseurs espagnols), de la révolution conservatrice, de Carl Schmitt, des écoles italiennes (Pareto, Mosca), des non-conformistes des années 30, doivent être affinées, rendues limpides, pour préparer, chaque jour que les dieux font, les coups de bélier qui renverseront l’anarcho-tyrannie. En marge de cette offensive, qui nous distinguent des « belles âmes » végétatives et vaticinantes, il s’agit de proposer un renouveau politique équilibré et alternatif, reposant sur l’idéal grec voire sur les idéaux oubliés, énoncés dans La Citadelle d’Antoine de Saint-Exupéry. 

Les propositions de renouveau politique doivent respecter les structures de la société, héritées de l’histoire, développer, à rebours du « There is no society » de Thatcher un idéal communautaire à la fois naturel, rural et traditionnel en dehors des métropoles (p. ex. dans la France périphérique selon Guilluy) et urbain, syndical, professionnel dans les villes et les centres industriels, étant donné que la troisième fonction des sociétés traditionnelles s’est considérablement amplifiée et diversifiée passant des quarante métiers du Bruxelles d’Ancien régime à l’infinité des métiers et fonctions productives actuelles, métiers et fonctions qui ont un impact sur la solidification de la Cité (comme le percevaient et Clausewitz et Saint-Exupéry). Les modèles argentins, théorisés à l’ère du péronisme, notamment par Jacques de Mahieu (qui ne s’est pas simplement occupé de très hypothétiques Scandinaves égarés sur le continent américain) poursuivis avec opiniâtreté et acribie par notre ami le Prof. Alberto Buela, méritent le détour en ce domaine et nous y reviendrons.

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Ces modèles argentins et la tradition aristotélicienne (Yvan Blot !) postulent une organisation socio-économique efficace à l’instar de ce que réclamait le Tat Kreis allemand sous la République de Weimar et dont les avatars ont gardé toute leur pertinence au moment du miracle économique des années 60. Ce sont là des modèles qui sont en prise sur le réel et non en marge de la société, auquel cas nous aurions affaire à un « communautarisme utopique », parallèle au « communautarisme multiculturel » de l’idéologie dominante, un « communautarisme utopique » qui mériterait de notre part autant de sarcasmes que Marx et Engels en adressaient au « socialisme utopique ».

Le déploiement d’un tel combat métapolitique et la volonté de redonner à nos peuples un « idéal communautaire » se heurtent toutefois à des handicaps qui n’existaient pas auparavant ou qui existaient mais dans une moindre mesure. Nos sociétés sont de fait bien plus disloquées que ne l’était le monde ouvrier du temps de Marx. Effet du « There is no society » dénoncé par Guilluy. L’absence depuis plus de trente ans du service militaire, apprentissage du vivre-ensemble inter-classes, et la disparition progressive du scoutisme à grande échelle, a abimé la gent masculine, l’a déboussolée et l’a rendue incapable d’organiser une révolte pour ne pas parler de révolution: il suffit de voir l’attitude des manifestants face aux forces du désordre macronien en France et celle des Serbes du Kosovo face aux soldats italiens et hongrois de l’OTAN, début juin 2023. Nous vivons, nous dit Eric Sadin, à l’ère de l’individu-tyran : cet être sans substantialité qui agence, trie, change les faits, auxquels il se heurte, et ses modes de vie au gré de ses humeurs et de ses contrariétés. De telles personnalités sont versatiles, incapables de constance et de durée, créatures faites pour vivre dans la « post-vérité ».

La société actuelle est marquée par un mauvais usage des réseaux sociaux: nos contemporains, même jeunes, restent chez eux, devant leurs écrans, alors que cette attitude est à peine bonne pour les vieux comme moi. L’attitude ancienne d’aller au bistrot pour taper la carte, vider des chopes mais aussi commenter l’actualité sociale, économique et politique était plus constructive. Mais il faut vivre selon son temps. Préparer la révolution, c’est maximiser l’usage que l’on peut faire des techniques en place, même si elles nous font horreur et même si on constate qu’elles assèchent d’essentielles vertus (au sens romain du terme). Telle est d’ailleurs la leçon d’Ernst Jünger dans les Orages d’acier, dans ses réflexions sur la technicisation de la guerre et dans Le Travailleur.  Les techniques informatiques, les autoroutes de l’information tant vantées à la fin des années 90, nous permettent, pour le moment, de diffuser une idéologie alternative en opposition radicale à l’idéologie dominante et au politiquement correct, en fait, de remplacer la presse aux ordres financée par le tout-économique.

L’honnête homme sceptique (complotiste ?), qui se cultivait jadis en lisant la presse de son choix, chaque jour, et la commentait avec ses amis, doit se muer en un honnête homme sceptique-complotiste de l’ère post-véridique qui se doit d’ingurgiter au moins quatre articles alternatifs par jour, selon ses centres d’intérêt et de les partager selon les divers modes offerts sur la grande toile. Il faut bel et bien partager et non pas cliquer « J’aime » comme l’immense majorité des zombis postmodernes. Le partage communautaire doit parier sur la viralité, amorce d’un pôle de rétivité qui transformera le sentiment de révolte, les révoltes, en courant prérévolutionnaire, antichambre d’une révolution qui laissera en plan les belles âmes, éliminera l’ennemi (en toutes ses variantes installées en nos sociétés depuis l’année fatidique de 1979). Cette révolution n’aura plus rien d’utopique.

Robert Steuckers, Forest-Flotzenberg, juin 2023.    

 

jeudi, 19 novembre 2020

Douze bonnes raisons de ne pas nous révolter

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Douze bonnes raisons de ne pas nous révolter

par Nicolas Bonnal

Certains voient le peuple réagir, tout casser. Et de trembler… On sent que ces gentils Cassandre voudraient mettre en garde le pouvoir contre nous, comme s’il n’était pas déjà prêt à nous atomiser ce pouvoir, surtout avec la facile élection truquée de Biden qui va confiner les États-Unis pour l’hiver et imposer le masque et le vaccin partout.

Mais je vois moi plein de raisons pour ne pas bouger du tout. Désolé, je serai féroce.

  • La dictature des chaines info est totale, tenant la plupart des gens sous contrôle. Aucune rébellion chez les jeunes, aucune sagesse chez les anciens qui ont l’âge des soixante-huitards et ont toujours gobé le storytelling médiatique.
  • Nous avons avalé le poison de leur techno-dictature et nous nous en contentons. L’addiction à l’écran et à la technologie a été voulue par nos maîtres certes, mais aussi par nous-mêmes.
  • Nous-mêmes résistants (ou se croyant tels) nous nous contentons de cliquer. Nous faisons de la résistance liquide (Bauman), le système nous ayant liquidés. Nous ne sommes pas capables d’opposer une résistance solide à la dictature.
  • Nous avons intégré le fait que nous sommes trop nombreux, pollueurs. Les gens iront au crématoire croyant faire une bonne action.
  • La menace qui nous paraît à nous réelle : Reset, Blockchain, vaccins, camps, dépopulation, paraît farfelue non pas aux médias mais à tout le monde.
  • L’être humain adore la servitude volontaire : voyez ici mes textes sur La Boétie. Ce que je veux dire c’est qu’il est facile de soumettre 90% du populo. Platon rappelle que le tyran ne prend pas le pouvoir contre le peuple mais avec lui (République, VIII).
  • Le putsch est mondial, et aucun pays ne montre l’exemple : pourquoi la France le ferait-elle ?
  • Les Gilets Jaunes ont constitué une gifle phénoménale à la face du peuple. Il n’ose plus bouger par peur de se ridiculiser, et comme on le comprend ! L’épisode mériterait son histoire sérieuse comme mai 68.
  • Les gens passent tous dans la rue le pif dans le smartphone. Y ajouter un masque sur ce même pif ne change pas grand-chose. Les contraintes actuelles accélèrent un vieux comportement entropique, ne le créent pas.
  • On espère ici ou là que le confinement sera rétribué (le fameux revenu universel) et on ne s’en trouvera pas si mal.
  • Le système a des alliés naturels : les retraités, les fonctionnaires, les « farces de l’ordre », les syndicats, les partis politiques, les médias, qui sont tous financés par lui et par la planche à billets de la BCE.
  • Le monde moderne est hallucinatoire (Guénon) : on a la médecine, la liberté, le progrès, la science, tout un tas de mots hypnotiques avec des majuscules qui nous tiennent sur l’éteignoir. Tout cela rend difficile le réveil.

mardi, 10 mars 2020

Rebellion against the Elites may be Just Around the Corner

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Rebellion against the Elites may be Just Around the Corner

Ex: https://journal-neo.org

These days we’re witnessing more and more articles published both by leftist and independent media sources as well as larger sites that state that global inequality is “out of control” owed to the inherent injustice of modern economies allowing billionaires to accumulate huge fortunes at the expense of the rest of society.

Just recently, Oxfam International, an international organization monitoring inequality, released ahead of the World Economic Forum in Davos a report that directly questions the effectiveness of existing capitalist systems, while emphasizing that the gap between the rich and the poor is increasingly incapable of being bridged. The attention of the international community is drawn to the fact that no more than 2,153 billionaires have more wealth than 4.6 billion people, which makes the notorious 1% of the richest people in the world twice as rich as some 6.9 billion. Moreover, the number of billionaires has doubled over the past decade. Oxfam believes that the capitalist system is inefficient, as it allows monopolies to flourish and contributes to the concentration of wealth in the hands of a few. The 63-pages long report emphasizes that world leaders are not trying hard enough to close the growing gap between the rich and the poor, giving way to widespread “elitophobia.”

It is noteworthy that the report was published against the backdrop of an ongoing discussion, including one in the United States, on whether billionaires benefit society in any way.

Today, everyone understands that the rapidly increasing number of billionaires can be largely attributed to the detrimental effects of the globalized market economy. The salaries of many senior executives, who may also be receiving them in the form of stocks, have shown a steady growth, while the incomes of ordinary citizens have not increased or have even decreased in some cases. Thus, breakthroughs in economic development play into the hands of only a tiny minority of the population, while the majority is only getting poorer, which indicates that the elites have overtaken the mechanism of wealth generation within any given economy. The price of neoliberalism turned out to be extremely high in terms of increasing inequality and can lead to the redistribution of wealth among the players, as international economy and trade find themselves in new, completely uncertain conditions, the French Atlantico notes.

Moreover, this happens against the backdrop of declines of entire sectors of the economy in many countries that profess neoliberalism. Growth, on the other hand, is only observed in the richest countries, while poor regions of the world are only getting poorer. Such a model of profits in spite of the depletion of natural resources, makes one wonder if this enrichment has been achieved at the expense of others…

According to a paper titled Elite Capture of Foreign Aid : Evidence from Offshore Bank Accounts that was presented to the World Bank as early as in November 2019 but has only just appeared the other day after a scandal in the Western media, countries that receive international aide are not getting richer. According to the study, after monitoring the data on loan transfers issued by the World Bank to some two dozen mostly dependant countries, it becomes obvious that once a loan is received money starts pouring out from those nations and into offshore zones. Analysts have come to the conclusion that the most plausible explanation of this phenomenon is that a part of the aid is being stolen immediately by the rich and powerful. In struggling countries some 7.5% of the funds are siphoned on average, in those desperately poor – up to 15%.

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Hence, everywhere there is a decline in faith in the existing democratic institutions, because people in many countries of the world are convinced: all the benefits of prosperity go to a select few. This is precisely what British sociologists from the Cambridge University say, as they found out after conducting a large-scale survey that 57% of the world’s inhabitants have no faith in existing government institutions. This distrust reached especially alarming levels in the US, Great Britain, France and many other developed states. According to Roberto Foa, a Cambridge University Lecturer on politics and public policy, the level of dissatisfaction with democratic political institutions has been growing rapidly in recent years, reaching its peak in both the developed world and all across the developing world. According to various analysts, this phenomenon has led to the emergence of populist parties and movements offering undemocratic solutions to a long list of economic and political problems. In particular, sociologists explain the victories of Donald Trump, Boris Johnson and Brexit supporters by the growing frustration of the Western public.

If, as soon as possible, workers are not provided with economic benefits for their labour and the world trade system is not reformed, the political and business elites may be taken down one day by an anti-elite rebellion, notes Foreign Policy. The publication notes that in recent months, protests have flared up around the globe: from Catalonia and Hong Kong, where they demand the right for self-determination, to Algeria, Chile and Ecuador, where people are unhappy with social inequality. Many activists are calling for a fundamental reformation of the system of world governance. The publication presents the results of a study of the level of public confidence in government institutions conducted by the Edelman Trust Barometer in 28 countries, which are consistent with the research of the University of Cambridge. Results of this study indicate that less than 20% of the world population trusts the elite, while 73% advocate reforming the current system of global capitalism.

In recent years, the dynamics of elitophobia has increased remarkably, due to many factors. Among the leading reasons is the inability of the political and financial elite of the most powerful Western states to properly manage difficult economic and social processes, while being unable to present a convincing long-term development strategy. Therefore, the sensational statements of Foreign Policy and various research groups of sociologists and economists about the approach of an “anti-elite rebellion” are hardly a surprise.

Vladimir Odintsov, expert politologist, exclusively for the online magazine ‘New Eastern Outlook’.

jeudi, 03 novembre 2016

«Résister au capitalisme dans un système capitaliste»

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Intervention de Jean Terroir à Academie Christiana:

"Résister au capitalisme dans un système capitaliste"

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Il s’agit d’une version adaptée à la publication écrite.Cette allocution a été donnée, de façon sensiblement modifiée, le vendredi 21 août de 21h à 22h lors de l’université d’été d’Academia Christiana à Sées.

Les références à l’Encyclique Papale Laudato Si’ qui complètent le propos sont indiquées entre crochets.

L’intervention de ce soir tournera autour du thème suivant : Résister au capitalisme dans un système capitaliste ou les alternatives au capitalisme dans un système capitaliste.

Deux façons d’aborder le sujet suivant, à savoir comment sortir de la matrice : on parlera plutôt d’opposition dynamique que d’alternative. Résister et opposer me semblent être les termes adéquats.

Sur le groupe Facebook, sous le visuel de présentation il est écrit : « Consommation, individualisme, déracinement, peut-on guérir notre société de ces maux ? Peut-on échapper à ces phénomènes ? » Je vais effectivement donner des pistes.

Débutons par un cadrage rapide. La France est un système hybride entre étatisme et capitalisme, notre propos doit donc prendre place dans le cadre national, quand bien même nous sommes dans une société marquée par la mondialisation. Mais on ne peut pas aborder en France une « résistance au capitalisme » sans aborder la résistance à l’Etat.

Si l’omnipotence de l’Etat est pour beaucoup de « libéraux » le signe que la France n’est pas vraiment un pays libéral au sens où eux l’entendent : c’est à dire la liberté complète en matière économique, qui effectivement n’existe pas en France pour la majorité des citoyens, c’est en revanche l’Etat qui a permis au capitalisme de devenir dans notre pays un fait anthropologique total. L’Etat en France, c’est en grande partie l’administration et la bureaucratie. Exemple simple : c’est l’Etat qui a contribué au développement de l’agriculture productiviste, donc de l’industrie-agro-alimentaire, donc des grandes surfaces, donc des zones commerciales, donc de la mort de la paysannerie traditionnelle et des commerces de proximité, de la sociabilité locale au profit de territoires entièrement dédiés à la consommation (et de la vente des centres villes aux enseignes comme H&M, Zara, Starbucks, Subway, Carrefour contact, etc…). Cette consommation entraîne d’importantes mobilités, et ces mobilités sont donc un élément du déracinement et de l’atomisation des rapports sociaux (via la voiture individuelle).

jtcap1.jpgPar cet exemple simple, on comprend mieux le lien entre consommation, déracinement et individualisme. On comprend mieux aussi pourquoi on parlera de « fait anthropologique total ». Le rapport à l’Etat a aussi pour conséquence de renforcer l’individualisme : puisque l’État papa ou l’État maman est là (c.a.d : la version rassurante ou répressive de l’Etat), alors quel intérêt d’entretenir des liens de solidarité ? Nous sommes « seuls ensembles ». On devient un « sujet de l’Etat » et finalement tout le monde accepte tacitement le contrat : payer ses impôts pour avoir des « droits à » mais aussi le « droit de ». La loi prend la place de la coutume (locale) ou de la décence commune (pour replacer direct du Michéa).

Le Leviathan étatique permet l’intégration de la quasi totalité de la population, d’une manière ou d’une autre, au système capitaliste : par la formation (école), par l’aménagement du territoire (routes, permis de construire, grands travaux, etc…), par la culture qui est diffusée (télé, théatre, pub, …), par (tout simplement) les modes de vie, par la consommation (on peut consommer grâce aux aides sociales) [Encyclique Laudato Si’ – VI – 203]. Personne n’échappe réellement à la matrice et l’Etat doit vérifier que rien n’échappe à la matrice. Mais cela n’est pas étonnant, puisque tout pays capitaliste a besoin de l’Etat, au moins pour deux institutions : l’armée et la police. L’armée qui sécurise l’approvisionnement, et la police qui protège la propriété privée et les appareils de production. Mais l’armée et la police ont aussi pour fonction de protéger les citoyens et donc de déplacer le rapport de force des communautés humaines vers les Etats (c’est à dire que les peuples n’entrent plus en confrontation que si l’Etat le décide).

Par conséquent, je disais dès le début que résister au capitalisme c’était résister à l’Etat, mais résister à l’Etat c’est se mettre hors la loi. C’est donc la quadrature du cercle, comment résister au capitalisme de façon légale ? A la lumière de mon introduction, on pourrait s’imaginer que c’est contradictoire. En réalité, sauf sur quelques éléments, il est possible de se soustraire légalement à l’Etat sur un certain nombre de domaines, d’utiliser une partie du système contre lui. Toute sortie intégrale d’un quelconque système que ce soit est de toute façon chimérique. Citons en ce sens Serge Latouche : « Si la rigueur théorique exclut les compromissions de la pensée, le réalisme politique suppose des compromis pour l’action ». Même les moines ont besoin des touristes qui achètent leurs bières ou leurs confitures… car l’échange, même commercial, n’est pas forcément la recherche de l’enrichissement. Partons des moines pour poser notre plan : 1) comme le moine résister c’est donc d’une part une démarche individuelle (retourner le système c’est sûrement retourner l’individu contre l’individualisme), 2) résister au capitalisme c’est constituer une communauté sur des valeurs et d’une identité communes, 3) comme le moine, résister au capitalisme, c’est s’approprier un lieu, un territoire

 1) Résister c’est agir soi-même

Démarrons par un extrait de Dominique Venner : « Etre un insoumis ne consiste pas à collectionner des livres impies, à rêver de complots fantasmagoriques ou de maquis dans les Carpates. Cela signifie être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure. »

Résister au capitalisme partira toujours d’une démarche individuelle. C’est bien l’intérêt d’une formation comme Academia Christiana, faire germer en chacun de vous un questionnement sur ce sujet pour qu’ensuite vous puissiez agir: seul, avec les autres et sur un territoire souvent en consommant différemment.

Être sa propre norme par fidélité à une norme supérieure, dans un contexte chrétien, cette « norme supérieure » est évidemment religieuse et biblique.

Retenons simplement ce passage de l’Evangile selon Saint Matthieu au Chapitre VI verset 24: « Nul ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse. » (Mammon) [Encyclique Laudato Si’ – VI – 217]

Pour résister au capitalisme il faut donc adopter une éthique. Éthique de la responsabilité, éthique de la limite. Il faut être responsable dans l’actionet accepter la limite. Pour les chrétiens, comme pour la philosophie païenne greco-romaine, la limite est liée au divin, qu’il soit sous sa forme païenne ou sous sa forme chrétienne. On songera bien sur à l’orgueil. Chez les Grecs, l’hybris est suivi de la colère des dieux (c’est ainsi qu’Herodote explique la défaite des Perses du roi Xerxès). Dans le christianisme, l’orgueil sera rangé au rang des péchés. Mais dans une société où « Dieu est mort » pour reprendre Nietzsche, il n’y a plus de limite. Dans la religion du progrès, qui ne se limite pas au capitalisme mais aussi à certaines formes de socialisme, marquée par l’économisme et le fétichisme de la croissance, l’objectif est de toujours « repousser les limites ».

La première étape de la résistance au capitalisme et ses corollaires consiste donc à adopter cette double éthique de la responsabilité et de la limite et à décoloniser son imaginaire (lire le papier de Serge Latouche dans le dernier numéro de La Décroissance). Cette décolonisation de l’imaginaire est une étape essentielle. Pour un catholique, la Bible devrait être un moyen de décoloniser l’imaginaire de la société capitaliste marquée par le matérialisme, l’accumulation et la soif d’enrichissement. Il ne faut pas accorder d’intérêt à tout ce qui nous pousse à consommer. Il faut résister à la séduction publicitaire (à la tentation). Il faut sans cesse se questionner : est-ce responsable ? Est-ce juste ? Est-ce bon ? Il n’y a pas de résistance au capitalisme sans recul sur le monde et la société et donc une prise de distance avec ces normes. La réussite, est-ce être un homme riche ou est-ce être un homme juste et bon ?

jtcap2.jpgAutre élément qu’on pourrait citer dans la décolonisation de l’imaginaire : le rapport au temps. Une des mutations anthropologique majeure induite par le progrès technique, c’est le changement de notre rapport au temps. On ne peut aller plus vite que le cheval que depuis la fin du XIXeme siècle. La « société de la vitesse » a donc émergée et aucun régime, y compris les régimes qui voulaient lutter contre l’homme libéral, n’a été contre la société de la vitesse. Il est nécessaire qu’il y ait une part prométhéenne mais on n’en maîtrise pas toujours les conséquences. La vitesse, si elle a contribué à la « grandeur des nations », a aussi favorisé une philosophie puis une pratique néo-nomadiste. Le déplacement fait parti de notre façon d’habiter le territoire. J’y reviendrai en troisième partie. Il faudrait donc repenser notre rapport au temps, prendre le temps, faire moins de « choses » mais mieux : la « philosophie de l’escargot » des décroissants.

Une fois qu’on a entrepris cette démarche, elle peut se retranscrire dans un certain nombre de gestes quotidiens, qu’ils soient marchands ou non marchands. Dans les gestes marchands il y aura évidemment ce que nous achetons et ce que nous n’achetons pas. 1 euro qui ne part pas dans la matrice ou 1 euro qui part à soutenir un projet économique alternatif et c’est 1 euro que l’on retire du circuit économique classique. Il faudra donc viser peu à peu la désertion des grandes surfaces, le refus d’acheter certains produits (huile de palme, en raison des conditions de production, le propriétaire de telle ou telle entreprise comme Monsanto ou Coca-Cola) [Encyclique Laudato Si’ – VI – 208]. Dans les gestes non marchands, il y a tout ce qu’on peut faire au quotidien chez soi : par exemple utiliser des outils non électriques dans certaines tâches, se déplacer à pied ou à velo. [Encyclique Laudato Si’ – VI 211]. Prendre le temps pour écrire des lettres ou pour lire : la lecture demeure une activité de résistance au capitalisme (encore faut-il bien choisir ce qu’on lit et donc ne pas être sensible aux phénomènes de mode). Plus de télé (aliénation). Tendre vers la frugalité volontaire. « Un homme heureux consomme peu. » S. Latouche [Encyclique Laudato Si’ – VI – 204 et VI – 223]

Continuer d’acheter des revues et journaux papier, aller pour certains ouvrages dans des librairies indépendantes (donc pas la FNAC). Aller chez les bouquinistes. Et c’est possible aussi dans d’autres domaines comme la musique ou l’habillement. Il est possible d’aller chez les revendeurs ou les friperies (exemple : Oxfam). Privilégier la réutilisation, le rapiéçage, la revente ou le don, à l’achat dans des magasins. Selon l’ADEME chaque habitant se débarrasse de 17 kilos de textile par an dont 9 kilos de vêtements. Agir en refusant de contribuer à la société du jetable, c’est forcément passer par des petits commerces (le bouquiniste, le cordonnier, la mercerie, …). Possibilité également d’acheter dans des magasins de qualité et français comme 1083 pour les jeans ou les chaussures.

Là aussi, paradoxalement, accepter dans un premier temps ses limites : vous ne pourrez pas tout faire, tout de suite, et dans certains domaines ce sera plus compliqué que dans d’autres pour x raisons. Vous serez par exemple confrontés à des réalités financières, il est possible de se nourrir bien pour pas trop cher, mais il est difficile de s’habiller bien pour pas trop cher. Par ailleurs la problématique de l’habillement nous renvoie à un autre élément qui moi me paraît central dans la société actuelle : les gens sont souvent mal habillés, la culture « sportswear » y est extrêmement développée. Là aussi c’est un signe de l’influence de la société capitaliste : le bougisme, la culture urbaine moderne, encouragent à se vêtir avec des chaussures de sport ou des vêtements de sport. Mais cela contribue souvent à l’enlaidissement et à la vulgarité de la foule. (voir un ouvrier avant et après). S’habiller correctement en ville, c’est une façon de ne pas succomber à la médiocrité et à la facilité ambiante. C’est la « tenue » chère à Dominique Venner. C’est aussi l’esthétique.

En définitive comme le dit André Gorz : « la critique de la croissance n’a de sens, et de portée révolutionnaire, qu’en référence à un changement social total. »

A l’issue de cette première partie, nous aurons vu la quasi totalité des 8 R de Serge Latouche: réévaluer, reconceptualiser, réduire, réutiliser et recycler. Il nous resterai restructurer, redistribuer et relocaliser à traiter.

2) Résister c’est agir avec les autres

Restructurer et redistribuer c’est agir avec les autres. C’est adopter de nouvelles façons d’organiser la vie sociale et économique. Zentropa a publié un article intitulé « la communauté ou le cauchemar du système ». La communauté, ce n’est pas le communautarisme. La communauté c’est l’affirmation des liens qui unissent des individus, qui favorisent l’entraide et la coopération dans une perspective d’autonomie. L’entraide est un facteur d’évolution chez Kropotkine, par opposition au darwinisme social de la loi du plus fort. La foi par exemple, ne peut pas simplement se vivre seul, elle se vit aussi dans la messe. Qu’est-ce que l’Eglise si ce n’est l’Ecclesia grecque, l’assemblée. Même le moine (du grec monos, seul), vit dans une « communauté monastique ». Ce n’est ni un ermite, ni un anachorète. Dans l’histoire du christianisme, la communauté a été prépondérante et la force de la communauté d’autant plus. Lors des persécutions, la force de la communauté a empêché l’empire romain de vaincre le christianisme. [Encyclique Laudato Si’ – VI – 219]. Aujourd’hui, pour résister à l’empire de la marchandise il faut agir en communauté. Le troc, le don, les systèmes associatifs (AMAP), les coopératives, les SEL (systèmes d’échanges locaux), les monnaies locales, les microcrédits, le prêt au sein de la communauté, l’autogestion, etc… Le Mouvement d’Action Sociale est un exemple de réponse.

Cela nous réapprend l’organisation collective, le partage, la confiance, etc… Il faut monter des ateliers : cuisine, couture, jardinage, lecture, … tout ce qui favorise le partage, la mutualisation. Il est important de prendre le temps de cuisiner, de partager un repas, sans avoir la télé qui hurle dans le salon. Faire des activités sportives ensemble: la marche, l’auto-défense. (on ne fait pas du sport simplement pour faire du sport, mais aussi pour être ensemble). Vous pouvez inventer vos propres formes de communauté. La communauté est également la garantie de maintenir vivante la norme (à laquelle sont attachés des valeurs et des principes) et de pouvoir trouver un « refuge » en cas de doute. On peut faire part de ses doutes à sa communauté. C’est aussi la nourrir, la réorienter, l’approfondir.

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Il est nécessaire de pouvoir exclure du groupe, et sanctionner (et non de punir, la sanction est éducative, pas la punition), la communauté a des règles, elle «pose le « NON ». Dans la société individualiste, c’est l’absence de règle qui devient la norme. D’où l’inversion des valeurs. L’argent permet de tout s’acheter, de tout transgresser, d’échapper à la loi, etc… La première communauté à faire vivre : c’est le couple, première sphère d’entraide, de coopération d’échange, de complémentarité, de prise de décision collective.

Il ne s’agit pas ici d’une utopie (du grec u-topos qui signifie absence de lieu) mais bien au contraire de la mise en place de quelque chose de concret, de réel, de palpable, de sensible… la communauté est-elle même un « lieu », elle a en tout cas la capacité à s’inscrire et à sa manifester dans des lieux, sur un territoire.

 3) Résister c’est agir sur un territoire

Tous les actes de la vie se déroulent dans des lieux : logement, travail, école, commerce, … Fréquenter d’autres lieux, c’est aussi résister aux « lieux du Capital ». Le choix de son logement, de son travail, de l’école de ses enfants, de là où on consomme, de là où on voyage, tout cela a une importance. Privilégier la densité du bâti à l’étalement urbain, le microfermage, l’agroforesterie, le bocage, la permaculture, etc… à l’openfield. C’est ce qu’on lit dans l’AT : « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, Et qui joignent champ à champ, Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace, Et qu’ils habitent seuls au milieu du pays » (Isaïe 5,8)

La communauté devra s’enraciner sur un territoire dans lequel elle agit. La communauté aura donc d’autant plus de pertinence qu’elle peut agir localement. D’une façon générale le localisme est une façon de rompre peu à peu avec la matrice. La maîtrise de son propre territoire est fondamentale. Dans l’idéal il faudrait en connaître la faune ou la flore. Il faut donc se réapproprier le territoire par la marche (ou le vélo).

Paradoxalement l’urbain maîtrise mieux son territoire que le néo-rural. Le territoire c’est l’enracinement (qui peut être incomplet / imparfait). S’enraciner, ce qui suppose donc un territoire, ce n’est pas refuser les mobilités, c’est se questionner sur la pertinence de nos mobilités et sur la façon donc nous nous déplaçons sur le territoire. Bien évidemment on adoptera pas la même « stratégie » si on est au centre-ville d’une métropole ou dans un petit village de la Creuse. Mais il y a pour tous les types de territoire des façons d’agir et des questionnements à avoir. L’Église elle même a constitué un maillage territorial au sein duquel elle agit.

Dans l’histoire, toutes les communautés se sont appropriées un territoire. Au sein d’un territoire il est plus simple de définir des rôles, complémentaires. Chaque personne peut exprimer ses talents sur le territoire et trouver une place au sein de la communauté. On ne définit pas arbitrairement des rôles, on les définit en fonction des besoins, ou on agit en fonction des talents comme c’est le cas dans un réseau. Ce territoire n’est pas une forteresse bastionnée mais peut être un camp de base, un centre, un point de ralliement et un lieu à partir duquel on s’ouvre au monde. Par définition le territoire est marqué par la limite : il est délimité, et il est possible pour la communauté de définir, sur le plan géographique, ce qui peut ou non passer la limite. Par exemple, le touriste, parfois mal vu par l’autochtone, qui « transgresse son territoire quotidien ».

Transgression des distances, des limites : on ne s’en rend même plus compte. On assiste à un retour au réel dans les banlieues : ces zones de non-droit sont en réalité des zones d’un autre-droit ce qui démontre l’importance du territoire. Quels sont nos espaces d’autonomie ? Où sont nos Républiques autonomes? Où est la souveraineté populaire ? C’est ce qu’on retrouve au sein des ZAD ou au sein des BAD, quant elles ne sont pas abordées sous l’angle du survivalisme anglo-saxon du seul contre tous, mais comme précisément une BASE, AUTONOME et DURABLE. Plutôt que durable, je préférerai le terme de « collective ». Ne cherchez pas plus loin la force du capitalisme, celle des gauchistes ou des « jeunes de banlieue »: c’est leur capacité à s’approprier le territoire qui fait leur force. Les premiers par les rapports de prédation marchande et de spéculation, les deuxièmes par des alternatives et les derniers par le contrôle social, l’économie souterraine et la violence (qui peut trouver une explication sur le plan anthropologique).

Conclusion :

1a) Décoloniser son imaginaire, éthique de la responsabilité et de la limite
1b) Modifier ses habitudes quotidiennes (dé-consommation, frugalité volontaire)
1c) Faire attention à sa Tenue et à l’esthétique (image)
2a) Agir avec les autres (entraide, coopération)
2b) Monter et soutenir des projets collectifs (autonomie)
2c) Savoir dire NON (limite)
3a) Fréquenter d’autres lieux
3b) Agir sur un territoire (localisme, enracinement)
3c) Constituer des lieux et s’approprier un territoire (ZAD, BAD)

Jean / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

Première publication sur academiachristiana.wordpress.com

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Bibliographie indicative:

Ouvrages :

ALLEMAND, Sylvain, ARSCHER François, LEVY Jacques, Les Sens du mouvement. Modernité et mobilités, Paris, Belin, 2005

BAUDRILLARD, Jean, La société de consommation, Paris, Denoël, 1970

CHEYNET, Vincent, Décroissance ou décadence, Vierzon, Editions « le pas de côté », 2014

COLLECTIF OFFENSIVE, Divertir pour dominer, La culture de masse contre les peuples, Montreuil, Éditions l’Échappée, 2010

DARDEL, Eric, L’homme et la Terre, Nature de la réalité géographique, Paris, Éditions CTHS, 1990

DEBRY, Jean-Luc, Le cauchemar pavillonnaire, Montreuil, L’Echappée, 2012

ELLUL, Jacques, Anarchie et christianisme, Paris, Editions de la Table Ronde, réed. 1998

ELLUL, Jacques, Le Système technicien, Cherche midi, réed. 2012

TRUILHE, Mathilde, GIBELIN, Fanny, Tour d’Europe, 6000 kilomètres à pied, Les Amis du Livre Européen, 2015

LATOUCHE, Serge, L’âge des limites, Mille et une Nuit, 2012

LATOUCHE, Serge, Le pari de la décroissance, Paris, Fayard Pluriel, réed. 2010

LUSSAULT, Michel, De la lutte des classes à la lutte des places, Paris, Grasset, 2009

LUSSAULT, Michel, L’homme spatial, Paris, Seuil, 2007

MAUSS, Marcel, Essai sur le don, Paris, PUF, réed. 2008

MICHEA, Jean-Claude, La double pensée, retour sur la question libérale, Paris, Flammarion, 2008

NAESS, Arne, Ecologie, communauté et style de vie, trad. Charles Ruelle, Paris, Editions MF, 2009

OZON, Laurent, France, les années décisives, BIOS, 2014

PAPE FRANCOIS, Loué sois-tu, Lettre encyclique Laudato Si’ sur la maison commune, Éditions Artège, 2015

TURKLE, Sherry, Seuls ensembles, De plus en plus de technologies de moins en moins de relations humaines, L’Echappée, Montreuil, 2015

VENNER, Dominique, Un Samouraï d’occident : Le bréviaire d’un insoumis, PGDR, 2013

WEIL, Simone, L’enracinement, Paris, Gallimard, réed. 2011

Articles :

LATOUCHE, Serge, LE CARBONEL, Guillaume, NAUDIN, Arnaud, « Serge Latouche : « la décroissance n’a pas à se situer sur l’échiquier politique », fr.novopress.info, 2014

LATOUCHE, Serge, « Pourquoi la décroissance implique de sortir de l’économie », La Décroissance n°121, juillet/août 2015

LE CARBONEL, Guillaume, « La décroissance pour les nuls », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2015

LE CARBONEL, Guillaume, « Ecologie politique et combats locaux », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2014

FELTIN-TRACOL, Georges, « Villes – banlieues, un constat accablant », europemaxima.com, 2012

Franck, « Chronique de livre : Fanny Truilhé et Mathilde Gibelin, Tour d’Europe », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2015

GRIMAL (de), Frédéric, « Coca-Cola:entre boycott et alternatives locales », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2014

MARTIN, Aristide, « Chronique de livre: Eric Dardel et l’homme et la Terre », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2014

NAUDIN, Arnaud, « Chronique de livre : Thierry Paquot, désastres urbains », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2015

Rüdiger, « Une sortie au Centre commercial », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2012

Rüdiger, « Les vacances dont tu ne veux pas … », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2015

Rüdiger et Ann, « Et toi, tu passes ta vie dans les bouchons », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2013

Rüdiger et Ann, « Le goût de rien, où comment l’homme se perd », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2014

Rüdiger et Ann, « Notre Sainte bagnole », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2015

TERROIR, Jean, « Chronique de livre: Jean-Luc Debry, le cauchemar pavillonaire », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2015

TERROIR, Jean, « La France du localisme. », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2015

TERROIR, Jean, « Chronique de livre: Christophe Guilluy, La France périphérique, comment on a sacrifié les classes populaires », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2014

TERROIR, Jean, « Chronique de livre: Laurent Ozon, France les années décisives », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2014

TERROIR, Jean, « Chronique de livre: Vincent Cheynet, Décroissance ou décadence », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2014

TERROIR, Jean, « Chronique de livre : Anarchie et Christianisme », cerclenonconforme.hautetfort.com, 2013

ZENTROPA, « La communauté ou le cauchemar du système », zentropa.tumblr.com, 2012

vendredi, 02 octobre 2015

Société civile – Entre chaos, désobéissance et prise du pouvoir

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Société civile – Entre chaos, désobéissance et prise du pouvoir

Michel Garroté
Politologue, blogueur

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Les cinquante dernières années ont vu la victoire anti-culturelle, amorale et politicarde du courant initié dès le début des années 1960, puis, plus encore, par cette fumisterie que l’on nomme Mai 68. La civilisation française a progressivement perdu toute colonne vertébrale. A gauche comme à droite, la langue française est massacrée tous les jours par la caste politico-médiatique confortablement installée. L’individualisme prime sur les valeurs et sur le bon sens. Le concept de République est aujourd’hui vide et creux. La laïcité est devenue allahïcité. La culture classique -- à la fois judéo-chrétienne et gréco-latine -- est interdite de séjour sur son propre territoire.

L’immigration-invasion est majoritairement musulmane, pour ne pas dire islamique. L’islamo-gauchisme, c’est très « tendance » ; et oser écrire, cela est très incorrect. Une personne ouvertement de droite est aussitôt qualifiée « d’extrémiste de droite », de « frontiste » ou de « lepéniste ». Le travail des idées a été remplacé par de pseudo-débats aussi médiocres que sectaires. Dans cette ambiance, la société civile aura bientôt le choix entre le chaos, la désobéissance ou la prise du pouvoir.

Parler la langue de Mitterrand comme une lourde vache batave

Le chroniqueur catholique de droite Bernard Antony a récemment écrit (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Je suis resté hier devant mon poste un peu plus longtemps que d’ordinaire, je me suis promené dans les chaînes : à deux ou trois reprises, çà et là, l’indigent spectacle de François Hollande proférant d’ineptes assertions sur le bombardement du camp d’entraînement à Deir ez-Zor pour les jihadistes qui, paraît-il, ont besoin d’aller là-bas, si loin, pour apprendre à tirer à la kalach, à dégoupiller une grenade ou à placer une charge. Toutes choses pourtant que n’importe quel caïd de Marseille se ferait une joie de leur enseigner juste pour le plaisir du service rendu.

Bernard Antony : Mais le pire, ce n’est pas qu’il prend les Français pour des billes, c’est qu’il parle la langue de Mitterrand comme une lourde vache batave avec des mots impropres, des pronoms relatifs inappropriés, et des accords du participe massacrés. Cela ne manque pas de provoquer les quolibets des orateurs africains qui tous, je l’ai vérifié jadis dans les rencontres du Parlement Européen, se font un point d’honneur de s’exprimer parfaitement dans la langue de Bossuet, conclut Bernard Antony (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Refaire des tissus, refaire des paysans, des esprits indépendants

Dans son dernier livre, Philippe de Villiers écrit (extraits ; voir lien vers source en bas de page) : Un jour, on retrouvera les étymologies : la patrie, la terre des pères, renvoie à la paternité. La nation – natio : naissance – renvoie à la maternité. On a voulu fabriquer une société de frères sans père ni mère. Il faudra bien reconnaître, face à la guerre contre la famille et contre la famille des familles – la communauté nationale –, l’objection de conscience, le refus de l’impôt quand on ne voudra plus payer de sa vie la mort des autres. Les premiers objecteurs iront en prison. Puis les murs de la prison tomberont, on ne peut pas emprisonner tout un peuple.

Philippe de Villiers : Car ceux qui luttent contre la vie et brisent les attachements vitaux ont choisi de ne pas survivre. Ils feront place nette. Ils n’auront pas de successeurs. Les derniers survivants seront les enfants des cercles de survie, les évadés de l’ordre marchand. Heureusement, dans un vieux pays, rien n’est irréversible. Il y a comme une mémoire quasi minérale du sol natal : le déracinement déracine tout, sauf le besoin d’enracinement. Nos âmes expirantes retrouveront un jour les sagesses instinctives. Il faudra refaire des tissus, refaire des paysans, des esprits indépendants, comme on replante des fleurs après l’hiver, conclut Philippe de Villiers (fin des extraits ; voir lien vers source en bas de page).

Une succession de trahisons et de reniements

De son côté, l’analyste Alexandre Latsa écrit (extraits ; voir lien vers source en bas de page) : Le 18 septembre dernier, un évènement assez inattendu s’est produit sur le plateau de l’émission "On n’est pas couché" (ndmg - il ne s’agit pas ici de la prestation récente de Nadine Morano). Pour la première fois sans doute depuis que le tandem de débat qui anime les discussions avec les invités existe, ces derniers ont été remis à leur place par un authentique intellectuel dont on ne peut que saluer l'honnêteté et la rigueur intellectuelle qui a été la sienne au cours de cet échange et qui, il faut bien le dire, aura laissé le binôme totalement KO, comme on peut le voir ici et.

Alexandre Latsa : Cet échange sur le plateau d'une émission du service public aura permis une nouvelle fois de constater le fossé qui existe au sein de tendances politiques pourtant plutôt similaires au sens large, entre les exécutants du système médiatique et le dernier noyau d'authentiques intellectuels français dont sans aucune hésitation, Michel Onfray fait partie tout comme par exemple Éric Zemmour. L'air totalement sonné, hagard même diront certains, de Léa Salamé ou Yann Moix sur le plateau le 18 septembre, ne peut pas ne pas nous rappeler la puissance lourde des démonstrations zemmouriennes qui mainte fois laissèrent les invités KO. Des états de fait traduisant l'écart cosmique de niveau entre Michel et Éric, et ceux qui sont censés analyser et évaluer leurs réflexions et leur production intellectuelle.

 

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Alexandre Latsa : De gauche et de droite, Michel et Éric sont pourtant équipés d'un logiciel de fonctionnement commun, logiciel les rapprochant sans doute en réalité beaucoup plus que ne les éloignent leurs pourtant réelles différences d'orientation politique.

Alexandre Latsa : Parmi ces points communs de fond et de forme on peut citer :

Une authentique maîtrise du verbe.

Une rhétorique axée sur la stratégie de vérité et l'analyse des faits.

Une pensée authentiquement cartésienne et donc française.

Une conscience nationale et/ou populaire affirmée.

La profonde remise en question des élites politiques ou médiatiques.

Le refus de cette insupportable menace permanente d'assimilation au Front national.

La tentative de compréhension des éléments visiblement sur une longue durée historique.

Et enfin, la tentative de résister à cette nouvelle dictature qu'est devenue l'information de l'instantané, qui favorise l'émotion au détriment de la réflexion.

Alexandre Latsa : A gauche, cette rupture est plus visible qu'à droite tant les 30 dernières années ont vu la totale victoire culturelle, morale et politique de la culture initiée par mai 68, une prise de pouvoir qui s'est affirmée au cours des années 1980. Une nouvelle gauche née sur les cendres du parti communiste et qui au cours des décennies suivantes s'est transformée en une nébuleuse sociale-démocrate sans idéologie et dont les principaux représentants n'ont plus que pour compétence leur aptitude à subsister au sein de la grande kermesse médiatique, cet espace oligarchique transnational au sein duquel, fondamentalement, le peuple n'existe pas, pas plus du reste que n'y existe la nation française.

Alexandre Latsa : A ce titre et pour se convaincre de la dépendance des premiers envers les seconds, une lecture attentive des excellents dossiers de l'Observatoire des Journalistes et de l'information permet de mieux comprendre ces nouvelles interactions. Les dynamiques qui ont pris naissance en amont de mai 68 et ont abouti à ce Maïdan français avaient pour corolaire historique naturel d'entraîner la disparition totale de l'ancienne gauche, que l'on peut qualifier de plutôt nationale, populaire et cohérente. Une disparition rendue nécessaire pour permettre la prise de pouvoir de cette Nouvelle Gauche qui, sous couvert d'aspirations sociétales fort séduisantes et d'une soi-disant sacro-sainte liberté individuelle, avait surtout pour raison et finalité historique de s'accorder avec l'hyper économisme dominateur et transnational.

Alexandre Latsa : L'histoire politique de notre pays de 1981 à 2015 n'aura finalement été qu'une succession de trahisons et de reniements opérés par les enfants de mai 68, ces libertaires capitalistes qui ont soutenu les processus économiques destructeurs (pour le petit peuple) et parfois antidémocratiques de la construction européenne, que l'on pense respectivement à l'instauration de l'espace Schengen en 1995 ou au référendum de 2005 sur la Constitution européenne. Nul doute que pour cette caste, l'entrée en vigueur du traité transatlantique soutenu par tous les socialistes européens sera vraisemblablement un soulagement mais aussi et surtout, au fond, un aboutissement.

Alexandre Latsa : De nombreux points communs avec notre classe politique, qui a au cours des quatre dernières décennies évolué de telle façon que notre président est devenu une sorte de VRP, et notre Assemblée nationale, chambre d'enregistrement des décisions américaines. Un comble alors que la France, en tant qu'Etat indépendant, devrait avoir à sa tête un président qui ne pense qu'aux intérêts supérieurs de la nation et une Assemblée qui valide les grandes directions insufflées par le chef de l'Etat.

Alexandre Latsa : Pourtant, ici et là, de nouvelles dynamiques apparaissent. Les Français sont visiblement de plus en plus nombreux à mesurer l'incompétence de leur classe politique et à comprendre que la solution ne viendra pas d'en haut mais d'en bas, du peuple. Nombreux sont ceux qui envisagent désormais de nouvelles figures politiques issues pourquoi pas de la société civile. De tels scénarios ont du reste déjà été envisagés, que ce soit avec Michel Onfray et Éric Zemmour. L'avenir pourrait-il voir l'émergence d'un gouvernement d'union nationale issu de la société civile ?, conclut Alexandre Latsa (fin des extraits ; voir lien vers source en bas de page).

Michel Garroté

http://www.bernard-antony.com/2015/09/devant-mon-poste.html

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2015/09/de-la-d%C3%A9sob%C3%A9issance-civile-%C3%A0-lesp%C3%A9rance-selon-philippe-de-villiers.html

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150928/1018441210.html#ixzz3n8iJtIzf

   

jeudi, 20 mars 2014

23 Mars 2014 : Rassemblement pour une révolte anthropologique!

23 Mars 2014 : Rassemblement pour une révolte anthropologique!

 

De la colère à la révolte, il n’y a qu’un pas. Nous le franchissons, et appelons tous les dissidents Français à participer à notre grand rassemblement "Pour une révolte anthropologique !", le 23 mars prochain, à la Défense.

Car il ne s’agit plus seulement de s’attaquer à tel ou tel parti, à telle loi ou à tel dignitaire de l’UMPS. C’est un rejet en bloc que nous devons formuler : rejet d’une vision du monde mortifère fondée sur l’inversion des valeurs, rejet de la subversion libérale-libertaire, rejet de la république des partis, des loges et des lobbies, rejet du mondialisme et de la finance internationale.

Les fronts d’hier sont dépassés. Le temps est venu de se rassembler autour d’un combat commun : celui de la riposte contre l’Empire.

RDV LE 23 MARS A PARTIR DE 14H, DEVANT LA GRANDE ARCHE DE LA DÉFENSE

♠ La Dissidence Française ♠

 

 

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lundi, 01 avril 2013

Vincent Vauclin : "Résister à l'Empire"

 Vincent Vauclin :

« Résister à l’Empire »

Ex: http://la-dissidence.org/

Autopsie du corps social

Cette société est perdue.

Le processus est engagé, et la dévastation est telle que nous n’avons plus la capacité de l’inverser.
La seule limite qui se posera, et se pose déjà, est totalement indépendante de notre action : celle des contradictions intrinsèques du système et de son absurdité totale.

Le totalitarisme qui nous fait face est le plus implacable qui soit. De toutes les dictatures, la dictature hédoniste est de loin la plus performante et la plus solide de toutes. Aboutissement logique d’un long processus historique, sociologique et psychologique, la domination moderne s’est imposée comme une idéologie totale, omniprésente, dont chaque individu se fait aujourd’hui le vecteur à son insu, dans son langage, dans son comportement, dans son mode d’appréhension du monde.
Aucune sphère de la société, publique ou privée, n’est épargnée par ce vaste élan de subversion qui ravage les structures et les institutions traditionnelles, impose un rythme effréné, et induit un déracinement à la fois spatial et temporel des hommes, transformés en nomades dans un monde purgé de son sens, amputé de son Histoire, privé de son avenir.

L’aliénation est ainsi totale, et à mesure que les derniers remparts à l’hégémonie moderne s’effondrent, de nouvelles promesses hédonistes émergent, ouvrant comme seules perspectives d’avenir les satisfactions éphémères, organiques, conditionnées et perverses de la consommation et de la sexualité.
Accompagnant ce mouvement, la standardisation des personnalités par les médias de masses systématise les comportements individuels qui s’inscrivent ainsi dans un paradigme global purement matérialiste dont la fonction première est d’isoler l’individu de l’ensemble de ses appartenances, substituant le bien au lien, la possession à la relation.

Un tel totalitarisme neutralise alors l’ensemble de ses oppositions tout en alimentant son essor en s’appuyant sur les archaïsmes psychologiques d’individus qui se trouvent bombardés pluri-quotidiennement d’injonctions publicitaires et normatives qui excitent les plus bas instincts et leur offrent dans le même temps des débouchés pour décharger ces pulsions, que ce soit dans l’acte d’achat ou l’acte sexuel. La mobilisation de ces processus primaires – et parfaitement inoffensifs pour le Système – entraînant par ricochet une dégradation générale de l’intellect dont la source sublimatoire se trouve tarie par le « jouir-sans-entrave » qui s’y manifeste.

Dès lors, c’est un cercle vicieux qui s’enclenche. Standardisés et aliénés, les individus renforcent par leurs comportements et leurs discours une pression sociale qui broie insidieusement le collectif et normalise le processus de décivilisation. C’est là le caractère le plus abjecte de ce totalitarisme : sa domination ne repose ni sur la coercition, ni sur la force. Elle s’appuie sur l’adhésion collective, sur un contrat tacite et inconscient par lequel l’individu renonce à son âme, à ses responsabilités, en échange des quelques satisfactions immédiates à ses désirs, des désirs étant par ailleurs conditionnés par le Système (à travers les phénomènes de mode par exemple).

C’est la mort du corps social, tué de l’intérieur par ceux-là mêmes qui en dépendent.

Au milieu des ruines, les dissidents face à l’Empire

Mais la « perfection » n’est pas de ce monde. Malgré sa terrible efficacité, le Système se trouve dans l’incapacité de combler toutes ses failles et d’absorber l’ensemble de son opposition. Et ce pour une raison très simple : les promesses hédonistes dont il berce les masses ne peuvent satisfaire l’ensemble des individus qui y sont exposés.
Les contradictions et crises récurrentes de ce Système génèrent des frustrations nombreuses qui, si elles participent à la dynamique du Système en temps normal, deviennent ingérables lorsqu’elles dépassent un certain seuil.

La plupart du temps, les individus broyés par le Système, et dont les désirs standardisés entrent en conflits trop violents avec leur réalité matérielle, basculent dans la pathologie mentale : l’augmentation vertigineuse de la consommation d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques en témoigne, de même que celle des suicides et des addictions. Cela dit, d’un point de vue systémique, cette frange de la population reste marginale et ne représente en aucun cas un quelconque danger pour la domination moderne qui, du reste, l’intègre aisément à son processus de domination marchande.

Mais il reste une part de la société sur laquelle la greffe de la modernité ne prend pas, pas totalement en tout cas. Le conditionnement général échoue dans sa tentative hégémonique d’imposer l’uniformisation des comportements, des discours, des attitudes : une frange non-négligeable de la population échappe en effet à cette standardisation, le plus souvent parce qu’elle en désapprouve moralement les fondamentaux, ou parce qu’elle a fait l’expérience malheureuse des conséquences de cette aliénation.
Ces dissidents représentent aujourd’hui la seule véritable résistance à ce Système. Et bien qu’embryonnaire, cette dissidence incarne une faille dans la pensée unique dominante, la lézarde, et contribue à rompre le consensus tacite sur lequel elle s’appuie. Mais le rapport de force étant ce qu’il est, l’analyse objective de la situation doit nous amener à considérer la bataille comme perdue, en tout cas sur le terrain strictement concret et matérialiste.

Notre Grande Guerre est spirituelle

Quelle résistance nous faut-il donc opposer au totalitarisme moderne ?

Il apparaît d’abord tout à fait absurde de se concentrer sur tel ou tel combat secondaire sans jamais oser penser le problème dans sa globalité, ni remonter à sa source.
Ainsi, certains se focalisent sur le combat contre l’Union Européenne par exemple. C’est parfaitement légitime mais, cela dit, ils peuvent être certains que si par miracle ce combat aboutissait, ce serait en pure perte. Tout simplement parce que l’Union Européenne, notamment, n’est que le résultat d’un dysfonctionnement profond de l’ordre social et de la gangrène généralisée qu’est la modernité
En toute logique, une remise en cause de la domination de l’Empire s’avère parfaitement inutile, pour ne pas dire contre-productive, si elle n’est que partielle, puisque se concentrant sur un seul aspect de cette domination.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, qu’ils soient assurés qu’au final leur action aura été nulle. Pour reprendre l’exemple de l’Union Européenne, ils ne feraient que différer temporairement l’influence d’une entité que rien n’empêchera d’émerger de nouveau, sous une forme encore plus abjecte. Tout simplement parce que dans leur combat, ils seront passés à côté de l’essentiel, c’est-à-dire la matrice qui l’a engendrée, et que rien n’empêchera d’enfanter de nouveau.
Il est vrai qu’il est sans doute plus confortable de mener ce type de combat secondaire, sans jamais oser nommer l’ennemi véritable. Il est forcément plus « rentable », moins dangereux, de pointer un seul aspect de la domination moderne que d’affronter en face l’Empire dans sa totalité, dans sa complexité, et notamment dans ses composantes ethno-confessionnelles qu’il faut bien nommer.

En vérité, notre rôle ne peut sérieusement se résumer qu’à maintenir une ligne de front, incarner une résistance totale, et former un « roc » par notre collectif, qui ne cédera rien à l’érosion. Soit transmettre par notre posture, notre ligne et nos actes, les principes fondamentaux de la Civilisation à l’heure où ceux-ci sont purement et simplement balayés par le totalitarisme moderne et hédoniste.
Notre engagement est donc avant tout moral, essentiellement moral. Donc actif, combatif, systématique.

Il est ainsi hors de question d’abandonner le terrain de l’action, mais il est absolument fondamental de concevoir cette action selon ces principes moraux intangibles, qui ne nous compromettent pas avec ce totalitarisme, faute de quoi nous serions nous même « happés » par cette modernité et y perdrions notre essence.
Considérant ces aspects, la dissidence en tant que forme totale d’engagement apparaît être le seul chemin de combat qu’il nous est autorisé d’emprunter.

Sur le plan économique, sur le plan politique, sur le plan intellectuel et culturel, nous devons organiser une riposte globale en cessant purement et simplement de participer aux institutions de l’Empire, en cessant de les cautionner, et en agissant pour l’émergence d’institutions parallèles et légitimes.
La guerre que nous devons mener est avant tout une guerre de légitimité. C’est alors, nécessairement, une guerre spirituelle, qui laisse de côté les contingences politiciennes, et impose à la fois discipline et abnégation.

A l’heure de son trépas, la Civilisation pousse un cri. Un cri dont l’écho résonne en nous et dont il semble que nous soyons les seuls à l’entendre.
Cela nous confère une responsabilité que nous devons assumer, par l’intégrité de notre engagement total et la détermination absolue de ceux qui n’ont rien à perdre, et qui n’attendent plus rien d’un Système dont ils perçoivent la nature fondamentalement malsaine et aliénante.

Et c’est en cela, que nous sommes des dissidents : le totalitarisme moderne n’a pas prise sur nous, tout simplement parce que nous sommes définitivement immunisés de ses illusions.

Vincent Vauclin

Seul compte, aujourd’hui, le travail de ceux qui savent se tenir sur les lignes de crête : fermes sur les principes ; inaccessibles à tout compromis ; indifférents devant les fièvres, les convulsions, les superstitions et les prostitutions sur le rythme desquelles dansent les dernières générations.

Seule compte la résistance silencieuse d’un petit nombre, dont la présence impassible de ‘convives de pierre’ sert à créer de nouveaux rapports, de nouvelles distances, de nouvelles valeurs, à construire un pôle qui, s’il n’empêchera certes pas ce monde d’égarés et d’agités d’être ce qu’il est, permettra cependant de transmettre à certains la sensation de la vérité – sensation qui sera peut-être aussi le déclic de quelque crise libératrice.

Julius Evola – Révolte contre le monde moderne

dimanche, 31 mars 2013

Du Droit à la désobéissance

Déclaration : Du Droit à la désobéissance

Ex: http://la-dissidence.org/

 

Considérant le scrutin présidentiel des 22 Avril et 6 Mai 2012, nous estimons son caractère non-démocratique pour les raisons suivantes :

- La majorité des candidats défendant une ligne de fond identique, les différences entre eux n’étant objectivement que marginales ;
- Le temps de parole ainsi alloué ne permettant pas l’expression pluraliste des idées ;
Le système inique des 500 parrainages favorisant exclusivement les grandes formations politiques ;
/

Considérant le scrutin législatif des 10 et 17 Mai 2012, nous estimons son caractère non-démocratique pour les raisons suivantes :

- Le mode scrutin non-proportionnel, permettant les combinaisons politiciennes et partisanes au détriment de l’expression de la volonté populaire (Europe Ecologie- Les Verts a recueilli 2,21% aux présidentielles, et a 17 députés ; le Front National a recueilli 17,90% aux présidentielles, et n’a que 2 députés).
L’importance d’une abstention record, de 44,59% des inscrits. La majorité présidentielle (PS, FdG, Verts, DvG) issue du scrutin et qui entend donc légiférer pour les 5 ans à venir, ne reccueille donc finalement que 27,17% des suffrages des inscrits, n’ayant ainsi aucune légitimité populaire ;
/
/
Considérant enfin le fonctionnement intégralement dévoyé de la Vème République , et le non-respect de la décision populaire exprimée lors du référendum de 2005.
/

Nous déclarons la « République Française » illégitime.

Les lois, décrets, et taxes émanant de cette entité ne sauraient donc s’appliquer au Peuple de France.
En conséquence, et pour les raisons susmentionnées, nous décrétons la désobéissance comme Droit s’étendant à l’ensemble des Français.
Nous enjoignons les forces de l’ordre à prendre acte de cette dissidence, et à respecter ce Droit élémentaire et légitime .
/
Nous considérons dorénavant cette désobéissance comme Droit et Devoir, constitutif de notre dissidence politique.
Nous ne reconnaissons plus, par conséquent, le statut de « citoyen ».
/
 
Déclaration commune
 
 

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vendredi, 01 février 2013

REBELLION n° 56

REBELLION n° 56 EST SORTI !

rebellion, socialisme européen, insoumission, mas, révolution, françis cousin

Au sommaire du numéro : 

Editorial : Réflexion en écho à celle d'un philosophe transalpin

Actualité : la rébellion des peuples européens. 

Idées : Penser le libéralisme par Charles Robin. 

L'Odyssée de la crise. 

Entretien avec Francis Cousin : L'Etre contre l'Avoir. 

Esprit Libre : La liberté d'expression ne se demande pas. elle se prend !

Entretiens avec Arnaud Guyot-Jeannin et Javier R. Portella

Polémique : Retour sur la pensée de Richard Millet. 

Culture : Les illusions de la contre-culture par David l'Epée. 

Chroniques livres. 

 

Le numéro est disponible contre 4 euros à l'adresse suivante : 

Rébellion

c/o RSE BP 62124  

F-31020  TOULOUSE cedex 02

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mercredi, 21 septembre 2011

La révolte des intellectuels contre le Système

La révolte des intellectuels contre le Système

par Andrea MASSARI

La dissidence des intellectuels a précédé la chute de l’Union Soviétique. La révolte des intellectuels contemporains pourrait bien annoncer la chute de l’empire cosmopolite. Certes, les oligarques du Système sont puissants : ils possèdent l’argent et contrôlent les médias classiques. Mais le pouvoir de ces oligarques est triplement menacé : par la révolte populiste, par la révolte numérique mais aussi par la révolte des intellectuels. Philosophes, anthropologues, économistes, géopoliticiens, géographes et sociologues sont de plus en plus nombreux à contester le désordre établi. À l’écart d’une actualité hollywoodienne, Andrea Massari nous propose de prendre un peu de hauteur… Explications (Polémia).

Les philosophes à la quête du sens

 

Dans les années 1950, la majorité des philosophes étaient marxistes; ils sont devenus droits-de-l’hommistes dans les années 1970 – 1980. Aujourd’hui, beaucoup de philosophes sont des critiques acerbes de la modernité et portent souvent la parole d’un retour à la tradition. C’est le cas de Jean-François Mattéi, auteur de La Barbarie intérieure et du Procès de l’Europe. C’est le cas de Philippe Nemo, auteur de La Régression intellectuelle de la France. Chantal Delsol dénonce, elle, L’Âge du Renoncement. Et avec une grande rage littéraire l’écrivain Richard Millet dénonce La Fatigue du sens et l’horizontalité du monde. Un pamphlet philosophique éloigné de toute bien-pensance et frappé du sceau de la radicalité.

 

Le grand retour des frontières

 

Dans la novlangue contemporaine le mot frontières était devenu tabou : on n’en parlait pas, si ce n’est pour les… supprimer. Régis Debray a brisé le tabou en publiant un Éloge des frontières. L’éloge des frontières, c’est aussi le fil rouge du livre fulgurant d’Hervé Juvin : Le Renversement du monde. L’économiste et anthropologue rejoint ainsi le philosophe. L’un et l’autre chez Gallimard.

 

La réhabilitation du protectionnisme

 

Face à la grande menace industrielle, le vieux gaulliste Jean-Noël Jeanneney avait publié, en 1978, Pour un nouveau protectionnisme. En forme de chant de cygne car depuis la fin des années 1970, c’est le libre-échange qui donne le tempo. Parvenant même à faire censurer le Prix Nobel Maurice Allais. Cette époque de censure est révolue : des économistes osent aujourd’hui s’afficher protectionnistes : Jacques Sapir et Jean-Luc Gréau ont rejoint Gérard Dussouy, théoricien de la mondialité, et Alain Chauvet (Un autre monde : Protectionnisme contre prédation).

 

Sociologues et géographes portent un regard critique sur l’immigration

 

Le géographe Christophe Guilly a jeté un pavé dans la mare avec ses Fractures françaises. Il y montre l’ampleur des fractures ethniques. Fractures ethniques qui ne sont pas forcément sociales : car on est plus riche (monétairement parlant, en tout cas) en Seine-Saint–Denis que dans la Creuse. De son côté, Malika Sorel tient Le langage de vérité [sur] Immigration, Intégration. Dans les mêmes perspectives que Michèle Tribalat (de l’I.N.E.D.) dans Les Yeux grands fermés (L’Immigration en France) ou Hugues Lagrange dans Le déni des cultures.

 

Le grand retour de la géopolitique

 

Chaque année le festival de géopolitique de Grenoble, organisé par Pascal Gauchon et Jean-Marc Huissoud, marque le retour des intellectuels vers les préoccupations de puissance : Aymeric Chauprade, auteur de Chronique du choc des civilisations, peut y croiser Pascal Boniface, auteur de Atlas du monde global et pourfendeur des Intellectuels faussaires. Hors champ, on ne saurait oublier le général Desportes, ancien directeur de l’École de guerre et critique des guerres américaines. Ni Alain Soral, qui ne veut pas seulement Comprendre l’empire mais le combattre. Ni Christian Harbulot, théoricien de la guerre économique. Ni François-Bernard Huyghe, lumineux médiologue.

 

Le dévoilement de l’art « contemporain »

 

L’art « contemporain » a plus… d’un siècle. Il est plus que… centenaire ! Il est né dans les années 1890 et trône dans les musées depuis L’Urinoir de Duchamp en 1917 ! Mais les critiques de l’art « contemporain » sont de plus en plus nombreuses et acerbes. Jean-Philippe Domecq annonce que « l’art du contemporain est terminé ». Ces Artistes sans art sont aussi critiqués par Jean Clair, académicien et ancien directeur du Musée Picasso, dans L’hiver de la culture et Dialogue avec les morts. Sans oublier les charges argumentées d’Aude de Kerros (L’art caché), de Christine Sourgins (Les mirages de l’art contemporain), de Jean-Louis Harouel (La grande falsification de l’art contemporain) ou d’Alain Paucard (Manuel de résistance à l’art contemporain).

 

La dénonciation des oligarchies

 

Il y a dix ans, les « oligarques » désignaient des dirigeants russes plus ou moins mafieux qui s’enrichissaient sur les ruines de l’ex-Union soviétique. Aujourd’hui, la critique des oligarchies a franchi le mur de l’ex-« Rideau de fer ». Apôtre de la démocratie directe, Yvan Blot publie L’Oligarchie au pouvoir. Il se trouve en compagnie d’Alain Cotta dénonçant Le Règne des oligarchies et d’Hervé Kempf qui publie, au Seuil, L’Oligarchie, ça suffit, vive la démocratie. Et le libéral Vincent Bénard, directeur de l’Institut Hayek, dénonce les « oligarchismes ». Un point de vue que reprend d’une autre manière, l’anthropologue Paul Jorion dans Le Capitalisme à l’agonie. Ainsi cinq auteurs, partant de cinq points de vue différents, convergent dans la même critique. À la place des oligarques, on s’inquiéterait !

 

Les neurosciences contre la télévision et les pédagogies nouvelles

 

Des milliers d’études scientifiques ont établi la malfaisance de la télévision sur la santé (obésité, maladies cardio-vasculaires) et le développement intellectuel en particulier des jeunes enfants. Avec TV lobotomie, Michel Desmurget en fait un point sans concession, frappant au cœur l’instrument central de contrôle des esprits.

 

Les neurosciences offrent aussi des arguments décisifs contre les pédagogies dites « nouvelles » dont les ravages dans l’éducation sont constamment dénoncés, notamment par Laurent Lafforgue, médaille Fields.

 

Un bouillonnement fécond

 

Ce qui est frappant dans ce nouveau paysage intellectuel, c’est la diversité de ceux qui le composent. Il y a les établis et les marginaux : ceux qui ont pignon sur rue chez Gallimard et au Seuil, et ceux qui publient leurs livres à la limite de l’auto-édition. Qu’importe, les uns et les autres rencontrent le succès grâce à Amazon notamment.

 

Il y a ceux qui viennent des rives de la gauche et du marxisme et ceux qui s’assument réactionnaires. Il y a des libéraux lucides et des lecteurs de Krisis. Il y a des catholiques, des laïcs et des panthéistes. Il y a ceux qui sortent de trente ans de bien-pensance et ceux qui luttent depuis trente ans contre la bien-pensance. Il y a aussi tous ceux qui viennent de nulle part mais qui respectent les faits.

 

Le pouvoir des oligarques et l’ordre politiquement correct (mondialiste, « antiraciste », libre-échangiste, en rupture avec les traditions) sont placés sous un triple feu : les mouvements populistes, la bloguosphère dissidente et les intellectuels en rupture. Gageons que les événements qui viennent les feront converger !

 

Andrea Massari

 

D’abord mis en ligne sur Polémia, le 7 juillet 2011.

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

lundi, 14 février 2011

Notschalter: Die Regierung Obama fürchtet in den USA Aufstände wie in Ägypten

Notschalter: Die Regierung Obama fürchtet in den USA Aufstände wie in Ägypten

Steve Watson

Die Regierung Obama ist derzeit bemüht, schnell einen Gesetzentwurf passieren zu lassen, der dem Präsidenten praktisch einen Notschalter für das Internet in den USA an die Hand gibt, während die ägyptischen Behörden gleichzeitig dafür kritisiert werden, das Internet abzuschalten, um der sich anbahnenden Revolution gegen Hosni Mubarak etwas den Wind aus den Segeln zu nehmen. Der Grund dafür liegt auf der Hand: Die Regierung fürchtet, es könnte in den USA zu ähnlichen Protesten wie in Ägypten kommen und will in der Lage sein, gegebenenfalls den Zugang zum Internet sperren zu können.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/ste...

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jeudi, 30 septembre 2010

La révolte selon Gerd Berglfleth

Arno_Breker_-_Camarades.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1986

 

La révolte selon Gerd Bergfleth

 

Il faut rendre hommage à un petit livre pratique qui n'aborde pas le mic-mac du guignol politicien mais se penche, au fond, sur le politique en soi. Ce livre est l'anthologie d'une révolte, celle de Bernd MATTHEUS et d'Axel MATTHES. Mieux qu'une anthologie, ce livre est une symphonie à la radicalité. Ces textes, cette valse de théories et de littérature tranchée et osée feront vibrer les cœurs hardis, les cœurs qui contestent toutes les formes de médiocrité. Les grands ancêtres, les maîtres éternels de toutes les révoltes y ont contribué en fournissant leurs sentences les plus incisives, les plus mordantes: Bataille et Céline, Hölderlin et Pessoa, Nietzsche et le Marquis de Sade. Les partisans cultivés de la révolte radicale œuvrent ici en commun. Des aphorismes épiques aux essais philosophiques, nous découvrons un thème, celui de la révolte, dans une sarabande de méditations subversives, où l'on se découvre jouisseur et prospecteur. Mais ce menu, les auteurs nous l'offrent avec la prudence qui s'impose; en effet, la lecture n'en est pas aisée. "La révolte est signe. Signe de ce ou celui qui se trouve en dehors de toute espèce d'ordre. La révolte possède de nombreux visages. La révolte est une chose, son expression en est une autre. Il y a la révolte de l'homme sans envergure et celle du démagogue, qui visent à accentuer encore le rabougrissement de l'homme, qui se plaisent à soumettre et opprimer, qui aiment à cultiver la médiocrité et l'esprit grégaire. Mais il y a aussi la révolte de l'esseulé rebelle et rétif. Le soumis qui courbe le cap et celui qui ignore la crainte évaluent le concept de révolte d'une manière fondamentalement différente. Le fait que l'Eglise ait envoyé tous les grands hommes en enfer, est une sorte de "révolte" qui déplaisait déjà souverainement à Nietzsche. Ce que moi j'affirme, c'est la révolte contre tout discours établi sur la révolte". Et Axel MATTHES poursuit: "La radicalité doit pouvoir s'afficher, il faut pouvoir la lire dans des actes, des instants uniques, des gestes, des formes qui témoignent d'une attitude bien particulière et unique... La radicalité n'est pas en fin de compte une question de goût, mais un état d'esprit. Etre radical est une chance: la chance de trouver du neuf".

 

Enfin, voici quelques délicatesses de cette "symphonie à la radicalité":

 

"De tout cela, je déduirais que la voie vers la délivrance conduit à travers l'enfer lui-même, mais seul celui qui devine déjà la délivrance, pourra trouver l'issue" (BERGFLETH).

 

"Qu'aimes-tu donc en fait, toi l'Original? Ma nostalgie." (ROZANOV).

 

"Pour l'homme vraiment religieux, rien n'est péché" (NOVALIS).

 

"Plus l'homme progresse, moins de choses il trouvera, auxquelles il pourra se convertir" (CIORAN).

 

"Se donner ses propres normes et s'y tenir" (Alain de BENOIST).

 

Le lecteur qui voudra trouver un néo-moralisme évitera de lire cette anthologie. Ceux qui, en revanche, cherchent à honorer nos vieux dieux et veulent vivre existentiellement l'audace de la révolte, devront trouver dans cet ouvrage le fil d'Ariane du parfait révolté. Comme MATTHES et MATTHEUS, permettez-vous la révolte !

 

Martin Werner KAMP.

 

Bernd MATTHEUS / Axel MATTHES (Hrsg.), Ich gestatte mir die Revolte, Verlag Matthes & Seitz, München, 1985, 397 S., 22 DM.

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dimanche, 10 mai 2009

"Rébellion" répond aux questions d'Excelsior (Mexico)

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Entretien pour Excelsior

Entretien accordé à Carmen Alvarez, journaliste au quotidien Excelsior de Mexico (mars 2009).

 

Ex: http://rebellion.hautetfort.com/

Quelle position adoptez-vous envers les changements profonds dérivés de la crise actuelle du capitalisme ?


Tout d’abord, disons qu’il s’agit d’une crise structurelle et non pas d’un épiphénomène dérivant de la rapacité de quelques financiers isolés (même s’ils existent !) ce qui sous-entendrait qu’il suffirait de moraliser le capitalisme pour nous sortir de ce mauvais pas conjoncturel comme on l’entend dire çà et là par des hommes politiques désirant sauver le capitalisme en ignorant les contradictions lui étant intrinsèques (position de Nicolas Sarkozy en France par exemple). La possibilité de la financiarisation du système et de son évidente aberration dont pâtit l’immense majorité des travailleurs réside dans l’incapacité du capital productif d’extorquer le plus rapidement de profit dans le procès de production et de le réaliser sur le marché en vendant le maximum de marchandises à cause de la course effrénée à la concurrence. La manifestation la plus évidente de cette dernière est l’attaque en règle conduite sous l’égide de l’offensive du discours idéologique ultralibéral et mondialiste afin de forcer les barrières protectrices des nations et de créer d’immenses zones géoéconomiques d’échanges au sein desquelles circuleraient hommes et produits réduits au statut de marchandises (la fameuse marchandisation du monde dit-on en français ; Marx quant à lui parlait de réification du rapport social). Le problème c’est qu’il faut pour que cela fonctionne que les pays et individus consommateurs soient réellement solvables, ce qui est loin d’être le cas ! Pendant des décennies on a vu les pays du « nord » prêter des sommes exorbitantes à des pays du « sud » afin que ceux-ci puissent leur acheter avec ce même argent une partie de leur production ! En contrepartie les multinationales avaient et ont toujours le droit de piller les ressources naturelles de ces mêmes pays, eux-mêmes cantonnés à des types de production à objectif d’exportation, cela bouleversant leur fragile équilibre économicosocial. Cette situation a créé un fossé gigantesque entre le nord et le sud. La solution imposée par le FMI est connue, toujours plus de privatisations et toujours plus de misère.


Alors les capitalistes trouvèrent comme ultime recette pour accroître leurs profits de créer des valeurs fictives à partir desquelles il semblait être possible de tourner le dos au réel économique et de jouer dans le virtuel en s’enrichissant rapidement. Mais le crédit n’était pas solide et reposait sur des anticipations qui ne pouvaient être réellement remboursées, de là, la paupérisation dans laquelle se virent plonger de nombreux citoyens, ces derniers mois aux Etats-Unis et maintenant en Europe. La crise nous arrive de plein fouet, en France ce sont des centaines de licenciements voire des milliers chaque jour, en ce moment !


Personne n’a vraiment de solution à cela. On peut regretter que l’Europe bien que globalement grande puissance économique ne soit qu’un nain sur le plan politique. Les gouvernements européens n’ont fait que passer leur temps avec leurs représentants à Bruxelles, à démanteler ce qui fonctionnait en Europe ! Tout cela au nom de la croyance magique à la toute puissance bénéfique du marché : toujours plus de mise en concurrence.

Jamais l’euro n’a réellement été proposé comme alternative à la puissance du dollar qui, somme toute, depuis sa déconnection d’avec l’étalon or ne doit sa suprématie qu’à la force de l’impérialisme étasunien.


Ainsi, sans proposer de solution miracle nous pensons qu’il y a urgence à promouvoir un monde multipolaire dans lequel l’Europe a un rôle essentiel à jouer. Elle doit apprendre à cesser d’être un protectorat étasunien. La politique du Général de Gaulle avait en son temps ouvert largement la voie à cette vision géopolitique qu’il aurait voulu articuler autour de la constitution d’un noyau dur franco-allemand (le pôle carolingien). Malheureusement, ses successeurs tant en France qu’au-delà du Rhin ont franchement trahi cet objectif. Pourtant les possibilités de voir étendre ce projet sont à portée de main si l’Europe voulait bien se tourner vers la Russie. Mais pour ce faire il faudrait clairement rompre avec l’Europe technocratique de Bruxelles et que les peuples européens se réveillent et ne donnent plus un blanc-seing à des gouvernements fantoches. C’est là que la crise du capitalisme peut venir jouer un rôle. Le système capitaliste va avoir de plus en plus de mal à acheter la paix sociale, les travailleurs devront avoir sous les yeux d’immenses perspectives dont nous avons brossé rapidement les contours ci-dessus. De plus en plus, en France, on parle explicitement de lutte de classe même si le discours officiel tente de ne rien laisser transparaître de tout cela.

 

La gauche française est-elle unie dans l’action malgré ses divergences de pensée et quelles sont ses chances lors des prochaines élections ? Quelle gauche peut exister ? Besancenot pourrait-il incarner une nouvelle gauche ?


Le problème est évidemment complexe. La France est héritière d’une riche histoire du mouvement ouvrier (ne rappelons que le chant de l’Internationale et l’expérience de la Commune de Paris de 1871, le Front populaire de 36 et la grève générale de mai 68) mais la gauche actuelle n’est qu’une pâle et infidèle copie de cette tradition. Elle a été durablement affaiblie par la victoire du libéral sécuritaire Nicolas Sarkozy mais après s’être largement convertie elle-même aux valeurs qu’elle aurait dû combattre à cause de sa social démocratisation. Pour comprendre, il faut brièvement remonter quelques décennies en arrière. Après la seconde guerre mondiale, le programme élaboré par la Résistance s’est concrétisé peu ou prou. Lorsque de Gaulle est revenu au pouvoir en 58, c’est le Parti Communiste Français qui est rapidement devenu le plus important parti d’opposition ; dans les années soixante il dépasse les 20% des suffrages aux élections et représente le parti communiste le plus puissant d’Europe de l’ouest. Pour contrebalancer ce poids, les Etats-Unis financeront substantiellement les initiatives de la gauche non communiste alors que les soviétiques n’étaient guère hostiles au général de Gaulle conduisant une politique d’indépendance, de troisième voie en quelque sorte, se concrétisant en particulier par la sortie de la France du commandement intégré de l’OTAN en 1966. Cette décision courageuse suivie de ses déclarations critiques à l’égard des Etats-Unis et d’Israël en 1967 lui coûtèrent très cher : les évènements de mai 68 et la trahison de certains dans son camp lors du référendum de 69. On ne peut rien comprendre à la situation actuelle et à la nature de la gauche en France, de nos jours, si on n’analyse pas un tant soit peu la période que nous venons d’évoquer.


Il y a une réelle ambiguïté au sein de la révolte de mai 68. D’un côté un authentique combat mené par la classe ouvrière qui n’est pas énormément touchée à l’époque par le chômage mais qui est soumise à des cadences de travail assez élevées pour des salaires loin d’être vraiment satisfaisants et d’un autre côté un discours libéral/libertaire promu par le mouvement gauchiste qui aura sa postérité dans le triomphe des valeurs libérales au sein de la société par la suite et dont le processus de mondialisation avait grandement besoin pour se faire accepter. C’est de cette époque que date l’affaiblissement du Parti Communiste, le début de son déclin, ce qui permettra de le piéger par le « Programme Commun de la Gauche » à la fin des années 70 et par sa participation au gouvernement après l’élection de Mitterrand en 81. Durant cette période les leaders gauchistes furent grassement remerciés et rémunérés par la bourgeoisie pour leurs bons services ! A partir des années 80 et 90, le déclin économique de la France s’accélérant (désindustrialisation, délocalisations) la gauche n’eut d’autre préoccupation que de se mobiliser non pas contre le capitalisme mais contre le spectre d’un imaginaire fascisme du Front National de JM Le Pen dont elle avait elle-même suscité l’existence en espérant pouvoir empêcher le retour franc et massif de la droite au pouvoir. L’habileté de Sarkozy apparut lorsqu’il profita de la déconsidération de la gauche auprès d’électeurs écoeurés et qu’il alla chasser sur le terrain du FN en siphonnant les voix de ses électeurs. Dès lors, la gauche était fondamentalement affaiblie et divisée, le PC exsangue et le Parti abusivement appelé Socialiste incapable de se ressaisir. Bien sûr que la gauche se retrouve plus ou moins unie derrière les manifestations des travailleurs poussés dans la rue par la crise mais Sarkozy a trouvé la parade : il a promu un produit marketing efficace, new look comme le disent les publicitaires, il a trouvé Besancenot ! Mélenchon de la gauche du PS s’est allié au PC résiduel pour les prochaines élections européennes, eux-mêmes sont en désaccord avec Besancenot qui, lui-même, peut rafler des voix à la gauche classique sous prétexte de radicalité tout en participant à son affaiblissement. Ainsi peut être également compensé un recul de la droite sarkozyste dans le paysage politique, d’autant que le taux d’abstention est souvent important aux élections européennes et qu’avec un minimum de voix on peut donner l’impression de faire un score honorable d’un côté comme de l’autre. Besancenot est bel et bien le facteur factice, ayant « travaillé » dans la banlieue hyperbourgeoise de Neuilly fief originel de Sarkozy, confortablement logé dans un appartement lui appartenant dans un quartier des plus huppés de Paris (acheté avec une paye de facteur ?) et pavanant dans tous les médias audiovisuels et écrits de France. Est-ce cela un révolutionnaire craint par la bourgeoisie ?


Ce qui nous semble plus sérieux et intéressant depuis quelques années est l’apparition de courants et de penseurs plus ou moins isolés qui par leurs propos et leur pratique remettent en question l’opposition usée et spectaculaire droite/gauche. Lors du référendum sur la constitution européenne où la majorité s’est prononcée pour le « non », on s’est aperçu de l’existence d’une résistance transcourant qui ne recouvrait pas le prisme des positions des partis politiques traditionnels. Ainsi dans notre revue nous sommes pour une Europe ayant un projet politique commun et à long terme nous défendons un socialisme à l’échelle de notre continent. Néanmoins, nous sommes aux côtés de souverainistes contre l’européisme technocratique de Bruxelles parce que nous pensons que tactiquement nous devons défendre les acquis sociaux garantis par l’existence politique d’une nation indépendante. Autrement nous serons emportés par la course aux abîmes du capitalisme. Il faut articuler lutte de classe et défense de la nation afin que celle-ci soit dirigée hégémoniquement en vue de l’intérêt de la majorité des travailleurs et selon les finalités du bien commun.

 

Sarkozy est-il un allié des Etats-Unis ?


Hélas oui ! Après une longue et triste série de présidents ayant un discours de pseudo       indépendance à l’égard des Etats-Unis et une pratique de réelle démission face aux diktats de l’empire unipolaire étasunien (notamment lors des conflits avec l’Irak et de l’agression de l’ex-Yougoslavie) Sarkozy vient de tirer explicitement les conclusions de ce lent glissement (aussi peut-on lui reconnaître une réelle franchise là où les autres faisaient plutôt semblant de s’opposer) en réintégrant la France au sein du commandement de l’OTAN sous prétexte que notre pays pourrait ainsi peser sur les décisions de l’oncle Sam. Ceci serait risible si la situation n’était pas aussi inquiétante car la France sera de plus en plus engagée en Afghanistan et ailleurs, si les Etats-Unis le désirent. Sarkozy s’est rallié à la stratégie de Brzezinski, inspirateur, homme de l’ombre et stratège d’Obama sur lequel on se fait malheureusement trop d’illusions de par le monde. Celui-ci va lâcher du lest sur le proche Orient et l’Iran mais pour mieux s’occuper de l’Afghanistan, du Pakistan et des gros morceaux qu’il vise derrière ces pays, la Russie et la Chine. Cela est bien pire que les délires des néo conservateurs précédemment au pouvoir à Washington. Quand Sarkozy fait mine de prendre des initiatives, on lui coupe l’herbe sous le pied (exemple avec l’histoire des otages de la guérilla en Colombie) pour lui faire comprendre que son pouvoir est quelque peu limité.


De plus avec cette politique de ralliement explicite à l’empire unipolaire, Sarkozy retarde la possibilité qu’aurait eu l’Europe d’avoir un réel destin géopolitique indépendant. A ce niveau également s’impose, aux travailleurs français et aux européens, la nécessité de la lutte contre ce système, ce modèle obsolète de civilisation qu’on appelle l’Occident.

 

Quelle vision avez-vous du Mexique et de l’Amérique latine ?


Nous confessons tout en nous en excusant de ne pas être des spécialistes et connaisseurs de votre pays. Néanmoins, dans les grandes lignes, nous pourrions affirmer que le Mexique n’a guère à gagner à être intégré dans ce grand marché de l’Amérique du nord reposant sur les mêmes avantages fantasmatiques que l’on nous a fait miroiter sur tous les continents avec le modèle libéral. Nous soutenons sincèrement l’expérience bolivarienne du camarade Chavez au Venezuela, espérant qu’il pourra faire incliner sa politique vers un socialisme original. Là, également, les forces réactionnaires soutenues par les Etats-Unis essaieront par tous les moyens, comme elles l’ont fait par le passé dans les pays latinoaméricains, de faire capoter la tentative de libération nationale à l’égard de l’emprise impérialiste étasunienne.

 

Néanmoins la situation a changé par rapport aux dernières décennies puisqu’une gauche plus ou moins originale est parvenue au pouvoir dans certains pays d’Amérique du sud. Il ne faut ni surestimer l’expérience ni sous-estimer l’impact du projet bolivarien. Chavez a une vision géopolitique pour le continent latinoaméricain et nous souhaiterions que l’Europe soit alliée de ce projet, aussi faudrait-il pour cela, comme nous l’avons dit ci-dessus, que l’Europe elle-même soit engagée dans une vision géopolitique d’envergure faisant pièce aux diktats étasuniens. Chavez symbolise la possibilité de l’existence d’un monde multipolaire qui rendrait confiance et dignité à tous les peuples et cultures en promouvant une réelle diversité aux antipodes du monothéisme de marché dont on perçoit les conséquences terrifiantes pour l’avenir de l’espèce humaine. Celle-ci ne peut continuer son aventure que grâce à la préservation de ses multiples identités culturelles en devenir. Le continent latinoaméricain est lui-même l’expression, par la rencontre de diverses cultures et peuples et par la synthèse qui en est sortie, de l’importance de ce que nous avançons. Aussi le projet bolivarien nous est apparu rapidement comme étant une divine surprise, une preuve de la validité et de la valeur que nous accordons à l’idée des grands ensembles géopolitiques diversifiés. En plus Chavez est un socialiste authentique et un révolutionnaire ! Le Mexique aurait, nous semble-t-il, tout intérêt à se tourner vers un tel projet plutôt que de lorgner vers son voisin impérialiste du nord.

 


Jean Galié.

Au nom de la revue bimestrielle socialiste révolutionnaire européenne « Rébellion ».

lundi, 02 mars 2009

Communiqué: Moscou, octobre 1993

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - octobre 1993

 

SYNERGIES EUROPÉENNES - VOULOIR - OCTOBRE 1993

Les événements tragiques de Moscou

Communiqué de presse du comité de rédaction de VOULOIR

Le comité de rédaction de la revue VOULOIR déplore les événements tragiques qui viennent de se dérouler à Moscou. Il estime:

- que, dans la querelle qui oppose le Parlement à la Présidence, il n'a pas été suffisamment tenu compte des conseils modérateurs du Dr. ZORKINE, Président du Tribunal Constitutionnel russe, qui prône un équilibre entre l'exécutif et le législatif.

- que les appels du Patriarche Alexis ll, qui s'était naguère insurgé contre l'américanisation des mœurs en Russie, sont dignes d'être écoutés et devraient davantage susciter l'intérêt de nos médias.

- que la position de Gorbatchev, peu suspect de soutenir les nationalistes ou les communistes du Parlement, est aux antipodes du manichéisme de nos médias; en effet, Gorbatchev déplore, comme nous, le recours à la force et la dissolution du Parlement proclamée récemment par l'exécutif. Cette position commune de Gorbatchev, de certains parlementaires russes et de notre groupe, montre qu'on ne peut construire une démocratie ex nihilo, et que toute démocratie russe doit reposer sur les structures déjà existantes, quitte à les réformer progressivement.

 - que les événements tragiques de ces deux derniers jours sont le résultat d'une déplorable précipitation et que la libéralisation de l'économie russe aurait dû s'effectuer sur le mode chinois, comme l'ont mentionné conjointement dans un débat à Moscou, le 1 er avril 1992, Alain de BENOIST (chef de file de la "Nouvelle Droite" française), Robert STEUCKERS (Directeur de Vouloir), Edouard VOLODINE (idéologue du FSN) et Guennadi ZOUGANOV (Président du nouveau "Parti Communiste Russe"). La Chine a procédé graduellement à une libéralisation de son économie, zone après zone. C'est ce modèle que préconise le FSN, à juste titre, nous semble-t-il.

- que les responsabilités de l'immense gâchis russe incombent principalement aux protagonistes de l'idéologie libérale pure, injectée dans la société russe lors de la libéralisation des prix de janvier 1992 par l'équipe de Mr. GAlDAR. Cette libéralisation a jeté de larges strates de la population moscovite dans la plus extrême précarité.

- que la position d'ELTSlNE a été fragilisée par les événements des 2 et 3 octobre 1993, du fait que sa police n'a pas pu tenir la rue, contrairement à ce qui avait été promis solennellement, et que sa démocratie s'impose en pilonnant le Parlement, alors que ce bâtiment aurait dû demeurer inviolable envers et contre tout, servir ultérieurement d'instrument à une démocratie réformée, partant de la base, des "Conseils" élargis à tous les éléments dynamiques de la population.

- Enfin, notre comité de rédaction déplore que le sang russe ait coulé, présente ses hommages et ses respects à toutes les victimes de cette tragédie, quel que soit leur camp. Par aileurs, nous signalons que Michel SCHNEIDER, qui avait accepté d'être l'un de nos correspondants à Moscou, a été blessé à l'épaule à proximité des bâtiments de la télévision dimanche soir. Et que Mme Larissa GOGOLEVA, qui était son interprète, a été très grièvement blessée par balle au même endroit. Notre comité rend hommage au courage de cette jeune femme, tombée dans l'exercice de sa profession et rappelle qu'elle avait traduit en russe plus d'un texte émanant de nos publications.

Infos complémentaires: Fax: 02/346.58.79 - Tél.: 02/344.08.21

 

 

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mardi, 26 août 2008

Pour un populisme offensif!

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Pour un populisme offensif!

Le terme “populisme” désigne tous les mouvements politico-sociaux qui dérangent et qui ne sont pas assimilables à la gauche classique, au nationalisme traditionnel ou à une forme ou une autre de néo-fascisme ou de néo-nazisme. Le “populisme” est un mouvement politique qui s'adresse directement au peuple, qui est animé par des hommes et des femmes qui sont eux aussi directement issus du peuple, qui, avant de passer à l'action politique, n'appartenaient à aucun réseau "traditionnel”, à aucun parti en place. Le populisme, c'est la spontanéité populaire, c'est la réaction directe du peuple, de la population, surtout dans les grandes villes où, justement, les attaches avec les réseaux partisans conventionnels se sont relâchées et où cette population, venue généralement des quatre coins du pays, ne se reconnaît plus dans les agences politiques de l'établissement.

Le peuple, c'est avant toute chose, les hommes et les femmes qui doivent travailler chaque jour pour gagner leur vie, c'est l'ensemble de ceux qui ne sont pas sûrs du lendemain, que guette le spectre du chômage, ce sont aussi ceux qui n'ont pas la garantie de l'emploi et qui sombrent parfois dans ce chômage désormais omniprésent et dans ses humiliations: faire interminablement la file à la CAPAC pour ne demander rien que son droit le plus strict à des apparatchiks grossiers, subir la scandaleuse tracasserie du pointage, quémander un emploi auprès de fonctionnaires qui se fichent de votre destin et de votre misère comme un poisson d'une pomme. En latin, travailler se dit laborare, ce qui veut également dire souffrir. Le populisme est donc l'idéologie de ceux qui travaillent donc qui souffrent.

Car, chacun le sait, travailler sans souci du lendemain n'est plus une évidence aujourd'hui. Depuis plus de vingt ans, l'incompétence et l'insouciance des partis en place, des coalitions rouges-romaines ou bleues-romaines, a plongé le pays dans une basse conjoncture aux effets négatifs devenus permanents. L'ensemble de la population est appauvri sur fond d'une dette publique colossale, qui fait que chacun d'entre nous, du nourrisson au centenaire et immigrés compris, est endetté pour un million de francs! Cette situation malsaine, la plus malsaine d'Europe en ce qui concerne l'endettement public, fait que le chômage frappe les jeunes, qui ne fondent plus de famille, qui n'ont plus d'enfants, qui vivent dans la précarité et l'instabilité financière, qui sont exclus des circuits du travail, qui alimentent les effectifs de la “nouvelle pauvreté”. Notre pays perd sa population tout simplement parce que les générations ne se renouvellent plus, le mal-vivre ne permettant pas de voir la vie en rose, de cultiver la sérénité qu'il faut avoir pour élever des enfants. Dans une vingtaine ou une trentaine d'années, notre pays sera un gigantesque hospice, financé par une poignée de personnes qui travailleront encore.

L'établissement nous dit: «Mais ce sont les immigrés qui payeront nos pensions...». Ce discours est malhonnête. D'abord pour les immigrés eux-mêmes qui songent tout naturellement aux leurs d'abord, à éduquer leurs propres enfants, et non pas à financer les pensions d'une population qui leur est étrangère et à qui ils reprocheront d'avoir élu de mauvais bergers. Enfin, les immigrés, même ceux qui sont les mieux payés, touchent des bas salaires et ne paient pas suffisamment d'impôts pour financer une aussi gigantesque machine. Ensuite, précarisés eux-mêmes dans un pays qui leur a promis monts et merveilles et ne leur a donné que le chômage, les immigrés font aussi de moins en moins d'enfants. Donc ceux sur qui nos lamentables escrocs comptent pour payer nos pensions, n'existeront tout simplement pas, parce qu'on n'aura pas eu le cœur de les engendrer! Il y a ensuite tout lieu de croire que les flux migratoires vont s'inverser: ne trouvant plus d'emplois stables chez nous, les allocations se faisant de plus en plus congrues, étant de plus en plus bouffées par l'inflation, les jeunes immigrés vigoureux et courageux iront chercher un destin ailleurs, dans des pays où la conjoncture est haute.

Le bilan de tout cela, c'est que personne n'a été intégré: ni les autochtones ni les immigrés. La source de notre malaise, c'est effectivement que les recettes de l'établissement ne permettent plus aucune forme d'intégration sociale. On le constate aisément: les statistiques et les travaux d'observation des grands instituts européens, comme l'OCDE, parlent sans arrêt d'une désagrégation de la société, démontrent que les immigrés sont les premières victimes du chômage donc qu'ils ne sont nullement intégrés et risquent de rester inintégrables, vu le manque de moyens. Tel est donc le langage que nous tient l'OCDE, qui constate la faillite de toutes les formes d'intégration sociale pour les autochtones comme pour les immigrés; mais au lieu de prendre cette misère à bras le corps, de chercher des solutions réalisables, de fixer des projets clairs, satisfaisants pour tous, l'établissement esquive les vrais problèmes et camoufle ses carences derrière un formidable battage publicitaire et médiatique où l'on ne parle plus que d'intégration et où l'on promet le purgatoire et l'enfer à tous ceux qui oseraient douter de l'opportunité de ce miroir aux alouettes.

Personne ne peut être hostile à la notion d'intégration et nous ne le sommes pas a priori, car nous aimerions que chaque concitoyen, que chaque étranger qui est notre hôte, ait son boulot, son atelier, puisse travailler selon son cœur et ses aptitudes. Animés comme tous les populistes par une volonté sincère de donner à chacun son dû, nous sommes tout simplement hostiles aux prometteurs de beaux jours, aux charlatans et aux menteurs: cette intégration tous azimuts n'est malheureusement plus possible et le sera encore moins demain. Nos enfants ne sont déjà plus pleinement intégrés à la société dans laquelle ils vivent et les enfants des immigrés risquent bien de connaître un sort pire, même s'ils ont réussi de brillantes études, comme certains sont en train de le faire.

Pour reprendre un vieux slogan socialiste, les “damnés de la terre” sont revenus à l'avant-plan. Et ces “damnés de la terre”, c'est nous! Cette position peu enviable postule d'organiser la résistance et de s'opposer rationnellement et efficacement à tous ceux qui jouissent de privilèges indûs dans notre société, qui bénéficient de pensions exagérément élevées, qui ne subissent pas le principe du cumul des époux et/ou des cohabitants dans la fiscalisation des pensions, qui bénéficient de clauses de stabilité d'emploi dont les salariés ne bénéficient plus et dont les indépendants ne peuvent que rêver, qui ont obtenu des emplois dans la fonction publique en dépit de l'inutilité de ces postes. La priorité doit être redonnée en matières d'emploi et de lois sociales à tous ceux qui travaillent dans la précarité, qui doivent lutter âprement, chaque jour que Dieu fait, pour vivre, qu'ils soient indépendants ou salariés.

Car se déclarer “populiste”, c'est marquer une volonté d'aller au réel et de ne pas vouloir transformer le monde d'après une idéologie toute faite, d'après des planifications qui ne masquent que très mal les intentions idéologiques de leurs auteurs. En effet, le peuple est un tout complexe, composé de personnalités et d'individus très différents les uns des autres. Développer un discours ou une action populistes ne signifie pas une volonté de mettre au pas ces innombrables différences entre les personnes, mais constater que celles-ci ne peuvent plus déployer leurs originalités, exercer leurs compétences, si le pays est mal gouverné, si l'endettement jugule toutes les initiatives intelligentes. Aussi différentes que soient les personnes qui composent notre peuple, elles partagent une sorte de destin, de fatalité: elles vivent non seulement sur un même espace géographique mais aussi sous un seul régime politique qui finit par les exclure du marché du travail, par leur confisquer leur liberté de créer, par les ligoter dans leur élan par une fiscalité qui sert avant tout à nourrir les suppôts fonctionnarisés du régime ou à payer les intérêts pharamineux de la dette. La démocratie, qu'il ne s'agit pas de nier ici, a prévu l'alternance: si un gouvernement ou une coalition ne donne pas satisfaction, il faut mettre les meilleurs challengeurs au pouvoir, s'ils sont choisis par le peuple. En rendant nulle et non avenue la séparation des trois pouvoirs, en nommant les magistrats en dépit de l'indépendance que devrait avoir le pouvoir judiciaire, en rendant la séparation entre le législatif et l'exécutif illusoire à cause du poids des partis et des chefs de parti, le régime a perdu sa légitimité démocratique: le recours au peuple, à ces innombrables différences qu'il recèle, devient donc une nécessité. Il faut inventer de nouveaux mécanismes de pouvoir ou en réexhumer dans nos traditions politiques.

Le régime se défend, bien évidemment. Il veut conserver la non-démocratie qui le maintient au pouvoir et empêcher tout recours au peuple réel.

- D'où des trains de lois qui décrèteront “raciste” toute question relative au bien-fondé, à l'utilité ou à l'efficacité de l'immigration (répétons-le: nous sommes hostiles au mécanisme économique qui consiste à recourir à l'immigration, nous déplorons la non-intégration de masses immigrées et juvéniles désœuvrées, nous déplorons la petite criminalité qui en découle en en rendant prioritairement responsable le pouvoir et non pas les délinquants, nous refusons toute démarche qui serait a priori hostile à des personnes en vertu de leurs appartenance à une race ou à une religion autres que celles de la majorité de la population).

- D'où les tentatives de juguler l'action des syndicats qui débordent leur encadrement dévoué d'une façon ou d'une autre au pouvoir, notamment aux partis socialistes.

- D'où la suppression subtile de la liberté de la presse par un contrôle systématique des rubriques “courrier des lecteurs”.

- D'où l'augmentation scandaleuse des tarifs postaux pour les éditeurs de revues indépendantes, qui pourraient préparer des équipes à reprendre les affaires en mains (c'est là une manière de ruiner les audacieux qui osent faire usage de leur droit à la parole).

- D'où la déconstruction systématique de l'enseignement, de façon à raréfier l'esprit critique dans les nouvelles générations: l'enseignement gratuit de qualité avait été un des plus beaux acquis démocratiques de ce siècle; le pouvoir est en train de le démonter pour faire de nos enfants un vulgaire troupeau de moutons de Panurge, taillable et manipulable à souhait. C'est la raison pour laquelle les populistes doivent défendre les enseignants et l'enseignement.

Le populisme peut recevoir une interprétation de gauche ou une interprétation de droite. Il est de gauche quand il prend appui sur des injustices sociales flagrantes, quand il vient d'une base ouvrière lésée, quand il prend racine dans des comités de quartiers. Il est de droite quand il veut dépasser les divisions naturelles de la société en mythifiant l'unité de destin des personnes et en évoquant ainsi l'unité mythique de la Nation, quand il se range derrière la bannière d'un chef politique charismatique ou d'une élite de notabilités traditionnelles. Mais les frontières entre populisme de gauche et populisme de droite sont floues et poreuses. Le peuple dans sa plénitude et dans ses différences transcende le clivage d'une gauche ou d'une droite: le peuple est un, il n'y a pas deux demi-peuples.

Le populisme, répétons-le, n'est pas une idéologie pré-fabriquée que l'on plaquerait sur une réalité mouvante et rétive. Le populisme, c'est le recours à la réalité quotidienne.

Dans notre contexte, celui des dix-neuf communes de la Région de Bruxelles-Capitale, la réalité quotidienne ne fonctionne plus correctement parce qu'une immigration incontrôlée, avec beaucoup de clandestins, ne parvient pas à s'intégrer, parce qu'un urbanisme délirant chasse les hommes de chair et de sang pour faire place aux bureaux et aux administrations eurocratiques, parce que la convivialité disparaît. L'immigration n'aurait pas posé beaucoup de problèmes si nos dirigeants avaient respecté scrupuleusement les clauses des accords belgo-marocains, prévoyant des contrats de travail pour cinq ans seulement, sans regroupement familial, dans cinq secteurs précis de l'industrie. Pacta sunt servanda, les traités (pactes et accords) doivent être respectés, dit l'adage latin. Quand les Belges se plaignent de l'immigration, c'est ce que leur répondent les autorités marocaines: si vous aviez respecté nos accords à la lettre, l'immigration n'aurait pas posé de problèmes, vous n'avez donc qu'à vous en prendre à vous-mêmes. Les débordements d'une jeunesse immigrée déboussolée, la non-intégration, le taux de chômage des immigrés sont des effets pervers de la négligence de nos gouvernants et non pas des immigrés ou des autochtones qui seraient brusquement devenus des “racistes”. L'afflux d'immigrés et d'eurocrates, couplé à un urbanisme spéculateur et axé sur la seule construction de bureaux, fait augmenter considérablement le coût du logement à Bruxelles, l'espace se raréfie pour les familles et les enfants, la population de souche doit migrer vers les campagnes ou les communes périphériques du Brabant flamand ou wallon, ce qui fait disparaître la convivialité et monter la tension entre les plus démunis qui restent dans leur ville natale et les nouveaux arrivants qui ne comprennent pas pourquoi ils sont mal reçus.

Chômage, dette, urbanisme spéculateur, disparition de la convivialité ambiante, nécessité de respecter les traités signés pour réguler harmonieusement les flux migratoires: ce sont là autant de problèmes auxquels il s'agit désormais de donner une forme politique, non idéologique, réalitaire et populiste. En forgeant cette forme politique, nous donnerons de la substance à la protestation populaire contre les déraillements de l'établissement et des partis au pouvoir depuis des décennies et des décennies.

Les objectifs d'un nouveau populisme à Bruxelles:

- répondre aux problèmes de la vie quotidienne;

- opposer aux partis établis une logique du bon sens;

- libérer les énergies du peuple réel qui ont été brimées pendant trop longtemps.

Robert STEUCKERS.

(texte de 1999). 

mardi, 12 août 2008

De la contestation mondiale bobo-docile et du souverainisme de libération

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De la contestation mondiale bobo-docile et du souverainisme de libération

http://rebellion.hautetfort.com/


"Si le mouvement national contemporain ne veut pas se contenter de rééditer les anciennes tragédies amères de notre histoire passée, il doit se montrer capable de s’élever au niveau des exigences de l’heure présente". James Connolly (1868-1916), fondateur de l’Irish Republican Socialist Party


"Donnez-moi un point d’appui et un levier et je soulèverai la Terre." Archimède


"Pensez-vous tous ce que vous êtes supposés penser ?"


"Ce que nous devons conquérir, la souveraineté du pays, nous devons l’enlever à quelqu’un qui s’appelle le monopole. Le pouvoir révolutionnaire, ou la souveraineté politique, est l’instrument de la conquête économique pour que la souveraineté nationale soit pleinement réalisée". Ernesto Guevara.


À chaque époque, ses contradictions. L’une des contradictions majeures de notre temps, se déroulant dans la pratique sociale et politique, se présente sous la forme d’une lutte à mort entre les puissances convergeant vers l’homogénéisation planétaire et les mouvements résistant à ce processus. Largement utilisés depuis les années 1980, les termes de mondialisation et de globalisation traduisent l’action des puissances homogénéisantes.


Qu’est-ce que la mondialisation ? L’intégration croissante des économies dans le monde, au moyen des courants d’échanges et des flux financiers. Elle se définit par les transferts internationaux de main-d’oeuvre et de connaissances, et les phénomènes culturels et politiques que ceux-ci engendrent. Les principales caractéristiques en sont : la concentration de la production et du capital sous forme de monopoles ; la fusion du capital bancaire et industriel ; l’exportation massive des capitaux ; la formation d’unions transnationales monopolistes se partageant le monde ; la fin du partage territorial du monde entre les puissances capitalistes.


La mondialisation actuellement en oeuvre est une forme avancée de l’impérialisme capitaliste apparu au début du XXe siècle. Étant donné ses conséquences constatables et prévisibles (mort des cultures, disparition des particularismes, avènement du positivisme néo-kantien bêtifiant, anéantissement de la pensée critique, massification, dressage cognitif, crises économiques et guerres récurrentes, désintégration des religions occidentales et moralisme morbide subséquent, etc.), la mondialisation apparaît, à sa limite, comme un "holocauste mondial", ainsi que l’a définie Jean Baudrillard.


Du côté de la résistance organisée et spectaculaire - les mouvements altermondialistes et antiglobalisation qui défilent dans les médias - règne la confusion la plus grande. L’ambiguïté de la critique qu’ils adressent à la mondialisation et la limite des solutions qu’ils proposent se révèlent patentes si on les passe au tamis d’une critique impartiale. Pétris de bonnes intentions (remarquons à leur actif un notable appel à voter non au référendum sur le Traité européen), les altermondialistes sont aussi, au fond, les meilleurs alliés de la mondialisation capitaliste.



La diversion altermondialiste


D’abord, les altermondialistes sont des gestionnaires, et non des critiques radicaux. José Bové s’en vante : "A Seattle, dit-il, personne ne brandit le drapeau rouge de la révolution chinoise, ni le portrait du Che, ni la victoire révolutionnaire dans un pays devant bouleverser les autres ; c’est bien fini et c’est porteur d’espoir".


Les altermondialistes vitupèrent en effet le capitalisme, mais n’ont en fait nulle intention de le renverser. Ils désirent seulement l’amender. La taxe Tobin, le prélèvement qu’ils veulent instaurer sur les transactions spéculatives, ne s’attaque en réalité qu’à une infime partie de la spéculation et cache le fait que la crise du capitalisme ne porte pas uniquement sur la spéculation mais sur l’ensemble du capitalisme. La crise générale du capitalisme a pour trait distinctif l’accentuation extrême de toutes les contradictions de la société capitaliste. Et ces contradictions sont aujourd’hui portées à un point d’incandescence jamais atteint.


La campagne pour la suppression des paradis fiscaux, autre thème de campagne des altermondialistes, vise quant à elle à moraliser le capitalisme. Mais, à nouveau, la spéculation et les trafics financiers ne sont nullement la cause de la crise. Ils sont seulement la conséquence directe de l’impasse où est acculé le mode de production actuel. Aucune mesure de ce type n’empêchera jamais la crise de se poursuivre ni d’étendre ses ravages.


Au lieu de proposer une alternative efficace, les altermondialistes militent pour un système de redistribution à l’intérieur du capitalisme : les pays riches doivent partager leur richesse avec les pays pauvres, les patrons avec ceux qu’ils exploitent, etc. Ils espèrent ainsi qu’un capitalisme revu et corrigé sera porteur de justice, perpétuant l’utopie d’un capitalisme viable, à orienter dans un sens favorable. Pourtant, il n’y a pas de société "juste" dans le cadre du capitalisme dont l’essence conflictuelle nourrit des antagonismes en cascade. La seule réponse historique valable est de le dépasser, d’abolir le salariat en développant les luttes contre l’exploitation de la force de travail et les rapports capitalistes de production.


Les altermondialistes croient au soft-capitalisme, au capitalisme à visage humain, comme s’ils avaient lu l’oeuvre de Karl Marx avec les lunettes de plage d’Alain Minc. À l’instar de José Bové, avatar actuel de Proudhon, la plupart d’entre eux voudraient retourner au capitalisme de papa, celui des petits producteurs. Leur rêve est de freiner la concentration monopolistique par des institutions internationales qui superviseraient l’économie mondiale. Mais ils oublient que c’est la libre concurrence, constitutive du capitalisme, qui a depuis plus d’un siècle donné naissance aux monopoles mondiaux. C’est la libre concurrence qui a produit le monopole. C’est la libre concurrence du XIXe siècle qui a accouché de la dictature de deux cents multinationales du XXe siècle. Combattre la dictature des multinationales sans combattre en même temps la libre concurrence et le libre marché capitaliste qui les engendrent est un non-sens.


Comme le monopole, la mondialisation est contenue en germe dans le capitalisme : le capitalisme la porte en lui, c’est son produit inéluctable, sa déduction. Les multinationales, les délocalisations, comme les inégalités sociales et la flexibilité, sont les effets naturels de sa logique, le déroulement d’un processus autodynamique irréversible tant que l’on ne se décide pas à le subsumer.


Poussés par le besoin incessant de trouver des débouchés toujours nouveaux, les marchands ont envahi le monde entier. L’exploitation du marché mondial a du coup donné un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Déplorer le coeur sur la main "l’horreur économique" comme Viviane Forrester, scander "no logo" comme Noami Klein , hurler "le monde n’est pas une marchandise" ou manifester sous les murailles des forteresses de Big Brother pour que le monde capitaliste reparte du bon pied, ce n’est pas prendre le problème à la racine : c’est le décentrer. Couper les mauvaises herbes sans désherber, c’est leur permettre de repousser.


Le capitalisme est, par nature, une économie poussant à la mondialisation et à la marchandisation. Or tout est marchandisation en puissance, et puisque Dieu est provisoirement mort, il n’y a plus aucune limite humaine connue à l’expansion universelle de la marchandisation si on la laisse suivre son cours. Les marchands ont tout le temps devant eux, et ce ne sont pas les comités d’éthique officiels qui les empêcheront d’agir. Comme ces institutions spectaculaires nourrissent une pensée théologique coupée du terreau social, les marchands ont raison de prendre patience, car la théologie s’écroule toujours un moment donné de l’histoire, lorsque l’infrastructure la rend caduque.


Pour s’opposer concrètement à la marchandisation du monde, il ne suffit donc pas de minauder sur quelques-unes des conséquences annexes du Système, il faut dénoncer celui-ci dans son ensemble et en son fondement. Il importe en premier lieu de commencer par lui donner un nom, car "ce qui est censé être atteint, combattu, contesté et réfuté", comme disait Carl Schmitt, doit être nommé afin de viser la cible en son coeur : ici, il s’agit du mode de production capitaliste. Et il faut également proposer une alternative radicale, car nuancer, c’est considérer que la mécanique mérite de fonctionner, qu’il suffit de l’adapter et d’y incorporer de menus arrangements régulateurs : c’est au fond rester keynésien et marcher main dans la main avec MM. Attali et Fukuyama. "La compréhension de ce monde ne peut se fonder que sur la contestation, et cette contestation n’a de vérité qu’en tant que contestation de la totalité", écrivait Guy Debord.


Au temps où on évoquait (déjà) les États-Unis d’Europe, un révolutionnaire célèbre avait (déjà) remarqué que les gauchistes - ancêtres des altermondialistes - étaient les meilleurs alliés des opportunistes. Les gauchistes partagent en effet la vision de ceux qui veulent perpétuer le Système à la solde duquel ils vivent. Si l’ex-animateur du Mouvement du 22-Mars, Daniel Cohn-Bendit est devenu le meilleur allié de l’ancien cofondateur du mouvement atlantiste Occident, Alain Madelin, formant ainsi le noyau du libéral-libertarisme, ce n’est pas à cause d’une conjonction astrale fortuite : c’est parce que leurs destins convergents étaient inscrits dès l’origine dans leurs gènes idéologiques. Nous revivons cycliquement cette situation, aujourd’hui avec les altermondialistes, qui ne sont en somme que des antimondialistes de papier.


Les altermondialistes au service de l’oppression


Face la mondialisation du capital, on assiste à une mondialisation des résistances et des luttes. Seulement il ne s’agit pas de courants authentiquement antimondialistes - telle était leur dénomination première, et le changement de terminologie, opéré à leur instigation, est lumineux -, car ils militent de facto pour une "autre mondialisation", comme l’assure et l’assume François Houtart, directeur la revue Alternatives Sud. Susan George, présidente de l’Observatoire de la mondialisation se détermine, elle, en faveur d’une "mondialisation coopérative". Les chefs de file de l’altermondialisme médiatique se veulent ainsi des mondialistes. L’un des livres de Bové s’intitule Paysan du monde. Les altermondialistes revendiquent simplement l’avènement d’un mondialisme plus humain.


Du coup, et ce n’est pas un hasard, les voici réclamant l’avènement de la mondialisation des Droits de l’homme. Lorsque José Bové se rend Cuba, la première pensée qui lui traverse l’esprit, c’est qu’il y a "beaucoup de policiers dans les rues" et "des queues devant les magasins". Ce distrait vient d’oublier les quarante années d’embargo américain. Il aurait pu dire : "La mortalité due à la maternité est dix-sept fois plus basse à Cuba que la moyenne mondiale". Mais il est passé à côté, car il raisonne en métaphysicien, articulant des catégories fixes d’usage obligatoire dans un Système que de telles notions ont pour unique mission de soutenir. Il n’a pas compris que les Droits de l’homme sont devenus l’idéologie par laquelle les pays riches s’ingèrent dans les affaires des pays pauvres (hochet kouchnerien à vocation exterministe, depuis le Vietnam jusqu’à l’Irak, en attendant mieux). Et qu’au final, les Droits de l’homme sont devenus le cheval de Troie des oppresseurs d’aujourd’hui.


Comme l’a démontré Noam Chomsky, c’est en se fondant sur ces principes universels datant de la révolution bourgeoise que les États-Unis ont déclaré toutes leurs guerres depuis cinquante ans. Preuve éclatante de leur manque de logique, MM. Bové et ses amis ne se sont pas demandé qui ferait régner ces Droits précieux sur le monde, ni quelle puissance idéalement autonome parviendrait à lutter contre les diverses influences économiques et politiques pour les appliquer avec impartialité. Ni par qui serait élue cette autorité mondiale suprême. Ni comment elle gouvernerait. Ni quel parti ou quelle tendance de parti la dirigerait. Ni avec quelles forces armées elle se ferait respecter.


La tendance despotique de ce Léviathan serait, de plus, consubstantielle à son existence, puisque l’expérience a prouvé que plus un organisme est éloigné des individus qu’il encadre, plus son déficit démocratique est levé. On peut donc s’étonner que des anarchistes et des gauchistes soutiennent l’édification d’un tel monument d’oppression.


L’utopie des altermondialistes est donc totale. Ils croient en la vertu opératoire de la parole magique : "Monde, ouvre-toi !" , et le trésor des 40 voleurs nous sera acquis. Or le monde est un rapport de forces entre puissances économiques, et il ne suffit pas de vouloir avec détermination, ni de crier à tue-tête que les États-Unis, fer de lance de l’impérialisme, réduisent leur puissance pour que celle-ci décline dans les faits. Croire le contraire relève de la naïveté. Être naïf, c’est se payer le luxe d’être inopérant. Et tout mouvement inopérant encourage nolens volens la persistance du système qu’il prétend combattre.


La nation, comme foyer de guérilla


De glissement en compromis, d’accommodement en complicité objective, les altermondialistes reprennent ainsi dans leurs discours les arguments qui soutiennent le plus puissamment les intérêts des capitalistes. C’est-à-dire qu’ils s’inoculent à haute dose - et inoculent à ceux qui les écoutent - le virus qui justifie l’oppression, en retour.


Le mépris qu’ils affichent pour le fait national, auquel ils substituent un antiracisme formel, sentimental et terroriste, est à ce titre révélateur. Si les peuples désorientés par l’évolution actuelle et le dynamitage des frontières se jettent parfois dans les bras de partis qui semblent ici et là leur proposer un barrage provisoire au mondialisme, ce n’est pas, comme le prétendent les belles âmes de l’altermondialisme, parce qu’ils sombrent dans le fascisme, notion datée et dépassée. C’est d’abord parce que ces populations vivent au quotidien des situations dramatiques et déchirantes, et que nul ne leur propose un avenir digne d’être vécu, les altermondialistes moins que les autres, avec leur programme gauchiste de tabula rasa. C’est sur cette base qu’il faut édifier une réflexion.


A contrario, il est bien sûr parfaitement ridicule de prôner le raidissement identitaire comme solution-miracle. "Le repli sur la tradition, frelaté d’humilité et de présomption, n’est capable de rien par lui-même, sinon de fuite et d’aveuglement devant l’instant historial" écrivait Martin Heidegger. Le désir de rejouer le passé est vain, car "l’histoire ne repasse pas les plats", ainsi que le disait plaisamment Céline. Tout autre est l’affirmation d’une communauté nationale populaire vivante, une communauté de culture et de destin qui entend conserver son indépendance, sa volonté de puissance, sa capacité d’agir sur son avenir en puisant dans un héritage partagé, et qui offrirait la possibilité d’un contrôle populaire réel et conscient sur le pouvoir et l’expression libre des aspirations et des besoins.


La nation, catégorie historique du capitalisme ascendant, demeure en effet, contre de nombreuses prévisions, une réalité à l’époque du capitalisme déclinant. Elle devient même, selon la conception de Fidel Castro, un "bastion", un pôle de résistance révolutionnaire. La défense d’une communauté attaquée dans sa substance s’avère d’autant plus révolutionnaire que l’agression provient d’un système coupeur de têtes et aliénant. Le world-capitalisme a en effet intérêt à trouver devant lui des peuples désagrégés, des traditions mortes, des hommes fébriles et sans attache, disposés à engloutir son évangile standardisé. Ce qui freine la consommation de ses produits mondiaux, ce qui est susceptible de ralentir l’expansion de ses chansons mondiales formatées, de ses films mondiaux compactés, de sa littérature mondiale normalisée, doit disparaître, ou finir digéré dans ses circuits, ce qui revient au même. Le capitalisme est uniformisateur et l’arasement préalable des esprits encourage son entreprise uniformisatrice. Il ravage l’original, les particularismes, sauf ceux qui vont momentanément dans le sens qui lui profite.


Or la communauté, aspiration profonde des hommes, voit dans la forme nationale son actualité la plus aboutie. Passant pour les altermondialistes comme un résidu passéiste, une province pourrissante, un paradoxe historique au temps du cosmopolitisme triomphant, la nation conserve sa justification historique, a minima par le "plébiscite de tous les jours" qu’évoque Ernest Renan. Le patriotisme est un des sentiments les plus profonds, consacré par des siècles et des millénaires. Aujourd’hui, la nation conserve donc un contenu réel, qui, même s’il est épars et dilapidé, est à retrouver et à se réapproprier : "Délivré du fétichisme et des rites formels, le sentiment national n’est-il pas l’amour d’un sol imprégné de présence humaine, l’amour d’une unité spirituelle lentement élaborée par les travaux et les loisirs, les coutumes et la vie quotidienne d’un peuple entier ? ", disait Henri Lefebvre. L’étude du contenu national doit être au cour du programme d’un projet de renaissance.


Évidemment, la démocratie formelle n’a réalisé jusqu’ici qu’une pseudo-communauté abstraite qui frustre la plus grande partie du peuple, à commencer par les couches populaires (classe ouvrière et classes moyennes) sur qui pèse le fardeau le plus lourd. Car le Parlement, fût-il le plus démocratique, là où la propriété des capitalistes et leur pouvoir sont maintenus, reste une machine à réprimer la majorité par une minorité ; la liberté y est d’abord celle de soudoyer l’opinion publique, de faire pression sur elle avec toute la force de la money. La nation telle qu’elle doit être envisagée dans le cadre d’une pensée radicale ne peut qu’aller de pair avec le progrès social et l’alliance internationale avec les forces qui partagent cette ambition subversive totale. L’identité nationale doit être conçue comme une réorganisation sociale sur la base d’une forme élaborée de propriété commune, sous peine de nous ramener à un passé désuet, qui nous conduirait immanquablement au point où nous en sommes.


La nation doit être le cadre de l’émancipation, de l’épanouissement, et non une entité oppressive. C’est seulement comme instrument du progrès qu’elle conserve sa mission historique. Conception qui faisait dire à Lénine : "Nous sommes partisans de la défense de la patrie depuis le 25 octobre 1917 (prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie). C’est précisément pour renforcer la liaison avec le socialisme international, qu’il est de notre devoir de défendre la patrie socialiste."


La souveraineté nationale - non pas le souverainisme libéral ou le national-libéralisme, des oxymores dont il faut apprendre à se dépolluer - constitue ainsi, dans le meilleur des cas (exemple frappant du Venezuela bolivarien de Hugo Chávez), un pôle vivant de résistance à l’homogénéisation, une structure servant d’appui à la contestation globale, un foyer possible de guérilla au sens guévarien du terme. Si elle s’intègre dans une lutte émancipatrice au plan national (engagement dans un processus anticapitaliste) et international (retournement des alliances, nouvelle forme d’internationalisme rationnel, et non abstrait ou mystique, c’est-à-dire avec des allés objectifs et partisans), elle ne peut plus être considérée comme un vulgaire sédatif aux luttes sociales, comme elle le fut un temps (le nationalisme bourgeois désunissant les ouvriers pour les placer sous la houlette de la bourgeoisie). Elle devient au contraire l’avant-garde de la radicalité. Sans l’autonomie et l’unité rendues à chaque nation, l’union internationale des résistants au Système (une fraternité, une collaboration et des alliances nouvelles qui ne sont pas à confondre avec la mélasse mondialiste) ne saurait d’ailleurs s’accomplir. C’est lorsqu’un peuple est bien national qu’il peut être le mieux international.


La nation ainsi comprise est tout l’inverse des duperies formalistes à fuir à tout prix : niaiserie sentimentale, chauvinisme étriqué version Coupe du monde, cocardisme sarkozyste à choix multiple, roublardise mystificatrice d’un Déroulède germanopratin digéreant mal l’oeuvre de Charles Péguy, crispation irraisonnée sur les mythes fondateurs, etc. Elle devient l’une des pièces agissantes du renversement du Système. Dans des conditions historiques différentes, Sultan Galiev pour les musulmans, Li Da-zhao pour les Chinois ont en leur temps théorisé une notion approchante, considérant que le peuple musulman, d’un côté, chinois de l’autre, pouvaient, par déplacement dialectique provisoire, être dans leur ensemble considérés comme une classe opprimée en prise avec le Système à renverser. Chaque nation entrant en résistance frontale, pour autant qu’elle s’identifie avec l’émancipation générale, devient ainsi de nouveau historiquement justifiée. On a peut-être une chance de voir alors se produire l’encerclement des villes de l’Empire par les campagnes, les bases arrières et les focos.


Pour un nouveau différentialisme et un souverainisme de libération


Les particularités culturelles, les richesses nationales, individuelles et naturelles sont des armes que le mot d’ordre de world-culture, claironné par les altermondialistes-mondialistes, lors de leurs rassemblements champêtres, désamorce. Plus que quiconque, les artistes - parlons-en - devraient se préoccuper de marquer leurs différences, d’imposer des styles nouveaux et des concepts baroques, d’instiller des idées réactives, de dynamiter les formes étroites dans lesquelles on veut les faire entrer. Eux les premiers devraient se méfier d’instinct de la gadoue musicale qu’on leur propose comme horizon indépassable. Eux les premiers devraient imposer de nouvelles formes poétiques et un style adapté à la lutte contre l’homogénéisation totalitaire qui tend à les émasculer. Leur ouvre est écrasée sous les impératifs de production. La créativité a disparu devant la productivité. Qu’ils se donnent enfin les moyens d’être eux-mêmes : "Que chacun découvre pour la prendre en charge, en usant de ses moyens (la langue, les ouvres, le style) sa différence, écrivait encore Henri Lefebvre, au temps de son Manifeste différentialiste, ajoutant : "Qu’il la situe et l’accentue". Car exister, c’est agir. Et créer.


Dans d’autres domaines, il s’agirait également de repenser la modélisation de la dialectique, le renversement des tabous historiques et idéologiques, la défétichisation des concepts usés jusqu’à la corne par des philosophes ordonnés au Système (ou, pour certains l’ordonnant), de remettre en chantier une théorie de la subjectivité qui ne soit pas subjectiviste, etc. Un laboratoire d’élaboration conceptuelle serait le bienvenu (appelons-le Projet Archimède, du nom du grand scientifique grec de Sicile qui cherchait un point d’appui et un levier pour soulever le monde), sorte de fight-club de la théorie qui se donnerait comme objectif la critique impitoyable de l’existant dans sa totalité. Il faut retrouver l’idée de mouvement, en lui incluant bien sûr une logique de la stabilité qui sied à toute défense identitaire.


Face aux hyperpuissances d’homogénéisation, il est grand temps que l’antimondialisation réelle et efficace présente un front uni et international des différences, un bloc historique constitué par une armada pirate se lançant à l’abordage des vaisseaux de l’Empire.


Avant de réclamer une autre forme de mondialisation, une mondialisation toujours plus ouverte, c’est-à-dire de poursuivre, sur un mode de contestation bobo-docile, la mondialisation capitaliste par d’autres moyens en bradant dès aujourd’hui le monde aux multinationales comme si elles étaient au service de l’Internationale prolétarienne, les mouvements d’altermondialisation-mondialistes-contre-le-capitalisme-sauf-s’il-est-humain doivent prendre conscience que chaque peuple, chaque langue, chaque ethnie, chaque individu, chaque particularité est un reflet de l’universel, un éclat d’humanité. Pour l’avoir oublié, nous sommes entrés dans la norme de la société du "on", où se déploie le Règne de la Quantité annoncé par René Guénon, un monde de grisaille suant la "nullité politique" décrite par Hegel, qui n’est plus régulé que par la seule loi de la valeur capitaliste, l’habitude, l’hébétude et la résignation. Il est temps d’y remettre de la couleur et du mouvement, et, ce faisant, trouver les formes possibles du dépassement de la contradiction actuelle et aider à la prise de conscience de la dialectique de l’histoire présente.


Cette invitation aux particularités ne doit pas se faire de manière parodique ni mimétique, comme nous y invite le Système, mais en Vérité, comme parle l’Évangile, la vérité "révolutionnaire" de Gramsci et celle qui "rend libre" de saint Jean. C’est-à-dire comme un moment essentiel d’un projet de révolution maximale, ayant pour objectif d’inventer un nouveau style de vie. "Tout simplement, je veux une nouvelle civilisation", disait Ezra Pound. C’est bien le moins auquel nous puissions prétendre.


Ce n’est qu’en procédant par étapes que l’on pourra intensifier infiniment la différenciation de l’humanité dans le sens de l’enrichissement et de la diversification de la vie spirituelle, des courants, des aspirations et des nuances idéologiques. Dès à présent, l’internationalisme véritable, au lieu d’être l’idiot utile du capitalisme, doit s’opposer à toutes les tentatives d’homogénéisation mondiale et tendre à défendre sur le mode symphonique les particularismes nationaux, en tant qu’ils peuvent se constituer en fractions d’un souverainisme de libération, mais aussi les particularismes régionaux et individuels. Tel doit être le véritable projet des adversaires du mondialisme. Le reste n’est que bavardage, compromission et désertion en rase campagne.


Que cent fleurs s’épanouissent !


Paul-Eric Blanrue

lundi, 21 juillet 2008

Een opstand van Duizend Vaandels

Een Opstand van Duizend Vaandels

Image Hosted by ImageShack.usNood aan een mentaliteitswijziging

Sommige nationalisten onder ons tonen zeer weinig of zelf geen interesse in de volksnationalistische strijd buiten onze grenzen. Zij menen dat de Vlaams-nationalistische strijd zich moet beperken tot de eigen grenzen en zijn blijkbaar niet in staat om verder te denken dan het eigen volk. Het is dan ook maar de vraag of wij hen als nationalisten kunnen klasseren, de term “separatisten” is misschien veel beter van toepassing. Mensen die de afscheuring van Kosovo zien als een kans voor Vlaanderen, zijn niets beter dan het regime dat zij menen te bestrijden.

“Nationalisten” die menen dat de strijd van de Bretoenen, Schotten, Catalanen, Palestijnen, etc… voor de Vlaming niet interessant is omdat het “te ver weg” is, zijn niet veel intelligenter dan mensen die menen dat politiek een “ver-weg-van-mijn-bed-show” is. Ik vraag trouwens ook aan hen hoe zij denken ooit de strijd te winnen als zij niet dringend hun mentaliteit omdraaien en intervolksnationalistisch beginnen denken. Staatsnationalisten en andere elementen die vijandig zijn naar de volkeren van de wereld toe (kapitalisten en marxisten om er maar twee te noemen) zijn slim genoeg om internationaal te handelen en te denken. Tegenover het internationale front van het reactionaire staatsnationalisme moeten wij dan ook een vernieuwend, doch vasthoudend aan de tradities van elk specifiek volk, volksnationalisme plaatsen. Laten we de vijand bestrijden met de eigen wapens.

Want laten we ons geen illusies maken, regimes zoals het Belgische zijn dan wel gewond, ze zijn zeker nog niet dood. En de natuur toont ons dat een gewond dier net het gevaarlijkste is. Tot nu toe hebben we al genoeg belgicistische offensieven moeten meemaken (B-Plus die met postkaarten het Vlaams-nationalisme belachelijk probeerden te maken, N-GA die separatisme belachelijk wou maken, zonder de link met België te door te hebben, etc…). Als deze aanvallen op het Vlaams-nationalisme zich zouden beperken tot dit soort paniekvoetbal, dan zouden we geruster op onze beide oren mogen slapen. Maar het Belgische francofone regime heeft nog steeds meerdere stukken op zijn schaakbord staan. Kijken we maar naar het verslag van de Raad van Europa waarin de kant werd gekozen van het racistische en imperialistische FDF. Toppunt hiervan is dat dit verslag is opgesteld door mensen die zelf uit een volk komen dat momenteel onderdrukt wordt. O.a. een Bretoen en Serviër stelden dit verslag op en concludeerden hieruit, na wel zeker 48 uur onderzoek, dat Vlaanderen eigenlijk bezig is een geweldloos fascisme uit te bouwen.

Intervolksnationalisme: praktische en ideologische redenen

Dit soort dingen toont aan dat onze tegenstanders nog genoeg wapens hebben om ons te raken. Als het volksnationalisme zich dan ook beperkt tot één volk en er geen informatie wordt uitgewisseld, geen samenwerkingsverbanden worden gesloten, dan zal het des te makkelijker zijn om de kop in te slaan. Enkel een verenigd internationaal front van volksnationalisten kan de regimes ten val brengen. Als één regime in crisis is door de volksnationalisten, kan er genoeg steun van het buitenland komen en zich concentreren op het neerslaan daarvan. Wanneer meerdere regimes echter tegelijk crisissen meemaken, zullen zij zich teveel op hun eigen binnenland moeten concentreren om, misschien wel vitale, steun te verlenen aan de buurlanden. Bijkomend is dat de onafhankelijkheid van een volk als een versterker kan werken voor de omringende landen. De Vlaamse onafhankelijkheid kan een enorme steun geven aan de Schotten, Catalanen, Corsicanen, etc… of omgekeerd. Het aan de bevolking tonen dat de onafhankelijkheid een realistische mogelijkheid is en dat dit kan worden bereikt zonder geweld, is een zeer sterk wapen in de strijd om de geesten en harten van het volk dat wij wensen te bevrijden.

Maar dan heb ik het over de puur praktische kant van de zaak gehad. We mogen echter ook niet vergeten dat internationale samenwerking niet enkel een zaak van realpolitik is, maar ook een ideologische verplichting. Een volksnationalisten is immers meer dan een separatist, een volksnationalist streeft naar het beste voor zijn volk, zonder daarbij argumenten als superioriteit of inferioriteit in te nemen over zijn dichte en verre buren. Het geloof in de overwinning moet ons drijven, maar ook het geloof in een betere en rechtvaardigere wereld moet centraal staat in de drijfveren van de volksnationalist. Als het enkel om eigen huis en tuin zou gaan en enkel om centenseparatisme, dan zouden we evengoed Gent of Antwerpen of Leuven of Brussel en omstreken onafhankelijk kunnen verklaren.

Volksnationalisme en internationale mobilisatie

Marxistische socialisten menen dat zij de ware en enige internationalisten zijn. Zogezegd zou er één groot proletariaat zijn dat wereldwijd dezelfde belangen heeft (ongeacht of dit nu een Somalische pottenbakker is of een Griekse lasser). De geschiedenis heeft echter uitgewezen dat ondanks alle mooi woorden en slogans, datzelfde proletariaat in 1914 en 1939/1940 maar al te graag de wapens tegen elkaar opnam uit een gevoel van nationale eer. Uiteraard zijn imperialistische oorlogen verwerpelijk vanuit volksnationalistisch standpunt, maar deze tonen tegelijk aan dat het internationalisme van het marxisme onrealistisch is. Maar de laatste jaren hebben getoond dat de basisideeën van het volksnationalisme net degene zijn die werkelijk kunnen mobiliseren. Het zelfbeschikkingsrecht der volkeren en een anti-imperialistisch streven naar vrijheid kon de laatste jaren honderdduizenden mensen mobiliseren.

Je moet al onder een steen geleefd hebben de laatste maanden om de tocht van de Olympische vlam der schande doorheen de wereld niet te hebben zien. Uit protest tegen de Chinese agressie tegenover Tibet hebben honderdduizenden mensen, ongeacht nationaliteit of overtuiging, zich tegen de Chinese politiek gevoerd en duidelijk geprotesteerd tegen de komst van de vlam. Enkele dapperen trotseerden ook de sterke beveiliging en sloegen er bijna in om de vlam eigenhandig te doven, wat uiteindelijk door de organisatoren zelf gedaan is. Jaren geleden ging er dan weer een andere golf door de wereld; de mensen kwamen op strijd tegen de invasie van Irak door de VSA. Honderdduizenden gingen op straat om hun stem te laten horen tegen dit voorbeeld van yankee-imperialisme, dat, om een kleine economische elite te dienen, zwakkere landen binnenviel. Van een seculier stabiel land, dat echter ook zondigde tegen de grondbeginselen van het volksnationalisme, hebben zij een soort constant “Gunfight at the Bagdad-Corral” gemaakt.

Deze twee grote golven van anti-imperialisme, en de daarbijhorende eis tot zelfbeschikkingsrecht der volkeren, tonen dat, wat marxisten en liberalen ook mogen beweren, het de volksnationalistische kernthema’s zijn die de mensen in deze post-modernistische tijden nog steeds massaal, en op een globale schaal, kunnen mobiliseren. Zelfbeschikkingsrecht van alle volkeren, economie in dienst van het volk, strijden tegen multiculturele staten, de strijd tegen imperialisme, respect voor de globale diversiteit van culturen en overtuigingen, het zijn thema’s die de kern vormen van het volksnationalisme en die nog steeds miljoenen kunnen mobiliseren. Helaas beseffen de grote aantallen mensen niet dat zij strijden voor dezelfde doelen als wij en zullen zij, zolang ze het volksnationalisme verwerpen, geen stap vooruit geraken in hun strijd tegen het regime. Het dwaas achternalopen van marxistische en liberale ideeën zorgt ervoor dat zij nooit iets wezenlijk zullen bereiken, enkel gepruts in de marge en herinneringen voor wanneer men bejaard is, zal het resultaat zijn.

Er is dan ook nood aan internationaal denken en handelen om zo op volksnationaal de doelen te bereiken. Uit eigen ervaring kan ik zeggen dat dit tot zeer interessante uitwisselingen en verfrissende ideeën kan leiden, denk ik maar aan de samenwerking tussen de NSV! en de Jeunesses Identitaires te Rijsel. Die laatsten vormen nu de militante voorhoede van een volksnationalisme dat het liberale en marxistische sprookje doorprikt en ook niet beroerd zijn om in de straten waar nodig de strijd aan te binden met het rapaille dat de voorsteden teistert.

Als men intervolksnationaal begint, durft!, denken, zullen we werkelijk onoverwinnelijk zijn. De 19de eeuw was de eeuw van het imperialistische staatsnationalisme, de 20ste eeuw was de eeuw van de Nieuwe Orde (communisme, nationaal-socialisme, liberalisme). Durven wij werkelijk intervolksnationaal te denken en te handelen, dan zullen wij volksnationalisten niet enkel de 21ste eeuw opeisen, maar het ganse Derde Millenium met een ijzeren wil tegemoet treden en veroveren.

Yves Pernet
Scriptor NSV! 2007’-08

00:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : flandre, belgique, révolte, mouvement étudiant, nationalisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook